SUISSE
HORS DU COMMUN
SEVEN «NE DÉVIE PAS DE TA ROUTE!»
POURQUOI IL PERSÉÉVÈÈRE DANS LA SOUL ET POURQUOI LA MUSIQUE EST DISCIPLINE
NOVEMBRE 2017 CHF 3,80
PLUS
2,16 M DE BON SENS
RUDY GOBERT, LE GÉANT FRANÇAIS DE LA NBA, N’EST LÀ QUE POUR LA GAGNE
Ingenieur Perpetual Calendar Digital Date-Month. Ref. 3817: Ask three-time world champion Lewis Hamilton what it takes to be the first to cross the finish line. It’s not just about determination and driving skills. You have to master time. With the latter, you can entrust your IWC Ingenieur – on Watch the video
and off the racetrack. The design of the new collection is inspired by the early Ingenieur models from the 1950s and
resembles the dashboard instruments found in historic racing cars. The flagship of the family is housed in an imposing 18-carat red gold case. Powered by the IWC-manufactured 89801 calibre movement, it is equipped with a perpetual calendar with large digital date and month displays and also features a chronograph function. There’s never been a more elegant way to master time.
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ENGINEERED FOR MEN WHO ARE MASTERS OF TIME .
ÉQUIPIERS
BIENVENUE Le tact et l'éthique
Parmi les clients du photographe américain, on compte des marques comme Diesel, Nike, Adidas et Converse. The Red Bulletin s’est assuré la présence de Lim pour couvrir l’article consacré au chanteur soul SEVEN à Lucerne. « Je l’ai photographié dans une voiture de sport flambant neuve, devant une usine. Le contraste peu commun lui a plu, il était à fond. » PAGE 5 4
Kevin Couliau
« Photographier Rudy Gobert sur le playground de Pigalle était un challenge, dit le photographe français. Son envergure et sa taille hors normes combinées au plus petit terrain de Paris m’ont obligé à prendre du recul. » Et de la hauteur. Kevin, qui a photographié tant de playgrounds et de basketteurs, a dû grimper sur un support afin de shooter ce géant de 2,16 m. PAGE 38
4
MIKO LIM (COVER)
Miko Lim
S’aventurer dans une interview, c’est partir en quête d’authenticité et de profondeur. Nos héros et héroïnes du mois ont des tactiques bien différentes pour tracer leur voie vers le sommet. Prenez Seven, élu meilleur artiste de l’année par les Swiss Music Awards. Depuis ses débuts, modestes, il a une règle à laquelle il ne déroge pas : « La musique que je fais doit me plaire avant tout. » Ses choix – bien pensés – ne souffrent aucun compromis. À l’opposé, le duo de beach-volley de classe mondiale, constitué de Joana Heidrich et Anouk Vergé-Dépré, explique qu’orienter l’équipe vers la gagne implique une tolérance zéro aux revendications égoïstes. Pas surprenant donc que « mon partenaire sur le terrain ne soit pas forcément mon ami dans le privé ». Robert Marc Lehmann, quant à lui, nous convie dans le sillon de ses expéditions sous-marines au Yucatán. « Pour y accéder, nous avons dû nous frayer un chemin à la machette dans la jungle. » La récompense : une plongée risquée… source de motivation intarissable pour tout aventurier qui se respecte. Bonne lecture ! Votre Rédaction
THE RED BULLETIN
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PIRELLI EST SPONSOR OFFICIEL DES CHAMPIONNATS DU MONDE DE SKI ALPIN FIS ET DES CHAMPIONNATS DU MONDE DE HOCKEY SUR GLACE IIHF 2017-2021.
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d.g.à.d: Lara Gut, Luca Aerni, Michelle Gisin
SOMMAIRE novembre
REPORTAGES 26
Un paradis fatal
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2,16 m de bon sens
Le plongeur Robert Marc Lehmann est le premier à s’y engouffrer. Le basketteur Rudy Gobert doit beaucoup à sa bonne éducation.
46 Trop bon, trop prompt
Greg Minnaar serait-il le plus grand vététiste de tous les temps ?
54 « J’appuie là où ça fait mal » Ne rien faire pour plaire et être élu meilleur artiste de l’année ? Le chanteur soul Seven s’explique.
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Petit mais costaud
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Gros sous le capot
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Beach-volley girls
Le hockeyeur Lino Martschini compense son gabarit par un jeu efficace et fair-play. Comment une écurie auto a-t-elle su se dépasser malgré tout, jusqu’à briller cette année avec le meilleur des pilotes : M. Ogier. Anouk Vergé-Dépré/Joana Heidrich : ce duo marche sous la pression.
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26 EN DESSOUS
Un paradis qui devient enfer en une seconde si, contrairement à l’explorateur marin Robert Marc Lehmann, vous n’avez pas la science du monde du dessous.
MONSIEUR GOBERT
Malgré sa taille et son statut en NBA avec les Utah Jazz, le Français reste un gars accessible. Prenez de la hauteur avec lui.
6
THE RED BULLETIN
BULLEVARD Un mode de vie hors du commun
10 Pour la chanteuse Annie
Clark, c’est meilleur ou rien
12 Bryan Cranston, aka Heisen-
berg, ne deale plus que du love
14 Planqué dans la jungle, ce
Boeing est devenu un hôtel...
16 Une slackline en pleine éclipse
solaire. Ou attendre sept ans
18 Un kart qui met la pâtée aux
caisses les plus rapides
19 Le Reuben, ce gros sandwich
du genre très gras : recette !
20 Tom Morello, musicien engagé 22 Le meilleur du futur s’annonce
au festival Hello Tomorrow
24 Elbow, le baladeur K7 qui va
ressusciter vos compils
GUIDE
Voir. Avoir. Faire. 84 Sur quatre ou deux roues, ou
deux jambes, c’est sur RBTV
86 L’agenda des meilleurs events 90 Matériaux nobles pour
montres précieuses
96 The Red Bulletin sur la carte 98 Le bonheur, c’est simple
ROBERT MARC LEHMANN, KEVIN COULIAU, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL
comme 45 tonnes de béton
68
OGIER VERS LA VICTOIRE ?
C’est avec une écurie indépendante que Sébastien Ogier s’exprime cette saison. Comment M-Sport brille dans la cour des grandes. THE RED BULLETIN
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DONNE DES AIIILES – AU GOÛT DE MANDARINE.
E POUR UN E. MITÉ DURÉE LI
STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.
BULLEVARD U N
ST Y L E
D E
V I E
H O R S
D U
C O M M U N
ANDREAS LASZLO KONRATH/TRUNK ARCHIVE
Il explique pourquoi il n’est pas recommandé de souhaiter à ses collègues de se casser le nez.
BRYAN CRANSTON « IL Y A DE LA PLACE POUR TOUT LE MONDE » PAGE 12 THE RED BULLETIN
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A
nnie Clark, plus connue sous le nom de scène St. Vincent, fait de la musique qui ressemble à une perfor performance sur la corde raide. Ses chansons indie pop savamment arrangées vacillent entre la joie et le désespoir, l’ordre et le chaos. Défiant les for formats pop conventionnels, Clark a embrassé le succès en 2014 avec son album éponyme, le 5e, qu’elle décrit avec justesse comme « un disque festif que vous pouvez passer à un enterrement ». St. Vincent s’est vu attribuer le titre Album de l’année dans des revues telles que NME et The Guardian, s’est élevée au 12e rang du Billboard 200 américain, lui garantissant le Grammy du meilleur album alternatif en 2014. Comment une musicienne qui est passée de la scène underground aux
St. Vincent Grande dame de l’indie couronnée d’un Grammy, elle explique pourquoi vous ne devriez jamais vous attaquer à un projet qui ne vous effraie pas.
ENCORE MEILLEUR QUE LE PRÉÉCÉDENT PR 10
unes des tabloïds en deux ans (sa relation de dix-huit mois avec Cara Delevingne y étant certainement pour quelque chose) s’accommode-t-elle des attentes grandissantes alors qu’elle planche sur son prochain projet ? Nous avons interrogé la femme de 35 ans dont le nouvel album, Masseduction, sera disponible ce mois-ci… the red bulletin : Votre dernier album a rencontré un beau succès, tant du point de vue des critiques que des ventes. Comment se met-on au diapason d’un tel retentissement ? st. vincent : En produisant un album encore meilleur que le précédent. C’est facile à dire… Il suffit de se mettre la pression. Beaucoup seraient d’avis que se soumettre volontairement à trop de stress rend impuissant. Est-ce que vous en avez aussi fait l’expérience ? C’est étrange vous savez. Je suis quelqu’un d’anxieux dans plein de domaines mais je n’ai jamais été intimidée ni apeurée quant aux attentes de cet album. Je voulais faire un disque meilleur. Et honnêtement, ça a toujours été mon éthique : investir toute mon énergie dans la musique, dans l’art, et avec un peu de chance, le reste suit. Comment échappez-vous au poids des attentes ? J’évite de lire les articles qu’on écrit sur moi. C’est très raisonnable. Car nombre de magazines vous glorifient comme une Wonder Woman dotée de super pouvoirs musicaux. Je ne m’aventure généralement pas dans la galerie des glaces de la toile. Quelqu’un qui s’exclame « Tu es une reine et un génie », pour moi ça a la même résonance que si il ou elle disait « Tu es une idiote et ta chanson est nase ». Pourtant, la première exclamation est préférable, non? Oui, mais c’est la même chose :
une hyperbole et un jugement sans appel. Je m’en fiche. À la sortie de New York (son dernier single, en juin, ndlr), j’avais oublié ce sentiment de vulnérabilité. Je m’étais terrée dans mon terrier pendant la conception du morceau. Quand il est finalement sorti et que les gens se sont mis à en parler, j’étais sous le choc de me sentir si fragile. Cette chanson porte-t-elle sur votre rupture avec Cara Delevingne ? Oui. Je suis convaincue que l’art concerne toujours des enjeux élevés. Et je ne voulais rien faire qui ne me fasse pas peur. Je crois que si votre projet ne vous effraie pas, ce n’est pas la peine de le faire. Ça me rappelle une citation de David Byrne, la tête pensante des Talking Heads : « J’ai découvert que la musique pouvait être une thérapie. » En 2012, vous avez enregistré un album étour étourdissant avec lui. Êtes-vous toujours en contact ? Absolument. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Il a changé ma vie. Je l’aime tellement. Qu’y a-t-il à apprendre d’une icône telle que lui ? Quand quelqu’un s’approche de David pour le flatter, il se marre. C’est trop mignon. Il a une manière très gracieuse d’accepter les compliments qu’il replace toujours dans le contexte du travail. Il est sans cesse dans la production. ilovestvincent.com
THE RED BULLETIN
BULLEVARD
NEDDA AFSARI
MARCEL ANDERS
Son et image : l’an dernier, St. Vincent a codirigé le film d’horreur « portemanteau » XX.
THE RED BULLETIN
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BULLEVARD
Bryan Cranston est spécialiste des personnages « difficiles » depuis son rôle de Walter White dans Breaking Bad.
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THE RED BULLETIN
Bryan Cranston
Les conflits et les heurts nous font grandir, tout comme le fait de se féliciter du succès de ses confrères ou d’aller rendre à son propriétaire un portefeuille perdu.
« LA VIE EST FAITE DE CONFLITS » O
RÜDIGER STURM
fficiellement, Bryan Cranston, l’icône de Breaking Bad, était au Festival du film de Munich pour présenter la comédie dramatique Wakefield (sortie en DVD le 6 septembre). Mais en réalité, l’Américain de 61 ans est venu démontrer qu’on peut très bien vivre sa vie d’acteur à Hollywood même si l’on ne partage pas les vues politiques du Président.
ANDREAS LASZLO KONRATH/TRUNK ARCHIVE
the red bulletin : Vous êtes allé à l’École nationale de police pour devenir flic. Qu’y avez-vous appris de profitable ? bryan cranston : On est formés à décoder les gens. Il suffit de sortir de chez soi et d’aller s’intéresser au monde extérieur, aux personnes qui le peuplent. À force d’observation, on se constitue une archive des comportements humains.
THE RED BULLETIN
Si je vous mentais en ce moment, est-ce que vous pourriez le détecter ? Absolument. Et je peux d’ailleurs vous dire que vous mentez à l’instant même. Ah bon ? Je blague. Finalement, la police ça n’a rien donné… À l’âge de 20 ou 21 ans, j’ai entrepris un tour en moto à travers le pays. Je voulais me perdre pour mieux me trouver. C’est ainsi que j’ai réalisé que j’aimais le jeu et que je ferais un bon acteur. Dans votre jeunesse, vous étiez vraiment perdu. Votre père a délaissé votre famille alors que vous n’aviez que 11 ans, la banque a mis la maison aux enchères publiques. Comment avez-vous trouvé la voie du succès ? En surmontant ces situations de détresse justement. Raconter des histoires relève du même principe. Les conflits alimentent l’intrigue. C’est pourquoi nous avons besoin de situations conflictuelles dans nos vies : de cette manière, nous apprenons à apprécier et valoriser les moments où tout va bien. Mon père m’a montré ce qu’il ne fallait pas faire. Je suis devenu comédien comme lui. Sauf qu’il voulait être une star. C’était ça son problème. Vous avez aussi un côté tendre. Alors qu’il jouait le Président Lyndon B. Johnson, vous avez transmis à l’acteur Woody Harrelson toutes vos recherches sur ce personnage, l’ayant vousmême interprété auparavant. N’est-il pas d’ordinaire plus courant dans le milieu du showbiz, d’appliquer la devise du chacun pour soi ? Mes confrères ne sont en aucun cas mes concurrents. Et je ne dis pas cela pour être arrogant, genre : « Je n’ai pas de concurrence. » Nous faisons tous partie de la même confrérie. Et elle est importante. Chacun y a sa place. Si Woody a du succès, cela ne signifie pas que j’aie raté quoi que ce soit, ni que je lui souhaite de
mordre la poussière. C’est du bullshit. Il n’y a qu’un narcissique pour penser ainsi – comme notre Président. Nous devons cesser de nous comporter de cette manière. Mais vous vous battez tous pour le même boulot… J’ai une manière de voir les choses que je continue de transmettre aux jeunes générations d’acteur : lorsque vous allez à un casting, n’y allez pas avec l’idée de décrocher le job, même si c’est le cas. Autrement, vous allez vous rendre malade. Pourquoi ? Parce qu’il y a bien plus de candidats que de rôles. Retournez le problème : vous allez à ce rendez-vous, car ça, c’est votre taf. Concentrez-vous, faites en sorte qu’il se déroule bien puis prenez congé. Mettez-vous en application les conseils que vous prodiguez aux étudiants ? Oui. Cela depuis 25 ans, et ça m’a sauvé. Quand un collègue est choisi pour un rôle, pour lequel j’ai moi aussi passé l’audition, je ne le pourris pas. C’est qu’il n’était tout simplement pas pour moi. Un peu comme si je trouvais un portefeuille dans la rue. Je ne vais pas me mettre en colère d’avoir à le rendre, puisqu’il ne m’appartient pas. Facebook : @thebryancranston
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BULLEVARD
Un Boeing 727 transformé en suite dans la jungle du Costa Rica invite les aventuriers à vivre une escapade de luxe dans la canopée.
VOUS N’EN DÉCOLLEREZ JAMAIS...
De haut vol : les meubles et la déco sont en teck d’Indonésie.
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U
n avion abandonné dans la jungle ? Ça pourrait être le début du scénario d’un film catastrophe. Que nenni. Le Boeing 727 écarlate qui trône à 15 mètres de haut sur un socle au sommet des arbres a été transfor transformé en hôtel de luxe, l’un des plus insolites d’Amérique latine. Il offre une vue paradisiaque sur la baie du parc national Manuel Antonio, situé sur la côte méridionale du Costa Rica. Un an après son inauguration en tant qu’avion de ligne (construit en 1965) pour la South African Airways (Afrique du Sud) et Avianca
Le coin des ondes : le radar fait place au four. Allô, la tour ?! THE RED BULLETIN
COSTA VERDE
Hôtel Costa Verde
Airlines (Colombie), la machine de 40 mètres de long végétait dans l’aérodrome de San José, jusqu’à ce qu’Allan Templeton le découvre en l’an 2000, puis décide de l’aménager. L’architecte et hôtelier américain a déplacé l’avion en le dissociant en 5 morceaux (pour cela, 40 000 boulons en métal ont dû être enlevés), le faisant reconstruire dans la jungle sous forme de gîte de luxe. Les hôtes accèdent à la ter terrasse extérieure, au-dessus de l’aile, en gravissant un escalier de pierre. Dans la carlingue, il y a deux chambres, disposant chacune d’une salle de bain (dont une dans le cockpit), d’un salon et d’une kitchenette. Afin de gagner de la place, le sol séparant la soute à bagages et la cabine de pressurisation a été évacué et installé plus bas. L’intérieur est entièrement habillé de teck. Une nuit dans le 727 Fuselage Home coûte entre 260 et 750 € selon la saison. Si la monnaie vous manque, vous pouvez toujours goûter aux joies de l’aviation immobile en allant prendre un verre dans la machine voisine, qui sert aussi de bar à l’hôtel : un Fairchild C-123 (construit en 1954). costaverde.com
FLORIAN OBKIRCHER
Planez dans la jungle en passant une nuit dans le Boeing Costa Verde ****.
Alex Mason en suspension entre les formations rocheuses de Corbet’s Couloir à Jackson Hole (Wyoming).
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THE RED BULLETIN
BULLEVARD
L
Soleil, lune et highline
ROBERT SPERL
Alex Mason, slackliner, et Keith Ladzinski, photographe, disposaient d’une fenêtre de 150 secondes pour faire un sans faute, la prochaine éclipse solaire visible aux USA ayant lieu en 2024.
KEITH LADZINSKI/RED BULL CONTENT POOL
« FOCUS SUR LE FACTEUR FUN » THE RED BULLETIN
a différence entre slackline et highline ? La hauteur. Ce qui explique la pression du slackliner Alex Mason avant de relever le défi que lui avait préparé son mentor Andy Lewis. Fixée entre deux pointes rocheuses du Corbet’s Couloir à Jackson Hole, la highline (23 m de long) se balançait à 50 m au-dessus du sol. À 3 500 m d’altitude, le ciel est palpable. Et la performance était d’autant plus périlleuse qu’elle se déroulait pendant l’éclipse solaire du 21 août 2017. Mason: « Pour garder l’équilibre, il faut s’aider de repères visuels fixes. Or, ça devient compliqué quand tout le paysage alentour est plongé dans l’obscurité… » À cela s’ajoute le facteur temps : 150 précieuses secondes pour prendre LA photo. Comment Mason est-il parvenu à surmonter sa peur ? « J’ai focalisé mon attention sur le fun que j’aurais à évoluer sur la sangle. » Pendant qu’Alex se concentrait sur l’autre extrémité de la highline, Lewis lui lançait quelques indications. Que retient-il de cet instant unique ? Mason : « Tout était silencieux, seul l’appareil photo cliquetait. » Le vent s’est levé, la température est tombée de 12 °C, les étoiles sont apparues. « Et puis j’ai assisté à un lever de soleil à 360 °. » Mason avançait aussi lentement que Ladzinski enclenchait rapidement. « Mon alarme intérieure ne cessait de retentir », explique ce dernier. Il fallait gérer adroitement la surimpression et le temps afin de capter le soleil, la lune et Alex sur une seule et même photo. redbull.com/solareclipse
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Daymak C5
Ne jamais juger un véhicule d’après sa taille. Selon ses concepteurs, ce kart canadien peut dépasser les voitures les plus rapides de la planète.
P Il supplante les voitures en série de la planète, mais sa conduite est réservée aux circuits. Pas étonnant: le C5 Blast Ultimate est interdit de route!
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our les non-initiés, ce kart pourrait ressembler à un jouet, et pourtant. Même les aficionados du karting lèvent le sourcil quant à la puissance brute du C5 Blast Ultimate… Ce kart électrique passe de 0 à 100 km/h en moins de 1,5 seconde. Ce sont 0,7 seconde de moins que la voiture en série la plus rapide, la Porsche 918 Spyder, ou la berline la plus rapide, la Tesla Model S ; 0,2 seconde de moins que la F1 Red Bull Racing RB11 2015. Il rivalise aussi avec l’AMZ Grimsel qui revendique en ce moment le titre de voiture électrique la plus
rapide au démarrage. Daymak, son développeur canadien, af affirme qu’il s’agit du kart le plus rapide au monde. Le secret de cette accélération incroyable, selon les dires du PDG de Daymak Aldo Baiocchi, réside dans son moteur doté de ventilateurs à conduits électriques : huit sur le côté et quatre à l’ar l’arrière, ce qui crée une traction verticale, réduisant le poids du kart de 100 kilos, pendant qu’un moteur de 1 000 watts entraîne les roues arrière. Le C5 Blast Ultimate n’est pour l’instant pas mis en condition face à d’autres modèles, il n’existe donc pour le moment que les statistiques des test pour vérifier les déclarations vantardes de Daymack. Alors, testez-là vous-même : la boîte prend des commandes avec une garantie « construction, test et livraison » de quatre-vingt-dix jours. À 50 000 €, ce kart est aussi le plus cher de la planète. daymak.com
THE RED BULLETIN
TOM GUISE
IL MET LES GRANDES À L’AMENDE
BULLEVARD
L Encas
La collation favorite d’une danseuse de la troupe de Charlie Chaplin est désormais un classique sur les menus.
L’OPÉRATION CORNED BEEF LE REUBEN PRÉPARATION Tartiner les tranches de pain noir avec du beurre, et les faire dorer. Réchauffer le corned beef à la poêle, couvrir avec les tranches de fromage et laisser fondre. Prendre une tranche de pain, la tartiner de sauce russe, y déposer le corned beef agrémenté de fromage, ajouter la choucroute, recouvrir avec la 2e tranche de pain. Couper en triangle et servir chaud.
histoire de l’art culinaire ne serait rien sans le sandwich. Ni sans son père fondateur, John Montagu, Comte de Sandwich 4e du nom, Anglais de naissance et fervent joueur de carte. En 1760, il a une lumineuse idée pour conserver ses forces durant les longues parties de cribbage. Depuis, elle a été copieusement reprise et mise à toutes les sauces. Le modeste morceau de viande coincé entre deux tranches de pain blanc a connu d’étonnantes transformations. Selon les envies, salade, cornichons, anchois, mayo, moutarde, poulet, jambon, fromage… se sont frayés un chemin dans le sandwich, s’adonnant à des variations langagières tel le tramezzini en Italie ou le croque-monsieur en France.
Depuis, il existe une formule mathématique pour concevoir le sandwich parfait, selon le type de lard, la température et le temps de réalisation… La diversité des ingrédients n’est égalée que par la multitude des anecdotes qui flottent autour de la création du Reuben : viande de bœuf salée, fromage suisse, choucroute et sauce russe, le tout entre deux tranches de pain noir grillées. Il serait né dans les années 1920 de la main de l’épicier américain Reuben Kulakofsky à Omaha (Nebraska), qui ne voulait pas manquer trop longtemps à la table de poker lors des tour tournois. Ou il aurait été conçu un soir de 1914 pour Annette Seelos, danseuse de la troupe de Charlie Chaplin et petite amie du boxeur Al Kaufman, laquelle réclamait de quoi assouvir son appétit gargantuesque à l’issue d’une représentation. À Broadway, Arnold Reuben, chef de l’épicerie fine du même nom, se serait préparé cette variante en un clin d’œil, bien que la légende raconte qu’il ne comportait ni chou ni viande. Pas gênant pour notre Reuben : il s’adapte et supporte même le poisson ! seriouseats.com
GETTY IMAGES
ROBERT SPERL
INGRÉDIENTS Pain de seigle, beurre salé, corned beef, choucroute (égouttée), fromage à pâte dure en tranches (emmental, gruyère, comté…) Pour la sauce russe : 150 g de mayonnaise, 1 cuil. à soupe de sauce chili, 2 cuil. à soupe de sauce aigre, 2 cuil. à soupe de persil haché, 2 cuil. à soupe d’oignon haché, 2 cuil. à soupe de cornichon haché, 1/2 cuil. à café de jus de citron, raifort râpé, la sauce Worcestershire THE RED BULLETIN
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Tom Morello
Le maestro de la guitare à l’agenda de ministre explique comment lancer la révolution.
TRAVIS SHINN PHOTOGRAPHY
FLORIAN OBKIRCHER
« MONTEZ UN GROUPE DE DÉJANTÉS ! »
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THE RED BULLETIN
BULLEVARD
Tom Morello (ci-dessous à droite) a fondé son nouveau groupe Prophets of Rage en 2016, en réaction au gros titre de CNN: Donald Trump rages against the machine.
R
econnu comme l’un des guitaristes les plus originaux de l’histoire du rock, Tom Morello, fondateur de Rage Against The Machine et d’Audioslave, conserve son esprit fiévreusement rebelle même loin de la scène. À 53 ans, l’activiste politique est à la tête de Axis of Justice, un organisme qui fait campagne autour des violations et des abus dans le domaine du droit social depuis 2002. Et avec son nouveau groupe Prophets of Rage, qui réunit des membres de RATM, Public Enemy et Cypress Hill, il conjugue ses deux passions : la puissance de feu scénique et les messages politiques.
the red bulletin : Les périodes de bouleversement sont un bon terreau pour la musique. Vous adhérez ? tom morello : Disons qu’il n’est pas faux que les mauvais présidents sont matière à la création de bonnes chansons… La musique permet à la fois de refléter et de changer l’époque. Elle peut gonfler la motivation de ceux qui se battent pour le bien-être de la planète. Elle peut aussi fédérer en procurant de la joie. Lors de nos concerts, le public pogote dans les fosses près de la scène. Il sort de là éreinté et en nage, et rempli d’une éner énergie qui lui fait prendre conscience de son rôle pour un avenir déjà en branle. Le premier album de Rage Against The Machine date d’il y a 25 ans. La manière de protester a-t-elle changé depuis? Internet a démocratisé l’accès à l’information. Chaque opinion basée sur plus ou moins de sources fiables est disponible sans restriction. C’est là que la culture joue un rôle important : elle permet de
THE RED BULLETIN
couper court aux idéologies. Un morceau absolument génial fera triper votre cerveau reptilien. La parfaite association du rythme et des rimes peut en faire une expérience de justesse transcendante dans un océan de voix discordantes. Nous vivons dans une société où les débats sont omniprésents. Comment éviter de prêcher les convertis ? Déjà, on a tous besoin d’un bon coup de pied au cul. « Hey les convertis : continuez comme ça ! » (rires) Notre plus belle preuve d’engagement, c’est de tenter de faire de la bonne musique. C’est comme une urgence. Alors vous aussi, balancez un morceau qui claque ou organisez un gig époustouflant sur un toit. Vous avez dit : « Notre message est simple. Le monde ne changera pas tant que vous ne vous battrez pas pour vos idéaux. » C’est-à-dire ? On a tendance à croire que le cours de l’Histoire, c’est simplement ce qui arrive. On s’active sur les réseaux sociaux, on joue aux jeux vidéo… pendant que la planète part en live. Alors que toutes les petites révolutions ont été initiées par des gens ordinaires qui ont résisté, au sein de leur environnement et de leur époque. C’est pourquoi nous avons fondé ce groupe. On sentait qu’on ne pouvait pas se contenter de rester sur les bancs de l’Histoire. Comment démarre-t-on une révolution ou, pour reprendre les mots de Prophets of Rage, comment faire pour « défucker » le monde ? Pensez global, agissez local. Concrètement, si la protection de l’environnement est un sujet qui vous touche, vous n’êtes qu’à deux clics d’une organisation près de chez vous dans laquelle vous engager. Si les disparités économiques vous révoltent, devenez bénévole dans une banque alimentaire. Si vous êtes au lycée, créez un journal clandestin. Ou faites comme moi : montez un groupe de déjantés ! prophetsofrage.com 21
BULLEVARD
Hello Tomorrow
Les pros de l’innovation seront réunis à Paris en octobre, dont Laura Deming, déterminée à vous faire vivre plus longtemps.
DEMAIN CE SERA BIEN N
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sade. La jeune biologiste et fondatrice du Longevity Fund a déjà levé des millions de dollars pour soutenir des recherches sur le vieillissement. Sa dernière levée en août der dernier s’est montée à 22 millions de dollars. Tandis qu’à son âge (23 ans), la plupart achèvent leurs études, Laura est à un stade plus qu’avancé d’excellence et se présente comme l’une des clefs de notre longévité. Qui sait, c’est peut-être elle qui nous ouvrira les portes de l’immortalité ? hello-tomorrow.org
Laura Deming a récolté 22 millions de dollars pour la recherche sur le vieillissement.
PIERRE-HENRI CAMY
Parmi les intervenants les plus remarquables de cette édition 2017, la Néo-Zélandaise Laura Deming dispose d’un CV hors du commun. À 11 ans, elle convainc sa famille de quitter la Nouvelle-Zélande pour lui per permettre de collaborer avec un laboratoire de recherches aux USA. À 14 ans, elle intègre le fameux MIT de Cambridge et à 17, elle est déjà une entrepreneuse en biotechnologie. La recherche sur le vieillissement, nous permettre de vivre plus longtemps, est sa croi-
GETTY IMAGES
otre futur (santé, mobilité, nourriture, environnement...), ils sont bien décidés à le bâtir, le chambouler, le transformer, pour le meilleur. Et ils seront réunis à Paris, au Centquatre, les 26 et 27 octobre prochains. Ces hommes et femmes au service des technologies les plus avancées viendront nous éclairer – dans le cadre de l’événement Hello Tomorrow – sur comment changer le monde, améliorer notre quotidien, partout sur la planète, et penser le futur. Tout simplement. En présentant les inventions les plus saisissantes ou en participant à des conférences à fort taux d’inspiration. L’édition 2016 a vu inter intervenir Emmanuel Macron, pas encore président, et une team de plusieurs centaines d’innovateurs scientifiques, de start-uppers deep-tech, de dirigeants d’entreprises et d’investisseurs. Tous fixés sur demain.
THE RED BULLETIN
THIS
IS
SNOWBOARDIN G’S NEXT
EVOLUTION
D I S P O N I B L E L E 2 N O V E M B R E | P O U R P L U S D ’ I N F O R M AT I O N , V I S I T E Z B U R T O N . C O M / S T E P O N
BULLEVARD
Elbow
Le baladeur audio, objet iconique des années 80, fait tomber la chemise et révèle sa vraie nature…
POUR REPASSER EN MODE CASSETTE E
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rotatif, d’une prise Jack, d’un port micro USB et d’une molette pour naviguer sur la bande (play ou fast-forward) et modifier le volume. Pas d’auto-reverse, le changement de face se fait manuellement. Elbow est le fruit de deux Lituaniens ingénieux : Andrius Žemaitis et Marius Paulikas, aka BrainMonk. L’idée est « d’autoriser l’auditeur à apprécier le mouvement mécanique ». D’ici à ce que le budget nécessaire à sa fabricafabrica tion soit réuni, repassonsnous en boucle le Awesome Mix Vol. 1de Chris Pratt. Facebook : @ElbowCP
Le moteur d’Elbow fonctionne avec un capteur optique qui suit la surface de la bande pour maintenir la vitesse de lecture. Pour changer de face, il suffit de soulever le bras biaxial et de le placer dans la seconde bobine.
TOM GUISE
n 2014, Les Gardiens de la galaxie prouvait que même les cinéphiles payaient pour voir un Marvel ! Était-ce pour le « Je s’appelle Groot » de Vin Diesel ? ou pour la BO culte qui a caracolé au top du Billboard 200 américain en remettant la pop des sevenseven ties à l’ordre du jour ? Le plus intrigant de l’histoire, ce sont encore les 11 000 copies de la musique du film vendues… sur cassette ! La mort de la bande audio a été aussi injustement déclarée que celle du vinyle. Preuve en sont les Kanye West, The Weeknd ou Justin Bieber qui font produire des séries limitées en K7 à chaque sortie d’album. Il suffisait de penser à une façon d’accompagner ce revival. Elbow vous permet d’écouter vos cassettes à l’anl’an cienne, ou presque. La coque a été abolie, les boutons externes actionnant des mécanismes inin ternes aussi. Réduit à son plus simple appareil, le baladeur est composé d’un bras biaxial
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Ce paradis oÚ l’erreur est fatale
Le plongeur spéléologue allemand Robert Marc Lehmann et son équipe devant l’entrée de la grotte Dan’s Cave aux Bahamas.
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L’Américain Brian Kakuk, coéquipier de Lehmann, récupère une mandibule de crocodile dans une grotte des Bahamas.
Le plongeur spéléologue et photographe allemand Robert Marc Lehmann explore des sites de plongée parmi les plus dangereux au monde au nom de la protection de la vie marine. Il évoque avec nous en tout zénitude les requins, la panique sous l’eau et les derniers espaces vierges de la planète. Texte : Andreas Rottenschlager Photos : Robert Marc Lehmann
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Au fond du l agon des îles Truk, l’équipe de Lehmann explore une épave de bateau datant de la Seconde Guerre mondiale.
Une
conversation avec lui ressemble à un roman d’aventure. À 34 ans, Robert Marc Lehmann, photographe et biologiste marin, saisit des images dans des grottes souterraines parmi les plus dangereuses au monde, étudie les épaves célèbres de l’Atlantique et combat les tueurs de requins en exposant leurs actes. Et avec ça, il s’épanouit dans une profession où la moindre erreur se paie cash.
the red bulletin : En tant que plongeur scientifique, vous êtes spécialiste des plongées à très haut risque… robert marc lehmann : : Je n’irais pas jusqu’à dire à très haut risque. Pourtant vos expéditions vous amènent à plonger dans des grottes souterraines de plusieurs kilomètres de profondeurs avec un équipement lourd que vous charriez dans des passages étroits et sombres. Beaucoup y verraient un risque pour le moins très élevé. Préparée avec soin, une plongée dans une grotte n’est THE RED BULLETIN
Robert Marc Lehmann, 34 ans, né à Iéna (Allemagne), parcourt le monde en quête d’aventures sous-marines, tel un Robin des Mers.
pas plus risquée qu’une autre ailleurs. L’important est de disposer d’une solide formation. Dans la plupart des cas, les accidents sont le fait de plongeurs lambda sans formation adaptée leur permettant de réagir aux situations d’urgence. Le métier ne pardonne pas l’erreur. En cas de pépin, il faut le régler sur place. Quel genre de pépin ? Une panne d’oxygène, une lampe cassée, une ligne rompue (un fil d’Ariane en nylon permettant aux plongeurs de retrouver la sortie, ndlr). Une formation spécifique à la plongée spéléo vous apprend à faire face à ces situations extrêmes. À quoi ressemble un exercice de situation d’urgence ? Le formateur nage derrière vous et coupe l’arrivée d’air sans prévenir ? Par exemple. Sympa… C’est un scénario très réaliste. Dans un passage étroit, il peut arriver que le robinet d’arrivée d’air se referme dû aux frottements avec la paroi. La difficulté à respirer est immédiate. Il faut alors garder son sang-froid, mettre la main sur le robinet et le rouvrir. Techniquement, la solution va de soi. Mais comment reste-t-on zen quand tout à coup on se retrouve privé d’air dans une grotte étroite, plongé dans le noir ? Pour 99 % des gens, c’est le cauchemar absolu. Effectivement, ce travail exige des nerfs d’acier. Mais ça s’apprend. On peut aussi compter sur le secours des 31
Lehmann rend régulièrement visite à des squales, comme ici dans les Açores avec ce requin bleu.
Alerte aux requins ! L’attitude à adopter 1. Observer la plage
Éviter les eaux troubles au crépuscule, c’est le moment où le requin chasse. Le site sharkattackfile.net répertorie les plages concentrant la majorité des attaques.
2. Rester immobile
Même si cela semble difficile, ne bougez pas et gardez le requin à l’œil. L’immobilité n’éveille pas sa curiosité. En revanche, tout ce qui s’agite l’excite.
3. Se tenir à la verticale
Le requin chasse essentiellement le dauphin et le thon, des espèces qui évoluent à l’horizontale. En vous tenant à la verticale, le requin ne vous assimile pas à une proie et reste donc à distance.
4. Taper sur les branchies
En cas de nécessité, évitez les coups au museau ou aux yeux, deux zones trop proches des dents tranchantes. Un coup sur les branchies sera plus efficace, des vaisseaux sanguins très sensibles y étant logés.
5. (Réservé aux pros !) Retourner le requin Renversé sur le dos, le requin entre dans en état d’immobilité tonique. Les spécialistes utilisent cette méthode pour retirer des hameçons des gueules de requins.
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coéquipiers. Je ne m’aventure jamais seul dans une grotte. Nous sommes quatre en général et tous les membres de mon équipe, Submaris, sont hautement for formés et qualifiés. Beaucoup de sportifs de haut niveau se soumettent à une préparation mentale pour gérer les passages critiques. Ça devrait être obligatoire pour vous, non ? J’ai abordé l’aspect mental lors de mon apprentissage de la plongée en apnée. J’y ai appris à contrôler mon réflexe de survie. À présent, je peux retenir ma respiration pendant cinq minutes, cela me donne une marge de temps supplémentaire en cas de pépin sous l’eau. Y a-t-il une astuce dans l’apnée pour lutter contre la crise de panique en général ? Oui. Respirer profondément. Tout simplement ? Oui. Sauf que la plupart des gens respirent mal et n’utilisent pas toute leur capacité pulmonaire. La détente s’obtient en respirant avec le ventre et en renouvelant tout l’air des poumons. On évite ainsi l’hyperventilation liée aux crises de panique. Honnêtement, même avec une solide formation et une préparation mentale je ne suis pas rassuré pour autant. Il est des facteurs sur lesquels vous n’avez aucune prise comme le degré de solidité d’un plafond de grotte où vous plongez pour la première fois. Nous avons vécu l’expérience en 2012 dans les cénotes au Mexique (des cavités karstiques inondées d’eau dont THE RED BULLETIN
Équipement pro : le matos de Lehmann 1
Canon EOS 1 DX Mark II
Avec le caisson Seacam (étanche à 100 m). Téléobjectif Sigma 12-24 mm 4.0 et phare Light & Motion. certains systèmes de galeries sont les plus étendus au monde, ndlr). Nous étions dans un passage, et un plafond s’est effondré derrière nous, soulevant les sédiments et réduisant notre visibilité à néant. Comment avez-vous réagi ? Comme tous les coéquipiers, j’ai appliqué la procédure d’urgence : une main sur la ligne, l’autre sur la jambe du partenaire pour communiquer en touch contact. Nous avons ensuite remonté la ligne de sécurité à tâtons jusqu’à la sortie. Et que faire quand un coéquipier est dans un mauvais jour ? La défaillance humaine est aussi un facteur sur lequel vous n’avez aucun contrôle. Oui, même les meilleurs peuvent se tromper. Il arrive que des plongeurs pros meurent pour avoir utilisé un mélange d’air inadapté à la profondeur. Dans ce cas, vous êtes mort après trois respirations. Nous avons recours àcinq mélanges d’air différents selon le niveau de profondeur. La procédure de double vérification avec le binôme veille au bon changement de mélange d’air. La procédure doit être lente et précise même quand la plongée dure plusieurs heures, ce qui est fréquent. Est-il vrai que le cerveau humain réagit plus lentement sous l’eau ? En plongée avec bouteille, on utilise la règle du verre de martini : une profondeur de 10 m équivaut à un verre, 20 m à deux verres et ainsi de suite. En spéléo, nous utilisons du Trimix, un mélange d’oxygène, d’azote et d’hélium qui permet de garder la tête relativement claire. Mais la difficulté à écrire des chiffres et à mémoriser le chemin retour persiste dans une certaine mesure. Ajoutez à cela un effort physique dantesque. J’ai la sensation d’avoir couru un marathon après chaque plongée en grotte souterraine. Malgré les épreuves et les dangers encourus évidents, vous n’avez de cesse d’explorer des grottes complexes et risquées. Qu’est-ce qui vous plaît tant dans ce métier ? Découvrir des endroits où nul ou peu de gens m’y ont précédé. Dans les cénotes du Mexique qui étaient habitées il y a longtemps, nous avons découvert des lieux de sacrifices et des foyers de feu remontant à plusieurs milliers d’années, à l’époque maya. Pénétrer un monde dont la plupart n’imaginent même pas l’existence est une expérience fascinante. À ce jour, vous avez plongé dans une centaine de pays. Quel endroit vous a le plus fasciné ? Le Trou Bleu de Dean, une grotte aux Bahamas, profonde et très technique. Au bout d’une heure de plongée, on atteint la Glass Factory, une chambre plane avec de magnifiques couleurs et des milliers de stalactites et de stalagmites. Allongé au fond de la grotte, on contemple une lumière verte. Seule une douzaine de plongeurs ont connu ce privilège jusqu’ici. L’itinéraire qui y mène est extrêmement rude. Pouvoir filmer de tels endroits et les partager est pour moi un puissant moteur. THE RED BULLETIN
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Bouteilles en aluminium
Avec mélange Trimix-21/35 jusqu’à 45 m de profondeur et détendeur haute performance Apeks et Mares. 3
Gilet stab Sidemount Tarierjacket
Permet de porter les bouteilles sur le côté ou de les pousser devant soi à travers des passages ou des trous étroits. 4
Palmes Hollis
Adaptées aux grottes étroites. Courtes et rigides, elles n’endommagent ni les stalactites (accrochées au plafond) ni les stalagmites. 5
Casque de plongée
Protège des impacts de roches saillantes et permet de fixer des lampes backup en cas de panne du phare principal. 6
Phare
Principal éclairage et moyen de communication. Dessiner un cercle signifie « Tout est OK ? », l’agiter rapidement signale une urgence, l’agiter lentement invite à une attention accrue. 7
Phare supplémentaire Light & Motion
Adapté aux grottes de taille moyenne et très utile pour les grottes très sombres pouvant nécessiter jusqu’à 100 000 Lumen. 8
Sac matériel
Contenu : 1 spool avec 100 m de fil d’Ariane pour baliser la route, 2 bobines de 30 m pour les courtes bifurcations, plus les indispensables : couteau, boussole, carnet de notes sous-marin et crayon.
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6
2 7 4 5
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How you can make your planet better 1 - 5 Es non net opti ducienimi, cus eum quundi ad molore into eosanisque doloruntorem voloriost harissimenet. 2 - omnienis nat maximai onsecti officto remperro offictam facit reperem sequam faccus sunt uta non repe sum rehendi occatem consequ iassere pellupta voloratem quunt, quo vellabo rposte. 3 postemolupta aut ad que nimuscium velit la volesseces endist andebis nobis mi, autest, omnim num queNemperorest undaect emquate mperspedi autemquia sitiossunda sam, custo maior sit qui quodipsus sed mvelit
FROM WHERE
La Glass Factory dans la Dan’s Cave Angespannte Stille: Im Korridor von Las warten Recortadores auxVentas Bahamas est die le plus bel endroit au auf ihren Auftritt.Doloreriostis esequiscita pernatiae eum ipiendae venisont monde selon Lehmann : « Rares nos quatiorum ut omnihil igendandit ceux qui ont visité ce lieu. »
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Cinq gestes simples pour l’environnement 1. Faire ses courses
Dans des magasins sans emballage où les produits sont en vrac ou dans des bocaux réutilisables. De plus en plus de magasins proposent ce concept : wastelandrebel.com
2. Consommation de viande
La production de viande bovine a un coût environnemental élevé. Si vous en êtes accro, privilégiez la production locale. Vérifiez la provenance sur l’étiquetage.
3. En vacances
Bannissez les delphinariums, les promenades à dos d’éléphant, l’observation des baleines… sauf avec des organismes respectueux des animaux utilisant une seule embarcation et pas toute une armada.
4. Une pêche désastreuse
Chaque mètre cube d’eau de mer concentre un million de particules plastiques qui finissent dans l’estomac des poissons puis dans le nôtre. Éviter de manger du poisson est une façon de lutter contre la surpêche.
5. Au quotidien
Optez pour des emballages (ex: bouteilles d’eau) réutilisables. Lancez des initiatives comme acheter des chaussures sans matière plastique.
La protection de l’environnement est votre autre motivation. Vous intervenez dans les écoles et les universités, vos conférences rassemblent des milliers de personnes. Quel est votre message en une phrase ? « La planète est belle et mérite d’être protégée. » Pour ce faire, je montre ses merveilles mais aussi ses horreurs. Sur votre site web, on trouve des photos de baleines mortes et de requins mutilés. Les photos de requin proviennent d’une action en Amérique du Sud. Chaque année, 15 000 dauphins sont abattus pour servir d’appât à la pêche au requin dont les ailerons sont très prisés en Asie. Nous avons réalisé un reportage en caméra cachée sur le shark finning (la mutilation d’ailerons de requin, ndlr). Pourquoi en caméra cachée ? Pour rassembler des preuves. Une nuit à 3 heures du matin, je me trouvais dans une arrière-cour à Lima. Des requins y étaient mutilés, ce qui est illégal. J’étais déguisé en touriste avec une caméra cachée. Le reportage sera disponible sur le site oceancare.org en 2018. Les requins vous ont toujours passionné. D’habitude, vous plongez parmi eux. Comment parvenez-vous à les approcher sans subir d’attaque ?
Lehmann sympathise avec un phoque gris près de la côte d’Heligoland (Allemagne).
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5 Passion, épave et profondeurs pour Lehmann et son équipe au fond d’un fjord norvégien.
En observant leur comportement au préalable. Je les ai longtemps étudiés et j’ai appris à les connaître. Avant d’aller dans l’eau, je m’assure qu’ils sont d’humeur calme. À quoi ressemble un requin calme ? Pas de blanc dans les yeux, un déplacement lent et l’aileron relâché. Que ressent-on en regardant un requin dans les yeux ? De la fascination. Quand vous pénétrez dans l’eau, le requin vous sent immédiatement, de même qu’il sait que vous n’appartenez pas à ce milieu. Malgré tout, il vous tolère. Après tous les sites et les merveilles que vous avez explorés, les requins, les grottes, le Trou Bleu, y a-t-il encore un lieu où vous voulez absolument plonger ? Bien sûr. On croit toujours qu’il ne reste plus rien à découvrir sur terre alors que 95 % des fonds marins sont inexplorés. Nous en savons bien plus sur la surface du globe que sur les océans. Il reste encore beaucoup de lieux à découvrir. Conférences et expos : robertmarclehmann.com THE RED BULLETIN
Spots de plongée Le top 5 de Lehmann 1
Les Cénotes, Mexique
Les États du Quintana Roo et du Yucatán abritent plus de mille cavités karstiques. 2
Le Trou Bleu de Dean, Bahamas
Des couleurs de toute beauté. L’une des grottes les plus spectaculaires au monde. 3
Les Açores, Portugal
Requins, raies manta, dauphins, baleines et grottes marines, cette péninsule a tout pour elle. 4
Norvège et Svalbard
Des fjords sombres, des espèces de grands fonds et des forêts d’algues. Et une eau à − 18 °C ! 5
Poor Knights Islands, Nouvelle-Zélande
Dauphins, orques et énormes bancs de poissons y sont à domicile. Attention au fort courant.
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, 2 16 SENS MÈTRES DE BON
À F O R C E D E T R AVA I L E T D E D É T E R M I N AT I O N , R U DY G O B E R T S ’ E S T FA I T U N N O M E N N B A , PA R M I L A C R È M E D U B A S K E T M O N D I A L . A N AT O M I E D ’ U N S U C C È S Q U I S E T R A M E A U TA N T S U R L E PA R Q U E T Q U ’ E N D E H O R S . TEXTE : GINO DELMAS
PHOTOS : KEVIN COULIAU
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NOUS RENCONTRONS
LE GÉANT POUR L A PREMIÈRE FOIS EN PLEIN CŒUR DE L’ÉTÉ alors qu’il est de passage en France après la meilleure saison de sa carrière. L’intérieur des Utah Jazz n’est pas venu flamber dans les clubs de la capitale, mais passer une dizaine d’heures avec des gamins du Secours populaire et de jeunes basketteurs – avant de repartir aux USA direct. Malgré son nouveau statut, et notamment son contrat qui fait de lui l’un des sportifs français les mieux payés de l’Histoire, on sent un jeune homme de 25 ans équilibré, mature, la tête sur les épaules. Dans une ligue américaine hyper marketée où tout va vite, les salaires ont beau être très élevés, après 5 ans de retraite, près de 60 % des joueurs sont sur la paille. La gestion de tout ce qui se trame hors du parquet est donc devenu un enjeu de taille pour les jeunes joueurs comme Rudy Gobert. Nous lui reparlons fin août, après un été passé à se préparer pour une saison charnière pour lui. De retour dans l’Utah, il s’entraîne avec le staff de la franchise et ses coéquipiers tous les matins : il enchaîne soins, musculation puis basket, avant de s’astreindre à une seconde séance en fin de journée, où il alterne yoga et boxe. 40
« C ’ EST U N
« Je suis fan de sports de combat, je me suis mis à la boxe en complément du basket il y a quelques années, mais j’ai intensifié cet été. J’aime bien ça, et je progresse vite. Ça me permet de développer d’autres choses : le cardio est différent, je travaille les appuis, la coordination, le haut du corps », détaille l’intérieur. Les spécialistes de sport de haut niveau parlent d’entraînement invisible pour désigner tout ce que le sportif fait en dehors du terrain (du sommeil à l’alimentation en passant par les soins ou le renforcement musculaire), qui contribue à sa santé et ses performances. L’hygiène des jeunes professionnels est souvent la clé qui leur permet de passer un cap, et ils sont nombreux à connaître des sautes de régularité à cause
… DIFFICILE DE RESTER d’une prise de poids, de nuits trop courtes ou d’une blessure évitable. C’est d’autant plus déterminant avec un phénomène physique comme Rudy Gobert, qui culmine à 2,16 m, avec une envergure qui frôle les 2,40 m, dont le physique est moins compact que certains mastodontes à son poste. La carrière avortée du géant Yao Ming à cause de problèmes de pied sonne comme un avertissement. Loin d’être fragiles, les grands joueurs comme Rudy restent cependant exposés à la fracture de fatigue, et sont vulnérables dans le jeu, dans une ligue où on joue très vite, avec des joueurs habitués aux contacts corps à corps depuis leur plus jeune âge. « L’impact physique du jeu, c’est sans doute ce qui m’a le plus impressionné quand je suis arrivé aux États-Unis » se souvient le français. Depuis ses débuts à 11 ans, le natif de Saint-Quentin, dans le nord de la France, a connu une trajectoire impressionnante. En quelques années, il est passé de Cholet à la NBA où il n’était pas attendu et où il s’est taillé une place de joueur majeur, tout en devenant l’option numéro 1 dans la raquette de l’Équipe de France. THE RED BULLETIN
MONDE
« J’essaie de ne rien laisser au hasard, tranche-t-il. J’ai un chef cuisinier depuis plusieurs années. Le pouvoir de la nutrition est incroyable, ça influe sur l’humeur, la concentration, la performance. Je me connais mieux qu’avant, on affine mon régime en permanence. Ce travail de l’ombre, hors saison et hors basket, m’a permis de dépasser plein de joueurs et me permettra d’en dépasser encore. » Notamment les pivots sélectionnés avant lui dans la draft 2013, dont aucun n’a la même influence que lui sur son équipe. La capacité d’adaptation du nordiste force l’admiration, mais il relativise : « J’ai toujours su m’adapter aux types de situation, je préfère même avoir ce genre de challenges. » Avant même de signer son dernier contrat à neuf chiffres, il s’est construit une réputation sur le terrain en basant son jeu sur le rebond, le contre, les écrans, et plus récemment les points. S’il s’améliore de saison en saison offensivement, sa
pas respecté, puis une fois que le staff te soutient et que tu fais tes preuves sur le terrain, les joueurs suivent, rembobine-t-il. En NBA, avec tout cet argent, un des problèmes c’est que certains joueurs perdent l’amour du jeu. Les GM et les coachs apprécient les joueurs comme moi qui signent un gros contrat mais qui derrière continuent à être hyper impliqués. C’est avec des gars qui en veulent que tu gagnes des titres, pas avec des mercenaires. » Dans le monde impitoyable de la NBA, où l’entertainement entertainement est roi, l’image d’un joueur pèse presque autant que son jeu. En comparaison d’un Shaq, d’un Kevin Garnett ou d’un DeMarcus Cousins, Rudy Gobert n’est pas le pivot le plus divertissant de la ligue. Il se range plutôt dans la famille des Ewing ou des Duncan, qui font leur boulot dans l’ombre mais qui sont régulièrement sous-estimés par rapport à leurs homologues grandes gueules. « Quand on est discret, on se construit
SOI-MÊME, capacité à perturber les attaquants adverses lui a permis de s’inviter dans un club très fermé : celui des meilleurs défenseurs de la ligue. En 2016-2017, il était même en ballottage pour le titre de meilleur défenseur de l’année avec deux poids lourds, Kawhi Leonard et Draymond Green. Green a finalement remporté dans la foulée son titre de champion avec Golden State. Cette influence dans le jeu lui donne voix au chapitre et lui confère un statut de leader sur le terrain. Depuis la saison dernière, on l’a vu prendre de plus en plus de place hors du terrain. Comme ce soir de triste défaite contre les Clippers à Los Angeles, où lorsque le journaliste lui a tendu le micro pour les traditionnelles interviews d’après match, il a gentiment soufflé dans les bronches de ses coéquipiers, fustigeant « ceux qui ne se battent pas (…) et ne pensent qu’à scorer ». « En arrivant dans la ligue il y a 4 ans, je n’étais
… B ONNE
OÙ IL EST…
M A IS J ’A I U NE …
une réputation plus lentement », pose Rudy. S’il avait affiché comme un objectif sa présence au All Star Game la saison dernière (sans y être convié, finalement), le français n’est pas amer pour autant, alors qu’il y avait match avec le beaucoup plus bruyant DeAndre Jordan, finalement sélectionné : « Ça reste un marché, le public préfère voir des paniers et des 3 points que des rebonds. Mais les gens qui savent reconnaissent la valeur du travail de l’ombre au-delà du scoring. » Quant aux injonctions à devenir plus « visible », il les envisage avec le recul et la patience qui le caractérisent. « C’est un monde où il est difficile de rester soi-même. Mais j’ai eu une bonne éducation, je sais ce que je
ÉDUCATION. » 43
« JE NE PENSE PAS
COMME LES AUTRES,
veux. Je pourrais essayer d’être le plus marrant, mais je ne veux pas jouer un personnage, et je ne me prends pas trop au sérieux non plus. Ça ne m’irait pas de faire autrement ! » Malgré son jeune âge et sa situation actuelle plutôt avantageuse, Rudy Gobert n’oublie pas le chemin parcouru. « J’ai grandi dans le besoin, j’allais parfois manger aux Restos du Cœur avec ma mère », raconte-t-il en juillet, en marge de la rencontre avec les enfants du Secours populaire, dont il est partenaire. « J’ai envie de monter ma propre fondation un jour, j’ai plein de projets », s’anime l’intérieur. Ses origines modestes pourraient être un désavantage dans cette nouvelle vie, mais elles lui donnent finalement un 44
certain recul dans le contexte monétisé de la NBA, quand on sait que les échanges de joueurs (trade dans le jargon) réalisés par les franchises font et défont les carrières. Les exemples sont légion, mais cet été, il en est un qui a particulièrement concerné notre homme : le départ de l’ailier et meilleur joueur du Jazz, Gordon Hayward, pour les Celtics de Boston. Et si le Jazz a récupéré de la place dans son salary cap pour reconstruire et espérer attirer d’autres joueurs dans le futur, la saison à venir a forcément changé la donne. « Un trade peut te tomber dessus, c’est une réalité, mais je ne m’inquiète pas de ce je ne peux pas contrôler, je suis content d’être là où je suis. »
Rudy Gobert se sent bien dans sa vie américaine, et ça se voit. « Tout est plus grand, plus simple, on s’occupe de tout pour toi, tu n’as plus qu’à te concentrer sur le basket. » Mais toutes ces petites attentions peuvent parfois déresponsabiliser des jeunes qui viennent parfois de milieux défavorisés et se retrouvent confrontés à la richesse sans être parfois préparés. Comme les ligues sportives remplies de millionnaires, les excès sont légion en NBA. Telles les virées légendaires de Charles Barkley et Michael Jordan à Vegas, où ils flambaient plusieurs centaines de milliers par nuit au casino, ou plus récemment un concours à trois points entre Gilbert Arenas et DeShawn THE RED BULLETIN
JE VOIS Stevenson à la fin d’un entraînement avec près de 20 000 $ en jeu. « Quand tu arrives en NBA, même avec un contrat rookie qui avoisine le million par saison, la vie change. Moi je vis bien mais je n’ai pas du tout envie de tout cramer, je place une bonne partie de mon argent, il faut assurer la suite. Mais je sens que je ne pense pas comme tout le monde, je vois plus loin. Je me fais plaisir, tant que c’est fait intelligemment. » Il marque une petite pause, et ajoute dans un sourire : « De temps en temps moins intelligemment, mais tant que ça ne devient pas une habitude, c’est bon. » Ce fan de sport de combat s’est par exemple permis un allerretour à Las Vegas pour aller assister au THE RED BULLETIN
PLUS LOIN. »
combat de boxe événement entre Floyd Mayweather et Conor McGregor disputé quelques jours avant notre entretien. À 25 ans, à l’orée d’une carrière prometteuse en NBA, ce jeune joueur se retrouve donc à envisager l’après, déjà. Et en faisant preuve d’une certaine maturité là encore. Depuis deux ans, il a par exemple investi dans l’aventure Hoops Factory, un concept en pleine croissance qui propose des terrains à la location pour des particuliers. « L’entourage joue beaucoup dans une carrière, mes agents sont les mêmes depuis que j’ai 17 ans, Bouna Ndiaye et Jérémy Medjana. Ils avaient un conseiller financier qui m’a aidé, et j’en ai un en France aussi maintenant. C’est
important de trouver un juste milieu entre se faire plaisir et investir. Je m’intéresse de très près au côté business, c’est venu en vieillissant. Je pense que j’ai d’autres choses à apporter que mes talents de basketteur. Je peux avoir un impact sur la vie de beaucoup de gens en dehors. » De ce géant se dégage une impression de force tranquille. L’idée lui convient. «Je continue à évoluer, j’ai fait beaucoup de chemin, et j’en ai encore beaucoup à faire.» utahjazz.com
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TROP BON
UNE QUÊTE DE LA PERFECTION AUSSI HUMBLE QU’ÉTERNELLE AINSI QU’UN TALENT INNÉ POUR DOMPTER LA PEUR ET LE RISQUE ONT FAIT DE GREG MINNAAR UN ENTREPRENEUR EN SÉRIE ET SURTOUT L’ONT HISSÉ AU STATUT DE PLUS GRAND VÉTÉTISTE DE TOUS LES TEMPS. TEXTE : ANGUS POWERS PHOTOS : KELVIN TRAUTMAN
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TROP PROMPT
Minnaar, avec 21 victoires en Coupe du monde, est le vainqueur le plus prolifique en descente.
« À 12 ANS, EN BMX, JE SAUTAIS PAR-DESSUS 16 VOITURES. » 49
G
reg Minnaar roule vers Durban dans son 4×4 Toyota, longeant les énormes semi-remorques qui envahissent l’autoroute N3 à longueur de temps. Sur le siège arrière, des documents pour sa demande de visa au consulat américain. Il n’est pas 8 heures et le trafic est déjà dense. Sur la route, le descendeur le plus titré de l’histoire revient sur l’époque de ses premiers exploits en VTT. Retour en 2001 donc… « Une année de dingue ! J’allais avoir 20 ans, c’était ma première année pro. Avant la finale de la Coupe du monde, j’étais deuxième au général, 28 points derrière l’un de mes héros, Nicolas Vouilloz. Je le bats en demifinale et le talonne de 18 points. À partir de là, peu importe le résultat de la course, le titre reviendra à celui qui devancera l’autre. On a la pression. Il y a cette barre rocheuse à sauter, et, parmi tous les concurrents, je suis le seul à en être capable. Je sais que je peux gagner du temps à cet endroit. C’est grâce à ce saut que j’ai réussi à battre Nico et à remporter la Coupe. »
IMAGINEZ ! De tous les descendeurs pros, un
jean noir, il dévore son samosa et consulte une appli qui lui indique s’il a été tagué sur les réseaux sociaux. D’ordinaire préoccupé par la confidentialité, il fait une exception, la faim au ventre. Il prolonge sa collation, ne s’étant rien mis sous la dent depuis son run de 6 km à 5 heures du matin, en commandant un bunny chow au bœuf (une spécialité sud-africaine au curry). Minnaar est tout sauf pingre. La vendeuse du fast-food et le gardien du parking s’en sont bien rendu compte. Selon lui, peu importe les sommes claquées en soirée, il faut honorer les services et avoir suffisamment pour laisser des pourboires en journée. D’où vient une telle humilité ? « Dans ma ville d’origine, à Pietermaritzburg, les gens essaient de faire comme si vous étiez comme eux. Ça aide à garder les pieds sur terre. » Rien de provincial ou de gagne-petit dans la mentalité de Minnaar. « Je n’ai jamais cherché à devenir célèbre. Tout ce que je voulais, c’était faire du VTT et être aussi bon que possible. » Et il est même devenu le meilleur de tous les temps en descente avec 21 victoires en Coupe du monde. Son record aux championnats du monde aussi est inégalé : trois médailles d’or, quatre d’argent et trois de bronze, et il a terminé en dehors du top 4 seulement quatre fois sur 16. Plutôt impressionnant comme palmarès. C’est du Minnaar pur jus, sans parler de ses trois coupes du monde qui mettent en évidence une constance quasi surnaturelle et des performances émérites. « Sans pression ni enjeu, j’ai du mal à me donner à fond, admet-il. Mais lors d’un
seul maîtrise le saut : le nouveau d’Afrique du Sud. Le voilà qui chipe le titre d’une demi-seconde au sextuple champion du monde français. Mais comment cela ? Trois semaines plus tard, championnat du monde à Vail (Colorado). Minnaar est au top. Sauf que dans le sprint final, sa chaîne casse, il chute lourdement et franchit la ligne d’arrivée en glissant, distancé de trois dixièmes de seconde par Steve Peat. « Puis vient le tour de Nico : il coiffe Steve au poteau et remporte la victoire. Et moi, j’étais là, couvert de bandages, sur le podium avec mes idoles. C’était de la folie. » Toute modestie mise à part, Minnaar a du mal à expliquer d’où lui venaient ce talent et ce tempérament de gagneur à seulement 19 ans. « Les sauts et les gaps ne m’ont jamais posé de problème, dit-il dans un haussement d’épaules. Peut-être parce que les jumps que je me fabriquais enfant n’étaient pas tip top, et que ça m’a donc forcé à développer mes compétences ? Ou alors c’était une question de confiance… » À voir son premier amour, le motocross, on n’est pas vraiment surpris par la tournure des événements. Une année, en primaire, chaque élève a dû trouver une idée de financement pour une fête. Certains ont préparé des gâteaux, d’autres ont vendu des tickets de tombola. Minnaar a demandé à son père de lui construire une rampe afin de sauter en vélo par-dessus des voitures. « Ça a fait un tabac. J’ai fait des mini-tournées ; on m’a invité au Royal Show, le plus grand événement de la ville. Je gagnais 1 000 rands (64 €, ndlr) par session. Je me suis même offert un BMX flambant neuf. Je sautais par-dessus 10 ou 11 voitures au Royal Show, mais je suis allé jusqu’à 16. » À l’âge de 12 ans.
EN PLEIN centre-ville de Durban, le consulat
américain est difficile à dénicher. Sa demande de visa dûment remplie, Minnaar s’adosse au comptoir d’un fastfood. Grand, mince, vêtu d’un large T-shirt blanc et d’un
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En haut : au taf dans son magasin de vélos, Greg Minnaar Cycles. Ci-dessus : pause détente chez lui, à Pietermaritzburg. THE RED BULLETIN
DATES CLÉS 1981 : né le 13 novembre à Pietermaritzburg, en Afrique du Sud 2001 : vainqueur de la Coupe du monde dès sa première saison 2003 : première médaille d’or aux Championnats du monde de VTT 2007 : victime d’une luxation et d’une fracture de l’épaule pendant une course de championnat du monde à Fort William, en Écosse, il terminera malgré tout à la quatrième place 2017 : 21e victoire en Coupe du monde
Minnaar sur son vélo, devant le garage qui abrite sa collection de VTT Santa Cruz.
En haut et en bas : horssaison, le pilote s’entraîne souvent au Cascades Bike Park, à cinq minutes de chez lui. C’est aussi ici qu’il a remporté le championnat du monde de descente de 2013.
« OMNIPRÉSENTE, LA PEUR EST BÉNÉFIQUE POUR PROGRESSER. » week-end de course, je ne me laisse aucun répit. Je me mets dans ma bulle et reste concentré sur l’événement. Pendant les essais, je vois les autres me dépasser et je me dis que ces mecs sont trop rapides pour moi. » Être concentré, c’est bien. Être farouchement déterminé à réussir, c’est mieux. C’est ainsi que Minnaar transforme sa tendance tenace à douter de lui-même. Quel genre de champion peut s’exclamer sans fausse pudeur : « Je ne me suis jamais considéré comme un pilote rapide » ou « Je ne me trouve pas si exceptionnel que cela » ? Cette humilité, Minnaar s’en sert pour créer une machine de motivation proche de la perfection : une boucle de rétroaction haute performance qui fonctionne précisément parce qu’il est humble. « Ce qui rend la descente si excitante, c’est sa courte distance. Ma conviction, c’est que si quelqu’un peut le faire, alors moi aussi. En y mettant toute sa volonté, rien n’est impossible. Ce tronçon, il faudra se concentrer dessus, changer de trajectoire et d’approche, ne rien lâcher. Là, la progression sera énorme. » Il poursuit. « Omniprésente, la peur est bénéfique pour progresser et rester concentré. Si je ne le sens pas sur un tronçon, je vais peut-être rouler à 99 ou100 % de mes capacités, mais, dans ce cas-là, je sais que quand je serai mieux, il faudra que je roule à au moins 110 % pour rattraper mon retard. Car tu ne gagneras jamais si tu roules à 100 %. Ce qu’il faut, c’est repérer à quels endroits on peut y aller à fond. Je vais peut-être me contenter d’en égaler un sur un certain tronçon, mais avant ou après, je serai à bloc. En descente, il n’y a pas d’histoire d’approche ou d’attaque à la toute fin. Même en roulant prudemment, on est toujours dans l’attaque. »
LE GARAGE DE GREG
est une vraie caverne d’Ali Baba. Le 4×4 a été relégué dans l’allée. À l’intérieur sont entreposés deux dirt bikes KTM 250cc, des tonnes de matériel de motocross et de cyclisme, et toute une ribambelle de super VTT Santa Cruz. Pas trop du genre à se poser, le garçon, on dirait. Si son entraînement hebdomadaire consiste en un mix de running, de VTT et de gym, il y ajoute aussi volontiers une ou deux sessions de golf, de surf ou de motocross. Dans sa « liste d’envies »
Minnaar : un gars humble doté de la volonté farouche d’un champion. THE RED BULLETIN
hors-saison, il a déjà fait la Cape Epic, le Roof of Africa et le Dusi (un marathon en canoë-kayak) à deux reprises. Un côté résolument touche-à-tout intrinsèquement lié à son ADN de pilote. « La course, c’est toute ma vie. C’est la seule chose que je fais depuis tout petit. Sur le plan émotionnel, j’adore la compétition, tout simplement. C’est une quête éternelle de la perfection, toujours à essayer de se relever et de gagner à nouveau. Mais ce n’est pas évident : il faut être prêt à comprendre où le bât blesse et à travailler sur ses faiblesses. Il ne faut jamais se reposer sur ses acquis ou se contenter de ce qu’on a, c’est essentiel. » Ajoutez à cela l’inévitable prix à payer chez les descendeurs pros – dans le cas de Minnaar, une double luxation de l’épaule, une fracture de l’omoplate et des clavicules, une rupture des ligaments du genou et du pouce, entre autres – et le tableau est complet. « Je me faisais du souci sur ma vie après le VTT, admet Minnaar. Que se passe-t-il quand on arrête la course ? Je n’ai pas été à la fac, donc je n’ai pas de formation sur laquelle me rabattre. Il me fallait des projets. » Quand son père est tombé malade il y a quelques années, Minnaar a commencé à s’occuper du magasin de vélos familial, qu’il vient tout juste de finir de rénover. Il trouve également le temps de gérer ses propriétés dans la région et à l’étranger, il collabore au design de produits avec des sponsors, travaille en partenariat avec deux sociétés de distribution de vélos et, plus récemment, il a cofondé une ligne de bijouterie internationale. « Mes journées sont bien remplies, dit-il en souriant. Je crois que c’est comme ça que j’aime vivre, en faisant des tas de choses. Mais j’aime aussi me laisser porter. Si une opportunité se présente, je réponds présent, sauf si c’est en altitude. » Et Minnaar ne plaisante pas. Il est plutôt ouvert d’esprit, qu’il s’agisse d’investir dans une course ou dans un business, d’emmener des ados, en l’occurrence ses nièces, au centre commercial pour leur anniversaire, ou d’être aux petits soins pour des crocodiles. « Le truc avec les crocodiles, c’était génial pour alerter l’opinion publique sur la conservation de l’espèce. Mais je n’en menais pas large. Sans déconner, il y avait 20 crocos avec nous dans l’enclos. » Minnaar marque une pause. « Quand j’y repense, c’était complètement débile. » Nouvelle pause. « Et il y en a eu un paquet, des comme ça. Je touche du bois, personne n’a été blessé jusqu’à présent. Enfin, pas trop gravement. Mais c’est ça qui est marrant dans la vie : rire en repensant aux fois où on s’est sorti de situations dans lesquelles on aurait sûrement mieux fait de ne pas se fourrer. » Retour au présent avec l’inauguration du magasin de vélos de Minnaar après la rénovation. Les invités arrivent dans une heure, et le personnel brique les lieux sans relâche. Dans l’arrière-boutique, Minnaar n’est pas peu fier de son système de lavage de vélos haut de gamme qui récolte l’eau de pluie et la recycle dans la station de lavage. À l’avant du magasin, après une averse inhabituelle pour la saison, des flaques commencent à se former dans l’entrée. Alors que tout le monde court s’abriter, Minnaar commence à balayer. Certains y décèleraient un patron qui montre l’exemple. Greg Minnaar, lui, voit une tâche à effectuer et aucune raison de ne pas la faire luimême. C’est pourtant simple comme bonjour. gregminnaar.com 53
« LA MUSIQUE A BESOIN DE DISCIPLINE » La plus belle voix soul de Suisse est un grand gamin touche-à-tout. Le chanteur argovien SEVEN, couronné meilleur artiste de l’année 2017 par les Swiss Music Awards, revient pour The Red Bulletin sur sa carrière exemplaire avant de partir en tournée cet automne. Texte : STEFAN WAGNER Photos : MIKO LIM Maquillage : MELANIE WIPFLER Décor : SWISS STEEL AG
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he red bulletin : Seven, vous avez dit : « Je n’ai pas besoin de thérapie, j’ai la musique. Je ne fais de la musique que pour moi-même. » seven : Oui. ... sous-entendu : pas pour votre public ? Disons que je crée la musique que je veux écouter. Il y a pourtant un proverbe, bien connu dans le monde de la musique, qui dit : « Le vers doit plaire au poisson, pas au pêcheur. » Vous voulez dire par là que je devrais faire une étude de marché avant chaque album ? Non merci : je suis le seul poisson à devoir mordre à l’hameçon. À croire que vous faites tout pour éviter le succès commercial ! Qu’est-ce que vous voulez dire ? Disons, pour commencer, qu’on n’a pas l’habitude de voir des Suisses se faire un nom dans le monde de la soul et du R’n’B. Vous avez choisi un terrain assez risqué ! Sans parler de cette manie de sortir un ovni musical dès que les ventes de vos albums décollent. Et puis maintenant, alors que vous pourriez enfin jouir d’une renommée considérable dans le monde germanophone, vous décidez de regarder outre-Atlantique en allant vendre là-bas de la soul swiss made... Vous aimez vous compliquer la vie ? Je ne vois pas les choses comme ça : la vérité, c’est que je ne peux pas faire autrement. Faire de la musique pour moi, c’est comme une pulsion incontrôlable. C’est comme si vous étiez passionné de foot, et que vous trépigniez sur votre banc en attendant le moment où l’on va vous faire entrer sur le terrain. Ou que vous adorez cuisiner, et que vous regardez une émission culinaire en vous disant : « Je dois essayer cette recette tout de suite ! » C’est cette même excitation que je ressens lorsque j’écoute une chanson qui me plaît. Je parle de quelque chose qui est plus fort que moi. En faisant de sa passion son gagne-pain quotidien, on risque pourtant de perdre un peu de son souffle... Pas pour moi : l’enthousiasme est toujours là. Mais qu’en pense Jan Dettwyler, votre identité dans le civil ? 39 ans, marié, un enfant... Je ne sépare pas Seven et Jan. Toute ma vie tourne autour de la musique. Lorsque je me lance dans la préparation d’un album, tous les deux ou trois ans, il y a toujours cette question à la base : qu’est-ce 56
Seven, Jan Dettwyler dans le civil, pose pour The Red Bulletin à Lucerne.
L’un des plus gros vendeurs d’albums du pays aime déstabiliser son public : Seven, ambassadeur suisse de la soul.
SEVEN FACTS que je veux écouter ? Alors j’imagine, avec toutes les possibilités humaines, financières, toutes les ressources dont je dispose, la forme idéale que pourrait prendre l’album. Comme un ciel rempli d’espérances qui s’ouvrirait à moi. Puis j’essaie de m’en rapprocher, pour atteindre le meilleur résultat possible. Quand l’album est sorti, je passe au défi suivant : transposer tout ça en live, pour mes concerts, et pendant un an et demi, je sillonne les routes en donnant à chaque concert tout ce que j’ai dans les tripes. Mais une fois la tournée terminée, je deviens nerveux, il me faut un autre projet, vite. Alors je fais table rase, et je recommence tout depuis le début. Donc, le réchauffé, ce n’est pas vraiment pour vous ? En musique, je n’en vois pas l’intérêt. Répéter les mêmes trucs, ça ne m’intéresse pas. Il n’y a aucune évolution. Ce qui m’intéresse, c’est d’aller creuser là où ça peut faire mal, là où je risque de me ramasser, par exemple quand je me rapproche un peu trop de mes idoles, Prince et Michael Jackson, à la limite du blasphème. J’aime bien les projets un peu cassegueule. Comment, quand on a grandi dans les Alpes suisses, a-t-on l’idée de devenir chanteur de soul et de funk ? Comme si un Américain décidait de se lancer dans le yodel... C’est une histoire d’amour qui dure depuis la première fois où j’ai écouté Off the Wall, de Michael Jackson, dans la chambre de mon grand frère. Je devais avoir huit ou neuf ans, je n’avais pas le droit de toucher au disque normalement, vu qu’il appartenait au frangin. Quand j’ai entendu Don’t Stop ’Til You Get Enough, je me suis demandé : « C’est quoi cet univers ? » Alors forcément, en creusant dans cette direction, j’ai vite découvert tous les pères du funk : Parliament, Herbie Hancock, Prince, Sly & the Family Stone, James Brown... Vous écoutiez du Herbie Hancock à cet âge ? Musicalement parlant, j’étais un peu à part à l’école… (rires) À 12 ans, vous commencez à chanter dans le groupe de votre grand frère âgé lui de 18 ans, et à composer vos premières chansons. Oui, le groupe de mon frère était purement instrumental. Je les écoutais répéter dans la cave. Puis un jour, mon frère m’a dit de chanter sur une musique et a ajouté : « Mais c’est toi qui t’occupes du texte. » Et de votre voix d’enfant de chœur... Je me suis lancé. J’ai commencé à écrire mes textes, en m’aidant d’un dico que je m’étais acheté. Pas du grand art, mais c’était un début. Cela a surtout défini mon rapport à la musique : je n’imite pas, j’innove. C’est cette devise qui vous pousse à sortir une bizarrerie musicale tout de suite après un succès commercial ? À croire que vous voulez systématiquement fâcher vos fans ! Dans notre branche, ça s’appelle le « debranding ». (rires) THE RED BULLETIN
Dans votre branche, on cherche plutôt à coller à son style musical, non ? Oui, mais pas moi. Quand je veux quelque chose, je me fiche de savoir si c’est dans la lignée de mes derniers projets. Bizarre que vous ayez du succès, malgré tout. (Rires) Oui, je trouve aussi. Suivre son propre chemin, faire les choses selon ses propres envies, et pas comme on nous dit de les faire... Beaucoup en rêvent ! Vous, vous y arrivez, et même plutôt bien. Pourquoi ça marche ? Parce que ma musique plaît quand même à suffisamment de personnes. C’est tout ? Je n’ai pas la recette du succès. Si personne n’achetait ma musique, ce qui a d’ailleurs failli arriver au moins quatre ou cinq fois dans ma carrière, je ne changerais pas pour autant. C’est un grand risque, mais c’est aussi le prix à payer pour être libre et faire exactement ce que je veux. Ce n’est pas un peu idéaliste, voire naïf, de dire ça aujourd’hui. Et où est le problème ? Tenez, j’en ai un, de conseil : faites ce dont vous avez vraiment envie, et si vous échouez, vous pourrez toujours faire autre chose. Ce n’est pas si dur que cela : ça fait plus de 10 ans que je vis de ma musique, c’est une chance incroyable. Et si un jour ça ne marche plus, je pourrai toujours redevenir vendeur de chaussures ou que sais-je encore, plutôt que de faire des trucs qui ne me plaisent pas. Plutôt ça que d’avoir à me prendre la tête sur ce qui pourrait peut-être plaire à mon public. Parce que la musique est trop importante à mes yeux pour m’en servir uniquement comme un gagne-pain.
1978 Né le 18 octobre à Wohlen d’une mère pianiste et d’un père ténor. 1990 Premiers concerts dans le groupe du grand frère (qui joue et chante aujourd’hui dans le groupe de Seven). 2004 Son premier album Sevensoul est classé 35 dans les charts suisses. 2007 Premier disque d’or avec son quatrième album Home. 2017 Deux ans après le succès de BackFunkLoveSoul, Seven revient avec 4Colors.
« Faire une musique qui ne te ressemble pas, c’est de la tromperie, c’est comme tromper sa femme : ça ne marche pas. » 59
SEVEN DATES « On ne peut pas me faire plier, et c’est ce qui me rend le plus fier », avez-vous dit un jour. À quel moment de votre carrière avez-vous justement été tenté de « plier » ? C’est après un succès que la tentation de se laisser influencer est la plus forte. Parce qu’on se retrouve tout à coup entouré de gens qui ont plein de conseils à te donner. Mais je fais le sourd, et je garde le contrôle jusqu’au bout, y compris au sein de mon équipe. Dans ces situations-là, j’ai besoin d’être intransigeant : c’est une forme de protection. Être intransigeant pour se protéger ? Évidemment. Il n’y a que comme ça qu’on ne regrette jamais « ce qu’on aurait pu faire si seulement... » Ça, ce serait vraiment l’horreur ! À l’époque où vous jouiez dans des petites salles devant quarante péquins, vous faisiez comment pour vivre ? En gros, je faisais de l’organisation de concerts, du booking de groupes ou de DJ’s, ce genre de trucs. Mais je me suis toujours considéré avant tout comme un musicien, même si la musique ne représentait qu’un ou deux pour cent de mes revenus. Pour moi, toutes les occasions étaient bonnes pour jouer ma musique et me faire un peu de thune en passant, même les fêtes de mariage : j’ai dû en faire plusieurs milliers ! Jouer à des mariages ? Mais c’est une punition ! Pourquoi ? Tant que la qualité est là, on a même le droit de chanter Oh Happy Day à un mariage ! (rires) Avec des contacts comme Samy Deluxe, Kool Savas, Doppelkopf… vous étiez un des agents suisses les plus importants de la scène hip-hop. Pourtant, au lieu de poursuivre ce qui aurait pu être une belle carrière de manager, vous préférez
Prochains concerts en Suisse 26 octobre 2017 Volkshaus, Zurich
3 novembre 2017 Bierhübeli, Berne
4 novembre 2017 Nordportal, Baden
8 et 9 mars 2018 Mühle Hunziken, Rubigen
16 mars 2018
Volkshaus, Bâle
24 mars 2018
Kaufleuten, Zurich
Toutes les dates de la tournée sur sevenmusic.ch
« Un type qui suit sa route, qui reste fidèle à lui-même, et qui réussit malgré tout, c’est un symbole. » 60
jouer devant quarante personnes et chanter Oh Happy Day à des mariages... C’est ça. Ce n’est pas un peu frustrant ? Pas du tout. Parce qu’à ces quarante personnes qui étaient venues pour ma musique, je leur donnais tout ce que j’avais dans les tripes. Pendant deux ans, j’ai écumé tous les clubs de Suisse pourvus d’une prise électrique pour y jouer une demi-heure et les cent ou deux cents Francs que je récoltais servaient à payer le loyer le lendemain. La première fois qu’un album m’a rapporté plus qu’il ne m’a coûté en production, c’était en 2007. Dans vos interviews, les mots « discipline » et « persévérance » reviennent souvent : vous parlez davantage comme un sportif que comme un chanteur de soul. Mais la musique a besoin de discipline. Quand on décide de faire une musique qui doit d’abord trouver un public, il faut tenir sur la durée : impossible si l’on manque de discipline et d’endurance, parce qu’on va devoir jouer longtemps devant quarante personnes avant que ça ne décolle vraiment. Avec vos collègues musiciens, vous passez pour un grand naïf ou pour un modèle à suivre ? Pour un grand naïf, je crois. Mais d’autres me disent aussi : « Hey, t’as vraiment mérité ton succès » – un type qui suit sa route, qui reste fidèle à lui-même, et qui réussit malgré tout, c’est un symbole. Vous lorgnez à présent les États-Unis et le Japon. Allez-vous y investir tout ce que vous avez réussi à mettre de côté, comme en 2012, lorsque vous aviez voulu entrer sur le marché allemand ? Oui, qu’est-ce qui m’en empêche ? Si j’étais votre femme, j’en aurais, moi, des réticences. Ma femme a l’habitude. (rires) Vous risquez tout pour aller dire aux Américains : « Les Blancs savent aussi bien chanter la soul que les Noirs » ? Franchement ? Je ne veux pas me comparer à eux, je veux juste savoir si j’ai mes chances là-bas. Si ça, ce n’est pas un motif de divorce ! Ma femme me soutient à fond. Et s’il y a une personne encore plus têtue que moi, c’est bien elle. Quand on vous demande quel serait le meilleur conseil à donner à votre fils, vous répondez : « Ne jamais abandonner trop tôt. » Mais comment savoir à quel moment il vaut mieux abandonner ? Tant que la joie est au rendez-vous, continuez à faire ce que vous voulez faire. Mais le jour où cela ne vous procure plus un immense bonheur, mieux vaut laisser tomber. Vous n’avez pas peur de vous planter ? Et comment ! Toujours, à chaque fois. Mais ça concerne ma musique, pas les réactions des gens. Et si, un jour, vous vous plantez réellement ? Je retournerai jouer dans des petites salles devant quarante personnes. Et je ferai tout pour donner le meilleur, à chaque concert. sevenmusic.ch THE RED BULLETIN
Seven pose dans la nouvelle Lexus LC500 (aux pieds : une des 300 paires de sneakers de sa collection privĂŠe).
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« PLUS L'ADVERSAIRE EST GRAND MIEUX JE ME PORTE »
Lino Martschini est le plus petit joueur de la National League mais aussi l’un des plus efficaces devant le but. Alors comment s’impose-t-on parmi les meilleurs sans avoir le gabarit requis ?
TEXTE Werner Jessner PHOTOS Janosch Abel
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ino Martschini mesure 1,68 m pour 65 kg. En comparaison, Philipp Wetzel, le plus costaud de la ligue, affiche 1,98 m pour 104 kg. Cet écart n’a cependant pas empêché Lino, natif de Lucerne, de finir quatrième meilleur buteur du championnat suisse la saison passée. Titulaire à tous les matches, son temps total de pénalités s’élève à six minutes, soit le joueur le plus fair-play de la saison. Voilà pour les faits. La séance photos nous donne l’occasion d’apprécier ses véritables atouts tels que les décrit sa fiche sur la base de données internationale eliteprospects.com : « mains agiles », « contrôle du palet excellent ». Lino
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Martschini se meut sans le moindre signe annonciateur, anticiper ses gestes est tout simplement impossible même pour l’œil averti. Sur la glace, le numéro 46 d’EV Zoug évolue tel un derviche et donne le tournis à l’adver l’adversaire. Sa fiche, toujours sur le site eliteprospects, note aussi « faible dans l’impact physique », une faiblesse qui lui vaut d’être régulièrement secoué. Mais pas de quoi pousser Lino Martschini, 24 ans, à renoncer à son rêve d’intégrer le meilleur championnat du monde. Depuis ses débuts, il est habitué à entendre les experts annoncer la fin de son ascension. Une fin que ces derniers présentent toujours comme imminente. À les entendre, Lino Martschini n’aurait jamais dû atteindre un tel niveau. Alors comment y est-il parvenu ? Décryptage du mental d’un champion improbable. the red bulletin : Les commentaires concernant votre taille vous agacent-ils ? lino martschini : Plus maintenant. Je les subis depuis mon jeune âge. Enfant, les moqueries de mes camarades me gênaient. Mais ma taille fait partie de mon identité, j’y suis habitué et de ce fait elle ne me gêne plus. En outre, chaque année elle me permet de débuter la saison avec un record : celui du plus petit joueur du championnat. La performance de haut niveau dépend de plusieurs facteurs. Votre père était aussi joueur de hockey pro et selon lui, vous êtes bien plus talentueux qu’il ne l’était. Le talent est-t-il tout ? Je ne crois pas, même si le talent joue un rôle dans la progression. Petit déjà,
Martschini a inscrit 23 buts lors du dernier exercice pour le club EV Zoug.
tout ce qui ressemblait à un ballon, une crosse ou un palet me fascinait. Je passais mon temps libre à y jouer. Peut-être que le talent s’acquiert inconsciemment à un très jeune âge. Mon énergie et mon enthousiasme ont toujours été plus grands que moi. L’amour du métier comme surcompensation ? On ne doute jamais quand on est passionné par ce qu’on fait. C’est moins la taille du chien dans le combat que la combativité du chien qui compte ? Correct. Combien de fois vous a-t-on dit : « Tu ne seras jamais pro avec ta taille » ? Des milliers de fois. Quel que soit l’âge ou la catégorie où j’évoluais, c’était la même rengaine : « Tu arriveras peut-être à jouer à ce niveau mais plus au-delà. » Les années passaient, les autres grandissaient, moi je restais le plus petit. Comment avez-vous géré ? Je laissais dire même si ce n’était pas sans effet sur moi. Mais avec le temps, je suis devenu plus imperméable aux remarques de l’entourage, j’ai acquis plus de sérénité et d’assurance. Je garde le cap quoi que les autres disent. Pas même un sentiment de colère ? Ma réussite était constante et je passais chaque étape sans difficulté. Les commentaires des uns et des autres avaient de ce fait peu d’impact. Cela vous a-t-il permis de préserver votre confiance… Oui, grâce au succès que je vivais. J’ai douté brièvement au moment de passer pro. Et si les autres avaient raison, me suis-je alors demandé. N’était-ce pas la catégorie de trop. Mais mar marquer dès mon tout premier match de National League m’a soulagé. Cela dit il faut bien sûr y mettre du sien pour réussir. Le chemin du succès comcom mence avec soi. Aujourd’hui, vous faites partie de l’élite suisse du hockey. AmbitionAmbition nez-vous d’aller plus haut encore ou est-ce la dernière marche ? J’ai toujours trois types d’objectifs : à court, à moyen et à long terme, à
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La taille importe peu : Lino compense son 1,68 m par son habileté, sa vitesse et « une volonté permanente de se surpasser ».
« Ma taille m’a obligé à toujours avoir une longueur d’avance sur l’adversaire, à anticiper, à me préparer… Tout ça s’apprend. »
« Si après l’entraînement j’ai encore de l’énergie, j’enchaîne avec une séance de cent tirs au but. La quantité est un facteur clé. Peu importe votre talent ou vos automatismes, on peut toujours s’améliorer, devenir plus rapide ou avoir une frappe plus puissante même quand on a déjà plus de 100 000 tirs au compteur. »
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savoir le match suivant, le championnat et jouer en NHL. En atteignant le premier objectif, je réalise le second et me rapproche du coup du troisième. Pour ce qui est des blessures, le hockey est l’exemple type du sport darwinien. Il ne fait pas bon être au mauvais endroit au mauvais moment… Mon corps affiche une forme olympienne même si ça ne se voit peut-être pas. Certes, dans l’absolu d’autres joueurs soulèvent plus de poids que moi ou sont meilleurs au développé couché. Mais vu ma masse corporelle, je n’ai pas à rougir de mes perfor performances. Je ne me contente jamais de mes capacités, je cherche toujours à dépasser mes objectifs. C’est crucial pour réussir. Dans l’absolu les faits font mal aussi comme lorsqu’un défenseur de 110 kg vous percute. Certains contacts sont inévitables. Il faut savoir les encaisser. Pour éviter les chocs violents, j’utilise la vitesse pour les esquiver et les anticiper. Peut-on transposer cette approche aux petites structures comme une start-up par exemple qui doit aussi se préparer, anticiper, exploiter des niches ? Avoir un temps d’avance ne nuit pas et peut s’apprendre. Mon corps m’a obligé à regarder toujours plus loin, à envisager des stratégies différentes. Prévoir ce qui va arriver pour l’anticiper. Un petit fabricant de software ne fait pas autre chose face à un Microsoft. Ça peut sembler contradictoire mais
La version 2018 du jeu de hockey sur glace intègre Lino Martschini dans l’enceinte de la Bossard Arena de Zoug. NHL 18 pour Xbox One et PS4 est déjà dans les bacs.
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«LA VITESSE EST UNE ARME DE DÉFENSE» plus l’adversaire est rapide et costaud et plus il est facile à manœuvrer. Le plus important est de garder la tête relevée avec une vision d’ensemble. En ayant cette attitude en toutes circonstances, vous tirerez toujours votre épingle du jeu y compris dans un environnement à risque. Et qu’arrive-il si le fort décide d’éliminer le petit ? C’est une possibilité qu’il faut accepter. Mais pour moi, plus l’adversaire est grand, mieux c’est. La rapidité est une arme de défense efficace. Elle vous rend imprévisible, un atout important en compétition. Mais vos adversaires ont appris à vous connaître depuis. Je les connais aussi. C’est un jeu d’échecs. Le succès combine l’expérience, le savoir et l’intuition aussi. Au début, je gambergeais sur la réaction de l’adversaire, à présent je peux l’anticiper. Les petits sont-ils avantagés par l’arbitrage ? Je ne l’espère pas. J’attends de l’arbitre qu’il assure la même protection à tous les joueurs.
Vous êtes l’un des plus efficaces devant le but mais aussi le plus fair-play. Sur les quatre dernières saisons, vous totalisez une pénalité lors de deux exercices et trois lors des deux autres. Comment l’expliquez-vous ? L’usage de moyens déloyaux résulte toujours d’erreurs tactiques préalables. J’évite de commettre ces dernières. Les fautes les plus bêtes selon vous… Celles qui répondent à la provocation. Pas de sentiments ? L’émotion vous déconcentre faisant de vous une proie facile. Pour bien jouer, je dois garder mon sang-froid et avoir un mental d’acier. Par quoi êtes-vous agacé ? Le manque de ponctualité. Surtout quand c’est moi. Une déformation professionnelle due à notre sport où tout est chronométré à la seconde près. Dans une interview vous dites : « La quantité aussi compte. » Est-ce à dire que tout peut s’apprendre pour peu qu’on s’exerce suffisamment ? Au contraire. Après l’entraînement, si j’ai encore du jus, j’enchaîne avec une séance de cent tirs au but où chaque tir compte. Si je suis cuit, je vais à la douche. Faire une chose à moitié juste pour avoir bonne conscience ne donne rien. Le but est que le geste parfait devienne une seconde nature, pas un geste moyen. Et pour ça, il faut l’énergie et la concentration sans quoi mieux vaut s’abstenir. Vous vous excusez de vos erreurs ? Non. Ça fait partie du code de conduite que le club transmet aux jeunes : nul ne commet d’erreur volontairement. S’excuser n’a donc aucune utilité. En revanche, chercher à comprendre l’erreur et y remédier est fortement conseillé. easports.com
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GROS SOUS LE
CAPOT Terrée dans un ancien hôpital psychiatrique, l’équipe indépendante britannique M-Sport a recruté la grande star du rallye, le Français Sébastien Ogier (ici en photo), et construit la meilleure voiture de sport alors même que son budget ne représente qu’une fraction de celui des constructeurs concurrents. Et elle est maintenant sur le point de remporter les championnats du monde des rallyes (WRC). À quelques jours du rallye de Grande-Bretagne, le patron Malcolm Wilson explique comment la « petite équipe qui pouvait le faire » l’a fait. Texte : Gemma Briggs 68
Photos : Sam Barker
Un engagement sans faille : un aperçu de l’atelier au QG M-Sport, à Dovenby Hall.
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n 2007, Malcolm Wilson, directeur de M-Sport, se tenait face à ses 250 collaborateurs, les larmes aux yeux. Ford, un partenaire de longue date à qui M-Sport venait d’offrir son deuxième titre consécutif de « champion du monde des rallyes constructeurs », se retirait de la compétition, une décision qui entraînerait inévitablement des licenciements. Une décennie plus tard, si vous rencontrez cet homme inébranlable de 61 ans, vous aurez du mal à croire qu’un tel émoi public a eu lieu. Le sort de son personnel ne lui était pas égal, au contraire, mais cette même équipe est aujourd’hui sur le point de remporter sa toute première victoire au championnat des pilotes, parallèlement à un nouveau titre constructeurs. Il n’y a pas de place pour les
larmes quand une équipe indépendante entourée d’équipes constructeurs financièrement solides veut aller de l’avant et est sur le point de créer la sensation dans le monde du sport. De nature stoïque, Malcolm Wilson n’a pas raconté lui-même l’annonce terrible de 2007. C’est l’un des techniciens de l’atelier brillant de modernité, joyau de l’expansion de M-Sport, qui a rapporté à quel point la séparation avait été douloureuse. Mais si la séparation a été difficile, elle n’a pas été totale. M-Sport et Ford sont restés des partenaires proches, l’équipe de rallye étant liée au constructeur par un partenariat technique de longue date. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer M-Sport sans le logo de Ford sur ses voitures de compétition.
sur mon travail. » Son travail consiste non seulement à organiser une campagne WRC pour trois voitures, mais également six participations au WRC d’équipes clientes, de même qu’à fournir une kyrielle de modèles Fiesta R5 pour les WRC2 et de voitures Fiesta R2T pour tous les participants au championnat du monde des rallyes junior. De plus, il y a deux Bentley Continentals, qui ont offert une deuxième place à M-Sport lors des Blancpain GT Series, et un projet client victorieux avec la Ford Focus RS RX lors du championnat du monde de rallycross. Il est évident que le partenariat avec l’ovale bleu a perduré et prospéré : en seulement quatre ans, M-Sport a construit et vendu 250 Fiesta R5. « De l’extérieur, l’équipe paraît énorme, mais c’est surtout du business, explique Wilson. L’équipe actuelle du WRC est petite en comparaison aux équipes constructeur. » Si le programme du WRC représente une part énorme des ressources, il n’est pas le seul pour Malcolm. Ce dernier a quitté le rallye de Finlande avant la fin pour admirer ses Bentley lors des 24 Heures de Spa (Belgique), heureux de voir à quel point les courses de longue distance lui rappellent le rallye d’antan. « Le programme WRC est notre outil de marketing, affirme-t-il. Bien qu’il serait préférable, financièrement, que nous ne participions pas au WRC, je m’en sers de programme phare pour diriger tout le reste. Il nous donne de la crédibilité dans toutes les autres disciplines et tous les domaines de ce sport. »
L’effet Ogier Après le retrait de VW, la légende Sébastien Ogier aurait pu choisir n’importe quel grand nom du WRC. Mais a préféré l’un des plus petits… The Red Bulletin : Pourquoi avezvous choisi M-Sport ? Sébastien Ogier : J’ai toujours eu beaucoup de respect pour Malcolm et lorsque j’ai essayé la voiture, j’ai immédiatement vu son potentiel. Je savais que j’avais choisi la plus petite des équipes et ce choix me fascinait. Mais c’était risqué ? Pas vraiment. Au vu de mes résultats, je ne pense pas avoir à prouver plus. Quoi qu’il advienne dans ma future carrière, je me sens très heureux. Quelle a été votre première impression en visitant le site de l’équipe ? C’est au milieu de nulle part, mais les installations sont fantastiques. C’est vraiment impressionnant pour une équipe privée. En visitant l’usine, j’ai été heureux de rencontrer une équipe aussi passionnée par son travail. Votre point de vue sur Malcolm ? Il est direct. Si quelque chose ne va pas, nous en discutons pour trouver des solutions. Il fait absolument tout ce qui est en son pouvoir pour gagner. Comment a-t-il réagi à votre première victoire en 2017 ? C’était la première manche de l’année et ma victoire a créé la surprise, car je n’étais personne au sein de l’équipe. Un tel début a boosté tout le monde. Qu’est-ce qui distingue M-Sport des autres équipes constructeurs ? La structure est la même, mais les équipes constructeurs disposent bien entendu de davantage de ressources. Avec son petit budget, M-Sport s’en sort vraiment bien. C’est merveilleux de voir cela dans notre sport.
L’ancien champion de rallye britannique Malcolm Wilson reprend sa place de pilote pour M-Sport.
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Un titre avec une équipe indé renforcerait-il votre réputation ? Ce serait une belle prouesse, donc bon pour ma réputation. C’est un véritable défi, mais j’ai déjà fait mes preuves. Il reste quatre manches et nous sommes toujours en lice pour le titre. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes.
GETTY IMAGES, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL
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lors, comment cette entreprise ffondée il y a 38 ans à Cockermouth, la patrie de Malcolm Wilson, a-t-elle réussi à nouer une relation aussi formidable avec Ford et à s’assurer les services du quadruple champion du monde de rallye Sébastien Ogier, figure de sa campagne en 2017 ? Malcolm Wilson s’attache à clarifier en premier lieu la taille de l’entreprise. M-Sport est sans aucun doute l’une des plus petites équipes du WRC et elle réalise le programme de Ford sans l’aide d’aucun constructeur. Avec ses 250 collaborateurs au siège principal, au Royaume-Uni, et ses 38 en Pologne, l’entreprise construit aujourd’hui entre 80 et 100 voitures par an et enregistre un chiffre d’affaires annuel de 55 millions d’euros. Où se situe M-Sport par rapport à d’autres entreprises de sport automobile britanniques ? « Pour être honnête, je n’en ai pas la moindre idée », avoue Malcolm Wilson. Loin d’être évasif, il est plutôt modeste. « Je ne me préoccupe pas des autres. » D’accord, mais il doit être fier de côtoyer Williams Grand Prix, l’une des plus grandes entreprises de sport automobile locales ? « Oui, mais le problème, c’est que l’on est trop étroitement lié à tout cela. C’est un mode de vie. C’est ma vie et je ne sais rien faire d’autre, déclare-t-il sans ménagement. Ne vous méprenez pas : lorsque j’ai obtenu des distinctions, comme l’OBE (Ordre de l’Empire britannique, ndlr), cela m’a fait réfléchir. Mais je reviens ensuite immédiatement sur terre et me concentre
« Je savais que j’avais choisi la plus petite équipe, et ça me fascinait. »
Sébastien Ogier pilote la nouvelle Fiesta RS WRC lors de sa première saison pour M-Sport.
M-Sport est la petite équipe qui a défié et battu les géants, et son partenariat avec Ford a été déterminant.
Le Gallois Elfyn Evans est l’une des stars montantes du championnat du monde des rallyes.
C La force montante Elfyn Evans, 28 ans, rejoint à nouveau l’équipe cette saison. Rencontre en Finlande, où il a décroché son deuxième podium de l’année… The Red Bulletin : Racontez-nous votre histoire avec l’équipe... Elfyn Evans : J’ai remporté le WRC junior (en 2012, ndlr), ce qui m’a valu de conduire la Fiesta R5 lors de six rallyes. De 2013 à 2015, j’ai vécu sur place et ai participé au développement de la nouvelle voiture. Je suis ensuite devenu pilote d’usine. Avez-vous aimé vivre et travailler dans un endroit aussi retiré ? J’ai grandi dans le nord du Pays de Galle, et c’est très similaire. Les magasins à une heure de route, je connais ! Au fil des années, je me suis fait beaucoup d’amis chez M-Sport, qui est très cosmopolite. C’est génial de faire partie de cette équipe familiale.
JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL, OLAF PIGNATARO
Comment décririez-vous vos rapports avec Malcolm ? Ils sont manifestement très bons étant donné que nous travaillons toujours ensemble après toutes ces années ! Il a affronté mon père (Gwyndaf, ancien champion anglais des rallyes, ndlr), et ce qu’il a accompli est incroyable. Il est toujours très motivé et, pour être honnête, ce n’est pas toujours facile... Est-il du genre « dur mais juste » ? Bien sûr, il y a parfois des moments difficiles et le soleil ne brille pas toujours. Mais je crois que c’est le cas de n’importe quelle personne qui veut réussir dans le sport ou les affaires. S’il n’est pas content, il vous le fait savoir, mais je n’attends pas non plus d’être bichonné. Vous savez où vous en êtes et, au moins, tout est transparent, ce qui facilite beaucoup les choses. L’atmosphère changerait si le team était une équipe constructeurs ? M-Sport est une équipe indépendante, mais l’ambiance familiale resterait la même, qu’elle soit une équipe constructeurs ou pas. C’était déjà le cas lorsque j’ai rejoint l’équipe à l’époque et le sentiment de satisfaction est grand lorsque nous faisons du bon travail.
ette approche fonctionne : d’ici un an environ, une piste d’essai et un centre d’évaluation ultramodernes doivent voir le jour pour permettre aux fabricants de moteurs de mettre sur pied des projets classés top secret. Lorsque Wilson parle de la possibilité de tester des véhicules autonomes dans cette contrée perdue et pittoresque du Lake District, il admet que son travail le captive autant que les courses autrefois. Il a quitté l’école à 15 ans sans aucune qualification, mais ses deux titres de champion d’Angleterre des rallyes à la fin des années 1970 et son expérience de pilote d’usine en WRC lui ont permis de prendre un bon départ lorsqu’il a mis sa propre équipe sur pied. L’affinité pour Ford était très grande – « Roger Clark ((légende britannique du rallye, ndlr) était mon héros et il a toujours travaillé avec Ford » – et M-Sport a remporté son premier titre de WRC en 2006 avec la Ford Focus RS. Il s’agissait de la première victoire de Ford au WRC depuis 1979 et le duo a réitéré son exploit l’année suivante. Après des années difficiles, durant lesquelles les sponsors sont allés et venus, Malcolm Wilson n’a pas hésité, fin 2016, à recruter le champion Sébastien Ogier lorsque VW a quitté le WRC après que le Français a rapporté quatre titres consécutifs à l’équipe allemande. Le coup a été immense : c’était comme si une équipe privée de F1 telle que Force India annonçait que Sebastian Vettel allait conduire l’une de ses voitures. La star du rallye a offert une victoire immédiate à M-Sport lors de la manche d’ouverture de cette saison, mais ce n’est pas seulement l’adresse de Sébastien qui a rendu réalistes les chances d’une victoire finale cette année. L’honneur revient également à la Fiesta RS WRC. « J’aime piloter moi-même toutes les nouvelles voitures de rallye au début pour être sûr qu’elles ne présentent pas de défauts majeurs, explique Malcolm Wilson, qui a été pilote d’essai en chef de Ford pendant plusieurs années. J’ai conduit la Fiesta toute une journée dans la forêt de Greystoke (Cumbria, ndlr). Cela faisait des années que je n’avais pas conduit l’une de nos voitures. J’ai immédiatement senti que l’équipe d’ingénieurs et de designers avait exploré toutes les possibilités pour fabriquer une voiture de rallye de champion. C’est la meilleure voiture que nous ayons conçue et construite. » De quoi transmettre à ses équipes cette motivation qui ne s’est jamais affaiblie durant les années de vaches maigres ? « Je ne pense pas la transmettre, estime-t-il. Bon, je suppose que je le fais en
montrant mon enthousiasme. Mais lorsque les vrais pilotes montent dans la voiture – par exemple, Ott Tänak (pilote régulier, ndlr) a immédiatement déclaré : “Cette voiture est faite pour moi”, cette passion dépeint sur les techniciens et les ingénieurs. Elle se propage à toute l’entreprise. Je fais le tour des départements pour leur dire : “Hé les gars, cette voiture va faire un malheur”, mais je ne rameute pas tout le monde. Enfin, j’y arrive peutêtre parfois, en cas de succès. » Pete Maze, un jeune technicien travaillant sur le programme WRC qui a rejoint l’équipe il y a deux ans, est très emballé par la combinaison M-Sport/Ford. « Estce que nous sommes des outsiders ?, se demande-t-il. Probablement. Nous ne sommes pas une véritable équipe constructeurs, mais nous avons obtenu de meilleurs résultats que les autres, avec quatre victoires au compteur jusqu’à présent cette saison. Nous sommes en tête du championnat et avons toutes nos chances. Malcolm n’est pas un patron ordinaire. Quand il est dans l’atelier, il prend le temps de discuter. Il s’intéresse à nous. » Garry Barker est le technicien numéro un pour Ott Tänak, qui, avec Elfyn Evans, complète le trio de pilotes d’usine de M-Sport. Garry Barker fait partie de l’équipe depuis 17 ans et a fait sa première expérience professionnelle dans la maison de Malcolm Wilson. « Cette année, nous sommes de toute évidence sur la voie de la réussite, nous sommes en tête des deux championnats, et cela booste énormément l’équipe. Je vois Malcolm assez souvent ; il est toujours à l’atelier et met une bonne ambiance. Il n’est pas d’un abord difficile et il est plutôt curieux. Mais il sait également maintenir la pression. Il aspire à gagner autant que nous. » M-Sport est la petite équipe qui a défié et battu les géants, et la clé d’un tel succès est l’entretien d’une bonne relation de travail avec Ford, contre vents et marées, associé à l’approche de gestion dure mais juste de Wilson. Le meilleur témoignage de la passion qui a conduit cette équipe à ces résultats inattendus provient de Stephen Waddelove, technicien en chef pour la R5. « Je travaille ici depuis 12 ans, j’ai donc connu les hauts et les bas, racontet-il. Lorsque Ford s’est retiré, Malcolm a rassemblé tout le monde et il avait les larmes aux yeux. Il était soucieux à l’idée que l’un d’entre nous perde son boulot. » Si la promesse de victoire s’accomplit cette année, il sera peut-être temps de tirer un trait sur ce souvenir. m-sport.co.uk 75
ANOUK VERGÉ-DÉPRÉ 25 ans, 1,85 m, Bernoise : « Mieux vaut montrer ses faiblesses... »
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JOANA HEIDRICH
26 ans, 1,90 m, Zurichoise : « ... mais uniquement à sa partenaire ! » Texte : Stefan Wagner Photos: Lorenz Richard
WORK
Travailler main dans la main. Comment former une équipe et la faire vivre, développer ses points forts, éliminer ses faiblesses ou à défaut les accepter. Éviter les clashs ou garder son sang-froid faute de mieux. Un partenariat capable de fonctionner sous pression. En Suisse, Anouk Vergé-Dépré et Joana Heidrich sont des expertes en la matière. En 2020, les joueuses visent une première médaille olympique suisse en beach-volley dames.
Croire
que le beachvolley est un sport de loisir serait une grossière erreur : entre les hôtels, les aéroports et les 8×8 mètres d’une moitié de terrain, les pros passent 250 jours par an ensemble dans un sport où les remplaçants sont inexistants. Si l’un des partenaires sèche un entraînement, l’autre est forcé d’en faire autant. Si l’un mange une Bratwurst, l’autre ressent la prise de poids. Tout se partage : chagrin d’amour, décalages horaires, ligaments croisés arrachés, doigts de la main retournés ou nez abîmé par un smash adverse. Anouk Vergé-Dépré, et Joana Heidrich, respectivement 25 et 26 ans, font équipe depuis novembre 2016. Avant cela, elles ont chacune joué de longues années avec des partenaires expérimentées qui ont mis fin à leur carrière après les Jeux de Rio. Vergé-Dépré et Heidrich étant les deux jeunes meilleures joueuses suisses, elles se sont logiquement associées bien qu’elles jouent au même poste, en bloc ; c’est un peu comme si l’équipe nationale
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ANOUK VERGÉ-DÉPRÉ
jouait en bloc avec Isabelle Forrer depuis 2011 avant de se convertir en parade depuis novembre 2016.
de football était composée de onze attaquants. Aujourd’hui, elles visent une médaille aux Jeux de Tokyo. Les perfor performances de leur première saison commune ont largement dépassé les attentes. VergéDépré et Heidrich savent ce que signifient respect, patience, ténacité, rigueur, tolérance, psychologie de l’harmonie et du combat. Une science et des notions qu’elles nous livrent en trois leçons. THE RED BULLETIN
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JOANA HEIDRICH
jouait en bloc avec Nadine Zumkehr depuis 2011. Elle joue toujours au même poste.
Le beach-volley n’est pas un sport de fillettes
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Quant au succès, c’est un savant mélange d’agressivité, d’ouverture, de tolérance et de fiabilité.
the red bulletin : Au beach-volley, cherche-t-on toujours à jouer sur le plus faible des adversaires ? anouk vergé-dépré : Correct. joana heidrich : Oui. Si l’un des opposants doute, le but est de le faire douter encore plus. C’est bien ça ? a : Tout à fait. j : Oui En le prenant systématiquement comme cible. a : Correct. j : Oui. Et on utilise cette tactique jusqu’à ce que l’autre adversaire pète un plomb. a : Qu’il pète un plomb importe peu. L’important est que le maillon faible ne se mette pas à mieux jouer. j : On peut toujours essayer. Mais à notre niveau personne ne disjoncte. Les joueuses sont très professionnelles. En beach-volley l’interdépendance des partenaires est forte, non ? a : Correct. j : Oui. Peut-on dire que le succès dépend à long terme de la capacité de chacun à s’adapter aux erreurs et aux faiblesses du partenaire ? a : Hum, faux. Il s’agit plus de gérer ses propres forces et faiblesses. j : Correct. Quand je suis bien, dois-je l’exhiber à l’attention de mon partenaire et de
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l’adversaire ? a : Correct. j : Oui. Et quand je doute, dois-je à l’inverse le dissimuler tout autant à mon partenaire qu’à l’adversaire ? a : Cacher le doute que l’on ressent à son coéquipier serait une erreur. Mieux vaut montrer ses faiblesses, les reconnaître, y être ouvert, et les surmonter ensemble. j : L’adversaire n’a pas besoin de le savoir mais le partenaire oui. Si elle ignore mon état, elle ne peut pas m’aider. Quand je loupe un entraînement, doisje culpabiliser pour ma partenaire ? a : Louper un entraînement ? Jamais de la vie. j : Seule la maladie ou la blessure peut être une raison d’annuler une séance. La partenaire est-elle la personne avec laquelle vous passez le plus de temps ? a : Oui. j : C’est au moins vrai en été. Si en privé ma partenaire m’insupporte mais que notre entente sportive est parfaite, dois-je continuer avec elle malgré tout ? a: Sans doute, oui. j: Oui.
Les objectifs indiquent le cap à suivre Et le chemin pour les atteindre doit être sans cesse réévalué.
the red bulletin : Quelle est la chose la plus importante lorsqu’on crée une équipe ? anouk vergé-dépré : Avoir des objectifs clairs auxquels chacun adhère totalement sans aucune ambiguïté. C’est le cap qu’on se fixe. Tout le reste en découle : qui est responsable de quoi, qui fait quoi et ainsi de suite. L’objectif de la médaille olympique en 2020 est dans vos têtes au quotidien ? Les Jeux sont notre toile de fond. Au quotidien nous poursuivons des objectifs intermédiaires tournant autour de la technique, du jeu, du classement mondial. Et de la gestion de notre vie commune. Définissez-vous et convenez-vous de tous vos objectifs intermédiaires en commun ? 79
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Oui, absolument. Sans objectifs concer concertés, pas de cap. Vos débuts avec Joana ont été meilleurs que prévus. Est-ce dû à un coup de foudre ou à une évolution progressive ? D’autant que vous avez dû apprendre à évoluer en défense alors que vous jouiez en bloc. … et passer de droite à gauche, puisque comme elle, je jouais à droite. Il a fallu plusieurs mois pour apprendre à se connaître, dépasser les doutes, définir le rôle de chacune, savoir qui fait quoi et si possible de quelle manière, comment l’une et l’autre se comportent dans des situations données, sur le terrain mais aussi en interview, à l’aéroport, au petitdéjeuner… Il faut régler une multitude de détails. Parlez-nous de votre changement de poste. Le bloc et la parade sont pour ainsi dire deux sports différents. Je dirais plutôt deux visions du même sport avec des tâches différentes. Le bloc impose des allers-retours au filet et de nombreux sauts. La parade exige de nombreux mouvements sur toute la largeur du terrain et des plongeons au ras du sol. En résumant, le bloc est vertical et la parade horizontale avec un mode de prise de décision et de pensée propre à chaque poste. Acquérir ce nouveau mode de pensée a été pour moi, le plus grand défi. Il a fallu l’assimiler afin qu’il devienne instinctif et rapide pour assurer même en situation de stress. Certaines erreurs vous ont-elles coûté des matches au début ? Oui clairement. Je n’avais plus la même présence sur le terrain, j’étais à nouveau débutante, empreinte de doute et dans ce cas, l’erreur est inévitable. Comment Joana a-t-elle réagi à vos erreurs ?
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Elle a été très patiente. Bien que la patience ne soit pas notre point fort à toutes les deux. Le fait de constater des progrès réguliers grâce au travail accompli a, je crois, nourri sa patience. Comment Joana exprime-t-elle ses critiques ? De manière très directe et tant mieux. C’est plus sain. À quoi ressemble cette franchise au quotidien ? Ça peut aller jusqu’à dire à l’autre : « Excuse-moi, mais faire la conversation dans une salle d’embar d’embarquement, c’est pas mon truc » ? On peut être direct sans pour autant manquer de respect. L’essentiel est de pouvoir dire à l’autre que le moment est mal choisi. Joana par exemple, est matinale contrairement à moi. Au réveil, j’ai besoin
de tranquillité. On en a parlé et depuis elle se rend au petit-déjeuner sans m’attendre. Ça à l’air de rien mais ça vous change la vie au quotidien. Si on n’aborde pas ces choses-là, ça crée des tensions. Instaurer un rituel matinal est un acte réfléchi, réagir à un smash raté de Joana quand on est à 13 partout a moins de chances de l’être. Le plus grand défi dans notre sport est d’avoir la faculté de repartir de zéro à chaque nouveau point. C’est-à-dire être capable de faire table rase des situations concernant les points précédents. Cela permet de jouer sereinement le point suivant et évite l’invasion du doute. À l’entraînement, nous travaillons cet aspect au même titre que les extensions ou les services.
LA DÉFENSE
Anouk Vergé-Dépré sur son changement de poste: poste : «Apprendre « Apprendre à penser différemdifféremment a été le plus grand défi.» défi. »
« LA PATIENCE N’EST PAS UNE DE MES QUALITÉS, IL M’A FALLU L’APPRENDRE. POUR LA DÉVELOPPER, J’AI TRAVAILLÉ AVEC UN PSYCHOLOGUE DU SPORT. » THE RED BULLETIN
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À L’OFFENSIVE
Joana Heidrich à son poste habituel au contre – mais avec une nouvelle partenaire.
Ne pas avoir peur des erreurs Les faire, les provoquer, les tolérer. Et apprendre à les éviter.
the red bulletin : Cela vous agace-t-il qu’on dise que le beach-volley est un sport de loisir ? joana heidrich : Non. Si la notion de plaisir est absente, autant laisser tomber même si on est pro. En revanche, à notre niveau, le succès dépend directement de l’attitude professionnelle, à savoir la façon de penser, de travailler, ce que vous arrivez à tirer de l’adversaire ou du partenaire, de l’aptitude à définir et exécuter un plan efficace. Et être capable de persévérer même les jours sans. Avez-vous éprouvé des difficultés à pardonner les erreurs d’Anouk à son nouveau poste ? Pas du tout. Nous savions dès le départ que la patience serait cruciale les premiers temps. Mais les ratés de la partenaire ont un impact. Si la partenaire traverse une mauvaise passe, lui mettre la pression est contreproductif. Je crois qu’on s’est bien débrouillées. Nous avons abordé les problèmes ouvertement et cherché ensemble les solutions. Cela a donné des progrès réguliers. J’étais là pour la soutenir pas pour la discipliner. La patience n’est pas une de mes qualités mais il m’a fallu ici apprendre à l’être. Comment apprend-on la patience ? Grâce à un travail ciblé avec le psychologue du sport. Est-ce que tout finit par être plus facile ensuite ? C’est plutôt le contraire parce que les exigences augmentent. Au début, l’enjeu pour nous était de trouver nos repères. Nous y sommes parvenues. Les premiers temps, il était important de ne pas exercer THE RED BULLETIN
de pression sinon c’était l’échec assuré. À présent, les exigences sont plus élevées mais il faut cependant se munir de la même patience sans quoi les progrès ne suivent pas. Y a-t-il eu un moment qui a marqué la fin de la première phase ? Un tournoi, un match où vous vous êtes dit : « Ça y est, Anouk a passé un cap » ? Oui, en juin dernier lors d’un tournoi à La Haye, huit mois après le début de notre collaboration. J’avais déjà noté des progrès constants, semaine après semaine. Mais à La Haye, j’étais devant au filet et tout à coup, tous les ballons se sont mis à revenir. C’était génial. Nous en avons parlé après le match et Anouk m’expliquait que pour la première fois, elle est parvenue à jouer sans réfléchir à la technique. Y a-t-il une bonne manière de critiquer ? Si quelque chose gênait l’une ou l’autre, Anouk et moi avions convenu d’en parler à la première occasion mais à un moment bien choisi, en dehors de situations tendues qui ne sont pas propices au dialogue, comme après une défaite par exemple. Toute l’équipe se réunit-elle dans ce cas ? Non, on en parle entre quatre yeux. Et si on n’y arrive pas, nous faisons appel au coach ou au psychologue.
À son nouveau poste, Anouk incarne la variable. Vous, vous incarnez la constante, car vous êtes toujours au même poste. De ce fait, vos erreurs comptent-elles double ? Avec un surplus de pression sur vous ? Je ne vois pas les choses ainsi. Je me répète souvent que j’ai le droit à l’erreur aussi. C’est valable pour chaque joueuse car toutes en font. On ne peut pas progresser si l’on n’accepte pas ce principe de base. Pour progresser, il faudrait accepter ses erreurs ? J’avoue ne pas comprendre. En voulant à tout prix éviter une erreur, on finit par jouer la sécurité. Et à trop jouer la sécurité, cela élimine toute prise de risque et d’initiative nouvelle. Résultat : on ne progresse plus. Vous travaillez pour vous améliorer tout en excluant la recherche de perfection en guise d’ambition. N’est-ce pas frustrant ? Au contraire. Si j’atteins un niveau où je constate que ma marge de progression est entièrement consommée, alors j’arrête. heidrich-vergedepre.com
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ANOUK VERGÉ-DÉPRÉ ET JOANA HEIDRICH ROULENT EN TOYOTA C-HR HYBRID TOYOTA C-HR VOTRE PARTENAIRE DE CHOIX À LA PLAGE, À LA VILLE OU SUR L’AUTOROUTE.
toyota.ch C-HR Hybrid Style, traction avant, 1,8 l HSD, 90 kW (122 ch), Ø cons. 3,9 l/100 km, CO₂ 87 g/km, rendement énergétique A, émissions de CO₂ liées à l’approvisionnement du carburant et/ou de l’énergie électrique: 20 g/km. Ø des émissions de CO₂ de tous les modèles de véhicules immatriculés en Suisse: 134 g/km.
guide Voir. Faire. Avoir.
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novembre 2017
FINALE DU RED BULL BC ONE
La plus importante compétition de hip-hop au monde rendra son verdict dans la Westergasfabriek d’Amsterdam (Pays-Bas). Les seize meilleurs B-Boys y ont rendez-vous pour un affrontement ultime à suivre en direct sur Red Bull TV.
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GUIDE
Voir. Brett Rheeder prenant son envol lors du Red Bull Rampage 2016.
PRENEZ LA RAMPE DE L’ACTION !
Sur deux ou quatre roues, la compétition est relevée ce mois-ci, tout comme pour les B-Boys aussi au sommet de leur forme.
REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv
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Brandon Semenuk, vainqueur du Red Bull Rampage en 2008 et 2016.
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octobre
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RED BULL RAMPAGE
Le titre le plus convoité du VTT freestyle est à nouveau en jeu, obligeant les riders à se mesurer sur le plus difficile des terrains qui existent : les roches rouges de Virgin dans l’Utah (USA). Cette année, une nouvelle ligne de crête est accessible. Selon le format de la compétition amélioré en 2016, les 21 meilleurs vététistes de la planète devront tracer chacun leur propre ligne de descente.
BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL (2), MAURO PUCCINI/RED BULL CONTENT POOL, @WORLD / RED BULL CONTENT POOL
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LIVE
FINALE RED BULL BC ONE
La Westergasfabriek d’Amsterdam accueille l’ultime affrontement entre les meilleurs B-Boys du globe. Ces gladiateurs de la dance devront rivaliser d’imagination et d’exécutions parfaites pour espérer détrôner l’actuel tenant du titre, le Japonais Issei.
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LIVE
RED BULL STRAIGHT RHYTHM
Du motocross du matin au soir et jusque dans la nuit. La crème des pilotes supercross et motocross pousse les machines sur les 800 m de ligne droite du circuit Fairplex à Pomona (USA). Les changements prévus en 2017 rendront la compétition plus excitante.
au 29 octobre
LIVE
WRC WALES RALLY
Pour son avant-dernière étape, le championnat du monde de rallye met le cap au nord du Pays de Galles près du comté de Cheshire. Le parcours en forêt ne présente pas de difficulté majeure mais la météo capricieuse et la boue n’en demeurent pas moins un sérieux défi.
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GUIDE
Faire.
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au 22 octobre Zürich Game Show Depuis qu’Angela Merkel a flambé au Gamescom (Cologne) en jouant à Farming Simulator 17, c’est officiel : l’e-sport a trouvé sa place en société. Au tour de la Suisse, avec la première édition du Zürich Game Show. Il accueillera des tournois de League of Legends, Counter-Strike: Global Offensive, Overwatch et Rocket League. En présence du joueur et cascadeur Maul Cosplay. Messe Zürich, Zurich ; zurichgameshow.ch
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octobre / janvier et 19 janvier Worldweb Forum La grand-messe 2018 de la transformation numérique accueille parmi ses speakers Bruce Dickinson (Iron Maiden) et Wilhelm Oehl (créateur du concept Apple Store). Si vous avez une idée susceptible de faire sensation, prévoyez une tenue correcte et réservez le pass 2 jours pour 1 580 CHF. Vous pouvez aussi suivre les débats en ligne. Zurich ; worldwebforum.com
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novembre Marketing Natives Schweiz Tout le monde le sait, Internet est un vivier de données personnelles. Le secret réside par contre dans l’application de ce qui est conforme à la loi. Question que les Marketing Natives et leurs intervenants éclaircissent lors de l’event Marketing et protection des données. Avec un apéro à la clé pour une mise en pratique immédiate. Impact Hub, Zurich ; marketingnatives.ch
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GROOVE SESSION 2017
Cette compétition de breakdance au concept unique en Suisse réunit seize des meilleurs B-Boys et B-Girls mondiaux (huit enfants et huit adultes) à Neuchâtel pour un battle. Ceux qui souhaitent se mesurer à leurs idoles (sur la photo, Hikaru, Japonais de dix ans, et le B-Boy américain Nasty Ray) doivent se qualifier pour une épreuve éliminatoire avec les stars et montrer ce dont il est capable en matière de six step, air-freeze et flare. Cité Universitaire, Neuchâtel ; groovesession.ch
Les fans de Gorillaz ont dû attendre sept longues années pendant que le groupe (de gauche à droite sur le canapé : Russel, Noodle, 2-D et Murdoc) se payait le luxe de la réflexion sur cette tournée. Damon Albarn, le master mastermind du clan, débarque finalement en Suisse avec deux dates, une palanquée de musiciens, des scènes maousses et un nouvel album, Humanz. Le 8 novembre, Zurich affiche complet, mais il reste des places à Genève. Dépêchez-vous !
JD-PICTURES.COM, GORILLAZ
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novembre Gorillaz
Arena, Genève ; gorillaz.com
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PROMOTION
must-haves
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1 LUMINOX
Le nouveau modèle Deep Dive Automatic de Luminox est le compagnon idéal de vos virées sous-marines: étanchéité jusqu’à 500 m de profondeur, valve de purge automatique à l’hélium, verre en saphir très épais, boîtier renforcé. La technologie Luminox Light garantit une vision nocturne incomparable, 25 ans durant, 7 jours sur 7. Les bénéfices de chaque montre achetée sont reversés à l’organisation à but non lucratif Sea Wolves Unlimited. luminox.com
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2 STANCE
Les Thompson Hike font partie de la collection technique « adventure » du label américain Stance. Ces chaussettes sont faites pour l’exploration des grands espaces avec un mélange de fibres gardant les pieds au sec. Elles sont par ailleurs 65 % plus résistantes que la norme. À vous les virées outdoor ! stance.com
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3 KOMOOT
Peu importe la façon dont tu aimes partir à la découverte de la nature environnante, komoot a toujours plus d’un tour en réserve pour toi. L’appli et site internet komoot propose des parcours et itinéraires taillés sur mesure pour vivre des expériences outdoor inoubliables, à deux pas de chez vous à ou l’autre bout du monde… komoot.com
4 SAC-À-DOS DAKINE AESMO MISSION 25L
C’est Wolle Nyvelt, snowboardeur membre de l’équipe Dakine et aussi inventeur du noboard, qui a pensé cette collection. Le sac-à-dos Dakine Mission combiné avec le Aesmo Pow Surfer de Wolle Nyvelt devient un Bomber Cordura HP Ripstop (couleur noir acier). Cette nouvelle version du sac-à-dos Mission est conçue de telle manière qu’il est plus résistant que les autres aux déchirures, aux écorchures et à l’usure. dakine.ch
5 VIU THE CITIZEN 3D The Citizen, issues de la collection The Archetypes de la marque suisse VIU, sont des lunettes imprimées en 3D. Minimaliste, pure et intemporelle, cette monture est fabriquée à partir de poussière de polyamide, individuellement pour chacun, en l’espace de quinze jours. From dust to frame. ch.shopviu.com
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UNE VIRÉE DE RÊVE AVEC LA GRANDLAND X
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vie, étudiante en architecture, et son ami Jonas, tous deux issus de Bâle, sont à l’aube d’un voyage excitant. Ils ont l’opportunité de prendre le volant d’une voiture flambant neuve pour la tester. Mais attention. Il ne s’agit pas de n’importe quelle voiture. On leur remet les clés de la nouvelle Opel Grandland X. Nos deux conducteurs veulent bien évidemment savourer cette chance unique dans les moindres détails. Ils ont choisi pour cela un itinéraire à travers le paysage majestueux de l’Odenwald, reliant les monuments architecturaux incontournables de la région. Leur chien les accompagne dans ce périple. Peu après leur arrivée à Francfort, ils se dirigent vers le
QG d’Opel à Rüsselsheim am Main. C’est là que l’aventure débutera avec une Grandland X à la ligne sportive. Jonas range les bagages et fait monter le chien. Avec ses 514 L, le coffre a une capacité étonnamment grande, qui peut aller jusqu’à 1 652 L en rabattant la banquette arrière. Cela est bien supérieur à la majorité des breaks de catégorie moyenne. Le jeune décorateur d’intérieur est captivé : le hayon se laisse ouvrir et fermer d’une simple pression du pied sous le pare-chocs arrière. Voilà qui est particulièrement astucieux, surtout quand on a les mains pleines !
connecte son iPhone à l’application Apple Carplay, Evie essaie avec une joie non dissimulée toutes les options de réglage de son siège ergonomique. En levant les yeux vers le toit panoramique, elle découvre, à côté du rétro, le bouton OnStar. Sans hésiter, elle appuie, et entre aussitôt en relation avec l’assistant personnel en ligne et de service Opel OnStar. Un agent les aide à chercher leur destination, à réserver un hôtel et à trouver une place de parc. En cas d’urgence, des secours peuvent être organisés très rapidement et sans complications. Même s’il n’y a pas eu d’accident.
Un ange-gardien à bord L’intérieur de grande qualité respire le neuf. Le cockpit au design moderne dispose d’un écran 7 pouces touchscreen en son milieu. Pendant que Jonas
Un plaisir de conduire décuplé Le voyage peut commencer. La virée architecturale débute avec la maison excentrique et haute en couleur de Hundertwasser. De là, la route se
Photos : Opel
Le SUV dynamique au look tout-terrain décontracté dispose de beaucoup d’espace et de confort et offre un plaisir de conduire exaltant.
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Son volume de chargement pour bagages et équipements sportifs va de 514 à 1 652 litres. Ainsi, le SUV peut rivaliser avec les breaks de la classe compacte, même les plus spacieux.
Système d’infodivertissement ultramoderne avec intégration pour smartphone.
oursuit à travers le paysage idyllique p de l’Odenwald. Dans les routes de montagne, la Grandland X montre ce qu’elle a dans le ventre : accélération fluide, changement de vitesse aisé, tenue de route sportive dans les virages serrés. La voiture test est dotée d’un moteur essence à injection directe 1,2 L avec turbo, 130 chevaux, disponible avec une boîte 6 vitesses manuelle moderne ou transmission automatique. Avec une consommation de 5,1 L pour 100 km et un taux d’émission de CO2 de 117 g/km, ce modèle est particulièrement efficace et respectueux de l’environnement. Il existe aussi en version Diesel, 1,6 L pour 120 chevaux (0,4 L/100 km, 104 g/km). Malgré leurs doutes relatifs à la petite
taille du moteur, Evie et Jonas sont positivement surpris de la puissance du véhicule. Le poids de la Grandland X en version essence est de seulement 1 350 kilos, soit à peine plus qu’une petite cylindrée. L’assise surélevée et une vision panoramique, ainsi que l’habitacle spacieux sont autant d’éléments qui contribuent au confort de la voiture. Le look tout-terrain en jette bien évidemment en ville. Les phares adaptatifs entièrement à LED garantissent un éclairage parfaitement adapté à la route, dès que le soir tombe. La Grandland X se laisse facilement manœuvrer dans les ruelles historiques entre les maisons à colombage. Se garer est un jeu d’enfant grâce à l’aide au stationnement automa-
tique et la caméra 360 °. La Grandland X se charge de la direction, Evie n’a qu’à appuyer sur la pédale pour avancer ou freiner. La restitution de la voiture test n’est facile ni pour Evie, ni pour Jonas. Mais bonne nouvelle : la Grandland X sera disponible chez les distributeurs Opel suisses dès le 20 octobre et à partir de CHF 23 800. n
opel.ch facebook.com/OpelCH
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FABRIQUE du TEMPS Photos LUKE KIRWAN
Set design ZENA MAY HENDRICK
Les composants d’une montre sont choisis pour résister aux assauts du temps que
L E T I TA N E Au départ utilisé exclusivement par l’industrie aérospatiale, le titane arrive dans l’horlogerie en 1980. Depuis, son utilisation pour les boîtiers a largement fait ses preuves. Cinq fois plus solide que l’acier et moitié moins lourd, il résiste à la corrosion de tous les acides, l’eau de mer et le chlore. Il est aussi 50 fois plus cher que l’acier au carbone.
celle-ci mesure tout en demeurant intemporelle.
En partant de la gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : VICTORINOX INOX Titanium, victorinox.com ; BELL & ROSS BR-X1 Black Titanium, bellross.com ; PORSCHE DESIGN Datetimer Eternity Blue, porsche-design.com ; SEVEN-24 Bandit, seven-24. watch; MONTBLANC Summit Smartwatch Titanium, montblanc.com ; SEIKO Prospex 200M Diver Automatic Titanium SBDC029, seikowatches.com ; TAG HEUER AquaracerCalibre 5, tagheuer.com
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LA CÉRAMIQUE Le terme évoque surtout la poterie ou les salles de bain, mais la céramique technique est différente. Fabriqué sans métal à partir de plusieurs matières, ce matériau est 4 fois plus solide que l’acier, quasi antirayures avec une résistance très élevée à l’abrasion. C ertains outils en céramique servent à t ravailler les métaux, c’est dire. Seul talon d’Achille : elle casse en cas de choc violent. En partant de la gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : TAG HEUER Carrera Calibre Heuer 01 céramique noire, tagheuer.com ; Time Teller Acetate NIXON, nixon.com ; APPLE Watch Edition céramique, apple.com
LES COMPOSITES Si toute l’histoire de l’humanité se définissait aux matériaux en usage comme la pierre ou le bronze, nous serions actuellement à l’âge du composite où la technologie permet d’associer des matériaux pour toute sorte d’application : revêtement antirayures, bracelet ultra-light, ou boîtier en fibre de carbone brut pour un style qui fait mâle. En partant du haut : ALPINA Seastrong Horological Smartwatch boîtier fibre de verre et acier inoxydable, alpinawatches.com ; CASIO G-Steel GST-W300G boîtier acier inoxydable et résine, casio.com ; PANERAI Luminor Submersible 1950 3 Days Automatic, en carbotech, un composite à base de fibre de carbone, panerai.com
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En partant du haut : ORIS Movember Edition bracelet cuir imprimé, oris.ch ; BREITLING Navitimer Rattrapante or rouge 18 carats et bracelet crocodile, breitling.com ; ZENITH Chronomaster El Primero Grande Date Full Open or rose 18 carats et bracelet veau, zenith-watches.com ; WHAT? Calendar Watch Gunmetal Black bracelet grainé, whatwatch.com ; CARL F BUCHERER Manero Flyback Chrono or rouge 18 carats, bracelet alligator, carl-f-bucherer.com
L’ O R E T L E C U I R Depuis leur création, les montres existent en version or pour ceux qui en ont les moyens. Précieuses et fascinantes, elles symbolisent le luxe. Leur douceur les rend cependant fragiles et difficiles à retoucher. Aussi, le bracelet en cuir s’avère être leur compagnon idéal, intemporel, classe et confortable. 94
L’AC I E R I N OX Y DA B L E L’alliage résistant qui a de l’allure, mais a ttention tous les inox ne se valent pas. Le type 201, le plus bas, est le plus dur mais aussi susceptible de rouiller. Le Type 904L, le plus élevé, résiste à quasi toute forme de corrosion mais la part élevée de nickel peut gêner ceux qui y sont allergiques. Le 316L (souvent utilisé dans la chirurgie et la b iomédecine) est un bon compromis.
En haut à gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : BAUME & MERCIER Clifton Club 10340, baume-et-mercier.co.uk ; FARER CARTER II, farer.com ; TUDOR Heritage Black Bay Steel, t udorwatch.com ; R AYMOND WEIL Date Tango 300 Steel on Steel ; Tango Quartz Chronograph Steel on Steel, raymond-weil.com
GUIDE
Autour du monde.
THE RED BULLETIN WORLDWIDE Un surfeur dans la baie de New York, deux chanteurs lancés sur un circuit de F1 en Autriche, un très grand nom du basket en France…
ÉTATS-UNIS KAI LENNY Le waterman américain nous invite à une session paddle dans… la baie de New York. Inattendu !
MEXIQUE DANIEL RICCIARDO Entretien avec le pilote Red Bull Racing à l’occasion du GP de Mexico.
FRANCE
ÉTATS-UNIS RALLYCROSS Des fans se mêlent aux mécaniciens dans le box. Enquête sur l’évolution du rally cross vers le tout électrique, et son impact sur le motorsport. 96
RUDY GOBERT Le plus grand sujet de l’histoire de The Red Bulletin orne la couverture de l’édition française : Rudy Gobert, 2,16 m, pivot des Utah Jazz (franchise NBA).
« J'ADORE LA PHYSIQUE. JE VEUX COMPRENDRE COMMENT LES ÉLÉMENTS SE MEUVENT. » ROYAUME-UNI MATT JONES Le magicien originaire de Milton Keynes dévoile les rouages de ses sauts et de ses big air en MTB. THE RED BULLETIN
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MENTIONS LÉGALES SUISSE Directeur d’édition Robert Sperl
Rédacteur en chef Alexander Macheck THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886 Country Editors Pierre-Henri Camy, Arek Piatek Country Coordinator Christine Vitel Country Channel Management Melissa Stutz
SUISSE SEVEN Le chanteur le plus populaire du pays prend la pose à Zurich et évoque ses choix de carrière très personnels qu’il assume jusqu’au bout des ongles, page 54.
AUTRICHE SEILER & SPEER Le duo pop humoristique a pris place à bord de bolides de 331 chevaux sur le circuit F1 de Spielberg pour un show un peu différent de ce dont ils ont l’habitude.
Responsable de la publicité Marcel Bannwart, marcel.bannwart@ ch.redbull.com Abonnements Service des lecteurs, 6002 Lucerne Hotline : +41 (041) 329 22 00 getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com
Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Ulrich Corazza, Christian Eberle, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager Maquette Marco Arcangeli, Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Rudi Übelhör (Directeur adjoint), Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur commercial Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Martina Maier, Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Management par pays & Marketing Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Thomas Dorer, Kristina Trefil, Stephanie Winkler Maquette marketing Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Office Management Kristina Krizmanic Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Directeur de la publication Wolfgang Winter
ALLEMAGNE ROBERT MARC LEHMANN Le biologiste et explorateur marin explique comment réagir correctement en situation de panique.
THE RED BULLETIN
Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Christopher Reindl, Andreas Gall
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GUIDE
Le plein d’action.
Le skateur pro espagnol Danny León est tombé sur un obstacle bluffant sur le terrain d’un fabricant d’éoliennes, au nord du pays. Résultat de sa session : une poignée de tricks inédits au creux de l’un des halfpipes les plus ardus au monde. L’actu skate de Danny sur instagram.com/danny_leon
« 45 tonnes d’acier constituent ce halfpipe ! » Danny León (22 ans) s’est trouvé un nouveau terrain de jeu : une future tour de 100 m de haut qui sera érigée en éolienne.
SEBAS ROMERO/RED BULL CONTENT POOL
Avilés, Espagne
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The Red Bulletin n° 71 sortira le 19 novembre 2017 98
THE RED BULLETIN
AVEC LES AUTRES VOITURES, L’HOMME EST AU SERVICE DE LA TECHNOLOGIE. AVEC LES NÔTRES, IL EXPÉRIMENTE LA MAGIE DE LA CONDUITE. L’homme et la voiture. Mazda repousse les limites et concilie les intuitions de l’homme et de la voiture. Avec le superbe design KODO et les technologies SKYACTIV exceptionnelles. Nouveau Mazda CX-5. Simplement enthousiasmant. Vivez la conduite de façon inédite.
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