Carnet Estuaire_Le paysage_lart et le fleuve

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ISBN 979-10-93572-60-4 — 14 € TTC

ESTUAIRE NANTES <> SAINT-NAZAIRE - LE PAYSAGE, L’ART ET LE FLEUVE

EMMANUEL ADELY ET FRÉDÉRIC DUMOND / ATELIER VAN LIESHOUT / LILIAN BOURGEAT / ANGELA BULLOCH / DANIEL BUREN ET PATRICK BOUCHAIN / GILLES CLÉMENT / JEAN-LUC COURCOULT / DANIEL DEWAR ET GRÉGORY GICQUEL / JIMMIE DURHAM / EVA & ADELE / SARAH FAUGUET ET DAVID COUSINARD / JOHN GIORNO ET UGO RONDINONE / ROLF JULIUS / JEPPE HEIN / TADASHI KAWAMATA / ANGE LECCIA / CLAUDE LÉVÊQUE / BEVIS MARTIN & CHARLIE YOULE / KINYA MARUYAMA / VINCENT MAUGER / FRANÇOIS MORELLET / MRZYK & MORICEAU / TATZU NISHI / OBSERVATORIUM / ROMAN SIGNER / SARAH SZE / JEAN PROUVÉ / FELICE VARINI / HUANG YONG PING / ERWIN WURM

LES CARNETS DU VOYAGE À NANTES

En couverture Huang Yong Ping, Serpent d’océan, Saint-Brevin-les-Pins © Franck Tomps / LVAN

ESTUAIRE NANTES SAINTNAZAIRE

LE PAYSAGE, L’ART ET LE FLEUVE


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LE PAYSAGE, L’ART ET LE FLEUVE — Mon équipe et moi-même dirigions le Lieu Unique – réalisé par l’architecte Patrick Bouchain sur les ruines de l’ancienne usine LU, ouvert au matin du premier jour du deuxième millénaire – quand Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire, et Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes, nous demandèrent d’imaginer un événement susceptible de marquer l’alliance culturelle de leurs villes pour la constitution d’une grande métropole qu’ils étaient en train de réaliser d’un point de vue économique.

C’était en 2005 et déjà, même si nous coulions des jours heureux dans le Lieu Unique rêvé et façonné à notre envie, la nostalgie nous prenait d’un projet qui, véritablement, s’inscrive dans un territoire comme nous avions pu le faire avec Les Allumées à Nantes. Plutôt que d’imaginer un événement commun aux deux villes, susceptible de revenir chaque année, nous nous sommes attachés à essayer de comprendre ce qu’était ce territoire entre fleuve et océan et, tout naturellement, la carte déployée nous montrait que ce qui reliait les deux villes était l’estuaire de la Loire, long de soixante kilomètres et navigable. Sur ses deux rives, nous allions inviter des artistes du monde entier à venir, par leurs créations, interpréter un territoire extraordinairement changeant, alternant paysages urbains, industriels ou naturels.

La biennale Estuaire était née et son sous-titre disait tout en trois mots. Dès l’origine nous nous étions fixé six ans, soit trois éditions. La réalisation d’œuvres éphémères ou pérennes sur les rives de la Loire mais aussi dans les deux villes troublait l’espace public tous les deux ans. Des œuvres éphémères le temps de l’été créaient l’événement, et des œuvres pérennes venaient constituer une collection qui concernerait également toutes les communautés de communes entre Nantes et Saint-Nazaire, elles aussi parties prenantes. L’expérience de l’art dans l’espace public nous avait profondément atteints, et avec la création du Voyage à Nantes-Événement nous avons poursuivi cette démarche irremplaçable, susceptible de rendre l’art accessible à tous. Aujourd’hui, la collection Estuaire et celle du VAN se confondent. « La force de l’art » est plus puissante que nous ne l’avions imaginé et nous rêvons d’une cité dans laquelle la création artistique puisse s’immiscer aussi dans ses aménagements et ses transformations. C’est aujourd’hui le cas dans cette ville libre et grande ouverte qu’est devenue Nantes

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Jean Blaise Directeur général de la SPL Le Voyage à Nantes.

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LANDSCAPE, ART, AND RIVER —

My team and I were running the Lieu Unique—brainchild of the architect Patrick Bouchain, built on the ruins of the old LU factory, which opened on the morning of the first day of the second millennium — when Joël Batteux, mayor of Saint-Nazaire, and Jean-Marc Ayrault, mayor of Nantes, asked us to imagine an event capable of hallmarking the cultural alliance of their respective cities, for the formation of a large metropolis which they were in the process of making, from an economic viewpoint.

The Estuaire Biennial was born, and its subtitle said everything in three words. From the outset we had set our sights on six years, i.e. three biennials. The production of ephemeral or permanent works on the banks of the Loire, as well as in the two cities, disturbed the public place every two years. Ephemeral summer works created the event and permanent works formed a collection which would involve all the communities between Nantes and Saint-Nazaire, which were also involved.

That was in 2005 and already, even though we were thoroughly enjoying our days at the Lieu Unique, we felt nostalgia for a project which was truly part and parcel of a territory as we had managed to create it with Les Allumées in Nantes.

The experience of art in the public place had had a profound effect on us, and with the creation of Le Voyage à NantesEvénement we have carried on this irreplaceable approach, capable of making art accessible to one and all. Today, the Estuaire collection and the VAN collection overlap. ‘The power of art’ is more powerful than we had imagined, and we dream of a city in which artwork can also play a part in its developments and its transformations. This is the case today in this free-wheeling and wide-open city that Nantes has becom

Rather than imagining an event shared by the two cities, which could recur every year, we focused on trying to understand what a territory between river and ocean was, and, quite naturally, the unfolded map clearly showed us that what linked the two cities was the Loire estuary, 40 miles in length, and navigable. On its two banks, we would invite artists from all over the world to come and interpret, by way of their works, an extraordinarily changeable territory, alternating cityscapes, industrial landscapes, and natural surroundings.

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Jean Blaise General Director of the SPL (Local Public Company) Le Voyage à Nantes.


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Quand elle arrive à Nantes, la Loire est déjà longue de près de neuf cents kilomètres. Elle a traversé villes et campagnes, s’est trouvée renforcée par de petits et grands affluents. Plus loin l’attend l’océan Atlantique, dont la marée vient déjà la chercher jusqu’ici, deux fois par jour. Une proue arborée, l’Île de Nantes, aussi appelée Île Beaulieu, fend la Loire en deux. Sur cinq kilomètres, le fleuve le cède à la terre avant de refermer son cours à l’autre bout de ce vaisseau immobile. Sur la pointe est de l’île, en bordure du parc du CRAPA, une gigantesque grille se dresse sur le parvis de l’Hôtel de Région des Pays de la Loire. Cette porte symbolique, plantée entre le bâtiment et la rive, est une œuvre de François Morellet intitulée

Portail 0°-90°, Portail 8°-98°. Elle invite le visiteur à passer l’entrée du parvis de l’Hôtel de Région, tout autant qu’elle l’arrête. Son ombre semble légèrement décalée : est-ce le jeu du soleil ? Il s’agit en fait d’une facétie de l’artiste, détaillée dans le titre de l’œuvre : le solennel portail bleu est doublé d’un portail noir, légèrement incliné vers la Loire. Un clin d’œil au fleuve qui, depuis des siècles, fait pencher dans l’ombre de son lit plusieurs immeubles d’habitation non loin de là, dans le centre-ville de Nantes. Commandée en 1987 par la Région, la sculpture campe les prémices de la collection Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire. Vingt ans avant le lancement de cette dernière, elle annonce le « pas de côté » devenu identitaire de toute l’entreprise d’Estuaire et du Voyage à Nantes, cette envie motrice de déplacer le regard grâce à l’art, de surprendre les habitants et les visiteurs par des œuvres qui se veulent à la fois pointues et populaires. Après une mise en place répartie sur plusieurs années, cette collection à ciel ouvert s’étend désormais sur cent vingt kilomètres, soit soixante kilomètres sur chaque rive de Nantes à Saint-Nazaire ; s’y ajoute une œuvre isolée à l’abbaye de Fontevraud. Hormis le ruban ondulant du plus long fleuve de France, qui agit en fil conducteur, aucune thématique n’est proposée aux artistes, qui

When the river Loire reaches Nantes, it has already travelled some five hundred and fifty miles. It has flowed through towns and countrysides, and been swollen by tributaries, great and small alike. Further on, to the west, the Atlantic Ocean awaits the river, its tides already seeking it out even this far inland. Twice a day. A wooded bow, called Nantes Island—also known as Beaulieu Island—cleaves the Loire in two. Over three miles, the river gives way to the land before resuming its course at the other end of this motionless vessel. At the eastern tip of the island, on the edge of the CRAPA park, a gigantic railing-like structure rises up in the forecourt of the Pays de la Loire Regional Offices (the Hôtel de Région). This symbolic gateway, installed between the building and the river bank, is a work by François Morellet titled

Portail 0°-90°, Portail 8°-98°. It invites visitors to walk through the entrance to the Hôtel de Région, just as much as it gets in their way. Its shadow seems slightly offkilter: is this due to the play of sunlight? What is in fact involved is one of the artist’s wisecracks, described in detail in the work’s title: the solemn blue portal is duplicated by a black portal, leaning slightly towards the Loire. A wink at the river which, for centuries, in the shade of its bed, makes several residential blocks not far from here lean over towards it, in downtown Nantes. Commissioned in 1987 by the Region, the sculpture introduces the early days of the Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire collection. Twenty years prior to the launch of this collection, it harbingered the 'sidestep' that has become identified with the whole Estuaire project and the Voyage à Nantes, that proactive desire to shift the gaze by way of art, and surprise inhabitants and visitors alike by works intended to be both state-of-the-art and popular. After being set up in various sites over several years, this open-air collection now covers 75 miles, equivalent to nearly 40 miles on each river bank from Nantes to Saint-Nazaire; added to this is an isolated island, at Fontevraud Abbey. 11


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pour réinvestir un espace public que l’on ne fait souvent que traverser. L’œuvre signale par la même occasion « Manny » comme faisant partie d’un nouveau patrimoine architectural digne d’intérêt. En s’introduisant dans la construction de la ville, l’art devient un élément moteur du territoire et lui donne une personnalité unique. À cent cinquante mètres de là, le

Mètre à ruban de Lilian Bourgeat opère un autre décalage, celui de l’échelle. Dans la cour du siège du groupe d’aménagement immobilier Aethica, le passant est comme propulsé dans une maquette dans laquelle un architecte maladroit aurait emmêlé son mètre à ruban en tentant de mesurer la hauteur d’un mur. Coutumier du surdimensionnement d’objets du quotidien, Lilian Bourgeat a ici démesuré l’instrument même de la mesure. Utilisé aussi bien par les architectes, les ouvriers et artisans que par l’artiste lui-même, le mètre à ruban est un outil à la fois banal et indispensable à la concrétisation de tous les projets. Bien que réaliste, l’objet apporte ici une sensation d’étrangeté, en même temps qu’il se pare d’une certaine magie qui entraîne le spectateur dans un imaginaire de conte de fées, ou plutôt de géants. À lui d’inventer le récit de ce mètre étonnant à partir des indices laissés par l’artiste, tout comme il peut reconstituer l’histoire des lieux à partir des éléments du passé (cheminée, traverses de chemin de fer, structures industrielles) intégrés dans leur réhabilitation contemporaine. Ce Mètre à ruban géant invite à partager une réflexion qui accompagne le travail de Lilian Bourgeat. Tout comme son œuvre Invendus, Bottes — deux bottes gauches en caoutchouc géantes — évoque à la fois une puissance hors norme (les bottes de sept lieues) et une certaine inadaptation (comment marcher avec deux bottes du même pied ?), le Mètre à ruban critique par ses contorsions la densification urbaine croissante, qui menace parfois l’espace de saturation et laisse peu de place à l’humain.

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works produced since 1988, she has here re-programmed their system, thus casting subtle confusion upon the Nantes street. By hijacking systems, rules and structures in her works, she seeks to sharpen our critical sense and our capacities of observation. Zebra Crossing invites us to slow down and become involved in a new way in a public place that we often merely walk through unawares. By the same token, the work indicates 'Manny' as being part of a new and noteworthy architectural heritage. By introducing itself into the construction of the city, art becomes a driving force in the territory and lends it a unique personality. Five hundred feet away, Lilian Bourgeat’s

Mètre à ruban [Measuring Tape] creates a different shift, this one of scale. In the courtyard of the offices of the property development group Aethica, the passerby is as if propelled into a model in which a clumsy architect has apparently tangled up his measuring tape while trying to gauge the height of a wall. Lilian Bourgeat, who is often wont to present oversized day-to-day objects, has here made the very instrument of measurement disproportionate. The measuring tape is used as much by architects, workmen and craftsmen as by artists themselves, and is an at once commonplace and indispensable tool for giving all projects a concrete form. Though realistic, the object here introduces a sensation of strangeness, at the same time as it endows itself with a certain magic which draws the viewer into an imaginary world of fairies, or rather giants. It is up to the spectator to invent the narrative of this surprising tape based on clues left by the artist, just as he may himself recreate the history of the places involved based on elements of the past (chimneys, railway sleepers, industrial structures) incorporated in their contemporary rehabilitated version. This giant Measuring Tape invites us to take part in a line of thinking which goes hand-in-hand with Lilian Bourgeat’s work. Just like his work titled Invendus, Bottes [Unsold, Boots]—two gigantic rubber boots, both for left feet—conjures up both


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À Nantes, on peut encore observer les nuages entre les immeubles, et s’inquiéter des variations atmosphériques, plutôt fréquentes ! Pour venir en aide aux citadins, François Morellet a créé un « indicateur météorologique », une sorte de baromètre graphique à la fois visible et discret. Intégrée sur les façades nord et ouest de l’immeuble de la mutuelle d’assurances Harmonie Atlantique, face à la Loire et tout près du pont Anne-deBretagne, l’œuvre

De temps en temps est composée de néons colorés qui s’éclairent selon trois configurations représentant le soleil (un arc de cercle rouge), des nuages (des arcs blancs) et la pluie (de courts segments bleus en biais). Connectés à une station de prévision météo, ces habillages lumineux annoncent la tendance pour les quatre heures à venir. Plus de vingt ans après son œuvre pour l’Hôtel de Région, l’artiste, adepte de l’expérimentation artistique, qu’il a notamment pratiquée au sein du GRAV (Groupe de recherche d’art visuel) dès les années 1960, annonce une fois de plus dans le titre de son œuvre la règle du jeu qu’il s’est imposée : matérialiser le temps à venir, au gré de la réactualisation des données. Avec ses couleurs primaires et ses formes géométriques rythmées, De temps en temps ne s’impose pas, se rappelant ponctuellement à l’attention des passants, tout en dynamisant l’architecture sérieuse de cet immeuble des années 1970. L’œuvre marque aussi le passage du centre-ville à l’Île de Nantes, en annonçant la forte présence de la créativité.

an extraordinary power (the seven-league boots) and a certain unsuitability (how can you walk with two left boots?), the Measuring Tape criticizes, through its contortions, the phenomenon of increasing urban densification, which sometimes threatens the urban space with saturation and leaves little room for human beings. In Nantes, it is still possible to see clouds between the buildings, and become worried about atmospheric variations, which are quite frequent! To help Nantes’ citizens, François Morellet has created a 'meteorological indicator', a kind of graphic barometer that is both visible and discreet. Part and parcel of the north and west facades of the Harmonie Atlantique insurance company building, looking out over the river Loire and quite close to the Anne-de-Bretagne bridge, the work

De temps en temps [From Time to Time, but also From Weather to Weather—temps meaning both time and weather in French], is made up of coloured neons which light up in three configurations representing the sun (a red arc of a circle), clouds (white arcs) and rain (short, oblique blue segments). Connected to a weather forecasting station, these luminous ’coverings’ announce the meteorological pattern for the next four hours. More than twenty years after his work for the Hôtel de Région, the artist, who is nothing if not a disciple of artistic experimentation, which he was especially involved in as a member of the GRAV (Visual Art Research Group) back in the 1960s, announces once again in the work’s title the rules of play which he has imposed upon himself: giving the weather in the offing a material form, according to of updated data. With its primary colours and its rhythmic geometric forms, De temps en temps does not impose itself, coming intermittently to the attention of passersby while at the same time enlivening the serious architecture of this building from the 1970s. The work also marks the shift from the downtown area to Nantes Island, announcing, as it does, the powerful presence of creativity. 29


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Bien que géolocalisée en Loire-Atlantique, la pointe ouest de l’Île de Nantes est en connexion directe avec les mers lointaines. Le quai des Antilles et son Hangar 21, plus connu comme le « Hangar à bananes », gardent dans leur nom l’empreinte de ce passé, quand étaient stockés là, primeurs, bananes et ananas venus d’ailleurs. Le vaste hangar climatisé conçu en 1949-1950, propriété du port autonome de Nantes — Saint-Nazaire, a été réhabilité en 2007 à l’occasion des débuts d’Estuaire. Il abrite désormais bars et restaurants, ainsi que la HAB galerie, un espace d’exposition géré par Le Voyage à Nantes. Le long de ce quai, l’artiste Daniel Buren et l’architecte Patrick Bouchain (qui a également transformé les usines LU pour en faire le Lieu unique) ont installé une œuvre devenue un symbole nantais :

Les Anneaux. Dix-huit cercles de 4 mètres de diamètre jalonnent le quai. Posés légèrement de biais, ils découpent autant de fenêtres circulaires dans le paysage. Leur alignement peut aussi se changer en une longue-vue dirigée vers le large, qui multiplie les perspectives. Les anneaux sont revêtus de bandes alternées de 8,7 centimètres de large, rayures dont Daniel Buren a fait sa marque de fabrique en les apposant sur des toiles ou dans l’espace public. De nuit, les cercles se parent de halos colorés qui s’accordent alors avec l’atmosphère festive des lieux. Quasiment toujours créées in situ, les œuvres de Daniel Buren intègrent les caractéristiques du lieu où elles prennent place. Les Anneaux rappellent aussi un passé plus triste de la ville, en écho au Mémorial de l’abolition de l’esclavage qui se trouve non loin de là, sur le quai de la Fosse. Du XVII e au XIX e siècle, Nantes s’est en effet enrichie grâce au commerce triangulaire : près de la moitié des expéditions négrières françaises partaient de ses quais. Les anneaux évoquent les chaînes des esclaves transportés à fond de cale : un hommage leur est ainsi rendu au grand jour. C’est peu dire que l’histoire de Nantes est liée à son fleuve. Au fil des siècles, la Loire a été le décor, sinon l’actrice d’événements marquants 40

Although geolocated in Loire-Atlantique, the western tip of Nantes Island is directly connected with faraway seas. The Quai des Antilles and its Hangar 21, better known as the 'Banana Depot', retain in their name the imprint of this past, when early produce, bananas and pineapples coming from other lands, were stored there. The huge air-conditioned hangar designed in 1949-1950, property of the autonomous port of Nantes—Saint-Nazaire, was rehabilitated in 2007 to mark the start of the Estuaire festival. It now houses bars and restaurants, as well the HAB gallery, an exhibition venue managed by the Voyage à Nantes organization. Along this quay, the artist Daniel Buren and the architect Patrick Bouchain (who has also turned the LU factories into the Lieu Unique) have installed a work that has become a Nantes symbol:

Les Anneaux. [The Rings]. Eighteen circles, thirteen feet in diameter, stake out the quay. Set at a slight angle, they form so many round windows in the landscape. Their alignment can also change into a long shot aimed at the open sea, which multiplies the differing views. The rings are covered with alternating stripes, 8.7 centimetres/3.5 inches wide—stripes which Daniel Buren has turned into his trademark by affixing them to canvases and in public places. By night, the circles are clad with coloured haloes which thus match the festive atmosphere of the place. Daniel Buren’s works, which are almost always created in situ, incorporate the features of the site where they take their place. Les Anneaux also call to mind the city’s sadder past, echoing the Memorial to the Abolition of Slavery, which stands not far away, on the Quai de la Fosse. Between the 17 th and 19 th centuries, Nantes in fact prospered greatly from the three-way slave trade: almost half of all French slave expeditions set sail from the city’s quays and wharves. The rings conjure up the chains of the slaves being transported in the ships’ bilges: a tribute is thus paid to them in broad daylight.


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comme de la vie quotidienne. Son importance n’est pas seulement historique et économique, elle est aussi affective. Constituant un obstacle à la circulation d’un bord à l’autre, mais attirant immanquablement à elle les habitants des rives nord et sud, la Loire sépare autant qu’elle rassemble. Et de fait, à défaut de se rejoindre, on peut parfois facilement s’observer pardessus les eaux, là où la vue n’est brisée par aucune construction. De la pointe ouest de l’Île de Nantes, un panorama sur la butte SainteAnne s’offre au regard. Planté sur la falaise, le

Lunar Tree de Petra Mrzyk & Jean-François Moriceau agit comme un signal, un marqueur dans le paysage. Également visible depuis le square Maurice-Schwob, il se distingue par son blanc immaculé le jour, et renvoie un bleu fantomatique la nuit, se détachant sur le ciel ou sur la Loire, selon le point de vue adopté. Mrzyk & Moriceau sont adeptes des assemblages hétéroclites et plus ou moins fantaisistes d’humains et d’objets, que l’on peut interpréter de multiples manières. S’ils s’expriment d’ordinaire surtout par le dessin noir et blanc, les artistes se sont ici appuyés aussi sur la réalité pour la déformer. Lunar Tree n’est pas tombé de la Lune (quoi que), mais est la réplique d’un arbre trouvé dans l’estuaire de la Loire. Issue d’un objet réel, l’œuvre se situe pourtant à la frontière entre réalisme et fantaisie. Perché à trente mètres au-dessus des quais, inaccessible, l’arbre revêt des allures de mirage. Si, le jour, son aspect se contente d’étonner légèrement, la lueur qui s’en dégage la nuit le transforme en un possible objet de science-fiction : témoigne-t-elle de la présence d’habitants, ou d’une substance potentiellement nocive ? Tout comme les imbrications dessinées du duo, Lunar Tree plonge ses racines dans notre inconscient et suscite tour à tour le sourire et l’inquiétude. À l’image de l’œuvre de Vincent Mauger ou d’autres pièces de la collection, Lunar Tree semble avoir été posé là par une main invisible, comme le début d’une histoire possible, et invite les spectateurs à la compléter.

It goes without saying that the history of Nantes is linked to the city’s river. Down the centuries, the Loire has been the setting for, if not the main player in, both memorable events and festivals, and everyday life. Its significance is not only historical and economic; it is also affective. Representing an obstacle for movements from one bank to the other, but inevitably attracting to it the inhabitants of the north and south banks, the Loire separates as much as it brings together. And in fact, if you cannot actually have a meeting, you can sometimes easily observe one another over the waters, precisely where the view is not hampered by any construction. From the western tip of Nantes Island, there is a sweeping view over the Sainte-Anne knoll to please the eye. Planted on the cliff, Petra Mrzyk’s & Jean-François Moriceau’s

Lunar Tree acts like a signal, a marker in the landscape. Also visible from Maurice-Schwob Square, it stands out, by day, for its spotless whiteness, and, by night, for its ghostly blue, etched against the sky or the Loire, depending on your viewpoint. Mrzyk & Moriceau are champions of eclectic and more or less fantastic assemblages of humans and objects, which can be interpreted in many different ways. If they are usually expressed above all by black-and-white drawings, here the artists have also used reality to distort things. Lunar Tree has not fallen from the Moon (albeit…), but is the replica of a tree found in the Loire estuary. Stemming from a real object, the work is nevertheless situated on the borderline between reality and fantasy. Perched 100 feet above the quays and wharves, and inaccessible, the tree has the look of a mirage. If, by day, its appearance is content to make viewers slightly surprised, the glow which it gives off by night turns it into a possible science-fiction object: is it attesting to the presence of inhabitants, or to a potential harmful substance? Just like the dovetailed images drawn by the twosome, Lunar Tree plunges its roots into our unconscious and arouses both smiles and anxieties, turn by turn. 45


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Tout près de l’arbre fantastique, Tadashi Kawamata a bâti le

Belvédère de l’Hermitage. Sa longue avancée, entourée de planches enchevêtrées, surplombe la route qui rejoint l’ancienne carrière Misery et ses quais en pleine métamorphose. Tadashi Kawamata aime déployer des ponts et des passerelles, créer des abris ou des nids de bois, son matériau de prédilection. Ces derniers sont accrochés dans des endroits inhabituels, sur des architectures dont ils soulignent la présence, comme ce fut le cas à Nantes durant l’été 2019. L’artiste japonais travaille toujours en fonction des aspects du lieu où il est invité à créer. Pour cela, il prend en compte le site (son histoire, sa géographie, la vie qui y règne) mais aussi sa population. Pour chaque projet, une communauté éphémère de bâtisseurs, qu’ils soient étudiants, habitants ou ingénieurs, est rassemblée pour recréer du lien entre les humains et les lieux. En plus d’offrir l’expérience de surplomber le vide, ce belvédère donne aux Nantais l’occasion d’un petit voyage à l’intérieur de la ville en les amenant à découvrir des endroits pas ou peu accessibles jusqu’alors. Le regard se porte sur la Loire et la ville mais aussi, au pied de la butte Sainte-Anne, sur le quartier du Bas-Chantenay, amené à se transformer. S’il offre ce regard vers le futur, le Belvédère ouvre aussi, par son nom même, un passage vers le passé : comme la rue toute proche, il l’emprunte à un ermitage franciscain fondé au XVI e siècle, sur les ruines duquel a été bâti un monastère, rasé à son tour en 1857 pour construire un manoir qui abrite aujourd’hui le restaurant L’Atlantide 1874.

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Like Vincent Mauger’s work, and other pieces from the collection, Lunar Tree seems to have been put there by some invisible hand, like the beginning of a possible story, and invites viewers to complete it. Very close to the fantastic tree, Tadashi Kawamata has built the

Belvédère de l’Hermitage. Its long salient projection, surrounded by dovetailed planks, juts out over the road that connects the old Misery quarry and its quays now undergoing great changes. Tadashi Kawamata likes making use of bridges and footbridges, and creating wooden shelters and nests, wood being his favourite material. These latter are affixed in unusual places, on architectures whose presence they underscore, as was the case in Nantes during the summer of 2019. The Japanese artist invariably works in relation to the aspects of the place in which he is invited to create. To do this, he takes into account the site (its history, its geography, the life that reigns within it), as well as its population. For each project, an ephemeral community of builders, be they students, inhabitants or engineers, is brought together to create a liaison between human beings and places. In addition to offering the experience of hanging over the void, this Belvedere offers the people of Nantes a chance to make a short journey inside the city which leads them to discover places hitherto inaccessible, or at least difficult of access. The eye strays over the Loire and the city, but also, at the foot of the Sainte-Anne knoll, over the Bas-Chantenay neighbourhood, soon to be transformed. Though the Belvedere offers this gaze towards the future, by its very name it also opens up a passage towards the past: like the nearby street, it is named after a Franciscan hermitage founded in the 16 th century, on whose ruins a monastery was built, and then in its turn razed to the ground in 1857, to construct a manor which today houses the L’Atlantide 1874 restaurant.


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Affranchies du contexte muséal, les œuvres d’Estuaire s’inscrivent dans le monde. Leurs multiples lectures possibles leur permettent de s’adresser à chacun de nous, passant ou spécialiste d’art.

Nymphéa, d’Ange Leccia, se découvre à la tombée de la nuit depuis le trottoir du cours John-Kennedy et les berges aménagées du canal Saint-Félix. Sous l’eau, les cheveux flottant doucement, le visage agrandi de l’actrice et mannequin Laetitia Casta nous rend notre regard. Sa bouche entrouverte laisse échapper quelques bulles d’air. Le fait qu’on la reconnaisse ou non, que l’on soit averti ou pas, donne de cette image des lectures différentes. À la fois paisible et troublante, elle semble tout droit sortie d’un monde de légendes : est-elle humaine, sirène ou divinité ? L’eau est très présente dans l’œuvre vidéo d’Ange Leccia. Par des images ralenties ou découpées, l’artiste corse lui fait dégager une beauté délicate ou tempétueuse. Il n’a pas choisi Laetitia Casta par hasard. Déjà présente dans une de ses œuvres antérieures, La Déraison du Louvre (2005), vidéo dans laquelle son image se superpose à deux œuvres féminines sacralisées, la Victoire de Samothrace et la Joconde, la star affiche une beauté intemporelle tout en nous interrogeant sur le statut de l’image dans la société contemporaine. Projeté sur la surface de l’eau entre deux méandres urbains, Nymphéa fait surgir l’étrange dans notre vie quotidienne. La vidéo rend en même temps hommage au regard artistique de Claude Monet qui n’a cessé, dans sa série des Nymphéas, de chercher à reproduire les effets de la lumière sur la surface de l’eau.

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Freed from the museum context, the Estuaire works are part and parcel of this world. Their many different possible readings mean that they can address each one of us, whether passerby or art expert. Ange Leccia’s

Nymphéa, can be discovered at nightfall from the pavement in the Cours John Kennedy and the improved banks of the Saint-Félix canal. Under the water, her hair floating gently, the magnified face of the actress and model Laetitia Casta returns our stare. Her half-open mouth releases a few air bubbles. The fact that we recognize her, or don’t, that we may be informed or not, offers different readings of this image. At once peaceful and disconcerting, it seems to have come straight out of a world of legends: is she a human, a mermaid, or a deity? Water is very present in Ange Leccia’s video work. Through slowed-down and cut-up images, the Corsican artist brings out a delicate and/or tempestuous beauty. He has not chosen Laetitia Casta by chance. Already present in one of his earlier works, La Déraison du Louvre (2005), a video in which her image is overlaid on two mythological female works, the Winged Victory of Samothrace and the Mona Lisa, the star displays a timeless beauty while challenging us about the status of the image in contemporary society. Projected onto the surface of the water between two urban strolls, Nymphéa brings forth the strangeness in our everyday lives. At the same time, the video pays tribute to Claude Monet’s artistic eye, that artist who, in his series of Water Lilies, never stopped trying to reproduce the effects of light on the surface of water.


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Dans le panorama visible depuis le Belvédère de l’Hermitage, Trentemoult se découpe au bord de la Loire. Cet ancien village de pêcheurs est connu pour ses maisons colorées et ses ruelles sinueuses, propices à la flânerie, mais son passé est plus riche qu’il n’y paraît au premier abord. À l’extrémité du port,

Le Pendule de Roman Signer rappelle la place qu’y ont occupée l’industrie et l’aménagement urbain. À quelques pas des dernières maisons, tout près d’un parc où survivent quelques ruines couvertes de tags et d’une végétation dense, l’œuvre est installée sur une ancienne centrale à béton, vouée à la disparition depuis qu’elle a cessé d’être utilisée, au début des années 2000. L’intervention de l’artiste suisse est minimale. Insensible aux pigeons et à la rouille qui assaillent le bâtiment rouge, son Pendule noir oscille invariablement de gauche à droite et de droite à gauche. S’il rythme le pas des promeneurs, il ne remplit pas pour autant la fonction d’horloge, se contentant de souligner le mouvement du temps. À ses pieds, les arbres et arbustes contenus par la clôture permettent quant à eux de mesurer les années en centimètres et en verdure, prouvant que la vie continue autour de ce temps figé. L’œuvre évoque deux mouvements immuables : celui du temps qui érode, et celui du développement permanent du vivant, même s’il conduit lui aussi, irrémédiablement, à la mort. Le sable, matière première du béton, est le résultat de l’érosion des roches : il symbolise lui aussi le temps et la disparition, notions centrales dans le travail de Roman Signer. Alors qu’à ses débuts elle avait la plus grande capacité de production de la région (60 mètres cubes à l’heure), la centrale produit désormais une matière invisible mais qui nous concerne tous. Elle permet aussi de ramener à l’échelle humaine une histoire industrielle dont les dimensions nous échappent souvent. Sur la rive d’en face, on en distingue d’autres vestiges : la forme sombre d’une ancienne grue, juchée à côté d’une cale de mise à l’eau. Les entrepôts qui les jouxtent ont été réhabilités, pour devenir un lieu de convivialité comportant une brasserie, la Little Atlantique Brewery.

In the sweeping view that can be seen from the Belvédère de l’Hermitage, Trentemoult stands out on the banks of the Loire. This old fishing village is known for its colourful houses and winding lanes, idea for strolling and flâneurs, but its past is richer than it might seem at first glance. At the end of the port, Roman Signer’s

Le Pendule [The Pendulum] reminds us of the place occupied in it by industry and urban development. A few steps from the last houses, close to a park where a few ruins survive, covered with graffiti and dense vegetation, the work is installed on the premises of an old concrete works doomed to disappear since it fell into disuse, in the early 2000s. The Swiss artist’s intervention is minimal. Oblivious to the pigeons and the rust which assail the red building, his black Pendulum sways invariably from left to right and right to left. If it punctuates walkers’ steps, it nevertheless fails to fulfil the function of a clock, contenting itself with emphasizing the movement of time. At its feet, the trees and bushes contained by the enclosure make it possible, for their part, to measure the years in inches and greenery, showing that life goes on around this frozen time. The work evokes two immutable movements: that of eroding time, and that of the ongoing development of the living world, even if it, too, leads irrevocably to death. Sand, the raw material for making concrete, is the result of the erosion of rocks: it, too, symbolizes time and disappearance or death, central notions in Roman Signer’s work. Whereas in its early days the factory boasted the region’s biggest production capacity (60 cubic metres an hour), the plant now produces an invisible matter, but one that concerns us all. It also makes it possible to relate an industrial history, whose dimensions often elude us, to a human scale. On the opposite bank, we can make out other vestiges: the gloomy form of an old crane, perched beside a slipway. The warehouses that stand beside them have been rehabilitated, and turned into a convivial spot complete with a brewery, the Little Atlantique Brewery. 63


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Dans une chambre d’allure simple, l’intervention de John Giorno et Ugo Rondinone, baptisée

There Was a Bad Tree, tient dans une vitre noire réfléchissante, calquée sur le format de la fenêtre. Ugo Rondinone entraîne souvent les spectateurs de ses sculptures et installations dans des réalités parallèles, à la fois poétiques et désenchantées. Tandis que la vraie fenêtre ouvre sur un paysage verdoyant, la surface noire, positionnée face au lit, invite à l’introspection. Soudain, une litanie surgit de cette fenêtre intérieure : c’est la voix de John Giorno, poète et performeur américain issu de la Beat Generation, ce mouvement artistique et littéraire qui chercha à ébranler les valeurs de la société américaine à partir des années 1950. L’histoire qu’il raconte est celle d’un « mauvais arbre » que des humains tentent d’anéantir parce qu’il sent mauvais et que ses fruits seraient empoisonnés. Leurs efforts (même les plus démesurés) restant vains, ils finissent par quitter le quartier. Plus tard, d’autres humains s’installent et vénèrent l’arbre, qui devient alors bénéfique et protecteur. Ce conte moderne, teinté de philosophie bouddhiste, dépeint l’arrogance des humains face à la nature. Ensemble, les deux œuvres instillent, par leur présence discrète, un esprit de sagesse et de compassion.

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In a simple-looking room, the work by John Giorno and Ugo Rondinone, called

There Was a Bad Tree, is contained in a reflecting sheet of black glass, borrowing the format of the window. Ugo Rondinone often draws people looking at his sculptures and installations into parallel realities, at once poetic and disenchanted. While the real window opens onto a lush green landscape, the black surface, placed opposite the bed, invites introspection. Suddenly the litany bursts forth from this inner window: it is the voice of John Giorno, an American poet and performer who was part of the Beat Generation, that artistic and literary movement which tried to shake up the values of American society in the 1950s. The tale he tells is that of a ‘bad tree’ which human beings are trying to destroy because it smells bad and its fruit is probably toxic. Their efforts (even the most excessive ones) are to no avail, and they end up leaving the neighbourhood. Later on, other humans settle here and worship the tree, which thus becomes beneficial and protective. This modern tale, tinged with Buddhist philosophy, depicts the arrogance of human beings with regard to nature. Together, through their discreet presence, the two works instil a spirit of wisdom and compassion.


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Un autre scénario se déroule dans la pièce aménagée par Petra Mrzyk & Jean-François Moriceau.

Est-il bien prudent d’envoyer des messages aux extraterrestres ? se demandent les deux artistes. Ce titre reprend celui d’un article du journal Libération où sont évoqués les multiples messages envoyés dans l’espace, compilant des informations aussi variées sur les humains que des données scientifiques, des blagues ou des chansons. Alors que des scientifiques s’inquiètent des dangers éventuels de ces envois, les artistes s’engouffrent dans la faille et profitent de la confusion pour installer dans cette chambre un univers qui suscite autant l’émerveillement que des sueurs froides. Le noir et le blanc, omniprésents dans l’œuvre du duo, se répartissent ici comme le jour (au sol) et la nuit (au plafond). Sur leur ligne de rencontre, matérialisée par des coulures inégales, des boîtes contiennent des spécimens d’insectes collectés sur les cinq continents. Ils apportent angoisses nocturnes (mygales, scorpions…), étonnement (phasmes…) ou rêves enchantés (papillons, scarabées…). Pour s’accorder à la force magique de ce cortège, Mrzyk & Moriceau ont adapté leurs éléments fétiches : de chaque côté du lit, des tables de nuit en bois sculpté prennent la forme d’un homme barbu, figure récurrente dans les dessins teintés d’humour des deux artistes.

Another scenario unfolds in the room designed by Petra Mrzyk & Jean-François Moriceau.

Est-il bien prudent d’envoyer des messages aux extraterrestres ? [Is it wise to send messages to extraterrestrials?], the two artists wonder. This title borrows the headline of an article in the daily newspaper Libération, in which the many different messages being sent into space are listed, compiling information about human beings as varied as scientific data, jokes, and songs. While scientists worry about the possible dangers of these communiqués, the artists plunge into the breach and make the most of the confusion to install in this bedroom a world which excites bewonderment as much as cold sweat. The use of black and white, which is ubiquitous in the twosome’s œuvre, is here divided up like day (on the floor) and night (on the ceiling). Along the line where they meet, rendered tangible by uneven streaks and runs, boxes contain specimens of insects collected on all five continents. They introduce night-time anxieties (tarantulas, scorpions…), astonishment (stick insects…) and enchanted dreams (butterflies, beetles…). To be in tune with the magic power of this procession, Mrzyk & Moriceau have adapted their fetish elements: on each side of the bed, carved wooden bedside tables take on the form of a bearded man, a recurrent figure in the witty drawings of the two artists. 81


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Il comporte aussi diverses structures, dont une maison de thé et, bien sûr, un potager où poussent plantes locales et japonaises. En art, le paysage n’est pas seulement une image sélectionnant ce qui, dans la nature, serait digne d’intérêt et de regard : il crée aussi une forme de relation à la nature. Ce que l’on a sous les yeux est-il maîtrisé ou sauvage, local ou exotique, immuable ou éphémère ? Ici, les plantes qui sortent de terre, comme les structures du jardin, restent soumises à l’épreuve des éléments. L’artiste a pris le parti de la fragilité pour s’intégrer aux processus naturels de reconstruction, comme un arbre évolue au gré des saisons et des années. En quittant Paimbœuf, la Loire s’élargit : ses rives s’ouvrent d’un coup, comme si elle passait du gosier d’une baleine à son ventre. À dix kilomètres en aval, là où le fleuve verse définitivement dans l’océan Atlantique, se déroule le squelette d’un animal tout droit sorti d’une nouvelle mythologie : le

Serpent d’océan de Huang Yong Ping semble s’être échoué là, gueule ouverte, après une longue route depuis l’horizon. Entièrement découvert à marée basse, à fleur d’eau à marée haute, ce gigantesque serpent (120 mètres de long et jusqu’à 3 mètres de haut) est traversé par les mouvements de l’eau, qui lui donnent un aspect vivant. Quelle est son origine ? Quel cataclysme l’a frappé ? Sur cette plage de Saint-Brevin où la baignade est interdite, il fait figure de mystérieuse relique. À ses os argentés s’accroche désormais la flore marine. Serpent d’océan n’est pas la première chimère de Huang Yong Ping. Cet artiste chinois, par ailleurs adepte des œuvres monumentales, fait souvent appel aux mythologies ancestrales pour donner une lecture spirituelle et/ou politique du monde contemporain. Le serpent, figure majeure de la culture asiatique, est une image universelle, même si elle est dotée de multiples interprétations. Sous les côtes métalliques de cette créature fabuleuse pointe la préoccupation écologique de l’artiste.

and a tortoise for the earth). It also includes diverse structures, including a tea house and, needless to say, a vegetable garden where local and Japanese plants grow. In art, landscape is not only an image that makes selections of that which, in nature, is noteworthy and interesting: it also creates a form of relation to nature. Is what we have before our eyes tamed or wild, local or exotic, unchanging or ephemeral? Here, the plants which rise out of the ground, like the garden’s structures, remain subject to the test of the elements. The artist has taken the side of fragility to become part and parcel of the natural processes of reconstruction, the way a tree grows at the mercy of seasons and time. When the Loire leaves Paimbœuf, it grows wider: its banks open up all of a sudden, as if it were passing through a whale, from its gullet to its belly. Six or seven miles downstream, precisely where the river flows once and for all into the Atlantic Ocean, we find the skeleton of an animal coming straight out of a new mythology: Huang Yong Ping’s

Serpent d’océan [Ocean Serpent] seems to have been washed up here, its mouth agape, after a long journey from the horizon. Completely uncovered at low tide, and visible on the sea’s surface at high tide, this gigantic serpent (nearly 400 feet long and up to 10 feet in height) is traversed by the water’s movements, which make it look alive. What is its origin? What cataclysm has smitten it? On this Saint-Brevin beach, where swimming is banned, it acts like a mysterious relic. Marine flora now clings to its silvery bones. Ocean Serpent is not Huang Yong Ping’s first chimaera. This Chinese artist, who, incidentally, is a champion of monumental works, often calls on ancestral mythologies to offer a spiritual and/or political reading of the contemporary world. The serpent, which is a major figure of Asian culture, is a universal image, even if it comes complete with many different interpretations. Beneath the metal ribs of 95


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Le squelette peut évoquer aussi bien l’extinction en cours des espèces que les mutations survenues sur certains animaux à la suite d’accidents nucléaires. Si ses courbes font écho au pont de Saint-Nazaire qui se dessine au loin, il se rapproche aussi des ruines des anciens pontons de pêche qui l’entourent, symbolisant la fin de cette activité traditionnelle et l’épuisement des ressources sous-marines. À la fois gigantesque à l’échelle humaine et minuscule face à l’immensité de l’océan, Serpent d’océan porte en creux la menace de catastrophes mais rappelle aussi que l’eau, dans les mythes comme pour la science, est la première source de vie. En plus du rythme des marées, on peut suivre à Saint-Nazaire celui des activités du port. La forme de la ville, qui s’est développée grâce au commerce maritime et à la construction navale, est aussi modelée par les différentes entreprises implantées au plus près des chantiers navals. C’est dans cette zone que Felice Varini a tracé sa

Suite de triangles, Saint-Nazaire 2007. Selon un protocole bien établi, l’artiste a dispersé des fragments peints sur plusieurs bâtiments (silos, entrepôts, usines…) pour composer une forme qui ne se révèle que d’un seul point de vue, situé sur la terrasse panoramique qui surmonte le sous-marin Espadon. Depuis cette terrasse, une vue large sur le pont, l’estuaire, le port et la ville s’offre au regard, mais il faut trouver un emplacement précis pour que les différents aplats s’alignent. La profondeur disparaît alors comme par magie pour former une série de vingt-cinq triangles rouges répartis autour d’une ligne tracée en travers des bâtiments. Si elles évoquent largement l’art abstrait par leurs formes et leurs couleurs simples, les œuvres de Felice Varini prennent une réelle épaisseur quand on les 100

this fabulous creature, the artist’s ecological concern shows through. The skeleton may conjure up both the extinction of species currently under way and the changes occurring in certain animals in the wake of nuclear accidents. If its curves echo the Saint-Nazaire bridge, which can be made out in the distance, it can also be likened to the ruins of the old fishing pontoons which surround it, symbolizing the end of this traditional activity and the depletion of submarine resources. At once gigantic, on a human scale, and tiny when compared with the ocean’s immensity, Ocean Serpent implicitly carries the threat of catastrophes, but also reminds us that water, in myth and science alike, is the primary source of life. In addition to the rhythm of the tides, in SaintNazaire it is possible to follow the pace of the port’s activities. The city’s shape, which has developed as a result of maritime trading and shipbuilding, is also formed by the different businesses installed cheek-by-jowl with the shipyards. It is in this zone that Felice Varini has traced out his

Suite de triangles, Saint-Nazaire 2007. [Sequence of Triangles, Saint-Nazaire 2007]. Based on a well-established procedure, the artist has scattered painted fragments on several buildings (silos, warehouses, factories…) to form a shape which is revealed from just one viewpoint, situated on the panoramic terrace which rises above the submarine Espadon [Swordfish]. From this terrace, there is a sweeping view over the bridge, the estuary, the harbour and the city, but you have to find a precise position for the different areas of colour to be aligned. The depth then vanishes as if by magic, and forms a series of 25 red triangles distributed around a line drawn through the buildings. If they broadly conjure up abstract art


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béton, tandis que le Jardin des Étiquettes, fosse recouverte d’un substrat, permet aux graines apportées par le hasard (le vent, les oiseaux, les semelles des visiteurs…) de pousser spontanément. Deux fois par an, les nouvelles plantes sont identifiées et étiquetées, alimentant le registre de la diversité écologique de l’estuaire. Par ces gestes empreints d’humilité, le jardinier nous rappelle que, pour s’épanouir, les humains ne peuvent pas se passer de la nature. Le jardin installe une vision sur le long terme, perception du temps qui rejoint l’idée de la collection artistique. Contrairement aux musées, la collection d’Estuaire se parcourt à loisir, par petits (ou grands) tronçons et au rythme des saisons. Certaines œuvres changent de visage, d’autres moins. Toujours, elles accompagnent leur environnement et révèlent ses particularités. Dernière venue dans la collection Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire, l’œuvre de Daniel Dewar et Grégory Gicquel intitulée

Le Pied, le Pull-over et le Système digestif marque l’extrémité ouest du parcours. Son implantation, sur l’avant-port de Saint-Nazaire, prolonge le programme de rénovation du front de mer, qui réconcilie, depuis son lancement au milieu des années 2000, la ville et l’océan. Cette œuvre éclatée en trois sculptures plus ou moins immergées en fonction des marées pourrait se fondre dans le décor : des blocs de béton assemblés comme on l’aurait fait pour une digue, des éléments dont la couleur rappelle celle de la plage… Pourtant, nous sommes loin de la sculpture monumentale classique, et les figures qui se dressent sous nos yeux n’ont rien de traditionnel. Elles représentent un pied nu esseulé sur la plage, un pull-over torsadé qui tient debout tout seul, et enfin un système digestif dont les entrelacs 108

nature and as little as possible ‘against’ her, Gilles Clément has composed a garden in three parts, adapted to the site’s architecture and extreme conditions: the bomb explosion chambers house the Bois des Trembles/Aspen Wood, the Jardin des Orpins et des Graminées/ The Garden of Stonecrops and Grasses brings together species capable of living on concrete ground, while the Jardin des Etiquettes/Garden of Labels, a ditch covered with a substratum, allows seeds introduced haphazardly (by wind, birds, visitor’s shoes…) to grow spontaneously. Twice a year, new plants are identified and labelled, providing the plant register with the ecological diversity typical of the estuary. Through these nothing if not lowly gestures, the gardener reminds us that, in order to bloom, human beings cannot do without nature. The garden sets up a long-term vision, a perception of time that links up with the idea of the art collection. Unlike museums, the Estuaire collection can be strolled through at your leisure, in small (or large) stretches and in time with the seasons. Some works change their look, others less so. But come what may they go hand-in-hand with their surroundings and reveal their distinctive features. The latest arrival in the Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire collection is the work by Daniel Dewar and Grégory Gicquel titled

Le Pied, le Pull-over et le Système digestif [The Foot, the Pullover and the Digestive System] which marks the western end of the circuit. Its installation, in the outer harbour of SaintNazaire, extends the programme to renovate the seafront which, since it was launched in the mid-2000s, has been reconciling the city and the ocean. This exploded work in the form of three more or less submerged sculptures, depending on the tides, might well merge with the surrounding setting: blocks of concrete assembled the way they would have been for


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MONTOIR

SAINTNAZAIRE 22

IR L A LO

21

DONGES 24

LAVAU-SUR-LOIRE

E 19

CORDEMAIS

PAIMBŒUF

23 20

SAINT-BREVIN-LES-PINS

OCÉAN ATLANTIQUE

— NANTES

— RIVE SUD

1. PORTAIL 0°-90°, PORTAIL 8°-98° / FRANÇOIS MORELLET 2. L’ABSENCE / ATELIER VAN LIESHOUT 3. AIR / ROLF JULIUS 4. THE ZEBRA CROSSING [...] / ANGELA BULLOCH 5. MÈTRE À RUBAN / LILIAN BOURGEAT 6. DE TEMPS EN TEMPS / FRANÇOIS MORELLET 7. LA STATION PROUVÉ / JEAN PROUVÉ 8. RÉSOLUTION DES FORCES EN PRÉSENCE / VINCENT MAUGER 9. LES ANNEAUX / DANIEL BUREN ET PATRICK BOUCHAIN 10. LUNAR TREE / MRZYK & MORICEAU 1 1. BELVÉDÈRE DE L’HERMITAGE / TADASHI KAWAMATA 12. NYMPHÉA / ANGE LECCIA 13. PÉAGE SAUVAGE / OBSERVATORIUM

14. LE PENDULE / ROMAN SIGNER 15. THE SETTLERS (LES COLONS) / SARAH SZE 16. CHAMBRES D’ARTISTES AU CHÂTEAU DU PÉ 17. DID I MISS SOMETHING? / JEPPE HEIN 18. MISCONCEIVABLE / ERWIN WURM 19. LE JARDIN ÉTOILÉ / KINYA MARUYAMA 20. SERPENT D’OCÉAN / HUANG YONG PING

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— SAINT-NAZAIRE

— RIVE NORD

21. SUITE DE TRIANGLES, SAINT-NAZAIRE 2007 / FELICE VARINI 22. LE JARDIN DU TIERS-PAYSAGE / GILLES CLÉMENT 23. LE PIED, LE PULL-OVER ET LE SYSTÈME DIGESTIF / DANIEL DEWAR ET GRÉGORY GICQUEL

24. L’OBSERVATOIRE / TADASHI KAWAMATA 25. VILLA CHEMINÉE / TATZU NISHI 26. LA MAISON DANS LA LOIRE / JEAN-LUC COURCOULT 27. SERPENTINE ROUGE / JIMMIE DURHAM 28. HORS PLAN / ABBAYE DE FONTEVRAUD : MORT EN ÉTÉ / CLAUDE LÉVÊQUE — RIVE NORD / SAINT-HERBLAIN, COUËRON, SAINT-ÉTIENNE-DE-MONTLUC, DONGES, SAINT-NAZAIRE LES SÉMAPHORES / VINCENT MAUGER

ENV. 5 KM

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ESTUAIRE NANTES SAINTNAZAIRE —

LE PAYSAGE, L’ART ET LE FLEUVE Catalogue coédité par Le Voyage à Nantes et les Éditions 303, dans le cadre des Carnets du Voyage à Nantes. Édition bilingue français / anglais

ESTUAIRE NANTES < > SAINT-NAZAIRE

de Nantes Métropole et le soutien de ses collectivités actionnaires :

EST UN PARCOURS D'ART

le Château des ducs de Bretagne, le Mémorial de l’abolition de

CONTEMPORAIN GÉRÉ PAR LE VOYAGE À NANTES. Estuaire Direction artistique

l’esclavage, le Parc des chantiers, les Machines de l’île, la HAB Galerie et la collection permanente Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire.

Jean Blaise Conseiller artistique Jean De Loisy Programmation artistique Marie Dupas David Moinard

ÉDITIONS 303 Espace Sèvre 12, boulevard Georges-Pompidou 44200 Nantes contact@editions303.com www.editions303.com

Virginie Pringuet Direction Le Voyage à Nantes, SPL présidée par Fabrice Roussel, assure la promotion du dispositif culturel

Aurélie Guitton Édition Carine Sellin

mis en place par Nantes et plus généralement de la destination

Alexandra Spahn

Nantes Métropole.

Élise Gruselle Correction

Son actionnariat rassemble Nantes Métropole, la Ville de Nantes,

Diffusion

Philippe Rollet

la Région Pays de la Loire, le

Traduction

Département de Loire-Atlantique,

Simon Pleasance

la Ville de Saint-Nazaire,

Correction langue anglaise Patricia Chen

les communautés de communes Estuaire et Sillon et Sud Estuaire et la communauté d’agglomération Clisson Sèvre et Maine Agglo.

Auteur Pascaline Vallée Conception graphique et réalisation de la maquette Jean Depagne Impression Edicolor, Bain-de-Bretagne Papier Arctic Volume High White Typographie Suisse Int’l Les Éditions 303 reçoivent un financement de la Région Pays de la Loire. Toute reproduction même partielle est interdite. Dépôt légal : avril 2021 ISBN : 979-10-93572-60-4 © Le Voyage à Nantes et les Éditions 303, 2021 Tous droits réservés

Photogravure Pascal Jollivet

Le Voyage à Nantes gère, par délégation de service public 143


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