The Red Bulletin CF 01/21

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SUISSE JANVIER/FÉVRIER 2021 CHF 3,80

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HORS DU COMMUN

PARCOURS SANS FAUTE La freeskieuse Mathilde Gremaud épate le monde avec un saut impeccable

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PAGES

SPÉCIAL HIVER


LA NOUVELLE CUPRA LEON e-HYBRID S P O R T S TO U R E R IL Y A DES MOMENTS OÙ L’ON CONDUIT POUR LES AUTRES ET D’AUTRES OÙ L’ON NE CONDUIT QUE POUR SOI-MÊME.

Avec une autonomie allant jusqu’à 52 km en mode purement électrique, la nouvelle CUPRA Leon e-HYBRID Sportstourer combine une conduite sans émission en zone urbaine avec un plaisir de conduite ultime de 245 ch au total et une autonomie atteignant 677 km hors des villes.

CUPRAOFFICIAL.CH New CUPRA Leon Sportstourer 1.4 e-HYBRID, 245 ch, boîte DSG à 6 vitesses. Consommation mixte totale: 1.6 l/100 km, consommation d’énergie mixte: 16.6 kWh/100 km, équivalent essence mixte: 3.4 l/100 km, émissions de CO2 en cycle mixte: 36 g/km, émissions de CO2 liées à la fourniture de carburant et/ou d’électricité: 29 g/km, catégorie de rendement énergétique: A. Émissions moyennes de CO2 tous les VT immatriculés pour la première fois en Suisse: 174 g/km. Valeur cible des émissions de CO2 à atteindre d’ici à fin 2020: 115 g/km.


É D I TO R I A L

BIENVENUE

LA VIE EST BELLE

MATHILDE GREMAUD

est la première femme au monde à avoir réussi un Switch Double Cork 1440, un saut absolument parfait. Elle nous raconte comment elle y est p ­ arvenu. Page 40

Au fil de ces pages, nous dressons le bilan d’une année particulièrement difficile, pour tous. Pas étonnant que certains pensent qu’il serait préférable de bannir 2020 dans le coin le plus éloigné d’une archive inaccessible. Nous pourrions partager cette opinion (dans les moments où être positif est mal vu, ce serait trop facile), ou nous remémorer les épisodes les plus fous, les plus fascinants et les plus beaux d’une année sans pareil. C’est pourquoi nous avons sélectionné treize (oui, treize !) photos qui ont façonné 2020. Comme par exemple, un joueur pro qui lutte avec ­succès contre la cyberintimidation ; une jeune femme qui danse sa vie au sommet, contre toute attente ; un apnéiste ­renommé qui sert la cause des sauveteurs de corail. De grandes histoires, de grandes personnalités, et de grands moments qui ont, aussi, marqué cette année.

CHRISTOF GERTSCH

a suivi Mathilde ­Gremaud pour nous. Le Bernois de 38 ans a reçu de nombreux prix journalistiques. À le lire, on ­comprend aisément pourquoi.

«   2020 fut la meilleure année de ma vie. »

La chanteuse suisse Priya Ragu sur la voie du succès. Page 58

NORMAN KONRAD (COVER)

Bonne lecture ! La Rédaction

LA PLAYLIST KEEP COOL

La sélection musicale de ­Nicolas Vuignier pour finir l’année tout en douceur. Page 28 THE RED BULLETIN

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CONTENUS The Red Bulletin janvier/février 2021

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SUJET DE COUVERTURE

40 UNE PREMIÈRE

À 20 ans, Mathilde Gremaud est la première femme à poser un Switch Double Cork 1440. Retour sur un saut d’exception.

SPORT

52 À FOND !

LE PARCOURS IMMACULÉ DE MATHILDE GREMAUD  Jusqu’à son saut impeccable.

Il anime des podcasts, il fait de la photo et des merveilles sur les pistes de ski : Loïc Meillard n’a pas de temps à perdre.

MUSIQUE

58 PRIYA LA BIENHEUREUSE

POINTS DE VUE

Voilà quelqu’un pour qui 2020 aura été un grand cru !

6 BEST OF 2020

Treize photos porteuses d’espoir : le monde est beau, fascinant, et regorge de surprises.

MOTEUR

CINÉMA

Toby Price, Matthias Walkner et Sam Sunderland : trois adversaires, un esprit d’équipe.

32 EXPRESSION LIBRE

Joel Basman incarne le roi de l’évasion, Walter Stürm. Un échange sur la liberté.

WINGS FOR LIFE

36 IL A FAIT LE PAS

Le Wings for Life World Run donne de la force et du courage, comme l’explique David Mzee, prof de sport handicapé.

38 L’ATTRAPE-RÊVES

Lars Ulrich, de Metallica, sur l’importance de suivre ses rêves.

INNOVATEUR

50 JUNGLE URBAINE

Un architecte vietnamien fait pousser des forêts entières sur les toits de la ville.

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PERSPECTIVES

52 LOÏC SANS LIMITES  Le skieur pro vous fait ­partager sa vision du monde.

EXPÉRIENCES POUR UNE VIE AMÉLIORÉE

75 VOYAGE Le freeskieur Laurent de Martin dans la région Dents du Midi 80 FITNESS Du yoga couplé au programme HIIT

MUSIQUE

24 L’ADDITION, S’IL VOUS PLAÎT ! 26 OBJET TROUVÉ

64 TRIO GAGNANT

NORMAN KONRAD, GIAN PAUL LOZZA, JENNY BROUGH, KONSTANTIN REYER

82 M ONTRES Inspirée par les ­aventuriers : la Longines Spirit 84 G AMING Des pros de l’eSport ont testé FIFA 21 pour nous 86 LECTURE Stephen King, l’art d’écrire 88 CALENDRIER Action au rendez-vous 90 TOUT SCHUSS Coussins neigeux

96 OURS 2 8 PLAYLIST 98 POUR FINIR EN BEAUTÉ 3 0 LE CERCLE DES PENSEURS DISPARUS

58 UNE BONNE ANNÉE POUR PRIYA Merci FIFA ! Ou comment la chanteuse de R’n’B a percé.

THE RED BULLETIN


64 LA RÈGLE DE TROIS Trois hommes, un but commun: la victoire au Rallye Dakar. Les avantages de se battre en équipe.

THE RED BULLETIN

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LE MEILLEUR DE L’ANNÉE

2020 Une chose est sûre: ce fut une année… surprenante, exténuante, remplie de défis. Et nous avons décidé d’en sortir grandis. Texte ANDREAS WOLLINGER


POWER OF LIFE

BEN THOUARD

Chevauchée sauvage Soudain, tout a changé. Nous nous sommes tous retrouvés en télétravail, ne communiquant plus que par vidéoconférences. Décider de réinventer The Red Bulletin dans de telles circonstances était un pari osé, mais qui nous a finalement fait beaucoup de bien. C’est pour ainsi dire en travaillant à domicile que nous avons réalisé un journal vraiment spécial : l’édition Power of life, dans laquelle cent personnalités, du pilote automobile Max Verstappen aux astronautes de l’ISS, ont su, grâce à leurs mots d’encouragement, nous donner la force de continuer. Ci-­dessus : la photo de couverture à Tahiti. Tous les entretiens sur redbulletin.com  7


SATURDAY, 4 JULY,

AN ALMOST INDEPEND

ENT F1 NEWSPAP

2020

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21 AUGUST , 2020

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01.07.2020 15:52:44

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DE LA F1 EN AUTRICHE

20.08.202

0 15:31:52

Cet été, le monde entier était tourné vers Spielberg, que ce soit pour le lancement de la saison de Formule 1 début juillet avec deux Grands Prix organisés en Autriche (au lieu de l’Australie), ou pour le GP Moto, dont deux courses se sont déroulées en Styrie en août. Il fallait un concept adapté, et c’est ainsi que The Red Bulletin Daily a fêté son grand retour en tant que journal quotidien pour les fans. La devise : une seule vitesse : à fond la caisse ! À lire sur redbull.com/theredbulletinspielberg 8

PHILIP PLATZER/KTM

Première à Spielberg




WINGS FOR LIFE WORLD RUN

Un succès mondial

CIMBALY/MARATHON DES SABLES

Organiser un événement sportif de l’ampleur de Wings for Life World Run début mai ? Impensable. L’annuler ? Hors de question. Cette course globale a fini par avoir lieu de manière virtuelle sur application mobile. Au même moment sur toute la Terre, chacun des 77 103 participants a couru seul, par luimême, dans un endroit de son choix (on aurait théoriquement même pu, comme la personne en photo, courir dans le désert du Maroc). Le plaisir de courir fut presque le même et au final, 2,8 millions d’euros ont été collectés pour la recherche sur la moelle épinière. L’édition 2021 : wingsforlifeworldrun.com

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« Je dansais pour ne pas céder à la colère » Difficile de commencer sa vie dans des conditions plus difficiles que celles ­vécues par Angela « Angyil » McNeal : née en 1992 à Kansas City, cette benjamine d’une famille de huit enfants est élevée par une mère célibataire et grandit dans une banlieue défavorisée de la ville américaine. Elle découvre l’univers de la danse à dix ans en s’initiant au ballet, et est ­actuellement l’une des meilleures danseuses de freestyle au monde. Une femme inspirante et une histoire ­touchante à découvrir. Suivez Angyil sur Instagram : @angyil

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THE RED BULLETIN

ATIBA JEFFERSON, JILL HEINERTH

ANGYIL


JILL HEINERTH

L’appel du fond La Canadienne Jill Heinerth, âgée de 56 ans, a abandonné sa carrière de ­graphiste il y a 25 ans pour assouvir sa passion pour la plongée souterraine. Cette femme, qui n’a peur de rien, est une photographe sous-marine ­exceptionnelle, et nous régale de ses clichés qui nous font découvrir des endroits plus méconnus que la lune. Ici, par exemple, « The Pit », une grotte ­située sous la p ­ éninsule du Yucatán au Mexique. Plongez avec Jill : intotheplanet.com


« Pourquoi je danse ? Parce que ça me rend heureuse, tout simplement » JILOU RASUL

« Personne ne peut tout faire. Concentre-toi sur tes qualités et deviens le ou la meilleur(e) dans ton domaine » FANNY SMITH Personne sur les pistes n’arrive à la cheville de Fanny Smith, 28 ans, qui est tout simplement la meilleure athlète de skicross du monde. Dyslexique de naissance, la Suissesse est par contre incapable de ­répondre à un mail. Le secret de son succès : « Il vaut mieux se concentrer sur ce qui rend heureux que d’être obsédé toute sa vie par ses faiblesses. » Retrouvez son interview sur redbull.com/fanny-smith 14

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EVA BERTEN, GIAN PAUL LOZZA, RYAN BORNE/CORAL GARDENERS

Dans notre édition allemande, nous avons présenté Jilou Rasul, une B-Girl de 28 ans originaire de F­ ribourg. Son tatouage sur le haut du bras r­ eprésente, entre autres, une formule ­mathématique : une fonction qui reste toujours ­positive et qui tend vers l’infini. C’est sa devise: peu importe ce qui a­ rrive, le futur appartient à celui qui sait ce qu’il veut et reste positif. Suivez Jilou sur Instagram : @bgirljilou


« Nous voulons ­attirer l’attention du monde sur ­l’importance des océans » GUILLAUME NÉRY Les Coral Gardeners, un groupe de jeunes pas­ sionnés de surf et de mer basés dans le Pacifique, et ­Titouan Bercot, 21 ans, poursuivent un but ­commun depuis 2017 : sauver les récifs ­coralliens de la p ­ lanète. Ils ont entre-temps reçu un soutien ­exceptionnel en la personne de Guillaume Néry, ­le légendaire apnéiste (ci-dessus). Un reportage im­ pressionnant sur un paradis ­menacé d’extinction. Pour soutenir le projet : coralgardeners.org

THE RED BULLETIN

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FRED MORTAGNE

Bienvenue à bord

FRED MORTAGNE

Le photographe, plus connu dans le milieu des skateurs sous le nom de French Fred, connaît cet univers sur le bout des doigts, et sait mieux que quiconque lui donner l’écrin qu’il mérite. Ses photos sont de ­véritables œuvres d’art. Elles nous ­racontent des histoires passionnantes sur tous les lieux atypiques appréciés par les skateurs pour leurs sessions, comme ici, par exemple, les tubes d’une usine de chaudronnerie à Lyon. Les photos de Fred sur frenchfredstudio.com

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HANNES BERGER


FABIO WIBMER

L’aventure chez soi

Printemps 2020 : plongés dans des circonstances inhabituelles, nous étions nombreux à ne pas savoir quoi faire. Mais pas Fabio Wibmer, Autrichien de 26 ans originaire d’Innsbruck. Dans sa vidéo intitulée Home Office, on le voit réaliser chez lui des cascades toutes plus folles les unes que les autres avec son vélo trial. Résultat : Wibmer a désormais 80 millions de followers. Son incroyable credo : « On a parfois de meilleures idées quand on est limité. » Ce beau gosse malicieux nous a montré comment transformer le monde en un terrain de jeux : il suffit de savoir regarder autour de soi. Les vidéos de Fabio sur sa chaîne You Tube

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WILL GADD

Will Gadd, un escaladeur sur glace canadien de 53 ans, s’est lancé un défi que personne n’avait osé relever avant lui : il a escaladé des marmites glaciaires conduisant dans les antres de la calotte glaciaire du Groenland. Ces dernières apparaissent quand la fonte des neiges en surface provoque une infiltration de l’eau dans les sous-sols. Mais ce ­périple avait également un but scientifique : la nature des marmites glaciaires fournit de ­précieuses indications pour aider la ­recherche climatique sur le réchauffement planétaire. Écoutez Will Gadd sur willgadd.com 20

CHRISTIAN PONDELLA

Au cœur du Groenland



« Tolérance zéro pour tous ceux qui n’ont aucun respect pour moi ou pour les autres » ANNE MUNITION Anne Munition (qui ne souhaite pas dévoiler son vrai nom) est une gameuse à plein temps sur Twitch ­depuis 2015. Tout sauf de l’argent facile selon la ­Californienne de 31 ans. « Celui qui croit cela ne voit pas toute la haine à laquelle on est confronté. » C’est pour cela qu’elle est désormais systématique: « Si quelqu’un commence à être antipathique, il dégage. » Retrouvez Anne sur twitch.tv/annemunition

« Quand j’ai quelque chose en tête, je vais jusqu’au bout, quoiqu’il arrive ! » LUDWIG TREPTE

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JOSH CAMPBELL, DAVID FISCHER

Il fait ses premiers pas devant la caméra à 12 ans, il fonde une famille à 23 ans et l’année dernière, ce Berlinois âgé aujourd’hui de 32 ans passait son brevet de pilote. Cet acteur, l’un des plus sollicités d’Allemagne, nous révèle en entretien comment il fait pour réaliser les rêves de vie qu’il s’est fixés. Et nous explique qu’il a encore plein de projets, comme par exemple un tour du monde à la voile. Suivez Ludwig Trepte sur Instagram : @ludwigtrepte THE RED BULLETIN


Nouveau

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A B C D E F G

A


L’A D D I T I O N , S ’ I L VO U S P L A Î T  !

25 ANS D’eBAY

Le bonheur en un clic D’un pointeur laser cassé à un yacht de 168 millions de dollars : depuis un quart de siècle, eBay est LA salle de ventes aux enchères incontournable sur le net. Bilan chiffré des offres les plus importantes et des achats les plus bizarres.

182 000 000

personnes réparties dans 190 pays sont inscrites sur eBay. Ce chiffre est en constante aug­ mentation. Au second trimestre 2020, elles y ont dépensé 27,1 milliards de dollars.

8086

Le modèle des puces Intel de 1976 que la NASA a achetées sur eBay en 2002 pour main­ tenir les anciennes navettes spatiales opérationnelles.

168

millions de dollars : la transaction la plus chère sur eBay. En 2006, ­Roman Abramovitch fait l’acquisi­ tion d’un yacht de 123 m de long.

1 500 000 000

d’objets aux enchères apparaissent en moyenne sur les pages du site.

24

81

pour cent des objets en vente sont neufs, contrairement à la réputation du site, à sa­ voir une plateforme de biens d’occasion.

16,4

pour cent de l’ensemble des ventes sont dans la catégorie ­Électronique. L’article le plus souvent recherché : l’iPhone.

529,99

dollars : la somme déboursée pour un bocal vide. Son conte­ nu : prétendument le souffle d’Angelina Jolie et de Brad Pitt, capturé lors de la première d’un film sur le tapis rouge.

18 H–22 H

la meilleure heure, selon les statistiques, pour vendre un objet sur eBay, puisque la plupart des gens (et donc des acheteurs) sont connectés.

1997

Le développeur de logiciels Pierre Omidyar voulait renommer son site web Auction­ Web, EchoBay. Mais parce que le nom était déjà pris, il l’a raccourci en eBay.

THE RED BULLETIN

CLAUDIA MEITERT

dollars pour le premier article acheté sur eBay : un pointeur la­ ser cassé. Le PDG Pierre Omidyar prévient l’acheteur du défaut, et ce dernier le rassure : il collec­ tionne les pointeurs laser cassés.

ans après la création de sa société, Pierre Omidyar était déjà milliardaire – à seulement 31 ans.

GETTY IMAGES (3), ALAMY, REUTERS

14,83

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THE PIONEER SPIRIT LIVES ON. PERPÉTUER L’ESPRIT PIONNIER.

Pourquoi cette montre ? Elle est équipée d’un balancier-spiral en silicium, offrant une résistance accrue aux champs magnétiques et aux chocs du quotidien. Sa précision et sa fiabilité en font un chronomètre certifié COSC. À quel point faisons-nous confiance aux nouveaux modèles de notre collection Longines Spirit ? Nous les livrons avec une garantie complète de cinq ans.


O B J E T T RO U V É

GERLINDE KALTENBRUNNER

Jouer du couteau L’outil qui a sauvé la vie de l’alpiniste professionnelle dans l’Himalaya. En 2011, Gerlinde Kaltenbrunner entre dans l’histoire : elle est la première femme à avoir gravi les quatorze sommets de 8 000 mètres à travers le monde sans assistance respiratoire. En 2007, alors qu’elle escalade le Dhaulagiri, 8 167 mètres, la mission aurait pu se terminer tragiquement : une plaque de neige surprend Kaltenbrunner un matin au camp 2. Heureusement, elle a une main libre et un couteau accroché à son harnais, et peut ainsi pratiquer une ouverture dans sa tente pour s’en extirper.

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THE RED BULLETIN

CRAIG DILLON, ARCHIV GERLINDE KALTENBRUNNER/FOTO MATTHIAS PESCHTA

Une légende de l’alpinisme : l’Autrichienne Gerlinde Kaltenbrunner (49 ans) est la première femme à avoir gravi les quatorze 8 000 mètres sans assistance respiratoire.



P L AYL I ST

NICOLAS VUIGNIER

Quelques notes de douceur

Quatre titres pour se poser. Des morceaux que le skieur free­ style Nicolas Vuignier, 29 ans, a sélectionnés à dessein : « Nous avons tous besoin d’apaisement en ces temps difficiles. »

Aphex Twin

Skee Mask

Shabazz Palaces

Vegyn

Alberto Balsalm (1995)

50 Euro to Break Boost (2018)

Shine A Light (2017)

Debold (2019)

« La chanson a presque mon âge, mais peu le savent. Et puis c’est bien connu, avec le temps, les choses se bonifient. Aphex Twin est un peu le parrain de l’électro. Sa musique est souvent samplée. C’est d’ailleurs ainsi que je l’ai découverte. Ce morceau est idéal pour se détendre après le travail. Ce n’est pas un luxe en ce moment. »

« Ce morceau a le don de ­décupler ma capacité de concentration quand je dois bosser. J’aime la mélodie de fond. Skee Mask est un type ­intéressant. J’ai longtemps ignoré qu’il était Munichois. Sa musique est très éclectique, mais j’ai un faible pour le titre 50 Euro To Break Boost. »

« Shabazz Palaces est un ­collectif hip-hop expérimental américain, de Seattle. À la fois virtuose et intense, ce titre à l’ambiance soul réjouissante est pourtant complètement à part dans leur discographie. J’adorerais l’utiliser dans l’une de mes vidéos. Mais jusqu’à présent, je n’ai pas pu obtenir les droits. »

« Pour être honnête, au départ, j’ai été conquis par la vidéo. Un homme en jogging bleu et baskets blanches Puma danse alors que les paroles de la chanson nous parviennent d’on ne sait où. C’est à se demander si c’est un gag ou si le malheureux se démène comme il peut. Quoi qu’il en soit, j’adore son groove. »

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WOLFGANG WIESER

N’allez pas croire que Nico, surnom affectueux du Valaisan, n’apprécie pas les rythmes entraînants, bien au contraire. Le House of Cards de Radiohead, par exemple, a incité le jeune homme à se mettre en scène dans une animation 3D réalisée avec des capteurs de mouvements (à voir ici : nico.ski/about). Il a néanmoins choisi quatre chansons qu’il classe parmi les ballades : « J’ai délibérément écarté les succès des clubs qui sont désormais fermés, et j’ai privilégié des morceaux propices à la détente et ­susceptibles de nous mettre du baume au cœur après l’année ­difficile qui vient de se terminer. »


La surprise parfaite pour presque tou(te)s

199.– Oakley Fall Line XL


L E CERCL E D ES PENSEU RS D ISPA RUS

EMPÉDOCLE

Devrions-nous devenir végétariens ? Le philosophe Christoph Quarch imagine les réponses qu’auraient pû apporter les grands penseurs aux questions du monde actuel. Aujourd’hui, Empédocle, médecin et philosophe de l’Antiquité, au sujet de la relation entre nutrition et humanisme. Je retourne la question : que penseriez-vous, mes amis, d’une personne qui couperait méticuleusement ses ancêtres en morceaux, les mettrait sur le grill et les mangerait nappés d’une bonne sauce barbecue ? Cela ne vous plairait pas, n’est-ce pas ? Il n’y a guère que la vision de vous-mêmes, mijotés à la poêle après votre mort, qui pourrait vous choquer davantage. Vous ne voulez pas cela. Mais c’est exactement ce qui vous attend. Car il se pourrait bien que l’aloyau devant vous provienne d’une vache dans laquelle vivait l’âme de votre grand-mère. Je répondrai donc à votre question par un « oui » résolu : vous devriez vous abstenir de manger de la viande. Suis-je sérieux avec cette bizarrerie ésotérique ? Bien sûr que oui. Parce que transmigration des âmes ou pas, il y a une chose que je comprends : tous les êtres vivants sont apparentés. À proprement parler, nous faisons tous partie d’un grand et unique organisme vivant. Et c’est pourquoi nous nous blessons et nous tuons même une partie de nous-mêmes lorsque nous torturons ou abattons des animaux. Nous torturons cette grande vie qui passe à travers nous et qui passe à travers les poissons, les agneaux, les porcs ou les vaches. En fait, mes amis, vous savez très bien tout cela. C’est pourquoi vous faites faire le massacre dans des usines anonymes. Vous avez peur de regarder les animaux dans les yeux avant de les tuer pour les manger et vous préférez faire faire le sale boulot par les autres. Vous craignez votre propre empathie qui vous empêcherait de prendre un couteau. Car, en fait, vous aimez les animaux autant que vous aimez vos semblables. Oui, vous êtes conscients de votre parenté avec eux. Mais vous ne pouvez pas vous empêcher de faire un barbecue les soirs d’été. D’ailleurs, mes contemporains étaient aussi des mangeurs de viande

passionnés. Et déjà là, il était évident qu’une trop grande consommation de viande n’était pas bonne pour eux. C’est pourquoi je leur ai raconté l’histoire de la réincarnation. Ce n’était pas une invention pure. J’y crois fermement car je me souviens d’incarnations antérieures de mon âme lorsque j’étais en état de transe : en tant que poisson et cochon, et même en tant que jeune fille ou buisson. Si c’est vraiment le cas et si j’ai plusieurs fois parcouru la Terre sous une forme animale, j’ai donc aussi été abattu et éviscéré plusieurs fois. Franchement, je ne tiens pas à recommencer. Pas plus que vous. Donc, arrêtez de manger de la viande ! Si vous arrêtez, l’idée d’en manger ne viendra peut-être pas à vos petits-enfants et ils ne vous transformeront donc pas en salame di cinghiale lorsque vous serez réincarnés en sanglier. Et même si tout cela était le fruit de mon imagination, il reste quand même quelque chose de cette histoire de la transmigration des âmes. C’est-à-dire que tous les êtres vivants sur cette Terre sont interconnectés. Vos scientifiques vous disent que votre consommation de viande nuit à l’écosystème ainsi qu’à votre santé à long terme et que pour chaque animal abattu, une partie de la grande vie dont vous faites partie meurt. On se ­dirige vers un déséquilibre, mes amis, si vous continuez de la sorte. Oui, d’accord, peut-être que vous n’avez pas à totalement renoncer à vos steaks. Il y a néanmoins beaucoup d’avantages à réduire votre consommation de viande. Pour être honnête, moi aussi j’aime déguster une tagliata alla fiorentina de temps en temps parce je prends plaisir à passer certains de mes ancêtres à la casserole et à les mastiquer. Il n’est donc pas nécessaire d’être radical. Mais moins d’animaux tués signifie davantage d’humanité.

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est considéré comme l’un des plus influents penseurs de la première période de la philosophie grecque. Il a grandi à Agrigente, en Sicile, et a été influencé par la tradition ­pythagoricienne répandue dans le sud de l’Italie, laquelle avait introduit dans le monde grec la doctrine orientale de la renaissance d’une âme immortelle. Dans l’un de ses poèmes didactiques, Empédocle s’est demandé comment se comporter en tant qu’être humain pour retrouver sa divinité originelle. L’un des moyens éprouvés pour y parvenir lui semblait être le renoncement à toute forme de consommation de viande.

THE RED BULLETIN

DR. CHRISTOPH QUARCH

EMPÉDOCLE (vers 495–435 avant J.-C.)

BENE ROHLMANN

« À proprement parler, nous faisons tous partie d’un grand et unique organisme ­vivant.  »


EMPÉDOCLE

« Si j’ai plusieurs fois parcouru la Terre en tant qu’animal, j’ai donc été massacré à plusieurs reprises. Franchement, je ne tiens pas à recommencer. » THE RED BULLETIN

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Joel Basman

« Savoir se relever » Joel Basman incarne Walter Stürm, le célèbre bandit qui n’a jamais renoncé à vivre libre. L’acteur expose sa vision de la liberté et comment affronter la peur. Texte RÜDIGER STURM  Photo JOSEPH KHAKSHOURI

Il fait partie de la génération montante du cinéma suisse et rien ne semble entraver sa formidable ascension : Joel Basman, 31 ans, s’est fait connaître du grand public avec Le Temps des rêves ou Les Oubliés, film germano-­danois salué par la critique en 2015. Mais c’est surtout grâce au Formidable envol de Motti ­Wolkenbruch, qui a attiré plus de 300 000 spectateurs en Suisse en 2018, que l’acteur a assis sa réputation de valeur sûre du septième art dans le monde germanophone. Depuis, la carrière de Joel ­Basman est au beau fixe et 2021 s’annonce sous les meilleurs auspices, avec la sortie du très prometteur Stürm, dédié au cambrioleur suisse Walter Stürm, légende de l’évasion qui a défrayé la chronique dans les années 70 et 80. Cet homme jusque-­boutiste, dont l’obsession pour la liberté et sa libération le poussera à se suicider en 1999 dans la cellule de sa prison, méritait bien un film, mais qu’a-t-il inspiré à l’acteur qui portera son nom à l’écran ? the red bulletin : Le sous-titre du film Stürm en dit long : « La liberté ou la mort ». Êtes-vous aussi un amoureux de la liberté ? joel basman : J’ai certainement un caractère épris de liberté, il en faut d’ailleurs pour faire ce métier.

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Mais je suis aussi capable de faire des concessions quand il le faut : si je ne suis pas content de certains trucs lors d’un tournage, je ne vais pas me barrer pour autant. Concrètement, que signifie pour vous être libre ? C’est par exemple pouvoir partir quelque part sur un coup de tête. Il y a deux ans, avec un pote, on a réservé un billet d’avion pour le Costa Rica trois jours avant Noël. Vous avez quitté la Suisse à 18 ans pour emménager à Berlin : un besoin de liberté à assouvir ? Pourquoi pas. Tout à coup, me voilà projeté dans le vaste monde, j’avais des milliers de rêves et aucune idée de ce que me réservait l’avenir. Que s’est-il passé ? Pour la première fois de ma vie, je me suis senti seul, c’était assez violent. J’ai réalisé que j’étais à des centaines de kilomètres de chez moi. Le genre de révélations qui peut vous faire paniquer, mais c’est aussi ce qui m’a permis de devenir adulte. Et j’ai rencontré des gens bien, qui sont tous devenus mes amis par la suite. Des gens bien ? Comment ça ? Des gens qui voient la vie comme moi, qui ne te demandent pas d’où tu viens, mais te disent « Hey, ça va ? Tu fais quoi aujourd’hui ? »

L’amour de la liberté va souvent de pair avec un besoin de solitude : c’est un sentiment qui ne vous fait plus peur, aujourd’hui ? La solitude est devenue une habitude. Aujourd’hui, c’est quelque chose de complètement normal pour moi de passer beaucoup de temps seul, dans les chambres d’hôtel, sauf en période de coronavirus, évidemment. Dans ces moments-là, j’occupe le temps à lire, par exemple, ou à me familiariser avec mon environnement : en essayant de m’y sentir bien, en me baladant pour découvrir la ville. On dit que la liberté peut effrayer, parfois. C’est vrai ? La période que je vis en ce moment est pleine d’incertitudes, puisque sur les 120 jours de tournage prévus en 2020, 111 ont été annulés. On est mis devant le fait accompli, sans trop savoir ce qui va se passer. Alors oui, ça peut faire surgir des questions existentielles. Comment faites-vous pour gérer ces périodes de doutes ? Je fais du sport, déjà. Pas besoin d’une salle de muscu pour se maintenir en forme. Et puis évidemment, je garde le contact avec les amis, la famille. Ça peut paraître un peu kitsch de dire ça, mais on voit bien, par les temps qui courent, à quel point c’est important pour faire face aux coups durs. À côté de cela, il est important d’entretenir un dialogue serein avec soi-même, de ne pas céder à l’absurdité qui nous entoure, de se dire régulièrement de garder les pieds sur terre, notamment quand on reçoit des fake news. Et pour venir à bout de vos peurs ? La peur, il faut la laisser agir, mais de manière contrôlée. Il n’y a rien de mal à avoir peur. Un exemple

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« ll n’y a rien de mal à avoir peur. » Joel Basman nous explique comment il a appris à garder le contrôle.

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Joel Basman

ou que l’on devient papa. Ce qui m’aide aussi, c’est de passer une fois par semaine du temps avec ma nièce de un an et mon neveu de cinq ans. Grâce aux enfants, on apprend à ne pas se prendre la tête sans cesse, que tout n’est pas important. Et quand il s’agit de se lancer avec eux dans une bataille d’eau, on s’en fiche de porter une montre de luxe et un pantalon sec.

Un drame, et du sens

Avec le film Stürm, Joel Basman brille dans le rôle titre. Pendant vingt ans, le cambrioleur et voleur de banques Walter Stürm a tenu la Suisse en haleine. Huit fois, il s’est évadé de prison, faisant passer les enquêteurs pour des incompétents. Le matériel idéal pour un drame cinématographique spectaculaire avec un message socialement critique, dans lequel Joel Basman brille dans le rôle principal. Le 28 avril au cinéma

typique : mettons que tu sois devant un balcon, et sous le balcon, c’est le vide. En baissant les yeux, tu vas sentir une angoisse. Mais si tu respires un bon coup, que tu tâtes la rampe du balcon, tu t’assures que c’est du solide, et tu vas t’apercevoir que tu n’as plus peur du tout. Il faut juste se détendre et ne pas se laisser envahir. Walter Stürm a passé une bonne partie de sa vie en prison. Cette angoisse de vivre enfermé, comment y faire face ? De ceux qui en ont fait l’expérience, j’ai appris que le mieux pour survivre à la prison, c’est de trouver des tâches à faire, une formation, du sport et de surtout ne jamais devenir accro aux drogues ou aux médicaments, sans quoi c’est fichu. Éviter soigneusement toute interaction avec les autres, tant que possible, et maintenir les règles qu’on s’est fixées. Vous est-il arrivé de vous sentir enfermé ? Ça m’arrive chaque fois que je suis dans un aéroport, parce qu’on n’est pas libre de ses mouvements. Je 34

veux pouvoir fumer et sortir quand j’en ai envie, sans avoir à me coltiner les formalités de sécurité. Je sais que c’est nécessaire, mais c’est une ambiance tendue que je n’aime pas. Et au sens figuré, avez-vous déjà fait l’expérience de vous sentir pris au piège, acculé dans une voie dont vous ne pouviez vous échapper ? On est sans cesse confronté à ce genre de situation dans la vie. Par exemple, la fois où j’ai déménagé à Berlin à 18 ans. Derrière chaque succès se cachent tellement d’échecs et de revers que le plus important, c’est de savoir se relever à chaque fois. Comment ? Le mieux, c’est d’en parler avec les gens qui te sont proches et d’analyser la situation. Et puis il faut être capable de relativiser, de remettre les choses à leur place : ne pas décrocher un rôle, c’est autrement moins bouleversant que d’apprendre, par exemple, qu’un parent est malade

« Il est important d’entretenir un dialogue serein avec soi-même. »

Vous venez d’une famille multiculturelle, avec une mère suisse et un père israélien. Dans quelle mesure ces origines vous ont-elles façonné ? Tout le monde porte en soi différents ADN, il est clair que ça influence. J’ai grandi dans un foyer très ouvert. Un point essentiel dans mon éducation, c’est le fait que mes parents aient décidé de vivre à Zurich dans un quartier où il y avait beaucoup d’étrangers, où cohabitaient des juifs orthodoxes hassidiques, des chrétiens, des musulmans… Il n’y avait jamais aucune parole raciste chez nous. J’ai toujours de la famille à Tel Aviv, une soixantaine de personnes, et je m’y rends régulièrement. J’ai envie de pouvoir maîtriser parfaitement l’hébreu : même si je le parle couramment, il me manque encore la lecture et l’écriture. Et puis un de mes livres préférés est d’un auteur israélien, Amos Oz : Comment guérir un fanatique. Et comment guérit-on un fanatique, justement ? Il faut essayer de comprendre le conflit qui engendre le fanatisme : où, quand et pourquoi est-il apparu ? Décortique la situation et regarde-là de la façon la plus neutre possible, sans chercher des fautifs ni des excuses. Que ton approche soit la plus logique possible. De sages paroles que vous utilisez aussi quand vous êtes en conflit avec quelqu’un ? J’aimerais bien. Mais c’est difficile quand on est touché émotionnellement. Dans ce cas, on fait tous des erreurs, personne n’est parfait : seuls certains moments le sont. Et pour les atteindre, il faut être capable de se remettre souvent en question et de travailler sur soi. THE RED BULLETIN

PHILIPPE ANTONELLO/PORT AU PRINCE PICTURES

Joel Basman alias Walter Stürm avec sa partenaire à l’écran Marie Leuenberger dans le rôle de l’avocate Barbara Hug.


Une voiture au goût de liberté. La Volvo V90 Cross Country. PLUS D’INFORMATIONS SUR VOLVOCARS.CH/V90CROSSCOUNTRY

Volvo Swiss Premium® avec service gratuit pendant 10 ans/150 000 kilomètres, garantie constructeur pendant 5 ans/150 000 kilomètres et réparations pour cause d’usure pendant 3 ans/150 000 kilomètres (au premier des termes échus). Valable uniquement chez les concessionnaires participants. Le modèle présenté dispose éventuellement d’options proposées contre supplément.


Les immenses défis de David Des records établis grâce aux nouvelles technologies : David Mzee, un prof de sport de 32 ans, paralysé, développe sa vie pas à pas et avec détermination. Texte HANNES KROPIK

Lorsqu’il se laisse tomber dans son fauteuil roulant après 467 mètres, David Mzee est fatigué mais heureux. Lors de la Wings for Life World Run de 2020, le quadraplégique (ses quatre membres sont atteints de paralysie) a été rattrapé par la voiture-­balai virtuelle au bout de 32 minutes sur la piste de Wetzikon (canton de Zurich), sa ville natale. Cette course n’a pas de ligne ­d’arrivée classique : une voiture-­ balai (virtuelle pour l’édition 2020) part 30 minutes après les coureurs. Lorsqu’elle rattrape un participant, la course est terminée pour lui. Le gagnant est celui qui parcourt la plus longue distance.

David Mzee peut marcher à l’aide d’un implant ­stimulateur. Il a parcouru 467 mètres lors de la Wings for Life World Run 2020. Pour en savoir ­davantage  : wingsforlifeworldrun.com

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Cette course a permis à David de battre deux records personnels : depuis son accident, il n’avait jamais couru aussi loin et aussi longtemps sur ses deux jambes. Et ce, même si la surface n’était pas idéale pour sa situation : « Je me dégage plus facilement d’un sol en asphalte que du caoutchouc des pistes. » David est paralysé depuis son accident lors d’un triple saut périlleux en novembre 2010. Le désastre n’a affecté ni sa motivation, ni son développement personnel : il a rejoint l’équipe nationale suisse de rugby en fauteuil roulant, a terminé ses études à l’ETH de Zurich et prononce des discours de motivation. Aujourd’hui, le prof de sport attend avec impatience la naissance de sa première fille prévue pour décembre. Ce fils d’une Suissesse et d’un Kenyan retient l’attention du monde entier car il peut à nouveau marcher malgré son handicap. Depuis 2016, il participe à une étude clinique à l’ETH de Lausanne sous la direction du professeur ­Grégoire Courtine. Un neuro-implant passe par-­dessus la lésion de la moelle épinière (en termes simples) et transmet des impulsions électriques aux jambes de David. « Un collègue, raconte David, m’a récemment rappelé une phrase que je lui avais dite peu après mon accident : “Maintenant, j’ai enfin un défi à relever.” » Il doit ce record non seulement à un entraînement intensif, mais

aussi à une technologie en plein développement. « L’année dernière, mes jambes étaient automatiquement stimulées toutes les 1,5 seconde et je devais suivre ce rythme. Si j’avais besoin d’une courte pause, même debout, je devais réprimer ces impulsions et cela demandait une force supplémentaire. » Maintenant, des capteurs sur les tibias déclenchent la stimulation : « Lorsque j’arrive sur la pointe des pieds avec la jambe qui est la suivante dans la phase de balancement, l’angle du tibia est réduit. Dès que cette étape est franchie, étape que nous pouvons définir à l'avance et ajuster dans l'intervalle, la stimulation est déclenchée. » L’avantage décisif est qu’il peut consciemment déclencher le support technologique : « Lorsque je penche le haut du corps vers l’avant, le talon est légèrement relevé et je peux donc déclencher la stimulation de manière fiable. » L’objectif est de pouvoir bientôt marcher sans l’aide d’un déambulateur : « Si je m’améliore encore sur le rollator, c’est cool, mais ça ne change pas la donne. Que je marche 390 ou 467 mètres est une différence progressive, mais pas déterminante. Marcher sans assistance constituerait la prochaine différence fonctionnelle significative. » David a déjà planifié la course Wings For Life World Run de 2021, la prochaine étape de son développement : « Au fond, je ne suis qu’un athlète. Et j’ai beaucoup d’ambition. Mais pour moi, cette course est aussi un indicateur important. Je peux comparer mes résultats et je sais alors où me situer. » Avec les deux pieds sur terre. david-mzee.ch

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ROMINA AMATO/WINGS FOR LIFE WORLD RUN

David Mzee


« Je suis un athlète de bout en bout. Et je suis très ambitieux. » David Mzee en fauteuil roulant. Il se bat pour marcher à nouveau.

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Lars Ulrich Plus que du metal Les membres de Metallica sont ­ aussi actifs socialement. En 2017, le groupe a mis sur pied la fondation « All Within My Hands » : une partie des recettes de la vente des billets de leurs tournées est reversée à des organisations caritatives locales. L’année dernière, à l’issue de leur concert à Vienne, « La Gruft », une filiale de Caritas qui vient en aide aux sans-abris, a reçu 25 000 €. Pour contribuer : allwithinmyhands.org

joueurs dans votre tranche d’âge au Danemark. C’est vrai. Je suis le mouton noir de la famille. Mais les 39 dernières années ont démontré que cette ­décision n’a pas été une erreur. Je voulais faire ce qui était important pour moi, pas ce que les autres ­attendaient de moi. Je vous conseille de poursuivre vos rêves et de faire ce qui est important pour vous. Fiez-vous à votre instinct.

En 2017, Lars Ulrich a été fait chevalier par le Danemark.

« Le plaisir est notre devise » Lars Ulrich, le batteur de Metallica, 56 ans, nous dit pourquoi il est conseillé de suivre ses rêves. Entretien MARCEL ANDERS

À 16 ans, Lars Ulrich a dû choisir entre devenir joueur de tennis professionnel ou batteur dans un groupe. On connaît le résultat : il est devenu mondialement célèbre en tant que batteur de Metallica. Il a aujourd’hui 56 ans, mais son groupe sait toujours nous réserver des surprises : l’album live S&M2, sorti dernièrement, a été réalisé en compagnie de l’Orchestre symphonique de San Francisco – et a atterri à la première place des hit-parades en 38

­ utriche et en Allemagne. Dans A cette interview, le Danois évoque les raisons pour lesquelles les expériences rendent la vie intéressante. the red bulletin : Votre père et votre grand-père étaient des pros du tennis. Avez-vous déjà regretté de ne pas avoir suivi leurs traces ? lars ulrich : Pas vraiment. (rires) Mais au début des années 1980, vous étiez l’un des meilleurs

Faire des choix audacieux, suivre votre instinct : vous le faites ­encore aujourd’hui, par exemple lorsque vous jouez l’œuvre de 1926, Les fonderies d’acier, du compositeur d’avant-garde russe Alexandre Mossolov sur le dernier album de Metallica. Avez-vous douté de la réaction de vos fans ? Bien sûr, on se demande toujours si on ne va pas trop loin. Mais en même temps, nous aimons essayer des choses qui nous semblent un peu bizarres. C’est important afin de conserver la fraîcheur et l’intérêt pour le groupe. Et si cela n’avait pas fonctionné ou si cela avait été trop bizarre, nous aurions pu nous arrêter à tout moment. Construire un ­filet de sécurité, avoir un plan B – tout cela est aussi très important lorsque vous devez prendre une ­décision difficile. Mais notre devise est essentiellement la suivante : estce que cela nous fait du bien ? Estce qu’on s’amuse ? Alors, faisons-le ! metallica.com THE RED BULLETIN

SHAMIL TANNA

Votre père était-il fâché que vous ayez renoncé à une carrière prometteuse ? Non car les choses se sont bien passées pour moi. Il m’a toujours encouragé. Probablement parce qu’il était lui-même un grand fan de musique.


TIME IS WHAT YOU MAKE OF IT


Mathilde Gremaud à Saas-Fee : à sa gauche, la Punta d’Andolla, devant, l’Almagellerhorn, à droite le ­Sonnighorn.

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Spécial hiver

Vous avez dit facile ? Il n’y en a pas deux comme elle : la freeskieuse MATHILDE GREMAUD, 20 ans, est la première femme au monde à réussir une figure très spéciale. Portrait d’une jeune Suissesse qui semble être la joyeuse solution à un puzzle compliqué. Texte CHRISTOF GERTSCH  Photos NORMAN KONRAD


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orsque Mathilde Gremaud est devenue la première femme au monde à poser un Switch Double Cork 1440 par ce lundi après-midi de septembre, c’était exactement trois ans après avoir pensé à ce trick pour la première fois. « Ce serait quelque chose pour toi », lui dit son entraîneur à l’époque. À quoi elle répond : « Tu es fou ? » C’est au cours d’une séance d’entraînement qu’elle s’est lancée dans un Switch Cork 900, départ à reculons, avec une rotation arrière et un flip et demi. On pourrait penser que pour une athlète de haut niveau comme elle, cela aurait été un jeu d’enfant. Mais quand on a l’habitude des choses difficiles, on ne réussit pas toujours les choses simples. C’est précisément pour cette raison que Gremaud avait pris l’habitude de se consacrer plus souvent à la partie considérée comme étant la plus facile de son répertoire. Mais elle effectuait toujours trop de rotations. Jusqu’au moment où

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Misra Torniainen, alors entraîneur national de freeski en Suisse et aujourd’hui conseiller personnel de Gremaud, lui suggère : « Tu pourrais essayer de tourner un peu plus… » L’idée du Switch Double Cork 1440 est donc née d’un Switch Cork 900 manqué : départ en marche arrière, deux rotations, deux flips – un trick dément. À ce moment-là, les meilleurs athlètes masculins maîtrisaient ce trick depuis quelques années. Mais une femme ? Torniainen souligne : « Je pense qu’aucun homme n’aurait cru Mathilde si elle avait dit qu’elle voulait s’y mesurer. » Mathilde Gremaud, née en 2000, a grandi à La Roche, un village des Préalpes au pied de La Berra (canton de Fribourg). Ce sommet est célèbre pour son centre de sports d’hiver. Que ­Gremaud se soit mise au ski dès qu’elle a su marcher ne nous étonnera pas. Mais elle a aussi joué au football, fait de l’athlétisme, du skateboard, du roller et du vélo. Elle était toujours dehors. En hiver, elle construisait des sauts à ski avec les enfants du village. Et un jour, son cousin, qui vivait juste à côté, lui a montré comment tourner sur elle-même dans

les airs. Et la petite Mathilde ? Elle l’a réussi du premier coup. Aujourd’hui, elle dit : « Oui, dans le sport, ce n’est jamais difficile pour moi. » Torniainen le dit aussi. Il pense qu’elle est incroyablement douée. « On ne rencontre pas deux fois dans sa vie une skieuse aussi talentueuse qu’elle. » Lorsque vous regardez la vidéo du Switch Double Cork 1440 de Gremaud, deux choses se produisent successivement. Premièrement, vous êtes impressionné. Vous réalisez qu’une nouvelle ère s’ouvre. C’est alors que se produit quelque chose de vraiment spécial : vous devez regarder cette vidéo encore et encore tant elle est époustouflante. Parce que ce que réalise Gremaud semble si facile qu’on ne réalise presque pas à quel point c’est difficile. Vous savez que le trick est cool, et en même temps vous voyez de vos propres yeux comment elle l’exécute avec grâce et beauté, aussi librement que si elle pouvait réellement voler.

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es compétitions de sports d’hiver de style libre peuvent être étonnamment frustrantes à regarder : comme la moindre erreur a des conséquences extrêmes, les chutes sont fréquentes. Et pour qu’une performance soit réussie, les athlètes se poussent à l’extrême. Résultat : pour le public, il ne reste qu’une impression d’efforts et d’épuisement. Et non pas de légèreté ni de liberté, alors que c’est précisément pour cette raison que le freestyle a été inventé… C’est parce que la scène d’aujourd’hui est marquée par une impulsion à laquelle

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Spécial hiver

«  Je pense qu’aucun homme n’aurait cru Mathilde si elle avait dit qu’elle voulait s’y mesurer. » Misra Torniainen, conseiller de Mathilde, à propos de l’importance du saut dans le monde du ski acrobatique.

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elle a longtemps résisté : tout doit être toujours plus compliqué, plus créatif, plus extrême. Ce n’est pas un problème en soi. Il n’y a rien de mal à vouloir donner le meilleur de soi-même. Mais cette évolution peut enlever un peu d’attrait à un public qui recherche le plaisir. Au beau milieu de ces tiraillements, Gremaud apparaît maintenant comme la solution à un puzzle compliqué. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle est toujours à la fois super ambitieuse et super détendue. Elle aborde les tricks les plus exigeants mais ne les intègre dans son programme de concours que si ses chances de les réussir sont excellentes. Elle veut gagner, mais elle ne veut pas s’acharner en cours de route. Et elle veut s’améliorer mais ne supporte pas que quelqu’un utilise le mot de « training » quand on parle d’elle. « Pourquoi ne puis-je tout simplement pas aller à la montagne et skier ? », demande-t-elle.

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athilde Gremaud se souvient très bien de la nervosité qu’elle ressentait lorsqu’elle était petite, avant les compétitions d’athlétisme. Pendant trois années consécutives, elle a été l’une des trois meilleures en Suisse au 1 000 mètres, dans sa catégorie d’âge, mais chaque course la stressait et elle sentait son cœur battre jusque dans sa gorge. Elle détestait la sensation d’être sur le point de vomir. Mais il est arrivé un moment où elle a réalisé que la rigueur du sport d’endurance ne lui convenait pas. Et qu’elle obtenait davantage de succès lorsqu’elle s’autorisait un peu de distraction.

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Spécial hiver

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Quand elle entend l’appel de la ­montagne, Mathilde n’hésite pas, elle est prête à partir.


Voici comment fonctionne le Switch Double Cork 1440 Mathilde divise la phase de vol en deux parties. Les noms des figures de freestyle semblent souvent incroyablement compliqués, mais ils annoncent tout : il suffit de les démonter, mot par mot. Cela s’applique également au Switch Double Cork 1440 : le tremplin est abordé en marche arrière (« switch »), puis le saut se compose de deux rotations complètes (autour d’un axe horizontal) (« double cork ») et de deux flips (autour

d’un axe vertical) – pour un total de 1440 degrés. Important : les tricks en marche arrière sont plus ­difficiles et les tours ne sont pas exécutés l’un après l’autre, mais sont imbriqués. Mathilde Gremaud divise la phase de vol en deux parties : elle combine un flip et demi avec la première rotation et un demi-flip avec la seconde.

Ainsi, en ce lundi après-midi de s­ eptembre, alors qu’elle se préparait à ­devenir la première femme au monde à poser le Switch Double Cork 1440, elle n’a pas essayé d’avoir une vision « tunnel » comme beaucoup d’athlètes le font dans les sports d’hiver de style libre. Elle a ­plutôt élargi son champ de vision et a trouvé la concentration au milieu du tumulte. Elle plaisantait, écoutait de la musique et faisait tomber la pression du moment. Et elle s’est justement retrouvée dans cet état de grâce où tout tournait autour de cette seule séquence : départ, saut, vol et atterrissage. C’était à Saas-Fee, à 3 500 mètres ­d’altitude, après une journée d’entraîne46

ment, juste avant la dernière descente de la télécabine. Dans les semaines précédentes, Gremaud avait utilisé un airbag pour se préparer à ce trick, un grand coussin que l’on peut placer sur l’aire d’atterrissage d’un saut à ski ou d’un halfpipe pendant l’entraînement. Elle sentait que quelque chose se passait et qu’elle était près de la réalisation du trick. Mais est-ce suffisant ? Si vous n’avez jamais fait de tels sauts auparavant, il est difficile d’imaginer cette sensation. Selon ce que disent les freeskieurs, la peur est identique, même

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DOM DAHER/RED BULL CONTENT POOL

À Saas-Fee, Mathilde Gremaud a été la première femme à poser un Switch Double Cork 1440 à 3 500 mètres d’altitude. Son saut historique est à voir ici :


Spécial hiver

lorsque vous le faites pour la millième fois. Et même les plus expérimentés d’entre eux connaissent cette incertitude un peu inconfortable – notamment lorsqu’ils tentent un nouveau trick. « C’est comme ouvrir une porte sans savoir ce qu’il y a derrière », explique Misra Torniainen, ancien entraîneur de l’équipe nationale suisse. En d’autres termes, faire un double saut périlleux avec deux flips pour la première fois, en marche arrière, demande beaucoup de courage. Et cela exige une grande connaissance de soi. Torniainen ajoute : « Lorsque vous essayez quelque chose d’aussi difficile pour la première fois, vous devez vous assurer que votre THE RED BULLETIN

«  Lorsque vous ­essayez quelque chose d’aussi difficile, vous devez vous assurez que votre sentiment ­intérieur ne vous trompe pas. »

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Il est temps de se réchauffer : Mathilde à la station de montagne du Métro Alpin.


Spécial hiver

Berne

Suisse Saas-Fee

s­ entiment intérieur ne vous trompe pas. Vous devez être convaincu que si vous sentez que quelque chose ne va pas au moment du saut, vous pouvez arrêter la manœuvre. »

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ontrer à Mathilde Gremaud qu’elle avait cette conviction, c’était le travail de Torniainen. Et cela a commencé bien avant ce lundi de septembre : chaque fois qu’elle interrompait un trick qui risquait de ne pas fonctionner, il lui disait : « Tu vois, ton sentiment intérieur ne te trompe pas. » C’est aussi lui qui lui a crié « Wow, c’est bien ! » à Saas-Fee. On l’entend clairement dans la vidéo, au moment de son saut. « Si le saut fonctionne, tout fonctionne », dit Gremaud. Elle a réussi le trick, dès la première tentative. Comme des années auparavant, sa toute première pirouette à 360°. « Aucun homme n’a jamais accompli le Switch Double Cork 1440 à sa première tentative avec autant de grâce », dit Torniainen. Des mois plus tard, il est encore ému par ce qui s’est passé sur le glacier. Peutêtre parce qu’il sait qu’il en a souvent été autrement.

«  Pendant trois ans, elle a vécu avec ce trick et imaginé comment elle l’accomplirait. »

L’équipe nationale suisse de freeski qu’il a formée est l’une des meilleures au monde, mais il a fallu attendre 2018 pour qu’elle remporte sa première médaille olympique : à Pyongyang, Sarah Hoefflin a remporté l’or et Mathilde ­Gremaud est arrivée deuxième. C’était le dernier tournoi de Torniainen. Il reste encore plus d’un an avant les prochains Jeux d’hiver, le grand objectif de Mathilde Gremaud. Elle veut rester professionnelle au moins jusque-là. Elle aura encore la possibilité d’étudier par la suite. On lui a souvent demandé pourquoi elle n’avait pas attendu pour cette première mondiale. N’aurait-il pas été préférable de surprendre les adversaires et de réaliser le Switch Double Cork 1440 pour la première fois lors de la finale des Jeux olympiques de 2022, sous les projecteurs et devant tout le monde ? Elle rit parce qu’elle se rappelle s’être posé exactement la même question. Mais elle a décidé qu’un tel plan ne lui convenait pas. Quand elle a réalisé qu’elle était prête pour le trick, elle n’a pas voulu interrompre le flux. « Cela aurait fait drôle. »

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endant trois ans, elle a vécu avec l’idée de ce trick qui surgissait parfois comme ça, au moment où elle ne s’y attendait pas : dans la gondole, sous la douche, au lit. Ou parfois au milieu d’une conversation. Alors Mathilde Gremaud se retirait, se repliait sur ellemême et visualisait comment elle parviendrait à l’accomplir. Au début, c’était incroyablement difficile pour elle, tant la concrétisation de cette idée lui semblait lointaine. Mais cela fait partie de sa façon de travailler : elle imagine quelque chose de fou puis l’abandonne. Puis elle attend que l’idée revienne, mais sous la forme d’un but sérieux, et non plus comme un rêve lointain. Et à un moment donné, peut-être un lundi après-midi de septembre, elle transforme ce qui semblait impossible au départ en réalité.

Neige garantie ‒ les joies de l’hiver à Saas-Fee Le lieu favori des athlètes pour préparer leur saison.

La vallée de Saas dans les Alpes valaisannes est encerclée par 18 sommets de 4 000 m. Un décor qui invite autant à repousser ses limites qu’à se relaxer.

Un paradis naturel enneigé

La vallée de Saas et ses 150 km de pistes est idéale pour les friands de sports d’hiver, depuis Saas-Fee et jusqu’à 3 600 m. La neige naturelle y est garantie tout au long de la saison. La région propose, entre autres, des randonnées à ski, de ­l’escalade sur glace et du trekking sur glacier.

Le rendez-vous des athlètes

Pour la 5e fois, le camp d’entraînement de haute performance The Stomping Grounds s’est tenu à Saas-Fee (commune sans voiture). Quelque 300 professionnels du ski et du snow­board, dont Mark McMorris et Anna Gasser, sont venus se préparer pour la saison. ­ saas-fee.ch

mathildegremaud.ch THE RED BULLETIN

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INNOVATEUR

DES IDÉE POU R U S AVENIR P N R METTEU OR

Le projet « Maisons pour arbres » évoque ici cinq pots de fleurs géants.

Jardin suspendu

Oasis de fraîcheur L’architecte vietnamien Vo Trong Nghia conçoit des maisons où se déploie une végétation luxuriante qui engloutit la ville sous ses arbres.

H

ô Chi Minh-Ville est la plus grande ville du Vietnam. Neuf millions d’âmes y vivent auxquelles s’ajoutent les 21 millions de sa banlieue. Une métropole qui déborde de vie, mais où règne aussi le chaos. Beaucoup la comparent à un ouragan. C’est pourtant au cœur de cette tempête que se bâtit un havre de paix. L’architecte Vo Trong Nghia y construit des maisons sur lesquelles poussent des arbres. Le toit arboré procure une ombre naturelle sous le soleil tropical et un habitat

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pour les oiseaux. « L’objectif est de restaurer notre lien à la nature », confie le fervent bouddhiste. Son engagement en faveur de l’utilisation de matériaux naturels lui vaut le surnom « d’architecte du bambou ». Le sobriquet déclenche un sourire détaché, mais n’entame en rien sa détermination : « La ville doit ressembler à un immense parc. » Une vision de métropole verte qu’il poursuit avec ténacité : ses prochains bâtiments sont déjà en construction. vtnarchitects.net

Vo Trong Nghia, 44 ans : un bouddhiste heureux.

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EN BREF CHANGER LE MONDE Red Bull Basement encourage les étudiants à contribuer à un monde meilleur en innovant. Conseils d’experts :

PHILIPP WESTERMEYER, ENTREPRENEUR Son festival OMR (Online Marketing Rockstar) a un impact considérable sur le secteur. Aujourd’hui, Philipp estime que « plus notre communication est intense, moins elle est sujette aux controverses ».

S’entraîner comme des pros De nombreux footballeurs au potentiel prometteur peinent à produire les performances à la hauteur des attentes. L’appli B42 les aident à passer le cap.

É

valuation bioélectrique du système nerveux, suivi d’entraînement, robot « footbonaut », les footballeurs pros bénéficient aujourd’hui de méthodes modernes leur permettant d’exploiter pleinement leur potentiel. Les joueurs amateurs, en revanche, doivent parfois s’estimer heureux lorsque leur entraîneur a pensé à prendre des plots. Et ne comptez pas sur le créateur de l’application Andreas Gschaider, 38 ans, pour fournir aux clubs amateurs des appareils hightech. Néanmoins, le natif de Bavière peut, grâce à son entreprise munichoise, mettre à leur disposition les dernières recherches en matière d’entraînement. Son application pour smartphone B42 propose des programmes d’entraînement innovants (en anglais) qui boostent les performances physiques tout en aidant à éviter les b ­ lessures ou, le cas échéant, à récupérer plus rapidement. En fonction des objectifs et de la disponibilité de ­chacun, l’application propose différents exercices développant la puissance, ­l’agilité ou la vitesse. En cas de blessure, l’application concocte un programme efficace pour un retour progressif. « Nous avons travaillé avec des physio-

L’entraînement 4.0 : avec B42, à chaque ­footballeur son programme.

thérapeutes et des médecins du sport reconnus afin de créer des entraînements parfaitement équilibrés », explique Gschaider. Plus de 90 000 footballeurs à travers le monde ont déjà t­ éléchargé l’application, et plus de 600 équipes l’utilisent ensemble. Hélas, l’application ne permet pas encore de marquer des buts. b-42.com

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NASA Thomas Zurbuchen, Forschungsdirektor

Diese Schweizer Ava Lea von Bidder, Gründerin

IDEAS FOR A BETTER FUTURE

HIROYUKI OKI, HANNES BERGER, OMR, GEORG LINDACHER, B42

JOSHUA ZUKAS, DAVID MAYER

FABIO WIBMER, PRODIGE DU VÉLO Il réalise sur son vélo des figures à couper le souffle. Son nom est depuis longtemps synonyme de créativité. Le conseil de l’Autrichien : « Si vous êtes passionné par ce que vous faites, les gens le ­remarqueront.  »

Appli fitness

Google Urs Hölzle, Technikchef

erobern die Welt 9 Eidgenossen, 9 aussergewöhnliche internationale Karrieren

BETTER FUTURE EDITION

Bientôt, un condensé ­d’inspiration en français pour les ­futurs décideurs dans le magazine INNOVATOR. ­redbulletininnovator.com

THE RED BULLETIN

Esprit d’équipe : pour se motiver, les footballeurs peuvent se lancer des défis avec l’application.

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Spécial hiver

Loïc Meillard lors de l’ouverture de la Coupe du monde sur le Rettenbachferner à Sölden (Tyrol). Il termine cinquième.

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« Nous repousserons toujours les limites »


LOÏC MEILLARD, 24 ans, est l’un des plus grands talents de la scène de la Coupe du monde. Et il mène sa vie comme il skie : « Je veux tirer le maximum de chaque ­minute.  » Texte HANNES KROPIK Photos GIAN PAUL LOZZA


Spécial hiver

A

vec ses titres de champion du monde junior en super combiné (2015), en ­slalom géant et en combiné (2017), le Valaisan a placé la barre haut. En remportant l’épreuve de slalom géant parallèle en Coupe du monde l’année dernière, Loïc Meillard continue sur sa belle lancée. Le fils de l’ancien skieur de vitesse, Jacques Meillard, et frère aîné de la championne olympique de la jeunesse, Mélanie Meillard, est bien conscient du potentiel sportif de son talent et déclare : « Mon ­objectif ? Finir en tête du classement ­général de la Coupe du monde. » the red bulletin : Sur votre page d’accueil, vous vous présentez comme un skieur et un photographe. Quelle est votre vision du monde ? loÏc meillard : Je trouve que les gens sont toujours stressés. Mais dans les montagnes, je vis l’instant présent. Je ne pense pas à ce que je dois faire dans deux jours. C’est important de prendre le temps et de profiter de ce qui se trouve devant soi. C’est drôle de la part d’un homme dont le métier est d’aller le plus rapidement possible d’un point A à un point B… Oui, c’est dur à expliquer. J’ai toujours passé beaucoup de temps dans la nature, et là, on apprend à faire une pause. Dans un post Instagram en mars, vous avez écrit que vous n’aviez pas atteint tous vos objectifs de la saison, mais qu’au moins, vous aviez appris beaucoup de vous-même. Nous apprenons chaque fois que quelque chose ne se passe pas comme prévu. Les erreurs font partie de la vie. J’ai appris que, pendant une course, je ne devais me concentrer que sur ce que je pouvais contrôler. 54

Loïc est passionné de photo. Ici, il nous montre quelquesuns de ses meilleurs clichés.

Et de quoi s’agit-il ? De mes performances. À Adel­boden, j’étais troisième à l’issue de la première manche du slalom géant. Depuis 2008, aucun Suisse n’est monté sur le podium lors d’une course à domicile. J’ai pensé que je pourrais le faire ce jour-là. Mais la deuxième manche a traîné en longueur, j’ai trop réfléchi au piquetage du parcours. J’ai fini 17e, en réalisant que j’avais déjà perdu la course avant le départ.

« C’est important de prendre le temps et de profiter de ce qui se trouve devant soi. »

Toutefois, quelques semaines plus tard, non seulement vous avez fêté votre première victoire en Coupe du THE RED BULLETIN


Terrain de football dans les Lofoten Cet été, nous sommes partis en Norvège pour les vacances. Dans les Lofoten, ce village de pêcheurs, Henningsvær, avec son célèbre terrain de football, est bordé par la mer. Il pleuvait et il y avait beaucoup de brouillard. Nous sommes sortis manger et j’ai dû me rendre à l’évidence que je n’arriverais pas à faire cette photo. Mais, au coucher du soleil, le ciel s’est dégagé et j’ai pu démarrer la caméra de mon drone. J’apparais sur la photo, debout sur une pierre à côté du terrain de football.

Ski de fond en Islande Chaque année, au printemps, je pars skier quelque part avec des amis ­pendant une semaine. Cette photo a été prise en Islande en 2019. Avec les peaux, on montait au sommet. Puis on skiait jusqu’à la mer. Et on ­recommençait, encore et encore. Il n’y avait que la montagne, la mer et nous. Ce sont les plus belles vacances que je puisse imaginer.

La lune à Saas-Fee En août, nous avons pris le train à six heures du matin pour aller skier sur le glacier. La lune était en train de se coucher et le soleil levant répandait cette belle lumière orangée sur la neige. J’ai toujours sur moi au moins un petit appareil photo, même quand je m’entraîne, justement pour pouvoir capturer ce genre de moments.

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Spécial hiver

Quelle signification a pour vous la Coupe des Nations, que vous avez pu reconquérir pour la Suisse la saison dernière après trente ans de domination autrichienne ? Quand je suis au départ, je pense seule­ ment à obtenir un bon résultat pour moi, pas à la Coupe des Nations. Si je suis rapide, cela me rapporte automatique­ ment des points pour le classement par nations. Mais notre victoire montre que toute l’équipe était en pleine forme et j’en suis heureux. Un skieur doit-il être égoïste ou avoir l’esprit d’équipe ? Car, sur la piste, il faut vouloir battre tout le monde, y compris son coéquipier. Mais, en tant qu’équipe, vous vous motivez pour toujours atteindre de nouveaux ­niveaux pendant l’entraînement...

« Je poste une photo pour le moment agréable qu’elle représente pour moi.» 56

Loïc et son coéquipier Thomas Tumler (à droite) lors du slalom géant parallèle à Chamonix.

Le ski est un sport individuel. Sur la ligne de départ, vous êtes seul. Mais vous vivez avec vos collègues pratique­ ment toute l’année et nous avons tous à gagner d’une bonne ambiance au sein de l’équipe. Quand je vois un de mes coéquipiers monter sur le podium, je suis heureux pour lui. Et cela me motive à en faire autant lors de la prochaine course. Certains sportifs essaient de garder leur vie privée aussi privée que ­possible. Vous, en revanche, vous avez votre propre podcast, Behind an ­Alpine Skier, et invitez vos collègues à prendre la parole. D’où vous est venue cette idée inhabituelle pour un sportif professionnel actif ? D’une part, en tant que sportif, on te pose souvent les mêmes questions. D’autre part, les fans nous voient à la télévision principalement avec un casque de protection et en savent peu sur les personnes qui se cachent derrière. Après la fin précoce de la saison, j’avais beau­ coup de temps libre à cause du corona­ virus et j’ai réfléchi à la façon dont je pourrais l’utiliser judicieusement. Le pod­cast me permet de discuter de sujets importants, avec des collègues, dans une atmosphère détendue. Mais ma priorité reste de skier à grande vitesse.

Outre vos coéquipiers Marco Odermatt et Gino Caviezel, vous avez ­accueilli dans votre podcast la star de Coupe du monde norvégienne Maria Tviberg, la sœur de votre copine Rikke. N’avez-vous pas peur de trop exposer votre vie privée ? Parfois, je me demande si nous voulons vraiment aborder certains sujets en pu­ blic. Mais avec toutes les plateformes de réseaux sociaux, nous nous exposons déjà beaucoup de toute façon. Oui, nous sommes des sportifs, et oui, nous sommes peut-être connus. Mais nous avons aussi nos problèmes et, en fin de compte, nous ne sommes que des êtres humains. Vous êtes également très actif sur les réseaux sociaux et gérez, entre autres, deux profils Instagram (@loicmeillard et @loicscameralife). Quelle importance accordez-vous aux likes et aux cœurs ? Je m’en fiche pas mal. Je poste une photo pour le moment agréable qu’elle repré­ sente pour moi et, éventuellement, pour motiver d’autres personnes à profiter du grand air. Mais peu importe qu’une image ait 3 000 ou 7 000 likes. Ce ne sont que des chiffres. Vous vivez dans la petite commune d’Hérémence, dans la partie francophone du Valais. Quelle est l’importance de ce petit coin de patrie pour vous qui passez tant de temps à voyager en tant que skieur professionnel ? Je suis né et j’ai vécu les premières an­ nées de ma vie à Neuchâtel. Nous avions l’habitude d’aller à Hérémence tous les week-ends et pendant les vacances THE RED BULLETIN

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monde à Chamonix, mais vous avez aussi écrit l’histoire du ski en remportant le premier slalom géant parallèle en Coupe du monde. En toute honnêteté : quelle est la valeur sportive d’une compétition qui ne comprend que deux courses par saison ? J’ai été plus rapide que tout le monde et cela m’a valu un globe de cristal qui trônera encore chez moi dans vingt ans. Mais en fin de compte, deux courses ne montrent pas ce qu’une victoire en Coupe du monde prouve habituellement, à sa­ voir que vous avez été en tête tout l’hiver. C’est pourquoi ce globe a certainement moins de valeur que celui des skieurs de descente, de slalom ou de slalom géant.


En coulisses : Loïc lors du photoshooting pour The Red Bulletin.

pour skier. Quand j’ai eu onze ans, mes ­parents, ma sœur et moi avons déménagé pour de bon. Le coin est très calme, perdu au milieu des montagnes. Je vis dans un appartement avec ma petite amie, à quelques maisons de chez mes parents. J’aime voyager et je me sens bien dans de nombreux endroits. Mais j’ai toujours plaisir à revenir à Hérémence. Votre amie Rikke a elle-même participé à des courses de ski. Est-ce que cela facilite votre relation, sachant que vous êtes souvent loin de la maison à cause de votre métier ? Comme dans toute relation, la confiance est primordiale. Les deux partenaires doivent comprendre que le travail est aussi une passion. Aujourd’hui, Rikke fait du ski juste pour le plaisir, mais elle comprend tout le système de la Coupe du monde et cela facilite les choses, ­évidemment. THE RED BULLETIN

Votre sœur Mélanie, de deux ans votre cadette, est aussi skieuse. Avez-vous parfois peur pour elle parce qu’elle a choisi une profession aussi dangereuse ? Oui. (rires) La voir au départ me stresse plus que lorsque j’y suis moi-même. Depuis des années, la Fédération internationale de ski (FIS) s’efforce de minimiser le risque de blessure en fixant de nouvelles normes, par exemple pour la taille des skis. Le nouveau règlement a-t-il vraiment rendu le ski plus sûr ? Skier à grande vitesse sur des pistes glacées sera toujours dangereux. La FIS peut changer les règlements autant de fois qu’elle le souhaite, nous, athlètes, nous repousserons toujours nos limites. Vous pouvez nous attacher un morceau de bois aux pieds, nous glisserons aussi vite que possible avec. Pour gagner une course, il faut prendre des risques. Prendre des risques, c’est risquer de se blesser. Marcel Hirscher a déclaré : « Je suis fan de Loïc Meillard, c’est un excellent skieur et un grand talent pour l’avenir du ski. » Qu’est-ce que cela fait de

connaître l’opinion de l’octuple vainqueur de la Coupe du monde ? Recevoir un tel éloge de la bouche d’un des plus grands skieurs de l’histoire, c’est magnifique, bien entendu. Mon objectif final est bien évidemment de gagner la Coupe du monde. Mais c’est aussi ce que veulent les autres. Au moins, je sais que si tout se passe bien, je peux être dans le haut du classement. Fin octobre, vous avez fêté vos 24 ans et nous espérons qu’une longue carrière vous attend. Avez-vous déjà pensé à l’après ? Je n’ai aucune idée de ce que je veux faire après la course. Mais l’objectif est d’être assez rapide maintenant pour pouvoir profiter de la vie après ma carrière et ne pas avoir à trop travailler. Je verrai bien ce que la vie me réserve. Vous semblez être de ceux qui préfèrent agir plutôt que réagir. Oui, j’affronte activement le monde. ­J’essaie autant que possible d’être le capitaine de ma vie. Je déteste perdre du temps et je veux profiter au maximum de chaque minute. loicmeillard.ch

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La nouvelle vie de Priya Ragu est aussi colorée que sa tenue.

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« La meilleure année de ma vie » Pour PRIYA RAGU, 34 ans, gagner sa vie en tant que chanteuse n’a toujours été qu’une chimère. Du moins jusqu’en 2020. Vous découvrirez ce qui lui a permis de faire le grand saut, sa façon de choisir son groupe en swipant à gauche et à droite, ou encore le rapport entre une plume d’oiseau et son nouveau bonheur. Texte SABRINA LUTTENBERGER­

Photos JENNY BROUGH


F

inalement pour Priya Ragu, ce n’était qu’une question de temps. Depuis des années, elle était considérée comme une superstar en devenir ; après tout, elle avait atteint, en 2013, la finale de la Demotape Clinic, le plus important concours récompensant la relève pop suisse. Aujourd’hui, à 34 ans, l’heure est enfin venue : depuis le printemps dernier, Priya a décroché son premier contrat d’enregistrement et on peut entendre son premier single, Good Love 2.0, dans la bande sonore de Fifa 21, le jeu vidéo de football le plus célèbre du monde. Les critiques adorent sa musique, certains allant même jusqu’à affirmer n’avoir jamais rien entendu de semblable. Cette musique est empreinte des origines tamoules de Priya (ses parents ont fui le Sri Lanka pour la Suisse dans les années 1980, avant sa naissance) et de sa passion pour la R’n’B américaine. Si ces bonnes choses se sont faites attendre, c’est parce qu’il a fallu beaucoup de temps à Priya pour réaliser qu’elle n’avait qu’une envie, faire de la musique. Le déclic a eu lieu en 2017 alors qu’elle passait quelques mois à New York pour réaliser son rêve, loin de sa maison de Saint-Gall, et écrire ses propres chansons. À partir de mars 2020, tout s’est enchaîné rapidement : confinement, label et départ pour Londres. Dans la métropole britannique, elle a monté un groupe et a immédiatement tourné un clip. Et elle a finalement eu la confirmation : oui, ­l’attente en valait la peine.

« À la sortie de ma première chanson, j’ai immédiatement retenu l’attention.» 60

the red bulletin : On vous dit depuis votre adolescence que vous possédez un grand talent. Pourtant, vous n’avez sorti votre propre musique que bien plus tard. Pourquoi ? priya ragu : J’ai beaucoup plus confiance en moi maintenant qu’avant. C’est vrai, il m’a fallu beaucoup de temps pour me décider à écrire mes propres chansons. Jusqu’à ce que ma voix intérieure me dise : « Allez, essaye vraiment cette fois ! » (rires) Quand j’ai sorti une première c­ hanson fin 2018, j’ai immédiatement retenu l’attention. Je ne m’attendais pas du tout à cela. Est-il vrai que non pas un mais vingt labels vous ont contactée ? Oui, tout à fait ! Il y avait de petits labels indépendants, mais aussi de grandes majors. Tous de l’étranger d’ailleurs. Aucun label de Suisse ne m’a approchée. Mais cela est en train de changer. Les Suisses commencent ­doucement à s’intéresser à moi. Vous avez déjà eu la possibilité de signer avec un petit label, mais vous y avez renoncé à l’époque. Qu’est-ce qui était d ­ ifférent cette fois-ci ? J’ai aimé mon label actuel (Warner Music) dès le début. Les termes de l’entente étaient bons, ne l’oublions pas. Je peux continuer à faire appel à ma créativité au niveau du visuel et du styling. C’est moi qui décide. La seule chose que fait le label, c’est de me soutenir. THE RED BULLETIN


Priya Ragu,

chanteuse de soul suisse tamoule de Saint-Gall. Acheteuse technique le jour, chanteuse et participante à des séances Open Mic le soir. Sous contrat avec Warner Music depuis le printemps 2020. On peut entendre son premier single, « Good Love 2.0 », sur la bande sonore du jeu vidéo de football FIFA.


Tradition avec twist

Bien que Priya Ragu soit née en Suisse, elle est bien consciente de ses racines tamoules, et le montre. Ici, elle porte une tenue du designer Amesh Wijesekera. Il est né à Londres, et est lui aussi originaire du Sri Lanka.


La décision d’aller chez une major a donc été facile pour vous ? Non, c’était un grand pas pour moi. Je me suis demandé si une major était vraiment la bonne chose à faire. Je suis donc sortie me promener avec mon chien, Crooks. J’ai cherché la réponse durant ma promenade et j’ai trouvé une plume. C’était comme un signe pour moi. Une plume pour la signature. C’était vraiment bizarre… J’ai toujours cette plume quelque part dans mon appartement d’ailleurs ! (rires) On dirait que vous ne voulez pas faire de compromis quand il s’agit de votre musique. Mais vous n’avez jamais renoncé à votre travail de bureau. Vous l’occupez toujours ? Oui, mais seulement deux heures par jour. Je pense que c’est la Suissesse en moi qui m’empêche de me laisser aller complètement. Du moins tant que cela est encore possible. Je ne pensais vraiment pas que tout cela arriverait si vite, mais j’en suis reconnaissante. 2020 a été la meilleure année de ma vie. Peu de gens peuvent dire cela d’une année comme celle-ci. Je sais, je sais. C’est un véritable privilège. C’est probablement la première fois dans l’histoire qu’une artiste est signée après un entretien sur Zoom. J’ai également fait la sélection des musiciens du groupe en ligne. Le management m’a fait des suggestions, quatre guitaristes vraiment différents, quatre claviéristes, des batteurs… Et puis j’ai pu choisir comme dans un catalogue. Ou comme sur Tinder : à gauche, à gauche, à droite, à gauche. Vous avez déjà fait partie d’un groupe. C’est ainsi que tout a commencé. J’ai grandi avec la musique de film tamoule de Kollywood. Dans le nord de l’Inde, on l’appelle Bollywood, dans le sud, Kollywood. Mon père a monté un petit groupe qui reprenait des chansons Kollywood. Mon frère était aux claviers et moi, je chantais. Nous étions un peu les talents de la famille. Quand toute la famille venait le week-end, c’était toujours : « Priya, chante quelque chose. » (rires) Comment avez-vous vécu le fait de vous mettre du jour au lendemain à l’écriture de vos propres chansons ?

« Il faut travailler sur soi, se remettre en question et oser sortir de sa zone de confort.» L’écriture n’a pas été chose facile pour moi mais les mélodies sont toujours venues rapidement. Je crois fermement qu’il existe une énergie créative et que celle-ci a un caractère divin. Parfois, les idées vous viennent, vous les prenez et avec le recul vous vous dites : « C’est de moi, ça ? Comment y suis-je parvenue ? » Êtes-vous une personne spirituelle ? Assez, oui. Je crois au karma et à la réincarnation. Je crois aussi que la spiritualité a quelque chose à voir avec soi-même. Il s’agit de regarder à l’intérieur de soi, de chercher des réponses, de les trouver en nous. Il y a toujours une voix intérieure qui vous dit ce que vous voulez vraiment. J’entendais aussi la voix qui me disait que je voulais vraiment être musicienne, mais je l’ai délibérément ignorée. Je manquais de confiance en moi. Comment êtes-vous devenue plus sûre de vous ? Avec beaucoup de pratique ! Par exemple, en prenant l’habitude d’écrire trois pages – mes pensées, mes insécurités – au réveil dans mon journal. C’est comme ça que j’ai trouvé des solutions, c’était assez thérapeutique pour moi. Puis j’ai découvert le livre The Artist’s Way de Julia Cameron, qui parle de la découverte de sa propre créativité, ce qui m’a totalement motivée. Il faut, je pense, travailler constamment sur soi, se remettre en question et oser sortir de sa zone de confort. Qu’espérez-vous pour les deux prochaines années ? Je ne sais pas, je me concentre sur le présent. Je fais les chansons, je les travaille et retravaille et quand je peux les sortir, c’est comme une naissance. Je pense. C’est peut-être moins fatigant. (rires) Pour moi, il est beaucoup plus agréable de voir ce qui se passe. Je ne veux pas attendre quelque chose et ensuite être déçue. Il s’est passé tant de choses dont je n’aurais même pas osé rêver. Je suis heureuse de pouvoir écrire ce que je vis dans mon journal intime tous les jours. De cette façon, mes expériences et mes émotions resteront avec moi pour toujours.

La playlist de Priya

AR Rahman Bombay Theme (1995)

« La BO de mon enfance. Elle me rend toujours nostalgique. »

Oddisee The Goings On (1971)

« Mon groupe favori en concert. Ils ont une telle énergie sur scène ! »

Stevie Wonder Never Thought You’d Leave ... (1971)

« Sa voix me touche au plus profond de mon âme. » Pour écouter la playlist de Priya, scannez le QR code ci-dessous.

Instragram : @priyaraguofficial THE RED BULLETIN

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Toby donne un coup sur la tête à Hiasi qui étrangle Sammy : messieurs Price, Walkner et Sunderland lors de la séance photo pour The Red Bulletin.

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Les vainqueurs du Rallye Dakar, MATTHIAS WALKNER, TOBY PRICE et SAM SUNDERLAND sont fondamentalement différents. Bien que rivaux, ils sont amis. L’histoire de trois pilotes de moto, combattants solitaires, et de leur incroyable esprit d’équipe. Texte WERNER JESSNER  Photos KONSTANTIN REYER

Meilleurs adversaires


« J’admire la détermination de Hiasi. Quand il veut quelque chose, il fait tout pour le rendre possible. » Sam Sunderland

C’

est la noblesse absolue du Dakar qui est assise ici dans une salle conviviale de l’Athlete Performance Center à Thalgau, près de Salzbourg, et qui fait ce pour quoi elle est probablement le moins douée : attendre. L’Australien Toby Price, 33 ans, a remporté le rallye moto le plus difficile au monde en 2016 et 2019, le Britannique Sam Sunderland, 31 ans, en 2017, et le Salzbourgeois Matthias « Hiasi » Walkner, 34 ans, le plus âgé du groupe et le premier Autrichien à être sacré en deux roues, en 2018. La semaine dernière, ils se sont entraînés ensemble ici, sur l’ergomètre et dans la salle de sport ; ils ont profité des massages et des thérapies, ont travaillé leurs réactions et leur endurance, tous les jours, du matin au soir. Ils sont épuisés.

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Pour finir, ils ont effectué un test de performance, dont ils attendent maintenant les résultats. C’est un peu comme une remise des diplômes avant de partir le lendemain en Espagne. C’est là qu’ils poursuivront leur entraînement sur moto, qu’il peaufineront leur conduite pour janvier 2021 et la grande épreuve du Rallye Dakar, qui se déroule en Arabie Saoudite depuis l’année dernière. Le seul à être détendu, c’est Toby Price, l’homme à la coiffure douteuse et à la barbe en friche. Il sait que ses performances seront médiocres. Il n’a passé le test que par respect pour ses collègues. Trois jours avant, il ne pouvait presque plus marcher. Il faut dire que ces trois hommes portent clairement les stigmates de leur sport. Courir leur est désormais impossible, « la roue a été inventée a ­ utrefois THE RED BULLETIN

MARCIN KIN

Matthias Walkner au Rallye d’Andalousie en octobre : le bonheur de rouler à nouveau à plein gaz sur sa grande moto.


Omnis il molentium eaquidunt, officipsunto bero quis ium elestrum fugiatis ea dus sit, num quas unt ad est modit ulpa aut volupta ne quam.

Matthias Walkner

L’Autrichien de 34 ans est champion du monde de ­motocross 2012. Pilote de rallye depuis 2014, il a remporté sa première étape du Dakar dès 2015. En 2016, il est tombé lourdement et s’est fracturé le fémur. En 2018, il a remporté son premier Dakar.


Toby Price

L’Australien de 33 ans a remporté plusieurs titres de champion national de motocross et d’enduro dans son pays avant de devenir pilote d’usine de rallye pour Red Bull KTM en 2015. Il a remercié son team pour sa confiance en décrochant une première victoire au Dakar l’année suivante et une deuxième victoire en 2019.


MARCIN KIN

pour les gens comme nous », affirment-ils en riant. Et notamment la moto : sur leur KTM 450 Rally, ils réalisent l’impossible pour le reste du monde. Quiconque les a vus sauter trente ou quarante mètres dans le sable à 140, 150 ou 160 km/h, faire glisser leur engin pendant des dizaines de mètres sur des chemins que le commun des mortels surmonterait en roulant au pas, et atterrir ensuite très précisément au sommet d’un virage, ne peut se laisser duper par cette bande de soi-disant invalides. Sam Sunderland a une jambe plus courte de deux centimètres que l’autre parce qu’elle a été remise complètement de travers, après une chute, dans un hôpital de campagne marocain où des chats couraient dans la salle d’opération. Matthias Walkner a opté pour une position élevée des sièges dans son Land Rover Defender, tel un vieil homme, car ses genoux et ses chevilles sont bien fatigués. Et la raison pour laquelle Toby Price aurait eu besoin d’une « grue de secours » trois jours plus tôt pour sortir

ses cent kilos du lit était un massage. « Je me suis fracturé des vertèbres et j’ai eu des hernies discales. Depuis, certaines fibres nerveuses sont tellement proches de l’os que je souffre terriblement lorsque quelqu’un essaie d’assouplir les muscles contractés. Je suis l’une des rares personnes qui se sentent moins bien après qu’avant une séance de physiothérapie. » Hiasi Walkner ricane : « De toute façon, toi, tu es unique. Personne ne fonctionne comme toi. » Et Toby de ­préciser : « Mon entraînement consiste essentiellement à rouler très vite à moto.

C’est tout ce que je veux et qui me donne des ailes. » Le plus performant des trois pilotes sur le papier ne ressemble en réalité pas du tout à un athlète modèle. « J’aime avoir quelques réserves car, une fois, j’ai perdu neuf kilos lors d’un Dakar. Que resterait-il de moi avec neuf kilos de moins sur la ligne de départ ? » Une thèse que Sam Sunderland contredit avec véhémence : « Bien sûr que l’on perd du poids pendant le rallye. On conduit six, sept, huit heures par jour en hors piste pendant deux semaines. Mais pourquoi se charger plus que nécessaire

« Toby ne tombe pratiquement jamais malgré les énormes risques qu’il prend. Il nous oblige à remettre constamment en question les limites apparentes. » Matthias Walkner

Entraînement en Espagne pour l’Arabie Saoudite : au Rallye d’Andalousie, Toby Price a été le meilleur pilote KTM, terminant 4e au classement général. THE RED BULLETIN

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Bonne ambiance : difficile de dire lequel des trois champions est le plus grand farceur.


Haïl

au début ? Cela ne fait que compliquer les choses. Une voiture de 50 chevaux pesant 1 000 kilos est plus rapide qu’une voiture de 1 100 kilos. » Sam ressemble à un athlète modèle, avec son 1,80 mètre pour 76 kilos. Lorsqu’il porte un short, ses cuisses tatouées sont particulièrement impressionnantes. Ces derniers jours, il a notamment trouvé sa motivation aux côtés de Hiasi Walkner : « Combien de répétitions, quel poids ? Matthias est toujours une super référence. » Matthias Walkner n’a découvert son amour de l’entraînement qu’après sa grave blessure en 2017 quand, pendant des mois, il n’a rien pu faire d’autre que d’essayer de remettre son corps en état de marche. « Auparavant, j’étais plus du côté de Toby : mieux valait faire quelques réserves. Mais ensuite, l’entraînement s’est transformé en une sorte d’addiction et j’ai commencé à échanger des idées avec Marcel Hirscher : est-ce que tu connais un nouvel exercice sympa ? – Essaye ça, tu vas voir. » Aujourd’hui, c’est une machine humaine capable de défier n’importe qui.

MARCIN KIN

GETTY PREMIUM

B

ien qu’ils soient des athlètes individuels, il existe une rare harmonie entre les pilotes d’usine de Red Bull KTM. « Bien sûr que je veux gagner, c’est évident. Mais si ça ne peut pas être moi, alors je ferai tout mon possible pour que ce soit l’un de ces deux mecs », précise Toby Price, et ses collègues de hocher la tête. Cet esprit d’équipe est à l’opposé de ce que la team KTM a connu par le passé, lorsque la rivalité entre Marc Coma et Cyril Despres, tous deux multiples vainqueurs du Dakar, était presque tangible (avec le respect incontestable pour les compétences du concurrent). Dans la team d’usine actuelle, les athlètes vont même jusqu’à se prêter leurs motos. En tant que pilote d’essai de longue date, Matthias Walkner s’intéresse à toutes les motos, « pour améliorer une moto, il faut la comparer à d’autres modèles ». Une fois, il y a de nombreuses années, il a même testé une Honda, rien

Djeddah

Arabie saoudite

Dakar 2021 : le parcours Programmé du 3 au 15 janvier 2021, le départ et l’arrivée se feront à Djeddah. Comme l’année dernière, les pilotes débuteront par une boucle qui les mènera vers le nord en longeant la mer Rouge.La journée de repos aura lieu le 9 janvier à Haïl. Les étapes exactes ne sont pas encore arrêtées au moment où nous bouclons ce numéro. Mais nous savons qu’il y aura deux étapes en boucle, lors desquelles les pilotes devront revenir au bivouac de la veille, ainsi qu’une étape marathon, durant laquelle les concurrents seuls seront autorisés à bricoler leur moto.

que pour lui, pour voir ce que ça faisait de conduire une marque étrangère. L’expérience n’a pas été concluante, ce dont Toby Price n’est pas du tout surpris : « Même nos trois motos, qui à première vue, semblent totalement identiques, se distinguent par de nombreuses nuances : la position des repose-pieds, par exemple, ou l’angle auquel les leviers sont montés, le réglage du châssis, la selle ou le guidon. Quand j’ai essayé la KTM 450 Rally de Sam, j’ai dû descendre au bout de vingt minutes, car j’avais des crampes. Même le plus petit changement a un impact sur les groupes de muscles stimulés. » Et les trois pilotes n’ont pas que le physique de différent. Quelles compétences de vos collègues aimeriezvous avoir ? Matthias Walkner : « J’aimerais avoir la vitesse de Sam dans les dunes. On voit à son style de conduite qu’il a vécu pendant des années à Dubaï. Personne ne roule plus vite que lui sur du sable, rien que du sable. Et j’aimerais avoir la radicalité d’esprit de Toby. Ou peut-être pas, parce que ça fait peur. » Toby Price : « Loin de moi l’idée d’être irrespectueux, mais ce que je m’apprête à dire peut

« Bien sûr que je veux gagner. Mais si ça ne peut pas être moi, je ferai tout mon possible pour que ce soit l’un de ces deux mecs. » Toby Price THE RED BULLETIN

s­ embler l’être : je me fiche pas mal de l’état dans lequel mon corps sera à cinquante ans. Je veux mettre le paquet maintenant, aujourd’hui, sans penser à demain. » Comment rivaliser avec quelqu’un qui se soucie aussi peu de demain lorsque l’on se soucie soi-même de sa santé, M ­ atthias Walkner ? « C’est difficile. Toby nous donne à tous matière à réflexion. Il n’est pas idiot, bien au contraire. Il sait exactement ce qu’il dit et ce qu’il fait. Et malgré les immenses risques qu’il prend, il ne tombe presque jamais. Il nous oblige tous à remettre constamment en question les limites apparentes. » Sam Sunderland, quelles qualités de Matthias Walkner aimeriez-vous avoir ? « Sa détermination. Quand il veut quelque chose, il fait tout pour le rendre possible. Quand il a faim, il mange. Quand il veut dormir, il dort. Quand il veut partir, il part. Tu es toujours le premier à commander au restaurant, n’est-ce pas, Matthias ? » En guise d’approbation, l’intéressé ne réagit pas, ­hypnotisé qu’il est par son téléphone portable. Il doit certainement envoyer un message important sur WhatsApp et, de toute façon, pour le moment, c’est Sam qui parle. Lequel des trois mâles dominants conduit lorsqu’ils partagent une voiture ? Sam Sunderland : « Toby. Je prends le siège du copilote et m’assure que nous ayons une chance de survivre à son style de conduite. Matthias se met à l’arrière   71


« J’aimerais avoir la vitesse de Sam dans les dunes. Personne ne roule plus vite que lui sur du sable, rien que du sable. » Matthias Walkner et dort. » Hiasi lève la tête de son écran et demande : « Quoi ? » « – Rien », répond Toby. Toby et Sam rient. Hiasi range son téléphone. Vous décririez-vous comme des amis ? Toby : « Oui, carrément. Notre sport nous soude, notamment en raison de sa dangerosité. Même lorsque nous sommes adversaires, nous ne nous battons pas au coude à coude. La plupart du temps, c’est nous seuls contre la montre. De plus, nous avons vécu beaucoup de choses ensemble. Il y a très peu de personnes que je contacte aussi souvent sur WhatsApp. » Sam : « En dehors de la famille, on se cherche généralement des amis ayant les mêmes centres d’intérêt. Avec Toby et Matthias, je peux parler de choses que personne d’autre ne comprend : 72

des ­subtilités du carnet de route ou d’une biellette plus longue pour le bras oscillant. Nous abordons des sujets dont ­personne n’a aucune idée. » Matthias Walkner : « Sam et Toby sont certainement les deux personnes les plus éloignées de moi géographiquement et pourtant ils sont très proches de moi. »

L

a porte s’ouvre, c’est l’heure de la remise des diplômes : les résultats du test d’aptitude sont arrivés. Toby sort et revient quelques instants plus tard : comme prévu, le résultat correspond à sa condition physique le jour du test, ce qu’il faut prendre en compte de manière réaliste. Mais il ne semble guère s’en soucier. Il peut rouler vite à moto, il le sait. C’est tout ce qui compte

pour lui. Il n’a que faire des données relatives à sa condition physique. Vient le tour de Sam. Visage impénétrable. Il ne souffle pas un mot avant que Matthias n’ait son résultat : « Alors ?» « – Mieux que prévu, mais pas aussi bon que je l’espérais. Et toi ? » « Je suis au même niveau qu’il y a cinq ans, avant ma grave blessure à la jambe », sourit Sam Sunderland sous sa casquette de base-ball. Hiasi se fait peu bavard. Il est encore temps de rattraper le retard, même si, au final, ce qui compte, ce ne sont pas les kilos, les watts ni les répétitions, mais de faire moins d’erreurs que les concurrents pendant des milliers de kilomètres dans le désert saoudien, par temps chaud et froid, sur du sable et des éboulis, en ayant trop peu dormi et en prenant trop de risques. Lorsque l’on se mesure aux meilleurs pendant la préparation, on sait où se positionner. Et de savoir cela, d’avoir un repère, c’est infiniment précieux lors d’un événement où il n’existe aucune certitude. redbull.com/dakar THE RED BULLETIN

MARCIN KIN

Sam Sunderland à l’œuvre : après un accident en 2015, sa jambe droite est plus courte de deux centimètres que l’autre. Pas de changement niveau vitesse.


Sam Sunderland Le Britannique de 31 ans a remporté le Dakar en 2017. Il est le seul des trois à être un pilote de rallye « formé » et participe au rallye moto le plus difficile du monde depuis 2012 déjà. Il est également le champion en titre de la Coupe du monde des rallyes tout-terrain.


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PERSPECTIVES Expériences et équipements pour une vie améliorée

RUEDI FLÜCK

PARADIS DE LA POUDREUSE

En compagnie du freeskieur Laurent de Martin, 29 ans, dans la région Dents du Midi.   75


PERSPECTIVES voyage

« Pour moi, les pentes autour de la cabane des gardes-frontières du Col de Cou font partie des highlights du freeride. » Laurent de Martin, 29 ans, freeskieur

J’

avais douze ans quand j’ai fait mon premier saut sur un petit tremplin dans le snowpark des Crosets. J’ai tout de suite su que c’était pour moi ! Presque vingt ans plus tard, je suis toujours là. Comme vous le voyez, le freeride ne m’a pas encore laissé tomber (Laurent de Martin faisait partie de l’équipe suisse de freeski et a tout récemment participé à From Switzerland with Love, un film consacré au freeski, ndlr). Et Les Crosets est toujours l’une de mes stations préférées. Comme Morgins, elle est pratiquement devant chez moi. Quand les conditions sont bonnes pour le freeride, on me trouve généralement sur les pentes autour du Col de Cou. On y accède après une montée de 45 minutes depuis le domaine skiable des Crosets. Pour y arriver, vous empruntez le téléski « Ripaille », puis vous prenez la piste à droite jusqu’à ce que vous aperceviez le refuge du Col de Cou. C’est la destination de la courte randonnée qui passe à travers un terrain plat avec peu de risque d’avalanches. Pour moi, les pentes autour de ­l’ancienne cabane des gardes-­ frontières du Col de Cou font partie des highlights du freeride et offrent de belles lignes, parfois pentues. Vous 76

From Switzerland with Love : « C’est le plus gros saut réalisé pour le film. »

pouvez aussi développer et travailler de bons sauts backcountry (hors-piste) un peu partout. Lors du tournage de mon dernier film, From Switzerland with Love, nous avons réalisé de nombreuses séquences de saut par ici. Les Crosets proposent également d’autres beaux runs que vous pouvez facilement rejoindre depuis le téléski. L’un de mes endroits préférés est la crête de Pierre Plate. Vous prenez le télésiège des Mossettes et empruntez la piste sur le côté droit sur 500 mètres vers Les Portes de l’Hiver. De là, vous vous rendez à l’est, à cinq ou dix minutes de la crête de Pierre Plate. Vous avez alors

Chambre avec vue : les Dents du Midi. THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES voyage

Berne

Direction La région Dents du Midi n’est située qu’à une heure et demie de l’aéroport international de Genève, et à un peu moins de trois heures de route de Zurich. Avec les Portes du Soleil, la région Dents du Midi propose douze stations de ski répar-

Suisse

Dents du Midi

ties entre la Suisse et la France. Le forfait d’une journée à 67 CHF vous ­permet d’utiliser les remontées mécaniques plus de 190 fois ! portesdusoleil.com

ANDI SPIES

Dans les rafales de neige : le paradis de la poudreuse pour les freeskieurs.

Bon à savoir

RUEDI FLÜCK, LAURENT DE MARTIN, FRANCOIS MARCLAY

À ceux qui recherchent où se loger à bas prix dans la région, je recommande l’Hôtel Suisse à Champéry. Avec le Bar des Guides, c’est l’endroit où les branchés se retrouvent le soir pour un verre. Pour de délicieux burgers végétariens, Chez Joe à Champéry, est la meilleure adresse. Après avoir fait du ride, j’aime bien aller au Ze’Bar de la brasserie artisanale 7Peaks, à Morgins. Et si vous voulez faire la fête, restez à Morgins et allez au Saf Club. Infos : regiondentsdumidi.ch Coucher de soleil à la cabane des gardes-frontières au Col de Cou. THE RED BULLETIN

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PERSPECTIVES voyage

Laurent du Martin profite de la vue sur le décor époustouflant des Dents du Midi depuis son endroit préféré.

D’autres photos de freeride prises chez Laurent de Martins : Instagram : @laurentdm ; laurentdemartin.ch

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Bons conseils Lorsque vous visitez la région pour la première fois, il est recommandé de partir en excursion avec un guide. Premièrement Jamais de hors-piste sans un équipement d’avalanche : émetteur-récepteur, pelle et sonde. Consultez toujours le bulletin d’avalanches le matin avant la première descente et planifiez vos itinéraires de freeride en fonction.

« Si vous le voulez, vous pouvez skier jusqu’en France. » Laurent de Martin sur les possibilités de la région.

Troisièmement Si vous skiez pour la première fois en Valais, prenez un guide de freeride. Plusieurs bons guides de montagne aiment faire de la poudreuse. Ils ont toujours un œil sur les conditions de neige actuelles. Demandez l’assistance d’un guide dans l’une des boutiques ou des écoles de ski. redbull.com THE RED BULLETIN

ANDI SPIES

Deuxièmement Prenez connaissance des risques d’avalanche au remonte-pente ou via l’application White Risk.

RUEDI FLÜCK

l­’embarras du choix quant à la ligne à laquelle vous voulez vous mesurer en premier ! Ma conclusion : pour les freeriders passionnés, la région Dents du Midi est un paradis. Douze stations de ski se sont regroupées pour former un réseau qui porte le nom de Portes du Soleil. Avec ses 190 remontées mécaniques et plus de 600 kilomètres de pistes damées, impossible de vous tourner les pouces. Vous pouvez même faire du ski en France ! De plus, peu importe où vous irez, vous aurez toujours une vue fantastique sur les sept sommets majestueux des Dents du Midi. Lorsque le temps est moins favorable à cause de la neige ou du brouillard, je vais à Morgins pour faire de la poudreuse. Certaines pistes en forêt sont incroyablement belles et on peut s’y éclater, même par mauvais temps.


LAAX.COM/OPEN


PERSPECTIVES fitness YOGA SHRED

Tradition en action Sadie Nardini a retrouvé l’usage de ses jambes grâce au yoga. Depuis, elle se consacre à rendre ses bienfaits accessibles à tous. C’est l’histoire d’une résurrection. À l’âge de 13 ans, Sadie Nardini nageait dans une piscine quand un individu a sauté dans l’eau et atterri sur sa tête, la laissant partiellement paralysée. « Les médecins m’ont annoncé que je ne remarcherais probablement pas. Ils ont stabilisé mon état et m’ont renvoyée à la maison. » Condamnée à rester chez elle, l’Américaine découvre le yoga grâce à sa mère qui l’initie aux postures douces dans l’espoir de guérir sa fille. Et ça marche. Deux ans plus tard, Nardini est à nouveau capable de se tenir debout. Peu après, elle se sent prête à reconstituer ses muscles à l’aide du power yoga. « À l’époque, le yoga se résumait pour moi à s’allonger et respirer, se souvient-­

elle. La découverte d’une forme de yoga capable de me stimuler et me renforcer a fait naître ma vocation. » À 25 ans, Nardini donne des cours de yoga à travers la planète et devient peu à peu une yogini rock-star, reconnue pour son approche innovante

du yoga traditionnel. « Je ­faisais mes cours avec la musique de David Bowie et ma devise était l’émancipation par le plaisir, explique l’instructrice californienne de 49 ans. Du jamais vu. » Pour son nouveau cours, Sadie Nardini trouve l’inspira-

tion lors d’un passage dans un aéroport à Paris alors qu’elle court pour attraper son avion. « Depuis vingt ans, mes cours développaient la puissance via des exercices d’endurance lents mais négligeaient le cardio, dit-elle. J’ai suivi quelques cours de HIIT (exercices fractionnés à haute intensité, ndlr). C’était amusant, mais en tant qu’experte en anatomie et en articulations, j’étais horrifiée. Parmi les exercices pratiqués, beaucoup sont peu recommandables pour les articulations. » Nardini crée donc le yoga shred à partir des mouvements fluides du yoga vinyasa. Le programme associe une série de postures pour améliorer la force fondamentale à des exercices cardio haute intensité visant à brûler les graisses, le tout en préservant les articulations. « Les adeptes du yoga développent ainsi leur puissance et les fans de cross-training gagnent en amplitude de mouvement et en souplesse, explique ­Nardini. C’est un moyen efficace de tirer le meilleur des deux pratiques en seulement vingt minutes par jour. » 5 semaines de cours en ligne gratuits avec le code ­FFCFREEMO  ; ­fitfierceclub.com

Le burpee Yoga Shred « Le burpee est un exercice classique du HIIT, mais pas ­forcément bon pour vos articulations, explique Nardini. Un ajustement avec le yoga permet d’éviter ce problème. »

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1 Démarrer debout au milieu du tapis, pieds écartés et alignés aux hanches. Posez les mains sur deux blocs de yoga (meilleur pour les poignets et les épaules) ou sur le tapis.

3 Revenir à la position 1, les pieds écartés à ­hauteur des hanches. Cela réduit la tension des ­genoux et augmente la puissance du centre de gravité.

2 Faites la planche genoux fléchis et les pieds écartés. Relevez vos abdos pour ne pas cambrer le dos et vous blesser.

4 Se redresser avec les abdos jusqu’à imiter la forme d’une chaise. Ramener les genoux et vos hanches en arrière pour protéger les genoux.

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5 Poussez sur vos talons pour raffermir les fessiers, et effectuez un rapide « poing de feu », coudes pliés, faites glisser les poings le long des hanches. 6 Variante : effectuer une extension de la position en chaise en ramenant les poings sur les hanches. Et atterrir avec les hanches et les genoux vers l’arrière pour protéger les genoux. THE RED BULLETIN

JAMES ST. VINCENT

FLORIAN OBKIRCHER

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PERSPECTIVES montres

L’ESPRIT LONGINES

L’esprit pionnier

Cette montre faite pour l’aventure s’est ­inspirée des aventurières et des explorateurs qui se fiaient déjà à la précision et l’élégance Longines un siècle plus tôt. Elinor Smith, Howard Hughes, Paul-Émile Victor, Amélia Earhart… Quatre personnalités, pionnières des airs, qui ont vécu par et pour l’aventure. Dès les années 1920, ils confiaient déjà leur sécurité aux instruments Longines. La nouvelle collection Spirit rend hommage à cet esprit pionnier. Prix : 2 900 CHF ; longines.ch

UN BLEU PLEIN DE PROMESSES Cadran azur et bracelet en cuir de veau bleu : une couleur qui évoque les grands espaces et la liberté.

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UNE DATE QUI TOURNE ROND Le bouton-poussoir est vissé afin d’éviter tout changement accidentel de la date.

Les six vis au dos de la montre ont une fonction esthétique, et maintiennent le logo ­Longines – un sablier ailé – toujours parfaitement à l’horizontale. Le boîtier en acier inoxydable de 42 mm est étanche à 10 bars en dépit du raccord à vis élaboré. Le mouvement mécanique est équipé d’un ressort spiral en ­monocristal de silicium, et le chronomètre est certifié COSC. Longines Spirit est livrée avec cinq ans de garantie.

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THE RED BULLETIN


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PERSPECTIVES gaming

Concentrés sur leur écran : Sercan Kara (à gauche) et Andrés Torres.

TESTÉ PAR LES PROS

Que vaut FIFA 21 ? Les pros de l’eSport du Red Bull Salzbourg ont évalué la dernière ­version du jeu populaire. Verdict : les nouvelles fonctionnalités rendent le jeu plus passionnant, plus exigeant et plus performant. Les deux virtuoses de FIFA et actuels champions de l’eBundesliga, Andrés Torres, 26 ans, alias AndresCYTorres7, et Sercan Kara, 22 ans, alias SercanGold, ne font pas exception. Chaque année, comme les dix millions de fans à travers le monde, ils attendent avec impatience la nouvelle mouture du jeu (disponible depuis le 9 octobre). Après quelques semaines d’utilisation, Kara livre ses impressions : « Cette version est meilleure que la précédente. Le graphisme est plus réaliste et contrairement à FIFA 20 où le plus mauvais joueur gagnait souvent, ici, le meilleur 84

a le plus souvent le dernier mot. » Le reporter de The Red Bulletin le vérifie lors d’une visite de la zone eSports dans la Red Bull Arena de Salzbourg. Deux murs d’écran avec chacun trois moniteurs – un grand, deux petits – et quatre fauteuils de jeu indiquent que nous sommes ici chez les pros. Mais pour Kara l’endroit est une extension de son salon. Et à la maison, le patron c’est lui. Le fait que l’adversaire du jour soit un journaliste n’y change rien. Dès qu’il se saisit de la manette, il passe en mode machine. Il commet peu d’erreurs et punit sévèrement celles des

rivaux. Score final : 6–1. Une défaite honorable due à la clémence de Kara. Les choses ont été cependant plus difficiles pour le jeune homme de 22 ans lors de la prise en main de FIFA 21. « J’ai pas mal galéré au début et perdu beaucoup de matches. J’ai dû m’adapter. » Deux semaines, c’est le temps dont Kara a besoin avant de retrouver son meilleur niveau. « Durant cette période, n’importe qui peut me battre. C’est aussi le seul moment où mes amis osent me défier. » Son coéquipier Torres, devenu le premier pro FIFA en Autriche en 2017 après avoir signé au FC Red Bull Salzbourg, a connu des difficultés similaires.

« FIFA 21 est un vrai game changer. » Andrés Torres, 26 ans, alias AndresCYTorres7 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES gaming

Image de FIFA 21 : l’attaquant du Real Rodrygo en action.

CONSEILS DE PROS

Devenir un meilleur e-buteur Les as de FIFA Andrés Torres et Sercan Kara vous révèlent les clés du succès. DÉFENDEZ AVEC PATIENCE « L’erreur la plus fréquente est d’attaquer avec les défenseurs centraux. Mieux vaut laisser les milieux défensifs faire leur boulot », explique Kara. « D’autant plus que les défenseurs contrôlés par ordinateur sont excellents », ajoute son coéquipier Torres.

MICHAEL KRITZINGER

KURT VIERTHALER

« Au début de l’année dernière, j’entamais la saison avec un bilan de cent victoires contre six défaites. Mais cette année, j’ai vécu mon pire début de saison avec quarante défaites et cent victoires. Lamentable. » En cause selon Torres, l’important remaniement du gameplay. FIFA 21 rebat de fait les cartes. Les buts de la tête par exemple, sont à nouveau possibles. Cela n’était pas le cas avec FIFA 20. Les algorithmes qui gèrent la défense sont nettement plus performants. « Si vous exécutez une frappe à proximité d’un défenseur adverse, ce dernier contre le tir dans 90 % des cas, quelle que soit la puissance du tir. Ce dernier point mériterait d’être corrigé. »

Bras levés, Sercan Kara célébrant une victoire.

THE RED BULLETIN

« Le meilleur joueur a le plus souvent le dernier mot. » Sercan Kara, 22 ans, alias SercanGold Par ailleurs, l’éditeur EA introduit trois nouvelles fonctionnalités qui modifient considérablement le gameplay : le « ­système de dribble agile » permet de mystifier l’adversaire en maintenant R1 enfoncé et en se déplaçant dans la direction souhaitée. Subtiliser le ballon à l’adversaire est moins évident. La « personnalisation du placement » permet aux grands joueurs de mieux se positionner. Ainsi, les meilleurs attaquants déjouent mieux les hors-jeu, et les meilleurs défenseurs se placent mieux pour couper les trajectoires des passes. Enfin, « les courses créatives » offrent un potentiel énorme de variation de jeu, à condition bien sûr d’en maîtriser les fondamentaux. FIFA 21 permet, pour la première fois, d’agir sur les joueurs autour du porteur du ballon en faisant des appels de balle susceptibles de dérouter l’adversaire. FIFA 21 est disponible sur PS4, XBox One, PC, Nintendo Switch et Steam.

CENTREZ POUR MARQUER Avec FIFA 21, marquer avec des tirs lointains devient plus difficile. « Avec un processeur qui bloque tout, les frappes lointaines ne sont plus une option. Les meilleurs défenseurs, comme Virgil van Dijk à Liverpool, les interceptent toutes », confie Torres. Aussi le spécialiste de FIFA conseille-t-il d’avoir recours au bon vieux centre, légèrement modifié. « J’utilise très souvent le centre L1 quand je suis déjà dans la surface de réparation. Puis j’appuie brièvement sur la touche centre pour l’amener dangereusement au milieu. J’ai beaucoup marqué avec cette méthode, elle permet aux avants d’intercepter le ballon. »

SOIGNEZ VOTRE TACTIQUE Les pros de FIFA passent presque autant de temps à peaufiner l’équipe et la tactique avant un match qu’à le jouer. « Vous avez la possibilité de donner des instructions à chaque joueur ; les joueurs amateurs négligent cet aspect », pointe Kara. Ces réglages peuvent avoir un impact sérieux sur le jeu. « Si mon arrière latéral est très ­offensif, je peux lui donner l’ordre de revenir défendre en cas de perte de balle », suggère Torres.

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PERSPECTIVES Le coin des livres

Les conseils d’un roi Stephen King, le bien nommé, est l’un des maîtres absolus du best-seller. Pourtant, son meilleur livre n’est pas un roman, mais un manuel pratique de l’écrivain. Texte JAKOB HÜBNER

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vec plus de 400 millions de livres vendus, près de 70 adaptations pour le cinéma et la télévision, une fortune personnelle estimée à 420 millions de dollars, Stephen King est assurément l’un des auteurs les plus prolifiques et les plus riches de tous les temps. Nul ne le conteste. Pour autant, cela fait-il de Stephen King un grand écrivain ? Sur ce point, les avis divergent. À vrai dire, parmi

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les lettrés, beaucoup voient en King le grand prêtre de la littérature de gare. Lorsque ces derniers promènent les yeux sur votre étagère Ikea et y découvrent plusieurs romans de King, ils froncent les sourcils avec suffisance et lâchent un « Stephen King, sérieusement ? »… Ces personnes ont généralement trois points communs : tout d’abord, ils n’ont jamais lu un livre de Stephen King ; ils considèrent que

­ uccès commercial et intés grité artistique sont incompatibles, et pour finir, ils ont tort. Que penser d’un athlète qui domine à la fois l’épreuve du 100 mètres, du 1 500 mètres, du 10 000 mètres et le marathon ? Certainement que l’homme maîtrise l’art de la course. Cette logique s’applique aussi à Stephen King. L’homme maîtrise l’art de l’écriture. Mieux encore, il sait ce qu’est l’écriture, et ce talent naturel ne se limite pas seulement au domaine de prédilection du « roi de l’épouvante ». Ses recueils de nouvelles, plus d’une THE RED BULLETIN

VINZ SCHWARZBAUER

LIRE & ÉCRIRE


PERSPECTIVES Le coin des livres

Avant-Propos de « Écriture : Mémoires d’un métier » Ce livre est bref, pour la simple raison que la plupart des livres qui parlent d’écriture sont truffés d’âneries. Les romanciers, moi y compris, ne comprennent pas très bien ce qu’ils font, ni pourquoi ça marche quand c’est bon ni pourquoi ça ne marche pas quand ça ne l’est pas. J’ai pensé que plus ce livre serait court, moins il comporterait d’âneries.

­ entaine au total, se caractéc risent non seulement par un imaginaire d’une effrayante richesse, mais aussi par une incomparable maîtrise de la montée en tension – ce qui, dans ce genre littéraire sous-estimé, constitue un ­véritable tour de force. La quantité et la variété de ces thrillers condensés démontrent que King est tout simplement incapable de raconter une histoire qui n’est pas terriblement captivante. Dans ses romans, King adopte cependant un style et un rythme différents selon le monde qui se déploie entre les lignes. L’homme d’affaires avisé qu’il est aussi sait pertinemment que tenir un lecteur en haleine au-delà de cinq cents pages finit par épuiser ce d ­ ernier. Ses œuvres phares telles que Carrie, Shining, Misery, Ça, Dôme et une trentaine d’autres best-sellers internationaux jouent habilement de l’horreur, laquelle se manifeste moins sur la page que dans notre ADN. Par ailleurs, avec La Tour Sombre – œuvre-fleuve écrite sur une période de trente ans – Stephen King livre une des sagas fantastiques parmi les plus folles et les plus abouties. Mais attention, avant de s’attaquer à cette audacieuse épopée hybride entre dystopie-fantastique et western spaghetti, que King lui-même qualifie de « Jupiter du système solaire de son imagination », mieux vaut prendre une profonde respiration. THE RED BULLETIN

Sa géniale phrase d’ouverture : « L’homme en noir fuyait à travers le désert et le pistolero le poursuivait » ouvre une odyssée de près de 5 600 pages. Et s’arrêter est très, très dur. Pourtant, le meilleur livre que Stephen Edwin King, né en 1947 à Portland, dans le Maine, ait publié à ce jour, n’appartient pas au genre horreur ou fantastique, mais à celui des manuels. Écriture : Mémoires d’un métier est un essai autobiographique publié en 2000, dans lequel le richissime auteur livre ses astuces d’écrivain, évoque son parcours et ses déboires aussi. Un livre jubilatoire, parfois très drôle et toujours incroyablement enrichissant. Un excellent livre pour tous ceux qui aspirent à maîtriser l’art de l’écriture, mais aussi celui de la lecture. Stephen King ? Vraiment !

STEPHEN KING « ÉCRITURE : MÉMOIRES D’UN MÉTIER » Traduit de l’anglais par William Olivier. Le Livre de Poche

À LIRE ABSOLUMENT

Le meilleur de l’autobiographie Quatre autres livres magistralement dictés par la vie.

GREGORY DAVID ROBERTS Né à Melbourne, en Australie, en 1952, Roberts est condamné à 23 ans de prison pour plusieurs vols à main a­ rmée. Après deux ans d’incarcération, il réussit à s’évader et se réfugie à Mumbai en Inde. S’ensuit un récit d’aventures de plus de mille pages, le plus fou qu’on n’ait jamais écrit. Une seule personne connaît la part de vérité dans cette histoire. Mais une chose est sûre, celle-ci est devenue culte. « Shantaram » (Flammarion)

ERNEST HEMINGWAY Dans son dernier livre, publié à titre posthume, Hemingway évoque ses souvenirs parisiens de 1921 à 1926. À l’occasion du 50e anniversaire de sa disparition, une nouvelle version originale a été publiée en 2011, éditée par son petitfils Seán Hemingway et traduite de l’anglais par Marc Saporta. Un joyau littéraire dont la lecture donne envie de remonter le temps à l’aide d’une machine. « Paris est une fête » (Gallimard)

TOM ROBBINS Nul ne personnifie autant l’écrivain fou que l’auteur américain né en 1932. Si le maître de la littérature déjantée (Nature Morte avec Pivert ; Un parfum de Jitterbug ; Jambes fluettes, etc.) fait un usage anecdotique des évènements de sa vie, le livre n’en est pas moins follement hilarant, profondément intelligent et merveilleusement raconté. « Tarte aux pêches ­tibétaine  » (Gallmeister)

TERRY GILLIAM En tant que membre fondateur de la mythique troupe des Monty Python et réalisateur de joyaux cinématographiques (Brazil, L’Armée des douze singes), Gilliam, né au Minnesota en 1940, a bien des choses à raconter. Et ce faisant, y compris dans les illustrations, en démontrant qu’un Américain peut, à l’instar de son cousin britannique, avoir de l’humour noir dans le sang. « Gilliamesque – ­Mémoires pré-­ posthumes » (Sonatine)

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PERSPECTIVES calendrier

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janvier QUATRE FOIS PLUS DE SKI DE FOND

au 23 janvier SPECTACULAIRE INTRO POUR LES PROS DE SNOWBOARD Le Laax Open, l’une des compétitions de snow les plus importantes sur la scène internationale, marque l’ouverture de la saison d’hiver préolympique pour les pros. Une épreuve déterminante dans le calendrier de la Coupe du monde FIS. Le trio vainqueur de l’édition précédente (Scotty James, Séb Toutant et Queralt Castellet) sera présent, à l’instar de Katie Ormerod (photo), avec l’intention de faire vibrer les foules sur place et en livestream. Les épreuves finales auront lieu le 22 janvier avec le slopestyle et dans la nuit du 23 janvier avec le superpipe. open.laax.com

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décembre LES GROSSES VAGUES NE LUI FONT PAS PEUR

Sur la scène Big Wave, il fait figure de superstar. Et pourtant, l’Australien Mark Mathews (photo), 37 ans, a bien failli mettre un terme à sa carrière en février 2017, gravement blessé après avoir violemment heurté un récif. The Other Side of Fear, un docu de 58 min, raconte le combat mené par ce ­surfeur qui, ado, avait peur de la mer, pour faire son grand retour sur les vagues. redbull.com 88

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décembre ­TEYANA FAIT SON SHOW « Ce sera mon concert le plus ambitieux », affirme Teyana Taylor (photo) en introduction du passionnant documentaire de Red Bull. Behind the Scenes of House of ­Petunia nous entraîne dans les coulisses de l’incroyable show de cette nouvelle superstar organisé dans le New Yorker Manhattan Center. redbull.com THE RED BULLETIN

KATIE RUGGLI, BRIAN HALL/RED BULL CONTENT POOL, ANDREW CHISHOLM/RED BULL CONTENT POOL, AROSA TOURISMUS/NINA MATTLI

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La Diagonela est une classique de la course de ski de fond disputée dans la vallée de la Haute-­ Engadine. Une expérience unique en son genre pour pros et amateurs avec 4 courses au total : la Diagonela longue de 65 km, la ­Pachifica, 27 km, la Cuorta, 11 km. La Stafetta, une course de relais par équipe de 4, se disputera sur le p ­ arcours de 65 km. ladiagonela.ch


PERSPECTIVES calendrier

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1

120 des meilleurs freeriders de seize nationalités différentes se réunissent à Silvaplana pour le légendaire Engadinsnow. Les survivants de l’épreuve de qualification pourront se mesurer à la face nord du Corvatsch, cadre de la grande finale. Des conditions de course optimales attendent les ­freeriders sur ce mur pouvant atteindre 65 ° de pente. Les spectateurs seront aux premières loges pour profiter du spectacle. engadinsnow.com

Tous les deux ans, le Val Müstair est l’étape de départ du Tour de Ski ! Le premier jour de l’année marque le début du Tour de Ski FIS avec une course de sprint à Tschierv, suivie les 2 et 3 janvier par une course de fond. Trois journées palpitantes en perspective, avec le Val Müstair comme décor pour les stars du ski de fond. Les courses se disputeront à huis-clos et seront ­diffusées à télé. tour-de-ski.ch

au 31 janvier RENCONTRE DE FREERIDERS

15 et 16 décembre CHAQUE CENTIMÈTRE COMPTE Sauts vertigineux, virages serrés et le risque de se coller de trop près. Dans les catégories hommes et femmes, quatre athlètes se pourchassent sur les pistes de la Kulmwiese à ­l’occasion de la Coupe du monde de ski cross qui se dispute à Arosa. Une seule ombre au tableau : ces spectaculaires courses nocturnes ne seront visibles que sur écran.

er

au 3 janvier SKI DE FOND AU VAL MÜSTAIR

HORS DU COMMUN theredbulletin.com

LORENZ HOLDER/RED BULL CONTENT POOL


Objectif neige Avec vos skis ou sur une planche de snow, sur ou hors pistes : tout le n ­ écessaire pour vous amuser cet hiver. ­Suivez le guide !


PERSPECTIVES Équipement sports d’hiver

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SÉCURITÉ

Entêtezvous Atomic Four Amid Pro

BONS BAISERS DE LAURENT MOVEMENT LAURENT DE MARTIN LTD. Quand un ski légendaire tel que le Fly Two de Movement rencontre un freerider à la cool attitude comme Laurent de Martin, vous obtenez un ski aussi à l’aise sur piste, qu’en parc ou hors-piste. Tout l’esprit du film de Laurent : From Switzerland with Love. Prix : 625 CHF ; movementskis.com

Couvre-chef de l’équipe freeski Atomic, ce casque vous protège efficacement. Son indice de protection anti chocs est plus de 40 % supérieur à la norme de sécurité en vigueur. La doublure intérieure est amovible, tout comme le clip du masque permettant ainsi de porter un bonnet sous le casque. Prix : 199 CHF ; shop.atomic.com

PRÉCIEUX COMPAGNONS Chauds et imperméables ; leur cordon de ­serrage au poignet est facile d’usage.

MOUFLES DURE AU CŒUR TENDRE WOLFGANG WIESER

K2 RECON PRO Cette chaussure de ski allie rigidité ­nécessaire à la puissance, transmission optimale des appuis et confort. Autre avantage notable, son poids : 1 740 g ­seulement. Enfin, sa semelle Grip Walk ­offre une bonne adhérence au sol et vous évitera de glisser en marchant. Prix : 749 CHF ; k2snow.com THE RED BULLETIN

Sans prendre de gants 686 Gore-Tex Linear Mitt Ces moufles en imposent. Elles sont conçues pour mater le froid qui n’aura qu’à bien se tenir ! Glissez-y vos mains en toute confiance, elles y resteront bien au chaud. Avec ces moufles, la peur va changer de camp : vous ne craindrez plus jamais le froid ! Prix : 98 CHF ; 686.com   91


PERSPECTIVES Équipement sports d’hiver

RÉTRO AU GOÛT DU JOUR ANORAK O’NEILL ORIGINAL

ÉCO CHAUSSETTES TEAL PROJECT

Un anorak inspiré du passé, couplé aux performances techniques modernes : 50 % des matériaux utilisés sont recyclés. Totalement imperméable, respirant et agréable à porter. Disponible en ­plusieurs coloris. Prix : 279 CHF ; oneill.com

Les performances de ces chaussettes de sport sont à la hauteur de celles d’un athlète de haut niveau (le snowboardeur pro David Hablützel a largement contribué à leur conception). De plus, le fil utilisé est recyclé à partir de déchets en plastique récupérés dans les océans. Édition limitée. Prix : 38 CHF ; teal-project.com

LAISSEZ-VOUS PORTER

LA VISION DE NICO

HEAD KORE 99

CASQUE SALOMON QST CHARGE ET MASQUE LO-FI

Ce ski rigide et agile procure aussi une ­excellente flottabilité dans la poudreuse, une polyvalence qui comblera le cœur du freerider. Un ski qui se plaît autant sur la neige des sommets que sur les pistes damées. Prix : 799 CHF (fixations Attack 13 GW i­ncluses) ; sportxx.ch

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Grâce à son système de ventilation active et sa doublure en laine mérinos, vous ­gardez toujours la tête froide avec ce casque. Quant au masque, il incarne la coolitude du freerider Nicolas Vuignier, qui en est le parrain. Casque et masque : 189 CHF chacun ; salomon.com

ASSOCIATION DE CONCEPTEURS VÖLKL REVOLT 121 « Tenir entre les mains la concrétisation de notre vision est un pur bonheur », ­déclare Markus Eder. Ce ski est le fruit de la collaboration des meilleurs ingénieurs de Völkl, des meilleurs freeriders et de ­l’artiste et ex-pro de surf Ben Brough. Prix : 869 CHF ; voelkl.com THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES Équipement sports d’hiver

L’AFFAIRE EST DANS LE SAC Inclus : poche à eau et pochette isolante pour le téléphone.

SAC À DOS D’AVALANCHE

À deux, ça tient mieux ABS A.Light 35 ans après l’invention de l’airbag anti-avalanche, ABS sort le sac A.Light, dédié aux freeriders et freetourers adeptes du hors-piste et de poudreuse. Le sac comprend deux airbags, une pelle, une sonde et une trousse de premiers secours, le tout facilement accessible. Prix : 699 CHF ; abs-airbag.com

FERME PRISE EN MAIN BÂTONS ET SKI ATOMIC Ces bâtons de ski en alliage d’aluminium sont dotés de poignées antidérapantes. Ils sont parfaitement assortis au ski conçu avec la légende du freeski Chris Benchetler. Plaisir garanti sur et hors-piste. Ski : 729 CHF (fixations Warden 11 MNC incluses) ; sportxx.ch. Bâtons : 49 CHF ; shop.atomic.com

ENVELOPPANT

Faciliter la tâche Atomic Hawk Ultra 130 S Avec ses 1 700 g, cette chaussure de ski alpin est la plus légère de la gamme d’Atomic. Sa nouvelle ­doublure intérieure s’adapte à la forme précise de votre pied. Une ­association qui procure à chaque descente des ­sensations inédites et un plaisir ­maximum. Prix : 649 CHF; shop.atomic.com

RESTEZ PROTÉGÉ SUR LES PISTES CACHE-COU HÄ? COVID-19 Le point d’interrogation dans le nom n’est pas une faute de frappe, mais une réponse. Ce cache-cou intègre un filtre qui barre la route au virus Covid-19. Un investissement pour la sécurité de tous cet hiver. Prix : 39,90 CHF ; ha-wear.com

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PERSPECTIVES Équipement sports d’hiver

L’EXPERT DES COURBES

ÉCHANGE RAPIDE Avec la technologie Swiftlock, changer de verre devient enfantin.

K2 RECKONER Un ski que l’on préfère ne pas voir disparaître sous la neige tant le K2 Reckoner est beau à regarder avec ses dessins ­originaux faits main. D’un autre côté, c’est dans la poudreuse qu’il révèle toutes ses qualités et vous fait accéder au paradis sur Terre. À partir de 600 CHF ; k2snow.com

PANORAMIQUE

L’élégance en piste Dragon PXV2

Ce masque est le fruit d’un travail de longue haleine, un concentré d’années de conception. Le PXV2 vous permet de bien voir mais aussi d’être remarqué. La protection anti-UV est garantie et sa monture blindée améliore la ventilation. Prix : 299 CHF ; europe.dragonalliance.com

DUO DE CHOC Casque et masque Giro pour une tête bien ­protégée et une vue bien dégagée.

COUVRE-CHEF CHAUSSEZ, C’EST EMBALLÉ FIXATIONS TYROLIA ATTACK² 16 GW Pros du freeski ou skieurs polyvalents, tous s’accordent à dire que les fixations Attack² 16 GW sont les meilleures. ­L’architecture innovante combine ­fonctionnalité et design moderne pour un poids de 2 240 g. Prix : 300 CHF ; tyrolia.com

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En toute légèreté Giro Grid Spherical Mips & Contour Extrêmement léger et confortable, ce casque bénéficie d’une excellente ventilation grâce à ses nombreuses ouvertures réglables. La technologie MIPS Spherical renforce la protection. De son côté, le masque Contour offre un champ de vision XXL. La technologie VIVID livre un contraste exceptionnel. Casque et masque : 279 CHF chacun ; girosnow.ch THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES Équipement sports d’hiver

PAUSE DOUCEUR HOODIE FACTION FEMMES Ce sweat à capuche gris clair 100 % coton et arborant un large logo FACTION convient aussi bien à la pause après le ski qu’à une soirée cosy après une journée au froid. Vous l’adorerez dans les deux cas. Prix : 99,95 CHF ; factionskis.com

200 % FIABLE SALOPETTE 686 GORE-TEX STRETCH DISPATCH BIB À première vue, encore une salopette classique. Pourtant, elle fait partie du best of de la marque 686, un succès dû à son incroyable robustesse : elle résiste à 200 jours en montagne. Enfin une salopette à laquelle on peut toujours se fier. Prix : 579 CHF ; 686.com

TOTALE VESTE

L’ÉNERGIE AU FÉMININ

DÉPASSEZ-VOUS

VESTE 686 HYDRA THERMAGRAPH

SKI STÖCKLI NELA 96

FACTION PRODIGY 1.0X ET BÂTONS

Elle protège, du froid polaire aux températures printanières. Une prouesse due au Thermagraph Body Mapping Insulation, un système breveté de régulation de la température. La veste inclut aussi un large panel d’accessoires : poche pour smartphone, cagoule compatible avec un casque, etc. Prix : 469 CHF ; 686.com

Un ski testé par des femmes pour les femmes : sa largeur moyenne de 96 mm le rend parfaitement adapté à la poudreuse. Léger et doté d’une construction rocker spéciale, il offre la portance attendue en haute neige et la tenue nécessaire pour se frayer un chemin à travers les paysages enneigés. Prix : 890 CHF ; stoeckli.ch

Faction soutient les meilleurs athlètes du monde, dont les freeskieuses Mathilde Gremaud et Kelly Sildaru qui utilisent le ski Prodigy 1.0x, conçu pour aider les femmes d’exception à repousser les ­limites du sport. Ski : 499 CHF ; Bâtons : 69 CHF ; ­factionskis.com

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OURS

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

The Red B ­ ulletin est ­actuellement distribué dans six pays. Vous voyez ici la Une de l’édition anglaise : la snowboardeuse de ­talent, Katie Ormerod, 23 ans, en train de s’entraîner sur terrain sec. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

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Direction générale Alexander Müller-Macheck, Sara Varming (adj.) Rédacteurs en chef Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.) Direction créative Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.) Direction artistique Marion Bernert-Thomann, Miles English, Tara Thompson Maquette Martina de ­Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Rédaction photo Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.), Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör Rédaction web Christian Eberle-Abasolo (dir.), Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan Projets spécifiques Florian Obkircher, Arkadiusz Piatek Gestion de la rédaction Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann Gestion de l’édition Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Melissa Stutz Directeur exécutif Stefan Ebner Directeur Ventes médias & Partenariat Lukas Scharmbacher Directrice de Co-édition Susanne Degn-Pfleger Gestion de projet Co-édition, Marketing & Communication B2B Katrin Sigl (dir.), Mathias Blaha, Katrin Dollenz, Thomas Hammerschmied, Teresa Kronreif (B2B), Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner (communication) Solutions créatives Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka, Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart Gestion commerciale Co-édition Alexandra Ita Rédaction Co-édition Raffael Fritz (dir.), Gundi Bittermann, Mariella Reithoffer, Wolfgang Wieser Directeur exécutif de la création Markus Kietreiber Gestion de projet Elisabeth Kopanz Direction artistique Co-édition Dominik Uhl (dir.), Stefanie Werth, Andreea Parvu Design commercial Peter Knehtl (dir.), Simone Fischer, Martina Maier, Alexandra Schendl, Julia Schinzel, Florian Solly, Stephan Zenz Abonnements & Distribution Peter Schiffer (dir.), Nicole Glaser (distribution), Victoria Schwärzler, Yoldaş Yarar (abonnements) Service de publicité Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Fabrication & Production Veronika Felder (dir.), Friedrich Indich, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis, Nenad Isailović, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher Finances Klaus Pleninger, Mariia Gerutska MIT Christoph Kocsisek, Michael Thaler Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham, Yvonne Tremmel Gestion de projet Gabriela-Teresa Humer Assistante de la direction générale Patricia Höreth Éditeur et directeur général Andreas Kornhofer Adresse Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 1 90221-0 Fax +43 1 90221-28809 Web redbulletin.com Propriétaire, éditeur et rédaction Médias Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Dietmar Otti, Christopher Reindl, Marcus Weber

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Pour finir en beauté

Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 7 février 2021.

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TIM ZIMMERMANN/RED BULL CONTENT POOL

Coussins neigeux C’est à cela que doit ressembler l’hiver : Blair Habenicht (à gauche) et Travis Rice, snowboardeurs pros américains, traversant la vallée de Kootenay en ColombieBritannique, au Canada. Ils descendent ce qu’ils appellent la Pillow Line, la ligne de coussins. Pour suivre l’aventure des deux esthètes de la neige dans cette poudreuse duveteuse, c’est par ici : redbull.com


DES AIIILES POUR L’HIVER. AU GOÛT FRUITÉ ET GLACÉ.

U A E V U NO

STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.


Bye bye les bruits de moteur — 100% Êlectrique

Polestar 2

polestar.com


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