The Red Bulletin Septembre 2013 - FR

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Un magazine hors du commun

Justine   Dupont    Eau rage

septembre 2013

matt damon  éternel ado

Graf  & Agassi    Coups droits

Ed   Banger    By Pedro   Winter

de l’action le top de la photo !

magazine sponsorisÉ

dans le feu




le monde de Red Bull

Septembre 28

à boue de souffle

Red Bull Romaniacs est un rallye moto dantesque. Même les meilleurs galèrent. The Red Bulletin y était.

Photo génies

Saisir l’instant, tel qu’il est, au millième de ­seconde. Cela paraît simple. Œil pour doigt, dons pour l’objectif, la photo est un art, un vrai, sans cesse renouvelé. D’art et dessein, animé et réactif. The Red Bulletin est un ­manifeste pour photographes. Les meilleurs sont dans ces pages. En guise de rentrée des classes, découvrez les lauréats de Red Bull Illume. Dix-sept pages et une bonne dose de t­ echnique. Justine Dupont et les Kings of Leon encadrent ces illuminés de la gâchette. Matt Damon joue la transparence sur ­papier glacé et Ron ­Howard met en perspective l’incroyable duel L ­ auda-Hunt. Bonne lecture ! Votre Rédaction 4

Bonjour !  Les Kings of Leon.

«  J’ai commencé à ­tweeter célibataire. Les médias sociaux sont géniaux pour ça ! » the red bulletin


le monde de Red Bull

d’un coup d’Ailes Bullevard 9 12 13 14 16 17 18 20 22 24 26

78

fortune de mer

Tous les ans, les meilleurs rameurs de pirogues à balancier se retrouvent à Hawaii. Embarquez avec eux.

énergisant monde  L’art en folie énergisant France  Fête du mois dans la tête de...  Stephen King Hier & aujourd’hui  Micros Mon corps & moi  Manu Vatuvei Kainrath  Son calendrier Interview  Pedro Winter Récit  Red Bull Caisses à Savon Sujet  New York aime le foot Bleu formule magique  Sprinter né le bon numéro  Explorateurs

reportages 28 Red Bull Romaniacs Au pays de Dracula.

38 Justine Dupont photo de une : sean lee/Red Bull Illume. photos : redrag Vuckovic/Red Bull Content pool, andy knowles, chris baldwin, brian smith, getty images, Zak Noyle/Red bull illume, Mathias Fennetaux

Le surf chevillé au corps.

43 Red Bull Illume

Prenez-en plein les yeux !

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Parks s’est bonifay

une affaire en orth

La star du wake américain dévoile son matos. Parks Bonifay ne lésine pas sur les moyens.

Vivane Orth est un mannequin de classe mondiale. Elle nous guide à travers les artères de sa ville, São Paulo.

60 Kings of Leon Rois de la fête.

62 échec et Matt

Sous le charme de Matt Damon.

68 Double mixte

Graf-Agassi, l’interview !

72 L’heure du Rush

Lauda-Hunt, le 7e art s’en mêle.

78 Au creux de la vague La Olamau Race détonne.

Action !

43 Red bull illumine l’esprit

Découvrez les lauréats du plus important concours photo de sports d’action.  Red Bull Illume est de sortie. the red bulletin

38 la promesse dupont

The Red Bulletin mise sur Justine ­Dupont. La surfeuse française vise le très relevé top 17 mondial en 2014.

90 91 92 93 94 95 96 98

Matos  Parks Bonifay Clubbing Amsterdam voyages  L’Everest Conseils de pro  Dans le DTM Ma Ville  São Paulo musique  Franz Ferdinand Focus  Dates à retenir dans le Rétro Têtes en l’air

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contributions Le quatuor du mois THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Publication & édition Red Bull Media House GmbH Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeur de la rédaction Robert Sperl

Robert anasi

Sean Lee Auteur d’une mise en bouche à couper le souffle pour Red Bull Illume, le plus grand concours au monde de photos d’action, Sean Lee est à l’affût. L’Australien guette Luke Ball, spécialiste anglais de la descente en VTT. Grâce à cette photo de couverture, Lee ­s’invite, du haut de ses 18 ans (!), dans le grand bain de la finale de Red Bull Illume. Au départ, ils étaient 6 000, soit la bagatelle de 28 257 clichés. Les 10 gagnants s’étalent à partir de la page 43.

Ne pas fuir la douleur mais la subir pour mieux la raconter sur une feuille blanche. C’est le tour de force qu’a réussi Robert Anasi avec son livre sur la boxe, The Gloves: A Boxing Chronicle. Cela lui vaut d’être comparé au réalisateur américain Norman Mailer. Anasi est un écrivain respectable. Pour The Red Bulletin, il décrit les sacrifices d’hommes et de femmes dans cette course de pirogue à balancier, trois jours durant à Hawaii. La Coupe de l’Ameriva’a est à découvrir page 78.

Neuf années ont passé depuis son ­premier entretien avec Matt Damon. Rüdiger Sturm est devenu un intime de la star. A-t-elle changé ? Pas vraiment. « Damon a toujours le même visage d’ado et ce don pour l’autodérision, glisse, tout sourire, le journaliste allemand. Entre nous, le dialogue est d’égal à égal », s’enthousiasme Sturm. Ici, lors de leur dernière rencontre à Cannes, Damon régale d’une bouteille de rosé et d’une belle interview. Bourne to be wild, page 62.

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Directeurs artistiques Erik Turek & Kasimir Reimann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann Rédaction Christophe Couvrat (Rédacteur en chef France), Étienne Bonamy, Ulrich Corazza, Werner Jessner, Florian Obkircher, Arek Piatek, Ioris Queyroi, ­Andreas ­Rottenschlager, Stefan Wagner, Daniel Kudernatsch (Tablette), Christoph Rietner (Tablette) Traductions & relecture Susanne Fortas, Frédéric ­Pelatan, Christine Vitel, Gwendolyn de Vries Maquette Miles English (Directeur), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz Booking photos Susie Forman (Directrice création photos) Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Reprographie Clemens Ragotzky (Directeur), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Directeur), Walter O. Sádaba, Christian Graf-Simpson (Tablette) Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing & management international Stefan Ebner (Directeur), Stefan Hötschl, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Sara Varming Marketing & concept graphique Julia Schweikhardt, Peter Knethl Ventes & abonnements Klaus Pleninger, Peter Schiffer

HERBERT VÖLKER rüdiger sturm

Directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck

Dans le petit monde de la F1, 1976 reste une année noire. Les images de Niki Lauda dans sa monoplace en flammes sur le Nürburgring ont marqué les esprits. L’Autrichien renaît à Monza mais laisse James Hunt s’emparer du titre mondial au Japon. Rédacteur en chef ­d’Autorevue et confident de Lauda, Herbert Völker a suivi tout cela de près. Depuis, Hollywood en a fait un film avec Ron Howard à la baguette. Dans le Rush, à lire en page 72.

« Damon a toujours le même visage d’ado et ce don pour l’autodérision » Rüdiger Sturm

Publicité Cathy Martin, 07 61 87 31 15 ou cathy.martin@fr.redbulletin.com Emplacements publicitaires Sabrina Schneider Assistantes de rédaction Manuela Gesslbauer, Kristina Krizmanic, Anna Schober IT Michael Thaler Siège social Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Siège de la rédaction France 12 rue du Mail, 75002 Paris, Téléphone 01 40 13 57 00 Contact redaktion@at.redbulletin.com Web www.redbulletin.com Parution The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays ­suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Brésil, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Irlande, Koweit, Mexique, ­Nouvelle-Zélande, Suisse. Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas ­responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs. Dépôt légal/ISSN 2225-4722

the red bulletin



/redbulletin

ADRÉNALINE

DES PHOTOS À UFFLE COUPER LE SO

INGÉNIEUX

ANGE LE MONDE CH GRÂCE À EUX

EXTRÊME

© Paulo Calisto

NS AVENTURE SA FRONTIÈRES

To n . T n e m o m H O R S DU C O M

MUN

Ton momenT. Hors du commun

TÉLÉCHARGEMENT GRATUIT


Bullevard Énergisant… à petites doses !

Attaque ! Plus d’un millier d’arts ­martiaux existent dans le monde, de la lutte déjà pratiquée par les Égyptiens au très populaire taekwondo. En voici cinq passés à la loupe.

Le Bokator Son nom trahit la dureté du style cambodgien. « Bokator » veut dire « cogner le lion ».

Photos : dominique tardY, Sunday Alamba, picturedesk.com, Andrew Myers

Le dambe Inventé par des bouchers ­africains, les lutteurs fument un joint (si, si !) avant de s’affronter.

Des VIS pour la 3D Andrew Myers peint des ­tableaux en 3D avec de la peinture à l’huile. Et des vis. Il vit et travaille à Laguna Beach, en Californie, et commence ses étonnants portraits « Screw Art » à la perceuse. Andrew Myers perce plusieurs dizaines de milliers de trous dans l’ébauche d’un visage sur un panneau de contreplaqué. Chaque trou est positionné et enfoncé au millimètre près. Ensuite, il place une vis dans chacun des trous, de façon à créer un paysage de ­vagues. Cette étape confère au tableau une tridimensionnalité si nette que les malvoyants ­arrivent à deviner le motif en le touchant. L’artiste, qui est né en Allemagne et a grandi en Espagne, ne se sert de son pinceau et de peinture à l’huile qu’après plusieurs ­semaines de travail. www.andrewmyersart.com

Le Kalaripayattu Le père de tous les arts martiaux. Il exige une certaine technicité et un savoir médical.

LE bartitsu C’est la version anglaise du ­ju-­jitsu. Sherlock Holmes himself en était un des maîtres.

the red bulletin

Instantané

arrêt sur images

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à  phototicker@redbulletin.com Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Zadar

Une variante du water-polo : trois contre trois dans cette ville côtière du sud de la C ­ roatie. ­Marjan Radovic, Red Bull Sidrun

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2e vie

Voici un trio de choc qui, à un moment donné, a ­ changé de ­braquet. La boxe, le foot ou le basket mènent à tout.

La 3e version de Red Bull Kart Fighter est déjà sur les écrans.

À fond les manettes Faire du kart jusqu’à en avoir les doigts qui chauffent : Red Bull Kart Fighter 3 – Hors des sentiers battus est disponible sur ordinateur et smartphone. Red Bull a ­encore amélioré son génialissime jeu. La version actuelle contient de nouveaux karts, des parcours supplémentaires où s’enchaînent jumps et drifts, et vous permet de défier en ligne vos amis du monde entier. Et il y a « Le Mécanicien ». Mieux vaut pour vous de ne pas perdre son ­amitié, car il fixe vos objectifs de carrière, peut tuner votre kart avec ses jokers et sait distiller quelques bons conseils pour les courses. Red Bull Kart Fighter 3 – Hors des sentiers battus est disponible ­gratuitement au téléchargement dès maintenant. Infos et download sur games. redbull.com

Vitali Klitschko Le multichampion du monde de boxe, président du parti UDAR, a siégé l’an dernier au parlement ukrainien.

Gianni Rivera L’ancien footballeur champion d’Europe en 1968, et deux ans plus tard vice-champion du monde, est député européen.

bill Bradley Ce basketteur US de 1,95 m a remporté deux titres NBA et l’or olympique. De 1979 à 1997, il était sénateur.

touche-à-tout L’actrice australienne Sharni ­Vinson évoque ses rôles plutôt physiques et le tatouage qui orne ses pieds. Piscine – école – piscine, tel était le quotidien d’adolescente de Sharni Visnon. Bien que cette Australienne d’à peine 30 ans ait renoncé à une carrière dans le sport pour devenir actrice, elle combine aujourd’hui ses passions dans des rôles hautement sportifs. Dernièrement, on l’a vue danser dans Sexy Dance 3D et se battre contre des cambrioleurs assoiffés de sang dans le film d’horreur You’re Next. the red bulletin : ­Comment vous préparezvous pour vos rôles ? sharni vinson : Pour You’re Next, j’ai suivi un entraînement aux sports de combat. J’aime apprendre de nouvelles choses à chaque film. Tir, danse

ou gymnastique avec des accessoires de cheminée, comme dans mon nouveau film. Avez-vous des difficultés à vous glisser dans vos rôles ? Lors du tournage de You’re Next, nous logions dans un motel perdu au milieu de nulle part. J’étais tellement dans mon rôle que je dormais avec un couteau sous mon oreiller. Je me disais : « Pourvu qu’aucun étranger ne frappe à ma porte. Pour sa propre survie. » Sur Internet, un blog de photos est entièrement consacré à vos pieds. Êtesvous choquée ou flattée ? C’est vrai ? Je ne le savais pas. Hier, je me suis fait faire mon 1er tatouage au pied. Il faudra vite mettre à jour ce site. You’re Next déjà sur vos écrans

Sharni Vinson vue par les cambrioleurs.

Yalta Les B-Boys Iron Monkey, Kosto et Menno se reposent au bord de la mer Noire. Sergey Illin 10

Malcesine

Perchés à plus de 27 mètres, les plongeurs de Red Bull Cliff Diving World Series ­saluent leurs fans italiens. Dean Treml

Tokyo

Le sol de Kanagawa ne manquait pas d’ondulations lors de Red Bull Pump Jam. Hiroyuki Orihara the red bulletin

Photos : getty images (4)

PHOTO GAGNANTE



Bullevard

à Lille, on ne perd pas le nord.

N.A.M.E se fait un nom

Chakal en impose La station de métro Saint-Lazare a accueilli le 15 juillet dernier Red Bull Beat It, l’événement de danse urbaine le plus déjanté du moment. Dans le sous-sol parisien, huit danseurs professionnels se sont défiés devant une foule de voyageurs curieux, fans de danse et touristes intrigués. Les participants s’affrontent sur une playlist unique, allant de Francky Vincent à Michael Jackson. Le public est seul juge. Les quatre finalistes ont provoqué les hourras de la foule. Sarah, Lindsay, Diablo et Chakal participeront le 7 novembre à la finale nationale, au Casino de Dunkerque. Chakal sort grand vainqueur de à Paris, cette étape parisienne ­Chakal très « underground ». n’a rien Plus sur redbull.fr/danse d’un renard.

Munich Le base-jumper Cédric Dumont (à

dr.) a démontré ses talents de golfeur au prodige italien Matteo Manassero. Phil Pham

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à Madrid, un matador fait parler la poudre.

Pagès, c’est Superman !

Vainqueur de l’étape madrilène de Red Bull X-Fighters en juillet dernier, Thomas Pagès s’est aussi adjugé le classement général. Chapeau !

« A por ello, oh eh ! A por ello, oh eh ! » Pas de doutes, les Madrilènes n’ont pas besoin de réviser leurs classiques. Non, ce n’est pas à un match de la ­Seleccion à Santiago Bernabéu ou sur la pelouse de Vicente Calderón. ­Bienvenue dans la somptueuse Plaza de Toros de las Ventas qui sert de décor, unique, à l’avant-dernière étape 2013 de Red Bull X-Fighters. Ils sont 15 000, amassés et impatients, à scander les noms de leurs idoles Dany Torres ou Maikel Melero. Dans une ambiance dantesque, Tom Pagès se fraie un chemin jusqu’en finale après avoir sorti l’Australien Josh Sheehan et le Chilien Javier Villegas (retrouvez sur votre appli pour tablettes le reportage que nous avions effectué chez les frères Pagès, Funambule(s) né(s), dans le numéro d’octobre 2012, ndlr). Auteur d’un flair « à la Superman », le Landais n’a pas failli à sa réputation de showman lors de l’ultime duel face au japonais Taka Higashino. À 28 ans, Pagès s’adjuge Red Bull X-Fighters pour la première fois de sa carrière avant même de disputer la dernière étape du World Tour, prévue à Pretoria. Elle a d’ailleurs été annulée. Petit Tom est passé par là. Plus sur www.redbull.fr

Atlanta Red Bull Raising the Bar plane à près de 8 mètres. Ronnie Renner l’a franchi haut la main. Robert Snow

Dallas La chanteuse de soul Erykah Badu

a joué à domicile et a enflammé le public texan. Gary Miller, Red Bull Sound Select the red bulletin

Texte : Christophe Couvrat. Photos : Red Bull Content Pool (3)

Le N.A.M.E (Nord Art Musiques électroniques) est né en 2005. Pour cette 9e édition programmée les 20 et 21 septembre, LE rendez-vous électro de la métropole lilloise offre une belle palette d’artistes. Outre Ellen ­Allien, marraine pour sa... 9e participation, et la seconde visite de Art Department, le festival accueille en ­première française le b2b entre Hudson Mohawke et Rustie. Où ? à la Tossée, usine de peignage des laines dans la zone de l’Union, à Tourcoing. Notez d’ores et déjà sur votre agenda que les dix ans du N.A.M.E seront fêtés comme il se doit au 104, à Paris, le 15 février 2014.


Bullevard

exploration

le king, c’est lui !

Avec la sortie ce mois-ci de Doctor Sleep, la suite de Shining, son best-seller des années 70, Stephen King, roi du roman fantastique, fait encore l’actualité. Plongée dans la tête d’un écrivain de génie. Mauvais exemple

King publie Rage en 1977 sous le pseudonyme de Richard Bachman. Le bouquin raconte l’histoire d’un ado qui tire sur son professeur puis prend sa classe en otage avant d’être interné. En 1999, King fait ­retirer, à juste titre, le livre de la vente après la tuerie de ­Columbine qui a eu lieu le mardi 20 avril de cette même année, dans le Colorado.

Merci Tonton

L’Américain Stephen Edwin King est né à Portland, le 21 septembre 1947. Gamin, il est marqué par les dons de radiesthésiste de son oncle Clay. Une vraie fascination voit alors le jour. À 12 ans, la découverte des vieux livres de poche écrits par son père (Papa King était un piètre ­romancier) est malgré tout une révélation.

Roi du box-office

Il existe 79 adaptations de ses œuvres à la télé ou au cinéma. Dont le plus grand film de tous les temps d’après le site de référence IMDb, Les Évadés, tiré de La Rédemption de Shawshank, et la ­série télé ­Under the Dome qui cartonne aux États-Unis. Un troisième Carrie sort le mois prochain. Nous sommes en 2013 avec l’incroyable impression que le phénomène King ne fait que commencer.

Texte : Paul Wilson. Illustration : Ryan Inzana

Carrie, le jackpot

À l’automne 1966, King ­publie son premier ouvrage­, The Glass Floor, dans la ­revue Starting Mystery ­Stories pour 35 dollars et pas un cent de plus. En 1973, sa femme Tabitha lui fait reprendre l’écriture d’un roman dont l’héroïne est une adolescente perturbée. Elle avait trouvé dans la poubelle les trois premières pages, King voulait tout plaquer. Un an plus tard, on lui offre 400 000 dollars pour ­l’édition de poche.

Destins croisés

Un chien et une voiture sont les personnages de Cujo (1981) et Christine (1983). En 1999, au volant de son van, distrait par son chien, Bryan Smith renverse King et le blesse grièvement. Poursuivi en justice, il se suicide. King rachète son véhicule et le ­détruit à coups de masse.

the red bulletin

Un succès sur le papier

En 2000, King sort son 1er eBook avec Riding The Bullet. Il dit alors : « Je suis curieux de savoir si c’est l’avenir ou pas. » Cet été aux USA, J­ oyland paraît exclusivement en librairie. « Les gens peuvent bien faire l’effort d’aller à pied jusque chez leur libraire », lâche le romancier.

Plus sur www.stephenking.com

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Bullevard

hier et aujourd’hui

shure de son fait

LOOk allégé

Résolument futuriste, il était résistant à l’usure grâce à un tube en alliage d’acier chromé. Malgré son poids (1,4 kg), le 55S était le plus léger des micros haut de gamme. Son prédécesseur pesait 3,3 kg.

L’empereur des microphones est sur une « voix » royale. Il sort un modèle n’ayant plus aucun lien avec le passé. Ni fil d’ailleurs. Check.

quête de la vibration

Le 55S a un régulateur d’impédance à trois voies. Les sons parasites étaient causés par les vibrations des molécules dues, à l’époque, à la longueur des câbles des micros. Il fallait trouver le réglage idéal pour limiter cette résistance.

1951

Avec la série 55S, l’Américain Ben Bauer a créé le premier micro unidirectionnel. La voix parvenait au bon endroit et les bruits alentours n’étaient pas retransmis.

Shure 55S

Depuis l’invention du premier micro unidirectionnel en 1939 par l’ingénieur Ben Bauer, le microphone Shure devient rapidement le kit standard utilisé en radio par les musiciens, les animateurs et les orateurs. Quand John Fitzgerald Kennedy promet d’envoyer un homme sur la Lune, lorsque Martin Luther King évoque son « rêve », c’est un Shure qui assure la transmission de leur vision au monde.

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un seul sens

Elvis Presley a si souvent utilisé le 55S qu’il est désormais connu sous le nom de « Elvis mic ».

the red bulletin


tête dure

Comme le 55S, le SM58 numérique a une tête en acier chromé. Même bosselée, la grille continue de protéger le micro qui restitue un son parfait.

infatigable

La batterie tient environ 16 heures et le micro a une durée de vie équivalente à 5 000 concerts, rappels compris...

FRÉQUENCES PLUS

texte : Florian Obkircher. Photos : kurt keinrath, Corbis, GEtty Images

Via une synchronisation IR de l’émetteur et du récepteur, le micro peut transmettre à 60 mètres. Si un autre appareil interrompt la fréquence, une commutation anticipée et transparente de l’émetteur et du récepteur se fait sur une autre fréquence.

2013

Shure SM58 DIGITAL

En 1966, le micro SM58 débarque sur le marché. D’abord utilisé dans les concerts des Rolling Stones et des Who, il s’installe peu à peu sur toutes les scènes. Ce « cornichon métallique », facile à utiliser et qui diffuse un son limpide, est un best-seller des productions live. Ce mois-ci sort une version digitale sans fil, avec gestion automatique de la fréquence et batterie intelligente.

the red bulletin

Justin Timberlake utilisait un SM58 sans fil lors de son concert aux Grammy Awards en février dernier. shure.com

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Bullevard

Mon corps et moi

Manu Vatuvei

dents barrées

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Les dents en or, c’est une coquetterie typique des îles Tonga. J’ai fait fabriquer les miennes lorsque je suis ­retourné voir mes parents, en 2002. Ma tante m’a donné deux de ses bagues, je les ai fait fondre et je me suis fait dorer deux dents de ­devant, en souvenir.

L’ailier vedette de la National Rugby League (NRL) qui réunit les meilleurs joueurs de rugby à XIII, est surnommé « La Bête ». Ce Néo-Zélandais de 27 ans a un gros faible pour les tartes et a du mal à trouver le sommeil.

Tattoo bon

J’adore manger – du chop suey, taro, corned-beef et des tartes – et je prends facilement du poids. Cette année, je suis descendu à 108 kilos, je n’ai jamais été aussi léger. J’ai gardé ma puissance et je sens que j’ai progressé en vitesse.

2  À corps perdu Après dix saisons de Rugby League, mon corps est abîmé de partout. Je me suis rompu les ligaments des deux genoux et de ma cheville droite, je me suis cassé la jambe gauche, des côtes et un bras, luxé une épaule et fêlé l’os d’un de mes poignets. Sinon, ça va.

Insomnies

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Après un match, j’ai du mal à dormir. Je suis brisé, endolori, mais l’adrénaline continue à affluer pendant plusieurs heures. Parfois, je reste debout toute la nuit à jouer aux jeux vidéo. En ce moment, je suis à fond dans Call of Duty, Black Ops II.

Plus sur www.warriors.co.nz

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the red bulletin

TExte : Robert Tighe. Photo : Nic Staveley

1  bon appétit

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Depuis mon premier tatouage, le bouclier du Tonga sur mon épaule, j’ai ajouté deux carpes koï (je suis du signe du P ­ oisson), un dragon, un lion, un ange, le nom de mes enfants, de ma famille et de mes parents, ainsi que des ­versets des Écritures.


illustration : dietmar kainrath

Bullevard

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Bullevard

entretien

la musique à temps plein

Pedro Winter est tout à la fois patron de label, manager, DJ et musicien. Ce mois-ci, le Parisien de 38 ans s’essaie à la radio. The Red Bulletin lui a posé quelques questions.

Expérience marquante En 1992, il était DJ aux Bains, le club de David Guetta, à Paris. Philosophie de vie « Agir sans réfléchir ! » À l’instar de ses héros, les Beastie Boys, autres brillants touche-à-tout, qui ont créé un label, un magazine et une marque de mode. Dernier single Still Busy sous le pseudonyme de Busy P, pour les dix ans de son label, Ed Banger.

Crew. Ed Banger au complet, c’est 11 gars dans le vent. à quand une équipe de foot ?

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À 21 ans, Pedro Winter étudiait le droit et travaillait aux Bains depuis quatre ans. Puis deux « électroniciens » lui font une offre : les Daft Punk le veulent comme manager. Il accepte et fait du duo le phénomène qu’on connaît. En 2003, Winter crée son label, Ed Banger, et déniche Justice. Stakhanoviste de 38 ans, le Parisien fait aussi de la musique, sous le pseudonyme de Busy P. Et comme les 35 heures ne sont définitivement pas pour lui, le brillant touche-à-tout vient d’ajouter une nouvelle casquette à sa panoplie déjà bien fournie : animateur radio. the red bulletin : Quel est votre secret ? pedro winter : être patient et avoir un bon concept. Les Daft Punk ne sortaient un album que tous les quatre ans mais faisaient toujours un tabac. Ils m’ont aussi appris à dire non. George Michael et Björk voulaient travailler avec eux. Ils ont refusé. On m’appelait « King of No ». Vous avez mis un râteau à Björk ? Oui, mais les Daft Punk sont restés courtois. Ils étaient occupés avec leurs projets. Ils devraient plutôt s’appeler les « Daft Polis ». La musique de votre label, notamment celle de Justice, était une révolution ! Nous voulions en finir avec cette image stérile de DJ. Quand nous l’étions en

2005, DJ Mehdi, Justice et moi, nous dansions, bouteilles de vodka à la main, derrière les tourne-disques et nous nous jetions dans le public. Comme à un concert de rock. Vous avez managé Daft Punk et Justice. En quoi sont-ils différents ? Le dernier album de Daft Punk n’est pas de la musique électronique. L’électro est une musique répétitive programmée par ordinateur. Les Daft Punk ont tout enregistré avec des instruments. Justice a-t-il ouvert une brèche ? Nous avons sûrement préparé cette explosion aux US. Mais lorsque nous avons constaté que le mouvement prenait la mauvaise direction, nous avons tiré le frein à main. La première fois que j’ai entendu Justice, j’ai eu peur tellement leur morceau était violent et abrupt. Mais il y avait de la funk. Aujourd’hui, sept ans plus tard, beaucoup de musiciens font la même chose, sans aucune inspiration. Vous allez vous essayer à la radio ce mois-ci. Pourquoi ? En France, les radios sont catastrophiques. Trop de publicités et de musique fade. J’ai envie de créer une radio vivante. En direct, avec des petites pannes et des blagues spontanées. Avec des amis comme Laurent Garnier et des artistes de mon label. Et beaucoup de musique, naturellement. Ça va être une grande fête.

Patron. Pedro Winter déroule. Après Daft Punk et Justice, il est au garde à vous des nouvelles tendances.

Du 18 au 21 septembre, l’émission de radio ED W. RECK, conçue et animée par Pedro Winter, sera diffusée en direct du studio parisien de Red Bull France de 18 heures à 22 heures. à savourer LIVE sur www.redbullstudios. com/paris Rediffusion sur www.redbullmusic academyradio.com the red bulletin

TextE : Florian Obkircher. photos : getty images, yulia shadrinsky

Date et lieu de naissance 21 avril 1975, Paris



Bullevard

red bull caisses à savon

la folie en roue libre

Événement phare de l’année 2013 dans l’hexagone, Red Bull Caisses à Savon a rassemblé 30 000 personnes cet été, sous un radieux soleil parisien. Les Lyonnais de Starsky et Hutch n’ont pas fait dans la dentelle à l’issue d’une journée qui restera dans les annales. Reportage cheveux au vent et pied au plancher. Texte :  Christophe Couvrat

Longueur 450 mètres Dénivelé 15 % au plus fort de la pente équipes inscrites 44 Villes ayant accueilli Red Bull Caisses à Savon Los Angeles, Fortaleza, Monterrey, Vienne, Vancouver, Jérusalem, Providence, etc. Litres d’huile de coude Environ 250

Dites 33. La tête dans le guidon avec l'aide de quelques canettes de choix en guise de carburant.

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n ce premier dimanche de juillet, les places sont chères. Pas l’entrée, gratuite, mais bel et bien l’emplacement adéquat pour savourer un après-midi ensoleillé (enfin !), en famille et bien accompagné, à quelques encablures du périphérique parisien. Dans le très bucolique Domaine national de SaintCloud, 30 000 personnes s’amassent en ce 7 juillet pour Red Bull Caisses à Savon. Tout un programme. D’ailleurs, Marie et émilie, deux Sedannaises en goguette dans la capitale, n’en reviennent toujours pas : « C’est un truc de dingue ! L’endroit est magique, il fait super beau, l’ambiance est incroyable et les concurrents ont vraiment fait preuve d’imagination. » « CAS », comme on dit par chez nous, kezako ? Né dans le cerveau ingénieux d’un homme d’affaires de Dayton, bourgade champêtre de l’Ohio, le principe de « caisse à savon » voit le jour en 1900 et des poussières, soit une éternité. Ce ­visionnaire ailé a l’idée de bâtir un engin à partir de robustes conteneurs dans ­lesquels il transporte du… savon.

Alphand : « Il y a des véhicules très pointus. Ils se sont vraiment donnés du mal ! » Il c­ ommence d’abord par placer une roue de chaque côté d’un véhicule en bois avant d’y adjoindre un simple mécanisme de direction à essieu pivotant. La « révolution » est en marche. Un siècle plus tard, 44 équipages se présentent au départ du tracé parisien, long de 450 mètres et fort d’un dénivelé pouvant atteindre allègrement les 15 %. Certes, ce ne sont pas les 156 virages de Pikes Peak mais il y avait tout de même de bonnes vieilles chicanes à l’ancienne. D’ailleurs, Eddie Cheever, le plus savoureux des pilotes yankees, n’aurait pas ­renié sa fameuse maxime « All straight in the chicken », littéralement « tout droit dans le poulet ». (Cheever aimait volontairement confondre chicken et chicanes dans un français savoureux…) En cet après-midi estival, il y avait pourtant concurrence sur le petit écran avec les premières de Sebastian Vettel sur ses terres, d’Andy Murray à Wimbledon ou encore de l’Irlandais du Nord Graeme McDowell à l’Open de France de golf. Sur les hauteurs de Paname, tous ­n’aspirent qu’à donner de la voix pour soutenir ces dingues de la savonnette. Il y en a pour tous les goûts. La dérision est ici une seconde nature. La maxime « le ridicule ne tue pas » est respectée à la lettre. De la caisse délirante à souhait et un panel de stars du sport français, en chair et en os, ont assuré le spectacle en guise

Foule. Ce sont plus de 30 000 personnes qui ont donné de la voix tout au long du parcours. Ici, la ligne d'arrivée n'est plus très loin.

Photos : teddy morellec/red bull content pool (2), hadrien picard/red bull content pool (3)

Lieu Domaine National de Saint-Cloud

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L’egotrip. Lego Gang termine 5e mais décroche le prix de l’équipe la plus créative.

Popularité. Tous types d’individus ont voulu tester celle de Luc Alphand.

Vroum. à deux, c’est encore mieux, disent certains.

d’amuse-bouche. Sébastien Ogier, Luc ­Alphand, Cyril Despres, Joris Daudet, Johnny Aubert et Renaud Lavillenie ont notamment donné de leur personne. On a aussi croisé Lilou, star des B-Boy, ou Georges-Alain, oui THE Georges-Alain, ­celui de la Star Ac’ ! Tous se sont prêtés au jeu… avec plus ou moins de réussite. Dans le paddock, un pape côtoie une barbie, deux Tour Eiffel font face à des ­vikings, un poney s’amuse avec des ­chevaux sur leur manège, des poulets disent bonjour aux lapins et un gorille s’échauffe dans la joie et la bonne humeur. Les équipages font preuve d’une imagination débordante. Ils ont recyclé de vieux vélos, des mobylettes remisées au garage, des poussettes pour enfants et même le tracteur de papy ! Ces objets roulants non identifiés doivent répondre à un cahier des charges bien précis. Tout ceci est très sérieux ! Pas plus de cinq mètres de long pour deux de large, 240 centimètres de hauteur et un poids de 80 kilos à ne pas dépasser par « bolide ». Certains viennent de loin, à l’instar de Mikko ­Hirvonen, himself, venu de son pays, la Finlande, avec Team BBQ. Mais, même en 2013, ce sont Starsky et Hutch de l’équipe La Lyonnaise des ­fondeurs d’asphalte qui l’emportent. ­Soaphone et Pierrafeu, hilares, complètent le podium. Docteur es rallyes, Luc Alphand s’avoue bluffé : « Il y a des véhicules très pointus. Tous se sont ­vraiment donnés du mal ! Bravo ! » Plus sur www.redbullcaissesasavon.fr

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vite fait, bien fait

bleus de chauffe Malgré une chaleur étouffante, les New York Red Bulls et Lyon ont donné du plaisir à la communauté française expatriée à Big Apple. Deux heures avant le coup d’envoi de cet international friendly (match amical international), les drapeaux français sont de sortie. À la station Harrison du PATH (le RER local), dans le New Jersey, située à deux pas de la Red Bull Arena, les oriflammes ­tricolores flottent au vent. Des vendeurs à la sauvette, d’origine dominicaine, profitent de chaque match dans l’antre des New York Red Bulls pour se draper aux couleurs de l’adversaire d’un soir et arrondir leurs fins de mois. Après un premier séjour victorieux lors du Trophée des ­Champions l’an dernier, l’Olympique Lyonnais « représente » plutôt bien la France outre-Atlantique. Débarqués dans la mégapole américaine quatre jours avant le match, les protégés de Rémi Garde conservent quelques fans à Big Apple. Ils étaient d’ailleurs nombreux à traîner dans le hall du W Hoboken, palace situé sur les rives de l’Hudson River. Jean-Pierre est un supporter de la première heure. Originaire de Villeurbanne, il vient d’effectuer 1 h 30 de transport : « Je suis un ancien abonné de Gerland de 1993 à 2009, souffle ce quinqua aux côtés de ses trois enfants, flanqués du maillot Bleu de ­Zidane. J’ai traversé Brooklyn, Manhattan et le New Jersey pour voir jouer Lyon ! » Il y a aussi Nadine et Coralie, deux serveuses expatriées aux US et fans de l’OL… version féminine : « Jean-­ Michel Aulas a su bâtir deux grandes équipes. On est fières de nos couleurs ! » Red Bull USA a aussi bien fait les choses avec un concours de foot freestyle, en musique, aux abords du stade. Si Thierry Henry, ménagé et élu joueur de l’année 2013, n’a pas foulé la pelouse de la Red Bull Arena, Péguy Luyindula a joué près de 70 minutes. Les deux formations ont fait match nul (2-2). Mais là n’est pas l’essentiel. Les New York Red Bulls et Lyon ont assuré le spectacle sur le terrain comme en dehors. Le menu proposé ce soir-là, dans les loges, a d’ailleurs des allures très frenchy. Les pommes de terre à la Lyonnaise, appréciées du public US, ont fait fureur.

L’Américain Ronnie Renner a bissé au Moto X Step Up, en franchissant 11,7 mètres lors des X Games de Los ­Angeles. Il est ici tout à sa joie.

L’Espagnol Marc ­ arquez a devancé M Stefan Bradl sur la plus haute marche du ­podium lors de l’épreuve de Moto GP de Laguna Seca.

Orlando Duque s’adjuge l’étape catalane de Red Bull Cliff Diving. À Barcelone, le Colombien devance l’Anglais Gary Hunt lors de cette compétition de plongeon de haut vol.

L’Américaine Carissa Moore est en forme. Elle s’est montrée à son avantage dans les vagues d’un mètre qui ont deferlé lors de l’US Open de Surf à Huntington Beach.

Plus sur www.newyorkredbulls.com

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photos : corey sipkin/new york red bulls, Garth Milan/Red Bull Content Pool, gepa-pictures.com, Dean Treml/Red Bull Content Pool, getty images. illustration : dietmar kainrath

French flair. Maxime Gonalons (à dr.) avait déjà faim à New York, mi-juillet.

Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.


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Formule magique

point de départ

homme fuselé Lors des grands meetings, un haut-parleur est placé derrière chaque plot de départ. Pourquoi ? À 20 °C, la vitesse du son est d’environ 342 m/s. Si le starter se tient dans la zone intérieure de la piste et qu’il donne le départ avec un pistolet, le signal parvient au coureur occupant le couloir extérieur 3/100 s plus tard. Une éternité en sprint. Les haut-parleurs éliminent ce décalage. La figure 1 représente l’évolution des forces horizontales à l’œuvre au moment du départ. Il permet de comprendre pourquoi il est recommandé dans le bloc de départ, de positionner la meilleure jambe à l’avant. La force étant la masse multipliée par l’accélération (F = m ∙ a), et l’accélération, la progression de la vitesse dans un temps donné (a = Δv/Δt), on obtient : F = m · Δv/Δt, et donc F · Δt = m · Δv . La quantité de force multipliée par le temps exprime la force d’impulsion. Sur la figure 1, les impulsions correspondent aux zones situées sous les courbes et déterminent la vitesse de jaillissement Δv du sprinter hors des starting-blocks. En position « Prêts ? » (figure 2), l’impulsion de la jambe avant est supérieure parce qu’elle est plus pliée et quitte le starting-block en dernier. D’où l’intérêt de positionner la jambe la plus puissante à l’avant. Trois dixièmes de seconde s’écoulent entre le moment où le signal de ­départ est perçu et celui où les jambes se mettent en mouvement. Les meilleurs athlètes jaillissent des blocs à une vitesse de 4 m/s et atteignent environ un tiers de leur vitesse maximale. On détermine l’accélération au départ avec a = Δv/Δt = (4 m/s)/0,3 s ≈ 13,5 m/s². En admettant qu’un sprinter puisse maintenir cette accélération, il passerait de 0 à 100 km/h (27,8 m/s) en 2 secondes ! Comment garantir un départ équitable ? Grâce aux dynamomètres dont les starting-blocks sont équipés. Des études montrent que l’homme réagit au son, dans le meilleur des cas, au bout de 0,12 s. Par précaution, la ­fédération internationale (IAAF) a réduit ce temps de 2/100 s, de sorte que toute hausse des courbes de forces intervenant dans les 0,10 s suivant le coup de feu devient un faux départ. Quant aux sprinters qui prennent un bon départ, l’électronique le confirme de manière ­incontestable. homme fusée Usain Bolt ne fait pas partie de ceux qui démarrent le mieux. Une faiblesse que le Jamaïcain nuance : « J’ai ­cessé d’y penser », dit-il. Ses records du monde sur 100 et 200 mètres (9,58 et 19,19 s) en attestent. Plus sur www.usainbolt.com * Le professeur Martin Apolin a 48 ans. Il est physicien, agrégé en sciences du sport et enseigne à la faculté de Vienne (Autriche). Apolin est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.

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Texte : Martin Apolin. Photo : Levon Biss/Contour by Getty Images. Illustration : Mandy Fischer

à vos marques ! Prêts ? Feu ! Notre spécialiste décrypte le départ explosif du sprint*.


Fulgurance. Les meilleurs sprinteurs jaillissent des starting-blocks Ă une vitesse proche des 4 m/s. Ici, la foudre Bolt.


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chiffres du mois

voyages voyages

À travers les siècles, les incroyables épopées de ces aventuriers géniaux ont fasciné des générations de gamins en culottes courtes. à l’heure de la rentrée des classes, voici les plus mémorables d’entre eux.

Le Tour du Monde en 80 Jours de Jules Verne est publié en 1873. L’excentrique George Francis Train, un homme d’affaires américain, jure avoir inspiré le personnage de Phileas Fogg. Il parcourait le monde trois ans plus tôt en vivant moult aventures romanesques. Telles la découverte de la bienséance japonaise et des prisons françaises.

1 426

En 1 426 jours, de janvier 2009 à novembre 2012, l’Anglais ­Graham Hughes se rend dans les 201 pays de la planète sans avoir recours à l’avion. Il rentre chez lui, à ­Liverpool, mais son ­record n’est reconnu qu’après un voyage en autobus à Kaliningrad. Lors de son tour du monde initial, il n’avait pas obtenu de visa pour la Russie.

Jules Verne

La Station spatiale ISS

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Jean Béliveau

Loïck Peyron

1

En 1519, Fernand de Magellan lève l’ancre à Sanlucar, à la pointe sud de l’Espagne, et met cap à l’ouest avec 5 navires et 237 hommes. Les mutineries, le scorbut et les combats avec les indigènes déciment l’expédition. Seule la Victoria et 18 hommes revoient Sanlucar en 1522. Le marin portugais trouve la mort aux Philippines, au cours de cette 1re circumnavigation.

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91

En août 1995, le Concorde bat le record de vitesse aérienne autour de la planète en 31 heures, 27 minutes et 49 secondes. Avec une ­vitesse maximale de Mach 2,23 (2 405 km/h). 400 km plus haut, la Station spatiale internationale (ISS) effectue sa rotation autour de la Terre en 91 minutes depuis 1998. Soit, une vitesse de 28 000 km/h.

« Mon école était de l’autre côté de la baie. Mes camarades y allaient en bus, moi en bateau à voile. » Ainsi débute la carrière du skipper Loïck Peyron. Le 6 janvier 2012, le Français boucle un nouveau record du monde, lors du Trophée JulesVerne. Celui du tour du monde en équipage et sans escale, en 45 jours, 13 heures, 42 minutes et 53 secondes.

75 000 Fernand de Magellan et la copie de la Victoria

Après une banqueroute et une crise de la quarantaine, Jean B ­ éliveau entame, le jour de ses 45 ans, un voyage pour promouvoir « la Paix et la non-violence au profit des enfants du monde ». Il marche 11 ans et traverse 64 pays. En 75 000 km, il use 54 paires de chaussures et passe ses nuits, entre hôtels de luxe et cellules de prison.

Plus sur www.theodysseyexpedition.com the red bulletin

texte : ulrich corazza. Photos : corbis, graham hughes, getty images (3), picturedesk.com (2)

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L’Anglais ­Graham Hughes



600 km à travers ruisseaux, forêts et rochers de T­ ransylvanie. Bienvenue en enfer   !  Red Bull Romaniacs est la course sur deux roues la plus ardue qui soit.

T E X T E   : A n d r ea s R o tte n s c h l a g e r


photo : dmytro vakula/red bull content pool

« Pire que le Dakar ! »  C’est en ces termes que ­Cyril Despres qualifie Red Bull Romaniacs. Le Belge Pascal ­Berlingieri se débat dans une section qu’on ­qualifiera de « mouillée ».

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photo : dmytro vakula/red bull content pool

Galère. L’essence même de Red Bull R ­ omaniacs ­tient à l’alternance des ­sessions vitesse et trial. Quadruple vainqueur, l’Anglais Graham Jarvis (ici, en action) reste le maître incontesté de l’épreuve.

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Défi. Sa Husaberg semble redouter la traversée du ruisseau. à juste titre. L’Italien E ­ nrico Garavelli a déjà évalué le peu d’adhérence de l’autre rive.

Nom ? Walker. Prénom ? Jonny. ça ne s’invente pas. à 22 ans, l’Anglais est la jeune star montante de l’enduro. Champion d’Angleterre de trial, vainqueur de l’enduro de l’Erzberg, il accapare les ­hordes de jeunes filles énamourées qui scandent son nom dès la ligne d’arrivée franchie. Aujourd’hui, il sait que ces encouragements ne l’aideront pas. Devant lui l’attendent 131 kilomètres d’enduro à travers le massif schisteux roumain qui héberge la plus grande population d’ours d’Europe. Walker baisse sa visière. À 6 h 50, il tourne l’accélérateur à fond, ­s’élance dans la montée et disparaît ­derrière le premier virage à gauche. Il ne sait pas encore que ce jour-là sera le plus ­éprouvant du rallye.

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Credit

ur une route de montagne cahoteuse, au cœur de la Roumanie, Jonny Walker est assis sur sa KTM, le regard accroché à la pente raide et herbeuse qui l’attend. La 1 re étape de Red Bull Romaniacs 2013, courue au sud de la ville de Sibiu, démarre dans deux minutes. Il est 6 h 48, le thermomètre indique 8 °C.

Red Bull Romaniacs, c’est quoi ? 365 pilotes qui luttent pendant cinq jours contre la nature sauvage de Roumanie. Sur 600 kilomètres, le parcours contourne ­Sibiu et traverse les forêts accidentées des Carpates du Sud. Des passages de trial très techniques s’entremêlent aux versants montagneux et aux pistes de VTT. Si l’on additionne toutes les montées et descentes, les pilotes de la catégorie ­professionnelle avalent 80 575 mètres de dénivelé soit neuf fois l’Everest ! Les étapes traversent l’une des plus vastes ­régions boisées d’Europe. La moindre ­erreur de pilotage peut condamner un ­pilote à rester prisonnier de cette forêt tortueuse. Cyril Despres, triple vainqueur de Romaniacs et quintuple roi du Dakar, n’y va pas de main morte : « Romaniacs est plus difficile que le Dakar. » Jonny Walker ajoute : « Pendant cinq jours, tu roules à la limite de tes capacités. » Qui va battre le tenant du titre, l’Anglais Graham Jarvis, qui a l’art de manœuvrer sa Husaberg sur cet entrelacs d’embûches tous azimuts ? Si Jarvis gagnait cette 10e édition, pour une 4e victoire personnelle, il dépasserait définitivement Despres. Mais Jonny Walker, comme tous les autres, a bien l’intention de pousser à la roue son compatriote. Il a surnommé Bad Shape une montée couverte de hêtres qui s’élève à cinq kilomètres de l’arrivée de la première étape. En contrebas, un panneau en carton pendouille. On y lit : « You are almost there! » De l’ironie à plein gaz. Bad Shape présente une inclinaison de 90 °, et le sol est humide à cause de la pluie des derniers jours. Ce tronçon se transforme très vite en une zone de combat. Les motos glissent, les pilotes chutent. Les machines doivent être tirées avec des cordes sur la pente emmêlée de racines.

photo : dmytro vakulka/red bull content pool

des racines et du zèle


Credit


Suiveur. Le Néerlandais Erik Ekelmans (à g.) dans une course-poursuite ­haletante à l’assaut de la montagne.

Graham Jarvis est le meilleur pilote d’enduro au monde. Mais il appelle à l’aide dans la forêt. Jonny Walker perd de l’essence. Le Néo-Zélandais Chris Birch lance une collaboration d’urgence avec l’Anglais Paul Bolton. Ensemble, ils ­hissent leurs machines dans la montée. Bad Shape est l’obstacle majeur pour les 41 pilotes en lice dans la catégorie professionnelle. En neuf heures de course, seuls huit vont réussir à se frayer un passage à travers la forêt. Sur la ligne d’arrivée, à 38 °C, les mines sont défaites, les corps ont souffert. Chris Birch, les bras rougis par l’effort et les griffures de la forêt : « La montée était impraticable. Sans l’aide de Paul, je serais encore coincé là-bas. » Paul Bolton, qui semble tout droit sorti d’une bagarre de bistrot, concède : « On m’a raconté que j’étais tombé. Je ne m’en souviens pas. » Non loin de la ligne d’arrivée, Jonny Walker est assis dans l’herbe et se verse une bouteille d’eau sur la nuque. Il a le visage d’un lycéen et le creux de la main d’un docker. Ses doigts sont couverts de callosités, un souvenir 34

des milliers de kilomètres parcourus sur sa KTM. Les pilotes viennent d’avaler le premier quart du parcours total. Le soir, le tableau noir indique : « 1re place : ­Graham Jarvis / 25 minutes d’avance. »

aveugle ? mon Œil ! À Sibiu, dans le camp des pilotes, les ­Indiens bricolent leurs machines. La ­Nouvelle-Zélande a envoyé pour la course ses meilleurs pilotes, avec Chris Birch à leur tête. Le Mexicain Jesus Zavala est le chien le plus sauvage du groupe des pros : 34 ans, cheveux ébouriffés, aveugle de l’œil gauche. Il a subi trois opérations après avoir constaté que sa vue baissait en 2005. Les médecins n’ont pas su lui expliquer pourquoi. Aujourd’hui, son œil est rempli d’huile de silicone. Jesus ne s’est pas demandé longtemps s’il devait arrêter la moto. Il déclare : « Le cerveau s’habitue à tout. » Mais pourquoi avoir choisi l’enduro ? « Les motos, les jolies filles, mes amis réunis sous la tente…, répond Jesus. Je

Si l’on additionne montées et descentes, les pilotes de la catégorie professionnelle avalent 80 575 mètres de dénivelé soit l’équivalent de neuf fois l’Everest ! the red bulletin


photos : mihai stetcu/red bull content pool, predrag vuckovic/red bull content pool

m’entraîne toute l’année pour ces cinq jours. » Les 163 kilomètres de la 2e étape mènent de Sibiu à la ville minière de ­Petrila. Pour la première fois, les pilotes font chauffer le moteur sur de longs ­passages de vitesse et peuvent mettre la pression au leader, le technicien Jarvis. Le départ est fixé au petit matin sur une prairie pleine de rosée. Les roues arrière projettent des mottes de terre dans les airs. Les motos disparaissent en pétaradant à l’horizon. L’après-midi, au kilomètre 160, les ­corons de Petrila forment un panorama désolant. Pour les pilotes des catégories Hobby et Expert, la traversée de la rivière est une torture. Nombre d’entre eux laissent filer leur machine qui atterrit sur la berge du cours d’eau. Les spectateurs charrient les motos abandonnées sur le parcours. Certains pilotes tournent dans la mauvaise direction, complètement désorientés. Ils ne cessent de soulever leur moto pour la dégager du parcours hostile. Les biceps tremblent. Tel un sombre colosse, le puits de la mine de charbon de Petrila s’élève de terre. C’est une construction lugubre recouverte de suie avec des vitres cassées et des contrefiches en acier rouillé. Le dernier tronçon du parcours conduit dans les entrailles de la mine. Les motos filent au milieu des puits d’extraction et se hissent dans d’étroites

cages d’escalier. L’atelier de la mine sent la poussière de charbon et la sueur. L’arche de l’arrivée s’élève du toit plat de la mine, douze étages au-dessus du sol. Sur le carton goudronné ardent, deux pilotes, qui sont venus à bout de l’étape, font le bilan. Calmement. « L’air était mauvais là-dedans. » « C’est ça, les Romaniacs. » Dans le groupe des pros, Jonny Walker a été le plus rapide du jour, mais Graham Jarvis caracole toujours en tête du classement général.

« Le terroriste tranquille » On se renseigne sur Graham Jarvis dans le camp des pilotes, et on obtient toujours les mêmes réponses. Le n° 1 mondial de l’enduro est « tranquille », « timide » et « très intelligent ». Un tête-à-tête avec lui ne fait que renforcer cette impression. L’Anglais, triple vainqueur des Romaniacs avant cette édition 2013 et actuel tenant du titre de l’Erzberg, est de taille moyenne, boit de l’eau au petit-déjeuner, et, pour la détente, écoute Elton John. Il évite de croiser le regard de son interlocuteur. Les questions sur son temps libre semblent lui provoquer des douleurs ­physiques. Ses adversaires l’appellent « le terroriste tranquille ». « Parce que je ne raconte pas de bêtises », explique-t-il. Sur ces terres sauvages, personne ne

RED BULL ROMANIACS En découvrant la région de Sibiu avec ses yeux d’expert, Martin Freinademetz sait qu’il a trouvé l’emplacement idéal pour concevoir son rallye moto, l’un des plus rudes au monde. En 2004, Cyril ­Despres fait sa renommée et celle de Red Bull Romaniacs en s’octroyant la victoire de la toute 1re édition. Aujourd’hui, cette course impitoyable est un lieu de pèlerinage immanquable des pilotes deux-roues.

U K R A iN E

MOLDAvIE

H o n grie R o uma n ie

SIBIU

bucarest

SERBIE BULGARIE

parcourS

DÉTAILS

record

600 km à avaler en 4 jours. La piste varie en fonction de la catégorie. Mieux vaut être au top physiquement.

Montagnes, ruisseaux, forêts, ponts en pierre, usines en ruine : toutes les difficultés majeures se situent autour de la ville de Sibiu.

L’Anglais Graham Jarvis a remporté la course à quatre reprises, notamment grâce à son habilité en trial.

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­ aîtrise une moto aussi bien que lui. « Il m faut trouver la ligne avec le plus de traction. Ici, tout le monde cherche cette ligne. Sur ce tracé, le mieux pour y parvenir est d’y aller à l’instinct. » Que fait Graham Jarvis après la course ? « J’ai envie de dormir. Mais, comme mon corps déborde d’adrénaline, impossible d’y arriver. » Son moment préféré des Romaniacs ? L’Anglais se tait, puis glisse : « Les soirées sont plutôt bien. » Le troisième jour, les pilotes retournent à ­Sibiu. Des nuages gris enveloppent les forêts de conifères. Vers midi, la pluie se met à tomber. Chaque étape est divisée en deux moitiés par un point de service. On dirait une ville temporaire de fourgonnettes et de tentes en plastique. En tout cas, elle approvisionne hommes et machines du strict nécessaire. Le point de service du troisième jour est proche d’un torrent, dans le hameau de Voineasa. Une armada d’imperméables s’affaire autour des pilotes crasseux. Les équipes de service serrent des vis et changent des filtres à air. Un Jonny Walker trempé jusqu’aux os se goinfre de barres chocolatées pour maintenir son taux de sucre. Le règlement prévoit vingt minutes de pause aux points de service. Après quoi, les pilotes disparaissent de nouveau dans la forêt et laissent cette éphémère constellation de fourgonnettes s’évanouir derrière eux. Le Bavarois Andreas Lettenbichler est le héros du troisième jour. Le pilote Husqvarna a libéré l’Espagnol Alfredo Gómez, coincé sous sa Husaberg, qui attendait de l’aide dans la forêt. Gómez termine la course le pantalon imbibé d’essence.

un record et de la viande grillée Avant le lancement de la 4e et ultime course d’enduro du 5e jour, tous espèrent une erreur de Graham Jarvis. L’alinéa 6 du règlement de la course oblige chaque pilote à transporter avec lui un kit de survie. Dont un mini-traceur, appelé « bouton panique », qui alerte les secours en cas d’urgence. La direction de course n’a ­jamais perdu de pilote dans la forêt. Le kit comprend aussi un litre d’eau potable, une couverture de survie et deux fumigènes de couleur rouge. Le dernier obstacle après les 600 kilomètres d’enduro s’appelle Chicken or Macho. Quatre cents mètres avant la ligne d’arrivée, les pilotes ont le choix entre deux routes : Chicken, un passage d’enduro absurde qui fait perdre dix minutes de temps de course, ou Macho, un bassin de vingt mètres de long et d’un mètre de profondeur qu’il n’est possible de traverser qu’en aquaplaning. En clair, les pilotes doivent surfer sur leur moto. 35


Cadavre. Devant sa KTM mal en point, le ­Néo-Zélandais Chris Birch avoue une solidarité sans faille : « Nous nous entraidons dans les pentes raides et les passages ­boueux. » Tant mieux.


« Il faut trouver    la ligne avec le plus  de traction. Ici, tout  le monde cherche  cette ligne. Sur ce tracé, le mieux pour y parvenir est d’y aller à l’instinct »

photo : predrag vuckovic/red bull content pool

Graham Jarvis À l’approche du bassin, la direction de la course recommande une vitesse minimale de 90 km/h. Ensuite, il faut faire basculer le poids vers l’arrière, tourner l’accélérateur à fond et voir ce qui se ­passe. À 13 heures, 4 000 spectateurs s’activent dans l’arène en forme de U qui entoure la ligne d’arrivée. Des cevapčići (rouleaux de viande hachée) cuisent sur le gril et il y a de la bière fraîche. Chicken et Macho sont à portée de tir pour que la foule spectatrice puisse voir comment les pilotes se décident. Se laissent-ils ­influencer par le groupe ou sont-ils raisonnables ? Se faufilent-ils jusqu’à l’arrivée en toute sécurité ou se risquentils à la glissade diabolique sur l’eau ? ­Graham Jarvis choisit Chicken, sans réfléchir une seconde. Il roule vers sa quatrième victoire, lève les bras au ciel et hurle sa joie. « L’homme qui ne raconte pas de ­bêtises » vient d’écrire l’histoire de cette course d’enduro, la plus difficile au monde. Andreas Lettenbichler malmène sa Husqvarna à la surface de l’eau, évite la chute et danse comme le nain Tracassin pour le public. Jonny Walker surfe plein gaz sur le bassin. Chris Birch laisse dans l’eau une traînée droite comme un I. La tension retombe. La finale de l’enduro se transforme en fête. Jonny Walker enlève son tee-shirt et va se baigner avec les filles qui portent le champagne. Paul Bolton les rejoint. Graham Jarvis est neutralisé par quatre pilotes avant, lui aussi, de faire un plongeon dans le bassin. Les jurons, la douleur, les plaies ensanglantées ne sont plus que des souvenirs dans ce trou d’eau crasseux de Transylvanie. Tous reviendront l’année prochaine. Parce qu’ils aiment la folie de ce parcours. Plus sur www.redbullromaniacs.com

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Dupont brûle les

planches Justine Dupont, championne d’Europe en 2010, est le nouveau visage du surf français. Attirée par les vagues gigantesques et déterminée à s’imposer sur le circuit mondial, la Bordelaise de 22 ans nous a ouvert les portes de sa maison, à Seignosse. Texte : Christophe Couvrat

c’

est une fille de l’eau. Elle évolue dans cette ouate liquide impalpable, avec un naturel déconcertant. Justine Dupont trouve son salut dans ce nirvana ultime, loin des tumultes de l’existence terrestre. Depuis 22 ans, c’est la même histoire. « Dans l’eau, je me sens libre et heureuse, s’exclame-t-elle. Au fil du temps, le surf est devenu une partie de moi. L’océan est un terrain de jeu fascinant. Cet élément constamment changeant m’oblige à 38

Photos : Mathias Fennetaux

m’adapter, à me surpasser. Ça me plaît ! » D’ailleurs, si elle le pouvait, « Ju » transformerait « la terre en eau », avoue-t-elle, sans complexe. Bienvenue dans l’univers d’un des plus sérieux espoirs du surf tricolore. Avec cette détermination qui la caractérise, Justine Dupont est un sacré bout de femme. La Bordelaise a déjà bien roulé sa bosse, à la recherche de cette vague parfaite. Cette sensation à fleur de swell, à nul autre pareil entre deux spots, aux quatre coins de la planète. Un jour d’au-

tomne 2012, elle se rend à Aileen, en mer d’Irlande. Elle a rendez-vous avec cette « grosse droite très puissante » dont elle a entendu parler. Lancée en tow-in (surf tracté), Ju n’en a fait qu’une bouchée. ­Depuis, la vidéo fait le tour du web : « Je recherche ces sensations fortes, ce goût du risque et cette adrénaline qui en découle. J’aime aussi être confrontée à moimême. Dans le tow-in, j’aime le fait d’aller vite. Démarrer la vague avec une bonne accélération autorise un plus grand choix de trajectoires. À 11 ans, j’avais pourtant




fants cet amour du dépassement de soi, sur terre comme sur mer. « J’ai toujours pratiqué beaucoup de sports, la plupart en compétition. Tennis, voile, natation et cross, notamment. Puis, pour me consacrer au surf, j’ai dû délaisser la course à pied. Je continue à courir, pour mon entraînement, et je fais un peu de voile avec mon frère. »

Photo adDitionelle : Getty Images

L

peur des “grosses” vagues de moins d’un mètre. Franchir un shore break m’était difficile », rigole-t-elle aujourd’hui. Les temps changent. Championne de France, d’Europe et première Européenne à remporter un WQS 6*, la Bordelaise pénètre, en 2012, dans le clan très fermé des 17 meilleures surfeuses mondiales. La joie est de courte durée. Une satanée luxation du coude au cours d’une séance de swiss ball (un dérivé du medecine ball) l’empêche d’être à 100 % tout au long d’une année. Le nerf radial est touché et la douleur, atroce, coiffe tous les espoirs de la longiligne blonde. Elle « saoule » son kiné pour revenir plus vite. Deux mois de rééducation au CERS de Capbreton « lancent » une année 2012 tronquée, sans véritable résultat digne de ce nom, hormis une 9e place, ­décrochée en avril, en Australie. Cette année, Dupont a la rage au ventre, cette volonté de revenir au très haut niveau, sans blessures ni anicroches à l’âme. En pleine possession de ses moyens, au contraire de 2012. « Je compte bien retourner sur le circuit pro dès 2014. En attendant, j’espère continuer à repousser mes limites dans le surf de gros. Je veux dominer la plus grosse vague jamais surfée par une fille ! En parallèle, j’ai comme objectif d’être championne du monde de longboard (du 22 au 28 septembre prochain, sur le spot de Huachaco, à Trujillo, au Pérou, ndlr). » Rien que ça. Dupont se régale d’ailleurs de la complémentarité que lui procure le longboard. Elle est, de loin, la meilleure Française de la discipline : « La glisse est différente, précise-t-elle. Du coup, ça the red bulletin

« Je veux dominer la plus grosse vague jamais surfée par une fille et être championne du monde de longboard » rend mon surf plus fluide. Cette polyvalence me permet aussi d’être plus à mon avantage pour bouger les grandes planches, notamment les guns. » À l’aise sur plusieurs tableaux, la benjamine de la famille est la fierté de Pia, sa mère, très active et joggeuse amatrice, et Jannick, le père, amoureux de la nature. Sportifs accomplis, les parents de Justine ont veillé à transmettre à leurs quatre en-

Justine Dupont Née le 27 août 1991, à Bordeaux Taille et poids 1,75 m ; 63 kg

’entraînement, parlons-en. C’est tous les jours, toute ­l’année. Justine Dupont est comme ça. Son passé de demi-fondeuse lui donne ce coffre nécessaire pour enchaîner les sessions. Et puis, au cas où, Vianney veille. Vianney ? Le grand frère. Du haut de ses 23 ans, il a toujours été cette locomotive nécessaire à Ju. Dans tous les domaines : « Vianney m’a donné du fil à retordre quand j’étais plus jeune. Et ça continue aujourd’hui. » Dans le petit monde du surf pro, ­Justine Dupont détonne. En raison notamment d’un style aérien et acéré, inspiré des meilleurs garçons dont Kelly S. – « il a constamment su évoluer pour rester au niveau du titre mondial » – et d’une popularité bankable qui grandit au-delà des frontières. Elle apparaît ainsi au très flatteur deuxième rang du Ride O’Meter, le classement de retombées médias pour l’année 2012. Seulement devancée par son idole, l’Australienne Stephanie Gilmore, quintuple championne du monde, la Française attire tous types de médias, friands de cette personnalité hors norme. Du haut de sa jeune carrière, Justine Dupont a déjà connu quelques belles frayeurs. Témoin ce wipeout, dont elle se souviendra à vie : « Sous la pression, j’ai eu le tympan fissuré. J’ai pris un bon coup sur la tête. J’ai perdu l’équilibre, je n’arrivais ni à remonter à la surface ni à m’écarter de la zone d’impact alors que la série arrivait, souffle-t-elle. Finalement, un surfeur m’a aidée à sortir et j’ai retrouvé mon équilibre sur le sable. » Les pieds sur terre. Un symbole pour « La Branque ». Plus sur www.justinedupont.fr

Résidence Seignosse

La Gravière (France), Chacahua (Mexique)

Surnom « “La Branque” car je suis toujours partante pour de nouveaux défis »

Figure idéale « Le tube, c’est l’endroit le plus fort de la vague où je ressens toute la puissance du ­déferlement. C’est i­mpalpable. »

Spots préférés D-bah, Angourie ­(Australie),

Surfeurs préférés « Sans hésiter, Joël Parkinson et ­Stephanie Gilmore » Shaper JS et Rob Vaughan, 5’11 Plus grand rêve « Continuer à le vivre ! »

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/redbulletin

© Jörg Mitter

LI K E WHAT YOU LI K E

TON MOMENT.

HORS DU COMMUN


photo fin ish

Jeunes, sauvages et brillants. The Red Bulletin présente les vainqueurs de Red Bull Illume, le plus grand concours photos au monde, réservé aux sports d’action et d’aventure.

A L L E M A G N E   /   C A N A D A   /   PAY S - B A S   /   S U I S S E   /   S L O V É N I E   /   R É P U B L I Q U E   T C H È Q U E   /   É tats - U nis

redbullillume.com



lorenz h old e r a l l e m ag n e

vai nqu eur catég or ie p layg r ou nd

« Pour cette photo, j’ai éclairé les flocons de neige par-derrière avec deux grandes têtes de flash Elinchrom, pour créer un mur blanc comme fond, devant lequel la silhouette de Xaver se dessine pendant son saut. »

Athlète Xaver Hoffmann Prise à Raisting, Allemagne Appareil Canon EOS 5D Mark II Objectif Zeiss Distagon T* 3.5/18 ZE ISO 1000 Ouverture 3,5 Temps de pose 4,0 Flash Elinchrom


rom ina amato suisse

vai nqu eu r Catég or ie é ne r gi e

« J’ai réussi à faire ce cliché depuis un bateau lors de Red Bull Cliff Diving World Series. Tout en même temps, je me cramponnais, dirigeais le capitaine, avant d’utiliser mes deux mains pour prendre la photo. »


Athlète Todor Spasov Prise à Vila Franca do Campo, Açores, Portugal Appareil Canon EOS-1D X Objectif EF70-300mm f/4-5.6L IS USM ISO 400 Ouverture 6,3 Temps de pose 1/1600 Flash aucun


« J’ai pris cette photo dans un studio pour mieux contrôler la ­lumière et fixer de ­manière optimale au plafond le VTT planant dans la pièce. Tomas était maintenu par une corde et le vélo par deux cordes plus fines. Nous avons utilisé sept flashs Fomei Digital Pro X. »

Va inqueur Cat Égori e Créat i vi t é

Dan i el Voj t ěc h r é p u b l i q u e t c h èq u e Athlète Tomas Slavik Prise à Prague, République Tchèque Appareil Nikon D800E Objectif 24-70mm f/2.8 ISO 100 Ouverture 7,1 Temps de pose 1/100 Flash Fomei

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50

« Cette photo montre sept jeunes surfeurs avec lesquels j’ai travaillé à Fidji. Ce jour-là, les garçons ont surfé dix heures durant les uns contre les autres et à un très haut niveau. Néanmoins, ce qui m’a le plus marqué, c’est l’esprit de camaraderie qui régnait entre eux. »


va i nqu eu r Catég o r ie l if esty l e by L e i ca

m org a n m a ass e n É tats- U n i s

Athlètes J. Marshall, T. Clark, F. Harrer, C. Ward, T. Whorrell, N. Rapoza, D. Brown Prise à Tavarua, Fidji Appareil Nikon D700 Objectif Nikon 16mm f/2.8 Fisheye ISO 250 Ouverture 5,6 Temps de pose 1/500 Flash aucun


« Dans ce coin de la Norvège, il faut être patient avec la météo. Nous revenions tout juste d’une fantastique session de surf lorsque le blizzard nous a surpris, bloquant notre voiture dans la neige. Keith et Dane décident alors de rentrer en ville à pied. »


va i nqu eu r Catég o r ie état d’ es p r it

c h ri s b u r k a r d É tats- U n i s

Athlètes Keith Malloy, Dane Gudauskas Prise à Unstad, Îles Lofoten, Norvège Appareil Sony SLT-A77V Objectif 70200mm F2.8 G ISO 200 Ouverture 4 Temps de pose 1/320 Flash aucun


va in q u eu r Catég o rie C lo s e U p

J e r oe n N i e u whu is pays- bas

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Athlète Erik Journée Prise à Denekamp, PaysBas Appareil Canon EOS 5D Mark II Objectif 15mm f/2.8 Fisheye ISO 320 Ouverture 16 Temps de pose 1/50 Flash aucun


« Avec Erik, nous avons descendu et monté cette route qui traverse la forêt sur nos skateboards. La position du soleil était optimale. Mais je n’ai pas réussi à prendre de photos. J’étais à deux doigts d’éclater mon appareil sur la route tellement j’étais en colère. Mais j’ai appuyé une dernière fois sur le déclencheur et j’ai obtenu ce cliché. »


« C’était l’un de ces jours où les vagues ne sont pas trop hautes et où les ­surfeurs se jettent à l’eau au coucher du soleil. J’ai pris cette photo sans trépied et avec un objectif 70-200 mm. Comme si, me promenant sur la plage par hasard, je m’étais arrêté pour admirer ­Gabriel dans l­ ’exécution de son backflip. »

Va in q u eu r Cat égo r i e s éq u e n c e

za k a ry n oy l e é tats- U n i s

Athlète Gabriel Medina Prise à Oahu, HI, USA Appareil Canon EOS-1D Mark IV Objectif EF70-200mm f/4L IS USM ISO 320 Ouverture 5,0 Temps de pose 1/800 Flash aucun

« J’ai pris 90 % de mes photos avec un trépied et en série. J’avais donc beaucoup de versions de la même photo avec très peu de différences de contenu. J’ai ensuite commencé à composer à l’ordinateur une nouvelle photo à partir de plusieurs de ces clichés. Exactement comme avec cette photo : j’ai fait miroiter les parties d’un immeuble pour donner l’impression d’un immense bâtiment. »

va in q u eu r Cat égo r i e e xp é r i m e n tal

lor e nz ho l de r al l e m agn e

Athlète Jordan Mendenhall Prise à Örnsköldsvik, Suède Appareil Canon EOS 40D Objectif Hartblei 50mm f/2.8 ISO 160 Ouverture 4,0 Temps de pose 1/1000 Flash aucun


Va in q ueu r Catég o rie w in gs

sam o v i d i c slov é n i e

Athlète Jorge Ferzuli Prise à Athènes, Grèce Appareil Canon EOS-1D Mark IV Objectif EF15mm f/2.8 Fisheye ISO 200 Ouverture 3,2 Temps de pose 1/2000 Flash aucun

« J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir capturer cet oiseau à côté du sauteur lors de Red Bull Cliff Diving. Cette photo m’a aussi permis de gagner le prix slovène de la photo de presse. »



vai n q u e u r Cat égo r i e i l lu m i n at i o n

sC a ncott s e rfas a da « J’ai pris ce cliché lors du tournage de Art of FLIGHT. À bord d’un hélicoptère, je suis monté 30 mètres au-­ dessus de la ligne que devait laisser Travis dans la neige. Nous étions stressés, le soleil était déjà en train de se ­coucher. Travis a sauté dans la poudreuse, filé et j’ai pris la photo. »

Red Bull Illume Partners

Athlète Travis Rice Prise à Tordrillo Mountains, Alaska, États-Unis Appareil Canon EOS 1D Mark IV Objectif Ef 100mm F2.0 USM ISO 200 Ouverture 10,0 Temps de pose 1/1000 Flash aucun


kings of leon

Sur le trône

C’est le 20 septembre prochain que sort Mechanical Bull, le nouvel album de Kings of Leon. The Red Bulletin s’est posé avec le guitariste, Matthew, et le ­bassiste, Jared. Deux des quatre Followill révèlent les dessous de ce 6e opus. Interview : Andreas Rottenschlager

matthew : J’ai envie d’expérimenter, de changer des choses. Sur Mechanical Bull, il y a des cordes et une steel guitar. jared : Raconte ce que tu joues sur Wait for Me (une chanson du nouvel album, ndlr). matthew : ... jared : Il ne veut pas le dire, il a honte ! De la flûte à bec peut être ? matthew : De toute façon, on ne l’entend presque pas. C’est un sitar (luth indien, ndlr).

être une vraie rockstar : traite bien les gens quand ta carrière est ascendante, car tu rencontreras les mêmes quand tu seras au plus bas. matthew : En tant qu’auteur, on trouve de super histoires dans la Bible. jared : Oui, c’est sûr, Sodome et Gomorrhe ! Leon est le prénom de votre grandthe red bulletin : Que faites-vous père. Que vous a-t-il appris ? dans les cinq minutes qui précèdent jared : Des tas de blagues et le secret un concert ? d’un bon mariage. Il dit que les deux mots jared : Nous formons un cercle et les plus importants pour un mari ­tapons dans nos mains. Superstition sont : « Oui, chérie ». Une autre pure. ­devise : « Tu veux avoir raison ou Quelle est la règle la plus imporêtre heureux ? » Il est marié depuis tante concernant l’alcool ? longtemps... jared : « Ne bois pas trop. » Mais Twitter est-il un outil pratique ou nous sommes très tolérants. diabolique ? matthew : Je ne bois plus du tout jared : J’ai commencé à tweeter avant un concert, depuis que j’en ai quand j’étais célibataire. Les médias bousillé plusieurs parce que j’étais sociaux sont géniaux pour les célibabourré. taires. C’était la seule raison pour jared : Moi, j’ai bousillé des concerts s’y mettre. alors que j’étais sobre (il rit). Cela permet aussi de rectifier Quand vous êtes au supermarché ­certaines rumeurs. et que vous entendez Sex on Fire, jared : Absolument. Et tu peux faire Rituel. Sur scène, les Kings of Leon ne se laissent pas dompter. vous vous dites « Cool, c’est nous, participer les fans à la planification ça ! » ou « Mon Dieu, on passe notre des concerts. Lorsqu’une chanson est Que font les Kings of Leon en cas de musique au supermarché » ? ­suggérée plusieurs centaines de fois, il ne panne sèche d’inspiration ? jared : Moi, ça me fait plaisir. Et quand serait pas superflu de la jouer à nouveau. jared : On arrête deux semaines. quelqu’un prend devant mon nez la derAvez-vous encore la chair de poule matthew : écouter de la musique nonnière brique de lait, je me dis : « Tiens sur scène ? stop. Toute la journée. Après un mois en donc ! Ce que t’entends à la radio là, c’est matthew : Carrément. Quand tout le studio, je suis souvent un peu perdu. C’est moi, ducon ! » monde chante avec nous, je le ressens alors que je commence à écouter mes matthew : Moi, je me lancerais dans un véritablement ! groupes préférés, Wild Nothing ou Thin solo d’air guitar pour des personnes dans jared : Quand le public commence à Lizzy. Le soir venu, ça va déjà mieux. le supermarché. chanter, j’en ai des frissons dans le dos. Et Vous avez grandi dans des familles jared : Entendre ses chansons à la radio quand une fille du premier rang relève son croyantes. Quel passage de la Bible fait est une expérience énorme. Surtout tee-shirt, c’est la grosse chair de poule ! bouger ? quand tu vas faire les courses avec ta matthew : Quand je réussis un solo à la matthew : L’Ancien Testament ! Non, femme. Tu veux l’impressionner. perfection, j’ai la chair de poule ! je plaisante... Qu’est-ce qui est meilleur dans les jared : En fait surtout quand quelqu’un jared : L’Ancien Testament est assez nouveaux albums : expérimenter un enlève son tee-shirt... violent en fait. Je veux dire par là que la nouveau son ou rester dans la même plupart des religions prêchent le combat Mechanical Bull sort le 20 septembre chez Sony. Plus sur www.kingsofleon.com gamme ? du bien contre le mal. Un conseil pour 60

the red bulletin

Photos : Dan Winters/Sony, getty images

Dans une suite du Ritz-Carlton de Vienne, Matthew Followill, épuisé par le vol depuis les US, s’affale sur un canapé en cuir qui lui tend les bras. Jared se cache derrière une paire de Ray-Ban noires et tire inlassablement sur sa cigarette électronique. Les Kings of Leon montent sur scène dans quelques heures. Magnéto.


Quatuor. Les Followill sont trois frères et un cousin : M ­ atthew, la pièce rapportée, est à la guitare, Jared à la basse, Nathan à la batterie et Caleb est chanteur et guitariste (de g. à dr. et de haut en bas).


MATT

DAMON

bourne to be wild Texte : Rüdiger Sturm

Photo : John Russo/Columbia TriStar

parle d e PO KER , d e L’O N C LE G EO RG E ET d e sa peu r d es nanars


Ambiance. L’ancien é­ tudiant de Harvard a vécu « les deux semaines les plus éprouvantes de sa carrière », au moment du tournage de la scène d’action majeure d’Elysium. Les équipes étaient empêtrées dans une gigantesque décharge à ciel ouvert, au nord du Mexique, où la poussière dans l’air est ­composée à 75 % de ­matières fécales.

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63


att Damon a relevé de nombreux défis. Il a perdu 18 kilos pour un rôle, surmonté un creux dans sa carrière en écrivant le scénario de Will Hunting, qui a remporté deux Oscars, et supporté les coups bas de George Clooney dans la saga des Ocean’s. Dans ­Elysium, sorti le 14 août dernier, l’acteur de 42 ans, crâne rasé pour l’occasion, joue un expert en survie qui rivalise avec la classe supérieure de la Terre, dans un monde ­empreint de terribles inégalités. Malgré la ­soirée bien arrosée de la grande première, ­l’acteur américain a, dès le lendemain, les idées parfaitement claires.

the red bulletin : Vous sentez-vous fautif ? matt damon : Comment ça ? Parce que vous êtes un privilégié alors que des millions de personnes essaient de survivre. À l’instar des voyous qui habitent dans le luxe de la station spatiale Elysium. Non, je ne me sens pas responsable. Je suis heureux d’être né où je suis né. Nous avons tourné le film dans une décharge sauvage à Mexico, où 2 500 personnes vivent, grandissent et meurent sans jamais en partir. C’est le sort de la naissance qui en décide. La question serait plutôt : « Comment pouvons-nous aider un maximum de ces personnes à sortir de cette pauvreté ? » Et je suis très optimiste quant à nos chances de réussite. Car la jeune génération est bien plus consciente de cette situation et beaucoup plus engagée que je ne l’étais au même âge. Seriez-vous prêt à tuer pour conserver cette vie dorée, comme vous le faites dans le film ? La motivation de mon personnage va plus loin. Il ne veut pas vivre dans le monde utopique d’Elysium, il cherche à guérir du cancer. Mais pour répondre à votre question : non. Dans vos films, vous jouez souvent de la gâchette… J’ai l’instinct humain de me protéger ainsi que mes proches. Si je pouvais voir dans le cœur d’une personne et qu’elle était capable des pires atrocités, je serais peut-être capable de la tuer. D’un autre côté, je ne sais pas si le mal absolu existe vraiment. En tout cas, je n’ai jamais rencontré une telle personne. Un de mes meilleurs amis faisait partie des forces spéciales. À la fin de sa carrière, il a pisté des criminels de guerre en Bosnie et en Croatie, et les a menés

le talentueux MR. DAMON 30 films pour 25 ans de carrière. La qualité prime.

Méprise multiple L’Idéaliste Will Hunting

Mystic Pizza

La Différence

Geronimo

À l’épreuve du feu

1988

1992

1993

1996

64

1997

Will Hunting (1997) Pas le meilleur, mais assurément le film déterminant pour l’ascension de Matt Damon. Aucun réalisateur ne lui proposait de rôle excitant. Il s’est écrit lui-même, avec Ben Affleck, une partition sur mesure. Celle du surdoué Will Hunting qui n’exploite pas ses incroyables facilités et survit dans la précarité. L’Oscar du meilleur scénario fait de Damon une vedette à Hollywood.

De si jolis chevaux Titan A.E. La Légende de Bagger Vance Il faut sauver Dogma le soldat Ryan Le Talentueux Les Joueurs Mr Ripley

1998

1999

2000 the red bulletin


Photos : Rex Features (11), Getty Images (2) Kobal Collection (9), Dreamworks, Paramount, Night Life Inc, Universal

devant la Cour internationale de justice. Après avoir étudié leurs dossiers, il pensait que certains d’entre eux étaient foncièrement mauvais. Vous résidez à New York depuis quelques années maintenant. Cette ville trépidante, où chaque individu doit être à 100 % dans bien des domaines, convient-elle à votre rythme de vie ? New York est à sa manière une sorte d’Elysium. La ville est assez élitiste, car la vie y est très chère. Mais au moins, tu peux descendre dans la rue et sentir que tu appartiens à une communauté. ça, c’est très fort ! Avant, j’habitais dans la banlieue de Miami. Làbas, tu vas de ta maison à ta voiture, tu roules, tu te rassois dans ta voiture et la porte de ta maison se ­referme derrière toi. Vous avez eu une éducation plutôt ouverte. Cela vous a été utile par la suite j’imagine ? Naturellement, et ce, depuis mon plus jeune âge. Ma mère m’a fait voyager dans des contrées plutôt sauvages. Dans les années 80, nous avons traversé le Guatemala en bus et j’ai fréquenté l’école de langues de Mexico City. Ces expériences ont ouvert mes yeux d’Américain et j’espère pouvoir en faire de même avec mes enfants quand ils seront plus grands. Je veux qu’ils découvrent le monde. Vous avez quatre filles. Cela fait donc de vous la star de la maison ! C’est le rêve de tout homme, non ? C’est un heureux hasard que je sois le seul mâle de la maison si je puis m’exprimer ainsi. J’apprends beaucoup en voyant le monde de leur point de vue à elles. Je suis définitivement convaincu que nous appartenons à deux espèces différentes mais totalement complémentaires.

Team America : Police du monde (voix) La Mort dans la peau Ocean’s 12

La Mémoire dans la peau Gerry The Spirit, l’Étalon des plaines (voix)

Ocean’s 11

2001

Deux en un

2002

the red bulletin

2003

2004

D’ailleurs, pensez-vous mieux les connaître et être mieux compris d’elles ? Oh, elles nous cernent parfaitement. Mais je ne crois pas que nous puissions un jour les comprendre complètement ! Vos filles sont-elles assez grandes pour réaliser que vous êtes une énorme star de cinéma ? Alexia, ma belle-fille de 14 ans, a entendu dire des choses à l’école et a commencé à poser des ­questions. Mais d’ici là, tout sera de toute façon déjà démystifié. Mes filles ont assisté à des tournages, elles ont rencontré toutes les personnes possibles du milieu. Parfois, elles me demandent : « Oncle George est une star de cinéma ? » Je leur réponds : « Eh oui ! George Clooney est une star, que vous le croyiez ou non. » On sait que dans le cinéma, tout va très vite. Ce milieu peut être particulièrement instable. La perspective éventuelle de ne plus être une star vous inquiète-t-elle ? Un jour, je ne le serai plus. Le succès est cyclique. Les uns sont en haut, les autres en bas. La solution, c’est de ne pas essayer de rester une vedette. Il faut simplement faire de son mieux et essayer de fournir du bon travail. Mon cachet va toujours vers le haut ou vers le bas. C’est comme au poker, il ne faut pas avoir peur au moment de se lâcher sur une mise. Quand je tourne un film, il peut provoquer la fin de ma carrière, mais je le fais quand même. Vous n’avez pas eu peur quand votre carrière ­s’enlisait, avant de regoûter au succès grâce à la trilogie Bourne ? Non, j’ai toujours su que je pouvais écrire. Ma ­carrière ne pouvait pas être pire qu’au moment

LA MORT DANS LA PEAU (2002) Le premier épisode de la trilogie Bourne permet au comédien de relancer sa carrière en chassant les vieux Les Frères Damon. Ce deuxième volet sur Grimm l’ancien agent amnésique est Syriana un nouveau succès. Le réalisateur Paul Greengrass fait dans le mouvement saccadé et dans l’excitation. L’excellent 3e volet, La Vengeance dans la peau, boucle l’aventure. Le style très documentarisé de la mise en scène fait école : Bourne inspire même James Bond.

2005

Syriana (2005) Que serait Matt Demon sans Steven Soderbergh ? Le réalisateur lui offre ses rôles Raisons les plus spectaculaires (voir d’État Ma Vie avec Liberace) et les plus grands succès de sa Les Infiltrés carrière avec la saga des Ocean’s. Steven Gaghan montre dans Syriana, produit par Soderbergh, le rôle du pétrole tout-puissant dans les guerres du Moyen-Orient et les incidences sur le terrorisme. Matt Damon interprète un expert suisse en ressources énergétiques.

2006 65



L’Agence Contagion Margaret Happy Feet 2 (voix) Nouveau Départ

Green Zone Au-delà True Grit Les Infiltrés (2006) Ce thriller, plongé au cœur de la mafia bostonienne, a raflé l’Oscar du meilleur film. Le seul de la filmographie de Matt Damon à recevoir la mythique statuette dans cette section. Le scénario offre un divertissement brillant, bien que Martin Scorsese ait fait beaucoup mieux selon certaines critiques outre-Atlantique.

Ocean’s 13 La Vengeance dans la peau

Promised Land

2007

Photos : John Russo/Columbia TriStar (1), rex Features (5), Universal (2), Warner bros (4), PAramount PIctures, Kobal Collection, Focus Features, TCFFC/Camelot Pictures

Ma Vie avec Liberace Elysium

The Informant ! Invictus

2009

2010

« Liman veut un plan à la fin de La Mémoire dans la peau. soit le porno le plus cher de tous les temps, The porn identity... » de Will Hunting. À l’époque, personne ne me connaissait. Lorsque le premier volet de la trilogie, La Mémoire dans la peau, est sorti, les avis des critiques d’Hollywood étaient très négatifs. Tous prédisaient un échec, car la sortie du film avait été sans cesse r­ epoussée. Et c’en aurait été fini pour moi et ma c­ arrière. J’avais déjà deux gros bides au compteur. Il aurait été le troisième. Adieu ! Et je ne pouvais rien faire contre tout ça. Alors je suis allé à Londres où j’ai joué dans une pièce de théâtre, et j’étais heureux. the red bulletin

2011

2012

Ma vie avec Liberace (2013) Matt Damon, 42 ans au moment du tournage, signe une brillante performance. Il incarne à la perfection Scott Thorson. Cet ado de 17 ans – soit 25 ans de moins que le « vrai » Damon – vit une incroyable histoire d’amour avec Liberace, pianiste et chanteur-roi de Vegas dans les années 70. Un apogée pour Damon dans cette longue collaboration avec Steven Soderbergh qui signe ici son dernier film.

2013

Regrettez-vous certains de vos choix cinématographiques ? Non. Il n’y a rien de pire que les remords. Toutes mes décisions, professionnelles et personnelles, m’ont enrichi, qu’elles aient été fructueuses ou non. Car je les ai prises pour des raisons précises. Je choisis mes films sur la base de ce principe : je cherche un réalisateur et un scénario avec lesquels je peux apprendre de nouvelles choses. Par exemple, De si jolis chevaux a été l’un de mes projets préférés. Dans la version originale, le film durait 3 heures et 12 minutes. Billy Bob Thornton en était le réalisateur ; le studio l’a raccourci à 2 heures. Les critiques l’ont mis en pièces et ce fut aussi un bide. Mais je suis incroyablement fier de ce film. Il m’a profondément marqué, aussi bien en tant qu’acteur qu’en tant que, espérons un jour, réalisateur. Je reviendrais à ce film et je le referais. À plusieurs reprises dans l’interview, vous avez parlé de poker. Quelle a été votre pire défaite lors d’une partie ? J’ai joué la dernière fois il y a quelques mois. Mon adversaire était plutôt bon et j’ai fait très attention à lui. Après le tour d’enchères, j’avais un full plus élevé que lui, mais quand la rivière est arrivée, il a sorti un carré. C’était une terrible défaite, la plus douloureuse depuis longtemps. Mais le plus important est toujours : « Tu sais que tu vas peut-être perdre, mais tu ne le fais pas en jouant mal ta carte. Perds en f­ aisant ce que tu penses être le mieux à ce moment, et tu peux rentrer à la maison dignement. » Il paraît qu’un jour vous étiez tellement désespéré que vous vouliez tourner un porno… C’était une blague du réalisateur Doug Liman. Mais peut-être l’aurait-il fait... Il disait que nous ­devions ajouter un plan supplémentaire à la fin de La Mémoire dans la peau pour tourner le porno le plus cher de tous les temps, The Porn Identity. Plus sur www.imdb.com

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« SI VOUS

LE SUC COMME UN BUT,

AUREZ Ja PARCE QU’IL SE TRANSFORMERA

et VOUS N’EN AUREZ ja Andre Agassi et Stefanie Graf


vOYEZ

CèS

VOUS N’EN

MAIS. EN DéPENDANCE

mAIS ASSEZ » lèvent le voile the red bulletin

Interview  : Stefan Wagner

Au terme de votre carrière sportive, avez-vous dû réapprendre ce qu’était le succès ? Dans un tournoi de tennis, c’est simple, l’objectif est de gagner la finale le dimanche... stefanie graf : (Elle coupe.) Et le nouveau classement est actualisé le lundi. Lorsque je jouais encore, un ami m’avait dit : « Tu as de la chance de pouvoir dire que tu es la meilleure dans quelque chose. » Aujourd’hui, je comprends mieux ce qu’il voulait dire. Cette phrase donne une certaine sécurité. Un médecin, par exemple, ne sait jamais à quel point il est bon et se demande toujours s’il ne pourrait pas être meilleur. La vie était plus facile lorsque vous étiez joueuse ? sg : Non, je me posais d’autres questions. Par exemple, si la victoire au bout d’un tournoi était vraiment ce que je visais. Plus un sportif vieillit, plus il se pose ce type de questions. andre agassi : Je me suis fait ma propre idée du succès. Laquelle ? aa : Je pense que c’est une illusion. Vous avez quand même remporté les quatre tournois de Grand Chelem et été n° 1 mondial. C’était de l’illusion ? aa : Le succès, en tant que fin en soi, est une illusion. Que ce soit dans le sport ou dans une fondation caritative. L’an dernier, Stefanie a aidé mille enfants avec sa fondation Children for Tomorrow, et même s’ils avaient été deux fois plus 69


­ ombreux, il y en aura toujours des miln liers qu’elle ne peut pas aider. Dès lors, peut-on parler de succès ? Dans ce cas, le mot « succès » est-il le bon pour qualifier votre carrière ? aa : Je m’étais rendu compte que la ­finale n’était pas l’objectif, et qu’elle ne devait pas l’être. Cela aurait signifié que chaque lundi, il fallait tout recommencer. Federer est-il un joueur à succès ? aa : Bien sûr qu’il l’est. Pas parce qu’il a gagné tous les Grand Chelem, mais parce qu’il est le meilleur de tous les temps. C’est indiscutable. Et parce qu’il essaie malgré tout de continuer à progresser. La véritable excellence, c’est la personne qui comprend que le succès n’attend pas à un moment donné dans le futur, mais qu’il est là, maintenant. Dès que je l’ai compris, des choses très importantes ont suivi. Ce n’est pas ce qu’on fait qui importe, mais comment on le fait. On ne doit pas accepter de ne pas donner le meilleur, de ne pas vouloir devenir meilleur. On doit ­essayer tous les jours de s’améliorer, quel que soit son classement ATP ou le montant des dons qu’on a collectés. Vous ne pouvez pas dissocier le succès du sentiment de plénitude d’avoir ­accompli l’objectif fixé… aa : Si. Et c’est même nécessaire. Essayez ! Fixez-vous un objectif, travaillez dur, atteignez-le. Cela vous rend-il heureux ? Non. C’est une illusion de croire que l’on est heureux après avoir atteint les objectifs que l’on s’est fixés. Pour vos projets de charité respectifs, quelles sommes d’argent avez-vous collecté ces quinze dernières années ? sg : Je regarde tous les ans la somme nécessaire. Au total, cela représente des millions, beaucoup de millions. aa : Pour ma part, j’ai réuni très précisément 175 millions de dollars (soit 132 millions d’euros, ndlr). Combien d’enfants avez-vous aidé ? sg : L’an passé, ils étaient mille, le plus gros chiffre en quinze ans. aa : Ces dernières années, la Fondation Andre Agassi pour l’Éducation a aidé 1 300 enfants par an. Vous ne pouvez pas nier que vos deux fondations sont de vraies réussites… aa : Oui mais l’important est le cœur et la volonté qu’on y met. Soit on fait les choses à fond, soit on ne fait rien. S’il est question de charité, investis-toi dans ton projet. Trouve un moyen d’en faire quelque chose de particulier. Ta notoriété compte-t-elle ? Dois-tu collecter toi-même des fonds ? Dois-tu t’éloigner de tes enfants pour donner des interviews ? Fais ce qu’il faut et mets-y tout ton cœur. S’il est question de tennis, trouve de quoi tu es 70

capable et concentre-toi dessus. Travaille ta forme et tes coups. Ne te mens pas à toi-même, ne cherche pas de raccourcis. Le succès n’est pas un résultat, c’est un mode de vie que tu choisis. La réussite est donc subjective et non objective ? sg : Absolument. aa : Si elle est vue comme un but, vous n’en avez jamais. Parce qu’elle se transforme en dépendance et vous n’en aurez jamais assez. Jamais. Mais à quoi mesurez-vous le succès alors ? sg : À ce qu’on ressent lorsqu’on se couche le soir. La génération actuelle vient chez vous à Las Vegas pour améliorer son tennis. Que lui enseignez-vous ? Sûrement pas comment réaliser un bon coup droit... sg : Si, nous parlons parfois de technique. Pas des bases, c’est sûr, mais il est toujours bon d’avoir des conseils. Andre, vous avez dit un jour que dix minutes suffiraient pour transmettre à un jeune joueur tout ce que vous avez appris au long de votre carrière. Vous lui diriez quoi ? aa : J’accorde de l’importance à certaines choses, des choses simples. Par exemple, il n’y a qu’un point primordial que tu joues : le prochain. Ou encore, il faut te concentrer sur les choses que tu peux influencer. Tu peux contrôler ton état d’esprit, ta charge de travail, ta concentration. Qu’il y ait du vent, qu’il fasse chaud, que tu aies mal quelque part ou que tu sois fatigué du match de la veille, tu dois l’accepter. J’essaie aussi d’apprendre aux jeunes joueurs que la perfection n’existe pas dans le tennis. Il n’y a pas de 100 % dans ce sport. Il y a seulement 100 % de ce que tu as en toi, ce jour-là. La seule chose qui compte, c’est que tu déploies tes propres 100 %. Et vous Stefanie, à quoi ressembleraient ces dix minutes ? sg : Je suis moins calée en rhétorique qu’Andre, j’aurais besoin de plus de dix minutes. Et j’écoute plus que je ne parle. En tout cas, je vois ma tâche de manière un peu différente. Pour moi, il n’y a pas de leçons de vie. Andre, vous parlez de dépression dans votre biographie au moment même où vous avez gagné Wimbledon et êtes ­devenu n° 1 mondial. La douleur de l’échec est-elle plus forte que la joie de la victoire ? aa : Oui, et c’est toujours le cas. Comment le gériez-vous ? aa : J’avais appris à apprécier tous les moments. Une belle journée avec une grande finale, c’est un bon moment.

L’argent n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’y parvenir.

La vie est un bon maître. Tu dois te poser une seule question  : «  l a vie que je mène est-elle réellement celle que je Souhaite ? » the red bulletin


photo : LONGINES

Uniques. Grâce à l’entregent de Longines, The Red Bulletin a rencontré à Hambourg ­Stefanie Graf et Andre Agassi, ­vainqueurs à eux deux de trente ­tournois du Grand Chelem.

Mais il faut apprendre à apprécier les nombreux moments qui précèdent ce jour et qui y conduisent. Le moment de la victoire ne doit pas être meilleur que celui de la préparation. Apprendre cette règle est presque une question de survie pour un joueur de tennis. sg : Andre a raison. Les sentiments après une victoire disparaissent si vite. Ce qu’on appelle le succès a une durée de vie terriblement courte. Vous seriez étonné si vous nous aviez vus, Andre ou moi, après une grande victoire... C’était peut-être une forme de soulagement, mais pas de la jubilation ou de l’enthousiasme. Après une grande victoire, on ressent plutôt un vide, une routine. Notre mission est accomplie et on rentre à la maison. C’est triste… aa : Oh oui, ça l’est. Il est vital d’apprendre à voir les choses différemment. La journée passée en salle de musculation the red bulletin

ou sur le lieu d’entraînement doit compter autant que le jour de la finale à Wimbledon. Il est dangereux de ne pas le comprendre, le joueur risque de commettre de graves erreurs. Par exemple que l’argent est important... Mais l’argent n’est rien d’autre que l’élargissement des possibilités d’occuper son temps. L’argent ne fait pas le bonheur. Si tu es heureux avec les possibilités qui demandent peu d’argent, celui-ci perd totalement son importance. L’argent n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’y parvenir. À l’instar de ce que vous ne cessez d’appeler le succès. Le succès n’est pas une fin en soi. Le succès, ce n’est pas de gagner. J’ai bien compris votre vision des choses mais un sportif ambitieux peutil raisonner ainsi ? sg : La vie est un bon maître, que tu joues au tennis ou non. Tu dois te poser une seule question mais y répondre avec

­sincérité : « La vie que je mène est-elle la vie que je veux ? » Vous êtes-vous posé cette question ­durant votre carrière ? aa : À 27 ans, j’ai été n°1 mondial, j’ai remporté des Grands Chelems, j’ai pris des drogues. J’ai divorcé, je suis retombé à la 141e place. J’étais malheureux. Je devais prendre une décision : fallait-il que je continue le tennis ? C’est le moment où j’ai pensé : « Même si je n’ai pas choisi le tennis, mon père s’en étant chargé à ma place, ce sport me donne la chance de prendre ma vie en mains. » J’avais besoin de donner un sens à ma vie et c’est l’école que j’ai fondée qui me l’a donné. Ainsi, le tennis a pris une signification, il m’a permis de créer et de préserver dans un projet ­particulièrement important. Soudain, tout était très simple, le tennis était ­devenu un moyen de faire ce dont j’avais vraiment envie. Dans votre biographie, vous décrivez une enfance faite de peur et de pression. Cette peur était-elle une grande source de motivation ? aa : La peur d’échouer est un important stimulant. Comme la peur de ne pas faire de son mieux. Vos deux enfants sont élevés dans les meilleures conditions... aa : (Il coupe.) Mais la peur d’échouer existe aussi. Elle est inhérente à l’être ­humain, on ne peut pas l’ignorer. J’ai peur de ne pas éduquer correctement mes ­enfants. Cette peur est positive, elle me permet de rester vigilant. Une vie sans peur n’existe pas ? aa : Nous autres, humains, nous pouvons aimer et haïr, ressentir la joie et la peur. Toutes ces émotions font partie de nous. Vouloir évincer une seule d’entre elles ­serait une mauvaise chose. Sans compter que nous ne le pourrions pas. Peut-on élever un enfant de telle sorte qu’il rencontre le succès ? sg : Non. aa : Et dans son éducation, on peut se louper. sg : C’est une chose qui nous fait ­vraiment peur, rater l’éducation de nos enfants. aa : Les enfants doivent apprendre à se dépasser chaque jour. Pour eux-mêmes, pas pour quelqu’un d’autre, et encore moins pour un quelconque tableau ­d’affichage. S’ils tirent parti de leur travail sur le tableau d’affichage, c’est encore mieux. Mais ce qu’affiche ce tableau ne doit pas être le sens de leur vie. La vie est plus grande que n’importe quel tableau d’affichage. Plus sur www.childrenfortomorrow.de et www.agassifoundation.org

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dans le rush Inspiré par une des plus grandes épopées de l’histoire du sport entre James Hunt et Niki Lauda, Rush est-il le 1er film majeur de l’univers de la F1 ? éléments de réponse signés Ron Howard himself, le réalisateur de cet incroyable opus. Texte : Herbert Völker

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photos : atp

Miracle. 1er août 1976, Niki Lauda perd le contrôle de sa Ferrari lors du GP d’Allemagne, au Nürburgring. Six ­semaines plus tard, Lauda est sur la grille de départ de Monza.


Non, parce que j’avais fait le choix d’essayer de reproduire le style du film de course classique, genre Grand Prix ou Le Mans. Je ne voulais pas faire quelque chose qui ressemblerait aux contemporains Fast & Furious. Ils font bouger les caméras dans des axes impossibles. ­Physiquement, ces films n’ont pas de sens, je ne voulais pas que mon film soit comme ça. Je voulais que la matérialisation de l’action soit réelle, qu’elle puisse être validée par les gens. Je voulais un monde cohérent, avec des personnages sympathiques. Un monde dans lequel le

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photos : picturedesk.com, atp

uste avant de m’envoler pour la Californie, Niki Lauda m’avait glissé : « Ron est ok, c’est un personnage. » En langage Lauda, la remarque est élogieuse. Ron Howard affiche un pedigree de réalisateur digne des plus grands : Cocoon, Willow, Apollo 13 ou ­encore Da Vinci Code. Le rouquin, mythique Richie Cunningham de la série culte, Happy Days, reçoit dans un bureau quelque peu ­désuet. L’adresse, incomparable sur les ­hauteurs de Los Angeles, offre une vue ­plongeante sur les meilleurs étages du très chic Beverly Hotel. Aux murs, reliques de sport, photos de famille et statuettes dorées rappellent ses succès. Elles ne sont pas mises en avant, plutôt p ­ osées çà et là, un peu au hasard. Sourire vissé aux lèvres, Howard semble ne pas avoir été poli par les années. Il a 59 ans. Promis, on g­ ardera les rushes de cet entretien.

the red bulletin : La Formule 1 est un sujet rare au cinéma. Comment avezvous travaillé ? ron howard : Nous n’avons pas suivi les recettes habituelles. On a produit une sorte de travail amoureux. C’est l’une de ces belles histoires de rivalité qu’on retrouve souvent dans le sport : un affrontement entre deux hommes, dans des circonstances extraordinaires. Je trouvais que cela faisait un bon moment que la course n’avait pas été traitée de manière théâtrale, avec l’intensité, l’authenticité et le respect qu’elle mérite. Dans les années 70, il n’y avait pas d’électronique, l’aluminium pouvait voler dans tous les sens et les zones de sécurité n’existaient même pas en rêve. Ceux qui partaient à la faute avaient de grandes chances d’y rester. Aujourd’hui, un pilote peut traverser la piste en volant et avoir sa seule frustration à gérer… C’est pourquoi les seventies constituent un bien meilleur cadre pour une histoire de course automobile, en plus de la vraie histoire. L’épopée qui, en 1976, envoya Lauda et Hunt dans la légende, avec sa charge émotionnelle, cela n’arrive même pas une fois par décennie. Avec les moyens techniques et technologiques dont nous disposons aujourd’hui, nous avions une vraie chance de reproduire des situations très proches de ce qu’il s’est réellement passé à l’époque. Avez-vous créé un chaudron magique numérique pour concevoir les scènes de course ?


Critique. Les blessures de Lauda étaient si sérieuses qu’il fut transféré au service des soins intensifs de l’hôpital le plus proche. Un prêtre est même appelé à son chevet. L’Autrichien est marqué à vie.

spectateur puisse être absorbé, pas seulement manipulé par le réalisateur. Comment réussir la transition entre l’action réellement filmée et les tours de magie numériques ? La reconstitution de chaque moment a nécessité un appel aux expertises techniques et technologiques auxquelles nous avions accès. Derrière les caméras, on avait des gens récompensés par l’Académie des Oscars pratiquement à chaque poste. Nous voulions être authentiques. Pour moi, ce film a été un défi similaire à Apollo 13. Nous n’avons pas eu à résoudre the red bulletin

L’ é p o p é e q u i , e n 1976 , e n v oya L au d a e t H u n t d a n s l a ­l ég e n d e , av ec s a c h a rg e é m ot i o n n e ll e ,

cela n’arrive même pas une fois par décennie 75


cet incroyable problème de l’air en apesanteur, mais nous avons dû recréer toutes les courses, tous les circuits. Et on devait le faire avec un budget très raisonnable. Nous avons utilisé de vraies voitures de course. Les propriétaires de ces pièces de collection ont fait en sorte qu’elles soient en état de rouler. C’était fantastique ! L’exercice le plus difficile a été le tournage des scènes à grande vitesse. L’utilisation de ces voitures a coûté une fortune et je ne voulais pas prendre le risque d’un accident. Nous avons aussi construit quelques répliques et généré quelques monoplaces par ordinateur, pour remplir la grille et rejouer les accidents. Nous avons utilisé des images ­d’archives, fabriqué de nouvelles images, voire mêlé les deux. Composer ce puzzle pour raconter les courses, quelquefois sur des circuits historiques, fut un extraordinaire défi cinématographique. Comment avez-vous choisi vos pilotes ? Nous avons embauché des pros en Angleterre et en Allemagne, ainsi que des pilotes ayant la culture F1. Le plus célèbre, c’est Jochen Mass, c’était bien de l’avoir avec nous. Il est discret et très cool. L’histoire est parfaite : le play-boy contre le conquérant, le fils de bonne famille contre le crève-la-faim, des femmes magnifiques un peu partout, des résurrections miraculeuses, des cicatrices au visage… Mais le scénariste a eu besoin de mettre un peu de piquant encore, car il y a des scènes qui s’écartent de la vérité. Peter Morgan est l’un des meilleurs scénaristes au monde. Il n’aurait jamais abandonné le contrôle de sa création.

Gueules. Niki Lauda (à droite) quelques jours après son accident et James Hunt (ci-contre). L’Anglais sera sacré ­champion du monde cette année-là.

On a expliqué à Lauda comment les choses allaient se dérouler et il avait tout loisir de dire oui ou non au contrat. Il savait qu’il aurait à affronter quelques détails qui allaient lui déplaire. Il y avait votre liberté artistique… Oui. Lauda a accepté le contrat. Il est rarement passé sur le plateau et il ne s’est pas plaint quand il a découvert que, dans le script, une scène différait légèrement du souvenir qu’il en avait. Il a parfois même constaté que les « nouvelles » scènes étaient vraiment bonnes et nécessaires à la narration. Ainsi, le public pouvait plus facilement s’identifier aux

Virginité. Ron Howard s’est affranchi des ­habituels schémas hollywoodiens pour réaliser une œuvre empreinte d’amour.

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héros. Peter Morgan a écrit une scène qui met un garçon prétendument timide au milieu de la folie Ferrari, dans un univers d’adoration, d’érotisme et de plaisir de la vitesse en mode hardcore. Sur une petite route anodine d’Italie… (Il coupe.) Où la magie Ferrari a frappé. Une femme sans méfiance, dans une voiture, un auto-stoppeur qui se révèle être un fan, un clou qui perce un pneu… Niki a dû rencontrer sa petite amie dans des circonstances sûrement plus subtiles. Justement, Lauda dit qu’il était à ­Salzbourg, à une fête organisée par Curd Jürgens, une star de cinéma, et sa petite amie Marlène. Il ne connaissait personne et tournait en rond. Marlène, qui ne connaissait rien de la course automobile, a quand même supposé que ce jeune était un sportif et elle lui a dit : « Vous êtes un célèbre joueur de tennis. » Et, ça a fait tilt entre eux... Dans le film, l’histoire est bien mieux, et elle est merveilleusement racontée par Peter Morgan. Aviez-vous rencontré Lauda avant de vous décider à tourner Rush ? Non, j’avais déjà décidé de faire le film, et ce même si je n’appréciais pas Niki. Mais je l’ai aimé tout de suite. Parfois, j’avais du mal à le saisir mais, avec le temps, ça s’est arrangé. Sur le papier, vous ne pouvez pas comprendre l’esprit d’une personne, son humour, sa façon de penser. Quand on s’est finalement the red bulletin


Photos : Michael Horowitz/Anzenberger Agency, ainer Schlegelmilch/Getty Images, constantin film, twitter

Fiction. Chris Hemsworth est Hunt (à gauche), Daniel Brühl incarne Lauda.

r­ encontrés, il m’a fait penser aux astronautes que j’avais appris à connaître pour Apollo 13. C’est un peu le même équilibre. Ce sont des gens qui ont conscience de se mettre dans des situations dangereuses et qui ont suffisamment confiance en elles pour croire qu’elles peuvent y survivre. Ces gens-là dégagent force et maîtrise. Niki est de cette trempe. Ce rendez-vous à Vienne revêt un ­caractère sentimental pour vous… Le voyage… C’était mon premier travail dans l’industrie du film, j’avais 4 ans. J’ai grandi dans le show-biz, grâce à mon the red bulletin

père. Deborah Kerr était aussi de l’aventure de ce film (sorti en 1959, ndlr). Mais, celui dont je me souviens, c’est Yul ­Brynner. Il jouait le rôle d’un commandant russe, chef de la frontière au temps de la révolution hongroise, en 1956. Il était super avec les enfants. Dans une scène, il prenait un verre de vodka et mordait le verre, devant nous. Je me souviens qu’il m’a dit : « Vous ne pouvez pas faire ça dans la vraie vie, ce verre n’est pas en verre mais en sucre. » Et il m’a laissé goûter. Il avait un goût de bonbon. Pour moi, les éléments du décor, c’était

comme un parc d’attractions. Je m’asseyais sur les tanks, de vrais soldats jouaient avec moi. Quand je suis repassé à Vienne, cinquante ans plus tard pour rencontrer Niki, je n’ai pas pu m’empêcher de passer voir la Grande Roue, et ce château qui ressemble à celui de la Belle au bois dormant… Qu’avez-vous pensé du travail d’acteur de vos deux têtes d’affiche, Daniel Brühl et Chris Hemsworth ? Franchement, je suis ravi. Daniel était déjà un acteur célèbre mais, quand nous avons tourné en Allemagne, j’ai eu l’occasion de remarquer que les gens étaient ­curieux de savoir comment il incarnerait Lauda. Le mimétisme n’est pas naturel, il a fallu lui changer un peu les dents, ainsi que d’autres petits détails. Mais le plus important, c’est que Niki et lui se sont rencontrés et ont échangé énormément ­d’informations sur les journées cruciales de la vie de Niki. Daniel a bossé dur pour apprendre à parler comme lui, en utilisant le même jargon. Après la première projection en Allemagne, les gens étaient persuadés que Daniel n’avait fait qu’imiter Niki, mais ce n’est pas le cas, il a fait un travail acharné. Quant à Chris, surtout vu dans des films d’action, c’est pour lui une formidable percée. Les gens ­d’Hollywood ont vu la qualité de son ­travail dans ce film et, depuis lui ont o ­ ffert des rôles ­dramatiques importants, ainsi que des personnages dans des films d’aventure. L’histoire d’amour qui clôture le film fait très Bisounours. Niki n’était pas du genre à renoncer à un titre de ­champion du monde pour une femme. Je sais qu’il s’est posé des questions sur ce point précis du scénario… Il était vraiment sur le chemin de l’aéroport de Tokyo (son accident au Nürburgring lui a fait manquer trois courses, ­Lauda ne compte plus que trois points d’avance sur Hunt, avant l’ultime Grand Prix de la saison, au Japon. Il abandonne à la fin du 1er tour, son rival et ami Hunt est champion du monde, ndlr). Il m’a dit qu’il ne voulait pas mourir en course dans ces conditions-là. Il y a beaucoup de bonnes raisons pour ne pas avoir envie de mourir. L’amour d’une femme en est une, au moins inconsciemment. Niki ­n’admet pas avoir connu de tels sentiments, mais on peut très bien les exprimer dans le film. Il a dû prendre une ­décision et nous pensons que Marlène a eu quelque chose à voir avec tout ça. Le public aussi aimerait voir les choses de cette manière. Et cela n’a rien à voir avec l’esprit d’Hollywood. Plus sur www.rushmovie.com Sortie en salles le 25 septembre prochain

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Rage. L’équipe hawaiienne Mellow ­Johnny’s représentée ici par Jeff Silva (à g.) et Nicolas Schenk donne tout dans cette Olamau Race 2013. À l’arrivée, ils termineront 3e.

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La course la plus difficile de va’a se dispute depuis deux ans, à Hawaii, sur l’île de Big Island. À bord de ces pirogues à balancier, The Red Bulletin a fendu les vagues aux côtés de ces guerriers, hommes et femmes, attachés à cette pratique ancestrale. Reportage. T e x t e   : R o b e rt A n a s i

Photos : Chris Baldwin

es six équipiers de la pirogue à balancier jaune et blanc, il n’y en a pas un qui ne rame pas d’un hallucinant tempo. Chaque vague menace de stopper la course folle du bateau de Shell Va’a. D’un coup de pagaie collectif, l’équipage brise le mur d’eau. La bataille répond à des règles immuables et répétitives, impose un face-à-face brutal et gracieux entre la haute mer, aux caprices de diva, et une embarcation de carbone menée par six athlètes hors-norme, mais déjà haletants et ruisselants de sueur. Comme on pouvait s’y attendre, la meilleure équipe a déjà pris les commandes, lors de cette première journée, d’une des courses les plus dures au monde : la Olamau Race, à Hawaii. Shell Va’a est une équipe tahitienne. En Polynésie française, la pirogue, c’est le sport n°1, plus populaire que le football. Au terme des 162,5 km de course, trois des quatre premières places du classement général seront squattées par des équipes professionnelles polynésiennes. Seule l’équipe Mellow Johnny’s, menée par Raimana Van Bastolaer, « le gardien de Teahupo’o », une des vagues les plus dangereuses au monde, fief du surfeur Michel Bourez, a troublé l’ordre établi. Bâti comme un frigo de taille moyenne, ce champion de va’a, de surf et de stand-up paddle a la peau acajou, héritage de toutes ces heures passées à l’eau. Il raconte : « À Tahiti, on ­apprend à nager, pêcher, surfer et pagayer. L’océan est tout autour de nous, et nous vivons dans l’eau. Les parents inscrivent leurs enfants à l’école de va’a, et ils passent leurs journées à faire la course entre eux. » Le combat qui oppose « Shell » et « Johnny’s » va bien au-delà du jeu. L’adversaire doit être mis à genoux. La lutte dure une bonne heure de rame brutale, le temps de ­sortir du lagon, puis entre trois et cinq heures de marathon en Effort. L’équipage d’Alaka’i Nalu déploie ses ailes (à droite). Ici, les Tahitiens de OPT fendent la vague.


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haute mer. Sur chaque pirogue, à l’appel du barreur, six rames plongent, déchirent l’eau, remontent et recommencent, dans un exercice synchronisé. La répartition des postes est simple : à l’avant les pagayeurs les plus rapides pour cadenser le tempo, les plus puissants au milieu, et à l’arrière, le cerveau, tout à la fois chef de meute et implacable régulateur de la trajectoire. ­Depuis deux heures, les pirogues avalent dans la douleur les 61 kilomètres qui séparent Laupahoehoe et Keokea, le premier tronçon des 162,5 kilomètres que les équipages ont à parcourir en deux jours et demi, s’ils réussissent à aller au bout de la douleur et de la fatigue. épuisée, une des femmes de l’équipe 404 Wahine doit quitter le bateau. Elle est basculée par-dessus bord pour laisser ses partenaires finir à cinq, seulement. « J’espère qu’elle va récupérer ­rapidement, glisse la capitaine du bateau féminin, parce qu’on aura besoin d’elle vendredi. » Le défi physique et la riche dotation de 38 000 euros ne sont pas les seules différences avec les autres courses de pirogue. La Olamau Race, qui n’en est qu’à sa seconde édition, est un événement « open », c’est-à-dire que les équipages en lice peuvent s’aligner avec la pirogue de leur choix. Sans limite de taille, de poids ou de forme. Seules quelques intouchables restrictions encadrent la course. Comme sur la Coupe de l’America, une jauge technique donne un cadre que les équipes peuvent faire évoluer en jouant de leur inventivité. Malgré son jeune âge, l’épreuve a ­attiré très vite les meilleurs équipages mondiaux. Mike Nakachi, l’organisateur, fait les comptes : « Le va’a a besoin de grandir. L’an dernier, onze équipes avaient participé. Cette année, nous en avons 24 et nous espérons doubler le nombre pour l’édition de 2014. L’événement va aller en s’améliorant. » L’arme pas si secrète de l’équipe surprise Johnny Mellow’s, c’est le tout dernier prototype de pirogue à balancier sorti du chantier Pure Canoes, le laboratoire du génial architecte local, Odie Sumi. Le dessin de la coque et l’élégante finesse du balan82

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Chaud. Avant de se lancer dans le grand bain, on fait la course dans sa tête (à g.). Place alors à l’unique véritable stratégie : la seule force des bras.

cier donnent au canot une image de toute puissance. Même sa couleur, vert menthe, le fait scintiller au soleil comme une pierre précieuse. Sur un flanc, un balancier (ama, en polynésien) est maintenu par un bras de liaison (iako). On dirait une fusée ­d’appoint. Le canot, lui, ressemble au chasseur X-Wing T-65 de Star Wars. Et, sur les vagues, il vole. Durant des siècles, les Hawaiiens ont taillé leurs balanciers d’une seule pièce, dans le tronc d’arbres appelés koa, qui poussent sur les flancs des îles volcaniques. Après des mois de carbonisation, en creusant ­poussivement l’intérieur des troncs à l’aide d’une herminette de pierre, les stabilisateurs prenaient forme. Ces coutumes ont pris un sacré coup de vieux à l’époque des matériaux composites et de la découpe au laser. Depuis une paire d’années, les canots en carbone remportent toutes les courses et laissent tout juste les prix de beauté aux vieux bateaux. the red bulletin

La Olamau Race sert aussi de test grandeur nature aux technologies de pointe appliquées au va’a. Sumi, à peine 31 ans, est à l’avant-garde du projet. Sur les 24 pirogues de cette deuxième « Coupe de l’Ameriva’a », il en a construit onze. Son côté John Ford, sans doute. Son ascension a été rapide. Né à Hawaii et ­diplômé de l’Université polytechnique de Californie, il a commencé à travailler à San Luis Obispo, non loin de Los Angeles, avant de rentrer à la maison. De retour à Big Island, son île natale, Odie Sumi découvre qu’on est prêt à payer très cher pour s’offrir un stand-up paddle. Il se dit : « Je peux en fabriquer. » C’est le cas, et très vite, il a beaucoup de commandes. Trop même. Son associé lui réclame un nouveau design. « Le concept était assez proche de ce que j’avais l’habitude de faire : prendre des bois creux, coller les pièces les unes aux autres, poncer et transformer. » Sumi fait jeune et vieux à la fois. Il a les cheveux 83


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Usure. La Olamau Race est un véritable Ironman. Chaque équipage de 6 a avalé 162,5 km en 2,5 jours, avec les caprices d’une météo qui démonte les vagues et épuise les corps des ­piroguiers. À bout de forces, un membre de l’équipage féminin 404 Women quitte ses partenaires, réduites à cinq.


noirs, un bronzage naturel qui révèle ses origines insulaires, dans ce mélange des sangs caractéristiques des habitants des ­archipels de l’arc polynésien. Trois ans à peine après la création de son premier canot, Sumi et ses conceptions dominent déjà les plus grandes courses de pirogue. Finalement, il se rapproche plus de Bill Gates que de John Ford. D’autant que comme le ­génial informaticien, il a débuté dans son garage. Sumi a installé son chantier dans deux entrepôts en périphérie de Kona, le ­district de Big Island réputé pour son Ironman. Le cours actuel d’une pirogue à balancier de chez Pure Canoes prête à fendre les eaux se chiffre à 14 400 euros. À ce prix-là, vous avez une coque en carbone, bois et fibres de verre ; un balancier en résine infusée et un bras de liaison en aluminium renforcé. Sans oublier la touche personnalisée, car chaque balancier est habillé d’une jupe imperméable cousue main par la maman d’Odie Sumi.

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a Olamau Race se court sous des panoramas époustouflants. Au loin, le volcan Mauna Kea, 4 207 m, qui, si on y ajoute la partie immergée, dépasse largement l’Everest. Big Island est la plus jeune des îles hawaiiennes et ne cesse de connaître des glissements de terrain. Régulièrement, des coulées de lave explosent au contact de l’eau. Les équipages de la Olamau barbotent en face de falaises noires et de ­dizaines de cascades qui chutent de l’à-pic, sur des centaines de mètres. Celle de Pacific Northwest passe au plus près des plages de roche volcanique. D’un peu trop près et elle en paie le prix fort dans son combat contre le courant. Avec le reflux sur la paroi, la houle est chahutée. La plupart des équipes ont engagé un barreur local qui connaît les lieux ou un bateau d’escorte d’où sont données les consignes de navigation. Sauf l’équipe PNW (Pacific Northwest), qui est presque aussi éloignée de la tête de la course que la côte californienne de la Polynésie française. Dans le canot de PNW s’agitent d’anciens nageurs, des rameurs spécialistes des longues distances et des Hawaiiens en pige, juste enrôlés pour la course. Tous travaillent à temps plein et n’ont pu s’entraîner qu’après avoir quitté le ­bureau. « Nous avons gardé un compte-rendu de toutes nos journées d’entraînement, raconte le capitaine Lance Mamiya. Quand on voyait que l’un de nous s’était rajouté une séance de préparation, cela nous stimulait et on faisait tous pareil. » Mamiya a 46 ans, mais il en fait dix de moins. Il a le trapèze épais et des épaules d’haltérophile. Il a grandi dans les îles, mais la carrière de son père, un pilote de chasse de l’US Air Force, a propulsé la famille à travers le monde. Mamiya a commencé à pagayer sérieusement après s’être installé à Seattle, dans le nordouest des états-Unis. La pirogue est pour lui synonyme de poussées d’adrénaline et de contact avec ses racines d’insulaire. « Quand je rentre à Hawaii, que je retourne surfer ou pagayer sans combinaison, je retrouve une connexion pure à l’eau. Chaque fois que je reviens ici, la remontée dans l’avion pour Seattle est plus dure que la précédente. » À Seattle, les conditions de navigation sont bien différentes. La veste de quart est obligatoire en hiver, les rameurs ont parfois à briser la glace à coups de pagaie. Pour un entraînement à l’année dans des lacs ou des baies. Jouer avec la houle, pour ne plus la subir, est une compétence qui s’acquiert. Les pirogues n’ont pas de safran, ni de dérive, et c’est tout l’art du barreur que de mener la barque dans les flots, du bout de la pagaie, lorsque la houle et le vent secouent la pirogue de droite à gauche. Attraper la houle, sur une pirogue à six, est aussi ardu que de demander à six aveugles de surfer ensemble une vague sur un longboard.

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Rouleau. M ­ ellow ­Johnny’s domine une vague lors de la ­première journée, longue de 61 km entre Laupahoehoe et Keokea (à gauche). Au-dessus, l’un de ses rameurs, Heiva Paie.


Mauna Loa

Keokea Beach

H awa i i Kawaihae Kukio Kamakahonu

Laupahoehoe Big Island

ma pagaie pour qu’on aille droit. Et je me suis remise à pagayer. Mais le poids de l’eau et l’intensité de l’effort en anaérobie (sans présence d’oxygène, ndlr) m’ont bien secouée. » Après une heure intense à surfer les hautes vagues, l’équipage de Pacific Wahine a retrouvé une assiette plane pour entrer en lutte avec trois rivales. Pure Oceanic Connection, Kawaihae et 404 Women, à peine quelques mètres devant. À l’épuisante bagarre contre les vagues ont succédé des duels épiques. « À chaque fois que je regardais devant, il y avait une autre attaque à lancer, poursuit Anna Matthiesen. Éliminer ces équipes n’a pas été ­facile. » ­Victorieuses le premier jour, Matthiesen et ses filles bouclent en seconde position les 43 km entre Keokea et Kawaihae. Au terme de ce deuxième jour, elles conservent leur maillot jaune au général. L’an passé, une seule équipe féminine avait concouru. Cette année, elles sont cinq, suffisant pour établir un classement.

Chaque rameur doit sentir la vague et ajuster son planté de ­bâton. Une fois que la pirogue a adopté la vitesse du sommet de la vague, les hommes raccourcissent leurs coups de pagaie, en accélèrent le tempo et tentent de profiter de l’élan. Dans le même temps, le pilote doit garder le bon cap et l’angulation du bateau pour éviter de le voir s’enfoncer sous la vague et de perdre de la vitesse. Là, l’équipe PNW avance bien. L’an dernier, l’équipage avait disputé la course sur un canoë médiocre et était arrivé bon dernier du classement masculin. Mais leur ardeur avait épaté Odie Sumi qui leur a prêté l’une de ses pirogues, à durée indéterminée. La première journée s’achève sur un face-à-face entre le ­Johnny Mellow’s et le Shell Va’a, vainqueur avec 81 secondes d’avance. Une broutille après plus de trois heures de course. Sur le rivage, un membre de l’équipe de Sea Shepherd est allongé à l’abri, sous l’auvent qui accueillera le banquet du soir. Mais il ­grimace de douleur, son bras est planté d’une aiguille d’intraveineuse. Ce sport, ce n’est pas du croquet. Et ça peut être pire. Le deuxième jour, justement, le Pacifique est déchaîné. Une trentaine de nœuds de vent et une houle de près de trois mètres ­secouent la côte. Dans les bateaux suiveurs, on mâche de la ­Dramamine, la meilleure amie du marin, avant de tenter de rejoindre la ligne de départ. Déjà, une épreuve de survie. Pour preuve, le bateau de Sea Shepherd chavire et ses pagayeurs se démènent pour garder la tête hors de l’eau. Les bateaux escorteurs disparaissent derrière les montagnes liquides, laissant les pirogues seules dans la tempête. Après quelques minutes de course, Mellow Johnny’s est rempli d’eau et menace de s’enfoncer. Les meilleures équipes profitent de la tempête et des bourrasques pour grimper jusqu’au sommet des grosses vagues et ­surfer les houles blanchies les unes après les autres. Anna ­Matthiesen est dans son élément. La capitaine de Pacific Wahine, l’une des cinq équipes féminines en lice, a fait partie des meilleures nageuses américaines. L’eau, elle connaît. La blondeur aussi, qui dévoile son ascendance norvégienne, tout comme ses yeux bleus. Mais son âme est hawaiienne. « Je m’épanouis dans les gros trucs, dit-elle. J’ai penché la pirogue et serré fermement the red bulletin

L

e troisième jour, le plan d’eau est si plat, si velouté, si translucide qu’on aurait aimé poser une nappe dessus pour y pique-niquer. Loin devant, Shell, ­Mellow Johnny’s et EDT (électricité de Tahiti) se battent pour la victoire. Les trois équipes ne se lâchent pas d’une semelle et naviguent côte à côte. Shell a quatre minutes d’avance au classement général mais les Tahitiens veulent faire un sans-faute et gagner aussi cet ultime round. Une victoire d’étape rapporte 2 500 dollars, tandis que la première place au général débloque un chèque de 15 000 dollars qui sert à couvrir les frais de déplacement jusqu’à Hawaii. Shell pourrait se lasser de gagner toutes les courses auxquelles cette écurie de pur-sang s’inscrit tout au long de l’année. Or, ces rameurs sont animés de forces qui leur sont supérieures, qui leur font accepter à l’année les salles de dortoir bondées et les incalculables heures d’entraînement. Il est question là d’instinct de compétition, de camaraderie et d’esprit de corps. Cette confrontation musclée avec les éléments, dans des décors féeriques, permet surtout de perpétuer la tradition et de porter le mana (l’esprit) des anciens. Pagayer ainsi, c’est emmener leur sport, leur art vers le XXIe siècle. « Pour moi, dit l’organisateur Mike Nakachi, c’est la vie dans ce qu’elle a de meilleur. Olamau, c’est vivre sa vie à plein régime. » À Hawaii, une fois la ligne d’arrivée franchie, la fête bat son plein. « Nous avons couru la première édition, raconte Mamiya, nous venons de courir celle-ci et nous allons venir aux prochaines. Ce sport a sa propre identité. Nous sommes connectés à quelque chose qui a mille ans. » Pacific Northwest, 13e et avantdernier du classement masculin, n’a pas gagné le moindre centime. Ses marins vont retourner vers le continent les muscles endoloris. Les piroguiers fendent les eaux en direction du port de Kamakahonu, épuisés mais ravis. Là-bas, des touristes européens en bikini et short de bain observent médusés la remontée des embarcations hors de l’eau. L’an prochain, la course repartira. Plus sur www.olamaurace.com

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SUCRES.

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Solar Flair est un casque qui vit grâce au soleil. MUSIQUE, page 95

Quoi de neuf en septembre ?

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photo : EVerest Skydive

l’autre Everest

Si le monde ne vous suffit plus, voici la zone de largage la plus haute de la planète. Go !

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Sauter d’un hélicoptère au-dessus du toit du monde est le tout dernier trip très tendance à la sauce James Bond. Voyagez jusqu’à la page 92

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Action !

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Sur mesure Le chausson intérieur amovible est chauffé dans un four spécial avant usage pour épouser au mieux la forme du pied.

Les musts de Parks Bonifay

Mobilité Le système de laçage et une tige très basse permettent une grande mobilité. La semelle contient une couche de mousse pour amortir les ­atterrissages brutaux.

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Légèreté L’utilisation de mesh avec un minimum de couture réduit le poids des ­chaussures à 2,5 kg.

Fixation La semelle plate se fixe directement sur la planche à l’aide de deux vis à positionnement réglable.

Parks Bonifay (32 ans), la légende américaine du wakeboard, a remporté sa 1re médaille d’or aux X Games à l’âge de 14 ans.

Veste Ronix Impact Cette veste stretch à fermeture éclair s’adapte parfaitement au corps. Je l’utilise aussi bien en saut depuis un hélico que sur de puissantes vagues.

Sous le saut du secret Wakeboard L’Américain PARKS BONIFAY, une LÉGENDE DE CE SPORT, VOUS RÉVÈLE LE SECRET DE SES SPECTACULAIRES FIGURES AQUATIQUES. Le meilleur wakeboarder de tous les temps ? Les pairs de Parks Bonifay l’affirment à l’unanimité. Son équipement, dont il participe à la conception, s’adapte à son style de glisse. Floridien de 32 ans, il est à l’origine de nombreux tricks, dont le switch toeside 1 080 qu’il a réussi pour la première fois en 1999. En ce qui concerne son équipement, Bonifay

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mise sur la manœuvrabilité de la planche, le confort et la légèreté des chausses. Il attache aussi beaucoup d’importance à la sécurité : « Je n’ai ­jamais connu mon oncle, il s’est noyé avant ma naissance. Aussi, pour ma mère, pas question que j’aille dans l’eau sans casque ni gilet de sauvetage. »

Ma planche tout terrain mesure 139 cm et se prête à tout type de glisse et de saut.

Plus sur www.parksbonifay.com

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Photo : Chris Garrison/Red Bull Content Pool

Il m’a souvent tiré d’affaire. Il est confortable, le rembourrage est ­super et les protections d’oreilles sont ­amovibles.


Action !

clubbing

fumer ou ne pas ­f u m e r   ?

telle est la question

Peut-on encore fumer un joint à Amsterdam en toute tranquillité ? Voici ce qu’il faut faire et ne pas faire.

Fête. Le Leidsepleing, le quartier des théâtres, à Amsterdam.

Dans la voie lactée

texte : florian obkircher. Photos : de fotomeisjes (4), DigiDaan

AMSTERDAM Direction le «  M elkweg  », en français la Voie Lactée. Cette ex-maison hippie est devenue incontournable. Deux salles de concert, deux théâtres, un cinéma, une galerie d’art, des mètres carrés pour accueillir 3 800 personnes. Après quatre décennies de loyaux services, le Melkweg s’agrandit et devient le plus grand centre culturel des Pays-Bas. Ses débuts se font en 1972 dans une ancienne laiterie du cœur d’Amsterdam, mais abandonnée. Les hippies accourent du monde entier. Au milieu des seventies, les punks prennent le relais, et le Melkweg devient le fief du mouvement alternatif. Ce mois-ci, le groupe de skate-punk californien Good Riddance, la chanteuse pop Kate Nash et l’électro de Jon Hopkins y sont de passage. Belle preuve de l’éclectisme de cette salle désormais mythique. Melkweg Lijnbaansgracht 234A 1017 PH Amsterdam, Pays-Bas Plus sur www.melkweg.nl

the red bulletin

légal Le Melkweg envoie du lourd (à droite et ci-dessous).

Premiers pas À Amsterdam, les soirées ne manquent pas. Voici trois façons d’éviter la gueule de bois.

campagnard Gartine sert des produits qui poussent à proximité. Un endroit bucolique qui vous fait oublier que vous êtes au milieu de la ville. Gartine : Taksteeg 7 BG

ceci n’est pas une pipe Le Barney’s Breakfast Bar propose pipes à eau et space cakes, mais aussi des grandes crêpes et des petits pains. Barney’s Breakfast Bar : Haarlemmerstraat 102

Barraque à frites Les Amstellodamois adorent les frites. Les meilleures sont à Vleminckx, servies avec des sauces exotiques, comme l’Oorlog à base ­d’oignon rouge et de ­cacahuètes. Vleminckx : Voetboogstraat 33

La nouvelle règle dit que chaque ville ou village a la liberté de choisir. Amsterdam a ­donné son feu vert aux touristes alors que plus au sud, beaucoup de villes ont refusé, dont Maastricht.

illégal Vous ne pouvez pas fumer dans les coffee-shops, du moins pas de ­tabac. Beaucoup offrent un substitut au tabac, à base de plantes. Si vous roulez du hash pur, c’est à vos risques et périls.

égal Fumer dans la rue est interdit mais les autorités ­ferment les yeux. Les panneaux ­d’interdiction, les « blowverbod », qui jalonnaient la ville depuis 2007 ont été enlevés. Les touristes ­partaient avec.

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Action!

voyages

à n e pas manquer

Souffle. L’Everest, un terrain de jeu unique.

bienvenue au Népal !

l’eau Le Népal offre des cadres exaltants au rafting. Débutants et experts auront tout le loisir de trouver une ­rivière adaptée à leur niveau. www.nepalraft.com

Se payer le toit de la planète

l’air Les parachutistes qui prennent un avion sans avoir à le quitter avant d’arriver au sol peuvent s’offrir une balade au plus près de l’Everest. La vue panoramique est ­inoubliable.

Everest Skydive Un saut en chute libre à 10 000 mètres d’altitude, dans les environs de la plus haute montagne au monde, régale les amateurs d’adrénaline les plus fous.

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www.buddhaair.com

le bon conseil Préparez-vous ! « Marchez pendant six jours avant le saut, le temps de vous acclimater à l’altitude, raconte Molly Bedingfield. Je me suis remise au sport deux mois avant de partir, ça m’a aidée à me sentir en forme, forte et bien préparée. »

Équipement

« Nous fournissons tout ce dont a besoin un parachutiste, explique Wendy

Smith, d’Everest Skydive. Soit doudounes et protections thermiques sur-mesure. Pour le trek, choisissez des chaussures de marche solides à l’extérieur et bien confortables à l’intérieur. Nous nous occupons du reste. »

la terre S’il vous reste des forces après le saut en parachute, Everest Skydive peut vous organiser un trek de sept jours jusqu’au camp de base de l’Everest. Vous rentrerez à Katmandou en hélicoptère.

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TExte : ruth morgan. photos : WendysmithAerial.com, everest skydive

D’ordinaire, un saut à une altitude de 3 700 à 4 000 mètres suffit à nourrir la soif d’adrénaline des kamikazes. Mais, encore plus fou, voici le saut à l’altitude de croisière d’un avion de ligne, soit 10 000 mètres. À l’aide d’une source d’oxygène d’appoint, une équipe de téméraires a tenté le coup. Depuis 2008, elle se retrouve chaque année en ­octobre. « C’était la première fois que je tentais la chute libre, explique Molly Bedingfield, qui a sauté avec Everest Skydive pour réunir de l’argent pour son œuvre de charité, Global Angels. Du trekking initial à la plus haute zone de largage au monde, ce fut la plus belle expérience de ma vie. J’ai sauté en tandem avec un expert et, quand j’ai ouvert les bras, j’ai ­vraiment eu l’impression de voler. Comme l’air est très léger, on chute plus vite que la normale. On reste en l’air pendant près de sept minutes www.everestavant d’atterrir. Le panorama, skydive.com l’Everest, l’Himalaya… c’est à couper Saut en solo : le souffle. C’est un moment unique 19 000 € Saut en tandem : dans une vie. » Voilà qui a le mérite 26 000 € d’être clair.


Action !

conseils de pro

Minutie. L’équipe ABT s’entraîne pour respecter un temps d’arrêt au stand de 3 secondes maxi.

Axel Funke, spécialiste en sciences du sport chez ABT : « Chaque semaine, nous effectuons deux séances de travail avec les mécanos. »

CHANGEM ENT DE ROU E SU R POU LI E LESTÉE

Pneu ou roue

Texte : Werner Jessner. Photos : tim Lüdin. illustration: heri irawan

dtm à l’instar des F1, le passage aux stands est primordial. Voici les secrets d’un changement de roues en moins de 3 secondes sur audi A5. Le pistolet de 6,8 kg dévisse déjà les roues de l’Audi ABT alors que celle-ci roule encore. Un levier permet au pilote d’enclencher le cric à air comprimé qui surélève instantanément la voiture à l’aide de quatre échasses pneumatiques. Le coude du mécano au pistolet repose sur son genou droit, tandis que de la main gauche, il saisit le pneu usé par la jante et le retire. Un deuxième mécanicien met en place le pneu neuf. Il faut alors visser, descendre la voiture et repartir en moins de 3 secondes. Les mécaniciens de l’ABT, ­engagée dans le Championnat allemand des voitures de tourisme (DTM), simulent une dizaine d’arrêts aux stands par jour. Souvent par séries de quatre suivies d’une pause de 90 minutes (consacrée à la préparation de la voiture). La roue avant d’une Audi ABT DTM pèse 22 kg, une roue arrière 24 kg. Trois fois le poids d’une roue de monoplace de Formule 1. the red bulletin

L’entraînement sur poulie lestée permet de reproduire à l’identique les gestes dans les stands.

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Le positionnement à la poulie reproduit celui adopté par les mécaniciens en stand, où ils sont légèrement accroupis.

Pour éviter une asymétrie musculaire, les deux côtés du corps sont entraînés de manière égale.

Nous effectuons deux séries de 12 à 15 répétitions avec un poids inférieur à celui d’une roue et deux à six répétitions avec un poids supérieur.

Le programme d’entraînement inclut aussi du développé-couché avec des poids de 60 à 80 kg.

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Action !

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Le top à São Paulo

Vivi Orth délaisse un instant les couvertures de Vogue ou de ELLE pour nous servir de guide.

« Un mix entre Fendi et un bon burger »

www.kartodromogranjaviana.com.br

Viviane Orth défile pour Dior et Calvin Klein. Elle a grandi à São Paulo et affiche fièrement son attachement à la plus grande ville du Brésil et ses douze millions d’habitants. « C’est une cité géniale et les Paulistas sont les plus accueillants au monde même si le gigantisme peut effrayer. Mais on sait faire la fête ! » Aujourd’hui, Orth a 22 ans et vit à l’étranger la plupart du temps. Mais elle ne manque jamais l’occasion de retrouver sa ville fétiche : « On trouve ici d’incroyables boutiques et les meilleurs restaurants. C’est un mix entre Fendi et un bon burger. »

Salve Jorge. La bière y est la plus fraîche de la ville, les bouteilles sont apportées dans des coupes remplies de glaçons.

skate

1 Parque do Ibirapuera

Av. Pedro Álvares Cabral, Portão 10 Un parc magnifique avec des ­édifices conçus par le grand ­architecte Oscar Niemeyer. Un endroit idéal pour courir, faire du skateboard ou du vélo.

SÃO PAULO mannequin BRÉSILIENNE de renommée mondiale, VIVIANE ORTH nous emmène à travers la mégapole. Il y en a vraiment pour tous les goûts.

ra

kart À 20 km du centreville, le circuit ­Kartódromo Granja Viana propose 4 stages sur piste. Pour 85 real, vous mettez les gaz pendant 25 minutes. Casque et combinaison fournis.

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Le costume ­cravate est ­déconseillé

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4 Cidade Jardim

Av. Magalhães de Castro, 12.100 Le temple du luxe. Des boutiques comme Hermès et Chanel ­côtoient l’institution de la mode au Brésil, le Daslu. Et le meilleur hamburger vous attend au ­Lanchonete da Cidade. Un arrêt obligatoire pour moi.

Les fans apprécieront le Murumbi District et le ­skatepark CEU ­Butantã. Quant au magasin Toobsland, il possède un bowl de 100 m2. Réservez pour ­profiter d’une séance privée. toobsland.com.br

BMX

2 Pé no Parque

Rua Inhambu, 240 Après mon footing, je petit-­ déjeune au café du parc. On y trouve des fruits frais, et mon plat favori : une purée de baies d’açaï. Un régal avec du muesli.

3 BAR SALVE JORGE

Rua Aspicuelta, 544 Cette rue est le cœur de la vie nocturne. Je recommande le

5 casa Juisi

R. Roberto Simonsen, 108 Cette boutique est un bon plan fringues mais on y chine aussi des meubles anciens, des ­lunettes de soleil vintage ou d’anciens sacs à main stylés. Ma dernière trouvaille ? Un sac Fendi de 1970.

À la fois havre de paix et réserve naturelle, le parc écologique de Tiete est aussi un paradis pour les mordus de BMX. Les innombrables pistes combleront débutants et pros de freestyle. www.ecotiete.org.br

the red bulletin

Photos : tuca vieira (4)

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Action !

musique

SOIGNEZ VOS ­V I N Y L E S !

Paul Thomson, 36 ans, batteur du groupe écossais Franz Ferdinand

En 2004, Franz Ferdinand dégaine un premier opus. Les avis sont unanimes : aucun autre groupe n’associe mieux que le quartette écossais l’essence de l’avant-­ garde russe, les rythmes énergiques de la new-wave et les mélodies que l’on sifflote toute la journée. Neuf ans après et trois millions de disques vendus, le groupe sort Right Thoughts, Right Words, Right Action. à la ­Rédaction de The Red Bulletin, on est fan. Le batteur Paul Thomson révèle ici les disques é­ coutés par le groupe de Grande-Bretagne ­pendant la ­conception de leur ­quatrième album. Il y en a pour tous les goûts.

Kanye West, Zomby et l’horrorcore playlist DU HIP-HOP AU PUNK DANOIS, les gars de FRANZ FERDINAND ont ÉCOUTÉ BEAUCOUP DE MUSIQUE pour leur 4 e ALBUM.

1 Kerri Chandler

2 Kanye West

3 Zomby

L’original est bon mais la version remixée par Foremost Poets, producteur de house du New Jersey, est excellente. Sa manière de s’approprier le morceau avec des slogans est incroyable. Je l’ai vu une fois aux platines à Glasgow, il passait des disques qui n’étaient pas les siens, qu’il avait oubliés. Malgré tout, ça reste l’un des meilleurs dj’sets de toute ma vie.

Ses visites au Louvre lui auraient inspiré l’album. Que des tableaux de la Renaissance puissent susciter un truc pareil, c’est tout simplement génial. Du rap à la hauteur de l’époque. Mélancolique, innovant, expérimental. Avant, Kanye ­assistait à nos concerts et nous disait qu’il était fan. Aujourd’hui, c’est moi qui suis fan de lui.

Ce type est dingue. C’est un album avec 33 morceaux électro, pas un ne dépasse les deux minutes. Impossible à mixer pour un DJ. Le beat de ses morceaux est génial, c’est une musique de danse pour zappeurs invétérés. Zomby a tellement d’idées qu’il ne veut s’attarder sur aucune. Pour preuve, son remix de notre morceau Ulysses.

4 Vår

5 The Doppelgangaz

En temps ­normal, Elias Rønnenfelt est le leader du groupe punk danois Ice Age. Des ­musiciens sacrément ­déjantés. Des fous furieux en live ! Flanqué d’un de ses potes, Elias vient de sortir un album sombre sous le nom de Vår. J’y entends du Depeche Mode, surtout avec le ­morceau The World Fell que j’écoute en boucle.

Quand j’étais ado, j’écoutais du thrash metal, de la guitare pure et dure, jusqu’à ce que je tombe sur des rappeurs comme Public Enemy, Wu-Tang Clan. Leur énergie était différente mais tout aussi puissante. Ces gosses me rappellent ce hip-hop des années 90. Avec leurs robes de bure noires et leur son très sombre, l’horrorcore est avec eux au summum !

Bar A Thym

The World Fell

TextE : florian obkricher. Photo : Splash News

Extraits et dates de tournée mondiale sur www.franzferdinand.com

the red bulletin

Black Skinhead

Hark!

et déclarez la guerre à la poussière

MACHINE À LAVER Spin Clean est un bac en plastique avec brosses. Remplissez d’eau avec du produit nettoyant, faites tourner le disque dans le sens des aiguilles d’une montre et laissez sécher.

With Love

Pistolet Le pistolet antistatique Milty génère une décharge d’ions positifs et négatifs qui débarrasse vos vinyles de la charge électrostatique qui ­attire la poussière. Efficace !

b ien cas q u é le Gadget du mois

Onbeat Solar L’arceau de ce casque est équipé d’un panneau solaire de 55 cm3. Situées dans les oreillettes, deux batteries Li-Ion stockent l’énergie du soleil, nécessaire à la recharge de votre smartphone, via une prise USB. Plus sur www.onbeatheadphones.com

Produit ­ménager Badigeonnez le vinyle avec de la colle à bois et aplanissez-le avec une spatule. Puis laissez sécher et retirez délicatement la fine couche pleine de poussière. Il sera comme neuf.

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Action !

focus

en bref notre sélection, en bonne ­compagnie

14 samedi

DIEUX DU STADE Les meilleurs spécialistes du décathlon sont à Talence pour le Décastar. Deux jours et dix épreuves pour ces Hercule de la piste. 14-15.09, www.decastar.info

22 dimanche

Géant. Le maître Kelly Slater espère bisser à Hossegor fin septembre.

Arrêté en 2000, le mythique cross du Figaro, créé en 1961, renaît. Il quitte le Bois de ­Boulogne pour les allées du Parc de Saint-Cloud. 22.09, Saint-Cloud cross.lefigaro.fr

27.09 – 7.10, Hossegor

Prenez la vague

Chaque automne, l’ASP World Tour pose ses planches sur la plage d’Hossegor. Les 34 meilleurs surfeurs de la planète ont dix jours pour dominer les vagues landaises, seule étape française continentale du circuit. L’an dernier, Kelly Slater s’y est imposé pour la 1re fois. Ses concurrents laisseront-ils au boss l’occasion de remettre ça ? www.aspworldtour.com

Jusqu’au 31.10, Versailles

Penone au vert L’Italien Giuseppe Penone a posé ses sculptures d’arbres et ses stèles dans les jardins et à l’intérieur du château de Versailles. www.chateauversailles.fr

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17-18.09, Paris

Jusqu’au 27.10, Paris

Pari à tenir

Le show Mueck

La Ligue des Champions reprend avec ses stars et sa phase de poules. Le Bayern est toujours aussi fort, le Barça déjà revanchard et le PSG de Javier Pastore, encore plus ambitieux. Laurent Blanc a connu l’aventure avec Bordeaux en 2009, mais « Ici c’est Paris ». Après le quart perdu contre Barcelone en mars, le propriétaire qatarien voit grand. Les supporters aussi. Comme ceux de Marseille, directement qualifié. www.uefa.com

Huit ans après un premier essai fructueux, la fondation Cartier expose à nouveau les œuvres du sculpteur hyperréaliste australien, référence de l’art contemporain et ancien créateur du... Muppet Show. Une occasion rare de découvrir les personnages de Ron Mueck, tantôt gigantesques, tantôt minuscules mais toujours déroutants. à savourer sans modération. www.fondation.cartier.com

26 jeudi

savage cinema Le Festival du film de Saint-Sébastien accueille deux productions signées Red Bull Media House. ­David Lama et Shane McConkey sont à l’honneur. 26-27.9, www.sansebastianfestival.com

the red bulletin

Texte : Etienne Bonamy. Photos : getty images (3), thomas salva/lumento pour la Fondation Cartier

LE FIGARO REPART


Vos artistes préférés partagent leurs coups de cœur musicaux : Headphone Highlights sur rbmaradio.com *Morceaux sélectionnés avec soin.

La sélection musicale la plus excitante du web.

Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658


dans le rétro

Coude-àcoude aérien

the Red Bulletin numéro 24 sera disponible le 9 octobre prochain 98

the red bulletin

Photo : Alan Band/Fox Photos/Getty Images

Dans les années 60 apparaît la première alternative aux Jeux Olympiques. Un article titré Why Games? du quotidien américain East South Pennsylvania News critique la rigidité du CIO envers les sports émergents. Le journal local organise même des compétitions dédiées à ces sports. Dont, en 1964, un championnat de ski nautique par équipes (ici, une manœuvre de dépassement). Les « Y-Games » auront lieu chaque année jusqu’en 1976.




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