ARCHITECTURES SACRÉES LE MANS AU XXE SIÈCLE Textes Marie Ferey Avec la participation de Philippe Gros Photographies Yves Guillotin Avec la participation de Bruno Rousseau et Pierre-Bernard Fourny Cartographie Théo Ben Makhad
SOMMAIRE
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ÉDIFICES DE CULTE DU XX E SIÈCLE, LE MANS EN EXEMPLE
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LE CULTE DANS LA VILLE
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L’ENJEU DES NOUVEAUX MATÉRIAUX
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NOUVELLE ÉPOQUE ET NOUVELLES FORMES
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GLOSSAIRE
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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
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SOURCES
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AVANT-PROPOS Qui sait aujourd’hui que la tombe de Georges Clemenceau à Mouchamps, la Maison radieuse conçue par Le Corbusier à Rezé et l’église du Sacré-Cœur de Cholet, construite entre 1937 et 1941 en béton armé par l’architecte Maurice Laurentin, sont protégées au titre des monuments historiques ? Ce patrimoine du xxe siècle a pourtant toute sa place dans le « panthéon » architectural national. La remarquable étude d’inventaire qui a été menée sur les faubourgs du Mans permet désormais de comprendre pourquoi la capitale de la Sarthe a connu une extension urbaine sans précédent aux xixe et xxe siècles, qu’expriment notamment les édifices religieux construits durant cette période. L’ouvrage coécrit par Marie Ferey, chercheuse à l’Inventaire, et Philippe Gros, spécialiste du patrimoine du xxe siècle, replace ces édifices du patrimoine sacré dans l’histoire locale et nationale. Connaître et faire connaître grâce à un récit de grande tenue et à des photographies inédites pour révéler au plus grand nombre des sites d’exception aux qualités insoupçonnées qu’on ne voudrait plus menacées, tel est l’objectif rempli par ce livre qui en appellera bien d’autres et qui témoigne de la manière dont la Région Pays de la Loire s’est pleinement emparée de la compétence d’inventaire du patrimoine. Nous invitons ainsi les lecteurs à sillonner le territoire et parcourir son histoire à travers les cinq collections de « Patrimoines en région ». Christelle Morançais Présidente de la Région Pays de la Loire
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ÉDIFICES DE CULTE DU XX E SIÈCLE, LE MANS EN EXEMPLE Les fonts baptismaux de l’église Saint-Liboire.
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Au début du xxe siècle, Le Mans est avec ses 60 000 habitants une ville de taille moyenne. Proche de Paris, elle a amorcé paisiblement sa mutation. La douce avancée urbaine, l’arrivée de l’industrie – notamment avec l’implantation d’une manufacture des tabacs – et l’établissement des premières sociétés de mutuelles laissent présager une métamorphose de la ville. Plusieurs facteurs viennent se joindre aux prémices d’une évolution. L’industrie automobile prend rapidement une ampleur inattendue, qui s’accélère et s’ancre avec force dans les années 1920 avec la création des 24 Heures du Mans. De même, les décentralisations stratégiques menées par l’État pendant l’entredeux-guerres et l’exode rural permettent à la ville de s’imposer comme un nouveau nœud stratégique sur le territoire national. L’édification de lieux de culte est intimement liée à ce développement urbain. L’Église, tout d’abord, se doit de répondre à un accroissement de la population en proposant des sanctuaires de proximité pour assurer son action pastorale. Le développement dans les années 1920 de structures de réunion (ligues féminines, Jeunesse ouvrière chrétienne en 1927, Jeunesse agricole chrétienne et Jeunesse étudiante chrétienne
LE CULTE DANS LA VILLE « Je ne crois pas en un style architectural religieux. Il y a l’architecture d’un temps donné et une expression religieuse. » Pierre Pinsard Au cours du xxe siècle, comme la plupart des villes françaises Le Mans connaît une profonde mutation. Amorcée au xixe siècle avec le rattachement des communes limitrophes (Sainte-Croix, Saint-Pavin-des-Champs, Saint-Georgesdu-Plain puis Pontlieue), cette métamorphose territoriale liée à un accroissement sans précédent de la population s’accompagne de la création de nouvelles paroisses et de la construction ou reconstruction d’édifices de culte.
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Église Saint-Liboire
Église Saint-Paul-de-Bellevue
Chapelle des sœurs de la Providence Église Saint-Pavindes-Champs
Église Saint-Aldric Église Notre-Dame-du-Pré
Temple protestant Chapelle du lycée Saint-Charles
Église Saint-Lazare Chapelle du collège Saint-Louis
Chapelle de la Solitude
Synagogue
Église Saint-Bernarddes-Sablons
Église Saint-Bertrand
Église Saint-Georges
Mosquée Salmane Al-Farisi
Église du Christ-Sauveur
Église de la Sainte-Famille Édifices reconstruits au XXe siècle
Mosquée turque
Église Sainte-Thérèse
Édifices agrandis ou modifiés au XXe siècle Constructions nouvelles au XXe siècle
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La multiplication des lieux de culte au Mans durant le xxe siècle n’est pas un phénomène inédit : de nombreuses villes suivent cette tendance, avec une nette accélération des constructions dans les années 1950 et 1960. L’explosion urbaine en est l’une des causes premières. Dès les années 1920, l’Église devient missionnaire avec la volonté de créer de nouvelles paroisses dans les quartiers périphériques, majoritairement ouvriers. La parution en 1927 de l’ouvrage du père Pierre Lhande, Le Christ dans la banlieue, témoigne de cette action pastorale qui jalonne tout le xxe siècle. L’arrivée de nouvelles populations impose la construction de lieux sacrés de confessions variées. Le Mans caractérise cette mutation de l’architecture religieuse au xxe siècle.
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Carte des édifices cultuels du xxe siècle au Mans. Confessionnal de l’église du Christ-Sauveur.
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L’église SainteThérèse.
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Mutations sociologiques et démographiques
Entre 1955 et 1975, la France connaît la plus forte poussée urbaine de son histoire, qui entraîne des mutations socioculturelles considérables. L’Église veut suivre cette urbanisation et redéfinit les dimensions d’une pastorale désormais limitée à 10 000 âmes. Comme dans l’entre-deux-guerres, il s’agit d’assurer une présence chrétienne dans tous les quartiers nouveaux et en fort développement démographique, dans un souci d’évangélisation. Dans les années 1940 et 1950, la reconstruction des quartiers endommagés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale est amorcée. Les abords de la gare de triage et des pôles industriels, visés lors des attaques de 1944, sont réhabilités. Dans le même temps, les abbés Schneider, dans le quartier du Maroc, et Legay, à Sainte-Thérèse-del’Enfant-Jésus, s’inquiètent du devenir de leur paroisse privée
L’ancienne église du ChristSauveur et la nouvelle, années 1960.
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La chapelle de la SainteFamille, avant sa destruction en 2020. Double page suivante Premier projet pour l’église Sainte-Thérèse, 1946.
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de sanctuaire. Dans l’immédiat après-guerre, ils investissent le long du boulevard de la Fresnellerie un hangar qui réunit l’ensemble de leurs paroissiens. Le lieu devient très vite exigu et les deux abbés prônent la réunion de la Sainte-Famille et de Sainte-Thérèse pour la construction d’un centre paroissial d’ampleur. Dès 1946, le père Legay contacte un architecte de renom, Pierre Vago, alors présent au Mans comme architecte de la Reconstruction. Après qu’un premier projet a été rejeté par le cardinal car jugé « trop moderne et trop coûteux », les plans définitifs du centre paroissial Sainte-Thérèse sont déposés en mairie en 1954. Cet édifice marque le début de l’importante vague de constructions cultuelles que connaît Le Mans dans la seconde moitié du xxe siècle. Sa proximité avec les nouveaux quartiers liés à l’industrie ou projetés par l’État dans le cadre du « secteur industrialisé » influence les choix architecturaux. Le bâtiment s’intègre dans un nouveau visage territorial tout en restant un repère visuel par ses dimensions imposantes et son haut clocher. En effet, la position particulière de la nouvelle église permet le maintien d’une certaine tradition architecturale répondant à la volonté des maîtres d’œuvre et des maîtres d’ouvrage de faire « un centre vivant pour toutes les cités alentour ». Malgré la construction de Sainte-Thérèse, une chapelle dédiée à la Sainte Famille est bâtie en 1950 dans le quartier du Maroc. Ce petit édifice, réalisé par l’architecte local Paul Bequignon, pérennise la pastorale de proximité.
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LA SYNAGOGUE DU MANS En 1962, Jean Guy, architecte local auteur de plusieurs logements collectifs à Allonnes et au Mans même, réalise la synagogue du Mans, située sur le boulevard de Paixhans, face à la caserne. Sa construction était devenue une nécessité pour les populations venues d’Afrique du Nord. La synagogue est de plan trapézoïdal et couvre environ 220 mètres carrés. Elle est couverte d’un toit-terrasse à deux niveaux différenciés pour marquer la séparation entre la salle de réunion et les fonctions annexes (vestiaire, salle d’étude, local chauffage). Le style choisi par l’architecte, très original, épouse son temps : ossature en béton armé, sobriété des lignes parallèles et des volumes cubiques, absence d’ornementation, vue comme « une force spirituelle » par Adolf Loos, grand théoricien du Mouvement moderne. Ce dénuement entraîne un jeu symbolique spirituel en façade qui pourrait laisser échapper au passant la fonction de l’édifice. L’étoile et le chandelier travaillés en fer forgé se font discrets sur une façade dont les sept percements rappellent la symbolique de ce chiffre dans la tradition hébraïque. L’esthétique choisie, minimaliste, confère à cet édifice modeste une grande élégance. À l’intérieur, ce parti pris offre à la synagogue une dimension symbolique favorisant l’abstraction, la recherche de proportions harmonieuses et le jeu sur la lumière encadrant l’arche sainte.
Verrières de la synagogue du Mans. La synagogue du Mans.
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fondée en 1929 et dont l’église est en construction depuis 1942. Ce geste hautement symbolique génère une régularité biannuelle des rapports, à la Saint-Liboire et à la Saint-Julien. À partir des années 1950, des financements devant permettre la construction d’églises au Mans ont donc été effectués par le biais de collectes dans le diocèse de Paderborn, d’« actions en faveur de la construction » de la jeunesse diocésaine allemande et par des donations de l’évêque paderbornois. Sainte-Thérèse, SaintLiboire, Saint-Aldric, Le Christ-Sauveur, Saint-Paul-de-Bellevue, Saint-Bernard-des-Sablons et enfin Saint-Bertrand : toutes ont bénéficié du soutien financier du diocèse allemand de Paderborn. À partir des années 1950, l’arrivée des juifs rapatriés d’Afrique du Nord entraîne la nécessaire construction de synagogues en milieu urbain. La création du Fonds social juif unifié permet de bâtir des lieux cultuels caractérisés, comme au Mans, par la modestie de l’architecture. Mais ces aides extérieures n’ont en aucun cas influencé le choix des programmes et donc des architectes : ce sont toujours les curés ou les communautés religieuses qui choisissent les architectes chargés de leur édifice. Dans la très grande majorité des cas, ce sont des architectes locaux qui sont préférés. Les édifices construits avant la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État sont soumis au contrôle de l’État, via le Conseil départemental des bâtiments civils. Au temple protestant du Mans, en 1899, le maître d’œuvre est l’architecte départemental Louis Raoulx, qui travaille à un nombre considérable d’édifices dans la Sarthe. Les plans de l’église de Saint-Pavindes-Champs sont réalisés par l’architecte Louis Guerrier, également en charge de l’hôtel Le Concordia, avenue du GénéralLeclerc. L’implication des architectes locaux dans la réalisation de ce type de projet se poursuit bien après l’abolition du régime concordataire : Louis-Jean Lagrange, architecte des monuments historiques de la Sarthe et de l’Orne, construit ainsi l’église du Christ-Sauveur en 1965.
Étoile de David en ferronnerie contenant le Tétragramme sur la façade de la synagogue. Le temple protestant du Mans. Double page suivante L’église du Christ-Sauveur.
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Le Christ-Sauveur. Toujours dans La Semaine du Fidèle, en date de février 1957, on peut lire que « l’église dont il a été confié le soin au goût de M. Lagrange, architecte des Beaux-Arts, […] aura, avec son originalité propre, un vrai caractère d’église ». Cependant, d’autres sources telles que des plans ou des factures citent Jacques Ménard, architecte à Paris, rue Blanche, comme architecte en charge du projet. Le verso d’une carte postale représentant l’intérieur de Saint-Liboire lui en attribue la paternité. L’état actuel de la recherche ne permet pas, hélas, de poser de certitude quant à l’histoire de Saint-Liboire mais il semble que les deux architectes, l’un local et l’autre parisien, soient intervenus. Toujours est-il que, locaux ou non, les architectes, accompagnés par les commanditaires dans les prises de décisions, s’attachent à exprimer à travers le bâtiment les réflexions critiques qui jalonnent le xxe siècle. Dans la seconde moitié du siècle, l’influence des pères Couturier, Capellades et Cocagnac est particulièrement importante. Dans la revue L’Art sacré, ils incitent désormais à réfléchir à la nature de l’architecture religieuse à une
Intérieur de l’église SaintLiboire. Carte postale, vers 1960.
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Couverture du Guide des églises nouvelles en France, 1968. Couverture de la revue L’Art sacré, avril 1936.
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époque où la place de la communauté chrétienne dans la ville est remise en question. Le père Capellades lance une campagne en faveur de la construction d’églises pauvres et d’une esthétique du dépouillement. L’abondance des décors, la monumentalité et le spectaculaire cèdent le pas à l’ascèse, la pauvreté et la modestie. Cette inflexion se retrouve dans plusieurs églises du Mans, telle Saint-Bernard-des-Sablons, qui reflète la mise en cause de la monumentalité au nom d’une théologie et d’une pratique qui préconisent les petits équipements de ville. Dès 1959, Paul Koch, architecte en chef de l’Union nationale des coopératives de reconstruction des églises sinistrées, estimait que « le clocher traditionnel dominant un village [était] impensable, voisinant des immeubles de plus de 10 étages ». Sur ce point, il est rejoint par le père Capellades dans son Guide des églises nouvelles en France, paru en 1968. Pourtant, un retour à une conception du monumental après le temps dit de « l’enfouissement » est amorcé dans les années 19801990. Plusieurs facteurs favorisent le retour du monumental,
L’ENJEU DES NOUVEAUX MATÉRIAUX « La construction d’églises doit être une expérimentation permanente, un creuset d’étude pour l’architecture moderne. » Claude Parent Étudier l’effet et la fonction des matériaux dans l’architecture religieuse du xxe siècle conduit à les considérer sous plusieurs angles. Sont-ils porteurs ou utilisés en remplissage, en parement ? De plus, la question de la construction est l’une des problématiques majeures du xxe siècle. L’esprit d’innovation et de modernité présent notamment dans l’architecture religieuse permet une inventivité rapide et foisonnante, qui entraîne le renouvellement des formes traditionnelles.
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Église Saint-Liboire
Église Saint-Paul-de-Bellevue
Chapelle des sœurs de la Providence Église Saint-Pavindes-Champs
Église Saint-Aldric
Église Notre-Dame-du-Pré
Temple protestant Chapelle du lycée Saint-Charles
Église Saint-Lazare Chapelle du collège Saint-Louis
Chapelle de la Solitude
Synagogue Église Saint-Bernarddes-Sablons
Église Saint-Bertrand
Église Saint-Georges
Mosquée Salmane Al-Farisi Béton
Église de la Sainte-Famille
Église du Christ-Sauveur
Brique Église Sainte-Thérèse
Pierre Pierre en parement Structure métallique
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Structure métallique de l’église SainteThérèse.
La même solution est choisie en 1955 par Pierre Vago pour l’église Sainte-Thérèse du Mans. Les sept piliers métalliques laissés visibles dans l’édifice complètent l’ossature et supportent une couverture en tôle d’aluminium. Bien que différents sur le plan de l’esthétique, ces deux édifices ont en commun l’usage du métal à l’intérieur, jusqu’à donner à voir et même mettre en scène le squelette du bâtiment. Pour Notre-Dame-duTravail, les murs ont été montés en meulière, alors qu’au Mans le parement des murs extérieurs est en pierre blanche de Saint-Maximin. Cependant, on assiste ici à une rupture conceptuelle de la « carcasse » architecturale qui délaisse peu à peu son rôle porteur. Par l’approfondissement de l’innovation technique d’un système constructif, la forme tend progressivement à se libérer. À Sainte-Thérèse, si l’architecture métallique permet d’offrir un vaste espace couvert à moindre coût, la façade en pierre donne à l’édifice un aspect sacré traditionnel, jugé indispensable par les fidèles. La pierre en parement est une orientation récurrente des églises mancelles. Saint-Aldric, Le Christ-Sauveur et Sainte-Thérèse présentent toutes trois cette volonté esthétique.
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Qui plus est, ces choix résultent d’un débat qui a irrigué toute la réflexion théorique sur l’usage des nouveaux matériaux par rapport à la fonction symbolique et sacrée de l’espace religieux. L’utilisation du béton, qui concurrence l’acier à partir des années 1900, pose les mêmes questions mais son emploi n’éclipse pas systématiquement le recours à des matériaux plus traditionnels ou issus du siècle précédent. À Saint-Paul-de-Bellevue, par exemple, Claude Roinné construit en 1963 une église en béton armé et banché mais il conserve l’ardoise pour la toiture de l’église et du clocher indépendant. La flèche repose sur un trépied en béton armé. Sa charpente de bois, composée de six poutres en treillis liées deux à deux, forme une pyramide triangulaire à base équilatérale. Elle est recouverte d’ardoises de Trélazé posées avec des crochets de cuivre. Preuve s’il en était besoin que l’usage du béton tend à se généraliser dans la seconde moitié du xxe siècle. Campanile de l’église Saint-Paul-deBellevue.
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Détail de la pierre de Saint-Maximin en parement de l’église Sainte-Thérèse.
Pierre en façade de l’église SaintAldric. Détail de la pierre en parement de l’église du Christ-Sauveur.
Ardoises sur le campanile de l’église Saint-Paul-deBellevue.
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La « révolution » béton
En 1904, après dix ans de travaux et de polémiques, l’église Saint-Jean-l’Évangéliste est enfin livrée par Anatole de Baudot à Montmartre. Le béton armé apparaît ainsi pour la première fois dans l’architecture cultuelle, selon le système « Cottancin » inventé par l’ingénieur Paul Cottancin (1865-1928) en 1889. Ce procédé de construction en ciment et brique armés est abandonné dès 1914 mais son utilisation par Anatole de Baudot introduit la notion d’ingénierie dans le processus architectural et annonce l’ère des ingénieurs, si importants dans l’architecture du xxe siècle. Néanmoins, comme le métal dans les exemples précédents, l’ossature béton reste masquée. Le ciment armé est revêtu de brique et de céramique en façade. L’architecture est inspirée du gothique et teintée de l’influence de l’Art nouveau. Dès les années 1920, le béton s’impose comme principal matériau de construction en raison de sa souplesse d’utilisation et de sa résistance au feu. De plus, le béton est alors perçu comme le matériau le plus économique. Il définit ainsi la structure générale de l’église selon la technique la plus répandue, à savoir la mise en œuvre d’une structure constituée de fermes en béton armé sur laquelle repose directement le couvrement de l’église, un simple chevronnage qui reçoit les ardoises. Cette technique économique dérive des constructions industrielles. Elle offre une grande liberté de conception pour le remplissage des murs L’église Saint-Jean de Montmartre (Paris).
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L’église NotreDame du Raincy (Seine-SaintDenis). Double page suivante L’église SaintLiboire.
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pignons et latéraux, devenus indépendants de la structure. À cet égard, le hangar à dirigeables d’Orly, édifié entre 1921 et 1923 par l’ingénieur Eugène Freyssinet, utilise un procédé qui inspire largement la construction des nouveaux lieux de culte. Pour les arcs paraboliques, le béton est coulé sur des coffrages réutilisables et facilement amovibles. Ces coffrages se déplacent ainsi au fur et à mesure du séchage du béton et de l’avancement du chantier. Au même moment, une église oriente et règle à elle seule le débat sur l’utilisation du béton dans l’architecture religieuse. Construite en 1923 au Raincy par Auguste et Gustave Perret, NotreDame-de-la-Consolation est élevée à la mémoire des morts de la bataille de la Marne. Affirmant que « le béton, c’est de la pierre que nous fabriquons, bien plus belle et plus noble que la pierre naturelle », Auguste Perret conçoit une église qui ne fait appel à aucun autre matériau. Dès lors, le béton n’est plus caché mais rendu visible, de façon « extravertie », et l’église du Raincy devient manifeste, même si elle conserve des formes architecturales traditionnelles. Proche de cette esthétique, l’église Saint-Martin construite à Donges (Loire-Atlantique) entre 1952 et 1963 par Jean et Charles Dorian présente une ossature spectaculaire en béton armé constituée d’arcs paraboliques formant des arceaux. Cette formule est revisitée au Mans dans l’église Saint-Liboire, datée de 1961. Le plan allongé de cette église sans transept se termine
L’église du Christ-Sauveur.
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des formes, les poutres des ossatures béton brut de décoffrage sont particulièrement développées dans les œuvres de Ludwig Mies van der Rohe. Cette tonalité se retrouve dans les églises mancelles Saint-Liboire et Saint-Aldric. Cette austérité est simplement tempérée par la lumière des vitraux. Tous les éléments constitutifs de la construction (structure monumentale, volumes, surfaces et matériaux) s’affirment le plus explicitement possible. Une esthétique brutaliste se dégage alors de ces édifices. L’urgence définie par les paroisses et le manque de moyens, notamment dans les quartiers périphériques, poussent certaines communautés à avoir recours à des productions en série.
Intérieur de la chapelle du lycée Sainte-Croix.
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Les diocèses réclamant des programmes prudents, des constructions proches des principes industriels sont régulièrement envisagées. La revue L’Art sacré encourage d’ailleurs à ne pas construire des églises de longue durée mais à privilégier le provisoire, le démontable, le nomade, concepts qui disent combien l’église a perdu alors son statut de monument. L’édifice s’insère dans un espace urbain défini et projeté parfois d’un seul tenant par des architectes-urbanistes. En lien avec les évolutions contemporaines d’ordre économique, social ou encore technique, le bâtiment cherche à fusionner avec la ville aussi bien par sa taille que par les matériaux employés. Les églises construites par
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LE PROCÉDÉ CONSTRUCTIF DES ÉGLISES ALVÉOLAIRES PERRIN-MARTIN-DUCASSOU En 1968, les architectes Yves Perrin et Georges Martin travaillent avec l’entrepreneur Ducassou à la réalisation de leur église alvéolaire. Dans Construire l’église ou L’Architecture d’aujourd’hui sont vantés « sa rapidité d’exécution avec des matériaux industrialisés suivant les méthodes à l’avant-garde du progrès, décoré[e] à souhait dans la masse des matériaux, économique de plus de 40 % par rapport au traditionnel, sourd[e] aux bruits et aux échos ». L’ensemble de l’édifice est fixé grâce à des poteaux en béton triangulaires de 3,30 mètres de hauteur pour les absides et 5,80 mètres pour le chœur, sur une semelle béton au sol. Les murs sont constitués de trois peaux : deux panneaux de béton avec une couche d’isolant centrale. Ces panneaux de béton peuvent être de deux types : le type panneau plein est décoré de motifs moulurés qui accrochent la lumière, alors que le panneau claustra comporte quatorze petites fenêtres rectangulaires pour éclairer l’intérieur de l’édifice. Les alvéoles sont coiffées d’une charpente de forme pyramidale formée par six arbalétriers en sapin qui se rejoignent au sommet par un poinçon métallique. La couverture est en Vertuile cloué sur une sous-couche de feutre. Les bâtiments étaient livrés en pièces détachées et montés sur place.
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Chantier de l’église SaintBernard-desSablons, 1977.
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NOUVELLE ÉPOQUE ET NOUVELLES FORMES « Comme elle s’intègre bien dans nos cités modernes, notre église moderne. Comme le cinéma, les grands ensembles, les groupes scolaires, le château d’eau, même notre église fait corps avec nos cités. » Pierre Vago L’usage de nouveaux matériaux pour des raisons économiques et l’urgence de l’évangélisation ont coïncidé avec le renouveau de l’art sacré, favorisé par les débats d’artistes croyants. En 1935, la création de la revue L’Art sacré par les pères Couturier et Régamey amorce une intense réflexion sur le renouvellement des formes architecturales et pose la question du modèle. Affranchis de toute fonction structurelle par la mise en œuvre de l’ossature béton, les architectes ont toute latitude pour modeler l’espace et manier les pleins et les vides afin de répondre aux nouvelles considérations architecturales. Ces possibilités offrent notamment un formidable renouvellement à l’art du vitrail et plus encore.
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Saint-Liboire
Saint-Paul-de-Bellevue
Chapelle des sœurs de la Providence Saint-Pavindes-Champs
Notre-Damedu-Pré
Saint-Aldric Cathédrale Saint-Julien Saint-Benoît
Notre-Dame de Sainte-Croix
Temple
Chapelle de la Solitude
La Couture
Saint-Lazare
Chapelle du collège Saint-Louis
Synagogue
Chapelle du lycée Saint-Charles
Sainte-Jeanne-d’Arc de Coëffort
Mosquée des Sablons
Saint-Bertrand
Saint-Martinde-Pontlieue
Saint-Georges
Saint-Bernarddes-Sablons
Mosquée Salmane Al-Farisi
Cathédrale Église paroissiale
Le Christ-Sauveur
La Sainte-Famille
Église abbatiale Chapelle Chapelle conventuelle
Mosquée turque
Sainte-Thérèse
Temple protestant Mosquée Synagogue
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Le « plan libre » permet d’imaginer le « plan idéal » pour l’expression de la nouvelle liturgie préconisée par le IIe concile œcuménique du Vatican, dit Vatican II. Le xxe siècle est donc un siècle de recherches et d’expériences dans l’architecture sacrée. Le Mans, comme plusieurs villes de France, voit s’élever des édifices cultuels qui incarnent cette démarche expérimentale. Pourtant, au sein des mouvements réflectifs nationaux, voire européens, persistent des formes et des organisations classiques. Au Mans, l’église Saint-Aldric réalisée par Michel Mare n’applique pas les modifications pour l’espace de célébration qui sont en germe. Malgré ce contre-exemple, les considérations spirituelles contemporaines ont majoritairement un impact fort sur l’architecture cultuelle de la seconde moitié du xxe siècle. Carte des types d’édifices cultuels du Mans. Verrières de l’église NotreDame-du-Pré.
Repenser la lumière
Au xxe siècle, l’art du vitrail ne se cantonne pas aux édifices nouvellement construits : de nombreuses verrières contemporaines sont installées dans des édifices plus anciens, pour remplacer des œuvres détruites notamment par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. La plupart des verrières de Notre-Dame-duPré ont été soufflées lors du bombardement du pont Yssoir, en 1944. Le célèbre maître verrier Max Ingrand est appelé pour réaliser l’ensemble du programme, exceptionnel par son ampleur. Quarante-deux verrières sont livrées en 1948, 1950 et 1954. Avec son style bien particulier qui juxtapose des formes et des couleurs contrastées, Max Ingrand signe une œuvre majeure. Il conserve la technique du vitrail avec morceaux de verre et réseau de plombs ainsi qu’une iconographie également traditionnelle, ne penchant pas ici pour l’abstraction. Une attention particulière est apportée à l’impact de la lumière : le maître verrier pense ici son œuvre comme un soutien à l’architecture ancienne. La technique du vitrail moderne en dalles de verre apparaît entre 1925 et 1929. Le maître verrier Auguste Labouret dépose un brevet en 1933 pour un « vitrail en dalles éclatées à réseau de ciment armé ». Dans ce domaine également, les innovations techniques et les nouveaux matériaux ont des répercussions. En effet, l’usage du ciment armé en guise de réseau entraîne une révolution pour l’intégration du vitrail dans l’architecture. La dalle de verre, bien plus épaisse et lumineuse que le verre mince du vitrail traditionnel, dit verre à l’antique, permet une plasticité adaptable à l’espace architectural.
Verrière mariale de l’église NotreDame-du-Pré.
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Cartons pour les verrières de la chapelle de la clinique du Pré, 1958.
La chapelle de la clinique du Pré lors de la livraison, 1967.
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L’ŒUVRE D’ALBERT ÉCHIVARD Albert Échivard est un maître verrier manceau de renommée nationale. Il s’inscrit dans la renaissance du vitrail au Mans, amorcée au milieu du xixe siècle. Élève d’Hucher, peintre verrier au carmel du Mans, il pratique un art du vitrail traditionnel mais au graphisme moderne et à l’iconographie très personnelle. Après la mort de son fils aîné, tombé au front en 1914, Échivard crée des verrières dans lesquelles il cherche à immortaliser l’image de son fils disparu. Pour faire vivre cette image peinte sur le verre, il fait don de plusieurs œuvres à différents établissements. Une vingtaine de verrières représentant ou évoquant Maxime Échivard ont été repérées. À partir de 1925, l’artiste reprend la représentation de son fils enfant, jusqu’alors délaissée au profit du soldat. La verrière de l’église Saint-Georges-du-Plain s’impose dans le corpus de l’artiste. Elle est l’unique représentation connue à ce jour des trois enfants d’Albert Échivard. Maxime disparu est figuré en partie supérieure. Il est auréolé et tient une croix qui rappelle son sacrifice pour la France. Cette œuvre s’insère dans l’église ancienne et a été donnée par l’artiste à la paroisse du Petit-Saint-Georges.
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Verrière de l’église SaintGeorges-duPlain.
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Cette dimension ne fait que croître pendant l’entre-deux-guerres, notamment avec l’édification de l’église du Sacré-Cœur de Cholet par Maurice Laurentin, entre 1937 et 1941, ou à Nantes, avec l’église Sainte-Thérèse, construite en 1935 par les architectes René Ménard et Maurice Ferré. Cependant, l’après-guerre est marqué par l’urgence constructive, la pauvreté des matières et des mises en œuvre. Face à l’ampleur des besoins et à la faiblesse des moyens financiers émerge l’idée d’abandonner la conception d’églises de taille imposante, coûteuses, au profit de réalisations plus économiques. Dans le contexte de la Reconstruction, cela se traduit généralement par le choix de plans classiques : plan longitudinal, plan centré, plan basilical ou en croix latine. En outre, desservants et maires se montrent parfois peu enclins aux expérimentations architecturales, comme en témoigne le projet refusé de Pierre Vago pour Sainte-Thérèse du Mans. Malgré tout, l’après-guerre et la Reconstruction témoignent d’une évolution rapide et fréquente des dispositifs spatiaux. Circulaire, triangulaire ou trapézoïdale, l’église n’est plus systématiquement identifiable comme
Projet non réalisé pour l’église SaintBernard-desSablons, 1962. Plans-masses de l’église SaintBernard-desSablons, 1976.
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Autel de l’église du ChristSauveur.
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Sièges de célébrants à l’église SaintBernard-desSablons.
Projet de parement pour l’église Saint-Paul-deBellevue, 1963.
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Autel et tabernacle de l’église du Christ-Sauveur.
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GLOSSAIRE Autel : table consacrée sur laquelle est célébré le saint sacrifice de la messe. Béton architectonique : béton destiné à rester apparent et dont l’esthétique a été travaillée. Béton banché : béton armé coulé entre deux éléments de coffrage verticaux appelés banches. Catéchumène : personne instruite dans la foi chrétienne en vue d’être baptisée. Hors-œuvre : corps de bâtiment tenant à un autre corps de bâtiment plus important par un ou plusieurs de ses côtés. Maître d’œuvre : personne chargée par le maître d’ouvrage de la réalisation du projet de construction. Maître d’ouvrage : personne pour qui est réalisé le projet de construction. Mur-rideau : mur de façade qui ferme le bâtiment sans assurer sa stabilité. Nef : partie d’une église comprise entre l’entrée et le chœur, ouverte aux fidèles. Pan de fer : ensemble des pièces de charpente métallique assemblées dans un même pan vertical. Parement : surface visible d’une construction en pierre, en terre ou en brique. Poutre en treillis : poutre formée d’éléments articulés entre eux et formant une triangulation. Roussard : grès ferrugineux de couleur rousse. SCAN : société de construction aéronavale basée à La Rochelle, qui a notamment produit des bâtiments en préfabriqué. Style romano-byzantin : courant architectural et artistique de style roman et d’inspiration byzantine. Système Cottancin : système de construction pour le ciment armé fin selon un réseau de nervures. Toit monopente : toit à un seul versant. Verre à l’antique : verre travaillé selon la méthode traditionnelle du soufflage.
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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE ARRONDEAU, Stéphane, « Vitrail contemporain en Sarthe », Maine découverte, no 25, 2000. BEZANCON, Xavier et DEVILLEBICHOT, Daniel, Histoire de la construction moderne et contemporaine en France, Paris, Eyrolles, 2014. DEBIÉ, Franck et VÉROT, Pierre, Urbanisme et art sacré, une aventure du xxe siècle, Paris, Criterion, 1991. DELHUMEAU, Gwenaël, L’invention du béton armé : Hennebique 1890-1914, Paris, Norma, 1999. FRÉMAUX, Céline (dir.), Architecture religieuse au xxe siècle : quel patrimoine ?, Actes du colloque « Architecture religieuse au xxe siècle en France : quel patrimoine ? », Lille, 25-26 mars 2004, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007. GEREON, Fritz, Le Mans-Paderborn : 11 siècles d’amitié, une lumière pour l’Europe, Le Mans, La Fraternité Saint-Liboire, 1978. GUÉNÉ, Hélène et LOYER, François, L’Église, l’État et les architectes : Rennes 1870-1914, Paris, Norma, 1995. HAGUET, Michel, L’église Saint-Aldric au Mans : le saint patron, le quartier, la paroisse, Le Mans, Éditions de la Reinette, 2014. La Province du Maine, dossier « Spiritualité et architecture au Mans au xxe siècle », no 67, 2003. LE BAS, Antoine, Des sanctuaires hors les murs : églises de la proche banlieue parisienne, 1801-1965, Paris, Monum, Éditions du patrimoine, 2002. LENIAUD, Jean-Michel et SAINT-MARTIN, Isabelle, Historiographie de l’histoire de l’art religieux en France à l’époque moderne et contemporaine, Turnhout, Brepols, 2005. Patrimoine Le Mans Ouest, L’art sacré au Mans rive droite. À la découverte des édifices, du petit patrimoine et de leur histoire, 2019. THIBAULT, Jean-Michel (dir.), Royan 2003 : renouveau de l’architecture sacrée à la reconstruction, Actes des rencontres, La Rochelle, Éditions du CAUE, 2004.
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COLOPHON Cet ouvrage a été réalisé par la Région Pays de la Loire Direction de la publication Julien Boureau, chef du service Patrimoine, Région Pays de la Loire Coordination éditoriale Enora Rousset, service Patrimoine, Région Pays de la Loire — Textes Marie Ferey, chercheuse, service Patrimoine, Région Pays de la Loire Avec la participation de Philippe Gros, correspondant pour le label « Architecture contemporaine remarquable », service architecture, DRAC Pays de la Loire Photographies Yves Guillotin, photographe, service Patrimoine, Région Pays de la Loire Avec la participation de PierreBernard Fourny, photographe, service Patrimoine, Région Pays de la Loire, et de Bruno Rousseau, photographe Cartographie Théo Ben Makhad, cartographetopographe, service Patrimoine, Région Pays de la Loire Relecture Julien Boureau, Frédéric Fournis, Léo Noyer-Duplaix, service Patrimoine, Région Pays de la Loire Evelyne Robineau, chercheuse honoraire de l’Inventaire, service Patrimoine, Région Pays de la Loire
La Région remercie tout particulièrement Les services municipaux de la Ville du Mans, en particulier l’équipe des archives, qui ont apporté un réel soutien tout au long de cette étude. De même, les archives départementales de la Sarthe et les archives diocésaines du Mans, en la personne de Marie Pitette, ont permis de découvrir efficacement des fonds incontournables. Les ateliers Loire qui ont mis à disposition des documents inédits au sein de leur espace de travail. L’ensemble des paroissiens et des communautés religieuses qui ont pris le temps d’ouvrir les portes des édifices et d’en raconter l’histoire. — L’ensemble de la documentation est consultable — au centre de documentation du Patrimoine Hôtel de Région, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex Tél. : 02 28 20 54 70 — sur le site Internet patrimoine. paysdelaloire.fr — sur le site Internet de l’Inventaire des Pays de la Loire gertrude.paysdelaloire.fr — sur la photothèque du patrimoine des Pays de la Loire phototheque-patrimoine. paysdelaloire.fr
Éditions 303 contact@editions303.com www.editions303.com — Direction Aurélie Guitton Édition et suivi du projet Alexandra Spahn Édition Carine Sellin Alexandra Spahn Correction Philippe Rollet Diffusion Élise Gruselle Conception graphique Elamine Maecha / BURO-GDS Photogravure Pascal Jollivet Impression Média Graphic, Rennes Papier Arctic Volume White Typographie IBM Plex — Les Éditions 303 bénéficient du soutien de la Région Pays de la Loire. — Dépôt légal : décembre 2021 ISBN : 979-10-93572-67-3 © Région Pays de la Loire et Éditions 303, 2021 Tous droits réservés.