The Red Bulletin FR 07/21

Page 1

FRANCE JUILLET-AOÛT 2021

HORS DU COMMUN

La génération montante

L’icône ultime

Votre magazine offert chaque mois avec

VINCENT MATHERON & TONY HAWK Comment un skateur monumental peut inspirer un jeune déterminé… et inversement



Éditorial

ÇA AVAIT TRÈS MAL COMMENCÉ

Notre sujet sur Vincent Matheron et Tony Hawk n’aurait jamais du paraître. Mais on l’a fait (vous saurez pourquoi), grâce à la bienveillance dont fait montre la star des action sports US à l’égard du skateur français. Pas parce que Vincent est le meilleur skateur au monde, mais parce qu’il est lui-même, avec Tony ou qui que ce soit d’autre. Un kid passionné qui a saisi des opportunités pour s’épanouir dans le skate, et qui interagit désormais avec ceux qui lui ont ouvert la voie. Chez le Français et l’Américain, nous avons recueilli de l’humilité, de l’instinct, un élan positif et une ouverture d’esprit qui pourraient inspirer les nouvelles générations (et pourquoi pas les anciennes ?), quels que soient leurs projets, métiers ou ambitions. Et autre chose : du respect, mutuel, entre deux skateurs que 30 ans séparent.

CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

ATIBA JEFFERSON

Avec des photos de couverture pour Thrasher et Slam, le Californien est une sommité dans la photo de skate américaine mais aussi dans l’univers de la NBA. C’est en ami de Tony Hawk qu’il s’est pointé chez lui pour documenter sa journée avec la jeune gâchette de Marseille, le rider Vincent Matheron. The Red Bulletin a rassemblé trois générations de passionnés de skate pour vous offrir une story exclusive àd ­ écouvrir en page 34.

Belle lecture ! Votre Rédaction

ATIBA JEFFERSON (COUVERTURE)

ANTONIN GRENIER

Photographe depuis plus de dix ans, le Français engrange les rencontres, et se nourrit des expériences de ses sujets. Il est notamment spécialisé dans la photo aquatique, auprès de nageurs. Il semblait évident de l’envoyer à Capbreton auprès des sauveteurs côtiers. « J’ai adoré côtoyer ces jeunes qui m’éclairaient sur les différentes spécificités du life saving, dit le photographe. J’ai fini ma journée à tester leur discipline avec eux. » Page 44

Vincent Matheron décolle : une session dans le skatepark de Tony Hawk, que vous transmet l’un des photographes les plus cotés, Atiba Jefferson. THE RED BULLETIN

3




CONTENUS juillet-août 2021

58

Le futur du foot : verra-t-il le retour des fans au stade ?

avec ou sans moteur 14 Clubs berlinois : un livre défend une scène passée sous silence 16 La musique à bout de bras 17 Avec sa roue pliable, il décuple les opportuntiés de mobilité des gens dont la leur est réduite 18 Alex Strohl explique pourquoi la vie doit amener la photo, et non l’inverse 20 Silver Stallion : une asso se bouge pour que les Indiens se remettent en selle 21 Playlist : le leader d’Awolnation et les voix dans sa tête

22 I nspiration

Ce que voit (et nous montre) Franck Seguin quand il bascule dans le monde du dessous avec les prodiges français de l’apnée

3 4 Birdman & Joker

Journée ordinaire en Californie avec la légende Tony Hawk et le Français qui monte, Vincent Matheron, unis par le skate

44 S auve qui veut

Une virée à Capbreton auprès des sauveteurs côtiers : entre exigence de performance et vocation qui sauve des vies

LE FUTUR DU FOOT Le dossier spécial

avant l’Euro 54 R alf Rangnick

Un cerveau du jeu européen cogite sur l’avenir de son sport

58 À nos supporteurs

La photographe Jane Stockdale en immersion parmi les fans

66 Faites le mur

Quand plus aucun ballon ne passera... c’est pas gagné

68 B iohacking

Comment les dieux du foot s’améliorent hors les terrains

74 Technologie

Quand le jeu tacle le turfu

6

THE RED BULLETIN

JANE STOCKDALE, FRANCK SEGUIN, ANTOINE GRENIER

8 Galerie : les plus belles actions,


22 Plongez dans l’apnée : avec le photographe Franck Seguin.

44

Sauvés des eaux : grâce à des jeunes qui se bougent.

THE RED BULLETIN

79 À faire : le Royaume-Uni sous les

pneus de votre VTT

84 Gaming : quand jouer ensemble

retrouve tout son sens 85 Hi-tech : une borne d’arcade custom pour votre salon 86 Fitness : dégonflez-vous ! 87 Red Bull TV : de bonnes raisons d’être scotché à vos écrans 88 L’été est là : matos au top, que vous bougiez à la montagne, à la plage, en ville ou en van… 94 … et des pièces performance sélectionnées par Go Sport 96 Ils et elles font The Red Bulletin 98 Photo finale : si on ne peut plus jouer ici bas, jouons dans le ciel

7


FORTALEZA, BRÉSIL

Bassin brésilien Ré-ouvrir un parc aquatique rien que pour un pro du wakeboard et lui laisser carte blanche afin qu’il puisse exprimer sa créativité, voilà une belle idée ! Le chanceux rider est le Brésilien Pedro Caldas à qui l’on a confié le Beach Park de Fortaleza. Il y a pris ses aises sur huit de ses attractions, dont le plus grand toboggan aquatique au monde (dans la catégorie tornade), le Vaikuntundo, culminant à 25 mètres de haut. Son compatriote Marcelo Maragni a sorti son maillot pour documenter cette session inédite. Instagram : @marcelomaragni


9

MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL


FINLANDE

Feu vert « Pourriez-vous imaginer une course de rallycross hivernale de nuit sur un lac gelé avec des aurores boréales colorant le ciel ? Je peux ! » Voici ce qu’a posté sur Instagram le pilote suédois Mattias Ekström à propos de cette séance photo en février dernier en Finlande du Nord. Mais pour cette photo, réalisée en double exposition par Jaanus Ree, il a fallu patienter. « Mon plus grand rêve sur ce projet était de voir les aurores boréales, ajoute le pilote. Après d’innombrables nuits nuageuses, le ciel nous a offert le meilleur spectacle de lumières que j’ai jamais vu. Absolument magique ! » Pas faux. Instagram : @jaanusree

JAANUS REE/ RED BULL CONTENT POOL


11



LA BALME, FRANCE

DAVYDD CHONG

Elle fait le pont

DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL

Le confinement a mis un frein à bon nombre de nos passe-temps favoris, comme le shopping de produits à bas prix, le visionnage de mauvais films au ciné, et le plongeon depuis une corniche ­rocheuse dans l’eau. Des mois de couvrefeu en Australie ont donné l’envie à ­Rhiannan Iffland, une légende du Red Bull Cliff Diving, de faire au moins l’une de ces choses. Aussi, lorsque l’idée d’une plongée depuis le pont de La Balme (19,5 m), dans le sud-est du pays – shootée par le Suisse Dean Treml – a été évoquée en septembre dernier, elle a sauté sur l’occasion. Instagram : @deantreml

13


CLUB CULTURE À BERLIN

Les boîtes à silence Un nouveau livre de photographies saisit la beauté triste de la scène nocturne berlinoise, à l’agonie. Pour combien de temps encore ? Le vendredi 13 mars 2020 fut plus funeste que jamais pour les clubs berlinois. Les lieux emblématiques de la ville ont été — comme beaucoup d’autres en Europe — contraints à la fermeture pour une durée indéterminée. Les enceintes se sont tues, les verres ont été remisés, les dancefloors nettoyés une ultime fois et les portes se sont refermées. Plus d’un an après le début de la pandémie, ces établissements demeurent clos. Mais alors que les noctambules berlinois expriment vivement leur désir de retrouver la fête, les employés des clubs souffrent bien plus de cette fermeture prolongée. Propriétaires de clubs, danseurs, DJs, barmans et barmaids, restent privés de leur moyen de subsistance.

Le livre Berlin Club Culture in a Time of Silence illustre ce moment extraordinaire de l’histoire d’une place forte de la vie nocturne. La photographe Marie Staggat et le journaliste Timo Stein documentent les lieux phares désormais désertés, de la nuit berlinoise. Le produit des ventes du livre sera reversé aux établissements concernés. « Les clubs ont été les premiers à fermer et seront les derniers à rouvrir, explique Marie Staggat. Ce sont des espaces sûrs et historiques. » Pourtant, l’avenir demeure incertain. « C’est angoissant de pénétrer ces lieux sans savoir quand ils rouvriront, ajoute Staggat. Le retour du soleil et le vaccin suscitent un timide espoir de reprise. » Instagram : @hush.berlin

LOU BOYD

Uli Wombacher, 46 ans Co-fondateur, Watergate Club

14

MARIE STAGGAT

« Vous vous réveillez et lisez les commentaires de politiciens qui affirment qu’il faudra encore attendre avant de faire la fête. Ils n’ont aucune idée de l’impact de leurs mots sur le public concerné. Personne n’aurait l’idée de dire qu’écouter de la musique classique ne sera pas possible pour plusieurs années. » THE RED BULLETIN


Juschi, 33 ans Organisatrice de soirées, au Birgit & Bier « Les soirées prolongées me manquent, c’est clair. Rentrer chez soi à 1 heure du matin, revenir frais et dispo le lendemain matin et retrouver les gens de la veille qui, entre-temps, n’ont pas cessé de faire la fête. Une expérience unique. Parfois, les clients revenaient prendre le soleil en terrasse, après y être restés plus de 15 heures. Cette liberté me manque, l’absence de contraintes, des gens différents qui s’amusent ensemble. »

Heike, 49 ans ; Alex, 43 ans Agents d’entretien, au Sameheads Alex : « J’aime quand je viens ici le matin, croiser les derniers clients. Le désordre que nous trouvons nous réjouit autant que l’ordre que nous laissons après notre travail. » Heike : « Ma plus grande crainte est que l’endroit ferme définitivement. Je n’aurais plus de raison de me lever le matin. Il est mon ancrage, ma raison d’être. » THE RED BULLETIN

15


Après des années de galère à mixer avec une prothèse en guise de bras, cet universitaire fait désormais danser les foules au rythme de sa pensée. Bertolt Meyer est professeur de psychologie à l’université de technologie de Chemnitz, en Allemagne. La techno est son autre dada. Depuis une quinzaine d’années, il mixe et participe à des festivals avec son groupe, Polytron. Une réussite qui n’a pas été simple. Meyer est né sans avantbras gauche. Sa prothèse i-LIMB contrôlée par des signaux électriques émis par les muscles de son bras, permet à l’homme de 44 ans de faire pivoter sa main à 360° et saisir des objets, mais pas d’actionner les touches de son synthé. « La manipulation de petits boutons exige une dextérité que ma prothèse ne peut 16

imiter », explique Meyer. Mais, un jour, il a l’idée d’envoyer les signaux musculaires destinés à sa prothèse directement à son synthé. Un an plus tard, il crée SynLimb, un dispositif lui per-

THE RED BULLETIN

LOU BOYD

Le son de l’esprit

DANIEL THEILER

BERTOLT MEYER

mettant de faire de la musique par la pensée. Il comprend par ailleurs que tous les boutons d’un synthé modulaire ont une entrée associable à une tension. Toutefois, les signaux émis par la prothèse sont trop faibles et nécessitent d’être amplifiés, une compétence en ingénierie électronique dont Meyer ne dispose pas. Il trouve la solution en découvrant le Field kit, un appareil portatif capable de capter les impulsions électriques quelle que soit la source (lumières, mouvements…), et fabriqué par KOMA Electronik, une société berlinoise spécialisée dans l’électronique musicale. Cette dernière consent à lui fabriquer une version pour son usage spécifique, et son conjoint Daniel Theiler, artiste et architecte, lui imprime en 3D un adaptateur destiné à sa main artificielle. Désormais, en branchant les câbles du SynLimb directement au synthétiseur, Meyer mixe aussi bien qu’avec les doigts d’une main. « Selon le branchement choisi, je peux par la pensée modifier la hauteur d’une mélodie ou la fréquence d’un filtre, explique-t-il. Je pense le mouvement comme si je l’exécutais naturellement avec la main. Je suis même plus rapide que mes pauvres amis valides. » Non seulement le SynLimb règle le problème de Bertolt Meyer, mais en plus il élargit ses choix artistiques, améliore sa rapidité d’exécution et lui permet, en prime, de sortir bientôt son premier EP, T he SynLimb Sessions. « Un DJ valide utilise une main par ­bouton, chose qui m’était inaccessible jusque-là, explique-t-il. Désormais, cette limite a disparu, et ma créativité s’est accrue. Mon handicap est devenu un atout dans l’univers de la création musicale. » Twitter: @myo


REVOLVE AIR

En roue libre

MATTEO MOCELLIN/STORYTELLER-LABS

LOU BOYD

Un designeur italien a créé une roue pliante révolutionnaire et décidé d’en faire un vecteur de changement au lieu de la vendre au plus offrant. Andrea Mocellin a passé une grande partie de sa carrière à concevoir des voitures de luxe ou des véhicules clinquants et futuristes. Au sein de la société aérospatiale munichoise Lilium, ce concepteur a contribué à mettre au point le Lilium Jet, un taxi volant électrique de luxe à décollage et atterrissage verticaux. Depuis six ans, Mocellin consacre ses loisirs à un autre type d’invention, moins ostentatoire, mais bien plus importante. Son fauteuil roulant pliable pour le voyageur du XXIe siècle est si compact qu’il trouve aisément place à l’arrière d’un taxi ou dans un avion, et si léger qu’il se porte sous le bras. Poussé par l’envie de créer un produit plus valorisant que ses contrats professionnels, l’inventeur s’est lancé dans ce projet qui lui tient à cœur en THE RED BULLETIN

Penser grand et fabriquer petit : l’inventeur et concepteur Andrea Mocellin et son fauteuil roulant Revolve Air, compact et innovant.

2014. « Je travaillais avec des marques de luxe dans l’industrie automobile et j’étais frustré, confie Mocellin. Les produits devaient être toujours plus beaux et plus chers, mais au fond, le produit restait le même. » L’Italien s’est alors emparé de la partie la plus simple d’un véhicule — la roue — et l’a déconstruite en s’inspirant de la sphère d’Hoberman — un jouet pour enfants dont la structure est capable de se plier à une fraction de sa taille normale par l’action de ses joints en forme de paire de ciseaux — pour concevoir une roue hexagonale pliable et rétractable à la manière d’un parapluie. Mocellin aurait pu toucher le pactole en proposant sa création à une marque de vélos ou un constructeur automobile haut de gamme, mais il a opté

pour une utilisation qui lui semblait plus importante. « Les utilisateurs de fauteuils roulants m’ont manifesté leur intérêt quant à l’amélioration potentielle de leur vie, explique-t-il. J’ai fait le tour du monde pour recueillir leurs souhaits en termes de fonctionnalités, mais aussi d’esthétique. » Résultat : plié, le Revolve Air équipé de la roue de Mocellin a une taille 60 % plus petite qu’un fauteuil roulant classique. Sa conformité aux normes internationales en matière de bagages à main évite aux voyageurs de se présenter des heures avant le vol afin d’enregistrer leur fauteuil. La prochaine étape, poursuit Mocellin, consistera à créer un réseau de location du fauteuil dans les aéroports. « L’idée est d’en faire un service disponible à l’aéroport ou auprès des compagnies aériennes, de sorte que les personnes qui ne peuvent pas s’offrir ce fauteuil super léger puissent en louer un avec leur billet », précise-t-il. Les usagers réserveraient le Revolve Air avant leur vol, et le restitueraient à leur retour. Ils pourraient ainsi voyager en toute légèreté. Pour autant, Mocellin ne délaisse pas la conception de produits de luxe. Désormais, il combine les deux mondes, en travaillant à une édition limitée de fauteuils roulants en fibre de carbone, encore plus légers, personnalisables et assortis à la voiture du propriétaire. « Grâce à la taille réduite du fauteuil, les gens peuvent à présent s’acheter une voiture de sport de prix », explique-t-il. Mocellin entend à l’avenir utiliser sa roue pour d’autres modes de transport, tels que les vélos et les poussettes, et même les véhicules aérospatiaux. « C’est ce que j’ai toujours voulu faire, confie-t-il. Utiliser le design comme ­vecteur de changement. » revolve-wheel.com   17


Le photographe français de 31 ans, très suivi sur les réseaux, et soutenu par la marque de sport On (Running), pense que la bonne image vient en vivant, et que se lancer dans quelque chose ne signifie pas tout plaquer. the red bulletin : Quels appareils photos utilisez-vous ? alex strohl : Comme le DalaïLama, mon appareil photo préféré est celui que j’utilise. (rires) C’est lui qui disait qu’il faut que la pensée, l’action et le ressenti doivent tous être alignés : on doit faire ce qu’on pense, et penser ce que l’on sent. Moi, mon appareil préféré, c’est le Canon R5. Il y a sa petite sœur aussi, le R6, plus léger, et l’objectif grand angle Canon 1535. Pourquoi avez-vous commencé à poster sur les réseaux sociaux, Flickr puis Instagram ? Faire des photos juste pour les garder dans ma petite boîte, ça ne m’intéressait pas, je voulais de l’inter­ action, savoir ce que les autres en pensaient, ce que les autres faisaient. La photo a cet aspect convivial. J’étais très actif en ligne. Vous souvenez-vous de votre première photo Instagram (en 2011) ? C’était un tas de neige. Marron, avec un lampadaire au-dessus, à l’heure bleue. Il y avait un peu de lumière encore dans le ciel, ce lampadaire un peu glauque. Et ce tas de neige sale. Je l’avais prise à l’iPhone, à l’époque, on prenait tout à l’iPhone. À voir vos photos, votre vie en Amérique du Nord, où vous vivez depuis 2009, est un régal… C’est celle à laquelle j’aspire avec ma femme, Andrea. On projette notre inspiration. Bien sûr, on ne peut pas la vivre exactement comme ça, mais

18

ça fait plaisir. Forcément, on filtre ce qu’on donne à voir. Mais j’ai l’impression que de plus en plus, la tendance est à montrer plus de choses brutes, avec moins de filtres, plus de choses du quotidien. On dirait que c’est cela le storytelling sur Instagram en 2021. Comment faites-vous pour garder un regard curieux sur le monde et intégrer cela dans votre vie sans tomber dans l’obligation ? Ça va, ça vient. Parfois je fais des photos avec mes yeux, et ne touche pas un appareil pendant un mois. On naît avec un appétit pour l’esthétique, ou pas. L’appareil photo, c’est un outil avec lequel on peut jouer : on apprend les règles, et puis on s’amuse à les casser, à les changer, à devenir propriétaire de ses propres règles. Comment différencier une bonne photo Insta d’une bonne photo tout court ? C’est quelque chose d’intemporel, et l’intemporel, c’est subjectif. Quel est le secret pour faire une bonne photo Instagram ? (rires) Ça change tous les jours … Mais en gros, une bonne photo Insta, c’est une photo qui est un peu « bête » : une composition simple, un lac de montagne par exemple, avec une belle réflexion sur l’eau, quelque chose de bien symétrique et stable, car la plupart des gens aiment la symétrie et la stabilité dans l’image – moi y compris. C’est l’instinct humain, c’est pour ça que notre visage est symétrique. Si tu recrées l’humain sur la photo, les gens connectent plus. Une photo qui fonctionne sur Instagram, c’est une

Donc votre conseil pour un ou une photographe en herbe, ce serait de profiter de sa vie et d’y trouver les moments pour faire les bonnes photos ? Avant tout, moi je vais dans la forêt pour aller dans la forêt, et puis j’emmène mon appareil. Le jour où je fais l’inverse, c’est un problème. C’est aussi ce que je dis aux gens qui participent à mes ateliers et qui disent vouloir tout plaquer pour se lancer à fond dans la photo. Il faut commencer petit, humblement, ne pas lâcher son job pour autant. Les grandes actions à tout balayer du jour au lendemain, c’est rare que ça marche. Il y a peu de moments-clés où tout change. Pour faire de la photo ou n’importe quoi d’autre, il faut apprendre à aimer la routine et la répétition. Si on apprend à aimer l’entraînement, et tout ce qui est dur et chiant… alors il n’y a pas de limites. Il ne faut pas devenir accro à la victoire ni à la récompense, mais à l’entraînement. Il faut apprendre à aimer la douleur. Tous les athlètes le disent. Il y a toujours une part de talent, mais aussi beaucoup de travail. Justement, et ce qui fait la différence, c’est la part de travail.

Instagram : @alexstrohl

THE RED BULLETIN

CHRISTINE VITEL

Commencer petit

photo avec laquelle les gens interagissent, soit à cause de l’histoire derrière la photo, soit pour l’élément « humain ». Ça me fait penser à Steve McCurry, le photographe de National Geographic. Ses photos révèlent une histoire profonde. Il a eu la chance de voyager à une époque où le monde était un peu moins uniformisé. Si on allait en Inde maintenant, là où il était, les gens porteraient des tee-shirts Nike. Lui a eu la chance de voyager dans un monde qui ressemble aujourd’hui à un musée. Ce qui, de nos jours, peut rendre une photo pertinente sur Insta et pour le futur, c’est un moment hors du temps, unique.

ANDREA DABENE

ALEX STROHL


« Je vais dans la forêt pour aller dans la forêt, et puis j’emmène mon appareil. » THE RED BULLETIN

19


Un cycle vertueux Un groupe de cyclistes et mécanos ouvre le premier bikeshop au sein de la plus grande nation indigène d’Amérique, pour réparer des vélos, mais pas que. La nation navajo constitue le plus grand territoire indigène aux États-Unis. Sa superficie d’environ 70 000 km² couvre l’Arizona, l’Utah et le Nouveau-­ Mexique, soit plus grande que dix États américains réunis, et abrite plus de 173 000 Navajos — ou Dinés, selon leur propre désignation. Pour beaucoup de Navajos, le vélo est le moyen de renouer avec la nature et leur terre sacrée, la Diné Bikéyah. Cela est légitime si ce n’est l’absence totale de magasins de vélos dans la réserve. L’année dernière, Scott Nydam, fondateur 20

Une bouffée d’air : l’atelier MRC va à la rencontre des riders navajos.

de ­l’association Silver Stallion Bicycle & Coffee Works basée dans la ville frontalière de ­Gallup, a décidé de pallier ce manque. Né à Denver, cet ancien cycliste professionnel de 44 ans a réuni une équipe de mécaniciens et de cyclistes navajos, transformé un camion militaire en un atelier de réparation entièrement équipé qui sillonne le territoire afin de proposer ce service indispensable directement aux habitants. « Nous nous efforçons de combler l’absence totale de ce secteur dans la nation navajo, explique Nydam. À savoir l’accessibilité neutre qu’offre un magasin de vélos. » Pour l’écrivaine navajo Renee Hutchens, qui travaille au Mobile Ride Center (MRC) depuis un an, il s’agit de fournir bien plus qu’un service. « Le vélo est directement lié à l’histoire de la marginalisation des navajos et des tribus environnantes, explique-t-elle. L’accès

THE RED BULLETIN

SHAUN PRICE

SILVER STALLION

au vélo exige une infrastructure. L’absence de celle-ci dans la nation navajo n’est pas due au hasard ; pour le comprendre, il faut connaître l’histoire des peuples autochtones des États-Unis. » L’an dernier, les gens ne pouvaient plus sortir de la réserve à cause de la pandémie, l’aide de la MRC s’est alors faite plus pressante. Le New Mexico Outdoor Equity Fund a investi 10 000 dollars (8 250 euros) pour lancer le projet ; la fondation Catena, basée dans le Colorado, a également fourni des fonds et la South­ west Indian Foundation le camion. « La COVID a mis en lumière l’importance des ateliers de vélos, affirme Nydam. Les populations marginalisées ont le plus souffert de la COVID, renchérit Hutchens. Leur fermeture due au confinement a stimulé l’innovation. L’atelier mobile s’est avéré être un magnifique exemple de l’aide que nous pouvons apporter à notre communauté. » Au cours des huit derniers mois, la MRC a réparé 454 vélos et fabriqué 29 de toutes pièces dans sept communautés. Mais pour l’équipe, cette activité n’est qu’un aspect de son travail dont le but est de doter la nation navajo d’une nouvelle culture du vélo. « Nous formons la prochaine génération de cyclistes, déclare Hutchens. Le vélo apaise ; il guérit de certains traumatismes subis par les habitants de notre territoire depuis des siècles au point de faire partie de l’identité même de la nation navajo. Notre société traditionnelle se fonde sur la parenté mutuelle et le lien avec la terre. Les services que nous fournissons s’inscrivent dans cette tradition. » bicyclecoffee.org/mobileride

LOU BOYD

Lumineuse initiative : l’atelier mobile Silver Stallion à la tombée de la nuit.


AWOLNATION

Il entend des voix Connu pour son style unique, Aaron Bruno, du groupe US Awolnation, revient sur quatre performances vocales folles.

HENRY DILTZ/RED BULL CONTENT POOL

WILL LAVIN

Aaron Bruno est un homme aux multiples voix. La capacité de l’auteur et interprète californien à passer du cri passionné à la voix de fausset, puis à des tons suaves et mélodieux, l’a propulsé de ses débuts modestes avec son groupe punk au lycée, à la consécration mondiale avec Awolnation, son groupe rock actuel. Une décennie bien remplie : révélé en 2010 avec le single Sail, ses quatre albums se vendent depuis par millions et totalisent plus de 1,5 milliard d’auditeurs. « C’était comme une expérience scientifique, confie Bruno à propos de Megalithic Symphony, premier album du groupe sorti en 2011. L’intérêt qu’il a suscité me sidère encore aujourd’hui. » Comme ces quatre prouesses vocales qui ont inspiré Bruno vers le succès. awolnationmusic.com

Nirvana

Daryl Hall & John Oates

Where Did You Sleep Last Night (1994)

Sara Smile (1975)

« Je l’ai entendue pour la première fois une nuit où j’avais veillé pour regarder MTV Unplugged. En voyant Kurt ­Cobain reprendre cette chanson de Lead Belly (chanteur folk/blues, ndlr), je me suis dit : “S’il monte d’une octave et hurle la mélodie, je pète un câble.” La tension est montée et il a crié : “My girl, my girl, don’t lie to me.” Ce moment a changé ma vie pour toujours. » THE RED BULLETIN

« En plus d’être une super chanson avec une section ­r ythmique incroyable, ce titre, Sara Smile, est vocalement exigeant, il faut beaucoup de patience pour en maîtriser l’interprétation. J’ai toujours aimé cette composition, adaptée à mon registre vocal. Il y a environ onze ans, j’étais dans un parc, je fumais seul des joints et m’évertuais à la chanter en vain. Je n’y arriverai jamais, mais c’est sympa d’essayer. »

Rage Against the Machine

Prince and the Revolution

Freedom (1992)

Kiss (1986)

« Si je devais choisir le meilleur cri enregistré de tous les temps, ce serait celui du chanteur Zack de la Rocha dans les trente dernières ­secondes du titre Freedom, qui constituent aussi la meilleure partie du morceau. La note qu’il ­atteint — la rugosité dans sa voix, la ­douleur et la rage pure — est époustouflante. Tout y est. Cette note est devenue le Graal pour moi. »

« Quand elle est sortie, j’ignorais qui la chantait. Je l’ai entendue dans la voiture de mon père, j’avais huit ou neuf ans et j’ai adoré. Mes potes se ­moquaient de moi quand je la chantais, tellement ça montait dans les aigus. Quand j’ai su que c’était Prince, son look si particulier m’a redonné confiance en moi et fait comprendre que je chantais avec une voix de fausset. »   21


«  Ces photos d’apnée sont mes projections mentales » Auprès de l’élite de l’apnée, Franck Seguin accompagne des phénomènes passés d’explorateurs de l’inconnu à icônes du monde digital. Texte PH CAMY

L’avenir

Rade de Villefranche-sur-Mer, France, 2006 « L’une de mes premières photos d’apnée. Je rencontre ces champions français, et je veux faire connaître ces aventuriers dans la presse, car quelque chose d’important naît : l’avenir. Je deviens alors ami avec Guillaume Néry. Pour cette photo, je lui ai demandé de porter une combinaison colorée, plutôt que ses vieilles tenues noires habituelles. »

22

THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN

23


Le marcheur

Au large de l’île Maurice, océan Indien, 2017

« Le projet One Breath Around The World : deux ans de par le monde à la rencontre de gens et de lieux d’exception. Ici, à 20m, Guillaume marche au milieu de ce groupe de femelles et de jeunes cachalots. Le cachalot est l’apnéiste du monde animal le plus performant, avec des apnées atteignant 90 min et des descentes vertigineuses à plus de 3000m de profondeur. »

24

THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN

25


26

THE RED BULLETIN


Superhéros

Îles du Frioul, Marseille, France, 2015

Un extraterrestre

Cénote Angelita, Yucatán, Mexique, 2018

« Pour le double champion du monde Morgan Bourc’his, qui a commencé par être enseignant, les autres comptent beaucoup. C’est un mec extraordinaire, d’une extrême bonté, aux capacités physiques hors-normes. Ce pote que tu rêverais d’avoir, avec lequel rien ne peut t’arriver. Je l’ai toujours vu comme un superhéros. Ça va bien avec cette photo. »

« Guillaume Néry dans un nuage de sulfure d’hydrogène, une réaction chimique entre l’eau douce, l’eau de mer et la putréfaction des arbres qui tombent dans ces rivières sous-marines depuis la surface de la jungle. Il paraît décontracté, mais il est à 30 m de fond, et nous sommes au milieu de la jungle, à près de 5 h de piste de quoi que ce soit. »

THE RED BULLETIN

27


Le Mbappé de l’apnée ?

Rade de Ville­ franche-sur-Mer, France, 2021 « Celui qui devrait être la future grande star, Arnaud Jerald. Un mec moderne, branché, très performant. Il vient de loin, car il a souffert de dyslexie et de dyspraxie étant jeune, et aujourd’hui c’est un peu un Kylian Mbappé de l’apnée. Son image, ou son esprit, se multiplie dans l’eau, avant qu’il ne bascule dans l’autre monde, à 111 m. »

28

THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN

29


Bienveillance

Tahiti, Polynésie française, 2019 « Arnaud Jerald à gauche, Guillaume Néry à droite. Le jeune prodige et le Master – des rôles que les deux plongeurs acceptent bien volontiers. Entre les apnéistes français, ça n’est que de la bienveillance et de l’entraide. C’est une photo un peu symbolique, mais on ne va pas parler de passation, parce que Guillaume, l’aîné, reste le leader mondial incontesté, c’est un extraterrestre. »

Cosmique

Rade de Villefranche-sur-Mer, France, 2020 « Néry dans l’espace. Avec cette photo, j’ai l’impression d’avoir réussi à retranscrire un aspect cosmique du fond de l’eau. Dans un site et avec un apnéiste que je connais très bien, je me suis attaché à trouver des bleus différents, à me renouveler. »

30

THE RED BULLETIN


Un dessin

Tahiti, Polynésie française, 2019 « Guillaume (droite) toujours ravi d’embarquer Arnaud (gauche), ce champion qui prend son envol, dans un projet ou une virée. L’idée de cette image, c’était de voir le jeune prodige évoluer avec le grand champion, dans un instant complice. Cela rappelle les bandes dessinées d’aventures, avec l’épave d’avion, et les poissons à leurs trousses. Ça pourrait être un dessin. »

THE RED BULLETIN

31


32

THE RED BULLETIN


LE PHOTOGRAPHE « L’apnée évolue rapidement, et sa pratique explose à travers le monde. On est loin du Guillaume en lunettes de piscine, qui ouvre ce sujet ». L’apnée, Franck Seguin (photojournaliste, et responsable de la photo à L’Équipe) la documente depuis 15 ans, à son top : des Français pour la plupart, dont l’icône planétaire, Guillaume Néry. « Quand j’ai connu ces mecs, c’était des aventuriers, des leaders qui exploraient un monde inconnu », se souvient Franck Seguin. Désormais, le monde digital relaye volontiers les performances et exploits esthétiques de ces champions, et Franck n’est jamais loin. Notamment dans la fameuse rade de Villefranche-sur-Mer, lieu historique de l’apnée. Mais pas pour engranger les followers sur les réseaux sociaux. « J’essaie de raconter des histoires, de documenter les ­aventures de champions reconnus ou de jeunes prodiges car je suis avant tout photojournaliste. Mon métier, c’est d’informer. » Instagram : @franckseguinphoto

L’apnée

Rade de Villefranche-sur-Mer, France, 2006 « Cette photo, c’est l’apnée. L’inspiration avant de plonger, ou la première goulée d’air en revenant à la surface… Ce genre d’image n’existait pas à l’époque. Quinze ans se sont écoulés, et désormais, avec des talents comme Arnaud Jerald, je documente le futur. Avec lui et ses aînés, dont Guillaume Néry, ici, nous avons d’autres histoires à raconter. »

THE RED BULLETIN

33


Birdman & Joker

Le blockbuster de l’été, une production The Red Bulletin : Hawk et Matheron à Encinitas, Californie, le 24 mars 2021. Un pilier de la culture alternative mondiale et un jeune Marseillais qui déploie ses ailes aux USA.


Un Américain de 53 ans qui a façonné le skate moderne. Un Français de 23 dont l’aventure nefait que débuter. Tony Hawk et Vincent Matheron font la paire en mode inspiration mutuelle : à base de respect, de pluralité et de bonne attitude.

Texte PH CAMY Photos ATIBA JEFFERSON

35


« Dans le skate, on montre du respect aux gens qui sont passés avant nous. » Vincent Matheron

« T

ony est partant pour le sujet de couv avec Vincent, par contre, Vincent vient de se péter la cheville, il rentre en France se faire opérer. » En mai de l’an dernier, quand nous recevons ce WhatsApp depuis la Californie, on se dit que 2020 est décidément une année de m**de. L’opportunité d’un sujet croisé avec Tony et Vincent semblant être enterrée à jamais. Pardon… Tony, c’est Tony Hawk un pionnier du skate, l’inventeur d’un nombre insensé de figures, l’un des architectes du skate moderne et l’un des entrepreneurs des action sports les plus influents au monde. Une icône médiatique et le nom associé au jeu vidéo de skate le plus joué de tous les temps. Aussi, un mannequin occasionnel qui a posé pour des pubs US (Got milk?). Et il a même fait l’acteur (rematez donc Police Academy 4…). Bref : une star. Vincent, c’est Vincent Matheron. Un jeune skateur de 23 ans, débonnaire, Marseillais, au naturel. Un gars que son père et son oncle ont mis dans le fameux bowl de sa ville dès ses 4 ans. Un skateur dans l’âme qui n’a jamais cessé d’en faire (du skate) et une personnalité attachante qui saisit à l’instinct toutes les opportunités que sa passion lui présente. Quand son futur manager, Jérémie Grynblat, lui propose de le suivre sur des événements et contests, le gamin de 11 ans n’hésite jamais. Mais tiendra à obtenir son bac (S) en l’honneur de sa mère (enseignante dans les quartiers nord de Marseille ; papa, lui, est frigoriste). Il s’inscrit ensuite en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), mais c’est délicat. « Ils voulaient que je sois de haut niveau dans des sports que je n’avais jamais pratiqués, raconte Vincent depuis son appart d’Encinitas (le Hossegor californien, 36

en mieux). Je voulais faire du skate, je voulais être noté sur le skate, pas sur le badminton. Et il faut dire qu’avec les compétitions de skate à droite à gauche, je n’avais pas vraiment le temps de travailler. L’encadrement n’était pas vraiment souple, ils ne comprenaient pas ce que je faisais, en fait. » Fini STAPS, bonjour les US, où Vincent s’installe fin 2019.

Pas là pour gratter

Il y fait la connaissance du skateur monumental qui pose avec lui sur notre couverture. « En fait, je connaissais déjà bien ses fils, explique Vincent à propos de Hawk. Notamment Miles et Calvin, qui sont devenus mes meilleurs potes aux États-Unis, à force de les croiser sur des contests et des événements. Il faut savoir que Tony est toujours présent sur des contests en tant que speaker ou host pour la télé américaine, et à chaque fois il vient en famille, c’est un peu dans son deal pour venir. Ça n’est pas une grosse exigence pour un mec comme lui. C’est quelqu’un qui aime donner, il aime faire partager des choses à sa famille, que ses proches puissent en profiter, et je trouve ça génial. » La famille Hawk est accueillante au point d’héberger Vincent quelques mois à son arrivée en Californie. Il habite une maison dans le jardin, « entre la piscine et le skatepark ». Hawk l’invite même sur ses rampes. C’est sur l’une d’elle que Vincent se blesse en juin 2019. « Je me suis fait une triple fracture malléolaire de la cheville droite. Je me suis cassé la malléole interne, l’externe, et celle du milieu… Là, un an après, j’ai toujours 15 vis, 3 broches et deux plaques. Je devais enlever tout ça en mars, mais je préfère attendre après les Jeux (le skate y THE RED BULLETIN


« Si vous voulez que votre carrière dure, vous devez réfléchir au-delà de votre industrie. » Tony Hawk


« Vous pouvez être le meilleur, mais si personne ne veut collaborer avec vous, vous n’irez pas loin. » Tony Hawk


« Tony connaît tout du skate, et si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à lui. » Vincent Matheron

39


« Tony Hawk t’apprend à faire un tricks qu’il a inventé ! » Vincent Matheron


sera présent pour la première fois en août au Japon, ndlr). » Cheville en vrac, retour en France. « Là, je rentre chez mes parents, mais je n’ai même plus de lit car mon frère occupe ma chambre, du coup mon père installe un matelas dans le salon, on improvise. » On est loin du « entre la piscine et le skatepark », et Vincent, qui commençait à bien se déployer en Californie, n’est pas à son top… « On est avant l’été, je suis blessé, je suis alité un mois et demi, et en béquilles pendant un mois et demi encore… trois mois à ne rien faire. Je suis dans un mauvais mood. Et puis je vais en rééducation à Capbreton, et je fais un séjour en Autriche, à l’Athlete Performance Center de Red Bull. Je repasse à Marseille pour avoir le feu vert de mon docteur, et je repars aux US. » Acharné, Matheron reskate intensément et reconnecte naturellement avec Miles et Calvin Hawk. Le daron, l’aigle, n’est jamais loin, et se prend d’affection pour le kid de Marseille. « J’étais super pote avec ses fils, et ça s’est fait comme ça, à force de skater ses rampes, de discuter. Tony parle un peu français, il adore la France et moi, en tant que Marseillais, j’ai une grosse bouche, alors on rigole bien. Mon surnom, c’est le ­Joker, je fais bien rire tout le monde, donc ça aide. Et je ne suis pas timide, Tony Hawk, je lui parle normalement. Je pense qu’il a apprécié ça. Avec l’expérience et la longévité qu’il a dans le skate, il sait repérer les gens qui viennent le voir pour le gratter. Moi, je m’en fous de le gratter. »

lité. Vous pouvez avoir du succès dans le skate sans avoir les meilleures compétences si vous êtes plaisant à regarder, et agréable à côtoyer. Pour avancer, dans quoi que ce soit, vous devez donner envie aux autres de travailler avec vous, car vous pouvez être le meilleur, mais vous n’irez pas loin si personne ne veut collaborer avec vous. » De son côté, Vincent trouve dans la légende des action sports US (et l’un des acteurs de cette scène les plus fortunés), un homme accessible. « C’est celui qui a le plus réussi grâce au skate, mais c’est le mec le plus humble que je n’ai jamais rencontré. D’autres à sa place prendraient les gens de haut. Je respecte trop ça. » Comme dans la musique metal où les groupes pionniers sont respectés par les nouvelles générations, le skate semble avoir le respect des anciens. « Dans le skate, on a un respect pour les gens qui sont passés avant nous. Et s’il y a des personnes qu’on n’a pas de raisons de respecter, au moins, on ne les juge pas », dit Vincent. Et Tony, de l’autre côté du respect, de préciser : « Je pense que ce respect que montre la jeune génération est plus concret que jamais, grâce aux informations qui sont à sa disposition. Désormais, quelqu’un comme Vincent peut comprendre les origines des tricks qu’il fait, les raisons pour lesquelles des mecs skatent de telle ou telle manière, ont telle ou telle technique. Il y a dix ou quinze ans, les jeunes skateurs n’avaient pas facilement accès à ces informations. »

Du respect

Bien plus qu’un hobby

Tony Hawk fait montre d’une bienveillance sincère envers Vincent quand on l’interroge sur le skateur français. « Vincent Matheron est quelqu’un d’unique, qui a son propre style, et qui n’essaie pas de s’aligner sur les trucs qui sont cool en ce moment. Il est vraiment doué et il a une très bonne personna-

Celui qui s’exprime a débuté à l’aube des années 80, quand tout restait à écrire. Parmi ses rares mentors à l’époque, l’Américain Stacy Peralta, un entrepreneur du skateboard, team manager, propriétaire de marques, réalisateur et directeur artistique qui a élaboré une esthétique visionnaire et

Chacun son style : Hawk et son invité lors d’une session maison. Il apprécie chez le jeune Français son approche large du skateboard, et sa personnalité. THE RED BULLETIN

41


« Nous avons besoin de moins de division dans le skate, et Vincent est quelqu’un qui pourrait combler ce fossé. » Tony Hawk

sophistiquée de la culture associée au skate, avec, entre autres, sa fameuse Bones Brigade qui regroupait Hawk, mais d’autres phénomènes, comme Steve Caballero ou Tommy Guerrero. « Stacy Peralta nous a donné l’opportunité de faire des choses au-delà de la pratique du skate, comme des publicités, des films, ou d’autres genres de projets assurant la promotion du skate. Il nous a montré que le skateboard peut être plus qu’un simple hobby. » Et Hawk, à son contact, de développer une approche globale, curieuse et diverse de sa passion : ne pas se fixer que sur sa pratique, son métier ou son savoir-faire premier. « Si vous voulez avoir une certaine longévité, si vous voulez que votre carrière dure, vous devez réfléchir au-delà de votre industrie. » Malgré ses activités diverses, Hawk avance avec le skateboard toujours en tête. « L’une des valeurs du skate, que l’on pourrait appliquer à bien d’autres choses, c’est la prise de risques, et la persévérance : ­essayer encore et encore 42

de faire quelque chose… Beaucoup de gens qui ne font pas de skateboard abandonnent facilement, mais quand vous faites du skate, vous savez que vous devez continuer à essayer, essayer, essayer jusqu’à ce que vous y arriviez. Cela vous apprend à trouver votre propre voie, à créer votre propre style. Et quand je parle d’aimer prendre des risques, je ne parle pas que des risques physiques, ça concerne aussi les affaires. Aimer tester de nouvelles choses. » Et apprécier ceux qui essaient et persévèrent. Vincent peut en témoigner. Il profite carrément des conseils du maître. « Tony est très bon coach. Il m’a notamment appris à faire une figure de rampe qui s’appelle invert. Il me donnait des conseils, “mets plus la tête comme ça, mets ta main entre les jambes, tu y arriveras mieux”… Il me filmait, on regardait les vidéos… Du coup j’ai posté une vidéo sur Instagram en mettant : “filmé par Tony Hawk, merci !” Tu imagines, il t’apprend à faire un THE RED BULLETIN


Ce dont tout jeune désirant vivre de sa passion pourrait rêver : un boss de sa discipline dispo pour échanger. Et l’écouter.

journée, car comme dit IAM, “Demain c’est loin”. J’essaie d’être une meilleure personne chaque jour, de toujours progresser. Des fois, j’y arrive, des fois non. J’apprends des choses, même si je ne m’en rends pas compte immédiatement. » On ne pouvait ­discuter avec un Marseillais sans qu’il ne fasse référence au rap local, dont les anciennes comme nouvelles générations l’inspirent. « J’aime bien Jul, parce qu’il est très connu mais il est ­super humble. Il sait que c’est grâce à ses fans qu’il en est là. J’aimerais vraiment le rencontrer. Aussi, j’aime bien Stallone, il est parti de rien, et tu vois où il est arrivé ? Jul ou Stallone ont su saisir leur chance, ils ont provoqué leurs opportunités. Ils ont bossé, bossé. » L’Ovni et Rocky, le rap et le ciné d’action, des cultures populaires d’envergure mondiale. Tony Hawk a fait carrière dans une scène qui n’a pas bénéficié à ses débuts d’un rayonnement auprès du grand public, et lui et quelques autres ont contribué à faire du skate un phénomène planétaire, Hawk devenant son icône ultime, une silhouette et un nom qui veulent dire skateboard. Vincent évoque un épisode charnière dans la carrière de l’Américain. « Avant de rentrer son fameux 900, Tony n’était connu que dans le monde du skate, c’est en le faisant qu’il a été connu dans le monde entier. » Avec cette rotation de 900 degrés au-dessus d’une rampe, réalisée lors des X-Games de San Francisco en 1999, Hawk a en effet montré que le skate pouvait passer des paliers de performance insensés, et méritait plus d’attention. En 2021, sa notoriété n’est plus à faire, mais il l’utilise désormais au service des nouvelles générations, qu’il soutient en les mettant en avant sur ses réseaux sociaux. « J’aime connecter avec les nouveaux talents et les nouveaux styles, j’aime les amplifier, les montrer au monde. Si je vois quelqu’un développer une nouvelle technique, je veux soutenir cette personne. C’est pareil avec Vincent, car ce qu’il fait est impressionnant. Et il est tellement fier de son histoire, de sa ville de Marseille et de son bowl. C’est vraiment très cool. » Un cercle vertueux que Hawk a contribué à dessiner : innover dans le skate et motiver de nouveaux talents des décennies durant, et se faire plaisir en les mettant en avant, tout en motivant une scène en régénération permanente. Vincent est au cœur du processus, reconnaissant : « Les gars comme Tony, qui sont au top du top, nous ont ouvert la voie, pour qu’on fasse quelque chose de plus grand qu’eux. Et ils sont admirables parce qu’ils n’avaient pas forcément quelqu’un pour leur montrer la voie. »

Madonna et Sean Penn tricks qu’il a inventé ! » De quoi motiver le Marseillais, dont le « ­Birdman » apprécie l’approche hétéroclite : « Vincent n’est pas défini par la vert’ (la rampe, ndlr), la pool (le skate de bowl, ndlr) ou le street. Il fait de tout, et pour moi c’est inspirant, parce que nous avons besoin de plus de… (il hésite) nous avons besoin de moins de division dans le skateboard et Vincent est quelqu’un qui pourrait combler ce fossé. C’est un bon skateur dans un sens global, et c’est ça que nous devons voir davantage. Il a une bonne attitude, il aime son aventure, il n’est pas focalisé sur une idée de carrière. S’il continue à se lancer des défis, il peut aller beaucoup plus loin qu’il ne l’a jamais imaginé. »

900 degrés

Avec trente ans de moins que l’Américain, Vincent a une approche plus direct de sa carrière, un mot qu’il n’emploie en effet jamais à propos de sa vie de skateur. « Je me focus sur ma THE RED BULLETIN

Au contact de Hawk, c’est l’histoire de sa passion, de sa culture que côtoie notre évadé de STAPS. « Il connaît tout du skate, et si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Tous les tricks en bowl, tous les air, c’est lui qui les a inventés. On dit qu’il a inventé 150 tricks… Il a créé un tricks qui s’appelle Madonna parce qu’il avait un tee-shirt Madonna le jour où il l’a fait la première fois. Et l’une des variantes du Madonna s’appelle Sean Penn, parce qu’à l’époque, Madonna sortait avec l’acteur. Il a plein de trucs à raconter, il a tout vu dans le skate, tout entendu. Il a même eu un grand jeu vidéo à son nom. Ça fait plaisir d’entendre parler quelqu’un qui connaît vraiment ce qu’il raconte, qui était là quand ça s’est passé. » La chose que Vincent n’a probablement pas encore entendue de la bouche de Tony, c’est son secret tricks, qu’il nous livre en fin d’entretien : le secret de sa réussite. « Mon secret ? (Hawk se marre) Il peut s’appliquer aux personnes qui skatent, voyagent ou font du business : SOYEZ À L’HEURE ! »   43


Performer pour sauver Surf, fatbike et océan capricieux… Si l’autochtone ne parlait pas français, on pourrait se croire en Australie dans cette région de France qui vit au rythme des ­marées. Bienvenue dans les Landes, l’autre pays du sauvetage. C’est en effet cette discipline atypique qui nous y a conduit pour une immersion dans un univers sportif dont nos vies peuvent dépendre. Texte DAVID KUHN Photos ANTONIN GRENIER


Session « ski surf » dans les Landes. Cet été, ce training peut aider ces sauveteurs côtiers à préserver des vies.

45


À

vingt ans, ils ont décidé de vivre dans leur élément – l’eau – et de servir les autres, en pratiquant le sauvetage côtier. Ils et elles s’appellent Margot, Rémi, Hugo ou Rebecca et un peu partout dans ce pays, des vacanciers imprudents ou malchanceux leur doivent la vie. Athlètes de très haut niveau durant l’année, ils enfilent durant la haute saison leur tenue de nageurs sauveteurs et arpentent les plages landaises à l’affût de nageurs en détresse. À vingt ans, leurs étés s’écoulent au rythme de la surveillance des plages et des petits tracas, jusqu’à ce que le temps se fige. Un bras levé au loin, un visage crispé dans les ­jumelles… Les signes avérés d’une noyade et tout s’accélère. En intervention d’urgence, le premier adversaire à battre est le temps et dans ces cas-là, les heures d’entraînement et les bons chronos s’avèrent précieux. Il faut nager vite, fort et parfois contre le courant avant que la victime ne disparaisse sous l’eau. Il faut la ramener au bord avant la perte de conscience tandis que sur la plage, l’équipe s’active déjà dans un protocole bien rôdé. Hors de l’eau ne veut pas dire hors de danger et chacun dans l’équipe a un rôle précis à tenir dans cette chaîne de sauvetage. Préparer le matériel de sauvetage, sécuriser la zone, gérer l’entourage de la victime, appeler les pompiers, à terre le relais se prépare avec un sang-froid mécanique. Aucun ne vit de la surveillance des plages ou de la pratique sportive du sauvetage côtier et malgré des palmarès internationaux, pour la plupart d’entre eux, ils sont étudiants en biologie, enseignant, nageuse professionnelle ou ingénieur quand « la vie normale » les rappelle. Pour ces anges gardiens, il est question de vocation, d’altruisme et de passion pour un sport méconnu en France.

Marquer les esprits

La reconnaissance du sauvetage côtier en tant que discipline sportive, Anthony Mazzer y œuvre depuis de nombreuses années, quasiment depuis le jour où il a découvert ce sport, au début des années 2000 : « Je suis un ancien rugbyman. J’ai 46

découvert le sauvetage un peu par hasard, lors de mes vacances à Capbreton », annonce modestement cet ancien troisième ligne aile de 34 ans au palmarès long comme un paddle. Rapidement, ­Anthony est confronté à la précarité de ce sport dont le matériel est introuvable en France et doit être importé d’Australie, où la discipline est une religion. « J’ai mis mes études de commerce à profit en créant Oceanperf, la première marque française de matériel de sauvetage côtier avec Flora Manciet, la championne de la discipline. J’ai créé la marque alors que j’étais en année de césure en Australie. Là-bas, le sauvetage côtier est une discipline très prisée. » Une première étape dans cette quête de professionnalisation que le jeune diplômé poursuit par la création de l’Oceanperf Challenge, une compétition internationale regroupant des sauveteurs français et étrangers. « Là encore, l’idée est née en Australie lorsque j’ai assisté à une étape des Kellog’s, une série de courses professionnelles IronMan et IronWoman, la discipline phare du sauvetage sportif. Je me suis dit qu’il fallait amener ça en France. » Très vite, l’Oceanperf Challenge a rejoint la cour des grands en intégrant les circuits officiels de l’European Oceanman et du Beach Flags Tour. Antichambre des épreuves européennes ayant regroupé en 2019 plus de 400 compétiteurs issus de quatorze nations, l’événement (qui se tiendra cet été les 13 et 14 août) rassemble à chaque édition des milliers de spectateurs sur la plage de Capbreton. Et pour cause… Il est ­aussi impressionnant que visuel avec une scénographie sportive pensée pour le spectacle et le plaisir de tous. Le public s’emballe autour des courses de nage, de paddle board et de kayak. Sur le sable, on s’enflamme devant les épreuves de sprint et de beach flag. Et le spectacle d’atteindre son apothéose via les épreuves d’Oceanman (combiné nage, planche Kayak) ou les relais à deux nageurs directement inspirés des techniques de sauvetage. Au-delà des titans qui s’y affrontent durant deux jours au mois d’août, le challenge offre à voir des épreuves THE RED BULLETIN


Anthony œuvre pour la reconnaissance du sauvetage côtier en tant que discipline sportive.

Haut : Anthony Mazzer, celui qui veut faire connaître le sauvetage côtier, sport d’utilité publique, à tous. Gauche : le relais en binôme, où l’un des nageurs incarne la victime à sauver et sortir de l’eau. Ci-dessus : les Beach Flags c’est les chaises musicales ! Vingt concurrents au départ et 19 bâtons à attraper… Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. THE RED BULLETIN

47


i­ mpressionnantes et mériterait une ­reconnaissance bien plus importante : « C’est malheureusement une discipline qui manque de notoriété en France alors qu’elle voit s’affronter les plus grands athlètes mondiaux dans un show sportif fascinant », regrette ­Antony Mazzer qui reconnaît toutefois que les choses évoluent dans le bon sens grâce notamment au travail de la ­Fédération française de sauvetage et de secourisme qui œuvre elle aussi à la professionnalisation de la discipline.

Entre deux eaux

Symbole d’héroïsme et de performance, le sauvetage sportif a cette double identité qui en fait une discipline quasi mythologique à l’instar des jeux antiques. Et de l’avis de tous les jeunes champions qui ont croisé notre route, si ­pratiquer le sauvetage en club n’est pas une obligation pour être un bon sauveteur, les heures de pratique rassurent au moment de passer à l’action. Il arrive que l’intervention soit un « Stade 4 » impliquant un état de mort apparent. Et c’est une vie humaine qui est en jeu, tributaire des gestes sûrs du sauveteur, d’un massage cardiaque précis mais de l’aveu d’une sauveteuse : « Parfois la nature a le dessus. » Ces souvenirs tragiques, tous n’en ont pas, heureusement, et tous font l’impossible pour ne jamais en avoir mais l’océan en décide parfois autrement comme ils nous le racontent dans les portraits qui leur sont consacrés (voir double page suivante). Au cœur de cette famille d’un genre particulier, Anthony Mazzer fait office de parrain, élément central d’une équipe de jeunes athlètes sauveteurs qu’il soutient et dorlote. Tous sont licenciés dans différents clubs de sauvetage de la région et tous concourent sous les couleurs d’Oceanperf, aujourd’hui étendard de cette discipline tellement singulière entre prouesses sportives et réalité professionnelle parfois âpre. Des sauveteurs athlètes au profil atypique : quel autre sportif de haut niveau met ses performances au service de la vie humaine ? Quel autre athlète se dépasse pour lui-même comme pour ceux que ses aptitudes pourraient sauver ? Gardons cela en tête cet été, à la plage, et fascinés devant les prouesses qu’ils nous offriront encore lors de la nouvelle édition de l’Oceanperf Challenge. 13 au 14 août à Capbreton ; oceanperf.com 48

LE COURANT DE MARGAUX FABRE Cette championne d’Europe se livre sur une double vie où le sort de l’autre compte.

Certains se mouillent plus que d’autres. C’est le cas avec Margaux Fabre, la nageuse professionnelle de l’équipe de France (championne d’Europe en 4×100 m nage libre en 2018) qui partage sa vie entre natation, sauvetage sportif et surveillance des baignades. the red bulletin : Quand avezvous compris que l’eau était votre élément ? margaux fabre : Très tôt et très naturellement puisque mon père ‘est maître-nageur et nous a mises ma sœur et moi très rapidement dans l’eau. Et la transition de la natation au sauvetage côtier était-elle tout aussi naturelle ? Ça n’a pas été un choix au départ… ça s’est imposé à moi lorsque j’ai ­rejoint mon entraîneur, Raphaël Raymond, en 2011 avec qui j’ai fait mes débuts dans mon club du ­Canet. Il était parti à Montpellier au Pôle France de Sauvetage et Secourisme et la condition pour pouvoir m’entraîner avec lui était de me mettre également au sauvetage sportif. Après seulement une année de pratique d’un sport que vous ne connaissiez pas, vous vous retrouviez déjà au haut niveau. C’est à la natation que vous devez cette ascension fulgurante ? Ça a été un atout évidemment, même s’il ne faut pas nécessairement pratiquer la natation pour être un bon sauveteur. Il faut à minima être un bon nageur quand même et nager en mer et en piscine sont deux choses assez différentes. Il faut savoir qu’il existe deux types de compétition de sauvetage : en mer et haut plate. Mon expérience en piscine a aidé mais j’ai aussi une certaine culture de l’océan.

Les deux environnements me conviennent. Il y a forcément des choses que vous avez dû apprendre ou des habitudes de nageuse dont il a fallu se débarrasser ? Tout ce que j’ai acquis en natation m’est utile. C’est la technique à laquelle j’ai dû m’initier. Clipsage de bouée, chaussage de palmes, tractage de mannequin… autant de choses nouvelles pour moi et pas naturelle pour une nageuse pro. Il a fallu apprendre le kayak ou la planche mais jamais je n’ai vu cela comme des freins mais toujours comme un enrichissement et une découverte. À côté de cet environnement de compétition sportive, vous faites de la surveillance côtière ? J’ai été « nageur-sauveteur » en effet. Le terme de « sauveteur côtier » renvoie plus à la discipline sportive. C’était au Canet au sein des pompiers, deux années de suite. La réalité a pris le dessus sur le sport puisque j’ai dû pratiquer deux fois des massages cardiaques dans des circonstances très particulières. On a sorti une femme de l’eau en arrêt cardiaque. Par chance elle a fini par revenir après un long massage. Une autre fois, à l’ouverture du poste de secours, un homme flottait à la surface de l’eau par 40 cm de profondeur sur une mer calme. Il avait fait un arrêt cardiaque… Mais lui aussi est revenu et m’a même offert des fleurs quelques jours plus tard. Comment avez-vous géré ces ­expériences  ? Sur le coup très machinalement sans me poser de questions, en ­appliquant ce que j’avais appris. C’est après coup, au moment du ­debriefing avec son chef de poste qu’on réalise ce qui s’est vraiment passé et de ce qui était en jeu. C’est un peu vertigineux quand on y pense mais c’est aussi ce qui fait la beauté de cette discipline. Elle est rattachée à des choses très concrètes et à la vie humaine. On n’y pense pas forcément quand on s’entraîne en bassin. On est focalisé sur ses performances. THE RED BULLETIN


« Notre discipline est rattachée à des choses très concrètes et à la vie humaine. C’est vertigineux, et c’est ce qui fait sa beauté. » THE RED BULLETIN

49


CES (QUASI) ANONYMES QUI SE DÉPASSENT POUR VOUS

Hugo Calvet

Leurs parcours personnels et sportifs les ont réunis autour du sauvetage côtier, et de deux passions : l’océan et les autres. Marie ­ Goyeneche

Margot Calvet

3e en équipe de France aux championnats du monde (2018) ; championne de France du 2 km (2019) ; 3e au championnat de France beach sprint et beach flags (2019) À 23 ans, Margot n’est pas une native de l’océan, elle s’y lance à 7 ans lorsque sa famille quitte la région parisienne pour les Landes. Ses parents, conscients des dangers de l’océan, l’inscrivent au club de sauvetage de Capbreton en compagnie de son frère Hugo. Aujourd’hui, cette étudiante en Master se destine à une carrière de professeur des écoles tout en enchaînant les saisons en tant que nageuse sauveteuse. « On apprend énormément au contact des sauveteurs expérimentés pendant les saisons. Notre but est précisément d’éviter le pire mais parfois la nature est plus forte que nous. » Pour elle, métier et pratique sportive sont indissociables, le premier étant l’application concrète de la seconde. Elle ne s’entraîne pas que pour performer mais bien pour être là au moment où un nageur en détresse aura besoin d’elle. 50

Vice-championne du monde (beach flags) Petite, Marie avait une peur panique de l’eau et suite à un accident de bateau où elle n’a pas su quoi faire, la pratique du sauvetage côtier s’imposa naturellement. Pour exorciser et pour agir. À 20 ans, elle a entrepris des études d’ingénierie à Bordeaux et affiche déjà trois saisons de surveillance de plage et une sélection en équipe de France. « Désormais, je sais quoi faire en cas d’urgence. J’agis froidement. Je ne suis pas encore intervenue sur une situation délicate mais j’en ai été le témoin indirect. J’ai fait ce que j’avais à faire… Et le soir j’ai pleuré pour évacuer les images et le stress de cette journée. » Aussi champions soient-ils, ces athlètes affrontent parfois des épreuves pour lesquelles il n’y pas de préparation mais Marie sait que c’est le métier et rien ne la privera de ses étés à la surveillance des plages landaises.

Rebecca Matthews

Championne d’Europe rescue tube (bouée de sauvetage) À 28 ans, cette native d’Angleterre est la première fille chef de poste des plages dangereuses sur la côte landaise et se réjouit qu’en dix ans de surveillance de plage elle a vu le métier se féminiser. Mais elle aurait pu tout arrêter dès sa première saison après être intervenue sur un baigneur en « stade 4 ». Ce jour-là, l’océan a gagné mais Rebecca a précisément trouvé dans ce drame une bonne raison de continuer le sauvetage : « Le plus dur, c’est d’entendre le mot STOP, prononcé par le médecin alors que tu cherches à tout prix à sauver la victime depuis un long moment. Nous ne sommes pas médecin et ce n’est pas à nous de prendre cette décision. Notre rôle est de le maintenir en vie jusqu’à l’arrivée des secours. » L’expérience l’a galvanisée et quand l’an dernier, elle a dû affronter deux noyades coup sur coup, elle a mieux absorbé le choc. Comme un clin d’œil à son ­histoire personnelle, elle rêve aujourd’hui de traverser la Manche à la nage.

Champion du monde du sauvetage planche en 2018, 3 médailles d’argent et de bronze au niveau international. Plusieurs fois champion de France de planche et kayak en juniors et cadet. Le sauvetage est une affaire de famille chez les Calvet, puisque Margot est sa grande sœur. À 21 ans, Hugo jongle entre la surveillance de plage à Capbreton et ses études à Montpellier où il vient d’achever une seconde année en STAPS. Malgré son jeune âge, il a déjà touché le Graal du doigt en devenant champion du monde de sauvetage à deux sur les terres de la discipline, en Australie. De tous les membres du groupe, il est peut-être celui au corps duquel le sauvetage est le plus chevillé : « Je me sens dans mon élément sur la plage. Pour l’instant je n’ai pas eu à gérer de situation critique mais je sais qu’au moment venu, je serai prêt pour ça. J’y travaille chaque jour. J’aime tellement ça que j’envisage de bifurquer vers une carrière de pompier professionnel à Paris. » On ne peut pas imaginer sauveteur plus convaincu et passionné. Mais à court terme ses objectifs se résument à décrocher une place en équipe de France Senior afin de participer au championnat d’Europe en septembre.

Margot, Rémi, Hugo ou Rebecca… des vacanciers imprudents ou malchanceux leur doivent la vie. THE RED BULLETIN


Jonathan Despergers

Chloé Cier

8e en finale de la board aux championnats du monde junior 2014 À 23 ans, Chloé espère devenir professeur d’EPS. Quoi de plus normal pour cette fille née dans un milieu sportif ? Des vacances à Hossegor, des parents surfeurs… Il n’en fallait pas plus pour qu’elle attrape le virus du sauvetage côtier, elle qui pourtant avait une peur panique des vagues. Cette année, elle entamera sa sixième saison de surveillance des plages et se considère comme un chat blanc de n’avoir jamais dû intervenir directement sur un noyé. Elle a pourtant été le témoin indirect d’une situation tendue et avoue avoir été marquée par l’image de ce corps sorti de l’eau dans la position de l’araignée. Malgré son palmarès sportif, sa maîtrise parfaite des techniques et la confiance aveugle de ses collègues, il lui arrive de douter : « Je me demande parfois si je serai capable de sortir un corps à l’aide d’un paddle. Je sais qu’en compétition je maîtrise mais dans l’action, me sachant responsable d’une vie humaine… On verra. » Si la situation l’exige, elle fera face puisqu’elle est là sur la plage chaque été à veiller sur les baigneurs. Elle avoue d’ailleurs aussi avoir l’esprit plus professionnel que sportif et se sent de plus en plus sauveteuse de métier. THE RED BULLETIN

Champion de France, ­d’Europe et du monde ­Sauvetage planche. ­Champion de France, ­d’Europe et vice-champion du monde de bodysurf À 34 ans « John » est un pilier de cet écosystème du sauvetage parce qu’il est entraîneur du club de Biarritz. Il a découvert le sauvetage un vendredi soir, et le lendemain, il participait à sa première compétition et gagnait sa première course. Aujourd’hui, il transmet sa passion du sauvetage côtier et prépare les prochains sauveteurs. La vie, il l’a sauvée alors qu’il ne portait pas la tenue. Jonathan était simplement venu tôt un matin sur la plage pour s’y entraîner : « Une dame âgée venait de faire un arrêt cardiaque », annonce-t-il sobrement, sans s’étaler. Par chance il n’a pas eu à gérer de drame puisque le massage cardiaque qu’il administrera la fera « revenir ». On sent chez lui, un calme profond, sans doute dû aux années d’expérience alors c’est à ce préparateur qu’on a demandé ce qui fait un bon sauveteur. « Il faut d’abord et avant tout être attiré par l’océan. Il faut l’aimer et comprendre qu’à partir du moment où des vies humaines sont entre nos mains, sauveteur n’est pas un job d’été. »

SE BAIGNER EN TOUTE SÉCURITÉ Pour ne pas (trop) les solliciter cet été, suivez ces six conseils proposés par les nageurs sauveteurs.

Rémi Darracq

1er à l’Oceanman France À 20 ans, ce jeune étudiant en biologie cellulaire est le cadet de la bande. Du surf, il est venu au sauvetage côtier, juste pour « savoir nager au cas où », comme il dit. Lors de sa première intervention sévère il a pu juger à la fois des dangers de l’océan et de ceux de l­’alcool ! « Un jour de gros temps, je surveillais la seule plage ouverte lorsque j’ai dû intervenir pour sortir un baigneur de l’eau dans des vagues de plus de 2 mètres. Il était corpulent et j’ai vite compris qu’il était complètement saoul. Heureusement, il est resté conscient durant l’extraction et ce n’est qu’une fois sur la plage qu’il s’est évanouit. Par chance, rien de grave, mais l’histoire aurait pu très mal finir pour lui. » Le stress, il le gère avec légèreté et préfère plaisanter avec les victimes qu’il ramène quand la situation le permet. Sauver semble naturel chez lui et il nourrit encore cette vocation chez les pompiers volontaires qu’il a intégré il y a peu.

Quel autre sportif de haut niveau, quel compétiteur met comme eux sa performance au service d’une vie ?

En arrivant sur la plage, n’hésitez jamais à interroger les secouristes en poste. Ils sont là pour cela et il n’y a aucune question idiote. 90 % des noyades ont lieu hors de la zone de bain. Alors avant tout, respectez les limites de baignade imposées par les nageurs sauveteurs. On se noie d’épuisement, alors en cas de courant trop fort, ne luttez pas et laissez-­vous porter jusqu’à atteindre une zone moins houleuse. L’ennemi, c’est votre serviette, ne visez pas forcément son emplacement pour retourner sur la plage. Nagez tranquillement, quitte à vous déporter. Vous finirez à pied, mais sain et sauf. À la moindre difficulté dans l’eau, faites-vous remarquer par les sauveteurs en levant un bras ou en agitant les deux (si possible). Vous avez des enfants ? Méfiezvous de la vague de bord. Elle peut les faucher et les entraîner en eaux plus profondes.   51


NEED TO CONQUER A MOUNTAIN OF WORK? FREE

Gain insights to improve the way you work at www.wingfinder.com

AS

SE

SS

MENT


Dossier

LE FOOT DE DEMAIN

… sera autre. Découvrez ici l’intérêt pour les joueurs pros de former leur cerveau au piano, la force galvanisante insoupçonnée que représente les fans, et que Messi est plus près qu’on ne le croit de marquer ses derniers buts sur coup franc. Mais pas ­d’inquiétude : le ballon sera toujours rond… rondement hi-tech.

STEFAN STRATIL

54 L’ESPRIT MÈNE LE JEU 58 LES FANS DONNENT LE TON 66 DES MURS D’INGÉNIOSITÉ 68 LE BIOHACKING SERA LA NORME 74 PCC : PERSONAL COACH COMPUTER

THE RED BULLETIN

53


Ce visionnaire est le cerveau derrière le succès du Red Bull Salzburg et du RB Leipzig. De la provocation victorieuse à l’échec de la Super League en passant par la taille des gardiens, RALF RANGNICK, 62 ans, tacle 11 questions sur l’avenir du foot.

QUAND L’ESPRIT MÈNE LE JEU

À QUOI RESSEMBLERA LE FOOT DE DEMAIN ? Entretien : Christian Eberle-Abasolo Photos : Philipp Horak

54

THE RED BULLETIN


Dossier foot

1. Dans dix ans, quand j’assisterai à un match de la Ligue des Champions, quelles seront les différences les plus frappantes ?

Ces dernières années, le foot est devenu un sport de grande vitesse et ce n’est pas fini. La précision, la justesse des passes et la rapidité des prises de décision augmentent constamment : les joueurs n’ont presque plus le temps ni l’espace nécessaire pour réceptionner un ballon calmement. Avant, on pouvait encore entendre des phrases d’experts du genre : « Il faut quelqu’un pour ralentir le jeu, pour poser le pied sur le ballon. » Essaie donc de faire ça aujourd’hui contre une grande équipe : tu te feras bouffer tout cru.

2. Les performances physiques ont augmenté constamment ces dernières décennies. Peut-on rendre les jeunes joueurs encore plus performants ?

En termes de performances, on ne verra plus d’évolutions transcendantes, mais la prévention des blessures va prendre de l’ampleur. Le suivi des données permet à nos entraîneurs de déterminer le degré d’intensité d’une séance d’entraînement de manière précise et de juger le bon moment pour faire une pause. C’est là que le diable se cache, dans les détails. À l’avenir, on va mettre l’accent sur le concept train the brain, autrement dit l’entraînement cognitif : provoquer les joueurs et les faire sortir de leur zone de confort, leur imposer des conditions de jeu difficiles et leur faire prendre des décisions dans un espace restreint et sous pression. Par exemple, nous avons fait installer un compte à rebours sur un terrain d’entraînement : dix secondes pour marquer un but, huit pour récupérer un ballon perdu, le tic-tac qui résonne constamment en arrière-fond. Une situation inédite et insupportable pour les joueurs. Mais c’était justement l’effet recherché, ce fameux train the brain : jouer avec leurs nerfs pour les faire changer de comportement. THE RED BULLETIN

« L’avenir est au coaching du cerveau qui fait sortir les joueurs de leur zone de confort. » L’artisan du succès : Ralf Rangnick a mené Hoffenheim et RB Leipzig en Bundesliga en tant qu’entraîneur. Il a été directeur sportif à Leipzig et à Salzbourg et est considéré comme l’un des pères du pressing game.

3. Y aura-t-il encore des joueurs qui feront les quatre-cent coups en dehors du terrain ?

Il y en aura toujours, bien entendu, mais ils ne tireront pas le meilleur parti de leur carrière. Pendant longtemps, une opinion répandue chez les entraîneurs et les experts de la télé était qu’« il faut bien quelques salopards dans l’équipe qui boudent les entraînements et passent leurs nuits à boire comme des trous. » Ce genre de joueurs n’a plus aucune chance aujourd’hui. Ce serait comme si Max

Verstappen essayait de gagner une course de Formule 1 en mettant du ­diesel dans son moteur.

4. La professionnalisation croissante des jeunes a-t-elle sonné le glas du bon vieux « foot de rue » ? À mon avis, il ne reste plus beaucoup d’endroits en Europe où l’on joue vraiment dans la rue. Je considère que c’est plutôt le rôle des clubs et des académies d’intégrer des éléments du foot de rue dans leurs entraînements. Cela permet

55


de s’affirmer, de tenir tête à ses aînés et de lutter pour chaque victoire. Mais à la place, on observe des clubs tellement obsédés par la pression exercée sur les très jeunes joueurs qu’ils prévoient de ne plus compter les buts, de supprimer les victoires, les défaites et les tableaux de classement. C’est complètement débile ! Si vous aviez dit cela à Joshua Kimmich (actuellement professionnel au Bayern de Munich, ndlr) quand il avait 8 ans, il aurait répondu: « Je joue uniquement pour gagner et pour être meilleur que mes adversaires. » C’est avec cette mentalité qu’à 18 ans, alors que personne ne le connaissait à Leipzig, il se battait avec ses coéquipiers quand il jugeait qu’ils ne se donnaient pas à fond dans un quatre contre quatre. Et c’est pour ça qu’il évolue aujourd’hui à Munich. Cet état d’esprit, il faut l’enseigner davantage dans les académies.­

5. Que doit changer le foot pour attirer la génération gaming, ce jeune public à la capacité de concentration réduite ?

Je pense que cette histoire de capacité d’attention réduite est un cliché. L’esport en est le meilleur exemple : les jeunes sont parfaitement aptes et disposés à se concentrer sur une seule chose pendant plusieurs heures. On observe également un désir accru de compréhension du jeu, des statistiques, des passes, des buts prévus, de la distance parcourue et des ­vitesses de pointe. On dispose actuellement de données sur à peu près tout. La numérisation et l’intelligence artificielle vont continuer à progresser. La vraie question, autant pour les spectateurs que pour le staff des entraîneurs, est de savoir comment interpréter ces données. Ce qui est formidable avec toutes ces innovations, c’est qu’au bout du compte, l’humain l’emporte toujours : c’est à nous d’analyser ces informations, de les interpréter en conséquence.

6. À quels changements de règles êtes-vous favorable ?

Je continuerais à autoriser cinq remplacements comme en 2020 avec la pandémie. Cela donne un jeu plus vif, évite les blessures et garantit une bonne humeur dans le groupe. Et puis il faudrait réfléchir à ce que j’ai déjà fait remarquer il y a quinze ans : la taille des buts est-elle 56

« Le succès, c’est trois C : concept, compétence et capital. Le capital n’est pas tant le problème, mais les deux autres échouent souvent. » Chaque club a besoin d’une identité, estime Ralf Rangnick : « Un entraîneur tel que Jürgen Klopp a électrisé des villes entières comme cela a été le cas à Dortmund et à Liverpool. »

e­ ncore appropriée ? À l’époque où le but a été fixé à 2,44 m de haut sur 7,32 m de large, une personne moyenne mesurait environ 10 cm de moins qu’aujourd’hui, ce qui vaut aussi pour les gardiens de but. En élargissant la cage de 3 cm et en l’allongeant de 2 cm, vous verrez atterrir beaucoup plus de buts dans les filets.

7. Quels sont les principaux traits de caractère qu’un entraîneur ­devra avoir dans dix ans pour remporter des grands titres ?

Compréhension de l’équipe, leadership et compétences en matière de prise de décision. En gros, tout ce qu’un manager

moderne devrait posséder dans le secteur privé. Lors de mon premier poste en tant qu’entraîneur, nous étions trois : le co-entraîneur, l’entraîneur des gardiens de but et moi-même. Aujourd’hui, tu dois gérer avec quinze à vingt spécialistes, des analystes vidéo aux nutritionnistes. Et il ne suffit pas de déléguer des tâches à ces experts, il faut savoir dialoguer avec eux. Un coach doit avoir des connaissances beaucoup plus approfondies que par le passé.

8. Par quoi commencer pour réussir avec une équipe dans dix ans ?

Le club a besoin d’une philosophie claire : quelles sont les valeurs que je défends ? THE RED BULLETIN


Dossier foot

« L’intelligence artificielle reste en plein essor. Mais au final, ce qui est bien, c’est que les humains interpréteront toujours les données. » Son credo :  « L’essence doit rester l’amour du sport. » Le bâtisseur Ralf Rangnick aime les vieux stades.

Regardez la deuxième division de la Bundesliga, avec des clubs plus modestes comme Bochum, Fürth ou Kiel. Ils sont au top. D’accord, le Bayern, une fois de plus, est champion, mais si Erling Haaland était au RB Leipzig au lieu du Borussia Dortmund, le RB Leipzig serait champion cette année. C’est une hypothèse, d’accord, mais regardez sa moyenne de buts par rapport aux occasions manquées à Leipzig. En gros, si tu fais les choses bien, tu peux surpasser les clubs qui ont plus de ressources financières que toi. Ce sera toujours le cas dans vingt ans. Je refuse de valider cet argument que l’argent permet de marquer des buts ou de gagner des championnats : il y a trop de contre-exemples.

10. Que diriez-vous aux initiateurs de la Super League ?

Faites entrer un peu plus d’expertise footballistique dans la discussion. Dans la Super League, les discussions étaient trop unilatérales. Il n’y en avait que pour l’expertise économique. Sans être un fan inconditionnel, il suffit d’observer le niveau d’endettement des principaux clubs pour comprendre que tout tournait autour de l’argent. À ce niveau-là, je suis un traditionaliste convaincu : la pyramide du foot basée sur la réussite est indispensable. Les petits clubs doivent être promus et les grands clubs traditionnels, s’ils gèrent mal pendant des années, doivent être relégués. Quand j’étais responsable du Global Soccer à Red Bull, j’ai vraiment eu du mal à accepter ce système de franchise à l’américaine et je ne crois pas que je retenterai l’expérience.

11. Qu’est ce qui était mieux avant dans le foot ?

Dans la libre économie, on parle d’identité d’entreprise : sans elle, il n’y a pas de comportement d’entreprise. Pour un club, c’est la même chose : si tu n’as pas d’identité ou si celle-ci varie en fonction de l’entraîneur, tu n’es rien. Le succès ­dépend des trois C : concept, compétence et capital. Le capital n’est pas tant le problème. Là où le bât blesse, c’est au niveau du manque de compétences des déciTHE RED BULLETIN

deurs et du concept. C’est ce que j’appelle aussi l’idée de jeu. Regardez ce que ­Jürgen Klopp a fait à Dortmund ou à ­Liverpool. Ce n’est pas seulement le club ou les joueurs qu’il a élevés à un autre ­niveau. C’est toute la ville.

9. Y aura-t-il encore des histoires d’outsiders, ou l’époque sera-telle aux champions en série ?

L’ambiance dans les stades. Je me souviens de ces matches dans l’ancien stade de Stuttgart, au Highbury d’Arsenal, au stade de White Hart Lane, à Upton Park… rien que d’y penser, j’en ai la chair de poule. À l’époque, il n’y avait presque pas de loges ou de salons VIP. On allait voir un match, pas raconter sa vie au cours d’un dîner mondain. Il n’y en avait que pour le foot, pour le cœur, l’émotion et l’amour du sport. C’est pour cela qu’à l’avenir, il ne faudra pas perdre de vue ce qui est essentiel. Les nouvelles méthodes de développement des joueurs et des équipes sont les bienvenues, c’est certain. Mais c’est l’amour du sport qui reste au cœur de tout.   57


Ils élèvent des humains au rang de dieux, font vibrer les stades, conquièrent des villes entières. Un hommage aux fans de foot par la photographe écossaise JANE STOCKDALE. Et trois prédictions de changements* majeurs liés au foot.

LES FANS DONNENT LE TON

Photos : Jane Stockdale *Prévisions : rapport de projet Football 2050 de Stefan Bader et Werner Grabherr ; teamwerk-sport.com/soccer-2050

POUR L’AMOUR

58

THE RED BULLETIN


LE BASCULEMENT

« C'est là que l’Argentine est entrée en finale de la Coupe du monde. » La photographe Jane Stockdale se souvient de ce soir de juillet 2014 à Copacabana, au Brésil. « La plage s’est mise à trembler. » Photo de son projet Watching the World Cup.

THE RED BULLETIN

DU SPORT

59


HYPER TENSION

Stockdale a assisté à la finale de la Coupe du monde 2018 FranceCroatie dans les rues de Paris, comme des centaines de milliers de personnes. « Puisque j’étais incapable d’obtenir un billet, c’était la solution la plus logique. »

LA DÉSILLUSION

« Nous sommes à Rio de Janeiro, le soir de la demi-finale 2014, BrésilAllemagne. Sono pour faire la fête, feux d’artifice… Tout était prêt. Et puis le match s’est terminé… 7 buts à 1 pour l’Allemagne. Un désastre. »

60

THE RED BULLETIN


Dossier foot

LES ROIS DU MONDE

En 2018, la police parisienne avait bouclé la fan zone, et la ville n’appartenait qu’aux supporteurs. « L’énergie dans les rues était incroyable ».

UNE VAINE MOTIVATION

Encouragements des supporteurs argentins lors de la retransmission publique de la finale de la Coupe du monde 2014. En vain. « Ils étaient dévastés. »

Prévision n° 1

Un supporteur jubile plus dans un endroit qui ne lui est pas familier Grâce à l’audio 3D et aux prises de vue à 360°, les cinémas deviennent aussi des endroits où l’on peut regarder le foot en groupe. Encore plus d'ambiance ? Il existe des concepts visant à reproduire les matches de la Coupe du monde en direct dans d’autres stades grâce à la technologie des hologrammes.

THE RED BULLETIN

61


Dossier foot

Prévision n° 2

Un fan vibre pour son joueur favori plus que pour son équipe Nous nous attachons émotionnellement plus fortement à des personnes qu’à des groupes abstraits, c’est pourquoi les fans se concentrent sur les joueurs individuels. Ce qui se profile : des matches avec des équipes composées des footballeurs les plus populaires, comme avec les A ­ ll-Star au basket en Amérique.

LA VOIX DE L'ESPOIR

« La photo a été prise chez moi, au Celtic Park, à Glasgow, en Écosse, en 2011 pour être précise. » Dix ans plus tard, elle peut se réjouir avec les supporteurs écossais : après 25 ans d’attente, l’équipe nationale participe à nouveau à un championnat européen.

62

THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN

63


LE MILLION !

Prévision n° 3

Planète supporteurs

« Après le triomphe de la France en finale de la Coupe du monde 2018, plus d’un million de personnes ont fait la fête sur les Champs-Élysées. Incroyable ! »

De nombreuses mesures de marketing sont destinées au marché asiatique. Et le focus est mis sur l’Afrique : avec une augmentation de la population de 1,1 à 2,44 milliards d’habitants d’ici 2050, la croissance économique et le nombre grandissant de joueurs de haut niveau font que les clubs s’intéressent aussi ­davantage aux supporteurs africains.

LES VISAGES DE LA FRANCE

Du sport masculin de la classe ouvrière à un événement planétaire mixte. Les photos de Stockdale (ici Paris 2018) dressent un portrait diversifié des fans de foot.

64

THE RED BULLETIN


Dossier foot

AU-DELÀ DES MOTS

« Je ne peux exprimer la joie qu’a ressentie le peuple français après avoir remporté le titre de la Coupe du monde avec des mots. Par contre, cette photo la rend très bien. »

UN COUP DE ROUGE ?

« J’ai dû traverser des nuées de fumigènes en route vers mon hôtel le soir de la victoire à Paris. Ça en valait la peine. » Plus de photos : janestockdale.co.uk THE RED BULLETIN

65


Avec des virtuoses du coup franc comme LIONEL MESSI qui pulvérisent les murs défensifs, ça se déchaîne pour bâtir le mur idéal : les défenseurs se jettent à terre ; sprintent vers les buts… sans succès. Place à des solutions originales.

DES MURS D’INGÉNIOSITÉ

ÇA N’EST PAS GAGNÉ CE QUI N’A PAS MARCHÉ JUSQU’À PRÉSENT…

Mur qui saute le plus haut

Stratégie : FRAPPE ENROULÉE Résultat : BUT Barcelone – Liverpool, huitièmes de finale de la Ligue des Champions 2019. Distance : 29 mètres. On peut lire RESPECT pour Messi sur les visages de Gomez, Matip, Fabinho et Firmino.

Stratégie : FRAPPE À RAS DE TERRE Résultat : BUT Barcelone – Gérone, Liga 2018 : une frappe audacieuse que Messi a piquée à son mentor Ronaldinho. Il avait déjà marqué le même but contre le Werder Brême en 2006.

Mur qui saute le plus haut possible + joueur allongé au sol

Mur qui saute le plus haut possible + joueur allongé au sol + joueur qui sprinte vers le but

66

Stratégie : TIR ENCORE PLUS PRÉCIS Résultat : BUT (ou but du défenseur contre son camp) Barcelone – Séville, Liga 2019 : la balle atterrit dans les filets plus rapidement que le défenseur Carriço sur la ligne. Il y a même but contre son camp, le tir de Messi ayant été dévié.

THE RED BULLETIN

GETTY IMAGES

Stratégie : TIR EN PLEINE LUCARNE Résultat : BUT Barcelone – Bilbao, Liga 2021 : pour bloquer le tir sous le mur, Muniain (n°10) s’allonge au sol, ce qui lui offre une bonne vue plongeante sur le 1:0.

CHRISTIAN EBERLE ABASOLO

STEFAN STRATIL

Mur classique


Dossier foot

CE QUI POURRAIT MARCHER À L’AVENIR

Engager des joueurs très grands Les footballeurs mesurent en moyenne 1 mètre 81, pas top. Les Chicago Bulls, quant à eux, mesurent 2,06 mètres en moyenne. Conclusion : il est temps d’engager des joueurs de basket. INCONVÉNIENT : les talents foot­ ballistiques des joueurs de basket sont assez limités.

Garer le bus de l’équipe devant les buts Utilisé depuis des années comme méta­ phore des irrévérencieuses tactiques défensives du célèbre entraîneur José Mourinho, le bus de l’équipe est peutêtre la solution miracle pour un mur infranchissable. INCONVÉNIENT : nécessite un change­ ment de règle. Bien qu’il ne soit écrit dans aucun règlement que « les bus sont inter­ dits sur le terrain ».

Pas de mur, donc uun meilleur champ de vision pour le gardien Beaucoup de tireurs de coups francs se servent du mur comme d’un panneau indicateur pour marquer. « Il suffit de tirer au-dessus et ça rentre. » Donc : pas de mur, pas de viseur, pas de but. CQFD. Sans compter que le gardien a enfin une vue bien dégagée sur le terrain. INCONVÉNIENT : plus d’obstacles pour le tireur (voir page de gauche).

THE RED BULLETIN

67


Cryothérapie, lunettes filtrantes, régimes spéciaux, entraînement cérébral, sommeil chronométré, piano : les étonnantes méthodes des grandes stars du foot pour plus de vitesse, un meilleur physique et un semblant d’immortalité.

LE BIOHACKING SERA LA NORME

LE FOOTEUX OPTIMISÉ Texte : Stefan Wagner  Illustration : Stuart Patience

R

obert Lewandowski est officiellement le meilleur joueur au monde. Cristiano Ronaldo, lui, est officiellement le deuxième meilleur joueur au monde, ce qui, compte tenu de ses performances toujours hors du commun, peut être considéré comme discutable, et pas seulement de son point de vue. Quant à Zlatan Ibrahimović, non content de sauver la sélection suédoise, il fait trembler la Serie A italienne. Lewandowski a 32 ans, Ronaldo 36, Ibrahimovic 39. Que se passe-t-il dans le football international ? Les bons joueurs deviennent-ils de plus en plus vieux ? Ou bien est-ce que ce sont les plus vieux qui sont de plus en plus performants ? Et tout cela n’est-il qu’un simple hasard ? Ou bien le début d’une tendance destinée à transformer le football pour toujours ? Déjà, il est peu probable que le hasard y soit pour quelque chose. Ce qui est très probable, en revanche, c’est que les carrières des joueurs, même au plus haut ­niveau, sont amenées à durer bien plus longtemps qu’avant. Et tout cela n’est certainement pas sans lien avec un concept dont on entend de plus en plus parler : le « biohacking ». Pour faire bref, le biohacking, c’est tout ce que les gens entreprennent de leur propre chef afin d’optimiser leur santé, leurs performances, leur qualité de vie et leur longévité. Ils transpirent dans des saunas infrarouges, font de la méditation, mesurent les variations de 68

leur fréquence cardiaque et la durée de leur sommeil profond, engloutissent des compléments alimentaires et réservent parfois même de mystérieuses retraites à la découverte d’eux-mêmes dans le delta de l’Amazone. Les stars de cette scène mondiale en pleine expansion, ce sont les Américains Dave Asprey, Ben Greenfield et Tim Ferriss. En Allemagne, le plus célèbre des biohackers, c’est Andreas Breitfeld. Dans son laboratoire de Munich, il met à la disposition de tout un chacun certains des gadgets et des outils les plus incroyables qui soient : caissons hyperbares, bandeaux mesurant les ondes cérébrales pendant la méditation, panneaux de lumière rouge aux plages nanométriques spécifiques ou encore inhalateurs d’eau de la « zone d’exclusion ». Le football professionnel a désormais aussi son lot de biohackers – et leur succès leur donne raison : outre Lewandowski, Ronaldo et Ibrahimovic, on peut notamment citer Erling Haaland, 20 ans, ou Serge Gnabry, 25 ans, comme adeptes de ces nouvelles méthodes d’auto-­ optimisation. Dans le cas de Gnabry, son agent n’y est pas pour rien : Hannes Winzer, cofondateur de ROOF, l’une des cinq plus grandes agences de joueurs au monde,

Robert Lewandowski Le gâteau et la soupe Anna Lewandowska, coach sportive, a modifié le r­ égime alimentaire de son mari : pas de produits à base de lait de vache, pas de blé, peu de sucre. « Et pour faciliter la digestion, je mange le dessert en premier, puis l’entrée et enfin le plat », explique le footballeur international. Le gâteau avant la soupe ? « Oui. Les glucides sont ­digérés plus rapidement que les protéines. » Pourquoi un amateur peut suivre la même diète que Robert. Manger le gâteau avant la soupe n’est pas indispensable, mais peut être utile. À deux conditions : brûler des calories comme un athlète de haut niveau et manger juste après l’entraînement. Alors, les réserves de glycogène sont vides dans le foie et les muscles. Ces dernières absorbent tous les types de glucides, y compris ceux à chaîne courte comme le sucre, ce qui permet de s’offrir quelques douceurs de temps en temps. Et d’enchaîner ensuite tranquillement sur de bonnes graisses et des protéines de meilleure qualité. THE RED BULLETIN


Un gâteau pour le buteur : Robert Lewandowski, 32 ans, mange son dessert en entrée pour une meilleure digestion.

THE RED BULLETIN

69


est lui-même un biohacker ambitieux. Selon Winzer, le biohacking dans le monde du football professionnel serait « le meilleur moyen d’obtenir ces “gains marginaux” que tout le monde recherche, ces 1 ou 2 % d’amélioration qui font tout la différence au final, ce duel remporté pendant la prolongation, ce pas plus ­rapide devant le but. Tous ces détails qui permettent de décrocher plus de ­victoires et plus de titres. » Inspiré par les travaux de Breitfeld dans son laboratoire de Munich, Winzer teste lui aussi les appareils les plus expérimentaux. « Mais quand je conseille mes joueurs, je le fais toujours en fonction de leur façon de vivre et de leur ressenti. Pas question de faire les choses à la ­va-vite. Autant en termes de réflexion que de structures, le football est un sport traditionnel et conservateur qui ne tolère les innovations qu’à très petites doses. » Il n’empêche que pour Winzer, les ­méthodes de biohacking seraient imparables à long terme dans le football de haut niveau. « Dans certains domaines, comme la récupération, c’est une évidence. Les chiffres sont clairs, les recherches sont unanimes et les résultats sont formels. Le fait qu’un joueur pro protège ses yeux de la lumière bleue le soir afin de mieux dormir, ce ne sera plus une exception dans quelques années, ce sera la règle. »

Erling Haaland Passage à l’orange L’optimisation des performances commence par le sommeil, et les athlètes de haut niveau en sont de plus en plus conscients. Erling Haaland est l’un des premiers footballeurs professionnels à s’être mis aux lunettes anti-lumière bleue. Teintées en orange, elles protègent les yeux de la gamme de fréquences de la lumière bleue (écran de téléphone portable, moniteur, télévision, éclairage LED...) 70

le soir. En effet, la lumière bleue inhibe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil, et si l’on en manque, impossible de bien se reposer.

Erling Haaland, 20 ans, porte des lunettes contre la lumière bleue le soir qui l’aident à s’endormir et à dormir toute la nuit.

Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Erling Haaland ? « Les lunettes anti-lumière bleue sont un biohack de débutant extrêmement efficace. Résultats garantis, surtout chez les jeunes, car la production naturelle de mélatonine commence à décliner vers 45 ans. L’idéal

est de porter des lunettes à verres orange deux à trois heures avant d’aller se coucher et d’enchaîner avec des lunettes à verres rouges pour la dernière heure. Nous avons réalisé un test des produits disponibles sur le marché et les marques performantes sont TrueDark, Innovative Eyewear, Ra Optics et BLUblox. » THE RED BULLETIN


Dossier foot

Zlatan Ibrahimović Ice-Zlatan Éternellement jeune, notre vétéran est un pratiquant convaincu de la cryothérapie. Comme beaucoup d’autres (tels Cristiano Ronaldo ou le club anglais de Leicester City), c’est un fervent adepte des chambres de cryothérapie. Il s’agit d’une sorte de sauna domestique inversé, dont la température peut descendre jusqu’à – 82 °C. Le principe est de rester environ trois minutes par jour dans cette cabine ­frigorifique. Le froid met le corps en état de choc, les vaisseaux sanguins se contractent, pour se dilater à nouveau plus tard et irriguer le corps de sang rempli de substances anti-inflammatoires.

récupérer plus rapidement, en revanche, c’est l’idéal. Prendre une douche froide d’au moins trois minutes le matin, c’est excellent pour la santé à plus d’un titre. Les débutants peuvent opter pour des douches moins longues, ou bien alterner entre chaud et froid. »

Zlatan Ibrahimović, 39 ans, mise sur sa chambre cryogénique, une chambre congélo, pour se régénérer.

Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Zlatan ? « Le froid, c’est génial. En principe, ça peut être bénéfique pour tout le monde ou presque de s’y mettre. Une parfaite entrée en matière, c’est le livre de Josephine Worseck, Die Heilkraft der Kälte (trad. Les vertus curatives du froid). Pour les sportifs, le timing est essentiel. Pour faire simple : dans un objectif de prise de muscle, il ne faut pas s’exposer au froid juste après l’entraînement. Pour

THE RED BULLETIN

71


Serge Gnabry L'attaquantpianiste Gnabry travaille énormément avec Lars Lienhard, coach en neuro-training sportif. Les sessions d’entraînement peuvent paraître étranges – il secoue la tête, fait des exercices spéciaux avec les doigts, les mains et les yeux – mais ça fonctionne : la discipline innovante du neuro-­training sportif améliore la coordination, la perception spatiale et l’habileté. Gnabry veille à la qualité de son sommeil, s’inspire des biographies de personnalités ayant réussi et prend des cours de piano. Son conseiller, Hannes Winzer : « Avant, Serge avait tendance à se blesser. Aujourd’hui, il joue entre 40 et 50 matches par saison et il est rarement forfait. Mais Serge est un bosseur. Il a appris à considérer son corps comme un temple. » Et la pratique du piano ? Winzer : « Apprendre à jouer du piano, ça améliore le sens du rythme, et ça crée de nouvelles manières de connecter et de contrôler les synapses. Et c’est ce qui fait de Serge un meilleur joueur. »

Hannes Winzer. Faire de la musique favorise la connexion entre les différentes zones du cerveau. En pratique, cela contribue à améliorer l’équilibre et la coordination gauche-droite, et à faire un rééquilibrage entre pied fort et pied faible. Jouer du piano est une ­approche exigeante du neuro-­training sportif.  »

Serge Gnabry, 25 ans, ­améliore son équilibre et sa coordination gauche-droite en jouant du piano.

NORMAN KONRAD

Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Serge Gnabry ? « C’est vraiment une super approche du biohacking que propose

72

THE RED BULLETIN


Dossier foot

Cristiano Ronaldo L’homme qui dort six fois par jour Le rythme de sommeil de Ronaldo avant un gros match est mythique : il fait six siestes de 90 minutes réparties sur 24 heures (avec un pyjama propre à chaque sieste). Et ces jours-là, il prend six repas : un petit-déjeuner, deux déjeuners, une collation et deux dîners. Bien sûr, en bon perfectionniste, il ne se prive pas des bienfaits de la cryothérapie. Ronaldo s’est fait installer un cryosauna d’une valeur de 55 000 dollars chez lui. Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Cristiano Ronaldo ? « Le sommeil polyphasique est super efficace. Ça ne fait aucun doute, il y a eu de nombreuses recherches sur le sujet. L’inconvénient, c’est que, pour le commun des mortels, c’est infaisable. S’endormir six fois par jour à heures fixes, ce n’est compatible ni avec un travail un tant soit peu normal ni avec une vie de famille raisonnablement agréable. Sept à huit heures d’un bon sommeil nocturne suffisent ­largement. L’idéal est de dormir dans une chambre fraîche complètement dans le noir. »

Sommeil idéal : Cristiano Ronaldo, 36 ans, fait six siestes de 90 minutes avant les grands matches.

ANDREAS BREITFELD, Profession : biohacker ; scannez le QR code et découvrez son labo THE RED BULLETIN

73


Médecins robots, tirs au but virtuels, protège-tibias numériques : comment les gadgets high-tech des académies Red Bull et du reste du monde rendent les footballeurs de demain plus en forme, plus intelligents et moins fragiles des nerfs.

L’ORDI PREND LE CONTRÔLE DU COACHING

JEU DE TECH Texte : Marc Baumann

Sur le siège ddrobotec, les athlètes entraînent leurs jambes à l’aide de pneumatiques sensibles (air comprimé).

blessure, le record de Gerd Müller (40 buts en championnat) qui est dans les têtes. Médecins et physiothérapeutes sont les héros de l’ombre de ces courses contre le temps. Leurs noms restent méconnus si ce n’est celui du légendaire Dr MüllerWohlfahrt auquel il faut désormais en ajouter un autre : « ddrobotec », nom du robot d’entraînement personnel. Similaire à une presse à cuisses avec un moniteur en plus, cette machine sollicite les muscles d’un athlète blessé en douceur, ou jusqu’à leurs limites, si ce dernier est en bonne santé. De plus, l’aspect ludique des exercices atténue la pénibilité de la séance d’entraînement. ddrobotec.com

Personaltrainer numérique

Le Robo-Doc

En football, la rééducation est souvent un sujet d’inquiétude. En 2006, la participation incertaine de Philipp Lahm à la Coupe du monde à domicile préoccupait toute l’Allemagne. Aujourd’hui, c’est l’incertitude concernant la capacité de Robert Lewandowski à battre, malgré sa 74

Presse à jambes avec moniteur : session adaptée aux limites de performance individuelles sous forme de jeux.

THE RED BULLETIN


Dossier foot

Smartball

Le ballon intelligent À quoi ressemblera le ballon du futur ? Pour le savoir, il faudra manger des chips. Se procurer le « Smartball » de l’entreprise hanovrienne Sport Technology Systems ne sera d’abord possible qu’en fournissant un code gagnant issu des boîtes Pringles, et ce durant tout l’Euro. La commercialisation du ballon connecté et doté d’intelligence artificielle est prévue pour la fin de l’année. « Beaucoup de jeunes délaissent ce sport au profit des jeux vidéo. La console est devenue ainsi notre principal ennemi », explique le fondateur de l’entreprise, Lennardt Hachmeister. Avec son cofondateur Fabian Ernst, ex-joueur de Bundesliga (HSV, Schalke, Brême), il s’inspire largement du mécanisme de jeu en alliant séances d’entraînement et défis amusants. Le Smartball est censé, dans un deuxième temps, être adopté par les clubs et aider, par exemple, les équipes amateurs à disposer des données performance n’exigeant pas un gros investissement technique. « L’aspect et le toucher du Smartball ne présentent aucune différence avec un ballon classique », précise Hachmeister. La ­question de savoir si les autres fabricants

se chargeront eux-mêmes d’intégrer la technologie Smartball à leurs ballons ou si la société fabriquera les ballons pour eux reste quant à elle ouverte. Quel que soit le scénario, la Smartball déterminera la ­vitesse, l’effet, la hauteur de trajectoire et ainsi la précision du toucher de balle. L’entraîneur suisse Lucien Favre est connu pour insister sur l’importance d’une prise de balle précise. La consommation de chips chez les Favre devrait donc exploser prochainement. sporttechnology.systems

Bientôt, le ballon fournira des données sur sa vitesse, sa rotation ou son altitude de vol. THE RED BULLETIN

75


Simulateur à 360°

Le foot en mode écran géant Les soirs de défaite, les joueurs revivent inlassablement les actions qui ont scellé le sort du match et trouver le sommeil devient difficile. Et ce n’est pas l’insomnie qui améliorera leurs performances. Pour cela, il y a Soccerbot 360. Ce dispositif simule les actions de jeu en appuyant sur un simple bouton. Le joueur se tient au centre de la zone d’entraînement en gazon artificiel, entouré d’écrans sur lesquels adversaires, coéquipiers et buts sont projetés. Il doit transmettre un ballon réel à ses partenaires virtuels de manière rapide et précise. Qu’il s’agisse du Soccerbot 360, utilisé par le RB Leipzig et la Red Bull Fußball Akademie, ou des systèmes similaires comme le Footbonaut préféré par Dortmund ou le Skills.Lab du FC Bayern, le principe est le même : mesurer et améliorer la réactivité, la concentration et la vision du jeu du joueur. La tâche peut devenir vite éprouvante lorsque, par exemple, dix coéquipiers et adversaires

Grâce à la réalité virtuelle, les porteurs de ces lunettes peuvent vivre un match de foot sans avoir à s’exposer à de véritables duels.

apparaissent sur les écrans du Skills.Lab et qu’il faut en un clin d’œil passer le ballon au partenaire démarqué. Pour les penalties virtuels, le joueur est soumis aux huées des supporteurs afin de développer le sang-froid. soccerbot360.de

Sur mesure : dans le Soccerbot, les joueurs peuvent notamment entraîner leur précision de passe dans l’espace virtuel.

Terrain virtuel

Foot sans ballon Demandez aux coachs de l’académie Red Bull à Liefering quel est, selon eux, le progrès technique le plus fascinant. Leur réponse ? Réalité virtuelle. Il sera possible, dans un avenir proche, de simuler de façon réaliste des situations de jeu réelles, avec adversaires, supporteurs et météo inclus. En attendant, il y a Rezzil. Grâce aux lunettes et aux protège-­ tibias numériques, vous pouvez fouler un terrain virtuel et choisir différents exercices : enchaîner amorti et passe millimétrée, par exemple, la reprise de volée ou encore le jeu de tête avec un coéquipier virtuel. Tout y est, même le bruit du ballon. Les actions peuvent être visionnées du point de vue de chaque joueur. Un entraînement virtuel où l’absence de ballon réel peut même s’avérer avantageuse, notamment pour des joueurs revenus de blessures. Ceux-ci pourront travailler les automatismes sans l’appréhension de t­ aper dans le ballon. rezzil.com

76

THE RED BULLETIN


Dossier foot Big Data

Déconstruire le jeu

Le track dans le tee-shirt parle avec des émetteurs au bord du terrain, cent fois par seconde !

Défendre face à Kingsley Coman ou Serge Gnabry est un immense défi. Leur vitesse et leur habileté balle aux pieds en font de redoutables clients. Comment les neutraliser ? La technologie de suivi et d’analyse d’activité de Kinexon Sports peut aider. « Durant un match, un défenseur latéral vivra dix ou douze situations de jeu face à Coman, où il devra dès les premiers mètres, sprinter à 22 ou 23 km/h », explique Maximilian Schmidt, cofondateur de Kinexon. Muni de ces données, l’ar-

UMBRELLA SOFTWARE DEVELOPMENT GMBH

Protecht

Pour ne pas perdre la tête Lors de la finale de la Coupe du monde 2014, le milieu de terrain allemand Christoph Kramer demande à l’arbitre si le match en cours est bien la finale. Il venait de subir un choc avec un joueur argentin. Depuis cet épisode, le monde du football prend les commotions cérébrales très au sérieux. Les combats aériens sont trop souvent violents et peuvent laisser THE RED BULLETIN

La protection buccale se porte sur la rangée supérieure des dents, comme un boxer, et mesure les vibrations.

rière peut préparer ces duels avec précision, en simulant les déplacements de ­Coman pour comparer sa vitesse de course. L’entreprise de Schmidt a doté dix terrains d’entraînement de la Red Bull Fußball Akademie de la technologie LPS. Kinexon n’utilise pas de données GPS, ­insuffisamment précises, mais installe ses propres émetteurs autour du terrain. Ceux-ci échangent des données avec les capteurs des joueurs jusqu’à 100 fois par seconde. Les données obtenues permettent bien sûr d’enregistrer la vitesse de course et la distance parcourue, mais aussi la position exacte de chaque joueur, ce qui permet d’évaluer leurs déplacements en phase d’attaque et en phase de défense. Toujours plus nombreuses, les données de suivi permettent aux clubs de déterminer les paramètres clés de leur propre philosophie de jeu. Le « Big Data » figure déjà dans les cursus universitaires liés au sport et dans la formation des entraîneurs. Et de plus en plus de joueurs professionnels prennent conscience de l’utilité de ces données pour travailler sur leurs points faibles de manière ciblée. Ils s’en servent d’ailleurs comme argument lorsqu’ils négocient leur contrat, à l’instar du milieu de terrain de Manchester City Kevin De Bruyne lors de sa récente prolongation de contrat de deux ans, soit jusqu’en 2025. kinexon.de

des séquelles à vie. Afin de minimiser ce risque, la société SWA teste actuellement son nouveau protège-­dents hi-tech PROTECHT chez les U23 du Liverpool FC, les U18 féminines de Manchester City et – pour être sûr – l’équipe de rugby anglaise Leicester T ­ igers. Enveloppant la mâchoire supérieure laquelle est soudée au crâne, la gouttière sur mesure permet de mesurer l’intensité des chocs subis par la tête. Les données collectées sont envoyées en temps réel à l’équipe médicale présente aux abords du terrain, pour intervenir si nécessaire. Dans le cas de Christoph Kramer, la décision de le remplacer aurait été immédiate et non quinze minutes après la collision. swa.one

77


ABONNEZ-

VOUS

DÈS MAINTENANT! Recevez votre magazine directement chez vous :

12 € SEULEMENT POUR 10 NUMÉROS Simple et rapide, je m’abonne en ligne sur :

COUPON D’ABONNEMENT

À compléter et à renvoyer avec votre règlement sous enveloppe à affranchir à : THE RED BULLETIN (ABOPRESS) - 19 rue de l’Industrie - BP 90053 – 67402 ILLKIRCH OUI, je m’abonne à THE RED BULLETIN : 1 an d’abonnement pour 12 € seulement Mme

Melle

TRBMAG

PASSEZ VOTRE COMMANDE ICI

getredbulletin.com

M.

Nom Prénom Adresse CP Ville Email Je demande à recevoir gratuitement la newsletter THE RED BULLETIN Je joins mon règlement par : Chèque bancaire ou postal à l’ordre de THE RED BULLETIN DATE SIGNATURE Offre valable uniquement en France métropolitaine. Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant auprès de THE RED BULLETIN, adresse : 29 Rue Cardinet, 75017 Paris, France.


PERSPECTIVES Expériences et équipements pour une vie améliorée

THE GREAT ESCAPE

AARON ROLPH/BRITISH ADVENTURE COLLECTIVE

Une échappée belle en VTT dans les îles britanniques

79


PERSPECTIVES voyage

es aventures multisports sont ma passion. Vélo, escalade, randonnée, kayak, la pratique de ces différentes disciplines souvent combinées, m’a emmené dans le monde entier. Repousser les limites de l’endurance et du temps est une expérience unique. J’ai escaladé en une semaine le sommet le plus élevé de chaque pays traversé par les Alpes, bouclé le Tour du Mont-Blanc Cyclo (330 km à vélo, 8 000 m de dénivelé) en une journée et traversé à vélo 14 pays en sept jours avec à la clé un record mondial. Les lieux reculés constituent le cadre idéal pour mes aventures sportives, mais les espaces sauvages qu’abrite le

80

avec la nature plus intense, je l’ai agrémenté de dix défis, dont la traversée à la nage du lac Windermere, la descente en VTT de la piste de Coupe du monde à Fort William et l’ascension du Cuillin sur l’île de Skye, un réseau complexe de munros (montagnes écossaises de plus de 914 m de haut) connu pour ses pics dentelés, combinant scrambling et alpinisme. En termes d’alpinisme britannique, franchir la crête en une journée fait partie des plus grands défis. Ce que les gens considèrent comme étant un sport « extrême » est en fait accessible à la plupart. L’aversion au risque s’estompe si les objectifs restent dans votre zone de confort. Le vélo en est un bon exemple, sa maîtrise dépend de vous. Pour l’alpinisme, vous pouvez choisir des pics THE RED BULLETIN

AARON ROLPH/BRITISH ADVENTURE COLLECTIVE

L

Royaume-Uni n’ont rien à envier au reste du monde. L’année dernière, j’ai donc imaginé la Great Escape, l’Échappée Belle, un périple de 2 790 km en VTT, reliant les îles Scilly, à la pointe sud du Royaume-Uni, à Muckle Flugga dans les Shetlands, le point le plus au nord des îles britanniques. Mais pas question cette fois de me presser. D’habitude, j’abats plus de 200 km par jour. Mais, comme beaucoup de gens, la pandémie m’a incité à lever le pied, à prendre le temps de renouer avec la nature. J’ai consulté les photos postées sur Google Maps afin d’y dénicher les pistes les plus sauvages et les plus reculées. Cela a donné forme à un itinéraire qui zigzague abondamment afin d’inclure les meilleurs sites. Afin de rendre ce contact

ALEXANDRA ZAGALSKY

« La plupart des gens peuvent pratiquer un sport dit ’’extrême’’. L’aversion au risque s’estompe quand les objectifs restent dans votre zone de confort. » Aaron Rolph, athlète britannique


PERSPECTIVES voyage Échappée joyeuse : « Ceci est mon noble destrier, affirme ­Rolph. Un Genesis ­Datum équipé de sacs Restrap et de pneus 35c tout terrain et à toute épreuve. »

Bonheur et douleur : « Une balade sur la côte au coucher du soleil. Pensez à ne rien ­laisser derrière vous » ; Rolph soigné par les ambulanciers au BikePark Wales (à droite). THE RED BULLETIN

faciles à gravir par beau temps. Certains sports sont tributaires de la météo, du vent, ou des vagues si vous faites du kayak. Ils sont aussi extrêmes que vous voulez les rendre. Je prends la route en juillet 2020. Au volant d’un van, mes amis cinéastes me suivent à la trace pour filmer la Great Escape, un documentaire qui met à l’honneur la beauté d’une Grande-Bretagne hors des sentiers battus. Je n’emporte que le strict nécessaire, afin d’être le plus puriste possible, une tente, un réchaud, un sac de couchage, un tapis de sol et un appareil photo, ainsi que des sacs étanches pour faire face aux caprices de la météo et que je plie religieusement désormais. Lorsqu’un défi nécessite un équipement spécial, mes amis me le   81


PERSPECTIVES voyage

Itinéraire Le parcours de Rolph, blessure incluse ARRIVÉE Îles Shetland

BikePark Wales DÉPART Les Sorlingues

livrent sur site. L’aventure peut enfin commencer. Le premier jour, je pagaye sur les eaux bleu profond des îles isolées de Scilly, un début idéal. Les jours suivants, l’itinéraire m’entraîne sur les côtes de Cornouailles et du Devon, où rivages scintillants, collines ondoyantes, forêts luxuriantes et landes tapissées de bruyères régalent les yeux. Dans la région de l’Exmoor, m’attend une incroyable descente de style alpin sur une voie unique, bordée par deux falaises spectaculaires aux parois abruptes et escarpées. Les collines du Quantock au Somerset — une région d’une exceptionnelle beauté naturelle — sont sans conteste l’un des paysages les plus pai-

« La Great Escape porte bien son nom, je l’ai échappé belle ! » 82

sibles du Sud-Ouest. Je rejoins ensuite Bristol en empruntant les gorges sinueuses de Cheddar, traverse le pont Severn et quitte ainsi l’Angleterre pour pénétrer dans le sud du Pays de Galles où les choses prennent une tournure dramatique. Lors de mon troisième défi, dans le BikePark Wales, très apprécié des vététistes pour ses descentes techniques, je m’élance sur un tremplin de 9 m en pensant avoir pris assez d’élan, mais je chute brutalement. Trop court. La selle heurte violemment mon estomac. Je me relève avec une douleur intense : côlon sectionné. Je remonte la pente, engourdi par le choc. Personne au sommet, je déambule jusqu’à une zone fréquentée. Je réalise la gravité de la situation en voyant l’ambulance. Commence alors le premier séjour de ma vie à l’hôpital, une expérience difficile. L’échappée belle est mise sur pause. Huit mois plus tard, je suis remis. Je revis. La Great Escape porte bien son nom, je l’ai échappé belle ! Je remonte sur le vélo le 17 mai avec deux tiers de l’itinéraire devant moi, et, en ligne de mire, les sommets du Cuillin, un défi de taille que je compte bien relever en une journée de 12-14 heures. Aaron Rolph est aventurier,

photographe et fondateur du British Adventure Collective, un groupe d’athlètes qui partagent leurs expéditions afin d’encourager d’autres à se lancer ; ­britishadventurecollective.com

Pour s’évader Conseils pour explorer une partie du RoyaumeUni à vélo sans souci Vélo au long cours… « Pour profiter de la nature, je recommande un vélo bien équipé, semi-­ rigide, ou suspension complète si le terrain est plus accidenté. »

Ou vélo d’un jour « L’escapade d’une journée c’est bien aussi. Il y a des endroits fabuleux à moins de trois heures de Londres. Si vous le sentez, restez-y pour la nuit. »

Roulez à l’aise « Je ne monte pas sur le vélo sans tenue adaptée. Les vêtements de la marque Albion sont très conforts. »

Photographier léger « J’utilise un appareil Sony A7R III et un objectif Zeiss 35 mm f2.8,moins volumineux qu’un zoom et tout aussi performant. »

Un nécessaire compact « Au début, j’avais un gros sac à dos, c’est peu confortable et les équipements inclus sont souvent inutiles. Un sac plus spécialisé sera plus petit et plus léger. Un matelas de couchage peut être volumineux. Plié, le mien fait 15 cm de long et 5 cm de haut. »

Restez au sec « Je suis ambassadeur Arc’teryx, donc forcément fan, mais leur kit est vraiment bien pensé. Un petit sac étanche est un must, en deux exemplaires même, car au Royaume-Uni la pluie finit toujours par s’inviter. » THE RED BULLETIN

AARON ROLPH/BRITISH ADVENTURE COLLECTIVE

Soins naturels : « J’ai beaucoup maigri après mon opération, mais à Chamonix, les ­balades et la nage m’ont remis sur pied ». Bas de page : en voie de guérison à l’hôpital.


Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

RED BULL AU GOÛT DE PASTÈQUE.

VIVIFIE LE CORPS ET L’ESPRIT®.

POUR VOTRE SANTÉ, PRATIQUEZ UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE RÉGULIÈRE. WWW.MANGERBOUGER.FR


PERSPECTIVES gaming COLLABORATION

Soyez sympa Josef Fares est un rebelle de la conception de jeux vidéo. Avec sa dernière création, il veut nous faire travailler les uns avec les autres et transmettre DE l’amour. Ne vous chamaillez pas, coopérez, simplement.

84

nommé Dr. Hakim. « Même si ce livre est fou, il a quelques bons conseils à donner », dit Fares (photo). Une description appropriée de ce développeur de jeux en personne. Il nous expose les raisons pour lesquelles d’après lui, travailler et jouer ensemble, c’est la clé...

Créer des liens

Dans It Takes Two, la progression nécessite une réelle coopération. « Cela vous don-

Un renouvellement permanent

La plupart des jeux exigent des joueurs d’apprendre une nouvelle compétence au début, puis de l’utiliser tout au long. Dans It Takes Two, la mécanique du jeu change avec l’histoire. « Je n’aime pas réutiliser les choses – si vous avez une scène grandiose dans un film, vous ne la répétez pas juste parce que c’était génial, dit Fares, qui est aussi un réalisateur à succès en Suède. Nous

« Des couples se fiancent après avoir fini mon jeu. » ­ oulons que les gens vivent v quelque chose d’entièrement nouveau. »

Pas à la pièce

De nos jours, il est rare de voir un jeu qui ne vous demande pas de collecter des pièces de monnaie ou des jetons pour un taux d’achèvement de 100 %. « Je ne suis pas contre la collecte de pièces dans des jeux comme Mario, mais parfois c’est tellement forcé. Nous voulons que vous interagissiez avec le monde. Il y a beaucoup d’autres choses à faire là-dedans. »

Profiter d’un voyage, c’est mieux en bonne compagnie. « [La Co-op] est un genre sous-estimé, dit Fares. Nous adorons regarder des films ensemble, vivre des histoires extraordinaires ensemble, alors pourquoi pas un jeu ? Il s’agit de plus que de tirer partout. Lorsque vous avez deux personnalités différentes, non seulement vous pouvez créer des scénarios cool qui sont nouveaux pour elles, qui sont uniques pour chaque caractère et qui vous font parler plus, mais vous pouvez aussi créer des situations dramatiques entre elles. Des fois on dirait que les scénaristes et les créateurs font deux jeux différents. Pour nous, l’histoire et le jeu sont étroitement liés. »

Dans It Takes Two, Cody et May doivent réparer leur mariage afin de pouvoir redevenir humains.

It Takes Two est sur PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X/S et Windows ; hazelight.se THE RED BULLETIN

STU KENNY

Partager, c’est aimer

ELECTRONIC ARTS AND HAZELIGHT STUDIOS

Josef Fares est surtout célèbre pour deux choses : d’abord, pour avoir crié “Fuck the Oscars!” et avoir fait un doigt d’honneur aux caméras lors des Game Awards, événement incontournable du milieu, en 2017 ; et aussi, pour ses jeux vidéo géniaux. C’est ce mariage de charisme et de créativité qui a valu au créateur de jeux libanosuédois de 43 ans un culte voué par les gamers. Dans un marché encombré d’expériences de jeu et de narratifs répétitifs, Fares et son équipe soudée de « sales enfoirés » de la maison de gaming suédoise Hazelight Studios se distinguent, et sont vraiment uniques. « Je suis très bon pour réveiller le monstre créatif chez les gens. » Un sujet en particulier se retrouve dans tous les jeux de Fares : la coopération. Son dernier en date, It Takes Two, comme son nom l’indique, ne peut pas être joué seul. Chaque joueur contrôle la moitié d’un couple marié et querelleur, Cody et May, qui ont magiquement été transportés dans des corps de poupées après que leur fille se soit rendue compte qu’ils étaient sur le point de divorcer. Pour se retransformer en humains, ils doivent réparer leur mariage au long d’une quête impliquant des dinosaures en plastique et des écureuils guerriers hi-tech. Une comédie romantique coopérative où vous êtes guidé par un « expert de l’amour », un livre vivant

nera une bonne idée de l’endroit où vous vous trouvez dans une relation, dit Fares. Si vous vous disputez beaucoup tout en jouant, vous avez un problème de communication. Vous devez avoir de la patience et de la compréhension, et parler. J’ai entendu de belles histoires sur des gens qui se sont fiancés après l’avoir terminé. »


PERSPECTIVES gaming

Hultén équipe ses cabinets en bois de PC Plug-and-Play ou d’émulateurs de jeux vidéo Raspberry Pi et parfois de cartes JAMMA originales.

JOUER

Art pixelisé

LOVE HULTÉN

TOM GUISE

Le Pixelkabinett 42 est une authentique borne d’arcade, mais c’est aussi le fruit du travail d’un artiste qui se consacre à repenser les appareils contemporains. Love Hultén est un artisan investi d’une mission. « Je veux piquer la curiosité », explique cet artiste suédois à propos de son mobilier interactif qui comprend un synthétiseur constitué de 25 dentiers jouets reliés à un clavier de piano ou encore cette borne d’arcade. « Les jeux d’arcade classiques ont du charme, mais quand on les installe dans un habitat moderne, on se retrouve dans une ambiance très antre de mecs. Je voulais introduire les jeux d’arcade dans un cadre plus adulte. » Sa borne PK42 s’inspire des jeunes années de ce fan d’appareils vintage en tous genres de 36 ans, dont les œuvres uniques attirent des acheteurs comme l’acteur Michael B. Jordan, le rappeur A$AP Rocky et peut-être même Kanye West. « Je ne suis pas sûr qu’il en ait acheté un, mais son ami en a commandé deux… alors peut-être bien que oui. » lovehulten.com THE RED BULLETIN

85


PERSPECTIVES fitness ÉVOLUTION

Changez de mode Pour se sentir mieux dans sa peau, ce bodybuilder a quitté une zone de confort ambiguë.

86

Obi Vincent accumule les avantages du CrossFit après avoir abandonné l’haltérophilie.

Reniez la négativité

« Lorsque j’étais bodybuilder, je me souciais tout le temps de mon aspect physique, ce qui n’était pas sain. Le fait de ne plus penser : “Mes épaules doivent être plus larges, ma hanche plus fine, mes jambes plus épaisses” ne me manque absolument pas. Je ne regrette pas non plus mon régime limité à 1500 calories, d’emmener des Tupperware au resto parce que je ne pourrais rien manger là-bas, vous imaginez le truc ? »

« Personne ne se préoccupe de tes abdos dans une salle de CrossFit »

Soyez ouvert

« J’aurais pu continuer avec le bodybuilding, parce que c’était plus confortable. Sortir du moule a signifié pour moi essayer quelque chose, une fois. Un gars sur les réseaux sociaux m’a demandé si je voulais essayer le CrossFit, et j’ai répondu : “Banco !” »

Surprenez-vous

« Au début j’étais hors d’haleine après des exercices de cinq minutes. J’ai passé des années à ne soulever que des haltères, donc défier mon endurance et faire de la gym a été un choc. Avant de commencer l’entraînement de condition physique fonctionnelle, je trouvais que les kettlebells étaient inutiles. Maintenant je les recommande à tout le monde, tous niveaux confondus. »

Fixez-vous sur le fun

« J’ai réalisé qu’il y a toute une partie du monde du fitness qui se fiche de ton physique. Ce sont les performances qui comptent, et c’est fun, ce qui n’était pas mon cas. Et il y a les entraînements en groupe, tandis qu’en bodybuilding, c’est très perso. Personne ne se préoccupe de tes abdos dans une salle de CrossFit. »

Ignorez les critiques

« On me critique tous les jours sur les réseaux sociaux, et certains bodybuilders trouvent le CrossFit ridicule. Mais il n’y a rien de plus passionnant que d’apprendre de nouvelles aptitudes. Ne laissez pas la peur, ou les autres, vous freiner. »

Obi est expert en forme physique et coach. Suivez-le sur youtube.com/obivincent THE RED BULLETIN

HOWARD CALVERT

avant tout, il est heureux tel qu’il est. Voici ses conseils.

OBI VINCENT

« Je voulais ressembler à The Rock » dit Obi Vincent en riant, lorsqu’il se rappelle ses ambitions d’ado. « Cela peut sembler ridicule, mais je voulais être un catcheur. » À voir cet athlète musclé de 112 kilos, un CrossLIFTR – il a développé son propre mix de bodybuilding et de CrossFit – cet objectif ne semble pas si ridicule que ça. Mais ce ­Londonien de 35 ans n’a pas toujours eu ce physique. « Jusqu’à mes 16 ans, je pensais que c’était normal d’être gros » raconte Vincent à propos de son surpoids et de son caractère introverti d’ado. « Et puis un jour, quelqu’un a fait une remarque à propos de mon poids et j’ai réalisé qu’il fallait que je change mon aspect physique, et que j’adopte une vie saine. » Vincent détestait les salles de sport, il faisait donc le tour du terrain de foot de son quartier en courant. « En l’espace d’un an, je suis passé de 100 à 85 kg » dit-il. Mais son rêve de Dwayne Johnson l’incite finalement à retourner en salle de sport. Au bout de deux ans, il a tellement forci qu’un entraîneur lui fait remarquer qu’il a le physique d’un bodybuilder, et Vincent entre dans le monde des haltères superlourdes et des régimes draconiens. Mais il ne lui faut pas longtemps pour réaliser que son obsession des muscles affecte sa santé mentale, sur quoi il se lance un défi en 2017 et passe à un entraînement fonctionnel de type CrossFit. Aujourd’hui, il multiplie les disciplines et apprécie à la fois la course, le cyclisme, le boulder et l’haltérophilie. Mais


PERSPECTIVES sur vos écrans MOTO RED BULL MOTO SPY SAISON 5 L’une des séries phares de Red Bull TV couvrant le championnat AMA Supercross 2021 avec une plongée dans le quotidien des plus intenses pilotes de ce sport.

QUIT YOUR DAY JOB LLC, GARTH MILAN/RED BULL CONTENT POOL, BEN MARR/RED BULL CONTENT POOL, BRIAN BIELMANN

SKATE QUIT YOUR DAY JOB « Les filles qui sont aujourd’hui à la fin de l’adolescence et au début de leur vingtaine avaient entre 8 et 12 ans quand Getting Nowhere Faster (le documentaire pionnier de 2004 sur les skateuses) est sorti », expliquait Monique O’Toole en 2016 dans un crowdfunder pour ce projet. La cinéaste californienne a quitté son emploi de monitrice de skate à Etnies, pour réaliser Quit Your Day Job, né d’un court métrage de 2015 et sorti en 2017. Il met en scène plus de 30 skateuses, dont les pros Vanessa Torres, Samarria Brevard et Nika Washington. Et ­devrait motiver d’autres films de ce genre sans que l’on ait besoin d’attendre une décennie.

SURF WHITE RHINO

KAYAK FILER CREEK Dans ce documentaire court de 20 min, Ed Muggridge et son équipe de kayakistes intrépides cherchent à effectuer une première descente de Filer Creek, un tronçon de rivière de 66 km qui les mènera des montagnes alpines de la côte de la ­Colombie-Britannique à l’océan Pacifique. Comment y arriveront-ils ? C’est ce que ce film ­documentaire vous révélera. THE RED BULLETIN

Le « rhinocéros blanc » dont il est question ici n’est pas un animal, mais c’est une bête – certaines des plus belles actions de surf jamais filmées, plus précisément trois houles gargantuesques aux Fidji et à Tahiti en 2011 et 2012. Le bien nommé cinéaste canadien Brent Storm (« Brent Tempête ») documente l’histoire du pèlerinage du légendaire photographe de surf Brian Bielmann dans le Pacifique Sud pour capturer ces vagues uniques, avec en parallèle les récits personnels des surfeurs assez fous pour tenter de les dompter. Avec les autorités du surf Dave Wassel, Nathan Fletcher, Kohl Christensen et Kalani Chapman, White Rhino est un film passionnant, qui nous offre des moments épiques de glisse.   87


PERSPECTIVES équipement

L’été est là

Autant en emporte l’estivant… pour des virées au top.

À l’eau SURFIN ESTATE Trim Fabriqué dans un tissu à finition déperlante DWR, ce maillot sèche très vite puisqu’il n’absorbe pas l’eau. 100 € ; surfinestate.eu

VANS Trek Slip-On Du bitume à l’océan, quand l’iconique chaussure Vans Slip-On se réinvente dans une version injectée monobloc résistante. Le motif checkerboard déstructuré présente des découpes ­permettant à l’air et à l’eau de circuler, et la semelle gaufrée à crans inversés oversize assure une adhérence optimale en toutes situations. De plus, vous pourrez les rincer entièrement. 50 € ; vans.fr

AQUALUNG Xscape ¾ mm Les combinaisons de plongée XSCAPE offrent un confort supérieur en eaux chaudes, lorsque les températures sont comprises entre 20 et 28 °C. Grâce à leur matériau souple et léger, le Yulex au lieu du néoprène habituel, ces combinaisons d’épaisseur 4+3 mm peuvent également être utilisées pour le snorkeling, l’apnée, le paddle ou tout autre sport nautique. 349 € ; aqualung.com

SURFIN ESTATE Twin Le dernier modèle de twin a été mis au point pour tous types de conditions mais cette planche se révélera dans des vagues puissantes et sportives. Avec une bonne accroche dans la vague, de la vitesse et une entrée en vague facile, cette planche se surf sans complexe et vous permettra de découvrir une nouvelle approche dans la vague. Dès 730 € ; surfinestate.eu

88

COLMAR Bonnet Un bob unisexe en toile de coton avec ventilation latérale. N’oublions pas que ce chapeau est l’accessoire ultime de tout bon « chilleur » estival. 49 € ; colmar.it

PICTURE Ebi Bento Set En fibres de bambou et maïs, cette lunch box est réutilisable et biodégradable. 39,99 € ; picture-­ organic-clothing.com THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES équipement

En montagne COLUMBIA Trailstorm™ Mid Prête pour toute météo, cette chaussure ultra-adhérente allie imperméabilité, confort et respirabilité. 99,99 € ; columbiasportswear.fr

ARC’TERYX Beta LT SALOMON Sandale Relaax Break Détendez-vous ! Cette sandale aide à réduire la fatigue musculaire. Mise au point par des experts en biomécanique, la nouvelle technologie EndoFit™ enveloppe et maintient le pied pour réduire la force qui s’exerce sur les muscles. 50 € ; salomon.com

En rando, on a toujours besoin d’une gore tex ! Et quand c’est l’une des plus fameuses marques outdoor qui l’emploie, on adhère. 400 € ; arcteryx.com

ARC’TERYX Sinsola Au top en plein soleil, son étoffe polyester à tissage simple possède un indice de protection solaire UPF 50+, est extensible, très légère et perméable à l’air. 50 € ; arcteryx.com

ELEMENT Wolfeboro Alder Light 2 Tones Avec cette veste et une ligne associée, Element pousse encore plus loin l’éco-conception en utilisant pour ses pièces membranées le polyester Repreve® issu de bouteilles en plastique recyclées. 110 € ; elementbrand.fr

ALTRA Lone Peak Leur concept Balanced Cushioning facilite une course naturelle. 150 € ; altrarunning.eu

IZIPIZI Zenith

PATAGONIA Storm 10 Un modèle poids plume en matière imperméable trois couches, facile à transporter dans votre sac à dos pour affronter les caprices de la météo. De confection Fair Trade Certified™. 320 € ; eu.patagonia.com

THE RED BULLETIN

Des solaires sans correction aux verres de catégorie 3 à 4, polarisées, garantissant une protection 100 % UV. 60 € ; izipizi.com

BURTON Incline La perf quatre-saisons au sommet, avec une taille polyvalente adaptée à toutes les sorties en montagne et le confort du panneau dorsal Aeropro. 2O0 € ; burton.fr

89


PERSPECTIVES équipement

En ville ABUS Hyban Ce casque associe une coque dure robuste à de larges ouvertures d’aération. Ses grands réflecteurs principaux ainsi que de nombreux réflecteurs secondaires assurent une visibilité élevée du cycliste, de jour comme de nuit. Complété par un puissant feu arrière à LED. 99,95 € ; abus.com/fr

HOKA ONE ONE Kaha Low Gore-Tex Force et maintien sont ses atouts, avec un super rapport poids-amorti. Et les plus de la marque : mousses exclusives, géométries brevetées, adhérence Vibram® Mega-Grip et fermeture par lacet ajustable. 190 € ; hokaoneone.eu

BABOLAT Pure Aero Rafa La première raquette signature de Rafael Nadal dont le design, très Rafa, a été développé en étroite collaboration avec le champion. 259,95 € ; babolat.com

MARSHALL Emberton

LE VÉLO MAD LE SPORT+

Ceci est une enceinte portable (ici en couleur crème) dotée d’un son puissant et dynamique, typique de Marshall. Elle utilise la technologie True Stereophonic, une forme de diffusion audio multidirectionnelle propre à Marshall. Découvrez un son à 360 ° d’une qualité absolue, quelle que soit votre position par rapport à l’enceinte. Et avec une autonomie de plus de 20 heures, profitez-en à fond. 149 € ; marshallheadphones.com

Ce vélo à assistance électrique dispose d’un moteur central à capteur de couple et d’une batterie intégrée au cadre (proposant 80 km d’autonomie moyenne) pour un poids de 19,5 kg. Conçu et assemblé en France à Machecoul, à La Manufacture Française du Cycle, premier fabricant de cycle en France, le Vélo Mad est vendu uniquement sur son site internet. 2290 € ; levelomad.com

90

THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES équipement

HÄGLOFS Lava 50 Ce sac de sport comprend un grand compartiment principal, une poche à documents intérieure zippée et un autre compartiment zippé faisant également office de poche de rangement pour le sac. Il est doté de bretelles confortables et ajustables. 100 € ; haglofs.com/fr

POLAR Vantage M2 Avec cette montre, entraînez-vous plus intelligemment. 299,90 € ; polar.fr

EPOS GTW 270 CAVALE Messager Le Messager est le vélo à assistance électrique ultime pour vos déplacements en ville. Fort des 80 années d’expérience des Cycles Alex Singer, sa conception est taillée pour affronter vos trajets quotidiens. Fabriqué en France avec des matériaux et des composants de grande qualité, il allie légèreté, confort d’utilisation et élégance. Son poids : 15 kg. Son autonomie : 50 km. Dès 3 450 € ; cavale.cc

ARBOR Fish Artist

REINE BIKE Doré

Arbor Collective est une marque de skateboards, de longboards et de snowboards fondée en 1995, et qui regroupe un collectif de designers, d’artistes et d’amis, soucieux de la protection de l’environnement. C’est pourquoi, ils ont choisi de construire des planches en bois de koa et de bambou. Performance, qualité, graphisme original et éco matériel sont les valeurs d’Arbor Collective. 189,99 € ; arborcollective.com

Voici un VAE haut de gamme composé de par sa conception et sa connectivité, doté d’un cadre aluminium sur mesure avec une batterie 504 Wh totalement intégrée, d’un moteur central personnalisé avec un couple de 80Nm associé à un moyeu à variation continue, et de freins à disques hydrauliques. 2990 € ; reine-bike.com

THE RED BULLETIN

Les écouteurs sans fil GTW 270 Hybrid établissent une nouvelle norme en matière de son à faible latence grâce à leur dongle USB-C. Idéal pour profiter d’une session de gaming sans latence. 199 € ; eposaudio.com

91


PERSPECTIVES équipement

Van life

SURFIN ESTATE Bivouac Il est temps de reprendre la route, en mode mon van et mon couteau : ce “Bivouac” est le parfait compagnon pour vos virées motorisées, le temps d’un weekend, ou toute l’année durant. Composé d’une fourchette, une cuillère, un couteau (lame inox de 9 cm avec sécurité) et d’un tire-bouchon, il est accompagné d’une housse de protection, et fabriqué en France ! 25 € ; surfinestate.eu

COLUMBIA Bora Bora Bora II

VANS Ultrarange Exo Les chaussures hybrides de Vans les plus polyvalentes, associant le confort et la fonctionnalité des UltraRange à la protection contre les éléments de la ligne MTE. Elles disposent d’une semelle intermédiaire amortissante en mousse ULTRACUSH™. 125 € ; vans.fr

Pour les fans de pêche, ou pas, ce chapeau affiche un bandeau qui évacue la transpiration et un panneau d’aération en maille. Le tout assurant une bonne respirabilité et vous gardant au frais. 27,99 € ; columbia­ sportswear.fr

SEA TO SUMMIT Set hamac jungle Conçu pour les environnements humides, il est fabriqué à parti de matériau résistant tout en étant respirant. En effet, on y retrouve du Nylon Risptop 70 D associé à des boucles en aluminium résistantes à la corrosion. Son filet monofilament protège des insectes. 169,95 € ; seatosummit.fr

SALOMON Sokari

ELEMENT Manual corduroy

Des lunettes rondes d’inspiration rétro pour un look branché et intemporel. Leur matière souple et agréable au niveau des plaquettes et des extrémités des branches les maintient bien en place pour le sport. Leur filtre polarisé prévient l’éblouissement et offre une protection anti-UV haute performance, et leur monture sport très enveloppante offre une excellente vision périphérique. 99 € ; salomon.com/fr-fr

Ce short est fabriqué en velours côtelé recyclé dans une coupe Regular fit 17’’ courte pour une liberté de mouvement optimale. Un cordon de serrage à la taille et des poches latérales viennent en renfort pour vos virées. 65 € ; elementbrand.fr

92

THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES équipement

Tech

JBL Charge 5 L’enceinte offre un Son Pro Original JBL puissant, avec son haut-parleur d’écoute longue portée optimisé, son haut-parleur haute fréquence séparé et ses deux radiateurs de basses JBL. Jusqu’à 20 heures d’autonomie et un chargeur portable pratique pour que vos appareils soient toujours chargés et que vous puissiez faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Pluie ? Boissons renversées ? Sable ? Conçue selon la norme IP67, la Charge 5 résiste à l’eau et à la poussière et survit à tout ce qui se présente sur son chemin. Grâce à PartyBoost, vous pouvez connecter plusieurs enceintes compatibles JBL PartyBoost. 179 € ; fr.jbl.com

REALME Pro8 Il ne fait que 176 g pour 8,1 mm d’épaisseur, et parmi ses caractéristiques : 50 % de batterie en 17 minutes ; une caméra Ultra Quad de 108MP ; un plein écran Super AMOLED de 16,3 cm (6,4”) ; un scanner d’empreintes digitales intégré à l’écran ultra rapide ; un processeur de jeu 8 nm. Et grâce à son design d’inspiration stellaire, « vous aurez l’impression que l’infini repose dans la paume de votre main ». Dès 299 € ; realme.com

VIVO X51 5G Ce smartphone représente la volonté de vivo d’être toujours centré sur ­l’utilisateur et l’innovation. Stabilisation de pointe, mode nuit, zoom et technologie portrait, il permet aux utilisateurs de prendre des photos et des vidéos nettes de haute qualité dans une multitude de situations. Le design du vivo X51 5G s’inspire de la nature et de l’esthétique futuriste, pour s’accorder parfaitement avec l’époque. Avec ses fonctionnalités de photographie professionnelle, son design épuré et ses performances sans faille, il repousses les limites des smartphones haut de gamme. 799 € ; vivo.com THE RED BULLETIN

DJI Mini 2 Leader mondial des drones civils et technologies de caméras innovantes, DJI présente ce modèle caméra (4k) équipé de nouvelles fonctionnalités, au format compact et portable, dans la catégorie de drone la plus sûre pesant moins de 250 gr. 459 € ; dji.com/fr

93


Côté performance La sélection Go Sport pour un été actif.

THE NORTH FACE Chaussures de randonnée Vectiv Escape, 129,99 € THE NORTH FACE Anorak Glacier, 89,99 €

THE NORTH FACE Tee-shirt Glacier, 49,99 €

SCRAPPER VTT électrique Exc 4, 1 669,99 €

THE NORTH FACE Pantalon Glacier, 89,99 €

Pour lui

THE NORTH FACE Chaussures de randonnée Vectiv Exploris Futurelight, 154,99 €

THE NORTH FACE Short Glacier, 69,99 €


PUBLI-PROMOTIONNEL

Pour elle THE NORTH FACE Chaussures de randonnée Vectiv Escape, 129,99 € ADIDAS Tee-shirt Terrex, 34,99 €

THE NORTH FACE Chaussures de randonnée Vectiv Escape, 129,99 €

THE NORTH FACE Tee-shirt Glacier, 49,99 €

ADIDAS Veste AGR Wind, 79,99 €

ADIDAS Chaussures de trail Terrex AX3, 99,99 €

THE NORTH FACE Short Glacier, 49,99 €

ADIDAS Short Terrex, 49,99 €


MENTIONS LÉGALES

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

The Red ­Bulletin est ­actuellement distribué dans six pays. Vous découvrez ici la couverture de l’édition britannique dédiée au footballeur anglais Trent Alexander-Arnold. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. SO PRESS n’est pas r­ esponsable des textes, photos, ­illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

96

Direction générale Alexander Müller-Macheck, Sara Car-Varming (adj.) Rédacteurs en chef Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.) Direction créative Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.) Direction artistique Marion Bernert-Thomann, Miles English, Tara Thompson Maquette Martina de Carvalho-Hutter, Cornelia Gleichweit, Kevin Goll Rédaction photo Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.), Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör Rédaction web Christian Eberle-Abasolo (dir.), Marie-Maxime Dricot, Melissa Gordon, Lisa Hechenberger, Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan Responsable des contenus audios Florian Obkircher Projets spécifiques Arkadiusz Piatek Gestion de la rédaction Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann Gestion de l’édition Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Anna Wilczek Directeur exécutif Stefan Ebner Directeur Ventes médias & Partenariat Lukas Scharmbacher Directrice de Co-édition Susanne Degn-Pfleger Gestion de projet Co-édition, Marketing & Communication B2B Katrin Sigl (dir.), Mathias Blaha, Katrin Dollenz, Thomas Hammerschmied, Teresa Kronreif (B2B), Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner (communication), Jennifer Silberschneider Solutions créatives Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka, Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart Gestion commerciale Co-édition Alexandra Ita Rédaction Co-édition Raffael Fritz (dir.), Gundi Bittermann, Mariella Reithoffer, Wolfgang Wieser Directeur exécutif de la création Markus Kietreiber Gestion de projet création Elisabeth Kopanz Direction artistique Co-édition Peter Knehtl (dir.), Erwin Edtmaier, Andreea Parvu, Dominik Uhl Design commercial Simone Fischer, Martina Maier, Alexandra Schendl, Julia Schinzel, Florian Solly, ­S tephan Zenz Abonnements & Distribution Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm, Nicole Glaser, Victoria Schwärzler, Yoldaş Yarar Service de publicité Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Fabrication & Production Veronika Felder (dir.), Friedrich Indich, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis, Nenad Isailović, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher Finances Mariia Gerutska (dir.), Klaus Pleninger MIT Christoph Kocsisek, Michael Thaler Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham, Yvonne Tremmel Gestion de projet Dominik Debriacher, Gabriela-Teresa Humer Assistante du Management général Sandra Artacker Éditeur et directeur général Andreas Kornhofer Adresse Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 1 90221-0 Fax +43 1 90221-28809 Web redbulletin.com Propriétaire, éditeur et rédaction Médias Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Dietmar Otti, Christopher Reindl, Marcus Weber

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project M ­ anagement Alexis Bulteau, Alexis.Bulteau@redbull.com Traductions Willy Bottemer, Fred & Susanne ­Fortas, Suzanne K ­ říženecký, Claire Schieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries Relecture Audrey Plaza Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an getredbulletin.com Siège de la rédaction 29 rue Cardinet, 75017 Paris +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Quad/Graphics Europe Sp. z o.o., Pułtuska 120, 07-200 Wyszków, Pologne Publicité PROFIL 17 avenue de Saxe 75017 Paris +33 (0)6 19 77 26 30 Thierry Rémond, tremond75@gmail.com

THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258 Country Editor David Mayer Révision Hans Fleißner (dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Natascha Djodat Publicité Thomas Hutterer (dir.), Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner, Ines Gruber, Thomas Gubier, Daniela Güpner, Wolfgang Kröll, Gabriele Matijevic-Beisteiner, Nicole Okasek-Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Johannes Wahrmann-Schär, Ellen WittmannSochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölß

THE RED BULLETIN Autriche, ISSN 1995-8838 Country Editor Wolfgang Wieser Révision Hans Fleißner (dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Publishing Management Bernhard Schmied Publicité Thomas Hutterer (dir.), Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner, Ines Gruber, Thomas Gubier, Daniela Güpner, Wolfgang Kröll, Gabriele Matijevic-Beisteiner, Nicole Okasek-Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Johannes Wahrmann-Schär, Ellen WittmannSochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölß

THE RED BULLETIN Royaume-Uni, ISSN 2308-5894 Country Editor Tom Guise (dir.), Lou Boyd Secrétariat de rédaction Davydd Chong (dir.), Nick Mee Publishing Manager Ollie Stretton Publicité Mark Bishop, mark.bishop@redbull.com Fabienne Peters, fabienne.peters@redbull.com

THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886 Country Editors Stefania Telesca, Wolfgang Wieser Révision Hans Fleißner (dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Meike Koch Media Sales & Brand Partnerships Stefan Brütsch (dir.), stefan.bruetsch@redbull.com Marcel Bannwart, marcel.bannwart@redbull.com Christian Bürgi, christian.buergi@redbull.com Jessica Pünchera, jessica.puenchera@redbull.com Goldbach Publishing Marco Nicoli, marco.nicoli@goldbach.com

THE RED BULLETIN USA, ISSN 2308-586X Rédacteur en chef Peter Flax Rédactrice adjointe Nora O’Donnell Révision David Caplan Publishing Management Branden Peters Media Network Communications & Marketing Manager Brandon Peters Publicité Todd Peters, todd.peters@redbull.com Dave Szych, dave.szych@redbull.com Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com

THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN Retrouvez votre prochain numéro en juin en abonnement avec et avec dans une sélection de points de distribution et sur abonnement. RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL

,


Leur air de jeu Repenser le défi Game of S.K.A.T.E – un skateur réalise une figure, puis l’autre doit la rentrer à son tour – et l’adapter à une altitude de 3 000 mètres a semblé une idée sympa à la parachutiste Maja Kuczyń ska et au pilote de course aérienne Łukasz Czepiela. En mars dernier, les deux Polonais ont créé leur propre version – Game of A.I.R. – dans le ciel de Bovec (Slovénie), en s’affrontant avec des flips avant, des virages au couteau ou des vols à basse altitude. Découvrez le vainqueur en vidéo sur redbull.com

98

Le prochain numéro de THE RED BULLETIN sortira le 26 août 2021.

THE RED BULLETIN

SAMO VIDIC/RED BULL CONTENT POOL

DAVYDD CHONG

Pour finir en beauté




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.