Les bases qui ont mené CHRISTOPHER NKUNKU au top de la Bundesliga et en équipe de France
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Le photographe allemand a tiré le portrait de Sir Lewis Hamilton, A$AP Rocky ou encore Pharrell Williams. Pour ce numéro, il a shooté le joueur de foot Christopher Nkunku. « Sur le plateau, Christopher était équilibré, patient et concentré. Il est une force sur le terrain, mais aussi un excellent sujet pour l’objectif. » Page 40
Le mix de talents de ce daté décembre-janvier est l’un des plus fameux à date. À commencer par Christopher « Christo » Nkunku, qui, en dix ans depuis son entrée en formation au PSG, est devenu pro avec le club de la capitale, meilleur joueur d’Allemagne avec Leipzig, a été élu parmi les trente prétendants au ballon d’Or 2022, et pourrait être l’un des hommes forts du prochain Mondial.
On vous offre aussi du bluff visuel avec le Red Bull Capture Point, concours dédié à ceux qui aiment le gaming au point de le documenter et de rapporter des souvenirs de leurs parties grâce à la « photographie virtuelle ». Avec leurs expéditions IRL, les jumeaux Turner sont des cas à part dans le monde de l’aventure scientifque, et contribuent à l’accroissement des connaissances sur les capacités humaines.
En plus ? Un portfolio de breaking – par un breaker ; un rappeur, Prince Waly, remis d’un cancer et qui a mis à proft cette période hardcore pour concevoir un album sincère ; enfn, la fabuleuse Björk, elle aussi dans la place !
« Hugo et Ross sont plus fun et relax que ce que vous pou vez attendre d’un aventurier. Tu n’as pas envie de lire leurs incroyables histoires d’expé ditions, tu veux juste charger ton sac à dos et bouger avec eux ! », explique le journaliste Mark Bailey à propos des Turner Twins, qu’il a rencon trés pour ce numéro. Il colla bore avec The Telegraph, Financial Times, National Geographic et bien d’autres. Voyez double en page 50.
Pour ramener un sujet de couv, c’est court.
Mais l’application du photographe Robert Wunsch et l’implication du footballeur français Christopher Nkunku ont grandement contribué à la réussite du projet.
déc. 2022 - janv. 2023
6 Galerie : votre dose mensuelle de folie photographique
12 Découvrez la plus petite nation du football américain
14 Vos prochaines vacances ? Dans l’espace, en mode 2001
16 Le salon pour hacker les hackeurs et les hackeuses
18 Le futur coloré et d’envergure de Lakwena Maciver
20 Les sons kung-fu de Lupe Fiasco
22 Prince Waly : le régénéré
24 Björk : à jamais libre
26 Kaditane Gomis : la nouvelle voie
Quand celui qui documente le breaking est un breakeur
Derrière le hashtag : rencontre à Leipzig avec Christopher Nkunku
Les jumeaux Turner partent à l’aventure pour le bien humain
Et si le monde de demain prenait vie dans nos jeux vidéo ?
The Red Bulletin à la recherche du Gavaggio parmi les Enak
79 Voyage : ski engagé au Pakistan
84 Matos : Apple Watch Ultra
85 Fitness : du ballet !
86 Expérience : virée commando !
88 Matos : neige mains-libres
90 Gaming : une grosse baston
92 Matos : des montres inspirées
96 Ils et elles font The Red Bulletin
98 Photo finale : skata do Brasil
Sur les pistes d’Enak Gavaggio.
Le photographe tasmanien Nick Green était dans l’eau avec les surfeurs Dion Agius et Taj Burrow lorsqu’une tempête a éclaté. « Taj passait en pagayant, je voulais capturer le moment, racontet-il. Et c’est alors qu’un éclair a frappé, juste au moment où j’appuyais sur le déclencheur. Taj s’est fendu d’un cri avant de repartir. C’était surréaliste. Je n’oublierai jamais cette scène. » Et nous non plus grâce à ses réflexes et à une place en demifinale en catégorie Lifestyle by COOPH du Red Bull Illume. nickgreenphoto.com ; redbullillume.com
Les forêts luxuriantes chez Sterling Lorence en Colombie-Britannique sont une aubaine pour ce photographe. « C’est formidable l’ambiance après la pluie, quand le terrain est humide et bru meux », explique Lorence, demi-finaliste du Red Bull Illume grâce à ce cliché. Sa lumière « brute » est top, et avec un sujet tel que l’icône du VTT freeride Brandon Semenuk, c’est bingo ! sterlinglorence.com ; redbullillume.com
Marcher sur une étroite bande de nylon à 700 m au-dessus du sol ? Ça, c’est la partie simple. Il a fallu trois jours au photographe Antoine Mesnage et au highlineur Hael Soma pour atteindre et créer cette ligne de 60 m au-dessus de la Mer de Glace, glacier alpin du massif du Mont-Blanc. Ne restait plus qu’à ne pas regarder en bas, à réussir le cliché et rejoindre la demi-finale du Red Bull Illume. Insta : @antoine.mesnage ; redbullillume.com
Dans les profondeurs de la péninsule du Yucután, les cavernes de Sac Actun font partie du plus grand réseau de grottes submergées au monde (348 km de long). Ici, là où la culture maya cache ses secrets, le plongeur David Dušek explore Otoch Ha, section réputée pour ses plafonds spec taculaires. « Chacune des grottes inondées se caractérise par des espaces, des décorations de stalactites et des couleurs de murs différents », explique Petr Polách, dont le cliché a été en finale du Red Bull Illume Masterpiece by SanDisk Professional. polachpetr.cz ; redbullillume.com
Représentant la plus petite nation (non officielle) au monde, cette équipe de football américain utilise le sport pour répandre la joie et promouvoir la santé mentale.
Le 25 septembre dernier, 26 millions de téléspectateurs et téléspectatrices ont vu les Green Bay Packers battre les Tampa Bay Buccaneers 14 à 12 – un match au cours duquel deux des quarts-arrières les plus légendaires de la NFL, Aaron Rodgers des Packers et Tom Brady des Bucs, se sont affrontés pour ce qui pourrait être la dernière fois.
Le même week-end, à l’autre bout du monde, à Montpellier, l’équipe de football américain des Sealand Seahawks s’est inclinée pour la deuxième fois de son histoire 27 à 0 face aux France Royal Roosters. « Les gars ont fait un travail de titan »,
a déclaré le joueur de ligne offensive des Seahawks et président du club, Mike Ireland, sur Facebook Live, alors qu’il quittait le terrain. Il a retourné son smartphone pour montrer ses coéquipiers épuisés mais rayonnants. « Combien d’équipes connaissez-vous qui, lorsqu’elles sont battues, gardent le sourire ? Tout ce qui compte, c’est que nous soyons ici. » Les Seahawks ne jouent pas de match à domicile. En accueillir un serait impos sible pour l’équipe qui se décrit elle-même comme « l’équipe nationale officielle de football américain représentant la Principauté de Sealand ». La
principauté est une plate-forme militaire datant de la Seconde Guerre mondiale située dans la mer du Nord, au large des côtes de l’Essex et qui est devenue une micro-nation en 1967 lors qu’un animateur de radio pirate nommé Patrick Roy Bates l’a occupée et déclarée telle.
C’est dans un pub que Mike Ireland, policier dans son comté natal des Cornouailles, en Angleterre, a eu l’idée de créer une nouvelle équipe de football américain. Sir Mike ruminait avec d’autres membres de la scène amateur britannique de football américain qui n’avaient pas été sélectionnés pour l’équipe nationale des GB Lions. « Nous nous sommes alors dit : “Pourquoi ne pas avoir notre propre équipe nationale ?” Et puis l’un des gars s’est souvenu de Sealand. »
L’autorisation des respon sables de Sealand a été obte nue et les Seahawks sont nés. Avec des équipes féminines, masculines et de sportifs de plus de 35 ans, le club compte aujourd’hui plus de 200 joueurs et membres du staff. Les entraînements ont lieu tous les deux mois à Milton Keynes, en Angleterre, et, entre temps, les joueurs et joueuses entre tiennent la flamme sur les réseaux sociaux.
Pour Sir Mike, l’impact de son organisation est tout aussi important que l’aspect sportif et social. En préambule d’un match contre les South Dublin Panthers, les Seahawks ont participé à un atelier sur la santé mentale, apprenant com ment repérer et éventuellement aider les personnes ayant des problèmes. L’équipe a depuis répandu la bonne parole et offert son soutien à ses clubs au Royaume-Uni, en Irlande et en Islande : « Nous voulons nous amuser et gagner des matches, raconte-t-il, mais nous voulons aussi faire quelque chose de mieux, qui en vaille la peine. » sealandseahawks.com
L’idée de passer quinze jours dans l’espace dans cinq ans vous emballe-t-elle ? Cet ambitieux projet vise à créer l’ultime destination pour des congés incroyables.
En 1967, deux ans avant que Neil Armstrong ne pose le pied sur la Lune, Barron Hilton, PDG de la chaîne hôtelière de sa famille, écrivait : « Je crois fer mement que nous aurons des Hilton dans l’espace. » Un demisiècle plus tard, le rêve d’hôtels interstellaires du magnat des affaires aujourd’hui disparu est sur le point de devenir réalité. Pas par le biais de sa société mais par celle de la compagnie de construction spatiale Orbital Assembly.
Structure rotative en forme de roue rappelant la station spa tiale du film 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968), la station Voyager dis posera d’une surface habitable de plus de 11 600 m² et pourra accueillir 440 personnes dans des suites de luxe. D’immenses
fenêtres offriront des vues uniques de la Terre et des pro fondeurs de l’espace. Ceux qui ont déjà médité sur leur place dans l’univers en sirotant un cocktail pourraient bientôt le faire en orbite.
« Seules 600 personnes environ, astronautes compris, sont allées dans l’espace », dit Tim Alatorre, cofondateur et directeur d’exploitation d’Orbi tal Assembly. De nos jours, un voyage de trois jours en orbite terrestre à bord du vaisseau Crew Dragon de SpaceX coûte environ l’équivalent de 55 mil lions d’euros par personne. Orbital Assembly vise à réduire le prix des billets à des milliers plutôt qu’à des millions d’euros pour un voyage intergalactique d’une semaine, même si les premiers invités paieront
Chambre étoilée : le séjour de l’une des suites de luxe de l’hôtel interstellaire, vue par un artiste (ci-dessus) ; la station Voyager, très inspi rée du film de Stanley Kubrick (en haut).
environ 5 millions d’euros pour un séjour de trois jours. Alatorre affirme qu’Orbital Assembly « propose les plus grands modules jamais mis en orbite ».
La station Voyager sera composée de pièces circulaires, ou modules, assemblées sur Terre puis reliées dans l’espace. Les modules tourneront de façon continue à 1,5 tour par minute – un peu plus vite que la trotteuse d’une montre –pour générer une gravité par tielle afin que les hôtes puissent se déplacer sans perdre leur équilibre. « Vous ne marcherez pas tout à fait normalement, mais notre objectif est que les visiteurs et visiteuses de la sta tion Voyager aient besoin d’aussi peu d’entraînement que possible. » Ces touristes pour ront profiter de bars, de restos, de salles de cinéma et de concerts, d’un spa et de salles de sport. Vous pourrez même prendre une douche après votre séance d’entraînement. Les WC seront semblables à ceux des avions : équipés de chasse d’eau, mais avec des systèmes de pression pour tenir compte de la gravité partielle. Des tâches plus complexes seront enseignées par le biais d’un programme de formation éla boré à partir des leçons tirées de la station Pioneer – un pro totype de station spatiale d’une capacité de 28 personnes, pour lequel Orbital Assembly col lecte actuellement des fonds. Si l’argent est au rendez-vous, la station Pioneer pourrait être opérationnelle fin 2025. Puis la station Voyager pourrait accueillir ses premiers et premières hôtes en 2027.
« Il faut habituellement dix ans pour réaliser un projet spatial, déclare Alatorre. Nous voulons montrer que le déve loppement de l’espace peut se faire beaucoup plus rapide ment. » Dépêchez-vous, ces premières chambres d’hôtel se remplissent rapidement. « On y sera beaucoup plus vite et plus tôt qu’on imagine. »
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Le savoir, c’est le pouvoir : ce sommet londonien réunit les experts et les novices du monde du piratage informatique pour nous aider à rester en sécurité derrière nos écrans.
Le hackeur, ou pirate informa tique, n’est pas qu’un person nage malveillant. Il existe aussi une armée de braves de la cyber sécurité qui nous pro tègent contre ces menaces et ces attaques. Des centaines de ces experts en « infosec » (sécurité de l’information) se réuniront à Londres début décembre à l’occasion du sommet Black Hat Europe 2022, série de conférences au cours desquelles ils et elles partageront leurs connais sances sur les vulnérabilités du monde connecté.
Leurs efforts n’ont jamais été aussi utiles : plus tôt cette année, un rapport du groupe de réflexion mondial Thought Lab Group, qui a interrogé 1 200 entreprises dans seize pays, a révélé une augmenta
tion de 15,1 % des cyber attaques en 2021 par rapport à l’année précédente.
Parmi les participants et participantes, on compte des professeurs d’université, des responsables de la sécurité en ligne de certaines des plus grandes entreprises du monde, dont Google, Apple et IBM, des PDG de jeunes entre prises spécialisées dans l’in formatique et des dirigeants de groupes éthiques ou “white hat” (trad. chapeaux blancs) qui recherchent ouvertement les failles des systèmes et créent des produits de sécu rité destinés à la vente.
Il existe également des « chapeaux gris », c’est-à-dire des pirates qui s’introduisent dans des systèmes sans auto risation, mais qui informent
ensuite les propriétaires des vulnérabilités qu’ils trouvent et proposent de les corriger, généralement contre une petite rémunération. Ce code de couleurs est emprunté aux vieux films de gangsters, où les gentils et les méchants étaient identifiables par la teinte de leur couvre-chef.
L’égalité des sexes fait len tement son apparition dans ce secteur autrefois dominé par les hommes. Le comité de révision de Black Hat, qui supervise le mouvement et ses événements dans le monde entier, est composé à 30 % de non-masculins et comprend Marion Marschalek, une vétérante de l’industrie de la détection des menaces qui, en 2015, a fondé Black Hoodie, un camp d’entraîne ment pour hackeuses.
Quels sont donc les futurs défis en matière d’infosécurité dont les personnes participant à Black Hat discuteront et, espérons-le, trouveront des solutions ? Après deux ans au cours desquels le monde a mené une plus grande partie de ses affaires, et de son plai sir, en ligne à cause du COVID, le simple fait de maintenir la sécurité du flux de données et d’argent est une tâche de plus en plus complexe. Il faut également tenir compte de la sécurité des nations et du maintien de la paix. La guerre conventionnelle et la cyber guerre sont désormais inex tricablement liées.
Lorsqu’elle a envahi l’Ukraine, la Russie a désac tivé les communications par satellite du pays. Alors que l’Ukraine se voit de plus en plus armée par les pays occidentaux avec des armes modernes connectées à Inter net, la Russie cherchera des faiblesses dans les défenses en ligne ainsi que sur le champ de bataille.
Black Hat Europe 2022 aura lieu à l’ExCeL de Londres du 5 au 8 décembre ; blackhat.com/eu-22
Les créations attractives de cette Londonienne brisent les frontières.
L’art de Lakwena Maciver allie une esthétique vibrante et joyeuse à un commentaire social tranchant. Cette créatrice ougandaise basée à Londres décrit ses œuvres comme des « portails afrofuturistes vers l’utopie », chacune étant imprégnée de son désir de célébrer mais aussi de changer le monde.
Ses Jump Paintings en sont un exemple : il s’agit de représenta tions abstraites de terrains de bas ket accompagnées de phrases et d’images encourageantes qui font référence à des légendes de la NBA. Chaque œuvre en acrylique sur contreplaqué est polie jusqu’à deve nir aussi brillante qu’un terrain de basket et aussi grande que le joueur représenté, ce qui donne une idée de sa stature. « Il y a une gloire dans ce sport que l’on ne retrouve pas ailleurs, selon Maciver. La façon dont les joueurs et joueuses se déplacent est presque surnaturelle. Il y a un mouvement ascendant –pas en termes d’argent, mais de rêve et d’ambition. »
Maciver, diplômée en concep tion de médias graphiques et en illustration de la London School of Communication en 2009, a acquis une renommée internationale avec ses peintures murales kaléidosco piques de grande dimension qui uti lisent des slogans de style publici taire. Ses œuvres ont été exposées à New York, Dubaï et Vienne, ainsi qu’à la Tate Britain et à la Somerset House de Londres. « J’ai toujours aimé les mots, déclare la jeune femme de 36 ans. La plume est plus forte que l’épée, n’est-ce pas ? Peindre des mots est ma façon la plus instinctive de communiquer. »
Sa dernière exposition, A Green and Pleasant Land (HA-HA), pré sentée au Yorkshire Sculpture Park,
explore ce qui est public et ce qui est privé, et qui dicte les limites de la liberté d’expression et de l’espace partagé. « En général, je ne peins pas sur mes propres surfaces. Je m’interroge sur qui possède les murs et les espaces publics. »
En se plongeant dans l’histoire du parc, elle a découvert qu’entre le XVIIIe et le XIXe siècle, l’ancien domaine était bordé de « ha-has » : des fossés qui empêchaient le bétail et les gens de s’y aventurer. « Cela m’a fait réfléchir à la façon dont les frontières sont mises en place discrètement par les per sonnes au pouvoir pour empêcher les gens d’entrer. » Les grands pan neaux et les textiles de A Green and Pleasant Land présentent ce thème dans un contexte moderne. « On s’accorde généralement à dire que nous vivons dans une démocratie et que la liberté d’expression est une bonne chose, explique Maciver, mais il en est en fait autrement car il existe des règles non écrites, et j’en ai un peu marre. »
Heureusement, Maciver est capable de traduire sa frustration en espoir et en ambition, qu’elle canalise dans son travail. Elle a bon espoir que les générations futures s’emparent de cette cause. « Je veux que mon travail parle aux jeunes, afin qu’ils posent des ques tions, parce qu’en ce moment, on nous encourage à ne pas le faire. Il y a une rhétorique de la révolution, mais en réalité on nous dit d’être dociles. C’est ce que je veux défier. » ysp.org.uk
L’artiste londonienne Lakwena Maciver, et quelques exemples de ses Jump Paintings, de l’enver gure d’un joueur de basket ball, qui appellent à une ascension positive.Le rappeur partage la bande-originale d’une vie au rythme des arts martiaux.
Lupe Fiasco (de son vrai nom Wasalu Muhammad Jaco) s’est fait connaître en 2006 grâce à un couplet specta culaire sur Touch The Sky, de Kanye West. Huit albums et un Grammy plus tard, l’artiste de 40 ans originaire de Chicago continue de produire des rimes en plus d’exercer ses talents en arts martiaux. « Je baigne là-dedans depuis ma naissance, dit Fiasco, qui a commencé ses études dans les dojos de son père, prof de karaté aujourd’hui disparu. Une grande partie de ce que je fais y fait référence, et je m’entraîne encore presque quotidiennement. » Il présente ici quatre titres qui ont joué un rôle déterminant dans sa vie… L’album Drill Music in Zion est dispo ; lupefasco.com
Scannez ce code QR pour écouter notre podcast avec Lupe Fiasco sur Spotify.
« Gamin, je regardais en boucle un film d’arts martiaux noir des années 80 appelé Le dernier dragon. C’est l’une des trois chansons de la BO que j’écoute régulièrement lorsque je m’entraîne. Je l’ai entendue pour la première fois à l’âge de trois ans. Je regardais le film, j’entendais la chanson et je les voyais jouer une scène de combat, puis le lendemain, j’étais dans le dojo en train de jouer la même scène. »
« Mon père passait ce titre de la BO de Rocky IV sans arrêt à la maison et dans le dojo. C’était l’un de ses morceaux préférés. Nous concevions des katas entiers sur cette compo sition, de la casse de planches aux présentations d’autodé fense. Elle est très longue et sans paroles, mais quelle puis sance ! Parfois, elle me fait pleurer parce qu’elle est liée à mon enfance et à mon histoire avec les arts martiaux. »
« J’ai entendu cette chanson pour la première fois dans des films d’arts martiaux au début des années 90, mais je n’ai jamais pu la trouver (c’était avant Internet et Google). Mais j’ai fini par la trouver. Je l’écoute religieusement, et même si je ne comprends pas les paroles, c’est certainement l’une des chansons les plus puissantes que j’aie jamais entendues. Elle me donne envie d’aller faire du kung-fu.
»
« La capoeira est une forme d’art originaire d’Afrique qui a migré au Brésil pendant la traite des esclaves. Elle res semble à une danse, mais elle contient des techniques d’arts martiaux puissantes et très meurtrières. Elle est toujours mise en musique, avec un ins trument, un arc à une corde, le berimbau. Ce morceau de bossa nova en contient et je l’utilise pour me détendre après l’entraînement.
»
LUPE FIASCOAprès une bataille contre un cancer diagnostiqué en 2019, le rappeur Prince Waly se présente désormais sous son vrai visage : celui de Moussa, un homme transformé.
Texte OUAFAE MAMECHE Photo FIFOUJanvier 2019, Prince Waly sort un nouvel EP prometteur, enchaîne les rendez-vous médias et prépare une tournée. Mars 2019, au petit matin, l’artiste perd littéralement son outil de travail : sa voix.
Pensant d’abord à une simple extinction de voix qui s’éternise, il a fallu deux mois et demi au jeune homme de 27 ans et plusieurs spé cialistes, pour découvrir la véritable origine de sa souffrance : un cancer du thymus. Dans son malheur, Waly a eu la chance que la tumeur, située entre les poumons, compresse un nerf relié à ses cordes vocales, l’aler tant de sa présence. Car ce type de cancer ne développe pas de symp tômes apparents… Un signe ? C’est ainsi que le rappeur l’interprète, s’es timant béni de l’avoir appris avant qu’il ne soit trop tard et d’être sorti vainqueur du combat contre sa maladie généralisée.
Souriant et reconnaissant, Prince Waly a toujours considéré cette épreuve comme un moyen de deve nir une meilleure version de luimême. Son optimisme et sa combati vité sont désormais des moteurs de création artistique. Sur Moussa, son premier véritable album, il se dévoile enfin tel qu’il est réellement, avec ses forces et ses faiblesses. Son cancer lui a été salvateur.
the red bulletin : Comment avez-vous vécu cette période de la maladie ?
prince waly : C’était très compliqué, j’étais obligé d’être accompagné presque tout le temps, ne serait-ce que pour aller acheter une baguette. Je suis devenu dépendant des autres à cause de la fatigue. J’ai annulé toutes mes dates de concerts, je ne faisais plus de son, je ne gagnais plus ma vie et j’étais déprimé. Pendant la période où j’étais vraiment dans le mal, c’est-à-dire presque un an, je ne répondais jamais au téléphone, je ne voulais parler à personne. Je préfé rais garder mes mauvaises énergies pour moi plutôt que de les trans mettre aux autres. Mais j’ai accepté le fait que j’ai été confronté à ce genre d’épreuves pour une raison. Alors je me suis accroché !
À quoi vous êtes-vous accroché ? J’ai traversé de nombreux moments difficiles, depuis petit, des coups durs que j’ai toujours surmontés. Quand le cancer est arrivé, je me suis dit : « Tu vas réussir, comme d’habitude, tu vas gagner, aller jusqu’au bout, ça va être dur mais la récompense sera d’autant plus belle. » Je me suis raccroché à la religion, j’ai toujours cru en Dieu, je suis musulman. La famille aussi, ma mère et ma copine Julia. Je ne pou vais pas leur faire ça, partir de leur vie si rapidement. Moi, à la limite, je peux le surmonter, je connais mon corps, je sais de quoi je suis capable, mais c’est encore plus dur pour les proches. Ma mère a déjà perdu un fils, je ne voulais pas être le second.
Votre entourage a-t-il changé ? Cette épreuve m’a permis de filtrer les gens, jusqu’à la racine, que ce soit
dans mon entourage proche ou professionnel. Je me suis remis en question pendant deux ans lorsque j’étais tous les jours chez moi, seul, sous traitement. Je me suis rendu compte qu’on s’accroche à des choses simplement parce qu’elles sont là depuis longtemps, comme des amitiés d’enfance, alors qu’elles nous ralen tissent. Je me suis éloigné de toutes les personnes malsaines qui ne me voulaient pas forcément du bien.
Cela a-t-il été facile d’évoquer la maladie sur ce nouvel album ?
Je suis une personne pudique et timide à la base, je ne parlais pas de moi dans ma musique, je faisais beau coup de storytelling ou j’utilisais la troisième personne pour prendre de la distance. Il n’y a pas si longtemps encore, je ne voulais pas revenir avec des morceaux qui parlent de la mala die. C’est très bizarre mais je culpabili sais un peu. Ce n’était pas de la honte mais je voulais le cacher, je ne voulais pas exposer mes faiblesses, je voulais choisir quoi partager avec le public.
Pourquoi avoir changé d’avis ?
Ce sont mes proches qui m’ont convaincu de raconter cette période. D’abord pour moi, afin de m’en servir comme une thérapie, et parce que ça pouvait aussi aider certaines per sonnes qui traversent la même chose.
Et ils avaient raison ! Aujourd’hui, j’ai moins de mal à parler avec le cœur, je n’ai plus de filtres.
Qu’entendez-vous par là ?
La plupart des stars du rap pensent qu’elles ont une image à tenir ou un certain statut, mais on est des êtres humains avec des émotions, des hauts et des bas. Avec du recul, je n’aimais pas trop la personne que je devenais en 2018-2019, avec tous ces filtres jus tement. J’étais un rappeur de vitrine, je ne parlais que de marques de mode, de cinéma, avec une tonne de réfé rences. Aujourd’hui, je suis vraiment en paix avec la personne que je suis devenue et je n’ai plus de mal à racon ter ma vie.
Prince Waly sera en concert à La Cigale, à Paris, le 31 janvier 2023. L’album Moussa est dispo ; prince-waly.com
« Aujourd’hui, j’ai moins de mal à parler avec le cœur. »
L’Islandaise parle de notre espace de cerveau dispo pour la nouveauté, de ne pas compromettre sa créativité et nous explique pourquoi nous devrions danser comme des trolls.
Texte MARCEL ANDERS Photo VIDAR LOGIL’Islandaise de 56 ans parle depuis sa maison de Reykjavik, l’endroit qui a inspiré son dernier album Fossora ou « celle qui creuse », que Björk décrit comme « un album champignon ». Il a été réalisé après cette période de pan démie avec, dit-elle, le sentiment que nous prenions tous et toutes racine. L’album est aussi novateur et auda cieux que l’on peut s’y attendre de la part d’une artiste qui a fait carrière en étant intransigeante et inventive. Et cela donne à sa musique ses propres racines. Björk ajoute qu’elle continue simplement de faire ce qu’elle fait depuis qu’elle a quatorze ans.
the red bulletin : Fossora est votre dixième album studio, mais vous êtes toujours aussi inventive. Le titre Trölla-Gabba notam ment… A-t-il été inspiré par votre idée d’une fête de trolls ? björk : Je l’écoute quand je suis un troll. Je pense que nous sommes tous et toutes des trolls parfois – parfois, nous nous sentons comme un chat ou un oiseau délicat ou quelque chose d’autre, et parfois comme un troll. Et quand on se sent comme un troll, on a envie de sauter, le poing en l’air, en recherche d’une certaine libéra tion cathartique. Je pense qu’il est important de danser souvent, jusqu’à un âge avancé, pour que cela fasse partie de notre mode de vie.
Vous dansez à l’écoute de vos chansons dans votre salon ? Je ne danserais jamais sur ma propre musique. Je pense que c’est impos
sible pour moi. Mais il m’est arrivé d’être DJ. Pendant la pandémie, j’ai été DJ dans quelques endroits du centre-ville lorsque les règles se sont assouplies, dans des bâtiments où il n’y avait que quelques personnes, peut-être cinquante max. Mon set préféré dure quatre heures et com mence par de la musique classique ou de la musique du monde pendant une heure, puis la deuxième heure est un peu plus rapide, la troisième heure encore plus rapide et la der nière heure n’est que du gabber bru tal et de la techno. Cela décrit assez bien mes goûts musicaux.
En matière de musique, vous res semblez à un David Attenborough, toujours à la recherche de l’in connu. Pourquoi est-ce important ? Je ne me comparerais pas à David Attenborough, mais oui, je suis très excitée lorsque j’entends quelque chose de nouveau. La nature nous a faits et faites de telle sorte que nous nous renouvelons complètement tous les sept ans, nous sommes un agglo mérat de cellules totalement nou velles. Nous devenons des personnes différentes. Il est important de pous ser notre croissance émotionnelle et psychologique jusqu’à quatre-vingtcinq ans, ou plus, pour en être conscient et ouvert, et pour nous débarrasser de suffisamment de déchets dans nos vies pour pouvoir aller de l’avant et continuer à grandir.
Les scientifiques qui ont étudié le cer veau ont remarqué que si vous écou tez une nouvelle chanson que vous n’avez jamais entendue auparavant, votre cerveau crée un nouveau terri toire pour elle. Si vous n’écoutez que vos titres préférés, la partie musicale de votre cerveau ne se développe pas.
La musique électronique est un terrain de jeu idéal pour vous, sans aucune limite ?
Aucune musique n’a de limites, c’est une question d’imagination et d’état d’esprit. On peut stagner ou être imaginatif dans n’importe quel genre. Il s’agit plutôt de savoir si tout ce que pouvez mettre dans une chanson est là ou pas.
Comment voyez-vous votre place dans l’industrie musicale ? En tant qu’artiste à succès, êtes-vous libre de faire ce que vous voulez ?
J’ai toujours fait ça, depuis que je suis adolescente. J’étais dans des groupes punk et nous étions chez un label indépendant en Islande, donc il ne s’agissait pas de faire de l’argent.
Si quelqu’un avait besoin d’un poster, je faisais un poster, si quelqu’un avait besoin d’une pochette d’album, quelqu’un faisait une pochette. Je viens de ce milieu DIY (Do It Yourself, ndlr) depuis l’âge de quatorze ans, où il n’est pas nécessaire de vendre son âme aux entreprises pour être musicienne. Cette mythologie, où la maison de disques arrive sur un cheval blanc pour vous signer et vous sauver, et où, si elle vous laisse tomber, vous êtes un loser, c’est de la fiction. Cela n’a rien à voir avec la musique. Je me sens très chanceuse d’avoir été entourée de personnes plus âgées que moi quand j’avais qua torze ans. Notre philosophie c’était : mieux veut avoir un contrôle créatif total et vendre trois disques que de se plier à des compromis.
Vous en tenez-vous toujours à ces règles aujourd’hui ?
Rien n’a vraiment changé. Je fais tou jours la même chose que quand j’étais ado. Si vous êtes propriétaire de votre travail, maîtresse de votre créativité et que vous êtes conscient de vos talents, vous pouvez faire ce que vous voulez pour le reste de votre vie. Si plein de gens aiment ce que vous faites, c’est un bonus, mais j’ai tou jours été consciente qu’un jour tout cela pouvait disparaître. Dans ce cas, je continuerais à faire de la musique.
Fossora est dispo ; bjork.com
« Je suis libre dans ma créativité depuis que j’ai 14 ans. »
À 20 ans, le freestyleur de La Clusaz suit les traces de son père, skieur alpin qui a participé aux JO d’Albertville en 1992 pour le Sénégal. Et veut prouver que le visage du ski peut changer.
Texte PATRICIA OUDIT P hoto DOM DAHERAlors qu’il marche à peine, son père Alphonse Gomis, moniteur de ski, le pose sur des skis en plastique à sangle. Mais si Kadi, comme on le surnomme, aime glisser, il aime par-dessus tout sauter. Et c’est ce que fait le minot annécien dans les trois vallées avant d’atterrir à La Clusaz. Un jour, en y skiant, il s’inscrit à une compétition au snowpark en cachette. « J’ai fini troisième. Ma mère n’était pas au courant, elle l’a découvert quand elle a entendu mon nom au micro ! J’ai su ce jour-là que je voulais devenir un freestyleur », raconte l’ambassadeur Alpina Watches. Et voilà la carrière de ce skieur slopestyle et big air lancée.
the red bulletin : Comment votre père, skieur alpin, a-t-il réagi à ces débuts freestyle en cachette ? kaditane gomis : Mes parents ont été surpris. Mais, j’avais déjà fait des petites frayeurs à mon père. À 5 ans, par exemple, sur le superpipe de Méribel, sur lequel s’entraînait les skieurs, mon père me dit : « Viens, on va voir », et là, au lieu de stopper sur le rebord, je file droit dedans. Mes fesses ont touché le sol, c’était bien trop énorme pour moi. Je ne m’inté ressais qu’aux vidéos de Kevin Rol land et Candide Thovex. Mon père n’était pas du tout contre le fait que je m’y mette, mais il m’a dit qu’il fallait avoir des bases solides et donc passer par l’alpin. Avec le recul, je réalise qu’il avait raison. J’ai attendu mes onze ans pour passer au freestyle.
En parallèle, vous vivez une autre passion, très familiale aussi… Je suis un dingue de foot, qu’on pratique aussi à haut niveau dans la famille Gomis. Mais j’ai dû faire un
choix, je ne pouvais pas m’entraîner dans les deux disciplines en même temps. Mon père m’a aidé dans ce choix. On a fait le constat qu’en étant né à Annecy, il était plus logique d’opter pour le ski. Mais ça a été dur.
À quel moment vous êtes-vous dit que vous pourriez faire carrière en freestyle ?
À ma première compétition FIS natio nale des plus de 15 ans. J’ai fini 5e Je suis du genre à tout donner, même en bas du classement. Mon but, c’est de passer des gros tricks super tech niques qui valent des points en com pétition et que ça semble facile, ins tinctif. Et ça marche : en 2019, j’ai gagné le classement français en Big Air et slopestyle.
Suite à une rupture du plateau tibial en septembre 2020, vous avez dit avoir mis du temps à sur monter votre peur. Comment revient-on ?
Mon kiné m’a dit qu’il n’avait jamais vu quelqu’un se rétablir aussi vite d’une telle blessure. Un mois et demi après je reprenais le ski. Pendant tout l’hiver, je n’ai souffert d’aucune douleur mécanique, mais les tissus me tiraient et ça m’a bloqué dans ma tête. Je suis resté dans ma zone de confort. C’est lors du tournage du film Roots, le dernier jour de ride, que mes peurs se sont envolées. La saison était finie, je n’avais plus rien à craindre pour la suite, j’ai tout donné, j’ai sauté une table énorme, comme je n’en avais jamais osé, et c’est passé.
Depuis, vous enchaînez les podiums français et européens… Vous êtes le seul métis à évoluer à ce niveau. Comment ça se passe ? Mon père m’a toujours dit : « Il fau dra que tu sois solide mentalement. »
Je suis métis dans un univers très peu coloré, et même si je n’ai jamais eu à souffrir de remarques vraiment déplacées, on sait comment marche le monde. Ma première année au club, j’ai croisé Jean-Laurent Ratchel (skieur freestyle d’origine antillaise aujourd’hui âge de 36 ans, ndlr) par hasard. Direct, il m’a dit : « Toi, je vais te sponsoriser, t’aider. » Il m’a pris sur les tournages. À la suite de mon père, c’est Jean-Laurent qui m’a donné confiance, fait réaliser que cette diffé rence était une force, pas un poids.
Souhaitez-vous être une source d’inspiration pour d’autres per sonnes de couleur dans le ski ? J’aimerais en tout cas normaliser le fait qu’un Noir, peut au même titre qu’un Blanc percer dans le ski freestyle. On devrait pouvoir arriver à faire skier des gens qui n’en ont pas les moyens. Il faut ouvrir le chemin en termes de résultat et d’image. Ne pas avoir à se cacher. J’ai un peu honte de le dire, mais plus jeune, quand j’arrivais sur une compétition, j’avais une cagoule. On ne voyait pas mon visage, personne ne voyait que j’étais différent. J’étais matrixé dans ma tête : je ne voulais pas qu’on se dise : « Ah le skieur noir, il est fort. » Juste : « Ah, le skieur, il est fort. » Jean-Laurent Ratchel m’a tout le temps répété d’enlever ma cagoule !
Vous sentez-vous Africain ? Oui, même si au final j’ai grandi dans les mêmes conditions qu’un Français. À la différence de mon père qui a connu plus de difficultés à son époque. Je vais souvent au Sénégal, on y a beaucoup de famille.
C’est quoi votre Graal ? Les JO comme votre père à 34 ans d’écart ? On a deux histoires différentes, qui se passent dans la même famille, et ça, c’est super. Mais je n’ai pas envie qu’on me dise que je suis là parce qu’il y a mon père. Si j’ai cet objectif des JO, ce n’est pas pour le dépasser. Je vois ça plutôt comme du respect, une sorte d’hommage.
Instagram : @kadigomis
« Cette différence était une force, pas un poids. »
En tant que B-Boy consacré, le photographe FRANKIE PEREZ apporte un point de vue unique sur l’esprit pur de la culture du break. Il partage ici quelques-unes de ses images les plus évocatrices prises au fil des ans.
Texte NORA O’DONNELL Photos FRANKIE PEREZAyant grandi dans le Queens (NewYork), Frankie Perez se souvient très bien du jour où il a assisté à son premier battle, à 13 ans. « J’ai été souffé parce que c’était une chose tellement nouvelle pour moi. La suite est connue. » Après avoir perfectionné son art en tant que B-Boy, Perez a remporté des battles dans le monde entier, notamment le Red Bull BC One Cypher à New York en 2021. Mais à présent, il est aussi souvent derrière les objectifs que devant, et sa perspective de danseur avec un sens aigu du mouvement imprègne son travail. L’année dernière, Perez a publié son premier livre, See Me Up? It’s ’Cause I’ve Been Down, une série de photographies qui saisit le monde de la danse de rue. « Mettre le break au premier plan de la culture pop à travers mon art, c’est mon intention, dit-il. Pour que les gens de la scène en soient fers. » Instagram : @pluralist_
Autoportrait : « Il me restait ces fleurs que j’avais utilisées comme accessoires et je me suis amusé, explique Perez. Tout ce que j’essaie, c’est de créer autant que possible, qu’il s’agisse d’une commande ou pas. »
Perez a pris cette photo à Montréal dans le cadre d’une campagne pour Depop, plateforme de revente de sapes basée au Royaume-Uni. « L’une de mes missions est de mettre B-Boys et B-Girls en avant de la culture pop. »
Chaque fois que Perez a l’occasion de faire un shooting photo pour une campagne importante – ici, pour Converse – il caste des breakeurs.
Ici, B-Boy Fate, de l’équipe Ground Illusionz, lui sert de modèle pour la collection automne 2020.
Perez aime expérimenter les fuites de lumière qui donnent de la texture à l’image. « C’est mon pote Wonka, un popper de Montréal, dit Frankie. Je voulais réaliser un portrait sans danse pour donner une image plus complète de la scène. »
Frais chez les Bleus, et meilleur joueur du championnat allemand la saison dernière, CHRISTOPHER NKUNKU trace sa route. Bosser dur, concentré sur soi-même, c’est ça, le Christo style.
Texte PH CAMY Photos ROBERT WUNSCH Le joueur de foot français du RB Leipzig, CHRISTOPHER NKUNKU, photographié en Allemagne, le 29 septembre dernier.En semaine, vous ne trouverez pas de vols directs Paris-Leipzig. Vous passerez par Francfort, ou Munich – avec possibilité de croiser des adeptes de l’Oktoberfest (trois semaines de bière intense à Munich), si comme nous, vous transitez par là fin septembre. Une fois débarqué à Leipzig, Saxe, Est de l’Allemagne, vous serez probablement trahi par votre accent français, et le taxi lancera la conversa tion. Davit, celui qui nous charge à notre descente de l’avion, est Arménien. On évoque Aznavour, ça va de soi ; Macron, of course ; et d’autres personna lités. Est-ce qu’il a déjà déposé des joueurs de foot locaux ? Davit googlise, jusqu’à une photo de… Christopher Nkunku. Un signe ? Lendemain matin, nous nous apprêtons à exploiter au mieux une paire d’heures en sa compagnie (Christopher, pas Davit) dans les coursives du Red Bull Arena, pour un shooting photo et une interview express. 11 h3 0 : Christopher se glisse sur le set. Urbanwear, sac de la maison allemande de maroquinerie MCM sur le dos, paire de baskets BAPE façon Air Force One aux pieds, quelques bijoux aux doigts et une chaîne autour du cou. Casual et souriant, le joueur français d’1,75 mètre et 25 ans salue tout le monde. Ici, c’est sa maison.
D’abord baptisé Zentralstadion, et notamment construit avec des débris de bombardements de 1945, le stade historique de Leipzig a été achevé en 1956. Plusieurs fois reconstruit, et rebaptisé Red Bull Arena en 2010, l’enceinte est finalement rénovée en 2015, puis « augmentée » en août 2021, pour atteindre une capacité de 47 000 (et quelques) places. C’est en 2009 que démarre la connexion entre la marque Red Bull et le football leipzigois, quand la marque de boissons énergisantes (déjà dans le football avec le Red Bull Salzburg et les Red Bulls de New York) achète une petite équipe de cinquième division proche de Leipzig, le SSV Markranstädt, qui deviendra le RB Leibzig, pour RasenBall Leipzig – que l’on pourrait traduire en « ballon de gazon » (il est interdit de donner un nom de marque à une équipe de football en Allemagne, seul le Bayer Leverkusen fait exception). À l’époque, dans la région, il n’existe pas de club en première division de Bundesliga. Ambition : atteindre l’élite d’ici à 2017. Un centre de performance hi-tech pour les jeunes joueurs est créé : les talents de l’ex-RDA doivent se développer dans la région, et passer par Leipzig. Le club s’attache à diffuser une image
Serein : à 25 ans, Nkunku est l’un des top joueurs du championnat allemand, et un talent en ascension chez les Bleus.
« #CnkSpirit, ça représente ce qui me guide au quotidien, mes principes. »
Voir loin : Christo avance toujours avec une envie d’amé lioration ancrée au maillot.
respectable et clean de son effectif. En bref, on n’est pas là pour la flambe, mais pour jouer.
Et ça paie. Le RB Leipzig atteint la première division plus tôt que prévu, pour la saison 20162017. Cependant, à ses débuts dans l’élite, le club est rejeté par quasiment tous les fans de football allemand, car perçu comme une formation sans histoire, « en plastique ». Leipzig est sujet aux controverses, mais le club finira par s’imposer en Bundesliga comme une entité crédible (deuxième du championnat dès sa première année, puis à nou veau pour la saison 2020-2021), et se construit une fanbase fervente. Alors que nous visitons le shop du club aux abords du Red Bull Arena, son gérant nous explique que cinq caissiers s’y activent nonstop les jours de matches. L’armée rouge et blanche des fans vient notamment y choper des tote-bags à l’effigie de Christopher Nkunku. La performance et le succès du RasenBall lui sont en partie redevables. Originaire de Lagny-sur-Marne, à plus de 900 km de là, « Christo » s’est lancé dans la carrière il y a une dizaine d’années. Il intègre le centre de forma tion du PSG à 15 ans, puis l’équipe pro de Ligue 1 en 2015. Il a alors 18 ans. Puis Christo rejoint le RB Leipzig en juillet 2019 (en quête du temps de jeu qui lui manquait au PSG), et dispute son premier match de Bundesliga le 18 août. Il inscrit, à bout portant, l’un des buts de cette victoire écrasante (0-4) sur le terrain de l’Union Berlin, en ouverture de la saison 2019-2020.
Malgré cette première positive, ses débuts sont dou loureux, Christo peine à terminer ses premiers matches. Le rythme est trop intense. « L’intensité, l’efficacité, aller vite au but », c’est à ça qu’est désor mais confronté le Français, et il galère. Pourtant, il deviendra le meilleur joueur de Bundesliga sur la saison 21-22. Comment-a-t-il pris le dessus sur un jeu allemand si exigeant, qui le dépassait ? « La clef, c’est d’accepter les moments où l’on est en difficulté, explique Nkunku. Parfois, on se cherche des excuses, on se dit : “Ce n’est pas de ma faute, com ment ça se fait ? Ça doit être les autres !” Si tu n’es pas dans l’acceptation de tes moments de difficulté, tu ne peux pas améliorer ce qui doit l’être. J’ai accepté que, parfois, je n’arrivais pas à finir le match, j’ai accepté que j’avais des problèmes de
tactique face à ce nouveau jeu que je découvrais, et j’ai bossé sur ces gros axes. Ensuite, en conscience de mes qualités, je savais que ça allait pouvoir s’améliorer. À cela s’est ajoutée la confiance du club, qui m’a aidé. Enfin, je me suis focalisé sur moi, sur ce que je pouvais améliorer chez moi. Ça m’a beau coup aidé. » Une grosse capacité d’investissement personnel que confirme Babacar « Baba » Ndiaye, team manager du RB Leipzig, ancien joueur de l’US Rail de Thiès (Sénégal), d’Hanovre et de St. Pauli (Allemagne), et très proche de Christopher.
« Pour son premier match en Bundesliga, contre l’Union Berlin, Christo était sur le banc, il est rentré en deuxième mi-temps, et il a marqué, rembobine le Sénégalais. On a senti qu’il voulait progresser, qu’il voulait bouger et faire quelque chose ici. »
Dans cette équipe, comme expliqué plus haut, on ne fait pas dans le show-off. L’action et les résul tats priment sur l’étalage d’un lifestyle bling-bling souvent associable au football. Une dynamique de sobriété clairement observable chez Christo.
« Tout ça, ça colle bien avec ma nature. » Homme de peu de mots sur ses posts Instagram, Christopher les valide systématiquement d’une signature, son #CnkSpirit – pour Christopher Nkunku Spirit.
« Ce hashtag représente ma façon de penser, ce qui me guide au quotidien, m’aide à avancer, mes prin cipes. » Quels sont-ils ? « Le travail, l’humilité, être honnête avec soi-même, respecter son corps, son hygiène, pour pouvoir performer. » À Leipzig, Christopher a rencontré, et adopté, une discipline, « on respecte les règles, à la lettre, pour pouvoir avancer collectivement ».
Rétropédalage. Quelques jours avant notre ren contre, la rencontre France-Autriche au Stade de France est diffusée à la télé. Nkunku entre en jeu à la 79e minute. Serein. En ce jour d’interview et shooting photo : la même. Serein. Christo est heu reux sur le terrain, à l’aise sur un plateau photo. Une aisance acquise au sein de son équipe alle mande ou toute naturelle chez lui ? « La sérénité, c’était déjà dans mon tempérament, mais c’est quelque chose, disons… qui se maintient. Quand je rentre sur un terrain, je ne peux être que confiant, que serein, c’est là où je me sens le mieux. Le terrain, c’est l’endroit où je me connais le mieux. Mais dans un stade, je viens pour montrer ce dont je suis capable. » La performance, c’est bien là où Nkunku s’exprime pleinement. Exposer sa vie perso, pas son truc. « C’est dans ma nature, ça vient de la façon dont j’ai été éduqué, je ne suis pas dans le show-off, même si j’aime bien les sapes. (Sourire) Je suis dans le concret, les choses qui importent, qui sont nécessaires. »
L’éducation, la famille. On touche, là, à la matrice de Christo. Père congolais, maman guade loupéenne, une sœur, un frère. Dans un entretien gigantesque avec le magazine Onze Mondial, il évoque les moments difficiles vécus par ses
« Si tu n’es pas dans l’acceptation de tes moments de difficulté, tu ne peux pas améliorer ce qui doit l’être. »
proches, les « combats » menés par ses parents pour que leur famille vive dans « de bonnes conditions ». « Christo est un gars qui s’occupe bien de sa famille, nous dit le team manager Baba. Toutes ses perfor mances jusqu’à présent, c’est à cause de ses proches. S’il marque un but, il dédie son but à sa famille, pas à lui-même. » Lors de notre journée à Leipzig, on nous livre une anecdote qui confirme l’attachement du Latignacien à son entourage. Alors qu’on lui annonce qu’il va recevoir l’award du « Promu de l’année » du magazine de sport alle mand Sport Bild, Christo s’enquiert de la possibilité d’inviter ses parents à la cérémonie de remise du prix, ainsi que sa sœur et son frère. Dans son staff, certains s’en étonnent. Après tout, ce n’est qu’une cérémonie. Pour Christo, c’est bien plus que cela. Il s’agit là d’une occasion de partager ce trophée, et tout ce qu’il symbolise, avec sa famille. S’il en est là aujourd’hui, c’est grâce à eux. À ses yeux, ils méritent ce trophée autant que lui.
Qui était Christopher, gamin ? Quelle était la vie de ce kid de Lagny-Sur-Marne, ville de 21 000 habitants à l’est de Paris ? Il se souvient : « Petit, j’étais un enfant dans la joie de vivre, qui voulait sans cesse jouer au foot, qui partageait beaucoup de moments avec son frère et sa sœur, ses parents, oncles, tantes, cousins. Un enfant très famille. » En 2022, est-il tou jours aussi joyeux ? « Toujours », répond Christo, sans aucune hésitation. Toujours la même envie de jouer au foot ? « Toujours, réplique-t-il avec un sourire. Je pense être resté le même, mais avec une charge de travail beaucoup plus intense. Quand j’étais petit, c’était un entraînement par semaine, et un match le week-end. Aujourd’hui, c’est tous les jours. J’en ai fait mon métier, mais toujours avec passion. »
La passion, moteur de son effort, qui a mené ce gosse de la région parisienne jusqu’à l’équipe de France, avec laquelle il disputa son premier match le 25 mars 2022, contre la Côte d’Ivoire, au Vélodrome de Marseille. Pourquoi lui plutôt que tant d’autres prétendants potentiels pour intégrer l’équipe des Bleus ? Qu’apporte-t-il de particulier à ce collectif ? « De l’intensité, des courses… analyse Christo. Je pense que ce que je montre sur le terrain à Leipzig m’a permis d’être en équipe de France, donc j’essaie de préserver mon jeu, tout en m’adaptant à de
nouveaux automatismes avec cette sélection. » S’adapter à un effectif national, un gros challenge, avec un Mondial l’année de sa première sélection.
«
La chose la plus importante quand on rejoint la sélection de l’équipe nationale, précise Christo, c’est de trouver des automatismes. Très rapidement, parce qu’on n’a pas énormément de temps pour préparer un match avec les Bleus. »
Au sein du RB Leipzig, Christo n’a plus besoin de trouver sa place. Il est un pilier. Preuve en est son titre de meilleur joueur du championnat allemand
« En équipe de France, tu dois trouver tes automatismes très rapidement. »
la saison passée. « Christo est un leader, dit Baba Ndiaye, il l’a prouvé. Avec lui, on est devenus plus fort. D’autres joueurs sont venus, et vont l’aider aussi, et Christo va continuer son chemin. » Avec Leipzig ? Au moment où nous bouclons ce numéro, les perspectives d’un transfert vers le club anglais de Chelsea enflamment le web. « On espère qu’il va res ter encore des années ici, même si je pense que ça va être difficile, dit Baba, lucide… Il n’en a pas encore assez, il a soif, il a faim, il veut toujours progresser. Je souhaite qu’il reste, mais ce sera difficile.
Dans l’immédiat, c’est bien pour Leipzig et le bonheur de ces supporteurs que Christo s’investit. Alors que nous pénétrons dans le Red Bull Arena pour prolonger la séance photo, entourés de ces milliers de sièges rouges, et face à cet énorme RBL incrusté en blanc sur la tribune Nord, le Français évoque les supporteurs. « Ici, ils sont bien veillants, c’est familial. Quand on s’est pris 4-1 par le Shakhtar Donetsk en Ligue des Champions, j’ai vu des supporteurs nous applaudire. Je l’ai pris comme une motivation, un encouragement, pour
« Je dois rester sur mon chemin, et ne pas m’égarer. »
Blanc et rouge : Christo sous les couleurs de son club, le RB Leipzig, rejoint en 2019. Il en est désormais l’un des piliers.
la suite. » C’est bien là l’une des forces de Christo, ne jamais s’appesantir sur un échec, ou se disper ser dans la célébration d’une victoire. Toujours penser à la suite.
Mais comment, à 25 ans, ne pas se laisser un peu aller, avec un statut de meilleur joueur d’Allemagne, une coupe d’Allemagne en poche, et déjà près de dix sélections avec les Bleus en quelques mois seulement ? « C’est sûr qu’après une telle année, tu peux te dire que tu es arrivé à un certain statut : “J’ai fait ci, j’ai fait ça”, mais si tu penses ainsi, inconsciemment, tu te relâches. Le but, c’est de rester, affirme Christopher. C’est pour ça que je reste focus. Cela ne m’empêche pas d’en être fier avec mes proches et ma famille, mais on reste lucides, ce n’est pas une fin. Si je mets deux buts en match, je savoure, bien sûr, mais le lendemain, c’est récupération, et on se concentre sur le match suivant. » À propos de 2022, Christopher évoque une année riche en émotions, mais aussi pleine de sacrifices, et de travail. « Un bon mix », dont il est fier.
Christo avance avec une maxime en tête, trans mise par son père : quelle que soit la durée de la nuit, le soleil apparaîtra. Vraiment ? « C’est véridique, à chaque coup dur, le soleil est revenu », affirme-t-il, avant de préciser : « Mais il faut bosser, bien sûr. Si tu ne fais qu’attendre, tu n’auras rien. Il te faut un chemin, un plan. À partir du moment où tu as un plan, qu’il soit long ou court, à la fin, le soleil sera toujours là. » Pas de plan sans travail, donc, comme le confirme Babacar Ndiaye à propos de Nkunku : « Depuis son arrivée au RB Leipzig, Christo a pro gressé comme ce n’est pas possible. Sa progression, ça n’est pas des mots, c’est du travail : avant les entraînements, après. Il est presque toujours le pre mier arrivé et le dernier parti. Quand il a des jours de repos ? Il s’entraîne ! On a joué en Ligue des Champions, on a échoué, et le lendemain, c’était un jour off, mais Christo est venu s’entraîner, alors qu’il avait joué 90 minutes la veille. Tout ce qu’il a réussi cette année ou les années passées, c’est grâce à son travail. »
À propos de sa nomination, le 12 août dernier, parmi les trente candidats au Ballon d’or 2022, on questionne un peu la fierté de Christo, toujours aussi focus. « Cette nomination, c’est énormément de fierté, car je repense à tout mon parcours ; mais je reste dans l’humilité, parce que ce n’est pas une fin en soi. Il faut continuer. C’est mon côté à la fois humble et ambitieux qui ressort. Je vois plus loin. »
Dans ce groupe du Ballon d’Or gravitent des profils cosmiques du football mondial, tels que Benzema, Mbappé ou Ronaldo. Des exemples à suivre ? On a pu noter dans des déclarations du numéro 18 de Leipzig qu’il ne voulait se calquer sur personne, pas vouloir devenir le nouveau untel
ou untel. Christo précise : « Quand je dis que je ne me concentre par sur ce que font les autres, bien sûr qu’on se regarde tous, on est tous observa teurs, mais je ne me dis pas qu’il faut faire comme un autre. On a tous des capacités en commun, mais aussi beaucoup de capacités différentes. Me concentrer sur quelque chose dont je ne suis pas capable, je n’en vois pas l’utilité. Je cherche plutôt à développer mon potentiel sur un élément que je maîtrise, pour pouvoir sortir la meilleure version possible… Ça, c’est quelque chose d’important. » Christo serait donc bien focus sur lui-même plutôt que sur d’autres joueurs, drivé uniquement par l’amélioration de sa propre performance. Baba confirme. « Les joueurs regardent à gauche, à droite, mais moi je dis que ce que fait Christopher, c’est “Christo style”, c’est “Christo life”, c’est lui. Tel que vous le décrivez, je confirme que c’est la réalité, je signe ! »
Avec son Christo style, « autofocus », la force de sa famille derrière lui, son humilité et son chemin en tête (« Il veut être quelqu’un, il suit un chemin dont il ne veut dévier », dit Ndiaye), le gosse de Lagny-sur-Marne est devenu un joueur d’envergure mondiale, majeur dans le championnat allemand et en ascension en équipe de France. Est-il surpris par ce parcours si intense et rapide ? « Pas du tout, dit-il sans vantardise. Je savais ce que j’étais capable de faire, de montrer, sur un terrain de football. Dans mon optique, j’étais dans le vrai. Je me disais : “Tu ne t’es pas trompé de route, c’est tracé.” Mais je dois rester sur mon chemin, et ne pas m’égarer. »
Comme Christo, le taxi qui nous raccompagne à l’aéroport de Leipzig n’est jamais désorienté. Cette fois, ça n’est pas Davit, l’Arménien, mais un Allemand, dont nous ne connaîtrons pas le nom. Alors que nous descendons du véhicule et le saluons, sans même avoir évoqué le football, il nous lance un énorme : « Allez les Bleus ! » Instagram : @c_nkunku
Scannez le QR code pour découvrir la vidéo behind the scene de notre shooting avec Christopher Nkunku dans le Red Bull Arena de Leipzig.
«
Tout ce que Christo a réussi cette année ou les années passées, c’est grâce à son travail. »
Babacar “Baba” Ndiaye, team manager du RB Leipzig
Des jumeaux pas comme les autres : les frères HUGO et ROSS TURNER sont aventuriers de l’extrême et sillonnent, main dans la main, les routes les plus reculées du monde – sur terre, en mer ou dans les airs. Portrait d’un duo unique et attachant.
Texte MARK BAILEY Quart de nuit : dans la pénombre de l’océan Atlantique, Ross et Hugo Turner guettent à l’horizon les bateaux croisant la route de leur voilier.uelque part au large du golfe de Gascogne, un petit voilier de 12 mètres vogue prudemment dans la pénombre et le silence de l’océan Atlantique. À son bord, Hugo et Ross Turner – deux frères jumeaux qui partagent bien davantage qu’un même patri moine génétique : un appétit insatiable pour les défis en tous genres, et pour la vie en général. Accroupis dans le cockpit, à peine éclairés par les feux d’avertissement de leur bateau, nos deux fran gins scrutent l’horizon pour y déceler les éventuels cargos qui pourraient croiser leur route. Soudain, le radar s’emballe : il vient de détecter un navire qui approche. C’est un véritable monstre des mers : 48 mètres de large, 330 mètres de long, 218 000 tonnes, navigant à 18 nœuds, soit 33 km/h.
À ce stade, le petit voilier des Turner n’a plus le temps d’éviter le cargo géant : la seule solution est d’essayer de contacter le bateau par radio pour leur demander de dévier leur route de cinq petits degrés… Suspense. Ça marche. La catastrophe est évitée – de justesse. Mais la nuit risque d’être longue. Qu’à cela ne tienne : avec leurs 33 printemps, Hugo et Ross Turner ont déjà une solide expérience de l’aventure extrême et un mental d’acier. Cela fait plus de dix ans que les Turner écument ensemble les océans, les montagnes et les régions reculées du globe. Depuis quelques années, leur dernier projet consiste à relier
ce qu’on appelle les « Pôles d’Inaccessibilité » (PI) sur la planète : il s’agit des endroits sur terre et en mer les plus éloignés des côtes. Depuis 2016, ils ont atteint huit de ces Pôles, notamment sur les continents aus tralien, américain et européen, en utilisant le vélo, la moto électrique et l’ULM. À présent, c’est à bord d’un petit voilier équipé d’un moteur à hydrogène qu’ils cherchent à rejoindre le Pôle Bleu dans l’océan Atlan tique, à 2 033 km des côtes.
Si impressionnantes qu’elles soient, ces expédi tions ont toutes un but scientifique ou un message environnemental : c’est notamment pour cette rai son qu’après avoir acheté leur petit voilier d’occa sion à une association caritative, nos deux compères ont remplacé le moteur diesel par un moteur élec trique et ajouté un générateur d’hydrogène pour un meilleur rendement. Une technologie en plein déve loppement qu’ils sont parmi les premiers à tester grandeur nature sur un voilier désormais zéro car bone. Seul bémol : la puissance du moteur ne leur permet pas encore de fuir rapidement les « gratteciels flottants » qui vous foncent dessus.
Retour en arrière, au mois de juin dernier : lorsque nous les rencontrons sur le port de Saxon Wharf, à Southampton (sud de l’Angle terre), Hugo et Ross Turner sont en train de prépa rer leur périple et ne pensent pas le moins du monde aux risques qu’ils vont rencontrer en mer. Pour une bonne raison : ce duo de choc en a vu d’autres,
« On a cherché sur Google des endroits extrêmes sur Terre, et c’est là qu’on a découvert les Pôles d’Inaccessibilité.
On s’est alors demandé : “Et si nous les faisions tous ?” »
Les Pôles d’Inaccessibilité sont situés à différents endroits de la planète : il s’agit des points sur terre ou en mer les plus éloignés des côtes. Les frères Turner cherchent à rallier au moins neuf de ces points dans le cadre de projets durables (transports et recherche scientifique).
Le « Bad » Pôle (2018)
Comme son nom l’indique, il se situe au milieu du Badlands National Park, dans le Dakota du sud : pour l’atteindre, les Turner ont pédalé pendant 2 500 km depuis Santa Monica, à travers le désert du Mojave et ses 53 °C.
C’est le fameux point Némo, qui se situe dans le Pacifique sud, à 2 688 km de la côte la plus proche : le point le plus isolé du globe.
Une traversée du Groenland du nord au sud, soit 2 500 km en kitesurf, pour l’Agence spatiale européenne, afin de mesurer la fonte des glaces.
Le Pôle Vert (2017)
2 700 km parcourus en vélo, à travers la jungle, les lacs salés et la cordillère des Andes pour rejoindre le PI d’Amérique latine, situé au Brésil. Bilan : 16 kilos perdus en 34 jours.
Une traversée « zéro carbone » vers le centre de l’Atlantique, sur un voilier entièrement durable, moteur compris. L’absence de vent les oblige à rebrousser chemin : partie remise !
et chacun des frères Turner sait qu’il peut compter sur l’autre pour le sortir du pire des pétrins. « On est un vrai couple, nous explique Hugo. Si l’un de nous tombe dans une crevasse, l’autre fera tout pour le sauver. Et puis on s’éclate ensemble, on ne se dis pute jamais parce que ça reviendrait à se disputer avec nous-mêmes, puisqu’on est complètement identiques – jusqu’à avoir les mêmes mèches de cheveux gris-blonds au-dessus des oreilles et les mêmes petits détails bizarres sur notre corps. »
Hugo parle de « leur » corps au singulier – comme s’ils ne faisaient qu’un. Les deux frérots, qui s’ap pellent affectueusement « Hugs » et « Rossy », se res semblent tellement que leurs parents étaient obligés de coudre leurs initiales sur leurs uniformes scolaires pour aider leurs camarades à les différencier.
À 33 ans, Hugs et Rossy (1,88 mètre tous les deux) habitent dans le sud-ouest de Londres – à une distance raisonnable. « On aime le même genre de films, ceux qui racontent des histoires vraies ou des aventures incroyables, poursuit Ross. Mais je suis davantage attiré par la compétition (il aime bien être le premier durant les expéditions, ndlr) alors que mon frère a toujours une bière d’avance sur moi. »
En plus de s’entendre comme larrons en foire et d’avoir la même forme physique et mentale, les jumeaux Turner ont la chance de se compléter idéa lement, comme l’explique Hugo : « Ross supporte mal l’altitude et moi, la chaleur extrême. Mais quand on est ensemble, on est plus forts. La seule grande différence, c’est notre façon d’aborder les problèmes : Ross fait preuve de beaucoup de créati vité alors que j’ai une approche plus… raisonnée. »
On a tendance à croire que les vrais aventuriers sont des êtres taciturnes et solitaires : à regarder nos deux lascars commentant avec entrain une vidéo sur « l’orage incroyable de la nuit dernière » avant de se lancer dans un débat sur « le meilleur endroit où placer le seau pour les besoins urgents », on se dit qu’ils ne correspondent vraiment pas à ce cliché. D’ailleurs, la question du pot de chambre est cruciale puisqu’ils vont partager (à certains moments) le bateau avec trois personnes : la navi gatrice Lisa Kingston, le vidéaste Patrick Condy et le photographe George Karbus.
« Si on est toujours en train de déconner, c’est parce qu’on n’a aucune idée de ce qu’on est vérita blement en train de faire, ironise Hugo. Mais on apprend. Le fil conducteur de tous nos voyages, c’est qu’au départ, il y a eu une idée qui nous a plu, pour laquelle on a pu obtenir des fonds et que l’on cherche ensuite à concrétiser. Ce n’est pas vraiment orthodoxe, mais l’aventure, ça n’a pas de mode d’emploi.
« On anticipe, on pense à tout et on s’adapte. C’est cette flexibilité qui nous sauve. »Le Pôle Terrestre d’Inaccessibilité (à venir) C’est le point sur Terre le plus éloigné de la mer : pour le rejoindre au Xinjiang, il faut parcourir 3 500 km à travers la Chine, si possible en voiture à hydrogène. L’un de leurs projets les plus difficiles.
Le Pôle Ibérique (2019)Un périple de 2 534 km entre le musée des Transports à Londres et le PI de la péninsule ibérique, situé à Tolède (Espagne). Sept jours sur la route pour 59 heures de charge au total.
Le Pôle Rouge (2016)1 600 km survolés en ULM paramoteur pendant 18 jours : cette traversée magique de l’Outback australien aura nécessité une formation de soixante heures.
Le Pôle de l’Île de Madagascar (à venir)
Il s’agit de parcourir 600 km à pied et en vélo sur l’île de Madagascar pour y étudier les effets de la déforestation et de la destruction des habitats.
Pas orthodoxes, certes, mais certainement pas des dilettantes : Hugo et Ross Turner sont des marins expérimentés et des membres reconnus de la très honorable Royal Geographical Society à Londres, avec des sponsors comme Breitling et Land Rover – sans oublier le fait qu’ils sont tous les deux ingénieurs diplômés en design industriel. Et s’ils aiment se marrer, ils restent toujours conscients des dangers potentiels, comme Ross tient à le rappeler : « Il y a une légère différence entre “badass” (cool et dur à cuire, en français, ndlr) et “dumbass” (couillon ou crétin, ndlr)
»
Sérieux dans leur démarche, les jumeaux le sont tout autant dans la portée de leurs différents projets : cette traversée « zéro carbone » de l’Atlantique – spon sorisée par Quintet Earth, un fonds d’investissement
D’une paire deux coups : les expéditions des Turner sont toujours couplées à des projets environnementaux – comme des études sur la pollution plastique (ci-dessus) : en ULM paramoteur dans le désert australien, 2016 (ci-dessous).spécialisé dans les projets durables – vise également à mesurer la pollution plastique, pour le compte de l’université de Plymouth et de son département de recherche sur la pollution marine. « Les Pôles d’Inac cessibilité sont évidemment fascinants en soi, mais la première raison d’être de ces expéditions, c’est la recherche et la connaissance : scientifique, environne mentale, technologique et humaine. »
En plus d’être sympas, sérieux et motivés par des objectifs nobles, les frères Turner sont de véritables touche-à-tout, autant à l’aise sur une selle de vélo qu’à bord d’un deux-mâts ou d’un ULM paramoteur. Une flexibilité qui impressionne, évidemment. Hugo Turner : « Sans être des navigateurs ou des alpinistes professionnels, disons qu’on est un petit peu tout à la fois, et c’est ça qui est intéressant, puisque ça nous permet d’aborder n’importe quel environne ment avec un scénario différent. L’idée est de se remettre en question, de rester curieux et à l’affût de la découverte. »
Nos deux aventuriers sont dans les derniers prépa ratifs d’une expédition de six semaines : la tension est palpable, mais la bonne humeur aussi. C’est peut-être ça, le secret de leur force mentale : cette capacité à savoir rire des revers de la vie. L’humour est, semblet-il, une arme terriblement efficace qui rend non seu lement créatif mais aussi résilient face à l’adversité.
« Bien sûr qu’on s’énerve parfois, mais quand on se retrouve par exemple à descendre une rivière après avoir perdu nos pagaies, on ne peut que rire de la situation. Et compter sur notre expérience. Tant que nos vies ne sont pas en danger, on peut rire de tout, et puis c’est notre métier : on a besoin de cet exutoire. Si tu essaies un truc et que te plantes, tu vas avoir l’air un peu con, d’accord, mais à quoi ça sert si tu n’y trouves aucun plaisir ? »
Ce goût pour l’aventure, les deux frangins l’ont découvert ensemble, dans les paysages ver doyants du Devon et du Dartmoor National Park. Encouragés par leurs parents, les enfants passent des heures dehors, à construire des radeaux et à grimper aux arbres. Aujourd’hui, ils poursuivent leurs aventures dans des contrées plus exotiques, mais avec la même joie qu’ils ressentaient quand ils étaient gamins : « Toutes ces expériences nous ont donné l’envie de devenir des explorateurs, et ça nous rend fiers. C’est parce qu’on suit notre passion qu’on est capables d’endurer les pires moments. »
Ross renchérit sur les propos de son frère : « J’ai regardé une vidéo sur les regrets qu’avaient des per sonnes centenaires à la fin de leur vie. La plupart disaient : “Faites ce que vous voulez ! Personne ne va le faire pour vous, puisque personne ne sait ce que vous voulez vraiment !” »
À l’origine de cette carrière atypique, il y a la passion, mais aussi un drame, qui fut pour les frères une véritable prise de conscience : à 17 ans, en plon geant dans la mer, Hugo se brise la nuque et manque de devenir tétraplégique. Plusieurs opérations, des mois d’hospitalisation et 18 mois de rééducation plus tard, le jeune homme s’en sort, mais quelque chose a changé en lui, et en son frère. « Si nous menons cette vie aujourd’hui, c’est parce qu’elle a failli nous être brutalement retirée un jour. » Une raison qui explique aussi pourquoi les deux athlètes soutiennent la recherche sur les blessures de la moelle épinière, comme le projet Wings For Life.
Quatre ans après le drame, les frères se lancent dans leur première aventure dès la fin de leurs études : le Talisker Whiskey Atlantic Rowing Challenge –avec deux amis, Adam Wolley et Greg Symondson. Le défi : traverser l’Atlantique à la rame, soit 4 300 km. 42 jours de galère (au sens propre) qui leur valent deux records du monde : en plus de faire partie de la plus jeune équipe ayant traversé l’Atlan tique à la rame, les Turner sont aussi les premiers jumeaux à le faire.
Forts de cette expérience, ils enchaînent les aventures avec l’énergie – et parfois l’insou ciance – de la jeunesse, jusqu’à ce qu’un acci dent, survenu en 2014 pendant un trek de 555 kilo mètres au Groenland, les rappelle à la dure réalité du métier d’aventurier : Hugo se blesse gravement au genou et doit être évacué par hélicoptère. Il s’en souvient encore : « C’était tellement déprimant ! Mais cet échec nous a permis de réussir l’ascension du mont Elbrouz (dans le nord du Caucase, la plus haute montagne d’Europe avec ses 5 642 mètres, ndlr), justement parce que nous avons appris à utili ser la peur – de l’échec ou du danger – comme moti vation. C’est l’échec qui te donne envie de repartir pour réussir. »
L’épisode du Groenland leur a appris une autre chose importante : s’ils voulaient continuer à risquer leur vie comme ils le faisaient, mieux valait le faire dans un but honorable. Ross Turner : « Avant cela, on jouait les machos dans notre coin. Désormais, on avait envie de revenir aux sources de ce qu’est vraiment l’exploration : une quête de connaissances. » Cette idée fut à l’origine du projet autour des Pôles d’Inaccessibilité. Un projet sur dix ans qui est né d’une première recherche… sur Google : « On a tapé “endroits extrêmes sur Terre” et c’est comme ça qu’on a découvert ces fameux Pôles, des endroits particuliè rement difficiles à atteindre. Du coup, on s’est dit : “Et si nous les faisions tous ?” »
Retour à la marina de Southampton : Hugo et Ross sont encore sur Google, à la recherche d’informations sur la mécanique des moteurs, cette fois-ci. Nos deux garçons ont l’air fatigués : « J’ai tendance à m’angoisser assez facilement, admet Hugo. Dans les moments difficiles, on se demande parfois pourquoi on fait tout ça. » Pourtant, les Turner ont l’habitude d’être confrontés à toutes sortes de dangers : comme
« C’est l’échec qui te donne envie de repartir pour réussir. »
Hugo et Ross sont de vrais jumeaux (monozygotes) et partagent le même ADN, mais avec de nombreuses différences –comme le taux de glucose ou la flore intes tinale – dues notamment à des modes de vie différents. Les experts du King’s Colle ge London’s Department of Twin Research ont soumis ces deux métabolismes sem blables à toute une série d’expériences.
Lors d’une expérience sur dix semaines en 2021, Hugo a suivi un programme de musculation à base de poids, d’haltères et autres accessoires alors que son frère n’a utilisé que son propre corps. Résultat : un gain de muscle de 8 % pour Hugo et 2 % pour Ross, mais ce dernier a net tement senti un gain
de force supplémen taire : « Je suis passé d’un deadlift (trad. soulevé de terre en français) de 90 à 120 kg sans avoir fait cet exercice une seule fois pendant l’expé rience. » Il a également enregistré le meilleur cardio des deux.
Pendant l’expédition au Groenland en 2014,
Ross portait le même type de vêtements utilisés par Sir Ernest Shackleton lors de sa traversée de l’Antarc tique entre 1914 et 1917 – caleçons en laine, une veste en gabardine de laine (au maillage très serré), un pantalon en tweed, des bottes en cuir – tandis qu’Hugo portait des vêtements synthétiques dernier cri : « Ils étaient plus lé gers et couvraient une amplitude plus grande de températures, mais les fibres naturelles offraient davantage de chaleur, de souplesse et de respirabilité. »
En 2020, les frères ont participé à une expérience de douze semaines, pendant laquelle Ross a suivi un régime omnivore (avec de la viande et des pro duits laitiers) tandis que son frère suivait un régime végétalien. Bilan : Ross a gagné en muscles (4,5 kg) et en graisse (2,8 kg) avec un taux de cholestérol plus élevé que celui de son frère. Ce dernier a lui aussi gagné en muscles (1,2 kg) et per du 1,8 kg de graisse. Ef fets secondaires pour Hugo : une meilleure forme générale mais une légère baisse de libido et un microbiote altéré par un déclin de la flore intestinale.
ces vagues de douze mètres qui venaient s’abattre sur eux en pleine nuit, pendant leur traversée de l’Atlantique à la rame. Ou ces rafales de vent qui les rabattaient brutalement à terre durant la traversée du désert australien en 2016 qu’ils ont réalisée en ULM paramoteur. Ross : « On relativise l’inconfort en se disant que ce n’est qu’un mauvais moment à pas ser. Mais il faut tout planifier, bien réfléchir et rester maître de soi. »
Quand ils ne sont pas occupés à essayer de rester en vie, les deux frères mènent une vie presque normale, une routine faite de séances de sport, de balades à vélo, de sorties avec leurs compagnes ou en famille. Des sorties beaucoup plus tranquilles puisque chez les Turner, on est plutôt casanier : leur sœur aînée Toddy est architecte d’intérieur et leur grand frère Crispin travaille dans le marketing. « Crispin est super sage et ordonné. Avec nous, ça part dans tous les sens. Mais parfois, on se dit qu’on n’aurait rien contre un petit job pépère », ironise Ross.
Une pensée qui leur a sûrement effleuré l’esprit lorsque le monstre d’acier et ses 218 000 tonnes a foncé sur eux dans la nuit noire, au beau milieu de l’océan. « C’était effrayant », nous souffle Ross lorsque nous les retrouvons en août dernier à leur retour de traversée, sept semaines après l’incident.
Mais les Turner ont appris à maîtriser la peur, comme l’explique Hugo avec humour : « Le secret, c’est de paniquer le plus lentement possible. Parce qu’une fois que tu paniques complètement, tu ne gères plus rien. C’est pour ça qu’on anticipe, on pense à tout et on s’adapte. C’est cette flexibilité qui nous sauve. »
Des galères, les « Turner Twins » en ont eu leur compte : Hugo se souvient ainsi de ces jours où il a fallu naviguer avec une quille cassée, ou dans une purée de pois telle qu’ils ne voyaient pas 50 mètres devant eux. « Le bateau dérivait faute de vent, on a finalement dû être remorqués par un pavillon fran çais. » Au bout du compte, cette absence de vents favorables a fini par avoir raison de l’expédition : « On n’a pas pu atteindre le Pôle Bleu, mais on a pu mener à terme toutes les études commandées sur la pollution plastique – due en partie aux tonnes de matériel de pêche laissé en mer – et larguer une bouée de dérive pour mesurer la température, la salinité et les changements biogéochimiques de l’eau. Au total, on a parcouru 1 500 miles (2 400 km, ndlr) sans émettre un gramme de carbone et c’est ce qui compte : atteindre le Pôle Bleu n’était qu’une partie du projet. »
Son frère Hugo est lui aussi très fier de l’exploit réalisé : « Les gens ne se rendent pas compte à quel point les voiliers sont encore dépendants des éner gies fossiles, puisqu’on a régulièrement besoin du
moteur. Le nôtre ne nous donnait qu’une autonomie de 10-15 miles (16-24 km, ndlr) à chaque fois, soit vingt fois moins qu’un moteur diesel. On a voulu vivre les débuts de cette technologie prometteuse, pour montrer au monde à quoi ça peut ressembler. Je crois que l’hydrogène va connaître un boom très prochainement. »
Si le duo britannique espère bien retenter une expédition vers le Pôle Bleu dans quelques années, ils sont pour le moment occupés à préparer celle de 2023, qui les emmènera à Mada gascar : un périple couplé à une étude in situ sur la déforestation et la destruction des habitats. Ce pro jet s’aligne sur les précédents, puisque l’expédition de 2017 a servi à étudier la déforestation et la pollu tion en Amérique latine, et celle de 2019 a permis de tester un mode de transport durable – les motos électriques – sur de très longues distances, à travers la péninsule ibérique et la France.
« Nous constatons à quel point la situation envi ronnementale est catastrophique, et ça fait peur. Lors de notre expédition vers le PI d’Amérique latine, on imaginait des paysages dignes du Livre de la Jungle, mais au lieu de ça, on a traversé des friches entières sans un seul arbre. Partout, des sacs plastiques, des bouteilles et toutes sortes de déchets, même dans le désert de l’Atacama. D’où l’impor tance que nous accordons à la dimension environne mentale de nos projets. »
En plus de cela, Hugo et Ross servent occasion nellement de « cobayes volontaires » pour des expé riences scientifiques menées sur les jumeaux par le très sérieux King’s College London’s Department of Twin Research (voir encadré). À travers ces études et celles qu’ils conduisent pendant leurs expéditions, mais aussi et surtout à travers leurs aventures, les Turner veulent inspirer les gens à penser autrement. Ross : « En nous regardant traverser ces régions en vélo ou en moto électrique, ça peut donner envie à d’autres de faire de même chez eux. »
Si tous leurs projets visent des objectifs nobles et ambitieux, les Turner restent, au fond d’eux-mêmes, de grands gamins en quête d’émerveillement : « À chaque expédition, on ramasse un peu de terre ou d’eau du PI et de la côte la plus proche. » Un rituel pour soulager des mois de galère, mais aussi pour couronner tous les moments magiques qu’ils ont vécus : les descentes à vélo, le nez dans le guidon, sur les pentes d’Amérique latine, les vagues phosphores centes de l’Atlantique la nuit, les rencontres avec les dauphins ou, comme se souvient Hugo, « ce jour où j’ai survolé le désert d’Uluru en Australie, au coucher du soleil. Je me suis mis à pleurer en pensant à la magie de cet instant ». Son frère ajoute, comme pour résumer leur philosophie : « On a des vies stressantes, mais on mène aussi notre propre barque, et il y a quelque chose de vraiment gratifiant là-dedans. »
Scannez le code QR pour regarder les jumeaux Tur ner dans le film Double or Nothing, qui les suit dans leur mission de visite des Pôles d’Inaccessibilité.
« Il n’y a pas de mode d’emploi pour partir à l’aventure. »
Du 5 septembre au 30 octobre dernier, Red Bull et Sony PlayStation® ont excité l’audience gaming mondiale avec le Red Bull Capture Point, un concours international dédié aux fans de prises de vues « in-game ». Laissez-vous bluffer par la photographie virtuelle grâce à quelques-unes de leurs plus intenses contributions, et leurs dessous...
the red bulletin : Qui êtes-vous, au-delà d’un adepte de la photo virtuelle ? juan pablo navarro : Je suis né et vis à Buenos Aires, la capitale de l’Argentine. Il y a un an et demi, après avoir travaillé dans les soins de santé, je me suis lancé dans une carrière dans la cybersécurité et je suis complètement immergé dans ce domaine. L’apprentissage et l’éducation sont ma passion. L’éducation au sens propre, c’est-à-dire aider les individus à être libres et à penser par eux-mêmes.
Parlez-nous de cette capture soumise au concours Red Bull Capture Point ? C’est l’une des premières photos que j’ai faites pour ce concours ! J’aime beaucoup les portraits avec un fond
complètement noir en photographie vir tuelle. Je voulais que les ombres donnent une forme à ce portrait et j’ai essayé d’obtenir un bon mélange d’ombres et de lumières sur le visage d’Aloy. Vous remarquerez également que j’ai assorti le fond noir à la tenue Carja Shadow d’Aloy. Ce cliché a été pris dans les Ruines de la Relique de Restless Weald, dans le jeu Horizon Forbidden West
Que représente-t-elle ?
Même dans le silence de l’obscurité, une seule voix peut devenir puissante. Aloy fait entendre sa voix. Elle ne peut pas demander à l’obscurité de partir, alors elle cherche la lumière ici. On pourrait appeler cette capture « Faire entendre ma voix ».
L e gaming et la photographie sont deux choses qui vous sont certainement familières, mais saviez-vous qu’il existe un moyen vraiment génial de les combiner ? Il s’agit de la photographie virtuelle, un art émergent qui permet aux gens de faire exactement cela en capturant des images photographiques de mondes et de personnages virtuels à l’aide de modes photo intégrés aux jeux vidéo.
Bien plus qu’une simple capture d’écran, les modes photo complets donnent aux joueurs la possibilité de figer l’action et d’explorer leur environnement numérique avec un appareil photo virtuel pour composer des clichés originaux et artistiques. Avec des éléments tels que la longueur focale, l’ouverture, la compensation de l’exposition et la vitesse d’obtura tion, il est possible de créer des images uniques, d’ajouter de la profondeur de champ et de travailler avec la lumière comme le feraient les photographes classiques dans le monde réel.
Les compétences sont essentielle ment les mêmes et, peu importe le niveau du joueur ou de la joueuse qui photographie, les modes photo offrent une occasion exceptionnelle d’explorer les techniques photographiques et d’apprendre à produire des captures créatives étonnantes. Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’une console de jeu ou d’un PC, et d’un jeu compa tible avec le mode photo, et vous êtes prêt à vous lancer.
Une fois que vous aurez trouvé l’inspiration et pris quelques clichés, je vous recommande vivement de partager votre travail avec d’autres personnes. Les communautés et les
bases de fans très actives sur les médias sociaux sont un bon point de départ, et vous pourriez même vouloir vous essayer à quelque chose de plus compétitif.
Ce que propose Red Bull Capture Point, un concours de mode photo créé par Red Bull et Sony Play Station® pour mettre en valeur le talent des photographes de jeux vidéo. Donnant aux résidents et résidentes de neuf pays la chance de partager leurs meilleures captures grâce à leurs consoles PlayStation® 4 ou Play Station® 5, il comprend deux jeux sélectionnés et quatre catégories thé matiques pour l’inspiration. Mené du 5 septembre au 30 octobre, avec des prix spectaculaires à la clé, dont une console PlayStation® 5 et un voyage tous frais payés à New York, c’était une occasion à ne pas manquer !
Même les jeux tiennent une place particulière dans l’art de la photogra phie virtuelle. Dans Horizon Forbid den West™, nous avons la toute der nière histoire mettant en scène Aloy, l’héroïne emblématique de Guerrilla Games, qui a été une source d’inspira tion privilégiée lors de la montée en puissance des modes photo, tandis que Gran Turismo® 7 marque le retour de la légendaire série de simu lateurs de course de Polyphony Digi tal après son 25e anniversaire. Connu pour ses graphismes photoréalistes et sa culture automobile, le jeu Gran Turismo® a également vu l’introduc tion du tout premier mode photo dans le GT4 de 2004.
Ces deux titres sont à la pointe du progrès en matière de jeux et de photographie virtuelle, et permettent de capturer des mondes virtuels avec un réalisme stupéfiant. Les possibili tés d’utilisation de la photographie étant pratiquement illimitées, il y a toujours un autre angle ou une autre expression à trouver, alors jetez-vous dans vos jeux et voyez comment vous pouvez capturer un moment qui raconte une histoire en une seule image. thefourthfocus.com
Mik Bromley est le fondateur de ce site dédié au médium artistique moderne qu’est la photographie virtuelle. Rédacteur digital basé à Lancaster (Royaume-Uni), il se présente comme un artiste de la capture.
« Le masque menaçant d’un ennemi froid et sans pitié. »
reenland ice cap to monitor ice melt for the European Space
MIK BROMLEY / @TheFourthFocus« J’ai capturé cette image lorsque j’ai été pris en embuscade et encerclé par un groupe de rebelles Tenakth dans les montagnes enneigées du jeu Horizon Forbidden West. Je voulais capturer quelque chose qui décrive leur aspect agressif et j’ai choisi de me concentrer sur ce guerrier au moment où il sortait son arc pour tirer une flèche. Le ciel vide fournit une toile de fond non distrayante, tandis qu’une faible profondeur de champ permet d’attirer l’œil sur le masque menaçant d’un ennemi froid et sans pitié. »
the red bulletin : Présentations ?
jaylinn simms : Je suis de Fayetteville, en Caroline du Nord, aux USA. Quand je ne suis pas en train d’explorer les magnifiques terres d’Horizon Forbidden West, je vais en cours, je joue à des jeux en ligne sur ma PlayStation avec mes amis ou je passe du temps avec l’amour de ma vie. Je me des tine au métier de zoologiste ou de technicienne vétérinaire. Mais pourquoi pas devenir photographe ou tatoueuse.
Parlez-nous de votre capture dans le jeu Horizon Forbidden West Scalding Spear est la première colonie où je me suis rendue qui appartenait au peuple Tenakth. Je cherchais à y obtenir de la peinture faciale pour mon personnage, Aloy ! Dans Horizon Zero Dawn (jeu qui précède Horizon Forbidden West, ndlr), il faut battre le jeu à un niveau de difficulté plus élevé pour avoir cette option et je n’ai pas encore pu accomplir cet exploit ! Quand je suis arrivée dans cette colonie, j’ai
immédiatement remarqué que la ville était entourée de montagnes.
J’ai noté de revenir quand j’aurais acquis d’autres vêtements/armes pour mon personnage afin de prendre des photos dans cette zone… et cette capture s’est avérée être l’une d’entre elles !
J’ai placé Aloy sur l’une des falaises qui surplombent la ville. Je voulais garder le focus sur Scalding Spear puisque la plupart de la lumière était centrée sur cet endroit précis.
En faisant cela, j’ai utilisé les outils du jeu pour rendre flous le person nage et la crête sur laquelle il se tenait avec la profondeur de champ (DOF) – les ombres m’ont énormé ment aidée pour cela. De plus, je voulais que cette image corres ponde au thème de « L’appel de l’aventure » du Red Bull Capture Point, et pour moi, le fait qu’Aloy regarde la colonie, actuellement aux prises avec un problème d’eau, symbolise la championne qu’elle sera pour leur venir en aide.
« Je voulais que mon image corresponde au thème “L’appel de l’aventure”. »
La gagnante de la catégorie Edge of Reality du Red Bull Capture Point 2021. « J’ai voulu capturer la majesté et la beauté du personnage d’Aloy, dans le jeu Horizon Zero Dawn, explique Cynthia. Cette photo représente beaucoup de mon expérience du jeu. Elle montre un personnage plein de passion, d’espoir et de courage. Merci à celles et ceux qui ont travaillé dur sur ce concours. Dans la communauté de la photographie virtuelle, nous étions tous très enthousiastes de la voir reconnue à ce niveau. »
the red bulletin : Qui êtes-vous Joanna, que faites-vous en ce moment ? joanna alvarez : Je vis aux États-Unis et je suis une photographe virtuelle, donc je suis très probablement en train de prendre des photos dans des jeux avec un mode photo quand je ne joue pas à Horizon Forbidden West. Je suis actuellement barista, mais mon rêve serait de travailler pour un éditeur de jeux vidéo en créant des photos virtuelles pour leurs jeux.
Que pouvez-vous nous dire sur cette image pour Red Bull Capture Point ? J’ai passé environ une heure à travailler sur cette photo : trente minutes pour obtenir la bonne pose puis trente autres dans le mode photo à choisir un filtre et un angle de caméra.
Que se passe-t-il à ce moment précis ? Le personnage d’Aloy se fait pousser des ailes de Skydrifter au combat, elle porte sa tenue classique de Nora Huntress et la peinture faciale Mark of War. Elle a sorti son arc et ses flèches et court à travers un champ de fleurs sauvages blanches, tandis que l’herbe rouge souffle dans le vent derrière elle et que le soleil se couche.
Pourquoi ce moment, et pas un autre ? J’ai créé cette capture pour la catégorie du Red Bull Capture Point « Nouveau départ » (Portrait). Quand je pense à un nouveau départ, je pense au printemps et aux fleurs. Je voulais donc capturer une image dans un champ de fleurs avec un éclairage doux. Alors que j’étais occupée à prendre des photos à cet endroit, une machine Skydrifter m’a repérée et a volé droit vers moi. Pendant que je le combattais, j’ai remarqué qu’il avait des couleurs éton nantes sur ses ailes dans la lumière du coucher du soleil. Après quelques tenta tives, j’ai réussi à mettre le jeu en pause au moment où le Skydrifter s’élançait pour attaquer. En mode photo, j’ai incliné l’ap pareil photo vers le bas pour montrer qu’Aloy a des ailes !
Qui est ce personnage, Aloy, dont vous nous parlez ? Aloy, la paria devenu héroïne, mène une course contre la montre pour arrêter une sorte de peste qui empoisonne le monde dans lequel elle vit. Cette photo pourrait s’appeler « Aloy, l’ange de la bataille ».
« Je rêve de créer des photos virtuelles pour un éditeur de jeux vidéo. »
Cela fait plus de vingt ans qu’ ENAK GAVAGGIO, l’un des skieurs français les plus titrés, star mondiale du skicross et des X Games, se cache derrière des personnages. Pour tenter de cerner l’insaisissable individu, notre journaliste (qui le suit depuis le début de sa carrière) a mené l’enquête pour les besoins d’un documentaire qui lui est consacré.
Après sa chute aux X Games d’Aspen en 2008, tout était cassé là-dedans, haché menu, pubis compris, sans qu’on sache trop bien comment réparer.
« Enak est un punk, et un punk ça ne rentre pas dans les clous », dit Xavier Kuhn, son rival en skicross, qui témoigne dans le docu sur Enak.
Enak pose ses skis dans l’aire d’arrivée de Vancouver. C’est fini. Le Dark Lord retire son casque Albator-tête de mort. À 33 ans, il redevient Enak Gavaggio, simple mor tel qui vient de rater ses JO en skicross. Son rêve de gosse. Finir au pied du podium, 5e, une petite finale en guise de breloque en chocolat, lui qui s’était fan tasmé médaille d’or au cou, et qui, de l’avis de tous, coaches inclus, en avait le potentiel. Dans le jargon sportif, on appelle ça « la petite mort du champion ». Il en a pleuré des heures dans son masque, essuyé des mois de déprime avant de renaître, encore une fois, comme toujours, dans un énième perso, inventant un nouveau format : cette fois, ce sera le GMX ou Gavaggio Monster Cross, un événement qui fera éclore les futurs grands de ce sport de barjot : le skicross. La discipline qu’il a contribué à faire connaître et aimer au grand public, une arène de gladiateurs avec ses implacables bastons et ses chutes stratosphériques. Si la logique du corps brisé avait été respectée, le skieur devrait être dans une chaise roulante, ou pire, tant la correctionnelle a été frôlée maintes fois. N’évoquons que son acci dent aux X Games en 2008 à Aspen, Colorado, rappelant au passage qu’Enak reste à ce jour le skicrosseur français le plus titré de l’événement (qui fait office de JO des sports extrêmes) avec sept médailles. Cette chute à Aspen, j’ai dû la voir et revoir des dizaines de fois lors des visionnages de rushes pour ce documen taire auquel j’ai participé. Avec, à chaque fois, l’envie de me cacher les yeux, fris sons courant sur ma nuque. Enak, qui vole en l’air, très haut, bien trop, poupée de chiffon désarticulée qui se cratérise au sol. Si on avait été en intersaison, où l’athlète faisait régulièrement du gras à coups de hamburgers, on aurait pu avoir un trou dans la neige béton. Tout était cassé là-dedans, haché menu, pubis com pris, sans qu’on sache trop bien comment réparer. S’ensuivirent des mois de réédu cation au pire moment d’une carrière : quelques mois avant les JO de Vancouver évoqués plus haut. Le skicross vient d’y être inscrit pour la première fois et ce sera la dernière chance d’Enak. Ironie de l’histoire d’un jeune homme qui a cessé de fêter son anniversaire à 17 ans, cœur de gamin dans un corps d’homme : il sera désormais trop vieux pour songer à parti ciper aux JO suivants.
À l’époque, je le suivais depuis quelques années déjà sur les coupes du monde et autres compétitions. Je l’avais connu à l’été 2001, pour faire un sujet sur l’entraînement estival du skieur. Il s’était montré si appliqué, si investi dans le shoo ting photo qu’il était tombé. Il s’était écor ché. Trop bien faire par peur de faire mal. Je n’avais pas eu conscience de cela dans nos premiers échanges, mais ce sentiment de ne pas être à sa place, illégitime et par fois timide malgré des allures de gros dur, dans un duel permanent confinant à la
schizophrénie, allait surgir à plusieurs reprises. À l’image de cette autre session photo, à Tignes en 2004. Pour l’ouverture d’un reportage intitulé Stars du X, nous avions réuni la fine fleur du Xcross. Il y avait là Ophélie David, Xavier et PaulHenri de Le Rue et, bien sûr Enak Gavaggio. Le photographe, spécialiste du portrait avait fait jouer les athlètes, les poussant un peu dans leurs retranche ments. Au milieu des gesticulations et autres poses forcées, je perçus un Enak mal à l’aise, raide comme un piquet, drôle
Au lycée, Enak est un gars très populaire, qui en impose avec sa ceinture à clous, ses Dr. Martens aux pieds, ses cheveux teints de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ou sa coupe mulet.
de symbole pour un skieur qui a très tôt compris qu’il n’allait pas mariner long temps dans l’alpin. Enak le freerideur trompe-la-mort, pionnier du base-jump début 2000, Enak le free-punk connu pour ne suivre que ses propres règles et qui n’est jamais meilleur que dos au mur, se montrant incapable de faire un peu le clown pour une photo ? Le lendemain, texto : « J’ai été mauvais hier, tu penses que cette photo, on peut la refaire ? » Le photographe parti, c’était impossible. Le Dark Lord s’était montré déçu comme un gamin qui avait manqué l’occasion de montrer la meilleure part de lui-même.
Il y a là une partie des tourments de l’homme, peu importe comment on le surnomme : vouloir montrer aux autres
ce qu’il n’est pas ou pas tout à fait. Faire semblant d’être facile alors qu’on s’en traîne comme une brute au point de se construire une porte de skicross dans son jardin pour mieux exploser dans les starts. Se faire passer pour un bad boy alors qu’on a un cœur à donner un rein à ses copains. Ne pas assumer son vitiligo d’ado et ses taches blanches même devant ses meilleurs potes à la piscine et prétendre qu’on s’est brûlé dans un accident de karting.
À la base – et ce n’est certainement pas une explication, mais cela peut don ner des pistes – Enak ne fait pas partie du sérail. Son père Christophe, paysan sai sonnier enchaîne les chantiers, sa mère Chantal a travaillé un temps à l’usine, la première baignoire apparaît à 5 ans entre deux soirées hippies. Pas de quoi pleurer dans les chaumières, mais le petit Gavaggio qui se prend à imiter un certain Marcel, voisin de la famille, jusqu’à se rebaptiser sans que personne n’ait jamais trouvé de raison à ce surnom, Enak Marcel Chaussure, a eu un début de vie à la dure, le genre d’existence où l’on ne perd pas trop de temps à se poser de questions, mais où l’on se forge une cer taine idée de la liberté. Bref, il lui arrive de manger dans la gamelle du chien et de ne rentrer de ses virées en montagne que lorsque sa mère sonne la cloche. Un peu livré à lui-même, il n’est pas un enfant facile. Ses courses ratées alors qu’il est au ski-club de Valmorel se concluent parfois par des doigts d’hon neur aux coaches, il conteste, provoque et manifeste, et quand il ne skie pas, ligote sa sœur China (elle est l’indienne, lui forcément le cow-boy), qui s’estime heureuse quand elle n’est pas oubliée des heures dans les bois. Plus tard, au lycée, ses proches évoquent un gars très popu laire, qui traîne avec une autre star du ski Julien Régnier, en impose avec sa cein ture à clous, ses Dr. Martens aux pieds, ses cheveux teints de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ou sa coupe mulet (déjà). C’est avec une partie de ceux-là (Laurent Niol, Vivien Dotti, Romain Raisson, Xavier Troubat) qu’il se liera d’amitié à la vie à la mort, au sein de la bande « Ça envoie du gros », concentré de tout ce que la station des Arcs compte de furieux en termes de sports extrêmes. L’époque est aux sensations fortes et aux idées déjantées : ça tombe bien, Enak, par ail leurs king de la blague potache doublé d’un hyperactif, en a 25 à la minute et cette logorrhée créatrice peut prendre
Parmi ses nombreuses idées, un coup de génie : Rancho. Une web-série décalée sur la glisse où Enak a tout testé, au mépris du danger.On pense à Rancho. Huit longues années à jouer à cachecache sur YouTube derrière une grande et sympathique moustache, à faire diversion en jouant les candides rigolos.
diverses formes. Sauts illégaux en basejump depuis des télécabines savoyardes pour se faire cueillir par les gendarmes à la réception, une série d’animation Tripbox mettant en scène des base-jumpers dans un scénario d’anticipation avant-gardiste – on est alors en 2000 –des trips lointains dont un au Lofoten (Norvège) où Enak réalise deux carnets de voyage avec des dessins… Là encore, à leur lecture, on voit bien qu’il ne lâche rien ou si peu sur ce qu’il est au fond. Pour le journal intime, il faudra repasser. En dévoiler le moins possible sur soi tout en faisant mine de se livrer au maximum : c’est tout l’art d’Il Maestro Gavaggio. La suite des évolutions du personnage a confirmé ce penchant. Évi demment, on pense à Rancho. Huit lon gues années à jouer à cache-cache sur YouTube derrière une grande et sympa thique moustache. À faire diversion en jouant les candides rigolos, à tester toutes les disciplines du ski en faisant semblant de s’y être mollement préparé. Vrai en partie. Je sais désormais grâce à ce documentaire où il est dit et répété que le garçon, né sans aucun don est un laborieux, qu’il a le perfectionnisme des braves. Mais au lieu de parler de courage qui semble, je dis bien semble, flirter parfois avec l’inconscience, je préfère parler d’engagement, de liberté et de curiosité. Durant sa carrière, le skieur des Arcs a sauté des barres rocheuses que personne n’aurait osé même regar der, descendu la piste de bobsleigh olym pique en skeleton avec une gastro, affronté des vagues de trois mètres en skiboots remplies d’eau salée menaçant de le faire couler… Le tout sans jamais dire vraiment ce qui le motivait à pous ser, non, à exploser ses limites, à aller provoquer ses peurs. Après toutes ces années à le fréquenter, j’avais donc le sentiment de rester à la porte du côté obscur de l’individu. Je m’étais fait une raison. Gavaggio resterait une demiénigme, même si j’avais eu droit à un peu plus qu’à la partie éclairée.
Puis un beau jour, après détours, atermoiements et refus, Enak accepta le deal : se raconter dans un documentaire.
Vingt ans après notre première ren contre aux Arcs, nous voici réunis chez le producteur du film dans une maison de la région parisienne, en juin 2021. Enak est allongé sur le canapé que j’aimerais telle ment voir se transformer en divan. Car je sens déjà qu’il va me faire une Gavaggio (traduction : le mec cool qui boit du soda
Enak, le freerideur trompe-la-mort, pionnier du base-jump début 2000, Enak le free-punk connu pour ne suivre que ses propres règles et qui n’est jamais meilleur que dos au mur.
dans une canette de bière et qui va se cou cher alors que la fête commence à peine), continuer à faire diversion, répondant à ce qui l’arrange, anticipant déjà sur ce que les témoins du film vont dire de lui. Lui, restant en surface en livrant ce qu’il veut bien alors que j’entends bien creuser pro fond : si j’ai une seule raison de collaborer à ce documentaire, c’est que je veux qu’à la fin, on sache qui est ce gars Vaggio. Mais au fil de nos rencontres, je vois bien qu’il élude, esquive quand je le cherche sur des terrains minés : la mort, l’amitié, ce besoin de se cacher… Lui préfère me parler de ses colères liées au sentiment d’injustice, quand, exemple parmi d’autres, un Joe Fitzgerald (directeur technique freestyle international de l’époque) fait partir la finale de la coupe du monde aux Contamines en 2001, alors qu’Enak lui avait demandé d’attendre pour strapper une blessure. Envolé le globe de cristal. Oui, Gavaggio préfère s’appesantir sur ce sentiment d’usurpation quasi-permanent, ce décalage entre ce à quoi il aspire : être un snowboardeur
Donnez-lui trois bouts de carton, un costume de cosmonaute cheap et un tas de caillou, et Enak vous fait un film : « On a skié sur la Lune ! »Pionnier en base-jump dès 2000, le rider des Arcs continue à sauter d’avion ou de falaise. Peur « Jamais pour un saut en base… »
Si j’ai une seule raison de collaborer à ce documentaire, c’est que je veux qu’à la fin, on sache qui est ce gars Vaggio.
quand il n’est – selon lui – qu’un skieur alpin raté. Durant tous ces échanges nom breux, pas un mot sur ce qu’il a ressenti à la mort de son meilleur ami, son frangin, son alter ego de conneries : Sébastien Coquillard, dit Coy, décédé en 2015 dans un accident de base-jump en Corse. Il fau dra que j’insiste à la toute fin pour avoir un : « J’ai jamais pleuré personne après lui. Je ne sais pas pourquoi ce jour-là, j’ai pris un très long bain, moi qui n’en prends jamais. » Il faudra attendre la parole de ses amis et amies, de sa famille pour savoir qu’un bout de lui est parti ce jourlà. Que ce fut le drame de sa vie qui cou ronna l’un de ses statuts : celui d’écorché.
Au printemps 2022, alors que nous débutions le tournage entre Annecy et Bourg-Saint-Maurice, et que j’interro geais la petite trentaine de témoins, j’ai senti qu’il rôdait dans les parages, en control freak, cherchant à capter
quelques bribes de conversation. Nous avions rédigé ensemble un déroulé a priori de ce que son entourage allait dire, je pressentais qu’il attendait qu’il soit conforme à ses intuitions. Mais, comme dirait Lionel Favret, son coach qui l’a amené au skicross, et qui établit dans le film un parallèle avec le destin de Stallone dans Rocky, « ça ne s’est pas passé comme ça
Ils ont dit ce qu’ils avaient à dire. Sans censure ni tabou. Ont évoqué ses défauts aussi disproportionnés que ses qualités. En bon phobique de la brosse à reluire, Enak avait donné des instructions : « Il faut qu’ils parlent de tous mes défauts, surtout, insiste bien-là-dessus ! » J’ai dit oui, bien sûr, sans aucune intention de diriger les entretiens dans ce sens. Même si je voyais bien qu’il ne voulait pas jouer les premiers rôles, toujours empoisonné par cette idée qu’il ne méritait pas autant d’attention. Car oui, précisons que l’idée de lui consacrer une sorte de biopic ne vient pas de lui, mais de l’un de ses sou tiens et sponsors de longue date, Alpina Watches. Pourtant, il aura fallu dix ans d’attente à Enak avant devenir ambassa deur de la marque de montre, tellement son profil d’athlète était « impossible à caser » !
Les entretiens furent fructueux au-delà de toute attente. Premiers coaches, amis et amies d’enfance, famille… Ils et elles ont dressé les contours de ce drôle d’oi seau qui sait faire à ses plus cuisants échecs les plus fabuleux rebonds. Person nage complexe avec ses ombres, ses doutes, ses blessures, ses paradoxes, ses métamorphoses, ses renaissances. Bernés, ils le furent lors de la première rencontre, comme nous tous, au départ, croyant avoir affaire à « un type un peu fou » (dixit Julien Lizeroux), « qui a l’air méchant » (Martin Fourcade), et se retrouvant face à « un des rares sportifs à avoir su trans mettre et partager sa passion » (Tessa Worley) à travers vidéos et événements. Au point d’être aujourd’hui team captain auprès des jeunes chez Rossignol en plus d’être toujours, à 46 ans, pro-rider. Et qui a su enfin mettre ses tripes sur la table à force d’être allongé sur un divan. Car j’ai fini par l’avoir mon quart d’heure d’expli cation sur la peur. Mais, chut, je n’ai pas l’intention de spoiler.
Au fur et à mesure que le portrait du vrai Gavaggio se dessinait devant mes yeux, débarrassé de ses pseudos et de ses multiples identités, je voyais apparaître Enak. Peut-être cet Enak Marcel Chaus sure évoqué maintes fois par ses parents et sa sœur. Cet enfant qui n’a jamais cessé de croire que toute la vie était un jeu en forme de montagne et qu’il ne fau drait jamais cesser de la gravir pour mieux la redescendre. Et ainsi de suite.
Punk, Marcel Enak Chaussure, La véritable histoire, sera projeté au Ciné Malraux à Chambéry le 6 décembre et bientôt sur vos écrans de poche ou de salon.
Enak Gavaggio, un drôle d’oiseau qui sait faire à ses plus cuisants échecs les plus fabuleux rebonds.Dans Punk, Marcel Enak Chaussure, La véritable histoire, le docu qui lui est consacré, c’est le grand saut pour Enak, qui y est révélé sans tabou.
RÉDUIRE L’ÉCHELLE Descente à ski au Pakistan, une première
PERSPECTIVES Expériences et équipements pour une vie améliorée
Je prends une profonde inspira tion et je rassemble toute mon énergie pour lancer fermement mon piolet dans la glace bleue fragile devant moi. L’après-midi est bien avancée et cela fait déjà plus de huit heures que je grimpe. S’accrocher à la face ouest exposée du Falak Sar – le plus haut sommet de la vallée de Swat au Pakistan, à 5 960 m au-dessus du niveau de la mer – a été une lutte de tous les ins tants. Je dois garder tout mon corps tendu en raison du poids des skis sur mon sac à dos et du vent violent et mordant. Une seule option : continuer à avancer. Deux semaines après le début de la première tentative mondiale de descente
à ski du Falak Sar, la précarité de ma position est évidente. Au fin fond du nord du Pakistan et à court de vis à glace pour les points d’ancrage durant l’ascension, les chances de succès d’un sauvetage, si j’en ai besoin, sont quasi inexistantes. Après avoir passé des hivers sur les pistes de Chamonix, mon groupe – Tom Grant, partenaire de ski régulier et guide de montagne certifié, et Bine Žalohar, un skieur alpiniste – et moimême sommes habitués à ce genre de terrain. Le Pakistan n’est
peut-être pas le choix le plus évident pour un voyage de ski mais il abrite cer taines des montagnes les plus spectacu laires au monde, dont le K2, le deuxième plus haut sommet (8 611 m) de la pla nète. La vallée de Swat fait partie des montagnes de l’Hindu Raj, une zone de 240 km de long au sud de la chaîne emblématique du Karakoram. Cette région est connue comme la Suisse du Pakistan et, avec ses pics enneigés et ses contreforts verdoyants, il est facile de voir pourquoi.
Partis de la région de Kalam pour une ascension de deux jours jusqu’au camp de base situé à 4 200 mètres d’altitude, nous avons passé une grande partie du
« La glace a sapé mon énergie et l’oxygène disponible est environ la moitié de ce qu’il est au niveau de la mer. Mes poumons brûlent à chaque respiration. » Aaron Rolph, aventurier
De gauche à droite : les sommets de la vallée de Swat ; Bine Žalohar descend à ski la crête ouest ; pause chai en s’abritant du mauvais temps dans une cabane de berger. Première page : Tom Grant, heureux, alors que l’équipe termine sa dernière descente en rappel sur la glace.
temps à lire, à faire de courtes randon nées à ski vers des terrains plus élevés et à braver les bains glacés dans les lacs partiellement gelés des environs. Falak Sar ne s’éloignait jamais de notre champ de vision, nous rappelant sans cesse l’aventure qui nous attendait.
Comme notre tentative nous amenait bien au-delà du point de départ du mal des montagnes (2 500 m), nous avons dû passer du temps en altitude pour nous acclimater à la baisse du niveau d’oxygène. Ensuite, une gastro-entérite dans tout le camp a gâché nos prépara tifs. Une fenêtre météo de deux jours ensoleillés est survenue plus tôt que pré vue et bien que nous étions loin d’être
Où commencer votre aventure au Pakistan
À six heures de route d’Islamabad, la capitale pakistanaise, la vallée de Swat abrite Malam Jabba, l’une des deux seules stations de ski du pays, tandis que la région de Kalam est un excellent point de dé part pour des aventures en montagne comme la randonnée.
visitswatvalley.comacclimatés autant que nous le voulions, nous avons convenu que nous devions profiter de cette opportunité.
Après avoir préparé une tente, un kit de couchage et des provisions, nous nous faufilons à travers les crevasses sur nos skis jusqu’à un camp de base avancé à 5 000 m d’altitude. Après avoir atteint le glacier blanc et net au pied du pic, nous ressentons un soulagement palpable en retirant nos sacs à dos char gés. Les tempes battantes en raison de l’altitude, il est étrange de penser que la tente est plantée plus haut que le som met du mont Blanc.
En quittant notre tente aux premières lueurs de l’aube, le vent du nord nous mord et la peau exposée brûle dans le froid ressenti de − 20 °C. Nous allons bon train en ski de randonnée jusqu’à la première plaque de glace où nous pas sons aux crampons et aux piolets. Après des efforts intenses qui provoquent des crampes aux mollets, nous atteignons enfin une neige plus molle. La glace a sapé presque toute mon énergie et l’oxy gène disponible est environ la moitié de celui du niveau de la mer. Mes poumons brûlent à chaque respiration.
La dernière rampe nous amène au sommet du Falak Sar. Nous sommes ravis d’être l’une des rares expéditions
à avoir atteint son sommet. Après avoir pris des photos, nous enfilons nos skis pour la plus grande descente de notre vie. Notre plan initial, qui consistait à descendre la face nord, plus belle, est abandonné à cause d’énormes corniches – des falaises de neige en surplomb qui se forment lorsque le vent durcit le man teau neigeux. La ligne la plus sûre est de skier sur la crête que nous avons passé les douze dernières heures à gravir.
Nous faisons nos premiers virages sur la face exposée à 50 ° d’inclinaison. Pas question de chuter ici. Nous faisons donc attention à ne pas être pris dans les coulées – de la neige meuble et mou vante qui libère par intermittence de petites coulées d’avalanche de surface après avoir été chauffée par le soleil de l’après-midi. Nous prenons confiance en nous et, très vite, nous skions à fond, en zigzaguant entre nous et en nous encourageant mutuellement. Nous avons l’impression de skier sur le som met du monde. Toute la souffrance de la montée est oubliée depuis longtemps. Pleins d’énergie, nous atteignons notre camp avancé en quinze minutes.
La nouvelle de notre exploit arrive bientôt à Kalam où nous sommes invités à une fête avec musique traditionnelle et danses autour d’un feu de camp. La population du Pakistan est profondé ment passionnée par le partage de sa culture et de ses espaces sauvages. Si vous avez l’occasion de vous y rendre, n’hésitez pas, vous ne le regretterez pas. Aaron Rolph est un athlète aventurier et photographe anglais basé dans les Alpes, et le fondateur du British Adventure Collective, qui s’efforce d’inspirer d’autres personnes à faire l’expérience du plein air ; britishadventurecollective.com
« Comme l’impression de skier sur le sommet du monde. »
À l’intérieur, c’est la même chose que l’Apple Watch standard (plus préci sément la nouvelle série 8). Mais à l’extérieur, elle est construite comme un Hummer pour les athlètes les plus intraitables : les athlètes de l’extrême.
Elle est grande (boîtier en titane de 49 mm), classée IP6X pour la pénétration de la poussière, norme militaire 810H pour les altitudes, la corrosion et les tempéra tures extrêmes, et EN13319 pour les profondeurs de 40 mètres. Oui, c’est un ordi nateur de plongée. Il dispose également d’un GPS L5 à double fréquence pour une précision de pointe.
Le top est sûrement son « bouton d’action », sur lequel on peut appuyer pour placer des points de repère. S’il détecte que vous êtes hors de portée du Wi-Fi, il lance automatiquement la fonction Backtrack qui vous permet de revenir sur vos pas grâce à une boussole affichée à l’écran. Si vous maintenez le bouton Action enfoncé, la montre émet une sirène de 86 décibels. Elle dispose également d’une autonomie de 36 heures et, avec le GPS et la surveil lance cardiaque activés, elle peut supporter une natation de 3,8 km, une randonnée à vélo de 180 km et un marathon de 42 km, ce qui, curieusement, correspond à un Ironman complet. apple.com
Lorsque la plus grande entreprise technologique au monde a décidé de se lancer sur le marché des montres d’aventure, elle a vu grand.
L’Apple Watch Ultra est sortie en trois coloris de bracelets. De haut en bas : Alpine, Ocean (monté sur la montre) et Trail.Pour survivre dans la jungle du ballet, il faut se maintenir en état d’alerte. On le sait : vous ne vous attendiez pas à lire un tel article.
C’était une journée de travail typique pour Steven McRae. Typique pour lui. Le danseur étoile du Royal Ballet, McRae est l’un des meilleurs dans son domaine. Ce soir d’octobre 2019, il tient le rôle principal dans une représentation de Manon Lescaut,au Royal Opera House de Londres. Le théâtre de 165 ans a présenté de nombreuses tragédies, Celle du soir va être différente.
« Alors que je m’élançais pour un saut, il y a eu un bruit creux comme si j’avais donné un coup de pied dans un mor ceau de bois, se souvient McRae. Le public savait que quelque chose de grave s’était produit avant même que je comprenne ce qui se passait. » L’Australien venait de rompre son tendon d’Achille et s’est effondré au sol à l’atterris sage. « La douleur était pire
que tout ce que j’avais connu auparavant. » Dans le monde du ballet, on dit qu’un danseur meurt deux fois, la première mort étant lorsqu’il cesse de danser. McRae, alors âgé de 33 ans, était conscient de la nature impitoyable de son métier où l’âge moyen de la retraite est de 30 ans. « En vingt minutes, un autre dan seur m’avait remplacé. C’est le côté brutal de la profession. Il y a toujours un danseur plus jeune, plus en forme et meil leur, et la peur d’être remplacé est paralysante. » Alors que d’autres se bousculent pour prendre sa place, McRae doit
réapprendre à marcher. « Pour moi, échouer était hors de question. »
Presque deux ans jour pour jour après sa blessure, en octobre 2021, McRae faisait son retour dans le rôle princi pal masculin de Roméo et Juliette. Voici comment.
Il faut parfois un an pour se remettre complètement d’une rupture du tendon d’Achille, et ce délai est doublé chez les danseurs et danseuses étoiles en raison de l’intensité phy sique de leurs rôles pour les quels ils et elles s’entraînent souvent douze heures par jour, six jours par semaine. « Plus votre absence est longue, plus vous risquez d’être remplacé et oublié », explique McRae. Mais plutôt que de se concen trer sur le long chemin à
parcourir, il s’est fait un calen drier d’objectifs à court terme. « Le simple fait d’enfiler une chaussure de ballet était un problème car la cicatrice allait jusqu’à l’arrière de mon tendon d’Achille. »
« La situation a commencé à affecter mon sommeil, mes pensées s’emballaient à 100 à l’heure. » Un ami lui a donc fait découvrir Sensate, un appareil portable qui détend le nerf vague via des vibra tions. « Je l’ai utilisé avant de m’endormir, puis religieuse ment pendant la préparation de mon premier spectacle après mon retour sur scène. »
McRae a travaillé sur son réta blissement mental avec des psychologues. « Ils m’ont aidé à filtrer ce qui se passait dans ma tête. La bonne santé men tale, c’est la santé même. J’avais l’impression d’être au pied de l’Everest, tout nu, et que quelqu’un me disait : “Vas-y. Bonne chance.” »
« Quand je suis remonté sur scène, mon cerveau me disait : “Ce n’est pas un bon endroit pour toi.” » Ses psy chologues lui ont dit d’affron ter cette peur en se rendant au point où l’accident s’était produit, en regardant son ten don d’Achille et en se disant : « Avant, c’était avant, et main tenant, c’est maintenant. Je vais bien. » Cela a fonctionné.
« Avant ma blessure, je ne mangeais pas correctement et j’étais en sous-poids par rapport aux exigences du métier. La culture du ballet célèbre cela. » Maintenant, McRae a complètement changé son processus, en se concentrant sur la nutrition, la santé mentale et la récupé ration. « J’espère pouvoir utili ser toutes ces connaissances à l’avenir pour encourager la profession à aller de l’avant. »
« La bonne santé mentale, c’est la santé même. »
Steven McRae, danseur étoileRÉCUPÉRER
« Une bonne paire de gants est un must. Avec des doigts engourdis, impossible d’ouvrir une fermeture éclair, sortir ses affaires du sac, ou allumer un réchaud. » Finch emporte aussi cinq sangles et une paire de bâtons de trekking : « Une fois, on s’en est servi pour stabiliser la jambe d’une per sonne blessée au genou ». Rassurant, non ?
Rien de pire que de manquer d’eau et de nourriture. Finch explique que végétation et vie animale sont signes d’eau potable, qu’il faut toutefois filtrer et bouillir avant de boire. Et ne pas cueillir n’importe quoi, pour ne pas s’intoxiquer. Mais il conseille « d’ouvrir l’œil sur un champignon appelé poule des bois ». Jaune et doré, au goût de viande, il pousse sur les troncs d’arbre et fait un excellent curry.
Pas besoin d’expertise militaire pour réaliser une expédition parfaite. Mais ça peut aider...
Ex-commando des forces spéciales britanniques, Ian Finch a passé quatre ans dans les Royal Marines à s’entraîner à des scénarios extrêmes comme la « guerre en Arctique ». Il a appris à survivre en environnement inhospitalier, connaissances qu’il met désormais à profit dans les coins les plus reculés du globe. Entre-temps, le Londonien de 49 ans a troqué ses armes contre une caméra. Il a notamment descendu les 3 200 km du fleuve Yukon en canoë du Canada à l’Alaska, traversé le Groen land en traîneau à chiens et suivi la Piste des larmes, périple de 81 jours et plus de 2 000 km à travers le sudest des États-Unis retraçant le périlleux exil à pied et en canoë de la nation cherokee, déplacée de force dans les années 1830.
« Je me suis engagé pour tester mes limites physiques et mentales », explique-t-il. Impressionnée par son CV, la marque de matériel outdoor Fjällräven a recruté Finch comme guide pour ses expé ditions encadrées de plusieurs jours dans les régions les plus perdues de Suède, de Corée, du Danemark ou des Highlands d’Écosse. La marque se charge de la logis tique (planification de l’itiné raire, transport, fourniture en aliments lyophilisés), les participants et participantes de tout l’équipement qu’ils et elles porteront sur le dos. Pour Finch, l’indispensable
reste l’autodiscipline, la confiance en soi et la capacité à développer une routine. « Il faut se lever à une heure pré cise et tout donner pendant un certain nombre de kilo mètres. La préparation est la clé d’une expédition au top. »
« Au fil des ans, on finit par oublier les compétences cognitives acquises à l’armée, mais on garde cette capacité mentale à gérer les expédi tions dans le froid, l’humidité ou la chaleur », explique Finch. Il a souvent recours à la navi gation naturelle, observant l’environnement pour prévoir les conditions climatiques futures. « Connaître les sché mas météorologiques de la région, la direction du vent et des dépressions permet de se bien se préparer et de porter des vêtements appropriés. »
On peut très bien se perdre en regardant un point sur un petit écran. En cas de doute, Finch conseille d’observer les éléments. « Au Royaume-Uni, la plupart des précipitations viennent du sud-ouest, donc en vous mettant face à la brise vous serez orienté dans cette direction. Et dans l’hémis phère nord, si vous pouvez voir le soleil devant vous entre 12 et 14 heures, c’est que vous êtes face au sud. »
« Si le mauvais temps s’abat, restez calme, quittez les hau teurs pour un abri », développe Finch. Faire une pause permet d’analyser la situation. « Une fois, j’étais en canoë sur la rivière Ohio quand une tor nade est arrivée. Ça s’est passé si vite qu’on a évité de peu de passer sous une péniche. On a eu une peur bleue. Plutôt que de continuer, on a décidé de sortir de l’eau, de trouver un abri, de nous sécher et de nous réchauffer. »
classic.fjallraven.com
« La préparation est la clé d’une expédition au top. »
Ian Finch, ancien Royal MarinePARTIR
Une invitation à la réflexion, un espace où coexistent des solutions et des idées propres à notre époque, à travers les expériences personnelles de nos invités. Comment souhaitons-nous construire un environne ment sain pour s’inscrire dans un « bien ensemble » ?
Le Milo a une portée maximale de 600 mètres, mais ce potentiel est multiplié par chaque dispositif ajouté sur le réseau crypté et sécurisé.
Tchatez en pleine nature grâce à ce système de com munication mains libres.
Le cœur de Peter Celinski bat à tout rompre. Du haut de l’une des pistes noires les plus redoutables de ColombieBritannique, il vient de voir ses deux garnements se jeter sur la pente couverte de poudreuse pour disparaître dans les pins en contrebas. Trop tard pour leur crier de s’arrêter, il n’a plus qu’à enfiler des skis pour se lancer sur leurs traces.
C’est en bas de piste que l’expert en réseau audionumé rique, recouvert de neige après plusieurs chutes, a une illumi nation grâce à ce bain glacial. Au lieu d’utiliser des télé phones (faible signal) ou des talkies-walkies (peu pratiques et encombrants) pour commu niquer en montagne, pourquoi ne pas créer une alternative mains-libres connectée en permanence ? Milo est né.
Le concept est simple.
Rond, plat et facile à accro cher à tous les supports, Milo est équipé de six microphones numériques anti-bruits para sites et d’un haut-parleur. On peut également le connecter à des écouteurs Bluetooth ou filaires. Après synchronisation, ce petit appareil permet de
communiquer avec vos homo logues comme s’ils et elles étaient à deux pas de vous via un réseau crypté, sécurisé et ininterrompu, pour une expérience outdoor collective inoubliable.
Étanche pendant trente minutes à un mètre de profon deur, la batterie du Milo dure une journée entière. Véritable révolution pour tous les sports extrêmes en groupe, il pourrait bien sonner la fin du talkie-walkie. okmilo.com
Oubliez Fortnite, c’est maintenant l’heure de la lutte. Place à la wrestlemania.
Si les noms de Triple H et Hardy Boyz vous sont fami liers, il y a de fortes chances que vous ayez passé le début du millénaire à faire passer des gens à travers les tables dans des jeux vidéo de lutte. Mais au cours des deux décennies qui ont suivi l’apo gée des séries telles que WWF Wrestlemania, les batailles multijoueur en ligne pour les gameurs et gameuses à la gâchette facile comme Fortnite ont relégué le span dex aux coulisses. Aujourd’hui, un nouveau concurrent monte sur le ring pour remettre de l’ordre. Comme Fortnite, Rumbleverse est une Batt le-Royale F2P (le dernier debout gagne), mais dans le sens le plus pur du terme. Suintant l’atmosphère de combat, chaque ronde com mence en vous déposant
aléatoirement, vous et 39 autres bagarreurs barra qués, dans son aire de jeu, la tentaculaire Grapital City. Le but ? Combiner suffisamment de coups de coude, de choke slams et de coups de chaise en acier pour devenir le seul survivant. Le streameur twitch Aaron Slamani, alias Settanno, 27 ans, fait partie de la première vague de gameurs qui s’est frayé un chemin jusqu’au sommet de la pile. Basé à Londres, il a enregistré la première série de trente vic toires consécutives, faisant de lui une sorte de champion incontesté. « La connaissance
des jeux de combat ne vous servira pas à grand-chose », explique Settanno, ajoutant que ceux qui ont été élevés au régime des jeux de plate formes du milieu des années 90 pourraient s’épanouir dans le monde simpliste de Rumbleverse, imprégné d’ar cade. Il révèle ici comment dominer, même si vous êtes moins solide que The Rock...
Plutôt que de se battre contre la première personne qu’il rencontre, Settanno se dirige vers les hauteurs pour avoir un bon point de vue, éviter les ennuis et observer l’action qui se déroule plus bas.
vous. Peu importe le nombre d’heures de jeu à son actif, on n’est jamais à l’abri d’un coude qui nous tombe dessus. »
Chaque groupe de quarante personnes comprendra des débutants et débutantes qui s’initient à Rumbleverse, mais il y aura aussi une poignée de lutteurs chevronnés. « Si vous pouvez identifier un adver saire fort, éliminez-le rapide ment, dit Settanno. Frappez le premier et frappez fort ! »
Une dérouillée ? Sauvez-vous. « Vous pouvez escalader un bâtiment ou plonger dans une ruelle. C’est ainsi que je gagne beaucoup de parties », révèle Settanno. Vous n’arrivez pas à ébranler votre adversaire ? Rejoignez d’autres bastons. « Même si cet ennemi ne s’en prend pas à quelqu’un d’autre, un autre joueur peut l’inter cepter pour vous. »
Comme si éviter un assaut de slams et de takedowns ne suffisait pas, vous devez éga lement faire face à une aire de jeu toujours plus petite. Mais il est possible d’utiliser cela à votre avantage. « Quand vous sortez du cercle, un décompte de 10 secondes se déclenche, explique-t-il. Sachez gérer ce décompte et vous pourrez chercher en dehors de la zone des armes supplémentaires au fur et à mesure que le jeu avance. »
Settanno, streameur Twitch
« Avoir l’avantage de la hau teur signifie que vous êtes parfaitement placé pour lancer des attaques sur les adversaires au-dessous de
Si vous survivez jusqu’au der nier face-à-face, il y a une arme que vous voudrez avoir dans votre arsenal : la chaise en acier ! « Si vous tapez quelqu’un contre le mur à l’aide de cette chaise, il sera assommé, et vous pourrez le frapper à nouveau : un wall splat ne pardonne pas. » Rumbleverse est dispo en téléchargement gratuit sur Windows, PlayStation et Xbox ; rumbleverse.com
Frappez le premier et frappez fort ! »RUMBLEVERSE
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Oui, c’est bien une montre. Avec son tourbillon volant (quintessence de l’horlogerie pour une précision maxi male) et quatre mini-chaînes en acier, l’intérieur est tout aussi étourdissant. Imaginée en Autriche, produite en Suisse et inspirée de l’espace, sur commande uniquement. 156 000 € ; doppelgaenger.com
DOUBLE NGC-42
Un phare, la Forêt-Noire, le globe terrestre… Découvrez les inspirations des horlogers pour leurs classiques modernes.
Texte WOLFGANG WIESER
LE BOÎTIER … en acier, mais également dispo nible en or jaune ou titane noir.
montres
Une référence pour les amoureux et amoureuses de la tradition. La Speedmaster a été conçue en 1957 pour les poignets des adeptes de moto, avant de faire le bonheur des astronautes. Plus fine et plus élancée, elle fête cette année son grand retour en bordeaux. 8 700 CHF; omega.com
… en acier brossé plus étroit, boîtier épais de 12,99 millimètres seulement.
Quand on plonge, on n’a pas besoin de s’encombrer de fioritures, juste de l’indis pensable. Inspirée de la Slow Motion des années 60, cette Breitling propose une parfaite vue d’ensemble. 4 450 € ; breitling.com
LONGINES ULTRA-CHRON
Une montre d’une extrême précision grâce à son mou vement haute fréquence. Mais le nec plus ultra, c’est ce boîtier d’acier en forme de coussin inspiré de son prédécesseur de 1968. 3 790 € ; longines.com
Le vert du cadran bombé change en fonction de la lumière, d’un vert sapin chaud à un subtil vert profond qui n’est pas sans rappeler la Forêt-Noire, région natale de Junghans. PS : le bracelet beige crème est en cuir d’autruche. 2 040 € ; junghans.de
Le calibre AL-525 est totalement visible à travers un fond saphir.
Cette année, Alpina a inau guré un nouveau design pour sa ligne emblématique Extreme, et le look de cette Alpiner Extreme Automatic ne laissera pas indifférent. Puissante, nerveuse, avec un boîtier plus compact et moderne, elle est propo sée en trois couleurs. 1 495 € ; alpinawatches.com
MIDO OCEAN STAR 600
Ce modèle s’est inspiré du phare Europa Point situé sur l’île de Gibraltar. Si cela ne saute pas forcé ment aux yeux (le phare mesure vingt mètres de haut), vous serez en revanche convaincu par sa robustesse et sa fiabilité. 1 560 € ; midowatches.com
CASIO G-SHOCK GM-82100D
Entrée remarquée pour ce modèle G-Shock en acier inoxydable équipé d’un impressionnant boîtier octogonal. Un insert spécial le séparant du verre rend celui-ci tout particulièrement résistant. 549 € ; casio.com
SIGNATURELe cadran de l’Alpina est parcouru d’un motif triangulaire, exclusif à la maison.
BELL & ROSS BR 03-94
Ce rond dans un rectangle ne partage aucune analogie avec le football. Bell & Ross s’est inspiré d’une horloge de cockpit. Une montre qui permet également de mesurer le pouls, la fré quence respiratoire et diverses activités sportives. 5 600 € ; bellross.com
En 1983, des plongeurs découvrent sur la plage australienne de Long Reef une montre incrustée de coquillages, preuve d’un long séjour dans l’eau. Pourtant, le mouvement faisait tou jours tic-tac. Quarante ans plus tard, elle inspire une nouvelle montre de plongée. 649 € ; citizenwatch.eu
Les données les plus importantes s’affichent sur le cadran.
Des vagues en or, des mers dans des tons bleus subtils, des continents en saphir : cette montre est si belle qu’elle méritait bien le monde comme écrin. Trois ans de développement et quatre brevets en ont fait un chef-d’œuvre d’une merveilleuse légèreté. 74 200 € ; breguet.com
Une smartwatch remplie de fonctions réglables par bou tons ou écran tactile. La volonté et l’objectif de la Fenix restent les mêmes : rendre son ou sa propriétaire plus performant. Inclus : soixante applis sportives pour de nouveaux défis. 1 099,99 € ; garmin.com
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À l’occasion de l’étape marseillaise du Red Bull Drop In Tour le 26 septembre, Letícia Bufoni était accueillie par le local Vincent Matheron. Si son impact dans le skate est à l’image de son palmarès, c’est parce que cette Brésilienne maîtrise aussi bien la performance que les prises de paroles et son image : elle a fait le choix d’être, pour la nouvelle génération de skateuses, le modèle qu’elle a toujours voulu avoir. Et nous rappelle que le skate demande rigueur et concentration, même s’il s’agit avant tout d’une source de plaisir !
Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 19 janvier 2023.
*L’élégance est une attitude