DEUX DAN(N)Y POUR LE PRIX D’UN
CHRIS SAUNDERS
Le photographe sudafricain nous parle de son shooting à Paris avec la rappeuse Vicky R : « Nous étions aux environs du Silencio des Prés et du VIe arr., l’idée était d’injecter son ADN et son style naturels à ce cadre traditionnel. Nous avons apporté de la chaleur, de l’énergie et de la couleur à la grisaille parisienne. » P. 48
Ce mois-ci, deux talents hors du commun sont à l’honneur dans The Red Bulletin. Dany (Dann), le breakeur, et Danny (MacAskill) le rideur VTT. Dann s’est lancé dans le breaking en Guyane française, avant que son envie de danser ne le transporte en Métropole, et plus loin encore. Pour MacAskill, l’histoire a débuté sur l’île de Skye, en Écosse, et c’est par le biais de vidéos YouTube fantastiques que ce virtuose s’est construit une fanbase planétaire.
Chez chacun d’eux, une passion similaire pour leur discipline, et un formidable acharnement pour reproduire, sans cesse, des moves ou des tricks, jusqu’à les maîtriser à la perfection. Deux profls issus « de la rue », que leur hobby a menés jusqu’à une stature athlétique. Dany Dann revient sur son itinéraire depuis Saint-Laurent-du-Maroni ; MacAskill, quant à lui, évoque son projet le plus exigeant à ce jour, une ode freestyle et visuelle à la ville de San Francisco.
Aussi dans ce numéro, une rappeuse déterminée, des snowboardeurs allumés, et une apnéiste inspirée. Allez.
ELINA MANNINEN
La Finlandaise aime photographier sa sœur, Johanna Nordblad, plongeuse sous glace, dans des conditions extrêmes. « Être sous la glace, c’est un endroit unique pour prendre des photos. Je ne peux pas imaginer quelque chose de plus amusant à faire avec ma sœur. Sous l’eau, je photographie en retenant ma respiration, tout comme elle. Et quand j’ouvre les photos sur mon ordi, c’est toujours un moment magique. » P. 38
Bonne lecture ! Votre Rédaction
BELLE RENCONTRE
Vicky R est une artiste que la jeunesse suit non seulement pour sa musique, mais parce que sa personnalité et sa détermination l’inspirent. Découvrez le parcours de ce talent précoce devenu une artiste confirmée en page 48.
CONTENUS
mars 2023
6 Galerie : votre dose mensuelle de folie photographique
12 Griffin Post et sa quête de l’expédition maudite enfouie
14 Bodyheat, ou comment les nightclubs réutilisent la chaleur humaine
15 En Australie, des laveries itinérantes pour les sans-abris
16 Quand les Iron Women courent pour un triathlon plus balancé
18 La playlist de la légende Carl Cox
20 Le rap libérateur d’Eesah Yasuke
EINDHOVEN, PAYS-BAS
En mission
Quand Aaron Zwaal prend part à un shooting, cela peut signifier deux choses. Le Néerlandais ne prend pas seulement des photos d’athlètes comme le rideur BMX Daniel Wedemeijer, que l’on voit ici ; depuis 2018, il travaille aussi en tant que photographe militaire pour le Ministère de la Défense de son pays. Cette photo de Wedemeijer a valu à Zwaal une place en demifinale dans la catégorie Energy by Red Bull Photography du Red Bull Illume. « Daniel m’a demandé de prendre une photo pour un visuel destiné à un événement de BMX, explique Zwaal, mais nous avons exploité le meilleur de ce temps de shooting. Nous avons eu la chance d’avoir un skatepark sec et quelques flaques d’eau, ce qui a donné lieu à cette glissade... et à un appareil photo éclaboussé. » aaronzwaal.com ; redbullillume.com
RÉGION DE SANTIAGO, CHILI
S’élever
La photographie de sports de plein air ne consiste pas seulement à capturer la course la plus abrupte ou la cascade aérienne la plus audacieuse ; elle peut parfois mettre en lumière des problèmes mondiaux. Prenez cette photo de l’athlète chilien Hernán Rodríguez en train de grimper dans le Cajón del Maipo, une gorge proche de la capitale de son pays, Santiago. L’image a fait l’objet d’une campagne de la marque d’équipements outdoor Patagonia sur l’impact environnemental du projet hydroélectrique Alto Maipo, une initiative largement contestée qui détourne l’eau des Andes par des tunnels de 70 km de long. « Il tue et assèche cette vallée », explique le photographe Patricio José Díaz Rios, dont ce cliché lui a valu une place en demi-finale dans la catégorie Emerging by Black Diamond de Red Bull Illume. redbullillume.com
MER DES WADDEN, PAYS-BAS
Au bout de la ligne
Le projet photographique de Rein Rijke, The Last Line, mettant en scène le kitesurfeur pro Roderick Pijls, a également pour thème l’environnement. « Le titre fait référence à la dernière ligne sur laquelle Roderick peut surfer, car tous les endroits que nous visitons sont affectés par les interventions humaines qui provoquent le changement climatique, explique le Néerlandais, qui enchaîne : faire du kitesurf dans la mer des Wadden à marée basse est depuis longtemps sur ma liste de destinations à visiter. C’est une région sauvage de marais salants. Cela donne une perspective unique depuis le ciel. » Soumise au Red Bull Illume, cette photo a été demi-finaliste dans la catégorie Masterpiece by SanDisk Professional. zoutfotografie.nl ; redbullillume.com
Entre potes
Travailler avec un ami présente des avantages. Le photographe Noah Wetzel, du Wisconsin, et l’athlète Conor Pelton skient ensemble depuis plus de dix ans, et de cette amitié sont nées de grandes choses. Comme cette image, demifinaliste du concours RAW by Leica du Red Bull Illume. « Les trembles sont mes arbres préférés, explique Wetzel, et l’utilisation de flashes sans fil permet de créer des images uniques et fascinantes. » Toujours aussi précis, Conor s’est envolé à travers l’obscurité, lunettes embuées, et s’est mis à skier proprement hors du cadre. noahdavidwetzel.com ; redbullillume.com
Passé enfoui
Comment une mission de recherches sur un lointain glacier a permis de découvrir une part d’histoire perdue. In extremis
La mission de sept jours de Griffin Post, en août dernier, sur le mont Walsh, au cœur du territoire canadien du Yukon, est sur le point de se solder par un échec. C’est la seconde tentative de Post pour retrouver la cachette d’équipement du célèbre explorateur Bradford Washburn en 1937. Mais au bout de six jours et demi dans cet impitoyable paysage de glace et de roche, l’espoir s’est évanoui.
« Ce soir-là, le moral était au plus bas, se souvient Post, skieur pro et aventurier. Nous n’allions pas réussir. »
Cela fait deux ans que l’Américain de 39 ans, né en
De justesse, avant de mettre un terme définitif à la mission, l’improbable se produit : la glaciologue Dorota Medrzycka de l’Université d’Ottawa remarque deux brèches dans une moraine –débris qui se forment lorsque deux glaciers se rejoignent –et en conclut qu’elles correspondraient à des poussées glaciaires plus importantes que prévu. Cela signifie que, malgré des mois d’étude de photos historiques, de données satellites et de cartes pour calculer où le camp de Washburn avait pu se trouver, Post cherchait au mauvais endroit.
« L’équipe avait travaillé si dur, dit-il. Je pense que nous avons parcouru 100 km au cours des six derniers jours. Le septième jour, nous nous sommes levés tôt et avons parcouru deux kilomètres de plus que les estimations initiales. »
En moins d’une demi-heure, ils trouvent des lunettes de protection et un bidon de carburant datant des années 1930. Ils poursuivent l’exploration en hélico et doivent se rendre à l’évidence : Dorota a raison, la cachette a glissé de 20 km par rapport à sa position initiale.
« Nous les avons vus en même temps : tous les débris étaient éparpillés sur 100 m à la ronde. Cette découverte est incroyable ! »
Autriche, poursuit ce projet, né de la lecture de Escape from Lucania, un récit qui relate comment Washburn et son collègue explorateur Bob Bates sont devenus les premières personnes à atteindre le sommet du mont Lucania (5 240 m), troisième plus haut sommet du Canada. Des conditions météorologiques extrêmes avaient empêché leur avion de rentrer, les obligeant à improviser une descente à pied. Ils se voient donc forcés d’abandonner 400 kilos d’équipement sur place… jusqu’à ce que, 85 ans plus tard, Griffin Post se mette en tête de les retrouver.
Outre les inestimables données récoltées sur les mouvements glaciaires résultant du changement climatique, la plus grande découverte fut l’appareil photo aérien Fairchild F-8 de Washburn et deux caméras de cinéma, actuellement en cours d’analyse par des experts pour déterminer si les pellicules peuvent encore être développées. Mais pour Post, la mission a une autre signification : « Trouver l’équipement qu’ils utilisaient à l’époque est une véritable leçon d’humilité, savoir qu’ils ont gravi ce sommet avec… C’est impressionnant ! » griffpost.com
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SWG3
Saturday
Night Fever
Cette boîte de nuit de Glasgow réduit ses émissions de carbone en augmentant les battements de cœur.
Une discothèque de Glasgow (Écosse) a trouvé un moyen original de capter l’énergie d’une soirée fantastique : elle capture la chaleur corporelle du public et l’utilise pour alimenter un des systèmes de chauffage et de refroidissement renouvelables les plus innovants au monde.
Ce sont chaque année 250 000 personnes qui franchissent les portes du centre artistique SWG3 de Glasgow pour voir des expositions, assister à des concerts et participer à des soirées clubbing. Mais depuis octobre dernier, le public contribue aussi à alimenter le bâtiment en énergie. Le système BODYHEAT est une idée de David Townsend, fondateur de TownRock Energy, une société de conseil
en énergie géothermique. Après avoir passé les dix premières années de sa carrière à « se creuser les méninges sur la façon de lutter avec des pierres contre le changement climatique », Townsend a combiné son amour de la musique et sa connaissance de l’énergie géothermique. « En boîte de nuit, il fait très chaud. Beaucoup de ces endroits ne sont pas particulièrement bien aérés ; même s’ils le sont, la chaleur est simplement rejetée dans l’air au lieu d’être réutilisée. Le même club doit réchauffer l’endroit le lendemain. Cela semblait stupide. »
Sa solution : construire un système qui stocke la chaleur corporelle produite par les danseurs et danseuses dans douze trous de forage de 200 m de profondeur dans le sol. Cette énergie captée peut ensuite être réutilisée pour chauffer ou refroidir le bâtiment, immédiatement ou dans les jours, semaines, mois, voire années à venir. Townsend compare cela à « la recharge d’une batterie thermique ». Il poursuit : « Lorsque vous êtes au repos, assis sur un canapé à regarder la télévision, vous pouvez produire de 100 à 150 watts de chaleur résiduelle. Mais si vous dansez, vous pouvez libérer 500 ou 600 watts. Donc avec mille personnes qui dansent à fond pendant cinq heures, nous pourrions chauffer 83 maisons pendant cinq heures. »
Pour SWG3, le BODYHEAT pourrait aider à atteindre son objectif de zéro émission nette de carbone d’ici fin 2025. « L’idée que le public puisse être source d’énergie m’a un peu soufflé. Mais dans l’environnement chaud et moite d’un club, ça fait sens… Avec le BODYHEAT à plein régime, notre consommation annuelle de carbone devrait passer de 120 à 70 tonnes. »
Ce système conçu sur mesure pour SWG3, a nécessité trois ans et 17 projets de conception pour être mis au point mais on peut utiliser des systèmes similaires dans d’autres clubs et salles de spectacles du monde entier.
À Glasgow, on installe actuellement des capteurs avec des algorithmes qui pourraient observer la production d’énergie générée par les DJ.
« Très bientôt, nous disposerons de suffisamment d’outils pour pouvoir comparer les DJ, explique Townsend. Vous pourriez mettre Tiësto contre David Guetta, ou Skrillex contre Showtek, et voir qui peut chauffer le plus de maisons en une nuit… » swg3.tv
Bouillante : une foule en transpi lors du lancement de BODYHEAT.ENTREPRENEURS SOCIAUX
Du linge et des âmes
Deux Australiens ont eu l’idée de créer un service de laverie itinérante pour les sans-abris. Voici l’aventure d’Orange Sky, une start-up sociale qui lessive bien plus que du linge.
Dans sa pyramide des besoins fondamentaux de l’être humain, le psychologue et humaniste Abraham Maslow a dressé la liste des indispensables pour les individus afin de s’intégrer pleinement dans une société. Selon lui, il y a les besoins primaires, comme se sentir en sécurité, avoir un toit au-dessus de la tête, de quoi manger et se vêtir, être en bonne santé. Puis viennent les besoins émotionnels, comme l’amour, le sentiment d’appartenance, l’estime et la reconnaissance des autres, la réalisation de soi, l’indépendance… C’est cette idée des besoins multiples qui a inspiré le projet Orange Sky, le premier service de laverie itinérante pour sans-abris. Un service gratuit qui offre bien plus que du linge propre et sec : on se retrouve autour des camionnettes orange de l’association pour discuter, créer du lien social et reprendre pied dans la communauté. Parce que ça met du baume à l’âme.
Créée en 2014 par deux amis âgés d’à peine 20 ans, Nicholas Marchesi et Lucas
Patchett, cette start-up australienne est née d’un concept simple : partir à la rencontre des sans-abris à bord de fourgons équipés de lave-linges, de séchoirs et de douches. Ces services proposés aux personnes vivant dans la rue sont gratuits puisque financés intégralement par des dons : « Au début, quand on est partis faire la tournée des parcs à bord de notre premier van, avec deux vieilles machines à laver installées à l’arrière, on nous a pris pour des fous, se souvient Marchesi. Mais nous avions le sentiment que cette idée avait le potentiel pour réellement aider les gens. »
Huit ans après sa création, Orange Sky compte plus de 2 000 bénévoles en Australie et Nouvelle-Zélande, autant de tonnes de linge lavé et 20 000 douches chaudes. En plus de laver les vêtements et les corps, l’association s’attaque aux préjugés tenaces, puisque le temps passé à attendre sur les chaises orange mises à disposition constitue aussi un moment de rencontre. Au total, plus de 330 000 heures de conversation sont nées autour des guillerets fourgons. Des échanges qui permettent parfois de détecter une véritable détresse, mais qui sont, le plus souvent, l’occasion de bavarder de tout et de rien.
« Il ne s’agit pas pour nous de prêcher quoi que ce soit, de faire la morale ni de jouer les psychologues, mais uniquement de créer du lien, explique Marchesi. On parle de la pluie et du beau temps, ou de ce qu’on a fait récemment. » Prochaine étape pour l’association ? « Nous consommons encore trop d’énergie pour sécher le linge, on essaie donc de développer des sèche-linges qui soient plus respectueux de l’environnement et aussi plus solides. » Au final, Orange Sky poursuit son idée de départ : rendre le monde plus propre et la vie sur Terre plus belle. orangesky.org.au
10IRONWOMEN
Une volonté de fer
Ces athlètes féminines de Londres sont en mission. Leur objectif : mettre fin au déséquilibre entre les sexes dans le monde éreintant de l’IronMan.
La veille du jour où Elena Lopez devait participer à son tout premier triathlon IronMan, en 2019, elle a eu ses règles.
« Une mauvaise blague, ditelle en riant. Mais c’est aussi arrivé à l’une des autres filles. Nous avons dû faire avec. » Ce n’était peutêtre pas le moment idéal, mais heureusement, Lopez était entourée par un groupe qui comprenait exactement ce qu’elle ressentait : les 10IronWomen.
Lorsque les dix amies du club de course à pied de Londres se sont inscrites pour ce premier IronMan, elles ont dû faire face à bien plus que le défi de l’un des triathlons les plus difficiles au monde : les concurrentes féminines
étaient de loin minoritaires. « Le pourcentage de femmes participant à un IronMan est d’environ 13 % », explique Elena Lopez (au premier rang, deuxième à partir de la gauche sur la photo). Nous avons donc créé un compte Instagram et documenté notre entraînement pour encourager d’autres femmes. »
Les 10IronWomen comprennent des professionnelles ayant fait carrière dans des domaines aussi variés que l’architecture, la psychothérapie ou la finance ; Lopez, 33 ans, est cofondatrice d’une société de gestion immobilière. Mais aucune n’avait fait d’IronMan avant : 3,8 km de natation en eau libre, 180 km de vélo et
42,2 km de course à pied. « Certaines d’entre nous n’avaient pas de vélo et d’autres n’avaient jamais nagé en eau libre », explique Lopez.
« J’aurais eu du mal sans le groupe, car l’entraînement peut être décourageant. » En fin de compte, neuf des femmes ont terminé l’IronMan 2019 à Barcelone (l’une d’entre elles a dû se retirer parce qu’elle était enceinte) et le dur labeur a porté ses fruits.
Malgré leur succès lors de la course, les 10IronWomen ont encore ressenti le fossé entre les sexes à Barcelone, et elles ont donc décidé de se fixer un objectif plus grand : faire passer la répartition hommes/femmes à 50/50 sur leur IronMan.
En plus de développer leur communauté en ligne, elles offrent désormais des conseils sur tout, de l’entretien des vélos à la nutrition en course, et organisent régulièrement des sessions d’entraînement. Après avoir pris part au triathlon Cotswold Classic (sud ouest de l’Angleterre) en juillet dernier (répartition des sexes : 40 % de femmes, 60 % d’hommes), le groupe prévoit de retourner à l’IronMan de Barcelone cette année, et en plus grand nombre. « Cela a fait une telle différence de voir autant de femmes sur le parcours l’été dernier », dit Lopez.
Malgré son nom, un IronMan est ouvert à toutes et tous, et Lopez pense que le plus gros problème est la représentation.
« Je ne pense pas qu’il faille changer le nom de l’IronMan, ditelle, mais plutôt la façon dont ce type de course est médiatisée. Si vous voyez des gens qui vous ressemblent, vous pouvez y aspirer. C’est ce que nous essayons de faire avec 10IronWomen. Nous n’étions pas des athlètes pros, nous avons dû apprendre ces disciplines. Et si nous pouvons le faire, alors, tout le monde le peut ! » 10ironwomen.com
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Back to Basics
L’iconique DJ anglais parle des sons qui l’ont aidé à tracer son voyage musical.
Carl Cox a explosé sur la scène des clubs à la fin des années 80, et est devenu le roi de la dance britannique. Au cours des quatre dernières décennies, le DJ de 60 ans s’est produit au Parlement de Londres, a été vu deux fois au Millenium derrière les platines (à Sydney, puis à Hawaï) et s’est produit à la fermeture du Space, club d’Ibiza, avec un set de neuf heures. Bien qu’il soit surtout connu pour sa house et sa techno, Cox affirme que sa musique s’inspire de tous les genres. « Je prends des éléments de tout ce que j’ai écouté et je crée mon propre son », explique-t-il. Cox nous présente quatre morceaux qui l’ont marqué. Electronic Generations est dispo ; carlcox.com
Idris Muhammad
Could Heaven Ever Be
Like This (1977)
« Avant de me tourner vers les platines, j’étais un danseur. Je me souviens avoir entendu ce titre en boîte qui m’a tout de suite poussé vers le dancefloor. Il m’a transporté. J’ai dansé comme un fou du début à la fin, je voulais que ça ne s’arrête jamais. Je n’étais intéressé ni par le foot, ni par les filles, seulement par cette communion avec la musique, qui rendait ma vie complète. »
David Bowie
Golden Years (1975)
« J’ai découvert ce titre à la radio. À l’écoute, je me disais que David Bowie était black car seul un black pouvait avoir une voix pareille. Et puis je l’ai vu chanter Soul Train, un show sur une chaîne black pour promouvoir des artistes black. Et ce gars maigrichon, blanc comme un linge, débarque avec ses yeux vairons et ses dents mal fichues. C’était tellement émouvant. Ça a fait tomber les barrières, ça collait. »
Mike Oldfield
Tubular Bells, Parts One and Two (1973)
« Même avant de l’entendre, j’étais intrigué par le concept. Je l’ai acheté chez un disquaire après l’avoir écouté, bien que je ne saisissais pas vraiment la musique. Je voulais me donner le temps de le “digérer” chez moi. J’ai invité des copains à venir l’écouter. Personne ne bronchait. J’ai remis Part One, on était soufflés. C’est probablement l’une des plus belles musiques que je connaisse. »
That’s the Way (I Like It) (1975)
« C’est un album hyper positif. Cette chanson fut la BO de nombreux hauts et bas dans ma vie. J’ai divorcé il y a longtemps, j’ai été cambriolé à plusieurs reprises, ma voiture volée, etc. Quand tout va de travers, mettez ce disque, et l’espace de quelques instants, oubliez tout – KC remet les choses à l’endroit. C’est le synonyme de ma vie. »
KC and the Sunshine Band CARL COXBOOSTEZ VOS CONTENUS AVEC LES SOUNDS OF RED BULL
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Plume libératrice
La rappeuse française Eesah Yasuke nous explique comment des lyrics lui ont donné de la force, et comment ses propres paroles l’ont structurée et inspirent à présent son audience.
C’est lors de son unique semaine de pause de l’année 2022 que nous arrivons à discuter avec Eesah Yasuke. Après une série d’une soixantaine de concerts qui s’est terminée par la première partie de Youssoupha au Trianon, la jeune artiste n’avait pas encore eu le temps de prendre du recul et du repos. L’envie de l’interviewer était présente depuis presque un an, et nous n’avons pas cessé de nous croiser toute l’année lors de festivals à travers la France. En plus de la qualité de ses textes, son charisme sur scène nous avait envoûtée à chaque fois. C’est une jeune femme souriante et pleine de vie – en peignoir derrière la caméra de son ordinateur – qui est heureuse de pouvoir enfin échanger avec nous sur cette folle année.
C’est à 14 ans qu’Isaiah – de son vrai prénom – se met à écrire des poèmes alors qu’elle est placée en foyer d’accueil. Celle qui ne parlait pas beaucoup a senti « un besoin urgent » et intime d’écrire pour extérioriser : « Personne ne savait que j’écrivais, je cachais tout. » Loin d’être timide, la rappeuse se définie plutôt comme une introvertie qui aime être dans sa bulle. Elle observe ceux qui l’entourent et les aide à sa manière : « Dans la cour d’école, je n’ai jamais supporté de voir des gens qui souffraient, ça m’a toujours touchée. Et moi, à ce moment-là, je faisais des blagues, j’avais envie de redonner le sourire aux gens. » Plus jeune, Eesah voulait devenir humoriste : « C’est une exclu parce que, franchement, je ne l’ai jamais dit à personne. (rires) »
C’est finalement une carrière d’éducatrice spécialisée qui s’ouvre pour la jeune femme originaire de Roubaix, dans le nord de la France, et placée à la DDASS à l’âge de deux ans. Au sein d’un accueil de jour pour personnes à la rue, elle travaille avec des familles, des enfants, qui ont parfois connu des parcours migratoires et des conditions de vie très difficiles. Jusqu’à ce moment-là, c’est le sport qui était son exutoire, l’athlétisme et les arts martiaux en particulier. « Le sport c’est génial mais ça a ses limites. Il me fallait aussi une activité plus psychologique, et c’était l’écriture. »
Au regard de cette dernière année passée à écumer les scènes européennes, il est difficile de croire qu’Eesah Yasuke ne rappe que depuis trois ans. Pourtant, l’année 2019 a représenté un réel tournant dans la vie de l’artiste : le passage des textes écrits en cachette à un dévoilement sur le devant de la scène.
Pour se lancer dans le grand bain, il faut un nom de scène, et Eesah doit le sien à un heureux hasard de l’algorithme YouTube qui a plutôt bien ciblé sa personnalité : « C’était une période où j’écoutais beaucoup Tupac parce que j’avais vécu plusieurs situations de racisme hyper fortes, il me donnait beaucoup de force. Apparaît alors dans mes suggestions liées “Yasuke, samouraï noir”, ça m’a intriguée. J’ai fait beaucoup de recherches, j’ai épluché tout ce que je pouvais trouver sur son parcours. Et là j’ai découvert qu’il s’agissait d’un esclave qui a réussi à briser ses chaînes. »
Les notions d’esprit combatif, de sincérité, d’honneur et de don de soi ont rapidement résonné en elle :
« J’aime tout leur aspect philosophique, ce sont des choses que j’applique dans ma vie privée et d’artiste. Aujourd’hui, c’est même carrément écrit chez moi. »
Eesah Yasuke n’est pas une artiste facile à cerner, elle a tendance à brouiller les pistes malgré elle. Après avoir publié un EP avec une certaine couleur, elle enchaîne avec des titres aux sonorités rock et 2-step. « Je ne me mets pas de limites, je les affranchis. Je fais toujours ce que je veux », nous dit-elle sans hésiter.
Son EP Cadavre exquis, paru en juin 2021, est une expression tirée du mouvement surréaliste qu’elle s’est réappropriée pour définir toutes ses composantes hétérogènes. « Nous sommes tous des cadavres exquis, faits de plein de choses différentes qui sont reliées entre elles. »
La force d’Eesah Yasuke réside dans sa façon de montrer sa vulnérabilité avec des sujets personnels (sa famille, le deuil, son passé), doutant même de leur capacité à toucher les autres tellement ils sont cathartiques. Mais finalement, quoi de plus universel que l’intimité ? « Je reçois des messages littéralement tous les jours, on me dit merci de mettre des mots sur ce que certaines personnes peuvent ressentir. De toute façon, à partir du moment où tu rends la chose publique, elle ne t’appartient plus exclusivement. »
Récemment, Eesah Yasuke a publié trois titres constituant son « triptyque » : Mythologie, Fuck1RSA et NGR, accompagnés de clips dans lesquels l’artiste met un point d’honneur à offrir une image soignée tout en racontant des histoires qui ont du sens. À présent, la rappeuse développe un style plus instinctif que jamais et prend encore plus de plaisir à faire et à offrir de la musique !
Instagram : @eesah_yasuke
« Tupac m’a donné de la force. »
Les secrets d’une tête en l’air
Le perchiste Armand Duplantis a réalisé des prouesses physiques et battu des records du monde, mais les secrets de sa réussite sont aussi cérébraux.
Texte MIA STELLBERG Photo FIFOUÀ 23 ans, l’Américain d’origine suédoise Armand « Mondo » Duplantis est au sommet. En juillet dernier, il a battu son propre record du monde au saut à la perche lors des championnats du monde d’athlétisme à Eugene, dans l’Oregon, ajoutant ce haut fait à sa médaille d’or aux JO de Tokyo. Il s’est récemment entretenu avec la psychologue sportive Mia Stellberg au sujet des tactiques mentales utilisées par les athlètes d’élite et sur la façon dont celles-ci peuvent s’appliquer aux personnes en dehors du sport. Voici un extrait de leur conversation.
the red bulletin : Vous avez récemment battu votre propre record du monde. Pouvez-vous nous parler de ce moment ?
mondo duplantis : C’est difficile à expliquer parce que tout va très vite – on n’a pas le temps de comprendre ce qu’il se passe. On réalise plus tard, avec du recul, parce que sur le moment, on est tellement euphorique. Il y a une poignée de moment dans ma carrière où les événements semblent complètement irréels tels que le record du monde, l’or aux Jeux olympiques. On est tellement sous l’effet de l’adrénaline que c’en est transcendant, presque comme si on vivait une expérience hors du corps.
Quel est votre état d’esprit optimal avant un record du monde ?
Il est important de comprendre les choses que l’on ne peut pas contrôler et de donner tout ce que l’on peut
selon les circonstances du jour donné. Je sais que je ne battrai pas le record du monde tous les jours. Je ne vais peut-être même pas gagner tous les jours, mais je vais m’assurer de tout donner.
Que souhaitez-vous encore améliorer sur le plan mental ? Quand j’étais plus jeune, j’étais mauvais perdant. D’une certaine manière, c’était bien. Je n’étais jamais satisfait et si je perdais, je ne pouvais tout simplement pas l’accepter. J’étais très motivé, mais je ne gérais pas de manière saine, comme sait le faire un professionnel. Je supporte beaucoup mieux la défaite maintenant. Je comprends mieux qu’il y a d’autres choses qui comptent dans la vie. J’étais dans l’incapacité de comprendre cela il y a deux ans ; j’avais l’impression que le saut à la perche était la seule chose qui comptait. Maintenant,quand je fais un mauvais entraînement, je suis déçu, mais je peux mettre ma déception de côté. Et je suis désormais capable d’être un ami et un petit ami convenable. Même s’il y a encore des choses à travailler, je peux m’améliorer parce que je pense que je m’attarde encore un peu trop sur certaines choses.
Cela ressemble à de la résilience, ou comment rebondir après des déceptions. Et améliorer sa résilience a un impact sur la dynamique en combinaison avec votre discipline.
C’est un équilibre délicat parce qu’il faut posséder les deux. Les bons perdants font rarement preuve d’une grande résilience. Mais j’essaie de trouver un équilibre.
Comment faites-vous face à toutes les attentes des gens à votre égard ? Quel conseil donneriezvous aux personnes qui ont du mal à y faire face ?
C’est encore un work in progress, mais j’ai confiance en mes propres capacités lorsque je suis sur la piste. C’est plus un problème quand je suis à la maison et que j’ai le temps de penser à tout cela. C’est à ce moment-là que je suis le plus nerveux ou que je doute le plus de moi. La meilleure chose que j’ai faite ces dernières années est d’avoir commencé à jouer au golf. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de passe-temps parce que j’étais trop concentré sur le saut à la perche. J’avais besoin de trouver un moyen de me vider la tête pendant quelques heures, voire une journée entière.
Comment votre mental profite-t-il à votre vie en dehors du sport ?
Je pense que le sport délivre beaucoup de bonnes leçons. Il apprend l’importance de la préparation. Que ce soit à l’école, à une réunion ou ailleurs, il faut se préparer. Dans certaines situations, il est bon d’improviser, de ne pas trop réfléchir et de laisser les choses venir d’ellesmêmes. Mais il faut trouver un équilibre entre la nécessité de se préparer et celle d’entraîner son corps et son esprit à faire ce que l’on veut. Et lorsque cela se produit, vous laissez les choses arriver naturellement.
Les objectifs, c’est nécessaire ?
Je pense qu’il est très important de se fixer des objectifs. Cela semble simple, mais les gens ne le font pas. Je ne parle pas d’être le meilleur au monde dans un domaine. Ou d’être célèbre. Mais si vous voulez faire quelque chose et que vous voulez le faire à un haut niveau ou au plus haut niveau possible, alors vous devez savoir ce que vous voulez faire et vous fixer des objectifs. Même petits, de petits points de contrôle pour s’assurer que l’on est là où l’on veut être. Avant de faire quelque chose, vous devez savoir ce que vous voulez en retirer.
Instagram : @ mondo_duplantis
« J’ai confiance en mes propres capacités lorsque je suis sur la piste. »
Debout malgré tout
Avec plus de 100 000 abonné·e·s Insta, Martin Petit, devenu tétraplégique après un plongeon, veut nous éveiller sur le handicap grâce aux réseaux et au Wings for Life World Run.
Le 21 août 2017, alors qu’il est en vacances dans le sud-ouest de la France, le Bordelais frôle la noyade et devient tétraplégique après un accident de plongeon dans l’océan Atlantique. À l’époque, le jeune homme traverse une période difficile, et faute d’inattention, ne remarque pas qu’il n’y a pas assez de fond dans l’eau. À la suite d’une opération de sept heures à l’hôpital de Bayonne, il apprend la fracture de sa vertèbre C5, et que sa moelle épinière est touchée aux C6 et C7. Martin Petit nous raconte comment il a envisagé la continuation de son existence après cet accident.
the red bulletin : Quand vous avez appris votre tétraplégie, que s’est-il passé dans votre esprit ?
martin petit : C’est très compliqué quand on se retrouve en fauteuil roulant du jour au lendemain. On arrive dans un monde qu’on ne connaît pas, on est dans le déni, dans la colère. J’ai eu des grosses phases de dépression. J’ai subi à la fois un choc et une difficulté à me projeter parce que j’ai perdu tous mes repères et que j’ai dû mettre mes études de côté. Je me suis senti très seul face à la difficulté, alors que, pourtant, j’étais entouré. Mais parallèlement, je me suis construit un mental d’acier et me suis appuyé sur mon ego pour pouvoir avancer.
Qu’est-ce qui vous a fait prendre conscience qu’il fallait aller de l’avant ?
Ça a mis de très longs mois, même des années, et encore aujourd’hui, il y a des moments où je suis en colère. Ce handicap a fait évoluer mon rapport aux autres. Avant, je mesurais
1,80 m et pesais 75 kilos, j’étais très sportif donc tout en muscles. Mon corps s’imposait naturellement. Maintenant, je mesure 1,30 m assis. Il a fallu que je trouve un autre moyen de reprendre ma vie en main. Cela a été avec les réseaux sociaux, ils ont un aspect thérapeutique pour moi.
Vous militez pour l’inclusion au sein de la société des personnes touchées par un handicap… Le handicap est encore perçu comme misérable et triste. Il faut changer ça, c’est la raison pour laquelle je souhaite montrer que je suis capable de gravir une montagne, traverser un désert, faire des vidéos YouTube quand ce n’est pas du karting. Malgré le handicap, on peut faire plein de choses !
Il y a deux ans, vous déclariez dans une interview : « Je sais peut-être un peu plus où je vais que quand j’étais valide. » Pourquoi ?
Quand on se retrouve en fauteuil, le plus difficile, c’est de redonner un sens à sa vie. Le mien a été de me sentir utile en servant cette cause qui me nourrit humainement. Les réseaux sociaux m’ont apporté du soutien, j’y ai rencontré des gens qui ont vécu les mêmes difficultés et qui m’ont apporté des réponses. C’est donc à mon tour de rendre la pareille. C’est important que les personnes qui sont dans notre situation entendent que leur vie n’est pas fichue. J’ai survécu à quelque chose de très grave et j’en ai fait quelque chose de fort et puissant.
Cette responsabilité ne se manifeste pas seulement sur les réseaux, vous vous rendez sur des plateaux télé et des événements comme le Wings for Life World Run. Quel lien avez-
vous avec cette course caritative, à laquelle vous avez déjà participé deux fois en 2018 et 2019 ?
C’est un an après mon accident et deux semaines avant le Wings For Life World Run que j’en ai entendu parler la première fois. À l’époque je n’avais « que » 30 000 personnes qui me suivaient. Je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse une vidéo pour expliquer le concept (une course au format particulier qui soutient la recherche sur la moelle épinière et qui se déroule dans le monde entier à la même heure chaque année, ndlr). Avec ma visibilité, j’estime avoir une responsabilité et cette course est importante.
Dernièrement, le neuroscientifique français Grégoire Courtine et son équipe basée à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), ont franchi une étape majeure dans le développement de la stimulation électrique de la moelle épinière, ce qui a permis à neuf patient·e·s blessé·e·s de retrouver l’usage de leurs jambes. Cette nouvelle redonne-t-elle de l’espoir ou bien faut-il en faire abstraction pour continuer d’avancer ?
Je n’attends pas d’avancées scientifiques pour être heureux et faire des projets. Cela fait cinq ans que je suis en fauteuil, et j’ai réalisé plein de choses. Effectivement, le fauteuil a ses problématiques, il y a des gens qui ne l’acceptent pas du tout, s’en plaignent et le vivent très mal car il induit plein de problèmes de santé. Personnellement, j’ai la chance de ne pas avoir de douleurs neuropathiques. En revanche, si demain on me dit que je peux de nouveau avoir l’usage de mes jambes, je dis oui, même si je ne suis pas sûr d’avoir le même discours dans quinze ans. Il y a des gens qui, après vingt ans en fauteuil, n’ont pas envie de remarcher, et inversement. Ce qu’il faut retenir, c’est que le fauteuil ne conditionne pas le fait d’être heureux, mais il est évident qu’il a un impact sur la charge mentale.
Instagram : @el_marticino ; comme Martin, participez à la course Wings For Life World Run le 7 mai 2023 en vous inscrivant sur wingsforlifeworldrun.com
« Le fauteuil ne conditionne pas le fait d’être heureux. »Natif de la Guyane française, Dany Dann est l’actuel champion de France et d’Europe de breaking.
La voie de Dany
Le B-Boy DANY DANN n’aurait peut-être jamais quitté sa Guyane natale s’il n’avait été percuté par le breaking. À force de passion et d’acharnement, le danseur de 34 ans en est devenu l’un des meilleurs spécialistes au monde. L’itinéraire d’un tueur souriant dont l’obsession est devenue ascension.
Texte PH CAMY P hotos LITTLE SHAOLété 2003 semble s’éterniser sur les rives du Maroni, ce fleuve-frontière entre le Suriname et la Guyane française. Sur le sable, les gamins de Saint-Laurent-du-Maroni, au nord-ouest, à 7 000 km de la Métropole, s’activent à leur passe-temps favori : le foot. Ou à faire des moves : saltos, backflips, roues, etc. Tout y passe. À l’occasion, des capoeristes s’entraînent sur le même spot. Alors les gamins analysent leurs évolutions et intègrent des mouvements de cette danse de résistance brésilienne à leurs propres évolutions. Parmi eux, Danis Civil, 11 ans, septième d’une fratrie de huit frères et sœurs. Bientôt, une fraction de seconde décidera de son éclosion hors du noyau familial, et de sa destinée.
Addiction
Un de ces fameux jours bénis d’été, alors qu’il passe devant la Salle des cultures locale, un rap puissant attire son attention. Les portes sont ouvertes, les gens à l’intérieur tentant d’optimiser toute source de fraîcheur potentielle. Il s’approche, et reste scotché : des jeunes font du breaking. C’est sur son futur que cette porte est ouverte. Parmi les danseurs, l’un de ses cousins, Anthony. Après une heure sans bouger, à observer, il entreprend enfin d’approcher son cousin. « Qu’est-ce que tu fais là ?! » « Un stage de breakdance », répond Anthony. « Comment ça ? Pourquoi ? » Plutôt que rentrer comme prévu chez lui, il file directement chez son cousin pour y passer la nuit. Les deux ne cesseront de danser jusqu’à une heure avancée. Anthony montre des mouvements à Danis, qui tente de les reproduire. Ça marche. Il assimile. Le lendemain, il participe au dernier jour du stage. Une fois la séance terminée, les danseurs restent des heures dans la salle, à se tester, essayer des mouvements, s’amuser. Début d’une addiction, d’un « cancer » positif, comme l’évoque le Guyanais.
Plus de vingt ans plus tard, nous rencontrons le gamin à Paris. Il n’est plus Danis, mais Dany Dann.
À 34 ans, il est devenu une référence internationale du breaking (l’appellation breakdance, c’était avant),
l’actuel champion de France et d’Europe de la discipline. De la piaule de son cousin aux compétitions les plus intenses face aux challengeurs internationaux les plus coriaces, comment le Guyanais a accédé aux plus hautes sphères du breaking, l’un des totems de la culture hip-hop ?
Boogie West
Retour en Guyane française en 2003. Dany se jette dans le breaking, avec Anthony, et un autre kid, Clayton, son meilleur pote. Pour ces pré-ados, les perspectives potentielles dans les années à venir sont relativement limitées. Vite entrer dans le monde du travail, après les études, surtout si l’on est potentiellement l’aîné de la famille, sur lequel peut reposer une grande partie des revenus du foyer, comme dans le cas de Dany qui perd son père à l’âge de 5 ans. Bosser en Guyane, pour Ariane Espace, par exemple, ou en Métropole, comme le font déjà certains de ses frères. Au sortir de l’école, d’autres voies, funestes, pourraient aussi se présenter. Par exemple devenir une mule : transporter ou ingérer de la drogue, cocaïne généralement, pour l’importer en Métropole. Milliers d’euros à la clef, pour qui ne se fait pas chopper. Ou quand la came ne se répand pas dans l’organisme du « transporteur », après que
« On était en mode “c’est la guerre”. »L’incarnation du B-Boy moderne : Dany pose pour Little Shao sous le pont de Bir-Hakeim à Paris.
Il y a vingt ans, c’est sur le sable de la Guyane que Dany faisait ses moves. Depuis, il s’est offert le monde.
les ovules de cocaïne ingérés n’éclatent ou se fissurent, pouvant causer une mort immédiate…
« En Guyane, ce phénomène touche toutes les générations, nous informe Dany Dann. Tu as des jeunes qui transportent, des personnes âgées, même des femmes enceintes… » Dans l’immédiat, les recruteurs ne s’intéressent pas à Dany et à ses potes. Ils sont les Boogie West, l’un des quatre crews de breaking locaux, avec les Hip-Hop Style (de Kourou), les Djambel Free Touch (Cayenne) et les danseurs issus de la communauté Hmong basés à Javouhey. Les Boogie West participent aux championnats de Guyane de breakdance en 2005. « Notre championnat du monde », déclare Dany. Et gagnent en équipe, Dany s’imposant en solo. Les copains repartent avec des lots et une coupe. Le travail de ces jeunes danseurs paie déjà.
Caserne break
En 2006, direction la Guadeloupe, pour participer au Caraïp’-hop, le plus grand festival hip-hop de la Caraïbe. Sortir de la Guyane, ça donne des envies d’ailleurs. Les kids ont les yeux fixés sur la Métropole. Pas d’Instagram ou de TikTok à l’époque, donc pas d’accès illimité à des millions de vidéos de breaking et de danse hip-hop. Alors, comment s’informent-ils sur les crews en place dans la Métropole ?
Sur leur danse ? « C’était simple, il suffisait de taper “breakdance France” sur YouTube », se souvient Dany, et de se repasser, sans cesse, les vidéos des crews locaux. Pockemon, Vagabond, ils découvrent des crews et des figures locales comme Lilou (danseur des Pockemon, deux fois vainqueur de la compétition internationale de breaking Red Bull BC One). « En découvrant ces vidéos, rembobine Dany, c’était no limit dans les moves. Et on a eu envie de se confronter à ces gars. »
Il faudra encore patienter, et faire un premier step stratégique pour y arriver, en s’engageant dans l’armée – avec Clayton et Anthony, bien entendu. Toutes les soirées des jeunes militaires sont dédiées au breaking. Ça breake non-stop à la caserne, toute la semaine, et aussi lors des week-ends de permission, où le crew se voit solliciter pour des prestations de danse rémunérées. L’armée et la danse commencent à esquisser un avenir positif et sain pour nos jeunes.
Manque de respect
En 2008, quand les Boogie West s’envolent pour la Métropole en vue de participer à l’Euro Battle de Clermont-Ferrand, ils montent en puissance. Ils se frottent à des Italiens, des Espagnols, des gars de l’Hexagone. « En regardant nos vidéos de cet event, avec le recul, je vois de la matière brute, du potentiel. » Leur détermination est décuplée. Trois mois plus tard, Dany et Clayton démissionnent de l’armée. Ils veulent conquérir la Métropole, où ils s’installent. Mais il faut d’abord trouver un job. Dany, qui loge dans un premier temps avec Clayton chez la sœur de ce dernier, suit une formation de magasinier-cariste, puis est embauché en tant
qu’agent d’accueil des parcs et jardins par la Mairie de Paris, dans des espaces verts proches de la Tour Eiffel, ou au Parc Monceau. Dans ces quartiers supposés huppés, Dany se confronte à l’attitude parfois détestable de certains jeunes du coin. « Ils me parlaient mal, me manquaient de respect… J’aurais bien voulu les remettre en place, mais ça m’aurait porté préjudice. J’étais l’employé, je n’étais pas en position de force. »
Auprès des 9.7.X, un crew composé uniquement de danseurs issus des DOM-TOM, qu’il rejoint, Dany ne trouve que de la bienveillance. « On était un crew de timals (terme pouvant désigner les Antillais métropolitains, ndlr), on parlait créole, on représentait tous les DOM-TOM. » Loin de sa famille et du sable du Maroni, Dany fait face à sa nouvelle réalité métropolitaine, renforce son mental, et donne toujours autant à la danse. À 20 ans, le membre des 9.7.X devient agent technique à l’hôpital AntoineBéclère, de Clamart, dans les Hauts-de-Seine. Et se jette en compétition dès que possible. Comme au Hip Hop Addict de Perpignan, où il croise une B-Girl, Marion – fin de l’histoire à ce stade. En 2012, Dany participe au Battle Of The Year France, une compétition majeure du breaking, lancée en Allemagne, puis installée en France, à Montpellier, dès 2010. Il remporte la compétition homme en solo. Marion s’impose en solo chez les femmes. Leur vient l’idée de participer aux UK Champs de Londres, dans le format Bonnie & Clyde. Quelques jours avant
« Avec le crew Vagabond, j’ai découvert la rigueur de l’entraînement. »
Dany Dann
RED BULL BC ONE WORLD FINAL Tentez votre chance !
En vue de la finale mondiale du Red Bull BC One à Paris, à Roland Garros, le 21 octobre prochain, des étapes qualificatives sont organisées et ouvertes à toutes et tous. Afin de déterminer les danseuses et danseurs qui participeront à la finale nationale, dont les vainqueurs affronteront la crème de la compétition internationale à Roland Garros. Quatre B-Girls et quatre B-Boys seront qualifié·e·s à chaque City Cypher (chacun·e pouvant participer à un ou plusieurs city cyphers pour augmenter ses chances d’être qualifié·e).
DIMANCHE 12 FÉVRIER
l’événement, Marion monte à Paris depuis Perpignan où elle réside, afin qu’ils élaborent leur prestation. Mais l’événement est finalement annulé en dernière minute. Pour autant, Marion reste quelques jours de plus à Paris. Les deux amoureux de breaking commencent à se fréquenter.
La guerre
En octobre de la même année, un gros rendez-vous pour Dany, qui affronte le Néerlandais Niek en demi-finale du Battle Of The Year Monde, un gros challenge pour le Guyanais. « Niek, c’était ce type blanc, impeccable, avec pas un cheveu qui dépasse », plaisante Dany, qui s’incline face à ce BC-BG du breaking. Lors de ce même BOTY, il rencontre un danseur français renommé : Lil Kev. « Je ne le connaissais qu’en vidéo, et j’avais des a priori sur lui, je pensais qu’il n’était pas cool. » Il change d’avis dès lors qu’il commence à s’entraîner avec Kevin. « En fait, on avait la gagne en commun. » Dany intègre le crew de Lil Kev, les Phase T, et accède à des battles à l’international : Autriche, Belgique, Espagne, Italie… plus déterminé que jamais. « On était en mode “c’est la guerre”. C’était l’état d’esprit de Kevin : le battle, c’est le battle, pas de pitié. Il me disait : “On va les attraper par le cou, et on va les niquer !” » Une agression symbolique, bien sûr, car le battle de breaking n’autorise que des moves, et non pas des coups. Mais l’agressivité et une certaine forme d’arrogance ont leur place dans un cypher, cet espace incandescent où les
Espace Jean Racine, Saint-Rémy-lèsChevreuse
DIMANCHE 19 FÉVRIER New Factory, Nantes
DIMANCHE 12 MARS
Le Transbordeur, Villeurbanne
VENDREDI 7 JUILLET
Montpellier
Que votre niveau en danse soit débutant ou confirmé, les City Cyphers sont ouverts à toutes et tous. Votre ascension dans l’élite du breaking pourrait débuter par une visite sur : redbull.com
« On regardait les breakeurs français sur YouTube, c’était no limit dans les moves. »
« Je suis plus athlétique qu’avant, j’ai un meilleur cardio, un meilleur souffle. »
danseuses et les danseurs rivalisent de moves pour éliminer leurs adversaires. Là où les humains les plus détendus et conviviaux peuvent devenir hardcore sur une piste de danse, comme l’explique Dany. À condition d’assurer. Fort de son expérience dans l’armée, de ses voyages de plus en plus nombreux, de son anglais qui s’améliore, Dany est sollicité pour animer des stages de danse à l’étranger. Le Saint-Laurentais a fait du chemin. Celui qui était resté scotché à l’entrée de la Salle des cultures de sa municipalité en découvrant le breaking est désormais un danseur de stature mondiale, confirmé, qui transmet sa passion à de jeunes débutants.
Maturité
Après l’expérience Phase T, Dany et Kev ont intégré les Infamous, et s’imposent dans pas mal de battles. L’ultime mercato interviendra fin 2016 quand les deux danseurs rejoignent le crew Vagabond, équipe mythique du breaking français. En son sein, Mounir est une icône, dont l’aura dépasse nos frontières métropolitaines et outre-marines. Trois fois champion du monde de breaking, il est aujourd’hui à la fois head coach de l’équipe de Chine de breakdance en vue des JO, un ambassadeur du breaking dans son développement à l’international, un coach en développement personnel et motivation, et un acteur du développement de la jeunesse par le biais des sports urbains et le créateur du programme HWE (pour Hard Work Easy everything, un programme de motivation par la transmission d’expérience), il encadre également les BC One All Stars, troupe de breakeurs d’élite activés partout sur la planète pour faire rayonner le breaking et transmettre cette culture. Au téléphone, il se souvient de sa rencontre avec Dany. « C’était bien avant qu’il intègre le crew Vagabond, vers 2010. Je vois débarquer un gars souriant avec les yeux qui brillent, qui a faim, qui a observé des danseurs depuis la Guyane et les rencontre enfin, avec respect. Je vois une joie de vivre, un dynamisme. Côté danse, j’ai senti un fort potentiel, et il était techniquement déjà très avancé pour un gars venu d’une scène, la Guyane, peu avancée par rapport à la Métropole et d’autres pays des DOM-TOM. »
Pour Mounir, la danse de l’époque est plus compétitive que celle d’aujourd’hui, d’un plus haut niveau, ce qui stimule Dany qui, selon lui, a su faire preuve de « lucidité et d’intelligence. Il n’a pas tout mis que dans la danse, il a eu ses différents boulots au fil des années, il a fondé une famille. Sa vie n’est pas dédiée à 100 % à la danse ; par contre, quand il est en mode danse, c’est à 200 %. » Marion, l’épouse de Dany, a été soutenue par les Vagabonds pour sa participation aux BOTY 2011 et 2012, et c’est elle qui a recommandé à Dany de s’approcher des Vagabonds. Dans un premier temps, Momo, le fondateur de Vagabonds, le prend sous son aile et le conseille, puis le Guyanais intègre officiellement le crew fin 2016, Mounir peut alors concrètement lui prodiguer sa méthode, basée sur le travail et la discipline.
En mouvement, et toujours souriant. Dany a encore bien des choses à vivre grâce au breaking.
« Le breaking est encore sujet à trop de préjugés. »
« Au début, ça n’a pas été simple, se souvient Mounir. Dany et Lil Kev ont eu du mal à s’adapter à notre méthode, notre philosophie. Dany est désormais arrivé à maturité, et c’est aujourd’hui qu’il peut mettre en application les choses que nous lui avons transmises à l’époque. Il est en pleine possession de ses moyens, et à l’approche des JO (qui accueilleront pour la première fois le breaking, ndlr), c’est du pain béni pour la France. C’est son rendez-vous. »
Champion d’Europe
Installé à Perpignan, Dany y a trouvé un espace pour s’entraîner et créer, La Casa Musicale, gérée par une association locale qui le soutient aussi pour certains de ses déplacements sur des compétitions. Dany a fondé une famille avec Marion, ils ont deux enfants. « La danse ne les intéresse pas du tout, eux, c’est le foot ! », dit-il en se marrant à propos de ses garçons. Marion, infirmière libérale, qui ne danse plus mais est sollicitée en tant que juge sur des compétitions de breaking, a toujours un regard avisé sur les moves de Dany. « Elle a une vision juste, elle me dit franchement ce qu’elle pense de ma danse et de mes innovations. Je prends toujours son avis en compte, mais j’aime bien y ajouter mes petits twistes – et là, je trouve mon juste équilibre. »
Pour ce père de famille devenu aide-soignant, la période Covid sera vécue comme une année blanche côté battles, mais il reste présent sur la scène breaking en tant que juge, ou instructeur lors de stages. Au sortir des confinements, Dany se dit qu’il pourrait peut-être participer aux championnats de France de breaking, chapotés par la Fédération française de danse. Il remporte les qualifications régionales, mais s’incline en finale de l’épreuve nationale, quelque peu amoindri par une douleur au poignet. Les championnats de France 2022 à Bordeaux en juin 2022 seront les bons, il remporte la compétition. Et un titre de champion d’Europe à Manchester, en Angleterre, en novembre dernier. Pour autant, le danseur reste attaché à sa terre natale, la Guyane française, où il anime des stages auprès des jeunes locaux, avec son association, Best One, et le soutien d’une structure locale, M.Y.O.B.
Meilleur
Entre son titre national et européen, Dany a rejoint les danseuses et danseurs Nasty, Carlota, Khalil, Sarah Bee et Lagaet, au sein de l’Équipe de France de breakdance, en vue des JO de Paris 2024, cette grande première pour le breaking. Au sein de ce programme national, il intègre l’INSEP, fameux centre de formation et d’amélioration des athlètes français de haut niveau, où il séjourne du lundi au vendredi. Dany a mis son métier d’aide-soignant
de côté, et bénéficie dans ce temple du sport du XIIe arrondissement de Paris, d’un suivi de qualité. « Je suis accompagné dans ma préparation physique, ma récupération, j’ai des séances de kiné, de massage, des soins. » Il évoque des améliorations concrètes de sa performance. « Je suis plus athlétique qu’avant, j’ai un meilleur cardio, un meilleur souffle. » Les JO en ligne de mire, l’INSEP au quotidien.Danscecontexteconfortable,commentDanypréserve-til son âme de B-Boy, ce feu sacré de créativité qui l’anime depuis ses premiers moves il y a vingt ans, dans la chambre de son cousin, sur des matelas posés à même le sol ? « Tout cela m’apporte de réelles améliorations au niveau athlétique, mais la créativité, mon style, c’est quelque chose que j’avais déjà avant l’équipe de France. » Quel est-il, justement, son style ? « Je suis gainé, mais vif, lâche Dany. Ma personnalité se ressent dans ma danse : la musique, la fête, mon côté décontracté. En battle, je peux te retourner, mais avec le sourire. »
Les coups
À 34 ans, Dany avoue apprécier plus que jamais le breaking, le simple fait de danser. « Je suis beaucoup plus conscient de ma danse, plus précis, sur le moment. Là où j’enchaînais les moves à l’instinct par le passé, je suis maintenant à même d’anticiper mes prochains moves. J’entends la musique, et ça me donne l’idée d’enchaîner avec tel ou tel move. Je peux aussi observer mon adversaire, voir dans ses yeux que je suis en train de le terrasser. Je suis conscient. Je sens qu’il prend des coups. Et je rigole. Je m’amuse. » C’est cette fois très sérieusement que Dany évoque la World Final du Red Bull BC One à Paris, à Roland Garros, le 21 octobre prochain. « Le BC One, c’est l’une des compétitions avec la plus grande longévité. Peu de danseurs l’ont remporté. J’ai participé à sa finale mondiale en 2017, mais je n’étais pas prêt. Je me suis fait sortir dès le premier tour. Là, c’est moi qui ai pris des coups. En octobre, si je suis présent, je serai prêt à en recevoir, mais aussi à en donner », sourit Dany. Viendront ensuite pour le Guyanais, s’il est confirmé parmi les deux danseurs hommes français en compétition, les JO. Une opportunité pour sa danse, qui, à ses yeux, bénéficie déjà d’une belle attractivité. « Tu n’as besoin de rien pour te mettre au breaking. Juste de ta motivation, de potes et de travail. Les JO seront l’occasion de le faire connaître à un autre public. Ce sera une reconnaissance, pour notre danse et pour les danseurs et les danseuses. Et je souhaite que grâce à cela, certaines personnes changent d’avis sur le breaking, car il est encore sujet à trop de préjugés. »
Alors que nous achevons notre entretien, Dany, « l’arthlète » (plus athlétique, et toujours aussi créatif) se rend compte qu’il vient de faire une rétrospective quasi complète de sa vie. Où serait-il aujourd’hui s’il n’était pas passé devant la Salle des cultures, par un jour d’été ? « Merci la danse », conclut-il, avant de retourner s’entraîner. Instagram : @danydann97
« Tu n’as besoin de rien pour te mettre au breaking. »
Le monde ralenti
La Finlandaise JOHANNA NORDBLAD, 47 ans, a plongé en apnée sur 103 mètres sous la glace. À la fin, elle a cru que son cœur allait s’arrêter de battre. Le froid extrême freine les choses d’une manière inquiétante –mais il peut aussi les sublimer.
Texte KARIN CERNY Photos ELINA MANNINENSOUS LA SURFACE
Johanna Nordblad sous la couche de glace du lac Sonnanen, dans le sud de sa Finlande natale. L’eau est à deux degrés. Johanna Nordbladermez les yeux. Imaginez-vous en maillot de bain sur un lac gelé. Devant vous, un trou dans la glace, l’eau est sombre, menaçante. Vous glissez lentement sous la glace. Vous plongez et parcourez une distance équivalente à la longueur d’un terrain de football avec tout l’oxygène contenu dans vos poumons. En mars 2021, la Finlandaise Johanna Nordblad, 47 ans, a établi un nouveau record mondial. Aucun homme ni aucune femme n’avait encore plongé aussi loin sans oxygène sous la glace : 103 mètres en apnée. Sans palmes, sans combinaison. À la seule force de son corps. Dans une eau à environ 2 ° Celsius, avec une température ambiante de – 7 °Celsius. Le documentaire de 40 minutes de Netfix, Hold Your Breath: The Ice Dive, a suivi la plongeuse de l’extrême pendant plus d’un an, immortalisant ses doutes, son entraînement, mais aussi sa volonté sur des images d’un bleu crépusculaire dans un monde de neige et de glace.
Une question subsiste : que ressent-on quand on disparaît jusqu’à trois minutes sous la glace ? Quand on plonge dans un monde où l’on ne peut pas vivre ? « C’est assez effrayant d’établir ce genre de record, parce qu’on n’a pas de données de référence », expliquera Johanna un an plus tard, par une chaude journée de printemps. Elle vit à Helsinki, près
de l’eau bien entendu. « J’ai atteint ma limite absolue. Après 80 mètres, j’avais l’impression que mon cœur ne battait plus qu’une fois par heure. Les derniers mètres m’ont semblé durer des jours. Je me suis dit, ça y est, là, mon cœur va totalement s’arrêter de fonctionner. »
FPuis elle laisse éclater un rire qui la caractérise bien : profond et chaleureux, accentué par l’éclat de ses yeux. Elle pourrait bien être comme l’un de ces requins du Groenland qui vivent trois fois plus longtemps que leurs congénères des eaux plus chaudes. Dans le froid, le métabolisme tourne au ralenti, tout prend une lenteur inquiétante. « Somniosus » (qui signife « somnolents »), tel est le nom de ces géants indolents des eaux polaires. Johanna a dû s’habituer à cette vie au ralenti. À cette sensation déconcertante d’un corps et d’un esprit devenant léthargiques.
En mode survie
La plongée sous glace est une activité paradoxale : on se trouve dans une situation extrême et potentiellement mortelle, mais il faut rester calme. Sous l’eau, le réfexe d’immersion se déclenche. Le corps sait qu’il doit économiser l’oxygène et il se met en mode survie : la fréquence
cardiaque baisse (jusqu’à atteindre le chiffre incroyable de dix battements par minute chez les pros de l’apnée) et le sang affue vers les organes vitaux. Une sorte de transe s’installe. Qui peut rapidement conduire à un évanouissement mortel.
Mais comment fait-on pour rester alerte tout en s’assoupissant ? Pour ne pas rater le moment où il faut refaire surface ? « Le froid est tellement puissant, on ressent tellement de choses différentes en même temps, explique Johanna. C’est pour cela qu’il faut être totalement dans le moment présent, afn d’être en mesure de décider de plonger jusqu’au prochain trou ou non. » Aller trop vite, c’est risquer de prendre de mauvaises décisions qui peuvent être fatales. « En compétition, j’étais toujours la plongeuse la plus lente », se remémore-t-elle. Un handicap qui est devenu sa force aujourd’hui. « La lenteur est ma façon personnelle de faire face à ce déf potentiellement mortel. »
La plongée sous glace lui a appris une leçon de vie, l’a rendue plus calme, plus sereine, mais aussi plus concentrée. Quiconque s’aventure dans ce monde étrange, constitué d’obscurité et de froid, ne doit faire qu’un avec lui-même, car chaque pensée parasite coûte une
L’APPEL DE LA GLACE Johanna dans le nord de la Finlande. Elle tombera son épais manteau pour l’entraînement.PLÉNITUDE
La femme qui venait du froid : Johanna Nordblad, fraîchement décongelée.C’est
potentiellement mortel, mais il faut rester calme.
LE BASCULEMENT
Johanna prend appui avec ses mains à la surface de la glace. Encore un moment avant de se lancer et de s’immerger.
précieuse quantité d’oxygène. « Le secret de la plongée en apnée, c’est de ne laisser aucune place à la peur, explique Johanna. Pour moi, c’est aussi ce qui en fait toute la beauté. Je laisse mes problèmes à la surface pour que mon esprit soit détendu pendant la plongée. » Quand quelque chose la stresse, lui trotte dans la tête ou lui fait peur, elle note un rendez-vous dans son agenda. « Cela me donne une sorte de liberté : je sais qu’il y aura un moment plus tard où j’essaierai de résoudre ce problème. Mais maintenant, je n’ai plus besoin d’y penser. » Johanna Nordblad, qui travaille en tant que graphiste indépendante, semble être une personne heureuse. La plongée sous glace est le meilleur des coaches.
Accro à la sensation
Enfant, elle était déjà passionnée par l’eau. Dès qu’elle avait du temps libre, elle allait nager. En 2000, elle découvre la plongée en apnée. Elle s’allonge au fond de la piscine et observe les gens qui nagent au-dessus d’elle. « On aurait dit des animaux. Tout était si paisible, j’avais l’impression de faire partie de la nature. Et j’ai rapidement su que j’étais accro à cette sensation », dit-elle. Dès 2004, elle bat le record du monde féminin d’apnée dynamique avec palmes sur 158 mètres en 6 minutes et 39 secondes.
Elle entraîne ensuite l’équipe nationale masculine de plongée en apnée en Finlande et participe aux championnats du monde en Serbie et dans son pays.
En 2006, elle connaît une première crise. « Brusquement, rien de tout cela ne m’amusait plus, c’est un peu devenu mon boulot. Je n’avais plus envie de me mesurer aux autres. Je voulais me découvrir moi-même », concède-t-elle. C’est ainsi qu’elle décide de sortir des sentiers battus. « J’ai commencé à m’entraîner selon mes propres méthodes, je nageais le plus lentement possible pendant vingt minutes. Pour me vider la tête et trouver de nouvelles idées. »
Le froid n’était pas au programme au départ. Ce n’est qu’à la suite d’un accident qu’elle s’y est mise. En 2010, Johanna fait une sortie en VTT de descente. La piste est glissante, elle fait une chute. Son pied gauche reste accroché à la pédale. Sa jambe, gravement blessée, ressemble à une branche tordue. La blessure est maintenue ouverte pendant dix jours à l’hôpital pour éviter la nécrose. On lui donne de la morphine pour calmer la douleur qui est insupportable. Ses os fnissent par cicatriser, mais son système nerveux ne semble pas vouloir se calmer. Trois ans plus tard, Johanna se réveillait encore la nuit en hurlant de douleur. « J’ai cru que je devenais folle », s’exclame-t-elle.
LA LIGNE À SUIVRE
Nordblad lors de son record du monde dans le lac Öllöri en Finlande. Une corde tendue à l’horizontale lui indique le chemin à suivre.
Jusqu’à ce qu’un médecin lui prescrive une thérapie par l’eau froide. « Au début, j’ai trouvé ça horrible, je me suis assise au bord du bassin, j’ai plongé mon pied dans l’eau froide. Des larmes m’ont coulé sur le visage. Mais au bout de deux minutes, j’ai ressenti un véritable soulagement et la douleur a disparu. » Le froid permet alors à Johanna de s’apaiser intérieurement. Il lui apporte une profonde satisfaction.
Les larmes de l’apaisement
« Cette blessure m’a permis de découvrir un nouveau monde », reconnaît-elle aujourd’hui. Elle commence à se glisser tout entière dans l’eau froide – le choc lui coupe le souffe. Mais elle apprend à passer au-delà de ce froid qui s’insinue dans sa tête et paralyse son cerveau, qui meurtrit la peau telles des piqûres d’aiguille. Johanna comprend quelque chose : on ne peut pas lutter contre le froid, il faut l’accepter. Et la récompense, c’est une incroyable sensation de liberté. Comme si on appuyait sur le bouton reset. « On entre dans un état méditatif sans méditer : nager dans l’eau glacée, c’est une méthode de paresseux pour se sentir bien. Quelques minutes dans l’eau
froide et on a l’impression d’avoir pris dix jours de vacances. » Et la plongée sous glace ? « Ça, c’est la méthode pour les super paresseux : en trente secondes, on change complètement sa vision des choses. Le trou dans la glace est une porte vers un lieu calme et magnifque où le temps s’arrête. »
Son record du monde n’a pas été une promenade de santé. Les obstacles se sont multipliés. Au départ, Johanna a pour objectif de plonger à « seulement » 81 mètres sous la glace pour battre le record masculin qui est à l’époque d’un peu plus de 70 mètres. Mais la pandémie arrive et la pousse à reporter sa tentative. Entre-temps, une Russe établit un record non offciel de 102 mètres. La barre est placée très haut tout à coup. Pour ne rien arranger, les piscines sont fermées pendant le Covid, Johanna a l’impression de ne pas s’être assez entraînée. Comment faire face à cette pression ?
Une fois de plus, c’est son humour noir qui la sauve. « La veille de ma tentative de record, j’ai appelé une de mes amies et je lui ai expliqué qu’il y avait deux possibilités, raconte l’athlète. Dans l’eau, je n’entends pas ma voix intérieure, je plonge trop longtemps –
et je meurs. Ou alors je remonte au premier trou. Et je meurs de honte. » Au fond d’elle, Johanna sait bien qu’elle n’a qu’une seule planche de salut : faire confance à sa lenteur. « Si je m’étais dit dès le matin qu’il faudrait que je plonge sur 103 mètres le jour-même, je n’y serais jamais arrivée, confe-t-elle. On ne peut rien prévoir à l’avance, il faut décider sur le moment. »
Johanna détient le record, hommes et femmes confondu·e·s. Dans le documentaire de Netfix, elle déclare : « Les femmes peuvent faire tout ce que font les hommes. » Une affrmation qu’elle trouve réductrice aujourd’hui. « Cette distinction ne veut rien dire pour moi : j’ai toujours
« Sous la glace, le temps est suspendu. »
SANG FROID
En plongée libre, Johanna se fond dans la nature, tout est calme et paisible.
Johanna Nordbladfait ce que je voulais. Peu importe que je sois une femme ou non. » Johanna était la plus jeune de sa famille, toujours en vadrouille avec son frère et ses amis à lui. Même si elle était la plus petite, elle était toujours partante pour l’action et le fun. « Je ne me suis jamais dit que j’étais différente parce que j’étais une flle. Il ne devrait pas y avoir cette distinction entre les trucs de garçons et les trucs de flles. »
La parfaite équipe
Pour sa sœur aînée, Elina Manninen, 49 ans, cela n’a pas toujours été facile. « Quand Johanna était enfant, on l’appelait notre petit singe, confe-t-elle. Je me rappelle qu’elle faisait toujours des trucs bizarres. » Les deux sœurs sont diamétralement opposées : Elina est plus craintive, ce n’est pas une aventurière. Et pourtant, toutes deux forment une équipe parfaite. Très différentes, les sœurs sont pourtant très liées : Johanna plonge, Elina est son soutien émotionnel et prend en charge toutes les questions pratiques, afn d’assurer la sécurité de sa sœur, permettant à cette dernière de se concentrer exclusivement sur sa plongée. Elina, qui est photographe, réalise des photos sous-marines de sa sœur d’une beauté époustoufante, plongeant en apnée et s’habituant à la froideur de l’eau. Kaspar, le fls de Johanna, a aussi exploré le monde de sa mère. « Il me fait confance, déclare Johanna. Avant qu’il ne devienne un ado qui vole de ses propres ailes, nous avons beaucoup plongé ensemble. »
Mais revenons-en au jour de son record du monde. « Encore cinq minutes », annonce une voix masculine. Johanna Nordblad est allongée en combinaison de ski sur un tapis de yoga, sur le lac gelé d’Öllöri, dans le nord de la Finlande. Ses yeux sont fermés, sa respiration est calme. « Encore une minute. » Aussi immobile qu’une statue, elle est assise sous un peignoir chauffant. « Encore 30 secondes. » Elle retire son peignoir, prend encore quelques bouffées d’oxygène. Et puis, elle plonge. Dans un monde obscur et glacial où tout se passe au ralenti. Tel un requin du Groenland, elle glisse dans l’eau en toute légèreté. Deux minutes et 42 secondes. Qui lui ont semblé durer des jours.
johannanordblad.com ; elinamanninen.com ; Insta : @johannanordblad ; @elinamanninen
AU NATUREL
Johanna Nordblad s’entraîne parfois avec des palmes, mais elle a battu son record du monde sans. Et aussi sans combinaison de plongée.« J’ai toujours fait ce que je voulais. Peu importe que je sois une femme ou non. »
Stay focus
Avec son premier album, Système, la rappeuse et beatmakeuse VICKY R, 26 ans, basée à Paris, sort volontairement de sa zone de confort pour s’élever et surprendre le public. Rencontre avec une artiste déterminée qui s’affranchit du chemin traditionnel auquel son père militaire la prédestinait.
Sans filtre et pleine d’énergies positives, la rappeuse Vicky R, 26 ans, dévoile son projet Système
Texte MARIE-MAXIME DRICOT P hotos CHRIS SAUNDERSu moment où j’ai rencontré Vicky R, de son vrai nom Victoria Rousselot Azizet Désirée, pour la première fois, elle avait déjà explosé sur les plateformes de streaming avec son titre Ahoo, aux côtés des figures féminines du moment de la nouvelle scène française : Bianca Costa, Chilla, Davinhor et Le Juiice. C’était en octobre 2021, le morceau passait sur toutes les radios hip-hop et les chauffeurs de taxi s’ambiançaient dessus à l’aube de nos lendemains de soirée. Enfin une reconnaissance à l’échelle nationale pour cette jeune artiste venue du Gabon et issue d’une famille de militaires.
La fille du Général Rizogo-Rousselot, n’a eu de cesse de se battre pour vivre de son art après avoir découvert le beatmaking grâce à un de ses cousins producteurs, dans un studio de musique à Lille, alors qu’elle n’avait que onze ans. Grâce à lui, elle trouve ce qui deviendra le moteur de sa vie : faire du son. Victoria commence à s’entraîner sans relâche et à composer des instrus rap avec FL Studio 7, son premier logiciel de création musical.
du
AÉté 2010. Victoria a 14 ans et n’est pas retournée à Libreville (Gabon) depuis deux ans. Elle y remet les pieds le 17 août, jour anniversaire de l’indépendance du pays, équivalent de notre 14 juillet. Partout en ville, c’est la fête, ça défile, et on peut entendre des concerts à chaque recoin de rue. Il y a même des cortèges du carnaval de Rio. Improbable. De nombreux artistes sont invité·e·s par Léa Dabany, considérée comme le plug des années 2000. Cette icône de la vie culturelle gabonaise connaît tout le monde, ici et ailleurs – Beyoncé, Ja Rule, Jermaine Jackson, etc. – et aussi la mère de celle qui deviendra Vicky R, car toutes les deux font partie du comité d’organisation des festivités du cinquantenaire de l’indépendance, célébré cet été-là. Une aubaine pour la beatmaker en devenir. Vicky R me décrit le genre de situation qu’on ne voit que dans les films : « De temps en temps, j’allais au QG des artistes booké·e·s pour l’événement, jusqu’au moment où ma mère me présente Léa, à qui, elle expliquait quelques minutes auparavant que
«
Dire qu’on fait
rap féminin, c’est très réducteur.
Vicky R
je faisais de la musique. Là, Léa appelle un membre de l’équipe de Sean Paul, qui en appelle un autre et ainsi de suite, jusqu’à avoir Sean au téléphone. » Deux jours après, elle se retrouve en studio avec l’équipe de la star jamaïcaine qui souhaite acquérir des instrus de Vicky. Mais les modalités du contrat (ça sent l’embrouille) et la multiplication des interlocuteurs conduiront ses parents à stopper le projet, qui aurait pu être un tremplin exceptionnel pour s’insérer dans l’industrie. Victoria n’en démordra pas et continuera à composer pour prouver à son père, qui en doute, que cela est plus qu’un simple passe-temps.
Non... mais oui
À l’âge de 11 ans, son père décide de l’envoyer en France pour sa scolarité – qu’elle mettra volontairement de côté dès la fin du lycée. Son kiffe c’est composer et Vicky aspire à devenir une artiste indépendante.
Pour comprendre les choix de Victoria, il faut s’attarder sur la relation très pudique qu’elle entretient avec son père. Premièrement, parce qu’elle est la benjamine de sa fratrie, deuxièmement parce qu’elle porte le nom de sa grand-mère paternelle et, pour finir, parce que toutes les femmes de sa famille ont fait des études brillantes. En résumé, le général attend beaucoup de sa part. Vicky R développe : « Mon père a toujours été dur avec nous, dans le sens où, quand on se marie, il faut qu’on ait un excellent bagage intellectuel. C’est une vision très archaïque qui existe encore en Afrique. » En effet, pour le général, la réussite n’existe que par le biais des études supérieures et du mariage. Le problème est que Vicky ne souhaite pas suivre cette voie.
La condition pour que Victoria puisse continuer son « activité extra-scolaire » est établie sous forme de contrat verbal : « Il m’a laissée faire car c’était ma passion, mais c’était toujours l’école avant tout, il faut que ça suive… “C’est ce qui fera de toi une grande personne”. Il me répétait ça souvent et ça m’a conditionnée. » À cela s’ajoute la mort de sa mère – alors qu’elle est au collège – qui aura pour effet de renforcer la dureté de son père. Victoria décide de jongler entre sa scolarité et sa vie de musicienne : « Ma première tournée, je l’ai faite sous le nom de Vicky quand j’étais en 3e, donc on calait les concerts le week-end. » Elle enchaîne plus d’une quinzaine de dates dans toute la France (Paris, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Montpellier…) et devient Vicky R.
Au lycée, elle met de côté son art pour se consacrer à son baccalauréat et obtiendra, trois ans après, une licence en communication, la dernière étape avant de dire « au revoir les études », et de se lancer à plein temps dans la musique. Son paternel lui en laissera-t-il la possibilité ?
Quand Vicky R commence à gagner de l’argent grâce à sa musique, son père remarque le caractère sérieux de sa passion, qu’il pourrait peut-être, un jour, considérer comme un véritable travail.
« Mais soyons honnête, il était aussi ravi que partagé sur la question. Mon père était fier que des personnes viennent lui dire :“J’ai vu ta fille elle fait ceci, cela !”, même si dans l’imaginaire collectif au Gabon, être artiste, c’est un truc de bandits. Pour beaucoup de parents, ça cache quelque chose, comme si on ne pouvait pas en vivre. »
Heureusement pour la rappeuse, le général Rizogo-Rousselot, qui a assisté au tournage Reines, pour l’amour du Rap (documentaire diffusé sur Canal+ qui met en valeur la place des femmes dans le rap et leurs expériences vécues), sorti en octobre 2021, prend conscience de sa réussite et lui octroie un moment de répit concernant l’obtention d’un master. Cela ne durera qu’un an.
Après avoir tenu tête à son père, Victoria émet l’hypothèse de se réinscrire à l’école : « Je vais très probablement reprendre mes études pour faire un master, parce qu’il me le demande et parce que j’estime le lui devoir. J’ai le sentiment que c’est la moindre des choses finalement. Mon père a fait tellement pour moi, même si je n’en ai pas spécialement envie ou besoin pour réussir ma vie, car j’ai de l’expérience. »
Dans le booth
En juin 2021, Vicky R, qui a grandi en écoutant Fat Joe, Booba, Pierre Akendengué et Zaho, sort son premier EP, RHC (Rap Haute Couture), qui suscite l’intérêt des maisons de disques et des programmateurs de festivals. Elle tournera tout l’été 2022, avant que les marques Jordan et Snipes ne l’intègrent à leurs talents du concours de rap et beatmaking « Snipes Soundbooth ». Elle participe également à l’émission référence Planète Rap, de la radio Skyrock, puis au Rap Jeu, de la chaîne YouTube Red Bull Binks.
Dans cette effervescence, la rappeuse trouve néanmoins le moyen de passer une quinzaine de jours, en septembre de la même année, aux Red Bull Music Studios Paris afin d’écrire son premier album, Système. Une expérience « complètement folle » : « Être en studio tous les jours, ce sont des moments qui font vivre et qui inspirent. » En s’entourant de sa chosen family (nommée Le Cercle), tout en répondant aux appels téléphoniques de son père, qui oui, se demande encore si elle va finir par faire son master. Elle y produit plus de la moitié de son album prévu pour se réchauffer pendant l’hiver, ainsi que des exclusivités à venir avec des chansons « solaires qui revivifient et détendent l’atmosphère » sur une vibe rap, très ego trip.
Vicky dans l’objectif du Sud-Africain Chris Saunders, au Silencio des Prés, un lieu de convergence des arts et de la gastronomie, rive gauche à Paris.
«
C’est important de se questionner et de se mettre à la place de l’auditeur. »
« Être en studio tous les jours, ce sont des moments qui font vivre et qui inspirent. »
Chaque moment passé au studio est un instant créatif, hors norme, familial et sincère. Quinze jours de travail intensif au cours desquels sont passés Chilla, le producteur Ever Mihigo (Aya Nakamura, Kalash, Lala &ce), la journaliste rap Ouafae Mameche, et son mentor Georyann Mamfoumbi du département hip-hop chez Capitol Music France… soit pour la conseiller, soit pour l’interviewer. Que du beau monde. Lorsque Vicky a un objectif en tête, on peut être sûr qu’elle s’y tiendra, tant qu’elle n’aura pas atteint la perfection. Probablement parce qu’elle sait qu’en privilégiant le rap aux études supérieures et à une carrière plus conventionnelle, c’est le seul moyen d’acquérir la reconnaissance de son père.
Son Cercle
Résolue et audacieuse, c’est avec son Cercle, qu’elle écrit Système, qui regorge de « sonorités sur lesquelles on ne [l]’attend pas » aux thématiques musclées. Pour Vicky R, la musique est un exutoire qui se partage, comme elle aime me le rappeler : « Tu étais là au studio, tu as vu comment je travaille, je suis assez ouverte d’esprit et j’aime apprendre. Je ne me censure pas pour demander l’avis d’autrui, c’est important de ne pas se buter, se questionner et se mettre à la place de l’auditeur. » Si vous n’êtes pas encore familier de ce collectif, Cercle, sachez qu’il s’agit d’un ensemble de personnes partageant une passion commune pour l’art et la musique, aux ambitions toujours plus grandes les unes que les autres, avec, pour objectif, d’ancrer leurs rêves dans leur réalité.
Pour la musicienne, c’est surtout « un moyen de puiser le meilleur de nous-mêmes, tout en connectant les gens entre eux. À l’origine on est une bande de potes issue de la diaspora africaine qui se poussaient naturellement vers le haut et en discutant, on s’est dit qu’il fallait le faire sérieusement ».
Si le projet de Vicky R était le point de départ du Cercle, aujourd’hui c’est plus grand que ça, il s’agit de toutes les personnes qui gravitent autour d’elle et qui croient en sa proposition. L’approche collective dans sa création musicale est, par conséquent, fondamentale et l’incite à ne jamais rester dans sa zone de confort, et ainsi, continuer à évoluer. Elle m’explique : « Être en groupe, ça crée un certain dynamisme et augmente notre motivation. Ce qui est beau et intéressant, c’est le transfert d’énergies. Je ne conçois pas le studio seule, même si parfois j’en ai besoin pour écrire des morceaux comme Le temps (part. 2), c’est un piano-voix pour lequel
j’avais besoin d’être concentrée, alors j’ai dû aller chercher au fond de moi des émotions que j’avais enfouies. » Une mise à nu où elle se livre explicitement sur la mort de sa mère. Un sujet délicat, qu’elle aura mis plusieurs années à incarner en musique.
Comme un film
Avec son titre Motif, produit par Ever, c’est aussi l’occasion pour Vicky R d’aborder un sujet qui lui tient à cœur : la toxicité. Selon l’artiste, il s’agit de « toutes les mauvaises choses dans lesquelles tu peux aller puiser de l’inspiration ». Est-ce que c’est une bonne source ? À discuter. Mais « l’album sort cet hiver, c’est donc le moment idéal pour faire le point sur nos sentiments ». Son souhait ? Que son public ressente les choses de façon décuplée. « Quand tu prends un son comme Motif, il y a de l’interprétation, de l’émotion, tu entres en phase avec [moi] », me dit-elle. De la même manière, elle est en symbiose avec Justin Timberlake lorsqu’elle écoute Cry Me A River : « C’est un morceau hyper toxique, surtout quand tu prends le contexte dans lequel il a été écrit (le titre produit par Timbaland raconte la rupture entre le chanteur R’n’B et sa compagne de l’époque, Britney Spears, ndlr) » Vicky R veut rester authentique, pour inscrire sa musique dans une perspective intemporelle.
Quant à F*ck le Rap Féminin (FRF) qui a failli être l’introduction de Système, il appelle à la fin des distinctions dans le rap. Une manière pour Vicky R de répondre à cette problématique sur laquelle elle ne souhaite plus s’exprimer dans le futur : « Dorénavant, j’enverrai les gens écouter FRF qui se veut très explicite. Il y a quelque chose de très réducteur, quand on entend une personne dire qu’on fait du rap féminin. » Malgré tout, l’artiste reste positive et espère, avec ce titre, ajouter sa pierre à l’édifice et faire prendre conscience à son public des évolutions encore à mener dans son industrie.
Par ailleurs, la rappeuse au regard qui ne trompe pas me raconte : « J’essaie d’être détachée, car si j’en dis trop et qu’on devine que ça vient de mon expérience, on pourrait l’utiliser contre moi. Je suis un peu parano (rires). Non, je plaisante c’est un moyen de me protéger. » La recette de Vicky R consiste donc à rester dans le vrai en ajoutant des éléments universels de fiction pour permettre à tous de s’identifier, car « quand tu es artiste, il faut aussi avoir la faculté de faire du storytelling ; après tout, une chanson, c’est comme un film. C’est quelque chose que je veux développer sur du long terme ». Démêler le faux du vrai n’est pas nécessaire pour apprécier l’œuvre de l’artiste quand syncrétisme il y a.
Avec le Système de Vicky R, nous sommes les témoins d’une progression lente mais euphorisante où la mélancolie et la tristesse sont au service de l’allégresse. La rappeuse vacille entre des musicalités qui viennent du Gabon, de la trap et du R’n’B tout en prouvant qu’elle sait aussi chanter. De quoi passer un hiver solaire ! Instagram : @iamvickyr_
« Le transfert d’énergies, dans un groupe, c’est beau. »
Eh mec ! Elle est où ma caisse ?
Braunwald, 1995
L’une des plus anciennes photos de Patrick Armbruster. La voiture a été amenée spécialement pour pimenter le parc d’obstacles. En l’air, c’est Andy Weber, un rideur acharné. Au volant, c’est Oliver. Il est devenu pilote.
À fond la caisse !
PATRICK ARMBRUSTER est une figure incontournable du snowboard. Le photographe suisse a documenté la manière dont de jeunes « chiens fous » ont revisité la notion de sports d’hiver au tournant du millénaire. Ou comment la montagne est devenue un espace de créativité radicale.
Texte DAVID PESENDORFERBig in Japan Tokyo, 2001
C’est Jonas Emery, l’une des premières stars suisses, qui fut champion du monde juniors de snowboard. Ici, il vient de remporter le X-Trail Jam, dans le Tokyo Dome, devant 75 000 personnes –à ce jour, le plus grand event de snow au monde.
Chasseur de poudre
Tenjin, Japon, 2000
La photo montre Thomas « Beckna » Eberharter du Zillertal tyrolien –à quelques pas de sa ville d’adoption : Tenjindaira, en abrégé Tenjin. Traduit, cela signifie « le paradis de la poudreuse ». « Et croyez-moi, quand la météo est bonne, l’endroit fait honneur à son nom. »
Du feu sur la glace Saas-Fee, 1998
Les mains nues, hiver comme été : le Norvégien Marius Sommer s’arrache ici sans gants sur le glacier de la station de Saas-Fee, en Suisse, surnommée « la Perle des Alpes ».
Noctilien
Prague, 2013
Dix-sept snowboardeurs de haut niveau en voyage à travers les montagnes d’Europe et d’Amérique du Nord, telle est l’intrigue du film Dopamine. De gauche à droite : Sylvain Bourbousson, le photographe Silvano Zeiter et Manuel Diaz, dans un bus pour sa tournée promo.
Ultraviolet
Zillertal, Tyrol, 2000
Voici Camus – pas Albert, icône de l’absurde, mais Sebastian, le déjanté, snowboardeur professionnel du Chili. Il a fait une très mauvaise chute à Mayrhofen, dans la vallée du Zillertal en Autriche.
Conséquence : un hématome énorme sur la cuisse. Rien de cassé, juste cette couleur violette démente.
Off the road again Laponie, 2000
« C’était le 25 avril, et Nicolas Müller de Laax fêtait ce jour-là son 18e anniversaire à Riksgränsen en Laponie suédoise. Et de quelle manière ! Voici ce qui s’est passé après les dernières prises de vue de Tribal, un film de snowboard, sur le chemin du retour à l’hôtel. »
« Le snowboard était pour moi la route vers la liberté et l’aventure. »
Patrick Armbruster, 46 ans, à propos de son cheminement de vie.
Équipe de nuit Hawaï, 2003
Que fait le snowboardeur en été ? Il tombe le haut, comme ici le pro américain Travis Rice, et monte sur un pick-up. Travis et quelques autres ont rendu visite à Patrick alors qu’il était en plein montage d’un film. La clique en a profité pour mener à bien une poignée de virées nocturnes mémorables.
« Et soudain, quelque chose de nouveau, de révolutionnaire se passait. C’était comme faire du skateboard, mais sur la neige. »
La guerre des clans Saas-Fee, 1996
Les Suisses Nils Frei, en haut à gauche sur la photo, et son pote Philipp Merz s’apprêtent à décharger leur matos pour une session d’été sur le glacier quand soudain, des mecs en roller déboulent sur le parking bitumé, leur cassant les oreilles. Pour le snowboardeur, c’est une insulte.
LE PHOTOGRAPHE PATRICK ARMBRUSTER
« L’odeur de la pluie évaporée sur le béton chaud dans la chaleur de l’été… » Se tenir sur une planche a toujours eu quelque chose de profondément sensuel pour Patrick Armbruster. Au début des années 90, il était ado à Dietikon, non loin de Zurich. « Le skateboard était pour moi plus qu’un moyen de locomotion, c’était un art de vivre. » Peu de temps après, il a vu son premier flm de snowboard : « C’était comme faire du skateboard, mais sur la neige », se souvient Armbruster, aujourd’hui âgé de 46 ans, en évoquant sa passion. De la pluie qui s’évapore à la pluie qui gèle, de la chaleur à la glace. Il a abandonné sa formation d’électricien, s’est immergé dans la scène du snowboard alors en pleine croissance, a produit des reportages et des flms légendaires. Avec ce livre, le maître de la photographie de snowboard fait le bilan des folles années de ses débuts.
Le recueil de photos Barely Made It (340 pages) est disponible sur le site de Patrick. En anglais. patrickarmbruster.com
Fêlés vs fédé
Laax, 1995
Le Suédois Ingemar
Backman en plein envol
lors du coup d’envoi de la tournée de la Fédération internationale de snowboard (FIS). En arrièreplan, le conflit avec la FIS couvait déjà, celleci voulant s’approprier cette pratique en raison de sa popularité croissante. Et elle a fini par y parvenir.
La vidéo sans fin
En se lançant dans son ambitieux film à la gloire de San Francisco, le légendaire trialiste écossais DANNY MACASKILL n’imaginait pas que son tournage durerait cinq longues années de sueur, de sang et de larmes. Mais pour le trentenaire, le jeu en valait la chandelle.
Vues de San Francisco
« Un classique. Cette ville est un endroit où il fait bon vivre, rider, ou simplement flâner. »
Danny MacAskill
En cette époque de gratification digitale instantanée, il est très rare de se lancer un défi sans jamais laisser tomber, même après plusieurs dizaines, voire centaines de tentatives avortées. Sauf pour Danny MacAskill, qui avale des défis au petit-déjeuner.
Depuis plus de dix ans, ce spécialiste du street trial est en effet passé maître dans l’art de perfectionner l’impossible. Tournée en 2009 dans les rues d’Édimbourg, sa vidéo Inspired Bicycles est l’une des premières du genre à faire le buzz alors que l’expression n’est même pas encore popularisée. Depuis, il emmène son deux-roues dans les coins les plus insolites du monde et nous régale de ses vertigineuses vidéos qui totalisent des millions de vues.
Quand on l’observe évoluer avec cette incroyable fluidité, on se dit que c’est un don naturel. Mais ce serait vite oublier la remarquable détermination et l’extrême concentration indispensables à la réalisation de ces prouesses presque impossibles : rider et sauter du canon d’un tank, faire l’équilibriste une centaine de mètres au-dessus du vide sur la pale d’une éolienne ou le long d’un tronc d’arbre (plus de 350 essais avant d’y parvenir enfin). Autant d’exemples de sa capacité apparemment infinie à faire évoluer son art.
« J’ai toujours voulu faire de mon mieux, expliquet-il. J’ai très vite compris que sans forcément chercher le dépassement de soi, je voulais que chaque vidéo ait sa propre signature. Dans ma tête, je cherche constamment à créer quelque chose de différent. »
Différent, son dernier projet (Danny MacAskill: Postcard from San Francisco) le devient également, mais pour d’autres raisons. Débuté en 2017, le tournage est vite interrompu quand l’un des endroits emblématiques de la ville se retourne contre lui.
« Le deuxième jour de tournage, on se rend sur ce spot mythique, 3rd and Army. Je trouve le coin parfait pour une ligne de tricks très élaborée. Premier essai, je dérape et paf, je me déboîte la rotule. »
Cinq ans plus tard, entièrement remis sur pied et fort de cette résilience qui le caractérise, MacAskill estime qu’il est temps de régler ses comptes avec la cité de la baie. Les spots de skate et de BMX de la ville ont une aura quasi mystique, sa géographie et son terrain uniques au monde en font un lieu éminemment brutal et impitoyable. Impensable de débarquer en s’attendant à pouvoir filmer illico presto. Il faut dresser une liste, élaborer une méthode, et régler tout un chapelet d’autorisations légales assorties
d’horaires très stricts. « J’ai passé pas mal de temps à faire des repérages dans San Francisco, je connais l’endroit presque aussi bien que le Royaume-Uni, précise MacAskill. C’est une ville belle et passionnante : il faut rester attentif à tout ce qui nous entoure pour découvrir le potentiel caché à chaque coin de rue. Ensuite, on dresse une liste interminable, et c’est alors qu’arrive l’une des étapes les plus difficiles du projet : obtenir des autorisations pour rider où l’on veut. »
Après une sélection réunissant une quarantaine de lieux de la ville, du fameux spot de skateurs de China Banks à la non moins célèbre prison d’Alcatraz, l’équipe de MacAskill se lance dans les demandes d’autorisations. Certaines sont refusées, d’autres ne permettent l’accès que pour une durée limitée et à des heures indues de la journée. Les lieux étant répartis sur une vaste zone géographique, MacAskill ne peut tout simplement se rendre d’un endroit à l’autre comme il le ferait habituellement quand un trick ne marche pas. Pas d’autre choix que de se lancer et de réussir coûte que coûte sous le regard d’une foule de curieux.
« Cela n’a pas été de tout repos, se souvient-il. Quand on essaie de faire des tricks qu’on n’a encore jamais faits ou que personne n’a jamais tentés, on peut vite passer deux, trois jours sur une séquence qui durera dix secondes dans le montage final. Je sais bien ce dont je suis capable, j’ai conscience qu’il me faudra parfois des centaines d’essais, mais dans 98 % des cas, j’arrive à poser ma figure. Là, j’avais totalement sousestimé tous ces permis de filmer qui ne laissaient parfois qu’une poignée d’heures pour peaufiner un trick. »
En dépit des permis, des refus, des différents lieux et des tonnes de tentatives infructueuses, le montage final offre un spectacle à couper le souffle. MacAskill semble évoluer en apesanteur dans les décors magiques de cette ville qui l’inspire encore et toujours. Pense-t-il pour autant avoir rempli tous ses objectifs ? Pour lui, le chapitre ne semble jamais clos. « On repense à certains projets cool encore sur la liste, dit-il. Au lieu de penser à tous les trucs accomplis, je me focalise sur ceux qui m’ont échappé. »
Regardez Danny MacAskill: Postcard from San Francisco et les coulisses du tournage sur redbull.com
« On peut passer deux, trois jours sur une séquence qui durera dix secondes dans le montage final. »
Chain ride
« Bon, c’est pas le trick le plus difficile, c’est une bonne grosse chaîne assez épaisse avec une légère torsion… et pas mal de gravier autour, tout de même. Un chouette coin. On avait un laps de temps assez limité et les touristes pullulaient dès le matin, donc on s’est pointés aux aurores pour filmer le trick. C’était certes un peu frustrant, mais au final, c’est le plaisir qui l’emporte : les chaînes de Fort Point, c’est un symbole de San Francisco. »
Overpass hop’n’over
« L’idée était de sauter par-dessus la rambarde pour atterrir sur cette colonne de support d’environ 30 cm de large. Pendant plusieurs jours, j’ai essayé de me lancer et de passer par-dessus, mais la rambarde fait environ 3 cm de plus que ma hauteur de saut maximale. Honnêtement, ce n’était pas gagné. En plus, j’avais très peu de prise d’élan. Je suis passé à un cheveu de la gamelle, le niveau de stress était énorme. Ça en devenait presque comique ; à la fin, mes bras tremblaient, mon cerveau était comme court-circuité. J’avais du mal à me mettre en mode “instinctif”. Donc oui, ça a l’air cool, mais c’était difficile de faire en sorte que ma tête se détende tout en sautant sur ce pilier de sept mètres et demi de haut, surtout quand on ne voit pas où on va atterrir avant d’arriver dessus. »
Handrail hop - Alcatraz
« Cette rambarde se trouvait dans la cour de la fameuse prison. Un bon spot, avec un saut jusqu’à la rampe, avant de descendre dans la cour en question. Si mes souvenirs sont bons, le skateur Mark Gonzales a shooté l’une de ses plus iconiques photos à cet endroit précis à la fin des années 80. Du bon béton à potentiel, imbibé d’histoire : un endroit de malades, en fait. C’était vraiment le pied de pouvoir rider ici. »
Danny MacAskillChina Beach drop
« Située dans une partie moins connue de la ville, China Beach est vraiment cool. Le drop depuis le mini rebord était super compliqué, surtout que la rampe en dessous était trop éloignée. En gros, je fais une chute de deux mètres pour atterrir sur ce truc très étroit. Si je laissais échapper ma roue avant, je risquais de passer par-dessus le guidon et de louper la zone d’atterrissage, donc de me retrouver dans le sable 5 mètres plus bas voire pire encore, de me crasher dans tout ce tas de bois. Pas vraiment top, comme sensation. Je me souviens avoir pensé que ça allait être simple, tout à fait dans mes cordes, et puis finalement, la journée a été vraiment très, très dure. Ce coup-là, il s’est joué au mental. »
Coup de flet
« Avant de retourner à SF, j’ai passé quatre mois dans un entrepôt de la ville d’Inverness, en Écosse, à m’entraîner sur des répliques construites sur mesure de certains des spots que je voulais faire là-bas. Celui-là ne m’a pas vraiment donné confiance en moi : il m’a fallu 300 essais pour y arriver. Plus que l’équilibre, c’est la façon dont la bande du filet se déplace sur le câble qui pose problème : elle se tord, ce qui fait glisser les pneus sur le côté. Mais finalement, j’ai réussi à le faire plus tôt que prévu. Sans entraînement préalable dans l’entrepôt, je n’aurais jamais pu réussir ce trick dans les délais. »
Nob Hill
« C’est une vue célèbre de San Francisco. L’idée du film était de visiter les coins les plus pittoresques de la cité californienne et de jouer sur ce thème de carte postale, pour donner un ensemble plus cohérent. Et, bien entendu, de trouver le ride le plus cool possible. »
Mission Alcatraz
« Alcatraz, c’est unique : cet endroit provoque toutes sortes d’émotions. Je me suis souvent questionné sur l’emprisonnement. Quand tu rentres dans une de ces cellules, tu ressens certains trucs tout en te disant que c’est un coin hyper touristique. Ça provoque cette espèce d’ambivalence très particulière. J’ai passé pas mal de temps sur des îles écossaises similaires, avec des forteresses qui datent de la Première et de la Seconde Guerres mondiales, donc, d’une certaine manière, je me sentais un peu en terrain familier dans ce mélange de béton gris et de guano »
China Banks
« C’était l’un des spots que j’étais le plus impatient de rider, tout simplement parce que China Banks est un spot de skate iconique qui apparaît dans tellement de vidéos. À l’origine, j’avais prévu une ligne de tricks très cool qui partait de l’autre côté des parapets : en gros, je sautais du côté du mur, je passais par-dessus cette espèce de grosse lanterne, puis je sautais à nouveau du mur pour atterrir sur un rebord. Mais au cours de ces cinq années de hiatus entre les tournages, un nouveau rebord a été construit pile à l’endroit où je devais sauter. J’ai donc changé mes plans et je suis allé dans la direction opposée. Pouvoir rider sur ce pont fut inoubliable. D’autant plus que j’ai entendu dire que China Banks allait bientôt être démoli. »
Alcatraz Stairs front fip
« Au départ, je voulais faire un 360 sur les marches d’Alcatraz, mais je me suis dit : “Ce serait bien de faire un front flip… Ce serait nettement plus cool dans cette cour mythique.” Le muret duquel j’ai sauté faisait un peu plus de 2 mètres, soit juste la limite de hauteur à laquelle on peut faire un front flip à plat, surtout si l’on doit franchir une telle distance. J’ai fini par faire exploser deux roues arrières (et mon dos). J’ai dû y retourner deux jours plus tard pour le refaire, j’ai encore sacrifié une roue, mais j’ai fini par le poser. »
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LE NORD MAGNÉTIQUE
Rando hors-réseau sur l’île de Senja, en Norvège
Jôte mes bottes et mon pantalon pour passer à gué la rivière en crue. Prix de la traversée : une eau glaciale qui me brûle atrocement la peau. Pour éviter que mon sac à dos et que Stein, notre chien de traîneau, ne soient emportés par les courants, je suis obligé à plusieurs reprises de les catapulter vers Tord, mon ami photographe. Les rivières sont frigorifiques mais l’air est doux. De sporadiques rayons de soleil estival réchauffent mon visage, merveilleuse récompense après un hiver arctique.
Nous entamons la seconde des cinq journées de notre périple de 100 km du nord au sud de Senja, à environ 60 km au sud-ouest de Tromsø, ma ville d’adoption. Deuxième île de Norvège par sa superficie, son nom vient du vieux norrois et signifie « se séparer ». Un titre parfaitement approprié d’après mes observations lors de mon unique visite deux mois plus tôt. Venu repérer des coins skiables, j’avais affronté un paysage particulièrement hostile. La force brute de l’Atlantique se déchaînait contre les silhouettes des géants aux sommets masqués par de menaçants nuages.
Mais Tord, originaire de l’île d’Andøya, à seulement 50 km de là, m’a convaincu de son immense beauté, avec ses riches plateaux et sommets alpins aux forêts denses et aux lacs enchanteurs.
La Norvège en miniature, en somme.
Ce voyage ne ressemble en rien aux audacieux défis relevés ensemble, de l’impitoyable traversée à voile des îles Féroé à l’Islande, pour rendre compte de la pollution plastique sur les mammifères marins en 2019, à la plongée en apnée avec des cachalots dans l’Arctique l’année suivante. L’idée est d’alterner paisiblement entre pistes improvisées et Senja på langs, vaste réseau de sentiers de randonnée de 70 km, sans aucune béquille technologique : adieu téléphone, réseaux sociaux et GPS. Une moyenne
de 20 km par jour avec pauses déjeuner de deux heures et sieste au bord des rivières le temps que nos chaussettes sèchent, fidèles aux préceptes du friluftsliv (la vie au grand air), philosophie norvégienne qui incarne ce besoin de reconnexion avec la nature pour faire le plein de bonheur.
Après avoir récupéré Stein, nous coupons nos portables et embarquons pour le village de Botnhamn sur la côte nord de Senja. À Stønnesbotn, fjord paisible et foisonnant de morues, un nordlandsbåt (bateau de pêche traditionnel rappelant un drakkar viking) se laisse bercer par les flots, seul. Au cours des cinquante dernières années, la grande distribution a décimé la communauté de pêcheurs de
l’île. Seuls 15 000 habitants subsistent sur ce territoire un peu plus grand que le parc national de la Vanoise (RhôneAlpes). Un sentiment d’éloignement encore accentué par les nombreuses maisons abandonnées croisées sur notre route vers le sud. Il est presque 23 heures mais il fait encore très clair : voilà presque un mois que le soleil ne s’est pas couché sur ces terres jurassiques sauvages. Nous bivouaquons près des berges gorgées d’eau de fonte de Bukkelva. Les frondaisons renaissent, profusion de couleurs presque aveuglante après un rude hiver monochrome et avare en végétation. Une légère brise apporte avec elle les effluves de cette flore ressuscitée. L’odeur de l’herbe fraîchement coupée
« C’est la mi-juin, et même si le soleil chauffe, nous apercevons encore un randonneur à skis sur les cimes, unique trace de vie humaine pendant tout notre voyage. »
Hugh Francis Anderson, aventurier
PERSPECTIVES voyage
L’île au trésor
Senja est à deux heures et demie de route de Tromsø. En été, un ferry vous y conduit en 45 min depuis Brensholmen six fois par jour. (Tromsø est à deux heures de vol d’Oslo.) En hiver, les montagnes de granit de la côte ouest sont idéales pour le ski et les collines et forêts alentours vous promettent d’inoubliables randonnées. visitsenja.no
et les chaudes journées de printemps me rappellent mon Angleterre natale, étrange familiarité alors que nous sommes au beau milieu de l’Arctique sauvage.
Réveil aux aurores pour continuer vers le sud-ouest. Nos velléités de Robinson solitaires sont vite étouffées par les traces animales sur le sol soyeux : sentiers jonchés d’excréments de cerfs et d’élans, vallée résonnant du chant des colombes auquel répond le cri strident d’un rapace. Notre élan est stoppé par une rivière en crue, traversée glacée au menu.
En coupant vers le sud-ouest à travers Senja, nous prenons de l’altitude. Au dessus de 350 m, l’hiver règne encore en maître. Féru de pêche à la mouche, Tord se réjouit des truites de Langdalsvatnet.
Mais le lac sommeille encore sous une épaisse couche de neige. Nous longeons ses rives, genoux enfoncés dans ce blanc manteau à la recherche d’un terrain suffisamment sec et plat pour y camper. Le lendemain, nous atteignons notre point culminant : situé à 851 m, l’Istind reste prisonnier des glaces. C’est la mi-juin et si le soleil chauffe, nous apercevons encore un randonneur à skis sur les cimes, unique trace de vie humaine pendant toute notre traversée. Notre migration à travers vallées et forêts m’avait presque fait oublier que nous étions au bord de l’Atlantique Nord. Depuis le sommet de l’Istind, les parois granitiques hérissées s’avancent comme des vrilles dans l’océan, vestiges des immenses glaciers de la dernière période glaciaire, il y a 25 000 ans.
Nous descendons camper dans le parc national d’Ånderdalen aux lacs entourés de marais et d’anciennes forêts de bouleaux, de frênes et de pins, un paysage rappelant davantage la Suisse
La sagesse de la nature
Trois conseils pour vos randonnées dans l’Arctique
Jamais perdu
Pour éviter de vous perdre, travaillez sur votre orientation et ayez toujours un GPS sur vous (en cas d’urgence, composez le 112). Cartes topographiques complètes sur norgeskart.no
Voyager malin
Comme le disent les Norvégiens, « il n’y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais habits ». Des sousvêtements en laine mérinos aux coupe-vents, préparez-vous à toutes les conditions.
Faites des pauses
Pour une randonnée de plusieurs jours avec un sac à dos lourd, il est sage de suivre la règle du 50/10 : 50 minutes de marche, 10 minutes de repos, une tactique de l’armée norvégienne. En fin de journée, il vous restera de l’énergie.
que la Norvège arctique. Qu’importe que ce soit le seul parc national de Senja. En Norvège, l’accès à la nature est un droit : le fameux allemannsretten autorise l’accès et le déplacement sur l’ensemble des terres, privées ou non. C’est pour cela entre autres que j’y vis et que les habitants ont un tel rapport à la nature.
Le dernier soir, j’attrape ma première truite sur les rives de Trollvatnet, aux arbres et aux rochers recouverts d’un épais manteau de mousse. Inoubliable expérience que de sentir la morsure et la tension de la ligne avant de remonter lentement sa prise pour le dîner. Enfoncés dans nos sacs de couchage à l’abri de la brise fraîche, nous évoquons combien notre conscience a changé, délivrés des distractions numériques.
Hugh Francis Anderson est un auteur anglo-néerlandais et un aventurier au service de l’environnement. Membre de la Royal Geographical Society, il vit à Tromsø, capitale de l’Arctique norvégien. hughfrancisanderson.com
« L’idée, c’est de sillonner l’île de Senja paisiblement. »
UN PODCAST DU RED BULLETIN
Une invitation à la réflexion, un espace où coexistent des solutions et des idées propres à notre époque, à travers les expériences personnelles de nos invités et invitées. Comment souhaitons-nous construire un environnement sain pour s’inscrire dans un « bien ensemble » ?
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Un pas de côté
Les skieurs et skieuses téméraires s’écartent des pistes. Voici tout le matos nécessaire pour une virée en ski de randonnée.
Ci-contre : bonnet 66°NORTH Dyngja, 66north.com; masque POC Nexal Clarity, pocsports.com; veste imperméable et salopette RAB Khroma Kinetic, rab.equipment; chaussures de ski K2 Mindbender 120, k2snow.com; sac à dos 32 L BLACK DIAMOND Dawn Patrol, gants Legend JJ Edition, skis Helio Carbon 104 et bâtons de ski Vapor AL, blackdiamondequipment.com
Ci-dessous : idem ci-contre, plus piolet BLACK DIAMOND Venom LT Classic, blackdiamondequipment.com
Les parois ABS améliorent la tenue des carres, l’adhérence et l’amortissement entre le ski et la neige.
PERSPECTIVES matos
Ci-contre et ci-dessus : casque POC Obex BC MIPS et sac à dos Dimension Avalanche, pocsports.com; masque 100% Norg Snow, 100percent.com; veste de ski shell HELLY HANSEN Elevation Infinity 2.0, salopette et gants Freeride Mix, hellyhansen.com; chaussures de ski K2 Mindbender 95 et skis Mindbender 89Ti, k2snow.com; bâtons de ski BLACK DIAMOND Expedition 2 Pro, blackdiamondequipment.com
GIANT TRANCE X ADVANCED E+ LTD Vraiment
toutterrain
Ce bijou produit à 507 exemplaires vous offrira confiance et plaisir en haute-montagne comme en rando. Revue de détail d’un VTT à 12 800€.
1. Cadre Advanced Composite Réalisé dans l’usine composite de GIANT, le cadre du nouveau Trance X Advanced E+ est assemblé manuellement selon un procédé exclusif appelé Modified Monocoque Construction, qui garantit un ratio rigidité/poids exceptionnel.
2. Suspension maestro
Quatre points de pivot stratégiquement positionnés et deux biellettes travaillent ensemble pour créer un point de pivot virtuel, pour un système de suspension actif, efficace et indépendant.
3. Géométrie variable
Le système de géométrie variable Flip-Chip intégré sur l’ancrage haut de la biellette du Maestro fait varier l’angle de selle et de direction de +/- 0,7 ° et la hauteur du boitier de +/- 10 mm. Le rideur adapte le vélo en fonction de ses préférences et du terrain sur lequel il évolue.
4. Combo cintre-potence Contact SLR Trail
Le tout-nouveau combo cintre/potence intégré Contact SLR
Trail garantit ajustabilité, confort, légèreté (225 g) et design épuré. Le ou la cycliste peut régler la longueur de la potence (40 mm, 45 mm, 50 mm) et ajuster la position du cintre pour obtenir l’inclinaison souhaitée.
5. Moteur SyncDrive Pro² Co-développé avec Yamaha et optimisé pour fonctionner de manière idéale avec les suspensions Maestro, ce moteur SyncDrive Pro² compact est plus léger (2,7 kg) et développe un couple de 85 Nm tout en étant très silencieux.
6. EnergyPak Plus Compatible avec le modèle Trance X Advanced E+, la batterie additionnelle EnergyPak Plus offre 250 Wh d’énergie complémentaire.
7. Batterie EnergyPak 800
Cette batterie utilise des cellules haut de gamme 22700, ce qui est une première pour un e-bike. Plus larges et disposant d’une plus grande capacité, les cellules 22700 dégagent moins de chaleur, ce qui produit moins de contrainte sur la batterie et offre une durée de vie plus longue.
8. Application RideControl
La commande RideControl Ergo 3 peut se connecter par Bluetooth à l’application RideControl. Votre smartphone peut alors fonctionner comme un écran de contrôle sur lequel vous pourrez voir toutes les données de votre sortie et effectuer les mises à jour.
9. Commande RideControl Go
Intuitive, la commande RideControl Go est intégrée dans le tube supérieur. Protégée, elle est résistante aux éclaboussures et à la pluie. Son écran LED renseigne sur les modes d’assistance et le niveau de charge de la batterie tandis que son bouton central permet d’allumer ou d’éteindre le vélo et de changer de mode d’assistance.
10. RideControl Ergo 3
Cette commande au guidon s’intègre dans le prolongement des grips. Réversible, elle peut s’installer à gauche ou à droite du guidon. Ses trois boutons tombent sous le pouce et permettent de changer les modes d’assistance et d’activer l’aide à la marche. La RideControl Ergo 3 est ANT+ et Bluetooth, et peut se connecter à l’application RideControl ou un écran compatible.
PERSPECTIVES fitness
ENTRAÎNEMENT Géant vert
Abandonnez la chair. Julian McKerrow, champion du monde de musculation, montre comment les plantes peuvent vous donner de l’énergie.
Si l’homme fort islandais
Hafþór Björnsson – plus connu sous le nom de « La Montagne » dans Game of Thrones, et considéré par certains comme l’homme le plus fort ayant jamais vécu –vous disait de manger une assiette d’ailerons de requin fermentés, peu s’y opposeraient. Mais en tant que végétarien de longue date, c’était quelque chose que Julian McKerrow ne pouvait avaler. « Ça sentait comme quelque chose qui vient de mourir, dit ce Londonien de 32 ans. Pas au point de me donner envie de vomir, mais pas loin. »
C’est en 2018 que ce pro de l’informatique s’est retrouvé devant le plat national islandais à Reykjavík. Il ne s’agissait pas d’une mission de support technique – multiple champion du monde et recordman amateur de force athlétique (powerlifting)
durant son temps libre, McKerrow avait été invité au pays du feu et de la glace pour s’entraîner avec le viking des temps modernes, Björnsson. Mais son régime sans viande semait la confusion dans le camp. « Personne ne me croyait, se souvient McKerrow. Je me retrouve souvent dans cette situation. »
Rien d’étonnant à cela : du haut de son 1,95 m et de ses 125 kg, McKerrow est un véritable géant parmi les hommes. Le sport qu’il a choisi, la force athlétique, se concentre sur trois des levées de gymnastique les plus connues : flexion sur jambes (squat), développé
couché (bench press) et soulevé de terre (deadlift). Lors des compétitions de force athlétique, les participantes et participants tentent de soulever le poids le plus lourd possible dans chacune de ces trois disciplines.
L’athlète qui obtient le poids total combiné le plus élevé remporte la compétition.
Historiquement, on s’entendait sur le fait que les protéines provenant de la viande – et en grande quantité – étaient essentielles pour participer à cette démonstration de force. Malgré ses nombreux exploits en force athlétique dans le cadre d’un régime végétarien, dont un record personnel de 332,5 kg au deadlift (soit à peu près le poids d’un piano à queue), Julian McKerrow se heurte encore à cette idée aussi fausse qu’obsolète.
quelques-uns de ses conseils en matière de musculation et d’alimentation sans viande.
Semer des graines
McKerrow consacre ses quatre séances d’entraînement hebdomadaires à perfectionner les trois disciplines de force athlétique : « Je me concentre sur la technique et la forme. La force brute ne peut pas tout faire, mais l’efficacité et la technique peuvent vous mener très loin. » Il travaille également sur les muscles de soutien qui l’aident à différentes étapes des levées. « Le haut du dos, par exemple, vous soutient pendant un développé couché. S’il est fort et stable, cela va aider avec un poids plus important. »
Les pieds sur Terre
« Je mange entre 4 000 et 4 500 calories par jour pour maintenir ma taille et ma force », explique McKerrow. Il en ajoute 1 000 lorsqu’il développe sa force, mais en soustraira autant pour respecter sa limite de poids en compétition. « J’ai déjà dû perdre 5 kg, mais je le fais sur deux mois. Je ne fais pas de régime yo-yo, car cela a un impact sur la force et la capacité d’entraînement. »
Un équilibre naturel
« En principe, je fais cinq repas par jour, et chacun d’eux est de la taille de ma main ouverte. » Tous ont tendance à être composés à 60 % de glucides (riz, pâtes, pommes de terre), plus une protéine (lentilles, haricots mixtes ou faux canard à base de gluten de blé) et des légumes verts vitaminés ou une salade. Il avale également deux boissons protéinées, une le matin et une autre avant de se coucher. Mais il s’interdit de consommer des œufs crus : « Je ne suis pas à ce niveau de Rocky. Si j’en ai envie, je peux en brouiller quatre et c’est tout. »
Julian McKerrow, powerlifterL’homme fort nous livre ici
Instagram : @365muscleuk
« Chacun de mes repas fait la taille de ma main. »
REMASTER
The Clone Wars
Les rééditions et les remakes de jeux emblématiques rivalisent avec les nouvelles versions, mais il ne s’agit pas de copier-coller.
Silent Hill 2. GoldenEye 007. Final Fantasy VII. On pourrait croire que nous revisitons l’histoire du jeu vidéo, mais il s’agit en fait de quelques-unes des sorties les plus attendues de 2023. Ce n’est pas non plus une nouvelle tendance : Tony Hawk’s Pro Skater et Resident Evil sont deux autres titres du tournant du millénaire qui ont été remis au goût du jour sur la dernière vague de consoles. Alors, qu’est-ce qui anime ce désir de rejouer le passé ?
« Nous avons un premier groupe de personnes âgées de 40 à 50 ans qui jouaient à ces jeux il y a vingt ans, explique Chris Payton, directeur du contenu pour les développeurs de jeux Unity, et ils veulent revivre cela, tout comme vous pouvez écouter un vieil album. »
Auparavant responsable artistique du studio de jeux indépendant Rebellion, Payton a travaillé sur les remasters des jeux de tir à la troisième personne Rogue Trooper et Sniper Elite V2
Contrairement au plaisir de rejouer de vieux vinyles, les souvenirs surannés sont vite anéantis lorsqu’une console et un jeu originaux rencontrent un écran moderne. La remasterisation est la solution, moyen bon marché et garantie pour les développeurs de tirer profit de cette fête de la nostalgie. « Vous dépenserez quelques millions de dollars –un montant relativement faible par rapport à un départ de zéro – en sachant que votre produit se vendra bien. »
Ces jeux ne sont pas non plus réservés aux fans de la première heure : « Ils sont édulcorés pour qu’un nouveau public puisse découvrir le même gameplay. »
Casser les codes
Un jeu est créé par les programmeurs, l’équipe de conception et les artistes. Pour un remaster, le travail des concepteurs est déjà fait. « Le gameplay sous-jacent est ce qui rend le jeu génial, donc pas question d’y toucher », précise Payton. Les programmeurs se chargent de faire fonctionner le jeu sur les nouvelles plateformes, tandis que l’équipe artistique fait revivre les images.
Couper court
Parfois, le gameplay doit être repensé pour correspondre aux attentes d’aujourd’hui. Le système de combat original de Final Fantasy VII, basé sur le tour par tour, de type Donjons et Dragons, semblait déjà dépassé lors de sa sortie
originale, et les développeurs ont donc opté pour une configuration hybride pour le Remake 2020 (une mise à jour pour le 25 e anniversaire, Rebirth, est prévue cette année). Dans cette nouvelle configuration, les joueurs et joueuses peuvent taper sur les touches, à la manière de Tekken, ou opter pour des attaques plus stratégiques (et plus dangereuses) basées sur le menu. « Le marché actuel recherche une gratification instantanée, explique Payton. Certains de mes jeux préférés étaient basés sur le tour par tour, mais ils sont lents et frustrants quand j’y rejoue. »
Vision périphérique
Les remasters ne doivent pas seulement tenir compte des améliorations apportées aux consoles. « Il y a quinze ans, tous les écrans étaient au format 4:3, explique Payton. Aujourd’hui, tout est en écran large. » Heureusement, les développeurs n’ont pas à se lancer dans le back filling des espaces vides qui étaient auparavant hors écran : « Contrairement à un film, où un décor est construit pour correspondre à la caméra, les environnements de jeu sont complets. » Et les artistes peuvent se concentrer sur l’ajout de détails en HD, ce qui était impossible par le passé.
L’heure du jugement
Les remasters de jeux ne sont pas tous exempts de controverse. Les fans peuvent être protecteurs de la façon dont le jeu se joue ou de son scénario. « Il y a toujours une minorité qui s’insurge contre de petits changements dans la conception ou les choix artistiques, déclare Payton. Même si vous voulez que votre titre soit un succès commercial, vous devez prendre des décisions audacieuses. Un jeu est la somme de millions de décisions, et il y aura toujours des critiques à émettre, vous ne pouvez pas faire autrement. Et c’est déjà bien ! »
« Un jeu est la somme de millions de décisions. »
Chris Payton, développeur
JOUER Empochez votre BTS
Votre rêve de faire des tartes à la crème avec un boys band vient de se réaliser.
Les chanteurs du boys band sud-coréen hyper populaire BTS sont si mignons qu’on voudrait les garder avec soi comme des animaux de compagnie. C’est ce que veut nous faire croire la marque Bandai America, dont les Tamagotchis TinyTAN permettent aux fans de nourrir des versions virtuelles des icônes pop coréennes.
Le Tamagotchi (« montre-œuf » en japonais), un « animal de compagnie numérique » logé dans un jeu vidéo ovoïde de la taille d’une paume, a connu un succès mondial lors de son lancement au Japon en 1996, avec 40 millions d’unités vendues au cours des deux premières années. Son gameplay rudimentaire – nourrir et dresser son animal pour le maintenir en vie – n’y est pas pour rien.
Nommé d’après les alter ego animés de BTS, le Tamagotchi TinyTAN propose deux mini-jeux en plus : Dance! Dynamite!, un défi rythmique, et Make a Custard Tart, un exercice consistant à remplir une pâtisserie. Gardez votre personnage heureux et il changera de tenue et de coiffure ; négligez-le et... eh bien, c’est un BTS et il ne mourra jamais, alors vous passerez par une « porte magique » pour le régénérer.
Les fans de BTS, connu·e·s sous le nom d’ARMY, peuvent choisir parmi les sept idoles en version Magic Door ou MIC Drop (19,99 € chacun). bandai.com
Pour l’instant, ils dorment, mais une fois réveillés, il suffira d’appuyer sur les bons boutons pour les garder en vie.
Eat play love: voici MIC Drop (avec Suga, en rouge) et Magic Door (avec Jungkook, en violet) TinyTAN Tamagotchis. Les modèles Jin, J-Hope, RM, V et Jimin sont également disponibles.
Compte à rebours avant
L’AMERICA’S CUP
Ce bateau vole
Volets
Tout comme l’aile d’un avion possède des volets à l’arrière pour créer une portance supplémentaire pour le décollage, il en va de même pour le foil de l’AC75, qui s’articule vers le haut pour faire sortir le bateau de l’eau. Une fois que le bateau a quitté la surface, les volets s’alignent avec le reste du foil, réduisant ainsi la traînée.
Depuis plus de 170 ans, la Coupe de l’America, la plus ancienne compétition sportive internationale, est une course de voiliers à la fine pointe de la technologie : deux bateaux, deux clubs rivaux, le challenger et le defender, s’affrontent tous les quatre ans sur des parcours en eau libre. Chaque course successive repousse les limites de la conception et de la technologie des yachts. Mais avec la 37e édition qui aura lieu fin 2024, certains affirment qu’il s’agit désormais moins de naviguer que de voler.
Ce saut quantique peut être attribué au 21 novembre 2017, lorsque les vainqueurs de la Coupe de cette année-là (et donc l’équipe qui a décidé des règles
La conception du nec plus ultra des yachts de course a nécessité une réflexion sans limite.
Construction des foils
Les foils effilés montés de part et d’autre de la coque pèsent chacun un peu plus de 1,2 tonne, mais ils doivent soutenir un bateau qui, à pleine charge, pèse autour de 7,6 tonnes, et sont soumis à des contraintes bien plus importantes lorsqu’ils sont en mouvement. C’est pourquoi ils sont presque entièrement construits en fibre de carbone à haut rapport résistance/poids.
Coque
La forme de la coque a été conçue pour favoriser un décollage rapide du mode archimédien (flottant dans l’eau) au mode foiler (dans les airs). Une fois en l’air, l’aérodynamisme devient vital. La partie supérieure du bateau est conçue pour minimiser l’aérodynamisme. Lorsque le vent rencontre l’avant du bateau, la partie inférieure de la coque crée une portance supplémentaire pour aider les foils à accomplir leur tâche.
de la prochaine Coupe de l’America –une tradition transmise depuis le début du sport) ont révélé le design du bateau de 2021, l’AC75. Le spectaculaire bateau concept de Emirates Team New Zealand (ETNZ) allait voler sur un seul foil, sans que rien d’autre ne touche l’eau, à l’exception de la pointe du safran. Un grand nombre doutait que cela fonctionne. Les yachts qui volent au-dessus de l’eau sur des hydrofoils – semblables aux ailes d’un avion qui touchent l’eau –ont révolutionné le sport de la voile. Pourtant, il s’agit d’une technique étonnamment ancienne, qui existe depuis plus de cent ans, et qui fait aujourd’hui fureur en Europe et aux États-Unis, où
les navigateurs sur des bateaux traditionnels sont depuis longtemps habitués à voir des canots pneumatiques turbopropulsés les dépasser à des vitesses folles. Mais la classe AC75, d’une rapidité inimaginable, a tout changé.
Se déplaçant jusqu’à 90 km/h dans des vents de 40 km/h, ces vaisseauxfusées de la nouvelle ère du foiling ont repensé l’idée même de voilier. Non seulement ils ont des bras de foil inclinés de chaque côté de la coque, mais ils n’ont pas non plus de quille – la structure lourde sous un bateau qui le maintient à la verticale et contrebalance tout ce qui se trouve au-dessus de la ligne de flottaison. Sans quille, les AC75 sont très peu stables et, comme un vélo, ils peuvent facilement se renverser lorsqu’ils évoluent à trop basse vitesse.
L’édition 2021 de la Coupe a démontré que non seulement le concept fonctionnait, mais qu’il pouvait produire d’excellents grands prix de voile qui tiennent davantage de la Formule 1 que du bon vieux yachting. À tel point que la Coupe 2024 à Barcelone verra non seulement ETNZ défendre pour la deuxième fois le titre qu’il a remporté aux Bermudes en 2017, mais présentera presque les mêmes bateaux, mais plus rapides.
Le foiling a également transformé la nature de la tâche de l’équipage dans la Coupe. Traditionnellement, le rôle clé était celui du barreur, et bien que ce poste soit toujours déterminant, une nouvelle discipline, le « contrôleur de vol » ou « pilote », rivalise désormais en importance. Ces navigateurs contrôlent
TOUS À L’EAU
Trois manières d’échouer
Chavirer
L’AC75 est instable jusqu’à ce qu’il se mette en mouvement. À basse vitesse, il peut même se renverser. Pour reprendre l’analogie du vélo à l’arrêt, les foils offrent une petite stabilité latérale, comme des roues d’entraînement.
Plonger
en piqué
Si vous freinez trop rapidement sur un vélo, vous risquez d’être projeté par-dessus le guidon. Si vous vous trompez légèrement dans l’ajustement des foils, le bateau plongera en piqué dans l’eau. À 90 km/h, cela peut être catastrophique. Sans ceinture de sécurité, on comprend pourquoi l’équipage porte des casques et des combis.
Se cabrer Parfois, un AC75 s’élance hors de l’eau comme un orque. Cela fait courir un grand risque au bateau, comme l’équipe d’American Magic l’a appris à ses dépens lors de la Coupe de l’America 2021, lorsqu’une forte rafale de vent a frappé les voiles, donnant une augmentation soudaine de la puissance pendant une manœuvre. Au moment où le bateau est retombé, l’impact a percé un trou dans la coque et le navire a chaviré. Étonnamment, il n’a pas coulé et personne n’a été blessé.
INEOS Britannia, explique qu’il faut une subtile combinaison d’intrants pour faire décoller l’AC75 et libérer sa puissance pratiquement illimitée. La vitesse augmente lentement au début mais ensuite le bateau accélère comme un avion sur une catapulte.
« Le barreur, le pilote et les régleurs qui orientent les voiles afin de maximiser la force vers l’avant jouent ce numéro d’équilibriste, puis un grondement naît et vous sentez un mouvement vers l’avant, explique Scott. Passer de 6 à 10 nœuds est assez difficile ; passer de 10 à 14 nœuds est plus facile, mais il faut un peu de travail. Mais de 14 à 40 nœuds, ça passe très, très vite. C’est parce que les foils entrent en jeu et que les voiles génèrent de plus en plus de puissance que vous les bordez plus fort. »
Au début, les navigateurs d’AC75 voulaient seulement voler en une ligne droite une fois que leur bateau s’était aligné sur une portion du parcours, mais leur est ensuite venu l’intérêt pour les virages. Aujourd’hui, nous avons atteint un point qui aurait été considéré comme absurde il y a seulement quelques années, où l’une des pires choses qui puisse arriver est de voir la coque retomber dans l’eau, ou « tomber de ses foils ». Le bateau devient alors un voilier à l’ancienne, soumis à une énorme traînée, dont la vitesse est réduite au tiers, voire au quart, de ce qu’elle était quelques secondes auparavant, tandis qu’il pousse l’eau en essayant de remonter sur ses ailes.
le déploiement des bras de foil et manipulent la position des volets sur leurs bords de fuite. Il s’agit d’un art mystérieux où la dynamique des fluides – qui influence la forme de la coque lorsqu’elle est dans l’eau – rencontre l’aérodynamique, qui permet de déterminer le meilleur profil de la coque lorsqu’elle se trouve au-dessus d’elle. Un hybride entre voile et aviation.
Giles Scott, double médaillé d’or olympique et tacticien pour le challenger britannique de la Coupe de l’America,
Tout cela donne une créature étrange, à mi-chemin entre un yacht et un avion renversé, d’une rapidité folle, mais qui ne tient pas la mer au-delà des eaux côtières. Les AC75 sont les premiers bateaux de la Coupe de l’America de l’histoire de la compétition que vous ne pourriez pas utiliser en haute mer pour aller d’un endroit à un autre. Trop fragiles, trop rapides et trop instables sauf dans les conditions les plus favorables, il vous faudrait rapidement l’assistance d’un bateau de sauvetage pour regagner la terre ferme. « Il n’est absolument pas question de faire cela avec un AC75, s’amuse Scott à l’idée de traverser la Manche à bord d’un de ces engins. Vous le détruiriez avant d’avoir quitté la terre ferme. »
Mais il est également convaincu que cette classe de bateaux révolutionnaires exercera une influence considérable sur la conception des futurs yachts. « Vous verrez des bateaux beaucoup plus proches de l’AC75, faisant ce genre de navigation. »
« De 14 à 40 nœuds, la vitesse augmente rapidement, car c’est là que les foils entrent en jeu. »
Giles Scott, INEOS Britannia
PERSPECTIVES action
explosions de prévention. J’ai toujours le trac avant une explosion contrôlée – c’est une sensation de toutepuissance. »
Une lourde charge
Les compétences de patrouilleur vont au-delà de la capacité à dévaler les pistes noires. « En plus d’évoluer sur un terrain déjà difficile, vous devez être à l’aise pour porter des objets encombrants comme des panneaux de signalisation, du matériel de sécurité, des barrières à neige ou un matelas immobilisateur à dépression (une sorte de parachute que l’on porte derrière soi et qui sert à immobiliser la colonne vertébrale, ndlr) »
Carte mentale
SAUVETAGE
L’appel de la montagne
Voici Rachael Efta, membre de la patrouille de ski la plus puissante des sommets enneigés, et qui en supervise les actions.
Rachael Efta a grandi sur la montagne. Lorsqu’elle était à l’école à Stevens Pass, dans l’État de Washington, aux États-Unis, elle skiait quatre fois par semaine, participait à des compétitions et, pendant l’été, quittait même sa maison à la recherche de neige. Après avoir obtenu son diplôme, Efta a troqué la neige pour le soleil de San Francisco, où elle a fréquenté une école d’art. Mais l’attrait des montagnes l’a vite ramenée à Big Sky Resort, dans le Montana, la deuxième plus grande station de ski des États-Unis. Jusque-là, elle n’avait jamais envisagé le secourisme en montagne comme une carrière potentielle. « Je ne voyais pas de femmes dans les patrouilles », explique Efta, 30 ans.
Présente dans toutes les stations, la patrouille de ski est facilement reconnaissable à son équipement Helly
Hansen et à son écusson de croix médicale. Les tâches sont variées, mais elles consistent essentiellement à s’assurer que les pistes de ski et les parcours sont ouverts en toute sécurité, tout en agissant en tant que première réponse aux urgences médicales et de sauvetage.
Après avoir obtenu une certification EMT (technicienne médicale d’urgence), puis suivi des qualifications et des cours d’encadrement en plein air, Efta supervise à présent une équipe de 130 patrouilleurs et patrouilleuses pros. Elle évoque ici le déroulé potentiel des opérations à Big Sky.
Un début explosif
Avant l’ouverture de la station au public, la patrouille de ski effectue une évaluation des risques d’avalanche sur l’ensemble des pistes. Elle détermine si la neige fraîche de la nuit doit être coupée, c’est-àdire traversée à ski pour voir si une avalanche se déclenche, ou s’il est plus sûr d’effectuer une avalanche contrôlée pour éliminer le risque. « À 7 heures du matin, nous prenons le télésiège pour nous rendre au fort, notre cache d’explosifs, explique Efta. Nous nous préparons en fonction des conversations que nous avons eues avec le prévisionniste météo et de notre propre évaluation de ce qui nous attend. C’est peut-être l’un des moments les plus intenses de la journée, mais aussi l’un de ceux qui nous tient accro. Nous utilisons un kilo de charges manuelles pour les
Répondre à une urgence à Big Sky – 2 350 hectares (presque la superficie de 3 235 terrains de foot) couverts de neige et de pins – ressemble à trouver une aiguille dans une botte de foin et nécessite une connaissance encyclopédique du terrain. « Je peux déplacer les soins aux patients ou les ressources de manière créative en fonction de la montagne que j’ai cartographiée dans ma tête, explique Efta. Vous avez en tête les coins et recoins des déplacements auxquels personne d’autre n’a à penser. »
Répétition générale
Efta et son équipe passent les semaines précédant l’ouverture de la station à simuler différents scénarios, comme « l’évacuation du télésiège depuis nos fauteuils bulle » ou « que faire si l’un d’entre nous se retrouve affaibli en effectuant un sauvetage ? » L’incident le plus difficile à gérer ?
« Lorsque des skieurs ou des skieuses se blessent dans les endroits les plus reculés de notre station. De quelles ressources ai-je besoin ? Qui appeler pour sortir ces personnes de cette situation ?
C’est une partie d’échecs. » bigskyresort.com
« J’ai toujours le trac avant une explosion contrôlée. »
Rachael Efta, cheffe de patrouille de ski
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