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Jean raconte à Solange, non sans emphase, le choc provoqué par le disque de Pain Noir. Sans trop savoir pourquoi, il relate la découverte de Jean Bart, les ricochets et les coups de pagaie dans l’onde de Silvain Vanot, évoque celui qu’on appelait la bête ou Bertrand Belin et combien elle avait aimé ça. Il cite encore l’exaltation de Nina, l’héroïne de La Mouette : “Pour un aussi grand bonheur que d’être écrivain, je supporterais l’inimitié des miens, au besoin la désillusion; j’habiterais sous les toits; je ne mangerais que du pain noir ; je souffrirais du mécontentement de moi-même, de la conscience de mes défauts.” Acquiesçant d’un sourire, Solange l’écoute tout en serrant sa tasse fumante. Convenons-en, ça se passe plutôt pas mal dans les rêveries de Jean. Car pour l’heure Solange n’écoute pas, pour tout dire ils se sont perdus de vue depuis quelques années, ont tout oublié et l’automne du calendrier - pensentils - est venu “sécher leurs écorchures et (nous) reposer là. Mais le jour point.” Voici se faufilant à toute vitesse à travers l’estaminet comme en une course d’obstacles, Solange et son sourire de circonstance. C’est qu’à deux pas de son amie qui l’attend, Solange reconnaît, juché sur un tabouret au coin du zinc, nom d’une pipe je vous le donne en mille, Jean, notre Jean, lequel est aussi le sien, du moins le fût-il, et joint ô désagréable, oui le voilà, c’est bien lui, bonhomme accoudé avec les copains d’abord en un tourbillonnant compagnonnage de babil et quelques pintjes arrivées par tribord. “Quelle est la peur qui d’un seul coup revient?” Et qu’ont-ils fait ces deux là, “après une vie de froid à manger des racines?” On ne le saura point. “Après une nuit d’effroi à longer des ravines” tout juste s’égare-t-on à penser qu’ils ne sont peut-être pas encore tout à fait parvenus à “lever les sorts”. Solange déjà rebrousse chemin, entraîne son amie vers le dehors, avec des airs de viens ne traînons pas ici c’est trop bruyant et puis il y a trop de monde regarde c’est bondé des airs de suis-moi viens je t’expliquerai quand nous serons plus au calme tu vois il fait encore doux marchons un peu veuxtu oh et puis n’en parlons plus. Alors donc on s’était vu. Et leur différend précisément nichait là, dans leur acceptation contraire de la retenue. “Qui du haut de sa rage se languissait de nous. Et cette retenue encore une fois nous tue.” Bien sûr, Jean avait vu Solange. Depuis son perchoir, il l’avait même vue le premier, entrer et filer droit. Pour votre gouverne, ce n’était pas la première fois que Solange avait tapé dans l’œil de Jean. Une persistance rétinienne, une agacerie en somme,
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même si leur histoire n’avait été couronnée que d’un modeste succès. Pourtant, un petit matin, ils remisaient la vaisselle après une fête, ça les avait pris comme ça, s’étaient étreints debout dans le salon rue de Flandres et, durant quelques secondes éternelles, avaient touché du doigt quelque chose, une cosmogonie. Mais tout ça, ouf, c’est oublié. “Et de brider nos éclats en marchant sous la lune.” Or n’y tenant plus voici que dans la rue déjà, Jean allume une cigarette, extirpe un portable et compose les premières lettres du prénom de sa Vénus démolie, laquelle apparaît - décidément, on la suspecte d’en faire profession - entre Sonia, Solal et - tiens, celle-ci s’encoure-t-elle toujours court vêtue, Sophie. De l’index il rédige - Ce serait plus chouette qu’on se salue quand on se croise. Non? Voilà c’est tout. C’est suffisant. Pas dans les manières. Du moins la formulation semble convenir. Solange trouverait déjà que c’en est trop. “Qui es-tu pour qu’on saigne ainsi au moindre de tes mots?” Elle est comme ça, Solange. Au fond elle a toujours trouvé que Jean en faisait des caisses. Il n’avait du reste pas manqué de s’exécuter quand ils eussent signifié leur congé. Et la maquette de bateau affreuse et ses affaires, ce fût une maigre satisfaction, tinrent dans quelques cartons, finalement pas grand chose, on voyagerait léger, dire qu’on s’en était fait une montagne. De ce butin. “A me tenir debout dans des pentes friables j’y ai laissé mon cœur et le peu d’un genou.” Après quoi Jean regagne sa place, son coin de paquebot et déjà “les bruits lui semblaient moins forts.” Qui reprend le fil de ses pensées? Accordons lui ça, Jean a de la suite dans les idées. - Tu sais, ce truc, Pain Noir, faut vraiment que tu écoutes. C’est très fort. C’est un disque de corps à corps avec la langue. Un roman de Vercors. C’est un chant de l’eau et de la roche, des anfractuosités et du vieux lit des rivières. “A vous laver des usures.” Une vigie des à-pics et des abords. “Comme si nos âmes et nos corps nous avaient coupé de tout. J’ai rêvé ces deux mots Pain Noir tatoués sur tes deux mains.” Dans la vie il faut que ça glisse. Mets ‘De l’île’! Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire ps : Serez-vous Aux Indociles Heureux ce soir? Un disque : ‘Pain Noir’ (Microcultures) Un livre : Pierre Demarty, ‘En face’ (Flammarion)
année 21 • decembre’14/janvier’15
Colofon www.rifraf.be Année 21 nr. 206 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf fev sort le 29 jan rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
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collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... dessins : Issara Chitdara photo cover:
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut
nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Ars Musica Enregistrement live daté du 22 novembre 2009 à New York City (ça fait toujours chic) ‘1:17’ du trio Scott Haggart / Lary Seven / Felix Kubin (Gagarin Records) repose sur la composition éponyme du premier nommé. Basées sur le vinyl sorti en 2008 par le label Diskono, les deux lectures – une pour Haggart, l’autre pour Seven – ont en point commun la présence de Kubin aux manettes et aux samples. Derrière l’exercice de turntablism conceptuel, qui ne dissimule toutefois nullement le plaisir, s’inscrivent des pas étranges et variables. Si la relecture de Haggart intéresse par ses incessantes variations en rappel de Giuseppe Ielasi, celle de Seven (avec, paraîtil, des gants de cuir !) vire à la manipulation en creux, nonobstant ses diverses transversales très musique concrète. Vous avez dit abscons ? ★ ★ ★ Musicien, sculpteur et cinéaste, Bernholz dévoile sur ‘How Things Are Made’ (Anti-Ghost Moon Ray) un sens étrange et arty de la pop music minimaliste. Armé d’un quatre pistes, de synthés Casio et de séquenceurs, l’homme de Brighton évolue dans un registre où les pop songs se dessinent en longueurs dynamiques, notamment grâce à des boîtes à rythmes aussi vintage que délicatement sautillantes. Hormis quelques intermèdes cinématiques à l’usage illusoire, l’artiste anglais est plus à l’aise quand il inscrit ses tentatives dans de faux airs berlinois – on verrait bien une bonne moitié de ses morceaux sur le label Monika Enterprise de Gudrun Gut. Hélas, il se révèle beaucoup moins convaincant quand il aborde la face nord, hommage biscornu à l’univers fantasmagorique de la grande Laurie Anderson. ★ ★ ★ On ne le dira jamais assez, le réchauffement climatique fait perdre la boule à la nature. Nous sommes à la mi-novembre et voilà qu’une armada de mouches et d’abeilles déboule dans mon casque, porteuse d’un long drone qui rend fou. Attendez, d’où vient ce son suraigu qui me transperce les tympans, heureusement une très pastorale rivière en refuge d’oiseaux enchanteurs accourt en sauveur de mon système auditif, ou bien est-ce ce monstre des marais tapi dans l’ombre qui me guidera vers la sortie ? La réponse est dans ‘Brainnectar’, le plus que mystérieux double CD du Suisse Rudolf Eb.er (Schimpfluch Associates), un projet à ne pas mettre entre toutes les enclumes. ★ ★ ★ Tiens, un disque d’accordéon dans le Love On The Bits, le premier sur les plus de 200 albums chroniqués depuis les débuts de cette rubrique. Œuvre du musicien norvégien Frode Haltli, ‘Vagabonde Blu’ (Hubro) est le premier de ses quatre albums à être complètement solo. En trois titres, composés à parité égale par les Italiens Salvatore Sciarrino et Aldo Clementi, ainsi que par le Norvégien Arne Nordheim, le très surprenant accordéoniste scandinave prouve de maîtresse façon que son instrument a toute sa place dans un registre contemporain, il est bien sûr à des lieues des clichés pour bals du 14 juillet et autres vieilleries pour festivals solidaires. Notamment la seconde composition ‘Flashing’ (A. Nordheim) est très impressionnante de force dramaturgique et de virtuosité contenue. Par instants carrément flippantes, sans pour autant tomber dans un mauvais trip psychédélique, le morceau exprime en 14 minutes une conviction poétique admirable, où les instants de sérénité larvée contrebalancent la violence sous-jacente du propos. Rassurez-vous, les deux autres titres valent également le détour, notamment l’admirable ‘Ein Kleines…’ (A. Clementi), tout en langueur indocile et volupté post-moderne. ★ ★ ★ Retour au quotidien, ou presque, de la noise en music en compagnie d’un habitué, ou presque, des lieux, le toujours habile Mathias Delplanque. Alors que ses ‘Chutes’ de 2013 ne nous avaient que moyennement convaincus, pour ne pas dire autre chose, le cru 2014 du producteur français est d’un tout autre acabit. Tout en jouant avec les codes et astuces du bruit et du concret, ses ‘Transmissions’ (Crónica) varient à la fois les formes et le fond. D’entrée, on ressent un tic tac malsain du fond des mers à la recherche d’une épave grouillante de menace, c’est d’autant plus réussi que la matière sonore est riche. Si on enchaîne sur de brefs instants assourdis d’où s’échappent des échos inquiétants de boîte de Pandore, l’ombre incandescente de la bête humaine vient se greffer sur nos angoisses pre-mortem, avant qu’un immense morceau de bravoure – 39 minutes, svp – n’achève de transformer l’exercice en subjuguante odyssée vers le centre de l’univers, peuplé de bruits surgis de cavités où l’on ne nous veut pas que du bien. ★ ★ ★ Quand deux de vos héros (Lawrence English & Werner Dafeldecker) collaborent pour la première fois, l’envie ne peut être que décuplée. Si l’improvisateur autrichien est connu pour ses multiples travaux aux côtés de camarades prestigieux (Fennesz, Dean Robert, Christoph Kurzmann, la liste est très longue), son comparse australien est lui aussi de bon compte quand il s’agit d’enclencher la machine à projets. Si, dans un passé récent, English avait philosophé autour du passage de l’été à l’automne en compagnie de Stephen Vitiello, le présent ‘Shadow Of The Monolith’ (Holotype Editions) est d’une température cent pour cent hivernale, et pour cause. Enregistré en Antarctique – mais oui – avant d’être mixé dans les locaux de Lawrence English, le disque retranscrit à merveille, bien qu’à temps partiel, les sensations de froid et d’isolement qu’une telle expérience doit invariablement délivrer. Notamment le troisième titre ‘Intake’ impressionne, car on y sent passer dans les écoutilles une impression de solitude glaciale, que nul mot ne peut égaler tant l’expérience est troublante. Hélas, d’autres moments glissent sur notre indifférence comme un traîneau en perdition sur la banquise, sans doute faute d’éléments tangibles à notre disposition de pauvre auditeur n’ayant jamais expérimenté le vrai hiver. Qui n’en veut ?
Moins usitée que la Salle Henry le Bœuf, la Salle de Musique de Chambre du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles est enterrée, logée dans ses entrailles. Si son nom la destine à l’accueil de concerts pour des ensembles plus restreints, son décor capitonné, paré de teintes beiges renforce l’impression d’intimité qui s’en dégage. Ce soir, le festival Ars Musica investit le lieu pour ‘Minimalist? Maximalist!’, une soirée dédiée à Steve Reich et à David Lang, comprenant également une œuvre de Jean-Paul Dessy qui dirige les opérations avec Musiques Nouvelles. ‘O Clock’ s’annonce comme une méditation sur la frénésie qui s’est emparée de notre vie au quotidien et que Dessy décrit comme une machine à démonter le temps. Dans cette perspective temporelle « le O de O Clock est tout autant la lettre que le chiffre : o’clock à l’heure du zero clock ou sans heure » explique l’auteur. C’est du temps dont il s’agit encore et toujours dans cette musique qui est vouée à être définie par ce facteur dont elle ne pourra jamais se départir. Qu’est-ce que la musique contemporaine sinon celle que l’on fabrique, ici et maintenant ? Dans ‘Piano Counterpoint’ qui ouvre le programme, Steve Reich a prévu que quatre des six parties pour piano seraient préenregistrées tandis que les deux dernières seraient combinées en une seule plus virtuose jouée live. L’enchaînement des motifs est tellement rapide qu’il ne permettrait pas un pianiste, fût-il extraordinairement doué, d’en suivre la cadence. Faussement minimaliste, la pièce se révèle maximale dans ses effets, d’une vélocité à couper le souffle. Pour ‘Radio Rewrite’, une pièce d’une dizaine de minutes pour flûte, clarinette, vibraphones, pianos, cordes et basse électrique, Reich s’inspire de deux chansons de Radiohead : ‘Everything In Its Right Place’ et ‘Jigsaw Falling Into Place’. Reich, qui avait rencontré Johnny Greenwood lors d’un festival à Cracovie en 2010, indique qu’il n’a pas voulu écrire des variations sur ces chansons mais davantage dessiner sur leurs harmonies, et plus accessoirement sur leurs fragments harmoniques, créant ainsi une pièce pleinement autonome. Très proche de Steve Reich dans la démarche, le travail de John Adams s’en éloigne dans ses sonorités, préférant l’approche symphonique à celle rythmique et contrepointique de Reich. Dans ‘The Chairman Dances’, inspiré par l’acte II de son opéra ‘Nixon in China’, Adams offre un travail magnifiquement calibré, superbement mis en relief par l’Orchestre Philharmonique de Liège conduit pour l’occasion par Patrick Davin. Philip Glass bénéficie du même traitement avec ‘The Canyon’, une pièce allant en crescendo-decrescendo sur un motif rythmique obsédant joué à la caisse claire et aux maracas. Mais c’est incontestablement la ‘Sérénade pour violon, orchestre à cordes, harpe et percussions’ de Leonard Bernstein qui est le clou de cette soirée. Si elle n’évoque pas tant le ‘Dialogue de Platon’ dont elle s’inspire, elle résonne comme la bande sonore ambiante du Broadway nocturne d’après guerre – un New York en ébullition – contenant en son germe des réflexes des postures que l’on retrouvera sur ‘West Side Story’ quelques années plus tard. Dans la Salle Philharmonique de Liège dont les murs stuqués renvoient l’écho de lointains galas habillés, la pièce prend tout son sens et resplendit sous le jeu transporté de Tedi Papavrami, violoniste prodige Albanais. Le ‘Dictionnaire de la musique contemporaine’ publié par Larousse ne reprend ni le nom de Reich, ni ceux d’Adams ou de Glass dans son édition de 1970. Bernstein y est pour sa part brièvement décrit comme « un compositeur ayant réalisé un certain effort en faveur de la musique contemporaine et ayant trouvé des succès dans le domaine plaisant et léger. » Sortie du vingtième siècle vers lequel elle ne cesse pour l’heure de retourner, la musique contemporaine est, plus encore que ce qu’elle a été, ce qu’elle est aujourd’hui et ce qu’elle sera demain. Depuis ses débuts en 1989, Ars Musica nous accompagne dans les chemins de cette prospective palpitante en portant la musique contemporaine au plus grand nombre, démontrant qu’elle n’est pas une mais multiple. Un disque : Jean-Paul Dessy/Musiques Nouvelles, ‘O Clock’, Cyprès
Texte : Le Dark Chips
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
L’annonce de la fin du monde ! Une lueur d’espoir tout de même ? Bien sûr, car Tom Cruise devrait nous aider (encore) à nous en sortir, si vous arrivez toutefois à débloquer le mode « vies infinies ». Ainsi devraient s’entrouvrir les cieux de cendres, cesser les pluies acides, retrouver des couleurs rassurantes tous nos indicateurs. La danse ou la dernière chance laissée par Clark. Se plonger dans la nouvelle livraison du producteur de 35 ans, c’est un peu opter pour l’expérience Oculus Rift des ténèbres et de se dire que ce qui s’offre à nous est davantage une longue et lente reconstruction qu’une miraculeuse renaissance. Sur ‘Clark’, ces émotions se traduisent par un carambolage de machines, de synthés, de logiciel agglutinés les uns aux autres par la virtuosité d’un maître. La sculpture qui en découle est de toutes les inspirations, virevoltant de la fusion à l’ambiant, du post-rock au trip bruitiste : tout ce qui a nourri un jeune adolescent de la banlieue de Londres. L’univers de Clark est unique et individualiste, le besoin d’une lente gestation de 5 ans en obscur bonus. C’est le prix à payer pour échapper au prérequis, à la facilité, au « copier-coller ». A l’inverse d’un Daft Punk s’offrant la crème des musicos pour livrer un produit synthétiquement gratiné, Clark, isolé en campagne, donne vie aux machines. Et tant pis si le sentimentalisme procure parfois la nausée. C’est la fin du monde, mais survivrez-vous assez longtemps pour la voir ? ★ ★ ★ Après avoir mené Big in Japan et Frankie Goes To Hollywood au firmament de la pop, Holly Johnson, tristement rattrapé par ses turpitudes, a préféré se cacher. De la musique à la peinture, le pas avait été franchi. Du silence total à ‘Europa’, il y avait un autre pas que l’interprète de ‘Relax’ n’aurait jamais du nous faire subir. ★ ★ ★ Si depuis le début de l’année 2014, Robert Hood célèbre déjà les 20 ans de (M-Print) par la sortie de rééditions et de remixes, la venue d’une triple compilation se révèle être à ce jour le document le plus complet de l’histoire du label. Sur trois cds se répartissent ainsi 33 titres, qui sont autant de souvenirs que de redécouvertes de la carrière de Hood, connu aussi sous quelques alias comme Monobox ou Floorplan. ‘M-Print : 20 Years of M-Plant Music’ se présentera comme suit : une rétrospective 1994-2001 pour le premier volet, du matos nettement plus récent pour le second et une sélection d’inédits et de remixes pour le dernier. ★ ★ ★ Carl Craig est un producteur émérite, boss du label (Planet E). Le Man Machine est une rubrique de RifRaf qui tente de séparer, très subjectivement, le bon grain de l’ivraie en matière de musique électronique. Fabrice Lig est le concept étonnant du papa-instituteur et producteur d’un frais ‘Galactic Soul Odyssey’. Man Machine pense que de telles créations ne servent qu’à démontrer concrètement l’obsolescence de la musique. Carl Craig, lui, accueille le musicien belge en son écurie. Au milieu de tout cela, quelqu’un doit se tromper… ★ ★ ★ Manchester, la brique rouge, la pluie et And. Subjuguant insoumis, ce bruineux duo produit un son à leur image, glaçant et tranchant comme la lame aiguisée, destinée à planter le malheureux badaud au détour d’une ruelle. Il convient alors de ne pas tergiverser et d’annoncer ‘Cosmic Microwave Background’ comme le son qui nous plongera définitivement dans l’hiver. Sur (Electric Deluxe), toute première sortie de ce duo mancunien et déjà toute notre affection, s’ils en ont quelque chose à foutre… Immanquable ! ★ ★ ★ Si vous êtes du genre sceptique quant à l’utilité réelle d’un remix dans le paysage musical, si pour vous cet art est accessoire, ces quelques lignes pourraient peut-être réorienter votre regard. Lorsque Dj Koze pose sa réinterprétation sur un titre, il se contente rarement de réanimer les quelques cellules mortes d’un titre en végétation. Pour l’Allemand, si le corps est nouveau, l’âme est toujours la même. Redonner vie autrement, les réincarner. Et rendre ludique ce qui, de premier abord ne l’est pas (ou peu), voilà le défi que s’impose à nouveau Koze dans ce ‘Reincarnation Part2’. Sur cette récidive plutôt réussie, passeront de trépas à second souffle Moderat, Herbert, Caribou, Gonzales et d’autres. ★ ★ ★ Ses productions dub step gonflées à le tech ont valu rapidement à Lars Stowe une solide réputation. Mais Anstam ne s’arrête pas là et condamne d’une esthétique sonore très rococo ses élucubrations électroniques. Il ne manquerait plus qu’il chante me direz vous! Et c’est étonnamment ce qu’il fait de mieux sur ‘Names’, faisant oublier le style inutilement ampoulé de certains de ses titres pour les transformer, par le biais de sa voix, en agréables hymnes pop. Loin d’être inintéressant, à mille lieues d’être parfaitement digeste. ★ ★ ★ Hauke Freer et Matthias Reiling opèrent sous le nom de Session Victim depuis 2008. Il a pourtant fallu attendre 2012 pour que leur house se déplace de leurs chambres aux microsillons. Le fait de pouvoir produire ‘See You When You Get There’ dans le confort de studios suréquipés semblait être une fin en soi, un sorte de défi personnel : « Peuton faire avec beaucoup ce que l’on a déjà bâti avec rien ? ». Entre Berlin et San Francisco, la question s’est traduite en 11 titres pas tout à fait dégoûtants. Bien sûr, il vous faudra faire l’impasse sur votre aversion à la musique de cocktail. N’empêche que le résultat aurait pu se révéler bien plus désagréable. Sous le joug de la curiosité, une expérience à tenter. ★ ★ ★ Si Switch, l’émission de Studio Brussel, perdure après toutes ces années, c’est qu’elle a réussi à rester à la pointe de l’actualité électro tout en ménageant ses auditeurs les moins curieux. Entre quelques tentatives aventureuses, un tel modèle de longévité passe donc aussi par l’édition de compilations un peu plan-plan. La playlist de ‘The Greatest Switch’ remplit donc davantage une liste de classics qu’un manque de savoureuses découvertes. Nous ne bouderons pas notre plaisir face à Dennis Ferrer, Letfield, Black Strobe, Second Phase ou encore Vitalic. On évitera la mort par perforation de nos oreilles quand jailliront certains Avicii, Netsky ou encore Faithless. ★ ★ ★ Le titre ‘Long Play’ est moins la description littérale de l’objet en lui-même que la métaphore d’une existence. Paco Osuna aime se la jouer longue, il est comme ça ! Dix ans derrière les platines, dix autres années à se faire oublier et aujourd’hui sa première production personnelle. Un disque forgé sur le dancefloor, à grands coups de basses incandescentes. Bing Bang ! Certes, les huit titres de l’essai n’ont rien de diamétralement révolutionnaires, mais ils offrent 7 minutes d’intense plaisir pour une raison qui frappe instantanément l’esprit : leur construction. Comme si Osuna était arrivé à mettre toute l’intensité d’un de ses mixs dans le cours moment d’un track. Grosse alerte Coup de Foudre ! Clubber imprudent, sois prévenu…
Texte: Anys Amire et François Georges
La vinaigrette suisse
J’en ai marre des gens qui parlent style « Il faut faire ce qu’il te plaît ». J’en ai marre des gens qui veulent faire un post-doc en Uruguay (le premier: « c’est pas l’Amérique Latine ? » - Le deuxième : « euh, non, attends, c’est la Suisse de l’Amérique du Sud ! » - Le premier : « ah youaih, c’est super ton taf »). J’en ai marre des gens qui parlent pour ne rien se dire. J’en ai marre des gens qui veulent de vraies responsabilités. J’en ai marre des gens qui boivent de la 1664. Et le point zéro ? Le point G de la constitution du basal, on le met où ? On reste sensible aux gens qui commandent une bouteille de rouge : ça reste ouvert, ça lève un doute sur le connu. A propos du connu, puisqu’il y a eu erreur sur la personne, que Monsieur Fugain et sa chevrotante chanson « Une belle histoire » fut attribuée par mégarde à Joe Dassin (1), il me reste à penser comme pour m’excuser : que restet-il de George Moustaki ? La liberté, c’est de continuer à en avoir marre de ces gens qui prennent le Thalys à 15h43. Sans carte de fidélité. Entre nous, est-ce que les schizophrènes ont une carte de fidélité ? Il leur en faudrait une petite, de carte et, par la même occasion, une inscription à une banque de données. La liberté de délirer n’empêche pas l’inscription à l’ouverture du conte…Il faut une rencontre, la Tuché de Lacan (2). Un schizophrène me disait ô combien son séjour à l’hôpital psychiatrique lui avait coûté une somme gastronomique. Comme le reste de sa vie, il se disait diplômé en philosophie, couvreur, artiste peintre et j’en passe…orifices narcissiques béants à combler. Cet homme est seul, rêve seul. Bref, de quoi l’on parle quand on paye pour se faire écouter ? Me revient alors cette image de vinaigrette : cette voiturette dans laquelle une personne peut trouver place pour se laisser emmener par quelqu’un : l’homme de la somme gastronomique est de ceux qui prendront ce petit moyen de locomotion, c’est sa seule chance de survie. Parce qu’une vinaigrette sans huile de bras, ça fait plat, ça se délie…C’est pas sur ce ton-là : « Pense à moi comme je t’aime, rien ne nous séparera… » (3). Non. Plus sérieusement, il se lie à un contenant sur roues et c’est bien. Avec son chariot, il se promène tout en restant sensible au lieu même si il ne le fréquente plus : le Fablain reste un point de transfert, là où d’autres parleront du Beursschouwburg, le Luxembourg de la pensée musicale. Ça touche la Suisse ça ? Maintenant que le secret bancaire se lève partout, on n’a plus droit aux cachotteries. Ah, dénonce, ça, c’est l’air du temps, on se dénude comme on l’fait avec les fils électriques, ça sépare le + du - et au moins, les plus optimistes diront que ça empêche de tout faire péter. Ennui. L’éloge de la surveillance, du transparent, c’est faire fi de l’entre. Accord de ré. Ré, la sus-tonique. Musique de l’asile, le ré, c’est entre le do, le basal et le mi, note alliée. Le schizophrène en est le ré( )sident, à savoir : « une personne établie dans un autre pays que son pays d’origine (4) ». La psychothérapie des psychoses passe par le ré, entre le basal et la mi-fugue, mi-raison. Le schizophrène a besoin de farandoles, pas d’être faribole. Il est toujours en résidence. « Ma liberté devant tes volontés, mon âme était soumise » (5). Merci George de compliquer l’affaire. (1) RifRaf, Cosy Corner, octobre 2014 (2) Jean Oury et Patrick Faugeras : « Préalables à toute clinique des psychoses », p.139 Ed.Erès (3) Francis Lalanne : « On se retrouvera », 1993 (4) François de Conninck et l’équipe du Wolvendael : « Un lieu, un temps pour accueillir la folie », p.15 Ed Erès (5) George Moustaki : « Ma liberté », 1970
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Texte : A La nu nree- Lni t s eG R rem n iaecrl © e n icolas janvier
Thomas Belhom
Thomas Belhom fait partie de ces types habités qui, une fois lancés, ne s’arrêtent plus, de ces mecs avec qui la nuit n’est pas suffisante pour refaire le monde. Et quel monde ! Celui parallèle et libre où il roule sa bosse depuis
presque vingt piges entre rencontres qui changent la vie (Calexico, Lambchop, Tindersticks, Howe Gelb, le cinéma de Claire Denis…) et échappées solos qui tiennent du rêve. Avec ‘Maritima’, son opus magnum de world folk mélancolique, hanté mais lumineux, il touche à
l’immarcescible. Au moment de raccrocher, une heure a filé. Qu’on n’a pas vu passer. Et qu’il est hélas impossible de rendre ici dans son intégralité. Le morceau ‘Hungary’ évoque un souvenir de route avec les Tindersticks… Thomas Belhom : « Effectivement, ‘Hungary’ se rapporte à une date à Budapest et, surtout, au Danube, l’eau étant le fil conducteur de l’album. On arrivait de Pologne par une route terriblement longue – toute une nuit et une journée à rouler – et dans le bus, en écoutant Demis Roussos, on a eu cette discussion mémorable de presque cinq heures avec Stuart (Staples, ndr) sur l’avenir, sur le fait de faire de la musique, d’en vivre, d’avoir une vie de famille. » Tu parles de l’eau comme d’une thématique centrale de ‘Maritima’ ? Thomas Belhom : « C’est vrai, parce qu’on y retrouve l’apaisement, le calme propice à la créativité. L’album est né en plusieurs endroits, mais toujours au bord de l’eau. Par exemple, j’ai trouvé la mélodie de ‘Color’ à Marseille et le texte en Normandie, à Asnelles, un petit village où je suis resté assez longtemps. Je me suis aussi retrouvé tout un temps à La Rochelle où je dormais sur le bateau d’un ami. Tous les morceaux ont été créés dans ces conditions mais il n’est pas nécessaire de tout expliciter, il faut laisser du mystère. » Les lieux sont pourtant récurrents dans ta discographie, mentionnés ou suggérés. Thomas Belhom : « Oui, je me pose souvent la question de l’appartenance. Qu’est-ce que ça veut dire « être chez soi ». On peut être chez soi à l’étranger. On peut être à l’étranger chez soi. Mais en réalité, je me rends compte qu’on est chez soi avec quelqu’un davantage que quelque part. Les lieux sont simplement des endroits qui viennent bousculer le quotidien d’une vie avec quelqu’un. »
De l’ordre de la folie Cette appartenance n’est-elle pas aussi liée à la langue ? Thomas Belhom : « Oui, mais chez moi, tout est très mélangé. Ma femme est américaine et philippine, ma fille aussi. On commence parfois certaines phrases en français mais on les termine en anglais. Mais elles parlent aussi toutes les deux le tagalog avec lequel je me débrouille très peu. Mais c’est présent et j’en suis imprégné. Les langues sont des outils pour penser. En changeant de langue, tu t’aperçois souvent que tu penses autrement. » Précisément, une autre constante dans tes disques est qu’environ la moitié de tes morceaux est instrumentale quand l’autre moitié est chantée alternativement en anglais et en français. A partir de quoi décides-tu qu’un titre reste sans paroles ? Thomas Belhom : « Je pense que l’instrument de musique prend aussi la parole et des fois, je ne veux pas lui couper. On peut articuler du langage rien qu’avec la musique. J’aime bien laisser la place à certains instruments solistes et laisser libre court à l’abstraction. La musique, c’est un langage d’avant les mots, ça a préexisté aux mots, ça touche à des profondeurs organiques. C’est quasiment préhistorique, comme la danse, et du coup éternel. A l’inverse, les mots renvoient souvent à un contexte de modernité et donc de temporalité. C’est un truc sur lequel je travaille beaucoup ça, une certaine rationalité de l’abstraction. Des fois, la manière dont ça prend forme fait que je sens que je dois me passer de mots qui fermeraient les choses. D’un autre côté, je n’ai pas spécialement un public francophone et je n’appartiens pas particulièrement à cette culture de la chanson française où tu dois travailler des structures couplet, refrain, pont. J’essaye plus de tisser quelque chose parce que je n’excelle pas dans cet art de la culture pop et folk pour lesquels les Anglais sont si doués et admirables, Stuart en tête. Mon langage est plus abstrait, organique, fait de frottements de gongs, de percussions, de couleurs harmoniques qui se fondent avec des accords de guitares. » On devine que tu es exigeant vis-à-vis de toi par rapport à la musique, non ? Thomas Belhom : « Quand on a arrêté Naïm Belhom Duo où Naïm était très bon guitariste, j’ai décidé de me mettre à la guitare et je peux te dire que les peu de formes guitaristiques que j’ai à travailler – qui sont très simples, deux ou trois accords parfois –, je les refais pendant des heures. Pour que ça sonne comme je l’entends. Je pense plus la musique en termes de sonorités que de tonalités. Je ne suis pas savant à ce niveau-là, pas comme Noël Akchoté avec qui j’ai un peu joué. Ces mecs-là, dans le jazz, te jouent des septièmes, improvisent, retombent toujours sur leurs pattes. Moi, je ne peux pas. J’appréhende chaque instrument comme le percussionniste que je suis, je le triture si tu veux, je le travaille beaucoup mais je n’arrive jamais à en avoir la maîtrise.
Là, avant que tu m’appelles, j’étais justement en train de bosser mes guitares pour le live et de redécouvrir des morceaux. Courant 2015, je pense d’ailleurs retourner à Bristol pour enregistrer une performance live de cet album avec l’assistant de John Parish. » Une redécouverte, certes. Mais une lassitude peut-être aussi, parfois ? Thomas Belhom : « Il y a des titres que je ne peux plus jouer mais pas ceux de ‘Maritima’. Après, il y en a qui posent plus de difficultés. ‘Souvenir Hanté’, syncopé de tous les côtés au niveau de la guitare, m’apparaît trop délicat à jouer live. » C’est pourtant un des morceaux essentiels du disque, à la puissance poétique forte et immédiate, avec ce vers notamment « je me souviens d’une amnésie ». Thomas Belhom : « C’est parti d’une interview justement. En 2011, un journaliste me demandait ce dont je me souvenais de 2009 et la seule chose que j’ai pu lui répondre, c’était une amnésie. Je venais de survivre à une grave méningite grâce au Rocéphine (titre de l’album précédent, ndr) et les séquelles ont été ces pertes de mémoires. Récemment, j’ai vu Dave des Tindersticks qui m’a parlé d’une discussion qu’on avait eue en Islande alors que j’étais persuadé n’y avoir jamais mis les pieds. C’est devant le fait accompli que certaines choses me sont revenues. » J’imagine que ça induit un changement de rapport à la vie en général et à la musique en particulier. Thomas Belhom : « Évidemment. Rien que dans les relations avec ma fille. J’avais beaucoup la tête dans le guidon à l’époque. J’étais souvent en tournée, avec Calexico, avec Lambchop. J’ai tiré de cet événement une réflexion très intime et personnelle mais qui a des conséquences concrètes puisque je pars nettement moins qu’avant. Stuart me disait récemment que pour lui, je suis membre à vie des Tindersticks. Il est en train de préparer un album chez lui, près de Limoges. Je vais probablement enregistrer deux, trois trucs dessus mais je ne fais plus les tournées avec eux depuis quatre ans ; c’est une trop grosse machine, on part pour un an et demi minimum, sur plusieurs continents, tout le temps loin de chez soi. Aujourd’hui, j’ai envie de voir ma fille grandir, simplement. » Ce disque semble être la suite logique et inéluctable de tes albums précédents, on a l’impression qu’une ligne conductrice y amenait. Tu es d’accord avec ça ? Thomas Belhom : « C’est un peu tôt pour me prononcer mais je respecte ton avis. Des amis m’ont dit aussi qu’ils le trouvaient plus mûr et tranchant. Pour moi, il fait référence à ‘No Border’. Il est forcément moins sombre que ‘Rocéphine’ même s’il reste mélancolique. » Venons-en, à la mélancolie. Là aussi, c’est une constante de ton univers. Thomas Belhom : « Tu sais, ce n’est pas quelque chose qui se calcule, qui se programme. Je n’y arriverais pas. C’est un truc qui émerge, qui surexiste à ce que je fais. Tu sais, la mélancolie, c’est presque de l’ordre de la folie. A une époque, on internait les mélancoliques. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut souhaiter à quelqu’un. » Peut-être, mais on peut s’y sentir bien. Thomas Belhom : « Bien sûr. Je pense même que c’est quelque chose de très sain. Surtout quand on est auditeur, ça ne rend pas du tout triste, on contraire, paradoxalement, ça peut foutre la pêche. Moi, ce sont les musiques trop joyeuses qui auraient plutôt tendance à me déprimer. Ce matin, j’écoutais un morceau de Gérard Manset, ‘Que Deviens-Tu ?’, et un phénomène assez incroyable s’est produit : mes essuie-glaces se sont calés avec le tempo de la chanson, c’était fantastique parce que ça changeait la sonorité de la rythmique et ce morceau terriblement mélancolique, dans ces conditions, me foutait vraiment la pêche. » De la nostalgie aussi ou pas du tout ? Thomas Belhom : « Non, absolument pas, c’est quelque chose qui me déprime. Essayer de revivre des émotions passées, ça ne marche pas. Il faut faire autre chose pour faire émerger des émotions réelles. La réminiscence, c’est un truc de télé, avec des émissions spéciales où les gens sont super heureux de se souvenir des pires trucs des années soixante-dix. L’art, c’est quand même très particulier, on prétend être artiste mais on ne l’est peut-être que de très courts moments dans sa vie. Platon définit l’art comme l’obligation de résultats. Et je l’entends comme ça : essayer de présenter maintenant quelque chose qui existe déjà dans le futur. L’art n’a rien à voir avec la nostalgie. » Un disque : ‘Maritima’ (Ici d’Ailleurs/Pias)
Texte : Anne-Lise Remacle
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Il est en marche plus qu’en marge. Ses vocables de cartes oniriques s’accrochent à toutes nos parois, nous permettent la varappe entre peaux et terres, ressacs et exils. On aurait bien vu Silvain Vanot à la hune et Bertrand Belin penché au-dessus des garde-corps, mais l’essence de ce disque, de ces trésors rares, tient plus du miracle des limbes que de la filiation avec nos chers illustres. Il est libre, Pain Noir. Y’en a même qui disent qu’ils l’ont vu chanter.
À l’écoute de ton disque m’est soudainement revenue cette phrase d’Hölderlin : « Au lieu du péril, croît aussi ce qui sauve ». François-Régis Croisier : « Wow ! C’est beau, déjà…c’est bien choisi. Je suis un peu troublé. La fin de St-Augustine n’a pas été un moment très joyeux et partir sur Pain-Noir était une mise en danger. Me mettre à chanter en français était une chose que je n’avais jamais faite mais pourtant, ça m’a complètement remis d’aplomb. » C’était une manière de « prendre le large », si on veut rester dans le champ lexical de l’album ? François : « Une façon de tirer un trait sur mon groupe d’avant et peut-être un certain milieu. Découvrir une part d’inconnu. J’ai commencé à écrire des textes en français alors que ça n’est pas du tout ma culture, celle qui s’entendait sur St-Augustine, faite de groupes américains ou en tout cas anglophones. Ça m’a ouvert des horizons non seulement pour mes morceaux mais surtout en termes de rencontres et d’écoutes. Une toute nouvelle famille – c’est peut-être un très grand mot mais en tout cas de nouveaux correspondants. » Et parmi ces « cousins récents », qui peut-on trouver ? François : « J’ai découvert qu’il existait des gens qui avaient cette idée d’une musique en français qui ne va pas tirer vers la facilité. J’ai participé aux compilations de la Souterraine. Je pense notamment à Arlt, qui devient un modèle pour tous ceux qui chantent dans cette langue mais tous les groupes qui y figurent ont une sorte d’état d’esprit commun, sans que les genres défendus aient besoin d’être similaires. Je pense aussi à Orso Jesenska, qui est mon
Les mondes engloutis correspondant marseillais. C’est une question d’affinités et d’attentes analogues : je crois que j’espérais vraiment trouver des gens comme ça. Si tout le monde pouvait être comme eux dans la musique, ça serait parfait ! C’est un sens de la communauté au sens presque politique. » Une position en orbite, ce n’est pas plus mal, parfois. Ça permet d’avoir du recul, ou une curiosité candide…on te sent à ta place, avec ce disque, à ce moment-ci. Le passage au français te permet une prosodie différente, une façon singulière d’aborder le chant. Rien n’est dans la démonstration démesurée. François : « Complètement. Ça a clairement changé ma manière de chanter : le français a tendance à nous faire baisser la voix, à être moins dans le surjeu mais ça doit venir aussi du fait que je vieillis, que je cherche à exprimer les choses différemment et que ce territoire nouveau le permet. J’arrive à faire passer beaucoup de nuances impossibles auparavant mais ça a été tout un parcours pour y arriver. J’ai pris mon temps mais ça vient. » Ça crée une cohérence au niveau d’un album que tu ouvres d’un morceau puis que tu clos d’un autre via leurs titres, ‘Pain Noir (à l’aube)’ puis ‘Pain Noir (le soir)’. Il y a aussi le format qui est très juste. Comment est née la thématique qui fait le liant ? François : « Je ne crois même pas qu’on puisse parler de thématique, même si un psychanalyste aurait sans doute des tas de choses à me dire (rires). J’ai toujours fonctionné comme ça: j’ai un bout de texte qui arrive et ensuite, je le déroule, comme si je tirais sur un fil. Je ne sais pas toujours où je vais au départ, et c’est seulement à la fin, d’abord d’une chanson, que je me rends compte du sens. Sur le disque c’est pareil : c’est seulement à l’issue de l’enregistrement que j’ai réalisé que ça faisait corps. C’est assez involontaire, même si ça exprime sans doute des choses un peu profondes pour moi. » Quel est le premier morceau que tu as écrit ? C’est ‘La Retenue’ ? François : « En réalité, c’est ‘De l’île’. Mais celui que tu cites, il a aussi un an de plus. Ce sont deux morceaux faits un peu comme des bouteilles à la mer, enregistrés sans idée préconçue et mis en écoute en ligne. J’ai souvent besoin qu’on me pousse un petit peu – de moins en moins, heureusement ! – et ce sont les réactions vraiment très positives qui ont contribué à me faire imaginer un disque derrière. C’était les trois pas d’appel pour sauter vers la suite. S’il n’y avait pas eu ce retour de la part de Richard Robert (L’Oreille Absolue), de la part aussi de Vincent Théval de Label Pop ou de Chryde de la Blogothèque, je ne serais pas grand chose. Ce sont des piliers qui m’avaient déjà soutenu au moment de St-Augustine, mais pour Pain Noir, j’ai senti leur enthousiasme encore plus fort. » Le nom « Pain Noir » viendrait d’un rêve de mains tatouées avec ces mots-là (à la façon de la ‘Nuit du Chasseur’) et le morceau ‘Lever les sorts’ laisse place à la superstition. Ces aspects de dépassement du réel occupent quelle place dans ta créativité ? François : « Ça en a beaucoup, dans le sens où c’est souvent un petit élément qui ouvre le champ des possibles. Mon imagination déborde assez facilement. Je fais du dessin, et je vais volontiers vers des choses assez surréalistes, en continuant hors du cadre des photographies notamment. Pour mes chansons, je pars souvent de quelque chose d’assez proche de moi et je les étire ailleurs : parfois on va rester dans du très rationnel, parfois on part au large. J’aime bien ne pas savoir où j’arrive, même si je fais attention à la forme. Ce n’est pas moi qui guide, c’est la chanson. » Et pourtant on sent l’écriture maîtrisée…tu disais ne pas avoir de modèles en chanson française, mais en as-tu eu parmi les poètes ou les romanciers? François : « Ça me perturbe toujours : je suis le plus souvent en discussion avec des gens qui ont plus de références que moi. Leonard Cohen m’a plus inspiré que n’importe quel écrivain ou chanteur français, c’est évident. En France, je ne sais même pas ce qui est de bon ton. Moi j’adore Brassens, mais jamais je n’irais dire que je m’inspire de lui, parce que ce n’est pas le cas. J’aime beaucoup Desnos, mais je ne suis pas un fin connaisseur, je côtoie plus les poètes américains. » Les images associées à ton disque célèbrent une certaine ancestralité… François : « Ce ne sont que des photos qui viennent de ma famille, trouvés chez mes grands-
parents quand ils sont décédés et qu’on a vidé la maison. Ce n’est pas de la nostalgie puisque ce sont des choses que je n’ai pas connues et j’en sais suffisamment pour ne pas envier leur vie ! Je n’ai pas grand-chose d’eux et donc ça compte beaucoup. C’est une façon de les faire perdurer.» Je pense à ce soldat qui regarde vers l’horizon…c’est très prophétique ! François : « C’est mon grand-père (rires)! Ça fait une liaison entre St-Augustine et Pain Noir. Il y a une vraie cohérence : les images ne sont pas choisies uniquement parce que je les trouve belles, elles portent un aspect personnel, souvent lourd de sens. » Je rebondis sur un fragment de ‘Requin Baleine’, « sans joindre le troupeau ». Tu te considères comme un musicien solitaire ou tu as besoin de t’entourer ? François : « Je suis partagé : j’apprécie d’être très maître de ce que je fais : c’est moi qui compose, qui arrange, etc. Mais je me rends compte que c’est toujours en trouvant une ou deux personnes avec qui collaborer que j’avance le mieux. J’ai fait tout l’album avec mon ami Olivier Perez, de Garciaphone. C’était la première fois qu’il enregistrait un disque et qu’on travaillait ensemble et ça s’est mieux que bien passé ! Il joue toutes les batteries et les chœurs féminins sont chantés par ma femme et son amie. On est restés en famille ! Je suis très proche aussi de Zacharie Boisseau (Zak Laughed), on était tous sur le même label. Pour l’instant je fais les concerts en solo: au départ, j’angoissais pas mal mais au final, j’aime beaucoup la liberté que ça m’apporte. J’essaie de faire tout de même quelque chose d’un peu conséquent, orné. Si j’ai envie de parler, si j’ai envie d’improviser j’ai la possibilité de le faire. Il y a un vrai confort paradoxal là-dedans parce qu’on est aussi plus exposé. Mes deux comparses préférés sont tous les deux aux États-Unis pour l’instant, et je n’ai pas forcément envie d’aller chercher d’autres gens. » L’album me fait penser au très beau ‘The Edge of The World’ de Michael Powell (1937), qui raconte le déclin d’une des îles Hébrides et la nécessaire fuite de ses habitants vers une vie moins âpre. Plus qu’un film-catastrophe au sens contemporain, ça traduit un passage. François : « Je n’ai pas vu le film mais ça me parle énormément. L’ailleurs, parfois c’est vers quelque chose de meilleur, parfois c’est une mutation de société, tout simplement. Ça peut aller du très personnel au légèrement plus universel. Ce motif du mouvement, chez moi, il est récurrent, même quand je ne le souhaite pas, il ressort. Plus j’avance, moins je peux le nier. C’est un peu plus grand que moi. » Un disque : ‘Pain Noir’ (Microcultures) • Suivez le guide : http://pain-noir.bandcamp. com/
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T e x t e : N i c o l a s A l s t e e n © w i l l i a m l a c a l m o nt i e
Jozef
Van Wissem
Regard de taulard, calme olympien, Jozef Van Wissem défie l’époque avec un instrument d’un autre temps. En tressant des arpèges
sur les cordes de son luth, l’homme a esquissé des paysages sans âge : des scènes quasi mystiques aux horizons totalement contemplatifs. Après avoir signé un pacte avec les rockeurs du label Sacred Bones (The Men, The Fresh & Onlys, Crystal Stilts), le Hollandais new-yorkais s’est acoquiné avec Jim Jarmusch pour signer deux disques et une bande originale (‘Only Lovers Left Alive’) portée en triomphe sur la Croisette. De retour avec ‘It Is Time For You To Return’, le missionnaire du luth mène sa bataille contre le système. En douceur et sans acharnement. C’est d’autant plus touchant.
Travailleur en luth Par le passé, tu vivais au Pays-Bas, à Groningue, où tu étais propriétaire d’un Coffe Shop. Pourquoi as-tu soudainement tourné le dos à cette vie au milieu des années 1990? Jozef Van Wissem : « C’était devenu trop sauvage. J’avais adopté un mode de vie pour le moins rock’n’roll. Je buvais beaucoup et prenais quotidiennement des drogues. Avec le temps, j’étais tombé dans une spirale négative. J’étais entouré par les mauvaises personnes. Ce sont des choses qui arrivent... Mais, pour s’en sortir, il faut réagir, faire des choix. Dans un premier temps, j’ai répondu à l’invitation d’un ami qui vivait dans le quartier de Williamsburg, à Brooklyn. Je suis parti là-bas et j’ai eu le coup de foudre pour cet endroit qui, à l’époque, était encore un faubourg industriel de Manhattan. Un beau matin, j’ai décidé de tout laisser derrière moi pour m’installer à New York. J’étais fatigué du grand cirque rock’n’roll aussi. J’en avais marre du bruit et des guitares. J’avais l’impression de tourner en rond, de ne rien pouvoir faire de plus avec cet instrument. Je me suis procuré un luth et j’ai trouvé un professeur qui m’a incité à écrire mes propres compositions. Par la suite, je me suis perfectionné en prenant des cours chez le légendaire Patrick O’Brien. Il vient de nous quitter. Avant de maîtriser de nombreux instruments anciens, Patrick avait appris la guitare au contact du célèbre bluesman Reverend Gary Davis. Je suis très fier d’appartenir à cette lignée de musiciens. Au départ, j’apprenais le luth pour me divertir mais, de fil en aiguille, le loisir s’est métamorphosé en obsession. Le luth est un objet fascinant qui, bien souvent, traîne une réputation d’instrument ringard, voire totalement kitsch. J’ai eu envie de faire évoluer les mentalités, de libérer le luth des clichés. » Crois-tu au ‘rêve américain’? Jozef Van Wissem : « Sans aucun doute. Enfin, pour être exact, je dirais que je crois au rêve new-yorkais. Là-bas, on peut se réinventer, devenir une autre personne. On peut critiquer le peuple américain à bien des égards. Mais il détient quelque chose d’assez unique : l’optimisme. Ce sont des gens positifs. À leur contact, on peut tout essayer, sans craindre les critiques et le qu’en-dira-t-on. » Il paraît que certaines de tes compos fonctionnent comme des palindromes. Cela veut donc dire qu’on peut jouer tes partitions dans un sens ou dans l’autre et entendre exactement le même morceau? Jozef Van Wissem : « Tout à fait. (Sourire) Certaines de mes compositions sont parfaitement symétriques. D’autres que moi ont déjà écrit de telles partitions. Initialement, c’est une technique importée de la poésie. Récemment, j’ai regardé un documentaire consacré à l’œuvre architecturale de Le Corbusier. J’ai découvert qu’il utilisait lui aussi cette figure de style pour dessiner ses plans. On retrouve ainsi des palindromes dans de nombreuses disciplines artistiques. Je trouve ça assez fascinant. » Tu traînes pas mal avec Jim Jarmusch depuis quelques années. La légende veut que votre rencontre ait eu lieu, simplement, dans la rue. C’est pour le mythe? Jozef Van Wissem : « Non, non, absolument pas. Les choses se sont vraiment passées comme ça.
C’était en 2008. J’étais en train de me promener dans le quartier de SoHo, à Manhattan. Je l’ai reconnu. Je suis allé lui parler et j’en ai profité pour lui donner mes disques. On est resté en contact. Depuis, Jim est vraiment mon ami. » C’est aussi un collaborateur régulier. Tu as enregistré deux albums à ses côtés. Aujourd’hui, on le retrouve encore sur un des morceaux du nouvel album. Ce n’est pas pesant de bosser avec une icône comme Jim Jarmusch? Jozef Van Wissem : « Quand j’apprécie quelqu’un, je suis vraiment ouvert à toutes les propositions. Ça peut être l’enregistrement d’un disque, la bande-son d’un film ou des compositions pour une installation visuelle. Il m’arrive aussi de refuser des projets. Tout ça reste très instinctif. Avec Jim, ça s’est passé comme ça. J’avais composé des morceaux qui m’ont fait penser à lui. Au départ, cette collaboration relevait du challenge. Les curieux venaient voir Jim-Jarmusch-le-musicien. Mais ça ne m’a jamais dérangé. J’ai l’impression que ma musique parle pour moi et qu’elle bénéficie d’un éclairage médiatique suffisant. » Sur la pochette de ton nouvel album, tu apparais tel un chanoine dans son costume ecclésiastique. Tu portes même la croix de Jésus-Christ autour du cou. S’agit-il d’une pose ironique ou une façon de souligner tes croyances et convictions religieuses? Jozef Van Wissem : « Mon accoutrement est en adéquation avec le titre de l’album. J’étais en tournée en Pologne quand j’ai aperçu cette croix dans la vitrine d’une boutique catholique. En la voyant, j’ai eu un coup de cœur. Mais cet épisode de shopping est assez anecdotique... En fait, le titre du disque fonctionne surtout comme un slogan. ‘It Is Time For You To Return’, c’est ma façon de préconiser un retour à une vie saine. Pour ça, il convient de se poser les bonnes questions. Le système tel qu’on le connaît aujourd’hui dans nos sociétés a montré ses limites. Tout a foiré. ‘It Is Time For You To Return’, c’est d’abord un chant de protestation. Le fait de savoir si je suis de confession catholique, ça n’a aucune importance. C’est davantage une réflexion de fond, une invitation à sortir de chez soi, à s’interroger sur l’avenir. Il faut fuir l’écran de son ordinateur et se déconnecter de son compte Facebook. Il faut retourner à l’essentiel : partir à la rencontre des gens, se parler, s’écouter. Comprendre ce que l’autre ressent. Il faut revenir à ce qui compte vraiment. » Un disque : ‘It’s Time For You To Return’ (Crammed Discs) Suivez le guide : www.jozefvanwissem.com
on stage 24/01 Flagey (Bruxelles)
Texte : eric therer © mark lag
Lies Van de
‘WOTH’ tient lieu d’acronyme pour ‘Weighning Of The Heart’, un rituel trouvant ses racines dans la mythologie égyptienne antique du ‘Livre des morts’. Liesa Van der Aa, jeune prodige classiquement éduquée et vocaliste hors pair en a fait le thème de son second album, un triptyque de trois disques qui composent une œuvre ambitieuse et élevée, à la mesure du talent qui est
le sien et qui la destine d’ores et déjà à prendre une place distinguée au sein de la scène musicale belge. La voix y est déclinée en tous ses états, en chœur et à cœur. Extraits d’une conversation de fin de journée engagée dans les deux langues nationales et en anglais dans un restaurant sans attrait de la Place Meiser.
Le chant du cœur ‘WOTH’ est un projet ambitieux. Tu en revendiques l’écriture et la production. Est-ce une œuvre personnelle ? Liesa : « J’ai mis un an pour écrire ‘WHOT’ et pour agencer les arrangements mais je suis restée près de trois mois à Berlin pour l’enregistrer ! Sans Boris (Wilsdorf, ingénieur du son et producteur allemand qui a collaboré souvent avec Einstürzende Neubauten, ndr), je n’aurais pas pu mener à bien ce projet. Il l’a produit à mes côtés mais il a également été le concepteur du son, du début à la fin. Ce n’est pas seulement un partenaire de travail mais un véritable ami. Ce qui est bien avec lui, c’est qu’il me laisse ma totale indépendance et ne cherche pas à m’imposer ses vues, il n’y pas de lutte d’ego entre nous. Inversement, je n’ai pas à prendre des gants pour lui soumettre une demande, la relation est franche et directe. » As-tu voulu reprendre à ton compte un mythe de l’histoire ? Liesa : « J’ai abordé un sujet qui appartient à l’histoire mais je l’ai fait à travers mon regard personnel. Je ne fais que raconter une histoire… Le triptyque était important car le cœur y est abordé à travers ses trois états différents selon cette mythologie : quand il est trop lourd et trop froid, quand il est trop léger et liquide, et enfin quand il est balancé, fatigué mais tentant d’être humble, recherchant l’équilibre. » Considérerais-tu ton ‘WHOT’ comme un opéra ? Liesa : « Qu’est-ce qu’un opéra aujourd’hui ? Le mot a une connotation trop solennelle... Le disque ne sonne pas comme un opéra au sens traditionnel. J’aimerais que cela en soit un mais je ne pense pas qu’il sera considéré ainsi par le public et je trouverais pédant de le classifier comme tel. Peut-être est-ce une forme de théâtre musical... En tous cas, ‘WHOT’ est une étape après ‘Troops’, mon précédent album. Il contient des passages musicaux très différents suivant les trois disques. Nous avons travaillé avec des règles assez strictes, des normes auxquelles nous nous sommes astreints. On a travaillé beaucoup sur la voix, notamment avec les chorales. Le troisième disque est un véritable travail collectif de groupe où mon rôle personnel s’est éclipsé. Dans l’avenir, je voudrais travailler davantage avec des instruments classiques. » Pourtant, tu nous racontes une histoire universelle, ce qui est le propre de l’opéra. Ainsi, la dichotomie cœur/âme n’est pas l’apanage du thème que tu as abordé mais revient à bien des d’époques et dans beaucoup de cultures. A ton sens, le cœur et l’âme sont-ils voués à demeurer des entités distinctes ? Liesa : « Le cœur est perçu comme l’élément central de la
grange
sa er Aa
personne humaine à travers la mythologie égyptienne ancienne. C’est l’organe que l’on rend à dieu. Une fois détaché de la personne, il n’y a plus moyen de se cacher, les murs disparaissent. L’esprit te permet de mentir, de garder des secrets. J’ai toujours été attirée par le champ mystique et la religion sans pour autant croire en un dieu. Je suis jalouse des gens qui peuvent communiquer avec un dieu, j’aimerais en faire autant ! Quand je visite une église, je me sens toujours absorbée par l’environnement, comme par une vague, j’ai l’impression de me perdre. C’est ce que j’ai voulu décrire sur le morceau ‘On Heaven And Its Guard’ où je mets en scène les gardiens des dieux qui m’abandonnent à ma destinée, celle d’une noyade et de ma mort inéluctable… » Perçois-tu un changement dans la politique culturelle en Flandre ? Liesa : « Le changement est plus que perceptible, il est là. J’habite Anvers et cette ville a toujours été cosmopolite. Anvers est en même temps le laboratoire de cette nouvelle politique de repli et de méfiance vis-à-vis de l’art. Moi, je suis encore jeune et j’ai la chance d’être issue d’une génération qui a été gâtée, relativement protégée. J’espère juste pouvoir continuer à persévérer dans mon travail et ma musique. Idéalement, je voudrais me passer de l’aide du gouvernement dans le futur (le disque ‘WHOT’ a reçu des subsides du gouvernement flamand, ndr) mais je ne veux pas pour autant me plier aux règles de l’économie de marché où les choses vont de plus en plus vite, comme une machine incontrôlable. Je me retrouve davantage dans l’esprit de la mythologie grecque que dans l’état actuel de notre société qui mise tout sur le succès… En même temps, je ne cesse de me poser des questions existentielles par rapport à ce que je fais et à ma musique. Bach, Mozart, les années 70, Nick Cave, Lou Reed… Que peut-on encore faire de plus par rapport à ce qu’ils ont fait ? » Donc, tu penses que tout a été fait et que tout a été dit ? Liesa : « Oui, il faut repenser l’histoire. On ne peut pas ignorer l’histoire et ce qui a été fait mais on doit à chaque fois la reconsidérer. Il n’y a pas de solution miracle. Ce que l’on peut apporter de personnel aujourd’hui, en 2014, tient beaucoup au son, c’est là un domaine où on peut encore innover. Quand je joue du violon, il ne sonne pas comme un violon du vingtième siècle… » Quelles ont été tes grandes influences musicales ? Liesa : « Adolescente, à la maison, mes parents écoutaient du jazz et de l’opéra mais aussi les Beatles. J’ai ensuite découvert le hip-hop que j’ai adoré à l’époque, contrairement à la chanson que, paradoxalement, je détestais. Ce n’est qu’après que j’ai découvert les grands songwriters comme Nick Cave. En classique, j’ai toujours adoré le Kronos Quartet ou des ensembles contemporains comme Ictus. Mais aussi Haendel et Purcell, ils ont fait de la pop bien avant qu’elle ne naisse ! » Bach ? Liesa : « Pas Bach, non, il m’a toujours ennuyé ! Mozart, oui, définitivement. J’aurais voulais me marier avec lui ! » Un disque : ‘WHOT’ (Louisa’s Daughter Records)
on stage Du 04 au 06/12, Singel (Anvers) 24/01/2015 à Handelsbeurs (Gand) 25/02/2015 au Kaaitheater (Bruxelles)
Texte : Gery Lefebvre © meg remy
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Iconoclaste inclassable et hyperactif, récemment embauché par DFA, le Canadien Max Turnbull n’est pas de ces compositeurs qui passent leur vie en pyjama à triturer des machines. Véritable couteau-suisse artis-
tique, c’est sous la cagoule de Slim Twig que son fantasque génie musical s’épanouit en marge du buzz et de sa carrière de comédien. Il concrétise aujourd’hui son aspiration à accoucher d’un album-concept longtemps fantasmé, sorte de réponse à Gainsbourg et Vannier et à leur ‘Histoire De Melody Nelson’. Explorant la thématique du désir, il propose un disque plus dense que dance qui subvertit les conventions pop et pervertit le psychédélisme. Et invente surtout un son baroque se rapprochant d’un Beatles vicié, presque malsain, qui doit beaucoup aux arrangements d’Owen Pallett. Faux disque des sixties mais véritable œuvre postmoderniste, ‘A Hound At The Hem’ se rêve au final carrément ‘Pet Sounds’.
Songsculpter Tu as conçu ce disque comme un concept-album autour du ‘Lolita’ de Nabokov, un vieux fantasme qui répondrait à ‘Histoire De Melody Nelson’. Pourquoi cette obsession ? Slim Twig : « C’est effectivement un projet que je portais depuis longtemps. Mais c’est moins un hommage au sens où on l’entend habituellement qu’une question d’affinités et de similitudes stylistiques entre les deux disques. Ils sont tous les deux très ambitieux dans leur approche et leur production ainsi que dans cette intrication, cette fusion entre une musique très arrangée, presque baroque, et ce tissu narratif qui maintient toutes les pièces ensemble. C’est pour ça que j’ai voulu insister sur cette parenté entre les œuvres parce que je ne suis pas sûr que les auditeurs auraient automatiquement fait le lien entre les deux. Musicalement en tout cas. Pour le reste, mon disque tourne autour de la Lolita de Nabokov, notamment dans son titre, et c’est peut-être elle la vraie passerelle entre les deux disques…C’est pour cette raison que musicalement mon album n’est pas un véritable tribute même si je ne cache pas ma vénération pour Gainsbourg. Et que je serais évidemment flatté de voir mon disque considéré comme un cousin spirituel de l’‘Histoire De Melody Nelson’… » C’est quand même très ambitieux ou arrogant de positionner un disque comme une réponse à un monument comme ‘Histoire De Melody Nelson’, non ? Slim Twig : « J’ai beaucoup de mal avec cette approche hiérarchique des choses lorsqu’il est question de culture ou d’objets culturels. Par ailleurs, si on suit ce raisonnement, ça serait au détriment de tous les artistes émergents qui se verraient privés d’approcher telle ou telle œuvre majeure sous prétexte qu’elle serait trop précieuse ou parée de mille vertus. Un peu comme ces vases chinois qu’on t’interdit d’approcher de trop près pour ne pas les casser. Dans le même ordre d’idées, une pochette de disque, ça n’est pas une galerie d’art et un disque n’est pas une toile qu’il est interdit de toucher. Et je pense que si on veut encourager la création contemporaine, il ne faut pas se créer des barrières mentales et s’interdire de se réapproprier certaines œuvres. » L’idée de confier les arrangements à Owen Pallett, c’était une priorité dès le départ pour toi ? Slim Twig : « Oui, Owen était mon premier et unique choix ! Je savais que je voulais un élément orchestral dans le mix et qu’il était le meilleur pour ces arrangements. Mon seul défi, c’était de commencer à créer les fondations de mes morceaux de façon suffisamment sexy pour qu’il n’ait d’autre choix que de dire oui et de s’associer au projet dans sa phase finale ! Sa contribution était essentielle à la réussite du concept. » Tu sembles t’être très fort inspiré des maîtres d’une certaine pop baroque des 60’s comme Joe Meek ou Phil Spector. J’ai aussi lu que tu avais conçu ce disque comme ton ‘Pet Sounds’ ? Témérité ou inconscience ? Slim Twig : « Je l’ai déclaré en pleine conscience ! Je me
sens vraiment dans le sillage d’artistes comme Beck ou Bowie qui ont accumulé les exercices de style et qui ont forgé leur propre son à travers le mélange d’idées ou d’obsessions dont la valeur ajoutée émane précisément du fait qu’elles aient été recombinées entre elles. Prises une à une, ces idées ou ces lubies avaient beaucoup moins d’intérêt. Pour ‘A Hound At The Hem’, ma plus grande ambition était de créer une atmosphère très très produite. J’étais littéralement obsédé par le travail de production de types comme Brian Wilson, Phil Spector ou Joe Meek. Je pense que ça se ressent inévitablement mais surtout que j’y ai intégré suffisamment de moi pour que ça ne soit pas un vulgaire pastiche. Plus généralement, je suis inspiré par tout qui arrive à créer un univers sonore qui lui est propre. » Tu définis ton approche comme étant du songsculpting ? Quelle est ta définition de ce terme et quelle différence as-tu envie de souligner avec le concept classique de songwriting ? Slim Twig : « C’est un terme que j’ai surtout utilisé il y a quelques années lorsque mon travail de composition était essentiellement basé sur des samples. Il subsiste encore évidemment des traces de cette façon de travailler sur ce disque. Les morceaux ont été enregistrés alors qu’ils étaient en train d’être écrits, donnant l’impression de prendre vie comme une forme de sculpture intuitive. Ils ont gardé ce caractère impulsif, spontané. Et si je dois résumer ma façon de travailler aujourd’hui, je dirais qu’elle est vraiment entre le songsculpting et le songwriting traditionnel. Je compose d’abord énormément au piano et puis j’ajoute la partie batterie. On ajoute ensuite la basse et je m’occupe du reste, ajouter l’overdub, les musiciens invités, écrire les lyrics… » Que représente pour toi le fait d’avoir été signé par DFA Records ? Tu ne crains pas que ta musique soit définie par l’image du label plutôt que par ses qualités intrinsèques ? Slim Twig : « DFA Records m’a généreusement ouvert la porte là où d’autres ont refusé de s’engager, jugeant ce disque trop ambitieux pour eux. Et même si je ne rentre pas dans leur core-business et que je ne fais pas à proprement parler de la dance music, je pense qu’ils ont suffisamment d’expérience dans des disques qui repoussent certaines limites ou qui remettent en question les codes d’un public plus mainstream. Les disques de Black Dice ou d’Eric Copeland que DFA a sorti ont eu une influence certaine sur moi. Je ne peux qu’être ravi d’être dans la même écurie… » Un de tes disques de chevet est ‘L’Enfant Assassin Des Mouches’ de Jean-Claude Vannier. C’est toujours lié à cette obsession pour une forme de sensualité dans les textures et ce kama-sutra des arrangements ? Slim Twig : « A mes yeux, Jean-Claude Vannier fait effectivement figure de géant dans mon panthéon musical. Un arrangeur visionnaire doublé d’un compositeur génial. Ces textures orchestrales, ces expérimentations sonores, cette forme de sexualité qui se dégage de la musique font de cet album un objet particulièrement fantasmatique. Mais j’ai encore énormément de travail avant de pouvoir rêver approcher ce niveau… » Un disque : ‘A Hound At The Hem’ (DFA Records/Pias)
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Texte : antoine bours
T e x t e : Pat r i c k F o i s s a c © s t e v
Erik Truffaz & Murcof
Complainte des ruines de demain : béton calciné, Métal Hurlant.
Chef d’orchestre visuel inattendu de ce second album réunissant le trompettiste français et le Mexicain électro, Enki Bilal patine de bleu les notes angoissées du duo. Comme un air d’apocalypse où résonnent des Cassandres à queues d’écailles. ‘Being Human Being’ propulse les trois artistes vers une synthèse inédite de leurs univers respectifs ; carrefour peuplé d’êtres en exode, tous habités par l’espoir que souffle le cuivre de Truffaz. Un grand album hybride, beau et inquiétant comme les créatures de Bilal.
De Cendres Et D’Oxygène Votre première collaboration, ‘Mexico’, date de 2008. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Erik Truffaz : « Quand j’étais en tournée au Mexique, j’avais pour chauffeur un ami de Murcof qui passait sa musique. L’électronique parfois me fatigue. Là, la perfection des sons m’a séduit : très soignés, proches d’un ensemble classique. Quand je suis rentré du Mexique, je me suis enregistré sur un de ses albums et lui ai envoyé le résultat. C’était un peu gonflé, mais ça lui a plu. Les deux compositeurs électroniques avec qui je travaille volontiers sont Murcof et Pierre Henry. » J’allais aborder Pierre Henry : on imagine que son approche électroacoustique est une influence commune. Murcof : « Je ne connais pas bien son œuvre. Mais c’est vrai que je travaille à partir de sources acoustiques, qu’il s’agisse d’instruments classiques, de field recording ou de machineries. Je les soumets ensuite à un traitement digital qui leur permet de toujours sonner acoustique, mais sans liaison immédiate à leurs sources naturelles. Ils perdent leur personnalité d’origine au profit d’une autre, que je souhaite la plus pure possible. » Erik Truffaz : « Ce qui nous rassemble, Murcof et moi, ça va vous faire rire, mais c’est ‘Oxygène’ de Jean-Michel Jarre ! » Murcof : « J’avais dix ou onze ans. Son approche du son m’a ouvert des perspectives plus larges. Je l’ai écouté des centaines de fois, comme ‘Equinoxe’. » J’ai pensé à Vangelis et son ‘Blade Runner’, qui partage une atmosphère néo-noir avec ‘Being Human Being’. Erik Truffaz : « Je connais peu Vangelis. Ado, j’ai surtout écouté Klaus Schulz, Kraftwerk, Tangerine Dream. L’époque planante, quoi. On fumait tous là-dessus. Ce qui est surprenant, c’est qu’à cette époque, ces musiciens faisaient l’inverse de l’électronique actuelle : ils plaçaient les rythmes loin derrière les harmonies. » Ce qui m’a frappé, à l’écoute de ‘Being Human Being’, c’est son ambiance électronique assez lugubre, amère. La trompette y est un ingrédient parmi d’autres. Est-ce la raison pour laquelle le disque est signé chez Mundo et non plus chez Blue Note ? Erik Truffaz : « Non. J’ai quitté Blue Note parce qu’ils ont été rachetés par Universal. ‘Being Human Being’ est né des images d’Enki Bilal : dans le scénario qu’il nous a soumis, l’Homme vient au monde et plonge la terre dans la guerre et le chaos. Mais ensuite, il y a apaisement et l’amour survient. Personnellement, je n’ai pas beaucoup d’amertume en moi. » Qu’est-ce qui vous a réuni autour de Bilal? Erik Truffaz : « Un ami programmateur qui adore son travail m’a proposé de bosser avec lui. Je lisais ses BD dans les années 80, j’ai dit oui tout de suite. Murcof était le partenaire naturel pour le projet. On a tout enregistré chez moi. » Le projet prend encore une autre dimension sur scène ; C’est même là qu’il a débuté. Erik Truffaz : « Oui, on l’a déjà joué une dizaine de fois. Philippe Garcia nous y rejoint à la batterie. Bilal est au Kaoss Pad, où il prend le rôle de VJ, en modifiant ses dessins, leur rythme, leurs
couleurs. Musicalement, le disque est traversé de quelques thèmes qui reviennent et qui collent au scénario. Murcof et moi modifions le reste au gré de nos envies. Il y a beaucoup d’improvisation autour de ces leitmotivs. Jouer sur de la musique électronique n’est pas le même exercice que jouer avec un groupe. Ça se rapproche plus de mon travail avec des ensembles classiques. » Murcof : « En dehors de ma partition et des éléments électroniques, j’interviens aussi en direct sur la trompette et la batterie : je modifie leurs signaux par des effets de niveaux, d’échos, de pitch, etc. Erik et Philippe sont ouverts aux accidents : cela provoque des solutions musicales enrichissantes. » Le final de ‘And Nina’ évoque le courant minimaliste. Erik Truffaz : « Celui-là, c’est moi qui l’ai composé, avec ma fille à la clarinette. Oui, le gimmick rappelle la patte de Philip Glass. En parallèle de ‘Human Being’, je travaillais avec un orchestre classique sur un autre projet inspiré du minimalisme, d’où sont nés ‘And Nina’ et ‘Skin’. » Murcof : « J’aime beaucoup comment ce passage, très structuré, avec un instrument tout à fait identifiable, vient répondre au chaos et à l’imprédictibilité du reste. » Votre musique à tous les deux se passe des frontières et des styles. Vous êtes toujours à la recherche de nouveaux horizons ? Erik Truffaz : « Ce que je cherche, c’est de donner le plus d’émotion avec le plus d’honnêteté possible. Pour ça, il faut rester frais. Quand on est marié, on ne peut plus changer de partenaire ; en musique, on a tout loisir d’arpenter d’autres territoires. Cela maintient en vie la passion. Et puis cela permet de ne pas se répéter. » Murcof : « C’est l’exploration de nouveaux concepts qui m’anime. Je prépare un album avec Vanessa Wagner, une pianiste classique. Et avec Erik, on développe le projet ‘Wixarika’, avec des musiciens traditionnels de la culture huichol, au Mexique. » Erik, vous voyez-vous comme un jazzman – je veux dire, vous sentez-vous faire partie d’une certaine famille musicale ? Erik Truffaz : « Je n’en sais rien. Ce que je sais c’est que tous les jeunes musiciens, ceux dans la vingtaine, sont tout-terrains. C’est fini les cloisons. C’est le côté positif de la mondialisation. J’ai joué récemment avec Tigran Hamasyan, un pianiste arménien, et des jeunes musiciens de New-York : ces mecs savent tout faire, ils connaissent tous les genres, ils manient les ordinateurs. On est rentré dans une autre ère musicale. Même les vieux jazzmen s’ouvrent. J’étais à Montreux il y a dix jours, en duo avec Bugge Wesseltoft ; Charles Lloyd, grand saxophoniste, nous a rejoint sur scène. Il s’est même essayé au rap ! J’espère faire un disque avec eux, qui réunirait les racines du jazz et de l’électro. » Un disque : ‘Being Human Being’ (Mundo Recordings/News)
Dix-huit mois à peine après la sortie d’un premier opus unanimement célébré par la presse, Hookworms nous revient déjà avec ‘The Hum’.
Que vous raffoliez de garage, de hardcore, de postpunk ou de space rock, le combo de Leeds saura vous séduire avec des titres variés jonglant avec les styles et les textures. Si le groupe demeure toujours aussi énigmatique, la musique révèle immédiatement ses charmes sur un album pop, psyché et en même temps rugueux à souhait. Hookworms gagne définitivement ses galons de valeur sûre de la scène britannique néo psyché.
Libres avant tout Donner à un album un titre qui évoque un drone vrombissant menant à la folie et à des tendances suicidaires, c’est plutôt dark, non ? Sam (guitare) : « C’est vrai, je te l’accorde ! (rires) En même temps, il y a une raison qui peut justifier ce choix dans la mesure où notre musique est assez psychédélique et que c’est un genre associé à une culture avide de concepts liés à l’occulte et à la théorie du complot. Or, justement, ce concept de ‘hum’, ce drone consistant en des sonorités à basse fréquence, a donné lieu à pas mal de théories complotistes souvent dingues depuis qu’il a été identifié dans les années 40. » ‘The Hum’ est beaucoup moins sombre que son prédécesseur, ‘Pearl Mystic’. Comment expliquer ce changement radical ? Sam : « La principale raison, c’est qu’on se sent tous mieux dans le groupe. L’exemple le plus flagrant, c’est celui de MJ, le frontman. Quand on a réalisé l’album précédent, il se sentait vraiment mal et la noirceur qu’il ressentait s’est forcément retrouvée sur l’album. Maintenant qu’il va mieux, il est normal que notre musique soit moins sombre, plus légère, d’autant qu’il est à la base un grand fan de pop. » Le nouvel album dévoile donc un groupe libéré et plus serein, alors que le succès du premier disque aurait justement pu vous donner un sentiment de pression accrue vu qu’il s’agissait de confirmer. Sam : « Ce qu’il faut savoir, c’est que l’on n’attendait rien en faisant notre premier album. On ne pensait pas vraiment que des gens allaient l’écouter et on l’a fait sans pression, simplement en se disant qu’il fallait faire un disque. Finalement, on sort le disque et voilà que la presse est élogieuse. Si cela ne nous a pas permis d’attirer des audiences folles, cela nous a néanmoins ouvert bien des portes et donné une franche visibilité. Après, au moment de travailler au nouvel album, on s’est évidemment retrouvés confrontés à une certaine pression vu les attentes, mais on s’est dit que ce qu’il fallait faire, c’était un disque que nos amis auraient envie d’écouter et qui nous correspondrait sans faire un ‘Pearl Mystic Part2’. »
bookmaker
ve gullick
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V/A ‘The Songs of The River : The Mississipi’ Accords Croisés / Harmonia Mundi
William Ferris ‘Les Voix du Mississippi’ Papa Guédé
Hasard des recensions, le « vieux bonhomme fleuve » étale ce mois-ci son Delta sur nos lignes dans deux beaux ouvrages plus complémentaires que redondants, charriant les voix qui s’encanaillent dans les juke joints, qui fracassent dans les prisons d’état ou s’élèvent dans les demeures familiales. Le premier coffret, sous la direction artistique d’Etienne Bours et Jean-Pierre Urbain, s’inscrit dans une collection qui prend les fleuves – vecteurs de passages et mutations – comme prétexte à exploration des courants qu’ils ont vu émerger sur leurs berges. Dotée d’une mise en bouche bien sentie où le poétique ne cède en rien sa place à l’histoire, cette double compilation dense avec notes laisse battre l’énergie actuelle et plus que jamais variée de musiques (blanches et noires) nées dans les états où serpente le « Big Muddy » plutôt que d’ériger un énième panthéon aux grands anciens qui ont forgé la tradition. Il y a donc ici place non seulement pour le Delta Blues ou le gospel, pour la musique de Mardi Gras, le style cajun, le zydeco ou les Fife and Drum bands. Ceux pour qui ‘Treme’ évoque un visionnage aussi tragique que chatoyant retrouveront la trompette euphorisante de Kermit Ruffins ou la fusion du Rebirth Brass Band, les autres danseront le ‘Midland Two-Step’ avec Courtbouillon, invoqueront ‘Ezekiel’ avec le virtuose Spider John Koerner ou se frotteront à quelques indiens (« Jockomo, Jockomo ! »). Sans doute se laisseront-ils aussi bercer par la facétie de Scott Dunbar, fils d’ancien esclave immortalisé par William Ferris en 1968. Quelle a été l’attitude de votre label Domino par rapport à ce deuxième album ? Sam : « Il nous a donné carte blanche et c’est clairement ce dont on avait besoin. Les responsables ne nous ont rien demandé, n’ont rien exigé en dépit des investissements qu’ils ont faits. Après le succès du premier disque, on a eu pas mal de propositions de labels, mais on a gardé nos distances dans la mesure où l’on voulait pouvoir garder le contrôle sur notre musique. Avec Domino, c’est le cas et ce qui compte, c’est de rester libres avant tout. » Par rapport au disque précédent, on a l’impression que ‘The Hum’ a été composé dans un esprit laissant une grande place à l’improvisation. Sam : « C’est exact. Souvent, les morceaux sont nés à partir d’une ligne de basse et d’une base à la batterie à partir de quoi chacun a ajouté sa contribution (guitare, orgue, voix). Cela s’est passé spontanément en studio. C’est très motivant, très créatif et l’ensemble a un son bien évidemment assez spontané. » Vous démarrez l’album avec ‘The impasse’ qui sonne très hardcore et garage, soit deux des influences majeures du groupe. Sam : « Oui, c’est un titre un peu back to the roots car nous avons tous en commun une passion pour le hardcore de la scène de Washington DC et la pop garage que tu retrouves sur la mythique compilation ‘Nuggets’. Ce sont des styles qu’on aime tous depuis toujours, le chanteur y compris, ce qui s’entend d’ailleurs dans son style de chant. » De façon intéressante, le titre qui suit, ‘On leaving’, est anti hardcore au possible, vu qu’il s’agit d’une composition plus psychédélique et hypnotique, assez longue. Sam : « Oui, on voulait opérer la transition après ce premier titre concis et brut en proposant une plage plus spacey. Cette structuration du début de l’album s’inscrit d’ailleurs dans la volonté de ne pas refaire ce que l’on a fait sur le premier disque. A partir du moment où celui-ci démarrait avec un titre calme avant de passer à une compo plus brute, on a décidé de faire l’inverse sur le nouvel album. » Un journaliste a qualifié votre musique comme étant ‘un cocktail de drones violents et de bruit foudroyant’. Cela t’inspire-t-il ? Sam : « C’est pas mal trouvé, oui. Je pense que cela nous correspond assez bien, surtout en live où on fait pas mal de bruit. On aura d’ailleurs peut-être l’occasion de te le prouver si on vient se produire en Belgique ! (rires) »
Il est des apôtres qui consacrent leur vie entière à creuser les sillons d’une culture, à en enregistrer les frémissements et les doutes. Notre homme – folkloriste, réalisateur, consultant, photographe, animateur radio et universitaire américain (pfiouuu !) – est viscéralement de ceux-là, ces obstinés qui, dans la lignée d’Alan Lomax, ont contribué à rendre dans ses nuances et sa beauté brute l’essence du blues, mais ont cherché également à mettre à mal les préjugés liés à la ségrégation. Cueilleurs de coton ou prisonniers de Parchman, c’est à tous ces laissés-pour-compte qui bricolaient leur instrument avec une corde et un mur que Ferris donne l’occasion non seulement de chanter mais de se raconter dans leurs jours maigres et la chaleur de leurs espoirs, de marquer la pellicule de leur gouaille. En suscitant la traduction de ‘Give My Poor Heart Ease’ (infime bémol : l’aspect générique du titre en français), les éditions Papa Guédé – créées pour l’occasion par l’audacieux Benjamin Daussy – nous offrent un magot véritable sous dos toilé : 300 pages de sagesse ancrée en terre, une vingtaine de captations audio des années 60 et 70, 6 fragments documentaires présentés par Bertrand Tavernier et cherry on top, une précieuse bibliographie / discographie / filmographie francophone et anglophone. Cette année, le Père Noël entonnera ‘Going Away Blues’ ! Assurément de quoi parsemer des grains profanes ou recueillis du Deep South dans vos écoutilles! (alr) Photo : Otha Turner (Gravel Springs, 1976) in ‘Les Voix du Mississippi’ (Papa Guédé)
Jean M. Mathoul ‘La saison des épeires’
Hookworms ‘The Hum' Domino/V2
Ce qui est formidable sur le nouvel album des Hookworms, c’est qu’avec ‘The impasse’, on démarre avec du lourd, tendance garage hardcore punk halluciné, un peu comme si le Mc5 flirtait avec Suicide et Black Flag le temps d’un pogo. Ensuite, changement radical d’atmosphère avec le bien trippant ‘On leaving’, soit un drone psyché entre krautrock old school et nouvelle vague genre Wooden Shjips. Dans un registre guère éloigné, on vous recommandera chaudement l’excellent ‘Beginners’, qui démarre dans un registre psyché dark, assez postpunk avant de prendre la tangente psyché cosmique sur la fin. Enfin, pour les fans de pop, il y a ‘Radio Tokyo’ et ‘Retreat’ que l’on peut qualifier de radio friendly dans tout ce que cela peut avoir de noble, sans oublier l’excellent ‘Offscreen’ au charme shoegazer. Un grand disque ! (pf)
L’Orpailleur, 66p.
Déjà responsable d’un blog accueillant une sorte de journal musical hebdomadaire mêlant textes et photographies, dans lequel les références en lien sont plurielles et de qualité (Scanner, Eyeless In Gaza, Nick Grey…), Christophe Havot vient de créer sa propre collection au sein des éditions Az’art atelier établies à Toulouse dénommée ‘L’Orpailleur’. Après l’avoir lancée avec ‘Eliette’, un opuscule écrit par ses soins, il convie cette fois un comparse de longue date, Jean M. Mathoul, figure de proue et instigateur de 48 Cameras, le groupe à géométrie variable sans attache géographique précise. Ce petit livre singulier, qui ne ressort ni du roman, ni de la nouvelle, pourrait s’apparenter à une sorte de récit naturaliste condensé sans début et sans fin véritable. Son ton Lautréamontesque campe des êtres profanateurs mi-animaux mi-dieux. Ce n’est pas la saison qui importe ici mais bien l’écoulement des jours qui finissent par se confondre dans une zone où le temps perd ses repères chronologiques habituels. Plus jeune, Mathoul a probablement dû lire William Blake mais davantage encore son ami Eugène Savitzkaya qui se fend pour l’occasion d’un frontispice annonçant éloquemment le contenu des pages à suivre. A relire cette histoire une deuxième fois, on se dit qu’elle n’est pas terminée et qu’elle pourrait bien continuer, non pas par épisodes ou volumes subséquents mais par à-coups, dépendant des humeurs de son auteur, comme un work in progress sans échéance définitive. Mathoul indique qu’il aurait mis 23 ans à l’écrire et qu’elle existe quelque part dans le corps d’un manuscrit plus long. Pour l’heure, on se contentera de cette version tirée à 223 exemplaires, clin d’œil amusant au chiffre 23 qui tient chez lui, à l’instar de Burroughs ou de Psychic TV, une place de choix dans sa petite mythologie cognitive. (et)
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Cette année encore, la vingtième, la rédaction de RifRaf a eu l’outrecuidance d’écouter des disques et de les passer à la moulinette d’un double critère inacceptable : la qualité et le goût. Une fois n’est pas coutume, nombre d’albums sortent du lot et s’adjugent les faveurs de l’équipe.
(na )
anthropophage qui se languissait de nous. Les bruits nous semblaient moins forts comme si nos âmes et nos corps nous avaient coupé de tout. À nous laver des usures. Et
1. Damon Albarn ‘Everyday Robots’(Parlophone) Grandir avec la voix de Damon Albarn dans le creux de l’oreille, ça aide à affronter le quotidien – ses futilités, ses moments de grâce, ses fatalités. Les bons souvenirs dans le rétro (Blur, Gorillaz, The Good, The Bad & The Queen, ‘Mali Music’, Rocket Juice & The Moon), le chanteur anglais prend la vie comme elle vient. Avec ses plaisirs coupables (‘Mr. Tembo’), ses pics de mélancolie (‘The Selfish Giant’), ses grands instants d’amour (‘Heavy Seas of Love’) et ses petits moments de solitude où on se demande de quoi demain sera fait (‘Everyday Robots’). Un disque (im) parfait. À l’image de l’année écoulée. 2. Ought ‘More Than Any Other Day’ (Constellation) 3. Real Estate ‘Atlas’ (Domino) 4. Gruppo di Pawlowski ‘Neutral Village Massacre’ (V2 Records) 5. Metronomy ‘Love Letters’ (Because) 6. The Budos Band ‘Burnt Offering’ (Daptone Records) 7. Juan Wauters ‘North American Poetry’ (Captured Tracks) 8. Mac DeMarco ‘Salad Days’ (Captured Tracks) 9. Baxter Dury ‘It’s a Pleasure’ (Pias) 10. François & The Atlas Mountains ‘Piano Ombre’ (Domino)
(ab ) 1. Protomartyr ‘Under Color Of Official Right’ (Hardly Art) Sur leur 2ème album, Protomartyr atteint une perfection post-punk à nulle autre pareille : il est sec comme un coup de trique, pelé comme un chien malade et rue dans les brancards avec la nonchalance du poivrot. Indispensable. 2. Ty Segall ‘Manipulator’ (Drag City) 3. Anthony Joseph ‘Time’ (Heavenly Sweetness) 4. Temples ‘Sun Structured’ (Heavenly Records) 5. Swans ‘To Be Kind’ (Young God) 6. H.O.Z. ‘Band Of Brothers’ (Head Records) 7. Todd Terje ‘It’s Album Time’ (Olsen Records) 8. J. Roddy Walston & The Business ‘Essential Tremors’ (ATO) 9. Chet Faker ‘Built On Glass’ (Future Classic/Opulent) 10. The Datsuns ‘Deep Sleep’ (V2)
(fd ) 1. Pain Noir ‘Pain Noir’ (Microcultures) Retourné comme une crêpe, englouti par l’album de Pain Noir, pur artisanat du beau. “Pour nous échapper enfin au monde
nous reposer là.” 2. Avi Buffalo ‘At Best Cuckold’ (Sub Pop) 3. Angel Olsen ‘Burn Your Fire For No Witness’ (Jagjaguwar) 4. Moodoïd ‘Le Monde Möö’ (Entreprise) 5. Jungle ‘Jungle’ (XL Recordings) 6. Metronomy ‘Love Letters’ (Because) 7. Thee Silver Mount Zion Memorial Orchestra ‘Fuck Off Get Free We Pour Light on Everything’ (Constellation) 8. The War On Drugs ‘Lost In The Dream’ (Secretely Canadian) 9. The Notwist ‘Close To The Glass’ (City Slang) 10. tUnE-yArDs ‘Nikki nack’ (4AD)
(pf ) 1. Mark Lanegan Band ‘Phantom Radio’ (Heavenly Records) Que ce soit au sein des Screaming Trees ou en solo, Mark Lanegan a toujours fait montre d’une créativité foisonnante et d’une ouverture d’esprit admirable. Avec ‘Phantom radio’, il explore sa passion pour le postpunk via des compositions fortes et prenantes en plus d’être incroyablement accrocheuses. Hypnotique de bout en bout, cet album regorge de morceaux sur lesquels la voix de Mark exprime plus de noirceur et de charge émotive que jamais. Nul doute que ces compositions ne cesseront de vous obséder dès que vous aurez croisé leur chemin. 2. Iceage ‘Plowing into the field of love’ (Matador) 3. John Frusciante ‘Enclosure’ (Record Collection) 4. Black Strobe ‘Godforsaken roads’(Blackstrobe Records) 5. Hookworms ‘The hum’ (Domino) 6. Broken Bells ‘After the disco’ (Columbia) 7. Museum of love ‘Museum of love’ (DFA) 8. Mastodon ‘Once more round the sun’ (Reprise) 9. The Magic Numbers ‘Alias’ (Caroline Music) 10. Billions of Comrades ‘Brain’ (Black Basset Records)
(lg ) 1. Perfume Genius ‘Too Bright’ (Matador) Vendredi soir. Il est minuit Brasserie Nationale à Leuven et tu écluses des 33cl à 1,60 euros avec le guitariste d’un groupe gris pâle. Échauffé par le concert du mec qui vient de sortir l’album de l’année, tu cherches des noises à ces monstres de foire qui se culbutent sur le billard à bouchons. Tu le sens, tu n’en
sortiras pas indemne. Exactement comme des yeux de Sharon Van Etten quand elle te chiale ‘I Love You But I’m Lost’. 2. Moodoïd ‘Le Monde Möö’ (Entreprise) 3. Baxter Dury ‘It’s A Pleasure’ (Pias) 4. Les Marquises ‘Pensée Magique’ (Ici d’Ailleurs) 5. Thomas Belhom ‘Maritima’ (Ici d’Ailleurs) 6. New Bums ‘Voice From A Rented Room’ (Drag City) 7. Fresh & Onlys ‘House Of Spririts’ (Mexican Summer) 8. Timber Timbre ‘Hot Dreams’ (Arts & Crafts) 9. The Budos Band ‘Burnt Offering’ (Daptone) 10. Sharon Van Etten ‘Are We There’ (Jagjaguwar)
(gle ) 1. Michel Cloup Duo ‘Minuit Dans Tes Bras’ (Ici d’Ailleurs)
2. Amen Dunes ‘Love’ (Sacred Bones) 3. Tiny Ruins ‘Brightly Painted One’ (Bella Union) 4. Miossec ‘Ici-bas, ici-même’ (Pias) 5. Mirel Wagner ‘When The Cellar Children See The Light of The Day’ (Sub Pop) 6. Thee Silver Mount Zion Memorial Orchestra ‘Fuck Off Get Free We Pour Light on Everything’ (Constellation) 7. Les Marquises ‘Pensée Magique’ (Ici d’ailleurs) 8. War On Drugs ‘Lost In The Dream’ (Secretly Canadian) 9. Rachael Dadd ‘We Resonate’ (Talitres) 10. Dean Wareham ‘Dean Wareham’ (Sonic Cathedral)
(et ) Dix instantanés sonores fuyant l’ordonnancement 1. Aki Onda enregistrant le tonnerre dans le jardin de Fontin 2. Staff Benda Bilili sous les oliviers du Mas des Escaravatiers 3. Antoine Chessex au Cercle du Laveu à Liège 4. Hauschka dévoilant son piano préparé au club de l’A.B. 5. Jason van Gulick à la Nuit Occulte 6. Swans ‘To Be Kind’ (Mute) 7. The Acid ‘Liminal’ (Infectious) 8. Thurston Moore, Andy Moor & Anne-J ames Chaton aux Ateliers Claus 9. Stéphane Ginsburgh interprétant Morton Feldman au Botanique 10. Cantenac Dagar réveillant les sans-abri à Recyclart
A l’heure où les Fauve étaient lâchés et alors que l’auto-éventration était devenue aussi suspecte que tendance, Michel Cloup refusait de passer le témoin. Au contraire, ‘Minuit Dans Tes Bras’ enfonçait encore plus profondément le Cloup dans les plaies du réel, de la famille et du couple. Entre doutes, résignation, blessures et résolutions, il fore jusqu’à l’os pour susciter le cri primal. Et faire de ce ‘Minuit Dans Tes Bras’ non seulement l’un des plus grands disques de 2014, mais un disque générationnel à l’écoute duquel tous les naufragés de tempêtes intimes se sentiront moins seuls.
(fv )
2. The Antlers ‘Familiars’ (Transgressive Records) 3. Timber Timbre ‘Hot Dreams’ (Full Time Hobby) 4. Sharon Van Etten ‘Are We There’ (JagJaguwar) 5. My Brightest Diamond ‘This Is My Hand’ (Asthmatic Kitten) 6. BRNS ‘Patine’ (PIAS) 7. The Notwist ‘Close To The Glass’ (City Slang) 8. François & The Atlas Mountains ‘Piano Ombre’ (Domino) 9. Pain Noir ‘Pain Noir’ (Microcultures) 10. The War On Drugs ‘Lost In The Dream’ (Secretely Canadian)
Démarrer sa discographie en 2004 par l’extraordinaire ‘Ballads Of Living & Dying’ et dix ans plus tard, amener le curseur un cran encore plus haut, telle est la fameuse gageure réalisée par Marissa Nadler. Tout en enrichissant son univers d’arrangements plus amples, la folkeuse américaine prouve que son talent unique ne se dissout nullement dans le temps. Dans un tout autre genre, l’accordéon indocile et postmoderne du Norvégien Frode Haltli réinvente l’instrument grâce à trois pièces magistrales du vingtième siècle et c’est un sacré choc.
(alr ) 1. Pain Noir ‘Pain Noir’ (Microcultures) Que dire des évidences secrètes ? Pain Noir allie l’envoûtement de mille échos et cette conviction instinctive : on y décèle un artiste qui trouve langue et voie au juste moment. Qui redessine notre cartographie intime, contient nos ailleurs dans des arrangements pudiques. Une dé(rive) où ne plus pêcher seul, où le temps tamisera les lueurs sans tout éroder. En avant.
1. Marissa Nadler ‘July’ (Bella Union) 2. The Notwist ‘Close To The Glass’ (City Slang) 3. Angel Olsen ‘Burn Your Fire For No Witness’ (Jagjaguwar) 4. Einstürzende Neubauten ‘Lament’ (Mute) 5. Veronique Vincent & Aksak Maboul ‘Ex- Futur Album’ (Crammed Discs) 1. Frode Haltli ‘Vagabonde Blu’ (Hubro) 2. Lou Reed / zeitkratzer ‘Metal Machine Music’ (zeitkratzer productions) 3. John Cage ‘Early Electronic And Tape Music’ (Sub Rosa) 4. Maile Colbert ‘Come Kingdom Come’ (Two Acrons) 5. Sister Iodine ‘Blame’ (Premier Sang)
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Earteam
Oren Ambarchi
Elisa Ambrogio
’Quixotism’
‘The Immoralist’
Editions Mego
Prince incontesté d’une ambient classe toute en bruits éclatés, Oren Ambarchi n’a eu de cesse de réinventer un langage propre au cours de son déjà long parcours. De plus en plus attiré par une esthétique où les rythmes et les pulsations occupent une part chaque jour croissante, en témoigne une collaboration aux percussions avec le grand Keiji Haino, le producteur australien entraîne l’art du battement motorique – oh, il est tout en délicatesse – vers un niveau supérieur sur ‘Quixotism’. Entouré d’une foule de complices de la plus haute tenue, dont Thomas Brinkmann aux remarquables percus électroniques qui rendent fou (entre autres sur l’inaugural ‘Part 1’), Ambarchi emmène son équipage dans une direction où l’originalité ne fait jamais défaut. Que ce soit le piano de John Tilbury, le synthé de Jim O’Rourke ou l’alto du toujours surprenant Eyvind Kang, chaque participant intègre l’esthétique ambarchienne comme s’il faisait partie de l’aventure depuis des temps immémoriaux. Admirable même au-delà de l’unité de vues dont chacun fait preuve, le disque s’écoute tel un continuum inspiré et subtil, où la division en cinq parties n’est là que pour mieux souligner l’extrême idiosyncrasie du propos. (fv)
Arandel ’Solarispellis’ InFiné
Après des débuts en 2010 qui n’évoquent que de bons souvenirs, ça s’appelait ‘In D’ et c’était déjà sur le passionnant label InFiné, Arandel explore encore davantage une veine kosmische dans sa version 2014. Si l’objet se veut volontairement habillé de fripes à la mode electronica seventies, voire eighties, on s’interroge parfois sur les intentions profondes de son auteur. Bien que certains titres soient parfaitement rigolo, tel ce ‘Section 11’ et sa mélodie électro pop neuneu assumée qui évoque O.Lamm, et que d’autres morceaux démontrent des envies de bonne humeur réjouissante (‘Interlude (Variation on Section 12’), d’autres aspects de l’anonyme – il y tient – musicien français se perdent dans les méandres de l’histoire synthétique. Parfois, les tracks tournent en rond sans avancer d’un iota (‘Section 9’), voire font des clins d’œil tellement voyants au passé que ça en devient embarrassant (‘Section 7’). Toutefois, si les décennies qui nous précèdent marquent de leur empreinte indélébile ce ‘Solarispellis’ (et ce n’est pas un hasard si le titre fait référence au mythique film d’Andrei Tarkovsky), elles nous offrent aussi des épisodes absolument sublimes, dont un admirable ‘Section 10’ où on ne peut rêver meilleur hommage, il est tout sauf solennel, à l’immense François de Roubaix. (fv)
Arca ’Xen’ Mute
Quelques EP très remarqués, une série de collaborations de haut vol du côté de FKA Twigs et de Kanye West (carrément), la carrière du gars Alejandro Ghersi aka Arca démarre sous les meilleurs auspices. Si dans son cas, la notion de highly anticipated debut album prend tout son sens, et c’est un euphémisme, le résultat correspond parfaitement aux attentes. Tel un petit génie de l’électronique qui connaît
Drag Cit y
Elisa Ambrogio ne débarque pas d’une autre planète. Certains la connaissent même depuis un bout de temps pour voie de fait sur pop à ligne claire. En 2004, déjà, son groupe lo-fi un peu naze, entre bruitisme brouillon et dream pop débile, Magik Markers, tournait avec Sonic Youth et Dinosaur Jr. Leur premier vrai disque, ‘I Trust My Guitar’, étant d’ailleurs sorti sur le label de Thurston Moore, Ecstatic Peace !. Depuis, la furie a aussi, en parallèle, calmé le jeu avec un projet vaguement folk, 200 Years, monté avec ce couillon de Ben Chasny (Six Organs Of Admittance, Comets On Fire). Bref, autant dire qu’on n’attendait vraiment rien de très spectaculaire des débuts solos d’Elisa Ambrogio. Sauf que. Sauf que ‘The Immoralist’ est une putain de cochonnerie. Un disque qui, s’il ne figurera pas dans nos tops de fin d’année, qui, s’il ne réinventera pas l’allume-cigare, s’avère tout de même ultra jouissif. Chaque chanson ou presque repose sur la même trame : une ballade pop ou folk – qui tiendrait sur une seule guitare acoustique ou un simple piano – volontairement salopée à des degrés variables (presque pas sur le single ‘Superstitious’, le truc le moins intéressant de l’album ; monstrueusement sur ‘Clarinet Queen’ ou, surtout, ‘Far From Home’, acmé du disque, des Raveonettes dégueus partouzent avec Sharon Van Etten, par là). Drôlement addictif. (lg)
en sons les paysages torturés, qu’ils soient mentaux ou naturels. A grands renforts d’ambiances brumeuses, de pianos éthérés et de guitares climatiques - sans pour autant négliger la voix de son âme Duncan Atwood - le groupe ne semble s’être imposé comme limites que de composer une musique qu’il aimerait lui-même écouter. Soit une synthèse originale entre l’electronica tempérée des Boards of Canada, les musiques de films de Morricone ou Carpenter et la mélancolie mélodique de Radiohead époque ‘Kid-A’. Et si la palette maison semble se résumer à d’infimes variations dans un camaïeu de gris, elle fait pourtant la part belle aux contrastes : entre discorde et harmonie, tension et apaisement, noirceur et éclaircie. Clichés du post-rock ? Peut-être. Rien de soporifique pourtant dans ces neuf fresques sonores où dramaturgie et grandiloquence n’excluent pas le bon goût et la pudeur. (gle)
Dan Bodan ‘Soft’
par cœur tout son Warp et son Rephlex, tout en n’ignorant pas ses accointances avec Flying Lotus, le producteur vénézuélien basé à Londres nous produit un premier effort de très haut vol. A la fois accessible et ambitieux, ‘Xen’ met en œuvre diverses revanches, puisées à la source des plus grands, qu’ils œuvrent dans l’electronica abstraite, le breakbeat, l’abstract hip hop, voire le dubstep. Jamais lourde ou empruntée, la démarche de Xen dévoile au fil des écoutes des richesses harmoniques qu’on ne lui soupçonne pas d’entrée de jeu. Mariage sensible entre des micro-secousses organiques et des beats parfaitement maîtrisés, alors que certains titres en sont carrément exempts (et c’est pour mieux se plonger dans des mélodies oniriques et précieuses, en témoigne le bien mal nommé ‘Failed’), l’objet balaie le moindre doute et emporte tout sur son passage, étrange artwork compris. (fv)
trisait au profit d’une autre dont ils ne savent trop que faire. Barbara, à la voix parfaite pour la country douceâtre du premier disque, se cherche et trébuche ici sans cesse sur les mêmes écueils, les mêmes raccourcis hâtifs, les mêmes envolées faciles. ‘Just Because’ ne se démarque pas du tout-venant pop dont il se réclame et accumule certains tics crispants, Alanis Morissette dans le collimateur. Certaines bonnes idées d’orchestration se voient ainsi maintenues au plancher des vaches par une gestion de l’ensemble peu finaude (quel dommage pour cet accordéon zydeco du refrain de ‘Not The One You Want’, noyé dans une soupe tiède).’Everything For A Stone’ enfonce le clou d’un album qui s’est définitivement trompé de rêve, préférant celui, sans lendemain, de l’appel lyrico-casse burne des sirènes de l’indie pop. (ab)
Bear’s Den
‘Shaken’
Maggie Bjorklund
‘Islands’
Bloodshot Records
Communion Records
Après Satelittes ce mois-ci, c’est à nouveau du Danemark que nous provient un disque qui suinte vilainement les États-Unis : ‘Shaken’ évoque davantage les Rocheuses US que le Strøget de Copenhague. Peutêtre - sûrement même, parce que Maggie Bjorklund a fricoté avec quelques grands noms de la folk ricaine, tels Mark Lanegan, Howe Gelb ou encore Jack White. Même qu’elle apparaît sur le récent ‘Lazaretto’. ‘Shaken’, quant à lui, déploie soigneusement tout l’attirail dark folk (pedal steel, violons, balais...) sur onze compositions à la sobriété aussi pure que salutaire. Après l’ouverture instrumentale ‘Dark Side of the Heart’, la danoise évolue cahin-caha sur des routes bien sinueuses où la lumière ne se laisse entrevoir que par de rares filets. Et pourtant, c’est bien dans ces flux chatoyants que Maggie Bjorklund se révèle la plus touchante : des titres comme ‘Walking’ ou le très pop ‘Name in The Sand’, sont de vraies réussites, là où les plus sombres et torturés ‘The Road To Samarkand’ ou ‘Missing At Sea’ montrent une mine assez monotones. Et quitte à jouer au guide nature sur ces terres un peu sauvages, on vous dévoile en prime le climax de ce ‘Shaken’ : il réside en un titre bien précis, ‘Fro Fro Heart’, où la belle s’offre la voix suave de Kurt Wagner (Lambchop) pour un duo sur la pointe des pieds. (am)
Bear’s Den, c’est un peu « Les Bisounours font du folk ». Des barbus à banjo dont la qualité principale est peut-être d’assumer et de revendiquer leur posture de sous-Mumford & Sons. Alignant à peu près tous les clichés du genre, chargées de gimmick usés jusqu’à la corde, leurs compositions donnent l’impression d’avoir été composées autour d’un feu de camp par des scouts sous acide citrique et qui n’avaient que du vin de messe à s’enfiler. Aux premières gorgées, on goûte surtout l’eau de rose. Mélodies en cascade, harmonies vocales au sucre d’orge, on fait du beau, du candide, un peu country, un peu pop, sans avoir honte de surproduire. Plus soignées que subtiles, les ambiances se rêvent introspectives mais peinent à dépasser le poussif exercice de style. La voix gentiment réconfortante de Andrew Davie, visiblement plus inspirée par Chris Martin que par Neil Young, rajoute à la sensation d’ennui que provoque l’écoute de cet album. Et si quelques titres le sauvent de la noyade dans le formol (‘The Love We Stole’ ou ‘Think of England’), ce premier essai n’en reste pas moins une sorte d’artefact. Apaisant et douillet, certes. Mais une jolie copie appliquée. (gle)
The Belle Brigade ‘Just Because’ ATO Records
Troquer sa folk-pop parfaite contre une dream-pop enlevée mais laborieuse. Avoir fait le tour. Refuser l’étiquette. Les frère et sœur Gruskas n’optent pas pour la facilité sur ce second album. Chaque choix, de composition, de mixage, d’esthétique, éloigne ‘Just Because’ d’une immédiateté que le duo maî-
Blueneck ‘King Nine’ Denovali Records
Plutôt que de se complaire - comme beaucoup de leurs compatriotes - dans la contemplation terre à terre du quotidien, les vétérans Britanniques de Blueneck préfèrent mettre
DFA/Pias
Souvent confiné à une esthétique post-punk, le label DFA a longtemps mené ses activités à l’ombre de deux piliers : LCD Soundsystem et The Rapture. Portés disparus depuis un moment, ces deux géants ont laissé un trou béant derrière eux, tout en offrant à la structure new-yorkaise la possibilité de se réinventer un son pluriel. Factory Floor, Larry Gus, Slim Twig ou Museum of Love se sont notamment portés au chevet d’un cadre musical qu’on pensait inamovible. Nouvelle recrue du label, Dan Bodan participe à sa manière à la refonte du code de conduite DFA. Lorgnant ouvertement du côté d’un R’n’B sophistiqué et maniéré, la Canadien exilé à Berlin pose sa voix de crooner sensuel sur des récits sexuels traversés de beats cotonneux et douillets. Le genre de plaisirs à savourer la tête enfoncée dans l’oreiller. Quelque part entre Antony and The Johnsons, How To Dress Well et Autre Ne Veut, Dan Bodan dépose ses sentiments dans un écrin fragile : une petite boîte gravée à la mémoire de Billie Holiday et aux grandes voix chagrinées du jazz. Baptisé ‘Soft’, ce premier album n’a pas volé son titre. En dix chansons à fleur de peau, l’artiste démontre avec une certaine élégance que la solitude a (encore) ses douceurs. (na)
Shelby Bryant ’Wurstmuzik’ Tanuki Records
Des envies de rencontre entre Telex et Ariel Pink ? Le nouveau disque du mystérieux Shelby Bryant est votre compagnon idéal pour l’hiver, tant il regorge de mélodies bricolo bien couillonnes qui font le job. Si l’on ne sait franchement pas grand-chose sur son auteur, à peine que c’est son troisième album et qu’il reprend des titres déjà sortis en partie, on vous garantit que c’est rudement entraînant et bien foutu. Dadaïste au possible, à tel point qu’on songe un paquet de fois à Felix Kubin ou à Ergo Phizmiz, c’est dire le degré de relâchement, ‘Wurstmuzik’ pousse le bouchon de l’absurdité encore un cran plus loin. Si par certains instants, le côté cheap du bazar ressort de la moindre (fausse) note, on vous met au défi de résister plus longtemps à son joyeux bordel, pour autant qu’il vous reste à la case familiale un vieux lecteur de cassettes qui traîne. Sinon, c’est aussi sur Bandcamp. (fv)
Sarah Carlier ‘SMS’ Tourne Sol Production
Prendre le parti de la légèreté et de l’immédiateté n’est pas nécessairement une faute de goût rédhibitoire. A fortiori lorsqu’il est ques-
Earteam tion de musique. On se gardera donc de tailler trop rapidement des croupières à ce second opus de la chanteuse bruxelloise qui assume une texture, une couleur et un groove résolument FM. Enregistré et mixé sous la houlette de Dan Lacksman, ce ‘SMS’ (pour Save My Soul, ndr) s’assume parfaitement comme un disque aux angles très arrondis dont l’un ou l’autre morceaux potentiellement tubesques entendent émerger dans les playlists. Et on n’insistera pas outre mesure sur le manque flagrant d’innovation et d’originalité de compositions qui jouent passionnément la carte des clichés. L’étonnante reprise du ‘All Along The Watchtower’ de Dylan s’imposant comme la caution « folk-rock » d’un album à l’éclectisme intéressant : soul chantée d’une voix de velours, pépites énergétiques et colorées ou pop songs parfaitement balancées entre sonorités organiques et synthétiques. Un album résolument optimiste au groove imparable mais un disque à consommer rapidement tant sa durée de vie est intrinsèquement limitée. (gle)
Cecilia Eyes ‘Disappearance’ Depot 214/Cod&S Distribution
Nous avions déjà eu l’occasion de vous parler de ce groupe belge proposant un post rock particulièrement original et prenant. Sur son troisième album, Cecilia Eyes continue de dessiner des paysages sonores puissants et hypnotiques faisant la part belle à une douce mélancolie. Les sept plages proposées se déploient avec majesté et affichent une structure très travaillée tout en mettant en avant des palettes sonores riches. Assez intense sur le plan atmosphérique, le post rock de Cecilia Eyes ne verse jamais dans les clichés inhérents au genre (passages calme/montée en puissance/explosion/passage calme) et dégage une identité propre où l’on relève de temps en temps un petit côté shoegazer. Ouvrant l’album avec un ‘Bellflowers’ qui séduit immédiatement, le groupe propose ensuite l’excellent ‘Lord howe rise’ tandis que plus loin, l’irrésistiblement hypnotique ‘Swallow the key’, le menaçant ‘Default descent’ et l’épique ‘Isolated shower’ sont particulièrement marquants. Une franche réussite. (pf)
The Chills ‘The BBC Sessions’ Fire Records
Se souvenir des choses à venir… Commençons d’abord par le passé. Plus
Einstürzende Neubauten ’Lament’ Mute
On ne présente plus les Einstürzende Neubauten. Depuis leurs débuts, c’était il y a plus de 30 ans, jusqu’à notre époque, le groupe berlinois n’a eu de cesse de réinventer son langage, tout en conservant un niveau d’exigence admirable. Si les débuts industriels hardcore du combo ont tressé au fil des albums un canevas sonore intrigant pour une certaine tentation pop, elle a donné des disques aussi essentiels que ‘Halber Mensch’ ou ‘Silence Is Sexy’, il n’est guère surprenant – bien que totalement réjouissant – de voir la bande à Blixa Bargeld s’attaquer au souvenir de la première guerre mondiale sur le présent ‘Lament’. Tout démarre par un titre de bruit et de fureur (‘Kriegsmaschinerie’) où la première manière des EN s’encanaille dans un bruitisme acoustique qu’on sait cher à l’ensemble Zeitkratzer. S’en suit une étonnante version sarcastique et trilingue du God Save the Queen (‘Hymnen’), l’occasion de rappeler que la mélodie était également l’hymne de l’Allemagne impériale jusqu’en 1918 (sous le nom de ‘Heil dir im Siegeskranz)’, avant qu’un très mélodique ‘The Willy-Nicky Telegrams’ (basé sur la correspondance entre le Tsar et le Kaiser) ne vienne rappeler la remarquable collaboration entre Bargeld et Alva Noto, c’est dire la diversité d’approche. Si les linguistes seront ravis d’entendre l’artiste allemand déclamer un texte en néerlandais (‘In De Loopgraaf’), les non-spécialistes seront carrément bluffés par le morceau-phare du disque (‘Der 1. Weltkrieg’). Entièrement basé sur des percussions, où chaque pays est représenté par un tuyau, cet hommage à tous les endroits ravagés par les combats de 14-18 (et cités à tour de rôle) passe tel un météorite traversant les tranchées, et ses treize minutes n’en font plus qu’une fraction de seconde. Et si on pourrait disserter des heures durant sur le sens profond de chaque instant du projet, il ne fait nul doute que sa réussite fulgurante est à la hauteur de son immense ambition. (fv) inspirés que poseurs, les Chills furent les grands oubliés du succès et noyés dans la masse des groupes en « The » des 80 ‘s. La formation néo-zélandaise, fleuron du cultissime label Flying Nun, était pourtant l’une des obsessions musicales préférées de Saint John Peel. Et à une époque où l’invitation à enregistrer une seule de ses fameuses « Peel Session » était une véritable consécration, les Chills furent conviés à pas moins de trois rendez-vous à la BBC. C’est l’intégralité de ces sessions qui est aujourd’hui regroupée pour la première fois sur disque. L’occasion de renouer avec ces merveilles de new-wave vaporeuse, avec ce psychédélisme ouaté et ces mignardises pop voilées de gaze. Et bien sûr avec la voix de lutin de Martin Phillips, véritable cerveau et seul membre permanent du groupe. Et même si les synthés aigrelets trahissent aujourd’hui la fuite du temps, on n’en retrouvera pas moins avec un plaisir un peu masochiste ces versions de salon de titres comme ‘Wet Blanket’, ‘Effloresce & Deliquesce’ ou encore ‘Moonlight On Flesh’. Et pour ce qui est du futur, les Chills ne devraient pas se contenter de caresser leurs fans dans le sens de leur pilosité nostal-
gique puisqu’un nouvel album est attendu en 2015, le premier en...18 ans. (gle)
Carlos Cipa ‘All Of You Life You Walk’
Poppy Ackroyd ‘Feathers’
(((witxes))) / Dale Cooper Quartet & The Dictaphones Denovali/Sonic
Trois en un. Pas tant par facilité mais par souci d’être rationnel. Les sorties Denovali sortent à un rythme effréné et se ressemblent parfois furieusement, au point de se confondre les unes avec les autres. Déjà évoqué dans ces pages, Carlos Cipa est pianiste de formation et réside à Munich. Il joue ici à la fois sur un piano à queue et sur un piano droit mais il recourt également à d’autres instruments comme les percussions et les marimbas pour construire des petites suites aérées et légères qu’il entrecoupe de fragments en guise d’interludes. On songe parfois à Wim Mertens pour l’approche délicate et consensuelle. Poppy Ackroyd affiche une démarche similaire. Il compose et joue de tous les instruments
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à clavier présents sur son disque : piano également mais aussi harmonium, clavicorde, clavecin et épinette tandis qu’il reçoit un renfort extérieur au violoncelle. Une musique idéale pour chorégraphies inspirées et films de romance sensibles. Pour leur part, c’est sous la forme d’un split album que le Dale Cooper Quartet et Witxes ont matérialisé leur collaboration. Maxime Vavasseur (aka Witxes) revisite une composition du Dale Cooper Quartet issue du disque ‘Quatorze Pièces De Menace’ qui se déploie en cinq mouvements sombres et ténébreux où les interstices sont exploités de manière remarquable. Dans ‘La Stratégie StFrusquin’, le Dale Cooper Quartet retourne la politesse et s’inspire librement d’une pièce de Witxes (‘The Apparel’). Les deux compositions disposent de façon équitable de la même durée mais se lovent l’une dans l’autre sans qu’il possible finalement de dire qui est qui. Peut-être est-ce finalement là l’émanation de l’esprit Denovali… (et)
Craig Peyton Group ‘Pyramid Love’ BBE
Sur Discogs, on trouve un exemplaire d’époque de ce truc ultra rare à 144 euros. A notre connaissance, à l’inverse d’un ‘Afreaka !’ de Demon Fuzz par exemple, l’affaire n’est pourtant pas vraiment le graal ultime du collectionneur et on la verrait mieux en brocante pour cinq boules, entre deux Delpech et trois chandeliers. Il faudrait d’ailleurs être un poil benêt pour taper une fortune pour à peu près deux titres intéressants, en l’occurrence les deux premiers, ‘Snow’ et l’éponyme ‘Pyramid Love’. Mais au fond, qui étaient ces gars ? Le noyau dur de Band X – oui, ce groupe inconnu récemment réédité par BBE –, c’està-dire des gentils faiseurs d’un soul jazz funk comme il en existait des centaines en 1977, dégoulinant de vibraphones électroniques, de basses démesurées et de l’un ou l’autre cuivre à l’occasion. Reste que tout ça groove comme bobonne à la messe. (lg)
The Czars ‘Best Of’ Bella Union/Pias
« Empty everything and strip the walls / Make them colorless, invisible ». En me tendant la clé de ma chambre, ce jour de l’an 2000, ils m’avaient donné cette
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Earteam
consigne, que d’aucuns auraient jugée nihiliste, et j’avais acquiescé timidement. Noire ma robe Ann Demeulester, chiffonnés mes traits – comme il se doit. Slowcore dans chaque organe, dans chaque respiration et laissant sourdre bien malgré moi cette menace-là: les sanglots âpres ou la colère, que je croyais pourtant soigneusement contenus. « If this is what you need, then get used to depression». 4 ans durant, sous la neige, Denver était soudainement à une heure de Duluth la subtile, John Grant se faisait appeler Sparhawk les dimanches d’avant commémoration et nous laisser flotter abondamment dans le rêve de Dave restait la meilleure façon pour nous d’apprivoiser nos sursauts de conscience. Une ‘Drug’ si enveloppante qu’elle nous faisait tourbillonner dans l’oubli plus efficacement que l’ecstasy et sans ‘Side Effect’. « Just one vice is any man needs / to make him happy ». Bercés dans nos draps blancs par les voix de nos semblables, par une ‘Song To The Siren’ qui nous nimbait si différemment, nous nous sentions parfois à deux doigts d’aller repeindre la lune. « Goodbye goodbye goodbye /I love to see you fade and die. » (alr)
Jean D.L. ‘Early Nights’ Sub Rosa
Après avoir réalisé un bon nombre d’enregistrements (cdr, mp3, cassettes…) en éditions confidentielles, Jean De Lacoste propose un album pour Sub Rosa. Ce n’est pas seulement un rideau qui s’entrouvre mais également un gage de reconnaissance qui prévaut. Jean D.L. nous y dit ses nuits. Des parties de nuit passées à collationner des sons en solitaire. Sans bruit, sans ennui, il trace des esquisses à la guitare et aux effets sonores pour construire des petites suites nocturnes intimes et prégnantes. Enregistrées in situ à sa maison de Marcinelle, chez son ami Jeroen Stevens à Anvers ou à l’association Barricade en Pierreuse, ces vignettes s’avèrent parfois très brèves pour tourner autour de la minute ou, au contraire, s’étirent à certains moments pour mieux s’éteindre. Parallèlement à son activité de musicien, Jean D.L. est une des personnes ressources de la plateforme Mnóad dans le Hainaut mais également un artiste plasticien assez actif ainsi qu’en témoignent ses récentes expositions à Tourcoing et à Gand. (et)
Kassé Mady Diabaté ‘Kiriké’ No Format
On va encore vous rabattre l’Empire mandingue et leurs papys griots aux histoires formidables, les vieux sages mal dentés, réincarnations d’autres vieillards savants, les patriarches aux voix célestes, ces anciens qui font de la résistance avec trois fois rien : kora, balafon, ngoni. Ce nouveau venu sur le marché occidental n’est pas le moindre d’entre eux : depuis 1960, reconnu par sa famille comme l’héritier de l’organe du grand-père, il est de toutes les formations avant-gardistes du Mali d’après l’Indépendance : Super Mandé de Kangaba, Badema National du Mali, collaborations avec Ketama, Taj Mahal, Toumani Diabaté (note pour plus tard : réécouter ‘Boulevard de l’Indépendance’), entre autres. Aujourd’hui, c’est au violoncelliste explorateur Vincent Segal (moitié de Bumcello et activiste dans une très large frange de la pop hexagonale, de M à Piers Faccini) et à Ballaké Sissoko (un des cinq maestros de la kora) qu’on doit ce disque, pensé et produit avant tout pour rendre hommage à la voix singulière de Kassé Mady Diabaté. ‘Kiriké’ est donc tota-
Golden Diskó Ship ‘Invisible Bonfire’ Spezialmaterial Records
Esa Shields ‘Ovum Caper’ Gagarin Records
A moins d’être originaire de Germanie et mélomane très a(ve)rty, peu d’entre vous seront familiers avec Golden Diskó Ship et Esa Shields. Peu d’entre vous décèleront les feux invisibles dont il est question sur leurs plaques qui attiseront sans aucun doute votre curiosité. Le ‘These Thoughts Will Never Take Shape’ des premières vous résumera de manière probante la singularité du propos : s’ouvrant sur des soubresauts vocaux pour le moins boiteux, la pièce montée bascule à brûle-pourpoint dans une ambiance cosmique hantée par le fantôme de la cantatrice Julianna Barwick pour finir dans une communion hédoniste symbolisée par une guitare que ne renierait pas David Byrne. Sont foufous ces allemands, non ? ‘Invisible Bonfire’ contient en tout cas son lot d’heureuses distorsions prenant différentes formes : tribale sur ‘Fake Horse’, folktronica sur le beau bizarre ‘Say Goodbye To The Island – Over And Out’, naïvement hard-tech sur ‘Movie Theatre’. Disque fiévreux, au propre comme au figuré, que l’on croirait enregistré sur les éclats de verre d’un bunker à l’abandon par deux-trois crackos dansant d’un regard livide autour d’un feu, ‘Invisible Bonfire’ cultive l’expérimentation, les propositions malsaines, invite l’étrange, créé des images qui viennent de loin, des voyages dont on ne revient pas. Petits êtres candides, prenez garde. ‘Swan Song’ et ses inquiétants bruits de pas s’approchent de vous, dangereusement. Ils en veulent à vos âmes et comptent bien vous confier à leur camarade Esa Shields. Avec son ‘Ovum Caper’, elle risque de vous faire baisser la garde. Espièglement. ‘Monde Capricorn’ propose une toy-music futuriste qui donnerait envie de sortir ses rollers (minishort inclus) un vingt décembre sur la Croisette en léchant goulûment une glace de l’espace. Mélodies goût myrtille, puéricultrice en béquilles, Esa Shields emprunte des allures d’hydre ingénue aux mille visages, explore les recoins les plus sombres de l’enfance à l’instar d’un conte des frères Grimm. Intimidant, hypnotisant, ‘Ovum Caper’ passionne et, s’il vous faut des preuves, faites tourner ‘Freclem’ sur votre platine. Encore une fois. Le chroniqueur décline toute responsabilité en cas d’addiction. (am) lement hors du temps mais absolument vivant, résolument contemplatif mais étrangement remué (‘Douba Diabira’, ce groove liquide, lancinant). Trois étoiles. (lg)
Distance, Light & Sky ‘Casting Nets’ Glit terhouse Records/V2
Loin de Seattle et des bains de foule, Chris Eckman est peut-être venu pêcher la limpidité, une voix moins tavelée par la brume que celle de Carla Torgerson, une balancelle pour sa gouaille rauque de baryton. Ramener autrement l’attention au rivage. Tendre des rets doux, presque trop. On pourrait prendre l’équation à rebours : n’y a-t-il pas, dans cette fusion musicale scène-et-ville entre Chantal Acda et son compagnon Eric Thielemans (par ailleurs membre du EARR Ensemble), dans la multiplication récente de leurs pas de deux qui n’en sont pas (True Bypass avec Craig Ward, Chantal Acda avec Nils Frahm et Shahzad Ismaily mais dont, dans les deux cas, le percussionniste assure la moelle épinière sur scène) un grain de risque que leurs mélancoliques effleurements à nos lobes se fassent moins inattendus, que les bourgeons – silence accueilli et fugaces caresses de balais, mélodies en suspension – éclosent un peu moins candidement ? Sur la ‘Western Avenue’, il vous faudra décider si vous continuez vers Deauville ou des dunes plus turbulentes. (alr)
Dream Police ‘Hypnotized’ Sacred Bones Records/Konkurrent
Après avoir allumé la mèche d’un rock noisy et hargneux, rehaussé de coups de tonnerre hardcore, les gaillards de The Men se sont peu à peu laissés entraîner vers d’autres destinations. Santiags aux pieds et Stetson sur la tête, le groupe new-yorkais a
ainsi revisité son pays et ses traditions musicales, grattouillant de plus en plus régulièrement de vrais faux airs de country un peu chiants. Le collectif new-yorkais en stand-by (une pause salutaire ?), les guitaristes Nick Chiericozzi et Mark Perro s’en vont faire la loi chez Dream Police, nouveau projet où boîte-à-rythmes et trouvailles électroniques entrent en fusion avec une collection de riffs suintant le psychédélisme par toutes les cordes. Entre petites dérives planantes et grand trip répétitif, les deux mecs gravent huit morceaux dans le rock : des titres inspirés par le kraut, le stoner, le shoegaze, la new-wave et le post-punk. Avec ‘Hypnotized’, Dream Police brasse large, misant sur une formule bouillante : un chaudron magique dans lequel fristouille les bonnes recettes de Can, Spacemen 3, The Jesus and Mary chain, Joy Division, Neu! Ou Harmonia. Soit un beau braquage. (na)
East India Youth ‘Total Strife Forever’ + ’20,000 Leagues Under The Sea’ 4AD
En février passé, notre cher (et) n’avait pas réservé un accueil chaleureux au premier album d’East India Youth, projet électro de William Doyle. Néanmoins, ‘Total Strife Forever’ peut être vu comme un magistral coup d’essai ambient que réédite 4AD, agrémenté d’un disque bonus : une bande originale habitée du classique méconnu ‘20000 Leagues Under The Sea’ (1916). Incroyable tour de force du cinéma muet, le film propose les premiers plans sous-marins de l’histoire, dont on peut gager qu’Hergé se sera souvenu pour ‘Rackham le Rouge’. Bien que somptueuse, l’expérience s’appréciera ici sans le support des images : William Doyle a composé sa
BO sur un montage inédit raccourci d’une demi-heure, ce qui nous empêche de profiter de la synchronisation de son travail avec le film original disponible en ligne. Qu’importe : la house subaquatique d’East India Youth fait surgir du néant requins et scaphandres dans une saga downtempo lancinante. Nappes vibrantes et pulsations profondes laissent entrevoir sous la surface les fantômes de Brian Eno et de Manuel Göttsching. Les leitmotive ressurgissent tel le Nautilus, avec une force d’évocation jamais redondante, transformés par l’évolution toute en subtilité d’une trame mélodique au crescendo constant, pour culminer sur l’enterrement sous-marin du Capitaine Nemo. Coup double pour William Doyle, l’une des révélations house de l’année. (ab)
Bryan Ferry ‘Avonmore’ BMG
Plutôt que de se la couler douce au bord d’une piscine en forme de guitare ou de saxophone, Bryan Ferry revient avec un album qui devrait faire fureur dans les nightclubs fréquentés par les vieux beaux décatis. Sans doute assez lucide sur les limites de ce qu’il a encore à apporter à la musique, le sémillant sexagénaire a en effet la bonne idée de proposer une collection de titres qu’il aurait tout aussi bien pu concevoir une trentaine d’années auparavant. Entouré d’une escouade de (pré)-retraités qui s’emmerdaient à jouer au rami sous le soleil de Floride (Johnny Marr, Mark Knopler, Flea, Nile Rodgers), l’ex-leader de Roxy Music renoue avec les recettes musicales qui firent son succès dans les 80’s, en groupe avec ‘Avalon’ puis en solo avec ‘Boys And Girls’ et ‘Bête Noire’. Soit une soul funk disco pop manucurée et aux arrangements riches en brillantine sur lesquels ses crooneries et son vibrato légendaire apportent ce petit supplément de glam. Illustration d’entrée de jeu avec l’imparable single ‘Loop De Li’ et plus loin avec ‘Avonmore’ où son chant chevaleresque caresse littéralement les mots. Plus ambitieuse ou pathétique, au choix, la reprise décalée du ‘Johnny & Mary’ de Robert Palmer en mode ballade mid-tempo trafiquée par Todd Terje clôt l’album sur une ultime pirouette plutôt que sur un apport décisif à la discographie. Une discographie que ce ‘Avonmore’ ne dénature jamais tout en préservant la qualité suprême du Britannique : l’élégance. (gle)
Fever The Ghost ‘Crab In Honey’ Heavenly
Les disques, c’est comme les gens : on en aime certains, on n’en blaire pas d’autres, et au milieu, il y a ceux qu’on trouve sympas, avec qui on peut boire une bière, voire deux, mais à qui on ne proposerait jamais de partir en vacances. Les branleurs de Fever The Ghost sont de ceux-là. Joviale et bonhomme, tendance fofolle (‘A Parliament Of Owls Determines The Fates Of Greater Men No Less Than 5 Stories Above Us In A Dream’, ce programme), leur pop mâche du bubbelgum et descend des litres de soda barbe à papa jusqu’à l’écœurement, un peu comme si Animal Collective se mettait à faire du Freelance Whales – si, ce genre de groupe dont on ne se souvient que parce que Google existe quand il faut remettre un nom dessus – singeant lui-même un groupe flamand qui trouve que l’école, c’est cool. Sympa le temps de cet EP (‘Source’, son clip psyché disco) ; au-delà, on doute tout de même que ça devienne le next big machin. (lg)
L'AÉRONEF web
LE PÈRE NOËL EST UN ROCKEUR
2014
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DEC
MAR 02 DEC
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Ven. 12 décembre - Mons (L’Alhambra)
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Sam. 13 décembre - Thuillies (Salle du Patro)
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LES WAMPAS + PONCHARELLO
SAM 14 FEV
MADEMOISELLE K + WHERE IS NINA ?
JEUles05spectacles MARS sansYELLE gravité - licences entrepreneur de spectacles JEU 26 MARS
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© Brest Brest Brest
SAM 13 DEC
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20
Earteam
Flygmaskin
King Gizzard & The Lizard Wizard
’Fall’
‘I’m In Your Mind Fuzz’
Homerecords
Quatuor belge à la combinaison instrumentale atypique (piano, batterie, contrebasse et… accordéon diatonique), Flygmaskin évolue dans un registre néo-classique proche du jazz, à moins que ce ne soit le contraire. D’une grande douceur, ce qui laisse aussi présager un certain ennui très sage, les compositions du pianiste Sébastien Willemyns ne s’envolent que trop rarement. Quand elles le font, ça donne les meilleurs instants de l’album, tel le début presque rock du troisième morceau ‘Escalions’ – qui retombe bizarrement lorsque l’accordéon de Julien de Borman évoque le souvenir ambigu de… Toots Thielemans. Ailleurs, et c’est nettement plus excitant, on revient dans une veine nettement plus moderne, elle s’incruste dans les interstices séparant Francesco Tristano de Brad Mehldau, bien que cela soit trop rare à notre goût. La preuve par l’absurde que le combo est encore à la recherche d’une esthétique qui lui est propre. (fv)
Alex G ‘DSU’ Luck y Number
Avec son nom de DJ pourrax, sa trogne de post-ado portoricain et sa pochette typée Super Bowl, on pourrait croire qu’Alex G n’attend rien de plus de la vie que de couper du bois et parler aux arbres de sa Pennsylvanie natale. Et pourtant, il se pourrait que l’enfant de Philadelphie se voie rattrapé par le destin. Car ‘DSU’ est un de ces fichus bons disques profond comme les grottes de Han, dense comme des forêt de sapins. Ça fait un peu, beaucoup, à la folie penser à Coma Cinema qui le considère d’ailleurs aujourd’hui comme son ‘songwriter préféré’. Minouche. Il n’a pas faux, le bougre, car il faut être une brute épaisse, voire un cœur de pierre pour ne pas succomber à une session de bricolage si poignante. ‘After Ur Gone’ pose bien le décor : ça siffle méchamment, les guitares se croisent comme des couleuvres, ‘Harvey’ et son anti-folk nous tire la larme en 1’40 là où d’autres échoueront sur toute une vie, ‘Black Hair’ et son groove cabossé nous traîne fissa dans les savates de l’ami Connan, ‘Icehead’ fait coucou à Linkous tandis que ‘Sorry’ et ses secondes voix de velours plante un pieux pieu (hum) dans le cœur en mousse de quiconque y prêtera une misérable oreille. L’épilogue n’est pas en reste avec sa berceuse ‘Hollow’ et le piano délicieusement désinvolte de ‘Boy’ : l’occasion de conclure qu’Alex G est le quarterback du moment, l’affaire à suivre, le nouveau messie grandaddo-sparklehorsien. Encore ‘Sorry’ pour les autres. (am)
Gajek ’Restless Shapes’ Monkey town Records
Davantage remarqué pour ses visuels, notamment pour Clark, Matti Gajek (dites Gajek) s’est décidé en 2014 à franchir le Rubicon – entrer en studio et enregistrer son premier album. Hébergé sur la structure Monkeytown des Modeselektor, ça pourrait situer sur l’échelle des genres (et bien non…), le producteur berlinois traverse toutefois l’Atlantique pour y trouver matière à inspiration. Profondément répétitive, sa musique doit beaucoup à Philip Glass et Steve Reich, notamment en sa première partie ‘Curved Engines’. La suite nous emmène sur les traces de Laurie Anderson (‘Restless Water’)
Heavenly Recordings
A genoux, mortels. En terme de rockstalgia épaisse et foutraque, le Roi Gizzard ne souffre aucun concurrent. C’est qu’il tient Ty Segall à l’œil, le bougre. Segall est fuzz et groovy ? Qu’importe : le Roi Gizzard sera plus fuzz et plus groovy. Segall pond des albums à la chaîne ? Il suffit : Gizzard sort son deuxième sur l’année 2014, après l’excellent ‘Oddments’. ‘I’m In Your Mind Fuzz’ est le cinquième disque des Australiens en trois ans d’existence à peine. Plus dans-ta-face que le précédent (qui piétinait avec bonheur les bégonias de Tonton Zappa), il annonce la couleur dès son titre et enfile les guitares d’un titre à l’autre sans discontinuer, comme si l’album était atteint d’une maladie de riffs, une longue course folle et monomaniaque qui l’enverrait à la mer par-dessus les falaises. Sur la première face, ça confine à l’orgasme ininterrompu. Sur la seconde, la flûte piquée en stoem à Ian Anderson apaise tant bien que mal les Dieux irrités par tant de prétention bravache et Le Roi se prosterne enfin, avant de leur plonger le couteau dans la gorge avec une ‘Slow Jam’ à l’appellation trompeuse. Orchestrateur iconoclaste de ce sacrifice collectif, Le Roi Gizzard lève le manche de sa Fender vers les cieux tel un majeur tendu à Thee Oh Sees et arrache l’harmonica du ‘Wizard’ d’Ozzie & Cie pour célébrer sa victoire dans un déluge d’éclairs et de vagues en colères. Rien ne l’arrêtera. (ab) et de, bien entendu, Clark (‘Moving Glasses’) et c’est dans ce dernier secteur, davantage technoïsant, que la patte de l’homme se fait plus assurée. (fv)
Girls In Hawaii ‘Hello Strange’ 62 t v Records/Pias
L’exercice consistant à se produire sur scène en acoustique, popularisé par MTV voici une vingtaine d’années, est devenu avec le temps un passage quasi obligé pour tout groupe qui se respecte. Là où certains se bornent simplement à mettre de côté l’électricité, nos compatriotes de Girls in Hawaii ont voulu faire bien plus et recréer littéralement leurs morceaux, les parant de nouveaux enregistrements et concevant l’ensemble en vue de concerts intimistes privilégiant l’émotion à la démonstration. Cela a donné lieu à une tournée entamée en octobre, pour un résultat brillant car mettant en avant toute la beauté et la richesse de titres que l’on découvre sous un autre jour. A titre personnel, j’ai été particulièrement touché par le minimalisme de ‘The spring’, par le côté folk méditatif de ‘Head on’ ou par la richesse des arrangements de l’obsédant ‘Switzerland’ qui connaît une jolie envolée sur la fin. Enfin, signalons aussi le très pop ‘Rorschach’ qui injecte une dose de claviers 80s festifs à un ensemble recueilli. Un très bel exercice, en tout cas ! En décembre, le Minimum Voltage Tour présentera ces versions à De Kreun (le 5, Courtrai), au Cultuurcentrum (le 6, Hasselt) et enfin au Bozar de Bruxelles (le 9). (pf)
Karine Germaix ’Ondes Etourdies’ Autoproduction
Musicienne bruxelloise, aux origines françaises, chez qui l’accordéon joue un rôle majeur, et heureusement loin des clichés misérabilistes, Karine Germaix évolue dans un registre – en gros, la chanson française à texte – où le passé côtoie le présent à tour de rôle. Parfois, les mélodies s’inscrivent dans une modernité surprenante et dynamique, tout en demeurant accessibles à l’oreille un tant soit peu curieuse – on songe à une Brigitte Fontaine où l’aigu joue un plus grand rôle. Ailleurs, et dès le second morceau, elle donne à son accordéon des effets atmosphériques qu’on rapproche invariablement de Pauline Oliveros, en un poil moins saugrenu et osé. Hélas, d’autres instants rappellent une chanson française aux gênes passéistes, on se croirait dans un bad trip alcoolisé un soir de déprime à la Samaritaine, quand les sonorités de l’accordéon n’en finissent plus de tournoyer. Pour notre bonheur, toutefois,
cette tendance est minoritaire (deux titres sur huit, c’est pas l’amer à boire) et bien vite, les fulgurances contemporaines reprennent le dessus, qu’elles nous rapprochent de Richard Galliano ou de Yann Tiersen. (fv)
Girlpool ‘Girlpool’ Wichita/Pias
Il en faut peu pour être heureux. Une basse pouilleuse, une guitare crasseuse, deux filles et des harmonies vocales qu’on croirait sorties de la BO d’un film de série Z. ‘Girpool’, c’est ça : un petit rien qui fait du bien. En sept chansons dépouillées d’arrangements et d’effets spéciaux, Cleo Tucker et Harmony Tividad imaginent Electrelane chez les hippies et Sleater-Kinney sous les ponts. Disque de riot grrrl crève-lafaim façonné sous le soleil de Los Angeles, ce premier rendez-vous galant avec Girlpool vaut son pesant d’or. On y trouve notamment la mélodie dépareillée de ‘Blah Blah Blah’ et son refrain insensé : un truc parfait pour en claquer cinq à Delta 5. On trouve également du réconfort dans les couplets de ‘Paint Me Colors’, sorte de chant choral sur oripeaux grunge. Dans ce bric-à-brac ultra chic, un slow traîne sa mélancolie sous la barre des trois minutes réglementaires. Le morceau s’intitule ‘Plants and Worms’ et ses paroles sont complètement débiles. Mais, dans la bouche des deux nanas, le bidule résonne comme une féerie de fin des temps. Mais, le meilleur moment, c’est certainement ‘Jane’, une ritournelle naïve, funky et sensuelle qui donne envie de chanter sous la douche, tout en laissant le shampooing dégouliner dans les yeux. Histoire de sentir la vie piquer sous les paupières. Et pleurer de bonheur. (na)
Goldenboy ‘Lola’
Benjamin Schoos ‘Beau Futur’ Freaksville
Gros mois pour les castafiores de chez Freaksville. On va donc encore devoir le répéter et puis se prendre les volées de bois vert par l’aréopage de l’Homme Libellule sur les réseaux sociaux : Benjamin Schoos, aujourd’hui, tournicote autour de la variété seventies et n’est plus que la caricature grossière du type assez génial qu’on a aimé il y a une bonne dizaine d’années et qu’on appréciait encore sur l’un ou l’autre excellent titre du bref et cohérent ‘China Man vs China Girl’. Convaincu d’être le dernier des dandys,
le Gainsbourg du XXIe siècle, « l’ambassadeur de la french pop indie » (autoproclamation authentique et sérieuse) revient flanqué d’un florilège d’invités (Laetitia Sadier, Alain Chamfort, Jacques Stotzem, April March, Stef Kamil Carlens,… rien de moins) dont on se demande toujours ce qu’ils sont venus faire là, sinon disperser un propos déjà pas très clair – sonner le début d’un revival variétoche, ce genre ? Parfois, on a presque l’impression d’entendre du François Feldman qui égrainerait une poésie prépubère : « l’esprit blanc du white spirit / ça brûle quand t’es sur orbite »… (‘Granit’). Mais Schoos ne s’arrête pas là ce mois-ci et s’entiche, jusqu’à en produire son premier EP, d’un « dandy céleste à la voix de velours », Goldenboy. Le dit trader mise tout sur Bowie et les Kinks des concepts fumeux, remercie W.A. Mozart dans ses crédits et se fend même, ivre probablement, d’un authentique karaoké de ‘Sea, Sex & Sun’. Des vacances, vite. (lg)
Claire Goldfarb ’Drops’ Murmures & Chocolats
A l’amateur éclairé de musiques hors champ de la pop, le nom de Claire Goldfarb sonne comme une agréable fugue, quelque part dans un lieu tenu secret aux confins des Ardennes. Il se souvient avec délectation du très beau ‘Or Propos’ de la musicienne liégeoise, c’était en 2006 déjà, et il se demandait ce qu’était devenue entretemps l’artiste. C’est dire que huit années plus tard, la surprise de retrouver la claire couleur dorée de son violoncelle l’enchanta. Dès l’annonce de son second opus, les échos lointains et précieux de son archet dominaient le vague creux automnal qu’il s’était forgé en ce novembre vermoulu, et dès que les notes de Bach retentirent pour annoncer la bonne nouvelle en ouverture (‘Drops in Bach’), il n’était plus question de reculer devant la moindre fausse excuse. Il découvrit, entre outre, charmé que l’artiste wallonne possédait un joli filet de voix (‘Lost in Dust’), délicatement posée sur des pizzicati et des glissandi affirmés et convaincants. Il fut même carrément surpris par les effets rock (et oui) de ‘Dripdrop’, qui montrait que Claire n’a que faire des chapelles, alors que la suite rappelait, tel un effet de miroir inversé, Jordi Savall mariant Vivaldi à Hildur Gudnadottir, quand ce n’étaient pas de faux airs de tango qui faisaient tournoyer sans fin. Elle justifiait plus que jamais les moyens. (fv)
Gravenhurst ‘Flashlight Seasons’, ‘Black Holes In The Sand’ & ‘Offering Lost Songs 2000-2004 (previously unreleased) ‘ Warp/V2
Warp, le famous british label aux flancs jadis électroniques mais qui accueille désormais sous ses mamelles lactées aussi bien Grizzly Bear qu’Autechre ou Jamie Lidell, célèbre les dix ans de présence du ténébreux Nick Talbot avec la réédition de son premier album et ep sous leur égide, et, croustillance additionnelle, une galette d’inédits et demos datant de la même époque. Si tu comptais sur la boule à facettes pour ces agapes, il va falloir changer de rayon, tant le songwriter, égérie impeccable de novembre, cultivait à l’époque les sensations diffuses et affectionnait le fog qui pouvait dissoudre jusqu’à tes grolles. Quand ‘Black Holes In The Sand’ dispose des liserons dans tes cheveux, c’est pour les protéger des corvidés qui rôdent, et la ‘Still Water’ est sans doute plus grevée d’os creux que véritablement quiète. Ça n’empêche, il a beau célébrer les ‘Gaz Mask Days’ avec parfois l’entrain d’un habitué des sanatoriums, il y a chez lui une nervosité, une
conviction si tangiblement sur le fil qui font qu’on n’abandonnera jamais tout à fait son affolée ‘Romance’ au profit de contrées plus estivales. (alr)
Ferre Grignard ‘Captain Disaster’, ‘Ferre Grignard’, ‘I Warned You’ Starman Records
Le cas Ferre Grignard, fin. Avec ces trois albums, disponibles d’un seul coup, les gars de Starman Records achèvent de remettre sur le marché l’intégralité de la discographie du guitariste anversois dont ils avaient déjà réédité le premier opus de 1966, ‘Ring Ring’, contenant le tube pop écorché du même nom et le blues déjanté de ‘My Crucified Jesus’, adapté par Johnny Hallyday himself pour se foutre des cheveux longs d’Antoine. A l’époque, avec ce disque, tout s’accélère donc pour Grignard. C’est la gloire, l’argent, les gros labels, les fêtes sanglantes et leurs lendemains qui finissent toujours par déchanter. Mais en 1968, tout va bien. ‘Captain Disaster’ sort donc chez monsieur Barclay et mérite amplement qu’on le redécouvre aujourd’hui. On y entend encore la naïveté confondante des sixties finissantes et, en même temps, le durcissement de la pop qui arrivera avec les seventies. Un peu comme les Rolling Stones qui, en cinq ans, allaient passer de ‘Aftermath’ à ‘Exile On Main St.’, de la pop music au rock’n’roll graisseux. ‘Tell Me No’ est ce genre de ballade folk ultra niaise dont le charme opère toujours tandis que ‘My Friend’ et son psychédélisme typé pourrait carrément rappeler Sixto Rodriguez. Les choses deviennent moins limpides avec les deux derniers disques, ‘Ferre Grignard’ (1972) et ‘I Warned You’ (1978) qui tournent vite au boogie country western folk blues sans réel intérêt. Après ça, Grignard a fini, déplumé, par ne plus chanter que dans des cafés miteux jusqu’à mourir d’un cancer de la gorge en 1982. Triste déchéance quand on a connu l’Olympia. (lg)
Calvin Harris ‘Motion’ Columbia/Sony Music
Il y a des soirs comme ça, de grands moments de solitude, où pour les beaux yeux d’une copine ou le bon plaisir d’un pote, on accepte l’impossible : une fête en terre hostile. C’est assez difficile à croire mais, pour la plupart, nos pires cauchemars cavalent ici en toute liberté. Ainsi, entre un Coca Zéro et un Red Bull Sugar Free, on aperçoit un mec faire rebondir ses pecs pour impressionner une horde de douchebags en rut. Plus loin, des gens nous parlent avec des oreillettes vissées dans le tympan. D’autres ne communiquent que par tablettes interposées. On nous propose des affonds Malibu Coco alors qu’on rêve d’écluser une bière – même plate, elle sauverait l’affaire. Ce sentiment d’extrême inadaptation, on peut le vivre au quotidien en se procurant le quatrième album de Calvin Harris. Sur ‘Motion’, le prince du featuring tente un nouveau record en alignant des invités du début à la fin des festivités : John Newman, Hurts, Ellie Goulding, Haim, Gwen Stefani, Ummet Ozcan, R3hab ou Big Sean sont tous dans la place. C’est affreux. Pendant quinze chansons, on se demande franchement ce qu’on fout là. On voudrait danser, tout oublier. Mais, là encore, la sono crache du venin, un poison mortel qui paralyse les membres et attaque rapidement le cerveau : de la dance torchée aux beats interchangeables, de la pop manipulée par un chirurgien plastique en aquaplanage. Dans ces conditions, la sortie de route est inévitable. Sinistre total. (na)
High Hazels
THE bLAck kEYS
‘High Hazels’ Heist Or Hit Records
Ça débute avec ‘Valencia’, la fraîcheur d’un Martini-olive, le bruissement des palmiers qui balancent leurs troncs sur un air des Soft Pack – ou bien était-ce les Vaccines ? Douce chaleur méridionale qui laisse place à la même vague nostalgique, pour finalement s’écraser sur une plage de galets britanniques. Soupirs sous Pier. Les toiles des transatlantiques orphelins se gonflent d’espoir, rêvant d’apercevoir un jour une planche de surf. Les pieds dans l’eau, jambes de pantalon retroussées sur leurs mollets roux, nos gamins de Sheffield scrutent l’horizon sous leurs binocles teintées, se prenant qui pour Morrissey, qui pour Richard Hawley. Leurs guitares glissent du sable au béton sans accroc et James Leesley enjôle et cajole tel un crooner de longue date, la fatigue érigée en classe pudique. Plutôt convaincants, les petits gars. Ça swingue et ça groove bien comme il faut, ça laisse plus qu’une impression, plus qu’une empreinte de pied nu sur la grève humide sous laquelle, bien sûr, pointent les pavés gris d’une Angleterre inféodée à son héritage industriel. High Hazels perpétue la mémoire des cartes postales où fumées et mouettes se disputent le ciel. En niveaux de gris, ça va de soi. (ab)
Micah P.Hinson ‘Micah P.Hinson And The Gospel Of Progress’ Talitres
Nourri par les tourments d’une vie compliquée et par les braises d’un amour éteint, ce premier volet des aventures discographiques de Micah P.Hinson sorti en 2004 s’est rapidement invité dans le club très fermé des disques essentiels. Ces disques qui donnent le sentiment d’écouter ce dont on avait secrètement besoin, ce qu’on attendait sans même en être conscient. Parfaite incarnation musicale du « Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » de qui vous savez, le disque était malheureusement épuisé depuis belle lurette dans le format CD et n’avait au surplus jamais fait l’objet d’une édition vinyle. On ne regrettera donc pas que Talitres ait à nouveau flairé le bon coup même si la petite couche de vernis sonore appliquée pour donner une valeur ajoutée au produit n’était peut-être pas indispensable. Car si la mise à nu cathartique n’est pas soluble dans le temps, on envie quelque part ceux qui auront la chance de découvrir ce disque avec des oreilles non déflorées. En 2004, le Texan n’a encore que 23 ans mais il donne l’impression d’avoir plus de vécu qu’il ne lui en reste. D’une intensité rare, sa voix est déjà celle qu’on lui connaît aujourd’hui, vibrante, éraillée, désenchantée. Elle imprègne chaque note d’une aura bouleversante, sans jamais lorgner vers la moindre complaisance lacrymale. Recelant quelques damnés joyaux de country-folk noirs et déchirants, écrits avec une plume trempée dans des plaies béantes, ce disque vénéneux et bancal n’en reste pas moins terriblement addictif. Peut-être parce qu’il est resté au bord du précipice à toiser des gouffres insondables. (gle)
Iceage ‘Plowing Into The Field Of Love’ Matador/Beggars
En tant que grand fan de Iceage, c’est avec beaucoup d’impatience que j’attendais le troisième opus de ce combo danois, d’au-
24.02.2015
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20 — 22.02.15
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Earteam
tant que les rumeurs laissaient entendre que le groupe avait évolué sur le plan sonore. A l’autopsie, on peut sans hésiter dire que ‘Plowing Into The Field Of Love’ est l’album de maturité du quatuor. En effet, si la brutalité immédiate d’autrefois a quelque peu disparu, c’est désormais une tension interne qui domine et cela rend l’ensemble encore plus intense car on sent qu’il est sur le point d’exploser à chaque instant. Elias, le chanteur, règle ses comptes avec lui-même sur un disque introspectif et extrêmement éclectique au niveau des ambiances. Moins postpunk que par le passé, le groupe intègre une multitude de nouveaux instruments tels que le piano, le violon, la mandoline et l’orgue sur des titres riches prenant assez souvent la forme de ballades tortueuses et torturées (‘On my fingers’, ‘Glassy eyed, dormant and unveiled’) mais explorant aussi des terres surprenantes, que ce soit avec le sublime‘The lord’s favorite’ au côté country très marqué ou encore avec ‘Forever’, morceau prenant un détour étrangement jazzy par moments. Un grand disque qui voit le groupe évoluer tout en restant intègre à son identité. (pf)
Billy Idol ‘Kings And Queens Of The Underground’ BFI Records/ Kobalt Label Ser vices America
Alors qu’il n’a pas loin de 60 ans et que cela fait plus de 20 ans qu’il avait disparu de nos radars, Billy Idol nous revient avec un album qui non seulement n’est pas nul mais qui en plus comporte même quelques franches réussites dans la lignée des tubes que Billy a connus dans les années 80, ‘Rebel yell’ ou ‘Eyes without a face’ en tête. Par exemple, ‘Can’t break me down’ est un excellent titre de power pop catchy à souhait. ‘Save me now’ est une ballade hard suave et un rien goguenarde, tandis que le jouissif ‘Nothing to fear’ à la mélodie langoureuse et sensuelle permet à Billy (qui a toujours le même look qu’en 85, crête blonde et moue boudeuse obligatoires) de démontrer qu’il n’a rien perdu de ses qualités de crooner baroque. Enfin, le métallique ‘Whiskey and pills’ rappellera à ceux qui l’aurait oublié que Billy a débuté dans un groupe punk. Pas mal, donc. (pf)
Isolde et Les Bens ‘L’Inconnu’ Coucou
Les hommes qui aiment Daan savent pourquoi ils continuent à le suivre : essentiellement pour le visuel. Isolde Lasoen, donc. La très jolie poly-instrumentiste anversoise qui crève la scène. Là revoilà aujourd’hui avec un six-titres intéressant et prometteur bien au-delà de son joli minois : ce truc, trop éclaté certes, déborde de charme. Entre cette ‘Samba des Diables’, lascive et tropicale, ce ‘Perdu’, espèce de Belle & Sebastian en français, avec envolée orchestrale et cette reprise suave d’‘Emmanuelle’ de Bachelet, un peu sensible, un peu porté sur la mélancolie, on a vite fait de chavirer. (lg)
Thomas Köner ’Tiento De Las Nieves’ Denovali
Alors que les dernières nouvelles de Thomas Köner nous avaient emmenés sur ses field recordings captés dans un archipel du nord de la Russie, et la température était largement descendue sous le zéro (appréciation nullement artistique, s’entend), l’artiste allemand revient à ses premières amours am-
H Hawkline ‘Sat Gall Box Ghouls’ Heavenly Recordings
Ça commencerait comme un mad movie, alors ouvre grand les yeux : une grenouille de bénitier croasse en tremblotant admirablement quelque fervent hymne, et bam, c’en serait trop, ta machine à ébauches hoquetterait, ressortant en grand tralala les orgues de l’horreur adhésive, semant tous ses bourdons dans ta tête. Trop de pilotes dans ton cockpit, beaucoup d’étincelles dans ton garage. Be kind, rewind. Vlà ti pas que tu touches terre dans un de ces récifs gallois où Pinkunoizu aime à balancer de longs confettis de chou à califourchon sur des pibrocks. Tes rêves en ce moment ? Éraillés et avec un entrejambe digne de John Wayne croisé avec une sauterelle qu’on surnommerait Mai Tai. Ou bien Ty, c’est à vérifier. « You Say You Love Me », espèce de charmeur goguenard, et qu’on pourra jouer ensemble aux dominos, mais ça ne t’empêchera guère de dompter quelques vaguelettes de ‘Surf Pond’ avec The Coral et de patauger à gais orteils dans cette ‘Black Muck’ psyché où tu choperas, comme ta sibylline sibling Cate Lebon, tout sauf le tétanos. Ya pas à dire, t’as le bon focus sur le hocus pocus, la pédale wawa qui fait aussi aussi crac boum hue. Beautiful freak, on t’embrassera encore plus volontiers à pleines lèvres quand tu nous reviendras avec des friandises plus croustillantes que cette collection de beignets collectés sur tes précédentes fêtes foraines. (alr) bient en 2014. Produite en une seule pièce de 68 minutes, ‘Tiempo de Las Nieves’ continue d’explorer le thème de la neige et du froid, en témoigne son titre. Toute en langueur, voire carrément à l’arrêt par instants, ses dérivations prennent réellement le temps du développement. Toutefois, à force d’errer dans les méandres d’une vallée glaciaire et de ne plus sortir ses raquettes de l’épaisse couche neigeuse, ses incessants sur-place finissent de nous abandonner entre deux relais alpins. A conseiller aux Saint-Bernard avec la réserve d’alcool qui réchauffe. (fv)
Live ‘The Turn’ Think Loud Recordings
Voici vingt ans exactement, Live a connu un succès phénoménal avec ‘Throwing copper’ qui demeure un des très bons albums de rock alternatif des années 90. Depuis lors, pas mal d’eau a coulé sous les ponts et le groupe a perdu son chanteur Ed Kowalczyk, remplacé par Chris Shinn dont les débuts s’avèrent plutôt réussis, son registre vocal assez varié lui permettant de jongler entre titres plus couillus et ballades avec pas mal d’aisance. Globalement, l’album fait plutôt bonne impression sans pour autant bouleverser. Là où on pouvait craindre un ratage complet, on a affaire à un bon album de rock alternatif comportant des morceaux enlevées (‘The way around is through’, ‘Sirens call’, ‘Don’t run to wait’, ‘Need tonight’) sans oublier la ballade acoustique obligatoire (‘Till you came around’). Pas mal, même si certaines compos sont un peu banales et si l’on peut se demander dans quelle mesure le public va adhérer à un album de rock indie sonnant comme en 1994. (pf)
Lofofora ‘L’Epreuve Du Contraire’ AT(h)OME
Mine de rien, cela fait déjà 25 ans que Lofofora roule sa bosse et ne cesse de pourfendre le système dans ses excès et ses dérives, s’en prenant pêle-mêle au néo-libéralisme, à l’exclusion sociale ou encore à la montée de l’extrême droite. A la différence de pas mal de groupes qui ne peuvent s’empêcher d’accumuler les clichés dès qu’il s’agit de prendre position et de dénoncer, Lofofora a toujours sonné juste, sans doute parce que Reuno, le leader, trempe sa plume dans un esprit acide guère éloigné de celui de Jello Biafra tout en injectant aussi une certaine touche de poésie dans sa rage. Cela nous vaut quelques textes bien sentis sur ce nouvel opus, notamment celui de ‘Pornolitique’ qui évoque subtilement la montée nationa-
liste et l’aveuglement des médias par rapport à ce phénomène. Sur le plan musical, ‘L’épreuve du contraire’ reste dans la lignée de ce que l’on attend du groupe, à savoir un métal teinté de hardcore, de stoner et de rock fusion bien groovy avec l’un ou l’autre titres moins lourds, comme le sautillant ‘Double A’ et l’introspectif ‘Transmission’. (pf)
David Lund ‘Ever’ Depot 214 Records
David Lund est un peu l’homme qui tombe à pic. Livré à nos mains innocentes au cœur de l’automne, lorsque le cliquetis des gouttes de pluie ponctuent des silences gris, ‘Ever’ semble s’inviter dans nos chaumières au moment [m] propice à l’apprécier pleinement. Illustré sobrement par un requin esquissé d’une main enfantine, ‘Ever’ nous évoque des images plus troglodytes qu’aquatiques. Construit de brique et de broc des nineties – un peu de Jeff Buckley par ci, un peu de Morphine par là, il prend le temps d’installer un climat mystérieux, un onirisme qui n’hésite pas à montrer les dents par instants. C’est dans les moments de mutisme que David Lund s’accomplit de la plus belle manière, sur des titres comme ‘Visual Side Effects’, ‘Staring at Windows’, ou ‘Ever’ qui, clopin-clopant, nous aspirent dans les tréfonds de l’aven par l’intermédiaire du souffle feutré d’un cuivre clair et, parfois, de guitares qui se prennent pour des saxophones (‘You Are’). (am)
Johnny Marr ‘Playland’ Warner
Le disque de vieux du mois. Celui qui fera reverdir ces grisonnants qui, jeunes adultes au mitan des eighties, remettaient leurs penchants pour le jambon en cause en faisant tourner en boucle un vinyle à tête de casque. Les autres, franchement, passeront leurs chemins. A moins d’avoir envie de faire un tour en (brit)pop le temps de onze morceaux pas vraiment dégueulasses mais jamais très surprenants. A vrai dire, on se croirait presque dans un album récent d’Ocean Colour Scene, les trop gros refrains en moins. ‘Easy Money’, par exemple, avec son mot argent répété douze fois d’affilée, finit par s’ériger comme un tube dont on ne veut pas. C’est d’ailleurs probablement la principale force du guitariste – qui, physiquement, c’est drôle, ressemble de plus en plus à l’autre finissant de Paul Weller – : s’imposer à l’auditeur à coups de tics et d’astuces boostant merveilleusement un songwriting faiblard. Bref, Marr, en 2014, c’est finalement un
peu comme Stromae : on peut l’écouter alors qu’on n’en a strictement rien à fiche. (lg)
Dj Marcelle ‘Another Nice Mess Meets Most Soulmates At Faust Studio Deejay Laboratory’ Klangbad/Dense
Fortiche et foutraque la Marcelle. Elle utilise trois platines simultanément pour se faire télescoper les incantations de Muslimgauze avec un prêche de la fourbe Golda Meïr et la rythmique granulaire d’un Cédric Stevens. Plus loin, elle fait cohabiter les entrelacs contemplatifs de Steve Roden avec l’allant chanté d’un animateur syrien en goguette quand ce n’est pas des voix perses qui se fondent dans l’électronique obscure de Klara Lewis du label Mego. Pêle-mêle, on retrouve quelques noms d’aventuriers tels Mats Gustafsson, Pierre Bastien, Shit And Shine, Selvhenter qui côtoient d’illustres inconnus. Cette dj hollandaise est un spectacle à elle seule. Elle décloisonne l’image éculée du dj claquemuré dans ses référents synthétiques pour proposer un set d’un éclectisme inouï et d’une vivacité à toute épreuve, tournant régulièrement à travers l’Europe. Elle est aussi l’animatrice patentée d’une émission hebdomadaire sur une radio amstellodamoise et sur une autre de Hambourg. Enregistré au Studio Faust de HansJoachim Irmler, ce double vinyle est le quatrième volume d’une série débutée en 2008. Il s’écoute d’une traite et devrait plaire aux amateurs de notre dj Hugo Freegow régional, tant les démarches se ressemblent. (et)
Mariachi El Bronx ‘III’ ATO Records
Nés d’un désir d’élargir leur palette musicale, les musicos punk de Bronx deviennent des mariachi pour l’occasion en 2009. Après deux albums dans cette veine plus pop flamenco que punk flamingo, les fourmis leur picorent les pieds à nouveau. ‘III’ sera donc l’heure du métissage modern-pop ; ‘New Beat’ comme l’annonce le morceau d’ouverture. Glitches et beaps sont présents mais discrets, laissant toujours la part belle aux cuivres, guitarron et percussions. A priori, la greffe a réussi, le lifting est léger. Le temps de l’aérien ‘Eternal’ et d’un ‘Sticks And Stones’ répétitif comme un bon vieux Stone Roses coiffé d’un sombrero, Mariachi El Bronx parvient même à redéfinir son style en profondeur. S’enchaînent ensuite ballades chi-chi et power-songs au parfum hardcore californien sur tapis de trompettes et la messe est dite : Ouf ! Mariachi El Bronx reste ce groupe pop gentiment anecdotique, à l’exotisme de bal musettos. (ab)
Meatbodies ‘Meatbodies’ In The Red Records/Konkurrent
Dans le genre déroulage de câbles électriques sous haute tension, on tient ici un solide album. Groupe porté par la guitare déjantée de Chad Ubovich, bassiste de Fuzz et compagnon d’échappée de l’excellent Mikal Cronin, Meatbodies signe une première déflagration éponyme, produite par Eric Bauer et Bob Marshall, deux artificiers dégoupillant régulièrement leurs idées explosives sur les disques de Thee Oh Sees.
DÉC. ¬ 2015 MARS 2014
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29.01 RONE + YOU MAN 06.02 AUDITIONS RÉGIONALES LES INOUÏS DU PRINTEMPS DE BOURGES 11.02 FAIR LE TOUR: LAETITIA SHÉRIFF + BADEN BADEN 12.02 CHILL BUMP + LA FINE ÉQUIPE (FESTIVAL LA SAUCE JACK) 20.02 KITTY, DAISY & LEWIS 16.03 SQUAREPUSHER 21.03 GLASS ANIMALS
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En douze titres à ranger juste à côté du double ‘Manipulator’ de Ty Segall, le rock garage boucle 2014 en flirtant avec le stoner, le punk, le glam et la pop psyché. Planqué sous une toque en poils de raton laveur, Ty Segall démantèle d’ailleurs ses baguettes sur plusieurs morceaux (‘Disorder’, ‘Him’, ‘Gold’, ‘Two’), histoire de ne pas se tourner les pouces entre ses 154 dates de concert, un nouveau projet parallèle et l’enregistrement d’un album pirate. (na)
Ming City Rockers ‘Ming City Rockers’ Mad Monkey Records/Republic Of Music
Quand on habite dans une ville aussi déprimante que Immingham qui ne vit que par et pour son industrie pétrochimique, on a de bonnes raisons d’avoir la rage et de tout faire pour foutre le camp dans les plus brefs délais. C’est donc l’urgence et la violence qui caractérisent la musique de ce quatuor dont le premier album est ultra abrasif et haineux à souhait. Il est ici question de rock primitif, type rockabilly garage punk. Le groupe déclare se gaver d’Iggy Pop, de Gene Vincent et de Eddie Cochran, mais il est également certain qu’il écoute aussi Robert Johnson dont il revisite le mythique ‘Crossroads’ en le transformant en brûlot punk. ‘Twist it’ et son riff de malade nous propulse du côté de Detroit à la fin des années 60, lorsque le Mc5 et les Stooges y faisaient régner la terreur. De même, le très catchy ‘Get outta your head’, le brutal ‘Chic & the motherfuckers’ (quel titre!) ou encore le génialement nommé ‘I wanna get out of here but I can’t take you anywhere’ sont quelques autres des perles d’un disque qui n’invente certes rien mais qui fait son boulot de bien belle façon ! (pf)
Minny Pops ‘Drastic Measures, Drastic Movement’
A Certain Ratio ‘Sextet’ Factor y Benelux
Il nous faudrait un jour investiguer plus avant le formidable travail d’archivage réalisé par James Nice. Féru et passionné par l’histoire des petits labels du débuts des années 80 tels Les Disques du Crépuscule où il officia un temps, il a fondé Les Temps Modernes, devenu LTM, et s’est récemment offert l’acquisition du nom Factory Benelux. Résultant d’un accord informel entre Factory et Les Disques du Crépuscule établi à Bruxelles, Factory Benelux avait été conçu pour favoriser la percée continentale des artistes de la mythique maison de Manchester. Aujourd’hui, le catalogue revit essentiellement grâce aux rééditions. A Certain Ratio fut le premier groupe à être signé par Factory Benelux avec le single ‘Shack Up’ tandis que Minny Pops y édita un plus tard son second album ‘Sparks In A Dark Room’. Combo amstellodamois qui fut à l’avant-garde musicale dès la fin des années 70, pratiquant une musique à cheval entre pop minimaliste électro et cold wave nerveuse, Minny Pops tire son nom d’un modèle d’une des premières boîtes à rythmes Korg. Le groupe recourra à l’époque aux services de Martin Hannett, (producteur de Joy Division) mais ne parvint jamais à percer, sauf peut-être à Amsterdam. ‘Drastic Measures, Drastic Movement’ fut son premier album et comporte ici en bonus un enregistrement live de 2012 suite à la reformation du groupe. Avec la parution de ‘Sextet’ au début de l’année 1982, A Certain Ratio signifia son changement d’orientation
Mark Lanegan Band ‘Phantom Radio’ Flooded Soil/Heavenly Records/Pias
Artiste multiforme mais toujours incroyablement créatif, Mark Lanegan nous revient avec un disque d’exception où il explore sa passion pour le postpunk. C’est que si Mark est connu pour aduler Love ou 13th Floor Elevators, il n’a jamais non plus caché avoir été fortement influencé par le Gun Club ou Echo And The Bunnymen. ‘Phantom Radio’ affiche donc un côté 80s marqué mais sans jamais plagier qui que ce soit. Mark a bien trop de talent et de personnalité pour cela et chaque composition est représentative de son style propre, dégageant une certaine noirceur ainsi qu’une mélancolie certaine que l’on associe volontiers à un artiste dont la voix unique a de quoi donner la chair de poule. La magie opère constamment sur cet album, notamment avec les très accrocheurs et hypnotiques ‘Harvest home’ et ‘Death trip to Tulsa’ que l’on retrouvent respectivement au tout début et à l’extrême fin de l’album. On adore également le mélodieux et envoûtant ‘Floor of the season’ que ne renierait pas Ian McCulloch ou encore l’éthéré et un rien glacé ‘Torn red heart’ qui rappelle un peu le mythique ‘Atmosphere’ de Joy Division. Brillant à tous les niveaux ! (pf)
musicale, délaissant son funk post-punk indigent pour se tourner vers une musique de danse plus avenante, incorporant des éléments de samba et jazz glanés à New York. Outre l’album original remastérisé, ce double cd reprend des enregistrements pour deux sessions John Peel et quelques raretés sauvées des eaux. Deux bienheureuses ressuscitations. (et)
Monolithe Noir ‘Holy The Vision’ Autoproduction
Certains ont fait de l’album éponyme d’Arch Woodmann un disque de chevet. A raison tant cette collection de tubes aquatiques culbutait la pop moderne dans tous les sens. C’est donc avec plaisir qu’on s’enfile aujourd’hui l’échappée solo d’Antoine Pasqualini. Mais disons-le tout net : on navigue loin des folles cavalcades précitées. D’ailleurs, il ne faut absolument pas se méfier du titre de ce nouveau projet : Monolithe Noir est, de prime abord, ce bloc opaque, frontal, infranchissable, d’une froideur folle dont, à priori, rien ne s’effrite. Ce n’est qu’au fil des passages que tout s’éclaire, qu’on devine les aspérités de la roche, les prises. Sept titres siamois donc, non viables l’un sans l’autre, mais dont les subtiles différences font tout le mille-feuille ‘Holy The Vision’, grosse odyssée (2001, de l’espace) à te foutre des tatanes dans ton sofa. Parce que bien sûr, il est question de techno minimale, d’intelligent dance music, quelque part entre le Zomby de ‘Dedication’ et l’Arnaud Rebotini de ‘Someone Gave Me Religion’. Les machines s’en donnent donc à cœur joie pour en rajouter systématiquement, montant minutes après minutes des morceaux dont on carottera peut-être un jour les strates, quand on voudra jouer aux intellos. En attendant, à l’instar du morceau-titre qui tire des cordes sensibles, toute humanité n’a pas disparu. Et c’est fort heureux. (lg)
Thurston Moore ‘The Best Day’ Matador/Beggars
La parution l’année dernière de l’album éponyme de Chelsea Light Moving apparaissait comme la contrebalance à celui que Lee Ranaldo avait publié l’année avant – lui aussi sur le label Matador – et entérinait la fin officielle de Sonic Youth. Cette fois, c’est sous son nom civil que Thurston Moore revient pour un disque sobre en titre et en présentation. Il nous révèle trois photographies noir et blanc de scènes matrimoniales in-
times de ses parents. Les jours heureux, les meilleurs jours. Si ‘Speak To The Wild’ qui introduit le disque est une sorte d’appel pour résister aux sirènes, ‘Forevermore’ et la plage éponyme ‘The Best Day’ s’avèrent être de véritables odes à l’amour, à la joie de vivre. Moore y déploie tout son talent lyrique et conforte l’assise mélodique de véritables chansons. Le renfort d’un second guitariste à ses côtés (James Sedwards du trio anglais math rock Nought), de Debbie Googe (la bassiste de My Bloody Valentine) et du batteur Steve Shelley, comparse historique, permet de consolider huit compositions qui n’ont rien à envier à celles de Sonic Youth. Pourtant, il n’y a foncièrement rien de transcendantal qui se dégage de ce disque. Au contraire, y trébuche t-on parfois sur des morceaux un rien poussifs, pour ne pas dire poncifs (le single ‘Detonation’ et sa face B ‘Germs Burn’). Entre le pacifisme de ‘Demolished Thoughts’ et l’emportement de ‘Chelsea Light Moving’ , ‘The Best Day’ tente de trouver ses marques, celles d’un nouveau début. (et)
My Bubba ‘Goes Abroader‘ Fake Diamond Records
Parfois, l’air de rien, un disque tombe du ciel. On n’en attendait rien, il débarque et vous enchante. Ce deuxième album de My Bubba est de ceux-là. L’un de ceux que l’on commence à écouter sans y prendre garde. Et dont on s’aperçoit, au bout de deux morceaux, qu’il est parvenu à détourner la routine du quotidien pour mieux obtenir toute l’attention qu’il mérite. Une pochette assez banale, un label obscur, un nom pas franchement génial, l’affaire n’était pourtant pas gagnée d’avance. Brodant le canevas soyeux d’un (ingé) nu-folk/country à la naïveté aussi confondante qu’ensorcelante, les mélodies malicieuses de la Suédoise My et de l’Islandaise Bubba déploient pourtant rapidement leurs sortilèges. Car celles qu’on a pris pour des country-girls biberonnées au lait cru se révèlent en réalité être deux femmes-enfants qui se la jouent apprentie-sorcières siamoises. A équidistance entre les ritournelles des First Aid Kit et de Cocorosie, leurs comptines de boite à musique à la beauté fragile se suivent et se ressemblent (parfois un peu trop) pour former l’ossature boisée de leur maison de poupées. Quinze piécettes finement harmonisées et simplement réchauffées par la chaleur des accords d’une guitare et le bourdon sensuel d’une contrebasse. La
formule éclaire avec une égale réussite les midtempo fantasques que les ballades enchantées. Régulièrement, une discrète touche exotique dans les arrangements parachève la décoration. Ultime fantaisie, l’album se clôt sur un détournement bien à son image de ‘Sexual Healing’, aussi réussi que complètement improbable. (gle)
Ormonde ‘Cartographer / Explorer’ Gizeh/News
Ce soir-là, à quai, j’ai peint lentement ses traits à l’encre de seiche, attendu que les pigments cessent de luire et durcissent. Ses singuliers sourcils presqu’absents, son menton altier, et cette nuque lactescente jamais disposée à se colorer entre mes paumes. Il me fallait conserver une trace, un sillage de sa présence à bord. De cette créature serpentine aux iris sarcelle et cuivre. De nos vagabondages vers les terres pétrifiées, de l’instinct de ma boussole en quête d’un astre sans doute déjà éteint. Avant qu’elle ne se gazéifie, que son rythme cardiaque ne soit de l’ordre des réminiscences synthétiques. J’ai rejoint une pièce confinée où les jumeaux Cocteau, explorateurs quiets, tâchaient de maintenir un cap constant, ‘A Grand Design’ l’œil épinglé sur une carte mouchetée de signes discontinus. Aux battements de leurs phalanges, j’ai compris qu’il nous faudrait désormais prendre en compte les volées douceâtres d’un ‘Strange Wind’, craindre quelques remontées de houle et continuer plus avant notre obstiné parcours dans ces saignées d’eaux de suie et de glace. L’air risquait de se raréfier dans l’Hors-Monde. (alr)
Pan & Me ’Ocean Noise’ Denovali
Alors qu’en d’autres temps pas si lointains, les (nombreuses) sorties du label Denovali n’évoquaient dans la rédac’ de RifRaf que haussement d’épaules gêné, le label allemand reprend nettement vigueur. Au printemps nous venait l’excellent best of ‘Collection’ du duo Origamibiro, à l’automne débarque Pan & Me pour un second opus des mieux troussés – à condition de ne pas être réfractaire au genre jazz ambient. Projet solo de Christophe Mevel, membre fondateur du collectif jazz Dale Cooper Quartet, Pan & Me dévoile quatre ans après son initial ‘Paal’ une esthétique assez différente de ses débuts. Si la manière néo-classique est aujourd’hui rangée au rayon des souvenirs à la Wim Mertens, elle laisse place à des ambiances électroniques sereines et distinguées, où un piano, des cordes ou des percussions (dont un xylophone) tiennent une place centrale dans les échos numérisés. Une réserve peut-être, la certaine uniformité des tempos alanguis risque de créer sur la durée du cycle (près d’une heure dix) un réel sentiment de monotonie contagieuse. (fv)
Peaking Lights ‘Cosmic Logic’ Weird World Record
Zuckerzeit ! Duo dub sous influences cosmiques, Aaron Coyes et Indra Dunis colorent leurs cieux autrefois pâles de rutilants néons diabolo menthe. Leur son se bubblegumise, rebondit en caoutchouteux déhanchements et bouillonne comme un jacuzzi au chocolat blanc. Enfin, tu danses sur Peaking Lights ! Entre Tom-Tom Club (tu réclames toujours ‘Wordy
DAWN OF MIDI + XYLOURIS WHITE
05.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand
JOZEF VAN WISSEM
Rappinghood’) et ‘Looking Glass’ de tes chouchous Little Dragon, ‘Cosmic Logic’ est club, chic et chaud. Il a la douceur des bulles et le frisson des glaçons. Il ose le tube, frise la séduction, Blondie au soleil sans rien lâcher de sa posture lunaire. Peaking Lights pétille comme un lait fraise au soda, teinte sa monochromie des mêmes dégradés fluos que les Flying Lizards, autrefois. Moins personnel sans doute, le Peaking Lights nouveau est un appel à la coolitude, une invitation aux Ray-Bans, au lipstick et au Tequila Sunrise sur Commodore 64. Retro-action en laser. Alors prends ton joystick et remue avec nous. (ab)
Damien Rice ‘My Favourite Faded Fantasy’ Atlantic Records/Warner
On vous confiera qu’avant, on avait bien peu frayé avec l’aède irlandais (vous savez bien : la vie, cette boîte de chocolats). Que contrairement à d’autres, on n’a donc à lui reprocher ni la scission avec Lisa Hannigan, ni les papillonnements avec Mélanie Laurent. Et que par conséquent, ‘My Favourite Faded Fantasy’ – troisième recueil en mohair après huit ans de quiétude relative – ne constitue pas pour nous le retour du fils prodigue, mais une terre vierge pour les tintinnabulements de « The warrior, the sage / The little boy enraged ». On sait qu’ ‘It Takes A Lot To Know A Man’, mais si on tente d’explorer les mêmes amples allées cinégéniques qu’au hasard, Balthazar, il faudrait toujours s’assurer de la solidité de son mousqueton suspendu à ce fil si incertain de la préciosité. Et sans considérer pour autant Damien Rice comme ‘The Greatest Bastard’ parce qu’il oscille parfois un chouia trop entre le chaton potté tout trempé et le mi-héraut mi-loup en formation chez Fraülein Maria là-haut sur la colline, pour nous, ça constitue un frein indéniable à l’adoption plénière, dans une ‘Box’ feutrée aux côtés d’Emmett Tinley ou Patrick Watson. (alr)
Lucas Santtana ‘Sobre Noites E Dias’ No Format/Pias
On sait gré au label No Format !, dix ans tout rond et couramment bon, d’ouvrir notre appétit d’everywhere et de broder à points métissés une pangée où accumuler des jours cois. Un des derniers accueillis à cœur de patchwork nous vient du Brésil et taquine les genres et l’électronique – à la fois tout contre (la fantaisie faussement traditionnelle de ‘Mariazinha Morena Clara’) et très loin de Sao Paulo, en anglais autant qu’en brésilien – avec une attitude plus rêveuse ou cérébrale que férocement caliente. Quand sur sa ‘Montanha Russa Sentimental’ au bpm câlin il garde la juste place pour la saudade, dans ses ‘Partículas de Amor’, il se mue en maladroit avec une mélodie blonde, se dandinant dans ses chaussettes rayées. ‘Human Time’ distille un voyage frémissant avec Fanny Ardant en voix spatiale langoureuse, un trip qu’on se serait bien vus vivre avec Air ou Diagrams. ‘Funk Dos Bromânticos’ joue les stades à demi-jauge mais distribue de chaleureuses claques dans le dos, venant confirmer le naturel bricolo avec lequel Lucas Santtana s’amuse du grand écart. Pour avoir à nouveau droit à un ‘Blind Date’ de cette teneur, nonchalant mais jamais poisseux, aussi attachant qu’astucieux, on ne manquera plus d’arborer avec bonheur l’oro y verde. (alr)
Satellites ‘Satellites.02’
The Smashing Pumpkins
Yesterbrother
‘Monuments To An Elegy’
Satellites c’est Johnny Vic, un ex-mercenaire de James Blunt originaire de Londres. Au jour d’aujourd’hui, il vit à Copenhague et sort son second disque. ‘Satellites.02’ s’ouvre sur des tintements de glockenspiel, une batterie un peu martiale, des chœurs, des violons. Ça ne sent pas mauvais, c’est même plutôt bien foutu. Puis sans crier gare, Matt Berninger déboule à la minute deux. Un featuring du « géant ricain » dans un projet si marginal ? Pas vraiment. Cette voix, Johnny Vic n’en a pas repris que le timbre (et quand bien même, on ne pourrait pas l’incriminer) mais aussi tous les tics, le traitement, les effets. Sentiment renforcé sur ‘Neon Sun’ qui ferait un tabac monstre dans une nuit des sosies. La suite, vous la connaissez tous. Alors bon, si un disque des National tous les trois ans ne vous suffit pas et que vous êtes particulièrement avides d’ambiances de tontons, foncez. Les autres, circulez, c’est peau de balle. (am)
BMG
Vincent Scarito ‘Beings’ Autoproduction
C’est long. Ça n’en finit pas. Jamais. C’est une espèce de bouillie. Jazzy. Informe. Infâme. Qui se veut lascive mais qui n’arrive qu’à toucher les nerfs. Bossa grisaille, horripilante. T’aurais envie de sauter dessus à pieds joints. Pour l’écraser. Pour l’enfoncer sous terre. Pour passer ta haine. Ta rage. Accrue encore davantage lorsque tu écoutes ‘French Song’. En français dégueulasse. Dans le texte. Tu dirais ton frère footeux. Largué avant-hier. Ou ta sœur instit. Qui s’essaye à faire du Biolay. Celui des mauvais jours. Sauter dessus à pieds joints, donc. Ou. Le rayer jusqu’à l’inaudible. Et puis te casser vers Hemroulle, province de Luxembourg – nulle part –, et écouter très fort la reprise de ‘Sinnerman’ par 16 Horsepower. Là, mille chevaux de trait piétinent ce disque et la vie, soudain, reprend. (lg)
The Scrap Dealers ‘The Scrap Dealers’ Jaune Orange
Quelle est la différence entre le rock garage un peu cra-cra, la power pop agitée, le post-punk teigneux ou l’alternatif 90’s le plus débridé ? Ce mini-album ou gros EP (8 titres dont 1 caché) n’entend pas s’embarrasser de ce type de questions existentielles. Aussi longs en bouche qu’une gorgée de pèkèt, joués à se faire fondre les tympans, ces morceaux dopés à l’énergie régressive ne répondent qu’à une nécessité : se défaire du bon goût et se défouler. A grands coups de guitares sidérurgiques qui crachent le fer et le feu, ces jeunes banlieusards liégeois s’enorgueillissent d’être sur une voie de garage pour mieux conter le quotidien sur un mode bancal et désinvolte. Lignes de basse greasy, guitares saignantes, chant gueulard peinant à émerger de la bouillie sonore, batterie tachycardique et gouailleuse, il est tout aussi impossible de différencier les morceaux que de nier leur irrésistible efficacité. Et s’il est difficile d’encore créer la surprise sur ce terrain, des titres comme ‘For Any Day’ ou ‘Evil Ride’ indiquent peut-être la voie à suivre pour accoucher d’une musique dont les maladresses surlignées seront moins excusables la prochaine fois. Bref, un disque de post-adolescents bien élevés musicalement à destination presqu’exclusive d’adolescents attardés. (gle)
Pour ce nouveau disque solo sous le pseudonyme des Smashing Pumpkins, Bill Corgan était probablement conscient des efforts à consentir pour exhumer son lourd dossier des affaires classées. Après avoir épuisé la plupart de ses hommes de main, le chauve à l’ego surchauffé s’est adjoint les se(r)vices d’un batteur à gage en la personne de Tommy Lee. La présence de la petite frappe de Mötley Crüe au sein de cette association momentanée laissait craindre le pire. A l’autopsie, et si on fait abstraction des préjugés et des attentes surannées, il n’y a certes pas de quoi s’accrocher aux rideaux, mais l’accident industriel est évité avec un certain panache. D’une manière un peu caricaturale, on pourrait résumer ce disque en scindant son tracklisting en deux parties : d’une part, des morceaux qui trouveraient de justesse leur place sur une réédition augmentée d’une compile de faces B des singles de ‘Mellon Collie And The Infinite Sadness’ ou d’’Adore’ et d’autre part des tentatives plus maladroites de mise à distance de cette écriture tellement connotée 90’s. Moins grandiloquentes qu’épiques, plus inspirées qu’imparables, les compositions font la part belle à des guitares acidulées sans excès et à des claviers aux couleurs parfois inédites. Sans jamais vraiment prendre de risque sur le plan stylistique hormis quelques arrangements de-ci, de-là. Neuf titres qui se la jouent donc plutôt profil bas et qui ne prendront peut-être toute leur ampleur qu’en live. La faute à une production qui n’en exploite pas tout le potentiel et la profondeur. (gle)
Paul Smith & Peter Brewis ‘Frozen By Sight’ Memphis Industries
Paul Smith, chanteur de Maxïmo Park, et Peter Brewis, un instrumentiste classiquement formé, furent commissionnés pour réaliser une œuvre mettant en scène un quatuor à cordes et un contrebassiste pour un festival anglais. La pièce évolua en s’adjoignant des textes et en se structurant sous la forme de chansons pour être présentée au Festival Of The North East. Les deux retravaillèrent ensuite les morceaux en recourant à d’autres musiciens dont un excellent percussionniste. Ce disque est l’aboutissement de ce processus. Il comporte une douzaine de morceaux qui ont tous en commun d’évoquer – de manière très imagée et littéraire – des locations, des lieux de passage ou de voyage. ‘Frozen By Sight’ est un titre qui sied superbement à cette démarche où la chanson devient puissamment évocatrice, que cela soit pour imaginer un couple sur une plage de Santa Monica, un balayeur de rue à Los Angeles, les artères de Barcelone où l’ambiance délustrée de Budapest. Pas étonnant que Smith et Brewis furent tous deux nominés du Mercury Prize tant leur talent d’écriture épate. (et)
05.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand 23.01 Winterjazz Festival @ Flagey - Bruxelles
SHE KEEPS BEES
05.12 Autumn Falls @ Vooruit - Gand 07.12 Trix - Anvers
MADENSUYU
05.12 Autumn Falls @ Vooruit - Gand 06.12 Dommelhof - Neerpelt 20.03 Joy, Tears and Sorrow - Mechelen
THUS OWLS
05.12 Autumn Falls @ Vooruit - Gand
RAPE BLOSSOMS
05.12 Walrus - Maldegem 06.12 Concertzaal Trefpunt - Gand 24.01 Het Bos - Anvers
LOVE LIKE BIRDS
07.12 12.12 23.01 21.02
Trix - Anvers Glimps - Gand CC Ter Vesten - Beveren Church Concerts - Sint-Denijs
CHANTAL ACDA
07.12 CC Het Gasthuis - Aarschot 28.02 De Studio - Anvers
EAUX
11.12 Glimps - Gand 12.12 Glimps - Gand
A/T/O/S
11.12 Glimps - Gand 08.01 Bonnefooi - Bruxelles 13.02 We Are Open @ Trix - Anvers
BRIQUEVILLE
11.12 13.02 14.02 20.02 19.03
Glimps - Gand We Are Open @ Trix - Anvers AB - Bruxelles Cactus Club - Bruges Nijdrop - Opwijk
STADT
13.12 Glimps - Gand
COLLAPSING STORIES (D is DONE)
13.12 Knestival - Anvers
LA TERRE TREMBLE
23.12 De Meent - Alsemberg
WAXAHATCHEE
31.01 Botanique - Bruxelles
STEPHEN STEINBRINK
09.02 Café Video - Gand
RAKETKANON
12.02 13.02 14.02 07.03 12.03 17.03 27.03 28.03 29.03 04.04 10.04
4AD - Diksmuide In_die Air Tonight - Diest We Are Open @ Trix - Anvers L’Entrepôt - Arlon Botanique - Bruxelles Het Depot - Leuven De Kreun - Kortrijk MOD - Hasselt Vooruit - Gand L’Atelier Rock - Huy Nijdrop - Opwijk
DOPE BODY
19.02 Vk* - Bruxelles
FATHER JOHN MISTY + KIERAN LEONARD
04.03 Botanique - Bruxelles
CARIBOU + KORELESS
10.03 AB - Bruxelles
JOSÉ GONZALEZ + ÓLÖF ARNALDS
16.03 Cirque Royal - Bruxelles
THE TWILIGHT SAD
18.04 L’Entrepot - Arlon
more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
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Earteam
Andy Stott
Scott Walker + Sunn O)))
‘Faith in Strangers’ Modern Love/News
Pendant longtemps, la musique d’Andy Stott a courtisé la techno minimale, les tréfonds d’une house sombre et décharnée ainsi que quelques beats pétris de dub. Au fil des productions, le rideau de fer est tombé et les lignes de démarcation entre les genres se sont disloquées. Cette ouverture des frontières a largement participé à brouiller les pistes. En mouvement dans les brumes de Manchester, le producteur britannique continue aujourd’hui de détourner les codes à travers neuf nouveaux morceaux introspectifs, fragmentés de sons lunaires, secoués d’implosions digitales et d’explosions inexpliquées. Sur ‘Faith in Strangers’, son quatrième album, Andy Stott invite la voix de sa vieille prof de piano à souffler quelques mélopées dans les décors cinématographiques de sa galerie électronique : un lieu où il déplace religieusement les structures synthétiques et où cohabitent des sons antinomiques. Ainsi, les teintes pastel de la pop eighties imprègnent régulièrement des rythmiques martiales, assemblées sur les chaînes de montage de la techno industrielle. Un truc inattendu et beau comme une traînée de gloss sur une veste de chantier. (na)
Submotion Orchestra ‘Alium’ Counter Records/Pias
Retour en grâce pour les sept membres de Submotion Orchestra. Porté aux nues par quiconque les a vus sur scène, le groupe de Leeds prêche un trip-hop ambitieux mais délicat. ‘Alium’ ne déroge pas à la règle : y fusionnent violoncelles, cuivres, claviers, percussions et les caresses vocales de Ruby Wood en spirales chatoyantes. Tantôt à pas feutrés (‘The Hounds’), tantôt à grands coups de pied dans la porte (‘Chrome Units’), les beats électro du combo propulse leur soul orchestrale vers des sommets d’intensité avec un sens de la progression qui peut laisser pantois. Cela n’évite pas toujours l’affectation de rigueur, y compris dans le chant (‘Life After’), voire certaines répétitions, mais l’alchimie parfaite de ses éléments remporte l’adhésion. Classieux, atmosphérique et noctambule, Submotion Orchestra veut croire au faste d’un genre devenu moribond. ‘Alium’ est leur profession de foi. (ab)
Temples ‘Sun Restructured’ Heavenly Recordings
Inutile de revenir sur les qualités d’un des albums de l’année : il faut être sourd pour ne pas avoir entendu l’une des perles psychés-pop de ‘Sun Structures’. Quelques mois plus tard, Heavenly se la joue réalité augmentée et confie le précieux bébé à Richard Norris et Erol Alkan, aka Beyond The Wizard’s Sleeve, en vue d’une relecture électro-trippante. ‘Sun Structures’ devient ‘Sun Restructured’, grand voyage acidulé au travers de cinq plages des Temples. ‘Sand Dance’ devient un implacable hymne stoner aux méandres prog pleines d’épines, ‘Shelter Song’ est une imprécation sous LSD dédiée aux étoiles. Plus inattendu, le ‘Golden Throne’ est décoré d’un dub ragga nonchalant à la ligne de basse assassine et ‘Move With The Season’ joue à cachecache dans un labyrinthe de glaces. Quant à ‘A Question Isn’t Answered’, elle chine à la recherche de nouveaux habits de lumière sans toutefois trouver aussi chic que ses vieilles nippes. D’où la question : peut-
‘Soused’ 4ad/Beggars
Qui eut pu croire qu’un jour Scott Walker s’accointerait avec Sunn O))) ? Qui aurait pu imaginer l’improbable accolade entre l’ex-crooner romantique devenu énigme vivante et le combo de métal monacal ? Il faut remonter à la réalisation de l’album ‘Monoliths & Dimensions’ de Sunn O))) en 2009 pour trouver la genèse d’une rencontre devenue collaboration. Ce sont d’abord Stephen O’Malley et Greg Anderson qui se tournèrent vers Walker mais c’est celui-ci qui n’eut de cesse de vouloir la poursuivre, la pousser dans ses possibilités insoupçonnées. ‘Soused’ en est l’aboutissement. Walker a écrit cinq pièces à la mesure de leurs intentions. Cinq longues pièces qui avoisinent toutes la dizaine de minutes. Chacune s’aborde avec circonspection tant est grande l’inclinaison à vouloir entendre l’inouï et périlleuse la progression de l’écoute. En ouverture, ‘Brando’ dépeint le ciel sans fin du Missouri, lézardé par les claquements inquiétants d’un fouet pour taureau. Sur ‘Herod 2014’, Walker emprunte des passage d’une berceuse des Indiens Ojibwas tandis que trois guitares électriques s’entre-tuent. ‘Bull’, qui lui succède, est plus hermétique encore, cadencé par la répétition jusqu’à satiété de la phrase sibylline ‘Bump the beaky’. ‘Fetish’ appartient au domaine des ténèbres, à la fois dans sa forme et dans son propos, tandis que ‘Lullaby’, en clôture, voit Scott Walker revenir à des rivages plus hospitaliers. ‘Soused’ est une œuvre symphonique, mais une symphonie délétère conçue par des êtres dérangés, des affidés, une symphonie au bord du gouffre. (et)
on perfectionner la perfection ? Faites l’essai. Écoutez les deux albums en random : l’immédiateté pop des chansons originales supplante à chaque fois les explorations cosmiques de Norris et Alkan, écrasés sous le poids du respect au matériau de base. Sympathique escapade sous acide, ‘Sun Restructured’ n’en est pas moins un peu vain. (ab)
These New Puritans ‘Expanded: Live at the Barbican’ Infectious Music/Pias
Planait un mystère, une rigueur. Quelque chose de suffisamment radical dans certaines déclarations de Jack Barnett pour attirer sur cette formation l’opprobre ou la ferveur. Et que faire d’une reddition live de plus d’une heure – fût-ce au Barbican, une niche pour laquelle le mot amplitude semble avoir été inventé – comme premier interstice dans une œuvre réputée grandiose mais hermétique? Comment laisser envahir son oreille par un orchestre de 35 personnes qu’on n’est pas en mesure de voir ? Nécessaires furent le casque, et la pénombre et la distillation ultra-lente. Il fallait résister à l’interruption, se laisser happer intégralement par la ‘Spiral’. S’accrocher comme on pouvait à quelque cuivre écho de Robert Wyatt, à quelque bruissement plus réconciliant, à un ‘Organ Eternal’ aux boucles davantage accortes sous les grincements. Aujourd’hui encore, cette première écoute d’’Expanded : Live at the Barbican’ nous paraît tenir du maelstrom, de l’expérience-limite entre l’ennui abyssal et la transmutation solennelle. (alr)
Matthieu Thonon ‘De Beaux Lendemains’ Autoproduction
Un clip bricolé sans les moyens d’Antoine Chance ne résume pas l’affaire mais permet de se faire une vague idée du poète qui nous attend, de comment, tout à fait gauche, il rate plusieurs fois son suicide avant de finalement se décider à profiter de la vie mais, ‘Pas de Chance’, « en sortant de la boum / j’ai glissé bababoum / hémorragie cérébrale / c’est pas de chance ». Le reste de l’album oscille entre ce genre de chanson française cucul la praline, swing manouche (‘C’est ça le Monde’, accordéon, triangle et grelots) et relents de Zaz, en moins populiste toutefois (‘Wetteren Hot Potatoes’, trompette, trombone et contrebasse, dédié au Field Liberation Mouvement,
ce collectif citoyen qui s’oppose à la culture des OGM en Belgique). Une purée, quoi. (lg)
Various ‘Algo Salvaje’ Munster Records
Quand le fondateur du label Elektra, Jac Holzman, et son pote Lenny Kaye, guitariste attitré de Patti Smith, ont rassemblé leurs groupes préférés sur la compilation ‘Nuggets’, ils n’imaginaient certainement pas qu’ils marqueraient l’histoire du rock au fer. Électriques, urgents, psychédéliques et chaotiques, les morceaux balancés par les formations américaines offraient, depuis le garage, une réponse de choix à la British Invasion. Publiée en 1972, cette fameuse compilation a, par la suite, fait l’objet de nombreuses rééditions et moult coffrages. Elle a surtout donné des idées à d’autres passionnés de guitares sixties, collectionneurs invétérés de trésors cachés, de singles distribués sous le manteau, Face B et autres inédits abandonnés sur des 45 tours durant la seconde moitié des années 1960. Valeureuse nation rock’n’roll, l’Espagne a souffert d’un fléau nommé Franco, mais elle n’a jamais baissé la garde. Fidèles au poste (radio), les jeunes formations catalanes et madrilènes suçaient la roue des Beatles et autres Rolling Stones tout en sprintant aux côté de Yankees méritants (The 13th Floor Elevators, The Chocolate Watchband, The Seeds, Electric Prunes, The Standells, etc.). Premier volume d’une compilation historique, ‘Algo Salvaje’ témoigne de la vitalité de la scène rock garage ibérique en 28 morceaux signés par des groupes aux noms étranges et totalement inconnus (Los Buitres, Tomcats, The Canaries, Prou Matic, Los Impala). Soit une véritable mine d’or : une compilation digne d’atterrir sous le sapin. Joyeux Noël ! (na)
Various ‘Belgian Vaults Vol 4. Legendary Tracks From The Sixties’ Starman Records
C’est la passion qui nous anime. C’est la passion qui nous les ramène et on ne peut que saluer le travail de souvenir remarquable effectué par Starman Records en nos frontières. Sorties après sorties, le label anversois se concentre notamment sur des rééditions d’œuvres belges d’antan, et le qua-
trième volume de ‘Belgium Vaults’ ne fait pas défaut à la grande qualité de la série. Comme l’indique son sous-titre, ‘Legendary Tracks From The Sixties’ est intégralement consacrée à des perles belges rares des années 60. Si ce florilège débute sur les chapeaux de roues avec un hymne psyché des Snapshots, il fera aussi la part belle à des titres plus obscurs pour finir par se perdre sur des inévitables copies de « Beatles songs », modèle et syndrome poppy de l’époque. De la lumière et de l’ombre donc avec entre autres : Ricky, 5 From Dave, The Rainbows, The Mods,... Et même si l’histoire n’est pas passionnante jusqu’ au bout, le document reste une magnifique trace de notre patrimoine musical. (dark)
Villalog ’Space Trash’ Klangbad
Contrairement au dernier opus de Villalog, c’était en 2009 sous le nom de ‘Cosmic Sister’, la nouvelle mouture de Villalog oublie l’esthétique space disco pour en revenir à un grand classique du rock germanique, le kraut. Particulièrement marquant sur l’introductif, et plus que chouettos, ‘Düsseldorf Dub’, dont rien que le titre se veut un hommage à la ville ayant enfanté LA Düsseldorf ou Kraftwerk, l’esthétique du combo autrichien revisite de très pertinente, bien que datée, manière les divers courants du genre. Si le premier titre déjà cité renvoie immanquablement à Neu! avec sa rythmique infernale, la suite n’est guère en reste niveau influences seventies made in Germany. Quelquefois, ça sent le pilote automatique (‘Orange Sunshine’) ou l’absence de points de repère (‘Plätscher Plätscher’), plus souvent la réelle maîtrise du propos impressionne, avec notamment quelques gimmicks bien sentis, qu’il soit à la guitare (‘Alphaville’ et sa voix d’outre-tombe en français) ou aux claviers (‘Bassknopf’). Avec tout ça, j’irai bien reprendre une Schlösser Alt au bar en compagnie de B. Fleischmann (aux drums et à la prod’), moi. (fv)
The Voyeurs ‘Rhubarb Rhubarb’ Heavenly Recordings
Délire capillaire oblige, les Voyeurs (autrefois Charles Boyer & The Voyeurs) sont les nouveaux chouchoux du label british (et anachronique) Heavenly Recordings. A l’instar des boucles d’étain de Temples ou encore des imbuvables Toy, les anglais jouent la carte de la grosse resucée en s’inscrivant dans la même lignée que l’’Idiot’ d’Iggy (ça ne vous rajeunit pas), en plus geignard. Erreur de tracklisting ou pas, les premiers titres s’avèrent les plus irritants, en témoignent ‘Train to Minsk’ et ‘Stunners’ aux basses-batteries matraquées presque T. Rex ou le kraut-pop ‘Pete the Pugilist’ qui peine à passer le cap de l’anecdotique. La suite s’avère plus savoureuse : ‘The Smiling Loon’, ‘May Will You Stop’ ou encore ‘Rhubarb Rhubard’ baissent le tempo pour nous asséner des grooves sexy qui chaloupent sévère. Mais que se passe-t-il ? Je danse! Et même quand les Voyeurs recommencent à brutaliser les fûts, ils s’abandonnent plus volontiers à la pop décomplexée sur un ‘Damp Walls’ qui fera à bouger à coup sûr les foïs du Café Central à 4h du mat’. Un disque à débuter en marche arrière. Avec les Voyeurs lumineux. (am)
Wampire ‘Bazaar’ Poly vinyl Records
Un an seulement après s’être fait mordre pour la première fois par Wampire, on re-
Earteam trouve déjà Rocky Tinder et Eric Phipps à la barre d’un fameux ‘Bazaar’. Sur ce deuxième album, les deux cinglés de Portland imaginent toujours leurs mélodies (d)étonnantes entre une guitare et un synthé, mais ils le font mieux que jamais grâce à l’arrivée de Thomas Hoganson, batteur métronomique et saxophoniste héroïque. Scintillantes, psychédéliques, doucement délirantes et glamour, les chansons de Wampire jouent à la marelle dans une cour fréquentée par quelques allumés, marioles intrépides et autres spécimens de la pop moderne. Dans les mauvais coups, Foxygen et Ariel Pink ne sont jamais très loin de Wampire. Intelligemment mis en son par Jacob Portrait, le bassiste des excellents Unknown Mortal Orchestra, ce disque pétille sur la langue et crépite dans les oreilles. C’est plutôt bon signe. (na)
We Are Shining ‘Kara’ Marathon Ar tists/V2
Deux producteurs londoniens aperçus aux côtés de Kanye West ou FKA Twigs passent à l’action sous le blouson scintillant de We Are Shining. La paire – Morgan et Acyde – s’est donnée pour mission de rassembler ses obsessions musicales sur un seul disque. Chargé et forcément hybride, ‘Kara’ frôle l’excellence mais pèche par excès de confiance. L’aventure démarre au quart de tour : une guitare laisse traîner ses riffs dans un safari tribal et obsédant (‘Road’) portée par la voix d’un Jimi Hendrix déguisé en bboy. Le single ‘Hot Love’ ouvre ensuite la voie à une soul graisseuse au groove lancinant. Excitant comme une rencontre entre le ‘Keep Their Heads Ringin’ de Dr. Dre et une chorale gospel sous MDMA, le morceau fait son petit effet. Un peu plus loin, sur ‘Hey You’, le duo tend une ligne de basse extatique et déroule une comptine afro-psyché en forme de slogan militant. Pas effrayé à l’idée d’engendrer un album transgénique et mutant, We Are Shining poursuit
son délire en traînant un hip-hop vaudou sous le dancehall (‘Wasted Times’). Mais, à force de prendre des risques inconsidérés et d’aborder ses tournants sans freiner, le duo anglais perd le contrôle de son bolide dans la deuxième moitié du circuit. R’n’B mal léché (‘Thru The Dark’), pédalier enrayé (‘Whirlwind’) et virée moyen-orientale en compagnie des Gipsy Kings (‘Wheel’) atténuent méchamment l’enthousiasme éprouvé en amont. Ici, l’aval fait mal. (na)
Wild Child ‘The Runaround’ News
Tu en rêvais, de ton tour de piste sous le grand chapiteau, des spotlights de Champs-Élysées? De cette course haletante au milieu des fauves en rugissant aussi fort qu’eux? Ce sera de courte durée, alors profites-en. Tu es un baladin folk, mon grand, un vrai enfant du bal et si tu dois faire des courbettes et afficher les taches de rousseur sur tes bras, c’est pour mieux récolter quelque obole dans ta sébile. Siffle-donc avec entrain, ‘Crazy Bird’, histoire qu’on te (rem)plume, et évite de montrer les dents. « Shoo-sha-shoo-sha-we », j’ai bien vu que tu étais aussi honky tonk qu’une demibouteille de gin, et tes jambes sont toutes croches mais il va nous falloir partager ces trémoussements ourlés jusqu’à ce que le dernier danseur ait quitté la piste. « I bet you think that I love this place », mais je suis comme toi: parfois j’aimerais tant que la clé qu’on remonte dans mon dos déclenche des pantomimes moins forcées, que le tambourin rythme davantage de cavalcades vers le Grand Ailleurs. « Oh, you’re bound to change your mind ! ». (alr)
Wild Smiles ‘Always Tomorrow’ Sunday Best Recordings
Ayant été projeté sur le devant de la scène l’année passée par Geof Barrow qui a pro-
duit son premier 45 tours, ce trio anglais laissait deviner un beau talent en devenir avec son punk poppy vitriolé. Avec son premier album, Wild Smiles confirme qu’il dispose d’un talent indéniable en nous offrant l’un des disques les plus frais de l’année. La musique du groupe se compose d’un tiers de mélodie pop ultra immédiate, un tiers d’énergie punk et un tiers de vitriol au niveau des textes. On se régale à de nombreuses reprises sur cet album qui déborde de tubes en puissance. L’excellent et ultra concis ‘Fool for you’ ouvre l’album en force avant d’être suivi par ‘Never wanted this’ qui sonne comme du Nirvana et crache son venin sur le conformisme voulant que l’on entre dans le système (‘I could get a job/ I could wear a suit/A monkey in a suit to make some money’). Plus loin, ‘Hold on’ parvient à être très accrocheur tout en évoquant le suicide de manière touchante, tandis que ‘Everyone’s the same’ apporte un moment downtempo bienvenu et que ‘I’m gone’ termine l’album sur une excellente note. Un premier essai plus que réussi. (pf).
The Xcerts ‘There Is Only You’ Raygun Records
Originaire d’Aberdeen, en Écosse, The Xcerts a mis quatre ans à peaufiner ce nouvel opus qu’il espérait être la suite logique de ses deux prédécesseurs, mais en mieux. Mission accomplie, puisque ‘There Is Only You’ est un très chouette album de pop énergique et sautillante. Assez lo fi d’essence, avec un petit côté émo, cette collection brille par son évidence mélodique et par l’énergie juvénile qu’affiche chacun des morceaux. On est également sous le charme de la charge émotive des titres qui fleurent bon la sincérité. ‘Live like this’, ‘Kevin Costner’, ‘Pop song’, ‘Kick it’, ‘Kids
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on drugs’ et le très catchy ‘Shaking in the water’ figurent parmi les plus belles réussites d’un album franchement engageant même si on pourrait lui reprocher un côté un rien répétitif sur la longueur. (pf)
Zeitkratzer ’Whitehouse’ Zeitkratzer Productions
La rumeur le prétend, et elle n’a pas toujours tort, chaque disque des Zeitkratzer est un événement pour tout amateur de musiques contemporaines ambitieuses et bruitistes. Déjà auteur en 2010 d’un premier live (‘Whitehouse Electronics’) centré sur les compositions du groupe noise anglais Whitehouse, au passage un des précurseurs de l’industriel, l’ensemble berlinois a remis le couvert à Nancy l’an dernier. Une nouvelle fois invité, William Bennett (ex-Whitehouse, donc) est venu apporter sa touche au mixage, mais les sonorités du disque ne s’y trompent pas, nous avons bel et bien droit à une œuvre des Zeitkratzer. Comme toujours, et c’est une habitude tellement formidable qu’on ne s’en lassera jamais, les cinq déclinaisons proposées démontrent l’impeccable sens de la dynamique, quasiment unique au monde, de l’ensemble mené par Reinhold Friedl. Tout en fulminant des révoltes instrumentales acoustiques où chaque instant est propice à l’évasion post-mélodique, les musiciens allemands (et d’autres nationalités) font vibrer leurs instruments dans une sourde colère bluffante et magnétique. Incroyable de précision, d’une sensibilité noise qui dissimule un savoir-faire musical immense, la nouvelle production Zeitkratzer est à la hauteur de sa réputation, c’est dire le niveau. (fv)
2:54 ‘The Other I’ Bella Union/Pias
Sur papier, l’histoire des 2:54 ne manque pas d’arguments pour nous séduire. Deux sœurs aux influences punkoïdes (Melvins, Bad Brains, Fugazi) se mettent à gratter leurs manches, récoltent rapidement un petit succès d’estime pour atterrir chez les trokoules Fat Possum. Embarquées dans la camionnette blanche des XX, de Wild Beasts et Warpaint, les siamoises retournent à leur pupitre pour ‘The Other I’ qui sort cette fois chez Bella Union, rien que ça. Ce trop beau bulletin ne pouvait aboutir qu’à une déception : moins putes que Zola Jesus mais moins classes que les Warpaint, les 2:54 s’engouffrent dans des abysses qui feraient raccord entre le ‘Version 2.0’ de Garbage et ‘Frozen’ de Madonna. En dreft, pas vraiment les références qu’on attendait lors d’un mois de novembre deux-mille quatorze. Pas assez givrée malgré la reverb, pas assez sensuelle malgré les perfectos, l’âme de ‘The Other I’ transpire la vacuité à force de se conforter dans des pénates ridiculement dark qui finissent tragiquement par glisser sur une peau de citrouille. Dommage, car un titre moins gras du bide comme ‘South’ aurait pu augurer de belles choses. (am)
28 jeudi 04 decembre
Jungle
4 décembre, Den Atelier, Lux 8 décembre, AB, Bruxelles Collectif londonien emmené par deux pèlerins du groove alternatif, Jungle prolonge la fièvre du Mondial avec un premier album branché sur la sono globale. Soit les tubes de l’été (‘Busy Earnin’, ‘The Heat’, ‘Platoon’) trafiquant le tambour d’un grand accélérateur de particules. Ici, soul, pop, disco, rock, rythmes funk et afro tournent à fond les ballons pour goupiller douze chansons sexy et explosives. Petite addiction qui nous perdra, ce disque va faire sensation. (na)
Madensuyu
5 décembre, Vooruit, Gand 6 décembre, Dommelhof, Neerpelt Pour son troisième album, Madensuyu a choisi de se confronter au Stabat Mater, soit l’un des thèmes sacrés les plus rabâchés du répertoire classique (Vivaldi, Pergolesi, Pärt, notamment). Ce parti pris ambitieux s’accorde parfaitement à la musique instinctive, crue et tendue du duo gantois. Enregistrée en cinq jours sous la houlette de Peter Vermeersch, cette œuvre au rouge en propose une relecture noisy, une incarnation de chair et de sang, véritable fruit de leurs entrailles. Après s’être allègrement bousculées et déchirées, guitares, batterie, nappes synthétiques et voix se réconcilient dans une communion passionnelle célébrant toutes les mères. Une offrande pour ce qui est peut-être l’un des meilleurs albums belges de l’année. (gle)
Glimps
11-13 décembre Multi-salles, Gand
Archie Shepp 4tet @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Tahiti80, Blondy Brownie @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Pelican Fly label Night: Sinjin Hawke b2b Zora Jones, Mister Tweeks, Pelican Fly guest… @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Romeo Elvis, Team Panini, Junior Goodfellaz and Supafly Deejays @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be FrYars @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Mazuka, Fantome, Eighte, Little Blues @ L’Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalier-Café/246445725399354 Bach To Rock III @ Ferme de Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Nihil, Wiegedood @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be King Tuff @ Madame Moustache, Bruxelles Zu, Morkobot @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Warhola; OCD: Moosh & Twist @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Ground Zéro Festival: Billie Brelok, Sianna Dwayna @ La Péniche, Lille, Fr, groundzerofestival.fr Angus & Julia Stone @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Jungle @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Lucas Santtana @ Exit07, Luxembourg-Hollerich, Lux, rotondes.lu Calogero @ Zénith, Lille, Fr, veroneproductions.com
vendredi 05 decembre Autumn Falls: Madensuyu, Thus Owls, She Keeps Bees; Afterparty @ Vooruit; Dawn Of Midi, Xylouris White, Jozef Vanwissem @ Ha’, Gent, autumnfalls.toutpartout.be Schengen Schege, Maguaré @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Sysmo ft Rémi Decker, Aboukar Traoré @ Atelier210, Bruxelles Razen, Bear Bones Lay Low @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Staff Benda Bilili @ Caserne Fonck, Liège, lesardentes.be Joakim, Lorenzo Ottati, Attar! @ Cercle De Lorraine, Bruxelles Front 242, A Split Second, Brownstallionsoundsystem @ GC Den Dries, Retie, darkballoon.be BRNS @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Moker @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen, eupen.be Johnny Cage & The Voodoo Groove, Bim Jecker, burlesque show @ Bazaar, Bruxelles, facebook.com/ events/354759574697329/ Soirée Hey Cool Kid @ L’Escalier, Liège, facebook.com/pages/ LEscalier-Café/246445725399354 Girls In Hawaii @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Layla Zoe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Danakil, Prtoje, Yaniss Odua; Kate Tempest @ AB, Bruxelles The Taikonauts, The Poneymen, Hell-o-Tiki @ Magasin4, xl Supernaut @ Maison du Peuple, Saint-Gilles Chris Wood @ Molière, Bruxelles, muziekpublique.be Rape Blossoms @ Walrus, Maldegem, toutpartout.be The Herbaliser, Spoons Of Knowledge, DJ Mellow @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Le Rockerill s’enflamme: Barako Bahamas, Marcel Douchebag @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Layla Zoe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be J.Mascis, King Tuff @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Power Trip @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Cyclorama, Only2sticks, Jerry Baldrian dj set @ Exit07, Luxembourg-Hollerich, Lux, rotondes.lu IAM @ Zénith, Lille, Fr, veroneproductions.com
samedi 06 decembre
Id!ots © Guy Kokken Sis à Gand, le Glimps Festival est un gros – très gros même – week-end de showcases où se produisent des artistes en développement venus de toute l’Europe. Soit pas moins de 60 (!) groupes à découvrir, répartis sur onze scène locales (Handelsbeurs, Charlatan et bien d’autres). Outre de nombreuses formations belges, vous pourrez aussi y découvrir les nouveaux talents danois, hollandais, luxembourgeois ou italiens... Pour faire connaissance avec les 60 formations invitées, nous vous invitons à vous rendre sur le site http://glimpsgent.be/en/lineup. Allez, pour la bonne bouche, citons toutefois : A/T/O/S, Billions Of Comrades, Id!ots, The Spectors, Fùgù Mango, Nicolas Michaux, Paon, Black Lizard, Sioen, Vuurwerk, Bed Rugs, Black Flower, Blaue Blumen, David Douglas, La Chiva Gantiva,... Cerise sur le gâteau, il vous en coûtera moins de 20 euros par ticket journalier ou 25 euros seulement pour le pass weekend (en prévente).
Exuviated, Tremplin Durbuy Rock Festival: Death By Nature, Doganov, Evening Call, Morning Chaos @ L’Escalier, Liège, durbuyrock.be Kommil Foo @ AB, Bruxelles, abconcerts.be King Hiss, Dargo @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be 0, Xavier Dubois @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com Pizza Noise Maffia, Tav Exotic, Fyoel, High Wolf @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com John Barbu, Bob Not Dead, Cédric Gervy @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Aboukar Traoré @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be Triggerfinger @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Sinister, Mystica, Desdemonia, Innerfire, Infected, Blow Up @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Gaiser, Whyt Noyz, Joran Van Pol, Pierre And Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Fantøme, Delta @ Halles de Schaerbeek, Bruxelles, halles.be Nachtvøgels, Fred P & Session Victim @ De Kreun, Kortrijk Vemod, Hetroertzen, Sortilegia, Lvthn, Khthonik Cerviiks, Cult Of Fire @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Fred & The Healers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Recorders, Broadcast Island @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Juice & La Liesse: Mazde, Necktalk, Subp Yao, Ena-n, Maverick, Crash, Mehbian, Eighte, La Détente Générale @ Studio 22, Liège Rape Blossoms @ Trefpunt, Gent, toutpartout.be DJ Tiger & Woods, Fabrice Lig, Spirit Catcher, Chris Hingher, C-Drik, Globul @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Bryan Adams @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Talib Kweli @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Little Dragon, Nao @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Kyo @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 07 decembre Steppe; Paloma Faith @ AB, Bruxelles, abconcerts.be She Keeps Bees, Love Like Birds @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Dominique Corbiau & Friends @ Ferme de Biéreau, Louvain-LaNeuve, fermedubiereau.be 11ème Foire Aux Disques Vinyls @ Galerie Ravenstein, Bruxelles, brusselsrecordfair.com She Keeps Bees, Love Like Birds @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
gigs& parties dec/jan 14/15
lundi 08 decembre Jungle, STUFF.; Songhoy Blues @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Seilman Bellinsky, Quadrupède, Draache @ L’Escalier, Liège, facebook.com/events/1492117764398209/ J Mascis @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Lenny Kravitz @ Zénith, Lille, Fr, veroneproductions.com
mardi 09 decembre Boyz II Men @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Girls In Hawaii @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Metronomy @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Tinariwen @ 30CC, Leuven, 30cc.be Richard Comte and Nicholas Field @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be Girls In Hawaii unplugged @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Uriel Barthélémi & KK Null, Mannheim, Poly-Fannies @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Guy Davis, Anthony D’Amato, Joe Durso, James Maddock & Rob Dye, Jesse Ashfield @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Ground Zéro Festival: Marie Flore @ La Péniche, Lille, Fr, groundzerofestival.fr Winter Camp Festival: PS I Love You, She Keeps Bees @ Maison Folie Hospice, d’Havre, Fr, legrandmix.com
mercredi 10 decembre Zara McFarlane; Pigeon @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Benjamin Clementine @ Cinéma Le Parc, Liège, lesardentes.be Radio Des Bois @ Ferme de Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Avatar, The Defiled @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Alain Pire Experience @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Julian Casablancas, The Voidz , Songhoy Blues @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Holy Motors @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Winter Camp Festival: Samaris, Fyfe @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 11 decembre Glimps: Nicolas Michaux, FùGù Mango, Briqueville, Brutus, Id!Ots, A/T/O/S, Eaux, Billions of Comrades, The Spectors, De Staat, PAON, Fuck Art, Let’s Dance @ centre ville, Gent, glimps.be Scott Matthews @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Olivier Juprelle, Li-Lo* @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Tanz, Iquar Vale, Prune L, Karlita, Tirambik, Niloc @ L’Escalier, Liège, facebook.com/events/670523209732774/ Seilman Bellinsky, Draache, Rince-Doigt @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be I Will, I Swear, The Feather @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Mad Professor, Adrian Sherwood, Dannis Bovell ft Lee Scratch Perry, Chalice Sound System @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Winter Camp Festival: Samaris, Fyfe @ Maison Folie Hospice, d’Havre, Fr, legrandmix.com
vendredi 12 decembre Glimps: Love Like Birds, I Will, I Swear, Will Samson, Talbot, STAL, Black Lizard, Nvmeri, Ragini Trio, Sioen, Root, Svper, Mutiny on the Bounty, Nordmann, Natas Loves You, Sebastian Lind, Fabio Accardi, Aloa Input, Hong Kong Dong, Rina Mushonga, Eaux, Paon, UMA, GOSTO, BackBack, Get Your Gun, Gabriel arzón-Montano, Vuurwerk, Afterpartees, Bottled in England, Sleepers’ Reign @ centre ville, Gent, glimps.be Le Père Noël est un Rockeur: Kennedy’s Bridge, L’Or du Commun, Dandy Shoes, Party avec Jo @ l’Alhambra, Mons, rock.coeur.be Quentin Dujardin @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com The Scabs; Mark Eitzel, Simon Kempston @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Wave Pictures, Alha Whale @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Rumbabalkanika, Kermesz à l’Est @ Eden, Charleroi, edencharleroi.be Hijaz invite Abir Nasraoui @ Ferme de Biéreau, Louvain-LaNeuve, fermedubiereau.be Monika Kruse, Gregor Tresher, Pierre, Dany Rodriguez, Redhead, Ortin Cam @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Wife, Red Stars Over Tokyo @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Tango Crash, Milonga @ Molière, Bruxelles, muziekpublique.be 54Kolaktiv presents Exit54 @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Aqmé, Unswabbed, Mingawash @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Purpendicular @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Belgian Asocility, Diablo Blvd, Halve Neuro, F.O.D. @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Communicaution @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, kulturfabrik.lu
samedi 13 decembre Knestival: Roland Van Campenhout, Collapsing Stories (D Is Done), Piquet, Sue Me Charlie, Melting Time, Leonore, Samowar, ShyLips, … @ Kievitsnest, Antwerpen, facebook.com/ events/386501038167265/
Glimps: Ostyn, Hydrogen Sea, Einar Stray Orchestra, The Away Days, Stadt, 3K, Mehawk, Rome, His Electro Blue Voice, Comausaure, The 45’s, Team William, Beaty Heart, Bed Rugs, Monophona, Remi Panossian Trio, Os Meus Shorts, Will and the People, La Chiva Gantiva, Black Flower, Bring the Mourning On, Sea Change, Blaue Blume, David Douglas, These Ghosts, JoyCut, Tenfold Rabbit, Children, The Wands, Bajzel, Marc Desse, Charlotte @ centre ville, Gent, glimps.be Le Père Noël est un Rockeur: Romano Nervoso, Von Durden, The Tangerines, Corbillard, Jane And The Black Bourgeoises, From Kissing, Mr Lunacy @ Salle du Patro, Thuillies, rock.coeur.be The Black Tartan Clan +Tremplin Durbuy Rock Festival: Black Mirrors, Bursting, Feed Them Lies, Pride Zero @ Atelier Rock, Huy atelierrock.be Elisa; [sic], RaaskalBOMfukkerZ @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bianchini-Stocchi-Luongo Jazz Trio @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be #CHBD2: The Magician, Mickey, Compuphonic @ Le Cadran, Liège, lecadran.be G.Xist, Layo vs J’Sprirt, Julien Ska, Klaina, Sam Silva, Nocid @ L’Escalier, Liège, facebook.com/events/798219273574329/ Alain Pire Experience, Jungle Trip @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Theo Parrish, Walrus b2b Handless DJ, Pierre b2b Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be The Invitation Reunie: The Best of New Wave - Gothic - Electro 1980-1996 @ Expo, Waregem, purplemoon.be Gabbalovers @ London Calling, Bruxelles, facebook.com/ femalesrock Ny Malagasy Orkestra @ Molière, Bruxelles, muziekpublique.be Thomas Champagne, Whocat @ Le Palace, La Louvière, ccrc.be Marchienne de Noël: Curver & Wood Boy Entertainment @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Logical @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Detachments, ADN’ Ckrystall, Ash Code, Risk Risk @ TAG, Bruxelles, lefantastique.net Rebelz invites De Jeugdzonde: Trashbat, Artroniks, Contraddict, Beto, Zognör 8, Mexter, Cottrell, Law, Kangpfa @ T-Klub, Lokeren The Shivas, Thee Marvin Gays, Scrap Dealers @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com The Do, Las Aves @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Wampire @ Exit07, Luxembourg-Hollerich, Lux, rotondes.lu Laetitia Shériff, Laina Shanties @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 14 decembre Robbing Millions; School Is Cool @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Origami classics: romanticism, impressionism and techno @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be The Dø, Las Aves; Jambinai @ Botanique, Bruxelles, botanique.be One OK Rock, Tonight Alive, Mallory Knox @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Behemoth, Bliss Of Flesh @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Pilod @ Le Bistrot de St So Gare Saint Saveur, Lille, Fr, facebook. com/pilodband Joey Bada$$ @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
lundi 15 decembre The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.be François & The Atlas Mountains, Petit Fantôme, Babe; JJ @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Do @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mardi 16 decembre Karel Ceulenaere Quintet @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be Admiral Freebee @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
mercredi 17 decembre The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Yelle @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Ensemble Barbara Furtuna, Didier Laloy, Kathy Adam @ Maison Culturelle, Ath, maisonculturelledath.be Wallace Vanborn, Falling Man @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Pilod @ Monk, Bruxelles, facebook.com/pilodband Amatorski, Oaktree @ Vooruit, Gent, democrazy.be Ben Howard, His Golden Messenger @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Gang Of Four, Shopping @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
jeudi 18 decembre Dj’s Phonetics, Marla J., Simon Hold, Baptist, Wickzzz, Alpha Ghandi @ Bonnefooi, Bruxelles, meetingvzw.be Arsenal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Barbra Furtuna invite Didier Laloy, Kathy Adam @ Ferme de Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be The Amazing Snakeheads @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be BRNS, Star Club West @ Stuk, Leuven, stuk.be At The Gates, Triptykon, Morbus Chron @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Experimental Tropic Blues Band @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Gush @ Le Splendid, Lille, Fr, veroneproductions.com
vendredi 19 decembre The Black Tartan Clan; Tremplin Durbuy Rock Festival: Body Fuel, Infected, Stand For Thruth, Guardians @ L’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Mist Festival: Stuff, Go March, MannGold, Angels Die Hard @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Nits @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
48 Cameras, Radio Prague @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com Bas Nylon @ +20/12-Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be The Sore Losers, Young Rebel Set @ Camping Hertogenwald, Eupen Future Old People Are Wizards, 30.000 Monkies @ Cactus@ MaZ, Brugge, cactusmusic.be dEUS @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Dans Dans, Little Dots @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Synth City: The Bipolar, From Kissing, Suffocating Minds @ Péniche Fulmar, Bruxelles, facebook.com/ events/846321552066053/?ref_newsfeed_story_type=regular Dimitri Vegas & Like Mike @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Echoes @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Eigen Makelij @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Dopplereffekt, Lee Gamble, Lowcomittee; Calyx & Teebee, Audio, Frankee, LX ONE, MC 2SHY, One87 & MC Mush, Cedex & Higher Underground, Invid @ Vooruit, Gent, vooruit.be Aero Easy Tour: Bodybeat, Le Duc Factory @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com De Fixkes @ Mezz, Breda, Nl, mezz.nl
samedi 20 decembre Le Père Noël est un Rockeur: BRNS, La Smala, The Black Tartan Clan, Recorders, Fúgú Mango, Lemon Straw, Dour Festival Christmas Party @ Dour Sports, Dour, rock.coeur.be Finale Concours Circuit: Alaska Gold Rush, Forest Bath, Mambo, Maw//Sitt//Sii, Thyself @ Botanique, Bruxelles, botanique.be 7 Weeks; Tremplin Durbuy Rock Festival: Ghost Around My Ears, Sublind, Sleepers’ Guilt, Warfaith @ L’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be The Sore Losers, Young Rebel Set @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Don Fiasko, DJ Mellow @ l’Alhambra, Mons, alhambramons.com Anu Junnonen @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com Vincent Grognard & friends @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be John Cale @ Concerttent, Mesen, gonewest.be Soirée Crush Up #3: Cali McFly, DJ-R, Boranov, Mc Soul-P, L’Hexaler @ L’Escalier, Liège, facebook.com/crushuparty dEUS @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Milow @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Daniela la Luz, Yannicj Robyns, Pierre And Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be The Dad Horse Experience @ Madame Moustache, Bruxelles René Binamé, Guerilla Poubelle, Lady Fucked Up, Mr Marcaille @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be 2 Years Tangram Records: LTGL, Uphigh Collective, Title b2b Faisal, Mophito, Losco, BCote @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Bouldou & Sticky Fingers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Billy and Bloomfish, Nils De Caster @ La Truite D’Argent, Houffalize, la-truite.com Adam Beyer, Joel Mull, Dustin Zahn, Kr!z, Spacid @ Vooruit, Gent, kozzmozz.com Murkage, La Rumeur @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 21 decembre The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Mud Flow, Joe Bel @ Botanique, Bruxelles, botanique.be dEUS @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Vandenplas @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Sunday Happy Funday @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
lundi 22 decembre Michael Morpurgo @ Kathedraal Ieper, gonewest.be We Rock @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mercredi 24 decembre Swagmas with DJ Kisa @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be Disco 2014 @ Cactus@MaZ, Brugge, cactusmusic.be
jeudi 25 decembre Convok, Crapulax, BLCKSPNKRS, Zanillya @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be
vendredi 26 decembre Les Gauff’ @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
samedi 27 decembre Legends Tribute Event Festival: Never Stop Rosie (AC/DC), Snaggletooth (Motörhea), Fullbeat (Vollbeat), W.A.S.B. (W.A.S.P.) @ Brielpoort, Deinze Mariage Annule, Les Planches à Roulettes Russes @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com Telefunkx Deepinhouse Soundsystem: Chris Ferreira, Kafim, Larson, Dardenne @ L’Escalier, Liège, facebook.com/ events/969824353046330/ High Voltage @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
29 The Dø
13 décembre, L’Aéronef, Lille 14 décembre, Botanique, Bruxelles 15 décembre, Rockhal, Esh Si on ne distingue pas vraiment si ce sont les eighties qui accouchent d’un disque à retardement (‘Trustful Hands’ plagiat décomplexé du ‘Super Trouper’ d’ABBA) ou les années 2040 qui engendrent un sommet d’anticipation, ‘Shake Shook Shaken’ voit à tous les coups le duo franco-finlandais s’essayer à l’efficacité ravageuse. Pour s’engouffrer dans cette faille spatio-temporelle, le binôme n’a pas hésité à déconstruire ses recettes en remisant à la cave la plupart de ses instruments au profit des laptops et des claviers à paillettes. Entre harmonies à tiroir et trouvailles rythmiques, la voix caméléon et élastique de Merilahti fait le reste en s’adaptant à tous les reliefs et toutes les températures, de la froideur prude à l’incandescence sexy. Les Elli et Jacno du 21ème siècle ? (gle)
François & The Atlas Mountains (avec Petit Fantôme et Babe) 15 décembre Botanique, Bruxelles
Depuis son premier disque solo en 2004, François Marry n’a eu de cesse d’évoluer, sans jamais se départir d’une mélancolie lumineuse, vers une pop de moins en moins bricolée, de plus en plus maousse, jusqu’à devenir avec l’increvable ‘E Volo Love’ de 2011 le premier artiste français signé chez Domino. Le récent ‘Piano Ombre’ vient couronner une carrière déjà culte. En première partie, Petit Fantôme, échappée en solo de Pierre Loustaunau (membre du groupe sus-cité), met sa poésie au service d’une pop intimiste cousue main. Avec la complicité du Botanique, nous avons 2x2 places à vous offrir ! Pour remporter les tickets, envoyez un mail à fabrice.rifraf@skynet.be.
Concours Circuit 20 décembre Botanique, Bruxelles
Ils ont bravé les obstacles, franchi toutes les étapes, plus que jamais ils rêvent désormais de devenir les nouveaux Sharko, Hollywood Porn Stars ou Billions Of Comrades. Car il n’est plus à démontrer que le concours de la fédération Wallonie-Bruxelles demeure un indéniable tremplin vers une plus large reconnaissance pour ces jeunes groupes encore en autoproduction. La crème de la sélection 2014 croisera donc le fer au Botanique comme il est de coutume pour la finale. Alaska Gold Rush (récent vainqueur du Verdur Rock et aperçu lors de la Nuit Belge, le duo folk-rock-roots puise dans le blues et le rock’n’roll), Forest Bath (projet de l’illustratrice Joanna Lorho pour un folk ciselé entre piano/voix et violoncelle), Mambo (nouveau projet du collectif Honest House - quatuor instrumental au mathrock plutôt groovy), Maw//Sitt//Sii (rock alternatif aux velléités expérimentales d’inspiration Liars et Battles), Thyself (quatuor rock originaire de Namur rassemblant quatre ingés son).
dimanche 28 decembre High Voltage @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
lundi 29 decembre The Beatbox @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mardi 30 decembre The Beatbox @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mercredi 31 decembre
Tenors of Kalma
20 décembre Espace Senghor, Bruxelles Tenors of Kalma, nouveau projet aux confins du jazz, du rock et des musiques électroniques rassemble trois musiciens finlandais hors du commun.A savoir
30 le guitariste issu de la scène jazz Kalle Kalima (aperçu aux côtés d’Anthony Braxton, Marc Ducret ou encore Jazzanova), le batteur polyvalent Joonas Riippa et le touche-à-tout Jimi Tenor - qu’on ne présente plus donnant ici de la voix, des claviers et du sax.
Transardentes
31 janvier Halles des Foires de Liège
NYE2015//E=MC2 @ Le Cadran, Liège, lecadran.be New Year’s Eve Party: Larson Coffee Boy, Flo & Friends @ L’Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalierCafé/246445725399354 Utopia NYE: Makasi, Ghent Bangers, Onepack & Bigbass, Lanka, Laurent Davidsson; Dysfunkshunal, Black Frank, Duub @ Eskimofabriek, Gent, utopianye.be Error 2014: Gary Beck, Rebekah, Ø [Phase] vs Kr!z, Spacid, Voxter & Balance; Steve Bug, Ryan Elliot, Red D, Kong, Beauhause; Pete Howl, Pilose, Die Clique @ Galveston/Artcube, Gent, errorny.be Modklub New Year: The Modest Men, Miss Twist, Girl With The Green Eye @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Exit 2014 @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be F*ckin New Years Eve: Ed Rush & Optical, Audio, Mefjus b2b, Emperor, Teddy Killerz, The Hard Way, Current Value, R.O., Station Earth, Drumderground Crew; Jeff Mills, Robert Hood, The Advent, Kr!z, Jim Henderson; Kaaris, Dope D.O.D, Onra, La Smala, DJ Cam, Al Tarba & DJ Nix’on, Jeanjass, L’or Du Commun & Roméo Elvis; Stand High Patrol, Aba Shanti-I, Obf & Shanti D, Reggaebus & Mad Codiouf @ Palais12, Bruxelles, fcknye.be New Year’s Eve @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
vendredi 02 janvier Brothers In Arms @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
samedi 03 janvier Brothers In Arms @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Gesaffelstein © Marco Dos Santos Pour 2015, le festival tient à enfoncer le clou : il est le premier grand rassemblement techno, house, électro de l’année – il suffisait d’y penser ! Nous avons envoyé un sms à Dominique Lehmann, le voyant des stars/la star des voyants, qui nous a répondu qu’il prédisait encore un grand succès aux Halles des Foires de Liège : Adam Beyer, Gesaffelstein (dj set), Nina Kraviz, Claptone, Worakls, Chris Liebing, Sigma, Ten Walls, Friction, Oliver Dollar, Daniel Avery, Black Sun Empire, Just Blaze, The Upbeats, Gorgon City, Alix Perez, Kid Noize, Paul Woolford, Secondcity, Ganz, Lost Frequencies, Stavroz, Pomrad. Le ticket « normal » s’arrache à 42 euros, pour les formules bling-bling avec champagne et zakouskis, c’est plus cher. http://www.lestransardentes.be/fr
Propulse
2-6 février Flagey, Halles de Schaerbeek, Botanique Le rendez-vous des Arts de la Scène en Fédération Wallonie-Bruxelles remet le couvert. Théâtre, danse et cirque viennent faire un tour de piste (Halles de Schaerbeek) mais aussi les musiques de quelques talents belges fraîchement éclos. Si Flagey embrasse la musique classique, le Botanique accueille les musiques actuelles. Rendez-vous pensé pour les programmateurs et professionnels, Propulse entrouvre cependant toujours ses portes au public.... Mercredi 4 février : Byron Bay, Maw//Sitt//Sii, Cargo Culte, Alasaka Alaska, Konoba. Jeudi 5 février : Empty Taxi, Beautiful Badness, Little X Monkeys, L’Or du commun, Glü. Vendredi 6 février : Alaska Gold Rush, Dario Mars, Thyself, Daggers, My Diligence.
Ariel Pink
15 mars Beursschouwburg, Bruxelles Il fût un temps où Ariel Pink passait son temps dans des caves sordides à enregistrer des centaines de titres sur son enregistreur à cassettes. Connu à l’époque dans l’underground – mais régulièrement célébré par RifRaf, le Californien est aujourd’hui idolâtré par tous les hipsters et music lovers de la planète. De son vrai nom Ariel Marcus Rosenberg, notre zozo pailleté tire les couettes des sixties, seventies et eighties pour mieux susciter l’enthousiasme des médias et envoyer les fans de zik jusqu’au septième ciel. Un doux-dingue qui s’autorise tout et on lui donne mille fois raison.
mercredi 07 janvier Stone River @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
jeudi 08 janvier A/T/O/S @ Bonnefooi, Bruxelles Mike Sponza Band @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be
vendredi 09 janvier Enter Shikari @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Birds That Change Colour, Byron Bay @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Emily Loizeau @ Ferme de Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Radio Modern: Elvis Special @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Wishbone Ash @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Out Of The Blues @ De Zwerver, Leffinge, leffingeleuren.be
samedi 10 janvier Monstermash: The Big Six, Moonshine Reunion, Doghouse Sam & His Magnatones, The Spunyboys, Small Time Crooks, Eastville Sinner, The Shooting Stars @ De Waai, Geel, dewerft.be Fúgú Mango, BRNS @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Mister Cover @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be A Failing Devotion @ Bar Live, Roubaix, Fr
mercredi 14 janvier Arsenal @ NTGent, Gent, democrazy.be Alain J.Bound @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Chassol, Strander Horse Sextet @ Vivat, Amentières, Fr, legrandmix.com
jeudi 15 janvier Melanie De Biasio @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Two Tone Club, Buster Shuffle, Rudie Bam Bam @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
vendredi 16 janvier Id!ots @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Two Tone Club, Buster Shuffle @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Caliban, Bury Tomorrow, Dream In dreamer, Any Given Day, Control State @ Factor - Entrepot, Brugge, eyespyrecords.com The Nimmo Brothers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Zoot Woman @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Lofofora, Lomechusa @ CC Gérard Philip, Calais, Fr, calais.fr
samedi 17 janvier Modfest: @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Arsène Lupunk Trio @ Belvédère, Namur DJ’s Lescop, Chacha aka Public Relation, Hatecraft, Deviant, DJ’s Richard 23, (V+V)² @ La Bodega, Bruxelles, club-new-wave.be Cré Tonerre album release party @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Les Petits Chanteurs à la Gueule de Bois @ Ferme de Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be City Night Line @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Sun7Boulevard @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Progerians, Brewed In Belgium, Swizzle Stick, Darwin Theory Of Evolution, Full Contact @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com
dimanche 18 janvier Pigeon @ CC Bolwerk, Vilvoorde Cré Tonerre album release party @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon. be Low, Soak @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Metalboerse @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, kulturfabrik.lu
lundi 19 janvier JD McPerson @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Nipsey Hussle @ Trix, Antwerpen, greenhousetalent.be
mardi 20 janvier Hammerfall, Orden Ogan, Serious Black @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Kyo @ Zénith, Lille, Fr, veroneproductions.com
mercredi 21 janvier Belpop Bonanza bis: Jan Delvaux & DJ Bobby Ewing @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Orenda Fink @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Booker T. Jones @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Cymbals Eat Guitars @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Andreas Bourani @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Isaac Delusion @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
jeudi 22 janvier Jack And The Bearded Fishermen, Hombre Malo, Boda Boda @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Jawhar @ MJ des Récollets, Verviers Silent Party: Fakear vs Mawimbi, Malik Berki vs Big Buddha @ Palais des Beaux Arts, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Alex Clare @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
vendredi 23 janvier De Fanfaar @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lady Linn @ CC Strombeek-Bever, ccstrombeek.be Hot Club d’Europe @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Jozef Van Wissem @ Flagey, Bruxelles, flagey.be Howlin’ Lou & His Whip Lovers @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Charles Gayle @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Lost In Pain @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
samedi 24 janvier Maaike Ouboter @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Tove Lo @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Interpol @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Primordial, Solstice, One Tail One Head, Dødsengel, Malthusian @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Die Antwoord @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Los Trogos, La Clinic du Dr.Poembak @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Condor Gruppe, Above The Tree, Drum Ensemble Du Beat @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com We Are Enfant Terrible, Vilain, Grifon, Orco DJ set @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Guerilla Poubelle, Justin, Charly Fiasco, Nina’School @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 25 janvier Hozier @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Martin Carr @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Die Antwoord @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
lundi 26 janvier Grant Lee Philips, Howe Gelb @ Arenberg, Antwerpen, arenbergschouwburg.be
mardi 27 janvier Grant Lee Philips, Howe Gelb @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Inquisition @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, kulturfabrik.lu
mercredi 28 janvier Hooverphonic @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be
jeudi 29 janvier Lambchop ‘Nixon’ @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Above & Beyond @ Trix, Antwerpen, livenation.be Rone, You Man @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
vendredi 30 janvier Mark Lanegan Band; Jonas Winterland @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bullshit Music @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Brigitte @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Infact @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, kulturfabrik.lu
samedi 31 janvier Les Transardentes: Adam Beyer, Chris Liebing, Daniel Avery, Gesaffelstein DJ set, Kid Noize, Nina Kraviz, Ten Walls, Worakls; Alix Perez, Black Sun Empire, Friction, Ganz, Just Blaze, Sigma, The Upbeats; Claptone, Gorgon City, Oliver Dollar, Paul Woolford, Pomrad, Secondcity, Stavroz; Lost Frequencies … @ Halles des Foires, Liège, lestransardentes.be Brigitte, White Fence @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jean-Louis Murat; Waxahatchee @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sons Of Disaster, Ignitions, Tribute To Warzon @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be La Ou Règne le Chaos des Anges @ Ferme de Biéreau, LouvainLa-Neuve, fermedubiereau.be Gabbalovers @ Garage, Liège, facebook.com/femalesrock DJ Vadim, Mister Critical @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Klingande, Tube & Berger, Lexer, Matoma, Kungs @ Lille, Fr
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