The Red Bulletin Janvier 2018 - CHFR

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SUISSE

HORS DU COMMUN

L’ARTISAN DU CŒUR LE CHIRURGIEN CARDIAQUE RENÉ PRÊTRE A SAUVÉ LA VIE DE 6 000 ENFANTS

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ÉQUIPIERS

BIENVENUE

Lukas Maeder

Le Suisse a déjà photographié des stars telles que Ricardo Rodríguez, Roman Josi ou Snoop Dogg. Nous l’avons engagé pour notre reportage de une dédié au chirurgien suisse René Prêtre. Maeder : « René opère tous les jours. Au moment du shooting, il venait à peine de terminer une intervention avant d’enchaîner avec la suivante. » PAGE 24

Franck Seguin

« Ce tour des océans entrepris avec l’apnéiste iconique Guillaume Néry était motivé par la rencontre de l’exceptionnel », dit Franck Seguin, patron du département photo de L’Équipe, spécialiste de la photo de sport et grand nom de la photo sousmarine, d’apnée. Franck vous entraîne dans les profondeurs, à la rencontre des cachalots ou de l’Atlantide japonaise. PAGE 32

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Dans ce numéro, les sommets côtoient les profondeurs. La précision implacable du chrono se frotte au mystique, à la précision des gestes, et au charisme du corps et du cœur humains. Des pistes olympiques de la Corée du Sud à l’Atlantide japonaise via le CHUV de Lausanne, The Red Bulletin prolonge sa quête de l’exceptionnel et rencontre ceux qui le construisent jour après jour, victoire après victoire. À 21 ans, le freestyler David Hablützel fait preuve d’une sagesse et d’une humilité phénoménales pour un jeune athlète. À viser les étoiles, on risque de briller par des exploits remarquables. Loin des pistes, plongez avec le photographe Franck Seguin et l’apnéiste Guillaume Néry dans des eaux troublantes. Vous y attendent des animaux démesurés, et des constructions sous-marines dont personne ne sait encore expliquer la fabuleuse origine. L’humilité est aussi la ligne de conduite de René Prêtre. Le spécialiste en chirurgie cardiaque pour enfants témoigne dans un entretien exclusif que le talent seul ne suffit pas, et qu’aucune vie n’est inter interchangeable. Alors… n’attendez plus ! Excellente lecture ! Votre Rédaction

THE RED BULLETIN

LUKAS MAEDER (COUVERTURE)

Du chirurgical à l'abyssal


* Remboursement échelonné du prix de l’appareil de CHF 449.– en 24 mensualités, sans intérêts ni frais supplémentaires, âge minimal 18 ans. Sont nécessaires un abonnement inOne mobile (par ex. inOne mobile XS, CHF 65.–/mois, durée minimale du contrat 24 mois), le service additionnel Multi Device et une carte SIM spéciale. Le client bénéficie de l’abonnement Multi Device gratuitement pendant 6 mois, puis ce service additionnel lui est facturé (CHF 10.–/mois, pas de durée minimale du contrat).

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RÉSEAU

LE MEILLEUR

DE SUISSE


SOMMAIRE janvier/février

BULLEVARD Un mode de vie hors du commun

12 Sabre laser ou paintball :

John Boyega n’a pas su choisir

14 Démon Zeal & Ange Ardor 16 De la tequila à l’au-delà... 18 La Jaguar Type E n’a jamais

cessé d’être branchée

20 Un kit imparable pour survivre

à la fin du monde avec classe 22 Bootsy Collins basse le son !

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 76 Destination Red Bull : pour

un voyage hors du commun

80 Montres : pilotes du temps 82 Red Bull TV : tout à fond ! 84 Agenda : que du très cool 86 Matos : tout pour le ski 96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes you fly: Anthony Perrin

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CE QU’A APPRIS SCHWARZENEGGER

À l’écran, Arnold a sauvé la planète plus d’une fois. Cette fois, c’est bien nous les predators.

52 DAVID HABLÜTZEL

Pour viser haut, il faut commencer par voir petit. Et il faut répéter ses bases, inlassablement…

THE RED BULLETIN

ROBERT ASCROFT, FRANK SEGUIN/BUREAU 233, GIAN PAUL LOZZA

dans l’upside down du BMX...


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FACE À FACE

Une icône de l’apnée et un photographe de renom dans un tour des océans de la planète qui les mènera vers l’étrange.

REPORTAGES

24 Mécanique du cœur

René Prêtre est un sculptœur. Il explique à quel point sens de l’esthétique et dextérité sont essentiels dans la chirurgie cardiaque pour enfants.

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Il marchait sous l’eau

Guillaume Néry visite des océans chelous et Franck Seguin n’en loupe pas une.

44 Le vert lui va si bien

Le costaud Arnold Schwarzenegger a eu plusieurs vies. Il dédie celle actuelle à un combat écolo.

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L’éternel débutant

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Dessine-moi une auto

David Hablützel a un trick infaillible pour réussir. Kevin Rice articule créativité, inspiration et expression chez Mazda.

64 Sur la route du Dakar

Pérou, Bolivie, Argentine, dans des conditions extrêmes. C’est ce qui vous attend si vous voulez suivre le Dakar sur l’intégralité de ses 14 étapes. Chiche ?

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DONNE DES AIIILES – AU GOÛT DE MANDARINE.

ANT MAINTEN DANS TIMENT L’ASSOR

STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.


BULLEVARD U N

ST Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

L’étoile montante révélée dans Star Wars VII évoque ses visions et son invincibilité au paintball.

SHAMIL TANNA

JOHN BOYEGA CET HOMME EST UN FIN STRATÈGE PAGE 12

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BULLEVARD

John Boyega Il a tout juste 25 ans, a vu sa carrière d’acteur décoller grâce à Star Wars et Detroit, se moque des yachts et des villas et ne souhaite qu’une chose : ne jamais se prendre une bille de peinture.

« AU PAINTBALL, JE VOUS TUE ! » T

he red bulletin : Décrocher un rôle dans Star Wars, c’était tirer le gros lot. Que faites-vous de tout l’argent gagné ? john boyega : Je l’investis dans ma boîte de prod. Pas de yacht ? Pas de villa ? Non. J’ai un plan d’enfer. Je veux me bâtir une carrière qui parle d’elle-même, en faisant en sorte de prendre les bonnes décisions. Pour cela, j’ai besoin d’une marge de manœuvre pour développer ma créativité. Et elle n’est rendue possible que si je peux me retirer dans mon QG. Quelles décisions par exemple ? Je veux promouvoir la diversité ethnique dans mes films. Et je suis particulièrement fier que notre première production soit constituée d’acteurs et d’actrices d’horizons très différents. Mon rêve serait d’inclure toutes sortes de gens, et de raconter des histoires d’après des perspectives variées. Autre point impor important : mes films devront avoir une durée de vie longue. Le thriller Detroit par exemple (réalisé par Kathryn Bigelow, ndlr) sera le plus grand film de ma carrière, car il va avoir un énorme retentissement culturel. Il sera montré de génération en génération. La possibilité de l’échec ne vous effleure-t-elle jamais l’esprit ?

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L’échec est un des ingrédients du succès. Ça me motive. Échouer signifie qu’il y a un autre chemin à suivre, une autre tactique à essayer pour parvenir à ses fins. Si nos concitoyens ne prenaient pas la peine de s’exposer et d’échouer, la société telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existerait pas. En dehors du cinéma, vous avez une deuxième passion : le paintball. C’est vrai, dans ce domaine, je suis un tueur ! Développons. Qu’est-ce qui fait de vous un adversaire redoutable ? Je suis un fin stratège. Lors de notre dernière session, j’ai dit à mes potes d’arriver un jour plus tôt afin que nous puissions définir très précisément notre manière de procéder. Dans la partie, quand on sait à quelle équipe on va avoir à faire, on peut calculer et anticiper la réaction de l’équipe adverse. C’est ce que j’ai fait. Et c’est pour ça qu’on a gagné. Et donc, la dernière fois que vous avez joué, vous avez gagné ? Quelle question ! Je n’ai jamais perdu une seule fois de ma vie au paintball. starwars.com

John Boyega, 25 ans, étoile montante du ciné et gâchette au paintball. THE RED BULLETIN


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SHAMIL TANNA

RÜDIGER STURM


Le sceau de Lucifer : pour Zeal & Ardor, le symbole de Satan siginifie ambition, autonomie et rĂŠalisation.

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BULLEVARD

Zeal & Ardor Le musicien de Bâle, Manuel Gagneux, alias Zeal & Ardor, mélange black metal et gospel avec audace. Il nous explique en quoi les revers sont porteurs.

«NOUVEAU DÉPART? MÊME PAS PEUR» A

vant lui, personne n’en avait eu l’idée. Zeal & Ar Ardor a mélangé les chants de révolte des esclaves noirs d’Amérique du Nord avec du black metal. Une expérience ardue mais enrichissante pour le musicien suisse de 29 ans. Son album Devil is Fine (2017) a reçu de nombreux éloges de la presse musicale, le qualifiant d’album metal le plus excitant de l’année.

MATTHIAS WILLI

FLORIAN WÖRGÖTTER

the red bulletin : Comment ose-t-on se frotter à quelque chose sans précédent ? Zeal & ardor : C’est un jeu. Impérativement. Ne prenez pas le projet trop au sérieux. Et détachez-vous de l’idée du produit fini. Soyez ouvert pour des changements, des modifications. Et faites de la place à l’insolite. C’est en s’amusant que l’on crée du neuf. Comment retrouver la motivation quand tout va de travers ? Vous vous fourrez le doigt dans l’œil si vous vous imaginez que vous serez touché par

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la grâce en vous tournant les pouces. Et vous gangrenez votre créativité. Le plus souvent, les éclairs de génie se produisent après une période d’ennui ou de frustration. Vous pouvez être sacrément surpris par la puissance d’une mélodie sifflotée par dépit ou par colère. Quel était votre degré d’ennui lorsque l’idée de l’album Devil is Fine vous est venue ? Extrême. Je demandais aux visiteurs de la plateforme en ligne 4Chan de me dire quel genre de musique ils voulaient que je combine. L’un m’a branché sur du black metal, et un autre sur de la musique noire. Au lieu d’enrager, je les ai pris au mot, j’ai fait une chanson. Au début, il manquait l’aspect groovy. Comment rendre compatible ce qui ne l’est pas à la base ? En testant et en faisant des erreurs. J’ai écrit sept chansons avant d’être content de moi. Les autres, je les ai jetées. Il faut savoir reconnaître quand quelque chose est nul et qu’on veut s’en débarrasser. Que faire quand tout ne fonctionne pas dès le début ? Il faut s’accrocher ! Et ne surtout pas s’énamourer de ses premières ébauches. J’ai

gâché des années de travail, parce que je croyais que ce que j’avais produit était parfait. J’ai dû reprendre les bases. Souvent, on redémarre mieux quand on fait le vide et qu’on repart de zéro. On dirait du blabla de gourou, pourtant, c’est ça qui m’a fait avancer. Avez-vous dû vous justifier devant la scène black metal, réputée intraitable ? Les puristes disaient que je pervertissais la scène et que je lui faisais un bras d’honneur. J’aurais pu prendre ça comme un revers mais j’ai choisi d’interpréter comme un compliment le fait que ma musique ne corresponde pas au statu quo. Beaucoup disent que cet album apporte quelque chose de radicalement neuf. Un membre de l’Église de Satan vous a interviewé… pour tester votre foi ! Exact. Il m’a sermonné. Il pointait du doigt les erreurs dans le texte : « En araméen, le démon signifie… » Une discussion intéressante, quoique un peu bizarre. Examen réussi ? Apparemment. Nous jouons la semaine prochaine pour l’Église de Satan à Los Angeles – pendant ma première messe noire. zealandardor.com

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BULLEVARD

qui perdure à travers le temps et les traditions. C’est aussi une source de fierté, qui forge nos racines et nous définit. » Personne n’est mieux placé que le Jalisquillo (l’homme du pays de Jalisco) pour concevoir des squelettes censés représenter la vie et la mort. Si vous possédez l’une de ces bouteilles (550 €), vous goûterez – à condition de la déboucher – à un mélange raf raffiné de saveurs, vieilli en fûts de chêne d’origine américaine et française. Mais ce n’est pas tout. Guillermo del Toro a voulu donner une touche occulte à sa création. Le coffret, ouvert, peut accueillir deux bougies. L’autel ainsi constitué permet de vouer un culte à la fois à la tradition et à la boisson mexicaines. Sans bouger de son siège. La bouteille est déjà disponible dans le commerce. Les fans sauront donc comment patienter d’ici la sor sortie, le 21 février prochain, du dernier film de Guillermo del Toro : La forme de l’eau (primé à la Mostra de Venise). patrontequila.com

D’humeur « zombiesque » ? Rien de tel qu’une tequila made in Mexico accompagnée d’un zeste d’horreur pour vous remettre les idées en place…

À RÉVEILLER LES MORTS 16

L’intérieur du coffret renferme de prometteuses surprises : une bouteille de tequila añejo et une flasque de liqueur aux agrumes. La métamorphose en autel confère à l’ensemble une aura mystique. Tel était le souhait de Guillermo…

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COURTESY OF TEQUILA PATRÓN

Élixir pour l’au-delà

quoi s’occupe Guillermo del Toro quand il n’est pas sur un tournage ? Il produit de la tequila. Natif de Guadalajara, le cinéaste a conclu un pacte avec les patrons de la tequila du même nom pour créer une édition spéciale, baptisée « Patrón × Guillermo del Toro ». Celle-ci ravira les amateurs de spiritueux autant par ses qualités gustatives que par son packaging unique. En effet, l’homme derrière le film Le labyrinthe de Pan (2006) a participé à la conception du coffret et aux illustrations reproduites à l’intérieur. « La tequila coule dans les veines de mon pays et de ma ville d’origine, Jalisco. Elle représente la communion entre l’esprit et la terre, une union

ALEJANDRO SERRANO

À


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En haut: les voitures se ressemblent, mais contrairement aux 6 cylindres vrombissants de la Type E vintage, la Zero est silencieuse. Ci-dessus : le tableau de bord a été modifié mais ses commandes sur écran tactile sont inspirées de l’original.

Type E Zero Enzo Ferrari l’appelait « la plus belle du monde ». L’élégante voiture de sport de Jaguar ressuscite en mode électrique.

TOUJOURS BRANCHÉE

TOM GUISE

vous lancer dans une course à travers les Alpes, n’oubliez pas que votre batterie a une autonomie d’environ 270 km et devra ensuite être rechargée pendant six heures. Néanmoins, la Zero n’est que le point de départ d’un grand projet. « Nous pouvons recourir à cette technologie pour transformer n’importe quelle Jaguar classique équipée d’un moteur XK, explique Hannig. Nous voulons que les voitures classiques résistent à l’épreuve du temps. » C’est d’autant plus notable si l’on considère que d’ici 2020, Jaguar compte supprimer les véhicules équipés exclusivement de moteurs à combustion interne. À quoi d’autre peut-on s’attendre de la part d’un constructeur automobile assez visionnaire pour mettre un E dans le nom de l’un de ses modèles dès 1961 ? jaguar.com

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a mode passe, le style reste », disait Coco Chanel. Difficile d’imaginer ce que la créatrice légendaire aurait pensé du marché des voitures électriques d’aujourd’hui avec ses Smarts Fortwo ED infantiles et ses Teslas ostentatoires. Heureusement, Jaguar s’en mêle avec une bonne dose d’intemporalité grâce au lancement de sa voiture la plus célèbre, la Type E, en version électrique. L’extérieur de la Type E Zero ressemble comme deux gouttes d’eau au roadster de Type E Série 1,5 de 1968 – et pour cause, ils sont identiques. Jaguar Land Rover s’est servi exactement de la même carrosserie, ce qui permettrait à quiconque assez fou de revenir à un moteur standard à combustion interne. Sous cette coque vintage bat un cœur futuriste. Un groupe motopropulseur de 220 kW remplace le bloc six-cylindres en ligne XK et propulse la Zero de 0 à 100 km/h en 5,5 secondes, soit une de moins que son aïeule qui carburait à l’essence. Pas surprenant étant donné que le nouveau moteur pèse 46 kg de moins et que sa puissance correspond à 300 cv – 11 % de plus que les 265 du modèle original. La voiture pourrait même aller plus vite. « Afin d’associer de façon imperceptible la motorisation électrique et les réglages de la Type E d’origine, nous avons limité la puissance du véhicule, explique Tim Hannig, directeur de Jaguar Land Rover Classic. Cela optimise le plaisir de conduire. » Cela dit, avant de

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Le « E » de la Type E originale n’avait aucune signification. Maintenant si : « électrique » !

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Matos de survie Du flegme en toutes circonstances grâce à cette panoplie digne de James Bond.

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n ces temps turbulents où se succèdent catastrophes naturelles et humanitaires, l’entreprise californienne Preppi a conçu des kits d’équipement d’urgence pour survivre avec style. Le sac Prepster Black contient tout ce dont deux personnes ont besoin pour tenir au moins 72 heures. Il approvisionne en nourriture et électricité, donne de quoi s’hydrater, procure un abri et un moyen de communication. Le tout est livré dans un sac en toile et cuir cousu main orné d’un monogramme. Il est aussi agrémenté d’une

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poche fraîcheur pour les mets délicats (garnie d’adorables petites cuillères ; le caviar, lui, n’est pas inclus). D’autres produits ont été sélectionnés par le designer : du chocolat Mast Brothers, du thé Kusmi, une bougie Malin+Goetz… et un jeu de Backgammon. Qui a dit qu’il fallait endurer la fin du monde comme des barbares ? Son prix glaçant (4 310 €) vous permettra de faire des trocs très intéressants après que la bourse aura flambé… preppi.co

EN DÉTAIL 1. Panneau

solaire 2. Ponchos 3. Kit chargement et alimentation, câbles USB 4. Gants 5. Sacs de couchage 6. Poche fraîcheur et cuillères 7. Balise GPS via satellite 8. Torche tactique 9. Paracorde 10. Outil multifonction 11. Space Pen 12. Allumettes de survie 13. Torche LED 14. Radio solaire et manuelle 15. Jeu de poker. 16. Carnet 17. Poche pour stocker l’eau 18. Kit de premiers soins 19. Bougie 20. Chocolat 21. Désinfectant pour mains 22. Thé 23. Dentifrice 24. Brosse à dents Plus : tente, bandeaux LED, filtres à eau, gourde, lunettes infrarouges, nécessaire de toilette, lanterne solaire, Backgammon, nourriture et eau, bougies. THE RED BULLETIN


LA NOUVELLE WRX STI 4x4 À PARTIR DE FR. 44’950.–. – Moteur SUBARU BOXER turbo 2,5 litres de 300 ch. – Système de freinage Brembo renforcé. – Phares directionnels LED, feux de croisement LED, feux de jour LED. – SI-Drive (3 modes de conduite: Intelligent, Sport, Sport Sharp). – Boıˆte sport 6 vitesses. – 407 Nm, DCCD, VDC. – Jantes en alliage léger 19’’. – Avant racé. Modèle présenté: WRX STI 2.5T AWD Swiss, man., 4 portes, 300 ch, catégorie de rendement énergétique G, CO 2 252 g/km (55 g/km*), consommation mixte 10,9 l/100 km, Fr. 45’750.– (peinture métallisée comprise), Fr. 44’950.– (en couleur Pure Red). Moyenne de toutes les voitures neuves vendues en Suisse (toutes les marques): CO 2 134 g/km. *Emissions de CO 2 liées à la fourniture de carburant et/ou d’électricité.

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BULLEVARD

Bootsy Collins À l’occasion de son nouvel opus, World Wide Funk, le bassiste confesse comment il est devenu un musicien de légende grâce à James Brown.

«MA BASSE S’EST MUÉE EN SERPENT…» 22

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asse énergique et personnage scénique protéiforme, William Earl « Bootsy » Collins, 66 ans, est au funk ce que Thierry Sabine est au rallye : un père fondateur. À 18 ans, il joue aux côtés de James Brown. Par la suite, il devient la basse vitale des groupes de George Clinton, Parliament et Funkadelic. Collins explique comment funk up your life ! the red bulletin : Votre album est une leçon de funk. bootsy collins : Le funk, c’est un mode de vie. Ça

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DAVID CARLO

Bootsy a influencé de nombreux artistes, dont Dr Dre et les Red Hot Chili Peppers.

signifie faire au mieux avec ce que l’on a. J’ai débuté sur une guitare que j’ai customisée en remplaçant les cordes par quatre cordes de basse que mon frère m’avait données. Comment met-on du funk dans sa vie ? On crée quelque chose à partir de rien. On apporte de la spontanéité à son quotidien. On n’annonce pas à sa nana : « On fera l’amour ce soir à sept heures. » Ça tue l’envie. Que devez-vous à Brown ? Il était très sévère. Après chaque concert, il nous disait qu’on n’y était pas, alors qu’on savait pertinemment qu’on avait déménagé la baraque ! Démotivant… Il nous faisait porter costumes et chaussures brillantes. Nous, on voulait déconner. Une fois, il m’a grave saoulé. J’ai pris de l’acide avant le show. J’étais tellement perché que j’avais l’impression que ma basse s’était muée en serpent… La réaction de James Brown ? Il a cru que ses leçons ne servaient à rien. C’est faux. À l’époque, je ne le réalisais pas, mais quand il me disait que je n’étais pas dedans, ça me faisait bosser. Et ça, ça a été crucial pour ma carrière. bootsycollins.com

FLORIAN OBKIRCHER

Bootsy Collins est l’incarnation de la basse dans le funk.


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René Prêtre est l’un des meilleurs chirurgiens cardiaques en pédiatrie au monde. Comment vit-on avec un droit à l’erreur égal à zéro ? Texte : Stefan Wagner Photos : Lukas Maeder Maquillage : Jehan Radwan 24


Ces mains ont sauvÊ 6 000 enfants


« Mon grandpère était ­horloger. C'est certainement de lui que je tiens ce talent pour le filigrane. » Prêtre a grandi dans une fratrie de sept au sein d’une famille ­d’agriculteurs. Il est originaire de Boncourt dans le canton du Jura.


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ené Prêtre, 61 ans fin janvier, professeur à l’université de Lausanne et chef du Service de chirurgie cardio-vasculaire du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), opère chaque jour le cœur, gros comme une noix, d’un ou deux nouveau-nés. En chirurgie, il n’existe pas de plus gros défi qu’une intervention sur un cœur humain. Une opération peut durer jusqu’à quatorze heures, pendant lesquelles Prêtre se tient immobile, penché sur la table d’opération, quelques gouttes d’eau avalées par le biais d’une paille (pour ne pas avoir à quitter la salle). Son meilleur allié : une paire de lunettes grossissantes 5 fois. L’issue d’une opération se joue à quelques millimètres. Parfois moins. Sa réussite appelle des larmes de joie. Son échec signe l’effondrement des parents. Prêtre ne se dédie pas qu’aux tâches médicales, il endosse aussi la part émotionnelle. C’est lui qui mène les entretiens préliminaires avec les parents. Et c’est lui, aussi, qui décroche son téléphone au sortir de la salle d’opération. Cinq à six fois par an, l’appel aux parents commence par : « Je suis désolé… » En ce début d’après-midi, nous nous trouvons dans un bureau rempli, au dixième étage de la clinique universitaire de Lausanne. Des œuvres de Beethoven sur CD, une machine à café Jura, des cadeaux encore empaquetés. « La plupart du temps, du vin ou du chocolat », nous dit Prêtre en ouvrant une bonbonnière. Il a l’air étonnamment jeune, sportif. Il s’exprime avec une douceur remarquable. Et sourit brièvement en opinant du chef quand je lui raconte qu’en 25 ans de car carrière, c’est la première fois que je pleure en préparant une interview. Dans son livre, il évoque les enfants qu’il a perdus, les tragédies, son propre désespoir et celui des parents ; il raconte aussi les vies sauvées de ceux qu’on disait condamnés.

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René Prêtre à propos du travail au CHUV de Lausanne : une opération peut durer jusqu’à 14 heures.

the red bulletin : M. Prêtre, il est peu après 14 heures, un jeudi de novembre. Qu’avez-vous accompli aujourd’hui ? rené prÊtre : Aujourd’hui a en fait commencé hier soir. Mon téléphone a sonné à 23 heures, c’était une urgence. On voulait discuter de la marche à suivre avec moi. À trois heures du matin, tout était ter terminé. Le patient va bien. À sept heures, nous avons opéré un nouveau-né, puis un jeune garçon, un cas difficile. Pendant l’opération, nous avons découvert que la situation était encore plus compliquée que ce que nous imaginions. Une valve cardiaque ne fermait pas à 100 % alors qu’hier à l’échographie, elle avait l’air par parfaitement en ordre. On aurait pu la laisser comme ça, mais je voulais la réparer. Car une valve cardiaque parfaite signifie une qualité de vie meilleure. Elle grandit comme une valve normale, pas comme une prothèse qu’on doit changer à terme et qui implique qu’on prenne des médicaments. La première opération a duré jusqu’à dix heures. Et ensuite j’ai pu réaliser l’opération qui était prévue ce matin. Je l’ai terminée il y a vingt minutes. Je suis désolé de vous déranger… Oh, pas de souci, c’est une journée or ordinaire. Si j’étais un skieur, je dirais que c’est une piste rouge, pas noire. Pourrez-vous décompresser ce soir ? Ou au moins éteindre votre portable ? Pas celui de l’hôpital. Mais je le mettrai sur silencieux. Car je suis invité à une collecte de charité au profit de la chirurgie

cardiaque en pédiatrie. Ça suffira si je regarde mon téléphone toutes les demiheures pour voir si j’ai reçu un appel. Vous avez grandi dans une fratrie de sept, à la campagne. Votre unique lien avec la médecine, c’était le vétérinaire. Vous avez financé vos études en étant footballeur en ligue régionale. Ce n’est pas la voie la plus rapide pour se spécialiser en médecine de pointe. S’agit-il d’une vocation miraculeuse ? Non, c’est un hasard. Un ami m’a dit à l’époque : « C’est aujourd’hui la limite pour les inscriptions en médecine. » Comme je ne savais pas quoi faire, je me suis inscrit. Au début, ces études ne me plaisaient pas. En deuxième année, j’ai dû m’occuper de personnes âgées, c’était plus un travail d’assistance et de soin que de guérison. On ne pouvait influencer que si peu de choses, ça me déprimait. C’est en assistant à ma première opération, une appendicite, que tout a changé. Grâce à l’intervention du chirurgien, un patient gravement malade était soudain guéri et en pleine santé. Voilà le grand sorcier, il coupe et la maladie disparaît comme avec une baguette magique. Ça me fascinait. Un fils de paysan, des callosités aux mains, où et comment trouve-t-il ce petit truc qui fait de lui un chirurgien de classe mondiale ? Le travail manuel, ça me connaît. À la ferme, nous réparions tout nous-mêmes. C’est comme ça que l’on développe son sens de la mécanique et de la reconstruction en 3D. Mon grand-père, il était hor horloger, m’a très certainement transmis son talent pour le travail en filigrane. Enfant déjà, je bricolais des maisons minuscules. C’était mon premier exercice d’agilité et je crois que ce fut la pierre angulaire de mon métier : recoudre et réparer les vaisseaux sanguins d’un millimètre de diamètre chez des enfants. Les mains sont-elles le plus important dans votre métier ? Les yeux, les mains, les doigts, la concentration. On peut améliorer sa vue en por portant des lunettes-loupes. Les mains, elles, on ne peut pas les aider. Si on tremble, tout est fini. C’est impossible de ne pas trembler… Je suis relativement bon en ce qui me concerne. À travers mes loupes, pas de tremblements. Ça ne se voit qu’au microscope. Une fois j’ai regardé, j’étais curieux. Quand il faut accrocher un cadre à la maison, vous prenez le marteau ? Et je coupe même du petit bois à la hache ! La majorité expliquent que ce qui leur permet d’exceller dans leur domaine, c’est la passion qu’ils éprouvent pour leur art, leur métier… Le succès n’est 27


que la conséquence logique de cette ardeur. Diriez-vous la même chose ? Oui, absolument. J’adore opérer. Un joueur de tennis qui rate une balle pourra se rattraper sur la suivante. Si vous commettez une erreur, vous réduisez une vie à néant. Peut-on réellement éprouver de la joie, si proche de l’abîme? Bien sûr, à condition de considérer l’intervention chirurgicale comme une possibilité et non un risque. Il y a une notion artistique dans ce que nous faisons. On peut comparer ça à de la sculpture. Nous travaillons en 3D, la part esthétique est primordiale. Si un cœur est joli après sa « reconstruction », il fonctionne mieux. Pourtant, une toute petite erreur et… Les erreurs arrivent. Elles sont inévitables. Mais on peut minimiser leur fréquence. Par exemple, en ne pensant pas à l’échec mais au succès. Stéphane Lambiel, médaille d’argent en patinage artistique en 2006, et à qui l’on demandait s’il avait des appréhensions quant à la chute, expliquait que non, il ne pense qu’au mouvement parfait qu’il doit exécuter. Sa réponse m’a d’abord étonné, et puis j’ai réalisé que je pensais exactement la même chose. Je vois le chemin, pas les obstacles. La solution, pas le problème. Les cas compliqués ne sont pas forcément les plus risqués. Au contraire, la situation devient périlleuse dès que la routine s’installe, car le danger vient de ce que l’on tient pour acquis. Vous avez opéré 6 000 enfants en 30 ans. Il faut préparer chaque opération comme

si c’était la première. On mobilise avec la même intensité sa capacité de concentration et son sens des responsabilités. Cela est décisif. Vous avez évoqué en passant que les erreurs sont inévitables. Pouvez-vous vraiment vous permettre de dire ça ? Il faut être honnête. Et l’on doit toujours faire de son mieux. Une erreur qui se produit à cause d’un manque de concentration ou de préparation est impardonnable. Est-ce ici que vous recevez les parents ? Oui. Pourquoi menez-vous les entretiens vous-même ? N’est-ce pas une charge supplémentaire que de gérer ces destinées, ces peurs, ces angoisses ? Ne serait-ce pas plus simple de vous en tenir au fait, de ne considérer que cet organe minuscule qu’il faut réparer ? Bien sûr, je me battrais tout autant, mais quelque chose manquerait. Dans ce bureau, quelque chose se produit. Des parents me confient la vie de leur enfant, ils me la remettent entre les mains. Cette marque de confiance, je n’ai pas le droit de la trahir. Il arrive, mais c’est très rare, que nous nous retrouvions dans une situation sans issue, où nous ne pouvons plus rien faire. Mais on se démène quand même, et parfois, on arrive à s’en sortir. S’il ne s’agissait que d’un organe, ou d’une noix comme vous dites, on ne pourrait rien faire de plus. Je me souviens d’un cas très, très difficile. En tant que chirurgien, l’ego ne fait pas défaut, mais là… Les parents

« Les parents me confient la vie de leur enfant. Je n’ai pas le droit de faillir. »

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de cet enfant voulaient un deuxième avis. Au fond, j’espérais qu’ils choisiraient l’autre chirurgien. Mais ils sont revenus. L’opération se passait mal, nous avons lutté pendant des heures, j’ai réalisé qu’il n’y avait plus d’espoir. Nous étions épuisés. Je suis sorti pour parler aux parents qui attendaient dans le couloir. Je leur ai expliqué que rien ne marchait, que l’opération était vaine. La mère s’est effondrée. Elle a tant pleuré, c’était impressionnant. Le père était au bord du gouffre. Je ne pouvais pas supporter de voir ça. Je leur ai dit que nous allions essayer encore une fois. Je suis retourné dans la salle d’opération, nous avons tout repris depuis le début, ça a duré des heures. Tous dans l’équipe, nous avons repoussé nos limites. Et finalement, tout s’est bien terminé. Combien de temps cette opération a-telle duré ? Je ne sais pas… Quatorze heures peutêtre ? On arrive parfois le matin en salle d’opération, et puis tout à coup, il est minuit. Mais peu importe. Être pro ne suffit pas. Il faut avoir un cœur qui vibre pour ça. Je veux rendre heureux, je veux aider, j’en ai la possibilité. C’est notre privilège. Vous parlez de privilège… Si vous détournez l’attention ne serait-ce qu’une seconde, un enfant meurt ! Et si vous passez au rouge, quelqu’un mourra aussi. La concentration s’entraîne comme un muscle. Je sais rester concentré, ça fait trente ans que je fais cela tous les jours. Et je peux me brancher sur deux systèmes en parallèle. D’un côté, les mains qui effectuent les mouvements de manière automatique pendant que le cer cerveau réfléchit à un angle d’attaque, une stratégie. Mon travail est difficile et délicat, mais je n’accomplis pas de miracles. Et vous n’opérez pas vos amis ? J’ai opéré la mère d’un ami une fois. Tout s’est bien déroulé, mais il y avait trop d’émotions. C’était prendre un risque inutile. Je ne recommencerai pas. 98 % des interventions chirurgicales se déroulent sans encombre. Pourtant, on vous interroge quasi exclusivement sur les problèmes que vous rencontrez. Moi y compris. Cela vous dérange-t-il ? Ce sont 95 %. Il y a 2 à 2,5 % de mortalité, et autant de complications. Je comprends parfaitement que vous me questionniez là-dessus. C’est normal. Votre plus belle réussite dernièrement ? C’était lundi. Un garçon âgé de quelques jours. L’anesthésiste a vu la valve et m’a dit que je ne pouvais pas la recoudre, impossible. Et pourtant… Au final, elle était superbe. Ce sont des moments particuliers, quand un collègue voit une limite et que vous la dépassez. THE RED BULLETIN


En 2009, René Prêtre a été élu « Suisse de l’année ». Au moment du gala retransmis à la télé, il était en mission au Mozambique.

La plus belle récompense, n’est-ce pas la gratitude des parents ? Émotionnellement parlant, oui. Techniquement parlant, non. Les parents ne peuvent pas différencier la dextérité de la prouesse. Recoudre un espace entre les atriums est à la portée de tout le monde. Les parents, eux, sont tout aussi émus et reconnaissants que si j’avais sauvé leur enfant en lui faisant un massage cardiaque. Avez-vous fêté cette victoire lundi ? C’était magnifique de voir à l’échographie le cœur se remettre à battre, prendre de THE RED BULLETIN

la force, devenir vigoureux, et voir la vie revenir. On pouvait voir la valve qui fer fermait et s’ouvrait parfaitement bien, plus de turbulences… Ça donne des frissons dans le dos d’observer cette beauté, le charisme du cœur… Dans des cas comme celui-ci, ouvre-t-on une bonne bouteille le soir ? Ah non. Je peux boire un verre, mais pas deux. Il faut penser au lendemain. Il y a des jours pourtant où il vous est impossible de répondre présent… Dans votre livre, vous parlez de Robin, un garçon de 11 ans gai et plein de vie. Oui, c’est une tragédie. Nous avons procédé à une opération non pas parce qu’il était en danger de mort, mais parce que nous voulions améliorer sa qualité de vie. L’intervention n’avait rien de spectaculaire. Peu avant la date de l’opération, la mère de l’enfant a eu peur. Elle voulait l’annuler. Je l’ai persuadée de la faire quand même. Après l’opération, il y a eu une hémorragie, le sang ne circulait plus. Le cerveau de Robin a manqué de sang un peu trop longtemps. J’étais incapable de regarder les parents dans les yeux. Et après, vous avez voulu arrêter. Oui, j’allais très mal. Vraiment très mal. Pourquoi avoir continué malgré tout ? C’est suite à de longues et nombreuses discussions avec mon anesthésiste, en qui j’ai une confiance sans borne, et avec le directeur de la clinique. Je savais que j’avais pris toutes les précautions nécessaires. Et que le temps est un allié. C’est comme après un ratage total depuis le plongeoir de dix mètres. On fait un plat sur l’eau, ça fait atrocement mal. On ne peut plus s’imaginer remonter dessus. Et finalement, on réessaye. On commence à trois mètres, et puis cinq, etc. Robin est un cas sur 6 000. Il y en a eu trois, quatre au total. Et à l’inverse, combien de vies avezvous sauvées ? Combien d’enfants seraient morts sans votre intervention ? Par an, disons vraisemblablement trois ou quatre. Plus de pouls, plus de contractions, l’enfant est presque mort, mais on le récupère à temps. C’est un bilan positif, bon même. Mais on n’échange pas une vie contre une autre. Les parents que vous avez devant vous ont perdu leur enfant, vous vous sentez responsable. Vous ne vous affranchirez jamais de ce sentiment. Le bébé de lundi serait-il décédé sans votre intervention ? Je ne pourrais pas prétende avoir sauvé une vie. Sa qualité de vie aurait été médiocre, oui. Il n’aurait pas pu jouer avec ses camarades à l’école. Et chaque infection aurait pu être mortelle pour lui. Il aurait pu vivre jusqu’à 30 ou 40 ans maximum. 29


La chirurgie ­cardiaque pour enfants tient de la sculpture : « Si le cœur est joli à voir, il pourra mieux fonctionner. »


Et maintenant, grâce à l’opération ? La nouvelle valve ne tiendra pas une vie entière. Mais quarante ans, facilement. Ensuite il faudra la changer, mais ce sera simple. Enfant, il pourra jouer, courir, faire du sport. Il pourra vivre jusqu’à 70 ou 80 ans… Une vie presque normale en somme. Vous avez donc bien sauvé une vie ! Si on veut. Mais il faut rester prudent, tout spécialement après un succès comme celui de lundi. La joie qu’on en retire peut être enivrante. Mais on n’est pas tout-puissant, on n’est pas Dieu sur Terre. La nature a toujours le dernier mot. Dans notre métier, l’humilité est primordiale. Un chirur chirurgien qui n’a de respect pour l’acte chirur chirurgical, c’est dangereux et suspect. Vous êtes un jeune sexagénaire. Que transmettez-vous, qu’enseignez-vous à vos collègues plus jeunes ? L’adresse… … oui forcément. Mais la stratégie est tout aussi importante. En réalité, nous ne travaillons pas en trois, mais en quatre dimensions si on prend le facteur temps en compte. Parfois, il faut parfois être très rapide dans l’exécution, il faut anticiper. Ou alors il faut visualiser mentalement le procédé de l’opération à l’envers. La virtuosité du chirurgien ne vaut rien s’il ne comprend pas la stratégie à appliquer. Une fois dans l’une impasse, on ne peut plus faire machine arrière. No way out. À quoi reconnaît-on qu’un jeune chirurgien sera un bon chirurgien ? On s’en aperçoit vite. L’application, le zèle, l’implication. Les bons se sentent toujours responsables et concernés. Ils prennent des initiatives et n’attendent pas qu’on leur demande quelque chose. Ils se documentent, ils font des recherches et ont déjà commencé à lire avant qu’on leur donne la bibliographie, ils cherchent la discussion… Les bons rayonnent. Ils aiment ce qu’ils font. À New York, au début de ma carrière, mon chef m’a dit que pour devenir un bon chirurgien, il fallait opérer dix heures par jour pendant dix ans, “ten years, ten hours” ! J’ai ri. Et je sais maintenant à quel point il avait raison. J’ai oublié une chose importante : pour devenir chirurgien cardiaque en pédiatrie, vous n’avez pas besoin d’avoir un don en la matière, vous devez simplement avoir un sens de l’esthétique et être capable de produire quelque chose de plastiquement beau, car sinon, cela ne fonctionnera pas. Un exemple. On demande aux étudiants de dessiner un visage. Ils font les yeux, le nez, la bouche… mais l’ensemble reste inerte. D’autres produisent un visage qui irradie et qui dégage une présence. Ce sont eux que je cherche. Vous paraissez plus jeune que votre âge. D’où vous vient cette énergie ? Je ne connais rien d’autre que le labeur. THE RED BULLETIN

« L’humilité est primordiale, surtout après une réussite. Un chirurgien qui n’éprouve pas de respect devant l’acte chirurgical, c’est dangereux. »

Des lunettes grossissantes 5 fois : Prêtre opère le cœur (de la taille d’une noix) des nouveau-nés et coud sur des vaisseaux sanguins d’un millimètre de diamètre.

Quand j’avais 7 ans, il allait de soi que je m’occupe des vaches, que je conduise le tracteur. Quand il y avait du travail dans les champs, mon père venait nous cher chercher à l’école pour que nous l’aidions. Il faut traire les vaches samedi et dimanche inclus. Quand j’ai commencé le foot, j’ai dû me lever encore plus tôt pour pouvoir aller aux entraînements. Et qu’est-ce que vous croyez ? Quand trois ou quatre urgences se présentent en même temps,

nous ne démissionnons pas. Vous imaginez si on laissait tout en plan sous prétexte qu’on est fatigués ? (Il rit de bon cœur.) À quelle fréquence consultez-vous pour votre cœur ? Moi ? Jamais… Ah si, une fois, avant un voyage au Mozambique, j’avais des douleurs bizarres. J’ai fait un électrocardiogramme. Sinon, c’est surtout ma tension que je vérifie régulièrement. Les médecins seraient donc les plus mal lotis en terme de prévention médicale ? (Il rit.) Oui. Mais je devrais penser à mes enfants… À Lausanne, on trouvera facilement quelqu’un pour me remplacer. Au Mozambique en revanche ? et au Cambodge ? La première fois que je suis allé en Afrique, nous avons opéré 25 ou 30 enfants en l’espace de douze jours. Ils seraient tous morts au bout de quelques mois ou années si nous n’étions pas intervenus. Ils couraient dans les couloirs de l’hôpital, leurs petits corps noirs dans les grandes blouses blanches. Ils riaient. À ce moment-là, à cet endroit-là, j’avais la sensation d’être irremplaçable. Ici à Lausanne, si je me casse une jambe, nous avons un problème un jour ou deux. J’ai de très bons confrères dans l’équipe, et au pire nous pouvons envoyer les enfants à Zurich. Aucun enfant ne mourra à cause de ma jambe cassée. Les cas compliqués que l’on rencontre ici en Suisse, mon ego en est friand. Mais mon vrai rôle, c’est au Mozambique et au Cambodge que j’en prends la mesure. En m’occupant des cas normaux que personne ne traite. L’expérience vous rend-elle meilleur ? Ou avez-vous l’impression qu’en vieillissant, vous perdez de votre habileté ? Je suis encore au top, mais je vais commencer à devenir de moins en moins bon. J’ai un jeune chirurgien dans mon équipe qui est aussi bon que moi. Quand il sera meilleur, c’est lui qui fera les opérations très difficiles, car ce travail n’est pas ma propriété, il ne m’appartient pas. Je n’opérerai peut-être plus de nouveau-nés, car ce sont des opérations très, très dif difficiles. Je m’occuperai alors des enfants à partir de trois mois. Et puis quelques années plus tard, seulement des enfants à partir d’un an… Et il reste encore tant à faire au Mozambique et au Cambodge. le-petit-coeur.ch

Et au centre bat le cœur – Chroniques d’un chirurgien cardiaque pédiatrique, Arthaud, 350 pages, ISBN : 9782081397538

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IL MARCHAIT SOUS L’EAU

Un tour du monde aquatique et exceptionnel avec l’apnéiste d’élite Guillaume Néry. Texte : PH Camy  Photos : Franck Seguin / Bureau 233

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Dans l’étrange : au Mexique, dans ce puits maya sacré, ­Guillaume Néry traverse un nuage de sulfate d’hydrogène.


Aux portes de « l’Atlantide japonaise », dans le secret des puits mayas sacrés ou au contact de l’un des plus grands apnéistes du règne animal : quand l’iconique et multiple champion d’apnée Guillaume Néry et le photographe plusieurs fois primé Franck Seguin décident d’entamer un tour du monde sous-marin, l’aventure s’enfonce dans le mysticisme et ­l’inconnu. Leurs contemporains n’ont de cesse de lorgner vers l’espace et ne pensent qu’au futur, mais les deux Français optent pour les profondeurs et des lieux que l’Histoire avait presque oubliés. Osez une immersion avec eux sur trois étapes de leur projet One Breath Around the World. 34


Au large de l’île Maurice : une r­ encontre immense, avant que le cachalot ne sonde à 2 000 m.


L’infra-monde des Mayas, à la recherche de leur passé chargé d’histoires.


Quand Guillaume Néry grimpe aux arbres, c’est uniquement au Mexique, et sous l’eau.

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En famille : une référence mondiale de l’apnée, le Français passera près d’une heure parmi ces femelles et bébés cachalots.


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À quelques brasses de l’île de Yonaguni, au Japon. Ce sur quoi court Néry a été révélé à l’Occident en 1997, par Jacques Mayol. L’origine reste inconnue.

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Dans ces puits, les Mayas procĂŠdaient Ă des rites sacrificiels.



Le tour des océans de Néry et Seguin

« Le cachalot a un aspect plus brutal que la baleine, dit le photographe Franck Seguin. C’est un carnassier géant bâti pour la chasse profonde. Tu ne viens pas pour le caresser. »

« Nous voulions aller à la rencontre des peuples de la mer. Mais on a trouvé que c’était trop réducteur, explique le photographe Franck Seguin. Il fallait aller dans des endroits exceptionnels et y faire des rencontres exceptionnelles. » À chaque destination de ce tour du monde des océans entamé en avril, le duo établit un contact avec un lieu, une population, ou des animaux. À commencer par un énorme : le cachalot. « PerPer sonne ne se représente vraiment qui il est, dit Seguin. Comme Guillaume Néry (cicontre en photo), le cachalot est un recordman d’apnée, jusqu’à 90 minutes, à des profondeurs pouvant atteindre 3 000 m. C’est là qu’il vient se nourrir de calmars géants. » C’est à l’aide d’un hydrophone (une sonde sonore) qu’ils trouveront sa trace au large

de l’île Maurice, à l’écoute de ses cliquetis caractéristiques. Au Mexique, c’est une plongée dans l’infra-monde : sur terre, mais sous l’eau. Après 5 heures « de route », en 4×4, dans la jungle du Yucatán, jusqu’aux fameux cénotes. « Des trous d’eau douce, qui sont des puits mayas sacrés, précise Franck. Des astéroïdes se seraient écrasées dans cette jungle et y auraient formé ces puits. Les Mayas procédaient à des rites sacrificiels, on peut y trouve des ossements... » Ou des arbres, morts, échoués. Mysticisme toujours, mais au Japon cette fois, où ils rejoignent la structure sousmarine de Yonaguni, à quelques brasses de l’île Yonaguni, au sud d’Okinawa. « Ce potentiel temple immergé datant de 5 000 ans n’a été découvert qu’en 1985, raconte Seguin. C’est une structure de pierre d’environ 75 mètres de long et 25 mètres de haut. » Une formation qui conserve tous ses mystères. « Une certitude, dit Franck, il s’agit là de l’un des plus beaux sites de plongée au monde, dont les merveilles furent révélées en Occident par Jacques Mayol. Il y a trente ans. » Et partout, le plusieurs fois champion du monde d’apnée Guillaume Néry, 35 ans, s’est régalé à marcher sous l’eau. En jusqu’au-boutiste. « Il procède à certaines plongées les poumons vides, comme plombé de l’intérieur. » Franck, lui, plonge en apnée ou en bouteille, accompagné d’un plongeur de sécurité. L’essentiel pour le photographe et ambassadeur Canon étant de réaliser en profondeur une photo « scénarisée » à la surface. Pas le fait de photographier en apnée. Le sujet d’un futur livre et d’un court-métrage réalisé par Julie, la compagne de Néry, One Breath Around the World emmènera bientôt le duo dans les eaux glaciales du lac Baïkal, en Russie. @franckseguinphoto ; @guillaumenery 43


« J’AI APPRIS, APPRIS, ET APPRIS » Culturiste, homme d’affaires, acteur et homme politique : Arnold Schwarzenegger a toujours pris son travail au sérieux. Mais tout cela n’était rien de plus que les prémisses de sa cinquième vie : celle de militant écologiste. Désormais, il veut sauver le monde, sans compromis.

Texte : Rüdiger Sturm Photos : Robert Ascroft

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H

ôtel Majestic, Cannes. Arnold Schwarzenegger fait son entrée et il remplit tout à coup la suite de sa présence. Voilà bien longtemps que son physique toujours très imposant n’est plus à l’ordre du jour. Comme il le dira plus tard en interview au sujet des voitures : ce qui compte, ce n’est pas la taille, c’est le moteur. Et son moteur à lui, c’est un mélange d’optimisme coriace et de passion dévorante.


Décidément, ce moteur est toujours en surrégime. Schwarzenegger, quand il met la gomme, on a du mal à le rattraper. Pas évident d’organiser un entretien téléphonique de plus avec lui pour approfondir certains sujets. Et quand on finit par trouver un moment, le rendez-vous est repoussé à la dernière minute à une date indéterminée : l’homme aux multiples carrières – culturiste, star de cinéma, homme politique, militant – est pris dans un tourbillon de rendez-vous. Les assistants se démènent les uns après les autres, jusqu’à ce soir où l’on reçoit soudain un appel venu de nulle part : M. Schwarzenegger est disponible. Maintenant. À la seconde. Et notre septuagénaire de se lancer, plein d’entrain – et même avec tant de zèle qu’il finit par dépasser l’heure de fin qui avait été convenue. the red bulletin : À Cannes, le soleil brille et vous, vous rayonnez littéralement. Une raison particulière à cela ? arnold schwarzenegger : J’ai soulevé des poids aujourd’hui. Je me sens toujours bien après. Mis à part ça, j’ai toujours été quelqu’un de très positif. Je n’ai jamais eu de raison de ne pas l’être. À aucun moment dans votre vie, vous n’avez eu de raison d’être de mauvaise humeur ?

À 70 ans, le militant écologiste parle concrètement des dangers du changement climatique : « Il en va de la survie de l’humanité. »

«L’UNE DE MES GRANDES LEÇONS DE VIE : NE PAS ÉCOUTER LES PESSIMISTES.» Schwarzenegger à propos de ses débuts dans le culturisme et de l’incrédulité de son entourage.

Eh bien, pendant ma jeunesse à Thal (la ville d’origine de Schwarzenegger, en Styrie, Autriche, ndlr), mes parents me disaient ce que je devais faire : va à l’école aujourd’hui, va travailler, va couper du bois, etc. À 15 ans, j’ai découvert ma propre passion. Au Thalersee, je suis tombé sur des athlètes en plein entraînement, je les ai vus faire des tractions accrochés aux branches, je les ai vus boxer, soulever des poids. C’est suite à ça que je me suis rendu au club d’haltérophilie du coin, l’Athletik-Union de Graz. À cette époque, ce que je voulais plus que tout, c’était être fort et musclé. Je voulais gagner, je ne voulais ressembler à personne d’autre. Un rêve d’ado, en somme. Quel était votre projet exactement ? Les murs de ma chambre étaient recouverts de posters de tous les athlètes que j’admirais. Notamment le culturiste Reg Park dont j’avais lu l’histoire dans un magazine : comment il s’était entraîné, comment il avait commencé par devenir champion de Grande-Bretagne puis d’Europe, et enfin Mister Univers. Comment il était ensuite allé aux États-Unis, avant d’être découvert et de jouer Hercule au cinéma. C’était une évidence pour moi : je voulais la même chose. C’était ça, mon projet de vie. Quand je l’ai compris, j’étais au septième ciel. J’avais tout le temps la banane, partout où j’allais. Les gens ne comprenaient pas pourquoi. Mais je savais exactement quelle direction prendre. Ils ne devaient pas être nombreux à penser que vous y arriveriez. L’une des leçons les plus importantes de ma vie, c’est de ne pas écouter les pessimistes. À chaque fois que je voulais tenter quelque chose, j’entendais des trucs du genre : « Tu n’y arriveras jamais, tu es cinglé. » Mais j’ai appris à les ignorer. À chaque fois que quelqu’un affirme que quelque chose est impossible, je me dis que ça ne l’est pas. En toute honnêteté, 47


ça me booste plus qu’autre chose, ça me donne envie de me battre et de faire du rêve une réalité. Nelson Mandela disait : « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse. ». Et ce n’est pas parce qu’aucun Autrichien n’était devenu champion de culturisme ou acteur de cinéma avant moi que je n’allais pas y arriver. Cette façon de voir les choses m’a aidé tout au long de ma carrière. Comme quand j’avais 20 ans et que je me suis retrouvé sur la même putain de scène, dans le même auditorium que Reg Park cinq ans avant moi, et que je suis devenu Mister Univers. Dit comme ça, ça ressemble à un jeu d’enfant… Ça ne l’était pas, croyez-moi. Devenir le meilleur culturiste au monde, c’est plus facile à dire qu’à faire. L’un de mes grands principes, c’est : « Donne-toi toujours à 100 %. » Travailler dur, ça ne m’a jamais fait peur. Je ne dors pas plus de six heures par nuit. Quand je suis arrivé aux ÉtatsUnis, le culturisme, ça ne rapportait rien. Donc, j’ai suivi une formation et à côté, je travaillais en tant que maçon. Ça n’a pas érodé vos illusions ? Non. Ça ne m’a pas fait dévier de mon objectif. J’aimais bien mon boulot et je gagnais bien ma vie. En parallèle, je prenais des cours de comédie. Dans la vie, il n’y a pas de raccourcis : c’est un principe de base quand on veut atteindre les sommets. Mais quand tu remportes pour la première fois le championnat d’Europe junior, quand tu es élu « athlète le mieux bâti » et que tu deviens Mister Univers, ça te donne une énorme confiance en toi, et là, tu sais que tout est possible quand on se le bouge le cul, quand on est suffisamment discipliné et qu’on voit clairement les choses. Le secret, ce serait donc d’avoir un rêve? C’est ça. Mes objectifs, je les vois clairement devant moi, je les visualise. Ce qu’il faut se dire, c’est : « Vois ton objectif, crois-y et atteins-le. » C’est comme ça que ça fonctionne. C’est impossible d’atteindre un objectif si on ne s’en fait pas une bonne représentation. Ce n’est pas le fruit du hasard, il faut être absolument déterminé, avoir la foi. Il y a quelque chose de spirituel là-dedans, ça confine à la conviction religieuse. Et quand on a tout ça, réaliser un projet, c’est encore plus sympa. Chaque fois qu’on trime,

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«DANS LA VIE, IL N’Y A PAS DE RACCOURCIS. C’EST LA RÈGLE À SUIVRE POUR ATTEINDRE LES SOMMETS.»

Le premier business d’Arnold aux États-Unis a été European Brick Works (entreprise de BTP) en 1969, avec un ami culturiste, Franco Columbu.

on sait pourquoi on le fait. Ça n’a rien d’une corvée. J’avais cinq heures d’entraînement quotidien pour me préparer au concours de Mister Univers, et chaque jour, dans ma tête, je me voyais me rapprocher un peu plus du titre. Vous est-il arrivé d’avoir mal ? Sur le tournage de Conan le Barbare, je devais ramper sur un sol caillouteux, j’avais les coudes et les genoux en sang. Le réalisateur, John Milius, ne cessait de répéter : « On la refait ! » Je m’imaginais ce que ça donnerait dans le film, et ça me faisait plaisir de recommencer. À l’inverse, quand on ne prend aucun plaisir dans son travail, la vie peut vite être déprimante. Auriez-vous pu ressentir tout ça en restant en Autriche ? Il fallait que j’aille aux États-Unis. C’était le pays de tous les possibles. Tout ce que j’ai accompli, c’est uniquement à l’Amérique que je le dois. Là-bas, personne n’essaye de vous mettre des bâtons dans les roues. Les gens vous aident, ils restent positifs, même s’ils ne pensaient pas que j’irais au bout de tout ce que j’avais entrepris. Vous ne niez pourtant pas avoir essuyé aussi quelques revers ? Bien sûr que non. C’est toujours comme ça que ça se passe : on gagne et puis on se ramasse, on se relève et on gagne à nouveau. Faire un pas en arrière, cela ne signifie pas qu’on ne retombera pas sur ses pieds. Il faut simplement vivre plus de succès que d’échecs.

Vos succès, on les connaît, mais quels ont été vos plus gros échecs ? Sur le plan personnel, mon divorce, très certainement. Et d’un point de vue professionnel, à chaque fois que l’un de mes films faisait un four. Ça arrivait de temps à autre. Et j’ai vécu ça aussi en politique. En 2003, j’ai été élu gouverneur et, en 2005, j’ai soumis quatre propositions de loi au référendum, dont trois ont été rejetées. Heureusement, j’ai remonté la pente et j’ai été réélu gouverneur avec 56 % des voix l’année suivante. Il y a des moments géniaux, et des moments chiants. Mais la défaite, ça ne me fait pas peur. Quand je prends un risque et que ça foire, eh bien, tant pis. De toute façon, on apprend plus de ses défaites que de ses victoires. Qu’apprend-on de ses défaites ? Qu’il faut être honnête envers soi-même. Avec les autres, on peut jouer la comédie, mais pas avec soi-même. Mes échecs politiques, par exemple, n’étaient pas étrangers au fait que j’avais trop voulu en faire. On ne peut pas faire adopter quatre propositions à la fois, les choses doivent se faire les unes après les autres. Ça aurait peut-être quand même pu fonctionner, mais ce n’était pas le bon timing, malheureusement. Ces projets étaient trop en avance sur leur temps. Est-ce que votre passé de sportif vous a aidé ? Oui, le sport aussi, ça m’a appris à gérer les défaites. Par exemple, je prends 100 kg – et je les soulève. Et puis, j’en prends 110, mon record personnel, et j’y arrive aussi. Ensuite, j’essaie avec 120 pour la première fois. Je me dis : « Tu n’as qu’à essayer. Peut-être que tu y arriveras avec le soutien du public. » Et sinon, je repars et je me dis : « Ce sera pour la prochaine fois. » De cette façon, je n’ai pas l’impression d’être un perdant. Cette façon de faire, je l’applique à chaque défi qui se présente à moi.

Boîte à idées : The Schwarzenegger Institute for State and Global Policy de l’Université de Californie du Sud est un centre de recherche dédié à la politique, l’énergie l’environnement, l’éducation et la santé. THE RED BULLETIN


« LE SPORT M’A APPRIS À GÉRER LES DÉFAITES. » Arnold Schwarzenegger a été élu « Européen le mieux bâti » en 1966.


Et les coups du sort, alors ? En 2001, vous avez eu un grave accident de moto et vous vous êtes cassé six côtes... Les accidents, ça arrive. La femme qui roulait devant moi a trouvé tout d’un coup l’adresse qu’elle cherchait et elle a pilé. Je l’ai carrément emboutie, je suis passé par-dessus la voiture et j’ai atter atterri de l’autre côté. Et là, comment ça se passe ? Direction l’hôpital, on guérit, on s’en remet et puis, on remonte en selle. Pour les cascades, c’est la même chose. Sur le tournage de True Lies, je faisais du cheval sur le toit d’un hôtel et je devais sauter sur une rampe vraiment très étroite. Tout à coup, le bras de la caméra est tombé sur le nez du cheval. Il est devenu fou et j’ai bien failli faire une chute de 30 mètres sur un sol en béton. J’aurais pu me tuer. Mais ça ne m’a pas empêché d’enchaîner avec la cascade suivante. La politique aura été votre cascade la plus exaltante de toutes, non ? Ça peut être très difficile d’atteindre un objectif qui ne dépend pas seulement de vous. Vous avez forcément besoin que des millions de personnes votent pour vous. Et que des centaines de gros donateurs soutiennent votre campagne. Vous vous retrouvez là, assis face à 120 députés dubitatifs, à déclarer : « Donnez-nous la possibilité de reconstruire la Californie. De construire plus de routes, de développer un réseau ferroviaire à grande vitesse. De revoir de fond en comble le système carcéral, car les prisons sont sur surpeuplées. » Et ils vous regardent tout simplement, en mode : « Pourquoi devrait-on faire ça ? » Ce sont des démocrates, des républicains, des indépendants, et ils ont tous des opinions différentes. Et on n’a pas d’autre choix que de les convaincre et de les rassembler. Pourquoi vous être infligé cela ? Les États-Unis m’ont accueilli les bras grands ouverts, je leur en étais redevable. Je me suis engagé pour les Special Olympics, j’ai organisé des programmes pour l’encadrement des enfants après les heures d’école et, cerise sur le gâteau, je me suis porté candidat au poste de gouverneur. Principalement parce que l’un de mes plus grands principes, c’est : « Garde l’envie. » J’ai toujours eu envie de faire quelque chose pour les autres. Et j’ai toujours eu la soif d’apprendre. Quand j’ai commencé le culturisme, j’ai appris tout ce qu’il y avait à savoir sur l’anatomie et le développement musculaire, j’ai pris des cours de comédie et, au final, le siège de gouverneur à Sacramento, ça a été la plus grande salle de classe de toute ma vie. 50

LES 5 VIES D’ARNOLD SCHWARZENEGGER Les grandes qualités de Schwarzy : il se donne toujours à 100 %, et s’améliore avec la qualité de son adversaire.

Le culturiste À 14 ans, il se met à la musculation et à l’haltérophilie (champion junior en 1965), puis au culturisme. Premier titre junior en 1965, premier titre de champion du monde en 1967. En tout, seize grands titres (sept fois Mr. Olympia, cinq fois Mr. Univers) jusqu’à la fin de sa carrière en 1980.

L’homme d’affaires Il investit très tôt et avec succès dans l’immobilier, et aussi de par sa formation (un diplôme universitaire de commerce international obtenu en 1979). En 1991, il fonde la chaîne de restaurant Planet Hollywood (avec son collègue Stallone). Il détient la société cinématographique Oak Productions. Fortune : env. 300 millions de dollars.

L’acteur Dès 1970 avec Hercule à New York (pseudo Arnold Strong), jusqu’à Conan le Barbare (1982) qui le fait percer. Terminator en 1984 (et plusieurs autres ensuite) et des films d’action comme Predator (1987) et Expendables (à partir de 2010). Quelques passages dans la comédie.

L’homme politique Première fonction : président du Conseil du Président sur le conditionnement physique et les sports (de 1990 à 1993). Élu gouverneur de Californie en 2003 et 2007.

Le militant écologiste Gouverneur, il s’oppose déjà à la politique environnementale des États-Unis. En 2008, il décrète qu’un tiers de l’électricité de la Californie devra venir de sources d’énergie renouvelables d’ici 2020. Il participe à des congrès sur le climat et travaille avec l’USC Schwarzenegger Institute for State and Global Policy.

Je m’asseyais à mon bureau et tous les jours, je rencontrais des spécialistes qui me briefaient sur les thèmes les plus divers, l’application des lois, la santé, l’éducation. J’ai appris, appris et appris. Et c’est ainsi que j’ai commencé à m’engager pour la protection de l’environnement. Les scientifiques se succédaient pour m’expliquer les dangers du réchauffement climatique, les conséquences économiques, le nombre de morts causés par la pollution, le nombre d’enfants qui devenaient asthmatiques, les répercussions de

notre dépendance à certaines énergies sur la sécurité nationale, etc. Et vous assistez aujourd’hui au spectacle de quelqu’un à la Maison-Blanche qui n’a visiblement pas la même envie d’apprendre. Chacun a sa manière propre de gouver gouverner. Je ne m’exclame pas qu’à sa place, je ferais ceci ou cela. Mais quel dommage que je ne puisse pas présenter ma candidature parce que je ne suis pas né aux États-Unis. Je pense en effet que j’aurais pu gagner. Quoiqu’il en soit, il est dans mon intérêt de soutenir le Président autant que possible. S’il gagne, c’est nous tous qui gagnons. Mais quand il fait l’inverse de ce qui est nécessaire, je suis le premier à élever la voix. Surtout quand le sujet me tient à cœur, comme quand il réduit d’1,2 milliard de dollars le budget consacré aux programmes d’encadrement après les heures d’école ou quand il se retire de l’Accord de Paris sur le climat. En quoi le Président des États-Unis pourrait-il s’inspirer de vous ? Laissez-moi vous donner un exemple : mes lois sur la réduction des gaz à effet de serre sont définitivement entrées en vigueur en janvier 2012 et depuis, notre État produit 25 % du produit intérieur brut des États-Unis – alors que nous ne représentons que 12 % de la population. Les critiques disaient que le fait de se la jouer écolo et d’adopter des lois de protection de l’environnement, ça ferait perdre des emplois. Ce sont des mensonges. La Californie est le meilleur exemple qui soit quand il s’agit de concilier croissance économique et protection de l’environnement. Je souhaiterais que Donald Trump s’inspire de moi. Il n’aurait même pas besoin de me remercier… Est-ce que vous regrettez parfois de ne plus être dans la politique ? Je pense justement que je peux en faire plus en me situant en dehors. Quelquesuns des plus grands bouleversements n’ont pas été initiés à Washington, Londres ou Paris, mais par des citoyens lambda et par des mouvements sociaux. Conclusion, pour que quelque chose fonctionne, il ne faut pas que cela vienne seulement d’en haut, mais aussi d’en bas. Comment comptez-vous atteindre vos objectifs environnementaux à présent ? D’abord, il faut que les gens comprennent de quoi il s’agit au juste. Pour la plupart d’entre eux, l’expression « changement climatique », c’est du chinois. Est-ce que cela signifie qu’aujourd’hui il fait froid et que demain il fera chaud ? Au Texas, les gens se fichent pas mal que les glaciers fondent THE RED BULLETIN


ou non. En Iowa, personne ne se sent concerné si le niveau de la mer augmente de sept centimètres. Il faut donc éveiller les consciences en évoquant des sujets qui parlent aux gens. Ce qui les inquiète, c’est leur travail. Leur état de santé. Alors, ce qu’il faut leur dire, c’est que chaque année, sept millions de personnes meurent prématurément des suites de la pollution et il faut leur expliquer les avantages des moteurs optimisés et des technologies économes en énergie. Au lieu de leur dépeindre un scénario catastrophe, il faut leur expliquer ce qu’ils peuvent faire par eux-mêmes au quotidien. Ce n’est pas sans rappeler votre ancienne campagne en faveur de l’exercice physique… Exactement. À l’époque, tout le monde disait : « Tu ne toucheras pas grand monde comme ça. Faire travailler ses muscles, c’est mauvais pour le cœur. » Et maintenant, tout le monde s’est mis au sport, pratiquement chaque hôtel et chaque organisme au monde a sa propre salle de gym. Le secret ? Nous n’avons ni manipulé ni cherché à donner mauvaise conscience aux gens. Nous n’avons jamais dit : « Il est trop gros, celui-là ! Regar Regardez-moi ce cul qu’elle a ! » Nous avons fait l’éloge du corps. Et nous faisons la même chose avec l’environnement. C’est pour cette raison que j’ai participé au documentaire Wonders of the Sea (réalisé par Jean-Michel Cousteau et Jean-Jacques Mantello,prochainement au cinéma, ndlr), dont l’objectif est de faire aimer la mer aux gens. Parce que c’est justement cette motivation qui leur donnera envie de protéger les océans. Attendez, vous possédez bien un Hummer, non ? Ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus écolo… J’en ai même quatre. Et donc ? Il y en a un qui fonctionne au biodiesel, un autre à l’hydrogène. L’hydrogène est non polluant et le biodiesel est bien meilleur que le carburant classique. Et j’ai déjà prévu de faire installer un moteur électrique sur le troisième. Ce serait le premier Hummer avec un moteur électrique. Ce ne sont pas les grosses voitures qu’il faut pointer du doigt, mais la technologie. Ce n’est pas une question de taille, puisque les technologies non polluantes sont de plus en plus accessibles. Et ces technologies, j’y crois farouchement. Maintenant que vous vous êtes engagé dans une nouvelle carrière, pensezvous parfois aux directions que vous n’avez pas prises ? THE RED BULLETIN

«JE PENSE QUE J’AURAIS PU DEVENIR PRÉSIDENT…» Questionné sur Trump, Arnold Schwarzenegger évoque le fait qu’il lui est impossible de se présenter à une présidentielle dans son pays d’adoption car il n’est pas né aux États-Unis.

Non, puisque de toute façon, j’ai fait bien plus de choses que je ne le voulais au départ. J’ai commencé par réaliser mes rêves : devenir riche, être un champion de culturisme et une star de cinéma. Et une chose en a amené une autre. C’est mon engagement caritatif qui a fait germer en moi l’idée de devenir gouverneur, mais je n’en avais jamais rêvé avant ça. C’est un rêve qui m’est venu petit à petit et que j’ai fini par faire mien. C’est quand tout semblait partir à vau-l’eau sur le plan financier en Californie que j’ai décidé de me jeter à l’eau. Et il y a quinze ans, je n’aurais jamais pu imaginer que l’environnement deviendrait ma passion. Revenons-en au début de votre car carrière. Il y a quarante ans, vous vous baladiez en slip de bain dans les rues piétonnes de Munich et posiez pour des photos. Que ressentez-vous au-

jourd’hui quand vous voyez ce genre de photos ? Ce qu’il faut que vous compreniez, c’est que j’ai un sens de l’humour assez développé. Peu importe le sérieux avec lequel vous pouvez faire votre boulot, il aura toujours un côté comique. Quand on est culturiste, on pose sur scène et on affronte des centaines d’autres personnes venues du monde entier. Tout ce qu’on se dit, c’est : « Je veux gagner. C’est moi qui ai les plus gros biceps. Je vais tous les scier. » Mais je suis aussi capable de prendre du recul et de rire de tout ce que je peux faire. Qu’on soit l’homme le plus fort du monde, le plus rapide ou le meilleur danseur, il y aura toujours quelque chose de marrant dans l’histoire. Et c’est pour cela que vous vous baladiez à moitié nu en pleine rue ? À l’époque, personne n’avait jamais fait une aussi bonne promotion du culturisme. En général, pour les séances photo, on posait devant un joli lac ou à la montagne. Mais j’ai proposé qu’on fasse ça sur le chantier du métro, en plein centre-ville. L’ambiance était super détendue, je papotais avec des vieilles dames pendant que tous là se caillaient les miches avec leurs manteaux sur le dos. Ça a fait un tabac. Ne serait-ce pas ça, le vrai secret de votre carrière ? Cette capacité à rire de vous-même ? Ce qui est sûr, c’est que ça a bien fonctionné d’un point de vue marketing. Quand je suis arrivé en Amérique dans les années 70, personne n’avait jamais eu l’idée de mettre un culturiste dans un journal. Alors j’ai tourné le docufiction Arnold le Magnifique dans lequel je racontais que chaque fois que je m’entraînais, j’avais un orgasme. Les gens se sont dit : « Il est cool, ce mec, il en raconte de bien bonnes. » À partir de là, on m’a invité dans tous les talk-shows. Andy Warhol m’a même fait apparaître dans son magazine, Interview. J’ai été le premier culturiste à engager un attaché de presse. Vous n’avez cessé de vous réinventer. Votre devise pourrait être l’une de vos plus célèbres citations : “I’ll be back” ! Sauf qu’elle n’est pas de moi, mais du réalisateur de Terminator, James Cameron. J’avais ma propre version de cette phrase, mais personne ne s’en serait jamais souvenu. Je me suis pris la tête pendant des heures avec James Cameron parce que je voulais dire : “I will be back.” Mais il a eu le dernier mot, et la suite a prouvé qu’il avait raison. Comme je l’ai déjà dit : il faut apprendre de ses erreurs. schwarzenegger.com 51


L'ÉTERNEL

DÉBU

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TANT

DAVID HABLÜTZEL Le Suisse ambitionne de devenir le meilleur snowboardeur au monde. Comment ? Tous les jours, il part de zéro.

Texte : Alex Lisetz Photos : Gian Paul Lozza


« QUAND TU DÉCOUVRES QUE TU AS DU TALENT, TU PROGRESSES. MAIS PLUS TU MONTES, PLUS L’AIR SE RARÉFIE. »

Un matin glacial à Saas-Fee. C’est ici que David Hablützel s’entraîne pour les Jeux d’hiver.

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L’autosatisfaction est synonyme de stagnation, selon Hablützel. Et la stagnation signifie se faire doubler par les autres. C’est pourquoi il s’entraîne chaque jour à faire ce qu’il ne maîtrise pas.


D

avid Hablützel connaît 99 façons de rater un frontside double cork 1080 stalefish. Pas la peine de commettre de grosse erreur. Cette combinaison de tricks est tellement difficile qu’un simple mouvement négligé de la main, un dixième de seconde d’hésitation ou un léger changement de direction du regard suffisent pour tout gâcher. Au centième essai, son corps a tellement intériorisé chaque nuance du trick qu’il peut effectuer la séquence de mouvement sans même y réfléchir. « Il faut amorcer la rotation avec le bras, mais l’élan doit venir du tronc, explique-t-il, et tu dois faire le grab le plus tard possible, car il désaxe le mouvement rotatif. » Il est assis à côté du halfpipe dans la neige fraîche, une main sur sa planche. Le temps est radieux à Saas-Fee (canton du Valais), c’est une belle journée fraîche de fin d’automne, et le Zurichois de 21 ans est en plein dans ses préparatifs pour les Jeux olympiques. Des tricks comme le double cork mentionné ci-dessus ont propulsé le cinquième aux JO de Sotchi au top des meilleurs riders au monde. Ce matin, il s’est acharné sur un autre trick. Il veut en faire un point fixe de son répertoire d’ici les Jeux en février, mais l’atterrissage ne colle pas encore tout à fait. « Il arrive parfois qu’une figure réussisse du premier coup, et d’autres fois, on s’y casserait les dents. »

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FAIRE CE QUE L’ON AIME

Avant chaque réponse, David Hablützel se frotte l’épaule, car il a fait une chute lors du dernier run. Il aurait pu s’accorder une belle matinée aujourd’hui. Il aurait pu faire tous ses tricks préférés avec une facilité déconcertante et se faire acclamer par son équipe. Des tricks qui lui rapporteraient des placements top lors de n’importe quelle compétition nationale. Mais Hablützel ne veut pas se contenter de beaux jours. Il veut devenir le meilleur des meilleurs. Et pour cause, Hablützel a choisi un secteur dans lequel il devient de plus en plus dur, au fil des saisons, d’être le meilleur. « Aujourd’hui le run vainqueur des JO de 2014 suffirait à peine pour une marche du podium », estime-t-il. Bien sûr, tout le monde, les menuisiers, les coiffeurs, les contrôleurs de gestion doivent aussi évoluer en permanence. Mais au sein de l’élite mondiale de snowboard, le progrès file à toute allure. Au point d’écraser toute notion de plaisir sous la pression ? Hablützel réfléchit un moment, puis le coin de sa bouche se relève et ses yeux se mettent à briller d’un air espiègle. « Si tu aimes ce que tu fais, tu fais face à cette pression avec joie. Car tu veux marquer toi-même l’évolution au lieu de devoir la suivre. »

ÉCHOUER, CHOUER, CHUTER, CONTINUER

Afin d’aimer ce qu’il fait, David Hablützel fait quotidiennement des choses qu’il n’aime pas. « Si tu veux progresser dans ton travail, il faut sans cesse quitter ta zone de confort. Tu dois plancher sur ce qui te dépasse, ce qui te perturbe, ce dont tu as peur. » L’autosatisfaction, c’est la stagnation, nous explique Hablützel. Et quand on stagne, on se fait doubler par les autres. Voilà pourquoi Hablützel consacre toutes ses journées d’entraînement aux choses qu’il ne sait pas faire. THE RED BULLETIN


« TU DOIS PLANCHER SUR CE QUI TE DÉPASSE, CE QUI TE PERTURBE, CE DONT TU AS PEUR. »

Les mirages sont sa sont sa spécialité. Chaque trick semble réalisable sans le moindre moindre effort. effort.


Lui, le champion, se transforme quotidiennement en débutant. Il échoue, chute, se fait des bleus. Et puis, finalement, un jour ou l’autre, il maîtrise le trick. « Cette satisfaction, lorsque tu arrives enfin à faire quelque chose qui te semblait impossible, est tellement euphorisante que tu veux tout de suite attaquer trois nouveaux défis. » Cette méthode vaut-elle aussi pour affronter les impondérables de la vie quotidienne ? Devrions-nous plus souvent relever de nouveaux défis où il faut tout apprendre sur le tas ? « C’est à chacun de décider cela pour soi. Perso, je suis quelqu’un qui aime faire les choses bien une fois que je m’y mets. » À première vue, tout cela semble très bien. Mais ça nous fait aussi réfléchir. Comment l’ego supporte-t-il de rester un éternel débutant ? D’échouer 99 fois avant de pouvoir enfin triompher ? Hablützel réfléchit attentivement à la question. Il y a déjà souvent pensé. « Au début ce n’est pas un problème. Quand tu découvres que tu as du talent dans ton nouveau loisir ou ton nouveau boulot, tu progresses très vite et vis des expériences gratifiantes tous les jours. Mais plus tu montes, plus l’air se raréfie. Et dans ce cas, il faut plus souvent reprendre son souffle... » C’est la raison pour laquelle il se fixe de nombreux buts intermédiaires : « Je suis satisfait lorsqu’un détail minuscule réussit mieux que la veille. »

SE FIXER DES BUTS INTERMÉDIAIRES

En ce moment, lors de l’entraînement pour les Jeux Olympiques, Hablützel applique sa méthode de manière encore plus radicale qu’auparavant. Non seulement il s’entraîne comme un débutant, mais il s’entraîne aussi aux mêmes choses qu’un débutant. Aujourd’hui, c’est l’impulsion des tricks qui est au programme. Nous nous interrogeons. En fait, nous avions compris sa méthode différemment : s’entraîner comme un débutant dans le sens de ne jamais se reposer sur ses lauriers ; de se pousser à faire des exercices de plus en plus difficiles pour aller toujours plus loin. « Mais oui, c’est aussi ça, mais cela ne fait pas de mal de le prendre au pied de la lettre de temps en temps. » C’est pourquoi il se consacre actuellement aux questions triviales d’un cours de snowboard pour débutants : comment accéder à un 58

COMMENT APPRENDRE UN NOUVEAU TRICK

D’après David Hablützel, nous venons à bout de chaque défi en trois temps – qu’il s’agisse d’un nouveau trick dans un halfpipe ou bien d’un enjeu dans notre carrière, au quotidien ou pour une activité sportive.

1. ANALYSER

« Il s’agit d’abord de comprendre en quoi consiste ta tâche. Procure-toi autant d’informations que possible : photos, vidéos YouTube, infos par écrit. Dépiste les difficultés et cherche des solutions. »

2. VISUALISER

« Imagine comment tu viens à bout du défi pas à pas. Représente-toi le plus de détails possible, jusqu’à ce que l’image que tu en as te semble réelle. »

3. EFFECTUER

« Commence par une variante de l’exercice que tu maîtrises déjà bien – par exemple par un 180 si tu as prévu de faire un 360. Examine et imagine la situation étape par étape. Sois certain d’être capable de venir à bout de cette tâche. Réjouis-toi à l’idée de l’accomplir – désormais, la confirmation que ça fonctionnera dans la vraie vie n’est plus qu’une simple formalité. »


halfpipe ? Où dois-je diriger mon regard ? À quel point dois-je plier les genoux ? « Dans les années à venir, je tiens à apprendre chaque nouveau trick sur une technique de base impeccable. Voilà pour pourquoi la maîtrise parfaite des bases est essentielle. » Derrière l’apparence et la philosophie d’entraînement modestes de Hablützel se cache une attitude professionnelle pure et dure dédiée à des buts précis. Il vit la vie d’un sportif de haut niveau, à l’image de toute une génération de jeunes snowboardeurs – avec, à la clé, entraînement de force-vitesse tout au long de l’année, workshops de saut sur matelas d’air et perfectionnement de la technique sur trampoline. Et la fête ? « Ça fait partie de la vie, mais il se peut que je donne priorité à une descente dans la poudreuse, à l’aube, plutôt que de fêter la nuit. » Depuis que Hablützel est entré à la Freestyle Academy de Laax il y a dix ans, ses rêves ne tournent plus qu’autour du surf des neiges. Après sa scolarité au lycée sportif de Davos, il a réalisé le premier d’entre eux : devenir un pro. Désormais, Halblützel a un nouveau rêve. Il veut arriver en finale des JO et exécuter un run de rêve. « Aussi stylé que possible et aussi haut que possible. Après, tout dépendra du score des juges. » Si on lui décerne les notes maximales, ce ne sera certainement pas dû à la chance du débutant. davidhabluetzel.ch

« JE SUIS SATISFAIT LORSQU’UNDÉTAIL MINUSCULE RÉUSSIT MIEUX QUE LA VEILLE. »


LE POUVOIR

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DE

MAGIE

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Qu’est-ce que la créativité ? D’où vient-elle ? Et comment la préserver ? Réponses avec Kevin Rice, responsable du design chez Mazda.

Entretien : Werner Jessner Photos : Manuel Vazquez


Mazda passe pour être le plus innovant et le plus exigeant de l’industrie automobile. Une réputation confortée par une pléthore de récompenses. Bien que la gamme soit variée, le style Mazda se repère d’un coup d’œil. Kevin Rice, 53 ans, est l’homme responsable des lignes marquant cette singularité.

the red bulletin : Qu’estce que la créativité ? kevin rice : Le désir, je crois, d’imaginer de façon très per personnelle quelque chose qui n’existe pas encore. D’où vient-elle ? Enfant déjà, à table, je refusais de couper ma viande selon l’exemple de mes parents. Je voulais le faire à ma manière. Ce comportement est lié à l’ambition et à l’ego. Nous naissons tous avec ces traits de caractère. La différence tient dans leur intensité et dans la tolérance accordée à leur expression. Vous exercez une profession créative… … qui m’oblige à cultiver la part de créativité en moi et à m’armer d’outils et de techniques afin de la rendre visible et intelligible. Être créatif dans la durée nécessite une bonne connaissance de soi. Par opposition à… ? L’activisme. Ou quand vous êtes sous la tutelle d’autrui.

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considéré chez lui comme un trésor national… C’est-à-dire ? Au Japon, certains artistes contemporains sont considérés comme des monuments vivants, un patrimoine naturel. Nous avons invité cet artiste à réfléchir à notre devise « Soul of Motion ». L’expression lui évoque de l’eau qui court, une cascade. Pour la matérialiser, il a confectionné une boîte en tissu recouverte de 30 couches de gomme-laque. Il l’a ensuite remplie avec 10 000 fragments de coquilles d’œufs. Contempler l’objet et entendre le bruit de l’eau qui coule en le remuant donne la chair de poule. Il a atteint son objectif avec précision et en même temps de manière totalement inattendue. Entre couper sa viande comme on l’entend et réaliser une cascade d’eau dans une boîte, il y a un monde. En quoi ? Les deux font fi des conventions et refusent d’emprunter la voie désignée par la société comme étant la meilleure. Certes, la nouvelle voie s’avère parfois moins bonne et plus approximative que l’ancienne, il faut pourtant l’accepter. La créativité suppose-t-elle une certaine conscience de soi ? C’est l’inverse. De nombreux sportifs, entrepreneurs ou musiciens n’ont pas conscience de leur valeur. Celle-ci vient avec la créativité. Un expert en design automobile, une sommité dans la branche, affirmait qu’il n’avait jamais réalisé un beau croquis de sa vie. Il ne faut pas confondre confiance en soi et conscience de soi. La créativité émane de notre être. Nous sommes seuls face à elle. Tôt ou tard, on s’en rend compte de même que nous sommes capables de réussir des choses. La confiance en soi, l’assurance, c’est différent. Pouvez-vous préciser plus avant cette différence ?

Coup de maître : RX Vision, l’ébauche d’une voiture de sport futuriste.

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LE DESIGN DE

Et cela vous réussit-il ? Lorsque je réalise un croquis qui ne me satisfait qu’à 99 %, ça me rend dingue. Le monde entier le jugerait parfait que je n’en saurais toujours pas satisfait. Que faites-vous alors ? Je cède la place à un autre capable de remédier au 1 % manquant. Il y a un moment où il faut savoir lâcher prise. La recherche de la perfection peut nuire à la créativité. Ce qui explique pourquoi l’or l’organisation, dans le secteur automobile, est hiérarchique. Il n’est écrit nulle part que le responsable du design est le meilleur, néanmoins quelqu’un doit superviser l’ensemble. Ce qui ne peut avoir lieu pendant le processus de créativité. Est-ce que cela revient à dire que le fruit du travail créatif dépasse les personnes qui en sont responsables ? Il y a une grande différence entre un objet que nous trouvons beau et un objet qui provoque une émotion. Comment et pourquoi il nous émeut tient du pouvoir de la magie inhérente au processus de création. Un phénomène inexplicable mais ô combien crucial. Tentons néanmoins de saisir l’inexplicable. L’objet doit contenir plus de nous-mêmes qu’il n’y laisse paraître. Exemple : il y a deux ans à Milan, nous travaillions avec un artiste japonais


KEVIN RICE

L’Anglais de 53 ans est à la tête du design de Mazda pour l’Europe depuis 2014. Diplômé de l’Université de Coventry en Conception du Transport, il a travaillé notamment pour Opel, Giugiaro et BMW. Entre 1995 et 2000, il dessinait déjà pour Mazda, signant, entre autres modèles, la RX-8. Les séries 3 et 4 de BMW ont également été conçues sous ses coups de crayons.

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Avons-nous un psychologue sous la main ? Lorsqu’on se lance dans une nouvelle voie, on sait que le chemin sera difficile, pénible. Et en général, il s’accompagne de contraintes de temps et d’argent. Et pourtant, vous avancez, car vous croyez en vous et en votre créativité. Pas à pas, vous accumulez de l’énergie qui se transforme en une prise de conscience, une conviction qui vous pousse à penser que vous allez réussir. Et au projet suivant, vous repartez de zéro. C’est le même processus que pour la conscience de soi, même si la confiance en soi est forte. Quel est le lien entre inspiration et créativité ? Il n’est certainement pas direct. L’inspiration est plus un processus sous-cutané mettant parfois des années avant de se manifester. Elle constitue une perte de contrôle, elle ne procède pas de vous mais vous

imprègne de l’extérieur. Vous ignorez tout de son origine. Elle est aussi géniale que rare. Qu’en fait-on ? On surfe dessus. L’inspiration est la vague qui sert de support à votre expression. Par quoi êtes-vous inspiré ? Tout. C’est pathologique chez moi. J’observe et mémorise tout ce qui m'entoure. Les arbres, les murs. J’aime. Je n’aime pas. Pourquoi ? Pour Pourquoi pas ? C’est mon état permanent. Les meubles, l’architecture ou la danse alimentent ma créativité. Ce qui est étonnant, c’est la manière dont cette nourriture se manifeste dans mon travail. Pourquoi les voitures se ressemblent-elles autant de nos jours ? Le design automobile est soumis à de multiples contraintes. Sécurité des piétons, procédés de fabrication, coûts et j’en passe. Innover devient très difficile. Malgré tout, notre

quête de nouveautés est insatiable et donc incessante. Finalement, ces contraintes vous poussent à aiguiser vos idées. Certainement. Par exemple, nous souhaitions étirer davantage les lignes de l’actuelle CX5 et simplifier son design. Nous avons conçu pour cela un capot sobre et un nez en trompette, soit l’inverse de ce qui se pratique pour aller vers une allure sportive. Le nez n’évoque pas celui d’un bœuf mais d’un requin. Voilà l’illustration parfaite d’influences extérieures trouvant une application créative. Que pensez-vous du design rétro ? Faut-il y voir plus qu’une simple nostalgie en mode image d’Épinal ? Là n’est pas la question. La première génération des MX5 s’est inspirée des roadsters anglais des années 60. Nous en sommes revenus depuis. La Mini ou la Fiat 500 plaisent aux jeunes sans que ceux-ci n’aient à l’esprit les modèles originaux. C’est un fait. Ces voitures devaient leurs rondeurs aux limites qu’imposaient les méthodes de production de l’époque, de même que les formes rectilignes des années 80 étaient dues aux méthodes de façonnage de la tôle alors en vigueur. Les contraintes ont de tout temps orienté la créativité. Les artistes dont les œuvres révèlent leur sens dans le futur jouissent-ils d’une plus grande liberté que ceux qui servent la création industrielle ? La créativité de nos ingénieurs rend déjà beaucoup de choses possibles et élargit notre espace de liberté. Il serait faux de croire qu’un bon design est toujours immédiatement bien perçu. La Mini fut très mal accueillie à l’origine, alors qu’elle fait un carton aujourd’hui. Comme quoi, il ne faut pas craindre de ne pas plaire tout de suite. mazda.ch

« LA CRÉATIVITÉ ÉMANE DE NOTRE ÊTRE. NOUS SOMMES SEULS FACE À ELLE. » 63


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FREDERIC LE FLOC‘H/DPPI

Plus proche d’un Indiana Jones que de l’Indy 500, le rallye Dakar est la course des légendes. Suivre cet événement des plus coriaces représente un challenge unique pour les spectateurs. Mais pour ceux qui veulent tenter l’aventure, une expérience explosive et incomparable les attend. Nous vous expliquons ici comment suivre le Dakar 2018 : soit 15 jours d’action répartis en 14 étapes au Pérou, en Bolivie et en Argentine. Attrapez votre fédora et embarquez pour le parcours sud-américain ultime !

ADAM HAY-NICHOLLS

À LA POURSUITE DU


DAK AR


Dakar / PÉROU DÉPART : LIMA

Lieu Capitale du pays Terrain Désert Température moyenne 24 °C Population 10 millions Plat local Le cochon d’Inde. Enfin pas exactement. Là-bas, on dit cuy. Goûtez-le au Malabar, le meilleur restaurant du Dakar. Le chef Pedro Miguel

Schiaffino le sert grillé, avec des eses cargots d’Amazonie et d’une sauce épicée au chorizo. Boisson Pisco sour – pisco, blanc d’œuf, jus de citron vert et sirop de sucre de canne. À tester au Gran Hotel Bolivar. DE LIMA À PISCO : 240 km en 3 heures vers le sud, le long de l’autoroute 1S.

PISCO

Pérou ce que la tequila est au Mexique. Ou si vous préférez garder l’esprit clair, faites votre choix parmi les énormes smoothies du bar à jus Los Tres Duendes (Les Trois Lutins). DE PISCO À SAN JUAN DE MARCONA : encore 300 km en descendant le long de la 1S, soit environ 4 h 30.

Lieu Port de pêche Terrain Désert Température moyenne 24 °C Popu Population 134 000 Plat local Purée de pommes de terre épicée et poulpe, à l’As de Oro. Boisson Le pisco, éviévi demment. Cet alcool de raisin aux teintes dorées a été créé ici. Il est au

« CERTAINS JOURS, LES SPECTATEURS SONT AUTANT MIS À L’ÉPREUVE QUE LES PILOTES. ILS FONT VRAIMENT PARTIE DU RALLYE DAKAR. »

PÉROU

GREG PAUL – RALLY TOURS NZ

BRÉSIL

Lima Pisco San Juan de Marcona

BOLIVIE

Arequipa

La Paz

PÉROU Journées brûlantes, nuits fraîches, l’océan Pacifique à votre droite et le désert à votre gauche. La côte du Pérou qui se trouve au sud de Lima offre un terrain bien connu à tous ceux qui ont vu le rallye Dakar là où il est né, au Sahara. Là où les dunes de sable vertigineuses et les brusques à-pics mettent à l’épreuve les suspensions… et les colonnes vertébrales ! Pour le pique-nique, prévoyez des brochettes de lama et un thermos de maté de coca bien chaud. Quittez la 1S à Ica et enfoncez-vous dans le désert, guidé par le rugissement des moteurs. Vous repérez un camion Kamaz au sommet d’une dune, qui se met à slalomer dans la vallée comme un skieur mal dégrossi en lutte pour garder le contrôle. Grimpez sur la cabine de votre pick-up : vous êtes aux premières loges !

Uyuni Tupiza PARAGUAY

CHILI Salta

Belén Chilecito Córdoba San Juan

URUGUAY

ARGENTINE

DÉMARREZ SUR LES CHAPEAUX DE ROUES

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JEAN MICHEL LE MEUR/DPPI, GETTY IMAGES

Le quarantième rallye Dakar s’élance du Pérou pour la première fois en cinq ans. Guy Basile, fan de sports mécaniques australien, était là en 2013. Pour lui, c’est évident : il faut absolument assister au départ. « Imaginez-vous debout au milieu de deux millions de spectateurs, sur la ligne de départ de Lima… Quelle expérience unique ! Le bruit est hallucinant. Les SudAméricains sont de vrais passionnés. » Le Pérou est un pays où les difficultés sont nombreuses mais les récompenses ô combien merveilleuses. « Les meilleurs rallyes sud-américains traversent le Pérou, explique Stéphane Peterhansel, 13 fois vainqueur du Dakar et actuel tenant du titre. Ce pays regorge de parcours extraordinaires. Avec ses immenses dunes et son désert à perte de vue, il ressemble un peu à l’Afrique. Pour s’y repérer, il faut se lever tôt ! » Les spectateurs qui braveront le désert seront les témoins d’actions classiques du Dakar. « Le Dakar doit rester synonyme de course dans les dunes, précise Greg Paul, propriétaire de Rally Tours NZ, qui suit la course chaque année. Pérou égal action ! » THE RED BULLETIN


Dakar / PÉROU SAN JUAN DE MARCONA

Lieu Connu comme la capitale du fer grâce à son commerce minier. Terrain Désert Température moyenne 29 °C Population 20 000 Plat local Ceviche. On dit que les Péruviens mangent ce plat de poisson cru

mariné dans le jus de citron et citron vert depuis 2 000 ans. Boisson Chicha morada, une boisson sans alcool préparée à base de maïs violet. Bon pour le cœur et la tension. DE SAN JUAN DE MARCONA À AREQUIPA : 9 heures de route, 570 km pour descendre la côte péruvienne.

AREQUIPA

Lieu Deuxième ville la plus importante du Pérou Terrain Désert Température moyenne 15 °C Population 870 000 Plat local Le fameux cebiche mixto con erizo (oursins) au Cevicheria Fory Fay, ou le porc rôti au four de La Nueva Palomino, au

son des flûtes de pan. Boisson Bière maison du Chelawasi Public House. D’AREQUIPA À LA PAZ : 10 heures en voiture, le temps de parcourir 550 km vers l’ouest le long des routes 34A et 3S, en direction de la Bolivie. Vous pouvez également prendre un avion de Latam Airlines, avec escale à Lima.

« PENDANT LES QUATRE PREMIERS JOURS, ON VA VOIR BEAUCOUP DE SABLE, MAIS CE SERA TRÈS AMUSANT. UN VRAI CHALLENGE ! AVEC LE DAKAR, ON NE SAIT JAMAIS CE QUI VA ARRIVER. » TOBY PRICE, VAINQUEUR DU DAKAR MOTO 2016

Le Sud-Africain Giniel de Villiers franchit une dune de sable à Nazca (Pérou) lors de la 12e étape du Dakar 2012.

THE RED BULLETIN

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Dakar / BOLIVIE Lieu Plus haute capitale du monde Terrain Montagne, végétation, glace et roche Température moyenne 9 °C Population 800 000 Plat local Cœurs de palmier surmontés de fines lamelles croustillantes de viande d’alpaga séchée et d’un

jaune d’œuf poché au gustu (qui signifie « saveur » en quechua). Boisson Tout ce que sert le Diesel Nacional, bar original au style industriel, l’un des plus cool de La Paz. DE LA PAZ À UYUNI : parcours de 540 km le long des routes 1 et 30 : ce trajet dure environ 7 h 20.

BOLIVIE À plus de 4 000 m, la navigation devient difficile. Vous avez du mal à vous concentrer et à respirer. Peu importe où le regard se pose sur Altiplano, le plus vaste plateau des Andes, l’horizon s’offre à vous. Il pleut, il fait froid et il y a du verglas. La fatigue se fait sentir, mais les épines rocheuses qui menacent vos pneus renforcés vous empêchent de vous assoupir. Votre tête ballotte de gauche à droite et le volant risque à tout moment de vous échapper. Une moto KTM vous dépasse à toute allure sur la route de La Paz. Vous attendez avec impatience la journée de repos. Au-delà de La Paz, vous scrutez la mystérieuse Uyuni balayée par les vents et son hôtel de sel, ainsi que les badlands de Tupiza, où Butch Cassidy et le Kid ont tenu leur baroud d’honneur. lls ont perdu leur bataille d’endurance, mais vous gagnerez la vôtre. ATTENDEZ-VOUS À L’EXTRÊME

Le Dakar combine les terrains les plus difficiles à une diver diversité éclectique de climats afin de tester les pilotes, et les spectateurs. « La première semaine ne sera pas une partie de plaisir, compte tenu du climat et du terrain, annonce Jean-Marc Aublanc-Piolot, qui a participé à la création de l’itinéraire de cette année avec ASO, organisateur du Dakar. Une fois les premières étapes dans le désert péruvien passées, nous grimperons d’Arequipa jusqu’à La Paz le long de l’Altiplano, à 4 000 m d’altitude. Cela mar marquera le début de la section montagneuse, qui se terminera à Salta. Le manque d’oxygène nécessite de faire davantage d’efforts. » L’altitude des étapes boliviennes associée à une météo plus froide et imprévisible rend cette section du par parcours extrêmement ardue. 68

« L’altitude est très élevée et le temps peut être exécrable, explique Lyndon Poskitt, ingénieur aéronautique britannique qui s’est lancé dans la compétition du Dakar en 2013, seul et sans assistance (dans la catégorie Malle-moto). Le manque d’oxygène vous épuise, et vous pouvez facilement faire

UYUNI

Lieu Passerelle vers le plus grand salar au monde Terrain Salars et glace Température moyenne 10 °C Population 10 300 Plat local La langue de veau épicée, joyau de la région, comme la pizza au quinoa. Boisson Café bolivien. De délicieuses

infusions, ainsi qu’une excellente sélection de bières fraîches se trouvent dans une petite cabane juste à côté de l’horloge d’Uyuni. D’UYUNI À TUPIZA : 4 h et 206 km pour descendre la route 21. Ou en train, l’Expreso del Sur, qui vous amènera à destination en 5 h 20 par Atocha.

des erreurs. Cela devient difficile de naviguer. C’est le seul endroit où je me sois jamais perdu. Lorsqu’il n’y a aucun signe de civilisation aux alentours ni le moindre nuage de poussière formé par d’autres concurrents, il y a de quoi paniquer. » Les spectateurs qui veulent voir un peu d’action dans les Andes doivent préparer leurs bagages avec soin. « Le mois de janvier tombe pendant la saison des pluies en Bolivie. Et si l’on en croit l’an dernier, cela veut dire beaucoup de pluie, explique Mathias Grill de Horizonte Tours. C’est humide, froid et très boueux. Parapluie conseillé ! » Mais avec un challenge aussi imprévisible que le Dakar, même les personnes les mieux préparées peuvent se retrouver piégées. « J’avais tellement froid pendant une étape qu’un policier bolivien m’a donné une épaisse écharpe en laine, se souvient Max Hunt, pilote britannique engagé dans la catégorie Malle-moto. Cet homme m’a sauvé la vie. Je me souviens avoir quitté le bivouac bolivien un matin par − 5 °C. À la fin de la journée, j’étais en

GETTY IMAGES

LA PAZ

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Dakar / BOLIVIE TUPIZA

Lieu Ouest sauvage bolivien – là où sont tombés les hors-la-loi Butch Cassidy et le Kid Terrain Désert Température moyenne 19 °C Population 26 000 Plat local Parillades (viande et poisson grillés au barbecue) sans façon au club

des cheminots local, le Sede Social Ferroviaria. Boisson Le chuflay est un mélange de singani, l’alcool distillé national bolivien, et de limonade. DE TUPIZA À SALTA : un parcours de 500 km le long des routes 14 et 9 : ce trajet dure environ 6 h 45.

« LA BOLIVIE EST MAGIQUE POUR SUIVRE LE DAKAR. ALORS OUI, C’EST HUMIDE, BOUEUX, FROID… ET SANS 4×4, 4, VOUS ÊTES FICHU… MAIS J’ADORE CE SPOT ! » GREG PAUL – RALLY TOURS NZ

L’Espagnol Sergio Anguiano Reig part à l’assaut de la 8e étape du Dakar 2017 sur sa moto 450 Rally Replica KTM.

Argentine sous une chaleur écrasante de 45 °C. Préparez-vous à l’éventualité de vous retrouver coincé. L’an dernier, un pilote a carrément été frappé par la foudre ! »

UN PLANNING ? QUEL PLANNING ?

Vu que l’itinéraire détaillé est souvent communiqué la veille de l’étape et que les conditions météorologiques entraînent régulièrement des changements de dernière minute, l’une des choses les plus difficiles à faire lorsque l’on veut assister au Dakar, c’est déjà de le trouver ! « Nous faisons de notre mieux pour planifier notre route, explique Greg Paul. Les organisateurs communiquent très peu d’informations sur l’itinéraire. Il faut se montrer flexible et être capable de changer ses plans à tout instant. Au Dakar, acceptez de ne pas savoir. Nous ne savons pas, les pilotes ne savent pas. Mon job est de m’assurer que vous ver verrez le rallye, où qu’il passe. » Et plus vous travaillez dur, plus la récompense est belle. « Ce n’est pas simple d’assister à l’étape d’une course, raconte Julie Tuck qui a regardé le Dakar 2017 depuis son confortable camping-car Iveco Daily 4×4 aménagé. Nous avons parcouru l’Altiplano pendant des jours pour trouver notre chemin, et finalement, nous avons découvert que l’itinéraire avait été modifié au dernier moment. » Guy Basile n’hésite pas à solliciter les gens du coin : « Ils connaissent les meilleurs endroits. Et ils sont très blagueurs. Nous nous sommes faits de nombreux amis. Ils nous gardaient de la bière et de la nourriture, et une espèce de gnôle faite avec Dieu sait quoi. » THE RED BULLETIN

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Dakar / ARGENTINE SALTA

Lieu Ville de type espagnol située dans la vallée Terrain Désert Température moyenne 22 °C Population 619 000 Plat local À base de lapin, au Jovi Dos, un restaurant très populaire à Salta, qui surplombe les palmiers de la Plaza Güemes.

Boisson Le torrontés au bar Peña Gauchos de Güemes, à l’endroit où les héros de la guerre d’indépendance de l’Argentine se sont rencontrés. DE SALTA À BELÉN : un trajet de 6 h 30 pour effectuer 450 km en direction du sud par les routes 68 et 40.

BELÉN

Lieu Ville la plus isolée du rallye Dakar Terrain Rocailleux Température moyenne 26 °C Population 12 000 Plat local Des brochettes de viande bien juteuse au 1900, resto argentin typique. Boisson Après une excursion qui vous aura offert une

vue à couper le souffle sur les ruines incas et la région d’El Shincal, revenez en ville pour un verre ou deux de mendoza, en mode confort au Bar Oasis. DE BELÉN À CHILECITO : parcours de 215 km vers le sud, le long de la route 40 : ce trajet dure environ 2 h 45.

ARGENTINE Les routes goudronnées, les vignes éclatantes et le soleil brûlant d’Argentine, mais aussi l’idée réconfortante du festival de clôture du Dakar à Córdoba, sont en vue. Vous poursuivez votre chemin par Purmamarca et le Cerro de los Siete Colores, une montagne dont la roche offre des nuances contrastées de rose, vert, gris, violet, orangé, marron et blanc. En route vers la Valle de la Luna, arrêtez-vous pour admirer les étranges formations argileuses qui dominent le paysage. La civilisation est toute proche, ainsi que le drapeau à damier du plus grand rallye de tous les temps. Il sera temps de trinquer avec vos héros.

Au Dakar, vous devez être prêt à faire beaucoup d’efforts et à vous salir les mains pour atteindre le point de vue par parfait. Greg Paul emmène des touristes de rallye sur le Dakar depuis 2013. « Au fil du temps, nous avons fait connaissance avec certains pilotes. Vous avez vraiment l’impression de faire partie de la course, raconte-t-il. Nous avons remor remorqué des véhicules qui étaient tombés en panne et sauvé quelques motards. Nous 70

faisons du hors-piste pur et dur, et nos treuils font souvent des heures supplémentaires. » Et les spectateurs deviennent un élément vital pour les concurrents. « Il y a toujours des Britanniques qui viennent assister au Dakar. “C’est super sympa !”, se réjouit Sam Sunderland, pilote KTM Red Bull. La dernière fois, je m’étais arrêté sur un immense salar, à 4 000 mètres d’altitude, pendant une étape de liaison, et des fans sont venus m’offrir une tasse de thé du Yorkshire. Plutôt cool. »

Les spectateurs peuvent même aider un concurrent à finir la course. « L’avantdernier jour, on devait traver traverser une énorme rivière et je l’ai attaquée aussi fort que possible, relate Max Hunt. J’ai noyé le moteur et la moto s’est arrêtée. Les spectateurs sont immédiatement venus m’aider. Ils ont empoigné la moto et m’ont aidé à la retour retourner. Ils ont retiré les bouchons et les filtres à air, et ils l’ont secouée jusqu’à ce que toute l’eau ressorte. J’ai pu repar repartir… sous les ovations ! »

ERIC VARGIOLU/DPPI, REUTERS/FRANCK FIFE/POOL

ET PARFOIS, ÇA COINCE…

THE RED BULLETIN


Dakar / ARGENTINE CHILECITO

Lieu Ville de la vallée entourée de pics enneigés Terrain Roche et gravier Température moyenne 24 °C Population 38 000 Plat local Cazuela de gallina, un ragoût de poulet roboratif, et autres spécialités régionales au célèbre El Rancho

de Ferrito. Boisson Un café brûlant ou une bière fraîche à Yops, un repaire bohème où les clients s’affrontent lors de parties d’échecs épiques. DE CHILECITO À SAN JUAN : parcours de 400 km le long de la route 40, d’une durée d’environ 5 heures.

SAN JUAN

Lieu Deuxième plus grande province viticole du centre de l’Argentine Terrain Poussière et gravier Température moyenne 24 °C Population 113 000 Plat local La remolacha est la plus grande parrilla de la ville, avec cuisines ouvertes sur la salle.

Boisson Le vin local, à choisir parmi les Syrah, Malbec, Cabernet Sauvignon, Bonarda, Torrontés... DE SAN JUAN À CÓRDOBA : 7 h 30 de trajet pour 580 km sur la route 20 en direction de l’est. Ou l’un des deux vols quotidiens d’Aerolíneas Argentinas (à peine plus d’une heure).

Le Français Sébastien Loeb et son copilote Daniel Elena suivent un itinéraire précaire lors de la 8e étape du Dakar 2017, entre Uyuni (Bolivie) et Salta (Argentine).

« SALTA OFFRE DES PAYSAGES EXTRÊMES, ET IL EST DIFFICILE DE S’Y REPÉRER. MAIS C’EST SANS CONTESTE L’UNE DES ÉTAPES LES PLUS PALPITANTES. ATTENTION ! IL EST TRÈS FACILE DE S’Y PERDRE. » MATHIAS GRILL – HORIZONTE TOURS THE RED BULLETIN

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Dakar / ARGENTINE ARRIVÉE : CÓRDOBA

Lieu Deuxième plus grande ville d’Argentine, et étape finale d’exception pour le rallye Dakar Terrain Gravier et asphalte Température moyenne 25 °C Population 1,4 million Plat local Profitez de mets délicieux mais aussi d’un sublime

spectacle de tango à El Arrabal, l’un des quelques restaurants de Nueva Córdoba à avoir conservé une ambiance traditionnelle. Boisson Si vous aimez le whisky, faites votre choix parmi plus de 200 sortes sur les étagères du bar branché X-Bar, dans le quartier de La Cañada.

« J’AI ASSISTÉ À DES CENTAINES DE RALLYES, MAIS AUCUN NE RESSEMBLE AU DAKAR. C’EST UN VRAI PRIVILÈGE DE LE VIVRE. » DAN PROSSER, JOURNALISTE faire des efforts et de longues journées, sans beaucoup dormir, précise Guy Basile. Nous avons essayé d’assister à autant de spéciales que possible, ce qui veut dire dépasser les concurrents certains jours pour assister à la course le lendemain. » Les spectateurs acharnés font souvent autant de route que les pilotes. « Ma femme a conduit notre camping-car pour me suivre et elle a fait plus de 7 500 km, s’amuse Max Hunt. Les distances sont incroyables. Vous devez vraiment être investi dans votre sport. »

En 2016, le Français Cyril Despres attaque la 12e étape dans la province argentine de Córdoba sous les yeux d’un fan.

SOYEZ PRÊT

Les équipes restent au bivouac, un camp de fortune qui est réinstallé d’une étape sur l’autre, et elles dorment dans leurs camions ou sur des lits de camp à côté de leur véhicule. Généralement, les spectateurs descendent dans les hôtels qui se trouvent le long du parcours, mais les plans les plus minutieux peuvent tomber à l’eau. « Les hôtels qui émaillent le parcours sont surbookés, ou alors la route qui mène à votre hôtel est barrée, sans préavis, à l’occasion du rallye, raconte Mathias Grill de Horizonte Tours. Prenez une tente et un sac de couchage, et assurez-vous d’avoir suffisamment d’eau et de nourriture. » Pour Julie Tuck, si vous voulez vivre au plus près de l’action, le mieux est encore de camper. « C’est difficile de trouver un hébergement dans les régions où passe le rallye. Dans l’idéal, il vaut mieux avoir un camping-car ou une tente afin d’être au bon moment au bon endroit. » 72

NE MÉNAGEZ PAS VOS EFFORTS

Pour suivre le rallye le plus retors au monde, vous avez besoin d’un véhicule adapté. Et ce n’est pas aussi simple que vous pouvez le penser. « L’étendue couverte par le rallye Dakar est immense, explique Greg Paul, et il faut faire beaucoup de route, par parfois 800 km par jour. En plus des concurrents, il y a tous les camions d’assistance, ce qui aboutit à une caravane

d’environ 3 000 véhicules. Il faut une voiture pour les suivre, mais vous ne pouvez pas en louer une en Bolivie et franchir la frontière avec l’Argentine, par exemple. Nous avons résolu le problème en important des Toyota Land Cruiser immatriculés à l’étranger en Amérique du Sud afin de suivre l’intégralité du rallye. » C’est alors que commence le véritable test d’endurance. « Pour suivre le Dakar, il faut

Honneur au vainqueur… même si les concurrents qui franchissent la ligne d’arrivée du Dakar ont tous l’impression d’avoir gagné. « On nous confondait avec les pilotes et on nous demandait des photos et des autographes, s’amuse Guy Basile. À la fin, ça devenait trop compliqué d’expliquer que nous étions des spectateurs, alors on a joué le jeu. On avait l’impression d’être des stars. » Max Hunt a tout d’abord franchi la ligne d’arrivée du Dakar en tant que spectateur, puis il s’est inscrit en tant que pilote l’année suivante : « Traverser toute l’Argentine en tant que concurrent, avec des milliers de personnes qui se rassemblent dans les rues, c’est au-delà de tout. » « Lorsque vous avez goûté à cette ambiance et observé tout ce cirque ambulant, vous n’avez plus qu’une seule envie : en faire partie. Cela vous attire irrésistiblement. Si vous partez assister au Dakar, ne soyez pas surpris de vous retrouver en train de vous inscrire à l’édition suivante », conclut-il. redbull.com/dakar THE RED BULLETIN

REUTERS/MARCOS BRINDICCI, GETTY IMAGES (3), ALAMY(4)

TENEZ BON


Dakar / À VOIR diverses formes (ponchos et couvertures). Vous pouvez aussi visiter les magnifiques ruines incas d’El Shincal qui se trouvent juste à côté. À deux heures de route à l’ouest de Belén, vous découvrirez le spectaculaire parc national Laguna Blanca [1], les peintures rupestres de Salamanca et d’extraordinaires lagons.

1

CHILECITO La Riojana Cooperative, célèbre vignoble de la région, est une grande propriété qui produit 30 millions de litres de vin chaque année. SAN JUAN Le parc provincial Ischigualasto [5] abrite d’étranges formations argileuses dans une multitude de teintes.

LIMA Huaca Pucllana est une immense pyramide au centre de Lima, constituée de sept plateformes d’adobe et d’argile. Construite environ en 500 après J-C, c’était un centre administratif et cultuel important.

CÓRDOBA Ne manquez pas la fête qui suivra le podium du Dakar et l’after organisé par Red Bull.

2

PISCO Les îles Ballestas [2] ou « Galápagos du pauvre », à 2 heures de bateau, arborent une faune très riche. SAN JUAN DE MARCONA La réserve côtière de Punta San Juan abrite de nombreuses espèces marines : otaries à fourrure, lions de mer, ou la plus grande colonie péruvienne de manchots de Humboldt, en voie d’extinction. AREQUIPA La réserve nationale de Salinas et d’Aguada Blanca renferme les grottes de Sumbay, où plus de 500 peintures rupestres [3] datant de 6 000 à 8 000 ans sont visibles. LA PAZ Au Marché des Sorcières, on vend des fœtus de lama séchés pour attirer la chance (attendez-vous à y rencontrer des pilotes superstitieux). À environ 10 km en dehors 5

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de la ville, découvrez la Valle de la Luna, un dédale de canyons d’apparence lunaire, érodés par les éléments depuis des milliers d’années. UYUNI Cet incroyable salar [4] est le Salar d’Uyuni. Passez voir le cimetière des vieux trains à proximité. Il s’agit des ruines d’un réseau ferroviaire abandonné du XIXe siècle. TUPIZA C’est à San Vicente [6], village à 100 km au nord-ouest de Tupiza, que Butch Cassidy et le Kid se sont enfuis avec la paie des employés d’une société minière. L’armée bolivienne a tué les deux bandits au terme d’une fusillade épique. SALTA À 90 minutes de route de Salta, vous arrivez à Purmamarca et au Cerro de los Siete Colores, une montagne dont la roche offre des nuances contrastées de rose, vert, gris, violet, orangé, marron et blanc. Montez à bord du Train des nuages, bête d’acier qui s’engage pendant 16 heures sur d’étroits rails vers le sommet des Andes.

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BELÉN Cette ville compte de nombreux ateliers textiles où vous pourrez voir la laine de lama, d’alpaga et de mouton tissée à la main sous THE RED BULLETIN

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Challenge the weather.

Retrouvez vos prévisions météo de haute précision, la météo de vos trajets et un radar météo en ligne et sur l’appli.

morecast.com


guide Voir. Faire. Avoir.

42 raisons de l’écouter

JOHN CARTER/RED BULL CONTENT POOL

À VOTRE TOUR D’EXCELLER

Mieux vaut apprendre avec les meilleurs, comme ici avec Bjørn Dunkerbeck, icône du windsurf, 42 titres mondiaux au palmarès. On vous dit comment suivre son enseignement.

THE RED BULLETIN

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GUIDE

Faire.

Voyager hors des sentiers battus

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aviguer avec des doubles champions olympiques, chiller avec des pointures du rap ou participer à une course sur glace, Red Bull redéfinit le lien entre fans et idoles. Les héros se muent en partenaires, et de champions deviennent passeurs de savoir. Bjørn Dunkerbeck, 48 ans, en est un parfait exemple. La légende de la planche à voile est votre instructeur personnel durant un séjour d’aventure unique de sept jours à Grande Canarie.

« SUR L’EAU, L’ESPRIT SE LIBÈRE » Stars du sport et athlètes d’exception vous accueillent dans leur univers. Cette fois, cap sur l’archipel des Canaries, le Hawaï européen.

THE RED BULLETIN : En quoi le coaching

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RAY DEMSKI/RED BULL CONTENT POOL, MANUEL FERRIGATO/RED BULL CONTENT POOL

de Bjørn Dunkerbeck se démarque-t-il de celui de tout autre instructeur ? BJØRN DUNKERBECK : Lorsque j’encadre un groupe, j’accorde une grande importance à la proximité. En surfant près des participants, je vois rapidement ce qui ne va pas dans leur pratique. Mon expérience me permet ensuite d’identifier le potentiel d’amélioration. Grâce à vous, je peux donc Bjørn Dunkerbeck, devenir meilleur ? (48 ans), champion C’est comme pour tout, vous du monde en 2016. apprendrez plus si vous appliquez les consignes. (rires) Et forcément, plus les aptitudes sont élevées, plus la progression sera forte. Et si je n’ai jamais pratiqué le windsurf ? Alors c’est l’occasion de s’y mettre ! Croyezmoi, une fois qu’on goûte à ce sentiment de liberté, on ne peut plus s’en passer. Sur l’eau, l’esprit se libère. On se sent renaître. Mais arrive le moment où il faut laisser la planche. Oui, mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter, entre la plongée, les virées en VTT, les repas ou l’exploration de l’île, pas le temps de s’ennuyer à Grande Canarie. Nous y veillons. Lézarder sur la Playa del Inglés est l’unique restriction. (rires)

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Destination Red Bull

Bjørn Dunkerbeck sur son terrain de jeu : une eau à 20 °C, du soleil et des alizés constants.

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Faire.

POUR UN VOYAGE

Pénétrez dans l’univers fascinant

Neige, glace et de la place pour s’éclater.

Une expérience inoubliable à vivre coude à coude avec les as du sport. Toucher du doigt des événements réservés exclusivement aux pros. Nous vous présentons ici un florilège de ces voyages d’un genre nouveau. Bienvenue à bord de Destination Red Bull !

Infos et réservation sur : destination.redbull.com

Rallye sur glace avec Mattias Ekström

LE FEU AUX FESSES

THE RED BULLETIN : Qu’est-ce qui attend les participants

quand vous leur rendez visite à Jukkasjärvi, à 200 km au nord du cercle polaire ? MATTIAS EKSTRÖM : Du fun dans un paradis hivernal. On ne peut pas rêver de plus de neige, de glace et d’espace. Qu’avez-vous prévu avec vos compagnons de voyage ? Nous allons être souvent au volant de la voiture et du motoneige. Un tour avec les chiens de traîneau est aussi prévu. Nous dormirons dans un hôtel de glace. Soit à peu près tout ce qu’on fait en hiver en Suède quand on ne va pas au sauna. Que faut-il emporter ? De la bonne humeur, des caleçons longs, de grosses chaussettes et une bonne paire de gants. Et éventuellement une lampe de poche, car la lumière du jour est courte en hiver. Les participants peuvent-ils faire des erreurs ? Mattias Ekström Bien sûr ! Conduire un motoneige, c’est comme (39 ans), prof un rallye pour amateurs. Si l’on va trop vite, on particulier et génie du sport auto. risque d’aller embrasser un arbre plus vite qu’on ne le pense. Comment éprouver du plaisir à conduire dans le froid ? La conduite en elle-même est l’élément le plus fun. On n’a pas si souvent l’occasion d’appuyer à fond sur la pédale, non? En motoneige, toutes les sensations sont là : le froid, le vent, la vitesse. Et l’adrénaline. C’est elle qui te réchauffe.

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RED BULL AIR RACE ABU DHABI Réalisez votre rêve en volant dans le cockpit d’un avion du Red Bull Air Race.

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RED BULL STUDIOS Donnez de la voix, enregistrez-la, et repartez avec votre propre album de musique.

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GUIDE Destination Red Bull

HORS DU COMMUN de Red Bull

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3 WINGS FOR LIFE WORLD RUN Courez aux côtés de vos idoles pour ceux qui ne le peuvent pas. Un event planétaire.

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RED BULL CLIFF DIVING WORLD SERIES À POLIGNANO A MARE Osez le plongeon d’une vie à l’occasion de la finale opposant l’élite des plongeurs.

MATTIAS EKSTRÖM RALLYE SUR GLACE Le pilote suédois vous kidnappe dans son paradis de glace.

AVENTURE AU PÉROU AVEC SOFÍA MULÁNOVICH Sept jours complets en compagnie de la Péruvienne pour surfer comme il vous plaît.

WINDSURF AVEC BJØRN DUNKERBECK Dominez le vent et les vagues dans le sillage de celui qui est 42 fois champion du monde.

VTT AVEC AKSEL LUND SVINDAL Rencontrez votre idole en personne et partez sur les traces de ses débuts en Norvège.

RED BULL CLIFF DIVING WORLD SERIES AUX AÇORES Un moment avec les meilleurs plongeurs du monde dans un décor époustouflant.

OSKAR BAKKE/RED BULL CONTENT POOL, RED BULL CONTENT POOL

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GUIDE par Gisbert L. Brunner

Avoir. « Cintrée » fait référence à la forme incurvée de la montre, « Skeleton » à son calibre squelette.

THE H MOSER & CIE SWISS ALP WATCH S

Croquer la pomme

Un hommage à la smartwatch à succès de Cupertino en Californie. Ça, c’est pour la forme. Pour le reste, cette montre mécanique à remontage manuel – modèle en or blanc limité à 50 exemplaires – est une bête de luxe. h-moser.com

INSTANT DE GRÂCE

L’aviateur brésilien Alberto Santos-Dumont ne peut prétendre avoir effectué le premier vol motorisé – les frères Wright l’ont devancé de trois ans. En revanche, il peut s’enorgueillir d’un autre acte pionnier dans l’histoire de l’aéronautique. En 1904, alors qu’il dîne avec son ami Louis Cartier, petit-fils du fondateur de la célèbre maison de joaillerie parisienne, SantosDumont se plaint de l’impossibilité en vol de lire l’heure sur sa montre de poche. Cette remarque incite Cartier à créer la première montre-bracelet de la marque, la Cartier Santos à face carrée. Le 12 novembre 1906, Santos-Dumont réalise, montre au poignet, un vol inaugural de 220 mètres dans son biplan, donnant ainsi naissance à la toute première montre de pilote.

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CARTIER TANK CINTRÉE SKELETON

Irrésistible ascension La passion de Louis Cartier pour les montres carrées est peut-être à l’origine de sa plus célèbre création : une montre angulaire de 1917 qu’il offre au général Pershing, commandant des Forces expéditionnaires américaines. Inspirée des chars d’assaut en partance pour le front de l’Ouest, la Cartier Tank connaît un succès bien au-delà des lignes de combat, et ses versions successives séduisent célébrités et familles royales. Des clichés historiques montrent la Tank aux poignets de la princesse Diana et de Michelle Obama. Yves Saint Laurent, Truman Capote, Andy Warhol et Elton John l’adoptent – le chanteur a même écrit une chanson sur Cartier – et cette année, Kim Kardashian a acheté aux enchères la Tank de Jackie Kennedy pour 327 200 euros. À l’occasion du centenaire de la montre, Cartier sort la Tank Cintrée Skeleton avec boîtier en or rose ou en platine, limitée à 100 exemplaires chacune. cartier.com

JAEGER-LECOULTRE REVERSO TRIBUTE MOON

Volte-face

Le Duoface de la Reverso originale de 1931 protégeait les cristaux et le cadran lors des matches de polo musclés. La présente édition propose des phases de Lune à l’avant et un second fuseau horaire à l’arrière. jaeger-lecoultre.com

NOMOS GLASHÜTTE TETRA GOLDELSE

Nombres d’or Parfait carré de 29,5 mm de côté, la version doit son nom à l’Else d’or, statue trônant sur la Colonne de la Victoire de Berlin. Une montre en or rose pour le moins… monumentale ! nomos-glashuette.com

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PROMOTION

must-haves

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1 PANASONIC RP-HTX80B

Les écouteurs HTX80B vous offrent un moyen stylé d’apprécier des sons nets de haute qualité diffusés sans fil pendant vos déplacements. Leur design intemporel, la finition matte et leurs couleurs élégantes s’adaptent parfaitement à toute une gamme de modes et de styles de vie. Bien qu’ils soient dotés des toutes dernières fonctionnalités, ces écouteurs à la mode ont également un style rétro. panasonic.ch

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2 L’INNOVATION TIENT À UN FIL

La veste de ski Freelite est conçue à partir d’un unique fil pour une performance maximum. La première veste de ski ultra-stretch entièrement tricotée au monde. Elle offre la sensation de porter un pull tout en gardant la meilleure protection face aux intempéries et une liberté de mouvement sans précédent. kjus.com/freelite

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3 DRAGON X1 TRANSITION

Ce masque sans monture de DRAGON possède ce qu’il y a de meilleur en matière de performance et de confort. Le partenariat avec les verres Transition apporte au modèle X1 un look aussi classique que versatile, s’adaptant à tous types de météo. Nuageux ? Ensoleillé ? Les verres s’ajustent à la luminosité ambiante pour une visibilité parfaite. dragonalliance.com

4 GLENFIDDICH IPA EXPERIMENT

Dans le cadre d’une expérimentation hors du commun, Glenfiddich a collaboré avec Seb Jones, un brasseur de bière artisanale du Speyside, à la création d’un nouveau whisky. Vieilli dans des fûts de bière artisanale IPA, ce Single Malt s’est imprégné de notes d’agrumes puissantes, de senteurs florales, le tout rehaussé d’une subtile saveur de houblon fraîchement coupé. L’innovation n’a pas de limites quand des passionnés travaillent main dans la main. glenfiddich.com

5 ON CLOUD X

Bienvenue en apesanteur : voici une chaussure ultralégère (188 g en taille 38) au design conçu pour tout sportif qui va de l’avant. La Cloud X est une version repensée de la Cloud (chaussure de course la plus achetée en Suisse en 2015 et 2016), à la semelle optimisée pour les athlètes pluridisciplinaires ou adeptes de plusieurs types d’entraînement. Atterrissage en douceur, propulsion explosive. on-running.com

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GUIDE

Voir. L’équipe à l’origine de Follow Your Nose (2015) récidive avec As The Crow Flies.

À CHACUN SON SOMMET

Prenez l’air avec les as du snowboard et mordez la poussière avec l’élite du motocross et du rallye. RDV ce mois sur Red Bull TV.

Le pro autrichien Gigi Rüf pratique le snowboard depuis l’âge de neuf ans.

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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décembre / janvier

THE ASSIGNMENT MOVING PICTURE CO, FLAVIEN DUHAMEL/ RED BULL CONTENT POOL

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déc.

AVANT- PREMIÈRE

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décembre

AVANT-PREMIÈRE

MOTO 8

La meilleure franchise de films dirt bike est de retour. La crème des pilotes y écume à plus de 160 km/h des lieux incroyables, allant des plus grands circuits au désert australien. MOTO 8 est l’expérience visuelle de motocross la plus démente qui soit.

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au 31 décembre

FILM

28 WINTERS – A STORY ABOUT NITRO SNOWBOARDS

Ce film diffusé en première mondiale, revient sur les combats, les victoires, les valeurs et les convictions de snowboardeurs parmi les plus influents tels que Eero Ettala et Marcus Kleveland.

AS THE CROW FLIES

Ce film d’aventure produit par Pirate Movie Production suit la légende de snowboard, l’Autrichien Gigi Rüf, en compagnie de ses amis dont les Américains Pat Moore et Travis Rice, dans leur quête de neige et de spots par parfaits. Autriche, Italie, Japon, USA, Canada… partout ils redéfinissent la glisse, affichant une adaptabilité et une maîtrise constante dans les parks aménagés, les sauts en hors-piste ou sur sites naturels.

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au 20 janvier

LIVE

RALLYE DAKAR 2018

En 2018, le Pérou réintègre le célèbre rallye avec trois étapes en forme d’épreuve ultime pour l’homme et la machine. Les 10 000 km du tracé reliant Lima à Córdoba via La Paz entraîneront les concurrents sur des terrains parmi les plus ardus de la planète.

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GUIDE

Faire.

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décembre/janvier/février décembre Lo & Leduc Les rappeurs bernois Lo & Leduc sont en concert à travers le pays pour leur 5e album Für Ingwer und Ewig, sorti en mars dernier. Après une tournée au printemps à guichets fermés, cette suite est très attendue. Les gar garçons à la tête bien faite rappent dans un patois fleuri accompagnés d’une formation de 8 musiciens. Dates: 16.12, Stadtsaal de Wil; 18.12, Lucerne, KKL (émission Jeder Rappen zählt) ; 21.12, Bâle, Volkshaus; 22.12, Berne, Festhalle. Aarau, Kiff ; lo-leduc.ch

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au 9 février

RACING FOR FUN UN TRIP MOTO

Se coucher dans les virages réservés d’ordinaire aux pros devient possible lors du Swiss Racing for Fun au circuit GP de Jerez (Espagne). Les amateurs passionnés de moto s’y essayeront avec leur bécane pendant un, 3, 4, 5 ou 8 jours selon la for formule choisie. Une pratique libre ou au sein de quatre différents groupes de niveau. Jerez de la Frontera ; racingforfun.ch

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Cette année encore, l’élite de la cascade sur glace sera au Ice-Dome de Saas-Fee, pour venir à bout du mur de glace de 32 m munie de crampons et de piolets. Les spectateurs bénéficient d’une vue imprenable de l’action à tous les étages du dôme. Les afters sont assurées par Vibez et Reckless Roses entre autres groupes. Saas-Fee ; iceandsound.com

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au 28 janvier Festival Au-delà des préjugés

Pour la 17e fois, l’organisateur JDS Events met à l’honneur la culture hiphop sous toutes ses formes avec au cœur de l’événement le breakdance. B-boys et B-girls se disputeront le titre du roi du dancefloor lors de battles en 1 contre 1 et 3 contre 3 avec « distinction » comme maître mot. Également au menu, soirées rap et ateliers dédiés à la jeune relève du hip-hop. Lausanne ; jdsevents.ch

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juin au 1er juillet Gigathlon À Arosa/Davos, les aventuriers s’affrontent sur vélo et VTT, en course à pied, à la natation et depuis cette année en trail alpin et SwimRun, des parcours en montagne, à travers des gorges et des lacs en solo ou équipe de deux. Le tout dans un décor époustouflant. Inscriptions grand public ouvertes jusqu’au 28.2. Semaine de préparation : du 7 au 28.4. Arosa/Davos ; gigathlon.com

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MAXIMILIAN LEDERER, SPORTFOTO-TRESCHER

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et 20 janvier CM d’escalade sur glace


Mobilisons-nous pour la préservation du climat

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Protégeons le monde dans lequel nos enfants naîtront


SNOW STYLE Durant des millénaires, la montagne a représenté pour l’homme une frontière infranchissable et dangereuse jusqu’à ce qu’il la descende à ski et y découvre le plaisir. Photos : HAMISH BROWN Styling : SARAH ANN MURRAY

Page de gauche : Ski Freeride ROSSIGNOL Soul 7 HD, rossignol. com ; Chaussures DYNAFIT TLT Speedfit, dynafit.com Page de droite – elle, de la tête aux pieds : bonnet à revers DC Joyfull, dcshoes.com ; GLORYFY Gi12 lunettes de soleil Bon Voyage Stylediver, gloryfy.com ; veste à capuche en fourrure à doublure Sherpa SD-Wind Attacker SUPERDRY, superdry. com ; sous-couche MONTANE Primino 220 Zip Neck Merino, montane.co.uk ; moufles de snowboard/ski DC Franchise SE, dcshoes.com ; snowboard K2 Wildheart, k2snowboarding.com ; pantalon de ski/snowboard O’NEILL Jones Sync, oneill.com ; boots de snowboard BURTON Limelight Step On, burton.com

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GU I D E Lui, de la tête aux pieds : casque SMITH Code, smithoptics.com ; masque de ski/snowboard SCOTT LCG Compact, scott-sports.com ; tee-shirt DARE2B Coalesce, dare2b. com ; veste JACK WOLFSKIN Exolight Range, jack-wolfskin.fr ; gants de snow DC Shelter Mitt, planet-sports. com ; ­snowboard SALOMON Assassin, s­ alomon.com ; pantalon BURTON Southside, burton.com ; boots de snow DC Mutiny, dcshoes.com


Page de droite : en haut à gauche : chaussures de ski ATOMIC Redster World Cup 110, atomic.com ; chaussures K2 Spyne 130 HV, k2skis.com En haut à droite : bonnet MONTANE Windjammer Halo, montane.co.uk ; masque de ski ADIDAS Progressor Splite, adidas. fr ; écharpe BUFF Cordes, buffwear.com ; doudoune COLUMBIA OutDry Ex ECO, columbiasportswear.fr ; Pull et gants thermiques LÖFFLER Transtex Warm Seamless,loeffler.at ; bâtons SALOMON MTN ALU S3, salomon.com ; pantalon de ski/ snowboard O’NEILL 88’Shred Bib, oneill.com ; chaussures de running LA SPORTIVA Crossover 2.0 GTX Mountain, lasportiva.com En bas à gauche : bonnet BURTON Linden, burton.com ; lunettes de ski SMITH Squad XL, smithoptics.com ; cachecou BUFF Midweight Light Military Melange, buff.eu ; pull ABSOLUT PARK Crew Neck, absolutpark.com ; surchemise technique d’isolation Network DC, dcshoes.com ; doudoune à col montant BURTON Heritage, burton.com En bas à droite : housse de ski et snowboard DOUCHEBAGS The Douchebag, douchebags.com ; fixations et snowboard BURTON Talent Scout, burton.com ; chaussettes STANCE Stoney Ridge, stance.com ; boots de snowboard K2 Sapera, k2snowboarding.com

De haut en bas : Casque ROSSIGNOL Progress EPP – MIPS, rossignol.com ; veste femme SALEWA Puez Tirolwool, salewa. com ; chaussures de ski LANGE RX 120, lange-boots.com

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GU I D E

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GU I D E Page de gauche, en haut à gauche : skis FISCHER Streif, fischersports.com ; bâtons SALOMON MTN ALU S3, salomon.com En haut à droite : ­bonnet BURTON Nana, burton.com ; lunettes GLORYFY G9 XTR, g ­ loryfy.com ; pull SHACKLETON Submariner, shackletoncompany.com ; veste ­MONTANE Icarus, montane.co.uk ; ­moufles arctiques ­CANADA GOOSE, ­canadagoose.com ; pantalon BLACK YAK Active Flex, global. blackyak.com ; chaussures REEF Rover Mid WT, reef.com ; ski HEAD Kore 105, head.com ; fixations TYROLIA AAAttack² 16 GW, tyrolia.com En bas à gauche : casque POC Auric Cut, pocsports.com ; masque de ski ANON WM1, burton.com ; sous-veste de ski DARE2B Motif Luxe, dare2b.com ; blouson de ski/snowboard O’NEILL Jones Contour, oneill.com ; balise GPS SPOT Gen3 GPS, findmespot.eu ; sac à dos EVOC FR Day Team 16 L, evocsports.com ; gants snowboard/ski DC Franchise, ­dcshoes.fr En bas à droite : pantalon Exolight Slope JACK WOLFSKIN, jackwolfskin.fr ; chaussettes STANCE Pangea, stance.com ; boots de snowboard DC Search BOA, dcshoes.com Page de droite : de haut en bas : casque K2 Diversion, k2snowboarding.com; masque de ski et snowboard ADIDAS Progressor Split, ­adidas.fr ; blouson et polaire à capuche Vivid BLACK YAK, ­global.blackyak.com ; DVA MAMMUT Pulse Barryvox 3 antennes, mammut.com ; sac à dos airbag ARVA Reactor 25 Ultralight, arva-­equipment.com

Styliste plateau : Sarah Gobourne ; assistante mode : Emily Bulford ; ­coiffure et maquillage : Bella Costanzo ; ­mannequins  : Erika ­Pattison et James ­Crabtree@Selectmodel


XICO ET MIRADORES DEL MAR VERACRUZ

Fondé en 1863, cet État compte actuellement plus de 8 millions d’habitants. Ses 71 820 kilomètres carrés se caractérisent par leur diversité, avec un climat tropical sur la côte (golfe du Mexique) tandis que les zones montagneuses enregistrent des températures basses.

POURQUOI ICI ? Xico est un beau village situé sur les pentes de Cofre de Perote, un imposant volcan inactif. Miradores del Mar est une petite localité située à l’écart du tourisme de masse qui offre un cadre presque vierge.


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CHOLULA ET PERICOS PUEBLA

Situé dans la région est du Mexique, cet État a été fondé en 1823. À l’heure actuelle, il est habité par plus de 6 millions de personnes. C’est là qu’ont été découvertes les cultures de maïs les plus anciennes.

POURQUOI ICI ? Cholula signifie « lieu de ceux qui fuient » en langue nahuatl. Il s’agit d’une cité préhispanique intéressante située au cœur de l’État de Puebla. Quant à la localité de Pericos, elle offre une atmosphère particulière et sereine qui, combinée à l’air pur, s’avère idéale pour l’escalade et l’ascension de voies de différents niveaux de difficulté.


TEPOZTLÁN ET YECAPIXTLA MORELOS

Son nom lui vient de José María Morelos y Pabón, l’un des protagonistes de l’indépendance du Mexique. Avec ses 4 893 kilomètres carrés, c’est l’un des plus petits États du Mexique mais l’un des plus peuplés. C’est là que naît la chaîne montagneuse à laquelle appartient le volcan Popocatépetl.

POURQUOI ICI ? Ils sont considérés comme des villages magiques au climat agréable et aux traditions ancestrales. Pittoresques du point de vue urbain et particulièrement séduisants pour ce qui est du cadre naturel.


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CREEL ET PEÑOLES CHIHUAHUA

Il s’agit du plus grand État du pays avec une population dépassant les 3 millions d’habitants. Sa frontière nord marque la limite avec les ÉtatsUnis. Il a la particularité d’être le berceau du célèbre burrito.

POURQUOI ICI ? Creel se situe au cœur de l’imposante Sierra Tarahumara et c’est l’un des rares villages magiques du nord du Mexique. Peñoles est considéré comme l’un des spots d’escalade les plus célèbres et les plus intéressants du Mexique. Le paysage rocheux est réellement merveilleux et s’avère idéal pour camper au début du printemps ou en automne.


GUIDE

Autour du monde.

THE RED BULLETIN WORLDWIDE Ski de fond en Alaska, triathlon en puissance au Mexique, temple dédié au rétro gaming à Brooklyn : nos temps forts à l’international en janvier.

ÉTATS-UNIS SPORTS D’HIVER Colorado, Alaska, Vermont, Californie ! Voici les endroits les plus excitants où s’en donner à cœur joie.

The Red Bulletin en E-Paper sur redbulletin.com

El triatleta natural de Xalapa (en Veracruz), Crisanto Grajales Valencia, 30 años, es el actual campeón del mundo de triatlón tras ganar en Salinas, Ecuador.

ACCIONES Texto: Marco Payán

MARCOS FERRO/RED BULL CONTENT POOL

POCAS PALABRAS,

MUCHAS 70

MEXIQUE CRISANTO GRAJALES Les habitudes fitness de la star locale du triathlon.

DRINKING GA M E S A decade before arcade bars started popping up across the country, a group of friends in Brooklyn had a dream that pairing classic video games with quality booze was a match made in 8-bit heaven. Barcade CEO Paul Kermizian explains how a simple bar concept exploded into a mini empire. Words: Lizbeth Scordo Photography: Joao Canziani 60

ÉTATS-UNIS RÉTRO PARADIS Au Barcade Bar, à Brooklyn, la nuit new-yorkaise rencontre la culture de jeux d’arcade des années 80. Une visite au pays des pixels. 96

ROYAUME-UNI KATIE ORMEROD Devenir une pro du snowboard dans un pays sans relief ? C’est exactement ce que démontre cette jeune Anglaise.

« J’AI UN PROBLÈME DANS LA VIE : J’ÉCOUTE. » FRANCE KEV ADAMS Le jeune humoriste et comédien est à l’honneur avec le film Tout là-haut, dernière réalisation de Serge Hazanavicius. THE RED BULLETIN


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MENTIONS LÉGALES SUISSE Directeur d’édition Robert Sperl

ANFÄNGER ANFÄ NGER50

TRI CKS

DAVID HABLÜTZEL will der beste Snowboarder der Welt werden. Seine ungewöhnliche Erfolgsformel: Jeden Tag bei null beginnen.

Text: Alex Lisetz Fotos: Gian Paul Lozza

Rédacteur en chef Alexander Macheck THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886 Country Editors Pierre-Henri Camy, Arek Piatek Country Coordinator Christine Vitel Country Channel Management Melissa Stutz

SUISSE DAVID HABLÜTZEL Le freestyler ambiambi tionnne de devenir le meilleur snowboarsnowboar deur au monde. Son plan : échouer chaque jour un peu mieux. Il explique pourquoi.

AUTRICHE GREGOR SCHLIERENZAUER Le sauteur à ski le plus populaire et le plus performant de tous les temps s’exprime sur son comeback.

Responsable de la publicité Marcel Bannwart, marcel.bannwart@ ch.redbull.com Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric Fortas, Susanne Fortas, Suzanne Kříženecký Kříženecký, Audrey Plaza, Claire Schieffer, Gwendolyn de Vries Abonnements Service des lecteurs, 6002 Lucerne Hotline : +41 (041) 329 22 00 getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com

Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Directeur photos Fritz Schuster Directeur photos adjoint Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Christian Eberle-Abasolo, Andreas Rottenschlager Maquette Marco Arcangeli, Marion BernertThomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur commercial Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Martina Maier, Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Management par pays & Marketing Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Kristina Trefil, Stephanie Winkler Maquette marketing Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher

Ihr neuer Thriller spielt im Frankfurter Gangster-Milieu. Aber wie viel GangsterMilieu steckt in Moritz Bleibtreu, Edin Hasanovic und Kida Ramadan? Ein Gespräch mit den drei Kino-Stars über Karriere, Ladendiebstahl und die Ratschläge ihrer Mütter. I N T E RV I E W: RÜ D I G E R S T U R M F O T OS : DAV I D F IS C H E R

ZWISCHEN

VERBRECHEN UND

MORAL

Office Management Kristina Krizmanic Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com

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ALLEMAGNE CINÉ-GANGSTERS Moritz Bleibtreu, Kida Ramadan et Edin Hasanovic différencient les crimes à la ville et à l’écran.

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Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Christopher Reindl, Andreas Gall

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GUIDE

Le plein d’action.

Sur la colline du Teufelsberg à Berlin-Ouest, le toit de l’ancienne station d’écoute US était jusqu’alors le plus improbable des lieux pour filmer les der dernières prouesses des pros de BMX Anthony Perrin et Bruno Hoffmann. Point d’orgue du tournage de leur Devil’s Voice : une session près de ce qui fut le dôme du radar et que Perrin illumine d’un Downside Tabletop. redbull.com/devilsvoice

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« J’avais la chair de poule avant même de m’élancer. » Anthony Perrin, 23 ans, pro du BMX, décolle du Teufelsberg sous la voûte étoilée de Berlin.

LORENZ HOLDER

Teufelsberg, Berlin

makes you fly

Le prochain The Red Bulletin sortira le 7 février 2018

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