LE GRAND SAUT
Une discipline ? C’est à la portée de tous. Le décathlonien Simon Ehammer aime et vit le sport le plus polyvalent au monde.
LA MARQUE 4 4 DES SUISSES
Détendues par nature. Et idéales pour tous ceux qui aiment vivre à fond.
La nouvelle Crosstrek 4×4 et la nouvelle Impreza 4×4.
En ville, à la campagne ou à la montagne en toute décontraction : la nouvelle Crosstrek 4×4 est un exemple de polyvalence et de fabilité. Tout comme la nouvelle Impreza 4×4. Les deux modèles séduisent par leur équipement de série comprenant la dernière version du système d’assistance à la conduite EyeSight.
En outre, l’équipement de série comprend :
• Détendue par nature grâce à la technologie hybride effcace SUBARU e-BOXER
• Détendue par nature pour atteindre chaque destination grâce à la transmission intégrale symétrique permanente
• Détendue par nature lors de chaque trajet grâce à des solutions détaillées pratiques
subaru.ch
Modèles représentés : Crosstrek 2.0i e-BOXER AWD Advantage, 136/16,7 ch, catégorie énergétique E, émissions de CO2 combinées : 174 g/km, consommation de carburant combinée : 7,7 l/100 km. Impreza 2.0i e-BOXER AWD Advantage, 136/16,7 ch, catégorie énergétique E, émissions de CO2 combinées : 166 g/km, consommation de carburant combinée : 7,3 l/100 km.
Contributions
LITTLE SHAO
Personne ne capture l’action de rue avec autant d’art et d’authenticité que ce photographe parisien. Rien d’étonnant à cela : il a lui-même été un B-Boy du milieu. Pour nous, il a mis en scène le Suisse Simon Ehammer, prodigieux athlète pratiquant le décathlon.
Page 38
PATRICIA MACALLISTER-KÄFER
est journaliste et écrivaine. Son dernier livre s’intitule Nur Helden werden uns nicht retten (trad. Seuls les héros ne nous sauveront pas). Pour notre rubrique Héros & HéroÏnes, elle a conversé avec Julie Mehretu de l’art, du devoir du public et de voitures de course.
Page 20
JOSÉ GSELL
Le Biennois de 35 ans écrit des romans. Ses mots emportent vers des contrées sauvages et dévoilent des réalités discrètes. On se promène dans ses textes à la rencontre de la beauté et de son amour de la nature dans notre rubrique On a positive Note, de Bruxelles jusqu’aux crêtes jurassiennes. Page 96
TALENTS INOU ÏS
Que donne la rencontre du photographe parisien spécialiste d’action brute, éminent personnage de la scène de break, Little Shao, avec l’athlète Simon Ehammer, excellent dans tout, spécialiste dans rien (ou presque) et fgure de proue du décathlon helvète dans le monde ? Résultat par l’image p. 38. Coup d’œil mérité aussi pour la grimpeuse de bloc française, Oriane Bertone, et sa prodigieuse ascension dans la discipline, p. 66. On reste ensuite en France où deux de nos compatriotes s’imposent, souveraines, sur scène : Ocevne en R&B p. 50, et Phanee de Pool avec le « slap », p. 16. Musique encore avec Jacob Collier : cet Anglais a le don de faire chanter ses publics en chœur, p. 74… Enfn, on plonge dans ce portolio dédié au surf signé Ted Grambeau p. 22, et on prend un aller-simple pour un été de la bonne vibe avec le culotté Noel Robinson p. 56.
Fini la routine, par ici l’aventure !
professionnellement, il le maîtrise.
CONTENUS
HÉROS &HÉRO Ï NES PHANEE DE POOL 16
La songwriter romande présente le « slap » : un slam-rap énergique pas piqué des hannetons !
DAWN RICHARD 18
Cette chanteuse, animatrice et propriétaire d’un food truck, entre autres, multiplie les talents, pas les étiquettes.
JULIE MEHRETU 20
Projets d’envergure et voiture de course, l’artiste américano-éthiopienne ultra cotée ne se limite pas.
PORTFOLIO
À LA VIE À LA MER 22
Plongeon dans l’océan d’images du photographe de surf australien Ted Grambeau !
SUJET DE COUVERTURE TOUT
Comment l’Appenzellois Simon Ehammer a conquis le monde du décathlon tout en gardant les deux pieds sur terre.
MUSIQUE R&B REVISITÉ 50
Avec profondeur et autodérision, la Genevoise Ocevne bouscule la scène musicale.
TIKTOK
UN POUR TOUS 56
Noel Robinson est un nomade et un philantrope de la Gen Z qui adresse au monde un message simple : danse, souris, aime !
ESCALADE
ÉTOILE MONTANTE 66
À 19 ans, Oriane Bertone, grimpeuse de bloc française, épate les spécialistes et les fans.
MUSIQUE
L’ART DE L’INTERACTION 74
À 29 ans, Jacob Collier, génie anglais de la musique, a déjà remporté six Grammy, et séduit les publics du monde entier.
C’EST PARTI !
Barcelone, Espagne
NUMÉRO UN
L’équipe d’Alinghi Red Bull Racing a dû attendre un bon moment avant de voir son BoatOne voler au-dessus des fots, ici, au large de Barcelone. La joie était à son comble lorsqu’il a été mis à l’eau : « Tu passes trois ans à développer le bateau sur ordinateur. Quand tu le vois ensuite dans la réalité, il y a quelque chose de magique », explique le chef designer Marcelino Botin. Avec le yacht AC75 personnalisé, l’équipe entame le sprint fnal de l’entraînement pour la 37e America’s Cup à l’automne. Plus de voile en page 12 alinghi.com
Cleveland, Ohio, USA
L’action du skateur Nick Merva (un kickfip à 360 degrés, malgré une vitesse réduite) et son refet dans cette gigantesque faque d’eau se fondent en une seule et même image, immortalisée par le photographe américain Thaddeus Schau. « Grâce à la réfexion, on dirait qu’il fotte dans un double monde étrange », explique Schau. Récompense : une place en fnale du concours photo Red Bull Illume. redbullillume.com
« Sur l’île de Hiiumaa, il y a un spot de windsurf appelé Ristna. Lors de grosses tempêtes dans la mer Baltique, ça se lève vraiment et crée d’énormes vagues, mais lorsque le vent tombe, les vagues restent : des conditions parfaites pour le surf. Cette photo a été prise lors d’une de ces virées vers la plage, le long du magnifque sentier forestier. » Un jour de rêve pour le photographe Roman Neimann et ses potes à bord du pick-up Ford. redbullillume.com
Akureyri, Islande
LONG COURRIER
291 mètres ! Le Japonais Ryōyū Kobayashi –1,74 mètre, 59 kilos – détient depuis le mois d’avril le record du monde non ofciel de vol à ski. La star du saut à ski de 27 ans, au talent exceptionnel, a performé un vol de huit secondes, après avoir sauté d’un tremplin spécialement construit pour lui dans les montagnes d’Islande. Avec cette distance, Kobayashi a dépassé de 37,5 mètres le précédent record de Stefan Kraft. « Ce vol record sera ma source de force personnelle pour l’avenir », a déclaré le champion olympique connu pour son calme stoïcien.
L’incroyable performance de Kobayashi ici en vidéo ! Instagram : @ryo_koba
ÇA VA FAIRE DES VAGUES
L’America’s Cup est la plus ancienne des compétitions sportives internationales de nos jours. Depuis 173 ans, cette course prestigieuse est synonyme de technologie et d’innovation, et ne cesse d’en repousser les limites.
2003 est l’année où l’équipe suisse Alinghi remporte pour la première fois l’AC. En 2007, ils la défendent avec succès. Jamais deux sans trois ?
4
équipiers d’Alinghi Red Bull Racing pédalent à bord du voilier. Le Power Group alimente le système hydraulique en vue du réglage des voiles, des foils, etc.
14
jauges diférentes de voiliers se sont succédées depuis le début de l’AC : des goélettes transatlantiques aux immenses Class J, jusqu’aux AC75 volants.
61,3
m de long pour Reliance, le plus grand voilier à avoir remporté l’épreuve. Il représenta le New York Yacht Club en 1903, pesait 172 t et comptait 64 marins.
230 000
CHF de pénalité et un retrait de 2 points ont été infigés au Defender Oracle Team USA pour des modifcations illégales sur son voilier avant l’AC 2013.
36
éditions de l’America’s Cup disputées à ce jour. Victoires : USA (30) Nouvelle-Zélande (3), Suisse (2) et Australie (1).
132 ans : la durée pendant laquelle le New York Yacht Club domina l’AC. C’est la plus longue période d’invincibilité du sport moderne. Cette série fut brisée en 1983 par l’Australie.
6
régatières de l’équipe Alinghi Red Bull Racing participent cette année à la première Puig Women’s America’s Cup.
1 seconde : l’écart de temps qui a permis à Alinghi Red Bull Racing de battre son challenger Team New Zealand lors de la dernière régate de l’édition 2007.
53,31
nœuds, soit 98,73 km/h, est la vitesse max atteinte par l’AC75 d’Alinghi Red Bull Racing dans sa préparation à l’AC 2024. C‘est deux fois la vitesse de pointe d’une orque.
et les hommes qui portent ces montres. Sans eux, il n’y aurait ni histoires, ni légendes, ni victoires.
Pro Cycling Team l’envie de se dépasser. Celui incarné par chaque montre TUDOR. Certains se contentent de suivre. D’autres sont nés pour oser.
PELAGOS FXD CHRONOPLEIN ESSOR
Tu peux replier le kayak Oru comme une valise. Notre tech-checker Kirafn vérife si le plan est étanche.
L’OBJET
« Inspiré par l’origami, le fabricant Oru a développé ce kayak pliable. Il ne pèse que 10 kilos, se réduit à la taille d’un sac et peut donc être transporté dans n’importe quelle voiture. Pour les derniers mètres jusqu’à l’eau, il y a des sangles de sac à dos. »
LA VAGUE HYPE
« Son look futuriste plaît à beaucoup. Le TikTok le plus réussi est celui de Mellcasey, avec 2,6 millions de vues. Le créateur Theo Hofmann a pagayé de Manhattan à Brooklyn ; sa perf est devenue virale. »
L’AVIS
« Ce kayak résout tous les problèmes de transport. Des points en plus pour le design super moderne. En revanche, pouce en bas pour les prix exorbitants, entre 600 et 2000 francs suisses. »
Bilan
GO GO GO POUR... … celles et ceux qui aiment les kayaks mais qui ne possèdent ni hangar à bateaux ni grenier.
NO GO POUR... … les puristes qui aiment les kayaks en bois et pour qui l’équilibrage fait partie du jeu.
À emporter !
En quelques gestes, le kayak passe d’une longue barge à un paquet pratique. N’oubliez pas les sangles !
Kirafin, de son vrai nom Jonas Willbold, a 29 ans et divertit son 1,2 million de followers sur TikTok avec des formats comiques. En parallèle, il partage sa fascination pour les produits et les tendances technologiques. Pour nous, il passe au crible les hype actuels.
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PHANEE DE POOL
C’est après avoir tâté le terrain abrupt de la vie de fic que la chanteuseauteure-compositrice romande a pris possession de la scène pour « cracher des verbes » dans un langage qui claque, bien propre à elle : le slap !
TEXTE CHRISTINE VITEL PHOTO ANNE SOPHIE & BENOÎT DE ROUSSaluée par le Prix Georges Moustaki à Paris, deux fois par les Swiss Music Awards et lauréate du Trophée Brassens 2024, Phanee de Pool, sourire en coin sur la photo, est née en septembre 2016 de Fanny Diercksen, Biennoise bienheureuse de 35 ans. L’ex-fic devenue chanteuse donne le ton : « Je fais du slam. Ou du rap. Du slap, quoi. »
the red bulletin : Tu as un parcours très atypique. Tu es passée par une école de commerce. Puis tu as fait une carrière dans la police, et là tu viens de gagner un trophée musical en France… Pourtant, tu n’as pas de formation académique en musique, tu déclares même être autodidacte… phanee de pool : C’était bien le drame de mes parents : je n’ai jamais réussi à apprendre… Ils m’ont payé des cours de clarinette pendant sept ans, et je suis toujours incapable de lire les notes. Ensuite, j’ai commencé la guitare. J’avais 14 ans. Mon prof de guitare m’apprenait à lire des tablatures (des points sur les cordes où poser les doigts, ndlr)… Un jour, il m’annonce : « Tu as vraiment du talent, fais l’école de jazz ! » J’ai fait une année de classe préparatoire, qui s’est soldée par un : « Écoute Fanny, c’est super, ce que tu fais, mais si je peux te donner un conseil, franchement, va le faire ailleurs ! » Et c’est comme ça que j’ai arrêté. Pour moi, c’était à la fois la phrase la plus dure et la plus libératrice à entendre… et aussi le truc le plus réaliste qu’on puisse me dire.
Puis tu as fait la transition avec la police. C’est un sacré grand écart…
J’ai toujours été un loup solitaire, et avec un immense besoin d’indépendance, alors je me suis dit : « Trouve-toi un job où il n’y a pas de routine et où il n’y a pas de chômage. » J’étais en train de fumer une clope à la fenêtre et tout-à-coup, je vois une voiture de police passer. J’ai dit : « Okay, je postule, et je vais devenir fic. » En fait, on était 350. Ils en ont pris quatre, trois hommes, et moi. C’est bien la preuve que c’est là que j’étais attendue.
Que t’a apporté cette expérience ?
À LA LOUPE
Naissance
2 janvier 1989, à Bienne
Nom civil Fanny Diercksen
Plus belle rencontre
Un jour, en allant chanter dans le public, elle se retrouve nez à nez avec Henri Dès, son héros d’enfance.
Je suis restée pendant sept ans dans la police. Ce n’était pas du tout une vocation : j’étais une fic un peu bobo, marginale, pas laxiste, mais pas vraiment dans la répression non plus. Je préférais la prévention, toucher l’humain afn d’améliorer plutôt que d’écraser. Ce métier m’a fait réaliser à quel point il faut savoir être reconnaissant quand tout va bien.
Autoportrait
« Je suis sauterelle et hirondelle, mâle et femelle, je suis jumelle. » Paroles de la chanson Je suis.
D’où vient le « slap » ?
C’est une carapace en fait. Quand j’ai commencé à sortir mes premiers morceaux, les gens me disaient : « Mais c’est quoi ? De la chanson française ? » Sauf que je ne me revendique pas du tout chanteuse française, parce que je raconte des histoires, avec un début et une fn, et pas vraiment de refrain. Alors j’ai commencé à expliquer que c’était à mi-chemin entre le slam et le rap, du « slap ». Les gens comprenaient tout de suite.
Quand Fanny a-t-elle enfanté Phanee ? Ce 11 septembre (2001, ndlr), j’ai allumé ma télé, et j’ai vu les deux tours jumelles qui se cassaient la gueule, et là j’ai dit : « Mais ma grosse, tu te bouges le c*l, tu te lèves et tu
crées. » J’ai éteint ma télé, et à partir de là, j’ai commencé à cracher des verbes. Pour moi, créer ce personnage, Phanee de Pool, ça a été un exutoire, car elle était comme quelqu’un à qui je pouvais tout raconter, et où je mettais des sous-entendus que seule moi comprenais donc je ne violais pas le secret professionnel.
Comme sous l’impulsion d’un sentiment d’urgence, tu as donc commencé à « slapper ». Ton slap, c’est une claque : des mots cinglants décochés dans un fot hyper soutenu…
La brutalité de la réalité de fic, c’est celle qu’on retrouve dans mes textes. Il y a quelque chose d’hyper thérapeutique là-derrière qui m’a formée, qui m’a fait grandir encore plus. J’aborde la précarité, la drogue, la schizophrénie, la violence conjugale… des sujets que j’ai traités en tant que fic, déclamés crûment, avec une pointe de poésie.
« Bonsoir Paris ! » Dans une vidéo, tu dis que c’est très étrange pour toi, de dire ça… et bientôt, tu diras « Bonsoir Avignon ! » Ça te fait quel efet ?
Je reconnais tout de suite les regards quand un public me connaît ou pas. C’est une monstre ferté de le sentir hyper froid au début, et le voir ressortir de la salle à la fn du spectacle avec un smile jusqu’aux oreilles !
Et après ?
Dans ma ligne de mire, j’ai l’Olympia (mythique salle de concert parisienne, ndlr) ! Et après l’Olympia, je n’aurai plus de but de carrière. Je savourerai puissance 10 000.
En concert le 29 juin à Bassecourt (Jura), puis en Avignon tout le mois de juillet. Toutes les dates sur : phaneedepool.com
« C’était à la fois la phrase la plus dure et la plus libératrice à entendre. »
Phanee de Pool à propos de son invitation à aller se former ailleurs, mais pas à l’école de jazz !
DAWN RICHARD
Née à La Nouvelle-Orléans, l’indé altruiste porte plusieurs casquettes : la chanteuse devenue dessinatrice dans l’animation et propriétaire d’un foodtruck végan danse avec détermination au rythme de sa propre musique.
TEXTE JESSICA HOLLAND PHOTO BRIT O’BRIENDawn Richard semble vivre plusieurs vies à la fois. Cet été, l’artiste présente, lors de sa tournée en Europe, son style de dance très protéiforme, étourdissant, provocant et joyeux, à des rythmes irrésistibles. Et lorsque madame n’écrit pas, ne chante pas, ne danse pas ou ne crée pas un univers visuel pour accompagner sa musique, elle gère un camion de restauration végane et travaille en tant que dessinatrice et créative culturelle pour la chaîne d’animation Adult Swim.
Aujourd’hui âgée de 40 ans, elle a toujours été aussi déterminée. Elle a grandi dans un quartier pauvre de La NouvelleOrléans, et avait de grands rêves, comme elle le décrit – avec des parents artistes et travailleurs qui enseignaient la danse et la musique pour joindre les deux bouts. Pendant son adolescence, elle a chanté dans un parc d’attractions, et à l’université, elle est devenue cheerleader pour la NBA. Puis, en 2004, elle est auditionnée avec succès pour l’émission de télé-réalité américaine Making the Band
the red bulletin : Est-ce qu’être un membre de Danity Kane a été en phase avec ta vision de la célébrité ?
dawn richard : Je connaissais l’industrie musicale, mais ça a quand même été un choc pour moi. Nous faisions nous-mêmes nos costumes, pas de sommeil, dansant sur des talons de 18 cm, des répétitions de huit heures par jour. Nous n’avions pas l’occasion de profiter du moment présent, car nous travaillions très dur. Mais nous avons réussi à faire quelque chose de beau, et j’en suis fière.
Qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer en indépendante ?
À LA LOUPE
Originaire de La Nouvelle-Orléans
Meilleur titre actuellement
Babe Ruth
Pendant dix ans, j’ai fait gagner beaucoup d’argent aux autres, mais pas à moi. Je me suis dit : « Si j’y retourne, ce sera parce que je l’ai décidé, pour aller plus loin. » En ne comptant que sur moi pour réaliser mon rêve.
Ancient manageur
Sean « Diddy » Combs
Invitée sur des albums avec Nelly, T-Pain, Guy Gerber
S’en est suivi un voyage épuisant vers la célébrité en tant que membre de deux groupes de filles produits par Sean « Diddy » Combs : d’abord Danity Kane, puis Diddy – Dirty Money. Mais en 2011, libre et indépendante, elle est repartie en tant qu’artiste solo sous le nom de Dawn. Depuis lors, elle a sorti six albums, où figurent parfois son alter ego musical King Creole, guerrière mi-androïde, mi-humaine. Au téléphone depuis la Louisiane, elle raconte son chemin...
Activité annexe
Propriétaire d’un food truck végétalien
Ton style a-t-il évolué ? J’ai pu combler l’enfant en moi. Björk, Prince, Grace Jones, Portishead, Queen, jazz, funk, R&B, Chicago house, Bounce music –toutes ces choses qui ont fait partie de mon histoire depuis le tout début. Mais personne ne me dit qu’un refrain est assez commercial ou pas, ou que je dois être jolie ou avoir la peau claire.
Rester fidèle à sa vision, est-ce difficile ? Je me fiche de ce que les gens pensent de moi. Il est important d’être 100 % fidèle à soi-même. On se perd en essayant de correspondre à l’image que les autres ont de nous. Après Danity Kane et Dirty Money, j’ai été rejetée par tous les grands labels.
Tout le monde me disait que j’échouerais. On doit croire en soi au point que le reste des gens autour de nous n’aient pas d’autre choix que d’y croire aussi.
Abandonner était hors de question ?
Lorsque nous avons affronté l’ouragan Katrina, nous avons tout perdu. Je sais ce que veut dire repartir de zéro. Il n’y a pas de : « ça ne marchera pas » : ça marchera. C’est cela qu’il faut montrer. Une semaine après Katrina en 2005, nous avons été renvoyés dans l’émission. Lorsque j’ai intégré le groupe, c’était un : « Il faut se mettre tout de suite au travail. Je dois gagner de l’argent. » Mes parents avaient travaillé si dur, et maintenant ils dormaient par terre dans le studio de mon frère. C’est ce que je veux dire par : « Ça doit marcher ! »
Comment en es-tu venue à l’animation ?
Après avoir quitté Bad Boy Records de Diddy, je n’ai dû compter que sur moi-même pour financer mes projets. Je savais dessiner, j’adorais l’animation et je connaissais le marketing, alors j’ai appelé Adult Swim. Comme ils adoraient les trucs excentriques que je faisais, je leur ai mis ma musique à dispo. Tout en faisant cela pendant deux ans, j’ai développé ma bande démo d’animation, puis je leur ai dit que j’aimerais travailler pour eux en tant que dessinatrice. Et ils ont dit banco ! Maintenant, j’aide des dessinateurs noirs et queer pour qui c’est parfois le premier emploi à entrer dans le monde de l’animation. Le message de mon parcours est d’aider les laisséspour-compte et les marginaux.
The Architect, dernier EP de Dawn Richard sur Merge Records ; dawnrichard.io
« Il est important d’être 100 % fidèle à soi-même. »
Dawn, 40 ans, a fini par prendre le contrôle de sa
carrière musicale.
JULIE MEHRETU
À la limite de la phénoménologie, de l’histoire sociale et du capitalisme, l’artiste plasticienne américaine ultra cotée expose à Venise, et réalise le design de la BMW Art Car pour les 24 Heures du mans.
TEXTE PATRICIA MCALLISTER-KÄFER PHOTO JOSEFINA SANTOSJulie Mehretu se tient sur un petit chariot d’échafaudage, près d’une toile géante. À l’aide d’un pinceau, elle applique de la peinture noire sur la surface du tableau. Elle étale ensuite la pâte avec les doigts, puis avec la paume. « Je m’intéresse à la manière dont les images prennent forme sous nos yeux », dit-elle.
Les premières œuvres de l’artiste américano-éthiopienne faisaient penser à des cartes géographiques, à des plans de ville. Aujourd’hui, ce sont plutôt des aperçus de mondes abstraits et complexes. On distingue nettement certains éléments, comme s’il s’agissait de lettres d’un langage visuel inconnu, de « marques », comme le dit
L’expérience transformative
À LA LOUPE
Naissance
28 novembre 1970, à Addis-Abeba (Éthiopie)
Consécration
Présentée au Palazzo Grassi du 17 mars 2024 au 6 janvier 2025, Ensemble est la plus grande expo de l’œuvre de Julie Mehretu à ce jour en Europe.
Elle ne peut et ne veut pas expliquer ce qui se passe dans ses tableaux. Les spectateur·rice·s doivent se fer à leur intuition. Lorsqu’elle parle de ses œuvres, c’est comme si elle parlait de personnes vivantes : plus on passe de temps avec, plus on les (re) connaît. « Mais ce n’est pas nécessairement une expérience du savoir », clarife-t-elle. Quand on réféchit à l’art abstrait, il y a une forme particulière de savoir dans le fait de ne pas savoir. Ce sont ces perceptions ressenties qui l’intéressent.
Cote Classée 75 e dans le top 100 au palmarès mondial des artistes les mieux vendu·e·s aux enchères.
Julie Mehretu, c’est-à-dire de signes qui semblent presque vivants. D’autres éléments apparaissent fous, obscurs, fantomatiques. Pour ce faire, l’artiste ne travaille pas seulement avec le pinceau, mais elle photographie aussi la toile à différents moments, puis retravaille l’œuvre à l’ordinateur avant de réintégrer ensuite des éléments dans le tableau.
Julie Mehretu est l’une des rares femmes noires qui, comme l’a écrit The New York Times en 2023, ont été admises dans le canon occidental des artistes visuels. Après des expositions au Museum of Modern Art et une participation à la Documenta de Kassel en 2012, le Whitney Museum lui a consacré une rétrospective en 2021. Le Palazzo Grassi à Venise accueille actuellement (et jusqu’au début de 2025) sa plus grande exposition à ce jour en Europe.
Sa famille, dont le père était professeur d’université et la mère éducatrice Montessori, ont fui les troubles politiques qui agitaient l’Éthiopie dans les années 1970 pour s’installer à Lansing (Michigan), aux États-Unis, alors qu’elle était âgée de six ans. Julie Mehretu a étudié au Kalamazoo College (Michigan), à l’université Cheik Anta Diop de Dakar (Sénégal), et a obtenu un master à la Rhode Island School of Design en 1997.
Elle vit aujourd’hui à New York. Une grande partie de sa famille est éthiopienne, mais lorsqu’elle se déplace dans le monde, elle le fait en tant qu’Américaine. « Les citoyen·ne·s des États-Unis et de l’Union européenne sont énormément privilégiés. Cela implique aussi une certaine responsabilité. » En tant que peintre, elle essaie d’inclure dans son travail tout ce qui se passe dans le monde : migration, révolutions, pandémies, justice sociale, changement climatique.
Ainsi, les couleurs intenses de sa série Metoikos de 2021 sont dues à des impressions d’incendies de forêt ou d’afrontements entre migrants et police des frontières. Selon
elle, nous faisons aujourd’hui l’expérience du monde par l’intermédiaire des médias. Les travaux de Mehretu s’inspirent des sources les plus diverses, des formes de représentation dans les médias de masse ou sociaux, de l’architecture, de l’histoire antique, de la littérature et de la musique.
Ce faisant, ils correspondent à des œuvres d’autres artistes. « Je suis toujours en dialogue », dit-elle. En témoigne par exemple l’exposition actuelle au Palazzo Grassi intitulée Julie Mehretu. Ensemble. Plusieurs artistes, qui sont aussi ses ami·e·s, y participent. En 2025, elle entamera un autre dialogue avec la productrice et auteure Mehret Mandefro. Dans le cadre d’ateliers organisés dans plusieurs villes africaines, elles souhaitent renforcer le réseau de production de médias africains.
Une performance collective Mais avant cela, Mehretu présentera en mai le résultat d’une autre collaboration, quelque peu inattendue : pour les 24 Heures du Mans, elle a conçu cette année l’Art Car pour BMW, que des artistes comme Jenny Holzer ou Andy Warhol avaient déjà créée avant elle. Mehretu ne voulait pas « simplement décorer » la voiture de course, comme elle le dit. Au lieu de cela, le motif d’une image existante a été appliqué sur la carrosserie – « comme si la voiture avait traversé l’image ». La voiture est une performance collective. L’œuvre d’art n’est achevée que lorsque la course se termine : « Mon tableau afecte la voiture et la course afecte aussi la voiture. » Le pilote, comme les spectateur·rice·s, en ressortent transformé·e·s.
Instagram: @juliemehretu
Toutes les Art Cars sont à découvrir en scannt le code ci-contre.
« Mon tableau affecte la voiture et la course affecte aussi la voiture. »
Julie Mehretu, 53 ans, à propos de l’Art Car de BMW, dont elle signe le design.
GLAÇANT
Teahupo’o, Tahiti, 2022
Rodrigo Reinoso est sur le point de vivre le cauchemar de tout adepte du surf lorsqu’on ne parvient pas à franchir la crête de la vague. Heureusement, le Péruvien s’en est sorti avec de légères coupures et des ecchymoses. « Ce cliché fait dresser les cheveux sur la nuque des surfeurs », dit Grambeau.
CHASSEURS DE HOULE
Le photographe australien Ted Grambeau a passé des décennies à se rendre dans certains des spots de surf les plus reculés et les plus vénérés au monde, à la recherche de l’image parfaite.
EXPLOSIF
Nazaré, Portugal, 2022
Les vagues massives de Nazaré sont célèbres.
Un canyon sous-marin le long de la côte permet aux vagues d’atteindre le rivage sans perdre d’énergie, créant des explosions d’eau de 25 mètres.
« Pour moi, cette photo illustre la puissance spectaculaire de l’océan, en particulier par rapport aux silhouettes humaines », souligne Grambeau.
« Cette image illustre la puissance de l’océan. »
INTO THE BLUE
Teahupo’o, Tahiti, 1992 Pour capturer le surfeur tahitien Manoa Drollet (légende !) dans cette vague, Grambeau a plongé en apnée, avec une ceinture lestée pour se stabiliser. « Lorsque j’ai vu cette image, j’en suis tombé amoureux », raconte Ted à propos de ce cliché pris à l’argentique.
« C’est ce genre d’expérience qui fait tout le charme de la photographie. »
L’OISEAU
Galápagos, Équateur, 1995
Brad Gerlach décolle d’une vague au large des îles Galápagos. « Des centaines d’espèces d’oiseaux, une fore luxuriante et des paysages volcaniques caractérisent ce spot de surf. Des bébés phoques sont même venus nous encercler, Brad et moi. »
SURFARI
Mozambique, 1994
La joie de vivre à l’état pur. Un lever de soleil orange sang au large des côtes africaines. À bord du yacht : une meute de surfeur·euse·s en pleine efervescence lors du Rip Curl Search, qui attendent avec impatience une toute nouvelle journée. Objectif : trouver des spots de surf inspirants.
AMI DE LA NATURE
Teahupo’o, Tahiti, 2023
L’Australien Russell Bierke est connu pour repousser ses limites partout où il le peut. Ici, il les a dépassées et il en fera les frais quelques instants plus tard sur le récif corallien, sous la vague.
RUÉE VERS L’OR
Nias, Indonésie, 2018 L’Hawaïen Mark Healey à Lagundri, sur l’île de Nias, dans la lumière dorée du soir. « Je consulte les cartes météo et les prévisions pour choisir le meilleur spot pour une houle pareille. C’est ainsi que je me retrouve avec dix des meilleurs surfeurs au monde. »
DANS L’ORDRE
Teahupo’o, Tahiti, 2006
La hiérarchie dans le surf est une composante naturelle. Elle doit être respectée, même par les plus jeunes : l’élite vient en premier et les autres doivent s’armer de patience. En arrière-plan, l’une des vagues les plus dangereuses du monde déferle sur le récif.
LE VORTEX
Teahupo’o, Tahiti, 2013
Mark Mathews dans une pose de kung-fu et dans une prise de vue magistrale. L’intérieur de la vague (en anglais, barrel ou tube) est aussi grand qu’un appartement. Au-dessus de lui, la vague de Teahupo’o roule avec la masse d’un train de marchandises… chargé !
DONNE DES AIIILES. LÀPOUR RESTER
Juneberry
AU PREMIER RANG
Teahupo’o, Tahiti, 2015 « Avant de mettre un terme à sa carrière pro en 2023, Owen Wright était en tête du World Surf Tour, explique Ted. Pour moi, ce fut un privilège de documenter son élégant free surfng. »
L’exposition Red Bull Illume, qui présente la photo gagnante de Ted Grambeau entre autres, sera visible en octobre à la Maison de la photographie d’Olten. redbullillume.com
LE PHOTOGRAPHE
GRAMBEAU
Bien qu’il soufre du mal de mer, ce photographe de surf australien a passé une grande partie de sa carrière à bord de bateaux dans certaines des plus grosses houles au monde. Après quarante ans de carrière, il est passé maître dans son art. Ses images incroyables capturent l’esprit du surf, la puissance de l’océan et le drame inhérent à la quête de la vague parfaite.
« Vous faites tout ce qu’il faut pour obtenir la meilleure photo, explique-t-il. Lorsque vous nagez, vous êtes littéralement dans la zone d’impact des vagues, à quelques centimètres des surfeurs. C’est passionnant. Mais avec les plus grosses vagues, on est plus productif en jet ski ou en bateau. Ces surfeurs sont en quête de la limite ultime entre eux et la vague. Et comme eux, j’ai toujours cherché à montrer les choses diféremment et à repousser les limites. »
Instagram : @tedgrambeau
Rouler en électrique, d’accord, mais comment s’y retrouver?
Renault explique et lève les tabous
La transition vers l’automobile électrique est en marche. Certes. Mais ce n’est pas si facile de passer du jour au lendemain du diesel au 100% électrique. Nous allons vous donner des explications pour que vous puissiez vous y retrouver et passer à l’électrique à votre rythme.
L’hybride c’est pour qui?
Pour ceux qui préfèrent une solution intermédiaire: rouler en ville et faire des trajets courts en électrique, puis prendre la route et faire des trajets longs avec l’aide du moteur essence.
Mais quel type d’hybride choisir? Tous les hybrides ne se valent pas.
Dans la jungle des hybrides, pas facile de s’y retrouver. Chez Renault, nous avons décidé d’être clairs. Il n’y a que trois motorisations hybrides à connaître. Ce qui les différencie les unes des autres, c’est la taille de leur batterie (kWh), la puissance de leur moteur électrique (kW) et la capacité à faire rouler ou non le véhicule en électrique longtemps. Le véhicule hybride rechargeable est équipé de la batterie la plus imposante et doit être rechargé régulièrement. Les hybrides non rechargeables (full hybrid et mild hybrid), quant à eux, utilisent principalement l’énergie récupérée au freinage (appelée énergie cinétique) pour recharger leur batterie de manière autonome.
Regardons de plus près les avantages de chacune de ces technologies.
Un mild hybrid n’est pas un full hybrid. Le mild hybrid est équipé d’un petit moteur électrique qui travaille en soutien du moteur thermique. Son rôle principal est d’assister le moteur thermique au démarrage et lors des phases d’accélération. Un duo dynamique qui permet de réduire les émissions de jusqu’à 20% par rapport à un moteur thermique équivalent. En revanche, bien que cette technologie soit parfois appelée «hybride» tout court, elle n’offre pas les mêmes performances en électrique qu’un véhicule E-Tech full hybrid. Si vous avez un doute, demandez à votre vendeur de vous confirmer la puissance de la batterie électrique: avec 48 V, on peut rouler en mode 100% électrique que sur quelques mètres ou dans certains cas quelques kilomètres, alors qu’avec les 200 V à 400 V des véhicules full hybrid, on fait vraiment de la route.
E-Tech full hybrid.
La technologie E-Tech full hybrid permet de convertir l’énergie motrice fabriquée en roulant et de recharger une batterie plus puissante que celle du mild hybrid (on parle de passer de 48 V à 400 V). Cette techno de pointe est utilisée par trop peu de constructeurs. En d’autres termes, la batterie et le moteur électrique peuvent faire rouler le véhicule. Vous avez donc deux sources d’énergie: électrique et thermique, qui peuvent assurer le roulage de votre véhicule. Vous pouvez même faire du 100% électrique à grande vitesse. Prenons par exemple Espace E-Tech full hybrid, Austral E-Tech full hybrid ou Rafale E-Tech full hybrid qui profitent d’une autonomie totale pouvant atteindre 1 100 km (3) , qui peuvent rouler jusqu’à 130 km/h
en 100% électrique et économiser jusqu’à 40%(2) d’énergie.
Quid du plug-in hybrid ou hybride rechargeable?
Enfin, l’hybride rechargeable, aussi appelé plug-in hybrid, offre une plus grande autonomie en 100% électrique (supérieure à 50 km) et des économies de carburant plus intéressantes, mais implique de le brancher quotidiennement pour le recharger. Une mauvaise utilisation de ce type de moteur serait contre-productive. Si on ne branche pas le véhicule, ce qui est le cas de nombreux citadins, le moteur électrique ne s’active pas, ou très peu. Avec une grosse batterie en plus d’un moteur thermique, le véhicule est plus lourd, et si le mode électrique n’est pas assez utilisé, le véhicule peut se révéler carrément plus polluant qu’un essence ou un diesel.
Alors?
Chez Renault, nous avons décidé de capitaliser sur le développement de technologies efficaces, pas sur un hybride de «façade» mais une vraie technologie de pointe qui repose sur un solide socle d’expertises, forgées sur les circuits exigeants de la Formule 1. Une expertise qui permet à la gamme E-Tech full hybrid de rouler en mode 100% électrique sur des kilomètres et jusqu’à 130 km/h avec une autonomie globale pouvant aller jusqu’à 1 100 km (3) . Une technologie facile et utile pour ceux qui ne sont pas encore prêts pour le tout-électrique et qui offre des économies significatives de consommation (jusqu’à 40%(2)) et des émissions moindres de CO 2
En résumé, chez Renault, nous avons compris que ça ne serait pas facile de passer directement du moteur thermique au 100% électrique. Et même si certains d’entre vous ont déjà sauté le pas ou s’apprêtent à le faire, et pour que chacun aille à son rythme sur la route de l’électrique, il nous a semblé primordial de développer deux gammes complètes. Mais nous n’avons pas développé une plateforme commune à ces deux gammes et nous avons fait le choix de concevoir nos voitures spécifiquement en fonction de leurs technologies moteur pour optimiser leur poids, leur efficience et leurs performances.
E-Tech chez Renault c’est d’un côté la gamme 100% électrique avec Zoe, Twingo, Megane, Kangoo, R5 et Scenic, devenu récemment la voiture de l’année 2024, ainsi que les véhicules utilitaires, et de l’autre la gamme E-Tech full hybrid avec Clio, Captur, Arkana, Austral, Espace et Rafale. Venez nous voir en concession pour prolonger la discussion.
Pourquoi prendre le temps de nous lire?
Parce que nous sommes les pionniers sur le marché de l’électrique avec le lancement de Renault Zoe E-Tech 100% electric il y a 12 ans et un total de 250 000 véhicules électriques Renault, tous modèles confondus, en circulation. Et parce que nous proposons une gamme large et complète de véhicules E-Tech dits électrifiés, c’est-à-dire 100% électriques, full hybrid (non rechargeable) ou hybrides rechargeables.
E-Tech 100% électrique ou E-Tech full hybrid?
Le 100% électrique c’est pour qui?
C’est pour ceux qui veulent une voiture qui émet 0 g de CO 2 à l’usage(1) et qui ne veulent plus faire leur plein d’essence. C’est pour ceux aussi qui veulent découvrir un plaisir de conduite inédit, silencieux et intense. Mais c’est un choix engagé qui nécessite quelques changements de comportement et d’utilisation.
L’électrique chez Renault c’est quoi? L’électrique chez Renault n’est pas réservé au seul segment des SUV: de la citadine aux véhicules utilitaires en passant par les familiales, de Renault Zoe E-Tech 100% electric au Renault Scenic E-Tech 100% electric, nous avons fait le choix de développer des modèles pour chaque besoin et chaque utilisation spécifique.
Renault, spécialiste de l’électrique. À la différence de certaines marques, depuis Renault Zoe jusqu’au Renault Scenic E-Tech 100% electric, nous faisons le choix de concevoir des modèles exclusivement électriques. Cela nous permet de développer des solutions techniques optimales car conçues spécifiquement pour l’électrique. Quant à l’accompagnement, nous disposons d’un large réseau de spécialistes dans toute la Suisse pour vous aider à passer à l’électrique. Découvrez l’électromobilité auprès de nos experts ou apprenez-en plus via le code QR ci-dessous sur la gamme de modèles et la technologie
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(1)horspiècesd’usure.
(2) parrapportàunmoteurthermique équivalent,encycleurbain.
(3) autonomieavecunpleind’essence selon données WLTP.
L’exemple à suivre Simon Ehammer lors d’une séance photo à Zurich : parce qu’ils s’entraînent tous de la même manière, les décathloniens ont un corps qu’on dirait dessiné par de Vinci.
PUISSANCE DIX
TEXTE CHRISTOF GERTSCH PHOTOS LITTLE SHAOOn les appelle les « dieux du stade », mais c’est bien en dessous de la réalité. Les décathloniens sont les dieux du sport. Et l’Appenzellois Simon Ehammer est l’un des meilleurs.
Un peu de hauteur Simon Ehammer ne fait pas seulement partie des meilleurs décathloniens, mais aussi des meilleurs spécialistes de saut en longueur.
Point fort
L’entraînement en décathlon : être trop bon dans une discipline signifie être moins bon dans les autres.
Chaque sport a un côté un peu magique. Au foot, c’est le jeu ; dans le surf, c’est la maîtrise du corps et de l’eau ; dans le triathlon, c’est l’acceptation de la souffrance. Mais aucun sport n’est plus exigeant que le décathlon. Il est plus difcile, plus complexe et plus impressionnant que tout autre sport. En l’espace de deux jours, les décathloniens enchaînent des performances si diférentes les unes des autres que, même après mûre réfexion, on a du mal à comprendre comment tout cela est possible. Le décathlon exige le maximum : explosivité, force pure, technique, endurance. C’est la polyvalence à l’état pur.
Et c’est précisément à cela que ressemble un décathlonien, ce maître des opposés et de l’équilibre : il n’a pas les fesses super musclées du sprinteur, ni les jambes fuselées du coureur de fond. Il n’a pas les épaules ultralarges du nageur, ni les mollets du cycliste. Il a un peu de tout, mais rien en excès, il est l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci.
On entend souvent dire que, puisque les décathloniens sont un peu bons en tout, ils ne sont vraiment bons en rien. L’Appenzellois Simon Ehammer est la preuve vivante du contraire.
Le décathlon est un véritable chemin de croix. Mais pour qui maîtrise cette discipline, la récompense à la clé peut dépasser de loin ce que tout autre sport peut ofrir. Le secret du décathlon c’est de ne pas considérer les disciplines séparément, mais comme un tout. Ce n’est pas une succession de dix épreuves. C’est une épreuve unique, répartie sur deux jours. Comment se déroule un décathlon exactement ? Simon et son entraîneur, René Wyler, nous décrivent le programme habituel, jour après jour, discipline après discipline.
La plupart des décathloniens apprécient le premier jour. Il se compose d’exercices que tous maîtrisent. C’est le jour de l’explosivité, le jour de Simon Ehammer. Si tout se passe bien, le soir, il devance tout le monde : le champion du monde, le champion olympique et le détenteur du record du monde.
100 MÈTRES
La journée commence à 9 heures avec le 100 mètres. Simon se lève à 5 heures. Il prend son petitdéjeuner, se rend sur le lieu de la compétition, jette un coup d’œil. L’échaufement dure une heure : mobilisation du corps, gainage, accélérations. Ensuite, un ou deux départs depuis le bloc et des exercices techniques. Dans le milieu du décathlon, Simon fait partie des meilleurs sprinteurs. Son meilleur temps est de 10,42 SECONDES.
Chez les spécialistes, c’est Usain Bolt qui détient le record avec 9,58 secondes.
SAUT EN LONGUEUR
La discipline suivante est sa discipline de prédilection : le saut en longueur. Lorsqu’il se présente au départ du 100 mètres, il a déjà aux pieds ses pointes pour le saut en longueur. Le 100 mètres n’est pas seulement une manière pour Simon de bien commencer la journée. C’est aussi une parfaite mise en condition pour la deuxième épreuve. Sa course d’élan pour le saut en longueur est d’exactement 41,90 mètres. Il la réalise en dix-neuf foulées. Il part avec la jambe droite devant et saute avec la gauche. En général, il saute plus loin pendant un décathlon que quand il se mesure aux spécialistes. Il ne l’explique pas. Peut-être est-ce dû aux encouragements du public, souvent plus nourris pendant un décathlon. Simon aime être au centre de l’attention. Mais peut-être est-ce dû également à la pression, qui est bien plus forte dans une épreuve du saut en longueur, puisque l’obtention de la médaille se joue à seulement quelques centimètres. Le record de Simon est de
MÈTRES
– un record jamais égalé en décathlon. Le record du monde établi par Mike Powell remonte à loin, puisque c’est en 1991 qu’a été réalisé cet incroyable saut de 8,95 mètres. Il est intéressant de noter que c’est pour sa discipline reine que Simon s’entraîne le moins. D’abord parce qu’il la maîtrise parfaitement, et ensuite parce que les articulations sont particulièrement sollicitées dans les disciplines de saut.
Le saut en longueur est suivi d’une pause assez longue. Simon mange une barre de céréales, des galettes de riz ou des pâtes. Pour lui, le 100 mètres et le saut en longueur ne font qu’un au décathlon. Les deux disciplines exigent une vitesse maximale, d’abord sur 100 mètres, puis sur trois fois 41,90 mètres (pour les trois essais du saut en longueur).
C’est alors que se produit un changement brutal, puisque la troisième discipline exige l’inverse.
LANCER DU POIDS
Points faibles
Les disciplines de lancer ne sont pas le fort de Simon, comme les épreuves de vitesse.
le record du monde du spécialiste Wayde van Niekerk est de 43,03 secondes. À l’exception du 100 mètres, c’est la seule discipline pour laquelle Simon n’est pas serein – parce qu’il sait qu’il va soufrir.
MÈTRES,
Non plus de la tension mais de la détente. Simon aime la vitesse et il est plutôt du genre impatient : deux traits de caractère en contradiction totale avec le lancer du poids. Quand il se rend dans le cercle – comme pour le lancer du disque – qu’il place le poids contre son épaule droite et prend son élan, il doit résister à l’envie de remonter l’épaule trop tôt. Ses pieds doivent déclencher la rotation et la transmettre de bas en haut, en passant par les hanches et le buste jusque dans l’épaule, et c’est seulement quand Simon sera arrêté par le butoir qu’il pourra ouvrir les bras et jeter son poids. Avec un record de 14,68
il est dans la première moitié du classement parmi les décathloniens, mais un monde le sépare du meilleur spécialiste : Ryan Crouser avec 23,56 mètres.
SAUT EN HAUTEUR
Le passage à la quatrième discipline, le saut en hauteur, est le plus grand déf à relever pour Simon le premier jour. Il doit se remettre en tension, être rapide de nouveau, s’échaufer une fois encore. Mais étonnamment, bien que le saut en hauteur exige de la vitesse, Simon doit se forcer à ralentir. En efet, il est presque trop rapide pour le saut en hauteur. S’il démarre trop vite, il ne pourra pas maintenir la force centrifuge dans la courbe et ne sera pas dans la position idéale pour sauter. Au début, sa course d’élan doit donc plutôt s’apparenter à un sautillement.
C’est la grande diférence avec sa discipline favorite : au saut en longueur, il faut être rapide, c’est ce qui détermine la qualité du saut. Pour cette discipline-ci, le dernier pied doit être bien placé et cela n’est possible que si l’athlète trouve le juste équilibre entre dynamisme et accélération dans la courbe. Mais en dépit de cette difculté, Simon fait aussi partie des meilleurs décathloniens au saut en hauteur et franchit facilement la barre des deux mètres. Son record : 2,08 MÈTRES.
En comparaison, le record du monde du spécialiste, Javier Sotomayor, est de 2,45 mètres.
À ce propos, tous les chifres de ce texte, Simon les connaît par cœur. C’est un mordu des chifres, croisé avec un fou de sport. Il est ambitieux et se compare systématiquement aux autres. Leurs records, il les connaît aussi bien que les siens.
La dernière discipline de la journée est la plus dure. D’une part à cause de l’heure à laquelle elle a lieu : 21 heures, soit douze heures après le début de l’épreuve. Et d’autre part à cause de la discipline en elle-même :
400 MÈTRES
Le 400 mètres, ce n’est pas un sprint, mais ce n’est pas non plus de l’endurance. C’est un redoutable entre-deux que Simon maîtrise bien. Son record perso est de 47,27 SECONDES,
Bien qu’il soit déjà tard, il ne va pas se coucher tout de suite après, mais s’ofre d’abord un bain glacé : le froid stimule la circulation sanguine, ce qui permet d’éliminer plus rapidement l’acidité qui s’est accumulée dans le corps au fl de la journée. Puis Simon rentre à l’hôtel pour le dîner qu’il accompagne d’une bière au froment sans alcool, un autre rituel qui lui tient à cœur : le froment favorise la récupération.
Si l’hôtel ne propose pas de boissons sans alcool, il opte pour une bière classique. Simon est un homme de traditions. Il est de ceux qui repoussent et explosent les limites, mais c’est dans des valeurs solides qu’il puise sa force. Dans l’Appenzell, où il vit et s’entraîne. Et dans le Tyrol, d’où son père est originaire. Le tatouage qu’il arbore sur les côtes montre à quel point ses racines lui tiennent à cœur : c’est l’aigle du blason du Tyrol. Simon a 24 ans, mais est déjà fancé à sa partenaire Tatjana Meklau, lanceuse de marteau et spécialiste de skicross originaire de Styrie. Avec l’argent qu’il gagne en tant que décathlonien, il espère un jour s’acheter une maison.
Le deuxième jour est celui des analystes, des tacticiens et des techniciens. Les disciplines de ce deuxième jour exigent un entraînement technique intensif. Il peut parfois se passer des années avant que des progrès ne se fassent véritablement sentir. Le deuxième jour est aussi celui où certains décathloniens peuvent craquer. L’avance de Simon sur les autres est sur le point de fondre comme neige au soleil. Mais avant cela, il va encore creuser l’écart, car la discipline qui suit est sa deuxième meilleure.
110 MÈTRES HAIES
C’est la discipline qu’il pratique le plus souvent, ce qui peut paraître surprenant jusqu’à ce que l’on apprenne que les haies permettent d’exercer un grand nombre d’aptitudes à la fois : celles pour les disciplines de vitesse comme celles pour les disciplines de saut. Par exemple : la rapidité, un bon rythme, une position haute et stable des hanches. Sur le 110 mètres, il y a dix haies, séparées chacune par trois foulées. Simon veille à bien appuyer à chaque foulée. En pratique, il doit avoir l’impression d’être toujours trop près de la haie suivante. Son meilleur temps est de
13,43 SECONDES,
mais il ne l’a pas obtenu lors d’un décathlon. Son record en décathlon est un peu plus lent, avec 13,56 secondes. Le record du monde des spécialistes est détenu par Aries Merritt : 12,80 secondes. Ensuite, les choses se corsent tout d’un coup.
« Il y a trop peu de jours dans la semaine pour bien s’entraîner au décathlon . »
RENÉ WYLER, ENTRAÎNEUR
L’objectif du décathlon doit être un niveau élevé et constant dans le plus grand nombre possible de disciplines.
Une longueur d’avance Le saut en longueur est la discipline de prédilection de Simon. Pourtant, il ne s’y entraîne guère.
LANCER DU DISQUE
1 500 MÈTRES
MÈTRES.
C’est la discipline dans laquelle Simon est le plus faible. Il n’a pas encore automatisé la séquence de mouvements. Il doit se concentrer plus que jamais. Les bons jours, il lance le disque à 38 ou 39 mètres. Les mauvais jours, il doit se contenter de 34 mètres. Son record est de 39,13
Le record du monde chez les spécialistes est détenu depuis peu par le jeune Lituanien Mykolas Alekna avec 74,35 mètres.
Le grand objectif de la carrière de Simon est de dépasser un jour la barre fatidique des 9 000 points, ce que seuls quatre athlètes ont réussi à faire dans la longue histoire du décathlon. Néanmoins, aucun décathlonien ne peut espérer établir dix records en deux jours, on se fe donc plutôt à une règle empirique : pour atteindre les 9 000 points, il faut arriver à un total de 9 500 points en additionnant ses meilleures performances individuelles. En faisant cela, Simon atteint presque exactement les 9 000 points. Le lancer du disque est l’une des disciplines dans lesquelles il a encore des progrès à faire.
De toutes les disciplines du décathlon, la huitième est peut-être la plus impressionnante. Et la plus spectaculaire.
SAUT À LA PERCHE
C’est LA discipline dans laquelle Simon saute aussi haut – voire plus – que d’autres du plongeoir à la piscine. Son record :
5,20 MÈTRES.
Le record du monde des spécialistes, détenu par Armand Duplantis, est de 6,24 mètres. Au cas où il échouerait au lancer du disque, Simon peut reprendre espoir avec cette discipline. Comme au saut en longueur, il démarre à la vitesse maximale pour le saut à la perche, avec une course d’élan de 31,50 à 31,80 mètres. Le nombre de foulées reste le même : quatorze. Chaque décathlonien a ses points forts et ses points faibles. Les disciplines de saut et de sprint sont les points forts de Simon. Les disciplines de lancer sont ses points faibles. À la fn du deuxième jour, alors que la fatigue commence à se faire sentir, il y en a encore une au programme.
LANCER DU JAVELOT
On dit que c’est à vingt-huit ans qu’un décathlonien atteint son apogée en compétition. Simon a donc encore quatre ans devant lui, et il veut les passer à améliorer sa régularité. En décathlon, cela ne sert à rien d’obtenir une fois un record dans une discipline en particulier. L’objectif est un niveau élevé et constant dans un max de disciplines. Son record au lancer du javelot : 55,98 MÈTRES.
Il serait satisfait s’il parvenait à lancer régulièrement le javelot à 60 ou 62 mètres dans les années à venir. Le record du monde des spécialistes, établi par Jan Železný, est d’une longueur démentielle de 98,48 mètres.
La discipline fnale, le 1 500 mètres, est tout aussi dure que le 400 mètres. Et aucun décathlonien ne s’y présente de gaieté de cœur. Plus personne n’a d’énergie, mais en même temps, c’est souvent à ce moment-là que se joue la victoire. Le 1 500 mètres est une discipline extrêmement exigeante en termes d’entraînement, mais c’est aussi celle qui se démarque le plus de toutes les autres. Simon et son entraîneur René Wyler pèsent donc toujours le pour et le contre : jusqu’à quel point peuvent-ils s’y investir sans perdre un temps d’entraînement précieux pour les autres disciplines ? Il y a deux choses que René dit très souvent : un décathlonien est constamment stressé à l’entraînement. Il y a trop peu de jours dans la semaine pour s’entraîner correctement. On pourrait toujours en faire plus, et ce ne sera jamais assez.
Simon sait qu’il a encore des progrès à faire au 1 500 mètres, mais l’entraînement foncier classique prend trop de temps et le ralentirait sur les courtes distances. Son entraîneur trouve que les exercices d’endurance ont tendance à afaiblir les athlètes. Ses programmes d’entraînement visent le contraire : il veut des athlètes rapides, puissants et explosifs. Simon simule le 1 500 mètres avec des séries de 8 fois 100 mètres entrecoupées de pauses de 30 secondes, où il est moins question de distance que de bien respirer et surtout d’être rigoureux avec soi-même. Son record : 4:42,54
MINUTES.
Le détenteur du record du monde de la spécialité, Hicham el Guerrouj, avait parcouru la distance en 3:26,00 minutes il y a vingt-six ans.
Avant le 1 500 mètres, Simon est généralement en tête du classement, puis il perd souvent quelques places, même s’il parvient de plus en plus souvent à se hisser sur le podium. Tout petit déjà, il se fxait des objectifs élevés, si élevés que les gens le surnommaient « Schnori » (trad. crâneur). Aujourd’hui, le fait est là : Simon Ehammer a pour habitude d’atteindre ses objectifs.
Il est incroyablement ambitieux, et il l’était même un peu trop à une époque : dès que ça ne se passait pas bien, il abandonnait. Aujourd’hui, il maîtrise mieux cet aspect de son caractère, mais les défaites n’en restent pas moins difciles à digérer pour lui. Elles l’afectent énormément sur le plan émotionnel, mais il s’en remet vite.
C’est peut-être justement la qualité essentielle d’un décathlonien : le fait d’avoir un peu des deux en soi, une part d’équilibre et une part de folie.
Instagram : @simiar2000
Sous contrôle Le lancer de disque est la discipline dans laquelle Simon excelle le moins. Il prend les choses avec humour.
Simon Ehammer est ambitieux. Avant, il abandonnait les compétitions quand ça n’allait pas.
Tangeante Avec son album Nishati, Ocevne offre une nouvelle perspective au R&B, parfois trop fleur bleue, en lui donnant plus de profondeur et d’énergie !Avec Nishati, Ocevne dévoile son premier album. Une histoire de contrastes, d’ombre et de lumière, d’intimité et de libération. Le tout en explorant les mille nuances du R&B.
FRESH NEW R&B SELON OCEVNE
TEXTE NICOLAS ROGÈS PHOTOS NEUFNEUFOuverture
Ocevne se sert de la musique pour aborder des thèmes rarement évoqués dans le R&B habituellement.
« C’est comme si je cassais tout et que je recommençais. »
Souvent réduite, à tort, à une musique sirupeuse et superfcielle, davantage tournée vers des histoires d’amour sans substance que sur des tourments personnels, le R&B n’est pas étranger aux stéréotypes. Depuis 2019, en France et en Suisse, sous l’impulsion d’artistes comme Jäde, Enchantée Julia, Oscar Emch, Franglish ou Monsieur Nov, tous deux présents sur Nishati, la scène R&B francophone reprend des couleurs. Leur musique prend sa source dans la neo-soul d’Erykah Badu, de Jill Scott ou de D’Angelo : un son organique, faussement minimaliste, qui laisse de la place aux voix et ne surcharge rien. Il suggère et révèle des histoires, dans la droite lignée de la position d’Ocevne sur Nishati. Au sein de cet écosystème de nouveau fertile, la chanteuse trace son propre chemin, en conviant le monde à explorer son histoire personnelle.
Découverte par Barack Adama, puis mentorée par Dadju avant d’être signée sur le label Rec. 118, Ocevne a vu sa carrière décoller rapidement au fl de trois EPs, sortis entre 2020 et 2022 et des collaborations avec Dadju, Lefa et Tayc. Puis est venu le temps de l’introspection, et avec lui, l’envie de se raconter diféremment. Si Wingu, son EP précédent, était émaillé d’interludes formant les chapitres d’une même histoire, la structure narrative de Nishati est moins évidente. Ocevne marque sa diférence : les albums-concepts ont été légion dans le rap, mais le R&B s’y est moins frotté. Nishati est pensé comme un album-monde, où chaque chanson incarne une progression. « C’est un univers, et pour le comprendre, il faut l’écouter dans l’ordre », confrme la chanteuse. À l’heure de la toute-puissance des playlists, le pari est osé. Mais il ne pouvait pas en être autrement pour un album tissé de transitions, où le passé est évoqué pour mieux l’exorciser, et où les cicatrices restent profondes, mais fnissent par se refermer. Le R&B sert alors d’exutoire à des thèmes peu explorés par le genre. Des hommes détruisent des corps juvéniles (Jeux d’Enfants), des êtres aimés disparaissent et leur souvenir donne l’impression de marcher dans un « cimetière de sourires » (Boulevard Magenta). Ocevne se replonge alors dans son parcours, à un moment où, plus jeune, elle cherchait sa place dans un monde qui fait peu de cas des âmes sensibles (Got It). Tiraillée entre deux facettes de sa personnalité (Plan A), elle paraît hantée par des démons qui n’en fnissent plus de la tourmenter, tandis que Lucky, première piste de l’album et premier single, fait table-rase du passé. Elle qui s’exprimait, sur Wingu, sur les relations toxiques et les traumas qui en découlent, brise la malédiction et prend sa vengeance.
Reste à se reconstruire : « C’est comme si je cassais tout et recommençais sur de nouvelles bases. »
La lumière fnit par fltrer : Happy Jersey, une chanson d’anniversaire, est une célébration, du genre de celle qui suit un parcours semé d’embûches. L’album fonctionne comme un miroir, construit en deux sections : « La seconde partie de Nishati se concentre sur la femme que je suis devenue, après tout ce que j’ai vécu », révèle celle qui a mis longtemps à trouver sa voie. Ses premières sorties cherchaient leur identité sonore, marquées par des infuences afro. Nishati change de perspective : « Sur mes premiers EPs, je ne savais pas exactement ce que je voulais faire. Puis je me suis rendu compte que mon fl conducteur avait toujours été le R&B. J’ai eu envie d’explorer ce genre-là dans son entièreté. » Et pour Ocevne, explorer veut dire déconstruire. Le R&B est soi-disant fgé dans des formules éculées ? Elle incorpore du jersey, du gospel, du two-step, de la bossa nova et même du rap dans ses chansons. Et les frontières s’envolent.
Logique, pour une artiste qui, en nommant chacune de ses sorties en swahili, rend hommage à ses origines. Fille d’une mère congolaise et burundaise et d’un père suisse, Ocevne marque sa diférence et célèbre ses racines. Alors que Wingu veut dire « nuage », le surnom que Dadju lui a donné, Nishati, signife « énergie ». Un concept matérialisé par la pochette de l’album, où plusieurs facettes de la personnalité d’Ocevne sont présentées dans la vitrine d’un magasin. Ocevne se dévoile, certes, mais ne le fait pas seule.
Elle trouve en Tuerie un coauteur à la plume trempée dans des émotions semblables à celles qui l’habitent. Le rappeur du label Foufoune Palace lui apporte sa vi-
sion, ses envies, ses infuences, et la pousse dans ses retranchements. Leur collaboration est le résultat de longues heures de discussion et d’une confance mutuelle, qui s’installe au fl de semaines de travail. « Je voulais trouver une personne en qui j’avais confance, s’exclame Ocevne.
Il fallait qu’il se mette dans mes baskets, pour m’aider à formuler des choses que je n’arrivais pas à faire seule. » À deux, ils construisent un album où Ocevne s’autorise à se mettre en danger. Comme sur Nobody, chanson avec deux dynamiques diférentes, en forme de métaphore de l’album. « On y retrouve une facette de moi jamais entendue, plus expérimentale, dans l’ego trip et plus assumée. J’y rappe pour la première fois de ma vie !, s’étonne-t-elle. J’ai trouvé ça libérateur. On a besoin de ces moments où on se sent comme des héros, comme les meilleurs du monde. Ça donne un shot de confance. »
Janet Jackson en boucle Pour transformer leurs idées en mélodies, le duo s’appuie sur le producteur BlackDoe, un autre membre-clé de Nishati. Ocevne, 28 ans, n’avait jusqu’alors jamais travaillé avec une seule et même personne pour construire les instrumentaux de ses EPs. Collaborateur de longue date, également derrière de nombreux titres de Tayc, Lefa ou Dadju, BlackDoe trouve en Ocevne une candidate idéale pour livrer sa défnition d’un R&B nourri par des références américaines. Ocevne s’inspire alors des harmonies vocales de Brandy, du sens du refrain et des formules d’Aaliyah, de la chaleur de Kehlani, de l’élégance de Jhené Aiko et de l’audace et de la radicalité de SZA. Sa voix se laisse ensuite porter par des énergies, des sensations qu’elle attrape au vol, et, surtout, par des images.
« Certains vont aller consulter, moi je fais des chansons. »
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Pendant la conception de Nishati, Ocevne et son équipe difusent des clips en boucle sur une télévision. Ceux de Janet Jackson notamment. Mais aussi ceux de Missy Elliott. Tout en ruptures et efets de styles, aussi radicaux dans leur forme que novateurs au niveau des images, ils marquent profondément Ocevne. « Quand je construis un morceau, je me fais un flm, explique-t-elle. En fonction de la production, je vais avoir une idée visuelle. Par exemple, pour la topline de Seule (Again), je pensais à une vidéo d’un petit avec des lunettes qui danse en club. Pour Nasty, c’étaient les concerts de Janet Jackson. On se disait que cette femme était malade ! On trouvait ça incroyable et je voulais m’en inspirer. » C’est décidé : elle veut être aussi rayonnante que Janet sur scène, aussi fascinante que Missy dans ses clips et ses albums, deux artistes qui ont réussi à exister en étant pleinement elles-mêmes.
Dans ce contexte, des chansons explicites comme Nasty et Cheesecake naissent d’une volonté de ne plus rien s’interdire. Une évolution courageuse pour une artiste qui a toujours douté de sa place et de sa légitimité. Au fl des années, plus qu’un obstacle, elle en a fait une source de motivation, et le moteur de son identité artistique : « Je douterai toujours et me remettrai en permanence en question. C’est ce qui me permet d’évoluer et, je crois, de continuer à produire de la bonne musique. Mais je n’ai jamais été aussi fère d’un album et d’être allée au bout de mes idées. »
Le R&B devient alors une toile de fond, et la musique se mue en thérapie. « Certains vont aller consulter, moi je fais des chansons. C’est ma manière de me défouler, de me livrer, de passer à autre chose », conclut Ocevne.
IG : @ocevneofficiel
Embarquement Noel parcourt le monde pour ses vidéos. Nous l’avons envoyé faire un tour du monde dans sa
LE MONDE DE NOEL
Avec de la street dance, une coupe afro et un rayonnement sans limites : le créateur de contenus Noel Robinson, 22 ans, a conquis le cœur de quarante millions de fans. Le tiktoker fait danser, rire et cogiter de parfait·e·s inconnu·e·s… sans prononcer un seul mot.
TEXTE PAULINE KRÄTZIG PHOTOS MARKUS BURKE9 h 10, Allemagne
À la célèbre Hofbräuhaus de la capitale bavaroise, Noel se sent chez lui. Mais le Munichois ne parle pas bavarois. Sa mère vient du nord de l’Allemagne, son père du Nigeria.
Une jeune femme en dirndl rose et cinq jeunes hommes en tenue de tous les jours se tiennent autour d’une table baril de bière au Festival du printemps de Munich. Ils bavardent, boivent, fument. Soudain, un jeune homme s’approche sans se faire remarquer, la capuche de son sweat rabattue sur la tête. En un clin d’œil, il s’empare d’un des téléphones portables, le groupe se fge, le propriétaire du téléphone saisit le voleur, qui se met soudain à danser, libère son immense afro de sa capuche et afche un sourire si large qu’il en devient contagieux : spontanément, la jeune femme se met elle aussi à groover, le propriétaire du téléphone agite les bras et les jambes en rythme, les autres amis éclatent de rire. Passed The Vibe est le titre TikTok de cette vidéo de 12 secondes.
Noel Robinson est devenu un phénomène mondial avec des clips comme celui-ci. Il a des fans partout sur la planète, en Europe, mais surtout en Amérique, en Afrique et, parmi elleux, des célébrités comme Ronaldo et le héros de son enfance, Neymar Jr. Avec sa chaîne @noelgoescrazy, le jeune homme de 22 ans est, depuis des mois, en tête des classements TikTok dans l’espace germanophone. En tant qu’ambassadeur Adidas, il fera la promotion des maillots de l’équipe nationale de football allemande à l’Euro 2024, comme il l’avait fait à la Coupe du monde il y a deux ans. Et Noel lui-même parcourt le monde. Il vient de se rendre à Dubaï, en Arabie Saoudite et en Ouganda pour tourner ses vidéos. Tout cela pour enlever sa capuche et danser ? Pour comprendre la dynamique de l’histoire de Noel, il faut le voir en action. Lorsqu’il fait danser des gens aux quatre coins du monde, qu’il sourit, qu’il surprend avec son geste signa-
ture, Free the Afro. La manière dont il distribue gratuitement de la joie dans notre monde si agité et anxiogène est un petit rappel qui montre à quel point il suft souvent de peu pour être heureux. L’énergie débordante de Noel, sa joie de vivre et sa légèreté inébranlables, ainsi que son envie insatiable de contaminer le plus grand nombre de personnes ont déclenché une sorte de « pandémie de positivité » qui dépasse les frontières et les blocages. Pour lui, le voyage de sa vie ne fait que commencer.
De zéro à des millions de personnes en à peine quatre ans : plus de quarante millions sur TikTok, plus de neuf sur Instagram, plus de quinze sur YouTube. Une ascension « sociale » à une vitesse qui brûle celleux qui ne s’enfamment pas pour leurs objectifs. « J’ai toujours été un amuseur et une boule d’énergie », dit Noel. Il est également on fre lors de l’interview au restaurant vietnamien Jaadin(Munich). Même assis, ses pieds continuent de danser comme s’ils voulaient s’envoler. Lorsqu’il parle, Noel a du rythme,
NOEL VIENT D’ALLER À DUBAÏ ET AU NIGERIA. MANUEL NEUER ET RONALDO SONT FANS. NEYMAR LUI A MÊME ENVOYÉ UN MESSAGE VIDÉO.
Puissance deux
Lorsque Noel invite à la danse, rares sont les personnes qui peuvent résister. Ainsi, même la serveuse Kathi se retrouve sur les bancs dès le matin.
Engagé avec style Noel aime porter des sweats à capuche, notamment parce qu’ils sont un signe de protestation contre le racisme aux États-Unis.
14 h 30, Syrie
C’est chez le marchand syrien du quartier de la gare que Noel achète des baklavas.
un rythme ternaire pour être précis : « Okay, okay, okay », « oui, oui, oui », « exactement, exactement, exactement », s’exclame-t-il.
« Je trouve les interviews chill, dans mes vidéos je ne dis rien. » Ce qui n’est vrai qu’au sens littéral, car au lieu de mots, Noel véhicule de grandes émotions et des messages forts avec de petits gestes. Comment parvient-il à répandre la bonne humeur dans un monde rempli de crises et d’égos monstrueux ? Probablement parce qu’il s’assure depuis longtemps de rester lui-même de bonne humeur.
« Mes parents nous ont appris, à mes deux sœurs et à moi, à faire ce qui nous rendait heureux », raconte Noel, qui a grandi à Munich avec sa mère originaire du nord de l’Allemagne et son père nigérian. « La danse fait partie de sa culture. Moi aussi, j’ai toujours aimé ça, mais j’ai longtemps pensé que je n’étais pas doué. Je me sentais tellement raide. » Le jeune homme, alors âgé de 13 ans, cliquait avec enthousiasme sur des vidéos de danse sur YouTube. À 16 ans, Noel s’est fait confance – toujours à l’abri des regards. « Je me suis enfermé dans ma chambre, j’ai mis de la musique, je me suis mis à danser, sans idée précise, sans chorégraphie, sans penser à ce dont j’avais l’air, et je me suis senti tellement libre. » À partir de ce moment-là, Noel s’est entraîné tous les jours, commençant par du freestyle, puis prenant des cours de street dance. Peu après, il a pu donner lui-même des cours de danse. Pour en faire la promotion, il a partagé fn 2019 sur Instagram les premières vidéos de danse tournées dans sa chambre d’enfant, et à partir de début 2020, sur TikTok. Ont suivi des clips dans des lieux publics, la plupart dans la zone piétonne de Munich, dans lesquels Noel danse sur un son hip-hop et des afrobeats, et trouvant un écho formidable : « Au bout de deux mois, j’avais 15 000 followers. » Mais le grand tournant est venu d’un geste rapide de la main. En mars 2020, une grande partie du monde a sombré dans les confnements et la léthargie. Noel a conservé son énergie et sa bonne humeur, et a eu une idée décisive pour ses vidéos. Ce qui lui avait déjà valu les rires à l’école, il l’a refait devant la caméra : « J’ai caché ma grosse coupe afro sous ma capuche et je l’ai fait exploser. D’un seul
BONNE PAROLE EN ACTION : DANS UN MONDE EN CRISE, NOEL RÉPAND SA POSITIVE ATTITUDE.
coup, ça a fait 40 millions de vues. » Le nombre de ses followers est passé rapidement de 300 000 à 1,7 million. Une portée qui lui a permis de gagner sa vie. C’est fou : sur plus de 100 millions de vidéos téléchargées chaque jour sur TikTok, celle de Noel est devenue virale. Pourquoi ? « Le geste est simple, on ne l’a jamais vu avant. Et mes cheveux sortent d’un coup », tente d’expliquer Noel, ce qu’il a du mal à s’expliquer lui-même et qu’il n’aurait jamais imaginé. En efet, son explosion capillaire interrompt les pouces sur les écrans : même en surfant négligemment sur les réseaux sociaux, on aime toujours la regarder.
Dans un clip de mars 2022, Noel déambule dans le centre-ville de Munich à la rencontre d’un agent de sécurité. L’homme porte un masque de protection, les mains dans sa veste jaune fuo. Leurs regards se croisent, l’homme fait un signe de tête à Noel... quand soudain la volumineuse chevelure de ce dernier explose devant lui. On voit ses yeux s’écarquiller un instant audessus du masque, puis se plisser de rire. Ses mains sortent de sous la veste, donnent deux thumbs-up à Noel et ses bras se tendent pour l’étreindre. Une scène qui a touché plus de 100 millions de personnes. La vidéo a permis à Noel de percer.
L’ÉTREINTE DE NOEL AVEC
LES GARS DE LA SÉCURITÉ A FAIT 100 MILLIONS DE VUES !
Le fait qu’il ait décollé avec son look, et pas seulement avec ses compétences, « ça m’a complètement énervé au début. En tant que danseur, tu veux être créatif, varié. Ce que je fais dans mes shorts, c’est plus des vibes que de la vraie danse ». Mais tout abandonner pour autant ? « J’ai mis un frein à ma ferté de danseur en me disant : il faut bien commencer par se construire et assurer son avenir. Et tant que je fais sourire ou rire les gens, je suis heureux. » Noel a trouvé le juste milieu avec son afro et des afrobeats, réunis en une séquence : il s’empare d’un téléphone portable ou du sac de quidame – touriste, ado, homme, femme âgée – dans la rue, chez le médecin ou au supermarché –Freeeeze! – et se met à danser. En arrièreplan, on entend la chanson Calm Down du musicien nigérian Rema. Le feedback de Noel ne consiste pas seulement en likes et en vues, mais aussi, en direct, en réactions des gens. Encore aujourd’hui, en Allemagne, celles-ci ne sont pas que gentilles.
« Il y en a beaucoup qui rigolent avec moi et qui apprécient la plaisanterie, dit Noel, mais souvent, les gens me regardent avec irritation, incompréhension, et sont parfois même choqués. » Il y a quelques fois des réactions de rejet ou des insultes, ajoute-t-il. Que quelqu’un entre dans la danse à Munich
est très rare – « si je suis chanceux, un sur dix » –, à Berlin un peu plus. Il n’est pas nécessaire que ce soit une danse enfammée. La gentillesse sufrait souvent. Si l’on veut se sentir un peu comme Noel, il suft de sourire à des inconnu·e·s pendant une journée.
Noel est un artiste de performance qui se produit et intervient dans l’espace analogique et numérique. Il y a là aussi une composante politique. En efet, Noel joue sciemment avec les clichés racistes en confrontant les protagonistes et le public de ses vidéos aux préjugés sur les PoC (People of Colour) soi-disant criminels ; et il pousse même le bouchon un peu plus loin en impliquant régulièrement la police : « J’ai commencé à faire ça en même temps, peut-être même inconsciemment, quand on parlait beaucoup de George Floyd et de #BlackLivesMatter. En tant que Noir en sweat à capuche qui “vole” quelque chose, j’ai bien sûr utilisé les stéréotypes et je voulais voir comment la police réagissait. » La particularité du clip de Noel : il désamorce la situation tendue de manière positive et la place dans un contexte nouveau et conciliant. Noel n’a remarqué tout l’impact qu’après coup, lorsque beaucoup ont écrit Nice message! sous le post de la police. « Le fait que le poli-
10 h 30, Vietnam
Au restaurant Jaadin, Noel fait un break. Un peu plus tard, toute l’équipe, y compris la responsable Kim (gilet gris) se met à danser. Nombre de ses ami·e·s à Munich sont originaires du Vietnam et font de la danse.
cier sourit à la fn montre bien qu’il y a encore sufsamment de gens pour qui la couleur de la peau n’est pas importante et qui reconnaissent les bonnes intentions », se réjouit-il.
Ce n’est pas le seul message qui parvient aux fans de Noel. « Mes cheveux sont aussi plus qu’un truc rigolo. » Ils sont un emblème : auparavant, il portait de petites boucles bien découpées, plutôt discrètes. Depuis deux ans et demi, Noel se peigne les cheveux, présente sa coupe afro dans toute sa splendeur. Un signe évident contre toutes les associations négatives que le look afro suscite encore aujourd’hui chez de nombreuses personnes. « “ Tu as de drôles de cheveux. Comme mon chien!”, ce genre de remarques revient encore souvent. J’ai déjà entendu et vécu tellement de choses que cela ne m’afecte plus », dit Noel, et on le croit. Le fait qu’il puisse offrir cette confance en soi à de jeunes fans est très important pour lui. « De plus en plus de mères viennent à moi, avec des enfants noirs ou métis, et me disent : “Depuis que ma flle regarde tes vidéos, elle arbore sa coifure avec ferté.” Pour moi, c’est le plus beau retour. »
Depuis environ un an, Noel difuse cet esprit dans le monde entier, il est en permanence sur la route, il a jusqu’à présent visité seize pays, dont l’Ouganda, le Maroc, Dubaï, la Turquie. À la longue, il serait sans doute ennuyeux et certainement frustrant que ses clips ne soient difusés qu’en Allemagne. Noel cherche le lointain : « Mon premier voyage s’est déroulé au Brésil. Là-bas, les policiers se sont approchés de moi pour tourner un clip de danse et des enfants de cinq ans m’ont sauté dans les bras. C’est en Égypte que l’engouement a été le plus fort. Le jour de mon départ, trois mille personnes sont venues me dire au revoir. C’était incroyable. Les gens de ces pays appréciaient vraiment mon passage, ils criaient “Thank you for coming!” quand je suis parti. C’est de la promotion pour tout le pays. »
« LA DANSE CRÉE DES LIENS, PAS BESOIN DE PARLER, ON EST ENSEMBLE, EN RYTHME, PARTOUT DANS LE MONDE. »12 h 45, Nigeria Au Barbershop AfroKings & Ebony Beauty dans le quartier de la gare, Noel groove avec Oscar, le proprio, au rythme des afrobeats. Le père de Noel est un client régulier.
« LA PREMIÈRE FOIS, J’AI DANSÉ
SEUL DANS MA CHAMBRE, SANS PLAN, SANS CHORÉGRAPHIE, SANS PENSER À MON APPARENCE, ET JE
ME SUIS SENTI SI LIBRE… »
Hair and Music
Noel fait une brève répétition chez le coiffeur afro, la dernière fois que sa sœur lui a coupé les cheveux, c’était il y a deux ans. Peu après, la fête commence au salon.
Non, Noel ne veut pas être accueilli dans le monde entier avec déflés et baise-mains. Il ne s’agit pas pour lui de se mettre en avant, mais de rendre visible un pays, sa culture et ses habitant·e·s. Lors de ses voyages, il interagit avec les gens sur place, les intègre dans ses vidéos. Noel veut s’imprégner de l’atmosphère d’un pays. Pour ce faire, il y reste au moins un mois afn de créer une communauté. Il veut passer du temps avec les gens, voir comment ils vivent. Souvent, il utilise de la musique et des danses locales. Les voyages, les rencontres et les expériences l’ont transformé. « C’est justement la danse qui crée des liens. On n’a pas besoin de dire quoi que ce soit, il suft d’être sur le même rythme, où que l’on soit dans le monde, même si l’on ne parle pas la même langue et que l’on est par ailleurs complètement diférents. » Malgré tout, il est important d’avoir un endroit où l’on peut toujours revenir. Comme il voyage beaucoup, il a gardé sa chambre d’enfant. Là où tout a commencé.
Aujourd’hui, Noel prend les mauvaises nouvelles avec calme. « Tout ce que je fais, c’est danser et rire. Je vais super bien. Il est diffcile de me faire vraiment mal. » En réponse à un commentaire du type “He’s just showing hair, no talent”, Noel a réalisé une vidéo de danse avec l’artiste Avemoves. Elle compte actuellement 30,8 millions de vues et 1,2 million de likes. Sans afro-pop-up, sans « attaque de danse ». Le clip laisse entrevoir une nouvelle direction que Noel pourrait prendre. Il existe déjà de nombreuses variations de son mouvement signature : il sort son billet de son afro avant de le tendre à la contrôleuse du train, fait fuir les coifeurs d’un salon en abaissant sa capuche. « La prochaine chose que je veux faire, c’est me lancer dans de longues vidéos sur YouTube », révèle-t-il. Peut-être continuera-t-il à parler de danse, peut-être aussi davantage de voyages. Noel aime surprendre. « Pour l’instant, j’ai prévu de me rendre en Inde, au Mexique, en Colombie, en Corée du Sud, au Japon et au Vietnam », dit-il en fnissant son thé, avant de nous remercier et de se remettre en route. noelgoescrazy.com
À 19 ans, la jeune Française qui a découvert l’escalade à La Réunion est une star de la discipline. Oriane Bertone parle vite, à l’image de son ascension précoce.
Ça tombe bien, elle a pas mal de choses à dire et énormément d’ambition.
L’ÉTOILE GRIMPANTE
Discuter avec Oriane, c’est sentir de la fougue, du désir. Sa joie d’avoir trouvé sa voie, de la marquer non pas d’une croix, mais de plusieurs. Pour elle, l’envie folle de faire son chemin passe par une concentration et une détermination absolues. Aucun autre sujet pour l’en faire dévier. Les fssures du Yosemite et autres falaises mythiques de la planète à déforer attendront. Nulle trace de regret dans la voix. La vice-championne du monde de bloc 2023 et championne de France 2024, en quête du Graal suprême cette année, passe sa vie à s’entrainer, les trois-quarts de son temps enfermée dans une salle, à répéter les pas qui la porteront au frmament. Douée ? Oui, mais pas seulement. Oriane est un bourreau de travail, une stakhanoviste de la résine, qui prend un plaisir fou à s’acharner jusqu’à ce que crux (le mouvement le plus difcile d’une voie) s’en suivent. S’entraîner jusqu’à avoir l’impression que ses bras s’allongent et rétrécissent la distance entre les prises. N’y voyez aucune once de masochisme. Oriane le dit et le répète à l’envi : bosser, elle kife ! C’est par cette obsession de la perfection que la jeune femme, phénomène de précocité et de maturité, se démarque de ses rivales. Entretien avec une athlète qui n’a pas peur d’afcher la hauteur de ses ambitions aux refets dorés pour les prochaines années.
the red bulletin : Oriane, pouvez-vous nous dire comment tout a commencé ? oriane bertone : Je suis née à Nice et quand j’ai eu 3 ans, avec ma famille, on est partis à La Réunion, aux Avirons. Mon père, qui est d’origine italienne, était professeur des universités avec une spécialité d’EPS, c’est un ancien judoka de haut-niveau. J’ai suivi son exemple en me lançant dans les sports de combat, en pratiquant le judo, mais surtout la lutte, de 6 à 8 ans. J’ai toujours adoré la compétition.
Votre mère était aussi dans le sport ? Ma mère, elle, n’était pas spécialement sportive, mais elle a plus de sagesse, et elle m’a appris à m’écouter ! Quant à mon petit frère, Max, il vient de gagner son premier titre de champion de France de bloc à 16 ans !
À 8 ans, vous découvrez l’escalade… Révélation ?
J’ai débuté dans un centre aéré aux Avirons. Ça m’a plu tout de suite. Par contre, je n’ai aucun souvenir précis des sensations que j’ai pu ressentir. Je sais juste que j’ai tellement accroché que j’ai arrêté la lutte et les autres sports direct. Comment dire ? Je n’aime pas l’escalade en soi.
Vraiment, vous avez passé tant d’années à atteindre le haut-niveau, sans aimer ça ?!
Ce que j’aime, c’est le haut-niveau. Ça aurait pu être du ski, de la natation, n’importe quel autre sport. Ce qui me fait lever le matin, c’est la recherche de la perfection, le fait de travailler dur, de s’entraîner pour réussir. Le travail, j’adore le travail. Je suis très speed, très déterminée. C’est tombé sur l’escalade !
Quels ont été les grands déclics de votre carrière ?
J’ai commencé les compétitions internationales en minimes, vers 13 ou 14 ans, c’était la première année où je pouvais faire des Coupes d’Europe et des Championnats du monde. Cette année-là, j’ai remporté toutes les Coupes d’Europe et j’ai terminé double championne du monde… Ça a
« Je veux être la meilleure grimpeuse au monde ! »
Ligne de mire
Une grande ambition, et énormément de travail pour atteindre ses objectifs. Comme elle le raconte dans notre interview, Oriane donne tout pour la grimpe.
« Ce que j’aime, c’est le haut-niveau. Ça aurait pu être du ski, de la natation, n’importe quel autre sport. »
Croissance
Son destin en main, Oriane est dans une dynamique de progression impressionnante depuis ses débuts, enfant, à La Réunion.
« La grimpe, c’est un état d’esprit, un truc familial. »
été un premier déclic, j’ai atteint un gros objectif dont je rêvais depuis un moment. En cadette, on m’a surclassée en séniors, j’étais donc trois ans plus jeune que mes rivales, et j’ai terminé deuxième pour ma première coupe du monde. Ensuite, j’ai enchaîné les podiums et l’année qui vient de s’écouler a été une suite de succès ! (En 2023, Oriane Bertone a été médaillée d’argent en bloc aux mondiaux 2023, a remporté sa première étape de Coupe du monde de bloc et s’est qualifée pour le grand rendez-vous de l’été en France pour le combiné bloc-difculté, ndlr). J’en suis à ma troisième année sur le circuit mondial seniors. Je dirais que l’entrée en matière est pas mal.
Quand avez-vous su que vous vouliez pratiquer ce sport à haut-niveau ?
Dès le début, en minimes, dès mes premiers podiums, j’ai su que je pouvais enchaîner les performances face à des athlètes de très haut-niveau. J’avais ma place. J’ai dit, allez, on y va à fond ! On verra bien !
Depuis que vous avez grimpé un bloc en 8b+ à l’âge de 12 ans, on parle de vous comme d’un phénomène. Comment expliquez-vous votre précocité ?
Il y a du talent à la base, je parle de ma qualité de grimpe qui serait un peu innée, mais au-delà de ça il y a ce qu’on choisit d’en faire, de ce don ou de ces prédispositions. J’ai décidé de continuer à m’investir, à m’entraîner, à m’engoufrer dans cette voie. À la base, j’étais un talent ; aujourd’hui, je dirais que je suis une personne qui travaille très dur et qui se donne les moyens d’atteindre des objectifs très haut placés. Je sais parfaitement où je vais, ce dont j’ai envie. Je suis une personne très déterminée. Je veux être la meilleure grimpeuse au monde !
Vous avez eu des sources d’inspiration ?
Des modèles ?
Je n’ai jamais été dans l’idéalisation, à avoir des posters dans ma chambre. Je respecte beaucoup d’athlètes, leur travail. Pour ne parler que d’une, Janja Garnbret par exemple (Slovène de 25 ans, grimpeuse comptabilisant le plus de titres mondiaux en difculté, bloc et combiné, ndlr)
« J’ai passé les trois-quarts de mon année enfermée dans une salle à m’entraîner ! »
Du bloc au terrain
Son histoire s’écrit pour l’instant dans cette dynamique. Viendra un jour le temps de la grimpe aventure, partout sur la planète.
a été une vraie locomotive, on a toutes progressé grâce à elle, alors aujourd’hui, on va essayer de la détrôner !
Selon vous, comment est perçue la grimpe aujourd’hui ?
Avec les réseaux sociaux, et l’été chargé qui s’annonce, il y a de l’engouement pour notre sport. C’est un formidable accélérateur, ça ouvre des portes, on n’avait pas encore eu accès au Graal, à ce qui est, dans beaucoup de sports, l’objectif d’une vie ! Ça nous rend très visible, le public découvre une activité, la popularité ofre de la notoriété et donc on entre dans une autre dimension.
Comment définiriez-vous l’escalade, où il n’est pas question que de performances, mais aussi de valeurs…
C’est un état d’esprit, un truc familial. On peut grimper avec quelqu’un qui n’a pas le même niveau et se retrouver sur les mêmes valeurs, et ça c’est assez unique. Discuter au pied des voies avec les copains, et en même temps avoir ce lien solide, cette confance en l’autre. C’est aussi ce qui fait qu’on gagne en visibilité, le côté sympa, je peux venir dans une salle et grimper au même endroit que quelqu’un qui débute. On garde la tête sur les épaules : rester accessible, il ne faut pas qu’on perde ça, c’est très important de faire partie de cette communauté.
Et comment vous définiriez-vous en termes de style de grimpe ?
Je suis plus une bloqueuse (spécialiste de bloc, ndlr) qu’une diffeuse (épreuve de difficulté, ndlr), c’est là où j’ai la plus grosse marge de progression. Je pose bien les pieds, je suis précise, technique, bonne en dalle (plan légèrement incliné qui exige une grande fnesse dans la gestuelle, ndlr). J’ai une compréhension de mon corps très afnée, je sais où je suis dans l’espace, ça rend ma gestuelle beaucoup plus facile et fuide et je suis aussi très coordonnée et dynamique. Je suis assez grande pour une grimpeuse, 1,67 mètre, de longs bras, j’ai d’ailleurs l’impression qu’ils se sont allongés cette année ! Mais je suis aussi explosive, avec une bonne poussée de jambes.
Quels sont les points à améliorer en vue du ou des grands rendez-vous ?
Le physique, qui a été mon point faible pendant longtemps : j’ai encore de la marge. Je m’entraîne cinq à huit heures par jour six jours sur sept, dans diférentes salles de Paris et de la région parisienne, et je fais une heure et demie de musculation trois à quatre fois par semaine. Ce qui m’intéresse, c’est le gain de force, pas le gain de masse. En grimpe, le rapport poids-puissance est déterminant. Je fais des tractions lestées avec des poids. Je rajoute de la course à pied pour le cardio, au moins une à deux fois par semaine. Et j’ai un préparateur mental aussi. Très importante la gestion des émotions en escalade, c’est une discipline usante à ce niveau-là, avec de sacrées montées d’adrénaline ! Si je devais résumer en gros : avec Nicolas Januel, mon coach au Pôle France de Fontainebleau, j’ai passé les trois-quarts de mon année enfermée dans une salle à m’entraîner !
Vous avez 19 ans, une détermination à toute épreuve, mais une grande page blanche s’ouvre devant vous. Comment comptez-vous la remplir ?
Une année classique, je fais six ou sept Coupes du monde. Je suis encore très jeune, j’ai le temps de m’ouvrir au monde, d’y réféchir. Je vais continuer à m’entraîner pour être la meilleure au monde, car je n’ai pas encore atteint le niveau que je souhaite. J’espère progresser encore plus en 2024, puis 2025, 2026… Alors le programme pour les prochaines années, ça va être beaucoup de soufrance, de volonté, de sacrifces, je suis trop concentrée là-dessus pour réféchir à autre chose.
Vous n’avez pas envie de découvrir l’autre aspect de la grimpe, son versant image, les tournages, les trips dans des spots fabuleux auxquels vous avez déjà pu goûter ?
Les tournages, les voyages, les grandes falaises, cela viendra tout seul, mais je suis sûre que des opportunités vont se présenter. Je retournerai sur le caillou, sans 9a, b, c dans ma tête (le 9 étant le chifre maximum actuel de la cotation en escalade, ndlr). Je ferai la cotation qui se présente, avec toujours l’envie de dépasser mes limites. C’est ça qui me donne du plaisir.
Quand vous grimpez, même en compétition, on le sent, ce plaisir omniprésent… Je kife complet. Grimper, j’adore ça. Je ne regrette pas une seule seconde d’avoir tout mis de côté pour l’escalade. Réussir dans cette voie, celle que je me suis choisie, ça me donne le sourire tous les jours de ma vie !
IG : @oriane_bertone
Ce nom devrait vous dire quelque chose : Jacob Collier, chanteur, arrangeur et multi-instrumentiste de génie, célébré par Herbie Hancock, Quincy Jones et Hans Zimmer, s’est fait connaître à l’âge de 20 ans grâce à une vidéo postée sur YouTube. Neuf ans plus tard, il reçoit son sixième Grammy et entame sa seconde tournée mondiale.
À CHŒUR OUVERT
TEXTE STEPHANIE PHILLIPS PHOTOS BENEDIKT FRANKAdoubé par les plus grands Une musique célébrée par Hans Zimmer et Quincy Jones, des collabs avec Stormzy ou encore Coldplay : Jacob Collier est (aussi) un arrangeur de génie.
C’est dans un studio à l’est de Londres que nous avons rendez-vous avec celui qui, à 29 ans, est considéré comme l’un des artistes les plus doués de sa génération : Jacob Collier, multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur, maintes fois primé (six Grammy Awards !) pour ses arrangements et ses nombreuses collaborations, compte aujourd’hui Quincy Jones et Hans Zimmer parmi ses fans. En un mot : nous avons rendez-vous avec l’un des plus grands noms de la scène musicale contemporaine.
Logiquement, nous nous attendons à voir débarquer un type en lunettes noires, distant et très conscient de sa personne… Mais au moment où nous entrons dans le studio, Jacob nous salue de loin en riant, alors que son manager est en train de le trimballer sur le dos à travers la pièce. Première surprise : Jacob Collier est un chic type, souriant et très accessible. Une personnalité lumineuse en total accord avec ses tenues décomplexées. Sa tenue du jour ? Veste arc-en-ciel, chemise à feurs, pantalon étoilé sur des chaussettes et des Crocs dépareillées… L’habit fait le moine : l’artiste britannique est aussi peu conventionnel et guindé que ses tenues le laissent supposer.
On peut dire que Jacob Collier est tombé dans la marmite musicale quand il était petit : sa mère et son grand-père, tous deux violonistes, ont enseigné à la Royal Academy of Music. Suzie Collier a considérablement infuencé la carrière de son fls : « Ma mère vit pour la musique, elle l’incarne littéralement. J’ai donc appris la musique comme on apprend une deuxième langue, raconte Jacob en souriant. J’ai toujours trouvé cela très naturel d’exprimer les formes, les sensations et les sentiments avec des sons. » Autodidacte, Jacob Collier a
appris au fl des années à jouer du piano, de la guitare, de la mandoline et de la contrebasse – entre autres. Ado, il commence à poster sur YouTube ses premières vidéos, des interprétations de grands classiques où il fait toutes les voix et tous les instruments. Son arrangement le plus connu, celui qui l’a fait connaître dans le monde entier, reste sa reprise de Don’t You Worry ’bout a Thing, de Stevie Wonder. Il est remarqué par Quincy Jones en personne, qui devient son manager et son mentor : « Cela fait 65 ans que je fais de la musique et je n’avais jamais vu un talent comme ça, dit l’homme qui fut notamment le producteur de Frank Sinatra et Michael Jackson. C’est avec son soutien que le jeune homme de 21 ans produit son premier album, In My Room, tout en entamant le premier opus de Djesse, une série d’albums riche en collaborations de renom, avec des artistes comme Laura Mvula, Daniel Caesar (primé aux Grammy) et le rappeur T-Pain. Chaque opus devient pour ce musicien d’une insatiable curiosité l’occasion d’expérimenter à chaque fois un nouvel univers musical : jazz, groove funky, arrangements vocaux, gospel, R&B… Très vite, son sens unique de l’harmonie et l’originalité de ses compositions séduisent des fans de plus en plus nombreux, dont la légende du jazz, Herbie Hancock, qui va même jusqu’à le comparer à Igor Strawinsky – rien que ça ! Quant à Hans Zimmer, grande légende hollywoodienne qui a travaillé avec lui sur la BO du flm Boss Baby, il a eu ces mots pour décrire le personnage : « Il y a ce qu’on appelle le don musical, et un cran au-dessus, le génie musical. Et puis, au-dessus de tout ça, très haut dans la stratosphère, il y a Jacob Collier. »
Adoubé par les plus grands, célébré par ses pairs, Jacob Collier a déjà collaboré avec de nombreux artistes : le rappeur Stormzy, la chanteuse et compositrice américaine SZA, Chris Martin de Coldplay (pour n’en citer que quelques-uns) ont fait appel à lui pour son sens incomparable de l’harmonie et de la musicalité : un don unique dont il a pu faire la démonstration magistrale à partir de 2022, lorsqu’il fait chanter le public de ses concerts dans de magnifques improvisations a cappella. Sa version multi-voix et improvisée de Can’t Help Falling in Love d’Elvis Presley, où il fait chanter et fredonner plus de 100 000 personnes, donne le frisson – non seulement parce qu’elle démontre l’absolu génie de cet homme, mais aussi parce qu’elle nous montre à quel point la musique fait partie de nous, à quel point nous sommes toutes et tous capables de créer quelque chose de magnifque.
« J’ai appris la musique comme une langue. Je m’exprime par les sons, c’est tout ! »
Né en 1994 à Londres, Jacob Collier a grandi avec les réseaux sociaux : ses shorts sur YouTube et TikTok récoltent toujours des millions de vues et des commentaires enthousiastes de fans toujours plus nombreux. Pour autant, il n’a (encore) rien d’un artiste mainstream, ce qui n’a pas l’air de le déranger – au contraire : « On a l’habitude de mesurer le succès au nombre de fans qu’on a. Moi, je dirais que le succès se mesure au nombre de personnes que l’on arrive à toucher émotionnellement. » Lorsque nous le retrouvons pour l’interviewer, Jacob Collier vient de terminer la production du quatrième et dernier opus de sa série Djesse, dont la sortie est annoncée au printemps et pour lequel l’artiste britannique s’est notamment entouré des chanteurs Yebba, Kirk Franklin et Shawn Mendes. Rencontre avec un artiste à l’aise dans ses Crocs – et dans la vie.
the red bulletin : Quel est ton premier souvenir musical ?
jacob collier : Un souvenir assez drôle : j’étais sur les genoux de ma mère et j’ai regardé en l’air. Mais au lieu de voir le plafond, j’ai vu un violon – elle était en train d’en jouer. Ma mère jouait tout le temps du violon. Dès le début, la musique a fait partie de ma vie : c’est comme une langue pour moi, un moyen de m’exprimer mais aussi de communiquer avec les autres. On apprend la musique comme on apprend une langue étrangère : en étant entouré de personnes qui la pratiquent. Autour de moi, tout le monde faisait de la musique, s’exprimait par la musique.
Ta mère est violoniste, cheffe d’orchestre et professeure de musique. Quelle place a-t-elle eue dans ton épanouissement artistique ?
Une place énorme. Elle a été la base de ma formation musicale : je me souviens l’avoir vue diriger un orchestre à la Royal Academy of Music – c’est une excellente chefe d’orchestre – seule, devant un groupe de cinquante étudiants. Quand j’étais enfant, ça m’impressionnait de la voir diriger, de voir comment elle arrivait à donner corps à la musique. En repensant à mon évolution musicale –et j’ai beaucoup expérimenté, dans des genres musicaux extrêmement variés – je remarque que tout a commencé grâce à ma mère. C’est une personne tellement positive, chaleureuse et douée dans son domaine. En plus de savoir s’exprimer par la musique, elle sait aussi développer le potentiel artistique des autres.
Tu as dit un jour que ta mère t’avait appris une chose : c’est que le monde entier peut te chanter à l’oreille, si tu sais l’écouter. Quelle belle idée ! Depuis que je suis petit, j’ai toujours essayé de trouver de nouvelles manières de voir le monde, de l’écouter. Pour un enfant, le monde peut avoir quelque chose d’effrayant, d’intimidant. Mais d’une certaine façon, tout ce qui chante est rassurant. C’est cette certitude qui m’a encouragé, qui m’a montré que je peux parler au monde entier, l’écouter et lui faire confance. L’école aussi peut être un univers difcile, avec des tas de gens bizarres, d’enfants qui veulent se sentir forts, des gamins qui ont besoin de rabaisser les autres pour attirer l’attention…
« Je
pense que TikTok engloutit les esprits créatifs. »
Survivre à tout ça et le considérer comme une chanson, c’est quelque chose de très puissant, parce que ça t’apprend à transformer le monde selon tes propres buts, à vivre la vie telle que tu la vois.
Tu t’es fait connaître grâce à tes vidéos YouTube, sur lesquelles tu reprenais des chansons célèbres : qu’est-ce que tu penses des jeunes artistes qui utilisent TikTok aujourd’hui ?
La situation était diférente il y a dix ans : à l’époque, j’utilisais YouTube parce que je voulais partager les interprétations que j’avais créées en mixant ma voix et mes instruments. Elles étaient conçues comme des œuvres d’art et j’ai pu véritablement m’exprimer sur cette plateforme en tant qu’artiste. Aujourd’hui, je pense que les réseaux sociaux exploitent les artistes : TikTok me donne l’impression d’engloutir les esprits créatifs – tout est devenu un business. Parfois, quand je regarde ces jeunes qui créent sur les réseaux sociaux, je me dis : « Je suis tellement diférent de vous, jamais je n’ai essayé de me mesurer aux autres. » Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas été remarqué par les autres ou que je n’ai pas été inspiré par eux ; mais je pense que TikTok n’est pas fait pour mettre en valeur les artistes qui font leur truc tranquillement dans leur coin.
Tu collabores également avec la marque Crocs depuis 2023 : qu’est-ce qui te plaît dans ces chaussures ?
Elles sont tellement confortables. Cela fait cinq ans que je ne porte plus que des Crocs, à dix ou vingt exceptions près – quand je prends des cours de conduite par exemple, parce qu’on ne peut pas conduire en Crocs. Mais à part ça, on peut presque tout faire : j’ai même joué au foot avec Stormzy. Bon, c’était un fasco total parce que j’ai tiré un penalty n’importe comment ! Donc je ne vous conseillerais pas forcément de jouer au foot en Crocs (sourire).
Tu as dit en parlant de Djesse Vol. 4 que c’était un espace pour toutes les idées que tu n’avais pas encore pu utiliser jusque-là… De quelles idées parles-tu ?
Ce quatrième opus, Vol. 4, réunit tout ce j’ai appris ces cinq ou six dernières années lors de mes voyages et de mes collaborations avec des tas de personnes diférentes. J’ai commencé à enregistrer le public en train de
2 Ovni artistique
La musique de Jacob Collier ressemble à son style vestimentaire : atypique et horsnorme.
« J’ai fait une partie de foot avec Stormzy, en Crocs : un
fiasco total ! »
n’existe pas ! Tout ce dont les gens ont besoin, c’est la sensation de faire partie d’une communauté et la permission d’essayer quelque chose, de sortir de soi.
Une part importante de ta musique naît de tes multiples collaborations : comment choisis-tu les gens avec qui tu veux travailler ?
Je ne planife pas forcément les choses, et s’il y a bien une liste de gens avec qui je rêve de bosser, je n’ai aucune idée de ce qui va en émerger. Les seuls critères sont : « Est-ce que je t’aime bien ? Est-ce que je te respecte ? Oui ? Alors on bosse ensemble »
Tu as déjà collaboré avec des artistes absolument incroyables. Est-ce que tu es tenté, parfois, de te pincer pour t’assurer que tout cela est bien réel ? Constamment ! Je pense que l’un des privilèges de côtoyer ces légendes, notamment Quincy Jones, Herbie Hancock et Hans Zimmer, c’est de pouvoir entendre les histoires qu’ils ont à te raconter, des trucs de malade ! Quincy Jones m’a un jour raconté qu’il était en train de déjeuner avec Picasso quand Igor Strawinsky est entré dans la pièce. Et là, tu penses : « Mais c’est dingue ! Tous ces gens qui faisaient la bringue à Paris à cette époque, ils avaient l’âge que j’ai aujourd’hui ! »
À propos d’âge : à quel point le jeune homme de 20 ans qu’était Jacob Collier difère-t-il de l’artiste accompli que tu es aujourd’hui, à presque 30 ans ?
Je n’ai pas vraiment changé musicalement, mais plutôt humainement. À 20 ans, je savais beaucoup de choses sur la musique, mais je n’avais pas mis la théorie en pratique. J’étais passionné par les musiques brésiliennes, la samba et ce groove inimitable qui a le rythme d’un œuf en train de rouler. Mais je n’avais pas encore été au Brésil : et c’est en allant là-bas, en faisant l’expérience physique de cette musique, en travaillant avec des artistes brésiliens et en parlant avec eux que j’ai compris véritablement ce qu’est la samba.
À 29 ans, tu as déjà un CV très impressionnant. As-tu encore des projets, des rêves à accomplir ?
Le star sytem ?
Très peu pour lui
Un million d’abonné·e·s sur YouTube, des concerts à guichets fermés –Jacob Collier ne se prend pas la tête pour autant : à son poignet, un bracelet « Djesse » offert par un fan.
chanter lors de ma tournée mondiale en 2022 : ces enregistrements m’ont permis de créer un immense chœur de 100 000 voix, et c’est quelque chose qui a beaucoup infuencé le son de cet album.
Tes expériences avec le public prouvent que tout le monde est capable de sentir la musique.
Savais-tu, avant de le faire, que ça allait marcher ?
Je ne me dis pas à l’avance : « Okay, je vais maintenant faire chanter le public en trois groupes distincts. » Je suis sur scène, je réféchis à ce qui pourrait marcher et je tente le coup. En 2023, quand j’ai joué devant 30 000 personnes au festival de Glastonbury (l’un des plus grands festivals de musique et d’art au monde, ndlr), lors de ma toute première participation à ce festival, je me suis préparé à cette interaction avec le public. La musique est accessible à tout le monde : on ne colle pas d’étiquette « capable/incapable ». Cette séparation
Je pense que le plus gros déf, pour moi, sera de prendre le temps de vivre et de me laisser surprendre. Ces dix dernières années ont été absolument extraordinaires, mais aussi très intenses et je n’ai pas fait de pause pendant tout ce temps. Ou alors de courtes vacances de temps en temps, mais je n’ai jamais vraiment cessé de travailler. Ce serait donc important, et en même temps intéressant, d’expérimenter un autre rythme de vie, de vivre moins dans l’urgence.
Comment fais-tu pour te détendre ?
Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis vraiment relaxé ! Comme j’ai toujours des idées plein la tête, c’est justement le fait de les concrétiser – et donc d’y travailler – qui me détend. Mais sinon, je dirais qu’une bonne partie de badminton fait aussi l’afaire !
Djesse Vol. 4 chez Decca/Hajanga ; sa tournée européenne commence le 16 juin 2024 (avec un concert le 26 juillet au festival Jazz in Marciac, en France). Il jouera le 2 décembre à Zurich ; jacobcollier.com
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Un festival à ton goût.
Naturellement rafraîchissant.
Petit guide ultime pour s’évader du
VOYAGE, MONTRES, BIOHACKING, PLAYLIST ET SORTIE
Tous les chemins y mènent : l’auteur de voyages et d’aventures Charlie
C’EST PARTI !
Charlie Allenby est un journaliste londonien spécialisé dans la course à pied, le cyclisme et l’aventure.
IG : @charlie.allenby
PÈLERINAGE EN GRAVEL
Les régions italiennes de rêve à savourer en gravel : un récit de voyage en Italie. Un voyage au caractère fortement addictif.
Mes roues adhèrent diffcilement à la surface crayeuse et accidentée du chemin blanc.
La pente dépasse soudain les 10 %, mon cœur bat la chamade. Un nuage de poussière coriace gratte ma gorge comme du papier de verre, chaque respiration devient une torture.
Le viaduc couleur terracotta me signale que j’ai parcouru la moitié de cette montée de 7 km. Passer sous le pont me protège un instant des morsures du soleil de midi
en cette radieuse journée de mai italienne. Petite pause pour étancher ma soif près de San Quirico d’Orcia, une bourgade située à 45 km au sudest de Sienne. J’ai l’impression d’être au beau milieu du tournage d’un flm publicitaire sur la Toscane avec ses triporteurs Piaggio chargés de produits frais, ses nonnas italiennes étendant leur linge sur les balcons et ses cocktails famboyants servis sur les terrasses pour l’apéritif. Assez profté du spectacle, il me reste encore plus de
100 mètres de dénivelé rien que sur cette montée et 60 km de plus le long des tortueux chemins de la Via Francigena avant d’atteindre le Castello di Proceno perché sur la colline. Ce sera mon hébergement pour la nuit, je serai alors à mi-parcours entre Florence et Rome.
La Via Francigena (en français la « voie francigène ») est
un chemin de pèlerinage médiéval d’environ 2 000 km reliant Canterbury à Rome en passant par la France et la Suisse. Mais contrairement aux vaillants pèlerins d’autrefois, je n’ai pas parcouru la Via Francigena dans son intégralité, j’ai opté pour un amusebouche de quatre jours, soit les 400 derniers km. En guise de cheval ou de chaussures
Il sera difficile de trouver un objectif plus élevé : l’arrivée discrètement en sueur sur la place Saint-Pierre à Rome.
Chaque coup de pédale dans l’effort est compensé par un paysage grandiose.
de randonnée, j’ai choisi une monture un peu diférente : un vélo gravel. L’itinéraire, concocté par les spécialistes du voyage à vélo de Rolling Dreamers, ne suit pas scrupuleusement le chemin historique des pèlerins : il commence à Florence et mène en quatre étapes journalières, bordées d’oliveraies et de vignobles, jusqu’à Rome, l’arrivée étant située directement sur la place Saint-Pierre. Les tronçons de la Via Francigena que Matteo Venzi, le fondateur de Rolling Dreamers, considérait comme impraticables sont épargnés aux vététistes. « Je préfère que les gens n’aient pas à descendre de selle pour pousser leur vélo », explique l’ancien triathlète pro.
Mais ça ne veut pas dire que cet itinéraire est une partie de plaisir. Composé d’environ 70 % hors bitume, le terrain teste mes limites, c’est un véritable condensé du meilleur
et du pire ofert par le « gravel », de légendaires routes blanches très compactes aux énormes pavés inégaux posés par les légionnaires romains il y a plus de 2 000 ans. Si mes mollets hurlent sous l’efort lors de la montée près de San Quirico d’Orcia le second jour, la descente sur gravier le long de la piste étroite de 10 km reliant Radicofani à Ponte a Rigo 35 km plus tard me fait bondir le cœur : comme au ralenti ma roue avant sousvire puis se corrige dans une série de virages en épingle à cheveux délicate.
La beauté du paysage apparaît sans crier gare alors que je serpente ce mince fl blanc en direction du Sud entre des reliefs arrondis et moelleux à perte de vue. Dans la région du Latium et autour du lac Bolsena, plus grand lac volcanique d’Europe, les prairies de feurs sauvages alternent avec les côtes et les vallées parsemées de cyprès. Je fle à toute allure et mes pneus épais ofrent au moins l’avantage d’amortir l’âpreté du terrain. Les chemins préhistoriques se noient dans l’expansion urbaine moderne, les immenses champs font place aux usines.
Je me retrouve sur une piste cyclable longeant le Tibre jusqu’à la place SaintPierre. La route plate laisse libre cours à mon imagination. De retour au milieu du tintamarre des klaxons, je suis pris d’une envie soudaine d'opérer un demi-tour pour retourner sur ces terres reculées où les seuls bruits étaient dus au
S’Y RENDRE
Comment aller à Florence en avion, en train ou en voiture ? Depuis Zurich ou Genève : le voyage en train coûte environ 100 CHF, les vols sont disponibles à partir d’env. 250 CHF. En voiture, compter env. 8 heures.
BON À SAVOIR
De Florence à Rome en gravel. Le parcours qui traverse la Toscane et le Latium est d’environ 400 km et présente un dénivelé total de 7 150 m. Le tour se divise en quatre étapes quotidiennes : de Florence à Sienne (95 km), de Sienne à Proceno (119 km), de Proceno à Sutri (108 km) et de Sutri à Rome (73 km). L’itinéraire est composé à 70 % de routes de terre. Le gravel est mis à disposition, un chariot à bagages accompagne les cyclotouristes.
grande bellezza : il y a un art de vivre italien à édifier, du café à l’architecture en passant par les mets délicats.
crissement du gravier sous mes roues. Fin du pèlerinage, je jette un œil sur Google Maps et zoome pour constater quelle distance j’ai parcouru à la force des pédales. Les nombreuses taches vertes et autres lignes jaunes tortueuses ne racontent pas toute l’histoire mais m’aident à me remémorer les paysages à couper le soufe et le terrain parfois si tortueux qui se cache sous ces illustrations rudimentaires. Inoubliable.
Des tours à vélo comme celui-ci sont organisés par l’entreprise italienne Rolling Dreamers. rollingdreamers.com
Italie Florence RomeLes réseaux sociaux ruinent notre concentration. À la poubelle les applis !
SEVRAGE QUOTIDIEN
Comment mieux gérer sa dépendance aux réseaux sociaux, selon le biohackeur Andreas Breitfeld
On ne peut pas dire le contraire : les réseaux sociaux sont actuellement la drogue la plus répandue sur la planète. TikTok, YouTube et même ce bon vieil Insta rendent accro. Ces réseaux annihilent notre capacité à nous concentrer sur quoique ce soit pendant plus de quelques secondes. La conséquence est que nous avons de plus en plus de mal à appréhender les situations complexes. Bref, nous dépérissons et nous abrutissons. Notre société soufre d’une sorte de TDAH collectif. Ils nous submergent. Les algorithmes jouent avec nos cerveaux de manière très ingénieuse et hautement professionnelle : ils déclenchent notre système de récompense en nous envoyant de petites décharges de dopamine afn de nous rendre dépendant·e·s,
SEVRAGE À FROID
As-tu les nerfs assez solides pour réussir un sevrage à froid ?
Je m’observe régulièrement : combien de temps suis-je capable d’ignorer une application sans éprouver un quelconque manque (mais alors vraiment aucun) ? Six heures ? Huit ? Si c’est moins que cela, je la supprime immédiatement de mon téléphone. Et je ne la réinstalle que 24 heures plus tard.
et ce, plus habilement que n’importe quel dealer de rue. Ils s’incrustent dans notre neuroplasticité, c’est-à-dire dans notre capacité d’adaptation et d’apprentissage, et jouent tels des virtuoses avec notre mémoire et nos conditionnements.
Comment sortir de cette dépendance ? La première étape est d’ouvrir les yeux et de l’admettre. Relis donc les deux paragraphes précédents. Deuxième étape, le sevrage. Le hack radical suivant est ce qui fonctionne le mieux pour moi : dès que je constate que je cherche mon téléphone le matin, je supprime l’application désirée pendant au moins 24 heures. Si je recommence le jour suivant, je passe cette fois-ci à 48 heures de sevrage. Essaie donc d’en faire de même de ton côté. Tu n’imagines pas à quel point tu peux t’ofrir du temps et de la qualité de vie dès lors que tu te détournes, au moins temporairement, de cette attraction magnétique des applis.
Andreas Breitfeld est le biohackeur le plus connu d’Allemagne. Il fait de la recherche dans son laboratoire à Munich. Pour simplifier, on peut dire que le biohacking regroupe tout ce que les gens font de manière autonome pour améliorer leur santé, leur qualité de vie et leur longévité.
Feist
MY MOON, MY MAN (BOYS NOIZE MIX, 2007)
« En 2007, j’étais dans ma période snowboard/surf. Je m’appelais Roxygirl92 sur MySpace, je jouais des morceaux de Colbie Caillat à la guitare et c’est ainsi que j’ai commencé à trouver ma propre voix. Puis, dans un teaser vidéo sur des snowboardeuses branchées, je suis tombée sur ce remix de Feist. Ça a été un grand moment partagé entre amies ! »
M.I.A. BORN FREE (2010)
« Quand le clip de Born Free est sorti en 2010, tout le monde en parlait à l’école. Il m’était difcile de réaliser à quel point c’était brutal, tout en ayant cette esthétique et ce son... J’étais fascinée par le fait qu’un morceau de punk hardcore puisse être aussi électro. C’est quelque chose qui imprègne notre musique aujourd’hui : ce son organique traduit en électro. »
SUCCÈS À LA CLÉ
Stephanie Widmer, moitié du duo autrichien Cari Cari, dévoile l’inspiration musicale qui a façonné son style.
Quand on écoute les morceaux de Cari Cari pour la première fois, bien malin qui peut deviner qu’il s’agit là d’un groupe autrichien. Les morceaux de Stephanie Widmer et Alexander Köck (souvent improprement qualifés de « rock indé ») semblent venir de contrées lointaines.
« Notre musique donne en efet parfois l’impression d’un style international, mais sans aucune intention de notre part », explique la chanteuse viennoise qui joue aussi de la batterie, du synthétiseur, du didgeridoo et de la guimbarde. Alors que le duo prépare son troisième album, Stephanie lève le voile sur son parcours musical et évoque quatre étapes de sa vie à travers des chansons qui ont exercé une certaine infuence, et qui résonnent en elle encore aujourd’hui.
Norah Jones LITTLE BROKEN HEARTS (2012)
« Norah Jones a sorti Little Broken Hearts en 2012, l’année où Alex et moi avons commencé à jouer ensemble. Danger Mouse a produit son album, et il réussit toujours à faire en sorte que la musique ait un côté vintage en restant moderne. C’est exactement ce que nous voulons faire : sans être un groupe rétro, s’inspirer de ce style et créer quelque chose de nouveau. »
Les Filles de Illighadad IMIGRADAN (2017)
« Avec Cari Cari, j’ai développé un amour pour les instrus et les groupes plutôt obscurs, souvent du Japon ou de Thaïlande. J’ai découvert ce morceau en 2019 en regardant une vidéo dans laquelle trois femmes du Sahara placent une balle en caoutchouc dans une bassine d’eau en guise de grosse caisse, puis la frappent avec une massue. Tout me séduit dans cette chanson. »
SIM FIT
Si les pilotes esport sont sédentaires, leur forme physique ressemble à celle des athlètes de haut-niveau. Et leurs conseils de simulation de course pour garder la forme peuvent servir à toutes et tous.
Des semaines de travail de cinq jours, plus de huit heures quotidiennes devant l’écran, des pauses réduites au minimum… La vie d’un·e pilote virtuel·le pro ressemble un peu à la nôtre, mais le stress et la fatigue corporelle qu’elle engendre est plutôt comparable à celle d’un véritable pilote de Formule 1.
« Grâce à leur équipement, nos pilotes virtuels reçoivent pas mal de retours », explique Lewis Paris, entraîneur de l’équipe esport d’Oracle Red Bull Racing. Ils et elles font des séances de préhension pour mieux tenir le volant pendant les longues heures de simulation de course et des exercices sur une jambe pour corriger le déséquilibre causé par une pédale de frein pouvant simuler jusqu’à 200 kilos de force. Mais la plus grande partie des exercices de ftness est consacrée à neutraliser les douleurs causées par une position assise prolongée : élancements aux épaules, aux hanches et dans le bas du dos. Ça vous parle ?
« Mon but est de corriger leur position assise au quotidien en développant leur posture, leur mobilité, et en activant leurs muscles », précise Paris. Le Londonien a commencé à travailler avec l’équipe en 2021, et les
résultats sont sans équivoque : à 23 ans, le Britannique Sebastian Job est actuellement en tête de la Porsche Esports Carrera Cup de Grande-Bretagne et de la Porsche TAG Heuer Esports Supercup. Pour en faire des pilotes encore plus compétitifs, Lewis Paris a conçu un programme basé sur les dernières avancées en matière de ftness...
Activation musculaire
Avant de s’asseoir sur leur simulateur de course, les pilotes efectuent une série d’étirements (voir plus en détail ci-contre) pour engager les muscles postérieurs. « Tout ce qui est visible, poitrine, quadriceps, abdos, nous tire vers l’avant, donc on va plutôt se concentrer sur les muscles qu’on ne voit pas », développe Lewis Paris. Les exercices d’activation du coach permettent de faire circuler le sang vers l’ensemble de muscles qui maintiennent les pilotes bien droits et de soulager la pression sur la colonne vertébrale et le bas du dos.
« Ça permet aussi d’afûter le mental et d’être dans un état d’alerte pour rentrer directement dans la course virtuelle sans passer par la case échaufement. »
Mieux respirer
« La plupart des gens respirent par la bouche, ce qui n’est pas vraiment optimal » indique Paris. « Respirer par le nez permet d’inspirer plus profondément et de mieux détendre son diaphragme ». Il ajoute que contracter ses abdos quand on expire l’air des poumons active la sangle abdominale et soulage énormément la pression sur le bas du dos. Des recherches montrent que le fait de respirer par le nez ofre encore d’autres avantages – notamment une augmentation de 10 à 20 % de l’apport en oxygène – et aide le corps à temporiser et à se détendre grâce à l’activation du système nerveux parasympathique.
Simuler le coucher de soleil
On sait que le fait d’éteindre les écrans avant de dormir n’a que des avantages : la lumière bleue qu’ils émettent fait en efet « croire à l’organisme que le soleil est encore levé et qu’il faut rester actifs ». Mais comment faire quand une course virtuelle a lieu entre des participant·e·s éparpillé·e·s au gré des fuseaux horaires et dure jusqu’au petit matin ? Certain·e·s, comme Job, portent des lunettes qui bloquent la lumière bleue quand ils et elles pilotent après la tombée de la nuit : en reproduisant ainsi le cycle du soleil, on évite aux pilotes de rester éveillé trop longtemps post-compétition. « Ils dorment mieux, et cela leur garantit d’être d’autant plus performants le lendemain. »
lewisparisfitness.com ; Instagram : @sebastianjob_
(Dé)tendu : ces heures sur un simulateur de course peuvent impacter la santé d’un·e pilote virtuel·le comme Job.
TEXTE ANDY PARSONS PHOTOS CHARLIE ALLENBYTRAVAIL EN SOUPLESSE
Pour rester en pole position toute la journée, rien de mieux que les étirements sur chaise de Lewis Paris (ici à droite ave Sebastian Job, pilote esport d’Oracle Red Bull Racing).
EXERCICE 1
RELAXER LES ÉPAULES
S’asseoir sur le bord de la chaise, genoux joints. Se pencher en avant pour que la poitrine touche les cuisses et la tête les genoux. Plier les bras derrière le dos, une main sur l’autre. Faire comme si on amenait les coudes vers les cuisses, maintenir l’efort pendant 30 secondes.
EXERCICE 2
GLORIEUX MENTON
Décoller les épaules le plus possible du cou, imaginer un crayon qui dépasse du menton et essayer de tracer le plus grand cercle possible. Prendre cinq à huit secondes pour dessiner chaque cercle. Faire cinq rotations puis répéter le mouvement en sens inverse.
EXERCICE 3
ACTIVATION DES FESSIERS
Cheville gauche sur le genou droit, main gauche sur le genou gauche et main droite sur la cheville gauche : exercer une légère pression sur le genou gauche tout en tirant la poitrine vers le haut. Respirer profondément et rester 30 secondes puis changer de côté et répéter l’exercice.
AU RYTHME
DES SAISONS
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Lorsque les meilleur·e·s danseur·euse·s du pays s’afrontent dans des battles de street dance et de style place de la Navigation à Lausanne, lorsque des DJ donnent le ton avec de grands classiques ou des tubes actuels, lorsque le public en délire fait ofce de jury au moyen de cartes de vote… Cela ne peut signifer qu’une chose : le Red Bull Dance Your Style Switzerland est de retour ! D’ailleurs, la série de concours de street dance all-style avec son format de battle unique en son genre fait halte dans plus de cinquante pays. Infos en scannant le code ci-dessous.
Popping Queen Glory à la finale de Dance Your Style à Lausanne, 2023 .
L’AC75 BoatOne d’Alinghi Red Bull Racing à Barcelone.
JUILLET
RON ORP ROOFTOP DAY
Pendant le Rooftop Day de Ron Orp, les terrasses, jardins et arrière-cours privés sont accessibles au public dans les villes suivantes : Bâle, Berne, Lucerne, Winterthour, SaintGall et Zurich. Que ce soit pour un apéro détendu, une session de yoga ou un dayrave, choisis ton événement et rejoins-nous pour célébrer l’été comme il se doit. rooftopday.net
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AU 25 AOÛT FINAL PRE-REGATTA AMERICA’S CUP
La dernière régate préliminaire avant que les choses sérieuses ne commencent. Les équipes de l’America’s Cup navigueront pour la première fois sur leurs nouveaux bateaux AC75 au large des côtes de Barcelone. La Nouvelle-Zélande, tenante du titre, aura déjà un avantgoût des challengers de cette année, notamment l’équipe suisse. En direct sur redbull.tv
JUIN AU 14 JUILLET
FAN ZONE VEVEY
Viens vivre de grandes émotions dans le cadre splendide du Jardin du Rivage, à Vevey, pour assister aux matches de l’Euro de foot 2024 en Allemagne. Trente jours de folie garantis pour suivre sur un écran de plus de 50 m2 les exploits des équipes nationales. De plus, profte de l’expérience du cinéma plein air lors des soirées sans compétition de foot au bord du lac Léman. Accès gratuit. Trucks et boissons sur place. Plus d’infos, et programme sur : fanzonevevey.ch
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& 10 AOÛT
WATERINGS CONTEST
Gymnastique aux anneaux, plongeon, acrobaties et atterrissage dans l’eau ? Waterings combine tout cela. Dans le cadre de deux épreuves (individuelle et synchrings), les athlètes présentent un spectacle époustoufant à Territet, près de Montreux, sur le lac Léman (près de l’embarcadère de la CGN). Infos : waterings.ch
AU 30 JUIN ÖKK BIKE REVOLUTION DAVOS
Davos Klosters compte parmi les destinations VTT les plus attrayantes des Alpes. Le réseau de singletrails s’étend sur plus de 700 km et propose des parcours allant des plus fuides aux plus éreintants, pour tous les niveaux. Avec des courses palpitantes, des gustorides conviviaux, des ateliers, de nombreux exposant·e·s de vélos et encore plus d’émotions, la ÖKK Bike Revolution poursuit la série de courses, pour la deuxième fois à Davos. Toutes les courses sont à suivre en direct sur Red Bull TV. Infos et inscriptions sur : bike-revolution.ch
JUIN AU 7 JUILLET HOFKINO
Le Musée national suisse, à Zurich, ouvre ses portes et accueille le public à l’heure du déjeuner et du dîner, pour un café, une gourmandise ou un apéritif. La cour est accessible librement de 10 heures du matin à minuit, même sans ticket de cinéma. Programmes du musée et du cinéma en plein air : hofkino.ch
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AU 16 JUIN
LES 24 HEURES DU MANS
Lorsque les meilleurs pilotes du monde et les véhicules les plus innovants testent à nouveau leur endurance et se battent pour la gloire, c’est le moment du Mans. 186 pilotes participent à la 92e édition. Ci-dessus, l’Art Car conçue par l’artiste Julie Mehretu pour BMW à l’occasion de la course annuelle (cf. page 20). Infos : 24h-lemans.com
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AOÛT
3X3 SWISS TOUR FINAL PRESENTED BY ALPIAN
Viens nous rejoindre pour assister à l’ultime spectacle de basket urbain : la fnale du 3x3 Swiss Tour à la gare centrale de Zurich ! Tu vibreras au rythme de cette discipline olympique spectaculaires dans laquelle les douze meilleures équipes de Suisse se disputent la couronne nationale ! L’équipe victorieuse validera son ticket pour Debrecen, étape incontournable du 3x3 World Tour. Ne manque pas cette confrontation magistrale en 3x3 organisée par Swiss Basketball ! Infos : swiss.basketball/3x3
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AU 28 JUIN TENSION FESTIVAL
Trois jours, trois scènes. L’un des plus grands événements house et techno de Suisse se déroulera dans l’ambiance unique du Gartenbad St. Jakob, à Bâle, avec une piscine, une zone chill-out, des stands de marché et une ofre de restauration complète. Pour la première fois, ce temps fort de la musique électro durera trois jours, et ofrira donc au public la possibilité de camper sur place. tension-festival.ch
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JUIN
RED BULL JUKEBOX
Le public a eu la possibilité de choisir les chansons et les styles musicaux qui ont enthousiasmé les quelque 4 400 fans du groupe suisse de Hecht, au Hall de Zurich. Pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas pu se procurer de billets pour ce spectacle déjanté et complet, fn mai, ou qui souhaitent revoir les moments forts du concert, le flm Hecht est disponible en ligne. redbull.com/jukebox
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SEPTEMBRE MODE SUISSE
À la fn de l’été, le salon Mode Suisse & Friends prendra ses quartiers dans le Kunsthaus Zürich pour sa 24 eédition, et présentera des collections inédites et des projets élus pour l’occasion. Le troisième Miele X Mode Suisse Award for Positive Impact sera décerné, et les nouvelles collections des deux lauréat·e·s précédent·e·s, Nina Yuun et Mourjjan, seront à l’honneur. modesuisse.com
AU 8 SEPTEMBRE
ÖKK BIKE REVOLUTION GRUYÈRE
Pour la première fois, la ÖKK Bike Revolution fait une halte en Suisse romande ! Avec ses paysages pittoresques et ses chemins variés, la région de la Gruyère ofre une expérience unique à tous les fans de VTT. Il y a mille et un chemins verdoyants, des panoramas à couper le soufe et de quoi se régaler avec des spéciliatés régionales sur les gusto-rides. Le village de Bulle fera ofce de centre d’informations quant aux dernières tendances du marché, et ofrira la possibilité de tester de nouveaux modèles de vélos. Infos : bike-revolution.ch.
TOUR DES STATIONS LE CHÂBLE/VERBIER
Le Tour des stations, c’est la promesse de relier des stations d’exception avec un « dénivelé par km » hors du commun ! L’événement se distingue en proposant un déf unique au monde : se mesurer en un jour au dénivelé de l’Everest. Toutefois, chacun·e choisit le « sommet » à gravir parmi les quatre parcours proposés. tourdesstations.ch
L’Openair Frauenfeld est célèbre pour ses spectacles, les styles originaux des visiteur·euse·s et les fêtes organisées sur le site du festival. La fête unique en backstage, Red Bull Unforeseen, est considérée comme l’un des plus grands temps forts de l’événement. L’aventure commence déjà à l’entrée, avec un déf... redbull.com/unforeseen.
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Rédacteur en chef
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Directeur exécutif de la création
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Direction créative
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Rédaction photo
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Des talents de la littérature suisse écrivent sur des thèmes qui les gardent éveillés et leur tiennent à cœur, en leur donnant un twist positif.
José Gsell
Biotope en devenir : une opération de renaturation
Ê
tre humain, pour moi, c’est être un biotope. Comme une forêt qui a besoin de soleil, d’eau et de nourriture. Une défnition simple pour se comprendre soi-même est utile dans un monde généralement compliqué. Il y a six ans, mon petit biotope perso se trouvait derrière la fenêtre d’un loft, en se demandant ce qu’il fchait dans la gigantesque ville de Bruxelles. Chanceux, on m’avait ofert de travailler mes textes et d’être logé pour six mois dans la capitale belge. C’était super, frites, rivières de sauce mayonnaise, autant de bières trappistes, de belles rencontres, mais il me manquait quelque chose. Tout mon corps mangeait de la mort à grandes boufées, nuages
de diesel calciné en surplomb d’asphalte mouillée, impossibilité du silence et surtout, quasi-impossibilité de s’enfuir à pied (c’est irrationnel, mais j’ai toujours peur lorsqu’il faut plusieurs heures pour atteindre l’extrémité d’une ville sans grimper dans un transport). Je me sentais comme un animal piégé, c’est là que je me suis rendu compte de l’état catastrophique de mon écologie intérieure. Mon biotope se dégradait, je n’avais pas arrosé mes feurs avec le bon liquide.
Mon quartier, Schaerbeek, n’envoyait pas beaucoup de « bonjour ! », les regards y étaient régulièrement hostiles. On y est souris dans un monde peuplé de chats. Le pire était la sensation d’être éloigné du vivant. Peu de verdure, peu de faune, pas un légume qui pousse à des kilomètres... Je baignais dans l’approche « j’ai besoin de quelque chose, donc je m’extrais de mon appartement-bulle de protection et je dégaine mon porte-monnaie ». Il y avait trop de déconnexion à mon goût, trop peu de lien entre la barquette et l’estomac.
« Je me sentais comme un animal piégé, c’est là que je me suis rendu compte de l’état catastrophique de mon écologie intérieure. »
Mon monde devait-il obligatoirement fonctionner ainsi ? J’espérais que non... Je me suis juré de trouver un mode opératoire pour lutter avec cette distance entre mon corps et ce qui l’entoure.
Je repensais aux années précédentes, ponctuées de voyages. J’avais écumé le Québec, erré dans les secondes mains du Bronx, traversé les toundras nordiques suédoises, fumé des morues en bordure de fjord, zigue-zagué dans les méandres du delta du Danube en canoë, observé les aurores boréales de l’île de Senja en sortant d’un sauna dans la nuit éternelle des hivers norvégiens et encore, tant d’autres ailleurs... qui m’ont montré que mon petit chez moi en Suisse me convenait bien.
De ces paysages, un rêve était resté, une envie de retour aux sources de l’humanité. Le concept de chasseur-cueilleur m’avait toujours attiré, il n’était malheureusement pas très applicable en Suisse. M’expatrier ne me convenait pas, liens de famille, réseau amical, ancrage dans une région, odeur des forêts de mon enfance... La densité de population étant trop forte, soit j’abandonnais mes attaches, soit je modifais mon concept. J’ai pris la deuxième option. Ma résidence Belge se terminait, je revenais en Suisse avec un livre prêt à être publié et une quinzaine de kilos de bedaine qui dodelinaient par-dessus ma ceinture. Plus la ville s’éloignait, plus les paysages me semblaient d’un vert lumineux. Je me sentais comme un bourgeon qui attend de s’ouvrir sous les premiers rayons du printemps.
C’était un retour hyper joyeux et plein de soulagement. J’avais l’énergie du changement et de la nouveauté. J’ai utilisé mes privilèges, avoir accès à de la terre, habiter proche de l’eau et être à proximité de forêts d’une taille raisonnable. Je pratiquais déjà la pêche, le jardinage de façon un peu anecdotique, parfois la cueillette de champignons et de baies. J’ai décidé d’intensifer ces activités et selon la saison, elles ont commencé à occuper le temps libre avec une fonction de loisir productif et sportif. J’en ai perdu ma bedaine. Parfois, je faisais cinquante kilomètres de vélo pour pêcher un bon poste ou une vingtaine à pied en suivant une rivière. L’ouver-
ture des jardins au printemps s’apparentait à une trentaine d’heures de ftness dont je ressortais suant mais réjoui des récoltes à venir. La chasse aux fraises des bois, framboises et groseilles suivait pour remplir les armoires, à nouveau pour rejoindre les lieux de cueillette, de longues promenades, du bien-être gratuit. En prime, l’émerveillement du dehors, du cri varié des pics aux joyeux chants des alouettes, du jeu des renardeaux au regard fugace de la chevrette. Dans les bois, je devenais une feuille robuste au milieu des arbres. Il fallait aussi un peu d’argent, les mandats littéraires et publications ne sufsaient pas et j’ai réféchi à un métier qui suive ma nouvelle dynamique, quelquechose qui poursuive ma renaturation. Suite à un coup de chance, j’ai pu apprendre à construire des murs en pierre sèche (ceux qu’on observe dans les pâturages du Jura). Par tous les temps, toujours dehors, je me sentais feurir sous le soleil de l’existence.
José Gsell
L’écrivain romand s’inspire d’aventures vécues et de ses observations pour écrire des romans et enregistrer des podcasts. On trouve ses sept romans auprès de son éditeur, Torticolis et frères, et ses podcasts sous : jozgsell. bandcamp.com
J’étais maintenant dans une forme superbe et mon congélateur contenait de quoi couvrir mes envies de poissons, mes placards étaient pleins de conserves, il y avait à la cave assez de pommes de terre pour l’année entière. Du gibier s’est ajouté aux productions maison, car pour pousser la dynamique encore plus loin et trouver une opportunité productive d’hiver, j’ai entamé un permis de chasse.
En décrivant ma transition, j’en viens à supposer qu’il en existe pour chacun·e de nous. Le facteur plaisir/ bien vivre me semble déterminant pour l’efcacité de la démarche. Je ne pose pas d’autres objectifs que la joie et ne me fxe pas plus d’interdictions. Mes désirs ont évolué avec ces pratiques. Le budget voyage annuel n’étant plus dépensé, j’ai pu acquérir un petit chalet d’une pièce dans les bois à trente kilomètres de chez moi. Je me pose rarement la question d’où me rendre en vacances.
Les saisons qui étaient précédemment réduites aux couleurs des arbres et à la température extérieure se sont muées en temps forts habités par une liste infnie de chouettes activités. Lorsque la neige fond, je me réjouis d’arpenter les bois pour cueillir de l’ail des ours et grimper sur les crêtes pour trouver des morilles, les soirs, je fais des semis. Avril et mai voient des truites, des brochets et enfn des perches s’activer. Simultanément, les jardins doivent être prêts et semés. Au début de l’été, les premiers fruits sont mûrs, c’est confture... Je pourrais décrire un programme interminable mais cet avant-goût suft à démontrer qu’un lien s’est établi. Par ailleurs, la plupart de ces richesses coûtent peu, font traverser des paysages magnifques, activent diverses parties du corps et permettent d’avoir de l’espace mental, du territoire où rêver, un peu de répit dans le bruyant silence des bois.
L’opération de renaturation du biotope porte ses fruits. Il s’est même agrandi avec l’arrivée d’une petite flle qui adore passer son temps les mains dans la terre et jouer dans les bois.
Qui que tu sois, tu pousseras bien dans l’humus qui te convient. Je te souhaite de le trouver.
SIMONA & KEVIN
dansent tous les deux et coachent les autres avec autant de succès. Que cache le couple de créateurs dans son placard et sur quelle scène souhaite-t-il se produire ?
Accessoire favori ?
« Nous avons une pièce entière réservée à nos baskets ! »
Power Team Simona (31 ans) a plus de 445 k followers sur les médias sociaux. Avec Kevin (22 ans), elle partage son amour de la danse et des guilty pleasures. TikTok : @simomo2 ; @Kevinbuckdasilva
L’expression dont vous abusez ?
« “Che fai ?”, trad. “tu fais quoi ?” en italien. On l’emploie pour tout et n’importe quoi. »
Le métier de vos rêves enfant ?
simona : « Chanteuse ! » kevin : « Backup dancer. »
Voyage dans le temps… passé ou futur ?
simona : « Le passé. Le futur adviendra de toute façon. »
kevin : « Le futur. J’aimerais pouvoir me préparer à ce qui va arriver, ce qui vient. J’en ai fini avec le passé. »
Une habitude embarrassante ?
simona : « Je dors encore avec mes peluches…. Même en voyage. »
kevin : « C’est un clown. On me dit qu’il a quelque chose d’efrayant. »
Talent insoupçonné ?
kevin à propos de simona: « Le rap ! Elle mémorise les textes hyper vite ! »
Plaisir coupable ?
« Les donuts de Krispy Kreme ! »
Un lieu de rêve pour un spectacle de danse ?
« Lovers and Friends Festival, un événement old school à Las Vegas. »
En tête de playlist actuellement ?
simona : Flame, de Justin Timberlake. kevin : Psychic, de Chris Brown.