The Red Bulletin Août 2017 - CHFR

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SUISSE

HORS DU COMMUN

ENTREZ DANS LA LUTTE

S’ADAPTER OU…

mourir dans les quatre zones les plus hostiles de la planète

LE GRIMPEUR SANS PEUR En solo intégral, Alex Honnold n’a pas d’égal

AOÛT 2017 CHF 3,80

AVEC

REMO KÄSER

UN « MÉCHANT » QUI VOUS VEUT DU BIEN




ÉQUIPIERS

BIENVENUE

Christoph Köstlin

La séance photo avec le lutteur suisse Remo Käser a littéralement lessivé l’Allemand. « On a shooté pendant une demi-journée. On était dans le studio d’entraînement de Remo. Avec son partenaire, ils ont fait une centaine de mouvements, j’enclenchais non-stop. J'ai sollicité mes muscles au maximum. Après coup, je ne sentais plus mes jambes… » PAGE 52

Jim Krantz

Basé à Los Angeles, Jim Krantz se définit par ses images de far west, de cowboys et de chevaux sauvages, autant que par ses méthodes de travail « au cœur de l’action ». Il a passé 3 jours avec l’élite de la National Test Pilot School (désert de Mojave, Californie), accroché à un canyon pour trouver le meilleur angle de vue sur les jets filants devant et au-dessus de lui. PAGE 22

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Le jour où nous finalisions la mise en page de notre article dédié à Alex Honnold, ce grimpeur américain était principalement connu des seuls initiés du milieu de l’escalade mais méritait déjà sa place au cœur de The Red Bulletin, afin de rayonner au-delà d’un cercle de passionnés. Pourquoi ? Pour son rapport à la peur si différent du nôtre ; pour sa capacité à s’attaquer à des parois gigantesques sans sécurité ; pour la pureté de sa discipline, le solo intégral : l’homme et la roche, aucune erreur permise, point-barre. Et puis, le lendemain, le samedi 3 juin 2017, Alex Honnold a accompli un exploit qui allait le transpor transporter par-delà les sphères de spécialistes, qui allait inspirer le respect même à ceux qui ne connaissaient pas sa spécialité. Honnold a achevé l’ascension de la paroi (ou big wall) nommée El Capitan, dans le parc national de Yosemite, aux États-Unis. L’une des ascensions en solo intégral les plus dures jamais réalisées, du domaine de l’impensable. 900 et quelques mètres à la seule force du corps et de l’esprit, en 3 heures et 56 minutes, sans assurage (comprendre : sans filet). Et vous, qu’auriez-vous achevé en 3 h 56 ? Bonne lecture ! Votre Rédaction

THE RED BULLETIN

CHRISTOPH KÖSTLIN (COVER)

Si vous aviez 3 h 56 ?


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SOMMAIRE août

Un mode de vie hors du commun

10 Andy Serkis est le héros très 12 13 14 16 18 19 20

discret de La Planète des Singes Ce skate fonctionne tout seul Pour enchaîner les likes grâce à vos photos de concerts Fini les bouchons : Airbus a décidé de faire voler les caisses Sophie Turner a débuté dans Game of Thrones à 14 ans... Clotilde Chaumet marie yoga et hip-hop Une moto 100 % plaisir Pour repenser la charcuterie, Justin est devenu végétarien

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 86 Red Bull TV : les programmes 88 Montres : la grande traversée 89 À noter sur votre agenda 90 Shopping : du surf au rasoir,

c’est la folie des accessoires !

96 Ours : ils et elles font The Red

Bulletin

98 Makes You Fly : Greg Minnaar

est l’incarnation du VTT DH

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VISIONNAIRE

La Canadienne est Lagertha dans la série Vikings, et tout ce qui arrive dans sa vie lui a été annoncé dans des visions : ce que voit Katheryn Winnick.

52 CORPS-À-CORPS

La lutte suisse (ou Schwingen), c’est un sport, et une tradition vénérée. Bienvenue dans un cercle fermé.

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THE RED BULLETIN

MIKO LIM, CHRISTOPH KÖSTLIN, JIM KRANTZ

BULLEVARD


REPORTAGES 22

L’école du risque

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Les robots sont le futur du foot

Dans une ambiance Top Gun, ces pilotes se forment pour devenir l’élite des airs. Pour rendre l’aviation plus sûre, ils sont prêts à prendre tous les risques. D’ici trois décennies, ces robots seront capables de tenir 90 min sur le terrain.

44 No Big Deal

Un homme a grimpé une paroi de plus de 900 m sans sécurité. L’auteur de cet exploit, Alex Honnold, n’a pas le même rapport à la peur que vous.

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Entrez dans la lutte

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S’adapter ou périr

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Ce que voit Katheryn

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Pilote des cols

Une piste ronde, un partenaire, une chorégraphie minutée : initiation à la lutte suisse avec Remo Käser, l’un de ses talentueux représentants. Les 4 régions les plus hostiles du monde, d’affilée. L’homme pourra-t-il survivre ? Elle sait manier le glaive dans Vikings. Katheryn Winnick dépose les armes. Escapade motorisée à 2 000 m, au Grimsel, avec guide et monture de choix.

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LES SACRIFIÉS

Avant que vous ne montiez en toute tranquillité dans un avion, ces types ont risqué leur vie sur son prototype.


Challenge the weather.

Morecast

www.morecast.com


BULLEVARD

JOHN RUSSO/CONTOUR/GETTY IMAGES

U N

ST Y L E

D E

V I E

ANDY SERKIS « DANS MON MÉTIER, PAS DE PLACE POUR LA VANITÉ » PAGE 10 THE RED BULLETIN

H O R S

D U

C O M M U N

Le plus grand acteur en capture de mouvements est de retour dans La Planète des Singes : Suprématie.

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« Mon jeu d’acteur est le même pour un film classique ou un film en images de synthèse. »

Andy Serkis

On ne voit jamais son visage à l’écran, pourtant il incarne souvent le rôle des personnages emblématiques des blockbusters.

e regard de Serkis est familier. « On me demande toujours de parler comme Gollum, ou de révéler qui se cache derrière le Suprême Leader Snoke », raconte l’acteur britannique dont la performance dans Le Seigneur des Anneaux a été saluée par la critique et celle dans Star Wars : Le réveil de la force en 2015 ne cesse d’agiter les débats sur l’identité de Snoke. Leader suprême, il l’est sans conteste dans la capture de mouvements (une technique où l’acteur est bardé de capteurs sensoriels) avec à son actif de grands rôles à sa mesure. En 2005, il est King Kong dans

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the red bulletin : Comment incarne-t-on un singe super intelligent doué de parole ? andy serkys : Beaucoup s’imaginent que la capture de mouvements se résume à de la pantomime avec des mouvements improbables et des grimaces. C’est l’inverse. Si on croit à ce qui nous arrive, cela se verra à l’écran. La caméra capte les moindres nuances. Vous vous imaginiez portant un costume de singe ? La première fois (en 2011, dans La Planète des Singes : Les Origines), j’ai abordé César comme un humain dans la peau d’un singe. Il mime les humains parce que ces derniers l’ont élevé. Mais je me suis aussi inspiré d’un vrai chimpanzé nommé Oliver, un individu bipède aux attitudes et expressions humaines. On

TOM GUISE

L

le remake de Peter Jackson, cette année il reprend le rôle de Snoke dans Star Wars : Les derniers Jedi, incarne l’horrible Klaw dans Marvel Black Panther et incarne pour la troisième fois l’empereur des singes César, considéré comme le meilleur rôle de sa carrière, dans La Planète des Singes : Suprématie, en salles le 2 août.

JOHN RUSSO/CONTOUR/GETTY IMAGES, FOX

L’HOMME AU COSTUME À UN MILLION DE DOLLARS

THE RED BULLETIN


BULLEVARD

Serkis vient de réaliser le film Breathe, l’histoire vraie de Robin Cavendish : après avoir contracté la polio en 1958, il sera le premier à lutter pour l’autonomie des handicapés.

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le surnommait “Humanzee” (contraction de human et chimpanzee en anglais, ndlr) et voyait en lui le chaînon manquant. On aurait vraiment dit un type habillé en singe. La capture de mouvements attend encore son Oscar. Le jeu d’acteur n’y est pas reconnu… Ça évolue doucement, même si la vieille garde reste inflexible et considère que c’est surtout une histoire de maquillage. Mais le maquillage ne doit pas empêcher d’être nommé… C’est l’argument de John Hurt, qui incarne Merrick dans Elephant Man (nommé dans la catégorie meilleur acteur en 1981), une performance incroyable soutenue par des artistes du maquillage. Ici, c’est l’artiste du numérique qui transforme la physionomie de l’acteur en singe. Soyez attentif à la performance sous-jacente et vous ne verrez aucune différence. Vous tournez Le livre de la jungle en capture de mouvements avec Benedict Cumberbatch dans le rôle de Shere Khan. Lui avez-vous appris quelques ficelles ? Je n’ai pas eu à lui apprendre à jouer. C’est un acteur organique doué d’une incroyable énergie. Son interprétation est saisissante. Idem pour Christian Bale dans le rôle de Bagheera et Cate Blanchett dans celui du serpent Kaa. Leur adaptation à la capture de mouvements fut-elle aisée ? Ces acteurs peuvent tout jouer grâce à leur imagination foisonnante. C’est l’essentiel. En plus de ne pas être vaniteux car on ne voit pas nos visages à l’écran, mais sans rien rater de nos performances. À propos de visage caché, qui est le Suprême Leader Snoke ? Je ne peux rien dire. Mis à part que tout ce que vous avez vu de Snoke jusque-là se résume à un hologramme… imaginariumuk.com

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Virages contrôlés

Traversez la jungle urbaine en Mellow Board à 40 km/h avec le 1er moteur électrique pour skate.

Avec 15 km d’autonomie pour une vitesse maxi de 40 km/h, le Mellow Board est une mini Tesla allemande.

L

e Mellow Board est le cauchemar du policier : un skate électrique, silencieux, visiblement hors de contrôle et piloté par un rider qui semble pouvoir se fondre dans n’importe quel trafic ou voie de circulation. Ok, on exagère un peu : développé par un ex-ingénieur de BMW, Mellow Drive est un moteur électrique high-tech associé à un jeu de trucks pouvant se fixer à tout skateboard et le propulser à 40 km/h. Sa batterie étanche lui assure une autonomie de 15 km et le système de freinage à double circuit sa sécurité. Résultat : une sensation à mi-chemin entre le surf et le snowboard. Les deux créateurs du projet Johannes Schewe et Kilian Green ont pour ambition de donner du plaisir mais aussi de révolutionner la mobilité urbaine. Voyons si ce genre d’e-board parviendra à se faire une place dans le trafic et nous aidera vraiment à nous en échapper. mellowboards.com

DANIEL KUDERNATSCH

QUAND LE SKATE SE LANCE DANS L’ÉLECTRO

MELLOWBOARDS.COM

Smartboard : les quatre modes de conduite sont contrôlés via une app et une manette.

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BULLEVARD

Focus sur la musique

L’un des meilleurs photographes britanniques nous livre cinq astuces pour réaliser des clichés de concerts qui claquent, avec un smartphone.

1. Bannissez le flash.

Sa puissance limitée n’éclairera que la personne devant vous. Photographier une scène éclairée au bon moment n’est pas chose aisée. Tout est question de timing. Plus le changement de lumière est rapide, moins vous aurez de chance d’y parvenir. Attendez que la scène soit sous les pleins feux avec des changements d’ambiance moins rapides.

AYEZ L’ŒIL DU PRO

2. Utilisez le zoom avec parcimonie. Il ne vous donnera pas plus de visibilité et vous perdrez en qualité. Les concerts ne se limitent pas au chanteur. C’est une expérience globale dont la réalité sera mieux saisie avec un cadre large. J’ai loupé des photos de sauts incroyables parce que j’avais trop zoomé.

3. Préférez la caméra de votre appareil aux applis, car certaines d’entre elles ont une qualité d’image moindre. Vous pourrez ensuite éditer vos photos comme vous l’entendez.

4. N’orientez pas l’objectif sur une zone surexposée.

NICK PICKLES

FLORIAN OBKIRCHER

Choisir son moment : en concert, l’éclairage est une question de timing, dixit Pickles.

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Si la lumière est forte, tapez sur une zone moins éclairée de l’écran. La plupart des appareils appliquent l’exposition de la partie d’écran sélectionnée à l’ensemble de la prise de vue. Mais attention à ne pas négliger l’objet principal de la photo. N’hésitez pas à faire plusieurs essais au préalable.

C

oldplay, U2, Sting et Radiohead sont quelques-unes des stars que Nick Pickles a immortalisées sur scène ces dix dernières années. Depuis sa victoire au prestigieux concours photo Rock Archive Glastonbury en 2011, l’l’Anglais est l’un des photographes de concerts les plus demandés du Royaume-Uni, ses clichés ornent les magazines aux quatre coins de la planète. L’artiste londonien nous révèle ici cinq astuces simples pour réussir ses photos avec un smartphone en concert. Pour sortir du lot sur vos réseaux.

5. Choisissez le bon moment. Avoir quelqu’un

Le photographe primé Nick Pickles.

derrière soi qui prend des photos pendant tout un concert n’est pas agréable. Et ça use la batterie et encombre l’espace de stockage. Mieux vaut démarrer, avec modération, lorsque la scène est bien éclairée, en tenant le téléphone au-dessus des têtes. Puis rangez votre smartphone, histoire de profiter du show avec le reste du public. music-photographer.co.uk 13


BULLEVARD

Face à l’impuissance des métropoles devant les embouteillages, le géant de l’aviation pense que la solution viendra du ciel d’ici dix ans.

ADIEU LES BOUCHONS 14

L

a voiture volante existe dans la science-fiction depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, grâce à la notoriété du nom à laquelle on l’associe, en l’occurrence Airbus, elle n’a jamais été aussi proche de la réalité. Réalisé en partenariat avec le bureau d’études Italdesign, Pop.Up a la forme d’une capsule en fibre de car carbone pouvant se coupler à un châssis électrique à quatre roues ou à un second module aérien propulsé par huit rotors qui vous soustraient aux bouchons. Autonome, il suffit d’entrer votre destination et Pop.Up vous y transporte par

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AIRBUS/WWW.ITALDESIGN.IT

Airbus

la route ou par les airs. Ainsi, en cas de trafic, réclamez un drone. Le temps pour lui de se fixer à la capsule et de détacher le châssis et vous voilà dans les airs. L’autonomie en vol avoisine les 100 km et sur route les 130 km. Impressionnant. Alors, à quand la route des airs ? C’est là où ça coince. Airbus prévoit un prototype opérationnel d’ici un an mais les lourdeurs administratives bloquent encore l’utilisation pour au moins sept ans. Cela n’empêche pas Mathias Thomsen, chef de la division Urban Air Mobility (UAM) chez Airbus d’insister sur le sérieux du projet. « Ce n’est pas de la poudre aux yeux. L’UAM, ce sera bientôt une réalité tangible ! » airbusgroup.com

ADAM HAY-NICHOLLS

Le prototype Pop.Up d’Airbus prendra son envol d’ici une année.


PRÊTS POUR UN ÉTÉ DE FESTIVALS?

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CONTOUR/GETTY IMAGES

RÜDIGER STURM

Sophie Turner découvre la scène à 3 ans et à 14, elle débute à l’écran dans Game of Thrones.

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BULLEVARD

T Sophie Turner

Dans Game of Thrones, Sansa Stark subit les aléas de la vie comme nul autre personnage de la série. Sophie Turner, qui l’incarne pour une 7e saison, voit en elle un mentor, sauf pour faire le café.

« IL EST DIFFICILE DE ME MENER EN BATEAU »

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he red bulletin : Vous avez 14 ans lorsqu’il y a sept ans, en 2010, vous débutez dans Game of Thrones. Que diriez-vous aujourd’hui à la Sophie Turner d’alors ? sophie turner : Probablement ce que Sansa Stark aurait dit à la jeune fille que j’étais : « Ouvre les yeux. Ne vois pas la vie en rose. Reste attentive à tout ce qui t’entoure. Chaque personne que tu croiseras sur ton chemin t’apprendra quelque chose. Et le moment venu, tout ce savoir te servira.» Vous voyiez la vie en rose ? Je n’irais pas jusque-là, mais c’est le conseil que je me donnerais à moi-même. Avoir le sens de l’observation, assimiler le vécu et chercher à s’améliorer. Ne jamais rien tenir pour acquis aussi. Il y a chez Sansa d’autres qualités qui m’inspirent, comme sa force et son indépendance. Cela m’encourage à garder le contrôle sur ma carrière, à prendre part aux choix artistiques et à décider des orientations de ma vie. Dans la dernière saison, Sansa devient elle aussi manipulatrice… Elle a eu les meilleurs maîtres en la matière. Mais elle l’est par nécessité pour savoir sur qui elle peut compter. Savez-vous sur qui vous pouvez compter ? Je suis assez douée pour jauger les gens. En principe, il est difficile de me mener en bateau. D’où tenez-vous cette aptitude ? De mon intuition. Sans doute, les expériences de Sansa y sont elles aussi pour quelque chose. Cela tient plus généralement à mon métier. Un acteur s’intéresse à la psychologie des êtres humains et passe beaucoup de temps à les observer. Si Sansa devait accéder au trône, serait-elle, selon vous, un bon monarque ?

Je le crois, oui. Elle a cette capacité à garder la tête froide malgré tout ce qu’elle a enduré. Toutefois, je ne crois pas qu’elle nourrisse une telle ambition. Elle connaît l’horreur, la cruauté, la méchanceté et la perfidie qui caractérisent la vie à la cour. Elle ne tient pas à vivre dans un tel environnement. Mais si toutefois elle devait régner, elle changerait beaucoup de choses. Que changeriez-vous si vous étiez à la tête d’un État ? Ma première mesure serait d’empêcher toute directive visant à exclure ou discriminer quiconque. Tous les êtres humains doivent être égaux en droits. Il faut vous dépêcher avec votre carrière politique, la série Game of Thrones s’arrête l’an prochain. Qu’évoque pour vous la fin programmée de la série ? De la crainte. Je ne bénéficierai plus de la sécurité d’un emploi stable. Mais j’éprouve aussi un sentiment d’excitation à l’idée d’être plus libre et motivée pour aller de l’avant, et trouver de nouveaux projets tout aussi passionnants que Game of Thrones. Il paraît que vous cherchez aussi un job chez Starbucks, histoire de renouer avec la vraie vie… Oui, c’est exact. Mais j’avoue être incapable de préparer un café. Je risque de ne pas faire long feu chez Starbucks ! hbo.com/game-of-thrones

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BULLEVARD

Clotilde Chaumet fait suer les branchés parisiens. Avec elle, le yoga et le Dynamo Cycling poussent le son. Et la musique peut mener loin.

LE YOGA AIME LE HIP-HOP

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L

e I Don’t Fuck With You de Big Sean. C’est ce que vous pourrez entendre en faisant du yoga avec Clotilde Chaumet. « Normalement, dans un cours de yoga, ce morceau ferait tache, mais ce que je propose, n’est pas un cours de yoga ! » Hip-hop et yoga se fréquentaient en secret, Clotilde, Parisienne de 27 ans, a officialisé leur union.

THE RED BULLETIN

ANAIS JAZMINE

Mouvement

« Le hip-hop était ce que j’avais envie d’écouter dans ma pratique du yoga. J’ai voulu aller encore plus loin, faire tous les mouvements sur le beat de la musique. TIHHY aka Très intense hip-hop yoga fut créé. » Audacieux, mais Clotilde était la première convaincue. « J’ai su que cela allait marcher car j’arrivais moi-même, dans ma pratique, à partir complètement corporellement et mentalement dans le hip-hop. Il aide à lâcher prise tout en se dépassant physiquement », explique la coach sportive, qui est aussi l’une des instructrices très prisées du Dynamo Cycling, concept installé à Paris depuis deux ans. Le Dyna... what ? Elle détaille : « Une salle dans le noir, 43 personnes qui commencent ou terminent leur journée, prêtes à complètement lâcher prise et à se donner physiquement, une playlist de ouf, un coach inspirant et passionné. Au-delà d’un effort hyper physique sur 45 minutes, c’est une révolution dans la tête. » Le tout sur un vélo... d’intérieur. Là aussi, la musique est bonne. « C’est la fondation ! Pas de playlist, pas de cours de Dynamo », insiste Clotilde, qui vit les sessions comme une expérience. « J’ai souvent des sensations d’état de transe, mon corps tremble, j’ai les larmes aux yeux... je m’entends même très souvent rapper en parlant, et c’est vraiment inconscient. Je ne sens plus l’effort tellement je suis loin. Ce sentiment, je sais que nous sommes 43 à le sentir, à le créer dans la musique. » @chaumetclotilde

PIERRE-HENRI CAMY

« Mouvement, esprit et hip-hop ne font qu’un. » Le yoga façon Clotilde Chaumet.


La Johammer J1 est aux antipodes des puissantes routières.

Moto électrique J1

JOHAMMER.COM

JUSTIN HYNES

C

arénage côtelé, style élégant évoquant un Junkers – un avion d’avantguerre – une position de conduite en mode Chopper et plus écolo que le Rainbow Warrior de Greenpeace, la moto électrique J1 de Johammer pourrait bien être le deux-roues du futur. Sauf qu’elle est déjà disponible. Imaginée par le concepteur autrichien Johann Hammerschmid, la J1 propose une motorisation unique ne nécessitant aucun entretien. La J1 est dotée d’une direction à double bras oscillant, d’une suspension horizontale et d’un fuselage ondulé en polypropylène qui, avec le guidon surélevé, lui vaut d’être comparée à un escargot effrayé. La J1 n’est certes pas la plus rapide des deux-roues, 120 km/h maximum, mais elle affiche en revanche un respect de l’environnement au top,

un aspect que la prochaine version de la moto accentuera davantage avec la possibilité, à l’arrêt, d’utiliser la batterie pour alimenter la maison en énergie. « La conception de la J1 repose sur trois principes : utilisation optimale, recyclage, consommation d’éner d’énergie économe, explique Hammerschmid. Pas d’usure, de bruit, ni de gaz d’échappement, la J1 ne génère aucune nuisance, uniquement du plaisir… » johammer.com

Les rétroviseurs intègrent l’instrumentation. THE RED BULLETIN

Sous son style rétro, cette moto du futur combine solution de mobilité électrique et réserve d’énergie.

PAS DE NUISANCE, QUE DU PLAISIR !

Moteur et régulateur sont dans la roue arrière.

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BULLEVARD COMMENT PRÉPARER SON PROPRE BACON 1 Recouvrir 2,3 kg de poitrine de porc d’un mélange de sel, de sucre et de nitrate*.

R

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2 Ajouter du sirop d’érable, du poivre et du bourbon. 3 Placer le tout dans un récipient fermé pendant 7 jours en retournant régulièrement la viande pour une salaison uniforme. 4 Rincer la viande et la mettre à sécher au frigo pendant un ou deux jours. 5 Fumer la viande deux à trois heures à 155 °C dans un fumoir Weber par exemple. C’est prêt ! *Le nitrate est facultatif. Il permet d’éviter l’oxydation. Sans nitrate, vous obtiendrez une viande grise.

La charcuterie d’inspiration méditerranéenne servie au Cure est à base de produits locaux.

Severino a ouvert le Cure à Lawrenceville, Pittsburgh, en décembre 2011.

Morceau de choix

En passant par le végétarisme, Justin Severino a appris à produire de la charcuterie écoresponsable.

REPENSER LA CHARCUTERIE THE RED BULLETIN

ANDREAS TZORTZIS

pour gagner du temps. De nos jours, on est plus attentif à son origine et à sa qualité. Les chefs redécouvrent les méthodes anciennes et traditionnelles pour le bien de tous : animaux, fermiers, chefs et clients. » curepittsburgh.com

ADAM MILLIRON

oi de la charcuterie aux US et consultant pour les meilleures tables des ÉtatsUnis, Justin Severino n’a pas toujours goûté le produit qui a fait sa gloire. Avant de devenir le propriétaire des établissements réputés Morcilla et Cure, le chef italo-américain a pratiqué le végétarisme pendant plus d’un an. « À l’époque, je travaillais dans un restaurant qui est jusque-là le meilleur que j’aie connu, raconte Severino. J’ai commencé à m’intéresser à la viande et à son circuit et découvert toutes les horreurs concernant son traitement. Cette découverte brutale a déclenché en moi un écœurement. Un an et demi après, j’ai démissionné et décidé de ne plus consommer de viande. Mon but n’était pas de devenir végétarien mais de prendre du recul et de réfléchir au moyen d’obtenir cette denrée venant d’une production éthiquement responsable. Je me suis alors rapproché de professionnels de la branche partageant ces mêmes valeurs et pratiques. » Justin Severino apprend à élever, abattre et découper sa viande de manière éthique, surtout le porc. Et pour éviter tout gaspillage, il se forme également à la charcuterie et tient une boucherie éthique à Santa Cruz pendant trois ans. Aujourd’hui, il continue à travailler avec des fermiers locaux, découpe lui-même sa viande pour ses restaurants et collabore avec les meilleurs chefs du monde dont l’Australien Curtis Stone. « La génération de chefs précédente appartient à une époque où la production de nourriture était très mécanisée, explique Severino. On ne découpait ni ne transformait sa viande, ce n’était pas nécessaire. Elle nous était livrée préparée et prédécoupée


AVAILABLE

JUNE 20TH, 2017


L’ÉCOLE DU RISQUE

Les pilotes d’essai sont les pionniers de l’aviation. Et les premiers à prendre les commandes des nouveaux jets et tester leurs limites techniques. Dans le désert de Mojave (Californie), ils apprennent à mettre un avion hors de contrôle tout en collectant des données en pleine descente en piqué. Objectif : rester zen, même dans les circonstances les plus tendues. TEXTE : ANDREAS ROTTENSCHLAGER PHOTOS : JIM KRANTZ


Le jet d’entraînement T38 de la National Test Pilot School ­survolant le désert de Mojave, en Californie : il s’agit d’engranger un maximum d’expériences aux limites extrêmes de la physique.

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« APPROCHER LA LIMITE, À L’AFFÛT DE LA MOINDRE ERREUR. » Une prise de vue GoPro de Jim « JB » Brown, formateur de pilotes d’essai de 62 ans, dans le cockpit du Northrop T38. Pour survivre ? « L’instinct. Des années d’entraînement. La capacité à penser plus rapidement que l’avion. »


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PRÉCISION, COURAGE, CONNAISSANCES ULTRA-POINTUES : RARES SONT LES ÉLUS À REMPLIR TOUS LES CRITÈRES DU JOB. Dans le sens des aiguilles d’une montre : le T38 au-dessus du Rainbow Canyon. Un hélico s’apprêtant à décoller devant l’école d’aviation. Un jet L-39 atterrit à l’aéroport et port spatial de Mojave.

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D

eux dixièmes de seconde. C’est ce qui séparait Jim Brown de la mort lorsqu’il connut sa pire journée de travail. L’après-midi s’annonce chaude dans le désert californien de Mojave en ce 10 octobre 2003. Ce jour-là, Brown, pilote d’essai chez Lockheed Martin, est chargé d’évaluer les contraintes exercées sur les ailes d’un avion de combat F22. Mission de routine pour cet homme de 49 ans, même si les instructions de mission qu’il a reçues évoquent plutôt des descriptions de cascades d’un scénario de film hollywoodien. Brown est censé franchir le mur du son à bord de son chasseur supersonique à 240 millions de dollars, puis voler sur le dos et effectuer une rotation sur son axe longitudinal, manœuvre qu’il conclura en actionnant son manche d’un geste ferme. Des détecteurs mesurent les vibrations produites au niveau des surfaces portantes. Tout se joue au millimètre près. Au sol, les ingénieurs de Lockheed analysent les données en temps réel. Il s’est exercé à la manœuvre pendant deux heures dans le simulateur avant de décoller de la piste de la Edwards Air Force Base. Visibilité parfaite. Quarante-cinq minutes plus tard, Brown franchit le mur du son. À l’intérieur de cet avion de chasse dernier cri, il ne perçoit qu’un léger grondement. Brown met l’avion sur le dos. Un sol désertique lui tient désormais lieu de ciel. L’ingénieur de l’essai donne ses instructions par radio. “Three-Two-One-Go!” Brown dirige le manche vers la droite. L’appareil entame une rotation sur lui-même. Brown remarque tout de suite que quelque chose cloche. L’avion tourne beaucoup trop lentement et commence à piquer du nez. 28

NATIONAL TEST PILOT SCHOOL 2 200 PILOTES D’ESSAI

dans le monde entier. La National Test Pilot School de Mojave est la seule école rassemblant des pilotes civils et militaires venus de plusieurs pays.

50

SEMAINES

La durée de la formation vers le Master de pilote d’essai. Coût par étudiant : un million de dollars.

750 HEURES DE VOL

et des connaissances techniques de niveau Licence sont les principaux critères d’admission. Le Master est pour les professionnels.

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TYPES D’AVION

composent la flotte de la NTPS. En dehors des vols en hélicoptère et en avion à réaction, des cours de physique et des sessions en simulateur figurent au programme pédagogique.


JAKE MERRY

ÉLÈVE-PILOTE D’HÉLICOPTÈRE

L’Australien de 32 ans se livre sur l’enseignement théorique et les risques inhérents à l’entraînement d’un pilote d’essai. THE RED BULLETIN : Vous

êtes étudiant en Master à la Test Pilot School de Mojave. Qu’attend-on de vous ? JAKE MERRY : Du sang-froid, des connaissances techniques et être capable de penser avec de l’avance sur l’avion. Comment minimise-t-on les risques sans disposer du moindre repère préalable ? Grâce aux essais en simulateur et à la théorie. Le niveau de nos cours techniques est digne d’une formation d’ingénieur. Lire des manuels de 800 pages me passionne. Pourquoi ? Parce que les détails m’intéressent. La connaissance des détails peut te sauver la vie.


MARCO LISI

ÉLÈVE-PILOTE D’AVION

L’Italien de 32 ans sait pourquoi son cours coûte un million de dollars. THE RED BULLETIN : Marco

Lisi, votre employeur met un million de dollars de sa poche pour payer votre formation de pilote d’essai. Qu’a-t-il à y gagner ? MARCO LISI : Un pilote capable de tester, d’évaluer et d’améliorer n’importe quel avion embarqué au plus haut niveau. Vous êtes pilote d’Eurofighter. À quoi peuvent bien vous servir des heures de vol à bord des Cessna ? Plus tu étudies un grand nombre d’avions, plus tu t’améliores. Comment gérez-vous mentalement les risques encourus dans votre métier ? Il faut du sang-froid pour faire ce job. Mais il s’agit aussi de prendre très au sérieux chaque session d’entraînement, la plus courte soit-elle.

L’élève-pilote d’essai et pilote d’Eurofighter Marco Lisi dans un hangar à Mojave (ci-dessus). Traces de pneu sur la piste de l’aéroport et port spatial de Mojave (cicontre). Le formateur Jim Brown dans le cockpit du L-39 Albatros, un des avions de la flotte de l’école (page suivante).


JIM BROWN

LÉGENDE VIVANTE DES FORMATEURS Brown fonce vers le sol à une vitesse supersonique. Le paysage aride ne tarde pas à remplir l’ensemble de son champ de vision. Brown a les yeux rivés sur un cactus. Il pousse brutalement le manche vers la gauche. La force centrifuge exerce une pression de 700 kg sur son corps et le cloue littéralement sur son siège. Brown parvient à remettre l’avion en trajectoire de montée à la force du poignet. Son masque respiratoire lui délivre de l’oxygène à travers le pharynx. Après le vol, Brown calcule le temps qui l’a séparé du crash. Deux dixièmes de seconde.

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ojave, Californie, treize ans plus tard. Jim Brown, 62 ans, formateur à la National Test Pilot School, se tient devant un hangar d’avions et analyse son quasi-crash : « Trois choses m’ont sauvé à l’époque. L’instinct. Des années d’entraînement. Et la capacité à penser plus rapidement que l’avion. » Brown, homme de grande taille aux cheveux gris dont les traits du visage rappellent ceux de l’ancien président américain George Bush, est l’un des pilotes les plus expérimentés des États-Unis. Il a passé 9 300 heures dans le cockpit. Il possède des licences pour piloter 152 types d’avion. Brown a participé au développement du F-22, l’avion de chasse le plus moderne du monde. Il a piloté des Cessna THE RED BULLETIN

à la manœuvrabilité remarquable, des avions de ligne transportant 300 passagers et a testé des systèmes de navigation du F-117, un avion d’attaque furtif d’une valeur de 80 millions de dollars. Quiconque souhaite discuter de précision, de performances mentales hors du commun et de pilotes d’essai trouve en Jim Brown un interlocuteur idéal. Les pilotes d’essai sont les premiers à piloter les nouveaux avions et hélicoptères et à explorer leurs limites techniques. Jusqu’à quelle vitesse cet avion peut-il voler? À quelle altitude peut-il monter? Comment se comporte-t-il en piqué ? Une fois les vérifications terminées, les pilotes collaborent à la rédaction des manuels techniques des avions. Ils relèvent les erreurs, fournissent aux développeurs un feedback d’une grande précision. Comme l’explique Brown : « Tu dois arriver à expliquer aux ingénieurs que leur bébé est laid sans trop les froisser. On travaille pour assurer la sécurité du jeune pilote qui se voit contraint de ramener son engin à la maison en pleine tempête. Ou pour l’équipage aux commandes d’un Boeing qui amène des familles sur leur lieu de vacances. » Après avoir quitté Lockheed en 2016, Brown n’aura attendu que deux heures avant que son portable ne sonne. Les pilotes affichant l’expérience de Brown ne sont pas légion dans le milieu. À la fin de la conversation, on lui avait offert un nouveau job : former des pilotes confirmés à

Le pilote US de 62 ans nous parle de sa carrière à bord de 152 avions différents. THE RED BULLETIN : Quelle

est la vitesse la plus élevée que vous ayez atteinte à bord d’un avion à réaction ? JIM BROWN : Mach 2,2, soit 2200 km/h, avec un Phantom F-4. J’ai aussi volé à 70000 pieds d’altitude à bord d’un F-15. Là, tu commences à per percevoir la rotondité de la Terre. Que portez-vous lors de vos vols supersoniques ? Des sous-vêtements en coton, une combi de pilote ignifugée et une combi pressurisée qui empêche le sang de se concentrer dans les bras et les jambes lorsqu’on encaisse un nombre de G élevé. Le plus d’un pilote d’essai ? Savoir piloter plusieurs types d’avion avec une grande précision. Ou être capable de tenir une vitesse de 1 000 km/h à plus ou moins 3 km près.

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COMMENT SURVIVRE À DES SITUATIONS D’URGENCE ? « AVEC DE L’AUTODISCIPLINE », ASSURE JIM BROWN.

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devenir pilotes d’essai. L’employeur de Brown, la National Test Pilot School, est la seule école de pilotes d’essai civils dans le monde. Elle possède cinq hangars dans la petite ville désertique de Mojave, à deux heures de route de Los Angeles. Une station essence, des motels miteux. Personne ne ferait escale ici de son plein gré si l’aéroport et le port spatial de Mojave ne se trouvaient pas dans les parages. Les pistes de l’aéroport sont orientées vers le désert. Il s’agit de l’une des rares zones de vols d’essais mythiques aux États-Unis. Chuck Yeager y a franchi le mur du son en 1947. C’est le premier homme à avoir réalisé cet exploit. Neil Armstrong, alors jeune pilote d’essai, y a quant à lui piloté le très puissant avion-fusée X-15, avant de rentrer dans l’histoire en devenant le premier homme sur la Lune. THE RED BULLETIN


À la National Test Pilot School, des pilotes d’avion et d’hélicoptère venus du monde entier apprennent à observer dans les règles de l’art, à donner des feedbacks de précision et à garder la tête froide en des circonstances qui feraient perdre les pédales à 99 % d’entre nous. Comment parvenir à ce résultat ? « Avec de l’autodiscipline, assure Brown. Détendez-vous quelques instants. Respirez profondément. Il y aura forcément quelques situations qui exigeront de vous une prise de décision en une fraction de seconde. » Aussi en cas d’urgence ? « Surtout en cas d’urgence, insiste Brown. On peut rendre un problème encore plus grave lorsqu’on agit dans la précipitation. Faites le vide dans votre tête. Identifiez le problème principal. Essayez de le résoudre. » THE RED BULLETIN

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rown transmet notamment le fruit de ses expériences à ses élèves du Professional Course. Il s’agit d’un programme de for formation étalé sur 50 semaines avec des enseignements théoriques de pilotage, des sessions d’entraînement en simulateur et des missions à bord de 30 appareils différents. La formation est sanctionnée par un diplôme et coûte un million de dollars. « Tu imagines bien que les entreprises et les militaires ne nous envoient que leurs meilleurs pilotes », s’enorgueillit Brown en ricanant. Mais qui sont ces étudiants à un million de dollars ? « Demande à Marco. » Cet étudiant à un million s’appelle Marco Lisi, 33 ans. Il est aspirant-pilote d’essai dans l’armée de l’air italienne. Athlétique, yeux bleus, poignée de main ferme.

L’avion à réaction L-39 survole l’aéroport et port spatial de Mojave. Les trois pistes se situent aux portes du désert de Mojave, la plus mythique des zones de vols d’essai aux USA.

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Il se rend à l’entraînement. Lisi a reçu pour instructions de mettre un Aermacchi Impala hors de contrôle au-dessus du désert et d’étudier son comportement en piqué. L’Impala est un jet d’entraînement biplace datant des années 1960, et dont le fuselage a des allures de cigare. « On peut le faire tanguer dans tous les sens tout en gardant une relative stabilité », précise Lisi. Des vidéos de vols d’essai avec l’Impala sont consultables sur YouTube. On peut y voir comment ces cigares s’élèvent très haut dans les airs, au-dessus du désert, avant de piquer brutalement du nez. L’avion commence à se tourner comme un tire-bouchon tout en dégringolant vers le sol à toute allure. Quatre, cinq, six rotations, puis le pilote reprend le contrôle du jet. Difficulté supplémentaire à surmonter : les pilotes de test ne doivent pas se contenter de sauver leur avion, mais sont également invités à rester aussi zen que possible afin de pouvoir rendre compte des turbulences générées. À quelle vitesse se tourne le jet ? Avec quel angle ? Combien de temps s’est écoulé jusqu’à la reprise du contrôle de l’avion ? « L’homme est uniquement paniqué par les choses qu’il ne connaît pas, explique Lisi. Il est possible de vaincre cette panique progressivement. Tu apprends la physique de vol de l’Impala. Tu t’entraînes à faire des rotations dans le simulateur. Tu embarques le formateur sur le siège arrière. Tu commences avec juste une rotation. Plus tu prends de l’assurance, plus ton champ de perception s’élargit. »

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isi a les yeux qui brillent dès qu’il parle de ses descentes en piqué. Au terme de sa formation, il rentrera en Italie pour y tester l’Eurofighter. On ne doute pas une seconde qu’il prendra un plaisir fou à remplir cette mission. Une dernière poignée de main ferme, et Marco Lisi décolle. Un après-midi comme un autre au hangar. Le jet le plus puissant de la flotte de l’école de pilotes d’essai est le Northrop T38, un avion d’entraînement supersonique biplace doté d’un nez pointu et d’ailes fines comme une lame de rasoir. Jim Brown et son copilote s’apprêtent à le piloter aujourd’hui au-dessus du Rainbow Canyon, pour s’exercer à des manœuvres à basse altitude. La destination de vol de Brown est une faille de cinq kilomètres de long composée de roches volcaniques au cœur du désert de Mojave. Cela fait vingt ans que le Rainbow Canyon est le théâtre de manœuvres préféré des pilotes. C’est le meilleur endroit pour observer le comportement des avions à réaction à basse altitude, au sein même d’une zone d’essais légendaire. Dès la matinée, les fans d’aviation s’installent dans leurs chaises pliables le long du 34

ED SOLSKI

FORMATEUR DE PILOTES

Coach de pilotes d’essai de 65 ans, il parle instinct et réacteurs en feu. THE RED BULLETIN : Quelles

sont les leçons les plus importantes que vous transmettez à vos élèves ? ED SOLSKI : Fais confiance à ton instinct. Parle ouvertement de tes erreurs. Communique avec clarté et précision. Un pilote d’essai doit être capable de donner un feedback de manière à être compris de tous. Il fait office d’interprète de liaison entre constructeurs d’avion et futurs pilotes. Vous comptabilisez plus de 8 000 heures de vol à votre actif. Quand avez-vous dû puiser dans vos ressources pour la dernière fois ? C’était en 1998 sur un vol de convoyage au Canada, quand les deux réacteurs de mon F-18 ont pris feu au-dessus d’une zone d’habitation. À quoi pense-t-on alors ? Un moteur, ça va. Mais deux... On se dit que c’est un mauvais rêve. J’ai réussi à poser l’avion. La bière avait un goût plus savoureux ce soir-là.

ravin et préparent leurs téléobjectifs. On reconnaît les plus enthousiastes à leur équipement radio, avec lequel ils tentent d’intercepter les communications des pilotes. Soudain, un grondement retentit dans les airs. On commence par n’apercevoir qu’un vague point éloigné, puis le T38 survole la chaîne de collines avant de plonger au fond du canyon. Les spectateurs profitent alors d’une vue en plongée sur le cockpit. Virage à gauche, virage à droite, puis Brown s’extirpe du canyon à 800 km/h, en se propulsant verticalement dans les cieux sous les yeux ébahis des spectateurs. Le son généré suffit à lui seul à se faire une idée précise de la puissance monumentale de cet avion de chasse. Un T38 effectuant un vol en rase-motte sonne comme une scie circulaire qui serait amplifiée par la sono d’un concert de Motörhead. Lorsque le coup de tonTHE RED BULLETIN


nerre résonne, l’avion de Brown a presque déjà disparu de l’horizon. Quelques instants plus tard, dans la salle de cours de la Test Pilot School. Brown nous parle de son vol en rase-motte au-dessus du canyon : « Tu dois anticiper la trajectoire de vol et éviter les zones ombragées, qui sont particulièrement fourbes. Le copilote indique la vitesse et le nombre de G. Tu te concentres uniquement sur le paysage et la coor coordination œil-main. Ta mission, c’est d’éviter de foncer dans la falaise. » Selon Brown, chaque pilote d’essai a des histoires de crash à raconter. Lui-même a perdu un ami en 2009 à la suite d’un accident de jet. C’est Brown qui, à l’époque, était venu apporter la terrible nouvelle à la veuve du pilote. Le travail d’analyse approfondi qui suit chaque accident est aussi une manière pour les pilotes d’essai de faire le deuil de leurs camaTHE RED BULLETIN

rades. De nombreux enregistrements et des masses de données permettent de documenter chaque vol. Brown a reconstitué la manœuvre de son ami décédé à l’aide d’un simulateur de vol. Il a planché sur des solutions, a décrit les causes possibles, a épluché les statistiques. Un an après le crash, Brown a pris la parole devant la Society of Experimental Test Pilots, une association regroupant des pilotes d’essai provenant de plus de 30 pays. Ce que Brown y exprimait ce jour-là : « L’une des principales raisons d’être d’un pilote d’essai, c’est le partage de ses erreurs. Et pas seulement après la survenue d’accidents, mais aussi dans la vie quotidienne et au cours de la formation. Ton équipe profite de tes erreurs. On doit pouvoir tirer des enseignements de chaque situation. » ntps.edu

Le formateur de pilotes d’essai Ed Solski dans le cockpit d’un Aermacchi Impala. Les élèves mettent l’avion hors de contrôle au-dessus du désert et analysent son comportement en situation d’urgence.

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LES ROBOTS L’ I N T E L L I G E N C E A R T I F I C I E L L E D A N S S A V E R S I O N L A P L U S CRAQUANTE : OU COMMENT DE MALADROITS PETITS ROBOTS S ’A PPRÊ TENT À RÉ VOLU TIONNER NOTRE QUOTIDIEN ... E T À NOUS ME T TRE L A PÂTÉE SUR UN TERR A IN DE FOOT D ’ICI 2050.

NAO-TEAM HTWK

TEXTE : STEFAN WAGNER

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SONT LE FUTUR

DU FOOTBALL


NAO, LE PETIT ROBOT 5 GÉNÉRATION E

RECONNAÎTRE

Sur son minois octogonal, des LED infra-rouges et deux caméras placées au niveau des yeux et de la bouche pour un champ visuel optimal et une détection accrue des formes et visages.

ENTENDRE

Quatre microphones directionnels pour une localisation précise des sources sonores. Deux à l’avant et à l’arrière de la tête, deux situés sur les côtés, en guise d’oreilles.

Un interrupt-cœur pour allumer et éteindre le robot.

Des sonars pour l’aider à détecter son environnement.

SE MOUVOIR

Des hanches tout en souplesse grâce aux engrenages rotatifs.

SENTIR

Des mains à trois doigts pour saisir les objets. Deux bumpers (capteurs de contact) à l’avant des pieds pour pouvoir tâter le ballon rond.


NAO/SOFT BANK ROBOTIC, NAO-TEAM HTWK

S

L’équipe de Leipzig, avec son chef, Rico Tilgner (deuxième à g.), en train d’enseigner à Gargamel, petit robot NAO, les rudiments du foot.

eulement 58 centimètres de haut, dotés de petits yeux ronds et lumineux à faire craquer le plus insensible des Terriens, et une démarche encore balourde qui force à chaque fois l’admiration : les robots NAO ne sont pourtant plus des bébés puisqu’on les connaît depuis 2006. Depuis, les générations de ces humanoïdes français au faciès octogonal se sont succédé, intégrant au passage les dernières évolutions du monde de la robotique. Ils hésitent, dribblent péniblement, se trompent de but, trébuchent, s’octroient d’involontaires coups de boule à la Zidane, faisant tomber l’adversaire à la renverse ou s’écrasant carrément contre lui : retentit alors le coup de sifflet de l’arbitre qui, avec un sérieux non feint, arrive sur le terrain et va déposer le fautif sur le banc de touche. Pour 45 secondes : c’est la règle de la RoboCup, la Coupe du monde de robotique. Et comme pour toute coupe du monde, on ne plaisante pas avec les règles.

SES YEUX : DES CAMÉRAS. SES OREILLES : DES MICROS. SES ORTEILS : DES CAPTEURS HAUTE-PRÉCISION.

Mais il n’y a qu’une seule coupe du monde de foot qui peut offrir des scènes comme celle-ci : le gardien de but de l’équipe A et l’attaquant de l’équipe B s’af s’affrontent dans un corps-à-corps désespéré pendant que la balle attend sagement à côté des deux joueurs. Quand tout à coup, à force de se frotter à son adversaire, le gardien de but finit par perdre l’équilibre, tombe, bousculant le ballon qui vient s’échouer lentement dans les cages de l’équipe A. Cris de victoire dans les rangs des spectateurs humains : ingénieurs développeurs, informaticiens, universitaires ou tout simplement passionnés de robotique, tous ces gens ont un rêve : voir une équipe de robots affronter, en l’an 2050, l’équipe championne du monde de football. Et les vaincre. Oui, vaincre les Allemands, les Italiens, les Brésiliens, bref, avoir des robots doués d’une dextérité, d’une agilité, d’une appréhension tactique et d’une rapidité supérieures à celle des sportifs actuels. Si cela vous fait sourire, songez que l’on disait exactement la même chose dans les années 1940 avec l’apparition des premiers programmes d’échecs. Ainsi, lorsque l’informaticien Claude E. Shannon déclara à l’époque qu’on verrait un jour les ordinateurs capables de battre les humains aux échecs, on le prit gentiment pour un illuminé. Moins d’un 39


Joker, balle au pied, et son co-équipier Mr. Burns affrontent un défenseur de l’équipe adverse.

NAO est le fruit de l’imagination d’un ingénieur français : Bruno Maisonnier. À une époque où toutes les entités regroupées sous la notion d’intelligence artificielle n’appartiennent qu’au domaine de la science-fiction, ce visionnaire (né en 1958) rêve d’un robot compagnon, aussi proche que possible d’un être humain. En 2006, la réalité rattrape la fiction : Aldebaran Robotics présente NAO : 58 cm, 4,8 kg. Attachant et personnalisable, ce robot humanoïde est capable de prendre des décisions tout seul et d’interagir avec son environnement. Il sert aussi de plate-forme open source dans les domaines médicaux, thérapeutiques et scolaires, ses codes de programmation étant mis en circulation pour favoriser les avancées dans divers domaines d’activité. De danseur au sein de la Compagnie Blanca Li à joueur officiel de la RoboCup, le petit Bruno imaginait-il sa création aboutir un jour à ce point ?

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es acteurs de cette révolution qui en est encore aux prémices sont aujourd’hui réunis sur le petit terrain de foot. Parmi eux, Thomas Reinhardt, 32 ans, qui nous avoue que l’échéance de 2050 est peut-être un petit peu trop optimiste. Rico Tilgner, 30 ans, parie le contraire. Les deux robophiles représentent la NAOteam de l’université des sciences appliquées de Leipzig : leur équipe a participé à l’un des tournois de la RoboCup 2016, qui s’est déroulée à Leipzig l’été dernier.

CES PETITS FOOTEUX MALADROITS ANNONCENT LA GRANDE RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DE CE SIÈCLE.

NAO-TEAM HTWK

LES HUMANOÏDES, AVENIR DE L’HOMME

demi-siècle plus tard, en 1997, Garry Kasparov, champion du monde d’échecs, perdait contre le supercalculateur d’IBM, Deep Blue. Dès lors, la bataille de l’Homme contre la Machine engagée depuis des décennies allait monter d’un cran, car les défis ne manquaient pas : après cette victoire sur les échecs, discipline reine, et première étape symbolique vers l’ultime suprématie de la puce sur le neurone, quel serait le prochain terrain d’affrontement ? Le défi suivant se jouera donc sur le gazon, et s’annonce ardu : d’un point de vue technique, programmer une machine pour vaincre un champion du monde d’échecs, c’est une chose ; mettre au point un robot capable de jouer au football, c’en est une autre. Car si les échecs se jouent dans un espace restreint, délimité, si les coups et les différentes stratégies possibles sont, finalement, dans le domaine du calculable, du prévisible, et si le déroulement d’une partie laisse suffisamment de temps à la machine pour appréhender et calculer méthodiquement chaque coup, il en est tout autrement pour un sport d’équipe comme le football. Premier challenge : le ballon, qui semble toujours faire un peu ce que bon lui semble, lui qui n’obéit pas toujours aux lois de la gravité. Un ballon capricieux que les robots doivent tout d’abord apprendre à identifier, puis à manipuler, à faire évoluer sur le terrain pour essayer de le faire entrer, objectif suprême, entre les poteaux du but, mais pas le sien, non, celui de l’équipe adverse ! Et tout cela, sans buter sur un obstacle (co-équipier, joueur adverse, cage de but). Sans sortir du terrain. Sans tomber à la renverse. Et quand on se relève pour repartir, savoir dans quel sens il faut jouer, de quel côté se trouve le but de l’équipe adverse, et

aussi savoir communiquer, interagir avec son équipe. Savoir à quel moment, et à qui lancer la balle, comment le faire pour que l’équipier puisse l’intercepter. Quant aux adversaires : il faut savoir les contrer, les empêcher d’avoir le ballon, les feinter. Eux qui poursuivent exactement le même objectif. Ça en fait des choses à apprendre pour un robot grand de 58 centimètres. Un robot qui, une fois positionné sur le terrain, ne reçoit aucune aide extérieure, doit pouvoir se relever, s’orienter et décider tout seul. Ce qui peut sembler, à première vue, comme un joujou pour geeks en mal de mascottes, est en fait le résultat le plus abouti, pour l’heure actuelle, de la révolution robotique. Une prouesse technologique qui en annonce bien d’autres à venir.


Coupe du monde de robotique, Leipzig 2016 : Joker s’apprête à tirer un penalty et reçoit les dernières instructions de ses coachs.


Génie de la programmation : Thomas Reinhardt, spécialiste de l’intelligence artificielle (IA) à Heidelberg (Allemagne).

Chef d’équipe : Rico Tilgner, ingénieur chez Google, à Munich (Allemagne).

LE ROBOT TIRE DES CONCLUSIONS AUTONOMES EN SE BASANT SUR LES DONNÉES QU’IL A À SA DISPOSITION. C’EST CE QU’ON APPELLE, CHEZ LES HUMAINS, LA CRÉATIVITÉ. 42

THE RED BULLETIN


Plus de trois mille participants venus de 45 pays, et des compétitions recoupant 17 disciplines différentes, dont le football. Les équipes les plus à la pointe dans ce domaine viennent d’Allemagne, du Japon, d’Iran... et de France : le Rhoban Football Club de l’université de Bor Bordeaux I a d’ailleurs remporté l’un des tournois (catégorie KidSize) avec ses robots Sigmaban, 50 cm et 4 kg, dotés d’un squelette en aluminium et de pieds en silicone. Pour nos deux Allemands installés dans la grande halle du tournoi, peu importe quelle équipe termine sur le podium : tout le monde, ici, participe à un projet commun et passionnant. Dans quelques années, les matches auront lieu à l’extérieur : les robots NAO devront supporter chaleur, vent et autres intempéries, adapter leur vision aux différentes luminosités… Condition pour atteindre cet objectif proche : quelques milliers d’heures de travail en plus. Et puis un jour, on assistera à de vrais matches à onze contre onze, où les humanoïdes se livreront duels et séquences de dribble mémorables, où le ballon passera de joueur en joueur sans se tromper de chemin ou de but. Où les robots auront un programme « spécial penalty » leur permettant de feindre la blessure en se tordant de douleur pour apitoyer l’arbitre.

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NAO-TEAM HTWK

our l’instant, ce qui est sûr, c’est que les robots de 2050 ne ressembleront pas aux robots qui participent aujourd’hui à la RoboCup, un rendez-vous annuel dans la communauté robotique internationale. Différents types d’humanoïdes participent aux tournois de la RoboCup. Parmi eux, NAO a été choisi comme forme officielle de la Standard Platform League. Distribué depuis 2006, d’abord par ses créateurs français de la start-up Aldebaran Robotics puis par les Japonais de SoftBank Robotics (qui ont racheté la boîte en 2012), NAO est entièrement personnalisable et programmable en open source. Résultat :

Règle n° 1 lors des rencontres à l’extérieur : faire voyager ses robots en cabine, bien emballés. Et prévoir suffisamment de câbles et de prises. THE RED BULLETIN

LES ROBOTS AURONT PEUT-ÊTRE UN JOUR UN PROGRAMME LEUR PERMETTANT DE FEINDRE UNE BLESSURE POUR RÉCLAMER UN PENALTY. chacun des quelques 9 000 exemplaires existant dans le monde est pratiquement unique et en évolution permanente. Les domaines de l’intelligence artificielle et de la robotique étant encore largement peuplés de chercheurs et d’universitaires, l’idée est avant tout de faire fusionner les données et de partager les avancées pour accélérer la recherche. Les ingénieurs qui sont venus faire concourir leurs robots à la RoboCup ne parlent pas encore en termes de concurrence, de loi du marché ou de profits... Tout cela viendra bien assez tôt. Pour l’heure, il s’agit de faire avancer la science. D’ailleurs, pour Tilgner, qui travaille chez Google et consacre son temps libre à programmer Gargamel et ses amis NAO, « le vrai plaisir, c’est de réussir à développer un truc qui soit compatible avec tous les autres robots, parce que c’est là que sont les vraies avancées ». Son collègue Reinhardt (spécialiste en intelligence artificielle) explique : « On décortique ce que la Nature réussit à faire parfaitement. » Ce qui signifie qu’un robot dit « intelligent » dispose d’un réseau neuronal, autrement dit : il a la faculté de raisonner de manière abstraite, c’est-à-dire de tirer des conclusions autonomes en se basant sur les données qu’il a à sa disposition. Chez les humains, c’est ce qu’on appelle la créativité. Un exemple ? Le robot reçoit dans sa base de données des milliers de représentations d’un ballon rond, noir et blanc. Il va finir par intégrer le fait que cette forme ronde, blanche et sur laquelle figurent trois petites taches noires est ce qu’on appelle un « ballon ». Et Gargamel apprendra un jour à dribbler avec. robocup.org 43


NO BIG DEAL TEXTE : GORDY MEGROZ

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PHOTOS : RAINER HOSCH & JIMMY CHIN

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U N E É T U D E R É A L I S É E L’ A N N É E DERNIÈRE A DÉMONTRÉ QUE LE CERVEAU DU GRIMPEUR ALEX HONNOLD DISPOSAIT D’UN SEUIL DE TOLÉRANCE À LA PEUR BIEN SUPÉRIEUR AU NÔTRE.


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ans l’enceinte du centre d’escalade Ironworks de Berkeley, en Californie, le grimpeur professionnel Alex Honnold prend laparoledevant500personnes.«C’estimpressionnant la folie qui règne ici, s’exclame Honnold dans le micro. Ironworks, ça déchire ! » Nous sommes fin mars. La salle de 2 000 m² aux allures de grotte est équipée de murs d’escalade en roche artificielle qui s’étalent jusqu’au plafond, à 14 mètres de haut. Ce soir, le lieu célèbre la venue de Honnold à grand renfort de fûts de bière. Et d’un éclairage digne d’un concert de Springsteen sur les parois rocailleuses du gymnase. Aux yeux des grimpeurs, Honnold est un dieu vivant. Ce qui confère à Honnold son caractère extraordinaire, c’est sa capacité à faire des choses qui échappent à l’entendement du commun des mortels – même à celui des grimpeurs expérimentés. Honnold s’est spécialisé dans l’escalade en solo intégral de big walls, ce qui signifie qu’il escalade des parois vertigineuses et périlleuses sans aucune corde ni le moindre équipement de sécurité. Les enjeux sont d’une cruelle simplicité : s’il tombe, il a toutes les chances d’y laisser la vie. L’histoire de ce sport ne compte qu’une poignée de grimpeurs en solo intégral, et Honnold est considéré comme le plus glorieux représentant de cette espèce. Un statut qu’il doit principalement à une particularité qu’il a développée au fil du temps : il ne ressent plus la peur. L’an dernier, pour un article paru dans le magazine Nautilus, les médecins de l’université de médecine de Caroline du Sud ont procédé à un scanner du cerveau de 46

Honnold. Ils se sont rendu compte que son amygdale ne s’activait pas. Sa bravoure lui a valu un surnom dédié : « No Big Deal » (trad. ce n’est rien). À la fois en raison de son style d’escalade qui laisse une impression de facilité absolue, mais aussi parce qu’il a tendance à ne pas se laisser impressionner par les défis les plus insensés : no big deal ! C’est cet état d’esprit qui l’a amené à s’attaquer aux ascensions les plus coriaces, notamment en 2008, à l’occasion de sa montée en solo intégral du Half Dome, dans le parc national de Yosemite. La paroi de plus de 760 m de long n’est pas à la portée du premier venu, même pour les grimpeurs encordés, en raison de ses minuscules prises de main et de pied et de ses por portions verticales. La plupart des grimpeurs mettent deux jours pour en venir à bout. Honnold boucle la montée en moins de trois heures. Cette année, Honnold se rendra en Antarctique en compagnie de son collègue Renan Ozturk, pour y escalader une paroi de 1 600 mètres de long dénommée Wine Bottle Tower sur le Mont Dickey. Il envisage également une première tentative en solo intégral de la paroi El Capitan du parc de Yosemite, un mur de 914 mètres considéré comme l’une des voies d’escalade les plus difficiles au monde. « C’est nettement plus difficile que le Half Dome, affirme le grimpeur et photographe Jimmy Chin. C’est le solo ultime. » Ce soir, cependant, Honnold régale l’assistance non pas avec une histoire de solo intégral, mais avec une anecdote à propos de la fois où il a failli mourir de froid. C'était en 2015, avec l’alpiniste Colin Haley. Ensemble, ils partent à la conquête de la traversée du Fitz Roy (quatre montagnes, 2 200 m de dénivelé positif, une recherche d’itinéraire complexe et des passages en escalade sur glace), le tout en 24 heures. Le record de la traversée aurait ainsi été battu de trois jours. L’ascension se déroulait comme prévu jusqu’à deux longueurs du sommet final. « Et puis le ciel s’est brutalement couvert, les températures ont chuté, le vent s’est levé, raconte Honnold au public. C’était comme du vent nucléaire. On gelait sur place. » Le duo a décidé de faire une halte de quatre heures jusqu’au lever du soleil. « On s’est serrés dans les bras en frissonnant. » Au lever du soleil, le pic était complètement recouvert de nuages. « J’ai pensé qu’on était foutus, poursuit Honnold. On a fini par se replier sur la face ouest de la montagne, qui était à la fois plus sûre et plus rapide. Mais comme on a dû renoncer à passer par le sommet,

UN RECORD DIGNE D’UN CAPITAINE

Samedi 3 juin 2017, Honnold se lève à 4 h 30 du matin et amorce l'ascension qui cimentera son statut de légende. Il escalade El Capitan (parc national de Yosemite) en solo intégral, suspendu à la roche pendant 3 h 56 min, devenant ainsi la toute première personne à grimper jusqu’au sommet de la paroi de 900 m sans assurage.

on a été obligés de se coltiner 22 heures de marche sans nourriture pour rentrer en ville. C’était vraiment galère ! » Galère est un euphémisme. Une expérience éprouvante qui, à coup sûr, ferait perdre son sang-froid à n'importe quel type de la trempe de Honnold. « Pas du tout, conteste-t-il. Je suis habitué à ce genre de conditions. » Quelques heures auparavant, j’ai rencontré Honnold au QG de The North Face (TNF) à Alameda (Californie), à proximité d’Oakland. La marque d’outdoor est le sponsor principal de Honnold, lequel était présent ce jour-là pour assister aux réunions produits et discuter de ses futurs projets d’escalade avec le département Marketing. « Comment allezvous ? », me demande-t-il alors qu’il me tend une main prodigieusement charnue. Honnold, 31 ans, grands yeux bruns, un mètre quatre-vingt, est pourvu de longs doigts boudinés (le tissu conjonctif a épaissi à force d’années passées à agripper des bouts de roche) et lui serrer la main, c’est avoir la sensation de se saisir d’un paquet de saucisses. Nous déjeunons à la cafétéria avant de nous installer à l’extérieur, dans le patio. Se joignent à nous Chris Sylvia, le responsable Marketing sportif de la marque, Conrad Anker, l’un des alpinistes les plus accomplis au monde, et Boone Speed, un grimpeur considéré un temps comme le meilleur de la planète. « Alors, où situez-vous Alex ? », THE RED BULLETIN


L’HISTOIRE DUSOLO INTÉGRAL NE COMPTE QU’UNE POIGNÉE DE GRIMPEURS. HONNOLD EST CONSIDÉRÉ COMME LE PLUS GLORIEUX ­R E P R É S E N T A N T DE CETTE ESPÈCE.

Photographe de classe mondiale, Jimmy Chin a ­souvent eu Alex dans son viseur, comme sur ce rocher escarpé du Sultanat d’Oman.


« JE VISUALISE LE PIRE POUR RESTER HONNÊTE AV E C M O I - M Ê M E . SI VOUS NE VISUALISEZ QUE LE MEILLEUR, VOUS RISQUEZ DE VOUS METTRE DANS UN PÉTRIN AUQUEL VOUS N ’ Ê T E S PA S ­P R É P A R É .   »

Honnold s’attaque au big wall de Bornéo dans le cadre d’une expédition en Asie en 2009.


demandai-je à l’assemblée. Honnold s’empresse de minimiser ses exploits par rapport à ceux accomplis par certains de ses confrères. « Tout alpiniste capable de grimper un 5.12 (la cotation la plus relevée qu’il est capable d’affronter sur les ascensions de longue durée, ndlr) peut faire ce que je fais », explique-t-il, ajoutant que de nombreux autres grimpeurs seraient capables de s’attaquer aux parois qu’il grimpe en solo intégral. « Non », rétorque Anker, bondissant hors de son siège. Il pose un pied sur une rambarde en métal bordant l’un des jardins, large d’un bon centimètre et située à cinq centimètres du sol. Il commence à chercher son équilibre. « Je peux rester en équilibre sur cette rambarde et prendre mon pied tranquille, explique-t-il. Mais si je suis à 300 mètres au-dessus du sol, ça m’est impossible. Mais toi, tu le peux, parce que tu es mentalement plus fort que moi. » L’aptitude de Honnold à négocier les situations périlleuses en toute décontraction s’est développée au fil du temps – des milliers d’heures d’escalade et d’exposition à des circonstances dangereuses. Cet entraînement a débuté à l’âge de dix ans, quand il a commencé à fréquenter assidûment une salle d’escalade avec son père en périphérie de Carmichael, en Californie, où il a grandi. À 15 ans, Honnold endosse des jobs occasionnels à la salle d’escalade : assurer les enfants aux anniversaires, ou nettoyer les toilettes. À la fermeture de la salle, la nuit venue, il pose son balai et grimpe les voies, sans corde. « C’était ma première expérience en solo intégral, confie-t-il. Mais ce n’était pas si dangereux. On risquait tout au plus une chute de 7 mètres. On pouvait se blesser, mais pas mourir. » À l’âge de 18 ans, Honnold est déjà l’un des meilleurs grimpeurs indoor des États-Unis. Il gagne régulièrement des compétitions d’escalade en salle à travers le pays. Mais il pratique encore rarement en extérieur. Jusqu’à son entrée à l’université de Californie à Berkeley en 2003. Il commence alors à sécher les cours pour grimper des blocs dans les parcs du coin. L’été de sa première année de fac, son père décède d’une crise cardiaque. C’est là qu’il décide de laisser tomber l’université. Honnold emprunte le mini-van familial et fait le tour des falaises du pays pour y pratiquer l’escalade, en s’assurant avec des cordes. Pour la première fois, il réalise un solo intégral en extérieur, en escaladant une voie proche du lac Tahoe (Californie) appelée Corrugation Corner. L’ascension de 90 mètres est parsemée de larges prises de main et de pied. AuTHE RED BULLETIN

TROIS ÉTAPES POUR APPRENDRE À GÉRER LA PEUR Quelques conseils d’un homme qui escalade les faces des montagnes sans utiliser la moindre corde.

1. Évaluez

Est-ce que ça peut me tuer ? Il n’y a pas de honte à avoir peur. La peur est juste un message qui vous fournit des informations sur l’état de votre corps. Elle vous dit quelque chose. Utilisez-là pour prendre des décisions avisées. jourd’hui, Honnold pourrait la grimper presque au pas de course. Mais à l’époque, elle le terrorisait. « J’avais les boules », avoue-t-il. Néanmoins, cette ascension lui a procuré un genre d’exaltation qu’il n’avait jamais encore ressenti. Peu après, il s’aventure à réaliser des ascensions en solo intégral et à s’attaquer à des voies de plus en plus difficiles, jusqu’au jour où les longueurs raides et les prises microscopiques deviennent un jeu d’enfant. Se référant à l’étude qui a été réalisée sur son cerveau l’année dernière, il pense avoir « en quelque sorte tué [son] amygdale ». La veille de notre rencontre, Honnold venait tout juste de réaliser le premier solo intégral sur une voie nouvelle appelée Voyager, située dans le parc national de Yosemite. Environ 110 mètres de haut, 10 longueurs, une ascension de 300 m de long. Une section délicate l’a forcé à choisir un passage qui ne comptait que des prises minuscules. En cas de faux pas, il aurait fait une chute de 3 ou 4 mètres sur une corniche en contre-bas. « Je n’avais pas l’intention de tomber, plaisante-t-il. Et surtout, j’avais la conviction que si une prise cassait ou si quelque chose d’autre devait arriver, je m’en sortirais. En plus ou moins bon état… »

Quelques jours plus tôt, comme il en a souvent l’habitude avant de se lancer dans un solo intégral, Honnold a accompli une ascension de la voie Voyager équipé de cordes et accompagné d’un ami. Sur une section constituée d’un surplomb, il envisage l’éventualité d’une chute de plus de 100 mètres. « Pour passer, il faut se suspendre au-dessus du vide, explique-til. Si le moindre imprévu arrive, la chute jusqu’au sol est inéluctable. » Il a grimpé cette section à de nombreuses reprises ce jour-là, s’entraînant à exécuter les mouvements qu’il réaliserait lors de sa tentative sans corde. Le jour de son solo intégral, il envisage le pire. « Je ne le sentais pas, avoue-t-il. Je visualise ce genre de choses pour rester Passez en revue honnête avec moiles options pour même. Si vous churéduire les risques, et visuali- tez à certains endroits, vous en avez sez les scénarios pour quatre à six dans votre tête. Valent-ils la peine terribles secondes de dégringolade le d’y consacrer aulong de la falaise. Si tant de temps et vous ne visualisez d’influx nerveux ? Choisissez l’option que la meilleure la plus sécurisée. issue possible,

2. Minimisez

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«  I L FA I T D U SOLO INTÉGRAL, C’EST POURQUOI ON SE SOUVIENT DE LUI. MAIS CE QUI INSPIRE, C ’ E ST L E FA I T Q U ’ I L PA S S E D U TEMPS EN ­E X T É R I E U R , S U R U N E FA L A I S E .   »

Honnold rejoue son solo intégral sensationnel de plus de 750 m sur la face nord-ouest du Half Dome de ­Yosemite, en Californie.


vous risquez de vous mettre dans un pétrin auquel vous n’êtes pas préparé. » Il a donc préféré contourner cette voie, déviant du seul itinéraire jamais emprunté jusque-là, et s’est dirigé vers une section certes plus difficile à négocier, mais présentant un moindre risque de chute fatale. Il a atteint le sommet de son ascension en une heure. « Vous essayez toujours de trouver le chemin le plus sûr. Il faut cependant rester vigilant. En voiture, une poignée de secondes d’inattention suffit pour que vous sortiez de la route et vous retrouviez dans une épave en feu. C’est pareil quand vous escaladez : une paire de secondes d’inattention et vous chutez. » Alex Honnold adopte parfois d’autres méthodes de free solo climbing : en grimpant à vue. En d’autres termes, il réalise son ascension en solo intégral sans effectuer de reconnaissance préalable des voies d’escalade. Il a utilisé cette technique sur la Rouge Berbère, une face marocaine de 450 mètres de long. La difficulté principale, située aux deux tiers de l’ascension, l’a obligé à s’accrocher à une

fissure de 10 centimètres alors qu’il manœuvrait sous le toit d’un surplomb. La moindre erreur risquait de le faire chuter de 230 mètres vers une mort cer certaine. Honnold parcourt la voie en deux heures. Lorsqu’on lui fait remarquer que les deux approches semblent paradoxales, l’une calculée, l’autre pas, il conteste. « Ce n’est pas contradictoire, vous vous entraînez sur les falaises qui présentent une vraie difficulté, et vous grimpez à vue sur les falaises largement à votre portée. » L’entraînement auquel s’astreint Honnold peut paraître obsessionnel. Il lui arrive de grimper toute la journée, 20 jours d’affilée, avant de s’octroyer un jour de repos. Il veille alors à ce que rien ne vienne per perturber son entraînement : ni drogue, ni alcool, ni caféine. Il peut même se priver de sucre sur de longues périodes. Ses succès ont captivé le public. L’ascension du Half Dome de 2008 a été immortalisée dans un documentaire en 2010 intitulé Alone on The Wall. En 2012, il a fait l’objet d’un reportage de l’émission américaine 60 Minutes. En 2015, il sort un livre (écrit par le journaliste

3. Agissez

Une fois que vous vous êtes lancé, engagez-vous à 100 %. Il n’y a pas de raison de ne pas y aller à fond. Vous êtes dedans. Si vous y allez à moitié, vous risquez non seulement de ralentir votre progression, mais aussi de la rendre plus dangereuse. THE RED BULLETIN

David Roberts) également intitulé Alone On The Wall (Solo intégral dans sa version française). Sa popularité grandissante intervient à un moment où l’escalade est en plein essor. Depuis 2014, les ventes en détail de matériel et de vêtement d’escalade ont augmenté de 52,9 millions de dollars, atteignant leur plus haut niveau en quatre ans, à 175,5 millions de dollars. Une tendance qui a contribué à rendre Honnold extrêmement bankable. Ses sponsors, TNF, Black Diamond, La Sportiva et Stride Health (une société qui lui fournit une assurance maladie gratuite), ses apparitions dans des publicités pour Dewar’s et Citibank, ainsi que ses conférences assurent à Honnold un train de vie respectable. « Je gagne autant qu’un très bon orthodontiste, concède-til. Je pourrais gagner des sommes à 7 chiffres si je faisais des conférences toute l’année – mais ce serait du suicide. » Honnold passe quatre à cinq mois par an en dehors des USA pour pratiquer l’escalade. Et, bien qu’il ait récemment acheté une maison à Las Vegas pour être plus proche de la zone protégée de Red Rock Canyon, son spot d’escalade habituel (« … et parce qu’il n’y a pas d’impôt sur le revenu au Nevada »), lorsqu’il est aux États-Unis, il passe 90 % de son temps sur des sites d’escalade, vivant dans son van, comme il le fait depuis dix ans. Il a aussi troqué sa Ford Econoline E150 de 2002 pour une Dodge Ram Promaster de 2016. L’intérieur comprend un lit queen size, un lavabo, une cuisinière, ainsi qu’un fingerboard (une pièce en bois sculptée pour imiter les prises en roche et à laquelle les grimpeurs se suspendent pour développer leur force) fixée au-dessus de la porte coulissante du van. Nous montons à bord pour rejoindre la salle d’escalade. On entend son équipement s’entrechoquer à l’arrière tandis qu’un Sum 41 passe en radio. Je mentionne les cheveux gris sur sa tempe. « La première fois que je les ai remarqués, on campait au bord d’une falaise à Bornéo. Il y avait une tempête monstrueuse. Ces cheveux blancs sont très probablement apparus à cause du stress de la mort qui tue que j’avais ressenti à cet instant ! » Il plaisante. Mais en réalité, la mort est un sujet qui l’interroge. « Ma copine disait au sujet d’une personne qui venait de disparaître : “Au moins, il est mort en faisant ce qu’il aime.” J’ai tiqué. Personne n’a envie de mourir en faisant ce qu’il aime. J’adore l’escalade mais je ne tiens vraiment pas à faire une chute mor mortelle. Je préfère mourir de vieillesse. » alexhonnold.com 51



ENTRETIEN AVEC UN MÉCHANT

LA LUTTE SUISSE, 800 ANS AU COMPTEUR, 106 KILOS SUR LA BALANCE : ENTRE RAP ET COR DES ALPES, REMO K ­ ÄSER, CHAMPION D’À PEINE 20 ANS, SE LIVRE EN 13 POINTS SUR LES LIMITES DE LA CAMARADERIE. ET CES SECONDES DÉCISIVES OÙ SA NUQUE LUI SAUVE LA MISE. TEXTE : STEFAN WAGNER  PHOTOS : CHRISTOPH KÖSTLIN

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LE RESPECT

Le signe particulier de la lutte suisse ? La cohésion. Entre les lutteurs règne un esprit de camaraderie. Avant et après une passe (un combat, ndlr), nous sommes amis. C’est seulement dans les derniers instants avant le combat que l’on met cette amitié de côté. On se met en place sur le rond de sciure, on serre la main de l’adversaire et, à partir de cet instant, tout ce qui compte, c’est de le plaquer dos au sol. Après le combat, quand le vainqueur enlève la sciure du dos du perdant, tout redevient comme avant. Et aucune rancune ne persiste, peu importe l’âpreté du combat. La poignée de main avant le combat et l’essuyage du dos à la fin sont bien plus que de simples gestes sportifs. Ils expriment le respect, un profond respect. Le respect et la camaraderie, ce sont les deux grands principes qui régissent le milieu des lutteurs.

LA SUISSE

La lutte suisse, c’est un peu une vitrine pour notre pays. Toutes les valeurs qui ont fait de la Suisse une grande nation se retrouvent dans notre sport (avec des variantes régionales et une culotte en toile de jute rappelant les bergers en transhumance des siècles passés, ndlr). Et si la lutte a autant d’adeptes, c’est aussi parce qu’il n’y a jamais d’embrouilles chez nous. On s’éclate tous ensemble, sans aucun grabuge, et vous pouvez même laisser traîner votre portefeuille, aucun risque qu’il ne disparaisse. La Fête fédérale de lutte suisse, notre événement phare qui a lieu tous les trois ans, est une sorte de réunion de famille qui réunit 300 000 personnes, dont 52 000 spectateurs dans l’arène de lutte.

LES MÉCHANTS

Les meilleurs lutteurs sont surnommés « les méchants ». Pourquoi ? Franchement, je n’en ai aucune idée. Moi qui suis un gars tellement adorable, en plus ! (rires)

L’ÉCOLE DE LA VIE La lutte suisse, c’est une école de la vie. À 100 %. Même les petits nouveaux apprennent le fair-play, la camaraderie, la politesse, la modestie, l’enracinement et l’humilité. Dès le plus jeune âge, et à chaque heure de training. L’entraînement va bien au-delà de la technique et de la musculation, on s’applique à vivre selon ces valeurs. On apprend également que pour obtenir de l’aide, il faut d’abord aider les autres, et que c’est la seule manière d’avoir une chance de faire partie des meilleurs. Il n’y a qu’avec l’aide de ses concurrents que l’on peut devenir « un méchant ». Résultat, tout le monde s’entraide.

À POINT

Normalement, une passe dure six minutes qu’il faut mettre à profit pour exécuter tout ce que l’on a acquis à la sueur de son front. Des minutes de proximité extrême avec l’adversaire. On perçoit sa manière de frapper, on voit comment il se sent, combien de force il lui reste. Et puis, il y a ce moment, à la quatrième ou cinquième minute, où c’est évident : là, il est à point. Si je tire maintenant, il tombe. Et pas parce que ma prise est parfaite, mais simplement parce qu’il est trop épuisé pour tenir sur ses jambes. Bien sûr qu’avec du talent, on avance, mais avec de la volonté, on va encore plus loin. J’en suis persuadé. Je ne suis pas du genre à gagner rapidement en un seul enchaînement. Ma plus grande force, c’est mon endurance. Moi, je suis du genre à épuiser l’adversaire, à l’user, à m’acharner sur lui seconde après seconde. Je m’en sors d’autant mieux quand un combat dure longtemps.

UN COU PUISSANT

Remo Käser lors du shooting pour The Red Bulletin : « La lutte suisse, c’est une vitrine pour notre pays. »

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Les règles de la lutte suisse sont simples : le but est de plaquer l’adversaire au sol, dos dans la sciure. Celui qui y parvient remporte le combat. À l’inverse, il faut à tout prix éviter de se retrouver dos au sol ! Imaginons qu’un adversaire réalise un bon enchaînement (il existe plus de cent prises et techniques) et tu te retrouves cloué au sol. Si tu sais que tu n’arriveras pas à t’en sortir et que la seule chose qu’il te reste à faire, c’est de tenir jusqu’à la fin du temps, ce qui fera toute la différence, c’est ta force de volonté –

THE RED BULLETIN


À propos de son éthique de travail : « Avec du talent, on avance, mais avec de la volonté, on va encore plus loin. »



À propos de la camaraderie: «On se serre la main puis tout ce qui compte, c’est de plaquer l’autre dos au sol. »

et aussi la force des muscles de ta nuque. En position du pont, il faudra pousser de toutes ses forces l’arrière de la tête dans la sciure pour maintenir les épaules loin du sol. Les muscles de la nuque, on les travaille dès le plus jeune âge et, avec le temps, ils deviennent de plus en plus puissants, d’où le fameux « cou de taureau ». La lutte suisse n’est pas un sport particulièrement dangereux. Ce qui craint le plus, ce sont les genoux, les ligaments croisés pour être précis. Si on reste bloqué avec le pied dans la sciure, le risque d’entorse n’est pas exclu.

UN MÉTIER

Les lutteurs qui pourraient vivre de leur sport, on en compte à peu près une douzaine. Mais aucun n’est pro à 100 %. La tradition veut que l’on exerce tous une profession civile. J’ai fait une formation de couvreur-zingueur. En ce moment, je suis journaliste stagiaire pour la chaîne de TV suisse TeleBärn. Cette activité me correspond beaucoup plus, car j’aime le contact avec les gens. La lutte suisse, c’est un sport de force, on ne peut pas s’entraîner plus de deux ou trois heures par jour, le reste du temps est nécessaire pour permettre aux muscles de récupérer. Le travail permet de structurer sa journée, c’est plus satisfaisant que de tuer le temps en bloquant devant sa console ou en jouant sur son portable. Autant utiliser son temps à bon escient tout en laissant les muscles se reposer.

DAVID ET GOLIATH

« LA LUTTE SUISSE EST UNE ÉCOLE DE LA VIE À 100 %. »

En lutte suisse, il n’y a pas de catégories. Un lutteur d’1,60 m peut faire face à un adversaire de 2 m. Ce n’est pas qu’une histoire de force, mais aussi de tactique, de technique et d’habileté. Donc oui, David contre Goliath, c’est possible. On ne risque pas d’être couronné Roi de la lutte (vainqueur de la Fête fédérale de lutte suisse, ndlr) en mesurant 1,60 m, mais on peut faire jeu égal avec les autres. Et ce n’est pas dit non plus qu’un Christian Stucki, près de 2 m pour 160 kg, gagnera forcément contre un lutteur deux fois moins lourd. Moi, les petits, ça ne me convient pas. J’ai l’impression qu’ils me glissent entre les doigts. Je préfère me battre avec des grands, ma force s’exerce d’une manière différente avec eux.

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À propos des fans : « Je m’améliore à chaque événement. Plus il est important, plus l’enthousiasme du public me porte. » À propos de sa tactique : « Attaquer l’adversaire, l’épuiser, ne lui laisser ­aucun répit.  »

REMO KÄSER Naissance : 19.11.1996 Poids : 106 kilos Taille : 1,89 mètre Partneraires : Aldi Suisse, Suzuki, Fors, Red Bull, Tissot Fils d’Adrian Käser, couronné Roi de la lutte en 1989, Remo remporte la 3e place lors de la Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres de 2016 devant un public de 52 000 personnes. Il s’assure ainsi un bel avenir de lutteur, et se produira prochainement à la Fête d’Unspunnen à I­ nterlaken (unspunnenfest.ch), qui a lieu tous les six ans.


LE RAP

Avant d’aller au combat, je mets mes écouteurs et j’écoute du rap et de la house. Musique folklorique et cor des Alpes à l’extérieur, rap dans les écouteurs, ça fait un sacré contraste, c’est sûr. Mais c’est ce dont j’ai besoin pour me stimuler. Je ne pourrais pas écouter de la musique folklorique avant un combat, il me faut un rythme bien particulier, qui me booste, c’est une question de beats par minute. Si je veux être à bloc, il me faut quelque chose de plus rapide.

L’ÉPUISEMENT

L’important, c’est de ne jamais cesser de lutter. En combattant sans arrêt, on fatigue l’adversaire et on se donne de bonnes chances de victoire. User l’adversaire, l’épuiser, ne lui laisser aucun répit. Bien sûr, ce n’est pas toujours facile, surtout quand on a six combats de ce genre dans la journée, voire huit deux jours de suite à la Fête fédérale de lutte suisse, mais c’est comme ça que j’arrive à gagner. La hargne, l’endurance, jusqu’à ce que l’adversaire n’en puisse plus. Et c’est là qu’il faut sortir la prise qui va plier le combat. Un jour, un entraîneur m’a dit que ma plus grande faiblesse, c’était ma grande ambition. Ce n’est peut-être pas faux. Je vois ce qu’il a voulu dire par là : avant, je m’entraînais souvent dans le dos de mon entraîneur. Quand il me disait que le lendemain, c’était repos et qu’il fallait que je récupère, j’allais quand même à la muscu en cachette. Et quand il me demandait par la suite si je m’étais vraiment reposé, je lui disais la vérité, je ne sais pas mentir. Cela ne fait pas bien longtemps que j’ai appris à mieux respecter les temps de récupération. Et j’ai aussi appris à écouter les autres, à accepter les conseils, je suis moins tête de mule.

LA CÉLÉBRITÉ

Défiler dans une arène devant 52 000 personnes, c’est carrément flippant. Oui, c’est angoissant, tout le monde stresse pour son premier combat. Mais moi, après, je me sens mieux. Et la présence du public finit même par m’aider. Quand je suis à deux doigts de craquer dans les dernières minutes d’une passe, l’énergie du public me permet de trouver en moi-même des ressources auxquelles je n’ai jamais accès tout seul pendant l’entraînement. Et je suis d’autant meilleur quand c’est un événement de grande ampleur, le public me stimule. En Suisse, je suis très connu, mais il me suffit de grimper dans un avion pour redevenir anonyme. Les deux me plaisent, la célébrité et l’anonymat. Je suis heureux de l’estime et de la reconnaissance que l’on me porte en Suisse et que les gens apprécient ce que je fais. C’est une très belle récompense pour un sportif ! Mais ça me fait plaisir aussi de pouvoir partir à l’étranger avec mes potes à la fin de la saison, dans un endroit où personne ne me montrera du doigt. Être un mec de 20 ans comme tous les autres, ça aussi, c’est important de temps en temps. THE RED BULLETIN

L’ATTAQUE

En lutte suisse, il y a différentes manières de gagner. Prenez un colosse comme Christian Stucki : s’il n’a pas envie de perdre, il ne perdra pas, et cela finira en match nul. Ma devise est claire : pour gagner, il faut attaquer. Provoquer son adversaire sans cesse, ne pas lui laisser une seule seconde pour souffler, lui imposer son propre style de combat, c’est aussi une manière de se défendre.

À propos du rap : « Je ne pourrais pas écouter de la musique folklorique avant un combat, il me faut un rythme qui me booste. »

L’ATTENTION

Pendant un combat, je n’entends rien. Dès que le match est lancé par le juge, je rentre dans ma bulle. Vous pouvez bien me hurler ce que vous voudrez, je ne l’entendrai pas. Cette introspection pendant un match me donne une intensité que je n’atteins jamais pendant un training. L’entraînement pourra bien avoir été super dur, le lendemain, je serai au top. Mais après un combat, j’ai l’impression d’avoir 30 ans de plus au compteur. Ça, c’est quand ton corps te fait comprendre : « Stop, là, c’est la limite, on n’ira pas plus loin. » Cette limite est impossible à franchir en entraînement. Alors que pendant un combat, on est hermétique, on n’entend rien, pas même ses propres signaux corporels. remokaeser.ch 59


C O M M E N T L E C E R V E A U H U M A I N A F F R O N T E -T- I L L E S S I T U A T I O N S E X T R Ê M E S ? L’ E X P L O R A T E U R - C H E R C H E U R C H R I S T I A N C L O T A T E N T É L’ E X P É R I E N C E E N S ’ E X P O S A N T AUX 4 MILIEUX LES PLUS HOSTILES DE LA PLANÈTE. T E X T E : PAT R I C I A O U D I T

PHOTOS : LUCAS SANTUCCI / ZEPPELIN

S’ADAPTER OU PÉRIR

58 IRAN

°C

POUR L’EXPLORATEUR, « CES TERRAINS EXTRÊMES CONSTITUENT UNE SORTE DE “STRESS-TEST” QUI REPOUSSE LES LIMITES POUR ACCÉLÉRER LA COMPRÉHENSION ». 60



A

oût 2016. Désert iranien de Dasht-E-Lut, 58 °C, 3 % d’humidité. Depuis 5 jours, Christian Clot, calé sous sa bâche, protection dérisoire contre le soleil bouillant, reste allongé. Incapable de lever un bras, de lire une ligne. Toute force l’a abandonné. « Pour ne pas céder à la panique qui m’envahissait peu à peu, je me repassais des chiffres en boucle. » Car l’explorateur-chercheur sait que dans cette immensité où rien ne pousse et ne vit, des choses impensables peuvent survenir. « Les cellules graisseuses du cerveau peuvent être détruites, on peut mourir en quelques minutes. L’isolement total devient torture mentale. » Cinq jours à se demander si on ne va pas crever là, malgré 5 litres et demi d’eau quotidiens, loin de préserver de la déshydratation. De cette absence de réflexe de survie qui aurait pu le tuer, Christian Clot a fini par s’extraire pour donner son corps en pâture à la nature, à la science. Cobaye volontaire et téméraire d’une expérience hors-limite inédite, le premier protocole complet d’études sur la capacité humaine à s’adapter aux changements et aux environnements difficiles. Après l’Iran et son intenable chaudron, il a affronté l’épouvantable humidité de la Patagonie, l’irrespirable enfer vert de la forêt amazonienne, résisté au froid mortel des monts de Verkhoïansk en Sibérie. Jamais homme n’aura supporté tant de versatilité barométrique, de zones de mort, d’écarts thermiques, « des + 58 °C d’Iran aux − 58 °C de Sibérie, passant de 3 % à 100 % d’humidité, des espaces sans fin du désert à l’étouffement de la forêt primaire »… Durant ces 4 mois d’expéditions successives enchaînés avec seulement 15 jours de break, il s’est tenu au mieux aux deux heures de prélèvements quotidiens sur son corps, assorties d’exercices de prises de décision, de mémorisation, de spatialisation. « Comme avec ce jeu de labyrinthe sur mon ordi, où je devais me repérer, un dédale qui change au fil des jours, car l’une des premières choses que l’on perd, c’est sa capacité à s’orienter. J’ai beaucoup parlé à ma caméra, pour comparer entre la réalité de l’instant et la vision a posteriori que l’on s’en fait. » Et si Christian

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OBJET D'ÉTUDE

« On connaît la plasticité du cerveau, sa capacité à se transformer en créant de nouvelles connexions, de nouveaux neurones, donc de nouvelles aptitudes. Mais nous savons mal comment cela fonctionne, surtout dans des situations environnementales complexes. Pour les mesurer, j’ai utilisé des outils d’observation “objectifs” pour obtenir des données sur ma condition (rythme cardiaque, température...) et réalisé de nombreux tests et exercices. Entre chaque traversée, j’ai effectué 18 IRM pour “cartographier” le cerveau et voir, au fur et à mesure, les éventuelles modifications. »

dit avoir causé aussi à son chapeau, c’est pour ne pas devenir fou, « une nécessité absolue pour cet animal social qu’est l’être humain » ! Adaptation est un projet hors-norme, mille kilomètres avalés sans assistance, des milliers de données et tests cognitifs, physiologiques, et climatiques collectés in situ, un labo du réel à ciel ouvert. Lorsqu’on rencontre Clot, les questions se bousculent, comme ses mots, lui qui a tant à raconter, partager. Il montre le bout de ses doigts qui ont perdu pour le moment toute sensibilité. Il raconte que se piquer pour faire un prélèvement de sang peut être différent selon l'endroit où on le fait. « En Patagonie et en Sibérie, le sang n’afflue pas ; en Iran, il jaillit comme un geyser ; en Amazonie, on risque l’infection. » Désormais, Clot en sait infiniment plus que nous tous sur le cer cerveau. Notamment qu’en Sibérie, par − 58 °C la nuit, il faut préalablement réchauffer son air au travers d’un masque pour ne pas se brûler les poumons, qu’en Patagonie, il se retourne dans son kayak et lutte 17 minutes qui semblent durer 2 heures (comme la GoPro qui tourne en permanence en atteste) pour

THE RED BULLETIN


IRAN AOÛT – SEPTEMBRE 2016

58

°C

HUMIDITÉ : 3 % 180 km parcourus à pied en tractant un chariot de 150 kilos, à raison de 500 calories/jour. « En Iran, j’ai découvert que le soleil ne me brûlait pas la peau. Un mystère à éclaircir ! » Arrêté prématurément par les services secrets, Clot a pu mener une partie du projet.

Spécialiste de l’adaptation humaine en milieux extrêmes, Clot pensait la chaleur sèche plus tolérable.


64  


HUMIDITÉ : 98 %

OCTOBRE - NOVEMBRE 2016

410 km parcourus en kayak. « Ici, c’est la versatilité du climat, dont les 12 jours de tempête, qui ont été très durs à supporter. Chaque coup de rame demande une vigilance absolue qui freine la progression. Sans compter les vents terribles à 130 km/h en rafales… »

P ATA G O N I E

−7

°C


Au début de chaque expédition d’un mois, Christian est, pendant 3 jours, rejoint par une équipe de scientifiques, pour que ceuxci perçoivent la réalité du terrain « afin que tout le monde parle le même langage lors de la mise en place des protocoles ». Une équipe média les accompagne durant ce laps de temps.

ne pas se noyer dans une eau à 4 °C. Bien que parti affûté comme un couteau de survie avec 7 % de masse grasse, il en revient, loque finie, avec 15 kilos de muscles en moins, le corps délité par chacun des chocs thermiques, chacune des épreuves. « Je pensais que je connaissais le froid, mais en Sibérie, j’ai réalisé que non. Les gerçures profondes, le matériel qui se casse, le froid qui irradie en permanence, crame les yeux. C’est vite intolérable. J’ai failli abandonner, tout comme en Iran. Là-bas, c’est la souffrance mentale qui m’a assailli. Celle qui prend habituellement le relais quand on a dépassé ses limites physiques. Et là, on se sent totalement démuni. » Face à Clot, l’autre question qui brûle les lèvres comme un vent de désert iranien à 70 km/h, c’est pourquoi devenir explorateur quand on vous assène, dès la primaire, que tout a déjà été découvert ? Né dans le Jura suisse, le petit Christian, 4 ans, passe son temps dans la forêt, toujours plus avant dans l’inconnu. « Le déclic est venu lors d’un voyage au Québec avec mes parents. De l’avion, je découvrais des forêts bien plus vastes que ce que je n’aurais imaginé. J’y suis retourné à 16 ans. » De ce mois into the wild, entre canoë et marche à pied, le jeune homme qui parallèlement a découvert le théâtre, « une autre forme d’exploration », revient avec des envies d’intensité. BaseBase-jump, kayak extrême, parachutisme, jusqu’à devenir cascadeur. Les deux lignes de sa vie sont jetées : être dans la nature, s’en galvaniser, et raconter des histoires, 66

ce qu’il pense n’être possible que via le théâtre. Mais en 1999, il se rend dans l’extrême ouest du Népal, s’apercevant qu’il n’est pas cartographié. « J’y ai rencontré des gens qui n’avaient jamais vu ni plastique ni verre. Et je me suis dit que la planète était loin d’avoir livré tous ses secrets. » Autre basculement en 2003. Quand l’explorateur réalise que là où il va, il y a un véritable intérêt à collecter des données de terrain pour des scientifiques qui jusqu’à maintenant, ne pouvaient analyser les situations de vécu extrême qu’a posteriori. En 2012, il décide de monter un projet global incluant des scientifiques, qui prennent en compte tous les aspects psychologiques, cognitifs, et éthologiques. Frilosité devant cette idée qui semble complètement folle. « Le premier à oser me suivre a été Étienne Koechlin, spécialiste de la prise de décision, fondateur et directeur du Laboratoire des Neurosciences Cognitives, rattaché à l’ENS (École Normale Supérieure). » Depuis, sept laboratoires lui ont emboîté le pas. « Et les hypothèses de recherche que nous avions posées ont été en partie validées. » La plus immédiate : que le cerveau confronté à des situations limites a la capacité de se transformer dans une période courte. Dans cet exercice de darwinisme sans filet, il prouve que ce ne sont ni les plus forts, ni les plus intelligents, mais ceux qui s’adaptent le mieux qui survivent. Et démontre que l’homme doit cesser de donner des ordres à la nature. Elle seule commande. Et il faut s’en émerveiller, malgré la souffrance. « On ne peut s’adapter à un nouveau système que lorsque l’on trouve en lui des raisons de l’aimer. Si je n’avais pas eu d’amour et d’espoir, si une seule seconde de bonheur ne m’avait pas fait tenir une jour journée entière, j’aurais abandonné. » La suite : repartir sur ces mêmes terres hostiles en compagnie de 10 hommes et 10 femmes, afin de valider ses études solo. En attendant, après avoir vécu 50 vies en 4 mois, Christian a de quoi alimenter sa banque à rêves. De gosse en quête de connaissance qu’il sera toujours. christianclot.com

S I B É R I E FÉVRIER – MARS 2017

UN PAS POUR LA SCIENCE


− 58

°C

HUMIDITÉ : 60 % 180 km à skis, avec une pulka de 100 kilos. « Tout se fait avec des moufles, le crayon papier remplace les ordinateurs, les nuits sans sommeil s’accumulent… » Clot a été de plus confronté à l’ouverture de trous d’eau sur la rivière gelée, ce qui l’a fortement ralenti.

A M A Z O N I E DÉCEMBRE 2016 - JANVIER 2017

44

°C

HUMIDITÉ : 100 % 280 km à pied et en raft sur les rivières. « Un dense “enfer vert” où la progression très lente au coupe-coupe (à peine quelques kilomètres par jour), a été encore ralentie par des pluies violentes, parfois sans arrêt durant plusieurs jours. »

Clot l’explorateur va plus loin que l’aventurier, en faisant d’un défi une avancée vers la connaissance.



CE QUE VOIT KATHERYN Célèbre pour son rôle de guerrière dans la série Vikings sur RTS, l’actrice ­canadienne KATHERYN WINNICK est tout aussi envoûtante et dure à cuire dans la vraie vie. De sa maîtrise du taekwondo jusqu’à ses succès au cinéma, tout ­faisait partie de sa vision à long terme. Texte : Nora O’Donnell Photos : Miko Lim

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Bien avant de devenir une fougueuse com combattante dans la série Vikings, Katheryn Winnick laissait libre cours à sa guerrière intérieure dans la banlieue de Toronto. À 7 ans, elle apprenait le taekwondo, et à 21 ans elle dirigeait déjà trois écoles d’arts martiaux. Lorsqu’elle décida de devenir actrice quelques années plus tard, les talents de combattante de Winnick figuraient régulièrement sur la longue liste des films et des séries tournés – avec des apparitions à quasiment chaque série télévisée criminalistique (CSI, New York police judiciaire, Dr House, Bones, Person of Interest) des quinze dernières années. Mais ce n’est qu’avec le rôle de Lagertha dans Vikings que l’actrice de 39 ans a finalement trouvé un personnage incarnant la force mentale et physique qu’elle a développées en tant que jeune experte des arts martiaux. Lors du tournage de la cinquième saison en Irlande, Winnick a profité d’une pause pour discuter avec nous des raisons pour lesquelles elle ne ressent pas de pression à Hollywood malgré une concur concurrence sans merci, de son nouveau film The Dark Tower et de ce que ça fait de se voir tatouée sur la poitrine de quelqu’un d’autre. the red bulletin : Vos parents on entraîné toute la famille à faire du taekwondo, c’est un hobby original. katheryn winnick : C’est la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Ça nous a soudés. C’est l’un des rares sports que tout le monde peut pratiquer, ensemble en plus, quel que soit le niveau. Chaque famille devrait pratiquer les arts martiaux en commun. Vous vous êtes lancée à 16 ans avec votre première école de taekwondo. Est-ce que vous tenez aussi cet esprit d’entreprise de votre famille ? Absolument. Mon père était un entrepreneur et il a pris des risques. À cette époque de ma vie, prendre le risque de créer une boîte ne me semblait pas hasardeux puisque j’avais un toit sur la tête et ma famille pour m’encourager. Nos débuts ont été

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modestes. Je n’avais aucune assistance financière, mais j’avais un soutien affectif et ma mère m’aidait à faire les comptes. Je voulais créer ma propre réalité, et le seul moyen pour cela est d’être son propre patron. J’ai pris ce que je savais faire à l’époque, le taekwondo, et j’y excellais. Le métier d’actrice peut être instable. Qu’avez-vous fait pour rester concentrée lorsque vous ne travailliez pas ? Je travaille tout le temps, donc c’est dur de répondre à cela. Même lorsque je ne suis pas devant les caméras, je suis constamment en train de construire d’autres affaires. En ce moment, je travaille à relancer mon entreprise Win Kai Self Defense, qui enseigne aux femmes à se défendre elles-mêmes. Je suis continuellement autogénératrice. Cela est-il lié à une pression qui oblige à se diversifier, particulièrement dans un métier qui a tendance à affecter une « date d’expiration » aux femmes ? Je ne ressens pas cette pression, peut-être parce que j’ai toujours profondément cru à la réalité que l’on se crée soi-même. Per Personne ne m’a donné mon travail d’actrice. Il a fallu que je sorte, que j’élabore mon savoir-faire, que je me présente à des auditions et que je me batte pour ce travail. C’est la même chose pour tout ce à quoi je consacre du temps et que j’essaie d’apprendre. Quand je réalise le nombre d’opportunités, là, il m’arrive d’être excitée au point de ne pas pouvoir dormir de la nuit. Il suffit de voir toutes ces opportunités et de s’en emparer. Dès mon plus jeune âge, mon père m’a inculqué que nos rêves ne pouvaient être qu’aussi grands que nos THE RED BULLETIN


ÂŤ Personne ne te fera de cadeau. Il faut travailler dur pour atteindre ses objectifs. Âť


« Nos rêves ne peuvent être qu’aussi grands que nos visions. Pourquoi ne pas tendre à être la meilleure version de soi-même ? »

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« On fait preuve de force en étant douce. »


visions, donc pourquoi ne pas tendre à être la meilleure version de soi-même, le plus haut potentiel que l’on puisse atteindre ? Même si on n’y arrive pas, je suis persuadée que l’on s’en approche. C’est sûrement utile de croire en cela. Quand vous sentez-vous au top de votre force ? Lorsque je suis sûre de qui je suis et de ce que je veux, alors je sens que c’est la version de moi-même qui est la plus puissante. Je pense que beaucoup de personnes se méprennent sur le sens de « fort ». Sur le fait d’avoir besoin de ce mur et de mécanismes de défense. On fait preuve de beaucoup de force en étant douce, et en étant une femme, et en disant clairement ce que l’on veut ou pas. La confiance en soi et le fait d’être féminine sans pour autant en être embarrassée dégagent beaucoup de force. Je me sens la plus forte quand je me réveille et que je ne suis pas maquillée. Je n’ai pas besoin de mettre quoi que ce soit sur mon visage et me sens juste bien dans ma peau – en pyjama de flanelle ou de soie. Probablement plutôt de soie ces jours-ci, car il fait chaud et froid en même temps en Irlande, et la soie est ce qu’il y a de mieux contre la chaleur (rires). Comme vous êtes actuellement en Irlande pour tourner Vikings, j’aimerais vous poser une question à propos de vos fans dévoués. Les comprenez-vous mieux ? Oui. Je viens de commencer les Fan Art Fridays, où je choisis mes quatre œuvres d’art ou tatouages ou cosplays préférés et je les partage sur les réseaux sociaux. Je voulais rendre hommage à ceux qui sont à fond là-dedans, en montrant leur travail et leur expression artistique. C’est époustouflant à

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« C’est au réveil, pas maquillée, que je me sens la plus forte. » quel point il y a des fans complètement mordus – partout dans le monde, toutes cultures confondues. Qu’avez-vous vu de plus fou ? Lors du San Diego Comic-Con International, un fan a enlevé son T-shirt et m’a montré un tatouage qui barrait sa poitrine, représentant Lagertha lors de la scène du sacrifice (saison 4, ndlr). J’étais genre, waouh, me fixant moimême sur le corps de quelqu’un d’autre… c’était un peu dingue ! Mais ce n’est pas moi qui ferai éclater leur bulle s’ils sont mordus. C’est remar remarquable qu’ils soient prêts à me porter sur leur corps toute leur vie. À propos de fans, vous jouez dans La Tour sombre, qui repose sur le célèbre cycle de romans de Stephen King. Qu’est-ce que cela vous a fait de contribuer à l’adaptation d’un livre aussi apprécié ? Je n’ai pas réalisé la magnitude de ce film jusqu’à ce que nous tournions au Cap. Ce fut un casting très rapide pour moi, et je n’ai commencé à faire des recherches qu’au moment de par partir en Afrique du Sud. Je suis une fan

de Stephen King, mais je n’avais pas réalisé le nombre de fans mordus du cycle de The Gunslinger. J’ai lu que, dans une perspective d’avenir, vous créiez un tableau sur lequel vous inscrivez vos visions. Que prévoyez-vous pour votre futur en ce moment ? De continuer simplement ce que je suis en train de faire – travailler avec des réalisateurs géniaux, rester en bonne santé et me sentir en équilibre. Acheter une autre propriété, probablement une maison. Vous savez, c’est drôle, tous les éléments de mon tableau de visions – ils se réalisent toujours. J’ai eu beaucoup de chance de passer une grande partie de mes étapes clés de cette manière par le passé, donc nous verrons bien. La Tour sombre au ciné le 16 août ; @katherynwinnick

stylisme : Rachel Gold coiffure : Diego Miranda Hair @BTS Talent maquillage : Emily Dhanjal @BTS Talent using Charlotte Tilbury manucure : Nickie Rhodes-Hill assistant photographe : Khalil Musa chemise gingham: Rails jeans : Mango bottes : Models Own lingerie set & gown : Laurence Tavernier top en soie : Oui

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LE ROI DES 76


COLS

RÈGLE DE TROIS

Prenez un hockeyeur pro sacré champion une paire de fois : Jonas Hiller. Mettez-le au volant d’un cabriolet Mercedes-AMG C 43. Lâchez-les dans un paysage à couper le souffle… Vous ne regretterez pas le déplacement ! Texte : Alex ­Lisetz

Photos : Janosch Abel


LE PILOTE 78

JONAS HILLER

35 ans, 1,88 m et 88 kilos. Voilà de quoi vous faire une idée factuelle du meilleur joueur suisse de hockey sur glace que l’histoire ait connu. Il a officié neuf ans en tant que gardien de but dans la LNH, LA référence mondiale

en matière de championnat de hockey. Avec un pourcentage d’arrêts de 91,4 % en 404 matches de qualif’, il a conduit les Anaheim Ducks et les Calgary Flames de victoire en victoire. En 2011, on le convie au All-Star Game, faisant de lui le 2e Suisse après Mark

Streit à recevoir cet honneur. En 2016, il revient en Suisse pour se rapprocher de sa famille, dans les environs de Bern, où il signe un contrat de trois ans avec l’HC Bienne.

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l faut sortir par le bas !, lance Jonas Hiller, … poussé… Vous sentez ?… et après… tout de suite.…» Nous n’avons pas la moindre idée de ce que Jonas Hiller peut bien nous raconter. Les hurlements rauques de son moteur V6 bi-turbo résonnent trop fort. Des mugissements sortis tout droit des entrailles de la Mercedes C 43, 367 chevaux, qui retentissent contre les parois de la falaise et font trembler les terriers des marmottes avoisinantes. « Élastocinématique…, articule Hiller, …transmission double embrayage… et puis quand tu sors du virage… » Cela fait trois kilomètres qu’un large sourire fend le visage de notre bel athlète, devenu pilote d’un jour. Un sourire qui, à chaque nouveau virage en épingle, se rapproche un peu plus des oreilles. Certes, le détail de ses propos se perd dans le vrombissement de son AMG, mais l’essentiel du message est transmis.

367 CHEVAUX, 33 KILOMÈTRES

Jonas Hiller en plein virage. Imaginez le son du V6 bi-turbo, la force centrifuge et le soleil d’altitude, et vous y êtes.

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Il est dix heures du matin en ce samedi de juin, et l’office du tourisme s’est coupé en quatre pour nous rendre la vie plus belle. Le ciel est d’un bleu limpide se découpe sur les sommets immaculés et enneigés, et nous engloutissons un à un les 33 kilomètres de route reliant l’Oberland bernois au Valais. On ne pouvait imaginer de conditions plus idéales pour vérifier les rumeurs véhiculées par les forums de voitures de sport et de moto. Car ils présentent tous le col du Grimsel comme l’un des plus beaux de Suisse, des Alpes et du monde. Pour ce faire, la deuxième AMG la plus puissante de la gamme Mercedes Classe C, un molosse décapotable équipé d’une boîte automatique 9 vitesses, nous paraissait être l’étalon le plus approprié. Il ne nous restait plus qu’à trouver un volontaire pour remplir cette cruelle mission consistant à se balader le temps d’une journée à travers les paysages idylliques du Grimsel au volant de notre voiture de rêve. Jonas Hiller, 35 ans, s’est dévoué pour notre plus grand plaisir. Féru d’automobile et meilleur joueur de Suisse de hockey sur glace, gardien de l’équipe nationale, ex-star de la LNH, il est actuellement en pleine préparation estivale pour la saison prochaine qu’il disputera avec l’HC Bienne. Spoiler : les forums avaient raison…

LE CHEMIN LE PLUS LONG

Hiller a commencé son road trip par le meilleur : le versant nord du col, à Innertkirchen. 26 kilomètres, 12 virages en épingle et 1 500 m d’altitude séparent le Grimseltor du sommet du col situé à 2 164 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’ascension commence après deux kilomètres, la route forme de larges lacets qui se fondent parfaitement dans le 79


LE COL DU GRIMSEL

Le col du Grimsel est l’un des plus beaux cols des Alpes suisses et la seule connexion directe entre le Valais et l’Oberland bernois. La route sillonnant à travers le col fait six à sept mètres et demi de large et 33 km de long, de Innertkirchen à Gletsch. C’est le versant nord qui offre le paysage le plus spectaculaire.

POURQUOI LE GRIMSEL ?

À cause du plaisir de conduite inégalé que procure la route du col. Elle est parfaitement conçue, combinant de larges courbes en S avec des virages en épingle. Elle mène à travers un sublime paysage de haute montagne, et la pente atteint un maximum de 11 %.

LA VOITURE PARFAITE

Optez pour un cabriolet maniable, une moto Grand Tourisme ou un vélo de course léger (à louer dans la vallée). Autre option originale : la traversée du col à bord du bus postal (15 étapes).

PLUS BELLE BALADE

D’autres chouettes routes de montagne peuvent être empruntées à proximité du col du Grimsel. L’itinéraire classique mène à travers les cols de la Furka, du Grimsel et du Susten (119 km). Si on ajoute les cols de Gotthard et du Nufenen, on arrive à un total de 202 km.

OÙ SE RESTAURER ?

Au Historisches Alpinhotel Grimsel Hospiz, le plus vieil hôtel de Suisse. Profitez de la terrasse ensoleillée à l’abri du vent, avec vue de rêve sur le lac de retenue. grimselwelt.ch

23 km jusqu’à Innertkirchen

Lac de Grimsel

Altitude du col : 2 164 m

Lac Toten

10 km jusqu’à Gletsch

L’accès par le versant nord présente un dénivelé de 1 500 m. Celui par le sud permet de rallier directement le col de la Furka.

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Voilà un paysage sur mesure pour un pro en patins. Même en été, la vibe est hivernale sur ce col à 2 164 mètres au-dessus du niveau de la mer.

LA VOITURE

MOTEUR : V6-Biturbo CYLINDRÉE : 2 990 cm3 PUISSANCE : 367 ch 0–100 KM/H : 4,8 sec VITESSE MAXIMALE : 250 km/h (bride électronique)

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MERCEDES-AMG C 43 4MATIC CABRIOLET Plaisir pur : les 367 chevaux du cabriolet des C 43 facilitent le dépassement, notamment en montée. Suspension sport et boîte auto 9G-TRONIC aideront à avaler les virages, avec des temps de réaction ultra-courts.


«DOIT-ON VRAIMENT PERDRE SON TEMPS À GAGNER DU TEMPS?»

paysage, sur un bitume impeccable. « Le paysage, la voiture, le bruit du moteur dans les tunnels… rien que ça mis bout à bout, c’est déjà très, très, très cool ! » Hiller en a pourtant vu d’autres en matière de coolitude, de voitures généreusement motorisées et de routes au charme pittoresque. Il se tire régulièrement la bourre avec des amis sur un circuit automobile. Dans son garage trônent notamment cinq 911, un Chevy Camaro de 1967 et une Quattro de 1983. « Au quotidien, je prends le train ou je roule en Tesla, mais quand je suis en déplacement, pour moi, c’est jour de fête. J’en profite pour faire un détour par deux ou trois cols en me concentrant uniquement sur la conduite, c’est-à-dire sur la succession de lacets, sur la trajectoire idéale dans les virages, sur l’accélération en sortie de virage… On ne se rend pas compte à quel point conduire permet de se vider la tête ! »

UN DÉTOUR QUI VAUT LE DÉTOUR

La route du col du Grimsel, construite en 1894, se fond dans le paysage de manière si harmonieuse que sa pente ne s’élève qu’à 5,9 % en moyenne et ne dépasse jamais les 11 %. Les virages en épingle creusés dans la roche à coups d’explosifs et situés en aval du lac de retenue de Räterichsboden, notamment, représentent des chefs-d’œuvre d’ingénierie. « Le top du top, c’est le revêtement, estime Hiller, qui a habité neuf ans aux États-Unis. C’est mieux que ce qu’on trouve sur les autoroutes de Californie. » Hiller n’aperçoit les prouesses techniques qui longent la route que du coin de l’œil : les murs massifs des bar barrages des lacs de Räterichsboden, de Grimsel et de l’Oberaar ; le Gelmerbahn, le funiculaire présentant la pente la plus raide du monde ; ou encore, peu avant le sommet du col, le plus vieil hôtel de Suisse, le Grimsel Hospiz, qui, en 1932, est devenu le premier hôtel du monde à bénéficier d’un éclairage électrique. Seules les prouesses techniques réalisées par les ingénieurs d’AMG sous le capot du moteur intéressent Hiller. Jusqu’au sommet du col, il a testé l’ensemble des cinq modes de pilotage et, comme on pouvait s’y attendre, il n’a plus quitté le mode Sport Plus. Pour la descente vers Gletsch de l’autre côté du col, sur le versant valaisan, il repasse en mode Sport, afin de s’adapter à un terrain un peu plus accidenté. Hiller s’est maintenant habitué à sa monture, il roule en toute fluidité, ne lève pas le pied dans les virages. A-t-il su mettre au jour les limites de la voiture ? Le moment où l’arrière de la machine montre des signes

de nervosité, la vitesse à laquelle on est poussé en dehors du virage ? Hiller livre une réponse remar remarquable : « J’ai beaucoup trop de respect pour la propriété des gens. Si je veux flirter avec les limites, je vais sur un circuit. Toute autre option serait parfaitement irresponsable. » Soudain, une moto de police le double à hauteur de Gletsch. Le policier dévisage Hiller d’un œil scrutateur et lui fait un signe de la tête, au ralenti. « Toi, je t’ai à l’œil parce que tu appuies sur le champignon, semble signifier ce geste. Mais je vois que tu conduis avec ton cerveau. » Troisième paradoxe de la conduite dans les cols : on peut y rouler en adoptant une allure sportive sans pour autant mettre la vie d’autrui en danger ni se mettre en infraction – du moins sur le col du Grimsel, où de nombreux virages à la visibilité parfaite peuvent être appréhendés suffisamment longtemps à l’avance.

DE SHERLOCK À 007

La rencontre avec le flic tatillon donne à Hiller une idée loufoque : pourquoi ne pas conduire la Mercedes C 43 à faible allure ? Les mots de Hiller deviennent à nouveau audibles, même depuis la banquette arrière. Il nous parle de GIN, sa boîte de kiteboards (« ma deuxième passion après le hockey sur glace »), de sa famille (« elle m’a appris que le sport n’est pas l’essentiel »), de son perfectionnisme (« je m’étais fait fabriquer des patins à glace sur mesure en fibre de car carbone pour améliorer mon temps de réaction dans les buts d’un centième de seconde ; pour mes voitures, c’est pareil, je suis toujours en train de donner un coup de vis par-ci par-là pour optimiser tel ou tel détail »). Autre différence apportée par l’adoption de ce rythme de croisière : on apprécie les spectacles offerts par la route avec bien plus d’acuité. La vue sur le col de la Furka nous remémore James Bond dans Goldfinger (1964) au volant de son Aston Martin DB5, et la bifurcation vers les chutes de Reichenbach, l’affrontement final entre Sherlock Holmes et Moriarty. Au sommet du col du Grimsel culmine le Totensee, le lac Toten.

SEPT MOIS D’HIVER

Également connu sous le nom de « lac des morts », ce joyau de la nature couleur bleu-vert confirme que paysage idyllique de carte postale et rudesse sauvage de la haute montagne sont inséparables sur le col du Grimsel. Déjà au XVIe siècle, les négociants itinérants devaient affronter les rigueurs impitoyables de la nature s’ils souhaitaient vendre leur fromage à pâte dure et leur bétail dans le Piémont. Aujourd’hui encore, les hivers y inspirent le respect : la route à travers le col est barrée sept mois par an, et le manteau neigeux peut atteindre douze mètres de haut en début d’année. Tandis que le soleil se couche derrière le Finsteraarhorn, le froid s’abat brusquement. Nous plions bagages et repartons direction Innertkirchen. Jonas Hiller part seul devant. À mi-chemin, il revient à notre rencontre. « J’ai oublié quelque chose », dit-il, l’air grave. Le bi-turbo rugit, et Hiller disparaît derrière dans le virage suivant en nous saluant. Il n’est jamais trop tard pour un dernier petit détour. mercedes-amg.com 83


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guide Voir. Avoir. Faire.

DANS LEUR

ROUE VIRÉE DANS L’INCONNU

JOHN WELLBURN

Trois virtuoses à VTT tracent leur route le long du fleuve Fraser en Colombie-Britannique, alternant territoires familiers et sentiers inédits. À voir sur Red Bull TV dans Follow The Fraser.

THE RED BULLETIN

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GUIDE

Voir.

LE MONDE EST À EUX

Les héros de ces sports parcourent la planète pour nous régaler de leur art : foot freestyle, sport mécanique et VTT occupent la scène sur Red Bull TV.

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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Séan, 33 ans, a dribblé Neymar et même Zidane.

THE RED BULLETIN


juillet/août Le ballon est son passeport: Séan Garnier a conquis la planète grâce à lui.

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juillet

PREMIÈRE

AGAINST THE WORLD

Rio, Dubaï, Paris, São Paulo, Le Cap, Londres... le footballeur Séan Garnier performe partout. Sa discipline : le football freestyle, dont il est devenu plus qu’un ambassadeur, une autorité mondiale. Le documentaire Séan Garnier – Against the World raconte comment un jeune Français « détruit » par le ballon traditionnel a fait de la rue et de la planète son terrain. Pour y régner en maître.

JOE GALL/RED BULL CONTENT POOL (2), JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL, BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, JOHN WELLBURN

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au 30 juillet

DIRECT

RALLYE DE FINLANDE

Ne ratez rien d’Ouninpohja, l’épreuve de rallye la plus spectaculaire du championnat. Étape historique du WRC, le rallye de Finlande enthousiasme les spectateurs en alliant grande vitesse et sauts géants. Un rallye qui reste le pré carré de Marcus Grönholm.

au 6 août

DIRECT

COUPE DU MONDE VTT, CANADA La coupe du monde UCI VTT ne serait pas ce qu’elle est sans l’étape de Mont-Sainte-Anne. Un rendez-vous annuel à ne pas manquer. e La magnifique station de ski accueille l’étape pour la 27 fois. Ses parcours innovants comptent parmi les préférés des riders.

juillet

DISPONIBLE À LA DEMANDE

LE LONG DU FRASER

Trois as du VTT remontent vers le Nord le fleuve Fraser (ColombieBritannique) en adaptant leur monture en route. Ce périple les conduit dans les villes de leur enfance et des lieux dont ils ignoraient l’existence, avant d’atteindre une destination où un secret les attend.

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GUIDE Édité par Gisbert L. Brunner

Avoir.

ZENITH HERITAGE PILOT EXTRA SPECIAL CHRONOGRAPH

As du ciel

Étanche à 100 m, ce modèle en bronze est pourtant pensé pour les airs. Sa large couronne cannelée et ses poussoirs crantés permettent de la régler avec des gants. zenith-watches.com

La lunette en céramique indique les paliers de décompression.

TRAVERSER L’OCÉAN ET LE TEMPS Le 28 avril 1947, l’explorateur norvégien Thor Heyerdahl et ses cinq hommes d’équipage quittent le Pérou sur un radeau en rondins de balsa tenus par du chanvre. Son but? Prouver, en traversant le Pacifique, que des Amérindiens ont pu peupler la Polynésie il y a quelques siècles. La traver traversée ne fut pas de tout repos: vagues de 5 m de haut, requins baleines de 9 m et périodes d’isolation intense. Le Kon-Tiki finit par échouer sur un récif près de Tahiti, mais Heyerdahl atteint son but. Sa montre moderne lui indique qu’il a effectué près de 8000 km en 101 jours. Un très bon temps.

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ETERNA KON-TIKI BRONZE MANUFACTURE

FIGURE DE PROUE

En accostant en Polynésie, l’équipage du Kon-Tiki plante un cocotier sud-américain. L’arbre ne sera pas l’unique héritage de ce voyage. L’expédition de Heyerdahl choisit la montre Eterna pour sa précision et sa fiabilité. Sans équipement électronique et GPS, la navigation en haute mer exige un sextant et un chronomètre de marine de haute précision. Depuis, la marque suisse n’a cessé de fabriquer des montres Kon-Tiki. Cette première édition en bronze limitée à 300 exemplaires marque les 70 ans du modèle. Elle résiste mieux à la corrosion de l’eau de mer que la version en acier. Son boîtier est étanche jusqu’à 200 m. L’embarcation originale repose au musée Kon-Tiki d’Oslo, mais son nom ornera encore longtemps le poignet des navigateurs. eterna.com

ANONIMO NAUTILO BRONZE BLUE

Le grand bleu

L’horloger italien Anonimo utilise le bronze depuis les années 90. Le boîtier de 44 mm de ce modèle modernisé comporte un alliage de bronze et d’aluminium avec une teinte rosée et une face intérieure en titane hypoallergique. Étanche à 200 m. anonimo.com

PANERAI LUMINOR SUBMERSIBLE 1950 3 DAYS AUTOMATIC BRONZO

Le bonus temps

Fabriqués en alliage de cuivre et d’étain, le boîtier de 47 mm, la lunette et la couronne de cette montre de plongée acquièrent avec le temps une patine de bronze caractéristique. Étanche à 300 m. panerai.com

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Faire.

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août / septembre

au 16 septembre

PERSKINDOL SWISS EPIC

Single-trails géniaux, panorama de montagne à couper le souffle, participants internationaux. Le Swiss Epic, inspiré de la célèbre course de VTT sud-africaine Cape Epic, est une aventure de plusieurs jours se disputant en équipe de deux. Pros et amateurs s’affrontent sur un parcours allant de Grächen à Zermatt via Leukerbad. Au programme, quatre formats de course au choix : le Swiss Epic, le plus exigeant, dure six jours sur une distance de 350 km et 12 000 mètres de dénivelé. swissepic.com

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au 2 sept. Man’s World Whisky, cigares, chaussures et chemises sur mesure, bécanes personnalisées et voitures puissantes. Au salon dédié à l’univers masculin, les hipsters ont rendez-vous avec les nouvelles marques pour hommes et la cuisine fine. Ils pourront aussi cultiver leur réseau ou s’amuser avec le simulateur de course auto. Lausanne, Beaulieu ; mansworld.com

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au 13 août Rocky Mountain Trail Games Un événement trail unique et hautement divertissant: en équipe de 2 ou 3, les vététistes enchaînent les épreuves originales à Corviglia, comme par parcourir un passage deux fois en réalisant le même temps ou transporter un objet d’un point à l’autre sans l’abîmer. Le soir, c’est teuf et barbeuk. St. Moritz, Corviglia ; mountains.ch

ALEX BUSCHOR, CHRISTIAN PFAMMATTER/VISP/SCHWEIZ

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septembre Red Bull Caisses à Savon Dévaler une route avec une voiture faite maison, tel est le principe de la Red Bull Caisses à Savon. Les participants doivent être courageux (les crashs sont spectaculaires) et très créatifs. Les plus belles caisses qui peuvent prendre la forme d’une banane ou d’une chauve-souris bénéficient de points bonus. Spectateurs et supporteurs sont les bienvenus. Lausanne, Avenue d’Ouchy ; redbullsoapboxrace.com

au 20 août Open Air Gampel L’an dernier, le festival de rock international de Gampel-Bratsch a attiré plus de 100 000 fans dans les Alpes valaisannes. Normal, avec Eagles of Death Metal, K.I.Z. et Sum 41 à l’affiche. En 2017, les organisateurs font encore plus fort avec au menu : l’Allemand Cro, le rappeur panda, le rappeur américain Lil Wayne et le DJ Paul Kalkbrenner. Et last but not least, les Toten Hosen honoreront leur promesse de revenir, après avoir annulé leur concert lors de l’édition 2015. openairgampel.ch

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L’ACCESSOIRE C’EST DA RW I N A AVA N C É L ’ H Y P OT H È S E D E L A S U RV I E D E S P LU S FO RTS . MAIS THE RED BULLETIN AIMERAIT SUGGÉRER U N E AU T R E T H É O R I E : L A S U RV I E D E S M I E U X É Q U I P É S . VO I C I L E S O B J E TS E S S E N T I E LS P O U R FA I R E FAC E AU X DÉFIS DE LA VIE MODERNE... 90

LA VIE THE RED BULLETIN


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EFFETS PERSONNELS Nos objets les plus indispensables sont ceux que nous avons à portée de main. Superflus au Moyen-Âge, indispensables dans la nature sauvage, mais ils n’en sont pas moins cruciaux dans notre quotidien. Voici les essentiels qui assureront vos arrières jour après jour. Dans le sens des aiguilles d’une montre : porte-monnaie Nixon Showtime Bi-Fold ID, nixon.com ; montre Suunto Essential Ceramic Copper, suunto.com ; montre Breitling Colt Skyracer, breitling.com ; lunettes de soleil Smith Comstock Chromapop, smithoptics.com ; appareil photo compact Sony RX100 V, sony.com ; lunettes de soleil Adidas Training, adidas.com ; montre Tudor Heritage Black Bay 41, tudorwatch.com ; montre Swatch Ligne De Fuite, swatch.com ; smartphone Samsung Galaxy avec appli Wistla Social Discovery, samsung.com, wistla.com ; bonnet Buff Single Layer Ciron Black, buff.eu ; lunettes de soleil Electric California Reprise OHM Bronze, electriccalifornia.com

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GARDEZ L A FACE Une hygiène personnelle irréprochable est primordiale pour accéder au sommet de l’échelle sociale. Voici de quoi rester au top. Dans le sens des aiguilles d’une montre : gel nettoyant visage Lab Series Pro LS All-In-One, labseries.com ; exfoliant visage Mr Burberry, burberry.com ; crème hydratante Bulldog Original, bulldogskincare.com ; pinceau de rasage avec poignée en argent sterling Mühle Edition No. 3, muehle-shaving.com ; brosse à dent électrique Quip, getquip.com ; crème hydratante pour raviver l’encre de tatouages L’Oreal Men Expert Hydra Energetic X, loreal-paris.com ; baume à barbe Carsons Apothecary Arabian Pomegranate, thegroomingclinic.com ; rasoir Grüum Oska, gruum. com ; rasoir Cornerstone, cornerstone.co.uk ; rasoir Series 9 de Braun doté d’une tondeuse au revêtement en titane, braun.com

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TOUJOURS FIDÈLE

Quel que soit votre style, votre T-shirt en est LA pièce maîtresse. De l’imprimé au toucher, il est la déclaration audacieuse de votre personnalité. Dans le sens des aiguilles d’une montre : T-shirt à poche Nixon Westgate S/S, nixon.com ; T-shirt Dare 2b Mountainous Peacoat Marl, dare2b.com ; T-shirt Jack Wolfskin Tropical, jack-wolfskin.com ; T-shirt O’Neill Hollow Days, oneill.com ; T-shirt à poche Mons Royale PK, monsroyale.com ; T-shirt Burton Classic Mountain, burton.com ; T-shirt iLabb Strike 2.0 camo, ilabb.com ; T-shirt à poche DC Shoes Evansville Lily imprimé White Storm, dcshoes.com

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EN ROUTE ! Depuis que l’Homme a apprivoisé le cheval, il y a plus de cinq millénaires, le transport est plus qu’une nécessité : c’est une prise de position et un symbole de statut. Grâce au progrès technique et une meilleure appréhen appréhension de la fragilité humaine, les véhicules nous trans transportent à travers villes et vagues tout en préservant l’intégrité de notre corps – et de notre planète. Dans le sens des aiguilles d’une montre : planche de surf Lib Tech Round Nose Fish Redux de …Lost, lib-tech.com ; vélo Canyon Urban 8.0, canyon.com ; Boosted Board 2e génération, boostedboards.com ; engin électrique pliable Urb-E Pro GT, urb-e.com ; supercar BAC Mono Red Bull, bac-mono.com

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AUTOUR DU MONDE

OURS Directeur d’édition Robert Sperl Rédacteur en chef Alexander Macheck Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann Managing Editor Daniel Kudernatsch

The Red Bulletin est actuellement distribué dans sept pays. L’édition mexicaine présente Kinky Kinky, un groupe de rock alternatif légendaire… Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886

THE RED BULLETIN Mexique, ISSN 2308-5924

Country Editors Pierre-Henri Camy, Arek Piatek

Country Editor Luis Alejandro Serrano

Country Coordinator Christine Vitel

Équipe éditoriale Inmaculada Sánchez Trejo (Rédactrice adjointe), Marco Payán

Country Channel Management Melissa Stutz Responsable de la publicité Marcel Bannwart, marcel.bannwart@ch.redbull.com Abonnements Service des lecteurs, 6002 Lucerne Hotline : +41 (041) 329 22 00 getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com

Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Ulrich Corazza, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager Édition web Christian Eberle, Vanda Gyuris, Inmaculada Sánchez Trejo, Andrew Swann, Christine Vitel Maquette Marco Arcangeli, Marion BernertThomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Rudi Übelhör (Dir. adjoint), Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur des ventes Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Martina Maier, Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart

Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Maximilian Kment, Karsten Lehmann Office Management Kristina Krizmanic, Petra Wassermann Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldas Yarar (Abonnements)

THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258 Country Editor Andreas Rottenschlager Révision Hans Fleißner Country Channel Management Isabel Schütt Country Project Management Natascha Djodat Responsable de la publicité Martin Olesch, martin.olesch@de.redbulletin.com

THE RED BULLETIN Autriche, ISSN 1995-8838 Country Editor Ulrich Corazza Révision Hans Fleißner Country Channel Management Thomas Dorer Responsables de la publicité Alfred Vrej Minassian (Dir.), Thomas Hutterer, Bernhard Schmied, anzeigen@at.redbulletin.com

Directeur de la publication Wolfgang Winter Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800 Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Christopher Reindl, Andreas Gall

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Country Project Management Helena Campos, Giovana Mollona Responsable de la publicité Humberto Amaya Bernard, humberto.amayabernard@mx.redbull.com

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Management par pays & Marketing Stefan Ebner (Dir.), Magdalena Bonecker, Thomas Dorer, Manuel Otto, Kristina Trefil, Sara Varming Maquette marketing Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer

Révision Alma Rosa Guerrero

Country Editor Justin Hynes Équipe éditoriale Tom Guise, Florian Obkircher Secrétariat de rédaction Nancy James (Chef de service), Davydd Chong (Chef de service adjoint) Publishing Manager Ollie Stretton Responsable de la publicité Mark Bishop, mark.bishop@uk.redbull.com

THE RED BULLETIN USA, ISSN 2308-586X Country Editor Andreas Tzortzis Équipe éditoriale Nora O’Donnell Révision David Caplan Publishing Manager Cheryl Angelheart Country Project Management Melissa Thompson Responsables de la publicité Los Angeles Dave Szych, dave.szych@us.redbull.com New York Regina Dvorin, reggie.dvorin@us.redbullmediahouse.com

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project Management Leila Domas, leila.domas@fr.redbull.com Partnership Management Yoann Aubry, yoann.aubry@fr.redbull.com Révision Audrey Plaza

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1 CRAFT GRIT TAPED JACKET

Développée pour les sportifs qui préfèrent courir dans les bois, les étroits chemins forestiers, ainsi que dans les montagnes, la collection Grit propose une garderobe complète pour les séances d’entraînement ou les compétitions sous toutes les conditions météorologiques. craftsportswear.com

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Après une course folle ou une longue promenade, on se retrouve épuisé et heureux, avec un vélo sale à faire rentrer dans la voiture… Kärcher propose désormais une solution pour ramener le vélo à la maison sans salir le coffre : avec le nouveau Mobile Outdoor Cleaner, vous éliminez la saleté la plus tenace de votre vélo sur place. kaercher.ch

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La nouvelle montre Luminox résiste même aux conditions météorologiques les plus défavorables. La montre robuste swiss made est étanche jusqu’à 200 mètres, incroyablement légère de par son boîtier en mélange de carbone, et elle permet en outre une vision nocturne. luminox.com

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Il est à nouveau temps de jardiner! Les deux modèles K 7 et K 5 de la série Full Control Plus de Kärcher rendent le ravail avec le nettoyeur haute pression particulièrement confortable. kaercher.ch

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Ce nouveau tout-suspendu Spark RC 900 World Cup tout en carbon HMX est aussi appelé le roi du crosscountry. Pour garantir un pilotage précis et efficace, la fourche FOX 32 SC Float Performance Elite est associée à un amortisseur customisé FOX NUDE. Les deux peuvent être réglés sur 3 modes différents grâce au système TwinLoc. scott-sports.com/ch

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Le plein d’action.

En 2013, Greg Minnaar savoure le moment le plus fort de sa carrière en décrochant le titre mondial à domicile. Ce qui exacerbe sa soif de trophées. À 35 ans, le triple champion du monde s’est installé près d’un terrain d’entraînement. Un message clair. À suivre sur Red Bull TV

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« Ces gars vivent sur une autre planète. » C’est à l’entraînement que le vététiste de downhill Greg Minnaar prend l’ascendant sur ses concurrents.

KELVIN TRAUTMAN

Pietermaritzburg, Afrique du Sud

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The Red Bulletin du mois de septembre disponible dès le 6 août 2017.

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LA CARTE DE SAUVETAGE D’AIR ZERMATT Joue la sécurité lors de toutes tes randonnées: avec la carte de sauvetage d’Air Zermatt. Nous te protégeons dans la Suisse entière, que tu aies besoin d’un hélicoptère, d’une ambulance ou même d’un avion. Et si la nécessité d’un conseil médical ou d’un vol de rapatriement se fait sentir un jour ou l’autre à l’étranger, tu peux aussi te fier à Air Zermatt.

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