RifRaf avril 2014 FR

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JEU_03_AVRIL ................................................... PUGGY BE + PROJECT : MAYEM BE VE_04_AVRIL ..................................................... PIERS FACCINI GB + NICOLAS MICHAUX BE JEU_10_AVRIL .................................................... TIM BARESKO FR VE_11_AVRIL ...................................................... COMPUPHONIC BE + THE LIZZIES BE + RED ANT BE SA_12_AVRIL ..................................................... (ré)ZOO 1 : DEWANE COLLECTIVE - THE MENTALETTES DE + MOUNTAIN BIKE BE + DUKE & ANDY DANDY BE JEU_17_AVRIL .................................................... ROB’N’ZOOPSIE BE SA_19_AVRIL ..................................................... (ré)ZOO 2 YOU FM + ELECTRO FM - PONI HOAX FR + MEIN SOHN WILLIAMS FR + POP ROCK PARTY DIM_20_AVRIL ................................................... GLAMORAMA LUN_21_AVRIL ................................................... LORENZO OTTATI BE SA_26_AVRIL ..................................................... DJ FALCON (DAFT PUNK CREW) FR + ALEX PALMER BE ME_30_AVRIL .................................................... JO LE TERRIBLE BE

VE_02_MAI ........................................................ RONQUIÈRES CLUB - ROMANO NERVOSO BE + BIG MOUSTACHE BANDITS BE

SA_14_JUIN ....................................................... L’ALHAMBRA FETE LE DOUDOU + DON FIASKO NIGHT

JEU_08_MAI ...................................................... SNOOBA BE

VE_20_JUIN ....................................................... KAPTAIN OATS BE

SA_10_MAI ........................................................ DOUGLAS GREED DE + GET MAD CREW BE

SA_21_JUIN ....................................................... TREMPLIN DOUR FESTIVAL 2014

JEU_15_MAI....................................................... LEXX ONDEXX BE

VE_27_JUIN ....................................................... BRANDT BRAUER FRICK TRIO LIVE DE

VE_16_MAI ........................................................ MADENSUYU BE + SWINGERS BE ME_21_MAI ....................................................... KRS BE SA_24_MAI ....................................................... (ré)ZOO 3 : … CHEVEU FR + … + ROCK PARTY ME_11_JUIN ....................................................... L’ALHAMBRA FETE LE DOUDOU + OUVERTURE JEU_12_JUIN...................................................... L’ALHAMBRA FETE LE DOUDOU + 80/90’S PARTY VE_13_JUIN ....................................................... L’ALHAMBRA FETE LE DOUDOU + PURE FM PARTY

LE JEUDI, L’ALHAMBRA PRÉSENTE LES SOIRÉES W.I.N.E. (WEEKEND IS NOT ENOUGH). PARCE QUE LE WEEKEND NE LEUR SUFFIT PAS, LES MEILLEURS DJ’S BELGES S’INVITENT LE JEUDI À L’ALHAMBRA. SOIRÉE GRATUITE

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© Siliconcarne

Quatre policiers sortent en rang d’oignons du restaurant. Pendu à leur doigt, le sac plastique contenant un plat à emporter. Amarré au milieu de l’espace piétonnier, le panier à salade est confié à la vigilance avachie de sa conductrice. S’il y a des projections mentales importunes, ne vous faîtes pas de sushis, ramenez votre attention sur le souffle, sur l’inspir. Voilà une bonne semaine déjà que l’astre darde ses rayons, qu’il offre une poursuite lumière. Que ne donnerait-on pour observer, depuis la coulisse, ce manège subtil. Un asiatique en survêtement jogge dans la ville. Le voici qui ralentit face au regard incrédule de Pierre devant ses efforts, puis il reprend sa course, son rythme. Les estafettes FedEx viennent enlever des cargaisons d’amants désunis. Par complémentarité ou par opposition, il y a toujours quelque chose qui cloche. L’opérateur en attente d’une petite signature tend un stylet et un appareillage électronique, conserve une indifférence aristocratique aux événements tandis que déjà ils emportent le corps de Jenny sur un diable. Impassible, elle fait mine de penser à autre chose. Plus tard elle dira qu’on l’a carambolée. De l’attraction désastre. Pour l’heure, il appartient aux préposés de la FedEx de les délivrer quelque part. Il y a quelques mois à peine, ils avaient filé à Paris comme une métaphore, le temps d’un week-end, d’une parenthèse d’oubli par le chas d’une aiguille. Ralentis sur le périph’, ils s’étaient retournés au même instant pour s’embrasser. Orgueilleux oublieux du temps qui s’écroule, ignorant de creuser leur tombeau, ils avaient joué les parfaits touristes. Et c’était déjà beaucoup. Traversant le Centre leur corps tout entier battait la chamade au rythme d’un Pom-Pom-Pidou. Aujourd’hui désenlacés, ils contemplent les vestiges de l’entrelac d’affects racornis tombés à leurs pieds. Ils guetteront la prochaine dissolution dans l’oubli de ce post-scriptum contagieux. Cette mésaventure leur appartient. C’était ton idée, non? Non, c’était ton idée! S’accordant sur la partition d’un problème commun et mortellement irrésolu, toutes les choses concourent à leur perdition. Ce quelque chose qui les a dépassé, cette illusion collective qui refusera de s’estomper. Si le fleuve continue de couler, un jour le rocher bougera. Par cette blessure minuscule entre le chanter juste et le chanter faux, la vie s’est engouffrée. Du temps où ils fredonnaient à l’unisson, ils avaient eu leur film commun, on connaît la chanson...Et parmi ceux des autres, ils avaient élu ‘Me and you and everyone we know’. C’était une époque enchantée où ils pouvaient être éclaboussés par une comédie romantique, par un spectacle de Wim Vandekeybus, où ils pouvaient se tenir longuement la main à l’arrêt du 71.

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Pierre se saisit d’un carnet et d’un stylo. Il note : “Bar service na 5 PM”. Et trouve qu’il en a déjà trop dit. Qu’un homme silencieux est un homme en sécurité. Il choisit de se récurer avec une nouvelle comédie romantique, qu’il regardera seul, qui endiguera les houles puis les submergera. Il jette son dévolu sur un petit maître du genre, Richard Curtis, où cachés dans des placards, des types roux remontent le temps d’un claquement de doigts afin de se rabibocher avec le présent. Pierre est très ému par ces contre-pieds subtils. L’objet s’intitule ‘About Time’. Il est question de remodeler, de démêler les fils. Il est question de parties de ping-pong avec le paternel qui ne devraient jamais s’éteindre. C’est une bénédiction and it’s a curse. Pierre trouve Curtis drôlement malin pour parvenir à donner autant sans en faire des caisses. Celles de Pierre sont engouffrées dans une camionnette de déménagement et il est question de lever le camp. About time. Jenny a déjà trouvé un nouvel amant. Il lui a fallu septante deux heures environ. Elle a répondu au sms de ce militaire rencontré lors d’un dîner. Elle l’avait jugé pas très fute-fute, un peu cavalier et gauche dans ses approches mais on dira ce qu’on voudra, c’est toujours flatteur et puis elle était repartie avec un souvenir relativement tangible, l’image d’un type plutôt bien gaulé et un numéro en poche. Elle préparerait de la polenta, tamiserait les lumières, disposerait des préservatifs dans les différentes pièces de son nouvel appartement dégotté à la va-vite tout en écoutant Saule sur la bande-fm. C’est sûr, il y aurait un changement de fréquence, ce serait moins électrique. D’un autre côté, elle s’était un peu forcée lorsqu’elle avait dit à Pierre qu’elle trouvait Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra renversant. Elle n’avait pas trop compris ce qu’il pouvait trouver de si “important”, de si “engagé” ou “vivifiant” dans ce déferlement. Il était question de perdre le contrôle et elle n’aimait pas trop ça. Elle lui avait dit: ce soir j’ai juste envie que tu me regardes me caresser. Suspendu à son doigt, le temps s’était emporté. Beam me up, Scotty ! Texte : Fabrice Delmeire About Time : le mois prochain, le RifRaf francophone publiera son 200ème numéro. Il aura 20 ans. Il n’est pas impossible que nous nous enfermions dans un placard et que nous claquions des doigts.

année 20 • avril’14

Colofon www.rifraf.be Année 20 nr. 198 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf mai sort le 30 avril rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 16 avril agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20 avril

collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... dessins : Issara Chitdara photo cover: yannick grandmont

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse

“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”


Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte : Eric Therer

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une

cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Quand le nom de Sister Iodine apparaît sur une pochette d’album, on se dit que la dose de noise apocalyptique n’est jamais bien loin, et leur tout récent LP ‘Blame’ en est une preuve de plus (Premier Sang). Promenade aussi inquiétante que jubilatoire, à condition d’avoir fréquenté Gert-Jan Prins, le cinquième opus (seulement) des vétérans français en vingt ans de présence bruitiste convoque les fondamentaux du projet, including des clins d’œil plus que bienvenus à leurs coreligionnaires évadés de la maison Crónica (@c, ce genre). Plus que jamais, ça fait passer le paysage de ‘Blade Runner’ pour un aimable épisode de ‘Plus Belle La Vie’, tant la vision cataclysmique de Lionel Fernandez, Erik Minkkinen et Nicolas Mazet s’imprègne des retombées post-nucléaires d’un lieu d’errance pour zombies affamés. Ça s’entrechoque de partout, ça hurle de détresse hystérisante et le pire, c’est qu’on redemande à qui mieux mieux, mais n’oublions pas de coucher les enfants d’abord. ★ ★ ★ Avec des sources remontant à Gianluca Becuzzi, Lawrence English et – oh oui – Felix Kubin, on attendait de ‘Plateforme #1’ (Baskaru), quatrième effort de Laurent Perrier, une incursion entre electronica ambient et pop dada minimaliste. Et bien pas du tout, ou si peu. Largement dans une vague abstract noise où le traitement de l’information penche du côté de Stephan Mathieu, voire Christian Fennesz, le premier numéro de cette nouvelle série du label français laisse dubitatif. En trois plages d’une quinzaine de minutes, le producteur français tend vers un calme en trompe l’œil, où les (trop) rares rebondissements tiennent lieu de non-événement. On nous annonce Francisco López, Aidan Baker ou Fennesz pour les numéros deux ou trois, on croise les doigts sur le laptop. ★ ★ ★ Vous avez dit Baskaru ? Restons-y avec une vieille connaissance des lieux, Yoshio Machida, auteur en 2008 du formidable ‘Hypernatural #3’ dont une récente réécoute n’a fait que confirmer les éloges. La démarche se veut néanmoins toute différente sur ‘Music From The SYNTHI’, l’occasion pour l’artiste japonais de s’attaquer au Synthi AKS, ce séquenceur légendaire (il date de 1971 !) où les échos d’un Pierre Henry se font encore sentir. Davantage dans la démarche d’un Benge lorsqu’il affrontait vingt synthés différents sur ‘Twenty Systems’, Machida se laisse aller à l’expérimentation la plus personnelle, tant on sent grand son plaisir à tester les multiples possibilités sonores de l’instrument. Tantôt en pulsations arythmiques, tantôt en mode chill convoquant Eliane Radigue, les treize titres font preuve d’une grande diversité, le mot rimant plus que jamais avec liberté, celle que nous admirons chez un électronicien de la trempe de Jakob Kirkegaard. ★ ★ ★ Baskaru troisième et ‘The Illusion Of Infinitesimal’ de France Jobin, ex-claviériste de blues (si, si) dans les années 80. Avant de profiter pleinement de l’expérience, n’oubliez pas de tourner le volume à fond les ballons, tant les sons de la productrice montréalaise invitent à un abandon de soi total. A mille lieues des fureurs technologiques ultra-bruitistes d’un Yasunao Tone, l’artiste canadienne exporte l’immense variété de ses trois compositions dans un spectre où l’ambition d’un Taylor Deupree tient lieu de resserrement idéologique. On ne se réveillera pas le matin en sa compagnie, c’est pour mieux nous la réserver avant la nuit. ★ ★ ★ Chouchou de ces pages, le label portugais Crónica nous envoie régulièrement des productions autant recherchées qu’abouties. Court, une seule plage de vingt minutes, ‘Residual Forms’ de Monty Adkins est d’autant plus remarquable qu’une discrète beauté l’envahit après chaque seconde. Telle une dérive dans les artères d’une cité apaisée, l’œuvre de l’électroacousticien britannique s’imprègne d’une splendide veine néo-classique – on songe plus d’une fois à Max Richter – où l’équilibre entre les divers composants atteint un degré d’équilibre parfait. Tout en retenue, ce qui n’exclut ni les variations ni les changements de cap, ses formes résiduelles appellent une envie d’abandon et de recueillement, très largement en marge des vicissitudes du quotidien. ★ ★ ★ Producteur de Vancouver, Connect_icut a franchi les neuf heures de décalage pour s’offrir à nous, tout en calme et volupté sur ‘Crows & Kittiwakes Wheel & Come Again’ (Aagoo/Rev Laboratories). Si l’ensemble ne mange pas de pain, notamment le premier morceau, ses sonorités glissent toutefois sur la surface sans réellement abreuver notre nappe phréatique. Bien que les intentions apparaissent claires, voire on ne peut plus évidentes, la volonté de ne pas en découdre de l’artiste canadien lasse bien vite. Totalement en manque d’aspérités, son disque réconfortera les primo-arrivants d’une scène électronique où les noms à l’affiche (Chris Watson, anyone ?) présentent bien d’autres atours éclectiques. ★ ★ ★ Vous en doutiez ? Votre Love On The Bits tient ses promesses, deux fois plutôt qu’une. Le mois dernier, on vous mettait l’eau à la bouche avec l’annonce de ‘La Marée’ de Pierre-Alexandre Tremblay (empreintesDIGITALes), un mois plus tard, le constat est d’une telle évidence qu’il mérite un développement. Habitué d’une électroacoustique de tout vol, la maison québécoise accueille pour la quatrième fois le compositeur montréalais, aujourd’hui prof de composition à l’Université de Huddersfield en Angleterre. Tournant complètement autour des relations entre les haut-parleurs et les instruments (une clarinette basse, un piano BaschetMalbos ou la voix de soprano de Peyee Chen), la méthode Tremblay inscrit ses pas entre le piano préparé de John Cage, le jeu de cloches de The Bell Laboratory et l’incandescence expérimentale de la scène norvégienne (Lene Grenager ou Kjetil Møster), tout en imprimant un cap à la fois personnel et exigeant. Toutefois, la démarche du musicien canadien ne se veut pas qu’expérimentale, tant est grande sa volonté expressive, en marge totale des canevas du tout venant. Et si chaque effort mérite récompense, nul doute que les cloches de Pâques seront généreuses en chocolat fin le 20 avril prochain. Hmmm, ça fond déjà dans la bouche…

Bloomington, Indiana

Vous ne connaissez pas Bloomington en Indiana, Etats-Unis. Vous vous contrefichez de cette petite ville qui n’existe dans aucun recoin de votre imagination et dont le nom n’évoque rien pour vous. Les plus curieux glaneront quelques liens, une définition Wikipédia sur leur smart phone, mais jamais vous ne humerez l’air de Bloomington au printemps. Sans avoir à la localiser, sachez qu’elle existe quelque part dans le sud-est de l’Indiana, au milieu du Comté de Monroe. En octobre 1987, mon ami Philippe Franck et moi avions erré dans les rues d’Indianapolis avant de trouver le bon bus qui nous mènerait dans la périphérie sud, aux abords de la USS Indianapolis Highway répertoriée 465. Pédestrement, nous avions rejoint le début de la State Highway 65 où nous nous étions arrêtés pour faire de l’auto-stop en direction du sud. Nous avions attendu de longs moments avant que ne s’arrête un type conduisant un pick-up truck à l’arrière duquel il nous avait proposés de monter. Recroquevillés entre des caisses, nous tentions de communiquer avec lui à travers la vitre entre-ouverte séparant le bloc cabine de la plate-forme arrière. A Franklin, notre chauffeur quitta la route principale pour s’arrêter sur un accotement herbeux. Il accepta de nous caser à ses côtés et engagea une discussion à laquelle nous n’étions que trop enclins de participer en guise de remerciement. Le type avait des mains de tueur, son vocabulaire était dangereusement pauvre. Le chauffeur ne nous fut d’aucune utilité pour nous renseigner sur ce qui nous étions venus chercher à Bloomington, les bruissements d’une scène musicale dont nous n’avions ouï que les rumeurs. Nous ne savions d’ailleurs pas vraiment où l’appréhender et comment la vivre. A l’époque, sans internet, il fallait faire preuve de d’imagination et se rendre attentif au flyers et affichettes qui garnissaient les cabines téléphoniques et les poteaux d’éclairage. Nous tentions des concerts au petit bonheur la chance, nous fiant au lettrage des annonces et à la consonance attirante de noms de groupes dont nous ignorions tout. L’université accueillait son lot d’événements mais c’était davantage dans les foyers d’étudiants que dans les halls officiels qu’il fallait fureter. Quelques cafés se montraient audacieux et présentaient des artistes locaux ou régionaux comme les Zero Boys ou Dandelion Abortion encore empreints de l’héritage punk. Il nous fut rapporté que dans la périphérie des garages ouvraient leurs portes, jamais nous ne parvinrent à les trouver. En ce début d’automne aux couleurs mordorées, nous passèrent sous bien des porches de maisons en bois garnis de potirons. Les feuilles des érables et des chênes d’Amérique prenaient des allures rouges et rouilles d’une grande beauté. Les soirées devenaient fraîches. Nous échouâmes parfois dans le salon d’étudiants audiophiles curieux. Des numéros de téléphone et des adresses furent échangés. Sans le savoir nous avons dû croiser Ben et Chris Swanson qui dix ans plus tard créeraient le label Secretly Canadian dont les bureaux dans le centre de Bloomington hébergeraient Jagjaguwar et, plus tardivement, Dead Oceans. Pour bien des années encore, la figure tutélaire de John Cougar Mellencamp, songwriter patriote et opiniâtre, continuerait à régner sur cette ville de province placide. Grand-père, il vit aujourd’hui en périphérie, sur les bords du lac Monroe avec l’actrice Meg Ryan. Pour l’heure, Philippe Frank enregistrait des sons environnants à l’aide d’un petit Sony TCM-2 tandis que j’alignais des notes bâclées sur les pages d’un calepin. Ni lui, ni moi ne savions que nous retournerions jamais dans cette ville, quand bien même je m’étais convaincu de m’y marier et d’y fonder une famille avec une Stacy Morton aux formes avantageuses sortie de nulle part.


Texte : Le Dark Chips

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Libéré, il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Après avoir échaudé nos soirées d’été, la tribu d’(Eskimo) vire du rose au « Blue Collection » pour bourgeonner avant l’heure de nouveaux talents et de nouvelles promesses. Nous aider à sortir doucement de l’hiver, voilà exactement ce que nous propose l’écurie gantoise en quelques passages obligés : d’abord la Norvège de Atella, une incursion de Roisin Murphy, un inévitable remix de Le Crayon sur un titre de Blende et enfin, l’arrivée en Grèce avec NTEIBNT. Question ambiance, on est à environ moins vingt sous l’échelle du taux de testostérone requis, sans être complètement voué à décorer les rayons huiles essentielles de « Nature et Découvertes », tout de même. Rho, c’est pas banal. ★ ★ ★ On ne présente plus Luke Vibert ! Ah si, vraiment ? D’accord ! Alors, Vibert, c’est à la fois Wagon Christ, Plug, Butler Kiev, Kerrier District. Des pseudos à la pelle et autant d’apparitions sur Ninja Tune, Rephlex, Warp, Planet Mu et Mo Wax. Mais, depuis 2009, c’était surtout le silence, bientôt brisé par ‘Ridmik’, brûlot forgé à la TB-303 et qui sent déjà bon l’acid coupé au soufre. Encore un jeu d’analogies dont l’Anglais connaît les règles par cœur et ventilé en suffisance pour que vintage ne rime pas ici avec « moisi ». Le plus classe du monde ! ★ ★ ★ Connus pour leur productions house, deep ou encore jazz pour bobos, Danilo Plessow et Marcus Worgull s’allient en plein Vermont pour un projet aventureux, en duo, où se mélangent improvisation, contributions variées et délire cosmique. Auditeur imprudent, ne te risque pas à lever les yeux au ciel pour bénir tant de beauté new-age, tu risquerais de te faire chier dans l’œil par un moineau mécontent d’être poussé avant l’heure dans une gamelle Lunch Garden. Tu vois pas qu’on mange ? ★ ★ ★ C’est à croire que (Kompakt) a décidé de nous vendre des bibles plutôt que du son. Déjà tuteurs légaux du duo précédemment mentionné dans cette chronique, le label de Cologne remet une couche de mystique en distribuant le pot pourri des élucubrations expérimentales de Lufth. Ainsi, Joerg Shuster se fend de « pafs, wizz, brrrrr et de doings » sur 9 titres récoltés dans 10 ans d’archives. Jamais ridicule, mais peu passionnant, ‘Distanz und Nähe’ devrait soulager sensiblement le budget Lexotan des plus agités d’entre vous. Monde de merde. ★ ★ ★ D’un courant musical où tout semble avoir la même couleur, la même saveur ou encore la même issue, dironsnous qu’il est homogène ou oserons-nous l’accuser d’auto-plagiat ? Et si chacun cherche pourtant sa ligne, c’est souvent la confusion qui règne. Faire parler la voix (un comble) et laisser naître un son deviennent alors les catalyseurs salvateurs, et c’est en se jouant de ces deux variables qu’un artiste comme James Blake a pu distancer ses semblables. Malins comme des singes, il n’aura pas fallu plus de deux ans au duo Colo pour apprendre à faire la grimace. Dans un rythme cardiaque lent, cadencé et syncopé, Ben Corr et Nick Smith nous absorbent dans un abandon hypnotique qui, comme le sommeil, vacille entre profondeur et légèreté selon l’inspiration des enchanteurs. De l’état liquide au solide, ‘Ur’ est donc un premier essai qui hésite : reste aux Anglais à revoir leurs bases de chimie pour confirmer ces expérimentations naissantes et prometteuses. Vous m’êtes sympathique. ★ ★ ★ En ces jours, la surabondance culturelle parfois nous assomme de documents inédits, et dits exceptionnels, servis sous forme de rééditions de luxe ou en packages abscons. Profitant du fétichisme du vieux sillon, on les désigne souvent comme joyaux inestimables, et surtout immanquables pour le mordu (nous l’appellerons ici hameçonné). Et pourtant ‘The Aquaplano Sessions’ de Donato Dozzy & Nuel pourrait bien faire preuve d’exception. Sorties sous la forme de deux EP’s déjà en éditions limitées en 2008 et 2009, ces 8 plages proposent d’en finir avec un développement harmonique et mélodique traditionnel. Exit les répétitions entendues, dehors les effets tordus surannés. Voici que le piège se referme déjà, tout en variations sonores, en intensité mesurée : le grand détournement ! ★ ★ ★ Assez rare pour que cela soit signalé haut et fort : la deep n’est pas une fatalité ! La preuve par le troisième album de Efdemin, ‘Decay’ désarçonne et fait sauter les verrous du préjugé. Et pour réussir ce tour de force, Phillip Sollmann n’a pas hésité à quitter Berlin (quelle bonne idée !) pour s’imprégner de Kyoto et de culture japonaise, entouré des montagnes bleues, tout au long de 3 mois d’exil. Mais ‘Decay’ ne sera pas qu’une excellente sortie de (Dial) et se verra prolongé par une vie en l’image toujours en production à ce jour. T’as bien fait de venir ! ★ ★ ★ Comme la production du disque susmentionné, cette quelques lignes ont été totalement écrites au casque.

Texte: Anys Amire et François Georges photo: Peggy Schillemans

Roman fleuve asséché Franco Basaglia avait tout juste 56 ans lorsque de violentes douleurs lui perforèrent la tête. Des vomissements suivirent rapidement, il lui arrivait de temps à autre de souiller ses vêtements et puis ce serait au tour de sa mémoire de se déliter. Il faudra rester vigilant. Il se souvenait vaguement avoir déjà éprouvé de telles impressions, mais où ? Peut-être la première fois qu’il avait franchi le seuil d’une prison ou était-ce à l’hôpital psychiatrique de Gorizia ? Cette colère, il la connaissait. Immense porcherie, là où l’homme perd toute dignité, où la vie n’a plus que l’aspect et l’odeur de la mort. Du déjà-vu, des institutions totales. Tant de temps passé à combattre. Peut-être même morte, il faudra continuer à les tuer désespérément, follement. De sa maison de Venise, il aimait regarder longuement les cours d’eau. Il lui arrivait souvent de les arpenter. Les fleuves, les canaux, les deltas l’aidaient à ne pas oublier, à rester vigilant une fois encore. Les pays où naissent les fleuves semblent lointains, ils sont l’origine, le mouvement premier. La terre nous colle aux pieds, l’eau nous porte à travers les temps. A perte de vue, le fleuve nous aliène majestueusement, nous assène sa vérité : naufragés, miséreux recouverts par les flots, la tête maintenue méticuleusement à juste distance de suffocation. Question d’Histoire à ne pas oublier. Il se sentait par instant vertigineux, mais ne tomba jamais. Il avait vu les habitants du fleuve. Il ne pouvait s’empêcher de se répéter : « je n’ai jamais rien enseigné. J’ai tout appris des asiles et de ce fleuve ». C’est lors d’une de ces promenades qu’il rencontra Robert Johnson.

Jonhson était de petite taille, plutôt élégant, assis sur un tronc d’arbre il ne quittait jamais son énorme guitare des yeux. Il la grattait par intermittence comme indécis. « Les médecins me disent que je suis mort sans cause. Mais tu sais les gens de chez moi n’ont pas peur de regarder la mort en face. Je l’ai vue dans les maisons englouties par le grand fleuve et dans les bourgs déchiquetés par la tempête; je l’ai vue sur les visages des jeunes gens abattus dans les salles de jeux, ou encore sous les traits d’un vieillard revenu mourir chez lui après une dure journée de labour, son corps sur la froidure des planches, encore tordu par les années à se courber sur les rangées de coton. » Basaglia ne disait pas un mot, au fil de sa vie il avait pris l’habitude de fixer les fantômes. Le P’tit Robert aligna alors une série d’accords claquant comme un coup de pistolet et hurla d’une voix d’écorché : « Moi et le diable, marchions côte à côte. Moi et le diable marchions côte à côte, OOh et je vais battre ma femme jusqu’à obtenir satisfaction ». Il s’arrêta net, dévisagea longuement son auditeur, finit par lancer « On a beaucoup parlé sur moi, tu sais. Sur moi et le diable… Mais Son House s’était moqué de moi… parfois on pactise…dés le début, on n’avait pas le choix… Les terres sont parfois solitaires et inhospitalières et puis le fleuve reprend ses droits… Mais il y a un enfer…Et quelque chose me dit que tu l’as vu. » Basaglia s’éloigna lentement gardant un silence égal. Sa tête le faisait à nouveau souffrir. Au loin il pouvait néanmoins entendre Robert Johnson chanter : « le blues tombe comme la grêle. Et il continue à m’tracasser, c’est un chien de l’enfer à ma poursuite. » Le 13 mai 1978, le parlement italien vote la loi n°180 de réforme de la psychiatrie, qui s’inspire des expériences d’abolition de l’hôpital psychiatrique qui se sont développées en Italie à partir des années 1960 par le Dr Basaglia. Il s’éteint le 29 août 1980 d’un cancer du cerveau. C’est l’histoire d’une balle tirée il y a plusieurs siècles qui finira sa course dans le crâne d’un homme libre et révolté. C’est l’histoire des fleuves qui l’enveloppent et où tout se réduit. Livres : Franco Basaglia, portrait d’un psychiatre intempestif ;Mario Collucci & Pierangelo Di Vittorio ; Éditions Érès Le pays où naquit le blues ; Alan Lomax ; Éditions Les Fondeurs de Briques


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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © Ya n n i c k G ra n d m o n t

Cette fois encore, trempons nos plumes dans la salive et la sueur de ceux qui plient mais ne rompent pas. Percutons-nous dans les batailles à chorus tourbillonnant d’un clan bruitiste et rutilant pour qui les lendemains hurlent

ou exultent, à mesure des pas gagnés sur les ténèbres, au gré des bribes cueillies pour le clan des veuves, des orphelins et pour chacun de nous. Avant leur performance à l’Orangerie, rencontre avec Efrim Menuck, penseur et porte-voix d’un quintet jamais en voie d’extinction.

Thee Silver M Zion Memoria Orchestra


Mt. al

07 Débutons par ce fragment d’’Ostinato’ de Louis-René des Forêts : « vivre en bonne intelligence avec le doute, mais combattre avec les armes de l’espoir ». Y reconnais-tu certains des objectifs de ton groupe ? Efrim Menuck : « Oui, tout à fait. Nous essayons de parler honnêtement de la façon dont nous nous engageons dans le monde parce que nous avons l’impression qu’elle n’est pas très différente de celle de la plupart des gens. C’est un engagement assez confus parce que l’époque est très confuse. » ‘Fuck Off Get Free We Pour Light on Everything’ est plus court que vos précédents disques. Une envie de condenser vos pensées, de revenir à une sorte de noyau ? Efrim : « En réalité, une sorte d’accident. Nous avions enregistré plus de matériel que ce qui s’est retrouvé sur l’album. Et puis en le rassemblant nous avons constaté que ça faisait sens d’en faire une pièce plus ramassée, ne serait-ce que parce que pas mal de morceaux demandent beaucoup d’énergie à l’écoute. » À travers des samples, vous avez placé vos morceaux sous la protection des enfants et de musiciens adorés partis prématurément… Efrim : « La phrase de notre fils Ezra (« We live in an island called Montreal and we make a lot of noise because we love each other ») semblait la meilleure façon de débuter l’album, puisqu’il traite partiellement de la ville. ‘Take Away These Early Grave Blues’ et ‘Rains Thru the Roof at Thee Grande Ballroom’ évoquent tous les deux la disparition de musiciens, et ça nous paraissait naturel d’y inclure la voix de Poly Styrene d’X-Ray Spex décédée d’un cancer il y a trois ans et celle de Fred « Sonic » Frith d’MC5. Pour la plupart des musiciens, la vie est loin d’être facile : émotionnellement et physiquement, c’est épuisant. Bien plus d’entre eux meurent trop jeunes d’attaques cardiaques ou d’AVC plutôt que d’overdoses d’héroïne. » Quel était ton état d’esprit pendant les grèves étudiantes auxquelles le premier morceau rend hommage ? Efrim : « C’était un moment incroyablement excitant mais aussi effrayant car on se doutait de comment ça allait se terminer. Vers la fin des grèves, 70 % de la ville de Montréal était dans les rues, faisant du boucan sur des casseroles à propos de tellement de problèmes, qui allaient bien au-delà de la mesure sur la scolarité. Montréal est une ville où les gens n’ont pas trop de mal à se plaindre mais je n’avais jamais vu ça : il y avait des grands-mères parmi les protestants. Les conditions de travail du gouvernement du Québec sont tellement corrompues et obscènes qu’il était naturel que la révolte s’étende là-dessus. C’était donc très inspirant mais il y avait la crainte que tout cet élan ne s’arrête sans solution. » Te considères-tu comme un insulaire isolé, comme le laisse à penser le fragment « It’s been too long since a stranger held my hand » ? Efrim : « Montréal connaît une situation unique : le reste du Canada déteste le Québec, et le Québec déteste Montréal, donc nous sommes en quelque sorte marginalisés à deux niveaux. Et nous sommes vraiment une île. Ça a toujours été comme ça, mais ça a augmenté avec les dernières années. C’est une situation vraiment triste. Montréal est la plus multiethnique, la plus plurilingue du Québec et le gouvernement de la Province, pour des raisons politiques, vient décréter que le français et l’anglais ne peuvent pas y cohabiter. Ils ne tiennent pas compte d’une réalité cosmopolite. » J’ai pu voir ‘Come worry with us’, le documentaire que vous a consacré Helene Klodawsky. Était-ce facile ou déstabilisant pour toi et Jessica de laisser rentrer une étrangère dans votre intimité au moment où vous apprivoisiez le rôle de parents tout en continuant à être musiciens ?

Printemps Arable Efrim : « C’était tout sauf évident et nous ne le referons pas. L’histoire est compliquée mais c’était assez clair tôt dans le processus que le film ne refléterait en aucune façon la réalité telle que nous l’envisagions. C’est un film « correct » mais ça ne nous ressemble pas. Il contient une part de vérité, mais pas autant que ça aurait pu. » Il pose tout de même une question essentielle : en tant qu’artiste, tes buts ont changé depuis que tu es père ? Efrim : « Devenir parent bouleverse absolument tout : ça rend la vie plus difficile et plus facile à la fois, ça modifie ton centre de convergence. J’ai découvert que ça me rendait plus en rage contre le monde que jamais. C’est bien plus ardu de se sentir résigné quand tu as un enfant en bas âge. Mon fils a quatre ans maintenant, et on ne peut pas tout lui révéler mais je sais pourtant que le jour viendra où on devra avoir une conversation complexe. Et j’espère qu’elle sera bonne. « Lord, let my son live long enough to see that mountain torn down » : il faut garder espoir d’un avenir plus lumineux pour les générations futures. » ‘Little Ones Run’ intervient d’ailleurs comme une berceuse dépouillée, presqu’apocalyptique. Efrim : « C’était un processus un peu inhabituel pour ce morceau : j’ai donné des paroles à Jessica et Sophie qui ont cette fois écrit la musique. C’est le souvenir d’une nuit où j’ai dormi dans une maison à la campagne et un orage a balayé tous les nids en les fracassant par terre. Mais ça parle surtout de l’impossibilité de protéger ses enfants dans ce monde : le sens est plutôt lourd, mais la chanson reste belle, non ? » Oui ! Sans revenir sur la polémique du prix Polaris reçu par GYBE!, vous désiriez que les 30000 dollars servent à élaborer un programme d’éducation musicale en prison… ça a pu se mettre en place ? Ça ne doit pas être évident d’obtenir les facilités pour un tel projet ! Efrim : « Nous ne pourrions pas administrer ce programme nous-mêmes, nous ne sommes pas des éducateurs sociaux donc nous recherchions des gens aptes et désireux de le faire et il semblerait que nous ayons enfin trouvés quelqu’un d’au moins disposé à nous rencontrer. La deadline est fixée à septembre. Au-delà, nous donnerons simplement l’argent à un organisme existant, c’est important. Au Canada, ces quinze dernières années, rien que le fait de suggérer qu’une réhabilitation puisse avoir lieu durant l’incarcération te fait passer pour désespérément naïf. Avant, la tendance était à l’humanisation, mais maintenant, on fait des entrepôts à personnes. Il n’y a pas de seconde chance. » Après les concerts, vous organisez parfois des sessions de Q&A…un souci de transparence ou d’implication de votre public ? Efrim : « C’est un peu des deux. On s’efforce à tout prix de ne pas être sur une scène surélevée, prétendant être quelque chose que nous ne sommes pas. C’est aussi une façon de démocratiser l’espace, en quelque sorte. Je le fais moins souvent parce que malheureusement, ça tourne plus souvent mal que bien, en particulier si les gens picolent. Avant, je passais au-dessus de cette attitude, mais ça devient désarçonnant de n’entendre que les voix les plus bourrées proférant des stupidités. Quand j’étais un gamin et que j’allais voir des groupes de punk, ils avaient beau être des rock stars ils n’étaient jamais suffisamment « grands » au point que tu ne puisses pas aller discuter avec eux après le concert. Il ne devrait pas y avoir deux niveaux d’humanité, aux concerts ou ailleurs : c’est notre responsabilité d’empêcher ça, même à notre petit niveau. » J’ai été surprise de voir des articles s’étonner de votre hommage à Capital Steez, comme si en tant que groupe de rock, vous n’écoutiez pas de hip hop. Pour moi, vous appartenez à une même famille de protest singers. Efrim : « Je n’ai pas compris cette réaction non plus. Nous écoutons toutes sortes de musiques comme n’importe qui d’autre. Nous aimons tous le hip hop tout comme nous aimons tous Moler ou Ornette Coleman : de la bonne musique, voilà tout ! Comme nous tournons beaucoup, nous avons parfois aussi besoin de revenir à des classiques, de la soul, notamment. Ou en fin de journée, après avoir sans cesse fait vibrer les instruments, de simplement bavarder, sans sonorité extérieure. » Du genre à lire, aussi ? Efrim : « Absolument ! Je ne peux que recommander ce livre publié par AK Press ‘Life During Wartime’. Il explique que les gouvernements occidentaux utilisent à présent des techniques de contre-insurrection sur leur propre population nationale. C’est assez fou parce que ça a été écrit avant toute cette affaire autour de la NSA, c’est une série d’essais dans différents contextes. Je l’ai trouvé très inspirant, écrit par des gens engagés et sensés. Même si la situation est effroyable, c’est bien de pouvoir la mettre en mots. » Qui sont ceux qui t’ont amené à être activiste ? Efrim : « Plutôt des gens dans ma vie de tous les jours. J’ai quitté la maison très jeune, eu beaucoup d’années de galère, de vaches maigres. La première fois que j’ai ouvert un livre de Noam Chomsky, j’ai compris que je n’étais pas seul avec ce sentiment, qu’il y avait un sens à tout ça. Au-delà, c’était juste des gens que je connaissais, qui essayaient de prendre soin les uns des autres du mieux qu’ils pouvaient. De mes 17 à mes 21 ans, ce furent des moments éprouvants. J’ai appris tellement mais je suis passé d’une situation terrible à l’autre : être sans-abri, avoir besoin de l’assistance sociale. Quand tu vis ça de l’intérieur, tu ne t’interroges plus sur le bien-fondé d’un accès à ces programmes pour tous, tu n’es plus dans la théorie. » Un disque : ‘Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything’ (Constellation/Konkurrent) Suivez le guide : http://www.tra-la-la-band.com/


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ITnetxetrev:i eAw n n: eM- Li si sceh a R eBm la uc d lte s i T r a d u c t i o n : Pat r i c k F o i s s a c i C h a p e a u : A n t o i n e B o u r s

De sa bouche s’écoule toute l’âme africaine, depuis les terres natales jusqu’aux contrées forcées, dans une langue chaude et lumineuse. Réalisé sans son Spasm Band, ce ‘Time’ n’est pas pour autant une escapade solitaire. Fruit de la rencontre avec l’exceptionnelle artiste Meshell Ndegeocello, qui signe tout ses arrangements, il s’agit d’un album dédié tout entier à la spoken poetry, d’une ode magistrale à la musicalité de la parole.

Tour à tour chamane ou confident, Anthony Joseph nous entraîne dans une ronde d’images, de couleurs, d’odeurs et de sentiments aux pouvoirs ancestraux. Pierre blanche d’une histoire de la musique noire, ‘Time’ est un véritable joyau. A la différence de tes albums précédents, ‘Time’ met en avant un aspect narratif très marqué, si bien que les chansons se retrouvent davantage en retrait. S’agissait-il d’un choix voulu ? Anthony Joseph : « Oh, je pense que le moment était tout simplement venu de faire quelque chose de totalement différent. J’ai fait quatre albums avec Spasm Band et j’avais le sentiment d’avoir fait le tour des idées à explorer sur le plan musical. Nous avions gravi le sommet de ce que l’on pouvait espérer atteindre ensemble and it was

devrais pouvoir sérieusement prendre ton pied et danser comme un fou ! » On te décrit comme étant “a black poet haunted by Africa’s past as well as a bilingual post-modernist amused by the possibilities of the future”. Te retrouves-tu dans cette description ? Anthony : « Absolument. Je m’intéresse tant au passé qu’au présent, bien que je ne sois pas à proprement parler un écrivain afrocentriste. Pour être honnête, je ne suis pas tant fasciné que cela par l’Afrique ou l’héritage africain. Ma quête se situe davantage au niveau de la langue, du rapport entre langue et communication ou encore de la façon dont les frontières linguistiques et les interprétations qui y sont associées peuvent être dépasséees. Le fait que je sois un écrivain noir originaire des Caraïbes est le fruit du hasard. C’est une partie de mon identité, mais ce n’est pas tout. Je suis par exemple féru de ce qui est expérimental dans la littérature et la poésie, je m’intéresse aux auteurs européens et à leur théories. Un ami qui vit à Los Angeles décrit ce que je fais comme étant de la “diasporic avantgarde” et je dois dire que cela me convient parfaitement ! » Et si tu devais décrire ‘Time’ en une seule phrase? Anthony : « A poetry album that operates on the frequency of magic. » Tu as quitté Trinidad pour t’installer en Grande Bretagne à une époque où des gens comme Thatcher et ensuite Major ont été à la tête du pays. Comment as-tu vécu cela ? Anthony : « Lorsque le pays a été dirigé par les conservateurs, il a été submergé par un 80s yuppie boom. On essayait de donner l’impression qu’il s’agissait d’un pays riche où l’argent coulait à flots. Cela n’a d’ailleurs pas tellement changé. Si l’Angleterre est un pays qui est frappé par une grande pauvreté, on pourrait à première vue avoir l’impression qu’il y règne une grande stabilité financière. Ce n’est bien entendu que de la pure fiction, mais c’est une image d’eux-mêmes à laquelle les Anglais sont très attachés. A la différence du reste de l’Europe, ils aiment afficher leur aisance matérielle, ils aiment projeter l’image de gens aisés, même si ce n’est pas le cas. En Belgique ou en France, il est moins évident de deviner si quelqu’un est riche ou pas en se limitant à la façon dont il s’habille ou à son style de vie. En Angleterre, c’est évidemment aussi lié au système de classes et vu que les gens jugent que leur place dans la société est essentielle, ils vont tout faire pour la conserver. » Qu’est-ce qui a changé depuis que tu es arrivé à Londres ? Anthony : « Clairement l’impact qu’ont pu avoir des gens comme moi, des gens originaires des Caraïbes et d’Afrique venus s’installer en Grande Bretagne. Cela peut sembler être un cliché, mais on peut réellement parler de l’avènement d’une société britannique multiculturelle. De nos jours, les gens se mélangent beaucoup plus qu’il y a 20 ans. Encore qu’il faille reconnaître que les Anglais ont toujours été assez ouverts aux autres cultures, ce qui s’explique par le fait qu’ils ont depuis des siècles été amenés à fréquenter des personnes provenant d’horizons très différents. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Royaume Uni est un pays aussi libéral. Il ne nous reste plus qu’à nous débarrasser de nos politiciens “and it would be really beautiful place to live. » (rires) Cette rencontre entre les différentes cultures a-t-elle eu un impact sur toi ? Anthony : « Bien sûr. J’ai toujours eu des goûts très éclectiques. Déjà à l’époque où j’habitais à Trinidad, j’écoutais aussi bien le calipso de The Mighty Sparrow et Lord Kitchener que des groupes comme Iron Maiden ou Black Sabbath. Je me baignais dans ces deux types de musique respectivement au carnaval et dans les concerts rock. Et lorsque je suis parti vivre en Angleterre, je me suis ouvert à un tout nouvel univers musical. Je me suis tout à coup retrouvé en mesure de découvrir des tas de disques dont je n’avais jamais entendu parler à Trinidad. » Tu as écrit une biographie sur Lord Kitchener (le musicien, pas le célèbre militaire britannique du même nom). Comment en es-tu arrivé à faire cela ? Anthony : « Pour commencer, Lord Kitchener est le plus grand compositeur calypso de toute l’histoire. Tout le monde est d’accord là-dessus. Mais ce qui m’intriguait surtout, c’était l’homme. Personne ne savait vraiment qui il était. Il était assez timide et vivait reclus. Et il était avant tout un grand patriote britannique. Il était littéralement amoureux de ce pays. A ses yeux, l’Angleterre ne pouvait jamais se tromper. Et j’ai voulu savoir pourquoi. Pourquoi donc les Britanniques étaient-ils d’aussi grands héros ? Comment un Caribéen a-t-il été amené à admirer le colonialisme anglais plutôt que le combattre ? » Et qu’as-tu découvert à ce sujet ? Anthony : « Et bien... Lord Kitchener est né en 1922. A l’époque, Trinidad était une colonie britannique au sens strict du terme. Et il y avait une véritable propagande sensée promouvoir lidéal de l’empire – tant le système scolaire que les médias étaient totalement anglais. La prise de conscience d’une identité propre n’a pas été encouragée et a de la sorte été inexistante pendant longtemps, vu que ce n’est que dans les années 30 et 40 qu’un embryon de nationalisme a commencé à se dessiner. He grew up in a time when England was IT. It was everything. Et compte tenu du fait que c’était un jeune homme qui voulait avant tout faire des disques et réussir, la seule possibilité était de rejoindre the mother country. And he had a ball. Il a immédiatement rejoint une communauté de musiciens de Trinidad, a travaillé avec des gens célèbres et a gagné beaucoup d’argent... Pour lui, tout était donc parfait à tous les niveaux. Cet amour inconditionnel pour l’Angleterre, il l’a nourri jusqu’à sa mort en 2000. » Ta propre relation avec l’Angleterre est sans doute plus ambivalente ? Anthony : « J’ai passé plus d’années à Londres qu’à Trinidad. Londres est donc mon chez moi alors que Trinidad est plutôt, disons, … une destination de vacances. It’s still my spiritual home, mais le temps qui passe a eu un impact. Quand j’y retourne, je me sens comme un étranger pendant quelques jours. I have to get back into it. J’aime l’Angleterre, sa population, son histoire et sa culture. La seule chose que je ne supporte pas, c’est la politique anglaise. Mais ça, je l’avais déjà dit, non ? »

Un plongeon poétique dans l’inconnu

time to step over the top. Un album de plus aurait sans doute donné un résultat par trop comparable et donc dispensable. Il était temps de passer à autre chose sur le plan artistique. » Et quel est le rôle joué par Meshell Ndegeocello dans cette nouvelle orientation ? Anthony : « Un rôle essentiel, même si notre collaboration est le fruit du hasard. Il y a quelques années, j’étais à Paris pour donner une interview et voilà qu’en plein milieu de celle-ci, elle a fait irruption dans la pièce pour me dire combien elle aimait ma musique. Pour être tout à fait honnête, j’ai été un peu choqué ! » Parce ce que tu trouvais son attitude quelque peu cavalière ? Anthony : (rires) « Non, plutôt parce que Meshell n’est pas la première venue et que j’étais un grand fan de ce qu’elle faisait depuis de nombreuses années. Par la suite, je lui ai demandé si elle accepterait de produire mon nouvel album et elle a dit oui. Mais elle n’était pas trop enthousiaste par rapport à mon idée initiale, qui était d’enregistrer un nouvel album avec Spasm Band. Elle m’a dit qu’elle voulait travailler avec moi seul. Elle avait envie de faire un vrai album de poésie, sur lequel la musique devait être au service des mots. C’était un vrai plongeon poétique dans l’inconnu étant donné que cela impliquait de rompre avec la structure refrain-couplet-refrain à laquelle j’étais habitué. C’était un vrai défi. I had to go back to being a poet. Mais c’est ce qu’elle voulait et j’ai décidé de la suivre. Je suis très heureux de ce choix, puisque grâce à Meshell, j’ai pu revenir à mes racines et retrouver une façon de travailler qui avait été privilégiée sur le premier album de Spasm Band, à savoir un travail sur les mots et les rythmes. Ce qui est génial au niveau de la production, c’est que si tu mets ‘Time’ dans ton lecteur CD, tu as envie d’aller t’asseoir et d’écouter les textes. En même temps, certains titres sont tellement funky qu’en concert, avec l’énergie brute du son live, tu

Un disque : ‘Time’ (Heavenly Sweetness/Naïve/Pias)

on stage 18 avril Botanique (Bruxelles)

Anthony Joseph


T e x t e  : la u r e n t g r e n i e r Š m a n u e l r u f i e

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Texte : A Nn i cnoel- a L iss e A lRsetm ea ec nl© e s hawn brackbill

La capitale anglaise tient à sa réputation. Comme souvent, il pleut sur Londres. Uxbridge Road. Les chaussures détrempées, le pantalon mouillé, de fins filets d’eau sur le visage, on affiche un sourire béat au moment de causer aux garçons de Real Estate. C’est que ces mecs fabriquent des chansons bercées par un

soleil couchant et des souvenirs, beaucoup de souvenirs. Alternative à la luminothérapie, la musique de Real Estate illumine la pop d’une saine mélancolie. Intitulé ‘Atlas’, le troisième album du groupe évoque l’enfance, des instants insouciants, des moments

émouvants. Ici, le futur peut bien attendre. Avec ‘Atlas’, Real Estate répond présent et, une fois encore, le cœur a envie de pleurer de bonheur. Après la visibilité internationale obtenue avec l’album ‘Days’, avez-vous ressenti une forme de pression à l’heure d’imaginer vos nouvelles chansons ? Martin Courtney (guitare, voix) : « Si tu penses trop à tout ça, les choses se compliquent nécessairement. On s’est donc contenté de reproduire notre schéma habituel : se retrouver entre-nous et bosser sur de nouvelles compos. L’avis du public nous intéresse... Mais on se dit qu’il viendra a posteriori. » Depuis le dernier album, vous avez quitté votre New Jersey natal pour vous installer dans d’autres endroits (Brooklyn, Manhattan et Los Angeles). Pourtant, Real Estate se présente toujours comme un digne ambassadeur du New Jersey. Pourquoi ? Martin Courtney : « Parce qu’on a grandi là-bas. Pour nous, c’est là que tout a commencé. Le New Jersey, ce sont nos racines. Et, sincèrement, je pense qu’on ne se détache jamais tout à fait de l’endroit d’où l’on vient. Aujourd’hui encore, les chansons de Real Estate sont parsemées de références au New Jersey. Et puis, il y a bon nombre de groupes intéressants qui viennent de cet Etat : des artistes avec lesquels on aimerait aujourd’hui partager l’éclairage médiatique qui nous a été accordé. »

Atlas Sound Matt (Mondanile), en marge de Real Estate, tu mènes ta propre barque sous le pavillon de Ducktails. Est-ce facile de gérer ces deux projets, de faire la part des choses sur le plan créatif ? Matt Mondanile (guitare) : « On compose avec cette donnée depuis des années. Ce n’est pas neuf. Dans le groupe, on est tous impliqué dans d’autres projets. C’est une bonne chose. Ça nous permet de développer des idées neuves et d’éviter les frustrations. C’est aussi une façon de se ressourcer. Certaines sonorités propres à Ducktails se retrouvent aujourd’hui chez Real Estate. Mais l’inverse est vrai aussi. Je pense que nos différentes expériences se nourrissent les unes des autres. Les choses ne sont jamais totalement séparées. » La pochette du disque est illustrée par une infime portion d’une peinture murale. Vous l’avez trouvé chez vous, au New Jersey. Pouvez-vous évoquer cette fresque ? Martin Courtney : « C’est une peinture de l’artiste polonais Stefan Knapp. Elle a désormais disparu... Elle se trouvait sur la façade du magasin de meubles Alexander’s, à Paramus, un bled situé à quelques kilomètres du village où on a grandi. C’était une œuvre gigantesque. En 1961, elle était considérée comme la plus large peinture murale du monde. Au moment où on cherchait une idée d’illustration pour la pochette, on a commencé à ressasser des souvenirs d’enfance. Au cours de la discussion, on a fait allusion à cette fresque et plein d’histoires nous sont revenues… Quand on était ado, le magasin de meubles n’existait plus. C’était juste un bâtiment abandonné où l’on avait l’habitude de traîner. On faisait des tours sur le parking, on tuait le temps au pied de cette œuvre immense. Pour nous, elle a toujours fait partie du décor. C’est presque impensable qu’elle ne soit plus là aujourd’hui… Depuis, l’immeuble a été rasé. Un Ikéa est venu s’installer sur le lieu de nos souvenirs. Dans le fond, c’est comme une mise à jour : un magasin de meubles en remplace un autre… (Sourire) » Sur le nouvel album, un morceau comme ‘Past Lives’ est une pure tranche de nostalgie. Cette touche de mélancolie est-elle la marque de fabrique de Real Estate ? Martin Courtney : « J’espère que non. (Sourire) Notre son est sans doute plus représentatif. Ces derniers temps, je m’efforce de ne plus trop écrire sur le passé. Je me tiens un peu à l’écart des souvenirs. Maintenant, c’est vrai que ‘Past Lives’ est un petit recueil de mélancolie. Mais c’est certainement le seul morceau du disque entièrement fabriqué dans ce moule. » N’empêche, farfouiller dans la boîte à souvenirs, c’est assez instinctif chez vous, non ? Martin Courtney : « C’est quelque chose qu’on retrouve systématiquement sur nos précédents albums. J’ai toujours considéré qu’il était plus facile d’écrire sur des faits passés. C’est comme raconter une histoire sur sa propre vie. Parler du présent ou du futur, ça me semble tout de suite plus compliqué, plus effrayant aussi. Mais je m’efforce de le faire pour éviter de tomber dans une sorte de routine. »

‘Atlas’ va sortir dans une double version vinyle limitée à quelques exemplaires. C’est un bel objet avec quelques chansons supplémentaires et des disques colorés. Par le passé, vous avez également pris soin de sortir vos albums dans de belles éditions. L’emballage, c’est quelque chose qui vous tient particulièrement à cœur ? Martin Courtney : « On éprouve toujours des difficultés au moment de définir l’identité visuelle de nos albums. Mais une fois que cette étape est terminée, on adore travailler sur le packaging. On essaie toujours d’offrir un truc spécial aux gens. Je pense que c’est une forme d’empathie parce que, dans le groupe, on est une bande de geeks… Dès qu’un peu de temps libre se présente, on farfouille dans les bacs en quête de bons albums et d’objets rares. On est avant tout des collectionneurs de disques. Du coup, ça nous excite vraiment de proposer quelque chose de différent. » Real Estate, c’est d’abord une bande de potes, des gars qui se connaissent depuis toujours. Récemment, vous avez engagé Matt Kallman, ex-claviériste du groupe Girls. Est-ce facile de l’impliquer dans votre projet ? Alex Bleeker (basse) : « Quand on est parti en tournée pour défendre l’album précédent, on a proposé à Matt de s’occuper des claviers. Girls venait de splitter. Il avait donc du temps libre. Il nous a accompagnés sur scène et on s’est vite habitué à sa présence. C’est vraiment un chouette gars. Aujourd’hui, on vit dans le même quartier. On se côtoie depuis quelques années et Matt nous suit depuis un moment. Son intégration était assez naturelle. Et puis, à partir du moment où on cherchait à professionnaliser les parties jouées au clavier, c’était vraiment l’homme de la situation. » ‘Atlas’ a été enregistré à Chicago, dans les studios de Wilco. Comment êtes-vous atterri là-bas ? Martin Courtney : « On n’était pas opposé à l’idée d’enregistrer le nouvel album chez nous, à New York. En même temps, on sentait bien qu’on avait besoin de briser le train-train quotidien. Pour produire les nouveaux morceaux, on s’est tourné vers Tom Schick (Sean Lennon, Tinariwen, Mavis Stapples, Low, ndr). Par le passé, il a bossé sur des albums de Wilco. Il connaît très bien le groupe et Jeff Tweedy, le chanteur, lui confie parfois les clefs de son home studio, à Chicago. C’est comme ça que nous sommes arrivés là-bas. » Les médias ont pris l’habitude de présenter Real Estate comme un groupe de musique artisanale et lo-fi. Pourtant, point de vue son, ‘Atlas’ est assez pointilleux, presque irréprochable. Comment expliquez-vous ce quiproquo ? Martin Courtney : « En 2009, on a enregistré notre premier album avec les moyens du bord. On n’avait pas les moyens d’enregistrer ailleurs qu’à la maison. Mais, même à l’époque, on ne cherchait pas à enregistrer un truc cra-cra. Ça n’a jamais été un but ou l’affirmation d’une esthétique. On essayait simplement d’obtenir le meilleur rendu possible avec les limites imposées par nos connaissances techniques et le matériel utilisé. On a commencé avec un 4 pistes, on est ensuite passé sur un 16 pistes et, de fil en aiguille, on a eu accès à des outils d’enregistrement plus performants. ‘Days’ n’était déjà plus un album lo-fi. Aujourd’hui, avec ‘Atlas’, on franchit une étape : c’est une évolution naturelle, une suite logique dans notre parcours. » Alex Bleeker : « Si certains médias continuent de nous associer à la scène rock lo-fi, c’est en grande partie à cause de nos fréquentations. Depuis des années, on s’entend comme cul et chemise avec les gars du label Woodsist (Woods, Kurt Vile, Ganglians, White Fence, etc.). Dans sa façon d’enregistrer et d’appréhender les réalités de l’industrie du disque, cette structure a une approche lo-fi. Mais c’est surtout une conception des choses. Parce que, côté musique, les artistes signés chez Woodsist proposent, bien souvent, des albums de bonne qualité. Comme notre premier disque est sorti sur ce label et qu’on reste proche de tous ces groupes, on est assimilé aux logiques d’un son sale et artisanal. Mais dans les faits, c’est un raccourci douteux… Notre musique est là pour en témoigner. (Sourire) » Un disque : ‘Atlas’ (Domino Records/V2) Suivez le guide : www.realestatetheband.com

on stage 03/06, Botanique (Bruxelles)


T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e T e x t e : L a u r e n t G r e n i e r 11

Quand on vénère Ty Segall, choisir de s’appeler Vélo Tout Terrain n’est peut-être pas si anodin que ça. Ici, ça semble vouloir dire allons-y gaiement, à travers tout, à fond la pop et suive qui veut, qui peut. Les quatre Bruxellois, qu’on a connus dans des projets beaucoup plus crades (Thee Marvin Gays, Warm Toy Machine), violent aujourd’hui la bible du parfait petit garagiste, se détendent de la réverbe et ne pédalent pas dans la choucroute : c’est surf, c’est pop, mais ça reste – il faut se rassurer – relativement graisseux. En un mot : jouissif. Mountain Bike, genèse ? Charles (batterie) : « Au départ, Etienne (chant, guitare) jouait dans Warm Toy Machine et moi dans Thee Marvin Gays et on avait envie de faire un truc qui soit un peu moins garage, un peu plus axé sur le côté pop, genre à la Grandaddy, même si, évidemment, avec le background qu’ on se traîne, ça reste de la pop un peu sale. On répétait chez Etienne et Stef, le bassiste de Warm Toy, dormait juste au-dessus du local. Je crois que ça a fini par l’énerver et il est venu se joindre à nous. Aurélien, qui a remplacé un instant Lulu dans Thee Marvin Gays, a débarqué un peu plus tard, après s’être installé à Bruxelles. C’est finalement lui qui arrange tous les morceaux. » Aurélien (guitare, claviers) : « Généralement, Etienne amène un refrain, un couplet, une base de progression d’accords, un premier jet de texte et on fait tourner le morceau ensemble, on le charcute. C’est du Lego mais ça reste le plus souvent des structures très simples. En fait, je touche à quelques instruments et j’aime bien ça, les arrangements, le songwriting, voir comment on peut imbriquer les choses, jongler avec les éléments. C’est aussi un peu lié à mon projet perso, June Moan, où j’ai l’habitude de travailler tout seul, avec des progressions d’accords plus complexes. Bosser avec Etienne, c’est chouette, parce qu’il amène un matériel beaucoup plus brut qui m’oblige à sortir de ma zone de confort, de mes habitudes, pour aller direct à l’essentiel. » Il vient d’où ce côté ouvertement plus pop ? Charles : « Je pense qu’on l’a toujours eu mais qu’on l’assume beaucoup plus aujourd’hui. J’ai toujours écouté ces groupes, parfois en cachette parce que ça le faisait pas trop à l’époque. Grandaddy, j’étais le seul de mes potes à écouter. On me traitait de tapette : « Ah Grandaddy… nous on écoute les Sonics ». J’aimais bien les Sonics mais j’ai toujours eu ce gros attachement pour la pop dont les Beatles que j’ai beaucoup écoutés ces cinq, six dernières années. Television Personalities, Beck, Deerhunter aussi. Des trucs un peu plus élaborés.

plusieurs versions différentes, pop, avant de revenir à la démo hyper bricolée qu’on avait faite chez Charles. Parce que pour ce titre, seul ce son lo-fi convenait. Sinon, j’aime bien le morceau auquel tu fais référence, son côté presque drone, hypnotique, qui repose sur deux accords. » Charles : « Et puis, l’ingé-son (Pierre Valfrey, ndr) avec lequel on a travaillé nous a poussés dans nos derniers retranchements. On a fait et refait des dizaines de prises. C’est la première fois qu’on travaillait « au clic », avec le métronome dans le casque. C’était beaucoup plus pro comme conditions. Pareil pour le mix, l’ingé nous a beaucoup freinés, là où parfois, on aurait été naturellement beaucoup plus dans le rouge. C’est aussi un disque de compromis. » Derrière la pop, vous ne chantez pas que des trucs hyper joyeux. Sur ‘Torture’, vous répétez même plusieurs fois « i don’t feel safe ». C’est vous, ça ? Charles : « C’est Etienne qui écrit toutes les paroles. Je pense qu’elles ont un côté très schizophrénique, très Docteur Jekyll et Mister Hyde. Je ne voudrais pas trop m’exprimer en son nom mais les textes parlent souvent de lui dans des endroits où il ne se sent pas bien, de lui faisant des choses qu’il n’aime pas faire. C’est quelqu’un d’assez secret. A vrai dire, on n’a jamais approfondi le sens des paroles en groupe. » Aurélien : « C’est sa place dans le groupe. Chacun a un rôle bien défini. J’aurais un peu peur de ramener une chanson écrite de mon côté pour le groupe. Je pense que ça défigurerait un peu le bazar. » Vous allez présenter ce « bazar » en mai au Botanique en première partie de Mac DeMarco. Vous aviez des rêves de gamins quand vous avez commencé à jouer, il y a dix ou quinze ans ? Charles : « Non, il n’y a jamais vraiment eu d’ambition. Mon père m’a offert ma première batterie à 15 ans pour me sauver de l’enfer de la marijuana. A l’époque, il voulait que je m’investisse dans un truc qui soit un peu plus sain. Je le remercie infiniment parce

Attention, je ne dis pas ça de manière péjorative, je ne dénigre pas du tout ce que j’ai fait avant. Ce qu’on voulait surtout, c’était s’ouvrir d’autres horizons. Tu sais, dans le milieu du garage, j’ai parfois l’impression que tous les mecs respectent à la lettre les dix commandements d’un petit manuel qui t’impose tel type de matos, d’écrire tes chansons dans telle structure, de foutre obligatoirement des delays et la réverbe sur le chant, c’est épuisant. » Vous y restez pourtant catalogués. Vous avez même ouvert pour des pointures du genre l’an dernier, White Fence, Ty Segall. Ces mecs vous touchent moins qu’avant ? Aurélien : « White Fence, clairement. Enfin, je n’ai jamais approfondi non plus. Par contre, j’aime beaucoup Ty Segall. Je l’ai découvert avec ‘Goodbye Bread’ et ce que j’apprécie surtout, c’est justement ce virage très pop qu’il a pris. » Charles : « Ty Segall, c’est précisément, je trouve, l’exemple-type du gars qui a lâché du lest par rapport à l’esthétique garage et qui a su le faire avec une telle intelligence que ça a été accepté par tout le monde. Il enregistre beaucoup à la guitare acoustique et je pense qu’il se fiche pas mal du fardeau garage qu’on lui colle sur le dos. Quand il peut faire un pied de nez à toute cette petite scène, il fonce. Tout le monde dans le milieu a tiqué à l’annonce de la sortie de son récent album acoustique mais au final, ‘Sleeper’, c’est juste une énorme tuerie. Et sur scène, avec seulement deux guitares acoustiques, une basse et une mini batterie, ça dégageait une puissance de dingue. » Cette velléité pop, le fait que vous ayez enregistré ce premier album en studio, un tracklisting qui semble avoir été savamment étudié avec une sorte de morceau de bravoure, quasi krautrock, en final, traduisent-ils un perfectionnisme qui, peut-être, n’était pas là auparavant, lorsque vous bossiez dans des conditions plus lo-fi ? Charles : « Pour le studio, on a eu de la chance. Stef a été longtemps ébéniste, menuisier et a aidé des potes à construire un studio ici à Bruxelles, le Snapshot Studio. Ils viennent d’ouvrir, c’est vraiment un super endroit où tu peux enregistrer en numérique ou en full analogique. Du coup, on a pu y travailler gratuitement pendant trois semaines. Pour répondre à ta question, je pense que oui, parce qu’on a quand même bien pu se prendre la tête sur ce disque. Pour le tracklisting, Etienne tenait à mettre le morceau acoustique au milieu alors qu’il aurait peut-être été plus évident de le mettre en dernier lieu. » Aurélien : « Oui, je pense aussi que c’est un disque plutôt réfléchi. On a testé beaucoup de choses sans parfois en être satisfaits. Prends un titre comme ‘Is That All About Money’ : on l’a essayé dans

que ça m’a défini même en tant que personne. Mais sinon, avec les potes de l’époque, on s’est toujours dit, si ça le fait, ça le fait, sinon, tant pis, on se marre. » Aurélien : « Quand j’ai commencé la guitare, j’allais assez mal et je me suis vraiment mis à fond là-dedans. C’était le seul truc qui me passionnait et j’y passais des heures au détriment de l’école. J’ai arrêté fin de cinquième mais j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours soutenu à ce niveau-là. Moi, à seize ans, jouer au Bota, ça me semblait inaccessible, c’était vraiment un rêve et puis, le jour où t’y arrives, tu ne t’en rends pas vraiment compte, parce que t’as monté une à une toutes les marches pour y arriver, ça te paraît presque banal. Il faut vraiment y réfléchir après coup pour mesurer l’ampleur du truc. » Et sinon, s’appeler Mountain Bike, c’est précisément pour être certains de ne pas être retrouvés dans Google ? Charles : « Je te l’ai dit, ce projet était vraiment au départ sans ambition autre que celle de faire un truc qu’on aime entre amis. C’est parce que des personnes s’y sont intéressées qu’on s’y est investi davantage. Du coup, on a choisi le nom le plus débile possible, un truc précisément sans ambition, parce que Stef avait un t-shirt sur lequel il était inscrit mountain bike. On n’a pas pensé à Google ni à tous ces groupes avec « mountain » dedans. » Aurélien : « On voulait un nom sans connotation possible. Après, on reçoit parfois de drôles de mails. Des fabricants de vélos qui nous envoient leurs catalogues, etc. » Charles : « On a même été contactés par l’UCI ou un truc ainsi pour jouer à Anvers à une finale de coupe du monde où je ne sais pas trop quoi. »

La Bonne Échappée

Un disque : ‘Mountain Bike’ (Humpty Dumpty)

on stage 11/04 12/04 04/05 18/05

Trix (Anvers) L'Alhambra (Mons) Festival Aralunaires (Arlon) Botanique (Bruxelles)


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T e x t e : Fa A nbnrei-cL e i sV eaRneomvaecrlbee r g

Dix ans de carrière, sept albums et quatre-vingt chansons, le bilan froidement chiffré de la carrière de Marissa Nadler cache une donnée essentielle, qu’on n’hésitera pas à nommer miracle. Oui, vous ne rêvez pas, sur la déjà abondante production de la songwriter (et peintre) américaine, le moindre titre est au minimum excellent, pour ne pas dire absolument prodigieux. Aussi quand en 2014, tout auréolée de son impeccable discographie, Marissa parvient encore à nous surprendre – tout en restant fidèle à son univers dark folk – la performance n’est que plus remarquable.

Marissa Nadler Ton disque précédent ‘The Sister’ était sorti en autofinancement sur ton propre label Box Of Cedar et te voilà maintenant sur Bella Union. Quel chemin t’a amené sur le label de Simon Raymonde ? Marissa Nadler : « Je suis tout simplement entrée en contact avec lui. J’avais vu sur Twitter qu’il avait passé une de mes chansons dans son émission à la radio. En prime, je ne voulais plus m’occuper de tous les à-côtés du label, la promo, la paperasse, tous ces trucs qui prennent un temps dingue. Je voulais seulement me concentrer sur le côté artistique, je m’y sens bien plus à l’aise qu’assise derrière un ordi. Au vu des réactions que je reçois pour ‘July’, je ne peux pas m’en plaindre. » Dans une interview précédente, tu disais ne pas être assez prolifique à ton goût. Avec sept albums en dix ans, on ne peut pourtant pas dire que ta présence soit sporadique. Marissa Nadler : « J’ai dit ça ? En réalité, je déteste rester à rien faire, je me demande si ça n’a pas un lien avec la façon dont j’ai été élevée, comme si j’éprouvais un sentiment de culpabilité. »

Is my song catchy ? Tout en restant fidèle à tes sonorités, les chansons de ‘July’ ont atteint une espèce de plénitude musicale. Un changement dont tu es consciente ? Marissa Nadler : « Je ne sais pas très bien si en tant qu’artiste, les choix se font toujours consciemment. Pour ‘July’, j’ai essayé d’écrire des refrains plus catchy et de raconter une histoire, tout en respectant les fondements du songwriting. Si tu prends un morceau comme ‘Drive’ (le premier titre sur l’album, ndr), je veux que ça reste une bonne chanson, peu importe la personne qui le joue, moi ou quelqu’un d’autre, mais aussi qu’elle reste dans la tête des gens. » Une rumeur tenace prétend que tu écoutes pas mal de musique ancienne. Marissa Nadler : « Si par ancienne, tu veux dire de la country, la réponse est oui. Quand je suis en tournée, comme hier sur la route de Montréal où je jouais hier soir, j’ai toujours une radio satellite dans ma voiture, ça permet d’écouter de la vieille country. J’aime beaucoup l’émission Willie’s Roadhouse (une émission de classic country aussi écoutable sur le web, ndr), par exemple. J’apprécie son côté accessible, comment chacun peut y trouver un lien avec son histoire personnelle dans la musique qui y passe. » Lorsqu’on écoute tes paroles attentivement, on sent que tu y mets une belle dose d’éléments personnels. Marissa Nadler : « Oui, c’est vrai, j’écris en général sur ma propre vie, sur les épreuves que je traverse, les gens que je rencontre. Quand j’écris une chanson, l’important est qu’elle puisse avoir sa propre vie, indépendamment des autres morceaux de l’album. En prime, comme je te l’ai dit, je me suis posé un défi supplémentaire cette fois-ci : est-ce que la chanson est catchy ? Arrête-moi si je me lance trop de fleurs mais je crois que sur ce nouveau disque, chaque titre est suffisamment bon pour vivre sa propre vie, alors que je pense avoir conservé mon intégrité de songwriter. » Dans le morceau ‘Firecrackers’, tu parles d’un assaillant que tu dois affronter. Est-ce également une référence à un épisode de ta vie ? Marissa Nadler : « Oui, ça parle du côté autodestructeur qu’une relation sentimentale peut avoir. Mon copain et moi avons cassé il y a deux ans, c’était le 4 juillet, le jour de notre fête nationale. Nous nous sommes remis ensemble il y a un an, le disque parle beaucoup de ça, des hauts et des bas d’une relation, mais aussi des gens que j’ai connus entre-temps, alors que j’étais retournée vivre dans le sous-sol de la maison de mes parents. » Penses-tu que ‘July’ est ton disque le plus sombre ? Marissa Nadler : « Non, je ne dirais pas ça, même si contrairement à ce que le titre ‘July’ pourrait laisser penser, ce n’est pas vraiment un album lumineux. De toute façon, s’il y a une saison avec

laquelle je me sens en connexion, c’est l’hiver. En fait, le disque porte ce titre parce qu’il a été enregistré en juillet et qu’il parle de ce qui s’est passé entre un mois de juillet et celui de l’année suivante. » Nous parlions de traditions musicales tout à l’heure. Au cours des dernières années, il y a eu une véritable émergence d’artistes féminines à la fois ancrées dans l’histoire des musiques américaines mais au son plus moderne. Qu’en dis-tu ? Marissa Nadler : « C’est sans doute vrai, même si ce que tu décris n’a sans doute jamais vraiment disparu. En fait, toutes ces considérations sont plus liées à des effets de hype mais c’est bien que les gens y accordent une plus grande importance. Quand je pense à une chanteuse comme Sharon Van Etten, j’étais vraiment heureuse de ce qui s’est passé pour elle en 2012. » Vous vous connaissez ? Marissa Nadler : « Mieux même, tu ne le sais sans doute pas, nous avons enregistré nos premiers albums avec le même gars, Greg Weeks (du groupe Espers, ndr) et nous sommes apparues en même temps. J’aime beaucoup son attitude, elle ne s’est jamais pointée en espérant vendre des disques par camions, elle n’est là que pour la musique. » Tu as également joué en compagnie d’Angel Olsen, qui a fait la couverture de notre magazine voici deux mois. Marissa Nadler : « En sa compagnie, c’est beaucoup dire, elle a fait ma première partie à Chicago mais ça ne date pas d’hier, c’était il y a six ou sept ans, je crois qu’elle avait 18 ans à l’époque. Quand son disque ‘Acrobat’ est sorti, je lui ai écrit pour la féliciter. » Vous avez même collaboré récemment, tout comme avec Emily Jane White. Marissa Nadler : « Pour Emily, c’était peu de choses, juste quelques background vocals où elle m’avait invitée à jouer. Avec Angel, nous nous sommes dit qu’on devrait faire des reprises ensemble et nous avons fini par nous envoyer nos parties vocales par mail. C’était vraiment marrant, j’adore faire ça, c’est très différent de ce que je fais habituellement. » Justement, ta musique est souvent cataloguée de dark folk ou de dream folk. Ça te gêne ? Marissa Nadler : « Bah, je suppose que les gens ont besoin de mettre des étiquettes sur les gens, j’espère simplement qu’ils vont au-delà. Pour iTunes, il faut également se mettre dans une case et quand mes labels m’ont demandé ce que je voulais, je leur ai répondu que je n’en savais rien. Je voulais juste qu’ils ne mettent pas folk et quand je leur ai dit ça, ils m’ont répondu qu’ils avaient compris. » Vu que tu collabores avec plusieurs autres chanteuses, te sens-tu une âme féministe ? Marissa Nadler : « Je suis féministe oui, dans le sens où il y a toujours beaucoup de sexisme. En tant que femme, je sens toujours la pression de devoir non seulement être talentueuse mais aussi d’être belle. Mais il ne faut pas compter sur moi pour porter des fringues sexy dans mes vidéos et tant pis si ça me complique la vie. Et puis, après dix ans, j’ai suffisamment de confiance en moi pour ne pas avoir besoin de ça. » Le disque est produit par Randall Dunn qu’on connaît pour son travail aux côtés d’Earth ou SunnO))). Quel a été son apport ? Marissa Nadler : « Toutes les chansons étaient écrites que je suis entrée en studio avec Randall, ainsi que toutes les harmonies vocales que je chante sur le disque. Randall et moi avons collaboré sur les arrangements, où j’ai confronté mes idées aux siennes. » Un disque : ‘July’ (Bella Union/Pias)

on stage 17/04 Vooruit (Gand) 26/04 Botanique (Bruxelles)


STAFF PICKS

12,5 0 €

RECOMMENDS

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YUKO

EELS

KELIS

CHET FAKER

RODRIGO Y GABRIELA

Long Sleeves Cause Accidents

The Cautionary Tales of Mark Oliver Everett

Food

Built On Glass

9 Dead Alive

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14,5 0 €

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HORSE THIEF

LUCIUS

THE SPECTORS

Fear In Bliss

Wildewoman

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GRUPPO DI PAWLOWSKI

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HORSES ON FIRE Any Kind Of Storm

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FAMILY OF THE YEAR

14,5 0 €

14,5 0 €

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LUKA BLOOM

SOHN

ZIGGY MARLEY

BRAVE BLACK SEA

Head & Heart

Tremors

Fly Rasta

Fragments

Loma Vista

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MARC FORD

TOKYO POLICE CLUB

Holy Ghost

Forcefield

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W

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SCHOOL OF LANGUAGE

AMAZING SNAKEHEADS

AVEY TARE’S SLASHER FLICKS

Old Fears

Amphetamine Ballads

Enter The Slasher’s House

A L T E R N A T I V E

W

14,5 0 €

O N L I N E

R E C O R D S T O R E

W . B I L B O R E C O R D S . B E

B I L B O • L A D E U Z E P L E I N 13 • B - 3 0 0 0 L E U V E N • 016 5 0 07 7 3


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Texte : A En r ince T - Lhi s ee r eRre m a c l e

Volker Bertelmann a grandi dans un petit village de la Westphalie du Nord. Très tôt, il a cherché à se soustraire à la tutelle trop envahissante de son environnement. Enfant, il se réfugiait dans les bois ou dans des maisons abandonnées avoisinantes pour y jouer. Adolescent, il jeta son dévolu sur le piano dont il a fini pas faire son métier.

Sous son alias Hauschka, il aligne des disques curieux depuis plus d’une décennie. ‘Abandoned City’ est son dernier. Je m’interrogeais sur le lien entre ta paternité récente et le thème de l’album, à supposer qu’il en existe un… Hauschka : « C’est vrai qu’il n’y a pas un rapport direct entre ces deux éléments. J’ai commencé à travailler sur ‘Abandoned City’ à un moment où j’allais devenir père. Il s’agit d’une coïncidence dans le temps. Quand tu as un enfant, ton temps ne se déroule plus de la même manière. Une grande partie de ton temps est dorénavant et naturellement dévolue à ton enfant. J’ai donc dû me concentrer, aller à l’essentiel, profiter au maximum de laps de temps plus courts. Parfois, je me retrouvais hagard, fatigué par des nuits mal dormies mais, bizarrement, je me trouvais dans un état de plus grande concentration, comme empreint par une espèce de sentiment romantique. Je voudrais trouver une métaphore pour t’expliquer cet état mais, là, je n’en aperçois pas dans l’immédiat. ‘Abandoned City’ est également empreint d’une sorte de romantisme et d’une sorte de tristesse aussi, celle qu’on éprouve pour quelque chose qui n’est plus. »

L’aventurier de la ville perdue

Quels sont les critères qui ont guidé ton choix des villes abandonnées reprises sur l’album ? Hauschka : « Je n’ai pas nécessairement repris les villes abandonnées les plus représentatives ou les plus iconographiques, il y en a tellement… Je n’avais pas de catalogue sous la main. Mais celles que j’ai choisies m’intriguaient véritablement. » Les as-tu seulement visitées ? Hauschka : « Non, pas du tout. Elles ont servi de cadre, de points de départ. Elles sont diversifiées. Certaines ont été délaissées suite à une guerre ou un conflit, d’autres suite à l’épuisement d’une mine d’or ou d’une catastrophe naturelle comme Craco en Italie. L’une l’est depuis plusieurs siècles tandis que d’autres ont été abandonnées plus récemment. Je n’ai pas voulu établir un relevé biographique de ces villes, j’ai davantage cherché à faire fonctionner mon imagination. La seule de ces villes que j’ai vraiment visitée se situe en Allemagne, tout près d’où je vis. Il s’agit d’un village minier dont la population était affectée à l’extraction du charbon et qui déménageait sans cesse en fonction du nouveau puits. Tu éprouves cette impression tout à fait singulière et unique quand tu visites une ville qui a été vidée de ses habitants. » Ce projet est-il ancien ou récent ? Hauschka : « J’avais déjà conçu en partie la musique avant même que je ne trouve le thème des villes abandonnées. Je ne me suis pas mis à composer une musique en particulier pour chaque ville. Idéalement, chaque ville étant unique, elle mériterait d’avoir son propre thème, voire sa symphonie mais là n’était pas mon propos. D’autres villes mériteraient que l’on s’y attarde de sorte qu’il n’est pas impossible que je poursuive le projet. » Il est difficile de dire si l’illustration qui figure sur la pochette du disque est une photographie ou une peinture… Hauschka : « C’est une photographie qui a été retouchée. Je voulais que la photographie soit ternie, effacée, à l’image de l’abandon qu’elle est censée représenter. C’est un des mes amis qui l’a prise dans la périphérie de Las Vegas. Le même artiste qui s’est occupé des pochettes de mes quatre derniers albums. Elle montre la structure d’un complexe de parking qui n’a jamais été achevé et qui est aujourd’hui à l’état d’abandon. Il s’agit donc bien d’un seul bâtiment et pas d’une ville. Cette structure est d’une grande simplicité. Elle représente en quelque sorte ma démarche. Je procède par associations d’idées. Au départ, j’étais davantage focalisé sur des endroits abandonnés, des maisons abandonnées. Mais, peu à peu, c’est l’idée de ville qui s’est imposée car je ne parvenais pas à me défaire de la représentation des gens qui y ont vécu. » Ton premier album est paru il y a environ dix ans. Les choses, selon toi, ont-elles changé relativement au rapport entre le musicien et son produit fini, c’est-à-dire le support de sa musique ? Hauschka : « Pas vraiment. Je suis bien conscient du fait que le marché du disque est supposé être en dépression mais en ce qui me concerne je m’en sors plutôt bien. Je vends lentement mais j’acquiers un public qui grandit de plus en plus. J’ai eu pas mal de demandes des différents labels avec lesquels j’ai

travaillé. Plusieurs rééditions ont été commandées. Je pense que la façon la plus intelligente de lutter contre le téléchargement pirate est de travailler l’objet édité et la façon dont il est présenté. Si tu réalises un bel objet, il y aura toujours des gens pour vouloir te l’acheter. Regarde ce qu’il se passe avec le vinyle… » Quels sont tes pianistes de prédilection ? On connaît ton admiration pour John Cage et Terry Riley. Qu’en est-il à l’égard de pianistes comme Henry Cowell ou Conlon Nancarrow qui, comme toi, ont travaillé le piano préparé ? Hauschka : « Je suis un grand fan du ‘Player Piano’ (suite d’études de Conlon Nancarrow, compositeur contemporain américain, ndr). En décembre dernier, j’ai créé la musique originale pour une pièce de théâtre basée sur l’opéra ‘The Flying Dutchman’ de Wagner qui s’est tenue à Hambourg. J’ai travaillé avec deux player pianos, pas ceux qu’a utilisés Conlon Nancarrow mais une version plus moderne. Ce qui me plaît, c’est l’approche expérimentale qui consiste à travailler sur et avec l’instrument et le détourner de sa destination prévisible. J’apprécie également

beaucoup Henry Cowell qui s’inscrit dans cette démarche et qui fût professeur de Cage. » Qu’en est-il de Morton Feldman ? Es-tu familier avec son travail ? Hauschka : « Je ne suis pas spécialiste de son travail mais ce que j’ai écouté de lui m’a beaucoup plu. Pas tout cependant. Tu sais, je viens du monde de la pop et du rock, mon éducation classique est très lacunaire. Les noms que tu viens de mentionner étaient d’ailleurs jugés comme des irrévérents par le monde classique. »

Hauschka

‘Abandoned City’ Cit y Slang/Konkurrent

La pochette nous avertit sans injonction. Il s’agit bien d’une excursion à laquelle nous sommes conviés. Une tournée d’une petite dizaine de localités abandonnées desquelles ne subsistent que les fantômes, les ruines ou les reliques. Leurs noms respectifs font office de titre à ces pièces dont l’ordre importe finalement peu. ‘Abandoned City’ mériterait le pluriel tant la diversité des lieux envisagés est délibérément recherchée. Le disque voit Hauschka revenir à son instrument de prédilection, son instrument premier : le piano préparé. Outre le clavier, il en utilise le corps et les cordes pour donner du relief à des agencements abrégés et intelligibles. A l’exception de la plage d’ouverture ‘Elizabeth Bay’ qui fut composée pour un autre projet basé sur un opéra de Wagner, les morceaux ont été enregistrés en une dizaine de jours à peine dans le studio de sa maison. Il s’en dégage une grande sensualité qui doit beaucoup à sa façon d’aborder son instrument. L’empreinte mélancolique est prégnante. Ce n’est pas seulement celle d’un endroit dévasté ou irrémédiablement perdu, c’est aussi celle d’une manière délibérée d’agencer et de construire des sons. Comme s’il faillait compenser le désagencement de ce qui fut, la déconstruction de ce qui jadis se tenait droit, la disparition fatale d’un lieu de vie. (et)

on stage 12/04 AB (Bruxelles)


Texte : Eric T eTxhteer :e la r urent grenier © manuel rufie

LES NUITS 2014

17.05

CAT POWER solo

17.05

16.05

JAGWAR MA

16.05

tUnE-yArDs

CASCADEUR

Benjamin Clementine

Jamaica • Yellowstraps

Cats On Trees • Mark Daumail • ALB © Holly Andres

© Austin Conroy

© Cyril Gourdin

20.05

SCYLLA création

18.05

La Smala release party

WAX TAILOR & THE PHONOVISIONS SYMPHONIC ORCHESTRA

18.05

WE HAVE BAND

VINCENT DELERM

© Tom Oldham

© Hadrien Denoyelle

NUIT BELGE 2014

21.05

Thomas Azier

22.05

FAUVE Nicolas Michaux

23.05

21.05

24.05

MULATU ASTATKE

MLCD • BALOJI • SCHOOL IS COOL • COELY • AMATORSKI ROBBING MILLIONS • SCARLETT O’HANNA • ASTRONAUTE CARL ET LES HOMMES-BOÎTES • MADENSUYU

THE FLAMING LIPS

Rodrigo Amarante Sumie

Young Knives © Alexis Maryon

© George Salisbury

16.05 - 27.05 24.05 Etienne de Crécy DJ Set 25.05 Aeroplane DJ Set Compuphonic DJ Set The Feather

EMILIE SIMON

www.botanique.be


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T e x t e : ASnonfei e - L iNsyes R e I m T raacdl u e c t i o n : Pat r i c k F o i ss a c

Nul ne pourra nier que la rupture de style opérée entre ‘For Times When Ears Are Sore’ et ‘As If We Were Dancing’ aura été pour le moins radicale. C’est ainsi que la pop de chambre infusée de post rock avait laissé

place à un son résolument pop qui restait en même temps du Yuko pur jus. Trois ans, une paternité, un changement de line up et la mise sur pied d’un propre studio plus tard, on assiste encore une fois à un bond en avant. De quoi nous lancer dans une discussion animée sur les œufs, les blondes et les chants grégoriens, sans oublier, bien sûr, ‘Long Sleeves Cause Accidents’. Alors, content du nouvel album ? Kristof Deneijs: (chant, guitare) : « Si je n’étais pas très satisfait de l’album, je ne l’aurais tout simplement pas sorti. Avec ce disque, j’ai l’impression que nous nous rapprochons encore d’un cran du son ultime de Yuko, du son auquel nous aspirons vraiment. Je dirais que les deux premiers disques ont été des étapes nécessaires en terme d’évolution. » Le groupe propose désormais un son plus intense, plus complexe et en même temps plus ludique. Kristof : « Nous avons appris à davantage relativiser les choses et puis nous avons surtout bénéficié de plus de liberté pour mener à bien le projet. Pour les deux premiers albums, nous avions un management, ce qui a fini par se révéler problématique lors de la réalisation du deuxième album. Je souscris totalement au nouveau disque, alors que pour ‘As If We Were Dancing’, nous avons fait des choix que nous n’aurions pas dû faire. Nous devions faire des compromis et en même temps réussir à rester Yuko. Cette fois, nous avons pu travailler librement, sans devoir se poser la question si ce qu’on faisait était assez radiophonique. En tendant au baroque, nous nous sommes éloignés des canons de la pop traditionnelle, encore que cet élément était déjà perceptible sur les albums précédents. »

A manche retroussé

La manière dont les morceaux sont développés a-t-elle évolué au vu de la nouvelle approche ? Kristof : « Cette fois, je ne me suis pas occupé des arrangements, ce qui était la meilleure décision à prendre. Pour les deux premiers albums, j’avais plein de lignes de guitare et de synthé en tête et je pensais devoir absolument les reproduire sur les morceaux. Désormais, je suis entouré de trois musiciens qui réalisent des choses extraordinaires auxquelles je n’aurais jamais pensé. C’est également plus plaisant pour eux dans la mesure où ils ont maintenant un apport plus important. C’est peut-être pour cela que l’album a un son beaucoup plus riche, malgré qu’on ne soit que quatre. Ceci dit, c’est toujours moi qui suis à l’origine des morceaux. Je ne pourrais d’ailleurs pas travailler avec deux autres songwriters dans un groupe, dans la mesure où j’ai besoin de m’impliquer dans un projet où je peux pondre mes œufs. Les autres musiciens ont leurs œufs, mais Yuko, ça reste mon œuf à moi. » Du premier album, tu disais qu’il exhalait un sentiment abdominal; le deuxième album, tu le décrivais comme étant la synthèse entre sentiment et jugement critique. Qu’en est-il dès lors de celui-ci ? Kristof : « ‘As If We Were Dancing’ est un disque sur lequel les structures et les arrangements ont fait l’objet d’un travail minutieux, ce qui est moins le cas sur le nouvel album. Il m’est d’ailleurs à plusieurs reprises arrivé de pondre une mélodie à la guitare ou une ligne de chant en deux minutes. Le reste du travail fourni par les autres musiciens a également été très rapide. Nous trouvions assez facilement quelque chose qui plaisait à tout le monde, sans que l’on doive passer des heures à juger du bien-fondé d’ajouter ou non une note de plus. Faire de la musique, c’est pour moi un peu comme se lancer dans une ascension avec pour but d’atteindre le sommet. Si ce sentiment est bien présent, c’est parfait pour nous. »

Qu’en est-il de la dynamique au sein du groupe, compte tenu des changements de line up constants d’un album à l’autre ? Kristof : « Karen (Willems) et moi, nous nous complétons parfaitement sur le plan musical. On n’a pas besoin de beaucoup de mots pour saisir ce que nous percevons comme étant spirituel et inspiré. Thomas (Mortier) sent lui aussi parfaitement ce qu’il doit faire à la basse. Jasper a pour sa part remplacé Tomas (Verheyen) de Hear Hear! (A Cheer) à la fin du deuxième album. Le rôle qu’avait Tomas au sein de Yuko ne le satisfaisait pas et il a décidé de suivre sa propre voie. J’ai donc été contraint de trouver quelqu’un qui devait être capable d’apprendre à jouer tous mes morceaux en un rien de temps. Un nom qui revenait souvent était celui de Jasper Maekelberg. Il nous a rejoint et s’est intégré de façon incroyablement rapide. Au fil du temps il a ajouté son coup de patte de façon très subtile. Sans dire un mot, c’est un peu comme s’il nous disait : « c’est pas mal, mais vous ne trouvez pas que c’est encore mieux si je le joue de cette manière ? » C’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié. Sa présence au sein de Yuko est une vraie bénédiction et c’est un guitariste fantastique. C’est d’ailleurs lui qui s’est occupé du mixage du nouvel album. » Trois années se sont écoulées entre la sortie de chaque album. S’agit-il du laps de temps qui t’est nécessaire pour faire un disque? Kristof : « Après avoir passé cinq années ininterrompues à travailler aux deux premiers albums, j’ai senti que le groupe avait besoin de passer à autre chose. Le projet de Zita Swoon dans lequel Karen était impliquée lui a demandé un grand investissement. Elle a d’autre part été contactée par Arno pour jouer de la batterie tout en étant désireuse de faire sa propre musique. Rolf a également son propre groupe, Winterslag, et Tom a eu la chance d’obtenir une promotion dans le cadre de son boulot chez Videohouse. Chacun a donc suivi sa propre voie. Indépendamment de cela, c’est un fait qu’il me faut pas mal de temps pour écrire et composer. A l’origine, j’ambitionnais de réaliser un album de reprises basé sur de la musique religieuse, mais en fin de compte, j’ai décidé de composer des mélodies moi-même. Les souvenirs que je garde de la musique d’église à laquelle j’ai été exposé durant ma jeunesse a ceci dit été une grande source d’inspiration pour cet album. Après un break d’un an, j’avais déjà pas mal d’idées en stock et le fait est que Karen est revenue plus vite que prévu. L’année au cours de laquelle les membres du groupe ont pu s’adonner à leurs projets propres aura été bénéfique en ceci que chacun aura pu se ressourcer. Ce qui fait que Yuko reste un plaisir, c’est que ce n’est pas une obligation. » Après avoir dédié un titre à Dolly Parton, c’est Heidi Klum qui est cette fois-ci mise à l’honneur. Es-tu un grand fan ? Kristof : « Dolly Parton, c’est avant tout un symbole. Dans le cas de Heidi Klum, c’est différent vu que cela fait longtemps que j’ai le béguin pour elle. Ce n’est pas pour autant que je vais composer un titre au sujet de chaque personne que je trouve géniale. Heidi Klum s’est imposée comme une évidence au vu de la manière dont j’écris mes textes. Mes lignes de chant sont d’abord des sons, des éléments fragmentaires qui doivent être mis en musique. Sur base de ces mots ou de ces phrases isolés, Tomas peut développer un ensemble structuré. Bien qu’il ne fasse plus partie du groupe, il a continué de m’aider afin de transformer le chaos des mots et des idées en un véritable texte. J’ai beaucoup de mal à raconter une histoire sur base d’un texte alors que c’est beaucoup plus simple pour moi avec une mélodie ou une harmonie. Je ne vais pas commencer à me forcer à prendre des notes dans un carnet. Cela doit rester un plaisir. » Yuko possède désormais son propre studio. Avais-tu besoin d’un endroit à toi? Kristof : « Le studio se trouve dans mon jardin. Cela a représenté un sacrifice, vu qu’un tiers du jardin y est passé. Si je prends énormément de plaisir à passer du temps avec ma famille, j’ai en même temps besoin d’un endroit qui est entièrement à moi et où je peux faire tout le boucan que je veux. C’est quelque chose qui est typiquement masculin, et je m’y sens en tout cas très bien. ‘Long Sleeves Cause Accidents’ y a été enregistré dans son intégralité. Il y a aussi d’autres groupes qui viennent y enregistrer. » Est-on en droit d’espérer te voir un jour sortir cet album de reprises de classiques du répertoire religieux ? Kristof: « Je pense que je vais d’abord devoir retourner quelques fois à la messe. Sur le plan sonore, une célébration religieuse me branche beaucoup plus qu’un concert. Le ton monotone du pasteur qui prend des allures de complainte, l’interaction avec les fidèles… Associé à l’écho dû à la configuration de l’espace et à l’orgue ou encore la chorale, cela me donne la chair de poule. Les célébrations religieuses ont eu un impact très marqué sur moi, surtout lorsque j’étais plus jeune. La religion n’avait rien à voir avec ça, c’était lié à des considérations purement acoustiques. Je pense qu’il y a moyen de faire quelque chose avec les classiques de la liturgie, il y a tellement de belles mélodies. Il faut aimer, bien évidemment. Ma chérie devient dingue lorsque je passe des chants grégoriens à la maison. » Un disque : ‘Long Sleeves Cause Accidents’ (Unday Records/News)

on stage 06/04, Records Heaven (Genk) 11/04 Ik Zie U Graag @ Mezz (Breda) (w/ Intergalactic Lovers, Geppetto & The Whales…) 16/04 Minard (Gent) (official album release show) 25/05 4AD, Diksmuide (w/ Mutual Benefit)


09 11 PRESENTE

2/3/4 MAI INCOURT > BRABANT-WALLON

GAETAN ROUSSEL //// SUAREZ DISIZ //// BABYLON CIRCUS

BASTIAN BAKER //// RAGGASONIC FUGAIN & PLURIBUS //// SOLDOUT

KAARIS //// STTELLLA ////LES FATALS PICARDS ARSENIK & LINO //// NOA MOON //// VISMETS

L’ENTOURAGE LES GAUFF’ TOXIC AVENGER SCYLLA SAINT ANDRE VEGAS AKUA NARU ////

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DEPORTIVO //// THE ODDWORD //// SCRED CONNEXION KID NOIZE //// HIPPOCAMPE FOU //// THE EXCITEMENTS SURKIN BLACK STROBE ANTOINE CHANCE GANDHI ////

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DALTON TELEGRAMME DIE! DIE! DIE! & MANY MORE... ////

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SCENE INDIE | INC’ROCK KIDS | ANIMATIONS | FEU D’ARTIFICE | CAMPING

PREVENTES | 1 DAY : 25 € | 2 DAYS : 35 € | 3 DAYS : 40 €

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Texte : Ann to e -i n L ies eB o Ru er msa c ©l e l i s a frieling

Rouquin cristallin, Nicholas James Murphy souffle le chaud et le froid depuis deux ans avec une pop-soul intimiste et fluette, fondant sur de discrètes boucles électroniques. Miracle moderne, une reprise

désinvolte de ‘No Diggity’ met le feu à la toile : Chet Faker devient un phénomène, une promesse musicale que tous veulent avoir prédit. Après un couple d’EP qui laissent le public pantois, dont l’un en compagnie de Flume, l’Australien prend le temps et sculpte dans la glace un premier disque aux reflets arc-en-ciel. Prisme infini aux diffractions soul, house et jazzy, ‘Built On Glass’ a l’instabilité du givre sous les premiers rayon de soleil, la délicatesse de Four Tet et le charme de James Blake. Laissez-vous glisser dans ses eaux froides. ‘Thinking In Textures’ fut un énorme succès. Était-ce difficile de lui donner un successeur ? Nicholas James Murphy : « Cela a pris beaucoup de temps. Et j’ai travaillé dur. ‘Thinking In Textures’ a été ma première véritable création. J’y avais jeté mes premières idées, tout cela était assez basique, spontané, mais pas très développé. Il me restait tellement à explorer et j’étais très excité à l’idée. Cela a pris du temps. Certains ont cru que je ne parviendrai pas à donner suite à ce premier essai. »

Premiers Pas Sur Lac Gelé Est-ce la raison pour laquelle vous avez décidé de le produire seul ? Nicholas James Murphy : « Je pense que je voulais me prouver que j’en étais capable, en effet. Et le disque est très personnel, c’était donc un choix logique. Je n’avais pas tellement envie d’impliquer qui que ce soit d’autre dans le processus. Et je ne parvenais pas non plus à imaginer quelqu’un dans mon entourage qui aurait pu endosser la production. Je l’ai composé sans label ; je n’avais donc pas une équipe derrière moi pour m’aider à porter le projet. » Vous l’avez composé dans votre appartement – une ancienne chambre froide. Quelles étaient vos intentions, en terme de son ? Nicholas James Murphy : « Le son de l’album s’est imposé de lui-même, naturellement. Je ne suis pas très conscient de mes influences lorsque je compose. Musicalement, j’écoute tellement de choses qu’aucune ne mérite d’être citée plutôt qu’une autre. Quant à ma façon de travailler, je n’ai jamais été très modéré. J’ai plutôt tendance à aller dans les extrêmes. Ma première façon d’aborder une chanson, c’est d’y fourrer absolument tout ce qui me passe par la tête en terme de sonorités. Le résultat est personnel, mais indigeste. Ensuite, j’en retire des couches et des couches, tous les éléments qui m’apparaissent superflus, jusqu’à ne conserver que ce qui est vital au morceau. Et retrouver un sentiment d’espace. » Vous avez d’ailleurs recommencé l’album à plusieurs reprises. Qu’est-ce qui ne vous satisfaisait pas ? Nicholas James Murphy : « Ce n’était pas assez bon, tout simplement. J’ai traversé deux grandes phases. La première était beaucoup trop propre, presque solaire. Je me retrouvais avec une série de chansons très pop pour lesquelles je n’avais aucun attachement. Du coup, je suis parti dans la direction opposée et tout est devenu expérimental et lo-fi. Je m’efforçais de créer des sons nouveaux et jamais entendus, ce qui était cool, mais trop hermétique. J’ai donc élagué une seconde fois. Seules quelques chansons ont survécu. Il est difficile d’expliquer en quoi une chanson est considérée bonne ou mauvaise. Au final, ça tient du feeling pur et simple. » Qu’est-ce qui vous poussait en avant, vous motivait en cours d’écriture? Nicholas James Murphy : « Ma vie. L’album est lié à des événements précis de mes expériences de ces deux dernières années. Je tournais beaucoup. C’était un allez-retour incessant entre la route et mon studio. Cela m’a aidé, malgré les distractions possibles ou le fait de devoir s’interrompre dans une phase prolifique. Je trouve de l’inspiration dans la tournée : les rencontres, le dépaysement, écrire dans un parc à Bruxelles. » ‘1998’ est formidable et un peu différent du reste de l’album. Quelles sont les idées derrière ce morceau ? Nicholas James Murphy : « Musicalement, la house du Chicago des années 80-90. Et personnellement, la chanson aborde le changement de comportement que peuvent avoir des personnes que l’on pensait proches. En particulier, certains amis qui te traitent différemment du

jour au lendemain, sans explication. Je me doutais bien qu’avec un certain succès, ce genre de choses pouvaient arriver et je l’acceptais, dans l’idée. Mais je n’attendais pas à ce que cela affecte des amitiés que je croyais sincères. 1998 était l’année où j’ai rencontré cet ami, à l’école, qui s’est avéré récemment être un type vraiment malsain. Ce morceau lui est consacré. » Cette construction sur du verre qu’évoque le titre fait écho à quelle fragilité pour vous ? Nicholas James Murphy : « Pas uniquement la fragilité, mais aussi la transparence et, par opposition, la résistance du verre, qui dépend de l’angle d’approche et de la pression qui y est appliquée. C’est un matériau solide et fragile à la fois. C’est également un cadre, une façon de focaliser l’attention sur quelque chose. Tout ces éléments ont un sens à l’écoute de l’album, qui est un instantané de ma vie. J’ai encadré ce moment, d’une certaine façon. Avec transparence et honnêteté et dans toute sa fragilité, je crois. Ce qui, j’espère, fait sa force. Le verre était la métaphore la plus juste pour tout ce que j’ai essayé avec ‘Built On Glass’. Pareil pour la musique, dont la charpente DIY et lo-fi possède aussi cette ambivalence. L’enregistrement est traversé d’erreurs qui contribuent peut-être à son charme. Un premier disque sera toujours le baromètre critique des suivants. Quoique je fasse à partir de maintenant, ce sera construit sur du verre. Une base fragile. » Le succès soudain, avant même un premier disque, n’est-il pas lui aussi construit sur du verre ? Nicholas James Murphy : « Tout à fait. La plupart des chansons de ‘Built On Glass’ sont basées sur des situations et des idées qui n’ont d’autre déclencheur que l’attention qu’on porte à ma musique depuis ‘Thinking In Textures’. Et qui n’arriveront sans doute plus jamais. Ce mélange d’événements heureux et de désagréments amers et bizarres. ‘Built On Glass’ est un journal intime, un répertoire de ces hauts et ces bas. » Le clip de ‘Talk is Cheap’ fait aussi écho à l’éphémère, à la fragilité. Il est incroyable. Nicholas James Murphy : « J’ai parfois l’impression, avec les clips, qu’on s’intéresse plus à la vidéo en elle-même qu’à la musique. Je trouve que c’est une distraction, qui me pousse à poster la majorité de ma musique sans images : les détails visuels ont tendance à supplanter les détails musicaux. C’est pourquoi je voulais un plan unique, fixe, dans lequel les modifications faisaient écho à celles du morceau. Et je pense que cela fonctionne ainsi. Toby & Pete, les réalisateurs, ont fait un excellent travail. » En dehors du jeu de mot, pourqui Chet Faker ? Vous vous voyez comme un imposteur ? (‘faker’ = faussaire, ndr) Nicholas James Murphy : « Ce « faussaire », c’est ironique, une blague dirigée contre moimême avant que quiconque puisse me montrer du doigt. J’ai pris les devants ! (rires) Quant à l’évidente référence, le chant de Chet Baker, il n’y a rien de tel, à mes oreilles. Je le trouve tellement sous-estimé. C’est si fragile, cette présence, cette façon de conjuguer les forces qui l’entourent. » Un disque : ‘Built On Glass’ (Future Classic/Opulent/Pias)

on stage 01/05 AB (Bruxelles) 07/05 Rockhal (Lux)


T e x t e : G e r y L e f e b v r e © Car o l i n e l e s s i r e

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Earteam

Admiral Freebee

Dirtmusic

‘The Great Scam’ Sony Music

Est-ce dans un sursaut de lucidité, d’autodérision ou pour anticiper les retours de la critique, toujours est-il que le titre de ce cinquième album du marin d’eau douce anversois est particulièrement pertinent. Même si l’expression « Grosse Arnaque » est peut-être un tantinet exagérée. On est ici davantage dans la petite escroquerie qui consiste à se faire offrir par sa maison de disque la collaboration d’une série de noms ronflants pour attirer le chaland et s’assurer une caution critique. On retrouve ainsi au générique des noms comme Steve Shelley (Sonic Youth) à la batterie, Joe Mascis (Dinosaur Jr.) à la guitare - sur le seul ‘Finding My Way Back To You’ - et leur grand complice John Agnello, derrière la console. Plus habitué à tricoter du fil barbelé, ce dernier emballe les douze titres dans une production XXL conçue comme un édredon douillet dans lequel se vautrent des mélodies à fredonner dans les embouteillages du Ring en s’imaginant sur la Route 66 (‘Nothing Else To Do’). Quelques titres en hypotension permanente accompagneront idéalement vos parties de pêche au bord du Mississipi en compagnie de Tom Sawyer et d’Huckleberry Finn (‘The Land Of Lack’, ‘Poet’s Word’). A force de tourner en rond sur des chemins de grande randonnée folk-rock balisés depuis longtemps par Dylan, Springsteen ou Neil Young, Admiral Freebee ne risque pas de se perdre. Mais il n’est pas près de nous dérouter non plus. (gle)

Federico Albanese ‘The Houseboat And The Moon’ Denovali/Sonic

Federico Albanese est le type même du génie musical dont le talent se déploie avec aisance quel que soit l’instrument ou le style auquel il décide de s’attaquer. C’est ainsi qu’après avoir appris le piano et la clarinette lorsqu’il était enfant, il a plus tard eu un coup de foudre pour le rock, ce qui l’a conduit à maîtriser basse et guitare. S’intéressant aussi au folk et à la musique classique et contemporaine, il s’est lancé ensuite dans la composition de bandes sons pour des films et documentaires. Autant le dire tout de suite, ‘The Houseboat And The Moon’ est un album superbe de maîtrise et de sensibilité. Dominé par un piano auquel se joignent des cordes et des effets électroniques, l’ensemble dessine des paysages sonores d’une grande beauté, marqués par des sentiments contrastés souvent dominés par la mélancolie. Très cinématographique, l’univers de Federico associe éléments classiques et modernes dans un esprit personnel qui pourrait évoquer la démarche d’artistes comme Michael Nyman, Philip Glass, voire Yann Tiersen. Très fort! (pf)

Otti Albietz ‘And The Voices’ BBE Records

Il y a un an tout au plus, j’avais dit tout le bien que je pensais dans ces colonnes du second album d’Otti Albietz, ‘Bubbytone II’. Pour ce troisième disque, le mystérieux artiste s’est entouré des musiciens qui l’ont accompagné les derniers mois en tournée. Sa pop s’est encore un peu approfondie et complexifiée, mais pas spécialement pour le meilleur. Sur ‘In The Voices’ disparaît cette spontanéité farouche et ludique qui faisait le charme de son prédécesseur au profit de morceaux à l’arrière-goût d’improvisation. Les nouvelles compositions d’Albietz paraissent alourdies et traînent la patte vers on ne sait quelle destination, forçant sur l’allitération ou une frénésie un peu gratuite et pas très mature. C’est courageux, mais souvent énervant et toujours un peu trop long. Espérons que cette petite escapade

‘Lion City’ Glit terbeat

Attention, c’est tout simplement énorme ! On pensait que Glitterbeat allait avoir du mal à tenir la cadence effrénée d’une année 2013 absolument fastueuse (l’excellent disque de Samba Touré, la redécouverte du guitariste pyromane Lobi Traoré et d’un show primitif au Bar Bozo en 1995, les incroyables Touaregs de Tamikrest et ce qu’il convenait d’appeler jusqu’à peu – ce nouveau disque, quoi – le meilleur album de Dirtmusic, ‘Troubles’, sorti en juin dernier), mais non, le label allemand, filière de Glitterhouse, frappe à nouveau et l’uppercut est véritablement sidérant. En réalité, ce qu’on entend aujourd’hui est issu des mêmes sessions que l’album susmentionné mais c’est un paysage sonore complètement différent qui défile, insensé, inespéré. C’est un blues subsaharien joué comme au ralenti, hors du temps et de l’espace, incroyablement lent, beau et mélancolique (entendre la déchirante Aminata Wassidjé Traoré sur ‘Narha’), une sorte d’apesanteur à mille lieues de ce qu’on a l’habitude d’entendre chez les pourtant géniaux Tinariwen et Tamikrest (conviés ici pour la première fois depuis l’increvable ‘BKO’ en 2010 et qui étirent l’élégiaque ‘Movin’ Careful’ vers des sommets vertigineux). Les guitares d’ordinaire si prégnantes se délitent, ouvrant une brèche où de fines perspectives électroniques s’engagent (‘September 12’, ‘Red Dust’, notamment) pendant que le balafon du Ben Zabo Band prend sur certains morceaux une importance considérable allant jusqu’à rappeler les immenses Kouyaté et Neerman (‘Ballade De Ben Zabo’, ‘Starlight Club’). ‘Lion City’ laisse sans voix et confirme que la bande à Chris Eckman a bel et bien trouvé la sienne, cette voie sinueuse entre tradition et modernité dont l’unique issue débouche sur un paradis gargantuesque. ENORME. (lg)

en hors-piste le ramène à une voie qu’il s’était luimême tracé et qui promettait encore de jolies figures de style. (ab)

Aspirin

Amatorski

Manuel Engel est un artiste pour le moins expérimental au niveau de la démarche et des concepts développés. A l’instar de ses sorties précédentes, ‘Aspirin’ est un album bouillonnant, dense et tendu, mêlant une approche empruntée au free jazz où s’entrechoquent des éléments rock, noise, indus ou tribaux. Forcément difficile d’accès, cette collection ne plaira qu’aux plus aventureux de nos lecteurs, ceux qui estiment qu’écouter un disque requiert patience et persévérance. Pour ceuxlà, l’écoute des huit compositions proposées ici s’apparentera à une expérience riche et déroutante. Ils s’abandonneront avec délectation à des titres aussi aliénants et obsédants que ‘Tension artérielle’, ‘Felix Hoffmann’ ou ‘Chemical factory’, tout en savourant le spoken word torturé et volontiers absurde de Ana Igluka, poétesse qui prête sa voix et sa plume à plusieurs titres, entre l’intermède relativement apaisé de ‘Liberté’ et la furie destructive de ‘Banquet’. (pf)

‘From Clay To Figures’ Crammed Discs

Ils ont parcouru bien du chemin, les loustics d’Amatorski, depuis leur finale de l’Humo Rock Rally en 2010 – et la très belle tenue de ‘From Clay To Figures’ en est la confirmation, à quelques détails près. Loin, voire à des années-lumière de l’amateurisme que leur nom pourrait suggérer, Inne Eysermans et Sebastiaan van den Branden nous font le coup du downtempo et c’est troublant de finesse mélodique. Même si, ça et là, on aimerait une dosette supplémentaire d’invention dans les arrangements (les instruments joués à un doigt, bof quoi), la paire flamande a le très bon goût de ne pas s’enferrer dans un pseudo-minimalisme au-delà de la minute trente. Là où, af en toe, on imaginerait laisser tomber l’affaire, nos deux asticots relancent bien vite l’intérêt en allant pêcher des arpèges de guitare faussement sereins (à ma droite), un piano jazzy (à ma gauche) au milieu de claviers très à leur place. Aussi, si un quelconque grain de folie manque pour faire traverser leur second album hors des clous, il s’en dégage une telle volupté entre deux mirages qu’on succombe d’entrée à ses rêveries sur papier de soie. (fv)

Arc Iris ‘Arc Iris’ Bella Union/Pias

Est-ce que dans chaque discrète collaboratrice réside une voix qui ne demande qu’à sortir de gonds rondement huilés ? ‘Might I deserve to Have a Dream’ ? À cette existentielle question, Jocie Adams avait déjà commencé à répondre en 2011, ne bifurquant toutefois pas outre mesure de la piste americana de The Low Anthem. Avec Arc Iris, en-tête poudrée, la multi-instrumentiste se réjouit désormais totalement de caracoler en vocalises ultra-sucrées à la recherche de leprechauns, licornes et autres scintillantes apparitions de Kate Bush. Dans ce sillage précieusement orchestré, au maniérisme hétéroclite, on distingue autant l’elfique Joanna Newsom que des structures expérimentales qui raviraient Dirty Projectors. Distillée en notes dans ‘Whiskey Man’ ou ‘Powder Train’ ou juste en filigrane dans ‘Canadian Cowboy’, l’inspiration bluegrass demeure une panoplie arborée autant que le jazz ou la pop, sans distingo, basculant parfois dans le cabaret honkytonk. Désarçonnant, mais pas sans grâce, voici l’acte de naissance biscornu d’un oiseau de paradis qui s’assume bariolé. (alr)

‘Aspirin’ Metonic Records/Dense Records

Augustines ‘Augustines’ Oxcar t/Votiv

Voici trois ans, ce groupe américain – qui s’appelait à l’époque We Are Augustines – avait sorti un premier opus riche en émotions fortes. Il faut dire que le chanteur, Billy McCarthy, venait de faire face au suicide de sa mère et de son frère. Il en résultait un disque extrêmement touchant dans son exploration de la douleur face à la perte d’êtres chers. Depuis lors, Billy semble avoir retrouvé la foi, si bien qu’‘Augustines’ prend des allures d’hymne vibrant à la vie et à l’espoir. Cette évolution n’a ceci dit pas entamé la puissance des émotions exprimées, ni non plus l’inspiration sur le plan musical. A l’instar de ‘Rise ye Sunken ships’, ce nouvel opus a une identité forte et capte directement l’attention. Les compos sont accrocheuses et oscillent entre l’héritage de Bruce Springsteen (‘Nothing to lose but your head’, ‘Don’t you look back’) et l’intensité épique d’Arcade Fire (‘Cruel city’). L’ensemble est donc d’excellente facture, même si par rapport à son prédécesseur, il a parfois tendance à flirter un peu trop avec le rock de stades et Coldplay en particulier, notamment sur les ballades. (pf)

Katy B ‘Little Red’ Rinse/Sony

Objet typique de controverse entre les anciens et les modernes de la dubstep, ‘On A Mission’,

le premier album de Katy B, a remarquablement traversé les trois ans qui le séparent de son petit frère ‘Little Red’. Barré de titres imparables que mille jours plus tard, on se repasse avec un égal bonheur, la plaque balançait grave du slip, quelque part entre UK garage, R&B et electro pop, ingrédients toujours aussi présents en 2014. Toutefois, si son second disque nous réconforte en évitant avec soin le passage par la case pupute à sa mère, Kathleen Brien semble avoir perdu la main quand il s’agit de transformer en tube tout ce qu’elle touche. Parfois même, on a l’impression d’entendre une version soul bas de gamme de Céline Dion perdue dans le studio de Benga (sur un seul titre heureusement, le désastreux ‘Crying Fo No Reason’). Heureusement, un retour aux sources vers les ondes à la DJ Hatcha la ramène à de bien meilleures dispositions, même si le peps et l’enthousiasme des premiers instants ont bien eu du mal à traverser le temps. Et sur les 17 tracks, il y en a bien une dizaine en trop. (fv)

Thomas B ‘Shoot’ Sony

Le mec confiait récemment à propos de ce disque : « Je n’ai pas de réflexion sur ma propre carrière. J’écris avant que toute forme d’inspiration s’éteigne ». C’est assez marrant mais chez nous, l’impression qui domine, c’est plutôt celle d’un type qui prend la pose pour enrichir d’un premier album solo une discographie dont les saillies en groupe n’étaient déjà pas bien bandantes même si elles avaient le mérite de balancer de temps à autre – Cantat était au trou, la place était à prendre – une bonne punchline tapineuse genre « est-ce que la fièvre est un délit d’opinion ? ». Pour les ados peer-to-peereux de l’époque, en 2004, Luke, c’était (le) Nirvana. Personne n’a vraiment répondu à la question depuis et, comme Mickey 3D, ouf, on n’en a quasi plus entendu parler. Aujourd’hui donc, Thomas Boulard déboule avec un disque dont on renifle déjà les commentaires interchangeables de la critique : un poète ausculte les maux de la société, un grand disque mature, etcetera, etcetera. La vérité : ces douze titres sont beaux comme du Raphael imitant Da Silva se prenant pour Cantat depuis qu’il regarde droit dans le soleil. Au suivant. (lg)

Band Of Skulls ‘Hymalayan’ Psycollective LLC/Pias

Si Band of Skulls jouit déjà d’une belle renommée, il y a fort à parier que son nouvel album devrait le propulser vers les sommets. On ne sait si c’est le fait d’assurer la première partie de groupes comme Queens of the Stone Age, les Red Hots ou les Black Keys qui lui a donné l’envie de frapper encore plus fort que précédemment, mais le groupe dégage sur ce disque une puissance incroyable. En fait, ‘Hymalayan’ sonne comme les efforts précédents du groupe, mais en mieux, en plus inspiré, en plus convaincant. Les mélodies sont plus accrocheuses, la production – excellente, due à Nick Launay – fait davantage ressortir la richesse des compositions et des textures. Les satisfactions se comptent ici à la pelle, à commencer par l’immense ‘Asleep at the wheel’ qui ouvre le bal dans un délire blues stoner à la rythmique incroyable. ‘Hoochie coochie’ est l’exemple parfait de ce que digérer le rock sudiste 70s avec intelligence peut donner, tandis que ‘You’re all that I’m not’ est tout simplement irrésistible et que ‘Cold sweat’ est une ballade déchirante de beauté triste. A la fois très rock et très pop, mettant en avant des voix masculines et féminines qui s’associent dans des harmonies délicates et en même temps intenses, cet album est une subtile fusion des genres. (pf)



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Earteam

Beck

Jimi Goodwin

‘Morning Phase’

‘Odludek’

Capitol records/Caroline

‘Sea Change’ marquait un tournant dans la carrière de Beck Hansen. Ce n’était pas tant un premier album intimiste comme beaucoup l’ont prétendu (‘One Foot In The Grave’ et ‘Mutations’ étaient déjà passés par là), mais bien le premier disque d’un artiste conscient que la marque indélébile qu’il avait laissé sur le rock de la fin du XXème siècle était en train de le rattraper. ‘Midnite Vultures’ avait poussé les capacités fusion de Beck à son paroxysme. Il était temps pour lui de faire un pas de côté et embrasser sa musique sans autre objet que celui de la douleur amoureuse qui l’habitait alors. Depuis cet album-phare, considéré par beaucoup comme son meilleur, Beck a quelque peu galéré, à la recherche de cette identité mutagène qui caractérisait ses fracassants débuts. Ni ‘Guero’, ‘Information’ ou ‘Modern Guilt’ n’y sont totalement parvenus, en dépit de leurs qualités indéniables. Après un hiatus de plus de six ans, L’enfant terrible nous revient avec ‘Morning Phase’, compagnon avoué de ‘Sea Changes’, note d’intention évidente à l’écoute du premier morceau et de son intro. Heureusement, ‘Morning Phase’ révèle progressivement une autre facette, un sentiment plus aérien et nostalgique, presque hippie, qui permet d’éviter la redite et propulse Beck sur une voie lyrique surprenante (‘Heart Is A Drum’, ‘Turn Away’ et ‘Blue Moon’ comportent sans doute ses plus beaux chants). Si la beauté blessée de ‘Sea Changes’ évoquait le recroquevillement d’une fleur fanée, ‘Morning Phase’ scintille comme la rosée matinale et déploie sa fragilité diaphane dans un froissement de pétales au sortir de l’hiver. Peut-être pas encore l’album du renouveau, mais le lent et lumineux réveil au monde d’un artiste d’exception. (ab)

Beyoncé ‘Beyoncé’ Columbia Records

Reine de l’entertainment made in USA, Beyoncé tient le haut de l’affiche dans toutes les rubriques : sportive (à l’entracte de l’un ou l’autre Super Bowl), politique (« Avec Barack Obama, sérieux ? »), people (« Mais non, Jay-Z vient de lui acheter une bague à 2.390 dollars pour sa Saint-Valentin ! ») ou culturelle. Beyoncé donne ainsi son nom – et une bonne partie de son corps – à un cinquième album solo façonné en compagnie d’une armada de producteurs : des spécialistes du gros son et de la gonflette (Pharrell, Timbaland, TheDream, Hit-Boy). Très aguicheuse, l’ancienne Destiny’s Child emballe la vulgarité dans une étoffe de soie et signe un concentré de r’n’b riche en calories. Sexuellement explicites, les morceaux de ‘Beyoncé’ voient le monde comme un baisodrome géant. Ici, l’épouse de Jay-Z chante le sexe dans toutes les positions. Avec sa production en béton armé et ses nombreux invités (Drake, Frank Ocean, Jay-Z ), cet album brille d’une perfide et imparable perfection. Un véritable blockbuster américain. (na)

Bike For Three ‘So Much Forever’ Fake Four Inc.

Parfois, l’amour prend le dessus sur tout. Et rien ne va plus. Cœur solitaire encore secoué par les affres d’un divorce mal encaissé, Richard Terfry s’enlise inexorablement dans des productions de seconde division. Sous son peudo Buck 65, l’homme n’a plus rien sorti d’excitant depuis 2005 : des plombes à l’heure du tout-au-téléchargement (il)légal. En 2009, le MC Canadien a tout misé sur le changement en collaborant avec Joëlle Phuong Minh Lê, électronicienne belge d’origine vietnamienne. Réunis sous le nom de Bike For Three, les deux artistes ont essayé d’imaginer un entre-deux où les textures synthétiques downtempo pouvaient cohabiter avec un flow rauque et rocailleux. Dans cette relation longue distance, Richard Terfry a un peu

Heavenly/Pias

Même si on regrettera éternellement d’être né plus près d’Ougrée que de Manchester, on a toujours préféré les corbeaux aux colombes. Le charbon mal dégrossi aux diamants trop bien taillés. Voilà peut-être pourquoi les Doves n’ont jamais réussi à nous inspirer autre chose qu’une indifférence polie. Comment expliquer alors que cette première envolée en solitaire de leur chef d’escadrille –dont la signature vocale ferrugineuse est une composante essentielle de l’ADN musical – nous donne envie d’abuser des superlatifs ? Tout simplement parce qu’elle réussit à s’affranchir de tous les stéréotypes et préjugés. Conçu à l’origine comme une mixtape déglinguée, ‘Odludek’ se transforme rapidement en un tangram aux combinaisons infinies. Les rythmiques électro disloquées côtoient une mandoline improbable (‘Hope’) ou s’imbriquent dans des envolées instrumentales maniaco-lyriques (‘Live Like A River’, ‘Oh ! Whiskey’). Un doigt de cuivre, une pincée de funk, une lichette de kitsch (‘Man Vs Dingo’), le Mancunien s’autorise à peu près tout et surtout n’importe quoi. Il n’est d’ailleurs pas toujours aisé de suivre les innombrables chemins de traverse empruntés lorsqu’il divague au fil des méandres tortueux de son imagination pour s’offrir de vrais caprices soniques et cinoques (‘Ghost of The Empties’). Le jeu en vaut pourtant la chandelle. Car ce disque improbable est un puits sans fond d’épiphanies aussi déraillées que miraculeuses. (gle)

perdu sa voix, son magnétisme. L’album ‘More Heart Than Brain’ avait du charme, certes, mais pas grand-chose à raconter. Le duo se retrouve aujourd’hui autour de ‘So Much Forever’, deuxième livraison de Bike For Three. En mouvement sur une corde électronique sensible, le numéro 65 perd sa force tranquille, son flow de Tom Waits révolté. La gnaque s’est envolée. Entre deux couplets et quelques mots susurrés en français, on éprouve l’ennui d’un disque sans fin. Quinze morceaux pour rien. (na)

Blood Red Shoes ‘Blood Red Shoes’ JazzLife

Le furieux duo mixte de la Perfide Albion, sorte de The Kills au sens mélodique encore moins raffiné, revient aux affaires avec un quatrième disque dont on sauvera, au fil des écoutes, quelques pépites ravageuses, la sauvagerie habituelle ayant d’abord découragé. Ainsi, on se surprendra à revenir volontiers vers ces morceaux hyper saturés comme ‘The perfect Mess’ ou, mieux encore, ‘Far Away’, qui bastonne sec dans le rouge outrancier, mais qui, bizarrement, se révèle quasiment catchy. Ce quatrième disque est le premier produit par leurs propres soins, en réaction à un opus précédent qu’ils trouvaient trop lissé par un producteur en vogue. La volonté était de revenir vers une certaine forme d’imperfection, la signature du groupe d’après Mike Crossey. Pour le coup, l’urgence et la crasse sont bien là, malgré quelques longueurs. (lg)

Bombay Bicycle Club ‘So Long, See You Tomorrow’ Island/Universal

Cela fait trois albums qu’on le sait, l’exotisme chez le Bombay Bicycle Club se limite à quelques cuivres. Rien de bien neuf avec ce quatrième disque. Ni éléphant, ni fakir, ni featuring d’Eddy Merckx. C’est un peu tristounet mais, à vrai dire, on s’en accommode fort bien, pour peu qu’on aime la belle indie pop, assez classique, fricotant de manière éhontée avec le mainstream. Seul vrai hic donc, mais il est de taille : le BBC ne compte dans ses rangs aucun foutu songwriter capable de torcher une chanson véritablement mémorable. On tique bien sur le groove chaloupé et, pour le coup, vaguement orientalisant de ‘Feel’ mais c’est à peu près tout. Le reste ronronne poliment. Comme ce single, ‘Luna’, forcément un peu trop gros (ces chœurs maousses) pour être sincère. (lg)

Joan Cambon ‘Reshaping the seasons’s for Kaori’s body’ Arbouse Recordings

Comparse en tandem de Sylvain Chauveau au sein d’Arca, Joan Cambon conduit également de-

puis quelques années son travail en solo en direction de la danse contemporaine. Ce disque est le résultat de sa collaboration avec le metteur en scène français Aurélien Bory pour son spectacle ‘Plexus’. Il aligne une grosse dizaine de pièces instrumentales construite sur base de samples des ‘Quatre Saisons’ de Vivaldi mais aussi plus accessoirement à partir de sons produits par la danseuse japonaise Kaori Ito, danseuse solo adroite de ‘Plexus’. Loin d’être anecdotique, l’exercice se révèle être une véritable excursion sonore aux dimensions à la fois charnelle et spirituelle. Hormis le titre éponyme du spectacle, chaque pièce porte le nom d’une partie du corps humain attachée aux sens. On songe parfois aux débuts de Murcof tant la démarche participe d’une même intention de remanier et reconstruire des œuvres de musique classique en conférant aux indéterminations numériques qu’elles subissent dans leur traitement une sorte de chaleur acoustique que l’on laisse volontiers nous habiter. (et)

Champs ‘Down Like Gold’ Pias

C’est l’histoire chou du mois : en 2012, deux frères de Niton, un petit village de l’Ile de Wight, décident de monter un groupe après avoir écouté pendant des années les Fab Four et épuisé l’autoradio de leur mère avec la seule cassette de REM (l’excellent ‘Murmur’) qu’ils possèdent. On savait les îliens attardés mais tenter de nous faire gober celle-là, tout de même. D’ailleurs, l’album est porté par un single où l’ombre de Michael Stipe est plutôt celle d’un… fantôme : jugez, on dirait du Mika en pleine battle avec les horripilants Fun. Mais curieusement, ça passe. Et les écoutes suivantes renforcent cette première impression, celle de tenir dans ses mains un vrai joli de disque de pop. Rien de plus. Rien de moins. Gonflé comme il faut (des harmonies balèzes, du Fleet Foxes de bourrins), avec juste les fêlures nécessaires pour qu’on ne l’oublie pas trop vite (‘Too Bright To Shine’, comme du Perfume Genius sous amphètes, la fin quasi mystique du titre éponyme). Bien foutu et entêtant, à défaut de laisser sur le cul. (lg)

Cherry Glazerr ‘Haxel Princess’ Burger Records

Le cas Cherry Glazerr est assez fascinant. Descendant de la cause riot Grrrl (SleaterKinney, Bikini Kill) et d’une frange grunge (Hole), le quatuor californien a la bonne idée de recycler d’autres objets anciens (énergie rock garage, esprit girl group) pour bricoler quelques morceaux lo-fi et délicieusement déglingués. En prenant du plaisir à brouiller les pistes, Cherry Glazerr offre une alternative couillue (la formation compte tout de même un mec dans ses

rangs : Sean Redman, bassiste au taux de testostérone incroyablement bas) aux dérives revivalistes de Bleached, Vivian Girls et autres Dum Dum Girls. Si les guitares de Cherry Glazerr sont sales, elles caressent toujours la mélodie dans le sens du poil. Au chant, Clementine Creevy habille des chansons lunatiques – tantôt pacifiques, tantôt électriques – d’une voix langoureuse et nonchalante qui, ici (‘Grilled Cheese’) et là (‘Trick or Treat Dancefloor’), marche sur les pas de Kazu Makino (Blonde Redhead) avec un art du cool qui roucoule d’un bout à l’autre de ce disque récréatif et inspiré. (na)

Chop Chicks ‘Nice Shape’ Starman Records

The Scrap Dealers ‘Red Like Blood’ JauneOrange/Rockerill

Pour fêter l’arrivée du printemps, les bières tièdes et les barbecues salmonelleux, rien de tel que ces deux 45tours plutôt gueulards. Chop Chicks – des vétérans flamands (Kloot Per W de, entre autres, Polyphonic Size et Dirk Swartenbroekx de Buscemi et Radical Slave, plus deux filles moins connues) – balance deux titres hautes burnes à la The Kills. Intéressant. Mais, c’est surtout du côté de Liège, de sa « banlieue qu’on peut voir dans les films pour intellectuels », (toujours citer les bios qui manipulent l’humour, toujours leur faire confiance) qu’il faut, encore une fois, battre le mâchefer tant qu’il est chaud. Brûlant même et, on s’en doute, hautement contaminé aux métaux lourds. Le chanteur de The Scrap Dealers beugle comme si sa vie en dépendait (il faut voir ça dans le clip de ‘Get Out Of My City’, c’est prenant) et, dans le genre, seuls les deux olibrius Boogie Snake et Dirty Coq font encore mieux. Ces trois titres le prouvent : la relève du Tropic Blues Band est assurée. Hourrah. (lg)

Robert Cray Band ‘In My Soul’ Provogue

35 ans de carrière et 17ème album pour Robert Cray et sa bande, consacrés en 1986 avec le mythique ‘Strong Persuader’. Légende vivante du rythm’n’blues, guitariste et vocaliste horspair, Cray ne cherche pas à révolutionner le genre, mais bien à le personnaliser de toute son âme, tant dans ses compositions que dans les quelques covers disséminées sur ‘In My Soul’. « And out again », serait-on tenté d’ajouter. Vas-etviens des doigts sur les cordes, tradition et appropriation, signes clairs et détournements subtils, tout est affaire d’échange permanent dans cette musique qui, plus qu’aucune autre, ne semble exister que pour les oreilles de son public. Les meilleurs albums du genre ne donnent-ils pas d’ailleurs toujours l’impression d’être enregistrés live ? Une invitation discrète à pénétrer l’âme du bonhomme, sous-entendue par cette guitare dont le manche, flou, brise le quatrième mur et nous promet Otis Redding, BB King et John Lee Hooker. Palpitant et chaloupé bien que classique, tantôt rétro-funk (‘I Guess I’ll Never Know’, très Stevie Wonder), tantôt soul à se pâmer, le blues de Robert Cray porte des lunettes noires jusqu’au bout de la nuit. (ab)

Daphné ‘La Fauve’ Naïve

Fauve étant devenu pour beaucoup synonyme de ridicule, on aurait peut-être évité d’appeler notre disque de la sorte. Mais bon. Ces considérations posées, précisons d’emblée que le cinquième disque de la Française est d’ailleurs loin d’être risible. Frigide peut-être, à la limite. C’est que le bazar rigole peu : omniprésence d’un quatuor à cordes, section de cuivres, rigueur et maniérisme à tous les étages. L’ambition de Daphné étant sans doute de devenir une sorte de Barbara pop kaléidoscopique. En témoignent des titres alam-


Earteam biqués, quasi pompeux, comme ‘Rocambolesque Morocco’ ou le très beau ‘Abigaïl’ qui répondent à d’autres plus légers, notamment ‘Où Est La Fantaisie ?’, pop yukulélante à la The Ideal Husband, ou le vibraphonnant ‘Tout d’Un Animal’. L’affaire tient sur un fil, l’équilibre est précaire mais relativement bien assuré. Comme d’habitude, dès qu’il y a du nichon derrière un micro, l’excellent Benjamin Biolay n’est pas loin (en duo, donc, sur la plutôt anodine ‘Ballade Criminelle’). Correct. (lg)

Deadbeat & Paul St. Hilaire ‘The Infinite Dub Sessions’ BLKRTZ

Blub blub. Lente immersion dans un dub subaquatique, ponctué des picotements d’alevins curieux et du dandinement des anémones. Poussé par les infra-basses vers des courants tantôt chauds, tantôt froids, vous dérivez, poumons vides, jusqu’à l’impulsion suivante. Gros trip sur fond de Gulf Stream. Sverd me up, Coriolis ! Tandis que Scott Monteith joue aux courants marins, St. Hilaire, aka Tikiman, donne voix au chant des baleines noires-jaunes-vertes. Parfois démonstratif dans ses élans kingstoniens, l’apôtre dub-reggae se dilue pourtant à merveille dans les subtilités cliquetantes et obsessionnelles de la minimal techno de Deadbeat. Clairement pas ma mer à boire, mais ‘The Infinite Dub Sessions’ est une plongée en apnée capable d’hypnotiser durablement les amateurs. Au risque de jamais ne les voir quitter l’océan. (ab)

DENA ‘Flash’ Normal Surround/K7

Il n’existe aucune raison valable pour s’attarder sur ce ‘Flash’, pas même le million de vues sur Youtube du single ‘Cash, Diamond Rings, Swimming Pools’ ayant précédé sa sortie. DENA, aka Denitza Todorova, racole avec un hip-pop électro bas de gamme sans grande originalité auprès d’un public teenager peu enclin à faire la part des choses. Cette jeune chanteuse bulgare expatriée à Berlin depuis 2005 a opportunément surfé sur la vague créée par M.I.A. et a utilement mis à profit sa collaboration avec Erland Øye (Kings of Convenience, The Whitest Boy Alive) dont on ne saisit à vrai dire pas l’engouement pour cette aventure putassière. Musicalement, on est proche du degré zéro. (et)

Dillon ‘The Unknown’ Bpitch Control

Elle a beau résider à Berlin et être signée sur la maison Bpitch, Dominique Dillon de Byington aka Dillon a bien du mal convaincre du bien-fondé de sa démarche. Après un pourtant très sympathique ‘This Silence Kills’, où des échos de cabaret berlinois côtoyaient une Laura Veirs en format voix cassée, la chanteuse brésilienne tombe dans des travers tellement downtempo qu’on s’en décroche la mâchoire. Interminables tant ils traînent un dynamisme évadé d’un congrès d’eunuques neurasthéniques, les douze nouveaux morceaux de Dillon se noient dans un non-dit fatigant. Non seulement, les nuances électroniques se languissent de nappes paresseuses et dépassées, mais le chant de la (jolie) demoiselle aux 26 printemps manque de la plus élémentaire élégance pour toucher la corde sensible. Vite, rendez-nous Essie Jane. (fv)

Kevin Drew ‘Darlings’ Cit y Slang/Konkurrent

Il faut se méfier des cultes, c’est une affaire à finir intégriste. D’ailleurs, avant même de l’avoir entendu, on lit déjà tout un aréopage d’intellectuels chanter les mérites d’un disque qu’il découvrira fort plat et se forcera à aimer au prétexte qu’il

Hatcham Social ‘Cutting Up The Present Leaks Out The Future’ Ogenesis/News

Il faut d’abord fendre le brouillard : une purée de pois dense et distordue à souhait, une brume puante et malsaine. Au cœur de cette fumée humide, une guitare électrique abandonne un râle mystique, un larsen langoureux prolongé comme un interminable baiser. Et puis, l’orage gronde, la pluie tombe et la musique crépite. Cette météo capricieuse ne laisse aucune place au doute : nous sommes bien en Angleterre. Les pieds dans l’eau, la tête dans les nuages, Hatcham Social vient de publier un troisième essai, un disque quasi parfait. Avec son titre étiré sur la ligne du temps, ‘Cutting Up The Present Leaks Out The Future’ condense un savoir-faire typiquement britannique (des Kinks à The Smiths) à une culture pop écartelée entre le New York du Velvet et le tropicalisme du Brésil (‘All That I See Is A Gun’ et ses effluves bossa nova). Toujours emmené par les idées intoxiquées des frères Kidd, le quatuor londonien donne ici le meilleur de lui-même : dix chansons gracieuses et vénéneuses, parcourues d’histoires tordues (‘Lion With a Laser Gun’), de délires toxicomanes (‘Confessions of an English Opium Smoker’) et d’un romantisme à fleur de peau (‘Stay True to Your Family’). Orfèvrerie punk, rosserie britpop, cet album plane dans un entre-deux énigmatique, un monde inconnu. Sombre et harmonieux. (na)

est le second opus d’un des démiurges fondateurs de Broken Social Scene, ce groupe intouchable, culte. Ces mêmes intellos qui chient sur les disques de Coldplay refuseront d’admettre l’évidence : les trois premiers titres de cette galette auraient pu être pondus par la bande à Chris Martin, tandis que les deux suivants ressemblent à du The National de supermarché. Quelques chipotages pour décorer, de l’esbroufe, de la frime. Seul ‘First In Line’, pop song de grande classe, illico classique, évite le naufrage. Des gens, probablement, donneraient un bras pour écrire un truc pareil. Mais le reste, franchement, même après 3 écoutes… Le temps des audaces avec KC Accidental semble loin. C’était il y a quinze ans. Désormais, Kevin Drew écrit pour les ‘Darlings’, les grands-mères. Triste. (lg)

Dye ‘Cocktail Citron’ Tigersushi/News

Avec un titre comme ‘Cocktail Citron’, on ne peut qu’attendre un cocktail festif, ludique et un rien second degré. C’est bel et bien le cas avec le deuxième album de Dye, alias Juan de Guillebon, touche-à-tout génial qui a digéré toute la culture pop de ces trente dernières années au sens le plus large du terme. Dye, c’est un peu la rencontre entre OMD et la French touch et c’est en même temps un flirt appuyé entre la house et les jeux Nintendo. Dye, c’est aussi et surtout une évidence mélodique indéniable sur une foule de titres qui sont autant de tubes en puissance. On aime beaucoup le robotique et funky ‘She’s bad’ ainsi que la bubble pop rétro futuriste de ‘Downlovers’. A côté de pareilles bombes, l’album nous vaut également quelques vignettes musicales dont la candeur cache parfois une certaine mélancolie (‘Steel life’, ‘Ark crama’, ‘Sunrises’). Avec ‘Cocktail Citron’, Dye a pour ambition de réveiller l’éternel enfant qui sommeille en chacun de nous. Pari réussi. (pf)

Bob Dylan ‘The 30 th Anniversary Concert Celebration (Deluxe Edition)’ Columbia/Sony

Le 16 octobre 1992, tout New York se pressait aux portes du Madison Square Garden pour manger des petits fours sur le compte de Bob Dylan. Ce soir-là, le héro du jour fêtait ses trente ans de contrat au bras de la firme Columbia. Pendant quatre heures, les connaissances du musicien vont profiter de la bamboula pour passer boire un pot et s’offrir une part du gâteau. Le casting rassemblé devant les 18.000 fans réunis pour l’occasion est affolant : Stevie Wonder, Lou Reed, Eddie Vedder, Tracy Chapman, Willie Nelson, Kris Kristofferson, Ron Wood, Neil Young, Eric Clapton, The Band, George Harrisson, Tom Petty, Roger McGuinn ou Sinead O’Connor ont, notam-

ment, fait le déplacement pour chanter une reprise en présence de la légende. Avec son affiche à faire frémir les organisateurs de TW Classics, le concert se déroule dans une ambiance festive et bon enfant. Les morceaux interprétés n’apportent rien aux versions originales. ‘The 30th Anniversary Concert Celebration’, c’est comme la version américaine des Enfoirés – en beaucoup mieux, mais en moins caritatif. Enregistrement de l’événement, ce double album s’adresse d’abord – et surtout – aux fans hardcore du Zimm. (na)

Family Of The Year ‘Loma Vista’ V2

Le disque est sorti aux States en 2012 et les Allemand(e)s en seraient déjà raides dingues. Le voici désormais disponible pour les masses et, bonne nouvelle, on tient le Puggy amerloque (‘Living On Love’ est au niveau de ‘To Win The World’, exempli gratia). On ne saurait être exhaustif et citer toutes les raisons valables de s’emballer. Il faudra surtout retenir celle d’un songwriting pop sidérant : toutes les chansons se ressemblent et ne sont pas mémorisées après 3 écoutes. Il faudrait donc avoir du fameux crottin dans les oreilles pour se priver de ces mignardises indie-folk dont les meilleures frôlent les sommets indicibles jadis atteints par les fan-tas-tiques Mumford & Fils (‘Burried’). (lg)

Gaël Faure ‘De Silences En Bascules’ Sony

Des imbéciles sans oreilles (sans doute des filles trop jeunes qui rêvent de selfies avec Cyril Hanouna) crient déjà à un album aux subtilités insaisissables. La vérité, c’est que le deuxième disque de ce bogosse, éliminé en demi-finale de la Nouvelle Star en 2006, est juste passable. On peut trouver quelque chose à deux ou trois chansons, quand il évoque l’Islande et les grands espaces, mais le plus souvent, on a juste l’impression d’entendre une chanson de Florent Pagny interprétée par La Casa (ces envolées cuivrées en fin de deux ou trois morceaux). Le parti pris est résolument acoustique : il y a du banjo, de la mandoline, du glockenspiel. Deux titres sont carrément écrits par Barcella, un par Tété. Cela situe. Tout le monde n’est pas Julien Doré. (lg)

Féloche ‘Silbo’ Ya Basta !/Warner

On avait découvert Féloche en 2010 avec un premier album plutôt ébouriffant, disque du mois dans ces pages, qui revisitait le blues cajun de Dr John (lequel y apparaissait carrément sur

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un titre) à la sauce francophone. Osé car drôlement casse-gueule mais au final foutrement réussi. Quatre ans plus tard, l’affaire prend une toute autre tournure. Finies les fixettes sur le bayou, les alligators et le gombo, Féloche voit plus loin, ratisse plus large et, une fois encore, gagne son pari. ‘Silbo’, qui serait le nom d’un idiome sifflé par des habitants de l’île de La Gomera, aux Canaries, est une merveille de petite galette pop comme on aimerait s’en enfiler plus souvent. De l’ouverture ‘Silbo’ qui ramène le vieux fantasme de paradis terrestre sur fond d’espèce de mandoline/banjo et de sifflements tropicaux (« Il existe un endroit / où les hommes / parlent comme des oiseaux », Noa Moon peut aller se cacher) au hip-hop frappé de fièvre jaune de ‘T2Ceux’ featuring la légende du Queens Roxanne Shanté (tout de même, ramener de telles pointures sur chaque disque doit bien vouloir dire quelque chose), en passant par un prototype de tango 2.0 pondu par un disciple de Goran Bregovic (‘Mythologie’), tout séduit. Mais il y a aussi du funk, de la soul, c’est impressionnant. C’est un fait, ce type gagnerait à être davantage connu. Seul problème, ses pochettes sont d’une mocheté… (lg)

Kareyce Fotso ‘Mokte’

Dobet Gnahoré ‘Na Drê’ Contre- Jour/V2

‘Na Drê’ est un disque qui chaloupe à mort, rempli de chœurs ultra polis, tapissé de jolies percussions, chanté dans tout plein de langues différentes dont le français, mais qui résonne inlassablement, du premier au dernier titre, comme une calebasse : creux, creux, creux. Il manque d’âme là-dedans. C’est un disque à réserver aux jeunes femmes qui se contentent de peu, qui pensent encore que Katie Melua est la figure de proue du folk moderne. Celles – les meilleures, les bonnes à marier – qui connaissent les existences de Marissa Nadler, d’Emily Jane White, d’Angel Olsen n’auront que faire de cette Dobet Gnahoré et préféreront rabâcher à quel âne puceau veut l’entendre que rayon ethnique, les filles extras du moment s’appellent Aziza Brahim, Aminata Wassidjé Traoré voire la Camerounaise Kereyce Fotso. Celle-là donne du fil à retordre à nos émotions en les faisant passer par tous les états : danse, béatitude, tristesse, mélancolie, volupté. Chez elle, contrairement à sa sœur de label susmentionnée, tout sonne authentique : la voix hyper chaleureuse, les chœurs enfantins, les touches de violoncelle, de flûte (le très beau ‘Manke’), les sifflotements, le groove (‘Just Believe’, espèce de Ayo en moins évident, en plus roots), le dépouillement (la sublime ‘Tiwassa’ à la simple guitare acoustique), la nonchalance (‘Aya’, sorte de bossa nova lancinante et résignée). Une échappée belle. (lg)

Full Ugly ‘Spent The Afternoon’ Fire Records/Konkurrent

C’est l’histoire de bouseux en goguette à Las Vegas. Non, attends…Redescends d’un étage. Plutôt l’histoire de mecs ordinaires qui avaient décidé de traîner leurs guêtres sur le bitume, en bas de chez eux, à Melbourne. De faire un tour en caisse dans le quartier, « hanging around » toute l’après-midi en sirotant des limonades extorquées à la petite Suzie, celle qui a des couettes. Des types sans autre plan d’avenir que quelques nouvelles figures en skate, sans autre horizon que le coin du toit de chez Ernie, l’épicier manchot. Sans désir plus lointain qu’une expédition en VTT de l’autre côté d’’Hilly Street’, un jour de grande motivation. Nathan a la voix qui mue, Michael, grand dadais aux mains moites, rêve d’inviter Shirley sans avoir à en rougir et Zach ne sera – ô grand jamais – quarterback ou surfeur. Dans toutes les villes du monde, des groupes jaillissent du désœuvrement estival et d’amitiés vagues : tous ne


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Earteam

réussiront pas cependant à hisser haut une telle sincérité vacillante, une pop qui nous ramène pour de bon à nos quinze ans. (alr)

Cédric Gervy ‘J’aimerais Trop’ Autoproduction

Musicalement, c’est quand même vachement limite. Mais il faudra accorder ce crédit à Cédric Gervy : on devine qu’il ne se prend pas très au sérieux. L’autodérision étant, de fait, un gros avantage quand on se lance sur la pente ultra savonneuse de la chanson paillardo-rigolote. Sorte de croisement entre le Renaud-clown, le Delerm-grand-jojoiste et le Brassens-à-nezrouge, Gervy assène pendant 45 minutes ces petites rimes aigres-douces dont l’une sur quatre, tout de même, fait sourire. Une réussite parce que la place de Gervy est sur scène, devant un public familial, pas trop regardant. Ses adaptations de Renaud, du Capitaine Flam (la plutôt drôle ‘Marylin Light’), des Buggles (‘Radio Panique’) et de Stromae devraient sans peine ravir tous ces demi-chauves de quarante balais qui ont « échappé de justesse au service » et qui connaissent encore « par cœur les dialogues de ‘C’est arrivé près de chez vous’ ». Goldorak rules. (lg)

Glü ‘EP#2’ Naff Rekordz

C’est un sacré foutoir que l’univers de Glü, jeune quatuor belge dont on reparlera, en bien. Même si les idées sont parfois dans un tel désordre que c’est le boxon intégral, le mélange des genres pratiqué suscite un enthousiasme ni feint ni superficiel. Ça balance entre effets cinématiques à la Jean-Pierre Melville, rythmes breakcore qui envoient du bois et hip hop qui louche vers un spoken word en quadruple accélération. On y ajoute une grosse louche de drum&bass et quelques cuillers de dubstep (voire de jazz !!!) et surtout, on ne laisse pas poser vingt-quatre heures au frigo, tant les compos du MC Deco Comprehension et ses potes laissent transpirer un sentiment d’urgence qui, sur scène, doit foutre une belle pêche. Sans oublier quelques contusions et hématomes, signes qu’au moins, on se sera défoulés. (fv)

Go Go Berlin ‘New Gold’ Mermaid Records/Sony

Appréhender un album a finalement souvent beaucoup de choses en commun avec une rencontre amoureuse. Les premiers instants peuvent être marqués par la grâce avant que le charme ne s’étiole pour finalement laisser un goût de trop peu. Prenez par exemple ‘New Gold’. Le premier morceau, ‘Enterlude’ parvient en à peine plus d’une minute à aiguiser votre appétit avec un son énorme et hypnotique aux confins du métal et du space rock, le tout servi avec des effets vocaux intrigants et des percus obsédantes. Le soufflé retombe ceci dit méchamment dès l’écoute du deuxième titre, soit un exercice de hard old school assez convenu. Il en ira de même tout au long de ce disque qui est un catalogue exhaustif de tout ce que le rock/hard a pu compter comme genres et sous genres depuis 40 ans. Une inclinaison hard sudiste sur un morceau, une touche hard FM sur un autre, le titre plus pop, la ballade… Bref, si Go Go Berlin a une belle culture musicale, s’il sait torcher des bonnes compos et que sa maîtrise est évidente, on ressort un peu déçu de cet exercice de style plutôt scolaire. (pf)

Griefjoy ‘Griefjoy’ Arista/Sony

L’affaire est sortie en septembre dernier au pays des fromages qui puent et semble en emballer quelques-uns. Résumé du camembert électrique : ‘Griefjoy’ est le premier album de quatre Niçois qui torchent une salade électro-rocambolesque

Metronomy ‘Love Letters’ Because

Jésus, Marie, Joseph Mount, on ne l’avait pas vu venir celuilà ! On pensait s’enfiler une resucée des trois précédents – des disques certes agréables mais qui au-delà des deux tubes réglementaires (‘The Look’, ‘The Bay’, ce genre) ne cassaient plus trois baguettes à Dave Grohl – et, bardaf, on se retrouve face à dix titres relativement monstrueux. Pourtant, on sait déjà, après sept ou huit écoutes consécutives – oui consécutives, c’est comme ça, vous verrez, impossible de lâcher l’affaire –, qu’on se fichera éperdument de ces ‘Love Letters’ d’ici deux ou trois mois; en tout cas, passé l’été et ses simili festivals d’amour et de paix où la bande à Joseph pourrait mettre tout le monde dans le même lit. La raison est simple : trop d’évidence tue l’évidence. Carrément. A vrai dire, on se retrouve exactement dans la même position que face au premier MGMT, cette grosse surprise et avalanche de hits qu’on s’est envoyés jusqu’à l’overdose pendant trois mois. Avant même que la pub et les partis politiques ne reviennent à la charge. Qui depuis peut encore écouter ‘Kids’ ou ‘Time To Pretend’ ? Sérieusement, qui ? Personne. En attendant, comme dans toute relation qui débute, on baise matin, midi et soir et c’est l’orgie : boîtes à rythmes souffreteuses, claviers dans l’espace, fixette Motown, chœurs qui shoo-doop-doop-haaent, orgue Farsifa mélancolique et même – extravagance absolue – chant des cigales et bruit d’une personne qui plonge à l’eau, le tout en plein milieu d’un morceau. C’est le parfait disque pop du moment, celui qui tombe pile poil quand il fallait. A consommer sans retenue jusqu’à écœurement. (lg)

bourrée de références qui prennent à la gorge, des Strokes à Radiohead en passant par tous les faiseurs de beats mal dégrossis des dix dernières années. La sauce prend sur trois ou quatre morceaux, ce qui en soi est déjà pas mal. L’entrée en matière, ‘Taste Me’, conjugue le classicisme d’un piano austère (les quatre – dont une gravure de mode à cheveux longs et bonnet inénarrable – auraient tous fréquenté le conservatoire) à une électronique qui glousse. Sur ‘Insane’, il y a cette forme de grandiloquence malade, noire, à deux doigts de glisser vers un pathos complet et risible, comme celui de l’Interpol des derniers disques. Mais ça passe. Et puis, il y a ‘People Screwed Up’, le morceau-phare, presque six minutes, qui fait des allers-retours incessants entre éclaircies pop et fureur tribale et qui rappelle surtout que chez nous, dans un genre quasi similaire, il y a Brns. Un groupe autrement plus excitant dont le vrai premier album devrait enfin sortir cette année. Pour patienter, c’est un bon disque. (lg)

et se plaisent à se fréquenter les uns les autres. Quand elles deviennent trop étroites que pour les accueillir tous dans le feu de leurs pérégrinations, ils n’hésitent pas à décloisonner les murs pour en créer des nouvelles. Ainsi en va t-il de ce nouveau projet qui voit David Bryant (Godspeed You! Black Emperor) et Kevin Doria (Growing) inviter Jonathan Parant (Fly Pan Am, Set Fire To Flames) et Brooke Dane Crouser (Hrsta). S’estimant peut-être trop démunis pour magnifier la teneur de leur propos, ceux-ci ont réclamé les services d’un cinéaste du nom de Karl Lemieux qui projette ses films 16 millimètres avec la ferveur d’un alchimiste. Il en résulte ce disque qui renferme l’impatience d’une première épreuve mais contient déjà les promesses d’une réussite. Moi, je dis bravo, je dis à suivre. (et)

Gruppo Di Pawlowski

Masculin sans être macho, révérencieux mais jamais servile, accompli sans être démonstratif, en quelques termes les règles de survie d’un rock poussé dans les cordes par la substance électronique et les lignes maîtresses d’une séance d’hypnose pilotée par Holy Mountain. Et même si, pour les besoins de ‘Anciens Astronauts’, le trio a outrepassé les 17 heures d’enregistrement qui leur avaient servi à signer leur premier EP, les règles de sobriété qu’il s’était imposées jadis sont restées intactes. La sensation prime alors sur la technique et l’abandon se fait sans réserve sur une bande son qui rappellera Sun Ra, Jimi Hendrix ou encore Black Sabbath. Le rythme imposé par Holy Mountain est soutenu, mettra à mal votre endurance, et pourtant grisant de spectaculaires chevauchées (‘Luftiwizard’), certains de ces quelques riffs langoureux, venus de Glasgow, vous forceront à ralentir le pas, flirtant avec les errements du sludge et l’insanité du lap-dance (‘Star Kings’). Ouvre les portes de la perception, détruit les instruments d’écoute. (dark)

‘Neutral Village Massacre’ Stahlmus/V2

Homme dont le talent n’est plus à démontrer, technicien hors pair, chantre de l’éclectisme expérimental, Mauro Pawlowski a décidé de s’entourer pour ce projet de cinq musiciens au pedigree impeccable (des anciens membres de DAAU, Dez Mona ou Dead Man Ray). Au programme de cet album, on retrouve un rock tendu, bruitiste et menaçant, associant un côté abrasif hardcore à un goût pour les délires tordus les plus surprenants. Produit par le légendaire Steve Albini, ‘Neutral Village Massacre’ est un concentré d’agression musicale, de tension avant-gardiste prête à exploser (notamment sur le démentiel et ultra dissonant ‘Hey fat sinister genius’). On pense très souvent aux Melvins ou à Jesus Lizard pour la touche hardcore et en même temps, le groupe ne se limite pas à ça et multiplie les essais, développant un versant orientalisant sur un titre comme ‘The oldest goddess of all’, évoquant le fantôme de The Fall sur ‘Danku Baazn’ ou se fendant d’une reprise du classique new wave ‘Jonge helden’ de Arbeid Adelt transfiguré en un titre martial no wave bien barré. Déroutant et intéressant à plus d’un titre ! (pf)

Hiss Tracts ‘Shortwave Nights’ Constellation/Konkurrent

Constellation est un hôtel bohème où les chambres s’ouvrent les unes sur les autres sans serrure, sans cadenas. Les hôtes qui les occupent s’acoquinent vite

Holy Mountain ‘Ancient Astronauts’ Chemikal Underground

Jesca Hoop ‘Undress’ Curuja Records/News

À poil, la cowgirl qui parierait sa demeure et ses terres contre des pois de senteur ou une ‘Tulip’ ! À poil, l’adulescente de ‘Four Dreams’ qui te taquine de sa corde à sauter façon Gwen Stefani ! « The juice from the ghettoblaster was failing », malgré l’incursion de MikeD, MCA, AdRock dans ses stances. À poil « your kissy-kiss », la dure à cuire au flow rauque qui pour toi veut faire de son

propre cœur un festin à croquer ! Tous à poils, ces avatars de Jesca Hoop, ces (di)versions qui ont germé plus dru, un peu plus juste depuis le terreau trop orné du ‘Hunting My Dress’ de 2009. À poil la choriste de ‘Whispering Lights’, confiant un sentier nocturne, éclat et fardeau, à l’austère Willy Mason. À poil l’exécuteuse de piafs qui tresse de ses doigts de démone les poils de barbe d’un Guy Garvey (Elbow), bienveillant contrepoint. À poil et demi-mesure, cet ‘Undress’ aux invités souvent plus habités (Sam Beam excepté) que la mutine maîtresse d’œuvre, au lyrisme et cagoules décidément un peu encombrants. (alr)

Hydras Dream ‘The Little Match Girl’ Denovali/Dense

La pianiste Anna von Hausswolff (à ne pas confondre avec Carl Michael von Hausswolff qui n’est pas son frère) et le compositeur Matti Bye sont les deux chevilles de Hydras Dream, un projet collaboratif qui concrétise ici son premier album. Celui-ci tire son titre et puise son inspiration première dans le conte d’Andersen, ‘La Petite Fille aux allumettes’. C’est le destin tragique de sa protagoniste vouée à la mort qui aurait éclairé les deux musiciens suédois au point de traduire l’histoire en chapitres musicaux jusqu’à son terme inéluctable. Une musique qui repose en grande partie sur l’improvisation et sur une façon de composer très perméable. Somme toute peu présente, la voix de von Hausswolff lui confère un certain relief quand elle daigne se faire entendre. De nature et de vocation hivernale, ce disque s’accommodera mal du printemps qui déjà s’installe et persiste. (et)

Im Takt ‘Another Reality’ Monopsone

Même si les bios d’artistes ont des tendances à l’exagération virant souvent au nimportenawak, leur consultation révèle parfois des idées de genre parlantes. Comparé aux grands LCD Soundsystem dans la feuille A4 qui accompagne son ‘Another Reality’, et le dynamisme du trio français en montre le sens, Im Takt prouve qu’il fait honneur à son patronyme – En Cadence, dans la langue de Markus Acher et Felix Kubin. Même si perso, il y a bien plus de Bloc Party et de Dirty Projectors, sans même parler des échos africanisants à la Talking Heads, que de tout autre chose dans la musique de Xavier Xaporte & co, les neuf chansons de ce premier album ne tournent pas autour du pot et vont droit au but. Même si on regrettera l’absence d’un véritable langage propre, le combo breton déboule, track après track, sur le chemin de l’enthousiasme. Sans jamais faiblir, il donne dès la première écoute, et encore mieux, dans les suivantes, l’envie de se remuer les fesses, le popotin et les épaules. Si ce n’est pas l’indice d’un disque réussi, faites-nous signe, nous transmettrons. (fv)

Islaja ‘Suu’ Monika Enterprise/ Morr Music/Indigo

Autrefois papesse d’un folk éthéré fort apprécié des initiés, Merja Kokkonen a entre-temps émigré à Berlin dont l’ambiance si particulière l’a amenée à redéfinir son univers de façon radicale. Ayant trouvé une âme sœur en la personne de Gudrun Gut qui l’a accueillie sur son label, Merja s’est réincarnée en diva fin de siècle expérimentant avec l’électronique sur des compos exprimant à merveille l’isolement et l’aliénation. Au vu de la thématique privilégiée, nul ne sera surpris d’apprendre que l’ensemble est assez sombre et dissonant dans son approche musicale quasi industrielle – structures insaisis-


FAUVE 05-04-2014

ROBERT FRANCIS 18-05-2014

YOUSSOUPHA 07-06-2014

SOHN (@EXIT07) 09-04-2014

19.04

A LATE NIGHT WITH LAIKA •

• • • •

ADRIAN UTLEY’S (PORTISHEAD) GUITAR ORCHESTRA PLAYS TERRY RILEY’S IN C ONEOHTRIX POINT NEVER JANDEK ANDRÉ STORDEUR + F. DU BUSQUIEL ORPHAN FAIRYTALE

KLANGKARUSSELL 27-04-2014

DUM DUM GIRLS 25-05-2014

+ LECTURE BY DAVID KEENAN (THE WIRE) ON KOSMISCHE MUSIC + LABEL MARKET + SCREENINGS BRNS 28-04-2014

TINARIWEN 30-04-2014

02.04 | BOHREN & DER CLUB OF GORE 11.04 | LOCRIAN 11.04 | LECTURE BY BRANDON STOSUY: A BLAZE IN THE NORTH AMERICAN SKY @ HUIS 23 11.04 | LORD OF THE LOGOS - EXPO ARTWORK BY CHRISTOPHE SZPAJDEL @AB RESTO 25.04 | PRURIENT + RUSSELL HASWELL 25.04 | LECTURE BY HUNTER HUNT-HENDRIX (LITURGY) : TRANSCENDENTAL BLACK METAL @ HUIS 23 26.04 | GNAW + ?ALOS + SCREENING OF ONE MAN METAL PARTS I, II & III 03.05 | ALUK TODOLO + NIHILL + ALKERDEEL & GNAW THEIR TONGUES 03.05 | LORD OF THE LOGOS - LECTURE ARTWORK BY CHRISTOPHE SZPAJDEL @AB RESTO 20.05 | MAYHEM - 30TH ANNIVERSARY TOUR 20.05 | SCREENING OF UNTIL THE LIGHT TAKES US @ HUIS 23 27.09 | AMENRA - ACOUSTIC SHOW

GIRLS IN HAWAII 30-05-2014

GRAMATIK 05-05-2014

CHET FAKER 07-05-2014

AWOLNATION 05-06-2014

THE SUBS 17-05-2014

BLONDIE 19-06-2014

GIORGIO MORODER 10-07-2014

www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu


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Earteam

sables, beats déviants, éléments post classiques et vocalises dérangées étant au programme. Islaja (son nom d’artiste, donc) n’opte pas pour la facilité, mais déploie un univers musical très original qui, sous des atours difficiles, révèle peu à peu ses charmes, notamment sur le lancinant et obsédant ‘Temporary haven’ empreint d’un mysticisme cold wave remarquable. ‘Suu’ est donc un disque assez singulier, difficile et en même temps gratifiant, se situant quelque part entre la morgue désolée de Nico, les disques new wave les plus aventureux, l’avant-gardisme de Laurie Anderson ou encore certains travaux de The Knife. (pf)

Jamaica ‘Ventura’ Control Freak/Pias

Second album pour Jamaica, à nouveau entouré par une grosse pointure de la scène française : après Xavier ‘Justice’ de Rosnay, c’est au tour de Laurent d’Herbécourt (Phoenix) de façonner les mélodies du duo parisien. Bon choix pour Antoine Hilaire et Florent Lyonnet, qui développent ici sous l’influence du producteur un son sec et ample, un mix clair et radio-friendly qui tire le maximum de leurs chansons. Et force est de constater qu’elles en ont bien besoin : Jamaica ne brille jamais par son originalité. ‘Ventura’ enfile les lieux communs avec application de la part de ses deux auteurs, tout consacrés qu’ils sont à une pop archi-balisée, jamais aidée il faut dire par une palette vocale très réduite, des riffs indigents et une session rythmique vue et revue. Le problème fondamental tient au fait que ce sont systématiquement les choix de production qui donnent leur identité aux morceaux et jamais la composition. Comme si l’on cherchait à différencier une série de toiles blanches sous les faisceaux colorés de divers projecteurs. Seul ‘Golden Times’, sous influence Prince (Ok Go, dirons les mauvaises langues), parvient à susciter une écoute non parasitée par le sentiment irritant d’écouter la démo sur-produite d’un groupe balbutiant. Quant à ‘Goodbye Friday’, friandise innocente et guillerette plutôt catchy, elle symbolise amèrement ce qu’aurait voulu être ce ‘Ventura’. Mais à l’instar d’une mise-en-scène clinquante incapable de transcender un scénar baclé, le meilleur mixage possible ne pourra sauver de l’ennui un disque majoritairement plat. (ab)

The Jezabels ‘The Brink’ Pias

Mainstream au sens où Texas l’entendait dans ses plus belles années, la musique de The Jezabels souffre aussi d’une production gonflée à l’hélium qui ne sied guère à la belle tenue de ses compositions. Sans doute enregistrées par un demi-sourd, il répond au nom de Dan GrechMarguerat et on a déjà goûté (?) à ses productions de Keane, The Vaccines ou The Shins, les dix titres de leur second opus sont tellement poussés aux amphet’ que leur écoute devient rapidement insupportable. Non seulement le quatuor australien a une fichue tendance à en faire des tonnes, notamment la chanteuse Nik Kaloper, très loin de la retenue classieuse d’une Charleen Spiteri, mais ses petits camarades de combat n’ont nulle envie de frein à main. Pire même, poussés par le producteur britannique, ils enclenchent la surmultipliée et au diable les sorties de route. (fv)

Kangding Ray ‘Solens Arc’ Raster-Noton

L’air de rien, le gaillard Kangding Ray en est déjà à sa quatrième sortie sur Raster-Noton, et de grand espoir il est devenu pilier du label de Chemnitz. Toujours adepte d’architectures sonores qui n’oublient ni les rythmes saccadés ni les atmosphères inquiétantes, David Letellier (au

Ø ‘Konstellaatio’ Säkhö Recordings

Projet parallèle de Mika Vainio, oui l’ex-moitié de Pan Sonic, oui, l’excellentissime électronicien finlandais auteur de disques majeurs de l’ambient, Ø met en œuvre des moyens stratosphériques – ils méritent à eux seuls l’achat d’enceintes de top niveau. Sombre, certes, mais tellement en marge des simples ramifications morbides pour croque-morts désargentés, ‘Konstellaatio’ imprime très au-delà des limites du cimetière municipal, direction l’au-delà où une version electronica d’Olivier Messiaen nous accueillerait au son de Deaf Center et de GAS. Terriblement impressionnante, mais au risque de nous répéter, l’écoute doit se faire dans les meilleures conditions, le huitième effort de Ø (sept si l’on exclut la collaboration avec Alva Noto) prend le pouvoir dès les premiers instants et ne lâche plus sa proie, qui au fil du temps se transforme en victime consentante. Telle une plongée dans les grands espaces interstellaires où, entre reconversions mélodiques, angoisses kaléidoscopiques et fausse techno brinquebalante, le producteur installé à Berlin nous emmène dans les recoins de la galaxie, pour une épopée à la fois funeste et expiatoire. En prime, pour toi qui a pris finnois en première langue, la prononciation des titres te vaudra de longues séances d’exercices pleins de ä et de ö. Carrément. (fv)

civil) érige en art consommé la recherche électronique. Tel un sculpteur sonore maniant avec un doigté manifeste les ciseaux et le taille-pierre, le producteur français découpe avec une précision extrême les contours d’une electronica de notre temps. Toutefois, les qualités cliniques de sa musique sont également le revers de sa propre médaille. Si le savoir-faire, l’inventivité et la volonté de pousser la démarche à son paroxysme ne méritent nullement le déchaînement de la critique, la manière en blouse blanche de certains titres nous laisse au bord du chemin, notamment sur le premier tiers du disque. Ça s’arrange, et pas qu’un peu, sur ‘Blank Empire’, formidable machine robotique à faire s’envoyer en l’air tous les cyborgs de l’univers. Et c’est une sacrée performance. (fv)

Liars ‘Mess’ Mute/Pias

Le balancier continue de faire effet. Incapables de rester en place, de coller à une esthétique ou d’étiqueter leur identité artistique, les Liars poursuivent leur grand périple schizophrénique. Après avoir rangé les guitares au placard et sucé les pastilles synthétiques de l’album ‘WIXIW’, le trio new-yorkais profite d’un septième album studio pour pousser le délire électronique plus loin dans la forêt. Ici, plus question d’étaler ses états d’âme sur le dancefloor ou de transpirer ses angoisses sur des beats cramés par un soleil brûlant. ‘Mess’ croque la nuit à pleines dents : l’excitation, la fièvre du samedi soir, la grosse montée et les mauvaises descentes. Narines grandes ouvertes, connexions nerveuses en alerte rouge, le groupe se perd dans les fumées artificielles et célèbre le bordel noctambule sous les stroboscopes. Cette fois, il n’y a plus aucune retenue. L’abandon est total, sauvage. Le rythme est mécanique, les mouvements sont saccadés, la danse totalement déshumanisée. En phase avec l’époque, les Liars se transforment en machines : des androïdes discoïdes. En fin de soirée, on aperçoit Angus Andrew, Aaron Hemphill et Julian Gross en compagnie des potes de Factory Floor, d’autres punks travestis en robots. C’est dans l’air du temps : les caissières du supermarché se transforment en caisses automatiques, un mort prolonge sa vie de quelques jours avec un cœur en plastique et les Liars publient ‘Mess’. La logique est implacable. (na)

Made To Break ‘Cherchez La Femme’ Trost Records

Deux noms au générique de Made To Break frappent d’emblée l’auditeur et en habitués de l’excellence qu’ils sont, Christoph Kurzmann

(The Magic I.D., Fennesz, Burkhard Stangl) et Ken Vandermark (Peter Brötzmann et une vingtaine d’autres projets) nous emmènent dans une scène free jazz improv’ follement réjouissante. Côtoyant le contrebassiste Devin Hoff et le percussionniste Tim Daisy, l’électronicien/clarinettiste autrichien et le saxophoniste américain nous font une formidable démonstration de musique(s) en liberté. En trois morceaux où la seule consigne semble être de déborder du cadre, mais c’est fait avec un tel naturel qu’on n’y ressent aucune volonté démonstrative, les quatre gaillards multiplient les nuances et les contre-champs dans une réjouissante mise en danger toutefois parfaitement maîtrisée. Tant dans les passages les plus secoués que dans les instants plus apaisés, l’équilibre entre les intervenants atteint un tel point de convergence – et une telle unité de vue – qu’on aurait aimé être la petite souris planquée dans un recoin du studio d’enregistrement. Mieux même, les genres abordés (jazz, electronica, musique contemporaine) se confondent avec une facilité déconcertante, marque des plus grands. (fv)

Major Lazer ‘Apocalypse Soon EP’ Because Music

Vous qui entrez ici, oubliez tout espoir, oubliez ‘Get Free’, oubliez les featuring Pharrell Williams, gage d’une prétendue qualité. Prenez tout ça, faites-en une grosse boulette et foutez-la aux ordures. Et ne vous contentez pas de fermer la poubelle. Foutez-y le feu. En fait d’apocalypse, ‘Apocalypse Soon’ en constitue un bon teaser : consciencieusement, Diplo détruit d’un claquement de doigt toute possibilité d’apprécier les éclaboussures odorantes de son dernier EP, aidé il est vrai des pires tics ragga à faire grincer Seeed des dents, des pires sonorités dance à la mode qui feraient rougir Bloody Beetroots de honte et des pires façons de mixer les deux dans un cocktail nitro-pical au haut potentiel vomitif. À réserver à la rigueur pour un soir de défonce absolue en compagnie de Jordan Belfort. La rédaction décline toute responsabilité. (ab)

Matthew And The Atlas ‘Other Rivers’ Communion/V2

In real life, Matthew Hegarty est jardinier-paysagiste. Mais son jardin secret, c’est sous le chapeau de paille de Matthew And The Atlas qu’il le cultive. Sur ce premier essai, l’anglais mélange des massifs organiques avec des reliefs électroniques pour élaborer avec soin des paysages sonores où sophistication et

complexité sont camouflées au profit d’une impression de facilité et d’aisance jamais démentie. Une façon de s’affranchir de la niche « folk moderne bidouillé » encombrée par bien des tâcherons et/ou des prétentieux. D’emblée, ‘Other Rivers’ aère les volumes et la perspective tout en témoignant de l’évolution d’un artiste qui a fourbi ses premiers sécateurs en première partie des Mumford & Sons. Lassé du classicisme pastoral et de l’odeur du feu de camp, on est alors rapidement saisi par l’évidence de ces compositions utilisant avec parcimonie ces étranges objets d’un autre temps que sont le banjo (‘Pale Sun Rose’, ‘Nowhere Now’) ou la guitare intriqués harmonieusement dans cet élégant assemblage de sons synthétiques et organiques. Jamais vraiment imprévisibles, les mélodies ont la séduction lente mais incontestable, portées par une voix soul/rauque – à équidistance entre Bon Iver et Ray LaMontagne – qui se plie à toutes les inflexions et propose tout ce que l’on veut y entendre. Et même si ‘Other Rivers’ est l’œuvre d’un artiste encore un peu vert, il s’avère un disque passionnant et attachant de bout en bout, arborant sa modernité avec humilité et chaleur. (gle)

Mark McGuire ‘Along The Way’ Dead Oceans

Véritable peintre de la chose musicale, Mark McGuire utilise les cordes de sa guitare pour esquisser des paysages traversés de mille nuances. L’ancien membre du groupe Emeralds s’offre une échappée solitaire imaginée à des années lumières des drones bruitistes sur lesquels il s’est construit un nom, un son. Petit rêve éveillé articulé en treize morceaux (de bravoure), ‘Along The Way’ est un bon moyen d’échapper à la réalité : un disque parfait pour vagabonder dans le calme de pensées insoupçonnées. Sous le soleil californien, Mark McGuire assemble des plages instrumentales balayées de vagues à l’âme et de jolies granules électroniques. Songe apaisé rehaussé de quelques montées bien senties, l’album traverse le spectre expérimental sans s’encombrer des pirouettes techniques et cérébrales. Bon pour un massage dans l’espace. (na)

The Men ‘Tomorrow Hits’ Sacred Bones

C’est ce qu’on pourrait appeler un Marronnier, l’expression choisie pour les faits de faible d’importance, consacrés à un événement récurrent et prévisible. Tout comme l’arbre qui produit tous les ans invariablement ses fruits, le marronnier journalistique reproduit les mêmes sujets avec plus ou moins d’originalité. Et si l’aspect saisonnier collera à merveille à la peau de The Men, qui pour la cinquième année consécutive livre le fruit de ses entrailles à date commandée, l’aspect créatif est, quant à lui, à mille lieues d’êtres cantonné à la routine. Peu probable que ‘Tomorrow’s Hits’ cependant devienne réellement la bande son de nos jours à venir tant la couleur qui y est livrée est familière à nos oreilles. Nick Chiericozzi et sa bande conceptualise en 8 titres l’effet double rétro et s’amuse à imiter un Primal Scream qui singeait déjà les Stones ! Mais de quelle manière… ‘Tommorw’s Hits’ débute comme une répétition d’un épisode de The Voice Belgique et termine perdu quelque part en Malaisie sans qu’on puisse juger d’un crash ou un simple détournement. A cette heure-ci, nous interrogeons encore les boites noires de Sacred Bones, les messageries des pilotes et


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CONCERTS

DEZ MONA be + STRAND be SALIF KEITA mali-fr Acoustic Tour • Cirque Royal Medium BAND OF SKULLS gb + MAMBO be • sold out UMAN be présentation du nouveau CD PEGGY SUE gb TIMBER TIMBRE ca • sold out TOKYO POLICE CLUB ca + VINTAGE DINOSAUR be MATTHEW & THE ATLAS ca LUCIUS us NICK WATERHOUSE us MINISTRI it + GALAPAGHOST be MELINGO ar • dans le cadre des VW Spring Sessions SLEEPY SUN us BOOGARINS br GRIEVES us WILD BEASTS gb + MONEY gb THE LEGENDARY PINK DOTS nl + MONGOLITO be • coprod. Intersection 18.04 BLOOD RED SHOES gb + THE WYTCHES gb 18.04 ANTHONY JOSEPH gb • dans le cadre des VW Spring Sessions 18.04 SWEET JANE be

AVRIL

01.04 02.04 02.04 02.04 02.04 03.04 03.04 04.04 05.04 06.04 09.04 11.04 12.04 14.04 14.04 15.04 17.04

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F R I D AY 2 7 t h J U N E

THIRTY SECONDS TO MARS SPORTFREUNDE STILLER

TRIGGERFINGER . ALTER BRIDGE . MARTERIA

ANGEL TABLE . DEAP VALLY . SUB CULTURE . FRESHDAX S A T U R D AY 2 8 t h J U N E

SKRILLEX . ALICE IN CHAINS FOALS . ELLIE GOULDING

WHITE LIES . SHAKA PONK FOSTER THE PEOPLE . GOLD PANDA THEES UHLMANN . NATAS LOVES YOU

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CAMO & KROOKED PRESENT ZEITGEIST CLAIRE VERSUS YOU . DREAM CATCHER . LOST IN PAIN

S U N D AY 2 9 t h J U N E

KINGS OF LEON INTERPOL . THE HIVES

WIZ KHALIFA . GENTLEMAN EVOLUTION HAIM . CHVRCHES . GRANDMASTER FLASH CLUTCH . PRINZ PI

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co-pilotes mais la trace de The Men est devenue simplement insondable. Nous reste la traînée de poudre… (dark)

The Ministry of Wolves ‘Music from Republik Der Wölfe’ Mute/Pias

Les portes du théâtre s’entrouvrent. La salle est plongée dans une semi-obscurité, mais les protagonistes s’activent déjà sur les planches : le Bad Seeds Mick Harvey, la guitare ectoplasmique d’Alexander Hacke (Einstürzende Neubeuten), la vidéaste Danielle de Picciotto et le pianiste Paul Wallfisch (Botanica) forment The Ministry of Wolves, troupe éphémère constituée autour de la bande-son de ‘Republik Der Wölfe’, production théâtrale inspirée par les contes des frères Grimm. En rangs serrés, la meute débite des histoires hantées, glaciales, souvent flippantes. Imaginé comme un conte de fée massacré (à la tronçonneuse), ‘Republik Der Wölfe’ reçoit la musique qu’il mérite : chants caverneux, rythmes angoissants, croassements lugubres, notes éclairées à la bougie et narration majestueuse. Ennemi juré de la fête, cet album se vit comme les meilleurs épisodes des ‘Contes de la Crypte’ : sous la couette avec la peur au ventre. (na)

Moaning Cities ‘Pathways Through The Sail’ Mot tow Soundz

Nouveau combo bruxellois qui existe depuis un plus de deux ans, Moaning Cities présente un premier album carte de visite dont la production a été supervisée dans ses moindres recoins alors qu’aucun grand maître n’apparaît derrière la console. Le moins que l’on puisse dire c’est que ces cinq jeunes gens ont mis le paquet pour sortir un disque qui, dans sa forme, souffre peu de défauts. Musicalement, Moaning Cities affiche sa préférence à l’égard d’un rock psychédélique aux accents parfois stoner. L’utilisation du sitar colore inévitablement les compositions dans ce sens. S’ils citent volontiers The Doors et le Velvet comme référents historiques, on pourrait y adjoindre Led Zeppelin à certains endroits. Dead Meadow et Wooden Shjips sont également des points de comparaison congrus. Trop poli que pour figurer sur le catalogue du label Holy Mountain et pas encore assez aguerri que pour se démarquer d’une scène en particulier, le groupe devra tracer ses marques et ne pas hésiter à prendre possession de la scène où son potentiel pourrait bien s’épanouir sans trop de difficultés. (et)

My Sad Captains ‘Best Of Times’ Bella Union/Pias

Que dire de cette musique si parfaitement lisse, si dépourvue de la moindre aspérité, et sur laquelle les arguments semblent glisser aussi irrémédiablement que notre attention ? Que penser de ces charmantes compositions noisy pop bien trop fades et convenues pour susciter autre chose qu’un enthousiasme poli mais bien trop inoffensives pour mériter d’être clouées au pilori ? Présentés comme la nouvelle sensation du label Bella Union, les londoniens de My Sad Captains proposent avec ‘Best Of Times’ un troisième album qu’on ne peut pas qualifier de raté, encore moins de détestable et certainement pas de désagréable. Mais on ressort d’une, deux ou cinq écoutes de cette galette rigoureusement inchangé. Non pas qu’on ait eu l’impression de perdre son temps, mais on le passe davantage à penser à d’autres disques qu’à se passionner pour celui-ci. Le quatuor a beau se démener pour faire tout bien comme il faut, démontrer des talents de composition certains, agencer délicatement ses nappes de clavier et tricoter à la guitare des mélodies radieuses, il est rigoureusement impossible de se départir de l’impression qu’il tente de faire du neuf avec du vieux. (gle)

J. Roddy Walston & The Business ‘Essential Tremors’ ATO/Pias

Hirsute ! A la manière de T Rex, Two Gallants ou encore des Growlers , ces vilains poilus viennent ébouriffer l’americana de leurs manières titubantes, à grands coups de caisses claires, de cheveux gras et de riffs séditieux. Anachronismes tout de jean et de cuir vêtus, ils traversent la scène comme on traverse un bar à la douzième bière, un chant goguenard dans la gorge, un pugilat dans les yeux et des larmes plein la voix. Boy, ces mecs vont pas tenir debout longtemps : ils mélangent grunge et boogie, country et punk-rock et s’enfilent le tout à un rythme effréné en claquant les verres sur le zinc. Walston, chien fou et gueule d’amour, croone comme un clodo, emballe deux minettes avec des manières d’Edward Sharpe, provoque un type dans les chiottes et embarque la clientèle dans un pogo où bière et sueur réchauffent les cœurs et dressent les poils. Verre brisé, cris de joie, quelque part un couple fornique bruyamment, un bâtard au crin mouillé vient glisser sa truffe dans les entrejambes et se mange, indifférent, caresses et pieds au cul. Y a de la blonde tiède jusque dans le piano, les godasses collent au plancher fatigué, la nuit promet d’être longue et les voisins, en exil, ont cessé de se plaindre. Les lumières se tamisent, on se fait chut, on allume les briquets : vacillant, beau comme un christ engourdi, J. Roddy Walston manie aussi bien la ballade allumée que le rock embrumé. Par-dessus son micro, il porte vachement bien la moustache. Vous savez, celle qu’arboraient dans une autre vie les Kings Of Leon. (ab)

Nothing ‘Guilty Of Everything’ Relapse Records

Surfant sur la vague du revival shoegaze, Nothing se réapproprie sans vergogne cette liturgie compassée aux forts relents de naphtaline, mais réinventée ici avec un naturel si troublant qu’on pourrait presque le croire inné. Introspectif et intriguant, ce premier essai coule de source comme les œuvres les plus réussies du genre. Emmené par un certain Dominic Palermo, le combo a fourbi ses premières armes sur la scène hardcore-metal de Philadelphie tout en vouant apparemment un culte oblique à la mélancolie fantomatique de Slowdive, aux douches écossaises des frangins Reid et à la fièvre saturée de My Bloody Valentine. Autant d’influences étalées avec une franchise désarmante et qui rendent le disque immédiatement familier. Lyrics inaudibles, de la réverb et du fuzz à foison, on n’est effectivement pas en terra incognita. Mais outre une capacité indéniable à faire parler la poudre tout en conservant l’angle vaporeux, qu’est-ce qui permet alors à ce ‘Guilty Of Everything’ d’être bien plus qu’un énième avatar du genre ? Peut-être cette maîtrise de la rupture et du dynamitage calculé, des accélérations et décélérations instinctives qui donne aux compositions, transpercées par le murmure d’un chant hypnotique, la forme de longs mantras. Peut-être cette capacité à construire des digues de son qui protègent de grandes plages ambient où affleurent des restes de mélodies sur lesquelles vient s’échouer la houle électrique. Même lorsque le rythme ralentit (‘Endlessly’), la puissance reste toujours arrimée à la tension. Et plus que l’exercice de style, on saluera le style de l’exercice. (gle)

Origamibrio

Plus facile d’accès qu’on ne pourrait l’imaginer, cet album comporte de nombreuses compositions fortes et créatives. ‘Ada Deane’, d’essence électro, rappelle certains travaux de groupes kraut comme Cluster, ‘Direct voice’ évoque un Michael Nyman qui jouerait avec des samples de voix, tandis que ‘Armistice Cenotaph’ sonne comme la rencontre entre Steve Reich et Apparat. Beau et prenant. (pf)

Owlle ‘France’ Jive Epic

Bombardée dès sa naissance, ou presque, grand espoir féminin de l’electro-pop frenchie aux relents dubstep – et ça nous a même valu un duo en compagnie de… Boy George à la téloche – Owlle et sa musique ont les épaules bien trop étroites pour assumer le statut. Tout en balançant des titres catchy qu’une Madonna période Mirwais n’aurait pas reniés (le single ‘Don’t Lose It’, taillé pour les charts, mais aussi le plus calme ‘Your Eyes’), la chanteuse hexagonale veut tellement pousser les portes de la notoriété qu’elle a ressorti moult arguments massue. Point de salut toutefois dans sa défonce à coups de béliers, tant les grosses ficelles de production s’entendent à des kilomètres – et il n’y a bien que les Inrocks, cette vieille blague, pour trouver ça étrange. Un peu de fausse pudeur par ci, une énorme rasade de beats rachetés en solde du côté de Rotterdam, ça valait bien la peine d’être une compatriote de Chloé ou Miss Kittin pour balancer une telle soupe même pas épicée. Loin, à l’évidence, de l’excellence de ses consœurs suédoise (Robyn) ou anglaise (Katy B), Owlle se jette à l’eau du grand tremplin, c’est con elle sait à peine nager. (fv)

The Pack A.D.

‘Oldham’s Standard’

‘Do Not Engage’

Denovali/Sonic

Net t werk

Origamibrio était à l’origine un projet solo initié par Tom Hill, musicien et compositeur de musiques de films qui a voulu étendre le spectre de son univers en associant des personnalités évoluant dans des domaines artistiques variés. C’est ainsi qu’il a fait appel à un cinéaste et artiste visuel, The Joy Of Box, ainsi qu’au multi instrumentaliste Andy Tytherleigh. Ensemble, ils envisagent Origamibrio comme une expérience artistique totale associant musique, projections et installations. Si cet album ne nous permet d’appréhender que le côté sonore du projet, on est impressionné par l’intensité se dégageant des dix titres proposés. Extrêmement varié au niveau de la palette sonore explorée et des ambiances, ‘Oldham’s Standard’ prend des allures de voyage initiatique entre ambient intelligente et musique contemporaine électro acoustique.

Pas franchement commodes, ces gonzesseslà. Revêches, presqu’animales. « No time to cry » : un mur de distorsion ou une bonne volée de drums d’abord, une négociation ensuite. Peutêtre avec les poings. Suffisamment fêlées pour provoquer un crash, un ‘Big Shot’ explosif plutôt que de s’avouer vaincues. Même Courtney Love, Cristina Martinez ou Tura Satana y gagneraient leur lot de fard à paupière. Tu cherches à répliquer ? « Well, you’re a jerk / Quite a piece of work / I think it’s fun that you’re so dumb ». Pour plus de subtilité, tu repasseras par un autre garage, ou bien tu t’adresseras à ‘Creepin’Jenny’ : j’entends déjà ses os qui craquent. Hey, ‘Loser’, si tu as tellement peur du harcèlement XX, viens donc plutôt mater un film au drive-in. C’est tonton Quentin qui régale, ça s’appelle ‘Death Proof’ et t’as intérêt à aimer. Quoiqu’il en soit, les

‘Needles’ sont prêtes : après un tel fix, c’est promis on va se radoucir. (alr)

Peter Peter ‘Une Version Améliorée De La Tristesse’ Sony

Avant de se renseigner sur le gars, rien qu’à l’entendre, on s’était dit, « tiens, une sorte de Malajube sans l’extravagance des guitares, sans la morve rock’n’roll du groupe, avec beaucoup de dreampop et un certain sens du titre ». On n’avait pas tout à fait tort : le mec a bien joué dans un groupe indie, à Montréal, avant de se lancer dans son projet solo et d’enregistrer un duo avec Cœur de Pirate (pour la crédibilité, c’est l’idéal). Le bazar est sorti là-bas en 2012 et le découvrir aujourd’hui a quelque chose d’étrange : d’un point de vue littéraire, on dirait presque du Fauve, en moins écorché certes mais thématiquement, c’est un peu toujours le même mal-être gonflant qui ressort. En moins véhément, en moins HP. L’avantage, c’est qu’ici, tout sonne plus vrai, on ne frôle pas l’auto-parodie après trois titres. ‘Une Version Améliorée De La Tristesse’ entame donc les hostilités tout en nappes pop synthétiques, bientôt rejointes pas un saxophone hyper dégoulinant, orienté cul à la Timber Timbre du décevant ‘Hot Dreams’. Tabarnak, sur ‘Carrousel’, on dirait carrément un cousin du dernier Julien Doré. Et dans le clip, il y a même une référence au ‘Hi, How Are You ?’ de Daniel Johnston. Il n’en faut pas plus pour se laisser berner par ce grand disque addictif qu’on aurait pourtant tant voulu détester. Et merde. (lg)

Petrels ‘Mima’ Denovali/Sonic

Fort de deux albums unanimement salués par la critique comme étant des chefs d’œuvre de musique instrumentale contemporaine, Petrels, alias Olivier Barrett, nous revient avec un nouvel opus particulièrement gratifiant si l’on prend la peine de dépasser l’appréhension initiale que peut susciter le côté expérimental de l’ensemble. Inspiré par la mythologie, la sorcellerie et le cinéma d’avantgarde, ‘Mima’ se décline en quatre compositions assez longues (entre 8 minutes et un quart d’heure) qui font dans l’ambient dark cosmique, dessinant des univers sonores fluctuants en constante évolution, avec un côté répétitif et hypnotique flirtant souvent avec le mysticisme et le sacré. Si entrer dans l’univers singulier de Petrels est assez exigeant et requiert une attention soutenue ainsi que la disposition d’esprit adéquate, l’expérience se révèle intense et hypnotique, d’autant que la beauté de l’ensemble se révèle de plus en plus prégnante au fil des écoutes successives. Nul doute que ce disque devrait plaire à ceux qui sont familiers de l’univers de Popol Vuh, Fennesz et Hans-Joachim Roedelius. (pf)

Pianochat ‘Lands’ Ky thibong/T2 Enter tainment

Moi vouloir être matou, moi vouloir être poptronica, niché au creux de tes bras. Pas de mine chafouine, pas de ron-ron, pas de Sheba, juste une digression faussement ludique avec toi. Une ‘Forest’ où des personnages de cartoon au cœur trop gonflé demandent ton aide en psalmodiant, ‘blond’s comme une armée de soldats de plomb qui trottinent, avec juste ce qu’il faut d’obscurité dans les parages. Bien plus fragile que Gangpol und Mit, aussi touchant de maladresse que François Virot, du genre à décoller quand vient le ‘Time of Love’, j’écrirai ton nom d’one man band en lettres translucides dans mon cahier à spirale. Et, postpunk par surprise, on quittera la ville sur un coup de fougue, on ira danser dans des tunnels sans luciole, sans gloriole. « Les héros ne


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Earteam

sont plus ici » : tu fais partie de ceux qui dissimulent leurs peurs dans l’infra-ordinaire et tu me plais. Il y aura dans ce dernier morceau, deux minutes vingt deux de grâce contrite, un condensé de tout ce qu’on cherche en vain à conserver dans le formol. « Nous irons nous promener / sans doute pas assez loin / oublier nos regrets / oublier que demain ». (alr)

Pink Mountaintops ‘Get Back’ Jagjaguwar/Konkurrent

Glaviots au goût de bronze. Moins roses que par le passé, les Pink Mountaintops ont cessé de se laver et ont laissé pourrir leurs défroques sans prendre la peine de les ôter. ‘Get Back’ pue la misère, le rejet, les embrouilles, les égouts. Alpiniste chevronné, puisqu’il arpente aussi les Black Mountains, Stephen McBean gravit les échelons sociaux en sens inverse et rejoint les freaks de tous poils dans un joyeux bordel aux saillies coupantes comme des boîtes de conserve. Le boxon pour seul échappatoire au botox. Déglingué, le rock des Pink Mountaintops est un sociopathe qui tente de se mêler à la foule, mais laisse éclater son syndrome de Tourette en plein centre commercial. L’homme n’est pas né dans la rue : il connaît nos us, notre culture, mais sa voix coasse, au vitriol, rappelant à notre bon souvenir les géniaux toxicos de Royal Trux. Électron libre d’une société en marche vers l’abîme, le pauvre hère bredouille des refrains glanés chez les Stooges, Sonic Youth, Primal Screal. Sur sa peau, la rouille trace les cartes d’un métro imaginaire qui conduirait dans un ailleurs aussi moche. Dans l’air plane comme une odeur de cuivre. Rappel tétanos exigé. (ab)

Polar Bear ‘In Each and Every One’ Leaf

Nous avions déjà mentionné le nom de Polar Bear dans ces pages il y a quelques années lors de la parution de l’album ‘Peepers’, première réalisation alors pour le très classieux label Leaf. Combo londonien dont les membres sont continuellement occupés à mener de front une série de projets parallèles, sa discographie s’en trouve forcément affectée et chaque sortie fort espacée des autres. Emmené par le batteur Sebastian Rochford, il compte deux saxophonistes, un contrebassiste mais également le guitariste Leafcutter John. Ce nouvel album voit le groupe consolider sa marque de fabrique. Une musique instrumentale à dominante acoustique et cuivrée qui emprunte à la fois au langage jazz (Ornette Coleman, John Coltrane) mais aussi aux stratégiques obliques de Brian Eno que le groupe incorpore volontiers à sa démarche. L’auditeur se trouve ainsi basculé de l’emprise des fanfares tonitruantes (‘WW’, ‘Maliana’) à de fausses ballades où la ligne de basse est tellement puissante et les cuivres déchirants qu’ils empêchent toute rémission (les deux parties de ‘Lost in Death’). Actuellement dans le cours d’une tournée britannique, Polar Bear devrait davantage encore s’apprécier sur scène. Gageons qu’il franchira vite la Manche pour nous le prouver. (et)

Rodrigo Y Gabriela ‘9 Dead Alive’ Ruby works/Pias

A première écoute, un homme et une femme dialoguent avec leur guitare respective. A y tendre l’oreille de plus près, ce sont bien les guitares qui soliloquent entre elles. Et elles le font en empruntant des chemins d’une extraordinaire aisance quand bien même la dextérité du jeu en revient à leurs joueurs. Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero, couple baladant sa destinée entre le Mexique et l’Irlande, sont des orfèvres de la guitare folk au point d’avoir été invités à jouer à la

Shit Robot ‘We’ve Got Love’ DFA/Pias

A l’instar de la plupart des membres de l’écurie DFA, Marcus Lambkin a une connaissance impeccable de ce tout ce que la culture électro/dance peut avoir de groovy et excitant. Comme en plus il n’hésite pas à poivrer ses compos à grands coups de touches décalées, l’ensemble n’en a que plus de saveur. ‘We’ve Got Love’ est donc l’exemple parfait de l’album ultra dansant et en même temps intelligent d’audace. On avait déjà eu l’occasion de se rincer l’oreille (et de se dégourdir les jambes) avec le néo disco funk de ‘Feels Real’ et le titre éponyme rave/soul, soit deux tueries pour dance floor. L’album révèle d’autres trésors, souvent jouissifs. ‘Dingbat’ est la réponse contemporaine au mythique ‘I feel love’ mitonné par Giorgio Moroder, que Shit Robot semble tenir en très haute estime. Même sens du groove, mêmes nappes hypnotiques, même côté sexy, mais avec une approche contemporaine. ‘Space race’ associe quant à lui sonorités 80s, house et nu disco, pour un effet rétro futuriste saisissant. Enfin, Marcus termine son deuxième opus par un répétitif et expérimental ‘Tempest’ évoquant la rencontre entre les pionniers de la musique électronique et l’electronica contemporaine. Très fort. (pf)

hommage aux rites primitifs où l’homme vivait en symbiose avec la nature, ‘Lights On Water’ prend l’allure d’un voyage captivant où la tension entre beauté et menace est constante, ce que l’on perçoit dès l’écoute de ‘Rays and line segments’, plage inaugurale épique de sept minutes qui démarre dans une relative béatitude pour monter en puissance dans un déluge de percussions et de riffs évoquant le déchaînement des éléments. Ce qui impressionne, c’est la puissance incroyable qui se dégage et vous prend aux tripes. Elle se décline dans un univers aux atmosphères intenses et hypnotiques, à la croisée des chemins entre l’ambient dark, le stoner, le rock gothique et le post rock. Analyser cet album morceau par morceau n’a pas vraiment de sens, vu que c’est dans son intégralité qu’il doit être apprécié. Intense, beau et sombre à la fois, ‘Lights On Water’ est une œuvre assez unique à découvrir. (pf)

Sweet Jane Maison Blanche par Obama himself. Ce nouvel opus les voit assembler un répertoire dont l’inspiration est avant tout historique, allant de l’époque médiévale de la reine Aliénor d’Aquitaine à celle contemporaine du psychiatre viennois Viktor Frankl en passant par Dostoïevski et le luthier Antonio de Torres Jurado. Fortiche mais, pour être franc, trop démonstratif à mon goût que pour émouvoir véritablement. (et)

Scanner ‘Electronic Garden’ BineMusic

Acteur majeur des scènes électroniques depuis une vingtaine d’années, Robin Rimbaud aka Scanner n’a plus guère de choses à prouver – sauf peut-être en live, défi permanent par excellence. Captation d’un concert donné à Dresde en 2007, ‘Electronic Garden’ mêle on ne peut plus adroitement des passages connus de la discographie de l’artiste britannique à des séquences inédites. Totalement épique, carrément envoûtant tant il prend aux tripes avec ses percussions hallucinées, le premier titre ‘Muster’ donne tellement le ton que la suite sonne parfois plus anecdotique. On y retrouve une vision nettement plus ambient, et pour tout dire moins captivante (‘Immaculate, Air’), mais aussi – et c’est là que ça s’arrange nettement – une vision entre cinématique effrénée et néo-classicisme numérisé qui prend tout son sens (‘Backwood’), quitte à rappeler que oui, Jean-Michel Jarre a lui aussi fait de belles choses. Mieux même, et pour notre plus grand bonheur, le titre dure quinze minutes, ‘Nature Of Being’ nous ramène vers le meilleur de Fernando Corona, alias Murcof, à savoir ses incontournables opus ‘Martes’ et ‘Versailles Session’. Tiens, ce dernier était aussi un live, comme le monde est petit. (fv)

Sisyphus ‘Sisyphus’ Asthmatic Kit t y/Joy ful Noise/Konkurrent

Le rocher de nos trois Sisyphes – j’ai nommé Son Lux, Sufjan Stevens et Serengety – n’est pas de ceux que l’on digère d’une traite. Quant à le croquer, n’y pensez même pas. On n’est pas chez l’ambassadeur. Non, il vous faudra le laisser fondre sous la langue, patiemment. Goûter à ses aspérités, son lissage, ses saillies. Conglomérat de matériaux on ne peut plus composites, Sisyphus tient à la fois de la pop, de l’ambient, du hip-hop, de l’ensemble orchestral et de l’électro. La fusion de l’univers de ses trois auteurs est palpable et l’on reconnaît à l’occasion la patte de l’un ou l’autre prendre le dessus ; elle interpelle aussi, car bien que toujours accessible, Sisyphus ne ressemble véritablement à rien de connu, au risque de dérouter (‘Rhythm Of Devotion’, ‘Lion’s Share’). Assemblage en série,

emboîtements mutants, collision planifiée. Intrigant écrin aux parois tapissées de miroirs; malle aux mille illusions. Voisin d’un Gorillaz dont on ne sait s’il prend la pose ou se cache derrière son statut de super-groupe, Sisyphus feint la dérision pour mieux plonger dans l’exhibitionnisme, dévoile ses beats au détour d’un refrain, change de style en cours de route, bivouaque, rétrograde et finit par se recueillir aux pieds d’une idole connue d’eux seuls, tandis que leur rocher dévale la pente. Qu’importe, ils reprendront l’ascension et l’incrusteront de paillettes, pour la peine. Quant à savoir qui leur a assigné cette mission, mystère. ‘Sisyphus’ est une tâche étrange, dont on ne saurait dire si elle cache un besoin vital, ou demeure une chimère dérisoire. Seul le temps nous le dira. (ab)

The Subs ‘Hologram’ Lek troluv/News

Avec, en guise de CV, deux albums remarqués et une multitude de prestations live dans des festivals prestigieux (Lowlands, Les Eurockéennes ou encore Tomorrowland), The Subs aurait pu capitaliser sur son succès et se contenter de recycler une formule qui a fait ses preuves. Fort heureusement, ce n’est pas le cas. S’étant gavés de hip hop, de house et de UK garage, le duo a décidé d’opter pour un son plus direct, plus pop. Si les fans de la première heure regretteront une ambiance moins dark, moins rugueuse de l’ensemble, on ne peut toutefois que s’incliner devant l’efficacité, d’autant que si Jeroen et Wiebe privilégient une approche directe, il tentent beaucoup de choses. Outre le tubesque ‘Fly’ et une excellente reprise du classique R&B ‘Trapped’ de Colonel Abrams – avec le Colonel himself en guest, l’album nous vaut les très beaux instrumentaux ‘Enter the hologram’ et ‘Exit the hologram’ aux beats tortueux et à l’ambiance cinématographique prenante, sans oublier le rétro futuriste ‘Concorde’, sur lequel Jean-Pierre Castaldi (oui, l’acteur) vient poser sa voix grave sur un titre électro disco gainsbourrien établissant une comparaison entre la disparition du Concorde et une histoire d’amour crépusculaire. Et puis, il y également l’obsédant ‘The bottle’ qui mêle des beats robotiques à un texte scandé déviant. Si l’on veut bien faire abstraction de 2 ou 3 morceaux aux ficelles radiophoniques trop évidentes, ‘Hologram’ est très recommandable dans un genre souvent dépourvu de personnalité. (pf)

Sum Of R ‘Lights On Water’ Utech Records/Dense Records

Sum Of R est un duo Suisse composé de Reto Mäder (basse, piano, batterie, électronique) et de Julia Valentina Wolf (basse). Conçu comme un

‘Time Away’ Sweet Jane Records

On rembobine, « one step back » : il fut une période où pour nous, padawans mal affûtés, le songwriting se résumait grosso merdo à Alanis Morissette. Où tout rassemblement de plus de deux groupes devenait une bacchanale, un sésame vers autant d’enivrements sonores. Où un ‘Little Bird’ avait pu, l’espace d’un festival à Nandrin, nous faire gazouiller. O tempora, o mores, il y a désormais – quinze ans après cette réminiscence – quelque chose qui nous chiffonne diablement chez Sweet Jane : gouttes aigres en gorge qui feraient passer Alison Shaw pour Leadbelly, cordes poussives et sentiment tenace de chute irrémédiable vers un abyme de drama. Après cette décennie sans nouvelles, on n’hissera donc pas la grand voile, mais que ça n’empêche pas d’autres d’embarquer sur cette caravelle, avec ou sans figure de proue. (alr)

Sylvan Esso ‘Sylvan Esso’ Par tisan Records

On souhaiterait presque ne rien en dire et vous réservez la surprise d’une introduction idéale. Work-song où des clappements de mains remplacent les pioches, ‘Hey Mami’ laisse courir le chant clair et frais d’Amelia Meath sur fond d’incantations discrètes et de field recording, laissant croire pour un temps à un joli projet folk. Puis surgit des profondeurs une pulsation cardiaque électronique, flanquée d’infra-basses réjouissantes, qui transforme le morceau en expérience synth-pop unique, version lumineuse et printanière de The Knife. Au Revoir Simone, bonjour Sylvan Esso. Échappée de Moutain Man, Amelia Meath s’est acoquinée à l’arrangeur Nick Sanborn pour une alchimie délicate, perles enfilées à quatre mains sur le fil autrefois tressé par Camille. Se prenant au jeu, le duo explore pas à pas l’univers à la craie qu’ils ont euxmêmes dessiné sur le bitume. A la fois blues, pop et parfois house (‘H.S.K.T.’), leurs douceurs ont la caresse de l’oreiller, la promesse de l’amitié. ‘Sylvan Esso’ est un cocon de soie où se lover soir et matin, en sirotant son café ou en regardant les étoiles. C’est une rave de coton où les corps se frôlent sans jamais s’entrechoquer. Un désir partagé dans le non-dit, échanges platoniques, rencontre farouche entre deux mains pour qui le langage ne suffit plus. C’est surtout un premier album insolent d’évidence, beau à faire éclater les bourgeons.(ab)

Thug Entracer ‘Death After Life’ Sof t ware Records

Sacré début (c’est la première sortie d’un certain Ryan McRyhew, sur le label Software Records),


les ateliers claus

concerts

fr

sa

02.04

04.04

05.04

between art & rock’n’roll

OLD MAN GLOOM CIRCLE OATHBREAKER

0 4 /0 4 E RI C T HI E lE MAN S MuSIC fOR SC EN E S AN d pl ACE S

JAZZEUX

RAF D BACKER ERASERHEAD BY CERCUEIL YVES PEETERS GROUP: HALLUCINATIONS BLACK FLOWER TOO NOISY FISH XAVIER DUBOIS INWOLVES DANS DANS RADIAN GUILLAUME PERRET & ELECTRIC EPIC STUFF.

th

10.04

THIBET

fr

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QUILT

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JUNGLE BY NIGHT

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S ON I C pROT E S T BRuS S E lS dAY 1 uS É + E VI l MOI S TuRE + MA A N RA dICAl

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2 3 /0 4 I lAN VOl KOV + dAV Id N E Aud u N K N OwN Cl AS S ICAl


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Earteam

‘Death After Life’ met directement au contact Thug Entracer avec le monde d’une IDM bien torchée – amis d’Aphex Twin et des sorties Warp anno 1997, vous serez en terrain familier. Il serait toutefois réducteur, et même carrément scandaleux de limiter le producteur de Denver à un vulgaire moine copiste des musiques électroniques. D’abord il y a l’aîné, certes (thanks Jacques B.), il y aussi chez l’artiste du Colorado une volonté farouche de se démarquer de toute froideur digitalisée, tout en imprimant à ses tracks une trame en infra-basses particulièrement bien sentie. D’ailleurs à l’écart de tout schéma monotone où la technologie nettoie le terrain pour ne rien laisser repousser, Thug Entracer varie à foison les tempos, parfois ça dévale la pente tous beats dehors (et ils ont le bonheur de ne jamais faire dans le lourdingue), ailleurs ça prend un virage à la bordure de l’électropop sans paroles, tout en s’autorisant des écarts broken beats sans peur ni reproche. Et nous, des disques qui varient les atmosphères dancefloor, ça nous fait notre soirée. (fv)

T’ien Lai

Thus Owls ‘Turning Rocks’ Secret Cit y Records/V2

« What will we become ? » L’histoire s’amorcerait par un plan entre chien et loup au ras des collines frémissantes d’Alembert. À moins que ça ne soit au cœur du parc de Färnebofjärden ou dans le port d’Orust, barques percutées par le ressac. Qu’importe le décor, « as long as we tried a little and as long as we ventured some », emplis de nuit, de réverbération, empreintes feutrées. Flotterait dans nos poumons le parfum âcre des secrets de famille : membres arrachés à leur clan, revers de fortune, drapeaux blancs tombés en berne. La bataille menée, cette ‘Bloody War’ sous les boucles pointues et les trilles, serait perdue d’avance : on n’échappe guère à soi-même, ni aux sagas saisissantes divulguées par les grands-mères dans les mansardes. On les ingère dans l’amertume, et elles sont les ‘Ropes’ qui nous maintiennent aux poignets, les envolées de Wurlitzer qui nous disséminent. Un héritage d’humidité d’acier, de grondements, de voix enserrées dans la brume comme maëlstroms de freux, d’impasses orchestrales où Beth Gibbons et Alison Goldfrapp, en mantilles, s’essaieraient à une sarabande sous Farfisa. « I took what I wanted / I stole what wasn’t mine in the backyard », supplié que, duo-duel, Timber Timbre et Erika Angell assènent solennellement le glas des truands, puis j’ai fermé les paupières. Oh noire tragédie, sublime tragédie... (alr)

compilation, puisqu’on y retrouve pas moins de 13 compositions originales de ses plus beaux fleurons. Pour les initiés, cette sortie est incontournable, vu que les morceaux repris ici ne sont disponibles nulle part ailleurs. Pour les autres, cette collection est vivement recommandée, puisqu’elle constitue un excellent moyen de découvrir le catalogue d’un label qui s’est spécialisé dans un registre néo folk/américana du meilleur goût. A la différence de pas mal de compiles qui passent du coq à l’âne, celle-ci brille par sa cohérence et son unité. Si tout est excellent, on mettra ceci dit en avant quelques-unes des plus belles réussites, à commencer par ‘The idealist’ de Yuko, qui par son côté un rien désolé et délicat, rappelle certains travaux de Radiohead à ses débuts. On aime également beaucoup la beauté brute de ‘Highway kind’ de Flying Horseman qui s’inscrit dans la lignée de grands maîtres du folk comme Fred Neil. On décernera enfin une très bonne note à la beauté quasi céleste de ‘Plain gold ring’ de Blackie & The Oohoos et au dépouillement mélancolique du bien nommé ‘Valium’ de Yellow Straps ou encore à Ian Clement et son ‘Innuendo’ qui démarre gentiment pour se lancer dans une tourbillonnante montée en puissance. Du très solide ! (pf)

Quel est le point commun entre The Bang Bang Club à Graz, La Cave du Bleu Lézard à Lausanne et Le Sauna Club de Wolfsburg ? N’y voyez pas malice puisqu’il s’agit simplement de trois établissements qui ont récemment accueillis les ébats musicaux des Too Tangled. Davantage reconnu en Allemagne, en Autriche ou en Suisse qu’en Belgique, c’est peu dire que la carrière de ce duo mixte originaire de Gand tarde à décoller après deux premiers essais qui n’avaient incité personne à arracher le papier peint des murs. Ce troisième opus, malgré un artwork qui aimerait rappeler les Raveonettes, ne décolle hélas pas plus que ses poussifs prédécesseurs. Le garçon et la fille, la grosse guitare et la boîte à rythmes, le clavier et les percussions, les Kills ont déjà épuisé la formule depuis longtemps. Alignant suites d’accords, mélodies et refrains archiconvenus, Too Tangled semble faire partie de ces formations munies d’un sens intrinsèque du surplace et promises à labourer le même sillon ad libitum. On pourrait sauver quelques miettes (‘All Sad Clowns’, ‘Racing Heart’) mais elles sont peu à surnager dans ce waterzooi poisseux, indigeste et interminable. (gle)

The Unsemble

‘Sombras’

Tokyo Police Club

Various

Monot ype/Dense

Il faut passer outre la photographie de la pochette dont on ne sait au juste si elle représente des paysans en costume folklorique authentique ou des spectres sortis de la nuit des temps. Il faut également faire fi du titre qui, en soi, ne nous renseigne guère davantage. Peut-être trouvera t-on dans le nom de ce duo polonais un indice puisqu’il désigne une marque de cigarettes fumées par un personnage issu de romans de Philip K. Dick et se traduit du japonais par ‘musique céleste’. Les cinq longues plages alignées sur cet album sont constituées avec une économie de moyens exemplaire : des fréquences radio détournées, quelques boucles de guitares hasardeuses, des synthés analogiques, un vieil ampli et un enregistreur cassette quatre pistes. Il n’en demeure pas moins que le résultat est crédible tant on se plaît à écouter jusqu’au bout ces lambeaux de bandes sonores pour paysages urbains désarticulés. Joliment emballé, ce disque recèle en son intérieur une petit manifeste situationniste radical qui n’est pas pour déplaire et qui conforte le statut de Monotype en tant que label défricheur et réellement alternatif. (et)

Too Tangled ‘Stay Restless’ Pop Up Records

Vegas ‘Everything You Know Is Wrong’ Moonzoo Music

Parangons d’un rock-pop de cellophane formulaïque jusqu’à l’asphyxie, Vegas continue sur sa lancée avec ce troisième album. Sans surprise, l’aspect electro-dance a forcément pris le dessus, plongeant le groupe belge dans ses travers les plus évidents, upgradant leur power rock bête à manger du foin en terrifiante machine FM nourrie au Redbull. Il est clair que les volontés à l’œuvre ici sont moins musicales que pécuniaires. Désespérément putassier et opportuniste, Vegas sacrifie le moindre vestige de goût que certains pouvaient encore leur prêter sur l’autel de la vulgarité ambiante. A moins qu’ils y croient vraiment ? (ab)

The Vogue certain entrain et une précision mélodique qui fait défaut à pas mal de leurs contemporains. Et ‘Forcefield’ m’a d’abord cueilli par surprise : le single gargantuesque ‘Argentina (Parts I, II, III)’, concentration en huit minutes d’élans mélodiques purement 90s, de Nada Surf à Marcy Playground (surtout la voix de Dave Monks), est comparable au bouquet final d’un feu d’artifice. Peu adroitement placé en ouverture, cette entrée en matière place la barre tellement haut, malgré sa production très auto-tune, que la suite ne peut être que décevante. Si l’autre single, ‘Hot Tonight’, poursuit dans la même veine énergique et laisse augurer d’un bon cru grâce à un refrain à l’immédiateté fracassante, l’impression laissée par ces deux premiers morceaux se dilue à mesure que l’album touche à sa fin. Exit le côté gentiment edgy d’un ‘Bambi’. Tokyo Police Club joue désormais à l’enthousiasme juvénile et se laisse porter au gré des courants légers et chauds, sans prendre garde aux rapides : la suite de ‘Forcefield’ est malheureusement plombée par certaines poses déplacées, très adolescentes, presque boys band, qui jurent en comparaison de l’ambition affichée d’’Argentina’. C’est le cas sur ‘Beaches’ et ‘Miserable’, qui n’auraient pas dépareillé chez One Direction. Arg. Gageons qu’en dehors des deux excellents morceaux déjà dévoilés de ‘Forcefield’, les fans de la première heure n’auront plus grand chose à se mettre sous la dent. (ab)

‘Da’at’

térêt de cet objet en dents de scie. Emblématique et tranchant. (na)

Various

Ipecac Recordings

Munster Records

Faux ensemble, cette association momentanée de trois musiciens présente ici la vraie matérialisation de leurs divagations, résultant de deux semaines d’improvisation, d’essais mais aussi de véritables compositions effectuées lors de l’été 2012. Duane Denison est bien connu pour avoir fait ses armes au sein de Jesus Lizard et Tomahawk tandis qu’Alexander Hacke est associé à Einstürzende Neubauten et à Crime and the City Solution. Moins connu, Brian Kotzur a collaboré pour sa part avec Silver Jews et Harmony Korine. A défaut de s’engager dans des mélodies dignes de ce nom, The Unsemble engage ses instruments dans une progression incertaine, parfois hésitante, qui s’avère une fois menée à son terme riche en sonorités et en aspérités. Une rythmique investie, une guitare ciselée, des claviers intuitifs et une basse ronde constituent les caractères substantiels de cette musique instrumentale qui ne s’apparente à aucun genre précis même si, parfois, quelques réminiscences de Primus se font entendre ci et là. (et)

Le 21ème siècle s’établit de plus en plus comme l’âge d’or des « diggers ». Ces archéologues du disque s’activent dans les zones les plus reculées du monde pour dénicher du rock pygmée, de la soul vaudou ou de l’electro aztèque : des trucs inimaginables, oubliés des sonos et des livres d’histoire. Tombés dans des failles spatio-temporelles, ces tubes inexplorés refont surface grâce au travail d’investigation de quelques acharnés, explorateurs modernes d’un passé bourré de secrets insensés. Ainsi, la compilation ‘Sombras’ vient nous souffler à l’oreille les confidences post-punk et new wave d’une scène espagnole restée à l’ombre des projecteurs, du soleil et de tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à une lumière. Dans un pays à peine remis du franquisme, la population vit d’espoir, de manifestations, de gouvernements de transition et de coups d’état. Épuisée par ce contexte social accablant, la jeunesse se retire des rues pour refaire le monde dans les caves. Sombres héros d’une culture pop portée par des guitares tendues et bien nerveuses, les rockeurs locaux s’inventent un royaume glauque et glamour, indépendant et arty. En 42 morceaux – inégaux, parfois géniaux –, on découvre des groupes aux noms exotiques et aux discours atypiques. Relents no wave, effluves gothiques, refrains romantiques et mélodies épileptiques ne cessent de relancer l’in-

‘Forcefield’

‘Music For Undays’

Memphis Industries

Unday/News

Bien que pas totalement acquis à leur cause, je reconnais à la pop de Tokyo Police Club un

C’est une bien délicate attention qu’a eu le label Unday pour ses aficionados en sortant cette

‘Running Fast’ Trost Records

Sans doute enregistrées dans les toilettes du seul bar transformiste de la capitale autrichienne, les chansons reprises sur ce disque de The Vogue viennent surtout rappeler qu’on causait aussi le punk à Vienne entre 1977 et 1981. ‘Running Fast (The Complete Recordings)’ propose un tour d’horizon assez exhaustif du savoir-faire imparfait de cette formation biberonnée aux ‘Nuggets’ et aux schnitzels. Fans attitrés du Velvet, admirateurs secrets des Stones, ces quatre garçons aux gueules de champions imaginaient leurs chansons au fond du garage, entre deux râteaux et un roulage de pelle. Ici, tout y est : singles (‘Pill Girl’, ‘The Frozen Seas Of lo’), fonds de tiroirs géniaux (‘A Doll Spits Cubes’), souvenirs poussiéreux, morceaux incomplets et crasses inachevées. La fragilité de cette compilation fait à la fois sa force et sa richesse. On n’imagine pas un seul instant écouter ces brûlots artisanaux dans des versions soignées aux petits oignons. Tout le charme de cette livraison repose justement sur ses imperfections, ses dérapages incontrôlés et ses têteà-queue dégénérés. Pas utile pour survivre, mais essentiel pour revivre une tranche d’histoire et contrer les clichés associés aux joyeusetés de l’Empire austro-hongrois. (na)

Marie Warnant ‘Nyxtape’ Pias

Il faut pouvoir dépasser ses aprioris, n’attendre rien d’un album : les surprises n’en sont parfois que plus belles. Je ne sais pas ce que faisait Marie Warnant avant ce disque mais je connais très bien l’image que j’en avais : celle d’un folk gnangnan susurré par une fille trop bouclée pour être honnête. Et puis, traînant des pieds, j’ai écouté ‘Nyxtape’ et, oh bien sûr je n’ai pas vu Angel Olsen à poils, mais, tout de même, j’ai trébuché sur une espèce de Françoiz Breut. Et mince, ça n’est pas rien. ‘Points de Suture’, par exemple, renvoie sans équivoque à l’univers mélancolique et lancinant de celle qui chante ‘Le Nord’ et ‘Le Verre Pilé’ comme personne. Cette manière de travailler les ambiances, de les rendre pluvieuses et ensoleillées à la fois, entre électronique bricolée et électricité pas toujours claire (‘Le Souvenir des Siens’, superbe) rappellent aussi des filles comme Feist ou – c’est là aussi une évidence, Warnant a dû abuser de ce disque – la Barbara Carlotti des dernières années. Tout n’est pas exceptionnel, mais on attendait si peu de ce troisième album qu’il en devient presque précieux. (lg)

We Are Scientists ‘TV En Français’ 100% Records

La fraîcheur et l’innocence séduisent souvent sur un premier disque. Au-delà, elles frisent dange-



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Earteam

reusement la niaiserie. Au quatrième album, ça en devient carrément régressif comme l’atteste ce ‘Tv en Français’ qui relève davantage du syndrome ‘American Pie’ que de celui de Peter Pan. Guitares omniprésentes, batterie galopante, ‘ooh ooh ooh’ à gogo, les We Are Scientists se sont sans doute longtemps paluchés au son du power pop-rock jouissif de Weezer, pour ne citer que d’autres éternels ados américains. Aujourd’hui, les trois lascars pissent toujours dans la douche mais ils ont compris qu’ils avaient davantage de chance de pécho s’ils copiaient les recettes de Franz Ferdinand. Mais si quelques compositions plus efficaces qu’originales (‘Dumb Luck’, ‘Return The Favor‘) fleurent bon la désinvolture et l’insouciance, la plupart n’ont même pas le charme du talent négligent. Bref, ‘TV En Français’ est un disque qui cherche moins à réserver des surprises ou à renouveler le genre qu’un prétexte pour partir en tournée et s’enfiler des groupies à l’arrière du tour-bus. (gle)

Dot Wiggin Band ‘Ready! Get! Go!’

Zita Swoon Group

‘Farmer’s Corner’

‘New Old World’

Fire Records/Konkurrent

Starman Records

C’est l’entame et le multiface James Jackson Toth, qu’on a connu naguère free et freak comme le folk voire acide avec les Vanishing Voices, « down by the riverside » avec les Briarwood Virgins ou volontiers mystique avec The World War IV s’autorise dix-huit secondes de drone cosmique qui ne donneront guère le la de ce coin agraire. Loin des constellations, l’attachant ‘Alpha Dawn’ visse son chapeau de paille de guingois sur la tête d’un doux géant qui a atteint une ‘Uneasy Peace’, petites tractations avec les « chemicals » aidant. À rythme cahotant de bardot, hybride tranquille, notre gentleman migrant, « gone to stay so long », transbahute quelques désarrois à l’harmonica et des panoramas cadencés d’épines steel, d’anfractuosités psyché où dissimuler son harassement (‘Port of Call’, remarquable mirage). Il y a un tel goût d’authenticité offerte sur le pouce dans ces vignettes, ce foyer qu’on distingue à l’horizon, que ce qui devait ne s’avérer qu’une brève promenade de santé se muera peut-être, avec la patine, en un point de sieste récurrent. « Un trou de verdure où coule une rivière ». (alr)

L’album ‘Wait For Me’ paru en 2012 avait somme toute laissé peu de traces palpables dans la maintenant longue carrière de Zita Swoon. On savait le groupe à l’affût d’un nouveau projet dépassant le cadre étriqué et prévisible de la ritournelle album/scène. ‘New Old World’ concrétise cette attente. Issu d’un spectacle du même nom alliant danse, théâtre, arts plastiques et bien sûr musique, ‘New Old World’ s’aborde comme une création transdisciplinaire. L’écriture et la paternité des arrangements reviennent de manière prévisible au tandem Stef Karmil Carlens et Aarich Jespers qui assurent également la production. Les atmosphères qui parcourent le disque sont très éclectiques, on frôle parfois les fantômes de Nino Rota et de Duke Ellington tandis qu’à certains moments on se croirait évoluer dans une chaconne de printemps ou dans une kermesse. A d’autres, ce sont des moments de douce mélancolie qui semblent gagner les compositions sans jamais les submerger. Les guitares de Kamil Carlens, électrique, acoustique ou resophonique, en effrangent la texture d’une manière remarquable. Mais c’est aussi tout le travail rythmique de Jespers et l’alliage intelligent des cordes (violoncelle, harpe, violon, mandoline) qui donnent à l’ensemble des couleurs d’une grande diversité. Zita Swoon pourrait tout aussi bien assurer la bande son de n’importe quel film de stature internationale qu’appuyer le plus chavirant des ballets nationaux tant son talent est grand. Si besoin était encore, ce disque le confirme de façon exemplaire. (et)

Alternative Tentacles

Pour piger ce drôle de bidule, il faut remettre un peu d’ordre dans le bazar. Entre un jeans troué et une guitare défoncée, Kurt Cobain avait coutume d’affirmer qu’un groupe comme The Shaggs était bien meilleur que les Beatles. Ok… 1967. Un dénommé Austin Wiggin est en train de faire la vaisselle en matant le ciel par la fenêtre de sa cuisine. Tout à coup, il aperçoit une lumière. C’est l’appel du tout-puissant, l’illumination ultime : il doit convaincre ses filles de monter un groupe de rock. Son accession au paradis est à ce prix. Problème : sa progéniture n’a jamais touché un instrument. Pire, les filles chantent comme des castors édentés. Mais Austin y croit à mort. Il oblige ses filles à quitter l’école, les enferme dans la salle des fêtes de Fremont (New Hampshire) et monte The Shaggs. Le groupe signe un seul et unique album. ‘Philosphy of the World’ sort en 1969 et fait l’unanimité : une merde sans nom. Avec le temps et les nouveaux courants (avant-garde, anti-folk et post-n’importequoi), le disque des trois filles du docteur Wiggin est devenu un objet de culte. Récemment, des passionnés monomaniaques sont ainsi partis à

Wooden Wand

la recherche des supra nanas. Sur la route, ils se sont arrêtés à Fremont où ils ont retrouvé la trace de Dot Wiggin, parolière et voix principale du projet. Sans ses sœurs, mais en compagnie d’excellents musiciens, elle signe l’album ‘Ready! Get! Go!’ sur base de textes composés avec The Shaggs. C’est un gros carnage doublé d’une rare authenticité. Dot s’affirme comme le pendant féminin de Daniel Johnston. Elle déraille en beauté et débloque dans une symphonie de naïveté. L’art de l’à peu près débouche sur un disque aux charmes fous (à lier). De loin, Dot Wiggin ressemble à la mère des Moldy Peaches. De près, c’est une femme aux cheveux blancs, accro à la tarte aux prunes et, peut-être, un peu à la colle. On l’adore. (na)

Wild Beasts ‘Present Tense’ Domino/V2

Tu prétendais ça à qui voulait l’entendre. Que tu n’étais pas faite pour les garçons coif-

feurs, les anglais posh à sourcils ourlés. Que c’en était fini des lustres baroques à pendeloques. Qu’ils auraient beau s’y mettre à deux – voix d’eau, voix de terre – et toute la langueur que peut contenir un synthé pour te transformer en Cornetto en bout de vie, rien n’y ferait. Tu étais catégorique : « Don’t confuse me with someone who gives a fuck ». Et puis il y a eu un déclic. L’émergence d’une zone secrète de toi qui aurait pu fredonner Talk Talk, cherché la nuance exacte du blond de David Sylvian période Japan. Ne cherche pas à nier: « Just a drop on the lips and we’re more than equipped ». Le venin ce jour-là consistait en une reprise hilare mais convaincante de ‘Wrecking Ball’ (sic !). Une fois la brèche ouverte sur l’élégance capiteuse et parfois licencieuse de ces fauves pas farouches, tu n’avais plus de raison valable de rejeter ‘Sweet Spot’ et son calibrage au cordeau, plus de barrière pour contrer l’efficacité moite de ‘Wanderlust’. Il a fallu t’apporter des sels, reprendre tes esprits. Jusqu’à la prochaine incartade en soie satinée. (alr)

Wrangler ‘LA Spark’ Meme Tune/Dense

A la fois studio doté d’un matos distinctif et label au catalogue encore timide, Meme Tune est une structure londonienne qui revendique sans ambages sa filiation avec le monde des synthétiseurs analogiques et des myriades de câbles et constellations de touches et curseurs qui vont avec. Animée par Ben Edwards (aka Benge), elle présente ici un album réunissant ce dernier à Stephen Mallinder (anciennement membre de Cabaret Voltaire) et à Phil Winter (Lone Taxidermist, Tunng). Ce qui surprend d’emblée à l’écoute de cette musique électro faussement vintage, c’est sa parenté – pour ne pas dire son apparentement – à celle qui la précéda il y a une trentaine d’années. Le Cabaret Voltaire de l’époque du milieu des années 80 circa ‘Micro-Phonies’ et ‘The Crackdown’ est miraculeusement expurgé des caves où il séjournait et d’autant mieux ressuscité à travers la voix de Mallinder que celui-ci chante comme il le faisait alors. Contre toute attente, ce disque n’est ni poncif, ni poussif, et encore moins nostalgique, il est trempé et dérouille sec. Bien mieux que les avortons de l’écurie DFA, ce Wrangler perpétue une tradition électronique orthodoxe rétive à la technologie digitale qui commande respect et admiration. (et)

Young Knives ‘Sick Octave’ Gadzook Records

Absents des écrans radars depuis quelques années, débarqués par leur ancienne multinationale, les trois mecs de Young Knives se sont inscrits sur une plate-forme de financement participatif pour recueillir les fonds nécessaires à la mise en œuvre de ‘Sick Octave’, quatrième album sensiblement plus ambitieux que ses prédécesseurs. Cette fois, les Anglais ne coursent plus le retour sur investissements et cela s’entend. Libérés, audacieux, ils abandonnent la course au succès pour s’adonner aux plaisirs d’une créativité débridée. Le pied enfoncé sur la pédale d’effets, les doigts à la dérive sur un synthé, le groupe expérimente à la frontière des genres : post-punk, EBM, new wave et mélodies phosphorescentes se percutent ici dans un bordel (à peine) organisé. D’une voix clinique et bien glaciale, Henry Dartnall pilote des chansons qui batifolent sur les terres de Gary Numan, XTC et The Talking Heads. Fourre-tout et touffu, ce disque manque cruellement de cohérence et de l’un ou l’autre vrai morceau pour faire la différence. (na)


gigs& parties avril 14

mardi 01 avril Lee Ranaldo @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Thyself, Kaptain Oats @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve, iadmusic.be The Go Find @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Big Country @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dez Mona, Strand @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Current Swell @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Jonathan Wilson, Syd Arthur @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Deep Purple @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Elysian Fields @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

mercredi 02 avril Welcome Spring! Festival: Compakt Disk Dummies, La Smala, Boogie Belgique, …@ Louvain-La-Neuve, welcomespring.be Band Of Skulls, Mambo; Uman; Peggy Sue @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Old Man Gloom, Circle, Oathbreaker @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Salif Keita @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be James Blunt @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Bohren & Der Club Of Gore; Metronomy @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Deep Purple @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Dub Trio @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be King Ayisoba, Zea @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com King Krule, Thidius @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Tetes Raides @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

jeudi 03 avril School Is Cool @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Speedball Jr., Steve Mackay, Double Veterans @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Rodriguez @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Puggy, Project:Mayhem DJ set @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Timber Timbre; Tokyo Police Club, Vintage Dinosaur @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Thorbjorn Risager band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Sttellla @ Salle Polyvalente, Seneffe, centerock.be Gap Dream, The Tubs @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Azelia Banks @ Vooruit, Gent, livenation.be Ásgeir @ De Centrale, Gent, democrazy.be Gorguts, Misery Index, Resistance, Omerta @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Bury Tomorrow, Chunk! No, Captain Chunk! @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Old Trees, Every Stranger Looks Like You @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Omar Souleyman, Tone Zones @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Mogwai @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

vendredi 04 avril Jazzeux: Raf D Backer, Eraserhead by Cercueil, Yves Peeters Group, Black Flower @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Matthew And The Atlas @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Manon Ache @ Rayon Vert, Jette Jazz Station Big Band @ CC, Rossignol, gaume-jazz.be Piers Faccini, Nicolas Michaux @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Karim Baggili, Anne Niepold @ CC, Mouscron, homerecords.be Layla Zoe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Subs, Ashworth @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Thomas B., The Flash @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be True Widow, Inwolves @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Stromae @ Forest National, Bruxelles, livenation.be René Binamé, Radio 911, Monkey Dress @ MJ, Ciney Road to Rock Festival: Ithilien, Skeptical Minds, 1984, Goddog, Headbones, ... @ Cité Culture Laeken, loudbycourtcircuit.be Nolia, Suffocating Minds, Oxygen @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Black Sheep, Small Brains @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Bart Defoort Quartet @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Young Guts Festival: S.k.i.p., Rms, Billions of Comrades, Lucy Natik, … @ MCN, Namur, province.namur.be Angel Olsen, La Luz @ Stuk, Leuven, stuk.be Eric Thielemans @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, ateliersclaus.com Corvus Corax, Star Industry @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be

Demi Portion, Vald, Convok, Panik @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Cupp Cave, Myo, Steph & Sidney @ Le Studio22, Liège, lestudio22.be Dad Horse, Mulabanda @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Daniel Willem Gypsy Jazz Band @ CC d’Ans, Ans Broussaï, The Skints @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Poni Hoax @ CCGP, Calais, Fr, calais.fr

samedi 05 avril Jazzeux: Xavier Dubois, Inwolves, Dans Dans, Radian, Guillaume Perret & Electric Epic Stuff @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be B.Westival: El Amor Prohibido, Konoba, The Citadines, Transmission, Wax On Mars, Driving Dead Girls, Maw//Sitt// Sii @ Centre Culturel, Braine-l’Alleud, bwestival.be Rodriguez; Johnny Flynn & The Sussex Wit @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Michael Mayer & Point G @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Water Moulin birthday: ANDRé BRAssEUR @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Veronica Vasicka, Different Fountains, Balle Magique @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, ateliersclaus.com Lucius @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Mash, Mint @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Stromae @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Shit Robot, Dan Bodan, Fais Le Beau, Bruce Botnik @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Cloé Du Trefle @ La Chapelle, Mons Fababy, Laïoung, DJ Substanz @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Bastard Ritual, Goatcloaks @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Kink Live, Trish Van Eynde, Fabrice Lig, Globul, Dirty Monitor @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com Italian Dire Straits @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Gansan ft Foulane Bouhssine @ Flagey, Bruxelles Skip The Use @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Gaby Moreno, Maleïka Project @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Fauve @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Mark with a K, Dark-E, Transfarmers, Akyra, Saltzer, Lowriderz, Lords

dimanche 06 avril RPWL @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Toasters, Noxkapp! @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Nick Waterhouse @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Thurston Moore, Andy Moor, Anne James Chaton @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Stromae @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Jonathan Wilson; Forest Swords, Patten @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Blaudzun, Children Of The Palace @ Vooruit, Gent, democrazy.be Dans Dans, Marc Ribot’s Ceramic Dog @ Ha’, Gent, handelsbeurs.be Simon Fache Big Backing Band @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com

lundi 07 avril Casper @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu

mardi 08 avril Marc Ribot’s Ceramic Dog @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Yung Lean and His Sad Boys, SuMi @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Gruppo di Pawlowski, The Germans, 30.000 Monkies @ Vooruit, Gent, democrazy.be Coasts, Bibles @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Boy George @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Carne, Severe @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Girls In Hawaii, Balthazar @ Aéronef, Lille, Fr, agauchedelalune.com Les Paradis Artificiels: Peter Peter @ La Péniche; Balthazar, Girls In Hawaï @ L’Aéronef; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

35 Thurston Moore / Andy Moor / Anne-James Chaton

6 avril Les Ateliers Claus, Bruxelles

Nous avions fait part à plusieurs reprises de l’intérêt réel que nous portons à Anne-James Chaton, lecteur performer hors pair dont le travail s’apprécie plus encore au sein de la paire qu’il forme avec le guitariste Andy Moor (The Ex). Leur série de 45 tours ‘Transfer’ atteste de la singularité de leur démarche textes/sons. Notre duo occasionnel se voit adjoindre une légende de poids et de taille en la personne de Thurston Moore (Sonic Youth et plus récemment Chelsea Light Moving) pour un concert rare qui s’avère d’ores et déjà comme un des moments forts de la programmation de ce premier semestre des Ateliers Claus. Attention, le concert aura lieu à la salle Rogier et non aux Ateliers mêmes. (et) www.lesateliersclaus.com

Les Paradis Artificiels Du 8 au 18 avril D’euch Nord !

Aéronef, Grand Mix, Splendid, Théâtre Sébastopol, Péniche, Maison Folie BeauLieu, cette année encore, en avril, les salles du Nord de la France croisent sous pavillon commun vers Les Paradis Artificiels. Le tout avec une affiche toujours solide et engageante. Balthazar + Girls In Hawaii (Aéronef, le 8), Peter Peter (La Péniche, le 8), Mélanie De Biasio (Aéronef, le 9), Sam Amidon (La Péniche, le 9), Biga*Ranx + S-Crew (Splendid, le 9), Agnès Obel + Bent Van Looy (Théâtre Sébastopol, le 9), Renan Luce + Elephant (Théâtre Sébastopol, le 10), Murkage (La Péniche, le 11), une Reggae Ska Party (Splendid, le 11), Peter Von Poehl + guests (La Maison Folie BeauLieu, le 11), David Lemaitre (La Péniche, le 12), Benjamin Clementine (Grand Mix, le 13), Stromae (Zénith, le 13), Giedre (Le Splendid, 16), Paon + Hill Valley (La Péniche, le 17), Barcella + Da Silva (Le Splendid, le 17), Julien Doré (Théâtre Sébastopol, le 18). Bref, beaucoup de belles choses ! www.lesparadisartificiels.fr

A Late Night with Laika 19 avril AB, Bruxelles

L’émission Laika (Radio Klara) sort pour la deuxième fois de son cadre et établit son quartier général à l’AB. La présentatrice Lies Steppe et les autres programmateurs de Laika, Philippe Cortens et Mauro Pawlowski, ont concocté un programme musical complété par une sélection de courts métrages, des interviews d’artistes, une conférence, un book shop tenu par The Wire et un vinyl shop. Le tout s’intitulera « A Late Night with Laika ». En live : Adrian Utley, André Stordeur, Jandek, Oneohtrix Point Never, Orphan Fairytale. Vous devriez déjà frétiller de la queue.

mercredi 09 avril School Is Cool, Samowar @ Vooruit, Gent, democrazy.be Shaka Ponk; Gruppo Di Pawlowski @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ministri, Galapaghost @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Gallon Drunk, The Holmes @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Evil Moisture aka Andy Bolus, Usé, Maan @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, ateliersclaus.com Liars @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Ennio Morricone @ Coque Arena, Esch/Alzette Lux, atelier.lu SOHN @ CarréRotondes, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Melanie De Biasio @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Les Paradis Artificiels: Sam Amidon @ La Péniche; Mélanie De Biasio @ L’Aéronef Agnes Obel, Bent Van Looy @ Théâtre Sébastopol; Biga*Ranx, S-Crew @ Le Splendid; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

jeudi 10 avril Paulo Mendonca @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Punish Yourself, Doganov @ Magasin4, Bruxelles,

San Fermin

23 avril Botanique, Bruxelles Une classe infinie, une science exacte de la pop mélodramatique : San Fermin vient de publier un des meilleurs albums de l’année…dernière. Là-haut, bien au-dessus du lot, on trouve désormais ‘San Fermin’, premier album du génial Ellis Ludwig-Leone. Ce surdoué new-yorkais, diplômé en musicologie à l’université de Yale, s’est réfugié quelques jours dans les montagnes pour cogiter sur le sens de sa vie. Après mûres réflexions, les thèmes de la jeunesse, de l’anxiété, de la nostalgie et de l’amour sont venus nourrir des chansons habitées de cuivres, de cordes et d’autres détails sonores à l’élégance rare. Chaînon


36 manquant entre The National et Sufjan Stevens, San Fermin allonge sa voix grave sur un lit de chœur féminin. Sous la couette, on assiste à une bamboula sophistiquée, agencée de main de maître par le compositeur Nico Muhly (Grizzly Bear, Antony and the Johnsons). (na)

24 Heures Electroniques 27 avril Rockhal, Luxembourg

Sixième édition des 24 Heures Electroniques. On se rappelle qu’à l’époque où Goose est apparu (nous leur consacrions la cover), la machine à tubes ‘Bring It On’ avait du mal à se faire entendre en Belgique (leurs cds promo s’empilaient alors sur les bureaux des programmateurs radio plus enclins à célébrer Puggy et Indochine). Six ans plus tard, le rouleau-compresseur courtraisien s’apprête à sortir un troisième opus donnant la part belle aux guitares. Accompagné aux visuels par Pfadfinderei, Modeslektor revient pour un dj set voué à faire trembler les murs de la Rockhal. Le duo berlinois dévoilera également son approche de la production lors d’une table ronde qui aura lieu le même jour au M&R Rockhal. Né à Detroit, Jeremy Ellis s’inspire d’un mélange d’œuvres classiques et de légendes de la techno pour proposer une fusion freestyle. Au cours de la journée, Ellis animera lui aussi un stage. En apéritif, The Gameboys, duo d’électro tech-house minimal, proposera une séance d’étirements avant la partouze sonore. www.rockhal.lu

Les Aralunaires Du 30 avril au 4 mai Arlon

Fort de son leitmotiev « Arlon est une scène », le festival musical urbain investira une nouvelle fois quantité de lieux prestigieux, insolites ou impromptus. 60 artistes, 40 lieux publics et privés du patrimoine arlonais, une myriade de concerts dont 40 gratuits ! Et pas du petit bois, jugez plutôt ! Arno, Madensuyu (relecture noisy du Stabat Mater, parti pris ambitieux s’accordant parfaitement à la musique crue et tendue du duo gantois), Orval Carlos Sibelius (en super forme avec un disque énorme qui résonne depuis le fond enchanté d’une faille spatio-temporelle), Grégory Privat & Sonny Troupé, The Feeling Of Love, Noa Moon, The Feather, Nicolas Michaux (Eté 67), Svper (dream-pop kraut joliment emballée), Carl et Les Hommes Boîtes (textes qui claquent entre la science de la baffe d’un Mendelson, le hip hop transgénique d’un Veence Hanao et une fanfare déglinguée), Robbing Millions (pop éclairée, astiquée et chatoyante), The Spectors (poppy avec un poil shoegaze dans la main), Big Moustache Bandits, les Luxembourgeois d’Artaban, Saule, Giedré,... www.aralunaires.be

Roots & Roses Festival 1er mai Centre Culturel, Lessines

« Just bought myself a new set of wheels », à toute berzingue vers Lessines où The Excitements rendrait Diana Ross paraplégique, où Pokey Lafarge, milord old-timey filou te vendrait du snake oil comme de l’or. En direct du ‘Land of The Freak’ King-Khan corsera tes burritos et ton surf comme dix Jack Black. Restera bien assez de ‘Strychnine’ pour huiler le cuir dur des Sonics … « Have Love, Will Travel » ! Scène ‘Roots’: Little X Monkeys, The Henhouse Prowlers, Dom Flemons, The Excitements, Fred & The Healers, Pokey LaFarge. Scène ‘Roses’: Driving Dead Girls, White Cowbel Oklahoma, Big Sugar, The Dream Syndicate, King Khan & The Shrine, The Sonics. www.rootsandroses.be

magasin4.be Thibet @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Madlib, Jonwayne, Benji B, Stones Throw docu @ Vooruit, Gent, democrazy.be Marble Sounds, Bird On the Wire @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Eva De Roovere & The Whodads @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Gruppo di Pawlowski, The Rott Childs @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Toy @ Soulkitchen, Esch/Alzette Lux, atelier.lu Les Paradis Artificiels: Renan Luce, Elephant @ Théâtre Sébastopol; Bosco Delrey, Pale Grey @ Maison Folie Moulins; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

vendredi 11 avril Durbuy Rock: Ignitions, Scarred, Hacride, Fleshgod Apocalypse, Decapitated; Scarlet Anger, Max Pie, Sonata Arctica, Stratovarius, Sevenson @ Hall et plaine du Sassin, Bomal, durbuyrock.be Locrian; Channel Zero @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Me & Miss Amy @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Kurt Vile, Pall Jenkins @ Vooruit, Gent, democrazy.be Raketkanon @ Hertogenwald, Eupen, toutpartout.be R&S Night: Synkro, Nastia, Paula Temple, Kasket, Renaat @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Nicolas Michaux, Fred Deltenre @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com Melingo @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Brutus, Icarus; The Guru Guru @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Andreas Et Nicolas, Mononc’ Serge @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Compuphonic, The Lizzies, Redant @ Manège, Mons, lemanege.com Debademba @ N9, Eeklo, n9.be Julio Bashmore, Funkineven, Christoph, Mickey @ Bloody Louis, Bruxelles, libertinesupersport.be Double Veterans, The Shovels, Mountain Bike @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Katie Melua @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Me & Miss Amy @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Ras G, LTGL, DJ Pukaz @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Sysmo ft Bruce Ellison@ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be The Cult Of Dom Keller @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Tomomi Adachi, Alessandro Bosetti, Magnus Haglund @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, ateliersclaus.com Action Beat ft G.W.Sok @ La Maison Folie Hospice, Havré, Fr, legrandmix.com Les Paradis Artificiels: Peter Von Poehl, Tim Fromont Placenti @ La Maison Folie Beaulieu; Murkage @ La Péniche; Danakil, Irie Revoltes, DJ Rezident & Papa Style @ Le Grand Sud; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

samedi 12 avril Durbuy Rock: Beautiful Hatred, Desolated, First Blood, Born From Pain, Steak Number Eight, The Black Tartan Clan, Tagada Jones; Ithilien, Doyle Airence, Deepshow, Dalriada, Arkona, Crowbar, Heaven Shall Burn, Biohazard @ Hall et plaine du Sassin, Bomal, durbuyrock.be 26 Ans 4AD: Los Hacheros, Debademba @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Angakok, Regarde Les Hommes Tomber, The Great Old Ones @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Belgian Dub Community night @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Channel Zero, Ostrogoth @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Chantal Acda & Band @ Petit Théâtre Mercelis, Bruxelles kultuurkaffee.be Enthroned, Mortuary Drape, Archgoat, Lvcifyre, Bestial Raids, Medico Peste, Posession @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Gandhi @ Le Coliseum, Charleroi, coliseum.be Hauschka; Tinie Tempah @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jean-François Laporte, Atmosphérique @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, ateliersclaus.com Little Trouble Kids @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Madensuyu @ Belvédère, Namur, belvedere.namur.be Mountain Bike @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Mr.Scruff, Denis Jones @ Vooruit, Gent, democrazy.be Regarde Les Hommes Tomber, The Great Old Ones, Angakok @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be School Is Cool, Samowar @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Skew Siskin @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Sleepy Sun @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sunpower, Chugalug @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Mano Le Tough @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Birth Of Joy, Le Duc Factory, The Glücks @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com François And The Atlas Mountains, Chassol @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Merzbow, Mumur Metal @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Les Paradis Artificiels: David Lemaitre @ La Péniche, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

dimanche 13 avril James Arthur; ASG, Anciients @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Chronixx, Dre Island, Kelissa @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be

Howler, The Herfsts @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Noothgrush, Throw Me In The Crater, Angakok @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Tim Hecker, Ben Vida @ Vooruit, Gent, vooruit.be Mr.Scruff, Denis Jones, Mr.Leenknecht @ Het Depot, Leuven hetdepot.be Wild Beasts, Money @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Les Paradis Artificiels: Benjamin Clementine @ Grand Mix; Stromae @ Le Zénith; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

lundi 14 avril Boogarins; Grieves @ Botanique, Bruxelles, botanique.be S O H N @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Chris Garneau @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

mardi 15 avril Grieves; Wild Beasts, Money @ Botanique, Bruxelles botanique.be Ziggy Marley @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Stacie Collins Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Stromae @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Les Paradis Artificiels: Mozes & The Firstborn @ La Péniche; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

mercredi 16 avril The Nuv, The Holmes @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Triggerfinger @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Yodelice @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Agnes Obel @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Sir Richard Bishop, Cian Nugent & The Cosmos, FlowerCorsano; Barrington Levy @ Vooruit, Gent, vooruit.be Electric Bazar Cie, Barlos, Swing @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be King Khan & Thee Shrines, Sheetah et les Weismüller @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Les Paradis Artificiels: ALB @ La Péniche; Giedré @ Le Splendid; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

jeudi 17 avril Mîkmâäk @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Marissa Nadler @ Vooruit, Gent, democrazy.be One Horse Land @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Triggerfinger @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Kongh, Luik, Sunken @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be The Legendary Pink Dots, Mongolito @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Carlton Melton, El Tucano @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Elder, Hull @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Cashmere Cat & Ryan Hemsworth @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be 65Days Of Static @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hydrogen Sea @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Haken @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Alborosie & Shengen Clan, The Banyans ft Maranto @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Les Paradis Artificiels: Paon, Hill Valley @ La Péniche; Barcella ‘Puzzle’, Da Silva @ Le Splendid; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

vendredi 18 avril PPM Fest: Pain, In Extremo, Pagan’s Mind, Epysode, Furyon, Kells, Monument @ Lotto Mons Expo, Mons, ppmfest.com Quilt @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Pale Grey, Fastlane Candies, Leaf House @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be White Mystery, The Prospects @ Trix, Antwerpen, trixonline.be La Pegatina; Christina Vantzou @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Progerians, Wardhill, Six Months Of Sun @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be The Body @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Anthony Joseph; Sweet Jane; Blood Red Shoes, The Wytches @ Botanique, Bruxelles botanique.be An Pierlé @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Carlton Melton, El Tucano @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com/ Fred Deltenre, Charlene Darling @ CC J. Franck, Bruxelles, lejacquesfranck.be Benny Zen & The Syphilis Madmen, Double Veterans, The Prospects, The Shovels, MINT, FJF, Tamashot & Bear @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Phoniandflore @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Band Of Skulls @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu Les Paradis Artificiels: D-Bangerz @ La Péniche; Julien Doré @ Théâtre Sébastopol; Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

samedi 19 avril PPM Fest: My Dying Bride, Amorphis, Rage, Evergrey, Masterplan, Equilibrium, Borealis, Emergency Gate, Serenity, Triosphere, Grenouer, Burning Circle @ Lotto Mons Expo, Mons, ppmfest.com Rock’n’Trolls: Guerilla Poubelle, The Reverend Zack And The Bluespreachers, Feel, Les Fils De Flûte, Wes Waltz, The Boriano Doubitchou Sound, Les Fières Bretelles, The 4.21 Band, Johnson Five @ Leuze-en-Hainaut, rockandtrolls.be Jour & Nuit de l’Architecture: Alek Et Les Japonais, Blues Dawn, DJ Keutch, Elegant Fall, Green Vaughan, Les Sourds


y Dansent,, Mains Sales, M.Mo, Nomenklatür, Old Chaps, Petula Clarck, Scathodick Surfers, Selenian, Tarsius, Unik Ubik, … @ Tournai, nda30.com Poni Hoax @ Manège, Mons, lemanege.com Muse By Museum, Baune @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be The Black Cadillacs, Kel Assouf @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Castle @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Beverly Jo Scott @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Arsenal @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Dj Pone, Feadz, Lefto, Malcolm @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Adrian Utley’s Guitar Orchestra, Jandek, Oneohtrix Point Never, Orphan Fairytale @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Rhume, Michel Cloup Duo, Styczynski et Teyssot-Gay @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Tagada Jones, Sons Of Disaster @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Out Of The Crowd Festival: Monochrome, Im Takt, Alarmist, Artaban, Money, Paus, Bâton Rouge, Soleil Noir, Antifragile, Breton, Elektro Guzzi, MWTE, Paus, Siriusmo, Phon.o @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lux, ootcfestival.com

dimanche 20 avril PPM Fest: Saxon, Therion, Finntroll, Fates Warning, Mayan, Vanden Plas, Dragonland, Persefone, Ravenscry, Sunburst, Fireforce, Amon Sethis @ Lotto Mons Expo, Mons, ppmfest.com Mungo’s Hi Fi, Solo Banton, Gentleman’s Dub Club, Radikal Guru, Reservoir Dub @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Arado, Djuma Soundsystem, DJ Fred Hush, Tofke, Iris Menza, Clerkie @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Compact Disk Dummies, Lili Grace @ AB, Bruxelles, abconcerts.be

lundi 21 avril Ygor, Pawnshop Blvd., The Glücks, Fitzgerald, Event Horizon @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Triggerfinger; Klangkarussell @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Stranglers, The Idiots @ CC René Magritte, Lessines, renemagritte.be The Dinosaur Truckers, Derek W.Dunn, Fred Deltenre @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be San Fermin, Liesa Van der Aa @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Ziggy Marley @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu

mardi 22 avril Skip The Use @ AB, Bruxelles, livenation.be Kerreta, Cowards @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be The Strypes, Broadcast Island; Antoine Chance @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Walk Off The Earth @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu

mercredi 23 avril Kaiser Chiefs; Cheatahs; San Fermin; Boy & Bear @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Socks, Orna @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Kraantje Pappie @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Black Uhuru @ De Roma, Antwerpen, deroma.be Kathryn Claire, Chris Hayes @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com Jazz Station Big Band @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Oum, Nicole Willis, Sandra Nkake @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com The Strypes, Shadow Motel @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

jeudi 24 avril One Horse Land @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Renée, Eefje de Visser @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Suns Off Thyme @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Danakil @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.be Painted Palms; Da Silva, Peter Peter, Olivier Juprelle, Recorders @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Brihang @ Music Village, Bruxelles, abconcerts.be

vendredi 25 avril Prurient, Russell Haswell @ AB, Bruxelles, abconcerts.be No Pan Kissa, Grandbazaar, Zému @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Po Box, The Jb Conspiracy @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Stu Larsen; Thot @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Sore Losers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Tess @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Despised Icons, Brutality Will Prevail, Cerebral Bore; Idiots, Horses On Fire @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be La Voix de Ses Maitres @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Ava Luna @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

samedi 26 avril Rockerill Festival: J.C.Satan, The Horrorist, Le Prince Harry, Michael Forshaw, Jessica 93, Minimu Syndicat, The Scrap Dealers, Singularity, Tits, DJ Elzo & Friends @ Rockerill,

Marchienne, rockeril.com Arti’zik: Nasty Panda, Chico Y Mendez, Milla Brune, Bai Kamara Jr., DJ set Arti’zik @ MJ, Braine l’Alleud, facebook. com/events/544165005697863/ Convention Prog Résiste: The Flower Kings, Fabio Zuffanti Band, Setna, Jack Dupon, Keep It Deep @ Espace Victor Jara, Soignies, facebook.com/progresiste Festival Aan Zee: Marble Sounds, Customs, Kraantje Pappie, Milk Inc., Les Truttes, Preuteleute, Squarelectric, DJ Dirk Stoops @ Strand, De Panne, festivalaanzee.be Mister Critical invites DJ Format @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Marissa Nadler, Death Vessel; Noa Moon @ Botanique, Bruxelles botanique.be Novastar, Gana Shake @ Cactus Club, Brugge, cactusmusic.be Kermesse à Moustaches @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be LTGL @ Boot, Wintam Karim Baggili & Le Trio Joubran @ CC, Huy, homerecords.be Sects Tape @ Water Moulin, Tournai True Widow, Pontiak @ Trix, Antwerpen, trixonline.be DJ Falcon @ Manège, Mons, lemanege.com Esoteric, Procession, Indesinence, Marche Funèbre, Hemelbestormer, Fading Bliss @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Dead Ghostst, Double Veterans @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Antoine Chance @ MCN, Namur, province.namur.be Jungle By Night @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Excepter @ Vooruit, Gent, vooruit.be It It Anita, The Fire Harvest, Reiziger @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Immigrants @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be IQ @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Gnaw, ?Alos @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sleepmakeswaves, Heart Parade, New Bleeders @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

dimanche 27 avril Convention Prog Résiste: The Watch, Lazuli, La Coscienza Di Zeno, Carpet, Narcotic Daffodils @ Espace Victor Jara, Soignies, facebook.com/progresiste Festival Aan Zee: Paulien Mathues, Cookies and Cream, Gorki, Piepkes, Blunt, Id!ots @ Strand, De Panne, festivalaanzee.be Lykke Li; The Sedan Vault @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Origami Classics: Russian Afternoon @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be The Hellfreaks, Fire Me! @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Clutch @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Marc Ford and The Neptune Blues Club, ... @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Secret Chiefs, Gregaldur, Hassan K @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Klangkarussell @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

lundi 28 avril Gramatik @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ryan McGavey @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be BRNS @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Within Temptation @ Aéronef, Lille, Fr, agauchedelalune.com

mardi 29 avril Savoy Brown @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Renan Luce; Shearwater, Jesca Hoop @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Entrance Band, Moonward @ Sojo, Leuven, orangefactory.be Panic! At The Disco @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Zealrecords night: Mad About Mountains, swet\’li-tel\’mo-jo @ Stuk, Leuven, stuk.be Within Temptation @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Customs @ Magic Land Théâtre, Schaerbeek Fatoumata Diawara; Finale Rockrace @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hawks, Ventura, Celebrate Your Mother @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Metronomy @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

mercredi 30 avril Bozar Night: Actress, Evian Christ, Kangding Ray, Om Unit, Dracula Lewis, Sewn Leather, Exoteric Continent, Jimi After, Soumaya aka Pheline, Mssingno @ Bozar, Bruxelles, bozarnight.be Les Aralunaires: Arno, Saule, Giedré, Madensuyu, Rape Blossoms, The Feeling Of Love, Orval Carlos Sibelius, Grégory Privat et Sonny Troupé, Noa Moon, The Feather, Nicolas Michaux, Svper, Carl Et Les Hommes Boîtes, Robbing Millions, The Spectors, Big Moustache Bandits, Gypsy Swing Quintet, Les R’Tardataires, Artaban, Mountain Bike, Heautontimoroumenos, One Horse Land, The Yokel, Sweet Jane, Kai Sonnhalter, Julian Chleide, Raftside, Oscar Lezar, Arthur Possing… @ - 04/05; Arlon, aralunaires.be Of Mice & Men; Tedeschi Trucks Band, Jonny Lang @ AB, Bruxelles, abconcerts.be La Chiva Gantiva @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Khohd, Angakok @ Os à Moelle, Bruxelles, loudbycourtcircuit.be

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

28.03 Botanique - Bruxelles 29.03 De Warande - Turnhout 01.04 CC Hasselt - Hasselt

ELYSIAN FIELDS + LYENN

31.03 Botanique - Bruxelles

EMILY WELLS

31.03 Café Video - Gand

THE GO FIND

01.04 Het Depot - Louvain 26.04 Rock Berchem - Berchem

TIMBER TIMBRE

03.04 Botanique - Bruxelles

CHILDREN OF THE PALACE

06.04 Vooruit - Gand

KURT VILE solo PALL JENKINS (Black Heart Procession)

11.04 Vooruit - Gand

RAKETKANON

11.04 Camping Hertogenwald - Eupen 16.05 Cirque Mystique - Alost 17.05 Rockerill - Charleroi

MADENSUYU

12.04 19.04 26.04 02.05 10.05 16.05 21.05

Belvédère - Namur More Music @ Concertgebouw - Bruges JC Eglantier - Berchem Les Aralunaires - Arlon Putrock - Beringen Alhambra - Mons Les Nuits Botanique - Bruxelles

CHANTAL ACDA

12.04 Mercelis Theater - Bruxelles

MARISSA NADLER

17.04 Vooruit - Gand 26.04 Botanique - Bruxelles

DOUGLAS DARE

19.04 More Music @ Concertgebouw - Bruges 24.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles

DEATH VESSEL

26.04 Botanique - Bruxelles 04.05 Trix - Anvers

SOLDIER’S HEART

26.04 Den Couterfestival - Poperinge 01.05 Schoolrock - Kontich

SHEARWATER + JESCA HOOP

29.04 Botanique - Bruxelles 04.05 DOKBox - Gand

ZENTRALHEIZUNGOFDEATHDESTODES

02.05 Inc’Rock - Incourt

DIE! DIE! DIE!

02.05 Inc’Rock - Incourt

RAPE BLOSSOMS

02.05 Les Aralunaires - Arlon 31.05 DNA - Bruxelles

MY SAD CAPTAINS

04.05 Trix - Anvers

TEHO TEARDO & BLIXA BARGELD

11.05 Stadsschouwburg - Bruges

XIU XIU + WHITE HINTERLAND

17.05 DOKBox - Gand

JUANA MOLINA

18.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles

THE JULIE RUIN + HOSPITALITY + TRAAMS

20.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles

SCARLETT O’HANNA

21.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles 26.05 Het Depot - Louvain

DUCHESS SAYS

22.05 Mad Café - Liège

KREIDLER

23.05 KC België - Hasselt more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be


38 Jon Hopkins 3 mai AB, Bruxelles

On a vu la lumière qu’on vous dit ! Elle était noire et brillait dans les yeux de Jon Hopkins. Une intelligence du clair-obscur à la sauce électro, c’est peu banal mais bien la réalité de l’Anglais, ce qui réclamera une lecture multicouche. Car si ‘Immunity’ et ses longues compositions constituent un terreau propice aux structures hypnotiques à force de répétitions, enrichies à mesure que les minutes s’égrènent, les novices, eux, risqueront de trouver le temps long, voire de se sentir agressés dans leurs jeunes convictions. On pardonnera aussi à Jon Hopkins, de par sa formation, d’avoir brisé la sacro-sainte loi du PAS DE PIANO SVP. Pourtant, de grâce, enfermez-vous avec lui, c’est juste beau ! (dark)

Laurent Garnier 3 mai Rockerill, Charleroi

En 2009, Laurent Garnier nous confiait déjà : « Musicalement je pense qu’il y a plein de choses qui vont disparaître aussi vite qu’elles sont arrivées : qui marqueront une période, mais pas le temps. (...) Y a pas que la consommation de la musique qui a changé : y a l’attitude. Aujourd’hui si t’as pas une gueule de petit con un peu rock’n’roll, t’es mort ! Tous ces mecs-là jouent vachement sur l’image, alors que nous on était dans le trip ‘faceless techno’, Detroit, Underground Resistance… On a l’impression qu’à l’heure actuelle c’est l’image qui prime sur la musique, et ça me fait un peu marrer ! » En 25 ans de carrière et après avoir touché à tout, ‘The Godfather’ (dixit Miss Kittin) n’a pas disparu et poursuit son activisme sans aucun signe de fatigue et avec une passion intacte.

ThX2u @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Asidefromaday, Angakok @ DNA, Bruxelles, dnabxl.be Bo Saris @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Anal Plus, Joy As A Toy, Kouma @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Aborted, Spoil Engine, Leng Tch’e, Crimson Falls @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Angakok, Asidefromaday @ DNA, Bruxelles, loudbycourtcircuit.be Fatoumata Diawara, Louis Aguilar @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Hang The DJ: Blackmarquis, Fernando Wax, DJ Poseur, X-Pulsiv, NCY, Weyrd Son, Sensurround @ Barrio, Bruxelles, facebook.com/hangthedj Tinariwen @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Hooverphonic @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu

jeudi 01 mai Roots & Roses Festival: Driving Dead Girl, Little X Monkeys, The Henhouse Prowlers, White Cowbell Oklahoma, Big Sugar, Dom Flemons, The Dream Syndicate, King Khan & The Shrines, The Excitements, Pokey LaFarge, Fred & The Healers, The Sonics @ CC René Magritte, Lessines, rootsandroses.be Balkan Traffic: Horo Géant, George Dalaras @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Chet Faker; Luz Casal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Kid Noize, Aeroplane, Castles, Globul vs Barako Bahamas @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com Sourvin, Graves At Sea, Deuil @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Justin Timberlake @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Ben Harper @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be

vendredi 02 mai Inc’Rock: Gaëtan Roussel, Soldout, Vismets, The Oddword, Vegas, The Toxic Avenger, Surkin, Black Strobe, OOz Band, My Brother and I, Zentralheizung Of Death Des Todes, Die! Die! Die!, No Ceremony @ Incourt, incrockfestival.be Balkan Traffic: Selda Bagcan, Mahala Rai Band & Jony Iliev, Grogore Lese, Caci Vorba, Antwerp Gipsy-Ska Orkestra, Blakan Trafik Orkestra, KAL, Ambrassband, Fanouris Trikilis, DJ Click, Kolo, Ensemble of Folk Songs & Dance of Albania, Kolektif Istanbul @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Groezrock: NoFx, Quicksand, Taking Back Sunday, H2o, Madball, BoySetsFire, Ignite, Descendents, Alkaline Trio, Brand New, Everlast, Paint It Black, I Am The Avalanche, Terror, Saves The Day, The Menzingers, Bodyjar, La Dispute, The Lawrence Arms, INVSN, Red City Radio, PUP, Chunk! No, Captain Chunk!, Larry And His Flask, Iron Chic, Astpai, Devil in Me, Atlas Losing Grip, Wisdom in Chains, Bayside, The Wonder Years, Restorations, Deez Nuts, Tim Barry, Gameface, My Extraordinary, Still Bust, The Tramps, Fathoms, Kids Insane @ Meerhout, groezrock.be Century Festival: Panpan Master, Dat Politics, Turtoize, Elände @ Plaine de Neckere, Mouscron, centuryfestival.be Nutbush ft Mona Murray @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Triggerfinger; Cris Cab @ AB, Bruxelles, livenation.be We Insist, Mambo @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be The Subs, B @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Residents @ Vooruit, Gent, vooruit.be

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Justin Timberlake @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Barzin, Mad About Mountains @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Hooverphonic @ Cactus Club, Brugge, cactusmusic.be

samedi 03 mai Inc’Rock: Suarez, Les Fatals Picards, Michel Fugain, Sttellla, Saint André, Noa Moon, Déportivo, Kid Noize, OOz Band, Dalton Telegramme, Chicos y Mendez, l’Inc’Rock Kids @ Incourt, incrockfestival.be Century Festival: Cotton Claw, Gablé, Ventura, Jean Jean, Castles, Zerolex, Les Petits Fils De Jack, LTDMS, Sport, Henry Cat Elände @ Plaine de Neckere, Mouscron, centuryfestival.be Groezrock: The Offspring, The Hives, New Found Glory, Falling In Reverse, Caliban, Screeching Weasel, The Devil Wears Prada, Judge, Snuff, Modern Life Is War, Cro-Mags, All, Norma Jean, The Setup, The Charm The Fury, Crazy Arm, Bim Skala Bim, The Casualties, Drug Church, Blitz Kids, Touché Amoré, Apologies, I Have None, The Priceduifkes, The Toasters, Doomriders, Funeral Dress, Fabulous Disaster, Done Dying, Rotting Out, Get Dead, Bury Tomorrow, The Ghost Inside, I Killed The Prom Queen, The Smith Street Band, Elway, Moments, River Jumpers, Shell Beach, Edward in Venice, The Ignored @ Meerhout, groezrock.be Balkan Traffic: Amira, Bilja Krstic & Tamara Obrovac ft. Boyan Z, Esma & Amazing Roma, Ensemble of folk songs & dances of Albania, Bulgarian National Ensemble, KOLO, Bistritsa Babi, Jonianet & Saze, Balarom Trio ft. Pantelis Stoikos & special guest Nedyalko Nedyalkov, Shutka Roma Rap, DakhaBrakha, Imam Baildi, Kristijan Azirovic Orkestar, Fanouris Trikilis Rembetiko Project, Pinar Türker, Félix Lajkóv @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Madensuyu, Romano Nervoso @ Alhambra, Mons, alhambramons.com The Beatbox @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Pas de Quartiers @ MCN, Namur, province.namur.be Diane Cluck @ Vooruit, Gent, vooruit.be Laurent Garnier, Fabrice Lig, Globul, Dirty Monitor @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com Jon Hopkins; Aluk Todolo, Nihill, Alkerdeel, Gnaw Their Tongues @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gorguts, Misery Index, Resistance, Omerta @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be

dimanche 04 mai Inc’Rock: Disiz, Scylla, Gandhi, Akua Naru, Kaaris, L’Entourage, Les R’Tardataires, The Excitements, Raggasonic, Hippocampe Fou, Unidad Sound System, Fixpen Singe, San’Jyla, Unidad Soundsystem, Lino & Arsenik,...@ Incourt, incrockfestival.be Balkan Traffic: Romanian Film Day @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Amos Lee, Mutlu ; Revere @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Schoolboy Q @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Arno @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Death Vessel, My Sad Captains @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

plus des concerts sur: rifraf.be/concerts-gigs

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