mars 2012
La science de Red bull Stratos Comment survivre par moins 60° ?
Henry, de Londres à New York Une journée avec « Titi »
Vergne dans le grand bain Road-trip exclusif avec JEV
Charlotte
forever Séance photos et interview à couper le souffle !
magazine sponsorisÉ
PLUS : Grimes / Blake Griffin / Michel Bourez / Winter Music Conference / Tim Burton / Madonna / Ono-dit-Biot
Un magazine hors du commun
Télé grat chargez notr uiteme n e ap p li i P t ad
ve z Retrou ent lém p p u s ce s tous le g ratuit ve c a is o m e L’Équip
DE FACEBOOK NE VA SUR LE AG U SSX ET G OUR O R E V IL S QUIK MES P E AUX XGA CREPEL UN VOYAG IEU RER MATH uiksilver T N O C N E /q R ebook.com .fr www.facacebook.com/ssx www.f
partenaire des
© 2012 Electronic Arts Inc. Tous droits réservés. ”2”, “PlayStation”, “PS3”, “Ó and “À”are trademarks or registered trademarks of Sony Computer Entertainment Inc. Trademarks are property of their respective owners. KINECT, Xbox, Xbox 360, Xbox LIVE et les logos Xbox sont des marques du groupe Microsoft et sont utilisés sous licence de Microsoft.
éditorial
TouT feu TouT femme À la rédaction de The Red Bulletin, on n’a pas hésité longtemps. un mois après un numéro très féminin – et très apprécié – il nous semblait opportun de poursuivre sur cette lancée, tant les femmes que nous aimons nous enchantent, nous ensorcellent et nous font (re)naître à la vie. la cinquième cuvée de la version française de votre mensuel préféré ne déroge pas à cette charmante volonté. la quarantaine séduisante, rien ne lui résiste. Pas même notre rédacteur en chef. chanteuse, comédienne et mère de trois enfants, charlotte Gainsbourg a bien grandi et s’affiche désormais devant son large public avec ses propres initiales et non plus comme « la fille de » dans une séance photos à couper le souffle, page 48. nous avons passé six heures avec celle qui est désormais une star planétaire. Madonna, héroïne du dernier super Bowl avec notamment une interprétation de Like a Thierry Henry, page 68 prayer et Music, Jennifer lawrence et Grimes sont aussi de la partie. dans un autre ordre d’idées, alexandra Vilatte déballe son sac, page 24, avant de swinguer à temps complet sur les golfs du circuit européen. ce cinq majeur devrait enflammer l’année 2012. histoire d’encadrer ces belles, The Red Bulletin a opté pour le trio Jean-Éric Vergne/thierry henry/ Blake Griffin. excusez du peu. henry nous a accueillis à londres avant de rejoindre les nY red Bulls, pour une saison de Mls qui promet, page 68, Charlotte Gainsbourg bien entourée. À sa droite, JeV ouvre les portes de l’usine toro Erik Turek, directeur artistique de The Red Bulletin, à sa gauche, Christophe Couvrat, rédacteur rosso à l’orée du premier GP de l’année, en chef de la version française de votre mensuel. dimanche à Melbourne, page 60, et le meilleur dunker de la saison nBa dévoile ses multiples talents sur les hauteurs de los angeles. enfin, nous avons le plaisir de vous inviter sur la page www.facebook.com/redbulletin. devenez fan et Téléchargez l’appli accédez au monde infini de The Red Bulletin. The Red Bulletin ! Photo de une et Photo : nicolas Guerin
« Le truc avec Arsenal, c’est que tu ne pars jamais vraiment de ce club. »
Votre rédaction
Retrouvez ce mois-ci en exclusivité sur votre iPad : Red Bull Stratos : dossier spécial avec des vidéos inédites sur le projet mené par F. Baumgartner Jean-Éric Vergne : dans les coulisses de Toro Rosso
3
LAUVELLE NO I L P AP N I T E L L U RED B
!
FRANÇAIS TÉLÉC HARGE
MENT
GRATUIT
Le 1er magazine français en version iPad : des articles d’un magazine hors du commun et des vidéos à couper le souffle.
www.redbulletin.com
LE MONDE DE RED BULL
SOMMAIRE
91
MARS
70
PHOTOS : THOMAS BUTLER, CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL STRATOS, PALANI MOHAN, JÖRG MITTER/RED BULL X-FIGHTERS, STEFANO CATTELAN, NICOLAS GUERIN, THOMAS HOEFFGEN, OSKAR KIHLBORG
08
48 68
38
60
EXTRA 08 RED BULL STRATOS 14 pages sur le projet pharaonique de Red Bull en 2012. Découvrez les coulisses de cette équipée spatiale
Bullevard 24 L’ACTU FRANÇAISE Retour en photos sur la soirée qui a suivi la victoire de Despres sur le Dakar 25 DANS LA TÊTE DE… La plus grande chanteuse pop de tous les temps, Madonna ! 30 HÉROS NATIONAL Michel Bourez nous a causé sur son surf. Le Tahitien mise beaucoup sur 2012 34 CORPS À CORPS Ivan Origone se met à nu 35 EXPOSITION Tim Burton est à l’honneur à la Cinémathèque de Paris
34
Action 38 HOLÎ FESTIVAL Prenez votre inspiration et sortez couvert dans le cadre du Holî Festival 48 CHARLOTTE FOREVER À 40 ans, Gainsbourg s'est gracieusement confiée à The Red Bulletin 60 LA NOUVELLE VIE DE VERGNE 24 heures avec JEV à quelques jours du premier GP de l’année à Melbourne 68 HENRY, DE LONDRES À NY Entretien exclusif avec « Titi »
PLUS
86 VOYAGES Winter Music Conference : rendez-vous à Miami à l’heure où le printemps sonne le glas de l’hiver 88 CUISINE Les secrets d’un chef ou une recette souvent épicée 91 ENTRAÎNEMENT Les conseils de Robbie Maddison 92 SORTIR Paris-Texas ! 92 DANS LES BACS Les bons contes de Grimes
70 ICE ICE SAILING Froids polaires, lacs gelés, show devant !
93 EXPRESS The Magnetic Fields
76 BLAKE EST MORTIFIÉ The Red Bulletin a rencontré Blake Griffin sur les hauteurs de Los Angeles
94 AGENDA Tour du monde des meilleurs plans Red Bull
Tous les mois 06 LA GRIFFE SIGNÉE KAINRATH 98 DANS LA LUCARNE
+
DE CORPS D’ESPRIT
96 FOCUS Événements à ne pas louper 98 PLEINE LUCARNE La plume d’Ono-dit-Biot enflamme votre magazine tous les mois 5
IllustratIon : DIetmar KaInrath
K a i n r at h
6
Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658
3 PISTES NOIRES APRÈS 2 TARTIFLETTES ?
RED BULL DONNE DES AIIILES. POUR VOTRE SANTÉ, PRATIQUEZ UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE RÉGULIÈRE Rendez-vous sur www.mangerbouger.fr
L’œuf de Felix
2 c’
est à Lancaster, en Californie, au beau milieu du High desert, soit environ 2 heures de route au Nord de Los Angeles, que bat le cœur de la mission Red Bull Stratos. situé près de la base-aérienne d’edwards, le siège social de Sage Cheshire, société experte en aéronautique, ne paie pas de mine. Cette appellation fait référence au Cheshire, le chat tigré de Alice au Pays des Merveilles. situés à la périphérie de la ville, deux hangars quelconques abritent Art thompson et son étonnante équipe d’une vingtaine d’ingénieurs. ils œuvrent à une mission dont l’humanité se souviendra. sans aucun doute. Textes : Werner Jessner Photos : balazs Gardi
8
L’élément essentiel de cette mission dite « stratosphère » est bel et bien la capsule. Elle représente l’ultime barrière de protection pour Felix Baumgartner contre un monde littéralement irrespirable où l’absence de pression extérieure entraîne, quasi instantanément, la mise en ébullition de l’eau dans le sang. Dans les quelques mètres cubes de la capsule se trouve un concentré de technologie jamais égalé lors d'épopées d’ordre civil. Seuls les exercices militaires et les fusées sont susceptibles de rivaliser.
Au sein de ce deuxième volet de la saga Red Bull Stratos, découvrez notamment la capsule - de l’intérieur comme de l’extérieur - ainsi que les secrets d’une technologie exceptionnelle. Prêt ? Embarquez…
PHOTO ADDITIONNELLE : CHRISTIAN PONDELLA/RED buLL STRATOS
Test grandeur nature
Credit:
Par -60° et une pression proche de zéro, l’eau contenue dans le sang se met quasiment à bouillir. Le simulateur permet de tester la capsule et la combinaison.
10
2.0 ProLoGue
PHOTO ADDITIONNELLE : CHRISTIAN PONDELLA/RED buLL STRATOS, JÖRG mITTER/RED buLL STRATOS
Credit:
engin spatial ou ballon ?
L
es plus grandes découvertes sont souvent le fruit du hasard. Malgré d’importantes fonctions occupées dans l’industrie aéronautique chez Northrop Grumman au développement de l’avion furtif B-2 et dans d’autres projets similaires de l’us Air Force ou de la NAsA, je reste toujours à l’écoute de ma muse, la technologie avec un grand « t ». Nous concevons, dans mon entreprise A2ZFX, des accessoires pour les productions hollywoodiennes. Vous pouvez notamment retrouver nos réalisations dans Batman, Die hard, X-Files ou Contact. Je connais Arnold schwarzenegger grâce au cinéma. il est devenu un ami. « schwarzie » était l’hôte des Taurus Stunt Awards il y a une dizaine d’années et Felix Baumgartner un des lauréats pour sa traversée de la Manche. Arnold me donne alors une carte de visite et me présente
Baumgartner. Je lui en suis très reconnaissant. Le courant passe immédiatement avec le base-jumper autrichien. un trimestre s’est écoulé lorsque je prends un avion pour Linz afin de participer à Art of Kart – épreuve au bénéfice de Wings for Life – dans laquelle je cours pour l’équipe américaine. Baumgartner est inscrit sous les couleurs de l’équipe autrichienne. Mais je ne me souviens plus du vainqueur... Nous nous croisons ensuite sur un circuit en Hongrie où Baumgartner fait quelques tours au volant d’une F1. Je rendais visite à des amis qui s’amusaient avec leur Porsche. Quelques jours après mon retour en Californie, le téléphone sonne. il est 18 heures. C’est Baumgartner. « Art, j’ai une question à te poser : si tu veux battre le record de Joe Kittinger, comment tu t’y prends ? » il me cueille à froid. « euh, Felix, il est 3 heures du matin chez toi ? » « Oui je sais, je rentre de chez ma copine. » C’est tout lui. Quand il a quelque chose en tête, il y pense sans arrêt. Le temps est alors venu pour moi de reprendre contact avec des amis d’une époque révolue. rick searfoss est le premier d’entre eux. C’est un ancien capitaine de la Nasa, ex-pilote Columbia et Atlantis, flanqué d’une expérience de pilote d’essai. depuis qu’il a pris sa retraite, il passe son temps dans diverses occupations dont celle de membre du jury au Ansari X-Prize, prix qui récompense la réalisation de la première navette spatiale privée. Mon deuxième coup de fil est pour un ingénieur. ensemble nous mettons au point deux croquis permettant d’envoyer un homme dans la stratosphère, c’està-dire à plus de 30 km d’altitude : le premier, classique, à l’aide d’une capsule hissée par un ballon, le deuxième consiste à utiliser un vaisseau spatial similaire à celui du lauréat du X-Prize. rick recommande l’acquisition d’une coque fabriquée par Scaled Composites et
Directeur technique du projet, Art Thompson revient sur la genèse du design de la capsule et ses diverses alternatives.
2.0 ProLoGue
Engin spatial ou ballon ?
d’un réacteur produit par XCOR, deux entreprises établies dans le désert des Mojaves et spécialisées dans la réalisation de navettes spatiales privées. Le montant des coûts nous donne le tournis. Aussi, cette option est loin de résoudre tous les problèmes. Nous devons éjecter Baumgartner hors de la capsule à 36 km d’altitude, refermer la lucarne et le ramener sur terre sans encombres.
Avec Baumgartner et red Bull, nous décidons d’un commun accord d’opter pour l’option dite « désuète », « romantique » et « classique », à savoir un ballon élevé à un niveau jamais atteint. 36 km est alors l’altitude maximale visée. Audelà, tout calcul devient très aléatoire. « À lui seul, notre ballon est aussi haut qu’une cathédrale ! Plus grand, l’engin devient impossible à manœuvrer. Personne ne devrait pouvoir faire mieux. »
Mélangeur d’air À l’intérieur de la capsule, l’air est composé d’oxygène et d’azote. Baumgartner en contrôle manuellement le mélange. La pression y est de 0,5 bar. La pression extérieure baisse au fur et à mesure de l’ascension. L’Autrichien doit régulièrement ajuster la pression en cabine.
12
2.1 Technique
La capsule
PHOtO AdditiONNeLLe : CHristiAN PONdeLLA/red BuLL strAtOs
L
a conception de la capsule Red Bull Stratos est évidemment soumise aux lois de la physique. La cabine de survie a une forme sphérique afin de limiter la notion de stress propre à Baumgartner. elle maintient une pression de 8 psi (0,5 bar) durant tout le vol. sa taille d’environ 183 cm de diamètre est due à la nécessité d’avoir une porte de 122 cm de long permettant à l'Autrichien, équipé de sa combinaison spatiale et de son parachute, de s’extraire avec aisance et en toute sécurité. L’idée initiale était de réaliser une sphère en carbone. elle doit rapidement être abandonnée. Par un froid extrême et en l’absence d’oxygène, une sphère en carbone se dilate. Ce sont également ce genre de conditions qui peuvent entraîner une sorte de contraction de la porte car elle est à base d’acrylique. On opte alors pour l’assurance tous risques : la fibre de verre. sobre et efficace, le mécanisme d’ouverture de la porte est très ingénieux. il permet de coulisser sur des rails de différentes tailles, fins en haut plus larges en bas. il s’en suit, assez logiquement, une inclinaison arrière de la porte de 10 degrés rendant l’ouverture de celle-ci plus aisée. Cette construction facilite aussi son étanchéité, uniquement assurée par une surpression sur un triple joint en silicone. si la pression chute à l’intérieur de la capsule, Baumgartner peut détacher un des tuyaux pour ventiler sa combi et exercer une pression sur la porte à l’aide de ses pieds. Combinée à l’air provenant de
sa respiration et expulsé par sa combinaison, elle aurait pour effet de rétablir la pression dans la capsule assurant ainsi son étanchéité. La capsule de survie est arrimée aux deux extrémités par des tubes en acier inoxydable. Ce matériau robuste et facile à travailler a depuis longtemps fait ses preuves aussi bien en Vtt qu’en stock-car. C’est le besoin d’espace supplémentaire qui donne à l’ensemble la forme d’une brick de lait. dans la moitié inférieure – partie sombre de la sphère – se trouvent six batteries de 12 volts chacune, spécialement conçues pour fournir de l’électricité à très haute altitude. elles sont entourées de polystyrène épais pour assurer leur isolation thermique. Cet espace réduit abrite notamment l’oxygène et l’azote. il est très important de bien comprendre que la capsule se décompose en deux parties bien distinctes. L’intérieur viabilisé de la sphère et l’extérieur, ne bénéficiant d’aucune protection contre la chute de pression atmosphérique durant l’ascension. La réalisation de la capsule exige une réflexion pointue quant aux choix des composants pouvant être utilisés. La zone tampon entre les deux parties de la capsule est la plus critique pour tout ce qui concerne câbles et circuits électriques. d’où la nécessité de minimiser les risques. Le cylindre installé au-dessus de la sphère abrite le cerveau des caméras. il est aussi performant qu’un 36 tonnes
installé en zone technique aux abords des stades pour les retransmissions de match de football (voir notre troisième et dernier dossier du mois consacré aux caméras page 19). Le bordage latéral est en polystyrène et d’une épaisseur d’environ 10 cm. il est recouvert d’un plastique rigide. Les éléments se démontent aisément. L’aspect extérieur de la capsule fait penser à un stand d’exposition. Plus de finesse dans la conception est ici inutile, l’extérieur n’étant pas affecté outre mesure lors de l’ascension ou de la descente en parachute. L’idée d’un bouclier thermique en céramique, à l’instar des navettes spatiales, n’est pas non plus pertinente. Comme vous pouvez le constater, toutes les possibilités ont été notées noir sur blanc. La progression de Baumgartner se fait à raison de quelques mètres par seconde. rien d’évidemment comparable avec la vitesse des fusées quittant la terre. L’amortisseur de choc situé en dessous de la capsule n’est pas visible. 50 centimètres de carton en nid d’abeilles sont censés adoucir l’atterrissage et éviter que l’ensemble n’explose en des milliers de débris sur des centaines de mètres à la ronde. Les premiers tests ont été très concluants : la violence de l’impact est mesurée à 6,8 G. dans ce cas précis, le parachute évidemment n’est pas de trop. Loin s'en faut. Car plus dure risque d’être la chute. Jusqu’ici tout va bien comme dirait l'autre.
La taille compte 122 cm : il s’agit du diamètre de la porte, soit juste assez pour que Baumgartner, équipé de sa combinaison et de son parachute, puisse s’extraire sans difficulté. Durant le vol, un mécanisme proche des ceintures de sécurité utilisées dans l'aviation commerciale est situé dans la combinaison. Il empêche l’Autrichien de s’étirer de tout son long.
13
Credit:
Chambre avec vue : en regardant par la fenêtre, Baumgartner profite d’un panorama saisissant situé 36 km plus bas.
2.2 inTérieur
Poste de pilotage
PHOtO AdditiONNeLLe : JÖrG Mitter/red BuLL strAtOs
«
n
ous ne voulons pas que Felix s’ennuie pendant son ascension », dit en souriant Marle Hewett, septuagénaire américain retraité et donc détendu. Le directeur du programme Red Bull Stratos en a vu d’autres : ingénieur en chef sur vols d’essai, pilote d’essai, à la tête de l’US Naval Academy Aerospace Engineering Departement, commandant dans la Navy et, comme Joe Kittinger, pilote de chasse au Vietnam. Autant dire que Hewett ne se laisse pas facilement impressionner. dans son domaine, il est plutôt habitué à ce que les choses soient bien huilées. sa seule présence dans l’équipe démontre le professionnalisme extrême de la mission. C’est le genre de type qui ne tolère aucun amateurisme. son avis sur Baumgartner est enthousiaste : « Garçon intelligent, capable d’apprendre, volontaire, performant, concentré, reconnaît-il. il est impressionnant en vol. On sent son expérience des hélicoptères. il est fait pour cette mission. » L’habitacle de travail de Baumgartner se décompose en des niveaux bien
Contrôle
Redondance
Baumgartner ne prend les commandes qu'en cas d'extrême urgence.
À bord, tous les systèmes électriques sont doublés et peuvent être manœuvrés manuellement ou à distance.
Par ailleurs, la détection d’éventuelles défaillances lui sera signifiée par l’équipe au sol. Il appliquera les instructions qui lui seront notifiées.
distincts, au sens propre comme au figuré (voir double page suivante). sa combinaison limitant fortement les mouvements, une bonne ergonomie de la capsule devient, de facto, crucial. Les premiers essais sont faits dans les règles de l’art. À l’intérieur d’un œuf en bois, on dispose un fauteuil de bureau et des blocs de mousse qu’on déplace dans tous les sens jusqu’à ce qu’on trouve une configuration viable, ergonomique et fonctionnelle. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que la réalisation à proprement parler commence. Bien que la mission Red Bull Stratos soit contrôlée dans son intégralité depuis le centre des opérations au sol, il est
Directeur du programme Red Bull Stratos, Marle Hewett a été pilote au Vietnam. Comme Joe Kittinger. Il a ensuite occupé des postes importants à l’US Navy et au sein de la NASA.
L’équipe au sol applique une check-list précise. La procédure de sortie comporte à elle seule 36 points. Le dernier se nomme « Jump »...
important que Baumgartner puisse, en cas d’urgence, prendre le relais du fond de son siège. Vous pouvez voir sur la page de gauche les boutons de commande du ballon. Baumgartner doit y avoir accès de façon très simple. idem avec la radio placée à ses côtés. À l’intérieur, tout est prévu en double. Le spécialiste allemand Riedel Communications assure la liaison entre le poste de contrôle et la capsule, partie vitale du dispositif en vue du succès de Red Bull Stratos. sur le grand caisson situé près de son genou gauche se trouvent 80 interrupteurs destinés à activer et désactiver l’ensemble des fonctions de la capsule. Ainsi, si l’une d’elles venait à ne pas se déclencher ou à fonctionner de manière inadéquate, Baumgartner pourrait alors intervenir directement et rectifier le tir. « Keep it simple » est un vieil adage inhérent au monde de la conquête spatiale. sans oublier d’avoir un plan B. Baumgartner est responsable à chaque instant. il est censé connaître sa position dans l'instant, la fonction de chaque interrupteur et avoir la capacité de les actionner les yeux fermés.
15
2.2
Mini-bar
Cinq gourdes vitales afin de lutter contre la déshydratation due à l’oxygène pur. En raison du poids de ma combinaison, je peux à peine les atteindre. Je dois allonger le bras droit au maximum.
inTérieur
Le poste de pilotage
Atmosphère
Mode d’emploi
C’est sur cette console que se trouvent les deux valves nécessaires au contrôle de l’oxygène et de l’azote. Il y a aussi les indicateurs du niveau de pression et de la composition de l’air dans l'habitacle.
Vous rêvez d’être dans la peau de Felix Baumgartner ? Prenez place à bord de la capsule. L’Autrichien nous présente ici les principales fonctions du cockpit. Il connaît évidemment par cœur l’emplacement de chacune d'entre elles ainsi que les attributions qui y sont associées. Baumgartner répète ces gestes des centaines de fois afin de parer à toute éventualité.
Sortie
Sans ce levier, pas d’échappatoire. Il libère instantanément le mécanisme d’ouverture de la porte fixé à ce verrou rouge.
16
Contrôle
Tableau de bord et rétroviseur à la fois. Les données qui s’affichent à ma gauche concernent la position du ballon. Sur l’écran voisin, je peux basculer d’une caméra à l’autre. Il y en a 9 au total.
Ballon
Les soupapes de contrôle du ballon se trouvent en haut à gauche (urgence uniquement). Elles sont protégées par des clapets pour parer à toute manœuvre involontaire. Si tout se passe bien, je n’ai pas à les toucher.
Interrupteurs
Ils sont disposés sur deux tableaux. Vous avez là 80 interrupteurs pour couper et alimenter à nouveau chaque circuit électrique. Je ne dois évidemment pas me tromper de bouton.
Radio
Pendant toute la durée de la mission, je suis en liaison permanente avec la station au sol. C’est Joe Kittinger – et lui seul – qui me parle. En cas de problème technique, la radio est heureusement prévue en deux exemplaires.
2.2 inTérieur
Poste de pilotage Juste au-dessus de ce complexe et impressionnant caisson de commandes se trouve un moniteur de contrôle rabattable sur lequel s’affichent les principales données de l’ascension du ballon. L’écran adjacent permet à Baumgartner de faire défiler les images des 9 caméras qui jouent ici un rôle important. elles compensent la perte de champ de vision liée au port d’une combinaison qui réduit fortement la mobilité de Baumgartner en dépit de trois miroirs situés dans la capsule, plus un dernier fixé sur l’extérieur de son gant. un espace pouvant accueillir une bouteille d’oxygène supplémentaire est prévu au sol, sur la gauche. elle a une autonomie d’une demi-heure en cas de défaillance totale des systèmes. Le levier de droite au sol sert à libérer la pression dans la capsule pour permettre l’ouverture de la porte. Celleci coulisse jusqu’à un clapet rouge fixé à la base du joint de la porte. il la retient pour éviter qu’elle ne se referme à cause des possibles vibrations liées aux mouvements de Baumgartner. Le contrôle de l’air se trouve sur la droite : deux valves permettent de réguler sa pression et sa composition. Baumgartner respire de l’oxygène pur. L’air qu’il expire dans sa combinaison et dans la capsule contient une grande part d’oxygène. en revanche, la composition de l’air dans la capsule ne doit pas dépasser 22 % d’oxygène. Au-delà, il y a danger. La moindre étincelle et la capsule s’enflamme. Afin d’éviter cette éventualité, Baumgartner injecte de l’azote. si un incendie se déclenche à bord, la seule solution est d’ouvrir la porte. La rareté de l’oxygène en haute altitude rend toute combustion impossible. Au sol, à droite du siège, on trouve des supports pour cinq gourdes, chacune dotée d’une paille pouvant être introduite dans le casque par un clapet hermétique. Le poumon humain respire l’air plus
18
Contrôle de l'altitude Deux altimètres situés à la droite de Baumgartner l’informent sur le déroulé de l’ascension. Au tiers de la montée, l’Autrichien est déjà plus haut que l’altitude de croisière des avions de ligne intercontinentaux. À 36 000 mètres, les soupapes s’ouvrent automatiquement et freinent le ballon. Ce procédé évite la trop forte pression présente dans cette atmosphère moins dense.
efficacement lorsque celui-ci possède un taux d’humidité de 100 %. L’oxygène pur déshydrate le corps à une rapidité dramatique. Les premiers organes touchés sont les poumons. Baumgartner doit boire en permanence. Mais ce qui rentre dans le corps doit aussi pouvoir en sortir... d’où l’installation dans la combinaison d’une sorte de tuyau relié à un réservoir placé sous les fesses de l'Autrichien. Le siège provient directement d’un camion de compétition. il est très apprécié pour sa stabilité dans le sport automo-
« Keep it simple », sans oublier d’avoir un plan B. Vieux dicton de la conquête spatiale.
bile américain. L’assise est allongée d’un demi-mètre pour permettre à Baumgartner de s’asseoir avec son parachute sur le dos. Le réglage longitudinal s’effectue à l’aide d’une poignée positionnée en biais à la droite du siège derrière le déverrouillage de la porte. il est nécessaire afin de faciliter la sortie en combinaison de la capsule. Qu’y a-t-il d’autre ? trois caméras (voir aussi pages suivantes) et un plafonnier stylé recouvert d’un tapis de Led bleues. Ce dernier point est une demande insistante de l’équipe de tournage afin d’améliorer la gestion par les caméras du contraste important de lumière entre le soleil qui se lève à 36 km au-dessus du sol et le manque de luminosité à l’intérieur de la capsule. « J’ai pourtant mis trois fenêtres, dit Art thompson en souriant. Aucune navette spatiale ne dispose d’une telle vue ! »
2.3 caméras À bord
n
lotre caméra principale est une Hd utilisable dans l’espace. Nous l’adaptons ici pour nos besoins. Les condensateurs classiques sont inexploitables dans la stratosphère. Nous devons donc les remplacer par des modèles spécifiques à la conquête spatiale. ils ne s’achètent pas dans une boutique au coin de la rue mais uniquement auprès des fournisseurs spécialisés de l’armée ou de la NAsA. Les réglages standards des caméras doivent aussi être modifiés. ils concernent le temps de fermeture du diaphragme, réduit à une mesure de temps classique pour éviter l’effet dit staccato comme, par exemple, dans le film Il faut sauver le soldat Ryan. Les images doivent être le plus naturel possible avec un mouvement réalisé dans des proportions normales. il y a à bord neuf caméras Hd dont deux à l’intérieur de la capsule. une face à Baumgartner, l’autre filmant par-dessus son épaule. elles permettent d’une part, aux ingénieurs de vérifier la sortie de Baumgartner, et d’autre part, de saisir des images spectaculaires. si le parachute vient à s’emmêler, l’équipe au sol peut le voir et prévenir l’Autrichien. deux caméras sont fixées sur la combinaison : l’une dirigée vers le haut, l’autre vers le bas. une GoPro est aussi scotchée autour de la poitrine de Baumgartner et le filme avec un angle de vue à 110° pendant la chute libre : important pour la dramaturgie de l’événement ! elle aide les spectateurs. ils pourront regarder Baumgartner derrière sa visière embuée dès l’ouverture du parachute. des caméras sont évidemment placées à l’extérieur. Je souhaite surtout insister sur celles qui se trouvent dans les boîtiers hermétiques en aluminium. dans chaque boîtier nous plaçons une caméra Hd, un appareil photo (une Canon 5D avec
un grand-angle de 14 mm) et une Red prenant des images en 4K que l’on peut projeter dans un iMAX. Le tout dans cet ordre. en termes de qualité de reproduction, la Red est ce qu’il se fait de mieux à ce jour. Nous modifions légèrement nos Red en y ajustant des objectifs reflex Canon. Les cylindres en aluminium occupent de la place. ils pèsent 55 kg chacun et peuvent résister à une triple pression atmosphérique. Nous y éliminons toute présence d’oxygène et d’humidité pour y mettre 100 % d’azote, indispensable afin d'éviter la buée. Ce sont surtout les Red qui produisent beaucoup de chaleur. Les ventilateurs ont besoin d’un air facile à re-
Jay Nemeth est le boss du département Images de Red Bull Stratos (film et photos). Il scrute tout ce qui vole depuis un quart de siècle et fait partie des rares détenteurs d’un certificat Zero-G, spécifiant sa faculté à travailler en apesanteur.
Triple objectif Disposées à l'extérieur, trois caméras, dont une HD et une digitale, immortalisent l’ensemble de la mission Red Bull Stratos. Soit le promesse d’images spectaculaires. En ascension, l’appareil photo se déclenche toutes les 10 secondes. Lorsque Baumgartner quitte la capsule, l’appareil se met à mitrailler sans interruption.
2.3 À bord
Caméras muer. L’échangeur de chaleur fonctionne à base d’éthylène glycol. La technologie utilisée ici n’a rien de révolutionnaire. elle est, par exemple, appliquée pour filmer le lancement d’une fusée du dessous. À ma connaissance, personne ne l’a encore testée à 36 km d’altitude. toutes les informations enregistrées par les caméras sont envoyées vers la partie supérieure de la capsule. Nous avons ici un concentré de technologie comparable à un véhicule de retransmission. Neuf enregistreurs Hd, neuf contrôleurs de prise de vue, des mélangeurs, des convertisseurs, un équipement audio, des ajusteurs de tension, des disjoncteurs, des appareils de télémétrie, de ventilation, le tout étant commandé à distance. Je crois
20
qu’il n’y a jamais eu autant d’équipement dans un espace aussi réduit. Le câblage est aussi une prouesse. L’unité de caméra est reliée au tableau de bord de la capsule à l’aide d’un connecteur 128 bit. Nous voulons éviter à Baumgartner l’exécution de cette tâche. s’il devait y avoir un problème avec le téléguidage, il doit être en mesure de se charger manuellement de la caméra. Nous modifions les commandes pour les déclencher à distance ou automatiquement dès la mise sous tension. Nous avons aussi prévu deux plans B car il n’est tout simplement pas envisageable de ne pas filmer le saut ! À elles seules, les 9 caméras génèrent trois tétraoctets de données. Nous divisons la capacité de sauvegarde par deux sans en compromettre la qualité (de 100 à 50 mégaoctets par seconde). Les disques durs conventionnels sont ici
Il n’est tout simplement pas envisageable de ne pas filmer le saut !
inutilisables. soumis au vide et à des températures extrêmement basses, ils ne peuvent pas fonctionner à l’extérieur de la capsule dans la stratosphère. Nous utilisons enfin des cartes mémoire flash (disque ssd). Voilà les secrets d’une mise en images qui pourrait décidément revêtir un caractère « hautement » historique. Retoruvez toutes les informations sur l’incroyable mission de Felix Baumgartner en cliquant sur www.redbullstratos.com
Banque de données L’équipement technique de Red Bull Stratos est aussi performant qu’un camion satellite. Il est situé sur le toit de la capsule. Les images génèrent 3 tétraoctets de données. Le débit de sauvegarde est réduit de 100 à 50 mégaoctets par seconde afin d’accroître la capacité de mémoire disponible.
Credit:PHOTO ADDITIONNELLE : SvEN HOffmANN/RED buLL STRATOS
3 Le mois prochain : dĂŠcouvrez le ballon avec lequel Felix Baumgartner va s'envoler dans les airs.
21
Bullevard Énergisant... à petites doses
Réconfortant Comment aider autrui ? En étant, par exemple, un as de la course à pied, du vélo ou de l’escalade.
LUTTER CONTRE PARKINSON À 24 ans, l’Américain Sam Fox court du Canada jusqu’au Mexique, soit 4 260 km au profit de la fondation de Michael J. Fox pour lutter contre cette maladie. www.runwhileyoucan.org
MISS LAINE L’artiste polonaise Olek, new yorkaise d’adoption, aime emballer. Avec son crochet. Son truc à elle est de sillonner les rues de New York armée d’un crochet et de laine. Surtout la nuit tombée. À 33 ans, Olek (Agata de son prénom) ne vise pas non plus les façades d’immeubles mais le mobilier urbain : caddies, statues voire voitures. Elle a aussi taquiné le crochet sur toute la déco de son appartement et se prête de bonne grâce à la confection de costumes pour ses amis. Cette nouvelle forme d’art de la rue est surnommée « Yarn Bombing ». Olek aime donner libre cours à son coup de crochet. « Si vous voulez savoir ce que mon travail révèle, tirez le bout du fil et vous verrez ! » Ses expositions sur www.agataolek.com
PÉDALER FACE À L’AUTISME En ce mois de mars, le Canadien Adam Biel monte sur son vélo en Argentine et en redescend 100 jours et 22 500 km plus tard, en Alaska. Les dons sont reversés à une fondation pour l’autisme. www.cyclepanamerica.com
Pas besoin de finir en caddie, Olek fait de son crochet un art de la rue.
LES IMAGES DU MOIS
UN INSTANT SVP !
ESCALADER POUR L’ENFANCE Les Suissesses Karo Steinberg et Jenny Staiger escaladent toutes les montagnes sud-américaines pour soutenir un groupe d’enfants des rues de La Paz. www.moun10ear.com
22
Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à : phototicker@redbulletin.com Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnante repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.
Costa Rica Au Red Bull Blast from the Past, il s’agit de surfer dans le style des années soixante-dix. Tony Roberts
Feu ! Attention, tir à balle réelle
ROCK’N’COMIC Courtney Taylor-Taylor ne roule pas seulement pour les Dandy Warhols.
RBMA : sessions en studio et DJ aux manettes.
PHOTOS : BEN SALVETTI, GREG CONSTANTAKIS, COURTESY MOUN10EAR, KARL GIANT, AGATA OLEK, JENNSTARR PHOTO DAN WILTON/RED BULL CONTENT POOL, IMAGO (2), GETTY IMAGES (1). ILLUSTRATION : COURTNEY TAYLOR-TAYLOR
Concevoir des beats à New York Fuir le quotidien et se retrouver en studio avec ses idoles pour élaborer tranquillement des sons, tel est le rêve de tout musicien. Grâce à la Red Bull Music Academy, il devient réalité. Depuis 1998, la RBMA parcourt le globe en faisant tous les ans une halte remarquée dans une métropole majeure (Le Cap, Berlin, Toronto, Madrid, etc.). La caravane emporte avec elle le must en équipement musical, le tout au service de soixante musiciens venus du monde entier et particulièrement motivés à l’idée de frapper un grand coup devant des producteurs à la recherche de nouveaux talents. Mais il n’y a pas que des débutants. Carl Craig, pionnier de la techno, Marke Ronson ou Skream, le maître du dubstep, ont aussi œuvré. Ils jouent le jeu à fond en participant aux sessions en studio et aux discussions animées qui s’étendent du petit-déjeuner à l’aube. En automne, la Red Bull Music Academy s’arrête à New York, berceau du hip-hop. Vous êtes musicien, DJ, chanteur ou producteur (ou tout à la fois !), déposez votre candidature pour ce voyage unique (date limite : 2 avril). www.redbullmusicacademy.com
IVO KARLOVIC 251,4 km/h En mars 2011, pendant un double de Coupe Davis, le Croate (2,08 m) bat le record du service le plus rapide.
DENIS KULYASH 177,6 km/h Le défenseur a établi un nouveau record lors du AllStar Games russe de l’année dernière.
Le regard cool et la voix rauque, Courtney TaylorTaylor est connu comme étant le leader du groupe de rock américain Dandy Warhols. Il nous dévoile aujourd’hui une nouvelle facette de son talent avec cette BD située dans le Berlin sombre des années 70. L’intrigue se concentre autour d’un groupe fictif qui se retrouve pris entre deux feux. D’un côté, le groupe BaaderMeinhof, et, de l’autre, le gouvernement. Puis, soudain, le groupe disparaît. Comment vous est venue cette idée ? J’adore la musique allemande des années 70. Kraftwerk & co. J’ai ainsi découvert la Fraction
armée rouge. Quand je suis en tournée en Allemagne, je parle avec des témoins de l’époque pour mieux comprendre cette période. Qu’est ce qui a déclenché l’écriture ? J’aime les films hip-hop. Des types avec des flingues, des gangs et la police. De l’action pure ! Mais hormis Spinal Tap, où sont les bons films rock ? Je veux écrire un vrai film rock. Cela devient finalement une bande dessinée. Quelle est votre actu ? Le nouvel album de Dandy Warhols sort en avril. La guitare y est à l’honneur. Un Opus très différent de One Model Nation. www.onemodelnation.com
JASON ZUBACK 326 km/h Quintuple champion du monde de long drive, cet américain envoie des mines à plus de 300 km/h.
PHOTO GAGNANTE
St. Johann Franky Zorn (à gauche), en pleine action lors d’une course en Autriche. Félix Rioux
San Francisco Gary Bartz, saxophoniste de jazz, et Aloe Blacc, chanteur de soul, en jamsession sur la scène RBMA. Lauren Crew
Sydney Jorge Ferzuli, David Colturi, Steve LoBue et Blake Aldridge (de gauche à droite) en route pour les Red Bull Cliff Diving World Series. Dean Treml 23
B U L L E VA R D
Despres fait le show Vainqueur de son quatrième Dakar le 15 janvier dernier à Lima, Cyril Despres en a profité pour assurer le spectacle à la soirée organisée par Red Bull au Coloso de José Diaz, la plus grande enceinte du Pérou. Inauguré le 27 octobre 1952, ce stade de 39 305 places assises est rénové à plusieurs reprises, dont l’année dernière. Un match amical est organisé le 24 juillet 2011 entre les moins de 20 ans péruviens et leurs homologues espagnols. Cette année, 2 200 personnes étaient présentes pour féliciter Cyril Despres et Marc Coma, 1 et 2 cette année (53 minutes d’écart à l’arrivée). Ils ont chevauché leur bécane peu avant minuit et assuré un « burn » décapant sur scène devant une foule déchaînée et sous une sono crachant Highway to hell ! Les deux hommes se sont ensuite amusés à circuler à moto au milieu des invités. La fête s’acheva aux alentours de 5 heures du matin avec la Pachanga de DJ Hairo et le VJ Rafael Pereyra. www.redbull.fr
Vilatte, atout charme des Bleues.
VILATTE PREMIÈRE !
Nuit de folie pour Despres à Lima.
Amsterdam Les Studios Red Bull fêtent leur ouverture aux Pays-Bas en… musique. Arenda De Hoopluptat 24
Sourire ravageur, yeux malicieux et franc-parler affiché, Alexandra Vilatte sait ce qu’elle veut. À 29 ans, ce pur produit du RCF découvre le circuit européen le 22 mars prochain à Agadir. Sur le tard. C’est que Vilatte n’a pas chômé. Bac en poche – en dépit de la remarque de son prof de maths : « Semble avoir choisi le golf… » – elle dispute ses premiers Championnats du monde amateur en 2002 aux côtés d’une certaine Gwladys Nocera. « Là, j’ai senti que j’avais le niveau. » Parallèlement au golf – premier parcours scratch à 15 ans et numéro 1 européenne chez les amateurs en 2005 – elle suit des études de pharmacie afin de « revenir sur le marché avec une expérience », si ça se passe mal. « De 2007 à 2010, j’ai décroché du golf pour faire pharma. Mais je ne pensais
Oslo Lors du Red Bull Sparkstøtting Supercross, les équipes dévalent le Grefsenkollen à toute allure. Gali Anikeyev
qu’au golf, dit-elle. J’ai logiquement redoublé. » Désormais professionnelle, Vilatte peaufine le foncier tout l’hiver. « Gainage, haltérophilie, il y a du résultat, reconnaît-elle. J’ai gagné en longueur de balle (elle drive en moyenne à 220 m, ndlr). » La Parisienne joue beaucoup avec le corps. Il y a « peu de mains » dans son swing. Elle en aura besoin sur un circuit où il est nécessaire de terminer dans le top 20 final pour gagner sa vie. « Financer une saison revient à 35 000 euros, déclare-t-elle. Et puis les filles ne s’aident pas. Ça reste des filles avec des relations parfois compliquées. » Vilatte tentera aussi de suivre entre deux tournois les matches du… PSG dont elle est abonnée depuis 10 ans ! Décidément, cette fille a tout pour plaire.
Guadalajara La graine des futurs
champions de skateboard s’est réunie au Mexique. Miguel Angel Virgen Lopez, Red Bull Drenaje
TEXTES : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : LUIS ENRIQUE ROSSEL/2NIGHT.COM LIMA (2), IMAGO (1)
Elles sont 18 françaises sur le Tour européen de golf cette année. Focus sur Alexandra Vilatte.
b u l l e va r d
exploration
première dame
30 ans après son premier single, Madonna est toujours au top. À 53 ans, elle dirige un second film (W.E.) et sort un nouvel album intitulé MDNA. Who’s that girl ?
Ju stify My Love
Le mariage de Madonna et Sean Penn défraie la chronique. Il se consume en public et finit par un divo rce en 1989. Suite à cela, elle s’unit à nouvea u au réalisateur Guy Ritchie. Son compag non du moment est Brahim, danseur fran çais de 24 ans. « J’ai juste besoin d’avoir un petit copain dans la vie », dit-elle .
materia l girl
Bay City Mercy Hospital, Michigan, 7 h 05, samedi 16 août 1958. Madonna Louise Fortin Ciccone donne naissance à Madonna Louise Ciccone. Elle a cinq ans quand sa mère décède. Elle travaille dur à l’école, rejoint les cheerladers et n’a qu’un seul objectif : danser. Elle laisse tomber le lycée et file à New York. Elle crée un groupe, puis un autre, et finit par enregistrer seule un disque. Premier single : Everybody, sorti en octobre 1982.
dan cin g que en
On peut compter sur elle pour la qualité de ses clips. Les vidéos de ses chansons ont été réalisées par des cadors comme David Fincher, le réalisateur de The Social Network qui la filma pour Vogue et Express Yourself. Ses prestations suivantes n’en sont pas moins mémorables, comme sa transformation en corbeau dans Frozen ou sa danse en justaucorps rose dans Hung Up.
Into the Groov e
Madonna côtoie rapidement les sommets. Holiday, Material Girl ou Like a Virgin font un carton immédiat. En 1985, le jour de son 27e anniversaire, elle épouse l’acteur Sean Penn. La même année, elle brille dans son premier film Recherche Susan désespérément et devient la femme la plus célèbre au monde.
m o ne y m o ne
Madonna a effectué
texte : Paul wilson. illustration: lie-ins and tigers
Mu sic
La contribution de Madon na à la pop-music a été immens e. Une carrière longue de 30 ans est fréquente ma is la sienne ne se résume pas qu’à ses tubes. Elle s’appuie aussi sur un public fidèle. Elle est l’auteur des meilleures chansons des années 80, 90 (Vogue, Ray of Light) et 200 0 (Music, Hung Up). Pas de Madonna, pas de Girl Pow er, pas de Britney et... pas de Lad y Gaga.
Lik e A Vir gin
Hung Up
Hollywood
Son second film en tant que réalisatrice, W.E. (pour Wallis Edward, sortie prévue le 9 mai prochain) a été mal accueilli par la critique. Plutôt rare puisqu’elle est très pro dans ésespérément, Dick Tracy et Recherche Susan d Une ligue hors du commun. In Bed with Madonna est aussi considéré comme un des meilleurs films documentaires de type musical.
y
une douzaine de tournées mond iales. La tournée Sticky an d Sweet en 2008-09 a été la plu s importante avec 85 dates de concert dans 32 pa ys pour 3,5 millions de spec tateurs et une recette totale de 315 millions d’euro s. Si vous rajoutez à cela les 300 millions de disques v en dus, la gamine du M ichigan pèse un demi-millia rd de dollars. Au bas mo t.
En 1994, l’écrivain Norman Mailer s’est intéressé à Madonna dans un long portrait paru dans le magazine Esquire. Il écrivait en parlant de lui à la troisième personne (« Il y a 10 ans, Mailer se serait dit : Envoyez tout péter, en avant toute, Madonna sur mes genoux ! »). Il s’insurgeait aussi contre le safe sex et assimilait les clips vidéo de Madonna à de la poésie. « Je n’avais jamais pensé à ça », dira-t-elle.
Au fil des années, Madonna a su évoluer intelligemment et s’entourer des s et artistes à cteur rodu p la mode. Elle collabore notamment sur son nouvel album avec Martin Solveig. M.I.A. et Nicky Minaj ont a ussi travaillé dessus. Toutes les infos sur MDNA en tapotant www.madonna.com
25
b u l l e va r d
Dans Hunger Games, Jennifer Lawrence lutte pour sa survie.
à l’affiche
26
TExTE : fLORiAN OBKiRCHER. pHOTO : LiONsGATE fiLMs
jennifer Lawrence
Oscars, j’avais constamment peur de tâcher ma robe ou d’avoir des auréoles sous les bras (rires). Comment gérez-vous les choses aujourd’hui ? par bonheur, j’ai des gens qui m’aident dans le choix de mes robes. Quand je tournais des films indépendants, tout ce qui comptait était de bien connaître Dans Hunger Games, l’Américaine encore méconnue son texte. Je n’avais en revanche aucune idée de cette est époustouflante. The Red Bulletin a rencontré cette facette du métier : si tu portes une robe du couturier prometteuse comédienne tout juste âgée de 21 ans. A, dans ce cas le couturier B ne travaillera plus jamais avec toi. Alors tu finis par porter une robe qui ne En 2010, elle enthousiasme Hollywood pour te plaît pas juste pour éviter de froisser le designer. Date et lieu de sa prestation de jeune paysanne courageuse dans Une situation similaire à celle de votre rôle naissance Winter’s Bone. Jennifer Lawrence y tient le premier dans Hunger Games... 15 août 1990, Louisville, rôle, celui d’une adolescente s’occupant seule Complètement. J’ai dit au metteur en scène avant le Kentucky (États-Unis). de ses frères et sœurs ainsi que de sa mère, début du tournage que je me sentais un Parcours victime d’une maladie mentale. Le tout peu étrangère à ce nouveau milieu. Un À 14 ans, soit dès la fin au cœur du Missouri. Ce film lui vaut une peu comme une poupée à qui on met une de ses études secondaires (!), elle déménage nomination aux Oscars à tout juste 21 ans. petite robe et des talons. Le personnage à New York pour devenir Avec ce nouvel opus, l’adaptation du bestde Katniss vit un peu la même chose. actrice. Elle séduit les seller de science fiction Hunger Games, Comment vous êtes-vous préparée pour écoles de théâtre sans elle est en passe d’entrer dans le cercle très les nombreuses scènes d’action ? jamais avoir pris de fermé des superstars à peine sorties de Je me suis entraînée six semaines au tir à cours particuliers. l’adolescence. Lawrence incarne une fille l’arc. Rien de plus. pendant le tournage, Nominations Aux Oscars en 2010 de 16 ans, Katniss, dans une Amérique du j’ai mangé comme jamais. il le fallait, le dans la catégorie Nord post-apocalyptique. Le pitch ? Afin rôle était très physique. meilleur premier rôle de sauver sa sœur, elle participe à une On s’attend à ce que le film soit un Hunger Games pour sa prestation dans compétition de tir à l’arc située à miblockbuster, tout comme l’a été le besten salle le 21 mars. Winter’s Bone. Il s’agit chemin entre le monde artificiel de la télé seller dont il est issu. Êtes-vous prête de la deuxième plus réalité et l’univers des gladiateurs. pour une vie de star ? jeune actrice à avoir été nominée. C’est sûr, je me dis parfois que je ne pourrai plus aller Actualité The Red BulleTin : Avez-vous apprécié votre dans un bar sans avoir des paparazzis sur le dos. De Vient de terminer première année sous les feux de la rampe ? toute façon, je ne suis pas spécialement noctambule le tournage de Silver jennifeR lawRence : C’était assez bizarre au début, et je cherche toujours des excuses pour rester à la Linings Playbook aux surtout pendant les remises de prix. Je suis originaire maison. Et, après ce film j’aurai l’excuse parfaite : côtés de Robert de du Kentucky et là-bas les robes à 100 000 $ ne font « Désolée, je suis trop connue ! ». Niro et Bradley Cooper. Voyez la bande-annonce sur www.huntergames-lefilm.com Sortie en salle cet hiver. pas vraiment partie du paysage. À la soirée des
B U L L E VA R D
HIER ET AUJOURD’HUI
COUPÉ DÉCALÉ
LÉGENDAIRE LA VESTE PORTÉE PAR ROBERT LAWRIE, 1953 Everest, 29 mai 1953. Quand le NéoZélandais Edmond Hillary devient le premier homme à venir à bout du plus haut sommet du monde, il est habillé d’une veste conçue sur mesure par Robert Lawrie, équipementier londonien. Lawrie, lui-même grimpeur 28
expérimenté et pilote de course amateur, se lance dès les années 30 dans la production de chaussures de montagne et de matériel d’alpinisme. À l’époque, l’entreprise Lawrie Ltd. confectionne les vestes avec un coton en tissage serré. « Après la Deuxième Guerre
Mondiale, ce vêtement relativement imperméable et léger était à la pointe », se souvient Peter, le fils d’Edmond Hillary. Aujourd’hui, il a toujours sur lui cet exemplaire que son père portait dans l’ascension. www.aucklandmuseum.com
TEXTE : ANDREAS ROTTENSCHLAGER TEXT:
59 ans déjà ! Depuis Edmond Hillary et son expédition sur l’Everest, les coupe-vents ont bien changé. Les meilleurs alpinistes font désormais confiance à ceux « Made in Bavière ». Décryptage au fil du temps.
PHOTOS : ROSS BROWN, KURT KEINRATH
B U L L E VA R D
LÉGÈRETÉ LE MODÈLE ROPE DE SCHÖFFEL, 2012 K2, 23 août 2011. Gerlinde Kaltenbrunner réussit sa plus difficile ascension. Pas moins de sept tentatives sont nécessaires à l’alpiniste autrichienne pour venir à bout des 8 611 mètres du K2, sommet à cheval entre le Pakistan et la Chine. Ce dernier exploit
fait de Kaltenbrunner la première femme à avoir gravi, sans assistance d’oxygène supplémentaire, les 14 sommets de plus de 8 000 mètres. Sacré exploit. Pour le K2, elle avait sur elle la veste Rope fabriquée par Schöffel, équipementier bavarois reconnu.
Une veste imperméable et coupe-vent d’un poids inférieur à 400 grammes, en Gore-Tex Pro Shell 3-Couches (72 % Polyamid, 24 % PTFE et 4 % d’Élasthanne). Le modèle Rope est aussi disponible en version homme. www.schoeffel.com
29
B U L L E VA R D
HÉROS
BOUREZ EN POLE
Alors que la saison 2012 vient tout juste de débuter en Australie, Michel Bourez affiche ses ambitions : une finale WCT. The Red Bulletin a « leashé » le Tahitien.
Date et lieu de naissance 30 décembre 1985 à Rurutu (Tahiti) Taille, poids 1,76 m, 76 kg Meilleur résultat 2e Triple Crown 2011 Classements ASP 6e en 2011, 11e en 2010, 21e en 2009 Gains en carrière 350 630 euros Première victoire 12 ans Plus beau trophée Kaoriki, né le 9/01/12
30
: Vous restez sur une fin d’année 2011 sur les chapeaux de roue… : Finir 6e mondial grâce à ma 3e place à Pipeline m’a rendu fou ! J’ai tout fait pour terminer l’année dans le top 10. Quels sont vos objectifs pour 2012 ? Me maintenir dans le top 10 et me rapprocher du top 5. J’espère aussi faire une finale. J’ai l’expérience pour. Ce n’est pas gagné. Le niveau est élevé. Comment expliquez-vous ce contraste entre votre douceur et cette agressivité en session ? Je lâche toute mon énergie en surfant. Je me donne à 200 % et je mets toutes les chances de mon côté pour battre l’adversaire. Je change de comportement, je me transforme... Je veux dominer et non être dominé. Le fait d’avoir fait le WQS pendant 3 ans m’a donné la hargne pour réussir car c’est vraiment la jungle. Les surfeurs sont prêts à tout pour se qualifier en WCT. Lorsque je suis sur la terre ferme, je suis très
actif. Ma personnalité donne cette agressivité dans l’eau. Il faut se battre pour obtenir ce qu’on veut. D’où vient ce surnom « The Spartan » ? De mes potes du circuit après avoir vu le film 300 (sorti en 2007). On a tous apprécié les scènes d’action. Je ne sais pas trop pourquoi ce surnom a atterri sur moi. Votre chute au Brésil l’an dernier face à Adriano de Souza est-elle votre plus grande frayeur ? Oui. Je suis tombé la tête la première dans le sable. La douleur était insoutenable. Je ne sentais plus mon bras gauche ni mon cou. Mes vertèbres ont été touchées. J’ai vraiment cru que l’année allait s’arrêter plus tôt que prévu. À quoi pensez-vous avant de vous lancer ? Il faut être dans sa bulle, bien lire le plan d’eau, choisir la planche la plus adaptée aux conditions et garder son calme. La moindre erreur peut être fatale. Que piqueriez-vous à Kelly Slater ? Sa lecture de l’eau. Il comprend mieux que quiconque ses mouvements. Il sait exactement quelle est la meilleure vague. Kelly les a toutes surfées. J’espère un jour atteindre son niveau. Vous l’avez déjà dominé. Que vous manque-t-il pour le battre tous les ans ? Il faudrait que je fasse plus de manœuvres aériennes. Kelly est bon dans toutes les conditions. Quand je
TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : BRIAN BIELMANN/RED BULL CONTENT POOL (2), JÖRG MITTER/RED BULL CONTENT POOL, ERICH SPIESS/ASP RED BULL, DDP, GEPA PICTURES
6e mondial en 2011, Michel Bourez fait désormais partie du gratin sur le circuit WCT.
B U L L E VA R D
VITE FAIT BIEN FAIT
Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.
Le Canadien Kyle Croxall (à gauche) était imbattable lors de la 2e étape de Championnat du monde Red Bull Crashed Ice à Falkenburg (Pays-Bas).
L’Américaine Lindsey Vonn a versé une larme après la 50e victoire de sa carrière, lors de la descente de Garmisch.
suis face à lui, il faudrait donc que je fasse des manœuvres auxquelles il ne s’attend pas. Il aime te battre à ton propre jeu. C’est le meilleur. Êtes-vous proche de Jérémy Florès ? Je m’entends très bien avec lui. On se connaît depuis plus de 10 ans maintenant. Il est très talentueux. On discute souvent. Pour quelle raison votre nom est associé à la Polynésie Française et non à la France comme les autres sportifs originaires des DOM-TOM ? Nous avons notre propre gouvernement et nous sommes considérés comme français. Nous avons aussi notre propre fédé de surf, nous sommes presque un pays. C’est pour cela que je porte PYF et non FRA. Mon passeport est français mais mon cœur est tahitien. Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. C’est une fierté d’amener la Polynésie Française au top niveau mondial. Quel est votre spot préféré ? Votre idole ? Teahupoo, le spot à côté de chez moi. Il y a une gauche hyper puissante, très dangereuse mais magnifique. Je n’ai jamais surfé une vague similaire sur le globe. Mon idole ? Mick Fanning, double Champion du monde et toujours aussi humble. C’est un exemple. Il sait d’où il vient. Il n’a pas de fierté particulière et reste sérieux toute l’année.
Lolo Jones est de retour. L’Américaine vise l’or à Londres après s’être imposée dans un 50 m à New York. Pékin est de l’histoire ancienne.
Sigi Grabner est le premier snowboarder autrichien à s’imposer dans une course FIS. À Gastein, il s’impose en slalom géant parallèle, après trois années de pause.
www.redbull.fr
31
B U L L E VA R D
FORMULE MAGIQUE
SNOW DEVANT
LE SCIENTIFIQUE* Surfer dans la poudreuse donne la sensation de planer. Normal. La présence d’air entre les minuscules cristaux de neige contribue de manière significative à la portance ou à la poussée verticale. Le surfeur doit cependant descendre relativement vite. L’astuce pour arriver à glisser comme sur coussin d’air consiste à réduire au maximum le temps de contact entre la planche et la neige. Finalement, c’est très simple. Prenons un exemple : un surfeur se déplaçant à une vitesse v de 15 mètres par seconde sur une planche longue de 1 mètre et demi obtiendra un temps de contact (t = L/v) d’un dixième de seconde. C’est la durée pendant laquelle est comprimée la neige sous la planche. C’est le poids du surfeur qui engendre cela. De ce fait, la pression de l’air sous la planche augmente, l’air ne pouvant s’échapper que lentement à cause de la neige. La pression atmosphérique élevée favorise la surélévation de la planche, augmentant ainsi la portance exercée. Pendant un court instant, l’air est prisonnier sous la planche. Des expériences montrent que l’air met environ une demi-seconde pour s’échapper de la neige poreuse. Lorsque la durée de contact est plus courte, cela permet à la surpression de se maintenir et d’alimenter jusqu’à 50 % de la portance globale. Trois facteurs déterminent l’intensité de la portance : la consistance et la composition de la neige, le rapport entre la largeur et la longueur de la planche, et le temps de compression. Dans la formule, a, b et c déterminent l’intensité des effets respectifs. La pression atmosphérique et la portance augmentent selon h²/K, h désignant ici l’épaisseur de la couche de neige et K la valeur de perméabilité de la neige. Celle-ci dépend de sa densité et D le diamètre des cristaux qui la composent. Les équations montrent que des cristaux de neige plus petits augmentent la portance. Plus la planche est large, plus l’air s’échappe lentement. La portance correspond de ce fait au carré du rapport W/L. En conclusion, la portance augmente avec le rapport de compression h²/h¹ (h¹ étant la densité de la couche de neige à l’arrière de la planche et h² celle à l’avant de la planche). LA PRO « Glisser dans la poudreuse est comme surfer sur l’eau, dit la Canadienne Marie-France Roy, 27 ans et pro de snowboard. Tu glisses et tu coupes. Plus la pente est raide, plus vite tu descends et plus tout devient simple. Mais avant cela, il faut maîtriser le positionnement du corps. Ceux qui débutent dans la poudreuse ont tendance à porter le poids du corps vers l’avant, ce qui a pour effet d’enfoncer la pointe de la planche dans la neige. Ils se retrouvent ainsi bloqués. Dès qu’on comprend le système et qu’on déplace son poids vers l’arrière, la spatule se relève et on se met à glisser… et c’est génial ! » Suivez cette reine de la glisse sur www.twitter.com/mariefranceroy * Prof. Thomas Schrefl est enseignant et chercheur à St. Pölten et Sheffield.
32
TEXTES : RUTH MORGAN, THOMAS SCHREFL. PHOTO : TONY HARRINGTON/RED BULL CONTENT POOL. ILLUSTRATION : MANDY FISCHER
Longtemps dénigrée par les skieurs, la technique du snowboard mérite un éclairage approfondi. Un scientifique, la Canadienne Marie-France Roy et ce croquis vous aident à y voir plus clair.
B U L L E VA R D
.Alis nullan euisim dolor ilisi erci ex er sent lutat aliquat il ut ut utpat nonsequi tatet nullaore digniametum vent aciliquam nullanirit, se feugait, conum irit velismod ea co
La formule scientifique peut impressionner. Sur la piste, place à l’action comme, ici, la Canadienne Marie-France Roy.
33
B U L L E VA R D
MON CORPS ET MOI
ORIGONE DÉTONNE
À bientôt 25 ans, Ivan Origone n’a qu’un seul rêve : déposséder son frère Simone du titre d’homme le plus rapide au monde sur une paire de skis. Dès ce week-end à Vars ?
Je chausse mes premiers skis à l’âge de 3 ans. À 7 ans, je débute en compétition. À 15, je suis mon grand frère au centre d’entraînement de ski de vitesse. On a 8 ans d’écart avec Simone. Bien sûr, notre métier est une grande source d’inquiétude pour nos parents. Mais le fait de nous savoir ensemble, nous soutenant mutuellement dans les situations difficiles, les rassure. Un peu…
LE PLUS RAPID E
À ce jour, mes plus grands succès sont le titre mondial obtenu en 2008 et mon record de vitesse de 250,7 km/h chez les juniors (2006). Mon principal objectif est de dépasser les 251,4 km/h détenus par mon frère Simone, quadruple Champion du monde de ski de vitesse. Un objectif qui ne l’enchante pas, mais les records sont faits pour être battus, surtout si ça reste en famille !
À LA LIMITE
Dans des conditions optimales, un skieur peut atteindre les 260 km/h. En France, la station des Arcs est l’endroit idéal. La piste est très longue et ne comporte pas de creux importants. En plus, elle est entièrement exposée au soleil. L’équipe organisatrice est très compétente pour adapter la piste aux descentes à grande vitesse. Je suis à Vars ce week-end. Pente maximum à 98 % !
INCO NSCI ENT
La peur ? Je ne connais pas ! Encore moins en compétition. Je ne crains pas la mort non plus, seulement les maladies graves. Je n’ai pas de préparation mentale spécifique. Mais j’ai une facilité de concentration et d’isolement avant la course qui m’aide beaucoup.
RI CH ES PR OTÉIN
ES Je pèse 78 kg. Dans ce spo rt, ne pas être trop léger est vital. En pér iode de compétition, suivre un régime stri ct m’est difficile. En période de préparatio n, je privilégie une alimentation riche en pro téines. En règle générale, je veille à l’équilib re entre apports en protéines, glucides et lipides. Ce que j’aime le plus ? La viande et les pâtes. Ce que je déteste ? Le pim ent. PEU R BLE UE
Je me suis déjà blessé à plusieurs reen s. prise L’accident le plus grave a eu lieu îneentra d’un lors ski 2009. J’ai perdu un it ment à Champoluc (Italie). La piste n’ava iné term J’ai . ction pas de filets de prote ma course dans la forêt à 140 km/h. éRésultat, trois vertèbres brisées, l’hum rus et une côte cassés, des contusions in. multiples et une micro fracture du bass J’ai mis un an pour m’en remettre come plètement, mais j’en garde une gross des eu j’ai l leque dans bras le sur rice cicat broches jusqu’à l’année dernière.
ME NTAL D’ACI
ER Courage et concentration sont les qualités principales du ski de vite sse. Le mental est le plus sollicité. De pui ssantes jambes et des bons abdos sont bie n sûr indispensables. Pour acquérir la con dition physique nécessaire, je fais des exe rcices de musculation où j’utilise uniqueme nt le poids de mon corps en raison de mo n mal de dos. ADRÉNALINE PURE Je suis un véritable accro à la vitesse. J’aime les voitures puissantes et les motos. J’ai récemment essayé une Ducati à Mugello. Une expérience géniale. Mais je suis aussi très proche de la nature et des animaux. J’aime faire du vélo et me promener dans la forêt avec mon chien Balu. Il faut savoir s’accorder des moments plus calmes. Calendrier et résultats sur www.fis-ski.com
34
TEXTE : ULRICH CORAZZA. PHOTO : STEFANO CATTELAN
SENS DE LA FAM ILLE
B U L L E VA R D
BURTON, L’EXPO !
TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTO : DEREK FREY. ILLUSTRATION : TIM BURTON COURTESY OF LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE
Conçue au MoMA, Tim Burton – L’exposition vient d’ouvrir ses portes à la Cinémathèque Française. Elle fait la part belle à l’univers du fantasque réalisateur américain. Le monde selon Burton vaut le détour. Son génie n’a d’égal que son imagination débordante. Ses œuvres bercent nos pensées et nous font retomber en enfance. Burton a su nourrir au fil des ans ses souvenirs, ces personnages réels ou fantastiques, dont le trait a souvent été accentué par ses couleurs poussées à l’extrême. À l’instar des films qui ont jalonné sa très riche carrière (Batman, Beetlejuice, Edward aux mains d’argent, Alice au Pays des Merveilles, etc.), Burton a toujours gardé un lien étroit avec les contes racontés aux plus jeunes. Son histoire débute au California
Institute of the Arts, fondé par Walt Disney en vue de former ses futurs artistes. Tout juste âgé de 21 ans, Burton présente son projet de fin d’études. Il décroche une place au département d’animation des Studios Disney et rencontre ensuite le directeur artistique Rick Heinrichs (oscarisé pour Sleepy Hollow, film réalisé par Burton en 1999). Burton et Heinrichs ont un véritable coup de foudre l’un pour l’autre. « Il est à tel point associé à mon univers que nous formons un couple comparable à celui de Dean Martin et Jerry Lewis, avoue Burton. Il a été capable
Burton aime Johnny Depp, Winona Ryder et Paris.
de matérialiser en 3D tous les dessins bizarres que je faisais. » Vous pourrez ainsi toucher du doigt un univers si fin, si délicat et aussi bon pour les neurones qu’un rêve sans limites. La ligne de conception des extraterrestres de Mars Attacks ! – proches de Planet 9 from Outer Space d’Ed Wood (1959) – est en bonne place. 2012, année Burton en France ? Deux films seront à l’affiche : Dark Shadows et Frankenweenie (animation).
Ce dernier est un remake en stop-motion de la version de 1982 dans un pays imaginaire du nom de New Holland. « Les films frappent à la porte de nos rêves et de notre subconscient, glisse Burton. Cette réalité varie selon les générations et les films ont un impact thérapeutique, comme autrefois les contes de fées. » Tim Burton a tellement raison. Et puis, dans son coup de crayon, il y a comme du Basquiat. Courez ! www.cinematheque.fr
B U L L E VA R D
CHIFFRES DU MOIS
WINTER X-GAMES
Lancés aux État-Unis, les Winter X-Games regroupent les meilleurs riders la planète. Voici quelques clés pour épater la galerie cette semaine à Tignes lors de la seule étape européenne.
Créés en 1997 aux États-Unis, les Winter X-Games consacrent les meilleurs athlètes mondiaux en sports d’hiver freestyle. Ils ont lieu à Aspen (Colorado) depuis 10 ans. En 2010, les X-Games débarquent pour la première fois en Europe, à Tignes (14-16 mars). 150 riders venus des quatre coins du globe vont se disputer huit épreuves – dont certaines communes au ski et au snowboard – devant 8 000 fans !
Shaun White
Chas Guldemond
3
Mark McMorris
Les premiers Winter X-Games ont lieu en 1997 à Big Bear Lake en Californie. Ils comportent alors des épreuves d’escalade sur glace et de VTT sur neige. Cette annéelà, la Suédoise Jennie Waara claque un record à ce jour inégalé : elle s’adjuge 3 médailles : l’or au Snowboard-Cross, l’argent dans le half-pipe et le bronze au Slope Style.
100
Shaun White ? C’est Monsieur X-Games. À ce jour « The Flying Tomato » possède un palmarès incomparable avec 12 médailles d’or, 3 d’argent et 2 de bronze. Cette année, le Californien récidive en Snowboard Super Pipe. Pour la première fois de l’histoire, il s’impose avec le score de 100 points, tout simplement le maximum possible. « Cette session parfaite, je l’ai attendue toute ma vie », dit White qui bat du coup le record de 99,33 points établi par son compatriote Chas Guldemond lors des X-Games de Tignes en 2011.
Nate Holland Sébastien Toutant
6
En snowboard-cross, Nate Holland a joué de malchance aux Jeux Olympiques. Il termine 14 e à Turin en 2006 et 4 e à Vancouver en 2010. Mais il reste une référence aux X-Games. À l’exception de 2011 où il finit troisième, l’Américain décroche 6 médailles d’or entre 2006 et 2012 et détient toujours, avec cinq titres d’affilée, la plus longue série de victoires dans une même discipline.
1
Aux Summer X-Games de 2011 à Los Angeles, le freestyle motocrosser australien Jackson Strong réalise le premier frontflip de l’histoire. Cette figure lui permet de s’adjuger la médaille d’or de l’épreuve Moto X Best Trick. Cette année, l’Américain Heath Frisby reproduit cette merveille… mais cette fois en motoneige. Frisby dissimule jusqu’au dernier moment ses intentions. « Réaliser ce saut représente tout pour moi », dit Frisby, entouré de ses parents et grands-parents.
52
Alerte, ados en vue ! L’année dernière, le Canadien Sébastien Toutant, 18 ans, remporte, pour sa première participation, l’épreuve des X-Games Slope Style (Snowboard). Mark McMorris, 17 ans, monte sur la deuxième marche du podium. Le Canadien est l’auteur d’un triple backflip. Il s’agit seulement du deuxième athlète à le réussir après Torstein Horgmo. L’Américain Tyler Flanagan, lui aussi âgé de 17 ans, complète ce tiercé. Infos et vidéos sur www.tignes.net
36
TEXTE : ULRICH CORAZZA. PHOTOS : ESPN IMAGES (5), GETTY IMAGES (1)
150
Action
Haut en
COULEURS Depuis le 8 mars dernier, les Indiens sont en fusion. Le Festival Holî bat son plein et rassemble le pays entier, soit plus d’un milliard de personnes et une multitude de religions. The Red Bulletin y était en 2011. Immersion dans ce pèlerinage coloré et joyeux tout à la gloire de Krishna. Texte : Arkadiusz Piątek et Palani Mohan
38
Photos : Palani Mohan
Holî world Des villes inondées de couleur et des rues bondées. L’Inde est en effervescence. Nous sommes au début du mois de Phâlguna. Bienvenue au Holî, la fête des couleurs, une des plus gaies du pays. Les esprits malfaisants de l’hiver sont chassés, le triomphe de l’ultra-coloré sur le ciel gris et celui du bien sur le mal est célébré. Poudre et eau en grandes quantités sont des ingrédients indispensables. La ville de Nandgaon au cœur de la fièvre Holî. Certains protègent leur visage des jets de poudre. Et ils ont raison.
Action
la légende
Beaucoup d’histoires plus ou moins loufoques entourent l’origine du Holî. Parmi elles, celle de Krishna. Tout jeune Dieu indien, il jalouse le teint clair de sa compagne Radha puis demande, sous les conseils bienveillants de sa mère Yashoda, qu’on fasse peindre le visage de sa dulcinée. Tous les ans, ce geste est imité par plus d’un milliard de personnes. Qu’il s’agisse des hindous (ceux qui suivent la religion hindoue, ndlr), des musulmans (shiites, sunnites, ismaéliens, etc.), des chrétiens (catholiques, orthodoxes, protestants, etc.), d’adeptes du Zoroastrianisme, du Judaïsme, du Bahaïsme, des sikhs ou des bouddhistes, tous paradent à l’unisson. Sans oublier quelques croyances locales. Ci-dessus : un religieux célébrant Holî dans une tenue qui a visiblement pris des couleurs. À droite : des festivaliers sous une pluie de couleurs. En général, les couleurs éclatantes sont privilégiées.
40
purple rain Bollywood pourrait s’en inspirer pour une super production. Holî permet aux hindous d’oublier leurs tracas quotidiens pendant quelques jours. Le pays vibre à l’unisson avec une seule idée en tête : célébrer Krishna comme il se doit. Des couleurs comme le violet ont la cote dans une Inde toujours étonnante.
à la même enseigne Les règles sont simples. Tout individu s’aventurant dans la rue sera soumis à ce traitement particulier. Que vous soyez touriste ou résident, vous êtes logés à la même enseigne. Sans distinction aucune. Commerces et bureaux sont fermés pendant toute la durée des festivités. Celle-ci est comprise entre deux et seize jours en fonction de la région concernée et quelle que soit la caste, des Brahmin (la plus élevée) aux Shudra (le plus basse), en passant par les Kshatriya et les Vaishya. La couleur verte est souvent de rigueur. Elle symbolise le printemps qui approche et fête la fin de l’hiver.
Action
43
VrindaVan Célébré à l’origine dans le nord de l’Inde, le Holî est désormais fêté dans tout le pays. C’est une attraction pour les autochtones et les touristes. L’épicentre religieux se trouve à Vrindavan, ville sacrée située à trois heures de route de New Delhi. Selon la mythologie locale, Krishna y aurait passé une bonne partie de sa jeunesse. De nos jours, certaines couleurs y sont bénies. Ci-dessus : un style parfaitement discret. À l’origine, la poudre est à base de fleurs et d’herbe (Gulal). On utilise aussi aujourd’hui de la poudre artificielle. Attention, elle ne convient pas forcément à toutes les peaux. Page de droite en haut : avec leur sari, la tenue traditionnelle, les femmes se protègent des puissants jets de couleurs. Dessous : la marée humaine n’épargne pas les personnes âgées. Elles ne semblent pas s’en plaindre.
44
Des scènes A cd’étonnement, tion de recueillement ou de folie pure sont visibles de Mumbai à Kolkata et de Delhi à Pondichéry. L’Inde oublie ses contradictions le temps de quelques jours de fête.
PHOTO ADDITIONNELLE : CHARLIE MOHAN
H
abitué du Holî, Palani Mohan immortalise l’événement en 2011 pour la troisième fois : « Quand la fête est à son paroxysme, le mieux est de se laisser porter par la foule. Se frayer un chemin parmi la masse compacte devient impossible. Très vite, tu es couvert de couleurs, plaide-t-il. La poudre et les bombes à eau ne sont pas seulement lancées par ton voisin immédiat mais proviennent aussi des balcons et toits alentours. Les scènes de rue sont toujours identiques : de parfaits inconnus hilares se badigeonnent de couleurs à mains nues en lançant des cris pas forcement amicaux. La poudre se répand partout dans la caméra et dans chaque pore de la peau. À Vindravan, la foule en liesse n’a qu’un but : rallier le temple de Krishna, point névralgique de la fête. » Mohan a la chair de poule lorsqu’il se fait plus précis dans ses souvenirs. « Au loin, chants, applaudissements et trépignements de milliers de pieds sur le sol se font entendre. La foule vous emporte inlassablement en passant devant les vendeurs de rue qui proposent leurs colorants sur des tables déglinguées. Noyé dans la foule, je pénètre péniblement dans le temple. À l’intérieur, les nuages de couleurs semblent s’être intensifiés. Des nuages jaunes, verts et rouges s’élèvent et nous enveloppent. Le temple est bondé, confiné mais tous dansent les mains en l’air pour honorer Krishna dont le visage est dissimulé derrière un rideau que les prêtres soulèvent un court instant, déchaînant la foule un peu plus, sourit Mohan. Et même si vous n’êtes pas croyants, le moment est spirituel. Vous souhaitez vivre le Holî au plus près ? Trois conseils : portez de vieux vêtements, des lunettes de soleil et ne pensez pas que vous resterez hors d’atteinte ! »
Le Holî Festival 2012 a débuté le 8 mars dernier. Toutes les infos sur www.holifestival.org
Point culminant du Holî, le rassemblement au Temple Sri Nanke Bihari à Vrindavan. Poudre de couleurs, fleurs et pétales s’abattent sans discontinuer sur la foule.
Le photographe Palani Mohan, né à Chennai, voit régulièrement ses photos publiées dans les plus grands magazines. Ses derniers clichés ont pour thème les lutteurs traditionnels de Kushti, les conducteurs de pousse-pousse de Kolkata et le Festival Holî. 47
Action
« Il y a moins de liberté que dans les années 80. Ça s’éteint. Je trouve ça 48
Difficile de résister au charme sublimé de Charlotte Gainsbourg. Plus nature que jamais, la chanteuse-comédienne croque la vie à pleines dents.
Vêtements : Balenciaga Production : thierry Kauffmann styliste : cecile garnier coiffure : cyril laloue/Jed root maquillage : audrey gaultier/Box management retouche : la souris
50
Action
ennuyeux au possible » À 40 ans, charlotte gainsbourg semble avoir donné un sérieux coup de balai à une adolescence parfois mal vécue. La fille de Serge et Jane est devenue une femme à part entière, comblée par la vie professionnelle et trois enfants nés de son union avec Yvan Attal. the red Bulletin a passé quelques heures avec celle qui, aujourd’hui, est une icône planétaire. Texte : Christophe Couvrat
Photos : Nicolas Guerin
U
ne exigence, une seule. charlotte gainsbourg a demandé s’il était possible d’avoir une pièce au calme. dans un studio de la banlieue est de Paris, la comédienne-chanteuse (ou vice versa) apparaît… nature. sourire aux lèvres, elle se fige soudain lorsque le crépitement des flashes éblouit l’atmosphère. Puis se libère petit à petit. « Je suis lente », nous dit-elle plus bas. apparaît alors une évidence. entre L’Effrontée et Stage Whisper (son dernier album regroupant un live, des inédits et un dVd de la tournée), gainsbourg a conservé ce regard tendre, ce menton à la serge et ses cheveux longs. l’ado est devenue femme, mère de trois enfants dont Joe (huit mois) qui s’endort à poings fermés, à l’étage, dans cette pièce au calme, au moment où cet entretien commence. charlotte demande tout naturellement un thé. the red bulletin : Votre dernière production est particulièrement riche et personnelle… charlotte gainsbourg : oui, ça me tenait à cœur, car cette tournée était un gros truc pour moi. c’est un bon moyen de finir l’histoire. J’avais envie qu’il y ait autant d’image que de son, d’où le dVd. À mes yeux, l’image est aussi importante. Je voulais qu’il y ait d’autres titres inédits. Pas que le live. Ça fait trop longtemps déjà ! (sic) J’avais besoin d’apporter de nouvelles idées, de portes qui s’ouvrent
sur quelque chose de pas forcément prévu. À l’inverse de votre demi-frère Lulu vous ne reprenez pas les chansons de Serge sur vos albums, sauf en concert (Couleur Café dans le DVD Live)… Vous me parlez des chansons de mon père comme si c’était une obligation. Je ne fais pas ça. c’est normal de ne pas le faire. J’ai mon propre parcours… Il y a une ambiguïté chez vous. Vous vous protégez en permanence alors que vous avez une réelle identité. Elle ne demande qu’à émerger… mais je le vis bien ! J’ai l’impression que c’est quelque chose de très pesant. J’avais besoin de me protéger. J’en ai toujours besoin. le principal est que j’arrive à faire ce dont je rêve. J’espère que ça va continuer. Je n’ai pas besoin d’être plus exposée que ça… Dans cet album, il y a une chanson qui s’intitule IRM. Pour quelle raison ? c’est par rapport à un accident que j’ai eu. J’ai subi beaucoup d’irm et je voulais que ça fasse partie de l’album. À ce momentlà, ça, c’était mon quotidien. Ça me ressemblait. Je voulais que les sons qui m’avaient marquée soient présents. J’ai demandé à Beck (Connor Mockassin a aussi participé à l’album, ndlr) si l’idée lui plaisait et c’était le cas, donc on ne s’est pas privé. après, j’ai eu envie d’aller vers une direction qui me touche même si je n’écris pas les textes. on a passé cinq jours en studio à explorer différents éventails. Just like a woman est une reprise de Bob Dylan. Sacré pari ! toute la chanson porte un regard assez cruel sur les femmes. elle a été écrite par lui et chantée par lui. J’aime bien l’idée qu’une femme la chante. il y a une ambiguïté évidemment. il y a un côté absurde de la chanter en tant que femme. J’aime bien le décalage. là, en l’occurrence, ça me plaît car ce n’est pas très évident. Plus c’est difficile, plus vous semblez être attirée... Je ne place pas la difficulté là où d’autres la placent. elle est souvent imprévue. 51
Action
52
c’est plutôt tenter de me surprendre, de ne pas aller vers quelque chose de trop facile, là où je m’ennuierais. ce n’est pas que je vais vers des trucs difficiles, je ne suis pas comme ça et puis c’est très prétentieux de parler comme ça. Par exemple, ce qui est génial comme gymnastique c’est de passer d’un film à la scène. Plutôt comédienne ou chanteuse ? Je n’ai pas envie de choisir. J’aime faire les deux. Je prends énormément de plaisir dans ces deux domaines. Êtes-vous pleinement satisfaite ? ce serait affreux de le penser ! heureusement, on n’est jamais satisfait. Je trouve que je fais plein d’erreurs. Je ne suis pas contente de moi. Vous êtes exigeante… (Elle coupe.) oui, avoir envie d’atteindre un truc inaccessible, c’est mon but. c’est bien quand ça vous échappe. Qu’avez-vous réalisé de plus incroyable dans votre vie ? J’ai sauté en parachute. c’était une idée fixe. J’avais 19 ans et pas grand-chose à perdre. comme un défi, j’ai sauté et très mal sauté. Je me suis retrouvée la tête en bas, les pieds coincés dans les fils. Je me suis élancée seule dans le cadre d’un saut d’initiation à 1 000 m. les quelques secondes m’ont paru une éternité. défaire mes jambes de cet accoutrement, c’était assez
terrifiant. c’est un truc franchement bête que j’ai juste fait parce que j’avais une idée fixe. mais je n’ai pas du tout aimé cette impression d’être suspendue. c’était assez drôle de se mettre soi-même dans un cauchemar. en snowboard, je me casse une vertèbre et en ski nautique je tombe sur la tête, d’où une hémorragie interne ! ce sont des trucs extrêmes que j’ai fait malgré moi. Une question, trois possibilités : vous êtes la Sofia Coppola française, vous avez le charisme de Catherine Deneuve version 70’s ou bien la profondeur d’âme de Françoise Hardy ? Je ne pense pas en être là. c’est très flatteur ! il y en a une qui est de ma génération, c’est sofia coppola. on a en commun d’avoir un père célèbre. J’adore ce que fait françoise hardy mais je ne me retrouve pas dans la comparaison. deneuve, j’aime beaucoup mais je n’ai ni sa beauté ni sa carrière. on me dit toujours : « il faut arrêter de te déprécier ! ». Je ne me déprécie pas, j’ai l’impression d’être très lucide. Je n’ai pas fait des chefs-d’œuvre. J’espère que ça viendra un jour, mais pour l’instant je n’en suis pas là, même si Melancholia est très beau. Justement, avec le recul, quel est votre sentiment sur cette fameuse conférence de presse officielle de présentation du film au Festival de Cannes l’an dernier (Charlotte Gainsbourg était à la droite de Lars Von Trier, réalisateur de Melancholia, lorsque celui-ci déclare notamment « Je comprends Hitler » et s’embarque ensuite dans un monologue peu convaincant, ndlr) ? il s’embourbait… il y a des choses qui ne se font pas. mais je pense que ça a été monté en épingle. il a déconné, il s’est rendu compte de la gravité après coup. il a dit une grosse connerie. il est toujours dans la provocation. une conférence de presse le met très mal à l’aise. deux ans auparavant, il avait fait la conférence d’Antichrist (Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2009 pour Charlotte Gainsbourg, ndlr) et il était très mal.
Je ne l’ai jamais vu s’épanouir dans cet exercice. que ça dérape, ce n’était pas une énorme surprise. c’est quelque chose qui lui est très pénible. ce n’est pas forcément pour prendre sa défense… (Elle marque une pause.) en fait si. après tout ce qu’on a entendu, j’ai envie de prendre sa défense, je trouve ça grave ce qu’il a dit, mais je pense qu’il n’a pas dit que… (Elle ne termine pas sa phrase.) enfin, ce qu’il a dit est atroce. mais l’environnement était si particulier… Pourquoi aucun des journalistes présents ce jour-là ne s’est levé ? ce n’est qu’après que ça a pris des proportions incroyables. même nous, et ce n’est pas pour m’excuser, sommes très tendus à une conf’ de presse. que faut-il faire ? Partir ? dire qu’on n’est pas d’accord ? J’ai l’impression d’être prise en otage. Ça, c’est de sa faute. après, que ça prenne des proportions incroyables, je le laisse se justifier, s’il adhère à ses propos. Je ne pense pas ça ait dépassé sa pensée. Vous regrettez d’être restée muette ? non, je n’ai pas de regrets. Je suis comme ça, je suis lente, je n’ai pas réagi sur le moment, j’ai profité des interviews après coup pour comprendre. on parle là d’un truc qui n’a aucun intérêt (revenir sur cette polémique, ndlr). Qu’entendez-vous par « Je suis lente » ? ouais, je suis très lente à comprendre, à digérer les faits, à m’adapter. Je suis lente
« Je ne me déprécie pas. J’ai l’impression d’être très lucide. »
Action
dans ma perception des choses. Ça ne veut pas dire que dans l’exécution je le suis aussi. N’est-ce pas une façon de prendre du recul dans un monde où tout va de plus en plus vite ? J’aime bien prendre le temps. J’aime bien les silences parce que je ne suis pas adaptée pour l’efficacité. c’est un terme que je n’aime pas du tout. il y a quelque chose de très calculé, ultra-pro. Ça ne dégage rien de vrai. Je n’aime pas quand c’est efficace. Votre style vestimentaire traverse les décennies et reste une référence. Les femmes de tous âges veulent vous ressembler… moi, je n’entends pas ça, je ne suis pas au courant de ça. c’est très flatteur mais je l’entends d’une oreille et ça repart tout de suite. c’est très démesuré. J’ai besoin de vivre sans me regarder. souvent, on me demande de me regarder beaucoup, je préfère ne pas y prêter attention. Assumez-vous votre féminité mieux qu’auparavant ? (Direct.) oui, je me sens beaucoup plus à l’aise. Je regrette de ne pas avoir toute ma trentaine à refaire car ça devient facile. enfin ! Pourquoi ? c’est plus assumé. J’aurai mis 40 ans à savoir ce que je veux de moi, ne pas rêver à être quelqu’un d’autre forcément. Ça prend du temps tout ça, digérer ce qu’on est, se chercher un peu… Quel regard portez-vous sur cette ultramédiatisation qui vous colle à la peau depuis que vous êtes venue au monde ? c’était naturel en fait. Je vivais comme cela avec lui. Ça faisait partie de notre vie à tous les deux. il était plus facile pour lui de dire à un journaliste qu’il m’aimait que de me le dire. la vie publique avait autant d’importance que le privé. c’était sa manière de vivre les choses. il me l’a transmise… Je n’ai pas du tout le même rapport. J’ai voulu être très secrète et justement ne pas partager beaucoup de choses sur mes propres sentiments, garder ça privé. sans doute par réaction à toutes ces années où on se montrait beaucoup en famille ensemble. Je n’ai pas eu envie de montrer les miens. il fallait
« Il était plus facile pour lui de dire à un journaliste qu’il m’aimait que de me le dire. » que je garde beaucoup de choses secrètes. Ça n’allait pas avec ma personnalité de partager des trucs. J’ai commencé les interviews très jeune et les questions des journalistes étaient toujours sur mes parents, comment ils sont, comment vous vivez avec eux, etc. J’ai l’impression qu’on voulait rentrer dans mon intimité mais de manière très impudique. Ça m’a beaucoup gênée. très vite je me suis murée et je n’ai pas voulu parler de grand-chose. au-delà de ma vie de famille, je n’avais pas grand-chose à dire. comme actrice à 14 ans, je n’avais de point de vue sur rien. les interviews étaient un exercice très pénible. Petit à petit, c’est devenu possible. Si Serge avait été vivant… Je ne veux pas répondre à ce genre de question. Quel est votre point de vue sur le monde d’aujourd’hui ? Pas beaucoup de choses positives à dire… il y a moins de liberté que dans les années 80, moins de fantaisie. on est tous formatés, il y a moins de folie. Ça s’éteint. J’espère qu’on va se réveiller et qu’on aura moins ce côté bien-pensant. Je l’ai aussi et je trouve ça ennuyeux au possible. Auriez-vous aimé naître dans une autre famille ? ma famille a beaucoup de défauts et de qualités. comme toutes les familles. Je prends ce que j’ai. quand j’étais ado, oui, c’était le cas. J’avais envie d’être comme tout le monde, de passer inaperçue bien plus souvent. aujourd’hui, je suis heureuse de ce que j’ai. Infos, photos, vidéos, dates de tournée disponibles sur www.charlottegainsbourg.com
54
Action
L’homme de
GLaCe Cet homme a tout d’un illuminé. Wim Hof a su développer une extraordinaire capacité d’adaptation aux froids les plus intenses. Les scientifiques sont sous le choc. The Red Bulletin s’est laissé glacer par ce quinquagénaire néerlandais. Texte : Andreas Rottenschlager
E
Photos : Henny Boogert
ncore une fois, il étonne son monde. Les passants du Béatrixpark d’Amsterdam en sont bouche bée. Par un glacial matin d’hiver, Wim Hof, alors âgé de vingt ans, nage jusqu’au milieu de l’étang et pique à la verticale au fond de l’eau ! Une minute s’écoule, puis une deuxième. Une personne assiste à la scène et alerte la police. « Ils pensaient remonter un cadavre, raconte Hof. Moi, j’allais très bien. J’étais sagement assis sur le fond de l’étang. Je méditais. » Dans son appartement d’Amsterdam, Wim Hof reçoit, un thé vert dans la main. Malgré ses 52 ans, son T-Shirt laisse apparaître des pectoraux plutôt bien dessinés. Fort de 20 records établis dans le froid, la presse locale le surnomme « Ice Man ». 56
En pleine séance de méditation, Wim Hof n’a pas froid dans le dos : « On m’a traité de fou et de menteur », reconnaîtra-t-il plus tard.
Action
Il a gravit le Kilimandjaro torse nu, plongé dans des lacs gelés sans combinaison et couru plusieurs marathons pieds nus par -20°. « Tout le monde peut apprendre ce que je fais », dit Hof, malicieux, en ajoutant du sucre dans son thé.
feu inTéRieuR
La résistance au froid est le résultat de techniques respiratoires, de séances de méditation et de plusieurs années d’entraînement. En temps normal, quand la température d’un homme descend en dessous de 37°, le corps tire le sang des extrémités pour l’orienter vers le centre, entraînant un risque de gelure, voire de mort dans le pire des cas. Hof affirme pouvoir contrôler son système nerveux et sa circulation sanguine afin de maintenir une température du corps constante, même exposé à des températures négatives ou plongé dans l’eau glacée. Il appelle ce processus « contrôler le thermostat interne » grâce à une profonde méditation. Cela consiste en quoi ? En décembre dernier, Ice Man l’a démontré à New York. Pour son 20e record du monde, Hof s’installe sans combinaison dans un bassin en plexiglas et se laisse recouvrir jusqu’au cou par 700 kg de glace pilée. Le manteau l’enveloppe à même la peau. Le regard fixe, droit devant, Hof entre en méditation. Il inspire et expire de façon régulière sous l’œil de badauds attroupés autour de lui. Il n’a pas bougé pendant 1 h 52. Personne avant lui n’a fait mieux. Les assistants ont forcé le plexiglas pour permettre à Hof de sortir. « Quand j’ai froid, je visualise la chaleur dans mon corps. J’imagine qu’elle augmente à chaque inspiration tel un feu qui se propage. C’est un tour de force, une communication constante entre le corps et l’esprit, glisse-t-il tout juste revenu à l’air libre. Je ne sens pas le froid dans la glace mais si quelque chose me distrait et diminue ma concentration, alors ça peut devenir dangereux. Le froid se fait alors immédiatement ressentir. Dans ces cas-là, il n’y a pas des centaines de solutions. Je pompe la chaleur dans la partie du corps concernée ! » Hof a conscience que certains de ses propos peuvent sembler farfelus comme « un thermostat dans la tête » ou « un feu intérieur ». Malgré 30 ans de défi aux températures négatives, il reste sensible aux doutes qui peuvent être exprimés à son égard. « On m’a traité de fou et de menteur, peste-t-il. Vous ne pouvez pas vous imaginer toute la défiance que j’ai subie. » Ses détracteurs disent qu’il est avantagé par ses gènes. Influencer le système nerveux et produire de la chaleur 58
Wim Hof dans l’eau glacée d’un fjord islandais. « Je visualise la chaleur dans mon corps. Imaginez un feu se propageant à chaque inspiration. » Tout un programme.
par la pensée sont des choses totalement impossibles naturellement.
Homme de glAce
La quarantaine, mince, cheveux très courts et voix chaleureuse, le Docteur Peter Pickkers est chercheur au St. Radboud University Medical Center à Nijmegen au Pays-Bas. Lors d’un passage à la télévision néerlandaise, il avoue face
caméra le 18 avril dernier : « Nous avons des nouvelles extraordinaires. » Il parle de l’homme de glace. Le Dr Pickkers et son équipe ont testé la résistance au froid de Hof en le plaçant dans de l’eau quasi gelée pendant 80 minutes. Chose étonnante, alors que la température de sa peau chute de 28° à 5°, la température à l’intérieur du corps évolue peu, passant de 37,7° à 37,1°. Les mesures
Ice Man ou comment contrôler la production de cortisol dans son corps…
Action
Hof de soulAgemenT
« TouT Le monde peuT apprendre. un exempLe simpLe : commencez par resTer cinq secondes sous une douche froide. » montrent aussi que sa consommation d’oxygène double pendant le temps d’immersion dans l’eau glacée. Hof est immobile. Sa circulation du sang est celle d’un marathonien. Les scientifiques ont procédé à une autre expérience destinée à vérifier sa capacité à influencer son système nerveux. Ils lui ont injecté une substance biochimique, l’endotoxine censée créer un état grippal pendant une durée donnée. Ice Man doit combattre cela par la méditation. Dans le sujet télé, on voit Hof allongé sur son lit d’hôpital deux heures après l’injection, des appareils de mesure branchés sur tout le corps. Mis à part de légers maux de tête, il déclare au médecin – déconcerté – ne rien ressentir. De retour au laboratoire, l’incroyable se confirme.
Hof a combattu l’endotoxine en produisant du cortisol, une hormone anti-stress. D’ordinaire, l’humain ne peut contrôler consciemment ce processus. La production de cortisol dans le corps peut être déclenchée dans des situations extrêmes comme se retrouver pris dans une bagarre de rue par exemple. Les médecins pensent que la technique respiratoire de Wim (hyperventilation suivie d’un blocage de respiration) pourrait justifier cette sécrétion. On y voit aussi le Dr Pickkers tout sourire contrastant avec un Hof en pleurs : « Les tests représentent plus pour moi que mes records, avoue-t-il. Mon activité n’est pas du charlatanisme. » On a tendance à le croire. Sa peau est marquée par le froid. Elle a souvent besoin d’être hydratée. Cet homme n’a rien de l’escroc notoire.
Un vent polaire souffle dans les arbres feuillus du Flevopark. Hof veut nous faire découvrir son nouveau coin de baignade. Une mare d’eau trouble à deux kilomètres à l’est du centre-ville d’Amsterdam, bordée de haies et d’itinéraires pour la course à pied. L’eau est ici à 3°. Plus tard, il ira piquer une tête. Évidemment, il n’est conseillé à personne de sauter dans de l’eau glacée sans préparation préalable et aptitudes physiques dignes de ce nom. Hof insiste. Il est persuadé que le commun des mortels peut y arriver en y allant progressivement. Petit à petit. « Prendre une douche froide tous les matins, dit-il. Commencer par cinq secondes et allonger le temps sous l’eau peu à peu. » Facile à dire, surtout en plein hiver. Hof organise des stages pour promouvoir sa méthode au plus grand nombre. Au programme, exercices de respiration et de concentration puis marche dans la neige... pieds nus. Cela coule de source. Ses stagiaires viennent du monde entier. Parmi eux, des sportifs de haut niveau. La judokate néerlandaise Elisabeth Willeboordse (médaille de bronze à Pékin et Championne d’Europe en 2005 chez les moins de 63 kg), en fait partie. C’est aussi le cas de Gökhan Saki, champion de kickboxing. Tous deux sont assidus et reconnaissent les bienfaits de cette méthode sur leurs résultats en compétition. « Notre corps peut endurer beaucoup plus qu’on ne le pense, précise Hof. Le froid est le meilleur moyen pour améliorer le physique et le mental. Il est impitoyable mais tellement juste. » Quand on demande à cet homme de glace quelle est sa première expérience du froid, il répond : « Ma mère était enceinte de jumeaux mais elle l’ignorait faute d’échographie. » Le 20 avril 1959, André, frère de Wim Hof, vient au monde. Quelques minutes plus tard, sa mère, tout juste remise de cette expérience, se remet à hurler alors qu’elle est sur un brancard sur le point d’être raccompagnée dans sa chambre. Les infirmières et médecins présents sont sidérés : Wim apparaît à son tour sans que personne ne s’y attende ! « Je suis né dans un couloir non chauffé entre la salle de réveil et la salle d’accouchement, préciset-il. Plus tard, les médecins m’ont raconté que j’aurais pu mourir de froid, là, dans une clinique impersonnelle et sans âme. Jolie ironie du sort non ? » Comme quoi, tout cela ne tient pas à grand-chose. Coaching glacial avec Wim Hof en cliquant sur www.innerfire.nl et sur www.youtube.com en tapant les mots clés « Wim Hof scientific »
59
15 h 05 ContaCt Les premières secondes d’un grand moment. Jean-Éric Vergne fait connaissance avec son baquet en fibre de carbone qui sera sa maison en 2012. Suspensions, pneumatiques, moteur, le reste de la Toro Rosso STR7 arrive plus tard.
60
ACTION
LA NOUVELLE VIE DE
VERGNE À l’aube d’une saison de F1 aux enjeux multiples, The Red Bulletin a passé 24 heures en compagnie de Jean-Éric Vergne entre Bologne et Rimini, au siège de Toro Rosso. Road-trip exclusif avec le Parisien, pressé d’en découdre dimanche à Melbourne pour le premier GP de l’année. Textes : Christophe Couvrat
Photos : Thomas Butler
61
ACTION
08 h 30 MaRatHon Arrivé la veille au soir à Bologne, JEV découvre le lendemain matin les installations de Toro Rosso à Faenza.
« Ça fait bizarre des réunions avec 40 personnes. avant, on n’était que 2 ou 3. »
L
a poignée de main est franche. Un mois qu’il attend ce moment. Débarqué de Roissy la veille au soir, Jean-Éric Vergne s’apprête, en ce 17 janvier glacial, à faire connaissance avec les employés de Toro Rosso. Ils sont répartis dans plusieurs bâtiments situés en plein cœur de la zone industrielle de Faenza, bourgade postée à égale distance de Bologne l’historique et Rimini la fêtarde. Enivré par les odeurs de Tavernallo jouxtant le parking visiteurs – distillerie de rouge local digne de l’âpreté du légendaire « La Villageoise » – le Français est donc accueilli par la saisissante poignée de main du patron de l’écurie italienne, Franz Tost en personne. Accompagné par Renaud Derlot, son « homme de main », JEV affiche la mine béate des enfants un jour de Noël. Yeux écarquillés, sourire indécrottable, le pas décidé, Vergne ne loupe rien de la visite des lieux et s’évertue à glisser un petit mot aux 250 salariés présents ce jour-là. « Ça fait bizarre des réunions avec 40 personnes, glisse-t-il. Avant, on n’était que 2 ou 3. C’est une pression positive. »
62
Tost l’a compris. Son poulain découvre un nouveau monde. L’Autrichien le rassure. D’emblée. Laurent Mekiès est son ingénieur en chef. Mekiès, au look tout droit sorti d’un défilé Dolce & Gabbana. Cheveux longs bouclés, barbichette sculptée, lunettes ultra-design, pantalon très straight, ce Français a déjà une douzaine d’années de F1 derrière lui, notamment chez Peugeot et… Minardi. Ça aide. Ici, il connaît tout le monde. JEV le suit, comme son ombre. « Tu vois, là, c’est la salle d’assemblage, à droite l’hydraulique et au fond le contrôle qualité », trace Mekiès, volubile à la vitesse d’une F1. La petite troupe s’attarde sur le contrôle qualité « super important » avec ce bras-laser articulé (le Faro), chargé de soigner l’aileron avant ce jour-là. En tout, « 16 000 pièces » (!). On est loin du garage de papa. « Il y a six ingénieurs de piste par voiture », précise Mekiès. Il faut bien ça. Vergne en prend plein la vue. C’est peu de le dire. Le moment clé de la journée approche. Le Français croque un morceau de banane, enfile sa combi et prend possession de la coque nue de sa F1. Il s’agit de mouler ce baquet qui sera sien cette année. Moment crucial et privilège exceptionnel pour un journaliste. La scène se déroule, en silence, sous les yeux de Mekiès et Derlot notamment. Mekiès est aux petits soins, détaille, explique et conseille Vergne, déjà assis… sans volant. Qu’importe. Le Français fait mine de
Vergne enfile sa combi et prend possession de la coque nue de sa F1. piloter, tourne les mains à gauche, puis à droite. Il se sent bien et ça se voit. Vergne enchaîne avec une série de questions techniques qui doivent rester secrètes. La pause déjeuner est plutôt bienvenue. Direction « La Tana di Lupo », fief de l’écurie et restau-musée voisin, en compagnie de Tost, Derlot et Giorgio Ascanelli, Directeur Technique de la Scuderia. Ascanelli en impose. Ancien de Ferrari et ex-confident d’Ayrton Senna, il a le regard froid et la ceinture abdominale rondouillarde. Ils sont peu nombreux à lui tenir tête. Assis face à lui, Tost règle
09 h 50 tIMInG SERRÉ Un des secteurs les plus importants dans une usine de F1 : le contrôle qualité. Les pièces de la voiture sont testées à l’extrême. Un indice inférieur à 100 % de satisfaction est considéré comme un échec. Patron de l’hydraulique et du contrôle qualité, Matteo Piraccini s’occupe des présentations. Ici, Romano Cai, ingénieur en mécanique.
09 h 52 aILERonS Au pas de charge, JEV fait face à l’assemblage des ailerons avant et arrière. Son intérêt semble certain, mais il ne se pose qu’une seule question : « Cela fera-t-il avancer plus vite la voiture ? ».
l’addition. Vergne se contente d’une « entrecôte-salade verte ». L’Autrichien, grand seigneur, passe devant nous et s’empare, là aussi, de la note. Sur le parking, il nous invite dans son Touareg, aux côtés de JEV, direction un énième entrepôt censé engloutir le développement exponentiel de Toro Rosso. « Il sera prêt d’ici la fin de l’année, plaide fièrement Tost. On a plusieurs bâtiments maintenant à Faenza. » En F1, la vérité du jour n’est pas celle du lendemain, c’est bien connu. JEV l’a bien compris et garde en mémoire ce jour de décembre 2011, inoubliable. « Comment ça s’est passé ? Helmut Marko (Responsable du programme développement des pilotes Red Bull, ndlr) m’appelle un matin de décembre et me demande : “Tu as envie de quoi en 2012 ?”. Je lui réponds : “De F1 !”. Et là il me dit : “Ok, let’s go for Formula One !”. Je n’y croyais 63
10 h 15 La RoUE toURnE Lorsqu’il visite les installations de Faenza en janvier dernier pour la première fois, le châssis prévu pour 2012 n’est pas encore dispo. JEV doit se contenter d’observer avec minutie la monoplace de l’année dernière. Ses meilleurs résultats sont deux septièmes places.
10 h 45 PREnEZ PLaCE La position exacte de JEV au volant de sa monoplace est étudiée en 3D grâce à la technologie CAD (à gauche). Le Français tient ici son premier meeting avec Andrea Landi, ingénieur de course.
64
ACTION
11 h DÉCoUVERtE JEV est intrigué par un écrou de roue de la STR7. Le Français apprécie explorer lui-même les différentes pièces de sa monoplace.
« Je ne sais pas si je suis très rapide mais j’ai été assez rapide pour aller en F1. » Nom Jean-Éric Vergne dit « JEV » Date et lieu de naissance 25 avril 1990 à Pontoise (Val d’Oise) Taille, poids 1,83 m, 70 kg Débuts en kart 4 ans Première compétition 10 ans Première victoire 10 ans (Champion de France minimes)
11 h 10 CHaUD DEVant
Premiers essais en F1 Abu Dhabi 2010 Palmarès Vice-champion Formule Renault 3.5 Series (2011) Champion de Grande-Bretagne F3 (2010) Champion de France Formule Renault (2008) Champion de France Formule Campus grâce à une bourse FFSA (2007) Vice-champion d’Europe de kart à 13 ans (2005)
Ce gros tube à fermeture hermétique permet de chauffer le carbone à de très hautes températures grâce à une forte pression (plus de 100°). La résistance des pièces est aussi testée.
pas ! ». L’information reste confidentielle pendant quelques heures. Puis, tout s’accélère vers 16 heures après un communiqué de presse publié par sa nouvelle écurie. « C’était dingue, mon portable n’arrêtait pas de sonner, on a fait le 20 h… » Vergne débarque dans la cour des grands. Histoire de s’accorder « une folie », il dîne le soir même dans un célèbre restaurant de la Porte d’Auteuil en compagnie de Derlot, Didier Poulmaire, son avocat, Philippe Lucas et… Camelia Potec, la nageuse roumaine coachée par Lucas. D’ailleurs, l’ancien mentor de Laure Manaudou en profite pour glisser des recommandations d’ordre « physique ». Vergne n’en a pas vraiment besoin, il connaît son corps, s’entraîne quotidiennement, maintient le cardio « au top » tout au long de l’année. « Il faut avoir un maximum de stabilité dans la voiture. Tout le corps doit être musclé le plus possible sans prendre trop de poids, concède-t-il. On ne s’en rend pas compte mais ça demande beaucoup aux abdos, au dos et aux jambes qui sont super importantes dans une voiture. »
Résidence Milton Keynes (Angleterre)
J
EV sait maintenant où il doit insister pour améliorer sans cesse l’acuité œil-mains-pieds, primordiale en F1. Cette trilogie, sorte de colonne vertébrale du pilote, doit être infaillible au dixième de seconde près, à une vitesse de 300 km/h, parfois proche des 5G. Il a mis en pratique cet adage sur la Toro Rosso dès 2010 avant d’en profiter à nouveau un an plus tard. « La monoplace n’a pas vraiment de défaut, précise-t-il. La Red Bull non plus. » Alors, où est la différence ? « Dans le détail. » Satané détail, source permanente de succès ou de raté ultime dans la quête permanente de vitesse. « Je ne sais pas si je suis très rapide mais j’ai été assez rapide pour aller en F1. Après pour gagner en F1, je ne sais pas… » Vergne retrouve Daniel Ricciardo cette année chez Toro Rosso. Les jeunes loups se connaissent depuis 2008, date de leur arrivée dans le Junior Team Red Bull, au jour près : « C’est sympa de se retrouver ici ! ». À 22 ans, Ricciardo vient d’achever une année de F1 chez HRT. Car, chez Red Bull, tout va très vite. « Le principe est
12 h 35 toSt RÉGaLE Jean-Éric Vergne est invité à déjeuner par Franz Tost aux côtés de Giorgio Ascanelli (ci-dessus), patron technique de l’écurie. Il a 25 ans de F1 derrière lui. JEV prendra une entrecôte-salade.
65
ACTION
L
orsqu’il se pose et regarde dans le rétro, Jean-Éric Vergne saisit le chemin parcouru, et il n’oublie pas. Adolescent, l’abandon est proche. La raison ? Médicale. « J’ai eu une hépatite médicamenteuse due à l’ablation de la vésicule biliaire, souffle-t-il. J’ai été hospitalisé à Barcelone et, pendant six mois, je n’ai rien fait. » Comme il n’est jamais meilleur que sous pression, le Français revient, encore plus fort. Sous les yeux de son père, chercheur en biologie de profession : « J’avais très peur de l’eau quand j’étais petit. Je râlais quand je devais prendre ma douche. Mon père m’a dit : “Apprends à nager et t’auras ton kart”. Il pensait être tranquille un bon bout de temps. Mais je suis parti dans le Lot chez mes grands-parents en vacances et j’ai su nager au bout de quelques jours. Mes parents ont ensuite tout fait pour que je réussisse, reconnaît-il. Mon père est parti de rien pour arriver aujourd’hui à la plus grande piste de kart d’Europe. » Le Racing Kart Cormeilles situé à Boissy l’Aillerie (95) a vu les premiers tours de piste de JEV sous les yeux d’un certain Jean Alesi, alors capitaine alors de l’Équipe de France mise en place par la Fédération Française du Sport Automobile. L’ancien pilote Ferrari détecte chez Vergne ce fameux potentiel, sorte de don inné pour la vitesse, nerf de la guerre en course auto. « Oui, Jean est un peu mon parrain. » Alesi a été un des premiers à féliciter celui qui ne se considère pas comme un fan absolu de… F1. « C’était mon rêve d’y être, c’est sûr, mais je ne regardais pas les Grand Prix à la télé, précise Vergne. Je me souviens quand même de la première image qui m’a marqué. Celle de Jacques Villeneuve, Champion du monde à Jerez devant Schumi (le Canadien est sacré le 26 octobre 1997 en terminant 3e de la course. L’Allemand sera 66
14 h 35 InGÉ CHEF La visite reprend. Au pas de charge. Laurent Mekiès est l’ingénieur en chef de JEV. Il sera le point d’encrage du pilote français pendant toute la saison.
14 h 45 DÉCRYPtaGE JEV se voit expliquer le choix des cloisons du châssis arrière. Une pièce comme une autre parmi les 16 000 en stock chez Toro Rosso.
Jeunes loups : Vergne et Ricciardo au révélateur VERGNE
RICCIARDO F3 BRITANNIQUE
13 11 20 13 43.3
Victoires Poles Podiums Meilleurs tours % de victoires
7 6 13 5 35
FORMULE RENAULT 3.5 4 4 9 1 23.5
Victoires Poles Podiums Meilleurs tours % de victoires
4 8 8 4 23.5
déclassé au Championnat du monde après avoir tenté de « balancer » Villeneuve dans le décor. Vergne avait 7 ans, ndlr). » Schumacher, roi incontesté des qualifs. Vergne, lui, apprécie aussi ces quelques tours couperets, véritables sudden-death de la F1. « C’est là que je me sens le mieux, quand je dois faire le meilleur temps et qu’il ne me reste qu’un tour pour y arriver. Ça me fait presque plus plaisir de faire une pole que de finir une course. » À Melbourne, Vergne veut « terminer ». Il sera rapidement question de « rentrer dans les points », voire de « faire un podium ». Tost le reconnaît. « Il est focus ». Le duo de Fuoriclasse Vettel-Vergne promet. « VV », mirage à l’horizon, mais déjà sur toutes les lèvres. Suivez Jean-Éric Vergne en 2012 sur www.scuderiatororosso.com et voyez les tours de piste de Sebastian Vettel en naviguant sur la version française de The Red Bulletin sur iPad
PHOTO ADDITIONNELLE : PETER FOX/GETTY IMAGES
simple. On te donne une feuille de conduite. Soit tu t’y tiens, soit tu ne fais pas partie des plans », détaille Derlot. JEV, lui, sait à quoi s’en tenir depuis fin 2007 et les tests Red Bull au Portugal, à Estoril. « On était une vingtaine de pilotes et ils en ont pris deux : Ricciardo et moi-même. » Dans ce même registre, Vergne savoure le retour au premier plan des Français dont il fait partie avec Charles Pic et Romain Grosjean. « On se retrouve sur les circuits, dit-il en dégustant une mandarine après 45 min de cardio. Mais on ne partira pas en vacances ensemble. » Secret de polichinelle. « C’est bien pour la France, avoue JEV. On est au top en rallye, chez les motoristes, il ne manquait plus que la F1. »
ACTION
15 h 00 DRESSCoDE Juste avant de sauter dans le baquet pas encore moulé de la STR7, JEV enfile la parfaite panoplie du pilote de F1. Une nouvelle vie commence.
15 h 15 PRÊt ? Combi enfilée, casque ajusté et gants chaussés, Jean-Éric Vergne s’apprête à attaquer une longue saison 2012.
Calendrier 2012 18 Mars : 25 Mars : 15 Avril : 22 Avril : 13 Mai : 27 Mai : 10 Juin : 24 Juin : 8 Juillet : 22 Juillet : 29 Juillet : 2 Septembre : 9 Septembre : 23 Septembre : 7 Octobre : 14 Octobre : 28 Octobre : 4 Novembre : 18 Novembre : 25 Novembre :
Australie / Albert Park Malaisie / Sepang Chine / Shanghai Bahrein / Bahrein Espagne / Barcelone Monaco Canada / Gilles Villeneuve Europe / Valence Grande-Bretagne / Silverstone Allemagne /Hockenheim Hongrie / Hungaroring Belgique / Spa Italie / Monza Singapour Japon / Suzuka Corée du Sud / Yeongam Inde / Delhi Abu Dhabi / Yas Marina États-Unis / Austin Brésil / Interlagos
CoUP D’EnVoI Depuis le 6 février dernier, Jean-Éric Vergne a multiplié les tours de circuit avec sa nouvelle monoplace. Le Français, ici à Jerez de la Frontera, a rapidement trouvé ses marques au volant de la STR7, en signant parfois un meilleur chrono que Sebastian Vettel. JEV peut désormais afficher une certaine confiance avant de sortir des stands dimanche à Melbourne.
Action
« J’ai envie de voir les Bleus gagner l’Euro » Après un intermède d’un mois et demi sous le maillot d’Arsenal, Thierry Henry attaque sa deuxième saison complète avec les NY Red Bulls. The Red Bulletin a rencontré « Titi » avant son retour aux États-Unis. Texte : Christophe Couvrat Photo : Thomas Hoeffgen
L
ondres, 6 février dernier. Accompagné par Darren Dein et Stuart Peters, ses agents, Thierry Henry arrive à la mi-journée dans ce studio photo de 300 m² s itué à mi-chemin de Camden Town et de l’Emirates Stadium. Celui qui a inscrit 229 buts en 375 matches sous le maillot d’Arsenal vise désormais le titre de Champion de MLS, une des rares lignes vacantes du plus beau palmarès du football français. The Red Bulletin : Thierry, qu’allezvous regretter le plus de Londres ? Thierry Henry : Dans ma carrière ou dans ma vie, je n’ai jamais rien regretté. Les choses qui doivent arriver vraiment arrivent. Ça te permet de grandir, de prendre une gifle et de pouvoir avancer. Après, le truc avec Arsenal c’est que tu ne pars jamais vraiment de ce club. Je revois le coach de la même f açon, Boro (Primo68
rac, ndlr), Pat Rice, le même hôtel... Le stade et les joueurs ont changé mais c’est un club familial. Et il n’y a pas que moi. C’est le cas avec d’autres anciens joueurs. C’est l’impact qu’a ce club. Vous êtes prêt à remettre ça en 2013 ? Il s’est passé ça voilà. Ce n’était pas prévu. Cela a été en aide et c’est tout (sic). Arsenal n’a plus rien gagné depuis 2004. Souhaitez-vous prendre la défense d’Arsène Wenger ? Il n’y a pas à monter au créneau. Quand tu gagnes, tu n’es pas aussi beau que ce que les gens peuvent dire. Quand tu ne gagnes pas, tu n’es pas aussi nul que ce que les gens prétendent aussi. Je joue depuis 17 ans. C’est de bonne guerre. Il y a un juste milieu à trouver. Dans le vestiaire, on l’a. Arsène est assez grand pour savoir comment gérer. Il connaît la règle du football (sic). C’est sa dernière saison avec Arsenal ? Je ne sais pas. Il faut lui demander. Vous semblez avoir pris sous votre aile Alex Oxlade-Chamberlain, la nouvelle star du foot anglais... Il est vraiment très bon. Mais on est une équipe. Le petit est en train de prendre… (il s’arrête). Il me fait penser à lui, à personne d’autre. C’est son nom. Il fait sa petite histoire. J’espère qu’il restera à Arsenal encore longtemps et qu’il pourra avoir une carrière qu’on n’oubliera jamais. Il peut être à l’Euro ? Je ne sais pas. Il faut demander au sélectionneur. Je ne suis pas coach de l’Angleterre. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il a de la qualité.
L’Angleterre et la France sont dans le même groupe. Vous supporterez qui ? L’équipe de France. Pour le reste, c’est un match comme un autre. J’ai envie de voir les Bleus bien jouer contre l’Angleterre dans les autres rencontres et gagner l’Euro. Avant, quand je jouais en sélection, ces matches-là étaient différents. Tu ne voulais surtout pas perdre quand tu jouais en club à Arsenal… Aujourd’hui, je ne suis que supporter. Quand tu joues contre l’Angleterre, t’as toujours envie de gagner. Qu’avez-vous envie de dire aux supporters des Bleus en vue de l’Euro ? Il faut être aux côtés de cette équipe. Ça va être difficile mais il faut y croire. Dans cette génération, il y a beaucoup de talents. En plus, avec « Lolo » (Blanc, ndlr) pour canaliser tout ça, c’est bien. Dans les compétitions qu’on a gagnées il y a eu des moments difficiles donc encore plus dans celles qu’on n’a pas gagnées. Être fier d’être français, revendiquer un peu tout ça... Ce n’est jamais évident de battre le pays organisateur même si dans l’histoire on réussit pas mal à l’Ukraine là-bas. L’Angleterre aussi nous réussit pas mal. Il y en a un qui a lancé sa carrière en Bleu face aux Anglais, c’est Nicolas Anelka (doublé à Wembley en 1999), désormais à Shanghaï… J’ai un énorme respect pour lui et sa carrière. Il va s’épanouir. « Nico » a montré ce qu’il savait faire. La MLS vient de débuter. Les Galaxy sont-ils toujours l’équipe à battre ? Oui, ça fait trois ans qu’ils sont solides avec deux finales à la clé. Il y avait vraiment une différence entre eux et les autres équipes. J’espère qu’on va pouvoir ramener quelque-chose à New York. Ça ne va pas être évident. Il y a Kansas, Salt
Lake, Seattle, Houston, Dallas, toutes des bonnes équipes, pas faciles à jouer. L’année dernière, à chaque rendez-vous international, on perdait cinq ou six joueurs. Il faudra être costaud et constant. Si une équipe doit nous battre, qu’elle nous batte mais au moins qu’on soit solides. Annoncé avec insistance au Paris SG cet hiver, David Bekcham est finalement resté sous le soleil californien… Il a une vie. C’est une bonne nouvelle pour lui. Il est content à L.A. Pas mal de gens parlaient pour lui. Votre coach à la Juventus Turin en 1999 était un certain Carlo Ancelotti… Ça me rappelle de très bons souvenirs. Je l’ai revu en Angleterre. C’est un bon mec, ça se voit. Quand tu vois les joueurs qui courent vers leur coach à Chelsea ou au Milan, c’est révélateur. www.newyorkredbulls.com
Paroles de fan Thierry Henry tient une place particulière dans le cœur des supporters d’Arsenal. Mark Airey lui voue un amour sans bornes. « J’ai donné à chacun de mes trois enfants un prénom intermédiaire avec la lettre T. Cela donne Emily T. Airey, Charlie T. Airey et Oliver T. Airey », explique-t-il. Et Henry T. Airey ? « Ma femme n’a pas voulu. »
Action
Des patins de 3,65 m de long, une voile de 5,57 m² de superficie : propulsÊ par la seule force du vent, ce bolide est le plus rapide sur terre sans utiliser de moteur.
70
Ice
Visages tuméfiés par le vent glacial, vitesses de 135 km/h à quelques centimètres audessus de la surface d’un lac gelé, bienvenue dans l’univers du Ice Sailing. The Red Bulletin s’est rendu en Suède aux Mondiaux. Texte : Arkadiusz Piątek Photos : Oskar Kihlborg
Ice sailing
Action
Q
uand on pose la question dans le monde très pointu de la voile, personne n’a idée de la ville où se déroulent les Mondiaux de Ice Sailing, sorte de chars à voile sur lacs gelés. Ça vous plante une discipline. Impossible de savoir donc avant plusieurs minutes de recherche. L’endroit a, en fait, changé à plusieurs reprises. « Ce sport est très dépendant de la météo. Nous cherchons des conditions optimales de vent et de glace jusqu’au dernier moment », explique Jörg Bohn, organisateur du mondial. Président de la fédération allemande de Ice Sailing, Bohn survole souvent les zones probables à bord d’un Cessna afin de repérer le meilleur emplacement. Cette année, l’exercice s’avère particulièrement difficile. Le lac de Müritz en
Le seul moyen d’avoir une visibilité à 180° est de garder la tête constamment relevée.
Allemagne n’est pas gelé et celui de Hapsalu en Estonie, censé être le plan B, est couvert de neige. Il reste la Pologne ou la Suède. Pendant ce temps, 185 pilotes de 18 pays rongent leur frein en attendant le « Go » officiel. L’option polonaise tombe à l’eau en raison d’un hiver trop rude. Les compétiteurs convergent des quatre coins de l’Europe vers la Suède afin de rallier la petite ville d’Örebro. « En Pologne, il faisait trop froid. Lancés à plus de 100 km/h par -22°, les plus résistants n’auraient pas échappé aux engelures », précise-t-il. À Bohn entendeur. On se demande tout de même ce qui motive ces aventuriers des temps modernes, curieux de se lancer à l’assaut de lacs gelés. La question est loin d’être injustifiée. Tout juste allongé sur son embarcation réglée au gramme près, le pilote n’a pas froid aux yeux. Températures
Dans le décor majestueux du lac Hjälmaren, 44 barreurs patientent par -15° sous les ordres du starter.
« c’est un sport pour les passIonnés… » négatives, déplacement à quelques centimètres au-dessus de la glace, vitesses de plus de 130 km/h, pas de harnais de sécurité, pas de freins. Tout un programme. D’autant qu’à cette vitesse-là, le moindre accident peut être fatal. « Cela procure un plaisir ultime, avoue Niklas Müller-Hartburg. Quand tu voles seul au-dessus de la glace dans un silence de cathédrale, tu entres dans un état de plénitude. C’est aussi un combat contre soi-même, la nature et les concurrents. De plus, il ne fait pas si froid, l’adrénaline tempère. » Devenu un des meilleurs mondiaux, Müller-Hartburg est responsable de projets dans le privé. Il est pilote sur glace depuis 26 ans et fait partie des 185 inscrits à la Coupe du monde. Ces derniers sont installés dans une petite baie du lac d’Hjälmaren près d’Örebro. Tous s’affairent autour des camping-cars, des voitures et des remorques contenant le matériel, les mâts sont hissés, les patins fixés et les voiles déployées. Des randonneurs se perdent parfois dans ce dédale, désorientés par la présence de tant de voiles dans le paysage enneigé. « Dans notre sport, il n’y a ni spectateurs, ni sponsors et ni chèque pour le vainqueur. Et c’est bien ainsi. Ça reste une histoire entre passionnés et idéalistes,
les individus en quête de célébrité sont ici bannis. » Müller-Hartburg aime mettre les points sur les « i ». Les compétiteurs sont issus de catégories socioprofessionnelles très diverses. Conducteurs de chantiers et entrepreneurs se côtoient. Ainsi, Christian Seegers est un avocat hambourgeois de renom, Pierre Bachelin, un médecin suisse orthopédique respecté, et Jeffrey Kent, un constructeur de mâts américain. Le doyen est âgé de 79 ans, le plus jeune a 17 ans. Les participants se livrent une farouche bataille pendant une semaine. Cette compétition est divisée en trois épreuves différentes. Selon le règlement, seuls les 12 premiers de chaque catégorie peuvent se qualifier pour le tour suivant. À ce petit jeu, les Polonais, traditionnellement puissants, les jeunes et forts Estoniens et les dangereux Suédois, qui jouent à domicile, sont les favoris logiques. En ligne de mire, une place dans la flotte d’or, sorte de Ligue des Champions de Ice Sailing. Avant d’en arriver là, 38 barreurs sont au départ, dont le polonais septuple Champion du monde Karol Jabłoński et l’Américain Ron Sherry, véritable icône de la discipline en dépit de deux « petits » titres mondiaux. Tous misent ici sur un duel serré entre les deux hommes. « Pour gagner, il faut trouver le bon équilibre entre mât, bordages, voile et patins, précise Jabłoński. Si un de ces quatre éléments foire, c’est foutu ! » La course se fait sur des chars à voile monoplace de classe DN. Long de 3,65 m, l’engin est habillé d’une voile de 5,57 m². Une alliance de trois patins (un de direction situé à l’avant et deux latéraux) crée cette machine de vitesse. « À 100 km/h, il est tout juste possible de maintenir le cap, avoue Lukasz Zakrzewski, numéro deux mondial. Tout mouvement de conduite brusque risque de produire un effet involontaire où le char se mettrait à tourner sur lui-même. Ce qui peut dangereusement projeter le barreur hors de sa monture. »
Les trois patins jouent un rôle primordial.
73
« Des éclats De char se sont répanDus. J’aI eu De la chance. »
En l’espace de quelques secondes, le char à glace peut atteindre sa vitesse de croisière. Le pilote doit alors faire preuve de dextérité.
Action
L’agitation qui entoure un rassemblement de pilotes est comparable au brouhaha inhérent au vacarme des stands dans un circuit de F1. Chacun s’affaire autour de son char. Il convient de choisir le choix des patins, le niveau de tension du cordage, d’établir le réglage du mât et de la voilure. La glace est recouverte d’une fine couche de neige. La surface n’est pas poreuse mais elle est très glissante. La plupart hésitent entre les slots – patins de 920 mm de long affûtés sur à peine 5 mm de large – ou des patins plus courts de 760 mm. Certaines questions restent souvent sans réponse. « Un vieux patin rouillé glisse parfois mieux qu’un autre, dit un pilote. Et personne ne sait pourquoi. » Puis, d’un coup, le silence est d’or. Flanqué d’une sympathique veste rouge à capuche, un starter se dresse devant la flotte et lève le drapeau. « Flag is up ! », s’écrie-t-il. Face à lui, un paysage impressionnant : 44 chars à glace alignés proue contre proue. Les pilotes, eux, se tiennent à côté. Chaussés de crampons, d’une combinaison de bobsleigh, d’un casque et d’un masque de ski, ils attendent le top départ. Une main sur le mât, l’autre sur le volant. Quelques pilotes font le signe de croix alors que d’autres sautillent nerveusement et respirent profondément. Le drapeau est baissé. Les barreurs piquent un sprint, poussent leur char devant eux sur une trentaine de mètres, encouragés par des « Go, Go, Go ! ». L’instant critique approche, celui où il faut sauter dans son baquet alors que le vent s’engouffre dans la voile et propulse ces machines à 50 km/h, laissant la ligne de départ loin derrière elles. Long de 1,8 km, le tracé, délimité par deux balises, est parcouru à trois reprises.
l
a puissance du vent exige du pilote une grande force de bras afin de pouvoir tenir la voile. Les muscles de la nuque sont aussi très sollicités. Et pour cause. Le seul moyen d’avoir une bonne visibilité est de garder la tête constamment relevée, le menton en avant. En guise d’entraînement, la plupart s’allongent sur le dos et regardent la télé ainsi. Karol Jabłoński, notre polonais septuple Champion du monde, s’entraîne, lui, en salle de musculation. Plus classique. « Il est impossible de tenir le coup pendant la course sans entraînement, précise le Polonais en habitué de la Coupe de l’America. Sans quoi ta tête retombe pour ne voir que le ciel. À 100 km/h, ce n’est pas franchement recommandé. »
Équipé de la tête aux pieds, ce participant polonais ne risque pas d’attraper froid.
La flotte met le cap sur la deuxième balise. Quelques minutes plus tard, c’est déjà la cohue. Attention danger. Il y a des règles de priorité mais la vigilance reste de mise. Les manœuvres brusques et risquées ne sont pas franchement recommandées lorsqu’on avance aussi rapidement sur un lac gelé à quelques centimètres de votre concurrent. Ce sport est dangereux. Les pilotes les plus chevronnés le savent. « Une fois, j’ai été éjecté du char, se souvient Jabłoński. Je m’agrippe au cordage et je glisse autour du char pendant qu’un pilote arrive derrière. Ses patins manquent mon visage de peu. Je ne veux même pas imaginer ce qu’il peut se passer s’il m’accroche. » Ron Sherry, notre idole américaine, a percuté il y a quelques années, à une vitesse de plus de 80 km/h, un autre concurrent. « En plein sur le côté, dit-il. Des éclats de char se sont répandus sur plusieurs mètres à la ronde. Heureusement pour moi, je n’ai eu que quelques égratignures. J’ai eu beaucoup de chance. » Même Jörg Bohn n’y coupe pas. Durant la dernière Coupe d’Europe en Estonie, un défaut de matériel lui est fatal. « Mon char se brise en deux net, alors que je suis sur le point de remporter une course qui aurait pu me permettre de remporter la course, dit le Commodore. Ces accidents restent rares. Dans l’ensemble, le Ice Sailing est un sport sûr. » En vue de la finale, tous les regards sont rivés sur Jabłoński et Sherry. L’Américain assure : « Il faut rester serein pour l’emporter. » Dans le premier des trois
rounds pour le sacre, la victoire lui échappe. Rapidement. Un mauvais choix de patins le relègue à une catastrophique 22e place, certes cinq rangs devant Jabłoński dont les patins « freinent plus qu’ils n’avancent ». Après cette première phase, les choses se précisent. Jabłoński s’affaire sur son char avec frénésie. Sherry, lui, hurle comme un veau. Ses patins fins Slippers semblent lui donner satisfaction à en juger par les cris de joie qu’il pousse dans les virages, souvent à la limite du tonneau. Dans sa fougue, il manque même de percuter Jörg Bohn en le doublant à l’intérieur. Victoire garantie dans cette manche d’autant que le Polonais abandonne. Net et sans bavure. Sherry ne s’impose pas à l’issue de la troisième course. Il termine 5e au final. Cela est uniquement dû à la malchance. « Pendant le sprint, un concurrent croise ma trajectoire, m’obligeant à faire une embardée sur la gauche. Résultat : une sacrée perte de temps. » Les favoris ne sont pas à la fête. Le barreur Polonais Tomasz Zakrzewski est logiquement sacré Champion du monde. Il s’est montré le plus régulier dans ses trois courses. S’il n’en gagne pas une seule, il termine deux fois deuxième et une fois troisième. « J’ai bien gêné mes concurrents. » Parallèlement à sa profession de trader, Zakrzewski donne un coup de main à son père dans l’école de Ice Sailing de Mikolajki, ville polonaise située à 200 km à l’Est de Gdansk. Ses cours seront dans doute plus onéreux à l’avenir. www.icesailing.org
75
Action
ThE
g riFFin show
La reprise de La saison nBa en décemBre dernier a mis entre parenthèses La carrière naissante d’un jeune premier nommé BLake Griffin. à queLques semaines des pLay-offs, The red BulleTin a suivi Le dunker fou et aiLier-fort des L.a. cLippers. Griffin a pLus d’un tour dans son sac. action. Texte : Josh Dean 76
Photos : Patrick Hoelck
Vous allez être surpris en feuilletant ces quelques pages. Ce n’est pas ici un énième portrait d’une star NBA…
Action
PEu dE JouEurs dE nba onT éTé auTanT déÇus Par lE lock-ouT quE blakE Griffin,
gamin de 22 ans natif de l’Oklahoma. Mais des circonstances contraires se sont mises en travers de son chemin. Griffin est la grande attraction de la draft NBA en 2009, choisi en n°1 par les Los Angeles Clippers, avant d’être victime d’une fracture de fatigue à la rotule dans un match de pré-saison. Une blessure qui va le tenir éloigné des terrains pendant toute une année. Début de carrière loupé avec lequel ce gaillard de 2,08 m pour 113 kg a dû composer. En 2010-11, pour sa toute première saison effective sous le maillot des Clippers, Griffin est élu Rookie de l’année et sélectionné au All-Star Game. Il y remporte le concours de dunks et devient le colosse le plus populaire de la NBA depuis un certain Dwight Howard. Avec une telle réussite, Blake Griffin est lancé comme un frelon. Idéal pour débuter une saison qui s’annonce des plus grandioses. Une joyeuse bande de millionnaires (les propriétaires de franchises) claque la porte à un groupe de types non moins fortunés qu’eux (les joueurs). C’est le désormais fameux lock-out. Au-dessus des salles vides rôde la menace réelle d’une deuxième saison foutue en moins de trois ans pour le kid d’Oklahoma City. À ses yeux, un jeune homme ne peut passer ses journées à manger, faire la sieste, jouer aux jeux vidéos et soulever des haltères. Dès lors, Griffin choisit une voie osée : changer de boulot. Pendant des semaines, Griffin colle des timbres, poste les enveloppes et use ses semelles sur les trottoirs de Los Angeles pour multiplier contacts et rencontres, CV en main ! Charmeur à souhait, il va tout tenter jusqu’à ce qu’on
[1]
Dans le petit monde d’Hollywood, Ferrel est incroyablement grand. Par la taille et par le talent. Évidemment, tout est une question de perspective. « Les gens disent toujours qu’il est très grand, affirme Griffin, mais en le rencontrant, j’ai vu qu’il ne faisait qu’1,92 m. C’est la taille d’un meneur de jeu au basket. »
lui ouvre enfin une porte. Celui qui a eu cette audace s’appelle Will Ferrell. Le comédien a sans doute eu de la peine pour ce drôle de géant au chômage. Entre hommes de grande taille, il convient de se serrer les coudes[1]. Il l’engage pour bosser sur son site décalé, Funny or Die, qui connaît déjà un gros succès d’audience. Un job non rémunéré mais un boulot quand même. Ainsi démarre la nouvelle vie de Blake Griffin. Attendez une minute. J’espère que vous ne croyez pas à ça. Enfin, si. Je veux dire que certains éléments de cette histoire sont quand même véridiques. Blake Griffin s’est effectivement blessé, il a aussi remporté tous ces trophées, il y a eu la grève en NBA et il a bien rejoint Funny or Die. Mais c’est à une autre personne que Will Ferrell a pensé pour tenir un rôle de benêt sur le site. Griffin a accepté la proposition et est devenu un membre de Funny or Die. Un stage qui n’a toutefois duré que quatre jours. « Trois en fait », précise Griffin en se marrant, assis dans un studio photo d’Hollywood. Il attend le meilleur moment pour nous révéler son étonnant nouveau job d’été. À cette période de l’année, aucune tractation ne semble possible entre les protagonistes pour mettre un terme à la grève NBA. Personne ne peut alors imaginer que, moins de deux semaines plus tard, on allait trouver une issue à ce conflit salarial – David Stern surnomme cette période « l’hiver nucléaire de la NBA » – et ramener illico les joueurs à l’entraînement dans leurs clubs respectifs. Dans ce studio photo où l’on croise la star des Clippers, la saison est, à ce moment-là, quasiment foutue. Vous auriez pu parier 1 000 $ que, si Griffin devait rejouer au basket en 2012, ce serait en Ouzbékistan ou dans n’importe quel endroit de la planète mais pas en NBA ! Griffin paraît plus jeune. Comme s’il n’avait pas fini de grandir. Il est élégant sur le parquet et dans son allure en dehors. Loin d’être maladroit, il affiche un calme désarmant à l’inverse de beaucoup de ces jeunes joueurs rouleurs de mécaniques. Un grand garçon innocent. À chaque dunk, il semble arracher le panier à son panneau comme rarement vu. Si plus rien n’allait pour lui, il resterait quand même l’une des plus jeunes stars bankable de la NBA pour ses seules qualités de dunker. Aux yeux de la plupart de ses supporters, il est le plus incroyable spécialiste du genre depuis Vince Carter. Une comparaison flatteuse qu’il écarte rapidement d’un revers de main. « Je ne suis pas digne de Vince. Il reste un des meilleurs dunkers de l’histoire. » Et aussi
PHOTO ADDITIONNELLE : GETTy IMAGES
Griffin dans son exercice favori. Sur une saison, ses stats prouvent que son jeu ne se limite pas à dunker.
son modèle. Quand il était enfant, le jeune Blake, avant de partir à l’école, ne ratait jamais le résumé télé des dunks du match de Carter joué la veille au soir. Mais ce n’est pas pour ses prouesses dans la raquette, ses qualités de rebondeur ou son talent pour bloquer les shoots adverses que Funny or Die l’a retenu, ni même pour sa présence dans l’ahurissante campagne publicitaire du constructeur automobile Kia ou son apparition dans les shows comiques de Jimmy Kimmel et Norm MacDonald. Cela n’explique toujours pas pourquoi il est là sur ce plateau, quelque part dans West Hollywood, portant un costume trop ajusté et un joli nœud papillon. Il a tout d’un mec drôle capable de jouer l’idiot sur commande. « Ce n’est pas vraiment un objectif, raconte-t-il quand on lui demande si c’est un choix délibéré de devenir un basketteur-acteur comique. C’est juste que j’ai toujours été comme ça. »
G
riffin a déjà affirmé son style. C’est un pince-sans rire, adepte de l’absurde, un professionnel imperturbable capable d’écouter des questions sans queue ni tête et de répondre de la même façon sans craquer ou se tordre de rire. « C’est la raison pour laquelle ça m’amuse, dit-il. J’ai une sorte d’humour tordu. Je crois que les choses les plus drôles sortent comme ça. Si vous cherchez à être comique pour répondre à une question alors c’est sûr que ça va sonner trop sérieux. » Par exemple, dans le Narrow World of Sports, série diffusée en ligne par Peter Mehlman, ancien auteur de Seinfeld, Griffin se demande si le fait d’être métis ne l’a pas conduit à en vouloir à la moitié blanche de sa personnalité qui a compliqué la vie de sa moitié noire pour percer en NBA. Griffin, d’une voix tranquille et pleine de regrets, admet que : « Oui, la nuit, je me réveillais en criant : Pourquoi ?
Pourquoi ai-je une moitié de blanche ? ». Dans un autre sketch, Ben Glieb, spécialiste de stand-up, rend visite à Griffin à son domicile et lui demande ce qui lui plaît en dehors du basket-ball. Encore une fois, Griffin répond du tac-au-tac. « J’entretiens mon jardin. Cela m’enlève du stress. Les plantes n’ont pas de problèmes. Juste besoin de soleil et d’eau. » Griffin est un comédien en apprentissage. Il consacre la totalité de son temps libre à cette nouvelle occupation. Il est sûrement le seul joueur NBA littéralement sidéré en croisant le scénaristeproducteur-acteur comique Judd Apatow qui sortait d’un dîner de famille. « Je suis resté planté là, à ne pas savoir quoi dire », reconnaît-il. Griffin admet aussi que ses programmes préférés à la télévision « ont toujours été les émissions comiques ». Avant qu’il ne mette les pieds à Hollywood, l’idée de se lancer dans la comédie, même à un petit niveau, ne l’a 79
Action
Portraits tirés : Blake Griffin au cœur d’un jeu de rôle que nous lui avons proposé...
Vous jouez au golf avec le Président Obama et vous voyez qu’il rapproche sa balle du trou sur sa ligne de putt.
Vous venez juste de heurter Timofey Mozgov, le Russe des Denver Nuggets, dans un couloir sombre de la fashion week alors que vous avez dunké sur sa tête pendant toute la saison.
« Mon PirE cauchEMar c’EsT quand lEs GEns sE PrEnnEnT jamais effleuré. « C’est juste trop top d’être là, avoue-t-il les yeux écarquillés. Je suis devenu ami avec des acteurs, des réalisateurs et des scénaristes et ça a bien pris. Enfin, je l’espère ! » Il semble évident qu’une des raisons pour lesquelles on apprécie tant la personnalité de Blake Griffin tient du fait que nous vivons dans un monde où la culture d’entreprise a fabriqué un stéréotype d’athlète souvent motivé par des sponsors, le club et ses proches (probablement dans cet ordre) à ne parler de rien d’autre qu’engagement, esprit d’équipe, persévérance. Ils sont peu nombreux à prendre ce genre de risque, oser se montrer sous un autre visage, de peur d’être la risée de la profession. Ils renoncent à être considérés comme des individus réfléchis et indépendants ayant plusieurs cordes à leur arc. La plupart des joueurs s’en accommodent. Regardez Gilbert Arenas. Agent 80
Zero a été le chouchou des journalistes en raison de sa personnalité excentrique jusqu’au moment où ce même comportement a fait de lui un paria en NBA. Il y a peu de chances, toutefois, que Griffin apporte une arme dans son casier (la raison pour laquelle Arenas a été suspendu alors qu’il joue sous les couleurs des Washington Wizards en 2010, ndlr). Si tel est le cas, ce serait sans doute un jouet qui déploie un petit drapeau sur lequel est marqué « Bang ! » quand on appuie sur la gâchette ! « Mon pire cauchemar, c’est quand les gens se prennent trop au sérieux. Quand ils estiment que ce qu’ils font est beaucoup plus important que ça ne l’est en réalité, jure-t-il. Le basket-ball nous fait vivre. C’est génial ! Je m’en réjouis et je le fais sérieusement mais cela ne me met pas sur un piédestal ou quoi que ce soit. » Évidemment, avoir une hygiène de vie
irréprochable reste aujourd’hui une condition indispensable à toute carrière de sportif professionnel. Surtout en NBA, lorsque vous avez 82 matches de saison régulière à disputer. Et, cette année, la saison étant raccourcie, le rythme est diabolique. Certaines équipes n’ont parfois que 24 heures pour se reposer. « Malheureusement ! », philosophe Griffin qui s’en retourne jouer au… tennis de table, pas très loin de là.
P
endant la durée de la grève et à l’exception de ces quatre journées de stage bien remplies sous l’égide de Funny or Die, le programme de Griffin ressemble à celui d’un élève de high-school pendant les grandes vacances. Se lever, aller à la gym, manger, faire la sieste, regarder la télé et puis « attendre les amis pour boire un verre ou aller au cinéma ».
Action
Vous lui rentrez dedans alors qu’il s’attarde sur votre petite amie.
On vient juste de donner un coup de pied aux fesses de votre chien à la plage.
TroP au sériEux. lE baskET-ball nous faiT vivrE. » Il y a aussi quelques pick-up games,, ces matches amicaux d’été dans des camps d’entraînement, réunissant traditionnellement stars de la NBA et amateurs à l’initiative des sponsors. La plupart du temps, Griffin se réveille en se demandant comment il va pouvoir occuper sa journée. « Je ne sais vraiment pas, plaide-t-il alors que, pour la première fois, son salaire NBA n’est plus versé le 15 du mois. Je dois jouer au basket. Si la saison est annulée, peut-être que j’irais à l’étranger. » Il y a peu d’enthousiasme dans sa voix. « Et puis il y a le tennis de table, bien évidemment. » Il est temps à présent de révéler la véritable raison de la présence de Griffin dans ce studio d’Hollywood. On le voit porter un short trop court, un serre-tête, un bracelet-éponge à chaque poignet et des chaussettes remontées au dessus du genou. Il a décidé de s’occuper en jouant
au tennis de table de façon très compétitive. Il est le premier athlète sous contrat avec Red Bull dans ce sport. « Je cherche à pimenter mon quotidien en permanence. Il me faut pour cela trouver quelque chose proche de la compétition, explique-t-il sérieusement alors que la caméra enregistre sa toute première interview de joueur professionnel de... tennis de table. C’est devenu quelque chose de très fort dans ma vie depuis que j’ai eu mon premier iPad, balance-t-il sans rire (la scène n’a pas été répétée). Cela a été le coup de foudre au premier regard. Finalement, j’ai acheté une vraie table de ping-pong il y a quelques semaines. » Fou rire général de l’équipe de tournage. Il fixe alors droit dans les yeux le regard de son interviewer qui lui demande d’imaginer le futur couronnement de sa carrière dans ce sport. « J’ai dit que gagner mon premier match à 22 ans serait 81
YEux riEurs, GriMacEs iMPrévisiblEs ET vrai TalEnT, blakE Griffin a TouT Pour fairE rirE. PrEsquE À sEs déPEns.
PHOTO ADDITIONNELLE : REX FEATURES. WARDROBE STYLING: TRACY JAMES. GROOMING: HELEN ROBERTSON / CELESTINE AGENCY. PROP STYLING: CHRISTINA JEFFORDS
a
Action
blakE Griffin éclaTE dE rirE dEvanT… FiLMs Dumb and Dumber (ci-dessous avec Jim Carrey et Jeff Daniels) : « C’est mon film fétiche », Serial noceurs : « Je l’ai regardé plein de fois », Anchorman, Sans Sarah rien ne va, I love you, man.
CoMéDiENs Louis CK, Bill Bird, Daniel Tosh, Neil Brennan
éMissioNs téLé Chappelle’s Show, n’importe quel spectacle de stand-up sur Comedy Central (« Je regarde les stand-up sur Comedy Central depuis que j’ai 13 ans. »)
HistoirEs DrÔLEs «Je ne suis pas vraiment à l’aise pour les raconter car elles sont toutes trop sales pour la plupart des oreilles.»
LEs JoUEUrs DE NBa LEs PLUs DrÔLEs Chris Kaman (« Il est hilarant – même parfois sans le vouloir »), DeAndre Jordan, Dwight Howard, Kevin Love.
énorme (il a 22 ans, ndlr). » On lui demande ensuite de décrire ses points forts. « Je crois que j’apporte quelque chose issu de l’athlétisme, de l’équitation et une part d’intimidation. » Savant mélange.
u
n peu plus d’une heure plus tard, il teste ses compétences face à l’une des meilleures joueuses mondiales, la magnifique sudcoréeenne Soo yeon Lee. Elle patiente sagement non loin de là dans la pénombre, moulée dans une impressionnante robe noire et en talons aiguilles. Griffin a-t-il vu son adversaire jouer ? « Je joue au plus haut niveau au basketball. Le ping-pong n’est pas très différent, répond-il. Pour être franc, je n’ai encore jamais disputé de match contre un vrai joueur avant de débuter sur le pro-tour. » Il joue le jeu ! Soudain Griffin arrache son micro et sort en trombe de la pièce. En se dirigeant vers la sortie, il dodeline fortement de la tête et vient heurter un panneau sur lequel est inscrit Watch your head. Quand je le retrouve quelques minutes plus tard dans sa loge, il est toujours en train de se frotter le crâne. « Ce fut un grand moment. » Je lui dis que c’est du vrai comique physique. Il rigole. « J’espère ! C’était le but recherché. » Griffin n’a pas démérité. Lee l’a atomisé mais les échanges ont duré et parfois ce fut même disputé. La star de la NBA et la top model ont vraiment joué le jeu. Ils se sont présentés dans des tenues ridicules devant les caméras. C’est dur d’imaginer Kevin Durant s’habillant de la sorte. Difficile de le regarder tourner son cou dans tous les sens, mimer des cris de dégoût ou le voir dans son petit short avec ce bandeau sur la tête sans penser à Will Ferrell. Cela ne veut pas dire que Griffin possède un talent comique certain mais il est très à son avantage dans son nouveau costume d’acteur. Comme sa carrière de pongiste a été tuée dans l’œuf, il reprend son boulot quotidien. La nouvelle saison – qui voit s’empiler 66 matches de saison régulière en 120 jours jusqu’à fin avril – a débuté à Noël 2011. Joli cadeau. Les joueurs ont repris l’entraînement le 9 décembre. Moins d’une semaine plus tard, ils disputent le premier des deux matches de pré-saison. Griffin semble soulagé. « Les joueurs méritaient sans doute un petit mieux, dit-il en évoquant l’accord signé avec les propriétaires. Mais ça fait partie de ces choses où vous devez faire des sacrifices. Nous voulions surtout jouer. » L’absence de pré-saison n’a pas été un gros problème. Il s’est habitué à ces
imprévus. Ses séances quotidiennes de travail physique, comme les traditionnels pick-up games d’été, lui ont permis d’être prêt. « Je suis tout proche de la grande forme même si je n’ai pas pu jouer. » Les objectifs de la saison sont clairs. Griffin veut aider les Clippers à participer aux play-offs. « L’année dernière était un peu bizarre. C’était ma première saison effective et j’ai dû apprendre les ficelles du métier. Cette fois, on a une belle carte à jouer. » Sous la houlette de Vinny del Negro, le duo Griffin-Chris Paul peut faire très mal. D’ailleurs, les Clippers ne quittent pas le quatuor de tête de la Conférence Ouest. À bientôt 23 ans (il les fêtera dans 48 heures, ndlr), Griffin, présent aux All-Star Game le 26 février dernier à Orlando, fait désormais partie des scoreurs les plus complets de la Ligue. Griffin se soucie désormais de sa réputation de déménageur des surfaces. Il ne fait rien pour que ça change avec notamment ce dunk stratosphérique face à Oklahoma, leader de conférence, le 30 janvier dernier sur le dos de Kendrick Perkins. Alors qu’on entre maintenant dans le vif du sujet, l’idée d’être surtout reconnu pour ses dunks le chagrine. Il a l’impression qu’on se trompe sur son cas. Pour lui, les joueurs qui récoltent des éloges dans ce domaine ne sont que de petits gars qui sautent comme des kangourous.
P
our un joueur de sa taille, il est étonnamment adroit, balle en main et dans le dribble. Flashback : l’an dernier, Griffin tourne à la moyenne de 22 points, 12 rebonds et presque 4 passes décisives par match. Il réussit une série de 27 doubledouble consécutifs (la plus longue pour un Rookie depuis 1969). Il devient aussi le premier Rookie à marquer au moins deux fois 40 points dans la même saison depuis un certain Allen Iverson en 19961997. Il est désigné six fois Rookie du mois dans la conférence Ouest. « Je devrais m’interdire d’être dans la zone de dunk pendant les matches », se marre-t-il. Au fond de la salle, on entend quelqu’un dribbler avec un ballon. Je lui demande ce qu’il fait. « On tourne des trucs pour des vidéos », dit-il. Puis, d’une voix basse, presque dans un murmure, il glisse : « Des dunks, pour l’instant… » Gageons qu’il souhaitera éblouir le Staples le 4 avril prochain pour le 3e derby de L.A. cette année au nez et à la barbe de Kobe Bryant (1-1 pour l’instant entre les Lakers et les Clippers). Une place en play-off est en jeu. www.nba.com
83
Contenu 86 VOYAGE Winter Music Conference 88 CUISINE Les secrets d’un chef ou une recette souvent épicée 91 ENTRAÎNEMENT Les conseils de Robbie Maddison 92 SORTIR Paris-Texas ! 92 DANS LES BACS Les bons contes de Grimes 93 EXPRESS The Magnetic Fields 94 AGENDA Tour du monde des meilleurs plans Red Bull 96 FOCUS Événements à ne pas louper 98 PLEINE LUCARNE
PHOTO : JOERG MITTER/RED BULL X-FIGHTERS
Robbie Maddison va retrouver le décor de Dubaï le 13 avril prochain dans le cadre de Red Bull X-Fighters.
PLUS
DE CORPS D’ESPRIT
+
MORE BODY & MIND
LES MEILLEURS PLANS DIURNES DE LA MUSIC WEEK 2012
#1 POOL PARTY Arkadia Poolside au Fontainebleau Hotel 4441 Collins Avenue Miami Beach, FL 33140 www.arkadiamiami.com Dans Goldfinger, James Bond y savoure un cocktail. Entre la façade voûtée de l’hôtel et la plage s’étend un impressionnant jardin avec une piscine de 3 700 mètres carrés. Pendant la Music Week, elle se transforme en club à ciel ouvert où officient des DJs comme Afrojack et Roger Sanchez.
LET’S GO LE BON PLAN DU MOIS
Welcome to Miami !
MIAMI MUSIC WEEK. Fin mars, les meilleurs DJs se donnent rendezvous à Miami. Préparez votre crème solaire et vos lunettes...
Si vous cherchez de la chaleur en hiver, deux splendides solutions s’offrent à vous. Rio et son carnaval, ou Miami et ses BPM. Comme chaque année, la crème des DJs et des labels branchés se retrouvent en Floride pour présenter leurs dernières créations. Une rampe de lancement pour succès estivaux garantis. Et, bien sûr, c’est la fête ! Dix jours non-stop pour les plus endurants (16-25 mars). L’ambiance est partout. À la plage, autour des piscines, sur les yachts et dans les meilleurs clubs de Miami. On comptait l’an dernier 403 événements, 1 400 apparitions musicales et plus de 300 000 fêtards ayant effectué le déplacement. Miami devient la capitale de la fête, un lieu magique où l’on croise ses DJs favoris autour du buffet au petit-déj’ de l’hôtel ou dans un taxi pour se rendre en soirée. Ils sont tous là, accessibles et d’une incroyable bonne humeur. Nous vous révélons ici les lieux fréquentés par les stars, les endroits où se relaxer et, bien sûr, ceux où le vinyle est un objet d’art. Dates de soirées sur www.miamimusicweek.com
86
#2 RÉSURRECTION D’UNE LÉGENDE Amnesia 136 Collins Avenue Miami Beach, FL 33139 www.amnesiamiami.com Avant sa fermeture il y a dix ans, l’Amnesia est la boîte la plus courue de la ville. En octobre dernier, Bob Sinclar redonne vie à ce club légendaire doté des meilleurs équipements son et lumière de Miami. #3 REPÈRE TRÈS TENDANCE Grand Central 697 North Miami Avenue Miami, FL 33136 www.grandcentralmiami.com Le type branché porte des lunettes remboursées par la Sécu, une barbe, une chemise à carreaux et il est fan des groupes underground – et ce bien avant que le commun des mortels en entende parler. On le retrouve au Grand Central, le meilleur club live de Miami, gare réaménagée où la satisfaction du client est assurée grâce à des artistes comme Diplo ou Skrillex. #4 DISCRÉTION ASSURÉE Bardot 3456 North Miami Avenue Miami, FL 33127 www.bardotmiami.com Absence de signalisation à l’extérieur et caméras bannies à l’intérieur. Le Bardot est un secret bien gardé de la vie nocturne de Miami. C’est précisément pour cela qu’il est tant apprécié des célébrités. Il n’est pas rare d’y croiser James Murphy, le leader du groupe LCD Soundsystem, et de le voir improviser aux platines.
#5 GLAMOUR S’ABSTENIR Mamushka’s 31 NW 36th Street Miami, FL 33128 L’aspect du club n’est pas assez soigné pour s’afficher sur le web. En cas d’overdose de glam’, c’est à Wynwood qu’il vous faut aller. Autrefois chaud, le quartier revit grâce aux jeunes artistes qui l’investissent depuis peu. Parmi les nouvelles galeries se trouve le Mamushka’s où se produisent de jeunes groupes de la Artschool. À l’image de ses clients décontractés, on est bien loin ici du glamour général. #6 L’ADRESSE DES STARS Shelbourne Hotel 1801 Collins Avenue Miami Beach, FL 33139 Cet hôtel concentre le plus de DJs superstars au mètre carré. Des légendes comme Carl Cox ou John Digweed se détendent ici au bord de la piscine. Fraîchement rénové, le Shelbourne est l’endroit parfait pour aborder son DJ favori, loin du brouhaha. Mieux vaut éviter de leur commander des morceaux. #7 RECHARGER LES BATTERIES Big Pink 157 Collins Avenue Miami Beach, FL 33139 www.mylesrestaurant group.com Les lendemains de fête sont souvent synonymes de gueule de bois. Rien de mieux pour se requinquer que le petit déjeuner tardif du Big Pink, parfait remède après une nuit arrosée. Un copieux hamburgerfrites vous est servi accompagné d’une aspirine. Et là, d’un coup d’un seul, vous êtes prêts à remettre ça. Pratique : l’Amnesia (Bon Plan #2) est à deux pas.
#8 RÉSERVÉ AUX MEMBRES Soho Beach House 4385 Collins Avenue Miami Beach, FL 33140 www.sohobeachhouse.com Pharell Williams et le légendaire producteur Arthur Baker se partagent les platines pour les 40 danseurs au bord de la piscine. Le Soho House réalise là un fantasme de fans d’électro. Il faut, pour cela, montrer patte blanche en étant soi-même membre ou invité par un « ami » membre. Vu les invités surprises pendant la Music Week, faire des rencontres à l’entrée du club peut s’avérer bien utile. #9 LA MEILLEURE BOÎTE POUR ÉCHAPPER À L’ÉLECTRO 1045 5th Street Miami Beach, FL 33139 www.clubplaysouthbeach.com Après des nuits passées en nage sur le dancefloor et des heures sous le bombardement incessant des beats house, on éprouve le besoin de souffler, sans pour autant devoir se cloîtrer à l’hôtel. Pour un changement d’acoustique, le Club Play, meilleure boîte hip-hop de la ville, est recommandée. Le hip-hop remplace la house et 2Pac succède à Tiesto. #10 MUSIQUE AU MUSÉE Miami Art Museum’s The Record Exhibition 101 West Flagler Street Miami, FL 33130 www.miamiartmuseum.org En élevant le vinyle au rang d’objet d’art à travers une exposition réunissant les plus belles pochettes, les design les plus recherchés et des œuvres contemporaines autour de la culture DJ, voici un sacré musée. Le tout réalisé par des artistes comme David Byrne ou Laurie Anderson. Au final, une bonne raison pour être un peu plus matinal. L’exposition est ouverte au public jusqu’au 10 juin prochain.
TEXTE : ESTHER PARK. PHOTOS : GETTY IMAGES (4), GENE OGAMI/AVEC L’AUTORISATION DE L’ARTISTE ET DE SUSANNE VIELMETTER LOS ANGELES PROJECTS, C FLANIGAN/FILM MAGIC, WORLDREDEYE.COM
Piscines, cocktails et jolies filles
MORE BODY & MIND
LES MEILLEURES SOIRÉES DE LA MUSIC WEEK 2012
Attention, insomnie !
Kraftwerk en live à Miami. DJ Diplo sert du freestyle au bord de la piscine.
#1 ULTRA MUSIC FESTIVAL 23-25 mars www.ultramusicfestival.com C’est LA soirée à ne pas rater, quitte à « graisser » les gars de la sécurité. L’Ultra Music Festival dure trois jours. Pourquoi cette soirée est-elle si spéciale ? En raison de la présence de Kraftwerk, dieu de l’électro, qui donne là un de ses rares concerts. #2 SWEDISH HOUSE MAFIA 23 mars www.masquerademotel.com L’année dernière, les membres de la Swedish House Mafia font un tabac avec leur prestation au Masquerade Motel. 2012 s’annonce encore meilleure d’après Steve Angelo, leader de SHM. #3 « CHICKEN’N’BEER » au Standard Hotel 23 mars www.jillionairesucks.com www.standardculture.com Produits par le label Mad Decent de Diplo, les maîtres de la house arrivent en famille à Miami pour la troisième fois. L’après-midi au Standard Hotel, les DJs servent du « Chicken’n’Beer » au bord de la piscine. Un régal.
#4 LIV NIGHTCLUB au Fontainebleau Hotel 21-25 mars www.livnightclub.com Le LIV Club est un mastodonte. Spacieux, ambiance d’enfer et musique de qualité assurée par des stars de la house comme Afrojack ou Axwell. Ces derniers sont aussi aux manettes au Fontainebleau Hotel où le LIV Club transfère son Sound System pendant la Music Week. #5 HOT CREATIONS CRUISE à Biscayne Lady 23 mars www.myspace.com/hotnatured Sujets au mal de mer s’abstenir. 15 heures, Bayfront Park, c’est là qu’ont rendez-vous les ravers pour une croisière dans la baie. Capitaines d’un jour, les DJs londoniens de Hot Creations amusent la croisière jusqu’au soleil couchant.
78
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
CUISINE GLOBALE
En potée
LAISSEZ LE MONDE DÉCORER VOTRE ASSIETTE
Quand les nuits proches du cercle polaire s’étirent et que le froid s’intensifie, l’heure de la potée carélienne a sonné. Elle est censée réchauffer le corps et l’esprit. On dit aussi que la Karjalanpaisti est le parfait prétexte pour un verre (ou deux…) de digestif. Le temps de cuisson de ce plat peu épicé lui donne une consistance surprenante. Cette assiette est une des plus appréciées de la région située dans le grand Nord, à cheval entre la Finlande et la Russie. Il y a quelques années, les lecteurs d’un quotidien finlandais l’ont même élue plat national. Haut la main. Selon la tradition, la cuisson du Karjalanpaisti se fait dans une marmite spécifique appelée Uuniruukkuou plus simplement Potti. Du temps où la viande était une denrée rare, ce plat était réservé aux jours de fête. Aujourd’hui, c’est selon l’envie ! 88
LA RECETTE Pour 4 personnes 500 g de viande de bœuf 250 g d’agneau 250 g de porc 1 rognon de veau 2 c. à s. de beurre 3 carottes coupées en dés 2 navets coupés en dés
2 oignons hachés 125 ml de bière 10 baies de piment de Jamaïque 2 feuilles de laurier Sel
Couper la viande en petits morceaux (retirer le gras du rognon) etla faire revenir doucement dans une marmite avec le beurre, les épices et les oignons. Ajouter les carottes et les navets, saler et laisser mijoter un peu, puis déglacer avec la bière et arroser le tout avec de l’eau. Dorer l’ensemble au four sans couvercle (thermostat à 240° au début seulement). Couvrir et laisser cuire pendant environ 3 heures à 170°. Servir avec de la purée de pommes de terre.
TEXTE : KLAUS KAMOLZ. PHOTO : FOTOSTUDIO EISENHUT & MAYER
KARJALANPAISTI. Les longues nuits d’hiver de la Carélie finlandaise favorisent une potée consistante, source de chaleur. Dégustation.
LA E L L E V U NOE FAN PAG ! N I T E L L U RED B Envoyer un message :
Facebook : ce que r u s e iv r r a n Red Bulleti écouvrez tout
•
•
td e notre page e d n fa z e n e v e d apporter. ull peut vous B d e R e d e d n le mo tures ! ort et les aven sp le , n o ti c l’a r suivre “J’aime” : pou
la page fan : c e v a é it v ti c ces s de réa • Encore plu r informé des dernières tendan ie soyez le prem ues. style et artistiq musicales, life
idéos, images
r nos fans : v lusivités pou
• Des exc
.
rs du commun
o et interviews h
US O V Z E T I A H ? N U SOU M M O C U RS D ÊTRE HO IN T E TRE PAGE L O L N U Z E B T L D U E S CON O M/R .C K O O B E C WWW.FA EZ FAN ! ET DEVEN
ON NE MAÎTRiSE PAS LE DESTiN. CELA POURRAiT
Publicité gratuite.
ÊTRE MOi. OU VOUS. David Coulthard.
LES LéSIONS DE LA mOËLLE éPINIèRE DOIVENT POUVOIR ÊTRE GUéRIES.
Les lésions de la moëlle épinière peuvent toucher tout le monde. En soutenant les meilleurs projets de recherche spécialisés dans la guérison des lésions de la moëlle épinière à travers le monde, la fondation Wings for Life encourage les plus grands progrès scientifiques et médicaux. Nous garantissons que cent pour cent de tous les dons sont investis dans la recherche sur la moëlle épinière.
Votre contribution fait toute la différence. Vos dons sur www.wingsforlife.com
Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658.
13 fois vainqueur de Grand Prix de Formule 1 et Ambassadeur Wings for Life.
plus de corps eT d’espriT
Dominer la peur Aux yeux de « Maddo », la préparation mentale est au moins aussi importante que la condition physique. Robbie Maddison en pleine action dans le sompteux décor de Salto Corumba au Brésil.
TeXTe : JuSTIN hyNeS. PhoToS : JoeRg MITTeR/ReD BuLL X-FIghTeRS, gARTh MILAN/ReD BuLL CoNTeNT PooL, Joe TReLeVeN
Dans les starts
au boulot S’entraîner comme un pro
Robbie Maddison Après un saut spectaculaire en Californie au Nouvel An, Robbie Madison, l’Australien volant, est bouillant pour un nouveau Red Bull X-Fighters World Tour.
Insinuez à Robbie Madison que la pratique du motocross freestyle ne semble pas particulièrement nécessiter un haut niveau de condition physique et voilà l’Australien qui démarre au quart de tour pour défendre sa discipline. Il s’agit là d’un sport en pleine expansion. « C’est un truc assez intense, dit-il. Même si les manches de Red Bull X-Fighters ne durent environ Robbie Maddison qu’une minute et demie, je considère que nous accomplissons le même effort qu’un boxeur pendant un round. La plupart du temps, vous focalisez tellement sur les détails pour que tout se passe bien – l’aspect physique d’un corps en extension, votre position sur la moto, la position de la moto dans l’air – que vous en oubliez de respirer. Physiquement, vous devez veiller à tous ces trucs, et vous finissez par manquer d’air. Vous devez vraiment être en forme pour ça. » Maddison a officieusement battu le record du monde de saut à moto avec un bond de 115,44 m à l’entraînement lors du Red Bull New Year No Limits devant le Convention Center de San Diego le 31 décembre dernier (Levi LaVallee était aussi présent). Il a hâte de revenir au FMX avec Red Bull X-Fighters World Tour 2012 qui démarre en avril à Dubaï. « Je serai fin prêt pour la compétition, assure-t-il. L’an passé, j’en ai gagné une bonne au Brésil mais il y a eu pas mal de blessures qui m’ont gâché la saison. Je vais essayer de faire en sorte que tout fonctionne bien cette année et on verra bien à l’arrivée. » Reb Bull X-Fighters sur www.redbull.com et www.robbiemaddison.com
« Avec le saut longue distance, il y a toujours une notion de peur que vous devez apprendre à contrôler. Cela se produit aussi en freestyle quand vous vous élancez dans une figure et que vous ne vous sentez pas sûr à 100 %. Mais c’est quand même plus fort dans le saut longue distance. Pour moi, il est essentiel de toujours garder l’esprit calme. Je pratique beaucoup la méditation. La confiance tient aussi un rôle très important et elle se bâtit sur la façon dont vous vous entraînez et comment vous vous êtes préparés. »
En forme aérienne Infatigable globe-trotter, Robbie Maddison doit adapter son entraînement avec un planning de voyages très serré. « Les horaires d’entraînement sont plutôt aléatoires. J’effectue près de 500 000 kilomètres en avion chaque année, donc il est nécessaire de régler au mieux les séances. J’utilise tous les moments disponibles. Je m’allonge même sur le plancher de l’avion, ce qui me permet de mettre mon dos en hyper extension. Cela fait beaucoup de bien. « Compte tenu de ces paramètres, je pratique des exercices de Pilates comme le cygne. On s’allonge face au sol, en tirant en arrière la tête et les épaules – c’est génial pour faire travailler les muscles du dos et des épaules. Je fais aussi des squats et des tractions où vous êtes à moitié accroupis et vous relevez une barre de charge en tenant le dos à plat. C’est un excellent exercice pour le renforcement musculaire des muscles dorsaux. Il y a aussi le reptile crawl : vous vous tenez à l’envers à quatre pattes, le dos vers le bas et vous avancez en déplaçant en même temps le bras gauche et la jambe droite et puis le bras droit et la jambe gauche. « Je ne peux pas courir car je fais de l’arthrose à un genou et je n’ai plus de ligaments croisés. Pour faire du cardio, je prends mon vélo de route ou mon BMX. »
Chez lui devant sa piste.
91
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Le bon son de Grimes
DANS LES BACS NOUVEAUTÉ
GRIMES. Depuis deux ans, cette canadienne a produit plus de bonne musique que d’autres pendant toute une carrière. Rencontre.
Texas party
AU CŒUR DE LA BOULE À FACETTES
EMO’S EAST, AUSTIN. Le festival SXSW s’achève le 18 mars. 2 000 groupes animent bars et rues d’Austin. Les meilleurs concerts ont lieu au Emo’s East.
Vous aimez votre club... ... parce que c’est l’endroit au monde où il y a les meilleurs concerts live. Le nom vient... ... de l’ancien propriétaire, Eric « Emo » Hartmann. Au départ, il est chargé d’avoir l’œil sur les serveurs qui remplissent trop les verres des clients afin d’empocher de généreux pourboires. C’est avec cette expérience qu’il ouvre son établissement « Emo’s East ». De l’extérieur, le bâtiment ressemble à... ... un centre commercial rénové. Un club légendaire qui vous inspire... ... le « Metro » à Chicago, un club où des groupes indie comme REM et des légendes de la house comme Frankie Knuckles donnent leur premier concerts.
La déco vous fait penser... ... au film Sang pour Sang des frères Cohen. La soirée commence à... … 22 h 30. Le club peut accueillir jusqu’à... ... 1 700 personnes selon le règlement mais, entre nous, on a déjà été 2 000. Le concert le plus fou... ... celui du groupe Gordon Solie Mother Fucker. Des sacs de farine et la télé qui finissent dans le public et des poubelles qui fusent dans la salle. Heureusement on a évité la bagarre. Les clients se déchaînent... ... quand le DJ balance Enter The Ninja (Die Antwoord) ou I’m on Boat (The Lovely Islands). Si on veut se reposer et reprendre son souffle... ... on peut le faire sur la terrasse du lycée voisin qui est collé au club. Interview : Jason Sabala, manager général. Emo’s East 2015 E Riverside Drive Austin, Texas, États-Unis +1 (512) 505-9999 www.emosaustin.com
92
Grimes : « Par quoi commencer ? Clip ou zik ? »
TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : TIM GRIFFIN (2), RAPHAEL OUELLET (1)
TOP CLUBS
Auteur, compositeur, musique comme interprète et dessinaétant « post intertrice de la pochette net ». Qu’entendsde l’album, mais tu par là ? aussi réalisatrice Avec Napster, j’ai Synthé-pop de son clip, Claire grandi dans la profuBoucher alias Grimes entre Rihanna sion de musique. Je et Aphex Twin. n’aime pas un genre sait tout faire. Le tempérament et la créativité de musique plus qu’un débordante de cette Canaautre. Pendant mes années dienne de 23 ans font qu’il lycée, j’appréciais autant ne peut en être autrement. Outkast que Madonna. Après seulement deux ans Dans ma génération, le de carrière, Grimes tourne Rap et le Gothic Rock ne déjà avec Lykke Li et sort un s’opposent pas. Tout ceci se quatrième album. Visions reflète dans ma musique. se veut aussi chatoyant Être musicienne et qu’un palais de glace dans créatrice de vidéos vous un film fantastique où Kate semble tout naturel... Bush tient le premier rôle et Faire de la musique électro Aphex Twin, artiste électro est déjà en soi très visuel déjanté, compose la bande puisque tu déplaces des originale. blocs sur écran. Les vidéos : Quatre c’est un peu la même chose, albums en deux ans, pas en mieux. Pour moi, faire mal comme bilan... de la musique équivaut au : Je produis tout plat principal et la simplement beaucoup vidéo au dessert. de musique et je suis impatiente. J’ai Grimes : Visions (4AD) sorti le 12 mars. encore environ Dates de concerts 1 200 morceaux et extraits sur en gestation dans www.grimesmusic.com mon disque dur. Tu décris ta
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
« Ma mère déteste le nouvel album »
EXPRESS LE SON ÉCOUTÉ PAR LES MUSICIENS
THE MAGNETIC FIELDS. Dans la famille Indie Rock, Stephin Merritt est l’intello. À l’instar de ses modèles Nico et Stereolab, il mixe avec subtilité grands tubes pop et sons au synthé plutôt étranges mais innovants. À découvrir.
« Réaliser un album ne se résume pas à un assemblage de quelques morceaux », dixit Stephin Merritt. Dans la planète Indie Rock, ce musicien de 45 ans est considéré comme le dernier artiste conceptuel. « L’exploration d’un thème unique reste un défi considérable », dit-il. Depuis les années 90, l’auteur-compositeur crée en compagnie de son groupe The Magnetic Fields des albums dont la musique et les textes gravitent à chaque fois autour d’un thème unique. Parmi eux, celui de l’Amour a été le plus prolifique. En 1999, il donne vie à un triple album. En 69 morceaux, il explore subtile-
TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTO : MARCELO KRASILCIC
Stephin Merritt (deuxième rang à gauche), compositeur de génie et âme du groupe.
ment le sujet sous toutes ses coutures, à tel point que de nombreux magazines musicaux consacrent l’album 69 Love Songs comme un des meilleurs des années 90. Le groupe enchaîne ensuite avec une trilogie intitulée No Synth Trilogy et un premier volet où tous les titres commencent par la lettre « i ». Suivra Distortion un album noise pop et un volet variété folk. Dans son dernier opus Love at the Bottom of the Sea, Merritt redécouvre l’électronique avec des chansons d’amour aigres-douces et envoûtantes alliées à un synthé expérimental. Merritt évoque ci-contre les cinq albums qui l’ont le plus inspiré.
The United States of America – The United States of America Je suis tombé sur cet album quand j’étais ado. Le groupe ne m’est pas inconnu mais c’est la pochette qui me fascine alors. Le violoniste du groupe est devant un vieux synthé et module électroniquement les sons de son violon. Photo incroyable pour un album sorti en 1968 ! C’est malheureusement l’unique album de Joseph Byrd avec le groupe. L’utilisation du synthé y est unique. Il n’est pas utilisé comme instrument mélodieux mais comme source de sons abstraits et expressionnistes.
Nico – The Marble Index Shirley, une des membres de notre groupe, adore Nico mais déteste l’album. Elle pense que la contribution de John Cale l’a ruiné avec ses bruits tarabiscotés et les sons bizarres que son compère du Velvet Underground crée alors. Il s’agit, selon Shirley, d’un acte délibéré de sabotage en réaction au départ de Nico pour rejoindre Lou Reed peu avant l’enregistrement. Moi, en revanche, j’adore The Marble Index précisément à cause de cette approche expérimentale. Je me suis inspiré de certains morceaux pop dans Love at the Bottom of the Sea. Ma mère déteste l’album mais, heureusement, Shirley ne s’en plaint pas.
The Red Krayola – Parable of Arable Land Leurs morceaux rock sont pour le moins extravagants. Les morceaux enregistrés avec leurs potes sont carrément psychédéliques. Certaines séquences musicales rappellent celles du premier album des Pink Floyd. Ce chef-d’œuvre précurseur passera pourtant inaperçu.
The High Llamas – Could and Bouncy Les morceaux de Could And Bouncy sont emprunts de légèreté. Ils permettent de planer de manière licite. Pop géniale dans le style des Beach Boys avec effet vibrato en prime comme le précise Sean O’Hagan, leader du groupe. Il joue avec un synthétiseur Moog. Je l’ai aussi beaucoup utilisé dans mon dernier album.
Stereolab – Dots And Loops En général, je ne supporte pas les effets de filtre et les séquences en boucle. Encore moins dans la Dance. Ils finissent tous par être interchangeables sauf avec Stereolab. Beaucoup diront que The Noise of Carpet est leur meilleur album. Je pense que c’est plutôt celui-ci car il prouve qu’ils peuvent être autre chose que l’instrument du mal. The Magnetic Fields : Love at the Bottom of the Sea www.houseoftomorrow.com
93
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Agenda Mars-Avril 2012
7
DE LA ST PATRICK À DUBLIN AU ALL TOMORROW’S PARTIES DE TOKYO, VOICI UN COCKTAIL DE BONS PLANS.
4
5 6
8
Sport 12-17/03, SEBRING, FLORIDE
12 Heures de Sebring Deuxième course d’endurance au monde après les 24 Heures du Mans, les 12 Heures de Sebring célèbrent cette année leur 60e édition. L’épreuve intègre d’ailleurs à cette occasion le Championnat du monde d’endurance FIA. Les spectateurs pourront voir à l’œuvre un concept car directement inspiré de la Batmobile et conçu par la société du légendaire Dan Gurney. Avec 18 succès, Porsche détient le record de victoires dans cette course devant Ferrari (12) et Audi (9). Peugeot a signé ses premiers succès en 2010 et 2011. Le dernier Américain à s’être imposé à Sebring est Andy Evans en 1997.
1
2
9
18/03, MELBOURNE, AUSTRALIE
25/03-01/04, WESTFALLENHALLE,DORTMUND, ALLEMAGNE
Avec 20 courses inscrites au calendrier, la 63e saison de F1 est partie pour être la plus longue de l’histoire. Comme l’année dernière, le coup d’envoi a lieu en Australie. Une terre plutôt accueillante à l’égard de Vettel dont l’objectif est bel et bien une 3e couronne mondiale. Sur ce même circuit l’an dernier, le pilote part signe la pole et remporte la course sans jamais être inquiété.
Mondiaux par équipe de Tennis de table
Circuit d’Albert Park 3
5
Red Bull Crashed Ice : attention aux chutes !
WRC Rallye Portugal
Red Bull Crashed Ice au sprint !
La quatrième étape de la saison fait escale cette semaine-là sur la côte lusitanienne. Elle promet quelques temps forts : 22 spéciales réparties sur 434,77 kilomètres (principalement des pistes caillouteuses), trois épreuves spéciales de nuit et une Power Stage. L’année dernière, c’est Sébastien Ogier qui s’imposait devant Sébastien Loeb. Cette année, la voie sera sans doute plus aisée pour l’octuple Champion du monde français.
5
2
94
Vous aurez peut-être du mal à le croire mais plus d’un milliard de téléspectateurs suivent cette compétition. La plupart sont évidemment chinois. Lors de l’édition précédente à Moscou, les Singapouriennes ont mis fin à la fameuse suprématie chinoise, forte de huit sacres d’affilée. Chez les messieurs, la Chine est invaincue depuis cinq éditions ! Les premiers challengers pourraient être ceux du pays organisateur autour de Timo Boll, la star du Borussia Düsseldorf. Il y a deux ans, à Moscou, les Allemands s’inclinent en finale (3-1) contre ces mêmes Chinois.
4
29/03-01/04, FARO, ALGARVE
17/03, QUÉBEC, CANADA
Considéré à juste titre comme le berceau du hockey sur glace, le Canada est le digne hôte de la quatrième et dernière manche du Championnat du monde Red Bull Crashed Ice. Boosté par sa victoire lors de la première étape de la saison à Saint Paul (Minnesota), le Canadien Kyle Croxall, héros local, est particulièrement attendu par ses fans.
3
En 2011, Citroën signe un doublé au Portugal.
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT 2
1
9
10 Zahara, star de l’afro soul, en concert au Cap.
16-19/03, DUBLIN, IRLANDE
St Patrick’s Festival Feuilles de trèfle et costumes verts à perte de vue ! Les Irlandais fêtent ce samedi la fameuse Saint Patrick, le Saint national. 500 000 personnes investissent les rues de Dublin. Parades colorées, groupes de musique, cinémas extérieurs, cafésthéâtres, fêtes foraines et feux d’artifices contribuent à faire monter pendant la semaine. Avec un peu de chance, vous trouverez même une bonne pression…
7
4
30-31/03, LE CAP, AFRIQUE DU SUD
Festival de Jazz
Au Cap, le jazz est une tradition. Des musiciens visionnaires comme Abdullah Ibrahim ou Basil Coetzee associent jazz américain et musique folk sud-africaine dans les années 60. Ils donnent ainsi naissance au Cape Jazz. Dans un esprit de métissage et de partage, ce festival invite 40 artistes locaux et internationaux à jouer ensemble. Ainsi, de jeunes artistes comme la chanteuse afro-soul Zahara et de grosses pointures telles que le guitariste américain Mike Stern s’y partagent l’affiche.
9
24-25/03, TOKYO, JAPON
International Anime Fair
8
Annulée l’année dernière pour cause de tremblement de terre, la plus grande messe du film d’animation japonais est de retour en 2012. Maisons d’édition, dessinateurs et des centaines de milliers de fans débarquent pour célébrer leurs héros aux grands yeux et petits nez. Et il n’y a pas que les enfants qui sont séduits. Grâce à ces films d’animation, l’industrie du spectacle dégage chaque année un chiffre d’affaires avoisinant les 80 milliards d’euros !
PHOTOS : JÖRG MITTER/RED BULL CRASHED ICE, PICTUREDESK.COM (3), IMAGO, GALLO IMAGES
8
Les favoris chinois mis à l’épreuve par Timo Boll.
7
Culture
À Tokyo, entre film d’animation et réalité.
14-15/04, TOKYO, JAPON
30-31/03, SANTIAGO, CHILI
musicien Jim O’Rourke, connu comme ayant 6 Le produit des albums de Sonic Youth, Wilco et Stereolab, organise cette édition de All Tomorrow’s Parties à Tokyo. Intitulé I’ll Be Your Mirror en l’honneur d’une chanson du Velvet Underground de Lou Reed, ce festival propose en tête d’affiche des groupes tels que The Jon Spencer Blues Explosion et Codeine. O’Rourke va aussi présenter son nouvel album Eureka. C’est la deuxième fois de suite que ATP est au Japon.
Créé en 1991 par Perry Farell, leader du groupe Jane’s Addiction, ce festival américain est considéré comme le Woodstock des années 90. La popularité de Lollapalooza est si grande que même Les Simpson lui consacrent un épisode. En mars, le cirque désormais culte du rock’n’roll s’exile temporairement au Chili et propose un programme très alléchant : Foo Fighters, Björk, MGMT et les Arctic Monkeys sont de la partie !
All Tomorrow’s Parties
Lollapalooza 10
Le St Patrick’s Day enflamme l’Irlande.
95
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Focus
Mars-Avril 2012 À L’HEURE OÙ S’ACHÈVE L’HIVER, PLACE AUX PREMIERS RAYONS DE SOLEIL PRINTANIER.
22-25 MARS, PGA TOUR TROPHÉE HASSAN II
À Agadir, ça swingue !
26 MARS-1 ER AVRIL, MONDIAUX DE PATINAGE ARTISTIQUE À NICE
Les Bleus au sommet ? Douze ans après avoir élu domicile sur la Promenade des Anglais, les Championnats du monde de patinage artistique reviennent à quelques encablures de la Place Massena. Ces Mondiaux s’achèvent par les programmes libres messieurs et dames, le 31 mars prochain, au Palais des Expositions. Brian Joubert vise un 2e sacre mondial après celui de 2007. 12 ans après le titre du duo Anissina-Peizerat sur cette même glace, le couple Nathalie Péchalat-Fabian Bourzat, Champion d’Europe fin janvier, tentera de suivre la même voie.
Brian Joubert veut frapper un grand coup.
96
Trompe l’oeil : il s’agit bien de Matt Goss. 17 MARS, CYCLISME MILAN-SAN REMO
Bellissima primavera
Une fois de plus, les sprinters seront au rendez-vous de cette 103e Primavera au plateau particulièrement relevé. L’an dernier, l’Australien Matthew Goss devançait le Suisse Fabian Cancellara et le Belge Philippe Gilbert. La France n’est plus présente au palmarès de la plus prestigieuse des classiques transalpines depuis Laurent Jalabert, vainqueur en 1995. Le record de victoires est toujours détenu par Eddy Merckx qui, entre 1966 et 1976, remporte l’épreuve à sept reprises. www.milansanremo.co.uk
8 AVRIL, 21 H, PARIS SG-MARSEILLE
San Carlo Le 27 novembre 2011, le Paris SG d’Antoine Kombouaré ne faisait pas le poids au Vélodrome (3-0). Le Kanak savait son sort scellé. C’était l’an dernier, une autre époque, une autre équipe, un autre temps. Depuis, Carlo Ancelotti a débarqué dans la capitale avec ses adjoints et ses GPS collés aux basques de joueurs censés galoper comme des lapins à l’entraînement. Gageons qu’ils auront à cœur cette fois-ci de prendre leur revanche. Par ailleurs, l’OM affiche, sous Didier Deschamps, le bilan de deux victoires pour
Ancelotti a pris ses marques à Paris.
une seule défaite au Parc des Princes. Ce choc entre les deux clubs français les plus populaires devrait clarifier les positions à sept journées de la fin d’un championnat de L1 qui a encore quelques accessits à distribuer. www.lfp.fr
TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : GETTY IMAGES (4)
Destination appréciée par les golfeurs amateurs et professionnels depuis des années, le Maroc confirme son retour au plus haut niveau avec ce tournoi du circuit « européen ». La transhumance continentale fait escale cette semaine à Agadir après avoir déjà écumé cette année l’Afrique du Sud, les Émirats Arabes Unis et le Qatar. Les cinq parcours d’Agadir accueillent notamment les meilleurs Français. La plupart seront présents sur les fairways des tracés du Palais Royal et de l’Océan pour tenter de succéder à l’Anglais David Horsey, tenant du titre. À noter que les filles du Tour jouent aussi cette semaine à Agadir !
2./3. APRIL, WIEN
Saccum Sandion
Equamet,ERconullandre eugiat, vel il ullandit in eu21 AVRIL-1 MAI, ATP TOUR MIAMI giam volor irit ametuerci blaore magnibh ea faccum zzriliquipis nonsequat vercing elit lore tisim zzrilit aci tet autem veriustrud enit zzriliquipis nonsequat verMoins bien qu’Indian le Masters Déjà vainqueur à l’Open d’Australie face à cing elit loredoté tisim zzrilit aciWells, tet autem veriustrud enit 1000 de quis Miami marque la fin des tournois utpatet, nummolortis modolobor iure commy l’Espagnol, le numéro un mondial veut rester en dans ex le calendrier de l’année. En 2011, sur cette lancée. Les Français auront eux aussi nisldur dolenis euisci ea core eriliquatue utpatet, quis Djoko, domine Rafael Nadal en leur mot à dire dans un tournoi qui a révélé cing elitinébranlable, lore tisim zzrilit aci tet autem veriustrud enit trois manches (finale en deux sets gagnants). utpatet, quis nummolortis modolobor iure commy le jeune retraité Sébastien Grosjean. Le peut-il bissereacette ? nislSerbe dolenis ex euisci coreannée eriliquatue magnim www.sonyericssonopen.com dolortisi. Molorem etuer si blamcon exerat. Ut ip euiscipit lut ad tie magna adit acidunt ver susci blam lamconsed magnibh ex ercillaore.
Djokovic sur ses terres ?
IIt dolese con eui er alit wis at, suscinisim
Blindtext face à un de taille. Blindtext Novakdéfi Djokovic se sent bien faceles à un défi de Miami. taille... sur courts
97
s
ept milliards d’êtres humains sur la planète. « et moi, et moi, et moi ? », s’interrogeait déjà dans les années 70, effrayé par la surpopulation galopante, un célèbre chanteur. Qui, bien que déplorant l’augmentation inexorable du nombre d’habitants sur la planète, a fini lui aussi par se reproduire. les artistes n’ont vraiment aucune parole. Heureusement qu’ils ont du talent. sept milliards d’êtres humains sur la planète. en 2050, la population mondiale atteindra les 9,3 milliards, et en 2100, les 10 milliards. Mensualisons le vertige : tous les trente jours, c’est 80 millions d’individus en plus… faire un enfant est devenu un sport à haut risque : car l’espace se raréfie dangereusement. les terriens, certes, ont su s’adapter. le Japon, faute de surface habitable (un tiers seulement de son territoire, à cause des montagnes) a inventé la miniaturisation. Pensez-y, la prochaine fois que vous taillerez votre bonsaï. la miniaturisation, mais aussi un sens de la politesse poussée à un degré de raffinement inconnu chez nous, la densité de la population (dix fois celle de la france) commandant à chacun, sous peine de guerre civile permanente, d’être attentif et doux avec son voisin. sept milliards d’êtres humains sur la planète. les architectes, heureusement, rivalisent d’invention pour nous permettre de vivre non plus les uns à côté des autres, mais les uns sur les autres, en nous concoctant des tours dont les étages grimpent peu à peu jusqu’au ciel. Connaissez vous la Jin Mao Tower, à shanghai ? littéralement, « la tour de la prospérité d’or ». Par ascenseur, 50 secondes suffisent pour s’élever jusqu’au bar du dernier étage, 421 mètres plus haut. J’y suis allé un jour, pour interviewer Mu Zimei, une blogueuse cantonaise qui déplaisait au régime parce que sexuellement, elle n’en faisait pas, de régime, racontant sa très riche vie sexuelle avec la précision d’un jongleur avec assiettes
Pleine lucarne
L’espace fait vivre Démographie galopante oblige, l’homme doit adapter son espace de vie. CODB s’y attarde. tournantes du cirque de Pékin. « les hommes, m’avait-elle dit, c’est comme les Cds : tant que je n’appuie pas sur Play, ils ne marchent pas. » dans le bar design au sommet la tour, elle portait de grandes bottes mauves. Par les fenêtres aussi, la vue était sidérante. on n’était plus vraiment sur terre, mais encore à l’étroit. et encore, la Jin Mao Tower n’est que la huitième tour la plus haute du monde. dans quatre ans, à djeddah, la Kingdom Tower mesurera 1 kilomètre de haut. Pour l’édifier, un contrat de 1,23 milliards de dollars a été signé avec l’entrepreneur, une société nommée Ben laden Goup… est-ce bien raisonnable ?
l’espace va donc manquer sur la planète, et les tours peuvent nous jouer des tours. où aller ? sous la mer ? l’architecte Jacques rougerie, « l’homme qui a compris avant tout le monde qu’au XXie siècle ce serait la mer qui sauverait la terre », dixit un ministre de l’environnement qui fut un temps tenté par l’écologie – ses cheveux, d’ailleurs, semblaient taillés pour accueillir un nid d’oiseaux – a tenté l’aventure en 1992 dans une maison sous-marine. il a tenu 70 jours. C’est le record du monde, mais ça ne fait pas une vie. alors ? vivre dans l’espace ? la science-fiction n’a cessé de fantasmer sur cette option. C’est désormais une réalité envisageable : en décembre dernier la nasa a confirmé la découverte d’une nouvelle planète habitable ressemblant à la terre. Baptisée Kepler-22b, elle tourne autour d’une étoile comparable à notre soleil et contiendrait de l’eau. un catalogue des planètes habitables est même consultable sur internet. Hélas, ces exoplanètes sont tellement loin de nous que pour les atteindre, le voyage durerait des millions d’années. et ça, ça fait beaucoup plus qu’une vie. une seule solution au manque d’espace : se créer le sien. Pour certains, ce sera le cyberespace, cette « hallucination consensuelle vécue chaque jour par des dizaines de millions de participants volontaires », comme le dit génialement l’écrivain William Gibson, leader du cyberpunk. Pour d’autres, pas de virtuel mais un défi physique permanent. icare voulait tutoyer le soleil. le base-jumper, felix Baumgartner, lui, sautera cette année en chute libre depuis la stratosphère pour rejoindre, 36 kilomètres plus bas, le plancher des vaches. repousser ses limites n’est-il pas le moyen d’agrandir son espace ? sept milliards d’humains. un seul Baumgartner. Agrégé de lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.
The Red BulleTin France numéro 5 / Mars 2012 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bulletin Gmbh directeur de la publication Alexander Koppel directeurs Généraux Alexander Koppel, Rudolf Theierl directeur de la rédaction Robert Sperl directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Suzanne Fortas, Christine Vitel, Étienne Bonamy Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Rédactrice en chef adjointe Susie Forman Booking photos Valerie Rosenburg, Catherine Shaw, Rudolf Übelhör Maquette Erik Turek (DA), Patrick Anthofer, Martina de Carvalho-Hutter, Miles English, Ken Ulrich Paasche, Kasimir Reimann, Esther Straganz Publication coroporate Boro Petric (directeur), Christoph Rietner, Nadja Zele (rédacteurs en chef) ; Dominik Uhl (DA) ; Markus Kucera (directeur photos) ; Lisa Blazek (rédactrice) Production Managers Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Omar Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (chef), Claudia Heis, Nenad Isailovic, Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher, Thomas Posvanc Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (directrice), Stefan Ebner, Lukas Scharmbacher, Johanna Troger ; Birgit Lohmann (design) ; Klaus Pleninger (ventes) ; Peter Schiffer (abonnements) ; Nicole Glaser (abonnements et et ventes marketing) The Red Bulletin est publié simultanément en Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, un produit de Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et aux États-Unis, www.redbulletin.com Siège social Red Bulletin GmbH, Am Brunnen 1, A-5330 Fuschl am See, FN 287869m, ATU63087028. Siège social France Red Bull SASU, 12 rue du Mail, F-75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège autrichien Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienna, +43 (1) 90221 28800 imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 7 61 87 31 15 ou cathy.martin@fr.redbulletin.com dépôt légal/iSSn 2225-4722 nous écrire letters@redbulletin.com ; Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.
the red bulletin n°6 disponible le 11 avril 2012
illustration : roland vorlaufer
plus de corps et d’esprit
pepejeans.com