The Red Bulletin Mai 2017 - CHFR

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SUISSE

HORS DU COMMUN

LA PHOTO DE SPORT EN PUISSANCE 70 ANS D’EXCELLENCE AVEC L’AGENCE MAGNUM

Mohammed Ali, 1966

«TECHNO IS MY RELIGION» Rentrez en transe à Genève au son de l’Electron festival

SPÉCIAL MONTRES

Fonctionnalité et heure juste sur tous les terrains

ENLÈVE TON MASQUE!

Comment un Sud-Africain s’est transformé en catcheur mexicain

MAI 2017 CHF 3,80


R A FA OR T IZ


*

*Capturer Différemment

STABILISATION VIDÉO

ÉTANCHE

CONTRÔLE VOCAL




ÉQUIPIERS

BIENVENUE

Henri Cartier-Bresson

Paolo Marchesi

En temps normal, le photographe italien est en déplacement en Basse-Californie, au Mexique où il réside, et vous risquez de le croiser là-bas en train d’or d’organiser une session pêche avec ses chiens. Mais pour nous, Paolo Marchesi a relevé un nouveau défi : il est allé à la rencontre des lutteurs de lucha libre, afin de photographier les plus belles actions d'Adam Bridle aka « Angélico » sur le ring. PAGE 5 6

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La photo, cet organe vital Le sport de haut niveau se vit aujourd’hui généralement devant (derrière ?) un écran. En mode live ou différé, mobile ou sédentaire. Loin des tribunes, pour sûr. Quand l’agence photo Magnum s’est lancée à la fin des années 50, la puissance de la compétition, du combat, de la performance se transmettait par l’image fixe, souvent la première à révéler au monde les visages et statures des héros en devenir du sport. Célébrant ses 70 ans, Magnum a sollicité The Red Bulletin pour une collaboration que nous inaugurons avec un portfolio costaud et cette une coup de poing dédiée au plus grand : Ali. De sa couver couverture à sa page finale, la photo est un organe essentiel à tout magazine. Au Red Bulletin, elle est vitale : si l’histoire est « hors du commun » mais que les images l’expliquant à vos yeux manquent de force, sa diffusion dans nos pages n’est pas garantie. En accédant aux archives de Magnum, ce sont des archives béton et colossales qui se sont offertes à nous. Trop de – bons – choix. Quelle joie ! Bonne lecture ! Votre Rédaction THE RED BULLETIN

THOMAS HOEPKER/MAGNUM PHOTOS (COUVERTURE), RENE BURRI/MAGNUM PHOTOS

« Magnum est un édifice de pensée, une qualité humaine partagée, une curiosité portée sur ce qu’il se passe dans le monde, le respect que cela inspire et le désir de le représenter visuellement », dit CartierBresson, l’un des pères fondateurs. En 2017, l’agence fête son 70e anniversaire (magnumphotos.com/magnum-photos-70) et sort Magnum Manifesto (Thames & Hudson). Le plus fort du sport par Magnum PAGE 36


Grow up. Laisse la ville derrière toi. Le nouveau GLA est un SUV compact offrant suffisamment d’espace pour accueillir ta vie et tout ce qui la compose. Ses performances exceptionnelles te permettent d’être à l’aise sur tous les terrains. Grandis à ta façon.

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SOMMAIRE mai

BULLEVARD GUIDE 12 Elsa Pataky : femme divine 14 16 17 18 20 22 24 25 26

et actrice à poigne Jaguar XKSS : renaissance Les stars par leurs objets Mr Trent bluffe le monde Olga Kobzar : on la suit jusqu’au bout de la nuit… Festivals : sans limite d’âge Le VTT crève l’écran Wim Hof ou l’homme qui agit comme un antigel Quand la folie sneakers fait monter les prix Nouvelle cuisine : des tacos sauce danoise

Voir. Avoir. Faire. 84 Red Bull TV : ce qu’il ne

faudra surtout pas louper !

86 Wings for Life World Run 88 Le top des événements à

noter sur votre agenda

90 Bien calibrées :

des montres outdoor pour vous accompagner sur tous les terrains 96 Ours : ils – et elles – font le Red Bulletin chaque mois 98 Le Freerun ? Renversant !

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ALERTE ROUGE

Les maillots écarlates et bien garnis sont de retour à l’écran. Le grand, cette fois. Avec l’adaptation au cinéma de la série Alerte à Malibu, on prend plaisir à découvrir la bombe Ilfenesh Hadera.

28 VOIE RAPIDE

Un pur-sang du large : c’est sur ce bolide des mers qu’un propriétaire fortuné et un skipper doué prennent leur pied.

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THE RED BULLETIN

DOVE SHORE, KELVIN TRAUTMAN

Un mode de vie hors du commun


REPORTAGES

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Les rois des mers

Vitesse + conditions difficiles : pour eux, naviguer, c’est comme un rallye.

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Magnum Force

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Alerte à la bombe

56 64

Aux côtés de The Rock, Ilfenesh Hadera devient une Baywatch girl au ciné.

Bas les masques

Venu au Mexique pour son catch, il y devient une star et ne repart jamais.

Retour à la réalité

La technologie permet d’explorer les frontières de l’inconnu, mais elle se heurte à celles du savoir ancestral transmis de génération en génération.

Le renouveau a son festival

Musique électro, performance, danse… La 14e édition de l’Electron festival se vit dans cinq locations à Genève pour fêter les arts numériques.

36 DANS L’ŒIL DU SPORT

Portfolio exclusif : les bâtisseurs du sport moderne par les photographes de l’agence Magnum. Un K-O esthétique assuré.

PHILIPPE HALSMAN/MAGNUM PHOTOS

76

L’agence Magnum régale les yeux du monde depuis 70 ans. À votre tour.

THE RED BULLETIN

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BULLEVARD U N

S T Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

JUAN ALDABALDETRECU/TRUNK ARCHIVE

Pataky retrouve son personnage, la coriace Elena Neves dans Fast & Furious 8.

LE DESTIN DIVIN D’ELSA PATAKY : ACTRICE, MODÈLE, ’ACTION FEMME D PAGE 12 11


BULLEVARD

Incorruptible

Après avoir conquis le cœur d’un Avenger, l’épouse de Chris Hemsworth revient sur le grand écran pour alpaguer les mauvais garçons.

LA VIE FASTE D’ELSA PATAKY 12

L’

actrice et mannequin Elsa Pataky était déjà une star en Espagne, sa patrie, avant d’épouser l’Australien Chris Hemsworth. La belle polyglotte (elle parle anglais, espagnol, italien, roumain et français) incarne à nouveau l’incorruptible agent de police Elena Neves dans Fast & Furious, huitième opus de la

franchise. Le rôle convient parfaitement à cette globe-trotteuse. Adepte de sport et mordue de fitness, elle adore les virées en motocross en Australie, où elle vit désormais. Elle prend aussi beaucoup de plaisir à défier Hemsworth lors de leurs séances de sport assidues. Tenir tête à Thor ne peut être que la marque d’une déesse… @elsapatakyconfidential THE RED BULLETIN

JUAN ALDABALDETRECU/TRUNK ARCHIVE

Menue mais féroce : à 40 ans, Elsa Pataky tient une forme olympique en alternant yoga, surf et boxe.


BIKE

SESSIONS 2017

20 ET 21 MAI BETZHOLZ (ZH) 27 ET 28 MAI RIVERA (TI)

3 ET 4 JUIN COSSONAY (VD) 10 ET 11 JUIN DERENDINGEN (SO) 17 ET 18 JUIN STOCKENTAL (BE)

240 MOTOS DE TEST 5 LIEUX DIFFÉRENTS COURS D’INITIATION ET COURS DE GESTION DES VIRAGES STAGE ENDURO SPRINT SUR 1/8 MILE COURSES D’ESSAI AU VOLANT D’UNE MINI SPECTACLES DE CASCADES EXPOSITION DE MODÈLES NOURRITURE ET RAFRAÎCHISSEMENTS RENCONTRE ENTRE MOTARDS ET BIEN PLUS ENCORE

BIKESESSIONS.CH

Avec le soutien de:

MAGAZIN


BULLEVARD

Jaguar XKSS

Neuf voitures originales ont été détruites lors de l’incendie de l’usine Jaguar. Elles ressuscitent aujourd’hui. À l’ancienne.

JUSTIN HYNES

LE PHOENIX RENAÎT DE SES CENDRES


V

os chances d’acquérir une Jaguar XKSS, considérée comme la pionnière du supercar, sont plus minces que celles de gagner au loto, c’est dire. Il vous faudra au préalable cocher les six bons numéros rien que pour avoir le droit d’espérer mettre la main sur l’un des seize exemplaires existants. Pour preuve, le mois dernier, la société de vente aux enchères américaine Gooding & Co met en vente la XKSS châssis 716, un tel événement n’a plus eu lieu depuis 2005. Sa mise à prix estimée (on insiste sur

estimée) s’élève à 17 millions d’euros. Tout de suite on saisit mieux l’ampleur du défi. Il y a un an, Jaguar décide de lancer une offre alternative low cost en proposant des exemplaires identiques au prix de 1,2 million d’euros. Seul hic, l’édition est limitée à neuf unités et elles ont déjà toutes trouvé acquéreur. Pourquoi neuf seulement ? En 1957, quelques mois avant la course du Mans où cinq Type D conduites par des pilotes indépendants termineront dans les six premières places, Jaguar met fin à la production de modèles sportifs et homologue les 25 Type D restantes en version routière destinées au juteux marché américain. Au final, seuls 16 exemplaires sortent des ateliers. Les neuf autres partent en fumée lors de l’incendie qui ravage l’usine Jaguar de Coventry (Angleterre) dans la nuit du 12 février 1957. L’an dernier,

près de 60 ans après le feu, le département Jaguar Classic annonce la reprise de la production. Les neuf XKSS manquantes seront remplacées par des copies conformes avec les mêmes finitions : moteur Type D 3,4 litres six cylindres en ligne de 262 chevaux, sièges en cuir au grain identique, boutons du tableau de bord en laiton et compteurs Smith. La boucle est enfin bouclée. Avec un bémol cependant. Les voitures sont conformes à l’originale mais pas aux nouvelles normes de sécurité et d’émission de gaz à échappement. Aussi, chaque propriétaire devra demander une autorisation spéciale pour circuler sur la voie publique ou limiter son utilisation aux circuits ou voies privés uniquement. À 1,2 million d’euros pièce, on imagine aisément que les propriétaires disposent déjà de ces options. jaguar.com

La nouvelle XKSS n’est pas un réplica, sa production est réalisée d’après les plans originaux.

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Henry Leutwyler

De Ghandi à Elvis, le photographe suisse raconte les icônes du XXe siècle à travers des clichés d’objets qui leur ont appartenu.

« ELVIS DÉTESTAIT LE JT... » 16

L

a canne de Charlie Chaplin, les chaussures de Michael Jackson, le passeport d’Alfred Hitchcock, une télé d’Elvis Presley perforée d’une balle. Pendant douze ans, le photographe Henry Leutwyler (56 ans), connu pour ses photos de célébrités, chasse armé de son objectif, les objets intimes de ses idoles. Son livre Document en réunit 124. The Red BulleTin : On vous connaît surtout pour vos portraits de stars. Qu’est-ce qui vous a poussé à photographier leurs effets personnels ? leuTwyleR : Bien souvent, les objets en disent plus long sur

leurs propriétaires que les portraits de ces derniers. En quoi le sont-ils ? Les photos des magazines sont aujourd’hui beaucoup retouchées. Avec les objets, j’adopte l’approche d’un photographe de brigade criminelle : vue de haut, brute et sans complaisance. Comment êtes-vous arrivé jusqu’à la télé d’Elvis ? Sa famille m’a invité à Memphis afin de photographier le patrimoine du King pour un livre. Quelle est l’histoire de cet impact de balle ? Elvis était un grand amateur d’armes à feu et, apparemment, les journaux télévisés l’exaspéraient. henryleutwyler.com

THE RED BULLETIN

HENRY LEUTWYLER

Elvis By The Presleys : la télé du King, tirée du livre de Leutwyler.

FLORIAN OBKIRCHER

BULLEVARD


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L’illusionniste

Percer dans la magie est ardu. Avant de connaître le succès, l’Américain Adam Trent s’est longtemps produit dans les rues et sur les bateaux de croisière.

UN TOUR DE PASSE-PASSE

L’interview intégrale est sur le podcast iTunes du Red Bulletin !

CORY JONES

ANDREAS TZORTZIS

L’

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itinéraire d’Adam Trent débute par un bégaiement incontrôlable qui le tourmente durant toute son enfance. La scène sera son salut. En représentation, sa parole est fluide et la confiance en soi une deuxième nature. La magie peut alors opérer et conquérir son public devient pour lui une simple formalité. the red bulletin : Après le lycée, vous vous produisez dans la rue pendant un an, puis sur les scènes des bateaux de croisière et des lycées et enfin Broadway. Que de chemin parcouru ! adam trent : Avec de la ténacité, on finit par y arriver d’une manière ou d’une autre. La volonté est capitale, sans elle rien n’y fait. Il y a des magiciens bien plus doués et talentueux que moi. Mais je suis un monstre de travail. C’est en cela que réside ma différence. Qu’appréciez-vous dans le spectacle de rue ? La magie m’a toujours ouvert des portes. On m’invite à trinquer dans les bars et les personnes les plus improbables viennent à ma rencontre du simple fait que je suis magicien. Les femmes aussi ? La magie est un moyen imparable de briser la glace. Retrouvez Adam dans la série Road Trick sur Red Bull TV. 17


BULLEVARD

C

ette nuit-là a commencé au VIP Room, pour fêter le retour en France de Playboy Playboy. Sur le dancefloor, deux modèles font tourner les têtes : Olga Kobzar (la blonde) et Maria Demina (la brune). « On s’est rencontrées à Moscou, dit Olga. Et on a voyagé quelques fois à Paris ensemble. Maria est plus jeune, plus fêtarde que moi. » Olga débute le mannequinat à 18 ans, en hobby, et en fait son métier. La Russe de 25 ans rejoint l’élite des playmates lors d’un shooting avec la photographe Ana Dias. « Poser pour Ana et Playboy Playboy, j’ai adoré ça ! C’est important de travailler avec quelqu’un qui partage votre point de vue sur la beauté et la photo. » Ce soir-là, Olga était au VIP Room pour « débuter la nuit, et rencontrer des gens intéressants ». Elle suivra Keffer à Versailles, loft de Damien Ropero, photographe suisse et très luxe. « Je préfère les fêtes à taille humaine, des potes avant tout, plutôt que les clubs. De petits bars parisiens tels La Maison Sage », dit Olga. Se donne-t-elle autant dans les soirées que devant un appareil ? « Non, je déploie bien plus d’énergie sur un shooting », assure-t-elle. Après un tour sur son compte Instagram – brûlant – on n’en doute pas une seule seconde. Son mot français favori ? « Je commence à apprendre votre langue, dit-elle. Je crois bien que c’est... putain. » instagram.com/bugs_bunny_gf

En virée

Le photographe Keffer passe de très belles nuits. Il nous a présenté Olga, un modèle russe renversant, qui adore s’éclater à Paris.

UNE NUIT OLGASMIQUE 18


KEFFER

PIERRE-HENRI CAMY

Bunny up! Soirée ­Playboy France au VIP Room : le sublissime modèle russe Olga Kobzar (à droite) croit aux bienfaits du vin.


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Zone de confort

À plus de 30 ans, un plan festival à passer trois jours sans dormir, ça vous fait hésiter ? Nos solutions.

TROP VIEUX POUR LES FESTIVALS ?

Q

uand on a 20 ans, les festivals c’est génial. On boit, se roule dans la boue, ne se lave pas pendant trois jours et on arrive quand même à pécho. Et puis un jour, on a plus 20 ans mais l’envie de fréquenter les festivals reste intacte. À juste raison. Ce type d’événement peut encore s’apprécier bien après nos jeunes années. Certes le temps des folies est passé mais la maturité permet de mieux savourer l’événement. Voici quelques astuces pour que les festivals restent une expérience unique même pour les plus de trente ans.

Évitez le camping

Débrouillez-vous si possible pour dormir dans un lit. De nombreux festivals louent des chalets, d’autres proposent des navettes entre

le lieu des concerts et les établissements hôteliers de la ville la plus proche. Une douche privée et un bon lit vous requinquent comme par enchantement.

Faites des choix

Vous n’en êtes pas à votre premier festival, inutile donc de courir tous les groupes à la mode. Sauf si vous y tenez, bien sûr. Mieux vaut cibler vos concerts à l’avance.

Sapez-vous « bien »

Des vêtements fonctionnels (chauds, imperméables et beaucoup de poches). Pas très branché, mais vous n’êtes plus là pour séduire les « djeun’s ». Faites-vous une raison et soyez à l’aise.

Faites-vous plaisir

Vous gagnez bien votre vie, alors fini de regarder à la dépense contrairement aux étudiants autour de vous. Les festivals offrent maintes occasions de claquer son argent, pour faire du Bungee Jumping par exemple. Lâchez-vous ! Vacaaaaances !

Fuyez nos conseils

JULIAN BAJSEL

Les Red Hot Chili Peppers ont plus de 50 ans et fréquentent toujours les festivals. Pourquoi pas vous ?

JONAS VOGT

Vous préférez vous rouler dans la boue et ne pas vous laver pendant trois jours. Soit ! Les règles sont là pour être transgressées, non ? Même après 30 ans.

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ANNUAL SUMMIT WORLD’S LARGEST EVENT DEDICATED TO VIRTUAL & AUGMENTED REALITY FOR PROFESSIONALS AND GENERAL PUBLIC

CONFERENCE, FESTIVAL & MARKET Crans-Montana - Switzerland

2ND EDITION 11-14 May 2017

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BULLEVARD

Champion du monde et vainqueur de la Coupe du monde, Greg Minnaar (photo) est un héros du downhill.

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Le millionnaire de YouTube

Lancé à 70 km/h sur son VTT, Claudio Caluori partage spontanément peurs, joies et jubilations en vidéo, faisant ainsi le régal de ses abonnés.

VIDÉOS EN ROUE LIBRE

athlètes comme Loïc Bruni et Aaron Holmes Gwin, respectivement champion du monde et vainqueur de CM, c’est la routine. J’ai besoin de vitesse pour transmettre mes sensations. Accélérer nécessite de se préparer minutieusement et de bien connaître les parcours. En descente, je me concentre comme s’il s’agissait d’une compétition comptant pour la Coupe du monde. »

Étape 3 : montrer le plaisir ou la peur ressenti(e)

E

x-pro en descente

VTT, Claudio Caluori présente

sur Red Bull TV les parcours les plus rapides et les plus difficiles au monde. Ses vidéos YouTube sont cultes pour des millions d’internautes. Il révèle comment il a bâti sa légende sur le net en trois temps.

DANIEL KUDERNATSCH

Étape 1 : un matos digne de ce nom

MICHAL CERVENY, DAN CERMAK

« Trois caméras GoPro, une sur le casque, une sur le guidon, une sur la poitrine, et un micro sensible équipé d’un coupe-vent garantissent des prises de vue nettes avec un son d’une qualité impressionnante. »

«Rien n’est prémédité dans mes commentaires en direct. Je me focalise sur deux aspects: l’analyse du parcours en temps réel (très poussiéreux, glissant!) et les astuces concrètes concernant la trajectoire et la technique ((prendre à l’intérieur… non, ça ne passe pas). De plus, lorsque j’éprouve pas de la peur ou du plaisir, je me mets à monologuer, première gamelle au premier virage, concentre-toi Claudi, ou bien oh, oh, oh, attention! Reste sur ton vélo, reste sur ton vélo Claudio! Généralement, quand je prononce mon nom c’est que j’approche d’un passage clé!»

Retrouvez Claudio sur la chaîne YouTube Red Bull. Red Bull TV retransmet en direct, toutes les courses VTT comptant pour la Coupe du monde UCI 2017. La saison débute le 30 avril à Lourdes.

Étape 2 : maîtriser son sujet

« Pour le spectateur, faire une descente à travers la forêt à 70 km/h ponctuée de sauts de plus de 20 m de long est une pure folie, mais pour des THE RED BULLETIN

Claudio en armes : casque, GoPro et vélo de descente.

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Croyez en l’homme

Le journaliste Scott Carney voyait en Wim Hof une « supercherie ». Il deviendra son plus fervent défenseur. Son livre explique que notre corps peut l’impossible.

urnommé « Iceman » pour sa capacité à résister à un froid extrême grâce à une technique de respiration poussée et à son mental, le Hollandais et aventurier Wim Hof suscite le scepticisme. Il a 20 records du monde à son actif et un semi-marathon couru en Finlande pieds nus et en short. Il y a quelques années, le journaliste d’investigation Scott Carney décide de confondre cet aventurier au torse nu et prouver qu’il s’agit là de l’anomalie génétique d’un dangereux charlatan. « Je rencontre Wim pour la première fois en 2011, convaincu d’avoir affaire à un faux gourou au pouvoir guérisseur, se souvient Carney. Mais je me suis trompé. » Dans son livre What Doesn’t Kill Us (trad. Ce qui ne nous tue pas pas), Carney explique que la méthode de Hof entraîne une réaction au cœur de notre

Grâce à la méthode Hof, Carney escalade une montagne torse nu.

ADN. Jusqu’à son histoire récente, l’humanité subissait les changements de température : froid la nuit, chaud le jour. Grâce au confort moderne, l’homme n’a plus à subir ces variations, mais notre corps reste néanmoins capable de s’adapter à des conditions plus extrêmes. « C’est ce que sa méthode prouve, ajoute Carney, et ce que la biologie de l’évolution démontre, à savoir que si on réintroduit des variations de température, toute cette mécanique du corps s’active. Aussi incroyable que cela puisse paraître, on devient capable de se réchauffer. » En somme, l’homme est équipé d’un chauffage central.

SONYA DOCTORIAN/HENNY BOOGERT

JOSH RAKIC

IL NE VOUS LAISSERA PAS DE GLACE

S

Wim détient le record du monde de l’endurance à la glace : 1 h 52.

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BULLEVARD

Pompes à fric

Investir dans des baskets ne fera peut-être pas de vous un homme riche. Mais vous risquez d’y prendre goût ! n a tous eu un copain qui collectionnait des baskets, tels des joyaux à admirer sans les toucher. En fait, en les qualifiant de trésor, il n’avait pas tort. Josh Luber, un autre dingue de baskets, a créé StockX, site de courtage pour vendeurs et acheteurs. « Sur le marché de la revente, la courbe des prix ressemble au logo de Nike, explique-t-il. Les prix explosent avant la sortie d’un modèle, chutent aussitôt après et repartent à la hausse progressivement. » La cote est fonction de la demande.

Vues dans Retour vers le Futur, les Nike Mag sont sorties l’automne dernier et ont été vendues en un instant.

ANDREAS TZORTZIS

200 000 $ AUX PIEDS

O

Le modèle Yeezy d’adidas coûtait 250 euros à sa sortie en février. Depuis, sa valeur a triplé à cause d’une rumeur faisant état d’une production limitée. « Une paire atteint sa meilleure cote deux ans après sa mise en vente, dit Luber, lorsque le modèle se fait plus rare. » L’idéal est de connaître le nombre de paires produites par modèle. Un secret bien gardé. Les Nike Mag autolaçantes, par exemple, se limitent à 87 paires. Résultat : une paire s’est vendue à 200 000 dollars lors d’une vente organisée par la fondation de l’acteur Michael J. Fox, et une autre cote à 28 000 dollars sur StockX. stockx.com

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BULLEVARD

Itinéraire bouffe

Son Noma à Copenhague élu quatre fois meilleur restaurant du monde, le chef René Redzepi se surpasse en voyageant. Très loin.

CUISINIER PRODIGIEUX POUR TACOS D’EXCEPTION

A

René Redzepi régale la langue mexicaine.

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Redzepi (39 ans) et son équipe sillonnent le Mexique en quête d’ingrédients et d’idées pour leur restaurant éphémère à Tulum. Du 12 avril au 28 mai, tacos, tortillas et tamales devraient à n’en pas douter y être revisités, mais n’espérez pas y goûter. Même à 600 € le menu, les réservations sont parties en quelques jours. noma.dk/mexico

Le Noma – version Mexique – proposera un menu dégustation. ANDREAS TZORTZIS

d’un nouvel établissement sur le port de Copenhague. Il inaugure avec des plats... de saison : carottes sautées à la camomille et au beurre de lait de chèvre ou huîtres vapeur avec de la verdure cueillie sur la plage locale. Un succès : le magazine Restaurant élit le Noma meilleure table du monde de 2010 à 2012 puis à nouveau en 2014. Après un passage à Tokyo et Sydney,

VINCENT LONG

vant que la formule « de saison » ne devienne le mot d’ordre de tout nouveau restaurant désireux d’attiser la curiosité de hipsters argentés, René Redzepi s’activait seul au Danemark. À l’âge de 23 ans, l’apprenti du célèbre restaurant French Laundry en Californie est débauché pour prendre la tête

THE RED BULLETIN


Nous accompagnons les paraplégiques. À vie. La recherche fait partie intégrante de notre travail quotidien. Avec la fondation Wings for Life, nous nous employons en vue d’une amélioration durable de la qualité de vie des paralysés médullaires. www.paraplegie.ch

7 MAI 2017 À OLTEN


ROIS DES MERS

Conçus pour la vitesse pure et les conditions les plus dures, les voiliers multicoques tels que Phaedo³ sont les pur-sang de la course au large. Le propriétaire Lloyd Thornburg et le skipper Brian Thompson nous embarquent sur la voie rapide de l’océan. Texte : Justin Hynes Photos : Kelvin Trautman

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Le bowman et régleur de voile Pete Cumming change la voile sur la proue. Le poids des voiles et une houle intense rendent la tâche fastidieuse.

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« Notre bateau est une voiture de rallye ; conçu pour la vitesse... et les conditions difficiles. » Brian Thompson


À Ci-dessus : Sam Goodchild, membre du Phaedo3 , met le cap sur la Sicile lors de la Rolex Middle Sea Race. À gauche : Phaedo3 fuse à 29 nœuds, presque deux fois la vitesse du vent. THE RED BULLETIN

l’autre bout de la ligne grésillante, à Antigua (Caraïbes), le navigateur Brian Thompson nous dévoile les subtilités de son multicoque actuel. « Beaucoup de gens comparent ces bateaux à des voitures de course, explique-t-il, mais ils sont bien plus que ça. Pour moi, ils sont plus proches des voitures du Dakar. Les bateaux de la Coupe de l’America sont des Formule 1, mais ils ne peuvent vraiment naviguer que sur une mer plane – un circuit, si vous voulez. Notre bateau est un bolide tout-terrain, une voiture de rallye ; il est conçu pour la vitesse... et les conditions difficiles. » Le bateau en question est le Phaedo³, un trimaran de 21 m de la catégorie MOD70. Une merveille en fibre de carbone conçue aux seules fins d’en faire un bateau express : ce bolide des mers multicoque est capable de chevaucher les vagues à une vitesse pouvant atteindre 75 km/h. Thompson, le co-skipper britannique de Phaedo³ avec le propriétaire américain Lloyd Thornburg, nous parle depuis le port de Falmouth à Antigua, où le duo s’apprête à donner le coup d’envoi du millésime 2017 de la course RORC Caribbean 600, la course phare de la saison de voile dans cette région. En énumérant les îles jalonnant le parcours de cette odyssée de 965 km – Antigua, Anguilla, Monserrat, Guadeloupe, Saint-Christophe-et-Niévès – il est difficile d’envisager cette course comme autre chose qu’une chasse gardée de milliardaires avides de sensations fortes, accrocs à l’adrénaline, et qui ont beaucoup, beaucoup d’argent à dépenser. Cette image du passionné de vitesse

fortuné avec beaucoup de temps à tuer colle parfaitement à la personnalité de Thornburg. Âgé de 36 ans, fils d’un investisseur dont le fonds gère pour 55 milliards de dollars d’actifs, il pilote son propre jet privé, pratique la chute libre et conduit des voitures de sport. À la lumière de ces passe-temps dorés, naviguer des voiliers surpuissants relèverait presque de la banalité. Un mode de vie dont le commun des mortels ne peut que rêver. Face à une existence si fastueuse, il y a de quoi hausser les sourcils, mais la passion débordante de Thornburg pour son sport et son bateau se lit dans ses yeux grands ouverts. Et elle est contagieuse. « J’ai commencé à vouloir naviguer à travers le monde, explique-t-il, alors j’ai construit un bateau pour ça – un catamaran – et je l’ai navigué de l’Atlantique sud aux Caraïbes. J’ai décidé d’en faire un bateau de course, et on a engrangé pas mal de succès. Et puis on a fini par participer à une vraie course avec la Transpac (de Los Angeles à Honolulu, ndlr) il y a trois ou quatre ans. » C’est à l’occasion de cette course que Thornburg a rencontré Thompson. « Le chemin du retour fut bien long et solitaire, et on se demandait déjà ce qu’on pourrait faire d’autre », rapporte ce dernier. Le CV de Thompson a des allures de catalogue regroupant ce qui se fait de mieux en matière de courses aux confins de l’océan. Premier citoyen britannique à avoir battu le record du tour du monde à la voile à deux reprises, ce navigateur de 55 ans a également remporté la Volvo Ocean Race, le Trophée Jules Verne – la circumnavigation la plus rapide au monde –, et a terminé cinquième du Vendée Globe 2009. Au cours de la conversation, le duo révèle sa parfaite complémentarité, le débit de mitraillette de Thornburg étant largement tempéré par la vision plus flegmatique qu’offre Thompson de la course à la voile. Les deux esprits se rencontrent clairement, comme en atteste leur décision commune de passer en catégorie de trimarans MOD70 au retour de la Transpac. « J’avais été invité à assister à des essais nautiques et j’ai eu la chance d’en barrer un pendant 10 minutes, raconte Thornburg. C’était une expérience à couper le souffle. » Fasciné, il tente d’affréter un MOD70, sans succès. Son rêve de barrer un de ces trimarans à la pointe de la technologie semblait s’évaporer lorsque, fin 2014, il reçoit un appel de Thompson pour lui annoncer qu’un MOD70 était en vente en France. Thornburg n’a pas hésité un instant : « C’était maintenant ou jamais. Alors on a sauté sur l’occasion ; on a foncé bille en tête. C’est comme ça que ça a commencé. » Depuis, Thornburg et Thompson ont fait de Phaedo³ le voilier sans doute le plus couronné de succès au monde dans sa catégorie, enchaînant les records à la pelle. Ils ont notamment battu le record de la transatlantique entre les Bermudes et Plymouth de plus d’une semaine, avant d’exploser celui du tour de l’île de Wight de près d’une demi-heure, détenu par le héros de la Coupe de l’America Sir Ben Ainslie. Pour Thompson, leur bateau est capable d’une puissance telle que la clé du succès consiste non pas tant à forcer l’allure qu’à maîtriser la vitesse intrinsèque générée par le trimaran. « Vous passez beaucoup de temps à réduire la voilure, à changer de cap pour trouver une échappatoire en cas de vents trop puissants, et, plus généralement à installer des voiles plus petites ou plus grandes. C’est comme un moteur de voiture, sauf que vous pouvez changer les cylindres du moteur. Il y a beaucoup de décisions à prendre, comme installer les voiles, fixer le cap pour maintenir la vitesse et préserver la sécurité. Tout le monde peut aller vite un moment, mais maintenir la vitesse et la sécurité en permanence, c’est un défi captivant. » Pour Thornburg, c’est essentiellement son caractère extrême qui explique son attirance pour ce sport. « Vous êtes toujours à 33



« C’est comme si on essayait de dormir à l’arrière d’un pick-up lancé sur un chemin de terre à plus de 100 km/h ! » Lloyd Thornburg

« Une fois qu’on est sur le pont, c’est comme si on était arrosé par un tuyau d’incendie », raconte Thornburg.

une mauvaise décision de la limite, ou, pour faire une analogie avec les sports mécaniques : une seule mauvaise décision, et vous allez dans le mur. Le summum de l’extrême est atteint lorsque les pluies nocturnes s’invitent. C’est comme piloter un avion aux instruments : vous regardez les instruments et vous manœuvrez au feeling en fonçant dans l’obscurité totale. » Autre épineux problème : afin de garder le contrôle du bateau, il s’agit non seulement de braver les éléments, mais aussi de lutter contre les limites humaines et, en premier lieu, la fatigue. « Pour espérer vraiment dormir, il faut pouvoir profiter d’un moment où il n’y a aucune décision à prendre et où le bateau peut naviguer en toute sécurité, confie Thompson. Il s’agit de contrôler visuellement les conditions météo, de regar regarder les prévisions, et là on peut se dire : “OK, je crois que j’ai quelques heures de conditions stables devant moi, je peux me reposer en toute sécurité.” Et vous avez intérêt à le faire, sinon vous finirez par prendre de mauvaises décisions. » Quant à Thornburg, il considère la quête de sommeil réparateur avec encore plus de perplexité : « C’est comme si on essayait de dormir à l’arrière d’un pick-up lancé sur un chemin de terre à plus de 100 km/h ! » Trouver le sommeil ne constitue pas la seule difficulté. Même la plus simple des tâches peut s’avérer fastidieuse une fois que Phaedo³ est lancé à pleine vitesse. « C’est extrême à tous les niveaux, avance Thornburg. C’est dur d’enfiler ses vêtements de pluie et de ressentir la fatigue avant même d’être monté sur le pont, parce que le simple fait de se tenir debout est épuisant. Une fois que vous êtes sur le pont, c’est comme si on était arrosé par un tuyau d’incendie. Tout est compliqué lorsque vous foncez à toute allure – même les tâches basiques, comme faire du thé ou manger, deviennent vraiment difficiles. » Mais les erreurs ne sur surviennent pas uniquement quand la bataille bat son plein, comme l’équipage l’a appris à ses dépens lors de la Rolex Middle Sea Race l’an dernier. Après avoir creusé un écart confortable sur leurs rivaux du Maserati, l’équipage du Phaedo³ a commis une erreur de navigation monumentale, en fixant un mauvais cap alors qu’ils se dirigeaient vers l’île de Lampedusa, au large de la pointe sud-ouest de la Sicile. Au moment où l’erreur a été corrigée, Maserati avait déjà pris 100 km d’avance. C’était plié ! À nouveau confronté à Maserati lors de la RORC Transatlantic Race en décembre dernier, l’équipage a remis les pendules à l’heure, et avec la manière. « On se dirigeait vers la pointe nord de Tenerife, et Maserati était juste à environ 7 ou 8 km derrière nous, raconte Thompson. Il nous fallait prendre une décision pour passer soit au-dessus soit en dessous de La Palma, et on a choisi de prendre le passage entre La Palma et Tenerife, ce qui nous exposait au risque de vent faible. Maserati a poursuivi vers le nord et est passé au-dessus de La Palma. On a réussi à bien négocier une période de vent faible avant de monter en puissance et distancer nos adversaires. On a terminé 500 km devant. » L’accueil réservé aux héros dans les ports d’arrivée et les records qu’ils s’efforcent de battre avec un enthousiasme inaltérable sont les récompenses évidentes de la course au large. Néanmoins, pour Thornburg, c’est peu de choses face aux satisfactions plus profondes que procure ce sport. « Avec toute la technologie qui envahit notre quotidien, beaucoup de gens ont l’esprit dispersé. La mer, elle, a quelque chose d’apaisant. Cet environnement sans limites et l’horizon infini contribuent à élargir ta pensée. Se trouver là, au milieu de cette espèce de monde sans formes, c’est très relaxant et très intéressant. » Cette simplicité exerce sur Thornburg le pouvoir d’attraction le plus considérable. Et la vie alors se dilue dans une succession d’instants singuliers d’une clarté absolue. « Voilà la véritable raison pour laquelle naviguer un voilier comme Phaedo³ est à ce point captivant. » teamphaedo.com 35


MAGNUM

FORCE 70 ANS DE PHOTOGRAPHIE DE SPORT En 1947, les photographes Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, William Vandivert, George Rodger et David « Chim » Seymour fondèrent à New York une agence photographique. Magnum, car une grande bouteille de champagne aurait joué un rôle. Coopérative à sa création afin de pouvoir garder le contrôle en matière de qualité et d’honoraires face aux clients, Magnum est devenue par la suite, grâce à la créativité de ses membres, une véritable référence de la photographie de presse dans tous les domaines du genre. The Red Bulletin, qui coopérera à l’avenir avec Magnum, vous montre un aperçu des meilleurs clichés sportifs issus de 70 ans de visual storytelling.

Texte : Robert Sperl

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MICHAEL SCHUMACHER Peter Marlow, 2001

Déjà trois fois champion du monde à l’époque : un Michael Schumacher détendu dans sa caravane lors des essais à Mugello en Italie. Le Britannique Peter Marlow réussit ici ce que seuls les excellents photographes maîtrisent : il se rend quasiment invisible et fait de la photo un véritable tableau.

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PLONGEURS À SANT’ELIA

Ferdinando Scianna, 1982 Le Sicilien Scianna détient ce rare double don : brillant écrivain et photographe talentueux. Maître de l’instant, il sait jouer des mises en scène pour laisser penser qu’il s’agit du hasard.


ARNOLD SCHWARZENEGGER Elliott Erwitt, 1977

Elliott Erwitt a grandi à Paris et à Milan, et a émigré en 1939 aux USA. Il avait déjà travaillé avec des stars comme Marilyn Monroe ou Bob Dylan lorsqu’il photographia Arnold Schwarzenegger. L’Autrichien, immigré lui aussi, était à l’époque connu comme bodybuilder.

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ENTRAÎNEMENT DE RUGBY John Vink, 1999

Ouvriers, marchands, paysans : l’équipe de rugby de la petite ville française de Villefranche-de-Lauragais se compose d’amateurs. Ambitieux mais sans temps libre, les sportifs ne peuvent s’entraîner que le soir. Et l’entraînement dure tard dans la nuit, jusqu’à l’épuisement.

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TOUR DE FRANCE Harry Gruyaert, 1982 Harry Gruyaert s’est fait connaître avec ses reportages sur le Maroc, l’Inde et l’Égypte. Né en Belgique, il a toujours eu un rapport émotionnel au cyclisme et donc au Tour de France. Ce n’était pas seulement les célébrités qui le fascinaient mais aussi tous ceux qui y jouaient un second rôle, comme l’Autrichien Harald Maier soigné par les médecins en pleine course. Ou l’étrange épisode de grève pendant lequel les cyclistes font un sit-in sur la 12e étape, en 1982 aussi.

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VÉLODROME D’HIVER Henri Cartier-Bresson, 1957

Le cofondateur de Magnum, génie de la photo en noir et blanc, a posé durant des décennies les jalons de la photographie. Son credo : s’approcher à pas de velours, un mot pouvant tout ­gâcher, et saisir l’instant décisif. Comme ici lors de la pause durant la course de Six Jours de Paris.


MOHAMMED ALI Abbas Attar, 1974 (en haut), Thomas Höpker, 1966 Deux clichés du meilleur boxeur de tous les temps. En haut à Kinshasa avant le fameux Rumble in The Jungle, combat mémorable contre George Foreman : invulnérable, placide devant la presse internationale. En bas à Londres, lors de la visite d’un studio de tournage et effrayé par une abeille nerveuse : angoissé, émotif, effarouché. Ali avait inscrit sur son peignoir de satin : « Vole comme le papillon, pique comme l’abeille. »

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CASSIUS CLAY

Philippe Halsman, 1963

Le photographe américain, qui a débuté en France, a conçu 101 couvertures pour le magazine Life, dont des portraits de Dali, Einstein et Chagall. Son extraordinaire créativité lui fait porter un regard profond sur ses sujets : « Dans chaque visage se cache le mystère d’un autre être humain. » Alors qu’il photographiait le plus grand boxeur de tous les temps à New York, encore appelé Cassius Clay, celui-ci montrait déjà son second visage : celui d’un champion incontestable.

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RING MEXICAIN Alex Webb, 1978

« Photographe de rue », ainsi se définit l’Américain. Son intuition le guide alors qu’il évolue au milieu des conflits permanents et des confrontations. Webb cherche aussi les démêlés à l’abri de l’agitation extérieure, à l’image de cette scène de lucha libre.

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FOOTBALL Abbas Attar, 1976 (en haut), Harry Gruyaert, 1998 Pourquoi le football est-il le jeu le plus fascinant sur toute la planète ? Deux photos en guise de réponse. Que ce soit sur les terrains boueux et détrempés de Guapi en Colombie ou sur les terres rouges du terrain du Canon de Yaoundé au Cameroun : il suffit de cages de but inclinées, d’un ballon et de l’ambition des joueurs pour déclencher l’enthousiasme.

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MAGNUM FORCE 70 ANS DE PHOTOGRAPHIE DE SPORT

ROBERT CAPA/INTERNATIONAL CENTER OF PHOTOGRAPHY/MAGNUM PHOTOS,RENE BURRI/MAGNUM PHOTOS, HELGE KIRCHBERGER PHOTOGRAPHY/RED BULL HANGAR-7

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ors de la création de l’agence photographique Magnum au printemps 1947 à l’occasion d’un déjeuner au Museum of Modern Art de New York, les pères fondateurs n’avaient pas le sport dans leur objectif. Robert Capa, William Vandivert, David Chim Seymour, George Rodger et Henri Cartier-Bresson avaient tous été correspondants de guerre. Ce qui les animait désormais, c’était la nécessité de combler la curiosité de leurs concitoyens par d’autres choses que les horreurs de la guerre. Rassemblant reporters et artistes, l’équipe de photographes de Magnum était à la recherche de formats inhabituels. Tous s’obligeaient à la plus grande qualité : jusqu’à présent, seule une centaine de photographes se sont qualifiés pour une collaboration avec l’agence. Leur travail était souvent un combat contre le mainstream auquel les magazines, les illustrés et les revues étaient contraints à l’époque. Il était nécessaire que Magnum ne soit pas qu’une institution artistique mais qu’elle veille en tant qu’édifice économique – les membres apportaient des contributions dont tous tiraient des avantages – à une nécessaire indépendance vis-à-vis des clients. Et même lorsque, à l’époque de la fondation, les thèmes sportifs ne jouaient quasiment aucun rôle, si des génies tels que Robert Capa ou Henri Cartier-Bresson s’exprimaient, il était impossible de ne pas remarquer leur maîtrise artistique. Les clichés de Capa des lutteurs en Géorgie étaient un exercice d’une fabuleuse habileté, en 1947. On comprend l’estime por portée à Capa à l’époque au travers des faits suivants : John Steinbeck, auteur d’un reportage sur la Russie dans le Ladies’ Home Journal, détenteur du prix Pulitzer et plus tard du prix Nobel de littérature, fut récompensé de 3 000 $. Capa, lui, reçut

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Les photographes de Magnum, inventeurs d’une langue que chaque œil comprend : James Dean par Dennis Stock (en haut), D-Day par Robert Capa (au centre), et Che Guevara par René Burri. Manifesto, le livre anniversaire.

20 000 $ (une voiture coûtait à cette époque environ 1 500 $). Techniquement, ce n’était pas un problème pour les photographes de Magnum de trouver leurs marques dans la photographie de sport. Le credo de Capa : « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près » était cyniquement valable tant pour les clichés pris sous le feu de l’ennemi que dans les photos des courses de chevaux, des combats de ring ou des jeux de baseball. Le matériel utilisé dans les tranchées avait la même qualité que pour le travail sur les pistes des courses : des appareils photo petits et rapides à manier, et une pellicule sensible. Dans son livre Images à la sauvette (1952), Cartier-Bresson parle du devoir du photographe de fixer des impressions d’événements éphémères, il décrit précisément le point décisif de la photographie

de sport chez Magnum : l’objectif n’est pas de figer une action afin que l’observateur puisse consommer une autre fois ce moment. Il s’agit de regarder par-delà le décor de l’action. Qui plus est, les photographes de Magnum étaient de formidables narrateurs sportifs. Une seule image détenant de nombreux détails (expressions faciales, nuances, demi-tons…) dévoilait plusieurs niveaux de lecture d’un même événement. D’abord, l’attention et l’imagination du contemplateur étaient retenues puis guidées dans une réflexion portant sur cet événement. Les photographes de Magnum ont toujours considéré le sport comme un défi particulier, même Jonas Bendiksen. En hiver, il s’extrait souvent de son travail de photographe documentaire pour aller saisir des motifs spéciaux lors de ses descentes à ski. Comme en 2014, avec le freeskieur Henrik Windstedt : « Les moments les plus intéressants pour moi sont quand le sport et l’art se rencontrent. » Les photographes de Magnum sont prêts à investir tout le temps les efforts et la patience nécessaires pour rester à l’affût. Thomas Höpker a pris quelques-uns des clichés les plus authentiques de Mohamed Ali, qu’il accompagna pendant près de 30 ans. En cherchant à se rendre invisible, il parvenait à subtiliser et à fixer sur la pellicule un instant, une expression qui échappaient à la méfiance du boxeur. Höpker s’inspirait de la technique de sa consœur au sein de l’agence, Inge Morath. Sur le tournage du film d’Arthur Miller, Les Désaxés (1960), elle fut si discrète à se rapprocher de Marilyn Monroe qu’elle put en saisir son vrai visage. « Marilyn maîtrisait toutes les ficelles pour poser et simuler », raconte la photographe qui, elle, maîtrisait toutes les ficelles pour la percer à jour. magnumphotos.com

L’AGENCE MAGNUM INVITÉE AU HANGAR-7, SALZBOURG (AUTRICHE)

L’exposition Les 70 ans de la photographie de sport sera ouverte du 5 avril au 1er mai 2017 (entrée libre). Le Hangar-7, c’est une architecture unique qui rassemble une collection d’avions historiques des Flying Bulls et des voitures de Formule 1. Outre l’espace consacré aux expositions, le Hangar-7 abrite le restaurant Ikarus, deux bars, un lounge outdoor et un café. Il accueille de nombreux événements et se révèle être un lieu de rencontre idéal pour les amateurs d’art. hangar-7.com

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ALERTE BOMBE

À

LA

L’ A C T R I C E I L F E N E S H H A D E R A E S T U N E F E M M E D E C O N T R A S T E S   : N E W - Y O R K A I S E D A N S L’ Â M E , O U V E R T E M E N T E M PAT H I Q U E , B E L L E , I N T I M I D A N T E , M A I S T E L L E M E N T ­A B O R D A B L E . L A S T A R D E B A Y W A T C H A T O U T P O U R P L A I R E . T E X T E  : N O R A O ’ D O N N E L L   P H O T O S  : D O V E S H O R E


Bikini : Duskii

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Brassière et maillot : Duskii Lunettes de soleil : Vintage


L THE RED BULLETIN

the red bulletin : En 1989, le Hollywood Reporter écrit à propos du pilote d’ d’Alerte à Malibu : « Soyons honnêtes, les corps de rêve, c’est ça qui va plaire aux téléspectateurs. » Plus de 25 ans après, où en est-on ? ilfenesh hadera : (rires) Rien n’a changé. La forme et la condition physiques sont les éléments essentiels. Zac (Efron, ndlr) s’est transformé. Quant à Dwayne, son corps, c’est sa marque de fabrique. C’est aussi un film marrant qui ne se prend pas au sérieux. Attention, ce n’est pas une parodie de la série, c’est un film bourré d’action, avec explosions et courses-poursuites en bateau. En tant que femme, que pensez-vous de la situation d’il y a 25 ans ? Par rapport à maintenant ? Mon personA RECETTE POUR DÉPOUSnage, Stéphanie Holden, c’est la plus sage des trois sauveteuses. Ça a peut-être été SIÉRER UNE SÉRIE EMBLÉM AT I Q U E D E S A N N É E S 9 0 – plus simple pour moi d’interpréter ce rôle sans me sentir réduite à l’état de ALERTE À MALIBU, EN femme-objet. L’OCCURRENCE – ET LA Dwayne Johnson ne tarit pas d’éloges sur vous. Il dit que vous êtes « solide PROPULSER SUR GRAND comme un roc ». D’où vient cette force ? ÉC R A N E N 2 0 1 7 ? D ’ A B O R D, J’ai eu la chance d’avoir été élevée par des UNE BONNE DOSE D’HUfemmes incroyablement fortes. Ma mère MOUR. ET PUIS LE BON et ma grand-mère sont les femmes les plus empathiques, les plus merveilleuses CASTING. LA DULCINÉE DE D W AY N E J O H N S O N , S TA R E T et les plus adorables que je connaisse, mais ce sont des dures à cuire. Ma grandPRODUCTEUR DU FILM, N’A mère a 84 ans et elle est active, autoPA S É T É F A C I L E À T R O U nome, intelligente, aventureuse et elle ne V E R . « I L L U I F A U T D E S TA S se laisse pas marcher sur les pieds. Pareil D E Q U A L I T É S , É C R I T- I L S U R pour ma mère. C’est ma meilleure amie. Elle vient du Vermont et elle a un petit I N S TA G R A M . E L L E D O I T côté hippie. Elle ne juge pas, elle écoute Ê T R E F O R T E , I N T E L L I G E N T E , et elle est de bon conseil. G É N I A L E , B E L L E E T D R Ô L E . Vos parents dirigent l’African Services Committee, association new-yorkaise E T C ’ E S T D O N C L A TA L E N qui aide les réfugiés comme votre père, TUEUSE ILFENESH HADERA qui a quitté l’Éthiopie pour venir aux Q U I R E J O I N T L A FA M I L L E États-Unis. Quelle est la plus grande leB AY W AT C H . » çon que vous ayez tirée de leur travail ? Ils m’ont appris à être quelqu’un de bien Ces qualités, Hadera les possède, et bien autant que possible, parce qu’on ne sait d’autres encore. L’actrice de 31 ans, qui jamais ce que les autres traversent. Il faut est née et a grandi à Harlem (New York), les traiter avec empathie et générosité. s’est fait remarquer dans Show Me A Hero, En quoi ces leçons vous ont-elles aidée une mini-série de HBO qui a rencontré dans votre métier ? un vif succès ces dernières années, dans Je me débats un peu avec tout ça parce Billions sur Showtime, ainsi que par ses que je trouve mon travail tellement futile fréquentes collaborations avec le réalisapar rapport à ce qu’ils font. teur Spike Lee. Un parcours qui ne la destinait pas à Baywatch, mais Hadera est tout sauf conformiste. « The Rock » a vraiment très bon goût. 53


Brassière et maillot : Duskii Lunettes de soleil : Vintage


EN QUATRE OBTENIR VEUT, PAS DE HONTE FAUT ARRIVER. » « TA N T Q U ’ O N S E M E T POUR

C E Q U E L’ O N

IL N’Y A

À FAIRE CE QU ’IL

POUR Y

Styling : CHRISTINA PACELLI, The Only Agency Assistante : CAROLINE CURTIS Coiffure : MATT FUGATE pour Exclusive Artists avec Kérastase Paris Maquillage : CAROLA GONZALEZ, Forward Artists

Mais en tant qu’actrice, vous pouvez toucher beaucoup de monde. C’est vrai. C’est quelque chose que je dois m’efforcer de ne pas oublier. J’ai vraiment de la chance de pouvoir enfin faire ce que j’aime, tous les jours. J’ai passé pas mal d’années à travailler dans des restaurants pour payer les factures. Et qu’est-ce que j’étais ? Hôtesse, pas actrice. Mais ce n’était pas la bonne manière de voir les choses. Tant qu’on se met en quatre pour obtenir ce que l’on veut, il n’y a pas de honte à faire ce qu’il faut pour y arriver. Et vous y êtes arrivée. C’est génial. Quand mes parents m’appellent pour me parler d’une subvention qui n’a pas été accordée, alors que moi, je me pavane en bikini sur une magnifique plage au bord de l’océan, c’est dur. Ce n’est pas facile de voir le rapport entre leur travail et son impact sur le mien. Mais vous êtes célèbre, vous pouvez faire connaître leur cause. Oui, j’ai enfin l’impression que je vais pouvoir les aider grâce à mon statut – et ça me soulage. Mes parents viennent de lancer une association pour les jeunes, et ils m’ont demandé de prendre la parole pour faire un peu le buzz. Je n’aime pas parler en public, mais je leur ai dit que je ferai une vidéo. Ce serait vraiment cool si Dwayne pouvait faire l’intro pour intéresser les gamins. The Rock, tout le monde l’adore. Je n’ai même pas eu besoin de lui donner de détails. Il a accepté sans un mot de plus. Et surtout, il a fait une vidéo vraiment sympa sur l’importance de donner de son temps à sa communauté. En parlant de The Rock, vous avez commenté un de ses posts Instagram : « Dédicace à tous ceux qui se sont moqués de moi quand je suis tombée du starting-block lors d’une compète de natation en 1997. » Expliquez-nous ça ! Je faisais partie d’une équipe de natation de la YMCA. À ma dernière compétition, j’étais debout sur le starting-block et je

suis tombée dans l’eau avant le coup de sifflet. Le moment le plus gênant de toute ma vie. J’aurais voulu ne jamais remonter à la surface. C’était horrible. Où en êtes-vous niveau natation désor désormais ? Vous entraînez-vous beaucoup ? Je suis une assez bonne nageuse. On a fait des sessions d’entraînement de deux heures, deux fois par semaine, pendant deux mois. Ce n’est pas énorme, mais deux heures en piscine, c’est déjà pas mal. La natation, c’est un sport de malade. Ça fait vraiment travailler tout le corps. C’est aussi une bonne manière de nouer des liens avec les autres acteurs. Comment était l’ambiance sur le tournage ? On s’est éclatés. On a tous des personnalités différentes. Alexandra (Daddario, ndlr) est trop marrante. Elle vient de New York, elle aussi, donc c’était cool d’avoir une autre new-yorkaise dans l’équipe. Dans les séries des années 90, on entendait toujours parler des actrices qui se crêpaient le chignon. Pas nous ! Et ça me semble dingue, parce qu’avec trois femmes en maillot de bain, on se dit qu’il y aura forcément de la compétition dans l’air. Pensez-vous que c’est une question de différence entre avant et aujourd’hui ? Ou peut-être que les gens pensent que c’est ce qui est censé arriver quand trois femmes se retrouvent ensemble ? Mais pourquoi donc ? Sur Baywatch, je crois qu’on voulait tous donner le meilleur de nous-mêmes – et ne pas faire d’ombre aux autres. Vous avez tous donné un nouveau sens à la « bombe d’Alerte à Malibu ». Qu’est-ce que ça veut dire, au juste ? Qu’il ne faut pas cacher son intelligence pour être plus séduisante aux yeux d’un homme. C’est tellement has been. Encore heureux ! Baywatch sort en salles le 21 juin.

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Pas si violent que ça, la lucha libre ? Détrompez-vous. Rien à voir avec la WWE.

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BAS LES

MASQUES

Le catcheur sud-africain Adam Bridle ne voulait rester que quelques mois au Mexique. Huit ans plus tard, il y est ­toujours. La raison ? Il sait que sur le ring mexicain, plus on prend de risques, plus on a de chances de gagner.­ Texte : Alejandro Serrano Photos : Paolo Marchesi



« Mon kiff, ce sont les techniques aériennes. Elles ont été inventées au Mexique.  » Adam Bridle DANS SES CORDES Adam Bridle à l’assaut ­d’Argenis avec l’un de ses fameux sauts.

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L

e responsable de l’éclairage de l’Arena Naucalpan, une enceinte spor sportive au nord-ouest de Mexico, pense avoir vu à peu près tout ce que le monde bigarré du catch mexicain, aussi nommé lucha libre, a à offrir. « On voit et on entend toutes sortes de choses », articule Rey dans un sourire. Il y a de tout : la famille mexicaine BCBG qui hurle les pires obscénités aux lutteurs, le sang des catcheurs qui gicle sur les spectateurs, des lutteurs balancés hors du ring qui s’écrasent dans la foule… « Nous avons eu des centaines de chaises cassées, des rangées entières détruites et des tables complètement bousillées », explique « El Virus ». « Une fois, j’ai même dû raser la tête d’un type pendant qu’il était inconscient, ajoute-t-il sans sour sourciller. Dans certains matches, un catcheur masqué affronte un catcheur démasqué. Si celui qui

est démasqué perd et qu’il a les cheveux longs, il peut dire adieu à sa crinière. » Mais une coupe de cheveux inattendue, ce n’est rien comparé au fait d’être démasqué pour un lutteur, humiliation suprême dans un sport où le mystère tient une place prépondérante. « Le public devient dingue, explique le lutteur répondant au nom d’Argenis. Il lui enlève tout [au lutteur démasqué]. D’après le règlement, si un catcheur démasque son adversaire, il est automatiquement disqualifié. Mais le vrai perdant, c’est le lutteur démasqué, parce que son masque représente son honneur. » Voilà pourquoi Argenis n’a jamais accepté qu’on le prenne en photo sans son masque. Tous les catcheurs ne sont pourtant pas comme lui. Adam Bridle, par exemple. Plusieurs éléments différencient Bridle de la ribambelle de lutteurs locaux qui perdent dents et cheveux dans un sport qui, malgré son côté mélodramatique, peut se révéler aussi exigeant et traumatisant sur le plan physique qu’un combat sanglant en MMA. D’abord, il n’est pas du coin. Notre homme de 29 ans vient de Johannesburg (Afrique du Sud). Contrairement à la plupart des luchadores, Bridle n’a aucun

POUR L’AMOUR DE DIEU Les luchadores prennent d’énormes risques à chaque fois qu’ils montent sur le ring. Ici, un lutteur médite et prie en silence avant le début du combat.

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problème à combattre sans masque. Enfin, Bridle n’est pas n’importe qui à l’Arena Naucalpan. Il compte beaucoup de fans et, au bout de huit années de dur labeur sous le nom de ring d’« Angélico », son travail commence à payer. Le Sud-Africain fait partie de l’AAA, une fédération de lucha libre qui, aux côtés du Consejo Mundial de Lucha Libre (CMLL, fédération internationale de catch), a contribué à faire perdurer ce sport au Mexique. C’est en 1992 que l’un des plus grands bookers du CMLL, le regretté Antonio Peña, fonde l’AAA de lucha libre avec pour objectif de rendre ce sport encore plus populaire. Une initiative grâce à laquelle des catcheurs comme Bridle et Argenis – son adversaire pour notre séance photo – ont réussi à attirer l’attention de réalisateurs comme Robert Rodriguez, qui les a invités à participer à l’émission Lucha Underground sur la chaîne El Rey Network (les deux premières saisons seront diffusées sur Netflix ce printemps). Pourquoi un Sud-Africain quitterait son pays pour apprendre le catch ? Bridle raconte qu’au départ, il vivait avec un groupe de lutteurs japonais qui avaient un dojo au-dessus de l’Arena Naucalpan. « C’était le seul endroit que je connaissais au Mexique. Mes colocs japonais étaient super sérieux, ils allaient se coucher à 23 heures. » Petit à petit, une relation de confiance s’établit avec les meilleurs catcheurs. Ils se rendent alors compte à quel point Bridle est fasciné par ce sport et qu’il ferait tout pour entrer dans le cercle. Peu à peu, il s’oriente vers un style de lutte à haut risque et en apprend autant qu’il peut. the red bulletin : Vous êtes allé au Japon, aux États-Unis et au Mexique pour apprendre le catch. Pourquoi avoir decidé de rester au Mexique ? Vous y êtes installé depuis 2009. adam bridle : Je crois que c’est à cause du style. Le catch mexicain est celui qui me plaît le plus. Ça va plus vite, et on se focalise moins sur la masse corporelle qu’aux États-Unis. Quels aspects en particulier ? Ce que je préfère, ce sont les techniques aériennes, les plus risquées. C’est une pratique typique de la lucha libre. Ces techniques aériennes, comme la rotation avant ou arrière, ont aussi cours dans d’autres pays, mais tous ces mouvements viennent du Mexique. Quand je regardais le catch, enfant, c’est ce style qui me plaisait le plus, surtout parce que c’était à haut risque. Y a-t-il un côté artistique dans la lucha libre ? Bien sûr ! En fait, il y en a un dans les quatre styles de catch : l’européen, l’américain, le japonais et le mexicain. Pour moi, chacun de ces styles est une forme d’art en soi. Chacun a un for format défini, une façon de raconter des histoires, et sa propre manière d’interagir avec le public. Quelle est l’histoire racontée par la lucha libre ? Comparée au catch américain avec son histoire ultrabasique des gentils contre les méchants, la lucha libre mise plus sur une narration à haut risque. Plus on prend de risques, plus on a de chances de se mettre le public dans la poche. Le but étant de THE RED BULLETIN


Adam Bridle, 30 ans, le l­ uchador sud-africain qui défie les M ­ exicains à leur propre jeu.


« La spécialité d’Argenis, c’est le salto depuis les cordes. » Adam Bridle Si un lutteur est démasqué, il perd tout, même si c’est son ­adversaire qui est disqualifié. Le catcheur mexicain El Santo a attendu la fin de sa carrière pour montrer son visage.


faire les mouvements les plus dangereux qui soient pour gagner le respect des fans. Il faut se donner à fond pour remporter le combat. Les mentors mexicains sont-ils différents de ceux des autres pays ? Bien sûr. À 100 %. La façon dont on vous apprend à vous battre, et même à penser au catch, est unique. Aux États-Unis, tout repose sur la manière de raconter une histoire de telle sorte que les gens la comprennent. Au Mexique, il n’y a pas d’histoire. Ici, on veut des catcheurs qui n’ont pas peur de faire des saltos et des volte-face, qui esquivent leur adversaire et qui bougent bien d’une manière générale. Le but étant d’être aussi agile que possible et de faire passer un bon moment au public. Exit la bataille du « bien contre le mal » donc. Diriez-vous que la lucha libre est plus fluide ? Pour moi, la lucha libre, c’est un peu la version cirque du catch professionnel. Quand on va voir un match, il y a les masques, tous ces mouvements qu’on ne voit nulle part ailleurs – il y a aussi des originaux, des catcheuses et même des catcheurs nains, tout ça réuni en un seul show. Comment sont les catcheurs aux États-Unis ? Plus durs. Certains n’ont aucun scrupule à écraser les autres pour parvenir au sommet. Sont-ils plus individualistes ? Plus qu’ici. Car au Mexique, les gens préfèrent mille fois vous aider à dépasser vos limites. Et au Japon ? Quelle histoire raconte-t-on ?

Elle se focalise sur la force et le courage des catcheurs. Le public veut voir combien de coups vous pourrez endurer avant d’abandonner. L’entraînement là-bas est le plus éprouvant et le plus strict de tous. Les Japonais sont imbattables en termes de discipline. Il est très difficile de devenir catcheur professionnel au Japon. Pourquoi avoir décidé de rester au Mexique ? Quand j’ai commencé ici, mon entraîneur, Negro Navarro – l’un des plus célèbres entraîneurs de catch au monde – m’a appris un nombre incroyable de prises. Il avait un livre qui devait en contenir 400 ou 500 différentes. Pour moi, ce bouquin c’était une encyclopédie du catch, et je n’aurais pu y avoir accès nulle part ailleurs. C’est l’une de ces choses si particulières qui caractérisent la lucha libre. Ces gars-là avaient donc quelque chose de spécial ? Oui, c’est l’impression que j’ai eue. Je m’étais entraîné dans d’autres endroits avant ça – en Europe et en Afrique du Sud. Quand je suis

DES PIROUETTES PÉRILLEUSES Non seulement le catcheur risque de glisser et de se briser les os, mais si le mouvement est mal effectué, il risque une blessure permanente à la nuque. D’après Bridle et Argenis, plusieurs catcheurs sont morts après une mauvaise chute. Le lutteur peut finir inconscient avec des fractures et des élongations ou s’ouvrir la tête en tombant par terre ou sur les chaises jetées par le public. THE RED BULLETIN

arrivé au Mexique, j’ai découvert que ce sport avait toute une histoire. Les entraîneurs et les mentors considèrent le combat autrement. Ils ont un plus grand savoir que toi et ils sont bien plus libres. J’ai eu de la chance parce que c’est eux qui m’ont choisi, pas l’inverse. Vraiment ? Et pourquoi vous ont-ils choisi à votre avis ? Peut-être parce j’avais la niaque quand j’étais jeune. Quand je leur ai montré à quel point j’étais motivé, il était évident que j’étais prêt à tout faire pour accéder et être accepté dans le monde de la lucha libre. Mon esprit était complètement ouvert à l’apprentissage. Je pouvais rester des heures après la fin des cours. J’étais toujours le dernier à partir et je posais sans arrêt des questions. Quand ils ont vu à quel point j’étais déterminé, ça leur a donné envie de m’entraîner. Ils ont beaucoup à partager mais ne souhaitent pas le faire avec n’importe qui… On dirait bien, oui. C’est comme ça que je le vois en tout cas, parce que les trois premiers mois de mon entraînement n’avaient rien à voir avec les mois qui ont suivi. C’est un peu comme si j’étais en probation, et dès qu’ils ont vu que je m’étais fixé des objectifs, ça leur a plu et ils se sont entièrement ouverts à moi. Ils ne me cachaient rien, ils avaient toujours de nouvelles choses à m’apprendre. Comment avez-vous réussi à les convaincre de partager leur savoir avec vous, surtout en tant qu’étranger ? Le secret, c’est de traiter les gens avec le respect qui leur est dû – en gros, ils faisaient ça depuis 23 ans, moi, ça ne faisait qu’un an. Se montrer humble, avoir l’esprit large et ouvert, et une soif d’apprendre. Mais il n’y a pas que ça. J’ai aussi beaucoup appris d’eux en tant que personnes, d’après leurs expériences personnelles. Ils m’ont raconté comment ils géraient leur vie de famille, la célébrité, l’argent. J’ai développé une relation très intime avec eux, et c’est seulement parce qu’ils ont vu que je n’étais pas prétentieux que ça a été possible. J’ai découvert un mode de pensée moins individualiste, voilà ce qui m’a plu au Mexique. elreynetwork.com 63


RETOUR À

LA RÉALITÉ Pour l’entrepreneur Sam Cossman, la technologie donne accès aux régions les plus inhospitalières de la planète. Mais lorsqu’il se rend en M ­ ongolie pour s’initier à la chasse au vol, il comprend que cette même technologie ne peut se substituer à un savoir ancestral transmis de génération en génération. PHOTOS : JUSTIN BASTIEN

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Dernières lueurs sur le maÎtre aiglier Lazibek.


’an dernier, il n’est pas une compétition de chasse à l’aigle que Kairatkhan n’ait pas remportée. L’éleveur natif du Bayan-Ölgii, région située à l’extrême ouest de la Mongolie, rafle les trophées des trois concours dont celui du prestigieux Festival des Aigles. Une suprématie qui pousse même le chef d’État à lui décerner une médaille d’honneur. Mais la renommée n’est pas l’enjeu principal. Pendant le rude hiver mongolien, alors que la steppe mène la vie dure aux hommes, Kairatkhan et les siens doivent leur salut à leurs aigles royaux. Les renards et autres petits animaux que les rapaces tuent four fournissent la viande et la fourrure des vêtements pour toute la famille. Cette lutte pour la survie a incité le cinéaste, explorateur et vieux routier des start-up, Sam Cossman, à traverser des milliers de kilomètres pour passer Noël dans une hutte en adobe, où les températures sont négatives. « Je suis issu d’un milieu d’informaticiens qui, grâce à de nouveaux outils, bouscule et innove nos modes de vie classique. Ils sont en quelque sorte les sorciers des temps modernes. Ils utilisent un nouveau langage pour inventer des technologies auxquelles ils n’avaient pas accès auparavant, expliquet-il. Kairatkhan est aussi un programmeur à sa manière. Il est le dépositaire du savoir tribal qui lui a été transmis. À présent, son langage incarne sa capacité à communiquer avec cet animal, l’aigle, pour le développer, le programmer. Nous sommes


« LE SILENCE COMME L’INTROSPECTION SONT SOURCES DE LUMIÈRE. » Cossman s’est rendu au Bayan-Ölgii, province la plus élevée et la plus à l’ouest de la Mongolie. La population majoritairement kazakh pratique encore la chasse à l’aigle. Kairatkhan, l’un des meilleurs chasseurs, est soucieux de transmettre son savoir aux jeunes. Pas sûr qu’ils veuillent en hériter.

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ici en présence d’une représentation analogique de notre monde numérique. » Originaire de Géorgie (USA), Cossman a grandi en milieu rural. Au moment de rentrer dans la vie active, il opte pour le monde effervescent des start-up où il passe par plusieurs entreprises. En 2010, il se rend en Haïti suite au tremblement de terre, un voyage qui bouleverse son existence. «Je mesure la brièveté de la vie et aspire à rendre la mienne plus utile, poursuit-il. De plus, l’aventure et l’exploration m’ont toujours fasciné. Et si l’aventure répond à un désir plus égoïste, l’exploration suppose, quant à elle, un but.» Il crée Qwake, une structure en ligne d’incubateur d’idées mettant en lien des personnes aux compétences uniques, un fauconnier et des mordus de plein air par exemple. Mais l’affaire peine à décoller. Il décide de la mettre en veille un temps. Dans l’intervalle, il participe à un voyage sur le lac de lave dans le cratère du Marum, un volcan en activité dans le Pacifique sud. La vidéo du voyage qu’il monte sur son Mac pendant son vol retour devient virale au point d’être invité dans l’émission Good Morning America. Depuis, il a réactivé Qwake pour en faire une société de médias spécialisée dans l’exploration et la technologie. « La technologie ouvre de nouvelles voies et repousse les frontières de l’inconnu, s’enthousiasme-t-il. L’idée m’est alors venue d’aller dans les milieux naturels les plus hostiles et d’utiliser la technologie pour mieux connaître la planète, améliorer les conditions de vie des espèces et apporter des solutions innovantes aux défis de notre époque. » Le voici donc parti en Mongolie à la rencontre de Kairatkhan de qui il espère apprendre

« L’AVENTURE EST UNE EXPÉRIENCE ÉGOÏSTE, L’EXPLORATION A UN BUT. »

Cossman dévoile à Kairatkhan les données du GPS incluant la trajectoire de vol et la vitesse d’impact.

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Kairatkhan et Cossman aux prises avec Épaules Blanches.

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LE MAÎTRE

Plus qu’une arme de chasse, les aigles font partie de la famille.

Kairatkhan est né et a grandi dans les montagnes de l’Altaï. Éleveur comme son père avant lui, le quinquagénaire explique qu’il lui a fallu 30 ans pour maîtriser son art.

Les huttes en adobe sont chauffées à l’eau et aux poêles.

l’art de la chasse à l’aigle. Dans ses bagages, il emporte un appareil de géolocalisation Marshall Radio Telemetry recommandé par son ami et maître fauconnier Jim Tigan. Composé d’un GPS et d’une application mobile, le dispositif fournit en temps réel le schéma de vol des rapaces et de nombreuses autres données. Pendant la semaine que dure leur séjour, Cossman et notre photographe Justin Bastien logent dans une hutte d’adobe. La région dispose de l’électricité depuis deux ans mais on s’y chauffe toujours avec un vieux poêle où brûle du fumier étonnamment parfumé. Ils accompagnent Kairatkhan et d’autres maîtres aigliers à la chasse à dos de cheval. Ils découvrent le dressage et les soins prodigués aux 70

LA RÉGION DISPOSE DE L’ÉLECTRICITÉ DEPUIS DEUX ANS, MAIS ON SE CHAUFFE TOUJOURS AVEC DU FUMIER ÉTONNAMENT PARFUMÉ.

Comment devient-on aiglier ? On commence comme apprenti auprès d’un chasseur expérimenté. Pendant un ou deux mois, il vous apprend à nourrir votre animal et vous emmène à la chasse pour vous montrer comment le faire voler. Ensuite, il faut s’exercer avec son propre aigle. Une fois que l’on s’engage dans cette voie, on ne peut plus reculer. Un aigle n’est pas un robot. Chaque animal possède un caractère qui lui est propre. Étiez-vous doué ? Non, il m’a fallu trois ans pour comprendre les efforts que cela exigeait, et le temps à investir et à consacrer à son aigle. Mon premier oiseau refusait de voler même en présence d’un lièvre, d’un renard, d’un loup ou d’un chat sauvage. Je l’avais trop peu entraîné. Je devais d’abord établir la confiance entre l’oiseau et moi. J’ai pris conseil auprès de chasseurs plus aguerris. Ils m’ont suggéré de me concentrer sur le nourrissage. Maîtriser la quantité de nourriture à donner au rapace est l’une des premières étapes du dressage. Si on le nourrit trop ou pas assez, l’aigle ne coopère tout simplement pas. Aujourd’hui, vous êtes maître aiglier et aussi champion… Acquérir le savoir et le partager est ma plus grande motivation. On apprend toujours quelle que soit son expérience. Quand je voyage d’un endroit à l’autre, pour les festivals ou d’autres compétitions, ce n’est pas uniquement pour les trophées, c’est avant tout pour accumuler expériences et compétences. Votre engouement touche-t-il les jeunes ? Certains aspirent vraiment à devenir aiglier. Mais face aux difficultés – voyager dans le froid, les allers-retours dans la montagne parfois sans aucune prise – ils finissent par renoncer. Il faut un mental d’acier pour faire face à l’échec et la malchance. Mais si le lien entre le chasseur et l’aigle est fort, alors tout est possible. L’expérience m’a appris que la passion et la patience engendrent la détermination et qu’à partir de là, il n’est rien qui ne soit insurmontable. Interview réalisée par Sam Cossman THE RED BULLETIN


« SI LE LIEN EST FORT TOUT EST POSSIBLE. »

Un art en sursis : il ne reste que 250 aigliers en activité. La jeune génération préfère tenter sa chance dans la capitale mongole Oulan-Bator.


Le chasseur Kazibek scrute l­’horizon, près de lui son aigle a la tête couverte d’un capuchon. L’oiseau doit voler haut et fondre à la vitesse de l’éclair pour saisir les renards agiles.


« L’AIGLE N’EST PAS UN ROBOT. IL POSSÈDE UN CARACTÈRE QUI LUI EST PROPRE. »

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LE TROUSSEAU DU CHASSEUR

Kairatkhan confectionne et répare luimême son matos de chasse. 1. Couvre-chef en peau de renard et soie surmonté de plumes d’aigle. 2. Veste en cuir de cheval.

3. Gant de cuir

rembourré pour résister aux puissantes serres de l'aigle.

4. Gamelle de l’aigle. 5. Sacoches de provisions. 6. Sac de friandises pour l’aigle : viande et os de renard. 7. Une attelle fixée

à la selle supportant le poids de l’aigle lors des longs trajets. Le bras repose sur le harnais pour le soulager du poids de l’oiseau.

8. Un câble pour

extraire le renard des terriers.

9. Des jumelles années 80 enroulées dans une écharpe de soie. 10. Un sac à jumelles fait maison.

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« LA CLÉ DU SUCCÈS DE LA CHASSE AU VOL DÉPEND DU LIEN DE CONFIANCE AVEC L’ANIMAL. » oiseaux renforçant année après année le lien avec l’animal, un lien sans lequel rien ne serait possible. « Je lui demande si l’oiseau, au fond, n’est pas qu’un moyen pour une fin, poursuit Cossman. Il m’explique alors que la clé du succès de la chasse au vol dépend d’un lien de confiance fort avec l’animal. L’oiseau doit être traité comme un ami, voire comme son propre enfant. De fait, nous dormons à deux mètres de notre aigle Épaules Blanches. » En réalisant que la chasse à l’aigle n’est pas qu’une simple activité mais un art en soi, Cossman est pris d’un doute. Doit-il utiliser l’appareil qu’il a apporté ? « Je ne voulais pas imposer la technologie comme la solution ultime », précise-t-il. Il réussit aisément à utiliser l’appareil avec un drone mais par − 6 °C, il échoue à le fixer sur les ailes de 3 m d’envergure d’Épaules Blanches. Cossman surmonte cet échec en ayant recours à un harnais équipé d’une caméra GoPro qu’il place avec l’aide de deux hommes autour des ailes de l’oiseau. Grâce à l’appli AeroVision, Cossman et Kairatkhan suivent en temps réel le vol d’Épaules Blanches et découvrent que sa trajectoire est per perpendiculaire à celle de ses proies, donc plus directe, et qu’au dernier moment elle fond sur sa victime à près de 70 km/h. « Kairatkhan chasse depuis de longues années mais il ne l’avait jamais pratiqué à travers un écran de données, s’enorgueillit

Cossman. Et bien que la technologie moderne ne surpasse pas son savoir ancestral transmis de génération en génération, l’échange culturel, générationnel et de compétences fut d’une richesse inestimable. » Il reste aujourd’hui environ 250 aigliers en activité dans la région, des Kazakhs exclusivement, venus des pays voisins durant la période communiste. La jeune génération – dont certains des cinq enfants de Kairatkhan – rêve plus d’une vie à la ville que de perpétuer la tradition. Un dilemme que Cossman connaît bien, lui-même a dû quitter sa Géorgie natale pour la Silicon Valley, même si dans son cas le changement ne fut pas aussi radical. Pourtant, en considérant la vie de Kairatkhan, pleine de bon sens et entièrement ancrée dans le réel, il est persuadé que la simplicité et la générosité d’une telle existence sont une leçon à méditer par nos sociétés du tout numérique. « Sa vie est remarquable par son rythme, souligne-t-il. Le silence, l’introspection et la faculté à apprécier l’essentiel deviennent sources de lumière. Pas de doute, j’ai affaire à un père de famille exceptionnel tirant une immense fierté à partager un savoir dont il se veut le passeur et non le propriétaire et l’offrant entièrement et gracieusement à ceux qui souhaitent l’acquérir. » La vidéo de Cossman sur redbulletin.com 75


LE RENOUVEAU A SON FESTIVAL Tout changer, tout en restant fidèle à soimême : Jérôme Soudan est l’homme qui tire les ficelles de l'Electron festival de Genève, l’événement le plus détonnant de la scène électronique européenne. Texte : Stephanie Fuchs


GABRIEL ASPER

Shows, art, performances et du gros son à p ­ rofusion : l’Electron rompt avec les codes du bon vieux festival électro. Ici, Sexy Sushi.

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ne fait pas dans la facilité : cinq lieux disséminés dans toute la ville, plus de cent artistes électro en devenir, venus de tous bords, connus au mieux des initiés, et un penchant largement assumé pour une programmation éclectique et avant-gardiste. Dans quelques jours débute la 14e édition de l’Electron festival à Genève. Un succès que Jérôme Soudan, DJ, producteur et directeur artistique, a cultivé loin des sentiers battus. Il nous parle d’équilibre, d’hérédité et de confiance. the red bulletin : Dans le monde entier, les festivals électro qui marchent semblent tous avoir la même recette, pas bien compliquée d’ailleurs : un champ, des DJ’s superstars, trois jours de mix. Et là, 100 000 personnes se pointent pour s’enfiler de la bière dans des verres en plastique et avoir de la boue jusqu’aux genoux, et tout le monde s’en met plein les poches. Votre festival, rien à voir. Exit les superstars, le champ, les 100 000 personnes. Il n’y a pas grand-chose à se mettre dans les poches non plus. jérôme soudan : Moi, ça me va. Et non seulement vous ne suivez pas la fameuse recette, mais vous allez encore plus loin. Vous faites même tout le contraire de ce qui est généralement préconisé pour avoir du succès. Votre programmation est un mix avantgardiste de musique électronique, de performances, de danse et d’art numérique. N’avez-vous pas peur pour votre survie ?

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Vous évoquez toujours Genève en de si bons termes. Mais ils ont quand même été un peu radins sur les subsides pour l’édition de cette année… Ce n’est pas bien grave. De toute façon, on compte surtout sur la vente de billets pour faire notre beurre. Et donc sur le public restreint de l’Electron. Pas si restreint que ça, quand même : 20 000 festivaliers cette année. C’est plus qu’honorable. Ça, j’adore : même s’il n’y a pas le moindre artiste qui leur dise quelque chose au programme, les gens viennent quand même. Ils nous font confiance. Et même les cent billets qui sont édités avant la présentation de la programmation officielle se vendent tout de suite.

L’essence de l’Electron : les innombrables concerts en club sur cinq sites genevois, ci-dessus au Rez de l'Usine, ci-dessous au Palladium.

GABRIEL ASPER, SEBASTIAN MOITROT (2)

L'ELECTRON FESTIVAL

Non, on n’en est pas encore là. Mais pour intéresser les gens à un festival électro multidisciplinaire, on bosse comme des forcenés 365 jours par an. Votre goût du risque et votre audace ont bien des limites ? Quand on veut sortir du lot, il faut être prêt à prendre des risques. Et il faut aussi avoir le courage de ne pas céder aux grands noms du milieu et savoir leur préférer des petits jeunes ou des artistes encore inconnus. David Guetta ne participera jamais à l’Electron. Et c’est tant mieux. Qu’est-ce qui cloche avec David Guetta ? Rien du tout. Mais c’est une superstar internationale. Et les stars internationales et l’Electron, ça fait deux. Ne pas tomber dans la facilité du mainstream, c’est ancré dans l’ADN du festival. Et c’est d’ailleurs aussi le cas de Genève en tant que ville de festival.

THE RED BULLETIN


« LA PASSION COMMENCE LOIN DU MAINSTREAM. »

Un grand classique de l’Electron : le « Torture Garden », un mix de ­performance fétichiste extrême, de burlesque et de défilé sexy.


Avec Open Reel Ensemble (ci-dessus) ou Camo & Krooked (ci-­dessous), la foule vibre au son des diamants bruts.


AU TEMPLE DU BOUM BOUM e La devise de la 14 édition de l’Electron festival : « Techno is my religion »

L’Electron festival, 41 lives de musique électronique et de performances du 13 au 16 avril à Genève. En tête d’affiche du line-up 2017, les artistes house et techno allemands Booka Shade et le DJ, allemand lui aussi, Chris Liebing. À ne manquer sous aucun prétexte, le live de la jeune artiste techno Rebekah, qui – à en croire Jérôme Soudan – a un très grand avenir devant elle. Et à part ça ? « Le show d’ouverture de la performeuse Elena Montesinos est un must. Il va se passer des trucs de dingue ! » electronfestival.ch

GABRIEL ASPER (2), PAUL HEGI, SEBASTIAN MOITROT

Jérôme Soudan

Que vous vaut cette confiance aveugle ? Les gens, on ne se contente pas de leur imposer des artistes qui cassent la baraque sur YouTube en ce moment. C’est une autre paire de manches : il faut prendre l’avion régulièrement pour aller voir des concerts, bouger sans cesse dans le milieu et se mettre littéralement en quatre pour dénicher des diamants bruts. Et ça, le public s’en rend bien compte. Et que doit faire un diamant brut pour se tailler une place dans la programmation du festival ? Prenons un DJ par exemple. Il y a deux impératifs. Primo : un mix qui sort du lot. Deuxio : un choix de titres qui me sur surprendra. Se contenter de mixer des sons du moment, ne pas prendre le moindre petit risque… c’est chiant au possible. C’est une approche hasardeuse quand on dépend principalement de la vente de billets. Le truc, c’est de trouver le bon équilibre. Je ne pourrais pas mettre sur pied un festival de qualité sans tenir compte des évolutions de la scène des autres festivals. Mais je ne le pourrais pas non plus en ne m’y retrouvant pas personnellement dans la programmation et dans mon travail. L’épanouissement personnel dans le travail est-il indispensable quand on organise un festival ? Si je fais ce boulot, ce n’est pas uniquement dans le but de partager ma passion pour la musique électronique. Mais aussi pour continuer à nourrir cette passion. C’est à ça que me sert le festival, c’est mon instrument. J’apprends de nouvelles choses, je puise mon inspiration chez d’autres DJ’s ou artistes, et je cultive ma passion pour tout ce qui n’est pas mainstream. Voilà 13 ans que vous restez fidèle à vous-même. Quel est votre secret ? Qu’est-ce que ça veut dire, au juste, être fidèle à soi-même ? Alors bien sûr, il y a une conséquence évidente. On savoure le THE RED BULLETIN

fait de bosser sur ce qu’on aime vraiment et de résister à la tentation de suivre le courant par peur de se planter. Mais être fidèle à soi-même, ce n’est pas être psychorigide ou avoir des œillères, il ne faut pas tout mélanger. Et donc ? Être fidèle à soi-même, c’est cultiver sa propre identité, mais aussi aller de l’avant, tenter des choses et ne pas pour poursuivre aveuglément n’importe quel idéal. Toujours choisir le chemin le plus direct, ça n’amène rien de bon. L’Electron festival a aussi traversé des épisodes houleux. En plus de dix ans de festival, il y a forcément des moments où on se remet en question. On se demande : est-ce toujours ma place ? Et est-ce toujours le chemin à suivre ?

Et que faites-vous pour surmonter ce genre de doutes ? En général, mon premier réflexe, c’est de me tourner vers ma femme, Emmanuelle (Emmanuelle Dorsaz est la directrice de l’Electron festival, ndlr). C’est elle qui me rappelle pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Et aussi pour qui nous le faisons. Et ça suffit. Depuis treize ans, nous avons su rester fidèles à nos principes pour aider des artistes inconnus ou en devenir. Notre ADN est le même que quand nous avons commencé avec un festival purement house et techno en 2003. Même si, vu de l’extérieur, il n’a plus rien à voir depuis sa transformation en festival de musique électronique en 2008. Et si un jour on le sent, on fera encore évoluer l’Electron. Mais toujours avec le même ADN.

« ON A BESOIN DE PLUS DE FOLIE DANS NOTRE MONDE ! » L’Electron fait honneur à sa réputation de festival le plus barré d’Europe.

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guide Voir. Avoir. Faire.

7 GARTH MILAN/WINGS FOR LIFE WORLD RUN

mai 2017

TOUT LE MONDE COURT

Chaussez vos running shoes ! Le Wings for Life World Run vous attend sur toutes les lignes de départ pour échapper aux catchercars. Un événement mondial en simultané, pour la bonne cause. Page 86.

THE RED BULLETIN

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GUIDE

Voir. Poo Bear (à gauche) : les six prochains mois vont changer sa vie.

LE PLEIN D'INSTANTS MAGIQUES

Ce mois-ci, Red Bull TV rassasie les passionnés de musique, de sport auto, de prestidigitation et de skateboard.

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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Robin Thicke, sur Poo Bear : « Nous bossons de la même manière. »

THE RED BULLETIN


avril/mai

29 THE RED BULLETIN

avril

PROGRAMME ORIGINAL

POO BEAR – AFRAID OF FOREVER

Véritable machine à succès, le producteur Poo Bear est tout à son prochain album événement. Saura-t-il à nouveau trouver la formule et durer dans une industrie où la concurrence est rude ? Et peut-il panser les blessures de son enfance au moment de dire oui à sa promise ?

DUSTIN DOWNING (2), BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL, ALBERTO POLO/RED BULL CONTENT POOL

30 28 11

avril

LIVE

COUPE DU MONDE UCI DE VTT

La coupe du monde 2017 de VTT démarre avec une compétition spectaculaire à Lourdes (France). Est-ce que les favoris Aaron Gwin (USA) et Rachel Atherton (GBR) pourront réitérer leur victoire de l’an dernier? Les finales sont à suivre en live le 30 avril.

au 30 avril

DIRECT

RALLYE D’ARGENTINE

Lancé en 1980, le rallye d’Argentine propose un parcours varié : terres sablonneuses de la vallée Santa Rosa de Calamuchita ponctuées d’impressionnantes nappes d’eau, de chemins étroits et accidentés à travers le paysage lunaire de la vallée Traslasierra.

mai

SÉRIES

TOUR DE MAGIE

Découvrez l’Europe et le Maroc en compagnie d’Adam Trent, le plus célèbre des magiciens de sa génération. Dix épisodes durant lesquels il parcourt treize pays à la rencontre des habitants, surmontant les barrières culturelles grâce au pouvoir de la magie.

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GUIDE

Faire.

mai Courez où que vous soyez Appli Wings for Life World Run

Au cœur de l’action Red Bull TV-Live en streaming

Si vous n’êtes pas dans l’une des 24 villes où se déroule la course Wings for Life World Run, vous pouvez télécharger l’appli, y définir votre propre parcours et échapper le plus longtemps possible à la catcher-car et vos concurrents, tous virtuels ! wingsforlifeworldrun.com

Suivez la course en direct de chez vous grâce aux images spectaculaires de Red Bull TV transmises dans le monde entier. Catcher-car, stats, interviews célébrités, services interactifs… rien ne vous échappera. À partir de 12 heures sur redbull.tv

7 WINGS FOR LIFE mai

WORLD RUN

Lors de la course mondiale dont les droits seront reversés à la recherche contre la paraplégie, coureurs amateurs et pros se sur surpassent. La psychologue Rhonda Cohen explique pourquoi : « La peur d’être rattrapé(e) par la catcher-car décuple la motivation avec pour effet de libérer un surplus d’énergie. » Coup d’envoi de Wings for Life World Run 2017 en Suisse : 13 h à Olten. Départ de la catcher-car : 13 h 30. wingsforlifeworldrun.com

MOTIVEZ-VOUS ! CONSEILS DE PRO 1 Être en forme, ça débute dans la tête Avant de vous lancer dans le sport, rappelez-vous que le sentiment d’être en forme vaut tous les efforts consentis ! Gardez cela bien à l’esprit, surtout les jours où la motivation fait défaut. Ça vous aidera à lutter contre la procrastination.

2 Votre entraînement ? Faites-en une aventure La Suissesse Daniela Ryf, championne du monde de triathlon en 2016.

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Vous avez déjà couru dans une forêt sous la pluie ? Un must, un pur bonheur : la brume, le sol humide et moelleux, le bruit de la pluie… ouvrent d’autres horizons. Et la douche après la séance n’en est que plus agréable.

3 Récompensez vos efforts Après l’effort le réconfort. Envie d’une bonne pizza bien garnie en fromage et charcuterie ? Vous pouvez, vous l’avez mérité et vous l’apprécierez d’autant plus que vous vous êtes bien dépensé(e) au préalable.

4 Planifier la séance, si possible avec des amis S’entraîner une fois par semaine avec un ami favorise la régularité car une fois le rendez-vous pris, on est moins enclin à se désister.

5 Courez le plus lentement possible

Inutile de se faire mal. Courir lentement c’est bien aussi, d’autant plus si c’est ce que le corps demande. L’essentiel est d’avoir chaussé les baskets pour aller courir. N’oubliez pas que la plupart ne vont pas aussi loin…

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LUIS VIDALES FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN, JESPER GRONNEMARK/RED BULL CONTENT POOL

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GUIDE

Faire.

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avril Deftones Du metal alternatif et rien d’autre : les Deftones seront à la Halle 622 pour leur unique concert suisse de leur tournée Gore Tour 2017. Au menu : des riffs rugueux et l’inimitable style vocal du leader Chino Moreno qui utilise son instrument à effets pour passer de l’euphorie aux hurlements d’un possédé. Skyharbor en première partie. Halle 622, Zurich ; deftones.com

5

au 7 mai Bike Days Le Bike Days de Soleure, le plus grand festival deux roues de Suisse avec plus de 25 000 visiteurs, répond aux attentes des cyclistes aux profils les plus divers. Les musts du festival : essayer la course de vitesse sur le pumptrack, passer par le mini-drome et le Trial Show, s’enthousiasmer au MTB Dirtjump et ne pas oublier de tester le e-VTT. Soleure ; bikedays.ch

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avril/mai/juin et 27 mai Red Bull Flying Illusion Envie d’un spectacle de qualité sans se plier à une ambiance guindée ? Rendez-vous au show Red Bull Flying Illusion. Sur la scène du Hallenstadion, le hip-hop et le breakdance rencontrent l’illusion dans une chorégraphie brillamment orchestrée. Laissez-vous transporter dans un autre monde… Hallenstadion Zurich ; flyingillusion.redbull.ch

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au 10 juin

GREENFIELD FESTIVAL

Green Day, Blink-182, In Flames, Five Finger Death Punch, etc. vont faire trembler les Alpes bernoises. Le Greenfield Festival sera placé sous le signe du loup-garou. Lorsque la pleine lune se lève sur Interlaken, chacun révèle sa véritable nature et laisse hurler le loup qui est en lui. Interlaken ; greenfieldfestival.ch

Il faut savoir oser prendre des risques. C’est ce qu’a fait Avril Lavigne en donnant un titre en forme de code à sa chanson Sk8er Boi. Elle engrangera des millions. Un succès que l’on souhaite aussi aux organisateurs du Sk8board PumpKing Challenge 2017, une série de courses sur pumptrack (parcours avec des pistes larges de 2 m max pour sk8teurs et sk8teuses ; ici Schumiswitzerland et Moritz Gerber). Coup d’envoi à Pfäffikon avec le contre-la-montre sur la pumptrack ondulée et virages à pic. Avril adorerait.

TOBIAS SUTTER, MANUEL LOPEZ

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avril au 9 septembre PumpKing Challenge

Indoor Bike Park, Pfäffikon ZH ; pumpkingchallenge.ch

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THE RED BULLETIN



RED BULL CAISSES A SAVON. 10.09.2017, LAUSANNE

ON RECHERCHE: INVENTEUR ET PILOTE. C’est l’occasion de marquer l’asphalte et l’esprit de milliers de spectateurs! Devenez candidat pour l’une des places tant convoitées sur la rampe de lancement. Date limite d’envoi le 2 juin 2017. Plus d’informations sur www.redbull.ch/caissesasavon


ENCORDÉES

STYLIST: LAURA SAWYER THE-DETAIL.CO.UK

(de haut en bas) SHINOLA RUNWELL SPORT CHRONO avec verre saphir shinola.com ; CASIO PROTREK PRG600Y-1 avec boussole et baromètre casio-europe.com ; TIMEX EXPEDITION SCOUT CHRONO avec ­rétroéclairage INDIGLO timex.com ; ­VICTORINOX INOX avec bracelet ­Paracord victorinox.com ; SWATCH ­SCUBA LIBRE étanche à 20 mètres swatch.com

AVENTURE Depuis les premiers explorateurs jusqu’aux amateurs de sensations fortes d’aujourd’hui, la soif d’aventure a évolué. Et leurs montres n'ont cessé d’accompagner ce ­mouvement, car le temps ne s’arrête jamais.

BIEN CALIBRÉES

UNE BONNE MONTRE OUTDOOR NE SE LIMITE PAS À DONNER L’HEURE. ELLE PERMET DE FAIRE LA DIFFÉRENCE, DE SURMONTER ­L’IMPOSSIBLE ET PEUT PARFOIS SAUVER UNE VIE. CES GARDE-TEMPS SERONT À LA HAUTEUR DE VOS DÉFIS LES PLUS OSÉS. Texte : Gisbert L. Brunner  Photos : Todd Sutherland

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ACTION Le sport a depuis longtemps adopté une approche scientifique. La technologie mesurant les performances a évolué pour répondre à l’avènement du surhomme. L’apparition de la smartwatch, véritable ordinateur miniature, permet de concentrer toute cette technologie autour du poignet. Bien plus qu’un objet esthétique, elle devient un véritable coach personnel.

(dans le sens des ­aiguilles d’une montre) GARMIN ­FENIX3 ­SAPHIR avec b ­ oîtier titane et verre saphir embarquant des fonctions ­d’entraînement multisport et la navigation garmin.com ; FITBIT ALTA + PUBLIC SCHOOL transforme votre ­bracelet fitness en montre de poche en acier fitbit.com ; HUAWEI WATCH, une Android wear sportive au design suisse huawei.com ; NIXON MISSION, une Android toujours prête pour la neige et le surf nixon.com ; APPLE WATCH NIKE+ un bracelet respirant en fluoroélastomère et l’appli Nike+ Run Club ­complètent une étanchéité à 50 m, le GPS et le cardiofréquencemètre issus de l’Apple Watch Series 2 apple.com

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WEIGHTS FROM MOMENTUM-TRAINING.COM

TOUR DE PISTE


MARES FINS FROM SIMPLYSCUBA.COM

IMMERSION (en haut à gauche puis dans les sens des ­aiguilles d’une montre) ­ SEIKO PROSPEX SOLAR CHRONOGRAPH étanche jusqu’à 200 m seikowatches. com ; PANERAI ­LUMINOR SUBMERSIBLE 1950 étanche jusqu’à 300 m ­panerai.com ; ROLEX SUBMARINER étanche jusqu’à 300 m rolex.com ; CITIZEN ECO-DRIVE ­PROMASTER AQUALAND étanche jusqu’à 200 m citizenwatch.com

PLONGÉE La fosse des Mariannes est la plus profonde connue à date. En 1960, les océanographes Piccard et Walsh atteignent son fond à bord du Trieste, submersible américain avec une montre Rolex sur la coque. La montre fonctionne par 10 908 m de fond. Leur étanchéité n’est pas abyssale, mais ces montres ne manquent pas de profondeur.   93


TOUR D’HONNEUR (départ en haut dans le sens des aiguilles d’une montre) BAUME & MERCIER CLIFTON CLUB SHELBY COBRA avec le logo Cobra sur la trotteuse rouge baume-et-mercier. com ; TAG HEUER ­AUTAVIA AUTOMATIC, inspirée de l’Autavia dashboard timer ­tagheuer.com ; TUDOR HERITAGE CHRONO, un hommage au modèle Monte Carlo des années 70 ­tudorwatch.com ; ­PORSCHE DESIGN ­MONOBLOC ACTUATOR GMT-CHRONOTIMER porsche-design.com ; TISSOT T-RACE TOUCH avec chronographe ­numérique à activation tactile tissotwatches.com

Un lien étroit unit le sport auto et les chronographes. Cette liaison vient d'un besoin de chronométrer avec ­précision et aussi d’un respect mutuel. Sous un ­cadran ou sous un capot, ingénierie, design et m ­ écanique de haut vol sont poussés à l’extrême pour produire des machines où l’émotion est p ­ arfaitement réglée. 94

GT TYRE FROM PIRELLI.COM

SPORT AUTO


AVIATION Les premiers aviateurs comptaient déjà sur la ­fiabilité de la montre-­ bracelet. Cela continue ­depuis que l’homme, enfin ­libéré de la pesanteur, s’est lancé à la conquête de l’espace.

DÉCOLLAGE (de bas en haut) BREITLING NAVITIMER ­WORLD breitling.com ; ­HAMILTON KHAKI AVIATION X-WIND AUTO CHRONO ­hamiltonwatch.com ; OMEGA SPEEDMASTER ­Professional Moonwatch omegawatches.com ; Montre d'aviateur IWC Mark XVIII iwc.com ; BELL & ROSS BR 03-94 acier automatique bellross.com

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AUTOUR DU MONDE

OURS Directeur d’édition Robert Sperl Rédacteur en chef Alexander Macheck Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann Managing Editor Daniel Kudernatsch

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GUIDE

Le plein d’action.

Pour les automobilistes, ce garage est un parking comme un autre mais pour le traceur Gabriel Nunez, c’est l’aire de jeu idéale pour peaufiner de nouveaux mouvements parfois risqués. Le leader de la Tempest Freerunning Academy et cascadeur porte bien son surnom de « Jaywalker », le genre de piéton qu’aucune règle n’arrête. tempestacademy.com

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« La peur est ton alliée, pas ton ennemie. » Rien n’effraie le traceur Gabriel « Jaywalker » Nunez, pas même l’éventualité d’une chute grave.

DAN KRAUSS

Hollywood, Californie

makes you fly

The Red Bulletin du mois de juin sortira le 7 mai 2017.

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COURONS POUR CEUX QUI NE LE PEUVENT PAS LE MÊME JOUR. À LA MÊME HEURE. PARTOUT DANS LE MONDE. Profitez du

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7 MAI 2017 OLTEN, 13H00

100% DES FRAIS D’INSCRIPTION SERONT REVERSÉS À LA RECHERCHE SUR LES LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE

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