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VIVE LA L IBERTÉ !
Le tour du monde en dix aventures
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Le pro de la slackline Caio Afeto en équilibre dans le ciel brésilien.
Une voiture au goût de liberté. La Volvo V90 Cross Country. Plus d’informations sur volvocars.ch/v90crosscountry
Volvo Swiss Premium® avec service gratuit pendant 10 ans/150 000 kilomètres, garantie constructeur pendant 5 ans/150 000 kilomètres et réparations pour cause d’usure pendant 3 ans/150 000 kilomètres (au premier des termes échus). Valable uniquement chez les concessionnaires participants. Le modèle présenté dispose éventuellement d’options proposées contre supplément.
É D I TO R I A L
BIENVENUE
SANS LIMITE QUAND LE CŒUR S’EMBALLE…
… il colore notre cer veau. Les illustrations de l’Allemand Jochen Schievink embellissent notre sujet neuro sciences page 64.
ans après le premier film d’Indiana Jones, le tournage du 5e volet a démarré cet été. Tous les chiffres à connaître sur l’archéo logue le plus populaire du cinéma page 12.
KEITH LADZINSKI (COVER), ATIBA JEFFERSON
BENE ROHLMANN
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« Le freestyle, c’est la vie », dit Stalamuerte, l’enfant prodige de la scène suisse de danse hip-hop quand il raconte comment il s’est frayé un chemin jusqu’au sommet de la discipline. Ses visions pour le futur, ainsi que son style, ne connaissent pas de limites. À 28 ans, Stalamuerte crée des chorégraphies engagées afin de sensibiliser son public et la jeunesse suisse contre l’intolérance et le racisme (page 38). La recherche sur le cerveau n’a pas de limites non plus. Que se passe-t-il dans notre tête sans que nous nous en rendions compte ? Voilà ce qu’ont étudié un chercheur suisse et une thérapeute allemande dans notre sujet intitulé L’amour plus fort que la cocaïne, page 64. Et enfin, pour profiter des beaux jours aux quatre coins de la Suisse et vivre des aventures extraordinaires, suivez les traces de nos athlètes page 46.
TOUJOURS DANS LE CADRE
Vous voyez ici le photo graphe américain Keith Ladzinski, à qui nous devons notre photo de Une, sur une paroi au sein du parc national de Zion (Utah), et un portfolio époustouflant page 18.
Bonne lecture ! La Rédaction
LA PREMIÈRE PLANCHE DE TONY
Tony Hawk a réinventé le skate dans les années 80, et prend ici la pose avec un modèle actuel. Sa toute première planche, il nous la présente page 14.
THE RED BULLETIN
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CONTENUS The Red Bulletin septembre 2021
AVENTURE SUJET DE COUVERTURE
18 HAUT LES MURS !
Dix clichés spectaculaires pris autour du monde. Le photographe US Keith Ladzinski montre tout ce qu’il est possible de faire sur une falaise.
Six athlètes Red Bull sur leurs meilleurs plans d’été et leurs activités favorites en Suisse.
STREETBALL
56 DANS LA CAGE
Karishma Ali, 24 ans, a fondé un club de foot pour jeunes filles à Chitra, au Pakistan. Un grand pas pour l’équité des femmes dans le sport.
ARCHÉOLOGIE
34 SAUVER LES INCAS
Comment la chercheuse et mannequin Terry Madenholm préserve les sites anciens pour les exposer au monde.
West 4th Street est LE terrain de basket le plus connu de New York. Entrez dans la Cage.
Deux chercheurs montrent comment fonctionne le cerveau. Un vrai chef-d’œuvre !
PERSPECTIVES EXPÉRIENCES POUR UNE VIE AMÉLIORÉE
71 VOYAGE. Un tour d’escalade dans le Tessin avec G iuliano Cameroni.
77 MONTRES. Parées pour plonger.
Robby Naish ne s’est jamais donné de buts, il s’est contenté de réaliser ses rêves.
79 A GENDA. À voir, à faire, à visionner en ce moment.
DANSE
82 TENDANCE. Les tuyaux de la rédac.
38 TOUS LES POSSIBLES
Stalamuerte, champion de hip-hop, danse au sommet pour sensibiliser les jeunes générations à l’intolérance.
AVEC PASSION Visite à New York sur un lieu culte, au sein d’une communauté unique.
76 PLAYLIST. Le choix de 24KGoldn.
PLANCHE À VOILE
36 L’ATTRAPE-RÊVE
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64 O NDES EN COULEUR
32 DROIT AU BUT
6 GALERIE 12 L’ADDITION, S’IL VOUS PLAÎT !
AVEC LE VENT Robby Naish, véliplanchiste de légende, en quête des vagues les plus longues.
NEUROSCIENCES
FOOTBALL
46 BONHEUR À DOMICILE
80 THE EDGE. Grimper le Cervin en 3D.
84 BOUQUINS. Contes de fée revisités. 86 OUTDOOR. Matos pour le camping. 92 BOULEVARD DES HÉROS. Michael Köhlmeier sur Mark Spitz.
14 OBJET TROUVÉ 16 LE MOMENT PHILO : SCHOPENHAUER
96 OURS 98 LE TRAIT DE LA FIN SIGNÉ MAHLER
38 AVEC LES BEATS L e danseur Stalamuerte parle de ses valeurs, moteur de son ambition.
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CRAIG KOLESKY/RED BULL CONTENT POOL, ANTHONY GEATHERS, GIAN PAUL LOZZA, VISUALPS.CH
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RESTEZ CHEZ VOUS ! La coureuse de trail Judith Wyder donne ses bons plans de vacances en été, à Davos.
THE RED BULLETIN
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RAUNHEIM, ALLEMAGNE
J’ai vu de la lumière...
ROBERT GARO/RED BULL ILLUME
Au volant de sa voiture, le photographe Robert Garo est passé maintes fois devant ce spot situé sur l’autoroute A3 au sud-ouest de Francfort sans jamais y prêter attention. Il finit par le remarquer un jour d’embouteillage. Il y revient de nuit pour examiner la structure de près. Celle-ci est, à sa grande joie, illuminée. Un décor idéal pour mettre en valeur le skateur Milan Hruška. Et une chance unique de briller lors du Red Bull Illume, le plus grand concours de photographie pour les sports d’aventure et d’action au monde. Plus de photos sur : robertgaro.net
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WINDHOEK, NAMIBIE
Droit dans les yeux
SHAWN VAN EEDEN/RED BULL ILLUME
À première vue, ce cliché a tout d’un instantané. Pourtant, il a fallu des semaines pour habituer plusieurs rhinocéros, pensionnaires d’une réserve, à la rampe et aux allées et venues du BMXer namibien Eric Garbers. La vision des mammifères est médiocre, mais leur ouïe très fine : Garbers s’est donc appliqué à les rassurer depuis son vélo. De son côté, le photographe Shawn van Eeden s’est fait aussi discret que possible. Tout cela a permis de capturer cet instant magique où le rhinocéros Mattanu et le rider se regardent droit dans les yeux. Shawn van Eeden soutient le projet Rhino Momma : creativelab.com.na
ÖTZTAL, AUTRICHE
Les rails de la gloire Une perspective insolite, un cadrage austère, la présence marginale de la wakeboardeuse Anne Eaton (à droite) sont autant d’aspects qui ont permis à cette photo du Munichois L orenz Holder, prise au moyen d’un drone, de se hisser en finale du ocncours Red Bull Illume 2019 dans la catégorie « Innovation ». Toutes les infos : redbullillume.com ; lorenzholder.com
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LORENZ HOLDER/RED BULL ILLUME
L ' A D D ITI ON S ' I L VO U S P L A Î T !
INDIANA JONES
Avec fouets et trompettes Le tournage d’Indiana Jones 5 débutera cet été, quarante ans après Les Aventuriers de l’arche perdue. Voici quelques chiffres sur l’archéologue le plus célèbre de l’histoire du cinéma : de la scène aux 5 000 serpents au fédora en feutre de poils de lapin.
dollars par semaine : le salaire de Harrison Ford au début de sa carrière en 1966. En 2008, il a touché 65 millions de dollars pour Le Temple du crâne de cristal.
trompettes de l’Orchestre symphonique de Londres jouent la Raiders March, le thème d’Indiana Jones composé par John Williams.
serpents ont été transportés par avion de Hollande en Tunisie pour la scène de la grotte dans Les Aventuriers de l’arche perdue.
1 170
929
40
58
la taille du fédora emblématique d’Harrison Ford, un modèle en feutre de poils de lapin appelé The Poet par la Herbert Johnson Hat Company de Londres.
12
ans après la première aventure, un coffret collector sortira à l’été 2021 avec les quatre épisodes de la série re masterisés en 4K Ultra-HD.
1 961 339 569
la recette, en dollars, des quatre épisodes de la série des Indiana Jones au box-office mondial. Le budget total des productions était de 281 millions de dollars.
43,5
la pointure de Harrison Ford. Quand il joue Indiana Jones, il s’en remet à ses chaussures Alden à semelles cousues trépointe, modèle 405, forme Trubalance.
THE RED BULLETIN
CLAUDIA MEITERT
dollars : le prix pour chaque fouet de 3 mètres n °455 fabriqué par David Morgan. Plus de trente ont été utilisés dans les trois premières productions de la série.
pièces dans le plus grand des 19 jeux Lego d’Indiana Jones, le Temple du crâne de cristal.
ans : l’âge d’Indiana Jones dans le premier volet. Son interprète, Harrison Ford, avait deux ans de plus lorsque le film est sorti en 1981.
jours de tournage nécessaires à Steven Spielberg pour réaliser le premier film, soit 14 de moins qu’alloués par le studio.
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5 000
37
73
GETTY IMAGES (3), PICTUREDESK.COM
150
3 129
mètres : longueur totale de la pellicule des Aventuriers de l’arche perdue qui, en 1981, nous a envoûtés au cinéma...
BFG O OD R I CH TYR ES ENABLE YOU TO LIVE OUT YOUR ADVENTUR ES
E X P LO R E T H E B F G O O D R I C H ® M U D -T E R R A I N T/A K M 3 w w w. b f g o o d r i c h . c o . u k P h o t o © Ke i r o n _ B e r n d t At h l e t e @ c o c o z u r i t a
WHAT ARE YOU BUILDING FOR?
O B J E T T RO U V É
Le Californien Tony Hawk, 53 ans, a rendu une contreculture populaire dans le monde entier.
TONY HAWK
La première planche de la légende vivante du skate, Smithsonian National Museum of American History, 1977. L’Américain Tony Hawk, aujourd’hui âgé de 53 ans, n’avait que neuf ans lorsqu’il a reçu en 1977 la planche de son frère aîné Steve, une Bahne de 1975, qui allait changer sa vie et le monde : professionnel à quatorze ans, Tony a créé dans les années 80 plus d’une centaine de figures, réinventant ainsi l’art du skate. En ce millénaire, son nom est devenu familier dans le monde entier grâce à un jeu vidéo. Et il a contribué à faire passer le skateboard de nuisance publique à sport olympique.
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MIKE BLABAC, ATTIBA JEFFERSON
Brûler les planches
fungolf.ch
Jouez au golf sans connaissance préalable.
Jouer, célébrer, s’amuser avec des amis. great fun!
L E M OM EN T PHILO
SCHOPENHAUER DIT
« La réalisation de soi est une aberration »
Vous considérez la réalisation de soi comme contre-productive ? Vous êtes bien le seul. Je m’en moque pas mal, car c’est la vérité. Et je vous le prouve : d’abord, parce que ce Moi si fantastique n’existe pas. Ensuite, parce que vouloir finit par faire de nous des esclaves. Être éternellement esclave de la volonté, vouloir con tinuellement être quelque chose qui n’existe pas, c’est terrible. Bien sûr, mais que faire alors ? Ne rien vouloir, ne rien être... Ce sont des perspectives plutôt sinistres. Bravo, vous avez mis le doigt dessus : c’est sinistre. La vie est une affaire plutôt sinistre, ou plus ex actement : elle serait tout à fait sinistre s’il n’y avait pas quelque chose pour nous libérer de toute la douleur du désir.
Vous voulez dire que nous ne sommes rien d’autre que ce que nous pensons être ? Que faites« Mon vous du Moi, de l’âme, de l’esavertissement : sence et tout le reste ? Et la recherche du Moi véritable, c’est du ne réveillez pas blabla sans doute? ce qui sommeille Laissez-moi le formuler autrement : certes, des mécaniques sont à l’œuvre en vous. » à l’insu du Moi, nous poussant inLà, vous piquez ma curiosité. exorablement à a ller de l’avant. Les De quoi s’agit-il ? psychologues appellent cela « l’Inconscient », moi, De la résignation ! Allons, allons, ne prenez pas cet je préfère parler de « Volonté », c’est-à-dire une dynaair abattu. Je suis tout à fait sérieux, mais j’ai mieux mique insaisissable aux commandes de notre unià vous proposer : si vous voulez vraiment être heuvers : l’évolution, le progrès, le développement, l’Hisreux, faites abstraction de tout ce remue-ménage toire, votre propre histoire, tout ceci subit le joug intérieur et consacrez-vous à des activités qui vous impitoyable de la volonté. S’il existe une v éritable espermettront un oubli total. L’art ou la musique, par sence de l’être, c’est bien cette volonté qui bouillonne exemple, apaisent la volonté et favorisent le repos en nous. intérieur. Vous pourrez peut-être même accéder à la vérité, car celle-ci commence là où la volonté s’arrête. Mais n’est-ce pas un synonyme de l’âme ou du Regarder un match de foot, c’est bien aussi. Tiens, Moi, ce Moi que les psychologues dont vous faites d’ailleurs, je vais aller voir où en est le Bayern... si peu de cas nous aident à réaliser ? Non. Cette volonté dont je parle ne se rattache pas ARTHUR SCHOPENHAUER (1788–1860) est l’un des philoà l’individu, c’est une force motrice qui n’accorde sophes les plus influents de la culture européenne. Ses de répit à rien ni personne. Elle est aussi furieuse dialogues, conservés dans leur intégralité, révèlent son grand qu’épuisante. Vouloir la libérer sous prétexte que talent littéraire et sa capacité à résumer toute la sagesse c’est un « potentiel » est un postulat stupide et un de l’antiquité grecque en une philosophie. vecteur de stress. Vouloir, vouloir… et toujours des CHRISTOPH QUARCH, 57 ans, est un philosophe allemand, choses nouvelles, et toujours plus, mon Dieu ! Ça fait fondateur de la Nouvelle Académie Platonicienne (akademie-3. marcher le commerce, oui, mais c’est un cercle v icieux org) et auteur de nombreux ouvrages philosophiques (en allemand). qui nous mène tout droit à l’abattoir, mon ami. 16
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BENE ROHLMANN
the red bulletin : « Il faut se connaître s oi-même, se réaliser soi-même, libérer son potentiel ! » On nous sert ce genre de sermons à toutes les sauces. Et vous, qu’en pensez-vous ? Arthur schopenhauer : Rien, absolument rien. Pour moi, c’est de la psychologie de bazar digne de ces magazines qu’on lit sur la plage. C’est complètement inadapté à la vie réelle.
Pourquoi y a-t-il tant de burn-out, à votre avis? Parce que les gens en veulent trop. D’où mon avertissement : ne réveillez pas ce qui sommeille en vous.
DR. CHRISTOPH QUARCH
La découverte de soi passe par l’oubli de soi. En vouloir trop, c’est faire obstacle à notre bonheur : c'est ce qu'a soutenu, en son temps, le célèbre philosophe allemand Arthur Schopenhauer, et ce que confirme son homologue actuel, Christoph Quarch, dans cet entretien.
TROIS NOUVELLES SAVEURS.
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Haut les murs ! Le tour du monde en dix aventures : le photographe américain Keith Ladzinski a suivi les meilleurs grimpeurs autour du globe. Il nous dévoile ici les coulisses de chaque photo, de l’iceberg du Groenland au rocher de « Super Mario » en Chine. Texte DAVID MAYER
Alex dans ses œuvres
Alex Honnold, Kalymnos, Grèce
« Formations calcaires uniques, vues spectaculaires et soleil omniprésent, la petite île de Kalymnos, sur la côte sud-ouest de la Turquie, est un véritable paradis pour grimpeurs. Un endroit qu’Alex et moi avons découvert en explorant la région en scooter. »
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Route déserte
Mike Brumbaugh, le Grand Bassin, Nevada, USA « Le désert du Nevada regorge de voies d’escalade en grès qu’aucun homme n’a encore conquises. Mike tente ici l’ascension d’un rocher aussi raide que lisse. »
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Sous contrôle
Dave Graham, parc national des Grampians, Victoria, Australie « Dans la cordillère australienne au sud-est du pays, la plus grande chaîne de montagnes du continent, se trouve l’un des passages de blocs les plus difficiles au monde : on l’appelle “La roue de la vie”. En venir à bout n’exige pas moins de soixante prises. La facilité avec laquelle Dave mène la lutte me fascine. »
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Mue par le jeu
Tara Brouwer, lac Yellowstone, Wyoming, USA « Voilà un magnifique panorama au parc national de Yellowstone – du moins pour la majorité d’entre nous – mais pour Tara, c’est un terrain de jeu. Dès notre arrivée, elle a spontanément fait une roue sur une main. Une manière de rappeler que même les endroits les plus insolites peuvent être sublimés par l’imagination. »
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La colline de la Lune
Emily Harrington, Yangshuo, Chine « Ces paysages karstiques surnaturels sont apparus il y a environ 500 millions d’années dans le sud de la Chine. Ils m’évoquent le décor naturel asiatique des jeux Super Mario. Emily souffle ici un instant avant de reprendre sa route et de décrocher la lune. »
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L’homme-araignée
Joe Kinder, désert des Mojaves, Utah, USA « En escalade, le photographe cherche à saisir les moments forts. Comme ici, sur la voie Visitor Q. Joe déploie sa maestria sur cette section critique particulièrement exigeante. Il s’y attaque pour la toute première fois et semble littéralement vissé au rocher. »
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Et la lumière fut
Jonathan Siegrist, Estes Park, Colorado, USA
Photo de droite : « Il suffit parfois d’un rayon de lumière pour donner à une voie d’escalade un tout autre aspect. Comme un coup de projecteur : à Estes Park, le Grand Ol’ Opry s’illumine au moment même où Jonathan escalade cette voie en granit irrégulier et légèrement en surplomb — un véritable tour de force. »
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On s’est fait une montagne
Mike Libecki et Ethan Pringle, Groenland
« Si Mike et Ethan n’ont pas eu le mal de mer durant nos onze jours de navigation à travers les étendues sauvages du Groenland, la fièvre de l’escalade les a en revanche saisis après des recherches infructueuses d’icebergs à escalader. Leur température a fini par retomber après une halte sur cet iceberg. »
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Une virée en bleu
Erik Leidecker, sud de l’Islande «Vous vous représentez l’Islande comme une île vivante et enchantée ? Eh bien, vous avez raison. Les grimpeurs professionnels en quête de sensations fortes visitent cette grotte de glace. Ici, Erik se lance dans le grand bleu pour une excursion d’une journée. »
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Dans le dur !
Arjan de Kock, Waterval Boven, Afrique du Sud « En termes de difficulté, les grimpeurs auront du mal à trouver mieux que ce spot au nord-est de l’Afrique du Sud. Aussi bien au niveau des voies, souvent en surplomb, que du type de roche. Celle-ci en quartzite extrêmement dur met Arjan et ses épaules à rude épreuve. »
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LE PHOTOGRAPHE « Une bonne photo a deux impératifs : saisir un moment clé et avoir une bonne lumière » : voici comment Keith Ladzinski, photographe américain de 45 ans, résume son art, qu’il maîtrise à la perfection. La maîtrise de la lumière et un coup d’œil infaillible caractérisent le langage visuel du New-Yorkais, natif du Colorado. De prestigieux clients tels que National Geographic, The New York Times ou encore Apple lui confient des m issions à travers le monde pour des reportages sur la nature, le changement climatique ou les sports extrêmes. Le skateboard et l’escalade restent ses passions de toujours. « Nous avons consacré 85 % du temps au repérage des lieux, explique Ladzinski. Il nous arrivait souvent de passer trente jours sur la route sans effectuer la moindre ascension. Un truc de dingue ! » Autour du globe avec Keith : ladzinski.com
C’est quelques minutes avant une tempête que Keith Ladzinski a pris cette photo (pour notre Une), montrant l’athlète Caio Afeto sur la côte brésilienne.
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Football
Karishma Ali La star du foot pakistanais parle de ses victoires, de sa lutte pour l’égalité des sexes et de son combat contre les haters. Texte ALEXANDRA ZAGALSKY Photo ABUZAR MIR
En 2016, Karishma Ali établit un re cord à double lecture. Choisie pour représenter le Pakistan aux Jubilee Games à Dubaï, la pépite du football, 19 ans alors, devient la première fille de sa ville natale, Chitral, à participer à un grand tournoi sportif. Ali joue au foot depuis l’âge de 9 ans. Ses an nées de lycée à Islamabad, ville plus ouverte à l’éducation physique des filles, donnent un coup de pouce à sa carrière sportive. Elle décroche une médaille d’argent à Dubaï, et revient avec l’envie d’inciter les femmes au sport, en organisant un stage de foot ball. Elle s’attend à un intérêt très limité : à sa grande surprise, cin quante filles s’inscrivent. Mais ce succès s’accompagne d’un revers. Le district de Chitral – région montagneuse du nord du Pakistan – est particulièrement conservateur et patriarcal. La jeune femme est l’objet d’abus et de menaces en ligne. Loin de se décourager, Ali fonde en 2018 le Chitral Women’s Sports Club, qui propose aux filles de pratiquer le foot, le volley-ball, le cricket et même le ski. Le club compte actuel lement plus de 200 licenciées âgées de 8 à 16 ans. En janvier 2020, elle organise un stage de football à Islamabad : 37 membres du club y participent, e ncadrées par des pros. Quant au club de Karishma, le Highlanders FC, il a participé cette année au championnat national fémi nin en atteignant les quarts de finale, avant que la compétition ne soit an nulée après qu’un conflit politique
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pousse la FIFA à suspendre, au prin temps dernier, la délégation pakis tanaise de football. Mais Ali, qui a in tégré le 30 Under 30 Asia, classement Forbes des jeunes entrepreneurs en 2019, ne recule jamais. Outre son académie de sport, elle dirige à Chitral un centre d’artisanat pour femmes, associé à des créateurs de mode et qui génère ses propres revenus. Désormais diplômée en gestion des affaires à l’université de Londres d’Islamabad, Karishma ambitionne d’améliorer les infrastructures spor tives de Chitral et de sa région. « Le foot est bien plus qu’un sport, c’est un levier de changement positif pour les communautés. » the red bulletin : Jouer au foot n’est pas une mince affaire pour les filles de Chitral… karishma ali : Je le dois beaucoup à mon père. J’ai regardé la Coupe du monde 2006 à ses côtés. Je tapais dans tout ce que je pouvais. Mon père, très libéral, m’a encouragée. Il a contribué à fonder la première école anglophone de Chitral en 2002. Les parents désireux d’y envoyer leurs fils devaient aussi y inscrire leurs filles. Mon jeu s’est amélioré au lycée. Je tapais dans le ballon en Salwar kameez (l’uniforme traditionnel, ndlr) avant les cours. Je me moquais d’être en sueur ou pas « jolie ».
à se battre pour leurs droits, et que je pouvais les aider. Au lieu d’inviter leurs pères et leurs frères à assister aux tournois, j’ai convié leurs mères, qui ont rarement l’occasion d’assister à de tels événements. Comment le stage d’été s’est-il transformé en club permanent ? Les joueuses dont je m’occupe viennent de quarante villages diffé rents. Même avec un terrain attitré, de nombreuses filles marchaient jusqu’à deux heures pour s’y rendre. Depuis 2019, la subvention Made to Play (octroyée par Nike et Gurls Talk, une association pour la promotion du bien-être psychique des jeunes femmes, ndlr) nous permet de louer des Jeep pour le transport. C’est ainsi que le nombre d’adhérentes a doublé. Vos actions vous ont propulsée sur la liste Forbes 30 Under 30 Asia… Figurer parmi des leaders exemplaires est une grande fierté. Au téléphone, mon père n’a pu retenir ses larmes. On me prenait pour folle parce que je croyais en mes rêves, mais en deve nant la première Chitrali à figurer dans Forbes, j’ai fait la Une des jour naux pakistanais. Cela a changé la perception que suscitent les sportives. Toute cette activité a néanmoins fini par vous attirer des trolls… À l’époque, cette haine m’a poussée à m’éloigner des réseaux sociaux pendant deux mois. Les insultes n’ont pas cessé, surtout après les qualifica tions d’Islamabad pour le champion nat national féminin, mais vous savez, je n’ai pas reculé à 19 ans, alors aujourd’hui encore moins. Nul ne se mettra en travers de ma route. Je suis en feu. Twitter : @karishmaAli22
Vous attendiez-vous au succès dès votre premier stage ? Je n’avais que vingt formulaires d’ins cription, mais les filles les ont photo copiés, le groupe a fini par être beau coup plus important que prévu. Elles m’ont montré qu’elles étaient prêtes THE RED BULLETIN
« Je tapais dans le ballon avant les cours. Je me moquais de ne pas être “jolie”. » La Pakistanaise Karishma Ali, 24 ans, va droit au but : elle veut inciter les jeunes filles de son pays à pratiquer un sport.
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Archéologie
Terry Madenholm mène une double carrière : celle d’archéologue et de mannequin. La jeune femme de 31 ans nous explique comment elle entend sauver d’anciennes cités incas à l’aide de drones. Texte RACHAEL SIGEE Photo CHRIS SAUNDERS
Nous retrouvons l’Anglaise Terry Madenholm dans son appartement parisien, occupée à la préparation de sa prochaine mission : la fouille d’une cité inca vieille dans la province du Cotopaxi (Équateur), menacée par le changement climatique, des plans d’urbanisation et par un volcan en activité depuis 2015. L’archéologue est membre d’une équipe dont l’ambition est de sauver ce patrimoine culturel avant qu’il ne soit trop tard, en recourant à une technologie de pointe associant drones et reconstitution numérique en 3D. Née à Stockholm, Terry Madenholm grandit en Pologne, avant qu’une carrière de mannequin ne l’attire à Paris, où des marques comme L’Oréal, Clarins ou L’Occitane se l’arrachent. Censées au départ financer ses études d’archéologie, les séances de photos s’enchaînent et ne s’arrêtent plus. Aujourd’hui, elle partage son temps entre les fouilles et les shootings. « Je suis une archéologue qui exerce en parallèle le métier de mannequin, confie Madenholm. Quand j’exhume un objet d’un site archéologique, c’est comme si je faisais un voyage dans le temps. Il suffit que j’enfonce mes mains dans le sol, accroupie dans la boue à transpirer, et la magie opère : je suis dans ma machine à remonter le temps. » the red bulletin : Qu’est-ce que ça fait, de participer à des fouilles ?
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terry madenholm : C’est une expérience intense qui exige beaucoup de persévérance et d’humilité, car le but n’est pas toujours atteint. Les fouilles peuvent durer des mois, voire des années pour un résultat parfois très décevant malgré les efforts déployés. Un combat permanent pour repousser ses propres limites. Mais c’est ce qui me plaît dans l’archéologie : cette impression de se sentir intensément vivante Comment s’y prend-on aujourd’hui pour cartographier et préserver des sites anciens ? On utilise des outils tels que la LiDA (Light Detection and Ranging, ndlr) dont le principe est simple : un laser balaie la surface du sol et crée une image en 3D de ce qui y est enfoui. Utilisés depuis peu en archéologie, ces appareils permettent un gain de temps précieux. Les drones quant à eux nous livrent une meilleure vue d’ensemble le site d’excavation : tout cela accélère grandement le travail de relevé. Que représente cette technologie pour l’avenir de l’archéologie ? Elle ouvre de nouvelles perspectives et permet désormais d’oser soulever des questions plus précises, plus poussées, ce qui nous obligera peutêtre à réécrire l’histoire des cultures anciennes. La 3D offre une reconstitution plus fidèle des monuments et des artefacts tout en les rendant plus accessibles grâce aux visites virtuelles, un bon moyen de démocratiser l’archéologie.
Quel est à ce jour le point d’orgue de votre carrière d’archéologue ? La découverte d’un anneau vieux de deux mille ans sur la côte de Tel-Aviv. Je travaillais depuis des mois sur un site et rêvais de trouver quelque chose d’unique. Puis, au dernier moment, juste avant que les fouilles ne s’interrompent pour les vacances d’hiver, je sors cette bague de terre ! C’était comme si quelqu’un l’avait laissée là il y a 2 000 ans pour que je la trouve. La découverte d’un objet aussi personnel suscite chez les archéologues le besoin irrépressible de raconter son histoire. Je me suis prise à imaginer la personne qui l’avait fabriquée, celle qui l’avait portée. L’image d’un marchand corpulent m’est alors apparue, car la bague était si énorme que je pouvais y passer deux doigts. Qu’espérez-vous à l’avenir ? L’inattendu. Il n’y a rien de mieux en archéologie. Songez seulement aux fouilles de Pompéi, en Italie. Jusqu’à récemment, les historiens étaient convaincus que le Vésuve était entré en éruption le 24 août 79 de notre ère. Mais la découverte en 2018 d’une ancienne inscription au charbon indique que l’éruption avait eu lieu deux mois plus tard. Cette histoire prouve qu’archéologues et historiens peuvent se tromper, mais elle résume aussi parfaitement ce que je recherche dans ce métier : être surprise et émerveillée par mes propres découvertes ! Terry Madenholm est associée au projet Drone Archaeology : dronearchaeology.com
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« Me sentir intensément vivante : c’est ce qui me plaît dans l’archéologie. » Terry Madenholm, ici sur le site de fouilles de La Cave aux Fées à Brueil-en-Vexin près de Paris, est passionnée par son métier.
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Planche à voile
Aujourd’hui comme hier, l’icône du windsurf n’a qu’un seul objectif : celui de réaliser ses rêves. Et c’est vrai. Texte JÜRGEN SCHMIEDER
En 1976, Robby Naish remporte, à l’âge de treize ans, le premier de ses 24 titres de champion du monde. Depuis, il a initié de nombreuses innovations telles que des planches courtes et des foot straps, et jusque dans les années 90, les posters à son effigie ornaient les chambres d’enfants du monde entier. Naish a popularisé la planche à voile à travers le monde et n’a cessé de réinventer ce sport (l’essor du kitesurf et du stand-up paddle lui doit beaucoup aussi). Une vie à chasser les trophées parfaitement illustrée par le documentaire qui lui est consacré, The Longest Wave. D’où vient ce succès ? the red bulletin : Monsieur Naish… robby naish : Appelez-moi Robby. Robby, pouvez-vous nous révéler où se trouve, à Hawaï, la fontaine de jouvence dans laquelle vous êtes tombé ? À moins que ce ne soit un programme de fitness secret ? Au contraire, je ne pratique pas le yoga, et ne fais même pas d’étirements. Je préfère des muscles fermes et puissants. Si un entraîneur de fitness et un psychologue me voyaient, ils penseraient avoir affaire à un accident de la nature. Je fais à peu près tout ce qu’il ne faut pas faire. Exactement comme quand j’avais vingt ans. À l’ancienne, alors ? J’essaie d’aller dans l’eau tous les jours. On ne s’y blesse pas si vite,
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il suffit d’y plonger et le tour est joué. À part une fracture du bassin il y a quelques années, je n’ai pas connu de blessures graves. Avez-vous des regrets ? Non, ce n’est pas ma philosophie de vie, c’est déprimant. Les personnes qui en ont sont souvent les plus malheureuses – elles restent insatisfaites et estiment leurs sacrifices insuffisamment récompensés. Ce n’est pas mon cas. Je ne suis pas parfait, mais je suis profondément heureux d’être qui je suis. Facile à dire quand on a été 24 fois champion du monde ! Mon dernier titre remonte à des décennies. Je ne suis pas du genre à ruminer le passé ni à me projeter dans l’avenir. Je prends chaque jour comme il vient. Perfectionner ma technique ou développer une nouvelle discipline restent des quêtes quotidiennes. Dans le documentaire The Longest Wave, vous voyagez autour du monde pour surfer les plus grosses vagues sur un stand-up paddle. Populariser un nouveau sport, était-ce un objectif ? Je ne me fixe jamais d’objectif, si ce n’est celui de réaliser mes rêves. Je n’ai jamais voulu accomplir quoi que ce soit. J’ai la chance de faire ce que j’aime. Vivre avec des objectifs conduit immanquablement à se demander : et après ?
Et c’est positif, non ? Oui, mais la liste des points négatifs est longue aussi. Les réseaux sociaux modifient la façon dont les jeunes, en particulier, voient le monde. L’objectif n’est plus l’excellence, mais la célébrité. S’ensuit une surenchère où votre mérite se mesure à l’aune du dernier post. Mais vous aussi, vous êtes sur les réseaux sociaux. Je m’adapte. Pour les jeunes, cependant, c’est dangereux, car ils croient qu’ils connaîtront la célébrité sans fournir d’efforts. À côté de chaque personne qui accède à la célébrité, des milliers d’autres échouent. Les gens devraient apprécier le voyage au lieu de courir après la prochaine photo. La vie ne saurait être un concours de popularité. Il s’agit de trouver le bonheur dans ce que vous faites. L’objectif doit être d’apprécier le chemin parcouru et le sentiment d’accomplissement.
En quête de la vague la plus longue
Un documentaire accompagne Naish dans sa dernière aventure. De la Namibie au Pérou en passant par le Costa Rica, Robby Naish a passé trois ans à sillonner le monde, chevauchant les plus grosses vagues sur son stand-up paddle. Accompagné du cinéaste Joe Berlinger, nommé aux Oscars, le surfeur découvre un nouveau sport, mais aussi une partie de lui-même. Cette aventure, probablement la plus émouvante de la carrière de Naish, est le sujet du documentaire The Longest Wave. Disponible sur Red Bull TV dès le 10 août ; redbull.com
La culture du surf a énormément évolué avec les réseaux sociaux. Qu’en pensez-vous ? THE RED BULLETIN
CRAIG KOLESKY / RED BULL CONTENT POOL
Robby Naish
Ils permettent à chacun de mettre en valeur ses compétences sans l’aide d’un manager ou d’un photographe pour se faire connaître. Tout le monde est sur un pied d’égalité.
« J’ai la chance de faire ce que j’aime. » Robby Naish, 58 ans, sur sa philosophie de vie
THE RED BULLETIN
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Danse
Danseur étoile
L’enfant prodige de la scène hip-hop suisse, CÉDRIC JORGE BORGES, alias STALAMUERTE, 28 ans, fait preuve d’une ambition plus grande que celle de seulement gagner des battles. Grâce à ses chorégraphies engagées, le champion du monde danse pour sensibiliser contre l’intolérance et le racisme. Texte SMAEL BOUAICI Photos GIAN PAUL LOZZA
AGILE COMME UNE PANTHÈRE
Stalamuerte en pleine performance au bord du lac Léman, dans sa ville natale de Vevey.
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Danse
Une
nouvelle vague agite le Léman. Il est 8 heures du matin ce mardi de juin et, tandis que le quai de Vevey se remplit peu à peu, Stalamuerte, 28 ans, est déjà en train de danser au bord du lac, enchaînant les mouvements avec cette sou plesse de panthère et cette grâce inimitable qui a fini par le porter au sommet de sa discipline en 2019, le légendaire concours Juste Debout à Paris (l’équivalent d’un champion nat du monde de danse urbaine). Un succès qui a trans formé en locomotive de la danse suisse le jeune ado qui assistait, devant ce même lac, à son premier battle il y a quinze ans. Fasciné, il embarque alors tous ses camarades dans sa nouvelle passion et ébauche ses premiers pas dans la cour du collège des Crosets. Il est ensuite repéré par Mam’s Goku, qui devient son « senseï », son professeur pour la danse et son mentor pour la vie. Cédric Jorge Borges ap prend les bases du locking, du breaking, du popping ou de la house dance. Mais c’est le freestyle qui séduit cet athlète, car il permet de combiner tous les styles de danse, en toute spontanéité, et à l’envi : « Il n’y a rien de plus vrai et de plus beau que le freestyle, estime-t-il. C’est là où tu peux être toi-même et montrer aux gens qui tu es vraiment. Pour moi, le freestyle, c’est la vie. C’est comme ça que Stalamuerte est né et c’est comme ça qu’il va mourir. »
« Il n’y a rien de plus vrai et de plus beau que le freestyle. » 40
Bonne pioche : Stalamuerte, son nom de scène, est composé du surnom qu’on lui donnait quand il était gamin (« Stala ») et du cri de guerre hasta la muerte (trad. jusqu’à la mort). Il va également de pair avec « Diablo », le nom de son partenaire de danse. Ensemble, les fans les appellent « los Diablos de la muerte » : les diables de la mort.
Une confiance gagnée à Paris
Un premier workshop en Italie en 2014 le conforte dans l’idée qu’il peut faire carrière. Mais c’est en allant défier les danseurs parisiens, après avoir tout ga gné en Suisse, durant le Juste Debout dans la capitale française, qu’il se dé couvre vraiment. « Paris a le public le plus difficile. Ils ne sont pas gentils avec toi, il faut que tu prouves que tu as ta place. » Il en revient gonflé de confiance, en lui et en son style de danse atypique. Quand Cédric danse, il distille dans son hip-hop une touche de ballet clas sique. Ses mouvements souples et gra cieux sont sa manière de s’exprimer : « Il a fallu que je gagne à Paris pour que mon style de danse soit respecté. » Avec le temps, Stalamuerte façonne son style en l’agrémentant d’éléments hip-hop afin de ne plus se heurter aux reproches des fans. « J’ai poussé mon style dans ses retranchements. Et du coup, aujourd’hui, il n’y a aucune limite dans ma danse. » Stalamuerte en a fait son mantra : « Essaye de repousser les limites du pos sible, pousse jusqu’où tu peux pousser, entre en transe et laisse-toi aller. C’est ce que je dis toujours à mes élèves. » À son retour de France, sa bande de copains est impressionnée en voyant le changement dans son attitude. Le déclic qu’il a vécu à Paris, il n’a même pas besoin d’en parler : il se ressent dans ses mouvements. Avec le temps, la danse est devenue son moyen de communication de prédilection : « Je ne suis pas le mec qui va trop raconter sa vie, alors qu’en danse, je vais raconter tout ce qui se passe dans ma tête. Et ça va être facile de l’exprimer. » Enfant « turbulent », la danse lui a permis de se canaliser, de maîtriser les muscles les plus isolés de son corps, et d’atteindre une forme de transcendance. « Quand je danse, je suis dans une transe, décrit-il. Tu rentres dans l’atmosphère du THE RED BULLETIN
« Paris a le public le plus difficile. Ils ne sont pas gentils avec toi, il faut que tu prouves que tu as ta place. »
MONTRE QUI TU ES
« En danse, je vais raconter tout ce qui se passe dans ma tête. Et ça va être facile de l’exprimer. »
« Tu rentres dans l’atmosphère du son, puis tu ramènes ton monde dans le son. »
COMPLÈTEMENT DÉTACHÉ
« Plus je danse longtemps, plus je laisse aller mon corps, explique Stalamuerte, jusqu’à finir par être en transe totale. »
Danse
IL DONNE DES AILES
Stalamuerte veut uti liser sa célébrité de champion du monde pour attirer l’attention sur les jeunes talents. Si vous voulez savoir pourquoi l’homme est célèbre : scannez le QR code et découvrez les étapes les plus im portantes de sa carrière dans le documentaire One Life One Dance.
son, puis tu ramènes ton monde dans le son. Au début du battle, je suis conscient de ce que je fais, je sens chaque mouvement dans mon corps. Et plus le temps passe, plus je laisse mon corps aller, pour que, dans les dernières secondes, ce ne soit que de la transe. Je n’ai plus besoin de réfléchir, je laisse totalement aller mon corps. » Et quand il entre dans cette « zone », tout peut arriver, même les mouvements les plus extraordinaires, comme lors du premier round de sa finale victorieuse à Juste Debout avec son binôme Diablo, quand il attrape la jambe de son partenaire et enchaîne avec une fluidité divine deux tours les yeux vers le ciel, soulevant les exclamations du public. « J’étais en train de regarder le plafond et je me disais : “Ça fait un moment que je suis en train de tourner !” C’est ça qui est beau dans le freestyle, ces choses qui n’arrivent que sur le moment. » Il repart de Paris avec le trophée, soulagé. Car au même moment, la maladie de sa mère se complique. « Cette compétition, c’était très spécial pour moi. Il fallait que je ramène ce trophée avant qu’elle parte, que je rentre en disant : “Maman, c’est fait, c’est bon.” C’était trop. Les gens ne le savent pas, mais Juste Debout, c’était plus profond que ce qu’ils ont vu sur scène. » THE RED BULLETIN
Une étoile dont l’éclat n’est pas près de mourir
Stalamuerte s’est juré que la suite de sa carrière serait plus profonde après ce titre de champion de monde. Profonde comme l’empreinte qu’il veut laisser sur le monde de la danse. Plus déterminé que jamais, il veut profiter de sa nouvelle notoriété pour aider sa communauté, et mettre en avant de nouveaux talents. « Ce serait ingrat de ma part de ne pas en faire profiter les autres. J’ai de l’exposition, et si je peux l’utiliser pour partager ce que j’aime, je vais le faire. » Ce qu’il aime, mais aussi ce qui le révolte, constitue l’ADN de son boulot. Comme les contrôles au faciès, une discrimination que ce fils d’immigrés capverdiens a subie tout au long de sa vie. C’est ce que dénonce la performance Jusqu’ici tout va bien, créée en 2017 43
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à Bienne pour l’émission World of Dance, mais censurée par les organisateurs parce que « trop engagée ». « Je les avais prévenus pourtant », rappelle Stalamuerte, qui a mis en ligne le film en mai dernier sur Cubique, une plateforme connectée engagée, dédiée aux danseurs et à leurs histoires, pour sensibiliser aux problèmes de société. Le film se termine sur l’image de son corps meurtri qui saigne. Le message est univoque : peu importe la couleur de peau, c’est la même chose qui coule en nous. « Les contrôles au faciès sont une réalité en Suisse, dit Cédric. C’est important d’éduquer la nouvelle génération. Parce que tout part des parents. » Le film est d’ailleurs utilisé dans certaines écoles pour évoquer le racisme avec les élèves. Et le Veveysan prépare déjà la suite. Un nouveau court-métrage sur le même thème est déjà écrit, ne reste qu’à trouver la bonne équipe et le bon moment. « Visuellement parlant, ça va être quelque chose », prévient-il.
Nostalgie de la scène
Le danseur s’est aussi mué en directeur artistique pour son premier clip estampillé Hastalamuerte, sorti en mai, sur un morceau du rappeur Mega, un de ses amis d’enfance – les mêmes qu’il entraînait sur un carton pour danser quinze ans auparavant. « Et je peux dire officiellement que ce sera désormais une série ! Le deuxième épisode arrive bientôt avec un rappeur français que tout le monde écoute en ce moment. » À terme, avec sa troupe, Cédric voudrait développer une activité de « fournisseur de clips » pour rappeurs. « Ce sont eux qui vont venir nous chercher pour faire des collabs. On va changer les règles. » Mais sa grande envie du moment, après une année de Covid, c’est la scène. Et son grand projet, c’est ce spectacle d’une heure sur lequel il travaille d’arrache-pied avec Diablo, devenu, plus qu’un partenaire, un véritable alter ego. « C’est un show qui va parler de nos vies, de nos similitudes, de ce qu’on a vécu et des morts qu’on a eues. On veut amener tout ça sur scène. On va pouvoir cracher tout ce qu’on a dans notre cœur et dans notre âme. Ça va être quelque chose de très gros, qui nous permettra de mettre plein de jeunes en avant. Parce que la suite, c’est eux. » Stalamuerte a les idées très claires en ce qui concerne son avenir. La suite, pour lui, se déroulerait plus en coulisses que sous les spotlights. Il aimerait que son association avec Diablo débouche sur une entreprise, pour encadrer leurs activités, que ce soit battles, soirées, clips,
Instagram : @stalamuerte_stylezc
LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL
« Ce serait ingrat de ma part de ne pas en faire profiter les autres. »
merchandising ou mannequinat. Le duo planche aussi sur un projet d’émission qui mixerait rappeurs et danseurs. « Avec Diablo, on a toujours dit qu’on ne voulait pas avoir 35-40 ans et faire encore des battles. À 40 piges, on aimerait être assez grands pour ne plus avoir besoin d’être devant la caméra. » Stalamuerte intervient régulièrement dans des écoles de danse comme à la Deekay Dance School à Lausanne pour transmettre son savoir-faire, ou lors de workshops en Chine, au Japon, et en Ukraine. Il aimerait donner de l’ampleur à la famille qu’il a créée autour de lui, Crazy Sweetness (« folie douce »), qui regroupe des gens qui ont la même vision de la danse que lui. Une structure encore informelle qu’il rêverait de transformer en école de danse, avec, pourquoi pas, des filiales à travers le monde. « J’ai envie de faire travailler des petits qui m’aiment et que j’aime, et qu’on avance ensemble. Et demain, quand je partirai, ils auront tous les bagages. Ce sera à eux de faire tourner l’école. Je veux vraiment créer un monde, que les gens disent : “Stala, il a beaucoup fait avant de partir.” » Jusqu’où peut-il aller ? Comme dans sa danse, le Suisse ne se fixe aucune limite. « Tant que tu ne me verras pas partout dans la rue en tournant la tête, c’est que je ne suis pas encore au summum. »
En direct !
Red Bull Dance Your Style fait une halte à Lausanne. Un floor, 16 paires de pieds, ta voix : ici, danseuses et danseurs performent sur tous les styles de musique. Le 4 septembre à Lausanne, le public désigne le gagnant qui ira à la finale en Afrique du Sud le 4 décembre. Infos : redbull.com/danceyourstyle
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THE RED BULLETIN
PÉRIODE BLEUE
Le quai en bordure de lac offre une belle exposition, mais rien ne remplace une vraie scène. Stalamuerte bosse déjà sur un nouveau spectacle.
CHERCHER LA LUMIÈRE Davos est un paradis pour les coureurs de fond. Judith Wyder, ici avec son mari, partage ses conseils.
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JO HÜCHELHEIM
Aventure
JUDITH WYDER La coureuse révèle ses sentiers préférés.
RENÉ WILDHABER Le cycliste connaît les meilleures descentes.
REMO KÄSER En randonnée avec un lutteur de haut niveau.
LOÏC MEILLARD Le pro du ski surfe sur la vague dans les Alpes.
MATHILDE GREMAUD La star du ski fait des randos dans sa région.
FANNY SMITH L’as du freestyle adore le wakesurf.
LE BONHEUR EST DANS LE PRÉ ! Surfer au milieu des Alpes suisses, pédaler à travers des vallées sauvages, courir au lever du soleil : six athlètes Red Bull nous révèlent leurs spots préférés pour une aventure suisse de fin d’été. Texte WOLFGANG WESTERMEIER
Aventure
Judith Wyder, 33 ans, de Berne (BE). Championne du monde et d’Europe de course d’orientation, vainqueur des Golden Trail Series.
JUDITH WYDER
CRÊTE ÉTROITE, VUE IMPRENABLE Pour Judith Wyder, rien ne vaut les sentiers alpins de Davos pour le trail.
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rieure m’évoque la Suède, où j’ai vécu un temps, et l’on y mange très bien. Mais ce qui est chouette à Davos, c’est que la ville est suffisamment grande pour y découvrir toujours quelque chose de nouveau. » DIFFICULTÉ
BON PLAN
« Depuis cette année, la Hubelhütte sur le Rinerhorn ouvre également l’été. Idéal pour une course au lever du soleil suivie d’un brunch ! » DAVOS EN LIVE Toutes les infos sur davosklostersmountains.ch et aussi sur davos.ch
JO HÜCHELHEIM, DAVOS KLOSTERS BERGBAHNEN AG, ROMINA AMATO FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN
« En temps normal, je vis près de Berne, mais dès l’arrivée de l’été, toute la famille migre à Davos. La ville constitue le camp de base idéal ! Je suis chaque fois agréablement surprise de me retrouver en pleine montagne après quelques minutes de course à pied, tout en bénéficiant des avantages qu’offre une ville. Pour le trail, rien ne vaut pour moi les sentiers alpins, et à Davos j’ai l’embarras du choix. L’un de mes trails préférés relie Jakobshorn à Jatzhorn. La section qui longe l’étroite crête est de toute beauté. Lorsque je veux m’entraîner, j’emprunte la verticale entre Davos et le Jakobshorn, une liaison également assurée par train de montagne. Le retour s’effectue par la Sertig, là encore un bus peut vous ramener à la ville. Mais avant cela, je vous recommande vivement une pause au Walserhuus pour y déguster la spécialité locale, le gâteau aux noix. Ville sportive, Davos invite aussi à la détente et au confort : j’aime beaucoup le Kaffee Klatsch, par exemple. Sa déco inté-
BASE-CAMP DAVOS Judith Wyder passe l’été à Davos. En quelques minutes, elle se retrouve au cœur des montagnes et s’entraîne sur les sentiers alpins.
Berne
Suisse
Davos
THE RED BULLETIN
« Pour le trail, rien ne vaut pour moi les sentiers alpins, et à Davos j’ai l’embarras du choix. »
THE RED BULLETIN
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Aventure Flumserberg Berne
Suisse
À DOMICILE Des descentes difficiles et des sentiers fluides. René Wildhaber connaît chaque pierre de la région de Flumserberg.
Mon itinéraire p référé va de Quarten à Alp Laubegg. Un parcours difficile, mais qui en vaut la peine, la vue sur le lac de Walenstadt est sublime. La descente est plutôt raide et étroite au d ébut, avant de se faire plus sinueuse et naturelle. Lorsque vous passez devant la première maison de la descente, pensez à vous y arrêter. On y déguste du s irop, des jus de fruits faits maison – une agréable recharge d’énergie. Et bien sûr, prévoyez suffisamment de temps pour profiter d’une bonne baignade dans le lac. Le moyen idéal pour me régénérer à chacun de mes passages ! » DIFFICULTÉ
René Wildhaber, 44 ans, de Flumserberg (SG). Multiple vainqueur du Megavalanche et du Bike Attack.
DORMIR ET SE RESTAURER Hotel Marina marina-walensee.ch Burg Strahlegg burg-strahlegg.ch Prodalp prodalp.ch BON PLAN
RENÉ WILDHABER
APRÈS L’EFFORT, LE RÉCONFORT Le vététiste René Wildhaber révèle les meilleures descentes et les plus beaux panoramas du lac de Walenstadt près de Quarten à Flumserberg. 50
« J’ai grandi à Flumserberg, je connais donc la région comme ma poche. Pourtant, la sillonner sur mon vélo reste pour moi une expérience spéciale et pour une raison simple : nul autre lieu n’offre autant de variété dans un périmètre aussi restreint. Des descentes ardues dans les vallées sauvages aux pistes fluides dans le bike park, tout y est !
« Si vous prévoyez de vous en traîner avant la descente de Laubegg, optez pour un week-end à Quarten avec une halte au Biker Berg Flumserberg le premier jour. L’endroit propose un large éventail de sentiers de difficulté v ariable et le train de montagne vous condui ra au sommet de la piste autant de fois que vous le souhaitez. »
THE RED BULLETIN
URBAN ENGEL(3), MATHILDE GREMAUD, DOMINIC BERCHTOLD / RED BULL CONTENT POOL, GETTY IMAGES
FAIRE DU VÉLO À FLUMSERBERG BikerBerg Flumserberg flumserberg.ch/bikerberg Cours de pilotage avec René bikerschool-flumserberg.ch
« Surfer sur le lac Léman au coucher du soleil est une merveille ! »
Mathilde Gremaud, 21 ans, La Roche (FR). Skieuse freestyle, vainqueur des X-Games, médaillée d’argent aux JO et au CM.
MATHILDE GREMAUD
FAITES DES VAGUES Durant l’été, la star du ski Mathilde Gremaud s’active en wakesurf sur le lac Léman.
Berne Lac Léman
« J’aime tous les sports, tant que mes pieds sont attachés à un support et qu’il y a de la vitesse. D’où ma passion pour le ski ! En été, j’apprécie le skateboard et le VTT de descente, mais pour moi, le wakesurf est l’une de mes activités préférées en été. Rester en équilibre sur la vague n’est pas une mince affaire, surtout au moment d’alterner frontside et backside ou que vous tentez une figure. Lorsque vous débutez, mieux vaut ne pas lâcher la corde trop tôt, et prendre son temps pour bien sentir THE RED BULLETIN
la dynamique de la vague. Et ne pas se décourager ! Après quelques tentatives, tout se met en place de manière soudaine. Personnellement, j’aime pratiquer en fin d’après-midi lorsque la chaleur retombe. Mais surtout, parce que surfer sur le lac Léman au coucher du soleil est une merveille ! » DIFFICULTÉ
WAKESURF alaiawakesurf.ch wake-valais.ch/presentation.html
BON PLAN
Suisse
AU BORD DE L’EAU En été, Mathilde Gremaud préfère troquer ses skis contre un wakeboard, comme ici en juin sur le lac Léman.
« Nous démarrons toujours du Bouveret, une charmante petite station balnéaire. Sur les routes, la circulation est quasi inexistante. Le soir venu, les gens flânent sur la promenade le long de la plage, bercés par de la musique live provenant des alentours. »
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Fanny Smith, 29 ans, de Villars (VD). Skicross, championne du monde, médaillée de bronze aux JO.
FANNY SMITH
LE PAYS DES RÖSTI EST MA PATRIE
BON PLAN
« J’ai visité de nombreux endroits fantastiques et je voyage constamment, mais ma maison à Villars est et reste pour moi le plus bel endroit sur terre. La variété des paysages, l’étendue infinie des montagnes, les jolis lacs de montagne sont autant d’enchantements. Lorsque je suis ici, j’essaie de profiter de
chaque seconde pour faire des randonnées avec ma famille et mes amis. Ces moments sont d’autant plus précieux qu’en été, mes entraînements de skieuse se limitent à la salle de sport. L’une de mes balades préférées va de Bretaye au lac des Chavonnes : un lac de montagne d’un bleu éclatant
et l’endroit parfait pour se rafraîchir lors d’une chaude journée d’été. Sur le chemin du retour, un crochet par l’Auberge Col de Soud s’impose ! On y déguste les meilleurs rösti qui soient. Parole d’experte ! » DIFFICULTÉ
« La randonnée peut se prolonger sans difficulté en prenant le train de montagne de Villars jusqu’au Grand et Petit Chamossaire pour marcher ensuite jusqu’au lac des Chavonnes. Une vue imprenable sur l’Eiger, le Mönch, la Jungfrau et le Mont-Blanc vous accueille au sommet de la station. » VISITER VILLARS Rando villars-diablerets.ch/fr/Z8817/ randonnees Restau restaurant-auberge-col-de-soud.com
Berne
Suisse
Villars
IDYLLIQUE La randonnée préférée de Fanny passe par le lac des Chavonnes.
« La variété des paysages, l’étendue infinie des montagnes, les lacs de montagne sont autant d’enchantements. » 52
THE RED BULLETIN
VISUALPS.CH, GETTY IMAGES, ROMINA AMATO/RED BULL CONTENT POOL, GERNOT BRENDLE, BERGHOTEL LEITERLI, LORENZ RICHARD/RED BULL CONTENT POOL
Légende du freestyle, Fanny Smith adore crapahuter dans sa région natale de Villars, aux lacs de montagne bleus et aux paysages pittoresques.
Aventure
PANORAMA Pour Remo Käser, l’Alprundweg Gryden est l’endroit idéal pour se détendre et profiter de la vue.
Berne
Remo Käser, 24 ans, de Burgäschi (SO). Lutteur suisse de haut niveau.
Suisse
Lenk i. S.
REMO KÄSER
MONTEZ EN AUTO, DESCENDEZ À PIED Le lutteur Remo Käser propose un circuit alpin en douceur dans l’Oberland bernois avec à l’arrivée un panorama à couper le souffle. « Enfant, je n’étais guère fan de randonnée. Une activité trop tranquille à mon goût. Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi mes parents tenaient à nous emmener marcher dans le Lenk : Lenk im Simmental est un e ndroit de détente idéal. Je vous recommande ici d’oublier la performance sportive pour planifier une THE RED BULLETIN
rando avec le plaisir pour unique objectif. Prenez le train de montagne Leiterli jusqu’au sommet et empruntez le sentier circulaire à travers le Gryden et ses impressionnantes formations rocheuses et son paysage unique de cratères ! Le Steinstoss Alp est le théâtre dédié à nos compétitions de poussée de pierres, un moment de liesse chaque fois renouvelé. Mais prenez garde, les blocs pèsent jusqu’à 40 kilos. Une montée d’adrénaline que j’essaie de vivre aussi souvent que possible, ce qui explique pourquoi je ne descends jamais en train, mais en trottinette, que l’on peut louer. La descente dans la vallée est fantastique ! » DIFFICULTÉ
BON PLAN
« Laissez le casse-croûte à la maison et prévoyez un peu de temps pour une halte au Alp Steinstoss ou au Leiterli. Une excellente cuisine vous y attend, et la vue est extraordinaire ! » PROFITER DE LENK Train de montagne lenk-bergbahnen.ch Circuit en altitude Gryden lenk-bergbahnen.ch/sommer/ wandern/gryden/ Trottinette lenk-bergbahnen.ch/sommer/ trottinett/ Lenkerhof Gourmet Spa Resort lenkerhof.ch
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Aventure VAGUE ARTIFICIELLE À la baie d’Alaïa à Sion, l’activité préférée de Loïc est de surfer une vague avec un longboard.
Berne
Suisse
Sitten
« Je pratique le surf depuis mes 19 ans, même si le ski reste toujours ma priorité. »
Je pratique surtout le longboard sur les vagues de taille moyenne, mais Alaïa Bay convient à tous les niveaux. Le surf est excellent pour améliorer l’équilibre, cela profite aussi au ski, mais je m’y adonne avant tout pour le plaisir. Après la glisse, nous prenons toujours un verre au bar, dont l’atmosphère balinaise conclut parfaitement une journée à la “plage suisse”. » DIFFICULTÉ
Loïc Meillard, 24 ans, de Hérémence (VS). Skieur alpin, médaillé de bronze au CM entre autres titres.
LOÏC MEILLARD
LE SURF GAGNE LA MONTAGNE Entouré par les Alpes suisses, le skieur Loïc Meillard ne se lasse pas de la vague artificielle d’Alaïa Bay à Sion, en Valais. 54
« Pratiquer le surf dans les Alpes à 500 mètres d’altitude peut paraître incroyable. Pourtant, au Wavegarden Alaïa Bay à Sion, c’est désormais une réalité depuis le mois de mai de cette année ! Ces temps-ci, j’adore y passer une journée de détente entre amis. Même si le ski demeure évidemment ma priorité, je pratique le surf depuis mes 19 ans : ce qui ne dit rien quant à mon niveau !
« La vallée voisine abrite le barrage de la Grande-Dixence et ses 285 mètres de haut. Ce barrage m’impressionne tellement que je ne résiste pas à l’envie d’y faire au moins une randonnée par an. » FAIRE DU SURF ET DE LA RANDO Surf alaiabay.ch Barrage grande-dixence.ch
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LOIC MEILLARD, GETTY IMAGES, LORENZ RICHARD/RED BULL CONTENT POOL
BON PLAN
DES AIIILES POUR L’ÉTÉ.
AU GOÛT DE FRUIT DU DRAGON.
U A E V U O N
STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.
Match sur le terrain de la West 4th Street à New York : l’atmosphère est intense.
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BRASSAGE
Streetball
C’est sur la West 4th Street que se trouve le terrain de basket le plus légendaire de New York City. Ses grilles attirent des stars comme Denzel Washington, et des joueurs de toutes origines ethniques qui viennent y gagner respect et notoriété, dans un brassage unique en son genre. Visite d’un lieu mythique et symbolique.
DE CAGE
Texte DAVE HOWARD Photos ANTHONY GEATHERS
Le
terrain est petit.
C’est la première chose qui frappe quand on entre dans le West 4th Street Park à New York. Si la ligne des trois points était placée à la distance réglementaire de la NBA – comme une concession aux professionnels qui s’entraînent parfois ici – elle serait pratiquement au niveau du cercle central. En assistant à un match de la Summer League disputé dans la Cage ou “The Cage”, comme on appelle en anglais ce lieu légendaire, on a l’impression que des géants ont envahi un terrain de jeu pour enfants. C’est quand on essaie de savoir dans quelle mesure les dimensions du t errain
Des cracks du basket pendant la préparation d’un match éliminatoire des Summer Leagues 2016 : qualifier le jeu dans la Cage de « physique » est un euphémisme.
« Tu n’as pas intérêt à montrer tes faiblesses, sinon, tes adversaires te bouffent tout cru. » 58
diffèrent réellement des dimensions normales que les choses deviennent intéressantes. Google propose une grande fourchette d’estimation allant d’« un peu plus petit que la norme » (comme le dit la page d’accueil officielle) à « la moitié de la norme de 94 pieds » (28,65 mètres). Même les légendes de la Cage restent vagues à ce sujet : les joueurs peuvent se sentir à l’étroit, disent-ils, voire un peu claustrophobes. Kenny Graham, fondateur des Summer Leagues (qui ont fait de la West 4th Street un haut lieu du streetball) et un nom incontournable pour les initiés du street dans le monde entier, se contente de hausser les épaules et de répondre que le rectangle vert est « réputé pour ses multiples dimensions ». « C’est ce que les gens aiment dans cet endroit. » Sous-entendu : à quoi bon gâcher son plaisir en se prenant la tête pour quelques centimètres ? Non seulement les dimensions particulièrement exiguës du lieu contribuent à son aura, mais elles exercent aussi une influence sur le jeu lui-même. Ceux qui comptent sur la vitesse et l’agilité rencontreront des problèmes car on y est tellement serré qu’on a l’impression qu’il y a deux fois plus de joueurs sur le terrain que d’habitude. Le grillage qui l’entoure ajoute à la sensation d’enfermement. La Cage récompense ceux qui font des tirs précis ou savent récupérer les rebonds dans un minimum d’espace ou, mieux encore, qui parviennent à prendre leur place dans cette zone que les vétérans appelaient autrefois « la vallée de la mort ». Qualifier le jeu de « physique » est ici un doux euphémisme... Et comme on se trouve à New York, certains spectateurs qui se pressent contre la grille depuis l’extérieur sont de sacrés chahuteurs : quand vous vous plantez, ils vous le font savoir. Jason Curry est le fondateur et président de Big Apple Basketball. Petit, il a vu son père participer à des matches amicaux improvisés ici, appelés pickup games. Plus tard, Curry a aussi joué et entraîné les meilleurs joueurs de West 4th. Après avoir commis une erreur sur ce terrain, il s’est dit : « Ça se passerait mieux n’importe où ailleurs. » Beaucoup de joueurs rencontrent des problèmes en raison de l’exiguïté du terrain, explique-t-il. « C’est un peu la loi de la jungle, ici. Les gens du coin le savent : tu n’as pas intérêt à montrer tes faiblesses, sinon, tes adversaires te bouffent tout cru. » THE RED BULLETIN
Streetball
Dans la Cage : seuls la compétence, la ténacité et le respect comptent.
Dans le dernier quarttemps de ce match serré, la tension sur et à l’extérieur du terrain est palpable.
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Les matches chaudement disputés dans la Cage attirent de nombreuses stars locales.
Des célébrités du hip-hop y passent régulièrement et EA Sports a même recréé le terrain pour un jeu vidéo. 60
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Streetball
Le terrain est une vaste scène
Lorsque Kenny Graham a découvert cet endroit en 1976 et participé à des matches improvisés, il a immédiatement senti que ce terrain était différent. En tant que livreur d’épicerie, il passait beaucoup de temps dans les rues. Contrairement aux terrains de basket habituels de New York où l’on ne trouvait que des gens du quartier, les joueurs de tous les coins de la ville se retrouvaient ici – ce qui voulait dire des joueurs du monde entier. « On y rencontre encore aujourd’hui des Juifs, des Italiens, des I rlandais, des Noirs, des gars du coin, etc. On ne trouve ce genre de diversité dans aucun autre park du pays. » L’emplacement particulier joue lui aussi un rôle. La plupart des terrains de basket extérieurs de New York sont cachés dans des coins reculés de la ville, mais West 4th se trouve à Greenwich Village, sur la Sixième Avenue, l’une des principales artères de Manhattan. La station de métro West 4th Street est une plaque tournante du réseau de transport public - une sortie se trouve juste à côté de la place. « C’est presque comme si tu jouais en plein Broadway, dit Jason Curry. Tous les yeux sont sur toi. » Les matches ont longtemps attiré les passants. Il y avait une ligue dans les années 60 mais elle n’a survécu que quelques années. Lorsque quelques entraîneurs ont décidé de réorganiser la West 4th League, Kenny Graham a vu le potentiel de quelque chose de grand. Il a été engagé par la ligue et deux ans plus tard, il en était le co-commissaire et directeur. Dans ces rôles, le talent de Graham pour créer une marque est devenu manifeste. Il a créé le Kenny Graham’s West 4th Street Pro Classic avec son propre logo et son propre merchandising. Au début des années 80, les Summer Leagues attiraient de plus en plus de gros noms des ligues universitaires, voire des rangs professionnels. Les choses se sont enchaînées : plus le niveau était élevé, plus les foules étaient nombreuses, et les noms sont donc devenus encore plus gros. Même Julius Erving, alias Dr. J, l’un des meilleurs joueurs de la NBA dans les années 70, est venu dunker à la Cage. Rapidement, ce ne furent plus seulement les joueurs de New York qui honoraient le petit terrain de leur présence. Jason Curry se souvient qu’une THE RED BULLETIN
« C’est presque comme si vous jouiez en plein Broadway - tous les yeux sont rivés sur vous. » fois, il y a une dizaine d’années, Dwight Howard est soudainement apparu – c’était à l’époque où il était considéré comme le joueur le plus intéressant du basket mondial – juste pour regarder un match. La culture pop a suivi. Des stars telles que Denzel Washington et Spike Lee sont venues faire un tour. Des célébrités du hip-hop y passent et des publicités pour des campagnes nationales y sont tournées. Et si vous ne pouvez vous rendre à la West 4th Street en personne, vous pouvez désormais y aller virtuellement dans le jeu vidéo NBA Street V3 d’EA Sports. La pandémie a imposé un arrêt d’un an des Summer Leagues. Lorsque la ville retrouvera son animation, les touristes se joindront à nouveau aux habitués de la Cage. Graham y vendra des casquettes et des maillots à des personnes originaires de Corée du Sud, de Norvège ou du Brésil, leur donnant l’impression d’être l’épicentre du monde du basket.
Le terrain est un refuge
Jack Ryan a grandi à Brooklyn et était fou de basket. À douze ans, personne de son âge ne lui arrivait à la cheville ; son frère, de quatre ans son aîné, le laissait jouer avec ses amis. Une fois qu’il les a surpassés, Ryan s’est dit qu’il était temps d’aller voir du côté de Manhattan. « Je me suis dit, okay, voyons à quel point je suis vraiment bon », se souvient-il. L’endroit où il devait aller était clair : le terrain de West 4th Street. C’est ainsi que la légende de « Black Jack » Ryan est née dans les années 80. Ryan est également devenu célèbre pour avoir refusé des offres d’universités et de la NBA – son immaturité et une enfance difficile y ont certainement beaucoup contribué. Le surnom que lui donna son père était un vilain mot commençant par « f », et sa vraie maison était la West 4th Street. Black Jack et le terrain étaient faits l’un pour l’autre. Il a un jour été renvoyé d’une équipe universitaire
Devant la grille de West 4th Street : le public est connu pour être impitoyable.
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Streetball
pour avoir trop frimé, mais le streetball a d’autres règles : dans la Cage, son jeu fluide était une arme. Un jour, alors que Ryan venait de marquer 44 points contre Phil Sellers, un ancien pro des Pistons de Detroit, un pote l’interpelle sur cet exploit. Il lui répond : « Phil Sellers, c’est qui ? » Chris Mullin, membre du temple de la renommée, et lui-même une légende du basket new-yorkais, a un jour déclaré que Black Jack était le meilleur tireur qu’il ait jamais vu en dehors de la NBA. À West 4th, l’enfant de la balle a trouvé sa famille. Ici, il y avait une certaine stabilité : comme par exemple la propension du marqueur Omar à boire un peu trop avant chaque match et à se tromper dans ses calculs, ce qui obligeait Graham
à le corriger. Malgré ses erreurs, Omar est resté responsable du marquage des points, et c’est justement ce qui plaisait à Ryan : les railleries du présentateur, les compétitions de danse, les règles strictes de Kenny Graham contre la violence... Tout cela apportait une certaine stabilité à un gamin dont l’univers était si fragile. Jack Ryan a été MVP (most valuable player, joueur le plus utile à son équipe) dans l’une des ligues et son mollet arbore un tatouage du logo de West 4th. Aujourd’hui, il continue de se réunir avec Leo, Sherm, Doc – tous les mecs avec lesquels il s’est lié d’amitié au cours de ses presque quarante ans sur le terrain. « Maintenant que je suis plus âgé, c’est ma famille, dit Ryan. West 4th Street est ma deuxième maison. Mon arrière-cour. »
Position de combat : deux joueurs de la ligue Homme de New York prêts à en découdre.
L’animosité disparaît au moment où tout le monde se rassemble pour le match suivant. 62
Le terrain est une communauté
Cela peut paraître étrange car le jeu si physique frise l’hostilité pure et simple. Après quelques échauffourées, Kenny Graham a établi des règles de tolérance zéro. Toute personne qui les enfreint peut être expulsée. Mais les joueurs s’estiment beaucoup entre eux. L’animosité soigneusement préparée et entretenue disparaît au moment où tout le monde se rassemble pour le prochain round ou le prochain match. « Malgré les luttes sans merci, il règne une camaraderie incroyable, dit Jason Curry. Tous ceux qui entrent sur le terrain font preuve de respect. » Les gens veillent les uns sur les autres. Pour beaucoup, les matches dans la Cage constituent une partie importante de leur vie. Soixante-dix équipes au sein de ligues différentes s’affrontent ici : 20 pour les hommes et les lycéens, 16 pour les femmes, 14 pour les équipes juniors. Graham, aujourd’hui âgé de 69 ans, ne montre aucun signe de fatigue, bien qu’il affirme être à la retraite. Dans la West 4th, dit-il, « on voit les fruits de mon travail ». Pour l’instant, il essaie de faire connaître au monde entier la magie de ce lieu, le mélange multiculturel de la Cage. Il travaille d’ailleurs avec les autorités de la République dominicaine sur un programme d’échange. Un projet qui lui a permis de passer le temps durant la pandémie, mais bientôt, il sait que les choses sérieuses vont reprendre : les joueurs reviendront, sans faute. Les fans qui occupent le même endroit près du grillage soir après soir pendant les Summer Leagues reprendront leur poste. La Cage existe depuis maintenant si longtemps qu’elle fait partie des histoires de famille : les rassemblements sont multi-générationnels. Les parents transmettent solennellement à leurs enfants l’expérience du jeu ou du spectacle à la West 4th Street comme s’il s’agissait d’un héritage. Cet endroit est une capsule hors du temps. Au fil des années, Manhattan a changé, en évolution constante, se transformant sans cesse. Des bâtiments sont démolis, d’autres construits, des restaurants changent de mains et d’identité, des parcs tombent en ruine et renaissent. Quant à ce petit rectangle niché au cœur de Greenwich Village, il semble bien qu’il soit devenu éternel.
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Deux équipes de lycéens se partagent la Cage qui est beaucoup plus petit qu’un terrain de basket normal.
Tous les matches sont intenses, mais le point culminant est le match des étoiles, comme celui-ci : c’est là que les meilleurs de la saison s’affrontent.
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Neurosciences
L’plusafortmour que la cocaïne Grâce à son cerveau, l’Homme est certes devenu la créature la plus intelligente sur Terre, mais il ne l’est pas encore assez pour comprendre réellement comment cet organe fonctionne. La thérapeute allemande Anja Hussong et le scientifique suisse Philipp Stämpfli étudient le cerveau à travers différentes disciplines. Ils expliquent ici pourquoi la douche est propice aux solutions à nos problèmes, la course à pied à l’amélioration de notre mémoire et pourquoi aucune drogue n’égale les effets de l’amour. Texte WOLFGANG WIESER Illustrations JOCHEN SCHIEVINK
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L’ESPRIT DE L’ART
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La résonance magnétique permet de rendre visible le réseau de fibres nerveuses du cerveau. En marge de leurs travaux s cientifiques et thérapeutiques, les chercheurs Anja Hussong et Philipp Stämpfli créent, à partir d’images, d’éclatantes œuvres d’art cérébrales.
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1 UN CHERCHEUR, UNE THÉRAPEUTE : MISSION COMMUNE
Philipp Stämpfli et Anja Hussong allient art et sciences pour dévoiler la beauté du cerveau.
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évéler au monde la beauté et le caractère unique du cerveau humain, telle est la mission d’Anja Hussong et Philipp Stämpfli. La première est thérapeute en neurofeedback, le second ingénieur en informatique, hypnothérapeute et chef du service IRM de l’hôpital universitaire psychiatrique de Zurich. Ensemble, ils ont fondé la société BrainPics, dont l’objectif est de témoigner de la beauté émanant des faisceaux de fibres nerveuses et de leur structure – y compris celle des cerveaux de leurs patients – en recourant à un procédé complexe : l’imagerie pondérée en diffusion. Ces faisceaux contrôlent nos pensées, notre concentration et nos émotions. Que se passe-t-il au cours de ce processus ? Réponse avec neuf exemples issus de la recherche sur le cerveau.
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Pourquoi les meilleures idées nous viennentelles sous la douche ?
Explication À l’instar d’un feu de che-
minée, la douche peut nous plonger dans un état quasi hypnotique permettant ainsi au subconscient de libérer des réponses inaccessibles à la pensée rationnelle. Précision En enveloppant le corps,
l’eau chaude détend les muscles. L’odeur du savon passe par le nez pour atteindre l’amygdale dans le système nerveux central. Celle-ci transforme nos perceptions en sensations et éveille nos souvenirs. Le cerveau produit plus d’ondes alpha-thêta calmantes. Lorsque nous fermons les yeux, le « mode par défaut » (mode repos) s’active. L’agitation environnante s’estompe, l’esprit accède alors au subconscient, laissant alors surgir librement les solutions et réponses à des questions qui nous semblaient auparavant insolubles.
Pourquoi l’entraînement cérébral aide-t-il à mieux gérer nos finances ?
Ou pourquoi nous jouons au loto même si, statistiquement, pour avoir 95 % de chances de décrocher le gros lot, il faudrait jouer pendant 450 000 ans.
Explication Le neurofeedback permet d’entraîner le cortex préfrontal (lobe frontal), la partie du cerveau contrôlant nos pulsions. Mais étant de nature foncièrement optimiste et irrésistiblement attiré par la possibilité d’un gain rapide, l’humain tente sa chance à la loterie en occultant tout bon sens. Précision Des recherches montrent que la majorité d’entre nous est persuadée que quelque chose de bien nous arrivera, comme gagner aux jeux, et que l’éventualité d’être frappé par le malheur est improbable. Le cortex frontal joue ici un rôle majeur. Il est en quelque sorte l’instance ultime dans la chaîne des réseaux cérébraux décidant de l’exécution ou non d’une action. Une baisse d’activité du cortex frontal peut inciter un individu à jouer, malgré l’absence de toute logique rationnelle. Une méthode de neurofeedback axée sur l’activation du cortex frontal peut aider à réduire cet attrait du jeu. Un meilleur contrôle des pulsions aide d’ailleurs à lutter contre tout type d’addiction. Autre avantage : le cortex frontal aime apprendre, car cela nous procure du plaisir.
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Le fonctionnement de notre cerveau
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Neurosciences
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Pourquoi l’alcool nous rend-il si bavards ? Explication L’alcool perturbe deux
substances messagères dans le cerveau, avec pour conséquence de délier les langues. Précision L’alcool active d’une part
le neurotransmetteur GABA (acide gamma-aminobutyrique) qui stimule la détente et bloque en même temps le glutamate, autre neurotransmetteur responsable de la « pensée rapide ». Ainsi désinhibés et peu enclins à la réflexion, nous laissons échapper un secret que nous n’aurions jamais divulgué dans notre état normal.
La course est bonne pour le cerveau. L’effort physique favorise la croissance des cellules de l’hippocampe, ce qui augmente la mémoire à court et à long terme. THE RED BULLETIN
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En quoi un cerveau trop zélé peut-il fragiliser un mariage ?
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Comment la course renforce-t-elle la mémoire ? Explication Une étude démontre
que la course de fond développe l’hippocampe, le point de passage central du système limbique. Lorsqu’il tient la forme, il augmente notre capacité à réfléchir et à mémoriser. Précision L’hippocampe est au
Explication La partie du cerveau fron-
tal intégrée au système limbique, le cingulum (le cortex cingulaire), agit sur le comportement social. En cas d’excès d’activité, nous devenons rancuniers, peu coopératifs et colériques. Pas vraiment propice à l’harmonie relationnelle. Précision Responsable de la souplesse
cognitive et de l’adaptation sociale au quotidien, le cingulum influe sur la volonté de coopérer et la capacité à reconnaître et à saisir les opportunités. Un excès ou un déficit d’activité de cette zone peut parasiter les interactions au quotidien. L’individu tend à devenir inquiet, rigide et compulsif, autant de facteurs nuisibles aux relations. Le neurofeedback offre un moyen potentiel d’y remédier à condition pour cela que la personne concernée fasse preuve d’une réelle volonté de changer.
cœur de la mémoire à court et à long terme. Il produit chez les adultes la protéine BDNF (facteur neurotrophique issu du cerveau). Des recherches révèlent qu’un faible taux de BDNF peut être responsable d’un hippocampe de petite taille. De ce fait, un hippocampe plus petit peut expliquer une mémoire défaillante. La contraction des muscles stimule entre autres la production de BDNF. Tout cela renforce l’idée que l’effort physique dope la croissance des cellules cérébrales de l’hippocampe, améliorant ainsi la capacité de la m émoire à court et à long terme.
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Neurosciences
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Comment imaginer le job idéal et le décrocher ? Explication C’est bien connu, la foi
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Pourquoi être multitâche est-il absurde, tout en étant un moyen d’atteindre son but ?
éplace des montagnes. Une pensée d visualisée de manière précise a, pour le cerveau, valeur de réalité. Ainsi, visualiser le job idéal peut le faire devenir réalité.
Précision Toute pensée suffisamment vive entraîne l’action de neurotransmetteurs dans le cerveau. Les pensées
négatives génèrent du stress, alors que les pensées positives favorisent la réussite. Une bonne raison de soi gner nos pensées, tant elles façonnent notre réalité ! Curieusement, l’action des neurotransmetteurs n’est pas liée au fait qu’une situation est réelle ou fictive, car l’inconscient ne distingue pas la fiction de la réalité ni le rêve de la réalité. Une idée gravée dans l’inconscient devient ainsi une « vérité personnelle ». Chaque pensée laisse une trace dans le cerveau et forme un schéma qui se renforce au fur et à mesure que nous le reproduisons. Ainsi, en visualisant régulièrement son job de rêve tout en agissant concrètement dans ce sens, les chances d’obtenir ce job iront en s’accroissant. C’est exactement ainsi que bien d’autres idées deviennent réalité, qu’elles soient positives ou négatives, car l’inverse est vrai aussi. Le fait de penser qu’on est nul, en situation d’échec ou encore en surpo ids, peut devenir une idée fixe qui, avec le temps, va finir par se réaliser.
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Explication Les recherches en neuro sciences le disent : persister à entre prendre plusieurs choses à la fois semble non seulement complètement vain, mais c’est aussi le signe que l’on désire inconsciemment changer de vie.
En quoi être amoureux est-il plus fort (et plus sain) que toute autre drogue ? Explication En tombant amoureux,
le cerveau libère les mêmes neuro transmetteurs que sous l’emprise de la cocaïne pour un effet similaire, mais sans risque pour la santé. Précision Les effets initiaux d’un
coup de foudre et de la cocaïne sont très similaires. Vous éprouvez une incroyable euphorie, accompagnée parfois d’une perte d’appétit et d’une motivation décuplée – il en va de même pour l’amour et la drogue. Les neurotransmetteurs peuvent donc être activés par une autre per sonne ou par des produits chimiques. L’amour, en revanche, n’endommage ni les parois du cœur ni aucun autre organe, et après un temps, on re trouve un sommeil régulier.
Précision Mener plusieurs tâches de
front réduit l’attention que chacune d’elle nécessite. Celles-ci risquent fort d’être bâclées et entachées d’erreurs. En cas de récidive, un employeur s era amené à vous changer de poste, voire à vous licencier. Ainsi, le changement inconsciemment désiré se réalise.
En tombant amoureux, le cerveau libère les mêmes neurotransmetteurs que sous l’emprise de la cocaïne pour un effet similaire, mais sans risque pour la santé. THE RED BULLETIN
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Comment prive-t-on la peur du pouvoir qu’elle a sur nous ? Explication La plupart du temps, l’an-
xiété résulte d’une « programmation » erronée de l’inconscient, une erreur qui peut cependant être corrigée. Précision L’inconscient n’est, hélas
– contrairement à la conscience – ni rationnel ni analytique et établit souvent des liens illogiques. Cette « programmation erronée » peut déclencher des peurs, mais aussi des blocages, des comportements de dépendance, des allergies ou d’autres symptômes physiques, dont la cause ne peut être analysée. La thérapie moderne par l’hypnose permet toutefois de découvrir l’origine de cette anxiété et de la neutraliser. Le changement alors obtenu est quantifiable, en mesurant par exemple les performances de certaines parties du cerveau face à des situations déterminées avant et après la thérapie. Si un traumatisme peut survenir en l’espace de quelques millisecondes, la thérapie peut, elle, le dénouer tout aussi rapidement. BRAINPICS GMBH
ABSTRACTION CÉRÉBRALE
Deux œuvres de résonance magnétique signées Hussong et Stämpfli. Envie d’immortaliser et d’encadrer le circuit de vos pensées ? Rendez-vous sur : brainpics.ch THE RED BULLETIN
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RED BULL FLUGTAG 2021.
SUR LES AILES DE L’IMAGINATION.
19 SEPTEMBRE, LAUSANNE, BELLERIVE-PLAGE
Les chevaliers du ciel les plus fous de Suisse reprennent enfin leur essor ! À partir de 13 heures, les intrépides pilotes monteront dans leurs machines volantes avant d’amerrir dans le lac Léman. Vous ne voulez pas manquer ça ? Ouverture des portes à 11 heures, toutes les infos sur les vols sont sur :
www.redbull.ch/flugtag
PERSPECTIVES Expériences et équipements pour une vie améliorée
GONFLÉ À BLOC
STEFAN KUERZI/RED BULL CONTENT POOL
SIMON SCHREYER
Une visite des blocs du Tessin en compagnie du maestro Giuliano Cameroni en Suisse méditerranéenne.
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PERSPECTIVES voyage
« La plus grande concentration de passages ardus en Europe se trouve dans le Tessin. » Le pro de l’escalade Giuliano Cameroni, 24 ans, nous parle de sa terre natale
J
e n’étais pas né que, déjà, j’escaladais les blocs du Tessin. Ma mère ne ratait jamais une occasion de faire du bloc, même lorsqu’elle était enceinte. Mon jeune frère Diego et surtout mon père Claudio sont également connus chez moi en tant que grimpeurs. Mon père a même écrit quatre guides reconnus consacrés au Tessin. L’escalade est donc une véritable affaire de famille chez nous. Et les zones de blocs de la région constituaient mon terrain de jeu alors que je n’avais pas encore soufflé mes cinq bougies. Il y a quatre zones importantes de blocs dans le Tessin : Cresciano, Chironico, Brione et le col du Saint-Gothard. Elles sont toutes de première catégorie : les blocs de granit et de gneiss offrent des structures compactes qui offrent des prises. Il arrive rarement que l’une d’elles se casse. De plus, les blocs se présentent de telle manière que les mouvements semblent se décider d’eux-mêmes. On dirait que la Création a réfléchi pour nous. Dans le Tessin, il y a une plus grande concentration de passages ardus que n’importe où ailleurs en Europe. Et c’est exactement ce qui stimule les 72
Chez-soi de pierre : le pro de l’escalade Giuliano Cameroni sur un bloc dans le Tessin.
Tourbillons naturels du ruisseau de montagne limpide du Val Verzasca, dans le Tessin. Un coup de frais après avoir escaladé les blocs. THE RED BULLETIN
Comment s’y rendre En voiture : depuis Zurich, vous pouvez rejoindre le tunnel du Saint-Gothard en environ 1 h 30 (sans péage). Une vignette autoroutière pour dix jours coûte 9,40 € / 10,29 CHF. Nous vous recommandons d’y faire un arrêt car le col du Saint- Gothard est un bloc de rêve. Si vous empruntez le tunnel, vous atteindrez Bellinzone une heure après la sortie. De là, il ne vous faudra que quelques minutes pour gagner Cresciano.
Zurich Berne
Suisse
CANTON DU TESSIN Cresciano Lugano
En train : la durée du voyage de Zurich à Bellinzone est d’environ 2 heures. Prix des billets : 71 € / 77, 8 CHF.
STEFAN KUERZI/RED BULL CONTENT POOL, EVOLUTIONCENTER.CH, GETTY IMAGES (2) SIMON SCHREYER
Le village de Lavertezzo du Val Verzasca : pour faire du bloc et se baigner dans la nature.
Bon à savoir
grimpeurs ambitieux. Mon expérience m’a fait réaliser que chaque pierre possède sa propre énergie.
Hébergement : Barbara et Cornelia gèrent l’Ostello Cresciano qui devient de plus en plus populaire auprès des grimpeurs. Le petit-déjeuner est inclus, le wifi est gratuit et le salon confortable. Les alternatives incluent Airbnb ou trois campings (Al Censo, Bellinzone ou Agriturismo La Finca) si vous arrivez en monospace.
Que vous soyez débutant ou expert, ici tout le monde peut grimper
Voici trois blocs en détail. Ils sont situés dans ma région préférée, Cresciano. Commençons par le plus difficile, le niveau de difficulté (qui peut s’élever jusqu’à 9a) est indiqué entre parenthèses : Dreamtime (8b+/8c), 7 mètres de long, 3 mètres de haut, est un classique avec vingt et un mouvements suivis d’un jeté ou dyno à la sortie. La voie passe dans un dévers à 50 degrés, se monte de THE RED BULLETIN
Pour les journées pluvieuses, il y a deux salles de blocs : Alpha Boulder à Giubiasco et le centre d’escalade Evolution (photo de gauche) à Taverne. S’il pleut : centre d’escalade Evolution à Taverne.
Infos : ostello-cresciano.online
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PERSPECTIVES voyage
Le Ponte dei Salti, dans le Val Verzasca, invite les casse-cou à se jeter à l’eau.
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« Dans le Tessin, la roche parle aux grimpeurs. » Giuliano Cameroni, 24 ans, pro du bloc
En outre, il se dégage de la région une atmosphère paisible. S’il y a trop d’animation à Cresciano (ce qui arrive rarement), vous pouvez toujours aller à Chironico dans le district de Léventine. Pour nous rafraîchir, mes amis et moi aimons nous baigner dans le Val Verzasca. Le ruisseau de montagne limpide de cette vallée idyllique crée des tourbillons naturels avec des courants agréables. Alternative attrayante : Ponte Brolla dans la vallée voisine de la Maggia. Vous pourrez y sauter dans l’eau depuis des hauteurs de plusieurs mètres et parfois observer des plongeurs de falaise professionnels. Plus sur Giuliano Cameroni : Instagram : @giuliano_cameroni ; redbull.com THE RED BULLETIN
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Pour se rafraîchir, une baignade dans le Val Verzasca
GETTY IMAGES, STEFAN KUERZI/RED BULL CONTENT POOL
droite à gauche avant de revenir par le milieu. Ce que j’aime ici, c’est la fluidité des mouvements. La grotte des soupirs (7c), 4 m de long, 2 m de haut, est un toit caverneux avec de larges prises. Elle propose une séquence qui n’est pas trop difficile, mais qui demande de l’énergie. Les efforts demandés et l’acoustique ont inspiré le premier grimpeur, Fred N icole, à lui donner ce nom. Il Cerchio Celtico (6a+), 4 m de long, 2 m de haut et probablement un ancien site de culte celtique, est situé sur une colline qui offre un panorama incroyable. Cinq voies qui servent d’échauffement pour les experts, ou de point de départ pour les débutants, mènent au bloc. La plupart des blocs sont cachés au plus profond du paysage sauvage, loin de la civilisation. Autre atout de la région : dans le Tessin, on peut grimper toute l’année et le soleil est très souvent au rendez-vous !
partICIpe aU DÉFI ULtIme De Gps traIL rUNNING
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PERSPECTIVES playlist
24KGOLDN
Le vers galant Le MC connu pour son énorme succès Mood révèle les quatre morceaux qui le mettent bien pour un premier rencard. Le rap emo, mélange de hip-hop, de mélodies rock indé et de textes lyriques, rencontre un certain succès depuis dix d’ans, porté par des artistes comme Lil Uzi Vert et XXXTentacion dont les albums caracolent en tête du hit-parade américain. Mais l’étoile montante se nomme Golden Landis Von Jones, 20 ans, alias 24kGoldn. Le Californien, chanteur, auteurcompositeur et ex-enfant acteur, est révélé en 2019 avec Valentino, titre devenu platine. Mood, sorti en 2020 et en tête des¿ ventes, achèvera d’établir durablement son succès. Ce titre, qui évoque une relation toxique, passerait mal pour un premier rendez-vous, mais les quatre qu’il nous propose ici b riseront la glace.
« Le morceau date du début des années 2000, mais il n’a pas pris une ride. Toutes les répliques d’un premier rendez-vous y sont : “Salut Beauté, quoi de neuf ? Laissons-nous aller.” Tout est dit, pas besoin d’en rajouter. Je me vois bien en compagnie d’une fille dans une voiture avec cette chanson, les vitres baissées, en route vers le lieu de notre premier flirt. »
50 CENT FEATURING NATE DOGG
21 QUESTIONS (2003)
« Un premier rendez-vous d evrait toujours être l’occasion de savourer l’ambiance en v eillant à ne pas la perturber. P aper Planes fait partie de ces chansons avec un petit côté bop qu’on aime écouter en allant à la plage. Je l’ai découverte en regardant le film Slumdog Millionaire, dans la folle scène de train quand il voyagent clandestinement à travers l’Inde. Un moment marquant. »
« “M’aimerais-tu si j’étais sans le sou ? M’aimerais-tu dans un bus ? M’aimerais-tu si je grillais des h amburgers dans un restau ?” Ces questions extraites du morceau devraient servir de test lors d’un premier rencard. La nostalgie peut exercer un puissant attrait. Si l’on ne peut pas apprécier de vieux morceaux ensemble, mieux vaut ne pas donner suite. »
A$AP ROCKY FEAT. DRAKE, 2 CHAINZ & KENDRICK LAMAR
FUCKIN’ PROBLEMS (2012) « Parfois, il faut savoir être cash dès le début. Ça simplifie les choses au f inal. Donc, comme le disent les paroles, “J’aime les garces. C’est mon putain de problème”… mais peut-être que nous pouvons le résoudre ensemble. Le flow de Kendrick sur ce morceau est dingue. Cette chanson au casting de stars est sans doute la plus sous-estimée qui soit. »
Le premier album de 24KGoldn, El Dorado, sur Columbia Records ; 24kgoldn.com
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WILL LAVIN
HEY MA (2002)
M.I.A.
PAPER PLANES (2007)
JORDAN WHITE/JAY
CAM’RON FEATURING JUELZ SANTANA
Le golden boy du rap emo : 24kGoldn influence le nouveau genre hip-hop.
PERSPECTIVES montres
LONGINES HYDROCONQUEST
Vague verte
Un bel accessoire pour votre prochaine plongée : ce modèle Longines allie élégance, sportivité et perfection technique. Cette montre HydroConquest, étanche à 30 bar grâce à son boîtier en acier inoxydable de 41 mm de diamètre avec fond et couronne vissés, est la compagne idéale pour les amateurs de plongée. Le cadran vert mat et la lunette en céramique contrastent subtilement avec les aiguilles et la couronne en PVD jaune. Prix public conseillé : 1 700 CHF ; longines.ch
WOLFGANG WIESER
BELLE PRESTATION Le bracelet en caoutchouc vert de cette montre de plongée est parfaitement assorti au cadran et à la lunette en céramique.
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PERSPECTIVES montres
TISSOT SEASTAR
Grande entrée Pour les amateurs de sports nautiques, soucieux de briller aussi sur la terre ferme : voici une montre avec laquelle on ne passe pas inaperçu. La classique de Tissot sous forme de chronographe : une grande entrée en matière, au sens propre du terme : le boîtier de cette montre de plongée (étanchéité à 30 bar) fait 45,5 mm de diamètre ! Détail sympa : sur la lunette, les 20 premières minutes sont affichées par incréments de minutes, est particulièrement pratique, et apprécié par les plongeurs. Prix : 545 CHF. tissotwatches.com
WOLFGANG WIESER
SURPRISE Le mouvement à quartz assure la précision. La couronne, les poussoirs et le fond du boîtier sont vissés. Non visible : l’hippocampe gravé sur le fond du boîtier.
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THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES agenda
9 octobre COURSE AUTOMNALE La course autour du lac de Hallwil est une belle virée dans la nature, sur la distance d’un semi- marathon (21,1 km ou 10 km). R endez-vous le samedi 9 octobre pour courir sur les sentiers bordant le lac, en passant dans la nature et les vignobles, au pied du château à douves de Hallwyl. Infos : hallwilerseelauf.ch
NICK LAVECCIA/RED BULL CONTENT POOL, RED BUL CONTENT POOL, SWISSIMAGE.CH/ANDY METTLER (2)
Recommandé BELLA VITA : L’HISTOIRE DE LA SCÈNE SURF ITALIENNE Les vagues de la côte italienne appellent le free surfeur américain Chris Del Moro en pèlerinage vers la patrie de ses ancêtres, en Toscane, où il explore comment les traditions du vieux monde y ont influencé le monde du surf. Pendant une heure et demie, le film nous entraîne dans un voyage dans le temps, dans le passé de Chris Del Moro. Vidéo à la demande sur Red Bull TV.
Recommandé REPOUSSER LES LIMITES DE L’ESCALADE Valley Uprising est le récit fascinant et inoubliable de la tradition audacieuse de l’escalade dans le parc national de Yosemite : un demisiècle de lutte contre les lois de la gravité et les lois du pays. Un film extraordinaire de 100 min qui met l’escalade en lumière. Sur Red Bull TV. THE RED BULLETIN
31 octobre SWISS CITY MARATHON Marathon, semi-marathon ou CityRun (8,5 km), le 31 octobre, il y en aura pour tous les goûts à Lucerne. Les participant(e)s pourront choisir la distance à réaliser. Avec des parcours qui passent par les sites incontournables de la ville, le Swiss City Marathon est un régal pour les amatrices et amateurs de course à pied. swisscitymarathon.ch 79
PERSPECTIVES The Edge
Au sommet avec Sam Anthamatten et Jérémie Heitz.
L’AVENTURE EN RÉALITÉ VIRTUELLE
Le Cervin pour tous
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d’un harnais et de lunettes de réalité virtuelle, des trackers pour les mains et les pieds et un sac à dos qui sert d’ordi.
Une initiative inédite À l’origine du projet Red Bull The Edge, il y a deux cinéastes genevoix, Consuelo Frauenfelder, 43 ans, et Stefan L auper, 42 ans, patrons de la société Garidi Films. « Nous souhaitions rendre le Cervin accessible à tous grâce à cette expérience interactive et extrêmement réaliste », explique Frauenfelder.
ROMINA AMATO/RED BULL CONTENT POOL
Escalader le Cervin une fois dans sa vie et admirer un panorama unique à 4 478 m d’altitude, le tout, sans être un as de l’escalade, tel est l’objet du Red Bull The Edge. Depuis le 23 juin, le musée des transports de Lucerne vous propose de vivre l’incroyable conquête de ce sommet. Sous la direction experte du freerider Jérémie Heitz et du guide de montagne Sam Anthamatten, vous vous lancez à l’assaut du pic emblématique par la voie habituelle du Hörnli, équipé seulement
SIMON SCHREYER
Vous rêvez d’escalader le Cervin, mais ne disposez pas du niveau d’alpiniste requis ? Vous pouvez désormais vivre cette fascinante expérience à Lucerne.
Les effets spéciaux vent et vibrations apportent du réalisme. THE RED BULLETIN
Vision 3D, effets 4D L’alpiniste et spécialiste de réalité virtuelle Jonathan Griffith a filmé en haute résolution les sept heures d’ascension de Jérémie Heitz et Sam Anthamatten afin de produire les images nécessaires. Des scénographes aidés de drones spéciaux ont ensuite recréé les alentours du Cervin dans les moindres détails, un réalisme que renforcent les effets spéciaux simulant entre autres vent, vibrations et relief. Résultat : les longueurs les plus spectaculaires se parcourent en casque RV sur le mur d’escalade construit dans un pavillon au Musée.
Âmes sensibles s’abstenir ! L’ascension est accessible à toute personne âgée de plus de 12 ans, mesurant au moins 140 cm et ne craignant pas le vertige. Le réalisme du Red Bull The Edge est tel qu’il provoque des sueurs froides même chez des alpinistes expérimentés. Toutefois, l’expérience virtuelle présente un avantage de taille comparé à l’escalade réelle du Cervin : si l’aventure tourne au cauchemar et que vous souhaitez retrouver rapidement le plancher des vaches, il vous suffit de retirer le casque.
Expérience virtuelle au Cervin Red Bull The Edge s’inscrit dans le cadre de l’exposition Altitude — Haute performance en montagne de Red Bull Media World. 24 CHF, tarifs réduit pour étudiants et écoliers, et avec le pass Musée Suisse des Transports valable une journée. Infos : redbull.com/theedge
THE RED BULLETIN
« UNE EXPÉRIENCE 3D D’UN RÉALISME SAISISSANT » Maîtres d’œuvre de Red Bull The Edge, Consuelo Frauenfelder et Stefan Lauper expliquent en quoi leur projet est unique. the red bulletin : À quoi les visiteurs du Red Bull The Edge doivent-ils s’attendre ? consuelo frauenfelder : À une forte dose d’adrénaline ! L’ascension virtuelle du Cervin démarre au refuge Solvay, à plus de 4 000 m d’altitude. Ce départ à la verticale provoque d’entrée des sueurs froides. Le mur d’escalade reproduit fidèlement la raideur de l’épaule du Cervin. Pour moi, c’est vraiment le point d’orgue de l’exposition. Un autre moment très fort, c’est évidemment l’arrivée au sommet
À qui s’adresse cette expérience de RV ? À tous les amoureux de la montagne capables de grimper sur un mur d’escalade de cinq mètres de haut avec un harnais et une corde de sécurité. L’esprit d’aventure est un plus, car après tout le sommet du Cervin reste un lieu réel inaccessible pour la plupart d’entre nous.
stefan lauper :
« Cette ascension virtuelle en RV est un grand moment d’émotion. » Consuelo Frauenfelder et Stefan Lauper, les cinéastes de Red Bull The Edge
nous voulions transmettre l’expérience de l’alpinisme à un large public. Notre succès se résume à une expérience virtuelle d’un réalisme saisissant. frauenfelder : Une réussite qui a fait du projet une première mondiale. L’escalade proposée n’utilise qu’une partie de la voie réelle… frauenfelder : C’est exact. L’ascension réelle se fait en sept heures environ. L’ascension virtuelle ne dure qu’une fraction de celle-ci. Nous avons sélectionné les passages les plus intéressants et les avons enchaînés de manière fluide de sorte que les changements de section se remarquent à peine.
D’où vient cette fascination pour le Cervin ? frauenfelder : Par son histoire et sa forme, le Cervin représente une montagne mythique, notamment pour la Suisse. L’immense panorama qu’offre son sommet englobe près de 40 sommets de 4 000 m s’étendant sur trois pays, la Suisse, l’Italie et la France.
Quelle est la longueur la plus spectaculaire ? lauper : Pour moi, c’est clairement l’arête du sommet. On s’y retrouve en équilibre au bord du vide, qui du côté sud italien atteint 1 000 m.
Comment est née l’idée du projet ? lauper : Nous ne sommes pas alpinistes et n’avons jamais mis les pieds sur le Cervin bien que nous ayons poussé une fois jusqu’au refuge du Hörnli (point de départ de l’ascension, ndlr), avant de rebrousser chemin par manque de préparation physique (rires). Mais la montagne nous fascine, et en tant que cinéastes,
Quels ont été les défis posés par les séquences vidéo ? lauper : Le défi majeur fut d’assembler les images HD prises avec des drones spéciaux. Il nous a fallu filmer la quasi-totalité de la montagne, mètre par mètre et traiter d’immenses quantités de données. Mais le résultat en valait la peine, le réalisme est bluffant. 81
POUR UNE MER EN BONNE SANTÉ UNE MODE RÉCUP Une photo qui montre clairement ce qui distingue la mode d’Ecoalf : pour la collection automne, la marque espagnole utilise le Ocean Yarn, un fil fabriqué à partir de bouteilles en plastique récupérées en mer. ecoalf.com
TOUR DU MONDE EN IMAGES EXPOSITION DU PHOTOGRAPHE STEVE MCCURRY L’artiste américain Steve McCurry a parcouru le monde pour réaliser des photos exceptionnelles (ici : des moines Shaolin à Zhengzhou, en Chine). Elles sont à voir jusqu’au 20 octobre à Zurich. stevemccurry.ch
PROTECTION SOLAIRE INCLUSE Un tissage à base de marc de café protège des UV.
MUTITÂCHES OUTIL MULTIFONCTION, LAND ROVER Pince à ressort, couteau, décapsuleur, scie, ouvreboîte… pour ne citer que quelques-uns des neuf outils en acier inoxydable renforcé qui se cachent dans ce fourreau orange vif. MacGyver serait envieux. shop.landrover.de
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ATELIERJUNGWIRTH.COM/STEVE MCCURRY, LAND ROVER, ECOALF.COM, SAINT LAURENT BY UNITED OPTICS, GETTY IMAGES, LAWRENCE SCHILLER/TASCHEN.COM
PARÉ ! Avec cet outil dans la poche, rien ne peut plus vous surprendre.
PERSPECTIVES tendance TRANSPARENCE LUNETTES DE SOLEIL, YVES SAINT LAURENT Cette paire de lunettes de soleil signées Yves Saint Laurent révèle un style sans fard : la teinte vert fumé de ces lunettes rectangulaires est idéale pour les personnes au visage rond qui recherchent un look sophistiqué. ysl.com
BRILLANTE APPARENCE Branches couleur or et verre à monture discrète.
Que du bon ! Plaisirs multiples : des images émouvantes, la nouvelle définition du costume Armani et une star pour l’éternité.
REVU ET CORRIGÉ LA VISION DE GIORGIO ARMANI Le créateur de mode, qui honore l’élégance depuis les années 1970, redéfinit le costume dans sa collection été 2022 : « Nous nous habillons de manière plus décontractée. Un costume ne se compose plus d’un blazer et d’une veste, mais aussi d’une chemise et d’un pantalon. » armani.com
THE RED BULLETIN
FOREVER YOUNG MARILYN & ME : UN LIVRE À COUPER LE SOUFFLE Lawrence Schiller avait 25 ans lorsqu’il fut mandaté pour photographier Marilyn Monroe. Trois mois plus tard, l’icône hollywoodienne n’était plus. L’histoire de cette séance photo mémorable et les clichés réalisés sont enfin réunis dans un livre. taschen.com
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CLASSIQUES REVISITÉS
Une brutalité féérique Alice au pays des merveilles et d’autres contes qui tournent au cauchemar : l’auteure américaine Christina Henry s’empare des classiques pour enfants et les adapte pour les adultes. Texte JAKOB HÜBNER
L
ewis Carroll était écrivain, photographe et théologien, mais aussi mathématicien de formation. Et à ce titre, les principes de la logique n’avaient aucun secret pour lui. Aussi lorsqu’en 1865, il rédige Alice au pays des merveilles, son plus célèbre conte fantastique, le Britannique manie avec précision le levier du surréalisme. Le livre rencontre un immense succès. Les aventures de la petite Alice qui, en suivant un lapin dans son terrier, se trouve propulsée dans
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un royaume fantastique absurde, font depuis partie des classiques de la littérature mondiale. En outre, Alice a inspiré un grand nombre d’artistes célèbres au cours des 150 dernières années, allant de Salvador Dalí à John Lennon. Le livre connaîtra même une suite, De l’autre côté du miroir, et sera adapté au cinéma une cinquantaine de fois à ce jour. Voilà qui est impressionnant pour un livre d’enfants. C’est au plus profond de cette source d’inspiration intarissable que l’auteure
américaine Christina Henry puise toute sa force. Elle ne se contente pas de grappiller quelques raisins secs du pays des merveilles, mais s’empare de tout le gâteau. Ses angoissantes Chroniques d’Alice constituent une version pour adultes du conte de fées. Si elle n’est certes pas la première à revisiter ce classique pour enfants (voir les exemples ci-contre), sa version est cependant la plus réussie à ce jour, mais la plus diabolique aussi. Henry ancre son Alice a deux niveaux. En premier lieu, tous les personnages secondaires sont ceux du conte original. Ensuite, l’absurde s’impose à elle avec la désarmante simplicité d’un rêve, qui se transforme en cauchemar sous la plume de Henry. THE RED BULLETIN
VINZ SCHWARZBAUER
PERSPECTIVES bouquins
Premier paragraphe de Ombres au pays des merveilles Lorsqu’elle se tenait sur la pointe des pieds, en s’étirant de tout son long, la joue pressée contre le mur et la tête tournée vers la gauche, elle pouvait à peine apercevoir l’extrémité de la lune à travers les barreaux. Une tranche de fromage, une tranche de gâteau, une tasse de thé, par pure politesse. Quelqu’un lui avait un jour proposé une tasse de thé, quelqu’un aux yeux bleu-vert et aux longues oreilles. Bizarrement, elle ne se souvenait pas de son visage. Cette partie de sa mémoire était embrumée, comme enveloppée de fumée, où seuls les yeux et les oreilles apparaissaient distinctement. Des oreilles longues et velues.
Violentée et rejetée par sa famille, Alice croupit depuis une dizaine d’années dans la cellule capitonnée d’un sinistre établissement psychiatrique dont les méthodes thérapeutiques se limitent aux sédatifs et à l’enfermement. Hormis des infirmiers sadiques, elle n’a de contact social — à travers un trou creusé par une souris — qu’avec une seule personne : son voisin de cellule, Hatcher, un tueur à la hache bipolaire, mais par ailleurs attachant et agile combattant. À la faveur d’un incendie dans l’asile, Alice et Hatcher décident de se faire la belle ensemble. Désormais libres, ils rêvent de vengeance sanglante avec, pour cibles, le chat du Cheschire, la chenille, le morse, le lapin blanc, Jabberwocky et la reine blanche. Tandis que Hatcher se fraie un chemin à l’aide de moyens rustiques, Alice découvre peu à peu que sa folie comporte des pouvoirs magiques… Née en 1974, Christina Henry n’en est pas à son premier coup d’essai — sa série Black Wings enchaîne les succès depuis des années — mais le battage médiatique autour d’Alice a quelque peu surpris. Le premier volume, Darkness in Wonderland, rejoint dès sa sortie les listes de best-sellers internationaux et celle des meilleurs livres de l’année chez Amazon. Le succès commercial suscite même des THE RED BULLETIN
commentaires bienveillants dans les pages culturelles des quotidiens, qui généralement ne tiennent pas la littérature grand public en grande estime. Cela tient probablement à la célèbre œuvre originale, mais aussi au style narratif de Henry, profondément singulier et d’une cruauté enfantine, dont l’ambivalence crée une atmosphère des plus étranges. Par moments, on a l’impression d’assister à une curieuse veillée de scouts autour d’un feu de camp, des scènes émaillées de phrases dont Henry a le secret, des phrases que l’on aimerait e ncadrer et accrocher au mur. Et ce n’est pas près de s’arrêter. Les sombres chroniques de Peter Pan sont attendues cet été en anglais, et celles de La Petite Sirène et du Petit Chaperon rouge sont en cours de traduction. Donc pas d’inquiétude, Christina Henry ne raconte pas d’histoires, et des contes de fées encore moins !
CHRISTINA HENRY Alice En anglais Éditions Ace
CONSEILS LECTURE
Il était une fois… Quelques autres exemples de contes de fées pour adultes.
FRANK BEDDOR Dans son adaptation d’Alice au pays des merveilles, Frank Beddor, ex-double champion du monde de ski acrobatique avec l’équipe américaine, nous entraîne dans un thriller fantastique riche d’actions, mais aussi d’humour. Dans la préface, l’auteur promet une histoire « saturée d’hémoglobine, de meurtres, de vengeance et de guerre ». Promesse tenue. Les Guerres du Miroir (Bayard Jeunesse)
WALTER MOERS Walter Moers (alias Hildegunst de Taillemythes dans le livre) est probablement le conteur le plus ingénieux de la littérature contemporaine. Dans Ensel und Krete, il déplace le célèbre duo frère-soeur imaginé par les frères Grimm en Zamonie, son royaume fantastique peuplé de créatures étranges telles que le grand méchant loup ou le poulet à double tête. Ensel und Krete (non traduit)
NICOLE BÖHM Récipiendaire de deux prix du livre fantastique allemand pour sa série jeunesse Die Chroniken der Seelenwächte (trad. Chroniques des gardiens des âmes), Nicole Böhm est aussi l’auteure de Wer hat Angst vorm bösen Wolf? (trad. Qui a peur du grand méchant loup ?), roman nettement plus sombre, mais tout aussi réussi, qui avec Spieglein, Spieglein an der Wand (« Miroir, mon beau miroir ») forme une duologie de conte de fées où la romance côtoie le suspense. Das Vermächtnis der Grimms (non traduit)
NELSON MANDELA Dans cette anthologie magnifiquement illustrée publiée en 2004, le défenseur de la liberté, prix Nobel de la paix et premier président noir d’Afrique du Sud rassemble ses contes africains préférés. Une véritable collection de joyaux poétiques empreints d’humour et de sagesse et dont la magie captive aussi bien les enfants que les adultes. Contes d’Afrique pour les enfants du monde (France Loisirs)
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PENTHOUSE VW CALIFORNIA 6.1 Respect ! Voici tout ce que vous aurez avec la version actuelle du camping-car culte : lit mezzanine, kitchenette avec réchaud à gaz deux feux, réfrigérateur et tellement d’espace de rangement que rien ne troublera votre impression de salon. À partir de 50 140 CHF, volkswagen-nutzfahrzeuge.ch
BELLE VUE Quoi de mieux qu’un lit surélevé, sinon un lit doté d’une grande fenêtre panoramique ?
Se faire la belle ! La saison du camping bat son plein : profitez-en pleinement avec un équipement adapté à toute situation.
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PERSPECTIVES outdoor
DÉBUTANT
EXERCICE LÉGER
Cuisine à emporter
RAB DOWNPOUR ECO JACKET
EMIR HAVERIC/VOLKSWAGEN AG
En randonnée, chaque gramme économisé compte, surtout pour les débutants. Ceuxci devraient donc apprécier cette veste ultralégère de 280 grammes, imperméable et résistante aux pluies diluviennes. Bonus : elle est fabriquée en matériaux recyclés et peut être elle-même recyclée. Environ 160 CHF, rab.equipment
Primus Onja Stove
Ce réchaud à gaz est fait pour un week-end de camping relax : il se plie et se range facilement sous son couvercle en bois de chêne. Il est doté d’une bandoulière pour un transport aisé et de deux brûleurs pour la préparation de l’accompagnement jusqu’au plat principal – ou pour une double portion… Environ 175 CHF, primusoutdoor.de
BON SOUTIEN
TOUT USAGE
KING-SIZE
MATELAS PNEUMATIQUE TREVOLUTION 3D
VW CADDY CALIFORNIA SPIRIT
MARMOT IDLEWILD DOUBLEWIDE
On se souvient tous de la colo, de ses tapis de sol trop durs et de ses matelas pneumatiques dégonflés. Notre dos mérite mieux. Comme ce tapis : 195 cm de long, 66 cm de large et, une fois gonflé, dur comme vos mollets après une randonnée. Si vous ne voulez pas le gonfler à la bouche, vous pouvez utiliser la pompe à pied (14,90 CHF). 89,90 CHF, sportxx.ch
Ville, campagne ou rivière ? Quels que soient vos projets de camping, ce véhicule compact cinq places avec kitchenette escamotable, table pliante et sièges vous y conduira. En plus du lit arrière, il se déploie pour inclure une tente quatre à six personnes grâce à une structure gonflable. À partir de 29 020 CHF, volkswagen-nutzfahrzeuge.ch
Qui a dit que vous deviez nécessairement dormir seul en camping ? Dans ce sac de couchage double, vous pouvez vous tenir chaud mutuellement mais ce modèle n’offre pas que cela. Vous aurez aussi une fermeture éclair sur toute la longueur et un coupevent intégré qui réduira davantage les pertes de chaleur. Env. 260 CHF, marmot.eu
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PERSPECTIVES outdoor
QUE LA LUMIÈRE SOIT
BAROUDEUR
LUPINE BETTY TL2 Avec une puissance lumineuse de 5 000 lumens, elle éclaire des grottes entières avec quatre modes d’éclairages et onze programmes, de la lumière rouge au signal SOS. La lampe résiste à l’eau, aux rayures et aux chocs, et la batterie peut être rechargée dans le camping-car grâce à la station d’accueil 12 et 24 V. Env. 915 CHF, lupine-shop.com
INTO THE WILD HYMER GRAND CANYON S CROSSOVER Avec cet utilitaire, vous partez à l’aventure jusqu’à dix jours en autonomie (système d’énergie solaire sur le toit, batterie intelligente, réservoir d’eau propre 100 litres). Un châssis rehaussé, des pneus tout-terrain et une transmission à quatre roues motrices commutable assurent une liberté de mouvement totale. Dès 128 300 CHF, hymer.com
ZONE DE PROTECTION BIG AGNES COPPER SPUR HV UL2 Même lorsque la tempête fait rage à l’extérieur, vous êtes en sécurité dans cette tente d’expédition. Confectionnée en nylon ultraléger, elle résiste à une pluie continue, même forte. L’ouverture dans la porte vous permet de vérifier le temps sans laisser entrer l’air froid. Env. 540 CHF, bigagnes.com
Palanquin extrême Darc Mono
Aucune rivière n’est trop large, aucun sommet n’est trop haut : ce camion vous accompagnera dans votre quête des grands espaces. Deux personnes peuvent y passer quatorze jours, dans un confort maximal : la spacieuse cabine en carbone recyclé offre 8 m² d’espace, un lit queen size et un équipement de bureau avec projecteur 4k. Dès 384 700 CHF, darc-mono.com 88
EN TOUTE OCCASION KATADYN SURVIVOR 06 Sel, virus, bactéries… Le Survivor 06 élimine tout cela de l’eau. L’eau de l’étang le plus sale devient potable. Un appareil pour les urgences – qui, grâce à sa petite taille et à son faible poids de 1,13 kg, convient à tous les types d’expéditions. Environ 1 090 CHF, katadyn.com THE RED BULLETIN
STEFAN SCHLUMPF/DEUTER
LÉGER Fabriquée à partir de carbone recyclé, la cabine permet de réduire le poids de 35 %.
Il vous tient chaud Deuter Astro Pro 1000
Ce sac de couchage en duvet s’adapte parfaitement au corps pour vous garder au chaud même lors de randonnées extrêmes. Ses coutures chambrées et sa housse intérieure élastiques offrent une liberté de mouvement. Il garantit aux alpinistes des nuits confortables jusqu’à – 21 °C, même en plein air grâce au matériau extérieur hydrofuge. Environ 600 CHF, deuter.com
SAC INTELLIGENT Doté d’une poche intérieure et d’un col thermique qui empêche l’air froid d’entrer.
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Fer chaud
Skotti Grill
EN KIT Pour que le gril tienne dans le sac, on le démonte à plat.
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Qu’as-tu dans ton sac ? Un gril ! Le barbecue à gaz Skotti prend la place d’un ordinateur portable. En cas de panne de gaz, vous pouvez aussi utiliser du charbon ou du bois. De plus, il a l’air cool et est fabriqué en acier inoxydable de haute qualité, de sorte qu’il est inusable. Pour des hamburgers parfaits, même dans plusieurs années. Env. 179 CHF, skotti-grill.eu
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PERSPECTIVES outdoor
STYLER
ROMANTIQUE
Glamping
LEDLENSER ML4 WARM LIGHT
VW Grand California
THOMAS GRIESBECK/SKOTTI, MARTIN ERD/SUNLIGHT
Un chez-soi mobile qui répond à toutes vos attentes ! Avec son réservoir d’eau propre de 110 litres et celui d’eaux usées de 90 litres, ainsi que le bloc-cuisine entièrement équipé, vous n’êtes pas limité aux terrains de camping. Vous pouvez également vous arrêter dans la nature, du moment que cela est autorisé. Dès 70 510 CHF, volkswagen-nutzfahrzeuge.ch
Camouflage
Sea to Summit Alto TR2 Ultralight Sobriété et discrétion assumées, grâce à la jolie couleur vert pâle de cette tente dôme innovante, qui disparaît pratiquement dans la nature. Légère comme une plume, elle prend peu de place et dispose d’une belle hauteur, ce qui garantie une meilleure ventilation. Malin. Environ 535 CHF, seatosummit.de
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Rien ne vaut une nuit à la belle étoile, éclairé par la seule lune. Mais s’il vous faut un peu plus de lumière ou s’il fait nuit noire, cette mini-lanterne est pour vous. À peine plus grande qu’une boîte d’allumettes, elle fournit néanmoins une lumière chaude et brillante, non éblouissante. Environ 45 CHF, ledlenser.com
BONNE ASSISE HELINOX SUNSET CHAIR & BENCH ONE TIE DYE De l’art à quatre pattes : le designer Tae-Hun Kim a habillé cette chaise de camping de nouvelles couleurs. Tie and dye est le nom de cette technique, symbole de paix et de liberté. Ces chaises colorées, ultralégères et pliantes vous procureront de bonnes vibes, où que vous soyez. Chaise : env. 165 CHF, banc : env. 330 CHF, helinox.eu
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B O U L E VARD DES HÉRO S
MARK SPITZ
AMOUREUSE DE SUPERMAN MICHAEL KÖHLMEIER raconte les destins hors du commun de personnages
inspirants, dans le respect des faits et de sa liberté d’écrivain. Ce mois-ci : la passion dévorante d’une adolescente pour un champion olympique à l’été 1972.
C’
est une vieille histoire, m’aimait bien aussi, elle venait s’asseoir que l’on se remémore tanavec nous pour regarder les Jeux. Et tôt comme un bon, tantôt puis un jour, sans prévenir, elle tomba comme un mauvais souvenir. amoureuse. Elle fut soudain prise d’une Elle s’est déroulée au cours passion dévorante, un amour total, de l’été 1972, pendant les Jeux olymfervent, désespéré – de toute ma vie je piques de Munich. Pour les fans de sport n’avais vu, et ne verrai jamais personne comme moi, ce fut d’abord un excellent aimer quelqu’un d’une telle ardeur. La MICHAEL KÖHLMEIER L’Autrichien est considé- petite sœur de mon ami tomba follement souvenir… qui eut un goût amer aussi, ré comme l’un des puisque ces JO furent le théâtre d’un amoureuse de Mark Spitz. meilleurs conteurs du drame sanglant : des terroristes palesmonde germanophone. tiniens prirent en otages des membres e qui, finalement, n’avait rien d’étonDernière parution en nant : Mark Spitz était un champion de la délégation israélienne, tuant deux français : La petite fille de natation, membre de la délégapersonnes. Au total, le « massacre de au dé à coudre, Éditions J. Chambon, 2017. tion américaine. Il était non seulement Munich » fit dix-sept victimes. bel homme, mais aussi rien de moins Cet été 1972, je cherchais à travailler que le plus grand nageur de tous les temps. Un véridurant les vacances pour financer une partie de table phénomène qui rafla sept médailles aux JO mes études, tout comme mon ami. Nous avions la de Munich ! Sept records du monde, en l’espace possibilité d’aller en Suisse pour travailler dans les d’une semaine ! Un exploit trop grandiose pour ne champs de haricots : c’était bien payé et le bronzage pas être mentionné ici : le 28 août, record sur le était assuré, mais c’était aussi un travail pénible et comme il n’y avait pas de télévision là-bas, nous 200 mètres papillon et le 4 × 100 mètres nage libre, aurions raté la plupart des compétitions. Cette le 29 août sur le 200 mètres nage libre, le 31 août perspective peu enviable nous poussa à proposer sur le 100 mètres papillon et le 4 × 200 mètres nage à la radio autrichienne une pièce radiophonique – libre, le 3 septembre sur le 100 mètres nage libre, et le 4 septembre sur le 4 × 100 mètres quatre nages. une première pour nous, car nous n’avions aucune À ce p almarès historique et ce physique avantageux expérience. L’ORF accepta et nous gagnâmes autant d’argent que si nous avions récolté les haris’ajoutait une nonchalance assumée : alors que la cots suisses en plein soleil. Mais le plus important : plupart de ses adversaires se rasaient intégralement le corps pour gratter quelques centièmes de nous pouvions regarder à la télévision toutes les secondes, Mark Spitz, avec ses belles boucles brunes compétitions des Jeux olympiques. et sa moustache de playboy, soignait son look. l’époque, nous n’avions pas de télé à la maison, Après tout, il n’en était pas à quelques centièmes mais la famille de mon ami en possédait une. de seconde près, lui qui avait souvent quelques Il avait une adorable petite sœur : elle avait longueurs d’avance sur les autres concurrents. quatorze ans et ne s’intéressait pas du tout au La petite sœur de mon ami ne ratait aucun départ sport, mais comme elle aimait son frère et qu’elle et tremblait de peur. Non pas qu’elle craignait de voir
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BENE ROHLMANN, CLAUDIA MEITERT MICHAEL KÖHLMEIER
À
GETTY IMAGES
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BO U LEVAR D DES HÉ RO S
son héros perdre une course (tout le monde savait que Mark Spitz remportait haut la main toutes les compétitions auxquelles il participait) : non, elle tremblait à l’idée que le cœur de cet homme ne fût pas libre. Du haut de ses quatorze ans, elle n’était pas naïve au point de croire qu’elle avait une chance auprès de cette star olympique. Du moins pas dans la réalité. Seulement dans ses rêves. Car seuls les plus fous d’entre nous parviennent à séparer leurs rêves de la réalité.
C
ette jeune fille, que j’appellerais Marianne pour les besoins de l’histoire, se raccrochait éperdument à son rêve : si au moins elle arrivait à lui donner la main ! Si elle arrivait à lui dire juste quelques mots ! Et puis soudain, elle disparut. C’était le 4 septembre, et Marianne n’était plus là. Partie sans laisser une lettre et sans prévenir personne. Le soir même, alors que nous étions toujours sans nouvelles de Marianne, ses parents se résignèrent à prévenir la police. Ce fut décidément une histoire rocambolesque ! Non seulement nous n’avions pas la télévision chez nous, mais nous n’avions pas de téléphone non plus. Pour passer des appels ou en recevoir, nous devions aller à la petite supérette qui était dans notre rue. Le matin du 5 septembre, on sonna à notre porte : l’employé du magasin venait me prévenir que j’avais un appel. À l’autre bout du fil, c’était Marianne. Elle appelait de Munich, d’une cabine téléphonique. Elle n’avait que quelques pièces sur elle et parlait très vite, d’une voix haut perché, comme une petite fille qui vient de découvrir un trésor. Elle me demanda de prévenir ses parents que tout allait bien, qu’elle était folle de joie, et me supplia de venir la chercher à Munich. Elle n’avait plus d’argent pour le billet de retour. Quand je lui demandai où la trouver, elle eut encore le temps de crier dans l’écouteur « Chez Mark… » avant que la communication ne coupe. Sans hésiter, je pris la direction de Munich. Mais où diable trouver ce mystérieux « Mark » ? Je savais qu’elle avait voulu parler de Mark Spitz, mais cet homme était à l’époque sous le feu des médias du monde entier. On ne pouvait pas l’approcher si simplement. Je réfléchis à ce qu’elle avait pu faire. Avec la confiance inébranlable d’une adolescente
Mark Spitz lui avait donné un baiser. Sur la bouche. Juré, craché. 94
transcendée par l’amour, elle avait dû filer directement au village olympique et de là, trouver les quartiers de la délégation américaine puis réussir à savoir où était Mark Spitz. Je fis donc exactement la même chose. Et je finis par la trouver. Elle était assise, adossée à l’un des bâtiments du quartier américain, et se mit à rire aux éclats lorsqu’elle m’aperçut. De loin, elle me cria qu’elle avait réussi à rencontrer Mark Spitz. Elle me raconta ensuite qu’il l’avait invitée à manger avec lui et lui avait payé une limonade. Et qu’à la fin, il lui avait même donné un baiser. Sur la bouche. Juré, c raché. « Je ne te mens pas ! » Évidemment, je la crus sur parole. « Tu me crois ? », me demanda-t-elle. « Je te crois », répondis-je. « Promis juré ? » « Promis juré. » Marianne rayonnait de bonheur. Nous quittâmes le village olympique pour retourner en ville, et je lui offris une glace. Marianne riait, elle était tellement heureuse. « Alors, raconte !, lui fis-je. Il est comment ? » Alors qu’elle s’apprêtait à me répondre, il y eut tout à coup – je le jure – un énorme vacarme autour de nous, et nous nous trouvâmes au beau milieu d’un véritable chaos : des sirènes de police résonnaient, des gens criaient, couraient dans tous les sens, des annonces résonnaient dans les rues. Nous apprîmes que des terroristes avaient attaqué les quartiers de la délégation israélienne, tué deux personnes et pris le reste de l’équipe en otages. Nous entendîmes une autre personne raconter que Mark Spitz avait également été kidnappé parce qu’il était juif et que les terroristes voulaient s’en prendre à tous les Juifs. À ces mots, Marianne s’effondra en larmes. Elle continua de pleurer même après avoir appris que son grand amour était finalement hors de danger, qu’il avait été exfiltré vers l’aéroport, caché sous une couverture dans une voiture, et qu’il avait réussi à prendre un avion pour Londres.
T
rente ans plus tard, Marianne partit aux États-Unis pour rendre visite à son frère qui y habitait désormais. Sur place, elle entreprit de retrouver l’adresse de Mark Spitz et prit la route de Modesto, en Californie, au volant d’une Pontiac Firebird. Arrivée là-bas, elle alla sonner à sa porte. Ce fut Mark Spitz en personne qui lui ouvrit. Ce fut encore Mark Spitz en personne qui l’invita dans sa maison, qui lui servit un expresso, qui alla chercher lui-même une part de gâteau glacé dans son congélateur. Il avait encore fière allure, ses épais cheveux étaient maintenant grisonnants, tout comme sa belle moustache. Ils passèrent ensemble une belle après-midi. Marianne lui raconta qu’elle
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avait, trente ans auparavant, menti à un ami très cher en prétendant l’avoir rencontré, lui, à Munich, pendant les Jeux olympiques. Qu’elle avait raconté à cet ami que Mark lui avait pris la main et qu’il l’avait embrassée sur la joue. Que si elle était là aujourd’hui, à Modesto, c’était pour réparer ce mensonge d’adolescente. Et qu’il fallait pour cela que le mensonge devienne réalité. Marianne demanda alors à Mark s’il acceptait de lui donner un vrai baiser. Sur la joue. Ce qu’il fit.
D
ix ans après cette rencontre, je retrouvai Marianne à Vienne. Après toutes ces années, nous avions fini par nous perdre de vue, mais les retrouvailles furent chaleureuses. Elle s’était mariée, avait divorcé, s’était remariée et avait encore divorcé. Elle me confia que j’avais été son meilleur ami de jeunesse. Elle me dit ensuite qu’elle tenait absolument à me rembourser le prix du billet retour depuis Munich, que j’avais déboursé pour elle quarante ans plus tôt. Elle n’avait pas eu de
Elle n’avait pas eu de chance avec les hommes. Elle avait eu le malheur de tomber amoureuse de Superman à 14 ans. chance avec les hommes, poursuivit-elle. Elle avait eu le malheur d’être tombée amoureuse de Superman à l’âge de quatorze ans. Puis elle me raconta cette fameuse après-midi passée dans la maison de Mark Spitz à Modesto en Californie. Évidemment, je la crus sur parole. « Tu me crois ? », me demanda-t-elle. « Je te crois », répondis-je. « Promis juré ? » « Promis juré. »
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