Formation de la ville Évolution de l’habitat
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Évolution de l’habitat
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Formation de la ville
ISBN : 979-10-93572-22-2 Prix : 34 €
Formation de la ville
Évolution de l’habitat
11/10/2016 11:37
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PRÉFACE
Préfaces
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La Région Pays de la Loire est fière de présenter cet ouvrage, fruit du long travail d’observation mené par ses chercheurs en collaboration avec la Ville d’Angers. Si cette étude a commencé au temps où l’Inventaire était un service d’État hébergé par la Drac, la Région l’a poursuivie avec enthousiasme dès que la compétence lui en a été déléguée, voyant dans la capitale de l’Anjou un terrain d’analyses d’une richesse inégalée. Car cette ville est le résultat de données propres et uniques qui tiennent à la topographie, à la géologie, à l’hydrographie, à l’ethnographie – et à l’Histoire. Angers fut d’abord une histoire de confluences : Mayenne, Sarthe et Loir unis pour former la Maine, elle-même bientôt mariée au grand fleuve Loire ; une histoire de chocs géologiques aussi : bassins dont les contrastes se complètent et se répondent. L’Anjou noir (terminaison est du Massif armoricain) et l’Anjou blanc (terminaison ouest du Val de Loire) s’unissent dans la tunique rayée qui ceint le château fort d’Angers. Quelle vision pour l’automobiliste pressé qui, empruntant la voie rapide pour descendre du nord vers l’ouest, découvre cette originalité architecturale ! Cet ouvrage invite à ralentir et à entrer plus avant dans l’épaisseur des siècles. Quittons la pénétrante aménagée au xxe siècle en contrebas du château – elle ne nous livre qu’une image accélérée de la lente formation de la ville à partir de ce promontoire schisteux depuis le IVe millénaire. Découvrons les traces de l’oppidum gaulois construit au iie siècle avant J.-C. par les Andécaves, auxquels La Guerre des Gaules de César fait allusion. Ce sont eux qui laissèrent leur nom à la ville, malgré la romanisation intervenue plus tard avec son plan orthogonal et son programme de développement économique (la ville romaine fut baptisée Juliomagus, « le marché de Jules »). En revanche, c’est bien devant des vestiges romains que passent tous les jours les Angevins contemporains lorsqu’ils empruntent la rue Toussaint : savent-ils qu’ils longent l’enceinte du iiie siècle dressée au Bas-Empire pour contrer les incursions barbares ? Les strates de la ville racontent aussi les comtes puis les ducs d’Anjou, les chanoines de la cathédrale établis dans la Cité tandis que la ville marchande s’organisait en contrebas, au nord. Les caprices de la Maine, régulièrement sortie de son lit, n’ont pas empêché Angers de se développer précocement sur ses deux rives, à la différence d’autres villes ligériennes comme Nantes, Tours ou Orléans. Dès le départ, Angers s’étendra à l’intérieur des terres et en creusant les sols pour les besoins de la construction – en témoignent les nombreuses carrières et l’escarpement du promontoire ardoisier du château, issu de l’édification de la forteresse de Saint Louis. Il faudra attendre le xixe siècle pour que la capitale de l’Anjou noir, faite de maisons en pan de bois et de schiste, opère une mue spectaculaire en recourant abondamment au parpaing de tuffeau et devienne ville lumière, un nouveau phare du Val de Loire. Angers, formation de la ville et évolution de l’habitat nous apprend à replacer les joyaux architecturaux de la ville, comme la maison d’Adam, bien connue des visiteurs, dans des fonctions et des espaces propres aux usages d’une époque ; à comprendre
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PRÉFACE
l’échec de grands projets de lotissement comme celui de la montée Saint-Maurice, axe dont le faible ordonnancement laisse toujours le visiteur sur sa faim malgré sa projection vers la cathédrale ; à suivre le déplacement des centres urbains au fil des siècles, jusqu’à l’apparition de grands lieux de rassemblement comme la place du Ralliement, à la faveur d’un incendie. Au-delà des anecdotes propres à expliquer les murs orphelins, le tracé d’espaces disparus ou persistants, les citoyens du xxie siècle que nous sommes, préoccupés d’aménagement urbain et d’équipements publics, découvrent avec intérêt comment l’organisation urbaine a peu à peu appris à s’ordonner en termes globaux à partir de formes individuelles spontanées. De l’addition et du nombre va peu à peu sortir le collectif, visible d’abord dans la fabrication de prototypes urbains dès le Moyen Âge. Ce travail de mise en perspective des relations entre formes urbaines et formes de l’habitat est le fruit de l’expertise acquise dans le temps long par deux chercheurs de l’Inventaire, Olivier Biguet et Dominique Letellier-d’Espinose, dont l’œil est inégalable. C’est l’acuité de leur observation in situ qui dénoue pour nous l’écheveau des siècles. La qualité de nos chercheurs et de nos services publics – historiens du patrimoine, paléographes, géographes, photographes, dessinateurs, cartographes – permet des publications de l’envergure de celle que vous avez entre les mains. Il est heureux que notre présent ait chaque jour les outils pour comprendre son passé et que, ainsi équipés, nous puissions porter un regard éclairé et aimant sur notre patrimoine. Le berceau des Plantagenêts méritait bien un tel ouvrage.
Bruno Retailleau
Président du Conseil régional des Pays de la Loire, Sénateur de la Vendée
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Angers bénéficie d’un héritage culturel et patrimonial remarquable, dont les témoins architecturaux jalonnent notre cité. Située aux portes de la Loire, aux marches de la Bretagne, entre calcaire et schiste ardoisier, la capitale de l’Anjou nous livre un paysage urbain à la fois harmonieux et complexe, mais aussi singulier en raison de son histoire dense. Elle recèle un patrimoine abondant et compte plus d’une centaine de monuments historiques et six sites protégés. C’est en raison de cette richesse patrimoniale qu’il a paru important de réunir, dans une publication abondamment documentée et illustrée, les éléments d’analyse majeurs issus des études conséquentes conduites depuis plus de trente ans par l’Inventaire général du patrimoine culturel sur le territoire angevin. Un long partenariat a été entrepris dans le domaine de la recherche, d’abord avec l’État puis avec la Région des Pays de la Loire, pour étudier ce grand centre urbain et établir une riche documentation à l’intention du public. Angers, formation de la ville et évolution de l’habitat vient compléter une série d’ouvrages sur la ville, parus dans les collections « Cahiers du patrimoine », « Images du patrimoine » et « Itinéraires du patrimoine » : les mêmes auteurs nous proposent aujourd’hui une synthèse de l’histoire urbaine. Cet ouvrage est l’aboutissement du travail précieux de deux chercheurs de l’Inventaire, Dominique Letellier-d’Espinose et Olivier Biguet, qui nous permettent de mesurer l’évolution de la fabrique urbaine et de l’habitat à travers les âges, depuis les origines jusqu’à l’époque contemporaine. Une somme considérable de connaissances scientifiques nous est livrée, répondant à un haut niveau d’expertise et d’analyse et résultant de nombreuses observations de terrain et de recherches documentaires. Cette nouvelle publication constituera, avec l’atlas du patrimoine déjà en ligne, un outil de référence pour les Angevins, chercheurs et urbanistes mais également habitants du territoire, afin de mieux appréhender le passé et de porter un nouveau regard sur leur héritage culturel et urbain. Dans la perspective de valoriser son patrimoine bâti et paysager, tout en construisant la ville de demain, Angers se lance dans la création d’un secteur sauvegardé, nouvellement appelé « site patrimonial remarquable ». L’objectif est d’accompagner de manière harmonieuse l’évolution urbaine contemporaine. Je remercie sincèrement tous ceux, élus, chercheurs et techniciens, qui ont œuvré à la réalisation de cet ouvrage.
Christophe Béchu
Sénateur-maire d'Angers, président d'Angers Loire Métropole
sommaire 14 16
AVANT-PROPOS Angers « la composite » : contour d’une synthèse urbaine 24 26 32
38 40 48 58 65 78
IMPLANTATION DE LA VILLE ET MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION Une configuration particulière en Val de Loire Entre Anjou noir et Anjou blanc, la ville de pierre et de bois
ANGERS ANTIQUE ET MÉDIÉVALE Aux origines de la ville Une grande ville du Moyen Âge Tableau de l’habitat médiéval Les résidences du pouvoir : palais comtaux et palais épiscopal (xe-xive siècle) L’architecture d’une élite : essai de classification (xiie-xive siècle) 90 92 94 102 112 118 126 133 138 144 150 156 178 184 196 206 214 230 240 248 258 268 272 282 294
ANGERS MODERNE (1450-1789) LA FABRIQUE URBAINE À L’ŒUVRE OU QUAND L’HABITAT FAIT LA VILLE Contexte historique et socio-économique L’habitat d’Ancien Régime : du recensement à l’élaboration d’une typologie Angers en quatre plans : permanence de la forme urbaine ? Limites et formes des faubourgs Une recomposition des polarités : le quartier des Halles (xve-xviiie siècle) L’implantation des congrégations religieuses au temps de la Contre-Réforme L’échec du grand dessein portuaire (xvie-xviiie siècle) L’embellissement de la ville : projets et réalisations L’urbanisme au quotidien : gérer la circulation Le règlement urbain et le contrôle de l’alignement Hôtels particuliers, entre l’universel et le singulier La résidence ducale de René d’Anjou Le logis Barrault et l’hôtel de Pincé, demeures d’exception Les hôtels particuliers de la seconde Renaissance, autour de Jean Delespine Le néoclassicisme patricien et l’apport de Michel Bardoul de la Bigotière Un habitat en grand nombre : les maisons « polyvalentes » Entre hôtels et maisons : les demeures de notables Les témoins d’un habitat sériel La grande diversité des façades en pan de bois La maison d’Adam et le logis Girard, deux expressions magistrales de charpenterie La ville au prisme des différentes catégories d’habitat Manières d’habiter « la Cité » Manières d’habiter « la Ville », des Halles aux collégiales Manières d’habiter le nord de « la Doutre »
302 304 306 314 321 328 336 342 352 357 364 370 376 381 389 394 402 410 422 430 436 444
ANGERS CONTEMPORAINE (1789-1914) L’URBANISME À L’ŒUVRE OU QUAND LA VILLE FAIT L’HABITAT Données socio-économiques Ouvrir et traverser la ville (1re moitié du xixe siècle) Réappropriation et reconversion des emprises religieuses et publiques Les premières percées du centre ancien : du foncier à la typologie de l’habitat Les boulevards des notables (1807-1850) : de l’hôtel aristocratique à l’hôtel bourgeois en série La rue des Lices : l’homogénéité d’un petit habitat cossu sous Louis-Philippe Le renouvellement radical du centre urbain dans le second xixe siècle Remodelage de la voirie intra-muros : de l’alignement à la percée La recomposition du tissu bâti dans le cœur de la ville Une opération emblématique : la place du Ralliement Un enjeu majeur pour la traversée nord-sud : la rue Voltaire L’échec d’une opération de prestige : la montée Saint-Maurice Les ambitions des bords de Maine Mutations de l’habitat intra-muros au xixe siècle Hôtels sur rue, maisons bourgeoises ou locatives De la maison à l’immeuble Immeubles haussmanniens Le temps du développement hors les murs (1849-1914) L’hôtel de ville mis en scène Les « beaux quartiers » extra-muros de la rive gauche Les bords de ville, une architecture de « villégiature » 452 454 461 466 477 482
488 490 510 518 524
ANNEXES Notes Sources et bibliographies Index Table des matières
LA VILLE AUJOURD’HUI ET SES HÉRITAGES Second xxe siècle : l’extension accélérée Second xxe siècle : un renouvellement urbain de grande ampleur Mosaïque urbaine : les villes qui font la ville La campagne en legs Patrimoine et paysages
Avant-propos
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AVANT-PROPOS
Angers « la composite » : contour d’une synthèse urbaine
Proposer une synthèse de l’histoire urbaine d’Angers, l’une des principales villes de la région des Pays de la Loire, est un exercice périlleux. La difficulté tient moins à la taille de son territoire qu’à la richesse et à la complexité de son évolution morphologique (Fig. 1). L’épaisseur historique de cette ville tiraillée entre Loire et Bretagne, ses effets contrastés sur le paysage urbain, son caractère composite, mais néanmoins harmonieux, apparaissent dans les descriptions qui en sont brossées au cours du temps1. Différente sans aucun doute des villes blanches de la Loire, elle reçoit des appréciations peu louangeuses depuis le xviie siècle en raison de ses matériaux – schiste, bois, ardoise – ou de l’aspect de ses « rues étroites […] tristes et obscures […] qui dut contribuer à lui donner la qualité de ville noire par quelques anciens auteurs », selon l’Angevin F.-Y. Besnard (vers 1770). L’opinion sur la ville tend à se modifier avec François de la Rochefoucauld qui, dans ses Voyages en France (1783), la considère « mal percée mais assez bien bâtie ». Cependant, il faut attendre la génération romantique pour qu’on lui attribue des qualités : Victor Hugo la qualifie de « pittoresque » et Prosper Mérimée apprécie n’avoir « vu dans aucune autre ville autant de maisons du Moyen Âge ». Au terme de sa mue haussmannienne, « Angers est une fort belle ville avec des allures de petite capitale […] entre curieuses maisons anciennes et habitations modernes fort élégantes […] le tout entremêlé dans un fouillis charmant […] », rapporte Charles Brossard dans sa Géographie pittoresque et monumentale de la France (1901). Mme Zippert, qui fut chargée dans l’entre-deux-guerres d’établir le Plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement de la ville, souligne « ce caractère de juste équilibre » fait d’un plaisant mélange d’ancien et de moderne, amplement traité dans la présente publication. Ce complexe alliage résulte bien sûr de la stratification urbaine.
Fig. 1 — Synopsis du développement urbain.
ANGERS « LA COMPOSITE » : CONTOUR D’UNE SYNTHÈSE URBAINE
FIGURE 1
intra-muros 2000 limite communale d’Angers
Haut-Empire
Bas-Empire
xııe siècle
xve siècle
xvıııe siècle
1914
1980
2010
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Implantation de la ville et matĂŠriaux de construction
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IMPLANTATION DE LA VILLE ET MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION
Une configuration particulière en Val de Loire I—1 Angers présente une situation doublement remarquable, au contact de deux ensembles géologiques marquants, le Massif armoricain et le Bassin parisien, et de deux ensembles hydrographiques tout aussi prégnants, le Val de Loire à quelques kilomètres au sud et l’éventail de trois rivières septentrionales (Mayenne, Sarthe et Loir), qui se rejoignent pour former la Maine14, sur laquelle est établie la ville. La géologie et l’hydrographie façonnent ici un territoire particulier marqué par la diversité des roches et l’omniprésence de l’eau, à l’origine d’une topographie vallonnée. Celle-ci fut propice à l’implantation humaine qui l’a elle-même largement remodelée.
Aux confins du Massif armoricain Dans cette courte vallée d’une douzaine de kilomètres entre les vastes zones humides de la Loire et l’entonnoir des trois rivières, Angers est tout entière établie en « Anjou noir », qui désigne la partie de cette province située sur le Massif armoricain (Fig. 3). Trois unités tectoniques du Paléozoïque (ère primaire : 541 à 252 millions d’années) la composent, Bretagne centrale, Saint-Julien-de-Vouvantes et surtout Lanvaux. Elles se traduisent par une succession de roches dures et tendres jusqu’à la rencontre des sédiments secondaires du Bassin parisien, à une dizaine de kilomètres à l’est (au-delà de Trélazé et de Saint-Barthélemy). Le rythme des crêtes se lit en trois seuils principaux, coteaux de la Mayenne et de Monplaisir au nord, de la Baumette et de Pruniers au sud, entre lesquels s’intercale celui d’Angers proprement dit, où est établie la ville historique (Fig. 4). À la fin du Cénozoïque, lors des grandes glaciations du Pléistocène (ère quaternaire : 2,6 millions d’années à 12 000 ans), se constitue l’abondant réseau hydrographique du site d’Angers. Profitant probablement d’une faille transverse, la Maine a creusé profondément son lit15, générant deux versants pentus qui culminent encore
Fig. 3 — Géologie du site d’Angers. Fig. 4 — Le promontoire du château et la colline de l’Esvière, depuis la rive droite de la Maine, en aval du pont de la Basse-Chaîne.
UNE CONFIGURATION PARTICULIÈRE EN VAL DE LOIRE
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roches fortement résistantes à l’érosion. Grès armoricain et schistes armés de quartz.
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roches très fortement résistantes à l’érosion. Grès armoricain et schistes armés de quartz dits schistes de Trélazé-La-Pouëze.
roches faiblement résistantes. Schistes précambriens, arkoses altérées, grès tendre.
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alluvions anciennes, terrasses pléistocènes. Sables et graviers.
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roches moyennement résistantes à l’érosion. Groupe (schiste et arkose) de Bains-sur-Oust.
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A. seuil coteaux de la Mayenne et de Monplaisir B. seuil coteaux d’Angers C. seuil coteaux de Pruniers et de la Baumette
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1. vallon de l’hôpital 2. vallon du Vaugareau 3. vallon de Jérusalem 4. vallon Saint-Samson 5. vallon de la Godeline 6. vallon de l’Esvière
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FIGURE 3 FIGURE 4
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ANGERS ANTIQUE ET MÉDIÉVALE
88
corps de logis, xŦŦe siècle surélevé corps de logis, début xve siècle corps de logis, datation indéterminée
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FIGURE 82
FIGURE 81
salle haute « en botte » chambre suspendue
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FIGURE 83
L’ARCHITECTURE D’UNE ÉLITE : ESSAI DE CLASSIFICATION (XII E -XIV E SIÈCLE)
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Une architecture en pan de bois La construction en pan de bois, associée à la pierre, est également bien attestée dans l’habitat courant, mais aussi aristocratique, à la fin du Moyen Âge, comme en témoignent deux édifices datés de la charnière des xive et xve siècles139. Indépendamment de l’ambition des programmes, c’est une même mise en œuvre (colombages à grandes croix de Saint-André et encorbellement sur solives) qui caractérise ici les étages en bois. Situé à la pointe d’un îlot place de la Laiterie, l’hôtel Sabart140 est constitué de trois corps de logis en front de rue, autour d’une cour d’entrée intérieure (Fig. 80-81). Ce vaste complexe réemploie des caves romanes et un grand logis maçonné de même période, au moins dans sa première phase. La généralisation du pan de bois sur les élévations principales, au-dessus d’un niveau de schiste – peut-être en partie dévolu au commerce –, reste un cas isolé au sein de l’habitat de l’élite angevine. Par ailleurs, l’organisation intérieure des deux corps principaux ainsi mis en œuvre révèle un basculement dans les pratiques constructives et les modes d’habiter : le corps médian comprend encore au deuxième étage une salle haute sous charpente (celle-ci étant datée de 1405d-1406d), alors que le logis adjacent est entièrement étagé sous un comble isolé, plus adapté à des chambres (Fig. 82). Fig. 80 — Construite pour un chapelain, la petite maison de Landemore dans la Cité Hôtel Sabart, 11-17 (1399-1400d)141 montre une conception similaire avec une salle haute chauffée, au- place de la Laiterie. Vue d’ensemble des façades dessus d’un rez-de-chaussée de service et d’un premier étage pour la vie au quotidien donnant sur la place. (Fig. 83). La faible superficie habitable (55 mètres carrés au sol) conduit à la disposiFig. 81 — tion originale d’une salle « en botte » : d’une hauteur de 4,50 mètres, cette salle est Hôtel Sabart, 11-17 place de la Laiterie, plus basse dans sa partie postérieure, car elle est surmontée d’une chambrette susplan chronologique pendue à la manière d’une mezzanine ou tribune, bien que fermée. Celle-ci complète schématique. ainsi la chambre principale du premier étage142. Ce petit logis résidentiel est ainsi, Fig. 82 — avec l’hôtel Sabart, l’ultime témoin d’une disposition médiévale révolue, les salles Hôtel Sabart, 11-17 place de la Laiterie. hautes disparaissant au début du xve siècle. L’absence de trémie dans les planchers Corps de logis médian, partie supérieure de la salle induit de simples escaliers droits ou échelles de bois, au sein des pièces, pour relier haute sous charpente. les étages. Cette rusticité n’est qu’apparente, car la maison bénéficiait du confort de Fig. 83 — deux cheminées et surtout de latrines, d’après l’imposante fosse identifiée à l’arrière Maison de la chapelle du rez-de-chaussée. Second aspect remarquable, le rez-de-chaussée maçonné sur trois de Landemore, 17 rue Saint-Aignan. Coupe côtés isole du sol une ossature tout en bois, y compris la porte d’entrée sur rue et la longitudinale et élévation sur rue, par J.-Y. Hunot et claire-voie adjacente. Cette mise en œuvre témoigne d’un usage extensif du bois dans E. Litoux, 2011. le petit habitat résidentiel (15 rue Saint-Aignan, 8 rue Corneille, etc.), parallèlement à l’option du « tout pierre », à l’instar d’une maison de la cour des Tourelles datable également du xive siècle. Dans ces logis à seul usage d’habitation, l’utilisation du bois disparaît néanmoins au cours du xve siècle, alors qu’elle se maintient dans la longue durée143 et se perfectionne au sein de l’habitat à vocation commerciale.
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ANGERS MODERNE (1450-1789) - LA FABRIQUE URBAINE À L’ŒUVRE OU QUAND L’HABITAT FAIT LA VILLE
FIGURE 124
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Fig. 124 — Le port Ayrault au xvie siècle, d’après H. Courant, 2002. Fig. 125 — Du mail Brézé à la rue Boisnet, évolution du site au xviie siècle, détail des plans Le Loyer, 1652 (archives privées) et Jouvin de Rochefort, v. 1673-1690 (BM Angers).
la large rue Boisnet
Fig. 126 — Création d’un aménagement moderne au quai de la Poissonnerie (abreuvoirs et habitat régularisé), détail d’un projet d’amélioration de la rive gauche de la Maine, 1779. AD Maine-et-Loire, C 76.
Fig. 127 — Rive gauche au xviiie siècle, état des lieux selon le plan Simon, 1736 (AC Angers, 1 Fi 1575) et projets de quais selon le plan Dubois, 1776. Musées d’Angers, (AMD 1292.1bis). Fig. 128 — État des rives de la Maine de l’amont du pont des Treilles à l’amont des Grands Ponts à la fin du xviie siècle. Relevé aquarellé, par Nicolas Poictevin, ingénieur du roi, vers 1690-1694. BM Saumur, Ms. 21, pl. 54.
FIGURE 126
L’ÉCHEC DU GRAND DESSEIN PORTUAIRE (XVI E -XVIII E SIÈCLE)
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la large rue Boisnet et les quais desserte médiévale des ports et du Grand Pont
FIGURE 128
FIGURE 127
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ANGERS MODERNE (1450-1789) - LA FABRIQUE URBAINE À L’ŒUVRE OU QUAND L’HABITAT FAIT LA VILLE
La résidence ducale de René d’Anjou III—11 Les aménagements du roi René, au sein de la forteresse capétienne, parachèvent la résidence ducale de la seconde maison d’Anjou, l’enrichissant d’un environnement paysager exceptionnel. Ils traduisent, de manière précoce, l’évolution du mode de vie aristocratique, marqué au xve siècle par une recherche nouvelle d’intimité et par un attrait profond pour le jardin, dont seule témoigne indirectement aujourd’hui l’emblématique façade nord du « logis royal ».
Une connaissance renouvelée La récente restauration du logis royal, à la suite d’un incendie en 2009, a été précédée d’une étude archéologique du bâti qui, associée à une relecture des sources documentaires (dépenses ducales et inventaires de 1471 en particulier) renouvelle de manière décisive sa compréhension394. Ainsi, celui-ci n’est pas une œuvre de Louis II, que son fils René aurait complétée par la grande vis et la galerie nord395, mais bien un bâtiment homogène redevable à ce dernier. Une étude dendrochronologique de la charpente a permis par ailleurs de revoir sa datation, non plus des années 1450, mais autour de 1435-1440. Autre apport fondamental de l’étude, la galerie a connu un premier état lié à cette campagne, avant d’être modifiée sous sa forme actuelle, vraisemblablement à la fin du xve siècle, après le départ définitif du duc pour la Provence en 1471. En reconstruisant ce logis, établi sur des substructions romanes, dans un espace contraint et probablement déjà destiné aux appartements ducaux396, René poursuit l’œuvre de son grand-père Louis Ier, qui réaménage en particulier la grande salle comtale397, et de ses parents Louis II et Yolande d’Aragon, à qui l’on doit la grande chapelle SaintJean-Baptiste (vers 1410) et peut-être aussi l’aile d’apparat. Le prince finalise ainsi cet ensemble recomposé autour de la cour des seigneurs, au logis royal s’ajoutant l’aile orientale des offices et le gracieux châtelet d’entrée (vers 1450) où logera son fils, le duc de Calabre (Fig. 184).
Fig. 184 — Château. Logis royal, chapelle et châtelet d’entrée de la cour seigneuriale, vue d’ensemble sur cette cour. Au premier plan, les ruines de l’aula comtale. Fig. 185 — Hypothèses d’organisation spatiale du château au temps de René d’Anjou. Fond de plan : Nicolas Poictevin, 1707. Musées d’Angers, MA VII R 349. Fig. 186 — Résidence ducale de René d’Anjou, plan du premier étage, reconstitution par E. Litoux, Service archéologique départemental de Maine-et-Loire, 2013.
LA RÉSIDENCE DUCALE DE RENÉ D’ANJOU
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FIGURE 184
FIGURE 186
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1. grande salle comtale restructurée par Louis ıer 2. salle « où [René] disgne de présent » (1465) 3. « grant chambre de parement » (1453), désignée dans l’inventaire de 1471 comme « salle de parement » 4. « chambre du roy » 5. « chambre du haut retrait du roy » 6. galerie (non mentionnée dans l’inventaire de 1471) 7. « chambre du petit retrait du roy » et « petite chapelle », surmontées d’une « estude du roy » 8. « galerie neufve sur le petit jardin, contre l’oratoire du roy » 9. « petite chambre du haut retrait » surmontée de « l’estude du roy » 10. « vivier » et « logis du vivier » 11. « chapelle » 12. « oratoire »
184
ANGERS MODERNE (1450-1789) - LA FABRIQUE URBAINE À L’ŒUVRE OU QUAND L’HABITAT FAIT LA VILLE
Le logis Barrault et l’hôtel de Pincé, demeures d’exception III—12 Deux œuvres majeures illuminent les premiers temps de la Renaissance : le logis Barrault (musée des Beaux-Arts) et l’hôtel de Pincé (musée des collections antiques et orientales), l’un et l’autre consacrés par l’histoire locale et nationale427. Ces édifices ambitieux participent au foyer architectural novateur du Val de Loire, à un moment où celui-ci constitue un laboratoire d’expérimentations sous l’influence de la cour royale. Mais, s’ils sont comparables par l’invention architecturale et le raffinement décoratif, ils se distinguent par un rapport opposé à la forme urbaine. Le premier se développe sur un terrain de grande ampleur entre les abbayes Saint-Aubin et Toussaint, participant durablement au « gel » du territoire428 ; le second, de très petite taille, est engoncé dans un tissu urbain contraignant et doit compenser le manque de place par une structure et une distribution intérieure complexes.
Le logis Barrault, un « palais » urbain de la fin du xve siècle Radicalement transformé pour l’installation du grand séminaire à la fin du xviie siècle, le logis Barrault a pu faire l’objet d’une restitution architecturale à l’occasion de sa restauration et de sa rénovation muséographique429 (Fig. 192). Il fut construit entre 1486 et 1493 pour Olivier Barrault, trésorier de France apparenté à la puissante famille tourangelle des Briçonnet, qui choisit de s’établir durablement à Angers où il sera maire à trois reprises. Sur un terrain de quelque 4 000 mètres carrés obtenu en plusieurs lots auprès de l’abbaye Saint-Aubin voisine, le financier fait construire un hôtel entre cour et jardin (Fig. 193). Deux grands corps de logis en équerre, distribués à leur jonction
Fig. 192 — Logis Barrault, 10 rue du Musée, élévations sur cour. Fig. 193 — Logis Barrault, plan général des espaces libres et bâtis, restitution de l’état de la fin du xve siècle.
LE LOGIS BARRAULT ET L’HÔTEL DE PINCÉ, DEMEURES D’EXCEPTION
185
FIGURE 192 limite de propriété xve siècle
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fondations du logis retrouvées supposées
250
ANGERS MODERNE (1450-1789) - LA FABRIQUE URBAINE À L’ŒUVRE OU QUAND L’HABITAT FAIT LA VILLE
Le pan de bois rustique des xve et xvie siècles Le qualificatif recouvre de manière un peu imagée les façades principales caractérisées par une simplicité structurelle et l’absence de tout décor, de loin les plus nombreuses dans la ville. Pour les plus anciennes (31 occurrences, dont 10 subsistantes), un encorbellement sur solives porte chacun des étages carrés, renforcé de poteaux aux angles ; cet encorbellement est de faible portée, tout au plus une trentaine de centimètres616 (Fig. 288). L’ossature des parois est constituée de croix de Saint-André de la hauteur des niveaux, assemblées aux sablières de plancher et de chambrée. Un clayonnage d’éclisses enrobées de torchis et enduites d’un lait de chaux assure, entre ces pièces liées à tenons et mortaises, la fermeture et l’isolation des parois617 (Fig. 287). FIGURE 287 Ce dispositif est un héritage médiéval du xive siècle, illustré par la maison de la chapelle de Landemore, dans la Cité (17 rue Saint-Aignan), dont l’abattage des bois date de l’automne-hiver 1399d-1400d. Ce petit logis résidentiel traduit bien le caractère strictement fonctionnel de l’ossature et l’usage économe du matériau jusque dans les grandes décharges grossièrement équarries, dont l’intersection proche de l’angle droit au second étage montre un certain archaïsme. Fig. 287 — Deux autres logis ont été datés des premières décennies du xve siècle, l’hôMaison, 57 rue Beaurepaire, tel Sabart (11-17 place de la Laiterie, 1406d) et la maison Chaillou (1424d) (Fig. 289). élévation latérale sur la rue Pinte avec ses pans Au-delà de leur gabarit respectif (un vaste hôtel pour l’un, une étroite maison d’épicier de bois en torchis. pour l’autre), ces deux édifices constituent l’archétype du pan de bois angevin dans Fig. 288 — le courant du xve siècle. La mise en œuvre du colombage s’est définitivement affinée, Tableau synoptique des avec des croix de Saint-André plus « verticales », complétées parfois d’une grille de types de surplomb. poteaux et de décharges ; celle-ci est exclusive, en revanche, au niveau du comble, Fig. 289 — derrière la ferme débordante du pignon. La maison Chaillou, dont la disposition oriMaison Chaillou, 59 rue Beaurepaire, façade sur rue, ginelle des pièces de bois a pu être restituée au premier étage, présente déjà pour la état actuel et état restitué, relevé par J. Mastrolorenzo, première fois une travée bien constituée de fenêtres allongées, dotées de meneaux 2010. et traverses618. Les petites croix des appuis qui renforcent les percements annoncent Fig. 290 — les effets décoratifs du pan de bois. Ce mode constructif est encore utilisé autour de Maison, 14 rue Lionnaise, 1475d pour une petite maison double (3-5 rue Lionnaise), dans une version appauvrie façade sur rue. Eau-forte, par Émile Morel, architecte, de faubourg, sensible dans le colombage à simples poteaux. On peut supposer que 1872. AD Maine-et-Loire, le duo « solives et croix » a subsisté durant la première moitié du xve siècle jusqu’à 11 Fi 2105. la disparition des encorbellements, mais aucune datation absolue ne permet de s’en assurer aujourd’hui619. La disparition des surplombs, imposée par la municipalité en 1541620, coïncide avec un appauvrissement de l’ossature. Sur la façade désormais plate est maintenue fréquemment la double sablière des niveaux emprisonnant les solives de plancher, mémoire structurelle des encorbellements (Fig. 90). Aux grandes croix de Saint-André
LA GRANDE DIVERSITÉ DES FAÇADES EN PAN DE BOIS
251
7 4 4
5
3 2
5
Surplomb sur solives, sans moulure ni décor. Lié au motif en croix de Saint-André
poteau cornier
2
3 2
3 2
5
1
1
Surplomb mixte, sur solives et poteaux, avec entretoise, moulures. Surtout lié au motif en chevrons
sablière de plancher
4
4
1
1
1
3 6 2
3
sablière de chambrée
Surplomb sur poteaux élargis, avec sablières sculptées. Structure savante liée au motif à losanges
Surplomb sur poteaux élargis, moulure, sans décor. Lié à divers motifs : croix de Saint-André, chevrons, faux losanges...
4
solive de rive
5
solive de plancher
6
entretoise
7
poteau d’huisserie FIGURE 288
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restitué FIGURE 289
FIGURE 290
268
ANGERS MODERNE (1450-1789) - LA FABRIQUE URBAINE À L’ŒUVRE OU QUAND L’HABITAT FAIT LA VILLE
La ville au prisme des différentes catégories d’habitat III—20 Malgré le caractère résiduel du corpus et surtout l’inégalité géographique des destructions au gré des refontes urbaines, la répartition spatiale des grandes « familles » d’habitat reste significative, d’autant qu’elle est renforcée par la prise en compte d’un bâti détruit. Quant à la répartition numérique des catégories architecturales, elle souligne sans ambiguïté la force de l’habitat patricien à Angers, soit 40 % de l’ensemble des édifices répertoriés, conformément à l’image avancée par les historiens d’une ville « de magistrats, de professeurs, de rentiers et d’ecclésiastiques »675. Le phénomène est certes amplifié par l’inégalité de la préservation elle-même, moins indulgente pour l’habitat polyvalent, plus « ordinaire », qui s’élève néanmoins au chiffre conséquent de 427 demeures (Fig. 315).
FIGURE 314
Fig. 314 — Jardins de la Doutre, entre la place du Tertre et la place de la Paix. En arrièreplan, le pavillon de l’hôtel Marcouault. Fig. 315 — Catégories de demeures sous l’Ancien Régime (xve-xviiie siècle). Fig. 316 — La Cité, croisement des rues Saint-Paul et Donadieu-de-Puycharic ; en arrière-plan, la maison canoniale Sainte-Marie.
LA VILLE AU PRISME DES DIFFÉRENTES CATÉGORIES D’HABITAT
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maisons polyvalentes à profil urbain : 264
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maisons polyvalentes à profil villageois : 163
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FIGURE 315
FIGURE 316
310
ANGERS CONTEMPORAINE (1789-1914) - L’URBANISME À L’ŒUVRE OU QUAND LA VILLE FAIT L’HABITAT
Quais et boulevards
La municipalité saisit cette période de bouleversements exceptionnelle pour reprendre Fig. 372 — Vue aérienne du cours de avec vigueur le grand dessein des quais de la rive gauche, en quasi-déshérence depuis la Maine et de la ligne des quais de la rive gauche, plus d’un siècle. Une participation financière de « la Nation » en 1791 a probablement du quai Ligny au pied du influé sur la relance de cet aménagement tant souhaité et formulé encore fortement château et de la Cité, au quai Royal puis National 778 dans les dernières années du règne de Louis XVI . Dans la décennie 1800 est enfin (quai René-Bazin) en amont du pont de Verdun ; engagée la construction d’un premier front bâti, celui du quai de la Poissonnerie, en arrière-plan, le quai qui s’achève sous la Restauration (actuel quai René-Bazin entre le pont de Verdun Gambetta formant un coude, créé seulement et la place Molière) : cette opération d’urbanisme combinait pour la première fois à sous le Second Empire. Angers un ouvrage moderne de génie civil et une façade ordonnancée imposée par Photographie, par Roger Henrard, 1955. la ville. Puis le deuxième quart du siècle voit la mise en chantier du quai Ligny selon AC Angers, 19 Fi 46. les mêmes principes techniques et esthétiques, en amont du pont central, au pied du château779 (Fig. 372). Fig. 373 — Parallèlement, une autre opportunité impliquant des travaux d’ampleur assure Vue en ballon, depuis l’ouverture de la ville : en 1807, l’autorisation accordée par Napoléon de supprimer le nord-est, avec l’ancien Champ de Mars au premier l’enceinte urbaine donne naissance aux boulevards plantés et bordés d’habitations plan (site de la place du qui réuniront enfin le cœur historique et les faubourgs780 (Fig. 373). En 1811, les Ponts Général-Leclerc et du jardin du Mail). Lithographie, et Chaussées établissent pour les deux rives le « Plan général d’alignement des boupar Alfred Guesdon, 1848. AC Angers, 2 Fi 336. levards à édifier sur l’emplacement des remparts »781, dont la réalisation demandera une trentaine d’années782. Mis en service à la fin des années 1830, les ponts amont et aval de la Haute et de la Basse-Chaîne (ainsi nommés en souvenir des chaînes qui assuraient sur la rivière la continuité de la défense) achèvent le dispositif de l’anneau des boulevards, que seul interrompt encore le port Ayrault, jusque dans les années 1860. L’implantation de l’hôtel de ville dans l’ancien collège des Oratoriens, sur le boulevard de la Mairie (de la Résistance et de la Déportation)783, orientera le développement de la ville : dégagé des maisons qui l’obstruaient, le bâtiment est idéalement situé, face aux allées du Petit-Mail et du Grand-Mail que le second xixe siècle combinera en une belle composition urbaine784. Ce nouveau plan de circulation, offert par les boulevards et les quais, permet de réorienter, sur la rive gauche, le parcours urbain de la route nationale Paris-Nantes : évitant les vieilles artères Saint-Michel, Saint-Laud et Baudrière, il emprunte le boulevard des Pommiers (Carnot), la rue Boisnet et le nouveau quai (René-Bazin). Mais le trajet en rive droite, par l’étroit pont central et les vieilles rues de la Doutre (Beaurepaire/ Saint-Nicolas), se maintiendra jusqu’en 1938785.
Places de la Laiterie et Sainte-Croix
Enfin, deux opérations isolées sont encore représentatives de la volonté d’aérer la ville par la création de deux places à une échelle tranchant sur les modestes carrefours de l’Ancien Régime. Le carroi de la Laiterie se transforme vers 1828 en une véritable place
OUVRIR ET TRAVERSER LA VILLE (1 RE MOITIÉ DU XIX E SIÈCLE)
FIGURE 372
FIGURE 373
311
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ANGERS CONTEMPORAINE (1789-1914) - L’URBANISME À L’ŒUVRE OU QUAND LA VILLE FAIT L’HABITAT
Boulevards de la Mairie et de Saumur La première séquence est réalisée sur le boulevard de la Mairie (boulevards Bessonneau, de la Résistance et de la Déportation) et sur le boulevard de Saumur (partie nord du boulevard du Maréchal-Foch) (Fig. 395). Édifiés majoritairement dans les décennies 1810-1820, ces hôtels poursuivent le parti aristocratique du logis en retrait de la voie publique, annoncé par un espace libre antérieur, dont ne subsistent que de rares témoins : hôtel de Tescourt, 7 bis boulevard du Maréchal-Foch821, ou hôtel Mame à triple logis, construit par le fondateur de la célèbre dynastie d’imprimeurs (Fig. 396) ; encore ce dernier forme-t-il une exception en tant qu’opération spéculative (du type de l’hôtel Flore, rue Chevreul) échappant au caractère mono-familial de ces demeures patriciennes. Cette disposition généralisée aux boulevards de Saumur et de la Mairie (dans Fig. 395 — Vue en enfilade du leur état originel) trouve pour une part son explication dans le maintien en place boulevard du MaréchalFoch (anciennement d’une population et du mécanisme foncier qui en résulte. En effet, dans la procédure boulevard de Saumur et d’aliénation des remparts, la Ville concède prioritairement aux riverains intra-muros boulevard du Haras à sa suite), hôtels de la rive le terrain nécessaire pour rejoindre l’alignement des boulevards, sans bouleverseextra-muros. Au premier plan, des hôtels sur cour de ment du découpage parcellaire préexistant. Les terrains ainsi augmentés reprennent la première génération, les de fait, sur le front des boulevards, les largeurs des propriétés résidentielles d’avant hôtels Farran, Duhardas et Tescourt (ce dernier encore la Révolution, soit entre 20 et 40 mètres. Les intérêts des propriétaires acquéreurs, en place au n° 7 bis), qui bénéficient de « l’avantage […] d’un terrain plus vaste », rejoignent ainsi la prépuis des hôtels sur rue d’époque Second Empire. occupation d’embellissement de la municipalité822. Ces derniers peuvent de ce fait Carte postale, début du xxe siècle. AC Angers, valoriser leur cour ou jardin, que les logis soient maintenus comme au bel hôtel de 4 Fi 904. Lantivy (construit sous Louis XVI), amplifié sur le boulevard par une cour d’entrée en Fig. 396 — hémicycle qui se substitue à l’accès initial par la rue de l’Hôpital823, ou qu’ils fassent Hôtel Mame à triple l’objet d’une reconstruction, cas le plus fréquent, pour tirer au mieux parti des nouunité d’habitation, 10-14 boulevard Bessonneau, velles parcelles. Le redéploiement des espaces libres, l’exploitation de la double élévation sur les cours d’entrée et hôtel Tessié de orientation avec maintien d’une cour d’entrée vers l’intérieur de la ville (rue Saintla Motte, 85 rue du Mail, Blaise) et création d’un jardin sur le boulevard, sont particulièrement frappants entre façade à rotonde (abritant le salon) sur le jardin les rues de l’Hôpital et Saint-Julien, où les vastes propriétés atteignent des superficies suspendu. entre 1 000 et 2 000 mètres carrés. Sur la rive extérieure du boulevard, peu bâtie entre le débouché des faubourgs Bressigny et Hanneloup, un remembrement plus important s’est effectué avec les mêmes objectifs d’un habitat élitiste, sur des terrains encore plus profonds (jusqu’à 95 mètres à l’hôtel Roulet). Néanmoins, il reste fortement redevable du tracé préexistant comme l’illustre le lotissement du site de l’ancien couvent de la Fidélité : le redécoupage s’accompagne même d’une réutilisation d’un grand bâtiment conventuel transformé en trois logis sur des fonds d’une profondeur inédite, autour de 140 mètres pour deux
LES BOULEVARDS DES NOTABLES (1807-1850) : DE L’HÔTEL ARISTOCRATIQUE À L’HÔTEL BOURGEOIS EN SÉRIE
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FIGURE 395
FIGURE 396
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ANGERS CONTEMPORAINE (1789-1914) - L’URBANISME À L’ŒUVRE OU QUAND LA VILLE FAIT L’HABITAT
Immeubles haussmanniens IV—16 Sans conteste le plus facilement identifiable, l’immeuble « haussmannien » se déploie à la fin des années 1860, principalement dans la haute ville entre la rue Saint-Laud et les boulevards, à la faveur de la restructuration de la place du Ralliement. Il participe fondamentalement à l’image moderne que veut donner de la ville la bourgeoisie commerçante et entreprenante des débuts de la IIIe République. Ceux qui investissent activement dans l’immobilier sont négociants, horlogers, merciers, tapissiers, gantiers, bouchers, photographes, entrepreneurs de bâtiment ou encore architectes promoteurs, tel François Moirin.
Une configuration normative plus consensuelle que réglementaire Cette catégorie représente un corpus important d’une centaine d’édifices intra-muros, complétée d’une douzaine, boulevard du Maréchal-Foch et secteur Gare. Le saut avec l’habitat traditionnel de gabarit proportionné aux nouvelles voies est franchi. La hauteur des élévations, de quelque 18 mètres, passe presque ainsi du simple au double. La maçonnerie de schiste est systématiquement habillée sur la rue d’un parement de tuffeau en pierre de taille982. Le linéaire de façade compte une moyenne de quatre à six travées, qui peuvent être doublées en angle d’îlot. Néanmoins, un tiers du corpus ne comprend que deux ou trois travées, comme les maisons locatives983 : la différence tient tout entière dans la partition verticale de l’élévation. Celle-ci compte cinq ou six niveaux ; elle est invariablement structurée par un rez-de-chaussée à boutiques et entresol, deux étages carrés et un étage de comble. Un balcon continu au-dessus de l’entresol souligne l’étage noble supérieur et isole fortement les niveaux d’habitation, que peut couronner, en lieu et place du comble à lucarnes, un étage d’attique ou « retiré » délimité par un second balcon continu. La conjugaison de ces deux niveaux de couronnement (le comble est alors brisé) est un parti monumental moins répandu, comme dans l’immeuble de la Belle Jardinière (4 place du Ralliement), ou l’immeuble Volerit (8 rue d’Alsace) (Fig. 503).
Fig. 503 — Immeuble Volerit, 10 rue d’Alsace 14-16 rue des Angles, façades sur rue. Fig. 504 — Immeuble Lechalas, 10 place du Ralliement, façade sur rue. Fig. 505 — Petits immeubles, 3 à 7 rue de l’Aiguillerie, façades sur rue.
IMMEUBLES HAUSSMANNIENS
411
FIGURE 504
FIGURE 505
FIGURE 503
Cette morphologie remarquablement maîtrisée n’est pas un pur produit de la législation nationale ou locale. Dans les différents règlements parisiens qui se succèdent entre 1852 et 1902, l’entresol et le ou les balcons continus ne sont jamais imposés. À Angers, le seul document de référence se résume à un règlement de voirie de 1862 qui n’a pas d’incidence sur la structuration des niveaux. En revanche, comme à Paris, les prescriptions architecturales émanent de cahiers des charges établis à l’occasion des ventes aux particuliers de terrains municipaux dans les secteurs les plus stratégiques, tel celui qui s’étend de la place du Ralliement à la rue Voltaire984. Néanmoins, l’immeuble Panneton (2 place du Ralliement) est le premier à être édifié en 1870 selon une simple convention amiable985. Le Grand Café de France, adjacent au théâtre, fournit le modèle à suivre pour l’alignement des niveaux sur son retour, rue Chaussée-SaintPierre. Les prescriptions municipales se préciseront dans les documents contractuels ultérieurs lors de la réalisation du carrefour Rameau : indication de la hauteur de façade (17,80 mètres) et préconisation du retiré avec son balcon, qui traduit la parfaite assimilation de l’exemple parisien.
La ville aujourd’hui et ses héritages
454
LA VILLE AUJOURD’HUI ET SES HÉRITAGES
e xx siècle :
Second l’extension accélérée V—1 L’image d’Angers comme petite ville provinciale, à la douceur de vivre certes légendaire mais sans dynamisme ou rayonnement autre que culturel, reste bien ancrée aux lendemains de la guerre, en dépit de la croissance d’une population qui dépasse les 100 000 habitants en 1954, la hissant alors au 24e rang des villes de France1034. La commune en compte aujourd’hui 150 125 (chiffre de 2013) dans une agglomération de 220 445 personnes, l’une et l’autre se plaçant respectivement aux 19e et 30e rangs français. La forte croissance du second xxe siècle s’apprécie en effet à deux échelles : l’une est véritablement urbaine, jusqu’aux limites du territoire communal et l’autre, moins dense, est celle de l’agglomération ou « unité urbaine »1035 (Fig. 563).
État des lieux aux lendemains de la guerre Dans la courte période que constitue l’entre-deux-guerres, marqué par le double choc des lendemains du conflit de 1914-1918 et de la crise de 1929, Angers ne montre qu’une très faible croissance, comme la plupart des villes françaises1036. La rive gauche surtout en bénéficie, par une densification spontanée des faubourgs populaires et principalement sous forme de lotissements pavillonnaires1037 . Le quartier du Lutin est le plus emblématique (Fig. 564) : initialement conçu dans le cadre des HBM (habitations à bon marché), il fut réalisé selon les procédures d’aide à l’accession à la propriété définies par la loi Loucheur de 19281038. À Angers, la loi Bonnevay de 1912 sur l’habitat social s’est effectivement soldée par un échec, puisque seuls 141 logements ont été construits1039. Au sortir de la guerre, l’état du bâti de la ville est très dégradé, bien qu’Angers ait été moins touchée que les autres villes de la Loire. Aux dégâts causés par les bombardements de la Libération, en particulier dans le quartier entre gare et Blancheraie,
Fig. 563 — Synthèse de l’extension urbaine 1919-2010. Fig. 564 — Front nord de la rue du Lutin, la maison « La Mosaïque » au premier plan. Fig. 565 — Maisons en bande du quartier de la Blancheraie, angle rues Léon-Pavot et Maurice-Blanchard.
SECOND XX E SIĂˆCLE : L’EXTENSION ACCÉLÉRÉE
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FIGURE 563 Êtat de l’urbanisation zone intra-muros 1914 1939 1980 2010
FIGURE 565
FIGURE 564