André Leroy

Page 1

c A rnets d’A njou

ANDRÉ LEROY GLOIRE DE L’HORTICULTURE ET DES JARDINS




Pages précédentes

Seringat à fleurs doubles

Séquoia géant

Hydrangea

Robinier doré

Cèdre de l’Atlas

Cornouiller panaché

Érable du Japon

Hydrangea à feuilles de chêne

Arbousier de Chypre


c A rnets d’A njou

SOMMAIRE

INTRODUCTION 14

LE JARDIN : UNE AVENTURE FAMILIALE 16

UN HORTICULTEUR-COLLECTIONNEUR INTERNATIONAL 24 Le développement des pépinières 26 Expériences et obtentions 29 Prix et sociétés savantes 37

L’ARTISTE, DESSINATEUR DE JARDINS 38 Une clientèle nombreuse et variée 42 Une méthode de travail efficace 50

L’ABONDANCE DE SES CRÉATIONS EN ANJOU 54 Les parcs de châteaux 57 La clientèle publique 70

UN ACTEUR DU RENOUVEAU PAYSAGER DE LA FRANCE DE L’OUEST 76

LA POSTÉRITÉ 86


LE J A R D I N: UNE AVENTURE FA M I L I A L E


Héritier d’une dynastie de jardiniers à Angers, André Leroy « monte » à Paris se former au Muséum d’histoire naturelle avant de revenir à la pépinière familiale.



L’arrière-grand-père d’André Leroy, François, venu de Juvardeil dans le nord du Maine-et-Loire, est jardinier chemin des Banchais à Angers en 1735. Son fils François Pierre poursuit l’activité et nomme son entreprise « Au Grand Jardin ». Il transmet son savoir-faire à ses fils : le troisième, nommé Symphorien, reprend l’entreprise et se fait appeler « jardinier pépiniériste » tout en proposant des dessins de jardins ; le deuxième, André-Pierre, père d’André, s’établit en 1780 dans le quartier de la CroixMontaillé comme jardinier pépiniériste. Sa mort précoce oblige sa veuve à reprendre la petite pépinière de 2 hectares avec son premier ouvrier, M. Macé, très curieux de nouveautés et joliment surnommé « Printemps ». André Leroy naît à Angers le 31 août 1801, au lendemain de la Saint-Fiacre, fête du protecteur des jardiniers. Il passe son enfance à la Croix-Montaillé, dans la pépinière créée par son père, André-Pierre, rue de Château-Gontier, près du centre d’Angers. Les deux branches de la famille Leroy vont coexister durant la majeure partie du xixe siècle, parfois avec quelques confusions en matière de nom et d’adresse, comme en témoigne un échange de lettres entre cousins : André Leroy choisit le nom de « Pépinière de veuve Leroy & fils » avant d’adopter celui de « Pépinière André Leroy », tandis qu’il demande à son

CARNETS D’ANJOU

cousin de conserver le nom de « Leroy du Grand Jardin ». C’est là que son cousin Louis-Christophe, puis le fils de ce dernier, Louis-Anatole, futur président de la Société d’horticulture, déploient leur activité de « pépiniéristes horticulteurs » jusqu’à la vente de l’entreprise en 1907.

Mais c’est André Leroy qui porte la notoriété familiale à un degré international d’excellence. Après ses études au lycée entre 1808 et 1816, André Leroy revient assister sa mère, devenue veuve, dans la petite pépinière. En 1819, muni d’une lettre de recommandation d’Urbain Pilastre, ancien député-maire d’Angers et botanophile, qui est à l’origine du premier jardin botanique de la ville, il se rend à Paris pour se former au Muséum d’histoire naturelle auprès d’André Thouin. Ces quelque trois années d’apprentissage lui permettent de tisser des liens d’amitié avec le neveu de ce dernier, le botaniste Oscar Leclerc-Thouin, responsable des envois de graines au Muséum, professeur de botanique au conservatoire des Arts et Métiers, secrétaire perpétuel de la Société royale d’agriculture et vice-président de la Société d’horticulture, qui deviendra conseiller général du Département de Maine-et-Loire.

19


Pêche André Leroy, A. Rocreux, La Revue horticole, 1876 (ADML).

Exposition horticole d’Angers, 1858, lithographie (ADML).

36


Prix et sociétés savantes Le pépiniériste participe aux expositions locales, nationales, internationales et universelles qui font le bonheur des visiteurs du xixe siècle, et y remporte des prix. Lors de l’Exposition universelle de 1855, Leroy a présenté avec succès des arbres toujours verts (persistants) ; il est fait chevalier de la Légion d’honneur après le passage de l’empereur. La ville d’Angers conserve le souvenir de l’exposition d’horticulture de 1858 : au jardin du mail on a vu « se former comme par enchantement des jardins où la grandeur et l’harmonie de l’ensemble le disputent à la fraîcheur et à la variété des détails ». Le succès est tel qu’un projet d’aménagement pérenne est rapidement envisagé par la municipalité ; il sera inauguré et ouvert au public le 15 mai 1859. Leroy reçoit une médaille d’or de l’Institut américain de la Ville de New York pour les collections de fruits présentées à l’exposition de 1864. Preuve supplémentaire de son immense talent de botaniste, d’horticulteur, d’homme de relations et d’entrepreneur, il fait partie d’un jury lors de l’Exposition universelle de 1867 et envoie parallèlement 1 078 variétés de fruits pour la serre du jardin réservé à l’horticulture, ainsi que des arbres (dont des persistants : camélia, wellingtonia, cèdre…). Leroy figure parmi les fondateurs de

CARNETS D’ANJOU

la Société industrielle et d’agriculture d’Angers. Entre 1858 et 1864, il est président du Comice horticole d’Angers, branche de cette association qui avait établi en 1834 un jardin-école pour l’amélioration des arbres fruitiers dans l’actuel jardin du musée des Beaux-Arts. Le Comice se mue en Société d’horticulture de Maineet-Loire en 1864. Élu à sa tête, André Leroy démissionne rapidement en raison des charges multiples qui lui incombent. Il est aussi vice-président de la Société botanique de France et correspondant de la Société royale et centrale d’agriculture de Paris ; il appartient, à titre de membre ou de correspondant, à plusieurs sociétés savantes en France et à l’étranger, dont la Massachusetts Horticultural Society. On le compte par ailleurs parmi les administrateurs de la succursale angevine de la Banque de France.

37


L’ABON­ DANCE DE SES CRÉATIONS EN ANJOU


Le nombre des parcs et des jardins visités par André Leroy dans le département de Maineet-Loire est considérable. Le décryptage de ses carnets de voyage a révélé près de trois cent cinquante déplacements qui concernent de grands parcs paysagers, des petits jardins privés citadins et quelques commandes publiques à Angers.


56


Vue du château de Rouvoltz et de son parc agricole et paysager.

Vue aérienne du parc du château de Saint-Jean, transformé aujourd’hui en golf.

Les commandes d’André Leroy se répartissent, de façon inégale, entre les grands domaines châtelains et quelques petits jardins citadins qu’il dessine probablement par fidélité à ses clients tout en les revendiquant clairement dans ses plans. Cette catégorie de créations a malheureusement souvent disparu en raison de la pression immobilière urbaine.

Les parcs de châteaux Les anciens parcs agricoles et paysagers qui sont l’écrin des châteaux paraissent presque naturels aujourd’hui. Ils ont pourtant nécessité de profondes négociations d’ordre administratif et surtout des travaux de terrassement considérables. Des routes sont parfois détournées pour

CARNETS D’ANJOU

augmenter la superficie du parc, comme à Rouvoltz où l’ancien chemin incurvé a permis d’implanter l’allée d’arrivée tandis que l’on détournait le chemin de Chaumont-d’Anjou à Sermaise, au sud de l’ancien manoir, pour en faire une route. Leroy y intervient en 1847 et 1848, avant même l’édification du nouveau château. Ce dernier, achevé par l’architecte Delarue en 1851, domine un vallon et offre au sud une vue magnifique sur un étang, des champs cultivés, un paysage de campagne et le village de Lué-en-Baugeois. Le château de Saint-Jean à Saint-Jeandes-Mauvrets est un autre exemple intéressant car les archives iconographiques permettent de comprendre l’importance des transformations paysagères opérées. En 1745, la propriété est acquise

57


78


Comme il est impossible de citer ici la totalité des projets d’André Leroy, voici quelques sites choisis pour leur notoriété, leur importance, l’implication du paysagiste-horticulteur qui s’y est rendu régulièrement pendant des années, et en dernier lieu pour la richesse de leurs archives, qui dévoilent les changements spatiaux et paysagers radicaux liés à son intervention.

Certains des quelque quarante projets vendéens d’André Leroy sont publics : le haras, la préfecture, l’École normale, l’hôpital d’aliénés et le cimetière. L’un des parcs privés les plus spectaculaires du nord du département, celui du château de Nesmy, inscrit au titre des monuments historiques, possède de riches archives qui ont permis d’étudier l’évolution spatiale du domaine : un plan terrier attestait la présence de structures générales régulières en 1828 même si une gravure de 1809 montrait une touche pittoresque, avec fabrique et saules pleureurs près de l’étang. Peu après, le propriétaire décide de

CARNETS D’ANJOU

réaménager les lieux : il restaure le château grâce à l’architecte Liberge et fait appel pour le parc à André Leroy, qui dessine deux propositions. L’une, datée de 1842, prévoit la reconstruction de dépendances italianisantes et la création d’un nouvel étang. Au loin, le domaine est ceinturé de lisières arborées – chênes, châtaigniers et marronniers –, ce qui ménage de superbes vues grâce à la topographie. La tradition familiale rapporte que Bühler est intervenu ultérieurement. En Vendée comme en Anjou, André Leroy a été sollicité plusieurs fois avant l’implantation de nouveaux châteaux. Le paysagiste a aussi répondu à quelques commandes publiques à La Roche-sur-Yon,

Une allée cavalière du haras de La Rochesur-Yon.

Plan du haras de La Roche-sur-Yon, projet de 1842 (ADML).

79


Le parc du château de Nesmy (Vendée), classé au titre des monuments historiques.

Les Folies Siffait au Cellier (LoireAtlantique), où une suite de terrasses descendait jusqu’à la Loire.

80


CARNETS D’ANJOU

81


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.