EN QUÊTE D’ESPACE
Université, Arctique, Ironman…
L‘exigeant parcours de l‘astronaute analogue Eleonore Poli vers les étoiles
Détendues par nature. Et idéales pour tous ceux qui aiment vivre à fond. La nouvelle Crosstrek 4×4 et la nouvelle Impreza 4×4.
En ville, à la campagne ou à la montagne en toute décontraction : la nouvelle Crosstrek 4×4 est un exemple de polyvalence et de fabilité. Tout comme la nouvelle Impreza 4×4. Les deux modèles séduisent par leur équipement de série comprenant la dernière version du système d’assistance à la conduite EyeSight. En outre, l’équipement de série comprend :
• Détendue par nature grâce à la technologie hybride effcace SUBARU e-BOXER
• Détendue par nature pour atteindre chaque destination grâce à la transmission intégrale symétrique permanente
• Détendue par nature lors de chaque trajet grâce à des solutions détaillées pratiques
subaru.ch
Modèles représentés : Crosstrek 2.0i e-BOXER AWD Advantage, 136/16,7 ch, catégorie énergétique E, émissions de CO2 combinées : 174 g/km, consommation de carburant combinée : 7,7 l/100 km. Impreza 2.0i e-BOXER AWD Advantage, 136/16,7 ch, catégorie énergétique E, émissions de CO2 combinées : 166 g/km, consommation de carburant combinée : 7,3 l/100 km.
Contributions
ZOEY GOTO
Rédactrice spécialisée
dans la culture pop et les scènes underground, Zoey Goto écrit pour des titres tels que National Geographic et Rolling Stone. Elle s’est rendue à Paris pour suivre Phil Wizard, légende du breaking. « Phil s’est confié avec une décontraction surprenante.
C’est un livre ouvert. »
Page 48
PETER RIGAUD
Berlinois d’adoption originaire de Salzbourg, il a photographié
Quentin Tarantino, Christoph Waltz et John Malkovich.
« Ce qu’il y a de bien dans la photographie de portraits, c’est qu’on rencontre des personnalités inspirantes ! » Pour notre shooting, il a fait la connaissance de l’athlète paralympique
Bastien Murith. Page 56
MALICK REINHARD
Journaliste originaire de Lausanne spécialisé dans la musique et la question du handicap, sa plume s’est baladée à travers divers médias suisses.
« Collaborer avec The Red Bulletin a été un plongeon qui donne des ailes, où chaque histoire est une métaphore puissante de résilience et d’audace. » Page 96
DÉCROCHER LA LUNE
Sky is the limit… Pas pour Eleonore Poli. Voici comment l’astronaute analogue suisse se prépare sur Terre, sous la terre, et même sous la banquise, à bientôt partir tutoyer les étoiles et visiter la Lune, page 38. Après son accident, le jeune espoir du skicross Bastien Murith a très vite compris que le sport de haut-niveau resterait une constante dans sa vie. C’est ainsi qu’il a démarré le nouveau chapitre de sa carrière : la para-natation, page 56. Quant au talent d’exception Phil Wizard, c’est en balayant ses incertitudes qu’il a pu orchestrer sa vie pour atteindre des sommets en breaking, comme il le raconte en page 48. Enfn, accueillons le printemps et apprivoisons le stress grâce aux conseils nature de notre biohackeur favori Andreas Breitfeld, page 66.
Fini la routine, par ici l’aventure !
Objectif Mars ? Konstantin Reyer a placé Eleonore Poli dans la lumière de la planète rouge.
L’expérience de la nature à l’état pur : des photographes d’action racontent la petite histoire derrière leurs prises de vue les plus folles.
C’est sur Terre et sous la banquise que l’astronaute analogue Eleonore Poli se prépare à aller dans l’espace.
l’or
Lake District, Royaume-Uni AU PIED DU MUR
Une image en clair-obscur fait ressortir les contrastes. En photographie, cet efet est souvent réalisé à l’aide de spots et de fashs. Mais pas ici. Craig Robinson explique que seul le coucher de soleil pouvait conférer une teinte dorée aux dalles de béton de ce pont sous l’autoroute. Vingt minutes, c’est la fenêtre dont il disposait pour immortaliser son ami, le rider Ben Gerrish, dans un trick aussi glorieux que la lumière du couchant. redbullillume.com
Christchurch, Nouvelle-Zélande
AIR ET MER
Nick Pearson s’est lancé dans la photo en 2015 juste pour shooter sa collection de sneakers. Huit ans plus tard, le NéoZélandais est demi-fnaliste du Red Bull Illume, non pas grâce à une Air Jordan, mais à ce surfeur mystérieux sur la plage de New Brighton Beach. Pearson a fusionné panoramiques et plans d’action dans sa création : « J’aime mélanger les prises de vue pour montrer la vitesse et la fuidité dans ce qui serait normalement une image très chargée », explique-t-il. redbullillume.com
Azpeitia, Espagne
MINI SKATOS
Illusion d’optique ? Ou bien voit-on ici le plus petit skateur au monde sur un pic de brochette ? Il s’agit en fait d’Enaitz Odria en train de rider dans un skatepark du Pays basque espagnol. « Je cherche à créer des images qui sortent de l’ordinaire, explique le photographe local Alex Berasategi Ibaieta, qui s’est qualifé pour la fnale de Red Bull Illume. L’élévation du drone a permis d’obtenir une perspective unique, révélant les formes et les motifs du park. »
redbullillume.com
Tulum, Mexique
LA FACE CACH É E
Perché sur la péninsule du Yucután, Tulum est un pôle d’attraction touristique, tant en surface qu’en profondeur. En haut, mer, sable et ruines mayas ; en bas, le plus grand réseau de grottes sous-marines au monde. L’image d’Alvaro Herrero López-Beltrán du plongeur Skanda Cofeld-Feith, prise dans une salle cachée, et fnaliste du concours photo Red Bull Illume, montre aux amateur·rice·s de soleil ce qu’ils ont manqué. redbullillume.com
LE MAÎTRE DU MÉTAVERS
Le 14 mai, Mark Zuckerberg fêtera ses 40 ans. À cette occasion, The Red Bulletin fait le bilan et parcourt l’ensemble des chifres qui jalonnent la carrière du patron de Meta, le géant du web.
120,4 milliards de francs de revenus pour Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp, Threads) en 2023, dont 97,8 % viennent de la pub.
5
Le nombre de jours, en juillet 2023, qu’il aura fallu pour que les 100 premiers millions d’utilisateur·rice·s installent la nouvelle appli Threads, concurrente directe de X.
19 ans, l’âge de Mark Zuckerberg lorsqu’il a créé Facebook en 2004 avec quatre camarades de Harvard sous le nom de Thefacebook.
16,9 milliards de francs payés en 2014 par Zuckerberg pour acquérir WhatsApp. Instagram avait déjà été racheté en 2012 pour 731 millions de francs.
12,5 millions de francs par an, le coût des gardes du corps et autres mesures de sécurité autour de Mark Zuckerberg.
14,3
milliards de francs de pertes en 2023 pour l’unité de recherche Reality Lab (pour faire avancer la vision numérique).
70 centrales solaires, 21 centrales éoliennes et 25 stations d’épuration alimentent les 21 centres de données de Meta en énergie durable.
4
Le nombre de fois où Mark Zuckerberg est classé parmi les cent personnalités les plus infuentes du monde selon le Time, en 2008, 2011, 2016 et 2019.
11
508
131 mégawattheures d’électricité consommés par le Meta de Zuckerberg en 2022, soit 0,00686 % de la consommation mondiale.
566
hectares de terrain ont été acquis par Zuckerberg sur l’île de Kauai, à Hawaï. À côté d’un élevage de bovins, il fait construire une propriété avec un sous-sol protégé de 460 m2
UN NOUVEAU SOUFFLE
Sécher un banc de parc, vider un tonneau de pluie, soufer sur des braises : le Jetfynn Dry est le soufeur manuel le plus puissant au monde. Le créateur Kirafn en a eu vent et vérife pour nous.
De son vrai nom Jonas Willbold, Kirafin a 29 ans et divertit son 1,2 million de fans sur TikTok avec des formats comiques. En parallèle, il partage sa fascination pour la technologie, les produits et les tendances. Pour nous, il passe au crible les hype actuels.
Dure la coque
Le revêtement est en carbone.
L’OBJET
« Pièce unique conçue par le créateur italien @raulstrano, la souferie manuelle génère
25 kilos de poussée grâce à sa turbine. C’est sufsant pour faire un max de conneries. »
LA VAGUE HYPE
« Chaque vidéo réalisée sur cet objet improbable devient virale. » La plus surprenante (et aussi la moins recherchée) : 43 millions de vues pour un TikTok dans lequel le créateur fait sauter la couverture du lit de sa petite amie.
L’AVIS
« Beaucoup de gens pensent que c’est un faux à première vue. Mais j’ai déjà pu me tenir dans le courant du vent et la puissance de la souferie est littéralement : mindblowing »
Bilan
IDÉAL POUR...
... qui veut remuer le plus possible, fdèle à son âme d’enfant créative.
NUL POUR...
... qui a besoin de sens et s’interroge sur son utilité rélle.
Le meilleur grand air
Le lac Majeur:
votre destination plein air
Nature et d’aventure: 1400 km de sentiers de randonnée et puis trail running, escalade, bloc, VTT et du fun dans l’eau ...sans oublier les plus de 2300 heures de soleil par an.
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SARAH HUNDERT
sait à quel point le sport peut faire des miracles. Aujourd’hui, c’est pour porter ce message qu’elle siège au conseil de la fondation Wings for Life au Liechtenstein.
TEXTE SASKIA JUNGNIKL PHOTO MARKUS GMEINER
C’est le sport qui l’a sauvée, dit-elle. À première vue, on pourrait pourtant penser le contraire : n’est-ce pas justement lors d’un entraînement de VTT qu’elle a fait cette terrible chute ? Elle qui, en voulant sauter par-dessus un fossé, a manqué d’élan et a trébuché de l’autre côté, heurtant violemment le sol avec la tête. Une petite erreur d’inattention qui a bouleversé sa vie à jamais.
À LA LOUPE
Sarah Hundert habite à Schaan, au Liechtenstein
Elle sort faire la fête assez rarement
Sarah Hundert se fracture deux vertèbres – la 9e de la colonne thoracique et la 1re de la colonne cervicale –, et devient paraplégique. Mais alors que la jeune femme est obligée, depuis 2010, de se déplacer en fauteuil roulant, elle insiste sur le fait que le sport l’a sauvée. Les conséquences de sa vie de sportive n’ont-elles pas été pires que les avantages ? « Non. L’accident a bouleversé ma vie, c’est vrai, mais il ne m’a pas détruite, au contraire : c’est grâce au sport que j’ai pu me retrouver et que je me sens forte aujourd’hui. »
La liberté sur la piste
Elle aime faire du ski
Sa destination préférée les États-Unis
Elle parle l’allemand et l’anglais
Elle dit d’elle-même « Les perdants ne ressemblent pas à ça. »
ski représente une liberté : c’est l’un des rares sports que je puisse pratiquer normalement. Bien sûr, je suis sur un monoski, mais on emprunte les mêmes téléphériques, les mêmes pistes. Je ne sens aucune diférence. » Pourtant, tout aurait pu se passer autrement. La phase qui a suivi l’accident fut particulièrement éprouvante : Sarah a 19 ans, elle sort souvent faire la fête, boit beaucoup d’alcool, essaie péniblement de dompter sa colère et refuse sa nouvelle situation. Le plus difcile, raconte-telle, a été d’accepter de se faire aider. Mais sans ses ami.e.s et sa famille, jamais elle n’aurait réussi à remonter la pente. Des gens qui sont encore aujourd’hui les piliers de sa vie : « Si un jour j’ai envie de gravir l’Everest, ils et elles seraient capables de me porter au sommet. » Elle vient d’épouser celle qui est sa meilleure amie, et son plus grand soutien.
coach m’envoie des enregistrements que j’emmène partout et que je peux écouter dans mon lit. » Cette méthode dissoud les peurs qui l’assaillent, ce qui l’a aidée à être plus sereine et à améliorer ses performances. Sarah travaille dans l’événementiel sportif comme chefe de projet pour des salons. Mais sa priorité reste le sport : elle coache deux groupes à l’association sportive de Schaan, et siège depuis peu au conseil de la fondation Wings for Life, au Liechtenstein : « J’en suis particulièrement fère. » Son objectif est de faire connaître la fondation dans la région, de la développer et d’attirer davantage de dons et de sponsors. « Parce que sans argent, jamais nous n’atteindrons l’objectif que nous nous sommes fxé : révolutionner la recherche pour trouver un remède contre les lésions de la moelle épinière. »
Courir pour la bonne cause
Sarah Hundert est une femme exceptionnelle, à plus d’un égard : sa nature gaie et insouciante cache une volonté de fer et une détermination sans faille. Un exemple ? Un an et demi après son accident, elle part dans le Tyrol pour apprendre le ski – et s’ofre un monoski au bout d’une semaine. Depuis, elle en fait chaque semaine. Et elle s’y tient. Aujourd’hui, à 32 ans, elle pratique sa discipline en sport de compétition et s’entraîne six fois par semaine. Son prochain déf : les championnats du monde en 2025 et les Jeux Paralympiques en 2026 à Cortina (Italie). « Le sport est la meilleure thérapie. Pour moi, le
Le coaching par l’hypnose Quand on lui demande ce qu’elle aimerait voir dans le regard des autres : « J’aimerais qu’ils réagissent un peu plus comme des enfants. J’adore la façon qu’ont les enfants de ne connaître aucune gêne, aucune honte. Ils me regardent et me demandent sur quoi je suis assise. Les enfants osent demander. Les adultes demandent discrètement, dans ton dos, et ça se voit. Ou alors ils te dévisagent et ne disent rien. »
Pour faire face aux aléas de sa vie d’athlète, Sarah Hundert est suivie par un coach mental : « J’en ai essayé six diférents », mais aucun ne lui convenait. Fidèle à elle-même, elle a persévéré et a fni par trouver la perle rare. « Il y a deux ans, j’ai découvert que l’hypnose était très efcace sur moi : mon
Sarah Hundert a réalisé un autre exploit l’an dernier lors de la course Wings for Life World Run organisée en Suisse, en étant, parmi tous les participant.e.s en fauteuil roulant, celle qui est restée en lice le plus longtemps – alors qu’elle s’était fxé initialement une distance de cinq kilomètres. « Quand j’ai réalisé que j’étais en tête, forcément, mon orgueil a pris le dessus ! » Finalement, elle quittera la course au bout de vingt kilomètres. « Rien que d’imaginer que celles et ceux qui participent le font un peu pour moi, pour nous aider à faire avancer la recherche, c’est une incroyable motivation. » Le sport a donc bel et bien sauvé la vie de Sarah Hundert. Aujourd’hui, elle fait tout pour sauver la vie des autres.
Infos et inscriptions en scannant le code ci-contre.
Instagram : @sarahhundert
« J’adore les enfants : ils n’ont pas peur de me poser des questions. »
Sarah Hundert pense que les enfants sont plus sages que les adultes.
EÍ MEAR NOONE
De la composition de la BO de World of Warcraft à la direction musicale des Oscars, l’Irlandaise a forgé sa carrière en conjuguant deux passions : la direction d’orchestre et les jeux vidéo. C’est toute la musique qu’elle aime !
Petite, dans le village de Kilconnell, comté de Galway, en Irlande, où elle a grandi, Eímear Noone avait deux amours : la musique symphonique et Nintendo. À l’âge de sept ans, devant son poste de télévision, elle scèle son destin : elle sera chefe d’orchestre, comme cet homme aux cheveux grisonnants qui agite sa baguette devant un parterre de musicien·ne·s. Pour cela, elle a appris à jouer de la fûte irlandaise, de la fûte traversière et du piano ; quand elle ne jouait pas aux jeux vidéo, elle passait ses samedis à l’Académie royale irlandaise de musique, avant d’étudier la composition au Trinity College de Dublin.
écrivain·ne·s. Et on joue beaucoup aux jeux vidéo. J’ai grandi avec trois frères et une Nintendo. J’adorais Zelda. Les jeux vidéo, tout comme la musique, c’est un univers qui vous absorde complètement. J’ai un TDAH. Mes seuls moments de répit, c’est quand je dirige ou compose.
Quand as-tu assisté à un concert orchestral pour la première fois ?
À LA LOUPE
Origines
Kilconnell, un village dans l’ouest de l’Irlande
Admiratrice du Requiem de Mozart Compositrice de la B-O de World of Warcraft, entre autres Première femme
À 21 ans, Eímear Noone co-fonde le Dublin City Concert Orchestra. Depuis, elle a dirigé des musicien·ne·s du monde entier ; en 2020, elle est devenue la première chefe d’orchestre à diriger l’orchestre lors de la Cérémonie des Oscars. En combinant ses passions, Noone est aussi devenue l’une des compositrices les plus infuentes dans le domaine du jeu vidéo : elle a écrit pour bon nombre de franchises de l’industrie, et a cocréé le Festival International de Musique de Jeu de Dublin.
Cheffe d’orchestre des Oscars
Récompense
Hollywood Music in Media Award, en 2014
En mai, la tournée Video Games in Concert avec le Heritage Orchestra ofrira un spectacle unique avec de la musique de Fortnite, La Légende de Zelda, World of Warcraft: Warlords of Draenor et plus encore...
the red bulletin : Quelles ont été tes premières expériences de jeu vidéo ? eÍmear noone : Comme il pleut beaucoup en Irlande, on a de nombreux artistes et
J’ai grandi dans un village de 400 âmes, à 160 km de Dublin. La première fois que j’ai vu un orchestre, c’était à la télé. Puis j’ai joué de la fûte traversière dans une représentation de Finlandia, de Sibelius, dans une église de Galway. J’ai été conquise.
Diriger était-il le pas suivant logique ?
À 15 ans, je participais à un concert avec un orchestre militaire. À un moment, le chef se tourne vers moi et m’invite à prendre sa place. Je devais agiter les bras pour faire rire mes camarades. Je me souviendrai toujours de cet instant : j’ai regardé la partition et ai ressenti une sensation de calme intense. Tout s’est ralenti, tout s’est aligné. J’avais trouvé ma place.
Comment t’y prends-tu pour composer la BO d’un jeu vidéo ?
Cela dépend des créateur·rice·s et de la manière dont ils et elles envisagent de raconter l’histoire. Il existe tellement de façons de le faire. Je dis toujours que si Mozart était vivant aujourd’hui, il composerait de la musique de jeu vidéo. Nous savons qu’il résolvait des énigmes musicales et cachait des messages dans sa musique. Il y a tellement de complexité dans la composition musicale de jeu vidéo que ça ressemble à un puzzle.
Nous faisons essentiellement ce que les compositeurs et compositrices ont toujours fait, seulement c’est la version XXIe siècle.
En quoi difère la BO d’un flm et d’un jeu ? Pour composer la musique d’un flm, on travaille avec une version fnale du montage, c’est-à dire que la structure est bien en place. Dans un jeu vidéo, on peut varier les styles car l’utilisation de la musique est multiple : on entre dans une pièce et on entend de la musique qui vient d’un gramophone dans le hall de l’hôtel, ou d’un club dans la rue.
Quelles furent les étapes les plus difciles de ta carrière ?
C’est un travail de longue haleine : au début, j’ai dû me battre pour mes droits car l’égalité des sexes n’allait pas de soi. Aussi, je n’avais pas de réseau, car je suis une musicienne classique, issue du conservatoire. Je ne connaissais donc personne dans les milieux du jeu vidéo et du cinéma.
Comment réagit le public à l’écoute live de la musique de jeu vidéo ?
J’adore voir des gens emballés par la musique de leur jeu et qui ignorent que des milliers d’autres personnes ressentent la même chose. Sur scène, je suis très émue : je peux voir les expressions du visages du public, ses émotions… Je ne m’en lasse pas. Vivre cette expérience avec l’orchestre est très gratifante pour moi, car nous venons du même milieu musical, mais ma communauté, c’est celle du gaming. C’est fantastique de réunir ces deux mondes.
Video Games in Concert : aegpresents.co.uk
« Si Mozart était vivant, il composerait de la musique de jeux vidéo. »
SIMONE GIERTZ
est l’inventrice de l’absurde ! Elle construit des réveils à gifes, des casques à brosse à dents et des étaleurs de rouge à lèvres… parce que ce sont les choses imparfaites qui la motivent. Et elle épate 2,6 millions de followers !
TEXTE EMINE SANERLe déf de créer quelque chose de parfait peut dépasser les gens. « Mais inventer des trcus complètement débiles, ça, je sais faire », déclare Simone Giertz, 33 ans. Ses « inventions », qu’elle présente à plus de 2,6 millions d’abonné·e·s sur sa chaîne YouTube, sont des choses dont on ignorait l’utilité avant leur création, comme un réveil à gifes ou un robot applicateur (et débordeur) de rouge à lèvres. La Suédoise est autodidacte en matière de technologie, ce qui ne l’empêche pas de transformer sa Tesla en un camion ou de construire un corset de type exosquelette pour sa chienne à trois pattes.
À LA LOUPE
l’électronique et à apprendre à programmer. Contrôler des choses réelles me donnait une immense sensation de pouvoir que je voulais mettre à exécution sans attendre. D’accord, ma première œuvre était ridicule : des cordes de guitare que je pouvais tirer de mon téléphone pour ensuite simuler leur son avec une appli programmée par mes soins. Mais cela a déjà suf brièvement à me faire sentir comme la reine du monde.
Civilité
Simone Luna Louise Söderlund Giertz
Naissance
1990, à Stockholm
Et puisque l’humour peut atteindre des sommets impitoyables, elle a publié en 2018 des vidéos sur sa tumeur cérébrale fraîchement diagnostiquée, qu’elle a baptisée Brian, et a documenté sa guérison. Ce qui a commencé comme une blague s’est métamorphosé en une entreprise de design via la boutique en ligne Yetch. La « Reine des robots bidon » autoproclamée se consacre dorénavant aussi à la création de choses utiles.
Et sinon ?
Elle a effectué un échange scolaire en Chine et parle mandarin.
Plus grande fierté
Le cintre pliable
Introspection
« Inventer des trucs débiles, ça je sais faire. »
the red bulletin : À quand remonte ton côté Géo Trouvetou ?
simone giertz : J’ai toujours manipulé des choses, sculpté des objets en bois ou fabriqué des personnages étranges avec des déchets. À l’époque, je voulais devenir astronaute.
Pourquoi as-tu abandonné plus tard tes études de physique ?
Comme j’étais très curieuse et touche-àtout, j’avais commencé à bricoler avec de
C’était juste avant que tu te fasses mondialement connaître sur les réseaux sociaux…
Exact, grâce à mon casque à brosse à dents (un casque de skateboard avec un bras robotisé qui brosse les dents de son utilisateur·rice, ndlr). La vidéo a généré 50 000 vues… À partir de là, les choses ont pris de l’ampleur.
Qu’est-ce qui te fascine tant dans l’invention de gadgets ?
Tout d’abord, j’ai une approche humoristique qui m’aide à contenir mon perfectionnisme. Ça me faisait rire et c’était aussi une stratégie de défense : comme je n’avais rien d’une experte en technologie, j’allais inévitablement échouer. Aujourd’hui, après avoir fabriqué des objets plus improbables les uns que les autres pendant huit ans, j’ai plus confance en moi et je fais moins dans l’autodérision.
Comment cela se traduit-il ? Auparavant, je prenais un problème quelconque et je me donnais comme objectif de le résoudre de la manière la plus ridicule possible. Jusqu’au jour où l’on m’a diagnostiqué une tumeur cérébrale… J’ai appris à considérer les événements de manière plus
lucide. Durant ma convalescence, j’avais tellement peu d’énergie que je me demandais l’intérêt de ce à quoi je consacrais mon temps, et si c’était réellement ce que je voulais faire ? Il s’avère que oui, mais de manière plus réféchie.
Comme avec ton calendrier lumineux ?
Je l’ai inventé parce que j’avais besoin d’un outil qui m’aide à faire mes méditations quotidiennes. Mais je n’y arrivais pas, ou du moins, c’est ce que je croyais. Alors, j’ai confectionné un calendrier interactif : on touche le jour où l’on a accompli la tâche donnée (en l’occurrence la méditation pour moi), et celui s’illumine. Grâce à lui, j’ai raté une seule méditation. Imparable, non ?
Est-ce que tu t’appliques dorénavant à n’inventer que des choses utiles ?
Je viens de passer trois ans à développer un cintre pliable pour les petits placards, j’en suis très fère. En même temps, je continue à construire des choses folles, comme une une tête à coifer transformée en machine à nouilles… La poupée est horrible.
Qu’est-ce que ton travail t’apprend sur la résolution de problèmes ?
Une invention, c’est comme un puzzle avec les mauvaises pièces… Ça peut quand même marcher. Je me souviens de la sensation que je ressentais, enfant, quand je présentais un objet en bois de ma création à mes parents. C’est mom moteur aujourd’hui. J’adore mes inventions et j’ai envie de les partager au monde.
Instagram : @simonegiertz
« Une invention, c’est comme un puzzle avec les mauvaises pièces… Ça peut marcher quand même. »
Simone Giertz sur l’attrait du ridicule.
FRISSONS AU NATUREL
En VTT, à la voile ou à mains nues : pour ces athlètes de l’extrême, l’aventure se conjugue à tous les modes dans une nature à couper le soufe. Instants magiques captés par des photographes toujours à l’afût : voici notre sélection.
Cette photo de Brett Rheeder a valu à Nicolas Brizin une place en demifnale de Red Bull Illume 2023, le plus grand concours photo de sport et d’action au monde.
Brizin : « C’était beau de voir comment, après la pluie, un pro du VTT redevient un gamin qui s’éclate dans la gadoue. »
MIMI CRACRA ? Whistler, Canada, 2023ARABESQUES
Plage de Sarakiniko à Milos, Grèce, 2022
« Dès le début, j’avais cette idée en tête : capter le sillon que Nicolas Plytas et son wakeboard laisseraient dans ce décor époustoufant », explique Alex Grymanis. Plusieurs mois d’attente et de préparation qui ont fnalement payé, puisqu’Alex est arrivé en demi-fnale du Red Bull Illume 2023 grâce à ce cliché.
« Laisser de belles traces dans un beau décor : c’était notre objectif. »
SUR LA BRÈCHE
New River Gorge, Virginie, USA, 2021
Son premier appareil photo, Karen Lane l’a reçu lors d’un anniversaire : « Mon copain avait acheté un Sony Alpha 6000 sur eBay », se remémore l’Américaine. Le viseur électronique ne fonctionnait plus, mais Karen a pu prendre de magnifques photos, comme ce cliché de la grimpeuse Katja Zoner.
Pierre sèche : un paysage éphémère dont profitent deux amies.
TERRE EN VUE
Summersville Lake, Virginie, USA, 2021
« J’ai plutôt l’habitude de faire des portraits, pour capter l’émotion sur les visages des grimpeurs, explique la photographe Karen Lane. Sur cette photo de mon amie Lindsey Frein, j’ai voulu tenter autre chose : montrer le lac à sec, ce qui arrive une fois par an. L’été, l’eau arrive jusqu’à la trace noire que l’on voit à gauche de l’image. »
Talent multiple : le photographe est un vrai champion !
Ç A COULE DE SOURCE
Milan, Italie, 2023
« J’emmenais toujours mon appareil avec moi quand je partais faire du wakeboard. C’est ainsi que j’ai appris le métier. »
À 26 ans, l’Italien Maurizio Marassi maîtrise les deux : double champion d’Europe de wakeboard, il a également atteind les demifnales du Red Bull Illume en photographiant son collègue Maxime Giry.
AU PARADIS
Zadar, Croatie, 2023
La bora est un vent nord/ nord-est qui soufe sur la côte adriatique. Malgré des pointes à 180 km/h, il n’a pas réussi à efrayer les frères Fantela, Šime et Mihovil. Les navigateurs croates ont fait décoller leur bateau à 24 nœuds (env. 44 km/h) : « Ils se marraient pendant que l’écume leur fouettait le visage », témoigne le photographe Marjan Radovic.
Deux garçons dans le vent : la bora et les Fantela.
VIVE LE SPORT !
Utah, USA, 2022
Les meilleures photos sont souvent le fruit du hasard. Ce cliché de Jaxson Riddle, pro du MTB, en est la preuve : « Je n’ai même pas regardé dans le viseur, avoue le photographe Ale Di Lullo. Jaxson était en train de charger son vélo quand il s’est retourné vers moi avec ce salut très rock’n’roll. J’ai instinctivement appuyé sur le déclencheur. »
SEPTIÈME CIEL
Schnebly Hill, Arizona, USA, 2022
Brett Tippie, pro du freeride, soulève son vélo électrique dans un geste de victoire. La véritable raison : « Ce plateau était une voie où les moteurs étaient interdits, son vélo n’avait donc pas de droit le toucher le sol », dévoile le photographe Ale Di Lullo.
BUZZ L’ÉCLAIR
San Andreas Fault, Californie, USA, 2018 Le « shoulder buzz » est une fgure où l’on porte la roue avant vers l’épaule – un trick que Geof « Gully » Gulevich maîtrise à fond. « La plus grosse difculté pour lui, c’était le manque de place pour prendre son élan », rembobine Ale Di Lullo. Mais le vététiste s’en est sorti comme un vrai pro. Normal, c’en est un !
CRÉPUSCULAIRE
Kingfsher Resort, Philippines, 2019
Session photo interminable pour Ydwer van der Heide, venu aux Philippines photographier un nouveau kite. À la fn de la journée, la plupart des athlètes avaient jeté l’éponge. « Seul Jesse Richman est resté dans l’eau jusqu’à la tombée de la nuit. » Une patience qui a porté ses fruits, avec ce cliché féérique du double champion du monde américain.
Jusqu’auboutiste, un champion dans la lumière du soir.
DEUX FILLES À FOND
Bishop, Californie, USA, 2022
Sarah Attar a trois casquettes : photographe, coureuse de fond, et pionnière. En 2012, elle fut la première femme à courir pour l’Arabie Saoudite lors des JO. Quand elle sort son appareil, c’est pour photographier les autres, comme sa collègue Dani Moreno. « Ce qui me plaît dans cette photo, c’est le naturel qui s’en dégage. »
EN ÉQUILIBRE
Mont Saint Helens, Washington, USA, 2023
L’aventurière Abigail LaFleur-Shafer (devant) et la skieuse paralympique Grace Miller sur l’une des crètes du mont
Saint Helens. Ce que la photo ne montre pas : les eforts qu’il aura fallu endurer pour ce cliché. « J’ai dû grimper 1 800 m avec mon matos sur le dos », se souvient Sarah Attar. Ça en valait la peine !
DES AIIILES POUR L‘ÉTÉ.
Curuba-Fleur de Sureau
Depuis son adolescence, la Lausannoise Eleonore Poli rêve d’aller dans l’espace. À 28 ans, l’astronaute analogue s’entraîne à décoller son corps et son esprit de la Terre lors de missions simulées.
SANS GRAVIT É
TEXTE TUĞBA AYAZEleonore Poli évolue lentement dans les eaux glacées d’un lac, se frayant un passage entre les blocs de glace qui fottent à la surface. Entièrement protégée d’une combinaison néoprène – seul son visage est à découvert –, elle savoure cette expérience comme un moment de grâce. L’entraînement auquel elle participe, en ce mois de février 2020, n’a pourtant rien d’un programme de colonie de vacances : plonger sous la glace, afronter les tempêtes de neige, apprendre à construire un igloo pour y passer la nuit… Les conditions extrêmes qu’Eleonore doit endurer lors de ce stage dans les Alpes françaises sont censées la préparer à survivre dans un lieu beaucoup plus hostile, beaucoup plus froid que tout ce que l’on peut connaître sur Terre : l’espace. Là-haut, les températures descendent à moins 270 degrés Celsius et il n’y a plus d’oxygène.
« J’ai adoré cette expérience ! Quand on est en mode survie, tous les sens sont aiguisés », se souvient la jeune femme de 28 ans, que l’on retrouve quatre ans plus tard, confortablement installée dans son appartement à Lausanne. Suite à une intervention chirurgicale au genou, Eleonore Poli est obligée de rester chez elle pour se reposer – une torture pour cette femme hyperactive qui préfère passer son temps libre à s’entraîner pour les compétitions Ironman. Mais pour la journaliste venue l’interviewer, cette pause forcée est une aubaine !
L’espace au bout des doigts
Tout a commencé avec une annonce de l’EPFLLausanne aperçue sur Facebook – une annonce que la plupart d’entre nous n’auraient jamais remarquée, mais dont le titre attire l’attention de la jeune femme : « Veux-tu devenir astronaute ? » Eleonore, qui est alors doctorante en sciences des matériaux à Cambridge, décide
Esprit d’aventure
Dans la carrière de l’usine Hengl à Limberg, en Basse-Autriche, Eleonore Poli teste son équipement.
« Tous les sens sont aiguisés quand l’enjeu, c’est survivre. »
Ce qui compte ? L’esprit d’équipe, les capacités cognitives, l’endurance sportive et une grande résilience.
d’envoyer sa candidature… On ne sait jamais. Lorsque la réponse arrive, la jeune femme constate que cette annonce n’était pas une ofre d’emploi pour entrer à l’ISS, la Station spatiale internationale ! En vérité, il s’agit d’un projet baptisé Asclepios I, qui propose à des étudiantes et étudiants de se préparer à une simulation d’un voyage dans l’espace. Autrement dit : un entraînement au sol, comme les vrais astronautes : on y teste les facultés cognitives et physiques, la résistance au stress et l’endurance. Eleonore est invitée à un entretien avec les responsables de la mission, qui lui demandent quelle est sa réaction lors de situations de stress. La jeune femme répond en racontant cette anecdote qui lui est arrivée lorsqu’elle avait 21 ans : alors qu’elle efectuait un vol en parapente accrochée à son instructeur, celui-ci lui dit qu’il va falloir atterrir de toute urgence. Mais au lieu de paniquer, Eleonore garde son calme et se dit qu’il serait peut-être judicieux d’appeler ses parents pour leur faire ses adieux – au cas où. L’atterrissage ne se passe pas bien et le parapente s’emmêle dans les câbles d’un relais téléphonique. Suspendue dans les airs à quelques mètres du sol, Eleonore ne peut s’empêcher d’éclater de rire et sort fnalement son selfe stick pour immortaliser le moment : « L’humour nous aide à tout surmonter. Le fait de paniquer nous rend incapable d’agir. » Résistante au stress, Eleonore ? Oui, sans aucun doute !
C’est cet aspect de sa personnalité et son approche très pragmatique qui ont convaincu Claude Nicollier, le premier (et jusqu’à aujourd’hui le seul) Suisse à être allé dans l’espace : lui et son équipe la nomment commandante de la mission Asclepios I, dont les membres, après avoir pris part au stage de base dans les Alpes puis à diférents ateliers de communication et de santé mentale, vont enfn entrer dans la phase pratique de la simulation spatiale.
C’est donc en juillet 2021 que six astronautes « au sol » sont envoyé ·e· s pendant neuf jours dans un laboratoire souterrain, dans la région du Grimsel (Alpes bernoises). Situé à 450 mètres sous la surface terrestre et traversé de multiples tunnels sur plusieurs niveaux, il afche une température constante de 13 degrés Celsius. Pas de lumière naturelle ni d’air frais, une petite cuisine spartiate et des toilettes chimiques, des lits superposés et un petit espace de ftness… Voilà tout le confort
« L’humour permet de survivre. Celui qui panique n’est pas capable d’agir. »
que ce lieu propose. Quant à l’hygiène corporelle, il faudra se satisfaire de lingettes et de shampoing sec. L’emploi du temps est celui des astronautes en mission spatiale : la journée commence à 6 heures 30 avec un formulaire à remplir sur son état de santé psychique, puis deux astronautes s’occupent du petit-déjeuner, prévu à 7 heures. Tous les repas sont préparés par leurs soins, en équipe de deux. Les repas végans, qui ont tous été élaborés par une nutritionniste, sont entièrement confectionnés à base de conserves. Après un petit-déjeuner de dix minutes, le centre de contrôle de la mission, qui se situe non loin du labo, donne l’ordre du jour : la plupart du temps, il s’agit de réaliser diférentes expériences chimiques, comme le fait de fltrer et de mesurer le PH de sels imitant ceux que l’on peut trouver sur Mars. Elle consigne scrupuleusement toutes ses activités et en informe régulièrement le centre. Eleonore s’entraîne quotidiennement sur les appareils de ftness installés dans le labo : un rameur, des poids, des cordes à sauter. Les apprenti·e·s astronautes ont un programme quotidien de renforcement et de cardio : il s’agit en efet de compenser la perte de masse musculaire qui est inévitable lorsqu’on vit en apesanteur dans l’espace. Sur les neuf jours que dure cette mission, les participant·e·s ne quitteront leur labo souterrain qu’à deux reprises,
« Les missions analogues sont des exercices d’échec. Nous devons échouer sur Terre pour réussir dans l’espace. »
avec leurs combinaisons spatiales, pour explorer l’environnement extérieur sous le contrôle, par radio, de l’équipe de mission. Les journées durent quatorze heures, exactement comme dans une station spatiale. En tant que commandante de la mission, Eleonore doit en outre assurer certaines tâches supplémentaires : optimiser le travail de chacun·e, évaluer les erreurs, renforcer la cohésion et la motivation au sein de l’équipe. Des missions que la jeune femme efectue avec un enthousiasme débordant, tant elle est convaincue de se rapprocher, grâce à la mission Asclepios I, d’un rêve qu’elle a depuis l’enfance : aller dans l’espace.
Un peu plus près des étoiles
Née à Lausanne en 1995, Eleonore Poli passe son enfance dans cette ville ainsi qu’à Yverdon. À huit ans, elle dessine un robot aux superpouvoirs technologiques, capable de sauver l’humanité de la soif : nous sommes en 2003 et les températures record de cet été-là vont causer la mort de plusieurs personnes, en Suisse et en Europe. Adolescente, elle adore les spectacles aériens et rêve de devenir pilote de chasse ou ingénieure aéronautique. Pour son travail de maturité, Eleonore conçoit un manuel de construction d’avions : le jour de la présentation en public, elle vient habillée en aviatrice vintage – veste en cuir avec col fourrure et casque en cuir. Pendant ses études en sciences des matériaux à l’EPF de Lausanne, la jeune étudiante se rend à toutes les conférences traitant de l’aviation, de l’astronomie et de l’aventure spatiale.
C’est justement lors d’une de ces conférences, donnée par Marc Toussaint – ingénieur en aérospatiale pour l’Agence Européenne de l’espace – qu’elle a un véritable déclic : dans la salle plongée dans la pénombre, Toussaint projette sur un écran géant une fusée en train de décoller tandis qu’une simulation sonore assourdissante retentit des enceintes placées autour des étudiant·e·s. Eleonore se souvient de ce qu’elle a ressenti : « C’était comme si nous étions à côté de cette fusée ! J’avais des papillons dans le ventre… Je me suis dit : “Je veux aller dans l’espace !” »
Pendant son année de Bachelor, Eleonore tombe par hasard sur un livre qui va lui ouvrir les yeux : Endurance, la biographie du célèbre astronaute américain Scott Kelly. L’étudiante va y trouver une source de motivation inédite : elle est conquise par le récit de cet homme qui, malgré tous les revers qu’il a essuyés, n’a jamais abandonné son but – jusqu’au jour où il a réussi à l’atteindre. Ce livre va lui donner envie de s’accrocher à son rêve : « Les gens qui ne connaissent pas l’échec n’osent pas non plus poursuivre des rêves impossibles… comme un voyage dans l’espace. » C’est dans cet état d’esprit qu’Eleonore poursuit ses études à l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et qu’elle pose sa candidature, une fois son diplôme obtenu en 2017, pour un Master à l’Université de Cambridge – sans trop se prendre au sérieux, dit-elle. Une attitude qui lui réussit visiblement, puisque la jeune femme est admise, avec en prime un poste rémunéré de doctorante. À Cambridge, elle se sent comme un poisson dans l’eau : l’université regorge de personnalités originales, un peu décalées, comme elle. Eleonore peut enfn vivre sa passion pour l’aérospatiale et les entraînements Ironman sans passer pour une cinglée ! « Ici, on a des gens qui se lèvent à quatre heures pour faire leur footing, sont dans leur labo à six heures et s’enflent des pintes à midi – et tout le monde trouve ça normal. » Actuellement, Poli fait de la recherche dans le domaine de l’impression 3D de métaux au CSEM, à Neuchâtel. Son temps libre, elle le consacre au sport et aux missions analogiques. Depuis sa mission Asclepios I, Poli s’est constitué un vaste réseau. En 2022, elle a fondé l’organisation CHASM, qui permet aux missions analogiques du monde entier de se mettre en réseau.
Mars ou la Lune ?
Son projet actuel est une simulation de mission sur Mars, qui doit se dérouler en Arménie. Sur place, elle va devoir, avec son équipe, porter les combinaisons des astronautes au sol, des cuirasses de 45 kilos dont il faudra tester et vérifer tous les paramètres techniques. Pendant ce temps-là, les astronautes seront testé·e·s sur leur fréquence cardiaque, leur température corporelle et leur niveau d’oxygénation en étant connecté·e·s à distance, afn de contrôler à tout moment leur sécurité et de pouvoir agir en cas d’urgence.
Soif de recherche
C’est un esprit curieux avant tout qui fait office de mot(ivat)eur de notre experte en science des matériaux.
Envie d’espace
Eleonore veut (aller sur) la Lune, car nos connaissances sont encore insuffisantes pour une mission sur Mars.
Prête à décoller
Pour l’adrénaline, Eleonore Poli n’a pas besoin d’aller dans l’espace. Le saut à l’élastique lui suffit.
Quant à ses rêves d’espace, de missions réelles sur Mars ou sur la Lune, ils sont pour l’instant sagement accrochés sur les murs de son salon : une afche montrant Mars, la planète rouge, et à côté, les refets bleu-vert de la Lune. Si elle avait le choix, où irait-elle en premier ?
« Je ne tiens pas forcément à être la toute première femme sur Mars », concède-t-elle. Et pour cause : selon l’état actuel de la science, un trajet prend près de neuf mois et la probabilité de mourir en cours de route est assez importante. Il faudra encore envoyer de nombreuses sondes et autres robots sur place avant de pouvoir y envoyer des êtres humains, dit-elle. De plus, une mission humaine sur Mars n’aurait de sens que si l’on a des objectifs d’études bien précis.
« Mars est encore loin », conclut-elle, et c’est pour cette raison qu’elle considère avec beaucoup de scepticisme le projet qu’a Elon Musk d’envoyer des millions de personnes sur la planète rouge d’ici 25 ans. « Scientifquement, ça ne tient pas la route. L’aventure spatiale, ce n’est pas un moyen de se procurer un shoot d’adrénaline : pour ça, je peux faire du saut à l’élastique. » D’un autre côté, elle reconnaît que c’est grâce à Elon Musk, le fondateur de Space X, et sa folie des grandeurs, que la recherche « martienne » a fait un véritable bond de géant ces dernières années. Une partie de ces recherches a pour objectif de simuler, sur Terre, les conditions de la vie sur Mars : « Lors des missions au sol, on teste tous les échecs possibles. Il faut échouer sur Terre pour pouvoir réussir quand on sera dans l’espace. »
Et la Lune, alors ? Sans surprise, Eleonore avoue qu’elle rêve d’y aller : « Le voyage ne dure que quelques jours et le terrain est déjà connu. » Restent les processus de recrutement de la NASA et l’ASE, extrêmement compliqués : « On dirait qu’ils recrutent des agents secrets ! », ditelle. La sélection est rude, et rien ne dit qu’une fois pris·e dans ce cercle très fermé, on ait un jour la chance de participer à une mission dans l’espace. L’un des paramètres déterminants est d’avoir la citoyenneté d’un pays pleinement impliqué dans les projets spatiaux. « Et la Suisse n’en fait pas partie – pas encore. » Pour devenir la première Suissesse envoyée dans l’espace, elle aurait, dit-elle, davantage de chances auprès d’une société privée. Qu’à cela ne tienne : la jeune femme se prépare actuellement pour une toute autre expédition – en Antarctique cette fois, avec le chercheur français Alban Michon : une mission de six mois dans la station
Tout en rêvant d’espace, Eleonore plongera sous la banquise pendant six mois.
de recherche « Biodysseus », pendant laquelle il s’agira de tester la vie sous la glace arctique et d’observer la dégradation de la faune et de la fore face au changement climatique.
Pour l’instant, ils n’en sont qu’aux premières phases : la planifcation, la recherche de fnancements, la mise en place d’une équipe de chercheurs et de chercheuses. Mais ce projet concentre déjà tout ce qui passionne Eleonore Poli : les sciences, la recherche dans des conditions extrêmes, le travail d’équipe et le déf, tant physique que mental. Repousser les limites du corps, de l’esprit et de la science : voilà ce qui la fait vibrer depuis toujours… et qui pourrait bien, un jour, l’emmener un peu plus près des étoiles
Instagram : @hepoli
LE MAGICIEN OSE
Phil Wizard possède un don pour la magie qui lui a permis d’envoûter les foules et d’atteindre les sommets du breaking. Mais ce don cachait aussi sa part d’ombre. Pour s’en débarrasser, le B-Boy a dû affronter son plus grand adversaire : lui-même.
TEXTE ZOEY GOTO PHOTOS CHRIS SAUNDERS« J’étais déjà l’original de la famille... Alors venir d’une famille immigrée, ça rajoutait une pression. »
Beaucoup considèrent le succès véritable comme une chimère : chaque but atteint cède aussitôt sa place au suivant dans une éternelle farandole de désirs toujours renouvelés. Mais qu’en est-il de celles et ceux qui visent le sommet et fnissent par l’atteindre ? Qu’est-ce qui les pousse à persévérer après avoir déjà réalisé leur plus grand rêve ?
C’est justement cette question qu’est venu poser The Red Bulletin à Philip Kim, breaker canadien de 27 ans aka Phil Wizard. En quelques années, il est passé d’une élimination au premier tour en fnale du Red Bull BC One 2019 (la plus grande compétition de breaking au monde) à une ascension vertigineuse et est désormais LE grand favori à la victoire aux prochains JO d’été en 2024. Chemin faisant, il a réalisé son rêve le plus convoité en mai 2022 en rejoignant les Red Bull BC One All Stars, une équipe ultra sélect réunissant l’élite du breaking mondiale. Un moment qu’il a décrit avec émotion à l’époque comme un « rêve devenu réalité ». Wizard est arrivé en France fn octobre 2023 pour participer à la vingtième édition de la fnale mondiale du Red Bull BC One, épuisé après une année de compétitions de danse non-stop.
Quand on lui demande comment tout a commencé, Wizard répond invariablement que c’est en assistant à un spectacle du Now or Never Crew dans sa ville natale de Vancouver, à l’âge de 11 ans. Il est resté scotché par la performance de ce pilier de la scène hip-hop locale. Le hasard a bien fait les choses puisque peu après, l’un des membres du crew est venu animer un atelier dans son école, ce qui a poussé Wizard à s’inscrire dans un cours de danse. Son autre source d’inspiration est un peu moins funky : ado, Philip Kim adorait Sexy Dance, une série de flms romantiques américains sur la danse. « J’avoue que jétais fan de ces trucs ringards. Quand on est gosse, c’est génial, ces danses sous la pluie et tout le bazar, rit-il, gentiment moqueur lors d’une pause entre deux séances photos. J’étais un gamin super agité avec une imagination débordante. Je regardais pleins d’animés et de flms de superhéros et j’imitais tous ces trucs. Ça tournait plus autour des chorégraphies que du breaking au départ. »
Ado, Wizard change brutalement de cap et consacre bientôt tout son temps au breaking, danse de rue acrobatique et stylée née dans les années 1970 sur les trottoirs et dans les fêtes de quartier du Bronx lors de la forescence de la culture Hip-Hop. Il passe tout son temps libre à étudier des vi-
déos YouTube des plus grands breakers et à traîner avec les groupes de Vancouver qui lui apprennent comment évoluer sur cette mince frontière entre créativité et succès commercial. À l’époque, sa famille a du mal à suivre cette obsession grandissante pour le breaking : suivant le conseil parental, ses frères et sœurs ont épousé des carrières dans l’assurance et le droit. « J’étais déjà l’original de la famille, admet-il. Alors venir d’une famille immigrée, ça rajoutait encore une pression. »
Syndrome de l’imposteur
Ses deux frères aînés, son père pasteur et sa mère vivent en Corée quand celle-ci tombe enceinte de Wizard. Peu avant sa naissance, la petite famille part chercher fortune au Canada. « Mes parents ont tout sacrifié parce qu’ils voulaient assurer un avenir plus stable à leurs enfants, explique-t-il. Pour eux comme pour moi, c’était un choix cornélien de tout changer pour se lancer dans le breaking. »
Pour apaiser les tensions, Phil Wizard entame des études de psychologie à la fac, mais abandonne après le premier semestre. « J’ai arrêté car les qualifcations pour les fnales mondiales du Red Bull BC One avaient lieu à Los Angeles. Je me suis dit que si je gagnais le concours, je laisserais tout tomber pour me lancer à fond dans la danse. » Pari payant : Wizard remporte le titre et pave le chemin de sa carrière de breaker professionnel. Mais il lui reste encore un obstacle de taille à surmonter : si Wizard a réussi à convaincre les autres de son talent, il doit encore s’en convaincre lui-même.
« C’était une lutte quotidienne, je ne savais pas si je devais continuer ou reprendre mes études », dit-il à propos de cette période trouble qu’il considère comme la plus sombre de sa vie. Wizard retourne vivre chez ses parents, se fait un peu d’argent de poche au sein du Now or Never Crew en dansant pour des fêtes d’entreprises ou des mariages et trouve ses marques en se taillant une sacrée réputation sur le circuit des compétitions.
« C’est une époque où je me suis pas mal trituré le cerveau pour savoir quoi faire. Avec le recul, je ne pense pas que j’étais le plus doué, celui dont tout le monde pense que c’est un super danseur qui va fnir au top. C’était plus une ascension graduelle,
j’étais guidé par ma passion. » Tout tournait désormais autour du breaking : chaque fois que Wizard marchait dans la rue, il laissait son esprit vagabonder, élaborant de nouvelles chorégraphies dans une sorte de dialogue rythmique en boucle qui l’habite aujourd’hui encore. Le moment où Wizard a enfn réussi à se libérer de ses doutes remonte à quelques années seulement et n’a fnalement rien à voir avec le fait de posséder une parfaite maîtrise du breaking ou non. Au bout du compte, c’est son mental qui devait changer. Wizard a compris que ce qui l’avait retenu toutes ces années n’était rien d’autre que lui-même.
« À certains moments des compétitions, je soufrais d’un syndrome de l’imposteur tel que je gâchais toutes mes chances. Oui, j’étais en demi-fnales, mais je pensais que je n’étais pas digne de gagner, que j’étais un fake et que j’allais tout faire foirer. » Il a fni par réaliser que manque de confance en soi et soif de succès constituaient un cocktail très négatif pour ses performances et son bien-être. « Je devais gagner pour m’améliorer et vivre de ma passion. À chaque compétition, je mettais ma vie en jeu. Quand je perdais, j’étais au fond du trou. Quand je gagnais, je me reprochais de ne pas avoir donné le meilleur de ma personne… »
Wizard a compris qu’il devait lâcher prise et voir les choses diféremment : « Il fallait réduire mes attentes, et ces pressions internes et externes et tenter de profter du moment présent. Je ne me suis pas mis à la méditation, mais j’essaie en revanche de vivre dans l’instant et d’afronter chaque épreuve avec une attitude positive. Ça m’a pris du temps, et même maintenant, le syndrome de l’imposteur est toujours tapi dans un coin. Mais ma nouvelle philosophie est que je ne peux contrôler que ce qui est contrôlable. J’essaie d’aborder la danse et la compétition avec plus de liberté. »
Sur ces mots, Wizard nous salue et s’échappe pour s’engoufrer dans son hôtel dont le hall, transformé en QG ofciel des B-Boys et B-Girls en compétition, fourmille de danseurs et danseuses parmi les plus VIP de la scène du breaking actuel.
Quitte ou double
S’il s’est probablement laissé dévorer par le doute lors des fnales BC One de Paris quatre ans plus tôt, Wizard réapparaît maintenant en pleine forme. Rien qu’en 2023, il a remporté pas moins de quatre compétitions et parcourt les quatre coins du globe avec son
Gagner
une
bataille : pas de problème. Next step : se vaincre soi-même.
groupe de breakers d’élite pour se produire en Corée du Sud, au Brésil, au Portugal ou au Royaume-Uni. Il n’a pas passé plus d’une semaine à Vancouver l’an dernier. Quand il y est, il supprime tous les réseaux sociaux et s’évanouit dans la nature. « C’est le moment de déconnecter, lâcher du lest et dormir, dit-il. Franchement, je ne suis pas super fun quand je suis chez moi. C’est plutôt quand je suis sur la route que je fais des trucs cool genre séances photo, compètes et retrouvailles avec mes potes. »
Le lendemain, Wizard, sa petite amie et son cercle intime se dirigent vers le Cent Quatre, ancien salon funéraire du XIX e reconfguré en centre d’art contemporain. L’immense complexe, autrefois appelé « usine à deuils », se transforme en véritable temple de la culture Hip-Hop pour toute la durée des fnales du BC One World. L’ambiance mortuaire fait place à une tension électrique presque palpable. Une centaine de personnes envahit l’espace principal, prêtes à assister à un événement historique. Phil Wizard et ses ami·e·s prennent une rangée de sièges d’assaut et se préparent, eux et elles aussi, au spectacle.
Sous les yeux d’un juge officiel du Guinness des Records en costume cravate, la foule se presse pour observer les deux B-Boys qui vont tenter de réaliser un double airfare, fgure mythique où l’on se lance du sol sur une main puis exécute deux rotations complètes en l’air avant d’atterrir de nouveau sur l’autre main. L’animateur annonce que cette fgure surhumaine n’a encore jamais été réalisée ofciellement, ce qui renforce encore la frénésie déjà intense du public rassemblé autour du cercle.
Monkey King entre alors en scène. Le danseur taïwanais s’élance dans le cercle avant de tourbillonner en l’air comme une toupie. Il réussit presque la fgure légendaire, mais le record du monde ne sera fnalement pas battu ce jour-là. Monkey King se casse un doigt et minimise l’incident
Moving On Up
Le Red Bull BC One World
Final 2023 à Paris
1 Phil Wizard en huitième de finale contre B-Boy Amaro.
2 Le jury se prononce à quatre contre un en faveur de Wizard.
3 & 4 La performance de Wizard en demi-finale.
5 Sa joie d’être qualifié pour la finale.
6 Annonce de la finale : Wizard contre Hong 10.
avec son assurance habituelle. Phil Wizard reste encore un moment à observer les différents duels de ces breakeuses et breakers qui défent la gravité sous le bon vieux son old-school des platines du DJ. Au milieu de la crème de la crème du breaking, Wizard est comme un poisson dans l’eau, passant du statut de célébrité (son visage rayonnant apparaît fréquemment sur les écrans) à celui de fan enfammé, bondissant de son siège quand quelqu’un fait une fgure ultra complexe, flmant les moments mémorables sur son portable pour les poster plus tard sur les réseaux sociaux et acclamant avec ferveur ses alter egos danseurs et danseuses.
Une discipline en évolution
Le breaking est une communauté très soudée, mais si vous abordez l’accession du breaking au statut de discipline olympique en 2024, les opinions sont plus que partagées. Les puristes craignent que le mouvement, à l’origine une soupape créative pour les jeunesses marginalisées noires et hispaniques de New York, ne soit coupé des ses racines de contre-culture.
Le breaking vit un moment décisif, aucun doute à cela. Mais Phil Wizard accueille ce changement avec confance. « Il est évident que les choses vont changer, et, comme toujours, ça met beaucoup de gens mal à l’aise. Mais le vent a déjà tourné : plus de concurrence, des compétitions avec plus d’enjeux, des sponsors qui se multiplient… Pourtant, je ne vois pas que du négatif. Je pense que les JO vont contribuer au développement du breaking et à son introduction auprès d’un public qui n’en aurait jamais entendu parler autrement. Oui, il y a tout cet aspect sportif, mais ça reste encore une culture à part entière : la scène under-
ground ne va pas disparaître, on pourra toujours organiser des jams et il viendra toujours autant de monde. »
S’il reste convaincu que le breaking est avant tout une forme d’art, Wizard précise qu’il a déjà observé ce changement de paradigme bien avant les JO au sein de sa communauté : « Je m’entraîne environ 20 à 25 heures par semaine chez moi sur mes moves, explique-t-il. Le breaking est un mouvement tellement récent qu’avant, on ne se projetait pas dans le temps. Moi, je fais partie d’une génération plus jeune qui veut prendre soin de son corps pour pouvoir pratiquer cette discipline pendant très longtemps. Ceci dit, j’avoue que mon régime se résume surtout à engloutir des sucreries. »
Famille de cœur
Le breaking n’est pas le seul à soufrir d’une crise d’identité ces derniers temps ; Wizard admet bien volontiers qu’il a lui aussi connu un profond confit émotionnel en devenant membre des Red Bull BC One All Stars (ambassadeurs d’élite de la discipline à travers la planète) dix-huit mois plus tôt.
« J’étais un peu paumé : cela avait toujours été mon plus grand objectif. Bien sûr que j’adorerais remporter le BC One ou les JO, mais ce qui comptait le plus pour moi était de devenir un All Stars. » Quand c’est enfn arrivé, il a passé environ un an sur un petit nuage avant de redescendre doucement sur Terre. « J’avais l’impression d’avoir tout accompli sur le plan professionnel, ditil. Et après ? » En réponse, il a décidé de ne
« Niveau compétition, je suis au top, mais artistiquement, je n’en suis pas encore là où j’aimerais. »
plus défnir d’objectifs ni de stratégies et de se concentrer davantage sur sa créativité naturelle. « Okay, niveau compétition je suis au top, mais artistiquement, je ne suis pas encore là où j’aimerais. Quand je me regarde, je vois encore des défauts et des moments où ça coince. J’ai envie d’aller plus loin dans mon art, de faire évoluer ce sentiment de liberté, d’élargir mes horizons pour trouver de nouveaux mouvements. Je sens bien que ce n’est pas encore ça et que j’ai encore pas mal de pain sur la planche. »
Ce qu’il veut par-dessus tout, c’est profter de chaque instant et surfer sur une vague d’optimisme à chaque compétition. « C’est un but impossible, admet-il en riant, mais c’est justement ce qui me fait continuer, j’essaie d’atteindre cet état tout en sachant pertinemment que cela n’arrivera jamais. »
Peu après, sous les projecteurs de l’immense terrain du stade Roland-Garros, Wizard peut enfn tester sa nouvelle mentalité devant une foule de 8 000 spectateurs et spectatrices survolté·e·s. Après quatre heures de duels acharnés entre les seize B-Boys et les seize B-Girls sélectionné·e·s, Wizard parvient en fnale et franchit le sacro-saint cercle face à son ami de toujours, Hong 10, l’invincible B-Boy sud-coréen connu pour son extrême endurance.
Le plus incroyable dans ce duel (en plus des magnifques head-spins, poses fgées et fgures ultra-précises des deux danseurs) est de constater à quel point Phil Wizard s’éclate, admirant la souplesse des mouvements de son adversaire, l’encourageant encore plus fort que ses fans, l’embrassant entre chaque round. Il a même l’air franchement heureux quand Hong 10 est fnalement déclaré vainqueur. « Dès le départ, on s’est dit qu’on allait se retrouver en fnale. Quand je me suis lancé sur la piste, je voulais juste me faire plaisir et ofrir un bon spectacle à mon public, explique Wizard. Et surtout, montrer que l’important c’est l’amour, même sur la plus grande scène au monde. »
Alors qu’Hong 10 brandit la flamboyante ceinture dorée au-dessus de sa tête, Wizard savoure enfn cette sensation qu’il croyait autrefois inaccessible : lâcher prise et profter du moment, tout simplement. « Oui, j’avais déjà perdu des duels, mais pas à cause de mon adversaire. J’avais perdu parce que je ne croyais plus en moi », concède-t-il plus tard, alors que la foule est partie et que tous les projecteurs se sont éteints. Il ne se battait jamais contre quelqu’un d’autre mais contre lui-même et à ce titre, c’est en véritable vainqueur que Wizard quitte Paris.
Instagram : @philkwizard
LA T Ê TE HORS DE L’EAU
Dans son élément Bastien Murith à la piscine, à Oberhofen. La date de l’accident est immortalisée par un tatouage.
TEXTE CHRISTOF GERTSCH PHOTOS PETER RIGAUDStoïque
Tôt le matin, à la piscine d’Oberhofen. En travaillant chez SwissSki, Bastien Murith reste fidèle à son « ancien » sport.
En 2018, Bastien Murith était considéré comme l’un des plus grands espoirs du skicross en Suisse. Désormais, son objectif est de participer aux Jeux paralympiques. En tant que nageur. Entre les deux, il y a un tragique accident et une volonté inébranlable, prendre son destin en main.
Optimiste Bastien Murith vit son quotidien centré sur le sport avec un bonne dose d’humour et de ténacité.
La dernière chose dont se souvient Bastien Murith, c’est le dessert. Une panna cotta. Puis, c’est le black-out total. Tous les événements survenus dans les heures suivantes ont dû lui être rapportés.
En ce jour brûlant de juillet 2018, Bastien Murith, alors âgé de 23 ans, célébrait la fn de sa formation à l’ofce du tourisme de la ville valaisanne de Sierre avec son maître de stage. Espoir prometteur du skicross suisse, il venait de décrocher sa maturité professionnelle à l’école de sport de Brigue et s’apprêtait à entamer la préparation de la saison hivernale. L’envie lui prend alors d’aller se rafraîchir au lac de Géronde, non loin du restaurant, où il s’est déjà baigné à de nombreuses reprises.
Aujourd’hui encore, nul ne sait ce qui a bien pu se passer : a-t-il sauté ou peut-être trébuché avant de tomber dans le lac ? Ou tout autre chose ? Aucun témoin n’a assisté à la scène. Par chance, des collègues de Bastien se trouvaient au bord du lac au moment où il se démenait pour rejoindre lentement la rive. « Bastien fait encore le clown », s’étaient-ils dit au premier abord. Cela lui aurait ressemblé. Mais soudain, le désespoir se lit dans son regard. Ils l’aident alors à sortir de l’eau.
Bastien n’a certes jamais perdu connaissance, mais le simple fait qu’il soit parvenu à maintenir la tête hors de l’eau aussi longtemps et sans aucune assistance relève du miracle. Les lésions constatées plus tard à l’hôpital laissaient suggérer qu’il avait heurté une surface dure avec la tête droite comme un i, provoquant une fracture de la dernière vertèbre cervicale. La moelle épinière était partiellement sectionnée. Bastien a été immédiatement paralysé de la poitrine jusqu’aux pieds et ne pouvait plus bouger que les bras. « Si je n’avais pas été aussi afûté physiquement, dit Bastien Murith aujourd’hui, je me serais probablement noyé. »
Nouveau départ sans avertissement Opéré le soir même, l’intervention s’est prolongée jusque tard dans la nuit. Depuis, Bastien a recouvré la sensibilité tactile. Il peut tout percevoir sur l’ensemble de son corps, en dehors de la chaleur et du froid. La paralysie, elle, a persisté. Dans le jargon médical, on appelle ce qui lui est arrivé une tétraplégie, qui implique une paralysie afectant autant les membres supérieurs que les membres inférieurs. Elle se manifeste avec un degré de gravité variable en fonction de la lésion. Dans le cas de Bastien, les jambes sont entièrement paralysées, ainsi que la région du tronc et des hanches. Après avoir rencontré quelques difcultés initiales dans la motricité fne des mains, il est à nouveau capable de bouger ses membres supérieurs presque sans aucune limitation.
Quelques jours après l’accident (il venait d’être transféré de l’unité de soins intensifs à l’unité de soins ordinaires), il informait ses camarades de l’équipe nationale de skicross de son accident via WhatsApp. Le lendemain, à l’aube, Ryan Regez, colosse de 1,92 m pour 92 kg, se tenait dans l’entrée de sa chambre, en pleurs. Ryan, devenu champion olympique de skicross à Pékin quatre ans plus tard, était l’un des meilleurs amis de Bastien, avec qui il faisait souvent chambre
« Si je n’avais pas été en aussi affûté, je me serais probablement noyé. »
« Tu
as deux options.
Soit tu t’en vas. Soit tu t’arrêtes de pleurer. »BASTIEN MURITH À RYAN REGEZ
commune lors des stages d’entraînement. Il avait pris le premier train depuis Interlaken pour être à ses côtés. Bastien se souvient encore de son étonnement : comment avait-on pu laisser Ryan lui rendre visite de si bonne heure ? Plus tard, il a subodoré que Ryan avait simplement dû s’introduire dans l’hôpital sans se présenter à l’accueil. Bastien se réjouissait de cette visite, mais en apercevant les larmes dans les yeux de Ryan, il lui a dit spontanément : « Tu as deux options. Soit tu t’en vas. Soit tu t’arrêtes de pleurer et on passe un bon moment ensemble. »
Ryan Regez se souvient parfaitement de ce moment. « J’étais totalement sous le choc, relatet-il. J’étais triste et je pensais que ce qu’il vivait n’avait pas le droit d’arriver. J’avais tellement de peine pour Bastien. Mais c’est lui qui a fni par me remonter le moral. C’était lui l’homme fort. En principe, ça aurait dû être l’inverse, non ? »
Un bon réseau
Un sentiment que partagent bon nombre de celles et ceux qui ont côtoyé Bastien au cours des six dernières années. Il les surprenait, les impressionnait, les inspirait.
Anouk Vergé-Dépré, beach-volleyeuse et médaillée de bronze aux JO, en sait quelque chose. Elle a rencontré Bastien dans une salle de sport de Berne, deux ans après son accident. Il avait accepté un travail de bureau à la fédération suisse de ski et venait tout juste d’emménager en ville. Il ne connaissait pas grand monde, mais n’avait aucun mal à engager la discussion avec quiconque croisait son chemin. Y compris avec Anouk, qui l’a d’abord admiré pour sa franchise. « Tu peux tout me demander », lui disait-il. Elle était médusée de la facilité avec laquelle il parvenait à dissiper l’inhibition des gens qui le rencontraient, lui et son fauteuil roulant. C’était toujours lui qui se chargeait de faire tomber les barrières, alors qu’on pourrait attendre de la société qu’elle s’en charge pour lui.
Un an après avoir décroché la médaille olympique, la partenaire de beach-volley d’Anouk, Joana Mäder, s’est gravement blessée à l’épaule
et a longtemps craint ne plus jamais pouvoir fouler les terrains de sable. C’est Bastien qui, d’une certaine manière, a alors aidé Anouk à gérer l’incertitude qui pesait sur son avenir sportif. Elle raconte : « Son histoire a renforcé une certitude profondément ancrée en moi, probablement depuis des lustres, mais que je n’étais pas encore parvenue à verbaliser jusqu’à présent : Bastien était la preuve vivante qu’il valait mieux ne pas écouter les autres lorsqu’il s’agit de savoir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. »
C’est cette même impression qu’a ressentie un peu plus tard Ivo Staub, l’ancien nageur bernois de haut niveau devenu entraîneur. En voyant nager Bastien pour la première fois, Ivo se disait qu’il devait certainement s’entraîner depuis des années. En réalité, Bastien venait tout juste de débuter la natation. La natation ?
Le sport de compétition comme thérapie
Oui. Bastien Murith, né en 1995, qui a grandi dans la localité de Bulle près de Fribourg. Ce Bastien Murith, jadis grand espoir du skicross, est aujourd’hui nageur. Il a toujours été du genre à tout expérimenter. Enfant, il avait également pratiqué la gymnastique aux agrès, le volley-ball, le tennis, le football et le badminton. Dans les années qui ont suivi son accident, il ne s’est pas contenté de faire son retour sur la neige, il s’est aussi essayé au basket-fauteuil et au handbike. Tout lui plaisait ou, en somme, toute activité impliquant du mouvement, hormis peut-être les sports collectifs, qui l’intéressaient un peu moins, n’appréciant guère l’idée de dépendre de la performance des autres (et inversement, l’idée que les autres puissent dépendre de lui).
Son choix s’est fnalement porté sur la natation pour des raisons pragmatiques : il s’agit d’un sport qui peut s’exercer parallèlement à une activité professionnelle et qui se pratique en toute autonomie, sans assistance. Enfn, c’est une discipline qu’il découvre, évitant ainsi de se voir sans cesse rappeler les prouesses dont il était capable avant l’accident.
Lorsqu’il a commencé à nager, il se moquait bien d’être relégué loin derrière l’élite mondiale, plus loin, sans doute, qu’il ne l’aurait été dans la plupart des autres sports. Au contraire, il a puisé
La cible
Son objectif sur la scène sportive internationale: les Jeux paralympiques de 2028.
Un autre monde
Dans l’eau, Bastien Murith a trouvé une nouvelle liberté et peut déployer ses ambitions sportives.
« J’ai besoin du sport. C’est ça qui me permet d’aller de l’avant. »
dans cette situation une source de motivation supplémentaire. Son niveau est encore insuffsant pour prétendre à une qualifcation aux championnats du monde ou aux Jeux paralympiques. L’année dernière, il a néanmoins amélioré son temps de 15 secondes sur 50 mètres. Une progression presque incroyable sur une si courte distance. Bastien Murith vise les Jeux paralympiques de 2028 à Los Angeles. « Je ne vois pas ce qui pourrait l’en empêcher », estime Ivo Staub, qui est régulièrement témoin de l’énergie et de la confance de Bastien. Depuis six mois, Bastien s’entraîne avec lui plusieurs fois par semaine. Le week-end, il se perfectionne auprès de Martin Salmingkeit et Amin Jaza, les coachs de l’équipe nationale paralympique de natation. L’hiver prochain, Bastien va faire l’école de recrues de l’armée suisse réservée aux sportifs.
« J’ai besoin du sport, j’ai besoin d’un objectif », scande-t-il. Le sport lui a sauvé la vie en lui donnant les moyens de survivre à son accident. Aujourd’hui, le sport lui sauve à nouveau la vie au sens fguré. C’est dans la volonté de refaire du sport qu’il a puisé sa motivation lors de sa rééducation. 144 jours après l’accident, il renouait déjà avec la neige. Ses progrès physiques extraordinaires lui permettent désormais de mener une vie autonome : il vit seul, accomplit les gestes du quotidien sans aucune assistance.
C’est d’autant plus remarquable que la perte de son aptitude à marcher ne représente que la partie visible de ses nombreux handicaps. « Les gens pensent que si je pouvais remarcher, tout irait bien. Mais ils se trompent. » La tétraplégie afecte aussi la vessie et l’intestin, il a ainsi perdu le contrôle de ses urines et de ses selles. Lorsqu’il est de sortie avec ses amis, il repère les toilettes accessibles aux fauteuils roulants.
Toujours tourné vers l’avenir En discutant avec Bastien Murith, on remarque qu’il semble ne jamais se poser la question du « pourquoi ». Pourquoi était-il si passionné de ski jadis ? Pourquoi apprécie-t-il la natation aujourd’hui ? Mais surtout : pourquoi cet accident lui est-il arrivé ? Ce genre de questionnement ne l’intéresse pas. Il privilégie l’action à l’introspection et préfère se lancer des challenges plutôt que de tout remettre en question. Les choses sont comme elles sont.
Il est tout de même une question qu’il s’agirait d’éclaircir, elle émerge lentement vers la fn de l’entretien, alors qu’il était presque arrivé au terme de son récit : où Bastien va-t-il donc puiser la force pour toujours voir le côté positif des choses ? N’a-t-il jamais traversé des moments difciles ? Ou a-t-il juste réprimé sa soufrance (ce qui pourrait s’avérer problématique) ? Ou peut-être rechigne-t-il simplement à parler de lui
WINGS FOR LIFE WORLD RUN
Bastien Murith a été victime de son accident à l’été 2018. En mai 2019, il participe pour la première fois à la course Wings for Life World Run. Cet événement lui tient très à cœur, car tout le monde peut y participer. « Peu importe que tu coures, que tu roules ou que tu marches, on fait partie d’un tout. Il arrive parfois qu’on se laisse absorber par la communauté, au point qu’on en oublie son handicap l’espace d’un instant. J’apprécie notamment l’absence de ligne d’arrivée fxe. C’est comme dans la vraie vie : on ne sait jamais où se situe la ligne d’arrivée, mais ça ne nous empêche pas de donner le meilleur de nous-mêmes. »
Infos et inscriptions en scannant le code ci-contre.
(ce qui se comprend parfaitement) ? « Hey ! », rétorque-t-il joyeusement. Puis, d’un air nettement plus grave, il ajoute : « Bien sûr que ça m’a anéanti. Quand je me suis réveillé en soins intensifs le lendemain de l’opération, j’ai pleuré non-stop pendant trois jours. Mes parents, ma petite amie de l’époque, mes amis – tout le monde est venu à mon chevet. Il n’y avait pas grand-chose à dire. Ils étaient assis là. Je pleurais. Mais au bout d’un moment, je me suis dit : c’est comme ça maintenant. Je ne peux rien y changer. À quoi bon regarder en arrière ? Je dois regarder devant moi. » C’est précisément ce que fait Bastien Murith depuis lors : regarder devant lui. Ryan Regez ne le savait pas à l’époque, lorsqu’il se tenait dans l’entrée de la chambre de Bastien : son ami avait déjà fait le deuil de son ancienne vie. Ce qui ne signife pas qu’il n’a pas connu de moments douloureux par la suite. « Mais peut-être pas au sens où vous l’entendez, ajoute-t-il, à nouveau rieur. Quand il m’arrive d’être triste ou de mauvaise humeur, ce n’est pas parce que je me retrouve en fauteuil roulant. C’est pour les mêmes raisons que vous. Parce que ça m’emmerde d’aller travailler. Parce qu’une compétition ne se passe pas comme je l’espérais. Ou parce que je n’ai pas de copine le jour de la Saint-Valentin. »
Instagram : @murithbastien
UN BON BOL D’AIR
Soleil, air frais, eau glacée : la liste des bienfaits de l’environnement sur nos performances et notre santé est infinie. Voici dix conseils utiles d’Andreas Breitfeld, notre super biohackeur, pour profiter pleinement de futures excursions en plein air.
Sors de chez toi Et illico presto, s’il te plaît, car soyons réalistes : forêts, montagnes et autres cascades peuvent accomplir de véritables miracles.
CAMPING
IDÉAL POUR LE SOMMEIL
Dormir à la belle étoile est le meilleur moyen de remettre de l’ordre dans notre rythme circadien. L’idée est simple : calquer son rythme de sommeil naturel sur celui du lever et du coucher du soleil. Crois-en mon expérience, rien de mieux pour venir à bout des problèmes d’insomnie que deux ou trois nuits en plein air sans sources de lumière artifcielle ni perturbations électromagnétiques. Allez hop, on prend sa tente et son sac de couchage et on profte d’un bon sommeil réparateur. Tu peux évidemment en mesurer l’impact avec un tracker de sommeil de type Ultrahuman, mais croismoi sur parole, ça marche ! Et sachant que c’est avant 23 heures que sont sécrétées les plus grandes quantités d’hormones de croissance, le fait de t’endormir plus tôt rendra ta séance d’entraînement de la veille encore plus efcace.
Besoin de calme, de créativité et de concentration ?
Pose ton regard sur l’horizon !
SÈVE DE BOULEAU
FONTAINE DE JOUVENCE
Tu connais peut-être le xylitol, ou sucre de bouleau, cet édulcorant naturel très en vogue. Comme son nom l’indique, il est extrait de la sève de bouleau. Au printemps, les apports thérapeutiques de cette sève fraîchement pressée et extrêmement riche en électrolytes sont innombrables : manganèse, potassium, phosphore, magnésium, zinc, fer, sodium… Une véritable cure de jouvence aux vertus anti-infammatoires qui accélère également le processus de récupération après l’efort. N’hésite pas à extraire la sève toi-même en perçant un trou de la taille d’un petit doigt dans le tronc d’un bouleau à environ trois centimètres de profondeur et à peu près un mètre du sol, et en y insérant une tige en métal ou en verre avec un verre en dessous. N’en prélève pas plus de trois litres par jour, le but n’est pas de priver le bouleau de sa sève vitale !
Quand la teneur en oxygène de l’air pur et naturel diminue, le corps subit un stress momentané et réagit en renforçant le système immunitaire et les performances sur le long terme. Cet impact de l’entraînement en altitude tient notamment à l’augmentation de la production de globules rouges : pour fournir davantage d’oxygène, ceux-ci font monter le VO₂ max, autrement dit la capacité maximale du corps à absorber de l’oxygène. Plus les globules rouges sont chargés d’oxygène, plus les performances augmentent. Et ceci perdure même après être de retour dans la vallée. Si tu as envie de te faire une bonne session d’entraînement en altitude (et j’entends par là n’importe quel type d’entraînement d’endurance en altitude) : attends-toi à en ressentir les efets à partir de 1 500 mètres ; passé 2 000 mètres, l’impact de l’entraînement sera plus élevé, même à moindre intensité. 1 2 3
ALTITUDE
AIR RARÉFIÉ, EFFETS DÉCUPLÉS
Ça pépie sec ! Le chant des oiseaux améliore notre récupération.
Les sommets de la gloire
On s’entraîne encore mieux en altitude, en courant à plus de 1 500 mètres, surtout avec un sac à dos bien rempli.
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TERRE
REFAIRE LE PLEIN
Quand je parle de « terre », je parle des sols naturels et du fait de créer une connexion directe entre le corps (via la peau) et la planète (via la terre). Tout comme la terre, notre métabolisme est chargé d’électricité (cf. l’excellent ouvrage de Robert Becker, The Body Electric). Un véritable va et vient d’électrons s’enclenche chaque fois que corps humain et planète entrent en contact. Pourquoi cela est-il bon pour nous ? Parce que la terre est chargée d’électrons négatifs qui neutralisent les radicaux libres dans notre corps, ce qui prévient les infammations et nous permet de mieux récupérer. Beaucoup ont déjà ressenti cette sensation apaisante en marchant pieds nus sur une surface naturelle (de préférence dans un pré humide), dans des eaux naturelles (de préférence salées, ce qui augmente encore la circulation des électrons) ou encore en enlaçant un arbre (on peut le faire aussi bien à l’abri des curieux).
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REGARDER À L’HORIZON LE BIEN-ÊTRE À PORTÉE DE MAIN
Regarder au loin aurait des vertus apaisantes et développerait également la créativité et la concentration. La raison est relativement simple : quand nos ancêtres regardaient au loin et ne voyaient aucune menace, ils se sentaient en sécurité. Apaisé, notre système nerveux libère certaines ressources pour mieux se concentrer sur les tâches à venir (et oui, il ne pense ni à se battre ni à fuir). À ce propos, n’oublions pas le fameux « efet cathédrale » selon lequel nos aptitudes créatrices sont plus développées dans des espaces ouverts et élevés, voire même en pleine nature, que dans des espaces étroits et bas de plafond.
Va au lit au coucher du soleil, ton corps continuera de s’entraîner pendant le sommeil.
RUCKING
POURQUOI FAIRE SIMPLE…
Je fais rarement des promenades ou des randonnées sans sac à dos. Pourquoi ? Parce qu’en rajoutant du poids, je transforme chaque promenade et chaque randonnée paisible en entraînement cardio de zone 2. Mon truc, c’est d’emporter un sac à dos spécialement équipé et lesté de disques de musculation. Je transporte souvent entre dix et
quinze kilos sur le dos, et je pousse jusqu’à vingt quand je suis vraiment motivé. Le rucking (oui, même le fait d’ajouter du poids supplémentaire a maintenant son propre terme technique) est, selon moi, la manière la plus astucieuse de transformer une balade dominicale en famille en véritable exploit sportif. Si tu n’as pas de disques sous la main, mets simplement toute la nourriture et toutes les boissons de la famille dans ton sac à dos.
Bonne nuit !
Dormir dehors permet de calquer son rythme de sommeil sur le lever et le coucher du soleil. Le meilleur des remèdes contre les problèmes d’insomnie.
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PLANTES SAUVAGES
CUEILLETTE ET BIEN-ÊTRE
Consommer des plantes sauvages est un excellent moyen pour rester en bonne santé. C’est une médecine gratuite, disponible partout, toute l’année. Bien sûr, il faut s’y connaître pour éviter des efets contre-productifs. Je m’en tiens aux choses simples. Je m’intéresse particulièrement au concept de stimulation des organes de détoxifcation au moyen de substances végétales secondaires, présentes en quantité astronomiques dans les plantes sauvages : quand je me balade, je mâche de l’oseille, de l’achillée millefeuille ou du pissenlit. Quant au gaillet gratteron, on le trouve dans n’importe quel jardin.
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FORÊT
LE MEILLEUR DES REMONTANTS
Le simple fait d’aller faire un tour dans les bois permet de recharger nos batteries à tous les niveaux : la couleur verte apaise notre système nerveux, marcher pieds nus ou enlacer des arbres (voir conseil n° 4) réduit les infammations et le chant des oiseaux active notre nerf vague (une découverte de la Max-Planck-Gesellschaft). Résultat, notre corps se régénère et récupère mieux, et cela agit aussi sur la variabilité de notre fréquence cardiaque. L’air que nous respirons est chargé des terpènes provenant des arbres, ce qui renforce notre système immunitaire. Les terpènes sont d’ailleurs sensibles aux UV, donc plus la forêt sera sombre, plus l’air que nous respirons sera chargé de ces précieuses molécules odorantes.
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EAUX
JOIE LIMPIDE ET GLACÉE
Qui dit biohacking dit bains glacés. Chaque surface d’eau est donc une invitation à la baignade, quel que soit le moment de l’année. Première règle : toute température de l’eau inférieure à 18 degrés aura des vertus thérapeutiques sur la santé : réduction des infammations, augmentation de la production d’hormones comme la dopamine ou l’adrénaline, amélioration de la circulation sanguine. La durée idéale ? Une minute par degré Celsius. Les eaux en mouvements te sembleront plus froides, n’en fais pas trop dans ce cas. Des recherches sont également en cours concernant l’eau fnement vaporisée présente près des cascades. La lumière du soleil la transforme en ce que l’on appelle l’eau EZ, un condensé quasi-miraculeux qui stimule nos mitochondries, celleslà mêmes responsables du bon agencement des protéines de notre organisme. Va vite respirer un bon coup du côté de la cascade la plus proche !
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ÊTRE ENSEMBLE RETOUR AU BERCAIL
Pourquoi est-ce encore mieux de faire une randonnée en montagne avec ses ami·e·s et de s’asseoir autour d’un feu de camp, ou encore de faire une sortie en VTT en bonne compagnie plutôt que tout·e seul·e ? La réponse nous a été apportée par une étude menée depuis 1938, à l’université de Harvard. À l’origine, une simple question : quels facteurs sont réellement responsables de la longévité et du bonheur dans la vie ? Et la réponse vaut le détour : pour vieillir heureux euse et rester en bonne santé, il faut avoir une vie de couple harmonieuse et cultiver des amitiés profondes et durables.
OVNI À TRIBORD
Il semble tout droit débarqué de l’espace – et vole au-dessus de l’eau mû par l’électricité : le nouveau circuit de course de bateaux E1 Series teste le RaceBird, son innovant bolide aquatique. Et recrute ses nouveaux pilotes parmi des athlètes de haut niveau. Incursion sur le bootcamp.
TEXTE TRISTAN KENNEDY PHOTOS SHAMIL TANNALévitation
Ce n’est pas une façon de parler : le RaceBird flotte au-dessus de la surface de l’eau.
IL
a commencé par sauter en BMX depuis un hélicoptère sur le toit du Burj al Arab à Dubaï, un hôtel de 321 mètres de haut. Il a aussi fait des front fips dans un skatepark spécialement conçu pour lui, suspendu à une montgolfère fottant à haute altitude. Mais aujourd’hui, c’est dans un centre de loisirs que se trouve Kriss Kyle, 31 ans, l’un des meilleurs freestylers BMX de sa génération, pieds nus sur carrelage beige, au bord d’une piscine, et il a vraiment très très peur. Suffsamment pour l’admettre sans détour. « Je ne suis même pas bon nageur », dit-il d’une voie basse.
Mais qu’est-ce qui peut bien faire si peur à cet Écossais, qui vient tout de même des rudes contrées de Braveheart ? Eh bien, c’est la réplique en fbre de verre à taille réelle d’un cockpit de bateau de course, un appareil d’entraînement, dans lequel Kyle s’apprête à efectuer ce que l’on appelle un test de retournement, c’est-à-dire une simulation de chavirage. Tête en bas, sous l’eau et attaché à son siège, il va devoir réussir à attraper la prise d’air de secours afn d’ouvrir la trappe et de s’échapper – et rester le plus calme possible tandis que le cockpit se remplira d’eau.
Pourquoi quelqu’un comme lui, un pro accompli, tatoué sur tout le corps, avec un haut niveau d’expérience et de pratique dans son sport, irait-il s’exposer à ce genre de torture psychologique ? Tandis qu’il prend encore quelques minutes pour se mettre mentalement en condition, Claire Toohey, coach en bateaux à moteur, met les choses au clair : « S’il n’y arrive pas, il ne montera pas sur le bateau. C’est aussi simple que cela. » « Le bateau » dont parle Toohey porte le nom évocateur de RaceBird et est le premier bateau de course entièrement électrique au monde – et également le premier équipé d’hydrofoils : des structures en forme d’ailes
qui le soulèvent entièrement hors de l’eau quand il prend de la vitesse. Imaginé par la designeuse de yachts norvégienne Sophi Horne, cet engin futuriste zéro émission – mi-bateau, mi-chasseur X-Wing dans Star Wars – constitue le point de départ du nouveau circuit E1 Series, dont l’objectif est de révolutionner le monde de la course de bateaux. Une révolution qui passe par la transition vers l’électrique.
Nadal, Perez et Drogba – un crew de prestige
Outre ses atouts sur le plan écologique, les performances du RaceBird ont valu à l’E1 un intérêt manifeste de la part de personnes étrangères au monde de la course de bateaux. La star du tennis Rafael Nadal, le quarterback de football américain Tom Brady et la légende du foot ivoirien Didier Drogba ont tous rejoint le championnat en tant que propriétaires d’écuries. Le pilote de F1 Sergio Pérez de Red Bull Racing est également de la partie. Comme Marc Anthony, le roi de la salsa, et Steve Aoki, le DJ superstar. « Quand on voit ces bateaux électriques s’envoler, fotter dans les airs, on se croirait dans le futur », s’exclame Aoki.
Mais il n’y a pas que le prestigieux panel des propriétaires d’écuries qui fait de l’E1 un championnat d’exception, il y a aussi la procédure de sélection des
Virement de bord
Le rider de BMX freestyle Kriss Kyle juste avant sa première sortie avec le bolide aquatique.
pilotes : chaque écurie doit aligner un homme et une femme. C’est ainsi que 44 sportif·ve·s pro issu·e·s de disciplines diverses ont été invité·e·s à l’automne dans une académie d’entraînement unique en son genre, où iels se disputent actuellement une place sur la grille de départ. Des pilotes de rallye suédoises, des champions de jet-ski koweïtiens et même un vétéran espagnol du Mans : tous et toutes se sont retrouvé·e·s au camp d’entraînement du lac Majeur, au nord-ouest de Milan. Et ont réussi le redoutable test du plongeon. Sauf un.
Kriss Kyle ne peut plus reculer. Il grimpe dans la réplique de cockpit et s’attache. Et au bout d’à peine quelques secondes, c’est plié. Jurant et dégoulinant, il se laisse tomber sur le côté, sourire aux lèvres, avant de sortir en titubant pour aller se changer. C’est seulement à ce moment-là que la coach Toohey lui montre l’enregistrement d’un précédent test de plongeon, au cours duquel la championne de moto espagnole Laia Sanz s’est empêtrée dans son harnais et a dû être sauvée.
L’E1 a débarqué sur le lac Majeur en avril 2023, avec l’installation d’une base d’essais et d’entraînement sur la rive est, à Marina di Verbella. Et au milieu de tous les bateaux de plaisance amarrés dans la marina, le RaceBird semble tout droit débarqué de l’espace. Le rythme d’apprentissage à l’académie d’entraînement de l’E1 est à l’avenant du test : pour cette formation de cinq jours seulement, Claire Toohey a opté pour une méthode assez musclée.
Tout commence au sec dans une salle de classe, où les candidat·e·s se familiarisent avec des compétences de base, telles que l’amarrage et les nœuds marins. Ensuite, ils et elles embarquent tout d’abord sur un bateau de plaisance, puis sur un puissant bolide
de course du nom de Puma et enfn sur le RaceBird.
« Dans des circonstances normales, on ne ferait jamais les choses aussi rapidement, explique Toohey. C’est comme si vous passiez votre permis de conduire un jour, montiez dans une Ferrari le lendemain et conduisiez une Formule 1 le surlendemain. »
Le sifement des embruns, et le silence
C’est donc sans plus attendre que Kriss Kyle se retrouve ce jour-là sur un ponton en bois, à enfler une combinaison orange et à ajuster son casque blanc. Il aurait presque des airs de Luke Skywalker. Les foils restent immergés lorsque Kyle prend pour la première fois le volant du RaceBird et quitte la marina, derrière un bateau auxiliaire pétaradant. C’est Lino di Biase, vétéran de courses de bateaux et multiple champion du monde qui est à la barre de ce dernier. À ses côtés, l’ingénieur de course Dean Clark analyse, comme en F1, une quantité ahurissante de données de perf en temps réel. Une fois que le convoi a dépassé la côte, la coach Mathilda Wiberg appuie sur le bouton d’appel de son casque : « Okay, Kriss, tu peux y aller. »
Et il ne se fait pas prier ! Le bateau s’élève au-dessus du lac et on distingue aussitôt l’espace libre entre le dessous de la coque et la surface de l’eau. Mais, contrairement aux bateaux à moteur, il ne fait pratiquement aucun bruit. Il n’y a que le sifement des embruns pour troubler le silence.
Le rythme s’accélère, rendant le pilotage de plus en plus périlleux. Pour qu’il puisse atteindre sa vitesse maximale, le RaceBird doit voler en permanence sur les foils, y compris lors des changements de direction, ce qui exige un dosage délicat avec la pédale de
« Ma mission est claire : que ça envoie du lourd ! »
À couvert
Un dernier élément de protection est fixé. Une partie de l’équipe technique a travaillé en F1.
Focus
Vicky Piria vient de la course auto et va faire ses débuts en tant que pilote d’essai du RaceBird.
Impérial
Des lignes droites et des allures de missile – mais dans la pratique, le RaceBird est plus un amateur de courbes.
« Nous avons misé sur une concurrence acharnée. »
MATHILDA WIBERG, CHAMPIONNE DE MOTONAUTISME
animé – et constitue un parfait plaidoyer en faveur des véhicules nautiques entièrement électriques.
La première saison comptera sept courses et se déroulera dans des villes côtières mythiques telles que Monte-Carlo, Genève ou Rotterdam. La grande fnale aura lieu en novembre à Hong Kong. À Venise, où le championnat fera escale en mai, le maire a déjà promis de déroger exceptionnellement à la stricte limitation de vitesse de 20 km/h. Mais tout cela ne serait évidemment pas possible sans des pilotes entraîné·e·s et pleinement opérationnel·le·s pour la course.
Revenons-en donc à Kriss Kyle. « À chaque fois que l’on touche une vague, on le ressent vraiment dans son corps, déclare-t-il, à bout de soufe, après son premier passage. C’est une tension inimaginable ! J’étais agrippé au volant. Il m’a fallu pas mal de temps pour maîtriser le bateau – mais quand j’ai fni par y arriver, c’était génial. C’était exactement comme si je faisais un virage à plat en BMX et que je fonçais à toute vitesse dans une descente. »
Un bec aussi pointu qu’une aiguille
Mais qui se cache derrière le RaceBird ? C’est Sophi Horne, 28 ans, et sa start-up, Seabird. « Je me suis inspirée des oiseaux, dit-elle. C’est de là que vient tout l’aérodynamisme : il y a le bec de l’oiseau, aussi pointu qu’une aiguille, et les foils en guise d’ailes. »
puissance : si l’on va trop lentement, on ne génère pas assez de portance. Si l’on appuie trop fort sur la pédale, les foils génèrent au contraire trop de portance. Et si les foils sont trop proches de la surface, ils ne fonctionnent plus et le bateau fait un plat monumental en retombant dans l’eau.
Piloter en ligne droite en jouant sur la pédale est une chose, mais dès que Kyle essaie de négocier le moindre virage, il est déséquilibré. La coque s’écrase sur la surface de l’eau, une énorme gerbe d’eau jaillit et le bateau rebondit tel un dauphin joyeux. Pendant ce temps, Wiberg, la coach, se marre en silence depuis le bateau auxiliaire. « Kriss n’a même pas besoin d’appuyer sur le bouton “parler”, je l’entends râler d’ici ! »
Avec une vitesse max de 50 nœuds (92 km/h), le RaceBird ne pourrait pas rivaliser avec des bateaux de course traditionnels en ligne droite. Mais en E1, on préfère les courbes aux lignes droites. La force du RaceBird réside dans sa maniabilité, dans l’efcacité de son comportement dans les courbes – c’est précisément ce que Kyle est en train d’essayer de maîtriser – et dans le dynamisme que cela apporte à la course. Couplé à un son pratiquement réduit à néant, cela donne un bolide aquatique qui perturbe nettement moins la faune des lacs et des mers que les hors-bords habituels et qui ne nuit guère aux plages et aux bâtiments historiques situés à proximité de l’eau.
Traditionnellement, les courses motonautiques se tiennent au large. Les bateaux d’E1, en revanche, peuvent évoluer beaucoup plus près des côtes, ce qui, en toute logique, devrait attirer un public plus large. Avec huit écuries en compétition, quatre bateaux se succèderont sans interruption, ce qui promet un spectacle
En janvier 2019, Horne soumet son idée à Alejandro Agag, fondateur de deux championnats de courses de voitures électriques, la Formule E et la version tout-terrain Extreme E. L’épais carnet d’adresses de cet ancien député européen, gendre de l’ancien Premier ministre espagnol José María Aznar, rassemble de grands noms du sport et de la politique. Et celui de Horne aussi désormais. Quelques mois plus tard, il la contacte et lui propose un investissement. Avec l’aide d’Agag, Horne recrute du personnel pour sa jeune start-up, à commencer par le grand ami d’Agag, Rodi Basso, en tant que directeur technique. Ingénieur spatial de formation, Basso a – cela tombe bien – fait ses classes à la NASA et – cela tombe encore mieux –travaillé en Formule 1.
Et c’est lui, en défnitive, qui a l’idée du championnat d’E1, projet commun réunissant donc Basso en tant que directeur général, Agag comme président et Horne comme conceptrice principale. À l’instar des voitures de course électriques qui contribuent au développement des voitures électriques du commerce, ce projet permettra « d’accélérer le passage à l’électrique dans le secteur naval », afrme-t-il. « Alejandro et Rodi n’avaient qu’une seule exigence : que ça envoie du lourd ! », déclare Horne en riant.
Il ne faut pas longtemps pour que le prototype, qui envoie efectivement du lourd, soit mis à l’eau. Conjugué aux talents d’ingénieur de Basso et à la réputation d’Agag dans le domaine des courses de voitures électriques, il attire rapidement l’attention des investisseurs. À peine un an plus tard, le PIF, Fonds public d’investissement d’Arabie saoudite, a déjà acquis une part importante du championnat. Le PIF, qui a déjà investi d’importantes sommes dans des clubs de football saoudiens et acheté des stars comme Cristiano Ronaldo, est accusé de « sportswashing », c’est-à-dire de dépenser beaucoup d’argent dans des
« J’ai failli me retrouver la tête à l’envers. »
TIMMY HANSEN, PILOTE D’ESSAI
Voie de garage
Le pilote d’Extreme E Timmy Hansen avant son premier essai avec le RaceBird.
« J’ai essayé de le piloter comme ma voiture de rallycross », atil déclaré après coup. Grosse erreur !
sports en tout genre afn de faire oublier le piètre bilan du royaume en matière de droits humains. Des accusations de greenwashing sont également émises. Le professeur Carlos Duarte, un biologiste marin travaillant en Arabie saoudite, reconnaît que le bilan environnemental du circuit suscite inévitablement un certain scepticisme. Ce qui ne l’empêche pas de défendre l’E1 sans réserve.
« Nous devons faire front commun pour lutter contre le changement climatique, et la seule chose qui unit beaucoup d’entre nous, c’est le sport », dit-il. Avant l’E1, il a déjà travaillé avec d’autres instances sportives, comme le Comité olympique espagnol. Et ces longues années d’expérience lui ont appris une chose : « Le message passe toujours mieux quand c’est une star du sport qui parle du changement climatique ». Et Agag d’ajouter : « Si l’on tient compte du rayonnement des participant e s et des propriétaires d’écuries, nous aurons bientôt plus d’un milliard de followers sur les réseaux sociaux. » Reste encore à voir si l’E1 rencontrera le succès escompté. Mathilda Wiberg, 20 ans, championne suédoise de motonautisme, a pour mission de mettre les candidat·e·s au
casting des pilotes littéralement à la barre et de leur apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur les bateaux de course – d’autant plus que cela va souvent bien au-delà de toutes les expériences sportives extrêmes qu’iels ont pu vivre jusqu’à présent.
« J’ai essayé de le piloter comme ma voiture de rallycross, explique le pilote suédois d’Extreme E Timmy Hansen à propos de son premier passage à la barre du bateau d’entraînement Puma. J’ai attaqué le virage avec une bonne dose d’agressivité et j’ai essayé de drifter un peu, mais de toute évidence, c’était trop. J’ai failli me retrouver la tête à l’envers. » Lorsqu’il prend en main le RaceBird pour la première fois, Hansen ne parvient pas à éviter quelques plats spectaculaires. « Ça n’a rien à voir avec la conduite automobile et ça demande vraiment beaucoup de pratique », conclut-il.
À 200 km/h sur une autoroute cahoteuse
Oui, ce merveilleux engin aquatique est plus difcile à piloter qu’il n’y paraît. Et il semble aussi beaucoup plus rapide qu’il ne l’est en réalité. « Imaginez que vous rouliez à 200 km/h sur une autoroute cahoteuse au volant d’une voiture classique – eh bien, c’est exactement ce que l’on ressent à 40 nœuds. Et quand on retombe, c’est assez violent », déclare Hansen. Mais il ne tarde pas à prendre le coup de main et à son dernier passage de la journée, il en est à « Torque Map 5 », le mode le plus rapide du RaceBird.
Les journées d’entraînement sur le lac Majeur suivent un rythme bien spécifque, calé sur les pauses nécessaires pour recharger le RaceBird après chaque heure passée sur l’eau. Entre chaque passage, les candidat·e·s ont le temps de partager leurs expériences. « Tu es allé vite », dit Kyle à Hansen. « Peut-être trop », répond ce dernier. Flatterie entre concurrents – tous deux savent qu’ils pourraient bientôt être adversaires. Car Wiberg, la coach, afrme que jusqu’à présent, tous·tes l’ont beaucoup impressionnée : « Les pilotes de course automobile comme Timmy saisissent rapidement la manière la plus rapide de prendre un virage, mais Kriss est en revanche parfaitement stable sur les foils, ce qui lui vient probablement de la manière dont il garde l’équilibre sur son vélo. »
Les futur·e·s pilotes bénéfcient du fait que le bateau est piloté électroniquement, à la manière d’un avion à réaction. Le système Fly-by-Wire ne nécessite aucune force physique particulière, ce qui permet aux hommes et aux femmes de s’afronter à armes égales. Avec ses touches lumineuses violettes et vertes, le volant aux airs de manette de Xbox permet un pilotage particulièrement intuitif. « Mais c’est quand même très diférent de tous les véhicules que j’ai pu piloter dans ma vie », explique Lucas Ordóñez, ancien participant au Mans et lui-même propriétaire de bateau, qui s’entraîne avec Kyle et Hansen. Et il partage l’étonnement des autres :
« On ne fait pas de la navigation, là. On vole. »
Vicky Piria, une autre candidate en formation, a l’habitude de prendre en main de nouveaux véhicules, elle qui a participé à des championnats de Formule 3 et de GT, ainsi qu’aux W Series, un championnat exclusivement féminin qui a été abandonné depuis. Mais cela ne l’empêche pas d’être impressionnée face à un véhicule si novateur, d’autant plus que, lors des courses proprement dites, chaque bateau en aura
Recharger les batteries
Cockpit ouvert, le RaceBird flotte, et fait le plein de courant avant de repartir à l’assaut.
trois autres à afronter, dans une lutte qui ne pourra qu’être féroce. « Ce qui me préoccupe, ce sont les dépassements, le risque de collision, dit-elle. Ce sera encore plus impressionnant quand nous serons entourés d’autres bateaux. »
Piria a une certaine expérience des accidents à grande vitesse. L’année dernière, elle s’est cassé le coccyx quand la suspension de sa GT a lâché à 260 km/h. « Dès que je touchais aux freins, ma voiture était complètement incontrôlable », se souvient-elle. Pour ses parents, sa candidature à l’E1 n’est pas des plus rassurantes, bien au contraire : « Ils s’inquiètent du mariage entre eau et électricité ».
Mais la question bien naturelle de savoir comment mettre à l’eau une batterie à courant fort en toute sécurité a été résolue assez rapidement, comme l’explique l’ingénieur Dean Clark : la batterie consiste en « une boîte dans une boîte », suspendue à huit an-
crages dans son propre boîtier en fbre de carbone. En revanche, il a fallu des années pour trouver la forme parfaite pour les foils. Les premières versions avaient tout simplement été vissées à la coque d’un bateau préexistant. « On l’avait appelé “Frankie” – pour Frankenstein, se souvient la designer Sophi Horne. Il n’était vraiment pas beau. »
Les RaceBirds actuels, au contraire, incarnent la fuidité à l’état pur – même lorsqu’ils attendent, parfois encore en pièces détachées, d’être assemblés : l’immense entrepôt se situe à une courte distance en voiture de Marina di Verbella. Il y règne une activité intense : une équipe hautement qualifée gravite autour de cinq nouvelles coques en fbre de carbone aussi assidûment que des mécanicien·ne·s lors d’un arrêt au stand. « 90 % de ces gens travaillaient auparavant en Formule 1, en Formule E ou au Mans », explique le directeur technique des opérations, Chris Bluett. On ne sait pas encore si les pilotes pourront atteindre le même niveau de compétences – mais Claire Toohey, la coach en bateaux à moteur, est confante. « Ils sont tous habitués à assimiler un grand nombre d’informations en peu de temps. »
Le parfait équilibre, enfn
C’est le quatrième et dernier passage de Kyle au volant du RaceBird. Il s’est montré très prometteur, volant élégamment au-dessus de l’eau, maîtrisant parfaitement les commandes et maintenant le bateau dans un équilibre exemplaire. Même Mathilda Wiberg, la championne de motonautisme, est impressionnée depuis le bateau auxiliaire. « Ils ont tous atteint un niveau vraiment élevé à la fn de la formation, ditelle. C’était notre objectif pour le championnat. Nous voulions une concurrence acharnée dès le début. »
Les mécanicien·ne·s ne vont pas tarder à devoir recharger le bateau afn qu’il soit prêt pour les prochain·e·s candidat·e·s. Kyle, Ordóñez et les autres arrivent bientôt au terme de leur formation de base. Iels vont se replonger dans leur quotidien efréné sans savoir s’iels pourront un jour remonter à bord du RaceBird. Il reste encore à constituer les équipes, à établir les calendriers et à négocier les contrats. Le déploiement fnal est loin d’être décidé.
Sur le lac Majeur, Kyle efectue sa dernière boucle, tandis que Lino di Biase, technicien naval et fgure emblématique des courses de bateaux à moteur, scrute le chronomètre d’un air fasciné. Il a relevé et analysé les temps au tour de tous·tes les pilotes en test. Avant même que Kyle ne débarque, l’Italien laisse échapper un mélodieux « È bravo, questo ragazzo ». On n’aurait pas dit mieux – d’autant plus que c’est à peine la fn du premier acte.
Kriss Kyle a donc toutes ses chances. Mais les candidat·e·s ont été unanimes : c’est une énorme chance d’avoir pu participer. Qu’il soit efectivement sélectionné en E1 ou non, Kyle a vécu une expérience unique. « C’est déjà génial d’être sur la liste des personnes pressenties pour être pilotes – pour moi, c’était une grande première et c’était incroyable », dit-il. Lui qui n’est pas un grand fan d’eau, il envisage désormais d’acheter un bateau. « Peut-être même un électrique. » C’est ce qui s’appelle un virement de bord. e1series.com
Ton guide pour une vie loin du quotidien
VOYAGE, PLAYLIST, COURSE À PIED, ET AGENDA
L’AC75 Alinghi Red Bull Racing au large des côtes de Barcelone, où aura lieu la 37e America’s Cup.
C’EST PARTI !
ON MET LES VOILES !
Du vent, de l’eau, et le sens de la fête : visite à Barcelone avec les navigateurs d’Alinghi Red Bull Racing et le local Dani Pedrosa.
Difcile de dire quand Barcelone est devenue une cité de la voile. On retrouve sa trace au IIIe siècle avant J.-C., c’était alors une colonie romaine baptisée « Barcino » qui abritait un village de pêcheurs prospère. Depuis, la voile comme mode de transport a fait place à une activité sportive et de loisirs, et la capitale catalane est désormais l’une des villes portuaires les plus animées d’Europe. En contemplant la scintillante mer Méditerranée par cette chaude
tionales actuelles (la première édition remonte à 1851), c’est grâce à elle que se sont développées la plupart des innovations technologiques dans l’univers de la compétition sportive nautique. L’AC75 représente l’apogée de toutes ces années d’évolution avec son monocoque à foils en fbre de carbone et sa propulsion « à l’ancienne » à la force du vent et des muscles. journée de novembre, on réalise que les voiliers fniront bientôt par voler.
Ils ne volent pas vraiment, bien entendu, mais lorsque ces éclatants vaisseaux de 22 mètres de long flent dans les airs à environ 90 km/h, le gouvernail et les ailes (oui, je dis bien les ailes) semblent à peine efeurer les eaux. L’AC75 est l’un des voiliers les plus modernes qui participeront à la 37e America’s Cup en octobre 2024. Doyenne des compétitions sportives interna-
Dani Pedrosa, légende du MotoGP et fier Catalan, a rendu visite à l’équipe d’Alinghi Red Bull Racing à Barcelone.
Le port de Barcelone, où se trouve la base d’Alinghi Red Bull Racing.
Quatre membres de l’équipage forment le Power Groupe (groupe de force). Également appelés « cyclors », ces derniers pédalent à toutes vitesse sur des engins faisant ofce de treuils pour activer le système hydraulique et régler les voiles tout en maintenant la coque hors de l’eau. Les quatre autres se partagent les tâches de barreurs, trimmer et pilote. Le neuvième équipier est lui aussi un habitué de la vitesse, mais sur d’autres terrains : Dani Pedrosa, pilote de moto et multiple champion de Moto GP, a été invité à bord.
Lorsque le monocoque accoste, Pedrosa en descend avec un large sourire. S’il vit actuellement en Suisse, le pilote est né à Sabadell, à une demi-heure de route au nord de Barcelone. Il a vécu quelques-uns des plus grands moments de sa carrière sportive ici, sur le circuit de Barcelona-Catalunya et est pas-
sionné de sports nautiques.
« J’ai commencé la planche à voile à l’âge de douze ans, dit-il. Il y a quelques bons spots dans le coin, comme Castelldefels au sud ou Gérone au nord, mais il n’y pas beaucoup de vent, donc le foil reste la meilleure option. »
Voici ses premières impressions : « J’étais très surpris de constater combien les mouvements du bateau étaient lisses et stables. »
Les locaux d’Alinghi Red Bull Racing ofrent une vue imprenable sur le port. À l’intérieur de ce bâtiment le prototype fnal du monocoque AC75
S’Y RENDRE
Il existe un grand nombre de vols au départ des aéroports suisses pour Barcelone. Pour celleux qui arrivent en bateau : la saison de la voile s’étend de mai à octobre. Plusieurs marinas de luxe sont accessibles.
est fgnolé : des voiles au gréement en passant par les vis et les boulons, tout doit être parfaitement fxé.
Les règles de l’America’s Cup prévoient que tous les membres de l’équipe suisse soient d’origine suisse. L’équipe a donc déménagé à Barcelone pour se préparer. Ancien rameur olympique originaire de Lausanne, Barnabé
Delarze habite ici depuis août 2022. « Je suis immédiatement tombé amoureux de la ville, on peut y faire du vélo, du jogging le long de la plage, du beachvolley et tout le monde fait du padel. Barcelone est une ville très sportive. » Ancien champion du monde de catamaran à foils, Nils Theuninck a quitté sa commune de Pully venir ici.
Les navigateurs pros Franco Noti et Barnabé Delarze explorent la plage et la promenade à vélo.
Espagne« À vélo, j’adore suivre la route qui monte au Tibidabo, dit-il en pointant la colline qui domine la ville au nord-ouest. Il y a plein de petites rues qui descendent dans les montagnes et les forêts du parc naturel de Collserola jusqu’à la ville de Cervelló. »
Un troisième cyclor, Franco Noti, vient d’arriver de Berne :
« Ce qui me plaît le plus ici, c’est les skateurs à tous les coins de rue, et je peux aller au stade voir les matches du FC Barcelone. Quand on a la chance d’habiter dans la ville d’un des plus grands clubs de foot, il faut en profter. »
En accueillant les Jeux en 1992, Barcelone s’est imposée comme capitale incontournable du sport mondial. Un magnétisme qui persiste.
« Depuis le Montjuïc, colline sur laquelle se tient le stade olympique, on a une vue à
L’AC75 survole la Méditerranée au large de Barcelone.
Faire la fête et se détendre : sur la plage, on peut faire les deux.
couper le soufe », s’extasie Delarze. L’euphorie atteindra son apogée en août, lors de la dernière régate préliminaire, puis de la Coupe Louis Vuitton qui décidera quelle équipe aura le privilège de défer les détenteurs du trophée, la Nouvelle-Zélande, en octobre.
« Il va y avoir du monde, prévoit Theuninck. Pour moi, c’est un immense honneur de savoir que tant de personnes viennent ici juste pour nous voir. Je suis prêt à donner le meilleur de moi-même. » D’ici là, Alinghi Red Bull Racing n’aura pas beaucoup de répit.
37 E AMERICA’S CUP
Assister à la plus grande course de voile au monde
Lieu : Village de l’America’s Cup, Port Vell, Moll de la Fusta, Barcelone. Entrée gratuite.
Dates :
22 août
cérémonie d’ouverture
22 au 25 août
régates préliminaires
29 août au 7 octobre
Coupe Louis Vuitton (Coupe des challengers)
12 au 27 octobre
duel pour la 37e America’s Cup Louis Vuitton americascup.com
AUTOUR DE LA COUPE
S’occuper pendant un séjour à Barcelone.
Visiter : MMB
Quoi de mieux qu’une visite du Museu Marítim de Barcelone dans une ancienne cale sèche pour parfaire vos connaissances nautiques avant la course ? mmb.cat
Manger : Sal Mar
Profitez d’un moment de détente en terrasse avec vue sur la plage et sur la course en dégustant des fruits de mer locaux et une bonne sangria. restaurantsalmar.com
Sortir : Bobby’s Free
Découvrez ce petit bar bien caché derrière la façade d’un salon de coiffure des années 1930. Les martinis sont à tomber ! bobbysfree.com
TA COURSE TON RYTHME
UN BUT
Le 5 mai 2024 aura lieu la Wings for Life World Run : Philips Sports Headphones est partenaire de cet événement mondial, et une aide précieuse pour atteindre ton objectif perso.
La musique et la course vont décidemment bien ensemble. Motiver les gens, les aider à maintenir leur forme physique et mentale : c’est aussi ce qui a poussé Philips Sports Headphones à soutenir la Wings for Life World Run. L’objectif commun est de trouver un remède aux lésions de la moelle épinière. Les neurosciences ont en outre démontré que nous adaptons nos mouvements au rythme de la musique : c’est dans ce contexte que Philips Sports Headphones a développé un casque de sport sans câble et à conduction osseuse (technologie Open Ear). Ultra léger et robuste, il permet d’entendre les sons de notre environnement –sans renoncer à une sonorité fdèle, avec des basses claires et puissantes. En bonus : il est parfaitement indiqué pour l’App Run Wings for Life World Run
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CASQUE SPORT PHILIPS À CONDUCTION OSSEUSE
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PARTICIPATION
Les inscriptions sont ouvertes sur wingsforlifeworldrun.com
LE CONCEPT
Le coup d’envoi est donné à 11 heures UTC. Trente minutes plus tard, la Catcher Car (qui symbolise la ligne d’arrivée) s’élance à la poursuite des participant·e·s : le dernier ou la dernière à se faire rattraper remporte la course.
LA CHASSE
Les Catcher Cars accélèrent progressivement leur vitesse. Dès qu’un·e participant·e est rattrapé·e par la voiture, il ou elle est éliminé·e et sa distance parcourue est automatiquement comptabilisée.
LES DISTANCES
Il y a sept grandes courses ofcielles (Flagship Runs) organisées sur six continents. Mais l’on peut, via l’App Run Wings for Life World Run, participer aux quatre coins du monde.
LA MISSION
100 % des frais d’inscription sont reversés à la recherche sur la moelle épinière dans un objectif commun : trouver un remède à la paraplégie.
PHILIPSFergie GLAMOROUS (2006)
« C’est tellement intemporel ! J’adore l’énergie que Fergie met dans la chanson et celle qu’elle représente. C’est un bel aperçu d’une vie agréable, mais on peut aussi l’interpréter selon d’autres perspectives. J’ai été époustoufée lorsque je l’ai entendue pour la première fois. Il n’y a rien de comparable à cette chanson aujourd’hui. On dirait qu’elle manifeste la paix. »
Mariah Carey IT’S LIKE THAT (2005)
« Mariah est une reine, elle incarne le glamour et n’a pas froid aux yeux. Lorsque cette chanson est sortie, j’ai eu l’impression de la célébrer avec elle. Il s’agit d’être qui l’on est, d’être fère de soi, et c’est très important. Cette chanson est tellement bizarre que je me suis dit : “C’est trop cool.” On se dit : “Quoi ? Mais c’est tellement beau en même temps.” »
DROIT DANS LE MILLE
Ex prodige du tennis, la rappeuse Tkay Maidza cite quatre groupes et artistes dont la force de frappe l’a impactée.
ACe code QR te mènera tout droit vers la playlist Spotify de (et avec) Tkay Maidza.
vec son débit rapide, sa musique versatile et son style visuel attrayant, Takudzwa Victoria Rosa alias « Tkay » Maidza est une force sur laquelle il faut miser. Née à Harare, au Zimbabwe, élevée en Australie et aujourd’hui résidente de Los Angeles, cette jeune femme de 28 ans a renoncé à des carrières potentielles dans le tennis et l’architecture pour apporter au monde sa marque inventive et expérimentale de rap alternatif. Le deuxième album de Maidza, Sweet Justice, produit par Kaytranada, lauréat d’un Grammy, a marqué son arrivée sur la scène musicale internationale. Il combine hip-hop, R&B, funk et pop industrielle pour ofrir des mélodies accrocheuses et des scènes dramatiques. Maidza cite ici quatre titres qui ont jalonné sa voie vers le succès.
The Internet GIRL (2015)
« Une musique sur laquelle je pourrais danser, mais aussi m’endormir, lire un bouquin ou bien faire le ménage… C’est une ligne directrice importante pour mes propres chansons, cette énergie tranquille. C’est là que se trouvent les meilleurs artistes. Girl est une chanson qu’on peut apprécier dans un club, mais aussi seule. Va l’écouter sans attendre! »
Janet Jackson
IF (KAYTRANADA REMIX) (2012)
« Lorsque j’ai entendu ce fip de Kaytranada pour la première fois, j’ai été blufée. C’est comme l’avant-garde de l’électro, où les gens n’avaient pas conscience des producteurs, et où ces derniers n’avaient pas conscience d’être des artistes. Travailler avec lui sur mon LP était un objectif de longue date. Il sonne comme personne et a créé son propre genre dans la house. »
Un festival à ton goût.
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RENTRE DANS LE FLOW !
Fêtons le retour du printemps avec Florian Neuschwander : le coureur d’ultra-marathon nous explique comment être au top.
L’Allemand de 42 ans ne fait rien comme tout le monde. Pizzas et dessserts après l’entraînement ? Check. Bras tatoué ? Check. Moustache ? Check. Courir au feeling ? Check.
Du haut de son 1,67 m, Flo Neuschwander n’est peut-être pas le plus grand, mais sur la route, il domine, quel que soit le terrain ou la distance. Sa spécialité ? L’ultra-marathon. En 2015, il remporte son premier Wings for Life World Run en Allemagne pour une distance totale de 74,5 km. Par la suite, il enchaîne les victoires. Mauvaise nouvelle pour la concurrence : Flo a fait appel à un entraîneur. Une nouveauté qu’il met sur le compte de la paresse : « Plus besoin de passer mon temps à réféchir où et quand courir. Mon coach entre tout ça sur ma smartwatch et examine mes données après. » Même s’il ne faut pas s’étonner qu’il décide fnalement de n’en faire qu’à sa tête. Voici ses six conseils pour être au top sur la ligne de départ du Wings for Life World Run ou de toutes les autres courses.
CONSEIL N° 1
UNE PLAYLIST POLYVALENTE
« Beaucoup écoutent des podcasts pendant l’entraînement. Pas moi. À la place, j’ai créé quatre playlists Spotify intitulées “Lent”, “Facile”, “Rapide” et “Explosif”. Tu peux les écouter gratuitement en tapant mon nom dans la barre de recherche, Run with the Flow. Pour un jogging matinal de 10 km, je mets la playlist “Lent”, avec entre autres Jack Johnson, de la surf-music qui détend. Avec la playlist “Facile”, on rentre dans le rock, mais pas du hard : on est sur des mélodies pop, comme les Foo Fighters. Pour les entraînements plus intensifs, je me mets en mode “Rapide” avec des groupes bien pêchus du style Gaslight Anthem, The Killers ou Feine Sahne Fischflet et même un peu de ska, mais genre indé ou alternatif. Et quand c’est le moment de tout donner, je passe à la playlist “Explosif” : là on va vers du metalcore genre Bullet for My Valentine, un peu de punk, des rifs de guitare bien nerveux type From Autumn to Ashes. »
CONSEIL N° 2
UNE PAUSE ET ÇA REPART
« Quand je n’ai plus rien dans les jambes, je me rappelle d’autres courses ou de certaines séances d’entraînement tout aussi dures où je n’ai rien lâché, même si j’étais dans le creux de la vague. Ça m’est arrivé d’arrêter ma course pour marcher sur quelques mètres si nécessaire. Question de survie. Après 500 mètres, l’énergie revenait et je pouvais repartir. Quand on fait le Wings for Life World Run, on ne sait jamais vraiment à quelle distance sont les autres meilleurs coureurs, donc je cours jusqu’au bout de mes limites parce qu’au fnal, chaque mètre peut faire la diférence. »
CONSEIL N° 3
À GAUCHE OU À DROITE ?
« Je cours énormément, et parfois, je n’en ai aucune envie (oui, ça m’arrive aussi). Dans ces moments-là, je sors
Coach to go L’appli Wings for Life World Run fournit des conseils d’entraînement.
découvrir de nouveaux parcours : je commence comme d’habitude et d’un coup, je bifurque à gauche plutôt qu’à droite, histoire de me laisser surprendre. On peut aussi se lancer des petits défs pour se motiver : les applis de course comme Strava afchent les records d’autres sportifs sur certaines portions de parcours, je me lance comme objectif d’essayer de les battre, ou alors je suis des itinéraires tracés par d’autres. Instagram est aussi une bonne source d’inspiration, il y a pas mal d’athlètes qui publient des séances d’entraînement que je n’ai encore jamais essayées. »
CONSEIL N° 4
FIDÈLE À MON RESTAU
« Je suis végétalien depuis quatre ans et de temps en temps, je ne dis pas non à un paquet de chips ou une tablette de chocolat. Je ne suis pas un grand fan des régimes stricts, mais il y a une règle que je respecte à la lettre : ne jamais faire de nouvelles expériences culinaires avant une course. La veille de la compétition, allez chez votre italien préféré plutôt que dans un nouveau restau. Mieux vaut manger un plat qu’on connaît par cœur et que le corps est habitué à assimiler. Par exemple, le Wings for Life World Run commence à 13 heures, donc je vais me lever à 8 heures et prendre mon petit-déjeuner une heure plus tard, soit une tartine au beurre de cacahuète et banane accompagnée d’eau et d’un café allongé. À 11 heures, je reprendrai une barre énergétique et peutêtre encore une demi-banane un quart d’heure avant le départ. Et par grandes chaleurs, penser à emporter des capsules de sel. »
TEXTE MARC BAUMANN PHOTO NORMAN KONRADCONSEIL N° 5
COURS MOINS LOIN, MOINS VITE, ET NE NÉGLIGE PAS LA RÉCUPÉRATION
« On n’atterrit pas miraculeusement sur une course de longue distance en s’entraînant à la dernière minute mais au terme d’une longue préparation dans les semaines précédant la compétition. Pour être sûr de franchir la ligne d’arrivée, je commence à m’entraîner environ douze semaines avant la course. Un
débutant devrait courir trois fois par semaine et ajouter quelques sorties à vélo ou de longues marches pour varier les eforts et alterner les séances d’entraînement intenses et modérées. Mon conseil pour les plus expérimentés : se forcer à courir plus lentement. La plupart vont trop vite sur les longues distances. Et ne jamais négliger le temps de récupération ! Pour le Wings for Life World Run, je vais faire plus de 60 km ; j’ai
Regard neuf Florian se pose en précurseur d’une nouvelle génération d’athlètes qui remet certaines règles archaïques en question.
donc prévu mon dernier gros bloc d’entraînement huit à dix jours avant la course. Une semaine avant, je me contente d’une session moyenne et d’une séance de courte durée. Un jour avant, de nouveau quelques kilomètres de jogging avec de courtes pointes d’accélération pour activer l’organisme, c’est tout. »
CONSEIL POUR LE PUBLIC MENTIR NE FAIT PAS DE MAL
« Pendant la course, c’est génial de se faire acclamer par des centaines de personnes des deux côtés de la route. Je n’ai rien contre les cris d’encouragement ou la petite tape dans le dos pour la motivation. En revanche, un type qui court à côté en te racontant sa vie quand tu es déjà à la limite, c’est lourd. C’est super que les amis et la famille viennent te soutenir, mais il vaut mieux s’assurer d’abord de l’état physique et mental des coureurs. Les encouragements du genre : “T’as l’air en forme, donne tout”, c’est gentil, mais ça ne sert à rien. Ce qui m’aide, c’est qu’on me dise à quelle distance sont mes concurrents, ça me permet de puiser dans mes réserves et là, ça ne me dérange pas qu’on me mente un peu, histoire que j’accélère. »
PARTICIPE !
Le 5 mai prochain, partout dans le monde, des centaines de milliers de personnes participeront simultanément à cette grande course caritative. Tous les gains seront reversés à la recherche sur les lésions de la moelle épinière à la fondation Wings for Life. Pour t’inscrire à l’App Run ou au Flagship Run à Zoug, scanne le code QR !
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Votre affliation à la Fondation suisse pour paraplégiques permet à des personnes paralysées médullaires de mener une vie d’athlète. Merci pour votre solidarité. paraplegie.ch
TOUT DONNER
Ne manque pas ces événements passionnants pour le début du printemps.
5
MAI
WINGS FOR LIFE WORLD RUN
En collaboration avec les étudiant·e·s de la Sports Management School de Lausanne, la Wings For Life World Run organise un App Run Event à Lausanne, le long des magnifques rives du Léman. Alors si tu es motivé, mais que tu ne veux pas courir seul, inscris-toi pour l’App Run et rejoins la team WFLWR Event Lausanne. Le lieu de départ et toutes les informations nécessaires concernant le jour J te seront transmises par e-mail. wingsforlifeworldrun.com
Sois de la partie le 5 mai, avec Marco Odermatt et Simon Eham.
13
AU 15 AVRIL WATCHES AND WONDERS
Des montres, des montres, encore plus de montres. Genève invite cette année le public à son salon horloger, à Palexpo, où 54 fabricant·e·s présentent leurs innovations et leurs modèles classiques. Des visites guidées permettront d’en savoir plus sur les métiers fascinants de l’horlogerie et le LAB interactif donnera un aperçu de l’avenir des garde-temps. watchesandwonders.com
28
AVRIL
RED BULL RIFT RULERS
Les meilleur·e·s joueur·euse·s de Fortnite du pays s’afrontent à nouveau. Des règles spéciales s’appliquent sur la carte du Röstigraben, créée spécialement pour l’occasion. Pour savoir si la Suisse romande vengera sa défaite face à la Suisse alémanique en 2023, rendez-vous en direct au Red Bull Gaming World au Musée Suisse des Transports à Lucerne ou sur : twitch.tv/redbullswitzerland
8
AU 13 AVRIL SWATCH NINES
Les meilleur·e·s freeskieur· euse·s et snowboardeur·euse·s au monde se retrouvent pour la deuxième fois au Schilthorn, au-dessus de l’idyllique ville de Mürren, pour la session annuelle de Progression, connue pour son design révolutionnaire de snowpark, ses moments viraux et l’évolution des sports de neige. Pour la clôture, le samedi 13 avril, le public est bienvenu ! thenines.cc
20
AVRIL
RED BULL BC ONE CYPHER SWITZERLAND
Les quatre meilleures B-Girls et les seize meilleurs B-Boys helvétiques seront au Red Bull BC One Cypher Switzerland pour enfammer la Halle 622 de Zurich lors de la plus importante compétition nationale de breaking en solo.
Billets, infos et le Guide to Breaking sur : redbull.com/bconeswitzerland
3
AU 4 MAI
ÖKK BIKE REVOLUTION CHUR
Le parcours de cross-country passe par la vieille ville de Coire, non seulement la plus ancienne ville de Suisse, mais aussi la ville natale de Nino Schurter. La course part du centre historique, traverse la vieille ville et revient au centre sur des trails exigeants. En plus de l’attrait du paysage, la course accueille des coureur·euse·s internationaux·ales de haut-niveau. Découvre comment la ville alpine tranquille se transforme en un grand festival de VTT ! bike-revolution.ch
8 MAI
SWISS MUSIC AWARD
La puissance des femmes aux Swiss Music Awards : Melanie Winiger (photo), aux multiples talents, et la productrice
Annina Frey seront à la tête de la plus importante remise de prix musicaux de Suisse cette année. Les talents et artistes seront récompensé·e·s dans douze catégories.
swissmusicawards.ch
MENTIONS LÉGALES
Directeur de la publication
Andreas Kornhofer
Rédacteur en chef
Andreas Rottenschlager
Directeur exécutif de la création
Markus Kietreiber
Direction créative
Erik Turek (dir.), Kasimir Reimann
Maquette
Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Miles English, Kevin Faustmann-Goll, Carita Najewitz, Tara Thompson
Rédaction photo
Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.), Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör
Gestion de la rédaction
Marion Lukas-Wildmann
Managing editor
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Global content
Tom Guise (dir.), Lou Boyd
Publishing management
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Directeur ventes médias & partenariats
Lukas Scharmbacher
Direction artistique commerciale
Peter Knehtl (dir.), Lisa Jeschko, Martina Maier, Julia Schinzel, Florian Solly
Direction des op. éditoriales
Sigurd Abele
Direct to consumer business
Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm, Melanie Schmid, Yoldaş Yarar (abo) Management vente et projets spé.
Klaus Pleninger, Florian Pötzelsberger
Fabrication & production
Veronika Felder (dir.), Martin Brandhofer, Walter
O. Sádaba, Sabine Wessig
Iconographie
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Assistante du mngt général
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De jeunes talents suisses écrivent ici sur des thèmes qui les gardent éveillés et leur tiennent à cœur, en leur donnant un twist positif.
Malick Reinhard 1 personne sur 5 est handicapée : il est temps de changer notre regard
Plongeons dans le vif du sujet sans passer par quatre chemins – aucun d’eux ne serait vraiment accessible. Je suis handicapé. Physique. Tétraplégique, mais sans paralysie. Et, vivre avec un handicap, c’est un peu comme être abonné à un service exclusif dont personne ne veut vraiment, mais qui t’ofre des perspectives uniques sur le monde. Je suis loin d’être un cas isolé en Suisse, puisque 1,8 million de personnes vivent avec un abonnement au handicap. Pourtant, malgré ces chifres, alors que nous représentons une personne sur cinq
dans le pays, notre présence dans le paysage social semble encore relever de l’exception culturelle plutôt que de la norme. Pour l’Organisation mondiale de la santé, le handicap englobe des limitations variées ; des difcultés motrices aux troubles d’apprentissages comme la dyslexie. Bref, c’est tout ce qui, par rapport à la majorité des gens, te fait rencontrer des difcultés dans ton quotidien.
La jeunesse, avec ou sans handicap, est une quête d’identité, de connexions, d’expériences. Pour ma part, cette quête est ponctuée de défs supplémentaires, non pas tant par les limites physiques imposées par mon corps, mais plutôt par les barrières mentales bien ancrées dans la société. Tout au long de ma vie, j’ai dû fournir des eforts constants pour m’intégrer à cette société que l’on qualife de « valide ». C’est à moi de faire le premier pas, d’aller vers les autres, au risque de rester isolé dans ma « bulle de handicapé ». Car même si les choses évoluent, les personnes en situation de handicap restent bien souvent perçues comme « anormales ».
« Vivre avec un handicap, c’est un peu comme être abonné à un service exclusif dont personne ne veut vraiment. »
En fauteuil roulant, ou avec toute autre limitation, ta vie sociale, c’est un peu comme Tinder… avec une photo de ton Maine coon au lieu de ta belle gueule d’ange ; c’est « trop chou », mais c’est tout. Tu dois te vendre deux fois plus, juste parce que les premières impressions sont souvent faussées par ton moyen de locomotion, ta canne blanche, où ce regard qui s’égare.
Mais pourquoi est-ce toujours à nous de nous adapter ? Pourquoi les personnes sans handicap ne feraientelles pas également des eforts pour « dénormaliser », ou « élargir » leur vision du monde, et des autres ? Mon handicap n’est qu’une variation parmi la grande diversité de l’espèce humaine.
Les gens tremblent à l’idée de devenir mes « soignants » plutôt que mes potes ou mes crushs. Et, franchement, au-delà du fait que je n’ai pas besoin d’être « soigné », c’est lourd. Comme si ma recherche d’amitié ou d’amour se résumait à trouver quelqu’un pour me fler un coup de main, physique. Spoiler : ce n’est pas le cas. J’ai quatre auxiliaires de vie pour ça, et sans aucun diplôme en soins. Ce que je cherche, c’est ce que tout le monde cherche : de la connexion, du fun, des souvenirs mémorables, pas un entretien d’embauche pour un poste d’auxiliaire.
Ce que je cherche à souligner ici, c’est l’absurdité de la peur de « devenir soignant » simplement en tissant des liens avec quelqu’un en situation de handicap. Si l’amitié et l’amour consistent à être là l’un pour l’autre, alors cette peur est non seulement infondée, mais elle révèle un manque fagrant d’ouverture. Les mentalités commencent heureusement à évoluer, comme elles l’ont fait pour les droits des femmes, des homosexuels, des trans ou des personnes racisées. Mais le chemin est encore long. Nous ne demandons pas la pitié ou la charité, juste un peu plus d’ouverture d’esprit et de bienveillance.
Par contre, parler de « ça », le handicap, c’est essentiel, car les chifres ne sont pas anodins : 80 % d’entre nous vivent avec un handicap invisible (trouble dys, anxieux, maladie, syndrome…). Seuls 3 % sont en fauteuil roulant comme moi. Et 85 % des handicaps surviennent à la suite d’un accident ou d’une maladie, plus tard dans la vie. Donc, oui, je suis handicapé,
mais je suis aussi ce pote qui va te refler les dernières séries à binge-watcher, te mettre la raclée à Mario Kart, ou débattre des heures sur la venue d’AC/DC au Letzigrund de Zurich.
Je ne te demande pas de révolutionner ta perception du jour au lendemain, mais simplement de considérer que derrière le terme « handicapé », il y a des individus, avec des aspirations, des rêves, des frustrations et des joies qui ne demandent qu’à être partagés. L’inclusion commence par un regard, un sourire, un geste simple. Et si nous commencions par là ?
L’humour, le lâcher-prise et l’autodérision sont souvent mes compagnons de route dans cette vie. Lors d’une intervention dans une école, je me suis retrouvé bloqué devant une marche. Les élèves ont rapidement formé une équipe improvisée pour construire une rampe avec des cartables usés. Un moment d’inventivité qui nous a rapprochés.
Le journaliste indépendant de 25 ans a, entre autres, collaboré au Temps. Pour la RTS, il produit Groupe 24, un podcast à cinq voix chargé de tenir le journal de bord de l’année 2024.
Ou alors, imagine la scène : moi, tentant de naviguer dans un monde conçu par et pour les valides, créant malgré moi des situations dignes d’une comédie de situation. C’est dans ces moments que l’on réalise l’absurdité de certaines barrières sociales et physiques. L’humour devient alors un pont entre les mondes, une invitation lancée à tous à rejoindre la danse, à rire ensemble de ces absurdités et, ce faisant, à les démanteler pièce par pièce.
En couple depuis près de quatre ans, ma relation est la preuve vivante que les préjugés sur l’amour et le handicap sont non seulement dépassés, mais surtout infondés. La glace du handicap se brise dans la complicité, dans le partage d’instants qui transcendent les diférences. Les amis, les vrais, ceux qui restent, ne voient pas en moi un fardeau à aider, mais une personne à connaître, à apprécier.
Et puis, il y a cette richesse insoupçonnée qui réside dans les rencontres improbables. Chaque personne que je croise est comme un univers à découvrir, avec ses propres histoires, ses rêves, et ses combats. Dans ce grand ballet de la vie, mon « handicap » devient parfois un fltre intéressant, révélant les véritables couleurs des gens. Il y a ceux qui s’approchent avec une curiosité bienveillante, ceux qui détournent le regard, et puis il y a les autres, ceux qui voient « au-delà ». Ce sont ces rencontres qui tissent la trame d’une société plus inclusive. Ce ne sont pas juste des interactions sociales ; ce sont des pierres posées sur le chemin vers un monde où être diférent n’est plus synonyme de se sentir exclu. Dans la vie, nous sommes tous confrontés à des défs, des changements, des adaptations. Pour ma part, il y a peu de chance pour que je devienne « valide » au cours de ma vie. En revanche, avec le vieillissement certain de la population, il y a une chance sur deux pour que tu rencontres, un jour, une situation de handicap — provisoire ou défnitive. Ainsi, ouvrir ton regard sur les autres, c’est aussi te permettre de vivre dignement, avec épanouissement, toute ta vie, et ce, quoiqu’il t’arrive. C’est en tout cas tout ce que je te souhaite !
Malick ReinhardGEO CADIIAS
De qui et de quoi lui vient son inspiration ?
Le Genevois de 28 ans, influenceur, vidéaste et créateur de sketchs, nous répond du tac-au tac.
Ton moyen de locomotion ?
Un rituel de voyage ?
Ses followers
1,5 million sur TikTok, plus de 638 K sur YouTube et 192 K sur Insta. @geocadiias
« Stresser, beaucoup… J’arrive toujours une heure avant de partir. »
Ta trend préférée sur les réseaux ?
« Le Position Challenge de Franglish !! »
La saison que tu kiffes et pourquoi ?
« J’adore l’été, parce que c’est riche en festivals, et que les gens sont décontractés… et libres ! »
La dernière personne sur ta liste d’appels ?
« Randy Guine, un comédien basé en Suisse et en France. C’est vraiment un mec à suivre. »
Tu voyages 5 heures en train, sans connexion Internet… Avec qui ?
Une destination de voyage ?
« J’en ai plein ! La NouvelleZélande, New-York, le Mexique, la Côte-d’Ivoire et le Japon. »
Ton animal préféré au zoo ?
« Je crois que je n’ai jamais été au zoo… Mais les girafes, c’est beau ! »
Un Vlog YouTube ?
« Le seul que je regarde parce qu’il me fait rire, c’est celui du combattant de MMA Cédric Doumbé. »
« Avec Drake. »INSCRIS-TOI MAINTENANT 5 MAI 2024 à ZOUG ou via APP
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