The Red Bulletin CF 09/19

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SUISSE SEPTEMBRE 2019, CHF 3,80

HORS DU COMMUN

« BOUGE-TOI. TENTE L’IMPOSSIBLE. ET PROFITE DU VOYAGE ! » BRAD PITT ET LEONARDO DiCAPRIO DANS UN ENTRETIEN CROISÉ SUR LA MÉTHODE TARANTINO BRAD PITT « TRAVAILLE AVEC DES GENS PLUS INTELLIGENTS QUE TOI. »

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LEONARDO DiCAPRIO « SI TU NE CROIS PAS EN TON PROJET, TU LE DESSERS. »


A MERICAN SPIRIT

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Red Bull® Marks and the Red Bull Air Race Logo are licensed by Red Bull GmbH/Austria


ÉDITORIAL

ATTEINDRE LE SOMMET… ET APRÈS ? Nous commençons cette virée mensuelle avec un franchissement de cols à mobylettes… Eh oui, les activités en montagne peuvent aussi avoir le ­caractère de l’absurde, comme lors de la dixième édition du Red Bull Alpenbrevet page 22.

Un sommet en appelant un autre, envolons-nous page 46 avec ­Géraldine Fasnacht, snowboardeuse et adepte du vol en wingsuit, la première à s’être élancée du Cervin. Elle ne se contentera pas d’en rester là. Tout comme nos deux invités de marque : Brad et Leo, Pitt et DiCaprio, qui nous expliquent que la route est très longue avant de devenir un monstre sacré du cinéma page 34. À l’époque où leurs carrières respectives démarraient à peine, les rave parties, elles, atteignaient un climax en Angleterre ; c’est ce qu’a documenté le ­photographe Dave Swindells page 54.

OLIVIER JOLIAT

Son goût pour la musique a mené le journaliste helvète à se diversifier et à élargir son spectre d’activités. Après avoir publié des essais, il débute dans la réalisation avec un premier documentaire… Lors de sa rencontre avec Géraldine Fasnacht, il est bluffé : en s’extirpant de son Porsche cabrio blanc, apprêtée et manucurée, la sportive est bien loin de l’image qu’Olivier se faisait d’elle en combinaison ailée. Page 46

DAN CERMAK

Lisez plus ! Votre Rédaction

SAMIR HUSSEIN/WIREIMAGE/GETTY IMAGES (COUVERTURE)

CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

« Il faisait chaud, il y avait de la poussière et du sable, de l’action à une cadence impressionnante. J’armais le déclencheur presqu’à l’aveugle, mais au final, je trouve que ça ne se voit absolument pas », dit Dan Cermak. Les photographies du Tchèque, formé à la ZHDK (­Zurich) et la FAMU (Prague), se définissent depuis vingt ans par leur authenticité, leur force et leur humour. Page 76

Le lutteur suisse de 22 ans a donné tout ce qu’il avait lors du shooting dans l’Oberland bernois. Les prouesses passées et à venir du jeune prodige Remo Käser sont à lire page 76. THE RED BULLETIN

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SOMMAIRE septembre 2019

86 Le festival Nyege Nyege, raison

suprême de bouger en Ouganda

90 Avec la méthode Isele, c’est

pieds sur terre et yeux fermés que le grimpeur se prépare 91 Des montres épaisses de 3,9 millimètres ou pesant treize tonnes : les chiffres fous de Swatch 92 Ce Minecraft en réalité virtuelle

pour smartphones contribue au réel de manière intelligente 93 Plein écran : faites vos courses sur Red Bull TV, sans bouger 94 Lutte suisse, festivals de musique, trail sur les crêtes, skate, trampoline ou vélo : l’agenda sans équivalent 98 Haute voltige au-dessus de la Grosse Pomme

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Un vent de folie a soufflé au sommet de Red Bull Alpenbrevet… Images à l’appui !

sur lesquelles passer des heures 12 Pour la DJ Peggy Gou, c’est ­l’ouverture qui importe 14 Se mettre en condition pour la vie sur Mars ? On file en Chine 16 L’idée, en achetant cette moto, c’est de ne plus jamais en acheter d’autre… La Zeus de chez Curtiss Motorcycles est un rêve électrique aux prétentions durables 18 Avec ses personnages mythiques, Stan Lee a installé le concept de superhéros dans notre quotidien 20 Pour trouver des vinyles, Vincent Privat ne lâche rien, quitte à vider un entrepôt deux jours durant

2 2 Töff-töff

u Red Bull ­Alpenbrevet, tous A les déguisements sont permis

34 L es beaux gosses

rad Pitt et Leonardo DiCaprio, B icônes du cinéma, font la leçon

40 B illie Eilish

« La vie est courte, autant ne pas se prendre trop au sérieux »

46 Ç a plane pour elle

40

À 17 ans, la chanteuse Billie Eilish crée sans a­ rrière pensée. Et ça lui réussit plutôt bien.

Géraldine Fasnacht, pionnière de vol, et sa wingsuit sur mesure

54 O bjectif R.A.V.E

Un photographe au cœur du ­Second Summer of Love

6 0 Jérôme Delafosse

Acteur de premier plan de la transition énergétique

68 G raine de champion Manger sainement, c’est bon pour la santé… et les perfs

76 Entrez dans la lutte

vec Remo Käser, figure de A proue de cette tradition suisse

4

THE RED BULLETIN

ROMINA AMATO/RED BULL CONTENT POOL, UNIVERSAL MUSIC, CHRIS SCHMID PHOTOGRAPHY

6 Moto, surf ou skate, trois photos


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La Suissesse ­Géraldine Fasnacht aussi libre qu’un ­oiseau quand elle déploie sa combinaison ailée.

THE RED BULLETIN

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CAINEVILLE, UTAH

Du neuf avec du vieux

CHRIS TEDESCO

La photo est depuis longtemps indissociable de l’univers des sports ­d’action, mais sur ce coup, l’environnement de la prise de vue la hisse aux sommets du genre. Réalisée à Caineville, dans l’Utah, par le photographe Chris Tedesco, elle montre le vainqueur des X Games Tom Parsons sur un terrain d’exception. « Le mélange entre le paysage ancestral grandiose et la performance de haute volée rend ce cliché unique ; l’immuabilité des roches contraste avec l’énergie instantanée et éphémère du pilote », explique ­Tedesco. Une séquence nominée dans la catégorie Best of Instagram du concours photo Red Bull Illume en février ­dernier. Instagram : @tedescophoto


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REN MCGANN


AUSTRALIE-­ OCCIDENTALE

Face au colosse

Lorsqu’une énorme houle parcourt l’océan Indien, elle peut engendrer des vagues colossales sur « The Right », ce récif meurtrier situé en Australie-­Occidentale. Seuls les plus courageux des surfeurs osent les affronter. Pour le photographe Ren McGann, le défi était de ­saisir le moment où le surfeur tente de ­dominer la vague. « Cette photo est probablement celle dont je suis le plus fier. Me fondre dans la nature est pour moi le but ultime. Le voyage commence dès que je prends mon ­appareil, charge la voiture et démarre. Une fois à l'eau, être entouré de ­vagues géantes m’apaise comme­ rien d’autre. » Instagram : @renmcgann

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FILLINGES, FRANCE

Avec ses lignes épurées et ses contras­tes forts, on comprend a­ isément pourquoi cette image de BMX a été élue meilleure de la catégorie Best of Instagram du concours Red Bull Illume l’hiver dernier. Au moment où le photographe et vidéaste Baptiste Fauchille ­installe son appareil au bowl de ­Fillinges, ville de Haute-Savoie, il ne se doute pas qu’il va y réaliser une photo bientôt primée. « J’ai d’abord envisagé une vidéo avec mon drone. Puis j’ai réalisé que le bowl était immaculé : pas un graffiti, pas une saleté. Ce qui permettait de bien faire ressortir le rider et son ombre. J’ai demandé à Alex Bibollet (un rider dans l’équipe qui accompagnait Fauchille, ndlr) de me donner ce qu’il avait de mieux et j’ai pu ­capturer le moment. » Instagram : @baptistefauchille

BAPTISTE FAUCHILLE/UNICORN WE ARE LEGENDS

Un plan en béton


  11


« Je suis douée pour lâcher prise » Peggy Gou est la nouvelle coqueluche de la scène dance. La DJ et productrice sud-coréenne explique ici comment ­libérer ses talents sans s’enfermer dans des cases.

« Pas de répit. J’enchaîne une chose après l’autre. »

12

the red bulletin : En à peine quatre ans, vous êtes passée d’une poignée de soirées par an à vingt dates par mois en club à travers le monde, sans compter votre succès en tant que ­productrice. C’est quoi, votre ­secret  ? peggy gou : Je suis entière. Quand j’aime ou quand je veux faire quelque chose, je fonce. Quel qu’en soit le prix. C’est ainsi que s’est lancée votre carrière ? Il y a quelques années, un de mes amis, Esa (Williams, DJ et producteur sud-africain, ndlr), m’a invitée dans son studio d’enregistrement à Londres. J’y suis allée et ce fut le coup de foudre avec la création musicale. J’ai commencé à passer plus de temps au studio qu’à l’université. Le soir, je continuais à travailler au lieu de rentrer dormir. Mes échecs aux examens n’ont pas pesé lourd face à mon amour pour la musique. Quelle était votre passion avant la musique ? J’ai toujours aimé le stylisme, et j’ai été un temps attirée par la mode. Mais j’ai vite compris que je n’étais pas douée pour ­habiller les autres.

Quel est le secret de votre succès ? La méthode Gou ? Pas de répit ! J’enchaîne une chose après l’autre en essayant de surprendre. J’adore la pression. Au départ, je voulais être une DJ très focus sur la house, et des collègues me conseillaient de choisir un seul style. À l’époque, ça me paraissait logique, puis j’ai ­remarqué que beaucoup de mes DJs préférés touchaient à tout et ne se souciaient guère des genres. À présent, je me sens libre et veux montrer au monde tous mes goûts et tout ce dont je suis capable. Comment décririez-vous votre style ? Je ne veux pas le décrire ou le définir. Tout comme je veux avoir la liberté de m’habiller comme je l’entends, je refuse d’être cantonnée à un genre. Cela transparaît clairement dans votre album DJ-Kicks, où vous passez du disco à la house, de la techno à l’électro, des pistes lentes aux morceaux à 150 BPM… C’était le but recherché. Je ne voulais pas sélectionner des morceaux que j’utilise dans mes sets, mais retracer mon parcours musical au fil des ­années. L’idée est d’inviter l’auditeur chez moi pour ­écouter les mélodies qui ont influencé ma compilation.

Le mix DJ-Kicks de Peggy Gou est ­disponible : dj-kicks.com ; Soundcloud : Peggy Gou

Avez-vous souffert de devoir renoncer à cet univers ? Non. Beaucoup ne savent pas quand lâcher prise, mais je suis plutôt douée pour ça. Quand je ne sens pas un truc, je ne m’acharne pas. Pour

NATHAN ZENTVELD

Le boulot de DJ n’échappe pas toujours à une certaine routine : on embarque la foule dans un univers musical et puis on laisse la place à un collègue sans que les d ­ anseurs ne s’en aperçoivent. Il en va tout autrement pour Peggy Gou. Chaque fois que la Sud-Coréenne de 29 ans prend possession des platines, la foule lui réserve un accueil digne d’une pop star. Ses fans scandent son nom pendant plusieurs ­minutes, lui lancent des objets à son effigie et font la queue pour un selfie. Impressionnant pour une DJ qui donne strictement dans la dance underground, et dont le premier EP est sorti il y a à peine trois ans. Aujourd’hui, Peggy franchit une nouvelle étape dans sa jeune carrière : le label berlinois !K7 l’a invitée à enregistrer le dernier volet de sa série emblématique DJ-Kicks, aux mix réputés. Se voir proposer un mix par cette institution n’est pas seulement un moment fort pour un DJ (elle succède à Kruder & Dorfmeister, Four Tet et DJ Koze), c’est aussi l’occasion de revendiquer son appétit musical. Gou revient sur son ascension fulgurante, et la pression qui la stimule.

e­ xceller dans une voie, il faut être honnête avec soi-même et savoir tourner la page au bout d’un moment. La tourner sans se décourager.

FLORIAN OBKIRCHER

PEGGY GOU

THE RED BULLETIN



MARS BASE ONE

Sur la Terre et au-delà Center. « La base permet aux visiteurs de comprendre les enjeux de la vie dans des espaces clos où tous les aspects de la vie quotidienne doivent être maîtrisés avec des ressources très limitées, nous explique-t-on du côté du C-Space. Chaque goutte d’eau doit être récupérée et recyclée. La nourriture doit être riche en protéines pour assurer la bonne santé des occupants et les sorties s’effectuent en combinaison spatiale avec passage par la cabine de pressurisation. » Ouverte au public, cette installation éducative de 1 115 m², toute terrienne soit-elle, espère bien inspirer la prochaine génération d’aventuriers de l’espace tout en aidant la Chine à rattraper les États-Unis et la Russie dans leur quête interplanétaire.

C-Space (C comme Communauté, Culture et Créativité), la base créée pour les ados chinois, a coûté près de 8 millions d’euros et a pour but d’initier la jeunesse à l’exploration spatiale et à la vie sur Mars.

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JONATHAN BROWNING

Mars Base One se situe dans un paysage aride et poussiéreux avec des roches rouges à perte de vue. Sans la moindre trace de vie dans le nuage de sécheresse qui l’enveloppe. Sauf qu’elle n’est pas sur Mars. Située dans le désert de Gobi, à 40 km de la ville de Jinchang (nord-ouest de la province chinoise du Gansu), elle vise à simuler l’expérience de la vie sur la planète rouge. Composée de neuf capsules (une salle de contrôle, un module biologique combinant serre et labo, un sas, des installations médicales, une unité de recyclage, des salles de vie et une salle de sport et de détente), la base a été créée par C-Space avec l’aide du Centre des astronautes de Chine et du China Intercontinental Communication

LOU BOYD

Cette base de préparation permet de vivre comme un ­astronaute sur la planète rouge. Sans q­ uitter la planète bleue.

Le blé pousse dans le module serre/ laboratoire qui étudie la croissance des plantes et des animaux dans un climat martien. THE RED BULLETIN


Le désert de Gobi a été choisi pour la base Mars One à cause de son paysage rappelant celui de Mars, ses conditions chaudes et sèches, ses fréquentes tempêtes de sable et une forte pollution issue des mines de lithium de la ville de Jinchang, à 40 km.

Mars Base One a été utilisée par l’émission de télé-réalité Space Challenge, dans laquelle six volontaires dont cinq célébrités chinoises devaient vivre à la base après une formation d’astronaute. THE RED BULLETIN

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CURTISS MOTORCYCLES

Déesse de l’Olympe Inspiré de la mythologie grecque et de la première moto de vitesse de légende, ce bolide pourrait être le dernier que vous achèterez.

sées en 1907 (219,45 km/h), avec une moto équipée de l’un de ses moteurs d’avion V8 de 40 chevaux. Les ­versions Zeus Cafe Racer et Bobber sont des innovations que Curtiss approuverait : des monstres électriques de 190 chevaux atteignant 100 km/h en 2,1 sec soit 0,7 sec de moins que la ­Koenigsegg Agera RS, la plus rapide des voitures. La nouvelle Zeus Radial V8, dont les cylindres embarquent des ­batteries brevetées, s’inspire du modèle vieux de 112 ans à l’origine du record. « Notre objectif est de produire des machines inusables, poursuit Cornille, avec pour ­ urtiss slogan : Achetez une C et transmettez-la à vos enfants et petits-enfants. Nos batteries sont échangeables et recyclables, c’est la garantie de bénéficier toujours du ­meilleur de la technologie. » curtissmotorcycles.com

LOU BOYD

Rêves électriques : carénage monocoque en aluminium, jantes prototypes en carbone et tableau de bord à écran ­tactile, les créations de Curtiss Motorcycles redéfinissent le design de la moto. Le modèle Zeus (notre photo) incarne cette vision.

Curtiss Motorcycles conçoit des motos uniques : à titre d’exemples, les modèles Zeus (photo) et Hera semblent davantage sortis d’un film de science-fiction que de la réalité. « Nous avons remis en cause la forme même de la moto, explique le concepteur en chef Jordan Cornille. Depuis plus d’un siècle, celle-ci est déterminée par les pièces qui la constituent. Donner à ces bolides l’allure moderne d’une machine à combustion n’avait pas de sens. » L’entreprise US porte le nom de son fondateur, l’aviateur et inventeur Glen Curtiss, célèbre pour avoir mis au point le moteur V-Twin américain, et pour son record de vitesse terrestre sur deux roues motori-

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THE STAN LEE STORY, L’OUVRAGE

Le culte du héros

« Si vous parvenez à soulever ce livre, c’est que vous faites vraiment partie de notre merveilleux monde de superhéros. » Ce sont les mots de Stanley Martin ­Lieber, alias Stan Lee, auteur légendaire, rédacteur en chef et même star de l’univers cinématographique Marvel. Qu’il l’ait écrit dans l’avant-­ propos d’un livre qui célèbre à titre posthume sa propre magnificence résume l’essentiel de ce que vous devez savoir sur l’incroyable, l’étrange, l’inimitable sens de la mise en scène de l’un des plus grands bardes de la culture pop du XXe siècle. Avec ses 444 pages, The Stan Lee Story, publié par Taschen, est un pavé énorme (tout comme son prix, 2 000 €), mais néanmoins à peine capable de résumer la vie et la carrière d’un homme qui a commencé à 17 ans comme garçon à tout faire chez Timely Comics (à remplir les encriers des artistes dessinateurs et apporter leur déjeuner) pour devenir éditeur du Marvel Comics Univers tout en co-créant des personnages tels que SpiderMan, Hulk et Black Panther. Lee a réinventé le support BD dans sa fabrication (en développant la méthode Marvel : une 18

Stan « The Man » Lee dans les bureaux de Marvel à Manhattan, NY, en 1968.

Mille exemplaires de ce livre de 444 pages ont été imprimés, et huit années ont été nécessaires à sa conception. Rare ! THE RED BULLETIN

TASCHEN, 2018 MARVEL ENTERTAINMENT, LCC, COURTESY STAN LEE AND 1821 MEDIA/ PARIS KASIDOKOSTAS LATSIS AND TERRY DOUGAS LOU BOYD

Tant qu’à concevoir un livre sur l’un des créateurs de BD parmi les plus doués de l'Histoire, autant que ce soit fait par lui-même… Et c’est tant mieux.


Lee en agent de sécurité dans le film ­Captain America : Le soldat de l’hiver.

« Bon, les gars, on va créer un empire de la bande dessinée... »

Illustre ! Stan, un héros pour de nombreux fans de superhéros.

technique de storyboard ­collaborative entre scénariste et artiste permettant d’accélérer le rythme de production des planches) et sa perception. Les histoires et la prose de Lee respirent la finesse et l’humour, et ses héros ne sont pas que de gros bras mais des personnages complexes avec des soucis quotidiens et des failles, des profils auxquels le lecteur s’identifie. L’histoire de Marvel est, à bien des égards, l’histoire de Stan Lee, et qui mieux que l’auteur même de ses légendes et le créateur de plus de 200 personnages pouvait la raconter ? THE RED BULLETIN

« C’est une corne d’abondance, une idée folle, une attitude à la Don Q ­ uichotte, pour échapper à la routine et à la banalité », confiait Lee à propos de son œuvre ­maîtresse. « Une fête pour l’esprit, l’œil et l’imagination ; la célébration littéraire d’une créativité débridée, associée à une touche de rébellion et au désir insolent de cracher dans l’œil du dragon. » Lee s’en est allé à l’âge de 95 ans en novembre dernier, mais ses ­histoires et son héritage lui survivront. Les True Believers le savent : le meilleur reste à venir ! taschen.com   19


Intérim

À la petite cuiller (1989)

« Envoyer des bouteilles à la mer… »

Puzzle Pulsion

Pygmalistique (1986)

« Ne négliger aucun disque… »

Afric’ Rhythm

Sans Frontière (1990)

« Appeler cent fois s’il le faut… »

Le disquaire parisien que le monde entier nous envie partage quatre de ses plus belles trouvailles. Des années durant, Vincent Privat a reçu à domicile. Une adresse que les DJs des quatre coins du monde s’échangeaient, avides de ses découvertes musicales. Chineur depuis l’adolescence, ce digger chevronné s’est imposé comme une référence incontournable parmi les collectionneurs de vinyles. Du funk breton aux chants médiévaux, les disques rares qu’il débusque sont désormais accessibles à tous chez Dizonord, la boutique qu’il a ouverte dans le XVIIIe arrondissement de Paris. C’est au comptoir de celle-ci qu'il partage avec nous sa philosophie du digging et quelques-unes des plus belles trouvailles qui ont forgé la réputation de ce passionné.

Vincent Privat jouera ses meilleurs disques sur un sound-system d’exception à l’occasion du Red Bull Music Festival Paris le 29 septembre. Plus d’infos sur redbull.com/parisfestival 20

Raphaël Toiné

Femmes pays douces (1986)

« Remonter la piste de l’artiste… » « Une autre méthode consiste à ­retrouver le contact de l’artiste. J’ai écrit au musicien antillais Raphaël Toiné et suis allé chez lui à Genève. Le train était hors de prix, je n’avais pas un rond à l’époque, mais je me disais que ça valait le coup. On a fouillé dans ses affaires, ressorti les photos d'époque, les articles de presse, il m’a raconté son histoire, des anecdotes incroyables. Mais ­impossible de mettre la main sur le disque. Soudain, un cri au bout de la pièce : Raphaël venait de retrouver 200 albums neufs ! Chacun valait 200 €, je les ai mis en vente à 50. Tout est parti en deux heures avec un simple post Facebook. On a partagé les bénéfices avec Raphaël. Et nous sommes devenus amis. »

« Un jour, auprès d'un label, j’ai récupéré une boîte de K7 démos qu’ils avaient reçues, mais probablement jamais écoutées. Je m’étais gardé celle-ci pour la fin, avec sa pochette faite main, un dessin d’enfant colorié au feutre. Dès la première seconde, grosse claque : une musique électro africaine lo-fi entre Francis Bebey et Ata Kak. J’ai appelé des centaines de fois le numéro de téléphone figurant sur la jaquette, jusqu’à ce qu'on me réponde : le frère de l’artiste. Ils sont fâchés et il ne veut pas me donner son contact, à moins de débourser une certaine somme, ce qui me ­dérange, éthiquement parlant. La ­situation est donc bloquée... J’adorerais rééditer cette musique, mais contrairement à certains, je ne veux pas agir dans le dos de l’artiste. »

ANTOINE CARBONNAUX

« Faites tous les bacs à disques ! »

MATHILDE AYOUB

VINCENT PRIVAT

« Je chinais dans le stock d’un ­producteur de musique africaine en banlieue parisienne quand je suis tombé sur une pochette de ce disque de zouk hyper recherché. Si la pochette est vide mais qu’elle est neuve, c’est peut-être qu’il y a le disque quelque part. Alors on a vidé intégralement les deux box de stockage… 50m³ ! Ça nous a pris deux jours. Et c’est dans la dernière boîte, forcément, que j’ai trouvé une dizaine d’exemplaires du disque. C’est la première fois que je trouvais un vrai lot de disques rares en parfait état. Ça s’est vendu jusque 380 € le disque. Règle numéro 1 : toujours ­finir le stock, faire tous les bacs, jusqu’au dernier disque. »

« Un disque incroyable d’un groupe anarchiste des années 1980. J'ai beaucoup joué Mobutu, un morceau lent avec une voix féminine qui ­dénonce le système politique qu’on retrouve dans beaucoup de pays africains. Les noms des musiciens n’étaient pas simples à identifier, ils utilisaient des pseudos, alors j’ai envoyé des lettres au hasard en ­remontant les Pages Blanches. Je suis resté sans nouvelle pendant un an, jusqu’à ce qu'un certain Michel m’écrive par e-mail. En déménageant, il était retombé sur un carton de ce disque et s’était remémoré ma lettre. Conclusion : ne jamais lâcher et envoyer des bouteilles à la mer. »

THE RED BULLETIN


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UNE COMPÉTITION ? OU PAS. DES MONTAGNES ? ÉVIDEMMENT ! STYLÉ ? À FOND ! Texte WERNER JESSNER

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ROMINA AMATO/RED BULL CONTENT POOL

Comment faire pour sortir du lot lors d’une compétition où la créativité est sans limite ? Voici dix fondamentaux qui vous garantiront du style et de l’attitude lors du dixième RED BULL ALPENBREVET.


1. UNE COURSE POUR LES DINGUES… DE LENTEUR Cette année, la course de 120 kilomètres se ­déroule le long de trois cols alpins. Seuls des vélomoteurs de 50 cm³ peuvent se présenter au départ. Vitesse maximale a­ utorisée en plaine : 30 km/h. Tuning technique : strictement interdit. Tuning visuel : strictement autorisé !


DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL


2. ET LE LOOK MOBYLETTE REDEVIENT BRANCHÉ Le concept de base est simple : représenter la diversité de la mobilité individuelle bon marché au fil du temps. Que ce soit déguisé en apprenti rebelle ou en king du disco-parking avec visière aquarium, l’objectif est de former une équipe parfaite avec son töff. D’ailleurs, le plus beau duo recevra le titre de « Miss Brevet alpin ».

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3. ON JOUE À DOMICILE ! Le Red Bull Alpenbrevet est une affaire profondément helvétique… Sans blague ! La p ­ lupart des participants viennent de Suisse, quelques autres des pays voisins ou encore des Pays-Bas. La course a déjà attiré deux célébrités : la star du MotoGP Dani Pedrosa a fait le d ­ éplacement depuis l’Espagne en 2015, et ­Jonny Walker a débarqué d’Angleterre en 2016.

4. DITES « HÉ-OH » !

DAVID ROBINSON/RED BULL CONTENT POOL

Il faut avoir une sacrée confiance en soi pour se pointer sur la piste déguisé en Tinky-Winky et Po, et se faire un délire Teletubbies. C’est exactement le but : ne pas trop se prendre au sérieux. Allez, c’est l’heure de dire au revoir les Teletubbies !

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5. MININUM DE DÉPENSE POUR MAXIMUM DE FUN Conseil pour les grippe-sous : rien de tel que de fouiller dans ses placards et son frigo pour confectionner un look stylé. Pour ce qui est du boguet, vous en trouverez pour quelques centaines de francs sur internet, à condition d’être suffisamment bon mécano : seuls les véhicules expertisés sont autorisés à participer.


MAURIN BISIG/RED BULL CONTENT POOL


6. ATTENTION AU CHRONO ! Peu probable : si vous êtes trop rapide, il faudra faire une petite pause. Le règlement dit que toute personne qui atteint l’arrivée en moins de six heures est disqualifiée. Par contre, il faudra finir la course en moins de neuf heures, sinon la voiture-balai vous embarquera.   29


7. LE SOIN DU DÉTAIL ! Autant le dire tout de suite, la concurrence est rude. Vous vous lancez dans la plus grande course de vélomoteurs d’Europe, qui ­rassemble… 1 600 participants ! Sachez donc que le look flower-power imposera une Saxonette de Fichtel & Sachs de la fin des années 60, icône de la mobilité hippie.


8. LES MAINS DANS LE...

DAVID ROBINSON/RED BULL CONTENT POOL, PHIL GALE/RED BULL CONTENT POOL, LUCHO VIDALES/RED BULL CONTENT POOL

Avaler 120 kilomètres avec une mécanique faite pour se rendre dans le village voisin : l’édition 2019 comptera assurément son lot de victimes. Moteur qui surchauffe, carburateurs bouchés, bougie HS : si vous pouvez, donnez un coup de main aux autres pilotes (au moins jusqu’à ce que le mécanicien pro de la course se pointe).

9. EMBARQUER SA MOITIÉ ? C’EST RECOMMANDÉ ! Elle ne pige pas votre amour pour la mobylette ? Effectivement, la plupart des participants sont des mecs. À vous de faire bouger les choses. Rien de tel que les expériences communes pour se rapprocher (glissez-lui en route qu’elle fait bien meilleure figure que vous).

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Col du Susten

DÉPART/ ARRIVÉE Andermatt Col de la Furka Col du Grimsel

LES TROIS COLS

Avec presque 120 km, la route du Red Bull Alpenbrevet est cette année la plus longue de l'histoire de la course. Kilométrage : 118,97 km Dénivelé total : 3 588 m Point le plus bas : 626 m (Innertkirchen) Point culminant : 2 429 m (col de la Furka) Pente maximale : 11 % (col de la Furka et du Susten)

L’ÉVÉNEMENT SUR DEUX-ROUES LE PLUS COOL DE SUISSE

Lorsque le (vrai) coup de départ du premier Red Bull Alpenbrevet a été donné à Meiringen en 2010, plus de 200 pilotes courageux s’étaient déjà rassemblés pour faire passer le spectacle avant le chrono. Que ce soit dans l’Oberland bernois, à Lugano ou en Suisse centrale, les bolides ont sillonné les plus beaux endroits de Suisse, c’est-à-dire un peu partout. Au fil du temps, le Red Bull Alpenbrevet a gagné en couleurs et en ­ampleur : en 2019, le nombre de participants a dû être limité à 1 600. Mais le côté délirant de l’événement n’a pas changé. L’édition anniversaire commence le 6 septembre avec le check-in à Andermatt, le tour ­alpin lui-même démarre le 7 septembre à 10 heures. Infos sur redbull.ch/alpenbrevet

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MAURIN BISIG/RED BULL CONTENT POOL

La 10e édition de la course se déroulera les 6 et 7 septembre.


10. LA COURSE, EN FAIT, C’EST SECONDAIRE On le répète, allez-y molo : le Red Bull Alpenbrevet est une virée en groupe, pas une course. Suspensions inexistantes, pneus étroits, freins plus ou moins efficaces : la seule chose qui compte, c’est d’atteindre la ligne d’arrivée. On s’en fout de se faire dépasser, il y aura de toute façon bien assez de trucs à raconter à l’arrivée.


L A VOIE DES GÉ ANTS

LEONARDO DiCAPRIO et BRAD PITT incarnent le statut hollywoodien depuis des décennies. Les voici ensemble pour la première fois devant la caméra du réalisateur culte Quentin Tarantino. Ils nous disent comment se maintenir au top : en prenant des décisions courageuses et en profitant du voyage.  Entretien RÜDIGER STURM

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ANDREAS RENTZ/GETTY IMAGES

Trio d’enfer : le réalisateur Quentin Tarantino (à gauche), 56 ans, Leonardo DiCaprio, 44 ans, et Brad Pitt, 55 ans, lors de la présentation de Once Upon a Time in ­Hollywood en mai à Cannes.


«  J ’A I FA I M D E R É U S S I R Q U E L Q U E C H O S E D E G R A N D, Q U E L Q U E C H O S E Q U I M E M O T I V E . » LEONARDO DiCAPRIO

sont peu nombreux à évoluer dans les très hautes sphères. Brad Pitt, 55 ans, et ­Leonardo ­DiCaprio, 44 ans, comptent parmi les stars hollywoodiennes capables de porter un film à elles toutes seules – artistiquement parlant et au box-office. En considérant les carrières respectives des deux acteurs oscarisés, on est frappé par ce parallèle : contrairement aux gros calibres de leur génération, aucun des deux ne s’est jamais attaché à jouer un rôle récurrent. Tandis que Johnny Depp (alias Jack Sparrow), Tom Cruise (Ethan Hunt), ou Robert Downey junior (Tony Stark) amassent des millions en série, Pitt et DiCaprio cherchent dans chaque nouveau projet cinématographique un défi à relever – et prennent pour cela des risques énormes. Dans le dixième long-métrage de Quentin Tarantino, Once Upon a Time in Hollywood, les deux amis se retrouvent ensemble devant la caméra, incarnant la promesse du génial réalisateur : « le duo de stars le plus attendu depuis Paul ­Newman et Robert Redford ». The Red Bulletin a interrogé Brad Pitt et Leonardo DiCaprio sur ce qui fait d’eux des experts en la matière : comment survit-on durablement au sommet ? the red bulletin : Dans votre film Once Upon a Time in Hollywood, Leo joue un acteur has been. Vous êtes, vous-mêmes, loin d’être has been… brad pitt : C’est vrai, mais nous avons aussi une date de péremption et nous en sommes parfaitement conscients. C’est la raison pour laquelle nous sommes d’autant plus aptes à apprécier le temps passé dans cette position privilégiée, au sommet. Leo et moi avons discuté longuement et sommes tombés d’accord : l’essentiel, c’est de trouver du sens dans ce que 36

Pour en arriver à cette position, vous avez dû tous les deux vous maintenir au sommet pendant près de trente ans… Comment « survit-on » à une telle altitude ? leonardo dicaprio : Je crois que cela à beaucoup à voir avec une attitude sérieuse et humble. À mon avis, les films sont la forme d’art la plus importante de notre époque. C’est un honneur et un privilège pour nous de faire partie de ce monde-là. Brad et moi avons commencé dans le cinéma à peu près en même temps. Nous savons tous les deux que la possibilité de percer ne se présente qu’une seule fois, et combien il est difficile d’obtenir une telle opportunité. Et je ne parle même pas du facteur chance, celui qui veut qu’on soit au bon endroit, au bon moment… pitt : C’est du tirage au sort, comme quand on gagne à la loterie. Il y a tant de gens talentueux. Le truc, c’est de rester dans la place à partir du moment où l’on a réussi à passer la porte. Nous avons tous les deux eu l’occasion d’apprendre comment ça marche. C’est grâce à cela que nous avons « survécu » et tracé notre route. Comment trace-t-on sa route dans un milieu et un business aussi fiévreux ? dicaprio : Avant tout, en ne choisissant que les bons projets, sans compromis. Nous avons travaillé dur pour des films qui représentaient un défi créatif pour nous et qui étaient en même temps de ­véritables chefs-d’œuvre. D’où vous vient ce moteur ? dicaprio : Je suis issu d’une famille qui était tout sauf aisée, et c’est probablement cela qui a nourri ma soif d’ambition. Et puis j’ai grandi à Los Angeles. J’avais conscience de la difficulté de trouver du travail quand on est acteur, ce qui

a décuplé ma motivation. D’où me vient ce moteur ? Je ne sais pas exactement. C’est plutôt comme un besoin, le besoin ­d’assouvir une faim ; mais ce n’est pas une faim de richesse ni de gloire. Alors de quoi ? dicaprio : C’est la faim de réussir quelque chose de grand, quelque chose qui me motive. Et ce n’est pas simple. Tu te dis : « Hey, j’ai un super matos, je suis avec un super réalisateur », et pourtant, ça part en live. Mais il faut s’accrocher et persévérer, se dire : « Je veux que quelque chose de grand en ressorte ! » Cette logique ne m’a jamais quitté. pitt : Il ne faut pas oublier qu’un film, c’est un investissement, c’est du temps que THE RED BULLETIN

ART STREIBER/SONY PICTURES

Ils

l’on fait. Si nous parvenons à continuer comme ça, nous saurons trouver la bonne transition dans nos carrières respectives pour amorcer une nouvelle étape, un peu à la manière de Gene Hackman ou ­d’Anthony Hopkins.


Quentin Tarantino et ses acteurs principaux ­Leonardo DiCaprio, Margot Robbie et Brad Pitt.

«  L A P L U S G R O S S E E R R E U R S E R A I T D E C H E R C H E R D U S E N S DA N S L E R É S U LTAT. C A R L E S E N S , C ’ E S T DA N S L’AC T I O N Q U E T U L E T R O U V E S . »   B R A D P I T T

tu prends sur ta vie, ça peut durer un an ou deux. Un rôle important peut nécessiter jusqu’à six mois de préparation, et après, il faut s’impliquer dans la promotion du film. Ce que tu choisis de faire doit donc avoir du poids. Car on ne sait pas combien de temps il nous reste. À quoi reconnaît-on qu’un film a un gros potentiel ? THE RED BULLETIN

dicaprio : On ne peut que le supposer. Et en fait, tu sais toujours ce que tu ne veux pas. Il est évident qu’une partie importante dans le fait de tourner un film tient à définir avec le réalisateur ce que tu n’aimes pas et ce que tu refuses absolument de faire. Ça permet d’avoir une base solide pour sonder ce que tu veux vraiment et jusqu’où tu es prêt à aller pour cela.

pitt : Ce qui est particulièrement important pour moi, c’est que les choses ne se répètent pas. Je veux continuer à avancer pour le meilleur et pour le pire. Je ne peux pas faire demi-tour. C’est pareil quand je suis en voyage. Une fois parti, si je m’aperçois que j’ai oublié mes lunettes ou mon p ­ ermis de conduire, je ne rentre pas les chercher. Je choisis des projets dans lesquels je m’engage selon… c’est difficile à décrire… selon l’impression que ce projet va m’offrir la possibilité de toucher à quelque chose de nouveau, de différent. Et je m’accroche. D’accord, alors vous choisissez des ­projets qui signifient beaucoup pour vous. Et après ?   37


dicaprio : Le temps passé à faire des recherches sur le rôle est la partie la plus sous-estimée du job. Pendant la phase de préparation, tu dois analyser précisément tes personnages. Si lors du tournage, tu ne t’es pas construit tout un savoir solide sur eux, sur leurs comportements, si tu ne te sens pas dans leur peau comme dans la tienne, tu ne pourras pas les interpréter de manière authentique. Car il y aura toujours de mauvaises surprises, tout est amené à changer tous les jours : tu changes d’avis, le réalisateur change d’avis… Dans ces moments-là, tu ne peux réagir adéquatement que si tu te sens à l’aise dans le rôle. pitt : Et tu dois apprécier le processus de création. C’est l’une des raisons pour lesquelles un tournage avec Tarantino ne peut se comparer à aucun autre, à cause de son amour du cinéma. « C’est dans la boîte, mais on va la refaire. Et pourquoi ? » Et là, tout le monde lui répond en chœur : « Parce qu’on aime faire du cinéma ! » C’est dans cette logique qu’il dirige toute son équipe.

Brad Pitt et Leonardo ­DiCaprio à Cannes : « Une carrière au cinéma, c’est comme des ­montagnes russes.  »

«  L’ I M P O R TA N T P O U R M O I , C ’ E S T Q U E L E S C H O S E S N E S E R É P È T E N T PA S . J E V E U X C O N T I N U E R À AVA N C E R P O U R L E M E I L L E U R E T P O U R L E P I R E . »   B R A D P I T T

dicaprio : Brad a raison. C’est cela que je conseillerai à mon Moi plus jeune : « Bouge-toi, prends tout au sérieux ! Tente l’impossible. Et profite du voyage. » Hollywood n’est pourtant pas réputé pour être le paradis sur Terre, mais ­plutôt un panier de crabes. pitt : Je sais que l’idée est répandue qu’à Hollywood, on ne pense qu’à sa petite personne. Je ne prétendrai pas le contraire. Mais cela est vrai dans tous les secteurs. Et dans mon métier, les gens les plus intéressants sont ceux qui questionnent les choses et qui s’intéressent à des idées provocantes. Ce sont ceux qui se cherchent eux-mêmes dans les ­histoires, 38

qui remettent en question la valeur de ce qui est ­raconté, qui sont à l’affût des réponses et d’un sens profond. dicaprio : Ce qui ne signifie pas qu’il faille absolument partager le même avis que les autres. Je peux être très cash. J’ai ça dans le sang. Ça génère parfois des tensions avec les collègues, mais c’est positif. Car sinon, tu fais quelque chose en quoi tu ne crois pas. Et si tu ne crois pas en ton projet, tu le dessers, tu le déshonores. Je suis certain qu’aucun réalisateur ne pourra jamais dire de moi que je lui ai caché mon sentiment quant à un film. Et j’espère que ces films en sont devenus meilleurs. pitt : Leo et moi avons tous deux travaillé avec des personnalités ouvertes et intelli-

gentes. Et avec de telles personnes, on en vient naturellement au débat. Quand tu as compris que tu avais à faire à quelqu’un d’inspirant, tu sais que tu as beaucoup à apprendre de cette personne. C’est pourquoi j’aime travailler avec des réalisateurs plus intelligents que moi. Que peut-on apprendre de Quentin Tarantino ? pitt : Il veut tout saisir avec sa caméra, il veut que tout soit vrai. Il n’utilise pas ­d’effet spéciaux. Mon personnage, le cascadeur, a une longue scène de bagarre avec Bruce Lee. Quentin m’a dit : « On va tourner la scène en une prise, sans couper. » Et je lui ai rétorqué : « Au montage, tu THE RED BULLETIN


«  S I T U N E C R O I S PA S E N T O N P R O J E T, T U L E D E S S E R S , T U L E D É S H O N O R E S . »  LEONARDO DiCAPRIO

pourras la couper comme tu veux pour que ça fasse le même effet. » Mais il est resté sur sa position : « Si on montre tout dans un plan, alors le plan doit être filmé exactement comme ça. » Et c’est ce que nous avons fait. Tu peux discuter avec lui, mais pas te disputer avec lui.

ANDREAS RENTZ/GETTY IMAGES, 2019 SONY PICTURES ENTERTAINMENT DEUTSCHLAND GMBH (3)

Puisque nous en sommes au sujet « confrontation » : est-ce que l’un de vous s’est déjà livré à un vrai combat sur un plateau ? pitt : Non, mais lors d’un tournage de film d’action, le réalisateur nous a fait boxer l’un contre l’autre, mon partenaire de jeu et moi. Il nous a expliqué qu’ainsi, nous apprendrions à mieux nous connaître. Ce sont ses mots : « Tu connais vraiment quelqu’un après lui avoir mis une bonne droite dans la figure. » Lors de nos sessions de sparring, nous avons développé un réel esprit d’équipe. D’un côté, tu laisses ton agressivité s’exprimer, et de l’autre, tu te retiens car tu tiens à l’autre. Tu fais preuve à la fois d’esprit de compétition et d’instinct protecteur.

Il était une fois dans l'Ouest Le grand écran, à tout prix : c’est avec cette idée fixe que les stars du petit écran Rick ­Dalton (Leonardo DiCaprio) et sa doublurecascadeur Cliff Booth (Brad Pitt) tentent de s’imposer à Hollywood. Dans son film, ­Tarantino revisite l’usine à rêves qu'étaient les ­studios hollywoodiens à la fin des années 60, avec juste ce qu’il faut de nostalgie. Once Upon a Time in Hollywood, au cinéma THE RED BULLETIN

L’esprit de compétition est-il très marqué sur un tournage ? La tentation estelle grande de tirer la couverture à soi pendant une scène ? dicaprio : Il n’est jamais question de ça. Nous faisons ce qui est important pour le rôle, c’est tout. pitt : Oui, sinon c’est une impasse. Si tu te démènes pour ce genre de choses, tu es sûr de bousiller le film. Sur un projet d’envergure et à gros potentiel, chacun doit avoir la possibilité de donner le ­meilleur de lui-même. Malgré toutes ces explications, tous vos films n’ont pas été couronnés de succès… pitt : Cela dépend de ce que l’on entend par « succès ». Je me souviens, aux épreuves de gymnastique des JO, au début des années 90, de cette Russe que tout le monde donnait pour favorite. Dix secondes après avoir commencé son programme, elle a fait une chute. J’étais devant ma télé, et j’étais scotché tellement ça m’a touché. Elle s’est relevée, et elle a continué. On disait que ça devait être une telle humiliation pour elle… Moi, je voyais ça comme un exploit. Quand il s’agit de cinéma, on ne pense pas au degré de difficulté du film. Et pourtant, c’est exactement là que je situe le succès, et pas si les critiques lui décerneront la palme ou le titre de meilleur film de l’année. Mais les échecs commerciaux et artistiques peuvent aussi mettre un terme à une carrière. pitt : Un jour ou l’autre, on tombera tous dans l’oubli. Tu ne peux rien faire d’autre que continuer. dicaprio : Au final, une carrière au cinéma, c’est comme les montagnes russes. Il y a des hauts et des bas. Tu n’as pas d’autre choix que de considérer cela comme une course d’endurance. pitt: Je crois que la plus grosse erreur ­serait de chercher du sens dans le résultat. Car le sens, c’est dans l’action que tu le trouves. Jour après jour. C’est à cela que ça tient. Mais justement, trouver du sens dans tout ce que l’on fait, c’est un combat permanent.   39



LE SON DU PRÉSENT

UNIVERSAL MUSIC

BILLIE EILISH est une jeune chanteuse, compositrice et productrice dont le premier album, When We All Fall Asleep, Where Do We Go?, l’a rapidement propulsée parmi les sensations pop du moment. L’Américaine est parvenue à ce succès grâce à un processus de ­travail dépourvu de toute préoccupation et de tout stress. « On va tous disparaître un jour, alors pourquoi devrais-je me demander si je fais les choses bien ou mal ? » Texte BENJAMÍN ACOSTA

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ui aurait pu penser que la mélancolie et une musicalité obscure et froide bénéficieraient d’une plus grande popularité de nos jours ? « On avait plein de choses à dire et on n’avait pas envie d’attendre, il suffisait qu’on enregistre nous-mêmes », déclare Billie Eilish à propos de l’album qui est devenu réalité grâce à l’aide de Finneas, son grand frère. Ils y ont travaillé chez eux, en se replongeant dans leurs souvenirs d’enfance et d’adolescence, revisitant l’anxiété mystérieuse de la puberté dans un calme absolu. Ensemble, ils ont conçu une collection de chansons très personnelles, sans chercher à rivaliser avec rien ni personne. Le disque créé est celui qu’ils avaient en tête, fidèle à leur idée. À cela s’ajoute un facteur clé : la production créative s’est affranchie de toute pression. Billie Eilish Pirate Baird O’Connell est née à Los Angeles en 2001, d’une mère actrice (Maggie Baird) et d’un père musicien et scénariste (Patrick O’Connell). Lectrice vorace et passionnée de cinéma, elle écoute aussi bien les Beatles que Lana del Rey. Depuis sa plus tendre enfance, elle suit des cours de chant et de technique musicale, et apprend à jouer du piano et de l’ukulélé tout en étant scolarisée dans un établissement spécialisé dans la danse. Alors qu’elle n’a que quinze ans, elle enregistre son premier single, Ocean Eyes, devenu viral en l’espace d’une nuit et dont le clip officiel a été visionné plus de cent millions de fois. 42

Cette vision des choses vous vient-elle du fait d’avoir commencé à faire de la musique dès l’enfance ? C’est possible parce que, au lieu de me projeter d’une manière précise, j’ai pris l’habitude de ressentir intensément le présent. Je ressens quelque chose de très spécial par la présence en elle-même. Être présent à chaque moment, en ressentant chaque aspect de ce que je suis en train de faire au moment présent. Si je mange, je pense aux délices que j’ai devant moi ; si je compose, je me connecte aux

« Est-ce que ça vaut la peine de souffrir quand on fait quelque chose que l’on aime ? »

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Q

the red bulletin : Votre truc, c’est de ne pas avoir d’aspirations ? billie eilish : J’aime bien la sensation de spontanéité, d’énergie qui se dégage au moment où l’on sent que les choses doivent se faire, sans se poser aucune question, en répondant simplement à la force d’une idée qui demande à ne pas rester enfermée dans nos têtes. On sent que cet album est la conséquence de cette montagne russe de sensations qu’il valait mieux ne pas passer au crible. On a vécu l’expérience merveilleuse de ce qui est imprévisible, de ce qui découle spontanément d’une série d’instants où on se laisse porter par ce que l’on veut voir se concrétiser, sans autres limites que celles que l’on se fixe. Cette « méthode », si on peut l’appeler ainsi, se caractérise par le charme de faire les choses sans plus, par ce moteur qui nous permet de décoller du sol. Ça se rapproche d’un état de transe, de quelque chose de fou et, je crois, d’authentique.


« En créant ce premier album avec mon frère, nous avons vécu l’expérience merveilleuse de ce qui est imprévisible. »

Côté sapes, pour Billie Eilish, c’est le même mode qu’en musique : no stress !


Billie au présent : elle parcourt la planète et soulève les foules dans des salles d’envergure.


« On oublie l’importance qu’a la contemplation et la façon dont elle peut nous pousser à agir au présent. »

­sensations que m’inspirent les paroles, à l’essence de l’histoire. Alors, inconsciemment, j’ai préféré ne pas avoir de rêves de grandeur, ni rien de ce style, mais simplement être là, à ressentir profondément mon corps lors de mes cours de ballet, à apprendre le piano plongée dans les notes. C’est une sorte d’inertie, un chemin qui me conduit à la joie qu’offre tout ce qui constitue la vie. Car tout nous apporte quelque chose : une conversation, une balade, un coucher de soleil, une lecture. Je crois qu’on oublie parfois l’importance qu’a la contemplation et la façon dont elle peut nous pousser à agir au présent. J’ai toujours eu l’exemple de mes parents, qui travaillaient dur, qui étaient plongés dans des projets, mais qui, à la fois, disposaient de suffisamment de temps pour ne pas être sous le joug de la tension permanente. Penser à l’avenir génère du stress… C’est pour ça que je n’aime pas y songer. Si on a l’esprit occupé par des situations passées et des futurs potentiels, on étouffe le présent. Je trouve que ça n’a pas de sens car, de cette manière, on évite l’instant qu’on vit pendant ce temps si fugace. Miser sur l’avenir est une pression inutile.

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On vit à cent à l’heure… Ridiculement vite. En mode : « Allons-y le plus vite possible, peu importe la destination. » J’ai appris à profiter de chaque étape de ma vie. J’ai eu la chance de sortir mon premier album maintenant et c’est déjà très bien pour l’instant. Je ne pense pas à ce qui pourrait arriver à l’avenir. Une chose à la fois et, tout comme le processus de composition et d’enregistrement a été sensationnel, je me focalise sur ce que je dois faire maintenant, comme parler à plein de gens de tout ça. Le fait de créer sans crainte, est-ce quelque chose de précieux ? Nous vivons dans une société gouvernée par des valeurs soi-disant basées sur l’apparence, des standards esthétiques qui sont souvent définis en pensant aux éventuelles conséquences plus qu’à une THE RED BULLETIN

v­ éritable origine. Je ne crois pas à ces processus qui essaient d’anticiper le résultat, je crois justement le contraire. Je me fiche du « qu’en dira-t-on », ce qui m’intéresse en réalité, c’est ce que je pense de moi-même par rapport à ce que me fait ressentir ce que je fais. Il se peut que ce soit contagieux, c’est-à-dire que ça aide quelqu’un d’autre à se sentir bien aussi, mais cela ne dépend pas de moi. Quand mon frère et moi écrivons ces chansons, nous nous efforçons de raconter des histoires, certaines personnelles et d’autres fictives, mais elles ont toutes quelque chose à voir avec ce qu’on n’ose pas dire d’une autre manière. Et si on se met à fouiller dans les rêves, on peut se retrouver dans des situations assez provocatrices. Quoi qu’il en soit, c’est moi qui apparais et pas un personnage que je cherche à fabriquer. En réalité, je ne sais pas faire autrement. Je chante ce dont j’ai envie et cette interprétation n’a pas d’autre arrangement. Si on observe l’art et le divertissement sous un autre angle, côté business, il existe une certaine pression pour se démarquer, pour vendre… Le stress, c’est mortel, il te rend malade, il te prive de l’occasion de profiter, il te met dans une situation amère, qui n’a pas de sens. Franchement, est-ce que ça vaut la peine de souffrir quand on fait quelque chose qu’on aime ? Dès la première chanson qu’on a enregistrée, on a ressenti du plaisir pour le plaisir en soi que représente pour nous le fait de faire de la musique, rien de plus. Le monde et ses possibilités sont trop vastes pour s’accrocher aux résultats précis d’un projet. Ce qu’on fait marche bien et on s’en réjouit, mais on était déjà heureux avant. Un jour, j’ai entendu quelqu’un dire que le bonheur n’est pas une destination à atteindre mais une façon de voyager. Je suis on ne peut plus d’accord avec cette philosophie. Le son de vos chansons fait voler en éclats les codes établis… Je ne cherche pas à être une artiste à la mode, ni quelqu’un d’hyper populaire ni

rien de tout ça. Je respecte évidemment ceux qui jouent ce rôle, mais je préfère être de l’autre côté de la barrière. Je ne fais que la musique que je sais faire. Peut-être que plus tard, d’autres formes verront le jour mais, d’une façon ou d’une autre, ce sera la seule chose que je saurai faire, sans tenter d’être quelqu’un que je ne suis pas. La spontanéité est-elle plus importante qu’un projet bien défini ? Absolument, parce que sa richesse, c’est d’être unique. Pendant l’enregistrement, il y a eu des moments où nous nous éloignions de ce que nous avions réalisé lors des répétitions préalables. Ça se passe sans qu’on n’y réfléchisse, sans qu’on le planifie. Ça arrive, simplement et puis on se l’approprie. L’intuition nous guide, nous dicte la manière dont ce doit être enregistré, et c’est comme ça que nous pourrons finalement le partager. En fait, il n’y a pas d’explication à cela, ce n’est qu’une question de sensation, on ne ­s’attarde pas à gamberger. Pour passer de la phase cérébrale au résultat perçu par les auditeurs, qui, eux, se trouvent en dehors du processus de création, vaut-il mieux être détendu ? C’est l’idéal, évidemment. Autrement, on serait en train de faire une course contre la montre pour respecter le calendrier. Cette fois, nous avons la chance de n’avoir aucune échéance. Pas de délais à respecter. Je sais que c’est un luxe à une époque où presque tout est passé à la moulinette du facteur temps, alors quand l’opportunité se présente, c’est un sentiment de liberté totale. Chaque avancée dans le projet s’effectue sans pression. Sans cela, l’imagination et l’inspiration disparaîtraient-elles ? À coup sûr, car il est difficile de créer quand on est soumis à quelconque forme de pression, notamment celle du temps. C’est un piège qui les anéantirait à petit feu.

billieeilish.com   45


Géraldine Fasnacht lors de son vol en ­wingsuit depuis ­l’Aiguille du Midi à 3 842 m d’altitude.

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CHRIS SCHMID PHOTOGRAPHY

La femme oiseau Légende du snowboard, pionnière dans les airs, la Romande GÉRALDINE FASNACHT conquiert des régions de haute ­montagne avec une wingsuit sur mesure. Mue par sa soif de liberté, elle ne voyage jamais sans prise de risque ni adrénaline. Texte OLIVIER JOLIAT


aigle royal s’est envolé. En saison estivale, cet oiseau rare laisse place, dans sa « tour fortifiée » de Verbier, à une autre reine des airs : Géraldine Fasnacht. La Suissesse, pionnière de vol, aime partir de ce sommet rocheux, qu’elle a justement baptisé « Le Château », pour son saut matinal en wingsuit. « Il est rare de pouvoir accéder aussi facilement à de si beaux sites de saut, sans corde ni crampons », s’enthousiasme-t-elle. Après avoir quitté sa maison au village, il y a un peu moins d’une heure, elle a emprunté un sentier qui la mène rapide-

Cet avion ultraléger permet à Géraldine Fasnacht d’élargir son terrain de jeu et d’effectuer des atterrissages optimaux sur les glaciers.

Au cours de sa ­carrière en freeride, Géraldine a remporté 11 victoires et 23 podiums lors de ­compétitions internationales.

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« Dans les airs, je me sens privilégiée, ­aussi libre qu’un oiseau, et acceptée par la montagne. » tés. « Je peux ainsi voler du flanc de la montagne de Verbier jusqu’au glacier du Grand ­Combin et découvrir en route de nouveaux itinéraires de snowboard ou des sites de base jump. » Au fait, comment passe-t-on du snow au wingsuit? « La passion de la glisse, sur neige ou dans les airs. Pour moi, il s’agit toujours d’expériences de vol. Un jeu avec la lumière, les formes des montagnes et du paysage que je recrée avec mon snowboard ou mes ailes. » Des lignes douces, des lignes féminines, comme elle le souligne. C’est la raison pour laquelle les étiquettes de sportive de l’extrême qui défie voire domine la nature, la dérangent. « Au contraire : je vis ma passion en harmonie avec la nature. Je me vois beaucoup plus comme une artiste qui trace ses lignes, dans des conditions parfois extrêmes. »

Q

u’il s’agisse de sport ou d’art : ­Géraldine maîtrise incontestablement chaque matière. C’est à l’âge de 21 ans qu’elle a vécu l’un des premiers grands moments de sa carrière. Dès sa première invitation à l’Xtreme de Verbier, elle a été la plus jeune snowboardeuse à remporter l’épreuve de freeride la plus célèbre au monde. D’autres succès et titres ont suivi. En 2001, la jeune femme commence le base jump avant de découvrir, peu de temps après, le vol en wingsuit. « J’avais besoin de motivation pour rester en forme entre les s­ aisons de snowboard. Et ce sport combine de nombreuses disciplines alpines qui exigent une excellence physique, mentale et technique. » À cet instant de la discussion, Géraldine Fasnacht, 39 ans, a apprivoisé sa sauvage crinière blonde par une longue tresse qui dépasse de son casque rose. Elle enfile ­ensuite ses lunettes de soleil, son bonnet, et range son porte-monnaie dans la poche intérieure de sa wingsuit : « Quand j’ai ­demandé à mon tailleur spécialisé THE RED BULLETIN

DAVID CARLIER, RAPHAEL SURMONT, SEBASTIEN BARITUSSIO

L’

ment à sa destination. Elle a dû escalader quelques pins tombés, se frayer un chemin entre les branchages et gravir une pente raide pour atteindre le petit plateau rocheux, juste à côté du perchoir du plus grand rapace des Alpes, d’où il contemple son territoire. ­Aujourd’hui, c’est son territoire à elle. Le panorama alpin valaisan scintille sous le soleil du matin. À gauche – ­Géraldine Fasnacht la désigne comme si elle montrait un coin de son salon – se trouve sa montagne préférée, le Pleureur : « Elle doit son nom aux larmes de joie que j’ai versées lors de mes vols depuis le sommet. » En face se trouvent le Petit Combin, l’Aiguille d’Argentier et les Dents du Midi. Géraldine a des histoires personnelles à raconter à propos de chacun des sommets. Il s’agit là de son terrain de jeu. Adolescente déjà, elle escaladait les sommets et les crêtes pour explorer les murs et les couloirs escarpés avec son snowboard. Quelques années plus tard, c'est pour réaliser des sauts dans le vide vers la vallée avec sa wingsuit qu'elle a conquis les 3 000 et 4 000 mètres. Sa dernière passion, un avion ultraléger, lui permet d’élargir considérablement ses possibili-


Géraldine Fasnacht prépare méticuleusement ses sorties en wingsuit et n’hésite pas à renoncer en cas de doute.


Trop de risques ? Pas de fun !

Comment garder le contrôle

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PRENDRE SON TEMPS C’est bien connu, la maîtrise ne tombe jamais du ciel. Avant d’oser réaliser mon premier saut en base jump, j’ai peaufiné ma technique de vol avec plus de 300 sauts en parachute.

SE PRÉPARER MÉTICULEUSEMENT Pour bien se préparer, il faut s’entraîner et effectuer des calculs précis. Je mesure mes départs de saut au laser et me renseigne auprès d’experts.

3

RESPECTER LES LIMITES Sur place, je dois être capable d’évaluer les conditions extérieures et mes propres limites. Il n’y a pas de succès sans échec. Dans mon sport, cela s­ ignifie savoir quand renoncer.

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ÉCOUTER SON INSTINCT Aux Drus, j’ai abandonné pour la ­première fois de ma vie. Les calculs indiquaient que ça irait, mais mon instinct a dit non. Je l’écoute toujours, même si je déteste la descente à pied.

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PRENDRE SES RESPONSABILITÉS Au plus tard en montagne, avec quelqu'un à l'autre bout de la corde qui vous tient, vous apprenez à vous responsabiliser, pour vous-même et pour les autres. Ce n’est qu’en reconnaissant ses erreurs et en en tirant des leçons qu’on progresse dans la vie.

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PHILIPPE PETIT/PARIS MATCH/CONTOUR BY GETTY IMAGES, TAMARA BERGER

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« Les montagnes et sites de décollage étaient là avant moi, et ils resteront, avec ou sans les noms dont je les affuble. » La Suissesse a arrêté de répertorier les lieux de départ qu’elle a découverts.


En 2014, Géraldine ­Fasnacht a été la première pilote de wingsuit au monde à s’envoler du ­Cervin.


À chaque mètre de descente correspondent trois mètres de vol horizontal. La vitesse de chute de Géraldine est inférieure à 60 km/h.

« Je suis une artiste qui trace ses lignes dans des conditions extrêmes. »

Comme un oiseau dans les airs Le vol en wingsuit, comment ça marche ?

BERTRAND DELAPIERRE, GERALDINE FASNACHT

La wingsuit est une combinaison intégrale composée d’un tissu semblable à celui d’un matelas pneumatique, tendu entre les bras et les jambes. Lorsqu’on saute depuis un avion ou un point fixe (base jump), l’air pénètre dans de petites ouvertures et gonfle la combinaison, de sorte que la chute libre se transforme partiellement en un mouvement de vol. Cette combinaison permet d’atteindre une finesse de 1:3, soit trois mètres de vol horizontal pour un mètre de vol descendant ; selon le thermique, il est possible de prendre de la hauteur. La vitesse de déplacement, en moyenne entre 160 et 180 km/h, est déterminée par les mouvements naturels, en fonction de la direction de vol du pilote et du taux de chute. Pour être autorisé à voler avec une wingsuit en Suisse, il faut avoir effectué au moins 200 sauts en parachute et suivi un briefing professionnel.

­ ’ajouter ces poches, il a ri et m’a d demandé : “Pour ton maquillage?” » Ses poches sont en fait n ­ écessaires à l’équipement. Géraldine a besoin de sacs pour ranger ses crampons, ses bâtons et la corde. Elle n’avait qu’une idée en tête : combiner alpinisme et sauts en wingsuit. Elle a cherché des sommets appropriés dans les Alpes et s’est également munie d’un laser pour mesurer m ­ éticuleusement le terrain, lors de ses voyages d’exploration. « Mais jusqu’en 2012, les calculs ne fonctionnaient pas. Il a fallu attendre une nouvelle génération de combinaisons qui permette un angle de vol plus horizontal. »

L

a même année, après des heures d’escalade, Géraldine Fasnacht sautait des Drus. « À ce moment-là, je ne ressentais rien d’autre que la ­liberté. Dès que j’ai sauté, tous les efforts, pour gravir la montagne et dédiés à la préparation, ont disparu, je me sentais enivrée et lucide en même temps. C’est un état très relaxant qui s’apparente à la méditation, où tous les sens sont pleinement éveillés. Dans l’air, je me sens privilégiée, libre comme un oiseau et acceptée par la montagne. » À cette époque déjà, la pionnière avait ouvert de nouvelles aires de saut lors de ses expéditions en Arctique et en Antarctique. Avec ses vols alpins, elle a lancé une nouvelle ère de combinaisons de vol qui inspirent dès lors toute une génération d’athlètes. Géraldine a d ­ epuis

longtemps arrêté de répertorier les sites de décollage qu’elle a découverts à travers le monde ; probablement parce que ça ne lui semble pas particulièrement important. « Ces sites étaient là bien avant moi, et resteront là pour toujours, avec ou sans les noms dont je les affuble. » Contrairement à ses sites de départ en haute montagne, le Good Morning Wall d’aujourd’hui ne fait que 800 mètres de ­dénivelé. Ne dites à personne, à l’extérieur de la Suisse « seulement 800 mètres !, rit Géraldine. Quand je parle des choix qui s’offrent à moi sur le pas de ma porte, je fais pleurer les base jumpers ». Puis elle serre les dernières sangles de sa wingsuit, procède à une ultime vérification complète, entame un compte à rebours, et s’élance dans le « Triangle de l’Amitié », où le Val d’Aoste, Chamonix et Verbier se rejoignent. Contrairement à son habitude, elle ne met pas le cap à droite – pour atterrir devant la maison de son ami – car les conditions matinales sont idéales pour contourner le rocher sur la gauche, et ainsi nous présenter son dernier amour de vol qui l’attend à l’aéroport de Bex : Roméo. L’avion ultraléger orange vif est toujours dans le hangar. « La paperasse », dit Géraldine, un peu contrariée. Mais dès que le problème sera résolu, elle compte faire le tour du monde avec lui et rendre visite à des amis dont les projets de protection de l’environnement et des animaux l’ont inspirée tout au long de sa vie. « Ce que j’ai ­accompli jusqu’à présent n’aurait pas été possible sans mon équipe d’amis. Je veux le rendre la pareille en a ­ ttirant l’attention sur leurs initiatives. »

geraldinefasnacht.com   53


« On vivait le début d’un truc énorme... » Il y a trente ans, une révolution culturelle frappait l’Angleterre. Encore aujourd’hui, l’impact des raves – une scène qui fédérait les sons de Chicago à Ibiza en passant par Détroit – est toujours palpable dans la création musicale. Le photographe DAVE SWINDELLS a documenté le Second Summer of Love.


Tottenham Court Road, Londres, juillet 1988 J’avais entendu dire qu’une fête sauvage allait avoir lieu à la fin de la soirée The Trip à l’Astoria à trois heures du mat’. Quand cette bagnole s’est pointée avec ses enceintes ­hurlantes et qu’une centaine de personnes se sont mises à sauter dans tous les sens, à danser dans la rue et sur le toit d’un abribus en hurlant « soirée sauvaaage ! » et « aciiiid ! », j’ai halluciné. Nous étions juste à côté du Dominion Theatre, en plein cœur de Londres, et on venait de créer un embouteillage. La police semblait voir en cette scène l’expression d’une joie de vivre plus qu’une nuisance, et les fêtards étaient déjà en train de bouger vers un parking sous-terrain à ­plusieurs niveaux. On imagine la tronche des propriétaires de Porsche venus récupérer leurs bagnoles au milieu d’une foule de raveurs underground en furie.

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Shoom club, Londres, mai 1988

Shoom club, Londres, avril 1988

Peu importait à la chanteuse Sacha Souter que son chapeau puisse éborgner la moitié du dancefloor… La plupart des danseurs étaient déjà bien allumés de toute façon. En fait, je ne l’ai remarquée qu’à 5 heures, quand les lumières du club se sont rallumées et que les fêtards sont sortis de leur relatif anonymat, tout en fluorescence. Avec un autre plan en tête : rejoindre la soirée RIP (pour Revolution In Progress, ndlr), sur Clink Street, et enchaîner, encore et encore.

Dans cette salle de sport transformée en club, près de 300 personnes se pressaient pour écouter le patron, Danny Rampling. Cette nuit-là, il a joué d’incroyables house et gospel house, le Let The Music (Use You) des Nightwriters ou le Promised Land de Joe Smooth. Dans ce maelström, j’ai photographié un régulier du Shoom, Andrew Newman. L’acid house était pour lui un prétexte à se saper à fond, enfilant sa veste du c­ réateur Stephen Sprouse… et à s’abandonner à la musique.

Ku club, Ibiza, juin 1989 Aujourd’hui, ce club s’appelle le Privilege. À l’époque, on y entrait à 7 000, et son toit était énorme, et il était encore à moitié à ciel ouvert. Donc, quand un violent orage a éclaté vers 4 heures du matin cette nuit-là, les plus peureux d’entre nous, parmi lesquels les artistes Boy George, Fat Tony, Mc Kinky et Adamski, sont allés se mettre à l’abri. Heureusement, il restait quelques Anglais toujours actifs malgré l’averse, tandis que le track orgiaque de Lil Louis, French Kiss, amenait la fête à un point culminant pour la troisième fois dans la soirée. Quand nous sommes enfin sortis du club à 7 heures, sous le soleil, on a vu sur le parking toutes ces petites jeeps Suzuki qui faisaient fureur à l’époque. Elles étaient bourrées de fêtards... façon sauna. 56

THE RED BULLETIN


Soirée Tribal Dance, Sudeley Castle, août 1990 On m’avait demandé de filmer cette rave en Super 8, j’ai donc acheté une caméra d’occasion et j’ai tracé à l’ouest, vers le ­Gloucestershire. Une superbe et chaude nuit, pour une rave fabuleuse, mais il m’a été impossible de filmer à cause de la lumière. J’ai donc activé mon appareil photo, à la rencontre de tous ces danseurs. Et ce mec est sorti du lot : les T-shirts griffés Joe Bloggs étaient partout cet été-là. Celui-ci, associé à une salopette baggy, une chemise flashy et un sifflet accroché à un collier perlé faisait de ce ­danseur l’archétype du raveur.


Soirée Rage, Heaven club, Londres, 1990 Dans ce club, Fabio et Grooverider faisaient muter la house hardcore avec des rythmes accélérés et hachés, et encore plus de basses grondantes, préfigurant ce qu’allait être la jungle en 1991. Je voulais donc photographier ces deux DJs innovants, mais alors que je traversais le dancefloor, ces danseurs sur le podium ont attiré mon attention. Surtout le type à droite, nommé Leeco, qui assurait de brillants mouvements athlétiques avec ses nouvelles Air Max et son impressionnant pantalon baggy. Quand j’ai posté cette photo il y a quelques années, j’ai été ravi d’apprendre qu’il avait entrepris depuis une carrière à succès de danseur et de chorégraphe. 58

THE RED BULLETIN


Le photographe, Dave Swindells Infiltré dans les nuits londoniennes depuis le début des années 80, Swindells (ici en short au premier plan lors d’une « rave orbitale ») était parfaitement positionné pour capturer ces moments pivots de la naissance des raves au printemps 1988. Les DJs et producteurs locaux Paul Oakenfold, Danny Rampling et Nicky Holloway avaient vécu une expérience à Ibiza l’été précédent et voulaient la transposer dans la scène club anglaise. « C’était intense et euphorique, de nouvelles fêtes et des raves en extérieur, tandis que les radios pirates fédéraient de plus en plus d’auditeurs, se souvient Swindells. Au même moment, une forme de démocratisation arrivait en Russie, le mur de Berlin s’effondrait, la révolution de Velours se déroulait en Tchécoslovaquie et Mandela était finalement libéré en Afrique du Sud. Comme si les régimes d’oppression prenaient une claque à travers le monde. » Sweet Harmony: Rave | Today, une exposition collective incluant les photos de David Swindells ; Saatchi Gallery, Londres, jusqu’au 14 septembre ; saatchigallery.com

Soirée Fascinations, Downham Tavern, Kent, juillet 1988 La première fois que j’ai vu un gyroscope dans une rave, j’ai halluciné. Que les fêtards aient pris des pilules ou pas, c’était un truc à vous faire vomir en moins de deux. Le promoteur de la fête, Tony Wilson, mettait aussi en place des effets pyrotechniques en intérieur, et il bookait régulièrement deux go-go danseurs venus des Troll, des soirées gays. Ils se collaient devant les lasers pour envoyer des pas de danse synchronisés avec les raveurs. Un truc plutôt radical pour l’époque.

Radio pirate Fantasy FM, 1990 Une tour de seize étages, quelque part dans le quartier d’Hackney. La planque de la radio pirate Fantasy FM. J’ai pu y accéder en promettant de ne pas révéler l’adresse du studio. En fait, j’avais assisté à leur démente soirée World of Fantasy à l’Astoria, où ils m’avaient proposé de passer au studio. J’imaginais y faire une photo des DJs jouant devant une baie vitrée avec une super vue sur la ville, mais on ne devait pas voir l’environnement du studio à l’image. Je me suis donc concentré sur des photos de DJ Stacey aux platines, tandis que DJ Foxy, alias Mystery Man, qui gérait la radio, était occupé dans le fond avec un téléphone mobile de la taille d’une brique. THE RED BULLETIN

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PIONNIER Jérôme Delafosse, ­explorateur et auteur de best-sellers, par­court le monde à bord du ­premier cata­maran équipé d’un moteur ­autonome en énergie.

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L’EXPLORATEUR DU FUTUR Il possède un puissant pouvoir de persuasion et navigue à bord d’un bateau qui promet de relever les défis énergétiques et écologiques de demain. Si nous avions tous quelque chose de JÉRÔME DELAFOSSE, changer le monde serait un jeu d’enfants. Texte ALEX LISETZ  Photos KONSTANTIN REYER


AUTONOME L’Energy Observer ­génère ses propres ressources énergétiques pour les moteurs et l’électronique.


L

e port d’Amsterdam, le cinquième plus grand d’Europe, n’a jamais accueilli de bateau comme celui-ci auparavant : chaque surface lisse y est recouverte de capteurs solaires, il dispose d’éoliennes mobiles de 12 mètres de portée sur les côtés et de huit réservoirs pour un total de 62 kilos d’hydrogène pur dans la salle des machines. Voici l’Energy Observer, le premier navire autonome en énergie au monde, 30 mètres de long et 12 de large. Sur le pont se tient Jérôme ­Delafosse, 48 ans, explorateur et auteur à succès. Avec le capitaine ­Victorien ­Erussard, 40 ans, ils ont mis au point un projet fou : pour convaincre le monde qu’une transition énergétique grâce à des solutions durables est possible, les Malouins veulent faire le tour du monde avec leur bateau pendant six ans. the red bulletin : Vous êtes ­plongeur, réalisateur de films ­documentaires et auteur de romans. Est-ce que vous vous réveillez tous les matins avec une nouvelle idée ? jérôme delafosse : Mes métiers ne semblent différents que lorsqu’on les considère de l’extérieur. En fait, j’ai toujours été intéressé par les deux mêmes choses : vivre l’aventure et raconter des histoires. Que cherchez-vous à faire avec ­l’Energy Observer ? Prouver que nous pouvons répondre à nos besoins énergétiques avec des ressources renouvelables qui respectent l’environnement si nous les utilisons intelligemment. Notre équipe le démontre dans les c­ onditions les THE RED BULLETIN

CAPITAINES Le chef d’expédition ­Jérôme Delafosse (à droite) et le second ­capitaine Jean-Baptiste Sanchez au poste de pilotage.

NIVEAU D’ÉNERGIE Un ordinateur de bord à côté de la barre indique le niveau de production des panneaux solaires (rouge) et le niveau de charge des bouteilles d’hydrogène (vert).

plus difficiles avec le tout premier catamaran autonome aux énergies renouvelables et à ­l’hydrogène. Mais cela s’applique aussi bien à la voiture qu’à la maison, dans les industries et partout où l’énergie est nécessaire. Et les 11 000 milles nautiques que nous avons déjà parcourus depuis deux ans prouvent que l’avenir, c’est l’énergie renouvelable. Que fait l’Energy Observer différemment des autres ? Lorsque les conditions le permettent, quand le soleil brille ou que le vent souffle assez fort, nous naviguons grâce aux énergies renouvelables. Avec le surplus d’énergie, nous produisons de l’hydrogène par électrolyse de l’eau de mer grâce aux énergies

« 11 000 milles nautiques déjà parcourus : voilà la preuve que l’avenir, c’est l’énergie renouvelable. »

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« Il ne faut pas avoir peur de se jeter dans l’inconnu et prouver à quel point on croit en ses rêves. »

renouvelables. C’est notre moyen de stockage. Ensuite lorsque nous n’avons plus de soleil ni de vent, nous envoyons l’hydrogène stocké sous pression dans une pile à combustible qui va le transformer en électricité. C’est cela qui nous favorisera la navigation de nuit par exemple.

Vous devez être sacrément motivé, et trouver des alliés plus i­ ntelligents et plus puissants qu’eux.

Une bonne idée ne suffit pas. Il faut aussi convaincre les gens… Il faut les convaincre qu’on peut transformer le monde !

En prenant des risques financiers personnels, par exemple ? Lorsqu’on se lance dans un projet comme ça, il y a toujours un facteur de risque. Il y a les succès et il y a les échecs qui font peur et douter, mais à un moment donné, on arrive à un point de non-retour. Peu importe ce qu’il se passe, vous ne pouvez plus revenir en arrière, vous devez réussir.

Alors supposons que je veuille créer une start-up ou révolutionner ­l’approvisionnement énergétique mondial contre les intérêts ­d’opposants qui valent des ­milliards...

Et ensuite ? Il ne faut pas avoir peur de se jeter dans l’inconnu et prouver à quel point on croit en ses rêves.

Comment vous est venue cette idée ? Victorien Erussard, mon ami et partenaire de projet, qui en a développé l’aspect technique, a remporté de nombreuses régates et championnats, mais il a perdu la Transat Jacques Vabre parce que ses batteries l’ont lâché. Nous avons donc eu l’idée de construire un bateau qui pourrait s’auto-alimenter en énergie. Où en êtes-vous dans votre ­odyssée  ? Nous avons déjà visité dix-sept pays. La première année, nous n’avons amarré que dans les ports français ; l’année dernière, nous avons navigué sur toute la Méditerranée. En 2019, nous nous concentrons sur l’Europe du Nord. Puis viendront l’Asie, le ­Pacifique et la côte ouest des ÉtatsUnis et, en 2022, l’Amérique centrale et la côte est des États-Unis.

ANALYSE Jérôme Delafosse ­inspecte la pile à ­combustible qui con­ vertit l’hydrogène en électricité (en haut).

SALLE DES MACHINES Ici, l’eau de mer est transformée en hydro­ gène pour l’alimentation du moteur électrique (à l’extrême droite).

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Cette entreprise est-elle particulièrement risquée ? Nous avons déjà été pris dans des vent très violents et parfois « casse bateau » quand la houle est très serrée, comme en Méditerranée entre Barcelone et Marseille. Le plus inquiétant, c’est quand les vagues viennent se fracasser sous la nacelle, ça grince, ça craque, mais ça tient. Nous sommes fiers car, si nous prouvons que notre concept fonctionne en milieu extrême, nous pourrons l’adapter partout à terre, dès demain, dans une maison, dans les villes et THE RED BULLETIN


LA RÉVOLUTION ­HYDROGÈNE L’Energy Observer pourrait révolutionner nos méthodes de production et de stockage d’énergie.

OCEAN WINGS

Ces ailes propulsives se mettent automatiquement dans la position la plus ­efficace pour donner de la ­vitesse au bateau et produire de l’énergie éolienne.

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ORDI DE BORD

Dans la salle de commandement sous le pont, les stocks et les flux énergétiques sont surveillés en permanence. Un deuxième écran est situé sur le pont.

MOTEURS électriques qui se transforment en hydro-générateurs.

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STOCK D’HYDROGÈNE

RÉSERVOIRS

L’hydrogène obtenu par électrolyse à partir de l’eau de mer est emmagasiné (pression de 350 bars) dans des réservoirs de part et d’autre de la proue.

PANNEAUX SOLAIRES

1 400 KILOS DE ­BATTERIE

stockent l’énergie utile à court terme dans des batteries Li-ion de 400 V.

ARMOIRE ÉLECTRIQUE CENTRALE

C’est le cœur de l’Energy Observer : un automate assure l’équilibre entre les énergies.

168 mètres carrés de panneaux solaires praticables recouvrent le pont. Ils sont recouverts d’un revêtement caoutchouté antidérapant.

Leurs 332 litres de capacité ­permettent de ­stocker 62 kilos d’hydrogène, ­équivalent à deux mégawatts d’énergie.


HORIZON : 2022 Quand nous rencontrons Jérôme Delafosse dans le port d’Amsterdam, l’Energy Observer n’en est qu’à sa 35e étape. Arrivée prévue en 2022.

«  Nous ­proposons une ­alternative optimiste et ­fédératrice, et ça parle aux gens. » pourquoi pas à l’échelle d’un pays… Car notre voyage a aussi ses avantages : nous faisons des escales dans plus de cinquante pays, nous créons du lien ! Nous nous entretenons avec des journalistes, des scientifiques, des classes scolaires et des décideurs pour convaincre le monde qu’une révolution énergétique est possible. Et quelles sont leurs réactions ? Ils apprécient le fait que nous arrivions avec un discours différent des slogans apocalyptiques à propos de la catas66

trophe climatique. Nous proposons une alternative optimiste et fédératrice, qui irait même jusqu’à stimuler l’économie mondiale. Cela fascine les gens, en particulier là où l’on croit qu’ils ont d’autres soucis. La Tunisie, par exemple, s’enthousiasme pour notre projet et est très intéressée par les énergies renouvelables. Quelles leçons tirez-vous de cette expédition ? La navigation en mer dans des conditions extrêmes est un enseignement riche et surtout inestimable. Nous observons, testons, varions les systèmes chaque jour. Nous avons déjà changé les éoliennes parce qu’elles n’étaient pas efficaces. Nous n’avons les nouvelles voiles Ocean Wings que depuis trois semaines. C’est une technologie de l’America’s Cup, le bateau lui-même était auparavant ­utilisé comme catamaran de course par d ­ ifférentes équipes avant sa conversion. Quel fut le moment le plus excitant jusqu’à présent ?

C’est toujours le point de non-retour. Quand on a poussé une idée si loin qu’on se rend compte qu’on ne peut plus revenir en arrière, comme il y a deux ans, lorsque nous avons pris la mer à Saint-Malo. Alors, ce premier jour en mer ? Inoubliable. Parce que c’est à ce moment-là que nous avons réalisé que le cycle de l’énergie fonctionnait exactement comme nous l’avions imaginé. Je veux dire que nous savions que cela marcherait ; après tout, c’est de la science. Mais tant que la démonstration n’a pas été faite, le doute plane. Travailler des mois dans un espace confiné doit être rude. Comment rechargez-vous vos batteries ? Seul sur le pont la nuit, sous un ciel étoilé, en compagnie des dauphins qui suivent le bateau : voilà ma récompense pour chaque effort. Et en journée, il n’est pas interdit de piquer une tête et d’aller explorer les profondeurs. Après tout, je suis aussi plongeur pro.

energy-observer.org THE RED BULLETIN


Vrais talents d e la nature

N’EST PAS UNE BOISSON ÉNERGISANTE


GRAINE DE CHAMPION

COMMENT SE NOURRIS SENT LES SP ORTIF S Les bienfaits du clean eating ou de l’importance de manger ­sainement : six sportifs de haut niveau expliquent qu’une alimentation adaptée à leurs besoins contribue à améliorer leurs performances. Intrigué ? Ces conseils sont aussi valables pour vous. Texte WILL COCKRELL Illustrations BRIAN STAUFFER et HELLO VON

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BRIAN STAUFFER


GRAINE DE CHAMPION

David Hablützel  G E   : 23 ans N AT I O N A L I T É   : Suisse P L AT FAVO R I : Hablützel aime les ­légumes et en consomme à chaque repas. Lors de ses ­séjours aux USA, il ne fait jamais l’impasse sur un bon burger. P E T I T- D É J   : muesli fait maison sans sucre

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l’époque. Il ne s’agit pas de se mesurer aux autres ni de mesurer la hauteur d’un saut. C’est un mode de vie. » Un jour, il se blesse à la réception d’un saut. Lors de la séance d’échauffement d’un événement de slopestyle en Andorre, en 2014, il se déchire le ligament croisé antérieur. En 2016, une nouvelle déchirure du même ligament met fin à une carrière ­prometteuse et toute tracée. Contre toute attente, les blessures ont pourtant joué un rôle positif dans la vie de David : elles lui ont ouvert une nouvelle perspective. « Ce sont elles qui m’ont rappelé que j’étais un athlète, explique-t-il aujourd’hui. Le snow est bien plus qu’un mode de vie, ça devient de plus en plus compétitif. Si tu ne t’adaptes pas au niveau qui ne cesse d’augmenter, tu n’es plus dans la course. J’ai alors compris que je

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HELLO VON

déjà ce que c’est que de tout avoir. Et de tout perdre. À 15 ans, le phénomène suisse du freestyle gagne la médaille de bronze aux Olympiades de la jeunesse de 2012 et se retrouve la même année dans l’équipe ­nationale. À 17 ans, il termine cinquième aux JO d’hiver de Sotchi et se tient sur le podium de Vail (Colorado) lors des prestigieux US Open. Ses victoires, il les fête comme n’importe quel ado du même âge : avec de bons gros burgers et de l’alcool. Pour récupérer, il avale des croissants et écoute en boucle le nouvel album de Kendrick Lamar, ce qui l’intéresse nettement plus que d’appliquer à la lettre un programme diététique au quotidien. Car pour Hablützel, le snowboard n’est pas un sport de haut niveau, mais un art de vivre. « Le snow, c’est une forme d’expression artistique, déclarait-il à

À

18 ans, le snowboardeur David Hablützel savait


« LES ATHLÈTES BLESSÉS VEULENT SAVOIR QUOI MANGER POUR ACCÉLÉRER LEUR RETOUR À L’ENTRAÎNEMENT. » ▲

­ evais passer pro et respecter une certaine disd cipline. » Une des premières choses que Hablützel ­décide de prendre en main concerne son alimentation. Il fait des recherches sur Internet pour trouver des conseils en nutrition et commence instinctivement à se nourrir de légumes, à consommer deux fois moins de viande qu’à son habitude et à supprimer tous les encas. En bref, il se met à suivre tous les conseils dont on nous abreuve chaque jour. Sauf que pour quelqu’un dont l’ambition ne s’arrête pas à se remettre de ses blessures mais va jusqu’à vouloir décrocher un titre olympique, les données du web ne suffisent pas : David s’impose un régime alimentaire rigoureux qui prive son corps de calories indispensables. Il fait fausse route.

Ian Walsh  G E   : 36 ans N AT I O N A L I T É   : USA P L AT FAVO R I : Walsh, Hawaïen jusqu’au bout des ongles, est un expert des bowls açai et des smoothies frais. Quand il lui arrive de faire des écarts, il ne résiste pas à la cuisine mexicaine.

En 2018, ses entraîneurs le présentent à Kristen Bell, nutritionniste du sport, une autorité en la matière chez Red Bull. Elle accompagne les athlètes de haut niveau, snowboardeurs, kitesurfeurs ou autres, et les aide à élaborer un programme diététique qui leur permet d’exploiter leurs capacités au maximum. Compte tenu de l’orientation internationale de Red Bull – et des programmes et voyages parfois contraignants des athlètes –, Bell a non seulement développé une aisance à s’adapter aux spécialités ­nutritionnelles régionales mais aussi mis sur pied un régime facile à appliquer partout et par tous. Pour cela, il suffit de retenir les six leçons suivantes :

1 Chaque grain (de riz) compte

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La première chose que Bell explique à ses athlètes, c’est que tout changement qui se fonde sur un savoir non approfondi peut avoir des conséquences catastrophiques. Elle sait en effet que ses clients ne se contenteront pas de se sentir « bien ». Elle doit leur apprendre « à maintenir leur réservoir toujours rempli à 100 % ». Hablützel, par exemple, n’a pas uniquement besoin d’un simple régime de remise en forme ;

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GRAINE DE CHAMPION

Sae Hatakeyama  G E   : 22 ans N AT I O N A L I T É   : Japon S P O R T   : BMX race P L AT FAV O R I   : ­Hatakeyama aime les sushis et les yakisoba de sa mère, un plat de nouilles sautées composé de viande et de ­légumes. Quand elle cède à la tentation, elle vide un pot de crème glacée. P E T I T- D É J   : pain, œufs, yahourt

il doit aussi apprendre à respecter ces habitudes alimentaires lorsqu’il est déplacement – et cela avant même d’être complètement remis sur pied. « Nombre de sportifs ne donnent pas à leur corps les aliments dont celui-ci a besoin pour éviter les blessures, comme de la vitamine C ou du collagène, souligne Bell. Et ils oublient que leur système immunitaire est affaibli à cause de tous leurs déplacements. »

2 Laissez s’exprimer le freestyler en vous

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« ÉTANT TRÈS EXIGEANTS AVEC EUX-MÊMES, LES SPORTIFS PEUVENT TOLÉRER QUELQUES ÉCARTS. »

D’une certaine manière, Bell enseigne l’art de l’impro à ses athlètes. Elle leur explique pourquoi il est si important de tirer le meilleur parti d’un long séjour chez soi, en prenant le temps de connaître les magasins, les marchés, les restaurants alentour. Elle leur donne des outils pour les aider à s’organiser, allant des courses à la préparation culinaire, et même parfois en leur conseillant des supermarchés ou des restaurants situés près de leurs lieux d’entraînement. Ces outils, les sportifs en ont besoin pour supporter des vols de 17 heures avec des plateaux-repas souvent constitués d’ingrédients impossibles à identifier. Mais la plus importante règle de ce programme

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strict est celle qui dit qu’il faut parfois savoir transgresser les règles, justement ! « C’est là le défi de mes clients : tout doit fonctionner parfaitement, dans tous les domaines de leur vie. Le sommeil, l’entraînement, l’alimentation… Au final, nous aspirons tous à trouver un équilibre sain. »

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La routine à domicile

4 Valorisez la cuisine familiale

Bell commence chaque suivi par un entretien avec l’athlète afin de déterminer quels sont les aliments qu’il consomme le plus d’après son pays d’origine et ses habitudes familiales. Ayant déjà travaillé avec une douzaine d’athlètes issus de tous les horizons, elle sait par exemple qu’il est hors de question pour un Sud-Américain de se passer de fromage, et que le riz et les haricots secs constituent un repas respectable sur tous les continents. Elle a aussi appris qu’à peu près tous les plats asiatiques répondent aux critères du clean eating, mais que quelques-unes de leurs sauces contiennent trop de sucre. Et qu’aux États-Unis, la taille des portions est le p ­ roblème majeur.

5 Comblez les manques

Pour élaborer un programme nutritionnel individuel adéquat, Bell a une arme secrète : les compléments ­alimentaires. Quand ceux-ci – sous forme de

Ian Walsh illustre cet équilibre à merveille : Bell le considère comme son élève modèle car pour lui, le clean eating (le fait de consommer des produits complets en évitant les aliments transformés) va de soi ­depuis des années. Sa vie dépend de cette manière de s’alimenter, car c’est grâce à elle qu’il s’assure d’être au top de ses capacités physiques. Le surfeur de 36 ans originaire de Maui n’a pas de difficultés à suivre son régime lorsqu’il est à Jaws ; par contre, il a plus de mal lorsqu’il part surfer du gros à Teahupoo (Tahiti) ou Nazaré (Portugal). Quand les vagues l’appellent, Walsh doit pouvoir sauter dans un avion illico pour un paquet d’heures, et arriver en très grande forme pour se jeter dans la houle à peine sorti de l’avion. « Je vais souvent directement de l’aéroport à la côte, pour aller attraper une vague de 18 mètres de haut. Il y a quelque chose de fou à parcourir la planète en quête

de grosses vagues. Être toujours bien préparé est un défi en soi. Kristen m’a beaucoup aidé à mettre en place des routines quand je suis chez moi, à Maui, dans un environnement f­ amilier, pour maintenir mes apports nutritionnels à niveau constant. »

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Olga Kharlan  G E   : 28 ans N AT I O N A L I T É   : Ukraine S P O R T   : escrime P L AT FAVO R I  : le bortsch, une soupe de betteraves qui « se boit comme de l’eau ». La médaillée olympique déguste aussi volontiers un salo ukrainien (à base de graisse de porc fumé) avec de l’ail et du pain de seigle. P E T I T- D É J   : flocons d’avoine, beurre de ­cacahuètes, banane

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GRAINE DE CHAMPION

barres énergétiques – ont déferlé sur le marché, il ne s’agissait que de barres chocolatées améliorées. Depuis quelques années, il existe certains produits parfaits pour parer à une déficience énergétique après des heures de jeûne, juste après un entraînement difficile ou entre deux repas. Un moment que les diététiciens considèrent comme une aubaine pour combler les manques. « Les compléments alimentaires nous permettent de remplir les derniers 20 à 25 % de notre réservoir, dit Bell. Pour certains sportifs, cela peut réellement changer la donne. » Comme pour le skateboardeur Felipe ­Gustavo qui comblent ses déficiences en protéines (dues à un régime v­ egan) avec une poudre à base de plantes. Ou le footballeur allemand

Lukas Klostermann qui prend une préparation de ­magnésium pour améliorer ses performances depuis qu’une diététicienne a décelé une carence dans son métabolisme. Walsh, lui, emporte toujours des compléments alimentaires quand il part pour un long voyage et commence à les avaler dès qu’il monte dans l’avion. « Durant le vol, je bois beaucoup d’eau ainsi que des shakes, je fais le plein d’électrolytes et mange tout ce que je peux avant l’atterrissage. » L’important étant de ne pas exagérer : selon Bell, les barres énergétiques et les poudres complémentaires sont une excellente alternative quand on n’a pas le temps de se nourrir correctement, mais ce ne sont en aucun cas des aliments de remplacement. « Si un athlète cherche une solution de facilité comme une pilule à avaler pour éviter d’avoir à manger sainement, cela ne fonctionnera pas. Comme leur nom ­l’indique, les compléments alimentaires viennent complémenter une alimentation diversifiée. »

Mutaz Barshim

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HELLO VON

 G E   : 28 ans N AT I O N A L I T É   : Qatar S P O R T   : saut en hauteur P L AT FAV O R I   : quand la cuisine de sa mère lui manque, il se réconforte avec un ­kebsa (à base de poulet et de riz). Et avant un événement, il avale des ­glucides pour l’énergie. P E T I T- D É J   : œufs, flocons d’avoine

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toutes les règles (au moins de 6 Ignorez temps en temps)

La leçon la plus importante que Bell souhaite transmettre à ses clients est celle du lâcher prise. Elle le ­répète comme une litanie : le plus important, c’est l’équilibre. Elle ne cesse de le rappeler aux athlètes : il est impossible de contrôler naturellement chaque ­repas, encore moins quand on est sans arrêt en ­vadrouille aux quatre coins du monde. Selon elle, il vaut mieux ingurgiter de mauvaises calories que pas de calories du tout. De même, les athlètes les plus performants sont ceux qui savent lâcher du lest. « Nous nous efforçons d’entretenir une relation saine à la nourriture. Mais si on est en stress à cause d’un mauvais repas, ce n’est pas sain non plus. Le perfectionnisme peut devenir handicapant pour certains. » Ce qui signifie parfois qu’il faut oublier les apports énergétiques et la valeur nutritionnelle des aliments. Nous entretenons un rapport émotionnel à la nourriture, tant avec les petits plats cuisinés à la maison que ceux de notre restaurant préféré. Bell est convaincue de l’action positive (et réconfortante) que peut exercer sur un sportif éreinté ou souffrant du mal du pays la dégusta-

tion de son plat préféré. Il va récupérer mieux et vite. Ces écarts ne sont rien de nouveau, mais Bell prétend qu’ils sont révélateurs de bien plus qu’ils ne laissent penser a priori. Elle ne les considère pas comme une trahison du programme, mais préfère en parler comme des récompenses. Et surtout, les sportifs ont bien plus à gagner à s’autoriser quelques écarts dans la semaine qu’à se laisser complètement aller. « Une journée entière à avaler tout ce qui nous tombe sous la main en termes de sucre, glucides et acides gras, c’est la garantie d’être complètement HS le lendemain. » Autrement dit : la diététique nous apporte de nombreuses connaissances et de précieux éclairages pour développer nos performances au mieux. Reste à chacun de nous à définir jusqu’où nous sommes prêts à aller et quelles concessions nous sommes prêts à faire pour y arriver.

Kübra Dağli  G E   : 22 ans N AT I O N A L I T É   : Turquie S P O R T   : Taekwondo P L AT FAV O R I   : quand elle a le mal du pays, elle se prépare des feuilles de vigne farcies. Avant l’entraînement, elle mange des féculents pour l’énergie qu’ils procurent ; après, elle avale des légumes et des protéines. P E T T- D É J   : œufs, fromage, tomates, concombres, et tahini nappés de mélasse

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« LE PLAT FAVORI D’UN ATHLÈTE ÉPUISÉ OU AYANT LE MAL DU PAYS PEUT ÊTRE D ­ ÉTERMINANT POUR SA R ­ ÉCUPÉRATION. »   75


Il est fort comme un lion et rien ne lui fait peur. À 22 ans, le lutteur REMO KÄSER est le nouveau visage d’une tradition séculaire. Mais le Bernois n’en ignore pas pour autant les us et coutumes à respecter. Texte LUKAS RÜTTIMANN  Photos DAN CERMAK

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Homme ou machine

Remo Käser en est sûr : pour gagner, il faut attaquer. Et pour le prouver, le voilà qui s’improvise cric.

Respect !


Tradition ou Instagram

Pourquoi choisir ! Un lutteur respectueux de la tradition, le ­Bernois et aussi un pro des ­réseaux sociaux.


Graviers ou sciure

Marre de la sciure ? Une virée en Suzuki Jimny dans une carrière de graviers, ça marche aussi bien.

C

onsidéré comme la figure de proue de la nouvelle génération de lutteurs suisses, Remo Käser est une véritable aubaine pour ce sport si traditionnel. Quand on le rencontre, on comprend vite pourquoi. Lors de notre shooting, ce colosse d’1,89 m a un mot gentil et un sourire aimable pour tous. Même dans l’effort et par une forte chaleur, ce couvreur-­zingueur de métier se comporte toujours de manière agréable et professionnelle. Le cliché du gros dur taciturne ne s’applique pas à Käser. Lui, c’est la simplicité même. Durant l’entretien, le jeune homme de 22 ans se montre précis et réfléchi.

the red bulletin : Remo, pourquoi les meilleurs lutteurs sont-ils surnommés « Les méchants » (« Die Bösen » en allemand, ndlr) ? remo käser : Il ne faut pas le prendre dans le sens négatif du terme. Avant, dans la région bernoise, quand un travail était très dur, on disait « bös ha ». Et affronter un bon lutteur, c’est très dur – même si nous sommes tous très gentils, au fond ! Il règne un code d’honneur très strict entre les lutteurs. Le respect et l’estime sont ancrés dans les principes de la fédération. Peux-tu nous le confirmer ? Absolument. C’est justement l’une des clés qui font tout le succès de la lutte : THE RED BULLETIN

dans la sciure, on ne prend pas de gants, mais on est toujours fair-play. Et on respecte les décisions de l’arbitre. Ce n’est pas forcément le cas dans tous les sports, me semble-t-il. Cette notion de respect va-t-elle au-delà du rond de sciure ? Le respect et la bienséance, ce sont des choses que l’on apprend en grandissant, non ? Moi-même, je m’efforce toujours de me comporter de manière juste et correcte avec tout le monde, et de ne pas dire du mal des autres. Pour être performant dans ce sport, il faut beaucoup travailler. Je préfère mettre mon énergie là-dedans. On connaît tous ce geste du vainqueur qui enlève la sciure du dos du perdant. Que signifie cette coutume ? C’est un signe de fair-play. On montre que l’on respecte l’adversaire, même s’il a perdu. Et c’est pratique parce que ce n’est pas un endroit facile à atteindre soi-même.

« Il n’est pas rare de se retrouver autour d’une bière avec un adversaire. » Non, sérieusement : quand on gagne, il faut penser au perdant et lui tendre la main, en signe de respect mutuel. Dans de nombreux domaines, la lutte se révèle une véritable école de la vie. On apprend à se relever tout de suite après une défaite et à ne pas baisser les bras. Ce n’est pas utile que le sport, mais dans tous les domaines de la vie. Te souviens-tu d’un moment où cette école de la vie t’a aidé ?   79


110 kilos ou 1,08 tonne

La Suzuki n’est pas vraiment conçue pour s’entraîner, à la base – mais ça n’a pas l’air de perturber Remo.


« La lutte, c’est une école de la vie. On apprend à se relever tout de suite après une défaite. »

Fin juin, je me suis fait une hernie discale cervicale à la Fête de lutte du Nord-Est de la Suisse – et c’était à peine deux mois avant la compétition la plus importante de l’année ! Le soir, après ma blessure, j’étais dévasté, mais dès le lendemain matin, je m’étais fixé un nouvel objectif : être remis à temps pour la Fête fédérale de lutte suisse fin août ! Au final, je ne m’en suis pas trop mal tiré avec ma blessure, et les médecins pensent que mon objectif est réalisable. En tant que jeune lutteur, tu es très actif sur les réseaux sociaux. Que

Endurance…

Sa force, c’est la ­persévérance. Pour tenir plus longtemps que ses adversaires, Remo s’entraîne sans relâche.

... ou force

Mais la lutte, c'est avant tout un sport de force. Outre le training propre au genre, il faut aussi s’astreindre à une routine musclée.

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Pendant les compétitions, Remo se sent boosté par le public.

représentent Facebook, Instagram et consorts pour toi ? C’est très important. Tout le monde n’a pas la possibilité de se rendre à une Fête de lutte. Grâce aux réseaux sociaux, je peux partager mon sport avec plus de gens. Et puis c’est une chance pour la relève. Les jeunes étant très présents sur les réseaux sociaux, ça nous donne l’opportunité de parler avec eux et de dénicher les futurs espoirs.

Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils ­vraiment moins respectueux, comme l’ancienne génération aime à l’affirmer ? Des gamins insolents, il y en a toujours eu. Personnellement, j’ai un bon entourage sur qui compter, avec de supers amis et une famille géniale. J’essaie de donner le bon exemple et de transmettre les bonnes valeurs. Dans la lutte justement, on voit bien que ça vaut le coup de s’efforcer de vivre en paix les uns avec les autres. En été, de semaine en semaine, des milliers de personnes affluent paisiblement à la Fête de lutte – et tout ça, sans l’intervention des forces de l’ordre. As-tu déjà vu ça ailleurs ?

Règles à suivre à la Fête de lutte Dans le milieu de la lutte, les athlètes doivent faire preuve de respect, et le public aussi. Petit cours accéléré pour votre prochain passage à la « Fédérale ». OUBLIEZ VOS RÉFLEXES DE SUPPORTEUR DE FOOT

LE TUTOIEMENT EST DE RIGUEUR

Chants, sifflets, huées et autres ­banderoles sont considérés comme plus gênants qu’autre chose et les autres spectateurs, voire même le speaker du stade, ne se priveront pas de vous le faire remarquer. N’hésitez pas en revanche à donner de la voix pour encourager votre chouchou ! Et à dégainer un drapeau avec l’emblème de son ­canton en cas de victoire.

Quand on parle de simplicité, ce ne sont pas des paroles en l’air. À la Fête de lutte, tout le monde se dit « tu ». Même au Conseil fédéral.

LE PATRIOTISME OUI, LA POLITIQUE NON La lutte, c’est une tradition suisse profondément ancrée – il n’y a qu’à voir tous ces drapeaux qui flottent partout. Mais la politique n’a pas droit de cité : ici, le patriotisme n’a rien à voir avec un parti ou un autre.

Le moment fort de la saison, c’est la Fête fédérale de lutte suisse. Quels objectifs t’es-tu fixés ? Si la guérison de mon hernie discale cervicale se passe comme prévu, j’aurai récupéré toutes mes forces pour débuter la compétition. Mon objectif est de réaliser les meilleures performances possibles et je verrai bien jusqu’où cela me mènera. La Fête fédérale de lutte suisse et des jeux alpestres (FFLS), souvent abrégée « La Fédérale », est le plus grand événement sportif de Suisse et a lieu tous les trois ans. En 2019, la FFLS se déroulera à Zoug du 23 au 25 août. Plus de 300 000 fans sont attendus. esafzug.ch

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PAS DE PARAPLUIE « Vue dégagée pour tous », telle est la devise dans les tribunes. Les parapluies, c’est pour les touristes. En cas de pluie, optez pour un imper.

TRINQUEZ À LA BIÈRE Personne ne dira jamais non à une bonne bière ou à un verre de vin. Mais le champagne et les cocktails ne sont pas très bien vus, et de toute façon, pour une chaude journée en tribune, ce n’est pas une bonne idée.

LA CONFIANCE RÈGNE Ici, il n’y a aucun risque à laisser son sac à dos sans surveillance pendant quelques instants. Les portefeuilles trouvés ne sont pas volés mais ­rendus à leur propriétaire. Et si quelqu’un ne suit pas les règles du jeu, les visiteurs règlent généralement cela entre eux.

ON N’EST PAS AU DÉFILÉ Chacun(e) s’habille comme il ou elle le souhaite. Mais oubliez les talons hauts, les jupes courtes peu pratiques et le maquillage à outrance qui en ferait sourire plus d’un.

PIQUE-NIQUES BIENVENUS Victime d’une hernie discale cervicale, Remo Käser se donne à fond pour revenir dans l’arène.

Vous n’aurez pas de mal à trouver de quoi vous restaurer. Mais un sandwich sorti du sac à dos, ça ira tout aussi bien. Et si vous en proposez à votre voisin, ce sera encore mieux.

PICTUREDESK.COM

Le respect, c’est une question sensible sur les réseaux sociaux. Comment réagis-tu quand quelqu’un te clashe ? Cela arrive, avec l’anonymat, les gens se permettent un peu tout sur Internet. Pour beaucoup, la toile est un exutoire à leurs frustrations. Avant, ça me faisait du mal ces commentaires négatifs. Aujourd’hui, je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde et qu’on ne le doit pas. Je pense qu’il ne faut pas donner de l’importance aux trolls et que le mieux est de les ignorer. C’est souvent la jalousie qui les anime.


Technique ou volonté

Avoir de la technique aide, mais la volonté, c’est essentiel pour ­gagner : Remo Käser est un véritable battant.



guide au programme

LES YEUX AU CIEL

TIC-TAC

MINECRAFT

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Cette méthode permet aux grimpeurs de s’entraîner les yeux fermés, comme sur une paroi.

Les modèles légendaires de Swatch, qui compte plus de trois décennies d’existence.

Le jeu à succès envahit nos smartphones et s’est déjà incrusté dans notre quotidien.

ZAHARA ABDUL

NYEGE NYEGE

Oubliez les festivals branchés en Stan Smith… le top du top est en Ouganda ! PAGE 86

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GUI D E

Faire.

Ça percute ! Avec ces Burundais membres du collectif funk The Kuruka Chama.

LE FESTIVAL D’UNE VIE

PLUS RAPIDE EST LA VITESSE DU SON L’électro futuriste rencontre les sons traditionnels de l’Afrique orientale sur les bords du Nil : Gareth Main assiste en Ouganda à un festival hautement palpitant.

I

l est deux heures du matin, l’air humide est saturé de fumée de cigarette, la musique est forte et je me tiens au milieu d’une foule dense. Sur scène, le Nilotika Culture Ensemble et ses trente musiciens s’éclatent sur des tambours de toutes sortes, tandis que

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dans le public, les corps s’agitent et sautillent au rythme des percus. On a l’impression d’être pris au milieu d’un joyeux chaos et pourtant tous sont au diapason, les percussionnistes au taquet et la musique incroyable. Les nombreux musiciens, tous des

La DJ somalienne Hibotep et ses mixes ultra branchés.

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voyage

ÉCHAPPEZ-VOUS

UN TRIP COPIEUX

Mangez un Rolex et goûtez à la fontaine de jouvence : ce qu’il faut savoir avant votre départ pour la perle de l’Afrique. Le festival a lieu au ­début de la deuxième saison des pluies qui s’étend de septembre à novembre. La température en journée avoisine les 28 degrés.

Quatre jours de son non-stop : au Nyege Nyege, la musique ne s’arrête jamais.

Ouganda Rép. démo. du Congo N il

Jinja Kampala

Kenya

Rwanda

MONNAIE SHILLING OUGANDAIS (UGX) Pas de subdivision 1 € = 4 200 shillings

ZAHARA ABDUL PHOTOGRAPHY

GARETH MAIN

Si à 50 ans, on n’a pas mangé un Rolex sur un festoche en Ouganda…

v­ irtuoses, déroulent sans relâche à un rythme effréné. Je n’ai jamais rien écouté de tel auparavant. Comme hypnotisé par le son (et le gin local), je renonce à compter le nombre d’artistes qui varie constamment. Je me laisse porter. La troupe ougandaise de percussionnistes finit par s’arrêter, je suis étourdi. Combien de temps ont-ils joué ? Quelle heure est-il ? Cela n’a plus importance. Je viens de recevoir ma première leçon ougandaise : ici, la vie ne s’arrête jamais. On le pressent dès l’arrivée à l’aéroport d’Entebbe où une mêlée de chauffeurs de taxi annonce le prix de la course aux clients potentiels. Ce comité d’accueil dynamique n’est qu’un

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Ma première leçon ougandaise : ici, la vie ne s’arrête jamais. avant-goût de l’énergie qui anime le festival Nyege Nyege, situé à Jinja, que l’on atteint après quatre de route en plus des douze heures de vol depuis l’Europe. Les trois premières éditions du festival ont suscité un grand intérêt des médias internationaux. The Guardian, CNN, la BBC et ­Rolling Stone ont tous loué sa ­programmation novatrice. Le magazine londonien FACT le

SE NOURRIR

BON À SAVOIR

ROLEX Impossible de se rendre en Ouganda sans goûter au Rolex, une omelette avec des légumes enroulés dans un chapati.

ORIGINE C’est à Jinja, ville d’accueil du Nyege Nyege, que le Nil prend sa source.

PORC Si vous aimez la viande, optez pour ces restaurants servant 2 kilos de porc frit pour environ 6 €. POSHO Les plats ougandais se veulent aussi appétissants que pratiques. Le posho, une pâte à base de maïs, incarne bien cette idée et s’utilise comme du pain avec les plats et les sauces.

RECORD Environ 50 % de la population a moins de 15 ans, ce qui en fait le deuxième pays le plus jeune, après le Niger. VIE SAUVAGE L’Ouganda est l’un des trois pays d’Afrique (avec le Rwanda et la RDC) où vivent des gorilles de montagne en liberté. DIALECTES On en dénombre plus de quarante dans le pays. Le luganda est le plus parlé.­

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GUI D E

Faire.

voyage

SANS VOUS DÉPLACER

PÉPITES D’AILLEURS

Les initiateurs du festival dirigent aussi deux labels : Nyege Nyege Tapes et Hakuna Kulala. Ces trois albums sont emblématiques d’un catalogue à découvrir.

À ÉCOUTER

SLIKBACK – TOMO Un EP aux beats intenses et agressifs, typique de ce producteur kenyan qui repousse les limites de la bass music. Retrouvez-le lors de la soirée Double Jeu du Red Bull Music Festival Paris le 28 septembre.

COMPILATION – SOUNDS OF SISSO Sisso, producteur du label éponyme, est le créateur du Singeli, une musique dance au rythme dément. Il a également popularisé la scène underground de Dar es Salam (Tanzanie) à travers le monde.

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­ ualifie même de « meilleur q ­festival de musique électro au monde ». Le mélange de musique électronique contemporaine, avant-­gardiste et de musiques traditionnelles d’Afrique centrale et orientale (près des 80 % des plus de 200 artistes présents sont africains) n’a pas d’équivalent dans le monde. Le seul point commun avec un festival européen de taille moyenne plus traditionnel est la nature du site : un camping avec une demi-douzaine de scènes. Néanmoins, le lieu (une magnifique forêt le long du Nil), la nourriture (il faut goûter au Rolex), et l’absence d’heure de fin font que la musique est jouée non-stop durant les quatre jours du festival. L’an dernier, à la veille de la quatrième édition du festival dont le nom signifie « excité, excité », le pasteur Simon Lokodo, ministre d’État ougandais à l’éthique et à l’intégrité, tente d’annuler le festival pour incitation des jeunes à l’homosexualité. Un procès d’un autre âge qui n’altéra aucunement la motivation des près de 9 000 festivaliers présents sur cette édition. Nous avons cherché à comprendre la signification de « nyege nyege » dans le dialecte local lugandais,

qui le décrit comme « une envie soudaine et irrépressible de bouger, de danser », une description que la musique estampillée « traditionnelle » par la programmation semble incarner au mieux. Parmi les phénomènes à l’affiche lors de notre venue, Otim Alpha, ex-kick­ boxeur natif de Gulu, au nord de l’Ouganda. Le voir se déchaîner en chemise t­ ie-dye sur sa géniale musique électro Acholi vaut son pesant d’or. Sa musique tourne à plus de 160 BPM, soit environ 50 % plus rapide qu’un rythme disco moyen. Et celle de Sisso se base sur un rythme encore plus rapide. Ses sets de plusieurs heures ne descendent jamais en deçà de 200 BPM. Musicalement, cela équivaut à la différence d’accélération entre une deux-chevaux et une voiture de sport. Ne jamais s’arrêter, tel est le mot d’ordre du Nyege Nyege, et si vous pensez avoir déjà expérimenté un festival épuisant, celui-ci mettra votre endurance à rude épreuve. Mais il est surtout une exploration perpétuelle de sons extraordinaires sur les bords du Nil, au cœur des ténèbres. Nyege Nyege, 5 au 8 septembre, Jinja, Ouganda ; nyegenyege.com

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ZAHARA ABDUL PHOTOGRAPHY

NIHILOXICA – NIHILOXICA Fruit d’une collaboration entre les percussionnistes du Nilotika Culture Ensemble et les Anglais Jacob MaskellKey (batterie) et Pete Jones (synthés), l’album est un florilège de sons inédits issus de sources traditionnelles.

GARETH MAIN

Danse ancestrale et rythmes électro pour le show d’un héros local, Faizal Mostrixx.


Un DéFi inéDit De traiL rUnning aVeC gps

1 août - 15 septembre 2019 brienzer rothorn • hoher Kasten • Lägern • moLéson Mesure-toi aux athlètes professionnels suisses Judith Wyder et Rémi Bonnet. Rends-toi à l’un des quatre points de départ, enclenche ton GPS et défie leur temps record sur des crêtes à couper le souffle.

redbull.Ch/ridges


GUI D E

Faire.

fitness

PROJETEZ-VOUS

Le grimpeur Michi Wohlleben, confiant en la méthode Isele.

LES YEUX FERMÉS

Grâce à la visualisation, ils peuvent améliorer leurs meilleures perfs : mode d’emploi. PRÉPARATION Connaître les différentes ­sections de l’ascension aussi bien que possible. POINT DE DÉPART Tout lieu paisible fera l’affaire. Mais le point de départ idéal dépendra de l’atmosphère particulière qui y règne. PROCESSUS DE RÉFLEXION Fermer les yeux. Puis mimer l’escalade en effectuant chaque geste et, très important, en ­sollicitant les muscles comme si vous y étiez.

La méthode Isele aide les grimpeurs à simuler chaque détail d’une ascension.

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LA PASSION S’impliquer émotionnellement dans la situation permet au corps, à ­l’esprit et au cœur d’œuvrer de concert pour ­une ­fluidité totale. FLORIAN OBKIRCHER

L’Autrichien Klaus Isele a mis au point une méthode d’entraînement assurant aux grimpeurs de réaliser le maximum pendant leurs performances.

C

TOM MACKINGER

LA FORCE DE L’ESPRIT

omment les grimpeurs se préparent-ils pour leurs grands rendez-vous ? Avant tout en visualisant la voie d’escalade. L’ostéopathe Klaus ­Isele a travaillé pendant dix ans avec l’équipe nationale autrichienne d’escalade et affirme que cet exercice à sec offre un potentiel énorme. Le point de départ de leurs recherches a été le souci de maintenir les grimpeurs en forme durant les périodes d’inactivité, avec pour objectifs de limiter la perte de masse musculaire et préserver une mémoire précise des mouvements. Pour ce faire, Isele a une solution : la Visualisation 2.0, plus intensive que celle pratiquée jusque-là par les grimpeurs. Cette visualisation se fait allongé sur le dos, les yeux fermés, avec une précision et une intensité physique comparables à celles qu’ils expérimentent sur un mur. Le meilleur grimpeur allemand Michi Wohlleben ne jure que par la technique Isele. Elle améliore sa mobilité et lui permet d’intérioriser une multitude d’automatismes tout en sollicitant moins son corps. Résultat : Wohlleben a escaladé il y a quelques semaines la voie la plus difficile de sa carrière (difficulté 9a).

« La visualisation exige une parfaite harmonie entre le corps et l’esprit. » Klaus Isele, ostéopathe, physiothérapeute et coach d’escalade

physioandclimb.com

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MORITZ ATTENBERGER, ANNELIESE ISELE

VISUALISATION 2.0

LES DÉTAILS La précision, c’est l’alpha et l’oméga ! Prêter une grande ­attention à chaque détail, seule façon de bien mémoriser les gestes. Les mauvaises habitudes ont la vie dure.


Avoir.

m ontres

50 000 000

1er

de montres Swatch vendues au cours des cinq premières années d’existence de la marque.

mars 1983 : naissance de la toute première Swatch.

23 000

3,9

euros, prix minimum pour acquérir aux enchères l’un des 140 exemplaires spécial art contemporain réalisés en 1985 en ­collaboration avec Kiki Picasso.

millimètres, l’épaisseur de la Swatch SKIN, présentée en 1997 comme la plus plate au monde.

SWATCH

UNE LÉGENDE EN CHIFFRES 4,7

centimètres, c’est le diamètre des boîtiers de la ­dernière ­collection BIG BOLD. Le verre plat d ­ ernière génération ­souligne les imprimés 3D du cadran pour une attitude ­encore plus cool.

Suggestions coquines, heure Internet et de l’audace à revendre, la plus colorée des montres d ­ epuis son invention concentre en son espace restreint d’étonnantes et d’insoupçonnables particularités.

13

tonnes, le poids de la Swatch géante de 162 mètres de haut, qui ornait la façade du siège de la Commerzbank à Francfort.

86,4

6

SWATCH AG

différentes positions ­coquines suggérées par la BUNNYSUTRA en pressant le bouton du générateur aléatoire.

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secondes, durée d’un beat de l’heure Internet introduite en 1998 par la Swatch Beat avec le concours du MIT Media Lab. Le beat divise les 24 heures d’une journée en mille unités afin d’indiquer l’heure réelle de la toile.

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GUI D E

Faire.

gaming

structures 3D, précise-t-il. Plus polyvalent que les autres logiciels de visualisation moléculaire, il permet de se mouvoir autour des molécules comme le montrent mes tutoriels de biochimie accessibles sur le serveur Minecraft. »

UNE PIERRE À L’ÉDIFICE Si beaucoup y voient une version numérique du jeu de Lego, Minecraft n’en est pas moins un outil puissant capable d’améliorer notre réalité.

A FICHE ­E XPERT MARK LORCH FORMATEUR MINECRAFT Biochimiste, auteur et professeur en sciences de la communication à l’Université de Hull (­Angleterre), Mark Lorch utilise M ­ inecraft pendant ses cours afin de modéliser des molécules. Il a collaboré avec Microsoft pour ajouter un module de chimie au jeu, ­intitulé MolCraft.

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vec plus de 176 millions d’exemplaires achetés, Minecraft est le jeu le plus vendu au monde. Son graphisme pixelisé où l’on se déplace gauchement pour couper des arbres, construire des maisons et éliminer des zombies touchent à des instincts profonds de l’humain. À présent, Minecraft Earth, la version smartphone à réalité augmentée permet de s’approprier ce monde fait de blocs. Mais à vrai dire, il fait partie de notre réalité depuis un moment déjà. « En 2013, Google crée le mod qCraft qui permet d’illustrer de manière simplifiée la physique quantique à l’aide de blocs représentant la superposition et l’intrication quantique en fonction du point de vue du joueur. » Le potentiel est illimité selon Mark Lorch, expert Minecraft. minecraft.net/earth

CONSTRUIRE UN MONDE MEILLEUR La fondation Block by Block soutenue par l’ONU (blockbyblock.org) ­illustre bien la façon dont Minecraft met des projets complexes à la portée de tous. Dans le cadre d’ateliers, les résidents d’un quartier participent à la planification des espaces publics recréés dans Minecraft : des enfants éclairent le chemin menant à leur maison, des habitants du Kosovo créent leur premier skate park, etc. « Si vous conce-

vez une simulation Minecraft 3D accessible, les gens peuvent s’y plonger et collaborer, explique Lorch. Elle élimine la barrière des connaissances techniques et tous les risques potentiels. » JOUER AVEC L’INFINIMENT PETIT Biochimiste, Lorch a développé MolCraft à partir de Minecraft pour modéliser les molécules de protéines et d’ADN en 3D. « Minecraft a l’avantage d’être facilement modulable pour visualiser les

Les réalisations des joueurs sont visibles sur smartphone avec l’appli Minecraft Earth.

FORMER L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE « Microsoft utilise M ­ inecraft pour son projet Malmö, une plateforme d’expérimentation IA », explique Lorch. Concevoir un robot et le lâcher dans la nature pour finir au fond d’une étendue d’eau est un moyen coûteux d’entraîner son cerveau. Minecraft fournit une simulation adaptable clé en main où les objectifs de l’IA peuvent être définis. « L’Intelligence Artificielle apprend et reproduit nos actions en les observant. Au plus près de la réalité. » FABRIQUER DE VRAIS OBJETS Minecraft est un bac à sable polyvalent capable d’échapper au virtuel. « Minecraft peut exporter des objets dans le monde réel. Certains modes enregistrent vos constructions dans des formats compatibles avec l’imprimante 3D, poursuit Lorch. Un logiciel de CAO (Conception assistée par ordinateur, ndlr) permet aussi de transférer dans le jeu les ­objets conçus. »

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MATT RAY

PENSÉE CONSTRUCTIVE

MICROSOFT

Avec Minecraft Earth, les joueurs collaborent à des tâches via la RA.

CREUSER LE FOND Vous pensez maîtriser Minecraft après avoir construit votre première pyramide avec ascenseur ? Attendez de voir la carte topographique de la Grande-Bretagne réalisée par la British Geological Society. « La carte inclut toutes les strates du sol, précise Lorch. Vous pouvez creuser la couche arable jusqu’à atteindre toutes les strates disponibles. Les données d’études de haut niveau sont ainsi ouvertes à un plus large public. »


Voir.

FAITES LE PLEIN DE COURSES

Au menu ce mois-ci sur Red Bull TV, une course auto off-road dans le W ­ isconsin, du VTT héroïque dans les Appalaches et un rallye dans les vignobles a­ llemands. Chaud devant !

août/septembre

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Bryce Menzies : l’as du off-road et v­ étéran du circuit Crandon. er

septembre   LIVE

COUPE DU MONDE À CRANDON

Le circuit International Off-Road Raceway, situé dans le Wisconsin, est l’un des plus réputés au monde, un graal dans les sports mécaniques. Dédié au hors-piste, il attire chaque année de plus en plus de fans de courses sur tracé court : plus de 40 000 spectateurs sont attendus sur cette édition. Sensations fortes garanties.

6 DANIEL SCHENKELBERG, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL

au 8 septembre   LIVE

UCI MTB WORLD CUP ­FINAL, SNOWSHOE (USA)

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en d ­ irect ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et c­ réatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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Située dans les Appalaches, en Virginie-Occidentale, Snowshoe accueille pour la première fois la CM de VTT au moment où le championnat 2019 approche de son dénouement. Qui sera sur le podium ?

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au 25 août   LIVE

RALLYE D’ALLEMAGNE

De l’action vous attend dans les ­vignobles proches de la Moselle. Premier rallye sur route de la saison, le Rallye d’Allemagne exige des réglages auto très différents. Ott Tänak et Martin Järveoja a­ lignerontils une troisième victoire consécutive ?

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GUI D E

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et 17 août Une affiche de feu Pour les vingt ans du festival, le Royal Arena Festival voit les choses en grand : A$AP Rocky et Suprême NTM en tête d’affiche, des pointures du rap comme Tech N9ne ou Big Daddy Kane et des artistes suisses comme Manillio ou Luuk. La galerie de graffiti et le Royal B-Boy Battle feront également ­d’Orpund la Mecque du hip-hop ­pendant les deux jours de cette ­vingtième édition. Römerareal, Orpund ; royalarena.ch

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au 25 août Honneur aux « méchants » Tous les trois ans, la fête fédérale de lutte et des jeux alpestres couronne le meilleur lutteur. Pour la troisième fois en 120 ans d’histoire, Zoug en sera le théâtre et plus de 300 000 visiteurs sont attendus pour voir les hommes forts appelés les « méchants » se mesurer en soulevant l’adversaire par la ceinture dans l’arène construite à cet effet. Arena Zug, Zoug ; esafzug.ch

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et 25 août N’oubliez pas votre skate Avec 5 000 mètres carrés, c’est le plus grand centre de sports d’action de Suisse ­romande – le chalet Alaïa à Lens est le paradis du skateboard et du trampoline. Deux journées portes ouvertes pour s’initier avec des professionnels parmi lesquels les stars du skateboard Simon Stricker et Greg Ruhoff. Route de Crans 81, Lens ; alaia.ch

au 24 août

MONTEZ LE SON Pour que la ferveur estivale ne ­retombe pas, le dernier grand festival en plein air de la saison sera le bouquet d’un feu d’artifice haut en couleur. Au menu de l’Openair 2019 de Zurich : The Chemical ­Brothers, Calvin Harris, Swedish House Mafia et Macklemore. Les nouveaux venus comme Billie ­Eilish feront également monter la température du public. Le tout parmi les stands de nourriture et de boissons et la folie du camping. Rümlang, Glattbrugg ; zurichopenair.ch

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septembre Pédalez contre Cancellara Un itinéraire qui exige tout de vous. De Zurich à Zermatt par le col du Grimsel, un calvaire de 290 km, agrémenté de 7 000 m de dénivelé et d'une légende du cyclisme à mettre au défi : la course vous invite à défier le champion du monde et vainqueur olympique Fabian Cancellara que ses adversaires surnomment « Spartacus ». Départ : Prime Tower, Zurich ; chasingcancellara.com

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RICHARD GRELL, CHASING CANCELLARA, LORENZ RICHARD/RED BULL CONTENT POOL, MARKO STEVIC

Agenda


août-septembre

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er août au 15 septembre Rejoignez les meilleurs athlètes

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Aux Red Bull Ridges, mesurez-vous à deux des meilleurs traileurs au monde : Judith Wyder et Rémi ­Bonnet ont aligné quatre crêtes de montagnes suisses. Imitez-les quand vous le désirez et aussi souvent que vous le voulez en rejoignant pour cela le réseau Strava. Moléson (FR), Hoher Kasten (SG/AI), Brienzer Rothorn (BE/LU/OW), Lägern (AG/ZH) ; ­redbull.com/ridges

août au 1er septembre Venez goûter à de nouveaux rythmes Un lieu inédit pour un festival de légendes : Electrosanne se pose cette année à l’Arsenic. Trois scènes intérieures et une scène open air accueillent les pionniers de la house et de la techno (Alex Dallas et Orpheu The Wizard) aux côtés de groupes suisses et internationaux en pleine ­ascension. Arsenic Centre d’art scénique contemporain, ­Lausanne  ; electrosanne.ch

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MENTIONS LÉGALES

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

Rédacteur en chef Alexander Macheck Rédacteurs en chef adjoints Andreas Rottenschlager Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English, Tara Thompson Directeur photos Fritz Schuster Directeurs photos adjoints Marion Batty, Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Maquette Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur commercial & Publishing Management Stefan Ebner Publishing Management Sara Varming (Dir.), Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Melissa Stutz, Mia Wienerberger Marketing B2B & Communication Katrin Sigl (Dir.), Agnes Hager, Teresa Kronreif Directeur créatif global Markus Kietreiber Co- Publishing Elisabeth Staber, Susanne Degn-Pfleger (Dir.), Mathias Blaha, Vanessa Elwitschger, Raffael Fritz, Marlene Hinterleitner, Valentina Pierer, Mariella Reithoffer, Verena Schörkhuber, Julia Zmek, Edith Zöchling-Marchart

The Red ­Bulletin est ­actuellement distribué dans sept pays. Vous voyez ici la couverture de l'édition anglaise, dédiée aux ­talents du Red Bull ­Music Festival. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

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Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Sasha Bunch, Simone Fischer, Martina Maier, Florian Solly Emplacements publicitaires Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Production Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher Fabrication Veronika Felder Opérations Michael Thaler (MIT), Alexander Peham, Yvonne Tremmel (Office Management) Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier, Dietmar Otti, Christopher Reindl

THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886 Country Editors Pierre-Henri Camy, Arek Piatek, Nina Treml Country Coordinator Christine Vitel Country Channel Management Meike Koch Publicité Marcel Bannwart (D-CH), marcel.bannwart@redbull.com Christian Bürgi (W-CH), christian.buergi@redbull.com Contributions, traductions, révision Lucie Donzé, Frédéric & Susanne ­Fortas, Suzanne K ­ říženecký, Claire S ­ chieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries Abonnements Service des lecteurs, 6002 Lucerne getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com

THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258 Country Editor David Mayer Révision Hans Fleißner (Dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Natascha Djodat Publicité Matej Anusic, matej.anusic@redbull.com Thomas Keihl, thomas.keihl@redbull.com

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project M ­ anagement Alessandra Ballabeni, alessandra.ballabeni@redbull.com Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne Fortas, Suzanne K ­ říženecký, Claire ­Schieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries

THE RED BULLETIN Royaume-Uni, ISSN 2308-5894 Country Editor Tom Guise Rédacteur associé Lou Boyd Directeur Secrétariat de rédaction Davydd Chong Secrétaire de rédaction Nick Mee Publishing Manager Ollie Stretton Publicité Mark Bishop, mark.bishop@redbull.com Fabienne Peters, fabienne.peters@redbull.com

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THE RED BULLETIN USA, ISSN 2308-586X Rédacteur en chef Peter Flax Rédactrice adjointe Nora O’Donnell Éditeur en chef David Caplan Directrice de publication Cheryl Angelheart Publicité Todd Peters, todd.peters@redbull.com Dave Szych, dave.szych@redbull.com Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com

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P RO M OT I O N

must-haves

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1 DE BONNES IDÉES. FACILES À CUISINER.

Grâce à la boîte à cuisiner de HelloFresh, plus besoin de faire la queue à la caisse du supermarché ni de se lancer dans la préparation de recettes complexes. HelloFresh vous livre à domicile de délicieuses recettes ainsi que la quantité exacte des ingrédients nécessaires à leur réalisation. L’essayer, c’est l’adopter ! ­Bénéficiez d’une réduction de 50 % sur votre première livraison avec le code REDBULLETIN50. hellofresh.ch

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2 HONNEUR À LA SUISSE !

De couleur chocolat avec des motifs armailli sur le cadran, la Tissot T-Touch Swiss Edition a tous les atouts – é­ lectronique, tactile et multifonction – pour faire fondre le cœur des H ­ elvètes. Montre iconique de ­l’horlogerie suisse, la T-Touch s’aventure sur tous les ­terrains de jeu où ­Tissot est engagée, dont la lutte suisse. tissotwatches.com

3 L’AVENIR, C’EST LA ­T RANSPARENCE

Veja associe design et responsabilité sociale, et sort du lot grâce à une ­esthétique minimaliste. Les sneakers faites de coton bio ou recyclé, bouteilles en plastique recyclé et caoutchouc sauvage d’Amazonie marient chaque étape de fabrication à un ­projet de protection de l’économie Fairtrade, de l’environnement ou de la ­réinsertion sociale. Ce que nous soutenons aussi. stores.veja-store.com

4 VX TOURING EXTENSIBLE

Le sac de voyage Vx Touring allie aisance directionnelle et légèreté dans un design à l’esthétique parfaite. Ultraflexible, il vous permet de ranger facilement vos affaires grâce aux sangles de compression intérieures et extérieures. Avec des tissus intérieurs et extérieurs résistant aux abrasions en VX4 et VXTek, ainsi que des tubes d’armature durables en fibre de verre ABS, il vous accompagnera pendant de nombreuses années. victorinox.com

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Pour finir en beauté

Cet hélicoptère dans les cieux de New York fait des figures et des vols en piqué à s’en décrocher la mâchoire… C’est le pilote de vol acrobatique Aaron Fitzgerald qui est aux commandes de cet appareil, équipé d’un rotor sans charnière conçu spécialement à cet effet. Voir la vidéo sur redbull.com

Le prochain THE RED BULLETIN disponible le 8 septembre 2019 98

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PREDRAG VUCKOVIC/RED BULL CONTENT POOL

Les pales du désir


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Le nouveau CLA Shooting Brake. Joue selon tes règles. La meilleure combinaison: sportivité et praticité. Intelligence et élégance. Tout simplement unique. Ses proportions idéales et son design intérieur hautement technologique et sportif à la fois soulignent son caractère affirmé dans les moindres détails. Monte à bord: ici, tu peux être comme tu es. www.mercedes-benz.ch/CLA


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