The Red Bulletin Avril 2017 - CHFR

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SUISSE

HORS DU COMMUN

LE HARDOS EST SYMPA SURVIVRE AVEC MIKE HORN

L’EXPLORATEUR

SANSLIMITES

UN SOCIOLOGUE BRISE LES CLICHÉS SUR LE HELLFEST

« J’AI CE FEU EN MOI ! » DU KARTING À LA F1, COMMENT MAX VERSTAPPEN A TRACÉ SA ROUTE

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ÉTANCHE

CONTRÔLE VOCAL




ÉQUIPIERS

BIENVENUE

Alberto Van Stokkum

Chris Brinlee Jr.

C’est Mère Nature qui porta secours à Chris Brinlee Jr. pendant qu’il documentait en photos le reportage sur Mike Horn. « Au-delà des 60e et 70e parallèles, l’heure dorée dure 8 heures car le soleil est très bas », rembobine l’Américain de 28 ans. Le passage sur la mer déchaînée avant d’atteindre l’Antarctique fut bien moins plaisant : Brinlee Jr. l’a passé plié en deux, « la tête dans un seau », sur le Pangaea, le bateau de l’expédition de Horn. MIKE HORN PAGE 30

Le fond et la forme Coup de frais sur The Red Bulletin ! Votre magazine inaugure sa nouvelle maquette et une section Bullevard plus lisible, focus : matos, engins, personnalités ; ils sont rares, surprennent et donnent envie ((page 13). Des reportages et portraits plus forts, habillés de notre nouvelle typo, la Bullit, dédiés à des profils hors du commun, hyper inspirants. Commençons par Mike Horn, l’explorateur sans limites qui nous accueille à bord de son Pangaea (page 30). Aussi, un nouveau regard sur les headbangers, passés au filtre d’un sociologue venu péter les clichés sur les fans de hard rock ((page 50). Encore ? Max Verstappen, 19 ans seulement, qui s’approprie le circuit de F1 comme personne ((page 64). Et comme bon lui semble. En bonus, on file au sommet, avec les pros skieurs et snowboardeurs du Freeride World Tour ((page 70), des performeurs expressionnistes. Un numéro qui s’accompagne d’une nouvelle distribution : The Red Bulletin est désormais disponible chaque troisième samedi du mois, pour un meilleur moment de lecture. Avec L’Équipe, toujours, et en complément de L’Équipe Magazine. Du fond, de la forme... que du bon ! Bonne lecture ! Votre Rédaction

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THE RED BULLETIN

SEBASTIAN DEVENISH (COUVERTURE)

« Les femmes jouent un rôle majeur dans mon travail, concède le photographe et réalisateur espagnol, ce sont elles qui m’inspirent le plus. » Pas étonnant que le shooting avec la Suédoise Ängie, l’enfant terrible du hip-hop, lui ait procuré satisfaction. Et réciproquement : Ängie a pris la pose par un matin froid de janvier à Stockholm – en plein air et à peine couverte dans son négligé de velours rose. ÄNGIE PAGE 5 8


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SOMMAIRE avril

REPORTAGES 30

Le dernier de son espèce Le plus fort de Mike Horn, sur deux ans, et en cumulé

42 Le droit à l’erreur

Le coach du RB Leipzig ne se serait pas fait confiance

50

La science du metal

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Les défauts d’Ängie

Oubliez de suite tous vos a priori sur les headbangers : un sociologue a étudié de près les fans du Hellfest Une chanteuse suédoise pas faite pour l’Eurovision...

64 De prodige à roi ?

Vous aimez le kart ? Max, 19 ans, phénomène F1, aussi

70

Sur la pente raide

78

Profil d’un club select

Les skieurs et snowboardeurs du Freeride World Tour ont une minute pour exceller, en restant eux-mêmes Un trip à Londres ? C’est ici que vous passerez vos nuits

58 VOTEZ ÄNGIE !

« Fume de l’herbe, et mange donc un minou. » Un programme dont la sensation pop Ängie est vraiment très fière.

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BULLEVARD Un mode de vie hors du commun 14 16 18 19 20 22 23 24 26 27 28

Son bureau ? Un volant de F1 Merci à Kim Basinger et Alec Baldwin pour leur Ireland La cabane au bord du gouffre Pour Tom Payne dans Mind­ Gamers, le talent se downloade Le héros est derrière l’appareil La meule favorite de McQueen Sean Penn donne du sien Vous ne pourrez jamais pécho LaFerrari Aperta. Quoi que... L’étoile Michelin en take-away Kaite Esteba et ses gogo vous réservent une très bonne nuit Le café, meilleur somnifère ?

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 86 Montres : du rêve au poignet 87 Le top des événements à noter 88 90

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96 98

sur votre agenda Red Bull TV : les rendez-vous à ne pas louper ! Action : ce que doit porter l’homme en mouvement Ours : ils font le Red Bulletin Quand le BMX fait le mur

DIRK COLLINS, ALBERTO VAN STOKKUM, PETER J FOX

POSSIBLE ? OUI ! Quand l’explorateur Mike Horn se lance dans une expédition insensée, c’est aussi pour rendre possible l’impossible.

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SÛR DE SES POSITIONS

L’avis des autres ? Peu importe. Pour Max Verstappen viendra un temps pour rétrograder à son tour. D’ici là, il trace sa route. THE RED BULLETIN

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BULLEVARD U N

S T Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

JEREMY JACKSON

CLEMENS STACHEL

L’acteur de The Walking Dead parle de son nouveau film MindGamers.

TOM PAYNE, JÉSUS ET LE DALAÏ-LAMA « JE NE SUIS PAS ÉGOÏSTE, SAUF EN TOURNAGE. » PAGE 19 13


BULLEVARD NEUTRE Un bouton utile quand le pilote fait un arrêt au stand. DIFFÉRENTIEL Permet de contrôler le différentiel qui transmet la puissance aux roues arrière en ajustant la vitesse de la roue d’un côté par rapport à l’autre côté.

TEAM RADIO Pour entrer en contact radio avec son équipe. Après des mois de restriction, les communicommuni cations radio sont revenues en force fin 2016. ÉCRAN Cet écran OLED

peut afficher plusieurs pages d’informations sur la vitesse, les temps au tour, l’écart par rapport au leader, le niveau de batterie, etc.

ÉQUILIBRE DU FREINAGE Cette molette

permet de le répartir vers l’avant ou l’arrière. Sur une F1, emmagasiner de l’énerl’éner gie à partir des phases de freinage, en trouvant l’équil’équi libre entre bonne sensation de pilotage et récupération d’énergie suffisante à un bon temps au tour, est essentiel.

Au volant

Piloter une Formule 1, ça ne se résume pas à aller dans la bonne direction. Avec son lot de boutons et de momo lettes, le volant de F1 d’aujourd’hui est un vrai petit bijou de technologie.

UN TOUR DU PROPRIÉTAIRE ? 14

BOIRE Pendant les courses les plus extrêmes (comme l’étuve Singapour), les pilotes peuvent perdre jusqu’à 4 kg de liquide, soit risquer l’évanouissement, il est donc essentiel de boire. CARBURANT

Brûler du carburant ou en économiser ? Vous pouvez régler vos préférences – la charge max. étant de 105 kg.

THE RED BULLETIN


OPTIONS LOGICIEL

De part et d’autre, ces boutons changent la sélection de la molette multifonction par incréments de − 10 (bouton à gauche) ou + 1 (à droite).

RÉDUCTEUR DE VITESSE EN STANDS

Abaisse immédiatement la vitesse de la voiture à la limite requise dans la pit lane.

RÉGLAGE DU COUPLE Permet au pilote de contrôler le couple du moteur.

Le changement, c’est maintenant

En 2017, la F1 va connaître son plus gros changement de règlement depuis l’introduction des moteurs hybrides en 2014. Mais cette fois, l’accent a été mis sur le châssis et l’aérodynamique. Plus imposantes et plus agressives, les voitures seront dotées de pneus plus larges pour une meilleure accroche et un meilleur appui aérodynamique. L’aileron avant sera également plus large et plus aplati pour aider les pilotes à suivre leurs adversaires. L’aileron arrière sera plus bas, tandis qu’un diffuseur plus large augmentera considérablement l’appui aérodynamique à l’arrière. Résultat : des voitures plus rapides et des temps au tour de 3 à 5 secondes en moins. Mais la conduite sera aussi plus physique. redbullracing.com

RED BULL RACING

JUSTIN HYNES

SÉCURITÉ Fait passer les systèmes en mode sécurité. PNEUS Les différents

types de pneus (pluie, sec) ont des caractéristiques propres. Ce bouton paramètre la F1 en conséquence.

AIDE À L’EMBRAYAGE

Si le pilote ne parvient pas à engager les rapports à l’aise, il peut ajuster l’embrayage.

THE RED BULLETIN

ACTIVATION DE L’ERS La F1 a plusieurs systèmes de récupération d’énergie – ce bouton les active.

MODES MOTEUR

Permet au pilote d’appliquer un paramétrage particulier aux performances du moteur selon les circonstances.

EMBRAYAGE L’un des

grands changements de 2016 concerne le contrôle du démarrage : plus de logiciel complexe à utiliser, les pilotes disposent d’une palette d’embrayage unique. Cela a conduit à une recrudescence de départs impromptus et de changements de position.

MOLETTE MULTIFONCTION

Demandez à un ingénieur F1 ce que contrôle une molette de ce genre et le silence est assourdissant. Ce mystérieux dispositif gère une gamme de modifications logicielles qui ont un impact sur le comportement de la voiture. Lesquelles, au juste?

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BULLEVARD

Q

uand on est la fille d’une bombe aux cheveux blonds et d’un charmeur aux yeux bleus, on a toutes les chances d’hériter de quelques attributs renversants. La génétique a été très sympa avec Ireland Basinger-Baldwin, dont les parents sont (tiens donc) l’actrice Kim Basinger, détentrice d’un Oscar, et de l’acteur Alec Baldwin. Du haut de son mètre 80, avec ses yeux bleu-vert et ses courbes dignes d’une James Bond girl, Ireland est étourdissante. À 21 ans, elle est aussi le produit du tumultueux divorce de ses parents et d’une âpre bataille pour sa garde qui lui a laissé comme une fracture identitaire. Après s’être faite admettre en rehab de son plein gré en 2015 pour « traumatisme émotionnel », Ireland est sortie de cette mauvaise passe avec de meilleures perspectives sur la vie et des relations plus étroites avec sa famille. Mieux dans sa tête et dans son cœur, elle s’est plongée dans sa carrière de mannequin et a retrouvé une confiance en elle. « Je ne me suis jamais regardée dans un miroir en me disant : “T’es trop belle”, a-telle déclaré par la suite. Il a fallu que beaucoup d’autres gens croient en moi avant que je puisse le faire moi-même. » Et si l’on se fie à son compte Instagram, il est évident que ses admirateurs croient en ce qu’ils voient : une jolie jeune femme, affamée de vie. Suivez-la : @humancrouton

California Girl

Longtemps marquée par la rupture de ses célèbres parents, mannequin puis actrice, elle trace enfin sa route.

IRELAND BASINGERBALDWIN EST PRÊTE

Photographie DOUG INGLISH

Ireland a l’une de ses idoles tatouée sur le bras gauche : David Bowie.

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BULLEVARD

En mode précipice

Sujets au vertige, s’abstenir ! La Kanin Winter Cabin, en Slovénie, est un refuge en version extrême. Mais plutôt cool.

JUSTE UNE QUESTION D’ÉÉQUILIBRE

T

trois. Il aura fallu trois délicates tentatives à l’armée slovène avant de réussir à déposer en hélicoptère cet abri hors du commun et à le fixer au sommet du Kanin, à plus de 2 500 mètres d’altitude. Un site à la frontière avec l’Italie, fortement exposé, où règnent souvent les conditions les plus dantesques. Un vent avec des pointes à 150 km/h, jusqu’à 400 litres de pluie par m² et par jour en été, dix mètres de neige en hiver. Mais pourquoi venir planter un refuge ici ? Parce que a) l’homme aime les défis qui sortent de l’ordinaire et b) la vue à 360 ° est

JANEZ MARTINCIC

DANIEL KUDERNATSCH

absolument imprenable par beau temps : les montagnes d’un côté, l’Adriatique de l’autre. À savoir également : le refuge fait 2,4 mètres de large et 4,9 mètres de long, on ne peut y accéder qu’à pied ou en hélicoptère et on y dort (à 9 personnes maximum) au-dessus du vide – mais pas sans style. Plus d’infos sur bovec.si

Venez dormir au-dessus du vide dans la Kanin Winter Cabin, en Slovénie.

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THE RED BULLETIN


BULLEVARD

Tom Payne porte un bandeau MindGamers qui servira à mesurer les émotions des spectateurs lors de l’avant-première à New York et à Los Angeles le 28 mars.

JEREMY JACKSON

CLEMENS STACHEL

Le messie du cloud

Il a apporté un vent nouveau dans The Walking Dead en interprétant le rôle de Jésus. Dans MindGamers, Tom Payne propose des compétences humaines en direct download.

TALENTS À TÉLÉCHARGER THE RED BULLETIN

T

he red bulletin : Dans votre dernier film, MindGamers, il est question d’un ordinateur quantique qui peut transférer les aptitudes d’une personne à d’autres. Vous vous en serviriez dans la vraie vie ? tom payne : Je pense, oui. Le premier truc que je me prendrais, c’est l’aptitude à peindre et à dessiner. Je n’arrive pas à comprendre comment à partir de simples traits, on peut faire émerger

une toute nouvelle interprétation de la réalité. J’envie tellement les gens qui ont ce talent. S’il existait une boutique en ligne de compétences, que pourriez-vous y proposer en téléchargement ? Je suis quelqu’un de très empathique. J’arrive bien à me mettre à la place des gens et à comprendre ce qu’ils ressentent. Je suis toujours surpris quand j’en vois qui en sont incapables. Donc c’est mon empathie que je mettrais en téléchargement. À vos débuts, aviez-vous des acteurs comme modèles ? Pas particulièrement. Je n’ai jamais vraiment été fan d’un acteur plus qu’un autre. À 19 ans, j’ai rencontré le Dalaï-lama lors d’un voyage en Australie. C’est la première personne célèbre à m’avoir profondément marqué. Cette énergie qu’il arrive à transmettre aux autres, c’est vraiment puissant. Mais il faut aussi se montrer un peu égoïste quand on est acteur, non ? Bien sûr ! Sur le plateau de The Walking Dead, j’ai appris l’importance de toujours se regarder aussi un peu le nombril. Dans la plupart des scènes, il y a tout un groupe d’acteurs qui joue. Et il peut arriver que je me mette alors ostensiblement dans l’angle de la caméra. Dans The Walking Dead, vous interprétez Jésus, un personnage pour qui la cohésion et la compassion sont des valeurs essentielles. Quel personnage de la série aurait besoin qu’on le prenne un peu dans les bras ? Daryl, sans aucun doute. Daryl a de toute urgence besoin d’un gros câlin. mindgamersmovie.com 19


LEROY BELLET/RED BULL ILLUME

ANDREAS ROTTENSCHLAGER

BULLEVARD


Multitâche

Leroy Bellet photographie des surfeurs pro en surfant lui-même la vague derrière eux. Une bonne idée. Mais risquée.

QUI EST LE VRAI HÉROS DE CETTE PHOTO ?*

P

our saisir la beauté brute de ce sport, il faut se tenir le plus près possible du surfeur dans la vague », déclare l’Australien Leroy Bellet. Logique. À 18 ans, ce photographe de l’extrême utilise une méthode particulièrement risquée pour capturer les chevauchées des plus grands surfeurs. Au lieu d’attendre les surfeurs dans l’eau en nageant comme la plupart de ses collègues, Bellet se fait tirer par un jetski pour aller surfer la même vague sur sa propre planche, son Nikon D810 prêt à mitrailler. « Mes photos, je les prends en surfant, explique Bellet, donc j’ai plus de risques de me planter. » Avant que Bellet ne réussisse à prendre cette photo du surfeur Scott Dennis (sur la côte de la Nouvelle-Galles du Sud), il s’est passé quatre mois. « Je ne faisais que tomber, j’ai pété deux planches et j’ai fini trois fois à l’hôpital. » Mais il n’a pas abandonné, et pour une bonne raison : « Surfer, c’est mieux que de se prendre la tête avec de la paperasse. Les jobs de bureau, ce n’est pas mon truc. » leroybelletphoto.com

*Vous ne le voyez pas. Le héros, c’est Leroy Bellet, photographe casse-cou.

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BULLEVARD

Desert Racer

De sa Metisse MK3 Custom, l’acteur féru de sports mécaniques déclarait qu’elle était la meilleure bécane qu’il ait eue. Et c’est son concepteur iconique qui le dit.

teve McQueen tournait quasi sans doublure. Mais le cascadeur Bud Ekins joue un rôle clé à deux reprises : pour le saut à moto dans La Grande Évasion en 1963, et pour avoir introduit McQueen à la première motocross, la MK3, qu’il modifiera pour la course Baja 1000. Un demi-siècle passe et Gerry Lisi, actuel propriétaire de Metisse, reçoit un appel. La copie unique de la McQueen Desert Racer qu’il avait produite pour décorer la vitrine d’un magasin à Londres fait le buzz. « On veut nous l’acheter trois fois par jour », lui souffle le gérant du magasin. Lisi

Lisi a le numéro de cadre d’origine. « Son proprio est assis sur un trésor. »

sent la belle affaire et lance une production de 300 unités conformes à l’originale grâce aux films de famille fournis par Chad, le fils de Steve et avec en prime la signature sur le réservoir du roi de la cool attitude. Cent ont déjà trouvé preneurs dont Jérôme Valcke, magnat du pétrole et exSecrétaire général de la FIFA. metisse-motorcycles.com

METISSE

TOM GUISE

LA MOTO DE MCQUEEN ENVOIE DU (TRÈS) COOL

S

Les cadres sont entièrement usinés et équipés de moteurs de Triumph 6T reconditionnés.

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THE RED BULLETIN


BULLEVARD Râle pas, donne un coup de main : Sean Penn vient prêter ses muscles en Haïti.

GETTY IMAGES

RÜDIGER STURM

T

he red bulletin : Vous êtes célèbre pour vos actions humanitaires et vous avez tourné The Last Face, un film sur les bénévoles d’une association caritative. Vous essayez de sauver le monde ? sean penn : S’il y a jamais eu un moment où j’ai cru pouvoir le faire, j’ai pris assez d’âge depuis pour ne plus m’en souvenir. Mais vous avez fait beaucoup pour des pays touchés par des catastrophes naturelles comme Haïti. Quelles sont les qualités nécessaires pour une tâche d’une telle ampleur ? Je me vois comme un simple intermédiaire. Je choisis des gens productifs qui ont la capacité de monter des projets pour aider nos semblables. Et vous, en tant que star d’Hollywood, vous vous contentez d’un second rôle ? J’ai travaillé avec Clint

THE RED BULLETIN

Sean Penn Eastwood une fois – un homme de jazz. Dans le jazz, il y a quatre ou cinq musiciens sur scène, et la magie opère. Mais si l’un d’entre eux dit : « Moi, je le fais mieux », ça gâche tout pour les autres. Parce qu’ils ne peuvent plus rien découvrir ensemble. C’est en équipe que ça marche. Quel est le plus gros obstacle à surmonter selon vous ? Aujourd’hui, les gens ne sont plus aussi enclins à montrer leur amour qu’ils l’étaient peut-être encore il n’y a pas si longtemps. Notre génération ne se contente plus de vivre sa vie, chacun veut devenir sa propre marque. La seule solution, c’est de trouver des compromis. Si on veut faire avancer les choses, il faut arrêter avec les « moi, moi, moi ». jphro.org

fait le lien entre l’humanitaire et la sagesse qu’un immense cowboy a su tirer du jazz.

SAUVER LE MONDE À LA CLINT EASTWOOD 23


BULLEVARD

LaFerrari Aperta

Ce supercar est réservé aux super riches, pas vrai ? Eh bien non, pas si vous connaissez la bonne personne.

HORS DE PORTÉE

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signer un document stipulant que s’ils la vendent dans les 18 mois, ils seront blacklistés. Donc je ne pense pas trouver d’Aperta à vendre avant 2018. Et quand ça arrivera, j’espère être le premier à en négocier la vente. » Et il n’aura aucun mal à trouver preneur. Deux clients proposent 6 millions d’euros chacun. « Personne ne la vendra pour ce prix, déclare Tom en souriant. Elle vaut

déjà trois fois plus que son prix sortie d’usine – soit 7 millions d’euros. » Pour 7 millions, Hartley Jnr peut vous aider à avoir une Aperta dans votre allée, mais pas avant 2018. Trop loin ? Espérez qu’un propriétaire casse sa pipe ou s’embrouille avec Ferrari, ou que l’un des 200 heureux possesseurs se lasse de cette voiture. Juste impensable. auto.ferrari.com

FERRARI

a LaFerrari Aperta de Ferrari, conçue pour le 70e anniversaire de la marque, se pose en pièce de collection avec ses 949 ch et ses 350 km/h en pointe. Et 2,3 millions d’euros. Votre chance d’en posséder une : nulle. Avant même la sortie de la version décapotable en septembre, les 200 exemplaires avaient déjà été vendus à des collectionneurs de renom. À moins d’avoir reçu une invitation – peu importe votre notoriété ou votre fortune. À moins que… Tom Hartley Jnr ne vous sauve le coup. Cet Anglais de 33 ans tient un showroom dans le comté rural du Derbyshire au Royaume-Uni, mais il vend des supercars dans le monde entier. Parti de l’école à 11 ans pour vendre des voitures de sport avec son père, il a probablement dealé plus de supercars que quiconque dans le monde. Sa plus grosse vente : une Ferrari Testa Rossa de 1957 pour près de 39 millions d’euros. « Il n’y a pas une seule Aperta sur le marché. Ferrari demande aux acheteurs [de cette voiture] de

ADAM HAY-NICHOLLS

L


La LaFerrari Aperta atteint 200 km/h en sept secondes.


BULLEVARD

Street food

35 ans que Chan Hong Meng tient son échoppe à Singapour lorsqu’il reçoit un coup de fil du plus grand guide gastronomique au monde.

hinatown, Singapour. Le ventre qui gargouille ? Inconcevable avec les douzaines de snacks que l’on compte à chaque coin de rue. Un véritable folklore culinaire pour le nez et les yeux, entre délices malais, chinois, tamouls, tous plus colorés et exotiques les uns que les autres. Il vous en coûtera à peine un ou deux dollars de Singapour, une broutille dans le pays le plus cher du monde. Mais est-ce bon ? Dans la file d’attente près du 335 Smith Street, les avis sont unanimes : c’est un délice ! La queue s’arrête devant le modeste stand du Hong Kong Soya Sauce Chicken Rice & Noodle. L’établissement porte bien son nom : son propriétaire, Chan Hong Meng, qui travaille ici depuis 35 ans, propose une cuisine chinoise en l’honneur de son mentor.

Il y a deux plats à la carte : le poulet sauce soja à la cantonaise et le porc grillé croustillant. Une cuisine simple et raffinée qui a même su séduire les inspecteurs du Guide Michelin, puisqu’ils lui ont décerné une étoile (sur un maximum de trois) en 2016. Lors de la cérémonie, Chan, qui avait d’abord cru à un canular, se retrouve aux côtés du célèbre cuisinier français Joël Robuchon, dont le restaurant du Sentosa-Resort (menus à partir de 500 $ de Singapour !) a décroché trois étoiles. Cette notoriété soudaine a-t-elle changé quelque chose ? Chan et ses commis travaillent toujours autant, 17 heures par jour, préparant 180 poulets du matin au soir. Ce sont 30 de plus qu’avant l’étoile car la file d’attente s’est allongée. Et Chan Hong Meng, vêtu de sa veste de chef immaculée et de son tablier, continue de manier le couteau avec la même sérénité.

Chan Hong Meng dans son stand : viandes de poulet et de porc, version étoilée.

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ROSLAN RAHMAN/AFP/PICTUREDESK.COM

ROBERT SPERL

UNE ÉTOILE AU MICHELIN, À EMPORTER

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BULLEVARD

Kaite Estaba se produit pour Skrillex et dans les plus grands clubs de NY.

PHOTOS COURTESY OF NICHOLAS RHODES/NICKYDIGITAL.COM

ANDREAS ROTTENSCHLAGER

1. Soyez sympa

Envie d’être sur la guest list de votre club préféré ? Alors trouvez qui organise la soirée et écrivez-lui un mail sympa et poli. Vous seriez surpris de voir le nombre de fois où cela peut marcher.

2. Arrivez tôt

La règle de base en club, c’est que ça commence à bouger en deuxième partie de soirée. La plupart des DJ’s se produisent entre minuit et quatre heures du matin. Avant minuit, vous découvrirez de nouveaux artistes bourrés de talent.

3. On se tient !

Les barmen et les organisateurs savent où se déroulent les meilleurs afters. Mais si vous êtes tellement bourré et que vous n’arrivez même plus à parler, ils ne vont certainement pas vous y convier.

THE RED BULLETIN

Mode d’emploi

4. Appréciez le son

Un bon club se reconnaît à la qualité de son installation sonore. Si vous arrivez encore à discuter avec vos potes alors que le DJ a sorti l’artillerie lourde, l’installation est au top. Par contre, si vous avez mal au crâne…

5. Fuyez la RV

Les nouvelles technologies et les applis ont transformé la culture des soirées : gogo danseuses en hologramme et soirées en réalité virtuelle… Laissez votre smartphone de côté, regardez les gens dans les yeux et éclatez-vous plutôt dans le monde réel. Les soirées de Kaite : instagram.com/ teamkittykoalition

Une soirée réussie pour Kaite Estaba, à la tête du Team Kitty Koalition, des gogo danseuses de New York, ça passe par là...

ELLE VOUS SOUHAITE BONNE NUIT 27


BULLEVARD

Pour Ronaldo, rien de tel qu’un bon kawa avant un p’tit somme.

Positionnez-vous

Il n’y a qu’une bonne position pour dormir : sur le côté (droit si vous êtes gaucher, gauche si vous êtes droitier). La raison ? Notre instinct primaire. Si vous êtes droitier et que vous dormez du côté gauche, vous pourrez mieux vous défendre en cas d’attaque surprise. Dans cette position, on signale à notre cerveau qu’on est en sécurité et on l’aide à passer en phase de sommeil.

Nick Littlehales

est le coach sommeil d’équipes reines du ballon rond comme le Real Madrid ou Manchester United. Voici 3 conseils très faciles à appliquer pour bien se reposer.

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La sieste a mauvaise réputation – à tort ! Il existe trois périodes de sommeil naturelles importantes pour les sportifs de haut niveau. Outre le sommeil nocturne, on peut s’octroyer 20 minutes entre 13 et 15 heures et aussi entre 17 et 19 heures. Mon conseil en tant que coach sportif du sommeil : avalez un espresso avant de vous allonger. Ses effets se faisant ressentir au bout de 20 minutes, cela vous donnera un regain d’énergie au réveil.

Que faire quand on est sportif de haut niveau et qu’on n’arrive pas à dormir la veille d’un match ? Ne vous forcez pas à dormir ! Détendez-vous, ne vous mettez pas la pression. Méditez, repassez-vous vos meilleurs buts en vidéo. Le fait de somnoler est aussi une bonne manière de récupérer. On peut tout à fait être au top de sa forme sans avoir dormi profondément pendant la nuit. Mais il faudra vite rattraper ce sommeil perdu. Sleep aux éditions Penguin Life ; sportsleepcoach.com THE RED BULLETIN

ROBERT SPERL

Buvez un café

GETTY IMAGES

DORMEZ COMME UN PRO DU FOOT

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LE DERNIER DU GENRE Les voyages de l’explorateur MIKE HORN dans les régions les plus extrêmes de la planète en ont inspiré plus d’un. Parmi eux, le photographe CHRIS BRINLEE JR., lui-même aventurier en herbe qui, en ralliant l’Antarctique à la voile, a compris une chose : pour réussir l’impossible, il faut faire le premier pas.

Texte : Andreas Tzortzis Photos : Chris Brinlee Jr. 30


Né en Afrique du Sud, Mike Horn s’est installé en Suisse à l’âge de 24 ans. C’est là qu’il décide de consacrer sa vie à l’aventure. Vingt-cinq ans plus tard, il continue de parcourir le monde.


Il y a deux ans, Chris Brinlee Jr. bossait dans une agence de pub à Santa Monica et rêvait d’une autre vie – une vie à la Mike Horn, en somme. Le Sud-Africain s’est bâti une carrière d’aventurier et d’explorateur des temps modernes en descendant l’Amazone à la nage ou en bouclant le tour du cercle arctique à pied et en bateau.

Mike Horn agit aussi pour la préservation de l’environnement. En Antarctique, il prévoit de prélever des carottes de glace pour les chercheurs. À bord du Pangaea, un équipage international composé de pointures de l’aventure, comme le Polonais Jacek Proniewicz (encadré), un ingénieur qui veille à ce que tout fonctionne à bord.

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Brinlee Jr. n’avait encore jamais rencontré ni entendu parler de Mike Horn. Ce dont il était sûr, c’est que son job alimentaire ne lui convenait plus. Il a alors quitté Los Angeles pour vadrouiller en Europe du Nord, puis s’est lancé à l’assaut de l’Himalaya, avant de revenir aux USA y explorer les hautes montagnes. Avec peu de moyens – son appareil photo et une stratégie Instagram habile –, il parvient rapidement à gagner sa vie en sillonnant les routes. « Je pense que beaucoup de gens, surtout les Millennials, ma génération, se sentent pris au piège et ressentent cette pression. Des idées plein la tête, mais pas nécessairement le courage ni le savoir-faire pour se lancer, nous confie-t-il. Tout ce qui contribue à vous pousser hors de votre zone de confort peut vous encourager à en faire encore plus. Même de simples petits pas. » Ce sont précisément ces petits pas qui l’ont finalement amené à prendre part à une expé-

dition d’escalade sur glace à Alberta, au Canada. Aux côtés de Mike Horn. Six mois plus tard, il s’envole pour Le Cap afin de le retrouver. Il fera partie du voyage de trois semaines qui conduira l’explorateur en Antarctique, où il tentera d’être le premier homme à traverser le continent austral par ses propres moyens, sans la moindre assistance. « C’est simple : l’expédition Pole2Pole concentre en une seule expédition tout ce que j’ai accompli au cours de ma vie d’explorateur, affirme Horn. Réécrire l’histoire de l’exploration polaire, traverser l’Antarctique sans assistance et en solitaire, était peut-être ma principale motivation. Je voulais aussi que cette expédition ne représente finalement qu’une part infime d’une expédition gigantesque qui engloberait non seulement la traversée de l’Antarctique, mais aussi celles du pôle Nord, des déserts de Namibie, du Botswana... Si je regardais dans un miroir, j’aimerais


y voir exactement ce que je suis en train de faire aujourd’hui. Sentir que ce qu’on fait correspond à ce qu’on a vraiment envie de voir s’accomplir, ça rend la chose naturelle. Et ça devient facile à réaliser, les obstacles tombent d’eux-mêmes. » Horn grandit à Johannesburg, en Afrique du Sud. Il passe sa jeunesse à l’extérieur, et rejoint l’armée avant d’entrer à l’université pour y étudier les sciences du sport. Par peur de l’ennui, il décampe en Suisse à l’âge de 24 ans où il découvre le ski et le parapente. Il décide alors de se forger un destin d’aventurier. La liste des exploits qu’il a depuis réalisés est hallucinante. Y figure par exemple sa descente à la nage de l’Amazone en 1997, équipé d’un simple hydrospeed (un flotteur en fibre de verre), en sur survivant uniquement grâce au produit de sa pêche et aux offrandes de la nature ; ou encore, cinq ans plus tard, ce tour du cercle polaire

« LE RISQUE DE L’ÉCHEC EXISTE, ET C’EST CELA QUI M’EXCITE. CETTE PART D’INCONNU. »


« C’EST SIMPLE : L’EXPÉDITION POLE2POLE CONCENTRE EN UNE SEULE EXPÉarctique en solitaire, soit 20 000 km tracté par un cerf-volant, en remorquant un traîneau derrière lui. En 2006, accompagné d’un explorateur norvégien, il rallie également le pôle Nord au moyen d’une simple paire de skis en plein cœur de l’hiver arctique. Une première. Volubile et inspirant, Mike Horn est doté d’une énergie folle et muni d’une poigne assassine. Un artiste de la survie qui, une fois confronté aux situations les plus extrêmes, peut compter sur son extraordinaire expérience pour le tirer d’af d’affaire. Le plus précieux à ses yeux, c’est ce que ses expéditions lui ont appris au sujet de l’impossible. À savoir qu’il n’existe sans doute pas… du moins pas dans le monde de l’exploration. « À partir du moment où j’ai une idée, j’élabore un plan, avance-t-il. Et quand j’ai élaboré le plan de mon expédition, je me lance et je le réalise. Une fois que tu t’es lancé et que tu concrétises ton plan, cela crée un élan. C’est ça qui inspire les gens. Il suffit de planifier et de mettre en œuvre. » 34

L’initiative ayant inspiré suffisamment de monde, les sponsors s’embarquent dans l’aventure. Mercedes-Benz a été un soutien majeur de Horn, tout comme la maison horlogère Panerai. Ces financements ont été mis à profit pour son aventure la plus ambitieuse : Pangaea, un voilier briseglace de 35 mètres. Il le qualifie de 4×4 des mers construit par environ 200 ouvriers qualifiés dans une favela de São Paulo. Une solution non seulement rentable économiquement mais particulièrement gratifiante pour un homme qui aime s’entourer de gens qui par partagent sa passion de l’exploration. Ce qui nous conduit tout droit au Cap, en ce 19 novembre, où Brinlee Jr. a rejoint Horn et une équipe de 10 autres membres d’équipage chargés de documenter une partie de son expédition Pole2Pole. Une question brûle les lèvres de Brinlee Jr. : pourquoi ne pas prendre l’avion, tout simplement ? « Je voulais me rendre en Antarctique comme les pionniers de l’exploration l’avaient fait avant

moi. C’est ce qui rend les expéditions si risquées. “Risquées” pas uniquement à cause de l’accès difficile, mais dans le sens où la vie d’autres personnes dépend de ce que vous faites, confie Horn. Je ne pense pas que la route la plus facile soit toujours la meilleure. Je pense qu’en surmontant des obstacles, vous accumulez un savoir qui renforce votre capacité à prendre des décisions. » Ils passent les trois semaines suivantes à naviguer à travers les quarantièmes rugissants [en référence aux degrés de latitude], les cinquantièmes hurlants et les soixantièmes mugissants. Des latitudes qui portent décidément bien leur nom, tellement les rafales de vent et les creux de 6 mètres font tanguer l’embarcation. Brinlee Jr., qui n’avait encore jamais navigué

Le passage entre Le Cap et la baie d’Erskine ce sont des vents pouvant s’élever jusqu’à 100 km/h et une houle proche des 10 m de haut. La météo dantesque a fait des dégâts, comme ce trou perforé à travers la coque par le gouvernail rétractable à la suite des chocs induits par la traversée de la glace (à droite). THE RED BULLETIN


DITION TOUT CE QUE J’AI ACCOMPLI AU COURS DE MA VIE D’EXPLORATEUR. »

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Le sommet du mât du Pangaea – qui culmine à 35 mètres – offre la meilleure perspective pour naviguer à travers les champs de glace et déjouer leurs pièges.


« UNE FOIS QUE J’AI UNE IDÉE, JE ME LANCE ET LA RÉALISE. C’EST ÇA QUI CRÉE UN ÉLAN ET QUI INSPIRE LES GENS. » à bord d’un voilier, a passé les premiers jours à vomir dans un seau. Des pièces essentielles du bateau, telles les pistons hydrauliques et les gouvernails, ont été endommagées, nécessitant réparation et maintenance. Ils finissent par atteindre la banquise, plus tôt que prévu. « On arrivait à hauteur des blocs de glace, puis le bateau les a percutés et s’est mis à vibrer d’un bout à l’autre de l’embarcation, raconte Brinlee Jr. J’occupais la cabine située tout à l’avant et la proue s’élevait jusqu’à 3 mètres au-dessus de la mer ; ça secouait sévère. » À plusieurs milliers de kilomètres au large du continent antarctique, Mike Horn et son équipage entament leur lente progression à travers les blocs de glace qui s’entrechoquent avant de rebondir sur la coque du bateau. Ils utilisent un pic pour dégager la glace accumulée autour des systèmes essentiels, tels le gouvernail. « Vous vous demandez souvent : “Mais qu’est-ce que je fous ici ? Pourquoi je n’attends pas, tout simplement ?”, dit Horn. Mais on ne va

Proniewicz se fraie un passage à travers la glace sur un bateau pneumatique (en haut). Des problèmes ont affecté le gouvernail alors que le voilier brisait la glace, causant un trou dans la coque. L’équipage aura passé une demi-journée à tout réparer (en bas).

quand même pas attendre toute notre vie !, s’exclame-t-il. On peut faire tout ce qu’on a envie de faire, parce que quand on se jette à l’eau, c’est pour trouver une solution. On n’attend pas que la solution nous tombe du ciel. » Ses voyages dans l’Arctique l’ont confronté aux conséquences du réchauffement climatique, et l’un des objectifs de son expédition en Antarctique consistera à prélever des échantillons d’eau et de glace au profit de la recherche. Avant de mettre le cap sur le pôle Sud, Mike et les explorateurs en herbe qu’il héberge sur le Pangaea dans le cadre de son programme Young Explorers, partent écumer les mers afin d’y trouver des requins à équiper de balises. « En 25 ans d’exploration, j’ai vu tellement de choses changer, THE RED BULLETIN

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« JE VOULAIS ME RENDRE EN ANTARCTIQUE COMME LES PIONNIERS L’ONT FAIT... C’EST CE QUI REND UNE EXPÉDITION RISQUÉE. » Les grandes figures qui ont précédé Horn dans son périple polaire lui servent de modèles. La tentative de l’explorateur Ernest Shackleton de traverser l’Antarctique d’un océan à l’autre en 1914 fut un échec, et son bateau détruit par les glaces. Mais l’explorateur britannique put sauver les 28 membres de l’équipage.

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Le bateau de 35 mètres de long est doté d’une proue en aluminium plus résistante que les proues en acier. Horn ­utilise le poids de la proue pour écraser la glace et la percer.


« LA ROUTE LA PLUS FACILE N’EST PAS TOUJOURS LA MEILLEURE. » Horn à l’entame de son périple de 5 100 km au cours duquel il ­traversera l’Antarctique au moyen d’une paire de skis et d’un kitesurf. Il réussira l’exploit en 57 jours, ne bénéficiant que d’un seul ravitaillement.


EXPÉDITION POLE2POLE

L’aventurier helvético-sud-africain mettra environ deux ans pour parcourir environ 38 000 km à travers terre et mer, du pôle Sud au Groenland, en traversant six continents. Une ambition à la fois pédagogique et écologique : attirer l’attention sur les défis auxquels est confrontée notre planète en plein bouleversement, et profiter de sa présence dans certains des endroits les plus reculés du monde pour prélever des échantillons utiles à la recherche.

3. BOTSWANA 15 JUILLET 15 AOÛT 2016

Horn quitte Monaco à bord de son voilier, le Pangaea, direction la Namibie.

2. NAMIBIE JUIN 15 JUILLET 2016

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Arrivée à Walvis Bay avant de cheminer à travers le Namib (le plus vieux désert du monde), entièrement à pied.

Trek à travers les marais de l’Okavango, sans provisions ni eau fraîche, tout en naviguant le long d’une route depuis longtemps oubliée.

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4. LE CAP, AFRIQUE DU SUD 15 AOÛT NOVEMBRE 2016

Préparation du Pangaea pour traver traver-ser l’océan Arctique. Horn s’investit dans sa mission de balisage des requins.

5. ANTARCTIQUE DÉC. 2016 FÉVRIER 2017

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Traversée en solitaire et à ski du continent arctique via le pôle Sud, en suivant l’itinéraire jadis inauguré par l’explorateur Amundsen. Horn devra tout donner pour arriver avant le début de l’hiver.

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6. NOUVELLEZÉLANDE MARS - MAI 2017

7. AUSTRALIE MAI – JUIN 2017

Nouvelle opération de balisage de requins, en plus d’une étude des coraux et d’une opération d’éveil sur leur dégradation, avant de filer en Papouasie-NouvelleGuinée.

1. MONACO, FRANCE 8 MAI 2016

Exploration du parc national de Fiordland, qui abrite les Fjords situés les plus au sud du monde.

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8. INDE SEPTEMBRE – OCTOBRE 2017

Il prévoit d’escalader certains des sommets de 8 000 mètres « vierges » que le gouvernement indien a récemment ouvert aux alpinistes pour la toute première fois. Puis cap sur Bornéo et l’Indonésie.

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9. OCÉAN ARCTIQUE & GROENLAND MAI – SEPT. 2018

Il prévoit d’entreprendre une traversée en solitaire du Groenland avant d’embarquer à bord du Pangaea pour retourner au bercail.

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témoigne Horn, père de deux filles qui officient au sein de l’équipe d’assistance d’expédition depuis la maison familiale en Suisse. Et en très peu de temps. C’est pourquoi, il est important de faire des analyses de plancton, prélever des échantillons d’eau dans des endroits où presque personne ne va. » Après 21 jours de voyage, le Pangaea atteint le plateau arctique. L’équipage euphorique se prépare alors à laisser Horn à son destin. Il s’entraîne à manœuvrer la voile de kitesurf qui le conduira, lui et son traîneau, à travers le glacier arctique, tandis que Brinlee Jr. et son équipage organisent une soirée de dégustation pour l’aider à sélectionner la nourriture qu’il embarquera avec lui. Au moment où vous lirez ceci, il aura achevé sa traversée de l’Antarctique en solitaire, sur plus de 5 000 km, tout en ayant remorqué derrière lui un traîneau chargé avec trois mois de réserves de nourriture et de combustible. Et il aura été la seule et unique personne à avoir jamais réussi cette prouesse. Puis il prendra la direction du Groenland, en suivant un itinéraire qui le conduira à travers la Nouvelle-Zélande et l’Inde, en passant par l’Indonésie. Tout au long du chemin, il sera animé d’une volonté tout droit sortie d’un autre âge, mêlée de furieuse curiosité et de prise de risque insensée. « Le risque d’échec existe... c’est cela qui m’excite, avoue-t-il. Cette part d’inconnu, c’est ce qui nous donne à tous des frissons. C’est elle qui me motive. » « Il y a l’inconnu réel, ces lieux où l’on ne s’est encore jamais rendus auparavant, et il y a l’inconnu intérieur, c’est-à-dire, ce qu’on découvre lorsqu’on se lance dans ces expériences, explique Chris Brinlee Jr. Et je crois que, pour tout un chacun, ce n’est pas la peine de s’aventurer jusqu’au pôle Sud pour faire ce type d’expériences, parce qu’on est capables de les ressentir intérieurement dès lors qu’on quitte notre zone de confort. Mike Horn est absolument inflexible là-dessus, et c’est aussi un principe sur lequel je peux me reposer dans ma vie quotidienne. Grâce à lui. » Les vidéos de la traversée de Mike Horn sur redbulletin.com 41


RALPH HASENHÜTTL, entraîneur du RB Leipzig, a réussi à faire de la plus jeune équipe de la Bundesliga son meilleur promu en 50 ans d’existence. Interview autour des remplaçants, des petits cons, du bureau le dimanche matin et d'autres aspects de la victoire.

LE DROIT

À L’ERREUR

TEXTE : STEFAN WAGN ER PHOTOS : OLIVER J ISZDA

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et puis le mardi matin, on se remet au travail, le dernier match est bouclé et classé, on passe à autre chose. J’ai préparé un petit jeu : quelques citations qui feront peut-être écho à celles du terrain d’entraînement. Elles sont de Pep Guardiola, Jürgen ALPH HASENHÜTTL ENTRE Klopp, Ralf Rangnick et de vous. DANS LA PIÈCE – GRAND ET Le but étant de les attribuer à leurs MASSIF, DOS LÉGÈREMENT auteurs respectifs et de me dire ce COURBÉ, TÊTE UN PEU PENCHÉE que vous en pensez. La première, c’est : « La victoire résulte bien plus – IL S’ASSOIT ET SOURIT. des doutes que des certitudes. » Puis il sursaute, semble perturbé, fait quelques pas à Je dirais Ralf Rangnick. travers la pièce et se dirige vers un frigo dans un coin. C’est Guardiola. Il a raison ? Il enlève la prise, retourne vers sa chaise et se rassoit. Dans le doute, il y a de la confusion, « Vous avez entendu ce bourdonnement ? » Il sourit de c’est trop négatif à mon goût. Remplacez « doutes » par « remises en quesnouveau. « Il faut que vous sachiez que je suis un peu tion » et ça me va. Se remettre en sensible aux bruits. Mais maintenant, c’est bon. » question est mieux que douter. Deuxième citation : « Le secret de ma réussite ? the red bulletin : Ralph, le terrain Ne pas baisser les bras quand quelque chose d’entraînement du RB Leipzig est entouré de citations de grands athlètes ne fonctionne pas. » de divers univers. Laquelle vous parle le plus ? Celle-là est de moi. ralph hasenhüttl : Celle de Michael Schumacher. C’est un peu du Tiger Woods, non ? « Un seul bouquet pour le vainqueur et tant de vases Non. Ne pas accepter que quelque chose ne fonctionne pas, ça revient surtout à ne pas se laisser à remplir. » Cela signifie que la victoire est une affaire abattre quand on essuie un revers. À revenir au d’équipe – même dans un sport individuel comme contraire encore meilleur et avec encore plus de poicelui de Schumacher. Et qu’il faut réussir à faire gne. La citation n’exclut pas la possibilité d’échouer. passer l’équipe avant tout et à ne pas avoir une trop Ce qui compte, en fait, c’est la manière de réagir, haute opinion de soi-même. adopter une attitude constructive, coûte que coûte. Vous êtes un bon entraîneur car vous n’avez pas « Au fond, la motivation, c’est réussir à faire d’un une trop haute opinion de vous-même ? objectif commun l’objectif personnel de chacun. » C’est même essentiel dans ma vie. Quand tout fonctionne bien, club, soigneurs, équipe, administration, On dirait du Klopp… direction, attachés de presse, tout, alors la victoire est … c’est Rangnick. Donc vous allez avoir du mal notre victoire à tous, et donc aussi un peu la mienne. à le contredire. Il faut changer son mode de pensée habituel : ce n’est Jamais de la vie ! (Rires.) Il n’empêche qu’il a parfaitement raison. Faire passer l’objectif commun avant pas moi qui suis important et ce n’est pas grâce à moi les objectifs individuels, c’est l’un de nos grands que cela fonctionne, tout le monde est important et principes ici. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire : c’est grâce à chacun que cela fonctionne. D’après chaque membre du club doit faire l’effort de suivre mon expérience, c’est ça, la clé du succès. ce processus. La réussite n’est possible qu’en faisant Y a-t-il une citation avec laquelle vous n’êtes pas passer systématiquement l’intérêt commun avant forcément d’accord autour du terrain ? l’ego de chacun. Un seul ego qui prend le pas sur Celle de Tiger Woods : « Même si tu te trouves déjà l’intérêt commun, et l’équilibre peut être fragilisé. super bon, tu peux toujours t’améliorer. » Et si on en « Le football est un jeu d’erreurs. » reste au golf, il n’a pas tort : même sur un coup d’approche de cent mètres qui atterrit à deux centimètres Celle-là est de moi. du trou, on peut toujours faire mieux en théorie. Mais Vous parlez du système de jeu de votre équipe, dans le football, le jeu parfait n’existe pas et n’existera cette technique d’attaque ultra-agressive qui jamais. Ce n’est pas un objectif auquel il faut aspirer, consiste en gros à pousser l’adversaire à la faute on risque d’en ressortir frustré et insatisfait. quand il a la balle, c’est ça ? C’est une mauvaise chose ? On dit pourtant que C’est un peu plus compliqué que cela. C’est aussi la l’insatisfaction est une source de motivation façon dont on gère les erreurs. En fait, ce que je veux, importante dans le sport de haut niveau. c’est que mon équipe fasse des erreurs après avoir Je ne suis pas trop d’accord. Ne pas être satisfait, ne récupéré la balle. Ça me plaît quand un joueur va trois jamais se laisser aller au contentement, penser déjà fois au duel et perd la balle à chaque fois, mais qu’il au prochain match au bout de dix minutes… non réussit à passer la quatrième fois. Un joueur qui sait merci. C’est important d’en profiter, de fêter ça et qu’il a le droit de faire des erreurs, ça engendre la d’être heureux. Le lendemain du match, on peut enpossibilité d’un risque, un risque qui peut nous mener core se réjouir tranquillement, le lundi suivant aussi, à la victoire. On peut bien se planter sur dix actions,

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« LES REMPLAÇANTS CONTRIBUENT SOUVENT

BIEN PLUS À LA VICTOIRE QUE CEUX QUI SONT RESTÉS SUR LE TERRAIN. »

s’il y en a une seule qui marche, les dix tentatives infructueuses d’avant ne semblent plus aussi vaines. « Dans les mauvais jours on voit la véritable valeur des gens. » Ça, c’est du Klopp. Je valide à 100 %. Quand je vois le Bayern, tout ce qu’ils gagnent dans leurs mauvais jours… Certains disent que le Bayern a juste du bol. Ils ont tort. Quand une équipe est d’une telle qualité que les autres n’arrivent à l’égaler que dans leurs meilleurs jours, rien de plus normal que ses chances de perdre soient minimes. Et quand le Bayern est au top de sa forme, comme ça a été le cas contre nous, c’est une autre paire de manches. « Je ne pourrai jamais recruter un petit con qui joue super bien. » Encore du Klopp, mais ce n’est pas tout à fait ce qu’il a dit, c’était plutôt : « Je me demande bien le niveau d’excellence qu’un joueur devrait avoir pour que j’ar j’arrive à l’accepter s’il se comporte comme un petit con. » Je le sais, car j’ai moi-même repris cette citation. Mais ce sont justement des joueurs comme ça qui font la marque d’une équipe. Toutes les équipes que j’ai entraînées ne fonctionnaient qu’en équipe, justement. Les individualités ne prenaient pas le pas sur le collectif. Avec mon système de jeu, je ne pourrais pas accepter un joueur à l’ego surdimensionné dans mon équipe. Mais que faites-vous quand, comme fait exprès, un joueur de votre équipe marque le but de la victoire à la 90e minute sans avoir couru comme un dératé avant, sans avoir harcelé le possesseur du ballon ? Avec moi, il n’aurait même pas marqué. Parce que je l’aurais sorti avant. « En tant que leader, on montre l’exemple. Qu’on le veuille ou non. Être ponctuel, manger sainement, être discipliné, c’est essentiel pour la crédibilité. Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais, ça ne marche jamais bien longtemps. » Ralf Rangnick, bien sûr. Il est très exigeant avec ses joueurs, mais il l’est aussi avec lui-même. Et c’est pour ça que ses joueurs n’ont aucun problème à accepter qu’il leur en demande tant. Déjà quand j’étais joueur, je n’aimais pas quand quelqu’un me demandait quelque chose qu’il ne gérait pas lui-même ensuite. Quand on exige des autres un comportement professionnel, il faut être soi-même irréprochable. « En tant qu’entraîneur, je n’aurais jamais recruté Hasenhüttl, le joueur. »

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Ça ne peut être que de moi ! Parce que Hasenhüttl en tant que joueur, il n’a certainement jamais été dans le viseur de Guardiola, Klopp ou Rangnick. Mais vous n’étiez pas si mauvais que cela ! Huit sélections en équipe nationale et quatre fois champion d’Autriche, et vous êtes monté en première division avec le FC Cologne. Je ne me serais pas pris dans mon équipe parce que, sur le plan physique, ça n’aurait pas collé avec mon système de jeu, trop pataud et pas assez rapide. Mais Hasenhüttl en tant que mec, je n’aurais pas hésité une seconde. Quand j’étais joueur, je savais faire passer l’équipe avant mon ego. J’étais bien meilleur en équipe que sur le plan individuel parce que je pouvais me sacrifier pour l’équipe. Vous étiez un avant-centre solide classique. Et votre job, c’était de marquer des buts. Comment se sacrifie-t-on pour une équipe dans ce cas-là ? En créant des intervalles où l’on sait que le ballon n’ira sûrement pas. Et offrir ainsi à un coéquipier un espace suffisant pour avoir l’opportunité de marquer un but. Ou bien en apportant sa contribution à la victoire de l’équipe depuis le banc des remplaçants. En quoi contribue-t-on à la victoire d’une équipe depuis le banc des remplaçants ? Les remplaçants en font souvent bien plus que ceux qui sont restés sur le terrain. Ils représentent le niveau général du reste de l’équipe et sont très impor importants pour l’ambiance. Être sur le banc des remplaçants, c’est un vrai test : il faut être plus investi, s’entraîner encore plus dur, même si personne ne fait vraiment attention à toi. C’est tout sauf facile, mais c’est extrêmement important pour chaque équipe. Est-ce que vous seriez allé plus loin en tant que joueur avec Hasenhüttl en tant qu’entraîneur ? J’aurais pu aller bien plus loin si j’avais intégré un environnement professionnel plus tôt. En Autriche, le football pro des années 80 et 90 n’avait pas grandchose à voir avec celui d’aujourd’hui. Il n’y avait pas de préparation ou de débriefing lors des entraînements, et quand un jeune avait le malheur de vouloir courir pendant la préparation physique, les anciens lui tombaient dessus en mode « eh, oh, mollo ». Plus un truc à vous freiner qu’à vous booster. En tant que jeune joueur, quand on est confronté à une telle façon de faire, on l’intègre parce que cela semble normal. Ce n’est que plus tard, en Belgique, puis en Allemagne, que les choses ont changé et que j’ai découvert des méthodes de travail plus professionnelles et plus sérieuses. C’était trop tard pour rattraper mes lacunes footballistiques, mais j’ai quand même pu apprendre ce que c’était de jouer au football de manière professionnelle. À 35 ans, chez les amateurs du Bayern, vous receviez des conseils techniques de joueurs qui avaient 15 ans de moins que vous. Rabaissant, non ? Par chance, je n’ai jamais été très orgueilleux, donc non. Ce serait vraiment un comble d’être tellement imbu de sa personne que l’on ne pourrait même pas s’abaisser à apprendre quelque chose de quelqu’un. Aujourd’hui, quand mon fils de 19 ans veut me 45


« ÇA DOIT ÊTRE DIFFICILE DE TENIR CE RYTHME

JUSQU’À LA RETRAITE EN TANT QU’ENTRAÎNEUR. »

du terrain : où en est l’attaque, comment s’organise la défense, qu’en est-il du marquage ? Est-ce vrai que les joueurs du RB Leipzig regardent des analyses vidéo de la première mi-temps à la pause ? Oui, quand c’est nécessaire. Mais on n’est pas la seule équipe à le faire. Qui s’occupe de filmer, du choix des images et du montage ? Comment est-ce que ça se goupille niveau timing ? C’est le boulot de l’analyste vidéo qui est assis en tribune. Il connaît notre feuille de match, il connaît l’équipe adverse et il a été suffisamment briefé pour savoir pourquoi quelque chose n’a pas fonctionné.

donner une leçon de vie, d’abord je l’écoute, j’y réfléchis et puis je lui dis non s’il le faut. Quand était-ce, la dernière fois que vous avez fait un mauvais choix avant un match ? Ici à Leipzig ? Je dirais bien à chaque défaite. On n’en sait rien au final. Mais on se pose toujours la question.

DÉPART

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Et la dernière fois que vous vous êtes planté ? C’était à Ingolstadt contre Hanovre, menés 3-0 au bout de 30 minutes de jeu. C’était plus un problème de positionnement que de tactique. Mais j’ai réagi trop tard. Que voyez-vous vraiment du match en tant qu’entraîneur, au juste ? Nous, les spectateurs, on a toujours une vue d’ensemble du jeu grâce à la perspective de la caméra ou depuis les tribunes. Vous, vous êtes au bord du terrain, vous ne pouvez pas vraiment voir ce qui se passe sur le plan tactique, non ? C’est vrai que c’est moins facile à voir que pour vous. Mais quand on est entraîneur, on apprend à regarder un match autrement qu’avec un regard de supporter. Déjà, il faut être vraiment très concentré, et pas seulement sur ce qui se passe autour du ballon, mais aussi sur ce qui se passe ailleurs. En pratique, quand le ballon est quelque part, on regarde aussi le reste 46

Son montage doit être millimétré parce que tout doit aller extrêmement vite à la pause. On a tout juste deux-trois minutes de débriefing avec le staff, puis on enchaîne avec l’équipe – cinq minutes sur les faits de jeu, cinq minutes sur les changements à apporter – puis on s’entretient plus particulièrement avec un ou deux joueurs, ensuite, il faut les remotiver une dernière fois et c’est reparti. Après un match, vous êtes plus fatigué en tant qu’entraîneur que vous ne l’étiez en tant que joueur ? Sur le plan mental, oui, à tous les coups. Et vous arrivez à dormir après un match ? Je n’ai pas de mal à me déconnecter et à m’endormir. Le seul truc, c’est que je n’arrive pas à dormir longtemps après un match. Et dès que je me réveille, je commence tout de suite à cogiter. En général, dès quatre ou cinq heures du matin, il n’est même plus question de dormir. Le mieux, c’est d’aller courir ou d’aller directement au boulot. Avant, le dimanche THE RED BULLETIN


matin, j’étais au bureau dès six heures ou six heures et demie. Comment peut-on rester à ce niveau en tant qu’entraîneur ? Ça doit être difficile de tenir ce rythme jusqu’à la retraite. C’est un boulot tellement prenant et exigeant, et on est tellement sous pression. Bien sûr, quand la réussite est au rendez-vous, c’est plus facile, mais ça n’en est pas moins épuisant. Mais ne vous inquiétez pas pour moi. Mis à part mon syndrome à hantavirus

Je l’ai surtout appris à force de tentatives et d’erreurs, à toujours continuer d’essayer, échouer encore, et réessayer. Je n’ai jamais réussi à me dire : « Bon, ok, ça ne marche pas, pas de bol. » Jamais. Si quelqu’un était meilleur que moi avec le ballon, je me disais : pourquoi est-ce que je ne pourrais pas apprendre à en faire autant ? J’ai toujours fonctionné ainsi, jusqu’à aujourd’hui. Il m’arrive encore de m’asseoir à mon piano et d’essayer de jouer des morceaux en me disant : « Ça ne va pas le faire, pourquoi est-ce que je m’inflige ça ? » Mais il faut quand même que j’essaie. Je veux voir jusqu’où je suis vraiment capable d’aller.

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qui m’a couché pendant un mois, en huit ans, je n’ai pas été malade une seule fois. Le truc, c’est d’y aller à la fois à fond et tranquillement pour maintenir l’équilibre. Par contre, la première semaine des vacances, à tous les coups, je suis malade. En Allemagne, il y a 890 entraîneurs formés pour 56 clubs pro, ce qui fait un taux de chômage de 94 %. Vous aviez 37 ans quand vous avez arrêté votre carrière de footballeur. Pourquoi opter pour un boulot avec si peu de perspectives d’avenir ? Parce que j’avais un capital à faire fructifier : des connaissances sur le football accumulées en 17 ans de carrière pro. Dans n’importe quel autre domaine, je n’aurais pas fait le poids face à quelqu’un de mon âge en termes de formation et d’expérience professionnelle. Je me suis vite rendu compte d’une chose : c’était le seul domaine où je pouvais vraiment me bâtir une carrière en exploitant mes compétences professionnelles. Et aussi que je n’aurais pas des tonnes d’opportunités en tant que coach. Qu’il faudrait sauter sur les premières qui se présenteraient. Progresser plus vite que je ne l’avais fait en tant que joueur. Et vous n’aviez pas de plan B dans la tête ? Ça ne m’est jamais venu à l’esprit. Je n’avais pas vraiment de don en tant que joueur, et c’est un gros avantage. Je sais ce que ça fait de devoir apprendre quelque chose, d’échouer et de devoir prendre exemple sur les autres. Donc j’ai l’impression de pouvoir aider plus facilement mes joueurs, et je suis peut-être aussi plus compréhensif et plus patient que d’autres. Pour l’entraîneur Hasenhüttl, c’est une chance que le joueur Hasenhüttl n’ait pas été béni d’un immense talent. Où avez-vous donc appris à considérer les erreurs comme quelque chose de positif ? THE RED BULLETIN

Jusqu’où je suis capable d’aller si j’y mets toute la volonté dont je suis capable. Pour un boulot, je peux encore comprendre, mais alors pour le piano… Je suis comme ça, c’est ma manière de fonctionner. Pour tout. Je vais vous raconter autre chose. Quand on m’a viré de mon tout premier poste d’entraîneur à Unterhaching, je suis resté au chômage pendant huit mois. J’ai mis ce temps à profit pour faire des stages dans pas mal de clubs différents, mais en parallèle, je me suis mis à fond sur le tennis. Je voulais juste savoir une chose : si je passe mon temps à m’entraîner, qu’est-ce que ça va donner ? Jusqu’où je peux aller ? J’ai participé à des tournois et je me suis demandé quels adversaires je pouvais battre. À quelle vitesse j’apprenais et jusqu’à quel niveau. C’est dingue, je le sais bien, mais ça m’a vraiment fasciné comme exercice. C’était en 2010. Vous étiez un entraîneur de foot de 42 ans sans grosse réputation. Et la seule chose à laquelle vous avez pensé, c’était de participer à des tournois de tennis semi-professionnels ? Pour la première fois de ma vie, j’avais du temps. C’était ma chance de faire ce que j’avais envie de faire depuis toujours, comme participer à des tournois de tennis, par exemple. Et de le faire à fond. Comme quand j’étais ado à Graz et qu’on testait des tas de sports extrêmes avec un pote. Snow, VTT, surf, on était toujours les premiers sur le coup. Apprendre de nouveaux mouvements, ça m’a toujours fasciné. Permettez-moi une digression, le Hasi-Rolle, 47


cette pirouette avec laquelle vous célébriez vos buts quand vous étiez attaquant, n’était pas vraiment un modèle en matière de capacités motrices. Hahaha, c’est vrai qu’en gym au sol, je suis vite confronté à mes limites. Josef Hickersberger, entraîneur du FK Austria Vienne à l’époque, puis plus tard de l’équipe

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RALPH HASENHÜTTL

d’Autriche, vous aurait soi-disant interdit de pratiquer le Hasi-Rolle, Né à Graz (Autriche), le 9 août 1967. apparemment pour écarter un Footballeur pro à partir de 1985, en risque de blessure ? Est-ce que c’est Autriche (Grazer AK, FK Austria vrai ? Ça aurait été une terrible humiliation vis-à-vis de l’équipe. Vienne, SV Austria Salzbourg), puis Si vous aviez vu cet équilibre avant, en Belgique (KV Malines, Lierse SK) suivi d’un roulé-boulé sur le côté, et en Allemagne (1. FC Cologne, SpVgg Greuther Fürth, Bayern Munich vous vous seriez inquiété, vous aussi. Mais ce n’était même pas ça ! (Rires.) amateur). Coach dès 2004 au SpVgg Un jour, Hickersberger a voulu me Unterhaching (entraîneur des jeunes, montrer comment faire la roue cor coradjoint et principal à partir de 2007), rectement, et il s’est blessé. Une telle au VfR Aalen (à partir de 2011, accatastrophe pour l’équipe qu’il me cession à la 2 e division en 2012), au l’a finalement interdite. FC Ingolstadt 04 (à partir de 2013, Revenons-en à votre carrière re montée en 1 division en 2015) et au d’entraîneur. Un coach a-t-il une RB Leipzig (dès l’été 2016). Sa faresponsabilité socio-politique ? mille habite Munich, son fils, Patrick Oui, comme toute personne de (19 ans), joue au FC Ingolstadt 04. notoriété publique. Mais à Leipzig peut-être un peu plus qu’ailleurs ? Timo Meynhardt, psychologue économique à Leipzig, a déclaré : « Le RB Leipzig, c’est une identité et une fierté régionales qui redorent le blason de toute la ville. » Nous en sommes bien conscients, et nous devons tous nous comporter en conséquence. Pas seulement sur le terrain, mais aussi en dehors. La façon dont je parle et dont je me comporte avec les gens, ce n’est 48

pas anodin. Quand les gens se demandent comment il est possible de garder ce rythme et de courir autant pendant 90 minutes, alors on a obtenu ce qu’on voulait : de l’enthousiasme. Votre équipe court 110 à 120 kilomètres par match, sachant qu’il faut enlever le gardien… … qui court quand même cinq kilomètres. Les joueurs de champ professionnels courent plus de dix kilomètres pendant 90 minutes, la majeure partie se composant de sprints, de duels, de sauts et de tacles. Où en est-on ? Et comment cela va-t-il évoluer ? Quand le football sera-t-il confronté aux limites physiques des joueurs ? L’élément décisif, ce n’est pas le joueur, c’est le ballon. La vitesse ou le nombre de kilomètres

parcourus, ce n’est pas une fin en soi. Ce qui est important, c’est la vitesse à laquelle la balle circule et la vitesse à laquelle on peut la jouer, le moins de temps et d’espace dont un joueur aura besoin pour dribbler un adversaire, et réussir à trouver des solutions dans le plus petit espace qui soit. Et il n’y a quasiment aucune limite à cela, en tout cas, pas pour l’instant. Pour finir, j’ai encore une citation à vous proposer. La voici : « Si vous perdez cinq matches de suite, vos joueurs ne croiront plus ce que vous leur dites. » Est-elle vraiment de vous ? Oui. Et c’est le genre de situation que je n’aimerais pas du tout vivre. Je n’arrive même pas à me l’imaginer. Raconter à mes joueurs, cinq semaines durant, que tout ce qu’ils font, c’est génial. Qu’il faut juste continuer à faire ce qu’on fait, et peut-être qu’on recommencera à gagner – avant d’essuyer de nouvelles défaites. Pfff, ça me paraît vraiment compliqué comme situation. Quelle a été votre plus longue série de défaites en tant qu’entraîneur ? Trois matches de suite. À Ingolstadt. Après avoir décidé de quitter le club. Votre décision de quitter le club a-t-elle joué dans les trois défaites de suite ? Avec le recul, je crois que oui. Je n’étais peut-être plus aussi à fond, plus focus à 100 %, peut-être à peine moins, mais en Bundesliga, ça ne pardonne pas. dierotenbullen.com THE RED BULLETIN


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L’habit ne fait pas le hardos. Ce type qui se rend au Hellfest tous les ans est un sociologue et enseignant respectable. Yeah !


TEDDY MORELLEC

LAMETAL SCIENCE DU Satanistes, incultes, oisifs les hardos ? Que dalle ! Avec ses études sur les festivaliers du Hellfest, le sociologue Christophe Guibert explose vos – nos – idées reçues sur les headbangers. T EXT E : P I E R R E- H E N R I CA M Y

P H OTO G R A P H E : C H R I S SAU N D E R S 51


out le monde côtoie un fan de hard rock. Votre banquier ou votre collègue sont peut-être des fondus de speed metal. Impensable si pour vous le fan de hard doit être forcément hirsute, porter des T-shirts morbides, n’avoir d’intérêt que pour une musique réputée brutale, et n’être que peu visible dans la « société ». En marge du festival Hellfest organisé à Clisson (44) depuis 12 ans, ces a priori envers les amateurs de musique metal ont libéré la parole de certains politiques. Pour eux, le Hellfest rassemble des satanistes sans valeurs, néfastes à l’ordre. Un participant au Hellfest, ami du rock dur et sociologue maître de conférences à l’université d’Angers, Christophe Guibert (40 ans) s’est penché sur les métaleux, afin de faire évoluer les mentalités à leur sujet. La parole à Dr Socio & Mister Metal. the red bulletin : Ce sont les antiHellfest qui vous ont motivé à mener vos enquêtes ? Un ras-le-bol ? christophe guibert : En 2010, il y a eu tout un ramdam politico-médiatique autour du festival, avec des interventions d’élus politiques qui prenaient position contre le Hellfest. Leurs arguments me questionnaient personnellement. C’est un réflexe de compréhension du monde social, de sociologue, qui m’a poussé à lancer ces études : j’entends des discours et il me semble qu’il y a des réalités qui ne sont pas en lien avec ces discours. J’ai spontanément eu l’envie de questionner ces festivaliers, pour savoir si les discours qui les caractérisaient étaient vrais ou pas. C’est pourquoi je vais focaliser mon propos sur les festivaliers du Hellfest, pas les fans de metal au sens large. Comment avez-vous enquêté ? En 2011 puis en 2015, via un questionnaire sur le site Internet du Hellfest, j’ai mené deux enquêtes sur les festivaliers du

52

« AU HELLFEST, IL N’Y A PAS DE DÉVIANCE NI DE MEURTRE ! »

assure Christophe Guibert, qui en est revenu vivant.

Hellfest et j’ai récolté les réponses de 8700 personnes en 2011, puis de 10400 en 2015. Ces études étaient motivées par mon approche de sociologue : comprendre l’envers du décor, dépasser les idées préconçues, les croyances et les préjugés. Pourquoi ces clichés autour du metal ? Moins on connaît un univers, plus on a tendance à lui affubler des croyances, des préjugés, négatifs comme positifs. Là où il y a méconnaissance, il y a cliché. Ceux touchant au metal partent, d’une part, de cette méconnaissance, et d’autre part, il est vrai qu’il s’agit d’un univers musical singulier, avec une musique qui se joue plutôt fort, un folklore corporel propre avec les tatouages, les cheveux longs, la prédominance du noir, les crânes, les crucifix renversés... un univers folklorique qui fait qu’on peut se dire à propos des

headbangers, quand on ne les connaît pas : « Mais qui sont ces fous furieux ? » ! Pas que des mecs, visiblement ! Près d’un quart des festivaliers sont des festivalières, pourquoi ? Historiquement, le hard rock est un genre plutôt masculin, mais on observe un processus de féminisation. Le fait que ce festival et le genre metal soient aujourd’hui symboliquement et culturellement plus acceptés et plus acceptables fait que les festivalières s’autorisent plus qu’avant de dire et d’assumer qu’elles sont présentes au festival Hellfest. La bonne réputation du festival rassure et motive donc les filles à s’y rendre ? Je ne pourrais pas le prouver scientifiquement ni statistiquement, mais si l’on s’intéresse au traitement journalistique de ce festival, il est intéressant de voir comment il a évolué. À l’époque des débats politiques, on parlait du Hellfest dans les pages Société ou Politique des grands quotidiens nationaux. Désormais, il est traité dans les pages Culture, car c’est un univers musical culturellement accepté et acceptable. Il n’y a pas de déviance, de meurtre ni de violence au Hellfest. En tout cas, les rapports de gendarmerie montrent bien qu’il ne se passe rien de criminel !

THE RED BULLETIN

NICKO GUIHAL

T


JAMAIS

22,6 %

PLUS RAREMENT

18,5 %

« Au quotidien, vous habillez-vous à la mode “metal” (T-shirt de groupe de musique, vêtements gothiques, bijoux, accessoires…) ? » On s’attend à ce qu’une majorité de participants au Hellfest répondent par la positive, mais l’étude de 2015 de Guibert prouve que le hardrockeur n’est pas si évident à identifier.

TOUS LES JOURS OU PRESQUE

16,6 %

RÉGULIÈREMENT (AU MOINS UNE FOIS PAR SEMAINE)

19,3 %

PARFOIS QUELQUES FOIS PAR MOIS

LEÇON #1

ON PEUT ÊTRE METAL SANS SE VÊTIR METAL

22,9 %


LEÇON #2

LE HARDOS A UN HAUT NIVEAU D’ÉDUCATION

MASTER

11,5 %

BTS

13 % 54

« Statistiquement le public est très diplômé avec près des 2/3 des festivaliers titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et près d’un quart des festivaliers titulaires d’un Bac +5 ou plus », dit Guibert. Voici des données révélatrices de cet état de fait en 2015. Bon point au hardos !

SANS DIPLÔME

3,1 %

INGÉNIEUR

8,2 %

LICENCE

15,4 %


LEÇON #3

LE FAN DE HARD N’ÉCOUTE PAS QUE DU HARD

NICKO GUIHAL

Un petit reggae pour se remettre d’une surdose de metal ? 22,9 % des festivaliers interrogés en 2015 se sont déclarés amateurs de sons jamaïcains. On trouve même au Hellfest des amateurs de RnB. De quoi surprendre ceux pour qui le fan de hard n’a d’oreilles que pour... le hard !

RnB

3%

HIP-HOP

JAZZ

REGGAE

CLASSIQUE

15,5 % 26,6 % 22,9 % 39,8 %


HINDOUISTES

0,3 %

BOUDDHISTES

2,5 %

MUSULMANS

1,4 %

AUTRES

JUIFS

11,6 %

0,9 %

SUR L’ENSEMBLE DES 17 % DE FESTIVALIERS QUI SE SONT DÉCLAR DÉCLAR DÉCLARÉ ÉCLAR ÉS CROYANTS

PROTESTANTS

2,6 %

CATHOLIQUES

80,7 % LEÇON #4

LES HEADBANGERS NE SONT PAS SATANISTES 56

La veste à patchs n’a jamais pu se défaire de ce cliché : ils sont satanistes ! Mais les études de Christophe Guibert n’ont pas pu attester la présence de satanistes parmi les fans du Hellfest. Chez les festivaliers déclarés croyants lors de l’étude de 2015, il ressort une majorité de... cathos. THE RED BULLETIN


NICKO GUIHAL

Pourtant, beaucoup restent enfermés dans leurs idées reçues, « le hardos est un oisif, qui ne trouve d’intérêt que dans le metal et la bière »... Il y a quand même un cliché qu’il est difficile de battre en brèche, c’est la consommation de bière certainement plus impor importante que la moyenne au Hellfest (rires). Au-delà, les enquêtes montrent que le taux de chômage chez les festivaliers est largement inférieur à la moyenne nationale. Il y a une sur-représentation des classes sociales les plus favorisées, ingénieurs, cadres supérieurs, chefs d’entreprise, et une sous-représentation des classes sociales les plus modestes. C’est ce qui m’a le plus étonné. Le festivalier hard-rockeur a donc été plutôt studieux, a réussi dans ses études, jusqu’à arriver à des postes dans les fonctions supérieures ? Statistiquement, oui. Ces résultats contredisent l’idée que les participants à un festival dédié au metal seraient oisifs et mal insérés socialement. C’est faux ! On parle d’individus qui sont socialement bien insérés, plus diplômés que la moyenne, qui occupent des positions plutôt élevées dans l’espace social. Attention, chers lecteurs, votre patron est peut-être un inconditionnel de death metal... Exactement ! En France, il y a des manières d’être ou de faire qui sont culturellement codées, il est de bon ton d’écouter tel type de musique plutôt que tel autre, lire tel type de roman plutôt que tel autre. La musique metal fait partie de ces univers culturels plutôt dépréciés, donc si l’on en écoute, on va plutôt le cacher, spontanément. Costume la semaine et pogo le weekend sont donc compatibles. Vous avez observé les danses du Hellfest, quelle serait la plus extrême ? Les plus « tranquilles » s’observent sur les scènes principales, bien que parfois il y ait des pogos géants et des circle pits absolument gigantesques (le circle pit est un mix de danse et de pogo effectué dans un mouvement circulaire ultra-rapide, ndlr). Pour la scène black metal, on n’observe pas de danse, simplement un hochement de la tête au rythme de la musique. Au niveau de la warzone où se produisent des groupes punk ou hardcore, ça bouge pas mal, c’est beaucoup plus en mode pogo. Des clichés à exploser sur ces danses ? Même si elles sont d’apparence plutôt masculines, on y trouve des festivalières. Et dès qu’un festivalier tombe lors d’un circle pit, tout le monde s’arrête, on le

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« DES PERSONNES RESPECTUEUSES, PAS DES GARS QUI CASSENT TOUT... »

relève, et ça repart ! Je ne parlerais pas d’une sécurisation des corps, mais malgré tout, l’intégrité des corps est respectée. Une bienséance qu’on aimerait retrouver dans les transports en commun... En même temps, c’est une bienséance virile (rires). J’ai pas mal de clichés photo de ces scènes-là que je montre en amphi aux étudiants, je les éclaire sur ces thèmes et beaucoup sont étonnés (rires) ! L’aspect violent (en apparence) de ces danses pourrait conduire à penser que de nombreux débordements arrivent durant un rassemblement metal… Au contraire ! J’ai mené quelques entretiens plus ou moins formalisés avec des acteurs locaux du tourisme, notamment à Clisson, les personnes d’accueil ou responsables de l’office du tourisme, les hôteliers... Tous, quasiment sans exception, disent que les festivaliers et festivalières sont des personnes polies, respectueuses de l’environnement et d’autrui. Pas des gars violents qui cassent tout. Et pas forcément fascinés par la mort ou Satan. Vos études montrent que le rapport à la mort, sa mise en folklore n’est pas une célébration mais un décalage. Pour mieux l’appréhender ? Je n’ai pas la réponse à cette question. C’est compliqué. Est-ce qu’il y a réellement des satanistes au sein du Hellfest, peut-être. S’ils sont présents, ils sont ultra-minoritaires. Je pense que cette idée d’utiliser les symboles de la religion

catholique, de les travestir, en dehors de l’église, ça ne va guère plus loin. Je ne pense pas qu’il y ait un véritable discours philosophique, politique ou religieux à l’égard de la religion catholique parmi une écrasante majorité de festivaliers. Pour beaucoup, le hard est du bruit, mais vos enquêtes ont montré que nombre de festivaliers assistaient au Hellfest pour y apprécier la technique des musiciens en véritables mélomanes ! Quand on n’a pas une connaissance précise de ce genre musical, on peut croire spontanément que c’est brouillon, violent, complètement déstructuré, que ça n’a aucun sens musical. Il n’en est rien. On a affaire à des sous-genres musicaux très spécifiques, avec des techniques de guitare, de basse, de chant ou de batterie tout à fait performantes et pertinentes. Et effectivement, les festivaliers viennent au Hellfest pour apprécier la technique des musiciens. C’est une caractéristique assez singulière, il y a une forme d’investissement culturel dans la musique, une écoute très attentive. Et les hardos n’écoutent pas que du hard, ils sont super ouverts ! Une grande majorité de festivaliers, oui. Les plus diplômés, ceux qui occupent les métiers les plus élevés dans la hiérarchie social, autrement dit, ceux qui possèdent un capital économique et un capital culturel importants, auront tendance à avoir une posture éclectique à l’égard des goûts musicaux. Une très grande partie des festivaliers les plus diplômés vont écouter du jazz, du classique, ou tous les genres musicaux. On parle alors « d’omnivorité culturelle ». Finalement, Christophe, ces headbangers du Hellfest ne seraient-ils pas une espèce de petite société idéale, aimable et passionnée culturellement ? L’apparence, dans le festival, comme s’habiller en noir, se déguiser, mettre son vieux T-shirt de hard… gomme les mar marqueurs sociaux. Ce festivalier est-il un cadre supérieur, un ouvrier ou un chômeur ? Un chef d’entreprise qui roule en voiture de luxe ? On ne sait pas ! Tout cela est aboli pendant trois jours, et cela participe d’un relâchement culturel. On vient s’amuser. On est presque tous égaux ! Découvrez l’envers d’un grand festival metal dans le documentaire Open the doors: Hellfest sur Red Bull TV.

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ELLE SERAIT LE CAUCHEMAR DE TOUT TÉLÉCROCHET POUR POP STARS : ÄNGIE PROVOQUE. ELLE ADORE LES CONTRADICTIONS. ELLE SE FICHE DES RÈGLES. ET C’EST EXACTEMENT POUR CELA QUE CETTE JEUNE SUÉDOISE MONTE EN FLÈCHE.

« SOYONS FIÈRES DE NOS DÉFAUTS ! » TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER PHOTOS : ALBERTO VAN STOKKUM STYLE : SOO-HI SONG

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« IL N’Y A RIEN DE PLUS ENNUYEUX QUE LA PERFECTION. »

ngie a des fanclubs au Brésil et en Russie, alors que sa musique ne passe pas à la radio. La presse britannique, de The Sun à The Guardian en parle, alors qu’elle n’a sorti que deux chansons jusqu’à présent. Pourquoi ? La Suédoise de 21 ans fait exactement tout ce qu’il ne faut pas faire en tant que jeune star montante : elle ne répond surtout pas aux attentes – et ne prend pas le business trop au sérieux. Elle a commencé à faire de la musique il y a deux ans, en se filmant dans sa baignoire, pétée et rappant n’importe comment, pour rire... et a envoyé la vidéo à un producteur local. Peu de temps après, elle enregistrait sa première chanson Smoke Weed Eat Pussy (« Fume de l’herbe et pratique le cunnilingus », ndlr) dans le studio du DJ star Avicii et signait un contrat avec le géant de l’industrie musicale Universal. De nombreuses chaînes de radio ont trouvé le morceau trop graveleux pour le jouer, mais il est malgré tout devenu un tube – via YouTube. Et grâce à la presse britannique qui l’a élue chanson la plus osée de l’année 2016. Un début de carrière inhabituel. Et pourtant : un lancement bien aux goûts d’Ängie. Car, nous révèle-t-elle lors d’une interview dans son Stockholm natal, pour avoir du succès, il faut mettre son public à l’épreuve. the red bulletin : Comment devient-on la pop star la plus controversée de l’année ? ängie : Dans mon cas, cela a été très simple. Je chante à propos des choses qui me procurent le plus de plaisir. Il va falloir que je vous pose d’autres questions alors... Allez-y ! 60




Smoke Weed Eat Pussy est donc une déclaration autobiographique ? Ma copine venait de me quitter. J’avais beaucoup de temps libre et une vie sexuelle très active. Des chansons sur les drogues et le sexe, ça a toujours existé. Pourquoi pensez-vous que votre tube a tellement échauffé les esprits ? Parce que je suis une fille qui aime les fleurs et les fringues roses. Et parce que les nanas qui aiment les fleurs et les fringues roses ne font habituellement pas de chansons sur l’herbe et les relations bucco-génitales. Vos clips reflètent ce genre de contradictions. Dans une scène, vous jouez à la princesse vêtue de robes couleur guimauve, dans une autre vous montrez vos grands tatouages et fumez un joint. Jouer avec les stéréotypes vous botte ? Absolument. Il n’y a rien de plus ennuyeux dans la vie que la perfection et les évidences. Pour avoir du succès, il faut surprendre. Créer des contrastes. Mais ne perturbe-t-on pas son public de cette manière ? Bien au contraire. Je crois qu’on éveille sa curiosité. Regardez Rihanna. Elle est devenue vraiment cool le jour où elle a montré son côté rebelle. Moi non plus je n’ai pas envie de faire la poupée Barbie. Les gens doivent me voir telle que je suis. Y compris mes vergetures sur les fesses. Pardon ? Récemment, j’ai publié une photo de mes vergetures sur Instagram. Une fan m’a THE RED BULLETIN

« SI TU AS UN BALAI DANS LE CUL, TU NE DEVRAIS PAS ÉCOUTER MA MUSIQUE. » tout de suite écrit pour me dire qu’elle admirait mon courage, car elle avait honte des siennes. C’est absurde ! Mon but est d’aider les jeunes femmes à gagner confiance en elles. Lorsque nous présentons fièrement nos défauts, ils deviennent des atouts. D’où tenez-vous votre confiance en vous, à 21 ans, pour oser faire un bras d’honneur au monde du showbiz et à ses idéaux de beauté ? Ça vient de lui (elle montre le tatouage sur son bras. Un cœur avec Lou Reed écrit à l’intérieur). C’était un songwriter génial – et le plus cool des types. Il se fichait de tout. Il adorait aussi engueuler les journalistes lors de ses interviews. J’espère qu’il serait fier de moi. Est-ce que vos parents sont fiers de la carrière de leur fille ? Mon père n’aime pas mes chansons sur la drogue. Mais ma mère est la plus grande de mes fans. Elle est au premier rang lors de mes concerts. Dernièrement, elle s’est même fait faire un T-shirt avec mon logo à la feuille de chanvre rose, sans me le dire.

Pourquoi vos chansons parlent-elles toujours de la fumette ? Lorsque j’étais adolescente, je souffrais d’un grave trouble déficitaire de l’attention. Les médecins m’ont prescrit des médicaments, mais ils n’avaient aucun effet. Le fait de fumer des joints m’a aidée à surmonter mes crises d’angoisse et phases dépressives. En plus, cela aide ma créativité. Sans herbe, je n’aurais probablement jamais commencé à écrire des chansons. Comment cela ? Cela fait déraper mon cerveau. Pour la plupart des gens, ce serait une raison pour ne pas fumer. Alors laissez-moi le formuler différemment : cela ouvre des parties de mon cer cerveau auxquelles je n’ai pas accès autrement. Je ressens des trucs que je ne veux pas ressentir. Mais que je dois ressentir, pour trouver mon vrai moi. Et qu’en est-il de l’autre sujet principal des vos chansons ? Vous voulez dire le sexe oral ? Un sujet très important, largement sous-estimé. Dans quelle mesure ? Les hommes se préoccupent trop peu du plaisir de la femme lors des rapports. Parce que les hommes ne sont pas assez sûrs d’eux ? Mais non ! Nous manquons tous d’assurance. Et la seule chose qui aide à sur surmonter le manque d’assurance, c’est de gagner de l’expérience. Permettez-moi de vous demander quels seraient vos conseils ? C’est très simple : parlez avec votre copine. Éteignez le mode macho. Demandez-lui ce qui lui plaît. Et surtout : ne vous imaginez pas que votre technique fonctionne pour toutes les femmes. La plupart des jeunes musiciens débutent leur carrière prudemment, ne veulent pas risquer d’irriter les chaînes radio. Vous en revanche, vous publiez des singles dont les textes sont même trop osés pour le programme nocturne. Aujourd’hui, le public découvre la nouvelle musique sur YouTube. Les chaînes radio ne s’y mettent que lorsqu’un mor morceau a déjà du succès sur le web. Voilà pourquoi je trouve cela plus important de tourner des vidéos cool et d’atteindre les gens par ce biais. Cela dit, même sur votre propre chaîne YouTube, il y a des commentaires de personnes qui trouvent que vous allez trop loin. Que leur répondez-vous ? Sur ce point je m’en tiens à Lou Reed, qui a dit un jour : « Si tu as un balai dans le cul, il ne vaut probablement mieux pas écouter ma musique. » Nouvel album : Spun ; facebook.com/lilweedhoe 63


CELUI QUI POURRAIT DEVENIR ROI

À 19 ans, le pilote Red Bull Max Verstappen a déjà un Grand Prix et plusieurs podiums à son actif et nombreux sont ceux qui le voient comme l’un des plus grands de la F1. Mais qu’est-ce qui le rend si spécial ? TEXTE : JUSTIN HYNES

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VLADIMIR RYS


des plus grands pilotes de F1, il y a toujours des moments décisifs marqués d’excellence, et ceux qui font passer un jeune pilote de à surveiller à champion en devenir. Pensez à Jackie Stewart, vainqueur du Grand Prix d’Allemagne en 1968 sous une mauvaise météo : l’écart sidérant (quatre minutes) qui le séparait de son principal rival reste inoubliable ; Ayrton Senna et son premier tour de piste du GP d’Europe à Donington en 1993 qui le hisse de la cinquième place à la première pourtant sous la pluie, une manœuvre époustouflante ; ou les prouesses de Schumacher qui, au début de sa carrière, réussit à se dégager de la septième position du classement et à se qualifier pour l’écurie Jordan à Spa-Francorchamps en 1991. L’an dernier, sur le circuit d’Interlagos à São Paulo, pour ceux restés hors piste malgré une pluie diluvienne, LE moment est arrivé au bout de trois heures d’un Grand Prix du Brésil marqué par les nombreuses pauses imposées par les voitures de sécurité et les arrêts. Avec 16 tours restants, Max Verstappen, le pilote Red Bull Racing âgé de 19 ans, s’arrête au stand pour s’équiper de pneus pluie, se retrouvant à la 14e place. Pour Pourtant, sur le temps restant de la course, le Néerlandais passe à travers la meute, comme s’il avait trouvé une voie complètement sèche. En cinq tours, il remonte en septième position, et à l’arrivée, on le retrouve en troisième place derrière la Mercedes de Nico Rosberg et le vainqueur Lewis Hamilton. La performance de Verstappen au Brésil a été un moment décisif, un sommet pour le plus jeune pilote de l’histoire. « Quelque chose de vraiment spécial », pour Christian Horner, boss de son écurie. Le triple champion Niki Lauda s’empressa d’ajouter : « Verstappen était extraordinaire. Je savais qu’il était bon, mais il a montré à tout le monde ce dont il est capable. » Six mois plus tôt, le jeune Néerlandais avait fait fort, avec une victoire lors de sa première sortie avec l’écurie Red Bull Racing, en Espagne. Mais sa prestation à São Paulo s’imposait comme un symbole fort : elle venait clore une période compliquée pour le jeune talent. Dans les semaines précédant la course, sa conduite agressive tous azimuts lui avait valu les critiques de nombreux rivaux. Le vétéran Kimi Räikkönen l’a descendu en flammes en Belgique et le quadruple champion Sebastian Vettel l’a traité de « bâtard » à Mexico. Son style a même mené les instances dirigeantes de la F1 à redéfinir ce qui était permis ou non en termes d’attaque. Pour les médias, Verstappen allait de toute façon causer un drame. Le Brésil a balayé toutes ces critiques sous la tourmente. À tel point que l’un des coéquipiers de Senna, Gerhard Berger, dix fois champion du Grand Prix, a fait une comparaison entre le jeune pilote et la légende brésilienne. « Quand je vois Max, Senna me vient à l’esprit, exprime Berger après la course d’Interlagos. C’est la première fois que je dis ce genre de chose, parce que j’ai été assez proche d’Ayrton et que je pense qu’il était le meilleur. J’ai toujours respecté cela et donc évité les comparaisons, mais avec Max c’est difficile de ne pas le faire. » Ce mois-ci, Verstappen entame sa troisième saison de F1, sa première campagne complète avec l’écurie Red Bull Racing. Et les règles ont énormément changé pour 2017, déplaçant l’attention du moteur vers le traditionnel châssis et les forces aérodynamiques de l’équipe de Max. 66

VLADIMIR RYS

DANS LE RÉTRO


Toujours au Max : « Quand tu es jeune, tu essaies d’atteindre le meilleur résultat, tout le temps. Tu as ce feu en toi ! »


te mène pas à la réussite. Votre père, Jos, vous a donné ces conseils. En tant que pilote de F1, il avait la réputation d’être déterminé. À quel point était-il exigeant ? Il était souvent très sévère avec moi, mais je suis content qu’il l’ait été parce que ça m’a mené là où je suis. Il n’était pas du genre « il faut que tu gagnes », ou « il faut que tu sois comme ci, comme ça ». Sa rigueur concernait la préparation, il faisait en sorte que je sois impliqué dans l’effort et non que je voie cela comme un jeu. À un moment, ça devient ta profession et tu dois t’investir. Mais pour les résultats, il n’a jamais été autoritaire. Il y a un vieil adage en F1 qui dit que la valeur n’attend pas le nombre des années. Pensez-vous qu’une année supplémentaire en GP2 ou GP3 avant la F1 aurait été bénéfique ? Non. Je pense que cela aurait été plus difficile. Il faut un peu de chance [pour rentrer en F1] et si tu n’es pas dans la bonne équipe, au bon moment… alors peut-être que tu as une mauvaise saison

En vue d’une saison où il pourrait transformer sa percée en véritable consécration, The Red Bulletin est allé au contact du Néerlandais pour revenir sur son parcours et voir où le futur peut le mener…

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Verstappen a de grandes chances d’atteindre les sommets de la F1 en 2017.

« PLUS JEUNE, J’AURAIS FACILEMENT PU DEVENIR FOOTBALLEUR, MAIS TRÈS TÔT J’AI SU QUE LE KART ÉTAIT MA VOIE. »

THE RED BULLETIN

DAVID CLERIHEW/RED BULL RACING, VLADIMIR RYS

the red bulletin : Revenons sur vos premiers souvenirs de conduite. Vous aviez quatre ans la première fois que vous vous êtes assis au volant d’un kart. La course automobile était-elle programmée pour vous ? max verstappen : J’avais un choix à faire, parce que c’est à toi de dire à tes parents si tu veux faire de la course ou non. J’aurais facilement pu devenir footballeur, mais très tôt dans ma carrière j’ai réalisé que le kart était la direction à prendre, car c’était ce que j’aimais. Mon père ne m’a jamais forcé la main. Je me souviens qu’à quatre ans, je l’appelais et lui disais : « Je veux faire du kart. » Sa première réponse était : « Non, pas avant tes six ans. » Mais j’ai tellement insisté que deux ou trois semaines plus tard, j’avais mon kart. Votre père a été pilote de Formule 1 et votre mère, Sophie Kumpen, championne de karting. Le livre de Malcolm Gladwell, Outliers: The Story of Success, estime que le grand esprit sportif s’acquiert, que 10 000 heures d’entraînement mènent au « nombre magique de la grandeur ». Cela est-il vrai ? Est-ce l’acquis contre l’inné ? Ça semble un peu trop facile. Premièrement, il faut du talent. Si tu n’as pas de talent, ça ne fonctionnera jamais. Tu peux t’entraîner pendant un million d’heures ; tu n’y arriveras pas. Bien sûr, j’ai été chanceux avec mes parents, il m’ont correctement guidé et entouré. Il faut apprendre dès le plus jeune âge et être orienté vers la bonne direction, mais il faut aussi avoir un certain talent. Répéter uniquement le même geste encore et encore ne


« JE NE PEUX PAS CHANGER. SI TU ES UN ATTAQUANT, TU NE PEUX PAS TOUT À COUP DEVENIR UN DÉFENSEUR, C’EST TA NATURE. »

Passé Maître

4 étapes marquantes qui ont mené le jeune Max Verstappen parmi les plus grands de la F1. 1. Vs Marcus Ericsson – Grand Prix de Chine 2015 Dès son troisième GP, Verstappen s’est fait connaître comme pilote sans pitié, en serrant de très près le Suédois avant de tenter le tout pour le tout et de freiner dans la chicane. Max en est sorti premier.

2. Vs Felipe Nasr – Grand Prix de Belgique 2015 À Spa, Verstappen a pourchassé Felipe Nasr et fait une embardée à balle à l’extérieur du virage de Blanchimont. Il a raclé la bordure, avancé aux côtés de Nasr jusqu’à la chicane du Bus Stop et est parti en trombe par l’intérieur.

3. Vs Nico Rosberg – Grand Prix du Brésil 2016 Sous une pluie torrentielle, Max a trouvé une adhérence là où personne ne pouvait. Lorsque Rosberg a serré l’intérieur de la piste jusqu’au troisième tour, Verstappen s’est déporté sur l’extérieur en dépassant l’Allemand.

4. Vs Sergio Pérez – Grand Prix du Brésil 2016 Pour le podium, il devait surpasser Perez. Il a essayé de doubler le Mexicain par l’extérieur au dixième tour et malgré quelques dérapages sur la bordure, il a tenu bon. Il a ensuite roulé à côté de Perez pour enfin dépasser la Force India au douzième tour.

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et que les gens se font une autre idée de toi. Je suis content de la façon dont ça s’est passé. C’était risqué de me lancer aussi jeune, mais j’avais confiance. Après votre première saison chez Toro Rosso, vous avez été appelé l’année dernière dans l’écurie Red Bull Racing juste avant le Grand Prix d’Espagne. Vous avez alors remplacé le pilote russe Daniil Kvyat. Un changement capital pour vos carrières respectives. La Formule 1 est-elle un sport cruel ? Grâce à l’expérience de mon père, j’ai été préparé au fait que ce monde-là peut être difficile. Mais à la fin de la journée, tu dois donner le meilleur en tant que pilote ; tu dois aller chercher les meilleures opportunités pour toi. Alors oui, c’est cruel, mais de nombreux pilotes ont eu à vivre ce genre de choses. Vous avez remporté votre premier Grand Prix avec Red Bull Racing, et remporté sept podiums, marqué 204 points et terminé cinquième au Championnat du monde de F1 en 2016. Comment justifier cette amélioration ? Je gagne en expérience de course en course. Ce n’est pas une chose figée pour laquelle tu peux dire « j’ai appris ça ou amélioré ça », je pense que tout fonctionne à 95 pour cent, et chaque fois que tu t’améliores d’un pour cent sur un aspect, alors il y a un pour cent qui agit sur autre chose. On essaie d’atteindre les 100 pour cent. On ne sait pas quand cela arrivera, mais on y travaille doucement. Tout n’était pas rose tous les jours l’an dernier. Vous avez également eu droit à de nombreuses critiques. Avez-vous été surpris par certains commentaires que les gens ont pu avoir à votre égard ? Cela m’importe peu. Chacun a le droit d’avoir son opinion. Tout de même, certains pilotes vous ont pris à partie lors du briefing d’Austin. Comment prend-on ça ? Aviezvous envie de vous lever et de partir ? Ouais, mais je suis de nature plutôt calme. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Je ne changerai pas mon style de conduite. Ils doivent faire avec. Impossible de vous faire changer ? Je ne pense pas que ce soit possible. C’est comme avec un footballeur : si tu es attaquant, tu ne peux pas tout à coup devenir défenseur. Ta nature est d’être attaquant et même si l’on te dit que tu dois devenir

défenseur, l’attaquant reste en toi. C’est comme ça que ça fonctionne. Alors non, je ne changerai pour personne. La F1 a une très courte mémoire et au Brésil vous avez été acclamé comme le prochain Ayrton Senna. Était-ce une sorte de revanche ? Non, parce qu’il s’agit de F1 : tu n’es bon que par rapport à ta dernière course. Une course et on parle de toi positivement, une autre et ça peut être vraiment négatif. C’est pour ça que c’est mieux de ne pas suivre les médias. Je ne suis ni sur Twitter, ni sur Facebook ni sur Instagram. À São Paulo, vous avez trouvé des trajectoires sorties de nulle part. Comment avez-vous fait ? C’était du bon sens. Quelque chose que tu apprends en karting. Tu essaies toujours différentes voies et mon père m’a précisément appris à faire cela sous la pluie : les points d’adhérence peuvent changer extrêmement vite. Une fois que tu es sûr d’avoir trouvé cette adhérence, tu freines plus tard, plus fort ; ça génère plus de température. La température va des disques aux jantes, réchauffe le pneu et ça va de mieux en mieux. Alors pourquoi personne n’a fait de même ? La plupart des mecs plus âgés ont oublié, en ne faisant pas beaucoup de karting, ne s’entraînant pas sous la pluie. Peut-être pensent-ils aller plus vite d’une manière plus complexe, alors qu’en fait c’est plutôt basique. Parlons des plus âgés... Les critiques portées contre vous sont venues de pilotes comme Räikkönen et Vettel, qui, quand ils sont arrivés en F1, ont essuyé les mêmes critiques de rivaux plus âgés prétendant qu’ils prenaient trop de risques, qu’ils devaient se calmer. Ont-ils oublié le feu de leur jeunesse ? Plus on vieillit, plus on devient prudent. C’est normal. Je pense que quand j’aurai 65 ans, je serai pareil ! Plus tu es jeune, plus tu cherches le meilleur résultat, tu as ce feu en toi ! C’est peut-être moins le cas avec les années. En ce moment, êtes-vous plutôt en mode risques acceptables ou vraiment limites ? Le premier. Je pense que je me trouve là en ce moment, dans une zone de risques acceptables. Avez-vous tendance à être sans pitié, cet instinct nécessaire à qui veut devenir champion ? Oui, je pense. Il faut avoir cet instinct si on veut obtenir quelque chose en F1. Cela ne vient pas tout seul. Il faut travailler, se battre, sur et à l’extérieur des circuits. Vous avez un coéquipier coriace dans votre équipe, Daniel Ricciardo. La relation entre pilotes est toujours plus facile quand l’équipe ne se bat pas pour les plus grands enjeux. Et s’il y a un titre en jeu ? Il doit y avoir un respect mutuel en dehors et sur les circuits et je pense qu’on s’en sort très bien. Même si on commence à s’affronter pour un championnat du monde, je pense qu’il y aura toujours autant de respect car c’est une des valeurs qui rassemblent les pilotes. Dans des cas comme ça, on est amenés à voir qui est le plus rapide sur le circuit, mais toujours dans un esprit sportif, et je suis sûr que ça se passera de cette manière entre Daniel et moi si ça se présente. Vous avez 19 ans, vous avez gagné un Grand Prix, fini cinquième seulement de votre deuxième saison, figurez parmi les plus grands pilotes de F1 et vous pour pourriez continuer pendant 20 ans. Où s’arrête le talent ? J’espère que ce sera à l’âge de la retraite. Et j’espère que d’ici là, je continuerai à m’améliorer. redbullracing.com 69


Sur l’ultime stop du FWT, les inclinaisons atteindront presque 60 degrés. Comparez : Le Tunnel, fameuse piste noire à l’Alpe d’Huez, en fait 35...

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SUR LA PENTE RAIDE


JEREMY BERNARD/FREERIDEWORLDTOUR

QUELQUES TACHES DE NEIGE ENTRE LES ARÊTES ROCHEUSES. DES INCLINAISONS À 60 °. FROID ET TEMPÊTE. LE FREERIDE WORLD TOUR EST LA COMPÉTITION DE SKI ET DE SNOWBOARD LA PLUS EXTRÊME AU MONDE. SON MESSAGE VAUT AUSSI AU QUOTIDIEN : LE SUCCÈS APPARTIENT À CEUX ET À CELLES QUI CHERCHENT LEUR PROPRE CHEMIN. TEXTE : ALEX LISETZ


Le champion du monde en titre Loïc Collomb-Patton lors de l’ascension du redoutable Bec des Rosses.

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Les riders doivent aussi intégrer l’attente à leur art. En janvier, à cause de la météo, après des jours en alerte, la première étape à Chamonix n’a pas eu lieu.

L’ÉQUILIBRÉE

TERO REPO/FREERIDEWORLDTOUR, DAVID CARLIER/FREERIDEWORLDTOUR

u bout de deux mètres, il n’y a plus de plan B. Tu sautes dans le couloir et prends de la vitesse aussi vite qu’en chute libre, 80, 90, 100 km/h. Le passage clé est là bien plus vite que tu ne le pensais, une aiguille rocheuse file à quelques centimètres de toi. Désormais, c’est ton tronc cérébral qui prend le contrôle. Tu fonces sur la falaise. Un 360, légèrement incliné sur le dos, ça va le faire ? À l’atterrissage tu t’enfonces profondément dans la neige, mais tu restes sur tes jambes. Les endorphines profusent. Et tu sais qu’à partir de maintenant, le run sera un pur délice. » Chaque participant au Freeride World Tour pourrait raconter des histoires comme celle-ci : des expériences entre ivresse et lucidité, flow et concentration. Car lors de ce championnat du monde informel des freeriders, il ne s’agit pas vraiment de gagner contre les autres. « Nous voulons exploser les limites, dit le skieur suisse Jérémie Heitz, les limites de notre sport et nos propres limites. » Depuis 2008, les meilleurs freeskieurs et freeskieuses, snowboardeurs et snowboardeuses en ont l’occasion cinq à six fois par an. Les compétitions dans les disciplines Line, Air, Style, Flow, contrôle et technique ont lieu sur des flancs de montagnes sur lesquels d’autres ne penseraient jamais à skier. Seuls les points de départ et d’arrivée sont définis : le trajet entre les deux est entièrement libre.

L’INDIVIDUALITÉ COMME FORMULE GAGNANTE

« Et c’est justement ça qui est génial dans le Freeride World Tour », dit la double championne du monde Nadine Wallner (Autriche). Car au final, ce n’est pas celui qui a accompli ses exercices le plus sagement qui remporte la victoire. Mais celui qui a su donner libre cours à son savoir-faire et à son imagination. Wallner rentre tout juste d’une randonnée sur sa montagne locale, l’Arlberg. Elle vient de faire quelques descentes qu’elle aurait qualifiées d’irréalisables il y a trois ou quatre ans. Pas seulement pour elle, mais pour tout le monde. Ici, sur l’Arlberg, elle connaît chaque rocher, mais lors de la compétition, tout reste à découvrir : les riders n’ont pas le droit de s’entraîner sur la pente où ont lieu THE RED BULLETIN

« ÇA NE SERT À RIEN DE COPIER UN STYLE QUE TU NE SENS PAS. » THE RED BULLETIN : Dans la plupart

des sports, il existe une formule très simple pour gagner. Celui qui atteint la ligne idéale dépasse la ligne d’arrivée en premier. Celui qui montre la combinaison de tricks la plus complexe obtient le plus de points du jury. Quelle est la formule pour gagner le Freeride World Tour? NADINE WALLNER : Il n’y a pas de formule, et c’est ce qui rend le Tour tellement beau. Chacun fait son truc et va jusqu’au bout de ses limites – avec ses talents et ses possibilités. Faire ton truc, quoi que fassent les autres ? Bien au contraire. Nous, freeriders, aimons échanger nos idées et nous inspirer des rides des autres. Mais cela ne me sert à rien de copier un style s’il ne me correspond pas du tout. Devrions-nous aussi être plus freestyle dans nos buts quotidiens ? Le mieux est de poursuivre ses rêves sans perdre le sens de la réalité. C’est le panachage qui fait la différence.

NADINE WALLNER, 27 ANS (AUT)

Championne des Freeride World Tour 2013 et 2014 (Ski)

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« EXPLOSER LES LIMITES, NO LIMIT. » JÉRÉMIE HEITZ


CHRISTOFFER SJOSTROM/FREERIDEWORLDTOUR, DAVID CARLIER/FREERIDEWORLDTOUR, TERO REPO/FREERIDEWORLDTOUR

Les vidéos GoPro depuis les hélicos vous feront frissonner même depuis un canapé douillet (gauche).

Le Français Julien Lopez a déclenché une avalanche lors de la compétition de 2015 à Kappl.

L’AVENTURIER

« MES POINTS FORTS ME DONNENT CONFIANCE LORS DE LA COMPÉTITION. » THE RED BULLETIN : Monsieur Heitz,

devrions-nous écouter nous-mêmes plus que les autres ? JÉRÉMIE HEITZ : C’est tout du moins comme cela que je l’ai fait. Je me suis fixé 15 descentes hyper-difficiles voire irréalisables sur une liste de tâches à remplir, et personne n’a cru en moi. Jusqu’à ce que mon film La liste soit dans la boîte…

En quoi vos qualités de spécialiste steepski vous aident-elles lors du Freeride World Tour? Surtout du point de vue mental. Elles me donnent confiance en moi. La confiance génère-t-elle le succès ? Seulement si elle est fondée. Lors du World Tour, tous sont des skieurs fantastiques. Mais en terrain particulièrement raide, c’est moi le meilleur.

Le secret du succès est donc une base solide de compétence à laquelle s’ajoute un supertalent ? À peu près. Complétez par une volonté permanente de vous perfectionner, et vous serez parmi les meilleurs.

JÉRÉMIE HEITZ, 27e ANS (SUI) e

2 du FWT 2015, 3 du FWT 2014 (Ski)

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L’ANALYTIQUE

« CHAQUE MÈTRE DU PARCOURS EST PROGRAMMÉ D’AVANCE DANS MA TÊTE. »

FELIX WIEMERS, 28 ANS (GER) e Deux riders à un passage clé dans le Verbier. La finale aura lieu du 1er au 9 avril.

les courses, on étudie le terrain la veille de la compétition, par un « face-check » depuis le flanc opposé, avec des jumelles et la caméra du portable. Ce jour-là, chaque rider analyse la montagne à sa façon : Jérémie Heitz, le casse-cou suisse du steepski voit « des turns rapides », qui iront « peutêtre jusqu’à 120, 130 km/h ». Felix Wiemers, le meilleur Allemand du Tour, a découvert des endroits prédestinés à faire des tricks de freestyle. Et Léo Slemett, le jeune Français, se réjouit du terrain variable « parce qu’il correspond bien à sa polyvalence ». C’est à celui ou à celle qui réussira le mieux à concilier sa personnalité et son savoir-faire sur les skis (ou sur le snowboard) qui accomplira le run parfait. Mais comment y arrive-t-on, lorsqu’on sait qu’un jury examine scrupuleusement chaque move ? « Je skie exactement comme si j’étais toute seule », s’exclame Nadine Wallner. Plus tard, lors de la compétition, les spectateurs verront autant de descentes différentes que de riders. Car chacun défie avant tout le plus coriace des adversaires : soi-même. « Évidemment, on veut être meilleur que les autres, lâche Wiemers, mais on veut surtout surpasser le rider qu’on était hier. » C’est peut-être bien la célébration des points forts individuels lors du Freeride World Tour qui est aussi le secret de cette communauté harmonieuse : « Nous nous réjouissons aussi d’un bon run réussi par une concurrente, dit Nadine Wallner, ce qui n’est pas le cas chez mes amies en ski de course. » 76

LE COMPÉTITEUR « FAIS CE QUE TU AIMES, PAS CE QUE LES AUTRES VEULENT VOIR. »

LÉO SLEMETT, 23 ANS (FRA) e

5 du FWT 2016 (Ski) THE RED BULLETIN : Un freerider exprime sa personnalité sur ses skis. Mais est-ce réellement possible lorsque chaque move est scruté par un jury ? LÉO SLEMETT : Certains préfèrent se montrer dans des vidéos uniquement. Mais pour moi, la compétition est une forme d’expression supplémentaire, un défi en plus : vais-je arriver à rester fidèle à moi-même, tout en sachant que le jury va me juger ? Comment reste-t-on soi-même quand il en va de la victoire ? En faisant ce que l’on aime et ce que l’on trouve juste – et non ce qu'on croit que les autres veulent voir. Pourquoi n’est-il pas judicieux de s’adapter aux attentes des autres ? On ne se développe que lorsqu’on emprunte de nouveaux sentiers. C’est ce que j’adore dans la pratique du ski : les riders réunis dans un top 5 font du ski de manière totalement différente – et pourtant chacun est génial à sa propre manière.

7 du FWT 2016 (Ski) THE RED BULLETIN : Qu’est-ce qui est plus utile lorsqu’on doit descendre une pente quasiment verticale à ski : être particulièrement fou ou particulièrement intelligent ? FELIX WIEMERS : Pour la préparation, il te faut ton cerveau : nous analysons la montagne depuis le versant d’en face, nous rappelons exactement chaque détail et prévoyons une ligne radicale, mais faisable. Lors de la descente, il vaut mieux déconnecter le cerveau et réaliser son idée de manière intuitive. Chaque freerider exprime son individualité avec sa ligne et son style de conduite. Qu’apprenons-nous sur vous en vous regardant skier ? Si on m’observe de manière superficielle, on me prendra probablement pour un type enjoué, car je viens du funpark et aime bien insérer des backflips... Et quel est votre vrai point perso ? Aucun move ne m’arrive par hasard. Je suis un type très réfléchi, concentré, et chaque mètre du parcours est programmé d’avance dans ma tête – comme un coureur alpin qui connaît chaque porte par cœur.


THOMAS BEKKER/FREERIDEWORLDTOUR, DOM DAHER/FREERIDEWORLDTOUR

Les pros du Freeride World Tour (ici, l’Américain Colin Boyd) trouvent toujours une ligne, même en terrain très rocheux.

« POURSUIS TES RÊVES. » NADINE WALLNER


Profil d’un superclub À quoi reconnaît-on un club select ? Sei Moon, co-gérant de la très chic boîte de nuit londonienne Drama Park Lane, livre le secret. Et on va le croire, puisque des stars telles que Leonardo DiCaprio, Usain Bolt et Rihanna viennent passer des nuits dans son club. Texte : Florian Obkircher Photos : Alex de Mora

Danseuses torrides, afflux de célébrités, puissants beats hip-hop : la recette du succès du Drama Park Lane.

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« Désolé miss, Usain Bolt ne passe pas nous voir ce soir... » Régulièrement, des célébrités prennent les platines du DPL.

« Chez nous, il est fréquent que des stars comme Idris Elba prennent le micro pour un rap. »


Les huit commandements du club parfait selon Maître Sei Moon À toute heure de la nuit, les danseuses du DPL envoient leurs sexy déhanchés de twerk depuis la cabine du DJ.

1. Le degré de notoriété Qu’est-ce qui fait la différence entre un bon club et un excellent club ? Le premier vient à vous, notamment grâce à une intense publicité, tandis que c’est à vous de trouver le second. La raison ? Une grande visibilité n’attire pas forcément le meilleur public. Et être en bonne compagnie est essentiel pour une nuit réussie. À l’entrée du Drama Park Lane, aucune enseigne lumineuse. Au contraire, on n’arrive dans le club qu’en passant par l’entrée en béton du garage souterrain de l’hôtel Hilton. Nous avons emprunté cette réserve extérieure au Studio 54. Ils suivaient exactement cette politique au début : « Si vous ne nous connaissez pas, pas de problème ! »

3. La sono Ne vous laissez pas impressionner par la taille des enceintes. De bons baffles ne se voient pas forcément, mais on doit les sentir. Faites le test sur le dancefloor : comment ressent-on le son ? Ça grésille ? Vous devez hurler à l’oreille de votre partenaire pour vous faire entendre ? Ces signes indiquent que le son est mauvais. Lorsque nous avons monté l’installation sonore, il était important que, quel que soit l’endroit où l’on se trouve dans le club, on perçoive la même qualité de son, constante et puissante. Regardez aussi la marque du système de sonorisation : Funktion One, c’est la Ferrari des enceintes.

2. La sélection de DJ’s 4. L’effet Tout le monde peut engager un de surprise DJ star. Notamment les clubs avec des milliers de visiteurs. Mais on reconnaît un bon club en mesurant la popularité de ses DJ’s en relation avec sa capacité. Chez nous, des personnalités comme Guy Gerber et Major Lazer (dont le tube Lean On est la 2e chanson la plus écoutée sur Spotify : 900 millions de diffusions) mixent régulièrement devant 300 clubbeurs qui dansent. Les artistes se régalent à se produire dans le club qui leur convient. La dernière fois, Diplo était tellement séduit par les shows de nos danseuses qu’il les a filmées et a partagé la vidéo via Snapchat.

Des VIP de luxe comme Drake louent la pièce dorée à l’arrière du club pour leur entourage : 30 000 euros la nuit. OKLM.

Travailler dur cinq jours par semaine, être coincé à courir comme un hamster sur sa roue dans sa cage. Qu’est-ce que vous souhaitez pour votre weekend ? Vous évader, vous voulez être surpris. Et c’est exactement ce qu’une excellente boîte de nuit doit offrir. Chez nous, il est fréquent que des célébrités comme Idris Elba prennent le micro pour un rap. Que Rita Ora danse dans la cabine des DJ’s. Qu’Usain Bolt se rende spontanément à la table de mixage et joue des tubes hip-hop. Pourquoi fontils cela ? Non pas parce qu’ils y sont tenus par contrat mais parce qu’ils sont chez nous des clients, et qu’ils profitent exactement comme tous les autres de ces moments de fête où tout semble possible. 81


7. L’intérieur

5. Le public Personne n’aime passer une partie de la nuit à attendre dans la rue plutôt que sur le dancefloor. Pourtant : évitez les clubs où il n’y a pas de file d’attente. Un restaurant vide ne donne pas envie de s’y installer, non ? L’affluence à l’entrée d’une boîte de nuit reflète sa qualité. Je recommande la chose suivante : si vous souhaitez rentrer au DPL, alors présentez-vous dès 22 h 30, une demi-heure avant l’ouverture. Car à partir de 23 h, ce sont 150 personnes devant l’entrée. Quant au code vestimentaire : tenues smart casual et chaussures de sport décontractées sont les bienvenues.

6. La localisation Dans le business éphémère des clubs, il n’est pas possible de prédire l’histoire d’un local en misant sur sa qualité et son aménagement. Notre club lui-même n’existe que depuis un an et demi. Et plus simplement ? Regardez où se trouve la boîte, car souvent cela donne une idée du quartier où elle se situe. Le DPL est un bon exemple : notre club est le seul sur Park Lane, la rue la plus chère sur le plateau du Monopoly. Directement sur Hyde Park, dans la cave de l’hôtel Hilton. Que dire de plus sur l’exclusivité du Drama Park Lane !

Qu’il s’agisse d’un bunker en béton ou d’un décor psychédélique, il n’y a pas un look qui caractérise un grand club. Ce que tous les clubs de ce rang ont en commun, c’est un aménagement constamment en work in progress, afin que les clients aient à chaque visite le sentiment d’une nouvelle expérience. Nous invitons tous les trois mois un artiste, telle l’icône de pop-art Ben Levy à réaménager complètement le DPL. En ce moment, une boule disco en forme de requin est suspendue au plafond, les bouteilles de champagne sont servies sur des chariots jaune fluo et nous avons un mur composé de chats porte-bonheur qui lèvent la patte.

8. La taille Quand on parle de grands clubs, beaucoup pensent à ces immenses discothèques à Ibiza avec des milliers de personnes qui dansent chaque nuit. La vie nocturne a désormais tendance à s’orienter vers les clubs boutiques. Car le jeune public, la génération du millénaire, privilégie une ambiance intime au divertissement de masse. Finalement, la taille du club est une affaire de goût, mais pour les stars comme Rihanna et Leonardo DiCaprio, l’atmosphère intime de notre club est LA raison pour laquelle ils y reviennent. dramaparklane.com

Le paradis des danseurs : de 23 h à 4 h du matin, du jeudi au dimanche.

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DJ Hennie V a été baptisé « President of Nightlife » dans sa ville, Toronto. Parmi ses fans : Lady Gaga et Kid Rock.


Le vendredi, le thème est « hôtel » : les serveurs sont déguisés en cuisiniers et les danseuses en femmes de chambre.

«Évitez les clubs où il n’y a pas de file d’attente. L’affluence à l’entrée d’une boîte reflète sa qualité. »


MEDIA WORLD PLONGE-TOI DANS L’UNIVERS DES NOUVEAUX MEDIAS

MEDIAWORLD.REDBULL.COM


guide Voir. Avoir. Faire.

Go west

CHAD WADSWORTH/RED BULL CONTENT POOL

FLYING STEPS, ÇA TOURNE ! Les spectacles détonants des breakdancers berlinois The Flying Steps remplissent des salles entières dans toute l’Europe. Désormais, ils s’attaquent aux ÉtatsUnis. Red Bull TV a accompagné les danseurs lors de la tournée la plus importante de leur carrière. Page 88

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GUIDE par Gisbert L. Brunner

Avoir. Cette montre suit l’explorateur Mike Horn sur son projet fou : Pole2Pole.

ROLEX OYSTER PERPETUAL EXPLORER

Au sommet

L’alpiniste Ed Viesturs a réalisé l’ascension des quatorze sommets de plus de huit mille mètres sans apport d’oxygène. Et s’est servi de cette montre en acier 39 mm, garantie pour 5 ans de service à n’importe quelle altitude. rolex.com

QUAND LES TEMPS S’ANNONCENT DURS Il y a des montres pour les durs, et il y a les Panerai. En 1936, la maison horlogère créa la Radiomir pour les plongeurs de la marine italienne, utilisant la technologie de la première montre-bracelet réellement étanche : la Rolex Oyster, à couronne vissée. Puis les pièces militaires de Panerai ont séduit civils et célébrités. Après que la Luminor de Sylvester Stallone eut survécu à son film Daylight, il offrit à ses amis des éditions signées. L’un d’eux, Arnold Schwarzenegger, la porte dans Eraser, confirmant son pedigree costaud.

PANERAI LUMINOR SUBMERSIBLE 1950 3 DAYS GMT AUTOMATIC TITANIO

Tour de force

Épique, un mot galvaudé ? Pas pour l’explorateur Mike Horn. Probablement l’être humain ayant le plus voyagé au monde, Horn a circumnavigué l’équateur en solitaire sans transport motorisé, a marché vers le pôle Nord dans la nuit permanente de l’hiver sans chiens et sans moteur, a voyagé le long de l’Amazone en hydrospeed et a perdu des pointes de doigts à cause de gelures aux mains. Son ultime exploit a commencé en mai dernier : la circumnavigation du monde par les deux pôles, en solitaire, pendant deux ans. Cette montre, spécialement conçue par Panerai pour son voyage, a un boîtier en titane de 47 mm, est étanche jusqu’à 300 m et abrite un mouvement à deux barillets avec 3 jours de réserve de marche. L’édition est limitée à 500 exemplaires. panerai.com

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HAMILTON KHAKI AVIATION CHRONO WORLDTIMER

En altitude

Au lancement du Red Bull Air Race World Championship 2016, Nicolas Ivanoff triomphait. Un timing rare qui pourrait être dû à la montre quartz à boîtier en acier conçue avec le sponsor de son équipe, Hamilton. hamiltonwatch.com

ORIS HAMMERHEAD

En profondeur

Pour empêcher leur extinction, l’océanographe Jérôme Delafosse a équipé des requins-marteaux de traqueurs fabriqués par Oris. La maison a aussi conçu une montre – limitée à 2000 exemplaires et étanche jusqu’à 50 m – afin de soutenir son projet. oris.ch

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GUIDE

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Faire.

mars/avril

au 23 avril Freestyle en Suisse Le Corvatsch près de Silvaplana constitue la scène du plus grand show de freestyle de la saison et marque sa fin. Les meilleurs snowboardeurs et skieurs freestyle s’affrontent pour décrocher les titres suisses de champion dans les disciplines slopestyle, halfpipe et big air. Le haut niveau du championnat attire des pros de toute l’Europe, comme le Français Enzo Valax (photo). Les rookies de moins de 15 ans sont également invités à montrer leurs talents. Corvatsch, Silvaplana ; swissfreeski.ch

23 juin

ROCK THE RING VS. ROCK AM RING

Certes, le line-up Rock Am Ring du circuit automobile du Nürburgring en jette. Mais les vraies légendes du rock seront dans l’Ober l’Oberland zurichois du 23 au 25 juin. Comme Deep Purple, les géants du heavy metal, ou bien John Fogerty, qui, avec Creedence Clearwater Revival, a rendu le rock sudiste célèbre. Les Fanta4 (photo) feront chauffer la salle du Rock The Ring, comme ils le font si bien depuis 30 ans. Lo & Leduc, Gotthard et Krokus joueront quasiment à domicile.

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MICHAEL DONADEL/DUCKSTANCE.COM, X-DEFAULT

Autobahnkreisel, Hinwil ; rockthering.ch

30 THE RED BULLETIN

mars au 1er avril Festival m4music Young Fathers, Frank Turner, The Shins, SBTRKT : la liste des têtes d’affiche est longue à l’occasion de la 20e édition du festival de musique le plus important de Suisse... et elle ne s’arrête pas là. Cet anniversaire du m4music à Zurich et à Lausanne est pourtant plus qu’une simple orgie de concert : on y trouve également des discussions, des lectures et un concours de jeunes talents. Zurich et Lausanne ; m4music.ch

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mars – 8 avril Jazz à Cully Le charmant village vigneron de Cully au bord du Lac Léman organise la 35e édition de son festival de jazz. Pour les concerts des grosses pointures (tel Avishai Cohen), les connaisseurs ont leurs tickets depuis longtemps, les amateurs « débutants » peuvent flâner dans le village et goûter aux 80 concerts gratuits de jeunes talents dans les restaurants et les caves. Chapeau ! Cully ; cullyjazz.ch

au 9 avril Urban Bike Festival

Pour sa 2e édition, ce festival met plus d’ambiance que les foires classiques. Les exposants présentent bien sûr les nouvelles tendances et les fétiches de Fixies, mais tout tourne surtout autour du vélo de ville : rejoignez le City Ride à travers Zurich ou bien la présentation de nouvelles solutions de mobilité ! Zurich ; urbanbikefestival.ch

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GUIDE

Voir.

AU PLUS PRÈS DE L’ÉLITE

Breakdance, ski, snowboard, rallye… regardez les meilleurs des meilleurs s’affronter sur Red Bull TV ce mois-ci.

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience ici : redbull.tv

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THE RED BULLETIN


avril

13 THE RED BULLETIN

mars

DOCUMENTAIRE

FLYING STEPS TOUR

Ce film documentaire (en vidéo à la demande depuis le 13 mars) donne un aperçu révélateur et privé du quotidien des Flying Steps – un des meilleurs groupes de breakdance et quadruple champion du monde. Vartan Basil (co-fondateur des Flying Steps en 1993, actuellement leur dirigeant et directeur artistique) a déjà attaqué la prochaine étape : la percée aux États-Unis.

CHAD WADSWORTH/RED BULL CONTENT POOL, CARLO CRUZ/RED BULL CONTENT POOL, VICTOR MICHAEL, @WORLD/RED BULL CONTENT POOL, FREERIDEWORLDTOUR.COM/TERO REPO PHOTOGRAPHY

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avril

SÉRIE

WAY PAST MIDNIGHT

Cette nouvelle série originale jette un regard authentique sur les subcultures nocturnes de la planète. Explorez des scènes et des sites dont vous n’imaginiez même pas l’existence, à travers le regard des créatifs qui rendent ces événements possibles.

au 9 avril

LIVE

WRC, STOP 4

Suivez les meilleurs pilotes du monde luttant contre les conditions les plus dures et les plus instables de la planète lors de la quatrième étape du FIA World Rally Championship (WRC). L’événement a lieu dans un superbe décor, en Corse.

avril

LIVE

FREERIDE WORLD TOUR

Rejoignez les meilleurs freeriders (ski et snow) dans les Alpes suisses pour la finale du Freeride World Tour. Notamment à la clef, un titre de champion et de championne du monde. Red Bull TV retransmet en direct la cinquième et dernière étape à Verbier.

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Depuis le temps où l’Homme se vêtait de peaux de bêtes, les habits sont conçus pour améliorer la performance. Voici les dernières révolutions en matière de sportswear.

Jaybird Écouteurs X-3

Nixon

Sac à dos Bristol

Avant de partir en vadrouille au bout du monde, n’oubliez pas d’assurer vos arrières avec ce résistant fourre-tout au hâle naturel fait de coton huilé de la compagnie British Millerain et ourlé de cuir clouté. nixon.com

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Dénicher des écouteurs qui tiennent en place pendant une activité physique intense se révèle être plus fatigant que le sport lui-même. Ceux-là se montrent à la hauteur. Sans-fil, ils ne vont pas se décrocher de vos oreilles au moindre mouvement ; les ailettes auriculaires et les embouts très ergonomiques les maintiennent sans souci dans le conduit auditif ; les nano-joints et pellicules étanches assurent leur résistance, peu importe les conditions. Avec huit heures d’écoute et seulement 15 minutes de charge, vous pourrez tester toutes sortes de météo et de sport. jaybirdsport.com

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GUIDE adidas Veste Z.N.E. 90/10 Les défis du quotidien requièrent 90 % de mental et 10 % de physique. adidas a littéralement intégré cette notion dans la fabrication de cette veste, laquelle a inspiré les commentaires de nombreux athlètes comme le joueur de l’équipe Manchester United Paul Pogba (en photo), notamment à propos de sa doublure intérieure. adidas.com

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Vans Gilbert Crockett Pro 2 Le skateur US Gilbert Crockett ne fait rien comme les autres. Idem pour cette paire à son image. La technologie Wafflecup (semelle extérieure) offre une bonne adhérence, une couche de cuir suède (à l’extrémité) maximise le renforcement, et la semelle intérieure assure le confort et protège des impacts. vans.com

Oakley Jawbreaker L’étrange design de ces lunettes solaires pour le cyclisme vous garantit de faire tourner les têtes, mais il épargnera au moins la vôtre grâce à la vision périphérique de cette visière. Conçues en collaboration avec le champion du monde et sprinter Mark Cavendish, elles assurent un champ de vision 44 % plus large que les lunettes standard, avec une protection maximale et un système de ventiventi lation incomparable. Les verres se changent facilement pour adapter les lentilles aux variations de lumière. oakley.com

Mons Royale

adidas

Redwood VT

Legging Tech Fit Tough Long

Les moutons sont paisibles en pleine nature, peu importe le temps grâce à leur toison. Fait de merinos (une laine ultrarésistante), ce T-shirt régule votre température corpocorpo relle par temps chaud ou froid. La marque néo-zélandaise néoassure de ne pas faire de vous un mouton. monsroyale.com

Lululemon Veste Surge Light Une veste de course pour tous les rythmes et conditions. Fabriquée en maille légère et aérée, ventilée par des coupes laser, elle absorbe la transpiration et se roule dans sa propre poche si l’atmosphère se réchauffe. lululemon.com

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Une deuxième peau que la vôtre vous permettra de rester au sec. La combinaison du coton et des matières synthétiques hydrophiles conduisent la chaleur et la transpiration sur la couche extérieure pour être rapidement évacuées, tandis que, stratégiquement placées, les coutures ultra douces évitent l’irritation. Cette sous-couche alliant stretch et effet de compression offre même une protection solaire d’indice SPF50+. adidas.com

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GUIDE

DC Shoes Conover Pocket T-shirt Le T-shirt a depuis longtemps dépassé sa vocation première pour devenir un moyen d’expression cool en matière de style. Ce modèle ramène le T-shirt à son essence, pièce de travail et d’entraînement sous-estimé avec ses petits plus : une poche poitrine et un ourlet double qui lui confère LE détail stylistique d’importance et que l’on peut assortir avec n’importe quel imprimé coloré. dcshoes.com

Skullcandy

Crusher Wireless

Ces écouteurs entièrement couvrants ne passent pas inaperçus. Les coussinets mémorisent la forme de vos oreilles. Vous ressentez les vibrations des basses grâce à la technologie stéréo haptique, réglable de chaque côté. Sans-fil et avec une autonomie de 40 heures, ce casque vous entraîne dans des contrées sauvages, car son isolation phonique bloque les interférences. skullcandy.com

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Quiksilver

Reebok

Rio Negro

InstaPump Fury

Le sweat s’est fait connaître comme vêtement de sport par les lycéens américains dans les années 1930. Son style a peu changé depuis, mais son image s’est totalement modifiée. Celui-ci combine toutes ses caractéristiques indémodables : confortable, chaud, et vraiment très cool. quiksilver.com

Il est rare que l’originalité perdure, mais la paire Pump de Reebok est restée punk depuis ce jour de 1991, où la star de la NBA Dee Brown avait gonflé ses chaussures avant un slam dunk victorieux retransmis à la télé. Aujourd’hui, ce modèle utilise le même système de gonflage pour un maintien parfait, et ce, allié aux technologies modernes comme la semelle intermédiaire qui absorbe les chocs et la voûte en Graph-Lite. Vous pouvez aussi personnaliser vos modèles. Carrément original ! reebok.com

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GUIDE

Montane T-shirt Sonic Ce T-shirt fait tout en moins : moins de poids, d’odeurs et d’humidité grâce à un tissu respirant, et moins d’exposition aux UV grâce à une protection SPF 50+. montane.co.uk

Puma

Nike

Ignite Limitless Extreme Hi-Tech

Ce modèle de chaussures est fait pour battre le pavé et pour pratiquer le parkour. Le design ultra-performant intègre une protection de cheville en polyuréthane thermoplastique et une tige composée d’une matière inspirée du Kevlar. Le renforcement de la semelle en caoutchouc avec des éléments de cristal de carbone amplifie l’action. puma.com

Under Armour Threadborne Fitted ¼ Zip LE T-shirt de sport par excellence : confortable et aéré, avec un traitement anti-odeurs, une coupe près du corps antistatique, sa matière respirante chasse la transpiration en restant sèche. underarmour.com

Voilà un T-shirt aussi pointu que la technologie le permet : une matière pour se surpasser, une ventilation ciblée, une amplitude de mouvements grâce aux manches raglan, et des coutures imperceptibles pour un confort maximal. nike.com

OnePiece Out Hoodie Ce vêtement outdoor provient du fabriquant de l’ultime vêtement détente, le onesie. Avec une double couche pour une chaleur extrême, il est en coton durable, conçu pour améliorer le quotidien des fermiers et participer au respect de l’environnement. On est loin du laisser-aller. onepiece.com

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Pro Hypercool

adidas Short Tango Player Icon Stopper des buts et protéger la planète ! La technologie ClimaLite garantit ce short aéré et sec, et les fibres recyclées sont bonnes pour l’environnement. adidas.com

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Words: NORA O’DONNELL Photography: DAVID HARRY STEWART Talent liaison: XAVIER QUIMBO

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The Red Bulletin est distribué simultanément dans huit pays. L’édition sud-africaine publie un reportage sur des cascadeuses et cascadeurs de premier plan qui se sont frayés un chemin jusque dans les studios d’Hollywood (photo). Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

Directeur d’édition Robert Sperl Rédacteur en chef Alexander Macheck Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann Managing Editor Daniel Kudernatsch

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Management Leila Domas, leila.domas@fr.redbull.com THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886

Partnership Management Yoann Aubry, yoann.aubry@fr.redbull.com

Country Editor Pierre-Henri Camy, Arek Piatek

Relecture Audrey Plaza

Country Coordinator Christine Vitel Country Channel Management Melissa Stutz Responsable de la publicité Marcel Bannwart, marcel.bannwart@ch.redbull.com Abonnements Service des lecteurs, 6002 Lucerne Hotline : +41 (041) 329 22 00 getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com

Illustrateur Dietmar Kainrath Directeur d’édition Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber

THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258

Responsable de la publicité Humberto Amaya Bernard, humberto.amayabernard@mx.redbull.com

Country Editor Andreas Rottenschlager Relecture Hans Fleißner Country Product Management Natascha Djodat Responsable de la publicité Martin Olesch, martin.olesch@de.redbulletin.com

THE RED BULLETIN Royaume-Uni, 2308-5894 Country Editor Ruth Morgan Équipe éditoriale Tom Guise, Justin Hynes, Florian Obkircher

Management par pays & Marketing Stefan Ebner (Dir.), Magdalena Bonecker, Thomas Dorer, Manuel Otto, Kristina Trefil, Sara Varming

Secrétariat de rédaction Nancy James (Chef de service), Davydd Chong (Chef de service adjoint)

Maquette marketing Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer, Mathias Schwarz

THE RED BULLETIN Autriche, ISSN 1995-8838

Country Channel Management Tom Reding

Fabrication Michael Bergmeister

Country Editor Ulrich Corazza

Responsable de la publicité Mark Bishop, mark.bishop@uk.redbull.com

Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Maximilian Kment, Karsten Lehmann Office Management Kristina Krizmanic, Petra Wassermann Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldas Yarar (Abonnements)

Relecture Hans Fleißner Country Channel Management Thomas Dorer Responsables de la publicité Alfred Vrej Minassian (Dir.), Thomas Hutterer, Corinna Laure, Bernhard Schmied, anzeigen@at.redbulletin.com

Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800 Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Christopher Reindl, Andreas Gall

THE RED BULLETIN USA, ISSN 2308-586X Country Editor Andreas Tzortzis Relecture David Caplan

Directeur de la publication Wolfgang Winter

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Équipe éditoriale Inmaculada Sánchez Trejo (Rédactrice adjointe), Marco Payán

Country Project & Ventes Management Helena Campos, Giovana Mollona

Édition web Kurt Vierthaler (Senior Web Editor), Christian Eberle, Vanda Gyuris, Inmaculada Sánchez Trejo, Andrew Swann, Christine Vitel

Booking photos Rudi Übelhör (Dir. adjoint), Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza

Country Editor Luis Alejandro Serrano

Relecture Alma Rosa Guerrero

Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Ulrich Corazza, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager

Maquette Marco Arcangeli, Marion BernertThomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz

THE RED BULLETIN Mexique, ISSN 2308-5924

Country Project Management Melissa Thompson THE RED BULLETIN Afrique du Sud, ISSN 2079-4282 Country Editor Louis Raubenheimer Secrétariat de rédaction Nancy James (Chef de service), Davydd Chong (Chef de service adjoint)

Responsables de la publicité Los Angeles Dave Szych, dave.szych@us.redbull.com New York Regina Dvorin, reggie.dvorin@us.redbullmediahouse.com

Country Project & Ventes Management Andrew Gillett Responsables de la publicité Andrew Gillett, andrew.gillett@za.redbull.com Dustin Martin, dustin.martin@za.redbull.com THE RED BULLETIN


ANGE GARDIEN (à partir de CHF 35 par an)

LA CARTE DE SAUVETAGE D’AIR ZERMATT Joue la sécurité lors de toutes tes randonnées: avec la carte de sauvetage d’Air Zermatt. Nous te protégeons dans la Suisse entière, que tu aies besoin d’un hélicoptère, d’une ambulance ou même d’un avion. Et si la nécessité d’un conseil médical ou d’un vol de rapatriement se fait sentir un jour ou l’autre à l’étranger, tu peux aussi te fier à Air Zermatt.

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GUIDE

Le plein d'action.

Dans sa vidéo Walls, le BMXer pro Sebastian Keep défie les lois de la gravité. Meilleur exemple : ce saut depuis la balustrade d’un pont pour piétons, après lequel Keep atterrit à 9,7 mètres de hauteur sur la façade d’un immeuble (!), avant de foncer sur la chaussée en empruntant la rampe. Visionnez cette folie sur : redbull.com/bike

« Une manière originale de se servir d’un vélo... » Sebastian Keep (34 ans) envoie des tricks en BMX sur des façades d’immeubles. Tout simplement.

The Red Bulletin n°65 disponible le 9 avril 2017. 98

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GEORGE MARSHALL/RED BULL CONTENT POOL

Croydon, Angleterre

makes you fly


LES DONNEURS D’AILES.


N O U V E AU TOYOTA

DISPONIBLE EN VERSION 4x4 OU HYBRIDE. TOYOTA . C H C-HR Hybrid Style, FWD, 1.8 HSD, 90 kW, Ø cons. 3,9 l / 100 km, CO ₂ 87 g / km, rend. énerg. A. Emissions de CO ₂ liées à la fourniture de carburant et / ou d’électricité : 20 g / km. Ø des émissions de CO ₂ de tous les modèles de véhicules immatriculés en Suisse: 134 g / km . Conditions de leasing: Taux d’intérêt annuel effectif 0,90 %, assurance casco complète obligatoire, 5 % de dépôt de garantie du montant à financer ( mais au moins CHF 1’000.– ), durée 24 mois et 10’000 km / an. Nous n’acceptons pas les contrats de leasing s’ils entraînent le surendettement. Promotions valables pour les signatures de contrat avec mise en circulation du 1er janvier 2017 au 31 mars 2017 our évocation.


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