The Red Bulletin Novembre 2013 - FR

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Un magazine hors du commun novembre 2013

L’Homme machine

SEBASTIAN

VETTEL

magazine sponsorisÉ

change de combinaison

Red Bull éléments

danse

comment le flex a réinventé Brooklyn

Adrénaline au sommet



le monde de Red Bull

Novembre 30

Sebastian Vettel

Depuis son enfance, le champion du monde en titre voue une passion sans borne à la moto. Reportage exclusif.

markus jans (Photo de une), thomas stöckli/red bull content pool

seb, c’est bien

à l’heure où nous mettons sous presse ce 25e numéro de la version française de The Red Bulletin, Sebastian Vettel n’est pas encore mathématiquement assuré de conquérir la planète F1 pour la quatrième fois de suite. Il est en revanche acquis que Sébastien Loeb tire sa révérence en WRC et que Sébastien Ogier lui succédera dans le cœur des Français. Reste donc Vettel. à 26 ans, le pilote Infiniti Red Bull Racing est, quoi qu’il advienne, déjà dans l’histoire de la F1. Vous pensiez tout savoir sur l’Allemand ? Découvrez en totale exclusivité son incroyable amour des motos d’un âge certain, ces bécanes qui sentent bon l’huile moteur. ­Sebastian Vettel vous embarque à l’arrière d’une de ces Cagiva ou « Béhèm » de collection sur une route de campagne... Bon voyage ! Votre Rédaction the red bulletin

Fanny Smith, la reine du skicross, en p. 24

« La veille d’une course, je prends une douche glacée » 3


le monde de Red Bull

Novembre d’un coup d’ailes Bullevard 16 18 19 20 22 25 28

76 Flex

Plongée saisissante au cœur de Brooklyn, un des cinq boroughs de New York.

énergisant monde  L’art en folie énergisant France  Sosh à fond ! Dans la tête de… Jennifer Lawrence hier & aujourd’hui  Cellulaires Kainrath  Mon calendrier Sujet France  Red Bull Mini Drome le bon numéro  Montres

reportages 30 Vettel, passion moto Dans le sillage de Sebastian

42 Magnus Carlsen

48 Baltasar Kormákur Une certaine idée du cinéma

52 Red Bull éléments Épreuve de forçats

91

52

Courtney Atkinson

Red Bull éléments

Le triathlète australien est une des stars de sa discipline. Il dévoile, ici, ses méthodes d’entraînement.

60 Heaven’s Basement L’ombre et la lumière

68 ROA rugit

Le street artiste belge décape

C’est une des compétitions phares de l’outdoor dans l’hexagone. Retour sur une épreuve dantesque.

42 26 Un coup de boule d’Ibra ?

’Ibra ?

Zlatan Ibrahimović est un attaquant complet. Le Suédois est notamment un as du jeu de tête. Démonstration. 4

Magnus Carlsen

Il a la gueule de l’emploi, un regard de tueur et des neurones en fusion. Carlsen est le roi de l’échiquier.

74 Damian Foxall

à l’assaut de la Jacques Vabre

76 Flex

Danse vers le futur

Action ! 88 89 90 91 92 93 94 96 97 98

Matos Avec Remi Meum drinks  Paris by Julien Defrance voyages  Envol parabolique coaching Courtney Atkinson ma ville  Chicago Musique  Bloody Beetroots Défi  Courir pour la bonne cause Jeux vidéo  Le meilleur du meilleur focus Dates françaises à retenir dans le rétro Marcher sur la tête

the red bulletin

angela boatwright, damien bredberg, alexandre buisse/red bull content pool, picturedesk.com, markus jans

Portrait du boss des échecs



contributions trio du mois THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Publication & édition Red Bull Media House GmbH Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeurs de la rédaction Alexander Macheck & Robert Sperl Directeurs artistiques Erik Turek & Kasimir Reimann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann Rédaction Christophe Couvrat (Rédacteur en chef France), Étienne Bonamy, Ulrich Corazza, Werner Jessner, Florian Obkircher, Arek Piatek, Ioris Queyroi, ­Andreas ­Rottenschlager, Stefan Wagner, Daniel Kudernatsch (Chef d’édition) Traductions & relecture Susanne Fortas, Frédéric ­Pelatan, Christine Vitel, Gwendolyn de Vries

markus jans Dans son travail, le photographe allemand n’est pas du genre à se laisser intimider. Diane Kruger ou Christian Lacroix peuvent en témoigner. Ici, au sommet du col autrichien de Furkajoch, Jans est dans son élément. C’est dans ce décor majestueux que Sebastian Vettel, la légende vivante Fritz Ehn et cinq élégantes dames de fer ont rendez-vous. « Soleil et bonne humeur, la journée parfaite », s’exclame Jans, tout à sa joie à l’issue du shooting. Roues libres, page 30.

« Soleil et bonne ­humeur, la journée parfaite » Markus Jans

Maquette Miles English (Directeur), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz Booking photos Susie Forman (Directrice création photos) Rudi Übelhör (Directeur adjoint), Eva Kerschbaum Reprographie Clemens Ragotzky (Directeur), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Directeur), Walter O. Sádaba, Christian Graf-Simpson (Tablette) Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing & management international Stefan Ebner (Directeur), Stefan Hötschl, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Sara Varming Channel Manager France Charlotte Le Henanff Marketing & concept graphique Julia Schweikhardt, Peter Knethl Ventes & abonnements Klaus Pleninger, Peter Schiffer Publicité Cathy Martin 07 61 87 31 15 cathy.martin@fr.redbulletin.com Emplacements publicitaires Sabrina Schneider Assistantes de rédaction Manuela Gesslbauer, Kristina Krizmanic, Anna Schober

Angela Boatwright Quand on fait ses premiers pas dans l’ombre de Kurt Cobain, la route de la gloire semble toute tracée. La Californienne a continué à se faire la main avec des superstars, dont Nicki Minaj ou encore Kanye West. Mais elle a une préférence pour ceux qui évoluent en marge, toujours à la limite. Alors, The Red Bulletin a fait appel à son talent. Boatwright illustre admirablement l’histoire du Flexing et capture les acrobaties ahurissantes de ces gamins désenchantés de Brooklyn. Flex, danse machine, page 76.

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IT Michael Thaler

ANDREAS ROTTENSCHLAGER Ce journaliste autrichien a accompagné sa majesté Magnus Carlsen, dans son camp d’entrainement à Stabbestad, au sud-ouest d’Oslo. Le Norvégien participe en ce moment même à son premier championnat du monde d’échecs. Carlsen impressionne aussi par sa science du... beach-volley. ­Rottenschlager : « Ce n’est pas un intello distrait. C’est un sportif de haut niveau et un pro de la com. Malgré ses sandales au shooting ! » Comment renverser un roi, page 42.

Siège social Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Siège de la rédaction France 12 rue du Mail, 75002 Paris, Téléphone 01 40 13 57 00 Contact redaktion@at.redbulletin.com Web www.redbulletin.com Parution The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays ­suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Brésil, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Irlande, Koweit, Mexique, ­Nouvelle-Zélande, Suisse. Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas ­responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs. Dépôt légal/ISSN 2225-4722

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Man itowi s h Water s , État s - U n i s

rouge à lève Une grue pour le photographe, un winch électrique pour le wakeskater et une mer de canneberges (qui sont restées intactes) comme aire de jeu. On croit Ryan Taylor lorsqu’il dit rêver de cette photo depuis des années. À l’automne 2012, alors que les champs de canneberges sont inondés pour la récolte dans le nord du Wisconsin, Taylor appelle à la rescousse l’équipe de Red Bull Winch Sessions et Ben Horan sort son wakeskate. C’est dans la boîte. Plus sur www.ryantaylorvisual.com  Photo : Red Bull Illume/Ryan Taylor


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Pu nta d e Lo b o s , C h i li

Bleu nuit En mai dernier, le surfeur chilien Cristian Merello est réveillé par un ami qui lui apprend une nouvelle d’enfer : le Pacifique se déchaîne en tubes de plus de 100 mètres de long à Punta de Lobos (« la pointe aux loups »), spot situé à quatre heures de route au sud de Santiago. Merello appelle aussitôt Pablo ­Jiménez. Le photographe se précipite sur la plage, saute dans l’eau et pagaie illico, sans combinaison, contre le courant et en dépit d’un froid glacial. Dans l’œil du tube, le résultat vaut le coup d’œil. Plus sur www.facebook.com/pablojimenezfotografo  Photos : Red Bull Illume/Pablo Jiménez


M er b l an c h e , Ru s s i e

feu vert Voilà à quoi ressemble une journée ensoleillée dans la mer Blanche. Ici, à l’est de la Finlande, la température de l’eau plafonne à 15 °C au cœur du mois d’août. Pas de quoi effrayer la plongeuse ­Katerina Hamsikova, accompagnée par George Karbus. Le photographe jure que ce bloc de glace s’apprivoise facilement. S’il le dit. Plus sur www.emerald-vision.com  Photo : Red Bull Illume/George Karbus

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Bullevard Énergisant… à petites doses !

Lilou (ALG) Unique double champion de Red Bull BC One. L’an passé, Madonna l’engage comme chorégraphe dans le cadre de sa tournée mondiale.

Mounir (FRA) C’est le tenant du titre. Après coup, il prétend n’avoir pas utilisé tous ses tricks. Bluff ou provoc ? À suivre.

Neguin (BRé) Le champion 2010 faisait partie l’an passé du jury de la finale. Pour les dix ans, le capoeiriste ­remonte sur le ring.

ROYAL ­L IFTING D*Face donne un coup de jeune au pop art, à coups d’anneau dans le nez et d’ailes de BD. L’Anglais D*Face adore le pop art. Blondes de BD, s­ uper-héros et icônes pop comptent parmi les motifs favoris de l’artiste de rue londonien. Cependant, entre ses mains, les œuvres de Roy Lichtenstein et d ­ ’Andy Warhol, les fondateurs du pop-art, prennent une nouvelle dimension. La reine d’Angleterre est relookée avec une coupe iroquoise et un anneau dans le nez, ­Marilyn Monroe en tête de mort ailée. « Je ­dénature des œuvres cultes pour pousser les gens à r­ éagir et remettre en cause la société de consommation », dit-il. L’artiste vient de sortir sa première grande monographie retraçant son parcours, du tagueur à l’artiste coté. Ses prix dépassent aujourd’hui 70 000 €.

The Art of D*Face – One Man and His Dog, à ­découvrir sur www.laurence king.com

Omar (USA) Vainqueur en 2004 de la 1re édition de Red Bull BC One, ce papa de 28 ans transmet son art aux plus jeunes, tout en soignant son comeback.

Instantané

La finale de Red Bull BC One le 30 novembre en direct sur www.redbullbcone.com

Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

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Nika Kramer/Red Bull Content Pool (2), Little Shao/Red Bull Content Pool, Marcelo Maragni/Red Bull Content Pool

Battle de B-Boys En Corée du Sud, la 10e édition du Red Bull BC One, le ­Championnat du monde de breakdance, opposera 8 jeunes B-Boys à 8 champions.

arrêt sur images

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à  phototicker@redbulletin.com

San Francisco Tarron Williams remporte Red Bull King of The Rock des mains de Blake ­Griffin (à droite). Garth Milan the red bulletin


Jeux, sets et ­records La Coupe Davis et ses légendes

Roy Emerson Entre 1959 et 1967, l’Australien soulève huit fois le saladier. Record inaccessible ?

Inspiration. Buraka Som Sistema ici chez eux, à Lisbonne.

picturedesk.com, Corbis, Getty Images (2), McKlein/Red Bull Content Pool

Traqueurs de sons Comment Buraka Som Sistema abordentils un nouvel album ? Le quintette portugais commence par réserver des billets d’avion. C’est que ces musiciens d’électro savent que l’inspiration ne les attend pas dans leur salle de répèt’. Voilà six ans qu’ils écument le globe en quête de nouvelles cultures underground et de tendances musicales locales. Pour fusionner leurs trouvailles et créer un son multiculturel, explosif destiné aux clubs. « Les courants musicaux intéressants ne naissent pas des studios d’enregistrement high-tech mais dans les arrière-cours », explique Branko, membre du groupe, dans le documentaire Off The Beaten Track. Le réalisateur João Pedro Moreira a suivi Buraka Som Sistema en Angola, au Venezuela, en France, en Inde, dans des studios nichés au cœur de ghettos et sur les grandes scènes de festivals. Le groupe croise la route de jeunes producteurs et celle de ses fans les plus célèbres, M.I.A, Skream et Diplo. Plus sur www.offthebeatentrackmovie.com

Björn Borg Le Suédois remporte la bagatelle de 33 simples consécutifs.

merci seb ! Sébastien Loeb, 9 titres de Champion du monde en poche, a donc mis un terme à sa carrière en WRC. Mais il n’en reste pas là. the red bulletin : Avec le recul, comment analysezvous votre ultime prestation sur vos terres, au rallye d’Alsace (Loeb a été victime d’une sortie de route, ndlr) ? sébastien Loeb : C’est comme ça. Je pense aux fans surtout. J’arrête à un moment où je peux encore assurer. Enchaîner la saison prochaine avec le championnat du monde des voitures de tourisme, c’est une manière d’amorcer la retraite en toute sérénité ? Je veux rester compétitif. Pour l’instant, nous testons la Citroën C-Élysée. Mon coéquipier Yvan Muller a bien plus d’expérience sur les circuits. Moi, je débute. Yvan est le partenaire idéal dans ma situation.

Qu’est-ce qui va le plus vous manquer ? Cette sensation de voler à 180 km/h sur les bosses et à travers les forêts, comme au rallye d’Écosse. Par contre, les réveils à l’aurore et les week-ends à rallonge, ça ne me ­manquera pas... Pour un rallye, tu es sur place dès le mardi. Une course le week-end, ça ne dure « que » du jeudi au dimanche. Que devient Daniel Elena ? Il joue à la pétanque et il boit du Pastis. Je te jure ! Il incarne le cliché parfait du Marseillais tranquille. Tandis que moi, je vais seul à l’hôtel, je vais seul aux courses… Et je l’appelle beaucoup plus souvent qu’avant ! Plus sur www.sebastienloeb.com

John McEnroe En 1982, l’Américain bat Mats Wilander en 6 h et 22 min, soit le plus long simple jamais joué. La finale 2013 oppose la Serbie à la Rép. Tchèque à Belgrade (15–17.11)

Souvenir. Loeb, au ­volant de la DS3.

PHOTO GAGNANTE

Antalya Jonny Walker lors de Red Bull Sea to Sky, un contest d’enduro disputé en Turquie. Lukasz Nazdraczew the red bulletin

Ceva

Des apprentis riders admirent le maître italien Alessandro Barbero lors d’une session Red Bull Under My Wing. Damiano Levati

Yamanashi

Sur le lac japonais Yamanaka, le wakeboarder Shota Tezuka à Red Bull Wake and Wake Capture. Jason Halayko

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Bullevard

à fleur de route

Peyragudes never dies !

à boue de souffle

Mad day La première édition de The Mud Day a rassemblé 13 000 participants sur le terrain d’entraînement du camp de Beynes, dans les Yvelines. Les premiers se sont élancés à 8 h 40 puis, toutes les 20 minutes, des vagues de 400 personnes. Sur les 13 kilomètres du ­parcours, les Mud Guys ont rampé sous des barbelés, escaladé des filets, porté des sacs de sable, franchi des murs de 4 mètres de haut. La boue, oui mais aussi de la glace et de l’eau. Vivement l’année prochaine ! Plus sur www.themudday.com

Colombo Au Sri Lanka, B-Boy Pelezinho devient prof de danse lors de Red Bull BC One All Stars. Red Velvet 18

Taipei

Sosh met le paquet

Un semi-remorque de 35 tonnes, 20 skateurs et Paris en toile de fond... C’était le Sosh Truck ! Fin septembre, Sam Partaix réunit ses potes afin de participer à un événement sans précédent. « Une rampe mobile dans les rues de la plus belle ville du monde. Du jamais vu ! » Pour rider à ses côtés, le Parisien invite notamment deux stars de la discipline, Aurélien Giraud et Vincent Matheron. De la Porte Maillot à la Cité Universitaire, les Franciliens n’ont d’yeux que pour ce rutilant truck yankee. Confiée à Eric Merlot, concepteur-constructeur et « grand frère » de Partaix, la construction de cette rampe éphémère en surprend plus d’un. Marie et Thomas viennent de Poissy : « C’est dingue ce qu’ils ont fait ! » Merlot signe pour l’occasion une rampe en bois (13 m × 2,5 m) postée à l’arrière d’un semi-remorque. Sosh sollicite l’artiste américain Douglas Lee, connu pour ses créations au style rétro et flashy inspirées des années 80. Le Sosh Truck, 100 % connecté, attise les curieux. Aux ­platines, Poom et Plainview assurent. Cantonné aux skateparks de quartiers, cet événement a permis de placer ce sport au cœur de la ville. Plus de skate sur www.redbull.fr

En plein Paris, Sosh n’a pas lésiné sur les moyens

Le bolide de « Silver Surfer » cristallise tous les espoirs lors de Red Bull Caisses à Savon à Taïwan. Victor Fraile

Moscou Yuri Renov s’amuse dans la station de métro Vorob’evy Gory. Dmitry Krayuhin, Red Bull Skate Underground the red bulletin

DmitriElson.com, ASO/P.Perreve, DAVID TURAKIEWICZ (2)

Combinaisons aux couleurs éclatantes, casques intégraux et planches de skate comme on en voit peu… Bienvenue dans la station pyrénéenne de Peyragudes. Début août, ils sont 64 skateurs et 16 lugeurs d’élite à participer au Never Dies. Pierre Hardillier est sacré champion de France de skate, tandis que Marie Bougourd, chez les femmes, Yanis Markarian chez les juniors et Maxime Rubi en streetluge décrochent la lune dans leurs catégories respectives. Plus sur www.redbull.fr


Bullevard

dans la tête de...

Jennifer Lawrence Récompensée en février par l’Oscar de la meilleure actrice, la star montante de 23 ans attise tous les fantasmes de Hollywood. The Red Bulletin dévoile ses secrets de fabrication.

Passe ton bac d’abord

Jennifer Shrader Lawrence est née à Louisville, dans le Kentucky, le 15 août 1990. La comédie lui permet d’apaiser son anxiété d’adolescente. Ses parents lui balancent un cinglant « Passe ton bac d’abord ! » Jennie le passe, avec deux ans d’avance.

De plus en plus haut

Après Hunger Games – L’embrasement, Jennifer sera toute bleue et couverte d’écailles dans X-Men – Days of Future Past, et à l’affiche d’American Bullshit. Avant de rejouer avec Bradley Cooper, son partenaire dans Happiness Therapy, dans le drame Serena.

Ma chair et tendre

Dans Winter’s Bone, un drame qui se déroule dans un village paumé, le personnage de Lawrence écorche un écureuil pour nourrir sa famille. Aucun animal n’a été blessé, comme on dit dans les génériques. Jennifer assure que la bête était vivante. Ryan Inzana

2012, la razzia

paul wilson

Hunger Games a rapporté 700 millions de dollars. Le 2e volet de la trilogie, Hunger Games – L’embrasement, sort le 27 novembre. Entre-temps, Jennifer a récolté un Oscar pour son interprétation d’une névrosée dans Happiness Therapy.

Twitter, c’est niet

À fond la gamelle

Alors que quelques pas seulement la séparent de son Oscar, J-Law trébuche. Et Hollywood se précipite. Sur scène, elle ­déclare : « Messieurs, vous vous sentez mal parce que je suis tombée, c’est gênant, mais je vous remercie quand même. » Belle répartie !

C’est rare pour une jeune femme de 23 ans, mais Jennifer n’est pas sur Twitter. Elle envisage la chose comme une punition. Pour se nourrir d’infos en 140 caractères, mieux vaut se tourner vers les bavards Kristen Stewart et Will Smith.

Plus sur www.imbd.com the red bulletin

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Bullevard

hier et aujourd’hui

allô !

De la « brique » au smartphone, The Red Bulletin s’est penché sur 30 ans de téléphonie mobile. Une évolution en marche.

écran

L’affichage est constitué de diodes électroluminescentes, à l’instar des calculettes des ­années 70. L’écran du DynaTAC permet ­l’affichage du nom et du numéro grâce à ses deux lignes.

ergonomie

Long de 33 cm (difficilement logeable dans une poche de pantalon) et pesant plus d’un kilo, le tout premier téléphone portable est très encombrant. D’où son surnom, « la brique ».

1983 Motorola Dynatac 8000x Le 3 avril 1973, Martin Cooper, ingénieur chez Motorola, passe un coup de fil historique. Depuis la rue, il appelle l’entreprise AT&T pour tester son i­ nvention révolutionnaire. Le téléphone ­cellulaire portatif est né. Sa commercialisation débute en 1983 sous le nom de DynaTAC 8000X. ­Malgré une a­ utonomie ­limitée à vingt minutes, 330 000 exemplaires sont vendus. Cooper : « À l’époque, ce n’était pas très gênant vu son poids ! »

Émettre ou recevoir des appels et sélectionner un numéro sont les seules actions possibles avec cet appareil. Le DynaTAC, qui fonctionne comme une radio, dispose d’un répertoire de trente numéros. À l’époque, le nec plus ultra.

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Martin Cooper et son prototype Motorola DynaTAC 8000X, utilisé pour le premier appel depuis un portable. Plus sur www.motorola.com

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Arek Piatek

fonctions


ergonomie

Le terminal Android, 169 g, 144 mm de longueur et 8,5 mm d’épaisseur, est protégé par des plaques de verre trempé et traité pour résister à l’eau et à la poussière. Il peut donc finir dans la baignoire ou prendre des images jusqu’à 1,5 mètre de profondeur.

écran

Full HD de 13 cm pour des images et des vidéos pleines de vie. Le capteur au dos livre des photos d’une résolution de 20,7 mégas pixels et des vidéos en 1 080 pixels.

2013 Sony Xperia Z1 Sa présentation officielle à Berlin en septembre a marqué l’aboutissement d’un long projet secret. Nom de code ? « Honami ». Il permet à Sony de produire le smartphone le plus intelligent au monde. Le successeur de l’Xperia Z propose des fonctions inédites, comme le Info-Eye (voir ci-contre) ou la possibilité de télécharger sur le net des images ­vidéos live via Facebook. Sans oublier que la batterie de l’Xperia Z1 a une ­autonomie de 14 heures en conversation.

reuters, rafal meszka

Fonctions

En intégrant un capteur numérique, une Sound Station et une plateforme de jeux, le téléphone établit une nouvelle référence en termes d’exploitation de données. Son Info-Eye recherche même des informations sur ­l’objet pris en photo. the red bulletin

Kazuo Hirai, le PDG de Sony, lors de la présentation de l’Xperia Z1 au salon de l’électronique IFA Berlin 2013. Plus sur www.sony.com

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dietmar kainrath

Bullevard

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/redbulletin

© Jörg Mitter

LI K E WHAT YOU LI K E

TON MOMENT.

HORS DU COMMUN


Bullevard

Mon corps et moi

fanny smith

consécration

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Une course se gagne dans la tête. C’est pourquoi je joue la carte de l’entraînement mental et de la pensée positive. Par exemple, sur la ligne de départ, j’imagine que je franchis la ligne d’arrivée en premier. Plus on visualise clairement ces moments-là, plus il y a de chances qu’ils se réalisent.

La Suissesse de 21 ans, championne du monde de skicross, prépare une course à l’eau glacée, s’entraîne avec des haltères de 150 kg et dépasse l’adversité.

1  Mise en douche

Pendant la course, si je ne suis pas en train de sauter, je suis en recherche de vitesse. Avoir des cuisses solides est un gros avantage. Pour les renforcer, je fais de la musculation, notamment des flexions genoux avec une barre de 150 kg.

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mental gagnant

5

Fin 2011, je chute lourdement. Verdict : déchirure du ligament croisé. La rééducation est très éprouvante. Je me répète : « Je reviendrai ! » Et, la saison dernière, je gagne le titre mondial et le classement général de la Coupe du monde.

Plus sur fanny-smith.com

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arek piatek

2  elle et la cuisse

dure au mal

Les blessures font partie du skicross. Mon palmarès : ligaments et ménisques déchirés… Les bobos ne m’arrêtent pas. Pendant les Mondiaux 2011, je me démets le pouce. Je porte une attelle et enchaîne avec la course suivante en Coupe du monde et termine 2e.

Lukas Maeder

La veille d’une course, je prends une douche glacée de ­plusieurs minutes. Pour être tonique dès le départ, lorsque je dévale la piste à 90 km/h à côté d’autres skieurs ou que je saute à cinq mètres de ­hauteur.


Bullevard

Rond. Toms Alsbergs s’offre une balade à La Cigale.

Les bons tours d’A lsbergs

vite fait, bien fait

Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Vincent Perraud/Red Bull Content Pool (2), Lukas Pilz/Red Bull Content Pool, Hugo Silva/Red Bull Content Pool, OeWK/Elias dietmar kainrath Holzknecht, International Tornado Class Association/Martina Barnet

La 2e édition de Red Bull Mini Drome, compétition de vélo sur piste, a vu la victoire du Letton Toms Alsbergs. Du public aux balcons, de la zik parfaite et, au milieu de la salle parisienne de La Cigale, le plus petit vélodrome du monde avec sa piste de 14 mètres de long pour 9 de large. Un cercle infernal dont on ne sort que vainqueur ou éjecté par une chute. Ces 150 fondus du pignon fixe connaissent la règle. Le matin, il faut s’extraire des qualifications, un contre-lamontre individuel sur dix tours. Au milieu d’une concurrence relevée, dont quelques pistards français comme Charlie Conord qui se classera 5e, ou les Québécois de iBike, Toms Alsbergs se révèle déjà le plus rapide des 32 riders qualifiés. La deuxième phase, avec l’affrontement direct entre deux adversaires, démarre en soirée par les 16e de finale. Le niveau s’élève, l’ambiance aussi. La bagarre entre équilibristes sur deux roues électrise la salle tour après tour quand il faut enchaîner les virages serrés. Toute erreur se paie cash... dans le décor. Et quand deux riders chutent ensemble, comme Josh Gieni et le Français Simon Gomok, il faut la décision du juge-arbitre pour valider la victoire du second. À ce petit jeu, Toms Alsbergs, battu en finale il y a deux ans sur une chute, n’a pas de rival. Pas même Arturs Pavlovs, son dauphin. « Le niveau est élevé, résume le vainqueur. Il y a du stress avant chaque course. » Et du frisson à chaque tour de piste.

À Leogang (Autriche), le Canadien Steve Smith devance l’Anglais Gee Atherton. Il est sacré champion du monde de descente en VTT.

Grâce à sa victoire au Portugal, la surfeuse hawaïenne Carissa Moore s’adjuge le classement final du circuit ASP pour la 2e fois après 2011.

La Belgique, et surtout Puurs, semble être un terreau porteur pour la Sud-Coréenne Jain Kim. La grimpeuse de 25 ans remporte sa 4e médaille consécutive.

Plus sur www.redbull.fr Duo. Alsbergs (à droite) et Pavlovs.

Les Grecs Iordanis Paschalidis et ­Kostas Trigonis ont défendu leur titre avec succès, à Ibiza, lors des championnats du monde de Tornado.

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Bullevard

Formule magique

forte tête

Le coup de casque de Zlatan Ibrahimović est un cas d’école. Martin Apolin détaille*.

Plus sur www.ibrahimoviczlatan.com * Le professeur Martin Apolin a 48 ans. Cet agrégé en sciences du sport est physicien. Il enseigne à la faculté de Vienne (Autriche). Apolin est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages.

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Getty Images

Ovation Si le géant suédois (1,95m, 95 kg) a été sacré champion à huit reprises (deux fois aux Pays-Bas avec l’Ajax Amsterdam, quatre titres en Italie avec les deux clubs de Milan, la Liga avec le Barça et la L1 avec Paris), il court après la C1.

Mandy Fischer

Pression Sur un corner, côté gauche, « Ibra » s’élève dans la surface de réparation et d’un coup de boule décroisé envoie le ballon dans la lucarne droite. Un geste qui s’explique par l’orientation du coup de tête combinée à l’action des forces à l’œuvre (croquis 1). Examinons cela de plus près. La déviation du ballon s’effectue en angle droit, et sa vitesse avant et après la déviation reste sensiblement la même. Soit 20 m/s (72 km/h). Dans quelle direction le changement de vitesse (Δv) doit-il s’effectuer pour que la tête soit cadrée ? Cela suppose que v¹ + Δv = v², et donc Δv = v² – v¹. De manière graphique, cela revient à inverser la position du vecteur v¹ (croquis 2a) en le plaçant à la pointe de v² (croquis 2b). Orienté vers le haut à gauche, le vecteur Δv relie la base de v² à la pointe de – v¹ en formant un angle inférieur à 45 °. La force qu’Ibrahimović met dans le ballon doit avoir cette même orientation. La deuxième loi de Newton définit la force, comme étant le produit de la masse multipliée par l’accélération : F = m · a. Quant à l’accélération a, elle est le quotient du changement de la vitesse dans le temps : Δv/Δt. De là, F = m · Δv/Δt et F ~ Δv. Ainsi, l’altération du mouvement est toujours proportionnelle à la force qui lui est imprimée. Et comme dans les deux cas, il s’agit de vecteurs, la force doit également s’orienter vers le haut à gauche avec un angle inférieur à 45 ° (croquis 3). Ici, l’intuition est trompeuse. Instinctivement, on pense qu’il faut viser la cage pour que la tête soit cadrée, une option qui envoie le ballon hors cadre à droite. Quelle est la valeur absolue du changement de vitesse ? Celle-ci est de 20 m/s · √ 2  = 28,28 m/s parce que Δv est la diagonale d’un carré. Un changement de vitesse donc plus rapide que la vitesse du ballon avant et après la déviation, plutôt surprenant ! Pour déterminer la pression que subit la tête, nous avons besoin de la durée du contact. Celle-ci dépend de la dureté et de la vitesse du ballon et peut s’élever à seulement 6/1 000 s. L’accélération du ballon est alors de a = Δv/Δt ≈ 4 700 m/s². La masse du ballon étant d’environ 0,45 kg, il s’ensuit selon F = m · a une force d’environ – 2 100 N. Pour 6 · 10 ³ s, cela revient à une pression d’une masse d’environ 210 kg.


Canon. Meilleur buteur de L1 la saison passée avec trente réalisations, Zlatan Ibrahimovic´ est l’archétype de l’attaquant moderne.


Bullevard

chriffres du mois

à la bonne heure D’un gramme à plusieurs tonnes, dans l’espace ou sous l’eau, avec une précision à la nanoseconde près, l’heure s’affiche dans toutes les dimensions.

La tour Abraj Al Bait à La Mecque

La Calibre 101 de JaegerLeCoultre

10 916

− 18

La première montre étanche est une Rolex Oyster de 1926. Le 23 janvier 1960, une Rolex Submariner, fixée à la coque du bathyscaphe américain Trieste réussit dans la fosse des Mariannes un test d’étanchéité par − 10 916 mètres. Soit le point le plus profond des océans connu à ce jour. Ian Fleming en offre une à son héros James Bond qu’il arbore dans les neuf ­premiers films.

La montre aux diamants de Chopard

201

Le temps, c’est de l’argent, c’est peu de le dire. Une Rolex Daytona coûte autant qu’une berline moyenne, une Greubel Forsey Double Tourbillon 30 ° Vision autant qu’une maison. Quant au modèle unique, serti de diamants de 201 carats et créé par le Suisse Chopard, son prix est de 17 millions d’euros.

28

Le mouvement mécanique de la Calibre 101 de Jaeger-LeCoultre est une merveille de miniature. Boîtier de 14 mm de longueur, 4,8 mm de largeur et 3,4 mm d’épaisseur, le tout pour un petit gramme. Ce chef-d’œuvre suisse a vu le jour en 1929. Son assemblage, réalisé à la main, a nécessité une semaine complète.

L’horloge atomique de Washington

L’Omega Speedmaster a décroché la Lune en satisfaisant toutes les exigences de la NASA : choc, dépressurisation, surpression et résistance à des températures allant de − 18 à + 93 °C. Le 21 juillet 1969, au poignet de Buzz Aldrin, elle ­devient la première montre sur la Lune. Neil Armstrong avait laissé la sienne à bord d’Apollo 11.

13,8

Le sous-marin Trieste, la Rolex Oyster et Sean Connery dans Opération Tonnerre

À Washington, le National Institute of Standards and ­Technology abrite l’horloge la plus précise au monde. Constituée de 10 000 atomes d’ytterbium (l’un des 18 métaux de terres rares) refroidi à − 273 °C cette ­horloge ­atomique varie de moins d’une ­seconde tous les 13,8 milliards d’années. Plus sur www.timeanddate.com the red bulletin

ulrich corazza

Avec ses 601 mètres, la tour Abraj Al Bait de La Mecque est le 3e édifice le plus élevé au monde. Achevée l’an dernier, elle abrite la plus grande horloge de la planète. Quatre cadrans de 43 mètres de diamètre, un mécanisme de 90 millions de pièces, des aiguilles de 23 mètres de long pesant chacune plus de 7 tonnes.

3,4

Buzz Aldrin et son Omega Speedmaster

Omega, getty images, Reuters, Nasa, Jaeger Le-Coultre, chopard, Burrus/NIST, picturedesk.com, rolex (2)

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présente

Les couLisses de

Red BuLL sTRATos

R e g a R d e z l e d o c u m e n ta i R e e n e x c l u s i v i t é s u R

rdio.com/redbullstratos

1 YEAR

ANNIVERSARY



roues libres Adolescent, Sebastian Vettel est un passionné de course automobile mais aussi un fondu de deuxroues. Aujourd’hui, il en possède quatre. Il les retape et les chevauche, dans un refrain de ­liberté et de détente. Loin de l’infernal rythme des pad­ docks. The Red Bulletin a eu le privilège de l’accompagner par un bel après-midi automnal.

Texte  : Werner Jessner  Photos  : Markus Jans Stylisme  : Klaus Stockhausen

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« La performance technique exceptionnelle qu’on trouve sur ces pièces incroyables m’inspire plus de respect qu’une Formule 1 »

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S

ur le contrefort du col de Furkajoch (Autriche), un jeune homme, blouson en cuir et casque argenté, chevauche une moto insolite. Même les connaisseurs, venus en nombre pour participer à la virée, se penchent sur l’emblème pour en déchiffrer la marque. C’est une Scott Flying Squirrel, modèle 1938. Quant au pilote qui arbore un large sourire à son guidon, il faut être un sacré physionomiste pour reconnaître Sebastian Vettel. Une passion qui remonte à l’adolescence. « J’ai d’abord fait beaucoup de vélo, puis mon père nous a offert, à ma sœur et moi, un miniVespa. Je m’en souviens, c’était un jour de grand froid. Mon premier tour dans la cour s’était soldé par une belle gamelle tellement j’étais frigorifié. » À l’époque, les idoles de Vettel sont ­exclusivement des pilotes de Formule 1. Hormis Michael « Mick » Doohan, le pilote moto australien, dont il admire les exploits à la télé. « Je le trouvais un peu fou. J’ai eu la chance de rencontrer Mick, c’est un sacré personnage et une vraie légende vivante. » Sebastian Vettel a sept ans quand Michael Schumacher célèbre en 1994 son premier titre de champion du monde de F1. Le modèle du petit garçon, Allemand comme lui, est tout désigné. Le petit Seb vit une enfance heureuse. C’est sur son vélo qu’il découvre ses premiers frissons de liberté. 34

Vettel rembobine : « Le vélo me permettait d’aller en ville, à la piscine et de retrouver mes copains. Ç’a été une ­première étape vers l’indépendance. » À l’adolescence, il se met au karting et passe l’équivalent allemand du brevet de sécurité routière (BSR) pour la conduite d’un deux-roues. Plus question d’aller à l’école en vélo. C’est en mobylette débridée – pour en booster la vitesse – que ­Vettel se rend au bahut. « Ce bricolage, c’était du grand n’importe quoi », se souvient, rigolard, le champion du monde. Né en 1987, il n’a pas connu la grande époque du tuning des « mobs », dont l’heure de gloire sonnait vingt ans plus tôt. Période durant laquelle toute une jeunesse se lançait dans la surenchère de la technique et de la vitesse, kit Polini à l’appui. « J’ai acheté ma première moto à 16 ans, avec l’argent reçu pour ma confirmation. Une Caviga Mito, dont la face avant évoquait celle d’une Ducati. J’éprouvais toujours une petite gêne en arrivant au lycée car il était impossible de ne pas la remarquer sur le parking où elle était de loin la plus cool. » Comme les karts de course qu’il possède, la Caviga est équipée d’un moteur deux-temps. Une technique simple à avantage double. Tout d’abord, elle génère un nombre élevé de tours à la minute et elle fonctionne grâce à un mélange huile-essence, d’où cette odeur de gaz caractéristique qui s’en échappe. « J’aime les moteurs deux-temps depuis ma période karting. Leur bruit si particulier et cette odeur me rappellent ma jeunesse. Aujourd’hui, ils ont pratiquement disparu. C’est bien dommage. » Tout le monde connaît la suite : la Cagiva se fait de plus en plus rare sur le parking du lycée, Vettel est trop occupé à prendre d’assaut les différentes catégories de courses pour jeunes et fait ses débuts en F1 après avoir néanmoins décroché le bac. Malgré tout, on cause toujours moto chez les Vettel, surtout que le grand-père n’est pas peu fier de sa NSU Max et de sa BMW R 51/3. D’ailleurs, abandonnée dans une grange, son pilote de petit-fils a découvert une BMW identique à la sienne. Laquelle, mal en point, a besoin d’une restauration complète. Sebastian espère pouvoir s’en occuper luimême, dès que la saison de F1 aura fait relâche, c’est-à-dire à la fin du mois. Son parc deux-roues personnel, outre une

« Je fais de la moto depuis l’âge de 16 ans. À part perdre l’équilibre à l’arrêt, je n’ai jamais eu d’accident »



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« l a norton semble vous supplier en permanence d’accélérer ! Mais, je suis plus à l’aise sur la Scott. Elle est faite pour la balade et permet de mieux apprécier le paysage »


Confiance. Professeur ­Friedrich Ehn (à gauche) adoube « l’élève » ­Sebastian Vettel.

« Me coucher dans les virages et ressentir l’inclinaison est une sensation incroyable »


vieille Vespa – à retaper elle aussi – abrite un scooter moderne pour tous les jours, « imbattable pour la ville », une KTM 690 Duke pour le plaisir des virages, et une BMW S 1000 RR à la hauteur du sportif qu’il est. Quand on a le talent et l’agilité exceptionnelle d’un champion du monde de Formule 1, on fait bonne figure, quel que soit l’engin : « Je peux rapidement m’habituer à la vitesse et aux enchaînements de mouvements. Du coup, je suis à l’aise en un clin d’œil, mais c’est bien là que se cache le danger car je manque de pratique. » Sebastian Vettel a conscience de cette l­ imite : « Sur ma selle, je ne suis pas du genre à me laisser griser. » Ça tombe bien car il aime s’évader sur deuxroues, à la recherche de moments d’harmonie et de méditation, trop rares pendant la saison de F1. « La moto procure une sensation de liberté unique, impossible à ressentir en voiture. Les sens agissent différemment. Je fais corps avec l’environnement, je peux m’arrêter et me poser à tout moment et en tout lieu. Même en ville, où la moto est moins contraignante qu’une voiture, ce n’est pas possible. Aujourd’hui, la moto a moins d’importance qu’autrefois, surtout chez les jeunes. C’est dommage. Je pense que cela vient des parents qui, trop heureux d’avoir survécu à leurs folles années moto, refusent que leurs enfants y touchent. J’espère que cela reviendra car elle procure des moments enrichissants, emprunts de beauté. » Des moments que sa réalité quotidienne de pilote en lutte permanente pour le titre mondial rendent encore plus appréciables.

the red bulletin

C

ar Vettel est toujours entre deux avions, pour prendre le départ d’une nouvelle course à l’autre bout du monde. Quelques jours de relâche sont précieux. Fritz Ehn, ou devrait-on dire Professeur Friedrich Ehn tel que le surnomment les bikers, n’a pas fait le voyage tout seul. Il est accompagné de cinq bécanes d’exception, des modèles des années 30, exposées en temps normal dans son magnifique musée de Sigmundsherberg, non loin de la ville autrichienne de Horn. Dans le lot, une Brough Superior dont le prix se décline en six chiffres, une Norton International de 1935 victorieuse sur tous les circuits du monde, une Scott Flying Squirrel – la favorite de Sebastian – dans un état technique et esthétique exceptionnel avec son moteur deux-temps bicylindre et son refroidissement liquide, et enfin une Ariel et une Rudge, deux chefsd’œuvre de l’ingénierie anglaise. Des arguments qui facilitent les échanges. Il ne faut pas plus d’une minute à Fritz et à ­Sebastian pour se tutoyer et se lancer dans une discussion de spécialistes. « Entre le vieux lion et le jeune loup », dit le premier avec un sourire ­malicieux. Le plus jeune a l’air gaga de ces incroyables et vénérables dames de 39



« J’ai toujours l’impression que mon genou va toucher le bitume mais heureusement, cela N’est jamais arrivé » Production : Christopher Schönefeld/made in germany,  Coiffure et maquillage : Berry Erwanto,  Décor : Dagmar Murkudis, Motos : Fritz Ehn

fer, v­ êtues de noir et de chrome, qui, à plus de quatre-vingts ans, ont encore une pêche incroyable. « Que ce soit pour les deux ou les quatre roues, il faut toujours garder à l’esprit quand et comment elles ont vu le jour. Le niveau du travail manuel est colossal, concède Vettel. Bien sûr, l’exactitude dans l’assemblage de ma ­Formule 1 est bien supérieure, mais avec une précision qui se joue au millième de millimètre près, même un artisan hors pair ne pourrait plus reproduire aujourd’hui une telle prouesse. Du coup, l’excellence de la ­performance technique réalisée sur ces pièces admirables m’inspire davantage de respect. » En cette belle journée d’automne, ­l’attention de Sebastian est monopolisée par la Norton et la Flying Scott : « La première, la Norton est une bête de course, ça se sent dès qu’on s’assoit dessus. Elle semble vous supplier en permanence d’accélérer ! Mais, je suis plus à l’aise sur la Scott. Elle est faite pour la balade et permet de mieux apprécier le paysage. » Peu à peu, la conversation prend une tournure philosophique, comme ­souvent entre bikers. « Esthétiquement, les motos de course sont très élégantes, et à l’arrêt, elles se regardent comme des œuvres d’art. On peut aussi avoir la chance de rencontrer de magnifiques naked bikes qui dévoilent la beauté technique qu’elles cachent en elles. Toutes ces raisons font que je me suis ­passionné pour les motos anciennes. Leur processus de fabrication et de fonctionnement restent accessibles. Avec les voitures, c’est devenu très abstrait de nos jours alors que pour les motos, l’illusion qu’on pourrait les réparer soi-même ou, du moins, qu’on saurait par où commencer persiste. Je prends un plaisir fou à comprendre leur mécanique et leur mode de propulsion. » Vettel a la technique dans la peau. Il la comprend, la respire. C’est que les 320 pensionnaires du musée de Fritz Ehn exigent une grande délicatesse. ­L’allumage nécessite un peu de patience, l’accélérateur doit être préalablement ­essoré, le point mort est inexistant, le changement de ­vitesse se fait en sens ­inverse, l’embrayage en liège est capricieux et les freins plutôt symboliques. Or, à aucun moment le ­Professeur Ehn ne relève la moindre ­maladresse à l’égard de ses précieuses machines d’un autre âge. « Vettel est l’un des nôtres », dit-il au moment où le jeune pilote de Formule 1 disparaît dans l’autre versant du col. Un sacré compliment venant de quelqu’un qui a plus de six décennies de métier d­errière lui. 41


comment renverser un

roi ?

Magnus Carlsen, norvégien de 22 ans et n °1 mondial des échecs, se lance ce mois-ci à la conquête de son premier titre planétaire. À Chennai, en Inde, il tentera de battre ­Viswanathan Anand, i­ ndétrônable champion du monde depuis 2007. ­Carlsen a confié à The Red Bulletin son plan de bataille. Texte : Andreas Rottenschlager Photos : Markus Jans

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U

n jour du mois d’août 2013, à Stabbestad, en Norvège. Il est 9 h 30. Magnus Carlsen dort. Il est trop tôt pour discuter avec le meilleur joueur d’échecs au monde. « ­Magnus se lève seulement dans une heure », précise son manager Espen ­Agdestein, la quarantaine avancée et des épaules de première ligne. Assis dans le lobby du Kragerø Resort Hotel, à deux heures de route au sud-ouest d’Oslo, ce dernier monte la garde. Derrière la porte d’entrée en verre, les voiturettes de golf se dirigent vers leur premier tee et le spa se remplit de convives. Au premier étage, Magnus Carlsen se tourne une fois de plus dans son lit. C’est que le n °1 mondial des échecs prépare son premier championnat du monde à Stabbestad. Magnus Carlsen, 22 ans, menton large et traits marqués, est considéré comme le plus grand talent de sa génération. Avec un classement ELO de 2 872 (cette valeur équivaut aux résultats en tournoi, chiffre arrêté en février 2013, ndlr), il détient le record du plus haut ­niveau jamais mesuré. Mais sa renommée

Lumière. Magnus Carlsen, n °1 au classement de la Fédération internationale des échecs, s’appuie sur une mémoire photographique.



va bien au-delà du monde des échecs. En avril, le magazine américain Time le désigne comme l’une des cent personnes les plus influentes de la planète. Depuis début novembre, Magnus ­Carlsen affronte l’Indien Viswanathan Anand, chez lui en Norvège, pour le titre de champion du monde. L’affable Anand, lunettes rondes et expert en théorie des ouvertures, défend avec succès son titre mondial depuis 2007. Carlsen veut détrôner le champion de 43 ans. C’est au ­Kragerø Resort Hotel que s’établit son plan de bataille. La préparation commence aujourd’hui à 10 h 30 par un petit-déjeuner léger. Carlsen, la mine mal réveillée, mange du muesli. Ses yeux sont marqués par de profonds cernes. À 11 heures, il disparaît dans une pièce sans fenêtre au premier étage pour son entraînement d’échecs. Sa salle de réflexion est à peine plus grande qu’un placard à balais. À l’intérieur, une table, quatre chaises, un tableau vide. Deux grands maîtres d’échecs russes planchent avec Carlsen à une stratégie contre Anand. Le plus gros problème du trio : que pourra Carlsen, dont le turbo se déclenche systématiquement entre le milieu et la fin de la partie, contre Anand, le spécialiste des ­ouvertures ? Le nom de ses conseillers ? « Confidentiel », répond Espen Agdestein, le manager. Après s’être creusé la tête pendant deux heures, Carlsen va soulever de la fonte en salle de gym durant une heure. Sans programme d’entraînement fixe. « En tant que joueur d’échecs, il lui faut l’endurance d’un marathonien », dit-il. Puis son manager ajoute : « Si on n’est pas en forme, on se fatigue. Et si on se fatigue, on fait des erreurs. » À 15 heures, Carlsen prend le temps de répondre à une interview. Le plus grand joueur d’échecs du monde porte des sandales en cuir, un pull d’un vert vif à souhait et un pantacourt. Il est assis à la table, droit comme un I, et fixe son interlocuteur. Magnéto.

­ émoire mais ça n’a pas été le seul élém ment décisif de son succès. » À propos de Kasparov, Carlsen a 13 ans lorsqu’il se retrouve pour la première fois face à l’ancien champion du monde russe lors d’un tournoi d’échecs rapides à Reykjavik, en Islande. Carlsen, pull à ­capuche gris et bouteille de jus d’orange à la main, a l’air d’un écolier. « L’ogre de Bakou » ­arrive avec une demi-heure de ­retard. Il dit bonjour en vitesse et pose ses coudes sur la table. Le gamin joue avec discernement, le grand maître enfouit sa tête entre ses mains. Pendant une pause de réflexion du Russe, Magnus flâne à la table d’à côté, afin d’observer la partie de son voisin. À la fin, Carlsen arrache le match nul à Kasparov. Les journaux ont leurs gros titres : « Un ado ridiculise le dieu des échecs ». Kasparov quitte la salle sans lui adresser ses f­élicitations, tandis que Magnus va ­fêter ça avec ses parents au McDo du coin. Cinq ans plus tard en 2009, Hendrik, le père de Magnus, engage Kasparov pour entraîner son fils. Le Russe ouvre sa base de données à Carlsen et le conseille par téléphone pendant les tournois importants. Leur collaboration s’arrête au bout d’un an. Kasparov déplore le manque de discipline du jeune prodige. Carlsen, lui, parle de « divergences d’opinion ». Par exemple, Carlsen évite les ordinateurs ­autant qu’il le peut. Une exception à

« As-tu gardé le numéro de Liv Tyler ? – Non. – Pourquoi ? – Je perds mon téléphone sans arrêt » l’époque des analyses assistées par ordinateur. « Qu’as-tu appris de Kasparov ? – Il pouvait reconnaître un schéma dans les coups de son adversaire. Même chez les excentriques, comme Vassili Ivantchouk (vice-champion du monde en 2002, ndlr) ou Aleksandr Morozevitch (grand maître russe, ndlr). C’est là que j’ai remarqué qu’il était supérieur à tous les autres grands maîtres. – Kasparov était-il difficile à lire sur l’échiquier ? – Non, il secouait la tête à chaque fois qu’il faisait une erreur. – Cela signifiait quoi ? – Absolument rien, je crois. Les joueurs d’échecs sont des paranoïaques notoires. On interprète beaucoup trop ce genre de gestes. » Carlsen nous explique qu’il peut rejouer de mémoire les coups décisifs de ses

I. Génie

« Magnus, quelle était ta moins bonne matière à l’école ? – Les sciences naturelles. Je m’en suis vite désintéressé. – Celle où tu excellais ? – Les langues étrangères. Mes rédactions me font encore marrer aujourd’hui. » Carlsen rit. Il parle un anglais presque sans accent. « Le plus important pour un joueur d’échecs : la créativité ou une bonne m ­ émoire  ? – C’est sûr que la créativité est la plupart du temps sous-estimée, glisse Carlsen. Garry Kasparov avait une excellente 44

the red bulletin


Training. Magnus Carlsen à l’entraînement au beach-volley. « Un super sport pour un joueur d’échecs », dit-il.

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L’an dernier, Carlsen a décroché 900 000 euros de gains et de contrats publicitaires. Auprès des médias, il a ­distancé Kasparov ­depuis longtemps

Focus. Le Norvégien a suivi une préparation intensive avant de se rendre aux Mondiaux de Chennai avec son staff, cuisinier et médecin inclus.


2 500 parties en tournoi. Des vidéos le montrent affrontant dix adversaires à la fois, tout en leur tournant le dos. Là, il contrôle 364 pièces, sans en voir aucune. « Comment fonctionnent tes procédés mnémotechniques ? – Je mémorise les positions sur l’échiquier. – Imagines-tu des histoires avec les pièces, pour te faciliter la tâche ? – Non, je les enregistre visuellement, comme un appareil photo. » Carlsen a l’air de commencer à s’ennuyer. Pense-t-il aux échecs ? Les pièces paradent-elles dans son cerveau ? Comment se vide-t-il la tête ? L’histoire des échecs compte quelques génies auxquels le jeu a fait perdre la raison. Originaire de Vienne et naturalisé Américain, Wilhelm Steinitz, le premier champion du monde officiel en 1886, croyait à la fin de sa vie pouvoir déplacer les pièces grâce à des ­impulsions électriques partant de son corps. Bobby Fischer, considéré comme le plus grand joueur de tous les temps, a fait enlever ses plombages de peur que le KGB n’y ait caché des émetteurs à ondes ultracourtes... Carlsen répond : « Ce n’est pas facile de me sortir les échecs de la tête, mais on peut parfaitement mener une vie agréable en pensant beaucoup aux échecs. » Quand il a besoin de se distraire, il regarde la ­série comique Larry et son nombril ou bien il fait une partie de golf. D’après The New York Times, il a gagné l’an dernier 900 000 € grâce à ses parties d’échecs et à des contrats publicitaires. Quant à sa cote de popularité auprès des médias, Carlsen a distancé Kasparov depuis longtemps. La presse se l’arrache.

II. Pop star

« As-tu gardé le numéro de téléphone de Liv Tyler ? – Non. – Pourquoi ? – Je n’enregistre que quelques numéros comme je perds sans arrêt mon téléphone. » En 2010, Carlsen participe à une campagne publicitaire avec l’actrice hollywoodienne pour la marque de vêtements ­hollandaise G-Star. C’est Anton Corbijn, formidable portraitiste et pointure de la photo rock, qui réalise les clichés. Elles montrent un Carlsen au regard sombre qui pourrait parfaitement jouer un recouvreur de créances dans Les Soprano. ­Carlsen donne ensuite des cours d’échecs à sa partenaire Liv Tyler. Des photos sur Facebook le montrent aussi en train de jouer avec le milliardaire américain Warren Buffet et Fred Durst, le r­ appeur de nu

metal. (« Buffet a été le plus difficile à battre. ») Le promoteur d’échecs Andrew Paulson décrit Carlsen comme « une parade contre les vieux Russes capricieux dont le nom commence par un K ». Le boulot de Paulson, c’est de faire des échecs un sport séduisant pour des retransmissions télévisées. L’an passé, il proposait d’afficher la fréquence cardiaque des joueurs à l’écran, la majorité des joueurs a refusé. L’idée plaisait pourtant à Magnus Carlsen : « Moi-même, j’aimerais bien connaître ma pulsation cardiaque. » Accompagné d’un cuisinier et d’un médecin particulier, Carlsen s’est envolé pour Chennai, au sud de l’Inde, où il affronte Anand, le champion du monde, au Hyatt Hotel. Il tente de ­détrôner le roi. Le vainqueur sera celui qui totalisera 6,5 points ou plus, dans un maximum de douze parties. (En cas d’égalité, il y aura un jeu décisif.)

III. Guerrier

« T’exerces-tu à garder un visage indéchiffrable ? – Non. On apprend à rester impassible quand on fait des tournois. – Anand dit qu’il analyse la respiration de son adversaire pour savoir comment il se sent. – Je sais exactement comment Anand se sent. Je peux, moi aussi, parfaitement lire en lui. » Carlsen précise que les manœuvres psychologiques ne sont plus de mise sur les tournois, à l’image de celle que Bobby Fischer exercait à l’encontre de Boris Spassky au championnat du monde de 1972 surnommé « le match du siècle », quand il s’était glissé en pleine nuit dans la chambre du tenant du titre russe. Les experts sont unanimes : la forme physique de Carlsen sera déterminante face à Anand. Et Carlsen alimente sa réputation de costaud sur tous les réseaux sociaux. Des photos sur Twitter le montrent sur un jet-ski, en plein match de basket ou sur un plongeoir de cinq mètres. Dans une vidéo, il anéantit le Français Laurent Fressinet, champion de blitz (jeu où la durée de réflexion d’un joueur est limitée, ndlr), en une partie de 2 minutes 28. Chambreur, Carlsen commente les coups de son adversaire : « Trop faible ! Trop lent ! » À 16 heures, le génie du noble jeu prend congé et se fait emmener en ­voiturette de golf sur le terrain de beach-­ volley. Ce sport, « idéal pour un joueur d’échecs », fait partie de son entraînement. Lors du match au fjord de Kragerø, il est le seul à jouer torse nu. Mondiaux d’échecs à Chennai (Inde) jusqu’au 28 novembre. Plus sur www.fide.com

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Homme

d’action Baltasar Kormákur s’apprête à tourner Everest, le long-métrage que le metteur en scène islandais de 47 ans espérait depuis toujours. En attendant, 2 Guns, son dernier opus, est toujours dans les salles. Texte : Andreas Tzortzis Photos : Hordur Sveinsson

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Le jour où Baltasar Kormákur a failli mourir. En réalité, il y en a eu plusieurs. Mais focus sur un moment en particulier. C’était à l’occasion d’une séance de travail sans cascadeur dans les eaux froides de l’Atlantique, au large de l’Islande. Kormákur est réalisateur, pas acteur. Il aime faire les choses lui-même. Cet Islandais de 47 ans tourne des images du naufrage d’un chalutier, une des scènes cultes de son film The Deep, paru l’an dernier et tiré de l’histoire vraie du seul survivant d’un accident dramatique survenu en 1984. Baltasar Kormákur ouvre la porte de la salle à manger, en contrebas, le bateau enfourne, plante son étrave sous une vague. L’eau s’engouffre, sauvage et bouillonnante. Les caméras volent dans tous les sens et le réalisateur est projeté contre la porte. « Je suis pris là-dedans, rembobine-t-il. Je nage de toutes mes forces pour m’éloigner de cette porte et sauver ma peau. »

Kormákur raconte cette anecdote depuis les hauteurs de Los Angeles. Il est logé au célèbre hôtel Château Marmont. Installé à la terrasse du restaurant, il détonne au milieu des clients de ce dimanche estival. Ici, en général, on parle gros sous, lunettes noires enfoncées jusqu’aux oreilles. Lui est détendu, un rien débraillé mais élégant. L’œil noir et le teint hâlé, il n’a rien à voir avec l’image qu’on peut se faire habitants de Reykjavik. Ses bottes en crocodile confirment qu’il est bel et bien un pirate. Passionné de voile et de sports outdoor, l’Islandais est un homme d’instinct plus que de calculs. Cela vaut aussi dans les affaires du cinéma, où il se débat à grands coups de spontanéité et d’authenticité. Sa palette de réalisation s’étale de la comédie sombre et un peu flemmarde à ses débuts, 101 Reykjavik en 2000, au polar complexe Jar City six ans plus tard, en passant par des succès comme Contrebande (2012) ou l’introspectif The Deep. Son deuxième blockbuster hollywoodien, 2 Guns, est sorti en France le 25 septembre dernier. Il réunit Mark ­Wahlberg et Denzel Washington, deux valeurs sûres des films d’action produits outre-Atlantique. Mais son chef-d’œuvre sera peut-être Everest au casting royal. Il met en images un accident de montagne avec notamment Josh Brolin et Jake Gyllenhaal. En mai 1996, huit personnes prises dans le blizzard succombent sur la route du plus haut sommet au monde. Comme à son the red bulletin


je me mets en danger dans mes films car j’ai besoin de me sentir vivant


Je ne veux pas être tenu par l’idée qu’un réalisateur doit rester scotché à sa chaise

Bonheur. Kormákur sur l’un des cent chevaux qu’il élève avec sa femme, dans un ranch posté à l’extrémité nord de l’Islande.


habitude, le téméraire réalisateur prévoit de filmer dans des conditions proches de la réalité. Interview à très haute altitude, café en main. the red bulletin : Pourquoi cette manie de vous mettre dans des situations de tournage dangereuses ? baltasar kormákur : Vivre ce genre d’expérience est, d’une certaine manière, la meilleure façon d’en raconter d’autres. Si vous montrez aux gens des choses que vous avez vécues, vous êtes plus à même de raconter de belles histoires. C’est aussi simple que cela. Comment comptez-vous vous y prendre pour Everest ? J’ai envie de m’intéresser à ce que représente cette montagne dans l’imaginaire collectif et individuel. Tout un chacun a, dans son âme, une histoire à raconter ou quelque chose à conquérir pour laquelle elle est prête à prendre le risque de tout perdre. Je crois que c’est mon chemin de vie, mais c’est aussi celui qu’entreprend chacun de nous, dans la voie qui lui correspond. Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi suis-je loin de ma famille, de ma maison ? Qu’est-ce qui me pousse vers Hollywood, qu’ai-je besoin de conquérir ? Pour moi, l’Everest est cette route nécessaire. Lorsqu’on tend vers les contextes les plus extrêmes, on aspire à surmonter énormément d’épreuves. Pourquoi je me mets en danger dans le film ? Parce que j’en ai besoin. J’ai besoin de me sentir en vie. Après Contrebande, 2 Guns n’est que votre deuxième réalisation à Hollywood. Avez-vous un plan de carrière ? C’était une occasion en or ! Mais je n’ai ­jamais envisagé l’Islande comme un terrain d’entraînement en attendant Hollywood. Je ne suis pas un stratège. On ne peut faire que ce qui vient à nous. Personne n’a les moyens de dire : « Je vais faire ça, puis ça, puis ça » en obtenant le résultat espéré. On doit juste savoir quand dire oui et quand dire non. Après 101 Reykjavik, on m’a proposé de réaliser La dernière maison sur la gauche, un film d’horreur (réalisé en 2009 par Dennis ­Iliadis et produit par Wes Craven, ndlr). Je n’ai pas voulu y aller, cela aurait défini ce qu’aurait été la suite. C’est ça, le truc. Parfois, on trace mieux sa route en disant non à Hollywood. Le film Everest est donc venu à vous ? J’ai travaillé avec le producteur Evan Hayes sur Contrebande. Il m’a envoyé le script. Je me souviens que, lorsque je l’ai the red bulletin

découvert, j’ai eu l’impression qu’on me mettait entre les mains le but de toute ma trajectoire. J’étais dans ma baignoire, dans un appartement à Londres, je lisais et d’un coup, j’ai dit : « Waouh ! Ce que je cherche depuis si longtemps est enfin là. » C’est exactement ce que j’avais toujours eu envie de faire, comme si on me l’apportait sur un plateau d’argent. C’est aussi pour cela que j’ai fait Contrebande. Je ne suis pas en train de dévaloriser quoi que ce soit, mais chacun a ses rêves et ses projets. Un projet comme Everest, c’est moi. Votre avis sur Hollywood a-t-il évolué ? Le truc, c’est que les routes qui mènent à ce qu’on espère sont tellement longues et difficiles que, lorsqu’on y arrive, votre idée de la chose a largement eu le temps d’évoluer. Une fois sur place, on ne voit plus le même obstacle que depuis la maison. Ce n’est pas moins effrayant, c’est juste que ce n’est pas le même obstacle. Plus on monte, moins la montagne paraît haute. C’est ça le sens du voyage. Rendre la montagne plus petite. Votre père est un Catalan d’Espagne et votre mère est islandaise. Pensez-vous

Parfois, on trace mieux sa route en disant non à Hollywood votre cinéma en termes identitaires ? Pensez-vous que Hollywood le fait ? Non, je ne pense pas. Cela m’énerve quand, en Europe, les gens parlent du ­cinéma américain, ils ne regardent pas le tableau dans son ensemble. Oui, évidemment, les pires films se font ici, mais aussi les meilleurs. Hollywood, c’est juste une idée. La plupart des films se font ailleurs et la qualité vient des productions de Russie, d’Europe ou de partout d’où l’argent peut venir. Hollywood est juste un point de rendez-vous planétaire. Quand peut-on parler de succès ? On devient suffisamment grand, dans ce milieu, lorsqu’on ne peut plus vous coller une étiquette. Prenons le réalisateur Ang Lee. Impossible de savoir ce qu’il va faire à l’avenir. Si vous regardez Brokeback Mountain puis Tigre et Dragon, difficile de dire que c’est le même qui a fait les deux. J’aime ça, c’est fantastique !

Ang Lee est un cinéaste étranger. Pensez-vous que cela a un rapport avec ce qu’il sait faire ? Je pense que Spielberg a le même talent, aussi. Entre Attrape-moi si tu peux, E.T. l’extraterrestre et Lincoln, voilà une incroyable variété de projets, sans oublier Jurassic Park et tant d’autres ! Si Spielberg se lançait dans un drame à petit ­budget ou s’il faisait une suite à Serial ­Noceurs (comédie de David Dobkin sortie en 2005, ndlr), ça donnerait quoi ? En fait, je me demande pourquoi quelqu’un qui a autant de succès ne se contente pas de faire juste ce qu’il a envie de faire. Il a plus de 60 ans (66 précisément, ndlr), il a fait des tonnes de films. Il doit vouloir continuer à divertir. Peut-être croit-il en certaines valeurs qu’il veut continuer à mettre en images. Je pense cependant qu’il est dangereux de piloter un empire dont une partie de la puissance est construite sur le succès de masse. Vous êtes alors condamné à réaliser un type de films très particulier et cela vous enferme. Ma liberté m’a permis de faire The Deep. Je savais que ça allait être un carton en Islande, mais je savais aussi que je n’allais pas faire d’argent dans d’autres pays. Et je veux conserver cette autonomie. Avez-vous peur qu’on vous colle une étiquette ? On ne peut pas dire : « Voilà qui je suis, voilà ce que je veux faire exclusivement. » Les choses vous définissent au fil du temps. Je crois que si on s’échine à trouver précisément ce que devra être son chemin, alors celui-ci ne sera plus aussi jouissif que cela. C’est comme faire la fête le 31 décembre. Pourquoi est-ce que la Saint Sylvestre est la pire des nuits ? Parce que c’est prévu ! Tout le monde se jure de faire la plus folle des fêtes, mais c’est raté. Puis vous sortez par hasard un mardi, vous en prenez une bonne, vous rencontrez une fille et vous tombez amoureux. Plus on planifie les choses, moins elles sont intéressantes. Ce procédé permet à beaucoup de personnes de surmonter leurs obstacles. Et je pense que, dans leur tête, c’est totalement inimaginable de parvenir au sommet de la plus haute montagne sur Terre. Quant à moi, je suis convaincu qu’il faut dompter ces démons qui nous maintiennent en retrait. C’est peut-être pour cela aussi que je me jette à l’eau, je ne veux pas être tenu par l’idée qu’un réalisateur doit rester scotché à sa chaise. Plus sur www.imdb.com

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Dantesque. Quatre sports, quatre équipiers. Les meilleurs mettent 5 heures. Les derniers, 9 heures. Bienvenue à Red Bull éléments.

Au bout des

éléments En se pte m b re d e rn i e r, ci n q uante -ci n q q uatu ors, p ros et amate urs, se so nt l a n cés à Ta l l oi res, e n H a u te -S avoi e, d a n s u n d é cor g ra n d i ose, à l ’a ssa u t d ’u ne cou rse d e re l a i s u ni q u e au mond e. Av iro n , t r ail , pa r apen te et V TT au men u. Re p ortag e. T e x te   : É t i e n n e B o n a m y

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dom daher/red bull content pool


À

quelques centaines de mètres du rivage, au ras de l’eau, on devine un sanglier nageant vers le pied de la falaise. Au loin, devant, quelques barques ballottent leurs pêcheurs. Au-dessus, le soleil ne se cache plus derrière la barre rocheuse de la Tournette. Et au milieu, paisible, le lac d’Annecy. C’est un samedi matin de septembre pour paresser au lit en reportant à plus tard le footing. Toujours l’été. Il ne manque plus que le tintement du clocher de Talloires pour marquer les neuf heures et ajouter la touche champêtre au décor de carte postale. Mais, à l’heure du carillon, c’est le rotor de l’hélicoptère de l’organisation qui tonne au-dessus du port haut-savoyard et la détonation d’un pistolet qui libère 55 skiffs alignés au large des pontons. Cap nord-ouest vers Sévrier. Un premier bord de 5 km pour s’essouffler. Une boucle de 11,7 km au total en contournant trois bouées. La 3e édition du Red Bull éléments fait bouillonner l’eau avant d’envoyer plus tard ses concurrents s’affronter dans l’air et sur terre. Bienvenue chez les costauds. La liste des 220 participants regroupe quelques-uns des meilleurs spécialistes français et internationaux du trail running, du parapente, du VTT et de l’aviron. Quand ils ne sont pas le numéro un de leur discipline comme Kilian Jornet, revenu pour la 3e fois à l’assaut de l’impressionnante montée de la Tournette. « Ici, on ne recherche pas le succès personnel », raconte Christophe Bassons, ancien équipier de Festina et de La Française des Jeux, qui sait ce que l’effort veut dire quand on court le Tour de France. À 39 ans, celui qui a débuté jeune dans le VTT est redevenu un coureur de VTT marathon. Par passion. Il découvre son premier Red Bull éléments grâce au Team Mag Aviron. « Quand je courais en pro, je prenais déjà presque plus de plaisir à me dépouiller pour l’équipe qu’à penser à ma 54

Unisson. Friedrich Dähler, vététiste des Swiss Bulls, porte son équipe à la 11e place du général. Guillaume Chatain décolle vers le lac d’Annecy (page de droite) mais son Team Salomon Bulls reste scotché au pied du podium. Médaillé de bronze à Pékin, Julien Bahain dans ses œuvres, en aviron (en bas). Il relègue son poursuivant immédiat à plus d’une minute.

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« En groupe, l’ é m o t i o n e s t m u lt i p l i é e   » Da ns l’a ire d ’a rrivé e, les fa ns le p iste nt . E n m onta g ne, les concurre nts le voi e nt f ile r. K ilia n J ornet , « l’ultra -te rrestre  » d u tra il, ne s’a rrête ja ma is. Inte r v iew exp ress.

THE RED BULLETIN : Que vient-on chercher dans une compétition hors norme comme Red Bull éléments ? KILIAN JORNET : Un moment de partage avec des copains et du plaisir. On croise des gens de disciplines qu’on ne connaît pas, ça excite la curiosité. Et puis, un relais, tu cours pour l’autre. En groupe, l’émotion est multipliée. Vainqueur l’an dernier, 5e cette année ... En 2012, je pars 7e après l’aviron. Là, je suis plus loin (31e), c’est aussi ça le piquant de cette compétition. Après, tu donnes le maximum pour l’équipe (il finit 3e de l’épreuve de trail, ndlr). Ce n’est pas comme une course en ligne où tu te règles sur les concurrents. Là, il faut aller vite, penser au relais suivant, à passer dans les meil-

leures conditions. En 2012, vous établissez le record de cette montée de la Tournette en 1 h 19’ 59’’. Un temps que vous ne battez pas cette année... J’aime les terrains techniques. Lors de cette édition, on a trouvé un sol plus gras. Surtout dans la partie la plus haute, en montagne, là où je me sens le mieux. Vous visez l’ascension (Summits of my life) de tous les grands sommets d’ici à 2015. Que reste-t-il au programme ? Après le Mont Elbrouz, je prévois, l’an prochain, le Mont McKinley au printemps et l’Aconcagua en hiver. Et l’Everest l’année suivante. Mais je n’ai pas de timing précis, c’est la montagne qui décide.

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propre victoire. » Il va être servi. Son coéquipier Julien Bahain, médaillé de bronze aux JO de Pékin en quatre de couple et avec un palmarès aussi long que son skiff, résume le challenge qui l’attend. « Ici, tu n’as pas de ligne d’eau. On est plus de 50, c’est la bagarre d’entrée. Il faut être devant. » Il arrache son embarcation à chaque pelletée. Il l’a promis : les deux premiers kilomètres à fond pour se détacher. Et le reste ? À fond. Aussi. C’est sa première participation et dans son sillage, il distingue les silhouettes du Néerlandais Mitchel Steenman (Team Swiss Bulls) ou du Suisse Simon

­ iepmann (Team Salomon Bulls), tous N deux médaillés aux derniers Mondiaux en Corée du Sud. Devant, on s’explique entre cadors. Derrière, on rame. « Vu la concurrence, t’essaies de pas trop prendre la vague », raconte Marc Fonta, membre du club de Marignane. L’eau à bord et le feu dans les bras, le Provençal souffre encore sur le lac quand Bahain apponte. Il reste 1 200 mètres à parcourir dans les ruelles de Talloires jusqu’à la ligne d’arrivée pour passer le relais à Cédric Fleureton, le trail runner de son équipe. 1 200 mètres avec un skiff de 10 kg et de 8 mètres de long sur l’épaule. Revenus the red bulletin

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Quelques fo ulées a u m i l i eu des spectate u rs et i l s vont s’ex p li q uer à perd r e h alein e d a n s l a forêt au-dess u s d u bourg


sur la terre ferme, certains rameurs vont boire la tasse au classement. « C’est un truc qu’on ne fait jamais. Tu ne t’entraînes pas à courir avec ton bateau », s’amuse le premier leader de la matinée qui s’est fabriqué une protection en mousse pour le porter. Et pas question de malmener une embarcation dont le prix varie entre 4 000 et 9 000 €. Au bout du dédale, chaque rameur, exténué, passe le relais à son coéquipier en courant avec lui sous l’arche de départ.

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epuis de longues minutes, les meilleurs trails runners attendent là. Julien Bahain envoie son équipier de 39 ans, vers le sommet de la Tournette. La performance sur l’eau de Damien Gallet (2e aux Mondiaux des moins de 23 ans en 2012, Team Insaisissable) place son pote en 3e position. Alexis Sevennec (Team Scott), une des pointes du trail running français, file en 5e place. Quelques foulées dans les rues au milieu des spectateurs et ils vont s’expliquer à perdre haleine dans la pente pierreuse qui s’enfonce dans la forêt au-dessus du bourg. Une montée héroïque de 11 km. Le must. Dans le carré d’attente, Kilian Jornet patiente. On s’étonne de le voir alors que plus de la moitié des concurrents a déjà détalé. Le Catalan guette Jérémy Pouge

Humilité. La Tournette, majestueuse, du haut de ses 2 351 mètres (ci-dessus). Sacha ­Devillaz au bout de l’effort (à droite). Le trail runner de Team Ravanel and Co mettra plus d’une heure ­quarante pour rallier le sommet.

et son skiff. Quand il arrive, le team FontRomeu Altitude, dossard n °1, vainqueur l’an passé et grand favori, pointe au 31e rang ! Pouge a pris l’eau (1 h 01’’46). Avec son temps de 2012 (54’49’’), il aurait lâché la fusée Jornet près de sept minutes plus tôt. Au niveau du chalet de l’Aulp, à la sortie de la forêt, quand la pente va bientôt se faire verticale, le Catalan est dans son domaine. Sur le sentier forestier, il a doublé plus de quinze concurrents. Il lui en reste autant à rattraper. À l’assaut de la Tournette, certains ralentissent, le cœur dans la bouche. Lui, il accélère. Seul le terrain gras le freine pour effacer avant le sommet les secondes de retard sur les deux derniers concurrents, partis avant lui. Il reste à « avaler » les échelles plantées dans la falaise, les plaques de granit au sommet et ce sera la zone de relais. ­Cédric Fleureton (1 h 25’’23, 3e temps) tient bon. Le Team Mag Aviron n °1 est le premier à laisser s’envoler son parapentiste, Hervé Franchino. Comme une tache de couleur, sa voile égaye le ciel et file vers l’alpage plus bas. Juste derrière, Alexis Sevennec grignote son retard de trois minutes pris à Talloires. L’ascension du spécialiste de ski-alpinisme et skyrunning change tout. À mi-parcours, le team Scott est 2e. Sevennec peut profiter de la vue. « J’étais un peu malade avant », débute-t-il pour commenter sa course. Rigolard, il enchaîne. « En fait, je suis venu reconnaître la montée la semaine dernière. J’aime ce relief. » 1 920 m de dénivelé positif, des passages à 21 %, des pentes à 80 %.


un succès fulgurant Red Bu l l éléments n’a qu e trois ans d ’ex i stence. L’épreu ve est un ren dez-vo us majeur d u ca l endr ier de fi n de saiso n. Il s’inspire de son aîné, le Red Bull Dolomitenmann qui a fêté sa 26e année dans les alpes autrichiennes. « Talloires s’est vite imposé comme le site idéal quand Red Bull nous a demandé de créer l’événement », glisse Ludovic Valentin, le coordinateur du rendez-vous. En 2011, à son lancement, Red Bull éléments s’installe en mai. Valentin : « On pensait que ce serait mieux pour la météo, avec des journées plus longues. » Mais c’est en pleine saison pour les athlètes. Un an plus tard, elle se déroule à la miseptembre. Une fois les pré-inscriptions ouvertes sur le site, c’est la course pour trouver le chaînon manquant de son équipe. Laquelle se forme à distance, grâce aux forums et aux réseaux sociaux, et se découvre parfois la veille de la course.

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Effort. Le vététiste Antoine Bouqueret a tout donné (à gauche). Son équipe, Asics, ­termine 7e. Michel Lanne (Team ­Salomon Bulls) arrive à La Tournette avec le 6e temps du trail (ci-dessus). La ­délivrance, enfin.

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S u r ce tracé, d i ffi c i l e d e co m p o s e r ave c l e c h ro no. 23,5 k m d ’a sce n s i o n, d es p e n t es à 1 5 % et 1   4 0 0 m d e d éni ve l é . D e l a b o ue, des racines, des cailloux Sur la crête, Sevennec jubile. Et pourtant, l’adresse de pilotage de Martin ­Bonis, le « voltigeur » de Font-Romeu rebat bientôt les cartes au classement. Avec le parapente, il faut embarquer les qualités techniques pour enchaîner trois décollages et trois atterrissages et avoir la « caisse » pour rejoindre deux fois une aire de take off située en altitude. Sept à huit minutes de vol au total et 2 351 m à s’envoyer à pied en deux fois. L’expérience vaut de l’or. La taille de la voile (entre 16 et 18 m2) fait la différence. Et c’est avec tout le barda (2 kg de toile et les harnais) qu’il faut assurer ensuite la liaison entre atterrissage et redécollage. La victoire peut se jouer là. Une situation que Martin Bonis répète. Le parapentiste de Font-Romeu est un aigle qui fond sur

la barge flottante, sorte de timbre-poste de 10 × 12 m, installée dans le port de Talloires. Le vol se finit là. Au sec pour les pilotes les plus lucides à l’arrivée. Encore quelques mètres, et c’est le départ du ­dernier relais. Alexis Chenevier (Team Scott), Fabien Canal (Innov8 – cyclexperts) et Gregory Doucende (Font-­ Romeu Altitude) sont quasiment roues dans roues pour l’ultime manche du jour. Il est midi passé. En 2012, Chenevier s’était déjà imposé en VTT mais son équipe avait fini 4e. Cette année, Pascal Giguet a monté son Team Scott pour la gagne. Et c’est à ­Chenevier de boucler l’affaire. Sur ce tracé infernal, difficile de composer avec le chrono. 23,5 km d’ascension, de dégringolade. Des pentes à 15 %, 1 800 m de dénivelé. De la boue, des racines, des cailloux. La terre se déchaîne. « C’est un des parcours les plus durs que je connaisse. Je me suis bien fait une frayeur ou deux en partant en glisse dans la descente. » Alexis Chenevier franchit la ligne d’arrivée peu après 14 heures. Soit 5 h 03’ 29’’ pour boucler les quatre épreuves. Qu’importe si ce sont dix minutes de plus que le chrono de Font-Romeu Altitude l’an dernier, le Team Scott tient son succès avec 1’45 d’avance sur Canal, Innov8 – cyclexperts (encore deuxièmes) et Mag Aviron System de ­Bassons. Les corps et les machines portent les traces du toboggan infernal qui les a broyés. À chaque arrivée, une histoire. Celle d’une glissade, d’une chute, d’une casse. Christophe Bassons a le bras entaillé sur quelques centimètres, mais le cuir est bien tanné. Certains boitent. D’autres ont un pneu crevé, le dérailleur brisé. Antoine Bouqueret (Team Asics), loin de sa Normandie, termine 7e au bord des larmes. Sans sa selle, cassée dans une chute. Au départ de son relais, il partait batailler pour le podium. « Sur un tracé comme ça, se frotter aux garçons c’est chaud », résume la vététiste Fanny Bourdon, membre des Funny Girls, seule équipe 100 % féminine, classée 35e. Sa voisine, Laurie Genovese, acquiesce. Première féminine de la Coupe du monde de parapente à Val Louron en août, elle porte un strapping autour de ses deux doigts victimes d’une grosse entorse. « Je me suis fait ça en descendant la via ferrata sur La Tournette au moment du relais. » Trois heures et 56 minutes après Alexis Chenevier, Jessy Wastiaux, 4e relayeur du team Jean-Jambeletronc, passe la ligne. Neuf heures et 19 secondes de course au total. Le temps ne compte pas, seul demeure l’exploit d’être allé au bout, avant de se pencher sur l’édition 2014. Plus sur www.redbull.fr

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A u p r i n t e m p s d e r n i e r , l e s A n g l a i s d ’ H E AV E N ’ S B A S E M E N T o n t j o u é l e u r r o c k a u x q u at r e c o i n s d e l’ E u r o p e . T H E R E D B U L L E T I N l e s a a c c o m pa g n é s d a n s l e b u s d e l a t o u r n é e à T o u l o u s e , Ma d r i d e t Ba r c e l o n e . P h o t o s   : Ja n e S t o c k d a l e

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Texte : Florian obkircher

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de la c av e Ă la gloir e


Phénomène. Le chanteur et cerveau du groupe, Aaron Buchanan, garde la tête froide tandis que le batteur Chris Rivers, le guitariste Sid Glover et le bassiste Rob Ellershaw se la coulent douce (de gauche à droite).

eaven’s Basement, ce sont quatre types qui partagent un rêve commun : la conquête de l’Olympe du hardrock. Sid Glover (guitare), Chris Rivers (batterie), Rob Ellershaw (basse) et Aaron Buchanan (chant) surfent sur la bonne voie pour y parvenir. Grâce au premier album Filthy Empire, le quatuor est propulsé en février dernier dans le top 10 de la BBC Rock et est salué par plusieurs magazines. Le jeune groupe a partagé des scènes avec Bon Jovi, Deftones et Papa Roach. Les concerts sont pour Heaven’s Basement l’essence du rock ’n’roll, la seule et unique raison de se lever tous les matins. Chris : « Nous jouons à chaque fois comme si c’était notre premier. Avec ardeur. Quitte à détruire une guitare, autant la démolir en bonne et due forme. Et si on doit sauter dans le public, autant s’y jeter complètement. Sur scène, il n’y a pas de place pour la demi-mesure. » Le ton est donné.

1 er jour (Toulouse) La rue étroite qui mène à La Dynamo est bloquée. Des conducteurs excédés klaxonnent et font signe à la ribambelle d’adolescents habillés uniformément en noir de les laisser passer. Ces derniers s’en moquent royalement. Ils en profitent pour se saupoudrer mutuellement de maquillage, lequel ruisselle en raison de l’averse persistante. Ils peignent aussi des cœurs surdimensionnés sur des cartons géants. Leurs voix aiguës couvrent les chansons hurlées par les téléphones portables. Ces ados chantent les titres des Black Veil Brides. Où qu’il se produise, le groupe américain déclenche une petite Beatlemania, en particulier Andy Biersack, le chanteur, âgé de 22 ans, sorte de clone juvénile de Marilyn Manson. 62

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«  L ES SUCETTES c’est TOP contre LA GUEULE DE BOIS  » the red bulletin

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Le match s’annonce compliqué pour Heaven’s ­Basement. Depuis hier, le jeune groupe de rock britannique est en tournée en Europe aux côtés de Black Veil Brides. Le premier concert à Paris ne laisse planer aucun doute. Les salles affichent complet, mais pas pour nos amis anglais. En tant que première partie, ils doivent gagner le respect et la reconnaissance des fans. Ça tombe bien, le chanteur Aaron Buchanan et ses potes aiment le défi. « Nous ne nous contentons pas de chauffer la place aux Black Veil Brides, nous voulons les défier et tout donner lors de nos concerts », confie-t-il dans les coulisses, quelques instants avant de monter sur scène. À l’arrière, ses collègues s’échauffent. « Un, deux, trois, quatre ! Tu peux mieux faire », souffle le bassiste Rob pour encourager son collègue Chris, le batteur dégingandé du groupe. Il cogne dans les pattes d’ours de son adversaire tel un taureau sauvage. « Pendant une tournée, on reste constamment assis dans le bus et on n’a ni le temps, ni la place de s’entraîner », explique Chris, en sueur. D’où cette débauche d’énergie. Le groupe a-t-il réellement besoin d’un tel échauffement ? Pas vraiment, en réalité. « How the fuck are you doing, Toulouse ? », demande Aaron à la foule en délire. On entend le hi-hat et le boom de la batterie ! Le quatuor démarre son concert comme une Ferrari, passant de zéro à cent en cinq secondes. Le guitariste Sid s’agenouille, à l’instar d’un Slash, ses longs cheveux devant le visage. Il finit par étrangler sa guitare.

«  J e ne porte jamais de caleçon en concert. C’est inutile  »

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2 e jour (Madrid) Le bus des Heaven’s Basement est divisé en trois. à l’avant, la zone alcool et jeux d’ordinateur, le lounge cinéma avec un grand téléviseur à l’arrière et, au milieu, les couchettes. Des lits superposés étroits rappellent les semaines de classe verte. Les effluves de vodka en plus. L’odeur est en partie couverte lorsque le voisin de chambrée sort de son sac de couchage en rampant et se rafraîchit avec du déodorant bon marché. Le groupe est prêt. Il est 23 heures. Le bus est garé sur une place de parking souterrain. Quelques heures plus tard, c’est la surprise pour les garçons lorsqu’ils en sortent et se retrouvent sur une grande place en marbre blanc, face au Palais Royal. Le soleil les éblouit. Ils trouvent un café derrière le musicien de rue qui joue My Heart Will Go On de Céline Dion à la trompette. Sid commande une sucette glacée. « Il fait hyperchaud, j’ai la gorge sèche. Il n’y a rien de mieux qu’une sucette pour lutter contre la gueule de bois », essaie de se convaincre le guitariste. « Grazie ! », répond-il poliment à la serveuse avant de déclencher les rires du reste du groupe. « Après des mois de tournée, on confond les langues. » Le chanteur Aaron, pas au top de sa forme depuis quelques jours, prend un thé pour soulager sa voix. Une autre conséquence de l’air conditionné qui sévit en tournée. Deux semaines avant, à Toronto, c’était bien pire. Il a même dû aller chez le médecin. Verdict ? Le doc lui conseille d’annuler le show du soir. Aaron a tout de même chanté, à moitié malade. Il se sacrifie pour ses musiciens. Le rock est un sport d’équipe. Juste après le petit-déjeuner, le groupe apprend la mauvaise nouvelle. Il doit se coltiner le matos jusqu’à la salle de concert, située à quinze minutes à pied. La raison ? Le bus géant est trop volumineux pour se garer à côté. Les aléas du métier. Tambours et grosse caisse sur l’épaule, ils chargent les amplificateurs, hauts comme des hommes, sur des chariots. En plein cœur de Madrid, les touristes s’étonnent en voyant haleter devant leurs yeux quatre types habillés de vestes en cuir et de jeans



Instantanés. Partir en ­tournée, c’est ça aussi : des fans avides de souvenirs (en bas), une logistique un peu aléatoire (en bas à droite)…. ­Qu’importe ! Sur scène, les quatre musiciens sont les rois du monde.

«  S i ce poste reçoit 2  0 00 “J’aime”, notre roadie se fera tatouer une aile de poulet avec un chapeau de cow-boy  » 66

déchirés. « C’est génial de faire partie d’un groupe, hein », ricane Rob en essuyant son front dégoulinant de sueur. Devant la salle de concert, même spectacle que la veille. Des nuées d’adolescents tout de noir vêtus, bardés de posters, CDs, stylos... En apercevant Heaven’s Basement, ils sont littéralement en transe. Bras autour des épaules, sourire, clic, au suivant ! Chaque membre du groupe enchaîne une cinquantaine de photos. Aaron est surpris : « La plupart nous connaissent du dernier concert que nous avons donné à Madrid fin 2012. » Le début du vedettariat ? « Ce n’est pas ce que je dirais, répond-il. La gloire rapide n’apporte rien. Le groupe, c’est ma vie. Je ne pourrais pas me pardonner de ne pas me donner à 100 % sur scène. La reconnaissance du public en est la récompense. » Pendant la balance, le quatuor apprend que la virée nocturne des Black Veil Brides a été un échec. Le chauffeur de taxi ne les a pas conduits au club de strip-tease local, mais à une maison close, en proche banlieue. Se rendant compte de l’erreur alors qu’il leur est réclamé 2 000 € à l’entrée, ils rentrent à l’hôtel profondément déçus... Les Heaven’s Basement se marrent. C’est de bonne guerre. Sous la douche, dans les coulisses, Aaron a trouvé un canon à eau avec lequel il décide d’ouvrir le concert. Le public est copieusement arrosé. Un jeu qui fait disjoncter la foule. Pendant I Am Electric, the red bulletin


«  A C/DC met dans l’ambiance. Après quelques chansons, tu es électrisé  » la salle devient dingue puis elle s’embrase sur Fire, Fire. Lorsqu’Aaron se rapproche du bord de la scène, les filles crient et tendent leurs bras vers lui. Les cinq premiers rangs se lancent dans un delirium collectif assourdissant. « Je n’ai jamais vu ça, confie, abasourdi, le guitariste Sid, les yeux dans le vague, après le show. C’était peut-être notre meilleur concert. » Chris jette un coup d’œil à la page Facebook du groupe. Les premiers commentaires sont déjà en ligne, les fans attendent des réponses. On peut lire sur le mur : « Si ce poste reçoit 2 000 “J’aime”, notre roadie se fera ­tatouer une aile de poulet qui sourit avec un chapeau de cow-boy. » Aujourd’hui, le roadie en question exhibe fièrement la preuve de sa popularité sur le bras. Lorsque le groupe charrie le matos, un tonnerre d’applaudissements le salue à l’entrée des artistes. Ce sont les fans des Black Veil Brides.

3 e jour (Barcelone) Neuf heures du mat’. Aaron est attablé dans son élégant peignoir et joue aux échecs sur sa tablette. Contrairement à ses collègues, il ne boit pas et se couche immédiatement après les concerts. Pour ménager sa voix. Parfois, il a le sentiment de vivre une vie parallèle dans le bus. La réalité le rattrape lorsque

ses potes ­entonnent bruyamment des reprises d’Oasis à la guitare acoustique à 4 heures du matin. Néanmoins, le contraste entre son abstinence et les frasques de Sid, rocker en chef, est essentiel pour l’alchimie du groupe. « Sur scène, cette friction se transforme en pure énergie », déclare Aaron. Ce mode de vie sain fait au moins un heureux. C’est Alex, le manager de la petite bande. Il y a quelques années, il était en tournée avec le groupe anglais Primal Scream. Le changement est brutal : « Tous les soirs, nous devions porter leur chanteur sur scène. C’est plus agréable de travailler avec Aaron. » 10 h 30. Chris ouvre un œil dans sa couchette et se renseigne sur les possibilités de se doucher. Le bus est garé sur un parking désert de la banlieue de Barcelone. Des camions, des caravanes abandonnées, des préfabriqués anonymes les entourent. Le chauffeur répond qu’il doit y avoir une cabine de douche à cinq minutes. Tandis que Chris cherche un dernier slip propre dans son sac de sport, les autres s’apprêtent à prendre leur petit-déjeuner. Affalé au comptoir d’un bar de quartier, Sid commande une tortilla et apprécie la chaleur du soleil. « C’est pour cette raison que j’aime la vie en tournée, dit-il. Mon lit ne me manque pas. C’est même l’inverse. Quand je suis chez moi en Angleterre, je regrette les cafés espagnols avec leur grand choix de tapas. » Il écoute AC/DC pendant le trajet qui les conduit à la Sala City Hall, en centreville. « Il n’y a pas mieux pour te mettre dans l’ambiance. Après quelques chansons, t’es électrisé. Yeah, let’s go for it ! » Une séance photos est (encore) prévue. Lorsque Chris lève au ciel une corne diabolique, son boxer aux couleurs de l’Union Jack sort de son jean. « Je ne porte jamais de caleçon en concert. C’est inutile, il est tout de suite trempé de sueur. » Amusé par cette anecdote, Sid raconte, tout en allant sur scène, que les gladiateurs de la Rome antique essuyaient leurs gouttes de sueur avant leur mort sur des tissus qu’ils offraient aux dames en guise d’aphrodisiaque. Si cette histoire est vraie, ce serait une juteuse affaire pour le quatuor. La troisième chanson est à peine terminée que Sid et Chris ont déjà enlevé leur teeshirt. Il fait chaud. Incroyablement chaud. Chris frappe tellement fort sur sa batterie que le levier de la caisse claire cède juste avant un passage calme d’une chanson. Il reste vingt secondes avant le refrain. Le roadie court à la batterie avec la nouvelle caisse claire. Il desserre fébrilement la vis et fixe l’instrument. Le refrain se rapproche, les guitares jouent plus fort. Un, deux, trois... ouf, la caisse claire est installée et le gig est sauvé ! Le public n’y a vu que du feu. Après le concert, les garçons reviennent sur cet incident. Ils en rigolent. « C’était vraiment juste, avoue Chris. Trois secondes de plus et je manquais le début. » Le bus doit être à Zurich le lendemain. 800 kilomètres de route de nuit sont au programme. En Suisse, ce sera le premier et unique jour de libre sur cette tournée. Qu’ont prévu les garçons ? Se la couler douce au bord du lac ? « Pas vraiment. Un gig se mettra peut-être spontanément en place », explique Sid en montant dans le bus. Rideau. Plus sur www.heavensbasement.com

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bébêtes show

ROA est une des stars du street art. Cet artiste belge rend les rues plus belles. Il s’est raconté à The Red Bulletin au cours de la plus longue interview qu’il ait jamais accordée. Texte : Jasmin Wolfram et Andreas Rottenschlager Photos : Philipp Greindl

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Marathon. « D’abord, ce sont les épaules qui brûlent, puis le dos et l’index de la main droite, pointe ROA, 38 ans. C’est lui qui presse le gicleur des bombes aérosols. »


Masqué. « Je suis un nomade de la peinture murale », déclare l’homme sans visage.

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the red bulletin : Vous pulvérisez d’énormes motifs sur les murs de nos rues, avec la pression de faire très vite. Ce n’est pas qu’un travail d’artiste, c’est aussi un défi physique permanent... ROA : Oui, récemment, j’ai travaillé sur un dessin dans le port de Linz, en Autriche. Ça a duré neuf jours, à raison de

douze heures quotidiennes, souvent sans pause. D’abord, ce sont les épaules qui brûlent, puis le dos, et enfin l’index de la main droite. C’est lui qui presse le gicleur des bombes aérosols que j’utilise. Et bien entendu, la tête fatigue aussi, parce que c’est un vrai défi mental. Comment transférez-vous l’idée née sur une feuille A4 à un bâtiment haut de plusieurs étages ? Je fais mon croquis directement sur le mur. Un mur est comme n’importe quelle autre surface de travail, mais en un peu plus grand. Je trouve ennuyeux d’avoir à reproduire quelque chose que j’aurais déjà peint, donc mon croquis initial est un simple gribouillage. Je veux, à chaque fois, créer quelque chose de neuf et frais. Au fil du temps, beaucoup de vos travaux ont été retouchés par d’autres. Est-ce que cela vous dérange ? J’ai très envie que mes œuvres subsistent le plus longtemps possible mais, si je quitte un endroit, c’est que j’y ai terminé mon boulot. Le mur ne m’appartient pas, la planète ne nous appartient pas. Il s’agit de lieux publics et n’importe qui, armé d’une bombe ou d’un pot de peinture, peut modifier mon œuvre. Faites-vous du street art ou de l’art moderne ? C’est contemporain, pas moderne. Peu ­importe si le street art est défini comme un art intellectuel ou underground, s’il est pris au sérieux ou non. Le principal, c’est qu’il est. Le terme de street art a été inventé par des gens qui n’avaient absolument rien à voir avec la rue et, comme un grand nombre de concepts, il n’est fait que de la connexion de deux mots : street et art. Les artistes de rue existent depuis bien plus longtemps que le terme. Cela ne se limite pas à la peinture, c’est aussi la jongle, le mime et la musique. C’est un terme néthe red bulletin

elsa okazaki

ew York, Londres, Berlin… Les mégalopoles peuvent aussi se vivre comme un safari en y chassant ces géantes fresques animalières de ROA dans les cours cachées ou les façades d’usines. Inspiré en partie par les croquis de Charles Darwin, l­ ’artiste de rue belge et masqué révolutionne les villes de couleurs simples : du blanc, du noir et du rouge. Et sa trace, aujourd’hui, valorise un bien immobilier. Autrefois condamné à jongler avec la loi, ROA bénéficie désormais de la protection des mécènes d’art contemporain qui lui offrent des espaces d’expression à la mesure de son talent. Certaines de ses œuvres atteignent la taille de plusieurs courts de tennis, tandis que les ­petites pièces s’exposent. Par exemple, au musée d’art contemporain de Los Angeles. L’an passé, la galerie d’art londonienne Stolen Space lui a même dédié une exposition. Bien que son art soit voué à l’universalité, l’artiste reste caché. Aucune photo de lui à visage découvert n’existe. Quant à son pseudo, ROA l’avoue sans ­détour : « Il ne veut rien dire. » La préservation de sa vie privée, le Belge l’explique simplement : « Les créations sont plus importantes que les gens. » The Red Bulletin le rencontre à Vienne, en Autriche, dans la galerie d’art Hilger Next. Du hip-hop assourdissant dégueule des enceintes planquées sur le balcon du deuxième étage. À l’intérieur, les bombes de peinture jonchent le sol. Le soleil tombe, la lumière ne va pas tarder à manquer. ROA s’active pour conclure sa dernière création, un martin-pêcheur toutes ailes déployées. À la tombée de la nuit, il dépose les armes, le temps d’une interview exceptionnelle.


Pari. En juin dernier, ROA ­devient chèvre. Il produit deux énormes fresques ­murales dans le cadre des Bubble Days de Linz. Le Belge y consacrera neuf jours.

Les artistes de rue existaient avant le street art the red bulletin

faste qui ne décrit rien. Parce que le fait de peindre est sanctionné par des amendes et des peines de prison, on réalise bien que cela ne plaît pas à tout le monde. On vivrait tous mieux si les gens craignaient moins pour leur vie privée et leur droit de propriété, et s’ils envisageaient ces œuvres comme un don et non comme quelque chose qui affecte leur environnement. Plus jeune, vous peigniez les murs de maisons abandonnées. Aujourd’hui,

vous êtes exposé dans des galeries prestigieuses. Comment vivez-vous ces deux extrêmes ? Un artiste est un artiste. Peu importe où et comment il fonctionne, ni le contexte dans lequel il exerce. Le sentiment essentiel qui doit l’animer est d’avoir envie de créer quelque chose. Ça n’a rien à voir avec l’estime que vous portent les gens ou la valeur que vous avez sur le marché. Même si c’est agréable d’avoir tous les 71


matins du pain, du fromage et de la confiture sur la table du petit-déjeuner. Comment définissez-vous le terme « artiste » ? Un artiste peut faire ce qu’il veut. Si quelqu’un arrive à cet étage de la galerie et défèque en plein milieu, s’il appelle ça de l’art, c’est de l’art. Que le public aime ou non, c’est une autre histoire. Un artiste ne devrait produire que des choses nées de son inspiration et non d’une obligation mercantile. J’ai eu toutes sortes de petits boulots pour pouvoir payer mes bombes de peinture. Maintenant, c’est l’inverse : je fais de l’argent avec ma peinture pour vendre mes peintures. Votre art tourne essentiellement autour de l’apprivoisement des animaux sauvages. Pourquoi ? Je ne les dompte pas réellement, pas activement. Certains trouvent mes animaux doux, d’autres les trouvent agressifs. Lorsque j’ai fini de les peindre, ils sont statiques mais pas forcément morts. Les spectateurs leur prêtent l’attitude qu’ils souhaitent y voir. Tous vos sujets sont des animaux. Que n’aimez-vous pas chez l’être humain ? Les animaux révèlent beaucoup de choses sur l’époque dans laquelle nous vivons, sur les choses qui nous touchent et la ­façon dont nous menons nos vies en tant qu’êtres humains. Comment le travail de Charles Darwin inspire-t-il vos dessins ? Inlassablement, Darwin a traversé la planète à la recherche des espèces animales, comme pris dans un tourbillon perma-

Osé. Le travail de ROA à Linz (Autriche). En bas : un crâne de chèvre chamoisée.

nent. En ce sens, nous sommes très proches. Je m’intéresse de très près à la biologie et au règne animal. Mais, je suis un artiste, pas un biologiste. Combien de temps parvenez-vous à passer chez vous, en Belgique ? Je suis arrivé à un stade où ma vraie mai-

Un artiste peut déféquer dans une galerie, il appellera ça de l’art

son n’est plus tout à fait ma maison. Je vis comme un nomade de la peinture murale. Certains de vos dessins au crayon rappellent les maîtres de la peinture flamande. Vous inscrivez-vous dans la lignée de cette école traditionnelle ? Nous sommes tous influencés par l’environnement dans lequel on grandit. C’est une sorte de marque qui inspire, même si on ne le réalise pas dans l’instant. De ce point de vue, oui il est possible que l’école européenne ait influencé mon style. Votre travail s’étend sur des murs de vingt mètres de haut. Comment parvenez-vous à préserver les proportions ? Je n’utilise pas de projecteurs ni de grilles. Cela ne me servirait à rien parce que, quand je commence, je ne sais jamais comment cela va finir. Je trouve les idées pendant que je peins. J’ai des photos des animaux que je souhaite peindre, j’étudie leur squelette et, ainsi, je perçois leur anatomie et les proportions. En 2011, vous avez peint en Gambie. Comment les gens ont-ils réagi face à votre travail ? Les gens sont ouverts à la créativité, ils n’ont pas peur du changement. C’est la plus grande différence avec l’Europe ? Pour quelle raison les artistes occidentaux du graffiti peignent-ils quasi exclusivement sur des ruines ou dans la clandestinité ? Parce que ce sont des endroits où ils ne sont dérangés par personne. Mais ce sont aussi les lieux qui offrent le plus grand potentiel en termes de transformation. Mais désormais, il y a des propriétaires de fonds immobiliers qui spéculent sur l’idée que le street art peut revaloriser leurs biens. Qu’est-ce qui vous excite le plus : la liberté de la légalité ou le frisson de l’illégalité ? Que ce soit légal ou non ne change rien. La seule chose qui m’importe, c’est de créer quelque chose d’intéressant. Plus sur www.inoperable.at

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ADRÉNALINE

DES PHOTOS À UFFLE COUPER LE SO

INGÉNIEUX

ANGE LE MONDE CH GRÂCE À EUX

EXTRÊME

© Romina Amato

NS AVENTURE SA FRONTIÈRES

TO N . T N e m O m H O R S DU C O M

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TON mOmeNT. hors du commun

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damian foxall

Bien en Sail À bord d’Oman Sail, le skipper irlandais a un compte à régler avec la Transat Jacques Vabre, dont il est le favori de cette 11e édition. Texte : Declan Quigley

Les multicoques de la Transat Jacques Vabre ont quitté Le Havre, leur port d’attache, le 3 novembre dernier. Cette envolée vers le large représente beaucoup pour Damian Foxall. L’Irlandais s’est élancé aux côtés de Sidney Gavignet avec une seule idée en tête : prendre sa revanche sur la Transatlantique qui doit le mener cette année vers les eaux tropicales d’Itajai, dans le sud du Brésil. Pour sa troisième participation à la Jacques Vabre, l’enfant du comté du Kerry, au tempérament bien trempé, ambitionne « d’achever ce qui n’a pas pu l’être en 2005 ». Cette année-là, Foxall est associé à Armel Le Cléac’h à bord de Foncia, sur le même type de multi. L’aventure tourne court pour Foxall et Le Cléac’h en plein Golfe de Gascogne, où une vague scélérate retourne le 60 pieds et transforme leur ruée vers l’or en opération de survie. Foxall rembobine : « Il s’est passé ce qu’il s’est passé. Huit ans après, l’angoisse est toujours présente. Bon, dans l’histoire, on a joué de malchance et on a eu du mauvais temps. Pourtant, on avait réduit les voiles pour naviguer en sécurité. » Pris au piège sous le bateau, diminué par une luxation de l’épaule, Foxall s’arrache pour remonter à la surface. Coincé entre la coque et le filet, il parvient à ­aspirer une bouffée d’air. Elle lui sauve la vie. Le Cléac’h, lui, est projeté en l’air puis retombe sans dommage sur la grand-voile qui amortit sa chute. Le ­Breton appelle son équipier. La réponse tarde. L’instant lui glace le sang. Il finit par apercevoir l’Irlandais dans la nuit. En nageant, il se précipite pour l’aider, l’installe aussi confortablement que possible 74

Photo : Antoine Doyen

avec une épaule disloquée, et appelle des secours déjà sur zone pour porter assistance au trimaran Orange Project. à bord de l’hélicoptère Super Frelon de la Marine nationale qui le ramène à terre, Foxall est transi et épuisé mais garde un semblant de lucidité, sous les yeux ébahis des secouristes. « Personne n’est responsable de tout cela, sauf nous. ç’a été un de ces moments injustes de la vie. Ce sentiment perdure aujourd’hui. Cette course est devenue une affaire personnelle. » La Transat Jacques Vabre est une aventure de 7 000 km. Trois semaines d’épopée pour des équipages en double lancés à pleine vitesse sur le tracé historique des routes du café, de l’Europe vers

« Huit ans après, l’angoisse est toujours présente. Personne n’est responsable de tout cela, sauf nous » l’Amérique du Sud. à bord du trimaran MOD70 du team Oman Sail, le binôme Foxall-Gavignet entend célébrer comme il se doit le 20e anniversaire de l’épreuve. à 44 ans, Foxall a de l’expérience à revendre. La navigation sur un multicoque n’a plus vraiment de secrets pour cet Irlandais marié à une Française. En 2003, il termine 3e de la classe Orma, les mythiques 60 pieds, en compagnie de ­K arine Fauconnier sur Sergio-Tacchini. L’Irlandais a aussi rallié à bon port sept

des neuf tours du monde qu’il a entamés. Foxall compte 18 transatlantiques à son actif et un solide palmarès. En 2004, il signe un record autour du monde à bord du maxi catamaran Cheyenne, du regretté Steve Fossett. Quatre ans plus tard, il s’impose dans la Barcelona World Race, courue en Imoca, le monocoque de 60 pieds du Vendée Globe, avec JeanPierre Dick sur Paprec-Virbac 2. Enfin, il fait partie de l’équipage victorieux de la Volvo Ocean Race 2011-2012, au sein de Groupama, barré par Franck Cammas. Depuis, Foxall et Gavignet alignent les milles à bord du MOD70 qui sert d’école pour les aventuriers omanais. Cet été, Oman Sail a parcouru un tour d’Europe d’un nouveau genre, la Route des Princes, avant de s’adjuger la Fastnet en août dernier au détriment de Banque Populaire d’Armel le Cleac’h. « Sidney et moi avons déjà fait une course transatlantique en double (la Transat AG2R 1997, sur le circuit Figaro, ndlr). Nous sommes complémentaires, détaille Foxall. La preuve, nous avons beaucoup couru l’un contre l’autre ! » Foxall est dans la fleur de l’âge. L’impétuosité de la jeunesse combattante a fait place à une science certaine de la navigation. « Avec les années, on navigue toujours aussi vite mais on devient plus intelligent. En voile, l’expérience est ­précieuse. Ce qui est important, c’est de préserver cette soif de vaincre. Il y a des gars plus vieux que moi qui sont toujours au sommet. Tant qu’on est motivé et qu’on a les moyens de bien se préparer physiquement, alors on est opérationnel pour jouer la gagne. » Plus sur www.transat-jacques-vabre.com the red bulletin


À l’état sauvage Damian Foxall est l’ambassadeur de la Fédération canadienne de la faune. La préservation de la nature est un sujet cher à cet Irlandais qui a grandi dans un environnement rural. Allez les Verts ! Lorsqu’il est de passage au Canada, Foxall joue au football gaélique dans une équipe composée de Québécois et de Bretons plus que d’Irlandais expatriés.


Danse

Machine Texte : David Brun-Lambert Photos : Angela Boatwright


Flexible. Le décor est planté. En pleine rue, sous les yeux de leurs potes, Vibez (à gauche) et Jay Donn (cidessus) détonnent à Brooklyn. élastiques ?

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East Brooklyn. Situé en face de Manhattan, le « quartier » de Brooklyn est aussi grand que Paris. L’endroit est en perpétuelle mutation, toujours avant-gardiste.

é dans les bas-fonds de Brooklyn, le flex s’est imposé au fil des années comme une des danses urbaines les plus extrêmes des ÉtatsUnis. The Red Bulletin s’est rendu à New York afin de décortiquer ce phénomène en passe de toucher le grand ­public. Reportage.

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New Lots Avenue. Brooklyn Est. Terminus de la ligne de métro n° 3. Depuis 15 heures, une dizaine de types traînent sur une triste place en gravats. Ils parlent fort, miment des coups et s’esclaffent pour un rien. Soudain, l’un d’entre eux exécute un pas et se tord, comme pris de convulsions, aussitôt suivi par un autre. En un instant, ils sont plusieurs à enrouler leurs membres, maltraiter leurs bras et jambes dans une suite de combinaisons masochistes. Lorsque des basses rugissent d’un ghettoblaster laissant entendre un dancehall nerveux au tempo élevé, les danseurs se déchaînent, infligeant à leur corps des supplices tels qu’on craint que leurs os se brisent. Pour autant, une beauté indéniable mais douloureuse naît de ces chorégraphies étranges qui voient ces garçons s’agripper sauvagement les uns aux autres, puis éprouver la résistance de leurs muscles sous le regard stupéfait des ­badauds. Car partout, au croisement de ­Warwick et de Livonia Street, on entend Modd ! (« Terrible ») ou B.A!, l’équivalent de Mazel Tov ! Le flex est désormais un peu le patrimoine d’East Brooklyn. « Grâce à cette danse, notre communauté voit sa culture célébrée partout aujourd’hui, assure Flizzo, colosse tatoué et figure respectée de ce bout du monde newyorkais. Le flex est notre fierté. Un passeport pour échapper à la violence et exister. » Apparu au début des années 2000, le flex est à la fois une danse, une culture urbaine et un mode de vie. Le mouvement a connu une lente maturation jusqu’à devenir un passeport pour la gloire. Caractérisé par des contorsions issues du bruk up jamaïcain, du popping caribéen des années 60, du break dancing et de la pantomime, ce style s’est développé durant la dernière décennie en un courant artistique autonome qui possède sa musique (un reggae dancehall futuriste proche d’une sorte de dubstep jamaïcain, ndlr), sa

Reem avec succè s à 27 ans, cet amoureux de la culture jamaïcaine qui fait la force des clips de Sean Paul ou Elephant Manest un personnage clé de la scène flex. Enfant du comté de Kings devenu danseur professionnel à 14 ans, Reem est l’instigateur de la Battlefest League, événement consacré aux danses urbaines extrêmes. Inspirées des règles en vigueur au sein de la NBA, ces trois éditions annuelles mettent le feu aux quatre coins des états-Unis. Les danseurs s’affrontent pendant des rounds de 90 secondes. Le public les départage.

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écrémé. Milk ne fait pas dans la dentelle. Son obsession ? « Inventer de nouveaux mouvements. » L’épaule est jetée.


Bone s, quelle machine ! Bones The Machine (ci-dessus et en démo en bas) incarne la nouvelle génération. À 25 ans et déjà dix ans de carrière, il est considéré comme un des meilleurs bones breakers (littéralement « casseur d’os ») du moment. Ce garçon au charisme évident dirige le NextLevel crew, collectif de onze flexors. Bones crée des chorégraphies innovantes, influencées par le ballet ou la danse contemporaine. La meilleure preuve ? La vidéo Zilla March réalisée à l’été 2011 dans le métro new-yorkais où son groupe apparaît torse nu. Il arbore des masques à gaz pour les besoins d’une performance sidérante. Décidé à se démarquer de ses collègues, Bones entend, à l’avenir, représenter l’avant-garde du mouvement.

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compétition annuelle (la Battlefest League), son mode de diffusion (YouTube) et ses stars. Grandi dans l’underground des quartiers caribéens, le flex est d’abord né d’une absolue nécessité. Celle de traduire la brutalité d’une existence quotidiennement menacée par les gangs, la drogue, la délinquance et le chômage. Oui, le tableau est plutôt noir. Des fléaux que les gamins issus de ce coin d’Amérique ont choisi de conter par le biais d’une palette de mouvements qui puisent dans la culture jamaïcaine, le hip-hop et toutes les danses urbaines créées depuis trente ans aux états-Unis, voguing et krumping compris. Le kaléidoscope est composite, fruit d’un melting-pot unique et varié. « Parmi les différents types de danses, il y a d’abord le bone breaking où les flexors mettent l’élasticité de leur corps à l’épreuve, explique Reem, fondateur de la Battlefest League consacrée aux danses urbaines extrêmes. Il y a ensuite le glidling, qui consiste à faire mine de se déplacer en flottant. Puis, le posing fait de mouvements rapides et violents. Il existe encore le get low où le danseur semble constamment en chute libre. Enfin, le connecting qui consiste à raconter une histoire avec ses mains et le hat-trick, très populaire, où on danse tout en jouant avec une casquette. Tous célèbrent l’environnement dans lequel nous avons grandi. » L’environnement en question, c’est le comté de Kings, l’un des plus pauvres de l’État de New York. Un foyer sur deux survit grâce aux aides sociales. Pour les résidents de Manhattan, East Brooklyn reste une terre inconnue. à Brownsville ou à Carnasie, le paysage n’est qu’une succession monotone d’immeubles, d’églises évangéliques par dizaines, de liquor stores douteux aux arrièreboutiques plutôt sombres, de pavillons résidentiels moroses et comme dupliqués à l’infini. Plus loin, c’est une suite de parkings déserts, envahis de végétation sauvage et bordés de fast-foods qui n’ont de food que le nom... Là traînent des jeunes désœuvrés. Roulant au pas et vitres baissées, une voiture de police

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Vol. Entouré de son crew des Ringmasters, Jay Donn est une référence (en bas). L’art de la provoc prend souvent le dessus. Ici, ­suspendu en l’air, il vole puis se... tire.

Jay donn le ton Danseur de l’extrême, inventeur de la punchline (suite de mouvements agressifs dont l’équivalent pugilistique serait le crochet du droit) et leader du collectif The Ringmasters, Jay Donn est l’une des figures incontournables du flex. Enfant d’East Brooklyn ayant échappé à la délinquance grâce à la découverte de cette danse, ce personnage haut en couleur réputé exubérant œuvre pour « faire comprendre aux gamins qu’ils peuvent s’en sortir uniquement grâce à leur talent ». Convaincu que le flex est en passe de faire jeu égal avec la culture hip-hop aux États-Unis, il compte parmi ses plus infatigables représentants. Il a notamment accompli l’exploit d’imposer pour la première fois le flex en prime time à la télévision lors de l’émission America’s Best Dance Crew en 2010.

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« Notre communauté voit sa culture célébrée partout. Le flex est notre fierté. Un passeport pour échapper à la violence et exister »


Underground. Spyda (à droite) ­passe le témoin à Gutta. En toile de fond, le ­métro new-yorkais. ­Chapeau bas.

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Surdoué. David a 8 ans et les crocs. Sous les yeux de Spyda, Jay Donn et Vibez (de gauche à droite), le ­gamin est nullement impressionné. La relève est bel et bien présente.

Marqué au fer rouge par des contorsions issues du bruk up jamaïcain, du popping caribéen des années 60 et du break dancing, le flex devient incontournable


les dépasse. Rompus au harcèlement des hommes du NYPD, ces ados défient crânement les policiers du regard. « Il y a une dizaine d’années, ce coin était vraiment chaud, assure Flizzo. Il y avait des flingues et de la dope. On était doués pour la danse, plus que pour le rap ou le basket. Avec elle, on évitait les embrouilles. Depuis longtemps on trempait dans le reggae d’Elephant Man ou de Beenie Man. Alors lorsque le bruk up est arrivé et qu’on a vu qu’il nous permettait de nous exprimer en façonnant notre propre culture, on a foncé ! » Jay Donn, tignasse ébouriffée, lignes sveltes et corps saturé de tatouages, s’approche dans un jogging siglé Big Bad. Les yeux de Flizzo s’embuent. « Le vent », souffle le colosse. On l’observe sécher ses larmes, puis essuyer sa main sur la bande imprimée d’un ours en peluche et cousue à la base de son pull clouté. « Nous sommes issus d’un environnement violent, mais nous aspirons surtout à la paix, poursuit Jay Donn. Je souhaite que ceux qui verront Flex is Kings retiennent ça, avant tout. » Flex is Kings est le puissant documentaire que la photographe Deidre Schoo et le réalisateur Michael Beach Nichols ont consacré à la trajectoire des principaux acteurs de cette machine à danser. Autofinancé et bouclé à l’issue de deux ans de tournage grâce à deux campagnes Kickstarter, ce film magistral sélectionné cette année au très pointu festival de Tribeca pose un regard aiguisé sur ce mouvement au moment où il semble basculer vers le mainstream. « Entre le début et la fin du tournage, une scission s’est produite au sein de la communauté des danseurs, explique Deidre Schoo. Alors que le flex devenait chaque jour plus populaire auprès du grand public, pour certains flexors il n’était soudain plus question de poster des vidéos sur You-­ Tube, le principal véhicule de promotion jusqu’à présent. Désormais, ils veulent capitaliser sur leur réputation. Notre documentaire a capturé les mois durant lesquels cette césure s’est produite. »

Quatuor. Klassic, Stickz, Milk et Scream (de haut en bas et de gauche à droite) avant une démo sur le trottoir.

Détente. Flizzo a du mal à tenir en place. Avec un style qui lui est propre, il envoie. Tranquille. the red bulletin

Après la participation du Ringmasters Crew de Jay Donn à l’émission télévisée America’s Best Dance Crew en 2010, le flex a amorcé sa marche vers la reconnaissance. Il est propulsé sur le devant de la scène dans la web série The Legion of Extraordinary Dancers, puis dans le cadre du YouTube Play Event au musée Guggenheim. C’est dans ce cadre que The Huffington Post et le New York Times lui consacrent un article. La curiosité du grand public est piquée. Les Ricains raffolent des next big thing. Madonna, Usher ou encore Nicki Minaj se sont d’ailleurs déjà entichés du phénomène. Tous embauchent aujourd’hui des flexors dans les clips ou pour leurs tournées. Alors qu’il est à présent question d’argent et que des danseurs parviennent à lancer leur carrière, certains pionniers restent sur la touche, ulcérés de voir des pas et des mouvements qu’ils ont créés à l’issue de longues et pénibles séances d’entraînement pillées par de nouveaux ­venus. « L’état d’esprit qui a prévalu dans la communauté est maintenant menacé, souligne Reem. Nous sommes aujourd’hui à un tournant. Pour nous professionnaliser, nous devons collaborer avec des sponsors. Le fric devient une composante importante au moment même où éclôt une nouvelle génération de danseurs. L’apparition des rivalités bouleverse la solidarité mise en place jusqu’à présent. » Alors que la nuit tombe sur East Brooklyn, un badaud aborde Jay Donn, lui disant n’avoir pas vu « un seul flic dans les parages » depuis des heures. « Ils ne viennent plus, s’esclaffe le danseur. Désormais, ils nous voient à la télé. Ils ont compris et nous fichent la paix… » 85


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La prise de son en HD est dans le camp de Sony. MUSIQUE page 93

Quoi de neuf en novembre ?

action ! m at o s   /   c l u b b i n g   /   v o ya g e s   /   c o n s e i l s d e p r o   /   m a v i l l e   /   MUSI q u e   /   f o c u s

Iron man

découvrez LA SURPRENANTE MÉTHODE ­D’ENTRAîNEMENT DU TRIATHLèTE COURTNEY ATKINSON. et les forêts d'automne seront à vous.

Mark Watson/Red Bull Content Pool

courez page 91

Démence. ­ ourtney C ­Atkinson roule vers la gloire.

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Action !

matos

Dans la lumière changeante, l’objectif s’adapte automatiquement au soleil et à l’ombre. Encore mieux, la caméra restitue les contrastes et le filtre polarisant ­rejette 99,9 % des reflets du soleil. www.zealoptics.com

Un garçon dans le vent Snowkiting le champion du monde Rémi Meum rend hommage au matériel qui le guide vers les podiums.

Le Norvégien Remi Meum a découvert le snowkite en l’an 2000.

Meum est un snowboarder et un kitesurfeur talentueux lorsqu’il découvre le snowkite à l’âge de 15 ans. Ce sport lui permet de balader sa voile sur les lacs et sur les pentes, où il trouve des vents soutenus. Plus question d’emprunter les remontées mécaniques. Sur ces nouveaux espaces, le quintuple champion de Norvège est capable d’atteindre des vitesses proches des 100 km/h. À 28 ans, il est multiple champion du monde et signataire de tricks que personne n’avait osé imaginer. Son kit, y compris les lunettes Bluetooth, a évolué en même temps que lui. « Il y a eu beaucoup d’innovations en parallèle, confirme-t-il. Ça rend notre discipline plus sûre et confortable, tout en améliorant les performances. » Plus sur vimeo.com/remimeum

Dépasser ses ­limites avec Meum

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Snowboard Cabrinha Empire « Il n’a presque pas de sidecut pour renforcer le contrôle quand on est sur son bord. » c­ abrinhakites.com

casque Sweet Protection Trooper

sac de Golf Cabrinha

« Ce casque m’a sauvé plus d’une fois. Il est léger et confortable. »

« Sur certains vols, il faut payer les sacs de golf. Celui-ci peut contenir deux planches, un harnais et trois voiles. »

www.sweetprotection.com

www.cabrinhakites.com

the red bulletin

ruth morgan

Snow Pro

En un clin d’œil Un viseur intégré informe sur la vitesse, la distance, la température et les sauts. La fonction GPS permet de repérer les pistes.


Action !

clubbing

T ru c s de pro TROIS RÈGLES D’OR du maître en la matière pour mieux réussir votre soirée ­cocktails à ­domicile

1

« N’essayez pas de monter un bar chez vous. Concentrez-vous sur un ou deux cocktails cultes et faites en sorte qu’ils soient excellents. Apprenez à les faire à la perfection. »

Dans l’hexagone, Julien Defrance s’est fait un nom.

Tchin Tchin à Paris !

Fabien Breuil (5), SHUTTERSTOCK

christophe couvrat

PARIS LES AMÉRICAINs ONT INVENTÉ LE COCKTAIL, MAIS C’EST À PARIS QU’IL EST LE MEILLEUR. JULIEN DEfrance, cerveau de nos breuvages nocturnes, déflore quelques secrets. Un bon cocktail, c’est quoi ? Le client ne doit pas sentir le goût de l’alcool, ni reconnaître les différents ingrédients. « Un Cosmopolitan n’a pas le goût de la vodka, du triple sec ou du jus de canneberge. Il a juste le goût d’un Cosmopolitan », explique Julien Defrance, expert en cocktails. Ce Français de 34 ans crée des boissons pour les meilleurs bars de la planète. Sa société de consulting, Likidostyle, vient juste d’ouvrir une nouvelle succursale à Hong Kong. Globe-trotter averti, Defrance considère Paris comme LA référence dans ce domaine. Pourquoi ? Le cocktail a peut-être été inventé pendant la prohibition américaine, mais la diversité et la tradition de notre beau pays restent indétrônables en matière de spiritueux. « Une gorgée de Pierre Ferrand Dry Curaçao, c’est comme mordre dans une orange fraîche », déclare Defrance avec enthousiasme. Avant de suggérer ses meilleurs bars à cocktails de Paname. Likidostyle Plus sur www.likidostyle.com

the red bulletin

2

Initiés. L’Upper Crèmerie, repère en vogue.

BEAUX BARS OÙ déguster les MEILLEURS breuvages de la capitale ? Voici le tiercé gagnant signé DEfrance.

Pershing Hall

Envie d’un verre sous un mur végétal ? Vous ne trouverez cela nulle part ailleurs. Ici, on suit à la lettre les codes du luxe parisien avec très une belle réussite. e

49 rue Pierre-Charron, VIII

Le Secret The Bistrologiste

LE bar à cocktails de Paris. Si vous voulez boire un cocktail classique parfait une fois dans votre vie (type Mojito, Margarita, Cosmo, Piña Colada, Gin Fizz), c’est au Bistrologiste qu’il faut être attablé.

« Plus les ingrédients sont de bonne qualité, meilleur est le cocktail. De bons jus de fruits et des champagnes sûrs, ce n’est pas donné. Mais ne faites pas d’économies sur ce point, vous ­sentirez une réelle différence. »

3

« La meilleure ­façon de piler la glace est de l’envelopper dans un torchon et de la briser avec un marteau. Certains la livrent à domicile, par sac de 20 kg. De quoi faire quelques ­mojitos ! »

16 avenue de Friedland, VIIIe

L’upper CrÈmerie

Petit nouveau dans la vie nocturne parisienne situé sur l’autrement sage avenue Marceau. Des cocktails ­délicieux et une ambiance particulière, façon loft ­psychédélique. 71 avenue Marceau, XVIe

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Action !

voyages

las ­v e g a s m égalo trois plaisirs ­reconnus

PILOTER Encore une envie d’accélération ? Grimpez à bord d’un de ces bolides d’IndyCar de 600 chevaux et tentez de franchir la barre des 200 mph (322 km/h). Une fierté yankee. xperiencedays.com

S’envoyer en l’air

Unique. Maman, je vole !

gravité zéro NUL BESOIN D’ALLER DANS L’ESPACE GRÂCE À CE BOEING QUI VOUS MET EN ÉTAT D’APESANTEUR. BIENVENUE À BORD DU G-FORCE ONE.

90

www.montecarlo.com

conseil d’initié n’oubliez pas de filmer ! « La caméra transforme l’expérience en une virée quasi galactique. Mon conseil : une GoPro, dit Rapoza. Le mieux est de l’attacher autour de la poitrine et de ne plus y penser. Vous serez alors époustouflé par les prises de vue. »

Mars attaque

« Ces vols offrent plus que la simple apesanteur, explique Michelle Peters, scientifique chez Zero ­Gravity Corporation. Le G-Force One peut aussi suivre une parabole imitant l’attraction de Mars. On ne ressent alors plus qu’un tiers de son poids. Et deux “paraboles ­lunaires” permettent d’avoir un poids divisé par six. »

Recharger Une vue sur la s­ kyline de Las ­Vegas à 60 mètres de haut fera de ce dîner à l’air libre une expérience inoubliable. Grâce aux harnais de ­sécurité, pas de risque qu’il se termine plus tôt que prévu. dinnerintheskylv.com

the red bulletin

Avenfoto/Bryan Rapoza (2), Getty Images (2), shutterstock, reuters

Aujourd’hui, la sensation d’apesanteur peut aussi être ressentie à bord d’un Boeing. Un vol en piqué, à partir d’une altitude de 10 000 mètres, vous ravira : « Le cœur bat à toute allure quand on se met à flotter d’un coup. Il n’existe rien de comparable, explique le photographe américain Bryan Rapoza qui a expérimenté des vols paraboliques au-dessus de Las Vegas. C’est comme si on se mettait à respirer librement sous l’eau. » Comment échappe-t-on à l’attraction terrestre ? Un pilote propulse le G-Force One, un Boeing 727, à une vitesse de 900 km/h selon une inclinaison de 45 °. Dix kilomètres au-dessus de la Terre, il ralentit les moteurs et fait plonger l’appareil en suivant une courbe parabolique. La force centrifuge exercée sur le Boeing permet de conserver la force gravitationnelle située, elle, à l’intérieur de la Tarifs : carlingue. Ce qui crée un phénoà partir de 4 950 $. mène d’apesanteur, pendant enviAu départ de six ron 30 secondes. « La parabole est aéroports amérirépétée 15 fois par vol, précise cains, dont celui ­Rapoza. Ici, on a l’impression de ne de Las Vegas. peser absolument rien. On ressent Plus sur www.gozerog.com l’ivresse de sa vie. » à tenter !

JOUER Un voyage à Las Vegas sans une ­virée au casino ? Impossible ! Le ­décor chic de l’hôtel Monte Carlo vous aidera à ­garder le sourire, même si vous ­perdez beaucoup. Ce qui reste rare.


Action !

conseils de pro

Titiller ses limites  Triathlon L’Australien Courtney Atkinson s’entraîne parmi les cygnes, bardé de capteurs de puissance, le corps en mode régulateur de vitesse.

Courtney Atkinson, 34 ans, est triathlète.   Il a remporté l’Ironman 70.3, aux Philippines en 2013.

Damien Bredberg (2), shimano

Heri Irawan

Élu triathlète de l’année de 2002 à 2004 dans son pays, l’Australien délaisse en 2012, à 33 ans, la distance classique (1,5 km à la nage, 40 km à vélo, 10 km de course à pied) au profit de l’Ironman (3,8 km/180 km/42,195 km), variante ­extrême du triathlon. « S’entraîner, c’est ­repousser les limites de sa résistance, dit ­Atkinson. La constance importe plus que la vitesse. » Son quotidien : séances de natation parmi les cygnes du lac Hugh Muntz, à Gold Coast, en Australie, vélo et course à pied avec GPS et PowerMeter. « Le hightech aide à l’analyse des performances mais le corps reste le principal régulateur, précise-t-il. Une respiration difficile signale un surrégime. Avec le temps, on arrive à interpréter tous les signaux du corps et donc à mieux doser l’effort. »

tester sa force LE CAPTEUR DE PUISSANCE D’ATKINSON

Focus. Atkinson à l’entraînement en forêt : « Économiser sa puissance exige du travail. »

AM ÉLIORER SES PERFs « Évitez la dépense inutile d’énergie pendant la course, dévoile Atkinson. Un bon maintien du bassin   se traduit par un style de course moins énergivore. Pour cela, il faut renforcer les fessiers. »

1

Poser les mains sur les hanches, immobile sur une jambe 10 secondes. Puis changer de jambe.

La version Superman : répéter l’exercice, mais en tendant un bras en avant 10 secondes.

Même exercice, en exécutant le mouvement de balancier (comme en course), cette fois.

2

des watts et du punch

« À vélo, le pédalier Shimano 9000 Power-­  Meter mesure ma puissance en watts.   Ceux-ci augmentent avec la vitesse.   Et, le soir, on peut ­analyser sereinement   mes résultats chiffrés sur l’ordi. »

the red bulletin

Reproduire cette position sur le ballon de gymnastique quelques secondes et répéter 10 fois.

Soulever la jambe quelques secondes et répéter 10 fois (moins la jambe est haute, plus l’exercice est dur).

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Action !

ma ville

Wicker Park

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Dean Playground

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Le street artiste américain Hebru Brantley s’inspire de Wicker Park, à Chicago.

« Des jeux vidéo et de la bière, what else ? » CHICAGO Figure naissante de la peinture contemporaine, Hebru Brantley dévoile ses adresses préférées de Wicker Park, le quartier bohème de Chicago. Bon plan  ! Un régime régulier à base de dessins animés, de lecture de comics et d’une bonne dose de graffitis dans les rues de South Side a mis Brantley sur la voie de la reconnaissance artistique. Bien que le quartier noir de Bronzeville, au sud, soit présent dans son cœur, l’artiste s’est déplacé progressivement vers l’univers bobo chic de Wicker Park. D’abord colonisé par les barons de la brasserie européenne, ce quartier du nord-ouest est un mélange de familles latino de la middle class américaine, d’étudiants et de différentes classes socioprofessionnelles liées à la gentrification. Pour Hebru Brantley, Wicker Park est probablement un des meilleurs endroits de Chicago pour sortir, de jour comme de nuit.

5 maj eu r Mon Chicago à moi

1 The Violet Hour 1520 North Damen Avenue

Bien public Une promenade autour de Wicker Park permet d’apprécier une ville en perpétuelle mutation. choosechicago.com

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Chicago, nouveau poumon de l’art américain

3 Saint Alfred 1531 North Milwaukee Avenue

« Dans les magasins de basket traînent des gamins un peu snobs de la semelle. À St Alfred, c’est un peu comme dans un barbershop. On peut se parler. »

« Ma copine adore ! C’est très sobre avec d’excellentes boissons. Il y a quelques règles, comme l’interdiction des téléphones portables. C’est un peu comme quand on est invité chez quelqu’un et qu’il vous demande d’ôter vos chaussures. »

4 Filter Coffee Shop 1373 North Milwaukee Avenue

2 Rodan 1530 North Milwaukee Avenue

5 Emporium Arcade Bar 1366 North Milwaukee Avenue

« Ils passent des films très obscurs sur le mur du fond, mais sans le son. Il y a une jolie carte. Je ne mange que du poisson et des légumes, et leurs bao vietnamiens (des sandwiches, ndlr) sont mes préférés. »

« Il y a des jeux vidéo rétro dans tous les coins ! Des jeux et de la bière, que demander de plus ? Je m’amuse beaucoup à NBA Jam et, comme je suis un grand fan des Tortues Ninja, je passe y jouer très souvent. »

« L’endroit est très grand. C’était mon bureau. J’y faisais des esquisses et y donnais des rendezvous. J’y dessinais tout et rien, je dois bien faire trois ou quatre carnets par an là-bas. »

Lacuna Lofts ­ ’artistes d Brantley et d’autres artistes ont installé leur atelier à cette adresse qui propose chaque mois vernissages et spectacles. à découvrir. lacuna2150.com

Musée d’art mexicain Un joyau. Ici se mêlent les époques contemporaines et leurs artefacts. nationalmuseum ofmexicanart.org

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Andreas Tzortzis

Wicker Park

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une deux

Kristie Kahns, The Violet Hour, Kayla M Smith, Rodan, Emporiu

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Chicago, états-unis

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L ac M i c h i gan

Chicago


Action !

musique

Twerk mania Bob Cornelius Rifo, 35 ans, tête pensante des ­Bloody Beetroots.

Il a beau préférer le synthé à la guitare et porter un masque de superhéros en concert, Bob Cornelius ­Rifo est assurément... punk. Avec The Bloody Beetroots, il propulse le genre dans le XXIe siècle, des morceaux énergiques et entraînants n’ayant rien à envier au rock. Un premier tube Warp 1.9, le révèle au public en 2009. Son compte Facebook affiche plus d’un million de fans. Bob Cornelius Rifo enregistre aussi avec des pointures comme Tommy Lee ou Paul McCartney. The Bloody Beetroots sort Hide, leur deuxième opus, dans lequel l’ex-Beatles se frotte à son premier morceau électro. Rifo nous révèle ici ses albums fétiches.

« Le punk me fascine » Playlist Des Beatles à Bach en passant par Herbie Hancock, le rocker électro des Bloody Beetroots donne une leçon de ­m usique et dévoile les ­a lbums de sa vie.

1 Wendy Carlos

2 Refused

3 The Beatles

J’ai déniché cet album à Venise chez un disquaire ­atypique. Je suis resté bouche bée en l’écoutant. Connue pour sa BO d’Orange Mécanique, Wendy ­Carlos interprète du Jean-Sébastien Bach sur un synthétiseur Moog. Il fallait oser mais c’est génial. L’album m’a inspiré l’arrangement électro que j’ai fait de l’Ave Maria de Bach.

L’énergie brute qui se dégage de The Shape of Punk to Come est contagieuse. Mon premier album le prouve. C’est Dennis, le chanteur de Refused, qui m’en a parlé. Ce que je réalise avec des synthés, Refused le fait avec des guitares. Autre point commun avec Dennis : notre admiration pour l’anarchiste ­Errico Malatesta.

C’est dans la discothèque de mes parents qu’enfant je découvre l’album. Sa couverture m’intrigue. Mais très vite, j’apprends des morceaux par cœur comme Here Comes The Sun. Enregistrer aujourd’hui avec Paul McCartney est évidemment un grand honneur même si je ne lui ai pas dit. En studio, nous sommes sur un pied d’égalité.

4

5

florian obkircher

Switched-On Bach

ENRICO CAPUTO, Reuters

www.thebloodybeetrootsofficial.com

The Clash The Clash

Sur ma poitrine j’ai tatoué 1977, l’année de ma naissance et aussi celle du premier disque de The Clash et point de départ de la grande époque du punk. Je découvre l’album grâce à un oncle batteur à qui je dois aussi mon éducation à ce style de musique. Dès le début, l’énergie qui en ressort me submerge. Une fascination demeurée intacte à ce jour.

the red bulletin

The Shape Of Punk…

Herbie Hancock Future Shock

En 1997, je suis Breakdancer. Rockit de l’album Future Shock d’Herbie Hancock est alors un de nos morceaux favoris. Sorti en 1983, il n’a pas pris une ride et est à l’origine de la musique électro. Pour mon album, j’ai souhaité collaborer avec Hancock mais son agenda ne l’a pas permis. Je ne désespère pas de réaliser ce rêve un jour.

Abbey Road

Depuis la choré endiablée de Miley Cyrus aux MTV Awards, le twerk fait le buzz

g ng kiin rk er Tw Twe Tout ce qu’il faut savoir sur la danse la plus hot de l’année, histoire d’en mettre plein la vue en soirée.

1 En août dernier, le twerking fait son entrée dans l’Oxford Dictionnary. Définition : danse aux déhanchements suggestifs.

2 En 1993, le DJ et MC américain ­Jubilee est le ­premier à utiliser le terme dans J­ ubilee All, un morceau où il scande : « Twerk, baby ! »

3

son HD le top du Mois

Sony HDR-MV1 Voici un caméscope pour musicos équipé de micros stéréos professionnels et d’un capteur réalisant d’impeccables images. Le réalisateur en herbe peut ensuite télécharger son clip directement sur YouTube via une connexion Wifi intégrée. www.sony.com

Une heure de twerk permet de brûler 500 calories au minimum. C’est plus que la pratique du vélo ou de la course à pied. Oubliez vos cours de fitness et twerkez !

4 Le twerk vient du mapouka, une danse similaire de Côte d’Ivoire où elle est interdite de télé à cause de son caractère suggestif.

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Action !

course à pied

W ings For Life World Run  C’est le 4 mai prochain que se déroulera une épreuve unique en son genre. La première course à pied globalisée de l’histoire est destinée à tous ceux qui veulent se mesurer au monde.

Plus sur www.wingsforlifeworldrun.com

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jusqu’à 39 courses 33 pays 1 top départ

Qui

Ce sont 39 courses ­répartis dans 33 pays. Des routes en asphalte, des zones côtières, des déserts... Infos météo et parcours disponibles sur la page d’accueil de l’événement.

De l’amateur au ­champion olympique. Le but ? Courir aussi longtemps que possible avant d’être rattrapé par les voitures. Âge minimum requis : 18 ans.

ça se passe ?

andreas rottenschlager

Elle aura lieu en simultané sur les cinq continents le 4 mai 2014. Le coup d’envoi sera donné à dix heures, temps universel. Des États-Unis à la Nouvelle-Zélande, les athlètes s’élanceront en même temps sur plusieurs parcours. Ils prendront une certaine avance sur leurs poursuivants, acheminés, eux, en voiture et qui les chasseront en augmentant peu à peu leur ­vitesse. Les coureurs rattrapés par les voitures seront ­éliminés. Le gagnant, évidemment celui qui aura parcouru la plus longue distance sans être devancé, sera le dernier au monde à rester en course. Ici, chaque participant, professionnel ou amateur, est un ­bienfaiteur. Les bénéfices seront entièrement ­reversés à la fondation Wings for Life qui soutient la recherche sur les lésions de la moelle épinière. David Coulthard, l’ex pilote de F1, sera au départ : « Je n’ai jamais été un grand coureur, mais je vais bien évidemment participer à Wings for Life World Run. Nous devons courir pour ceux qui ne le peuvent pas. »

Pérou Brésil Chili Argentine

peut ­participer  ?

sportcom.com.au

Cause de soi

Canada états-unis Mexique

the red bulletin


titres pour cracks une Playlist de choix signée mark webber

Vite, la vie !

4 Mai 2014, 10 heures TU

Portugal eSpagne France Irlande angleterre Norvège Suède pays-bas allemagne Suisse Italie Pologne Slovaquie Slovénie autriche croatie Ukraine Roumanie Géorgie

Le pilote australien de Red Bull Racing est un des ambassadeurs de Wings for Life.

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Foo Fighters Everlong

Turquie Inde TaÏwan corée du sud

2

AUSTRALIE Nouvelle-Zélande

afrique du sud

Qui

poursuit ?

Les voitures prennent les coureurs en chasse 30 minutes après le ­coup de sifflet. Elles accélèrent progressivement et éliminent les participants qu’elles rattrapent. ­

the red bulletin

« Le rock se prête parfaitement à la course à pied. Ce morceau finit sur un tempo ­élevé, du coup les jambes suivent. »

Mon Qui ­ temps

La distance parcourue s’établit à l’endroit où le coureur est rattrapé par la voiture. Un ­classement disponible instantanément sur le Web permet de situer sa performance.

en bénéficie ?

La totalité des ­recettes sera reversée à la ­fondation Wings for Life qui soutient la ­recherche en faveur de la paraplégie. Plus sur www.wingsforlife.com

Red Hot Chili Peppers Can’t Stop « Le rythme de Can’t Stop est légèrement plus lent. Ce morceau m’aide à rester concentré pendant une course. »

3

The Prodigy FIRESTARTER « Un shoot d’énergie supplémentaire. Parfait pour un ­finish, sur une ­dernière accélération avant de s’écrouler ! »

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Action !

jeux vidéo

Ghosts blockbuster. Le tout dernier Call Of Duty sera-t-il le lancement le plus lucratif de l’histoire ?

les ­a p p l i s Des buts, des guerres et plus sur iPhone, iPad et iPod Touch

RPG The Silent Age L’histoire d’un bon mec à la mauvaise place, contraint de remonter le temps pour résoudre une énigme.

Mal de crâne 868-Hack Un jeu de puzzle complexe mais ­addictif, avec 80 épisodes stylisés old-school. Il faut battre l’ordi.

Haute tension CAll of Duty Aujourd’hui, le lancement d’un blockbuster est un événement mondial. En septembre dernier, Grand Theft Auto V a réalisé la plus belle première journée de l’histoire, avec 800 millions de dollars de bénéfices en 24 heures. Jusque-là, les quatre plus gros succès s’appelaient tous Call of Duty. Le cinquième opus, Call of Duty Ghosts, sort ce mois-ci. Excitante pour les fans de la

série, l’attente se fait plus douloureuse pour ceux qui ont créé le jeu. « Quand on sort au restaurant, les gens remarquent nos tee-shirts et nous posent des questions, raconte Tina Palaccio, développeur qui a piloté la réalisation de Ghosts pour Infinity Ward. C’est dur de garder le secret. Mes parents m’ont questionnée et, même à eux, c’était difficile de répondre moins que ce que nous avions décidé de révéler. » Le jour d’après n’est pas non plus un jour de repos. « On est nombreux à rester sur le pont pour être certain que le jeu tourne correctement. Mais c’est un moment excitant ! » Plus sur www.callofduty.com/ghosts

Call Of Duty Ghosts sera disponible à la fin du mois sur Xbox One et PS4.

bie ntôt

Grand design Façon Gran turismo

Les amoureux de jeux de voiture vont découvrir leur nouvelle maîtresse. Depuis 16 ans, Gran Turismo redéfinit ce que doit être un jeu de pilotage. Le dernier-né, sixième du nom, rehausse encore le réalisme. Il sort le 6 décembre. www.gran-turismo.com

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Bim ! Samurai Siege Commandez des armées de samouraïs et de ninjas et affrontez vos amis en temps réel. Une drogue dure.

Football

La guerre des consoles Xbox One vs PlayStation 4

Deux consoles, deux écoles. C’est tellement dur de choisir ! Alors, Xbox ou PlayStation ? Le capteur Kinect de la première nommée promet beaucoup, la carte graphique de l’autre déboîte. On choisit d’acheter… les deux !

Score! world Goals Voici l’art des séquences de jeu bien léchées, des passes décisives et des buts pleine lucarne. Tout ça à l’­internationale.

Katrin Auch

Tina Palacios, la charge de Call Of Duty

www.xbox.com, www.playstation.com

the red bulletin


Action !

focus

Conquête. Face au XV de la Rose, lors du Tournoi 2013, Thierry Dusautoir décolle.

en bref notre sélection, en bonne ­compagnie

20 mercredi

aussi Paris Le PSG, version handball, est un ogre. Si vous ne l’avez pas encore découvert, cette soirée de Ligue des Champions contre les Suisses du Wacker Thoune est la séance idéale de r­ attrapage. www.psghand.fr

16 samedi

Dessert L’élite mondiale du patinage artistique fait une halte à Bercy avec le Trophée Bompard. À 3 mois des Jeux de Sotchi, le compte à rebours débute. Et la ­pression monte. 15-17.11, www.bercy.fr

23.11, Saint-Denis

REUTERS, Sebastião SALGADO/Amazonas images, reuters, centrepompidou.fr

Dernière répétition

Le XV de Philippe Saint-André boucle ses test-matches d’automne avec la réception de l’Afrique du Sud au Stade de France. Ce 3e match, après ceux contre les Blacks et le Tonga, laissera le public sur une dernière impression, bonne ou mauvaise, avant l’ouverture du Tournoi, toujours au Stade de France, contre l’Angleterre le 1er février. Autant passer l’hiver au chaud et avec optimisme.

30

www.ffr.fr

Jusqu’au 05.01.14, Paris

Toute beauté En 245 clichés exposés à la maison de la photo européenne, Sebastião Salgado rend hommage à notre planète dans son exposition Genesis. www.mep-fr.org

the red bulletin

11.12, Marseille

Jusqu’au 03.03.14, Paris

Soirée de gala

Objets surréalistes

L’ultime rencontre du groupe F de Ligue des Champions entre l’OM et Dortmund n’aura peutêtre plus aucun enjeu sportif mais le Vélodrome ne peut ignorer l’événement. La réception du vice-champion d’Europe, nouveau club d’Aubameyang, est de nature à faire bouillir l’enceinte marseillaise. Et si une qualification est en jeu… www.om.net

L’exposition Le Surréalisme et l’objet présente à Beaubourg, au cœur de Paris, des dizaines d’œuvres et de photos signées des maîtres Dalí, ­Duchamp, Ernst, Man Ray ou Miro. Pour mieux comprendre l’histoire de ce mouvement. « Ceci est un morceau de fromage » signé Magritte montre la voie (photo). Nom d’une pipe ! www.centrepompidou.fr

Samedi

Masculin Avec Masculin/ Masculin, le ­musée d’Orsay ­affiche la nudité sans tabous. 230 œuvres, toiles et photos, du XIXe siècle à nos jours donnent à l’exposition un parfum de scandale. Jusqu’au 02.01.14 museeorsay.fr

97


dans le rétro Marcher sur la tête

the red bulletin numéro 26 sera disponible le 11 décembre prochain 98

the red bulletin

getty images

Depuis la nuit des temps, les ­Japonais se distinguent par un fantastique pouvoir d’imagination. Au début du XIXe siècle, des théoriciens du mouvement, un poil illuminés, remettent en cause la bipédie. Baptisé « PalKoul », cette expérience vise à se déplacer sur toutes les extrémités du corps de manière égale. Ici, nous sommes dans les sixties. L’acrobate Gyokusho Terajima s’amuse avec ses convives. Le poirier est né.


Vos artistes préférés partagent leurs coups de cœur musicaux : Headphone Highlights sur rbmaradio.com *Morceaux sélectionnés avec soin.

La sélection musicale la plus excitante du web.

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