The Red Bulletin Juillet 2016 - CHFR

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SUISSE

HORS DU COMMUN

La star suisse Ricardo Rodríguez  :

« AU FOOT,  TU N’AS PAS DROIT A LA PEUR » PLUS DE

CONTENUS INTERACTIFS SUR

REDBULLETIN.COM JUILLET 2016 CHF 3,80

TOUR DE FRANCE

Vaincre sans douleur n’est pas Chris Froome

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TO M A S Z F U RM A NE K Photo prise par : Tomasz Furmanek


LE MONDE DE RED BULL

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RICARDO RODRÍGUEZ

Atteindre les sommets du foot international était pour lui et sa famille une necessité. Très rare en interview, il se confie.

EN SELLE ! Un été de folie ! Euro, Tour de France, JO... les grands rendez-vous sportifs s’enchaînent et les athlètes de haut niveau envahissent The Red Bulletin : Chris Froome qui se plaira à souffrir sur les routes du Tour ; la sauteuse en longueur Ivana ­Španović, qui donnera tout à Rio ; du très lourd côté foot avec Neymar Jr., le futur Ballon d’Or (?) ; et l’international suisse Ricardo Rodríguez, notre « cover boy », qui s’est lancé dans le football avec fougue et sans plan B. Encore ? On passe la ligne d’arrivée avec nos pages ­shopping spécial vélo. En selle ! Bonne lecture ! Votre Rédaction. 6

« Le succès, le succès... je ne pense qu’à ça ! » ´ , PAGE 68 IVANA ŠPANOVIC

THE RED BULLETIN


JUILLET 2016

54 FROOME FROOME !

Patron du Tour en 2015, Chris Froome est prêt à souffrir pour le Jaune.

D’UN COUP D’AILES GALERIE 12 PLEIN LES YEUX !  Nos photos du mois.

BULLEVARD 19 INSPIRATIONS  Du grand écran aux concerts géants, tous épatants.

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REPORTAGES 26 « Le calme... »

Ricardo Rodríguez n’avait pas le choix : vivre du foot ou rien. Entretien vérité.

LUKAS MAEDER (COVER), LUKAS MAEDER, LEO KRUMBACHER, RICHIE HOPSON, LUCHO VIDALES/RED BULL CONTENT POOL, PICTUREDESK.COM, GETTY IMAGES, MARIA ZIEGELBÖCK

34 Les rivaux de Rio

Un genre de guide des rivalités les plus attendues aux prochains JO.

46 UN POUR TOUS

À Barcelone, le fougueux Neymar Jr. a beaucoup appris, et saisi l’importance du jeu collectif. Une histoire de potes.

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46 Le coin des héros DRÔLE POSITION

Sur un terrain ou la tête dans l’ampli, pas d’autre option qu’à leur façon.

Daniel Ricciardo n’est pas qu’une star de la Formule 1, c’est aussi un drôle de mec. Interview entre ricane et chicane.

54 Lutte au sommet

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62 « Tel César... »

L’entraînement de Chris Froome est une compète en soi. Plus c’est dur... Ce qu’un acteur de la trempe de Jean Reno a pu apprendre du roi des airs.

68 Ivana Španović

Au-delà de la motivation, son m ­ oteur, c’est son mental à toute épreuve.

ACTION ! 77 À VOIR. À VIVRE. À FAIRE.  Voyages, gadgets, montres, zik et moteurs.

PAS LÀ POUR JOUER

Les JO, c’est aussi une célébration de la rivalité, et les gros duels, on adore ça ! On vient vous annoncer où ça va fritter. THE RED BULLETIN

À L’AIGLE !

Des aigles, un enfant et Jean Reno tous réunis dans un docu animalier mêlé de fiction. Évasion garantie au ciné cet été.

93 SPÉCIAL  Du vélo à gogo. 98 MAKES YOU FLY  Le surfeur volant.

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THE RED BULLETIN BACKSTAGE JUILLET 2016

CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

LUCHO VIDALES

Sur son ring à Novi Sad, Španovic´ pose pour Krumbacher.

Le boot-camp de l’athlète Elle fait partie de l’élite des athlètes de saut en longueur, candidate pour une médaille aux JO de Rio. En tant que manager d’un studio de fitness, elle sait comment transformer un athlète amateur en sportif pro : la Serbe Ivana Španović nous a reçus dans sa ville natale à Novi Sad. Là elle nous a expliqué comment cultiver sa motivation pour les entraînements, même au plus bas. Si une envie de workout ne vous prend pas dès à présent, regardez ses photos par Leo Krumbacher et son six-pack d’un peu plus près… P. 68

MAKING OF LE SHOOTING DU MOIS

Bien qu’il ait grandi en Argentine, le pays rival du Brésil, ce photographe de sport a su gagner la confiance de Neymar Jr. Il est allé à la rencontre du footballeur exceptionnel à ­Barcelone. Page 46

AUTOUR DU MONDE MARIA ZIEGELBÖCK

L’Autrichienne collabore avec des grands titres tels que Le Monde ou le Süddeutsche Zeitung Magazin. Pour nous, elle a suivi Jean Reno et son partenaire de jeu sur le tournage de L’Aigle et l’Enfant dans le Tyrol. P. 62

The Red Bulletin est publié s­ imultanément dans dix pays. Ici, l’édition américaine avec sa couverture ­consacrée au ­golfeur Rickie Fowler. Nos éditions internationales : redbulletin.com

Medrano, drapeau au vent, dans l’objectif de Peter Yang à L.A.

« La meilleure pose de Frank ? Une pompe en appui tendu renversé. » PETER YANG, PHOTOGRAPHE Parallèlement à son job de photographe des hautes sphères (dont B. Obama), l’Américain Peter Yang pratique la callisthénie dans son temps libre. D’où notre volonté de faire appel à lui pour shooter Frank Medrano, figure emblématique de ce sport. P. 26

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THE RED BULLETIN



Directeur d’édition Robert Sperl Rédacteur en chef Alexander Macheck Contributeur indépendant Boro Petric Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Rédacteur en chef photos Fritz Schuster

THE RED BULLETIN Suisse alémanique, ISSN 2308-5886 Country Editor Arek Piatek Relecture Hans Fleißner Country Channel Management Antonio Gasser Product Management Melissa Stutz Responsable de la publicité Marcel Bannwart, +41 (0)41 7663616 oder +41 (0)78 6611727, marcel.bannwart@ch.redbull.com Abonnements Service des lecteurs, Lucerne ; Hotline : +41 (041) 329 22 00 Prix : 19 CHF, 12 numéros/an, getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg

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Édition web Kurt Vierthaler (Senior Web Editor), SchinSu Bae, Christian Eberle, Vanda Gyuris, Inmaculada Sánchez Trejo, Andrew Swann, Christine Vitel Maquette Marco Arcangeli, Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll Booking photos Rudi Übelhör (Directeur adjoint), Marion Batty, Ellen Haas, Eva Kerschbaum

Illustrateur Dietmar Kainrath Directeur d’édition Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Loprais Solutions créatives Eva Locker (Ltg.), Verena Schörkhuber

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Jeep® est une marque déposée de FCA US LLC

75 ANS DE LIBERTÉ. MAIS L’AVENTURE NE FAIT QUE COMMENCER.

La glorieuse histoire de Jeep® commence en 1941 avec la production de l’infatigable Willys MB. Pour fêter le 75e anniversaire de la marque légendaire, nous avons lancé des éditions spéciales uniques. Plus d’informations sur jeep.ch


GALERIE


LE PRODIGE PETER FOX/GETTY IMAGES

SOTCHI, RUSSIE PHOTO : PETER FOX

Lors des entraînements pour le Grand Prix de Sotchi sous les couleurs de la Scuderia Toro Rosso, Max Verstappen a pris soin de la température des pneus de sa STR11. Le transfert de Verstappen vers Red Bull Racing s’est effectué après la course. Une nouvelle étape franchie dans la carrière de ce pilote de 18 ans au talent exceptionnel. Il remporte sa première course au volant d’une Infiniti Red Bull Racing en Espagne, et devient ainsi le plus jeune ­pilote de l’histoire de la F1 à gagner un Grand Prix. Un tour avec Max : instagram.com/maxverstappen1

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L’OASIS

BE’ER SHEVA, ISRAËL PHOTO : DAVY VAN LAERE Boaz Aquino, le héros local, a accueilli quatre skateurs internationaux chez lui en Israël et les a guidés durant le Red Bull Shekel Me Not vers les meilleurs spots du pays. Parmi ceux-ci Be’er Sheva, la ville du désert dont le rider brésilien Felipe Gustavo (reflet en miniature sur la photo) apprécie particulièrement l’asphalte. Blog vidéo : redbull.com/skateboarding

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DAVY VAN LAERE/RED BULL CONTENT POOL


LA PREMIÈRE Steph Davis est une icône du sport de grimpe. L’Américaine est la première femme à avoir gravi les sept sommets de la chaîne du Fitz Roy en ­Patagonie. Elle est la deuxième grimpeuse à ­franchir la paroi d’El Capitan en Californie en free climb, et en l’espace d’une journée. Sur l’image, elle profite des températures printanières de Moab, sa région, pour une session d’escalade. En été, l’endroit devient inconfortable : les ­températures montent jusqu’à 45 degrés dans l’État de l’Utah et la roche rouge stocke ­incroyablement la chaleur. instagram.com/highsteph

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KRYSTLE WRIGHT

MOAB, UTAH, USA PHOTO : KRYSTLE WRIGHT



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BULLEVARD INSPIRANTS, DIVERTISSANTS, INNOVANTS : DES PROFILS À PART

L’AMATEUR ETHAN HAWKE N’A PAS LAISSÉ LE SUCCÈS LE CHANGER. ET RESTER UN DILETTANTE A FAIT DE LUI UN GRAND COMÉDIEN.

DIEGO UCHITEL/TRUNK ARCHIVE

Avoir les pieds sur terre ne fait pas de vous un homme d’exception. Mais quand il s’agit d’Ethan Hawke, on ne peut l’ignorer. Enfant star, ami du regretté River Phoenix, star du grand classique Le Cercle des Poètes Disparus à 18 ans, de nombreux prix, un mariage avec l’actrice star Uma Thurman… De quoi donner le melon. Pourtant, ce père de quatre enfants est étonnamment humble. « La plupart du temps, le succès rend les personnes pitoyables, dit le Texan de 45 ans. J’ai toujours essayé de préserver un comportement et un regard d’amateur. » Raison pour laquelle il s’essaie aussi à la musique et à l’écriture. À l’affiche des Sept Mercenaires, au casting costaud et au ciné le 28.09, il reste l’un des plus grands acteurs.

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BULLEVARD 1972 Dwayne Douglas Johnson est un fils et petit-fils de catcheurs professionnels. Il naît le 2 mai. Son grandpère, Peter Maivia, qui a ­affronté Sean Connery dans le James Bond On ne vit que deux fois, l’a inspiré à vivre honnêtement. « Jusqu’à ce jour, rapportait The Rock l’an dernier, il est l’homme le plus aimé et respecté que j’aie jamais connu. »

2016 Aujourd’hui, tout le monde sait « ce que The Rock mijote » ! Sa recette du succès ? « J’étais assez m ­ alin pour admettre que je n’avais pas toutes les r­ éponses. Je [devais] prendre des risques, et surtout accepter l’échec. » Vu sur le ring de WrestleMania en avril, The Rock sera en août aux côtés de Kevin Hart dans la comédie Agents presque secrets.

1995

Johnson trouve de nouvelles ressources auprès de sa ­famille. Entraîné par son père et le très grand Flex Kavana, il remporte en juin un match de catch par équipe de second rang. Cinq mois plus tard, il se bat contre les gros bras de la fédération mondiale de catch avec un nouveau surnom : Rocky Maivia, alias « The Blue Chipper ».

COMMENT J’EN SUIS ARRIVÉ LÀ LUTTEUR, ACTEUR, RAPPEUR, AUTEUR À SUCCÈS ET SELON SES PROPRES DIRES UN FIN CUISINIER, DWAYNE « THE ROCK » JOHNSON N’A JAMAIS CRAINT L’ÉCHEC. IL A SU EN FAIRE UNE FORCE CHAQUE FOIS QUE SON AVENIR S’EST ASSOMBRI.

1998 The Rock, comme il veut ­désormais se faire appeler, gagne son premier championnat mondial de lutte lors des Survivor Series. Sa prise People’s Elbow (une descente du coude) devient sa signature. Son plus gros atout reste sa capacité à travailler dur, principe qu’il a appris durant son enfance. « Tu te lèves le matin, tu te donnes à fond, tu te mets au travail et tu transpires », ­déclame Dwayne Johnson.

2000 Devenu une star du catch, The Rock développe sa

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marque dans la musique (dans le rap, pour Wyclef Jean), la télé et le ciné, avec une apparition en chasseur d’alien dans la série Star Trek : Voyager et un rôle dans Le retour de la Momie. Une interview dans la ­prestigieuse émission S ­ aturday Night Live lui ­apporte enfin la reconnaissance attendue.

Il rejoint le classement des acteurs les mieux payés du magazine Forbes après que ses films, notamment GI Joe : Conspiration et Fast and Furious 6, ont rapporté 1,3 milliard de dollars. Et il remporte pour la première fois en 11 ans le titre mondial du championnat WWE.

2011 Après une période difficile à Hollywood, avec une nomination dans la catégorie Pire Acteur aux Razzies Awards en 2006 pour le film Doom, The Rock retrouve le succès avec Fast and Furious 5. « Dans une période difficile, confie-t-il, le secret est de rester silencieux, à l’écoute. Et laisser les autres parler. »

2002 La rumeur court que The Rock aurait reçu 5,5 millions de dollars pour jouer dans Le roi Scorpion, un cachet record pour un premier rôle. Aux sceptiques, Variety, la bible du showbiz, écrit qu’il « dépasse déjà de nombreux athlètes-acteurs en termes de charisme cinématographique et d’intelligence ».

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TIM MÖLLER-KAYA

1996

2013

GETTY IMAGES, DDP

La dernière année de ­Johnson au sein de l’équipe de football américain de l’Université de Miami est coupée court par une ­blessure au dos. Il rejoint la ligue canadienne de football et joue pour les Stampeders de ­Calgary. Mais cela ne dure que deux mois et ne le laisse alors qu’avec quelques dollars en poche. Il nommera plus tard sa société de production Seven Bucks en souvenir de cette gloire partie de rien.


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BULLEVARD

FORT EN NOMBRES

MOUNIR

40 DEGRÉS AU THERMOMÈTRE LORS DE SON TITRE MONDIAL EN 2012 « À Rio, pendant le Red Bull BC One, la chaleur était folle et la déshydratation guettait. Il fallait boire souvent, à petite dose, raconteil. Je m’impose à l’unanimité des cinq juges présents, après une longue soirée éprouvante et 14 passages au total. »

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Eh oui, la grande nouveauté, ce sont des aliments sains… dans un bol. Un plat unique miraculeux (du Power Bowl au Banzai Bowl et même des soupes sucrées) qui fait l’unanimité chez les sportifs. foodfornet.com LES « WINDMILLS » RÉALISÉS EN 30 SECONDES « C’était à Pékin, en 2007, pour le Guinness Book des Records ! Un record battu de 4 unités sur le précédent, raconte-t-il. Impliquant les épaules et le haut du dos, le “windmill” est sans doute la phase la plus importante du break, et nécessite un excellent gainage abdominal, des adducteurs en béton ! Les jambes et les hanches travaillent, le haut du corps se verrouille et donne la bonne direction. »

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LE TRAINING

LE FUEL

AUTORITÉ DU BREAKDANCE IL COACHERA LES CANDIDATS FRANÇAIS VERS LA FINALE MONDIALE DU RED BULL BC ONE, QUI SE TIENDRA À TOKYO (JAPON) LE 3 DÉCEMBRE. SON PARCOURS, UNIQUE, EN DONNÉES.

LE NOMBRE D’ABDOMINAUX QUI COMPOSENT SA SÉANCE DE PRÉPARATION « Au minimum, et au quotidien ! À l’approche de grandes échéances telles qu’un Red Bull BC One (championnat du monde de breakdance, ndlr) ce chiffre peut atteindre 1 450, précise Mounir. Ce programme dure entre 15 et 30 min, non-stop ! » Il permet à Mounir d’améliorer sa proprioception, favorable à la stabilité et la tonicité qu’exige le breakdance de haut niveau.

AXEZ-VOUS SUR LA SANTÉ.

PARAMÈTRES VITAUX Discipline : Breakdance Âge : 32 ans Taille : 1,67 Poids : 65 kilos Palmarès : 9 fois champion du monde (solo et équipe) en 15 participations. Le breaker le plus titré au monde. Il enseignera au Red Bull BC One Camp à Paris (7-10 juil.) redbullbcone.com/fr

L’APPLI CALM

Cette appli anti-stress diffuse des sons naturels pour apaiser votre esprit, et le site internet, calm.com, vous propose 9 écrans animés de calme total. Dispo sur iOS et Android

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NIKA KRAMER/RED BULL CONTENT POOL, CORBIS

HEURES D’ENTRAÎNEMENT, NON-STOP « Deux semaines avant un championnat du monde par équipe au Battle of The Year (grand rassemblement de la danse hip-hop, ndlr), avec mon crew, Vagabonds, dit le Français. Ces 16 h de travail et de répétitions d’affilé nous ont certainement aidés à conserver le titre gagné l’année précédente. Le travail en équipe est nécessaire : il n’existe aucune discipline où l’on réussit seul. »

TOUT EN FITNESS


BULLEVARD

VALEUR SÛRE LIZZY CAPLAN LA TRENTENAIRE N’A JAMAIS JOUÉ LA CARTE DE LA SÉCURITÉ ET RAPPELLE QUE LA DÉTERMINATION PAYE.

STEVEN LIPPMAN/CORBIS OUTLINE

La Californienne Lizzy Caplan avait 13 ans lorsqu’elle a voulu devenir actrice. Une décision qu’elle n’a jamais remise en question ces deux dernières décennies malgré le sacrifice des études, et même après le véritable carton du film Mean Girls en 2004, de longues périodes sans contrats. Caplan a prouvé que la ténacité en valait la peine. Une nomination aux Emmy Awards pour sa performance dans la série télé dramatique Masters of Sex et divers rôles au cinéma comme celui de Lula pour Insaisissables 2 sur les écrans le 27 juillet l’ont élevée au rang d’actrice incontournable.

«  C ERTAINS DE NOUS SONT NÉS AVEC UN INSTINCT D’AVENTURE PLUS PRONONCÉ QUE D’AUTRES.  » THE RED BULLETIN

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BULLEVARD

LEURS VÉRITÉS POUR PIMENTER VOTRE ROUTINE QUOTIDIENNE, CES AVENTURIERS DE LA PREMIÈRE HEURE ONT QUELQUES CONSEILS QUI VOUS AIDERONT À FRANCHIR LE CAP.

« Dites oui, vous aviserez après coup. » TINA FEY

« Si vous avancez la peur au ventre, vous ne profiterez jamais de la vie. Vous n’avez qu’une seule chance, amusez-vous. »

twitter.com/ hannibalburess

« La vie ne devrait pas être un voyage ayant pour but d’arriver sain, sauf et bien conservé jusqu’à notre tombe, mais plutôt un dérapage sur le côté dans un nuage de fumée, complètement éreinté, épuisé, en criant haut et fort : “Waouh! Quel parcours !” » HUNTER S THOMPSON

BEAR GRYLLS

« Sans risque, vous gâcherez votre âme. » DREW BARRYMORE

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« L’aventure commence quand les choses partent de travers. Je ne suis pas un perfectionniste qui a besoin de préparer et d’organiser. Beaucoup de grands aventuriers en ont ­besoin. Mais moi j’aime résoudre les problèmes quand ils viennent, ­improviser, me laisser surprendre. »

« Beaucoup diront que je suis un aventurier, et je le suis… d’une certaine façon : un qui risque sa peau pour prouver ses vérités. » CHE GUEVARA

Il est drôle, dans l’air du temps, grâce au succès de la comédie Broad City et un récent docu produit par Judd ­Apatow à propos de son entrée dans le monde du stand-up. Et il s’appelle Hannibal. Assez de raisons pour suivre ce comédien américain et rire grâce à lui.

SLINKACHU instagram.com/ slinkachu_official

Au bureau, rien de tel que de voir la vie sous un autre angle : les minuscules créations de cet artiste londonien vous en donnent l’occasion. Dans son monde minutieux de créations miniatures, des petits kitesurfers glissent le long des murs pendant qu’un mini Spiderman tente de sauver la ville.

RAFAEL NADAL facebook.com/Nadal

Il n’est peut-être pas le numéro un du classement mondial, mais en matière de réseaux ­sociaux, l’Espagnol mène le jeu avec près de 15 millions de likes rien que sur Facebook. Pour le début de Wimbledon cette année, le grand chelem le plus populaire online, ­ajoutez le tennis à vos fils d’actualité. THE RED BULLETIN

GETTY IMAGES (8)

« Pas d’aventure sans danger. Le plus gros risque dans la vie, justement, est de passer à côté. Avoir l’objectif d’une vie tranquille conduit à notre perte. Nous méritons tous de partir à la conquête de notre Everest. » BRIAN BLESSED

MICHAEL PALIN

SUIVEZ, ­ IMEZ ET A RETWEETEZ POUR UN MOIS BIEN REMPLI.

HANNIBAL BURESS

LINDSEY VONN

« Quand le virus du voyage vous pique, il n’y a pas d’antidote, mais je suis heureux de savoir que je serai infecté pour le reste de ma vie. »

PENSEZ RÉSEAUX


CERTAINS FABRIQUENT DES VOITURES. NOUS LES RÉINVENTONS.

Le NOUVEAU

M{ZD{ CX-3

Pour aller de l’avant, il est indispensable de remettre en question les stéréotypes. Avec le nouveau Mazda CX-3, nous faisons voler en éclats les frontières entre SUV et citadines, traction avant et intégrale, moteur essence et diesel, ou encore boîte automatique et manuelle. C’est vous qui choisissez comment vous souhaitez vivre le plaisir de conduire. Avec son design raffiné et ses technologies SKYACTIV innovantes, il redéfinit le rapport entre confort, fonctionnalité et efficience. Peu importe ce que vous imaginiez, vous ne pourrez être que surpris. Mazda. Au-delà des conventions. www.cx-3.ch

Modèle illustré: nouveau Mazda CX-3 Revolution SKYACTIV-D 105 FWD, catégorie de rendement énergétique A, consommation mixte 4,0 l/100 km, émissions CO2 105 g/km (moyenne de toutes les voitures neuves vendues 139 g CO2/km).



Ricardo Rodríguez est potentiellement le meilleur arrière gauche du monde. Il est la star discrète d e l ’ é q u i p e n­ a t i o n a l e s u i s s e . C e l u i q u i d­ é t e s t e les interviews a fait u n e ­e x c e p t i o n p o u r The Red Bulletin.

LE CALME AVANT LA ­T EMPÊTE Tex te : A rek Piatek , Stefan Wagner, Photos : Lukas Maeder 27


« DEVENIR UN PRO N’ÉTAIT PAS UN RÊVE. C’ÉTAIT POUR AIDER MA FAMILLE. NOUS ÉTIONS PAUVRES ET JE VOULAIS NOUS SORTIR DE LÀ. » the red bulletin : M. Rodríguez, on ne peut pas dire que la nature vous ait gâté à la naissance. ricardo Rodríguez : Vous parlez de mon opération? (Il relève son t-shirt et ­dévoilant une cicatrice d’une dizaine de centimètres qui traverse son ventre.) Oui. Est-ce que cette cicatrice est une sorte de rappel de vos origines, de la pauvreté, de l’obligation de se battre pour s’en sortir? C’est plus qu’un souvenir. Je suis encore obligé de la masser constamment pour que les tissus n’adhèrent pas. Et je ne peux pas manger tout ce qui me plaît. Comme le pain, ou trop de choses grasses. Mon estomac est différent depuis. Il a fallu vous ouvrir le ventre juste après votre naissance, afin de remettre en place dans la cavité abdominale des organes qui étaient passés dans la cage thoracique. Est-ce que votre enfance en a souffert ? Je me rappelle que je devais sans cesse ­aller à l’hôpital pour des contrôles. Avec ma mère. Encore et encore. Mais ce n’était pas si grave. Ce qui était grave, c’est que je me fatiguais très vite en ­courant et que j’avais du mal à respirer. À partir de quand a-t-il été clair que vous survivriez ? Chaque partie était risquée. Dans ce cas, comment avez-vous pu d ­ evenir un footballeur ? D’une certaine manière, mon état m’y 28

— J’étais un mauvais élève. J’étais entièrement focalisé sur le foot. — Sans aucun plan B? — Sans plan B. — Courageux. — Pour moi, logique.



a i­ ncité... j’étais plus ambitieux que les autres. Ou moins raisonnable, je ne sais pas. Je ne voulais pas déchanter. Je ­voulais jouer au foot avec les autres ­gamins. Plus que tout. Tous les jours. Et comme j’avais beaucoup de déficits à combler du point physiquement, j’avais la gnaque. Dès ma petite enfance. À chaque fois que je rentrais du foot, je me disais : « heureusement que mon ventre a tenu », mais aussi : « maintenant mon corps est plus fort qu’avant ». À la place de votre père, je vous aurais interdit de jouer au football. C’était impossible pour deux raisons. Le football a toujours été quelque chose de très important dans ma famille. Et je ­n’aurais pas accepté qu’on m’interdise de jouer. Pour moi, le football n’a jamais été seulement du plaisir, parce que j’ai toujours eu un but précis, même tout jeune, j’étais singulièrement focalisé. J’étais moins enjoué que les autres enfants, juste un peu plus adulte d’une ­certaine manière. Et vers douze ans, j’ai remarqué que j’étais capable de plus que la plupart des autres. C’est là que j’ai ­décidé de devenir un joueur de foot pro. Tous les ados en rêvent. Ce n’était pas un rêve. C’était un projet. Je voulais devenir joueur professionnel pour aider ma famille. Nous étions pauvres, et je voulais nous sortir de là. De la pauvreté et de la zone à l’époque (Schwamendingen, le « Bronx de Zurich », ndlr). Grâce à ce que je gagnerais en tant que joueur professionnel. Je voulais surtout offrir une vie meilleure à ma mère, qui avait tant fait pour moi. Par amour, mais aussi en signe de gratitude. Et l’école ? J’étais un mauvais élève, j’avais des difficultés à étudier, je faisais souvent l’école buissonnière. J’étais entièrement focalisé sur le foot. Sans aucun plan B ? Exactement. Courageux. C’était logique. Je préférais développer mes points forts plutôt que corriger mes faiblesses. Faire ce que je ne savais pas bien faire, à l’école, était un calvaire. Qu’en pensaient vos parents ? Ma mère n’a jamais oublié tout ce que j’ai dû endurer lorsque j’étais petit. Elle savait aussi à quel point l’école me faisait ­souffrir et ne se fâchait jamais quand je faisais l’école buissonnière. Elle me comprenait et me soutenait. Un jour le directeur de mon école a appelé à la maison, et elle a déclaré que j’étais au lit, malade, alors qu’elle savait que je séchais. Et votre père ? L’homme le plus fou de football que l’on 30


« Garder son calme quand on a la balle est primordial. Ne pas faire d’erreurs, limiter les risques. Ça, je sais faire. »


puisse imaginer. Il aurait lui-même voulu être joueur professionnel, mais ses parents n’avaient pas assez d’argent pour lui permettre de participer régulièrement à l’entraînement. C’est une histoire triste. Mais il a au moins voulu rendre accessible à ses propres fils (Ricardo et ses deux frères, tous deux également joueurs professionnels, ndlr) ce qu’il n’a jamais eu : une bonne formation dans un bon club. À l’époque nous avions une vieille Hyundai. Une épave, abîmée de partout, mais elle roulait. C’est avec ça que mon père nous amenait, mes frères et moi, à l’entraînement tous les jours, aux clubs des Grasshoppers, FC Zürich, Schwamendingen, puis il venait nous chercher l’un après l’autre. Je n’oublierai jamais cette image : mon père dans sa vieille Hyundai toute rouillée et nous, avec nos sacs de foot. Et tous les jours, cette folle expédition à travers Zurich, hahaha. À 15 ans vous gagniez déjà votre ­premier argent en tant que footballeur, 1 500 francs par mois pour un contrat de jeune talent. Qu’avez-vous fait de votre première prime ? Elle est partie dans la caisse familiale, comme prévu. Et après je me suis dit que dans quelques années, je pourrai offrir une vie meilleure à ma famille. Pourquoi êtes-vous devenu défenseur ? N’est-ce pas plus attrayant pour un jeune garçon d’être un attaquant, qui est acclamé lorsqu’il tire un but ? Je ne connais rien d’autre. J’ai été défenseur depuis mes six ans, parce que dans mon club, j’ai toujours dû jouer avec des garçons d’un ou deux ans mes aînés. À chaque fois, ils me disaient : « Tu es le plus jeune, tu joues derrière. » Évidemment, parce qu’ils voulaient tirer les buts euxmêmes. Mais en fait, la position défensive m’a plu dès le début. Pourquoi ? À cause de la responsabilité. D’empêcher les bavures, de veiller à ce que le zéro reste jusqu’au bout. Si tu te plantes, en général tu te prends un but. C’est une sensation forte qui ne cesse qu’avec la fin du jeu. Et pas une seconde de moins : même si tu joues bien pendant 90 minutes, avec une inadvertance à la 91e, c’est toi le couillon... et les bonnes 90 minutes sont oubliées. Ça me stimulait. Quel est votre plus grand atout ? Mon calme quand j’ai le ballon. Ça ne paraît pas particulièrement ­spectaculaire de maîtriser le ballon de manière calme et sûre. C’est pourtant ce qu’il y a de plus ­important. Éviter les erreurs, ne pas faire de gaffe, minimiser les risques. Et ça, je sais faire. 32

Peut-on apprendre à éviter les erreurs ? Bien sûr. Il suffit de savoir ce que l’on sait faire ou pas. Vous rappelez-vous ce que je vous ai dit à propos de la concentration sur ses points forts ? Je continue à agir selon ce credo – même sur le terrain : je fais ce que je sais bien faire. Et ce que je ne sais pas bien faire, je n’y touche pas. Dans ce cas vous savez faire beaucoup de choses : en prototype d’un ­défenseur moderne, vous participez au jeu offensif, faites des passes décisives – et avez

« Ma famille est à l’abri du besoin pour le restant de ses jours. Ce qui me motive encore : les titres. Les grands. Dans la ­C h a m p i o n s L e a g u e e t a v e c l’équipe nationale. » THE RED BULLETIN


de grandes qualités de buteur. D’où tenez-vous cela ? Du temps où j’étais un garçon qui jouait au parc. Au club, je devais être discipliné et rester à l’arrière, mais avec mes amis ? Je me défoulais. Je voulais tirer des buts plus que tout, sinon rien. J’arrivais, ­attrapais le ballon, tirais tout de suite sur le but, pouf, comme un taré. Au début tout le monde me détestait : « Oh merde, encore lui... », mais ma technique de tir a fini par s’améliorer. Au club, j’ai même été tireur numéro un de penalty et de coup franc. Seriez-vous un bon avant-centre ­aujourd’hui ? Pas mauvais, probablement. Quels seraient vos atouts ? Il ne me faudrait pas beaucoup ­d’occasions de but pour marquer. Bien sûr, votre calme au ballon... Je les rentrerais tous, glacial (il lance un regard délibérément sinistre). Hahaha, c’est à croire que vous ne connaissez ni nervosité, ni peur ? Tu n’as pas droit à la peur si tu veux ­atteindre de grands résultats. Qu’il s’agisse d’un penalty, d’un match ou d’un joueur adverse, il ne faut avoir peur de rien et de personne. C’est probablement le conseil le plus important que je puisse donner à ceux qui veulent réussir : au foot, il faut avoir des couilles, sinon tu n’y arriveras pas. Et quand vous avez le Real Madrid avec Ronaldo et Bale en face de vous, que l’arbitre a le sifflet aux lèvres et que ça va commencer... n’êtes-vous pas un peu nerveux ? Tendu, oui, mais dès que tu as le ballon et que la première passe est réussie, tu oublies tout. Après, c’est simplement un match de football. Simplement un match ? Même quand c’est un match important ? Plus le match est important, plus c’est le pied. Avoir des couilles, quoi. Hahaha, exactement : à cause des couilles. Mais si la première passe est ratée ou bien, pire, mène à une action dangereuse, voire un but adverse ? Je ne connais aucun joueur que cela laisse froid de rater la première action. Car dans ce cas, la situation devient effectivement épineuse. Dans ce cas il faut... ... nous le savons déjà : avoir des couilles ! D’abord le ballon. Tu dois tout de suite ­essayer d’entamer un bon mouvement. Il ne faut surtout pas esquiver ou faire ­semblant de jouer, mais tenter, tenter, ­tenter. Jusqu’à ce que ça marche. Et si ça ne marche pas ? THE RED BULLETIN

« POUR ÊTRE BON, IL FAUT DES COUILLES. » Il ne te reste plus qu’à te battre comme un lion. On peut toujours se battre. Lors d’une interview, vous avez ­mentionné ne pas aimer jouer contre Arjen Robben parce qu’il est tellement imprévisible... ... contre Robben et contre les Bavarois. Ensemble, ils sont le cauchemar de tout défenseur. Lorsque tu joues contre le FC Bayern, tu as l’impression qu’ils sont à 15 sur le terrain. Impossible d’accéder au ­ballon. Ils te font courir en rond. Tu cours et cours et sais qu’à un moment donné, l’un d’entre eux va pointer. Et quel est le rapport avec Robben ? Il lui suffit d’un seul instant. Tu dois donc être aux aguets pendant 90 minutes. ­Hyper-concentré. Et s’il te fonce dessus, cela n’a presque aucun sens de réagir. Soit tu spécules, donc tu optes pour un côté, ­celui dont tu espères qu’il le choisira pour faire son crochet, ou bien... bref, tu le freines, quoi. En ce qui concerne cela, vous n’êtes pas vraiment champion. Je dirai seulement : 35 matches pour l’équipe nationale, pas un seul carton jaune. Comment y arrivez-vous, à ce niveau ? Pas un seul ? Vraiment ? Comme quoi je suis un joueur fair-play... Jusqu’où va le fair-play ? Match important, dernière minute, 0:0, un attaquant vous échappe, fonce droit vers le but. Vous savez que vous ne pouvez l’arrêter qu’avec une faute. Sinon, il marque. Que faites-vous ? Je le fauche. Je ne m’attendais pas à une réponse aussi nette. Vous voulez une réponse franche ? La ­voici. Le succès de l’équipe est toujours le

but... par contre en demi-finale, j’y réfléchirais peut-être à deux fois, car je serais suspendu pour la finale (rires). Le Real Madrid a payé 100 millions d’euros pour Gareth Bale. Votre propre valeur sur le marché avant le coup d’envoi de l’Euro 2016 est de 30 millions. Les joueurs de foot valent-ils vraiment tout cet argent ? Non. Personne ne vaut ces sommes. Ce sont des mécanismes sur le marché du football pro, qui a beaucoup de facettes, comme la publicité, les médias. Ces chiffres ne sont que de la théorie pour moi. 25 millions ou 100 ? Quelle différence cela fait-il pour moi ou pour ma famille ? Je n’ai pas choisi le foot pour vivre dans le luxe. Mais parce que je voulais sortir ma famille de sa situation. Vous y êtes arrivé entre-temps. Vous êtes à l’abri des soucis financiers. Oui et ma famille n’aura plus jamais faim. Qu’est-ce qui vous motive donc ­encore  ? Les titres. Les grands titres. Dans la Champions League et maintenant avec l’équipe nationale. Vraiment, avec l’équipe nationale ? Vous croyez l’équipe prête pour des titres ? Nous pourrions constituer une bonne ­surprise lors du Championnat d’Europe. Vous vous engagez souvent pour des projets sociaux, comme pour des ­personnes atteintes du cancer, vous soutenez des projets à ­Schwamendingen ... Oui, mais je n’aime pas en parler. Je ne veux pas en faire tout un plat. Mais croyezmoi : je n’ai jamais oublié d’où ­je viens. fr.uefa.com/uefaeuro

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LES RIVAUX DE RIO


FENG YU/YU-PHOTOGRAPHY.COM, GETTY IMAGES

MICHAEL PHELPS CONTRE SUN YANG. NIKOLA KARABATIĆ CONTRE ANDREAS WOLFF. SERENA WILLIAMS CONTRE TOUS. CES DUELS PIMENTERONT LES JO. TEXTE : MUHAMED BEGANOVIĆ & FLORIAN WÖRGÖTTER

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SIMONA HALEP

Son point fort : l’humour

USA VS CHN

Michael Phelps face à Sun Yang : le revenant olympique contre le meilleur nageur de Chine.

TABLEAU DES MÉDAILLES 2012

USA CHN

Or

46

38

Argent

28

28

Bronze 29

22

88

36

103

Lorsque les États-Unis affrontent la Chine aux Jeux Olympiques, il y a comme un parfum de « risque » dans l’air. Il est question de pouvoir et de domination, d’influence et d’argent. Et nul ne sait vraiment où s’arrête le sport d’élite et où commence la politique internationale. Après la désunion du rival éternel, l’Union soviétique, dans les années 1990, les États-Unis ont enfin un nouvel adversaire à prendre au sérieux dans la course à la tête du tableau des ­médailles. Car la Chine récolte à présent les fruits d’un travail de fond dans le sport d’élite. La formation des sportifs est scrupuleusement axée sur le succès, seuls les meilleurs des meilleurs bénéficient d’une aide de l’État. Et le succès se mesure au nombre de médailles olympiques. Lors des « Jeux à domicile » de 2008 à Pékin, la Chine avait pris la tête du classement par nation pour la première fois, avant que les États-Unis reprennent la 1re place en 2012. Cette fois, le grand duel se jouera notamment dans les bassins. Les deux héros des superpuissances : Michael Phelps (USA) et Sun Yang (Chine). L’icône sportive de 31 ans Phelps est déjà présentée comme le participant aux JO le plus couronné de succès de tous les temps. 18 médailles d’or (et quatre autres d’une autre couleur) sont un record incroyable et ­absolu aux Jeux Olympiques. En 2012, il s’est temporairement retiré du sport professionnel, mais il tente désormais son retour olympique à Rio. Sun Yang est le nageur le plus phénoménal de Chine. Et ce, pas uniquement parce qu’il dépasse son adversaire américain de cinq centimètres avec son 1,98 mètre. Le nageur de 24 ans a décroché deux fois l’or olympique en 2012 et il s’envole pour Rio avec le titre de double champion du monde en poche (400 et 800 mètres nage libre). Comme Phelps veut se concentrer davantage sur les courtes distances, il est vraisemblable que les deux nageurs ne s’affrontent effectivement que lors de peu de compétitions. Mais la conquête de la piscine olympique passera par eux.

KAROLÍNA PLÍŠKOVÁ Son point fort : le service

WIKTORYJA ASARANKA

Son point fort : les coups de base

MARTINA HINGIS

Son point fort : le jeu au filet


SERENA WILLIAMS VS LE RESTE DU MONDE

REUTERS, PICTUREDESK.COM, CHRISTOPHER GRIFFITH/TRUNKARCHIV, GETTY IMAGES (4)

Cette femme va décrocher l’or. Que ceux qui s’y opposent se manifestent. Au cours du tournoi, combien de sets Serena ­Williams a-t-elle perdus jusqu’à sa victoire aux Jeux Olympiques de 2012 à Londres ? a) aucun, b) zéro ou c) pas un seul. Pour gagner un jeu, Williams a besoin, en moyenne, d’autant de temps que vous pour chercher la bonne réponse sur Google. Nous parions que nous reverrons Serena lors de la finale simple dames à Rio. La question qui reste ouverte : qui affrontera-t-elle ? Mais ce n’est presque pas important, si la Fédération internationale de tennis n’arrive pas à cloner une joueuse hybride qui réunit tous les points forts de son adversaire. Mais qui a envie de cela ?


RICO FREIMUTH VS ASHTON EATON Le meilleur décathlète allemand a-t-il une chance contre le recordman du monde ? Un petit test en dix disciplines. RÉSEAUX SOCIAUX

4 000

ABONNÉS INSTAGRAM Comment grimpe-t-on à une corde les fesses devant ? Voyez par vous-même : instagram.com/ricofreimuth

57 000 FOLLOWERS TWITTER

Eaton prouve ici qu’il est un véritable geek des sciences : twitter.com/ashtonjeaton

TAILLE

1,96

POIDS L’Allemand est plus grand et plus fort, mais il est plus facile de bouger 84 kg que 92 kg.

38

REUTERS, PICTUREDESK.COM

1,85


MEILLEURE PERF EN DÉCATHLON PRIX DE COUPE DU MONDE

20 000

8 561

9 045

US-DOLLAR ont été versés à Freimuth par la Fédération internationale d’athlétisme pour sa médaille de bronze de CM en 2015.

POINTS

POINTS

récoltés par Eaton lors des Championnats du monde de 2015 à Pékin. Il a amélioré son propre record mondial de six points.

160 000

C’est le record personnel de Freimuth, obtenu également lors des CM d’athlétisme de l’an dernier.

US-DOLLAR

ont été versés à l’Américain Eaton en 2015 pour sa médaille d’or de CM et son record mondial.

MÉTAUX PRÉCIEUX PREMIÈRE MÉDAILLE

23

27 ANS

Rico et Ashton ont tous les deux 28 ans. Mais Ashton a remporté sa première médaille lors d’un grand événement international quatre ans plus tôt : l’argent lors des CM de 2011.

FAMILLE SPORTIVE Le grand-père d’Ashton était joueur de football américain, sa femme vice-championne du monde d’heptathlon.

2

1

6

1

BRONZE

OR

ARGENT

Ashton Eaton est le grand favori à Rio. Il a déjà remporté six médailles lors de Jeux Olympiques ou de Championnats du monde. Rico Freimuth n’en a qu’une.

AMOUR

150

HARCELEUSES

Rico a eu un compte Facebook. Puis il a reçu 150 demandes explicites. Sa réaction : ciao !

4

Le père de Rico était décathlète, sa mère heptathlète, son oncle sauteur en hauteur, sa sœur est volleyeuse.

1

ÉPOUSE

Depuis 2013, Ashton et l’heptathlète Brianne Theisen forment le couple d’athlètes de rêve.

ÉTUDES ENTRAÎNEURS

1979

2012

L’entraîneur de Freimuth, Wolfgang Kühne, a été vice-champion de RDA de décathlon en 1979. L’entraîneur d’Eaton, Harry Mara, a été élu coach de l’année par la Fédération américaine d’athlétisme en 2012.

Ashton et Rico connaissent tous les deux des universités de leur pays. Mais l’Américain a été plus rapide : il a terminé ses études de psychologie en 2010, tandis que Rico bûche encore pour ses études de gestion d’entreprise.

1


MÉDAILLES RUGBY 1924 Or USA Argent FRA Bronze ROU

NZL VS RSA GILLIES KAKA

ANDREAS WOLFF

MÉDAILLES HANDBALL 1972 – 2012

FRA GER

Or

2

1

Argent

0

3

Bronze

1

1

3

5

Le champion olympique et du monde provoque le nouveau champion d’Europe. La France contre l’Allemagne : si tout se passe dans les règles, les deux favoris pour l’or s’affronteront à un moment ou un autre du tournoi, au plus tard, en finale. Lorsque le Français Nikola ­Karabatić, considéré par beaucoup comme le meilleur attaquant du monde, met son corps robuste en mouvement et se prépare à lancer, les gardiens de but normaux en appellent à la grâce de Dieu : les missiles de Karabatić peuvent voler jusqu’à 120 km/h. Cependant, Andreas Wolff est tout sauf un gardien de but normal. Le Rhénan de 25 ans a été sacré star de l’équipe allemande lors des CE en janvier pour avoir désespéré les joueurs espagnols en finale : pourcentage d’arrêts 48 % ! Avec ses réflexes inquiétants à la Bruce Lee, la star des shootings Wolff attise de nouveau l’ancienne rivalité entre l’Allemagne et la France. Lui-même n’a encore ­jamais joué contre les Français. La dernière rencontre entre les deux pays remonte à trois ans déjà : l’Allemagne l’avait emporté de justesse 32 à 30 lors des CM de 2013. Le meilleur buteur à l’époque : Nikola Karabatić.

SEABELO SENATLA

Enfin ! Le rugby est de ­nouveau une discipline olympique, après 92 ans de pause. Même si ce n’est « que » dans la variante à 7. Ça va faire mal : en seulement deux jours, douze équipes de rugby s’affronteront sur un terrain normal, mais avec sept joueurs par équipe au lieu des 15 habituels. Des matches plus rapides, plus palpitants et, surtout, plus courts. Les Néozélandais, champions du monde de 2013, sont les favoris aux côtés des îles Fidji. Leur challenger : l’Afrique du Sud. Avec Seabelo Senatla, les « Blitzboks » emmènent l’un des joueurs les plus rapides du tournoi. Et la vitesse compte double lors des « Sevens ».

ADIDAS, SASCHA KLAHN, GETTY IMAGES (2)

NIKOLA KARABATIĆ VS


Qui remportera la première médaille d’or depuis 1924 : Gillies Kaka (à gauche) ou Seabelo Senatla ?

41


TABLEAU DES MÉDAILLES 2012

GBR AUS

Or

29

7

Argent

17

16

Bronze 19

12

35

65


BROOKE STRATTON

AUS VS GBR

KATARINA JOHNSON-THOMPSON

NIKE, GETTY IMAGES, PICTUREDESK.COM (2)

La flamme olympique : lorsque le RoyaumeUni affronte l’ancienne colonie pour l’or et l’honneur. La Grande-Bretagne et l’Australie sont liées par l’une des plus âpres rivalités de l’histoire du sport. Ce qui les rend plus captivantes que le duel de collectionneurs de médailles États-Unis/ Chine : les deux pays sont bons dans les mêmes disciplines. Un duel direct chasse l’autre. Cette fois, le plus beau conflit familial aura lieu en athlétisme : l’Anglaise Katarina Johnson-Thompson (grande photo) participe non seulement à l’heptathlon, mais également au saut en longueur en individuel, où elle affrontera l’Australienne Brooke ­Stratton, la grande favorite pour la médaille d’or. Par chance, la Reine a deux mains et peut donc croiser 4 doigts.

ITA VS QTR Mutaz Barshim vise le record du monde de saut en hauteur. Mais son grand rival ne serait pas Sotomayor. MÉDAILLES SAUT EN HAUTEUR 1896 – 2012

ITA QTR

Or

1

0

Argent

2

0

Bronze

0

1

3 1

the red bulletin : Mutaz, vous détenez le record de hauteur de tous les sauteurs actifs avec 2,43 mètres. Qui est votre principal rival pour l’or olympique ? mutaz barshim : Parmi tous les athlètes, cinq ont déjà sauté au-dessus de 2,40 mètres. Ce sont les grands favoris. Mais le saut en hauteur est un sport qui demande une grande concentration sur soi. Si je triomphe de moi-même, alors je peux vaincre tous les autres. L’un de vos concurrents de longue date est l’Italien ­Gianmarco Tamberi. Peut-il ­également décrocher l’or à Rio ? Gianmarco est un ami, nous nous connaissons depuis des années. J’apprécie beaucoup son style. Et je le pense capable de tout à Rio. Aux JO, il est question unique-

ment du combat athlète contre athlète. Dès que tu te qualifies pour la finale, tout est possible pour toi. La seule chose qui importe alors, c’est ce qui se passe ce jour-là. Et Gianmarco peut également décrocher une médaille. Pouvez-vous apprendre l’un de l’autre ? Non. J’ai mon style, Gianmarco a le sien. Je n’ai aucun intérêt à m’inspirer de lui, cela ne ferait que me perturber. Nous ne pouvons que travailler sur nous-mêmes. Vous avez grandi au sein d’une famille passionnée de sport. Votre petit frère Muamer est également sauteur en hauteur. La rivalité entre vous vous a-telle aidés ? Elle a sûrement été un facteur décisif. Nos parents nous ont toujours soutenus de leur mieux dans nos carrières sportives. Et, très clairement, chacun voulait être le meilleur de la famille. Mais, c’est moi le meilleur (rires). Muamer pourrait-il être meilleur que vous à l’avenir ? Peut-être, oui. Mais, à vrai dire, ce n’est pas ce qui compte vraiment. Dans le sport, la question n’est pas de savoir qui est le meilleur. Le sport n’appartient à personne. ­Aucun sportif n’est au sommet pour toujours. Oui, la rivalité est importante, mais notre plus grand rival est toujours nous-mêmes. Et, sans doute également Javier Sotomayor, indirectement, qui détient le record du monde ­depuis 1993, non ? Je ne considère pas Sotomayor comme mon rival. C’est une légende. Quand j’étais petit, il était mon grand modèle. C’est en le voyant qu’est née ma passion pour le saut en hauteur. Bien sûr, nous avons tous son record du monde de 2,45 mètres en tête. Il est plus une idole qu’un rival pour moi. 43


NORD CONTRE SUD

PRK VS KOR TABLEAU DES MÉDAILLES 1896 – 2012

KOR PRK

Or

107

14

Argent

99

13

Bronze

90

22

296

49

44

Une lune salto avant tendu avec triple vrille. C’est avec ce saut sur le cheval-d’arçons que Yang Hak-Seon a décroché, en 2012, la première médaille d’or olympique en gymnastique pour la Corée du Sud. Jamais un gymnaste n’avait montré une telle prouesse dans les airs. Le jeune athlète a célébré sa victoire et le livre de règles international a été complété : avec une nouvelle figure portant le nom de Yang. L’année suivante, il a logiquement de ­nouveau décroché l’or lors des Championnats du monde. Puis la page s’est tournée. Aux CM de 2014, Yang a raté sa réception lors de ses deux essais en ­finale. Il a été détrôné. Précisément par un Nord-Coréen. Le nouveau champion du monde et monstre ­sacré en saut de cheval s’appelle Ri Segwang. L’athlète expérimenté – 30 ans – a vécu, pour ainsi dire, son deuxième printemps de gymnaste. À l’inverse du technicien Yang, Ri se démarque par la vitesse et la puissance avec lesquelles son corps tournoie dans les airs. Mais Yang veut lui renvoyer la balle à Rio. En aucun cas un Nord-Coréen ne doit lui arracher les lauriers de sa victoire. Au risque de devoir modifier le livre de règles une deuxième fois. Crash système : Yang Hak-Seon (en haut) et Ri Segwang (en bas) sautent vers l’or. THE RED BULLETIN

PICTUREDESK.COM, REUTERS, GETTY IMAGES

Le Sud-­Coréen Yang Hak-Seon a tournoyé vers l’or en 2012, et le Nord veut son vainqueur en gymnastique : les jeux sont ouverts !


HISTORIQUE

1952 EMIL ZÁTOPEK FACE À ALAIN MIMOUN On appelait Emil Zatopek « la locomotive tchèque ». L’autre, Alain Mimoun, avait aussi un surnom : « l’ombre de Zátopek », et il représentait la France. Personne ne courait à une cadence aussi élevée et constante qu’Emil Zátopek. Et personne n’était aussi désespéré par lui que le Français Alain Mimoun. Aux Jeux Olympiques de 1948 et 1952, Mimoun est resté derrière le vainqueur lors de trois courses d’endurance jusqu’à l’arrivée, remportant toujours l’argent.

Au fil des années, les deux athlètes se sont liés d’amitié, mais ils restaient d’âpres concurrents sur le cours cendré. En 1956, la roue a tourné à Melbourne : Mimoun a pris le départ du marathon pour la première fois de sa vie. Et il les a tous devancés. Pour la première fois, Zátopek est resté dans son ombre.


HÉROS

« MON JEU S’EST ENRICHI » NEYMAR JR. pourrait, dans la lignée d’un Messi ou d’un Ronaldo, devenir le prochain meilleur joueur mondial. Le jeune loup solitaire a en effet compris les bienfaits de l’esprit d’équipe.

N

eymar Jr. a d’ores et déjà fait son ­entrée dans l’Histoire du football. À 20 ans, le jeune Brésilien est déjà une star dans son pays. Peu après, il intègre le FC Barcelone et son équipe légendaire. Aux côtés de Messi, Xavi et Iniesta, il ­apprend l’humilité et l’esprit d’équipe. Pour se montrer ­aujourd’hui à son meilleur niveau. the red bulletin : Cinq titres avec le Barça l’an dernier, une troisième place dans le classement des meilleurs joueurs mondiaux : vous nous montrez là le meilleur de vous-même. Pourtant, certains avaient des doutes lorsque vous êtes arrivé à Barcelone en 2013. On vous disait trop individualiste, trop semblable à Messi, trop brésilien pour vous adapter au football européen. Vous-même, aviezvous des doutes ? neymar jr. : Vous savez, toute ma vie, j’ai entendu des trucs du genre : « Ce garçon ne fera jamais un bon footballeur, il est trop maigre, trop petit. » Alors, je m’y suis habitué. 46

Mais ça ne vous fait vraiment rien de savoir que vous êtes attendu au tournant, observé ? Ça dépend comment tu le prends. Évidemment que les doutes peuvent faire mal, mais ils peuvent aussi être un formidable moteur et te pousser à t’améliorer. Quelqu’un te toise d’un air sceptique ? Montre-lui ce que tu as dans le ventre ! Si ça, ce n’est pas la meilleure des motivations ! Aujourd’hui, je me retrouve à Barcelone, à écrire l’Histoire du foot, avec mes potes sur le terrain. Alors, que les gens disent ce qu’ils veulent : ce qui fera la différence à la fin, c’est si tu crois vraiment à ton rêve, si tu t’y accroches, et si tu as le soutien de ta famille. Cela dit, objectivement, votre jeu ressemble pas mal à celui de Messi. Vous avez dû « limer » certaines facettes de votre personnalité pour vous intégrer dans l’équipe, notamment cesser de jouer le meneur, ou freiner votre créativité. Oui, et c’est bien là le défi que je voulais relever. Je savais ce qui m’attendait si je voulais rester à Barcelone à jouer avec Iniesta et mon idole, Messi. Bien sûr que ce n’est pas


LUCHO VIDALES

Neymar Jr., 24 ans. Sa devise ? « Montre ce que tu as dans le ventre ! »


Et Messi ? Je me souviens du premier entraînement, aux côtés de Messi, Xavi, Iniesta, Valdés, Piqué... J’avais l’impression d’être dans un jeu vidéo, je me répétais : « C’est dingue, tu joues dans la même équipe que ces gars-là ! » C’est clair qu’il faut un temps d’adaptation, mais tout s’est fait naturellement, en mode relax. Mon compatriote, Dani ­Alves, m’a bien aidé, et Messi a été super, il m’a soutenu. Je voyais vraiment qu’il voulait m’aider à relâcher cette pression, et me donner la chance de me concentrer uniquement sur le jeu. On dit que l’équipe de ­Barcelone est plus forte qu’en 2013 : y êtes-vous

LE NEYMAR JR.’S FIVE est un football qui se joue à 5 avec une règle d’élimination : à chaque but marqué, l’équipe adverse perd un joueur. Dans plus de 40 pays du monde, les équipes s’affrontent pour avoir une chance de participer à la grande finale à l’Instituto Projeto Neymar Jr. de Praia Grande, au Brésil. Toutes les infos sur le Neymar Jr.’s Five et sur les qualifications 2017 sont sur Facebook. 48

pour quelque chose ? Ni plus ni moins que chacun de mes coéquipiers. Il ne s’agit pas ici de tennis, où vous êtes le seul responsable de vos victoires et de vos défaites. Il s’agit de football, avec onze joueurs sur le terrain, sans compter les remplaçants et tous ceux qui s’activent en coulisse. Chaque victoire résulte d’un travail d’équipe. Celui qui ne comprend pas ça ferait mieux de jouer au tennis. Qu’avez-vous appris ces trois dernières saisons à Barcelone ? On entend ­souvent dire que vous avez gagné en maturité au sein de cette équipe. Disons que je suis devenu meilleur. D’abord un meilleur footballeur avec davantage de technique, de sens tactique, une meilleure puissance de tir. Mais aussi un meilleur père, ami et fils. Je ne sais pas si c’est la maturité. Ce que je peux dire, c’est que jouer à Barcelone me rend heureux. Vous avez dû craindre que votre arrivée dans le football européen n’impose comme des restrictions sur votre jeu, et de perdre de

votre créativité et de votre spontanéité. Comment êtesvous parvenu à préserver ces qualités personnelles et vous installer dans un jeu collectif ? Ce n’est pas une question de l’un ou l’autre. Mais bien une question de tout gérer en même temps. Mais cela change tout de même du Brésil, où vous aviez beaucoup plus de ­libertés. Comme celle de faire ce qui vous passait par la tête sans trop vous soucier des autres... Après 21 ans à jouer dans la ­spontanéité totale, ça doit faire bizarre de faire tout à coup partie d’une équipe hypertactique. Non, au contraire, tu vois cela de la mauvaise manière : en fait, je n’ai rien perdu de mon individualité, je l’ai simplement intégrée au jeu qu’exige Barcelone. Mon jeu s’est donc véritablement enrichi à ­Barcelone. Pourquoi remettre en question tout ce qui était moi auparavant, d’ailleurs, puisque le club m’avait justement choisi pour tout ce que j’avais montré au Brésil ! Ce n’est pas en remettant tout ce THE RED BULLETIN

LUCHO VIDALES

simple, ici, de faire son trou, mais c’est justement ça qui est intéressant ! Que faut-il, justement, pour faire son trou à Barcelone ? Ça ne suffit pas d’être simplement un bon joueur... Tu as raison, être un bon joueur de football ne suffit pas. C’est aussi une question de personnalité : et ce n’est pas parce qu’il s’agit de l’une des meilleures équipes au monde, mais plutôt parce qu’on y joue un football différent, qui se nourrit du jeu de toute l’équipe. Une fois qu’on a compris ça, tout devient plus simple. Certes, mais... un nouveau joueur est souvent perçu comme un concurrent potentiel. On ne va pas vous accueillir à bras ouverts en chantant : « Bienvenue chez nous ! Tiens, prends ma place si tu veux ! » Eh bien, que vous le croyiez ou non, il n’y a pas eu de petite guerre de concurrence, au contraire. Au milieu de tous ces joueurs au palmarès impressionnant, je me suis tout de suite senti accepté.

« IL S’AGIT ICI DE FOOTBALL, AVEC 11 JOUEURS SUR LE TERRAIN, LES REMPLAÇANTS ET TOUS CEUX QUI S’ACTIVENT EN COULISSE. CHAQUE VICTOIRE RÉSULTE D’UN TRAVAIL D’ÉQUIPE. CELUI QUI NE COMPREND PAS ÇA FERAIT MIEUX DE JOUER AU TENNIS. »


que l’on a acquis en question que l’on s’améliore, mais bien en cherchant à apprendre de nouvelles choses. Au Brésil, vous étiez le spécialiste des coups par surprise, qui déroutaient ­parfois autant l’équipe ­adverse que la vôtre. Alors qu’à Barcelone, toute la ­difficulté consiste à continuer de surprendre vos ­adversaires tout en conservant un jeu transparent pour vos coéquipiers. C’est juste : et oui, c’est difficile ! Très difficile. Le football, c’est de l’improvisation, il y a tellement de paramètres qui entrent en jeu. Finalement, c’est la qualité de l’improvisation qui va décider d’une victoire ou d’une défaite. Dans les grands clubs, il ne s’agit pas uniquement de savoir improviser à titre individuel, mais de la capacité de l’ensemble des joueurs de l’équipe à improviser de concert. Au sein du Barça, on admire beaucoup vos qualités de passeur et votre capacité à rester en retrait quand il le faut. Pas trop dur, de se faire voler la vedette au moment de tirer un but ? Je ne dis pas que je n’aime pas tirer des buts. Tu as déjà fait une passe à un pote qui a marqué ? Croyez-moi, aider quelqu’un à marquer procure également une grande joie. Vous parlez d’amis... est-ce qu’une équipe de potes est une équipe qui gagne ? Il n’est pas nécessaire d’être amis pour réussir. Mais les THE RED BULLETIN

équipes qui ont su tisser des liens forts perdent moins ­facilement. C’est dur de battre une équipe composée de potes. C’est ce que nous avons compris au Barça, et nous avons fait en sorte que cela se vérifie. Vous me conseillez donc d’aller boire plus souvent des pots avec mes collègues de boulot ? Carrément. Pas uniquement pour réussir au travail ou

avoir du succès, mais aussi parce qu’avoir des potes est une des plus belles choses au monde. C’est triste d’être seul, et pas bon de ne penser qu’à soi. La vie est tellement plus belle quand tu es entouré d’amis et de gens qui t’aiment. Plus tu connaîtras de monde, le plus de proches et d’amis tu auras, le mieux tu te porteras. Christian Eberle

« Les équipes qui ont su tisser des liens forts sont difficiles à battre. »

neymaroficial.com

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« LA BONNE HUMEUR EST UNE ARME » DANIEL RICCIARDO. La gaîté est son image de

marque et s’ajoute à sa notoriété. La star de la F1 sait transformer la rigolade en succès.

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Et là je réalise que les fautes de l’époque, je ne les referais plus aujourd’hui. Et alors c’est à nouveau le beau temps. Quelle est la personne la plus grincheuse que vous connaissiez ? Quand j’étais un junior, j’aurais dit Helmut (Marko, patron de la filière des jeunes pilotes chez Red Bull Racing, ndlr). Mais il est devenu beaucoup plus cool. Il m’a fallu apprendre qu’il se réjouit de nos podiums, nos succès et notre épanouissement. Comment le faire rire ? En étant performant. Il n’y a

vais peut-être devoir bosser toute la nuit. Il y a toujours une solution. À quoi pensez-vous pendant ces 10 minutes ? À quelque chose dont je suis fier. À une montagne sur laquelle je suis monté en VTT à plein pot. À un bon entraînement. Ou bien à quelque chose qui m’a fait plaisir. Un tour à vélo entre amis. Dormir à la belle étoile. Une scène de film. Une victoire. Un compliment venant de quelqu’un d’important. Un tour que j’ai joué à quelqu’un. À en croire mes proches, il m’arrive parfois d’exploser de rire sans raison apparente. Vous n’avez jamais essayé

« L’HUMOUR PEUT RENDRE DE NOMBREUSES SITUATIONS PLUS SUPPORTABLES, CAR IL EFFACE LA PRESSION POUR UN INSTANT. » que cela qui marche avec lui. Et les autres personnes autour de vous ? En Formule 1, tout le monde est sous tension. L’humour peut rendre de nombreuses situations plus supportables, car il efface la pression pour un instant. Quand je danse dans le box, cela ravive le plus fatigué des mécaniciens. Ou bien après les courses, nous faisons les andouilles et nous balançons des citations de films. Ou bien, plus

10 minutes. 10 minutes d’immobilité ou 10 minutes après que le bouchon se soit dissipé ? 10 minutes d’immobilité. Je ne me laisse jamais trop affecter par les événements pour lesquels je ne peux rien. Si je suis mal organisé et que je suis bloqué dans les embouteillages à cause de cela, cela m’énerve beaucoup plus. Mais ce n’est pas la fin du monde. Il suffit de repousser le meeting, ou je

de devenir sérieux ? Si ! Lorsque j’ai débarqué dans la F1, j’avais beaucoup de respect pour cette scène et son business, et j’ai essayé d’être le plus sérieux possible afin de m’y adapter. Mais c’est lorsque j’ai commencé à m’amuser, et à le montrer, que tout s’est déclenché. Depuis, cette énergie positive me sert consciemment d’arme. Werner Jessner redbullracing.com THE RED BULLETIN

RED BULL CONTENT POOL

T

he red bulletin : Votre bonne humeur sans faille est légendaire dans le monde de la Formule 1. Quand vous mettez-vous à rire ? Dès le matin ? daniel ricciardo : À vrai dire, oui. Même lorsque la veille était une journée pourrie ? Chaque jour recommence à zéro. Ma vie est belle, donc j’entame chaque journée en étant joyeux. En plus, tout me semble plus facile lorsque je suis de bonne humeur, sur un circuit, comme au quotidien. Vous ne vous levez jamais du mauvais pied ? Quand je dois prendre un avion très tôt, cela m’agace. Comment retrouvez-vous le sourire dans ce cas ? J’écoute de la musique. Elle aide à mon humeur. Quelle que soit la musique ? Il y a une musique juste pour chaque situation. Parfois ce qui m’aide dans des situations difficiles, c’est la musique que j’écoutais autrefois. Dans quelle mesure ? Parce que cela me rappelle une époque à laquelle j’étais un jeune gars inexpérimenté.

musclé : barbouiller des gens endormis, c’est un classique. Par contre il faut aussi savoir encaisser. Une fois, les gars ont collé mes pompes au sol. Être heureux, c’est un trait de caractère ou ça s’apprend ? J’ai toujours été joyeux. Je vais bien, suis en bonne santé, j’aime mon travail. Un rabatjoie ne se transformera peutêtre jamais en rayon de soleil, mais il est sûr que jusqu’à un certain point, on peut s’entraîner à être gai. Et si vous êtes bloqué dans un embouteillage sur l’autoroute, et qu’un rendezvous important est en jeu. Combien de temps avant de retrouver le sourire ?


Daniel Ricciardo, 26 ans, ne se lève jamais du mauvais pied. (Seulement trop tôt, des deux.)


« LA LIBERTÉ, C’EST ÇA LE SUCCÈS » BUZZ OSBORNE est la rockstar que les rockstars

A Mike O’Shea, 56 ans, a collaboré au dernier Star Wars.

« S’AVENTURER, ÇA S’ORGANISE ! » MIKE O’SHEA a gravi les sommets de l’Himalaya à 21 ans, pourtant le tourisme de l’extrême version 2016 terrifie l’aventurier irlandais. the red bulletin : La quête d’aventure a-t-elle changé ? mike o’shea : Pour l’Himalaya il y a 25 ans, nous avons mis deux ans à tout planifier. Aujourd’hui, il faut quelques mois. On s’attend à tout expérimenter de manière automatique. C’est encouragé par les agences de tourisme d’aventure. C’est là le changement : plus besoin d’acquérir le savoir-faire. Aventurier, vous êtes aussi consultant en sécurité. Les gens supposent que je suis insouciant. Mais j’étudie tout très soigneusement. Si je vais faire de l’escalade sur glace, ­j’apprends avec des pros. Cela fait 30 ans que je fais du sauvetage et j’ai rarement eu à sauver un grimpeur professionnel. Alors vous vous considérez vous-même comme prudent ? Un jour en parapente, sur le Col de Connor Pass en Irlande, il y avait une pente de 200 mètres que je rêvais de sauter. Tout était parfait, donc j’ai foncé. Mais j’avais réalisé 50 fois le saut dans ma tête.  Tom Guise mikeoshea.ie

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vec les Melvins, depuis 33 ans, Buzz Osborne se plaît à pratiquer un extrémisme guitaristique qui met ses auditeurs à rude épreuve. Parmi ses fans : Jack Black, Dave Grohl et Trent Reznor (Nine Inch Nails) qui l’admirent pour son génie inventif. Comment est-il devenu la rockstar des rockstars ? En laissant toujours s’épanouir son geek intérieur, dit-il. the red bulletin : Monsieur Osborne, à quoi cela sert-il d’être décalé ? buzz osborne : C’est très simple : c’est seulement en étant différent que les autres se rappelleront de toi. Personne ne se serait intéressé à Alice Cooper s’il avait ressemblé à un présentateur d’émissions de télé pour enfants. Il n’y a rien de plus ennuyeux que de faire ce qui a été fait par d’autres ! Mais ce n’est pas en faisant les choses autrement qu’on les fait forcément mieux. Être décalé, cela signifie avoir le courage d’emprunter des pistes novatrices. De se contreficher de ce que disent les autres. Cette attitude est une condition indispensable pour réussir. Cela se montre-t-il valable en dehors de la musique ? Bien sûr. Dis non, quand tout le monde dit oui. N’importe quel boursier sait qu’il ne faut jamais acheter les actions sur lesquelles tout le monde mise en ce moment. Ne s’isole-t-on pas à force

de vouloir être différent ? Je citerai Groucho Marx : « Je ne veux appartenir à aucun club qui m’accepterait comme membre. » Depuis mes débuts, je m’oppose à faire partie d’une scène. Pourtant vous passez pour le père de la scène grunge... ... ce titre, ils peuvent se le garder ! Mais vous avez présenté Kurt Cobain et Dave Grohl l’un à l’autre. Le monde vous doit Nirvana ! Il ne faut pas surévaluer cela. Nirvana n’était pas aussi révolutionnaire que tout le monde prétend aujourd’hui. Certains vont hurler. Culte, Nirvana passe pour le groupe qui a libéré le rock de l’emprise des groupes de hard glam grâce à un son authentique. Ils faisaient partie du même système : ils consommaient les mêmes drogues, avaient les mêmes femmes célèbres, jouaient dans les mêmes arènes que leurs ennemis Mötley Crüe et Guns N’Roses. Doit-on le leur reprocher, à la vue de leur succès ? Tout dépend de comment l’on définit le succès. Pour des musiciens, probablement par d’énormes concerts dans des stades ? Premièrement : la place de la musique n’est pas dans les stades, mais dans les bars. Deuxièmement : pour moi, le succès c’est la liberté artistique. Le fait que personne ne peut m’imposer le son que ma musique doit avoir. Florian Obkircher Nouvel album : Basses Loaded ; themelvins.net THE RED BULLETIN

VALERIE O‘SULLIVAN, MACKIE OSBORNE

vénèrent. Le frontman du groupe alternatif Melvins explique le secret décalé de son succès.


Buzz Osborne, 52 ans, « marxiste »  : « ... cette attitude est une condition ­indispensable pour réussir. »


LUTTE Texte : Matthew Ray Photos : Richie Hopson


AU SOMMET Le Tour de France sera ­lancé le 2 juillet et CHRIS FROOME, son double vainqueur, sait le prix à payer pour vaincre. Le secret de l’Anglais ? Il a appris à aimer souffrir.

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« Rouler, manger et dormir, c’est tout ce que l’on peut faire à cette altitude. »

Pause réhydratation avant de repartir pour un tour.


S

ur les hauteurs de Tenerife, bercé par la lumière ­rosâtre du jour naissant, se dessine le pic volcanique du Teide, dévoilant derrière lui un paysage de désolation tapissé de roches aux allures martiennes. L’air y est froid et aride, et tellement rare que le moindre effort tourne vite au calvaire pour le commun des mortels. Pas de quoi décourager cet homme esseulé dont la silhouette longiligne se profile à travers la ­fenêtre de la salle de sport de l’hôtel. Le cycliste ­britannique Chris Froome – médaillé olympique, double vainqueur du Tour de France et tenant du titre – n’est pas du genre à en imposer. Alors qu’il ­entame sa session de musculation (très) matinale au camp d’entraînement du Team Sky, ses bras ont l’air décharné et ses mouvements trahissent une certaine maladresse. Les innombrables kilomètres de route avalés la veille semblent avoir laissé leur empreinte sur les os du coureur. « On est tellement isolés à cette altitude que les seules choses qu’on fait, c’est rouler, manger et dormir, raconte-t-il. C’est le plan idéal pour optimiser ta condition physique. Plus on travaille dur ici, plus ce sera facile le jour de la course. Il y a des jours où tu rentres à l’hôtel en rampant à quatre pattes. Je me fais vivre un véritable enfer. » Froome exagère à peine. Ses efforts démentiels surprennent même ses collègues cyclistes professionnels. « Je me suis entraîné avec lui en Afrique du Sud, et ce qui m’a réellement impressionné n’était pas tant son physique que sa force mentale, confie l’un de ses coéquipiers, Ian Boswell. Il faisait ses intervalles de trois heures, et quand il descendait de son vélo, il ne pouvait littéralement plus marcher, tellement il avait les muscles en lambeaux. » C’est le genre d’effort héroïque et de sacrifice que vous vous attendez à voir sur la ligne d’arrivée d’une course prestigieuse, mais pas lors d’un entraînement de routine. Or, dans le monde de Froome, douleur et progrès sont inséparables. « En matière d’entraînement, no pain, no gain (pas de gloire sans douleur) est peut-être un concept un peu old school, avancet-il. Mais il y a beaucoup de vrai dans ce dicton. » Notre obsession du bien-être et l’essor du sport ­récréatif nous font oublier une vérité immuable : la performance physique abîme le corps et les sports d’endurance vous mettent carrément minable. 57


Volcan de Tenerife : routes sinueuses pour le Team Sky.

« Sur une montée difficile, c’est au mental que ça se joue. Votre corps hurle de douleur. Gagnera celui qui sera capable de l’ignorer le plus longtemps. »


Une étape du Tour de France ressemble un peu à un jeu d’élimination au départ duquel 198 coureurs partent en groupe (le peloton), puis montent ­progressivement en puissance pendant plus de 150 kilomètres, jusqu’à ce qu’un savant mélange de jambes fatiguées, de chutes et d’incidents mécaniques p ­ ermette à un petit groupe de coureurs de se ­détacher à l’avant. Le final réserve souvent des pentes aux pourcentages redoutables, comme l’Alpe d’Huez (plus de 8 % par endroits). En se rapprochant de la ligne d’arrivée, les coureurs pénètrent à l’intérieur d’un tunnel ­humain formé d’une foule de spectateurs livrés à eux-mêmes, vociférant et gesticulant tels des fans en d ­ élire en plein concert de rock. Les coureurs d’élite se frayent une voie au milieu du brouhaha, luttant à la fois contre la fatigue et l’un contre l’autre, déversant leur sueur sur le bitume tels des gladiateurs en tenue de lycra, jusqu’à ce qu’un homme franchisse la ligne d’arrivée en premier. Une fois arrivés au bout de l’étape dans les temps impartis, les coureurs s’efforcent de profiter de la nuit pour récupérer au mieux et tout recommencer le lendemain. Et ainsi de suite. Trois semaines durant. L’idée que Froome se fait du cyclisme a été largement forgée par une devise radicale qu’il a faite sienne : pour maîtriser la douleur inhérente à ce sport, il s’agit de ne pas la craindre. « J’ai appris les efforts qu’il fallait fournir pour progresser, explique-t-il ­posément. Je me devais d’accepter le combat. Je me devais d’apprendre à aimer la souffrance. »

G

rimper les cols de montagne et traverser les plaines brûlées par le soleil six heures par jour sont des tâches pour le moins énergivores. Lors du dernier Tour de France, les coureurs ont parcouru en moyenne 160 km par jour, brûlant quotidiennement 6 000 calories – l’équivalent de 32 donuts à la confiture. D’où, sans doute, la pénurie de donuts qui, manifestement, frappe le camp d’entraînement de Froome. Après le petit-déjeuner – au menu : omelette nature –, Froome et ses coéquipiers Geraint Thomas, Nicolas Roche, Wout Poels et Ian Boswell enfourchent leur vélo pour une sortie de cinq heures. Au programme : descente au niveau de la mer, avant de rentrer au camp d’entraînement. « Il y a peu d’endroits dans le monde où vous ­pouvez passer du niveau de la mer à une altitude de 2 000 m en faisant 50 km d’ascension sans ­interruption », explique Tim Kerrison, responsable des performances des athlètes. Les coureurs vivent 20 heures par jour à 2 000 m d’altitude, et ne rejoignent le niveau de la mer que pour fournir des efforts intenses à forte consommation d’oxygène. Il en résulte des gains marginaux de condition physique. Ces cyclistes parcourent toutes les semaines jusqu’à 1 000 kilomètres des plus éreintants afin de se préparer à la compétition. Ce à quoi il faut ajouter les cinq heures – ou plus – passées quotidiennement dans la salle de sport et les soins destinés à réparer les dégâts posturaux causés par les innombrables heures passées sur la selle. Mais en dehors de l’aspect physique, il est également essentiel de booster la 59



Un cycliste né (de gauche à droite) : Froome à l’arrêt, chose rare ; un cadre qui annonce la couleur ; quelques blessures de guerre ; on the road again, again...

­ étermination des sportifs. « Quand des coureurs d s’affrontent sur une montée difficile, c’est avant tout au mental que ça se joue, prétend Froome. Vous ­cherchez à pousser votre adversaire dans ses retranchements pour qu’il finisse par se dire : “C’est trop ­rapide, je ne peux pas maintenir ce rythme.” Votre corps hurle de douleur. C’est à celui qui sera capable de l’ignorer le plus longtemps. » La vraie bataille est celle de la volonté. Le coureur qui ne craque pas gagne. « Une fois que le doute ­s’empare de votre rival, son moral s’effondre et vous pouvez alors creuser l’écart, explique Froome. C’est une sensation incroyable, ça procure une satisfaction immense. Bien sûr, ça fait mal – vous respirez par les oreilles –, mais voir vos adversaires dans le rouge vous encourage à en remettre une couche. Vous ­acceptez la douleur. Vous vous dites que toutes les choses que vous ressentez ne sont que temporaires. » À ce niveau, l’alimentation devient une arme. De retour sur les routes, l’équipe imprime un rythme soutenu, et ce, malgré la ration hypoglucidique ­ingérée avant cette sortie destinée à améliorer le ­rapport poids/puissance des coureurs. « Il s’agit d’apprendre à votre corps à être plus efficace, dit Froome, afin qu’il privilégie la graisse comme carburant. » En contrôlant son régime alimentaire, Froome a enregistré des progrès considérables, faisant passer son poids de course de 71 kg à 67 kg. « Vous ne progressez qu’en vous poussant toujours un peu plus loin et en suivant un régime très strict », dit-il. Il consomme exclusivement des aliments non préparés, des protéines maigres et des glucides faciles à digérer. Il exclut également de son régime le gluten, ­susceptible d’augmenter la rétention d’eau. Conséquence : Froome vit sur le fil du rasoir, à la frontière entre santé et maladie. Un défi à part entière. Froome a couru pendant au moins deux saisons avec le Team Sky en ignorant totalement qu’il était atteint de ­bilharziose. « C’est un parasite qui s’incruste en profondeur dans vos organes et vos intestins, et qui se nourrit de globules rouges – pas idéal pour un athlète d’endurance », dit-il avec l’ironie qui le caractérise. Même en parfaite santé, l’entraînement intensif et la perte de poids affaiblissent votre système immunitaire. « Vous êtes à la limite. Et comme en même temps, j’étais atteint de bilharziose, ça veut dire que je suis allé au-delà de la limite, raconte-t-il. À chaque fois que j’attrapais un rhume, j’arrêtais de m’entraîner pour récupérer. » Le traitement a été radical : « Tous les six mois, pendant deux ans et demi, j’ai pris des pilules qui ravagent le corps et tuent tout sur leur passage – le bon comme le mauvais. » Aujourd’hui âgé de 31 ans, Froome lutte également depuis son enfance contre l’asthme, maladie exacerbée par l’altitude et l’air froid. C’est pourquoi, en début de saison, il déserte les courses conclues au sommet des cols, préférant s’entraîner sous des cieux plus cléments. Un plan d’entraînement qui tranche avec les stratégies classiques adoptées pour arriver sur le Tour en plein pic de forme. « Savoir élaborer une bonne préparation, c’est aussi être capable de faire ce genre de choix stratégique », avance-t-il. En somme, Froome n’est pas le héros sportif type. Son cheminement vers les sommets est particulière-

« Pas de gloire sans douleur... Il y a du vrai dans ce dicton old school. »

ment intéressant. Il a toujours détenu un passeport du Royaume-Uni, grâce à son père britannique, mais c’est au Kenya qu’il a grandi, avant de passer sa ­jeunesse en Afrique du Sud. « J’ai toujours senti que mes racines étaient là-bas », confie-t-il. Le jeune Froome sillonne la vallée du grand rift sur son VTT et parle swahili, autant de qualités qui lui valent d’être sélectionné dans l’équipe nationale du Kenya, avant de partir défendre les maillots de différentes équipes sud-africaines. Ce n’est qu’en 2009 qu’il commence à rouler pour l’Angleterre. Froome a rejoint le Team Sky en 2010, mais sa bilharziose a retardé sa percée. C’est donc très tardivement, lors du Tour de France 2011, que son talent se révèle au grand jour, en tant que porteur d’eau (de luxe) de Bradley Wiggins. Jusque-là, Froome était considéré comme un outsider dans le monde du cyclisme sur route. Son style atypique sur le vélo – coudes déployés, regard porté vers le sol – a le don d’irriter les puristes, mais cela n’aura pas atténué sa détermination, aussi humble qu’obstinée, un humour désarmant face à l’adversité, l’intelligence de sa modestie et son sens de l’honneur à l’ancienne. Celui de la famille, aussi. Bien que son quotidien infernal associant entraînement et compétition réduise considérablement le temps qu’il passe aux côtés de ses proches, le rôle de père qu’il a endossé pour la première fois a rendu plus cruciale encore la question de son éthique professionnelle. « Avec notre fils, Kellen, je me suis soudainement senti l’envie de lui apprendre les choses de la vie à travers le cyclisme. Le travail acharné, la détermination, faire les choses comme il faut... » Cette année, Froome a dans sa ligne de mire la course olympique sur route, et le Tour, dont il fut le patron en jaune des éditions 2013 et 2015. Ce mois de juillet, la plus grande course cycliste au monde, devrait ravir les grimpeurs. « C’est violent, avec un gros accent mis sur les ascensions, particulièrement la dernière semaine, précise-t-il. Ça nous obligera à rester concentrés pour grappiller quelques précieuses secondes. » Et la course olympique ? « J’étais scié quand je l’ai vue. Des pourcentages de malade, 260 km, près de 5 000 m d’ascension. Ça va faire mal », annonce le « Kenyan blanc ». On ne perçoit aucune once d’appréhension dans ses paroles. Froome sait que l’épreuve, la douleur et la souffrance constituent le carburant émotionnel pouvant l’aider à dépasser ses limites. Il donnera tout. « Je suis super motivé, déclare-t-il sans l’ombre d’une hésitation. Je suis persuadé qu’à partir du ­moment où vous voulez vraiment quelque chose, vous trouvez toujours un moyen d’y parvenir. » teamsky.com

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L’Aigle et l’Enfant est une fabuleuse rencontre avec des aigles, un film dans lequel Jean Reno apparaît sous un jour nouveau. Pour beaucoup, il reste l’inoubliable interprète de Léon , mais pour le comédien, l’autre vous construit plus qu’un rôle. Texte : Herbert Völker Photos : Maria Ziegelböck

«  T EL CÉSAR DOMINANT LA PLÈBE DU REGARD  » THE RED BULLETIN

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a démarche semble mal assurée. Pourtant, c’est cellelà même que l’on associe au plus physique des rôles de Jean Reno. Pour Léon, l’acteur français a effectué chaque jour une centaine d’abdos, fort utiles pour la scène où il descend son buste d’un plafond, élimine quelques poursuivants et disparaît d’où il a surgi. Et si son regard, comme perdu, renforce l’impression laissée par sa démarche, une lueur diabolique peut en un instant apparaître dans ses yeux. Démarche, regard, répliques, elle est là, toute la singularité de Jean Reno. Mais aujourd’hui, c’est un homme impassible que je découvre sur la place d’un village du Tyrol du Sud. En temps normal, il règne ici un calme absolu. Pas ce jour. Jour de vacarme. Provoqué par un comédien, Tobias Moretti, sur sa puissante KTM, de retour après une virée de cinq heures dans la montagne. Toute la vallée en a profité, jusque dans les alpages où les marmottes ont dû siffler le rappel de leurs petits. ­Moretti, 56 ans, est le partenaire de Reno dans L’Aigle et ­l’Enfant, où les premiers rôles sont tenus par un aigle et un jeune garçon captivants. Décidément à fond de moto, Monsieur Tobias fait part de l’achat d’un modèle de compétition, une MV Agusta, qu’il a ­ ssure être homologuée pour la route, puis ricane comme un vrai tyrolien. Jean Reno, qui vit à M ­ anhattan, a un léger sourire. La moto, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé. Tobias s’éclipse pour aller se doucher. Reno nous ­propose de commencer l’interview.

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the red bulletin : Dans le film, vous incarnez un montagnard de manière si convaincante que l’on se demande si vous l’avez été dans une autre vie ? jean reno : Pas du tout, je suis né près de la mer (à Casablanca, au Maroc, ndlr) et j’ai grandi à la ville. À mon arrivée ici, il y avait six mètres de neige et j’ai dû m’acclimater à l’altitude avant de pouvoir ­apprécier la beauté fascinante de ce paysage fantastique, unique. En revanche, je n’arrive pas à me faire à l’idée de devoir porter chaque jour ces grosses ­chaussures de montagne en plein été. Quelle a été votre motivation pour venir affronter l’altitude, la roche et les aigles ? Avant tout l’histoire. Elle contient plusieurs éléments auxquels je suis sensible – des êtres solitaires en quête de leur identité, une vie de liberté ainsi qu’un paysage exceptionnel. Votre personnage est un solitaire dans une ­histoire à l’issue indécise. Finalement, la boucle se referme entre le tueur à gage et le cow-boy ­solitaire en paix avec lui-même. Faut-il y voir une symbolique du parcours de Jean Reno, l’homme derrière les rôles ? Soyons clairs. Je garde toujours une distance avec mes rôles. Je construis des personnages qui ne me ressemblent pas. Je crois qu’un acteur ne doit pas uniquement puiser en lui-même, il doit inventer ­aussi. L’histoire est plus intéressante que moi. Mes personnages ne m’envahissent pas dans ma vie ­privée. Quand j’ai fini ma journée, je rentre chez moi dans la vraie vie. Je ne vis pas en fonction de mes personnages. L’homme que vous voyez ici c’est Jean Reno, pas le montagnard solitaire… mes enfants qui s’affairent tout autour sont là pour le rappeler. Revenons au film alors. Que pensez-vous de la densité de l’intrigue ? Les personnes peu ordinaires, du moins les solitaires, finissent toujours par se croiser. Ici, c’est un aigle qui THE RED BULLETIN


Une expérience nouvelle pour Jean Reno : « Dans L’Aigle et l’Enfant , la façon dont le film animalier s’insère à la fiction est ­e xceptionnelle. Une première mondiale. »


Le plus important, ce sont les gens avec lesquels je travaille. 


TERRA MATER FACTUAL STUDIOS/OLIVER OPPITZ

les réunit, et c’est génial. Dans L’Aigle et l’Enfant, la ­façon dont le film animalier s’insère à la fiction est, je crois, exceptionnelle. Une première mondiale. Avez-vous eu des contacts directs avec un aigle, l’avez-vous touché, regardé de près les yeux dans les yeux, histoire de vous jauger ? Le film utilise plusieurs aigles à des stades de développement divers, certains sont habitués à l’homme, d’autres totalement sauvages. J’ai vu des aiglons, des jeunes adultes effectuant leur premier vol. J’ai senti leurs puissantes serres même chez de jeunes individus. Mon contact le plus proche avec les aigles l’a été avec Cleopatra, une femelle adulte. J’ai suivi à la lettre les instructions du fauconnier et tout s’est bien passé. J’ai pu prendre l’oiseau, il m’a regardé… c’était incroyable… tel César dominant la plèbe d’un regard méprisant. … en l’occurrence le regard royal de Cléopâtre… ... pour ce qui est de la majesté, il n’y a guère de différence entre un aigle royal mâle ou femelle et encore moins lorsqu’ils convoitent une proie. L’équipe responsable des aigles sur le tournage, deux hommes et une femme, est fantastique. Ils se douchent dans des chutes d’eau, habitent au-dessus de la vallée et des nuages. Ils mènent une vie heureuse, de philosophes. C’est inimaginable de nos jours. Ils peuvent gérer jusqu’à dix oiseaux à la fois. Des oisillons et des adultes qu’on découvre au fil du tournage. La fiction et le film animalier se mêlent ici de ­manière passionnante et inédite à ce jour. Pensez-vous que ce genre fiction/réalité a un avenir ? Absolument. Quand une expérience réussit, on souhaite la reproduire. Beaucoup d’histoires naissent dans la nature, on a envie ensuite de savoir comment elles évoluent. Les gens vous connaissent depuis 25 ans à travers vos rôles uniquement. Vous êtes plutôt discret en dehors des plateaux. En quoi l’artiste et l’individu que vous êtes a-t-il changé ? J’ai moins de patience qu’auparavant. Pas à cause de mon travail mais à cause de ma famille. I hope that I am a better person (« j’espère être une meilleure ­personne  »). Je suis l’heureux père d’une tribu de six enfants issus de trois mariages différents. Je m’efforce d’avoir une compréhension globale de mon métier en m’ouvrant plus aux autres. Je travaille avec des ­auteurs, des réalisateurs, des cameramen, des acteurs qui ne manquent pas d’idées. Le talent de ces personnes, leur génie est susceptible d’enrichir mon ­travail. Aujourd’hui, je m’inspire davantage de mon entourage. Je me suis très ouvert à ce niveau. Je vous passe la question concernant votre film préféré parmi votre filmographie, je sais que vous n’y répondez jamais… … c’est juste… ... et vous pose la question autrement : qu’est-ce qui, jusqu’ici, a le plus compté ? Les gens avec lesquels je travaille, c’est ça l’important. J’ai gardé contact avec Natalie Portman (sa partenaire

THE RED BULLETIN

L’Aigle et l’Enfant   : le monde vu par un aigle.

Le film est une première, même si L’Ours de Jean-Jacques Annaud avait ouvert la voie en 1988 à un cinéma animalier de fiction. Le classique du réalisateur français a fait date, et L’Aigle et l’Enfant devrait lui aussi s’inscrire comme une référence, avec ses aigles royaux au casting. Le projet a impliqué au préalable le tournage d’un documentaire animalier : trois années de travail durant lesquelles les aigles ont été filmés dans leurs ­milieux naturels. Le résultat est époustouflant. Après cette étape, la partie fiction a pu s’insérer au projet. L’aspect documentaire venant rappeler que dans la nature, seuls les plus forts survivent, les faibles étant abandonnés à leur sort. C’est le point de départ à l’action du film. Dans les conditions extrêmes de la haute montagne, un aiglon tombé du nid est s­ ecouru par un jeune garçon. Cette aventure, dans laquelle Jean

Reno et Tobias Moretti incarnent deux solitaires hors du temps, trouvera une issue indécise. Une narration que la station ornithologique Landskron, ­située en Carinthie (Autriche), spécialisée dans les rapaces, a rendue possible en fournissant des aigles sur les différents stades de développement du tournage. Si les aigles sont habitués à leur fauconnier, ils conservent ­néanmoins leur instinct sauvage. Cet instinct, aucun scénario n’aurait su le capturer. La faisabilité du projet a donc dépendu d’une exigence de ­production qui a établi de nouvelles règles en matière d’investissement, de perfection et

de précision. Par exemple, le développement d’une ­caméra ultralégère avec harnais, fixations, articulation et focale miniaturisés à l’extrême. Tout est si petit que même l’oiseau finit par s’en accommoder, avec à la clé des prises de vue aériennes de toute beauté, le monde vu avec des yeux d’aigle. La partie d ­ ocumentaire a été réalisée par ­Otmar Penker (photo ci-dessus, à dr.) et Gerald Salmina (à g.), épaulés par l’étonnant dresseur d’aigles Franz ­Schüttelkopf. La fiction a, elle, été assurée par l’Espagnol Gerardo Olivares.

dans Léon, ndlr), je l’ai vu grandir, se marier et fonder une famille. Cela a plus de prix qu’un film. Une fois tourné, monté et sorti dans les salles, un film fait partie du passé. C’est de l’histoire ancienne. Je ne veux pas vivre dans le passé. Les films me reviennent en mémoire lorsque je pense aux personnes avec lesquelles je les ai tournés, au temps que nous avons partagé. Comment vous souviendrez-vous de ce film ? Un jour, je repenserai à ces montagnes, ce qui s’y est passé en compagnie d’un enfant merveilleux, de ­Tobias, des aigles aussi. Oui, pas de doute, le ­souvenir des aigles restera impérissable.

L’Aigle et l’Enfant, le 6 juillet au cinéma. Avec Jean Reno, Tobias Moretti, et Manuel Camacho. Gagnez des places en participant à notre jeu concours, le 29 juin sur : facebook.com/ theredbulletin

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I VA N A DONNE TOUT La championne d’Europe de saut en longueur Ivana Španović arbore une musculature à faire pâlir d’envie les types les plus baraqués. Elle révèle ses trucs pour trouver la motivation à chaque séance, même si le cœur n’y est pas. Te x t e   : A n d r e a s R o t t e n s c h l a g e r Photos : Leo Krumbacher

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I va n a Š p a n ov i ć a é d i cté u n e rè g l e e n o r q u ’e l l e a p p l i q u e à to u tes ses p r é p a rat i o n s a u sa u t e n l o n g u e u r   : «   J e n e f i n i s j a ma i s u n e sé a n ce d ’e n t ra î n e m e nt sa n s a vo i r u n e se n sati o n d e t rava i l b i e n fa it .   » U n e p r i se d ’a p p e l n’est p a s a u p o i n t   ? E l l e l a co r r i g e j u sq u ’à ce q u e l e m o u ve m e nt so it a j u sté d e ma n i è re i m p e cca b l e. «   Et p e u m’ i m p o r te s i j e re nt re à l a ma i so n ave c t ro i s h e u res d e reta r d .   » So n ext rê m e d i sc i p l i n e a fa it d e l a sa u te u se e n l o n g u e u r d e 26 a n s, o r i g i n a i re d e N ov i Sa d , l a s p o r ti ve l a p l u s a d u l é e d e Se r b i e. Š p a n ov i ć d ét i e n t l e t it re d e c ha m p i o n n e d ’ Eu ro p e e n sa l l e ( m e i l l e u re p e rfo r ma n ce   : 7,07 m ) . So n a m b iti o n   : u n e m é d a i l l e a u x J O d e R i o. B oss d ’u n e sa l l e d e f it n ess, e l l e sa it m ot i ve r l e s s p o r tifs a m ate u rs.

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he red bulletin : Ivana Španović, vous avez des abdos impressionnants ! ivana španović : Merci. La plupart des hommes qui fréquentent les salles de sport rêvent d’avoir de telles tablettes de chocolat. Vous voulez bien nous révéler votre secret ? Oui : 19 ans d’entraînement (rires). Ma mère était sprinteuse en ex-Yougoslavie. Elle m’a donné l’envie de devenir athlète. Et l’entraînement en athlétisme permet d’obtenir des muscles très bien définis. À quelle fréquence entraînez-vous vos abdominaux ? Deux fois par semaine. Par exemple avec des crunchs. Je fais trois à cinq séries de 15 répétitions. C’est étonnamment peu. Travailler ses abdos ne suffit pas. Il s’agit aussi de brûler la graisse qui recouvre les muscles abdominaux. Mon message à tous les hommes : pour avoir des tablettes de chocolat, intégrez des sports ­d’endurance à vos entraînements. L’entraînement d’une sauteuse en ­longueur de classe mondiale est varié : courses d’endurance, sprints de 200 m, étirements, musculation. Lequel de ces exercices aimez-vous le moins ? Je hais les courses d’endurance. En saut en longueur, ce qui compte, c’est le sprint. La distance la plus longue que j’apprécie de courir, c’est le 200 m : à fond la caisse, jusqu’à dix fois d’affilée. Mais pour ce qui est des entraînements en endurance, mon entraîneur doit toujours me forcer. Comment vous motivez-vous pour ­attaquer un entraînement quand vous n’en avez absolument pas envie ? Il n’y a pas de jour de gloire sans jour de galère. Mes médailles et records sont le fruit de mes jours de galère. Si tu restes avachi dans ton lit, tu ne gagneras rien. THE RED BULLETIN



«  T RAVAILLER BEAUCOUP N’EST PAS UNE GARANTIE DE RÉUSSITE. MAIS NE PAS TRAVAILLER DU TOUT, C’EST L’ÉCHEC ASSURÉ. CELA VAUT AUSSI POUR LES SPORTIFS AMATEURS.  »

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Sauf qu’un sportif amateur ne se bat pas pour gagner des médailles, mais pour tenir la distance sur un marathon ou ces fameuses tablettes de chocolat. Mais la motivation est la même : travailler beaucoup n’est pas une garantie de réussite. Mais ne pas travailler du tout, c’est l’échec assuré. Cela vaut aussi pour le sportif amateur. Bien. Je suis motivé. Commençons par l’entraînement : vaut-il mieux se fixer un objectif modeste que j’atteindrai sans problème ou un objectif difficile que je risque de ne pas atteindre ? C’est mieux de se fixer des objectifs difficiles. Pour réaliser un objectif ambitieux, tu dois t’entraîner pas à pas. Chaque entraînement est un nouveau test. Chaque fois que tu réussis le test, tu enregistres une victoire. Et un grand nombre de ­victoires valent mieux qu’une. Donc, quand je fais des pompes, je devrais me fixer comme objectif d’en réussir 60 plutôt que cinq. Alors même que je sais que je réussirai facilement cinq pompes, mais pas forcément 60. Je tenterais les 60. Le plus important, c’est d’avoir un objectif, quel qu’il soit. C’est la première étape vers le succès. Cinq pompes ou 60, peu importe. Il arrive toujours un moment où la ­douleur devient trop forte. Comment ne pas abandonner quand ça brûle ? Les dernières répétitions sont les plus douloureuses, mais aussi les plus efficaces. Ça vaut pour tous les exercices de musculation. Au début, tout le monde est à l’aise. Celui qui gagne est celui qui tient le plus longtemps. Arrivée aux dernières répétitions, j’essaye toujours de penser au succès qu’elles m’apporteront. Succès. Succès. Succès. Croyez-moi, ça marche.

Si vous deviez recommander au sportif amateur un seul exercice, quotidien ? En footing, intégrez des passages pendant lesquels vous marchez au pas, puis touchez le sol avec un genou à chaque pas. Si vous vous entraînez à la maison, faites tous les jours trois séries de 15 burpees. Ces deux exercices font essentiellement travailler les jambes. C’est dans les cuisses que se trouvent les plus gros muscles. Les hommes l’oublient souvent. Or les muscles contribuent à brûler les graisses. C’est bon pour vos ­tablettes de chocolat. Une bonne bière après l’entraînement, pour me récompenser, ça le fait ? C’est à vous de décider. Moi, je ne bois pas. Et je m’offre une récompense quand je gagne une compète, pas avant. Quelle boisson recommandez-vous en tant qu’athlète olympique ? Je bois tous les matins un verre d’eau chaude avec du citron et du miel. Le corps n’a pas besoin de réchauffer l’eau chaude. Ça économise de l’énergie. Parlons de votre objectif mental. Aux jeux olympiques, en un soir, quatre ­années de préparation seront couronnées de succès ou réduites à néant. Comment se gère la pression ? L’année 2012 a été décisive pour moi, quand je suis passée des juniors (Španović a gagné le titre mondial en 2008, ndlr) aux seniors. J’avais l’impression de me retrouver dans un bassin rempli de requins, à côté de mes idoles que j’avais observées pendant des années à la télé. Un an plus tard, je gagnais le bronze aux mondiaux de Moscou, et je me suis rendu compte que les idoles aussi sont des êtres humains. Qu’ils peuvent avoir un jour sans. Qu’on peut les battre. Cette découverte

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a été extrêmement libératrice pour moi : aucun adversaire n’est infaillible. Lors des championnats du monde en salle, en mars dernier, vous avez établi un nouveau record personnel à 7,07 m en terminant néanmoins sur la deuxième marche du podium. Quel sentiment a prédominé : la joie d’avoir battu votre record ou la déception de votre deuxième place ? J’avais l’impression d’avoir perdu l’or. Je m’étais préparée physiquement et mentalement au titre mondial. Que Brittney (Reese, la championne du monde américaine, ndlr) sorte un saut à 7,22 m, c’était ­totalement imprévisible. Que nous apprend la défaite ? Il s’agit de tirer des enseignements de chaque concours ou de chaque entraînement. Aux championnats du monde, j’étais en tête jusqu’au cinquième essai, puis Brittney a sauté plus loin que moi. Mais j’ai réagi et j’ai repris la tête, avant qu’elle réussisse le saut de la victoire. Il y a quatre ans, je n’aurais jamais su répondre de cette manière à un très bon saut. Je vais emmener cet ­enseignement aux jeux olympiques. Quel est votre objectif à Rio ? Je vais tout faire pour gagner. Suez avec Ivana : instagram.com/ivanaspanovic

«   Les d e r n i è re s ré p éti ti o n s so n t l e s p l u s d o u l o u r e u se s, ma i s a u ss i l e s p l u s eff i ca ces . C ’e st p o u r q u o i j ’e ssa ye d e p e n se r a u s u ccès q u ’e l l e s p e u ve n t m’a p p o r te r. S u ccè s. S u ccè s. S u ccè s . C royez- m o i , ç a ma rc h e.   » THE RED BULLETIN

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RED BULL FLUGTAG 2016.

UN COLLAGE DES AS DU DÉCOLLAGE.

16 JUILLET, LANDIWIESE, ZURICH Dès 14h00, d’audacieux hommes et femmes s’élèveront dans les airs à bord de leurs caisses volantes pour atterrir peu après dans le lac de Zurich. Pour ne pas manquer ce spectacle unique en son genre, consultez le plan de vol sur:

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VOYAGES

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Attention danger ! On nous annonce une route verglacée... sur 4 000 km.

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Envie d’un itinéraire pittoresque, et d’un bon coup de froid ? La Sibérie abrite une nature sauvage spectaculaire mais aussi l’une des plus hostiles pour l’homme. Venez la traverser sur un side-car vintage sorti tout droit d’un musée. En route pour l’aventure !

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VOYAGES

MATOS

MOTEURS

CULTURE

AGENDA

ET SI… 77


ACTION

L’AVIS DU PRO « Sur le lac Baïkal, la glace ressemble à un tissu cicatriciel, dit Willings. Les crêtes surgissent telles des dos de stégosaures en dissimulant des fissures. Mieux vaut s’en méfier pour ne pas finir par 1 600 m de fond dans l’un des lacs les plus ­profonds du globe. »

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Sous les pneus, 1 600 m de fond.

CHAUD DEVANT

Des virées moto pour s’évader cet été.

De l’océan aux géants

Sibérie, RUSSIE Moscou Partant pour une ­virée en Sibérie ? Rendez-vous sur theadventurists. com/ice-run

moto ne s’arrête pas mais se déporte sur la droite, poursuit Willings. Puis le guidon ne répond plus, les freins se bloquent, vous dérapez et finissez généralement dans l’obstacle que vous cherchiez à éviter. » ­Durant trois jours de formation, le guide et maître de la glace Dmitry Yaskin vous apprend à piloter sur la glace, à vérifier son épaisseur à l’aide d’un pique pour s’assurer qu’elle résistera aux 215 kilos du side-car et éviter les pièges de passages traîtres exigeant l’utilisation de rampes de lancement naturelles ou taillées à la tronçonneuse et le comblement de la zone d’atterrissage pour éviter la casse. Une expérience que Richard Fleming participant en 2015, n’a pas oubliée. « Au premier jour, nous repérons une crevasse au-dessus de laquelle nous voulions sauter, avec le recul cela n’était pas nécessaire, à tort. L’atterrissage fut brutal. Les boulons du porte-­bagages ont lâché. Sachant que les participants dorment sous la tente par des températures négatives, perdre son matériel de camping devient une question de vie ou de mort. » Néanmoins, les riders ne sont pas totalement livrés à eux-mêmes. Les o­ rganisateurs balisent un itinéraire autour du lac avec des points de ravitaillement en essence. De plus chacun est équipé d’une liaison radio pour les cas d’urgence et pour partager des conseils de pilotage et de ­mécanique. Mais les risques sont réels. L’an dernier, deux participants, Ala et Efraim, ont évité de peu un plongeon avec leur Ural. « Nous avons dû prendre des décisions rapides, se souvient Fleming. Je me revois passer sur une crevasse sans penser à m’arrêter, la roue arrière passe à travers la glace, l’élan a juste suffi pour traverser. » Un avertissement heureusement sans frais.

Enfourchez une Harley, prenez l’autoroute sur la côte Pacifique en Californie pour visiter Death Valley, Sierra Nevada, les séquoias du parc ­national Yosemite et Big Sur. ridefree.com

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Un plan rare. Grimpez sur une Royal Enfield Bullet et traversez le Népal, à travers l’Himalaya, de ­Katmandou jusqu’aux pieds de l’Everest. blazingtrails tours.com

L’Orient ­express

La campagne cambodgienne en motocross pendant 12 jours. De la frontière ­vietnamienne jusqu’aux chaînes des Cardamomes en passant par la jungle. ­ toursinthe extreme.com

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RANDALL KILNER

Le lac Baïkal en Sibérie est, en ­volume d’eau douce, le plus grand au monde. D’une superficie de 31 722 km², sa profondeur dépasse par ­endroits 1 642 m. L’hiver, la température atteint − 20 °C et transforme le lac en une immense plaine de glace parsemée de ­crevasses et de crêtes, idéale pour une ­virée sur un bon vieux side-car russe. ­Bienvenue au Ice Run, une aventure de 4 000 kilomètres sur des routes de glaces à travers la taïga et le lac Baïkal. Ce défi aux éléments est réalisé avec un équipage de deux hommes aidés d’un autochtone expérimenté. Le moyen de transport est une Ural, moto rustique au design soviet, assemblée à partir de composants de qualité militaire avec un traitement entre celui d’un tanker et une brique de maison. Sa production de masse est exigée par Staline durant la ­Seconde Guerre mondiale, après avoir été clonée à partir d’une BMW acquise par ­l’Armée rouge. Une copie loin du modèle original. « Sa simplicité et sa robustesse en font un engin adapté, explique Katy Willings, l’un des organisateurs de Ice Run. Elles sont fabriquées comme des tanks ou des tracteurs pour être réparables sur le champ de bataille à l’aide d’un marteau, d’un élastique ou tout ce qui tombe sous la main. La qualité des matériaux est médiocre mais ils sont quasi indestructibles, souvent mal en point mais jamais brisés. Il en faut beaucoup pour envoyer une Ural à la casse. » Voilà qui est rassurant, car les occasions de l’abîmer ne manquent pas sur le lac Baïkal. « La glace se présente sous différents aspects, prévient Willings. Des passages qui ont l’air franchissables peuvent être extrêmement dangereux. D’autres semblent effrayants mais curieusement l’Ural y frayera son chemin sans encombre. » Le plus important, au guidon d’une Ural, est d’anticiper les dangers. « Lorsque vous appuyez sur le frein, la

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Ajustez l’assistance au pédalage à la ­volée ou passez en mode assistance nulle pour éviter qu’il vous roule ­dessus.

Cet e-bike motorisé en alu de qualité militaire vous aide à pédaler sur des surfaces mixtes et atteint une vitesse de pointe de 70 km/h. trefectamobility.com

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L’Euro 2016 lance ce mois-ci un été chargé en événements sportifs. Ce matos high-tech vous aidera à donner le meilleur de vous-mêmes. Lunettes connectées Solos Portez une visière de pilote de chasse lors de vos randos à vélo : vos performances s’affichent en temps réel dans votre champ de vision via le Smartphone. solos-wearables.com

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Chaussures Nike anti-boue

Le ballon officiel de l’Euro 2016 est peut-être la star, mais celui-ci est intelligent. Ses capteurs envoient vitesse, impact et trajectoire du tir, à une appli Smartphone qui les analyse. adidas.com

Le GPS TomTom au service du golf. La montre a accès à une base de données de 40 000 parcours et fournit des infos à chaque trou tout en analysant votre swing. tomtom.com

Le beau jeu va bénéficier d’une nouvelle embellie grâce à ces semelles en polymère adaptatif qui s’assouplissent au contact de l’eau, empêchant ainsi la boue de coller. nike.com

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Quatre vitesses : transfert au top de l’énergie humaine vers les roues à faible résistance.

Écoulement laminaire, 100 fois moins de résistance à l’air qu’une auto.

Fantastique ! Un cycliste a développé la puissance automotrice la plus rapide du monde. Usain Bolt : chaud devant !

2 HOMMES, 1 IDÉE Cameron Robertson (à droite) et Todd Reichert

vers le véhicule. Son aérodynamisme dépasse largement celui d’un vélo classique. »

2015, ces ingénieurs aéronautiques lancent leur speedbike E ­ ta sur une route du Nevada, battant le record de la vitesse générée par l’homme : leur « vélo » atteint 139,45 km/h. À l’intérieur se trouve l’un des moteurs les plus anciens au monde : l’homme, alias Reichert. aerovelo.com

Vous êtes devenu le ­meilleur concepteur de vélo au monde…

Pourquoi fallait-il améliorer la propulsion humaine ? Robertson : « Un humain possède la puissance d’une petite perceuse électrique (c’est-à-dire moins d’un ch). Cela modifie l’approche du concepteur. Car un homme est au cœur d’un véhicule qui peut, lui, prendre n’importe quelle forme, comme un avion à ailes battantes, comme nous l’avons vu par le passé. Le domaine du possible s’élargit. »

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Vous b ­ attez le record de ­vitesse dans un œuf.

Robertson : « C’est un véhicule ­aérodynamique à propulsion ­humaine. Tout dans Eta est conçu pour la vitesse, un rendement ­maximal et une puissance minimale : faible résistance au roulement, des roues aux composants ultralégers facilitant l’accélération, un cadre rigide pour une transmission efficace de la puissance du pilote

Robertson : « Nous sommes incapables de réaliser un vélo meilleur que ceux de Trek ou Cannondale. Ce sont des créateurs intelligents avec un savoir et des outils adaptés aux problèmes qu’ils doivent résoudre. Notre vélo est conçu pour rouler à une vitesse folle par la seule force des jambes. Le record qu’il a établi en fait à ce jour le véhicule le mieux placé pour relever ce défi. »

L’humain y joue certainement un rôle clé ?

Reichert : « Les deux sont importants. Le meilleur vélo au monde n’est rien sans l’athlète qui le fait avancer et battre des records. En ­revanche, ­manier ce vélo n’est pas à la portée

de tout cycliste professionnel. ­Pédaler allongé dans une cellule ­fermée avec une marge de guidage de quelques millimètres, sur un écran vidéo, ne s’improvise pas. »

Comment s’est passé le jour où vous avez réussi à battre le record ?

Reichert : « J’étais nerveux car les ­années précédentes les vélos n’étaient pas au point, la sortie de route menaçait à tout moment. Mais la coquille est résistante, cela se solde par une glissade ou quelques tonneaux mais on reste à l’abri. La course dure environ quatre minutes trente pour couvrir les 8 km. On ­atteint 100 km/h durant les premiers 1 500 mètres. À 1,5 km de l’arrivée on sait si le record sera battu ou non. »

À quand un record supérieur aux 139,45 km/h ?

Robertson : « Nous pensons y retourner en septembre et viser 141 km/h. Passer l’étape supérieure nécessitera de nouvelles réflexions sur le contrôle actif de la surface du vélo pour réduire la résistance à l’air. Ou bien on envisagera des rails, car la résistance au roulement de l’acier sur l’acier est inférieure à la gomme sur le bitume. Les réponses ouvriront de nouvelles perspectives de records. »

THE RED BULLETIN

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LA CARTE DE SAUVETAGE D’AIR ZERMATT Joue la sécurité lors de toutes tes randonnées: avec la carte de sauvetage d’Air Zermatt. Nous te protégeons dans la Suisse entière, que tu aies besoin d’un hélicoptère, d’une ambulance ou même d’un avion. Et si la nécessité d’un conseil médical ou d’un vol de rapatriement se fait sentir un jour ou l’autre à l’étranger, tu peux aussi te fier à Air Zermatt.

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D’INSTINCT BAROUD’HEURE ? Casio Smart Outdoor Watch

La première montre à quartz débarque en 1969, révolutionnant l’industrie de la tocante à jamais. La montre connectée promet depuis des années une révolution similaire, mais celle-ci tarde à trouver sa cause. Armé de sa longue tradition dans les garde-temps et la technologie, Casio pense avoir la réponse pour la déclencher : « l’outdoor ». La Smart Outdoor tourne sur Android Wear mais ne fait pas moins que redéfinir la montre connectée. Sa boussole, son baromètre et son altimètre vous livrent altitude, météo et les données de votre activité physique via un gros bouton utilisable avec des gants, donc très pratique pour l’environnement auquel cette montre se destine. Elle s’offre aussi une norme militaire, rien que ça, dite MIL-SDT-810 lui permettant de résister à presque tout, vibrations, poussière, températures extrêmes, rouille… Le mode monochrome prolonge l’autonomie de la montre, d’une journée à un mois, mieux que toutes ses rivales. Là se situe la vraie révolution. wsd.casio.com

Si l’édition orange n’est pas à votre goût, sachez que Casio Smart Watch existe aussi en rouge, vert et noir.

LES EXPERTES D’autres montres au QI élevé. Tissot Smart-Touch Cette montre à quartz embarque plus de 30 fonctions sous son verre en saphir de cristal. Activez le GPS et l’aiguille rouge des minutes vous indiquera la bonne direction. Son affichage digital affiche météo et données des activités physiques. Enfin, grâce à son écran elle se recharge à l’énergie solaire. tissotwatches.com

Fossil Q Wander Le plus branché dans cette montre est son choix en termes de bracelets mode interchangeables et de ­finitions du boîtier de 44 millimètres à face tactile tournant sur l’Android Wear de Google. fossil.com

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Frédérique Constant Horological Smartwatch Cette smartwatch suisse habille son intelligence d’une face analogue avec de vraies aiguilles qui se synchronisent avec votre téléphone. Elle mesure le sommeil et ­l’activité pour les afficher sur le petit cadran à 6 heures. frederiqueconstant.com

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ACTION

MOTEURS

STYLE INSPIRÉ

Jaguar XKSS, équipée d’un moteur 3,4 litres, 6-cylindres en ligne.

Du parking au dressing.

Jacket exigée

CERTIFIÉE D’ÉPOQUE

Jaguar parachève sa symphonie inachevée. La Jaguar Type D remporte les 24 heures du Mans en 1955, 56 et 57, puis Jaguar décide de se retirer des courses pour se consacrer aux particuliers. Un temps en mauvaise posture, le constructeur récupère les châssis inutilisés de la Type D pour réaliser une routière : le modèle sport XKSS est né. Vingt-cinq exemplaires sont prévus mais seuls seize voient le jour. Les neuf autres sont détruits dans l’incendie qui ravage l’usine Jaguar de Coventry, en Angleterre, le 12 février 1957. Près de 60 ans plus tard, Jaguar annonce qu’il compte à présent finir le travail. Le marché de la voiture rétro et des rééditions est en plein

essor. Mais pour la marque, la motivation est ailleurs. Pour Jaguar, il s’agit de « boucler la boucle » - et si les neuf XKSS sont réalisées à l’identique du modèle d’origine alors il faudra s’incliner devant cette explication. L’équipe Jaguar Classic réalisera ces XKSS à la main dans l’atelier expérimental de Jaguar grâce aux compétences acquises l’an dernier pour la production du modèle Type E. La technologie a depuis beaucoup évolué mais pour la XKSS le temps s’est arrêté. Seuls les techniques et matériaux utilisés en 1957 seront employés. Le premier des neuf exemplaires est attendu début 2017.

SHOPPING ÉCLAIR

Une sportive pour faire ses courses ? L’Abarth, modèle sport de Fiat, signe cette année son retour sur les circuits, mais son utilisation se prête aussi bien à une virée sur une route de montagne boueuse qu’au shopping, selon l’humeur. Avec son 124 Spider, le constructeur italien vise les fans de roadster. Le moteur 1.4 MultiAir passe de 140 à 170 ch. Ses 1 060 kg offrent un excellent rapport poids/ puissance la propulsant de 0 à 100 km/h en 6,8 secondes avec une vitesse de pointe de 232 km/h. Le moteur est logé derrière l’essieu avant pour une répartition du poids optimale proche de 50/50, un plus pour les performances sportives. Mais au final, sa suspension ferme, ses amortisseurs courses et ses barres antiroulis vous évoqueront plus une scène de Braquage à l’italienne qu’une virée au supermarché. abarth.it

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Parce que s’habiller en accord avec sa voiture est essentiel, Bugatti crée une ligne assortie à sa nouvelle Chiron. Une veste en cuir de veau matelassée qui rappelle le style des sièges. bugatti.com

Podium ­continental Les récents rapports de Bentley à la course auto ont donné naissance à une collection sport. Le vert et l’Union Jack sont très présents mais les tenues sont étonnamment relax. bentleymotors.com

Veste blindée À l’occasion de ses 60 ans d’existence, Richa, un fabricant de vêtements pour motards, sort cinq nouveaux modèles de blousons équipés d’une armure homologuée D30 aux épaules, coudes et dos. richa.eu

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ACTION

CULTURE À VOS ­AGENDAS

Ghostbusters en mode reboot : les chasseuses passent à l’acte.

De bien belles sorties à venir côté ciné/livre.

FILM Tarzan

DES FANTÔMES... QUI APPELER ?

Le reboot de SOS Fantômes et The Conjuring 2 sont à l’affiche. Lequel des deux sera le plus efficace dans la chasse aux revenants ? Chez l’un, l’histoire est vraie… The Conjuring 2 s’inspire d’un cas survenu à Enfield, quartier londonien, dans les années 70. Un canular probable. Du côté de Ghostbusters, on puise dans la vie de l’arrière grand-père de Dan Aykroyd coscénariste et l’un des héros du film. Son père, Peter, a publié les travaux de l’aïeul, médium de profession, dans le livre A History Of Ghosts. En 2009, Peter déclare au site que la scène d’ouverture dans la bibliothèque du volet de 1984 est authentique. « Un phénomène paranormal incontestable. » La technologie utilisée est crédible… Les vrais protagonistes, Ed et Lorraine Warren (incarnés dans Conjuring par Patrick Wilson et Vera Farmiga) utilisaient micros, caméras, détecteurs de mouvement et image thermique. Ghostbusters lui, mesure l’énergie psychokinétique, use de pièges à fantômes et d’accélérateur de proton, arme anti fantômes perfectionnée à la demande du réalisateur Paul Feig par James Maxwell, ex du MIT : « Ils voulaient comprendre le fonctionnement. L’accélérateur de particule et les aimants superconducteurs sont réels. Les gens y croiront sans problème. » Tout comme les apparitions… Dans The Conjuring, les apparitions à faire sursauter abondent. Ghostbusters fait mieux en utilisant des résidus d’ectoplasme grâce auxquels les fantômes prennent forme. « J’aimerais que des physiciens expliquent le phénomène, disait Dan Aykroyd en 2009. Pour savoir si ces visions résultent de la fusion de molécules d’oxygène, de nitrogène et d’hydrogène. » Il faut peut-être lui dire que lorsque Bill Murray est laminé, ce n’est que la fécule d’un plat chinois. The Conjuring 2 est en salle depuis le 29 juin (theconjuring2.com) ; Ghostbusters sort le 10 août (ghostbusters.com)

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BUREAU DES PEURS Fan de frissons ? Voilà du rab… Fantômes contre Fantômes (1996) Peter Jackson dirige Michael J. Fox, médium arnaqueur qui se sert de revenants pour vendre ses services d’exorciste jusqu’au jour où un fantôme nuisible s’en mêle. C’est le ­début des ennuis.

Poltergeist (1982) Écrit par Steven Spielberg et ­réalisé par le créateur de ­Massacre à la Tronçonneuse Tobe Hooper, ce classique d’épouvante mélange Rencontre du Troisième Type et Amityville. La scène du clown fait partie des annales du genre. Beetlejuice (1988) Un couple de fantômes (Geena Davis et Alec Baldwin) fait appel à un « exorciste bio » (Michel Keaton) pour faire fuir les occupants de leur ancienne maison. Une histoire où Tim Burton ­renverse les rôles du genre.

LIVRE Dazeworld Le graffiti artiste Chris « Daze » Ellis ­taguait les rames du métro newyorkais dans les années 70. Ce livre fait redécouvrir ses œuvres depuis les ­indiscrétions de ses débuts aux pièces présentes dans les meilleures galeries à travers le monde. dazeworld.com

FILM Le Bon Gros Géant Avec Spielberg à la réalisation, on vous prédit de la qualité. Mais cette adaptation de l’histoire d’une fillette et d’un géant pour Walt Disney, annonce surtout que le réal barbu signera d’autres films pour la souris – on pense aux Indiana Jones. Sortie le 20 juillet. twitter.com/BFGMovie

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PICTUREDESK.COM

FILM

Dans cette suite, Tarzan (Alexander Skarsgård) vit à Londres sous le nom de Lord Greystoke avec son épouse Jane (Margot Robbie) mais le perfide Capitaine Rom (Christoph Waltz) réussit à l’attirer à nouveau dans la jungle. Sortie : 6 juillet. legendoftarzan.com


CULTURE

ACTION

CAN ART

DIETMAR KAINRATH

Le crayon aiguisé de Dietmar Kainrath.

WIMBLEDON, 27 JUIN-10 JUILLET 2016.

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ACTION

CULTURE

LA PLAYLIST MODERAT

ÇA RAPPE ET ÇA ­MITONNE Le rappeur Action Bronson prépare un livre de cuisine. D’autres stars hip-hop l’ont précédé dans cet exercice.

2009, les vétérans de l’électro, Modeselektor et Apparat sortent leur premier album, Moderat, sous la formation du même nom. Il fera sensation. À l’époque, Gernot Bronsert et Sebastian Szary (de Modeselektor) donnent dans le dancehall chargé de basses et la techno costaude, et comptent Radiohead parmi leurs fans. Sascha Ring, alias ­Apparat, se dédie lui à des hymnes ambiants fragiles. Ensemble, ils offrent une électro pop hybride aux accents mélancoliques, et leur public leur envoie du love, lors de chaque show (complet) en Europe. Pour leur troisième LP, Szary présente cinq titres qui ont influencé sa carrière. moderat.fm

The Beach Boys

Laurie Spiegel

’Til I Die (Alternate Mix) (de Endless Harmony Soundtrack)

Drums (de l’album The Expanding Universe)

« Je découvre cette version du classique des Beach Boys dans une adaptation télé de Hedda ­Gabler, la pièce d’Henrik Ibsen. L’intro au vibraphone est incroyable. Comme très souvent avec les Beach Boys, la mélodie est efficace mais le son flottant et métallique de l’instrument m’a aussi impressionné, à tel point que j’ai acheté un vibraphone. J’en joue en amateur et l’utilise sur quelques titres de l’album. »

« Je suis tombé sur Laurie Spiegel en cherchant sur le net des morceaux d’électro des années 70. Un personnage fascinant. Elle a 70 ans et est encore active mais très recluse. Ce joyau a été enregistré l’année de ma naissance, 1975, mais il semble plus moderne que beaucoup de morceaux technos actuels. Spiegel utilise des séquenceurs spéciaux à l’époque donnant à sa musique un son précis et futuriste. »

Laurel Halo

Speedy J

Thaw (de l’album Quarantine)

Evolution

« La pochette illustrée du premier album d’Halo montre des fillettes se suicidant. Son approche se veut radicale. Ce morceau l’illustre parfaitement. Les paroles sont dérangeantes et intimes et la musique dense avec des rythmes singuliers. Halo se fiche des conventions et ­explore à chaque nouvel album de nouveaux territoires, ce qui fait d’elle la personnalité la plus ­originale du monde de la musique actuel. »

« Ce classique de la techno sorti en 1991 a changé ma vie. Ça me ramène à Berlin, à l’époque le club Tresor organisait les premières soirées techno. Si vous réussissiez à passer la barrière des videurs ­intransigeants vous pénétriez un nouveau monde où règnent les trombinoscopes, la neige carbonique et la grosse caisse. Une nouvelle façon de faire la fête. J’avais 16 ans et j’étais aux anges. »

Depeche Mode Never Let Me Down Again (de l’album live 101) « Tous les trois, nous adorons ce morceau, surtout la version live de l’album 101. Pour nos tournées, on s’inspire toujours de Depeche Mode, nous n’avons bien sûr pas autant de tubes qu’eux mais leurs concerts sont parfaitement structurés, nous avons eu l’occasion de le constater il y a quelques années quand ils sont passés à Berlin. Le cri du chanteur Dave Gahan au début du morceau est ce que je préfère le plus. »

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COOLIO Cookin’ With…

En 2009, l’interprète de Gansta’s Paradise s’improvise chef sur YouTube et publie un guide du gourmet dans les quartiers. Des « ghettos » recettes abordables et à déguster même si vous portez des dents en or.

2 CHAINZ #MEALTIME En 2013, le rappeur utilise le livre pour promouvoir son album B.O.A.T.S. II: Me Time. Composé dans le bus de la tournée, #Mealtime propose 14 recettes et astuces de cuisine dont cette perle : préparer le teriyaki au saumon avec un tablier Versace.

LE GADGET Mighty

Grâce à ce petit baladeur, les sportifs se délestent de leur gros Smartphone et profitent de leur playlist Spotify ­pendant leurs footing ou promenades, sans avoir besoin d’accès Internet, et après l’avoir chargé et stocké jusqu’à 48 heures de musique dans ce ­Mighty. Il voua garantit au moins cinq heures d’autonomie et d’accopagnement musical en continu. P ­ etit mais ­costaud  ! mighty.audio

PRODIGY Commissary Kitchen: My ­Infamous Prison Cookbook En octobre, Prodigy, rappeur du groupe Mobb Deep, ­sortira un livre passionnant sur comment se nourrir ­correctement en prison, en référence à ses trois ans d’incarcération.

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www.pacha.com


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CULTURE

MA VIE EN JEUX ADAM ORTH

GAMING ­NOMADE

Viré par Microsoft en 2013, Orth a depuis utilisé son expérience pour créer son ­premier jeu, ADR1FT : perdu dans ­l­’espace. Il nous parle de son inspiration. MON PREMIER JEU SPACE INVADERS

« Lors de vacances familiales, mon frère et moi tombons sur Space Invaders dans une salle de jeux. La magie de l’écran nous captive instantanément. L’accès est en illimité, du coup nous y jouons toutes les journées pluvieuses de cet été pour en maîtriser tous les ressorts. Ces moments inoubliables sont à l’origine de ma passion pour les jeux vidéo. »

« Il n’est pas encore sorti et je ne l’ai pas testé mais à en juger par les infos qui ont filtré, il ne va pas décevoir. La possibilité de sillonner l’univers et explorer une multitude de mondes est tout simplement incroyable, le jeu idéal pour tuer le temps sur une île déserte. Pour moi, c’est le jeu parfait. Il a tout, cette année c’est le jeu que j’attends le plus. »

MON JEU DU ­MOMENT ADR1FT

ASTUCE « Avec ADR1FT, la jauge d’oxygène est cruciale. La combinaison en contient suffisamment en plus des réserves dispersées tout autour. Complétez un niveau pour accéder à un mode oxygène illimité et explorer en toute liberté. »

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« Il me tarde de voir les gens tester notre jeu spatial complètement décalé. Nous voulions réaliser un jeu unique avec une bonne dynamique entre le ­combat pour la survie et les ­instants calmes qui ponctuent la destruction de l’environnement, sans oublier la réalité augmentée. Nous pensons avoir créé un jeu spécial. Nous avons hâte de voir les gens se perdre dans l’espace. »

Disney Crossy Road Crossy Road réinvente Frogger classic en utilisant les personnages de Disney. Jouez avec Mickey, Donald, Woody, Simba et même dans le monde de Ralph.

LE JEU QUI M’A LE PLUS INSPIRÉ METAL GEAR SOLID 3: SNAKE EATER « L’un de mes jeux favoris et à mon avis la meilleure série. Que ce soit le cadre, l’esprit du jeu ou les combats contre les boss, c’est une réussite artistique qui n’a pas vieilli. J’y joue au moins une fois par an. »

LE 1ER JEU SUR ­LEQUEL J’AI BOSSÉ TWISTED METAL: BLACK

« Barbie Adventure Riding Club est le premier jeu en tant que testeur, Twisted Metal: Black le premier en tant que concepteur. Les deux jeux ont influencé ma conception de l’industrie et m’ont aidé à assimiler toutes étapes du développement d’un jeu. Je suis fier d’avoir contribué à leur réalisation. »

Miitomo Si vous êtes accro aux réseaux sociaux, autant qu’ils soient marrants. Le premier jeu Nitendo pour smartphone utilise les avatars Mii pour chatter avec vos amis. Bien âpretés ils seront irrésistibles.

Futurama: Game Of Drones La sitcom animée dont on est tous fans est désormais disponible sur smartphone, de l’action en 3D et avec un défi puzzle, le tout truffé de références pour les fans de la série TV.

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GETTY IMAGES

LE JEU QUE J’EMPORTERAIS SUR UNE ÎLE NO MAN’S SKY

Le soleil est de sortie, faites de même et ­emportez ces jeux au parc.


PROMOTION

Musthaves ! 1

1

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OZ ULTRALEGGERA HLT

La Ultraleggera HLT, du créateur italien de Jantes OZ, la plus intemporelle. Son Design va sur toutes les voitures et reste une œuvre d’art. La High Light Technologie se dit aussi HLT, vient directement de l’évolution en Sport Automobile. La méthode de fabrication HLT consiste à couler de l’aluminium dans un moule de petite largeur. La jante est ensuite élargie par un procédé d’échauffement de l’alu. C’est ce procédé de finition qui lui donne robustesse et ­légèreté et lui permette de rivaliser avec les jantes forgées. Prix : CHF 570.– ozracing.ch 2

SWATCH POP IT UP

Où va le temps ? Ses destinations sont innombrables, nous dit la nouvelle collection Swatch POP. Ces montres pleines de charme ont des boîtiers détachables qui n’en font qu’à leur tête. Un instant, leur tic-tac bat son plein à votre poignet. Juste après, elles sont suspendues à votre cou sur un joli collier de perles, ou accrochées à votre tapis de yoga pour un moment zen. Prix : CHF 85.– swatch.ch 3

3

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OLUMBIA CONSPIRACY C TITANIUM OUTDRY

Développées dans un esprit de vélocité, ces chaussures légères et souples sont conçues pour des personnes ayant besoin de vraies tenues performantes pour crapahuter sur tous les sentiers. Conspiracy Titanium OutDry applique nos meilleures fonctionnalité, ­adaptabilité et technologie. Les chaussures sont dotées d’une gomme en caoutchouc premium conçue pour une protection à toute épreuve et une durabilité d’exception. Elles disposent d’une semelle i­ntérieure confortable, de la technologie Fluid Frame et d’une fabrication légère pour faire face à toutes les situations, kilomètre après kilomètre, saison après saison. Et bien sûr, vos pieds restent secs grâce à la technologie de pointe ­waterproof OutDry. Prix : CHF 149.– columbiasportswear.ch 4

TRAIL PROTECT FR 16

Le Trail Protect FR 16 de Scott est un sac-àdos de cyclisme spécialement conçu pour les descentes. La protection dorsale certifiée D3O, un panneau arrière 3D pour la régulation de l’humidité et une ceinture ajustable te permettront de partir en randonnée en toute sécurité et dans le plus grand confort. Ce sac-à-dos offre d’autres fonctionnalités spécifiques, telles qu’une ceinture abdominale ajustable en hauteur, un système de compression latéral, le système de transport protecteur installé sous le sac-à-dos et une poche-filet distincte pour les outils du vélo. Prix : CHF 189.90 transa.ch


ACTION

AGENDA AUSSI AU MENU Des blocks au break, sans oublier le sport auto.

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juin Toujours plus de Mans Les 24 Heures du Mans sont la chasse gardée des constructeurs ­allemands. Et le fameux duel Audi-Porsche de repartir pour des centaines de tours et 24 h chrono de suspense. 24h-lemans.com

15-19 juin On se crankonne Les Gets La deuxième étape 2016 des Crankworx (VTT) se déroulera pour la première fois aux Gets (Haute-Savoie). Durant 5 jours, les athlètes se disputeront la victoire sur leurs terrains de jeu respectifs : Whip-Off Challenge, Dual Speed & Style, Pump Track Challenge, Descente avec Loïc Bruni (athlète les Gets et champion du monde en titre), et Slopestyle avec le Français Yannick Granieri ! À vivre sur place ou en direct sur Red Bull TV. crankworx.com

1-3 juillet Prenez le Macki !

25 juin Mollets basquaise

Carrières-sur-Seine

Bayonne

Le Macki Music Festival démarre l’été sur les bords de Seine, à ­Carrières-sur-Seine (78), avec un line-up très éclectique. Un thème : l’Espace ! Pour décoller ? Acid Arab, François & The Alas Mountains, Tom Trago ou Dan Shake, entre autres. mackimusicfestival.com

8-10 juillet Feu au lac Aix-les-Bains Montagne, lac et musique, voilà le décor d’un weekend au top posé. L’impressionnante programmation d’artistes (dont les Insus, qui ne sont autres que les mythiques Téléphone, Foals, Oxmo Puccino, Lou Doillon, Louise Attaque, etc.) ajoute à la magie de l’événement qui fait de Musilac, le festival savoyard, un must de l’été. Les dizaines de milliers de spectateurs qui s’y pressent le savent chaque année. On y adore chaque été les virées sur le lac du Bourget, en bateau et en musique, avec des DJ’s embarqués. musilac.com

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Encore plus fort que le Top 14 ! La 4e édition du Red Bull Ovalie remet le jeu dans l’enjeu. Le tournoi de rugby à 5 fait la part belle à la technique, au rythme et à l’envie. Au pied des remparts de Bayonne, la pelouse est un terrain de jeu pour les plus habiles. Pour aller le plus loin, il faut avancer en équipe. Un régal. redbull. com/ovalie

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juin Toujours plus de son Le Paris International Festival of Psychedelic Music vous attend pour un week-end dans le 77 (Ferme du Buisson) et 12 concerts plus des DJ sets, indoor et outdoor. Un trip esthétique. parispsychfest.com

7

juillet Toujours plus de break L’accès aux qualifs pour la finale monde du Red Bull BC One (Japon, 3 déc.) se jouera dans le cypher du Red Bull BC One Camp à Paris. Quatre jours de break, battles et workshops. redbullbcone.com

L’ovale, oui !

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GRAEME MURRAY/RED BULL CONTENT POOL, FESTIVAL MUSILAC/THOMAS BIANCHIN, ALEX LAUREL/RED BULL CONTENT POOL

Mars 2016, en Nouvelle-Zélande. Yannick se met la tête à l’envers.


ACTION

ET SI…

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Ne jamais savourer

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Une bonne nutrition est exigée

« Si on me demande ce que j’aime manger, je réponds que cela dépend des concours. Si la nourriture est bonne, on mange plus. Cela encourage les mangeurs pros à participer à plus de concours – les sponsors en proposent des tonnes. Parfois on se laisse aller à savourer, mais il faut rester concentré Si on savoure trop on ralentit et on perd. »

« Le sport est bon pour la ligne et l’endurance, mais pendant les concours je lève le pied. Le corps supporte mal les deux à la fois. L’important est d’avoir une hygiène alimentaire stricte et saine. Je mange des fruits et des légumes, des aliments faibles en sodium comme les noix et bois beaucoup d’eau. Rien d’excitant. 24 heures avant le concours, je prends des boissons protéinées pour purger l’organisme et me prépare mentalement. »

MARK THOMAS

... ON DEVENAIT DES GLOUTONS PROS Vous adorez l’émission Man vs. Food, dédiée aux gloutons fans de concours de nourriture, et êtes tenté par le défi ? Dans ce show, à steaks énormes, faibles enjeux. Comme Matt Stonie, ne vous contentez pas d’un repas gratis, et rejoignez la Major League Eating, compétition d’engloutissement reconnue. Il y a six ans, l’ado californien participe à un concours de mangeurs de chair à homard et le gagne. « J’ai gagné 1 000 dollars en dix minutes de boulot », se souvient le jeune homme de 23 ans actuel champion du monde. En 2015, lors du concours Nathan’s du plus gros mangeur de hot-dogs, Stonie bat Joey Chestnut, huit fois lauréat, de 62 à 60 hot-dogs, en dix minutes, devant 40 000 spectateurs. Attendu sur la revanche le 4 juillet prochain, Stonie dit ses secrets de mangeur pro. youtube.com/megatoadstonie

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Se préparer à un défi sportif

« Ma préparation, dit Stonie, inclut technique, vitesse et endurance en me fixant sur la nourriture du concours à venir. Si le match dure dix minutes, je me prépare sur douze un jour sur quatre durant les semaines précédant le concours. À chaque séance j’ajoute deux à trois hot-dogs. Ça me déshydrate et me ballonne, je dois boire beaucoup d’eau et faire des siestes… Mais quand arrive le jour J, je suis prêt à avaler plus de 50 hot-dogs. »

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Trouver sa technique

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Écouter son corps

« Le hot-dog n’est pas commode à manger, sa peau est résistante. Je mâche juste assez pour ne pas m’étouffer en évitant de fatiguer les mâchoires. Le mieux est de manger d’abord la saucisse puis le pain en l’imbibant d’eau sinon il est trop sec. La plupart en mangent un à la fois, moi c’est deux. Il faut que ça dépote. Et en plus ça aide à pousser la nourriture vers l’estomac. Secouer le corps aide à se détendre. »

« Je n’ai pas pour but de nuire à ma santé mais abuser des vomissements n’est pas non plus bon pour les muscles de la gorge. En principe je laisse le corps faire son travail. Mais sur certains concours, dont ceux avec de la nourriture sucrée – l’excès de sucre provoque des tremblements – je n’hésite pas à y avoir recours pour mieux récupérer. »

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THE RED BULLETIN SPÉCIAL VÉLO

UN IRONMAN SINON RIEN  ! Le clou de ce cadre futuriste en carbone se situe à l’avant. Son système AeroVault intègre une unité d’hydratation et un espace rangement. Giant Trinity Advanced Pro 0 giant-bicycles.com

ROUTE SI LE VÉLO N’EXISTAIT PAS, IL FAUDRAIT L’INVENTER, D’URGENCE. QUE CE SOIT LE COURSE, LE CITADIN, LE VTT OU LE FATBIKE, IL Y A UN VÉLO POUR TOUS VOS BESOINS ET ENVIES. SÉLECTION.

ROUE LIBRE THE RED BULLETIN

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MACHINE À GAGNER Les aficionados de l’enduro se brûleront les yeux sur ce modèle dédié à eux : suspension réglable depuis le guidon, cadre en carbone ultraléger et géométrie agressive... de quoi impressionner aussi vos adversaires ! Cube Stereo 160 C:68 cube.eu/uk

ULTIME PROTECTION Le casque VTT enduro fabriqué par l’Italien Kask englobe parfaitement le crâne, y compris son arrière. Très agréable à porter, il séduira les riders qui pensent aussi à leur style. Kask Rex 3 kasl.it

­ ÉNÉREUSE G FOURCHE En fibre de verre, à ressort et avec 60 mm de débattement, elle constitue une solution innovante pour un fatbike où les pneus font déjà une partie du job. Lauf Carbonara laufforks.com

TENDANCE FAT BIKE Grâce à ses pneus surdimensionnés le fat bike est à l’aise dans la boue, la neige ou le sable. Le modèle blizzard du fabricant canadien Rocky Mountain soigne aussi les détails : une plus grande liberté de choix de pneus, d’excellents composants et une fourche bien adaptée. Rocky Mountain Blizzard 50 bikes.com

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MONTAGNE


L’IMPOSSIBLE N’EXISTE PAS Les modèles enduro sont les VTT les plus polyvalents. Relativement légers (autour de 13 kg) ils sont appréciables sur longue distance. Leur important débattement (autour de 16 cm) et des composants robustes permettent même d’envisager des virées au bike parc. Le Scott Genius est techniquement et visuellement le parfait exemple du vélo multi-usage. Cadre en carbone avec passage interne des gaines, tube de selle à réglage hydraulique et 11 vitesses (guide-chaîne supplémentaire à l’avant) constituent un équipement de pointe résumant bien les tendances actuelles tout comme la taille des roues, 27,5’’ offrant une meilleure accroche que les 26’’ du précédent modèle et une maniabilité supérieure à celle des 29’’. Scott Genius LT 700 Tuned Plus scott-sports.com

LE MONDE À VOS GENOUX Les genoux écorchés en ­maternelle, ok, au-delà ça craint. En hors route, la protection est de mise. Cette genouillère ultra-light, aérée, flexible et lavable est un must. G-Form Pro-X Knee Pads g-form.com

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VILLE

GARDEZ VOS DISTANCES La solution pour les routes à fort trafic : le radar Garmin Varia avertit le cycliste de véhicules en approche tout en intensifiant sa lumière arrière afin de vous rendre encore plus visible.

LA CLASSE ITALIENNE

UNE AFFAIRE PLIÉE Idéal pour découvrir de nouvelles villes : le Hoptown de Btwin combine cadre pliant et assistance électrique dont les batteries sont dissimulées dans le cadre en alu. Son poids total affiche 18,6 kg tout équipé, éclairage et garde-boue inclus. Btwin Hoptown btwin.com

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Rapidité, ligne épurée, le chic à l’italienne : voici la Gazzetta, produit dernier-né de la manufacture de cycles traditionnelle Cinelli. Depuis 1947, la marque italienne a glané 28 médailles aux championnats du monde et aux jeux olympiques. Les tubes en acier soigneusement assemblés confèrent plus de valeur au produit final dans son ensemble qu’aux divers éléments pris indépendamment les uns des autres. Ce vélo s’utilise aussi bien pour la course que pour la ville. La couleur noire du cadre invite son propriétaire à personnaliser son acquisition, bout par bout. Cinelli Gazzetta cinelli.com

Garmin Varia garmin.com

UN STYLE INUSABLE Il est désormais possible de porter des maillots de cycliste qui ne font pas... cycliste. Le Cafe Jersey de Chapeau en est la preuve, avec sa coupe confortable et ses matériaux originaux (tissu composé à deux tiers de bambous). Chapeau Cafe Jersey chapeau.cc


TITAN... ESQUE En termes de résilience difficile de faire mieux que le titane. Le carbone est certes léger mais un cadre en titane bien conçu possède des propriétés d’amortissement inégalées. Rares sont les fabricants qui maîtrisent l’association métal brut et laque avec autant d’élégance que Moots. Moots 35th Vamoots RSL-LE moots.com

PLUVIOPHILIE VISION ­AFFÛTÉE Ultralégères, ces solaires dédiées au cyclisme ­bluffent par leur confort et leur clarté optique. Par un maître du genre. Oakley EVZero Range PRIZM Road oakley.com

Cette veste vous sera d’un grand secours pour les jours où la météo vous fera faux bond. Elle est respirante et imperméable jusqu’à sa fermeture à glissière avant centrale. De plus vous la passerez sans avoir à interrompre votre course. Dare2b AEP Chaser dare2b.com

ROUTE

LA FERRARI DU DEUX-ROUES Colnago fabrique des vélos de course haut de gamme depuis des décennies et n’a jamais cessé d’innover tant s’en faut. Nul n’a approfondi la question du carbone mieux que l’orfèvre italien. Chaque tube possède une forme unique dûment testée en soufflerie. La géométrie a été conçue avec la participation des équipes de course et la qualité des équipements est tip-top. Certains modèles de la maison viennent friser l’ultra-perfection comme ce V1-r, fruit de la collaboration avec Ferrari. Une édition si limitée qu’on n’oserait presque pas s’en servir. Qu’on se rassure, vous faire rouler est bien son unique vocation. Colnago V1-r Limited Edition colnago.com


MAKES YOU FLY

« Une journée que je ne suis pas près d’oublier. » COOLANGATTA, AUSTRALIE, 10 MARS 2016

Semblant marcher dans les airs, le surfeur pro Sebastian Zietz fait subir un test de r­ ésistance à son leash. RYAN MILLER/RED BULL CONTENT POOL

« Quand je suis sur l’eau, j’oublie tout », confie le prodige du surf hawaïen Sebastian Zietz. Mais quand cette vague le souffle de sa planche sur la Gold Coast, c’est toute sa vie qui défile sous ses yeux. Heureusement, son cordon de sécurité (ou leash) tient le choc, l’assurance de sortir de l’eau avec sa planche. Voilà une chose à laquelle il ne devra pas penser. instagram.com/seabassz

THE RED BULLETIN NUMÉRO 56 SORTIRA LE 12 JUILLET 2016. 98

THE RED BULLETIN


GeNÈVE 29 JUIN - 3 JUILLET 2016 Société Nautique de Genève - Port-Noir 1223 Cologny

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Les nouveaux modèles spéciaux ALLSTAR.

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Polo ALLSTAR 1.0 MPI BMT, 75 ch, boîte manuelle à 5 vitesses, consommation en énergie: 4.8 l/100 km, émissions de CO2: 108 g/km (moyenne de toutes les voitures neuves commercialisées: 139 g/km), catégorie de rendement énergétique: C. Prix courant: fr. 21’120.–. Prix modèle spécial: fr. 19’450.– (avantage client fr. 1’670.–). Prix effectif: fr. 17’450.–, déduction faite de la prime ALLSTAR de fr. 2’000.–. Sharan ALLSTAR 2.0 TDI BMT, 150 ch, boîte manuelle à 6 vitesses, consommation en énergie: 5.1 l/100 km, équivalent essence: 5.7 l/100 km, émissions de CO2: 132 g/km, catégorie de rendement énergétique: B. Prix courant: fr. 49’270.–. Prix modèle spécial: fr. 44’250.– (avantage client fr. 5’020.–). Prix effectif: fr. 38’750.–, déduction faite de la prime ALLSTAR de fr. 4’000.– et de la prime de reprise de fr. 1’500.–. Modèle représenté: Golf ALLSTAR R-Line 1.2 TSI BMT, 110 ch, boîte manuelle à 6 vitesses, 5 portes, consommation en énergie: 5.0 l/100 km, émissions de CO2: 116 g/km, catégorie de rendement énergétique: C. Prix courant: fr. 35’770.–. Prix modèle spécial: fr. 30’900.– (avantage client fr. 4’870.–). Prix effectif: fr. 28’950.–, déduction faite de la prime ALLSTAR de fr. 2’000.– et de la prime de reprise de fr. 750.–, suréquipements incl. (peinture métallisée fr. 800.–). Validité de la promotion: du 5.5. au 30.6.2016. La prime de reprise est valable seulement pour les véhicules d’occasion de 3 mois ou plus. Le détenteur du véhicule d’occasion et celui du véhicule neuf doivent être une seule et même personne. Prise en charge des véhicules neufs commandés: 30.11.2016 et des véhicules en stock: 15.7.2016. Sous réserve de modifications.

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