FRANCE AVRIL 2021
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ALLEZ LES BLEUS COMMENT PRIME ET KAMETO CHANGENT LA DONNE DE L'ENTERTAINMENT AVEC LEUR TEAM DE SPORT ÉLECTRONIQUE
©2018 Published by Nacon and developed by Kylotonn Racing. 2 , Øand ”PlayStation” are registered trademarks of Sony Interactive Entertainment Inc. All rights reserved. ©2018 Nintendo. Nintendo Switch and Joy-Con are tradmarks of Nintendo. Epic Games and the Epic Games Store logo are trademarks or registered trademarks of Epic Games, Inc. in the USA and elsewhere.
Éditorial
L’E-SPORT PÈTE LES SCORES Note pour de suite : il existe des équipes de pros du jeu vidéo dont les matches sont pour leurs fans l’équivalent d’une Ligue des champions de foot. En couverture de cette édition, Prime et Kameto sont les PDG d’une structure compétitive différente (mais pas si nouvelle dans ce game), qui excite des milliers d’ultras sans les réunir dans un stade ou devant une télévision. Grâce, entre autres, à la Karmine Corp qu’ils ont lancée, et aux autres équipes engagées sur League of Legends, l’e-sport (dire isport) pète les scores. Ceux qui le font avancer – les cinq joueurs de leur KCorp, Shanky le manager général ou encore Laure Valée (référence des médias spé) – et les milliers d’investi(e)s derrière eux ont un truc en commun, qui fait peut-être défaut (osons) à certains acteurs du sport « traditionnel » : la passion.
CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS
CHRIS SAUNDERS
Ce photographe sud-africain a documenté les scènes urbaines de son pays avant de s’installer à Paris, à l’affût de fraîcheur culturelle. Pour ce numéro, il a rencontré deux CEO de l’e-sport. « Le shooting avec Kameto et Prime avait pour but d’amener une nouvelle perception des gamers, entre des rappeurs et des athlètes. C’est toujours cool de redonner une image à des gens sur lesquels le public a des stéréotypes. » Page 38
Belle lecture ! Votre Rédaction DAVID KHUN
CHRIS SAUNDERS (COUVERTURE)
Ce journaliste français est un gamer « à l’ancienne », du genre à finir la campagne solo de Call of Duty. Un recul nécessaire pour prendre toute la mesure de ce phénomène qu’est l’e-sport et décrypter son immersion au sein de la KCorp : « Kameto et Prime, ses deux fondateurs, incarnent le nouvel âge du gaming, dit-il. Deux garçons passionnés, tranquilles, visionnaires et furieusement connectés à leur époque. » Page 38
Kameto (à gauche) et Prime s’exposent habituellement dans un monde digital, leur présence en studio pour un magazine fut donc exceptionnelle. THE RED BULLETIN
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Isolés : vous aviez entendu parler du Vendée Globe 2020, mais vous n’aviez rien vu du tout.
Givré : en colère, il se passionne pour son congélateur.
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outdoor à fort potentiel visuel 12 Croyez-le ou non, une course de voitures télécommandées va avoir lieu sur la Lune 14 Pour Jaimie Monahan, rien ne vaut une nage en eaux glacées 16 Comment des fresques sur les murs peuvent permettre à nos villes de mieux respirer 18 Un masque pas très discret, mais qui préservera votre vie privée (et votre santé) 20 Priya Ragu, une employée de compagnie aérienne qui a pris son envol dans la chanson 22 Le surf pour toutes : elles glissent pour que ça bouge
THE RED BULLETIN
JEAN-MARIE LIOT/MAITRE COQ, ZEPPELIN, JB LIAUTARD
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6 Galerie : cascade de merveilles
CONTENUS avril 2021
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Révélées : la face cachée des photos de JB Liautard.
24 E n coulisses
Le photographe de VTT Jean-Baptiste Liautard livre les secrets de sa magie.
3 8 Fini de jouer
En lançant leur Karmine Corp en première division du jeu League of Legends, Kameto et Prime ont ainsi décuplé la puissance d’attraction de l’e-sport.
50 R ester de glace
Face à la fatalité et l’absurdité de la maladie, Romain Vandendorpe s’est mis en tête un record complètement fou. Qu’il a battu. Et qu’il veut que vous battiez.
THE RED BULLETIN
58 E n ascension
Habituée à exceller de haut en bas (en freeski), Nadine Wallner s’est réinventée de bas en haut (en grimpant). Pour l’Autrichienne, qu’importe le sens, il ne faut pas se précipiter.
66 Vendée Globe
Cette course à la voile en solitaire ne se résume pas seulement à un départ et à une arrivée médiatisés. On vous transporte entre les deux, là où l’idée même du quotidien devient absurde.
81 À faire : atteindre les sommets
en respect des animaux, le pari d’un alpiniste végan 86 Gaming : de votre salon à la compétition avec WRC9 87 À voir : du ski, du skate, du vélo, de la grimpe, de l’exceptionnel, sur Red Bull TV, évidemment ! 88 Matos : un équipement digne des pros de l’e-sport, de votre souris jusqu’à votre casque, passez au niveau supérieur 96 Ils et elles font The Red Bulletin 98 Image de fin : M. Dakar remet ça
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ALDEYJARFOSS, ISLANDE
Espionnage Quand vous êtes photographe, vous allez là où l’action vous mène. « Je travaillais sur un projet concernant les glaciers islandais, se souvient le photographe tchèque Jan Kasl, quand les gars de FlyOver Iceland nous ont appelés pour venir les voir filmer en hélicoptère. » Par une heureuse coïncidence, FlyOver Iceland – une attraction qui présente des vols simulés sur des écrans géants – filmait le kayakiste américain de l’extrême Evan Garcia plongeant dans une cascade de vingt mètres de haut. Ce qui a donné à Kasl juste ce dont il avait besoin pour ce behind the scene. jankaslphoto.com
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JAN KASL
OAHU, HAWAÏ, USA
La voie est libre Les empreintes de Mo Freitas, surfeur pro hawaïen, sur la côte nord d’Oahu. Le photographe californien Morgan Maassen s’est qualifié pour la finale du concours photo Red Bull Illume 2019 grâce à cette image. « Je suis naturellement attiré par les prises de vue depuis l’eau, dit-il, mais le drone me permet d’explorer les paysages terrestres et marins pour leurs textures, et d’y juxtaposer des humains pour des scènes incroyables. » morganmaassen.com
STOCKHOLM, SUÈDE
L’invité mystère
MORGAN MAASSEN/RED BULL ILLUME, JEFFREY KIEFFER/RED BULL ILLUME
Pendant ce temps, sous un autre climat, un autre finaliste du Red Bull Illume était à l’ouvrage. « J’étais en promenade à Stockholm, raconte le photographe australien Jeffrey Kieffer, quand, au détour d’un virage, le kayak de cet homme a émergé. J’ai donc envoyé mon drone, en priant pour que son petit cœur mécanique résiste au froid. D’où venait ce type ? Où allait-il ? » Mystère. Instagram : @jeffreyjkieffer
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SYDNEY, AUSTRALIE
Duplicatas N’en déplaise aux complotistes, cette image n’est pas la preuve d’un programme secret de clonage humain. Il s’agit d’une image composite de l’athlète de parkour Alex Robinson, réalisée par le magicien australien de la photo Eric Yip. « Cette ancienne carrière est d evenue espace naturel au sud de Sydney, raconte Yip à propos de ce cliché qui lui a valu une place en demi-finale du concours Red Bull Illume. L’endroit a quelque chose de magique à l’aube, quand la lumière enflamme les colonnes de basalte. » eyxl.com.au
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ERIC YIP/RED BULL ILLUME
Autrefois un symbole de la conquête spéciale, le terme désigne aussi depuis cette année, une course de sports mécaniques d’un genre nouveau. Organiser une compétition inédite n’a pas de secret pour Mary Hagy. En 2015, cette chef d’entreprise et ex-membre de l’US Army lance la Triumph Games, une épreuve sportive télévisée à laquelle participent des vétérans de l’armée ayant survécu à de graves blessures. Mais cette fois, la barre est encore plus haute : une course de voitures téléguidées sur la Lune, pilotées par les plus brillants lycéens de la Terre. Hagy est aussi pilote de course amateur, une passion à l’origine de sa dernière idée. « J’étais sur un circuit lorsque les similitudes entre le paysage qui j’avais sous les yeux et celui de la Lune tel qu’on se l’imagine me sont apparues », confie-t-elle. L’idée est de combiner l’univers de l’aérospatiale 12
à celui du sport automobile, un défi que Moon Mark, la nouvelle entreprise de Hagy lance aux esprits les plus brillants de la jeunesse, qui se mesureront en concevant des véhicules autonomes pilotés par l’IA. L’été dernier, 35 équipes de lycéens de onze pays différents soumettent la vidéo de leur concept car dans le cadre d’un concours de conception sous l’égide de Moon Mark. Les six finalistes reçoivent un don de mille dollars destiné à l’association de leur choix et leur projet est présenté à un jury d’experts en aérospatiale, technologie et sports mécaniques. Les juges retiennent deux équipes — une d’Argentine, l’autre de Chine — dont le projet répond au-delà des attentes, aux exigences
Eat My Moondust : le prototype de bolide lunaire conçu par ILSTAR, l’une des équipes lauréates, basée à Shanghai. L’esthétique est perfectible, mais un plein suffit pour un aller-retour à la mer de la Tranquillité. En haut : la course Moon Mark vue par un artiste.
THE RED BULLETIN
LOU BOYD
La course à l’espace
MOON MARK
MOON MARK
techniques de la course lunaire. Moon Mark fait appel à de grands noms de l’exploration spatiale et des sports mécaniques notamment SpaceX d’Elon Musk dont la fusée Falcon 9 transportera les véhicules, la société Intuitive Machines — son alunisseur Nova-C déposera les voitures sur la Lune — et la société Lunar Outpost chargée d’adapter les voitures à son buggy MAPP (Mobile Autonomous Prospecting Platform) ap- prouvé par la NASA, et conçu à l’origine pour la recherche scientifique extraterrestre. La star du design automobile Frank Stephenson, le créateur de voitures mythiques pour Ferrari, McLaren, BMW et Maserati, rejoint aussi l’équipe et sera chargée de parfaire les bolides. En octobre prochain, l’atterrisseur larguera les voitures sur la ligne de départ à la surface de la Lune. Des caméras à 360 ° seront déployées pour retransmettre la course en direct. « Nous travaillons actuellement au tracé du circuit sans connaître le lieu précis d’alunissage, explique Hagy. Des caméras équiperont les voitures et seront orientées vers l’EagleCam (l’alunisseur, ndlr) afin d’assurer la retransmission. » Le projet de Moon Mark n’oublie pas la protection de l’environnement. « Nous ne laisserons pas de débris derrière nous, précise Hagy. La course passionne, mais c’est aussi l’occasion de créer et laisser quelque chose d’utile. Les voitures seront équipées de microréflecteurs qui pourraient devenir des relais de géolocalisation. La prochaine génération héritera d’un changement dans l’humanité, ajoute Hagy. Nous souhaitons créer un portail pour offrir aux plus jeunes un accès à une commercialisation viable de l’espace. » moonmark.space
Cette New-Yorkaise de 41 ans a une approche très originale du tourisme : des pieds à la tête immergée dans l’eau glacée, vêtue d’un simple maillot de bain, et armée d’un mental à toute épreuve. Quand Jaimie Monahan nage, ce n’est pas pour être la plus rapide ni battre des records. La nageuse de 41 ans, spécialité bains de glace et marathon, explique qu’elle recherche des challenges qui lui tiennent à cœur et la font se sentir forte. Ce sont ces raisons qui ont mené Monahan à conquérir quelques-uns des spots en eau libre les plus stupéfiants – et les plus froids – en ne portant rien d’autre qu’un maillot et un bonnet de bain en silicone. Férue de natation depuis sa jeunesse, c’est suite à la promesse d’un tour du monde que Jaimie Monahan commence par mettre un orteil dans l’eau glacée. En 2017, elle remporte un record du monde répertorié par Guinness : elle est la première personne à réaliser le Ice Sevens Challenge : nager 1,6 km sur les sept continents, dans une eau à une température inférieure à 5 °C, dont le Ice Zero : 1,6 km dans une eau à moins de 1 °C. Lorsqu’en 2020, comme le reste du monde, elle se retrouve coincée chez elle, elle s’invente de nouveaux défis en marge de son activité professionnelle dans une banque. En août, elle profite de ses vacances pour réaliser, à la nage et en sept jours consécutifs, la boucle de 46 km autour de Manhattan. En septembre, Jaimie Monahan devient la première personne à nager la boucle quatre fois de suite, 183 km dans un effort ininterrompu de 45 heures. « Je cherchais un moyen de reprendre le dessus après avoir été enfermée pendant des mois, racontet-elle. 2020 est l’une des années de ma vie dont je suis le plus fière. »
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the red bulletin : Comment réalisez-vous de tels exploits ? jaimie monahan : À de nombreuses occasions dans la vie, j’ai compris que l’on ne pouvait contrôler que soi-même, pas son environnement. L’eau a des propriétés auxquelles je peux me fier. Donc c’est à moi de prendre conscience de cela, et de la force de son courant. Nous ne sommes que du menu fretin en comparaison. Quelles sont vos techniques pour endurer le froid ? C’est du mental. Au moment où j’entre dans l’eau, c’est tout mon corps qui hurle sa révolte. Ma respiration se fait plus tendue, mes muscles aussi, c’est une réaction de fuite ou de lutte, c’est toujours pareil, peu importe combien on est expérimenté. Je me dis toujours que si je compte jusqu’à 100 pendant que je nage, au bout de ces 100, je me sentirai bien car j’aurai activé mon feu intérieur, je me serai réchauffée. Quand on nage une longue distance, on doit rester attentif à son corps : la couleur de la peau est-elle normale, par exemple ? J’aime bien fléchir les mains et les pieds. Je vérifie ma respiration. Quand on commence à se sentir un peu trop bien, c’est le signe qu’il faut sortir de l’eau. Avoir chaud, être euphorique… ce sont les signes d’une hypothermie. En quoi nager dans l’eau glacée diffère-t-il de nager un marathon ? Selon moi, ce sont les extrêmes d’un même spectre et en même temps, le côté pile et le côté face d’une même pièce. Dans l’eau glacée, il faut être hautement concentré. Si on perd le focus, on risque vraiment gros. J’ai vu des gens, le regard vide, et on m’a
Êtes-vous déjà allée trop loin ? Non. Il est hors de question pour moi de terminer une nage dans un état dans lequel je ne me sentirais pas bien. Je veux être capable de m’extirper de l’eau par mes propres moyens. Je veux pouvoir sortir de l’eau cinq minutes avant d’y être obligée. Quel est votre parcours de nage favori ? Ma réponse change souvent. Je suis ambivalente. Je vis à Manhattan, entourée de gratte-ciels, et j’adore nager dans ses environs, car je suis en plein milieu de la ville, et pourtant, je vois une telle nature sauvage. À l’opposé, j’ai eu la chance de nager en Antarctique et dans le cercle polaire arctique. J’ai un faible pour les formations de glace, que ce soient des glaciers ou des icebergs centenaires. Ils me transmettent leur énergie. Je sens le froid qu’ils génèrent, et quand je suis dans l’eau avec eux, c’est intense. C’est tellement grisant !
jaimiemonahan.com
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RACHAEL SIGEE
En nage libre
raconté ensuite qu’ils souffraient de douleurs terribles ou de perte totale de mémoire. Il faut impérativement mettre son ego de côté avant de se jeter à l’eau froide. Et il est impératif de faire un bilan constant de comment on se sent. Un marathon, par contre, c’est une sorte de méditation en mouvement : je laisse mon esprit divaguer où bon lui semble. Pour moi, il est très important de lui donner libre cours. Certains passent leur temps à compter, d’autres prient – peu importe, au final, l’esprit se désengage et vagabonde. On est tellement connectés dans ce monde – surtout virtuellement. On reçoit des emails à longueur de journée, des notifications sur les réseaux sociaux, on est bombardés par ces sous- catégories de vie. Mais dans l’eau, je suis loin de tout ça. Je ne vais pas minimiser la difficulté de nager 45 heures non-stop ! Mais, en un sens, cela me fait un break mental.
ARIK THORMAHLEN
JAIMIE MONAHAN
« L’eau a des propriétés auxquelles je peux me fier. » THE RED BULLETIN
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Les murs respirent
Des fresques monumentales égaient les villes, mais les purifient également.
Bouffée d’oxygène : de l’air frais s’incruste en ville.
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L’art urbain peut être un moteur puissant et positif dans les quartiers populaires. Si certains soutiennent que toute forme de graffiti est une plaie visuelle qui encourage des comportements délinquants, les statistiques révèlent qu’il est facteur de cohésion sociale, de respect pour l’espace urbain et contribue à créer un lieu de vie plus sûr. Ces temps-ci, une autre forme d’art urbain capable de nettoyer nos rues se manifeste. Partie intégrante d’une campagne initiée par le fabricant de baskets Converse, City Forests regroupe des fresques murales réalisées à travers la planète et ayant la faculté de filtrer l’air. Les auteurs de ses œuvres privilégient des zones urbaines à forte circulation.
THE RED BULLETIN
BILLY ZAMMIT
CONVERSE CITY FORESTS
Quatorze villes y ont participé à ce jour, Sydney, São Paulo, Bangkok et Varsovie en font partie. Une manière de promouvoir un avenir durable en préservant la santé des habitants. Le secret de ces œuvres se nomme KNOxOUT, une peinture à photocatalyse développée par la société philippine Boysen dont le principe consiste à se servir de l’énergie lumineuse pour transformer les polluants atmosphériques tels que les oxydes d’azote (le NOx dans le nom), en dioxyde de carbone, eau et résidu de nitrate de calcium lavable à l’eau. L’utilisation de la peinture ne se limite pas aux fresques murales, elle convient aussi aux structures en centre-ville. Testée à Londres entre 2007 et 2010, la KNOxOUT permet d’absorber 50 % d’oxydes d’azote présents dans l’air. « Cela peut devenir un moyen viable de purification de l’air à plus grande échelle », estime l’artiste Elliott Routledge, basé à Sydney. Son imposante fresque murale créée en partenariat avec l’association Rainforest Rescue à Woolloomooloo, une banlieue de la ville, purifie l’air autant que 183 arbres. « L’efficacité de la peinture dure entre dix et quinze ans. Mais il suffit de la rafraîchir pour qu’elle retrouve toute sa vigueur, ajoute-t-il. » En plus d’être bénéfiques à l’environnement, Routledge espère que les fresques inciteront les gens à s’engager plus activement dans la sauvegarde de leurs espaces verts. « L’art populaire est un puissant vecteur de messages, dit-il. Les passants y sont réceptifs, autant l’utiliser. L’art n’est pas uniquement un moteur de changement social, utilisé au bon endroit et à bon escient, il devient un puissant moyen de communication. » City Forests compte poursuivre sa mission en invitant d’autres artistes à donner une bouffée d’air frais à leurs villes. conversecityforests.com
LOU BOYD
Impact mondial : l’artiste australien Elliott Routledge sollicité à Woolloomooloo.
ALPHATAURI.COM
© Jean Nouvel, Gilbert Lézénès, Pierre Soria et Architecture-Studio / Adagp, Paris, 2021
Si vous cherchez un masque anti-virus doté d’une protection personnelle totale, celui-ci est à envisager. Voilà un an que le port du masque s’est imposé à notre quotidien. Mais alors que nous apprenons à nous protéger du danger invisible que représente la Covid-19, une autre menace tout aussi invisible se fait de plus en plus pressante : la surveillance du citoyen. Afin de répondre à ces deux dangers, un groupe de technologues américains et russes propose une solution élégante : le Blanc Mask. Créé en avril dernier pour lutter contre la pandémie, ce masque modulaire se compose de deux moitiés verticales s’ajustant avec des aimants. Le matelassage 18
interne épouse parfaitement les traits du visage, tandis que les filtres HEPA amovibles retiennent jusqu’à 99,9 % des particules de l’air respiré. De plus, vous passerez pour un membre du groupe Daft Punk — de quoi assouvir le désir d’anonymat de certains. Désormais courante, la reconnaissance faciale permet de cartographier vos traits et d’ajouter votre « signature faciale » à une base de données. Déverrouiller votre téléphone en un clin d’œil et accélérer le contrôle des passeports biométriques dans les aéroports sont quelques-
Résistant, efficace, rapide, sûr : le Blanc Mask s’ajuste en un clin d’œil. Jason en serait jaloux !
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LOU BOYD
Restez discret
ELENA VAKHTUROVA
BLANC MASK
uns des avantages de cette technologie. Cependant, les partisans de la vie privée s’inquiètent de l’exploitation de ces données. Selon une étude publiée en juillet dernier, le secteur devrait générer plus de 10 millions d’euros d’ici 2027, principalement grâce au marketing et à la surveillance, et le magazine Forbes affirme que le FBI a accès à plus de 412 millions d’images faciales. Le recours à cette technologie pour le maintien de l’ordre fait débat, notamment à cause de son manque de fiabilité pour les personnes de couleur, et les femmes noires en particulier. De plus, les autorités chinoises y auraient recours pour réprimer des délits mineurs tels que traverser la chaussée hors du passage piéton. « Acheter et vendre votre image faciale est accessible à qui veut, affirme Philipp Egorov, cofondateur de Blanc, basé en Russie. Moscou est la deuxième ville au monde en nombre d’appareils à reconnaissance faciale. Notre masque permet de vous réapproprier votre identité et votre intimité. » Pour Philipp Egorov, il y a « deux sortes de personnes, celles qui privilégient le contact visuel dans les transports publics ou les cafés, et celles qui, comme moi, évitent le contact visuel avec les inconnus. Le port du masque est pour moi, source de bien-être ». Il n’est pas le seul visiblement : le masque Blanc, livré ce mois-ci, a recueilli sur Kickstarter, plus de vingt fois son objectif de lancement, soit environ 17 000 euros. « L’objectif du masque est l’anonymat, explique Philipp Egorov, et nous espérons étendre le concept à d’autres produits destinés à préserver cet anonymat. Nous offrons aux personnes une intimité visuelle. » blancmasks.com
Employée d’une compagnie aérienne, la Suisse d’origine sri-lankaise hésite longtemps avant de croire en ses talents d’auteur-compositriceinterprète. Désormais, la jeune femme de 34 ans ne s’interdit rien. En 2019, Priya Ragu décide de mettre sa créativité à l’épreuve et s’exile à New York pendant six mois. Née à Saint-Gall, de parents tamouls qui avaient fui la guerre au Sri Lanka dans les années 80, la chanteuse suisse tamoule mène une vie confortable dans la paisible ville helvète où elle occupe un emploi de technicienne chez la compagnie aérienne Swiss Airlines. Pourtant, la jeune femme hésite à s’abandonner à ce bonheur tranquille et doute de sa destinée. La vraie passion de Priya Ragu c’est la chanson. Enfant, elle s’y adonne en tamoul dans le cercle familial, puis se passionne en grandissant, pour le R&B made in USA. Ses participations à des scènes ouvertes l’enchantent sans toutefois répondre à ses ambitions à long terme. Le déclic se produit durant son exile new-yorkais. Priya Ragu en revient avec un album produit par son frère Japhna Gold. Un mélange de R&B, d’électro-pop et d’influences tamoules, que le duo intitule Raguwavy, manifestation musicale d’une enfance commune nourrie de deux cultures distinctes. Good Love 2.0 fait partie des titres marquants de l’année 2020, et figure dans la bande-son du jeu vidéo FIFA 21. Priya Ragu revient sur une année qui a changé sa vie. the red bulletin : La musique est votre passion de toujours, pourquoi avoir attendu la trentaine pour vous y consacrer ?
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priya ragu : Aujourd’hui, je suis plus sûre de moi qu’auparavant. Ma voix intérieure a mis du temps avant de me dire : « Allez, lance-toi. » Mon premier titre a suscité un intérêt qui m’a prise totalement au dépourvu. Vingt maisons de disques vous auraient contactée, est-ce exact ? Oui, des labels indépendants et des majors. Signer avec Warner Music a été un grand pas, même si ce choix n’a pas été évident. Lors d’une balade avec mon chien, Crooks, j’ai trouvé une plume d’oie. J’y ai vu un signe et j’ai signé ! La plume est toujours sur le mur de mon appartement. À présent, on vous voit dans le Vogue britannique, votre musique est sur les ondes de la BBC Radio 1 et dans le jeu FIFA 2021. Malgré tout, vous travaillez toujours pour une compagnie aérienne. Pourquoi ? J’y travaille seulement deux heures par jour. C’est mon côté suisse qui a du mal à lâcher prise, du moins tant que c’est tenable. Je n’ai jamais imaginé que ça irait si vite, mais je m’en réjouis. 2020 a été la meilleure année de ma vie. Rares sont ceux qui peuvent en dire autant… Je sais. J’ai beaucoup de chance. De plus, c’est probablement la première fois qu’une artiste est signée via Zoom. J’ai aussi choisi mes musiciens en ligne. La direction m’a suggéré quatre guitaristes, quatre pianistes, des batteurs… J’ai fait mon choix comme sur un catalogue. Ou des profils Tinder qu’on balaye sur un écran.
Et vous avez ainsi commencé à écrire des textes… Les mots ne me venaient pas aussi naturellement que les notes de musique. Je crois à une forme d’énergie créative d’origine divine. Il m’arrive de relire une idée en me disant : « C’est toi qui as écrit ça ? Mais d’où cela t’est venu ? » La voix intérieure nous guide vers notre destination. Cette voix avait approuvé mon choix d’être musicienne, mais je l’avais délibérément ignorée par manque d’assurance. Comment avez-vous pris confiance ? Par le travail ! Je me levais le matin et j’écrivais trois pages dans mon journal. J’y mettais mes pensées et mes doutes. Cela a été utile pour trouver les solutions. C’était assez cathartique. Le déclic a eu lieu à la lecture du livre de Julia Cameron, Libérez votre Créativité. Travailler sur soi sans relâche, se dépasser, et oser sortir de sa zone de confort est vital. De quoi avez-vous le plus hâte ? Je compose des chansons, je les exalte, et leur sortie est pour moi comme un accouchement, la douleur en moins tout de même ! Et j’ai hâte de voir ce que ça donne. Il s’est passé tant de choses dont je n’aurais même pas pu rêver. Chaque jour, je consigne mes expériences et mes émotions dans mon journal, ainsi elles ne me quittent jamais.
Instagram : @priyaraguofficial
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SABRINA LUTTENBERGER
Décollage imminent
À quand remonte votre amour de la musique ? J’ai grandi avec les BO tamoules des films de Kollywood, l’équivalent de Bollywood à Chennai au sud de l’Inde. Mon père avait un groupe qui reprenait les BO Kollywood. Mon frère était au clavier et moi je chantais. À chaque réunion de famille le week-end, j’y avais droit : « Priya, chante-nous quelque chose ! »
JENNY BROUGH
PRIYA RAGU
« Travailler sur soi sans relâche, se dépasser, et sortir de sa zone de confort est vital. »
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Sur une vague authentique Ces surfeuses en formes se bougent en vue d’être reconnues au cœur de leur passion. Dans la vraie vie, les adeptes du surf ne sont pas tous bronzés et musclés comme le suggère souvent le marketing de l’industrie du surf. Bien que les marques véhiculent l’image de corps sculptés et de topmodels, quiconque surfe en Californie sait que souvent le 22
meilleur sur l’eau est le vieux briscard en longboard. Un nouveau mouvement en ligne se pose désormais en défenseur d’une population de surfeurs trop longtemps ignorée : les femmes fortes. Ce collectif en plein essor met les femmes replètes à l’honneur et regroupe surfeuses professionnelles, dont la Brésilienne Silvana Lima et l’Américaine Bo Stanley, et amateurs comme la coach sportive Kanoa Greene et l’influenceuse Elizabeth Sneed. Née au Texas, cette dernière
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LOU BOYD
SURFEUSES BODY-POSITIVES
découvre le surf il y a trois ans et demi après avoir déménagé à Honolulu pour raison professionnelle. Très vite passionnée, elle cherche alors des modèles à imiter. « Je n’ai pas trouvé une seule photo de surfeuse enrobée, explique Sneed. Alors j’ai décidé de contacter le photographe de surf Tommy Pierucki et lui ai proposé de réaliser des clichés ensemble. » Six mois plus tard, ces photos de Sneed, immortalisée par le natif de Chicago, affolent les vues sur son compte Insta, et poussent des internautes à travers le monde à poster leurs propres photos avec le hashtag #curvysurfergirl. « Nous devons nous affirmer et être des membres à part entière de la communauté des surfeurs, insiste Sneed. Avoir honte de son corps ou de son manque d’assurance, c’est terminé ! Voir sur l’eau des femmes aux silhouettes variées est très encourageant. » Les aspirations du mouvement Body Positive surf ne se limitent cependant pas à une meilleure confiance en soi et à propager de bonnes ondes. À ses débuts, Sneed se souvient avoir eu du mal à trouver un équipement de qualité à sa taille. Elle espère dorénavant que les grandes marques les prendront en compte. « Ce mouvement veut attirer leur attention et leur dire que ce groupe démographique inclut des femmes dignes d’un équipement performant et adapté, explique-t-elle. Beaucoup de mes abonnées Instagram réclament cette évolution. J’espère aussi que les photographes s’intéresseront davantage aux surfeuses corpulentes afin de me voir en elles, et croiser à l’avenir plus de femmes plantureuses sur les vagues. Les femmes ont un avenir dans le surf, quelle que soit leur s ilhouette, et nous devons le leur faire savoir. » Instagram : @curvysurfergirl ; @tommypierucki
TOMMY PIERUCKI
Portée par la vague, l’influenceuse Elizabeth Sneed se bat contre des stéréotypes à la dent dure.
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LE SORCIER DE L’IMAGE Si Jean-Baptiste Liautard a remporté le concours photo mondial Red Bull Illume 2019, ce n’est pas un hasard : ses clichés artistiques et poétiques de vélo sont autant de mystères dont il nous dévoile et détaille ici les coulisses. Avec lui, le secret d’un bon cliché n’est pas forcément « l’œil du photographe », et une photo impressionnante, tant pour l’artiste que pour le rider, ça se mérite ! Texte PATRICIA OUDIT Photos JB LIAUTARD
De la magie L’image qui a remporté le Red Bull Illume 2019, et son effet E.T. « J’ai rempli une brouette avec de l’eau et shooté dans le reflet », explique le Drômois de 25 ans JB Liautard, une référence de la photo de VTT. 24
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Jean-Baptiste Liautard s’est tourné vers la photo à cause d’un crash à vélo… son activité fétiche débutée à 13 ans. Une clavicule cassée le fait se saisir d’un objectif qu’il ne lâchera plus. « J’ai commencé à shooter avec des GoPros, puis j’ai acheté mon premier appareil à 18 ans. » Parallèlement à un BTS en photographie, le jeune homme enchaîne les clichés avec les copains, avant, diplôme en poche, de décrocher ses premiers contrats en presse spécialisée vélo et avec des marques. Parmi ses terrains de jeux privilégiés : la Colombie-Britannique pour ses forêts embrumées, l’Utah et ses déserts aux roches étranges. Sa signature : une approche décalée, artistique. « Faire une belle image de vélo demande de la créativité, du temps de mise en place, notamment pour les sauts, les spots sont souvent boueux… Il m’arrive de passer dix minutes pour mettre une branche à tel endroit… » Un travail long et méticuleux où la complicité avec le rider fait partie intégrante du processus. Un processus exigeant. jbliautard.com
Du stress Octobre 2020. Après deux jours de repérages parmi les cheminées de fées de Cappadoce (Turquie), JB avise cette crête effilée, parfaite pour le plan épuré avec les montgolfières en arrière-plan qu’il recherche. « Au lever de soleil, il a fallu attendre la synchronisation avec les ballons dont on ne connaît pas à l’avance le parcours. » Coup de chance : ils s’alignent ! Stress : Kilian Bron, le rider, et JB doivent sprinter pour se mettre en place afin de capter ce poétique instant.
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De l’ingéniosité « En haut à gauche, j’utilise une barre de leds en pause longue ce qui permet de dessiner la silhouette de Thomas Genon. À droite, Paul Couderc en mode nettoyage : j’ai mis de la gélatine orange sur les flashes pour donner cette texture. En bas à gauche, l’été dernier, au lac du Salagou, toujours avec Kilian Bron, j’ai mis un flash sur un drone (idem pour la photo en bas à droite, en Cappadoce). Étant seul, j’avais mon appareil photo dans une main, dans l’autre le téléphone pour piloter le drone qui s’est mis à biper pour la dernière prise de vue (plus de batterie). Kilian l’a attrapé pour éviter le crash ! »
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Du rigoureux « On est début janvier, la neige tombe et je cherche à faire un cliché dans une atmosphère hivernale. Nicolas Terrier, un rider pro, vient de poster une story sur Instagram dans une ambiance similaire. Je file à Lyon, on trouve un saut parfait pour ma composition. Il fait – 4 °C, tout est glacé. Premier problème : le virage est gelé, c’est galère, on doit répéter, et moi, je dois déclencher le flash juste derrière la jambe du pilote au millième de seconde. Le second problème, c’est la synchronisation. On reste sur place trois bonnes heures, dans la nuit glaciale. Une photo comme celle-ci nécessite 3 heures de voiture (jusqu’à Lyon) et presqu’autant sur place. Mais le rendu crépusculaire correspond à ce que je souhaitais. »
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De l’interdit « Décembre 2019 : on arrive par bateau sur l’île de Stromboli, en Italie, qui est un volcan, actif une fois par an environ. On est au petit matin, on vient de passer sept heures à se faire secouer dans une tempête. » La pente convoitée pour la session photo avec le pilote Kilian Bron se trouvant à l’arrière de l’île, le débarquement avec le vélo et tout le matériel est difficile, dans un zodiac où l’eau éclabousse le matériel « Et passer la grille (ici à gauche) était interdit. Une partie de l’équipe avec un deuxième rider se feront arrêter par la police. Sans conséquences ! »
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De la persévérance Pour cette image réalisée en juillet 2020, JB a utilisé un objectif macro, déposé des gouttes d’eau avec un coton tige sur une plaque en verre posée à plat, l’idée étant d’avoir une figure du rider Thomas Genon dans chacune des gouttes. « J’ai placé un miroir à 45 ° en dessous de la vitre, qui renvoie l’image de Thomas, dans les gouttes, puis dans l’objectif. » Le shooting se faisant de nuit, le rider a dû refaire sa figure en statique une vingtaine de fois pour rester au milieu des gouttes et JB le flasher au bon moment, avec le guidon bien éclairé. « Il a fallu être précis, dans le bon timing ! » THE RED BULLETIN
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De la difficulté « J’adore travailler les particules dans l’air, reconnaît JB. » Sur cette photo, rien d’artificiel : ces particules, comme un rideau qui enveloppe le pilote, sont des gouttes de pluie. « En bas à droite, on est au Portugal, je voulais de la brume, explique le Français, mais là, on se prend une tempête ! Rien n’est calculé, il faut être réactif, je n’avais qu’un essai à chaque fois. » Autre point commun à toutes ces photos nocturnes : le rider a dû rouler dans des conditions très difficiles. « C’est un autre aspect à gérer : faire en sorte que l’athlète donne le meilleur sans se blesser. »
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Du risque (maîtrisé) « Encore la Cappadoce, en Turquie. Le concept et le setup sont assez particuliers. On a un pilote de drone de course avec nous, et sur son engin, est fixée une fusée de détresse préalablement allumée (voir ci-dessus). On doit éclairer la montagne avec une lampe frontale pour faire décoller le drone qui suit le pilote VTT Kilian Bron. La boule de feu qu’on voit au fond est la lumière de la fusée de détresse. Mon éclairage dépendant du droniste, je pousse mon appareil dans ses retranchements. Ce qui est chaud aussi pour le rider, car il évolue dans une sorte de goulet où il passe de zones d’ombres, où il ne voit rien, à des zones éclairées. Quand le drone est en retard sur un virage, Kilian risque donc la chute. L’entreprise est d’autant plus risquée que le drone perdait des braises : on a dû éteindre plusieurs départs de feu ! » 36
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FINI DE JOUER Nouveaux entrepreneurs de l’amusement digital, ils avancent sérieusement : en créant la Karmine Corp, le streameur KAMETO et le youtubeur PRIME ont associé leurs talents, créé une équipe et investi le sport électronique (ou e-sport) via le jeu League of Legends. Derrière eux, des centaines de milliers de fans hurlent leur soutien en ligne dans une frénésie collégiale hallucinante. L’e-sport est le nouvel entertainment sportif, et la KCorp, son incarnation. Texte DAVID KHUN Photos CHRIS SAUNDERS
Les présidents : Prime, 28 ans, et Kameto, 25 ans, sont les fondateurs de l’une des équipes les plus excitantes au monde du jeu vidéo pro.
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eut-être faut-il être un joueur de l’ancienne génération pour prendre toute la mesure du changement dont le jeu vidéo fait l’objet depuis quelques années. Cette révolution porte un nom : l’e-sport. Il a bouleversé le paysage ludique mondial, la façon de jouer et surtout – surtout – la notoriété et la puissance d’une discipline qu’on pensait vouée à l’anonymat et à la crise d’adolescence. Mais ça, c’était avant. Un dimanche de novembre 2019, les vestiges de cet ancien monde ludique s’enfoncent encore plus dans le passé, sous les hurlements d’une foule furieuse venue remplir l’Accor Arena de ParisBercy (photos à droite) pour assister à la finale des championnats du monde de League of Legends (notre encadré). La rencontre oppose une équipe européenne à une chinoise. Des milliers d’aficionados sont venus chauffer les murs à blanc dans une atmosphère qui n’a rien à envier à un Stade de France un soir de 1998. Comme au match de foot, la salle s’électrise à la moindre action, vit avec fièvre ce qui se passe sur scène, partage un moment de frénésie collective – sauf qu’à la différence d’une partie de ballon rond, les béotiens ne peuvent strictement rien y comprendre. Sur scène ? Dix joueurs, cinq par équipes font face à la foule et s’affrontent par écran géant interposé. Il est là le terrain. Les e-athlètes de chaque équipe eux, semblent ignorer les supporteurs, absorbés par un écran de PC derrière lequel ils jouent leur vie. Quelques jours plus tôt, le public très convenable des Masters de Tennis de Paris avait lui aussi rempli Bercy… À une semaine d’intervalle, deux salles, deux ambiances, deux mondes semblent s’être croisés sans se regarder. Avec l’e-sport, 40
En haut : ceci est une arène de gaming : le Pudong Football Stadium de Shanghai (Chine) où s’est déroulée la finale mondiale de League of Legends 2020. Ci-dessus et à droite : en furie pour le jeu vidéo, les fans réunis en masse pour la finale mondiale de la même compétition à Paris (AccorHotels Arena) en 2019. THE RED BULLETIN
GETTY IMAGES, STEPHANIE LINDGREN/RED BULL CONTENT POOL (2)
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LoL, c’est quoi ? Dans le jeu vidéo League of Legends, (LoL), deux équipes de cinq joueurs s’affrontent dans des parties de trente minutes. L’objectif est de défendre sa propre zone ou base. Cent-cinquante personnages sont disponibles et chacun des dix joueurs en contrôle un avec des caractéristiques, un style et des compétences dédiées. Pour battre l’équipe adverse, chaque joueur doit gagner en puissance en amassant des points d’expérience et en achetant des artefacts. L’objectif d’une partie est de détruire le Nexus ennemi, une large structure située au centre de chaque base. Pour cela, le travail d’équipe et la stratégie feront la différence.
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Kameto, l’ultra-streameur
En France, l’e-sport est une discipline en plein essor qui a été récemment bousculée par l’arrivée d’une toute nouvelle équipe en LFL (Ligue Française de League of Legends) : la Karmine Corp. Annoncée à la fin de l’année dernière, l’arrivée de cette nouvelle entité dans le championnat 2021 a été un séisme médiatique dans l’écosystème « e-sport ». La raison ? Cette formation est le fruit de l’association réciproquement motivante et profitable de deux figures du gaming et du stream : Kameto et Prime. Face aux équipes professionnelles dites académiques, la team créée par les deux influenceurs fait autant figure d’ovni que d’outsider dans cette élite française de la compétition. « C’est la première fois qu’un streameur comme moi s’associe à un youtubeur comme Prime pour créer une équipe d’e-sport », annonce Kameto, 25 ans. Et l’un des deux PDG de la KCorp poursuit : « La différence par rapport aux autres équipes c’est que Prime et moi avons déjà une communauté très importante et très active qu’on a fédérée au projet. Les autres équipes se créent d’abord et doivent développer leur communauté ensuite. Nous, nous avions déjà nos supporteurs. Ils nous ont suivis dans ce projet et ont fait monter le buzz autour de la création de Karmine Corp.
« Certains nous suivent sans rien connaître à ce jeu vidéo. Ils regardent les matches et soutiennent l’équipe juste pour vibrer ensemble. » Kameto 42
Le cinq majeur de la Karmine Corp Qui sont les pros de l’e-sport qui composent l’équipe ? Matthew Charles Coombs, aka xMatty Anglais, 21 ans Poste : bot laner Spécialité : tireur Le tireur ou carry AD est un champion (personnage) spécialisé dans le dégât physique à distance. Il fait mal mais il est fragile. La difficulté de cette catégorie de joueur est donc de trouver le juste milieu entre agressivité et protection.
Raphaël Crabbé, aka Targamas Belge, 20 ans Poste : bot laner Spécialité : support Le support accompagne le tireur dans son début de partie. C’est un soutien qui veille à ce qu’il soit le mieux équipé possible lors des teamfights (les mêlées en équipes). Il compose généralement un binôme sur la bot lane qui peut venir en aide au jungler.
Lucas Fayard, aka Saken Français, 22 ans Poste : mid laner Spécialité : mage Aussi appelés carry AP (AP pour Ability Power ou dégâts magiques), les mages utilisent
niquement leurs sorts u et font de gros dégâts. Ils n’attaquent qu’à distance et on les trouve essentiellement sur la mid lane en champions solitaires.
Jakub Rokicki, aka Cinkrof Polonais, 23 ans Poste : jungler Spécialité : combat Tireur : assassin Située entre les trois voies principales, la jungle est l’endroit où les junglers peuvent tuer des monstres neutres afin de collecter un maximum d’or, d’expérience et de bonus pour l’équipe. Il peut venir en aide à ses coéquipiers à tous moments. Chaque jungler choisit la catégorie de champion que bon lui semble.
Adam Maanane, aka Adam Français, 19 ans Poste : top laner Spécialité : combat Champions des corps à corps, imposants, ils font de gros dégâts. C’est une classe assez polyvalente mais leurs aptitudes sont optimisées en top lane ou dans la jungle. karminecorp.fr
Le jeu vidéo enflamme YouTube avec Red Bull Checkpoint Envie de vous plonger encore plus dans les coulisses de la KCorp ? De découvrir ses joueurs et de vivre au plus près de Kameto et Prime ? Alors rendez-vous dans Backstory, sur la chaîne YouTube Red Bull Checkpoint, dédiée au gaming. Backstory y est l’un des premiers programmes insider qui vous fait partager la vie d’une team d’e-sport. Sur Red Bull Checkpoint, vous pourrez également tester votre culture gaming ou assister à des performances de joueurs exclusives. THE RED BULLETIN
KARMINE CORP
l’entertainment sportif change. Un rajeunissement d’abord et une relation à l’événement qui ne tient plus de la prouesse physique mais de la technicité, de la stratégie de combat et d’un socle culturel geek commun. League of Legends est une arène de combat où seule une bonne stratégie d’équipe peut offrir la victoire. En cela, ses pratiquants sont des gladiateurs d’un nouvel âge qui offrent à coups de souris et de clavier, ce que les rétiaires de la Rome antique donnaient à l’Empereur et la Cité, à coups de glaive et de filet. Des Maximus 2.0, adulés par les foules pour leur art du combat. Sans aucun blessé.
« L’e-sport, c’est l’entertainment sportif de demain. » Prime
Joueurs, contrats, scène, fans… Cinq minutes pour vous mettre à jour sur l’e-sport.
Ce sont nos “ultras” et sans eux, rien de tout cela n’aurait été possible. ». À seulement 25 ans, Kamel « Kameto » Kebir est un streameur star qui s’est d’abord fait connaître via Eclypsia, le média en ligne dédié à l’e-sport avant de déchaîner les foules sur Twitch où il bat régulièrement tous les records d’audience (plus de 650 000 followers) de la discipline. Il faut avoir assisté à l’un de ses streams pour comprendre la ferveur qui l’anime et qu’il communique à ses fans. En janvier dernier, plus de 66 000 followers en feu ont participé à l’un de ses streams les plus extatiques. Kameto commentait alors la rencontre entre sa Karmine Corp et Solary, un « classico » que sa team allait gagner. Explosif, le garçon sautait, hurlait et déroulait un langage que nos mamans n’auraient pas apprécié. La griffe Kameto : un garçon entier, passionné, dingue et terriblement attachant, qui se retrouve aujourd’hui à la tête d’un club sportif au budget annuel à six chiffres. Le nouveau visage du gaming, d’une discipline en plein essor et d’un phénomène porté par l’osmose entre lui et ses fans : « Je ne m’attendais pas à ce qu’autant de fans nous suivent immédiatement. J’ai la passion de l’esport mais avec eux derrière nous… C’est mieux ! Certains nous suivent sans rien connaître à ce jeu vidéo, League of Legends. Ils regardent les matches et soutiennent l’équipe juste pour vibrer 44
ensemble. » Un gourou de l’animation qui génère une empathie rarement observée, et qui se confirme également auprès des 270 000 abonnés de sa chaîne YouTube, Kotei et Kameto. Aujourd’hui, ce spécialiste de LOL franchit une nouvelle étape dans sa passion de l’e-sport en concrétisant un projet qui coulait de source.
Prime, déter et visionnaire
Et le déclic de s’opérer à la faveur de sa rencontre avec le youtubeur Amine « Prime » Mekri, ancien sportif de haut niveau qui, après une blessure, s’est réinventé via YouTube où sa chaîne totalise aujourd’hui 1,6 million d’abonnés. « Je ne suis pas drivé par la motivation, c’est la détermination qui me fait avancer, annonce ce touche à tout de 28 ans. Quand j’ai dû arrêter le football américain, j’ai appliqué tout ce que cette discipline m’a appris pour me réinventer : la persévérance mais aussi la peur de l’ennui. Alors j’ai créé, et YouTube a été la plateforme qui m’a apporté ce que je cherchais. » Comme Kameto, Prime est parti from scratch et a construit son monde à la force de sa personnalité et de son envie. Mais le réduire à YouTube serait une erreur puisque le garçon est un entrepreneur protéiforme qui s’est essayé à la musique, a créé sa propre marque de sapes, et pense systématiquement à ce
Le rôle de manager général « Contrairement au manager, qui a un rôle directement lié au quotidien de l’équipe, la mission du manager général concerne davantage la direction sportive, le choix des joueurs, le recrutement du staff, les ressources à mettre en place, les directions à prendre pour que la structure se développe et que l’équipe performe. Pendant la saison off, ou le mercato, je vais trouver des joueurs, négocier avec eux ou le club dont ils font partie. »
Le secret d’une bonne équipe « La chose la plus importante au final, c’est l’alchimie. Comment les cinq joueurs vont évoluer, matcher et s’entendre. Il ne suffit pas de réunir cinq joueurs incroyables pour obtenir une bonne équipe… Ce serait trop simple. LoL reste d’abord et avant tout un jeu d’équipe. On l’a déjà observé dans certaines teams de stars qui n’ont pas obtenu les résultats espérés. Le plus THE RED BULLETIN
KARMINE CORP, MSI
Un joueur de la KCorp, chez lui, à l’entraînement, sur un écran conçu par la marque MSI. C’est aussi ici qu’il participe aux compétitions.
Professionnel de l’e-sport sur League of Legends passé par la team Vitality, Shanky a rejoint Kameto et Prime afin d’endosser le rôle de manager général de la KCorp. En charge de la direction sportive, il nous éclaire sur les coulisses d’une team.
important, je pense, c’est d’équilibrer les ego et de convaincre les joueurs qu’ils ne jouent pas pour eux. »
Ce qui fait un bon joueur de LoL « Les qualités peuvent être multiples et on va se focaliser sur une qualité plutôt qu’une autre en fonction de ce que nous recherchons. À notre niveau, il faut que la recrue ait déjà un peu d’expérience et qu’elle ait déjà joué au moins une saison dans une ligue inférieure ou équivalente à la nôtre. L’autre option est de se référer au classement européen des meilleurs joueurs. Une fois un joueur repéré dans ce ranking, on va analyser ses qualités de jeu, regarder si c’est un bon support, s’il met beaucoup de visibilité sur la map, s’il communique bien. Il faut se renseigner le plus possible en discutant avec ses anciens coaches s’il en a, des joueurs avec qui il a joué… Toutes les sources d’informations sont exploitées. Trouver un bon joueur de LoL, c’est une enquête assez longue et minutieuse. Reste aussi à savoir s’il est sérieux et adaptable à l’équipe. Ce n’est pas une science exacte, d’autant qu’une bonne individualité ne fait pas forcément un bon partenaire. »
Comment optimiser un joueur « Il n’y pas de secret : progresser c’est d’abord travailler tous les jours. Il faut comprendre les forces et les faiblesses des joueurs dans le jeu, mais aussi en dehors. On travaille énormément sur la gestion du stress et la confiance. Un coach va prendre en compte tous les aspects intimes d’un joueur et pas uniquement son niveau de jeu. On va l’amener à se surpasser en travaillant sur le développement personnel.
« On a accompli en quelques années ce que les autres sports ont mis des décennies à mettre en place… »
À côté, on va imaginer un certain nombre d’activités annexes pour souder le groupe et intégrer de la préparation physique. Le corps souffre pendant un match, il faut en prendre soin. Une bonne hygiène de vie a forcément une influence sur les capacités mentales. Pour la Karmine, la prochaine étape est de mettre en place des bootcamps et une gaming house (un endroit où les joueurs pourront se réunir pour y vivre, s’entraîner et jouer ensemble, ndlr). »
Être performant en période de crise « Actuellement, tout se fait à distance, nos joueurs n’ont pas encore pu se rencontrer physiquement et travailler en groupe sur un même spot. Forcément, ça complique un peu la préparation et j’ai hâte qu’on revienne à la normale pour qu’on puisse enfin travailler comme il faut. Les choses se font plus doucement mais elles sont finalement moins difficiles que ce que j’imaginais. Actuellement, ce qui compte le plus c’est la confiance qu’on a les uns en les autres parce qu’on n’a aucun contrôle sur nos joueurs. J’ai les mêmes problèmes que n’importe quel manager qui télétravaille avec ses équipes ! »
Un contrat de joueur « Aujourd’hui, un e-athlète peut espérer vivre de son sport. Il y a énormément d’interactions entre les pays et la discipline évolue au niveau mondial. Les joueurs sont défrayés lorsqu’ils se déplacent en France, un joueur professionnel de LoL peut espérer gagner entre 2 000 et 10 000 € par mois. Certains joueurs peuvent être salariés d’une équipe avec un contrat déterminé ou rester indépendants. Il y a différents types de contrats. Un joueur peut signer avec une équipe pour une durée d’un an ou plus. Certains contrats courent sur trois ans. Dans
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ces cas-là, les salaires sont négociés pour un an et peuvent être updatés d’une année sur l’autre en fonction des résultats des joueurs. Généralement, ce sont des négociations à la hausse. »
La Karmine Corp et ses ultras « Au-delà du challenge sportif, c’est un aspect des choses qui m’a convaincu de suivre Kameto dans cette aventure. La relation avec la communauté est folle. Je n’ai jamais vu un truc pareil, et ce qui me fascine, c’est qu’aujourd’hui des gens qui n’y connaissent rien à LoL nous rejoignent pour le plaisir de suivre le match et de faire partie du kop ! »
L’e-sport en France aujourd’hui « Il y a encore pas mal de choses à imaginer pour amener cette discipline au niveau qu’elle mérite, mais je trouve qu’on a déjà fait pas mal de chemin. Je pense même que nous faisons partie des disciplines qui se sont le plus développées ces dernières années. Je suis dans l’e-sport depuis six ans et j’ai vu les choses évoluer. On est loin des cachets de 300 € que je touchais il y a quelques années alors qu’on gagnait des tournois importants. Et je parle de 2017. On a accompli en quelques années ce que les autres sports ont mis des décennies à mettre en place. La communication, les sponsors, les droits de diffusion, etc. Tout se met en place pour le plus grand bien de l’e-sport. »
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qu’il va faire après. Un boulimique créatif qui s’avère le partenaire idéal d’un Kameto hardcore et passionné. « Kameto est la dynamique gaming de notre équipe, moi je n’ai pas son niveau ni sa crédibilité. Kameto et moi sommes les CEO de ce projet, c’est-à-dire que nous allons le faire grandir, lui grâce à ce qu’il est, passionné et performant, et moi grâce à ce que je veux. On se complète. » Si Kameto est porté par la passion du jeu, Prime est stimulé par une vision différente et se focalise sur l’avenir et le champ des possibles d’un tel projet. « Dans le contexte actuel, on comprend mieux la dimension de l’e-sport et sa capacité de fédérer les foules quand tout s’arrête. Il a gagné en valeur. La Karmine Corp, c’est l’occasion de convertir le plus grand nombre à l’e-sport et de démontrer à quel point c’est cela l’entertainment sportif de demain. » Porté par la cause, il ambitionne de faire de la KCorp une institution de l’esport. Une histoire faite pour durer et que les centaines de milliers d’ultras vont pouvoir vivre pendant longtemps. Donner, recevoir… Pour Prime, la mécanique ne fonctionne que dans les deux sens, conscient qu’il ne dirige pas qu’un club sportif mais a initié un mouvement, aux très nombreux adeptes… que lui et Kameto veulent embarquer pour une longue marche.
« Les autres équipes se créent d’abord et doivent développer leur communauté ensuite. Nous, nous avions déjà nos supporteurs. » Kameto
Les stars d’à côté
Les deux garçons sont l’âme, l’énergie et l’incarnation qui se résument parfaitement dans les lignes d’un serment devenu running gag dans le monde digital et qu’un fan a raccroché à leur communauté : « Je soutiendrai la Karmine Corp jusqu’à la fin. Si La Karmine Corp a 100 000 supporteurs, je suis parmi eux. Si la Karmine Corp a 1 supporteur, c’est moi. Si le monde est contre la Karmine Corp, alors je suis contre le monde. Et si l’équipe n’a plus aucun allié, c’est que je suis mort ! » Quelques lignes qui résonnent comme un chant des
« Dans le contexte actuel, on comprend mieux la dimension de l’e-sport et sa capacité à fédérer les foules quand tout s’arrête. » Prime 46
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CHLOÉ RAMDANI/RED BULL CONTENT POOL
Kameto et Prime lors du lancement de Red Bull Checkpoint, une chaîne YouTube gaming qui dédie une série à leur KCorp : Backstory.
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Laure Valée est une journaliste et animatrice spécialisée en e-sport. Pierre Maturana est le directeur de la rédaction digitale de So Foot et consultant pour L’Équipe TV. The Red Bulletin les a conviés pour échanger sur les similitudes et divergences entre e-sport et football. Si les maillots diffèrent, la passion semble aussi intense, et le pouvoir d’attraction du gaming de compétition sans limites. THE RED BULLETIN : L ’e-sport s’est développé solidement dans le sillage des sports dits traditionnels. À quel point est-il structuré aujourd’hui ? LAURE VALÉE : Depuis trois ou quatre ans, l’e-sport commence à se structurer et à se professionnaliser d’une façon assez comparable au sport traditionnel. Il s’organise par équipe pour des disciplines comme League of Legends dans lesquelles on retrouve le même fonctionnement que pour une équipe de football, par exemple, avec son encadrement des joueurs, ses programmes de préparation… Il suit aussi des calendriers de compétition bien définis.
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Est-ce que le monde du football est aussi bienveillant à l’égard du jeu vidéo ? PIERRE MATURANA : Au départ le monde du foot a vu arriver ce phénomène avec de gros yeux. Mais rapidement les clubs de football traditionnels y ont vu une sorte de continuité de leur activité et ont monté leurs propres structures e-sport comme le PSG ou Monaco. Mais ce sont les clubs anglais qui ont été les premiers et sont encore les plus actifs dans ce domaine. On a maintenant dépassé la question du sport ou pas sport. L’e-sport est une discipline à part entière, avec ses athlètes de haut niveau, et qui s’est en effet beaucoup inspirée du sport traditionnel pour se structurer. On observe d’ailleurs un certain désamour pour le sport traditionnel tandis que l’intérêt pour l’e-sport ne cesse de grandir. La ferveur autour de l’e-sport grandit de jour en jour et concerne des catégories de gens de plus en plus diverses, pas forcément des fondus de jeux vidéo… LV : Cette ferveur n’est pas la même en fonction des jeux, et c’est étonnamment le jeu le moins compréhensible à l’écran qui remporte le plus de succès, en l’occurrence LoL. Il réussit à générer les
mêmes émotions qu’un match de foot. Et comme dans un stade, il y a dans le public de LoL des gens qui n’y comprennent rien, mais qui sont envahis par l’ambiance. On peut donc ne rien capter à une compétition de jeu vidéo, mais adorer la vivre intensément ? LV : Cela tient beaucoup à la mise en scène d’une partie, à la façon dont elles sont commentées, à la personnalité des joueurs. Il y a un phénomène dans le phénomène, à savoir le mouvement ultra qui s’est développé autour de la KCorp. Les milliers de fans qui la soutiennent ont créé un effet boule de neige et ramènent chaque jour de nouveaux adeptes à s’intéresser au jeu.
« Le supporteur de la KCorp vibre pour les mêmes raisons qu’un fan de foot, de basket ou de rugby. » Laure Valée
Pierre, pourquoi l’e-sport a-t-il cette capacité d’attraction quasi universelle ? PM : LoL a le propre du sport ou de la culture : il procure des émotions. C’est pourquoi on ne se pose plus la question de sa légitimité. Il y a du suspense, de la stupéfaction, de l’injustice… Tout ce qui te permet de vibrer et de t’extasier. Il n’y a pas de barrière dès qu’il s’agit d’émotion, et à partir de là, tout le monde peut adhérer au phénomène même si tu n’as pas tous les codes ou que tu ne comprends pas toutes les subtilités du jeu. Comme cela s’est souvent vu dans le sport,
l’e-sport grandit et réunit bientôt autant de fans casual que de fans hardcore. Point pandémie : l’e-sport peut-il continuer à se développer à cette vitesse sans événements live ? PM : J’ai tendance à croire que les grands événements e-sport ont contribué à sa notoriété parmi le grand public. Les médias ont souvent parlé de LoL comme d’un phénomène qu’ils associaient à la ferveur des tournois live. La réputation de cette discipline s’est faite grâce à ça. Et cette médiatisation a d’ailleurs sensibilisé le Comité international olympique qui se pose la question aujourd’hui d’en faire une discipline olympique. Avec de telles perspectives, nous ne sommes donc qu’au début d’un bouleversement électronique dans le sport spectacle ? PM : Bien sûr, le phénomène ne va pas se tarir, mais je reste persuadé que l’événement sportif live est une source essentielle de visibilité et en démocratisation. Il participe à la constitution d’une culture sportive. Cela dit, l’e-sport est aujourd’hui trop implanté dans le paysage avec des enjeux financiers trop importants, et de ce fait, il supportera largement l’absence provisoire d’événements, grâce notamment à sa communauté qui le consomme d’abord en ligne. Laure, s’il ne devait plus jamais y avoir d’événements grand public, l’e-sport y survivrait-il ? LV : La pratique de l’e-sport a d’abord existé sans les événements. Ils ont aidé au développement commercial de la discipline et à légitimer l’industrie de l’e-sport. Mais aujourd’hui, l’e-sport n’en est plus à devoir convaincre, et s’il y a un rétropédalage vers des événements uniquement en ligne, ça n’aura pas beaucoup de conséquences pour les fans… THE RED BULLETIN
STEPHANE GRANGIER, MICHAL KONKOL, LA CHAÎNE L’ÉQUIPE
Quand l’e-sport tacle le foot
Il n’a donc rien à envier au football, en termes de structures par exemple ? LV : La seule chose qui lui manque aujourd’hui, par rapport au sport dit traditionnel, c’est un moyen de recruter les jeunes joueurs et de les encadrer dès leur plus jeune âge, afin de les amener dans des bonnes conditions vers une carrière professionnelle. L’ancien joueur de basket Tony Parker est en train de faire évoluer les choses grâce à la Tony Parker Academy qui a pour but d’offrir une structure d’encadrement aux futurs pros de l’e-sport.
Et ça n’en a d’ailleurs pas eu. Les audiences sont même meilleures et le niveau de compétition toujours plus important. J’irais même plus loin, je crois que le contexte actuel a accéléré le développement de l’e-sport. Certes on perd le côté paillette, mais pas l’essentiel. Un événement de gaming reste tout de même un moment de pure frénésie…
« Dans l’e-sport, il y a du suspense, de la stupéfaction, de l’injustice… Tout ce qui te permet de vibrer et de t’extasier. » Pierre Maturana
LV : Il y a en effet une ambiance folle mais ce n’est pas la même ambiance que durant un match de foot. J’aimerais beaucoup voir se développer le phénomène de tribune de supporteurs comme en Corée. Là-bas, les kops de supporteurs se répondent. Comme dans un stade ? LV : Oui, il y a des chants, des slogans, les supporteurs sont maquillés, habillés aux couleurs des équipes avec une spécificité culturelle liée au jeu. On observe aussi une très forte synergie entre l’animateur de la salle, les commentateurs et le public. Ils dialoguent, ils jouent ensemble avec les codes du jeu. C’est un aspect qu’on ne retrouve pas dans les stades. Oui, le supporteur de la KCorp vibre pour les mêmes raisons qu’un fan de foot, de basket ou de rugby. Le supporteur du gaming ressemble donc à… un supporteur, finalement ? PM : De mon point de vue, le supporteur d’e-sport a besoin de temps pour écrire son histoire, et peut-être qu’il lui manque encore ce lien fort que peuvent avoir les supporteurs de foot avec leur stade. Une culture de supporteur prend du temps à se développer et l’e-sport est une discipline encore jeune. Ce que je remarque dans le foot aujourd’hui, c’est que les plus jeunes fans s’intéressent davantage aux joueurs qu’au jeu. L’e-sport devrait s’en inspirer pour éviter cette dérive.
« La Karmine, c’est l’équipe du peuple. C’est comme un club de foot : on gagne ensemble, et quand on perd, on pleure ensemble. » Kameto
s upporteurs qu’on pourrait entendre dans les virages d’Old Trafford, ou du Camp Nou. « La Karmine, c’est l’équipe du peuple. C’est comme un club de foot : on gagne ensemble, et quand on perd, on pleure ensemble », explique Kameto. Et la chimie opère. Depuis le début, le projet n’avance qu’au carburant humain, qu’à la force et l’énergie que leur insufflent les fans lors des streams, au moindre tweet, à chaque annonce. Dans un silence digital, une foule toujours plus nombreuse vient grossir les rangs de ce projet dingue. Ils n’ont pour l’instant pas la chance de hurler leur soutien entre les murs d’une arène, alors ils font exploser les serveurs le temps d’un stream, arrachent des records de commentaires et témoignent de leur amour pour la Karmine et ses cinq joueurs, partout où l’espace virtuel le leur permet. Et si l’emphase est si forte, c’est peutêtre aussi parce que Kameto et Prime, à leur façon, dégagent une authenticité et une vérité que les fans ressentent. Au-delà d’incarner un rêve comme les icônes à l’ancienne, ils le distribuent, véhiculant par leur simplicité et leur passion communicative l’idée qu’il est possible à chacun de réaliser son envie, de concrétiser un rêve. « Si je suis là, tu peux l’être aussi » peut-on lire entre les lignes de leur discours. Des stars next door qui ont réinventé la relation avec les gens. 49
Qui veut de la
Rester 2 h 35 min 33 sec dans un bac à glace ? « Tout le monde peut le faire, c’est juste une question d’entraînement », assure ROMAIN VANDENDORPE qui a inscrit, le 19 décembre dernier, à Wattrelos, son nom au Guinness Book avec ce nouveau record du monde. Et sa méthode pour y parvenir est tout sauf givrée. Texte PATRICIA OUDIT
ZEPPELIN
GLACE ?
Un mental en acier glacé. Cet homme de 34 ans est capable de rester immergé plus de deux heures dans la glace. Pour tenir lors de cet entraînement, beaucoup de volonté et un peu de musique épique : violons planants et percussions violentes.
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« On a tous une équipe de pompiers dans le corps mais si elle ne s’entraîne pas, c’est comme si elle mangeait des chips devant Netflix. Si on la coache, tout devient possible ! »
R
ien ne le prédisposait à quotidiennement s’immerger jusqu’aux épaules dans un congélateur 500 litres dès le saut du lit : c’est pourtant ce qu’a fait Romain Vandendorpe durant deux ans afin de se préparer à son record d’immersion dans la glace. Kinésithérapeute, ostéopathe et hypno-thérapeute dans le civil, scientifique (il collabore avec le laboratoire de physiologie environnementale de Bruxelles), le Belge de 34 ans se définit comme un aventurier qui aime repousser et dépasser ses limites. Mais avant les glaçons, il y eut le ballon. « J’ai joué au basket pendant quinze ans. Le sport a toujours fait partie de mon existence, non dans une optique de compétition, mais pour avoir une bonne hygiène de vie, garder la forme. » Son premier grand défi sportif ne remonte qu’à 2016 : Romain termine l’Ironman d’Embrun, redoutable triathlon longue distance. Titillé par quelqu’un qui lui dit : « Romain, ce sera plus facile pour toi d’être champion de France d’haltérophilie que de finir l’Ironman. » En effet, l’homme n’a pas vraiment le morphotype adapté à ce genre d’épreuves. Mais il répond : « Ce n’est qu’une question d’entraînement mental, si on est bien programmé et qu’on a la bonne méthode, on est capable de tout faire.» Là aussi, sa casquette de scientifique/aventurier déloge celle du sportif : Romain cherche avant tout à comprendre ce qui se passe dans son corps et son cerveau. « Et une fois que j’ai compris, je veux pouvoir repousser mes limites et m’emmener un peu plus loin, vers mes passions que sont la mécanique du corps humain et les neurosciences. »
« Un processus de changement ne doit pas être radical. Avant d’entraîner son corps, il faut entraîner sa tête à créer de nouvelles micro-habitudes. » 52
the red bulletin : Romain, quand a débuté votre histoire avec la glace et pourquoi ? romain vandendorpe : En 2018. J’aime dire qu’il faut rêver grand, et on sait qu’on rêve grand parce que cela nous fait un peu peur. Le choix de la glace : parce qu’elle a pour conséquence d’abaisser le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, et de diminuer le tonus musculaire. Cela met toutes les fonctions vitales au ralenti. Or, je suis quelqu’un d’assez sanguin et impulsif à la base. J’avais envie de travailler sur ça. Sur ma colère. Cette grande colère autour de la prise en charge des patients et notamment l’histoire de la petite Augustine*. Cette injustice a été le déclic. Il fallait un acte fort. Autour de ce défi, il y a eu un déclencheur émotionnel, doublé d’une quête personnelle et scientifique. *Au printemps 2018, Romain est sollicité pour se rendre au chevet d’Augustine, une petite fille de 4 ans atteinte d’une tumeur agressive du tronc cérébral. Cette rencontre l’affecte d’autant plus que la fillette décède 48 heures après son passage. Sa performance a été réalisée au bénéfice de l’association Wonder Augustine. Racontez-nous vos premières immersions... J’ai commencé avec l’état d’esprit d’un sportif qui ferait de la récupération après le sport. Et puis, au fil de mes immersions dans une eau à 0,1° C, je me suis aperçu qu’on pouvait aller beaucoup plus loin. Je me suis rendu au laboratoire de physiologie environnementale de Bruxelles, et on s’est demandés notamment pourquoi les populations Inuits avaient certains réflexes vaso-constricteurs et vaso-dilatateurs que les Européens n’ont pas. On a pu voir que c’était dans leur ADN, qu’ils avaient cette réaction de chasse de Lewis qui nous fait défaut. Chasse de Lewis… vous pouvez expliquer ? Si vous mettez votre main dans l’eau froide, elle va devenir blanche, puis nécroser et devenir noire. Comme le corps croit qu’il va mourir, il va sauvegarder la température centrale au détriment de la température périphérique. Alors qu’un Inuit va vasoconstricter dans un premier temps, mais comme son cerveau a l’habitude du froid, il va vaso-dilater à nouveau. Sa main devenue blanche va passer au rouge, puis blanc, puis rouge, etc. Pas de nécrose. C’est lié à un facteur génétique. La question que l’on s’est posée, c’est en combien de temps un Européen lambda est-il capable d’obtenir cette réaction de chasse de Lewis, c’est-à-dire, transformer son génome ? THE RED BULLETIN
Adepte de l’auto- hypnose, il s’est familiarisé avec le « yoga du froid » auprès de moines bouddhistes de l’Inde du Nord.
Immergé dans le Lac Bleu que domine l’Aiguille du Midi, Romain s’entraîne : « J’ai déjà fait 55 minutes dans une eau à 3 °C, mais là, à 0 °C, c’est vraiment plus dur ! », concède Iceman.
Et la réponse est… ? L’hypothèse de base était dix ans. J’ai dit qu’en deux ans, c’était faisable. Finalement, au bout de huit mois, à raison d’un entraînement quotidien, j’ai vu apparaître la première réaction de chasse de Lewis. On sait désormais que le génome se transforme au bout de huit mois. C’est un sacré pas en avant. On connaît les expériences de Wim Hof, le Néerlandais surnommé « Iceman », autour du froid et de ses pouvoirs. En quoi votre démarche est-elle différente ? Il faut lui reconnaître son caractère de précurseur, très lié à une dynamique spirituelle. Wim Hof a popularisé les pouvoirs du froid, il a des décennies d’expérience derrière lui. Ma démarche est purement scientifique. Je n’ai pas de technique respiratoire à vendre. En deux ans, vous bouclez un Ironman, puis vous enchaînez sur le record d’immersion dans la glace. Vous parlez d’une méthode d’entraînement reproductible à l’infini.
« Autour de ce défi, il y a eu un déclencheur émotionnel, doublé d’une quête personnelle et scientifique. » 54
Oui, ce que je fais, tout le monde peut le faire. Il faut juste s’entraîner dur, régulièrement. Il faut que cela devienne la priorité, la clé est donc de se dégager du temps, des plages horaires précises pour cette priorité. Un processus de changement ne doit pas être radical. Avant d’entraîner son corps, il faut entraîner sa tête à créer de nouvelles micro-habitudes. Se dire : ce jour-là, à cette heure-là, je vais prendre mes baskets et aller marcher. Et, c’est très important, toujours finir avec le plaisir. Lors de mes trois premiers mois d’immersion dans l’eau glacée, je ne me suis pas fait mal dans le froid. La douleur, elle, est venue par étapes, et mon corps était déjà préparé à la supporter. Pouvez-vous rentrer plus précisément dans les détails de votre préparation ? Tous les matins, je me suis levé à 6 h 30 : au tout début, je m’entraînais dans un spa gonflable sur ma terrasse dans une eau à 8/10 °C. Puis, il a fallu descendre en température alors, direction le garage où se trouve le congélateur. Je cassais la glace avec un marteau et un tournevis, puis je m’immergeais à jeun (si on a l’estomac plein, il va cramper et on aura envie de vomir) dans de l’eau à température négative. Au début, je sortais au bout de quelques minutes, en ayant une frustration, en pensant que j’aurais pu prolonger. Je me disais alors : vivement la prochaine ! Il y avait donc du plaisir. Durant les trois premiers mois, j’ai réussi à m’immobiliser dans un congélateur entre cinq et vingt minutes, tous les matins. THE RED BULLETIN
Dépasser ses limites, maîtriser les risques Outre son équipe personnelle composée de ses kinés qui vérifiaient son état de conscience, pour son record d’immersion dans la glace, Romain s’est entouré d’un médecin-réanimateur prêt à intervenir avec son staff, d’un hélicoptère du Samu, en attente, ainsi que des pompiers s’il y avait eu besoin de le désincarcérer de la glace en urgence. Et des glaçons ont été remis de temps à autre pour que les clavicules soient couvertes comme l’exige le règlement du Guinness Book pour valider le record.
Comment rentrer dans une eau glacée au réveil ? Il faut y aller d’un coup, passer le saisissement inévitable. Il n’y a pas de plan B, c’est une dynamique mentale. Je ne vais pas tremper le bout de mes orteils pour envoyer un signal à mon corps : c’est froid ! Il le sait d’avance. L’idée, c’est qu’une fois qu’on est dedans, jusqu’à la ligne des épaules, il faut s’adapter. On va avoir une augmentation de la fréquence cardiaque et ce qui nous traverse c’est : je vais mourir, sors de là, vite ! L’excitation arrive, on a envie de s’agiter dans tous les sens, mais c’est justement là où il faut reprendre le contrôle. Comment ? En reprenant le contrôle de sa respiration : c’est la seule fonction du corps à être innervée par le système nerveux volontaire et par le système nerveux autonome. Le relâchement va se faire en respirant longuement et profondément. En abaissant sa fréquence respiratoire, on diminue sa fréquence cardiaque et on réduit son tonus musculaire. La deuxième étape consiste à reprendre le contrôle de ses sensations : je dois me détendre dans un environnement hostile qui ne demande qu’une seule chose : me contracter. Et seulement après, je reprends le contrôle de mes pensées. Par exemple, je me répétais cette phrase : tu es différent de tes sensations, différent de tes pensées. Ce ne sont que des informations électriques qui parviennent à notre cerveau, on peut les maîtriser. Et tout cela en trois minutes. Aujourd’hui, ce processus me prend dix secondes, je ne ressens même plus le saisissement. Grâce à l’entraînement, à la rigueur, j’ai pris plaisir à faire des choses que d’habitude, personne n’aime faire. Décrivez-nous ce plaisir… Et les vertus du froid. On se sent super bien après : détendu, serein, calme… Et en même temps, on se sent bourré d’énergie, revigoré. Je n’ai plus jamais froid,
Conférencier en neurocoaching, Romain organise des défis autour du froid, comme ici, au Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) à Lille. THE RED BULLETIN
« Grâce à l’entraînement, à la rigueur, j’ai pris plaisir à faire des choses que d’habitude, personne n’aime faire. » je n’attrape plus aucune maladie. Ce qui est intéressant dans le froid, c’est qu’il joue sur la physiologie de l’adaptation. On a tous une équipe de pompiers dans le corps mais si elle ne s’entraîne pas, c’est comme si elle mangeait des chips devant Netflix. Donc dès qu’elle subit une attaque, un virus ou autre, elle va galérer, alors que si on la sollicite, cette équipe, elle va s’affûter, devenir performante. Et j’insiste encore une fois sur le fait que cela va très vite. Quand j’ai dit au laboratoire scientifique que j’allais tenter de battre le record du monde au bout de quelques mois, ils m’ont pris pour un cinglé. Ils n’ont pas tort, il y a de vrais dangers. Après quarante minutes dans la glace, normalement, on meurt… Si on est entraînés, en moins de deux ans, on fait 2 heures 35. Comment franchit-on les divers « murs » psychologiques ? Je m’entraînais entre trois et cinq fois par semaine. Avec cette règle de gratter à chaque fois quelques minutes. Il y a eu d’abord vingt minutes, puis vingtcinq, puis trente… quarante minutes, ça a été un gros cap, car scientifiquement, comme je le disais, on est mort. Quand on rentre dans la 41e minute, c’est un peu comme si on marchait sur la lune, il n’y pas grand-monde à y être allé. À cette 41e minute, que ressentez-vous ? J’explore un sentiment inexploré et inexploité, je rentre un peu plus dans l’impossible. Cette minute, je m’en souviendrai toute ma vie : je venais de reprendre le contrôle de mon système nerveux autonome et j’apportais la preuve que grâce à cela, on peut augmenter sa température corporelle. Au niveau des sensations physiques, c’était juste une minute de plus. Inconfortable, mais ça passe. Sur un des enregistrements de mes entraînements, à la 43e minute, mon cœur s’arrête. C’est fou ! Je ne fais pas un arrêt cardiaque, mais je suis conscient que mon cœur s’arrête. Après analyse par le labo, ce qui s’est passé est similaire à ce que peut ressentir un apnéiste dans les grandes profondeurs : le cœur ralentit, ralentit… C’est une décharge d’adrénaline et d’enképhaline intense, à savoir, un mélange d’excitation et de détente extrêmes. Comme si j’étais shooté. C’est un peu dangereux ce genre d’état, non ? Oui, et le garde-fou, c’est le chrono que je programme. Quand le réveil sonne, je sors. J’observe aussi mes enregistrements de fréquence cardiaque, mon encéphalogramme. 55
« Ce serait génial de prendre dix personnes lambda et de les coacher dans le but de battre mon record. » L’homme de 1,83 m pour 93 kilos a un métabolisme de base s’élevant à 2 268 kcal/jour, (2 500 pour une personne lambda) : « Ça veut dire que je ne consomme pas trop d’énergie. »
« Je pense à mon père décédé, à tous ces gens qui m’ont dit que je ne réussirai pas, à toutes ces croyances limitantes. »
Une aventure intérieure
Comment Romain Vandendorpe a vécu les 2 h 35 min 33 sec qui lui ont permis de battre le record d’immersion dans la glace. Et les voyages intérieurs et émotionnels qu’il lui a procurés. Car rester figé dans un milieu glacial n’empêche pas la mobilité spirituelle.
Au bout de 40 minutes d’immersion… « Je suis très bien, même si la glace qui s’est figée depuis dix minutes pèse 1,7 tonne et appuie sur mon thorax. Pour conserver mon amplitude respiratoire avec cette pression énorme, je prends des inspirations à bas volume, longues et profondes. »
Au bout de 1 heure… « La fréquence cardiaque qui était montée au début reste stable autour de 30 à 50 pulsations/ minute. Je commence à ressentir le premier frisson thermique. Pour ne pas m’agiter, je reprends le contrôle de ma respiration afin d’éviter de redescendre en température trop vite. »
Au bout de 1 heure et 10 minutes... « Je me dis : “Tiens, c’est le premier record de Wim Hof à Times Square” (72 minutes le 26 janvier 2008, ndlr). On avait trouvé ça fou à l’époque… »
Jusqu’à une 1 heure et 50 minutes … « C’est un peu un No Man’s land, je suis au milieu du gué. Je commence à souffrir, des frissons m’assaillent. Je me dis qu’est-ce que je fous là ? Après quoi je cours ? C’est là que la programmation de mon cerveau intervient et fait que ma physiologie s’adapte à ma concentration et à mon imagination. Je deviens mon propre effet placebo. Je me transporte à Punta Cana, j’imagine une boule de THE RED BULLETIN
feu dans mon ventre, je nourris ma sensorialité, et ainsi, j’ai plus chaud. La variable, c’est la concentration. Dès que je la perds, que je regarde autour de moi, que je parle aux gens qui m’entourent, que je suis dans la réalité de l’instant, je frissonne. Et au fil des minutes, cette concentration fluctue de plus en plus. »
Entre 1 heure 52 minutes et 2 heures : « Ça y est, on y est : j’ai battu le record officiel (1 h 50, ndlr). Je sais que ça va dérouler, je profite, c’est la fin d’une aventure, je remercie mon corps. Je pense : je vais le faire, c’est dingue. Mais je dois rester calme. Je vois ma mère qui pleure, les parents d’Augustine émus… »
Jusqu’au bout … « Je reste concentré, tout en étant dans le partage. À chaque fois qu’on m’a applaudi, comme à toutes les heures, ma température remonte, on le voit sur le graphique. C’est là où je me dis, que je constate que produire de la chaleur à l’intérieur de son corps est lié à un ressenti émotionnel. Et que le partage de la joie, au travers des applaudissements a une conséquence physique observable, mesurable et reproductible. Ce n’était pas que moi avec moi. C’était moi et tout le monde. Les émotions sont multiples. À plusieurs moments, je pense bien sûr à Augustine, je pleure, j’ai la rage, je pense à mon père décédé, à tous ces gens qui m’ont dit que je ne réussirai pas, à toutes ces croyances limitantes. »
Au bout de 2 heures et 35 minutes d’immersion dans la glace, comme une libération… « Je fais un signe de tête : “Okay, je sors.” Mon équipe est obligée de casser la glace avec un marteau pour me désincarcérer. Mon staff me porte. Je suis heureux. »
On a peu évoqué la douleur… Dans le froid, c’est surtout le bout des pieds qui souffre, parce que les mains sont protégées par les aisselles et mes jambes sont serrées l’une contre l’autre pour protéger l’artère fémorale. La douleur, c’est comme si on avait des petites aiguilles qui venaient piquer le pied. Mais il est anesthésié très vite. C’est à la sortie que ça se complique, quand tout le sang périphérique revient au niveau central. Et ça le cœur, il n’aime pas du tout. En sortant, mon cœur est parfois monté jusqu’à 200 pulsations/ minute, alors que je suis debout sans bouger. Pour pallier ce phénomène, il faut se réchauffer de l’intérieur, en buvant chaud tout de suite, marchant une minute, et en respirant de la vapeur si on a la chance d’avoir un sauna. Et garder hors de l’eau la même maîtrise : se dire que tout cela, ce ne sont que des sensations. Via un souffle court et profond, on peut stabiliser ce qu’on appelle le frisson thermique. Pas d’incident de parcours à signaler ? Au début, j’ai eu à gérer les crampes à l’estomac et aux membres inférieurs. Le cap des 1 heure dans l’eau froide a provoqué des vertiges. Et puis on se fait traverser par des émotions : il m’est arrivé de pleurer, en entraînement comme durant le jour J. Selon vous, tenir dans de l’eau négative est plus insupportable qu’être immergé dans la glace… Oui, je tiens seulement 1 h 10 min dans de l’eau négative. Ma température endo-corporelle descend à 34,2 °C dans de l’eau négative, là où elle tombe à 35 °C le jour du record dans la glace. Quand je m’entraîne au Lac Bleu de Chamonix, l’eau est à − 6 °C et c’est extrêmement dur. Dans la glace, il y a de l’air au milieu, le froid se transmet moins au corps. M’entraîner dans de l’eau négative m’a permis de gérer au mieux et assez facilement le record. Que retenez-vous de cette expérience au global ? Ces deux ans m’ont vraiment fait grandir. Ce qui serait génial, c’est de prendre dix personnes lambda, et de les coacher dans le but de battre mon record. Afin de prouver que rien n’est impossible avec de la rigueur et de l’entraînement. Vous continuez à aller dans la glace ? Oui, quelques dizaines de minutes par-ci par-là. Juste pour récupérer d’une séance de sport. Mais je n’en ai pas fini avec le froid. Mon prochain challenge sera peut-être quelque part en altitude… 57
Fait main
Après une chute, la carrière de la championne du monde de freeride NADINE WALLNER ne tenait plus qu’à une tige métallique de 40 cm. Puis, en grimpant, elle a compris que les tactiques judicieuses valaient mieux que la précipitation. Texte WOLFGANG WIESER Photos GIAN PAUL LOZZA
SÛRE D’ELLE
Un lion orne l’avantbras gauche de Nadine Wallner, 31 ans. Elle seule en connaît la signification.
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BIEN ENTRAÎNÉE
Même en studio, on peut voir à quel point Nadine Wallner est en forme.
ÉLÉGANTE
Lors d’un tournage pour la télé autrichienne, dans une poudreuse exquise.
ANDREAS VIGL
N
adine acquiesce en riant. Elle est installée dans un café d’Innsbruck (Autriche), mange des œufs au plat au petit-déjeuner et porte une veste d’escalade qui donne l’illusion que ses bras semblent avoir été taillés dans du marbre par un artiste de la Renaissance : ils sont parfaitement sculptés et impressionnants de muscles. Quand on le lui dit, elle éclate d’un rire franc et chaleureux, et le « oui » confirmatif est une marque supplémentaire de confiance en elle. Cette guide de ski et de montagne de 31 ans est deux fois championne du monde de freeride, et a réalisé
THE RED BULLETIN
en très peu de temps des performances de pointe en tant qu’alpiniste – malgré des années de calvaire. the red bulletin : Je me demande à quoi ressemblent vos mains... nadine wallner : Elles sont abîmées aujourd’hui. J’ai fait de l’alpinisme. Sont-elles votre principal outil ? Pas forcément quand je grimpe. Bien sûr, je m’agrippe mais les pieds sont plus importants parce que je les utilise pour reposer mes doigts et me positionner de manière à ne pas nécessiter autant de force. Les gros biceps ne sont pas toujours nécessaires. Où se trouve la véritable force – dans les pieds, les doigts ou dans la tête ? Le corps doit fonctionner, mais c’est le mental qui est décisif. J’ai appris que stratégie et réflexion sont plus importantes en escalade qu’en ski. Les tactiques sont également importantes en ski, mais il faut se décider plus rapidement et s’engager au bon moment.
« Ce qui est déterminant, c’est la tête. Les gros biceps n’aident pas toujours. » 61
Q
Le sauvetage a pris six heures. Diagnostic : fracture ouverte du tibia et du péroné gauches. Une tige métallique de 40 centimètres lui a été insérée dans la jambe. Vos accidents sont-ils la conséquence de cette philosophie du tout ou rien ? Non, c’est simplement que je manquais d’expérience. J’ai fait une erreur qui m’a coûté très cher.
« J’ai fait une erreur qui m’a coûté très cher. »
Le processus pour retrouver la forme a été long. Est-ce que ça va maintenant ? Oui, on a enlevé la tige de métal. C’est seulement quand je porte des crampons depuis huit heures que je le sens. Mais au bout de huit heures, tout le monde a mal aux pieds. Pourquoi grimper ? J’ai commencé après ma blessure en Alaska, pour des raisons thérapeutiques.
CONCENTRÉE
En pleine escalade du Zwerchwand à Bad Goisern (Autriche).
PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL
ue son corps fonctionne ne va pas de soi. La carrière de cette jeune femme de 31 ans qui a grandi dans le Vorarlberg (Autriche), a été marquée par des blessures qui auraient mené des personnalités moins fortes au désespoir. Le jour de l’an 2004, Nadine a fait une si mauvaise chute pendant l’entraînement qu’on a dû lui retirer la rate. Elle a mis fin à sa carrière de descendeuse qui venait de prendre son envol, et est devenue monitrice de ski avant de suivre une formation de guide de ski. Après une pause de plusieurs années, elle a repris en tant que freerideuse. En 2013, deux ans après sa première compétition, Nadine est devenue la plus jeune athlète à remporter le titre de championne du monde, dans le cadre du Freeride World Tour. Elle a répété l’exploit en 2014 mais l’année s’est mal terminée. Lors d’un tournage en Alaska, alors que la neige poudreuse atteignait ses hanches, Nadine a fait une chute.
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FORTE
Une musculature impressionnante, résultat de nombreuses années passées sur les rochers.
« Chaque étape m’a permis d’affûter mon regard en vue de solutions. »
Vous vous êtes entraînée avec Barbara Zangerl, l’une des meilleures grimpeuses au monde. Comment l’avez-vous rencontrée ? J’ai fait la connaissance de sa sœur, Claudia, sur un rocher. On fait donc des rencontres pendant les ascensions… Oui, tout comme on en fait en ski, sur la montagne. Nous nous sommes alors retrouvées pour faire du bloc en salle. Et puis Babsi m’a dit : « Viens demain matin à sept heures pour t’entraîner », et j’y suis allée. Ensuite, c’est allé très vite. J’ai très rapidement sauté quelques degrés de difficulté. Comment cela se fait-il ? Je ne sais pas, j’étais motivée. Je m’entraînais tous les jours avec Babsi. Nous étions à fond. En échange, je l’ai emmenée skier.
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ans les années qui ont suivi, Nadine Wallner a gravi des parcours de plus en plus difficiles. Ceux-ci peuvent également représenter des chapitres individuels de la vie de l’athlète. Ils portent les noms de Paradigme, Border Crosser ou Euphoria et marquent une évolution qui étonne même ses collègues grimpeurs.
aîtriser aussi rapidement des parcours M si complexes témoigne d’un talent unique et d’une volonté incomparable. En 2019, Nadine est devenue la deuxième femme à vaincre le Prinzip Hoffnung, le Principe Espérance sur le mur appelé Bürser Platte (dans le district de Bludenz dans le Vorarlberg), qui est considéré comme l’un des parcours traditionnels les plus difficiles d’Europe (8b/8b+ E9-E10). La paroi est lisse, les endroits précis où les grimpeurs peuvent mettre le pied sur cette roche glissante restent un mystère pour le commun des mortels. Nadine Wallner a décrit son exploit comme étant un précieux processus d’apprentissage. Chaque étape a aiguisé sa perception de grimpeuse, élargi son répertoire de mouvements et affûté son regard en vue de solutions. Mais le rythme auquel Nadine Wallner évolue lui a, à nouveau, causé des ennuis. Elle s’est blessée au majeur de la main droite. Que s’est-il passé ? J’avais trop d’énergie, les tendons n’ont pas suivi. Il leur faut plus de temps pour s’habituer à l’effort. C’est après le Prinzip Hoffnung que les problèmes ont commencé. J’ai longuement hésité, puis j’ai décidé de me faire opérer à l’automne 2019. Suite à cela, j’ai fait une pause, et ce n’est qu’au printemps suivant que j’ai repris l’escalade et, punchline ultime, le parcours s’appelle Touch the Future... La rate, le pied, maintenant le doigt… Avec toutes ces blessures, n’avez-vous jamais songé à abandonner ? Non, le ski vaut bien mieux que ça, l’escalade vaut bien mieux que ça, et la montagne aussi. Quand nous sommes descendus en rappel hier, il faisait déjà nuit. En hiver, je reste souvent sur la montagne jusqu’au dernier moment, je ne veux pas rentrer chez moi, il fait si bon là-haut. J’aimerais y rester.
DÉTENDUE
Nadine Wallner ne lâche jamais la corde.
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Qu’est-ce qui vous plaît le plus ? Monter ou descendre, escalader ou skier ? Difficile à dire. J’aime le ski parce que c’est relax, parce que c’est facile, et que cela va presque tout seul. Dans l’escalade, il faut faire un gros effort brutal. Mais quand ça va, c’est vachement bon.
Instagram : @nadinewallner THE RED BULLETIN
DÉTERMINÉE
PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL
Comme aux échecs, un bon grimpeur anticipe plusieurs coups d’avance.
THE RED BULLETIN
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LA RÉGATE LA PLUS DIFFICILE AU MONDE
Un tour du monde en 80 jours. En solitaire. Sur un voilier. Sans escale. Sans assistance. C’est entre les tempêtes, le froid, la chaleur, le manque de sommeil et l’isolement que les skippeurs survivent au VENDÉE GLOBE, l’Everest des courses à la voile. Texte ALEXANDER MUELLER-MACHECK
CHRISTOPHE FAVREAU
ENCORE DIX SECONDES DE SURSIS…
DORMIR À TOUTE VITESSE Pendant plus de 80 jours, par tranches de 20 minutes maximum, rythmées par l’alarme du système de bord qui vous tire d’un sommeil lourd. Sur la photo : le skippeur français Arnaud Boissières, 48 ans.
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BERNARD LE BARS/ALEA
Vue très rare depuis le pont de votre voilier. Elle n’a lieu que lors du départ du Vendée Globe. En l’espace de quelques heures, les participants se dispersent dans l’immensité de l’océan et au-delà de l’horizon. C’est à partir de ce moment-là que vous vous retrouvez seul(e) pendant des mois.
TOM MACKINGER
LA SOLITUDE POUR HORIZON
Les Sablesd’Olonne, FRA
AFRIQUE
AMÉRIQUE DU SUD Île Gough
Cap de Bonne Espérance, Afrique du Sud
Cap Horn, CHI
Cap Leeuwin, AUS
E
Les navigateurs partent des Sables-d’Olonne, direction l’Afrique du Sud, l’océan Austral (au nord de l’Antarctique), le Cap Horn, et reviennent en France par l’océan Atlantique, bouclant un tour du monde. Ils doivent obligatoirement franchir les portes des glaces.
ANTARCTIQUE
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ICEBERGS DROIT DEVANT !
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A
Route Portes ou points de contrôle sur le parcours du Vendée Globe. Dans la zone antarctique, les portes des glaces maintiennent les marins à distance de sécurité des icebergs.
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VINCENT CURUTCHET
SIX FEMMES PUISSANTES L’Anglaise Samantha Davies, 46 ans, dans une situation délicate au large de la côte atlantique française. Sur les 33 participants, six sont des femmes. Elles concourent dans le même classement que les hommes, car ici, seules comptent l’intelligence, l’habileté et l’endurance.
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NOS VŒUX LES PLUS SINCÈRES !
La skippeuse française Clarisse Crémer célèbre son 31e anniversaire, en solitaire et en pleine mer australe.
CHANVRE AVEC VUE
La Franco-Allemande Isabelle Joschke, 44 ans, parsème son bowl de graines de chanvre. Pour un regain d’énergie.
EN MODE LOCAVORE
PLAISIRS SIMPLES DE L’EXTRÊME
UNE MER D’HUILE
L’Italien Giancarlo Pedotes, 45 ans, a emporté de l’huile d’olive de chez lui. Elle semble plus souffrir du froid que son propriétaire.
S’il est bien connu que les marins sont de fins cuistots, les skippeurs, eux, ne font pas les fines bouches. Tant que ça se laisse manger, ça ne peut pas être mauvais.
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THE RED BULLETIN
STEPHANE LE DIRAISON/TIME FOR OCEANS, CLARISSE CREMER/BANQUE POPULAIRE X, ISABELLE JOSCHKE/MACSF, GIANCARLO PEDOTE/PRYSMIAN GROUP, ALAN ROURA/LA FABRIQUE
Le Français Stéphane Le Diraison, 44 ans, a attrapé, au vol, un poisson volant, bien déterminé à lui faire un sort sans plus de cérémonie…
« VOUS M’AVEZ VU PRATIQUEMENT À NU… » Il a d’abord souffert d’une méchante blessure au dos suite à une collision avec des débris de bateaux. Puis un tuyau défectueux a laissé se répandre de l’huile hydraulique dans sa cabine : le Suisse Alan Roura, 28 ans, à bout et en larmes devant sa webcam. Il a terminé seizième.
POUSSÉS PAR LA COLÈRE DE NEPTUNE Des vagues hautes comme des immeubles, des rafales de vent à plus de 100 km/h, des icebergs et des cormorans. En d’autres termes : les conditions idéales pour un marin de l’extrême. Le Français Armel Tripon, 45 ans, sur son yacht L’Occitane de type I moca, qui peut atteindre des vitesses de pointe à 45 km/h sur les foils.
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PIERRE BOURAS/ L‘OCCITANE EN PROVENCE
MONSIEUR BRICOLAGE
Le skippeur français Sébastien Destremau, 56 ans, grimpe au sommet du mât, à quelque 29 mètres de hauteur, pour quelques menus travaux de réparation.
PLAFOND TRÈS BAS
Le Suisse Alan Roura, 28 ans, jette un coup d’œil à la voile. La proue du bateau fait face au Cap Horn, l’extrême pointe de l’Amérique du Sud.
LA TÊTE DANS LE GUIDON
L’Allemand Boris Herrmann, 39 ans, était en lice pour le podium lorsqu’il est entré en collision avec un bateau de pêche… durant son sommeil. Il termine pourtant à la 5 e place. Respect !
L’HEURE DES SURPRISES
SEBASTIEN DESTREMAU/MERCI, ALAN ROURA/LA FABRIQUE, ANDREAS LINDLAHR, PIP HARE/MEDALLIA, ARMEL TRIPON/L‘OCCITANE EN PROVENCE, MARINE NATIONALE/DEFENSE
En plein océan Arctique, l’Anglaise Pip Hare, 46 ans, se fait une joie de découvrir ce que le Père Noël a déposé dans sa chaussette.
VAGUE À LAME
Le Français Armel Tripon, 45 ans, est un homme de précision qui ne se complique pas la vie : quand il se rase, c’est sans concession.
UN HOMME À LA MER !
Le bateau de Kevin Escoffier, 40 ans, s’est brisé contre une vague lors d’une tempête. Le Français a dérivé pendant huit heures sur son radeau de sauvetage, dans des vagues de cinq mètres de haut. Un compatriote, Jean Le Cam, 61 ans, est venu le repêcher à deux heures du matin. Du temps lui sera crédité par les organisateurs pour avoir mené cette opération de sauvetage. Le naufragé est ensuite récupéré par une frégate de la Marine française et escorté jusqu’à l’île de la Réunion. À l’image : Kevin Escoffier rejoint la f régate à la nage. THE RED BULLETIN
ICI, LE MOT NORMAL PREND UN AUTRE SENS Célébrons les petites victoires : s’occuper de soi, récupérer des forces, planifier la route, entretenir les liens virtuels, et sauver une vie. 77
VINCENT CURUTCHET/ALEA
C’est soulagé et heureux, brandissant la traditionnelle fusée de détresse rouge à la main, que le Français Yannick Bestaven, 48 ans, franchit la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne au bout de 80 jours 3 heures 44 minutes et 46 secondes. Cette course en solitaire exceptionnellement difficile lui remémore à chaque fois ceci : « Le Vendée Globe, ça nous coûte des efforts qu’on ne peut pas simuler. C’est difficile, ça fait mal. Chacun de nous a vécu ces derniers mois des s ituations pendant lesquelles on avait vraiment envie de péter les plombs. C’est pour cela que j e dis que la première victoire, c’est de terminer le Vendée Globe…
TOUS CEUX QUI LE BOUCLENT SONT DES VAINQUEURS ! » 79
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PERSPECTIVES Expériences et équipements pour une vie améliorée
MINGMA TENZI SHERPA
HAUT NIVEAU D’EXIGENCE Un végan à la conquête de l’Everest
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PERSPECTIVES voyage « J’ai su que je devais convaincre les guides que le véganisme est compatible à un effort colossal, sans quoi ce dernier ne manquera pas d’être mis en cause en cas d’échec. » Kuntal Joisher, alpiniste végan
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Août 2018, Joisher à 6 250 mètres d’altitude sur le sommet Mentok Kangri, au Ladakh, en Inde. THE RED BULLETIN
TENZIN NORBU, KUNTAL JOISHER
e m’appelle Kuntal Joisher. Je suis alpiniste et végan. J’ai vu le jour à Kharagpur, en Inde, voilà 41 ans, dans une famille du Gujarat, donc végétarien par religion, mais pour des raisons éthiques, je me suis converti au véganisme en 2002. Une évolution logique qui passe mal chez les alpinistes pour qui, sans prise de protéine d’origine animale, une personne végane ne peut acquérir la musculation nécessaire à l’ultra-endurance. Il y a douze ans, nul dans ma famille n’aurait imaginé qu’un jour, je briserais ce mythe en me hissant sur le toit du monde. C’était compter sans ma passion improbable pour l’alpinisme. J’ai grandi à Mumbai, où l’été le thermomètre affiche parfois 40 °C, ce qui ne me prédispose guère aux sports d’hiver et encore moins à l’adrénaline. Jusqu’à mes trente ans, je menais une vie d’informaticien allergique au sport. Et lorsque je découvre l’alpinisme, mon poids présente un excédent de quarante kilos. En 2009, ma femme et moi nous rendons à Shimla, une station de montagne dans le nord de l’Inde. Baskets aux pieds et vêtements inadaptés, nous gravissons le pic Hatu à 3 400 mètres. Rien de glorieux, mais l’expérience au cœur de ce paysage enneigé change ma vie. Dès cet instant, je consacre tous mes loisirs à découvrir le versant indien de l’Himalaya, et à nourrir ma fascination pour l’Everest. En octobre 2010, je prends le fameux « Vol de la mort » à destination de l’aéroport Tenzing-Hillary au Népal, à 2 845 mètres d’altitude, afin d’admirer la superbe montagne de plus près, depuis le mont Pumori voisin, pic à 7 161 mètres surnommé « la Fille de l’Everest ». En contemplant l’Everest scintillant sous le soleil couchant, j’ai su à cet instant que le gravir était inéluctable. Mais avant, je devais convaincre les guides que le véganisme est compatible à l’effort colossal
ALEXANDRA ZAGALSKY
J
PERSPECTIVES voyage
Convaincu jusque dans sa tenue Une combinaison 100 % végane Goretex 75D shell : tissu 100 % polyester recyclé avec traitement hydrofuge sans fluorocarbure (PFC). Rembourrage thermique Plumtech : un duvet synthétique léger développé par Save the Duck. Six mois de développement.
Dans l’ombre d’un géant : avril 2016, camp de base népalais.
bien qu’il interdise la consommation de viande et de produits laitiers riches en graisses et en protéines, sans quoi mon véganisme ne manquerait pas d’être mis en cause en cas d’échec. En guise de préparation, j’escalade en 2011, le Stok Kangri (6 153 mètres), dans l’Himalaya indien. Je prends soin, au préalable, de consulter le menu des repas prévus afin de m’assurer que le cuisinier du camp de base pourra sans mal accommoder mon régime alimentaire, et éviter ainsi que mon véganisme ne soit vu comme un risque en cas de situation critique. L’extrême altitude THE RED BULLETIN
exige de manger abondamment. À 5 500 mètres, le corps au repos brûle 4 000 calories par jour. Au-delà de cette altitude, l’appétit diminue. Pendant les quatre à cinq semaines d’acclimatation au camp de base, la plupart des alpinistes se nourrissent de viande et de produits laitiers. Les végans triplent leurs portions d’avoine au lait de soja en poudre et consomment pommes de terre sautées, currys de légumes, pain, légumineuses, et autant de noix de cajou et de barres nutritives que possible. Ma conquête de l’Everest débute en 2014. Au camp de base népalais, une
énorme avalanche tue seize Sherpas et m’oblige à renoncer. L’année suivante, un terrible tremblement de terre dévaste le Népal. De nouveau au camp de base, j’assiste impuissant, à une dévastatrice avalanche de neige et de débris. Je suis heureux de ne pas y laisser la vie. L’année 2016 est la bonne. De plus, la mise au point d’un régime à base de plantes pour la haute altitude donne entière satisfaction. L’ascension à partir du camp de base, népalais ou tibétain, nécessite environ quatre jours et un apport quotidien de 15 000 calories. Privé d’oxygène, le système nerveux 83
Joisher sur l’Everest, en mai 2019. Ci-dessous : l’Ama Dablam, au Népal.
ne communique plus la faim au cerveau. J’ai vu des alpinistes non végans éprouver les plus grandes difficultés à se nourrir. J’avale pour ma part, beaucoup de glucides et de graisses, qui contrairement à la viande ne créent pas la sensation de satiété. À 8 500 mètres, je m’autorise des aliments réconfortants, car l’important à ce stade est d’accumuler les calories. Mon sac est rempli de Clif Bars, d’Oreos et de repas lyophilisés, et mes poches de dattes dénoyautées sans quoi elles durcissent. L’escalade du ressaut Hillary
Une éthique pour moteur Un guide végan de l’alpinisme façon Joisher Nourriture Les gens pensent que les plats sans viande au camp de base sont végans, mais au Népal, même les flocons d’avoine contiennent du lait. J’explique le végétalisme aux chefs.
Équipement Le choix de vos vêtements dépend de vous, alors autant trouver des alternatives véganes. Et à défaut d’en trouver, vous en cultivez au moins l’esprit.
Transport Le transport de matériel est souvent assuré par les yacks. Limitez autant que possible l’usage des animaux. Je mets le plus possible, hélico et porteurs à contribution. Au-delà du véganisme Réservez auprès d’une équipe reconnue pour son sérieux. Le personnel, des Sherpas aux cuisiniers, doit bénéficier d’un salaire décent et d’une bonne couverture d’assurance, car il risque sa vie pour les alpinistes.
Gestion des déchets Le tri des déchets est désormais entré dans les habitudes, mais beaucoup ne le font toujours pas. Tout doit être rapporté au camp de base pour être recyclé.
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(12 mètres) comporte trois saillies de neige à franchir avant d’arriver au sommet d’où mon guide Sherpa, Mingma Tenzi, me fait signe. Je suis bouleversé et ne peux retenir mes larmes. Il me reste une minute de crédit à mon téléphone satellite, juste assez pour appeler la maison. Puis, pendant vingt minutes inoubliables, je m’imprègne assis de la vue. Un sentiment que j’avais jusque-là uniquement éprouvé lors de la naissance de ma fille. L’alpiniste que je suis vient d’accomplir quelque chose de grand, et de rendre justice au végétalisme. De retour à Mumbai, je suis accueilli en héros. Je suis le premier de ses vingt millions d’habitants à avoir conquis l’Everest. Pourtant le végan en moi ne peut se réjouir totalement. En cause, l’équipement utilisé. J’ai bien essayé avant l’expédition de trouver une combinaison performante sans duvet ni matière animale, en vain. Je décide d’y retourner en trouvant cette fois une entreprise prête à me fournir une combi végane, dans un secteur encore confidentiel. Surprise, un simple post Facebook suscite l’intérêt de Save the Duck, marque italienne de vêtements durables 100 % végans. En avril 2018, Mingam et moi recevons de la société une combi végane haute performance, résistant à une température de − 50 °C et à des vents de 100 km/h, une première. Nous les testons sur le Lhotse, la quatrième plus haute montagne au monde, moins que l’Everest qui ne compte que 300 mètres de plus. Nous parvenons au sommet le 15 mai 2018. Nos combinaisons nous ont même tenus trop chaud notamment lorsque la neige réfléchit le soleil. Save the Duck y effectue les modifications que j’ai suggérées : fermetures éclair sur la partie supérieure, et des poches intérieures pour les appareils vitaux qui résistent mieux au froid avec la chaleur corporelle. Cette fois, j’aborde l’Everest par la face nord-tibétaine, une voie considérée comme plus technique dû aux conditions plus difficiles. Je retrouve le sommet le 23 mai 2019, à 5 h 30 du matin, droit dans ma combi végane jaune vif Save The Duck, doigts et orteils intacts, et sans le moindre coup de soleil. Désormais, je peux fièrement clamer être le premier végan attesté à poser les pieds sur l’Everest. Banaliser l’alpinisme végan est ce qui me tient le plus à cœur. C’est là ce que je souhaite léguer, le reste importe peu. Sir Edmund Hillary avait raison : « Ce n’est pas la montagne que nous conquérons, mais soi-même. »
kuntaljoisher.com THE RED BULLETIN
MINGMA TENZI SHERPA, KUNTAL JOISHER
PERSPECTIVES voyage
HORS DU COMMUN Retrouvez votre prochain numéro en avril en abonnement avec et avec dans une sélection de points de distribution et sur abonnement. LORENZ HOLDER/RED BULL CONTENT POOL
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PERSPECTIVES gaming adepte talentueux de WRC 9 peut augurer d’un futur grand pilote, tellement le jeu est une traduction digitale de la réalité en course. « Grâce au niveau de réalisme atteint par WRC 9, c’est une chance pour nous de pouvoir proposer ce challenge à tous les fans de notre sport à travers le monde, indique Jérôme Roussel, responsable du programme à la FIA. Grâce au jeu vidéo, nous pouvons enfin atteindre tous les jeunes et tester leurs compétences de pilote, avec un investissement financier nettement plus raisonnable que ce qui est habituellement nécessaire dans les sports mécaniques. »
PILOTAGE VIRTUEL
Héros de conduite La simulation de rallye WRC 9 de Bigben Interactive change les codes (de la route), et offre depuis peu la possibilité à ses meilleurs adeptes d’intégrer une véritable écurie de course et d’entamer une carrière de pilote. Explications.
L
a licence WRC (World Rally Championship) s’est imposée comme l’une des simulations de rallye les plus réalistes du marché dès son lancement en 2001, sous l’œil avisé du légendaire pilote français de rallye Sébastien Loeb. Après une décennie de règne, elle s’est associée à la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) en 2010 pour revenir encore plus affûtée laissant derrière elle une concurrence médusée par sa qualité graphique et technique. En collaboration avec la FIA, KT Racing, son développeur, a décidé de pousser cette philosophie de gaming encore plus loin via une nouvelle voie de passage : le DLC FIA Rally Star, accessible à tous les joueurs depuis le mois de février 2021. Le premier programme mondial de détection des futurs pilotes de rallyes, 86
à partir de WRC 9 le nouvel épisode de la saga, sorti en septembre dernier. Derrière son écran, un joueur doué peut désormais dessiner les contours d’une future carrière et espérer intégrer une écurie.
En route vers la gloire
Via WRC 9, le processus de recrutement s’avère réciproquement profitable. Pour la fédération, il incarne une façon inédite de repérer les talents partout où ils se trouvent. Pour le joueur passionné, il offre l’opportunité rare d’intégrer une structure professionnelle, traditionnellement coûteuse et difficile d’accès. Et si WRC 9 peut se permettre de bouleverser à ce point les codes de recrutement c’est grâce à son niveau de réalisme extrême. Si un joueur performant sur FIFA ne fera pas forcément un footballeur de talent sur le terrain, un
L’autre rallye Le DLC FIA Rally Star et son programme de détection complètent un écosystème déjà très riche grâce à la compétition d’e-sport WRC débutée en janvier. Les meilleurs joueurs/pilotes de la planète s’y affrontent avec une chance de repartir au vrai volant d’une vraie Toyota GR Yaris. Disputées sur WRC 9, les treize manches du championnat ont lieu une semaine avant chaque véritable course. Ouverte à tous les joueurs, toutes plateformes confondues, la compétition réunit plus de 10 000 joueurs et s’achèvera cet été avec la retransmission de la grande finale.
Entre février et août 2021, les joueurs âgés de 17 à 26 ans pourront participer à douze challenges en ligne via le DLC FIA Rally Star. Des Rally At Home Challenges organisés toutes les deux semaines et accessibles depuis n’importe quelle console ou PC. À l’issu de cette phase de qualifications, douze d’entre eux participeront à six finales continentales au volant d’une TN5 Cross Car où ils affronteront les meilleurs joueurs mondiaux. Dès 2022, les six gagnants, dont au moins une pilote femme, seront retenus pour intégrer un programme exclusif de formation et d’entraînement à la compétition mis en place par la FIA. Coaching de conduite, entraînement physique et mental, séances d’essais et participation à six rallyes au volant d’un M-Sport Fiesta Rally3… Ils prennent place à bord de l’IRL ! La finalité de cette formation est d’amener les meilleurs élèves à participer à deux s aisons du Championnat du Monde FIA Junior des Rallyes. Une compétition dont il faudra viser le titre pour espérer une place au Valhala : une saison en WRC2 au volant d’une machine de catégorie Rally2. Jamais un jeu vidéo n’a autant ouvert la route. wrcthegame.com THE RED BULLETIN
DAVID KHUN
Du couch au coach
PERSPECTIVES au programme
JAKOB SCHWEIGHOFER/RED BULL CONTENT POOL, GASTON FRANCISCO, DAVE MACKISON/RED BULL CONTENT POOL, MATCHSTICK PRODUCTIONS
Grimpe 360 ASCENT Si vous êtes sujet au vertige, passez votre chemin ! Dans ce documentaire, les grimpeurs de classe mondiale Janja Garnbret et Domen Škofic s’attaquent à la plus haute voie artificielle au monde en escaladant la plus haute cheminée d’Europe sur la centrale électrique de Trbovlje, en Slovénie.
Skate UNKNOWN TREASURES Quand le skateboard s’exprime dans des endroits inédits. Participez au tout premier tour professionnel à travers les spots de skate inconnus de la Macédoine, du Monténégro, de l’Albanie et du Kosovo alors que Wes Kremer, Madars Apse, Ben Skrzypek et Tino Arena partent à la recherche de ces trésors cachés.
THE RED BULLETIN
Vélo MATT JONES DESIGN AND CONQUER Un homme pour trois tricks en slopestyle jamais vus au monde… Matt Jones, une star du VTT, n’est pas étranger aux premières mondiales : dans cette série, suivez-le dans son nouveau défi pour réaliser trois figures inédites et voyez comment elles passent de son imagination à la réalité.
Ski HUCK YEAH! Ce film de ski accueille certains des meilleurs skieurs au monde qui chargent à fond et s’amusent dans des spots spectaculaires à travers la planète. Hoji, Sam Kuch, Bobby Brown et le crew de girls The Blondes s’en donnent à cœur joie ! Avec la pause pandémie mondiale, ce film rappelle combien il est important de passer du temps à l’extérieur avec des amis pour passer du bon temps. 87
PERSPECTIVES matos gaming
Dans la tour des grands À champions d’exception, matériel de compète ! Découvrez, entre autres, l’équipement des gamers pros de la Karmine Corp pour des matches de haute voltige. Texte DAVID KHUN
La carte maîtresse Carte mère MSI Z590 Godlike Pour les gamers pros, une seule carte compte : la carte mère. Registre dans lequel MSI s’illustre depuis plusieurs années avec des produits extrêmement performants. Dernière née des plateformes MSI, la Z590 Godlike a été conçue pour une exploitation optimale du processeur Intel de onzième génération. Son overclocking (augmentation du signal du processeur visant à augmenter les performances de l’ordinateur) a déjà établi des records mondiaux, sans aucune limitation par la transmission du courant électrique, les composants de la carte ou les performances thermiques. La Z590 propose un design totalement revu, et des fonctionnalités next gen qui ont déjà convaincu toute la team KCorp. fr.msi.com
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PERSPECTIVES matos gaming
THE RED BULLETIN
Chirurgical
Fashion geek
Écran MSI Optix MAG274QRF-QD
PC MSI Aegis Ti5 10th
Avec sa dalle IPS affichant une résolution de 2160 × 1440 pixels, ce moniteur prend en charge la technologie G-Sync et offre un taux de rafraîchissement de 165 Hz et un temps de réponse GTG (Grey to Grey, soit la mesure la plus précise) de 1 milli seconde. Réactivité et fluidité pour une précision chirurgicale. À partir de 549,99 € ; fr.msi.com
Ce PC est un monstre de compétition avec son processeur Intel Core i910900K et une NVIDIA GeForce RTX 3080 : Kameto et Adam de la KCorp l’ont adopté pour cela ! Mais cette formidable machine affiche aussi un look agressif, ravageur et futuriste. Sa molette dotée d’un écran permet de gérer l’ensemble des paramètres. À partir de 3 799,99 € ; fr.msi.com
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PERSPECTIVES matos gaming
La perfection est de ce monde Carte graphique MSI GeForce® RTX™ 3070 SUPRIM La carte graphique GeForce® RTX™ 3070 SUPRIM amorce une nouvelle génération (NVIDIA RTX) qui ambitionne tout simplement d’atteindre la perfection. Design repensé alliant style et performances de refroidissement inégalées, cette nouvelle itération basée sur l’architecture Ampère, promet une expérience de jeu ultime où un réalisme fascinant et une fluidité sans pareil se mettent au service d’une immersion totale. Elle embarque 8 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération et bénéficie de fréquences de fonctionnement élevées et de trois ventilateurs MSI TORX 4.0 assurant le flux d’air et l’évacuation de la chaleur. Greffée à un processeur Intel de onzième génération et à la carte mère Z590 Godlike, elle promet un gaming de très très haut niveau. À partir de 799,99 € ; fr.msi.com
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PERSPECTIVES matos gaming
L’œil du tigre Oakley Prizm C’est pour protéger l’œil de l’e-athlète qu’Oakley a conçu les verres gaming Prizm. Ils améliorent le contraste visuel et sont dotés d’une technologie de filtrage de la lumière bleue qui réduit de 40 % ses effets dans un rayon de 380 à 500 nanomètres. En indoor comme en outdoor, le joueur est protégé des sources naturelles et artificielles de luminosité. La marque a réussi à réduire l’aspect jaune de ce type de verres et décliné son savoir-faire sur de multiples modèles, quatre au total, pour tous les styles. Dès 120 € ; oakley.com THE RED BULLETIN
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PERSPECTIVES matos gaming Combo à sensations Sélection Logitech et jeu Bigben Interactive WRC 9 Depuis sa sortie, le nouvel épisode de WRC 9 (49,99 €) remporte tous les suffrages avec une itération qui atteint un niveau de réalisme et de technique inégalable. Disponible sur Nintendo Switch depuis peu, la simulation de rallye va toucher un nouveau public composé jusque-là de pilotes hardcore officiant sur PC et consoles et souvent un volant entre les mains. À ces derniers, on recommande le volant de course Logitech G923 (399,00 €). Compatible PlayStation, Xbox et PC son design primé a été repensé pour s’adapter à la physique de votre jeu et offrir un r éalisme saisissant grâce notamment à son retour de force nouvelle génération Trueforce. Les pilotes plus « standards » lui préféreront le combo clavier/souris et là aussi Logitech a des sensations pour eux via sa souris G Pro X Superlight (149,00 €) ultra légère (moins de 63 g) et son clavier G915 Lightspeed (249,00 €) ultra fin (22 mm). logitech.fr ; nacongaming.com
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Écoute que coûte Casque Logitech G733 Avec le casque G733 de Logitech, il souffle comme un vent de fraîcheur sur le design de casques. Mais on ne va pas le résumer à son aspect résolument « frais ». Ce modèle sans fil et ultra léger (278 g), dispose d’une très belle qualité sonore et d’un confort qui autorise des sessions de jeux interminables. On aime son micro équipé de la technologie BLUE VO!CE, ses écouteurs dotés du son surround, ses filtres vocaux et son éclairage avancé indispensable pour écouter, communiquer et jouer. Du style et de la performance pour une immersion totale. 149,00 € ; logitech.fr THE RED BULLETIN
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Dans le game Combo Aorus et montre Garmin Pour des sessions de haute performance, le PC portable Gamer AORUS 15G (dès 1 669 €) est équipé des dernières cartes graphiques NVIDIA 30 Series et d’un écran 240 Hz mais si au portable « clé en main » vous préférez une configuration maison, vous composerez un combo efficace grâce à l’écran AORUS FI27Q-X (715 €) et sa dalle IPS de 2” QHD boostée à 240 Hz affichant un temps de réponse de 0,3 ms. Un moniteur combinable au clavier mécanique AORUS K1 (99 €) et ses interrupteurs mécaniques Cherry MX Red qui réduisent les nuisances sonores. Et pour une finition graphique irréprochable, reste à installer la carte graphique AORUS GeForce RTX 3080 XTREME et ses 10 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération (dès 1 509 €). Un modèle overclocké d’usine qui s’illustre par ses fréquences de fonctionnement élevées et son système de refroidissement amélioré. Équipé comme un pro, il faudra surveiller vos constantes pendant les cessions de jeu grâce à la montre connectée Garmin (299 €). Ses utilisateurs peuvent suivre, analyser et diffuser leurs données biométriques tout en jouant via son appli, l’application Garmin STR3AMUP!. aorus.com ; garmin.com
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PERSPECTIVES matos gaming
L’outil d’influence DJI Pocket 2 La marque DJI, spécialisée dans le drone civil, s’est aussi fait une réputation auprès des producteurs de contenus grâce à son matériel vidéo extrêmement agile, stable et performant. Elle propose aujourd’hui la DJI Pocket 2, sa nouvelle caméra vidéo 4K stabilisée, très compacte et performante. Vlog, story Instagram, IGTV, clip ou vidéos personnelles, tous vos contenus prennent une dimension plus pro avec cette nouvelle génération de caméra proposée dans un bundle très complet. 509 € ; dji.com
Un PC d’attaque PC Razer Blade Pro 17 Récemment ajouté à la gamme Razer, et équipé des GPUs NVIDIA GeForce RTX Séries 30, ce PC portable de gaming est une machine puissante dont l’écran a lui aussi revu ses performances avec des taux de rafraîchissement et des résolutions plus élevées. Compact et performant, il figure parmi les laptops les mieux équipés pour profiter pleinement des jeux de nouvelle génération. Et il se la donne aussi en mode bureautique. À partir de 2 399,99 € ; razer.com THE RED BULLETIN
La bonne résolution Écran Benq 32” 2K QHD Pour un gamer, un écran incurvé permet une immersion bien plus importante dans le jeu. À ce titre, cet écran va particulièrement plaire aux adeptes de simulation de courses avec ses 144 Hz, sa technologie HDR , une résolution 2K et une courbure 1800R pour une immersion totale dans le cockpit. À la clé, des images précises et fluides et une expérience de jeu ultime. 499 € ; benq.eu
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MENTIONS LÉGALES
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Direction générale Alexander Müller-Macheck, Sara Car-Varming (adj.) Rédacteurs en chef Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.) Direction créative Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.) Direction artistique Marion Bernert-Thomann, Miles English, Tara Thompson Maquette Martina de Carvalho-Hutter, Cornelia Gleichweit, Kevin Goll Rédaction photo Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.), Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör Rédaction web Christian Eberle-Abasolo (dir.), Lisa Hechenberger, Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan Responsable des contenus audios Florian Obkircher Projets spécifiques Arkadiusz Piatek Gestion de la rédaction Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann Gestion de l’édition Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Anna Wilczek Directeur exécutif Stefan Ebner Directeur Ventes médias & Partenariat Lukas Scharmbacher Directrice de Co-édition Susanne Degn-Pfleger Gestion de projet Co-édition, Marketing & Communication B2B Katrin Sigl (dir.), Mathias Blaha, Katrin Dollenz, Thomas Hammerschmied, Teresa Kronreif (B2B), Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner (communication) Solutions créatives Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka, Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart Gestion commerciale Co-édition Alexandra Ita Rédaction Co-édition Raffael Fritz (dir.), Gundi Bittermann, Mariella Reithoffer, Wolfgang Wieser Directeur exécutif de la création Markus Kietreiber Gestion de projet création Elisabeth Kopanz Direction artistique Co-édition Peter Knehtl (dir.), Erwin Edtmaier, Andreea Parvu, Dominik Uhl Design commercial Simone Fischer, Martina Maier, Alexandra Schendl, Julia Schinzel, Florian Solly, S tephan Zenz Abonnements & Distribution Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm, Nicole Glaser, Victoria Schwärzler, Yoldaş Yarar Service de publicité Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Fabrication & Production Veronika Felder (dir.), Friedrich Indich, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis, Nenad Isailović, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher Finances Mariia Gerutska (dir.), Klaus Pleninger MIT Christoph Kocsisek, Michael Thaler Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham, Yvonne Tremmel Gestion de projet Gabriela-Teresa Humer Éditeur et directeur général Andreas Kornhofer Adresse Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 1 90221-0 Fax +43 1 90221-28809 Web redbulletin.com Propriétaire, éditeur et rédaction Médias Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Dietmar Otti, Christopher Reindl, Marcus Weber
THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project M anagement Alessandra Ballabeni, Alessandra.Ballabeni@redbull.com Traductions Willy Bottemer, Fred & Susanne Fortas, Suzanne K říženecký, Claire Schieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries Relecture Audrey Plaza Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an getredbulletin.com Siège de la rédaction 29 rue Cardinet, 75017 Paris +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Quad/Graphics Europe Sp. z o.o., Pułtuska 120, 07-200 Wyszków, Pologne Publicité PROFIL 17 avenue de Saxe 75017 Paris +33 (0)6 19 77 26 30 Thierry Rémond, tremond75@gmail.com
THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258 Country Editor David Mayer Révision Hans Fleißner (dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Natascha Djodat Publicité Thomas Hutterer (dir.), Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner, Daniela Güpner, Gabriele MatijevicBeisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole Okasek-Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Thomas Gubier, Johannes Wahrmann-Schär, Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölß
THE RED BULLETIN Autriche, ISSN 1995-8838 Country Editor Wolfgang Wieser Révision Hans Fleißner (dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Publishing Management Bernhard Schmied Publicité Thomas Hutterer (dir.), Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner, Daniela Güpner, Gabriele MatijevicBeisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole Okasek-Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Thomas Gubier, Johannes Wahrmann-Schär, Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölß; Kristina Krizmanic (Team Assistant)
THE RED BULLETIN Royaume-Uni, ISSN 2308-5894 Country Editor Ruth Morgan Rédacteur associé Tom Guise Secrétariat de rédaction Davydd Chong (dir.), Nick Mee Publishing Manager Ollie Stretton Publicité Mark Bishop, mark.bishop@redbull.com Fabienne Peters, fabienne.peters@redbull.com
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THE RED BULLETIN USA, ISSN 2308-586X Rédacteur en chef Peter Flax Rédactrice adjointe Nora O’Donnell Révision David Caplan Publishing Management Branden Peters Media Network Communications & Marketing Manager Brandon Peters Publicité Todd Peters, todd.peters@redbull.com Dave Szych, dave.szych@redbull.com Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com
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9 MAI 2021 – 11 H COURREZ CHACUN POUR SOI, MAIS TOUJOURS EN ÉQUIPE. 100 % DES FRAIS D’INSCRIPTION SONT REVERSÉS À LA RECHERCHE SUR LES LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE.
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Pour finir en beauté
Afrique, Amérique du Sud, Arabie saoudite… sur tous les terrains qui ont accueilli la plus légendaire des compétitions moto et auto, le Dakar, le pilote français de rallyeraid Stéphane Peterhansel (55 ans) a vaincu. Quatorze fois : six sur deux roues, et huit en voiture. Ici, sur la troisième étape de l’édition 2021, alors que la planète entame une année incertaine, M. Dakar suit une voie qu’il connaît très bien : celle de la victoire.
Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 22 avril 2021.
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La voie de Stéphane