BRIERE 50 ans en
le parc naturel régional
Pascaline vallée
.6 Les canaux, au cœur du Grand Marais. — G. Juin
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sommaire genèse du Parc et des parcs
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Naissance des premiers parcs régionaux Création du Parc naturel régional de Brière Frontières et caractéristiques géographiques à la création du Parc
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Un territoire en perpétuel mouvement
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Évolution démographique et sociale du Parc et de la région proche Un tourisme adapté Les zones humides, un paysage multiple Le Parc et son territoire
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Des richesses à préserver
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Marais et bocages : diversité des milieux Flore remarquable Faune sauvage remarquable Richesses naturelles d’hier et d’aujourd’hui Patrimoine bâti Savoir-faire traditionnels L’agriculture
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jusqu’à quel point intervenir ?
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Évolution des actions du Parc Enjeux écologiques Perspectives d’évolution dans les prochaines années
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Introduction C’est une masse verte, sur la carte de la région, griffée de quelques lignes droites. Elle ne dessine rien de particulier. Une fleur à l’envers, peut-être, ou l’empreinte laissée par la patte d’un monstre gigantesque ? À sa périphérie s’étale une campagne comme les autres : on distingue le quadrillage des champs, les formes géométriques des bâtiments agricoles et les maisons rassemblées en villages, le tout relié par des routes chargées matin et soir par les trajets pendulaires, travail à la ville, enfants à la crèche ou à l’école. Nous sommes au cœur de la presqu’île de Guérande, entre l’estuaire de la Loire et celui de la Vilaine. Tout autour s’étale le gris des zones touristiques et industrielles, alimentées par les voies de circulation qui se resserrent autour de Saint-Nazaire et de La Baule. Sur la D50, qui relie Montoir-de-Bretagne et La Chapelledes-Marais, on remarque ensuite une île, puis deux. Des îles, oui, car à bien y regarder le vert qui les entoure n’est pas fait d’arbres mais de marais, entremêlement de roselières, piardes, tourbières et autres zones humides peuplées d’une infinité d’espèces animales et végétales. Loin de refléter la vie foisonnante qui y bruisse, la stylisation cartographique a fabriqué un ensemble indistinct : le marais semble une zone vague, abandonnée. Injuste pour un territoire d’une telle richesse ? Ce ne sont pas les Briérons qui iront réclamer réparation : tant que leur marais reste en dehors des radars extérieurs, il demeure ce jardin nimbé de brume dont la tranquillité fait leur bonheur. Un monde impénétrable pour qui n’en a pas les clés ; le paradis pour
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qui en tombe amoureux. Pour autant ce paradis est paradoxal : la nature y règne mais il ne peut perdurer sans intervention humaine, car si l’on cesse d’en retirer la vase et d’entretenir les berges, les canaux se referment, envahis par les roseaux. Les marais changent continuellement, et vite. D’une année à l’autre, selon les actions menées, des espèces différentes prolifèrent ou disparaissent, au détriment à la fois de la biodiversité et des habitants. C’est pour préserver et mettre en valeur ce territoire singulier qu’est né, en 1970, le Parc naturel régional de Brière. Cinquante ans plus tard, beaucoup de chemin a été parcouru, et l’importance faunistique et floristique de la région est reconnue à l’échelle nationale et internationale. Ces cinquante années ne se sont pas tracées en ligne droite et continue : elles ont été marquées d’essais, d’échecs et d’avancées, de concertations et de confrontations. Le Parc a été, par bien des aspects, précurseur d’une politique de gestion du territoire qui cherche à le développer et à l’aménager dans le respect du patrimoine naturel et culturel. Mais l’histoire qui s’y est écrite dépasse largement ses frontières et s’inscrit dans une volonté plus large, qui remonte au début du XXe siècle.
.09 .11 « Et partout ondulaient les grands roseaux, abris des oiseaux sauvages. De loin en loin, cette jungle laisse briller de pâles étangs. Puis des îlots ressurgissent, puis les roseaux se referment, puis d’autres eaux reparaissent ; et la Brière ainsi semble n’avoir pas de fin, jusqu’aux derniers brouillards, sous l’immense coupole de l’atmosphère. » Alphonse de Châteaubriant, La Brière, 1923. — E. Balança
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« Si la fonction première du Parc est de protéger un patrimoine naturel et culturel unique, il doit bénéficier d’abord aux Briérons. » Cit. p. 24
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.14 Tréhé, Saint-André-des-Eaux, au bord du marais sur le GRP Tour de Brière. — A. Martin-Launay
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Naissance des premiers Parcs régionaux Une volonté à l’échelle nationale
Qui entend « parc naturel » pense souvent aux Parcs nationaux, chargés de préserver l’habitat d’espèces animales ou végétales menacées. Le premier de ces parcs de conservation naît en 1872, bien loin du climat briéron : il a été créé pour protéger la région du Yellowstone, aux États-Unis. Sur près de 9 000 kilomètres carrés (l’équivalent du département de la Dordogne), il abrite au cœur de ses forêts et zones d’activité géothermique des ours noirs, des coyotes, cerfs, bisons sauvages et wapitis… Mais la France, pays affairé du Vieux Continent, n’a pas les vastes territoires des Amériques, de la NouvelleZélande ou de l’Australie, qui créent les premiers parcs au niveau mondial. En France aussi, on s’accorde sur l’utilité de la démarche mais il est plus difficile de lui faire prendre forme, car l’instauration d’un parc implique d’en bannir les activités humaines. Où trouver de grands espaces naturels libres de toute occupation ? Des terres qui ne soient ni utilisées, ni convoitées pour la mise en culture, l’exploitation des ressources naturelles ou la construction ? Au début du xxe siècle, on mène des expériences outre-mer, au Maghreb (1921) comme à Madagascar (1926), et parallèlement quelques projets émergent dans les Alpes ou en forêt de Fontainebleau. Mais ce n’est qu’en 1960 que la loi qui définit le statut des Parcs nationaux est promulguée. Au regard des richesses naturelles françaises, peu de territoires se portent candidats, car la procédure est longue et manque de souplesse. Aujourd’hui encore, il n’y a que onze Parcs nationaux en France, soit un peu moins qu’en Allemagne et en Grande-Bretagne. Des territoires de projet
Après la frénésie de reconstruction de l’après-guerre, le monde change, et la France avec lui. Les campagnes sont délaissées au profit des villes et de leurs zones industrielles, qui embauchent sans retenue les enfants du baby-boom. On quitte les maisons rustiques pour des constructions nouvelles, au confort moderne : la campagne perd une grande partie de ses habitants et de ses activités économiques. Pour rééquilibrer la situation, le gouvernement crée une entité spécifique, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale), active à partir de 1963. Elle est chargée de superviser les actions de développement du territoire. En grand organisateur, l’État lance de vastes plans de travaux pour créer métropoles et infrastructures de transport, mais il se penche aussi sur le cas des campagnes. C’est dans ce contexte que, peu à peu, émerge l’idée des PNR (Parcs naturels régionaux), qui auraient en charge la protection des patrimoines locaux, naturels mais
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Frontières et caractéristiques géographiques à la création du Parc
.34 L’église de Saint-Malode-Guersac émergeant du plat de Rozé. — E. Balança
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L’appellation « Brière » pourrait être une altération de « bruyère », « ce qui croît spontanément dans des landes incultes ». Est-ce cet héritage, l’image d’une plante rustique et autonome, qui donne aux Briérons leur caractère si particulier ? Jusqu’au xixe siècle, ils ont vécu en quasi-autonomie, isolés dans ce qui n’est, pour celui qui n’y est pas né, qu’un labyrinthe obscur. Le marais a forgé les hommes autant qu’il a été forgé par eux. Il est leur propriété commune, leur liberté, leur maison, leur garde-manger et leur gagne-pain, leur voie de navigation, là où se tissent les amitiés et les conflits… Longtemps, seuls certains Briérons en sortaient, ponctuellement pour aller vendre leurs produits à Nantes ou Brest, ou de manière plus durable pour rejoindre la marine. Dehors, ce sont les « naquets », les gens pas d’ici, autant dire des étrangers. C’est comme ça depuis des siècles. Et voilà qu’on voudrait leur expliquer comment s’occuper de leur marais ? Malgré tout, les bons esprits prennent le dessus et les réticences sont vaincues une à une. Douze, treize puis vingt et une communes sont associées à la phase d’étude pour la création du Parc naturel régional de Brière. C’est trop au goût de certains, dont Pierre Litoux, député-maire de Saint-Lyphard. Il exposera son point de vue aux douze autres communes du pourtour et au préfet, lors d’une réunion qui s’est tenue dans sa mairie le 11 août 1967 : « Le périmètre prévu actuellement est nettement trop vaste, avec les Marais de Donges, du Mès, et une partie notable de la région de Guérande. Pourquoi pas de la Loire à la Vilaine ? Le cadre ne doit pas tenir plus de place que le tableau qui lui donne sa raison d’être. Le Parc, c’est la Grande Brière. Soignons-en les abords et l’entourage sans trop disperser nos efforts. » Le tableau qu’a en tête M. Litoux recèle pourtant plus de détails qu’il ne le pense. Au centre, donc, se trouve le marais indivis de la Grande Brière Mottière, d’environ 7 000 hectares, cadastré sur la commune de Saint-Joachim, où se déploient roselières, prairies et plans d’eau au caractère sauvage. Un monde quasiment plat, où chaque arbre fait figure de géant et où les buttes culminent à 10 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sous son apparence homogène, le marais contient lui-même plusieurs mondes : Brière des îles et des terres, prairies inondées et piardes n’abritent pas les mêmes espèces… animales comme humaines ! Dans le roman La Brière d’Alphonse de Châteaubriant, paru en 1923, le père de l’héroïne, habitant de Saint-Joachim, voit comme une trahison ultime le désir de sa fille d’épouser un « gars de Mayun », une commune située de l’autre côté du marais… Le calme apparent des marais dissimule une vie foisonnante, agitée de passions.
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.38 Le Parc s’étend jusqu’au littoral ; ici les marais salants du Mès. — J.-P. Hennion
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.39 Haut Île de Fédrun, Saint-Joachim, nichée au cœur du Grand Marais. — J.-P. Hennion
.39 Bas Le Grand Marais à proximité de l’estuaire de la Loire. — J.-P. Hennion
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« Bien avant l’engouement pour le tourisme vert, les associations et l’équipe du Parc ont compris que la vulnérabilité de la nature, qui contraignait à une faible fréquentation et à des actions légères, pouvait devenir un atout. » Cit. p. 60
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Évolution démographique et sociale du Parc et de la région proche
.42 Haut Marais de Pendille à Saint-Joachim en 1974. — Fonds PnrB .42 Gauche Le dolmen de Kerbourg à Saint-Lyphard, l’un des nombreux monuments néolithiques présents en Brière. — A. Launay .42 Droite Saint-Joachim au XIXe siècle, coupe de la tourbe : mise en tas. — Fonds PnrB
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La Brière est peuplée, et ça ne date pas d’hier. Des fouilles archéologiques ont prouvé une présence humaine datant du néolithique, dont témoignent encore des tumulus et autres vestiges. Pourtant, dans les grandes étendues du marais, naît souvent, aujourd’hui encore, l’impression que le monde est tenu à bout d’horizon. C’est là, au bout du ciel, que sont cantonnées grues portuaires et usines. Ici, ce n’est pas la côte, ni la ville. Nous sommes en « pays noir », surnom venu de la tourbe, l’inverse du « pays blanc » des marais salants. Longtemps isolés, les Briérons ont su faire de leur territoire un lieu de ressources partagées et, logiquement, ils forment depuis longtemps une société qui fait bloc. L’identité briéronne se construit aussi par opposition : dès que leur « terre » est menacée, que ce soit par l'assèchement ou l’urbanisation, tous se rallient à cette cause, laissant de côté les conflits de voisinage ou le mépris pour d’autres communes que la leur. Même en dehors du danger, les pratiques collectives sont courantes. La Brière a gardé son âme de village, tout le monde se connaît et on appelle rarement quelqu’un par ses nom et prénom. Les mariages fréquents entre cousins et au sein d’une même commune encouragent à multiplier les sobriquets pour différencier les personnes ou marquer les filiations, ce qui facilite la convivialité. Plusieurs générations d’une famille vivent souvent sur les mêmes terres. Traditionnellement, une nouvelle chaumière s’accole au flanc de la première. Les foyers se comptent alors au premier sens du terme : par cheminée. Ici, il n’y a que peu de place pour l’exubérance. La modestie des chaumières répond à des règles pratiques : placer les ouvertures vers le sud permet à la fois de profiter du plus de lumière possible et de se préserver du regard des voisins, puisque cette technique supprime les vis-à-vis. Sur les îles, chaque miette de terre est précieuse. Quand il reste, entre les maisons disposées sur le pourtour, des terres exploitables, elles sont cultivées en grandes parcelles. Sur ces « gagneries », on pratique la même culture que son voisin, ce qui permet à la fois d’optimiser la culture, de ne pas perdre de place en clôtures et de faire, après la récolte, paître les bêtes en commun. En l’absence de chemins, le droit de passage est généralisé. L’extraction de la tourbe est elle aussi un travail partagé en famille. Jusqu’au xviiie siècle, une autre société semble s’être inventée ici, forgée autour du statut singulier des habitants du marais indivis. Le monde, pourtant, les Briérons doivent s’y plonger – et en nombre croissant depuis l’industrialisation de la France, au xixe siècle. Tous les lundis d’abord, puis chaque matin, quand cela leur fut permis par les moyens de transport. Alors que les ancêtres pouvaient « vivre de Brière », en quasi-autonomie, les Moyon, Vince et Aoustin du début du xxe siècle se tournent en masse vers les Chantiers de la Loire. Leur renommée n’est plus à faire : en plus d’être travailleurs, les Briérons sont déjà,
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Évolution du périmètre du Parc naturel régional de Brière entre 1970 et 2020
Missillac
Assérac
MesquerQuimiac
Herbignac
La Chapelledes-Marais
Le M
ès Crossac
Saint-Molf SaintLyphard
SaintJoachim
Saint-Andrédes-Eaux Trignac La BauleEscoublac
2. 5
et riv
B Le
Pontchâteau
Besné Prinquiau
Saint-Malo- de-Guersac
Guérande
0
Sainte-Reinede-Bretagne
Montoir-deBretagne
Donges
SaintNazaire
Pornichet
5 km
Réseau hydrographique principal 1970 - 2000 2000 - 2014 2014 - 2018 À partir de 2019 Communes membres
.78 Évolution du périmètre du Parc entre 1970 et 2020. — Fonds PnrB
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Le Parc et son territoire Agrandissement progressif et nouveaux enjeux
Son activité dépendant du nombre et de l’engagement de ses membres, le PNR de Brière évolue aussi grâce aux communes adhérentes. Le périmètre initial semble bien défini : à l’est et au nord, l’horizon se heurte au coteau bocager du Sillon de Bretagne. À l’ouest, il faut limiter les pressions du littoral touristique, et au sud celles des installations industrielles. Pourtant, il y a encore une marge de manœuvre. La possibilité d’agrandissement a été prévue dès la première définition, vers la zone littorale compte tenu des « interpénétrations de tous ordres entre la côte et l’intérieur » (charte de 1970), puis aux « secteurs sensibles » qui le justifieraient (charte de 1992). La cohérence territoriale permet de mener au mieux les actions du Parc, et il ne faut pas perdre de vue que les communes doivent posséder « un ensemble patrimonial et paysager remarquable, mais fragile et menacé » (charte de 2014). Entre la première charte et la deuxième, Donges, au sud (pour la partie située au-dessus de la N 171), et Saint-Molf, à l’ouest, ont été intégrées au Syndicat mixte. La troisième charte, adoptée en 2001, vise un agrandissement plus large, qui portera la surface du territoire géré à 49 000 hectares. Profitant du recul que lui offrent ses trente ans, le Parc s’interroge sur son identité : « l’unité géographique, sociologique, historique et économique » est-elle bien respectée ? Dans cette optique, on envisage d’associer Besné, Pontchâteau et Prinquiau, trois communes de l’est. Liées au marais du Brivet, elles appartiennent au même bassin – et jadis au même seigneur – que le marais indivis, mais elles en ont été séparées au fil de l’Histoire. Outre le fait qu’ils font partie du même ensemble hydraulique, ces marais abritent les mêmes espèces de canards et de limicoles, protégées par le label Natura 2000, et sont inscrits dans le même périmètre Ramsar pour la préservation des zones humides. La commune de Besné ne souhaitant pas intégrer le Parc, le trio prend le statut de membre associé, avant d’adhérer en 2014, à l’occasion de la quatrième charte. Pour l’heure, c’est sur l’ouest que l’attention se porte. Bien que les communes d’Assérac et de Saint-Molf soient adhérentes, leur territoire n’est pas complètement compris dans la zone du PNR. Il est donc décidé, « considérant les difficultés de gestion que cette coupure pouvait provoquer, et vu l’intérêt écologique du bassin du Mès », d’intégrer les communes dans leur entier. Sur cette lancée, un contact a été établi avec leur voisine Mesquer, car les actions menées en Brière ont un impact direct sur son environnement naturel. La commune commence par refuser la proposition d’adhésion ; elle adhérera finalement en 2019. L’adhésion au Parc ne va pas toujours de soi pour les communes, pour de multiples raisons. Certes, elle permet de faire partie d’un territoire et de participer à la définition de son avenir, mais certaines communes ont peur que les contraintes ne soient trop fortes. Par ailleurs, l’identité du Parc de Brière a longtemps été assimilée à celle de son
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.62 Haut Site Pierre Constant de la Réserve naturelle régionale « Marais de Brière » jusque dans les années 2010. — M. de Cacqueray
.62 Bas Parc animalier nouvellement aménagé, début des années 1980. — Fonds PnrB
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.63 Observatoire ornithologique de la Réserve naturelle régionale « Marais de Brière » aujourd'hui. — E. Balança
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« Le Parc mène plusieurs types d’actions : il encourage la présence d’espèces animales et végétales, entretient et valorise les milieux traditionnellement façonnés par l’homme, conserve les savoir-faire et les patrimoines bâtis. » Cit. p. 91
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Marais et bocages : diversité des milieux
.92 Roselière entre la Curée de Denis Vince et la Grande Curée. — E. Balança
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Être l’un des plus petits PNR de France n’empêche pas la diversité des espèces naturelles. Le paysage du Parc, tout en dessinant un ensemble harmonieux, se modifie parfois très rapidement d’une zone à l’autre. Ce patrimoine biologique peut se répartir en deux grands ensembles, les marais et les bocages, tous deux traversés et en partie modelés par l’eau. L’action du PNR de Brière a d’abord été centrée sur le marais de Grande Brière Mottière. Elle s’est traduite principalement par l’entretien des voies d’eau, la limitation de la circulation et la mise en place de mesures contre certaines espèces invasives. La Brière elle-même offre plusieurs visages. À l’est, l’organisation autour des îles diffère de celle du côté ouest, où des ports plus traditionnels permettent d’accéder au marais. Sur la plupart des îles, la montée des eaux régit encore l’installation des habitations. Celles-ci sont disposées le long d’une route circulaire qui ceinture l’île. Chaque parcelle privée, étirée en longueur, est composée de la même manière : dans le prolongement de la chaumière et de ses annexes, la « levée » forme une langue de terre, en partie inondable en hiver. C’est là que l’on cultive le potager et que l’on entrepose la tourbe. À l’extrémité, côté marais, des arbres sont plantés. Leur cime permettra, pendant les hautes eaux, de repérer les contours de l’île. La levée donne accès, par le biais d’une « couline », à la « curée », un fossé large de 3 à 6 mètres creusé autour de l’île comme voie de navigation. La partie centrale des îles, non inondable, où seul peut parfois s’élever un moulin, est quant à elle réservée aux cultures, notamment céréalières. Au cœur du marais, quatre types de zones humides prédominent : les prairies naturelles, les roselières, les plans d’eau et les buttes. Les prairies naturelles, situées notamment au sud et à l’est des marais, sont inondées une partie de l’année. Elles sont peuplées de différentes espèces, selon le degré de salinité et la durée de leur inondation. Plusieurs espèces végétales remarquables y poussent, et les « prairies subhalophiles », issues d’anciennes vasières littorales colmatées, ont été reconnues d’intérêt européen. Les roselières ont pris le pas sur les buttes et les prairies au cours du xxe siècle, profitant du déclin des activités humaines traditionnelles. Les roseaux, longtemps utilisés pour constituer le chaume qui servait à couvrir les toits et comme litière pour les animaux, ne sont quasiment plus exploités. Aujourd’hui, les roselières couvrent près de la moitié des marais de Brière, notamment sur leur partie nord, leur donnant au gré des saisons leur couleur dominante. Elles abritent notamment des espèces comme la mésange à moustaches, le butor étoilé et le busard des roseaux. Les plans d’eau, appelés ici piardes et copis, sont la trace d’activités anciennes. Peu profonds, ils ont en effet été formés par l’extraction de la tourbe, qui n’est plus pratiquée. Surnommés « poumons » des marécages, ils favorisent la présence d’une flore et d’une faune particulièrement variées.
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Flore remarquable La grande diversité des milieux de la Brière permet celle des espèces végétales. Certaines sont discrètes et rares, d’autres spectaculaires et/ou prolifiques. Près de 900 plantes ont été identifiées sur le territoire du Parc ; 170 d’entre elles présentent un intérêt patrimonial élevé, 50 sont protégées et 6 font l’objet d’un plan de conservation ou d’action à l’échelle régionale ou nationale. Comme les animaux, les espèces végétales sensibles font très régulièrement l’objet des attentions du Parc, qui entretient les milieux, veille à leur protection par le biais de différents dispositifs (Ramsar, Natura 2000…) et sensibilise les visiteurs à la fois à leur beauté et à leur fragilité. Quelques exemples de plantes emblématiques de la Brière
.102 Haut Le territoire du Parc accueille les plus grosses populations de Loire-Atlantique du scolyme d’Espagne (Scolymus hispanicus), joli chardon protégé en Pays de la Loire. — A. Lachaud .102 Bas Le flûteau nageant (Luronium natans) est une plante aquatique protégée considérée comme rare en France. Les marais de Brière et les mares du territoire constituent encore l’un des bastions régionaux de l’espèce. — T. Emeriau
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Plusieurs espèces de renoncule aquatique s’épanouissent en Brière, dont deux remarquables, la renoncule tripartite et la renoncule à pétales blancs. Leur grand nombre peut être impressionnant, mais la plus surprenante dans son genre reste la renoncule grande douve, dont la tige peut atteindre plus d’un mètre de haut et la fleur mesurer jusqu’à 3,5 centimètres. C’est une espèce protégée car rare à l’échelle nationale. Du haut de ses tiges de 30 à 60 centimètres, l’ail des landes darde les étamines de ses fleurs blanches en têtes serrées. Cette espèce est très peu présente en France, et surtout répandue dans les Pyrénées occidentales et centrales. Dans les Pays de la Loire, elle est protégée et bénéficie d’un plan régional de conservation. Sa population en Brière est concentrée sur quatre groupements à Herbignac. Cette espèce fragile, qui a besoin d’un sol ni trop sec, ni trop humide, a notamment été réintroduite au domaine de Coët Caret. À partir de graines prélevées treize ans plus tôt par le Conservatoire botanique de Brest, 169 bulbes ont été plantés ; la moitié a survécu. Une centaine de bulbes ont été plantés l’année suivante, et les propriétaires des bois ont signé une convention autorisant le Parc à entretenir cette clairière pour que les stations restent en lumière. Le flûteau nageant est une plante aquatique vivace. Ses petites fleurs blanches à trois pétales parsèment la surface des plans d’eau, portées par de longues feuilles immergées. Notamment menacé par la présence de l’écrevisse de Louisiane et la fermeture des plans d’eau, le flûteau nageant est inscrit sur la liste rouge des espèces des Pays de la Loire. Le faux cresson de Thore est surtout présent à l’ouest du marais indivis. Sa zone d’implantation privilégiée se situe au point de rencontre des eaux et des terres, une interface de plus en plus boisée et dotée d’une végétation dense, ce qui l’empêche d’y faire croître ses tiges creuses surmontées de petites fleurs blanches ciselées. L’orchis des marais est surtout présent dans les prairies marécageuses. Pour qu’il montre le bout de ses pétales, ces prairies doivent avoir été entretenues par une fauche tardive. C’est une espèce protégée dans la région des Pays de la Loire.
DES RICHESSES À PRÉSERVER
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.110 La gorgebleue à miroir blanc de Nantes (Luscinia svecica namnetum). Cette « sous-espèce » endémique de la façade atlantique est un passereau que le Pays blanc et le Pays noir ont en commun. — D. Lédan .112 .113 Guifettes dans la brume au canal de Rozé. — E. Balança
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Faune sauvage remarquable Dans les airs
Avez-vous déjà croisé un chevalier gambette, un vanneau huppé ou une mésange à moustaches ? Nous ne sommes pas dans un conte de Lewis Carroll, mais bien en Brière ! Ces noms d'oiseaux et bien d’autres volent au-dessus des marais. Refuge contre les prédateurs et les nuisances, les zones humides sont particulièrement attractives pour les oiseaux migrateurs, qui ont besoin de stationner quelque temps pour reprendre des forces ou se reproduire. La moitié des espèces d’oiseaux rares ou en danger dans le monde dépend de ces milieux. Au niveau national et international, la Brière joue donc un rôle très important pour leur hivernage et leur reproduction. Plus présents au niveau du sol que dans les airs, les anatidés (oies, canards et espèces apparentées) constituent le plus important contingent des oiseaux de Brière. Les canards ont d’ailleurs longtemps valu leur surnom aux Briérons. Quelle image a motivé le rapprochement ? Les cancans bruyants ? Le gonflage des plumes à la moindre agression ? L’effet de bande ? Quoi qu’il en soit, leur présence majoritaire ne doit pas masquer celle d’espèces beaucoup plus rares et étonnantes. Cent vingt-neuf espèces ont été recensées dans la Réserve naturelle. Les observations et les campagnes de baguage permettent d’avoir un aperçu de leur diversité et de leur mode de vie. La présence des oiseaux est rythmée par les saisons. À l’automne, l’or des roseaux se mêle au vert et au brun des autres végétaux. Après l’été, le rythme a en général tendance à se calmer, mais ce n’est pas le cas en Brière, qui se transforme en aéroport international naturel. Pour les oiseaux migrateurs, l’automne est la période du grand voyage. Tandis que les chevaliers gambette, les bécassines et les linottes sont arrivés à destination, d’autres espèces s’apprêtent à prendre leur essor. Le bruant des roseaux et la rousserolle effarvatte font escale, les hirondelles s’envolent par nuées. Ils partent pour le Portugal, le Maroc ou l’Afrique plus lointaine. Certains, comme la gorgebleue à miroir blanc, sont déjà partis. Les limicoles, petits échassiers que l’on peut voir en bandes nombreuses, sont bien représentés dans les marais. On croise la barge à queue noire, la bécassine des marais ou encore le petit gravelot, que l’on peut aussi voir cavaler sur les plages de l’Atlantique à la lisière des vagues. Leurs grands frères nichent aussi par ici. Les roselières abritent 15 % des effectifs nationaux du butor étoilé, une espèce menacée en France et en Europe. As du camouflage, le butor étoilé est très discret… sauf quand il se met à chanter ! On le reconnaît à son cri étrange, aux airs de corne de brume. Une campagne de dénombrement, menée de 2007 à 2009 (dans le cadre d’un programme Natura 2000), a permis de situer les effectifs de la population de mâles chanteurs en Brière autour de 50 à 60 individus. En 2016, une étude a été menée pour mieux connaître son habitat et son mode de vie, afin de maintenir des conditions propices à son développement.
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Richesses naturelles d’hier et d’aujourd’hui La tourbe et le noir de Brière
La tourbe a longtemps résumé la Brière, faisant d’elle le Pays du noir. On détachait en briques cet amas de matières organiques formé dans le sous-sol du marais indivis, pour se chauffer en les brûlant. Au milieu du xixe siècle, environ 100 000 tonnes de tourbe étaient extraites chaque année. La tourbe en elle-même n’est plus exploitée, mais la vase organique qui tapisse canaux et plans d’eau l’est encore. Une fois séché et tamisé, le noir est utilisé comme engrais. Plusieurs essais de valorisation ont été menés. Aujourd’hui, le noir issu du dragage des canaux est mis à décanter dans des bassins et exploité par le groupe Florentaise, qui l’intègre à la composition de terreaux respectueux de l’environnement. Environ 4 500 tonnes de vase sont retirées du marais chaque année. Les roseaux et mortas
Les roseaux sont très présents en Brière. Les habitants ont longtemps utilisé cette ressource, qu’ils avaient à portée de main, pour couvrir leurs chaumières. Et les toitures sont gourmandes : au début des années 2000, on estimait que les chaumiers de Brière utilisaient entre 150 000 et 200 000 gerbes de roseaux par an, que ce soit pour entretenir ou pour monter entièrement les toits du secteur. Pourtant, les brassées de roseaux utilisées sont importées depuis les années 1970, principalement de Camargue ou de Hollande. Les meules de roseaux, qui ont fourni quelque temps de quoi procéder à des réparations, ont disparu du paysage. On retire aussi des marais des mortas, troncs entiers de chênes et de bouleaux qui témoignent des forêts ancestrales englouties. Jadis utilisé pour réaliser la charpente des maisons ou pour le chauffage, leur bois très dur et noir sert désormais essentiellement à créer des manches de couteaux, de petits meubles et des sculptures. Autres exploitations
La chasse au gibier d’eau et la pêche à divers engins impriment leur marque sur le territoire. Même si elles relèvent aujourd’hui du loisir, elles sont très ancrées dans les traditions briéronnes.
.120 Haut Extraction de la tourbe. — E. Jund
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.120 Bas Extraction d’un morta. — E. Balança
DES RICHESSES À PRÉSERVER
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« Au fil de l’évolution des connaissances, des changements de génération et de modes de pensée, le PNR de Brière doit constamment se replacer dans son rôle de meneur d’expérimentations. » Cit. p. 186
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le parc naturel régional
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Évolution des actions du Parc Une approche innovante
.150 Le baguage des oiseaux est l’une des méthodes utilisées par les scientifiques pour mieux connaître la biologie des espèces et la dynamique de leur population sur un territoire. — P. Beillevert (Haut) — Y. Lozachmeur (Milieu et bas)
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Comme une plante, le PNR de Brière a poussé. De sa première tige il a fait naître plusieurs ramifications dont chacune porte fleurs et fruits. La plante s’est entêtée malgré les attaques de la météo et des hommes. Certaines années, elle a manqué d’eau ou de terre, d’autres, ses feuilles ont été coupées ou malmenées. Mais il n’y a qu’un seul sens à la vie : grandir. Alors elle a continué. Pensé dès l’origine comme une structure souple et à même d’évoluer, le Parc n’a pas de limites d’actions prédéfinies, tant qu’elles se mettent au service d’un développement du territoire respectueux de la nature. Peu à peu il a grandi, au gré des ambitions de ses présidents et directeurs, des budgets et de l’importance des énergies déployées sur le terrain. Comme pour toute organisation, le financement est un thème récurrent dans les assemblées générales. En 1980, le Parc et ses quelques employés tournent avec un budget de fonctionnement de 562 000 francs (à peine plus de 240 000 euros). En 1985 s’enclenche une nouvelle réflexion sur la structure, qui deviendra collectivité territoriale pour bénéficier de davantage d’aides de l’État. La réforme s’enclenche à petits pas, car le statut de la Commission syndicale de Grande Brière Mottière, qui n’est pas encore une collectivité locale, pose problème. Elle est devenue membre associé pour un temps, ce qui ne s’est pas fait sans réticences. À peine ce compromis négocié, il faut déjà voir plus loin. En haut lieu, un rapport de la Fédération des Parcs régionaux a regretté l’absence en Brière de grands projets. Fin décembre 1987, Jean de Baudinière, président du Parc, demande donc aux communes et collectivités adhérentes une augmentation de 8 % du budget, pour passer « de la routine à l’audace ». En transformant « un budget de simple gestion en instrument de dynamisation du Parc de Brière », il entend faire en sorte que celui-ci devienne « générateur d’une nouvelle économie ». Un renouveau qui passera par le recrutement d’un adjoint au directeur et d’un conservateur. Au fil des ans et des budgets, les principaux dossiers à la charge du Parc restent les mêmes : gestion hydraulique, préservation de la faune et de la flore des marais (avec comme corollaire la facilitation des études scientifiques qui leur sont liées), développement d’un tourisme durable, actions éducatives et culturelles, sauvegarde du patrimoine bâti, implication des habitants et des usagers. Selon les périodes, certains sujets ont pris plus ou moins d’importance dans les activités de l’équipe, même si le tout est mené dans une approche systémique plutôt originale. « Une autre vie s’invente ici », dit le slogan national des PNR. N’ayant pas de pouvoir de réglementation, chaque Parc cherche par différents biais à créer des moyens de préserver et mettre en valeur son territoire, se plaçant ainsi en avance sur son temps. Ouvert aux échanges, il est laboratoire, terrain d’expériences et lanceur d’idées, en lien avec les élus et les associations de son périmètre.
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Enjeux écologiques Définir sa zone d’intervention
La Brière ne se résume pas. Comment l’envelopper d’un regard ? Quiconque prétendrait la connaître et lui assigner un avenir précis se verrait bien vite bousculé dans ses certitudes, tant elle est riche et mouvante. En étudiant les êtres vivants dans leur milieu, l’écologie tient compte de leurs interactions. Comme le monde naturel qu’elle prend pour sujet, elle est un domaine en permanente évolution, qui demande des recherches et des actions constantes. Le PNR de Brière s’est établi sur la base d’un « capital scientifique et culturel » à sauvegarder. Les premières études ont permis d’identifier les dangers les plus imminents et les espèces les plus menacées, afin de trouver des solutions à court terme. Par la suite, le périmètre d’action s’est élargi à mesure que des recherches scientifiques étaient entreprises sous la houlette du Parc. À chaque période, ses priorités. Au début des années 1990, ce sera la restauration des plans d’eau. Plus tard, les scientifiques se pencheront sur des espèces invasives comme la jussie ou sur le cas des poissons, moins étudiés jusque-là. Fidèle à son approche systémique, le Parc ne détache pas complètement les études de l’action sur le terrain. Elles sont utiles pour faire avancer la science mais surtout pour l’équilibre écologique du territoire. Le Conseil scientifique, qui a succédé en 2000 à la commission de travail « recherche appliquée », a ainsi pour mission de travailler au long cours, en se réunissant au moins deux fois par an pour examiner les différents dossiers sur lesquels il est consulté. Il regroupe une quinzaine de spécialistes (biologistes, historiens, ethno-sociologues, botanistes, agronomes, géographes…) dont certains mènent au Parc des projets de recherche poussés, notamment sur la cartographie, l’invasion de l’écrevisse de Louisiane ou de la jussie. Différentes échelles au service de la nature
.178 Haut Réserve du nord, le Charreau de Pendille. — P. Beillevert .178 Bas Réserve du sud, les Grands Charreaux. — P. Beillevert
La Réserve naturelle régionale « Marais de Brière » est en fait constituée de trois zones, situées dans le marais indivis. Deux d’entre elles, les sites des Grands Charreaux (610 hectares) et du Charreau de Pendille (207 hectares), sont d’anciennes réserves de chasse et de pêche constituées dans les années 1960 et 1970 par la Commission syndicale de Grande Brière Mottière. Le site Pierre Constant (25 hectares) a quant à lui été créé à partir du parc animalier de Rozé par le Syndicat mixte du PNR. Depuis 2012, les trois sites sont réunis sous le même label de Réserve naturelle régionale pour la faune et la flore, et cogérés par les deux entités. Plusieurs écrans de protection se superposent sur la Brière. En plus de la réserve, certaines espèces font l’objet de plans d’action régionaux et nationaux. D’autres sont surveillées et parfois inscrites sur liste rouge. Les experts ou représentants du PNR de Brière agissent aussi au niveau national, en émettant des avis de terrain nourris sur les lois en création ayant un impact sur les zones humides, ou en
.180 .181 Kerfeuille, entre La Chapelledes-Marais et Saint-Joachim. — E. Balança
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