The Red Bulletin CF 11/19

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SUISSE NOVEMBRE 2019, CHF 3,80

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HORS DU COMMUN

L’AUTRE MONDE

Voyage en apnée sous un fjord gelé du Groenland


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ÉDITORIAL

AILLEURS, ÇA COMMENCE ICI

Chaque mois, The Red Bulletin est un tour du monde. En une ce mois-ci, l’apnéiste allemande Anna von Boetticher s’est offert une virée très ­spéciale sous la glace, au Groenland ; sur l’île « perdue » de Makatea, en Polynésie, une bande de grimpeurs de haut vol est venue ­ressusciter les lieux grâce à l’escalade ; pour l’amour du cinéma, le comédien suisse Sven Schelker est allé s’immerger dans la jungle de B ­ ornéo afin d’interpréter au plus juste l’activiste écolo Bruno Manser. Et pour clore notre tour du monde mensuel, petit détour par la Nouvelle-­Zélande et sa légendaire équipe de rugby.

CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

TOBIAS FRIEDRICH

Le photographe sous-marin multiprimé a trouvé sa vocation grâce aux films de Jacques-Yves Cousteau qu’il regardait quand il était enfant. Aujourd’hui, il est à l’aise pour shooter dans tous les environnements aquatiques, dans des températures allant de « zéro à 30 °C ». Réaliser les clichés sous la glace du Groenland de l’apnéiste Anna von Boetticher fut l’une de ses missions les plus difficiles à ce jour. P. 24

Lisez plus ! Votre Rédaction EVA MARTINELLO

TOBIAS FRIEDRICH (COUVERTURE)

Journaliste indépendante, experte en gaming et plus ­particulièrement en esport, Eva couvre les jeux de tir, de stratégie et du genre battle royale. Elle écrit notamment pour Gameblog, Esports Insider et RedBull. Suivant le jeu League of Legends et son actualité depuis 2012, elle était une intervenante de choix pour vous familiariser avec le show mondial p. 74 qui déterminera l’équipe la plus performante sur ce classique de l’esport.

Pour Tobias Friedrich, photographier dans les fjords glacés fut particulier. « Il faisait - 2 °C, et Anna n’avait qu’une vingtaine de minutes pour évoluer sous l’eau. » P. 24 THE RED BULLETIN

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CONTENUS novembre 2019

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Makatea : une destination de folie attend les passionnés de grimpe.

éléments, c’est saisissant ! 12 Plutôt que de pratiquer le surf sur des déchets, surfons avec ! 14 Poppin’C : comment le danseur ­allie danse et sport de combat 16 Retour vers le futur : SoSolid Crew 18 Pousse le son : la playlist green de Joseph Mount, de Metronomy 19 Dans la chambre-cockpit de cet hôtel de Tokyo, vous volerez de nuit… sans bouger d’un mètre 20 Livrer des pâtisseries en courant, c’est encore plus savoureux, et c’est le concept de Baba au Run 22 Grâce à ce musée digital, les sons du passé vivront éternellement

24 E n zone de paix

Anna von Boetticher s’offre une fabuleuse virée en apnée sous les glaces du Groenland

38 M an in Black

Beauden Barrett a des vérités à partager sur son équipe de rugby

44 M etal ardent

Un duo dont les œuvres régalent la scène metal internationale

52 S ven Schelker

Jouer sans compromis, voilà la philosophie de l'acteur prodige

60 S ur la bonne voie

Au bout du monde, une île peut renaître grâce à l’escalade

74 L eague of Legends

80 Au-dessus du toit du monde, la

chute libre passe dans une autre dimension. Comment s’y rendre et vivre le grand saut 84 Parov ­Stelar, Angèle et Vampire Weekend en live, un festival de gaming, une course de pumptrack… Ne ratez rien ! 85 Le Red Bull Rampage et la World Final du Red Bull BC One sont les événements les plus attendus des scènes VTT et breakdance, et c’est à vivre sur Red Bull TV 86 Près de 30 montres, connectées ou non, pour le sport ou pas, ont été sélectionnées par nos soins 96 Ils et elles font The Red Bulletin 98 Pour finir en beauté : un camion de 9,5 tonnes, ça peut voler

Le sport électronique bourre Bercy, et ce n’est pas un sketch

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THE RED BULLETIN

JEREMY BERNARD, NORMAN KONRAD

6 Quand les athlètes se jouent des

Travesti, costaud, militant écolo : Sven est tout ça !


HUMAN MEETS DIGITAL

Du high-tech sous ma peau? RENDEZ-NOUS VISITE

VENDREDI 25 OCTOBRE 2019 10 H 00 – 20 H 00 SCHIFFBAU ZURICH ARTISTES

REFIK ANADOL INSTALLATIONS IMMERSIVES CHRISTOPHER BAUDER & KANGDING RAY

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NEIL HARBISSON CYBORG GERD LEONHARD FUTURIST HUMAN MEETS DIGITAL — LA VOLVO ART SESSION 2019 EST CONSACRÉE À L’ H O M M E Q U I , G R ÂC E L A T EC H N O LO G I E Q U ’I L P O RT E DA N S S O N C O R PS , DEVIENT UN ÊTRE HYBRIDE: LE CYBORG.

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MONT AGUNG, BALI

Du genre ­planant

SERGE SHAKUTO / RED BULL ILLUME

« Une pleine lune hallucinante à Bali », c’est ainsi qu’Ivan Fominykh, coach de surf, décrit cet incroyable cliché de lui en parapente près du mont Agung, le volcan actif de l’île. Un spectacle psychédélique de lumière nocturne qui est le résultat d’une astuce technique combinée à un équipement spécial. « J’ai pris cette photo à l’aide d’un ruban lumineux LED, explique le photographe Serge Shakuto, avec une exposition de vingt secondes et une lumière ­stroboscopique déclenchée à distance. » Instagram : @shakuto


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SINGAPOUR

Un Insta en béton Cette photo prise depuis un drone immortalise une session de skate de quelques membres de la petite scène locale de Singapour. L’image, qui joue avec les ombres et les lignes naturelles du park, fait partie d’une série de photos réalisée par le photographe amateur Ebrahim Adam et sélectionnée pour le concours Instagram Red Bull Illume en juin dernier. « Une hallu : trois de mes photos sont sélectionnées », écrivait alors le jeune Singapourien dans son post. Instagram : @ebra_cadabra


YUCATÁN, MEXIQUE

Beauté abyssale

EBRAHIM ADAM/RED BULL ILLUME, ALEX VOYER/RED BULL ILLUME

La beauté de l’apnée se manifeste souvent sous la forme d’animaux ­incroyables et de paysages spectaculaires ; bancs de baleines ou ­corail rougeoyant, les profondeurs de l’océan abritent d’innombrables perles à découvrir. La beauté de ce cliché réside pourtant dans l’absence totale de vie marine. Le photographe sous-marin et français Alex Voyer s­ aisit sa compatriote apnéiste Marianne Aventurier dans l’obscurité d’un cénote du Yucatán, en position fœtale, éclairée par la lumière de la surface. Instagram : @alexvoyer_fisheye

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RYAN CRAIG/RED BULL ILLUME


PE’AHI, HAWAÏ

Son côté sombre Pour la plupart d’entre nous, le surf à Hawaï évoque un ciel bleu, une eau cristalline et des gars échangeant le signe du shaka. La photo ci-contre nous rappelle que tel n’est pas toujours le cas. Ce cliché angoissant qui a pour légende : « Histoire d’une lutte contre une vague monstrueuse » a été saisi par Ryan « Chachi » Craig un jour de vent record à Pe’ahi, spot réputé imprévisible et dangereux. Le surfeur hawaïen Nathan ­Florence tente ici de décrypter l’océan déchaîné tout en évitant d’être emporté par le vent. Une journée qu’il n’est pas prêt d’oublier. Instagram : @chachfiles

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Surfer sur des déchets Korey Nolan, surfeur natif du New Hampshire, expose la culture du jetable en fabriquant des planches à base de gobelets recyclés.

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Amoureux de l’océan, les surfeurs sont pour la plupart de grands écolos dans l’âme. Pourtant, les planches et les équipements qu’ils utilisent sont souvent issus de matériaux non recyclables avec une empreinte carbone élevée. Korey Nolan, 32 ans, shapeur sur la côte est des États-Unis, a conçu une planche à partir de 700 gobelets Dunkin’ Donuts (une chaîne de restau de donuts et de café) recyclés. Un projet inspiré par les gobelets qui jonchent les rues de son quartier. « Je voulais montrer aux gens la pollution qu’ils génèrent au quotidien pour les inciter à y réfléchir. En moins de dix mois, j’ai accumulé un millier de tasses en polystyrène provenant uniquement de personnes de mon entourage. Cela a déclenché une prise de conscience de leur consommation excessive de café à emporter. » Pour réaliser la planche, les gobelets sont compressés dans un moule, puis recouverts de bambous et de

résine époxy bio. En 2018, cette innovation obtient le deuxième prix d’un concours organisé par la marque Vissla, qui récompense les produits de surf à base de matériaux recyclés. Mais pour Nolan, ce succès ne doit pas encourager l’utilisation de polystyrène. « Produire des planches avec ces gobelets ne règle rien, cela ne fait que déplacer la demande de polystyrène, un matériau utilisé depuis plus de 80 ans, et dont tous les objets sont toujours là, parce que non biodégradables. C’est aussi cela le message de ma planche. » Instagram : @koreytnolan THE RED BULLETIN

KOREY NOLAN, AARON MCNULTY

GLISSE RECYCLÉE

LOU BOYD

Dans le sens des aiguilles d’une montre : Nolan et sa planche dans le café où tout a commencé ; la planche avant d’être f­ açonnée ; le détail des ailerons ; logo du concours Vissla.


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pas une option. Quand je prends part à un événement, je dois gagner. Point. Les battles me procurent de l’énergie et boostent mon adrénaline, elles nourrissent mon esprit de compétition qui en redemande.

POPPIN’C

Le combattant du dancefloor À 27 ans, Christian Triventi, alias Poppin’C, a conquis le monde des danses hip-hop avec une identité artistique unique. Les yeux rivés sur l’avenir, le Lausannois explique ce que la danse a en commun avec les sports de combat… the red bulletin : Le popping, une forme de danse hip-hop alternant contraction et relâchement des muscles, est peu répandu en Suisse. Comment as-tu réussi à te hisser au sommet de la scène internationale ? poppin’c : Je suis fan de la culture californienne. En 2009, quand j’ai découvert le popping, qui est né là-bas, j’ai été emballé. J’ai voulu tout apprendre dessus : d’où ça vient, comment ça s’est développé, etc. Je m’y suis consacré à 100 % et j’ai fait mon max pour rencontrer les pionniers des années 70, les Electric ­Boogaloos. Peu importe d’où tu viens pour accéder au sommet : la seule chose qui compte, c’est ta détermination à persévérer. Cela signifie commencer par explorer et s’imprégner des bases avant de chercher à se façonner un style. D’où te vient cette rigueur ? De mon père. Il pratiquait les arts martiaux et m’a enseigné la valeur de l’entraînement,

« J’ai une facette dans ma danse qui me pousse à toujours me surpasser. » 14

l’importance d’être sévère avec soi-même pour réaliser chaque jour le même programme. À quoi ressemble un entraînement type ? Une demi-heure d’échauffement, une heure de freestyle, une demi-heure de répétition des bases, puis du fitness avec un renforcement musculaire : abdos, pompes et exercices de gainage. C’est intense et nécessaire, car je « poppe » très fort, mon corps doit être super fit. J’attache aussi beaucoup d’importance à mon alimentation : je prépare mes repas moimême, avec des aliments frais. Le plaisir n’est-il pas gâché par cette mentalité combative et les contraintes que cela implique ? Je monte sur scène en vue de me faire plaisir avant tout. Quelques minutes avant, je m’isole, je me vide la tête, je fais des exercices de respiration. La danse et les sports de combat ont plus en commun qu’on ne l’imagine, car ces deux disciplines associent puissance et technique ; il faut être aussi fort physiquement que mentalement pour se mesurer à ses adversaires ; en danse, ce sont les fameux battles. … Et avec le même but : vaincre son adversaire ! Exactement. La défaite n’est

Tu as plus de cent battles derrière toi, remportés à travers la planète. Tu seras bientôt à Paris pour la finale de Red Bull Dance Your style. Comment fais-tu pour tenir tes concurrents à distance ? La concurrence ne cesse de grandir, et le niveau de s’améliorer. J’ai une facette indomptable dans ma danse qui me pousse à toujours me réinventer et me surpasser. Il faudra compter sur moi encore un moment. Est-ce que tu continueras les battles dans dix ans ? J’aimerais rester connecté avec la scène. En Chine, par exemple, je me suis fait un nom, et je suis très demandé en tant que professeur. Parallèlement à cela, je me suis lancé dans l’entrepreneuriat avec ma ligne de vêtements FaceClean. Je conçois les croquis et je suis le CEO de ma marque ; c’est un rêve que je réalise. Je ne sais pas combien de temps cela durera, mais je ferai comme pour la danse : je me battrai.

Retrouvez-le prochainement lors de la finale du Red Bull Dance Your Style en tant que représentant suisse le 12 octobre à Paris. THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN

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LIVIO FEDERSPIE, GONZALEZ CLÉMENT

KIUDEE DAVIE


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DANS LA CITÉ DE WINSTANLEY, DISTRICT LONDONIEN DE BATTERSEA, MARS 2001

Après leur live au Red Bull Music Festival de Londres qui a fêté les 21 ans du groupe, le collectif britannique de UK garage So Solid Crew revient sur ses débuts. Harvey (1) « C’est dans notre cité de Winstanley que tout a commencé. C’est là qu’on vivait tous. Cette photo a été utilisée pour assurer la promo de notre single Oh No (Sentimental Things) et pour présenter les membres du crew. » Lisa (2) « À cette époque, j’adorais les séances photo. Il fallait voir la tête des photographes 16

Lisa « G-Man (5) et moi avions acheté une petite camionnette pour 120 livres sterling (130 euros, ndlr), mais le moteur a pris feu et l’engin n’a jamais démarré. Du coup, on s’en est servi de boutique en y entreposant nos disques : on en a vendu quand même près de 100 000. » Lisa « Oh No a très bien marché. Ça aurait pu être notre premier single numéro un, mais comme on y avait ajouté trop de mixes, il a été classé comme

a­ lbum. Cela dit, il a fait un meilleur score que la plupart des autres albums à l’époque. » Harvey « Il faut rappeler que c’est à Oxide (6) & Neutrino (7) que l’on doit le premier tube UK garage à se hisser au top des charts (Bound 4 Da Reload (­Casualty) en 2000), avant So Solid Crew. S’ils font bien partie de So Solid, ce sont des artistes qui ont développé leur propre identité en dehors du collectif. » Harvey « Le UK garage n’est pas mort, la scène est toujours bien vivante. Et même si vous ne nous voyez pas à la télé, on n’a jamais raccroché. So Solid a joué 95 fois l’année dernière. Mais c’est du boulot : on n’a pas eu la chance d’avoir les réseaux sociaux à nos débuts, il a fallu qu’on trime pour y arriver. » THE RED BULLETIN

LOU BOYD

Solide & multiple

quand ils découvraient combien on était réellement. Sur notre premier single, il n’y avait que moi, Romeo (3) et Megaman (4) mais quand ils sont venus à la cité pour prendre cette photo, il y avait tous les membres du So Solid Crew – entre 40 et 50 personnes. »

GETTY IMAGES

SOUVENIRS



METRONOMY

Jardin ­secret Quand il ne compose pas d’hymnes indie-pop, ­Joseph Mount, du groupe Metronomy, jardine. Il présente ici quatre m ­ orceaux liés à sa passion.

The Kinks

Stevie Wonder

Miles Davis

« C’est un calembour, évidemment, un clin d’œil au jardinage. Comme arracher les pommes de terre par exemple. Dans le jardin, je suis responsable des tâches ardues, et Mariam, ma petite amie, de la partie créative. Je laboure, j’arrache les mauvaises herbes, bref, je fais le gros œuvre. C’est mon rôle. »

« Jardiner, c’est se confronter à soimême, au cycle de la vie humaine, aux saisons, au temps qui passe. Écouter ce morceau en se préparant à jardiner est une belle entrée en matière, cela donne envie de saisir une binette et d’enfiler des gants, et vous rappelle qu’il est vain de s’opposer à la ­nature ou de la contrarier. »

« Ce morceau évoque le désir de renaître sous la forme d’une fleur. L’idée est belle, mais je sais d’expérience que la culture de fleurs est peu gratifiante. Cela exige un travail fou où l’on doit sans cesse créer des boutures et repiquer. Ce type de jardinage est exigeant, donc pas vraiment mon rayon. Je ne fais pas dans la dentelle. »

« Ado, je prenais mon petit-déjeuner à 11 heures le week-end. J’écoutais Miles en regardant mes parents jardiner. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’ils faisaient. Ce titre de seize minutes est une préparation mentale idéale avant une longue séance de désherbage par exemple. Très sympa. Je vous invite à tenter l’expérience. »

Pull Up the Roots (1983)

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The Village Green Preservation Society (1968)

Come Back as A Flower (1979)

Concierto De Aranjuez (Adagio) (1960)

THE RED BULLETIN

GREGOIRE ALEXANDRE

Talking Heads

MARCEL ANDERS

Formé en 1999, Metronomy a imposé au fil des ans un style synthpop aux multiples influences, du rock psychédélique des années 60 à l’electronica, en ­passant par Prince et N.E.R.D. Le groupe anglais intègre régulièrement les best of annuels des magazines de musique, et leurs albums figurent dans les top 10 anglais et français. L’inspiration pour Metronomy Forever, leur sixième album, le fondateur Joseph Mount (en violet sur la photo) l’a puisée dans son jardin. « J’ai beaucoup jardiné », confie l’auteur-compositeur de 37 ans. Cette passion influence aussi sa playlist personnelle. Démonstration avec la fleur des titres qu’il affectionne… metronomy.co.uk


La chambre Superior Cockpit Room du Haneda Excel : s’endormir à Tokyo pour se réveiller… toujours à Tokyo.

HANEDA EXCEL HOTEL TOKYU

Vol de nuit

TOKYUHOTELSJAPAN.COM/HANEDA EXCEL HOTEL

LOU BOYD

Cet hôtel nippon propose une chambre é­ quipée d’un simulateur de vol Boeing grandeur nature.

THE RED BULLETIN

L’idée de se retrouver dans un avion après un vol long courrier rebuterait la plupart d’entre nous. Mais visiblement, ce n’est pas le cas de tous les voyageurs. Le Haneda Excel Hotel Tokyu a eu l’idée de créer une chambre permettant aux visiteurs de prolonger leur vol. Le simulateur de la chambre baptisée Superior Cockpit Room, reproduit la cabine de pilotage d’un Boeing 737-800 reliant la capitale de Tokyo à l’aéroport Itami d’Osaka. Un instructeur confirmé assure la formation des clients avant de leur céder les commandes. L’idée peut sembler farfelue, sauf que l’hôtel est situé près de l’aéroport international Haneda de Tokyo avec une vue directe sur deux des pistes principales, pour le plus grand plaisir des passionnés d’aéronautique. « Le concept “hôtel d’aéroport” était au cœur du projet, explique un représentant du Haneda Excel.

La présence d’un ex-commandant de bord expérimenté ­permet une vraie expérience de pilotage. » L’aventure, comme l’on peut s’en douter, a un prix. La nuit en chambre double coûte 25 300 yens (220 €) auxquels il faut ajouter 30 000 yens (250 €) pour la séance de simulation qui dure 90 minutes et qui ne peut avoir lieu que sous le contrôle de l’instructeur. En l’absence de ce dernier, les occupants de la chambre n’ont pas le droit de toucher ni au simulateur ni aux manettes durant leur séjour. Alors si l’expérience de la chambre au simulateur du Haneda Excel vous tente, mieux vaut vous dépêcher pour réserver. La chambre est déjà louée pour les deux premiers mois de sa mise en service. Des ­créneaux sont encore ­disponibles… mais ils ne le ­resteront pas longtemps. tokyuhotels.co.jp   19


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THE RED BULLETIN

CHARLES MARTINON

CHRISTINE VITEL


BABA AU RUN

Candy rush « Ne soyez pas timides et faites-vous plaisir, les babas viennent à vous en courant. » C’est la promesse de Jean-Baptiste Martinon, Parisien de 24 ans, qui a lancé un concept décalé : livrer vos pâtisseries préférées… au pas de course !

the red bulletin : Pourquoi le baba au rhum, cette pâtisserie un peu désuète ? jb martinon : À l’origine, tout part vraiment du jeu de mot Baba au Run, parce que j’aime courir. C’est un peu un ex-voto : j’ai toujours apprécié la gastronomie, la course à pied et bosser dans la livraison. Il y a assez peu d’adeptes de babas, et ça m’arrangeait bien que ce ne soit pas la pâtisserie préférée des Français, ainsi j’ai pu démarrer tranquillement sans être submergé par la demande. Le jour où j’ai décidé de me lancer, j’ai choisi les meilleurs babas au rhum de Paris, chez Sébastien Gaudard. Combien de kilomètres ­courez-vous par jour ? Chaque tournée fait entre 15 et 27 bornes, dans tout Paris. L’objectif de mon service de livraison, c’est qu’il soit extraordinaire et donc que les gens se disent : « C’est improbable, ça n’a pas de sens logistiquement parlant. » Êtes-vous en concurrence avec les livraisons à vélo ? Avec moi en l’occurrence, c’est moins rapide qu’à vélo, mais

« C’est improbable, ça n’a pas de sens logistiquement parlant. »

THE RED BULLETIN

c’est un vrai service. Et je me rends compte avec ce que je récolte que les gens sont prêts à le valoriser, car ce sont eux qui choisissent ce qu’ils donnent, et ils choisissent de payer l’expérience. Alors que la livraison de repas, c’est un service d’exception dévalorisé par son prix : 3 €, ce n’est pas le vrai prix d’une livraison. Quelqu’un qui va dans le restau de ton choix, et t'apporte un plat chaud directement chez toi en vingt minutes. Pourquoi ça marche alors ? La pâtisserie, c’est sympa, ça fait un petit cadeau que les gens aiment bien pour un goûter ou un anniversaire. Et puis les pâtisseries ne souffrent pas, car le bras est un excellent stabilisateur naturel : spontanément, il va aller à l’inverse des mouvements du corps et donc amortir les à-coups qu’il pourrait y avoir en courant. Les desserts sont bercés au fil de la course et ça leur fait un beau petit voyage. Et si on n’aime pas les babas ? En marge du service de livraison de pâtisseries à Paris, il y a les aventures en vidéo de Baba au Run, que j’ai créées au début de l’été. Ce sont des livraisons loufoques et ponctuelles, vouées à n’être faites qu’une seule fois. Sur le même principe : un jeu de mots, un sport, une pâtisserie. J’ai commencé avec le Paris-Brest : je suis parti à vélo pour relier Brest depuis Paris, ça m’a pris quatre jours (vidéo sur YouTube, ndlr) !

Sauf que le gâteau a dû arriver dans un drôle d’état… Il n’était plus comestible, c’est sûr, mais la mairie à qui je l’ai offert l’a mis sous cloche, en souvenir. (rires) L’intérêt des aventures Baba au Run, c’est que j’agrémente ainsi mon catalogue de pâtisseries livrées en courant. Donc maintenant que j’ai officiellement livré un Paris-Brest à Brest, je le propose à la livraison à Paris ! Je débloque des articles sur mon catalogue, un peu sur le principe d’un jeu vidéo. Et comme pour un jeu vidéo, il existe une communauté Baba au Run ! Absolument, j’apprends beaucoup de ceux qui me suivent. Ils me donnent des idées. Sur Instagram, on vous voit proche des clients. La pâtisserie resserre-t-elle les liens ? J’adore l’inconnu, les histoires à raconter, les anecdotes ; c’est le même esprit qu’Antoine de Maximy dans J’irai dormir chez vous. Depuis que je suis tout petit, je pars en vélo, à pied, je toque chez les gens et découvre des univers complètement différents de ceux dans lesquels j’évolue. Mais Baba au Run, c’est plus qu’un défi un peu barré ? C’est un mix de tout ce qui me motive. Quand je fais du sport, je le fais à fond. Donc si je fais de la course à pied, je vais faire un marathon. J’aime le côté sportif, pour la performance, mais surtout pour l’expérience à raconter qui montre qu’avec un peu de volonté et de temps, c’est réalisable. Quelles aventures à venir ? Mon but pour septembre, c’est de livrer un mont-blanc au sommet du Mont-Blanc. Et en février 2020, porter une rose des sables au Marathon des sables. C’est mon rêve !

Instagram : @baba_au_run   21


Sauveurs de sons en péril Leurs bruits rythmaient notre quotidien. Quasi absents de nos oreilles à présent, ils rejoignent l’éternité grâce à un site-musée.

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Un téléphone filaire, un clavier d’Apple iBook clamshell, la poignée d’une fenêtre de voiture, la première console Nintendo, une carte routière… Les bruits qu’ils faisaient vous étaient ­familiers, mais sont probablement inconnus de vos enfants ou de vos plus jeunes collègues. Comme tombés dans l’oubli. Une hécatombe à laquelle les Allemands Daniel Chun et Jan Derksen, fondateurs de l’agence de communication audiovisuelle Chunderksen, ont voulu remédié en créant le premier « musée des sons en voie d’extinction » : Conserve The Sound. Un musée numérique pour l’oreille, lié à des objets d’un passé proche ou sur le point d’en faire partie. « En temps normal, on collectionne les peintures, les illustrations, des classiques du design ou des sculptures, et on les installe dans une expo ou un musée, explique Jan. Mais rares

sont ceux qui collectionnent les sons. Créer un lieu multimédia, ou un musée pour les sons en voie d’extinction, nous fascinait. » Cette collection de souvenirs, proposée gratuitement à tous, est le fruit d’une quête d’objets dont les deux associés recueillent les sons en conditions réelles. Soit 99 % des sources audio proposées sur le site conservethesound.de, qui se veut aussi participatif. « Il est possible de contribuer en nous envoyant des sons que vous aurez enregistrés vous-même, dit Derksen. Par un simple e-mail ou en vous rendant dans la rubrique upload du site. » Il ne vous reste donc plus qu’à vous transformer en conservateur des sons qui vous sont chers, et de les confier à la disponibilité de notre mémoire collective pour l’éternité. Tant que le site marche... conservethesound.de THE RED BULLETIN

CHUNDERKSEN/CONSERVETHESOUND.DE

CONSERVE THE SOUND

HANS HAMMER

Du projo 8 mm à la machine à écrire, connaissez-vous leur son ? Chun (en bas à g.) et Derksen les ont sauvegardés.


It’s always freestyle season at 2252m Skatepark • Mini ramp • Pump track • Ninja Park • Parkour • Slackline

laax.com/galaaxy


EN ZONE DE PAIX L’apnéiste allemande ANNA VON BOETTICHER a exploré les dessous d’un fjord gelé dans l’est du ­Groenland. Autant de descentes ­spectaculaires qui lui ont permis de retrouver la paix intérieure. Texte SABRINA LUTTENBERGER Photos TOBIAS FRIEDRICH 24


Anna von Boetticher face à un iceberg : c’est comme si l’on touchait une balle de golf géante.



LE MONDE DU DESSOUS Anna von Boetticher explorant un iceberg par douze mètres de fond. Elle se souvient que sa surface était lisse et transparente, et qu’un peu partout se trouvaient des passages pour plonger, à condition d’y aller sans bouteille sur le dos et de prendre son courage à deux mains.   27


GLACE… ET ANGOISSE Lors d’une plongée en profondeur, les ­icebergs et la ­banquise bouchent la vue à la surface de l’eau. Ce phénomène, ­hautement oppressant et anxiogène, rend impossible la possibilité d’utiliser une corde de sécurité. 28



GETTY IMAGES


Groenland

Nuuk

Tasiilaq

DES PORTES SUR L’AILLEURS Au large de Tasiilaq, dans l’est du Groenland : le trou principal est de forme triangulaire et les trois autres trous ronds servent de sortie de secours aux plongeurs. Lorsque von Boetticher s’est perdue, ce sont eux qui lui ont sauvé la mise (ci-contre).

Au Groenland, ne vous découvrez pas d’un fil… ou seulement au tout dernier moment.

Se réchauffer les pieds avec de l’eau chaude, c’est la « méthode Thermos ».

Faire vite, trèèès vite : par – 27 °C, la glace se referme rapidement.

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LES NERFS À RUDE ÉPREUVE Von Boetticher éclaire le passage dans un canyon sous-marin. La gorge, qui transperce le fjord face à la ville de Tasiilaq sur une vingtaine de mètres, se situe loin du trou percé dans la glace. Quand elle prend ce genre de risque, la plongeuse se fie entièrement à son ­expérience et à son mental.   33


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lle peut retenir sa respiration pendant six minutes et 12 secondes. Soit plus longtemps que n’importe qui en Allemagne, son pays d’origine. Et quand Anna von Boetticher ne se trouve pas sous l’eau, c’est avec un enthousiasme contagieux et sans prendre une seule respiration qu’elle se met à parler de la fascination pour la plongée qu’elle ressentait déjà dans la piscine de ses parents. Elle raconte aussi comment elle s’est mise à plonger en apnée, c’est-à-dire sans bouteille d’air comprimé, il y a douze ans. Depuis, cette apnéiste hors pair de 49 ans a établi 33 records d’Allemagne, un record du monde, et a remporté trois médailles de bronze aux championnats du monde. Mais plutôt que de s’entraîner pour la compétition, Anna von Boetticher préfère plonger dans des endroits inhabituels. Comme cette année au Groenland, où elle s’est aventurée loin de la surface dans un fjord gelé avec son partenaire de plongée et photographe, Tobias Friedrich. the red bulletin : Vous pouvez plonger n’importe où dans le monde et vous choisissez une étendue de glace. Pourquoi ? anna von boetticher : Déjà enfant, j’avais une attirance profonde pour les régions sauvages de la planète. Et j’étais toujours heureuse quand il neigeait. J’adore la

neige ! Le moment de se rendre au Groenland était également tout indiqué. J’ai traversé une période difficile, j’avais besoin de paix intérieure. C’est quand la nature montre ses extrêmes que je la trouve la plus réconfortante. Au Groenland, face à cet univers monochrome auquel je devais m’exposer physiquement et mentalement, tout le reste s’est arrêté. Votre camp de base était à Tasiilaq, un endroit entouré de glace six mois par an. Il est inimaginable d’aller plonger là-bas. Quel a été le plus grand défi de votre expédition ? Pour moi, il s’agissait avant tout de savoir comment rester au chaud par – 27 °C à l’extérieur. Je m’y suis préparée méticuleusement. Un exemple : avant de plonger en apnée, il est préférable de ne rien avoir dans l’estomac. Mais je savais que cela ne fonctionnerait pas si je restais dans le froid pendant sept heures et que je ne voulais pas geler. J’ai donc dû manger une quantité incroyable d’aliments riches en nutriments énergétiques : beurre d’arachide, flocons d’avoine, sucre. Et je portais des couches de vêtements les unes sur les autres. Il s’agissait aussi de déterminer avec précision combien de temps je pouvais rester dans l’eau. C’était déjà très extrême et à la limite de ce qu’on peut s’imposer.

L’eau sur les lunettes et la combinaison d’Anna se transforme en glace dès qu’elle en sort.

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«   C’était à la limite de ce qu’on peut s’imposer. »


Von Boetticher s’est donné des repères sous l’eau pour retrouver facilement son chemin vers la sortie.


«  Il faut se remettre en question. C’est comme cela qu’on apprend à rester calme. » Mais n’est-ce pas justement la raison d’être de l’apnée : repousser ses limites ? Bien sûr, je veux toujours aller un mètre plus bas et évidemment, cela m’ennuie de ne pas avoir mieux plongé et plus profondément que les fois précédentes. Mais il faut être honnête avec soi-même : quelle est ma condition physique, quelle est la situation extérieure et comment dois-je m’ajuster ? Ce n’est qu’alors que je peux prendre une décision objective qui n’est pas motivée par mes émotions ou mon ego. Avoir ce contrôle est l’un des secrets d’une plongée en apnée sûre et réussie. Supposons que je sois prête à aller au-delà de mes ­limites. Comment franchir l’étape finale et décisive ? Cela tient en grande partie à l’expérience personnelle et la compréhension de ce qui se passe dans son corps. Avec la plongée en apnée, vous parvenez à chaque fois à vaincre l’instinct primaire qu’est la respiration : dois-je vraiment respirer ou s’agit-il d’une fausse alerte ? C’est comme lorsque vous avez mal aux jambes après deux étages mais que vous allez quand même monter jusqu’au quatrième. D’accord, mais il est plus facile de me dépasser en montant les escaliers. Après tout, qu’est-ce qui peut bien arriver de grave ? En gros, c’est comme retenir son souffle. On peut vaincre un instinct, aussi bien physiquement que mentalement, beaucoup plus facilement qu’on ne le croit. La fois suivante, j’affronte une nouvelle situation avec davantage de confiance en moi. Que faire si la peur ou la nervosité me gagnent quand même ? Comment rester calme au moment décisif ? Dans une certaine mesure, vous apportez la paix avec vous. Tout le monde peut en faire l’expérience. Pour cela, il faut de temps en temps se mettre au défi et s’exposer à de nouvelles choses. C’est ainsi que l’on apprend à se familiariser avec le sentiment d’inconfort. Ceux qui s’exposent consciemment à des situations plus stressantes que la normale parviendront donc à un moment donné à rester calme. Alors vous êtes toujours détendue ? Je n’ai encore jamais ressenti de panique lors d’une plongée en apnée. Je réagis toujours avec beaucoup de calme aux problèmes que je rencontre sous l’eau ; je suis très forte mentalement en plongée. Ce qui est intéressant, c’est que cela a déteint sur les autres aspects de ma vie. J’ai peur, mais je garde cette émotion pour plus tard. Cela dit, j’ai déjà passé un test psychologique et je suis tout à fait dans la moyenne. Je ressens de la peur comme tout le monde. THE RED BULLETIN

Une fois et plus jamais ! Se changer sur la banquise est un supplice.

Vous vous confrontez souvent à de nouveaux défis. En tant que formatrice pour l’armée allemande ­notamment. C’est vrai. Entre autres choses, je travaille avec les nageurs de combat et les plongeurs démineurs. Un défi de taille et une coopération de très haut niveau. Il s’agit aussi de cela : comment apprendre à contrôler l’instinct de panique qui veut vous dicter une façon de réagir. Et vous, qu’apprenez-vous ? Je suis impressionnée par le flegme avec lequel les instructeurs et les soldats procèdent. Il ont une manière bien particulière de poser leurs exigences et d’apporter leur soutien. Que la manœuvre se déroule correctement ou pas, l’entraîneur se tient debout au bord de la piscine, imperturbable. C’est ce que j’ai appris : la façon dont je me comporte a une influence directe sur la pression que je mets. Sans p ­ rononcer un seul mot. Malgré toutes vos années de plongée, qu’est-ce qui continue de vous surprendre ? L’expérience du monde sous-marin est toujours intense, extraordinairement belle et différente. C’est difficile de la comparer à quoi que ce soit d’autre. Vous n’y a ­ ppartenez pas en tant qu’être humain, mais vous pouvez quand même vous adapter jusqu’à un certain point pour y ­passer un peu de temps. annavonboetticher.com

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« Notre secret ? On bosse dur ! » La Coupe du monde de rugby a lieu en ce moment au Japon, et les All Blacks sont évidemment pressentis pour y faire sensation. On aura tout entendu ou presque à propos des Néo-Zélandais, équipe associée à nombre de mythes et à une tonne d’idées reçues. Nous avons donc questionné l’un d’entre eux, BEAUDEN BARRETT, pour rétablir quelques vérités sur les hommes en noir. Texte HANS HAMMER

Avec plus de 70 sélections et deux titres de meilleur joueur de rugby au monde (2016 et 2017), l’athlète de 28 ans, fraîchement signé chez les Blues de Auckland, est une personnalité appréciée et respectée dans la sphère du ballon ovale. Nous nous pointons au rendez-vous avec une liste d'idées reçues sur les All Blacks pour les confronter à l'un de ses plus illustres représentants et lui permettre de partager sa vision du rugby actuel ainsi que sa philosophie. C’est un joueur tout en finesse et en mesure qui s’exprime, loin du c­ liché du Néo-­Zélandais frontal auquel on pourrait s’attendre.

Non ! Beauden Barrett en est la preuve vivante ! Il mesure 1,87 m et pèse 92 kg. « En fait, tout dépend de ton rôle au sein de l’équipe, explique-t-il. Chaque place dans l’équipe requiert un physique et des qualités différentes. Certains doivent être très forts et puissants, d’autres doivent être plus explosifs, d’autres sont plus dans les tirs, les courses… Des joueurs doivent être rapides et bien taillés. Pour ma part, je suis là pour attraper les balles, faire des passes, courir, tirer, plaquer. Chez les All Blacks, être imposant physiquement ne fait pas de 38

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GRAEME MURRAY/RED BULL CONTENT POOL

Les joueurs de l’équipe nationale néo-zélandaise font tous au moins 2 mètres et pèsent 150 kg…


« Chez les All Blacks, être imposant physiquement ne fait pas de toi un patron. »


Millennium Stadium de Cardiff, 6 octobre 2007 : les Français s’avancent à quelques centimètres des Blacks ­durant le haka. L’un des moments les plus intenses de l’histoire du rugby.

GETTY IMAGES, BRAD HANSON/RED BULL CONTENT POOL

« Dans cette ­attitude des ­Français, je vois avant tout une forme de respect. »


« Être aux côtés de mes frères durant l’hymne national, c’est un instant très fort. »

toi un patron, et chez nous, il n’y a pas vraiment de hiérarchie. Le truc, c’est de respecter les anciens, et les mecs plus expérimentés que toi. »

Cette coupe du monde est pliée d’avance : les All Blacks les ont toutes remportées ! C’est absolument faux : depuis la création de la Coupe du monde de rugby en 1987, la Nouvelle-Zélande l’a remportée trois fois, l’Australie et l’Afrique du Sud deux fois, et l’Angleterre une fois. « Une Coupe du monde, c’est plein de variables, précise Beauden. Des matches de poule jusqu’aux quarts de finale, on appréhende les matches un par un, l’un après l’autre. Il n’y aura qu’un vainqueur au final, ça c’est sûr, mais il y a beaucoup d’équipes qui se développent de manière très intéressante. Si tu prends le pays hôte, le Japon : leur équipe se développe très rapidement, et ils sont très bien coachés. Je peux te dire qu’ils vont taquiner deux ou trois équipes durant ce tournoi. N’oublions pas qu’ils ont battu l’Afrique du Sud lors de la coupe du monde 2015. » THE RED BULLETIN

Les Blacks se la pètent ! Normal, ils sont la meilleure équipe au monde ! Au contact de l’ambassadeur des montres Tudor, c’est l’esprit contraire qui se dégage. Dans une interview en 2018, il se déclarait embarrassé par le fait d’être considéré comme une superstar du rugby. Et le confirme lors de notre entretien : « Être une bonne personne avant tout, c’est très important. Si tu es une bonne personne, tu seras un bon All Black. Quand on parle de culture d’équipe, chez nous, il n’y a pas de place pour les enfoirés… Je ne sais pas si tu pourras écrire ça… (rires) En fait, ce genre de gars n’arrivent même pas aux portes de l’équipe. Un All Black n’est pas recruté que pour son talent, encore une fois, il doit être une bonne personne. »

Le jour où les Français ont défié les Néo-Zélandais durant le haka lors de la World Cup 2007, et les ont battus, le mythe des Blacks surpuissants s’est écroulé…

Côté français, on en est persuadé ! Les fans de rugby n’oublieront jamais cette scène : le XV de France venant défier les Blacks durant le haka en quart de finale, jusqu’à se retrouver à quelques centimètres de leur visage, avec Sébastien Chabal en mode baston de regard. Une archive visible sur YouTube et présentée comme « le meilleur haka de tous les temps ». « Ce moment, au fond, c’était un moment d’opposition, se souvient Barrett. C’est la façon dont les Français ont voulu signifier leur opposition aux Blacks. Je ne m’en souviens pas comme de la fin de quelque chose pour les Néo-Zélandais, ou de quelque chose d’irrespectueux, de too much. Dans cette attitude des Français, je vois avant tout une forme de respect, du challenge. Durant le haka, certaines équipes sourient, d’autres sont flippées… Et de notre côté, nous montrons à quel point nous sommes puissants à l’instant T. Tu sais, ce haka, pour ne pas oublier sa signification et son importance, on le travaille chaque semaine, voire plus pour les nouveaux arrivants dans l’équipe. Quand on le fait devant des millions de personnes, on se doit de bien le faire. »   41


GETTY IMAGES, TUDOR

« Que votre équipe perde ou qu’elle gagne, soyez présents pour elle. »

Stopper un All Black, une mission ! Même quand il ne pèse que 92 kg, comme Barrett. Pour lui, la somme des talents fait la force du groupe.

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Le maillot de la Nouvelle-Zélande a des propriétés magiques... Pour Beauden Barrett, c’est presque une conviction : quand il évoque le premier match durant lequel il a porté le jersey de son équipe nationale, il se souvient avoir ressenti quelque chose d’exceptionnel, et s’être senti comme Superman. Est-ce toujours le cas après plus de 70 sélections en équipe nationale ? « Assurément, nous dit Barrett sans hésitation. Bien sûr, ce fameux match où j’ai porté le maillot pour la première fois restera un jour particulier, avec un sentiment incomparable de puissance. Aujourd’hui, chaque fois que je l’enfile, je prends un petit moment pour rassembler mes pensées et bien prendre la mesure de ce que je m’apprête à faire. Parce qu'en portant ce maillot, je sais qu'il va se produire quelque chose de spécial. Quand je vois un nouvel équipier mettre ce m ­ aillot à son tour, je sais qu’il se passe quelque chose en lui, que c’est une grande occasion. De nouvelles choses s’ouvrent à lui. Ce que je peux faire à mon niveau pour accompagner ce moment, c’est lui ouvrir la voie, et l’encourager à suivre la dynamique que nous essayons de créer avec l’équipe. »

Les All Blacks, c’est l’esprit de ­fraternité poussé à l’extrême... La sélection néo-zélandaise est en effet réputée pour sa cohésion, et au cœur de cet effectif la fraternité est une réalité, ­littéralement, avec plus de quarante paires de frères recensées dans l’effectif historiquement. Plus fort encore, on compte trois Barrett au sein du groupe ! Beauden est en effet accompagné de ses frères Scott (25 ans) et Jordie (22 ans). Seront-ils tous présents sur la World Cup ? « Mon frère Scott s’est blessé récemment, indique le plus âgé des trois, mais il est de retour. J’espère que nous jouerons tous ensemble. Ça nous est déjà arrivé, mais jamais durant une Coupe du monde. Pendant un match, le fait de jouer ensemble, on n’a pas trop ça en tête, mais pendant les préparations de matches, et surtout durant l’hymne national, c’est vraiment émouvant d’être aux côtés de ses frères dans la même équipe. C’est un instant très fort. Pendant le match, le fait de jouer avec eux n’est pas quelque chose de particulièrement palpable, on se fait confiance pour donner le meilleur de soi-même, comme avec n’importe quel autre joueur de la sélection. » THE RED BULLETIN

« Si tu n’aimes pas ce que tu fais, tu ne pourras pas te dépasser à ­l’entraînement ni ­durant un match. » C’est sûr, pour être aussi bons, les All Blacks ont un secret ! Leur préparation, leur nourriture, un truc néo-zélandais ancestral ? Pour expliquer la prédominance des Blacks sur le rugby international ces dernières décennies, les explications les plus farfelues ont été avancées. Mais Barrett garde la tête froide. « Ça n’est pas une seule chose, c’est un ensemble de choses, tempère ­Barrett. Tout d’abord, on bosse dur. Il y a aussi la discipline. Et on se fixe des objectifs hauts. Il faut être lucide dans

tes objectifs, ne pas t’emballer, mais tu dois surtout prendre du bon temps, apprécier les choses, pour te challenger, aller plus loin. Prendre du bon temps, c’est la clef. Si tu n’aimes pas ce que tu fais, tu ne pourras pas te dépasser, que ce soit à l’entraînement ou durant un match. »

Une vérité que Beauden souhaite partager avec vous, les Français « Je voudrais dire aux supporteurs français que quelle que soit l’issue d’un match, il faut soutenir votre équipe. Qu’elle perde ou qu’elle gagne, soyez p ­ résents pour elle. C’est très important. De toute façon, une seule équipe va l’emporter. (rires) J’espère que vous serez présents en nombre au Japon pour apprécier ce que nous aurons à donner durant cette compétition, et n’oubliez pas, en 2023, la Coupe du monde de rugby, c’est chez vous, en France, que ça se passe ! » Instagram : @beaudenbarrett ; Coupe du monde de rugby au Japon, du 20 septembre au 2 novembre.   43


EDITOR XX

Couple d’illustrateurs parisiens, FORTIFEM a réussi en quelques années à se faire une place dans le paysage visuel international. Leur particularité : un style unique, qui emprunte à la gravure, au tatouage ainsi qu’à l’imagerie metal, et une éthique de travail forte. Quel que soit le degré de notoriété de ses clients, le duo s'engage toujours à fond sur ses projets et place la barre très haut.

ILLUSTRATOR

METAL ARDENT


Fortifem : sept ans d’illustrations, pied au plancher.

Texte LELO JIMMY BATISTA Photos WILLIAM LACALMONTIE

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Illustration en duo, réalisée dans le cadre de Work of Love, la première rétrospective de Fortifem, qui a eu lieu à Paris en 2018.

« Qu’on travaille pour Rammstein, une marque de luxe ou pour un petit groupe qui n’a sorti qu’une démo, on y consacre la même énergie, la même exigence. »


J « On s’est donné rendez-vous à un concert de hardcore, et le lendemain, on emménageait ensemble. »

esse est penché sur sa feuille depuis presque une heure. Après avoir fini le tracé d’une série de longues lignes sinueuses, Adrien vient noircir une partie du dessin à coups de stries microscopiques. La tâche est longue, minutieuse, effectuée avec une précision quasi maniaque. Depuis plusieurs semaines, Fortifem travaille sur la pochette du sixième album d’Alcest, groupe de metal atmosphérique français qui compte de nombreux fans en Europe – parmi lesquels Robert Smith, le leader de The Cure. Cette pochette est l’un des nombreux projets en cours pour ce couple d’illustrateurs parisiens qui rencontre depuis quelques années un succès grandissant, grâce à un style unique, inspiré des gravures du XIXe siècle, du tatouage et de l’esthétique metal, mais aussi à leur côté hyper pro. Le duo s’impose en effet de s’impliquer avec la même rigueur et la même exigence, qu’il travaille pour une grande marque, un artiste renommé ou un groupe qui sort son premier disque. Une histoire portée par la passion et née d’une série ­d’accidents heureux. Adrien Havet et Jesse Daubertes se sont trouvés il y a bientôt dix ans sur Tumblr, par hasard. Chacun

­ ossédait une page sur la plateforme p où ils partageaient des photos et illustrations glanées sur internet. Tous deux réagissaient régulièrement sur la page de l’autre sans avoir la moindre idée de qui était en face. « Pour tout dire, raconte Adrien, au départ je pensais que Jesse était anglais et lui pensait que j’étais norvégien. Un jour, Jesse m’a laissé un message en anglais, je lui ai répondu que je parlais français. Quelques jours plus tard, on entrait en contact sur Facebook et on réalisait qu’on avait plusieurs amis communs. On s’est donné rendez-vous à un concert de hardcore, à Paris, et le lendemain, on emménageait ensemble. » À ce moment, chacun occupe encore un emploi de graphiste – freelance pour Jesse, en agence de pub pour Adrien – et il n’est pas encore question de collaboration. Mais tous deux occupent déjà leur temps libre à l’illustration, le soir, sans autre but que de se faire plaisir et de collaborer de temps à autre avec des amis musiciens ou tatoueurs. C’est l’un d’entre eux, O ­ livier Marescaux, sérigraphe basé à Reims, qui, le premier, va leur proposer de réaliser une dizaine de dessins pour une exposition. Hasard du calendrier, l’événement a lieu le

Dessin pour la pochette intérieure d’Exile, deuxième album de Regarde Les Hommes Tomber.

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Adrien dans l’intimité de la chambre de Bret Halford, le personnage fictif que l’on retrouve au centre des derniers albums de Carpenter Brut. Comme toujours avec cet artiste français, ­l’illustration est truffée de détails et de références qu’il partage avec Fortifem.

21 février 2012, un an jour pour jour après la première rencontre de Jesse et Adrien. À ce stade, le duo n’est pas encore officiellement lancé et évolue encore sans nom, au gré des opportunités. « Ça restait quelque chose de très ponctuel, explique Jesse. Et quand on a fini par se donner un nom, c’était finalement plus par contrainte qu’autre chose. On avait répondu à un appel d’offre émis par une marque norvégienne qui faisait des vêtements d’inspiration metal. Elle avait diffusé une vidéo dont chaque artiste devait isoler une image et la réinterpréter. Pour y participer, il nous fallait un nom. Comme on revenait d’un séjour en Norvège et qu’on habitait au n° 45, on a opté pour 48

­førtifem, qui signifie 45 en norvégien. C’était simple, facile à prononcer dans toutes les langues et sans connotation particulière. Ça nous allait parfaitement. » Mais ce qui va vraiment changer les choses, l’élément qui va asseoir l’identité du duo et faire circuler son

« Emperor, l’une des plus grandes légendes de la scène black metal norvégienne, nous a demandé de revisiter leur logo. »

travail, c’est son ancrage dans le monde de la musique et plus précisément sur la scène metal. Et là encore, les choses vont se faire toutes seules, ou presque. Adrien : « Matthias ­Jungbluth, le fondateur du label ­rennais Throatruiner, avait vu passer quelques-uns de nos dessins et nous a demandé de réaliser son logo, puis de réaliser la pochette du premier album de Cowards, un jeune groupe parisien qu’il venait de signer. Cette pochette a attiré l’attention de Regarde Les Hommes Tomber, un autre groupe basé à Nantes, qui démarrait tout juste et nous a demandé de réaliser la leur. » En trois coups, la machine est ­lancée, doucement. Mais ne semble bientôt plus vouloir s’arrêter, chaque commande en appelant systématiquement une autre. À tel point que le couple décide d’en faire son occupation principale. « Ça n’a pas été une décision facile, continue Adrien. Travailler pour la musique rapporte peu d’argent, notre style demande beaucoup de temps et de minutie et il était hors de question pour nous de faire des compromis sur la qualité. C’est quelque chose que l’on n’a pas voulu sacrifier. Le sacrifice, il s’est plutôt fait du côté de notre niveau de vie, qui a un peu baissé au départ. Il aura fallu environ quatre ans pour qu’on trouve un équilibre, le temps de se faire une place dans d’autres créneaux, plus porteurs, chez les grandes marques, dans l’édition… » Et d’attirer l’attention de gens comme Matt Heafy, chanteur du groupe metal américain Trivium, qui va ­permettre à Fortifem d’accéder à c­ ertains de leurs héros musicaux. « On a fait plusieurs illustrations pour ­Trivium, après quoi Matt a parlé de nous à Emperor, l’une des plus grandes légendes de la scène black metal norvégienne, qui nous a demandé rien de moins que de revisiter leur logo. Pour nous, c’était inespéré… Et tout cela est arrivé parce que Matt avait découvert notre travail avec les pochettes de Regarde Les Hommes Tomber, avec qui on a continué à travailler et qui ont acquis petit à petit une certaine notoriété. » C’est là un des aspects les plus excitants et les plus gratifiants du travail du duo : accompagner des groupes dans leur ascension. THE RED BULLETIN


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Comme Carpenter Brut, aujourd’hui pilier de la scène synthwave, un courant mêlant musique électronique, bandes originales de films d’horreur et esthétique metal, avec qui Fortifem a commencé à travailler à ses débuts, il y a six ans. Jesse : « Quand Carpenter Brut sont venus nous trouver pour qu’on fasse leur logo, ils n’avaient enregistré que quatre titres. Mais on trouvait le projet passionnant et on avait envie d’en être. Ça a été super ensuite de voir le groupe g ­ randir et de pouvoir faire partie de l’aventure. C’est pour ce type de ­collaborations qu’on fait ce travail. Au fil du temps, la confiance et la compréhension s’installent entre les deux partis, c’est génial. » Car une des dernières clés, et sans doute la plus importante, pour comprendre la mécanique Fortifem, c’est l’élément humain. Pour Adrien et Jesse, l’échange, la confiance et la communication sont primordiaux et passent bien avant la musique. 50

Deux portraits de « saints du rock » réalisés par Fortifem dans le cadre du projet The Holy ­ loody Book, mêlant rock, design et édition. Des illustrations qui ont été imprimées en grand B format avant d’être collées sur les murs du quartier de Montmartre, à Paris. À gauche, Lou Reed. À droite, Ian Curtis, le chanteur de Joy Division.

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« On a dit non à de très gros groupes parce que le contact n’avait pas été bon. »

« On peut tout à fait travailler pour un groupe dont on n’apprécie pas plus la musique que ça, ce n’est pas un problème. En revanche, il faut qu’il y ait une connexion avec la ­personne. Si ça coince, on refusera. De la même manière, on préférera décliner si on sait qu’on ne pourra pas faire notre travail correctement. On a dit non à de très gros groupes parce que le contact n’avait pas été bon, ou parce qu’on s’est rendu compte qu’on allait travailler pour un manager et pas pour un artiste. » Pour cette raison précisément, le duo démarche peu – hormis Rammstein et quelques groupes ­japonais dont ils sont fans –, Adrien et Jesse contactent rarement les artistes. « Tout simplement parce que souvent, les choses ne fonctionnent pas aussi bien dans ce sens, continue Adrien. On n’est pas dans le même rapport. La personne en face va souvent vouloir prendre le dessus, être plus directive. Et ce qu’on cherche, c’est un échange sincère. On veut essayer de coller à l­ ’esprit de l’artiste et de son projet. Quand une marque vient nous chercher, c’est souvent parce qu’elle a vu passer une illustration qui lui plaisait et qu’elle veut quelque chose de similaire. Ça reste intéressant, mais c’est cadré. Avec les groupes, on peut davantage expériTHE RED BULLETIN

menter, tenter de nouvelles choses. Notre collaboration avec Carpenter Brut, par exemple, nous a permis de sortir du noir et blanc pour aller vers des couleurs très vives, fluorescentes, vers lesquelles on ne serait peut-être pas allés de notre plein gré. On n’a pas envie de se poser de limites et ce type de collaboration nous aide, ­justement, à les dépasser. » Limites qui vont être encore repoussées en cette rentrée 2019, où les deux Fortifem vont passer du papier aux écrans géants, le temps d’un concert au Trianon (Paris). À cette occasion, ils ont invité six groupes de leur entourage proche – parmi lesquels Alcest et Regarde Les Hommes Tomber – à se produire dans le cadre de collaborations inédites et d’une scénographie qu’ils auront intégralement réalisée, inspirée des arcanes du jeu de tarot. Jesse : « On se lance encore dans quelque chose de nouveau, quelque chose qui nous excite et nous fait peur à la fois parce qu’on ne l’a jamais fait et qu’on ne sait pas trop où on va. Mais on sait qu’on a envie d’y aller. Parce que c’est le seul moyen d’avancer et de faire en sorte que ce boulot reste stimulant chaque jour qui passe. » fortifem.fr Instagram : @fortifem   51


ALL IN Tout donner sans filet


Aborder la vie comme une aventure chaque jour renouvelée. Sans compromis. Tout miser, dans toutes les situations. Le comédien suisse aux multiples talents SVEN SCHELKER vous explique comment. Texte REINER KAPELLER Photos NORMAN KONRAD

Ça plane pour lui

Sven Schelker relève tous les défis avec un plaisir non feint.

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« Quand vous provoquez l’aventure, quelque chose se passe en vous. Pour moi, c’est le désir irrésistible de me mettre au défi. »

S

ven Schelker, acteur de théâtre et de cinéma, né à Bâle, élevé à Reinach et établi à Hambourg (Allemagne), a déjà accompli plus à 29 ans que nombre de gens à 59. Il faut dire qu’il a toujours aimé se lancer des défis : très tôt, le jeune Sven intègre l’école de théâtre Otto Falckenberg à Munich (98 % de recalés lors des auditions) et, depuis, tout s’enchaîne. Engagé durant sa formation par le célèbre Thalia Theater de Hambourg, il se voit proposer un poste permanent dès l’obtention de son diplôme. À 26 ans, il est salué par la critique pour son interprétation du rôle principal de l’Opéra de quat’sous de Brecht. Il est alors le plus jeune membre de la troupe. Pourtant, ces succès en cascade ne répondent à aucun plan de carrière : Sven se laisse avant tout guider par la curiosité et la soif de nouveaux défis. C’est ainsi qu’il décroche, tout jeune et sans trop d’expérience devant une caméra, l’un des premiers rôles du film Le Cercle, de Stefan Haupt. En 2015, il obtient le Prix du meilleur acteur du cinéma suisse, et reçoit le Shooting Stars Award du Festival de Berlin. Peu de temps après ce sacre, il devient le premier Suisse à se produire dans la série américaine multi-primée Homeland. Son deuxième long métrage, Goliath, suit en 2017. Pour Bruno Manser – Laki Penan, son troisième film, Sven ­Schelker pousse l’idée de l’aventure à un niveau supérieur : il séjourne pendant plusieurs semaines dans la jungle au péril de sa vie 54

afin de s’imprégner de la personnalité Bruno Manser, un activiste écologiste suisse porté ­disparu en mai 2000 en Malaisie, et déclaré mort en 2005. the red bulletin : Difficile de comprendre pourquoi vous êtes allé vous enterrer au fin fond de la jungle pour préparer un rôle de cinéma. sven schelker : Évidemment, il s’agissait d’un défi extrême difficilement prévisible. Mais c’était ma seule chance de vraiment comprendre Bruno Manser. Comment un Suisse peut-il se fondre dans la forêt tropicale, comment se passe la rencontre avec les Penans (peuple indigène de l’île de Bornéo, ndlr) ? Cette expérience l’a tellement touché qu’il est resté sur l’île pendant six ans, il a consacré sa vie à la forêt et à ses habitants. J’aurais effectivement pu préparer mon rôle sur le plateau de tournage. Mais ça ne me suffisait pas, pas plus qu’au réalisateur. Je voulais connaître l’expérience de faire partie de la jungle. Je voulais vivre ça. Mais une préparation sur le plateau aurait suffi pour jouer le rôle. C’est à votre portée, vous êtes acteur après tout, et de plus très doué. Vous auriez pu acquérir toutes les connaissances nécessaires depuis votre canapé à Hambourg. Il existe une foule de ­documents exclusifs sur Bruno Manser, ses journaux intimes, des documentaires, des articles de presse… Vous mentionnez les informations de base. Il s’agit là d’une préparation

superficielle. En tant qu’acteur, je voulais m ­ ’approcher au plus près de Bruno ­Manser et de son environnement. J’ai dû m’y engager de toutes mes forces et accepter l’aventure. ­ L’aventure, c’est bien, évidemment. Mais là, on parle de se confronter à une chaleur et une humidité extrêmes, aux moustiques, à la fièvre typhoïde, au choléra, à la malaria, à la rage, sans compter les mauvais soins médicaux. Tout cela n’est qu’un détail ? Vous avez oublié la dengue. Et les jaguars, les araignées venimeuses et les serpents qui peuvent vous tuer en cinq minutes. Mais vous ne devinerez jamais quel est le plus grand danger. Lequel ? Le bois ! La plupart des accidents, blessures et décès dans la jungle sont dus aux chutes de bois. Chaque branche, chaque arbre meurt un jour ou l’autre, devient pourri et cassant. Quand nous filmions le village penan, il y avait une centaine de personnes. À un moment, un arbre de trente mètres de haut s’est écrasé sur le plateau, évidemment sans prévenir, écrasant deux huttes. Heureusement, ces cabanes étaient vides. Si quelqu’un s’y était trouvé, il serait mort. Là, j’ai réalisé une fois de plus à quel point nous sommes vulnérables face à la puissance de la nature, étrange et belle à la fois. L’arrivée de Bruno Manser dans la jungle a fait de lui l’ennemi public THE RED BULLETIN


Tout doit disparaĂŽtre

Pour le shooting, Sven Schleker se remet dans la peau de la star travestie RĂśbi Rapp.


« Je veux avant tout être à la hauteur de mes exigences. » numéro 1 en Malaisie. Sa tête a été mise à prix, 50 000 dollars, pour avoir attiré l’attention sur les peuples ­indigènes et le défrichement de la forêt tropicale. Alors quand une équipe de tournage réalise un film sur lui, comment est-elle reçue ? Pas vraiment à bras ouverts, ce qui est un coup de chance. Cela donne à notre film une pertinence particulière. La réaction des autorités montre que la Malaisie n’a toujours pas réglé ce problème. Les prisons malaisiennes sont considérées comme presque aussi dangereuses que la jungle. Je suppose que maintenant, vous diriez qu’être assis dans une cellule malaisienne avec une bande de criminels serait un excellent moyen de plonger en profondeur dans le pays. Mais le film n’aurait pas pu se faire si l’équipe de tournage s’y était retrouvée. Qu’avez-vous fait pour ne pas vous faire arrêter? Il ne faut pas en faire trop. Nous avons essayé de limiter au maximum notre présence au Sarawak et nous nous sommes déplacés à la frontière de Kalimantan (la frontière indonésienne de Bornéo, ndlr). Mais pour la préparation, la rencontre avec les Penans et le casting, nous étions obligés de nous rendre au Sarawak. Si les autorités avaient trouvé un livre qui parle de Bruno Manser, c’est certain, il y aurait eu du grabuge. Nous le savions. Nous avons donc utilisé un subterfuge pour le scénario et les notes. Par exemple, dans le script, Bruno Manser s’appelle James F ­ inney. La police et les services secrets nous ont suivis pendant des mois, ils ont débarqué sur le plateau de tournage à maintes reprises. Lorsqu’une équipe étrangère tourne un film près de la frontière malaisienne au sujet des peuples autochtones et de l’exploitation de la forêt tropicale, les autorités s’agitent, quoi qu’on fasse. Après une journée de tournage dans la jungle, aviez-vous droit à un peu de détente ? Quand vous faites face aux défis de la jungle, vous devez en accepter les conséquences. Cela implique de ne pas retrouver un hôtel après le tournage. Ce serait absolument contre-productif. Vous n’avez pas la possibilité de vous retirer, d’avoir un peu d’intimité, ou de joindre votre famille ou vos amis par FaceTime. 56

Röbi Rapp, artiste travesti Le Cercle, 2014

Pour son premier rôle au cinéma, Sven Schelker s’est glissé dans des vêtements de femme et a aimé un homme. La relation émouvante (et authentique) entre Ernst Ostertag et Röbi Rapp, ainsi que leur lutte pour l’égalité des droits, a inspiré les festivals LGBT du monde entier. Avec ce rôle, Sven Schelker a décroché le Prix du meilleur acteur du cinéma suisse 2015 : « J’ai été touché par le fait qu’il s’agisse d’une histoire réelle. Ils ont fait énormément pour la Suisse. »

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David ­Dengler, la boule de muscles Goliath, 2017

L’incarnation de David Dengler, gonflé de ­stéroïdes, a exigé de Sven Schelker un gros investissement au studio de fitness — pendant plus de dix mois, il s’est entraîné six fois par semaine, consommait 3 500 calories par jour et a pris neuf kilos de masse musculaire. « On me regardait complètement différemment, j’inspirais le respect. » Ses efforts sont récompensés : meilleur ­acteur au Festival international du film de Harlem et au ­Västerås Filmfestival en Suède.

N’est-ce pas complètement usant, voire insensé ? Vous devez faire face à de mauvais jours, évidemment. Mais quand on s’engage dans une aventure, il s’agit de ne pas en rater une miette. Il est primordial de s’adapter le mieux possible. Après deux semaines et demie dans la jungle, j’étais frigorifié la nuit quand je dormais. J’ai d’abord pensé à une chute de température. Alors j’ai mis un pull-over, un pantalon de survêtement et j’ai prié pour ne pas avoir de fièvre. Le lendemain matin, les Penans ont ri en entendant mon histoire. Non, il ne faisait pas plus froid, c’est juste que mon corps s’était habitué au climat. Et effectivement, je n’avais plus la même sensation de chaleur, je transpirais à peine. La façon dont mon corps s’est adapté est fantastique. Mais les spectateurs qui viennent voir le film ne se disent pas : « Regarde, Sven, il ne transpire pas du tout. Il s’est bien adapté aux conditions de la jungle, super. » (Rires) Bien sûr. Mais aussi discret que cela puisse paraître, ça fait une différence. Je veux avant tout être à la hauteur de mes exigences. Et si cela semble naturel au point que personne n’y prête attention, c’est merveilleux, c’est la preuve que je fais bien mon travail. C’est comme la langue penan dans le film. Il n’y a qu’une poignée de personnes en Europe qui la parlent. La probabilité que quelqu’un écrive un courriel pour dénoncer mon accent est nulle. Mais je voulais quand même m’immerger complètement dans cet idiome. Vous avez appris à parler penan en quelques semaines ? Au début, je me suis concentré sur le scénario. Mais avec l’aide des Penans, j’ai aussi développé un sens de la langue, de la compréhension et de la mélodie. Il m’importait d’intérioriser le rythme et l’accent. Ça m’a aidé pour les répétitions et le tournage. Je pouvais parler en toute liberté, je veux dire que j’en avais le courage. Je vérifiais avec les Penans en permanence, pour qu’il n’y ait pas de doute. Est-ce que

« Repousser ses limites et sortir de sa zone de confort, c’est ouvrir le champ des possibles. » THE RED BULLETIN

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« Je voulais vivre ­l’expérience de faire partie de la jungle. »

ça marche ? C’est comme ça que tu prononces ? Est-ce que ça sonne bien ? Est-ce qu’on me comprend ?

Le militant écolo ­Bruno Manser

Bruno Manser — Laki Penan, 2019 Pour rendre justice au militant suisse de l’environnement et des droits humains porté disparu en 2000 et officiellement déclaré mort en 2005, Sven Schelker a étudié son journal intime, ses notes et ses textes. Il a lu sa biographie, discuté avec ses proches et vécu dans la jungle. « Pour moi, Bruno était un amoureux de la nature et un mec critique depuis le début. Je crois que nous partageons tous les deux une grande curiosité empathique, mais il en a fait l'expérience avec plus de constance. »

Si je peux me permettre : vous mettez votre vie en danger le temps d’une grande aventure, et en parallèle, vous semblez vous enliser dans les moindres détails… Non. C’est une question de curiosité, dans chaque situation. Par exemple : comment les Penans se déplacent-ils ? Ils n’avancent pas comme toi et moi. Ils ne se fraient pas un chemin avec une machette. Ils esquivent, ils se déplacent avec une grande agilité, même avec 25 kilos d’équipement sur le dos. Je me souviens qu’ils ont délibérément ralenti pour que nous puissions les suivre, et pourtant, ils étaient encore trois fois plus rapides que nous. C’est passionnant, je trouve, de pouvoir faire de telles observations, d’être confronté à toutes ces choses que j’ignore. C’était déjà le cas avec Le Cercle quand, à 22 ans, j’ai joué une histoire d’amour entre deux hommes qui se sont beaucoup engagés pour le mouvement gay. Pareil avec Goliath, un film pour lequel je m’entraînais six fois par semaine car je devais trouver un nouveau rapport à mon corps et à ma force. Quand vous repoussez vos limites et sortez de votre zone de confort, quand vous provoquez l’aventure, quelque chose se passe en vous, vous ouvrez le champ des possibles. C’est le désir irrésistible de se mettre au défi. N’y a-t-il pas un moment où vous devrez changer de rythme ? Non, pourquoi le devrais-je ? J’essaie ­toujours d’être à l’affût de quelque chose de vrai, quelque chose qui me permette de donner en retour. Mark Twain a dit : « Les deux jours les plus importants de votre vie sont le jour où vous êtes né et celui où vous découvrez pourquoi. » Pour moi, le fait d’être en quête permanente, de vivre une grande aventure, me donne le sentiment d’avoir le maximum de choses entre les mains, y compris mon propre bonheur.

Bruno Manser – Laki Penan, le 18 décembre au cinéma Stylisme HENDRIK SCHAULIN/LIGANORD AGENCY Coiffure & maquillage DANIELA PROST/LIGANORD AGENCY

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La banane

Sven Schelker se réjouit déjà de sa ­prochaine aventure.


Sur le blanc des murs vierges, grimper. Puis descendre par le vert pour plonger dans le bleu. Makatea, après tout ce temps, reprend des couleurs.


SUR LA BONNE VOIE Minée par le phosphate, sauvée par l’escalade. Voici l’incroyable histoire de MAKATEA, île-falaise et l’un des seuls atolls surélevés au monde. Ce trésor géologique situé au cœur des Tuamotu (Polynésie Française), jadis promis à l’abandon, renaît aujourd’hui de ses cendres grâce aux grimpeurs. Texte PATRICIA OUDIT Photo JÉRÉMY BERNARD

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Quai de Temao, côte ouest. Les rares cargos qui accostent restent à distance des installations rouillées qui servaient jadis à embarquer le phosphate. Ci-dessous : une locomotive rouillée, vestige de l’ère phosphatée.

Makatea ressemble ­parfois à un ­décor de film postapocalyptique.


Campement, côte est. Les grimpeurs se répartissent les tâches et le matériel pour équiper les voies d’escalade.

Un

matin de juin, dans la lumière marbrée de l’aube, ils ont débarqué par centaines. Le cargo en provenance de Papeete (Tahiti) les a déchargés par barges entières, après huit heures de mer agitée, port de Temao, gilets de sauvetage sur le dos. Erwan Le Lann, bras croisés, torsenu, un peu ému, se tient en retrait du comité d’accueil, qui sous le regard du maire, distribue aux nouveaux venus des colliers de fleurs fraîches. Maintenant qu’ils sont à quai, avec en fond ces triangles de béton rouillés qui accueillaient jadis les infrastructures d’acheminement du phosphate, le fameux crocodile de fer, quelques cordes acidulées dépassant des sacs à dos s’entrevoient. Ils sont tous là, prêts à être les premiers à déflorer les falaises et à fêter dignement l’événement Makatea Aventure Verticale. En quelques minutes, l’île, cent cinq habitants (dont douze enfants), vient de tripler sa population. Sous nos yeux, Makatea est en train de renaître de ses cendres. Ou plutôt de ses poussières de phosphate.

Iconoclaste haricot

Huit mois plus tôt, Erwan Le Lann, capitaine de Maewan, un camp de base flottant pour aventuriers THE RED BULLETIN

autour du globe, était passé par cette île au passé hanté. Il se rendait aux Marquises en compagnie de deux highliners, Nathan Paulin et Antony Newton, qui n’avaient rien trouvé de mieux que d’installer leurs lignes entre ces cicatrices de béton plantées dans le Pacifique. La photo prise au soleil couchant, remarquable, avait intrigué. Logique. Tout l’endroit est intrigant. Makatea, étrangeté géologique et l’un des seuls atolls surélevés au monde, a émergé il y a plusieurs millions d’années au milieu de l’archipel des Tuamotu, à 220 km au nord-est de Tahiti. Et lorsqu’on y arrive par bateau (obligatoirement, car il n’y a pas d’aéroport), sa singularité écarquille les yeux, hypnotisés par cette falaise de 16 km de long et de 60 m de haut qui ceint l’île de calcaire comme une forteresse imprenable. L’ocre beige de la roche se dégradant en douceur vers le jaune du sable, tranchant à son tour sur le bleu cobalt des tombants : voilà hissées les couleurs de Makatea, splendeur de la nature, 24 km² en forme d’iconoclaste haricot. En voyant ce curieux spectacle du pont de son petit voilier d’expédition de onze mètres, Erwan, guide de haute montagne et grimpeur, n’a pu que céder à sa   63


Début juin 2019, un campement est monté entre les cocotiers à Moumu, à l’est de l’île, autour de la maison prêtée par un local, Francky Vairaaroa, dont le patio et la cuisine extérieure se muent bien vite en lieu de vie convivial à souhait. Les premiers jours sont difficiles : une pluie de mousson s’abat sans discontinuer sur le camp. Des norias de moustiques-tigres et de nonos se repaissent de sang neuf, s’ensuivent des sessions grattage dignes du loto national. La nuit, les kaveus, ces crabes de cocotiers bleus, parfois gros comme le bras, sont chassés et fournissent ce que les locaux ont baptisé le foie gras polynésien. Jour après jour, l’équipement des voies se fait sur quatre sites répartis à l’est et à l’ouest de l’île, de l’aube jusqu’au coucher du soleil, ­alors que de son côté, le team d’Acropol peaufine une via ferrata et une impressionnante tyrolienne qui file, très verticale, jusqu’à la plage. Et tandis qu’une autre heure de gloire, verte et propre – car il s’agit d’inaugurer là le premier site d’escalade naturel de Polynésie française – se profile à Makatea, le passé, béni par certains et maudit par d’autres, resurgit.

Une autre ère de désolation

Sylvanna Nordman : dans son jardin où tout pousse à profusion, elle fait de la permaculture grâce au phosphate, formidable engrais. Pour elle, c’est l’une des voies de développement durable à privilégier, avec l’escalade.

curiosité. Lui aussi a débarqué. Sur place, il croise Maciek Buraczynski et son équipe d’Acropol, spécialisée dans les travaux acrobatiques, en train d’équiper des voies. Au même moment, il fait la connaissance d’Heitapu Mai, le fils du maire et président de l’association Makatea Escalade. « La dynamique autour de la grimpe était enclenchée, explique-t-il. Et il y avait déjà ce projet de reprise d’extraction minière par une société australienne, alors on s’est dit que l’on pouvait peut-être détourner l’attention sur une autre activité plus douce, cette île ayant déjà bien souffert… » En quelques mois, l’idée fait son chemin dans les esprits de chacun. Erwan connaît du monde, des grimpeurs d’élite, du temps pas si ancien où il organisait ses Roc Trip regroupant les meilleurs d’entre eux pour développer des spots à haut potentiel pour le compte de la marque Petzl. Déjà bien pris par d’autres projets avec Maewan, il fait appel à Nina Caprez, grimpeuse suisse de haut niveau qui ne sait pas encore que la mission Makatea va lui prendre six mois pour rassembler sponsors, grimpeurs et matériel. Des ouvreurs sont appelés de toute l’Europe, d’autres grimpeurs de haut niveau sont dépêchés sur zone, parmi lesquels Jonathan Siegrist, mutant de la discipline qui tape du 9b, mais aussi le photopographe (pour photographe et topographe), Guillaume Vallot, dans la place pour rédiger le guide d’escalade. Partout, à distance, les solidarités s’organisent, le matériel est réuni : casques, chaussons, baudriers par dizaines (qui resteront sur place), et bien sûr, relais et spits pour équiper les voies… 64

Tous ici ont fait la visite des vestiges de l’île, ces locomotives rouillées façon western, forge et meuleuse dévorées à petit feu par la végétation, les rails en passe d’être avalés par les chemins qui font ici office de routes. Tous ont visionné les films à la gloire de la compagnie française des phosphates de l’Océanie, qui a apporté le confort moderne : restaurants, hôpital, cinéma, toutes sortes de commerces et même un terrain de tennis. Mais Julien Mai, le maire de Makatea depuis 1995, n’a pas digéré la fin du film. « En quinze jours, on a demandé à tous ces gens de bien vouloir partir. Ils étaient 3 600 habitants au plus fort de l’extraction. On leur a dit : “Fini le phosphate, place aux essais nucléaires.” Tout a été laissé en plan, abandonné aux pilleurs. N’est restée qu’une poignée d’irréductibles, trente personnes en mode survie, revenues à leurs activités ancestrales, pêche, chasse, coprah… Aujourd’hui ne restent que dix emplois administratifs et une épicerie. Makatea est une histoire inachevée. » En soixante ans, entre 1906 et 1966, la CFPO a extrait onze millions de tonnes de phosphate. Une extraction carnivore présentée comme la mère nourricière d’une partie de la Polynésie pendant un demisiècle, mais qui explique les résistances locales, comme en témoignent les panneaux « Non à l’extraction du phosphate », exposés devant les maisons des opposants. Eux ne veulent pas entendre parler d’un projet de reprise par l’industriel australien Colin Randall. Car il reste du phosphate à Makatea, six millions de tonnes à prendre à même la roche, rare et pur. Rien de mieux, ou de pire pour attiser les convoitises et faire rejaillir les blessures. Lors d’une réunion à la mairie, au centre de l’île, pour organiser l’événement, les langues s’étaient déliées, de ceux qui ne veulent plus qu’on touche à leur île, qui rejettent en bloc cette idée de nouveau poumon minier, porté par le maire, qui, pensant emploi, ne voit que de la complémentarité entre activités industrielles et pratiques vertes. Sylvanna Nordman Haoa, la présidente de Fatu Fenua No, association de préservation et de

Récemment nommée présidente de l’association Maewan, Marion Courtois assure depuis plusieurs années les actions sociales et environnementales menées par le voilier camp de base Maewan autour du globe.

« Je n’ai jamais vu ça, la ­falaise est tout autour, juste au-dessus de la plage, c’est pur… » Charlotte Durif, ex-championne du monde d’escalade, a vécu un rêve ­éveillé à Makatea. THE RED BULLETIN


Un joyau vient d’être découvert dans le monde de l’escalade.

Marcos Costa, grimpeur brésilien en action au ­coucher du soleil dans une des voies du secteur de Temao, côté Ouest. Colonnettes et gros bacs dans un léger dévers au-dessus de la mer. Le paradis.


L’avenir de ­Makatea  : un gisement outdoor plutôt qu’une extraction minière ? Charlotte Durif s’éclate sur le lisse du blanc de la falaise, dans le secteur de ­Moumu Nord, « pas aussi dangereusement abrasif que les zones noires » comme le note le photopographe et ­grimpeur Guillaume Vallot.

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Dans la zone sinistrée, le vert reprend peu à peu racine sur le gris des puits… Solenne Piret, double championne du monde d'escalade handisport, s’est prêtée au jeu. À l’horizontale, survolée par un drone, elle feint de grimper entre les trous du pothole, cicatrices de l’extraction minière. Entre passé et futur, une belle transition…

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Maciek Buraczynski, l’artisan des premières voies historiques de Makatea en 2018. Venu pour une formation aux travaux en hauteur sur l’île avec sa société Acropol, il n’a pas résisté à son calcaire royal.

Julien Mai, maire de Makatea depuis 24 ans, devant les vestiges des installations minières ensevelies par la ­végétation. Pour lui, l’histoire du phosphate à Makatea n’est pas terminée. Et la reprise de l’extraction serait ­complémentaire des activités vertes.

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­ rotection de la tortue marine à Makatea, Elie Poroi et la p militante écologiste Dany Pittman estiment avoir payé le prix fort dans leur chair et celle de leurs aînés. Sylvanna : « On sait par expérience qu’un projet minier n’apporte à terme que de la destruction. Or, il y a des alternatives à l’extraction : Makatea peut devenir le grenier maraîcher des atolls voisins, Rangiroa, Tikehau et Tiputa ! Nous avons tout ce qu’il faut ici pour faire de Makatea un vrai lieu de développement durable, un c­ ircuit court qui nourrirait sainement 3 000 personnes. Ici, la moyenne d’âge est d’une trentaine d’années, ce sont des jeunes sans emploi, que l’on pourrait former, ils veulent juste un travail. Dans nos jardins, tout pousse à profusion grâce au phosphate, formidable engrais : tubercules, fruits, légumes, nous avons aussi l’arbre à pain, le coprah, le crabe, le poisson, le gibier… On pourrait imaginer créer un arboretum, une pépinière pour faire renaître une flore qui n’existe plus, planter des bambous dans la zone trouée pour produire des matériaux de construction. Dans les puits moins profonds, on peut apporter d’autres espèces ou les multiplier, comme le kava. Il y a tant de possibilités… Cela peut aller très vite, en un an, si l’on met en place un transfert des marchandises par bateau. Il faut stopper une autre ère de désolation qui a apporté du bonheur à une élite et de la souffrance à tous les autres… »

Nina Caprez, grimpeuse suisse et star internationale de la grimpe, a dédié 6 mois de sa vie au projet Makatea. Bilan : une vingtaine de grimpeurs du monde entier et l’équipement d’une centaine de voies.

Chaos lunaire

Pour témoigner de l’ère phosphate, qui a boosté ­l’économie mais abîmé les hommes, Sylvanna nous emmène au cimetière communal, mangé lui aussi, comme un autre vestige, par la végétation. Il parle d’une autre histoire, devenue taboue au fil des ans. Régulièrement, la militante se rend sur la tombe de sa petite sœur, décédée à six mois en 1965. « Cette annéelà, un enfant par jour mourait. Déjà, en 1960, sur 130 bébés, 30 étaient décédés ! À l’époque, les autorités ont mis ça sur le compte d’une épidémie de diarrhée… » De cette série de décès suspects, jamais élucidés, d’autant que les archives de la CFPO ont été brûlées par les militaires, les soupçons se portent sur la poussière, si volatile, du phosphate charrié dans des wagonnets à ciel ouvert. « Certains jours, se souvient Sylvanna, il y avait tellement de poussière qu’on devinait à peine le village… » Elie Poroi, qui a aussi failli en mourir enfant, évoque la tuberculose récurrente et ces cancers tuant des jeunes gens en pleine forme. Et montre ces statistiques consignées dans un ouvrage médical, qui dénombrent des centaines de traumatismes crâniens, de bras et de jambes cassés dont ont été victimes les ouvriers lors de l’extraction. Pour se rendre compte par soi-même du relief accidenté du lieu, il faut aller au pot hole, le tiers de l’île poinçonné en son sein. C’est là que les puits naturels jadis gorgés de phosphate ont été intégralement vidés. Le plus profond fait quarante mètres. Les images d’époque visionnées chez le maire reviennent alors en mémoire : celles d’hommes-termites allant et venant sans cesse dans une sorte de fourmilière coloniale, sur des passerelles branlantes. « C’était du travail de bagnard : plus on transportait de brouettes, plus on

Heitapu Mai, président de Makatea Escalade, déroule le potentiel outdoor de l’île : « Randonnées à pied et à vélo, spéléologie dans nos grottes d’eau douce, via ferrata, parcours de vire au-dessus des vagues, plongée sous-marine et snorkeling… »

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La forteresse de calcaire sera le premier site d’escalade naturelle en Polynésie. Nina Caprez et son perforateur. Les trous qu’elle perce dans la falaise pour y fixer des spits ne laisseront que peu de cicatrices… et feront grimper des générations de ­Polynésiens, et autres passionnés de rocher.


Erwan Le Lann, guide de haute montagne, skipper du voilier d’expédition Maewan et co-­ organisateur de l’événement, en compagnie de la moitié des enfants scolarisés à Makatea.


L’événement Makatea Aventure Verticale a duré trois jours, du 26 au 29 juin 2019, et permis aux petits comme aux grands de s’initier à l’escalade. Au menu des festivités : tyrolienne, via ferrata, randonnée…

À 21 ans, Joseph Grierson a tout quitté pour ralier l’aventure Maewan en ­Tasmanie. Un an plus tard, ­l’Australien, ­véritable ­couteau suisse, est de toutes les ­expéditions.

L’Américain ­Jonathan Siegrist est l’un des meilleurs grimpeurs actuels avec plusieurs 9b à son ­actif. Surmotivé, il a rejoint Makatea pour les trois jours de l’événement. THE RED BULLETIN

avait d’argent, il fallait être fort ! », se souvient Francky Vairaaroa, notre hôte, né en 1948, qui a creusé trois ans, dès sa quinzième année. Le record de la compagnie était de sept tonnes en une seule journée… Aujourd’hui, ce désert de trous enchevêtrés et reliés entre eux par de minces passerelles de roche abrasive, accrocheuse, donne toujours le vertige. Vu de haut, cela donne un chaos lunaire, des sortes de cratères : on redoute d’y tomber, dans ces herus (trous en polynésien), ce mot tabou qui ici continue de fâcher les gens. « On y faisait du vélo avant, sans ces trous qui compliquent tout et qui nous ont coupé l’accès à la forêt primaire ! », maugréent les anciens. Désormais, il faut parfois prendre son élan pour sauter d’un heru à l’autre. Avec ou sans phosphate, le pot hole n’est pas sans risque…

Ouvrir les esprits par l’action

Cordes, poignées Jumar (autobloquantes) et autres ­perforateurs : chargés comme au temps de l’extraction, Nina Caprez et Aymeric Clouet, guide et alpiniste de ­Chamonix, sont sur le chemin qui mène au secteur A ­ reva. Ici aussi, il va s’agir de faire des trous, mais cette fois, ce sera pour y mettre des spits, poser des relais, de la manière la plus éthique qui soit. « Il faut préserver cette pépite… Au niveau escalade, le potentiel est infini, c’est du délire, là on a équipé un pourcent !, détaille Aymeric. Les murs sont purs, même trop, il y a des endroits où ça ne passe pas tellement c’est lisse ! » Nina évoque la diversité du profil du rocher : « Il y a de tout : dalles, verticales, dévers, sans compter une énorme variété de prises : colonnettes, trous, fissures, bacs… On a équipé pour que tout le monde, quel que soit son niveau, se fasse plaisir : du 4 sup accessible à tous au 8b+, réservé aux experts. Pour moi, cette expérience va au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. D’autant que la rencontre avec les habitants est très forte. On se sentait attendus, on n’a pas le sentiment d’arriver comme des intrus… » D’après Aymeric, les falaises de Makatea ne seraient peut-être pas si vierges qu’il y paraît : « Il y avait des sangles vieilles

de dix ans dans des gros dévers, mais personne n’a jamais aperçu de grimpeurs… » L’événement Makatea Aventure ­Verticale entend bien remédier à cela. Ouvrir les esprits par l’action. En cette fin juin, des ateliers d’escalade encadrés sont organisés sur tous les secteurs qui offrent au total une centaine de voies, une tyrolienne géante de 200 mètres dévale à la verticale sur le site Moumu Nord où la cérémonie d’ouverture a lieu, avec démonstrations de grimpeurs. La fameuse via f­ errata du Canyon avec ses dizaines de voies d’initiation est prise d’assaut, avec priorité aux enfants : s’ils accrochent, ils seront la première génération spontanée de grimpeurs polynésiens. Olivier Testa, plongeur spéléo qui a mené de folles explorations à travers le monde, venu pour topographier les grottes de l’île, emmène les volontaires découvrir la grotte d’eau douce de Hina, et son ludique parcours circulaire dans une eau translucide. Au campement, qui s’est notoirement étendu et bénéficie désormais de véritables cuisiniers, Joseph Grierson, couteau suisse du lieu, monte au cocotier pour y installer une moulinette afin que les enfants puissent s’amuser avant d’interpréter la pièce de théâtre qu’ils ont répétée avec Marion Courtois, présidente de Maewan, et Gorka Oyarzun, de l’association Waterfamily. L’histoire d’une goutte d’eau, Flaggy, devenue la mascotte de bambins qui penseront désormais, plus que jamais, à préserver leur île. Tout un symbole dans cet endroit en pleine résilience.

L’isolement, un extraordinaire atout

Sylvanna, de passage sur l’événement, rayonne : « C’est vrai, nous étions sceptiques au départ. Mais quand je vois tout ce qui a été accompli, je pense que l’escalade, liée à d’autres activités, peut donner un nouvel élan à Makatea, sans la dénaturer ». Pour Erwan, l’isolement de Makatea est un extraordinaire atout : « C’est comme ça que l’île a été et sera préservée. Ça va permettre aux habitants de s’adapter en fonction du nombre de personnes qu’ils peuvent accueillir ». L’escalade donc, comme un accélérateur d’une nouvelle ère. En association avec les autres trésors de l’île, comme ces fonds coralliens exceptionnels, qui après le récif précipitent le plongeur dans des tombants de 40 mètres, aquarium étourdissant, où se frôlent requins, tortues, thons, d ­ auphins… Ses bernard-l’hermite tous les deux mètres sur des plages infinies, et tous ces coquillages sublimes qu’on aurait envie de ramasser. Mais à ne pas faire ! On lui a assez pris comme ça, à Makatea. Si elle devient le garde-manger des atolls environnants, elle donnera volontiers, généreuse par nature. Sylvanna rêve encore un peu : « Quand je vois tout ce public sportif, je me dis que nous pourrions organiser des randonnées un peu engagées jusqu’à la forêt primaire totalement préservée, et son palmier endémique, le tavevo ! » Maciek, Heitapu et Erwan ont ouvert une nouvelle voie. Où il s’agira de traiter comme il se doit ce corail lumineux, celui que l’on voit luire du bateau, se coller à lui, ­grimper sur ces milliers d’années de pureté retrouvée. Makatea veut dire rocher blanc, après tout. Et ici, ­chacun, à sa façon, un demi-siècle plus tard, entend le faire resplendir à nouveau. fanatic-climbing.com   73


LEAGUE OF LEGENDS :

5 raisons de vivre les Mondiaux à Paris Le Championnat du monde de League of Legends est le tournoi esportif le plus suivi dans le monde chaque année. En 2019, le jeu qui a révolutionné le sport électronique fête ses dix ans et pour la première fois, la finale se déroulera à Paris. Avec une audience aussi forte que celle du Super Bowl, voici pourquoi elle est l’événement gaming à ne pas manquer. Texte EVA MARTINELLO Photos RIOT GAMES 74

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Des fans du joueur Uzi, au Mid-­season Invitational à Paris (ci-contre). Les Coréens d’Invictus Gaming, actuels patrons mondiaux (ci-dessous). Romain Bigeard, « figure » de la foule française sur LoL (en bas).

Un sommet d’esport

League of Legends, ou LoL, est un jeu en arène gratuit (un MOBA) qui se joue en équipes de cinq. Le but est de détruire la base adverse, le Nexus, à l’aide de plus d’une centaine de personnages au choix, parmi lesquels des mages, des tanks ou des assassins, que le joueur peut optimiser en achetant des items qui renforceront ses caractéristiques. Pour acheter des items, il faut éliminer des sbires tout au long de la partie, et des monstres dans une jungle. Dans ce classique de l’esport, chaque joueur a un rôle précis et il faut faire preuve d’esprit d’équipe, de stratégie et de bons réflexes pour surpasser l’équipe ennemie. En dix ans, ce jeu a beaucoup évolué ; pionnier de l’esport sur LoL, le Français Fabien « Chips » Culié en sait quelque chose. Commentateur esportif sur le jeu depuis 2011, il a vu la communauté se développer. « Par le biais de l’esport, je dirais que c’est en 2013 que le jeu a vraiment explosé. J’ai eu l’impression que les vues avaient beaucoup augmenté, que le jeu avait pris une ampleur énorme. » THE RED BULLETIN

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À sa sortie en 2009, League of Legends passe pourtant inaperçu : le MOBA n’est pas encore à la mode, les critiques émettent des réserves. Mais il finit par trouver son public. Le bouche à oreilles fait son effet et, en 2011, le géant chinois du jeu vidéo Tencent rachète l’éditeur du jeu, Riot Games, pour 400 millions de dollars. En 2016, il devient le jeu le plus actif au monde en rassemblant 100 millions de joueurs. Le club du PSG s’y intéresse et monte une équipe le temps d’une saison. Il s’impose aussi comme l’esport le plus regardé au monde, alors que le domaine est en pleine explosion. Aujourd’hui, League of Legends est encore le jeu esport numéro 1, et son plus grand tournoi de l’année (notamment sponsorisé par Mastercard) sera le Championnat du monde, du 2 octobre au 10 novembre. Il sera organisé en trois phases : le Play-In (du 2 au 8 octobre, à Berlin), la phase de groupes (du 12 au 20 octobre, à Berlin) et les playoffs, dont les quarts et demies se tiendront à Madrid, et la finale à l’Accor­Hotels Arena de Paris.

Le match le plus attendu

Le Mondial de League of Legends, le World Championship ou Worlds, est le tournoi de l’excellence. Pour un joueur professionnel, y participer est une consécration, et le remporter signifie entrer dans l’histoire de League of Legends. « C’est l’achèvement de neuf mois de compétition pour treize régions dans le monde, par un mois complet de phases finales », explique Romain Bigeard, Business Development Manager chez Riot Games. LoL est le circuit esportif le plus structuré au monde, ce qui fait que chaque région a droit à des événements physiques. Les matches de ligue se jouent, pour les régions les plus

importantes, en physique et non pas en ligne. Mais il n’y a pas toujours un public. Une saison compétitive est un marathon pour les joueurs professionnels, et les mondiaux en sont le sprint final. Souvent accompagnés d’un nutritionniste, leur alimentation et leur hygiène de vie doivent être irréprochables pour maximiser leurs performances : au plus haut niveau, les détails peuvent faire la différence. Avant d’atteindre ce plus haut

Une finale mondiale de League of Legends, c’est aussi du spectacle, du genre pop (ci-contre). Le site de la finale 2018 à Incheon, en Corée du Sud (ci-dessus). Les Invictus Gaming (à droite) y furent sacrés champion du monde – La larme à l’œil…

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niveau, un joueur lambda doit monter les rangs internes du jeu : intégrer une équipe, participer à des tournois locaux, entrer dans une ligue locale ou directement dans une ligue régionale, atteindre le haut du classement, participer aux playoffs en fin de saison, participer aux Worlds… et qui sait, peut-être, atteindre la grande finale. Ce jour-là, tout sera possible, il est ­difficile d’anticiper l’intensité de l’affrontement. « Il y a un revers de la médaille à commenter une finale mondiale sur place, nous dit Chips, qui commentera en direct de l’AccorHotels Arena. Les quarts et demi-finales sont des matches très disputés, mais ce n’est pas toujours le cas en grande finale. J’aimerais que la finale de cette année soit comparable à celle de 2016 entre les équipes coréennes Samsung Galaxy et SK Telecom 1 au Staples Center de Los Angeles (la maison des Lakers, ndlr) : le niveau de jeu était incroyable, mais surtout, jusqu’à la fin, on ne savait pas qui allait gagner. La finale mondiale est censée être le match le plus attendu de l’année, donc si en plus du symbole, on peut avoir du spectacle et du suspense… ça fera la différence ! » THE RED BULLETIN


100 millions de personnes ont suivi la finale en 2018. ont été surpassées, explique Chips. Fnatic a fait un beau mondial, aussi grâce à son tirage, mais on n’attendait pas non plus G2 Esports à ce niveau. » L’autre équipe européenne a sorti les favoris du mondial, l’équipe chinoise RNG (Royal Never Give Up), mais s’est arrêtée en demi-finale. Cette année aux Mondiaux, les espoirs de l’Europe seront portés par cette équipe, G2 Esports. Avec ses nouveaux joueurs, elle a remporté le tournoi international du Mid-Season Invitational en mai dernier et possède le titre de double championne d’Europe. Avec une victoire en avril et une seconde plus récente, début septembre, la domination est totale. « Les commentateurs anglais disent des G2 que ce sont des “artistes”. Moi, je les appelle des magiciens. Tu as l’impression que rien ne leur fait peur. G2, ce sont cinq individualités excellentissimes qui forment une équipe avec une bonne entente. Ils sont exceptionnels. » Mais la concurrence sera rude : les champions du monde en titre, Invictus Gaming, seront de retour pour défendre leur titre. Une autre équipe favorite se nomme SK Telecom T1, des Sud-Coréens au palmarès inégalé de trois titres mondiaux et quatre participations au total. Après une absence remarquée en 2018, ils reviennent plus forts que jamais cette saison. SKT T1 contre G2 serait une affiche de finale historique.

La production sera grandiose

Un premier titre mondial pour l’Europe depuis 2011 ?

L’année dernière, l’une des trois équipes européennes, Fnatic, est arrivée jusqu’en grande finale des mondiaux. L’Europe n’avait pas été représentée à ce niveau depuis 2011. Fnatic a perdu le match 0-3 contre l’équipe chinoise Invictus Gaming, mais cette deuxième place a ravivé les espoirs d’une Europe victorieuse. « L’année dernière, les attentes pour l’Europe THE RED BULLETIN

La qualité de production de la finale mondiale de League of Legends est reconnue dans le monde entier. Chaque année, Riot Games met tout en œuvre pour que la cérémonie d’ouverture soit époustouflante. Pour la finale mondiale de 2017 à Pékin, un dragon issu du jeu est apparu dans le stade en réalité augmentée et s’est envolé au-dessus de la foule. Riot Games a reçu un Sports Emmy Award pour cette performance. En 2018 en Corée du Sud, le clip Pop/Stars de style K-Pop mettant en scène les personnages du jeu a été créé spécialement pour la finale mondiale. Il est devenu un hit national et la vidéo

comptabilise plus de 250 millions de vues sur YouTube. Pour la finale mondiale de 2019 qui se déroulera à Paris, les possibilités sont infinies. Une chanson sera créée spécialement pour le tournoi, que les artistes chanteront en live sur la scène de l’Accor­Hotels Arena. Elle aura pour thème : l­ ’Europe. Riot Games travaille aussi de concert avec la web TV O’Gaming qui commentera le match en français. En 2018, le tournoi a été retransmis dans 17 langues différentes, principalement sur Twitch, mais aussi d’autres plateformes de diffusion en ligne comme YouTube, Douyu et Huya en Chine. Les mondiaux sont aussi passés à la télévison aux USA, via ESPN+ (en mode payant). La finale a été suivie à distance par 100 millions de spectateurs uniques (principalement connectés en Chine). La même année, le fameux Super Bowl de football américain comptabilisait 103 millions de spectateurs...

Une grande finale parisienne

C’est la première fois dans l’histoire de League of Legends que la finale du World Championship se déroule à Paris. Le temps d’une journée, le 10 novembre ­prochain, l’Accor­Hotels Arena, salle mythique de plus de 20 000 places, deviendra capitale de l’esport pour un affrontement pouvant durer entre une heure et demie et trois heures. En 2017, la finale de la ligue européenne de League of Legends s’y est déroulée, mais jamais elle n’avait accueilli d’événement esport de cette ampleur. Roch François, délégué général de l’association France Esports, nous parle de la portée de l’événement pour la France : « Ce sera une opportunité magnifique de montrer le savoir-faire français et notre capacité d’accueil, l’engouement inégalable du public français et la qualité de l’une de nos plus belles infrastructures. » Ce dernier a joué les intermédiaires entre Riot Games, la Ville de Paris et l’Accor­ Hotels Arena pour que la finale s’y déroule. Romain Bigeard, qui a chauffé la foule dans la dernière compétition de LoL à l’AccorHotels Arena, en attend aussi beaucoup : « Pour la finale, on va mettre les petits plats dans les grands, et je serai sur scène pour chauffer la foule avant le show ! » Sur place ou connecté, ne loupez pas la cérémonie d’ouverture de la finale, elle dure un quart d’heure environ et lance le match : il s’agit là du plus grand moment de l’année sur la planète esport. À ne pas rater !   77


DES AIIILES POUR L’HIVER. AU GOÛT DE CERISE-CANNELLE.

U A E V U NO

STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.


guide au programme

ÉCRAN LARGE

POIGNET D’AMOUR

FUREUR DE VIVRE

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EXPLORE HIMALAYA TRAVEL & ADVENTURE

Pour s’envoyer le Red Bull Rampage ou suivre une bataille mondiale de break, c’est par ici.

Dans l’eau, sur terre ou dans le futur, on vous aide à trouver la montre qu’il vous faut.

Un camion de 9,5 tonnes fait un vol plané au-dessus d’une Lamborghini Huracán.

CHUTE RARE

La chute libre n’est plus réservée qu’aux fondus de l’extrême en mode Johnny Utah. La chute libre au-dessus de l’Everest, c’est autre chose. PAGE 80

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Faire.

Hop ! Le saut de l’hélico marque le point culminant de l’aventure Everest Skydive.

PARACHUTISME SUR L’EVEREST

VOL AU-DESSUS DU TOIT DU MONDE Pour le parachutiste et recordman Tom Noonan, sauter au-dessus de la plus haute montagne au monde constitue une tout autre expérience de la chute libre. Il raconte.

À

peine sorti de l’hélicoptère à 7 000 m d’altitude, je me précipite vers le sol à la vitesse de 210 km/h. La chute libre produit une fréquence similaire au souffle d’un sèche-cheveux. Le casque en atténue le niveau sonore et protège des risques phy-

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siques potentiels. La chute ne dure que 45 secondes, mais être entouré des plus hauts sommets de la planète rend ce saut unique. Ce point de référence n’a pas son pareil dans le monde ; pendant la chute libre, je me sentais aspiré par le relief himalayen.

Pro : l’instructeur Tom Noonan a pratiqué dans plus de 40 pays.

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voyage

CONSEILS DE VOYAGE

LE NÉPAL AU ­NATUREL Le Népal est le paradis du trekking et de la randonnée, mais le toit du monde a bien plus à offrir, comme son miel ­hallucinogène ou le dieu des dents.

Népal Everest

L’hélicoptère achemine les parachutistes à 7000 m d’altitude.

Katmandou Lukla

La température moyenne de jour pendant l’Everest Skydive en novembre avoisine les 15 °C. Les précipitations sont faibles, le meilleur mois pour s’y rendre.

OBSERVER L’Himalaya abrite plusieurs espèces d’animaux, nous dit Tom Noonan, certaines plus discrètes que d’autres… LE YÉTI « Certains croient toujours à la présence du yéti, mais nul ne l’a vu récemment. L’un des temples possède des os de yéti. »

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Niché à 3 440 m d’altitude, le village de Namche Bazaar est le paradis du randonneur.

Puis j’ouvre le parachute et la vitesse retombe à environ 25 km/h. Pendant les six minutes qui suivent, la descente se poursuit à hauteur du mont Everest distant de quelques petits kilomètres. Cette descente calme face à l’une des plus impressionnantes manifestations de la force de la nature inspire humilité et marque à vie. Vivre cette expérience que peu d’humains ont vécue procure une sensation indescriptible. Ce qui n’empêche pas d’être heureux d’atterrir sain et sauf sur la piste de Syangboche à 3 780 m d’altitude et de retrouver une température plus clémente. En tant qu’instructeur de saut en tandem, j’ai effectué près de 8 000 sauts dans

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« Pendant la chute libre, je me sentais aspiré par le relief himalayen. »

LE LÉOPARD DES NEIGES « Les léopards des neiges sont difficiles à observer. Mais j’espère ne jamais en croiser un la nuit. » LE YAK « Massifs, beaux et dociles, les yaks transportent tout ce que l’homme ne peut porter. »

S’IMPRÉGNER L’embarras du choix à Katmandou

une quarantaine de pays sur sept continents. J’ai sauté au-dessus d’un gouffre à Belize, sur la calotte glaciaire des deux pôles et sur les pyramides de Gizeh. Les spots reculés ça me connaît. Mais quand il s’agit de préparer l’expédition annuelle sur l’Everest, je me laisse tout simplement guider par ma passion. Depuis le début de l’aventure en 2008, je

LA DIVINITÉ DU MAL DE DENTS Dans le quartier des dentistes se trouve un bout de Bangemudha, un arbre-divinité couvert de pièces de monnaie, ­offrandes pour Vaishya Dev, protectrice des rages de dent. DU MIEL HALLUCINOGÈNE Provenant de la vallée de Katmandou, cet or liquide enrichi au rhododendron est appelé ici le « miel fou » en raison de ses propriétés hallucinogènes. Utilisé aussi contre le stress, on lui prête des vertus semblables à celles du Viagra. FROMAGE AU LAIT DE YAK Ce fromage dispo sur les marchés fermiers est très raffiné, doux et crémeux avec de riches notes d’herbes.

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GUI D E

Faire.

voyage

LE SAUT

LIBRE COMME UNE CHUTE

La bande sonore du saut en parachute et les consignes que chacun doit assimiler pour une chute en toute sécurité.

SIGNAUX Se parler est impossible pendant la chute libre, aussi votre instructeur communiquera à l’aide de signaux ­manuels. Le premier est le plus important.

CHECK ARMS Resserrer les épaules en forme de W.

ARCH Cambrer davantage le bassin.

CIRCLE OF AWARENESS Observer votre direction : lire l’altimètre.

ÉCOUTER La musique que Tom Noonan et ses coéquipiers écoutent avant de sauter de l’hélico à 7 000 m d’altitude. 1. JAMIROQUAI « Une fois, nous écoutions Jamiroquai et la moitié du groupe s’est mise à danser en ligne. Tout morceau qui i­ ncite les gens à bouger apporte un plus. » 2. LES CHANTS TRADITIONNELS « Les montagnes sont un lieu spirituel, plein d’énergie, un bon cadre pour la musique népalaise locale et les mantras bouddhistes. » 3. LE SILENCE « Le monde occidental ne connaît jamais le silence contrairement à l’Himalaya. La tranquillité et le calme qui prévalent là-haut n’ont pour moi pas leur pareil. Seul le vent reste audible. Magique. »

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travaille d’arrache-pied pendant 11 mois de l’année sur la logistique depuis mon bureau en ­Floride. Ma récompense est de me retrouver chaque année avec mes amis au Népal et vivre un temps dans l’Himalaya. En mai ou en novembre, selon la météo, mon équipe et moi emmenons entre cinq et dix personnes pour une aventure unique de Katmandou à l’Himalaya. Nous rejoignons Katmandou par avion, visitons la ville quelques jours, avant qu’un petit avion nous dépose à Lukla, aux portes de l’Everest. S’ensuivent trois jours de marche à travers vallées et montagnes, afin de nous acclimater à l’altitude. Un saut sans acclimatation augmenterait le risque d’hypoxie, un genre d’état d’ébriété dû au manque d’oxygène. Les débutants consentent à une dure semaine de préparation au sol, après quoi les sauts sont comme la cerise sur le gâteau. J’ai réalisé plus de sauts que je n’aurais pu imaginer. En 2009, j’ai établi avec deux collègues le record du monde de l’atterrissage en parachute le plus élevé, à 5 240 m. La première rencontre avec l’Everest vous marque à jamais. Dans mon cas, cela est

arrivé au détour d’un salon de thé au-dessus du Namche Bazaar. Une vallée dégagée de dix kilomètres s’étirait sous mes yeux avec au fond l’Everest qui semblait me ­toiser à son tour. Au Népal, autochtones, fermiers et sherpas tiennent les montagnes pour des déesses protectrices. La région baigne dans la spiritualité. J’appelle l’énergie ambiante la Force à l’instar de La Guerre des Étoiles, car en elle résonne quelque chose ayant une fréquence lointaine. Avant chaque sortie, nous faisons bénir tout notre matériel par un prêtre-lama lors d’une cérémonie appelée puja. Je suis devenu parachutiste à plein temps en 2006, à l’âge de 32 ans. Auparavant, je travaillais dans une banque de placements à Boston. Mais mon héros a toujours été ­Indiana Jones avec sa vie partagée entre des aventures dans des contrées lointaines et son travail routinier dans son pays. Comme lui, j’ai un bureau où je retourne et j’enseigne à des étudiants. Mais ma gratitude va avant tout au peuple népalais. Leur probité et leur candeur m’ont incité à devenir quelqu’un de meilleur. everest-skydive.com ; explorehimalaya.com

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PULL Ouvrir tout de suite le ­parachute.

PIERS MARTIN

Sous contrôle : la piste de Syangboche sert de drop zone pour l’Everest Skydive.



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Faire.

octobre / novembre

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et 19 octobre

QUI SERA LE CHAMPION ?

Après des courses spectaculaires en Afrique du Sud, au ­Canada et en Russie, la tension est palpable avant la finale des championnats du monde du Red Bull Pump Track. Le Swiss Bike Park, un terrain impressionnant de 20 000 m², servira de décor à l’événement, pour répondre aux souhaits de tous les riders (à l’image : Twan van Gendt), avec aussi des parcours de 300 m de long signés Velosolutions. Swiss Bike Park, Niederscherli ; redbullpumptrackworldchampionship.com

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Pour la première fois à Lausanne : le rock tendre et mordant de Vampire Weekend, à vivre en live à l’occasion de leur nouvel album, au top des charts anglais et américains : Father of the Bride. Les Docks, Lausanne ; vampireweekend.com

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novembre Tout oublier avec Angèle Ses modèles sont Ella Fitzgerald et Hélène Ségara, sa musique est un mélange réussi d’électropop, de hiphop, et de chanson classique. C’est avec son premier album Brol que la jeune chanteuse belge de 23 ans ­caracole en tête de liste en Belgique et en France. La petit sœur de Roméo Elvis débarque à Genève pour un concert unique. Arena, Genève ; @angele_vl

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novembre Danser avec Parov Stelar Avec son groupe, il a déjà réalisé plus de mille performances scéniques. Tous ceux qui ont assisté à ses shows le savent : personne ne reste de marbre quand le pionnier de l’électro-­ swing est aux platines. À ses côtés sur scène : sept musiciens qui vous feront pulser le son ­Parov Stelar dans les veines. Samsung Hall, Dübendorf ; parovstelar.com

au 24 novembre Comment devenir un ­héros

JARNO SCHURGERS/RED BULL CONTENT POOL, HEROFEST

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novembre Se laisser vampiriser

12 000 visiteurs se sont déplacés l’an dernier pour la première édition du Herofest. Cette ­année, le festival de gaming, esport et fantasy se déroulera sur trois jours. Au menu : les jeux tendance actuellement, des duels captivants entre les meilleurs gamers, et de fascinantes ­performances de Cosplayer. De plus, avec ses 2 000 participants, le Herofest accueille la plus grosse party LAN de l’espace germanophone. Bernexpo, Bern ; herofest.ch

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Voir.

BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, SONSTAR/RED BULL CONTENT POOL, MIHAI STETCU/RED BULL CONTENT POOL

AVIS DE TRÈS HAUT NIVEAU !

Les meilleurs freeriders, breakdancers et pilotes d’enduro auront les yeux scotchés sur des trophées mythiques à gagner ce mois-ci. Des performances à voir lors d’événements diffusés sur Red Bull TV.

octobre / novembre

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Virgin accueillera le Red Bull Rampage pour la seconde fois.

octobre   DIRECT

RED BULL RAMPAGE

Vingt-et-un représentants de l’élite du VTT freeride se réuniront à Virgin, Utah (USA) pour participer à la 14e édition de la compète sportive la plus chargée en adrénaline qui existe. Les riders et leurs deux équipiers vont s’activer pour façonner et perfectionner leurs lignes de descente qui conduiront l’un d’entre eux vers la victoire.

9

novembre   DIRECT

FINALE MONDIALE DU RED BULL BC ONE

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en d ­ irect ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et c­ réatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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Pour la première fois, Mumbai, en Inde, sera le décor du plus gros événement mondial de breakdance. Les meilleurs B-Boys et les meilleures B-Girls de la planète viendront s’y disputer la couronne du Red Bull BC One.

2

et 3 novembre   DIRECT

GETZENRODEO

Les World Enduro Super Series arrivent à leur apogée cette année avec le GetzenRodeo, une course incroyablement populaire. L’an dernier, 12 000 spectateurs ont fait le déplacement jusqu’à Drebach (Allemagne) pour saluer la victoire de Mani Lettenbichler.

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Automne 2019

L’HEURE ET LA MANIÈRE

Mer

Des montres de plongée élégantes et résistantes qui ne craignent pas la pression. Tudor Black Bay P01 Entre montre de plongée classique et montre de navigation, la Black Bay P01 revisite un prototype ­développé pour l’US Navy dans les années 1960. L’originalité du ­design réside dans son système d’arrêt de la lunette tournante ­bidirectionnelle en acier inoxydable avec 60 encoches, via un couvreanse mobile à 12 heures. Le cadran est en verre de saphir bombé, réputé pour ses propriétés anti-­rayure. Le bracelet hybride en cuir et en caoutchouc est muni d’un fermoir de sécurité. 86

Texte ALEXANDRA ZAGALSKY THE RED BULLETIN


GUI D E

Breitling SuperOcean 44

Mido Ocean Star Tribute

Alpina Seastrong Diver 300

Variation sur le modèle mythique de 1957, la nouvelle collection sport SuperOcean rime avec performance subaquatique. La plus belle pièce de la série est cette version 44 mm acier-bleu, avec un bracelet en caoutchouc D ­ iver Pro II et un mouvement phénoménal étanche jusqu’à 1 000 m de profondeur.

Mido frappe un grand coup avec cette Ocean Star étanche jusqu’à 600 m. C’est l’une des montres haute-performance les plus abordables du marché. Bâtie pour les conditions extrêmes, la 600 embarque un mouvement chronomètre certifié COSC avec une autonomie allant jusqu’à 80 heures.

L’adjectif strong, ou costaud, résume bien l’esprit de cette audacieuse et impressionnante montre de plongée de 44 mm : aiguilles sabre imposantes, ­boîtier en acier inoxydable en forme de coussin, recouvert de ­titane (photo) ou de bronze. Étanche jusqu’à 300 m.

Oris Divers Sixty-Five ­Chronograph Bucherer Blue

Bucherer Patravi ScubaTec Black Manta Edition Spéciale

Longines Legend Diver

La surface bombée et le bracelet en cuir ­caramel cousu de bleu impriment un charme vintage à ce chronographe haute performance conçu exclusivement pour Bucherer. Le jaune intense des aiguilles et des index améliore la lisibilité en se détachant clairement du cadran bleu profond.

Bucherer reverse une partie des recettes des ventes de ce modèle à l’association Manta Trust qui lutte pour la protection de ces géants marins, d’où sa couleur bronze/noir inédite de ce chronographe haut de gamme étanche jusqu’à 500 m dotée d’une valve à hélium.

THE RED BULLETIN

Son lancement en 1960 marque une ­rupture avec les tendances des montres de plongée de l’époque en effectuant un retour à la sobriété contrairement à ses concurrentes pour lesquelles le design est central. Le revêtement en PVD noir donne à la montre encore aujourd’hui un look futuriste.   87


GUI D E

Terre

Des classiques contemporains pour des aventures au quotidien.

Citizen Promaster Altichron

Reservoir Battlefield D-Day

La chouchoute des skieurs. Très robuste, la Promaster Altichron embarque une boussole et un altimètre mesurant jusqu’à 10 000 m. Le chronographe ­résiste au froid extrême, aux grandes ­profondeurs, jusqu’à 200 m. Son système Eco-Drive alimente la montre en convertissant toute lumière en énergie.

Les montres Reservoir sont connues pour leur complication à heure sautante et leur design pratique. Avec son cadran kaki et l’étoile blanche, la Battlefield J-Day rend hommage à la Jeep de l’armée américaine pour son rôle lors du débarquement de 1944.

Victorinox Fieldforce

Formex Element

Le Fieldforce allie efficacité et discrétion. Les grands chiffres Super-LumiNova ­décorent sobrement le cadran pour une visibilité optimale de jour comme de nuit. Petit détail sympa : le contrepoids de ­l’aiguille rouge des secondes est en forme de couteau suisse. Les puristes vont ­adorer.

L’Element se distingue avant tout par son original boîtier à facettes composé de 38 pièces et un système de suspension breveté par Formex pour protéger le ­mouvement des secousses brusques et améliore le confort au poignet, tandis que la lunette en oxyde de zirconium est quasi inrayable.

IWC Pilot’s Watch Chronograph Top Gun Edition Mojave Desert

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Sa collection est inspirée d’une fameuse école américaine de pilotage de combat, et sa céramique couleur sable évoque le désert des Mojaves où se trouve la base aéronavale de China Lake. Le mouvement à remontage automatique offre une ­réserve de marche de 46 heures. THE RED BULLETIN


montres

TAG Heuer Monaco V4 Édition limitée (1999-2009) Rendu célèbre par Steve McQueen dans le film Le Mans en 1971, le Monaco fête cette année ses cinquante ans. L’occasion rêvée pour l’horloger de lancer cinq versions spéciales de ce garde-temps quadrilatère novateur, chacune symbolisant une décennie différente, depuis 1969. Il s’agit ici de l’hommage numéro quatre. Cette belle itération noire aux accents rouge et orange saisissants puise son inspiration du début des années 2000. Son boîtier en acier inoxydable et le bracelet en peau de veau noire perforée évoquent un volant de voiture rétro, les surpiqûres blanches assorties aux bâtonnets du cadran, un petit détail qui séduira les geeks. Le fond du boîtier arbore le logo de la Monaco Heuer ainsi que des inscriptions « 1999–2009 Special Edition » et « One of 169 ». À l’intérieur, le célèbre calibre 11 fait battre le cœur de la TAG Heuer. Un mouvement à remontage automatique réactualisé animait déjà la première montre Monaco de 1969.

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Nouveaux horizons Des garde-temps à la pointe de la technologie pour les amateurs de sensations fortes.

Favre-Leuba Raider Bivouac 9000

Suunto 9 Baro Titanium Red Bull X-Alps Limited Edition Le Red Bull X-Alps est un must : un trail de 1 138 km combinant course à pied, rando, alpinisme et p ­ arapente. Cette montre GPS multisports testée dans des conditions extrêmes et limitée à 1 138 exemplaires propose 80 modes sportifs et une gestion intelligente de la batterie. 90

Casio Pro Trek WSD-F21HR

L’altimètre de cette montre peut mesurer des altitudes allant jusqu’à 9 000 m. C’est la favorite du vidéaste et photographe James Austrums, un h ­ abitué des aventures extrêmes que vous pouvez suivre sur le compte Instagram @favreleuba.

Tout juste sortie d’usine, la Pro Trek Smart Series de Casio livre un GPS, une cartographie et un boîtier robuste et étanche, mais surtout, c’est le premier modèle équipé d’un capteur cardio optique. La montre est compatible Android et iOS, et son mode économie de batterie lui assure jusqu’à un mois d’autonomie.

Garmin MARQ Athlete

Tissot T-Touch Expert Solar II

Grand sportif, la MARQ Athletet vous concerne. Sa lunette inclut le rythme de récupération et les échelles de VO2 max, et côté fonctions, la dynamique de course, la biométrie et le prédicteur de performance sont faciles d’accès. Avec ClimbPro, les fans de montagne suivront leur ascension en temps réel.

Tactile, légère, alimentée à l’énergie ­solaire et facile d’usage. Sept minutes sous l’astre du jour assurent à la montre 24 heures d’autonomie. Météo, boussole, altimètre, chronographe, alarme et chronomètre figurent parmi les fonctions disponibles, un gardetemps idéal pour les randonneurs. THE RED BULLETIN


montres

Steel Omega Speedmaster Moonwatch 50e anniversaire d’Apollo 11 Édition ­limitée Une merveille de montre commémorative. Créée pour marquer les cinquante ans depuis que Neil Armstrong et Buzz Aldrin débarquèrent de la capsule Eagle pour devenir les premiers humains à fouler le sol de la Lune, cette montre impressionne par ses détails : le compteur en or Moonshine 18 carats situé à 9 heures est illustré d’une image de Buzz Aldrin descendant du module lunaire. Autre petit détail, seul un ­index est positionné à 11 heures, un clin d’œil au numéro de mission emblématique Apollo 11 également en Moonshine. Mais cette montre hommage ne serait pas complète sans la célèbre citation d’Armstrong : « Un petit pas pour l’Homme, mais un grand pas pour l’humanité » ­gravée sur le fond du boîtier, ainsi qu’une empreinte d’astronaute réalisée au laser, symbole du premier pas de l’humanité sur le satellite de la Terre. La série est limitée à 6 969 unités numérotées, ce nombre fait bien sûr allusion à l’année de cet événement, étape majeure dans la course à l’espace. THE RED BULLETIN

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montres

Hors de ce monde Designs futuristes et atouts techniques pour garder un temps d’avance.

Hamilton Ventura La Ventura entretient un lien connu avec la science-fiction à travers la saga Men in Black où on la voit au poignet des agents du MIB incarnés par Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin et plus récemment par Tessa Thompson. Cependant, la renommée de la montre remonte au ­milieu des années 1950 grâce au ­designer industriel américain ­Richard Arbib, lequel a eu carte blanche pour créer un look futuriste caractérisant l’optimisme et la prospérité économique du pays. Inspiré par les ailes de ­voitures chromées et lustrées et d’une culture rock’n’roll débridée, Arbib conçoit le boîtier ­asymétrique de la Ventura, considéré depuis comme iconique et cosmique. En 1957, la Ventura a­ ffirme son ancrage dans l’ère spatiale en étant le premier garde-temps à pile au monde. Fan de la première heure, Elvis ­Presley portait sa Ventura ­religieusement ; après l’avoir eue au poignet dans le film Blue Hawaii en 1961, le King deviendra un inconditionnel de la marque et en ­possédera plusieurs modèles. 92

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GUI D E

Zenith Defy Classic en ­céramique blanche

Hublot Big Bang Unico Black Magic 42 mm

Fortis PC-7 Team ­Aeromaster Chronograph

Zenith est réputée pour ses montres de haute précision ultrasophistiquées à la pointe de la technologie, et ce chronographe lunaire est résolument futuriste. Le cadran squelette abrite le mouvement automatique Elite 670 SK, 3,88 mm d’épaisseur. Un pur bijou.

En 2005, la Big Bang honorait la micro-­ ingénierie et les matériaux innovants, cap maintenu par cette actualisation : le boîtier et la lunette sont noir microbillé en céramique et le mouvement à remontage automatique avec chronographe ­flyback et roue à colonnes.

Fortis est le fournisseur officiel de l’équipe de voltige aérienne suisse ­depuis plus de dix années. Pour les trente ans de la brigade, l’horloger livre une édition spéciale bleue royale avec une formation en vol g ­ ravée sur le cadran.

Maurice Lacroix Aikon Automatic Mercury 44 mm

Swatch Yellowboost

Rado True Thinline Les Couleurs Le Corbusier Iron Grey

À première vue, la Aiken Automatic Mercury est une montre traditionnelle, mais inclinez-la légèrement et ses aiguilles pendront librement. Repositionnez-la à la verticale, elles retrouveront leur place comme par magie pour indiquer l’heure exacte. Une particularité qui a un prix. THE RED BULLETIN

En termes de fonctionnalité, la ­Yellowboost est certes basique, mais elle excelle dans la cool attitude. C’est comme si elle avait été plongée dans un bain de kryptonite (plutôt verte que jaune). Également très robuste avec son bracelet en silicone, c’est une véritable montre de superhéros.

Rado célèbre l’architecte Le Corbusier à travers une série de 9 montres minimalistes, limitées chacune à 999 exemplaires. En céramique high-tech, elles sont ­ultraplates. La teinte gris métal ­dotée de propriétés réfléchissantes confère au cadran un aspect éthéré.   93


montres

De l’objet design à la montre outil

Quand connaître l’heure n’est plus la priorité : voyage dans les rouages techniques de l’art horloger.

Chronographe Une montre indique avant tout l’heure. Une montre chronographe possède en outre la fonction de mesurer un laps de temps donné – communément appelée « chronomètre » – grâce à une aiguille qui peut être démarrée, stoppée et remise à zéro par simple pression d’un bouton-poussoir, le tout indépendamment du mouvement réel. Le temps ainsi mesuré s’affiche sur des cadrans auxiliaires plus petits : les compteurs. Ces derniers, combinés à un tachymètre – sur le bord extérieur de la montre – peuvent déterminer la vitesse d’une voiture en mouvement sur une distance donnée (généralement le kilomètre). L’aiguille des secondes du centre se mue alors en indicateur de vitesse. Les aiguilles de traînée, dites aussi chronographe double ou rattrapantes, constituent d’autres outils de conversions plus complexes permettant aussi de mesurer des temps intermédiaires. 94

Texte ROGER RÜEGGER THE RED BULLETIN


GUI D E

Lunette rotative

Montre multifonction

Des matériaux inusables

Dans les années 1950, les fabricants Blancpain et Rolex réussissent leur plongeon dans le monde du silence et ­deviennent, avec la Fifty Fathoms et la Submariner, les références de la montre de plongée moderne. Le principe est très simple : la lunette mesure le temps d’immersion calculé, ou marque le début de la plongée (la flèche est alignée sur l’aiguille des ­minutes pour une position du temps sur zéro).

En dotant la montre numérique d’une calculatrice dans les années 1970, ­Casio inaugure des modèles multifonctions bon marché, à pile ou solaires, parfaitement adaptés à la quasi-­totalité des sports et ­domaines d’application. Alarme, ­altimètre, ­profondimètre, température, temps i­ ntermédiaires et ­synchronisation de l’heure sont quelques unes des fonctions pro­ posées en standard.

L’industrie horlogère peut parfois ­sembler conservatrice, mais voilà longtemps que la technologie high-tech ne se limite plus aux machines des fabricants. Silicium, saphir, titane et carbone font partie des matériaux de plus en plus utilisés dans les composants des mouvements, tandis que la céramique, le caoutchouc et les mélanges de fibres de carbone façonnent l’esthétique de boîtiers toujours plus légers, résistants aux rayures et stylés.

Altitude et profondeur

Gestion de fuseaux horaires

Une heure sonnante

Une poignée d’horlogers proposent cette fonction, même si traditionnellement elle reste plutôt insolite et accessoire chez les montres mécaniques. Ainsi, la Raider Bivouac de Favre-Leuba mesure jusqu’à 9 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, la ProPilot d’Oris à 4 500 mètres. Côté fonds marins, Favre-Leuba, Oris et Blancpain proposent des modèles avec profondimètre mécanique étanche jusqu’à 120 mètres.

Les globe-trotteurs apprécient mieux que quiconque cette complication. L’heure locale et l’heure d’origine peuvent se régler et se lire à l’aide de la lunette avec le nom des villes, des globes terrestres ou les abréviations internationales des aéroports, avec parfois l’indication du jour et de la nuit en plus de l’heure. Les modèles plus simples utilisent un cadran rotatif en format 24 heures et une aiguille centrale supplémentaire.

Jadis, consulter de manière répétée sa montre à gousset était déjà considéré comme une marque d’impolitesse. Par ailleurs, lire l’heure dans l’obscurité demeurait difficile. Avec le mécanisme de la répétition, l’heure sonne et devient sonore à la demande ou peut être réglée pour servir de ­réveil. Bon à savoir : les montres-­ bracelets équipées d’un réveil ­mécanique sont nettement moins onéreuses.

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MENTIONS LÉGALES

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

The Red ­Bulletin est ­actuellement distribué dans sept pays. Vous voyez ici la couverture de l’édition mexicaine, honorant l’actrice Cecilia Suárez. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

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P RO M OT I O N

must-haves

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1  GUMMILOVE DIRTYSOX #MAKINGSAFELOVESEXY

GummiLove lance un nouveau set constitué d’une superbe paire de GummiLove DirtySox et d’un préservatif Ceylor Jubilé. Making Safe Love Sexy, tel est le slogan de GummiLove qui introduit de manière aussi délicate qu’efficace la thématique de la protection dans les rapports intimes. Gummi4Love, Socks4Support : ­gummilove.com

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2 BLACKROLL® : L’OREILLER RECOVERY

Bien dormir est la clé d’une bonne récupération après le sport et d’une bonne régénération à la fin de la journée. Pour bénéficier d’un sommeil réparateur maximal, les athlètes utilisent l’oreiller RECOVERY. Il se roule et s’emmène facilement pour dormir partout comme chez soi. L’oreiller reprend sa forme initiale dès qu’on le déroule. 100% fabriqué en Allemagne. blackroll.ch

3  GAMING PC : LA NEXT-GENERATION

L’accessoire indispensable de tout ­gamer est un PC individuel. MIFCOM fabrique des systèmes de gaming pour les débutants, les joueurs confirmés et les adeptes. Tous les PC sont assemblés et testés par des experts. Livré avec une garantie de trois ans et un service après-vente à vie. Le compagnon idéal pour une ­expérience gaming inégalée ! mifcom.ch

4  GALAXY NOTE10+ : LE POWERPHONE

Le Galaxy Note10+ de Samsung ouvre de nouvelles possibilités de productivité avec son S Pen polyvalent et son appareil photo de qualité professionnelle. Grâce à la stabilisation vidéo comme une caméra d’action, vous n’aurez plus à vous soucier d’avoir des vidéos instables et grâce à sa puissante batterie, le Note10+ accompagne son utilisateur tout au long de la journée. samsung.com

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Pour finir en beauté

Ces deux têtes brûlées se disputent la dernière place de parking lors du Festival de v­ itesse de Goodwood ,­ en Angleterre. Au volant de sa Lamborghini Huracán customisée, le champion de drift « Mad » Mike Whiddett fonce sous un camion de 9,5 tonnes piloté par le vainqueur du Dakar, Eduard Nikolaev. Visionnez la vidéo sur redbull.com

Le prochain THE RED BULLETIN disponible le 10 novembre 2019 98

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