SOMMAIRE
INTRODUCTION 6 HISTOIRE DE BEAUFORT-EN-VALLÉE 18 LES BEAUX-ARTS 68 FOCUS 96 ARCHÉOLOGIE MÉDITERRANÉENNE 114 LES VOYAGES 128 CABINET DE CURIOSITÉS 142 ART CONTEMPORAIN 148 GALERIE DE PORTRAITS 160 BIBLIOGRAPHIE 172
SOMMAIRE
INTRODUCTION 6 HISTOIRE DE BEAUFORT-EN-VALLÉE 18 LES BEAUX-ARTS 68 FOCUS 96 ARCHÉOLOGIE MÉDITERRANÉENNE 114 LES VOYAGES 128 CABINET DE CURIOSITÉS 142 ART CONTEMPORAIN 148 GALERIE DE PORTRAITS 160 BIBLIOGRAPHIE 172
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HISTOIRE DE BEAUFORTEN-VALLÉE
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HISTOIRE DE BEAUFORTEN-VALLÉE
DE LA PRÉHISTOIRE À L’ANTIQUITÉ Succédant aux trouvailles collectées autour de Beaufort, les fouilles archéologiques contemporaines réalisées à l’occasion de divers aménagements – autoroute A 85, zones d’activités ou lotissements – dessinent la carte de l’occupation du territoire entre les débuts du Néolithique et l’époque galloromaine. Au Boulerot, deux sites1 ont été découverts ; le premier fait apparaître une occupation humaine dite du Villeneuve-Saint-Germain au Néolithique ancien (4800 av. J.-C.), avec la mise au jour de bracelets en schiste et en serpentine et des vestiges d’un atelier de taille de bracelets. Le second site est plus tardif : une exploitation agricole s’y trouvait durant l’âge du fer (La Tène). À Brion, un ensemble céramique de la même période a été découvert à La Croix-Boizard2, sur le chantier de l’autoroute.
La vallée, entre Loire et Authion, régulièrement soumise aux inondations, présente une géographie particulière. L’activité humaine s’installe dès le Néolithique sur les montils, les points hauts de la vallée, comme l’indiquent les haches polies récoltées. De Saint-Pierre-du-Lac, village préexistant à Beaufort jusqu’à Mazé, de nombreuses trouvailles de l’époque gallo-romaine attestent une forte implantation de villae, liée à la présence de la voie romaine reliant Angers à Tours. Aux Hauts-Champs3, des tombes de guerriers gaulois ont été découvertes. Les armes indiquent la survivance de rites gaulois après la conquête romaine.
Bracelets Site du Boulerot 1, Beaufort-en-Vallée, 4800 av. J.-C. Schiste, serpentine, taillés, polis H. 1,8 à 2,3 ; D. 8,5 à 10,5 cm Dépôt du SRA des Pays de la Loire en 2011, BF 007 F.17, BF 008 F.17, BF 009.7474, BF 002.8, BF 012.6521 F22, BF 013.6121 F22, BF 015.6222
Passoire à vin Site de La Croix-Boizard, Brion (Maine-et-Loire), La Tène C, iiie s. av. J.-C. Céramique gravée
1 — Rapport de diagnostic archéologique « Le Boulerot », commune de Beaufort-en-Vallée, Xavier Dubillot, 2003, INRAP, SRA des Pays de la Loire ; rapport final d’opération « L’établissement rural de la fin de l’âge du fer du Boulerot 2 à Beaufort-en-Vallée », Olivier Nillesse, 2006, SRA des Pays de la Loire ; rapport final d’opération « Le Boulerot » à Beaufort-enVallée, Bertrand Poissonnier, 2006, SRA des Pays de la Loire. 2 — Rapport d’opération « La Croix-Boizard », commune de Brion, Sylvie Barbier, 1995, SRA des Pays de la Loire. 3 — Rapport de diagnostic archéologique « Lotissement des Hauts-Champs », commune de Beaufort-en-Vallée, Xavier Dubillot, 2004, INRAP, SRA des Pays de la Loire.
polychrome H. 8,3 ; L. 20,2 cm Dépôt du SRA des Pays de la Loire en 2011, BF D.Brion 292
Bracelet Site du Boulerot 1, Beaufort-en-Vallée, 4800 av. J.-C. Schiste noir, taillé, poli H. 7,7 ; L. 8,5 ; Ép. 0,2 cm Dépôt du SRA des Pays de la Loire en 2011, BF 007.B.001.5838
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DE LA PRÉHISTOIRE À L’ANTIQUITÉ Succédant aux trouvailles collectées autour de Beaufort, les fouilles archéologiques contemporaines réalisées à l’occasion de divers aménagements – autoroute A 85, zones d’activités ou lotissements – dessinent la carte de l’occupation du territoire entre les débuts du Néolithique et l’époque galloromaine. Au Boulerot, deux sites1 ont été découverts ; le premier fait apparaître une occupation humaine dite du Villeneuve-Saint-Germain au Néolithique ancien (4800 av. J.-C.), avec la mise au jour de bracelets en schiste et en serpentine et des vestiges d’un atelier de taille de bracelets. Le second site est plus tardif : une exploitation agricole s’y trouvait durant l’âge du fer (La Tène). À Brion, un ensemble céramique de la même période a été découvert à La Croix-Boizard2, sur le chantier de l’autoroute.
La vallée, entre Loire et Authion, régulièrement soumise aux inondations, présente une géographie particulière. L’activité humaine s’installe dès le Néolithique sur les montils, les points hauts de la vallée, comme l’indiquent les haches polies récoltées. De Saint-Pierre-du-Lac, village préexistant à Beaufort jusqu’à Mazé, de nombreuses trouvailles de l’époque gallo-romaine attestent une forte implantation de villae, liée à la présence de la voie romaine reliant Angers à Tours. Aux Hauts-Champs3, des tombes de guerriers gaulois ont été découvertes. Les armes indiquent la survivance de rites gaulois après la conquête romaine.
Bracelets Site du Boulerot 1, Beaufort-en-Vallée, 4800 av. J.-C. Schiste, serpentine, taillés, polis H. 1,8 à 2,3 ; D. 8,5 à 10,5 cm Dépôt du SRA des Pays de la Loire en 2011, BF 007 F.17, BF 008 F.17, BF 009.7474, BF 002.8, BF 012.6521 F22, BF 013.6121 F22, BF 015.6222
Passoire à vin Site de La Croix-Boizard, Brion (Maine-et-Loire), La Tène C, iiie s. av. J.-C. Céramique gravée
1 — Rapport de diagnostic archéologique « Le Boulerot », commune de Beaufort-en-Vallée, Xavier Dubillot, 2003, INRAP, SRA des Pays de la Loire ; rapport final d’opération « L’établissement rural de la fin de l’âge du fer du Boulerot 2 à Beaufort-en-Vallée », Olivier Nillesse, 2006, SRA des Pays de la Loire ; rapport final d’opération « Le Boulerot » à Beaufort-enVallée, Bertrand Poissonnier, 2006, SRA des Pays de la Loire. 2 — Rapport d’opération « La Croix-Boizard », commune de Brion, Sylvie Barbier, 1995, SRA des Pays de la Loire. 3 — Rapport de diagnostic archéologique « Lotissement des Hauts-Champs », commune de Beaufort-en-Vallée, Xavier Dubillot, 2004, INRAP, SRA des Pays de la Loire.
polychrome H. 8,3 ; L. 20,2 cm Dépôt du SRA des Pays de la Loire en 2011, BF D.Brion 292
Bracelet Site du Boulerot 1, Beaufort-en-Vallée, 4800 av. J.-C. Schiste noir, taillé, poli H. 7,7 ; L. 8,5 ; Ép. 0,2 cm Dépôt du SRA des Pays de la Loire en 2011, BF 007.B.001.5838
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LES BEAUX-ARTS Joseph Denais n’imaginait pas le musée sans une section Beaux-Arts en complément de l’histoire de Beaufort : « Les Beaux-Arts !… Complément indispensable de l’enseignement que comporte un musée bien compris1. » La collection de peintures, qui regroupe des œuvres aussi bien profanes que religieuses, répond à une approche archéologique et artistique. Dans le catalogue de 1908, la même peinture peut apparaître dans plusieurs sections : par exemple, Le Christ de la sénéchaussée de François Roberdeau, de 1768, est répertorié dans les parties Histoire de Beaufort et Beaux-Arts. Un autre volet rassemble des artistes contemporains de Joseph Denais, qui appartiennent à des cercles angevins ou à ses relations parisiennes. Les sculptures anciennes proviennent principalement de l’église Notre-Dame et des établissements religieux de la ville et des alentours ; elles ont été collectées par Joseph Denais dès 1875. Saisissant les opportunités que constituent les nombreux programmes de construction et de restauration de la fin du xixe siècle, il convainc les artistes de contribuer à l’enrichissement du musée. Ainsi Hubert Louis-Noël, appelé à Beaufort pour l’église Notre-Dame, est-il 70
à l’origine de l’entrée d’œuvres de Bartholdi dont il était le praticien. Les artistes répondent rarement par la négative aux sollicitations de Joseph Denais, certainement flattés d’être représentés dans les collections de ce nouveau musée. Le cas de Jules-Eugène Lenepveu est différent : la collection de ses dessins est donnée par la famille de l’artiste après son décès. D’autres œuvres entrent au musée grâce au mécénat du baron Alphonse de Rothschild, qui répond à la demande de Joseph Denais en donnant un bronze de Camille Claudel, La Petite Châtelaine, ou le pastel préparatoire du Salon de la princesse Mathilde de Giuseppe De Nittis. 1 — Joseph Denais, Catalogue du musée de Beaufort, Angers, s.d. [1908], p. VII.
LA PEINTURE José Frappa (1854-1904) La Haine Fin du xixe s. Huile sur toile H. 75 ; L. 63,5 cm Don de l’artiste en 1908, BF 2993 bis Peintre et sculpteur, José Frappa se spécialise dans les scènes de genre, tableaux humoristiques dans lesquels des ecclésiastiques se livrent à diverses facéties ; en 1876, son tableau La Main chaude connaît un certain succès au Salon. Il pousse les recherches sur « les expressions de la physionomie humaine », comme cette figure de femme exprimant la haine. Il reprend ainsi les figures d’expression, exercices de style enseignés à l’école des beaux-arts, en leur donnant un aspect comique proche des masques de théâtre.
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LES BEAUX-ARTS Joseph Denais n’imaginait pas le musée sans une section Beaux-Arts en complément de l’histoire de Beaufort : « Les Beaux-Arts !… Complément indispensable de l’enseignement que comporte un musée bien compris1. » La collection de peintures, qui regroupe des œuvres aussi bien profanes que religieuses, répond à une approche archéologique et artistique. Dans le catalogue de 1908, la même peinture peut apparaître dans plusieurs sections : par exemple, Le Christ de la sénéchaussée de François Roberdeau, de 1768, est répertorié dans les parties Histoire de Beaufort et Beaux-Arts. Un autre volet rassemble des artistes contemporains de Joseph Denais, qui appartiennent à des cercles angevins ou à ses relations parisiennes. Les sculptures anciennes proviennent principalement de l’église Notre-Dame et des établissements religieux de la ville et des alentours ; elles ont été collectées par Joseph Denais dès 1875. Saisissant les opportunités que constituent les nombreux programmes de construction et de restauration de la fin du xixe siècle, il convainc les artistes de contribuer à l’enrichissement du musée. Ainsi Hubert Louis-Noël, appelé à Beaufort pour l’église Notre-Dame, est-il 70
à l’origine de l’entrée d’œuvres de Bartholdi dont il était le praticien. Les artistes répondent rarement par la négative aux sollicitations de Joseph Denais, certainement flattés d’être représentés dans les collections de ce nouveau musée. Le cas de Jules-Eugène Lenepveu est différent : la collection de ses dessins est donnée par la famille de l’artiste après son décès. D’autres œuvres entrent au musée grâce au mécénat du baron Alphonse de Rothschild, qui répond à la demande de Joseph Denais en donnant un bronze de Camille Claudel, La Petite Châtelaine, ou le pastel préparatoire du Salon de la princesse Mathilde de Giuseppe De Nittis. 1 — Joseph Denais, Catalogue du musée de Beaufort, Angers, s.d. [1908], p. VII.
LA PEINTURE José Frappa (1854-1904) La Haine Fin du xixe s. Huile sur toile H. 75 ; L. 63,5 cm Don de l’artiste en 1908, BF 2993 bis Peintre et sculpteur, José Frappa se spécialise dans les scènes de genre, tableaux humoristiques dans lesquels des ecclésiastiques se livrent à diverses facéties ; en 1876, son tableau La Main chaude connaît un certain succès au Salon. Il pousse les recherches sur « les expressions de la physionomie humaine », comme cette figure de femme exprimant la haine. Il reprend ainsi les figures d’expression, exercices de style enseignés à l’école des beaux-arts, en leur donnant un aspect comique proche des masques de théâtre.
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Sépulture d’une prêtresse isiaque Égypte, Antinoé, iiie-vie s. Fouilles Albert Gayet Corps humain desséché, textiles, végétaux H. 170 ; L. 65 ; Pr. 50 cm Dépôt de l’État en 1909, BF 3644 Les fouilles d’Antinoé, ville fondée par l’empereur Hadrien en Égypte, sont menées entre 1895 et 1914 par l’archéologue français Albert Gayet (1856-1916) grâce à Émile Guimet, qui finance une part importante des campagnes. Les découvertes d’Antinoé ont fasciné les contemporains : les corps ne sont plus couverts de bandelettes mais habillés 122
de vêtements superbement tissés de motifs colorés. Quarante corps ont été expédiés en France ; cette sépulture a été envoyée à Beaufort. Émile Guimet fait rechercher les traces du culte de l’Isis romaine, qui succède au panthéon égyptien et gagne l’ensemble de l’Empire romain. Ce corps présente les attributs d’une Isiaque, « le corps enveloppé d’un suaire non lacé, vêtu d’une robe brodée […]. Au cou une écharpe décorée de figures d’enfants nus du répertoire bachique, d’oiseaux et de fleurs stylisées. La coiffure particulièrement remarquable reproduit celle
même des figurines d’IsisVénus. […] Sur la poitrine, une tige de palme repliée donnait la boucle isiaque. La couche funèbre se trouvait composée de palmes et de lichens. »
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Sépulture d’une prêtresse isiaque Égypte, Antinoé, iiie-vie s. Fouilles Albert Gayet Corps humain desséché, textiles, végétaux H. 170 ; L. 65 ; Pr. 50 cm Dépôt de l’État en 1909, BF 3644 Les fouilles d’Antinoé, ville fondée par l’empereur Hadrien en Égypte, sont menées entre 1895 et 1914 par l’archéologue français Albert Gayet (1856-1916) grâce à Émile Guimet, qui finance une part importante des campagnes. Les découvertes d’Antinoé ont fasciné les contemporains : les corps ne sont plus couverts de bandelettes mais habillés 122
de vêtements superbement tissés de motifs colorés. Quarante corps ont été expédiés en France ; cette sépulture a été envoyée à Beaufort. Émile Guimet fait rechercher les traces du culte de l’Isis romaine, qui succède au panthéon égyptien et gagne l’ensemble de l’Empire romain. Ce corps présente les attributs d’une Isiaque, « le corps enveloppé d’un suaire non lacé, vêtu d’une robe brodée […]. Au cou une écharpe décorée de figures d’enfants nus du répertoire bachique, d’oiseaux et de fleurs stylisées. La coiffure particulièrement remarquable reproduit celle
même des figurines d’IsisVénus. […] Sur la poitrine, une tige de palme repliée donnait la boucle isiaque. La couche funèbre se trouvait composée de palmes et de lichens. »
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CABINET DE CURIOSITÉS
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CABINET DE CURIOSITÉS
CABINET DE CURIOSITÉS L’histoire naturelle est présente dès les débuts de la collection. Dans l’inventaire ouvert en 1875, Joseph Denais inscrit une section de minéralogie constituée à partir d’échantillons de roches de HauteLoire. En 1905, la galerie d’histoire naturelle comprend plusieurs autres sections : ornithologie, conchyliologie et paléontologie. Ces ensembles sont issus de dons de collectionneurs venus enrichir le projet de Joseph Denais. La collection de coquillages provient de Clémentine Pocquet de Livonnière (1812-1900), épouse du général de La Motte-Rouge (1804-1883) qui s’illustra sous le Second Empire. Madame de La Motte-Rouge, née à Brion, est restée fidèle à l’Anjou. Elle soutient Joseph Denais dans son entreprise d’historien et participe à l’enrichissement du musée. La section d’ornithologie est issue de la collection de Lionel Bonnemère ; elle a été donnée par son épouse en 1906. Elle comprend plus de cent vingt oiseaux originaires de France, ainsi que plusieurs espèces exotiques. Un autre ensemble spectaculaire, L’Arbre aux oiseaux, a été donné la même année ; il regroupe une centaine de spécimens présentés dans un arbre factice.
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La galerie d’histoire naturelle répond à l’idée d’un cabinet de curiosités regroupant des spécimens étonnants ou remarquables. Rassemblées par des amateurs, ces collections ne témoignent pas de la rigueur scientifique à laquelle un muséum est astreint. Des dons successifs sont venus l’enrichir, soit par l’entremise de voyageurs rapportant des « curiosités », comme des nids de tisserins, ou grâce à des Beaufortais : une taupe albinos a ainsi été collectée en 1912 à la ferme de La Fourcelle. On ne saurait passer sous silence la présence d’un flacon de miel récolté sur la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène. La galerie, intégralement restaurée, reprend le mode de présentation et d’organisation de la muséographie du début du xxe siècle en exposant les spécimens par série. L’utilisation de couleurs, notamment le vert « Deyrolle », est caractéristique de ces galeries d’histoire naturelle.
Empreintes de dinosaures Vendée, Le Veillon, TalmontSaint-Hilaire, ère secondaire, début du Jurassique Roche Empreinte gauche : H. 21,5 ; L. 33 ; Ép. 2 cm - Empreinte droite : H. 16,5 ; L. 33 ; Ép. 3,5 cm Don de M. Garandeau vers 1964, BF 007.0.P.2, BF 007.0.P.1 En Vendée, la commune de Talmont-Saint-Hilaire possède l’un des plus importants sites conservant des empreintes de dinosaures fossiles. À l’embouchure d’un petit fleuve côtier, le Payré, sur l’estran du Veillon, ont été découvertes en 1963 des traces d’animaux du tout début de l’ère secondaire. Ce site était alors une plaine alluviale d’estuaire, alternant couches de sol et apports des crues du fleuve. Des conditions géologiques particulières et la succession de couches d’argile et de grès ont permis la conservation de ces traces de pas de dinosaures. Les empreintes retrouvées appartiennent à des animaux de taille très différente : les plus grandes atteignent 50 centimètres, les plus petites, comme celles de Beaufort, ont entre 4 et 10 centimètres de long.
Les aegagropiles — Aegagropile ou bézoard Mortain, début du xxe s. Agrégat D. 8 cm Don de Ch. Gasnault en 1906, BF 906.00.240 — Aegagropile ou bézoard Début du xxe s. Agrégat D. de 3,5 à 8 cm Don de M. Fuselier en 1914, BF 914.00.1 à 4 Les bézoards ou aegagropiles sont des agrégats de corps étrangers dans l’estomac des humains ou de certains animaux, notamment les ruminants. Décrits par la médecine arabe, ces objets
sphériques sont recherchés par les possesseurs de cabinets de curiosités à partir de la Renaissance, au même titre que des objets fabuleux comme les cornes de licorne. Ceux qui étaient considérés comme les plus précieux étaient dotés d’une monture d’orfèvrerie. On prêtait aux bézoards des vertus antipoison : certains présentent d’ailleurs des traces de râpe. Cette croyance a perduré dans certaines pratiques « médicales ». Les bézoards du musée de Beaufort proviennent d’estomacs de vaches ; ils ont été donnés par un vétérinaire de Mortain, dans la Manche, et par un boucher de Beaufort.
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CABINET DE CURIOSITÉS L’histoire naturelle est présente dès les débuts de la collection. Dans l’inventaire ouvert en 1875, Joseph Denais inscrit une section de minéralogie constituée à partir d’échantillons de roches de HauteLoire. En 1905, la galerie d’histoire naturelle comprend plusieurs autres sections : ornithologie, conchyliologie et paléontologie. Ces ensembles sont issus de dons de collectionneurs venus enrichir le projet de Joseph Denais. La collection de coquillages provient de Clémentine Pocquet de Livonnière (1812-1900), épouse du général de La Motte-Rouge (1804-1883) qui s’illustra sous le Second Empire. Madame de La Motte-Rouge, née à Brion, est restée fidèle à l’Anjou. Elle soutient Joseph Denais dans son entreprise d’historien et participe à l’enrichissement du musée. La section d’ornithologie est issue de la collection de Lionel Bonnemère ; elle a été donnée par son épouse en 1906. Elle comprend plus de cent vingt oiseaux originaires de France, ainsi que plusieurs espèces exotiques. Un autre ensemble spectaculaire, L’Arbre aux oiseaux, a été donné la même année ; il regroupe une centaine de spécimens présentés dans un arbre factice.
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La galerie d’histoire naturelle répond à l’idée d’un cabinet de curiosités regroupant des spécimens étonnants ou remarquables. Rassemblées par des amateurs, ces collections ne témoignent pas de la rigueur scientifique à laquelle un muséum est astreint. Des dons successifs sont venus l’enrichir, soit par l’entremise de voyageurs rapportant des « curiosités », comme des nids de tisserins, ou grâce à des Beaufortais : une taupe albinos a ainsi été collectée en 1912 à la ferme de La Fourcelle. On ne saurait passer sous silence la présence d’un flacon de miel récolté sur la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène. La galerie, intégralement restaurée, reprend le mode de présentation et d’organisation de la muséographie du début du xxe siècle en exposant les spécimens par série. L’utilisation de couleurs, notamment le vert « Deyrolle », est caractéristique de ces galeries d’histoire naturelle.
Empreintes de dinosaures Vendée, Le Veillon, TalmontSaint-Hilaire, ère secondaire, début du Jurassique Roche Empreinte gauche : H. 21,5 ; L. 33 ; Ép. 2 cm - Empreinte droite : H. 16,5 ; L. 33 ; Ép. 3,5 cm Don de M. Garandeau vers 1964, BF 007.0.P.2, BF 007.0.P.1 En Vendée, la commune de Talmont-Saint-Hilaire possède l’un des plus importants sites conservant des empreintes de dinosaures fossiles. À l’embouchure d’un petit fleuve côtier, le Payré, sur l’estran du Veillon, ont été découvertes en 1963 des traces d’animaux du tout début de l’ère secondaire. Ce site était alors une plaine alluviale d’estuaire, alternant couches de sol et apports des crues du fleuve. Des conditions géologiques particulières et la succession de couches d’argile et de grès ont permis la conservation de ces traces de pas de dinosaures. Les empreintes retrouvées appartiennent à des animaux de taille très différente : les plus grandes atteignent 50 centimètres, les plus petites, comme celles de Beaufort, ont entre 4 et 10 centimètres de long.
Les aegagropiles — Aegagropile ou bézoard Mortain, début du xxe s. Agrégat D. 8 cm Don de Ch. Gasnault en 1906, BF 906.00.240 — Aegagropile ou bézoard Début du xxe s. Agrégat D. de 3,5 à 8 cm Don de M. Fuselier en 1914, BF 914.00.1 à 4 Les bézoards ou aegagropiles sont des agrégats de corps étrangers dans l’estomac des humains ou de certains animaux, notamment les ruminants. Décrits par la médecine arabe, ces objets
sphériques sont recherchés par les possesseurs de cabinets de curiosités à partir de la Renaissance, au même titre que des objets fabuleux comme les cornes de licorne. Ceux qui étaient considérés comme les plus précieux étaient dotés d’une monture d’orfèvrerie. On prêtait aux bézoards des vertus antipoison : certains présentent d’ailleurs des traces de râpe. Cette croyance a perduré dans certaines pratiques « médicales ». Les bézoards du musée de Beaufort proviennent d’estomacs de vaches ; ils ont été donnés par un vétérinaire de Mortain, dans la Manche, et par un boucher de Beaufort.
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