The Red Bulletin Novembre 2017 - FR

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FRANCE

RUDY GOBERT HORS DU COMMUN

EN NBA POUR LA GAGNE, PAS EN MODE MERCENAIRE

LES STONES EN FRANCE 25 RAISONS DE LES ÉCOUTER ENCORE PLUS !

EN KIOSQUE CHAQUE 3 e SAMEDI DU MOIS AVEC MAGAZINE SPONSORISÉ NOVEMBRE 2017

ROBOTS STARS LES MEILLEURS (FUTURS) AMIS DE L’HOMME


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ÉQUIPIERS

BIENVENUE Dans le vrai

« Photographier Rudy Gobert sur le playground de Pigalle était un challenge, dit le photographe français. Son envergure et sa taille hors normes combinées au plus petit terrain de Paris m’ont obligé à prendre du recul. » Et de la hauteur. Kevin, qui a photographié tant de playgrounds et de basketteurs, a dû grimper sur un support afin de shooter ce géant de 2,16 m. PAGE 22

Simon Schreyer

Le journaliste s’est spécialisé dans la rédaction d’articles sur la musique, la littérature et les terres lointaines. Depuis qu’il a rencontré les Rolling Stones, le guitariste amateur répète ses ouvertures en G sur sa Fender Telecaster. Il retrace pour nous, en 25 dates, le parcours du plus grand groupe de rock’n’roll que le monde ait connu. Ne fréquente pas les Stones qui veut. PAGE 30

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Votre Rédaction KEVIN COULIAU (COVER)

Kevin Couliau

L’un des meilleurs défenseurs de la NBA au sein des Utah Jazz, Rudy Gobert est, à seulement 25 ans, le sportif français le mieux payé au monde. En juillet dernier, c’est avec des gosses du Secours populaire qu’il est venu jouer au basket et discuter sur un playground de Pigalle. Arrivé le matin même, il n’est pas venu à Paname pour flamber, mais soutenir une association qui a soutenu sa famille par le passé. Il a prolongé la journée à la Hoops Factory où il a joué avec une dizaine de jeunes. Puis est reparti à Salt Lake City, dès le lendemain. Le géant est donc venu passer 24 heures en France pour le simple bonheur des kids. Contrairement à bon nombre de joueurs du championnat de basket américain qui ont connu – ou connaîtront – la ruine une fois leur temps sur le parquet terminé, Rudy anticipe déjà une retraite constructive et positive. En attendant, il donne tout au jeu. Avec ses 2,16 mètres de bon sens, Gobert est un mec dans le vrai. Bonne lecture !

THE RED BULLETIN


DISPOSITIF MEDICAL

3 PATCHS À DÉCOUPER


SOMMAIRE novembre

REPORTAGES 22

2,16 m de bon sens

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Dans le rétro des Stones

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Un paradis fatal ?

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Projet verbal

58

Trop bon, trop prompt

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Petits mais costauds

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Gros sous le capot

Malgré son statut en NBA, Rudy Gobert reste un gars accessible et dispo pour les kids. Il doit ça, entre autres, à sa bonne éducation. Vous pensiez tout savoir sur les Stones ? 25 faits pour vous tester. Les derniers espaces vierges de la planète sont aussi ceux où Robert Marc Lehmann s’engouffrera le premier. Dans les profondeurs. Lors du Red Bull Dernier Mot, Stéphane de Freitas checkera les pros de l’impro. La base pour lui, c'est de prendre la parole avec ses tripes. Greg Minnaar serait-il le plus grand vététiste de tous les temps ? Il est, pour sûr, une légende du VTT DH et un champion d’humilité. Ces robots, aussi sympathiques qu’utiles, vont rendre notre quotidien plus confortable. Qui sont donc Ocean One, ANYmal et Roboy ? Comment une écurie auto a-t-elle su se dépasser malgré tout, jusqu’à briller cette année avec le meilleur des pilotes : M. Ogier.

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38 EN DESSOUS

Un paradis qui devient enfer en une seconde si, contrairement à l’explorateur marin Robert Marc Lehmann, vous n’avez pas la science du monde du dessous.

START ME UP!

Les Stones, le plus enduendu rant des groupes de rock, revient en France et on vous le raconte en 25 dates essentielles. Satisfait ? 6

THE RED BULLETIN


BULLEVARD Un mode de vie hors du commun

10 Pour la chanteuse Annie

Clark, c’est meilleur ou rien

12 Bryan Cranston, plus connu

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sous le nom Heisenberg, ne deale plus que du love Planqué dans la jungle, ce Boeing est devenu un hôtel... Le Reuben, ce gros sandwich du genre très gras : recette ! Une slackline en pleine éclipse solaire. Ou attendre sept ans Le meilleur du futur s’annonce au festival Hello Tomorrow Un kart qui met la pâtée aux caisses les plus rapides

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 86 Sur quatre ou deux roues, ou

deux jambes, c’est sur RBTV

88 L’agenda des meilleurs events 90 La fabrique du temps : beaux

matériaux pour belles montres

96 The Red Bulletin sur la carte 98 Le bonheur, c’est simple

ROBERT MARC LEHMANN, PICTUREDESK.COM, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL

comme 45 tonnes de béton

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OGIER VERS LA VICTOIRE ?

C’est avec une écurie indépendante que Sébastien Ogier s’exprime cette saison. Comment M-Sport brille dans la cour des grandes. THE RED BULLETIN

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Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

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Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé. www.mangerbouger.fr


BULLEVARD U N

ST Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

ANDREAS LASZLO KONRATH/TRUNK ARCHIVE

Il explique pourquoi il n’est pas recommandé de souhaiter à ses collègues de se casser le nez.

BRYAN CRANSTON « IL Y A DE LA PLACE POUR TOUT LE MONDE » PAGE 12 THE RED BULLETIN

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A

nnie Clark, plus connue sous le nom de scène St. Vincent, fait de la musique qui ressemble à une perfor performance sur la corde raide. Ses chansons indie pop savamment arrangées vacillent entre la joie et le désespoir, l’ordre et le chaos. Défiant les for formats pop conventionnels, Clark a embrassé le succès en 2014 avec son album éponyme, le 5e, qu’elle décrit avec justesse comme « un disque festif que vous pouvez passer à un enterrement ». St. Vincent s’est vu attribuer le titre Album de l’année dans des revues telles que NME et The Guardian, s’est élevée au 12e rang du Billboard 200 américain, lui garantissant le Grammy du meilleur album alternatif en 2014. Comment une musicienne qui est passée de la scène underground aux

St. Vincent Grande dame de l’indie couronnée d’un Grammy, elle explique pourquoi vous ne devriez jamais vous attaquer à un projet qui ne vous effraie pas.

ENCORE MEILLEUR QUE LE PRÉÉCÉDENT PR 10

unes des tabloïds en deux ans (sa relation de dix-huit mois avec Cara Delevingne y étant certainement pour quelque chose) s’accommode-t-elle des attentes grandissantes alors qu’elle planche sur son prochain projet ? Nous avons interrogé la femme de 35 ans dont le nouvel album, Masseduction, sera disponible ce mois-ci… the red bulletin : Votre dernier album a rencontré un beau succès, tant du point de vue des critiques que des ventes. Comment se met-on au diapason d’un tel retentissement ? st. vincent : En produisant un album encore meilleur que le précédent. C’est facile à dire… Il suffit de se mettre la pression. Beaucoup seraient d’avis que se soumettre volontairement à trop de stress rend impuissant. Est-ce que vous en avez aussi fait l’expérience ? C’est étrange vous savez. Je suis quelqu’un d’anxieux dans plein de domaines mais je n’ai jamais été intimidée ni apeurée quant aux attentes de cet album. Je voulais faire un disque meilleur. Et honnêtement, ça a toujours été mon éthique : investir toute mon énergie dans la musique, dans l’art, et avec un peu de chance, le reste suit. Comment échappez-vous au poids des attentes ? J’évite de lire les articles qu’on écrit sur moi. C’est très raisonnable. Car nombre de magazines vous glorifient comme une Wonder Woman dotée de super pouvoirs musicaux. Je ne m’aventure généralement pas dans la galerie des glaces de la toile. Quelqu’un qui s’exclame « Tu es une reine et un génie », pour moi ça a la même résonance que si il ou elle disait « Tu es une idiote et ta chanson est nase ». Pourtant, la première exclamation est préférable, non? Oui, mais c’est la même chose :

une hyperbole et un jugement sans appel. Je m’en fiche. À la sortie de New York (son dernier single, en juin, ndlr), j’avais oublié ce sentiment de vulnérabilité. Je m’étais terrée dans mon terrier pendant la conception du morceau. Quand il est finalement sorti et que les gens se sont mis à en parler, j’étais sous le choc de me sentir si fragile. Cette chanson porte-t-elle sur votre rupture avec Cara Delevingne ? Oui. Je suis convaincue que l’art concerne toujours des enjeux élevés. Et je ne voulais rien faire qui ne me fasse pas peur. Je crois que si votre projet ne vous effraie pas, ce n’est pas la peine de le faire. Ça me rappelle une citation de David Byrne, la tête pensante des Talking Heads : « J’ai découvert que la musique pouvait être une thérapie. » En 2012, vous avez enregistré un album étour étourdissant avec lui. Êtes-vous toujours en contact ? Absolument. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Il a changé ma vie. Je l’aime tellement. Qu’y a-t-il à apprendre d’une icône telle que lui ? Quand quelqu’un s’approche de David pour le flatter, il se marre. C’est trop mignon. Il a une manière très gracieuse d’accepter les compliments qu’il replace toujours dans le contexte du travail. Il est sans cesse dans la production. ilovestvincent.com

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BULLEVARD

NEDDA AFSARI

MARCEL ANDERS

Son et image : l’an dernier, St. Vincent a codirigé le film d’horreur « portemanteau » XX.

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BULLEVARD

Bryan Cranston est spécialiste des personnages « difficiles » depuis son rôle de Walter White dans Breaking Bad.

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Bryan Cranston

Les conflits et les heurts nous font grandir, tout comme le fait de se féliciter du succès de ses confrères ou d’aller rendre à son propriétaire un portefeuille perdu.

« LA VIE EST FAITE DE CONFLITS » O

RÜDIGER STURM

fficiellement, Bryan Cranston, l’icône de Breaking Bad, était au Festival du film de Munich pour présenter la comédie dramatique Wakefield (sortie en DVD le 6 septembre). Mais en réalité, l’Américain de 61 ans est venu démontrer qu’on peut très bien vivre sa vie d’acteur à Hollywood même si l’on ne partage pas les vues politiques du Président.

ANDREAS LASZLO KONRATH/TRUNK ARCHIVE

the red bulletin : Vous êtes allé à l’École nationale de police pour devenir flic. Qu’y avez-vous appris de profitable ? bryan cranston : On est formés à décoder les gens. Il suffit de sortir de chez soi et d’aller s’intéresser au monde extérieur, aux personnes qui le peuplent. À force d’observation, on se constitue une archive des comportements humains.

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Si je vous mentais en ce moment, est-ce que vous pourriez le détecter ? Absolument. Et je peux d’ailleurs vous dire que vous mentez à l’instant même. Ah bon ? Je blague. Finalement, la police ça n’a rien donné… À l’âge de 20 ou 21 ans, j’ai entrepris un tour en moto à travers le pays. Je voulais me perdre pour mieux me trouver. C’est ainsi que j’ai réalisé que j’aimais le jeu et que je ferais un bon acteur. Dans votre jeunesse, vous étiez vraiment perdu. Votre père a délaissé votre famille alors que vous n’aviez que 11 ans, la banque a mis la maison aux enchères publiques. Comment avez-vous trouvé la voie du succès ? En surmontant ces situations de détresse justement. Raconter des histoires relève du même principe. Les conflits alimentent l’intrigue. C’est pourquoi nous avons besoin de situations conflictuelles dans nos vies : de cette manière, nous apprenons à apprécier et valoriser les moments où tout va bien. Mon père m’a montré ce qu’il ne fallait pas faire. Je suis devenu comédien comme lui. Sauf qu’il voulait être une star. C’était ça son problème. Vous avez aussi un côté tendre. Alors qu’il jouait le Président Lyndon B. Johnson, vous avez transmis à l’acteur Woody Harrelson toutes vos recherches sur ce personnage, l’ayant vousmême interprété auparavant. N’est-il pas d’ordinaire plus courant dans le milieu du showbiz, d’appliquer la devise du chacun pour soi ? Mes confrères ne sont en aucun cas mes concurrents. Et je ne dis pas cela pour être arrogant, genre : « Je n’ai pas de concurrence. » Nous faisons tous partie de la même confrérie. Et elle est importante. Chacun y a sa place. Si Woody a du succès, cela ne signifie pas que j’aie raté quoi que ce soit, ni que je lui souhaite de

mordre la poussière. C’est du bullshit. Il n’y a qu’un narcissique pour penser ainsi – comme notre Président. Nous devons cesser de nous comporter de cette manière. Mais vous vous battez tous pour le même boulot… J’ai une manière de voir les choses que je continue de transmettre aux jeunes générations d’acteur : lorsque vous allez à un casting, n’y allez pas avec l’idée de décrocher le job, même si c’est le cas. Autrement, vous allez vous rendre malade. Pourquoi ? Parce qu’il y a bien plus de candidats que de rôles. Retournez le problème : vous allez à ce rendez-vous, car ça, c’est votre taf. Concentrez-vous, faites en sorte qu’il se déroule bien puis prenez congé. Mettez-vous en application les conseils que vous prodiguez aux étudiants ? Oui. Cela depuis 25 ans, et ça m’a sauvé. Quand un collègue est choisi pour un rôle, pour lequel j’ai moi aussi passé l’audition, je ne le pourris pas. C’est qu’il n’était tout simplement pas pour moi. Un peu comme si je trouvais un portefeuille dans la rue. Je ne vais pas me mettre en colère d’avoir à le rendre, puisqu’il ne m’appartient pas. Facebook : @thebryancranston

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Un Boeing 727 transformé en suite dans la jungle du Costa Rica invite les aventuriers à vivre une escapade de luxe dans la canopée.

VOUS N’EN DÉCOLLEREZ JAMAIS...

De haut vol : les meubles et la déco sont en teck d’Indonésie.

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U

n avion abandonné dans la jungle ? Ça pourrait être le début du scénario d’un film catastrophe. Que nenni. Le Boeing 727 écarlate qui trône à 15 mètres de haut sur un socle au sommet des arbres a été transfor transformé en hôtel de luxe, l’un des plus insolites d’Amérique latine. Il offre une vue paradisiaque sur la baie du parc national Manuel Antonio, situé sur la côte méridionale du Costa Rica. Un an après son inauguration en tant qu’avion de ligne (construit en 1965) pour la South African Airways (Afrique du Sud) et Avianca

Le coin des ondes : le radar fait place au four. Allô, la tour ?! THE RED BULLETIN

COSTA VERDE

Hôtel Costa Verde

Airlines (Colombie), la machine de 40 mètres de long végétait dans l’aérodrome de San José, jusqu’à ce qu’Allan Templeton le découvre en l’an 2000, puis décide de l’aménager. L’architecte et hôtelier américain a déplacé l’avion en le dissociant en 5 morceaux (pour cela, 40 000 boulons en métal ont dû être enlevés), le faisant reconstruire dans la jungle sous forme de gîte de luxe. Les hôtes accèdent à la ter terrasse extérieure, au-dessus de l’aile, en gravissant un escalier de pierre. Dans la carlingue, il y a deux chambres, disposant chacune d’une salle de bain (dont une dans le cockpit), d’un salon et d’une kitchenette. Afin de gagner de la place, le sol séparant la soute à bagages et la cabine de pressurisation a été évacué et installé plus bas. L’intérieur est entièrement habillé de teck. Une nuit dans le 727 Fuselage Home coûte entre 260 et 750 € selon la saison. Si la monnaie vous manque, vous pouvez toujours goûter aux joies de l’aviation immobile en allant prendre un verre dans la machine voisine, qui sert aussi de bar à l’hôtel : un Fairchild C-123 (construit en 1954). costaverde.com

FLORIAN OBKIRCHER

Planez dans la jungle en passant une nuit dans le Boeing Costa Verde ****.


BULLEVARD

L Encas

La collation favorite d’une danseuse de la troupe de Charlie Chaplin est désormais un classique sur les menus.

L’OPÉRATION CORNED BEEF LE REUBEN PRÉPARATION Tartiner les tranches de pain noir avec du beurre, et les faire dorer. Réchauffer le corned beef à la poêle, couvrir avec les tranches de fromage et laisser fondre. Prendre une tranche de pain, la tartiner de sauce russe, y déposer le corned beef agrémenté de fromage, ajouter la choucroute, recouvrir avec la 2e tranche de pain. Couper en triangle et servir chaud.

histoire de l’art culinaire ne serait rien sans le sandwich. Ni sans son père fondateur, John Montagu, Comte de Sandwich 4e du nom, Anglais de naissance et fervent joueur de carte. En 1760, il a une lumineuse idée pour conserver ses forces durant les longues parties de cribbage. Depuis, elle a été copieusement reprise et mise à toutes les sauces. Le modeste morceau de viande coincé entre deux tranches de pain blanc a connu d’étonnantes transformations. Selon les envies, salade, cornichons, anchois, mayo, moutarde, poulet, jambon, fromage… se sont frayés un chemin dans le sandwich, s’adonnant à des variations langagières tel le tramezzini en Italie ou le croque-monsieur en France.

Depuis, il existe une formule mathématique pour concevoir le sandwich parfait, selon le type de lard, la température et le temps de réalisation… La diversité des ingrédients n’est égalée que par la multitude des anecdotes qui flottent autour de la création du Reuben : viande de bœuf salée, fromage suisse, choucroute et sauce russe, le tout entre deux tranches de pain noir grillées. Il serait né dans les années 1920 de la main de l’épicier américain Reuben Kulakofsky à Omaha (Nebraska), qui ne voulait pas manquer trop longtemps à la table de poker lors des tour tournois. Ou il aurait été conçu un soir de 1914 pour Annette Seelos, danseuse de la troupe de Charlie Chaplin et petite amie du boxeur Al Kaufman, laquelle réclamait de quoi assouvir son appétit gargantuesque à l’issue d’une représentation. À Broadway, Arnold Reuben, chef de l’épicerie fine du même nom, se serait préparé cette variante en un clin d’œil, bien que la légende raconte qu’il ne comportait ni chou ni viande. Pas gênant pour notre Reuben : il s’adapte et supporte même le poisson ! seriouseats.com

GETTY IMAGES

ROBERT SPERL

INGRÉDIENTS Pain de seigle, beurre salé, corned beef, choucroute (égouttée), fromage à pâte dure en tranches (emmental, gruyère, comté…) Pour la sauce russe : 150 g de mayonnaise, 1 cuil. à soupe de sauce chili, 2 cuil. à soupe de sauce aigre, 2 cuil. à soupe de persil haché, 2 cuil. à soupe d’oignon haché, 2 cuil. à soupe de cornichon haché, 1/2 cuil. à café de jus de citron, raifort râpé, la sauce Worcestershire THE RED BULLETIN

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Alex Mason en suspension entre les formations rocheuses de Corbet’s Couloir à Jackson Hole (Wyoming).

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BULLEVARD

L

Soleil, lune et highline

ROBERT SPERL

Alex Mason, slackliner, et Keith Ladzinski, photographe, disposaient d’une fenêtre de 150 secondes pour faire un sans faute, la prochaine éclipse solaire visible aux USA ayant lieu en 2024.

KEITH LADZINSKI/RED BULL CONTENT POOL

« FOCUS SUR LE FACTEUR FUN » THE RED BULLETIN

a différence entre slackline et highline ? La hauteur. Ce qui explique la pression du slackliner Alex Mason avant de relever le défi que lui avait préparé son mentor Andy Lewis. Fixée entre deux pointes rocheuses du Corbet’s Couloir à Jackson Hole, la highline (23 m de long) se balançait à 50 m au-dessus du sol. À 3 500 m d’altitude, le ciel est palpable. Et la performance était d’autant plus périlleuse qu’elle se déroulait pendant l’éclipse solaire du 21 août 2017. Mason: « Pour garder l’équilibre, il faut s’aider de repères visuels fixes. Or, ça devient compliqué quand tout le paysage alentour est plongé dans l’obscurité… » À cela s’ajoute le facteur temps : 150 précieuses secondes pour prendre LA photo. Comment Mason est-il parvenu à surmonter sa peur ? « J’ai focalisé mon attention sur le fun que j’aurais à évoluer sur la sangle. » Pendant qu’Alex se concentrait sur l’autre extrémité de la highline, Lewis lui lançait quelques indications. Que retient-il de cet instant unique ? Mason : « Tout était silencieux, seul l’appareil photo cliquetait. » Le vent s’est levé, la température est tombée de 12 °C, les étoiles sont apparues. « Et puis j’ai assisté à un lever de soleil à 360 °. » Mason avançait aussi lentement que Ladzinski enclenchait rapidement. « Mon alarme intérieure ne cessait de retentir », explique ce dernier. Il fallait gérer adroitement la surimpression et le temps afin de capter le soleil, la lune et Alex sur une seule et même photo. redbull.com/solareclipse

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BULLEVARD

Hello Tomorrow

Les pros de l’innovation seront réunis à Paris en octobre, dont Laura Deming, déterminée à vous faire vivre plus longtemps.

DEMAIN CE SERA BIEN N

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sade. La jeune biologiste et fondatrice du Longevity Fund a déjà levé des millions de dollars pour soutenir des recherches sur le vieillissement. Sa dernière levée en août der dernier s’est montée à 22 millions de dollars. Tandis qu’à son âge (23 ans), la plupart achèvent leurs études, Laura est à un stade plus qu’avancé d’excellence et se présente comme l’une des clefs de notre longévité. Qui sait, c’est peut-être elle qui nous ouvrira les portes de l’immortalité ? hello-tomorrow.org

Laura Deming a récolté 22 millions de dollars pour la recherche sur le vieillissement.

PIERRE-HENRI CAMY

Parmi les intervenants les plus remarquables de cette édition 2017, la Néo-Zélandaise Laura Deming dispose d’un CV hors du commun. À 11 ans, elle convainc sa famille de quitter la Nouvelle-Zélande pour lui per permettre de collaborer avec un laboratoire de recherches aux USA. À 14 ans, elle intègre le fameux MIT de Cambridge et à 17, elle est déjà une entrepreneuse en biotechnologie. La recherche sur le vieillissement, nous permettre de vivre plus longtemps, est sa croi-

GETTY IMAGES

otre futur (santé, mobilité, nourriture, environnement...), ils sont bien décidés à le bâtir, le chambouler, le transformer, pour le meilleur. Et ils seront réunis à Paris, au Centquatre, les 26 et 27 octobre prochains. Ces hommes et femmes au service des technologies les plus avancées viendront nous éclairer – dans le cadre de l’événement Hello Tomorrow – sur comment changer le monde, améliorer notre quotidien, partout sur la planète, et penser le futur. Tout simplement. En présentant les inventions les plus saisissantes ou en participant à des conférences à fort taux d’inspiration. L’édition 2016 a vu inter intervenir Emmanuel Macron, pas encore président, et une team de plusieurs centaines d’innovateurs scientifiques, de start-uppers deep-tech, de dirigeants d’entreprises et d’investisseurs. Tous fixés sur demain.

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BULLEVARD

Daymak C5

Ne jamais juger un véhicule d’après sa taille. Selon ses concepteurs, ce kart canadien peut dépasser les voitures les plus rapides de la planète.

P Il supplante les voitures en série de la planète, mais sa conduite est réservée aux circuits. Pas étonnant: le C5 Blast Ultimate est interdit de route!

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our les non-initiés, ce kart pourrait ressembler à un jouet, et pourtant. Même les aficionados du karting lèvent le sourcil quant à la puissance brute du C5 Blast Ultimate… Ce kart électrique passe de 0 à 100 km/h en moins de 1,5 seconde. Ce sont 0,7 seconde de moins que la voiture en série la plus rapide, la Porsche 918 Spyder, ou la berline la plus rapide, la Tesla Model S ; 0,2 seconde de moins que la F1 Red Bull Racing RB11 2015. Il rivalise aussi avec l’AMZ Grimsel qui revendique en ce moment le titre de voiture électrique la plus

rapide au démarrage. Daymak, son développeur canadien, af affirme qu’il s’agit du kart le plus rapide au monde. Le secret de cette accélération incroyable, selon les dires du PDG de Daymak Aldo Baiocchi, réside dans son moteur doté de ventilateurs à conduits électriques : huit sur le côté et quatre à l’ar l’arrière, ce qui crée une traction verticale, réduisant le poids du kart de 100 kilos, pendant qu’un moteur de 1 000 watts entraîne les roues arrière. Le C5 Blast Ultimate n’est pour l’instant pas mis en condition face à d’autres modèles, il n’existe donc pour le moment que les statistiques des test pour vérifier les déclarations vantardes de Daymack. Alors, testez-là vous-même : la boîte prend des commandes avec une garantie « construction, test et livraison » de quatre-vingt-dix jours. À 50 000 €, ce kart est aussi le plus cher de la planète. daymak.com

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TOM GUISE

IL MET LES GRANDES À L’AMENDE


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, 2 16 SENS MÈTRES DE BON

À F O R C E D E T R AVA I L E T D E D É T E R M I N AT I O N , R U DY G O B E R T S ’ E S T FA I T U N N O M E N N B A , PA R M I L A C R È M E D U B A S K E T M O N D I A L . A N AT O M I E D ’ U N S U C C È S Q U I S E T R A M E A U TA N T S U R L E PA R Q U E T Q U ’ E N D E H O R S . TEXTE : GINO DELMAS

PHOTOS : KEVIN COULIAU

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NOUS RENCONTRONS

LE GÉANT POUR L A PREMIÈRE FOIS EN PLEIN CŒUR DE L’ÉTÉ alors qu’il est de passage en France après la meilleure saison de sa carrière. L’intérieur des Utah Jazz n’est pas venu flamber dans les clubs de la capitale, mais passer une dizaine d’heures avec des gamins du Secours populaire et de jeunes basketteurs – avant de repartir aux USA direct. Malgré son nouveau statut, et notamment son contrat qui fait de lui l’un des sportifs français les mieux payés de l’Histoire, on sent un jeune homme de 25 ans équilibré, mature, la tête sur les épaules. Dans une ligue américaine hyper marketée où tout va vite, les salaires ont beau être très élevés, après 5 ans de retraite, près de 60 % des joueurs sont sur la paille. La gestion de tout ce qui se trame hors du parquet est donc devenu un enjeu de taille pour les jeunes joueurs comme Rudy Gobert. Nous lui reparlons fin août, après un été passé à se préparer pour une saison charnière pour lui. De retour dans l’Utah, il s’entraîne avec le staff de la franchise et ses coéquipiers tous les matins : il enchaîne soins, musculation puis basket, avant de s’astreindre à une seconde séance en fin de journée, où il alterne yoga et boxe. 24




« C ’ EST U N

« Je suis fan de sports de combat, je me suis mis à la boxe en complément du basket il y a quelques années, mais j’ai intensifié cet été. J’aime bien ça, et je progresse vite. Ça me permet de développer d’autres choses : le cardio est différent, je travaille les appuis, la coordination, le haut du corps », détaille l’intérieur. Les spécialistes de sport de haut niveau parlent d’entraînement invisible pour désigner tout ce que le sportif fait en dehors du terrain (du sommeil à l’alimentation en passant par les soins ou le renforcement musculaire), qui contribue à sa santé et ses performances. L’hygiène des jeunes professionnels est souvent la clé qui leur permet de passer un cap, et ils sont nombreux à connaître des sautes de régularité à cause

… DIFFICILE DE RESTER d’une prise de poids, de nuits trop courtes ou d’une blessure évitable. C’est d’autant plus déterminant avec un phénomène physique comme Rudy Gobert, qui culmine à 2,16 m, avec une envergure qui frôle les 2,40 m, dont le physique est moins compact que certains mastodontes à son poste. La carrière avortée du géant Yao Ming à cause de problèmes de pied sonne comme un avertissement. Loin d’être fragiles, les grands joueurs comme Rudy restent cependant exposés à la fracture de fatigue, et sont vulnérables dans le jeu, dans une ligue où on joue très vite, avec des joueurs habitués aux contacts corps à corps depuis leur plus jeune âge. « L’impact physique du jeu, c’est sans doute ce qui m’a le plus impressionné quand je suis arrivé aux États-Unis » se souvient le français. Depuis ses débuts à 11 ans, le natif de Saint-Quentin, dans le nord de la France, a connu une trajectoire impressionnante. En quelques années, il est passé de Cholet à la NBA où il n’était pas attendu et où il s’est taillé une place de joueur majeur, tout en devenant l’option numéro 1 dans la raquette de l’Équipe de France. THE RED BULLETIN

MONDE

« J’essaie de ne rien laisser au hasard, tranche-t-il. J’ai un chef cuisinier depuis plusieurs années. Le pouvoir de la nutrition est incroyable, ça influe sur l’humeur, la concentration, la performance. Je me connais mieux qu’avant, on affine mon régime en permanence. Ce travail de l’ombre, hors saison et hors basket, m’a permis de dépasser plein de joueurs et me permettra d’en dépasser encore. » Notamment les pivots sélectionnés avant lui dans la draft 2013, dont aucun n’a la même influence que lui sur son équipe. La capacité d’adaptation du nordiste force l’admiration, mais il relativise : « J’ai toujours su m’adapter aux types de situation, je préfère même avoir ce genre de challenges. » Avant même de signer son dernier contrat à neuf chiffres, il s’est construit une réputation sur le terrain en basant son jeu sur le rebond, le contre, les écrans, et plus récemment les points. S’il s’améliore de saison en saison offensivement, sa

pas respecté, puis une fois que le staff te soutient et que tu fais tes preuves sur le terrain, les joueurs suivent, rembobine-t-il. En NBA, avec tout cet argent, un des problèmes c’est que certains joueurs perdent l’amour du jeu. Les GM et les coachs apprécient les joueurs comme moi qui signent un gros contrat mais qui derrière continuent à être hyper impliqués. C’est avec des gars qui en veulent que tu gagnes des titres, pas avec des mercenaires. » Dans le monde impitoyable de la NBA, où l’entertainement entertainement est roi, l’image d’un joueur pèse presque autant que son jeu. En comparaison d’un Shaq, d’un Kevin Garnett ou d’un DeMarcus Cousins, Rudy Gobert n’est pas le pivot le plus divertissant de la ligue. Il se range plutôt dans la famille des Ewing ou des Duncan, qui font leur boulot dans l’ombre mais qui sont régulièrement sous-estimés par rapport à leurs homologues grandes gueules. « Quand on est discret, on se construit

SOI-MÊME, capacité à perturber les attaquants adverses lui a permis de s’inviter dans un club très fermé : celui des meilleurs défenseurs de la ligue. En 2016-2017, il était même en ballottage pour le titre de meilleur défenseur de l’année avec deux poids lourds, Kawhi Leonard et Draymond Green. Green a finalement remporté dans la foulée son titre de champion avec Golden State. Cette influence dans le jeu lui donne voix au chapitre et lui confère un statut de leader sur le terrain. Depuis la saison dernière, on l’a vu prendre de plus en plus de place hors du terrain. Comme ce soir de triste défaite contre les Clippers à Los Angeles, où lorsque le journaliste lui a tendu le micro pour les traditionnelles interviews d’après match, il a gentiment soufflé dans les bronches de ses coéquipiers, fustigeant « ceux qui ne se battent pas (…) et ne pensent qu’à scorer ». « En arrivant dans la ligue il y a 4 ans, je n’étais

… B ONNE

OÙ IL EST…

M A IS J ’A I U NE …

une réputation plus lentement », pose Rudy. S’il avait affiché comme un objectif sa présence au All Star Game la saison dernière (sans y être convié, finalement), le français n’est pas amer pour autant, alors qu’il y avait match avec le beaucoup plus bruyant DeAndre Jordan, finalement sélectionné : « Ça reste un marché, le public préfère voir des paniers et des 3 points que des rebonds. Mais les gens qui savent reconnaissent la valeur du travail de l’ombre au-delà du scoring. » Quant aux injonctions à devenir plus « visible », il les envisage avec le recul et la patience qui le caractérisent. « C’est un monde où il est difficile de rester soi-même. Mais j’ai eu une bonne éducation, je sais ce que je

ÉDUCATION. » 27


« JE NE PENSE PAS

COMME LES AUTRES,

veux. Je pourrais essayer d’être le plus marrant, mais je ne veux pas jouer un personnage, et je ne me prends pas trop au sérieux non plus. Ça ne m’irait pas de faire autrement ! » Malgré son jeune âge et sa situation actuelle plutôt avantageuse, Rudy Gobert n’oublie pas le chemin parcouru. « J’ai grandi dans le besoin, j’allais parfois manger aux Restos du Cœur avec ma mère », raconte-t-il en juillet, en marge de la rencontre avec les enfants du Secours populaire, dont il est partenaire. « J’ai envie de monter ma propre fondation un jour, j’ai plein de projets », s’anime l’intérieur. Ses origines modestes pourraient être un désavantage dans cette nouvelle vie, mais elles lui donnent finalement un 28

certain recul dans le contexte monétisé de la NBA, quand on sait que les échanges de joueurs (trade dans le jargon) réalisés par les franchises font et défont les carrières. Les exemples sont légion, mais cet été, il en est un qui a particulièrement concerné notre homme : le départ de l’ailier et meilleur joueur du Jazz, Gordon Hayward, pour les Celtics de Boston. Et si le Jazz a récupéré de la place dans son salary cap pour reconstruire et espérer attirer d’autres joueurs dans le futur, la saison à venir a forcément changé la donne. « Un trade peut te tomber dessus, c’est une réalité, mais je ne m’inquiète pas de ce je ne peux pas contrôler, je suis content d’être là où je suis. »

Rudy Gobert se sent bien dans sa vie américaine, et ça se voit. « Tout est plus grand, plus simple, on s’occupe de tout pour toi, tu n’as plus qu’à te concentrer sur le basket. » Mais toutes ces petites attentions peuvent parfois déresponsabiliser des jeunes qui viennent parfois de milieux défavorisés et se retrouvent confrontés à la richesse sans être parfois préparés. Comme les ligues sportives remplies de millionnaires, les excès sont légion en NBA. Telles les virées légendaires de Charles Barkley et Michael Jordan à Vegas, où ils flambaient plusieurs centaines de milliers par nuit au casino, ou plus récemment un concours à trois points entre Gilbert Arenas et DeShawn THE RED BULLETIN


JE VOIS Stevenson à la fin d’un entraînement avec près de 20 000 $ en jeu. « Quand tu arrives en NBA, même avec un contrat rookie qui avoisine le million par saison, la vie change. Moi je vis bien mais je n’ai pas du tout envie de tout cramer, je place une bonne partie de mon argent, il faut assurer la suite. Mais je sens que je ne pense pas comme tout le monde, je vois plus loin. Je me fais plaisir, tant que c’est fait intelligemment. » Il marque une petite pause, et ajoute dans un sourire : « De temps en temps moins intelligemment, mais tant que ça ne devient pas une habitude, c’est bon. » Ce fan de sport de combat s’est par exemple permis un allerretour à Las Vegas pour aller assister au THE RED BULLETIN

PLUS LOIN. »

combat de boxe événement entre Floyd Mayweather et Conor McGregor disputé quelques jours avant notre entretien. À 25 ans, à l’orée d’une carrière prometteuse en NBA, ce jeune joueur se retrouve donc à envisager l’après, déjà. Et en faisant preuve d’une certaine maturité là encore. Depuis deux ans, il a par exemple investi dans l’aventure Hoops Factory, un concept en pleine croissance qui propose des terrains à la location pour des particuliers. « L’entourage joue beaucoup dans une carrière, mes agents sont les mêmes depuis que j’ai 17 ans, Bouna Ndiaye et Jérémy Medjana. Ils avaient un conseiller financier qui m’a aidé, et j’en ai un en France aussi maintenant. C’est

important de trouver un juste milieu entre se faire plaisir et investir. Je m’intéresse de très près au côté business, c’est venu en vieillissant. Je pense que j’ai d’autres choses à apporter que mes talents de basketteur. Je peux avoir un impact sur la vie de beaucoup de gens en dehors. » De ce géant se dégage une impression de force tranquille. L’idée lui convient. «Je continue à évoluer, j’ai fait beaucoup de chemin, et j’en ai encore beaucoup à faire.» utahjazz.com

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DANS LE RÉTRO

HEURES DE GLOIRE ET PASSAGES CRITIQUES : VOICI LES 25 MOMENTS CLÉS ET HISTORIQUES QUI ONT PROPULSÉ LES ROLLING STONES AU FIRMAMENT. TEXTE : SIMON SCHREYER

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GETTY IMAGES

Insolents et respectables : c’est ainsi que nous aimons les Rolling Stones, ici en 1978.

DES ROLLING STONES


PATRIMOINE CULTUREL MONDIAL

CHARLIE WATTS

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Le batteur Charlie Watts ne semble pas se laisser impressionner par la folie des 55 dernières années. Sa manière de jouer, les narines ouvertes tels les naseaux de ses nombreux pur-sang arabes, est unique. Vous espérerez en vain que ce maître de la réduction et passionné de jazz vous fasse un jour un solo de batterie, bien trop vulgaire et frimeur pour lui.

KEITH RICHARDS

Le père de tous les pirates modernes, chef d’orchestre et co-compositeur des Stones : avec sa ­Telecaster entaillée, son rire criblé d’une toux rauque et son optimisme rock’n’roll, il fait désormais partie du patrimoine culturel mondial au même titre que le Dalaï-Lama. Sa main de frappe baguée de têtes de mort a un sens du rythme infaillible.


UNIVERSAL MUSIC

MICK JAGGER

Avec sa gueule reconnaissable entre mille, des hanches de ­gazelle, la grâce d’un d ­ anseur de flamenco et une voix qui n’a pas pris une ride au bout de toutes ses années, ce pépé au r­ égime macrobiotique est toujours un générateur d’énergie de première classe. Sous-­estimé, son jeu ­d’harmonica exquis ­annonce l’apocalypse.

RONNIE WOOD

Voilà 42 ans qu’il est de la partie, mais il reste « le nouveau ». L’un des excentriques les plus sympathiques d’Angleterre, vêtu de couleurs stridentes, Ronnie se charge de ­répondre aux riffs de guitare de Richards. Il a aussi du succès en tant qu’artiste plasticien. L’an dernier, il est devenu papa de jumelles deux jours avant e son 69 anniversaire.


1960

1962

octobre

Les anciens camarades de classe Mick Jagger et Keith Richards (tous deux nés en 1943) se rencontrent par hasard sur le quai de la gare de Dartford, dans le Kent. Jagger a des disques de rock’n’roll et de blues sous le bras. Richards fait de la guitare. Pleins d’enthousiasme, ils projettent de créer un groupe.

mai

Brian Jones (1942–1969), multitalent musical, et le pianiste de boogie-woogie Ian Stewart (1938–1985) se rencontrent par le biais d’une annonce. Jagger est également au rendez-vous mais veut absolument emmener sont pote Keith. Bill Wyman (*1936) se charge de la guitare bass à partir de décembre. En janvier 1963, Charlie Watts (*1941) les rejoint à la batterie. La première formation du groupe est au complet.

1964

1965 16 septembre

Après un concert à Munich, Brian Jones rencontre le mannequin germano-italien Anita Pallenberg (1942–2017), qui le quittera pour Richards deux ans plus tard et aura une grande influence stylistique et personnelle sur l’histoire du groupe.

1967

11 février

1968

janvier

1969

1969

Lors d’un trip au LSD en groupe dans la propriété de Richards, Redlands (West Sussex) une razzia confisque des substances illégales et une Vénus à la fourrure (Marianne Faithfull) est découverte. Richards expérimente différentes ambiances de guitare. Avec le guitariste Ry Cooder, il devient familier de l’open tuning en Sol. Le son qui en découle sera l’image de marque des Stones, comme dans Honky Tonk Women, Brown Sugar Sugar, Start Me Up, etc.

6 décembre

Pendant un concert à Altamont (Californie) pour lequel des membres des Hell’s Angels sont recrutés comme « personnel de sécurité », un fan violent se fait poignarder. À voir dans le documentaire Gimme Shelter des frères Albert et David Maysles.

1971

5 juillet

Leur premier album éponyme paraît. Comme souvent par la suite, une autre version (England’s Newest Hit Makers) sortira plus tard aux États-Unis avec une sélection de morceaux légèrement différente.

1965

6 mai

Dans un motel, Richards, épuisé, enregistre la mélodie de la chanson du siècle (I Can’t Get No) Satisfaction sur un magnétophone. Les 40 min suivantes de la cassette restituent son ronflement. Quelques semaines plus tard, le morceau sera numéro un dans le monde entier.

23 avril

Parution de Sticky Fingers, l’album le plus complet du groupe, avec, pour la première fois, le label des Stones. Aujourd’hui, le motif de la langue et des lèvres réalisé par le graphiste John Pasche pour 50 livres Sterling est l’un des logotypes les plus célèbres de la planète.

juin

L’été long et chaud de Exile on Main Street commence. Ce double album (le seul !) extraordinaire, qui a en grande partie vu le jour sur la Côte d’Azur, est à l’origine de nombreux mythes méditerranéens. Il paraît le 22 mai 1972.

PICTUREDESK.COM, GETTY IMAGES, CORBIS VIA GETTY IMAGES

17 avril

Le groupe donne un concert gratuit devant 250 000 personnes à Hyde Park (Londres) en commémoration à Brian Jones (ci-dessous) : il avait été retrouvé mort au fond de sa piscine deux jours plus tôt. Le virtuose Mick Taylor (*1949) a la lourde tâche de reprendre le flambeau.


En 1963, Keith Richards (à gauche) et Mick Jagger répondaient personnellement au courrier de leurs fans.

En 1976, les Rolling Stones imprègnent la Festhalle de Francfort de testostérone.

« PLUTÔT MOURIR QUE DE CONTINUER À CHANTER SATISFACTION À 45 ANS ! » MICK JAGGER EN 1976

THE RED BULLETIN

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1974

1977

1991

Printemps

À Londres et à Munich (car Uschi Obermaier produit un effet magnétique sur les deux meneurs), les Stones travaillent à leur album It’s Only Rock’n’Roll, et Ronnie Wood à son premier album en solo. Cet oiseau de paradis joyeux s’adapte discrètement à la formation délicate du groupe. Parallèlement, Mick Taylor souffre d’addictions et de dépressions et annonce son départ à l’automne. Wood (*1947) prend sa relève.

27 février

Richards est arrêté pour détention d’héroïne au Harbour Castle Hotel de Toronto et ne peut pas quitter la ville pendant plusieurs semaines. La police montée royale du Canada assiste le musicien drogué jusqu’à ce qu’il reprenne ses esprits et soit réceptif. L’avenir du groupe est incertain.

1978

1989 18 janvier

Les Stones entrent au Rock and Roll Hall of Fame du Waldorf Astoria à New York. Faisant référence à la relation houleuse qui se développe entre Jagger et Richards, les initiés parlent de « troisième guerre mondiale ». À La Barbade, ils retrouvent un terrain d’entente et l’histoire des Stones se poursuit.

1994

janvier

Bill Wyman annonce son départ, prétendument à cause de sa phobie de l’avion. Commentaire de Keith Richards : « Personne ne quitte les Stones, sauf dans un cercueil ! » Darryl Jones (*1961), qui s’est fait un nom aux côtés de Miles Davis et de Sting, remplace Wyman.

août

Début de la tournée Voodoo Lounge avec 134 dates. Les vieux chevaux de batailles ((Jumpin’ Jack Flash, Rocks Off Off, etc.) se présentent à bride abattue, avec des morceaux rares et des chansons blues pour compléter le programme. 20 minutes de leur concert à Miami sont retransmises en direct dans le monde entier. C’est le premier streaming d’un groupe rock sur internet.

13 novembre

L’album acoustique Stripped sort. D’autres gemmes semi-acoustiques suivront sur Totally Stripped (2016). Ces sessions incarnent le meilleur de la production musicale du groupe depuis ses débuts.

16 juin

Avec la sortie de leur nouvel album Some Girls, désormais un classique, les Stones retrouvent le niveau qu’on leur connaissait et chauffe la génération punk avec des morceaux pleins d’énergie. Le single Miss You donne le ton avec un rythme disco, et la ballade Beast of Burden fait également son ascension au hit-parade.

6 août

Start Me Up paraît en single. Le morceau, à l’origine le produit d’un jam reggae dans les années 70, est sauvé de la poubelle par l’ingénieur du son Chris Kimsey.

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1981

Les Rolling Stones en 1968 en studio pour le film One + One de Jean-Luc Godard.


Adulé ou détesté, Jagger est le prototype du leader d'un groupe. Ici à Stockholm, en 1998.

1998

18 mai

2003

12 décembre

2006

18 février

2006

PICTUREDESK.COM

29 et 30 octobre

Un de leurs plus grands fans, le réalisateur Martin Scorsese (au centre), filme deux concerts au Beacon Theatre (New York), dont Christina Aguilera, Jack White et Buddy Guy en special guests. Le résultat, Shine a Light, sort en salles en 2007.

THE RED BULLETIN

Keith Richards tombe de l’échelle de sa bibliothèque en voulant attraper un pavé regroupant des croquis sur le corps humain réalisés par Léonard de Vinci. S’ensuivent une contusion du crâne, des côtes cassées, un poumon perforé. Richards : « Je ne voulais pas en apprendre autant sur l’anatomie ! »

2016

25 mars

2017

16 septembre

Dans le cadre de leur tournée América Latina Olé, les Stones donnent Olé un concert gratuit pour 470 000 personnes à la Havane (Cuba). Parallèlement, l’expo interactive Exhibitionism avec 500 objets issus de la carrière du groupe a lieu à la Saatchi Gallery, à Londres. Le plus grand groupe de rock’n’roll au monde revient en Europe pour une série de dates. Il achèvera sa tournée en France et inaugurera la U Arena (Nanterre) en se produisant trois fois : les 19, 22 et 25 octobre prochains. La devise de la tournée est No Filter, car il s’agit de découvrir le son pur et rugueux du groupe. Aucun quatuor ne se complète aussi justement – sauf peutêtre les quatre éléments. Si vous avez des doutes sur la capacité du groupe (dont tous les membres ont passé le cap des 70 ans) à faire ses preuves sur scène, ayezen le cœur net : l’épreuve de force que représente un de ces concerts est un événement on ne peut plus énergétique.

Jagger est adoubé chevalier par le Prince Charles au palais de Buckingham. Sir Mick est flatté, Richards est dégoûté. 1,3 million de personnes sont au concert des Stones à la Copacabana de Rio de Janeiro. C’est le plus grand concert de musique pop de l’histoire jusqu’à présent.

27 avril

Richards se fracture le crâne en tombant d’un arbre estropié sur la plage aux îles Fidji. Le maestro jusqu’ici indestructible doit être opéré d’urgence. Aïe !

Le dernier-né des Rolling Stones a à peine un an, s’appelle Blue & Lonesome et est une collection de reprises d’un genre que les musiciens ont dans la peau : le blues. Leur prochain album, avec leurs propres morceaux, sera bientôt dans les bacs réels et virtuels. D’ici là, la tournée continue, en direct et sans filtre. rollingstones.com 37


Ce paradis oÚ l’erreur est fatale


Le plongeur spéléologue allemand Robert Marc Lehmann et son équipe devant l’entrée de la grotte Dan’s Cave aux Bahamas.

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L’Américain Brian Kakuk, coéquipier de Lehmann, récupère une ­mandibule de crocodile dans une grotte des Bahamas.

Le plongeur spéléologue et photographe ­allemand Robert Marc Lehmann explore des sites de plongée parmi les plus dangereux au monde au nom de la protection de la vie ­marine. Il évoque avec nous en tout zénitude les requins, la panique sous l’eau et les derniers espaces vierges de la planète. Texte : Andreas Rottenschlager Photos : Robert Marc Lehmann

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Au fond du l­ agon des îles Truk, l’équipe de Lehmann explore une épave de bateau datant de la ­Seconde Guerre mondiale.


Une

conversation avec lui ressemble à un roman d’aventure. À 34 ans, Robert Marc Lehmann, photographe et biologiste marin, saisit des images dans des grottes souterraines parmi les plus dangereuses au monde, étudie les épaves célèbres de l’Atlantique et combat les tueurs de requins en exposant leurs actes. Et avec ça, il s’épanouit dans une profession où la moindre erreur se paie cash.

the red bulletin : En tant que plongeur scientifique, vous êtes spécialiste des plongées à très haut risque… robert marc lehmann : : Je n’irais pas jusqu’à dire à très haut risque. Pourtant vos expéditions vous amènent à plonger dans des grottes souterraines de plusieurs kilomètres de profondeurs avec un équipement lourd que vous charriez dans des passages étroits et sombres. Beaucoup y verraient un risque pour le moins très élevé. Préparée avec soin, une plongée dans une grotte n’est THE RED BULLETIN

Robert Marc Lehmann, 34 ans, né à Iéna (Allemagne), parcourt le monde en quête d’aventures sous-marines, tel un Robin des Mers.

pas plus risquée qu’une autre ailleurs. L’important est de disposer d’une solide formation. Dans la plupart des cas, les accidents sont le fait de plongeurs lambda sans formation adaptée leur permettant de réagir aux situations d’urgence. Le métier ne pardonne pas l’erreur. En cas de pépin, il faut le régler sur place. Quel genre de pépin ? Une panne d’oxygène, une lampe cassée, une ligne rompue (un fil d’Ariane en nylon permettant aux plongeurs de retrouver la sortie, ndlr). Une formation spécifique à la plongée spéléo vous apprend à faire face à ces situations extrêmes. À quoi ressemble un exercice de situation d’urgence ? Le formateur nage derrière vous et coupe l’arrivée d’air sans prévenir ? Par exemple. Sympa… C’est un scénario très réaliste. Dans un passage étroit, il peut arriver que le robinet d’arrivée d’air se referme dû aux frottements avec la paroi. La difficulté à respirer est immédiate. Il faut alors garder son sang-froid, mettre la main sur le robinet et le rouvrir. Techniquement, la solution va de soi. Mais comment reste-t-on zen quand tout à coup on se retrouve privé d’air dans une grotte étroite, plongé dans le noir ? Pour 99 % des gens, c’est le cauchemar absolu. Effectivement, ce travail exige des nerfs d’acier. Mais ça s’apprend. On peut aussi compter sur le secours des 43


Lehmann rend régulièrement visite à des squales, comme ici dans les Açores avec ce requin bleu.

Alerte aux requins ! L’attitude à adopter 1. Observer la plage

Éviter les eaux troubles au crépuscule, c’est le moment où le requin chasse. Le site sharkattackfile.net répertorie les plages concentrant la majorité des attaques.

2. Rester immobile

Même si cela semble difficile, ne bougez pas et gardez le requin à l’œil. L’immobilité n’éveille pas sa curiosité. En revanche, tout ce qui s’agite l’excite.

3. Se tenir à la verticale

Le requin chasse essentiellement le dauphin et le thon, des espèces qui évoluent à l’horizontale. En vous tenant à la verticale, le requin ne vous assimile pas à une proie et reste donc à distance.

4. Taper sur les branchies

En cas de nécessité, évitez les coups au museau ou aux yeux, deux zones trop proches des dents tranchantes. Un coup sur les branchies sera plus efficace, des vaisseaux sanguins très sensibles y étant logés.

5. (Réservé aux pros !) Retourner le requin Renversé sur le dos, le requin entre dans en état d’immobilité tonique. Les spécialistes utilisent cette méthode pour retirer des hameçons des gueules de requins.

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coéquipiers. Je ne m’aventure jamais seul dans une grotte. Nous sommes quatre en général et tous les membres de mon équipe, Submaris, sont hautement for formés et qualifiés. Beaucoup de sportifs de haut niveau se soumettent à une préparation mentale pour gérer les passages critiques. Ça devrait être obligatoire pour vous, non ? J’ai abordé l’aspect mental lors de mon apprentissage de la plongée en apnée. J’y ai appris à contrôler mon réflexe de survie. À présent, je peux retenir ma respiration pendant cinq minutes, cela me donne une marge de temps supplémentaire en cas de pépin sous l’eau. Y a-t-il une astuce dans l’apnée pour lutter contre la crise de panique en général ? Oui. Respirer profondément. Tout simplement ? Oui. Sauf que la plupart des gens respirent mal et n’utilisent pas toute leur capacité pulmonaire. La détente s’obtient en respirant avec le ventre et en renouvelant tout l’air des poumons. On évite ainsi l’hyperventilation liée aux crises de panique. Honnêtement, même avec une solide formation et une préparation mentale je ne suis pas rassuré pour autant. Il est des facteurs sur lesquels vous n’avez aucune prise comme le degré de solidité d’un plafond de grotte où vous plongez pour la première fois. Nous avons vécu l’expérience en 2012 dans les cénotes au Mexique (des cavités karstiques inondées d’eau dont THE RED BULLETIN


Équipement pro : le matos de Lehmann 1

Canon EOS 1 DX Mark II

Avec le caisson Seacam (étanche à 100 m). Téléobjectif Sigma 12-24 mm 4.0 et phare Light & Motion. certains systèmes de galeries sont les plus étendus au monde, ndlr). Nous étions dans un passage, et un plafond s’est effondré derrière nous, soulevant les sédiments et réduisant notre visibilité à néant. Comment avez-vous réagi ? Comme tous les coéquipiers, j’ai appliqué la procédure d’urgence : une main sur la ligne, l’autre sur la jambe du partenaire pour communiquer en touch contact. Nous avons ensuite remonté la ligne de sécurité à tâtons jusqu’à la sortie. Et que faire quand un coéquipier est dans un mauvais jour ? La défaillance humaine est aussi un facteur sur lequel vous n’avez aucun contrôle. Oui, même les meilleurs peuvent se tromper. Il arrive que des plongeurs pros meurent pour avoir utilisé un mélange d’air inadapté à la profondeur. Dans ce cas, vous êtes mort après trois respirations. Nous avons recours àcinq mélanges d’air différents selon le niveau de profondeur. La procédure de double vérification avec le binôme veille au bon changement de mélange d’air. La procédure doit être lente et précise même quand la plongée dure plusieurs heures, ce qui est fréquent. Est-il vrai que le cerveau humain réagit plus lentement sous l’eau ? En plongée avec bouteille, on utilise la règle du verre de martini : une profondeur de 10 m équivaut à un verre, 20 m à deux verres et ainsi de suite. En spéléo, nous utilisons du Trimix, un mélange d’oxygène, d’azote et d’hélium qui permet de garder la tête relativement claire. Mais la difficulté à écrire des chiffres et à mémoriser le chemin retour persiste dans une certaine mesure. Ajoutez à cela un effort physique dantesque. J’ai la sensation d’avoir couru un marathon après chaque plongée en grotte souterraine. Malgré les épreuves et les dangers encourus évidents, vous n’avez de cesse d’explorer des grottes complexes et risquées. Qu’est-ce qui vous plaît tant dans ce métier ? Découvrir des endroits où nul ou peu de gens m’y ont précédé. Dans les cénotes du Mexique qui étaient habitées il y a longtemps, nous avons découvert des lieux de sacrifices et des foyers de feu remontant à plusieurs milliers d’années, à l’époque maya. Pénétrer un monde dont la plupart n’imaginent même pas l’existence est une expérience fascinante. À ce jour, vous avez plongé dans une centaine de pays. Quel endroit vous a le plus fasciné ? Le Trou Bleu de Dean, une grotte aux Bahamas, profonde et très technique. Au bout d’une heure de plongée, on atteint la Glass Factory, une chambre plane avec de magnifiques couleurs et des milliers de stalactites et de stalagmites. Allongé au fond de la grotte, on contemple une lumière verte. Seule une douzaine de plongeurs ont connu ce privilège jusqu’ici. L’itinéraire qui y mène est extrêmement rude. Pouvoir filmer de tels endroits et les partager est pour moi un puissant moteur. THE RED BULLETIN

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Bouteilles en aluminium

Avec mélange Trimix-21/35 jusqu’à 45 m de profondeur et détendeur haute performance Apeks et Mares. 3

Gilet stab Sidemount Tarierjacket

Permet de porter les bouteilles sur le côté ou de les pousser devant soi à travers des passages ou des trous étroits. 4

Palmes Hollis

Adaptées aux grottes étroites. Courtes et rigides, elles n’endommagent ni les stalactites (accrochées au plafond) ni les stalagmites. 5

Casque de plongée

Protège des impacts de roches saillantes et permet de fixer des lampes backup en cas de panne du phare principal. 6

Phare

Principal éclairage et moyen de communication. Dessiner un cercle signifie « Tout est OK ? », l’agiter rapidement signale une urgence, l’agiter lentement invite à une attention accrue. 7

Phare supplémentaire Light & Motion

Adapté aux grottes de taille moyenne et très utile pour les grottes très sombres pouvant nécessiter jusqu’à 100 000 Lumen. 8

Sac matériel

Contenu : 1 spool avec 100 m de fil d’Ariane pour baliser la route, 2 bobines de 30 m pour les courtes bifurcations, plus les indispensables : couteau, boussole, carnet de notes sous-marin et crayon.

3 1 8

6

2 7 4 5

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How you can make your planet better 1 - 5 Es non net opti ducienimi, cus eum quundi ad molore into eosanisque doloruntorem voloriost harissimenet. 2 - omnienis nat maximai onsecti officto remperro offictam facit reperem sequam faccus sunt uta non repe sum rehendi occatem consequ iassere pellupta voloratem quunt, quo vellabo rposte. 3 postemolupta aut ad que nimuscium velit la volesseces endist andebis nobis mi, autest, omnim num queNemperorest undaect emquate mperspedi autemquia sitiossunda sam, custo maior sit qui quodipsus sed mvelit


FROM WHERE

La Glass Factory dans la Dan’s Cave Angespannte Stille: Im Korridor von Las warten Recortadores auxVentas Bahamas est die le plus bel endroit au auf ihren Auftritt.Doloreriostis esequiscita pernatiae eum ipiendae venisont monde selon Lehmann : « Rares nos quatiorum ut omnihil igendandit ceux qui ont visité ce lieu. »

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Cinq gestes simples pour l’environnement 1. Faire ses courses

Dans des magasins sans emballage où les produits sont en vrac ou dans des bocaux réutilisables. De plus en plus de magasins proposent ce concept : wastelandrebel.com

2. Consommation de viande

La production de viande bovine a un coût environnemental élevé. Si vous en êtes accro, privilégiez la production locale. Vérifiez la provenance sur l’étiquetage.

3. En vacances

Bannissez les delphinariums, les promenades à dos d’éléphant, l’observation des baleines… sauf avec des organismes respectueux des animaux utilisant une seule embarcation et pas toute une armada.

4. Une pêche désastreuse

Chaque mètre cube d’eau de mer concentre un million de particules plastiques qui finissent dans l’estomac des poissons puis dans le nôtre. Éviter de manger du poisson est une façon de lutter contre la surpêche.

La protection de l’environnement est votre autre motivation. Vous intervenez dans les écoles et les universités, vos conférences rassemblent des milliers de personnes. Quel est votre message en une phrase ? « La planète est belle et mérite d’être protégée. » Pour ce faire, je montre ses merveilles mais aussi ses horreurs. Sur votre site web, on trouve des photos de baleines mortes et de requins mutilés. Les photos de requin proviennent d’une action en Amérique du Sud. Chaque année, 15 000 dauphins sont abattus pour servir d’appât à la pêche au requin dont les ailerons sont très prisés en Asie. Nous avons réalisé un reportage en caméra cachée sur le shark finning (la mutilation d’ailerons de requin, ndlr). Pourquoi en caméra cachée ? Pour rassembler des preuves. Une nuit à 3 heures du matin, je me trouvais dans une arrière-cour à Lima. Des requins y étaient mutilés, ce qui est illégal. J’étais déguisé en touriste avec une caméra cachée. Le reportage sera disponible sur le site oceancare.org en 2018. Les requins vous ont toujours passionné. D’habitude, vous plongez parmi eux. Comment parvenez-vous à les approcher sans subir d’attaque ?

5. Au quotidien

Optez pour des emballages (ex: bouteilles d’eau) réutilisables. Lancez des initiatives comme acheter des chaussures sans matière plastique.

Lehmann sympathise avec un phoque gris près de la côte d’Heligoland (Allemagne).


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5 Passion, épave et profondeurs pour Lehmann et son équipe au fond d’un fjord norvégien.

En observant leur comportement au préalable. Je les ai longtemps étudiés et j’ai appris à les connaître. Avant d’aller dans l’eau, je m’assure qu’ils sont d’humeur calme. À quoi ressemble un requin calme ? Pas de blanc dans les yeux, un déplacement lent et l’aileron relâché. Que ressent-on en regardant un requin dans les yeux ? De la fascination. Quand vous pénétrez dans l’eau, le requin vous sent immédiatement, de même qu’il sait que vous n’appartenez pas à ce milieu. Malgré tout, il vous tolère. Après tous les sites et les merveilles que vous avez explorés, les requins, les grottes, le Trou Bleu, y a-t-il encore un lieu où vous voulez absolument plonger ? Bien sûr. On croit toujours qu’il ne reste plus rien à découvrir sur terre alors que 95 % des fonds marins sont inexplorés. Nous en savons bien plus sur la surface du globe que sur les océans. Il reste encore beaucoup de lieux à découvrir. Conférences et expos : robertmarclehmann.com THE RED BULLETIN

Spots de plongée Le top 5 de Lehmann 1

Les Cénotes, Mexique

Les États du Quintana Roo et du Yucatán abritent plus de mille cavités karstiques. 2

Le Trou Bleu de Dean, Bahamas

Des couleurs de toute beauté. L’une des grottes les plus spectaculaires au monde. 3

Les Açores, Portugal

Requins, raies manta, dauphins, baleines et grottes marines, cette péninsule a tout pour elle. 4

Norvège et Svalbard

Des fjords sombres, des espèces de grands fonds et des forêts d’algues. Et une eau à − 18 °C ! 5

Poor Knights Islands, Nouvelle-Zélande

Dauphins, orques et énormes bancs de poissons y sont à domicile. Attention au fort courant.

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Le 18 novembre, il devra départager les pros du freestyle verbal lors du concours d’improvisation Red Bull Dernier Mot. Jury de choix ‒ aux côtés de rappeurs parmi les plus populaires ‒ Stéphane de Freitas sait l’importance de la prise de parole.

TEXTE : PH Camy PHOTOS : Chris Saunders Prendre la parole : c’est ici que tout peut commencer, que votre avenir peut se bâtir, brillamment.

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PROJET VERBAL


MAIS C’EST

grâce à l’image que Stéphane, la trentaine, s’est révélé à la plupart d’entre nous, avec le documentaire À voix haute, la force de la parole, qu’il a réalisé. Ressorti récemment en version longue au cinéma, il met en lumière les qualités et la richesse oratoires de la jeunesse d’Île de France. Celle souvent présentée comme s’exprimant avec un langage dit « de banlieue ». Ayant vu le jour dans une famille modeste et venu du 93, ce fils de boulangère et de mécanicien portugais a pu constater, très jeune, que ne pas s’exprimer comme les autres pouvait être une épreuve. Mais cette expérience marquera surtout pour Stéphane le début d’une formidable aventure, collective et inspirante, où la prise de parole est reine, et où l’écoute s’apprend, aussi. À la tête du programme Eloquentia (« laboratoire » qui met à l’honneur, auprès d’une jeune population, les notions de débat, d’écoute et d’argumentation) et fondateur de la Coopérative Indigo (un réseau vraiment social pour un partage intelligent des talents), Stéphane sera l’un des jurés de Red Bull Dernier Mot, qui verra des fondus d’improvisation s’affronter verbalement, en mode battle. Avant que ces compétiteurs n’ouvrent la leur, on a demandé à Stéphane de ne surtout pas fermer sa bouche. the red bulletin : Un fameux groupe de rap des années 90, le Ministère A.M.E.R disait : « Le savoir est une arme, maintenant je sais… » Est-ce que, finalement la parole n’est pas l’arme ultime ? Pour réussir, séduire, progresser... stéphane de freitas : Avant d’être une arme, un médium, ce qui est intéressant avec la parole, c’est qu’elle permet d’exprimer nos sentiments, ce que l’on a au plus profond de soi. De le partager avec les autres. La parole est le premier contact pour échanger, partager, discuter. C’est parce que l’on échange que l’on peut se comprendre. Cette parole s’exprime différemment, n’est pas toujours maîtrisée par tous, et cela peut être un frein pour échanger. Vous l’avez constaté dans votre jeunesse, semble-t-il. Oui, quand j’ai changé de lycée pour progresser dans le basket pro avec l’équipe de Rueil, j’ai quitté le 93 pour intégrer un établissement huppé de l’Ouest parisien. La première fois que je m’y suis exprimé, à ma façon, 52

j’ai ressenti de la moquerie. Je me suis exprimé de cette manière à cet instant T parce que c’était mon parcours. Je me foutais de l’école, je ne lisais pas. Okay. Mais on a préjugé de qui j’étais, de mon cœur, de mes valeurs, de mon intelligence. Ça a été terrible. Ça m’a fait énormément souffrir. Comment avez-vous rebondi ? En prenant ma revanche, en sortant de ma zone de confort, en allant au-delà de cette honte. J’ai commencé à lire, à bien organiser ma pensée. J’étais emmuré, et ce combat que j’ai dû mener pour apprendre à bien m’exprimer, communiquer avec les autres, m’a aidé à prendre confiance en moi et à aller au bout de mes projets. Il est lié à ma capacité d’entreprendre, d’aller au bout de mes rêves. Et vous avez décidé, plus tard, de provoquer cet élan chez des jeunes, grâce au projet Eloquentia. Quels sont ses principes ? Dans la pédagogie que l’on porte au sein d’Eloquentia, on forme au slam, au théâtre, à la rhétorique classique. THE RED BULLETIN


« Velléités, colère, ambition... ce qui compte, c’est de prendre la parole, de s’affirmer face aux autres. » THE RED BULLETIN

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Mais le postulat le plus important est de parvenir à exprimer ce que l’on a au fond du cœur, peu importe la façon dont on s’exprime. C’est fondamental. Velléités, colères, ambitions... ce qui compte, c’est de prendre la parole, pour s’ouvrir aux autres, de s’affirmer face aux autres. Pas facile, les autres sont souvent prompts à la moquerie... C’est pour cela que dans Eloquentia, on essaie de créer des cercles de bienveillance. Le groupe n’est pas là pour te juger ou se moquer, mais pour te questionner, te faire évoluer, et peut-être que toi, avec tes convictions politiques, ta vision du monde, de par tes lectures, tu peux aussi aider les autres à s’éveiller. Vous semblez animé par une dynamique collective. C’est une conviction sociale qui se cache derrière ma démarche. On est dans une société où plus personne ne s’écoute, et où finalement on se parle entre convaincus, de mêmes milieux sociaux, de mêmes cercles ethniques 54

ou religieux. Les espaces de dialogue et d’écoute profonde, sincères et constructifs, se font de plus en plus rares. Comment utiliser l’outil parole à bon escient ? La base, c’est l’éducation et le système éducatif. Dès l’école. On est dans une école où persiste encore cette notion de prof vu comme un hussard noir, qui fait une litanie. Et si tu prends la parole et que tu te trompes, tu as peur de te faire taper sur les doigts. Beaucoup d’enseignants sont en train de s’en détacher, avec une approche plus horizontale, participative. Dans les cultures anglo-saxonnes, le prof est beaucoup plus au niveau des élèves, et on questionne, on challenge, on comprend. On est dans une culture de l’écoute, du respect, de la prise de parole. Donc, l’élève moins sûr de lui oralement tentera plus le coup ? Il va tenter le coup car il sait que son opinion va être écoutée et questionnée. Des gens qui dès le plus jeune THE RED BULLETIN

MAXIMILIANO BLANCO/RED BULL CONTENT POOL

Août 2017. Référence sud-américaine de l’impro, Yol envoie la sauce sur la scène du Red Bull Batalla de los Gallos à Bogotá (Colombie).


RED BULL DERNIER MOT : IL N’EN RESTERA QU’UN(E) Le 18 novembre au Bataclan, 16 performeurs venus d’horizons différents (rap, slam, poésie, plaidoirie, ou rien à voir avec tout ça...) s’affronteront lors du Red Bull Dernier Mot, compétition unique d’improvisation. Adapté de Red Bull Batalla de los Gallos, événement au succès retentissant dans les pays hispanophones (plusieurs milliers de spectateurs lors des finales au Mexique ou en Espagne), ce format est une première en France. Aux côtés de Stéphane de Freitas, voici les autres membres du jury qui devront désigner celui, ou celle qui, selon quatre critères de jugement (rythme, créativité, valeur poétique et improvisation), aura le dernier mot.

MEHDI MAIZI ‒ JOURNALISTE En fin connaisseur du hip-hop français, le rédacteur en chef du magazine abcdrduson.com et l’animateur de La Sauce (OKLM Radio) n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de questionner la rime française.

YO U S S O U P H A ‒ M C Chez ce rappeur ‒ parmi les plus populaires de France ‒ évoluant entre l’Hexagone et Kinshasa (Congo), la punchline n’est jamais gratuite : elle est à double ou triple sens et sert avant tout la cohérence du discours, la profonprofon deur du texte.

THE RED BULLETIN

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DEEN BURBIGO ‒ MC

ARTIK ‒ MC

Forte tête de la nouvelle scène rap, il occupe une place à part : membre de L’Entourage (1995, Nekfeu...), Deen n’a jamais tranché entre le son et le sens, transformant ses couplets en un magma de lignes aussi sonores que sensées.

Tout premier champion du monde du battle End Of The Weak (2006), c’est un routard de l’impro, des battles et du clash. Le rimeur le plus rapide du pays est bien placé pour juger un format comme Red Bull Dernier Mot.

La parole et le geste : pas juste un battle d’impro, le Red Bull Batalla de los Gallos, dont est inspiré en France le Red Bull Dernier Mot, permet aussi au corps de dire.

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âge sont habitués à prendre la parole, à s’exprimer, à se voir contredire, de manière constructive, seront des citoyens capables d’écouter et d’entendre des opinions différentes des leurs. Mais il n’est pas simple de s’exprimer en public quand on est jeune et que l’on pense ne pas parler « correctement ». La meilleure des thérapies pour gagner confiance en soi, ce qui va te donner des outils pour plus tard, c’est de réussir à formuler ce que tu as au fond de toi-même, tes émotions, tes ambitions, tes rêves. C’est en les exprimant, peu importe sous quelle forme, que les autres vont pouvoir commencer à t’aider, t’orienter. Là, tu te feras une place. En termes de confiance en soi, il n’y a rien de plus puissant. Faut-il aussi apprendre à écouter ? Dans les formations et les concours que nous avons mis en place avec Eloquentia, il y a trois valeurs principales qui permettent de créer ce dialogue constructif, à l’individu de s’épanouir et au groupe de s’enrichir. La première est le respect profond des opinions. Accueillir la parole d’un individu, quelle qu’elle soit, même si ça peut nous choquer, même si on n’est pas d’accord. Ensuite, tu as l’écoute active.

JORGE ANDRADE BLANCO/RED BULL CONTENT POOL

« Quand la parole est authentique, il n’y a rien de plus puissant. Et celui qui intègre l’impro à son propos va augmenter son authenticité. »

Qu’est-ce que c’est ? Tu écoutes, et au lieu de juger, de te moquer, de renvoyer de la violence, tu questionnes. Sincèrement. « Pourquoi tu penses ça ? » Lui ou elle ne va pas se sentir offensé. Tu l’invites à se questionner lui-même, et tu vas peut-être, toi-même, te remettre en question. Questionner quelqu’un, c’est lui montrer de l’intérêt ? Quand tu es questionné, tu te sens considéré, pris en compte. Tellement de préjugés pourraient tomber ainsi. Le troisième élément, c’est la bienveillance. À la fin d’un dialogue, si on n’est pas d’accord, sur un choix politique, une façon de vivre la religion, ou sur un thème de société, ça n’empêche que tu peux partager un bon moment avec cette personne. Ça n’empêche pas de faire du business ensemble. Je ne suis pas d’accord avec cer certaines des tes idées, ça a été entériné par notre dialogue, mais je peux pour autant bosser avec toi, voire même te recruter. Est-ce que l’événement, Red Bull Dernier Mot, dont vous rejoignez le jury, s’inscrit dans cette philosophie ? Oui, car c’est ouvert, et peu importe que tu fasses du slam, de la poésie, des alexandrins, un discours classique, du rap, tu y seras le bienvenu. Ce qui importe c’est cet espace d’écoute, de dialogue, où chacun peut affirmer ses convictions. Red Bull Dernier Mot sera basé sur l’improvisation. Quelle peut être son importance dans une prise de parole ? L’impro, c’est la magie du discours. Le cherry on the cake, la poussière d’étoile. Un orateur n’a pas de gomme, il n’y a pas de rewind. L’impro, c’est comme l’équilibriste du cirque. Tu tombes, tu es mort. Celui qui maîtrise l’impro, qui fait une bonne punchline de circonstance, est en train de faire quelque chose de live, par définition pas travaillé. Et ça vient d’où ? Du cœur, de la tête, c’est instantané. Quand la parole est authentique, il n’y a rien de plus puissant. Et celui qui intègre de l’impro à son propos va augmenter son authenticité, partager avec les gens. Il implique l’audience dans son discours, il te rentre dans les tripes. On parle de dernier mot, mais quelle est l’importance du tout premier mot dans un discours ? Lors d’un discours, un seul moment vous appartient, un instant où vous serez en maîtrise. Il s’agit du silence avant le premier mot. Avant d’ouvrir la bouche, je conseille à chaque orateur de se poser, de prendre un silence, trois, quatre, cinq secondes, dix s’il le faut. C’est un temps maîtrisé, fermer sa bouche avant de parler est à la portée de tout le monde. Que faire si on est anxieux, si on a le trac ? Si on a le trac, tant qu’on est pas calmé, bien aligné, tant qu’on n’a pas la première phrase de son discours, le kick off, on doit se poser. Si on n’est pas à l’aise avec le regard des autres, par exemple, alors on prend le temps de mettre une espèce de voile entre eux et nous, pour ne plus voir réellement les gens. Tout ce temps-là, vous appartient. Il commence par une respiration. Un silence. Le silence fait partie de la prise de parole ? Être capable de tenir un silence, c’est incroyable. Tu es devant une audience, et tu commences... (Stéphane se tait, garde le silence de longues secondes.) Et là, tu as le pouvoir. Découvrez l’événement sur redbullderniermot.com ; eloquentia-saintdenis.fr 57


TROP BON

UNE QUÊTE DE LA PERFECTION AUSSI HUMBLE QU’ÉTERNELLE AINSI QU’UN TALENT INNÉ POUR DOMPTER LA PEUR ET LE RISQUE ONT FAIT DE GREG MINNAAR UN ENTREPRENEUR EN SÉRIE ET SURTOUT L’ONT HISSÉ AU STATUT DE PLUS GRAND VÉTÉTISTE DE TOUS LES TEMPS. TEXTE : ANGUS POWERS PHOTOS : KELVIN TRAUTMAN

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TROP PROMPT



Minnaar, avec 21 victoires en Coupe du monde, est le vainqueur le plus prolifique en descente.

« À 12 ANS, EN BMX, JE SAUTAIS PAR-DESSUS 16 VOITURES. » 61


G

reg Minnaar roule vers Durban dans son 4×4 Toyota, longeant les énormes semi-remorques qui envahissent l’autoroute N3 à longueur de temps. Sur le siège arrière, des documents pour sa demande de visa au consulat américain. Il n’est pas 8 heures et le trafic est déjà dense. Sur la route, le descendeur le plus titré de l’histoire revient sur l’époque de ses premiers exploits en VTT. Retour en 2001 donc… « Une année de dingue ! J’allais avoir 20 ans, c’était ma première année pro. Avant la finale de la Coupe du monde, j’étais deuxième au général, 28 points derrière l’un de mes héros, Nicolas Vouilloz. Je le bats en demifinale et le talonne de 18 points. À partir de là, peu importe le résultat de la course, le titre reviendra à celui qui devancera l’autre. On a la pression. Il y a cette barre rocheuse à sauter, et, parmi tous les concurrents, je suis le seul à en être capable. Je sais que je peux gagner du temps à cet endroit. C’est grâce à ce saut que j’ai réussi à battre Nico et à remporter la Coupe. »

IMAGINEZ ! De tous les descendeurs pros, un

jean noir, il dévore son samosa et consulte une appli qui lui indique s’il a été tagué sur les réseaux sociaux. D’ordinaire préoccupé par la confidentialité, il fait une exception, la faim au ventre. Il prolonge sa collation, ne s’étant rien mis sous la dent depuis son run de 6 km à 5 heures du matin, en commandant un bunny chow au bœuf (une spécialité sud-africaine au curry). Minnaar est tout sauf pingre. La vendeuse du fast-food et le gardien du parking s’en sont bien rendu compte. Selon lui, peu importe les sommes claquées en soirée, il faut honorer les services et avoir suffisamment pour laisser des pourboires en journée. D’où vient une telle humilité ? « Dans ma ville d’origine, à Pietermaritzburg, les gens essaient de faire comme si vous étiez comme eux. Ça aide à garder les pieds sur terre. » Rien de provincial ou de gagne-petit dans la mentalité de Minnaar. « Je n’ai jamais cherché à devenir célèbre. Tout ce que je voulais, c’était faire du VTT et être aussi bon que possible. » Et il est même devenu le meilleur de tous les temps en descente avec 21 victoires en Coupe du monde. Son record aux championnats du monde aussi est inégalé : trois médailles d’or, quatre d’argent et trois de bronze, et il a terminé en dehors du top 4 seulement quatre fois sur 16. Plutôt impressionnant comme palmarès. C’est du Minnaar pur jus, sans parler de ses trois coupes du monde qui mettent en évidence une constance quasi surnaturelle et des performances émérites. « Sans pression ni enjeu, j’ai du mal à me donner à fond, admet-il. Mais lors d’un

seul maîtrise le saut : le nouveau d’Afrique du Sud. Le voilà qui chipe le titre d’une demi-seconde au sextuple champion du monde français. Mais comment cela ? Trois semaines plus tard, championnat du monde à Vail (Colorado). Minnaar est au top. Sauf que dans le sprint final, sa chaîne casse, il chute lourdement et franchit la ligne d’arrivée en glissant, distancé de trois dixièmes de seconde par Steve Peat. « Puis vient le tour de Nico : il coiffe Steve au poteau et remporte la victoire. Et moi, j’étais là, couvert de bandages, sur le podium avec mes idoles. C’était de la folie. » Toute modestie mise à part, Minnaar a du mal à expliquer d’où lui venaient ce talent et ce tempérament de gagneur à seulement 19 ans. « Les sauts et les gaps ne m’ont jamais posé de problème, dit-il dans un haussement d’épaules. Peut-être parce que les jumps que je me fabriquais enfant n’étaient pas tip top, et que ça m’a donc forcé à développer mes compétences ? Ou alors c’était une question de confiance… » À voir son premier amour, le motocross, on n’est pas vraiment surpris par la tournure des événements. Une année, en primaire, chaque élève a dû trouver une idée de financement pour une fête. Certains ont préparé des gâteaux, d’autres ont vendu des tickets de tombola. Minnaar a demandé à son père de lui construire une rampe afin de sauter en vélo par-dessus des voitures. « Ça a fait un tabac. J’ai fait des mini-tournées ; on m’a invité au Royal Show, le plus grand événement de la ville. Je gagnais 1 000 rands (64 €, ndlr) par session. Je me suis même offert un BMX flambant neuf. Je sautais par-dessus 10 ou 11 voitures au Royal Show, mais je suis allé jusqu’à 16. » À l’âge de 12 ans.

EN PLEIN centre-ville de Durban, le consulat

américain est difficile à dénicher. Sa demande de visa dûment remplie, Minnaar s’adosse au comptoir d’un fastfood. Grand, mince, vêtu d’un large T-shirt blanc et d’un

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En haut : au taf dans son magasin de vélos, Greg Minnaar Cycles. Ci-dessus : pause détente chez lui, à Pietermaritzburg. THE RED BULLETIN


DATES CLÉS 1981 : né le 13 novembre à Pietermaritzburg, en Afrique du Sud 2001 : vainqueur de la Coupe du monde dès sa première saison 2003 : première médaille d’or aux Championnats du monde de VTT 2007 : victime d’une luxation et d’une fracture de l’épaule pendant une course de championnat du monde à Fort William, en Écosse, il terminera malgré tout à la quatrième place 2017 : 21e victoire en Coupe du monde

Minnaar sur son vélo, devant le garage qui abrite sa collection de VTT Santa Cruz.


En haut et en bas : horssaison, le pilote s’entraîne souvent au Cascades Bike Park, à cinq minutes de chez lui. C’est aussi ici qu’il a remporté le championnat du monde de descente de 2013.


« OMNIPRÉSENTE, LA PEUR EST BÉNÉFIQUE POUR PROGRESSER. » week-end de course, je ne me laisse aucun répit. Je me mets dans ma bulle et reste concentré sur l’événement. Pendant les essais, je vois les autres me dépasser et je me dis que ces mecs sont trop rapides pour moi. » Être concentré, c’est bien. Être farouchement déterminé à réussir, c’est mieux. C’est ainsi que Minnaar transforme sa tendance tenace à douter de lui-même. Quel genre de champion peut s’exclamer sans fausse pudeur : « Je ne me suis jamais considéré comme un pilote rapide » ou « Je ne me trouve pas si exceptionnel que cela » ? Cette humilité, Minnaar s’en sert pour créer une machine de motivation proche de la perfection : une boucle de rétroaction haute performance qui fonctionne précisément parce qu’il est humble. « Ce qui rend la descente si excitante, c’est sa courte distance. Ma conviction, c’est que si quelqu’un peut le faire, alors moi aussi. En y mettant toute sa volonté, rien n’est impossible. Ce tronçon, il faudra se concentrer dessus, changer de trajectoire et d’approche, ne rien lâcher. Là, la progression sera énorme. » Il poursuit. « Omniprésente, la peur est bénéfique pour progresser et rester concentré. Si je ne le sens pas sur un tronçon, je vais peut-être rouler à 99 ou100 % de mes capacités, mais, dans ce cas-là, je sais que quand je serai mieux, il faudra que je roule à au moins 110 % pour rattraper mon retard. Car tu ne gagneras jamais si tu roules à 100 %. Ce qu’il faut, c’est repérer à quels endroits on peut y aller à fond. Je vais peut-être me contenter d’en égaler un sur un certain tronçon, mais avant ou après, je serai à bloc. En descente, il n’y a pas d’histoire d’approche ou d’attaque à la toute fin. Même en roulant prudemment, on est toujours dans l’attaque. »

LE GARAGE DE GREG

est une vraie caverne d’Ali Baba. Le 4×4 a été relégué dans l’allée. À l’intérieur sont entreposés deux dirt bikes KTM 250cc, des tonnes de matériel de motocross et de cyclisme, et toute une ribambelle de super VTT Santa Cruz. Pas trop du genre à se poser, le garçon, on dirait. Si son entraînement hebdomadaire consiste en un mix de running, de VTT et de gym, il y ajoute aussi volontiers une ou deux sessions de golf, de surf ou de motocross. Dans sa « liste d’envies »

Minnaar : un gars humble doté de la volonté farouche d’un champion. THE RED BULLETIN

hors-saison, il a déjà fait la Cape Epic, le Roof of Africa et le Dusi (un marathon en canoë-kayak) à deux reprises. Un côté résolument touche-à-tout intrinsèquement lié à son ADN de pilote. « La course, c’est toute ma vie. C’est la seule chose que je fais depuis tout petit. Sur le plan émotionnel, j’adore la compétition, tout simplement. C’est une quête éternelle de la perfection, toujours à essayer de se relever et de gagner à nouveau. Mais ce n’est pas évident : il faut être prêt à comprendre où le bât blesse et à travailler sur ses faiblesses. Il ne faut jamais se reposer sur ses acquis ou se contenter de ce qu’on a, c’est essentiel. » Ajoutez à cela l’inévitable prix à payer chez les descendeurs pros – dans le cas de Minnaar, une double luxation de l’épaule, une fracture de l’omoplate et des clavicules, une rupture des ligaments du genou et du pouce, entre autres – et le tableau est complet. « Je me faisais du souci sur ma vie après le VTT, admet Minnaar. Que se passe-t-il quand on arrête la course ? Je n’ai pas été à la fac, donc je n’ai pas de formation sur laquelle me rabattre. Il me fallait des projets. » Quand son père est tombé malade il y a quelques années, Minnaar a commencé à s’occuper du magasin de vélos familial, qu’il vient tout juste de finir de rénover. Il trouve également le temps de gérer ses propriétés dans la région et à l’étranger, il collabore au design de produits avec des sponsors, travaille en partenariat avec deux sociétés de distribution de vélos et, plus récemment, il a cofondé une ligne de bijouterie internationale. « Mes journées sont bien remplies, dit-il en souriant. Je crois que c’est comme ça que j’aime vivre, en faisant des tas de choses. Mais j’aime aussi me laisser porter. Si une opportunité se présente, je réponds présent, sauf si c’est en altitude. » Et Minnaar ne plaisante pas. Il est plutôt ouvert d’esprit, qu’il s’agisse d’investir dans une course ou dans un business, d’emmener des ados, en l’occurrence ses nièces, au centre commercial pour leur anniversaire, ou d’être aux petits soins pour des crocodiles. « Le truc avec les crocodiles, c’était génial pour alerter l’opinion publique sur la conservation de l’espèce. Mais je n’en menais pas large. Sans déconner, il y avait 20 crocos avec nous dans l’enclos. » Minnaar marque une pause. « Quand j’y repense, c’était complètement débile. » Nouvelle pause. « Et il y en a eu un paquet, des comme ça. Je touche du bois, personne n’a été blessé jusqu’à présent. Enfin, pas trop gravement. Mais c’est ça qui est marrant dans la vie : rire en repensant aux fois où on s’est sorti de situations dans lesquelles on aurait sûrement mieux fait de ne pas se fourrer. » Retour au présent avec l’inauguration du magasin de vélos de Minnaar après la rénovation. Les invités arrivent dans une heure, et le personnel brique les lieux sans relâche. Dans l’arrière-boutique, Minnaar n’est pas peu fier de son système de lavage de vélos haut de gamme qui récolte l’eau de pluie et la recycle dans la station de lavage. À l’avant du magasin, après une averse inhabituelle pour la saison, des flaques commencent à se former dans l’entrée. Alors que tout le monde court s’abriter, Minnaar commence à balayer. Certains y décèleraient un patron qui montre l’exemple. Greg Minnaar, lui, voit une tâche à effectuer et aucune raison de ne pas la faire luimême. C’est pourtant simple comme bonjour. gregminnaar.com 65


PLONGÉE VERS LA LUNE

Le robot-plongeur Ocean One part explorer l’épave de La Lune, à 90 m de profondeur en rade de Toulon. Son pilote est au sec, face à des écrans.

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Jamais l’homme et la machine n’ont coopéré comme ils le font aujourd’hui : nous sommes assistés par des robots prêts à tout pour nous aider dans les tâches les plus difficiles, les plus risquées ou les plus créatrices… Voici notre sélection des meilleurs (futurs) amis de l’homme.

OSADA/SEGUIN/DRASSM

Texte : Florian Wörgötter

PETITS MAIS COSTAUDS LES ROBOTS


OCEAN ONE

BIONICANTS

Voici le premier robot humanoïde capable de fouiller les fonds marins avec la précision et le doigté d’un véritable archéologue sous-marin. Une collaboration franco-US.

L’avenir est dans la nature : une entreprise allemande s’inspire de l’esprit d’équipe des fourmis pour inventer l’usine de demain.

L

P

remière mission pour Ocean One : l’exploration de La Lune, épave d’un vaisseau amiral coulé en rade de Toulon en 1664. Fruit d’une coopération entre le Robotics Lab de l’université Stanford (Californie), le DRASSM (Département français des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) et le laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier, ce petit avatar robotisé per permet aux archéologues d’explorer des épaves enfouies à des profondeurs où aucun être humain ne pourrait s’aventurer. Commandées à distance au moyen de deux joysticks, ses mains lui permettent aussi de restituer parfaitement les sensations tactiles. Le pilote peut alors estimer le poids, la texture, et la fragilité d’un artefact. Une fonction déjà utilisée par les chirurgiens qui permettra d’aller explorer les quelques 300 épaves répertoriées par le DRASSM.

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es animaux et leurs extraordinaires capacités n’ont décidément pas fini de nous inspirer ! Festo, une entreprise allemande spécialisée dans la bionique, en a même fait son credo, en repérant les « coups de génie » de la nature pour créer des robots d’une efficacité redoutable. Leur dernière invention ? La fourmi bionique qui reproduit le comportement ultra-coopératif de son modèle vivant, pour effectuer des tâches de façon autonome et dans une dynamique d’entraide typique de cet insecte génial. Ces BionicANTS (Autonomous Networking Technologies) communiquent par radio, sont capables de se situer dans l’espace et d’harmoniser leur comportement individuel suivant l’objectif assigné au reste du groupe, grâce à des algorithmes complexes. Au-delà de leur aspect ludique, ces petites bébêtes concentrent des innovations technologiques qui pourront être directement appliquées dans les usines du futur.

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1

8

7 2

3

4 5 DEUX BATTERIES

Les fourmis ont une autonomie de 40 minutes et se rechargent elles-mêmes en posant leurs antennes sur la station de recharge.

FESTO, OSADA/SEGUIN/DRASSM

6 UN PROCESSEUR

Il émet les signaux et active les actuateurs des pattes. Les robots communiquent entre eux par radio.

1 DEUX ANTENNES

Celles-ci lui serviront à recharger les batteries.

2 DEUX MANDIBULES

Pour une préhension des objets précise et performante. Naturellement.

3 UN CAPTEUR OPTIQUE Situé sous l’abdomen, il permet à la fourmi de déterminer sa position.

4 SIX PATTES

Via des transducteurs de flexion en céramique piézoélectrique, elles consomment très peu d’énergie.

7 DES CIRCUITS AVEC AMPLIFICATEURS

Reliés à une interface, ils commandent tous les actuateurs.

8 CAMÉRA 3D STÉRÉO

Pour se localiser et détecter les objets à saisir.


POUR SES IMPROS, Shimon pioche dans un répertoire de 5 000 morceaux allant de Miles Davis à Lady Gaga.


CAREO-BOT Dévoué et discret comme un majordome anglais à l’ancienne, ce robot de service deviendra peut-être notre meilleur allié du quotidien.

SHIMON Rythmes ou algorithmes ? Ce musicienrobot compose des morceaux fusionnant jazz et classique, et est même capable d’improviser comme un pro.

JOSH MEISTER, FRAUNHOFER IPA

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a musique électronique a fait du chemin depuis les sons froids et métalliques du groupe Kraftwerk dans les années 70 ! Son meilleur ambassadeur est aujourd’hui certes un robot, mais pas n’importe lequel. Shimon, toute récente création du Georgia Tech Center for Music Technology (États-Unis), est le premier robot à savoir non seulement jouer, mais aussi improviser et composer de la musique. Son instrument fétiche ? Le marimba, un xylophone africain complexe puisqu’il se joue à deux mains et quatre baguettes. Shimon s’en sert pour improviser comme un musicien de jazz en chair et en os, grâce à une base de données de 5 000 morceaux et de plusieurs millions de riffs et suites de notes, regroupant les styles musicaux les plus variés. Un bagage musical qui lui permet, en concert, de prendre naturellement sa place parmi ses collègues humains. Après avoir entendu les premières notes, Shimon se met à improviser en harmonie avec le reste du groupe, en balançant la tête tel un Stevie Wonder en extase.

L

a scène se passe dans un magasin d’électronique : à peine un client a-t-il poussé la porte d’entrée qu’un petit robot s’empresse de l’accueillir et de le renseigner sur le produit recherché. Puis il conduit son client vers le produit en lançant quelques petites blagues et d’innocentes remarques sur la météo du jour. En cas de besoin, il sait aussi faire appel à ses collègues humains plus expérimentés. Ce gentleman-vendeur est un Care-O-Bot, robot spécialisé dans les services à la personne et développé par l’Institut Fraunhofer pour la Recherche. Utilisé en Allemagne dans les hôpitaux, les aéroports ou les bureaux, il est aussi testé en France depuis quelques années, essentiellement dans l’assistance à domicile pour les personnes âgées.

71


1 TÊTE PANORAMIQUE

Avec des caméras équipées de zoom et des détecteurs de chaleur pour des missions de fouille.

2 CORPS PRINCIPAL

Abrite le « cerveau » du robot et la structure des pattes et des capteurs.

1

3 PATTES EN CARBONE Membres ultra-légers où sont logés les câbles.

4 CAPTEURS DE CONTACT

Pour permettre au robot d’appréhender le terrain et adapter ses mouvements.

5 SCANNER LASER HOKUYO

Pour pouvoir à tout moment se repérer avec précision dans son environnement.

2

6 ACTUATEURS

Douze articulationsmoteurs pour activer les différentes parties des pattes.

4

ROBOTIC SYSTEMS LAB/ETH ZURICH

3


ANYMAL Un Saint-Bernard du futur, imaginé et fabriqué au cœur des montagnes helvètes, programmé pour aller aider là où l’homme n’ose s’aventurer.

5

6

L

e petit quadrupède mis au point par l’école polytechnique fédérale de Zurich (ETH) en Suisse se comporte comme un superchien bionique. Conçu pour être utilisé comme chiensauveteur en milieu extrême ou dangereux, il sait tout faire comme son modèle vivant, mais en mieux : doté d’articulations rotatives à 360 °, il peut sauter, courir, escalader des zones escarpées, grimper des escaliers ou encore ramper dans des tunnels. Grâce aux capteurs laser et aux caméras fixés sur sa tête, il est capable d’éviter les obstacles et de se frayer un chemin parmi les décombres. Avec un « poidsplume » de 30 kilos, ANY ANYmal se laisse transporter dans les endroits les plus inaccessibles. Léger, agile et autonome, le robot-canidé ira porter secours dans des endroits où les interventions sont souvent trop risquées pour l’Homme, comme lors d’un incendie sur une plateforme pétrolière ou après un tremblement de terre ; il pourra être aussi utilisé pour des opérations de déminage. À terme, le toutou bionique pourrait donc bel et bien devenir le meilleur ami de l’homme du futur.

73


ROBOY Difficile de résister à la bouille craquante de cet humanoïde originaire de Suisse : mignon et costaud, Roboy étonne aussi par sa grande agilité.

Q

CHRISTIAN GRUND.CH, ROBOY.ORG

uand il vous fixe de son beau regard bleu, on craque : sorti en 2013 du Artificial Intelligence Lab de l’université de Zurich (Suisse), il est aujourd’hui encore l’un des meilleurs représentants de son pays dans le domaine de la robotique et de l’intelligence artificielle. Une de ses particularités ? Son corps, doté d’un squelette entièrement imprimé en 3D, mais aussi de muscles, de doigts et d’orteils, le rendant étrangement proche du corps humain. De ce fait, il peut aussi se mouvoir avec élégance, et saura bientôt courir comme un véritable athlète. Des innovations qui pourraient servir dans un avenir très proche à fabriquer des exosquelettes et des prothèses pour le monde médical. D’ici la fin de cette année, Roboy aura sans doute déjà appris à marcher, à communiquer avec les humains de façon autonome, et à lire les expressions du visage.

74


1 LES YEUX

Sont deux caméras à reconnaissance vocale.

2 LE VISAGE

Un projecteur installé dans la tête qui projette les images des yeux et de la bouche sur son visage.

1

3 LES ÉPAULES

Construites sur le modèle humain avec neuf moteurs pour activer les muscles.

4 LE SQUELETTE

Entièrement imprimé en 3D pour plus de flexibilité dans la conception de ce robot sympathique.

2

5 LES MUSCLES

Ils sont activés par pas moins de 48 moteurs répartis sur tout le corps afin d’imiter les mouvements humains.

3

5

4


GROS SOUS LE

CAPOT Terrée dans un ancien hôpital psychiatrique, l’équipe indépendante britannique M-Sport a recruté la grande star du rallye, le Français Sébastien Ogier (ici en photo), et construit la meilleure voiture de sport alors même que son budget ne représente qu’une fraction de celui des constructeurs concurrents. Et elle est maintenant sur le point de remporter les championnats du monde des rallyes (WRC). À quelques jours du rallye de Grande-Bretagne, le patron Malcolm Wilson explique comment la « petite équipe qui pouvait le faire » l’a fait. Texte : Gemma Briggs 76

Photos : Sam Barker



Un engagement sans faille : un aperçu de l’atelier au QG M-Sport, à Dovenby Hall.

78


E

n 2007, Malcolm Wilson, directeur de M-Sport, se tenait face à ses 250 collaborateurs, les larmes aux yeux. Ford, un partenaire de longue date à qui M-Sport venait d’offrir son deuxième titre consécutif de « champion du monde des rallyes constructeurs », se retirait de la compétition, une décision qui entraînerait inévitablement des licenciements. Une décennie plus tard, si vous rencontrez cet homme inébranlable de 61 ans, vous aurez du mal à croire qu’un tel émoi public a eu lieu. Le sort de son personnel ne lui était pas égal, au contraire, mais cette même équipe est aujourd’hui sur le point de remporter sa toute première victoire au championnat des pilotes, parallèlement à un nouveau titre constructeurs. Il n’y a pas de place pour les

larmes quand une équipe indépendante entourée d’équipes constructeurs financièrement solides veut aller de l’avant et est sur le point de créer la sensation dans le monde du sport. De nature stoïque, Malcolm Wilson n’a pas raconté lui-même l’annonce terrible de 2007. C’est l’un des techniciens de l’atelier brillant de modernité, joyau de l’expansion de M-Sport, qui a rapporté à quel point la séparation avait été douloureuse. Mais si la séparation a été difficile, elle n’a pas été totale. M-Sport et Ford sont restés des partenaires proches, l’équipe de rallye étant liée au constructeur par un partenariat technique de longue date. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer M-Sport sans le logo de Ford sur ses voitures de compétition.


sur mon travail. » Son travail consiste non seulement à organiser une campagne WRC pour trois voitures, mais également six participations au WRC d’équipes clientes, de même qu’à fournir une kyrielle de modèles Fiesta R5 pour les WRC2 et de voitures Fiesta R2T pour tous les participants au championnat du monde des rallyes junior. De plus, il y a deux Bentley Continentals, qui ont offert une deuxième place à M-Sport lors des Blancpain GT Series, et un projet client victorieux avec la Ford Focus RS RX lors du championnat du monde de rallycross. Il est évident que le partenariat avec l’ovale bleu a perduré et prospéré : en seulement quatre ans, M-Sport a construit et vendu 250 Fiesta R5. « De l’extérieur, l’équipe paraît énorme, mais c’est surtout du business, explique Wilson. L’équipe actuelle du WRC est petite en comparaison aux équipes constructeur. » Si le programme du WRC représente une part énorme des ressources, il n’est pas le seul pour Malcolm. Ce dernier a quitté le rallye de Finlande avant la fin pour admirer ses Bentley lors des 24 Heures de Spa (Belgique), heureux de voir à quel point les courses de longue distance lui rappellent le rallye d’antan. « Le programme WRC est notre outil de marketing, affirme-t-il. Bien qu’il serait préférable, financièrement, que nous ne participions pas au WRC, je m’en sers de programme phare pour diriger tout le reste. Il nous donne de la crédibilité dans toutes les autres disciplines et tous les domaines de ce sport. »

L’effet Ogier Après le retrait de VW, la légende Sébastien Ogier aurait pu choisir n’importe quel grand nom du WRC. Mais a préféré l’un des plus petits… The Red Bulletin : Pourquoi avezvous choisi M-Sport ? Sébastien Ogier : J’ai toujours eu beaucoup de respect pour Malcolm et lorsque j’ai essayé la voiture, j’ai immédiatement vu son potentiel. Je savais que j’avais choisi la plus petite des équipes et ce choix me fascinait. Mais c’était risqué ? Pas vraiment. Au vu de mes résultats, je ne pense pas avoir à prouver plus. Quoi qu’il advienne dans ma future carrière, je me sens très heureux. Quelle a été votre première impression en visitant le site de l’équipe ? C’est au milieu de nulle part, mais les installations sont fantastiques. C’est vraiment impressionnant pour une équipe privée. En visitant l’usine, j’ai été heureux de rencontrer une équipe aussi passionnée par son travail. Votre point de vue sur Malcolm ? Il est direct. Si quelque chose ne va pas, nous en discutons pour trouver des solutions. Il fait absolument tout ce qui est en son pouvoir pour gagner. Comment a-t-il réagi à votre première victoire en 2017 ? C’était la première manche de l’année et ma victoire a créé la surprise, car je n’étais personne au sein de l’équipe. Un tel début a boosté tout le monde. Qu’est-ce qui distingue M-Sport des autres équipes constructeurs ? La structure est la même, mais les équipes constructeurs disposent bien entendu de davantage de ressources. Avec son petit budget, M-Sport s’en sort vraiment bien. C’est merveilleux de voir cela dans notre sport.

L’ancien champion de rallye britannique Malcolm Wilson reprend sa place de pilote pour M-Sport.

80

Un titre avec une équipe indé renforcerait-il votre réputation ? Ce serait une belle prouesse, donc bon pour ma réputation. C’est un véritable défi, mais j’ai déjà fait mes preuves. Il reste quatre manches et nous sommes toujours en lice pour le titre. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes.

GETTY IMAGES, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL

A

lors, comment cette entreprise ffondée il y a 38 ans à Cockermouth, la patrie de Malcolm Wilson, a-t-elle réussi à nouer une relation aussi formidable avec Ford et à s’assurer les services du quadruple champion du monde de rallye Sébastien Ogier, figure de sa campagne en 2017 ? Malcolm Wilson s’attache à clarifier en premier lieu la taille de l’entreprise. M-Sport est sans aucun doute l’une des plus petites équipes du WRC et elle réalise le programme de Ford sans l’aide d’aucun constructeur. Avec ses 250 collaborateurs au siège principal, au Royaume-Uni, et ses 38 en Pologne, l’entreprise construit aujourd’hui entre 80 et 100 voitures par an et enregistre un chiffre d’affaires annuel de 55 millions d’euros. Où se situe M-Sport par rapport à d’autres entreprises de sport automobile britanniques ? « Pour être honnête, je n’en ai pas la moindre idée », avoue Malcolm Wilson. Loin d’être évasif, il est plutôt modeste. « Je ne me préoccupe pas des autres. » D’accord, mais il doit être fier de côtoyer Williams Grand Prix, l’une des plus grandes entreprises de sport automobile locales ? « Oui, mais le problème, c’est que l’on est trop étroitement lié à tout cela. C’est un mode de vie. C’est ma vie et je ne sais rien faire d’autre, déclare-t-il sans ménagement. Ne vous méprenez pas : lorsque j’ai obtenu des distinctions, comme l’OBE (Ordre de l’Empire britannique, ndlr), cela m’a fait réfléchir. Mais je reviens ensuite immédiatement sur terre et me concentre


« Je savais que j’avais choisi la plus petite équipe, et ça me fascinait. »

Sébastien Ogier pilote la nouvelle Fiesta RS WRC lors de sa première saison pour M-Sport.


M-Sport est la petite équipe qui a défié et battu les géants, et son partenariat avec Ford a été déterminant.

Le Gallois Elfyn Evans est l’une des stars montantes du championnat du monde des rallyes.


C La force montante Elfyn Evans, 28 ans, rejoint à nouveau l’équipe cette saison. Rencontre en Finlande, où il a décroché son deuxième podium de l’année… The Red Bulletin : Racontez-nous votre histoire avec l’équipe... Elfyn Evans : J’ai remporté le WRC junior (en 2012, ndlr), ce qui m’a valu de conduire la Fiesta R5 lors de six rallyes. De 2013 à 2015, j’ai vécu sur place et ai participé au développement de la nouvelle voiture. Je suis ensuite devenu pilote d’usine. Avez-vous aimé vivre et travailler dans un endroit aussi retiré ? J’ai grandi dans le nord du Pays de Galle, et c’est très similaire. Les magasins à une heure de route, je connais ! Au fil des années, je me suis fait beaucoup d’amis chez M-Sport, qui est très cosmopolite. C’est génial de faire partie de cette équipe familiale.

JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL, OLAF PIGNATARO

Comment décririez-vous vos rapports avec Malcolm ? Ils sont manifestement très bons étant donné que nous travaillons toujours ensemble après toutes ces années ! Il a affronté mon père (Gwyndaf, ancien champion anglais des rallyes, ndlr), et ce qu’il a accompli est incroyable. Il est toujours très motivé et, pour être honnête, ce n’est pas toujours facile... Est-il du genre « dur mais juste » ? Bien sûr, il y a parfois des moments difficiles et le soleil ne brille pas toujours. Mais je crois que c’est le cas de n’importe quelle personne qui veut réussir dans le sport ou les affaires. S’il n’est pas content, il vous le fait savoir, mais je n’attends pas non plus d’être bichonné. Vous savez où vous en êtes et, au moins, tout est transparent, ce qui facilite beaucoup les choses. L’atmosphère changerait si le team était une équipe constructeurs ? M-Sport est une équipe indépendante, mais l’ambiance familiale resterait la même, qu’elle soit une équipe constructeurs ou pas. C’était déjà le cas lorsque j’ai rejoint l’équipe à l’époque et le sentiment de satisfaction est grand lorsque nous faisons du bon travail.

ette approche fonctionne : d’ici un an environ, une piste d’essai et un centre d’évaluation ultramodernes doivent voir le jour pour permettre aux fabricants de moteurs de mettre sur pied des projets classés top secret. Lorsque Wilson parle de la possibilité de tester des véhicules autonomes dans cette contrée perdue et pittoresque du Lake District, il admet que son travail le captive autant que les courses autrefois. Il a quitté l’école à 15 ans sans aucune qualification, mais ses deux titres de champion d’Angleterre des rallyes à la fin des années 1970 et son expérience de pilote d’usine en WRC lui ont permis de prendre un bon départ lorsqu’il a mis sa propre équipe sur pied. L’affinité pour Ford était très grande – « Roger Clark ((légende britannique du rallye, ndlr) était mon héros et il a toujours travaillé avec Ford » – et M-Sport a remporté son premier titre de WRC en 2006 avec la Ford Focus RS. Il s’agissait de la première victoire de Ford au WRC depuis 1979 et le duo a réitéré son exploit l’année suivante. Après des années difficiles, durant lesquelles les sponsors sont allés et venus, Malcolm Wilson n’a pas hésité, fin 2016, à recruter le champion Sébastien Ogier lorsque VW a quitté le WRC après que le Français a rapporté quatre titres consécutifs à l’équipe allemande. Le coup a été immense : c’était comme si une équipe privée de F1 telle que Force India annonçait que Sebastian Vettel allait conduire l’une de ses voitures. La star du rallye a offert une victoire immédiate à M-Sport lors de la manche d’ouverture de cette saison, mais ce n’est pas seulement l’adresse de Sébastien qui a rendu réalistes les chances d’une victoire finale cette année. L’honneur revient également à la Fiesta RS WRC. « J’aime piloter moi-même toutes les nouvelles voitures de rallye au début pour être sûr qu’elles ne présentent pas de défauts majeurs, explique Malcolm Wilson, qui a été pilote d’essai en chef de Ford pendant plusieurs années. J’ai conduit la Fiesta toute une journée dans la forêt de Greystoke (Cumbria, ndlr). Cela faisait des années que je n’avais pas conduit l’une de nos voitures. J’ai immédiatement senti que l’équipe d’ingénieurs et de designers avait exploré toutes les possibilités pour fabriquer une voiture de rallye de champion. C’est la meilleure voiture que nous ayons conçue et construite. » De quoi transmettre à ses équipes cette motivation qui ne s’est jamais affaiblie durant les années de vaches maigres ? « Je ne pense pas la transmettre, estime-t-il. Bon, je suppose que je le fais en

montrant mon enthousiasme. Mais lorsque les vrais pilotes montent dans la voiture – par exemple, Ott Tänak (pilote régulier, ndlr) a immédiatement déclaré : “Cette voiture est faite pour moi”, cette passion dépeint sur les techniciens et les ingénieurs. Elle se propage à toute l’entreprise. Je fais le tour des départements pour leur dire : “Hé les gars, cette voiture va faire un malheur”, mais je ne rameute pas tout le monde. Enfin, j’y arrive peutêtre parfois, en cas de succès. » Pete Maze, un jeune technicien travaillant sur le programme WRC qui a rejoint l’équipe il y a deux ans, est très emballé par la combinaison M-Sport/Ford. « Estce que nous sommes des outsiders ?, se demande-t-il. Probablement. Nous ne sommes pas une véritable équipe constructeurs, mais nous avons obtenu de meilleurs résultats que les autres, avec quatre victoires au compteur jusqu’à présent cette saison. Nous sommes en tête du championnat et avons toutes nos chances. Malcolm n’est pas un patron ordinaire. Quand il est dans l’atelier, il prend le temps de discuter. Il s’intéresse à nous. » Garry Barker est le technicien numéro un pour Ott Tänak, qui, avec Elfyn Evans, complète le trio de pilotes d’usine de M-Sport. Garry Barker fait partie de l’équipe depuis 17 ans et a fait sa première expérience professionnelle dans la maison de Malcolm Wilson. « Cette année, nous sommes de toute évidence sur la voie de la réussite, nous sommes en tête des deux championnats, et cela booste énormément l’équipe. Je vois Malcolm assez souvent ; il est toujours à l’atelier et met une bonne ambiance. Il n’est pas d’un abord difficile et il est plutôt curieux. Mais il sait également maintenir la pression. Il aspire à gagner autant que nous. » M-Sport est la petite équipe qui a défié et battu les géants, et la clé d’un tel succès est l’entretien d’une bonne relation de travail avec Ford, contre vents et marées, associé à l’approche de gestion dure mais juste de Wilson. Le meilleur témoignage de la passion qui a conduit cette équipe à ces résultats inattendus provient de Stephen Waddelove, technicien en chef pour la R5. « Je travaille ici depuis 12 ans, j’ai donc connu les hauts et les bas, racontet-il. Lorsque Ford s’est retiré, Malcolm a rassemblé tout le monde et il avait les larmes aux yeux. Il était soucieux à l’idée que l’un d’entre nous perde son boulot. » Si la promesse de victoire s’accomplit cette année, il sera peut-être temps de tirer un trait sur ce souvenir. m-sport.co.uk 83


The National — Jungle Run The Jewels Kamasi Washington — Ride The Black Madonna Talaboman — BADBADNOTGOOD

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ONE NIGHT BY

Bicep (LIVE) — Rejjie Snow — Polo & Pan (LIVE) Princess Nokia — Isaac Delusion Jacques — Loyle Carner — The Blaze Kevin Morby — Sylvan Esso Cigarettes After Sex Tommy Genesis — Andy Shauf Tom Misch (LIVE) — Chassol — This Is The Kit Moses Sumney — Sônge — Sigrid Mina Tindle — HMLTD Ethan Lipton & his Orchestra

Billet s


guide Voir. Faire. Avoir.

4 CARLO CRUZ / RED BULL CONTENT POOL

novembre 2017

FINALE DU RED BULL BC ONE

La plus importante compétition de hip-hop au monde rendra son verdict dans la Westergasfabriek d’Amsterdam (Pays-Bas). Les seize meilleurs B-Boys y ont rendez-vous pour un affrontement ultime à suivre en direct sur Red Bull TV.

THE RED BULLETIN

85


GUIDE

Voir. Brett Rheeder prenant son envol lors du Red Bull Rampage 2016.

PRENEZ LA RAMPE DE L’ACTION !

Sur deux ou quatre roues, la compétition est relevée ce mois-ci, tout comme pour les B-Boys aussi au sommet de leur forme.

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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Brandon Semenuk, vainqueur du Red Bull Rampage en 2008 et 2016.

THE RED BULLETIN


27 THE RED BULLETIN

octobre

LIVE

RED BULL RAMPAGE

Le titre le plus convoité du VTT freestyle est à nouveau en jeu, obligeant les riders à se mesurer sur le plus difficile des terrains qui existent : les roches rouges de Virgin dans l’Utah (USA). Cette année, une nouvelle ligne de crête est accessible. Selon le format de la compétition amélioré en 2016, les 21 meilleurs vététistes de la planète devront tracer chacun leur propre ligne de descente.

BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL (2), MAURO PUCCINI/RED BULL CONTENT POOL, @WORLD / RED BULL CONTENT POOL

octobre / novembre

4 22 26

novembre

LIVE

FINALE RED BULL BC ONE

La Westergasfabriek d’Amsterdam accueille l’ultime affrontement entre les meilleurs B-Boys du globe. Ces gladiateurs de la dance devront rivaliser d’imagination et d’exécutions parfaites pour espérer détrôner l’actuel tenant du titre, le Japonais Issei.

octobre

LIVE

RED BULL STRAIGHT RHYTHM

Du motocross du matin au soir et jusque dans la nuit. La crème des pilotes supercross et motocross pousse les machines sur les 800 m de ligne droite du circuit Fairplex à Pomona (USA). Les changements prévus en 2017 rendront la compétition plus excitante.

au 29 octobre

LIVE

WRC WALES RALLY

Pour son avant-dernière étape, le championnat du monde de rallye met le cap au nord du Pays de Galles près du comté de Cheshire. Le parcours en forêt ne présente pas de difficulté majeure mais la météo capricieuse et la boue n’en demeurent pas moins un sérieux défi.

87


GUIDE

Faire. La PGW s’est installée comme un rendez-vous incontournable pour l’industrie du jeu vidéo en France et à l’international. En cinq jours, les visiteurs et les joueurs pourront tester les dernières nouveautés. Elles ne manquent pas. Cette année encore, les meilleurs e-athlètes, car il s’agit bien de performeurs de haut niveau, feront le show dans les compétitions de l’ESWC ou l’ESL. Porte de Versailles, Paris ; parisgamesweek.com

9

5

novembre Route du café À deux c’est mieux. C’est en duo que les 42 équipages de la Transat Jacques-Vabre prennent le départ du Havre pour rejoindre Salvador de Bahia au Brésil. Avec un parcours de 4 350 miles, cette Route du café est la course transatlantique la plus longue proposée. Un défi qui, depuis la création de l’épreuve en 1993, attire les plus grands skippers. Port du Havre, Le Havre ; transatjacquesvabre.org

13

18

et 19 novembre Supercross Paris Le supercross et ses pilotes bondissants sont de retour à Paris pour un week-end et deux compétitions. Et le show s’installe dans la toute nouvelle U Arena de Paris-La Défense. Plus grande que le palais omnisports de Bercy, la salle couverte propose un circuit inédit. Tout pour attirer les top riders. U Arena, Nanterre ; supercrossparis.com

au 22 novembre

FESTIVAL : MONTAGNE EN SCÈNE

Le festival du film de montagne élargit l’audience de son Winter tour. La France et plusieurs autres pays européens découvriront la sélection de six films, dont Entre ciel et cimes avec Julien Irilli, parapentiste présent aux derniers Red Bull Éléments. Après la soirée d’ouverture à Paris (Palais des Congrès), Marseille, Pau, Annecy, Nice et bien d’autres villes encore (dates en ligne) accueilleront l’événement et les émotions du public. Paris, Marseille, Pau, Annecy, etc. ; montagne-en-scene.com

au 12 novembre Les Puces du design Le salon du design vintage et contemporain, des années 50 à aujourd’hui s’étale dans les halls du Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Mobilier, designers ou mode (lunettes, vêtements, montres…), tout s’expose dans les trois « villages » dédiés. C’est l’occasion d’y réaliser de bonnes affaires. Une rue des Designers-Makers permet de rencontrer en direct néo-artisans, à la fois producteurs et auto-éditeurs de leurs créations.

MIKE LIBECKI, JEANNE BUISSON

1

er au 5 novembre Paris Games Week

novembre

Porte de Versailles, Paris ; pucesdudesign.com

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FRANCE

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la

FABRIQUE du TEMPS Photos LUKE KIRWAN

Set design ZENA MAY HENDRICK

Les composants d’une montre sont choisis pour résister aux assauts du temps que


L E T I TA N E Au départ utilisé exclusivement par l’industrie aérospatiale, le titane arrive dans l’horlogerie en 1980. Depuis, son utilisation pour les boîtiers a ­largement fait ses preuves. Cinq fois plus solide que l’acier et moitié moins lourd, il résiste à la corrosion de tous les acides, l’eau de mer et le chlore. Il est aussi 50 fois plus cher que l’acier au carbone.

celle-ci mesure tout en demeurant intemporelle.

En partant de la gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : VICTORINOX INOX Titanium, victorinox.com ; BELL & ROSS BR-X1 Black Titanium, bellross.com ; PORSCHE ­DESIGN Datetimer Eternity Blue, porsche-design.com ; ­SEVEN-24 Bandit, seven-24. watch; MONTBLANC Summit Smartwatch Titanium, montblanc.com ; SEIKO Prospex 200M Diver Automatic Titanium SBDC029, seikowatches.com  ; TAG HEUER AquaracerCalibre 5, tagheuer.com

91


LA CÉRAMIQUE Le terme évoque surtout la poterie ou les salles de bain, mais la céramique technique est différente. Fabriqué sans métal à partir de plusieurs matières, ce matériau est 4 fois plus solide que l’acier, quasi antirayures avec une résistance très élevée à l’abrasion. C ­ ertains outils en céramique servent à t­ ravailler les métaux, c’est dire. Seul talon d’Achille : elle casse en cas de choc violent. En partant de la gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : TAG HEUER Carrera Calibre Heuer 01 céramique noire, tagheuer.com ; Time Teller Acetate NIXON, nixon.com ; APPLE Watch Edition céramique, apple.com


LES COMPOSITES Si toute l’histoire de l’humanité se définissait aux matériaux en usage comme la pierre ou le bronze, nous serions actuellement à l’âge du composite où la technologie permet d’associer des matériaux pour toute sorte d’application : revêtement antirayures, bracelet ultra-light, ou boîtier en fibre de carbone brut pour un style qui fait mâle. En partant du haut : ALPINA Seastrong Horological Smartwatch boîtier fibre de verre et acier inoxydable, ­alpinawatches.com ; CASIO G-Steel GST-W300G boîtier acier inoxydable et résine, casio.com ; PANERAI Luminor Submersible 1950 3 Days Automatic, en carbotech, un composite à base de fibre de carbone, panerai.com

93


En partant du haut : ORIS Movember Edition bracelet cuir imprimé, oris.ch ; BREITLING ­Navitimer ­Rattrapante or rouge 18 carats et bracelet ­crocodile, breitling.com ; ZENITH Chronomaster El Primero Grande Date Full Open or rose 18 carats et bracelet veau, ­zenith-watches.com ; WHAT? Calendar Watch Gunmetal Black bracelet grainé, whatwatch.com ; CARL F BUCHERER Manero Flyback Chrono or rouge 18 carats, ­bracelet ­alligator, carl-f-bucherer.com

L’ O R E T L E C U I R Depuis leur création, les montres existent en version or pour ceux qui en ont les moyens. Précieuses et fascinantes, elles symbolisent le luxe. Leur douceur les rend cependant fragiles et difficiles à retoucher. Aussi, le bracelet en cuir s’avère être leur compagnon idéal, intemporel, classe et confortable. 94


L’AC I E R I N OX Y DA B L E L’alliage résistant qui a de l’allure, mais a­ ttention tous les inox ne se valent pas. Le type 201, le plus bas, est le plus dur mais aussi susceptible de rouiller. Le Type 904L, le plus élevé, résiste à quasi toute forme de corrosion mais la part élevée de nickel peut gêner ceux qui y sont allergiques. Le 316L (souvent utilisé dans la chirurgie et la b ­ iomédecine) est un bon compromis.

En haut à gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : BAUME & MERCIER Clifton Club 10340, baume-et-mercier.co.uk ; FARER CARTER II, farer.com ; TUDOR Heritage Black Bay Steel, t­ udorwatch.com ; R ­ AYMOND WEIL Date Tango 300 Steel on Steel ;­ Tango Quartz Chronograph Steel on Steel, raymond-weil.com


GUIDE

Autour du monde.

THE RED BULLETIN WORLDWIDE Un surfeur dans la baie de New York, deux chanteurs lancés sur un circuit de F1 en Autriche, un très grand nom de la soul en Suisse…

ÉTATS-UNIS KAI LENNY Le waterman américain nous invite à une session paddle dans… la baie de New York. Inattendu !

MEXIQUE DANIEL RICCIARDO Entretien avec le pilote Red Bull Racing à l’occasion du GP de Mexico.

FRANCE

ÉTATS-UNIS RALLYCROSS Des fans se mêlent aux mécaniciens dans le box. Enquête sur l’évolution du rally cross vers le tout électrique, et son impact sur le motorsport. 96

RUDY GOBERT Le plus grand sujet de l’histoire de The Red Bulletin orne la couverture de l’édition française : Rudy Gobert, 2,16 m, pivot des Utah Jazz (franchise NBA), en page 22.

« J'ADORE LA PHYSIQUE. JE VEUX COMPRENDRE COMMENT LES ÉLÉMENTS SE MEUVENT. » ROYAUME-UNI MATT JONES Le magicien originaire de Milton Keynes dévoile les rouages de ses sauts et de ses big air en MTB. THE RED BULLETIN


novembre

MENTIONS LÉGALES FRANCE Directeur d’édition Robert Sperl

Rédacteur en chef Alexander Macheck THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722

Directeur créatif Erik Turek

Country Editor Pierre-Henri Camy

Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English

Country Coordinator Christine Vitel

Rédacteur en chef photos Fritz Schuster

Country Project Management Leila Domas, leila.domas@fr.redbull.com

Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann

Partnership Management Yoann Aubry, yoann.aubry@fr.redbull.com

SUISSE SEVEN Le chanteur le plus populaire du pays prend la pose à Zurich et évoque ses choix de carrière très personnels qu’il assume jusqu’au bout des ongles.

AUTRICHE SEILER & SPEER Le duo pop humoristique a pris place à bord de bolides de 331 chevaux sur le circuit F1 de Spielberg pour un show un peu différent de ce dont ils ont l’habitude.

Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric Fortas, Susanne Fortas, Suzanne Kříženecký, Kříženecký Audrey Plaza, Claire Schieffer, Gwendolyn de Vries Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an, getredbulletin.com Siège de la rédaction 12 rue du Mail, 75002 Paris, +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Les journalistes de la SAS L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SAS L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Ulrich Corazza, Christian Eberle, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager Maquette Marco Arcangeli, Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Rudi Übelhör (Directeur adjoint), Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur commercial Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Martina Maier, Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Management par pays & Marketing Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Thomas Dorer, Kristina Trefil, Stephanie Winkler Maquette marketing Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Office Management Kristina Krizmanic Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Directeur de la publication Wolfgang Winter

ALLEMAGNE ROBERT MARC LEHMANN Le biologiste et explorateur marin explique comment réagir correctement en situation de panique.

THE RED BULLETIN

Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Christopher Reindl, Andreas Gall

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GUIDE

Le plein d’action.

Le skateur pro espagnol Danny León est tombé sur un obstacle bluffant sur le terrain d’un fabricant d’éoliennes, au nord du pays. Résultat de sa session : une poignée de tricks inédits au creux de l’un des halfpipes les plus ardus au monde. L’actu skate de Danny sur instagram.com/danny_leon

« 45 tonnes d’acier constituent ce halfpipe ! » Danny León (22 ans) s’est trouvé un nouveau terrain de jeu : une future tour de 100 m de haut qui sera érigée en éolienne.

SEBAS ROMERO/RED BULL CONTENT POOL

Avilés, Espagne

makes you fly

The Red Bulletin n° 71 sortira le 18 novembre 2017 98

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