The Red Bulletin FR 02/25

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LE FUTUR

La relève du STADE TOULOUSAIN propulse le club vers demain

Votre magazine offert chaque mois avec
Mathis Castro-Ferreira, Clément Vergé et Kalvin Gourgues dans le vestiaire du Stade Toulousain.

Louis Bamford

Basé à Londres, ce photographe commercial dans le secteur du sport a passé 48 heures à Toulouse. « Photographier le Stade fut un honneur, surtout en travaillant avec la nouvelle génération qui s’investit dans les coulisses. » P. 24

Hugues Pascot

Passionné par le sport et la musique, le journaliste (GQ, France TV) a passé 48 heures en immersion totale avec le Stade Toulousain pour découvrir ses jeunes talents. « Ce fut une expérience humaine incroyable ! » P. 24

Maxime Martin

Le journaliste et présentateur (M6, Canal, Auto moto, Eurosport) fait vibrer le public en donnant une voix aux sports extrêmes. Ce mois­ci, il dresse le portrait de Pedro Acosta, le nouveau prodige du MotoGP. P. 46

Dans ce numéro, plongez au cœur de Toulouse, côté ovalie, où nous avons rencontré les futurs grands du rugby local. Autre jeune talent, Pedro Acosta, prodige du MotoGP, partage son mindset très terre-à-terre.

Découvrez aussi les passionné·e·s de l’Hyrox, une discipline innovante qui allie course et fitness, et où l’on se dépasse dans un bon esprit. Ou venez au contact de l’électro, en B2B, avec Bambounou et The Blessed Madonna, guests du Red Bull Back2Beyond où les DJs ont fusionné leurs talents pour des sets fous. Enfin, laissez-vous porter par notre portfolio des soirées du collectif LA CREOLE, intenses célébrations de la diversité et de la joie de vivre. Un Red Bulletin toujours hors du commun, qui célèbre les talents inspirants, le sport et la culture, et paraît désormais six fois l’an, pour encore plus de contenus locaux et exclusifs.

Tout donner pour se dépasser, mais jamais seul·e, en mode Hyrox !

Une nouvelle ambassadrice pour un nouvel objectif.

des cultures créoles.

réinventez votre randonnée explorez Paris

Serre Chevalier, France L’art de flotter

Prenez un double champion olympique de snowboardcross (Pierre Vaultier), sa station de cœur (Serre Chevalier) et offrez-lui un pump track éphémère sculpté sur un lac : c’est ça, Floating Shapes ! Ce parcours exclusif autant qu’exigeant, rétréci à seulement 50 cm sur l’un des sauts, requiert une gestion parfaite de la vitesse et du placement du corps (tomber dans une eau à 1 °C, no way) ! Vision artistique de la perf, qui projette la recherche de la ligne parfaite de Pierre dans une nouvelle dimension. À voir sur redbull.com

Leipzig, Allemagne

L’imbattable

Séan Garnier

Le Français n’a pas besoin de cages –un ballon lui suffit pour faire le show. Séan Garnier, footballeur freestyle et double champion du monde, montre aux participantes et participants du Red Bull Four 2 Score les tours et figures dont il a le secret. Il a ainsi mis les 28 équipes au défi lors d’un tournoi 4v4 sur des terrains de petite surface, devant le Red Bull Arena de Leipzig. redbull.com ; @seanfreestyle

Hawaï, USA

Dans le tube

Le surf à l’état pur. L’Américaine Caitlin Simmers (19 ans) est dans le Heat 2 des demi-finales du Lexus Pipe Pro le 8 février 2025, à Oahu, Hawaï. Une épreuve intégrée à la WSL (World voit s’affronter l’élite mondiale entre l’Australie, le Portugal, le Brésil et la Polynésie, jusqu’en septembre.

Chacune des étapes est à voir en live sur Red Bull TV et le calendrier du tour est dispo sur redbull.com ; IG : @caitysimmers

Verzasca, Suisse

Le mur des prouesses

180 mètres de dénivelé. Six longueurs de corde avec des niveaux de difficulté de 6c à 8b, et une paroi à 32 °C : la compétition d’escalade par équipes mixtes, le Red Bull Dual Ascent, se déroulait sur le barrage Verzasca et fut un terrain inédit pour Jessica Pilz (photo) et Jakob Schubert. Aux JO de Paris, le duo autrichien a remporté le bronze individuellement. Et sur le barrage ? Ce fut l’or en double. Regardez la vidéo Best of Red Bull Dual Ascent 2024 sur Red Bull TV et via le code ci-contre.

Growl, l’entraîneur de boxe intelligent

Percuter les esprits

Ce sac de frappe alimenté par l’IA apporte tous les avantages de la boxe avec un coach, sans les risques d’un combat sur le ring.

Lorsqu’il a fallu nommer son nouveau produit de fitness high-tech, Léo Desrumaux, le PDG de la start-up, s’est inspiré du cri spontané que poussent les boxeurs pour accompagner leurs mouvements. « Il vous botte tout simplement les fesses ! », dit-il à propos de Growl, son punching-ball intelligent. Combinant projecteurs, capteurs et caméras, cet appareil génère un entraîneur virtuel en taille réelle, alimenté par l’IA, qui vous fait revivre la pratique de la boxe avec un vrai coach.

« Notre point de départ était de recréer un entraînement individuel, explique Desrumaux, basé à Austin,

Ils ont du punch : les cofondateurs de Growl, Léo Desrumaux (à droite) et Nicolas de Maubeuge.

au Texas. Comment concevoir un punching-ball qui remplace un coach en chair et en os ? » Growl ne ressemble pas à un sac de boxe traditionnel : bien qu’il soit fabriqué en mousse et en cuir, il a une forme elliptique et se fixe au mur comme un matelas.

Mais c’est surtout le cadre d’une technologie innovante – conçue avec son associé Nicolas de Maubeuge – qui pourrait révolutionner l’entraînement de la boxe à domicile.

Desrumaux a découvert la boxe après avoir été expulsé de son école à Paris à 16 ans et être parti aux États-Unis comme étudiant étranger dans le cadre d’un programme

d’échange. Ne parlant que très peu anglais, il a rejoint l’équipe de lutte de son lycée, puis un club de MMA et de boxe. Après avoir entamé une carrière dans le capital-investissement, son intérêt pour le sport connecté, combiné à sa passion pour la boxe, lui a donné l’idée de Growl : « Si je voulais donner le meilleur de moi en boxe, il fallait que je fasse de mon sac un coach. »

Plus précisément, Desrumaux voulait recréer la dynamique d’un entraîneur qui impose un rythme, pousse les limites et oblige à se surpasser.

Les projecteurs 4K haute luminosité de Growl affichent l’image en taille réelle d’un coach sur le sac, tandis que des capteurs infrarouges de type time-of-flight envoient des faisceaux laser sur sa surface. Lorsqu’un coup de poing brise un faisceau, l’appareil analyse sa puissance, sa vitesse et sa précision. Un système de caméras multi-angles capture également en temps réel les mouvements du corps de l’utilisateur·rice.

« Nous pouvons recréer l’articulation de votre corps dans un espace 3D, explique Desrumaux. Vous tenez votre garde haute lorsque vous envoyez un direct ? Votre coude est-il bien positionné lorsque vous lancez un crochet ? Nous identifions vos indications en temps réel pour améliorer vos perfs. »

Actuellement, Growl est disponible sur liste d’attente, avec des préventes qui débuteront plus tard cette année aux États-Unis. Les premières livraisons sont attendues dans le courant de l’année 2026. L’appareil coûtera 4 500 $ (environ 4 300 €), avec un abonnement mensuel de 150 $ (environ 140 €). Cela peut sembler être un investissement conséquent, mais Desrumaux est convaincu qu’en rendant l’entraînement de boxe à domicile plus efficace, ce sport deviendra moins intimidant et plus accessible. joingrowl.com

Les premiers matches au Royaume-Uni ont lieu à Hyde Park et Clapham Common à l’été 2018. En un an, la communauté londonienne est passée de 150 à 1 500 membres, avec des matches cinq contre cinq ou neuf contre neuf, organisés tous les jours dans toute la ville.

Aujourd’hui, FC Urban compte 3 000 membres actives et actifs et organise plus de mille matches par mois. En plus des Pays-Bas et de Londres, la communauté s’étend à Anvers, Stockholm, Alicante, Murcie, Newcastle et Manchester, avec une prochaine ouverture prévue à Birmingham cette année. L’objectif est clair : devenir « le plus grand club de football au monde » – du foot partout, pour tout le monde.

Planète foot

Des matches de foot où et quand tu veux, avec la plus grande communauté de joueurs et joueuses au monde ? C’est possible grâce à FC Urban.

Se pointer sur un terrain avec ses crampons, sans connaître ni son équipe ni ses adversaires peut sembler un peu hasardeux. Mais avec FC Urban, la première communauté de football « à la demande », c’est justement tout l’intérêt du jeu.

« Pour un amateur de foot, c’est la situation idéale », explique Ashley Skellington, directeur des partenariats chez FC Urban. Si les ligues de football amateur sont populaires, elles ne conviennent pas forcément à tout le monde : « En rejoignant une équipe en ville, vous aurez souvent unentraînement le mercredi soir et un match le weekend, parfois à l’autre bout de FC Urban

la ville, précise Skellington. Et même une fois inscrit, il faut attendre son tour : on peut passer tout un match sur le banc de touche et ne jouer que dix minutes à la fin. »

Avec FC Urban, la flexibilité est de mise : pas d’équipe fixe, pas d’engagement contraignant. Il suffit de s’inscrire via l’application, de choisir un créneau près de chez soi et l’hôte concerné organise une partie d’une heure, garantie à chaque fois.

Skellington a découvert FC Urban en 2017 à Amsterdam, en tant que joueur. Face au succès fulgurant du concept aux Pays-Bas, il a convaincu les fondateurs d’exporter l’idée outre-Manche.

Pour le plaisir : Ashley Skellington, directeur des partenariats pour le football à la demande chez FC Urban.

Le rôle des personnes organisatrices de matches (appelé·e·s les « hôtes » dans la communauté) ne se limite pas à siffler le début de la partie. Leur mission : garantir des équipes équilibrées – quitte à interrompre la partie pour échanger un joueur fort avec un membre de l’autre équipe. « L’important, c’est de garder du rythme et de l’intensité jusqu’à la dernière minute, autant pour le fun que pour l’effort physique ».

Même si la majorité des joueurs sont des hommes, on tient à la mixité des équipes : avec déjà 10 % de femmes dans la communauté, Skellington souhaite développer encore plus la participation féminine. Pour lui, l’idée est davantage de s’amuser ensemble, d’accueillir tout le monde et de profiter du jeu, sans pression. « Spontanément, nous avons réussi à faire naître une communauté de gens bienveillants, dit-il. Il faut aimer jouer avec des niveaux variés, sinon ce n’est pas le bon endroit. On entre dans cette communauté pour sortir, aller sur le terrain, rencontrer des gens, courir un peu et échanger en gardant le sourire. » fcurban.com

INSCRISTOI ET RDV SUR L’APP

4 MAI 2025

Love Edits

À l’occasion du Red Bull Back2Beyond, où elle jouait avec Bambounou et The Blessed Madonna, HAAi est revenue sur les plus beaux remixes d’amour qui l’ont marquée.

HAAi, architecte du son et sculptrice de rythmes, poursuit son irrésistible ascension avec un nouvel EP sur le légendaire label Mute. L’Australienne exilée à Londres cultive une musique en perpétuelle mutation, façonnée par un désir profond d’exploration. À la croisée des textures électroniques abrasives et des nappes synthétiques lumineuses, sa signature sonore oscille entre l’intensité des clubs et l’introspection des heures suspendues. Après une période de pause forcée, où elle a troqué les longues nuits derrière les platines contre un temps de création frénétique, HAAi revient à l’essence même de son art : la transe collective, l’énergie brute et l’exaltation des basses qui résonnent jusqu’au matin.

Écoutez les derniers morceaux de l’artiste. IG : @haaihaaihaai

KLF

What Time Is Love (1990)

« Ce morceau classique a fait le tour du monde à de nombreuses reprises, et ce, pour de bonnes raisons. L’iconique basse acide et le sample vocal ne manquent jamais d’enflammer le dancefloor lorsqu’ils sont joués au bon moment. Il y a une dureté sombre et hypnotique dans ce morceau et qui en fait un incontournable pour les danseuses et les danseurs. Je le garde toujours pour mes sets. »

Eurythmics

Love Is A Stranger (Coldcut Remix) (1991)

« Ce titre, c’est vraiment un rouleau compresseur de club parfait. J’aime tellement la chanson originale, mais cette version d’un classique de la pop est plus qu’idéale pour les petits matins. La voix d’Annie Lennox est époustouflante. La ligne acide et l’aspect bounce music de ce remix en font un joker exceptionnel pour n’importe quel set. »

Jaco

Show Some Love (Rhythm Intervention Remix) (1992)

« Je suis complètement obsédée par ce morceau. C’est une autre arme secrète pour un moment spécial dans un set spécial. Je l’ai inclus dans mes DJ-Kicks l’année dernière, et il fait partie de ma collection depuis de nombreuses années. Les voix hachées, les synthés qui rappellent la transe, la façon dont il se transforme, tout y est. »

Regularfantasy

So Sweet (Spriitzz/Spray Remix) (2024)

« Ce titre du producteur irlandais connu sous le nom de Spriitzz et de Spray représente la quintessence de la nostalgie rêveuse des clubs. La réinterprétation de Spray dans le club est indéniable. La voix et la mélodie sont magnifiques, et la production rêveuse donne l’impression de danser au soleil avec ses meilleur·e·s potes. »

HAAi

Le goût de Lahiru

Depuis 2020, Lahiru Weladawe agite les papilles parisiennes avec Kolam, un restaurant sri-lankais qui rend hommage à ses origines et à sa culture, sous toutes les formes.

Une enseigne verte et orange, et une façade tout en bois : à quelques pas de la place de la République, à Paris, se trouve un repère d’amateur·rice·s de bonnes saveurs. Nouvelle adresse de prédilection des fans de cuisine sud-asiatique dans la capitale, le restaurant Kolam pourrait n’être qu’une bonne adresse parmi tant d’autres à Paris. Lorsqu’on commence à discuter avec son propriétaire, le lieu prend instantanément une autre dimension. Celle d’un restau pensé comme un moyen de revendiquer la culture sousreprésentée du Sri Lanka.

Joueur 1

Avant le service de midi, le créateur de Kolam prend le temps de remonter l’histoire de son restaurant au Red Bulletin autour d’un café, tout en se racontant, car la trajectoire de Kolam et celle de Lahiru Weladawe sont en efet liées. « La nourriture est la meilleure façon de rassembler des gens autour d’un sujet. Depuis le début, je vois ce projet comme quelque chose de plus grand. Un moyen de mettre la lumière sur une culture méconnue en France. » S’il vit depuis maintenant presque trente ans à Paris, Weladawe est en efet né à des milliers de kilomètres de là, sur l’île du Sri Lanka. Quelques années après sa naissance, sa famille va décider de partir s’installer en France. Un bouleversement pour celui qui est alors enfant : « On est arrivés dans un nouveau pays, une nouvelle culture, une nouvelle langue, et c’était compliqué. Je ne parlais même pas français au début. Jusqu’à mes seize ans, j’ai mis ma culture sri-lankaise de côté, parce que je ne trouvais pas ça cool. J’étais le seul asiatique en classe et j’étais victime de beaucoup de racisme ordinaire. »

Photo Steve Ney

Peu à peu, Lahiru Weladawe va trouver sa place et intégrer la faculté de Jussieu en licence informatique, essentiellement pour faire plaisir à ses parents. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec un certain Luidji, lequel racontera leurs années passées à errer sans passion sur les bancs de la fac dans le morceau Joueur 1, sur son deuxième album Saison 00. « On était un petit groupe dont le point commun était de faire quelque chose qui ne nous ressemblait pas. Au bout d’un moment, je me suis dit qu’il fallait que j’aille vers un domaine qui me parle plus. » Après un revirement dans ses études, Weladawe va alors fnir par trouver sa place dans le marketing, au service de grosses entreprises du divertissement. Tout en gardant une autre idée en tête…

Livraisons et bouche-à-oreille Lorsqu’il s’installe tout seul dans son premier appartement à l’âge de 25 ans, Weladawe décide de se lancer dans un nouveau hobby : la cuisine. Et pas n’importe laquelle : celle de son pays d’origine. À la fn de son adolescence, le Parisien a en efet décidé d’explorer sa double identité française et sri-lankaise, et s’est ainsi mis à apprendre à cuisiner lui-même des plats sri-lankais, en s’inspirant de ceux que ses parents mijotaient. « J’ai commencé en regardant des tutos sur YouTube puis je me suis lancé dans la préparation de plats pour mes amis. Et comme je n’ai eu que des bons retours, je me suis demandé ce que ça pourrait donner si je me mettais à proposer de la vraie cuisine sri-lankaise à de vrais clients ? »

Problème : l’idée de Lahiru Weladawe arrive au début de l’année 2020, soit quelques semaines avant que le monde entier se retrouve confné. Enfermé pendant plusieurs semaines, cette période va donner au futur chef de restaurant l’impulsion pour penser tout son projet, avant

de se lancer en livraison, aidé de sa famille. « Mon père, chef cuisto, n’avait plus de travail. J’ai ouvert un service de traiteur, j’ai acheté un sac de livraison sur Vinted, et je me suis mis à livrer moimême à vélo dans tout Paris les plats qu’il préparait à la maison. » Très vite, le bouche-à-oreille se met à fonctionner et, au fl des mois, permet de concrétiser la vision de Weladawe : ouvrir, dans Paris intra muros, un restaurant dédié à la cuisine du Sri Lanka.

Des collabs à gogo

Depuis les dizaines de kilomètres parcourus chaque jour par Lahiru Weladawe sur son vélo en 2020, Kolam a fait énormément de chemin. En l’espace de quelques années, le restaurant (ouvert à la rentrée 2022) est devenu l’une des nouvelles adresses les plus prisées de la capitale, tant par le grand public que par le monde de la mode et de la gastronomie. Grâce à une direction artistique précise et l’envie de son créateur de mélanger les univers, le restaurant a ainsi collaboré ces dernières années avec Adidas pour créer une paire de sneakers aux couleurs du restaurant ainsi que des vêtements, et a invité des chef·fe·s à venir en résidence plusieurs jours.

Cet endroit, à la croisée des univers (food, mode, musique) et de la créativité, permet à Lahiru Weladawe de fnalement concrétiser ce qu’il espérait depuis son adolescence : mettre en avant sa double identité. Pour lui, et pour celleux qui l’entourent. « Depuis l’ouverture de Kolam, je vois de plus en plus de personnes de la nouvelle génération sud-asiatique venir me voir pour me remercier. Je discute avec plein de jeunes et quand je parle avec eux, je trouve ça dingue de voir qu’on a tous la même histoire : on a rejeté notre culture à un moment, pour fnalement se rendre compte à quel point elle était importante. Et aujourd’hui, on a envie de faire quelque chose autour d’elle. »

Kolam, 27 rue de Lancry, 75010 Paris IG : @lahimself, @kolamparis

Focus

Le restaurant Kolam a déjà collaboré avec des marques comme Adidas ; avec des chef·fe·s, dont Glory Kabe et Diadié Diombana ; et avec l’agence créative Diet Paratha pour un BBQ pop-up au Standard Hotel (à Londres).

« La nourriture est la meilleure façon de rassembler des gens autour d’un sujet. »
un entrepreneur
la croisée des cultures.
Lahiru Weladawe,
moderne à

Jeune femme puissante

Elle a commencé le breaking à l’âge de 7 ans. À 18 ans, B-Girl India est devenue la plus jeune double championne du monde de l’histoire du Red Bull BC One World Final. Et maintenant ?

Stephan Hilpold Photo Little Shao

Changer de nom ? Ça ne lui a pas efeuré l’esprit. « Tout le monde dans mon crew danse sous un pseudonyme, explique-t-elle en haussant les épaules. Mais pourquoi aurais-je dû changer de nom ? Parce que tout le monde le fait ? Non, je peux être parfois têtue. » India Sardjoe, voilà son nom complet. La B-Girl originaire de La Haye, au sud des Pays-Bas est tout juste majeure et une prodige de la scène internationale de breaking : en 2022, elle a remporté en l’espace de six mois les championnats néerlandais et européens, avant de triompher au Red Bull BC One World Final à New York. Il était alors clair qu’India avait de grandes ambitions. Ses power moves, ses transitions fuides entre les mouvements, sa créativité et son authenticité ont fait d’elle, à seulement 16 ans, une redoutable concurrente face aux championnes de break comme la Japonaise Ami et la Russe Kastet qui ont remporté le Red Bull BC One World Final à deux reprises.

Du pain sur la planche

À présent, trois ans plus tard, India évolue dans la même ligue : « Je n’ai pas encore tout à fait intériorisé ce qui s’est passé l’année dernière », confe la jeune flle, en sweat orange dans sa chambre d’ado chez sa mère aux Pays-Bas. Elle a enfn un peu de temps pour elle.

D’abord le stress pour le bac (qu’elle a brillamment réussi), puis à peine trois mois de préparation pour Paris (où le breaking était discipline olympique pour la première fois et où elle fnissait quatrième), et enfn début décembre, le Red Bull BC One World Final à Rio de Janeiro (où elle a remporté la fnale

Focus

A grandi À La Haye, aux Pays-Bas Âge 18 ans Signature Ses wind-mills chill Highlight Sa participation aux JO Son hobby favori Voyager ; elle a été deux fois en Chine, ces derniers mois Prochaine étape

Des études de psycho

avec son coéquipier Menno). « Heureusement, ma mère et ma tante sont venues à Rio, ça m’a donné de la force. » Et il en fallait, sa rivale en fnale n’était autre que la Lituanienne Nicka, qui venait de gagner la médaille d’argent aux Jeux olympiques.

Elle peut tout faire, et avec style Et maintenant Rio où les 5 000 spectateurs et spectatrices de la Farmasi Arena sont en délire, les power moves d’India, ses headspins, windmills, backfips ou freezes sont incroyablement fuides et puissants. « Ce n’est pas que je maîtrise certains mouvements que les autres ne savent pas faire, explique India, c’est que je les combine peut-être de façon plus créative – et mon fow est vraiment bon. » Ou comme le dit, un peu gênée, la jeune flle : « Mon style a beaucoup de puissance, et ma puissance a beaucoup de style. »

Elle a remporté la fnale à Rio 3 à 2, remportant la faveur des juges. « Quand Menno a gagné à son tour, je n’ai pas pu me retenir, tellement de larmes de joie, indescriptible. » Pour Menno, c’était sa quatrième victoire au Red Bull BC One World Final, un triomphe extraordinaire. India et lui font partie de la Hustle Kidz Crew de Tilburg, et leur double victoire à Rio est une avancée majeure pour la scène du breaking néerlandaise. Malgré l’importance du breaking dans son pays natal,

India n’a pas un un parcours facile. Elle a pris des cours de hip-hop avec sa sœur aînée dans une école de danse. Elle n’avait que sept ans, et déjà à l’époque, elle était presque incontrôlable. « Quand j’ai vu les cours de breaking, il était déjà trop tard, se souvient-elle, je n’ai pas lâché l’afaire jusqu’à ce que je puisse m’inscrire. À cette époque, je jouais aussi au foot. »

C’est ainsi qu’a commencé l’une des carrières de breaking les plus récentes et des plus étonnantes. Mais comment concilier tout cela, le breakdance, le foot, et puis aussi l’école ? « Un jour, j’ai abandonné le foot, six entraînements par semaine, c’était trop. » Et l’école ? « Ce n’était pas facile avec tous les entraînements, les compétitions… Sans le soutien de ma famille, je n’y serais pas arrivée. »

Ses proches savaient que quand India veut quelque chose, elle se bat pour.

Les Pays-Bas x Suriname

Le père d’India est indo-surinamais, sa mère est à moitié indienne, à moitié néerlandaise. « J’ai grandi avec deux cultures, explique India, mais ma famille est assez libérale en ce qui concerne les traditions. » Dans son enfance, elle écoutait de la musique du monde entier et dansait avec sa mère, une danseuse talentueuse et fan de bachata, lors des fêtes familiales. Cela l’a beaucoup aidée dans sa carrière de breaking, même si elle insiste : rien ne lui a été ofert sur un plateau. « Au contraire, j’ai travaillé, travaillé, travaillé. »

Il y a encore cette volonté farouche de la jeune de 18 ans, qui après sa victoire à Rio se réjouit de pouvoir prendre une année sabbatique avant de commencer ses études de psychologie en septembre. Enfn, cela dit : la notion de sabbatique n’est pas tout à fait exacte. Avant Noël, elle est allée faire un saut à Chengdu, en Chine, pour les championnats du monde ofciels de breaking, qui, bien qu’ils n’aient pas la même importance que le Red Bull BC One, sont cruciaux pour les qualifcations de l’année suivante. Résultat ? Elle a gagné et ajouté un nouveau trophée à son année exceptionnelle.

RDV le 12 avril, à La Faïencerie (Bordeaux), avec la crème française du breaking pour le Red Bull BC One Cypher France, des performances et des battles qualitificatifs pour la finale mondiale du Red Bull BC One à Tokyo (Japon), le 9 novembre. redbull.com ; IG : @indiasardjoehh

« Personne dans mon crew ne participe sous son vrai nom. Moi si ! »
sincérité.
Dans la scène du breaking, B-Girl India est connue pour sa

L’autre réalité

Avec son premier long-métrage, Zion, le réalisateur antillais Nelson Foix plonge au cœur des tensions qui déchirent la Guadeloupe, loin des décors de cartes postales.

Marie-Maxime Dricot Photo Fanny Viguier

Né en Seine-Saint-Denis au début des années 1990, Nelson Foix passe les premières années de sa vie en Guadeloupe, avant de retourner en métropole, à Bondy (93), où il grandit. Après avoir raté son baccalauréat, il repart pour la Guadeloupe le passer, puis s’installe à Pointe-à-Pitre avec sa famille, en 2016. Et si le réalisateur en herbe était initialement destiné à une carrière sportive, sa rencontre avec des fgures du cinéma comme Euzhan Palcy et Mohamed Hamidi l’oriente vers la réalisation. En 2020, son premier court-métrage Timoun Aw retient l’attention de Jamel Debbouze, qui l’encourage à développer ce projet en long-métrage. Le flm Zion, un thriller d’action se déroulant au cœur de la Guadeloupe, voit ainsi le jour et sera en salles le 9 avril.

Une histoire universelle

Il y a des flms qui content une histoire, et d’autres qui racontent un territoire, sa mémoire, ses blessures. Zion, premier long-métrage de Nelson Foix, appartient à la seconde catégorie. Oscillant entre fction et réalité, il capture la complexité de la Guadeloupe à travers le regard de son personnage principal, Chris, un jeune homme en quête d’identité. Loin des clichés de plages paradisiaques, le cinéaste dresse un portrait sans fard d’une île pétrie de tensions sociales et culturelles, tout en préservant son caractère universel.

« Cette histoire est celle de Chris (interprété par Sloan Decombes, ndlr), un jeune homme qu’on suit dans son évolution et son cheminement vers l’âge adulte. Bien que très guadeloupéenne, cette histoire de paternité aurait pu être racontée via le prisme d’autres cultures. J’aurais pu la transposer en Corée, mais ça n’aurait pas été mon histoire. C’était important que le fl de ma narration touche l’humanité. »

Focus

Zion au cinéma le 9 avril 2025

Bande Originale Brice Davoli

Essai transformé Ce film est la version longue d’un court-métrage

Le défi Tourner avec un bébé

Un outil de mémoire

Dès les premières images de Zion se dégage un sentiment d’urgence : celui d’un territoire qui cherche à se dire autrement. Nelson Foix explique : « La Guadeloupe est souvent réduite à son imaginaire touristique. Je voulais montrer autre chose, raconter un vécu. » Pour cela, il ancre son récit dans une réalité tangible, celle des luttes sociales, du poids de l’histoire coloniale et des mutations contemporaines. « Ce paradis, pour les gens de la métropole, c’est aussi l’enfer pour les Guadeloupéens », exprime Foix. L’accès au foncier, aux crédits, aux emplois : tout semble plus facile pour un Français de métropole blanc que pour un local guadeloupéen, « tous les Antillais peuvent se reconnaître dans ces mots », confe-t-il, conscient que cette réalité génère une frustration profonde.

Et puis, il y a l’eau. Le flm s’ouvre sur une scène puissante : Chris fait couler son robinet, mais rien ne sort. Une réalité quotidienne en Guadeloupe, où les coupures fréquentes afectent la vie des habitant·e·s. « Si la Normandie était privée d’eau, le scandale serait immédiat », lance le réalisateur, soulignant l’indiférence structurelle de l’Hexagone envers ses territoires ultramarins.

Le flm explore la transmission de la mémoire et les réminiscences du passé. La séquence de flature en plein carnaval en témoigne : « Il y avait cette nécessité de lier l’intime et le collectif, précise Nelson. Mon but était de casser les clichés. Par exemple, le carnaval est une expression identitaire forte. Contrairement à celui de Rio ou même de Martinique, plus axé sur le folk-

lore, celui de la Guadeloupe est très revendicatif. Il s’ancre dans l’histoire et la culture locales : on y trouve des références aux peuples originels, des mas a kongo recouverts de sirop noir sur la peau, ou encore des travailleurs portant des casques de chantier en signe de protestation.»

À travers le parcours de son protagoniste, Zion interroge la place des jeunes générations dans une île où l’avenir semble incertain, et où le chômage et l’exil sont autant de tristes réalités. « Depuis 400 ans, on pourrait se dire que cette terre est devenue la nôtre. Pourtant, il subsiste toujours cette interrogation : sommes-nous vraiment chez nous ? Ce sentiment d’exil n’a jamais totalement disparu, car nous ne sommes pas souverains. Nous ne sommes pas décisionnaires de notre avenir. »

Du réalisme à l’onirisme

Loin d’un naturalisme brut, Zion adopte une approche où le réel se mêle à l’imaginaire. Le flm thématise les visions oniriques ; des fragments de légendes créoles viennent enrichir le récit. « La Guadeloupe est un territoire où le visible et l’invisible coexistent », souligne Foix. Tourné en grande partie en lumière naturelle, Zion capte la beauté brute de l’île. Une esthétique qui rappelle le cinéma de Mati Diop, où la contemplation se conjugue avec une tension latente. Cette dimension presque mystique prend vit la nuit pendant le carnaval ; elle inscrit le flm dans une tradition mythologique, tout en ancrant son propos dans des problématiques très actuelles. « Le carnaval de Pointe-à-Pitre a lieu en grande partie la nuit, c’est un moment fort de célébration, mais aussi risqué. Chaque année, des règlements de compte ont lieu, des tensions émergent. Je voulais retranscrire cette dualité fondamentale. » Quant aux personnages secondaires, ils semblent être de la lignée d’Aphrodite tant ils transpirent la vérité et brillent de mille feux. C’est le cas d’Odell, qui sortait juste de prison au moment du casting.

Zion ne cherche pas à apporter de réponses défnitives. Il ouvre des brèches, questionne, trouble. C’est un flm qui, selon Nelson Foix, « invite à regarder la Guadeloupe autrement », à écouter ses silences et ses colères.

IG : @the_bad_real

« Sommesnous vraiment chez nous ? »

Foix s’interroge sur le sentiment de souveraineté des

Guadeloupéen·ne·s.

VERS LES SOMMETS

Depuis sa création en 1907, le Stade Toulousain fait vibrer la ville et rayonne bien au-delà, à travers la France et le monde. Parce qu’il est le meilleur et le plus titré de tous les clubs. Avec 23 boucliers de Brennus et 6 Coupes d’Europe, les couloirs du Stade Ernest-Wallon font résonner des exploits de joueurs devenus des icônes du rugby mondial. Et la relève du Stade construit le futur de cette institution.

Texte Hugues Pascot Photos Louis Bamford
Demain leur ressemble : Kalvin Gourgues, Mathis Castro-Ferreira et Clément Vergé dans le vestiaire du Stade Toulousain.

Faire partie du Stade Toulousain, c’est déjà appartenir à l’histoire du rugby français, voire du rugby international. Certains noms ont traversé des générations de supporteurs. Pour n’en citer que quelques-uns, on peut évoquer Jean-Claude Skrela, Jean-Pierre Rives, Guy Novès, Émile Ntamack, Fabien Pelous, Vincent Clerc, Thierry Dusautoir, Frédéric Michalak. Tous ont porté le mythique maillot rouge et noir de la ville rose, et marqué les esprits.

Alors évidemment, le parcours exemplaire de ces prodiges du ballon ovale est une source d’inspiration et incite nombre de jeunes à s’inscrire dans une école de rugby avec le rêve, un jour, de figurer sur cette liste de joueurs mythiques. Certains s’y sont mis il y a quelques années, comme les internationaux et cadres du club actuel : Antoine Dupont, Romain Ntamack ou encore Peato Mauvaka. Mais une nouvelle génération de jeunes espoirs manifeste déjà l’envie de marcher dans les pas de leurs aînés.

« Le Stade Toulousain est un site où tout le monde vit ensemble. »
Jerôme Cazalbou (photo)

l’aube, le jardinier du Stade ErnestWallon sculpte dans un calme olympien la pelouse de ce sanctuaire de 19 000 places. Mais rapidement, au bruit de la tondeuse s’ajoute, au loin, celui d’un joyeux désordre. Ces éclats de rires, accolades bruyantes et virils claquements d’épaules signent l’arrivée de Mathis CastroFerreira, Kalvin Gourgues et Clément Vergé. Ils empruntent les couloirs du Stade en direction des vestiaires où ils ont rendez-vous pour la séance photo avec The Red Bulletin. Si ces trois gaillards s’entendent aussi bien aujourd’hui,

c’est qu’ils ont grandi et évolué ensemble au Stade Toulousain. Tous les trois sont nés au début des années 2000 et sont de purs produits méridionaux. Issus de parcours diférents, ils évoluent à des postes distincts mais se ressemblent sur bien des points.

À seulement 21 ans, Mathis CastroFerreira détient un palmarès à faire pâlir d’envie les plus doués. Ce natif de Tarbes a déjà à son actif deux titres de Champion de France espoirs (2023, 2024), un titre de Champion de France (2024) et un titre de Champion du monde U20 du XV de

France (2023) en qualité de capitaine. Évoluant au poste de troisième ligne, Castro-Ferreira sait garder la tête froide face à un parcours exemplaire. Très tôt, c’est au club de Maubourguet qu’il fait ses premiers pas dans l’univers du rugby. « J’ai une famille qui est très rugby », confe-t-il. Rapidement, Mathis se fait repérer lors d’un stage organisé par le Stade Toulousain au sein de son club local. Dès l’âge de 14 ans, il quitte le cocon familial, direction Toulouse. « Il fallait trouver un collège pour que je fasse ma 3e et une famille d’accueil pour

Au boulot ! Les joueurs toulousains, Jack Willis, Joel Merkler et Clément Vergé en tête, en route vers la pelouse pour un entraînement. Ci-dessous : le centre international néo-zélandais Pita Ahki s’occupe d’un « leurre » lors d’un lancement.

La touche, stratégique, répétée sans cesse lors des entraînements. Ici, c’est Clément qui s’y colle. Ci-dessous, moment de répit et de rafraîchissement en ce mercredi 19 février où le Stade Toulousain nous ouvre (toutes) ses portes.

CLÉMENT VERGÉ

Seconde Ligne

23 ans | 123 kg | 200 cm

« Au Stade Toulousain, on apprend à devenir un rugbyman mais aussi un homme responsable. »

MATHIS CASTRO-FERREIRA

Troisième Ligne Centre

21 ans | 105 kg | 192 cm

« Nous, au rugby, on a un esprit très chambreur. »

KALVIN GOURGUES

Centre

20 ans | 93 kg | 184 cm

« J’étais bien plus fatigué après une semaine d’entraînement pro qu’après un match espoir. »

m’héberger. Un jeune de ma catégorie a demandé à ses parents s’ils pouvaient m’accueillir parce qu’il était fls unique. Ils ont accepté. Le Stade Toulousain a donné son accord. Le jeune en question, c’était Raphaël Sans qui joue actuellement au Stade Français. » Un départ qui s’est déroulé dans de bonnes conditions mais qui a été vécu comme un véritable déchirement. « Se séparer de ses parents à 14 ans, c’est dur parce que ce sont nos guides quand on est jeune. »

Mathis Castro-Ferreira débute sa carrière au sein du club toulousain dans la catégorie des minimes. Progressivement, il gravi les échelons en passant Cadet (il a remporté son premier titre avec le Stade Toulousain dans cette catégorie), puis Crabos (16-18 ans), pour intégrer ensuite l’équipe espoir au sein de laquelle il a fait la connaissance de Kalvin Gourgues et Clément Vergé. Ensemble, ils intègrent le centre de formation du Stade Toulousain, reconnu une nouvelle fois comme le meilleur centre de formation du Top 14 et Pro D2, et ceci, depuis quatre années consécutives. C’est grâce à ce centre de formation que Mathis Castro-Ferreira, Kalvin Gourgues et Clément Vergé ont pu fouler la cour des grands. En efet, ce nouveau statut leur a permis de franchir une étape majeure dans leur carrière professionnelle : la possibilité de s’entraîner avec l’équipe pro.

Mathis Castro-Ferreira se souvient avec émotion de ses débuts au Stade : « Quand on est jeune, être Champion de France, c’est l’objectif ultime de la saison. Quand on le devient, le premier titre a une saveur diférente. On se demande ce qui se passe : tous les copains entrent sur le terrain en courant, les parents pleurent alors que nous, on est encore dans l’incompréhension. C’est vraiment un moment magique. »

De cette rencontre va naître une amitié solide, une complicité qui dépassera souvent le cadre des pelouses. « Parfois, avec son physique, il me maltraite un peu », confe Kalvin en riant, avec une pointe d’ironie à propos de Mathis. Ce dernier sourit. « Nous, au rugby, on a un esprit très chambreur. » Leur camaraderie s’exprime au-delà des simples échanges de ballons. Les deux compères partagent de nombreux moments. « On se fait des boufes ensemble, on joue au paddle en face du Stade, on joue à FIFA. Mathis est un fan du Real Madrid, moi du Barça », déclare Kalvin Gourgues.

Kalvin Gourgues est l’un des plus jeunes talents du groupe. Il incarne également cette fraîcheur et cette fougue propres aux joueurs en devenir. Malgré une blessure en début de saison, il n’a cessé de prouver qu’il est une véritable promesse pour le Stade Toulousain, un club qui mise sur lui jusqu’en 2028. Passionné de rugby depuis son enfance, Kalvin Gourgues revient sur ses premiers pas au Stade Toulousain : « La première fois que je suis allé au Stade Toulousain, c’est parce que j’avais participé à un jeu organisé par McDo. Je crois que ça existe encore. Tu pouvais être sélectionné pour donner la main aux joueurs les jours de match. Je devais avoir 7 ou 8 ans. C’était l’époque où Bourgoin était encore au Top 14. C’était un match Toulouse-Bourgoin, et j’ai tenu la main d’un joueur de Bourgoin… pas de Toulouse malheureusement. Mais j’étais déjà très content d’être là. C’était mon premier match en vrai, si près des joueurs. C’était comme un rêve. »

Le jeune garçon va alors s’inscrire au Grenade Sports, un club partenaire situé dans les alentours de Toulouse. « À cette époque, j’étais très fan de Wesley Fofana. J’avais un poster de lui dans ma chambre, à côté de mon lit. La photo avait été prise lors d’un match face à l’Angleterre à Twickenham. Wesley Fofana avait marqué un essai de 70 mètres. »

Tout comme Mathis Castro-Ferreira, Kalvin Gourgues s’est fait repérer lors d’un stage organisé par le Stade Toulousain au sein de son club. Il a intégré le Stade Toulousain en 2017, tout juste à l’âge de 12 ans. Assidu dans son travail, il a ensuite intégré le centre de formation et l’équipe espoir. C’est là que Kalvin Gourgues a pris la mesure du niveau d’exigence du club. « Quand je suis passé en espoir et que j’ai commencé à m’entraîner avec les pros, j’ai vu une vraie diférence. D’autant plus que j’avais été surclassé : j’étais le plus jeune. J’ai vite vu que le rythme d’entraînement était soutenu. On avait un petit temps de repos, on enchaînait rapidement, on n’avait pas vraiment le temps de s’ennuyer et à la fn, on était lessivés. J’étais bien plus fatigué après une semaine d’entraînement pro qu’après un match espoir. » Un autre jeune tout aussi prometteur est passé par là. C’est Clément Vergé.

VAMOS JOEL !

LE JEUNE PILIER À L’AVENIR PROMETTEUR, JOEL MERKLER, VIENT DE SIGNER SA PROLONGATION AU STADE TOULOUSAIN JUSQU’EN 2028.

Originaire d’Espagne, il est le premier joueur ibérique à avoir intégré en 2017 le Stade Toulousain. « J’avais envie d’aller plus loin que ce que l’Espagne pouvait m’offrir en termes de formation. » Il a donc fait ses armes au sein de l’Association (l’école de rugby du Stade Toulousain) en équipe Crabos avant de grimper les échelons pour intégrer le centre de formation en 2021. « À partir de là, j’ai vu une vraie différence dans l’organisation. » Le jeu du Stade Toulousain, avec sa philosophie de maintien du ballon vivant, correspond parfaitement à l’esprit audacieux de Joel. « C’est un jeu où l’on prend des risques et où on ose beaucoup de choses. » Il a progressivement gagné sa place au sein de l’équipe première et a signé son premier contrat professionnel « C’est une preuve de confiance mais c’est grâce surtout au travail qu’on a fait ensemble avec le Stade Toulousain. C’est le début d’un long chemin, j’espère », nous confie-t-il. Un joueur à suivre de très près donc.

Solide et convivial le Joel Merkler, à l’image de son club.

Triple Champion de France espoirs et double Champion de France, il a dû faire ses preuves pour obtenir la confance des entraîneurs. Grâce à ses performances exceptionnelles en tant que seconde ligne, Clément Vergé a fait le grand saut en pro après trois années passées au centre de formation du Stade Toulousain, une période chargée de précieux souvenirs. « Chaque année, on a eu de nouveaux parrains. Des personnes étrangères au rugby sont venues nous voir. Je me souviens, il y a eu un mec qui était très bon en vélo trial. L’année dernière, on a rencontré Alasdair McKenzie, un jeune alpiniste qui a grimpé les quatorze plus gros sommets au monde. Ça permet de voir d’autres choses. »

Le centre de formation du Stade Toulousain ofre bien plus qu’une simple préparation sportive. Il joue un rôle essentiel dans la formation humaine et professionnelle des jeunes talents. « Ils nous forment aussi à gérer l’argent. On apprend à devenir un rugbyman mais aussi un homme responsable », dit Clément. Car oui, le centre de formation intervient de façon déterminante dans l’apprentissage de la vie au-delà de la pelouse.

« Tu es obligé de suivre un parcours scolaire. Tu n’as pas le droit de ne faire que du rugby. Tu dois être assuré d’avoir une formation parallèle pour le cas où le rugby ne marcherait pas. » Ainsi, même s’il ne fait plus partie du centre de formation, Clément Vergé a décidé de poursuivre ses études pour devenir professeur des écoles. « J’aime bien le contact avec les enfants, j’aime leur apprendre des choses. » Mais jongler entre les deux mondes n’est pas toujours simple. « Quand j’étais au centre, les partiels passaient avant les entraînements. Aujourd’hui, en tant que professionnel, il faut que je trouve des créneaux entre deux séances pour pouvoir passer mes examens. » Et ce matin-là, après avoir pris la pose lors de la séance photo, Clément a dû s’éclipser pour aller passer un partiel de mathématiques.

Si ces jeunes talents incarnent l’avenir du Stade Toulousain, c’est avant tout grâce à l’accompagnement et à la transmission assurés par les tauliers du club. Parmi eux, on compte Bernard Baïsse, sosie local de Jason Statham et préparateur physique au Stade depuis 2006.

« Mathis, Kalvin, ce sont des joueurs qui vont vite, sont forts et très sérieux. »
Bernard Baïsse (photo)
« En les accompagnant au plus près, on a des joueurs qui sont plus imprégnés de la culture du jeu. »
Jerôme Cazalbou

Il a suivi ces jeunes joueurs dans leur développement, veillant à ce qu’ils atteignent leur plein potentiel. « Lorsqu’on récupère un joueur en centre de formation, il y a un travail physique colossal à accomplir. Ils doivent apprendre à s’entraîner plus, c’est-à-dire tous les jours », explique-t-il. Mais la préparation des futurs professionnels ne se limite pas aux premiers pas en équipe première. Elle débute bien plus tôt. « On travaille chez les jeunes, donc des U12 jusqu’aux U16. On fait des tests de pics de croissance, on prend la taille assise, la taille debout, en corrélation avec le poids du corps. » Après les avoir suivis rigoureusement, Bernard en arrive à cette conclusion : « Kalvin, c’est un peu Mathis quand il était plus jeune. Au même âge, ils avaient tous les deux les mêmes qualités. Ce sont des joueurs qui vont vite, qui sont forts et très sérieux. »

Autre fgure clé du club : Jérôme Cazalbou, manager de haut niveau. Ancien joueur emblématique du Stade Toulousain de 1987 à 2002, il est le détenteur du record du joueur le plus titré de l’histoire du club, avec ses sept titres de Champion de France et une Coupe d’Europe. Lorsqu’on évoque avec lui la nouvelle génération, son constat est sans appel : « Aujourd’hui, avec le travail qui a été mis en place, c’est une génération mieux préparée, mieux formée. On se rend compte aussi qu’en les accompagnant au plus près, on a des joueurs qui sont plus imprégnés de la culture du jeu. »

L’une des raisons majeures de la réussite du Stade Toulousain repose sur cette capacité à bien structurer la progression des jeunes joueurs. Jérôme Cazalbou souligne l’importance d’un processus de recrutement très ciblé : « Lorsqu’ils sont jeunes, on vérife s’ils ont des profls en capacité de s’adapter à notre jeu. On a des critères importants comme la vitesse, l’initiative et l’adaptation. Et quand on observe les jeunes joueurs, on commence déjà à chercher ces qualités. Si elles sont présentes, on s’intéresse automatiquement au jeune concerné. »

La culture du Stade Toulousain, son ADN en quelque sorte, c’est le collectif, façon grande famille. « Les plus petits – ils n’ont pas plus de 6 ans ou 8 ans –sont amenés à croiser des joueurs pros

Là où les physiques se forgent : immersion dans le quotidien des joueurs de Toulouse. À leur disposition, tout un matos de torture auquel ils se frottent plusieurs fois par semaine. Si les exercices font mal, l’ambiance reste chaleureuse.

Petite pause pour l’Australien Malachi Hawkes, potentiellement chambré par ses camarades planqués derrière l’objectif du Red Bulletin. Droite : le stade Ernest-Wallon, temple du dépassement. En bas, la préparation côté cérébral et cervical.

qu’ils voient à la télévision. Très tôt, on fonctionne en un seul bloc et tout le monde connaît tout le monde. C’est ça qui est le plus important pour le fonctionnement du club. Les plus âgés sont dans la transmission. Le Stade Toulousain est un site où tout le monde vit ensemble. » L’esprit famille existe aussi entre les joueurs et le staf. Il est toujours pimenté de cette pointe d’humour omniprésent. Jérôme Cazalbou y va de sa petite anecdote : « Un joueur occupe mon poste au Stade Toulousain. Il est connu de tout le monde (Antoine Dupond, ndlr). Après chaque fnale, il me dit qu’il lui manque toujours un titre pour dépasser le nombre de boucliers de Brennus que j’ai (rires). »

L’esprit de transmission est pleinement palpable au Stade. Au sein de cette communauté présidée par la bonne humeur, des évolutions existent. Si le parcours de Jérôme Cazalbou a été exceptionnel, ce dernier voit cependant une grosse diférence entre son époque et la génération actuelle, beaucoup plus professionnalisante. « On n’avait jamais imaginé pouvoir faire notre métier d’un sport qui nous plaisait et dans lequel on prenait énormément de plaisir. C’était complètement diférent. »

La journée touche à sa fn.

Les derniers rayons du soleil s’estompent sur la pelouse du Stade, éclairant tout en douceur l’immense portrait de Claude Nougaro, qui surplombe l’entrée. Demain, le Stade s’apprête à accueillir les joueurs professionnels et les espoirs pour une séance d’entraînement. Alors que je m’apprête à quitter les lieux, mon regard se pose sur un tatouage de Mathis Castro-Ferreira : sur son avantbras, un enfant assis observe les étoiles, un ballon ovale dans la main. Ce tatouage me confe-t- il, rend hommage à son arrière-grand-père, avec lequel il partageait l’amour du rugby. « Avant de partir, il m’a dit que le jour où je passerais à la télévision et que je jouerais avec le Stade Toulousain, il ne serait plus là pour le voir. Parfois, quand je rentre sur le terrain, je pense à lui, à nos conversations sur le rugby. Quand il y a un moment dur pendant le match et que je me mets à douter, je jette un œil sur mon tatouage, ça me permet de me recentrer instantanément. » Le Stade Toulousain est décidément une afaire de famille. stadetoulousain.fr

À LA POINTE

LA CONVERGENCE ENTRE TRADITION ET INNOVATION SE MANIFESTE SUR LE TERRAIN GRÂCE AUX TECHNOLOGIES DE POINTE, PARTICULIÈREMENT DANS LE DOMAINE DE LA PRÉPARATION PHYSIQUE ET DE LA GESTION DES DONNÉES.

Pour ça, le Stade fait confiance à Saad Drissi, responsable de la gestion de la data, qui gère ces nouvelles technologies. Si le club utilisait déjà des caméras pour analyser les performances de ses joueurs, c’est en 2017 que le pôle Data a véritablement pris son envol, avec des outils de plus en plus sophistiqués : GPS, capteurs de puissance, protègedents intelligents. Ces technologies permettent non seulement d’optimiser les performances individuelles, mais aussi de mieux prévenir les blessures. Toutefois, l’essence même du club reste inchangée comme le souligne Saad Drissi : « Notre culture, c’est le jeu, le mouvement, l’intensité. Les nouvelles technologies nous aident à trouver l’équilibre entre intuition et données. La technologie et la data sont des outils d’aide à la décision. Elles permettent de s’éloigner de l’approche subjective qui a longtemps prévalu et de se baser sur des éléments objectifs et factuels. Il y a des moments où ça va dans le sens de notre ressenti, et d’autres

où c’est davantage contreintuitif. » Bien que les statistiques jouent un rôle important dans la prise de décision, elles ne sont pas toujours dévoilées en totalité aux joueurs. « Les données leur appartiennent, mais c’est à nous, le staff, de les utiliser à bon escient. L’objectif est d’harmoniser la préparation et de s’assurer que chaque individu est prêt à contribuer à la performance collective. » Pour la génération actuelle, habituée à vivre dans un monde numérique, cette approche est intégrée sans difficulté « La data fait désormais partie de notre quotidien. Aujourd’hui, c’est un outil de performance, pas un flicage. » Des nouvelles technologies utilisées de plus en plus tôt pour suivre et optimiser le développement des joueurs. « Tout ce qu’on met en place chez les pros, on le décline dans les catégories de jeunes. Maintenant, on le décline pour les Cadets et les Crabos. »

Saad Drissi, responsable du pôle Data du Stade Toulousain.

291 mètres, soit le plus long saut à ski jamais réalisé : Ryōyū Kobayashi, auteur de l’exploit, est bien décidé à repousser les limites de son sport.

FIGURE STYLE DE

L’athlète japonais, champion olympique du saut à ski, veut populariser sa discipline grâce à la mode et au hip-hop.

Texte
Tom Guise et Patrick St Michel
Photos
Norman Konrad
Stylisme Masahiro Hiramatsu
Tenue : manteau par Masterkey ; chemise, haut, pantalon et chapeau par Bodysong ; chaussures par Yoak.

« À chaque saut, il y a une part de risque », rappelle Ryōyū, avant de sauter dans le bassin d’un bain public de Tokyo, entièrement sapé en Toga Virilis, un label japonais.

Tous les regards sont rivés sur lui : ce n’est pourtant pas sur un tremplin de saut à ski que Ryōyū Kobayashi se trouve ce jour-là, mais au bord du bassin d’un sentō, un bain public construit il y a sept décennies à l’ouest de Tokyo. Derrière lui, une peinture murale représentant le mont Fuji. Le petit saut de 50 centimètres qu’il s’apprête à réaliser est évidemment bien loin de ceux, spectaculaires, auxquels il est habitué. Mais aujourd’hui, le jeune sauteur à ski japonais est là pour nous faire découvrir ses deux autres passions : la mode et le hip-hop.

À 28 ans, Ryōyū Kobayashi est une star du saut à ski : double vainqueur du classement général de la Coupe du monde, médaillé d’or et d’argent aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022 et triple champion de la Tournée des Quatre Tremplins. Mais son exploit d’avril dernier surpasse tout : sur un tremplin spécialement construit pour lui en Islande, il a volé sur 291 mètres – une distance inégalée dans l’histoire du saut à ski. Un vol de dix secondes, atterrissant 37,5 mètres plus loin que tout autre sauteur avant lui.

Au bain public de Tokyo, Kobayashi plaisante : « Il y a toujours un risque, même ici. » Chaussé d’une paire de bottes Toga Virilis, il s’aventure prudemment sur les bords glissants du bassin avant de sauter – avec le sourire, évidemment.

De nature calme et avenante, Kobayashi a toujours le sourire aux lèvres. Un garçon poli mais peu loquace, que ce soit avec les stylistes de notre séance photo ou avec ses proches et son Team Roy, l’équipe qui l’entoure – et qui l’appelle Roy en privé. Les réponses qu’il donne en interview sont souvent succinctes : « Quand je n’ai rien à faire ? Je fais du rangement ou je vais voir des potes, » lance-t-il. Les boîtes de nuit ? « Pas mon truc. » Et pendant ses jours de repos ? « Je vais voir des expos. » Des réponses qui ne nous permettent pas de percer la véritable personnalité de ce garçon fascinant.

Pendant la séance photo au sentō de Tokyo, Kobayashi répète son petit saut une quinzaine de fois, tout en vérifant le résultat avec le photographe.

En sortant de l’établissement, il accepte de poser pour une photo avec le propriétaire des lieux et de signer un autographe : « J’ai l’habitude de susciter de l’attention », nous confe-t-il.

Tomohiro Maruyama, patron du Team Roy, raconte sa rencontre avec le jeune Ryōyū : « C’était il y a dix ans. À l’époque, il était impensable qu’il puisse être à l’aise avec des étrangers. Quand il parlait aux gens, il était timide, souvent nerveux. »

Pourtant, le jeune homme de 18 ans montrait déjà un talent exceptionnel pour le saut à ski. Une aisance qui s’explique en partie par les hivers rigoureux de sa région natale de Hachimantai, située au nord-est de l’île principale du Japon, Honshū : « On devait déneiger la voiture chaque fois qu’on voulait sortir », se souvient-il. Mais le facteur décisif, c’est surtout cet intérêt familial pour le saut à ski, un sport qui a toujours fait partie du quotidien des Kobayashi : son frère aîné Junshirō, sa sœur Yūka et son frère cadet Tatsunao ont tous pratiqué la discipline à plus ou moins haut niveau. Ryōyū n’avait que trois ans lorsque son père, professeur de sport, leur a construit une petite rampe de saut dans le jardin familial : « Elle ne faisait qu’un mètre de haut, se  souvient-il. C’est comme ça que tout a commencé. »

« J’ai essayé d’autres sports, raconte Ryōyū Kobayashi, mais pour le saut à ski, il y avait des camps d’entraînement, ce qui me donnait une bonne excuse pour manquer l’école. » C’est lors d’un de ces camps qu’il rencontre en 2014 Noriaki Kasai, une légende nationale du saut à ski et le seul athlète à avoir participé huit fois aux Jeux olympiques d’hiver. Cette année-là, Kasai, alors âgé de 42 ans, devient le plus vieux médaillé olympique et le plus vieux vainqueur d’une épreuve de Coupe du monde en saut à ski. Un an plus tard, il propose au jeune Kobayashi de rejoindre son équipe, le Tsuchiya Home Ski Club.

Janne Väätäinen, leur entraîneur fnlandais, se souvient de sa première impression : « Au Japon, il y a beaucoup de jeunes sauteurs talentueux, mais Ryōyū avait quelque chose de plus. La fuidité de ses mouvements, sa position lors de la prise d’élan – je ne peux pas vraiment l’expliquer, mais j’ai immédiatement pensé : “Ce gars est spécial.” » Le Finlandais ne se trompe pas : lors de ses débuts en Coupe du monde en 2016 en Pologne, Kobayashi se classe septième. « Pour un débutant, c’est sensationnel, souligne Väätäinen. Et il a continué sur cette lancée. »

Pourtant, la saison suivante ne se passe pas aussi bien, Kobayashi ne marquant aucun point en Coupe du monde. Väätäinen considère que cet échec a été crucial pour la carrière de Ryōyū : « C’est là qu’il a commencé à devenir plus concentré, plus professionnel, plus ambitieux. Il s’est enfn mis à bosser vraiment dur – et les eforts ont payé. »

Lors de la saison 2018/19, Kobayashi remporte la Coupe du monde au classement général ainsi que le Grand Chelem des Quatre Tremplins – en gagnant les quatre épreuves d’aflée, exploit que seulement trois athlètes ont accompli dans l’histoire. « Cette saison, Ryōyū a porté le saut à ski à un tout autre niveau », estime Väätäinen, qui quitte l’équipe Tsuchiya Home Ski Team cette même année pour devenir entraîneur-chef de l’équipe nationale fnlandaise. Mais en 2023, il reçoit un appel de Kobayashi, qui vient de quitter sa première équipe pour devenir professionnel : « Il m’a demandé si je voulais l’aider. » Juha Väätäinen ajoute : « Ses succès lui ont donné confance en lui. Pas à pas, il est devenu celui qu’il est aujourd’hui : un athlète axé sur les performances, hautement professionnel. Ryōyū sait ce qu’il veut : il veut révolutionner le saut à ski. »

Son côté révolutionnaire ne transparaît pas vraiment pendant l’interview : Ryōyū Kobayashi est toujours aussi poli, mais ses réponses restent laconiques. Comment décrirais-tu ton cercle d’amis ? « Mes amis sont tous intéressants. » Quels sont tes meilleurs souvenirs de Tokyo ? « Chaque jour que j’y passe est sympa. » Pourtant, un miracle fnit par se produire : en branchant le jeune homme sur la musique hip-hop japonaise, son visage s’illumine – enfn ! En route vers le quartier animé de Shinjuku, alors qu’il est assis à l’arrière de son Range Rover, Ryōyū branche Spotify et commence à scroller, passant les artistes qu’il adore pour nous les faire découvrir : AK-69, BAD HOP, JP THE WAVY… Et là, c’est la métamorphose : balançant son corps au rythme des beats, il reprend les textes comme s’il était sur scène avec un micro

« Je veux sortir le saut à ski de sa niche : imagine que ce sport ait la même place dans la culture que le hip-hop ! »

à la main. Une métamorphose ! « Le hiphop me donne le sentiment d’être moimême, d’être vrai. C’est une musique qui correspond totalement à mon style. » Kobayashi est entré dans l’univers du rap grâce à KOHH, l’un des plus grands rappeurs japonais des années 2010, aujourd’hui connu sous son vrai nom, Yuki Chiba. « J’ai assisté à l’un de ses concerts, sur un toit à Ginza. C’était incroyable. » Beaucoup des rappeurs qu’il nous fait découvrir dans son Range Rover sont devenus des amis proches. « Je n’ai jamais créé de musique moimême ou essayé d’être DJ, confe-t-il. Mais cela me tente. Je me demande à quoi ma propre musique ressemblerait. »

Et naturellement, il se demande comment combiner sa passion pour la musique et le saut à ski. « Je veux créer un espace où le saut et la musique coexistent et se renforcent mutuellement. Regarde l’impact social du hip-hop : imagine que le saut à ski atteigne un statut similaire ! »

Le hip-hop, en particulier le hip-hop japonais, infuence chaque aspect de la vie de Ryōyū Kobayashi. Celleux qui le connaissent bien se souviennent que, avant de tomber amoureux de ce genre musical, son style vestimentaire était plutôt discret. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : « La façon dont KOHH et d’autres rappeurs parlent de mode dans leurs chansons m’a profondément marqué. »

L’un de ses amis est justement un grand designer de mode, Hiroshi Fujiwara, aka le « Parrain du streetwear ». Fujiwara fait partie du projet collaboratif HTM de Nike (H pour Hiroshi), à l’origine de la vague des sneakers rétro. Un univers que le designer connaît parfaitement puisqu’il fut, dans les années 80, l’un des premiers DJs au Japon à jouer du hip-hop américain. En septembre 2023, les deux ont assisté ensemble à un Grand Prix de F1. C’est là que Kobayashi a eu l’idée de demander

à Fujiwara de concevoir son casque de saut à ski. Le jour du fameux record des 291 mètres, Kobayashi portait donc un casque spécialement conçu par son ami.

Cette passion pour la mode l’a motivé pour concevoir quelques vêtements disponibles sur la boutique Team Roy. Mais quand on lui demande s’il a envie de lancer sa propre ligne, l’intéressé secoue la tête : « Non, ce n’est pas prévu » – même si sa fascination pour la mode reste intacte. « Ce que j’aime dans la mode, c’est qu’elle permet d’exprimer des émotions, de montrer qu’on se sent bien dans sa peau. » « Comment décrirais-tu ton style de vie aujourd’hui ? » Kobayashi se répète la question depuis la banquette arrière de son Range Rover, avant de citer JP THE WAVY : « WAVY !, répond-il en souriant. WAVY. Relax, quoi. »

La carrière de Kobayashi l’a amené à côtoyer des personnes pour lesquelles, au premier abord, la « cool attitude » n’est pas nécessairement une priorité. « Je suis un vrai montagnard », lance Bernie Rupitsch. Une description très édulcorée de ce quinquagénaire autrichien originaire de Heiligenblut, dans les montagnes de Carinthie (Autriche). Rupitsch est un mec de besogne, le genre de type qu’on appelle quand il s’agit de réaliser les idées les plus folles. En 2021, Red Bull lui a demandé de construire un tremplin de saut à ski unique en son genre. Et qui est l’athlète qui était censé l’utiliser, une fois construit ? Kobayashi.

On peut confondre sa nature réservée avec un manque d’enthousiasme, ce qu’il réfute catégoriquement. Ainsi, son entraîneur dit :

« Personne ne prendrait un tel risque sans passion. »

Des fringues amples et stylées qui collent à son mode de vie, sans prise de tête : ici en total look Undercover. « Beaucoup de mes amis japonais sont des artistes dans le milieu du hip-hop. »

Hiroshi Fujiwara, célèbre pour avoir lancé une vague de sneakers rétro chez Nike, a collaboré avec Kobayashi pour concevoir son casque.

Pour comprendre le projet, il faut revenir en 2019. Cette année-là, Kobayashi réalise sa meilleure performance personnelle : un saut de 252 mètres, un record japonais, mais aussi, à ce jour, le troisième saut le plus long de l’histoire (le record ofciel actuel est de 253,5 mètres, détenu par l’Autrichien Stefan Kraft). Le tremplin utilisé pour ce saut, situé à Planica en Slovénie, a une longueur (qu’on appelle hill size) de 240 mètres, ce qui ne désigne pas la longueur de la rampe mais la fn de la zone d’atterrissage sécurisée. Au-delà de ce point, la pente devient beaucoup plus plate, ce qui augmente considérablement la pression sur le skieur ou la skieuse lors de l’atterrissage et, avec elle, le risque de chute ou de blessure grave. À Planica, Kobayashi a volé 12 mètres au-delà de cette limite des 240 mètres – sachant qu’il n’existe aucun tremplin plus grand au monde que celui de Planica.

L’idée de Rupitsch est donc audacieuse : construire un tremplin deux fois plus grand. En 2012, il avait déjà tenté un projet similaire pour l’Autrichien Thomas Morgenstern. Le tremplin, situé sur le Grossglockner, la plus haute montagne d’Autriche, avait bien été construit mais des obstacles bureaucratiques

avaient empêché son utilisation. Pendant presque une décennie, cette idée a continué d’obséder Rupitsch : « Chaque fois que je voyais une montagne adaptée, je me disais : “On pourrait y construire un magnifque tremplin.” » Quand l’occasion se représente en 2021, Rupitsch est bien décidé à construire un tremplin unique en son genre, mais aussi à le voir utilisé par des athlètes hors du commun. La première étape est de trouver un endroit isolé et de préférence près de la mer. « Plus on est en altitude, plus l’air est rare et moins il y a de portance », explique-t-il. Après deux ans de recherche, Rupitsch découvre une colline près de la ville d’Akureyri, dans le nord de l’Islande. « La première fois que je l’ai vue, le ciel était rempli d’aurores boréales. C’était un signe », dit-il.

En 2023, Kobayashi se rend sur place : « C’était l’été. Il n’y avait que de la roche et de la pierre, se souvient-il. Mais j’ai tout de suite su que cet endroit était parfait pour le saut à ski. » En vrai puriste venu des montagnes nippones, il demande que la piste soit faite en glace. « Normalement, les pistes sont en céramique, explique son collègue autrichien. En dessous, un tuyau pulvérise de l’eau qui gèle. Le souhait de Kobayashi d’avoir une vraie piste de glace représentait donc un vrai déf pour nous : le saut devait avoir lieu au printemps, après la fn ofcielle de la saison, mais avant la montée des températures : ça ne nous laissait pas beaucoup de temps. »

« Dans un café du centre commercial de la ville, j’ai acheté 20 kilos de gros sel pour bretzels, raconte Rupitsch.

Un de ses proches, Hiroshi Fujiwara, est une légende du streetwear et expert en sneakers chez Nike.

3 Secondes…

Secondes…

Secondes…

LE SAUT RECORD DE RYO–YU – EN ISLANDE

parti !

VitesSe : 107 km/h !

253,5 mètR es ! c’est un nouveAu record du monde.

AtterR isSage : 291 mètR es

RACHAEL STOTT

À

7 h 18, il tente son quatrième saut. Tout semble prêt, mais le soleil est déjà haut et la température devient problématique. Par radio, l’équipe discute de l’ajout de sel sur la piste d’élan. Réponse : « Pas de sel. » Kobayashi s’assoit sur le tremplin et attend que le vent se calme.

« Ryōyū est en approche, » annonce la radio. « 3, 2, 1… Décollage ! » Il apparaît au sommet de la colline, le corps tendu, volant comme une fèche dans les airs, les skis en parfait V. Huit secondes s’écoulent, il vole toujours, dépassant la marque du record du monde ofciel. Neuf secondes, dix, il atterrit en douceur. « 291 mètres ! » Kobayashi a ainsi dépassé de 37,5 mètres le précédent record historique de ce sport.

Si vous saupoudrez du sel sur la neige, elle devient très glacée avant de fondre. Si la température grimpait trop, je prévoyais d’utiliser tout ce sel sur la piste d’élan. Sinon, nous l’aurions utilisé pour une bretzel party ! »

La veille du saut, Kobayashi inspecte l’installation une dernière fois. « Tout ce qu’il a dit, c’est : “Merci pour votre boulot” », se souvient Rupitsch en riant. « J’étais détendu, explique Kobayashi. Parce que tout était parfait. »

Celleux qui ne connaissent pas Ryōyū Kobayashi sont tenté·e·s de confondre sa nature réservée avec un manque d’enthousiasme. Une impression évidemment trompeuse : « Personne ne prend de tels risques sans être guidé par la passion », rappelle son entraîneur, le Finlandais Juha Väätäinen. « Ce que Ryōyū fait habituellement est déjà très dangereux. Mais ce projet en Islande dépasse les limites de ce qui est normal, même pour les standards des sauteurs à ski. C’est extrêmement risqué. »

Une passion que le sauteur japonais démontre une nouvelle fois magistralement, en cette journée du 24 avril 2024 à Akureyri. Un record réalisé le deuxième jour sur le tremplin. Bien que la petite bourgade islandaise compte à peine 20 000 âmes et qu’elle soit relativement isolée, la rumeur s’est semble-t-il répandue qu’il se passait ici quelque chose d’exceptionnel. On aperçoit ce jour-là un drone non identifé dans le ciel et un site d’information islandais publie des photos prises en cachette. La veille, Kobayashi avait efectué trois sauts. Son dernier saut de 256 mètres, dépassait déjà de peu le record du monde ofciel.

Kobayashi est debout depuis quatre heures du matin, se préparant dans le parking pour ses sauts. « Il est tellement calme qu’on ne sait pas vraiment ce qui se passe dans sa tête, » avoue Väätäinen. « Ces derniers jours, je suis sûr d’avoir eu plus peur que lui ! » La saison de saut à ski est terminée depuis cinq semaines, et Kobayashi n’a pas sauté depuis un mois.

Déjà, la neige fond – ce qui signife que ce saut de 291 mètres sera le dernier jamais réalisé sur ce tremplin unique. Bientôt, il disparaîtra complètement sous le soleil printanier islandais. Plus tard dans la journée, la Fédération internationale de ski (FIS) annoncera que le tremplin ne répondait pas aux critères nécessaires pour que le saut de Kobayashi soit homologué comme un record ofciel. Mais pour Kobayashi, ce n’est pas le plus important : ce qu’il voulait, c’était attirer l’attention du public sur un sport qu’il aime tant – et c’est réussi. Comme il le répète : « C’est ça, le vol à ski ! »

Six mois plus tard, nous le retrouvons à Tokyo, prenant la pose devant une fresque murale géante représentant une boîte de thon, dans le quartier gastronomique d’Hobo Shinjuku Norengai. La soirée commence, les restaurants et les bars se remplissent. Kobayashi, vêtu d’un ensemble noir signé Prada, est assis sur une table et joue avec l’objectif de la caméra. Demain, il prendra le Shinkansen, le train à grande vitesse, pour se rendre à Kobe, avant d’aller profter des paysages enneigés d’Hokkaido. Il enchaînera les compétitions chez lui et en Europe. Et ensuite ? « Ma vie suit son propre cours », répond Kobayashi dans un grand sourire. Une vie faite de passions et de moments féeriques à planer dans les airs – aussi loin que possible.

Au lieu d’une combinaison classique de ski, Ryōyū préfère poser en total look Marni.

sa seconde saison en MotoGP cette année.

Le jeune pilote de moto espagnol dispute

MOTO THÉRAPIE

Sa famille a hypothéqué son bateau de pêche pour soutenir sa carrière de pilote moto pro et ne l’a pas regretté. Meilleur rookie de la saison 2024 de MotoGP, l’Espagnol Pedro Acosta (20 ans) est le nouveau prodige de la discipline. En toute détente, et sans même avoir le permis. Pour « le requin de Mazarrón », toujours proche de ses racines, qu’importe que vous soyez une légende : si vous êtes sur sa trajectoire, mieux vaut se tenir à distance.

Hongrie, Malaisie, Japon, Portugal, Espagne, Autriche, Indonésie, Qatar, etc. 22 courses attendent Pedro cette saison.

The red bulletin : Quel est ton premier grand souvenir à moto ?

pedro acosta : Probablement le premier jour où j’ai roulé, mais l’un des moments les plus importants a été le jour où j’ai gagné la Red Bull MotoGP Rookies Cup. C’était certainement ma dernière chance de pouvoir devenir professionnel.

Quand as-tu réalisé que tu pouvais devenir pro ?

Lors de ma deuxième année en Red Bull MotoGP Rookies Cup. À la maison, financièrement, nous avions très peu d’options, c’était une période compliquée. Cela m’a donné le dernier coup de pouce dont j’avais besoin pour y arriver.

Pourquoi est-ce bénéfque de passer par ce format mêlant formation et compétition ?

La Red Bull MotoGP Rookies Cup a sauvé la carrière de nombreux pilotes sans moyens financiers. Pour moi, c’étaient les deux meilleures années de ma carrière « non pro », car c’était la première fois que je me battais à armes égales avec les autres. Je pense que c’est le meilleur championnat pour parier sur des jeunes talents qui partiront ensuite en mondial.

Tu viens d’une famille de pêcheurs et pour te permettre de poursuivre ta carrière, tes parents ont été jusqu’à mettre en jeu ce qu’ils avaient de plus cher : leur bateau !

C’est simple, à la maison, l’argent était rare. La pêche n’est pas un travail facile non plus. L’une des seules options a été d’hypothéquer le bateau familial. Ils ont pris un gros risque, heureusement que ça s’est bien terminé, sinon les conséquences auraient été lourdes.

Quelle a été ta plus grande surprise en arrivant dans la catégorie reine ?

C’est tout simplement l’expérience la plus incroyable que l’on puisse vivre à moto. Il a fallu comprendre comment tout faire fonctionner et réussir à combiner chaque élément. Ce n’est pas toujours simple mais l’équipe autour de moi m’a bien aidé. En plus, je suis arrivé dans un groupe de pilotes rapides, qui avaient passé plusieurs années en MotoGP, donc l’équipe qui m’a entouré a été très importante.

Qu’est-ce qui a été le plus difcile en MotoGP par rapport aux catégories inférieures ?

L’électronique, sans aucun doute. Nous venons tous de catégories où il n’y a quasiment aucune aide au pilote ni assistance électronique. Quand on arrive en MotoGP, qu’on le veuille ou non, on repart de zéro. On doit tout réapprendre assez vite, et la partie électronique est certainement la plus compliquée au début.

Tu parles de la diférence entre piloter une MotoGP et une Moto2, notamment en termes d’électronique. Pour expliquer au public, ce n’est pas juste un bouton, c’est penser à beaucoup de choses en MotoGP que tu n’avais pas à considérer avant.

Oui, ce n’est pas juste un bouton. Il y a les boutons mais il faut aussi savoir quand les utiliser pour maintenir un bon rythme de course. C’est la préparation en amont qui est importante. Au final, tu as deux jours pour te préparer pour une course qui décide si ton week-end a été bon ou mauvais. Être rapide mentalement et comprendre ce dont tu as besoin pour gagner te permet d’être plus efficace pour trouver les bons réglages et comprendre comment utiliser ces boutons en course.

Aimes-tu la mécanique, parler avec les ingénieurs, etc. ?

Oui, je pense que cela fait partie du travail. Plus tu t’investis, plus il est facile pour l’équipe d’adapter la moto spécifiquement pour toi, et plus il est facile d’être rapide. Il faut aussi savoir à qui parler. Dans une équipe MotoGP, il y a beaucoup de monde, mais il est essentiel de s’exprimer clairement pour faire comprendre ce dont tu as besoin. Comprendre ce qui se passe sur la moto est la clé pour bien modifier les réglages.

Quelle partie technique de ta MotoGP t’a le plus impressionné ?

Le moteur, sans aucun doute. Nous courons avec les motos les plus avancées au monde technologiquement parlant, les plus rapides. C’est impressionnant, car au final, peu de motos atteignent les 370 km/h avec la technologie que nous avons entre les jambes.

Comment t’adaptes-tu à ton nouveau team, KTM Factory Racing ? Être pilote d’usine est déjà un grand pas. Toute la marque est derrière moi. J’ai aussi quatre ingénieurs (en télémétrie, stratège, mécaniciens) qui m’ont suivi d’un team à l’autre, ce qui facilite énormément l’adaptation. Les différences culturelles peuvent parfois être un challenge, mais avoir un team usine et les bonnes personnes autour de soi changent tout.

Qu’est-ce qui est important pour toi dans une équipe ?

Ce qui compte, c’est d’avoir des personnes de confiance autour de moi. Que ce soit ma famille, mon manager, mon ingénieur, c’est essentiel. Si tu ne fais pas confiance à ton équipe, aussi bonne soit-elle, tu n’arriveras nulle part. Parfois, l’environnement personnel du pilote fait plus la différence que son propre talent.

« Parfois, l’environnement personnel du pilote fait plus la différence que son propre talent. »

À 16 ans en Autriche (2020).

CHAMPION

DU MONDE

« Un champion du monde est prêt à faire des choses qu’un bon pilote ne fera pas. Aussi difficile que ça puisse paraître, quand on est pilote, il faut être prêt faire des sacrifices. Ces sacrifices permettent de gagner les dixièmes de seconde qui font la différence. Certains renoncent à leur famille, à leurs amis, à leur temps libre, et investissent tout dans leur carrière pour devenir champion du monde. C’est, selon moi, la plus grande différence. »

La différence entre un bon pilote et un Champion du monde selon Pedro Acosta.

Comment décrirais-tu la première fois que tu as roulé avec des légendes du MotoGP ?

Je n’y ai pas vraiment pensé. Une fois en course, je suis un pilote parmi les autres, et je ne pense qu’à les battre. En fait, il ne faut pas penser à ce qu’ont gagné ceux avec qui tu es en train de rouler.

Quel est le meilleur conseil que tu as reçu depuis ton arrivée en MotoGP ? Ça a été : « Racing is simple. » Souvent, on se complique la vie concernant les courses alors qu’elles sont parfois bien plus simples qu’elles n’y paraissent. Il faut rester calme et ne pas se précipiter. Il faut rendre les choses simples, la vie est déjà assez difficile comme ça !

Y a-t-il une course ou un moment cette saison qui t’a fait grandir en tant que pilote ?

La course au Japon. C’était celle où nous avions le plus de chances de gagner, et finalement, nous avons tout perdu. J’ai souvent voulu aller trop vite, alors qu’il aurait mieux valu être patient et bien faire les choses. Le Japon a vraiment été un moment important de mon apprentissage cette année.

Où penses-tu avoir le plus progressé la saison dernière ?

Depuis cette première année en MotoGP, j’ai pu acquérir de l’expérience. Je pense que je suis beaucoup plus calme, je sais dans quelles situations je peux me retrouver et comment résoudre les problèmes. Je suis arrivé en MotoGP avec très peu d’expérience, non seulement avec la moto, mais aussi dans le Championnat du monde, donc je pense que la partie psychologique est probablement celle que j’ai le plus améliorée. Désormais, je suis plus calme et j’arrive aussi avec plus d’expérience.

« Quand on arrive en MotoGP, qu’on le veuille ou non, on repart de zéro. »

Que fais-tu pour te détendre en dehors des circuits ?

J’aime être avec mes amis, j’aime aller dîner avec eux, sortir un peu, tout simplement être une personne normale et ne pas être seulement le professionnel que tout le monde voit. Et j’aime rouler à moto, j’aime les différents types de moto, je peux faire du motocross, du trial, du flat track ou du supermotard ; tant que je roule à moto, ça me va, peu importe la discipline. La seule chose que je ne fais pas, c’est de la moto sur la route parce que je n’ai même pas le permis. Mais pour moi, je prends la moto plus comme une thérapie qu’un sport.

Quelle est ta plus grande force en tant que pilote par rapport aux autres ?

C’est très difficile à dire parce que tout le monde progresse année après année. Mais c’est peut-être mon mental. Je pense que parfois, je peux être très têtu, mais en même temps, j’ai cette force mentale qui est souvent nécessaire pour affronter des moments difficiles ou relever de grands défis comme en MotoGP.

Comment abordes-tu mentalement une course ?

J’essaie de rester calme. Je ne suis pas du genre à me stresser facilement. J’ai vécu sous pression pendant des années, alors maintenant, je préfère être détendu avant une course.

As-tu des entraîneurs qui t’épaulent physiquement et mentalement ?

Physiquement, oui. Je respecte ceux qui ont un coach mental, mais je crois que le meilleur psychologue pour moi, c’est moi-même. Tu sais ce qu’il se passe dans ta tête, tu sais ce qui peut t’aider à te vider un peu plus l’esprit. Tu peux bien sûr essayer de parler à quelqu’un d’autre mais il est souvent beaucoup plus facile de se parler à soi-même.

Y-a-t-il un aspect de ton pilotage qui te distingue des autres pilotes de MotoGP ?

Si je devais n’en citer qu’un, je dirais le freinage. C’est là où je pense avoir le plus d’avantage sur mes rivaux.

Pedro Acosta en février dernier, prêt à tester sa nouvelle moto lors des essais de présaison en Malaisie.

LE FUTUR DU MOTOGP

CE PROGRAMME RÉVÈLE LES BOSS DE DEMAIN PARMI LES PLUS JEUNES TALENTS MOTO.

La Red Bull MotoGP Rookies Cup est une compétition destinée aux jeunes pilotes prometteurs, visant à découvrir et à former la prochaine génération de champions de MotoGP. Lancée en 2007, cette série se déroule en marge de plusieurs courses du Championnat MotoGP, offrant aux jeunes talents une plateforme pour démontrer leurs compétences sur des circuits internationaux. Les participants, généralement âgés de 13 à 17 ans, sont sélectionnés selon un processus rigoureux. Ils pilotent tous des KTM RC 250 R identiques, mettant l’accent sur le talent pur plutôt que sur l’avantage technique. Les courses sont souvent très compétitives et permettent aux jeunes pilotes de gagner en expérience et en visibilité. D’anciens participants de la Red Bull MotoGP Rookies Cup sont devenus des noms célèbres dans le monde de la moto, comme Johann Zarco, pilote en MotoGP, et Jorge Martín, Champion du monde MotoGP en 2024. La série, qui a révélé Pedro Acosta, constitue donc un tremplin essentiel pour les jeunes talents aspirant aux plus hauts niveaux de la compétition moto.

Quelle est, selon toi, la qualité indispensable pour devenir Champion en MotoGP ?

La régularité. En début de saison, tout le monde est motivé, mais au fil des courses, les choses ne se passent pas toujours comme prévu, les résultats ne viennent pas comme on le souhaite, et divers événements peuvent venir te déstabiliser. Il faut avoir cette capacité à se dire chaque jour : « Allez, encore un jour, encore un jour », jusqu’à ce que tu y arrives.

Comment gères-tu les moments difciles, comme une chute ou un mauvais résultat ?

Je pense être mentalement assez fort pour savoir oublier. Il faut aussi être capable de prendre du recul et ne pas voir le problème uniquement de l’intérieur. J’essaie donc de rester entouré de mes proches et de personnes qui me disent les choses en face. Il faut savoir regarder un problème sous un autre angle et s’entourer des bonnes personnes, c’est essentiel.

Comment décrirais-tu l’ambiance entre les pilotes MotoGP ?

Je ne comprends pas l’idée d’être ami avec tout le monde. Je ne peux pas être ami avec quelqu’un contre qui je me bats pour réaliser mon rêve. Il faut savoir faire la distinction : les amis sont à la maison ; au travail ou sur les circuits, ce ne sont pas des amis, mais des rivaux que tu dois battre. Moins il y a d’émotions en jeu, plus c’est facile.

« Je ne peux pas être ami avec quelqu’un contre qui je me bats pour réaliser mon rêve. »

Si tu devais résumer en une phrase la clé de ton succès ?

Même si les gens pensent que c’est du talent, Pedro Acosta n’est pas né bon à moto. Je pense que c’est le travail acharné qui a fait la différence et m’a permis de progresser.

Qui est le pilote le plus impressionnant en duel sur la piste ?

Certainement Brad Binder. C’est un pilote avec du caractère, qui sait exactement ce qu’il veut : gagner ! Peu importe contre qui il se bat, son objectif reste le même.

Quel est le tien, d’objectif, pour ta deuxième saison en MotoGP ?

Trouver la régularité qui nous a manqué l’an dernier. Nous avons perdu beaucoup de points et d’opportunités à cause des chutes. Donc, cette année, il faudra aborder le début de saison avec calme, rechercher cette régularité et, pourquoi pas, se battre pour le titre en fin de saison.

Comment gères-tu la pression d’être vu comme une future star du MotoGP ?

Je ne ressens pas de pression. Il y a ce qui se dit et il y a ce que tu ressens. Mon objectif actuel n’est pas d’être une légende du MotoGP, mais de gagner des courses et un Championnat au plus vite.

Quelle trace aimerais-tu laisser dans l’histoire du MotoGP ?

Je suis quelqu’un qui n’a pas besoin de beaucoup parler, je préfère m’exprimer sur la piste. J’espère devenir une référence, mais pour cela, il faut d’abord gagner des titres.

Comment gardes-tu les pieds sur terre malgré ton ascension rapide ?

En restant à Murcia. Je viens d’un village où tout le monde se connaît. Là-bas, si je change, les gens me le feront savoir immédiatement. Et puis, en vivant là-bas, je vois les gens qui se donnent à fond sur leur bateau pour nourrir leur famille et ça, c’est important pour garder les pieds sur terre et se souvenir d’où on vient.

IG : @37pedroacosta

En 2020, Pedro Acosta a remporté la Red Bull MotoGP Rookies Cup.

Pedro Acosta en toute détente sur le circuit de Sepang (Malaisie), le 6 février 2025 lors des essais de présaison.

La discipline fitness la plus cool et la plus accessible de la planète

HYROX

8 km, 8 workouts. Un format unique pour une version soft des 12 travaux d’Hercule. Avec un grand smile à l’arrivée, et le sentiment de faire partie d’une vraie communauté. Décryptage de ce buzz fitness mondial, avec six spécialistes qui débarqueront en force sur l’Hyrox Paris Grand Palais du 18 au 20 avril.

Texte PATRICIA OUDIT
Welcome to Hyrox ! Mévéna Pingliez en mode Sled Push, l’une des huit stations de ce format fitness qui cartonne.

Nathan à l’épreuve du Sandbag Lunges.

Ce sac de sable pèse de 20 à 30 kg, selon la catégorie, chez les Hommes.

« DANS CE SPORT, TOUT LE MONDE A SA CHANCE, PAS BESOIN DE SORTIR

SES MUSCLES ! »

NATHAN HAAG, LE PARTAGEUR

Se qualifier pour les mondiaux de Chicago à la fin de l’année : c’est l’objectif que Nathan s’est fixé en 2025, en “Serial Hyroxer” qui enchaîne sans faillir les étapes. Soit dix Hyrox en 2024, et cinq targets en 2025 que sont Toulouse, Karlsruhe, Málaga, Paris, et Berlin. En solo, en binôme ou en relais, le Strasbourgeois a découvert la pratique née en Allemagne grâce à sa proximité avec l’Outre-Rhin, voici un an. Avec un pote, il part direction Karlsruhe, et ça marche. Dès le deuxième stop, Nathan fait des super chronos, tape des Top 10 puis des Top 5.

Avec des Top 1 ou 2 au rameur et au ski erg (stations 1 et 5). « L’Hyrox est arrivé au moment où je commençais à m’ennuyer en musculation et où je me suis mis à courir davantage. La discipline alliant les deux pratiques, je pense que j’ai trouvé mon sport ! » Une préparation super variée (renforcement, endurance, cardio) avec peu de risques de blessure, de quoi plaire à Nathan le stakhano. « Dans ce sport, ce que j’aime aussi, c’est que tout le monde a sa chance, pas besoin de sortir ses muscles, car ça se joue beaucoup sur la course à pied. Par exemple, avec mes 90 kilos, j’ai encore un peu de mal à sprinter, mais j’ai un bon binôme qui va pouvoir me tirer sur le run. Toutes les combinaisons sont possibles : on peut constituer des teams très complémentaires, la jouer sport collectif et faire de la stratégie en plaçant les gens sur leurs points forts. » Nathan a inscrit son frère en douce à l’épreuve de Karlsruhe. « Il n’était pas vraiment sportif, mais depuis qu’on a cet objectif commun, il s’est mis à courir et ça le fait bien ! »

Nom Nathan Haag

Ville Strasbourg Âge 29 ans

Job Coach sportif

Personnalité

« Le partageur » Il passe la plupart de son temps à s’entraîner, que ce soit pour l’Hyrox, mais aussi pour se préparer au marathon, ou encore au GR20.

Challenge 2025 Faire équipe avec l’un de ses clients en fauteuil roulant lors de l’épreuve de Berlin. « Cela fait des mois que je l’entraîne, ça se passe bien. Cela prouve que c’est un sport inclusif où tout le monde a sa place, quel que soit son état de forme ou son handicap. Il y a même un homme de plus de 75 ans qui participe ! »

Social @nathantraining

CHAQUE STATION COMPTE !

SKI ERG

1 000 m

Le premier atelier peut vite devenir un piège si vous partez trop fort. L’important est de trouver un bon rythme dès le départ, en engageant les jambes et en maintenant un mouvement fluide avec les bras. Respirez bien et utilisez tout votre corps pour éviter d’épuiser vos épaules trop tôt.

1 3

SLED PULL

50 m

Le secret du sled pull ?

Une posture bien gainée et un tirage efficace. Restez bas, verrouillez vos bras et utilisez la force de vos jambes pour reculer progressivement. Un mouvement trop saccadé ou une traction uniquement avec les bras peut vite vous épuiser.

5

ROWING

1 000 m

Le rameur est un piège si vous ne l’abordez pas correctement. Beaucoup tirent trop vite et trop fort, ce qui brûle les bras inutilement. La bonne stratégie ? Prioriser la poussée avec les jambes avant de tirer avec les bras, et maintenir un rythme constant, ni trop rapide ni trop lent.

SANDBAG LUNGES

100 m

C’est l’épreuve où la précision prime sur la vitesse. Un bon placement des pieds, un buste bien droit, les abdos contractés, et une poussée dynamique éviteront la perte d’énergie. Le conseil clé ? Ne vous précipitez pas : un lunge mal fait coûte cher en énergie. 7

SLED PUSH

50 m

L’un des plus appréhendés !

Ici, la clé est d’adopter une position basse, de bien ancrer ses pieds dans le sol et d’avancer à petits pas rapides plutôt que de forcer avec de grandes poussées. Ce ne sont pas vos bras qui poussent, mais vos jambes.

BURPEE BROAD JUMPS

80 m

À ce stade, la fatigue commence à peser. L’objectif est de garder un rythme constant, sans à-coups. Réalisez des sauts efficaces en restant le plus léger·ère possible et en limitant au maximum les impacts lors des sauts. Respiration et régularité seront vos meilleures alliées.

FARMERS CARRY

200 m

Une épreuve qui met vos avant-bras à rude épreuve ! Gardez le dos droit, contractez fermement la prise et avancez avec des pas courts et dynamiques pour minimiser la fatigue.

WALL BALLS

100 reps

Dernière station et souvent la plus redoutée, à juste titre.

Le bon réflexe : utiliser un bon tempo respiratoire et s’appuyer sur les jambes plutôt que de tout envoyer avec les bras. Fixez un repère sur le mur pour viser toujours au même endroit et éviter de gaspiller de l’énergie ou de prendre des « no rep ».

Wall Balls et Rowing pour Laetitia qui souhaite transmettre et vivre de sa passion du sport.

« EN HYROX, L’AMBIANCE EST SURVOLTÉE, C’EST SUPER MOTIVANT ! »

LAETITIA JOUBERT, LA CHALLENGEUSE

Quand elle passe devant le Grand Palais pour se rendre à son cours de crossfit du lundi, Laetitia Joubert hallucine.

« C’est un rêve absolu de participer à un Hyrox dans cet endroit mythique. » Si on lui avait dit ça il y a encore quelques mois, la jeune femme vous aurait soupçonné de vilement la flatter.

« Quand je courais, on aurait dit un hippopotame ! J’ai toujours été une vraie bille en course à pied ! » L’Hyrox aurait pu lui

sembler inaccessible puisque le kilomètre répété huit fois finit par faire grimper méchamment le cardio. Sauf que quand Laetitia le découvre en bénévole sur l’étape de Paris 2024, par hasard, Laetitia a un vrai coup de cœur pour cette discipline que chacun·e peut faire à son rythme. C’est parti pour l’épreuve de Bordeaux en duo en octobre 2023, le premier en France, puis Nice, Marseille... « J’ai besoin de me challenger, mais dans un environnement convivial et là, en Hyrox, l’ambiance est survoltée, c’est super motivant ! » Ses points forts : ski erg et rameur. La course à pied ? Elle va en faire sa priorité. Sur la course, quand la lucidité se perd, le corps prend le relais. « Au fil des épreuves, j’observe les bons, je les imite, et ça paie : je m’améliore d’étape en étape. Mon meilleur temps est d’1 h 35 min à Nice. J’ai pleuré, j’étais fière. J’étais bien, j’avais envie de recommencer. C’est addictif ! » Dès avril, changement de routine, de vie tout court : Laetitia, si tout va bien, sera coach de sport et, pourquoi pas, avec spécialité Hyrox ? Un autre rêve qui prend corps, le même mois que celui d’entrer au Grand Palais.

Nom Laetitia Joubert

Ville Nogent-sur-Marne Âge 29 ans

Job Commerciale en salle de sport

Personnalité

« La challengeuse » Quatre ans de crossfit, puis du fitness. Côté tempérament, c’est deux salles deux ambiances : réservée dans la vie, la « bête » se réveille dès qu’elle fait du sport.

Challenge 2025

« Arriver enfin à vivre de ma passion pour le sport, la transmettre à des personnes qui pensent que ce n’est pas pour elles. Et bien sûr, donner envie à tout le monde de se mettre à l’Hyrox où je me suis complètement trouvée. »

Social @laetimou

« LORS D’UN

HYROX,

ON

VOIT

TOUS

TYPES DE SILHOUETTES, DONT PAS MAL DE GENS EN SURPOIDS, ET ÇA C’EST TOP ! »

MÉVÉNA PINGLIEZ, LA FONCEUSE

La jeune ostéopathe parle de sa vieille ferme de la campagne tourangelle qu’elle retape avec son coach de mari Quentin, entre chien, chat, poules, chèvres naines et cochon domestique. Le couple s’est rencontré au badminton, version haut niveau, et a décidé de faire équipe en Hyrox. « On vise le titre mondial en juin prochain à Chicago en double mixte. »

Sixième l’an passé aux Cham-

pionnats du monde avec une prépa « bancale » et sans que ce soit la priorité, ça donne de la perspective. Cette année, Mévéna et Quentin ont pris un coach pour booster la course à pied, là où la différence se fait. « On bosse ensemble depuis un an. Ça paie puisque sur l’épreuve de Toulouse, notre dixième course, on a battu notre propre record de France avec 53 min 42 sec. On se dit qu’à ce rythme, les Allemands, les meilleurs, sont prenables ! »

Avant d’ajouter : « La toute première fois que j’ai tiré un sled de 75 kilos, j’ai failli me faire un lumbago, alors que je suis bien entraînée. On est quand même sur des grosses charges, une discipline hybride qui met en jeu plein de paramètres (explosivité, endurance, force, ndlr) à travailler en amont. » L’athlète dit s’être davantage blessée en badminton, « ce soi-disant sport de plage », qu’en Hyrox, où les mouvements sont très rectilignes, dans l’axe, donc pas excessivement traumatisants. « Sur le circuit, malgré les images de gens hyper fit et très musclés qui sont mises en avant, on voit tous types de silhouettes, dont pas mal de gens en surpoids, et ça c’est top ! »

Nom Mévéna Pingliez

Ville Tours Âge 30 ans

Job Ostéopathe

Personnalité

« La fonceuse »

Super organisée, très persévérante, Mévéna n’a pas peur de grand-chose.

Challenge 2025

« L’année sera très axée Hyrox, avec les mondiaux dans le viseur, mais surtout, Quentin et moi souhaitons trouver des sponsors qui nous aident à nous professionnaliser. Car en tant qu’ambassadeur·rice·s, la charge mentale commence à devenir compliquée à gérer. Et pas question de lâcher nos jobs. J’adore mon métier !

L’idée, c’est de faciliter cet équilibre entre plaisir perso et épanouissement pro ! »

Social @mevpgz @coach_pgz

Le ski erg est la première station de l’Hyrox. Prenez garde de ne pas partir trop fort !

« IL Y A DES ÉQUIPES FÉMININES QUI FONT DE MEILLEURS TEMPS QUE LES HOMMES ET, PARFOIS, DE BEAUCOUP ! »

NOÉMIE HANSE, L’INSPIRANTE

« L’Hyrox, c’est comme si on était en boîte, sauf que tout le monde est sobre. » Le slogan pourrait faire florès surtout quand Noémie Hanse vous détaille l’ambiance survoltée sur fond d’entraide braillarde et bon enfant et de DJ sets bien massifs. C’est parce qu’elle postait des entraînements fonctionnels qu’un de ses abonné·e·s sur les réseaux sociaux lui a parlé de l’Hyrox. « J’ai accroché direct ! Venant de la course à pied, le challenge était plus que tentant et tout à fait naturel ! » Depuis, Noémie, qui court en solo quand elle joue le chrono à fond pour se dépasser

ou en duo avec des copines quand elle veut s’amuser, a été prise par la vague et la vibe run & workout. Jusqu’à coacher spécifiquement de nouveaux· elles accros de la pratique qui peut regrouper jusqu’à 10 000 personnes par épreuve. Moins narcissique que le fitness et ses enfilades de miroirs, loin de l’époque Jane Fonda en justaucorps rose, « la discipline permet à toutes les filles, quel que soit leur profil, d’améliorer leur condition physique. C’est un des rares sports où la parité est presque atteinte », se réjouit Noémie qui a pu constater le 50/50 sur des grosses étapes du circuit. « Et comme la course à pied permet de compenser la force aux ateliers, il y a des équipes féminines qui font de meilleurs temps que les hommes et, parfois, de beaucoup ! » Noémie fait partie de ces figures du milieu qui inspirent leurs alter egos : « Quand les autres filles me voient, moi le petit bout de 1,50 mètre franchir la ligne d’arrivée d’un parcours qui semble, a priori, pas évident, elles osent se lancer ! J’ai même mis des hommes à l’Hyrox ! », conclut la jeune femme qui vous donne rendezvous, en toute amitié, au Grand Palais pour voir de quel bois sont faites les femmes.

Nom Noémie Hanse

Ville Lille Âge 22 ans

Job Coach fitness et Hyrox

Personnalité

« L’inspirante »

Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est se « créer des souvenirs, rencontrer plein de gens » et s’enrichir à leur contact. Sa passion, « assez complémentaire » pour les neurosciences, l’aide dans son métier. Pour « optimiser mes entraînements mais aussi améliorer ma vie de tous les jours », dit-elle.

Challenge 2025

Noémie va enchaîner les Hyrox mais a surtout pour objectif de boucler son premier triathlon (half-ironman d’Aix-en-Provence mi-mai).

Social @mie_haa

Noémie dans le dur sur le Sled Push, l’un des exercices les plus redoutés de l’Hyrox.

Bien encré et ancré, vous voyez ici Adrien dans l’épreuve du Sled Pull.

ADRIEN RAFFAULT, LE MULTICARTE

Dingue d’outdoor et d’aventure longue distance au grand air, Adrien n’était pas vraiment formaté pour se retrouver enfermé dans une salle, si grande soitelle, à tourner en rond. L’univers de ce coach sportif depuis treize ans : trail, ski, vélo, courses à obstacles à l’image de la Spartan, dans lequel il s’est fait un petit nom. « Je suis plus fan d’endurance à la base, mais, finalement, à force de voir passer des vidéos d’Hyrox, je

me suis pris au jeu. À tel point qu’on a créé la Teamrox avec Pierre Dorez, un ancien triathlète. Ce que je trouve bien dans ce sport, c’est qu’on ne peut pas être en échec. L’Hyrox ouvre des tas d’opportunités vers d’autres sports, on se dit qu’on est capables. » Pour faciliter l’accès à la discipline, la Teamrox concocte justement des programmes en ligne. Une journée type d’Adrien à laquelle se caler ? « Une séance de renforcement le matin sur les machines, puis je cours en mixant endurance fondamentale et séances d’intensité. »

Un bon traileur de 80 kilos de muscles : le profil d’Adrien semble façonné pour l’Hyrox et il est vite entré dans le Top 5 en catégorie duo pro, où il fait équipe avec le frère de Pierre, Frédéric Dorez. « Avec la Teamrox, on a organisé des sessions pour se préparer ensemble pour le Grand Palais. Ça va être mythique ! » Après un premier test en solo pro à Málaga fin mars, Adrien devrait être fin prêt pour l’un des événements phares de l’année.

Nom Adrien Raffault Ville Clermont-Ferrand Âge 34 ans

Job Coach sportif et créateur de contenus

Personnalité

« Le multicarte »

Il est passionné de nature et de voyages à vélo. Celui qui aime partager son amour du sport et du grand air souhaite passer un message à la jeune génération : « Bougez, sortez ! »

Challenge 2025

« 35 compétitions pour mes 35 ans. J’ai déjà participé à deux courses de ski-alpinisme, deux trails. Je vais compléter au fur et à mesure avec du cross triathlon (où le VTT remplace le vélo de course et le trail la course sur route, ndlr), du gravel, etc. »

Social @adrienraffault

Avec Max, c’est l’Hyrox au plus haut niveau.

Il veut atteindre le Top 15 mondial.

« L’HYROX EST UNE DISCIPLINE LUDIQUE ET CONVIVIALE QU’IL SERAIT DOMMAGE DE NE PAS PARTAGER ! »

MAXIME KRANTZ, LE BOSS

Voici deux ans, Maxime a découvert l’Hyrox avec un ami et s’est tout de suite retrouvé dans les trois meilleurs duos français. Il décrypte pour nous ce qui fait le sel de cette course de fitness très gratifiante, créée en 2017 par les Allemands Christian Toetzke, vétéran du cyclisme international, du marathon et du triathlon, et Moritz Fürste, trois fois médaillé olympique et Champion du monde de hockey sur gazon. « C’est une course qui se fait à 95 % en indoor, dans des grands hangars de plusieurs

milliers de mètres carrés assez spectaculaires comme l’ancien aéroport de Berlin. » Tout d’abord, récupérer sa puce qu’on place à la cheville droite, puis tendre son avant-bras où sera écrit au marqueur son numéro pour être enregistré. De 7 h 30 à 20 h 30, les départs en ligne se font par vagues d’une trentaine de concurrents toutes les dix minutes et par catégorie. Au centre de la piste, les huit stations, avec une arche In pour entrer et une Out pour sortir. « Selon moi, la course a deux parties. Quand on arrive au rameur, station n °5, c’est un peu la mi-temps. Là, il faut relancer car la seconde moitié est plus rapide, avec des ateliers qui prennent moins de temps, si on est en forme. » Bon à savoir : les débutant·e·s, regroupé·e·s dans la catégorie open, ont des charges 30 % plus légères. Avant chaque événement, les candidat·e·s reçoivent un briefing vidéo avec les règles. Coach du team fitness soutenu par Red Bull, Maxime estime que le plus important est de mettre ses troupes à la course. « Je leur envoie trois séances de running par semaine en plus d’un entraînement en physique pour qui se déplace à Paris. »

Nom Maxime Krantz Ville Paris Âge 35 ans

Job Coach Hyrox et ambassadeur

Personnalité

« Le boss » Il se décrit comme empathique, du genre à qui ça ne viendrait pas à l’esprit de ne pas partager ses pratiques, « surtout quand elles sont aussi ludiques et conviviales que l’Hyrox ».

Challenge 2025

« Depuis deux ans, j’en ai enchaîné quatorze, et la plupart du temps avec Arthur, mon partenaire de duo, on a fini sur le podium. J’ai envie d’accrocher le Top 15 mondial (dénommé l’Élite 15, ndlr), étant déjà qualifié pour les mondiaux de Chicago. »

Social @maximethe1

PERFORMER EN HYROX

LES

TIPS DE

MAXIME

KRANTZ

L’Hyrox est une compétition intense qui combine course à pied et exercices fonctionnels. Pour réussir, l’endurance ou la puissance ne suffisent pas, il faut maîtriser chaque station et savoir gérer son effort. Voici, selon moi, les cinq étapes pour se préparer efficacement.

1.

CONSTRUIRE DES BASES SOLIDES

Avant de vous attaquer aux entraînements spécifiques, développez votre endurance et votre force. Intégrez des séances de course à pied, de musculation fonctionnelle et des exercices polyarticulaires comme le squat, le deadlift ou le kettlebell swing.

2.

TRAVAILLER SES TRANSITIONS

L’Hyrox, c’est avant tout une compétition d’enchaînement. Courir après un sled push ou enchaîner des burpees demande une capacité d’adaptation musculaire. Pratiquez des sessions de compromised running, où vous alternez course et stations pour simuler la fatigue de la course.

3.

AFFINER SA TECHNIQUE

Chaque atelier doit être exécuté de la manière la plus efficace possible. Une mauvaise technique peut non seulement vous faire perdre du temps, mais aussi vous faire puiser inutilement dans vos réserves énergétiques. Travaillez vos mouvements pour limiter la dépense et maintenir un rythme fluide.

4.

ADOPTER UNE STRATÉGIE DE GESTION D’EFFORT

L’erreur classique ? Partir trop fort ! L’Hyrox est une course d’endurance et de gestion de l’intensité. Gardez un rythme régulier sur la course et anticipez les moments clés où vous devrez fournir un effort maximal.

5.

OPTIMISER SA COURSE

Améliorez votre cadence pour limiter la fatigue musculaire et entraînez-vous à relancer immédiatement après chaque atelier. La clé du succès réside dans votre capacité à ne pas perdre de temps dans les transitions.

Tifany ne devait pas apparaître sur cette photo, du moins pas en train de courir. Sa volonté en a voulu autrement.

Debout, plus que jamais

Tifany Huot-Marchand est une ancienne patineuse française de vitesse sur piste courte. Championne et olympienne, elle a subi un grave accident en 2022, entraînant une tétraplégie. Après une rééducation intensive, elle a fait son retour au sport et se consacre maintenant à des projets de sensibilisation et de motivation. Parmi ses nombreuses actualités, le Wings for Life World Run, lors duquel elle courra pour celles et ceux qui ne le peuvent pas.

the red bulletin : Que représentait le sport dans ta vie avant ta chute ?

tifany huot-marchand: Toute ma vie. Mon quotidien de patineuse de haut niveau, c’était 35 heures par semaine, car j’évoluais en équipe de France pro. J’ai participé aux Championnats du monde et aux JO par deux fois. Je faisais du sport depuis l’âge de 9 ans : vingt ans de patin, treize ans dans le haut niveau…

Et puis, ce jour d’octobre 2022, tout a basculé, comme tu le dis, « en une fraction de seconde »…

En compétition, une adversaire a procédé à un dépassement extérieur, m’a percutée et j’ai été emportée, j’ai chuté et mal atterri dans les protections. J’ai été victime d’une fracture déplacée de la cervicale 5.

À l’hôpital, on t’a annoncé que tu ne pourrais plus marcher.

En fait, je l’ai su dès ma chute. J’en étais consciente dans l’instant et durant les quinze minutes où j’étais immobilisée sur la glace.

Quelles furent tes pensées immédiates ?

De la peur, des idées chaotiques, très sombres…

Pourtant, tu as fait preuve d’une incroyable volonté : « Je veux remarcher, je veux refaire du sport ! » J’avais ce sentiment mêlé de peur et de déni, mais je me suis très vite fxé un objectif, qui m’a aidée tout du long… Je voulais retrouver le patin et le sport de haut niveau.

Texte PH Camy Photo Flora Métayer

Tu t’es fxé des objectifs précis ? Oui, j’ai immédiatement eu cette volonté, ces objectifs, trois en l’occurrence : remarcher, recourir, repatiner. J’ai mis cela en place comme une planifcation, un entraînement, sur le court terme.

Est-ce que ton entourage familial et médical partageait cette vision ? Mon entourage m’a soutenue, mais ne partageait pas du tout ma vision des choses. (rires) Dans la tête de ma sœur et de mes parents, je ne remarcherais jamais, je n’aurais plus d’autonomie. Pour le corps médical, idem. Peu importe ce qu’ils pensaient, ça n’a jamais rien changé.

Quels outils t’ont aidée à remarcher ? J’ai été soutenue par le corps médical, au sein du centre Henry Gabrielle, à Saint-Genis-Laval, spécialisé en rééducation. J’ai pratiqué la méditation, la visualisation, des choses acquises durant ma carrière sportive, aussi de la kiné… Ces outils-là m’ont énormément aidée.

La visualisation, c’est quoi ?

Plusieurs types d’exercices. Par exemple, je regardais ma main droite, et je demandais à mon cerveau d’envoyer les infos : bouger mes doigts… Dans un premier temps, ça ne marchait pas… mais il a fallu insister, imaginer ses mains bouger. Et aussi se servir d’une espèce de gros ordi, qui afche une image de la main qui bouge, ce qui t’aide vraiment, car en quelque sorte, le cerveau n’arrive pas à faire la différence entre ce qui est vrai et faux.

Cette rééducation, ces séances, éprouvantes physiquement autant que psychologiquement, ça te prenait combien de temps au quotidien ?

C’était comme un planning d’entraînement de haut niveau, de 8 h 30 à 17 heures, tous les jours.

Justement, ta qualité de sportive de haut niveau t’a-t-elle aidée ?

Oui, notamment parce que j’avais une musculature « élevée », et un bon mental. Aussi, le fait que j’ai été prise en charge

rapidement par les secours après ma chute a été très important, en cas de compression médullaire, c’est crucial.

Cette expérience t’a plongée dans une autre réalité, le handicap. J’ai basculé en une seconde dans un monde que je ne connaissais pas. Je savais tout juste la diférence entre tétraplégie et paraplégie. Mais me retrouver en fauteuil, être confrontée personnellement au handicap… D’ailleurs, je suis toujours diagnostiquée tétraplégique, j’ai énormément de séquelles étant donné que ma moelle épinière a été touchée.

Tu t’es aussi retrouvée avec d’autres personnes en situation de handicap… Je pense notamment à un patient qui est entré au centre de rééducation en même temps que moi, devenu tétraplégique suite à un accident de parapente. Lui est toujours en fauteuil, mais il ne perd pas espoir, il attend beaucoup des fondations de recherche comme Wings for Life.

La fondation Wings for Life (voir notre encadré) contribue chaque année

Tifany et une soignante de l’hôpital Henry-Gabrielle, dans la région lyonnaise, lors de sa rééducation.

« Je me suis tout de suite fixé des objectifs : remarcher, recourir, repatiner. »

à fnancer des projets liés à la recherche sur les lésions de la moelle épinière tout en accompagnant des équipes de recherche ou de personnel soignant dans leurs missions… Comment ça se concrétise côté patient·e·s ? Ça peut notamment aider au développement de technologies, de thérapies, de moyens pour trouver les solutions, notamment pour les douleurs chroniques. Par exemple, il y a quelques mois, on a testé des patchs de piment sur mes mains. Beaucoup de choses sont développées par des initiatives comme Wings for Life. Cela forme des médecins, ça aide dans le corps médical, des infrmières, des aides-soignantes, des ergothérapeutes… Toutes ces personnes dont le rôle est fondamental dans un centre de rééducation. De l’aide humaine, dont on a tellement besoin quand on est dans un fauteuil. Cela ne se concrétise pas par des médicaments pour les lésions, mais on peut améliorer des fonctions essentielles, comme recontrôler ses intestins, sa vessie, ou réduire les douleurs chroniques.

Tes eforts ont fni par payer, et tu t’es fnalement relevée et tu as retrouvé l’essentiel de tes fonctions. Au point qu’en août 2024, tu as participé au Marathon Pour Tous des JO. Pourquoi ? J’ai d’abord voulu reprendre le patin, mais c’était trop dangereux : une nouvelle chute pouvant être fatale, et on m’a refusé le sport de haut niveau. J’ai pensé à ce Marathon Pour Tous comme un objectif sportif, pour rebondir. Il a fallu m’y préparer en jonglant avec les rendez-vous médicaux, 2 à 3 fois par semaine, le kiné, les traitements. Ce ne fut pas un long feuve tranquille, mais j’ai réussi !

En 2024, tu as aussi participé à la course caritative Wings for Life World Run, initiative de la Fondation Wings for Life, à laquelle chacun·e peut participer. Sa particularité est que la ligne d’arrivée vous rattrape (voir encadré) Cette course mondiale et annuelle revêt un caractère singulier à tes yeux. Oui, parce que 100 % des revenus des inscriptions vont à la recherche sur les lésions liées à la moelle épinière. Participer au Wings for Life World Run est symbolique pour toutes les personnes que j’ai côtoyées au centre de rééducation. Si je suis plongée dans le handicap, si j’ai conscience du handicap, c’est qu’il a fallu qu’il m’arrive un accident tragique. Nous n’avons pas besoin de telles situations pour nous y intéresser et soutenir celleux qui en soufrent, comme celleux qui s’investissent quotidiennement pour les aider.

Parmi tes autres challenges cette année, tu as annoncé une expédition à vélo en Laponie…

Oui, il s’agit du Déf d’Elles, fn janvier, qui incluait, en binôme, des épreuves de ski de fond ou de Run & Fatbike. Les températures ont atteint les – 30 °C, ça a été l’occasion d’apprendre à réguler son corps ! Je m’y suis engagée pour soutenir l’association Jeune&Rose qui soutient les femmes touchées par le cancer du sein.

Tu roules aussi beaucoup à vélo ?

Oui, je prépare une traversée en gravel de la cordillère des Andes, un trip de cinq mois avec mon conjoint, qui va nous mener sur des altitudes atteignant les 5 000 à 6 000 mètres. Je vais me préparer quinze jours en Espagne prochainement. Je vais aussi rejoindre l’équipe de France de para cyclisme en mars pour un entraînement et je veux participer à la Coupe du monde en mai en Belgique. Aussi, je fais des études pour obtenir un Diplôme Universitaire de préparation mentale, et ainsi accompagner des athlètes dans le futur. Je suis également prof de yoga.

Que souhaites-tu transmettre aux personnes que tu accompagneras ?

Mes valeurs de détermination, de persévérance, de résilience. Qu’il faut savoir se battre. Ce sont des choses que je peux transmettre après mon accident. J’ai aussi subi un pneumothorax début 2024 et perdu mon frère brutalement l’an dernier, et ce fut l’épreuve la plus dure que j’ai eu à surmonter. Je suis tombée dans une dépression ultra-brutale.

Toutes ces phases de ta vie, pénibles comme heureuses, tu as décidé de les raconter dans une autobiographie… Oui, pour ce livre qui paraîtra aux éditions En Exergue, j’ai été aidé par un co-auteur, Rémy Fière. Je vais y raconter des choses que je n’avais jamais dites à personne. Cela m’a fait beaucoup de bien émotionnellement.

Raconter ton histoire dans un livre, les mots, c’est important pour toi ?

Oui, et c’est pourquoi j’ai plusieurs tatouages qui me servent de motivation…

Si tu devais en évoquer un avec nous pour conclure ?

Celui sur mon avant-bras gauche : Never lose hope. Je crois au pouvoir des mots, un simple mot peut motiver des actes.

Faire des choses, prendre le temps de les faire, c’est important.

Le 4 mai, rejoignez la course mondiale Wings for Life World Run.

Wings For

Life

La fondation Wings for Life est une organisation caritative à but non lucratif dédiée à la recherche sur les lésions de la moelle épinière. Elle a été fondée en 2004 par Heinz Kinigadner, ex-champion du monde de motocross, et Dietrich Mateschitz, cofondateur de Red Bull, après que le fils de Heinz a subi une grave blessure à la moelle épinière. La mission de la fondation est de financer des projets de recherche innovants et des essais cliniques visant à trouver des traitements pour les lésions de la moelle épinière, avec l’objectif ultime de trouver un traitement curatif.

Ensemble, partout sur la planète

Le Wings for Life World Run est un événement de course à pied unique en son genre, organisé par la fondation depuis 2014 pour collecter des fonds et sensibiliser le public à sa cause. Ce qui distingue cette course des autres, c’est son format innovant : il n’y a pas de ligne d’arrivée fixe. Au lieu de cela, les participant·e·s courent devant une voiture suiveuse (Catcher Car ») qui démarre 30 minutes après le début de la course et accélère progressivement. Lorsque la Catcher Car dépasse un coureur, sa course est terminée. Le dernier homme et la dernière femme à être rattrapé·e sont déclaré·e vainqueur·e.

L’édition 2025

Pour l’édition 2025 du Wings for Life World Run, prévue le 4 mai, des milliers de participant·e·s du monde entier se rassembleront pour courir simultanément à 11 heures UTC. Cet événement global se déroule dans divers endroits, avec des courses organisées dans des villes spécifiques

(en France, à Saint-Denis et à Reims) et une option App Run pour celles et ceux qui préfèrent participer individuellement via une application mobile. Les fonds collectés grâce aux frais d’inscription et aux dons sont directement reversés à la fondation Wings for Life pour soutenir la recherche sur les lésions de la moelle épinière.

Comment ça se passe ?

1. Inscription et participation

Les participant·e·s peuvent s’inscrire en ligne via le site web officiel et choisir de courir dans une course officielle organisée dans une ville ou opter pour l’App Run, leur permettant de courir où ils et elles le souhaitent.

2. Course et Catcher Car

Chaque course officielle dispose d’une Catcher Car équipée de capteurs pour suivre et enregistrer les coureurs et les coureuses qu’elle dépasse. Les vitesses de la voiture sont prédéfinies et augmentent progressivement.

3. App Run

Les participant·e·s de l’App Run utilisent une application dédiée qui simule la Catcher Car et leur permet de courir n’importe où tout en étant connecté·e·s virtuellement à la course mondiale. L’appli suit leur progression et les informe lorsqu’ils ou elles sont rattrapé·e·s.

4. Engagement et sensibilisation

L’événement est largement médiatisé, avec des campagnes sur les réseaux sociaux et des partenariats avec des athlètes et des célébrités pour maximiser la sensibilisation et la participation.

Le Wings for Life World Run 2025 est un événement inclusif et inspirant, une course unique pour une noble cause. wingsforlifeworldrun.com

Le champ d’action de Fanny Viguier, photographe française, multipotentialiste, plasticienne et cofondatrice de LA CREOLE, se situe quelque part entre le portrait, la mode, le reportage et l’investigation d’espaces festifs et dansants. Dans son travail, elle explore les questions identitaires et tente de déconstruire les clichés (raciaux, homophobes, misogynes) dans une démarche socioculturelle.

Le collectif LA CREOLE fêtera ses sept ans à La Machine du Moulin Rouge le 18 avril.

Texte Marie-Maxime

FANNY VIGUIER

the red bulletin : Quel est ton plus vieux souvenir photographique ?

fanny viguier : Je me souviens de la première photo que j’ai prise : c’était mon père sur un balcon à la montagne. J’avais 3 ans, mais je ne vais pas mentir : je n’ai pas eu de révélation à ce moment-là. Cela dit, j’ai aimé l’idée de poser mes yeux sur un instant et d’avoir une sorte de pouvoir sur ce que je voulais en garder : la fugacité du souvenir, gravée à jamais. Autrement, en 2005-2006, aux Beaux-Arts de Nantes, j’ai pu expérimenter le tirage photo argentique. À ce moment, j’ai été happée par le labo, la magie des images qui se révèlent sous les yeux, le parti pris du tirage qui peut transformer une image… Ça m’a vraiment transcendée : je passais ma vie dans ce labo. Aujourd’hui, c’est la prise de vue qui m’anime, et je n’ai plus tant accès à des labos. Mais ce souvenir m’a laissé une marque indélébile, et je pense que j’y reviendrai.

Dans ta série RHIZOME, tu t’intéresses au public qui vient à la soirée LA CREOLE. D’ailleurs, tu es aussi cofondatrice du collectif. Comment cette histoire a-t-elle débuté ?

Tout a commencé lorsque Vincent Frederic-Colombo (designer et styliste guadeloupéen, ndlr) et moi avons, en 2013, commencé à travailler ensemble sur notre série Creole Soul, dont le but était de redéfinir l’identité culturelle caribéenne à travers la voie de la mode et de l’image. En juin 2017, nous organisions le vernissage de l’une de nos expositions durant laquelle mixait la talentueuse Crystallmess. Nos cercles amicaux étant très largement composés de clubber·euse·s et danseur·euse·s (notamment de la ballroom scene), ainsi ce vernissage s’est très naturellement

transformé en une fête mémorable. Six mois plus tard, nous avons décidé de faire exister cet espace sous forme de soirée dans le club Le Chinois à Montreuil, sous le nom « LA CREOLE ».

Une soirée assez inédite à ce moment, un espace ouvert à tous et toutes, arborant pourtant un nom équivoque, puisque les cultures créoles et surtout la créolisation y sont pensées comme pivot, tant musical que social.

Comment avez-vous pensé cet espace comme un lieu safe avec Vincent ? Et quels en sont les enjeux ?

Il est pensé comme un espace d’expression inclusif, interculturel, intercommunautaire et donc intersectionnel. L’idée était vraiment de partir des minorités dans leur ensemble (raciales, sociales, genrées, LGBTQIA+…) et d’ouvrir également la porte à toute personne qui se sentirait appelée par la soirée. En gros, tant que tu en comprends la philosophie et les règles de respect, de consentement, et de remise en question des spectres trop largement ancrés dans le reste de la société, tu es bienvenu·e. Nous avons donc ce devoir intrinsèque de fédérer tout en veillant à ce que le message inhérent au projet ne se dissolve pas, et que les personnes directement concernées – notamment créoles, afro-descendantes, mais aussi LGBTQIA+ – s’y sentent toujours bien. Il s’agit de garder une cohésion et de veiller à ce que chacun·e soit le plus conscient·e possible des limites de l’autre, tout en y trouvant son propre espace d’expression libre.

Comment as-tu vécu le fait d’être une femme blanche et de travailler sur la communauté créole ? Est-ce qu’il a été difficile pour toi de trouver ta légitimité et ta place dans cette scène ?

C’est une question intéressante et importante, car on touche à un sujet sensible. Si dans notre duo avec Vincent était une évi- dence, le fait que je sois une femme blanche a forcément soulevé des questions. Cela peut se comprendre au vu du lourd poids de l’histoire coloniale qui s’infiltre encore bien trop aujourd’hui, provoquant tant d’inégalités sociales et raciales. Nous évoluons dans un monde hiérarchisé, et je suis très consciente de ce que je peux représenter d’un point de vue exté- rieur. J’ai grandi en banlieue, et dès l’enfance, j’ai très vite com- pris l’ensemble de ces dynamiques. C’est précisément de cela qu’est née mon envie de rassembler autour de ce genre de sujets. Je crois réellement au pouvoir de la communication par l’art et par la culture. LA CREOLE célèbre les cultures du métissage, dans son sens le plus large. L’engouement pour cet espace que nous avons créé témoigne de manière générale du fait que ce message soit plutôt bien reçu, y compris par les personnes afro-descen- dantes et ou concernées. Cependant il arrive que mon identité soit relevée et qu’elle peut parfois déranger certain·e·s.

Quand on s’inscrit dans cette démarche, qu’est-ce qui est le plus compliqué ?

Ce n’est bien sûr pas toujours facile. C’est éprouvant et énergivore de donner toute son énergie dans un projet depuis dix ans, d’essayer de le faire avec la plus grande conscience possible de ces enjeux, et d’être parfois pointée négativement du doigt par des personnes avec qui on essaye de créer des liens. Cependant, lorsque c’est le cas, même si ça me blesse, j’ai conscience que ce qui est alors en jeu – à savoir un sentiment de dépossession, d’appropriation, ou la peur que l’histoire se répète – touche à des plaies profondes qui vont bien au-delà de moi, de nous, et je le comprends. Mais ce sont justement ces discussions que nous avons tenté d’ouvrir : celles qui embrassent les blessures pour mieux les panser, celles qui invitent à revoir ses préjugés, car par mécanisme de protection, nous en avons tous et toutes.

La danseuse et performeuse Stessy Emelie, d’origine martiniquaise, remarquée lors de la dernière tournée de Shay et au sein du cabaret Fantasma, est une habituée de LA CREOLE. Le Chinois, Montreuil, avril 2024.

Quelques membres de la House of Revlon toujours « en bombe » à La Machine du Moulin Rouge. Paris, mars 2024.

« Capter l’instant présent, c’est aussi écrire l’histoire. »

Y a-t-il un mouvement artistique ou une pensée qui vous a inspirée pour développer ce projet et ta série RHIZOME ?

On s’inscrit dans le courant de pensée de l’écrivain Édouard Glissant. Son concept de créolisation aborde réellement la complexité de l’histoire de ces territoires, qui bien qu’ayant été meurtris, ne se résume pas qu’à l’esclavage, ni à une histoire « en noir et blanc ». Il parle de la mise en contact inédite des cultures qui, poreuses les unes aux autres, ont fini par donner naissance à une « donnée nouvelle ». Si la violence qui a engendré la plupart de ces déplacements et déracinements est indéniable, on ne peut ignorer la richesse de la culture créole qui en a découlé. C’est cela que nous tentons aujourd’hui de célébrer, tout en l’élargissant au monde actuel, en général.

Si mon identité soulève parfois des questions, de façon générale, je suis quand même plutôt bien accueillie. Je reste la mère de ce projet et Vincent en est le père. Ce sont de nos sensibilités qu’est né ce projet, et je le porte avec beaucoup de bienveillance. J’accueille ces questions autant que possible, et je pense que, de manière générale, cela se ressent aussi.

Ta série évoque donc l’esprit de cohésion, la tolérance et le rassemblement. C’est là que se trouve l’intention du projet. Cette série retrace sept années de fête, visant à rassembler et transmettre un brassage culturel de façon inclusive où chaque singularité a sa place. À travers ce reportage immersif, je témoigne de la façon dont cet espace, qui résonne aujourd’hui comme une institution, a pris naissance.

Cette série est aussi une ode à toutes les personnes qui ont traversé cette période, car c’est ensemble que nous avons écrit cette histoire, soulevant des problématiques de manque de représentation et ayant fini par avoir un impact réel. Ces images sont un témoignage palpable de l’énergie positive de cette cohésion absolue, qui a su résonner à tel point que Paris s’en est trouvée transformée. Faire corps pour changer le visage d’une ville, c’est plutôt poétique.

Les photos de soirée sont souvent perçues comme futiles et désuètes lorsqu’on les considère au présent. Pourtant, capturer l’instant présent, c’est aussi écrire l’histoire.

Selon toi, que traduit la longévité du collectif LA CREOLE et de ses soirées dans le monde de la nuit ?

Je crois que nous avons été vraiment pionniers à Paris, tant du point de vue musical et dansant que de celui de notre philosophie, notre envie d’ouvrir un espace accessible à toutes et tous. Je pense que c’est cette sincérité dans notre désir de partage qui a résonné auprès du public, et qui, comme elle reste toujours d’actualité, continue de parler autant. Ce public est devenu une communauté. Sur le registre musical et dansant, nous avons ouvert la voie. Aujourd’hui, il n’est plus rare d’entendre des sonorités shatta ou du voguebeat en soirée. Néanmoins, notre façon de partager cela avec le public demeure unique, et c’est en grande partie lié à la cohésion qui nous unit au sein du collectif, notamment avec les danseurs et les danseuses.

Qui sont-iels ?

Comme on le dit souvent, ce sont iels qui se sont approprié·e·s la scène à l’époque du Chinois (Snake, Mariana, Ziikos, Raeesha, Patricia, Keemy…). Il faut vraiment comprendre que cette façon de partager sur scène ne s’invente pas, c’est une question d’éner- gie, de vibe positive, il ne s’agit pas d’un battle, ni de briller plus que l’autre, il s’agit d’un dialogue par la fête, on s’est reconnu·e·s. Des bon·ne·s danseur·euse·s, il y en a beaucoup, mais cette façon-là de célébrer, il faut l’avoir en soi. Lorsqu’on se retrouve sur scène, une synergie émane de soi.

J’imagine que tu as déjà dû avoir des retours/commentaires de la part du public sur l’impact de la soirée dans leurs vies ?

Qu’expriment-iels ?

Bien sûr, on en a souvent, et ça me et nous remplit toujours de joie. On a des retours tellement divers selon l’histoire des individus. Je pense à Edem Dossou, qui m’avait dit en 2018 : « En venant à cette soirée pour la première fois, j’ai réalisé que je n’avais jamais eu d’espace dans lequel je pouvais célébrer mon identité afro-descendante et créole autant que ma queerness. » J’ai trouvé ça puissant. C’est un sujet qui est beaucoup revenu à travers les années.

On nous a aussi dit à quel point l’éclectisme du public faisait du bien, dans le sens où se sentir safe dans un entre-soi est merveilleux, mais avoir ce sentiment en présence de personnes sur lesquelles (en tant que minorité surtout), on pouvait, par mécanisme de protection, avoir des a priori, est aussi une bouffée d’air opportune.

D’autres nous parlent de la façon dont ça les a inspiré·e·s pour ouvrir leurs propres espaces…

RHIZOME, c’est aussi une célébration et un manifeste, en une phrase comment résumerais-tu l’énergie qui se dégage de ta série ?

« La fête est politique. »

Prochaine soirée pour les sept ans de LA CREOLE : le 18 avril à La Machine du Moulin Rouge, Paris. IG : @fanny_viguier

Greg, DJ résident. Ses sets vont de la techno à la bass, au dancehall et sons afro-caribéens.

Révélé sur la scène de LA CREOLE dès la première soirée, le danseur Snake, aujourd’hui membre du collectif, ne rate jamais une occasion de s’y rendre. Fanny : « Snake est incroyable de minuit à 6 heures, en talons ou baskets. Il a un cardio à toute épreuve, et une énergie folle à revendre. »

Le Trabendo, Paris, juin 2023.

Matyouz, le MC chic & choc, est une véritable icône de la scène ballroom parisienne. Le Chinois, Montreuil, mars 2019.

Accessoire phare de la culture hip-hop dans les années 90 et au début des années 2000, il a été popularisé par des rappeurs comme Nelly et Jay-Z, et des basketteurs comme Iverson. Depuis, le durag s’est frayé un chemin dans le monde de la haute couture. On se souvient de la couronne de Solange Knowles lors du Met Gala 2018. Le Chinois, janvier 2019.

Originaire de Curaçao (État d’outremer néerlandais dans les Caraïbes), le styliste et directeur créatif JeanPaul Paula est un ami du collectif. Connu pour son engagement (Black Lives Matter et Trans Lives Matter) et son travail centré sur l’intersectionnalité, le genre et la sexualité, il a collaboré avec des marques telles que Jean Paul Gaultier, Nike, Calvin Klein et des artistes comme FKA Twigs ou encore Kali Uchis. Le Chinois, mars 2019.

Fanny Viguier : « Patricia Badin est notre reine du twerk. Elle a soulevé la foule du fort d’Aubervilliers ! La première fois qu’elle est venue à LA CREOLE, elle ne connaissait personne, mais elle savait qu’elle allait passer un bon moment. Quand elle est montée sur scène, on était bluffé·e·s. Qui était cette Queen que nous ne connaissions pas encore… C’est ainsi que notre histoire commune a commencé. » Fort d’Aubervilliers, juillet 2023.

Meddy tout en paillettes. Fanny : « Cette photo évoque les allures carnavalesques que l’on peut vivre à LA CREOLE. » Le Chinois, janvier 2020.

Plus qu’une effervescence, les soirées LA CREOLE appellent à lâcher prise. Ici, le jeune chanteur haïtien Mac Hartley, finaliste de Popstars 2024, est on fire à La Machine du Moulin Rouge, septembre 2024.

L’interview B2B

Back-to-back (B2B) Collaboration de deux DJs ou plus lors d’un set, où iels passent des morceaux l’un après l’autre.

À l’aube du Red Bull Back2Beyond, où il et elle partageaient la scène en B2B, les producteurs et DJs Bambounou et The Blessed Madonna reviennent sur l’inclusion, l’influence des réseaux sociaux et la marchandisation du clubbing. Entre ironie et militantisme, cette conversation explore leur rapport à une scène en perpétuelle mutation.

Texte Marie-Maxime Dricot

Dans un monde où la musique électronique est à la fois un espace d’émancipation et un produit de consommation de masse, comment préserver son essence contestataire ? Au cours d’une conversation aussi lucide qu’irrévérencieuse, Bambounou (Jeremy Guido, 34 ans, dans le civil) et Marea Stamper, 47 ans, aka The Blessed Madonna décryptent l’évolution d’une scène entre inclusion et blanchiment, entre ironie et militantisme. Des réseaux sociaux aux line-ups des festivals en passant par les non-dits du clubbing occidental, les deux artistes questionnent leur rôle dans un écosystème où l’image et le marketing ont pris le pas sur la musique. C’est peu de temps avant l’événement Red Bull Back2Beyond qui s’est tenu il y a quelques jours au Dojo de Paris –et où iels performaient en b2b aux côtés de HAAi et Salute – que nous avons rencontré les deux artistes de la scène internationale, pour un moment ponctué de fou rires et d’interrogations.

the red bulletin : Vous connaissiezvous avant cette rencontre ? the blessed madonna (tbm) : Oh oui, ça fait longtemps que je le suis ! Quand j’ai dit à mon mari que j’allais faire bosser avec Bambounou, il a réagi direct : « Oh, je l’adore ! J’adore ce mec ! »

Qu’aimez-vous le plus chez vous ?

bambounou : Vous allez droit au but ! tbm : Je dirais ma flexibilité. Les artistes qui m’inspirent le plus, qu’ils soient DJ, compositeur ou producteur, sont ceux qui refusent les cases. Il y a des DJs dont l’identité est clairement définie : « Lui, c’est house », « Moi, je joue du hard techno »… Et c’est bien, certains excellent en restant dans une voie très précise et peuvent même finir par définir tout un univers pour leur public. Mais ce n’est pas mon cas. Ce n’est pas ce que je trouve le plus intéressant.

bambounou : C’est exactement ce que j’allais dire. J’ai du mal avec les artistes qui restent enfermés dans un seul genre, je trouve ça un peu limité. Ça se ressent

particulièrement en after, quand tu joues un morceau un peu différent et qu’on te répond : « Non, pas de disco, juste techno. » Moi, dans ces moments-là, je dis: « Okay, les gars, je m’en vais. »

tbm : Oui, certaines personnes ne sont pas là pour la culture.

Justement, parlons de la culture. Quelles différences voyez-vous quand vous jouez à domicile et à l’étranger ? bambounou : La réponse évidente serait de dire que la musique est universelle et que tout le monde la comprend. C’est un peu vrai, mais certains pays sont plus réceptifs à la musique électronique. En Angleterre, par exemple, la radio joue un rôle clé, tandis qu’aux Pays-Bas, c’est la culture club qui façonne cette ouverture. Après, tout dépend de ce que tu joues et de la manière dont tu l’amènes au public pour qu’il se l’approprie.

tbm : Il y a toujours une forme de diplomatie selon les lieux où l’on joue. Moi, je viens du Kentucky, et aux USA, la scène est tellement vaste que tout dépend de l’endroit où tu mets les pieds. Quand j’étais ado, l’accès aux clubs n’était pas possible, donc on allait en rave ou dans des grandes soirées illégales. À 16 ans, j’étais à Chicago, c’était inévitable. Et à l’époque, Chicago et Détroit étaient en constante conversation. Venir du Midwest, c’était entrer dans un monde où certaines personnes écoutaient Jeff Mills depuis leurs 10 ans, ou avaient vu Derrick Carter mixer alors qu’elles étaient encore gamines. Tomber dans cette culture était plus naturelle, plus profonde. Mais ailleurs aux États-Unis, l’accès se fait souvent par le prisme commercial, et ça, franchement, ça peut être épuisant.

THE BLESSED MADONNA

Écoutez Godspeed, le premier album studio de The Blessed Madonna. IG : @theblessedmadonna

BAMBOUNOU

Écoutez C.R.U.S.H., le dernier EP de Bambounou et Priori. IG : @bambounouu
« Un club, c’es un espace où on peut se permettre d’aller plus loin, d’explorer des terrains plus étranges. »
Bambounou

Quelle a été votre porte d’entrée dans cette scène ? À quel moment avez-vous décidé de devenir DJ et producteur ? bambounou : Pour moi, tout a commencé avec la radio. À Paris, on avait FG, qui signifiait à l’origine Fréquence Gay, une radio à vocation LGBT qui diffusait énormément de house et de techno. C’est par là que j’ai découvert cette musique. Mais très vite, je me suis ouvert à d’autres genres, comme le metal. Devenir DJ, ce n’était pas du tout un plan de carrière. C’est arrivé naturellement.

tbm : Moi, j’ai commencé à mixer autour des années 2000, mais je baignais déjà dans le milieu des raves depuis 1994. À l’époque, je n’envisageais pas encore de devenir DJ. J’organisais des soirées, je vendais des mixtapes, j’étais impliquée dans la scène underground du Midwest, mais à un niveau modeste. Pour moi, le DJing était quelque chose de sacré, presque intouchable. Et puis, quand je suis allée à la fac, j’ai travaillé dans une radio. Il y avait des platines, ma mère m’avait filé une caisse de vinyles de funk de l’Ohio. Dans les années 70-80, c’était énorme là-bas – Bootsy Collins en est un bon exemple. J’écoutais ces disques sans chercher à mixer, je passais simplement d’un morceau à l’autre avec un crossfader cassé. Jusqu’au jour où, par hasard, deux tracks se sont parfaitement alignés : I’ll Call B4 I Cum d’Outkast et Between the Sheets des Isley Brothers. Là, j’ai eu un déclic. Je mixais des heures sans rien dire à personne. C’était mon secret.

Être DJ, c’est entretenir une relation intime avec la musique, mais aussi avec le public. En club, les gens viennent spécifiquement pour vous tandis qu’en festival, c’est différent. Comment abordez-vous ces deux contextes ?

bambounou : Je ne sais pas si c’est une vision un peu naïve, mais pour moi, un festival, c’est comme une grande fête de fin d’année. Tout le monde est heureux, pas de crise existentielle, juste du fun et de la vitamine D ! Tandis qu’un club, c’est

un espace où on peut se permettre d’aller plus loin, d’explorer des terrains plus étranges. En festival, je prends moins de risques, parce qu’il y a une énorme foule. Mais en club, si je veux jouer du dubstep, je me laisse cette liberté. Surtout en b2b.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le b2b ?

bambounou : J’adore le b2b parce que ce n’est pas juste écouter un autre DJ, c’est ressentir sa sélection, anticiper où il veut aller et s’adapter pour créer une alchimie. tbm : 90 % du temps, ça fonctionne, et j’ai l’impression d’en ressortir grandie. J’ai toujours été quelqu’un qui apprend en observant les autres de près. Je peux lire des tonnes de manuels pour comprendre un logiciel, mais le meilleur moyen d’apprendre, au fond, c’est de voir quelqu’un d’autre faire. Par exemple, Mike Servito et moi n’avions jamais joué ensemble avant notre premier b2b, qui a duré sept ou huit heures d’affilée. On n’a quasiment pas eu besoin d’en parler. On avait grandi dans le même milieu, donc on savait que ça allait bien se passer. Cette nuit-là a vraiment changé ma vie, et cela nous a rapproché·e·s. J’ai eu cette expérience avec plusieurs artistes, quand ça clique et que ça transforme une simple amitié en un lien plus profond.

Avec qui d’autres par exemple ? tbm : Les gars d’Optimo. Jouer avec eux pour la première fois, c’était comme de jouer avec Derrick Carter que je connais depuis que je suis gosse… J’adore être entourée de personnes qui me poussent à aller plus loin.

Et quel a été le plus inattendu ? tbm : Le plus dingue, Ça a été ma première rencontre avec DJ Nobu. Il m’avait fait venir au Japon pour jouer à un festival. Aujourd’hui, il parle anglais, mais à l’époque, c’était limité et moi, je ne parle pas un mot de japonais. (rires) On nous a installé·e·s à une table de pique-nique avec un traducteur et la discussion s’est résumée à : « T’es prêt ? T’es prête ? Ouais. » Puis en mixant ensemble, sans même parler, on a développé un langage basé sur nos regards et nos gestes. Et c’est ainsi que Nobu est devenu un frère. bambounou : C’est une super belle histoire, surtout quand on sait que Nobu est souvent associé à de la techno pure. tbm : Exactement ! Alors qu’il a commencé par la house et le disco. bambounou : C’est le type de parcours que j’aimerais suivre. Peu importe comment on te catalogue, tu peux toujours élargir ta palette musicale, comprendre et jouer d’autres styles. C’est inspirant.

tbm : Oh, mais à 100 % ! C’est pour ça que j’ai su tout de suite qu’on allait bien s’entendre. Si j’ai envie de passer d’un gros morceau disco à un track de Jeff Mills, je sais qu’il va me suivre sans hésitation. bambounou : C’est ce genre d’énergie qu’on chercher pour notre b2b au Red Bull Back2Beyond.

Aujourd’hui, être DJ, c’est aussi faire la prod, sortir des EPs, des albums. Marea (TBM), fin 2024 et après trente ans de carrière, vous avez sorti Godspeed, un premier album studio. Quant à vous Bambounou, votre dernier EP

C.R.U.S.H., c’était avec Priori. Pensez -vous qu’un DJ doive forcément produire pour rester pertinent·e sur la scène aujourd’hui ?

tbm & bambounou : C’est une question compliquée !

bambounou : En fait, la vraie question, c’est : comment être DJ sans être producteur ? Avec l’impact des réseaux sociaux, comment tu fais pour te promouvoir si ce n’est pas en mettant en avant ta musique ou celle des autres ?

tbm : On est entrés dans une ère où il faut transformer dix secondes d’un stream en un moment viral, parce que c’est ça qui va te décrocher des bookings avec des cachets plus élevés. Après, chacun fait ce qu’il doit faire. C’est juste une exigence supplémentaire qui est apparue avec le temps. À l’époque, les artistes devaient coller des affiches sur les poteaux téléphoniques pour annoncer leurs concerts. Ce n’est peut-être pas si différent d’aujourd’hui. Si ce n’est qu’il faut savoir rester soi-même, être engageant et pourtant aussi mettre sa personnalité en scène pour créer ces moments. Et là, j’ai du mal. Ça va peut-être sonner comme une vieille qui râle, mais parfois, j’ai l’impression d’être dans l’épreuve du Lip Sync For Your Life de l’émission Drag Race. J’ai toujours été une DJ très mobile, je ne suis jamais restée figée derrière les platines, les bras croisés. Mais maintenant, c’est comme si c’était devenu une obligation. Quand un drone se met à voler juste devant moi pendant un set, je me dis : « Bon, il ne me reste plus qu’à me jeter par terre, c’est la seule issue. » (rires)

Jeremy (aka Bambounou, ndlr), vous êtes très actif sur Insta avec une vraie signature : un accent français marqué, du sarcasme et parfois un côté ASMR et le tag « Pro multimillionaire DJ tips » ! Est-ce que ça aide vraiment ? bambounou : À un moment, les gens partageaient n’importe quoi du moment que c’était souvent reposté, donc ça

Les artistes références de Bambounou et The Blessed Madonna

Derrick Carter

Figure incontournable de la house de Chicago des années 90, Derrick Carter débute le DJing à neuf ans en animant des réunions familiales. Fasciné par la scène underground locale, il s’impose rapidement grâce à son talent et son aisance derrière les platines. Après avoir fait ses armes chez Gramaphone et dans des clubs comme le Shelter ou le Smart Bar, il s’exporte en Europe, où il devient une référence pour les amateurs et amatrices de musique électronique.

DJ Nobu

Originaire de Chiba (Japon), Nobu est le fondateur des soirées Future Terror. Très actif sur la scène locale avec près de 90 concerts par an, il s’est aussi produit à Berlin et Détroit. Il est reconnu comme l’un des DJs majeurs de la musique électro japonaise, aux côtés de Takkyu Ishino et Fumiya Tanaka.

Optimo (Espacio)

Nom du collectif des fondateurs et DJs résidents JD Twitch et JG Wilkes, du club Optimo (Espacio) à Glasgow, qui a officié jusqu’en 2010. Depuis, ils continuent de diffuser leur house, heavy techno et hardcore acid sur l’ensemble du globe, bien que l’étendue de leur proposition musicale ne se limite pas à ces genres.

HAAi

Australienne, désormais installée à Londres, HAAi a d’abord exploré le psychédélisme et le shoegaze avant de tomber amoureuse de la techno lors d’une nuit passée au Berghain à Berlin. Depuis ses débuts comme DJ en 2016, elle s’est imposée grâce à sa maîtrise des breakbeats, ses incursions dans la drum & bass, ses plages mélodiques et ses beats en fusion avant de proposer son premier album Baby, We’re Ascending

Salute

D’origine nigériane, né·e à Vienne et installé·e à Manchester, Salute a grandi bercé·e par le funk, la soul, le reggae et le rap. Repéré·e il y a une dizaine d’années grâce à des remixes pour Aaliyah et Sam Smith publiés sur son Bandcamp, iel s’est fait remarqué·e pour ses sets survitaminés et jubilatoires, où les rythmiques du UK Garage, de la French Touch, de la synthwave et de la bass music se télescopent pour notre plus grand plaisir.

Jamie Principle

Artiste, producteur et vocaliste né à Chicago, il est l’un des pionniers de la house music. Dans une interview donnée en 2017 à un journal local, il dira même : « La seule chose qui m’effraie, c’est que je pense que les artistes se perdent dans ce mélange de tout. La house n’est pas seulement une culture de DJ. C’est une culture d’artistes. Et cela englobe les chanteurs, les DJs, les gens qui font de l’art. Pour moi, c’est comme le hip-hop. »

Mike Servito

Pilier de la scène underground, Mike Servito façonne un style entre house, acid et techno. Originaire de Détroit, il affine son art auprès de figures comme Mike Huckaby avant de s’imposer à New York avec le collectif The Bunker. En 2014, un set explosif au club No Way Back (Détroit) le propulse sur la scène mondiale. Depuis, il enflamme les clubs et festivals, fidèle à son approche instinctive du mix : s’y plonger , sans (trop) réfléchir.

MUSIQUE ÉLECTRONIQUE

donnait de la visibilité. Mais je crois que j’ai atteint ma limite, dans le sens je suis devenu un mème. C’est fun, ça circule... mais il y a un seuil que je ne peux pas dépasser si je continue comme ça. Alors j’ai décidé de diversifier un peu. Évidemment, je vais continuer à me moquer gentiment de la scène, parce que c’est génial. Il y a tellement de choses à dire avec un peu de sarcasme et d’ironie. C’est un outil pour moi. Donc oui, depuis que j’ai adopté cette stratégie, j’ai gagné pas mal de followers et mes cachets ont augmenté. C’est un peu bizarre. Mais je préfère me concentrer sur la musique plus que sur les blagues à propos de musique. tbm : T’es drôle ! Vraiment. C’est si rare de rencontrer quelqu’un de drôle qui ne force pas et ne cherche pas à l’être. bambounou : D’ailleurs à un moment, j’ai compris que je devais écrire mes blagues, réfléchir, structurer… Alors qu’avant, tout était spontané. Et là, je me suis dit : « Ce n’est plus la même énergie. C’est moins bon. » Je vais donc arrêter et aborder des sujets plus sérieux.

Tu fais tout ça tout seul ? bambounou : Non, j’ai embauché une fille de 21 ans pour gérer mon TikTok. Je suis trop vieux pour ce réseau et puis c’est

une Gen Z. On a une réunion tous les lundis, et elle utilise des expressions qui ne me viendraient jamais à l’esprit.

Marea (TBM), avez-vous déjà envisagé d’être plus active sur les réseaux ? tbm : On m’a traînée là-dedans contre mon gré. À chaque fois qu’on me parle de contenu, je me demande : est-ce que c’est de l’art ? Est-ce que tu veux que je fasse de l’art ? Parce que c’est ça que je veux faire. Même si c’est une blague, même si c’est n’importe quoi… Est-ce que c’est bien fait ? Est-ce que c’est débile ? Dans la vraie vie, je suis très différente de ce que les gens peuvent penser. Plus cynique. Plus Larry David (un humoriste, acteur et scénariste américain, ndlr). Je vois des posts où des gens parlent de moi et je me dis : « Si vous saviez à quel point je ne suis pas inspirante. » Honnêtement, certains jours, j’ai juste envie de m’allonger et de disparaître.

Comment percevez-vous l’évolution de la musique électronique comme produit marketing et mainstream, dont la visibilité digitale tend à montrer une sorte de blanchiment des publics qui seraient contre l’inclusivité et la diversité ? tbm : Il existe deux façons de réécrire l’histoire de la musique électronique.

Job Jobse et VTSS jouent au Red Bull Back2Beyond à Cologne (Allemagne), le 12 octobre 2024.

Avec Red Bull Back2Beyond, la fête continue !

L’événement rend hommage à la culture club au cours d’une nuit de b2b historique avec une scénographie immersive. Le concept : quatre artistes jouent en alternance sur trois scènes, au cœur de la foule et à hauteur humaine, plaçant les DJs au centre du dancefloor. Déjà trois éditions au compteur : Cologne (DE), Gand (BE) et Paris (FR). À venir : Détroit (USA), Hasselt (BE), Sydney (AUS), Durban (ZA), Mumbai (IND).

« Parfois, j’ai l’impression d’être dans l’épreuve du Lip Sync For Your Life de l’émission

Drag Race. »

The Blessed Madonna

D’un côté, certains affirment que la dance music a toujours été profondément politique et du « bon » côté. Pourtant, Jamie Principle, l’un de mes amis les plus proches, vous le dira lui-même : « Ce n’était pas un paradis queer. » Beaucoup de vétérans de la scène house à Chicago étaient ouvertement homophobes. Et puis dans les années 80 et 90, une tension était palpable. La dimension politique jouait un rôle indéniable, car dans tout espace où la communauté queer était présente, une question hantait les esprits : « Qui sera le prochain à mourir du sida ? » L’essor de la house et l’épidémie de VIH sont inextricablement liés mais croire que cette époque était un rêve merveilleux est une illusion. De l’autre côté, il y a ceux qui idéalisent le club comme un lieu d’unité absolue, où tout le monde s’aime. C’est tout aussi faux. Ces mecs blancs en bob, qui ont peut-être voté Trump en douce, veulent juste que vous vous la fermiez. Au final, la vérité oscille entre ces deux visions, et ni l’une ni l’autre n’est pleinement satisfaisante.

bambounou : Je vois très bien ce dont tu parles. Tous ces mecs qui font du showoff, qui dansent de manière ultra-caricaturale… C’est flippant. C’est presque une forme de fascisme, en fait. C’est surtout une question de qui invite qui, qui est mis en avant… Mais en même temps, tu ne veux pas être trop dans le jugement, même si tu l’es forcément.

En tant que DJ, votre rôle est de créer un espace de lâcher-prise, de fête. Avant de signer pour jouer dans un club, vous demandez-vous si c’est un endroit sûr ? Si la diversité et l’inclusivité sont respectées ?

tbm : J’ai une clause pour ça. Et même avant qu’elle ne soit écrite noir sur blanc, on appliquait déjà cette règle. Dès que je peux, j’insiste pour que la diversité du line-up soit prise en compte.

bambounou : Pareil. Je ne signe pas un contrat s’il ne correspond pas à mes attentes sur la diversité du line-up.

Équiper, optimiser et vivre la plus belle des vies

GLACIER BIKE TOUR
Gravel bike en Suisse

Le Glacier Bike Tour est une merveilleuse excursion à travers la Suisse, de St. Moritz à Zermatt.

Ancienne championne du monde de VTT électrique, Nathalie Schneitter a effectué pour nous l’itinéraire en un temps record et redécouvert ainsi pourquoi elle aimait tant son pays. VOYAGE/

Un coup de pédale après l’autre, je poursuis mon ascension du col de l’Oberalp. La route est raide, froide et sombre, mon visage balayé par la pluie et le brouillard. L’espace d’un instant, je me demande pourquoi je m’inflige cela. La réponse est simple : rien ne me plaît davantage que cette frontière ténue entre zone de confort et douloureuse angoisse. Et le vélo est le médium parfait pour tester mes limites. Je suis là parce que j’en ai envie et que ça me fait du bien. Mon nom est Nathalie Schneitter, j’ai 38 ans et je suis convaincue que le vélo rend heureux. J’ai entrepris cette aventure pour conquérir le Glacier Bike Tour, parcours découverte en vélo électrique en dix étapes, 370 kilomètres et 9 500 mètres de dénivelé à travers les Alpes sur mon gravel. Objectif ? Faire le tour d’une seule traite en vingt-quatre heures.

Raison contre émotion

Mon réveil sonne peu avant six heures du matin. Je me force à avaler trois cuillérées de céréales et une banane. L’idée est de partir de la gare de St. Moritz à sept heures précises. Nous sommes en octobre, les journées raccourcissent, pas vraiment les meilleures conditions pour une folle excursion à travers la Suisse. Il fait encore nuit lorsque je prends le départ depuis St. Moritz à 1 950 mètres d’altitude. Mon parcours descend toute la vallée de l’Inn par l’Engadine. À La Punt m’attend la première ascension de la journée, le col de l’Albula. L’aube baigne ce géant dans une lumière dorée. Mes jambes tournent vite et bien. Depuis la vallée de l’Albula, la route monte jusqu’à Lenzerheide avant de faire une grande boucle jusqu’à la station

COL DE LA FURKA Peu après le lever du soleil, chaque mètre parcouru en descente apporte un peu plus de chaleur. Un vrai bonheur !
« Rien ne me plaît davantage que cette frontière ténue entre zone de confort et douloureuse angoisse. »

de ski. J’ai hâte d’atteindre le tronçon appelé « Vieux Schyn », mais lorsque j’arrive au croisement vers Muldain, la route est fermée. Ma raison l’emporte sur cette irrésistible impulsion de poursuivre l’itinéraire malgré tout. Le détour n’est pas trop important mais n’en bouleverse pas moins mes plans. J’ai déjà six heures et demie de route, 105 kilomètres et 2 090 mètres de dénivelé quand je finis par atteindre le fond de la vallée. Je passe par Thusis et entame l’ascension du Heinzenberg. Une succession de rampes très raides mettent mes forces à rude épreuve et la chaleur n’arrange rien… Mais bientôt, la vue imprenable depuis l’Alp Sura de Rhäzüns me fait oublier toutes mes souffrances. Je profite de nombreux kilomètres d’asphalte très roulants à travers les gorges du Rhin, sorte de Grand Canyon à la sauce helvète,

UNE ROUTE SINUEUSE Le virage le plus célèbre de Suisse se trouve au col de la Furka et descend vers le Valais.
OBERGOMS De l’eau de source coule de chaque fontaine du village.

MAJESTUEUX En haut : l’imposant Cervin dans toute sa splendeur. En bas : sur le col de la Furka, je me sens pousser des ailes en pensant au lever du soleil.

puis la longue ascension vers l’Alp Dutjen me pompe toute mon énergie. C’est le moment de faire le plein de caféine. Je fais une pause dans une épicerie locale et déjà, la nuit tombe. J’aurais bien aimé profiter de plus de lumière, mais je dépasse Ilanz, première ville sur le Rhin, dans l’obscurité totale. De là, je monte la vallée de la Surselva vers Disentis, point de départ du col de l’Oberalp. Juste avant Disentis, les premières gouttes de pluie m’atteignent sous un ciel zébré d’éclairs. Je n’abandonne pas encore mon rêve des vingt-quatre heures, même si j’ai déjà pas mal de retard sur l’itinéraire prévu.

« J’attends que l’orage passe et dors trois heures dans une grange. »

À Disentis, j’attends que l’orage passe, dors trois heures dans une grange et enterre définitivement mes espoirs d’atteindre Zermatt au lever du jour. À deux heures du matin, je repars et lutte contre les rampes de gravier les plus raides que j’aie connues vers le col de l’Oberalp. Il fait

Suisse

Berne Andermatt

LE TOUR

De St. Moritz à Zermatt en passant par Andermatt : le Glacier Bike Tour se compose de dix étapes. Il longe la route du Glacier Express, traverse trois cantons, pour un total de 370 km et 9 500 m de dénivelé. C’est l’un des parcours les plus polyvalents des Alpes. Toutes les infos sur glacierbiketour.ch

quatre degrés, je tremble de tous mes membres, et mon unique objectif est d’arriver saine et sauve à Andermatt. Le col de la Furka semble interminable. L’ascension dans l’obscurité me berce avec une langueur méditative, je pourrais presque toucher l’éternité du doigt. Deux heures et demie plus tard, j’atteins le sommet du col. Tout est plongé dans le brouillard, il fait zéro degré. Heureusement, le ciel s’ouvre devant moi et le soleil levant vient réchauffer mon cœur. Organisé à la perfection par des passionné·e·s du coin, le Glacier Bike Tour, parcours découverte à travers les Alpes suisses, me rappelle pourquoi j’aime tellement mon pays. L’ambiance matinale sur l’Albula et le lever du soleil sur la Furka me tirent des larmes de joie. Au début, la rapide descente vers Goms glace mes os, mais chaque nouveau kilomètre parcouru me réchauffe un peu plus. En atteignant Visp, j’ai l’impression de me préparer au sprint final. Pour autant, les trente-sept derniers kilomètres ne sont pas une partie de plaisir. Enfin, mon objectif se dessine à l’horizon, les derniers mètres jusqu’à Zermatt sont très roulants et quand je tourne au coin du village, le Cervin se dresse devant moi dans toute sa splendeur. J’arrive à la gare. Quand je déclipse mes chaussures et pose mes pieds sur le sol, je ferme un instant les yeux. Mon voyage de St. Moritz à Zermatt a duré trente heures et trente minutes. Même si je n’ai pas atteint la marque des vingt-quatre heures, je suis très fière de mon exploit.

IG : @natuzzchen

Zermatt
St. Moritz

Lumières : l’interface Glyph libère son propriétaire de l’écran, et lui permet de rester ancré·e IRL.

QUE ÇA

Éclairage, caméra, interactivité… la série Nothing Phone (3a) propose un smartphone unique dédié à la photo.

Vous hésitez à upgrader une énième version de votre smartphone ? N’en faites rien, ou plutôt Nothing. Nothing, comme l’entreprise technologique londonienne qui pense en dehors des clous. Avec sa coque transparente qui fait apparaître ses composants lumineux, le Nothing Phone nage à contre-courant. La nouvelle série Nothing Phone (3a) ne cesse d’élever la barre. Sa marque de fabrique, l’interface Glyph, visible à travers le dos transparent, affiche les notifications importantes grâce à des lumières personnalisables. Mais on ne peut pas réduire la série (3a) à ce simple design accrocheur : parmi les nouvelles évolutions, un processeur Snapdragon amélioré, le tout nouveau système d’exploitation Nothing OS 3.0 basé sur Android 15, un moteur IA intégré et une caméra à quadruple capteurs de 50 MP avec périscope Sony pour le 3a Pro, un ultra-zoom 60X, un mode macro et un champ de vision ultra-large de 120 °. Si vous cherchez un smartphone avec caméra hyper performante qui ne ressemble à aucun autre sur le marché, rien ne vaut Nothing. nothing.tech

PERSPECTIVES

Le terme GOAT est souvent galvaudé, mais comment décrire

Kílian Jornet autrement ? L’Espagnol domine la scène du trail pro depuis près de vingt ans et a remporté plusieurs fois les courses les plus illustres de cette discipline, dont l’Ultra-Trail du MontBlanc, la Western States 100 ou encore la Hardrock 100 en battant régulièrement tous les records de parcours sur son passage.

En août dernier, Jornet a enchaîné l’ascension des 82 sommets de plus de 4 000 mètres des Alpes, en courant ou en pédalant entre chaque ascension. Il a parcouru 1 207 km avec un dénivelé positif de 75 344 mètres (soit l’équivalent de 8,5 fois le mont Everest) en seulement 19 jours, pulvérisant le précédent record établi par Ueli Steck en 2015 (62 jours). À 37 ans, il parle d’une expérience qui a « changé sa vie » et où il a « poussé son corps et son esprit à des niveaux insoupçonnés et ouvert de nouveaux horizons ».

Pourtant, son principal moteur reste encore et toujours la compétition. « Mon niveau va bien finir par baisser, mais tant que je continue à me faire plaisir, mes motivations sont simples : si je veux battre mes concurrents, je dois m’entraîner encore plus dur, trouver de meilleures stratégies et de nouvelles idées. »

L’Ibérique distille quelques précieux conseils pour dompter les trails…

Entraînement hybride

Il ne commence à s’entraîner réellement sur les trails que dix semaines avant une course. Pour entretenir et développer sa condition, il opte pour le ski, le vélo et l’escalade. Comme il le dit, les mitochondries (les centrales énergétiques de nos cellules) ne font aucune distinction entre les différents types d’activités physiques. Autrement dit : « Peu importe le sport que vous faites. » Arrêter de courir pendant un certain temps permet aussi de réduire le risque de blessures liées aux excès.

Trouver ses marques

Plus un trail est technique, plus les risques d’entorses et de chutes augmentent. Toutefois, Jornet admet qu’aucun exercice de stabilité ou d’entraînement en salle ne peut y remédier. « Ça n’a pas grand-chose à voir avec la force musculaire ; l’important est d’activer vos muscles stabilisateurs le plus rapidement possible. » Pour que ce réflexe devienne automatique, rien ne remplace la pratique. « Si vous n’avez pas assez de temps, faites du hors-sentier ou cherchez des terrains très accidentés. Vos pieds doivent s’y habituer sans réfléchir. Réfléchir fera perdre du temps. »

ENDURANCE/

ALLER PLUS LOIN

Légende du trail-running, Kílian Jornet nous donne de précieux conseils pour se surpasser sans s’épuiser.

Marcher plutôt que courir

Jornet recommande une approche graduelle avant d’augmenter l’effort. « Monter requiert plus de puissance musculaire, d’énergie et de calories, alors ne démarrez pas trop fort. C’est plus simple d’accélérer plus tard si vous en avez encore sous le pied. » Ralentir, voire même marcher. « Beaucoup ont honte de marcher, alors que c’est terriblement efficace. J’ai remporté certaines courses en dépassant des coureurs en marchant d’un pas vif. »

« J’ai dépassé des coureurs en marchant d’un pas vif. »
Kílian Jornet, GOAT de la course en montagne

À l’aveugle

Descendre un sentier abrupt et accidenté est parfois plus dur que le contraire. Le conseil de Jornet : s’entraîner à courir à l’aveugle en essayant de mémoriser chaque pierre, chaque virage et chaque obstacle sur les cinq prochains mètres. « Ce n’est pas une histoire de force dans les jambes, mais de créer des connexions entre cerveau et muscles. Fermer les yeux et se rappeler des cinq prochains mètres permet d’accroître cette aptitude. »

Jouer avec son mental

Quand le coup de fatigue arrive, Jornet se rappelle pourquoi il court : « J’y prends du plaisir et j’ai un paysage magnifique autour de moi. Diviser une course en micro-objectifs est essentiel, ajoute-t-il. C’est super dur de se motiver en se disant plus que cent kilomètres. Si vous êtes crevé, cinq minutes de sieste vous donneront suffisamment d’énergie pour les deux ou trois heures à venir. Si le prochain ravitaillement est dans 1 km, mentez-vous : au prochain ravito, j’abandonne la course. Vous allez vous en convaincre et ça va vous motiver pour arriver jusque-là. » kilianjornet.cat

MATOS/ HONDA

STREET FIGHTER

Après le retour de la mythique

Hornet en 2023, en 750 cm³, suivi de la 500 l’an dernier, la famille est complète avec l’arrivée de l’aînée

CB1000 Hornet SP. Focus sur une moto agressive et abordable.

CB1000 HORNET SP

LES SPÉCIFICITÉS DE LA NOUVELLE HONDA

1. Électronique

3 modes de conduite + 2 modes personnalisables. Contrôle de couple HSTC et contrôle de cabrage.

2. Connectivité

Écran TFT 5 pouces, connectivité Honda RoadSync.

3. Éclairage

La CB1000 Hornet est équipée Full LED.

4. Freinage

Étriers Brembo

Stylema 4 pistons à montage radial.

5. Autonomie

Consommation :

5,9 litres/100 km.

Capacité de carburant : 17 litres.

6. Moteur

4 cylindres en ligne de 999 cm³.

Puissance : 157 ch.

Couple : 107 Nm.

Quickshifter de série

7. Suspension arrière

Monoamortisseur

Ohlins TTX36, réglable en compression/ détente/précharge.

8. Dimensions

Hauteur de selle : 810 mm.

Poids : 212 kg.

POINTS CLÉS

La Hornet 750 a été un véritable succès commercial dès son lancement, occupant la première place du segment Roadster en Europe en 2023. Honda espère reproduire ce succès, cette fois sur le segment Streetfighter 1 000 cm³ avec l’arrivée de la Hornet 1000, attendue depuis qu’elle a été dévoilée lors de l’EICMA 2023. Cette toute nouvelle moto respecte parfaitement le prestigieux nom Hornet : un Streetfighter au look agressif et performant, tout en restant abordable. Tarif : à partir de 10 599 € ; 11 799 € pour la version SP. moto.honda.fr

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3 avril 2025

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Fitness

First move

Dans chaque édition, un·e membre du team ftness soutenu par Red Bull raconte son premier pas vers une vie active et sportive. À vous de jouer ?

Le sport est libérateur, ça me vide la tête, c’est mon psy. Sportif depuis l’enfance, j’ai pris plus conscience de son importance en arrivant au lycée, j’étais alors au bord de l’obésité. J’ai perdu 17 kg et je me suis juré de plus jamais me laisser aller, pour ma santé.

J’aime me dépasser, me prouver que je suis capable de tout, prendre ma revanche sur le Leo qui était vraiment grave en surpoids plus jeune. Je veux vraiment être hybride.

L’activité physique, ça n’est que du positif, on ne regrette jamais une séance. J’en fais entre 8 et 20 heures par semaine. Salle, course, natation, escalade… Je ne refuse jamais une invitation au sport ! C’est mon moyen d’évacuer, de m’exprimer, de me libérer et de réfléchir. Ça m’apporte une paix intérieure, du calme…

Profil

Leo Rabineau (Rabibiiiiiii) a 22 ans et il vient d’Angers. Ce créateur de contenus est aussi modèle et égérie de marques. Son gros objectif : traverser la Manche à la nage ! IG : @rabibiiiiiii

Grâce au sport, j’ai découvert de nouveaux endroits, j’ai rencontré de nouvelles personnes… Je me suis même découvert moi-même ! Cela m’a ouvert de magnifiques projets professionnels et des voyages…

« Fonce sans te poser de questions, essaye, échoue, recommence ! »

Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 5 juin 2025.

Afin de s’y mettre, il faut commencer de rien pour créer un tout. Fonce sans te poser de questions, essaye, échoue, recommence ! Abandonner, ça n’est pas une option ! Il faut se mettre dans les bonnes conditions pour commencer le sport, ne pas trop se forcer, y aller progressivement, bien manger, dormir, s’accompagner, s’équiper correctement. Les bons résultats prennent du temps car si on fait les choses bien, sans tricher, le travail paie ! Keep pushing, Leo !

HORS DU COMMUN

Retrouvez votre prochain numéro en Avril en abonnement avec et avec , dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.

RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL

L’essence de la course.

Prêt à faire le plein de sensations ? Le moteur du petit joyau de la gamme supersport Honda délivre 120 ch à 14 250 tr/min et dispose d’origine d’un embrayage à glissement limité et d’un quickshifter qui vous permettront de vous concentrer sur votre pilotage. La commande électronique des gaz dérivée des RC213V-S est associée à une centrale inertielle IMU à 6 axes Bosch pour proposer 3 modes de pilotage et 2 modes “User” qui vous permettront le paramétrage de la puissance moteur, du frein moteur et du contrôle de couple. Le freinage ABS en courbe et le contrôle du cabrage font aussi partie de l’équipement d’origine. La partie-cycle légère et agile est composée d’un cadre et d’un bras oscillant en aluminium, d’un amortisseur de direction électronique, et d’une fourche inversée Showa. Conçu pour offrir les meilleures performances aérodynamiques de la catégorie, le carénage adopte des formes agressives et intègre des ailettes capables de générer une force d’appui remarquable. The Power of Dreams.*

*Donnez
vie à vos rêves.

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