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Modèle présenté : Nouvelle Corsa Electric GS BEV Electric 156ch neuf avec options
Consommation mixte gamme Nouvelle Corsa Electric : (KwH/100 km) : 14.3/14.6 (WLTP) et CO2 (g/km) : 0 (WLTP). yes of corsa = Bien sûr, avec Corsa. Ready = Prêt.
Opel électrise le Red Bull BC One Camp du 12 au 14 avril à Paris la plus prestigieuse compétition de breaking 1 vs 1.
Contributions
CHRIS SAUNDERS
Photographe sud-africain basé en France, Chris s’est d’abord intéressé aux talents de son pays natal, notamment dans la danse. Il a suivi pour nous le phénomène du breaking Phil Wizard, lors du BC One World Final à Paris l’an dernier. Leurs deux tempéraments enjoués et dynamiques transpirent des photos de la cover story. P. 26
ZOEY GOTO
Rédactrice spécialisée dans la culture pop et les scènes underground, Zoey Goto écrit pour des titres tels que National Geographic et Rolling Stone. Elle s’est rendue à Paris pour suivre Phil Wizard, légende du breaking. « Phil s’est confié avec une décontraction surprenante. C’est un livre ouvert. » P. 26
COLIN SOLAL CARDORéalisateur et photographe, le travail de Colin est guidé par l’émotion. Il switche entre les univers du cinéma et de la musique, créant des visuels stupéfiants pour des stars comme Charli XCX, Robyn ou Christine and the Queens. Pour The Red Bulletin, il photographie la rappeuse Lala &ce, un moment riche en émotion. P. 48
SUIVEZ CE DANSEUR
Après les cieux (Soul Flyers en janvier) et la peuf (Manon Loschi et Max Palm en février), ce mois-ci, c’est dans l’urbain, entre perf et culture, que ça se passe, avec du breaking.
Pour représenter cette discipline issue du Hip-Hop, le danseur canadien Phil Wizard, un tueur de battle, mais avec le sourire. Un kifeur de 27 ans, membre des danseur euse.s d’élite du Red Bull BC One All Stars, qui se rappelle à chaque move à quel point sa vie est dingue.
Quand il a compris que c’était en prenant du plaisir qu’il performerait le mieux, sa route vers les sommets semblait alors ouverte. S’imposant comme l’un des top breakers au monde, compétition après compétition, notre Phil va participer à un énorme événement sportif cet été (à Paris… vu ?), où sa discipline sera présente pour la première fois. Souhaitons-lui d’accéder à la plus haute marche du podium.
Bonne lecture ! Votre Rédaction
DAWN
Voix, dessinatrice dans l’animation et boss d’un food-truck, la chanteuse américaine ouvre de nombreuses portes après s’être fait sa place.
HITECH
Le groupe de Détroit (USA) croit en une ghetto tech rassembleuse. Et ses concerts deviennent des dancefoors.
Ex-boxeur devenu peintre, il a refusé qu’on lui colle une étiquette, et s’est imposé en tant que personnalité à part dans l’art. BREAKING
Considéré comme l’un des meilleurs breakers au monde, le Canadien Philip Kim aka Phil Wizard a d’abord dû gagner un battle contre lui-même avant de s’ofrir les sommets. Et plus encore ?
Pour arriver au bout d’interminables courses en outdoor, ce Britannique pro de l’ultramarathon s’est fxé une méthode bien à lui : les savourer de bout en bout !
Au-delà d’un son venu vous illuminer, l’artiste franco-ivoirienne Lala &ce a développé un concept dystopique qui afrme sa singularité.
Des frangins et des potes à l’assaut du plus haut volcan au monde. À bord d’un véhicule tout-terrain électrique qu’ils ont eux-mêmes conçu.
Afn de devenir la Dancehall Queen de la scène antillaise, elle a dû afronter une industrie, et sa propre existence. Aujourd’hui, elle resplendit.
Himalaya, Inde
MAIN FORTE
En 2010, lorsque Bernd Zangerl se rend à Rakchham, village près de la frontière Inde-Tibet, un paradis pour grimpeurs s’ouvre à l’Autrichien. Le court-métrage
Rakchham: Bridge Between Worlds, de 2022, témoigne du travail de Bernd, qui a créé des voies tout en soutenant la communauté locale. Ce cliché de Zangerl a valu au photographe Ray Demski, une place en demi-fnale lors de la Red Bull Illume Image Quest de 2023.
Rakchham: Bridge Between Worlds sur rakchham.com ; redbullillume.com
Christchurch, NZ
AIR ET MER
Nick Pearson s’est lancé dans la photo en 2015 juste pour shooter sa collection de sneakers. Huit ans plus tard, le NéoZélandais est demi-fnaliste du Red Bull Illume grâce non pas à une Air Jordan, mais à ce surfeur mystérieux sur la plage de New Brighton Beach. Pearson a fusionné panoramiques et plans d’action dans sa création : « J’aime mélanger les prises de vue pour montrer la vitesse et la fuidité dans ce qui serait normalement une image très chargée », explique-t-il. redbullillume.com
Azpeitia, Pays basque
MINI SKATOS
Nous savons ce que vous pensez : « Est-ce que c’est le plus petit skateur au monde sur un pic de brochette ? » Ce que vous voyez, c’est Enaitz Odria en train de rider dans un skatepark du Pays basque espagnol. « Je cherche à créer des images qui sortent de l’ordinaire, explique le photographe local Alex Berasategui Ibaieta, qui s’est qualifé pour la fnale de Red Bull Illume. L’élévation du drone a permis d’obtenir une perspective unique, révélant les formes et les motifs du park. » redbullillume.com
Tulum, Mexique
LA FACE CACH É E
Perchée sur la péninsule du Yucután, Tulum est un pôle d’attraction touristique, tant en surface qu’en profondeur. En haut, mer, sable et ruines mayas ; en bas, le plus grand réseau de grottes sous-marines au monde. L’image d’Alvaro Herrero López-Beltrán du plongeur Skanda Cofeld-Feith, prise dans une salle magique cachée et fnaliste du concours photo Red Bull Illume, montre aux amateurs de soleil ce qu’ils ont pu manquer. redbullillume.com
TKAY MAIDZA
Coup droit
La rappeuse et ancienne prodige du tennis énumère quatre de ses grands frappeurs préférés.
Avec son débit rapide, sa musique versatile et son style visuel attrayant, Takudzwa Victoria Rosa alias Tkay Maidza est une force sur laquelle il faut miser. Née à Harare, au Zimbabwe, élevée en Australie occidentale et aujourd’hui résidente de Los Angeles, cette jeune femme de 28 ans a renoncé à des carrières potentielles dans le tennis et l’architecture pour apporter au monde sa marque inventive et expérimentale de rap alternatif. Le deuxième album de Maidza, Sweet Justice, produit par Kaytranada, lauréat d’un Grammy, a marqué son arrivée sur la scène musicale internationale. Il combine hip-hop, R&B, funk et pop industrielle pour offrir des mélodies accrocheuses et des scènes dramatiques intenses, le tout imprégné de l’audace caractéristique de Maidza. Elle choisit ici quatre titres qui ont marqué son parcours vers le succès.
IG : @tkaymaidza
Scannez le code ci-contre pour écouter Tkay Maidza sur Spotify.
Fergie
Glamorous (2006)
« C’est tellement intemporel ! J’adore l’énergie que Fergie met dans la chanson et l’énergie qu’elle représente. C’est un bel aperçu d’une vie agréable, mais on peut aussi l’interpréter sous tant de perspectives. J’ai été époustouflée lorsque je l’ai entendue pour la première fois. Il n’y a rien de comparable à cette chanson aujourd’hui. On dirait qu’elle manifeste la paix. »
Mariah Carey It’s Like That (2005)
« Mariah est une reine, elle incarne le glamour et n’a pas froid aux yeux. Lorsque cette chanson est sortie, j’ai eu l’impression de la célébrer avec elle. Il s’agit d’être qui l’on est et d’être fier de soi, et c’est très important. Cette chanson est tellement bizarre que je me suis dit : “C’est trop cool.” On se dit : “Quoi ? Mais c’est tellement beau en même temps.” »
The Internet Girl (2015)
« Une musique sur laquelle je pourrais danser, mais aussi m’endormir, ou écouter chez moi en lisant un livre ou en faisant le ménage. C’est une ligne directrice importante pour mes propres chansons, cette énergie tranquille. C’est là que se trouvent les meilleurs artistes. Girl est un single qu’on peut écouter dans un club, mais aussi seule. Allez l’écouter ! »
Janet Jackson
If (Kaytranada Remix) (2012)
« Lorsque j’ai entendu ce flip de Kaytranada pour la première fois, j’ai été bluffée. C’est comme l’avant-garde de l’électro, où les gens n’avaient pas conscience des producteurs, et où ces derniers n’avaient pas conscience d’être des artistes. Travailler avec lui son mon LP était un objectif de longue date. Il sonne comme personne et a créé son propre genre dans la house. »
Dans le circuit
Avec un accès privilégié aux backstages du sport auto, le photographe Jon Nicholson ofre une perspective diférente sur ses passions et tensions.
Malgré toute l’excitation autour d’une voiture de Formule 1 qui passe en rugissant dans un nuage de couleurs à 300 km/h, Jon Nicholson sait que la véritable bataille d’un Grand Prix se déroule dans le garage.
« Parfois, ce n’est pas l’action mais le résultat potentiel, explique le photographe basé dans le West Sussex. Le garage est l’endroit où règne la tension. Et pour moi, c’est là que se trouve la photo à prendre. » En effet, c’est dans le garage de Williams à Imola en 1994 que Nicholson a pris ce qui est censé être la dernière photo du légendaire pilote brésilien de F1, Ayrton Senna, fixant intensément un écran quelques heures seulement avant son accident fatal.
Photographe depuis plus de quarante ans, Nicholson a rassemblé ses photos exceptionnelles de la F1 et autres milieux de la course auto dans un livre, Macchina. Les images de F1 n’auraient pas été possibles sans l’accès sans précédent et exceptionnel accordé par son ami de longue date et champion du monde Damon Hill, avec qui il partageait un bureau quand il avait la vingtaine. « Nous avions toujours ce rêve qu’un jour il remporterait le championnat du monde et que je serais là pour prendre sa photo », dit Nicholson.
Hill le recommandant, le photographe a pu parcourir les
pistes, les paddocks, les tribunes, les garages et même les cockpits, s’immisçant sous la surface de ce sport. « Je ne suis pas vraiment un fan de course, dit Nicholson. J’adorais y aller, mais je ne me souciais pas vrai ment de qui était en pole posi tion. Je suis plus intéressé par tout ce qu’il y a autour : les gens, les pilotes, les fans, com ment les athlètes se préparent. Quant aux voitures qui tournent en rond, je ne pouvais vraiment pas voir l’intérêt ! »
Utilisant un appareil photo Leica avec un grand angle pour rester discret, Nicholson
cherchait des histoires à raconter, faisant la connaissance des mécaniciens en coulisses et parcourant les zones réservées aux fans, comme la colline à Imola où « tout le monde débarque et les fans y fabriquent de petites plateformes pour y mettre un matelas et un réchaud pour rester tout le week-end », dit-il.
« Aller à Monza (IT), à Budapest (HU), à Hockenheim (DE), et voir la passion folle des gens pour vingt-deux voitures qui tournent en rond était incroyable. C’est un peu comme partir en tournée avec les
En haut : l’aube sur la ligne droite de Mulsanne, 24 Heures du Mans 2022 ; Ci-dessus : Ayrton Senna, Imola 1994. Jon Nicholson a pris cette photo qui n’avait rien de spéciale à l’époque se souvient-il. Quelques heures plus tard, la légende décède, et cette image bascule dans autre lecture, poignante.
Rolling Stones dans les années 70 : juste une puissance et une énergie incroyables. J’étais nerveux avant une course. En se tenant sur la grille, vous êtes en plein cœur du chaudron. »
Dans Macchina, Nicholson explore également la recherche de la vitesse qui dépasse le cadre de la F1, se rendant au Mexique pour la course routière Carrera Panamericana et en Californie du Sud pour la NASCAR, un sport auto dont les racines remontent au transport d’alcool illégal aux USA pendant la Prohibition.
En élargissant ses horizons, le photographe a créé « presque une histoire de la course » et découvert que « les autres courses sont aussi importantes que la F1. Vous allez à ces rallyes où l’ambiance est exactement la même. Quand vous allez faire un tour à l’arrière et que vous y trouvez des gens qui ne peuvent pas obtenir de billet en train de regarder à travers la clôture… c’est là que se trouve la passion » ! jonnicholson.co.uk
Peindre le cheveu
Slimka, Frank Ocean, Doja Cat ou encore Ichon sont passé·e·s sous le pinceau et les ciseaux de Santa Mari Juanna, la coloriste et hairstylist qu’on s’arrache aussi bien dans l’industrie de la musique que de la mode. Pour sortir du lot.
« J’ai toujours eu une liberté d’expression par rapport à mes cheveux. On a des cheveux de brésiliennes et de portugais dans la maison, ils sont bien épais. » Sans limite dans sa créativité, le cheveu est, pour cette passionnée, une affaire de famille. Si sa mère était coiffeuse et que ses plus vieux souvenirs remontent à son enfance à la maison, où avec ses sœurs elle se colorait les cheveux, Juanna (photo ci-dessus) ne se prédestinait pas à une telle carrière. Destinée l’art, elle a fait des études
d’architecture et de graphisme à la Fonderie de l’Image, avant de prendre un tout autre tournant grâce à une rencontre fortuite. C’est d’ailleurs son background scolaire et son attrait pour les années 80 et 90 qui lui feront dire : « Je peux vraiment peindre sur des têtes. » Inspirée par Cyndi Lauper, Kelis et Dennis Rodman qui jouaient déjà avec les codes du cheveu, voire les punks des 70, ces références lui laissent penser qu’il y a une place à prendre.
Toutefois il faudra attendre la fin de ses études et l’envie de
se lancer dans la vente d’objets vintages avec son copain de l’époque, pour que la coloriste en herbe se forme professionnellement. « On avait un Big Cartel de vente et on ne faisait que chiner. C’étaient les débuts d’Instagram. De là, on a eu un atelier où on organisait des tournois de Street Fighter sur la Sega Megadrive quand les potes passaient. L’occasion pour moi de leur faire des colorations et ils me donnaient vingt balles. »
Jusqu’au jour où la hairstylist Vi Sapyyapy, qui a beaucoup travaillé aux États-Unis et en France, la complimente et lui propose d’être son assistante. Juanna se souvient : « Elle m’a dit de passer mon diplôme, ce que j’ai fait. Tout de suite après, j’ai travaillé pour elle. J’avais 24 ans. Elle m’a donné ma chance en tant que coiffeuse ». D’après la coloriste, sa responsable lui a mis la misère, certes, mais elle lui a surtout appris la dureté du studio : hiérarchie, exécution sans pouvoir affirmer position créative, technicité ni professionnalisme. Des bases fondamentales qu’elle appliquera dans son quotidien pour mener à bien son entreprise. C’est aussi grâce à cette femme, son mentor, que Juanna fera son premier shooting pour Hermès.
Il semble important de comprendre que les cheveux sont la première chose qu’on voit avec le visage d’une personne. C’est le reflet d’une vision de nous-même qui peut modifier le style, le teint de peau et un regard. Pour bien se sentir avec une couleur, il faut qu’elle nous ressemble. « Elle permet de composer notre être complet, comme un vêtement, souligne Juanna, qui dans son cas, porte du rose pastel depuis de nombreuses années. Ça me va au teint, c’est une couleur qui change la vision qu’on a de moi, car je peux être assez brutale et agressive. Mes cheveux roses mettent en avant
ma douceur et agissent sur mon comportement en même temps. Aussi, je suis très mal coiffée et je l’assume complètement parce que je fais plein de tests sur ma tête. » Juanna quittera le studio et sa mentor Vi au bout de quelques mois afin de se mettre à son compte : « J’ai lancé ma page Facebook, en disant que je faisais des colorations et j’ai commencé par colorer mes potes et les potes de mes potes, puis à domicile. Et j’ai eu l’a chance de rencontrer une nana qui avait un atelier alors je m’y suis greffée. Toujours dans l’optique de proposer un service de qualité, pas trop cher, mais qui me permette de me développer. » Il lui faudra prendre son mal en patience, manger des pâtes toute la semaine, garder espoir avant de véritablement s’en
À chacun·e son style, sa couleur, pour refléter au mieux sa personnalité. Le rappeur Ichon (ci-dessus), par exemple, a choisi une coupe structurée géométrique, de couleur auburn qui rappelle les coupes afro des années 90, façon Prince de Bel-Air
sortir. « Je me suis demandé si je ne devais reprendre un travail plus normal, classique et stable. Mais si je n’avais pas pris de risque, je n’en serais pas là aujourd’hui et je n’aurais pas mon propre salon. » Être indépendante a toujours été important pour elle. La jeune femme remet toujours tout en question et compte bien apprendre chaque jour qui passe pour continuer de développer sa créativité.
Autrement dit, Juanna a la foi : « J’ai une bonne étoile, les gens qui m’entourent sont des
artistes en activité qui me donnent une exposition. Quand j’ai commencé, il y a douze ans, à colorer les cheveux de Stéphane Ashpool (créateur de la marque Pigalle, ndlr), ça m’a conduite à me retrouver sur les défilés de Casablanca, d’adidas, Facetasm et d’avoir la charge de la DA cheveux pour les clips d’Oxmo Puccino et Ichon. Une fois encore grâce à mon entourage qui croyait en moi et me recommandait. C’est la meilleure des publicités. » Il faut bien noter que travailler sur une fashion week et sur un clip, sont deux expériences très différentes, la première demande l’action, la rapidité, l’efficacité, la gestion du stress, tandis que l’autre requiert la créativité, une collaboration étroite avec un réalisateur et beaucoup d’adaptation.
À force d’huile de coude, Juanna est aujourd’hui à la tête de son propre salon, le Santa Mari Juanna Lab, à quelques pas de République (Paris), où elle exprime son style « Dirty Class, sale but smart » sans aucune contrainte. Un espace intime, où tout le monde, peu importe son cheveu, son statut social ou son âge a la possibilité de se faire coiffer (coupe, dreadlocks, braids, colorations futuristiques). Que l’on soit artiste à notoriété nationale comme l’écrivaine Morgane Ortin ou les rappeurs Laylow, Di-Meh et Lala &ce, ou bien Monsieur et Madame Tout-lemonde, la porte est ouverte. Plus qu’un salon de coiffure, il s’agit d’un espace de vie et de rencontres. On peut même s’y faire faire les ongles ou s’y faire poser des grillz. L’important, le nécessaire, une fois qu’on ouvre la porte du salon est de faire preuve d’ouverture d’esprit et d’être, sans aucun doute, animé�e par un sentiment de liberté.
IG : @santamarijuanna
Santa Mari Juanna
11 Boulevard Saint-Martin 75003 Paris
Courant alternatif
Besoin de plus de motivation pour faire du vélo ? Ce vélo d’appartement transforme votre puissance de pédalage en énergie verte.
Lorsqu’une catastrophe frappe, les gens foncent pour s’occuper de deux choses, explique Jonas Navickas, PDG de la société d’énergie durable Tukas EV : « L’eau et le chargeur de leurs portables, pour avoir de l’eau potable et la possibilité de communiquer. » C’est ce qui a frappé Navickas alors qu’il regardait les reportages sur la guerre en Ukraine, depuis Vilnius (Lituanie).
« J’ai essayé d’aider autant que possible, dit-il. L’année dernière, il y avait beaucoup de problèmes d’infrastructure (en Ukraine) car les stations élec-
triques étaient bombardées, alors nous avons réfléchi à la manière dont nous pouvions remédier au problème. »
L’inspiration lui est venue un vendredi soir, et dès le lundi matin, son équipe de conception avait produit les premiers dessins pour ce que Navickas décrit comme une « idée si simple » : un vélo d’appartement qui capte et stocke l’énergie cinétique produite pendant le pédalage. En octobre de l’année dernière, l’entreprise a lancé le HR Bank, un vélo qui fait aussi office de centrale électrique avec la capacité de
stocker jusqu’à 2 kW d’énergie électrique. « Je me suis longtemps demandé pourquoi gaspiller autant d’énergie, dit Navickas, parlant depuis l’usine Tukas EV, où il est entouré de vélos en aluminium recyclé. En moyenne, une personne peut générer entre 50 et 300 watts en faisant du vélo pendant une heure sur le HR Bank, ce qui signifie que seulement 15 minutes de pédalage génèrent assez de puissance pour charger un smartphone, une heure recharge un ordi portable, et deux heures alimentent un four pour cuire une tarte. »
Sur l’écran où s’affiche d’habitude la fréquence cardiaque, ce vélo vous fait savoir quand la capacité de la batterie sera pleine. Si vous êtes trop fatigué·e pour faire de l’exercice, il peut également stocker de l’énergie à partir d’autres sources, telles que l’énergie solaire ou éolienne.
Bien que conçu en pensant aux situations d’urgence (zones de guerre ; catastrophes naturelles ; cyberattaques), le HR Bank est une solution gagnant-gagnant pour quiconque cherche à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. Équipé de pédales amovibles et ne pesant que 41 kilos (dans sa version à capacité inférieure à 0,75 kW), il est facile à transporter.
Enfin, comme l’explique Navickas, le fait de produire physiquement sa propre électricité donne aux bénéficiaires une appréciation concrète de leur consommation d’énergie. « Quand vous pédalez, vous comprenez combien d’énergie est nécessaire pour simplement allumer la lumière. Après ça, vous y pensez toujours. C’est une question d’éducation. Lorsque vous générez votre propre énergie, vous devenez plus responsable et économe. Ainsi, vous pesnez à éteindre systématiquement les lumières en quittant une pièce. » tukasev.com
Le meilleur grand air
Le lac Majeur: votre destination plein air
Nature et d’aventure: 1400 km de sentiers de randonnée et puis trail running, escalade, bloc, VTT et du fun dans l’eau ...sans oublier les plus de 2300 heures de soleil par an.
www.ascona-locarno.com
Foroglio, Valle BavonaL’INDÉ ALTRUISTE
Née à La Nouvelle-Orléans, Dawn Richard porte plusieurs casquettes : la chanteuse devenue dessinatrice dans l’animation et propriétaire d’un foodtruck végan danse avec détermination au rythme de sa propre musique.
TEXTE JESSICA HOLLAND PHOTO BRIT O’BRIEN
Dawn Richard semble vivre plusieurs vies à la fois. Cet été, l’artiste présente lors de sa tournée en Europe son style de dance très protéiforme, étourdissant, provocant et joyeux, à des rythmes irrésistibles. Et lorsque madame n’écrit pas, ne chante pas, ne danse pas ou ne crée pas un univers visuel pour accompagner sa musique, elle gère un camion de restauration végane et travaille en tant que dessinatrice et créative culturelle pour la chaîne d’animation Adult Swim.
Aujourd’hui âgée de 40 ans, elle a toujours été aussi déterminée. Elle a grandi dans un quartier pauvre de La NouvelleOrléans, et avait de grands rêves, comme elle le décrit – avec des parents artistes et travailleurs qui enseignaient la danse et la musique pour joindre les deux bouts. Pendant son adolescence, elle a chanté dans un parc d’attractions, et à l’université, elle est devenue cheerleader pour la NBA. Puis, en 2004, elle a auditionné avec succès pour l’émission de télé-réalité américaine Making the Band. S’en est suivi un voyage épuisant vers la célébrité en tant que membre de deux groupes de filles produits par Sean « Diddy » Combs : d’abord Danity Kane, puis Diddy – Dirty Money. Mais en 2011, libre et indépendante, elle est repartie en tant qu’artiste solo sous le nom de Dawn.
Depuis lors, elle a sorti six albums, où figurent parfois son alter ego musical King Creole, guerrière mi-androïde, mi-humaine. Au téléphone depuis la Louisiane, elle raconte son chemin...
the red bulletin : Est-ce qu’être un membre de Danity Kane a été en phase avec votre idée de la célébrité ?
dawn richard : Je connaissais l’industrie musicale, mais ça a quand même été un choc pour moi. Nous faisions nousmêmes nos costumes, pas de sommeil, dansant sur des talons de 18 cm, des répétitions de huit heures par jour. Nous n’avions pas l’occasion de profiter du moment présent, car nous travaillions très dur. Mais nous avons réussi à faire quelque chose de beau, et je l’apprécie.
Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer en artiste indépendante ? Pendant environ dix ans, dans Danity Kane puis Dirty Money, j’ai contribué à faire gagner beaucoup d’argent aux autres, mais pas à moi. Je me suis dit : « Si j’y retourne, ce sera parce que je l’ai décidé, pour aller plus loin. » En ne comptant que sur moi pour réaliser mon rêve.
Comment votre style a-t-il évolué ?
J’ai pu combler l’enfant de 11 ans en moi. Björk, Prince, Grace Jones, Portishead, Queen, jazz, funk, R&B, Chicago house, Bounce music – toutes ces choses qui ont fait partie de mon histoire depuis le tout début. Mais personne ne me dit si un refrain est assez commercial ou pas, ou que je dois être jolie ou avoir la peau claire.
Rester fidèle à sa vision est difficile ? Je me fiche de ce que les gens pensent de moi. Il est important d’être 100 % fidèle à soi-même. Vous vous perdrez en essayant de correspondre à l’image que les autres ont de vous. Après Danity Kane et Dirty Money, j’ai été rejetée par tous les grands labels. Tout le monde me disait que j’échouerais. Vous devez croire en vous au point que les autres n’aient pas d’autre choix que de croire aussi en vous.
Abandonner n’est pas une option ? Lorsque nous avons affronté l’ouragan Katrina, nous avons tout perdu. Je sais
ce que veut dire repartir de zéro. Il n’y a pas de : « Ça ne marchera pas » : ça marchera. Vous devez montrer ça.
À quel moment de votre carrière en étiez-vous lorsque La NouvelleOrléans était sous l’eau ?
Littéralement, une semaine après Katrina en 2005, nous avons été renvoyés dans l’émission en tant que les derniers douze candidats. Lorsque j’ai intégré le groupe, j’étais sans-abri. Ce n’était pas un « Hourra ! » ; c’était un : « Il faut se mettre tout de suite au travail. Je dois gagner de l’argent. » Mes parents avaient travaillé si dur, et maintenant ils dormaient par terre dans le studio de mon frère. C’est ce que je veux dire par : « Ça doit marcher ! »
Comment en êtes-vous venue à travailler dans l’animation ?
Après avoir quitté Bad Boy Records de Diddy, je n’ai dû compter que sur moimême pour financer mes projets. Je savais dessiner, j’adorais l’animation et je connaissais le marketing, alors j’ai appelé Adult Swim. Comme ils adoraient les trucs excentriques que je faisais, je leur ai mis ma musique à dispo. Tout en faisant cela pendant deux ans, j’ai développé ma bande démo d’animation, puis je leur ai dit que j’aimerais travailler pour eux (en tant que dessinatrice). Et ils ont dit banco ! Maintenant, j’aide à entrer dans le monde de l’animation des dessinateurs noirs et queer pour qui c’est parfois leur premier emploi. Le message de mon parcours est d’aider les laissés-pour-compte et les marginaux.
The Architect, dernier EP de Dawn Richard sur Merge Records ; dawnrichard.io
« Il est important d’être 100 % fidèle à soi-même. »
Après des années où d’autres tiraient les ficelles, Dawn a pris le contrôle de sa carrière musicale en solo et en indé.
BOOTY TECH ADRÉNALINE
Le groupe HiTech, qui puise dans les racines musicales de Motor City, entend réunir les gens en remettant l’esprit maniaque de la ghetto tech au cœur de la fête, micro dans une main et bouteille à partager dans l’autre.
TEXTE MARIE-MAXIME DRICOT PHOTO KOLBE
« Nous avons tous relationné intimement avec la même personne. » Voici la première chose que les membres du groupe de Détroit me racontent, lorsque je les retrouve au Red Bull Studios Paris. Alignement des planètes ou hasard de la vie, qui fait bien les choses, on ne peut que remercier cette personne qui leur donnera envie de produire, ensemble pour la première fois, un morceau qui raconte leur histoire. Composé des rappeurs-producteurs King Milo, Milf Melly et 47Chops, HiTech est un groupe de musique de Détroit qui entend refaçonner la culture club grâce à sa ghetto tech qui reprend tous les éléments classiques du genre (électro rapide, voix distordue, sexualité brute) aussi appelé « booty tech ». Il s’agit d’une fusion d’électro, de techno, de house of Chicago et de Miami bass. Un genre qui a émergé à la fin des années 80 grâce à des artistes comme DJ Assault et DJ Godfather.
Mais depuis, la ghetto tech a bien évolué et est d’utilité première pour la culture club qui doit se refaire une santé, et dont HiTech compte bien être acteur du renouveau. « Nous voulons vraiment renverser la culture club. Nous sommes en France pour la première fois et nous voyons comment les gens réagissent positivement à notre musique. Dans beaucoup d’endroits, les gens aiment rester debout et ne ressentent pas la musique. Si au début, nous voulions tuer la culture club, en la rendant plus amusante et vivante, on s’est aperçus en étant à Paris, que ce n’était pas nécessaire. Ce qui compte, c’est de créer des formes d’interactions avec les publics et rendre la fête plus intime », explique Milo.
Pour ces producteurs de ghetto tech aux punchlines provocantes et au rythme soutenu, leur musique est plus qu’un agencement de sons, elle est la narration
d’un moment de vie et dont l’énergie positive tend à décomplexer (parfois trop) et à rassembler. « Je ne dis pas que tout le monde doit être nu, mais c’est OK. Il faut être d’accord avec nos différences et accepter qu’on est tous là en train de festoyer pour la même chose. On a le droit d’avoir passé une mauvaise journée, mais l’idée est de s’abandonner, de discuter avec son prochain et de rentrer en connexion avec l’autre », raconte Milo. Plus simple à dire qu’à faire, mais tout semble jouer à leur avantage pour le trio d’outre-Atlantique. Et pour se faire, il compte bien sur leurs bouteilles Hennessy : « Si on te voit seul près d’un mur, on va t’apporter du cognac et on va te faire savoir que ce n’est pas seulement le nôtre. Nous allons partager la bouteille si tu le veux, et ensuite nous pourrons nous défouler et danser ensemble. On va te montrer qu’on peut s’identifier à toi, c’est très important. Nous n’essayons pas de forcer à quoi que ce soit, mais si à tout moment, tu changes d’avis et tu veux nous rejoindre dans l’euphorie, dans deux ou trois chansons, tu peux. »
Si, à domicile, on est souvent lassé·e des scènes musicales qui nous entourent, y arriver avec un vent de fraîcheur attise la curiosité du public et favorise son ouverture d’esprit, et son lâcher-prise. Peutêtre trop parfois. Le King du trio se souvient d’un de leur gig à Bruxelles où il s’amusait dans la foule quand soudain, une jeune femme lui a attrapé les parties intimes en criant son excitation et sa joie car « trop dans l’excitation du son ». Un geste qui a fait dire à l’artiste : « Je sais qu’elle ne le faisait pas à mal, d’après ce que j’ai pu voir, alors j’ai pris cette expérience et j’ai fait un peu plus attention à ça. Mais elle a clairement profité de moi, mais j’espère qu’elle a compris que ce n’est pas cool du tout. » Ce qui a le plus marqué les esprits de King Milo, Milf
Melly et 47Chops depuis leur arrivée à Paris, c’est que, contrairement aux ÉtatsUnis, les gens étaient véritablement intéressés par la musique et l’expérience des concerts ou du club. Les Français·es n’hésitent pas à se déplacer et à se lâcher. « On a fait du crowd surfing (slam) sur nos dates en Europe, c’était fou, ça n’arriverait jamais aux États-Unis, parce que là-bas les gens ne comprennent pas le punk et le metal s’ils ne sont pas directement rattachés à cette scène. »
Ironiquement beau. Si HiTech trouve la scène française plus intéressante et libre qu’aux USA, le discours s’inverse lorsqu’on se retrouve chez eux à Détroit, pour la raison évoquée plus haut : l’art de se lasser de ce qu’on expérimente au quotidien et la nécessité de découvrir ce qu’il se fait ailleurs. Marre de se rendre toujours dans les mêmes lieux, pour entendre la même chose et rencontrer les mêmes personnes, jusqu’à ce qu’un jour, quelqu’un apporte du nouveau à la proposition déjà existante. Pour le trio : « Être à Paris nous a permis de voir quelle pierre nous voulions apporter à l’édifice et comprendre pourquoi telle ou telle personne est inspirée par certaines vibrations au cours d’une fête. On apprend nous aussi, au fur et mesure, à comprendre ce qu’on fait et l’impact qu’on peut avoir. »
Avec sa ghetto tech, un son après l’autre et une personne à la fois, Hitech remodèle la culture club, décloisonne les genres et fait de nouveau danser les gens. Passer un moment avec eux est une « expérience unificatrice unique et différente où tout le monde est le bienvenu », conclut 47Chops.
Instagram : @hitechdetroit
« Je ne dis pas que tout le monde doit être nu, mais c’est OK. »
Milo (gauche) sur l’acceptation des différences, pendant les performances d’HiTech.
HORS DES CASES
Artiste polyvalent aux multiples infuences, Rakajoo mêle les codes de la peinture, de la bande dessinée et du cinéma pour montrer la réalité de la société. Entretien après sa première exposition solo.
TEXTE OUAFAE MAMECHE PHOTO GIOVANNI BATTISTA RIGHETTI
C’est au sein de la galerie parisienne
Danysz que nous retrouvons Rakajoo, un mois après la fin de sa première exposition individuelle au Palais de Tokyo. Durant quatre mois, une dizaine d’œuvres et diverses installations artistiques qui composaient Ceinture nwar étaient visibles par le grand public. Le jeune BayeDam Cissé, de son vrai nom, a toujours rêvé de se retrouver au sein de cette prestigieuse institution. Quinze ans plus tôt, il peignait une première fresque sur les murs de la salle de boxe qu’il fréquentait au nord de Paris, sans savoir que cela deviendrait son métier. Mais pas tout de suite. Avant cela, il a essuyé de nombreux regards condescendants, préjugés et refus d’écoles d’art, lui le jeune homme noir éloigné du milieu artistique.
En 2019, le peintre autodidacte intègre l’école Kourtrajmé fondée par le réalisateur Ladj Ly et sa section Arts et images dirigée par le photographe JR. Un an plus tard, les étudiants ont l’opportunité unique d’exposer collectivement au Palais de Tokyo au sein de l’exposition Jusqu’ici tout va bien, autour du film La Haine
Enfin, en septembre 2022, Rakajoo reçoit le prix de soutien à la jeune création de l’Association des Amis du Palais de Tokyo. Depuis, les expositions et les ventes de tableaux s’enchaînent pour l’artiste d’origine sénégalaise qui voit toutes ses étoiles s’aligner.
À travers l’art, Rakajoo souhaite faire bouger les représentations monocolores qui prédominent en France et donner une voix aux Afropéen·ne·s pour qu’ils et elles puissent raconter leurs histoires.
the red bulletin : Qu’a représenté pour toi le fait d’exposer au Palais de Tokyo ?
rakajoo : C’était une consécration. Après la galerie, être en institution était un objectif. On dépasse la dimension commerciale en étant vraiment exposés pour le public, et c’est mortel. Quand on regarde ma carrière et les choses pour lesquelles j’ai été appelé, au départ, c’était pour le sport et j’ai cherché à m’en détacher. Ensuite, j’ai eu l’école Kourtrajmé et l’étiquette qui risquait de m’être accolée, c’était celle de la banlieue, des violences policières, et j’ai réussi à m’en défaire aussi. Du coup, je ne voulais pas être une simple étiquette pour le Palais de Tokyo et faire quelque chose qui me correspond vraiment et pour lequel j’ai une totale liberté. J’essaie de prendre des virages pour éviter de m’enfermer dans quelque chose qui ne me correspondrait pas.
Qu’as-tu raconté à travers cette exposition ?
Je voulais raconter mon parcours semé d’embûches et comment il m’a mené jusqu’ici. Il y a beaucoup d’allégories, ma figure est présente d’un point de vue symbolique. Je voulais aussi mettre en avant toutes mes expériences et mes échecs. Le fait d’avoir fait de la bande dessinée et d’avoir travaillé dans l’animation. Parce que le monde de l’art est un peu condescendant vis-à-vis des autres secteurs artistiques qui sont vus comme des domaines pour enfants. Donc j’avais à cœur de mêler tout ça. C’est pour ça que j’ai fait des installations dans lesquelles il y avait de l’animation, j’ai rentré des écrans dans certaines de mes peintures. J’ai demandé à peindre tous les murs blancs en noir, pour vraiment briser l’image stéréotypée qu’on a du monde de l’art.
Comment cela a-t-il été reçu ?
Ce n’était pas acquis, même au sein du Palais de Tokyo. Hugo Vitrani, le commissaire de l’expo, a pris un risque. Je ne le
savais pas, il me l’a dit par la suite, mais on était attendus au tournant. Je me souviendrai toujours, après le premier vernissage, Hugo m’a dit : « T’inquiète qu’on en a bien fermé des gueules », ça m’a fait plaisir.
Quelle est la suite pour toi ?
Je refais une fresque au Boxing Beats d’Aubervilliers cette année, ça sera ma dernière, après je n’en ferai plus jamais. Il y aura une exposition pour l’accompagner. Je sors aussi une bande dessinée aux éditions Casterman, qui se passe à Aubervilliers. C’est un thriller avec un peu de boxe dedans. J’aime avoir des ancrages dans le territoire et dans le réel, pour que les gens puissent se projeter, que les gamins de là-bas voient leur salle de boxe. Transmettre aux plus jeunes, c’est important pour toi ?
Oui, totalement. Déjà à l’époque de la première fresque à Aubervilliers, on avait monté un atelier pour réaliser une bande dessinée avec les jeunes du club. Et c’est un truc qu’on veut réitérer. J’essaie d’éviter ce qu’un petit comme moi aurait pu ressentir en grandissant.
Les choses bougent-elles doucement ? Oui, il y a de petites victoires qui font plaisir, comme quand j’ai fait venir tout mon entourage au Palais de Tokyo. Certains n’avaient jamais mis les pieds dans les musées et c’est génial. Peut-être que plus tard ça sera plus naturel pour leurs enfants. J’espère qu’il n’y aura plus cette barrière qu’on se met tout seul et qui peut parfois être un facteur d’auto-censure.
Rakajoo est représenté par la galerie Danysz Paris – Shanghai ; IG : @rakajoo
« Je ne voulais pas être une simple étiquette. »Rakajoo au sujet des stigmates imposés par le monde de l’art.
LE MAGICIEN OSE
PHIL WIZARD possède un don pour la magie qui lui a permis d’envoûter les foules et d’atteindre les sommets du breaking. Mais ce don cachait aussi sa part d’ombre. Pour s’en débarrasser, le B-Boy a dû afronter son plus grand adversaire : lui-même.
Philip Kim, est l’un des breakers les plus inspirants au monde. À 27 ans, il est l’un des sérieux candidats au titre olympique. Le breaking sera présent aux JO pour la première fois cet été.
Focus. Et presque trop sérieux (pour une fois). Phil est autant connu pour ses moves fous que pour sa bonne humeur permanente.
« Pour mes parents comme pour moi, c’était un choix cornélien de tout changer pour se lancer dans le breaking. »
Beaucoup considèrent le succès véritable comme une chimère insaisissable : chaque but atteint cède aussitôt sa place au suivant dans une éternelle farandole de désirs toujours renouvelés. Mais qu’en est-il de celles et ceux qui visent le sommet et finissent par l’atteindre ? Qu’est-ce qui les pousse encore à sortir du lit tous les matins après avoir déjà réalisé leur plus grand rêve ?
C’est justement cette question qu’est venu poser The Red Bulletin à Philip Kim, breaker canadien de 27 ans plus connu sous le nom de Phil Wizard, en cette grise matinée parisienne. En quelques années, Wizard est passé d’une élimination au premier tour en finale du Red Bull BC One 2019 (la plus grande compétition de breaking au monde) à une ascension vertigineuse et est désormais LE grand favori à la victoire aux prochains JO d’été en 2024. Chemin faisant, il a réalisé son rêve le plus convoité en mai 2022 en
rejoignant les Red Bull BC One All Stars, une équipe ultra sélect réunissant certains des meilleurs breakers au monde. Un moment qu’il a décrit avec émotion à l’époque comme un « rêve devenu réalité ».
Wizard est arrivé dans notre capitale fin octobre 2023 pour participer à la vingtième édition de la finale mondiale du Red Bull BC One, épuisé après une année de compétitions de danse nonstop. Mais son entrain naturel n’en laisse rien paraître. Le ton austère des Orgues de Flandre, complexe résidentiel à l’architecture brutaliste des années 1970, détonne franchement avec la folle énergie de Wizard qui bondit vers nous dans une veste rose et violette aveuglante, un bonnet enfoncé sur les yeux. Le soleil se lève sur les immeubles en béton gris alentours, la séance photo démarre. Quelqu’un joue des beats étouffés en boucle pour accompagner les mouvements de Wizard sous le mitraillage des caméras. Quelques curieux·euses ralentissent, leur sac de provisions à la main ; d’autres venu·e·s promener leur chien se posent sur un banc pour l’observer se contorsionner dans tous les sens avec une facilité déconcertante.
Quand on lui demande comment tout a commencé, Wizard répond invariablement que c’est en assistant à un spectacle du Now or Never Crew dans sa ville natale de Vancouver, à l’âge de 11 ans. Il est resté scotché par la performance de ce pilier de la scène hip-hop locale.
Le hasard a bien fait les choses puisque peu après, l’un des membres du crew est venu animer un atelier dans son école, ce qui a poussé Wizard à s’inscrire dans un cours de danse. Son autre source d’inspiration est un peu moins funky : ado, Philip Kim adorait Sexy Dance, une série de films romantiques sur la danse. « J’avoue que jétais fan de ces trucs ringards. Quand on est gosse, c’est génial, ces danses sous la pluie et tout le bazar, rit-il, gentiment moqueur lors d’une pause entre deux séances photos. J’étais un gamin super agité avec une imagination débordante. Je regardais pleins d’animés et de films de superhéros et j’imitais tous ces trucs. Ça tournait plus autour des chorégraphies que du breaking au départ. »
Devenu ado, Wizard change brutalement de cap et consacre bientôt tout son temps au breaking, danse de rue acrobatique et stylée née dans les années 1970 sur les trottoirs et dans les fêtes de quartier du Bronx lors de la floressence du Hip-Hop. Il passe tout son temps libre à étudier des vidéos YouTube des plus grands breakers et à traîner avec les groupes de Vancouver qui lui apprennent comment évoluer sur cette mince frontière entre créativité et succès commercial. À l’époque, sa famille a du mal à suivre cette obsession grandissante pour le breaking : suivant le conseil parental, ses frères et sœurs ont épousé des carrières dans l’assurance et le droit. « J’étais l’original de la famille, admet-il. Et le fait de venir d’une famille d’immigré·e·s rajoutait encore plus de pression. »
Ses deux frères aînés, son père pasteur et sa mère vivent en Corée quand celle-ci tombe enceinte de Wizard. Peu avant sa naissance, la petite famille part chercher fortune au Canada. « Mes parents ont tout sacrifié parce qu’ils voulaient assurer un avenir plus stable à leurs enfants », explique-t-il. La séance photo s’achève, nous montons dans un taxi qui zigzague dans les rues encombrées pour permettre à Wizard de se reposer du décalage horaire à l’hôtel avant la compétition prévue quelques jours plus tard. « Pour eux comme pour moi, c’était un choix cornélien de tout changer pour se lancer dans
le breaking » réfléchit-il pendant que les stations de métro taguées et les avenues bordées d’arbres défilent devant les vitres du taxi.
Pour apaiser les tensions, Phil Wizard entame des études de psychologie à la fac, mais abandonne après le premier semestre. « J’ai arrêté car les qualifications pour les finales mondiales du Red Bull BC One avaient lieu à Los Angeles. Je me suis dit que si je gagnais le concours, je laisserais tout tomber pour me lancer à fond dans la danse. » Pari payant : Wizard remporte le titre et pave le chemin de sa carrière de breaker professionnel. Mais il lui reste encore un obstacle de taille à surmonter : si Wizard a réussi à convaincre les autres de son talent, il doit encore s’en convaincre lui-même.
« C’était une lutte quotidienne, je ne savais pas si je devais continuer ou reprendre mes études », dit-il à propos de cette période trouble qu’il considère comme la plus sombre de sa vie. Wizard retourne vivre chez ses parents, se fait un peu d’argent de poche au sein du Now or Never Crew en dansant pour des fêtes d’entreprises ou des mariages et trouve ses marques en se taillant une sacrée réputation sur le circuit des compétitions.
« Je mettais ma vie en jeu à chaque compétition. Quand je perdais, j’étais au fond du trou. »
« C’est une époque où je me suis pas mal trituré le cerveau pour savoir quoi faire. Avec le recul, je ne pense pas que j’étais le plus doué, celui dont tout le monde pense que c’est un super danseur qui va finir au top. C’était plus une ascension graduelle, j’étais guidé par ma passion. » Tout tournait désormais autour du breaking : chaque fois que Wizard marchait dans la rue, il laissait son esprit vagabonder, élaborant de nouvelles chorégraphies dans une sorte de dialogue rythmique en boucle qui l’habite aujourd’hui encore.
Le moment où Wizard a enfin réussi à se libérer de ses doutes remonte à quelques années seulement et n’a finalement rien à voir avec le fait de posséder une parfaite maîtrise du breaking ou
non. Au bout du compte, c’est son mental qui devait changer. Wizard a compris que ce qui l’avait retenu toutes ces années n’était rien d’autre que lui-même.
« À certains moments des compétitions, je souffrais d’un syndrome de l’imposteur tel que je gâchais toutes mes chances. Oui, j’étais en demi-finales, mais je pensais que je n’étais pas digne de gagner, que j’étais un fake et que j’allais tout faire foirer. » Il a fini par réaliser que manque de confiance en soi et soif de succès constituaient un cocktail très négatif pour ses performances et son bien-être. « Je devais gagner pour m’améliorer et vivre de ma passion. À chaque compétition, je mettais ma vie en jeu. Quand je perdais, j’étais au fond du trou. Quand je gagnais, je me reprochais de ne pas avoir donné le meilleur de ma personne… »
Wizard a compris qu’il devait lâcher prise et voir les choses différemment. « Il fallait réduire toutes ces attentes et ces pressions internes et externes et tenter de profiter du moment présent. Je ne me suis pas mis à la méditation, mais j’essaie en revanche de vivre dans l’instant et d’affronter chaque épreuve avec une attitude positive. Ça m’a pris du temps, et même maintenant, le syndrome de l’imposteur est toujours tapi dans un coin. Mais ma nouvelle philosophie est que je ne peux contrôler que ce qui est contrôlable. J’essaie d’aborder la danse et la compétition avec plus de liberté. » Sur ces mots, le taxi s’arrête dans le quartier de Montparnasse. Wizard nous salue et s’échappe pour s’engouffrer dans son hôtel dont le hall, transformé en QG officiel des B-Boys et B-Girls en compétition, fourmille de danseurs et danseuses parmi les plus VIP de la scène du breaking actuel.
S’il s’est probablement laissé dévorer par le doute lors des finales BC One de Paris quatre ans plus tôt, Wizard réapparaît maintenant en pleine forme. Rien qu’en 2023, il a remporté pas moins de quatre compétitions et parcourt les quatre coins du globe avec son groupe de breakers d’élite pour se produire en Corée du Sud, au Brésil, au Portugal ou au Royaume-Uni. Il n’a pas passé plus d’une semaine à Vancouver l’an dernier. Quand il y est, il supprime tous les réseaux sociaux et s’évanouit dans la nature. « C’est le moment de déconnecter, lâcher du lest et dormir, dit-il. Franchement, je ne suis pas super fun quand je suis chez moi. C’est plutôt quand je
Phil WizardEn découdre : Phil entre sur scène dans l’enceinte du court Philippe Chatrier, au stade Roland-Garros, lors du Red Bull BC One World Final 2023 à Paris.
À ton tour mon gars ! Phil Wizard chauffe son adversaire, l’Italien Amaro, lors des phases finales du Red Bull BC One à Paris. Trois passages par B-Boy ou B-Girl permettront aux juges de déterminer quel·le danseur·euse accédera à l’étape supérieure.
Phil fait partie d’une élite qui parcourent le monde pour participer à des compétitions mais aussi simplement montrer au public le plus haut niveau du breaking et élever les consciences à son sujet. Il sait à quel point cette vie est appréciable.
Phil côté public lors du BC One Philippe Chatrier Camp à Paris en octobre 2023, une semaine de célébration du breaking et de la culture Hip-Hop. C’est lors de cet événement qu’avaient lieu les dernières qualifications pour la finale mondiale du Red Bull BC One.
L’un des derniers moves de Phil Wizard à Paris. Un événement de plus de 4 heures, devant 8 000 personnes, retransmis en direct dans plusieurs dizaines de pays. Remporter ce battle, c’était devenir champion·ne du monde de breaking, le ou la boss, pour un an.
« La scène underground ne va pas disparaître, il viendra toujours autant de monde aux jams. »
suis sur la route que je fais des trucs cool genre séances photo, compètes et retrouvailles avec mes potes. »
Le lendemain, Wizard, sa petite amie et son cercle intime se dirigent vers le Cent Quatre, ancien salon funéraire du XIXe reconfiguré en centre d’art contemporain. L’immense complexe, autrefois appelé « usine à deuils », se transforme en véritable temple de la culture Hip-Hop pour toute la durée des finales du BC One World. L’ambiance mortuaire fait place à une tension électrique presque palpable. Une centaine de personnes envahit l’espace principal, prêtes à assister à un événement historique. Phil Wizard et ses ami·e·s prennent une rangée de sièges d’assaut et se préparent, eux et elles aussi, au spectacle.
Sous les yeux d’un juge officiel du Guinness des Records en costume cravate, la foule se presse pour observer les deux B-Boys qui vont tenter de réaliser un double airflare, figure mythique où
l’on se lance du sol sur une main puis exécute deux rotations complètes en l’air avant d’atterrir de nouveau sur l’autre main. L’animateur annonce que cette figure surhumaine n’a encore jamais été réalisée officiellement, ce qui renforce encore la frénésie déjà intense du public rassemblé autour du cercle.
Monkey King entre alors en scène. Le danseur taïwanais s’élance dans le cercle avant de tourbillonner en l’air comme une toupie. Il réussit presque la figure légendaire, mais le record du monde ne sera finalement pas battu ce jour-là. Monkey King se casse un doigt et minimise l’incident avec son assurance habituelle.
Phil Wizard reste encore un moment à observer les différents duels de ces breakeuses et breakers qui défient la gravité sous le bon vieux son old-school des platines du DJ. Au milieu de la crème de la crème du breaking, Wizard est comme un poisson dans l’eau, passant du statut de célébrité (son visage rayonnant apparaît fréquemment sur les écrans) à celui de fan enflammé, bondissant de son siège quand quelqu’un fait une figure ultra complexe, filmant les moments mémorables sur son portable pour les poster plus tard sur les réseaux sociaux et acclamant avec ferveur ses alter egos danseurs et danseuses.
Le breaking est une communauté très soudée, mais si vous abordez l’accession du breaking au statut de discipline olympique en 2024, les opinions sont plus
L’ange blanc : face au Coréen Hong 10, Phil, un Canadien d’origine coréenne, délivre ses meilleurs moves.
que partagées. Les puristes craignent que le mouvement, à l’origine une soupape créative pour les jeunesses marginalisées noires et hispaniques de New York, ne soit coupé des ses racines de contreculture.
Le breaking vit un moment décisif, aucun doute à cela. Mais Phil Wizard accueille ce changement avec confiance. « Il est évident que les choses vont changer, et, comme toujours, ça met beaucoup de gens mal à l’aise. Mais le vent a déjà tourné : plus de concurrence, des compétitions avec plus d’enjeux, des sponsors qui se multiplient… Pourtant, je ne vois pas que du négatif. Je pense que les JO vont contribuer au développement du breaking et à son introduction auprès d’un public qui n’en aurait jamais entendu parler autrement. Oui, il y a tout cet aspect sportif, mais ça reste encore une culture à part entière : la scène underground ne va pas disparaître, on pourra toujours organiser des jams et il viendra toujours autant de monde. »
S’il reste convaincu que le breaking est avant tout une forme d’art, Wizard précise qu’il a déjà observé ce changement de paradigme bien avant les JO au sein de sa communauté : « Je m’entraîne environ 20 à 25 heures par semaine chez moi sur mes moves, explique-t-il. Le breaking est un mouvement tellement récent qu’avant, on ne se projetait pas dans le temps. Moi, je fais partie d’une génération plus jeune qui veut prendre soin de son corps pour pouvoir pratiquer cette
discipline pendant très longtemps. Ceci dit, j’avoue que mon régime se résume surtout à engloutir des sucreries. »
Le breaking n’est pas le seul à souffrir d’une crise d’identité ces derniers temps ; Wizard admet bien volontiers qu’il a lui aussi connu un profond conflit émotionnel en devenant membre des Red Bull BC One All Stars (ambassadeurs d’élite de la discipline à travers la planète) dix-huit mois plus tôt.
« J’étais un peu paumé : cela avait toujours été mon plus grand objectif. Bien sûr que j’adorerais remporter le BC One ou les JO, mais ce qui comptait le plus pour moi était de devenir un All Stars. » Quand c’est enfin arrivé, il a passé environ un an sur un petit nuage avant de redescendre doucement sur terre. « J’avais l’impression d’avoir tout accompli sur le plan professionnel, dit-il. Et après ? »
En réponse, il a décidé de ne plus définir d’objectifs ni de stratégies et de se concentrer davantage sur sa créativité naturelle. « Okay, niveau compétition je suis au top, mais artistiquement, je ne suis pas là où je voudrais être. Quand
« L’important c’est l’amour, même sur la plus grande scène au monde. »
je me regarde, je vois encore des défauts et des moments où ça coince. J’ai envie d’aller plus loin dans mon art, de faire évoluer ce sentiment de liberté, d’élargir mes horizons pour trouver de nouveaux mouvements. Je sens bien que ce n’est pas encore ça et que j’ai encore pas mal de pain sur la planche. » Et ce qu’il veut par-dessus tout, c’est profiter de chaque instant et surfer sur une vague d’optimisme à chaque compétition. « C’est un but impossible, admet-il en riant, mais c’est justement ce qui me fait continuer, j’essaie d’atteindre cet état tout en sachant pertinemment que cela n’arrivera jamais. »
Peu après, sous les projecteurs de l’immense terrain du stade Roland-Garros, Wizard peut enfin tester sa nouvelle mentalité devant une foule de 8 000 spectateurs et spectatrices survolté·e·s. Après quatre heures de duels acharnés entre les seize B-Boys et les seize B-Girls sélectionné·e·s, Wizard parvient en finale et franchit le sacro-saint cercle face à son ami de toujours, Hong 10, l’invincible B-Boy sud-coréen connu pour son extrême endurance.
Le plus incroyable dans ce duel (en plus des magnifiques head-spins, poses figées et figures ultra-précises des deux danseurs) est de constater à quel point Phil Wizard s’éclate, admirant la souplesse des mouvements de son adversaire, l’encourageant encore plus fort que ses fans, l’embrassant entre chaque round. Il a même l’air franchement heureux quand Hong 10 est finalement déclaré vainqueur. « Dès le départ, on s’est dit qu’on allait se retrouver en finale. Quand je me suis lancé sur la piste, je voulais juste me faire plaisir et offrir un bon spectacle à mon public, explique Wizard. Et surtout, montrer que l’important c’est l’amour, même sur la plus grande scène au monde. »
Alors qu’Hong 10 brandit la flamboyante ceinture dorée au-dessus de sa tête, Wizard savoure enfin cette sensation qu’il croyait autrefois inaccessible : lâcher prise et profiter du moment, tout simplement. « Oui, j’avais déjà perdu des duels, mais pas à cause de mon adversaire. J’avais perdu parce que je ne croyais plus en moi », concède-t-il plus tard, alors que la foule est partie et que tous les projecteurs se sont éteints. Il ne se battait jamais contre quelqu’un d’autre mais contre luimême et à ce titre, c’est en véritable vainqueur que Wizard quitte Paris. IG : @philkwizard
Phil WizardESPRIT VAILLANT
À 32 ans, l’athlète britannique TOM EVANS est l’un des ultramarathoniens les plus talentueux de la planète. Son secret pour courir des distances extrêmes à un rythme effréné ? Savourer ces courses épuisantes plutôt que de les subir.
Texte SAM HADDAD Photos JAMES CARNEGIEULTRA MAN
Tom Evans, photographié pour The Red Bulletin à Beacon Hill (Leicestershire, RoyaumeUni) en décembre 2023.
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Tom Evans perfectionne sa technique à Loughborough, tout près de chez lui.
« Ce ne sont pas les meilleurs athlètes qui remportent ces courses. »
Même s’il se trouvait en Californie au mois de juin l’an dernier, Tom Evans, ultramarathonien britannique habitué des records du monde, a pu courir plus de 30 km sur la neige – un exercice dont il reconnaît la difficulté et l’aspect déroutant – avant que la piste de trail ne commence à dégeler, d’abord par endroits, puis dans son entièreté. « J’ai clairement observé une démarcation nette où la piste enneigée s’est soudain dégagée , se souvient l’athlète de 32 ans. Ce fut un vrai déclic. Le prélude était terminé. La course avait commencé. »
Tom Evans participait alors à la Western States Endurance Run (161 km), un ultramarathon mythique et incroyablement éprouvant pendant lequel les coureurs et coureuses doivent affronter environ 5 500 m de dénivelé positif (soit bien plus que la hauteur du mont Blanc qui est pourtant le point culminant de l’Europe occidentale) et 7 000 m de dénivelé négatif à travers le terrain accidenté et rocheux des montagnes de la Sierra Nevada.
Cela faisait des années qu’il pensait à cette course, et il s’est entraîné – sans relâche – pendant des mois. En raison de chutes de neige totalement improbables, Tom Evans a entamé ce nouveau chapitre de la course avec 37 min de retard sur le record du parcours. Mais cela ne l’a pas inquiété. « Lors d’un ultramarathon, la véritable course ne commence pas avant six heures, indique Tom Evans. Le temps de savoir si vous avez bien fait les choses. »
Et c’est exactement ce qui lui est arrivé pendant cette journée. « Je me sentais bien et j’ai juste passé la vitesse supérieure », confie-t-il. Tom Evans a alors battu le record sur le reste du parcours, se détachant de son adversaire le plus proche à 110 km, puis terminant la course en 14 heures, 40 minutes et 22 secondes – soit le quatrième meilleur temps pour
les coureurs masculins sur les 47 ans d’existence de l’événement. Devenant ainsi le second athlète européen à remporter le trophée.
Aujourd’hui, Tom Evans ne passe qu’une heure au Performance Centre de l’université de Loughborough pour son shooting photo avec The Red Bulletin L’athlète court à un rythme qui lui permet de tenir une conversation – pour lui, cela correspond sans peine à 10 minutes 30 par kilomètre – sur un tapis de course hypersophistiqué et surdimensionné, programmé pour reproduire les dénivelés du parcours. Il est aussi relié à un appareil respiratoire qui mesure sa concentration maximale d’oxygène, soit l’efficacité avec laquelle il utilise l’oxygène pendant l’effort. De temps en temps, Steve Harris, un physiologiste de la performance, s’approche et pique le lobe de l’oreille d’Evans, prélevant du sang pour tester ses niveaux de lactate et glucose.
Ces datas apportent une vision détaillée et factuelle de l’ultramarathon (ou de l’ultratrail). Un ultramarathon désigne une course effectuée sur une distance supérieure à celle d’un marathon. Cette forme extrême de course à pied s’est fortement popularisée en l’espace de quelques années. Selon les recherches menées par RunRepeat, site web d’évaluation de chaussures de sport, le nombre de participant·e·s a augmenté globalement de 345 % entre 2010 et 2020. Chaque année, plus de 10 000 événements sont organisés dans le monde entier.
Depuis qu’il est passé pro en 2018, Tom Evans a battu plusieurs records à l’occasion du South Downs Way 50, du Coastal Challenge – Costa Rica, ou encore du Tarawera Ultra-Trail T102 (NouvelleZélande). Il a aussi remporté la CCC – la petite sœur (seulement 100 km…) de la course iconique de 171 km organisée sur le massif du Mont-Blanc. Mais au plus haut niveau, les 100 miles tels que la Western States 100 sont considérés comme la distance
« La science ne ment pas. Il n’y a pas de miracle le jour J. »
ultime. L’athlète britannique attend toujours ces événements avec impatience dans l’optique de repousser les limites de son sport.
Tom Evans voit chaque course comme une histoire dont il est le personnage principal, créant ainsi un récit plein d’action en temps réel. « Vous êtes le personnage central de l’histoire de votre course, résume-t-il. Ce que les autres font importe peu. C’est génial d’être sur le podium, mais pour y parvenir, vous devez entreprendre des actions décisives. C’est mon mot d’ordre. »
Si son approche de l’ultramarathon est la même que son approche de la vie, la satisfaction que l’athlète tire de sa réussite lors des trails les plus difficiles au monde ne se résume pas à la douloureuse quête du podium – même ceux qu’il convoite depuis longtemps, tels que celui de la Western States 100. Cette satisfaction découle aussi du voyage –ou de l’histoire – de ces courses si éprouvantes, et du véritable défi qu’elles représentent. « Quand je participe à une course, je sais que cela va se corser à un moment donné », révèle-t-il.
C’est un mélange de détermination et de curiosité qui a amené Tom Evans à devenir pro alors qu’il n’y avait jamais songé auparavant. Sa toute première course est le fruit d’un pari tenu en 2017, à l’époque où il était capitaine de l’armée britannique au sein des Welsh Guards. Tandis qu’il passait la soirée au pub, Tom Evans a fièrement annoncé à plusieurs amis inscrits au Marathon des Sables (251 km dans le désert), qu’il courrait aussi et les battrait tous. À l’arrivée, il a décroché la troisième place alors que ses amis ont terminé dans le top 300. Plus tard dans l’année, Tom Evans a fini quatrième de la CCC, et quand il a remporté la course en 2018, il a décidé de quitter l’armée pour se consacrer à l’ultramarathon. Dès le début, Tom Evans a adopté une stratégie un peu différente. Pendant la course, les ultramarathoniens gardent habituellement la ligne d’arrivée en tête, sans se focaliser outre mesure sur le rythme ou les spécificités du parcours. Mais cette approche n’avait pas de sens pour Tom Evans qui, même avant de rejoindre l’armée, accordait beaucoup de soin à son entraînement. Dès ses 13 ans, alors jeune espoir du cross et du rugby dans l’East Sussex, il élaborait ses propres programmes d’interval training et consignait tous ses temps par écrit. Tom Evans s’est demandé ce qui se passerait si l’on exploitait la science et les feedbacks personnalisés dans les
EN QUÊTE DE DONNÉES
Les physiologistes du Performance Centre de l’université de Loughborough mesurent notamment la consommation maximale d’oxygène de Tom Evans pendant un effort extrême.
L’athlète de 32 ans sait que l’entraînement mental et physique qu’il suit à Loughborough, ainsi que tout le temps passé sur un tapis de course ou ici à Beacon Hill seront déterminants le jour J.
courses d’endurance pour améliorer notamment la vitesse et les performances pendant les trails.
« Les athlètes n’ont jamais eu autant d’informations à disposition », se réjouit Steve Harris, ajoutant que ces données chiffrées sont particulièrement intéressantes pour les sports d’endurance nécessitant une intensité constante, comme l’ultramarathon, l’Ironman ou les longues distances à vélo ou à la nage. « Nous mesurons la réponse physiologique de Tom afin de déterminer à quel point son corps doit travailler pour courir à un certain rythme. L’énergie déployée pendant une course est comparable au solde d’un compte en banque : si vous allez trop vite,
vous viderez votre compte en un rien de temps. Nous voulons aider Tom à définir son rythme de course et sa stratégie nutritionnelle. »
Pour l’athlète, cette approche factuelle offre des avantages indéniables. « Les données vous procurent une vision concise de ce qui se passe dans votre corps. Dès le début de la course, vous savez ce dont vous êtes capable sur le plan physique. Il n’y a pas de miracle le jour J. »
Pour préparer la Western States 100, Tom Evans a passé du temps dans le simulateur d’environnement du Performance Centre, un laboratoire hermétiquement fermé et disposant d’un tapis de course,
« Vous êtes le personnage central de l’histoire. »
où la température et le degré d’humidité peuvent être réglés, afin de s’acclimater aux conditions réelles. La majorité de la course s’est déroulée à des températures avoisinant les 30 °C, malgré des températures plus fraîches au départ. « J’ai pris le temps de m’habituer à l’inconfort, rapporte Tom. Il est important de connaître ses limites physiques et psychologiques. »
Chez lui, à Loughborough, Evans a effectué un travail de reconnaissance détaillé du parcours de la Western States 100 plusieurs mois avant la course. Lors de sa première participation, qui remonte à 2019, il est arrivé troisième, mais il savait qu’il
voulait décrocher la première place un jour. Le Covid et une fracture de fatigue l’en ont empêché jusqu’à l’an dernier, et cette attente n’a fait que renforcer sa soif de victoire. Tom Evans a programmé son tapis de course pour reproduire les dénivelés jusqu’à la dernière ligne droite.
« C’était comme le programme Zwift mais avec un mur blanc devant les yeux, raconte-t-il. Le tapis, c’est ennuyeux au possible et très difficile sur le plan psychologique, mais cela facilite vraiment la course. »
Il s’est aussi installé à Flagstaff (Arizona) – une ville située à plus de 2 000 m au-dessus du niveau de la mer – pendant trois mois en vue de s’habituer à l’altitude. Pour Tom Evans, il est essentiel d’adapter son entraînement à la course ciblée. « Tom est la combinaison terrifiante du talent et de la discipline à l’état pur, assure Dylan Bowman, l’un des meilleurs ultramarathoniens américains de la dernière décennie, et créateur de The Freetrail Podcast. Il ne laisse rien au hasard. Avant l’UTMB en 2022, il m’a expliqué avoir analysé l’impact de la baisse de luminosité due à un retard de 30 minutes par rapport à l’heure de départ initiale. »
ÀBeacon Hill, parc pittoresque dont le point culminant se trouve à 248 m, situé près de chez lui et à quelques kilomètres du campus de Loughborough, Tom Evans évolue entre les rochers pour notre photographe, ce qu’il ne fait généralement pas en dehors de la compétition. Mais, détendu et loin des rigueurs de l’entraînement, il est ravi de se plier à l’exercice. Le Leicestershire, qui n’est pas l’un des comtés les plus accidentés du Royaume-Uni, ne semble pas être le lieu d’entraînement idéal pour un coureur de trail pro qui souhaite réaliser d’excellentes performances dans les courses de montagne. Mais Tom Evans est convaincu que sa proximité avec certains des meilleurs scientifiques du sport au monde lui donne un avantage dans la compétition. Et le terrain, qui va de la roche volcanique déchiquetée aux forêts anciennes lui permet de travailler ses fondamentaux.
« J’ai du mal à améliorer ma condition physique de base quand je suis dans les montagnes, car je ne veux pas me contenter de parcours ennuyeux, confesse-t-il. Je veux courir sur les lignes de crête qui ne sont pas adaptées à l’entraînement. Ici, je peux me focaliser sur les fondements de mon entraînement, et c’est exactement ce dont j’ai besoin. »
Tom Evans se remet encore d’une mésaventure à laquelle rien n’aurait pu le préparer. À peine un mois avant notre shooting, alors qu’il se trouvait en Afrique du Sud pour préparer l’Ultra-Trail Cape Town, il a été agressé sous la menace d’un couteau pendant une course d’entraînement. « C’était un tel choc, raconte-t-il. Quand c’est arrivé, j’ai presque pensé que les deux hommes avaient glissé et s’étaient retrouvés sur moi, sans me soucier d’un quelconque danger. »
Prenant enfin conscience de la menace, Tom Evans a pu compter sur son passé à l’armée pour
Tom EvansTom Evans se concentre sur l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), long de 171 km, qui a lieu au mois d’août. Un des plus prestigieux selon lui.
« En ultra, l’esprit abandonne avant le corps. »
se défendre contre ses agresseurs pendant un court moment qui lui a semblé une éternité. « Dès l’instant où vous sentez une longue lame aiguisée contre votre gorge, vous ne pouvez plus faire grand-chose », déplore-t-il. On lui a volé son alliance, sa montre, son téléphone et ses écouteurs, mais hormis une belle balafre au cou et quelques hématomes, il s’en est sorti indemne sur le plan physique. Il a quitté le pays le lendemain et n’a pas participé à la compétition, pendant laquelle trois autres coureurs ont été agressés et leurs chaussures volées. « C’est la vie, constate-t-il. Quand cela vous arrive, il est très important de changer tout de suite d’état d’esprit. Cela m’a clairement rappelé certaines choses de l’armée auxquelles je n’avais pas fait face. Je suis suivi par un professionnel qui m’aide à surmonter le traumatisme. Il est essentiel de s’ouvrir et d’en parler. »
Les rendez-vous avec son psychologue font, depuis longtemps, partie de la routine de Tom Evans. Cette personne a autant d’importance que son entraîneur, son préparateur physique et son physiologiste spécialisé dans la performance. « Je veux maîtriser mon sport à la perfection, clame-t-il. Je lis énormément et je passe beaucoup de temps à apprendre, mais ces liens avec mes différents coachs sont essentiels. Mon psychologue ne mâche pas ses mots. Contrairement aux membres de ma famille ou à mes amis, il me dira les choses telles qu’elles sont, et non ce que je souhaite entendre. » Tom Evans est affirmatif : « Pendant un ultra, l’esprit abandonne avant le corps. »
Bien qu’il estime devoir en partie son mental d’acier à sa formation militaire – « En tant qu’athlète, vous pouvez vous arrêter quand bon vous semble, mais l’armée ne vous laisse pas le choix : vous faites partie d’un grand tout » –, Tom Evans pense que tout le monde est capable de courir 100 km : il suffit de surmonter ses barrières mentales. « Les courses de très longue distance sont moins une question de forme physique que de force mentale, explique-t-il. Bien sûr, j’ai parfois envie d’abandonner, mais cette pensée ne me traverse l’esprit qu’une fraction de seconde, car je me souviens alors de tout le travail fourni pour en arriver là et de mes attentes. J’avais prédit que cela serait difficile, et, chose plutôt amusante, c’est difficile. À moi de reconnaître cette pensée et de l’accepter. » Les ultramarathons sont si éprouvants que Tom Evans ne participe qu’à deux ou trois compétitions par an. Contrairement à un footballeur par exemple, qui peut jouer plus de quarante matches par saison,
il n’a pas beaucoup d’occasions de mettre en pratique différentes techniques ou des rituels. Mais il sait que chaque séance à Beacon Hill, sur un tapis de course ou avec son psychologue s’avérera capitale le jour J. « Ce ne sont pas les meilleurs athlètes qui remportent ces courses, soutient Tom Evans, ce sont les mieux préparés. C’est ce qui rend la chose intéressante. »
Après avoir ajouté la Western States 100 à son palmarès – ce qu’il décrit comme « un rêve devenu réalité » –, Tom Evans se concentre cette année sur l’UTMB, une course de 171 km qui a lieu au mois d’août et pour laquelle il a fini deuxième en 2022.
« Le plus prestigieux des ultramarathons, c’est le 100 miles, maintient-il, et le plus prestigieux des 100 miles, c’est l’UTMB. »
Comme d’habitude, Tom Evans misera tout sur la préparation physique et mentale, mais il est convaincu d’avoir encore assez de recul.
« J’adore ce que je fais, mais c’est important de se souvenir qu’il s’agit seulement d’une course, rappelle-t-il. Quand vous faites vos emplettes au supermarché le lendemain, personne ne sait qui vous êtes ou ne s’intéresse à vos exploits de la veille. »
Marié·e·s depuis à peine un an, Tom Evans et son épouse, la triathlète britannique Sophie Coldwell, se soutiennent mutuellement lors de leurs courses et de leurs entraînements respectifs. Mais une fois l’entraînement fini, Tom Evans respecte une discipline : « Beaucoup de gens mettent tous leurs œufs dans le même panier et n’ont rien en dehors du sport. Quand je finis mon entraînement, je rentre à la maison et j’ôte mon dossard d’athlète. Je suis un être humain, un époux avec son chienchien. Hier, j’ai jardiné pendant trois heures. Et on a aussi des poules. Quand je ne suis pas là, je veux être sûr que c’est utile, et à la maison, je veux être présent. »
À la fin de chaque course, Tom Evans fait un geste particulier – pas seulement un hochement de tête en référence à son passé militaire, mais une marque de respect envers Sophie, sa famille et l’équipe qui l’aident à exceller dans un sport qu’il recommanderait à tout le monde. « Vous êtes en pleine nature, vous découvrez des environnements à couper le souffle, et vous êtes accueillis au sein d’une communauté soudée, sourit-il. Si vous visez un marathon en trois heures et que vous le courez en trois heures et cinq minutes, c’est un échec à vos yeux. Dans l’ultramarathon, vous pouvez vous tester physiquement et mentalement, réaliser l’impensable… Personne ne viendra vous demander vos temps. »
Tom Evans espère aussi que les histoires qu’il écrit à chaque course inciteront même celles et ceux que l’ultramarathon ne tente pas à redéfinir leur idée de ce qui est possible dans la vie – car selon lui, l’approche est la même. « Que ce soit dans le sport, en famille, entre amis, dans la vie professionnelle ou ailleurs, vous n’avez pas à vous cantonner aux limites qui ont été définies pour vous, conclut-il. Sortez du cadre et trouvez vos propres limites. »
IG : @tomevansultra
Tom EvansCONQUÉRANTE
Entre réalité et fction, l’artiste franco-ivoirienne LALA &CE expose musicalement sa singularité à travers une dystopie des plus romanesques. Un album captivant qui possède tous les attributs d’une critique de la société actuelle.
Deux ans après son EP SunSystem, LaLa &ce est de retour avec son vrai-faux premier album, Solstice Un projet singulier entre fiction et vérités.
« Dans un univers où tout est gris, mon son illumine les gens qui sont prêts à être élevés spirituellement, tout simplement. »
Cultiver sa différence dans sa singularité. Authentique et à l’opposé des rappeuses qui s’inscrivent dans des codes hétéro-normés, Lala &ce assume ses choix artistiques sans jamais bégayer. Égocentrée pour mieux se concentrer, le conformisme elle ne connaît pas, même si parfois il lui arrive de naviguer sur de la trap et de l’afrobeat. À son flow particulier qui assoit son originalité dans le rap français, elle ajoute sa vulnérabilité. Des ingrédients qui entrent dans la composition de son album Solstice, dont le concept et l’univers dystopique rappellent celui du film Blade Runner (1982) réalisé par Ridley Scott, dans lequel évolue le personnage de Rick Deckard, un ex-policier devenu détective privé. Lala &ce continue de parler d’amour, mais a grandi et donne avec Solstice un nouvel élan à sa carrière.
Sophistiquée. Le flirt entre la mode et le hip-hop ne date pas d’hier. Ici, Lala &ce impose son style et son attitude en piochant dans le vestiaire LV.
Connue pour ses textes sexy et sulfureux, avec Solstice, Lala &ce s’essaie à la sensualité. Elle raconte sur les tracks Déranger et Soib3 l’évolution de sa relation avec une femme robot.
L’art de devenir Lala
La toute première fois que nous avons entendu Lala, c’était en juin 2019 avec Le son d’après, dont le cloud rap aux paroles sulfureuses et l’ambition avait déjà conquis la scène du rap français. Pour cause, la rappeuse originaire de Lyon prenait son envol après s’être fait remarquée sur les bancs du collectif 667, qui excitait la scène avec son avant-gardisme, au début des années 2010. Aussi libre qu’insolente, la rappeuse, qui déjà avait « la dalle comme Gargamel », conjugue expériences de vie au fil de ses déménagements et s’imprègne ainsi de son environnement pour mieux composer ses projets. « La musique a toujours été avec moi en vrai. Ce sont toutes des étapes importantes de ma vie. La première, c’était à Londres avec Le son d’après, pendant la Covid il y a eu beaucoup de parties et d’afters, c’est le moment où j’ai sorti Everything Tasteful (2021, ndlr). Après il y a eu la période ensoleillée et l’enjaillement (la fête, ndlr) avec SunSystem (2022, ndlr), et là c’est la guerre avec Solstice. » Comme s’il n’y avait qu’un pas entre la concorde et le conflit, l’amusement et le tourment, ou un 49:3. Que s’est-il passé ?
Alors qu’elle vivait sa meilleure vie en Angleterre sous le grand brouillard qu’on lui administre par défaut, Lala &ce s’est « véritablement découverte en tant que personne plutôt que musicalement ». Connaissant déjà sa couleur sonore, elle décide d’apprivoiser sa personnalité et sa sexualité pour mieux appréhender la manière dont elle se présente au monde. « Je suis partie de Lyon direct pour aller à Londres et je n’avais ni famille ni ami là-bas, au début… J’étais face à moi-même et comme les Anglais ne jugent pas, j’ai pu vraiment me découvrir. Sans rentrer dans les détails, je me suis bien amusée. J’avais vingt ans, c’était nice » Nul besoin de décrire ce que font les jeunes à cet âge-là. On joue avec les flammes, on crève de désir et tous les moments passés sont des monts et merveilles. On n’a qu’une envie, rire comme si on n’allait jamais mourir. Force est de constater que lorsqu’on passe du Bon Temps, on a envie que ça continue…
Lala &ce reste donc sur sa lancée et offre à sa fanbase grossissante de quoi réchauffer les cœurs en plein Covid. Ambiance tropicale et humidité sous 40 °C sur fond de grosses basses, on a très envie de “fuck everyday” comme si nous pouvions littéralement coucher avec sa musique. On s’attache à l’artiste et à ses mots parfois imperceptibles, qui nonobstant mettent en exergue le caractère vif de ses prods aussi impétueuses que langoureuses.
« C’est pour l’art, pas pour l’argent qu’on fait ça. »
Mais Lala &ce, ce n’est pas seulement Lyon et Londres, c’est aussi Paris et la Côté d’Ivoire, un métissage coup de poing pour ce Pygmalion du rap français, qui façonne sa musique comme elle l’entend, pour lui donner vie. Et plus précisément, un quartier d’Abidjan, Yopougon, où vit sa mère, dont l’esprit zouglou teinte l’album et où le coupé décalé sublime le morceau Djinzin. « Là-bas, c’est la fête tous les jours. C’est sincère. » À l’image de la bande dessinée Aya de Yopougon, de Marguerite Abouet, qui retranscrit selon elle tout le slang du quartier à la perfection. Réalisé à distance via Facetime avec la star montante Ste Milano, le titre Djinzin traduit l’urgence du désordre dans une société despotique. Un absolutisme qui convoque nos imaginaires et tend à nous rappeler l’hexagone, sauf qu’il s’inscrit dans la dystopie du concept de Solstice. « Cet album est assez ambivalent, il y a le côté sombre avec l’esprit du zouglou très revendicatif et le côté lumineux avec la fête grâce au coupé décalé. » Pour cet album, elle reconnecte avec son ami pianiste et beatmaker Phazz, rencontré à Lyon, à ses débuts – qui a de son
« J’incarne quelque chose qu’on n’a jamais vu en France. »
côté, poursuit sa carrière de producteur rap en collaborant avec des artistes comme Orelsan et Niska. Lala &ce ne perd jamais son objectif de vue : évoluer et acquérir un certain succès tout en faisant de l’argent, précise-t-elle avec le morceau Money to Get to, dans lequel la rappeuse ovni affirme qu’elle n’est « pas d’ici, pas d’chez [nous] ». Une façon d’exprimer une fois de plus sa différence et son style, qu’elle a souvent comparé à de la musique d’alien. « Je pense que j’incarne quelque chose qu’on n’a jamais vu en France, dans le paysage musical. Déjà, il y a le fait que je sois une femme qui parle de femmes et que je défende plusieurs genres musicaux. » Seulement, LaLa &ce ne s’inscrit pas dans une démarche revendicative et toutes ses actions n’ont nul besoin d’être intellectualisées. Elle déclare : « Je suis juste moi. »
Si au cours de son adolescence, c’était un besoin, une espèce de coming out, aujourd’hui elle vit avec son identité dans son entièreté.
La rappeuse a fait du chemin depuis 2021, où elle disait au micro de la journaliste Naomi Clément pour la promo d’Everything Tasteful : « Quand j’ai commencé à faire du son, j’avais tendance à essayer de faire une voix plus féminine, pas trop masculine. Je n’aimais pas les meufs qui voulaient rapper comme les gars. Mais bon, j’avais déjà une voix grave à l’époque, je voulais faire l’inverse et puis j’ai fumé trop de clopes. » Alors, quand on lui parle d’icône LGBT, elle ne sait pas comment le prendre. Gênée par cette représentation aux prémices de sa carrière, l’artiste dont on ne soupçonnerait pas la timidité accepte désormais ce titre : « Si ça peut aider des gens à s’assumer, avec plaisir. Je ne fais pas ça pour gratter un truc, je le fais parce que c’est moi, j’aime bien. »
Tout un monde
Avec le temps Lala &ce est zen. En acceptant sa voix, la rappeuse peut enfin présenter son « vrai » premier album, Solstice, dont le concept – imaginé avec le directeur artistique Mohamed Sqalli – pourrait s’apparenter à notre société, notre réalité d’ici quelques années, ou demain ? Dans les deux cas, il fait appel à des références actuelles que sont la série The Handmaid’s Tale : La servante écarlate, avec l’esprit contestataire du film The Kitchen, réalisé par Kibwe Tavares et Daniel Kaluuya, dont la dimension radiophonique fait écho aux interludes de Solstice. En bref. L’album est l’allégorie d’un régime totalitaire, où s’affronte deux groupes. Le premier qui répond au nom de La Ligne, dont la propagande aux coins des rues effraie et façonne les esprits : « pointer, travailler, contribuer ». Le second, qui fait opposition au pouvoir en
DOUBLE MANTEAU ET PANTALON : ACNE STUDIOS CHAUSSURES : MAISON MARGIELA COLLIER ET BAGUES : COLOMBE D’HUMIÈRES
D’ordinaire friande en featurings, Lala &ce invite à poser avec elle sur son projet trois artistes notoires : Dinos, La Fève et Ste Milano, une tête montante en Côte d’Ivoire.
Lala &ce, une figure libre qui réinvente à elle seule plusieurs codes du rap jeu, sans se soucier des qu’en-dira-t-on.
place, appelé le BUT (Bloc Unificateur du Tropique). Ce dernier regroupe un ensemble d’individus issus d’ethnies différentes, qui se caractérise par sa détermination et son rejet des injonctions/conventions en se baladant dans la ville avec un soundsystem. « Solstice, c’est un constat de notre société et une analogie de ma position dans l’industrie. Je pense que tout le monde a conscience qu’il y a des choses qui ne vont pas… Ce n’est pas un constat défaitiste parce qu’il y a une note d’espoir dans cet album. [Dans un univers où] tout est gris, mon son illumine les gens prêts à être élevés spirituellement, tout simplement. » Par s’élever spirituellement Lala &ce entend la recherche d’une meilleure version de soi-même. Et parfois, cela passe par le fait d’être bien accompagnée. Après tout, l’amour n’est-il pas un vecteur d’espérance quand tout est chaotique. N’est-il pas le moteur le plus naturel et inné qui nous pousse à nous surpasser, et à continuer d’entreprendre nos combats choisis ? Par conséquent et comme une évidence, en fil rouge, Lala construit une relation avec une figure féminine mi-ange, mi-androïde, qui la dirige vers un monde meilleur. Dans notre réalité, ça se traduit par de la reconnaissance et une carrière musicale bien ancrée. Tout d’abord en tant que rappeuse puis, en tant que fondatrice de son propre label &ce Recless, sur lequel elle développe des artistes comme Le Diouck, tout aussi original qu’elle. « Mon label c’est un projet à long terme, tandis que Lala &ce c’est un projet à moyen terme. Il y a une fin à tout. Pour faire un bon film, il faut une belle fin. » No More Time. Lala &ce n’a plus le temps. Dans une urgence sociétale et sentimentale, l’artiste poursuit sa trajectoire en quête de liberté. Mental d’acier mais peu pressée, celle qui, il y a cinq ans, faisait son bout de chemin dans son coin peut depuis compter sur sa détermination et sa chosen family – « J’ai rencontré Le Diouck, Bamao Yendé, Low Jack en arrivant à Paris. C’est la première fois que je voyais des gars comme ça en fait, qui s’assument dans leurs féminités tout en étant straight. Ça m’a chamboulée. On s’est tout de suite entendus, notre relation c’est à vie » – , pour avancer et la soutenir lorsque le besoin se fait sentir. Elle me confie qu’il ne faut pas attendre son tour, il faut le prendre. Qu’elle n’a pas assez montré les crocs, mais que : « Là, je vais le faire. »
« Pour se sentir bien, il faut apprécier ce qu’on te donne. Si on te donne des citrons, fais une limonade. »
Trajectoire
Installer une carrière musicale est un marathon, il faut savoir prendre le temps et donner un coup de fouet au bon moment. Il ne faut « ni s’essouffler, ni s’endormir » pour que tout s’aligne. Tel est le cas de la jeune artiste. À l’image de Solstice (d’été), dont la durée du jour est la plus longue de l’année, on lui souhaite la même carrière. Notamment, parce qu’audelà du travail fourni, Lala &ce a pris conscience que « pour se sentir bien, il faut apprécier ce que l’on te donne. Si on te donne des citrons, fais une limonade. J’ai vraiment vu la différence dans ma vie. J’étais souvent blasée au début, dans le sens je suis forte, c’est un peu normal tout ce qui m’arrive. Je n’étais pas vraiment reconnaissante, mais je le suis de plus en plus. J’ai vécu des décès ces dernières années, et ça m’a fait prendre conscience pas mal de choses ». Des propos qui résonnent avec les textes des titres Licorne et Apocalypse Sitcom, où on peut l’entendre dire : « Mauvaise nouvelle on t’appelle, est-ce que tu sais c’que ça fait de perdre ta personne préférée. » Fière de son parcours accompli, on ne saura dire mieux qu’elle-même : « Lala d’maintenant impressionne Lala d’avant. »
Pour certains et certaines, le concept qui entoure les dix-neuf morceaux de Solstice, album que Lala &ce a mis un an et demi à livrer, peut sembler difficile d’accès, car il est à l’image de la complexité des luttes sociétales. Cependant, la rappeuse nous donne des clés de lecture avec les interludes et en profite même pour se confier avec le titre Jalouse. « Il y a un truc un peu sexy dans la jalousie, territorial et possessif, parfois toxique, mais nice. C’est bien d’assumer ses défauts. C’est une force. » On pourrait aussi questionner le rapport : art, coût, nombres de vues, impacts des visuels, histoire complexe et réception du public. Mais on préférera accentuer le fait qu’une écoute d’album est aussi libre qu’intime et personnelle. « Ce qui est bien dans cet album, c’est que les tracks, tu peux les prendre une par une et les écouter. Ce sont les interludes, l’intro, l’outro, qui font qu’on comprend l’histoire. Mais on peut écouter Money to Get to, No More Time, sans le contexte. Si on veut se prendre toute l’histoire, on met Play de A à Z. » En outre, quel est l’intérêt de déployer autant d’énergie dans un concept qui ne semble pas apporter de plus-value à la musique, bien qu’elle consolide l’image de Lala &ce ? « C’est pour l’art, ce n’est pas pour l’argent qu’on fait ça. Toute l’histoire est là pour marquer cet album, ce n’est pas un truc d’économie d’échelle. » À bien des égards, Solstice est un tournant et « une note d’espoir » dont on a toutes et tous besoin.
IG : @lalalipsbby ; Solstice, déjà disponible sur toutes les plateformes de streaming. LALA &CE en tournée en France : 15.03 à Rennes, Antipode ; 20.03 à Lyon, Le Transbordeur ; 22.03 à Strasbourg, La Laiterie ; 23.03 à Nancy, L’Autre Canal ; 28.03 à Montpellier, Rockstore ; 29.03 à Marseille, Espace Julien.
Vers le sommet
Trois Suisses visent le sommet du plus haut volcan au monde avec un camion électrique de leur fabrication. Un succès ? Voici l’inspirant récit de l’expédition PEAK EVOLUTION.
Texte GUNTHER MÜLLER Photos SIDARIO BALZARINIL’équipe d’expédition avec leur véhicule Terren, un truck électrique conçu par eux-mêmes, à près de 6 000 mètres d’altitude.
Désert de l’Atacama, au Chili. En ce début du mois de décembre, cela fait à peine un mois que Patrik et David Koller (deux frangins âgés respectivement de 30 et 32 ans), accompagnés de leur ami David Pröschel (33 ans), sont partis à l’assaut du plus haut volcan au monde : l’Ojos del Salado – mais pas n’importe comment : ils sont à bord d’un véhicule tout-terrain électrique qu’ils ont euxmêmes conçu et qu’ils ont baptisé Terren. Le terrain, extrêmement raide et accidenté, met leur véhicule à rude épreuve – tout autant que les trois passagers, épuisés par les conditions du voyage : à plus de 5 000 mètres d’altitude, l’oxygène se fait de plus en plus rare et la durée de l’aventure les a éprouvés physiquement. Mais ils tiennent bon. Malgré le vent glacial et les nuits passées à moins 30 °C, malgré la fatigue, ils savent
qu’ils touchent au but – à 6 893 mètres très exactement. C’est là que culmine l’Ojos del Salado… un sommet qu’aucune voiture n’a encore jamais atteint.
Battre un nouveau record du monde à bord d’un véhicule tout-terrain qu’on a soi-même construit ? Voilà une idée qui semble, à première vue, complètement farfelue – le genre d’idées qu’on peut avoir à la fin d’une soirée un peu trop arrosée et qu’on oublie heureusement le lendemain. Mais nos trois compères ne sont pas du genre à abandonner une idée, même un peu folle : « Nous avons toujours été comme ça, à vouloir explorer en VTT les plus hauts sommets pour battre des records. Cette idée a fini par devenir une évidence : nous allions un jour partir tous les trois pour établir un nouveau record du monde », raconte Patrik Koller, responsable financier du projet Terren
Les trois amis se connaissent depuis l’enfance : David Pröschel avait sept ans lorsqu’il a rencontré les deux frangins
« Nous avons toujours été comme ça, à explorer les sommets. »
Départ de Copiapó pour le camp de Laguna Verde. 300 kilomètres pour se préparer mentalement à l’expédition.
« Nous avions besoin d’une action coup-de-poing. »
Koller pour la première fois. Il était venu avec son père au village de La Punt en Engadine, est de la Suisse, où habitait la famille Koller. Ce fut le début d’une belle et longue amitié entre les trois garçons : « Pendant les vacances, se souvient Patrik, David venait nous voir au village, et nous partions dans les bois pour y construire d’énormes cabanes. »
Le temps qui passe n’entrave en rien leur amitié : adolescent, David Pröschel continue de passer presque tous ses week-ends en Engadine. Les trois garçons bricolent ensemble le projet que David veut présenter pour son bac : un vrai buggy capable de rouler, comme un vrai. À partir d’une moto, ils assemblent différentes pièces achetées dans des magasins spécialisés ou dénichées à la casse – et apprennent eux-mêmes à faire marcher le fer à souder. Le résultat est à la hauteur de leurs espoirs : leur buggy fonctionne comme un vrai ! Ce succès fut le premier pari réussi du trio suisse. Et le début d’une longue aventure.
Devenus étudiants, les trois garçons se spécialisent dans l’ingénierie et le génie mécanique – et démarrent leur vie active dans des boulots plutôt classiques mais qui leur laissent suffisamment de temps libre pour poursuivre leur passion : bricoler des engins. Patrik : « En général, c’est David Pröschel qui est le premier à avoir une nouvelle idée et à nous en faire part. On l’encourage alors en lui apportant notre aide pour concrétiser le projet – mais parfois, nous sommes aussi obligés de le freiner dans son élan ! La suite logique de cette dynamique, c’était évidemment de fonder une boîte ensemble. »
Si l’entreprise est créée dès 2018, il faudra attendre encore un an avant de mettre la machine en branle, avec une idée révolutionnaire : mettre au point un véhicule tout-terrain électrique capable d’être utilisé dans des terrains accidentés, notamment pour l’agriculture – par exemple pour le transport du foin, du lait ou de bois combustible. « Ces engins sont utilisés en montagne sur des terrains très pentus : un modèle électrique peut utiliser la descente en vallée pour recharger ses batteries à 30 % », explique David Koller pour décrire le concept de leur Terren
Mais l’enthousiasme des premières heures se heurte vite à la dure réalité du terrain : les jeunes entrepreneurs se rendent compte à quel point il est difficile de se faire une place dans le secteur
de l’électrique, de trouver les bons contacts et les bons sponsors. David Koller : « Il est devenu évident que pour attirer l’attention, nous avions besoin d’une action coup-de-poing. On s’est mis à chercher des records à battre en voiture ou véhicule utilitaire, et c’est là qu’on est tombés sur le volcan Ojos del Salado, la deuxième montagne la plus haute du continent américain. On a voulu prouver qu’on pouvait atteindre le sommet à bord d’un véhicule tout-terrain conçu pour l’agriculture – en moteur électrique, qui plus est. »
Les trois hommes quittent leurs jobs respectifs pour se consacrer entièrement à leur projet. Première étape : construire un prototype électrique capable de venir à bout des terrains les plus difficiles. Pour ce faire, ils choisissent de démonter un Aebi Transporter pour le transformer en tout-terrain. « Une étape dont nous avons sous-estimé l’ampleur, au début, raconte Patrik. Au total, ça nous a pris
cinq ans : il nous a fallu ajouter tout un tas de petites pièces, sans compter le logiciel de conduite qui a été un véritable défi. »
Le moteur diesel, quant à lui, est remplacé par deux moteurs électriques puissants. Des roues spéciales de 42’ sont installées pour pouvoir affronter les pentes raides, et l’alimentation électrique est complétée par des panneaux solaires, bien pratiques lorsqu’on traverse un désert : « Cela nous permet d’avoir un véhicule complètement autonome en énergie ; on peut même y faire la cuisine, y mettre un frigo, un toaster et une machine à café », ajoute David, enthousiaste.
En 2022, lorsque le premier Terren (qui veut dire « terre » en rétho-roman) est enfin prêt, nos trois inventeurs se heurtent, une fois de plus, à un autre obstacle : les autorités suisses, qui en interdisent la circulation sur route. Qu’à cela ne tienne : en attendant qu’elles changent d’avis – cela prendra un an –, les amis en
« Au total, le projet Peak Evolution nous a pris cinq ans. »
aux travaux agricoles, est finalement devenu une e-machine chasseuse de records.
Cet Aebi Transporter, d’abord dédiéprofitent pour tester leur nouveau bébé sur un glacier suisse, trouver de nouveaux sponsors, entrer en contact avec les réalisateurs d’un documentaire… et travailler un peu leur forme physique.
Septembre 2023 : l’expédition, baptisée Peak Evolution, peut enfin commencer – avec une équipe de six membres, puisque trois cameramen ont été embarqués dans l’aventure. Le véhicule est transporté en octobre à Valparaíso, puis entame le premier tronçon du voyage, un millier de kilomètres en remontant vers le nord jusqu’à Copiapó, la dernière ville avant le désert – et l’étape indispensable pour permettre à l’équipe de se ravitailler avant d’entamer la longue traversée. Puis le mini-convoi – le Terren et deux camions équipés chacun d’une remorque – se met en route vers un village de pêcheurs situé en bord de mer : il est important de démarrer l’expédition depuis le niveau de la mer.
4 700 mètres de dénivelé plus tard : l’équipe arrive à Laguna Verde, au pied du volcan. L’endroit est idéal pour y faire une longue pause et préparer l’ascension. « Nous y avons passé plusieurs semaines et en avons profité pour nous acclimater et explorer la région en moto », raconte Patrik. Cette étape est aussi la dernière occasion de voir un peu de végétation autour d’eux. L’équipe savoure les moments passés à se prélasser dans des sources naturelles d’eau chaude, à admirer les flamants roses, les renards du désert et autres guanacos,
« Nous avons certainement battu d’autres records. »
des lamas sauvages vivant dans la région. Bref, ils font le plein de sensations avant la traversée du désert de caillasse qui les attend.
Après ces quelques semaines passées à se ressourcer, l’équipe du projet Peak Evolution entame enfin l’ascension du volcan. Arrivés à 6 200 mètres, ils se posent une dernière fois pour préparer l’étape finale, qui va les mener au sommet. En parcourant les environs à pied et avec leur drone, ils se rendent compte que le point accessible le plus élevé se situe non pas au sommet – 6 893 mètres – mais une centaine de mètres plus bas, à 6 734 mètres.
À cette étape de l’expédition, l’équipe suisse sait qu’elle n’est pas seule à vouloir gravir l’Ojos del Salado en voiture : au même moment, une équipe d’une vingtaine de personnes, financée par Porsche, est en route sur le flanc ouest de la montagne avec une Porsche 911, essence, adaptée pour battre un record en tout-terrain, elle aussi. « On a eu un bon contact avec l’équipe de Porsche,
mais il est évident que leur équipe faisait tout pour arriver en premier au sommet du volcan », se souvient David Koller. Une concurrence de taille, à laquelle vient s’ajouter un problème technique survenu peu avant l’arrivée, à 6 500 mètres : le système de refroidissement du Terren se met à lâcher, ce qui oblige l’équipe à s’arrêter pour le réparer. Mais les tentatives d’ascension entreprises les jours suivants s’avèrent beaucoup trop risquées : « Les vents latéraux étaient tellement forts qu’ils auraient pu retourner le véhicule. Nous ne voulions pas courir ce risque par égard pour nos sponsors et avons préféré interrompre l’expédition à 6 500 mètres », conclut Patrik. L’équipe de Porsche, quant à elle, réussit à poursuivre l’ascension, au prix de nombreux risques. « Nous avions l’impression d’être dans le mauvais scénario. Dans un film hollywoodien, la petite équipe de bricoleurs aurait gagné face à la grosse multinationale. Mais dans la réalité, les choses se passent souvent différemment. »
Si le record du monde leur est passé sous le nez, la déception ne dure pas longtemps et rétrospectivement, le trio suisse considère le projet Peak Evolution comme un véritable succès, puisqu’il leur a permis de faire passer le record du monde en véhicule électrique de 5 900 à 6 500 mètres. « Mais le plus important, c’est que nous avons pu montrer, avec cette mission, jusqu’où et dans quelles conditions notre véhicule était capable d’aller, explique Patrik. Sans compter le fait que nous avons certainement battu d’autres records : se faire un café ou cuire une pizza au four à pareille altitude, probablement personne ne l’avait encore jamais fait ! »
Fort de cette expérience, le trio est bien décidé à poursuivre sur sa lancée. David Koller : « Dans les années à venir, nous avons l’intention de donner des conférences autour de l’électromobilité et nous avons déjà reçu de nombreuses demandes. En tant que professionnels du secteur, nous nous considérons comme une plateforme de transmission du savoir – autour des moteurs électriques –vers les consommateurs. »
Les trois amis sont-ils en train de préparer en secret leur prochain record ? Qui sait ! Une chose est sûre : ils ont encore des idées plein la tête – et la volonté d’en concrétiser quelques-unes, même les plus folles. peakevolution.ch
Dancehall Queen
L’artiste martiniquaise MAUREEN s’est imposée en quelques années comme l’une des chanteuses les plus en vue de la scène antillaise. Elle s’ouvre honnêtement sur son parcours, entre injonctions et défs à relever sur la route du succès. Portrait.
« J’ai fait trop de sacrifices, j’ai trop travaillé pour abandonner. »
Faire face à une pionnière est toujours intrigant. C’est la sensation que l’on a lorsque l’on rencontre la chanteuse Maureen dans le bureau de son éditeur parisien, un jour de janvier. Déjà, pour le contraste entre son statut d’artiste devenue incontournable en un peu moins de cinq ans, qui a participé au Red Bull Sur Mesure l’été dernier et crée le tune On n’est pas potes, et son attitude sans façon. Aux côtés de son conjoint, qui assiste à l’interview sans y prendre part, les jambes allongées sur une méridienne, mise en beauté impeccable des cheveux jusqu’au bout des ongles, qu’elle porte longs et nail artés, l’artiste arbore un ras-de-cou au pendentif étincelant où l’on peut lire « QUEEN ». Un rappel de son EP qui sort et qu’elle a intitulé Bad Queen. « “Boss queen, bad queen”, c’est un peu mon gimmick ; beaucoup de gens l’utilisent en parlant de moi. On est toutes des reines, et c’est important de se regarder, de se le dire. C’est aussi une manière d’illustrer mes deux facettes : très douce et très calme (queen) et tempétueuse (bad). » La fille de Dillon, quartier de Fort-de-France, où elle est née, a offert au shatta, la musique caribéenne qu’on qualifie de « dancehall martiniquais », son premier single d’or de l’Histoire avec le morceau Laptop en 2022. Sorti en feat. avec
Kalash, l’une des têtes d’affiche incontournables de la scène caribéenne et poids lourd du rap francophone, il ira même jusqu’à gagner un prix lors de la première cérémonie des Flammes en 2023, dans la catégorie Morceau caribéen ou d’inspiration caribéenne de l’année. Le ballet des chiffres qui accompagne toute sortie des artistes d’aujourd’hui est loin de résumer leur talent, leur résonance et leur impact culturel.
Dans le cas de Maureen, comme dans le cas des artistes antillais es qui gagnent leur reconnaissance en dehors des Antilles en ce moment, ce sont cependant des victoires qu’il faut souligner. En quelques années, à seulement 24 ans, Maureen s’est imposée avec une flopée de titres efficaces (Laptop donc, Tic – un clash avec les MCs qu’elle qualifie aujourd’hui de “féministe” –, Flex, Auto…) qui ont littéralement rebattu les cartes d’un jeu musical français où l’on avait du mal à percevoir la diversité musicale et très contemporaine de l’île portée notamment par des femmes comme Shannon, ou encore Kryssy.
Les étoiles semblent toutes alignées ; on entend Tic pendant un défilé Mugler, les médias s’emparent du phénomène et bombardent Maureen ambassadrice du mouvement. Malgré son succès indéniable, la sortie de Bad Queen est mouvementée. « Je me sens soulagée que cet EP soit là ! Ce n’était pas facile du tout car il y a eu beaucoup d’incertitudes, de doutes. J’ai même eu des moments où je n’ai plus voulu le sortir », nous confie-t-elle.
Certaines personnes oublient qu’être artiste, c’est aussi être humain·e.
« J’ai fait un déni de grossesse, alors que j’allais sur scène et que je faisais de grands écarts. »
La reconnaissance, les concerts, le succès en France hexagonale n’y ont rien fait ; la « Queen » martiniquaise se sent toujours outsider. « Mais j’ai fait trop de sacrifices, j’ai trop travaillé pour abandonner ! » C’est que Maureen est née pour briller. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours eu l’âme d’une artiste, et a baigné dans le zouk et le gospel. Elle ne choisit pas la musique tout de suite, mais la danse, une discipline qui lui permet de baigner dedans. Sa carrière commence et se mène en parallèle de son travail, avec un objectif en tête : « Devenir professionnelle ! J’étais à fond sur le dancehall, je voulais partir me former en Jamaïque. Musicalement, c’était donc évident que j’allais choisir le shatta. »
En studio avec des proches, l’un d’eux l’encourage à poser sa voix. Sa première session a lieu en 2019 et donne naissance au morceau Joke. Comme pour ce titre, ceux qui émaillent l’EP Bad Queen sont différents dans la continuité. Sur Jiggle elle s’essaye pour la première fois à chanter dans un mix de créole et d’anglais, sur Ding Dong, en feat. avec la Guadeloupéenne Shanika au bouyon, musique rythmée aux paroles explicites. « Je célèbre toujours le fait d’être une femme indépendante, affirmée ! » Mais qui paye cher le prix d’un succès accompli de haute lutte ? Derrière les messages empouvoirants – « mes sons sont universels, parlent beaucoup de mon vécu ou celui de mes proches » –, on devine le coût que représente celui d’être une femme. « Je me sens comme ma propre concurrente, je dois toujours faire mieux. Être forte, indépendante, c’est une pression qu’on nous met, qu’on se met », assène-t-elle. Être exposée, aussi. « Ce n’est pas facile tout le temps, il faut se battre pour réussir dans la vie. Certaines personnes oublient qu’être artiste, c’est aussi être humain·e. Les critiques que j’ai reçues ont été limite méchantes : notamment sur mon corps, sur mon poids, mais j’ai beaucoup de chance d’avoir un public qui me soutient et me donne de la force. »
« Je me sens comme ma propre concurrente, je dois toujours faire mieux. »
L’envers du décor de son accession à une reconnaissance nationale, voire internationale – elle a récemment featé avec le Jamaïcain Vybz Kartel –a valu une année compliquée à la jeune femme, devenue mère dans la douleur, au sens littéral du terme. « J’ai fait un déni de grossesse, alors que j’allais sur scène et que je faisais de grands écarts. J’ai soigné une dépression post-partum dont j’ai pris le temps de parler. J’ai accouché en 2022 et je suis sortie de la dépression fin 2023. » La grossesse ? « Un traumatisme. » L’enfant ? « Une bénédiction. Ma lumière. Ma motivation pour avancer et me battre. » Sa thérapie ? Le travail. Et l’art toujours. Maureen peint, a déjà exposé à la Villa Victoria en Martinique et compte réitérer à Paris. Elle a admis déjà avancer sur son album, le premier, et promet de garder sa patte (« chanter en créole »), et de s’aventurer sur d’autres terrains avec une promesse « ne pas sortir un album juste pour en sortir un mais faire ce que je sais faire et surprendre ». Ne jamais s’arrêter, pour ne pas que ça s’arrête ?
Maureen n’oublie surtout pas qu’avant elle, d’autres artistes ont pavé la route. « C’est important pour moi de citer Shannon ou Kryssy, que j’ai d’ailleurs rencontrée sur l’un de ses tournages lorsque j’étais danseuse. Je l’appelle Mamoune », confie l’artiste avec affection, qui n’oublie pas d’avoir du cœur malgré ses objectifs. Durer. Représenter. Parole de pionnière.
IG : @maureen.l.l
Bad Queen, disponible sur toutes les plateformes de streaming.
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DU TRAIL TOUTE L’ANNÉE
Le skyrunner Rémi Bonnet nous dévoile la diversité du Tessin.
« Où que vous soyez, vous ressentirez constamment la présence silencieuse du lac Majeur. »
Rémi Bonnet, skieur alpiniste et coureur de montagne
Avec ses paysages de forêts mixtes, de crêtes de collines et de montagnes abruptes, le Tessin semble avoir été fait pour les coureurs de montagne. Un immense réseau de 1 400 kilomètres de sentiers à travers un éventail de reliefs comme autant de défs à relever. Plus qu’un parfait terrain d’entraînement, le Tessin est une claque esthétique : dans la région d’Ascona-Locarno, les sentiers entretenus toute l’année vous permettront d’admirer lacs de montagne, cascades et autres villages pittoresques composés d’antiques constructions rurales, les « rustici ». Où que vous soyez, vous ressentirez constamment la présence silencieuse du lac Majeur. La qualité de l’air s’en ressent.
Je vais me pencher plus particulièrement sur le trail entre la Cimetta et l’Alpe Nimi, une randonnée assez exigeante
d’environ trois heures praticable seulement entre juin et octobre. Nous partons de Muralto, à environ 200 mètres au-dessus du lac Majeur, et prenons rapidement de l’altitude. Première étape : la station de téléphérique Cardada-Cimetta. De là, le sentier de Vallemaggia, se dirige vers le nord. Théoriquement, vous pouvez vous y rendre en téléphérique (30 CHF), mais choisir la solution de facilité n’est pas trop dans mes habitudes.
Petit conseil en passant : si vous débutez en course de montagne et que votre objectif est d’acquérir une bonne condition physique de base, je vous conseille plutôt de faire le trail qui mène à la station ; les sept kilomètres vous prendront environ une heure et demie et vous pourrez ensuite rejoindre la vallée en télécabine. Variante plus
longue : la boucle de Cardada. Comptez environ trois heures de plus, le trail vous ramènera à la station d’Orselina près de Locarno.
Mais revenons à nos moutons, plutôt à notre route, la Via Alta Vallemaggia (ou VAVM). Deux cents kilomètres autour de la vallée de la Maggia en partie exposés et périlleux (niveau de difculté T3 à T5, chemins sécurisés et équipés de chaînes). Plusieurs jours vous seront nécessaires pour tout parcourir, c’est pourquoi j’ai sélectionné une étape plus simple d’une dizaine de kilomètres.
Allons-y ! Depuis la station du téléphérique située à 1 646 mètres, nous poursuivons notre ascension à travers bois et prairies. Passé le refuge au sommet de la Cardada, nous
PERSPECTIVES voyage
quittons la lisière de la forêt pour traverser les crêtes et les plaines entre les vallées de Vallemaggia et de Verzasca. Pas de panique, le sentier (de difculté T4) ne s’interrompt jamais vraiment ici, mais il faut avoir un pied sûr et ne pas soufrir de vertige. C’est un excellent test pour savoir si vous êtes mentalement prêt·e à parcourir la Via Alta Vallemaggia dans sa totalité. Notre objectif du jour : la Capanna Nimi, un refuge en pierre à 1 718 mètres où nous passerons la nuit (30 CHF/soir). Nous nous dirigeons au nord sur le sentier balisé de points bleus et suivons plus ou moins la crête en passant par la Cima della Trosa (1 869 mètres) et le panorama de Madone. Nous empruntons ensuite le fanc sud-ouest du Pizzo d’Orgnana (2 218 mètres), prenons la bifurcation signalée à gauche, soit vers le nord-ouest, puis empruntons le Passo di Nimi et la Cima di Nimi (2 191 mètres) pour des-
Au hasard des rencontres : l’alpage permet de lier connaissance.cendre jusqu’à l’Alpe Nimi. Les pentes abruptes et les crêtes sont souvent plongées dans la brume, attention de ne pas glisser sur l’herbe en cas de pluie.
Construit en 1742, l’Alpe Nimi est un alpage qui fait aussi ofce d’auberge. Top accueil, apéro dînatoire avec fromage de chèvre, poivrons marinés et pain croustillant, puis gnocchis et desserts, maison ! Vue imprenable sur le lac Majeur et le massif du Mont-Rose, même s’il est enveloppé de brouillard ce jour-là. Dix-huit lits sont disponibles. Je vous recommande fortement de réserver, surtout l’été !
Vous pouvez également rejoindre l’alpage en moins de quatre heures depuis Gordevio : le trajet est direct depuis la vallée en contrebas. D’ailleurs, n’hésitez pas à prendre cette route le lendemain pour redescendre et prendre le bus de retour
Berne
Suisse
TESSIN
Ascona
Locarno
Itinéraire
Se rendre au Tessin
Du nord, emprunter l’autoroute A2 par le tunnel du Saint-Gothard jusqu’au Tessin. Trains directs pour Locarno depuis Zurich, Bâle ou Lucerne. « Avec son architecture méditerranéenne et son climat tempéré, Locarno est une ville charmante et pittoresque. » Le bar à vin Isolino propose d’excellentes bruschettas. Pour la gourmandise, rendez-vous au café Al Porto Lago : glaces succulentes et desserts comme des œuvres d’art ! ascona-locarno.com
Petits conseils
Courir léger
« 1,5 l d’eau, trousse de premiers secours, coupe-vent, coupe-faim ou gels énergétiques pour éviter les fringales. Un sac de couchage léger et une montre connectée avec boussole. Chaussettes et T-shirts de rechange pour la nuit au refuge. Une paire de gants pour éviter d’écorcher ses mains sur les chaînes de sécurité. Et évidemment, une bonne paire de chaussures de trail avec semelles adhérentes. »
pour Locarno, ou repassez comme précédemment par les crêtes. En chemin, vous rencontrerez sûrement des chèvres, les meilleures coureuses de montagne au monde. Traitez-les bien et prenez-en de la graine, car ce sont elles les véritables expertes parmi les skyrunners !
Pour fnir, je voudrais vous présenter succinctement le trail du Valle Verzasca. Départ du barrage pour un magnifque parcours de 24 kilomètres à travers les bois et les hameaux isolés de Vogorno.
Et enfn, le clou du spectacle : le village de Lavertezzo avec son pont de pierre médiéval à deux arches. De là, vous pouvez soit revenir sur vos pas, soit poursuivre votre route en allant de Brione à Sonogno le long du Sentiero per l’arte et ses sculptures contemporaines. Un bus vous ramènera ensuite au bas de la vallée.
COURONS POUR CEUX QUI NE LE PEUVENT PAS
5 MAI 2024
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CHAMBRE AVEC VUE SOUS-MARINE
La vie aquatique
Peupler les fonds marins ? Pour cet ex-plongeur de l’US Navy, c’est « la prochaine grande aventure » de l’humanité. Voici ses petits conseils avant le grand saut...
Le docteur Joseph Dituri vit littéralement dans un autre monde. En juin dernier, ce plongeur de l’US Navy à la retraite, alors âgé de 55 ans, sortait d’un lagon de Key Largo, en Floride, et revoyait le soleil pour la première fois depuis près de quatre mois. Il venait d’établir un record du monde de vie sous-marine, cent jours passés à 9 mètres sous la surface du lagon.
La pression atmosphérique naturelle dans le Jules’ Undersea Lodge a fait rétrécir celui que l’on surnomme « Dr Deep Sea » de près d’1,5 cm, son taux de cholestérol a baissé, son sommeil s’est amélioré. Il s’est joint à l’expérience Project Neptune 100 pour mener des recherches biomédicales sur les efets de la vie dans un environnement à haute pression. Selon lui, cela pourrait aider le traitement des lésions cérébrales.
Son inspiration ? Un voyage au fond du Pacifque efectué par le grand James Cameron, en 2012. Au cours de sa plongée de 11 km, le
réalisateur d’Alien et d’Avatar a croisé un amphipode, dont le tissu contient certaines propriétés chimiques testées dans le traitement contre la maladie d’Alzheimer.
Une révélation pour notre docteur : « Je me suis dit : “Voilà, le remède se trouve au fond de la fosse des Mariannes, il faut aller vivre au fond de l’océan !” Je pense que vivre sous l’eau est notre prochain déf. D’ici cinq à dix ans, on commencera à créer des colonies et explorer davantage les fonds marins. » Quand on sait que la société
« D’ici dix ans, nous aurons des colonies sous-marines. »
Dr J. Dituri, expert en fonds marins
de recherche technologique britannique DEEP pense établir une présence humaine dans le Gloucestershire d’ici 2027 (ci-dessus, le Sentinel System, son habitat sousmarin), ses prédictions pourraient vite devenir réalité.
Le côté obscur
Premier aspect frappant en profondeur : « L’absence de lumière posait un vrai problème, car le soleil régule notre horloge biologique. Je prenais mes indispensables 2 000 UI de vitamine D quotidiens, mais c’était mon unique complément. »
Autre inconvénient : on ne peut pas vraiment sortir et faire un footing. Le conseil du doc : s’inspirer des résidents de la Station spatiale internationale et apporter l’équipement de gym le plus léger et compact possible. « Je n’ai perdu aucune masse musculaire pendant mon séjour ».
Cuisson sous pression
Niveau nourriture, il y a de bonnes nouvelles … et de moins bonnes. Riche en oxygène, l’environnement accélère notre métabolisme, on peut donc se bâfrer : « Je mangeais environ une fois et demie plus de calories que d’habitude », précise le doc. Son conseil ? Se préparer à une alimentation fade : avec tout cet oxygène hautement
explosif dans l’air, le microondes est la méthode de cuisson la plus sûre. Ce n’est cependant pas un désastre gastronomique complet : une de ses expériences suggère que cultiver des salades sous l’eau est plus efcace. « On a fait un concours avec une classe locale de sixième en utilisant des lampes de culture et on a gagné parce que notre environnement contenait plus de dioxyde de carbone. » Mais n’oubliez pas les gants en caoutchouc : « L’environnement chaud, sombre et humide favorise la prolifération de bactéries. »
Navette en eaux troubles
Selon le doc, vivre sous l’eau ne signifera pas délaisser totalement la terre ferme. « On fera toujours la navette vers les eaux peu profondes pour récupérer certaines choses indispensables niveau logistique. » Lors de sa mission, les ravitaillements étaient simples à organiser : « On lavait mon linge une fois par semaine et si j’oubliais un médoc, on me le faisait parvenir. » Mais au douzième jour, un incident que ni lui ni son équipe médicale ne pouvait prévoir s’est produit : il s’est cassé une dent sur un grain de maïs. « La douleur était atroce, mais on ne pouvait rien faire à cause d’un phénomène appelé barodontalgie. Si on traitait la dent sur place, elle allait gonfer et pour ainsi dire exploser au cours de la remontée. »
Abysses de l’amour
Comment ? Vous rêvez de vivre sous l’eau et pensez déjà à y fonder une famille ? Rappelez-vous d’abord ceci : « À cause de la pression, vos spermatozoïdes ne risquent pas d’aller bien loin..., précise Joseph Dituri. Vous ne serez donc probablement pas en mesure de vous reproduire. » Bon à savoir si l’avenir de l’espèce repose un jour sur vous. drdeepsea.com
HORS DU COMMUN
Retrouvez votre prochain numéro en mai en abonnement avec et avec , dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.
LITTLE SHAO / RED BULL CONTENT POOL
PERSPECTIVES matos
Pour les athlètes de la ville, courir de nuit apporte son lot de défis. Matos flashy, baskets fluo… Une foulée à Londres pour se faire bien remarquer.
La nuit leur appartient
Écouteurs SHOKZ OpenFit, fr.shokz.com ; casquette
SALOMON Bonatti Waterproof Five Panel, veste Bonatti Cross Wind, short Cross 5”, chaussures Aero Glide For Ciele, salomon.com ; chaussettes
STANCE Run Light Staple Crew, fr.stance.eu.com ; montre GARMIN Instinct 2 Solar, fr-garmin.com
Photos DANIEL CHEETHAMÀ gauche : écouteurs
SUUNTO Suunto Wing, suunto.com ; casquette
CIELE GOCap SC Badge Plus, eu.cieleathletics.com ; T-shirt manches longues
ACID RUNNING, Short Hybrid 2.0 et chaussettes Logo, acid-running.com ; chaussures ALTRA Vanish Carbon, altrarunning.eu
À droite : casquette CIELE GOCap SC Box, eu.cieleathletics.com ; veste ultra légère SOAR RUNNING, T-shirt manches longues laine mérinos et soie, short trail et chaussettes, soarrunning.com ; chaussures NEW BALANCE Fresh Foam X Trail More v3, newbalance.fr
Casquette CIELE ALZCap SC Pace Label, eu.cieleathletics.com ; veste Imperméable BROOKS High Point, short 2-en-1 High Point 3” et chaussures Aurora-BL, brooksrunning.com ; chaussettes STANCE Icon Sport Crew, fr.stance.eu.com
PERSPECTIVES matos
En haut : mêmes articles que page précédente.
En bas : chaussettes STANCE Icon Sport Crew, fr.stance.eu.com; chaussures ON RUNNING Cloudeclipse, on-running.com
Écouteurs SHOKZ
OpenFit, fr.shokz.com ; casquette SALOMON
Bonatti Waterproof Five Panel et veste
Bonatti Cross Wind, salomon.com
PERSPECTIVES matos
Ici : leggings VUORI Evolve et chaussettes Crew, vuoriclothing.fr ; chaussures MERRELL Morphlite, merrell.com Page opposée : bonnet Waffle VUORI Alpine, T-shirt Energy, leggings Evolve et chaussettes Crew, vuoriclothing.fr ; veste de course DEUTER Traick 5, deuter.com ; chaussures MERRELL Morphlite, merrell.com
PERSPECTIVES matos
À gauche : casquette CIELE GOCap SC Box, eu.cieleathletics.com ; veste ultra légère SOAR RUNNING et T-shirt manches longues laine mérinos et soie, soarrunning.com
Remerciements à Joe, Katie, Lauren, Pryank, James et Emily (ci-dessous, de gauche à droite).
SPORT
La
folie
padel
Le petit dernier des sports de raquette explose tout sur son passage. N’attendez plus pour vous jeter sur le court !
Quand on croise le squash et le tennis, on obtient le padel. Très convivial, ce sport de raquette en plein boom se veut une nouvelle alternative aux séances de ftness en solo et n’a pas à rougir niveau développement musculaire.
Le concept de cette discipline inventée au Mexique à la fn des années 1960 est simple. Le padel se joue principalement en double, le déroulement du jeu et le système de points sont proches de ceux du tennis et les matches se jouent souvent sur trois sets. La grande diférence avec son aîné plus établi est que la balle, au diamètre légèrement inférieur, peut aller frapper les parois en verre ou le grillage entourant le court (comme au squash), et que les joueurs utilisent des raquettes sans cordes.
Longtemps limitée aux cercles hispanophones, la popularité de cette invention d’Amérique centrale a tellement explosé en Espagne au
cours des dix dernières années (avec plus de 14 000 terrains sur tout le pays, c’est désormais le deuxième sport le plus pratiqué derrière le foot) que les cages de 20 m sur 10 ont commencé à faire leur apparition un peu partout en Europe. Au Royaume-Uni, par exemple, on en recense environ 250. « C’est un vrai sport de compétition ludique et stimulant », explique Sandy Farquharson, fondateur de la Padel School (à Londres).
Mais le padel est bien plus qu’une activité dérivée et marginale pour mordu·e·s des sports de raquettes. Sandy en est convaincu : en termes de bénéfces physiques et mentaux, c’est une sérieuse alternative à certaines disciplines plus établies.
Gratification rapide
Atout numéro du padel : son accessibilité. « Accompagnezmoi avec trois de vos ami·e·s et en un quart d’heure, vous serez capable de jouer et de
vous éclater », commente Sandy. Le padel est un jeu relativement simple grâce à la nature fermée du court, « on ne passe pas des heures à ramasser la balle au sol », et chaque point commence par un service en dessous de la ceinture ; le service volée n’existe pas. « On se sent vite doué·e car le padel s’apprend très vite ! »
Haute intensité svp !
Un match de padel ressemble beaucoup à un entraînement par intervalles à haute inten-
« Vous saurez y jouer en un quart d’heure. »
Sandy Farquharson, entraîneur
sité (HIIT) : les points sont rapides et furieux, « les échanges peuvent inclure soixante à soixante-dix coups », et les joueur·euse·s se déplacent lors de sprints déchaînés et fulgurants. Pour autant, selon une revue scientifque de 2022, il est peu probable que le cœur d’un·e joueur·euse de padel s’emballe comme un cheval de course au galop. Le rythme cardiaque correspond plus ou moins à celui d’un jogging léger. Et, malgré la taille compacte du court, des échanges plus longs signifent que « vous couvrirez une distance plus grande et ferez plus de pas qu’au tennis » ; d’après une étude de 2021, on parcourt en moyenne entre 2,5 et 3,5 km par match.
Bouger ses muscles
Alors que les études suggèrent qu’un·e joueur·euse de padel pro développe des lombaires très solides, le sport engage tout un ensemble de muscles. Une session de padel n’a rien à envier à une session de ftness. « En combinant torsions, virages et frappes ras du sol, vous mobilisez vos hanches et développez vos fessiers », explique Sandy. Des bienfaits qui ne se limitent pas qu’au bas du corps puisque « le padel propose toute une gamme de frappes en hauteur, ce qui va développer les muscles dans la région des épaules ».
La science des angles
Le sport fait également travailler les cellules grises. « Chaque aspect du padel améliore la coordination et les capacités cognitives, car la lecture du jeu et l’anticipation des coups est essentielle, précise Sandy. Les multiples changements de direction sur le court sont très bénéfques : on fait beaucoup de mouvements vers l’arrière, on se retourne souvent dans les coins, donc votre cerveau travaille dur pour calculer les angles de chaque rebond. » thepadelschool.com
INNOVATION
ÉLECTRISANTE
Riding on the moon
Partez à l’assaut des montagnes en motoneige sur la MoonBike, le premier scooter des neiges électrique au monde.
PERSPECTIVES équipement
Ingénieux : la température de la batterie est régulée à 10 °C dans un caisson équipé de tapis chauffants, ce qui lui permet de fonctionner même par grand froid.
S’il y a une leçon à tirer des vélos électriques, c’est que le fait de poser un moteur électrique et une batterie sur un engin à propulsion humaine rend nos escapades plus accessibles et permet de vivre des aventures magiques et mémorables. Mais pas facile d’adapter le concept aux sports d’hiver car les batteries électriques fonctionnent beaucoup moins bien par des températures en dessous de zéro.
Un problème auquel Nicolas Muron était confronté dans sa traversée des stations de ski, et pour sortir des sentiers battus à grande vitesse sans ni bruit ni émissions.
C’est en rendant visite à ses grands-parents dans les Alpes en 2014 que l’idée a germé dans l’esprit de cet ingénieur aéronautique : après plusieurs mois à tracer plans, croquis et prototypes, la MoonBike a vu le jour en 2018.
Le système de propulsion innovant alimenté par une batterie de 2,5 kWh et un couple de 170 Nm permet à l’engin équipé d’un monoski et d’une chenille de 25 cm d’aborder tous les terrains et de fler sur la poudreuse, là où voitures et motoneiges resteraient embourbées. Et avec ses 87 kg, la MoonBike vient aussi bien à bout du plat et des descentes que des côtes. Vitesse max. : 42 km/h, autonomie de trois heures (avec seconde batterie). Et fabriquée en Haute-Savoie ! moonbikes.com
PERSPECTIVES événement
RED BULL BC ONE CAMP FRANCE
100 % Breaking
Le Red Bull BC One 2024 débutera chez nous avec un Red Bull BC One Camp France a la programmation variée melant divertissements pédagogiques, ateliers et comp étitions. Les meilleur�e�s B-Boys et B-Girls s’y affronteront pour gagner leur ticket pour la finale mondiale au Bré sil !
Après le World Final 2023 à Paris fort d’ambitions et d’émotions, le Red Bull BC One bascule d’un temple du tennis à l’ambiance carnavalesque de Rio De Janeiro. En efet, alors que l’édition de 2023 s’est déroulée au stade Roland-Garros, c’est au Brésil qu’ont rendez-vous les meilleurs breakers au monde en décembre. Pour espérer les rejoindre, les danseurs et danseuses francais·es auront l’occasion de se qualifer pour le Brésil lors des trois jours du Red Bull BC One Camp France, organisé à Paris, du 12 au 14 avril. Avec des
workshops, battles, jams… Du top pour les fans de breaking.
Chargé de culture
Contrairement aux années précédentes, les phases de qualifcation pour le Red Bull BC One World Final seront concentrées sur une date unique, et dans une seule ville, lors de ce Red Bull BC One Camp France 2024 organisé à Paris. Dans la foulée de l’incroyable Red Bull BC One World Final, délivrée l’an dernier au stade Roland-Garros, l’événement vient s’inscrire dans l’histoire du breaking au cœur de la capitale francaise :
notre pays est la deuxième nation du Hip-Hop, et Paris a vu l’éclosion de cette culture au début des années 80, notamment via la danse. Le vendredi 12 avril, auront lieu les premières qualifcations, pour les 200 B-Boys et 100 B-Girls attendu·e·s par l’organisation, qui tenteront de se démarquer pour faire partie du Top 16 de chaque catégorie. Ce Top 16 qui s’afrontera le dimanche 14 avril, lors du Red Bull BC One Cypher France, qui désignera un B-Boy et une B-Girl qui rejoindront le Brésil pour les ultimes phases qualifcatives du Red Bull BC One.
PERSPECTIVES événement
Pour les expert·e·s comme pour les néophytes
Mais le Red Bull BC One Camp Paris sera bien plus qu’une compétition. Il s’agira d’un véritable festival qui proposera une programmation hétéroclite. Les fondu·e·s de footwork dans un premier temps, avec le Battle Footworkerz organisé la journée du 13 avril et qui permettra aux plus audacieux·euses de se mesurer aux meilleur·e·s de France de cette catégorie. Une discipline qui sera traitée et développée lors de panels de discussion, workshops,
etc. Un programme complet sur les footworks encadré et animé par Jey (photo page de gauche), spécialiste de cet art au sein du breaking.
Idem pour les powermoves et les tricks, avec le Battle Mortal Combo qui fera faire aux danseurs et danseuses les plus acrobatiques des mouvements techniques
On le sent, cette édition du Red Bull BC One Camp France sera unique.
qu’ils et elles ne s’imaginaient pas pouvoir assurer. De la même manière que pour les footworks, un workshop et une conférence animés par Lilou, l’iconique B-Boy globetrotter, précéderont ce battle.
En ce qui concerne la musique et son interprétation, le programme sera dirigé par DJ One Up & B-Boy Bruce Wayne et sera couronné de l’iconique Kill The Beat battle. Enfn, pour les amateurs de danses debout, de hip-hop, de vibrations et de percussions, avant de se donner rendez-vous pour le battle
Breakdown The House qui cloturera cette dense journée du 13, vous pourrez assister aux moments de partage et de discussions proposés par Kapela & Sarah Bee.
Tout le monde veut son ticket pour le Brésil
Depuis que le Brésil a été ofcialisé hote du World Final 2024, on le sait, on le sent, cette édition du Red Bull BC One Camp sera particulière… Dynamisée par un puissant patrimoine et métissage culturel, la culture Hip-Hop brésilienne devient de plus en plus infuente, rendant la destination très attirante. À Paris, tout le monde voudra gagner sa place et avoir la chance de partir vivre cette ambiance si caractéristique !
Pour animer, rythmer et juger les moments de compétition, ce sont des grands noms de la scène qui ont été invités. Au micro, vous retrouverez Momoze, Willy Style et Nilton. Aux platines, l’inévitable DJ One Up et DJ T-Sia. Auxquels il faudra ajouter une équipe de juges d’élite, a qui il incombera de prendre les décisions les plus compliquées : désigner les danseurs et danseuses qui iront au Brésil pour tenter de se qualifer en préambule du World Final. Un programme intense qui donne des envies de Brésil ! redbull.fr/redbullbcone ; IG : @redbullbcone
À NE PAS MANQUER
En mars
LE RAP EST UN JEU
Rap au Carré est la nouvelle émission de la chaîne YouTube rap Red Bull Binks. Un divertissement dans lequel deux équipes doivent prendre le contrôle d’un plateau interactif animé de LED. Un jeu immersif, animé par une voix, fait de culture rap, de ruse et de stratégies. Déjà en ligne, le premier Rap au Carré voit s’affronter Franglish et Nordine Ganso contre la team Grimkujow et KronoMuzik. @RedBullBinks
En mars QUIZ DE L’EXTRÊME
Du neuf sur Red Bull Checkpoint, la chaîne YouTube gaming, avec Red Bull Force & Focus, un quiz inédit de culture jeux vidéo dans des conditions extrêmes. First guests : TheGreatReview, CYRILmp4, Julgane et Sheshounet. Le défi : cumuler 35 points le plus rapidement ou être l’ultime participant·e suspendu·e à sa ligne ! @RedBullCheckpoint
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Le Kitz flip
Fabio Wibmer, rider VTT pro et youtubeur autrichien, s’est aventuré avec un vélo agrémenté de 288 crampons par pneu, sur la Streif, la plus célèbre et la plus périlleuses des pistes du Hahnenkamm-Rennen. Le Tyrolien de 28 ans a démarré son ride avec un backflip vertigineux depuis la ligne de départ, pour faire une accélération jusqu’à 107 km/h. Au-dessus des toits de Kitzbühel, Fabio Wibmer a réalisé des sauts jusqu’à 36 mètres de long, en plongeant de 14 mètres. « Cela fait deux ans que nous travaillons à la concrétisation de ce rêve… Et ça a marché !! » Le clip de cette performance légendaire est à retrouver sur redbull.com/fabiowibmerstreif