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Puis, lors de vacances en Italie, l’endroit où elle résidait a pris feu, un feu gigantesque. Elle avait fui là-bas en dilettante, sans trop tracer de plan sur la comète, parce que rien ne semblait sérieusement la retenir, avait pris goût à la villégiature. Elle s’était dit, « ça m’ fera une petite nouvelle », puis elle s’était quasiment installée, les sens aiguisés de fraîche date, goûtant l’appétit sexuel et la béatitude. Au début, elle cachait tant bien que mal le fait qu’elle n’avait plus de logement. On dira ce qu’on voudra, ces choses là viennent sur le tapis: Tu fais quoi? T’habites où? Elle n’avait plus de nom, en changeait régulièrement, pour qu’on lui fiche la paix. Lorsque, en confiance, elle se hasardait à mentionner le fait qu’elle dormait dans sa voiture, elle voyait leur tête se décomposer. C’était pas très propre. Les flammes avaient progressé très rapidement. La vidéo n’a pas été supprimée, toujours visible dans son intégralité. Puis le feu avait tout consumé, redistribuant encore une fois les cartes. Elles les jouerait à l’aveugle, refusant de jeter un œil pour découvrir une main marginale ou même pire, relancerait trois fois dans le noir, atterrait à Bruxelles sur un malentendu, des as plein les manches. Au début, ça grincerait, elle se sentirait coincée entre l’huile et les aromates dans cette ville-western où les sept mercenaires qui descendent la rue Dansaert en longs manteaux noirs campent un commando « qui travaille dans la mode, tu comprends rien », apprêté toutes mèches dehors pour un pèlerinage Walvis-Fontainas. Où les Lucky Luke qui tanguent au saloon, grattant des Stella aux pieds tendres une écume d’insultes au bord des lèvres, éructant tout l’été sous un cachez-nez moutarde, une demi-Cara Pils au fond de la poche, se trouveraient invariablement dépourvus quand le séjour en centre psychiatrique serait revenu. Où sous l’air bonhomme si souvent rabâché - « tu verras ils ne se prennent pas au sérieux, ils sont comiques, ces belges » - elle verrait tomber les masques les uns après les autres. Voudrait les prendre en gros plan. Tous. Ses semblables. En faire collection. Enfiler leurs trognes. S’en faire un collier. Selon les premiers éléments de l’enquête.
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Puis elle ferait l’achat d’une micro-caméra genre dashcam de fabrication chinoise. Parce que la vie est pleine d’accidents, qu’elle se cogne tout le temps dedans et que les gens sont épris de paperasse et de constats. Elle filmerait tout : les militaires qui posent avec des touristes, les mitraillettes dans la rue des Pitas, le premier ministre avec son combo lunettes/faux-nez de farces et attrapes. - « Non mais t’as vu c’qui passe, j’veux l’feuilleton à la place. » Parfois elle s’accorderait une interview dans la salle de bains du type chez qui elle se serait posée, sans micro parce qu’elle n’aurait pas trouvé la brosse à cheveux : « Les gens m’ont toujours intéressé, mais je ne les ai jamais aimés. » Puis elle se retrouverait sans savoir comment à un concert de Jerusalem In My Heart aux Beautés Soniques de Namur. Aurait-elle succombé à la plaidoirie électrique d’un avocat survolté, aurait-elle retenu le nom associé à celui de Suuns sur la pochette d’un vinyle chez Caroline Music, peut-être était-ce la seule chose sensée en ces temps désaccordés? A la fin de la performance, une quinzaine de réfugiés syriens, irakiens et afghans, émus par sa démarche, viendraient étreindre le musicien, un libanais répondant au nom de Radwan Ghazi Moumneh. Engagée par ce qui aurait eu lieu, égarée mais vivante, elle en ressortirait profondément bouleversée, guettant la réapparition du garçon, ne sachant pas trop si elle irait jusqu’à lui ou se contenterait de le frôler pour lui voler encore quelques images. Elle rentrerait précipitamment pour dérusher cette soirée frappée d’une âpreté tellurique, les yeux rougis, les joues caves. Et ses paupières seraient lourdes. Texte : Fabrice Delmeire Deux disques : ‘Suuns+Jerusalemn In My Heart’ (Secretely Canadian/Konkurrent), ‘If He Dies, If If If If If If’ (Constellation/Konkurrent)
année 22 • dec ’15 / jan’16
Colofon www.rifraf.be Année 22 nr. 216 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf dec/jan sort le 28 jan
rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
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collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,...
photo cover: joseph yarmush
dessins : Issara Chitdara
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Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Photo : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Bristol La seule évocation du nom de Phill Niblock suffit généralement à garantir un instant précieux hors du tout-venant electronica. C’est une fois de plus le cas avec ‘T H I R’ (Von), film du composeur et cinéaste américain présenté pour la première fois en DVD depuis sa création en 1972. Acronyme de Ten Hundred Inch Radii, l’expérience dévoile une identité sonore subtilement étonnante, à la croisée des chemins d’un Eyes Like Saucers et de Reinhold Friedl (quand il est à la baguette des zeitkratzer). Enregistrée sur bande analogique à l’époque, la version originale de 1972 est d’autant plus marquée de son temps, et cependant complètement moderne, par les limites techniques de son support, graineux et sensuel. Son mérite est d’autant plus affirmé qu’on y parcourt un sentier illuminé des beautés de Luciano Berio, des précurseurs des drones, du minimalisme américain et d’un faux jazz alangui. Absolutely brilliant indeed. Une seconde version plus récente (2008) est proposée, nous ne l’avons pas reçue. ★ ★ ★ Toujours du label italien Von, terre défricheuse où se bousculent Prurient, Burial Hex ou z’ev, nous provient un nouvel essai de Thomas Köner. Décrit comme un mini-opéra pour orchestre noise, chanteuse, piano préparé et apparitions vidéo erratiques, ‘The Futurist Manifesto’ (d’après Filippo Tommaso Marinetti) peut se concevoir tel un contrepoint introverti et menaçant de l’inamovible et essentiel ‘The Ghost Sonata’ de Tuxedomoon. Si les premières minutes peinent à installer un climat marquant, la suite des opérations change radicalement la donne. Des aboiements surgissent dans le lointain d’un inquiétant glacis modern classical, il embaumera le cœur des adorateurs de Marsen Jules, une sourde et lancinante voix déclame avec lenteur et gravité la fin d’un / du monde, amer constat que les futuristes de l’époque (au début du vingtième siècle) avaient raison de glorifier la guerre et la violence. Et ça fait froid dans le dos. ★ ★ ★ Sixième tentative de Rafael Anton Irisarri, ‘A Fragile Geography’ (Room40) est né en partie d’un déménagement et d’un cambriolage, il n’était pas de petit tirage, c’est carrément le studio complet de l’électronicien américain qui a disparu dans l’aventure entre Seattle et New York! Ajoutez-y quelques archives audio et objets personnels, le moment de faire table rase était venu. Toutefois, et là s’arrête le storytelling, les sonorités de sa fragile géographie sont tellement imbibées de rêves ambient humides qu’on est bien en peine d’y entendre bien plus qu’une énième resucée de nappes superposées. Excellentes exceptions, les très émouvants quatrième ‘Hiatus’ et cinquième titres ‘Persistence’, tel un mariage naturel entre Anne Laplantine et Fennesz. Ils ne font qu’accentuer les regrets. ★ ★ ★ En parlant de Christian F., quelqu’un aura-t-il un jour la présence d’esprit d’enfin mettre Philippe Petit sur le même piédestal que le maître viennois? Lui aussi adepte des collaborations, mais également prolifique artiste solo, le Marseillais défriche toutefois davantage la musique concrète sur son nouvel opus ‘Ear Me In’ (Bôlt Records), il est comme d’habitude d’une veine accidentogène des plus remarquables. Hommages à l’immense Bernard Parmegiani, les deux pistes de la bête multiplient les anicroches, les rencontres et les points de fuite. Tournoiement incessant dans un espace-temps interstellaire où toute l’histoire de la musique concrète made in France fait corps, de Pierre Henry à Lionel Marchetti en passant par François Bayle, le discours tenu par Petit évite à la fois le chausse-trappe des conventions mielleuses et les fausses bonnes idées pour faire genre. Déployant des trésors d’inventivité, ils convoquent aussi bien des artistes de l’intérieur (Michel Chion) que de l’extérieur de l’hexagone (Stockkausen, Roxanne Turcotte), l’ami Philippe démontre disque après plaque que son imagination rendrait fertile le plus aride des déserts asséchés. ★ ★ ★ Autre nom de la musique concrète, et il fait partie des plus énigmatiques, Guy Reibel a longtemps vécu dans l’ombre de ses glorieux collègues Pierre Schaeffer et Iannis Xenakis. Membre lui aussi du célèbre (et fondamental) GRM, épicentre mondial du genre, le compositeur né en 1936 s’est quelque peu brouillé avec ses anciens camarades de jeu, tout en restant fidèle à sa ligne de conduite artistique (en plus de ses fonctions à Radio France). Publiées pour la première fois en disque, ses ‘Douze Inventions En Six Modes de Jeu’ (Karlrecords) sont également une œuvre qui a inspiré nombre de compositeurs des générations suivantes. Peuplées de crissements, de grincements et de bruits acides, dus notamment à l’emploi du polystyrène, mais aussi de souvenirs électroniques qui renvoient aux jeux vidéos des eighties, les douze étapes du parcours rangent définitivement au placard toute banalité stylistique et tout atermoiement confessionnel. Sans concession, il est vrai, mais bien plus accessible qu’on penserait de prime abord, l’univers de Guy Reibel mérite d’être (re)découvert. D’urgence. ★ ★ ★ De Jacob Kirkegaard on garde surtout l’excellent souvenir de ‘Labyrinthitis’, c’était sur Touch en 2008. A l’origine commande du festival grec InMute afin d’illustrer musicalement le film muet ‘La Passion de Jeanne d’Arc’, tourné en 1928 par le réalisateur danois Carl Theodor Dreyer¸’Arc’ (Holotype Editions) n’a toutefois qu’un lien ténu avec la pucelle d’Orléans. En deux longues plages d’une belle tenue formelle, et surtout d’une lenteur infinie, le compositeur de Copenhague tend un piège auditif au mélomane fan d’electronica. Alors qu’au vu du sujet, on pourrait s’attendre à une vision de combat et de fureur, l’électronicien scandinave prend le contre-pied parfait et, pour être tout à fait honnête, son ampleur évoque davantage l’hibernation aviaire au cœur de la Laponie qu’une épopée lyrique marquée de la Passion du Christ. A vous de voir et d’entendre.
Un vendredi d’octobre, j’aurais quitté mon bureau plus tôt que de coutume, me rendant fissa à Zaventem pour y prendre un vol à destination de Bristol à bord d’un avion SN Airlines, celui de 21h20. J’aurais ingurgité en vitesse un triangle de pizza façon Hut avant de passer la porte d’embarquement. A l’aéroport de Britsol-Lulsgate, j’aurais opté pour un taxi me conduisant directement, à un prix outrancier, dans le quartier de Clifton Village, y gagnant ma chambre louée via Airbnb. J’aurais posé mes valises – un simple sac – et enfilé mon manteau. J’aurais rejoint dans une belle brasserie de Whiteladies Road une vague connaissance professionnelle, un avocat bristolien avec lequel il m’arriverait d’être en contact épisodique. Lui : une pinte de Guinness, moi : une demi-pinte de cidre artisanal amer. Nous aurions devisé de choses sans réelle importance, goûtant la fin d’une semaine laborieuse. Le lendemain matin, il m’aurait fixé rendez-vous au Watershed, un vaste entrepôt portuaire transformé en cafés et restaurants sur un quai de l’Avon. De là, nous aurions regagné en bicyclette le pont suspendu historique surplombant le fleuve qu’il voulait tant me montrer. A marée basse, l’Avon dévoilerait ses méandres de sable. Il suffirait de suivre ses courbes du regard pour l’imaginer se jeter quelques miles plus loin dans la mer à Portishead. Sur un des piliers du pont, un écriteau mettrait en garde les candidats au suicide en les redirigeant vers un numéro de téléphone d’un centre d’écoute. Sur le temps de midi, la pluie battrait le pavé de la ville. Nous nous serions séparés sur le St Augustine’s Parade. De là, je me serais dirigé pédestrement vers le Colston Hall, point de ralliement du Simple Things Festival, à quelques centaines de mètres à peine.
Sans accréditation préalable, il s’avérerait impossible d’obtenir un passe presse malgré la sympathie non feinte de la préposée à l’accueil. Il faudrait faire vite, la programmation aurait déjà débutée. J’aurais d’abord opté pour un retour dans le temps. Profiter du confort d’une salle immense traditionnellement dévolue aux grands orchestres pour réécouter Maximum Joy, ce groupe local dont je serais resté sans nouvelle pendant plus de deux décennies. J’aurais enchaîné avec le Penguin Cafe, successeur du Penguin Cafe Orchestra, lui aussi resté inécouté durant des années. Au fur et à mesure que la journée avancerait, il aurait fallu faire des choix : découvrir HEALTH et Khruangbin, hésiter entre Vessels ou Vessel, apercevoir Something Anorak ou Micachu & The Shapes… A l’heure du souper, les choses se seraient subitement bousculées : Grumbling Fur, Savages, Wire, Lee Scratch Perry, Holly Herndon, Battles ne pouvaient être manqués en aucun cas. Tard dans la soirée, j’aurais visité les locaux d’une ancienne caserne de pompiers pour tenter d’écouter Dean Blunt mais l’affluence compacte m’aurait dissuadé de rester. J’aurais à peine poussé la tête à l’intérieur du Coroners Court mais je ne m’y serais pas senti accueilli. Plus tard encore, je me serais glissé sous la tente du Lakota pour tendre l’oreille aux dj’s en ne retenant que le nom de Galcher Lustwerk dont la house émotive aurait sonné l’arrivée de l’aube. Peut-être après tout n’aurais-je ni eu l’envie, ni le courage de déambuler à travers ce trop plein de notes et de sons. Peut-être aurais-je replié en quatre le programme dans ma poche pour mieux l’oublier, préférant tout simplement m’attabler à un restaurant indien où j’aurais commandé une kyrielle de thalis qui auraient ballonné mon estomac au point de refréner en moi toute envie de marcher. Descendant Cotham Hill, j’aurais fini par échouer dans un salon de coiffure mystérieusement resté ouvert à cette heure avancée. Un type qui se prétendrait être son tenancier nous aurait ma compagne et moi conviés à l’intérieur, nous refilant à chacun une cannette de Stella en guise de bienvenue. Les fauteuils auraient été remisés à l’avant du commerce, les tondeuses et peignes rangés, pour permettre à une dizaine d’individus de se déhancher tandis que dans le fond, un dj s’occuperait tranquillos à jouer des vieux vinyles des années 90 qu’il puiserait dans des bacs laissés en évidence pour la vente au public. Money Mark, les premiers Ninja Tune, Massive Attack... Tout d’un coup, planté au milieu du Shotgun Barbers de Bristol, j’éprouverais cette impression bizarre de me retrouver incorporé à la pochette de ‘Endtroducing’. Ce soir une page de ma vie venait de se tourner, une autre s’ouvrait. Un lien : www.simplethingsfestival.co.uk
Texte : Le Dark Chips
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
« Je peux vous faire sentir mieux, si vous me permettez...» sont des mots qui résonnent étrangement lorsque notre cerveau s’effarouche à résister à la déferlante SOPHIE. Depuis 2013, Samuel Long déjoue les règles et les sens en échappant à toute logique de développement. Évitant les interviews, jouant les gardes du corps pendant qu’un « mime » performe à sa place, le producteur anglais concentrerait son énergie à la production. Et dire qu’elle est déroutante est un doux euphémisme. Entre dubstep et trap, ‘Product’ fait dans l’économie de moyens et délie les couches plutôt que de les empiler. Reste à savoir si on aime ça : la réponse tardera à venir, autant le savoir. Entre contorsion rythmique et pop dégueulasse, entre plages instrumentales et hymnes chantés, notre adéquation se fait tout aussi schizophrénique que les 8 titres proposés. Est-ce un jeu, une manœuvre machiavélique ? Audacieuse à défaut d’être d’une évidente originalité, SOPHIE promet d’avoir plus d’un tour dans son sac à main. ★ ★ ★ Et si l’on condamnait la musique au silence ? C’est à peu de chose près la démarche de Deepchord sur ‘UltraViolet Music’, le silencieux à la cime du canon, voguant à égale distance du rêve éveillé et de l’hallucination qui hérisse. Et finalement, rien ne bouge sur la route des protégés de (Soma) où les chemins s’entremêlent en ambient étouffée et chants d’oiseaux. Une boucle qui prendrait soin d’elle-même serai-elle pour autant synonyme de pléonasme ? Pour toute réponse, ma femme qui tend l’oreille et dit : « Ça a l’air chiant ce que t’écoutes… ». J’adore ma femme. ★ ★ ★ Connaissez vous « La Leçon d’Anatomie du Docteur Tulp », peinture à l’huile de Rembrandt ? Aris Kindt, lui, semble être incollable sur le sujet. Il déterre d’ailleurs et s’inspire pour ‘Floods’ d’une vieille théorie d’un écrivain allemand. W.G. Sebald prétendait, en simplifiant fortement, que Rembrandt aurait peint le chirurgien avec deux bras droits. Il serait alors tentant de conclure que les huit pistes de l’album se soient faites à deux mains gauches. Mais il n’en est rien, et il a même fallu à Kindt quatre bras, et l’aide de son ami gratteur Gabe Hedrick, pour arriver au terme de son expérimentation bruitiste. C’est ainsi, dans un fouillis de rythmes et de guitares, que notre esprit se perd : la rigueur de la 808, le vrombissement des cordes. Il va falloir beaucoup de drogue… ★ ★ ★ « Mes étés sont plus beaux que les vôtres » : c’est un peu une réalité que nous balance à la tronche Sven Vath lorsqu’il quitte la dite île blanche. C’est à présent un marronnier rendu par Papa Svan qui, à la fin de chaque saison à Ibiza, remballe son tapis de Yoga et quitte le club Cocoon, des tonnes de souvenirs sous le bras. Lui prend alors l’envie irrépressible de les partager et de compiler pour nous ‘The Sound Of The 16th Season’ où se mixent et s’emmêlent entre autres Dj Koze, Petar Dundov, Daniel Bortz, Floorplan, Kevin Saunderson et The Knife. Rappelons toutefois qu’un bon mix commence par une bonne sélection et qu’ici, la balance penche plutôt du côté des mauvaises pioches. Une carte postale aurait peut-être suffit. ★ ★ ★ Dub mutant, post-punk et afrofuturisme : la scène anglaise des early 80’s restait encore obscure et sous documentée jusqu’ici. La musique n’avait pourtant pas attendu Blade Runner pour vivre sa révolution post-afro-futuriste via des artistes tels Sun Ra ou encore Herbie Hancock. En Angleterre, c’est au début des années 80 qu’apparaît l’armée de réplicants, marchant sur les ruines d’un mouvement punk encore fumant. C’est à ce moment que (On-U sound) jette les bases de la version de l’afro-futurisme UK. Créée sous l’impulsion du sorcier Adrian Sherwood (un génie) dans l’underground Londonien, ce label réunit des chanteurs de reggae, des producteurs proto-électroniques adeptes de Voodoo, des dealers fans de SF, des chanteurs de cabaret transgenre, des gamines branchées hip hop ou encore des punks blancs. Après avoir amplement démontré ses talents de digger avec les deux compilations ‘Metal Dance’, l’Anglais Trevor Jackson s’en est allé cette fois explorer les bas-fonds de cette culture britonne oubliée. Ramenant à la surface pas moins de vingt-sept morceaux, parmi lesquels plusieurs raretés et inédits, Jackson rend hommage à la dimension précurseuse du label. De ce flot syncopé et enfumé émerge la compilation érudite ‘Science Fiction Dancehall Classic’. Tourné vers l’avenir, la marginalité, l’avant garde, la pop et la science fiction, le travail de mémoire de Jackson s’avère être un passionnant miroir d’une sous-culture perdue mais géniale.★ ★ ★« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche ». On dirait que le duo Basement Jaxx a bien retenu les leçons du Nouveau Testament. ‘Junto’ n’avait pas intéressé grand monde en 2014. Il nous semble peu probable que sa version remixée recueille plus de fans si l’on en juge par le peu de relectures inspirées au sein des 14 titres de ‘Junto Remixed’. S’en sortent avec les honneurs : The Martinez Brothers, P ou encore Catz N Dogz. Red alert, no Panic? ★ ★ ★ Pour info, ‘X-Port’ est un album de techno-transe assez dégueulasse infligé par le duo System 7 qui, pourtant, s’était tenu tranquille depuis 2011. On raconte qu’Alex Paterson les aurait encouragé… ★ ★ ★ Puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, la cochonnerie précédente sera rejointe par les copains de leur label (A-Wave), Mirror System. En évitant la techno spirituelle, ‘N-Port’ se fait donc un fauxjumeau légèrement plus fréquentable. Très légèrement… ★ ★ ★ Tout le monde connaît l’héritage légué par Chic à la musique moderne. Rodgers et Edwards sont des noms qui résonnent comme les porte-flambeaux du son le plus distinct de la période Disco. Après le pillage en règle des Daft Punk & Co, Joey Negro, dj, charognard et collectionneur de pépites récolte les restes sur une compilation nommée logiquement ‘Le Freak’. Les optimistes seront ravis de redécouvrir Ann Margret, Firefly ou encore Charanga76. « A quoi bon écouter les pâles copies ? » se diront les autres.
Texte: Anys Amire et François Georges photo: Siliconcarne.be
Je ne connais pas cet homme « Le 6 septembre Djemila garda le droit de crever en silence. Septembre noir, il fait doux le matin qui l’eût cru, il était encore possible de mourir d’amour. Une femme qui meurt reste-elle féminine ? Allons enfants, Gott mit uns, god save america, du soleil sur la France. Les soleils bancals coincés dans les portes sont tellement pâles que la bonne est morte. Le docteur est fou. La mercière a peur. Les machines à sous. Les enfants se cachent pour se caresser, les parents se fâchent dans leurs corps gelés. Parmi les corps inhabités. La bouche noire sur le trottoir. Tu te tordais. La bouche noire j’ai léché le sang à tes plaies et j’étais allongé sur toi pleurant l’horreur et de voracité pleurant de douceur et les gens nous marchaient dessus. ET je sentais dans ma gorge tout ce qui nous avait tués. Je sentais dans ma gorge la vie qui venait et les gens nous marchaient dessus. Et aujourd’hui je sais pourquoi j’ai si souvent raté l’école. J’aime l’imagination des arbres. Comme tout ceci se passait dans un endroit très privilégié où il n’était pas question de mourir de faim toutes
les cinq minutes, on pouvait respirer un peu. Dehors je marche lentement sans changer de trottoir, un ami me demande comment ça va. Je sens que l’odeur de la rue s’est déposée sur moi. De tous ces futurs cadavres brûlés par le soleil, j’ai envie de me coucher par terre, je resterai là jusqu’au bout. Moi qui vous parle sous un ciel étouffé, moi qui vous parle la bouche cousue moi qui vous parle les bras plus raides que des rails ; les cheveux brûlés la tête pendant fleur cassée sur un sarrau noir voix de barbelés avec des cris écrasés moi qui vous parle la bouche cousue. Moi la vieille femme appelant sa mère moi l’enfant hurlant de rage. Moi la lionne giflée moi la lionne rampant. Moi qui vous parle je suis si triste alors je vais prendre mon médicament. Le 13 novembre 2013, la fille du curé n’avait pas encore dit son dernier mot. Elle s’était arrêtée une énième fois au bataclan passer des consignes absurdes aux doryphores. Qui veut noyer son chien l’accuse de rage. Des fois il y a des fuites, alors ça s’accumule, puis si il y a étincelle ça explose. C’est normal. Et qui dit explosion dit détonation. Et l’agitation moléculaire due à cette explosion provoque une élévation thermique suffisante pour enflammer les matières environnantes. Ça se propage. Nous sommes en présence d’un incendie. C’est normal. La destruction de l’immeuble par les flammes, nous ne sommes plus soutenus par rien, nous tombons. C’est ce que l’on appelle la pesanteur. C’est normal. Tout corps tombe à une vitesse définie et en arrivant au sol il subit une décélération violente qui amène la rupture de ses différents composants. Les membres se séparent du tronc, le cerveau jaillit de la boite crânienne, etc. Dans ces conditions de déconnexion, il est évident que le phénomène de la vie ne peut se maintenir. C’est normal. A cette minute, des milliers de chats se feront écraser sur les routes ; à cette minute, un médecin alcoolique jurera au-dessus du corps d’une jeune fille et il dira : « elle ne va pas me claquer entre les doigts, la garce » ; à cette minute, cinq vieilles dans un jardin public entameront la question de savoir s’il est moins vingt ou moins cinq ;à cette minute, des milliers et des milliers de gens penseront que la vie est horrible et ils pleureront ; à cette minute, deux policiers entreront dans une ambulance et ils jetteront dans la rivière un jeune homme blessé à la tête ; à cette minute, un espagnol sera bien content d’avoir trouvé du travail. Il fait froid dans le monde, ça commence à se savoir et y a des incendies qui s’allument dans certains endroits. Traducteurs, traduisez. » Texte reconstruit à partir de fragments de chansons de Brigitte Fontaine et Areski tirés des albums : ‘Comme à la radio’, ‘Je ne connais pas cet homme’, ‘L’incendie’. Un livre : ‘Il y a des années où l’on a envie de rien faire 1967-1981 chansons expérimentales’ ; Maxime Delcourt ; Le mot et le reste.
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Texte : Ann to e -i n L ies eB o Ru er msa c ©l e J o s e p h Ya r m u s h
Cette année 2015 aura été marquée par deux disques à l’âpreté tellurique, deux artefacts arrachés au sable du Moyen-Orient, deux reliques à rebours d’un futur musical à l’écoute de son passé, fruits du travail de Radwan
Ghazi Moumneh, l’un en compagnie des Suuns, l’autre en solitaire sur le label Constellation pour lequel Radwan œuvre aussi derrière les commandes (les enregistrements de Ought et Matana Roberts, c’est lui). Entre imprécations sensibles,
expérimentations sonores et électro minimaliste, Jerusalem In My Heart bouscule, fascine et hypnotise. Une démarche consciente que Radwan nous explique avant de monter sur scène aux Beautés Soniques de Namur. Issue inattendue au concert : quinze réfugiés syriens, irakiens et afghans, invités par l’organisation, étreignent Radwan, émus par sa démarche.
Jerusalem
In My Heart
Ce que tes albums ne laissent pas pressentir c’est la force physique de tes shows, l’engagement que tu y mets, sublimé par les effets sonores et électroniques. Radwan Moumneh : « La performance en tant que telle est volontairement conceptuelle. Il y a très peu de hasards qui se passent sur scène. C’est le désir qu’on a avec Charles-André Coderre (qui réalise les projections 16mm du show, ndr). On le voit comme une installation plutôt qu’un concert. On cherche à captiver le public, l’engager, qu’il aime ou non, tout en restant dans l’abstrait. C’est chanté dans une langue que 99% de notre public ne comprend pas, mais par laquelle on veut communiquer une émotion. On veut conduire le public là où il n’a pas l’habitude d’aller. »
Abstract Ashura
Tout le côté secouant vient aussi, pour un public occidental, de cette impression très nette d’une vibration mystique. Elle est à la fois très accessible et totalement abstraite. Sur quoi se base-t-elle ? Tes textes sont d’ordre religieux ? Radwan Moumneh : « Le contenu des paroles de Jerusalem In My Heart est très concret, très spécifique, lié à l’état des choses. Pour un Arabe laïc comme moi qui vit en société occidentale et qui présente ses œuvres à ce public-là, avec toutes les questions que cela soulève quant à mon identité supposée, c’est une énergie déjà extrêmement chargée. Des gens croient souvent que je chante des passages du Coran ! D’autres pensent que je chante en hébreu ! (rires) Ça me surprend à chaque fois, c’est tellement éloigné de la réalité. Et en même temps cela souligne la déconnexion qui existe et cela m’intéresse : je cherche à engager un public dans une émotion malgré la préconception qu’il peut avoir de cette émotion. Mais c’est aussi cette charge qui me permet de m’extraire de ce qu’est la musique orientale actuelle, ces trucs exotifiés (sic) et sans âmes, sans réflexions, cette soi-disant grande culture arabe qui n’a rien de moderne, rien de contemporain. » De te confronter ainsi à tes héritages, avec cette approche quasi expérimentale et électronique, c’est donc le résultat d’une réflexion. Qu’est-ce que tu cherches à préserver de cette tradition ? Radwan Moumneh : « C’est un sujet dont on me parle trop peu. Pourtant j’ai une énorme faim pour la musique et la culture arabe, en particulier la musique du Levant depuis son essor dans les années 30 jusqu’aux années 90. Beaucoup de mes références sont devenues obscures, mais dans les années 60, c’était la vraie musique populaire, comme le chaâbi, qui couvre plusieurs styles avec le temps (on connaît sa forme moderne avec la dabka d’Omar Souleyman, ndr). Ou le mugham, musique sûfi très traditionnelle popularisée par l’Azeri Alim Qasimov. Mais celle qui me tient le plus à cœur, c’est la musique syrienne de Alep dont les racines remontent à plus de sept cents ans, le Muwashahat et le Qudud, dont je m’inspire pour certains de mes morceaux. Ce sont des musiques très vieilles mais tellement avantgardistes. Aborder ces styles avec une approche moderne et électronique tombe sous le sens stylistique pour moi : en musique arabe, on a une note de base, l’équivalent d’un drone, accompagnée des instruments qui font les leads et qui reviennent toujours à cette base.
C’est de la musique modale. Ça m’a directement sauté aux yeux dans mon rapprochement de la musique électronique à la tradition. » Tu as grandi au Liban ? Est-ce que la musique avait une place importante dans ta famille ? Radwan Moumneh : « En fait, j’ai grandi en Oman. Un petit pays dans le Golfe. On fuyait la guerre civile au Liban. Comme tous les Arabes, mes parents écoutaient de la musique, mais personne n’en jouait. Évidemment quand on est jeune on n’écoute pas la musique que nos parents écoutent : « c’est quoi ces morceaux hyper lourds et tristes qui durent une heure ? » On a déménagé au Canada en 1993. J’avais pas beaucoup d’amis, c’était une école de garçon dure, assez raciste, j’étais pas du tout accepté. Je détestais le Canada, je voulais partir. Mes trois seuls amis étaient des weirdos. On écoutait la même musique, un peu métal, un peu punk, un peu arty. Pour un talent show, on a décidé d’apprendre à jouer un morceau de Sonic Youth devant l’école. Ça c’est très mal passé : ils ont coupé le courant sur scène ! (rires) C’est ce moment où la petite lumière s’est allumée en moi : this is what I want ! Puis, j’ai commencé un groupe avec ces amis - du punk hardcore - et j’ai chanté une chanson en arabe sur un 45 tours sorti en 96. J’avais jamais entendu quelqu’un faire ça, c’est ce qui m’a décidé et qui a déclenché mon intérêt pour mes racines musicales : les utiliser comme pierre d’édifice à mon travail. » C’est vrai qu’on te présente avant tout comme musicien, mais tu es un chanteur incroyable. Radwan Moumneh : « (rires embarrassés) Je ne suis pas un bon chanteur du tout. Je veux pas faire mon humble. Aucun Arabe te dira d’un chanteur qu’il est bon s’il a moins de 50 ans ! Pour devenir un maître du ghazal, par exemple, il faut pratiquer cette discipline toute sa vie avant que tes contemporains considèrent que tu as le niveau. Avant ça, tu es élève. Même chose pour le buzuk. J’ai commencé très tard. Je suis très complexé. Je suis incapable de jouer devant d’autres musiciens. Jouer devant le luthier pour acheter un buzuk, c’est déjà un cauchemar pour moi ! » Certains moments en concert, où tu te frappes le torse ou lorsque tu hurles dans un tuyau, m’évoquent une forme de mortification. Est-ce ta façon de questionner aussi un héritage rituel ? Radwan Moumneh : « C’est exactement ça. Dans le chiisme, lors de l’Achoura, il y a ces processions avec des milliers d’hommes qui se flagellent à l’épée. Une vraie torture au nom d’une élévation spirituelle, que je reprends à mon compte avec des paroles qui vont à l’opposé de ça. Quand j’ai joué ça à Beyrouth, mes amis ne comprenaient pas ce que je voulais faire, ce qui m’intéressait beaucoup : cette confusion, c’était un engagement. Ça nous obligeait à en parler, à y réfléchir. Un ami, plutôt talentueux, a trouvé ça très putassier comme démarche. Ça me parle ! On n’est plus en train de discuter Arts avec le petit doigt levé, à se congratuler. On est engagé par ce qui a eu lieu. » Deux albums : ‘Suuns+Jerusalemn In My Heart’ (Secretely Canadian/Konkurrent), ‘If He Dies, If If If If If If’ (Constellation/Konkurrent)
T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e Texte : Eric Therer 07 Ma rencontre avec Sleaford Mods n’a pas été immédiate. J’avais tendu l’oreille à l’album ‘Austerity Dogs’ paru en 2013 sans y prêter une attention soutenue. L’année d’après, je fis la découverte de ‘Divide and Exit’. La pochette du disque arborait une photo de deux types au teint hâve et à la mine un rien patibulaire, de toute évidence des oiseaux de nuit. Les vidéos sur YouTube les révélaient davantage, les montrant évoluer sur la scène de petits concerts en Angleterre. Je fus instantanément frappé par leur posture scénique. Si le chanteur semblait totalement immergé par le flot de sa logorrhée, l’attitude du musicien flanqué à ses côtés laissait perplexe. A aucun moment on ne le voyait jouer un quelconque instrument, tout au plus devinait-on qu’il avait actionné la touche play de son portable. Il dodelinait nonchalamment de la tête, coiffé d’une casquette, une bière à la main, l’autre en poche ou rentré sous la couture de son falzar, à la fois absent mais terriblement présent.
Last Exit To Nottingham
Sleaford Mods
Quand le duo donna ses premiers concerts en Belgique aux Ateliers Claus, les louanges furent immédiates. Ceux qui eurent la clairvoyance d’y assister rapportèrent l’événement avec la délectation d’affidés convaincus d’avoir assisté à un phénomène rare et précieux. Au printemps de cette année, Sleaford Mods joua au Beurschouwburg à bureaux fermés, le sold-out annoncé bien avant. Le groupe figura également à l’affiche des Ardentes cet été, trois semaines après son passage au Glastonbury, jouant au milieu de l’après-midi en intérieur devant un public dégarni. Il nous fallut attendre leur venue à l’A.B. en octobre pour enfin les saisir dans un cadre avantageux. Le concert fut mémorable. Il confirma leur irrésistible ascension mais aussi la qualité d’une prestation scénique forte et urgente, ralliant à elle l’entièreté du public, renouant pour certains avec les pogos d’antan et les stage divings impromptus. Avant le concert, Jason Williamson et Andrew Fearn avaient donné rendez-vous à la presse mais également à tout qui voulait les entendre pour une rencontre autour de leur travail. Immanquablement, on les interrogea sur le sens des paroles de leurs chansons et sur l’état de l’Angleterre aujourd’hui. ‘Tied Up in Nottz’, un de leurs morceaux phares, donna lieu à des explications plus poussées au point que Williamson dut rectifier et expliciter les paroles reprises par le site Rapgenuis que lui soumettait le présentateur de l’A.B. Kurt Overbergh. Nottz pour Nottingham, la ville où la paire est établie, théâtre de ses premières opérations au Chameleon Art Cafe, toile de fond urbaine d’une Angleterre désabusée, nouée et liée aux duperies et spoliations de ses politiques. Une Angleterre que même le Labour ne parvient plus à sauver des eaux, « The metropolis of discontent and lost dreams » (‘Middle Men’). En 2015, Sleaford Mods a fait l’objet de moult interviews par la presse anglaise, s’attirant la curiosité des télévisions voyant en eux l’émanation d’une curiosité locale et lexicale, sommé de commenter ses paroles truffées d’injures, de marques déposées et de noms de célébrités. S’ils parlent de la colère et des frustrations quotidiennes, les textes de Williamson disent les choses
sans artifice et sans haine. Ils sont aiguisés dans le corps d’une langue taillée au couteau, celle des East Midlands qui n’est pas le bel et bienséant anglais londonien. Williamson n’hésite pas à jurer, à injurier, à invectiver, à roter. Ses brûlots, il vous les flanque à la gueule et n’attend rien en retour. Souvent comparé à celui de Mark E. Smith (le chanteur de The Fall) ou de Ian Dury (ex-gloire du rock new-wave lyrique engagé), son chant tient à la fois du slam et du ranting. « Mes chansons parlent de l’ennui que génère le travail. Les injures que j’utilise ne sont pas pires que celles véhiculées par le langage ordinaire, celui du bureau, de la rue, des transports en commun. Elles sont devenues à ce point indissociables de nos manières de s’exprimer qu’elles sont le langage même, notre langage, notre expression naturelle » commenta t-il à l’A.B.
Ces derniers temps, Le groupe a boosté ses ventes et s’est vu convié à beaucoup de festivals. Musicalement, il a affermi son trademark instantanément reconnaissable, une sorte de mélange entre hip-hop bancal et post-punk instable. Les rythmes ne sont jamais très fouillés, tournant souvent autour des mêmes beats 4/4 ou binaires. Les lignes de basse ajoutées en studio mais malheureusement absentes en live sont généralement rudimentaires quoiqu’efficaces. Parfois, un petit passage anecdotique de clavier garnit le morceau mais jamais rien de folichon. Et pourtant la recette est imparable, elle fait mouche et percute. Les appels à des collaborations ne sont pas restés en reste : Prodigy s’est adjoint ses services pour son single ‘Ibiza’ tandis que Leftfield les a sollicité pour le morceau ‘Head and Shoulders’ sur son dernier album ‘Alternative Light Source’. Cette année a vu la réalisation de ‘Key Markets’, album explorant davantage encore les rouages d’une société du marché lancée en roue libre, prête à sa fracasser contre un mur à tout moment. Pour l’heure, Williamson et Fearn paraissent relativement sereins, comme si ils avaient échappés au pire, le spectre d’une vie passée à s’user au travail de bureau semble éloigné. « The fear of anarchy it runs away from me. » Un disque : ‘Key Markets’ (Harbinger Sounds) Un livre : Jason Williamson ‘Grammar Wanker – Sleaford Mods 2007-2014’, Bracketpress.
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08
T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e
Il y en aura pour le juger coiffé de la couronne d’héritier de Gill Scott-Heron, ou né des effleurements dérobés de John Coltrane et Nick Drake. D’autres choisiront tel grain de beauté soul de James Blake, tel repli de la
nuque de Fink pour dresser son portrait, en tâtonnements soyeux. Nous on vous assurera d’une seule chose : dans le lacet douxamer de ses notes, au creux de leur sobriété, de leur sérénité vous finirez par vous draper. Les inhaler profondément délestera d’ailleurs sans doute votre esprit d’un peu du poids trop lourd de l’époque.
Jono McCleery
Il y a une intéressante polysémie dans ton titre ‘Pagodes’ …peux-tu nous expliquer ce qu’il recèle comme significations ? Jono McCleery : « C’est la pièce de Debussy, extraite de son triptyque ‘Estampes’ qui a attiré mon attention vers ce mot. Je ne le connaissais pas du tout. J’adore réellement cette composition – il est d’ailleurs possible d’écouter mon interprétation préférée par Albert Ferber sur youtube. Ensuite j’ai trouvé ça chouette de découvrir que « pagode » réfère aussi un type de musique au Brésil (un sous-genre de la samba, ndlr). C’est aussi un temple de méditation. Avec tous ces sens particuliers – et j’aime chacun d’entre eux, notamment ce lien avec le spirituel – j’ai trouvé que ça serait un beau titre. À l’origine, la version de l’album que nous avions envisagée avec Royce Wood Junior devait être plus électronique. Nous avons terminé les pistes dans cette configuration électro, il y a deux ans. Puis, après concertation avec le label, j’ai décidé de garder une direction plus acoustique. Les morceaux étaient déjà écrits. Au fond, il s’agissait très prosaïquement de refaire une production pour l’intégralité de l’album, avec notamment des sections de cordes.»
Juste quelqu’un de bien Depuis ‘Darkest Light’, tu as progressivement nourri ton songwriting de couches, de touches plus futuristes…d’une certaine façon, ça me rappelle l’évolution de Terry Callier à partir de ses débuts en 1968 avec ‘The New Folk Sound of Terry Callier’. Est-ce que la comparaison te parle ? Jono : « Oh oui, bien sûr ! J’adore Terry Callier…les premiers morceaux de lui dont je sois tombé amoureux sont ‘You Goin’ Miss Your Candyman’ et ‘Dancing Girl’ sur son album ‘What Is The Color of Love?’ de 1973. C’est clairement un de mes disques préférés de tous les temps. Et tu as raison, l’album que tu cites était dans une veine très acoustique et progressivement ses tonalités ont évolué, il est devenu plus expérimental. En réalité, j’ai déjà enregistré mon disque suivant, pour lequel j’ai eu envie de revenir à encore plus d’acoustique, et boucler la boucle. Signer sur Ninja Tune a rendu plus évident pour moi le fait d’évoluer vers l’expérimentation, mais je ne veux pas négliger mes racines non plus. » Est-ce que le fait de construire un son intemporel a de l’importance pour toi ? Un son qui pourrait encaisser des années d’écoute ? Jono : « Bien sûr, c’est probablement la chose la plus essentielle à mes yeux : pour moi un des gros désavantages de la culture telle que nous la consommons chaque jour, est qu’elle est temporaire, vidée de son essence, de sa signification. Et cette idée cogite en moi depuis longtemps : ça m’inspire vraiment pour bâtir quelque chose qui soit plus durable que « date de validité : demain ». Quelque chose qui puisse être encore apprécié dans dix, ou vingt ans, même si, évidemment, c’est plutôt difficile de faire ça intentionnellement. » Ton père – dont tu viens de m’apprendre qu’il était décédé quand tu étais tout jeune – était joueur de jazz. Tes souvenirs même parcellaires de lui ont-ils pu te donner l’impulsion de devenir toi-même musicien ? Jono : « Il était professionnel avant ma naissance, en réalité. Mais je pense que oui, clairement, j’ai dû absorber son amour de la musique étant enfant, même si je n’ai joué d’aucun instrument avant 18 ans. Il adorait Bill Evans entre autres et la nuit, quand j’étais sur le point d’aller dormir, il n’arrêtait pas d’improviser au piano. Tous les jours, quand je fermais enfin les yeux, en route vers le sommeil, je l’entendais jouer : il a grandement contribué à ce que je suis aujourd’hui. » Tu es souvent étiqueté comme un artiste solo, mais tu as été impliqué, en tant que voix, dans bon nombre de projets (Portico, Maribou State, Catz and Dogz, Dima Ustinov)…ressens-tu une grosse différence entre travailler sur ton propre univers et incarner le spectre vocal qu’ont en tête tes collaborateurs ? Jono : « Pour moi, les collaborations sont clairement plus faciles : je me mets nettement moins de pression, car je me fixe moins cette exigence dont je te parlais tout à l’heure d’être intemporel.
Ils cherchent peut-être moins que moi cet aspect, et de mon côté, je ne me soucie pas de la production: c’est plus agréable pour moi de faire de l’essai-erreur dans ces cas-là, de trouver une mélodie qui fonctionnera, un moyen de m’exprimer au sein de leur musique. D’un autre côté, c’est une procédure assez délicate : il faut trouver des gens avec qui tu partages cette même passion, et je ne suis pas en mesure de m’adapter à chaque terreau. Parfois, il y a une même compréhension de la musique, mais je ne trouve simplement pas l’inspiration. » J’ai lu les péripéties précédant ta rencontre providentielle avec le producteur russe Dima Ustinov (problèmes de visa et coincé à Moscou, ndlr). Tu as voulu honorer son sens de l’hospitalité en collaborant à son disque et il semblerait que dans ce cas précis, ça a été nettement plus simple pour toi de produire la partie chantée que de trouver les mots. D’ordinaire, as-tu une routine d’écriture ? Jono : « D’ordinaire, je presse le bouton « Record », je me laisse aller à l’improvisation et ensuite j’écoute tout ce que j’ai produit et j’essaie de venir avec des idées plus concrètes, de trouver des concepts qui pourraient correspondre à l’émotion musicale. Mais avec Dimitri, pour le morceau ‘Retreat’, je n’ai pas été en mesure d’amener sur la table des idées qui apporteraient une amélioration à la belle spontanéité détendue de cette première prise. Donc oui, il y a des parties qui sont juste des vocalises. On retrouve un peu ce processus chez les Cocteau Twins, en fait, grâce à la fantastique Elizabeth Fraser, à qui l’on doit entre autres ce duo ‘All Flowers In Time’ avec Jeff Buckley. Elle improvisait souvent plutôt que de chanter des syllabes intelligibles. Je ne suis pas tout seul dans cette barque ! (rires). » Tu viens d’ouvrir la porte des années 80 et deux de tes morceaux sont des reprises de cette période que tu t’appropries à merveille (‘Wonderful Life’ de Black et ‘Age of Self’ de Robert Wyatt). Tes choix étaient-ils plus dictés par l’aspect mélodique, par le thème de ces chansons ? Jono : « Pour ‘Wonderful Life’, elle est sortie quand j’étais gamin et c’était une chanson tellement populaire pour tout le monde. Le genre que tu gardes en toi toute ta vie. Quand j’avais la vingtaine, je l’ai réentendue et elle m’a frappée d’une manière tout à fait autre, notamment parce que j’en comprenais le sens. Et bien entendu, la production sonnait très eighties, donc j’avais envie d’en faire quelque chose de neuf. Robert Wyatt est réellement un musicien brillant, avec sa sorte de soul musique parfaitement excentrique, mais c’est parfois hermétique. J’avais le désir de sortir cette chanson de son créneau ultra-pointu, de la rendre plus accessible parce que je trouvais que les paroles méritaient vraiment d’être entendues, qu’elles étaient encore davantage marquantes qu’au moment où le morceau a été enregistré. » Tu as mentionné qu’on pouvait voir dans ton titre ‘Pagodes’ un lien avec la méditation et je trouve qu’en matière de silences, de respirations, de rythmes, la vibration spirituelle est très évidente dans ta musique. Jono : « Pour moi la musique est la plus puissante manière de communiquer. J’essaie aussi de l’employer de cette manière : j’aimerais vraiment faire des morceaux qui puissent être réconfortants, utiles contre le chagrin. Il m’arrive de recevoir des lettres adorables de gens, et à l’ère d’Internet, j’y vois comme une vraie validation de ce que je fais. C’est mon intention de faire quelque chose de vrai, de tangible. Quand j’aime la musique de quelqu’un, je suis d’autant plus admiratif s’il met énormément de lui dedans. » Un disque : ‘Pagodes’ (Ninja Tunes/Pias) Suivez le guide : http://www.jonomccleery.com/
T e x t e : L a u r e n t G r e n i e r © s a n d r a l a r o c h e ll e
07 09
‘Valse 333’ est un petit miracle, une acmé de pop un peu sale, saturée et néanmoins indiciblement contagieuse, un truc pas très compréhensible mais fulgurant où les thorax sont des balafons et où l’on traverse la
Mer Rouge en pyjama à mille fois la vitesse du son, laissant sur place les vagues figures – Jean-Louis Murat, Arthur H – auxquelles on pourrait associer son auteur, Julien Sagot, 37 ans, dont 25 au Québec et une dizaine dans un groupe assez moyen (Karkwa) dont il s’émancipe aujourd’hui avec une folie et une démiurgie rares.
‘Valse 333’ est nominé aux GAMIQ et à l’ADISQ dans les catégories album indie rock, auteurcompositeur, arrangeur et illustration de l’année. Une belle reconnaissance. Julien Sagot : « Je suis évidemment content mais je fais ce que j’ai envie de faire, je ne travaille pas pour les médailles, les prix ou les passages en radio. Je suis dans mon trip artistique. Et ça plaît ou non. Dans mon entourage, pas mal de monde pense que je suis un peu cinglé, que je devrais me calmer, travailler avec des gens qui ont davantage de notoriété et une manière plus sage d’envisager les choses. Mais je n’y arrive pas. J’ai besoin de provocation artistique pour me sentir en vie. Après, ça n’est pas toujours évident à gérer avec la vie de famille, le retour quotidien à une certaine réalité. »
Alors on danse Quel regard portes-tu sur ce disque qui arrive aujourd’hui en Europe, plusieurs mois après sa sortie québécoise. Tu en es toujours satisfait ? Julien : « Je trouve qu’il tient la route, qu’il y a de bonnes chansons. On verra si c’est toujours le cas dans un an ou deux mais j’espère que la direction musicale ne prendra pas un trop gros coup de vieux. Tu sais, on fait les choses un peu parce qu’on est dans l’urgence de les faire. Je n’ai pas envie de penser à la manière dont le disque pourrait vieillir au moment où je le réalise, je suis assez instinctif et autodidacte. J’ai toujours travaillé comme ça, en faisant confiance à la vie et à mes oreilles. » Et donc, quelle était l’urgence de départ ? Julien : « Ici, je voulais prendre une direction un peu plus électro, travailler davantage à la maison, me faire davantage confiance – pour le premier album, j’étais dans un gros studio, à La Frette, en France, j’ai aimé l’expérience mais c’était trop de confort, et souvent, quand il a y a trop de confort, tu t’engraisses. J’ai donc appelé un ami, Antoine Binette Mercier, très bon joueur de steel drum et compositeur plus classique, et on a commencé à travailler à la maison, dans son local, dans des sous-sols, dans des endroits un peu ésotériques. On avait les moyens de faire ce disque mais on s’est persuadé de ne pas les avoir pour refuser la facilité, pour n’enregistrer qu’avec un micro de base et un piano. Ça a ouvert une voie à l’esthétique de l’album. On a gardé les maquettes faites à la maison, un peu maladroites, bricolées, fragiles et on a juste rajouté du gros velours en studio, des reverbs à 50.000, des pianos à 100.000. J’ai toujours été plus sensible au son et à la texture qu’à la note, qu’à la ligne d’accords. C’est d’ailleurs pour ça que je suis fan de la musique du monde, de la musique arabe ; parce que ça sort toujours d’une espèce de texture de son, des tripes plutôt que d’une suite logique d’accords. La musique pop est située quelque part entre la logique et l’irrationnel et je me pose souvent la question de savoir pourquoi un tel morceau devient un tube mondial simplement parce qu’il est habité d’une certaine manière alors que fondamentalement, il repose sur une suite d’accords vraiment banale. » La musique non occidentale te touche ? Julien : « Énormément. J’adore toutes les compilations de musique éthiopienne, turque des années 60, 70. La musique africaine qui se recycle continuellement, qui part de rien, transforme, innove et arrive à un son neuf. C’est un coup de pied au derrière. Et un pied de nez aussi à nos civilisations où tout le monde utilise les mêmes instruments, les mêmes techniques et finit par sonner partout de façon identique en Europe et en Amérique du Nord. Cette authenticité fait chaud au cœur. Je fonds complètement devant la musique pygmée ; pour moi, c’est pareil que du Schubert ou du Mozart, on ressent profondément l’homme et l’instinct derrière. Ce sont des outils hyper inspirants pour moi. Pendant que j’étais en France en octobre, j’en ai profité pour aller voir un film thaïlandais, ‘Cimetery Of Splendour’, et j’ai été époustouflé par la beauté de la langue. Je me suis promis de faire un featuring avec un chanteur thaïlandais. Dans le film, la scène finale comporte un spoken word à se jeter par terre tellement c’est beau. Je suis persuadé qu’on pourrait faire quelque chose de super en croisant ça avec un projet francophone. Il faudrait que je contacte ce gars. C’est important de préserver ces singularités. D’ailleurs, pour moi, la langue française en fait partie.
Je suis toujours étonné de voir le nombre de projets francophones qui chantent en anglais. J’ai envie de leur dire qu’ils ne pourront jamais marcher parce qu’ils sonnent faux. Des projets comme ça, il y en a dix millions en Angleterre et aux États-Unis. Il faut se baser sur sa culture, refuser l’uniformité. Et ça, les Africains l’ont beaucoup mieux compris que nous. Ils utilisent leurs racines et c’est pour cela qu’ils s’exportent plus facilement que nous. C’est pour cette raison que je trouve qu’un Stromae est bluffant. Il est authentique, il chante dans sa langue, il fait son truc. » Tu es né en France mais tu vis à Montréal depuis longtemps. Penses-tu que tu aurais eu le même parcours artistique si tu étais resté à Paris ? Julien : « Non, probablement pas, même si mes parents avaient une fibre artistique et m’ont initié au sens du beau. On est arrivé ici à mes douze ans. Ça fait donc vingt-cinq ans aujourd’hui. L’immigration est une épreuve de vie, une remise en question. Et puis, il y a la nature du Pays aussi. Ici, tout est à faire, à inventer, contrairement à l’Europe où tout est là, où on essaye de garder le patrimoine, les pierres, où il faut essayer de construire un futur avec un décor rigide. Ici, le décor tombe tout le temps et on repart continuellement à neuf. Et les hivers sont longs. On va les uns chez les autres, on jamme. Il y a beaucoup plus de musique qu’ailleurs, j’ai l’impression. » A t’entendre, je suppose donc que tu t’inscris en rupture par rapport à ton premier album. Julien : « Absolument, je cherche le coup de volant, l’accident, à sortir des sentiers battus. J’ai besoin de ça pour avancer. C’est paradoxal dans le monde d’aujourd’hui : on n’a jamais eu autant de moyens technologiques pour essayer des trucs, les produire, les proposer aux gens et, en même temps, on n’a jamais été aussi monotone, monochrome, confortable. Les gens sont dans une espèce de nostalgie larmoyante d’une époque qui n’a plus aucun sens. En 2015, il faut aller au bout de ce qui nous passe par la tête, ne pas se mettre de limites. » Pour quelqu’un qui a commencé aux percussions, comme toi, être nominé comme auteur-compositeur, ça doit être pris comme une évolution ? Julien : « Je ne vois pas ça comme ça. J’ai toujours été entouré de guitares, de pianos, de musique en général. Certes, je ne pensais pas en arriver là en commençant les percussions mais ça ne m’étonne pas non plus. En 2015, la batterie, les drums sont en général extrêmement présents dans les mix. Dans la musique électronique, les beats dominent toute la pop, des gars font le tour du monde avec ça et gagnent très bien leur vie. Les gens sont hyper sensibles au rythme et pour un concert, à moins d’avoir des textes ultra bouleversants à la Dylan, ne s’appuyer que sur une guitare et une voix, de nos jours, c’est risqué. » Tes textes, précisément, sont presque abscons, non narratifs, non linéaires, tu travailles ça comment ? Julien : « Encore une fois, c’est surtout une histoire de son. Davantage que de sens. Souvent, je pars de trois mots, je les tire dans tous les côtés jusqu’à obtenir un son. Je ne suis pas du tout dans une écriture automatique à la Breton. C’est un peu comme une toile : je regarde ma femme peindre et souvent sa manière de travailler les couleurs m’inspire. Les Rita Mitsouko faisaient ça aussi. Il y a des options dans la langue qui permettent de l’amener ailleurs que systématiquement vers le mot juste, l’histoire, le livre. Les Anglais peuvent faire des chansons avec trois mots, tout le monde s’en fiche mais nous, dès qu’on essaye d’être un peu plus abstraits, économes dans les mots, ça devient vite insensé pour les gens, c’est dommage. » Un disque : ‘Valse 333’ (Simone Records/Ici d’Ailleurs)
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Texte : nicolas alsteen
Hyper actif, le chanteur de The National ne débraie pas quand son groupe décide de marquer une pause. Lunettes extra-larges vissées sur le nez, Matt Berninger observe son passé et revisite ses rêves adolescents aux côtés de son vieux pote Brent Knopf (Menomena). Engagés dans un projet parallèle
nommé EL VY, les deux hommes signent ‘Return To The Moon’, un album en forme de récréation passé-présent. Entre new-wave et post-punk, on zone ici dans des chambres d’hôtel traversées par le fantôme des Minutemen, l’amour et l’ennui. Musique et mélancolie pour la vie.
Objectif Lune Les prémices d’EL VY existaient sur votre ordinateur, dans un dossier intitulé ‘The Moon’. Ce dernier enfermait, dans une version embryonnaire, votre futur album. Quand avezvous compris que tout ceci allait donner naissance à un projet parallèle ? Matt Berninger (voix) : « Brent et moi, on se connaît depuis longtemps... On s’est rencontré lors d’un concert à Portland, dans une salle appelée Holocene. Ce jour-là, le 24 octobre 2003 – j’ai révisé avant l’interview (sourire) –, Menomena et The National partageaient la même affiche. En 2010, on a évoqué l’idée d’enregistrer une chanson ensemble. Là-dessus, Brent m’a envoyé une avalanche de compos en construction. J’ai commencé à écouter tout ça en mettant de côté les mélodies qui pourraient éventuellement coller à mes textes. Le dossier ‘The Moon’ est devenu le réceptacle de toutes ces ébauches. Au bout de trois ou quatre ans, le matos disponible était tellement conséquent qu’on s’est directement lancé dans la mise en œuvre d’un album. » Sur ce disque, on trouve une chanson intitulée ‘Silent Ivy Hotel’. Par ailleurs, d’autres morceaux semblent avoir vu le jour dans le confort d’une chambre d’hôtel (dans ‘I’m The Man To Be’, par exemple, on entend une discussion avec un service d’étage). Est-ce un endroit symbolique dans la genèse d’EL VY ? Matt Berninger : « Je connais ces endroits par cœur. Checkin, check-out. J’y suis plus souvent que chez moi. Ça ne me dérange pas d’y passer la nuit. Mais à force d’y être obligé, c’est déprimant. Ces dix dernières années, j’ai passé trop de temps dans des chambres d’hôtel. Partant de ce constat, j’ai essayé de les transformer en un espace créatif. En écrivant des textes personnels dans ces lieux désincarnés, j’ai voulu me raccrocher à ma réalité : mes émotions, ma famille, mon histoire. » Certains morceaux de l’album s’incrustent dans l’univers des Minutemen. Par le prisme de ses relations internes (D. Boon, Mike Watt, George Hurley), le groupe californien sert de toile de fond à certaines chansons. Avez-vous connu les Minutemen en activité ? Matt Berninger : « Le groupe a connu une existence relativement brève : 1980-1985. Je n’ai jamais eu l’occasion de les voir sur scène. Malheureusement. Pour écrire les textes, je me suis replongé dans mon passé à Cincinnati. Quand j’avais quatorze ans, mon mode de vie s’écrivait au rythme des albums de The Smiths, pas des Minutemen. J’ai entendu parler de ce groupe assez tard. En fait, j’ai découvert son existence le jour où l’on a annoncé le décès de D. Boon... Fin 2005, j’ai eu l’occasion de voir ‘We Jam Econo’, le documentaire consacré aux Minutemen. J’étais fasciné par la relation amicale qui liait D. Boon et Mike Watt. Chez eux, tout passait par la musique. Ils ont commencé à jouer ensemble sans objectif, sans règle. Traditionnellement, on classe les Minutemen sous l’étiquette punk. Mais quand on écoute leurs albums, on se rend compte que ça touche à de nombreuses références : folk, hardcore, post-punk... Les Minutemen enregistraient seulement les morceaux qui leur plaisaient. Voilà ce qui me séduit chez eux. La personnalité de ces deux musiciens transparaît de façon
détournée à travers les personnages de ‘Return To The Moon’. C’est un hommage, en quelque sorte. » Cet album d’EL VY a parfois des allures de promenade mélancolique. On se balade sur les trottoirs du souvenir, quelque part dans le Cincinnati des années 1980. Quelles sont les grandes différences entre la ville de votre adolescence et celle que vous connaissez aujourd’hui ? Matt Berninger : « Cincinnati est une ville à double visage. Là-bas, la société se coupe en deux selon un clivage assez basique : droite-gauche, riches-pauvres, blancs-noirs. On est ici en présence d’un modèle réduit de l’Amérique. J’ai grandi dans un quartier blanc de la classe moyenne. Sans me soucier de rien. J’étais comme déconnecté du monde réel. Début 2000, j’ai déménagé à Brooklyn et quelque chose m’a directement interpellé : toutes les communautés partageaient l’espace public. Au-delà des différences, chaque personne pouvait ici trouver sa place au sein de la société. Le contraste avec Cincinnati était criant, tellement que mes idées ont commencé à faire leur chemin. C’est comme ça que je me suis replongé dans mon adolescence à Cincinnati. Pour essayer de comprendre cette ville, a posteriori. Le truc, c’est qu’à l’époque, je ne vivais qu’à travers la musique. J’écoutais R.E.M et Violent Femmes à longueur de journée. Et puis, je traînais mes fantasmes. Le plus fréquent, c’était celui du Jockey Club, une salle de concert dans laquelle mes cousins avaient eu l’occasion de voir Black Flag, Hüsker Dü, Dead Kennedys, The Fall, The Cramps et même les Ramones. Quand ils me racontaient qu’ils avaient vu Joey Ramone à Cincinnati, ça me montait à la tête. Pendant toute mon adolescence, j’ai entretenu cette vision mystique du Jockey Club. C’était de l’utopie mélancolique. Un truc ultra naïf. Au final, c’est ce que j’ai essayé de faire ressurgir dans les chansons d’EL VY. Il y a de la mélancolie dans chaque morceau. Les chansons évoquent l’Amérique de Kennedy, les rêves de paix, d’harmonie. Même le titre de l’album peut se voir comme une référence à Neil Armstrong, à ce fantasme désuet de voir l’homme marcher sur la lune. » Évoluer au sein d’un projet parallèle en marge du succès de The National, c’est une façon d’échapper au système, aux affres de la célébrité ? Matt Berninger : « Évidemment, c’est une échappatoire. Mais pas du groupe, des concerts et encore moins de la musique. Ce projet parallèle est d’abord une façon de fuir tout le décorum, le tralala du boulot. Quand j’ai monté EL VY avec Brent, je voulais surtout me libérer des afterparties. Au bout d’un moment, tu en fais tellement que ça te rebute. Tu n’as plus envie de socialiser ou de t’amuser. La fois dernière, Bruce Springsteen est venu boire un verre dans notre loge après le concert. Je n’étais même plus là. J’étais déjà parti me coucher... Mais je n’ai aucun regret. Maintenant, au moins, j’ai la santé et un bon album. Enfin, ça, ce n’est que mon avis. (Sourire). » Un disque : ‘Return To The Moon’ (4AD/Beggars Banquet) Suivez le guide : www.elvy.co
Texte : Antoine Bours
Nos corps avaient déjà imprimé le balancier en 2013 avec ‘Grin’. Révélation hypnotique et abrasive, le trio de Chichester remonte la machine à bloc et libère les forces motrices en jeu pour un second album saturé. ‘Modern Dancing’
devrait laisser pantois tout amateur de rock indé en manque, jetant les ponts qu’il restait à construire entre Television, Weezer, Neu ! et Pavement. Stu Hopkins, chant brisé à cru sur un flot de feed-back, s’isole au milieu des cartons à chaussures pour en aborder la genèse.
Life Pulse On présente TRAAMS comme un mélange de kraut, de garage et de post-punk, mais contrairement à beaucoup d’albums récents, ‘Modern Dancing’ ne joue jamais la carte de la nostalgie déférente et refuse de brandir un style comme une étiquette. C’est avant tout un putain d’album rock. Stu Hopkins : « Est-ce qu’on est si rock que ça ? Je sais pas. Dans le groupe, nos goûts en matière de musique sont globalement similaires, mais une fois qu’on creuse, nos préférences varient du tout au tout. Même dans le punk. On se dispute presque autant qu’on s’extasie ! Leigh (Padley, basse) et Adam (Stock, batterie) sont plus jeunes que moi ; ils n’ont pas grandi avec les mêmes albums. Dans le groupe, ils fonctionnent en binôme : leur session rythmique est indissociable et se construit sur leurs références. De mon côté, je construis mon chant et mon jeu sur les miennes. Cela explique peut-être ce sentiment d’influences diffuses. » Comment vous vous êtes rencontrés, tous les trois ? Stu Hopkins : « A Chichester, on s’emmerde pas mal. J’ai décidé d’organiser une soirée dans un club, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. On a juste passé des disques avec un pote, mais les gens on débarqué en masse, ça a été un gros succès et on s’est bourré la gueule. Adam et Leigh sont venus me trouver, ils avaient un groupe à l’époque, et on est devenus amis. Leigh est parti à l’université. Un jour, fatigué de jouer au DJ, j’ai demandé à Adam si ça le tentait qu’on essaie un truc ensemble. Leigh nous a rejoint plus tard, à sa sortie de l’unif. C’est lui le plus accompli musicalement : soudain, tout s’est mis en place. Adam et moi, on faisait surtout du boucan. » A la base de votre écriture, il y a cette pulsation rythmique, presque dance. ‘Modern Dancing’, c’est une note d’intention ? Stu Hopkins : « Déjà à l’époque de ‘Grin’, on voulait écrire une musique à base de guitares qui puisse faire bouger. On écoute tous pas mal d’électro et on voulait cette pulsation. Mais l’idée derrière ‘Modern Dancing’ est plus générale, c’est une métaphore sur la façon dont les choses interagissent dans nos vies : tout a un rythme propre, il y a un flux incessant d’événements, de personnes, qui partent et reviennent. C’était un sentiment personnel très fort au moment où on a commencé l’album. Ces dernières années, tout s’est accéléré, dans le groupe, mais dans ma vie personnelle aussi. Rien n’est jamais fixe. Tout est toujours en mouvement. C’est ça, ‘Modern Dancing’. La vie est une danse permanente. » Comment vous travaillez ensemble, tous les trois ? Stu Hopkins : « Pour ‘Grin’, on s’était isolé dans une pièce, on n’a rien planifié. Entre-temps, grâce aux concerts, c’est devenu plus collaboratif, on a trouvé nos marques, notre façon de fonctionner. On est plus réactif, on reprend des bouts de jams qu’on avait laissé. Pour le morceau-titre, on a commencé de zéro. Adam a improvisé un rythme, j’ai rebondi dessus, Leigh emboîte le pas, et je trouve un air en chantant phonétiquement par-dessus. La plupart
Texte : Gery Lefebvre © michael berman
des morceaux se sont écrits comme ça, ou à partir des propositions rythmiques communes d’Adam et Leigh. Parfois, mais c’est plus rare, j’amène un embryon de chanson, de structure. La plupart du temps, mes paroles partent d’un bout de phrase obsédant que je cale sur un morceau et à partir duquel je cherche à créer du sens. Sur ‘Grin’, c’était beaucoup plus personnel, alors j’ai veillé à ce qu’on ne comprenne rien (rires). » Ton chant fragile est pour beaucoup dans le charme de TRAAMS. Je me demandais quelle était ta relation à ta propre voix ; à quel point elle était un outil conscient ou t’échappe-t-elle encore ? Stu Hopkins : « Un peu des deux à vrai dire. Mon chant est assez limité, du coup il est plutôt spontané. Je vois où je dois aller, mais je ne sais pas toujours quel sera le résultat. Sur scène, certains passages ne sont jamais deux fois les mêmes. Les petites inflexions coassantes, je peux les contrôler, mais j’évite d’en abuser. » Sur ‘Car Song’, cette fragilité frôle la dissonance de façon volontaire. Stu Hopkins : « C’est une chanson à part. Un soir, en voiture, Leigh me passe un enregistrement de ce morceau qu’il avait sur son téléphone, où j’étais seul à la guitare. Je ne me souvenais pas l’avoir écrite ! On a essayé différentes versions, aucune ne fonctionnait vraiment, mais Leigh y tenait vraiment. On a décidé de garder l’enregistrement original, et d’y ajouter des pistes de feedback en arrière-plan. C’était le morceau idéal de transition avant le final de ‘Bite Mark’… » … sur lequel ta façon de crier, cette énergie positive, me rappelle ‘Tired Of Sex’ de Weezer. Stu Hopkins : « J’adore Weezer ! On est tous fan de Weezer, mais je ne connais pas ce morceau-là. ‘Bite Mark’, c’est le morceau le plus personnel du disque. Je m’y mets vraiment à nu. Alors que le reste de l’album est plus cathartique, celuici est un catalyseur. C’est lui qui définit ‘Modern Dancing’. Il ne pouvait qu’ouvrir ou fermer l’album. » C’est à nouveau Matthew Johnson de Hookworms qui vous encadre à la production. Qu’est-ce qui fait de lui l’homme de la situation ? Stu Hopkins : « Mat comprend parfois mieux que nous ce qu’est TRAAMS. C’est lui qui a repéré le lien étroit entre Leigh et Adam, il s’implique énormément dans la définition de notre son. C’est lui aussi qui sait quand on fait de la merde ! « Pourquoi ce passage dure une minute, les gars ? Coupezmoi ça ! » (rires) Parfois quand tu écris, tu n’as plus de perspective, tu perds de vue tes désirs initiaux ou la fraîcheur qui t’animait quand le morceau est apparu la première fois. Mat nous sort de notre zone de confort, nous force à retrouver l’énergie nécessaire, cette incertitude de départ. Pour ‘Modern Dancing’, Mat a longtemps travaillé au son des guitares, à chercher le bon feed-back, la bonne distorsion, afin de coller au plus près de notre son en concert. On voulait cet album plus intense, plus sauvage. » En ce moment, tu es dans la réserve d’un magasin de chaussures, où tu travailles. C’est obligatoire, un boulot, pour continuer à faire de la musique aujourd’hui ? Stu Hopkins : « Je me souviens, quand on est arrivé chez FatCat, que les mecs du label nous avaient prévenu que ce serait nécessaire. On forme une petite communauté soudée avec d’autres groupes : Menace Beach, Drenge, Honey Blood, Maze, Kagoule, etc. Tout le monde a un boulot à côté. J’aime bien avoir cette forme de retraite, ça nous évite d’être constamment sur la route, ça permet de garder une vie normale. De cette façon, TRAAMS reste quelque chose que j’ai envie de faire et non un projet auquel je suis enchaîné. » Un album : ‘Modern Dancing’ (FatCat/Konkurrent)
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Parce qu’il n’est pas tombé dans la marmite de potion magique quand il était petit, John Grant a dû laisser son génie s’épanouir et se muscler au fil de sa vie cabossée. Entre pics abrupts, campagnes
reposantes, sous-bois épineux et dancefloors en velours, la balade dans la discographie du colosse est d’ailleurs tout sauf une flânerie du dimanche. Depuis longtemps sur la tangente, titubant sur le fil de sa folie créatrice, ce funambule sonore ne semble s’imposer comme limites que celles de son génie et de ses excès en tous genres. Dans la lignée du précédent ‘Pale Green Ghosts’, sur lequel les beats électroniques tordus explosaient les structures classiques jouées au piano ou à la guitare, l’ex-Czars continue à triturer les cartes-mères pour élargir une palette sonore au service de ses lubies et addictions eighties. Car loin d’une simple redite, John Grant tient avec ce ‘Grey Tickles, Black Pressure’ une nouvelle pièce maîtresse dans une production qui ne cesse de devenir décisive pour peu qu’on en force les cadenas. En voici d’ailleurs quelques clés.
Czar 80 Tes pulsions auto-destructrices et tes addictions (alcool, sexe, drogue) ont très régulièrement été au centre de ton écriture. Tu n’as d’ailleurs jamais rechigné à te livrer làdessus en interview. Partages-tu cet aphorisme du poète Roger Gilbert-Lecomte, chantre de l’auto-destruction et des addictions, qui a un jour déclaré : « Certains êtres ne peuvent survivre qu’en se détruisant eux-mêmes » ? John Grant : « Oui, en effet, je ne peux certainement pas contredire cette fulgurance. Cette inéluctabilité par rapport à l’auto-destruction a toujours été source de questionnements pour moi. Je ne sais pas pourquoi on ne peut pas échapper à cette fatalité. En ce qui me concerne, les addictions ont toujours été une réaction à une peur extrême. A la peur du monde, à la peur de ne pas avoir de place dans ce monde. A la peur d’être jugé comme un être humain inférieur à cause de mes choix de vie. A la peur de ne pas être légitime dans ce que je fais. J’éprouve souvent des difficultés à me considérer comme musicien. Je suis plutôt un type qui est dans la réactivité par rapport à des agressions extérieures. Et qui réagit de la seule façon dont il est capable de réagir au monde. En produisant des sons et des mots. La musique, c’est juste ma tactique de survie en fait... » ‘Queen Of Denmark’ était un disque où il était beaucoup question de l’enfance. Dans ‘Pale Green Ghosts’, ce sont les questions liées à l’adolescence qui dominaient. Est-ce que dans ce nouveau disque tu arrives enfin à envisager l’âge adulte ? John Grant : « Oui, exactement, il y est beaucoup question de l’entrée, du passage à l’âge adulte. J’ai toujours considéré la musique comme un lent processus de distillation. Pour arriver in fine à l’essence de ce que je suis vraiment. Ça va probablement me prendre toute ma vie d’arriver à me trouver, à trouver « mon » son, celui qui correspond parfaitement à l’essence de ce que je suis. Même chose au niveau de mes textes. C’est vraiment le travail d’une vie. Mais j’ai appris à me juger avec davantage de bienveillance, c’est sans doute une question de maturité aussi…Et si cet album parle aussi beaucoup de la mort, il est aussi beaucoup dans le lâcherprise par rapport à cette gravité. » On perçoit dans ton travail une évolution constante vers davantage de sonorités électroniques très connotées eighties ou new-wave. Tu n’as pas peur d’être considéré au mieux comme un rétromaniaque, au pire comme confit dans une forme de ringardise ? John Grant : « Ces influences ont toujours été très prégnantes dans mon parcours. Même à l’époque des Czars. Et j’écoute toujours beaucoup de groupes de la scène newwave aujourd’hui. Je pense par exemple que le dernier album
de New Order est vraiment excellent. Gary Numan, Depeche Mode, Cabaret Voltaire, le Yamaha CS80, j’y retourne régulièrement ! Dans ce que je produis, ces influences sont évidemment inconscientes et je ne pars jamais avec l’intention de faire quelque chose qui singerait la new-wave. D’un point de vue purement technique, il serait d’ailleurs trop artificiel de refaire un album de new-wave aujourd’hui et d’espérer renouer avec la spontanéité des années 80. Je n’ai pas peur de passer pour un rétromaniaque en disant ça. La modernité vient des gens avec qui tu décides de travailler. John Congleton sur ce nouvel album par exemple. J’ai adoré son travail avec St Vincent notamment. Je ne prendrai donc jamais comme une insulte le fait que mon son soit associé à de la new-wave. J’en discutais justement il y a quelques jours avec Stephen Mallinder de Cabaret Voltaire. C’étaient des précurseurs, des gens qui apprivoisaient une technologie pour inventer un son inédit, certes lié à une époque, mais qui est encore très loin d’être obsolète aujourd’hui. Ça me fascine beaucoup. Car il y a vraiment peu de gens qui peuvent vraiment se prévaloir d’avoir créé un son. » Considères-tu que tu as aujourd’hui atteint le point d’équilibre parfait entre la reconnaissance publique et la liberté artistique ? John Grant : « Je pense que ma situation actuelle est assez idéale en effet. Je vois qu’il se passe pas mal de choses autour de moi. Je n’ai pas spécialement envie d’encore gagner en notoriété. Car je ne pense pas être un type capable de supporter quelque forme de célébrité que ce soit. Je n’associe rien de positif à tout ça. A part peut-être le fait d’avoir davantage de moyens que je pourrais consacrer à mes proches ou à acheter tous les bouquins ou les disques dont j’ai envie ! Mais tout ça me fait peur, car si tu deviens célèbre, tu deviens automatiquement une cible. Et tu dois te blinder tout en restant perméable et vulnérable pour pouvoir continuer à créer et être toi-même. En anglais, il y a une expression qui résume ça très bien : « Don’t believe your own hype ». Car quand tu arrives à un point où tu es persuadé que ta propre merde ne pue pas, là tu as un vrai problème. C’est parfois tentant pour moi de sombrer dans une forme d’auto-satisfaction qui deviendrait très vite addictive…On y revient…Je parle beaucoup avec Elton John, qui est un ami, ou avec Sinead O’Connor, et régulièrement ils me parlent du prix à payer pour la célébrité, le renoncement à une forme de liberté, d’humilité et de bienveillance par rapport à soi-même ou aux autres. Moi, dans le fond, dans mon cœur, j’aimerais être reconnu comme un type et un musicien plutôt humble comme Leonard Cohen. » Un disque : ‘Grey Tickles, Black Pressure’ (Bella Union/Pias)
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T e x t e :Fabrice Texte : A n n e - L Vanoverberg i s e R e m a c l e © katja ruge
Cette année encore, la vingt-et-unième, la rédaction de RifRaf a eu l’outrecuidance d’écouter des disques et de les passer à la moulinette d’un double critère inacceptable : la qualité et le goût. Une fois n’est pas coutume, nombre d’albums sortent du lot et s’adjugent les faveurs de l’équipe.
(na) Immense espoir de la techno aux multiples influences (de la house à l’EBM en passant par le dark wave), Helena Hauff est passée en 2015
au stade d’artiste confirmée de tout haut niveau. Grâce à deux EP (‘A Tape’ et ‘Lex Tertia’) et un premier LP absolument miraculeux, la productrice de Hambourg inscrit déjà son nom à la (longue) liste des DJ allemands à suivre à tout prix - de quoi rendre fier l’emblématique videur du Berghain Sven Marquardt, sans doute rassuré que la relève comporte du si beau linge. Qui plus est, très sympathique. Mon collègue (pf) a qualifié ton récent premier album ‘Discreet Desires’ d’album électro de l’année...Et en ce qui mon concerne, ton EP ‘Lex Tertia’ est le disque que j’ai le plus écouté en 2015. Helena Hauff : (surprise) « Oooh, okay. Alles super, j’en suis très heureuse. » Tu es dans le milieu musical depuis plusieurs années. J’imagine qu’au vu de ton statut actuel, tu n’as plus d’autre activité que la production et le DJing. Depuis quand ? Helena Hauff : « C’est en 2009 que j’ai commencé à enregistrer mes propres tracks, à l’époque j’avais un boulot sur le côté. Depuis lors, les choses ont changé et ça fait trois ans environ que je ne fais plus que de la musique. C’est arrivé tout seul et je ne voulais de toute façon plus rien faire d’autre. J’avais investi tellement de temps dans la création et l’enregistrement de mes morceaux que je n’avais plus le temps de faire autre chose. Au début, j’étais encore étudiante mais je n’avais plus la tête aux études, ni le temps. »
Auf jeden Fall
Tu étudiais l’art et la photo, non ? Helena Hauff : « Genau! J’étais dans une école d’art, où je me suis concentrée sur la photo, puis j’ai laissé tomber et je me suis inscrite en fac de physique, mais ça n’a pas duré très longtemps. » Devenir artiste ne te disait rien ? La musique n’est-elle pas aussi une forme d’art ? Helena Hauff : « Je ne voulais pas devenir artiste au sens classique du terme, mon but n’était pas d’être artiste à tout prix. En fait, je ne voulais surtout pas devenir artiste plasticienne (Bildende Künstlerin en allemand, ndr). Les études en soi étaient chouettes, ces deux années ont été vraiment super. Un des avantages des études d’art est qu’on dispose de beaucoup de temps et ça m’a donné la possibilité de faire des choses en-dehors de mon cursus, notamment la musique. Surtout, ça ne me disait rien de bosser avec des galeries et d’exposer dans des musées. Ma prof de l’époque m’avait d’ailleurs dit que si l’art ne répondait pas à un besoin vital, il fallait tout de suite arrêter. En prime, c’est un job où tu n’as jamais de pognon et où tu es obligé de courir derrière des gens que tu n’apprécies pas forcément. » Ton son est plutôt sombre et agressif. Correspond-il à ce que tu écoutais adolescente ? Helena Hauff : « Pas nécessairement. J’écoutais et j’écoute toujours plusieurs genres. Ado, j’écoutais du rock stoner et d’autres trucs. Globalement, je préférais les ambiances sombres, la sunshine pop n’était vraiment pas mon style. » Quel regard portes-tu sur l’évolution de ta musique ? A-t-elle toujours été aussi sombre et martiale ? Helena Hauff : « Pas tant que ça. Au début, elle était plus rapide mais c’est parce que je ne connaissais rien d’autre. Puis, j’ai commencé à acheter des disques et à sortir en club à Hambourg et je me suis intéressé à la deep house... » La musique jouée dans ces clubs a eu une influence certaine sur tes sonorités, non ? Helena Hauff : « Oui! J’ai même commencé à jouer des tracks que j’avais entendus, notamment des trucs housy de Chicago.
C’est ainsi que j’ai démarré. Plus tard, je me suis davantage tournée vers l’acid techno. » Est-ce alors que tu es devenue DJ résidente du Golden Pudel Club ? Helena Hauff : « Exactement, tout a été très vite. Hambourg est une petite grande ville et la scène n’est pas très étendue. J’y ai vite rencontré plein de gens, j’ai commencé à enregistrer et j’ai demandé à des gens si ça les intéressait que je joue au Pudel Club et ils ont tout de suite dit oui. » Je t’appelle d’un pays qui a joué un rôle important dans les musiques électroniques...Quels groupes ou DJ belges ont été importants pour toi ? Helena Hauff: « Comme ça, je ne pourrais pas te citer de nom mais toute la scène EBM belge de la fin des années 80 a été super importante pour moi. Je suis bien sûr trop jeune pour avoir été directement influencée par le son belge de l’époque, je ne l’ai découvert que bien plus tard et c’est une influence majeure. » J’imagine qu’un groupe comme Front 242 fait partie du lot. Helena Hauff : « Front 242, klar. Un de mes groupes préférés. A l’époque sortait chaque semaine un nouveau disque dans le genre, c’était une époque tellement riche. » Outre l’EBM et le son de Chicago, quelles musiques ont vraiment compté pour toi ? Helena Hauff : « Plein de trucs de la fin des années 70 en Allemagne. Des gens comme Asmus Tietchens ou des groupes rattachés au krautrock comme Neu! ou évidemment Kraftwerk. Aussi Deutsch-Amerikanische Freundschaft, un de mes groupes fétiches, mais aussi l’électro de Detroit, des trucs du genre de Cybotron (avec Juan Atkins et Richard Davis, ndr), et la techno de Detroit avec Jeff Mills ou Robert Hood. J’aime aussi beaucoup la new wave et le post punk, Joy Divison et Depeche Mode, ainsi que des groupes du Berlin des années 80 comme Malaria, die Tödliche Doris. L’electro clash de la fin des années 90 et du début des années 2000 m’intéresse aussi beaucoup. En soi, je n’ai aucun problème avec les pop songs, il faut juste qu’elles sonnent un peu rude, qu’elles aient des écorchures, qu’elles soient un peu sales. » L’album est sorti il y a peu de temps, es-tu beaucoup sur la route pour le défendre ? Helena Hauff : « Oui, mais je voyageais déjà beaucoup avant qu’il ne sorte. Je joue deux fois chaque week-end, comme avant. La différence depuis sa sortie, c’est qu’on me pose beaucoup plus de questions sur ma musique. En tout cas, mon agenda est complet jusqu’en avril - mai prochain et je remarque que quelque chose autour de moi se passe. Mais comme je te l’ai dit, je tournais déjà beaucoup et quelque part, je me fixe aussi des limites. Ça me coûterait trop d’énergie de jouer plus et je veux continuer à pouvoir faire de la musique le reste de la semaine. » Tu ne joues que des vinyls, non ? Helena Hauff : « Oui, j’en ai déjà beaucoup et je continue d’en acheter des neufs. Quand on joue deux fois par semaine, c’est important de ne pas trop se répéter et pour ma santé mentale, il est essentiel que ça ne devienne pas une corvée. Je ne m’imagine pas une seconde jouer trois fois le même soir à trois endroits différents comme un Richie Hawtin peut le faire. » Un disque : ‘Discreet Desires’ (Werkdiscs/Ninja Tune/Pias)
1. Sufjan Stevens ‘Carrie & Lowell’ (Asthmatic Kitty Records) On a toujours considéré Sufjan Stevens comme un artiste incontournable. Capable de provoquer une crise de larmes généralisée en racontant la journée de son chat, l’Américain rend la banalité du quotidien déchirante, majestueuse. Dans le genre, on pensait sincèrement qu’il avait fait le tour de la question. Mais non. Avec l’album ‘Carrie & Lowell’, il pousse le bouchon de l’affliction à son paroxysme. Au rayon tristesse contemporaine, ce disque vend du bonheur pour la vie. 2. Jaakko Eino Kalevi ‘Jaakko Eino Kalevi’ (Weird World/Domino) 3. Odezenne ‘Dolziger Str. 2’ (Tôt Ou Tard) 4. Destroyer ‘Poison Season’ (Dead Oceans) 5. Tame Impala ‘Currents’ (Modular) 6. King Gizzard & The Lizard Wizard ‘Quarters!’ (Heavenly Recordings) 7. Marching Church ‘This World Is Not Enough’ (Sacred Bones) 8. Ghostface Killah ‘Adrian Younge presents: Twelve Reasons To Die II’ (Linear Labs) 9. Kamasi Washington ‘The Epic’ (Brainfeeder) 10. Deerhunter ‘Fading Frontier’ (4AD)
(ab) 1. The Mountain Goats ‘Beat The Champ’ (Merge Records) Un Mountain Goats est toujours un micro-événement, une secousse tellurique discrète que seuls certains initiés ressentiront jusqu’au creux des os, la promesse d’une complicité aussi piquante que pouvait l’être la sortie d’un ‘Calvin & Hobbes’. Concentrant son album sur le milieu du catch, John Darnielle prouve à nouveau son énorme talent à créer de l’émerveillement magique avec les sujets les plus triviaux et livre parmi ses plus belles chansons. Congratulations. 2. TRAAMS ‘Modern Dancing’ (FatCat) 3. Oneohtrix Point Never ‘Garden Of Delete’ (Warp) 4. Jerusalem In My Heart ‘If He Dies, If If If If If If’ (Constellation) / ‘Suuns+JIMH’ (Secretly Canadian) 5. Feu! Chatterton ‘Ici Le Jour (A Tout Enseveli)’ (Barclay) 6. The Districts ‘A Flourish And A Spoil’ (Fat Possum) 7. Refused ‘Freedom’ (Epitaph) 8. Alabama Shakes ‘Sound & Color’ (ATO) 9. Clarence Clarity ‘No Now’ (Bella Union) 10. The Pop Group ‘Citizen Zombie’ (Freaks R Us)
(fd) 1. Odezenne ‘Dolziger Str. 2’ (Tôt ou Tard) Étrange. Mais kess’ j’en ai à branler. Avec des chansons comme ‘Boubouche’, Odezenne entre dans la tienne. Disque idéal pour danser au casque dans une
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soirée Instagram où personne se calcule, tu fais le montage très cut de ta life. Par ici le bon plan : sur l’os et en pleine bourre, parfait pour embrasser l’époque et mover dans la boue. Parce que personne t’oblige à écouter #Fauve. 2. Bruit Noir ‘I/III’ (Ici D’ailleurs) 3. Feu! Chatterton ‘Ici Le Jour (a tout enseveli)’ (Barclay) 4. (entracte à la viole de gambe : Nicki Minaj ‘Anaconda’ (Young Money/Cash Money)) 5. Holly Herndon: ‘Platform’ (4AD) 6. Villagers ‘Darling Arithmetic’ (Domino) 7. Jerusalem In My Heart ‘If He Dies, If If If If If If’ (Constellation) / ‘Suuns+JIMH’ (Secretly Canadian) 8. Jaakko Eino Kalevi ‘Jaakko Eino Kalevi’ (Weird World) 9. The Limiñanas ‘Down Underground’ (Because) 10. (générique à la scie musicale : Chris Kelly ‘Too Many Cooks’ (Adult Swim))
(pf) 1.Helena Hauff ‘Discreet Desires’ (Werkdisks/Ninja Tune) Anarchiste dans l’âme, la belle Helena mène la lutte à grands coups de sons vintages analogiques fleurant bon l’authenticité. Maniant avec maestria son armada de machines, elle nous invite sur son album à goûter à un trip halluciné et hallucinant entre bande son de film rétro futuriste, tube pour dance floor mutant et promenade cosmique pleine de félicité. Tout simplement magique! 2. Get Your Gun ‘The Worrying Kind’ (Empty tape/Phonofile) 3. The KVB ‘Mirror Being’ (Invada) 4. Kurt Vile ‘B’lieve I’m Going Down’ (Matador Records) 5. Second Layer ‘World Of Rubber’ (Dark Entries Records) 6. Suuns + Jerusalem In My Heart ‘Suuns + Jerusalem In My Heart ‘ (Secretly Canadian) 7. F.F.S. ‘F.F.S.’ (Domino Records) 8. Ecstatic Vision ‘Sonic Praise’ (Relapse Records) 9. Stigman ‘Fathers’ (Autoproduction) 10. Baio ‘The Names’ (Glassnote)
(lg) 1. Odezenne ‘Dolziger Str. 2’ (Tôt ou Tard) « La vie ça vient qu’une fois / et ça passe comme une danse ». Le constat qu’on fait tous, en grands mélancoliques chroniques, Odezenne le dresse mieux que quiconque en 2015. Dans un impressionnant disquebréviaire d’où l’on ressort sans réponses mais avec la certitude que c’est pour des chansons de cette trempe qu’il faut continuer à vivre en idolâtre.
5. John Grant ‘Grey Tickles, Black Pressure’ (Bella Union) 6. Julia Holter ‘Have You In My Wilderness’ (Domino) 7. Holly Herndon: ‘Platform’ (4AD) 8. Colin Stetson and Sarah Neufeld ‘Never Where The Way She Was’ (Constellation) 9. Maricka Hackman ‘We Slept At Last’ (Dirty Hit) 10. A Place To Bury Strangers: ‘Transfixiation’ (Dead Oceans)
(am) 1.Low ‘Ones And Sixes’ (Sub Pop) « On vit vraiment une drôle d’époque » chantait Elli il y a 35 ans, alors qu’Alan Sparhawk collectionnait encore des billes. Et elle ne savait pas, non, que l’époque présente serait pire encore, et qu’Alan, embourbé dans un marasme sans limites, traduirait ses idées noires de la plus belle des manières sur un ‘Ones And Sixes’ à la lumière noire pétrifiante, à l’exception d’un rare ‘What Part Of Me’, vague faisceau d’espoir qui, en fil de soie ténu, nous tient comme élevés à la lisière d’une chape de plomb qui nous rongerait par les racines.
2. Colleen ‘Captain Of None’ (Thrill Jockey) 3. Bachar Mar-Khalifé ‘Ya Balad’ (InFiné) 4. Dexter Story ‘Wondem’ (Soundway) 5. Orso Jesenska ‘Effacer La Mer’ (03h50) 6. Stanley Brinks and The Wave Pictures ‘My Ass’ (Fika) 7. Jaakko Eino Kalevi ‘Jaakko Eino Kalevi’ (Weird World) 8. Benoît Lizen ‘Naomka’ (Honest House) 9. Ghostface Killah ‘Twelve Reasons to Die II’ (Linear Labs) 10. Dominique A ‘Eléor’ (Cinq 7)
2. Pile ‘You’re Better Than This’ (Exploding In Sound Records) 3. Peter Kernel ‘Thrill Addict’ (On The Camper Records) 4. Jib Kidder ‘Teaspoon To The Ocean’ (Weird World Record Co.) 5. A$AP Rocky ‘ALLA (At Long Last ASAP)’ (RCA Records) 6. God Damn ‘Vultures’ (One Little Indian Records) 7. Micachu & The Shapes ‘Good Sad Happy Bad’ (Rough Trade Recordings) 8. Fever The Ghost ‘Zirconium Meconium’ (Complicated Game) 9. Bill Ryder-Jones ‘West Kirby County Primary’ (Domino Recordings) 10. Warm Graves ‘Ships Will Come’ (This Charming Man Records)
(gle)
(alr)
1. Rone ‘Creatures’ (InFiné) Avec ‘Creatures’, Rone prouve qu’il est bien plus qu’un énième DJ ou producteur talentueux et inspiré. Laborantin des textures et du son, le parisien a élaboré un mille-feuilles sonique, fantasque et pointilliste, une électronique onirique qui fait du plat au meilleur de la pop synthétique pour mieux l’égarer au beau milieu d’une terra incognita multicolore. Rone coule des compositions apnéiques et nous propulse dans un univers peuplé de songes vaporeux.
1. Sufjan Stevens ‘Carrie & Lowell’ (Asthmatic Kitty) Après quelques entrechats dinguedongues de Playmobil fluo halluciné, Sufjan Stevens revint au noyau frêle, à sa plus lumineuse essence fracturée . Dans ‘Carrie & Lowell’, tous ses désordres se cristallisent dans l’épure. Est-ce parce qu’on ne le croyait plus en mesure de tendre à ce point à l’universel qu’on se sent à ce point désarmé face à ce disque? Ou bien serait-ce parce qu’il dénude nos sédimentations intimes les plus enfouies?
2. Low ‘Ones And Sixes’ (Sub Pop) 3. Feu! Chatterton ‘Ici Le Jour (a tout enseveli)’ (Barclay) 4. The White Birch ‘The Weight Of Spring’ (Glitterhouse Records)
2. Arlt ‘Deableries’ (Almost Music) 3. This is The Kit ‘Bashed Out’ (Brassland) 4. Villagers ‘Darling Arithmetic’ (Domino)
5. Delphine Dora & Eloïse Decazes ‘Folk Songs Cycle’ (Okraïna) 6. Matthew E White ‘Fresh Blood’ (Domino) 7. Jono McCleery ‘Pagodes’ (Ninja Tune) 8. Sun Kil Moon ‘Universal Themes’ (Rough Trade) 9. US Girls ‘Half Free’ (4AD) 10. H Hawkline ‘In The Pink of Condition’ (Heavenly Recordings)
(et) Dix prompteurs auditifs conspiratifs sans agencement 1. Sleaford Mods, sur disque et en live 2. Enablers ‘The Rightful Pivot’ 3. Hassan K, live aux Transbarbantes à Liège 4. Battles, sur disque, en interview et en live au Botanique. 5. Colin Stetson & Sarah Neufeld, sur disque et en live 6. Kamasi Washington ‘The Epic’ 7. La contrebasse en route et en déroute de Peter Jacquemyn 8. La quiétude non feinte de Dominique Lawalrée à la chapelle de City Sonic 9. Teho Teardo & Blixa Bargeld, live à Hasselt 10. Post Office ‘The Marylebone Greenwave’
(fv) Une obsession. Depuis la sortie de ‘Lex Tertia’ en avril dernier (et de son pendant ‘A Tape’), l’écoute quotidienne de Helena Hauff est devenue obligation. Tout récemment, l’addiction s’est encore aggravée avec son premier LP ‘Discreet Desires’, où la DJ de Hambourg donne le coup de massue. De la rubrique Love On The Bits, l’extraordinaire David Toop nous livre un témoignage poignant d’une culture en détresse au nord de l’Amazonie, et c’est unique en son genre. 1. Helena Hauff ‘Lex Tertia’ (Werkdiscs) 2. King Midas Sound / Fennesz ‘Edition 1’ (Ninja Tune) 3. Bruce Brubaker ‘Glass Piano’ (InFiné) 4. David Åhlén ‘Selah’ (Volkoren) 5. Jenny Hval ‘Apocalypse, girl’ (Sacred Bones) 1. David Toop ‘Lost Shadows: In Defence of the Soul - Yanomami Shamanism, Songs, Ritual, 1978’ (Sub Rosa) 2. Ensemble Avantgarde ‘Four Organs / Phase Patterns / Pendulum Music’ (Karlrecords) 3. Martijn Tellinga ‘Positions’ (Crónica) 4. Philippe Petit ‘Ear Me In’ (Bôlt Records) 5. Roxanne Turcotte ‘Nos Fenêtres Intérieures’ (Empreintes DIGITALes)
14
Earteam
Abd Al Malik
Richard Dawson
‘Scarifications’
‘The Magic Bridge’ & ‘The Glass Trunk’
Pias
C’est une blague ou bien ? Dire qu’on pensait être débarrassé de ses raps torcheculs est un euphémisme. De fait, sans nouvelles depuis 2010, on croyait Régis rangé des slams consensuels à faire passer le grand éclopé pour Che Guevara. Mais Régis a quarante berges depuis le mois de mars. Alors c’est la crise, la récession, la régression. Pour preuve, il s’entiche à la réalisation de l’has been Laurent Garnier et balance des featurings aussi risibles qu’un duo Bénabar/Sardou lancé dans un tribute à René La Taupe. Son hommage révolutionnaire – un clip scolaire vaguement 3D – à Daniel Darc est une véritable honte pour tout qui s’est abîmé profond dans ‘CrèveCœur’ (2004, déjà). Quant au flow, c’est de plus en plus insupportable, un genre de gnagnagnagna qui name-droppe des auteurs qu’il n’a probablement jamais lu et dérouille une série de punchlines sidérantes de crétinisme consanguin (son frère est de la partie) : « c’est stupéfiant tellement tu es stupéfiant », « je ne t’aime plus tous les jours mon amour », « et ma vie se résume à ton amour, mon amour », « c’est comme si tu portais un vêtement que même si tu voulais tu pouvais enlever » (?). STOP. (lg)
Ryan Adams ‘1989’ Pa xamericana Music/Sony
14/11/2015, réveil & douche froide. Alors que le monde moderne nage en plein fiasco entre tueries sanguinaires, marées noires de réfugiés, polémiques sur le sirop de Liège halal - j’en passe et des meilleurs, alors qu’on peine à trouver les mots pour écrire une simple liste de courses, pendant ce temps là, oui, Ryan Adams creuse inlassablement son propre cercueil avec cet album composé intégralement de reprises de Taylor Swift. En ce quatorze novembre deux-mille quinze, tout le monde a l’air de s’en cogner pas mal, et c’est tant mieux. Shake it off. (am)
Ólafur Arnalds and Nils Frahm ‘Collaborative Works’ Erased Tapes
La collaboration entre Ólafur Arnalds et Nils Frahm n’est pas neuve. Elle s’est installée il y a quelques années déjà à la faveur de leurs rencontres épisodiques à Reykjavik ou à Berlin, donnant lieu à quelques enregistrements assez succincts. Le premier des deux disques que renferme ce double album reprend ‘Loon’, ‘Stare’ et ‘Life Story Love And Glory’, respectivement 12’, 10’ et 7’ initialement parus en éditions plutôt confidentielles. L’autre disque est pour sa part réellement inédit. Il collationne les différentes étapes d’une même session qui s’est étendue tout au long de la soirée, puis de la nuit, du 28 juillet de cette année durant lesquelles la paire, confinée dans son studio attitré (Durton à Berlin), s’est laissé aller à l’improvisation pure et simple. Ces morceaux ne portent aucun titre si ce n’est la référence à leur moment d’enregistrement. Le premier débute à 20h57 et le dernier à 3h06. C’est à l’écoute de cette somme que l’on mesure la convergence des affinités entre Frahm et Arnalds. A deux, ils échafaudent une musique néo-classique d’une grande simplicité, foncièrement accessible, mais qui manque parfois singulièrement de corps et de relief. (et)
Domino/V2
Un sacré zouave et une chouette exemplification de work still in progress, ce Richard. Tu t’escrimerais à lui coudre sous un pull à torsades une nominette folk? C’est que, tu vois, il aime plutôt le chant diphonique mongol ou les motifs rituels de la musique africaine. Et c’est non sans superbe qu’il finger-pincke ou fait grincer la barrière de sa désapprobation à ta tentative de labellisation. Cette double réédition donnera volontiers à palper la variété de ce qu’il façonne, toujours un peu de biais, sur l’établi. Sorti en 2012, ‘The Magic Bridge’ a parfois le pas hésitant d’un brave chien de berger qui boîte et bave, celui d’un gentleman farmer pas encore au fait de l’ampleur du terrain dont il vient d’hériter mais qui exprime sa stupéfaction en projetant sa luette jusqu’au ciel. C’est clairement cette juste candeur – propre aussi à Daniel Johnston ou Ramona Cordova – assortie d’un sens des historiettes rurales déviantes qui emporte la mise. Dans ‘The Glass Trunk’, matériel rassemblé suite à son immersion dans les Tyne & Wear Archives, Dawson radicalise son bagage de barde. Sédimentent ici, a capella mais zébrées d’interludes sous tension, la plus tragique histoire de canasson depuis ‘Stewball’ ou celle de Joe, artisan bien-aimé, sauvagement assassiné. On n’avait pas entendu une telle étrangeté, bouleversante dans son anachronisme-même, dans sa nudité âpre, depuis Alasdair Roberts. (alr)
Askanyi ‘Askanyi’ Mantra Music
Ceux qui ont connu la félicité qu’offre un plongeon dans ‘Musique de Nuit’ de Ballaké Sissoko et Vincent Segal devraient sauter làdedans sans retenue. Rayon ethnique, world, appelez ça comme vous voulez, Askanyi creuse un même sillon singulier, accorde l’occidental à l’africanité en poussant la rencontre bien au-delà du mariage violoncelle-kora. C’est ici tout un quatuor à cordes (belge) qui se frotte aux voix du Congo, du Burundi, du Sénégal (dont celles de Freddy Massamba et Jupiter Diop dont on a déjà vanté les mérites dans ces pages). Certes, ça n’est pas hyper funky et ça peut lasser au bout d’un temps, mais c’est souvent très beau, très juste. La plus belle alliance entre le baroque et les harmonies africaines s’entendant sans doute sur ‘Zikr in D Minor’, une petite merveille (sens non usurpé). (lg)
Aucun ’Stelle Fisse’ Kowloon Records
Math rock à ses débuts sur Africantape, c’était en 2008, le combo Aucun s’est progressivement éloigné des guitares au fil des années. Quatrième chapitre du trio italien, ‘Stelle Fisse’ les voit dans une direction diamétralement éloignée, où la boussole indique dub et electronica. Si tout démarre en mode introverti avec l’inquiétant ‘Disgelo’, le collectif transalpin prend directement le chemin de Berlin sur le second volet ‘Friends’, mais aussi sur ‘Above Your Head’, que le grand Apparat himself verrait bien sur son prochain disque. La suite demeure tout aussi sautillante, avec juste ce qu’il faut de dark side (not of the moon) pour sublimer les pièces elles sont dix au total. Quelques instants virevoltent du côté de la Kosmische en oripeaux (presque) broken beats, mais ça reste en filigrane (‘Loop Layers’). On n’est pas toujours fan du traitement digital infligé aux voix (le presque parodique ‘Disto’), bien plus du flirt avec les boucles de The Field en mode introspectif et caverneux (où l’on danse). Et s’il ne change rien à la donne, ça reste un fichu bon skeud. (fv)
Beat Happening ‘Look Around’ Domino Recordings/V2
Il paraîtrait qu’être né en 86 et ignorer l’existence de Beat Happening n’aurait rien d’inha-
bituel. Mais c’est une méprise. Car les ancêtres ont tout à nous apprendre. ‘Look Around’ doublecompile la carrière de ces pionniers de la proto-lofi - celle qui se joue avec deux mains gauches mais se pense avec une double dose de ruse -, actifs sur disque compact de 85 à 92. Les guitares à peine accordées, les membres du batteur aléatoirement synchronisés (‘Bad Seeds’), Beat Happening joue sans cesse la carte de la fragilité : fragilité du son, fragilité des mélodies – belles, mais aussi des voix, celle d’Heather Lewis en premier lieu, binoclarde fluette prête à fléchir sous le poids de sa propre émotion. Calvin Johnson, quant à lui, se présente en crooner presque caricatural, généreux dans la galéjade, incarnant la frange presque proto-garage/surf du groupe (‘Bad Seeds’, ‘Black Candy’). Mais le cœur de guimauve sera d’avantage touché à vif par les apparitions d’Heather, transcendante sur plusieurs titres : ‘What’s Important’, l’enfantin ‘Other Side’ où leurs deux voix se mêlent dans un gros câlin, mais surtout ‘Godsend’, chanson immense où notre écolière peine presque à lever le doigt, noyée dans un flot épique de guitares qui se répètent encore et encore, comme une poésie de Prévert avant un contrôle de primaire. (am)
Christopher Bissonnette ’Pitch, Paper & Foil’ Krank y
Vétéran du label Kranky, son premier essai ‘Periphery’ y est sorti en 2005, Christopher Bissonnette est une valeur aussi confirmée que discrète de la scène electronica. Si sa présence est plutôt rare, ‘Pitch, Paper & Foil’ est sa première sortie en sept ans, sa fragilité musicale demeure une constante rassurante dans un monde où il est souvent difficile d’échapper au bruit et au chaos. Un poil différent de ses œuvres passées, l’album explore sur un ton presque cosmique une certaine idée de l’apesanteur sur terre. Moins pastoral peut-être, davantage accroché à la voûte céleste sans nécessairement en rajouter dans la veine planante, le musicien canadien amène son electronica dans une vallée propice à la méditation. Toutefois, les événements sonores n’y sont pas exempts d’accidents émotionnels, et on est heureusement loin d’un gloubiboulga ambient planqué sous une tonne de nappes. Au contraire très cohérent dans sa description de la tranquillité, elle ne rime jamais avec ennui, Bissonnette peaufine au fil
des huit morceaux un discours des plus solides et argumentés, quitte à faire preuve de l’une ou l’autre redondance. (fv)
The Black Box Revelation ‘Highway Cruiser’ Banana Kin Records/Universal
Tiens, v’là les Black Keys de Dilbeek qui r’viennent. Et v’là qu’c’est le p’tit quatrième. Alors qu’est-ce que c’est que c’t’histoire ? Toujours du rock crasseux FM avec un accent flamoutch ? Ben étonnamment c’est mieux que d’hab’. Pas que la lance à incendie de leur rock pompier soit à sec, non. Pour être honnête, difficile de dire ce qui a vraiment changé. C’est peut-être ce côté soul. Ben ouais, c’est pas pour rien qu’en français ça veut dire âme. ‘War House’ et ses choristes qu’on imagine bien bidochées offre un moment de groove libérateur qu’on aurait jamais soupçonné de la part d’un duo qui se présentait comme plus rock que les balls de Keith Richards. Toujours est-il que ces fameuses choristes, les Gospel Queens, se retrouvent aussi sur ‘Highway Cruiser’. Et qu’en fin de compte, elles font sortir les Black Keys Revelation d’une caisse en carton étroite et usée par les intempéries. On ne peut que leur souhaiter un virage encore plus marqué, un truc Motown ou quoi, car on en a un peu marre d’avoir le blues, là. (am)
Boogarins ‘Manual’ Fat Possum/Pias
Quand les mots manquent au chroniqueur pour définir une musique, reste le recours ultime à l’adjectif « psychédélique ». Quand les mots manquent au chroniqueur pour évoquer le rock brésilien, reste le recours ultime à l’adjectif « tropicalismo ». Soit une forme de psychédélisme exotique apparue à la fin des 60’s au beau milieu du mouvement culturel contestataire qui animait alors la société brésilienne. Mais s’ils ont déterré les racines d’un arbre généalogique qui les rattachent à la flamboyance d’Os Mutantes, les Boogarins ne se limitent toutefois pas à ces pillages irrespectueux mais sélectifs de l’arrière-boutique du psychédélisme. Bien au contraire. Le manche de gratte trempé dans la caïpirinha, ils chatouillent les lieux communs et titillent l’indolence. A grands coups de guitares multicolores et de serpentins de fuzz, ce sont des véritables pièges à mélodies qu’ils disposent. Pour mieux maltraiter les ancêtres et déclencher une euphorie contagieuse. Qu’il est joyeux de voir ces anciens idiomes – pop, électro et autres acidités – perdre leurs esprits sur le terrain de jeu de ces Brésiliens-là, qui ne manquent jamais une occasion de tenter feintes sidérantes, dribbles chaloupés et grands ponts imparables. Pour accoucher d’un disque intéressant à la première écoute, attachant à la deuxième et foutrement addictif dès la troisième. (gle)
Boogie Beats ‘Come And Get Me’ Naked/Ber tus
Moite. Lascif. Poisseux. Tendu. Groovy. Tels sont les adjectifs qui vous viendront à l’esprit à l’écoute de cet album qui brille dans un registre boogie/blues/garage authentique à souhait. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les Boogie Beats ne sont pas originaires du Delta du Mississippi, mais de Belgique. Deux des membres viennent du Limbourg, deux sont des Liégeois pur
BRUTUS
03.12 Trix - Anvers 11.12 Glimps Festival - Gand 16.12 AB Box - Bruxelles
RAKETKANON
04.12 Autumn Falls @ AB - Bruxelles
LUSHES
04.12 Autumn Falls @ AB - Bruxelles 05.12 Charlatan - Gand
WILL JOHNSON
05.12 Autumn Falls @ Cactus Club - Bruges 06.12 Autumn Falls @ Trix - Anvers
A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN
09.12 Autumn Falls @ CC Hasselt - Hasselt 10.12 Autumn Falls @ 30 CC - Leuven 11.12 Autumn Falls @ Warande - Turnhout
BING & RUTH
09.12 Autumn Falls @ CC Hasselt - Hasselt 10.12 Autumn Falls @ 30CC - Leuven
CHANTAL ACDA
11.12 Winterluisteravond - Godsheide 31.01 Chambres d’O - Oostende
KAPITAN KORSAKOV
11.12 Glimps Festival - Gand 16.12 AB Box - Bruxelles
RAVEYARDS
11.12 Glimps Festival - Gand
NILS GRÖNDAHL
11.12 Glimps Festival - Gand 12.12 Glimps Festival - Gand
WILLIS EARL BEAL + MYLES MANLEY
14.12 Autumn Falls @ Botanique - Bruxelles
JOSE GONZALEZ + THIS IS THE KIT
15.12 Autumn Falls @ De Roma
RADIAL SEQUENCE
17.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand
STADT
17.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT
17.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand 12.02 Cactus Club - Bruges
PEACHES
18.12 Autumn Falls @ Botanique - Bruxelles
BRIQUEVILLE
09.01 JH Babylon - Westmalle
LIESA VAN DER AA
16.01 N9 Villa - Eeklo
NINOS DU BRASIL
28.01 Vooruit - Gand
BLITZEN TRAPPER
06.02 Botanique - Bruxelles 11.02 C-Mine - Genk
SHEARWATER
14.02 Botanique - Bruxelles
GIRL BAND
17.02 Trix - Anvers
OAKTREE
20.02 Nachtwacht - Malle
MARCO Z
05.03 CC De Ploter - Ternat
KURT VILE & THE VIOLATORS + IMARHAN
09.03 Handelsbeurs - Gand
DOPE DOD
15.04 Vk*- Bruxelles 16.04 Reflektor - Liège
ZUCO 103
06.05 De Roma - Anvers more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
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Earteam
souche, comme quoi l’unité de notre pays se fera peut-être grâce à la passion que l’on peut vouer à Robert Johnson, Stevie Ray Vaughan ou encore les Black Keys. ‘Come And Get Me’ est un disque ultra addictif et galvanisant. Riffs entêtants, lignes d’harmonica subtiles à souhait, dérapages fuzz ou punk, tout est ici nickel. Depuis le lancinant et hypnotique ‘Coming home to you’ jusqu’au explosions boogie de ‘Blast’ en passant par le frénétique ‘Would you please shut up’, on se prend une vraie claque et on se dit que les Boogie Beats doivent vachement assurer en concert ! (pf)
Bunny Black Bones ‘Electricity’ VoxRecordings/COD&S
Formé en 2012, ce combo liégeois composé de musiciens chevronnés ayant fait partie de formations telles que Da Familia, JJ Dogs, Aum ou encore Vox Populi propose un power rock s’inscrivant clairement dans la vague de revival 70s. Chez Bunny Black Bones, on est friand de classic rock, ce qui est clair à l’écoute de ‘War lotta love’, titre proposé en guise d’acte de foi du groupe et qui marie le mythique ‘Whole lotta love’ de Led Zeppelin au monumental ‘War pigs’ de Black Sabbath. Résolument rock et assurément bien interprété, ce titre donne le ton pour le reste de l’album qui associe des compos downtempo à des titres plus enlevés, tendance hard avec une pointe de blues bien sentie qui agrémente l’ensemble. Tenant fort bien la route, ce disque ravira les amateurs de compos old school bien foutues comme le psyché hard de ‘Smoke weed everyday’ ou le boggie rock de ‘On my way ‘ome’. (pf)
Caravane Palace ‘<I°_°I>’ Wagram
Shoot me. Caravan Palace m’a toujours fait l’effet d’une drogue douce. Ce petit rush d’adrénaline gentillet d’une musique non pas taillée pour l’écoute, mais pour le dancefloor, et qu’il ne me serait jamais venu à l’idée d’évaluer. Je me vois donc obligé d’aborder ce troisième album emoticone sous un seul angle : celui des pieds. Et les miens sont assez contents. Car nos faux manouches électro ne cherchent pas une autre légitimité que celle-là. Aussi ont-ils décidé de passer de drogue douce à drogue dure. Nouveau single, ‘Lone Digger’ trémousse comme une salope californienne, troquant le charleston contre ‘Toxic’ et Justice, explosant la décence rétrocoquine du groupe qui lorgne dorénavant sur une fusion absinthe-ecstasy à laquelle pied gauche et pied droit résistent peu. Un cocktail détonnant et hautement allergène qui contamine tout l’album à quelques exceptions près (‘Comics’ et ‘Aftermath’, dispensables). Le surprenant ‘Human Leather Shoes For Crocodile Dandies’ esquisse les forces et faiblesses du Caravane Palace d’aujourd’hui : un son qui se décomplexe de plus en plus, une progression au-delà du format radio qui rappelle l’écurie Warp, mais une durée de tolérance probablement similaire au ‘Play’ de Moby (sérieux, qui peut encore porter son oreille sur la chose ?). Qu’importe, mes pieds continueront de chanter leurs louanges. (ab)
Chorusgirl ‘Chorusgirl’
Deerhunter ‘Fading Frontier’
4AD/Beggars
Quel est le point commun entre REM, Tom Petty, INXS, Caetano Veloso, Pablo Neruda, JG Ballard, Pedro Almodovar, la céramique japonaise brisée, les poèmes surréalistes de Vicente Huidobro et l’odeur sans âme d’une nouvelle voiture ? Bradford Cox bien sûr ! Dans quel autre esprit génialement dérangé cette cartographie des influences de sa formation aurait-elle pu être conçue ? Gravement blessé après avoir été renversé par une voiture, le chasseur de cerfs en chef - déjà très écorché du bulbe à la base - semble avoir franchi un nouveau cap dans son processus de désinhibition créative. Estompement de la norme, estompement des frontières. L’on ne s’étonnera donc pas de voir la formation d’Atlanta jouer à saute-moutons avec les styles et les influences. Septième entrée d’une discographie quasi irréprochable, ‘Fading Frontier’ condense en effet plusieurs niveaux de paradoxe. De ses failles obscures, Deerhunter puise une pop magistrale et éclatante, riche en stupeurs et tremblements. Tantôt insolent d’onirisme doo-wop pop (‘Take Care’), spatial et futuriste (‘Leather And Wood’), voire même carrément funky sur le jubilatoire ‘Snakeskin’, le disque ne dévoile ses alcôves cachées et ses passages secrets qu’au fil des écoutes. Comme sur l’inénarrable ‘Duplex Planet’ où un clavecin foutraque vrille à jamais la mélodie au cortex. Et si jusqu’ici aucun disque de Deerhunter n’a jamais sonné comme les précédents, celui-ci se révèle davantage comme une synthèse des obsessions et du génie de Bradford Cox. C’est déjà énorme. (gle)
plus loin, Silvi Wersing de Chorusgirl est aussi de ces eaux-là. Quittant son Danube natal pour s’ébattre dans les flots de la Tamise, la chanteuse nage dans les sillons pétillants de Breeders, Belly et Lush, plonge repêcher quelques perles post-punk et new wave et ramène à la surface une pop à la fois légère et douloureuse. Car sous les eaux claires de ‘Girls Of 1926’, ‘Sweetness And Slight’ et du discosurf ‘Shivers’, les abysses ne sont jamais loin, peuplées de créatures amères tapies sous la mousse. Une légèreté d’apparat qui confère à Chorusgirl une force ironique défiant les girouettes, chaque morceau retenant bien l’instant où déferlera sa lame de fond. Comme un plongeon en eaux glacées, comme un hameçon en zone de plaisance ou comme cette étincelle vacharde qui sommeille dans l’œil de merlan de Robert Smith. (ab)
Claptone ‘Charmer’ Different/Pias
Que foutent Peter, Björn & John, Clap Your hand et Jay-Jay Johanson dans cette galère ? En cachetonnant pour Claptone, fusion deephouse entre Guetta, Moby et Woodkid pour salons cannois, ils confirment, pour certains avec un rien d’avance, leur soudaine et définitive entrée dans le club des has-been. La destination de ‘Charmer’ n’est pas vos oreilles ; c’est le flot aveugle des boîtes sans joie où les sens ne sont ouverts qu’à l’altération, celle de l’opium fade et des escorts aux bleus poudrés. C’est un code esthétique destiné aux tristes errants dont la parade nuptiale ne peut s’exécuter que sous certains stimuli en pilules et autres lumières noires. C’est la bande son quotidienne des couloirs morts où stagnent les grooms dont les patrons ne peuvent pas se payer Pompougnac, gardant l’entrée de chambres où clapotent les chairs de ceux qui croient encore que Eyes Wide Shut est le comble du raffinement en matière de déviance. Claptone, c’est la musique d’une population qui a déjà capitulé. Même Sorrentino n’aurait pas osé. (ab)
For tuna POP !
A l’heure où 4AD se laisse séduire par les sirènes modernes et kawaï de Grimes, de plus discrètes ondines revisitent les échos distants du label-phare en matière de pop indie féminine. Outre Ropoporose, chroniqué
Steve A. Clark ‘The Lonely Roller’ Secretly Canadian/Konkurrent
Succombant aux sirènes de la hype, Secretly Canadian donne aujourd’hui dans
le R’n’B tristement soldé. Bien loin des artistes racés hébergés par notre label chéri. Trop loin aussi du groove guimauve de Frank Ocean, des sorties de route farfelues d’un Andre 3000, pas assez proche des postures biatch d’un Timberlake, à des années lumières de la classe ultime de l’A$AP d’L$D’. Sur ‘The Lonely Roller’ Steve A. Clark est l’auteur tout au mieux d’un demisingle, ‘Can’t Have’, pour une ribambelle de ratés. Les innombrables boursouflures synthétiques - entres autres déli(re)(t)s mégalomaniaques - sabotent des prods jaunes pisse, rarement relevées par les simagrées vocales de notre ambitieux Steevy. Trop de voix, trop de tout, de l’air bordel ! On n’est pas dans un concours du nombre de pistes sur Protools, mec. Ni dans un mashup 30 ans de R’n’B. Ton truc, ça ne fera jamais danser personne, gros. (am)
CocoRosie ‘Heartache City’ Lost Girl Records/Konkurrent
Sierra et Bianca Casady ont conquis le monde adulte avec des voix d’enfants et une panoplie d’instruments-jouets. Véritable classique d’un début de siècle obnubilé par les bienfaits du recyclage, l’album ‘La Maison de Mon Rêve’ (2004) chinait ses mélodies dans les souvenirs d’une jeunesse éternelle : un univers sépia illuminé par quelques arcsen-ciel et de petits airs d’opérette en goguette. Après, les filles se sont encanaillées pour séduire les foules, emballer des cœurs de plus en plus lointains, épouser des romances de plus en plus grandes. Pour ça, il a fallu changer d’air, goûter aux plaisirs électroniques, monter sur le ring du beatboxer, faire de la gonflette en studio. Duvet sous le nez, aisselles frisées, les deux sœurs n’ont pourtant jamais remisé leurs utopies. Après des années de cavalcades bigarrées, de ritournelles folkloriques gloussées en forçant sur le mezcal et le mascara, CocoRosie revient aujourd’hui dans son grenier pour dépoussiérer des affaires oubliées : le confort d’antan, le plaisir des choses simples, l’art de bricoler, de s’amuser, de toucher le beau avec trois fois rien. ‘Heartache City’ est un bond dans le temps. Une façon comme une autre de se rassurer. Avec ce nouvel album, Sierra et Bianca se font plaisir. Elles avaient déjà une maison. Aujourd’hui, elles s’offrent ‘L’Appartement de Mon Rêve’. C’est plus petit, mais c’est joli aussi. (na)
Consecration ‘Grob’ Geenger Records/Geenger Records
Peu connus dans nos contrées, les Serbes de Consecration sont pourtant une référence dans le domaine du stoner/sludge où leur approche originale leur donne un statut d’artistes innovants. Il est indéniable que leur son est assez unique, parfois même stupéfiant d’audace. Dans l’absolu, Consecration n’est pas à proprement parler un groupe stoner ou sludge en tant que tel. Si des éléments de ces deux genres sont bel et bien présents dans sa musique, celle-ci explore des horizons bien plus variés que cela, intégrant des aspects prog, métal, jazz et space rock pour générer un univers franchement unique. Particulièrement cohérent, l’ensemble dégage une puissance incroyable, quelle que soit la coloration du titre, si bien que l’auditeur est littéralement transporté par l’ensemble. ‘Debeli Leptir’, par exemple, est une composition faisant dans le prog psyché traversé par des éruptions de dissonance, là où ‘Sheed’ associe apocalypse et mélodie de bien belle façon. Par la suite, ‘Secanje na ameliju’ offre un interlude atmosphérique jazzy plutôt apaisant et bienvenu, tandis que le morceau suivant, soit la plage éponyme de l’album, est une superbe composition de douze minutes de beauté épique. Un grand album d’un groupe à découvrir absolument ! (pf)
Hugh Cornwell ‘The Fall and Rise of Hugh Cornwell’ Invisible Hands Music
J’ai mal à mes Stranglers. Bon, on ne va pas se mentir, ça fait déjà un bail que l’ex-chanteur du groupe londonien s’égare dans de maladroites pérégrinations solo. Mais là... Hugh Cornwell porte tristement ses 66 balais, coincé dans un espace-temps qui n’intéresse plus personne. ‘The Fall and Rise of Hugh Cornwell’ ressemble à une de ces bandes sons d’une Soirée Cerise à Bruxelles : on voit le grand guitariste aux cheveux longs - idées courtes - brandir sa Strat’ à paillettes violacées, on voit Hugh boudiné dans une chemise noire en satin, dégoulinant comme un sorbet citron sur un barbecue, on voit la (vieille) fille aux synthés faire les backing vocals avec un énorme plumeau dans le derge, et puis ce qu’on ne voit pas mais qui fait saigner nos pavillons à grands flots bordeaux, ce sont ces batteries aux allures de boîtes à rythmes 80’s complètement immondes qui ne donnent vraiment, mais vraiment pas envie de subir ça le 8 décembre à la Cave d’Hastière, une salle dont je n’ai même jamais entendu parler et qui symbolise à elle-seule ce ‘The Fall [...] Of Hugh Cornwell’. (am)
Coubiac ‘Lunch’ Auto production
Actifs depuis cinq ans, les Bruxellois de Coubiac viennent de sortir leur premier album et le moins qu’on puisse en dire, c’est qu’il défouraille méchamment. Le groupe présente sa musique comme étant du punk noise/rock whatever. Je suis 100% d’accord mais je préciserais aussi que ‘Lunch’ est aussi clairement hardcore, tendance Jesus Lizard, mais en plus foutraque encore et surtout en plus fun, car si le quatuor connaît ses classiques, il se la joue en mode déconne/on ne se prend pas au sérieux, ce qui lui va bien et ce qui est fina-
CONCERTS
AGENDA
13.12 ANTOINE CHANCE BE • coprod UBU
SOON AT
#ABconcerts 14.12.2015 WILLIS EARL BEAL us
WED 09.12
Benjamin Clementine winner Mercury Prize 2016
THU 10.12 Lotto Late Night
Tiga (dj-set) FRI 11.12
GREAT MOUNTAIN FIRE BEFFROI NIGHTMAN LE COLISEE BLACKIE & THE OOHOOS Sat 27 FEB @ BOTA
STEAK NUMBER EIGHT LA JUNGLE JACKLE BOW ITALIAN BOYFRIEND MUGWUMP
Tom Vanstiphout Milow’s right-hand SAT 12.12
MAXI JAZZ & THE E-TYPE BOYS US ELLIOT MOSS US VIANNEY FR AKRO BE new album SON LITTLE US
Die Nerven SUN 13.12
CHVE
(Colin H. Van Eeckhout - Amenra) + Innerwoud
THU 17.12
Neon: The Magician Martin Solveig
17.12.2015 SAYBIA DK
+ Alex Adair + Darius + Arches
SAT 19.12 Tangram Label Night
Ivy Lab + Up High Collective + LTGL + Day Fly + Le Motel
Zesde Metaal AB LAUNCHES NEW INDOOR FESTIVAL: Het Niets doen is geen optie FRI 15.01
Senegalese reggae/worldblues
SAT 16.01
Inna Modja Desertsoul, Mali-electro TUE 26.01
Nahko and Medicine for the People Michael Franti/Xavier Rudd fans unite! + Kim Churchill
FRI 29.01
Joe Bel + Sonnfjord SUN 31.01
The Sound Of The Belgian Underground Ten belgian acts from the alternative circuit feat. Cocaine Piss, Orphan Swords, Mathieu Serruys, Roman Hiele, Kassett, Mittland Och Leo…
01.02
Marc Ribot + Rudy Trouvé + Ignatz WED 10.02
Protection Patrol Pinkerton + Team William SUN 14.02
Basement + Tigers Jaw MON 15.02
Half Moon Run
BUY YOUR TICKETS AT WWW.ABCONCERTS.BE BRUSSELS CENTRAL > ABCONCERTS.BE/MOBILITY
17.12 18.12 18.12 19.12
JOY WELLBOY BE PEACHES CA • Autumn Falls • SOLD OUT JEANNE ADDED LOUD FEST : SILENCE IN THE ENEMY BE, THORAX BE, ELECTRIC)NOISE(MACHINE BE, WOLVES SCREAM BE coprod. Court-Circuit
Baaba Maal
DE BROUCKÈRE & BOURSE
15.12 15.12 16.12 16.12 16.12
Snedige post-punk + Levin Goes Lightly + Lea Porcelain
SUN 20.12
MARCH 2016 BATTLES GOGO PENGUIN COCAINE PISS POMRAD DE BEREN GIEREN STEVE IGNORANT (CRASS) VISIONIST LOTIC TSEMBLA PAK YAN LAU M.E.S.H BROEDER DIELEMAN NIGEL HOUSE (ROUGH TRADE) MONNIK BARST DAGHRAVEN MBONGWANA STAR PAUS
Autumn Falls
© Patrick Ryming
FRI 26 FEB @ AB
MYLES MANLEY IE
A CONCERT AT AB BEGINS WITH MIVB
2016 12.01 LYLAC BE new album 16.01 JASON ISBELL US - JOHN MORELAND US 17.01 KEVIN GATES US 22.01 TEEN DAZE CA 30.01 NICKI BLUHM & THE GRAMBLERS US 06.02 RHODES GB 06.02 BLITZEN TRAPPER US 11.02 ANDERSON .PAAK AND THE FREE NATIONALS US 11.02 MUSTII BE new album 11.02 LAST TRAIN FR 14.02 SHEARWATER US 14.02 ALINE FR 15.02 VILLAGERS IE 18.02 GRANDGEORGE BE new album coprod UBU
19.02 JASPER STEVERLINCK BE 19.02 GUN OUTFIT US 24.02 MARINA & THE DIAMONDS GB …ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA @ WWW.BOTANIQUE.BE | 02 218 37 32
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Earteam
lement très punk. Les amateurs de riffs poisseux, de compos foutraques, de gueulantes ravageuses seront ravis à l’écoute de compos comme ‘Starter’, ‘Lunch’ ,‘Break’ ou encore le très graphique ‘Gut twister’. C’est très sale, très brut et c’est très bon comme ça ! Enjoy ! (pf)
Martin Courtney ‘Many Moons’ Domino/V2
Quelques mois après son comparse Riri (ou Fifi ou Loulou? À moins que Matt ?) de Ducktails, Martin Courtney délaisse à son tour la maisonmère de l’immobilier pour baguenauder seul sur les artères de l’inspiration. On imagine assez bien comment naissent ces à-côtés : vous sortez de tournée, la tête pleine à craquer d’épiques instants, vos amis ont besoin d’autonomie et il vous faut retourner à la dérive du quant-à-soi, à l’introspection nostalgique. Comment rendre alors la transition fructueuse ? Autant maintenir les persiennes entr’ouvertes, balancer autre part les plans faits sur la comète et embrasser avec acceptation ses ‘Vestiges’ ou son ennui (« What’s time wasted /When just being here /Is to recycle a single day »). Mieux vaut capter autant de rais doux-amers que possible, s’accepter un peu étranger à soi-même, exactement comme un coquillage posé sur un rivage vierge et familier à la fois. À ce jeu-là, on sait notre doux binoclard capable de bucoliques épiphénomènes, comme la plage titre instrumentale, amarante surgie dans le parterre de Linda Perhacs. À même de générer sa propre société de préservation de verdoyants jardins secrets, ‘Many Moons’ ne fait ni déborder ni stagner les eaux limpides du songwriter. Et cette fausse immobilité nous ravit. (alr)
Dead Ghosts ‘Love and Death and All the Rest’ Burger Records
En poussant le disque de Dead Ghosts sur la platine, on a d’abord songé à un canular, à une nouvelle farce des Black Lips. Après l’épisode The Almighty Defenders, on imaginait bien les bougres d’Atlanta en train de se rouler des galoches, tout nu, sous un nouveau pseudo. Ça nous aurait bien fait poiler. Sauf que Dead Ghosts n’a rien à voir avec les Black Lips. Si ce n’est que le groupe canadien décalque à son pour son la même formule musicale : du rock garage infusé de parfums psychédéliques et de mélodies gentiment bordéliques. Moins doués pour pondre de bonnes chansons, les garçons respectent la règle de quatre pour donner vie à douze morceaux entre deux guitares, une basse et une batterie. Tout ceci est fort plaisant, mais anecdotique. (na)
Drive-By Truckers ‘It’s Great to be Alive!’ ATO/Pias
En évoquant le nom de ce groupe américain, on projette toujours une bande de barbus un peu bourrus : des garçons avec des barbes à poux et des chemises à carreaux. Des mecs qui auraient pu être les Kings Of Leon à la place des Kings Of Leon. Mais non. Parce que les Drive-By Truckers ont préféré s’acharner sur leurs guitares plutôt que de se raser. Pas glamours, moins charmeurs – donc vendeurs –, ces musiciens
François Deroubaix ‘Commissaire Moulin et autres scènes de crimes’ WEME Records
A l’approche du 40ème anniversaire de la mort de François Deroubaix, quelques commémorations hissent timidement le nom d’un des plus fantastiques compositeurs du 20ème siècle au devant de l’actualité. Longtemps négligée par la critique, l’œuvre de François Deroubaix se révèle pourtant au fil des années comme des plus essentielles. Presqu’exclusivement composée pour la télé et le cinéma, sa musique semble toujours plus contemporaine et incroyablement visionnaire, et peut-être même plus encore lorsqu’on la déconnecte des images. Toucheà-tout, multi-instrumentiste décomplexé, explorateur insatiable et affranchi, il aimait les univers inconnus, et c’est avec un émerveillement frénétique qu’on l’accompagne dans ses tribulations mélodiques et instrumentales engendrées par ce génie ludique, débordant d’idées subtiles et sensibles. Dans un enchevêtrement d’instruments acoustiques et d’avant-garde électronique, de percussions, de bruitages, d’instruments jouets, surgit une œuvre puissante et originale, décalée et onirique, populaire et érudite, mariant l’humour et la mélancolie. Décédé tragiquement à 37 ans seulement, mais incroyablement productif, il lègue une discographie imposante, à laquelle on ne finit pas d’ajouter la découverte de titres oubliés. Des perles souvent inédites que WeMe Records prend soin d’enfiler sur de beaux disques 30 cm en 45 tours. 3ème volet de l’aventure, cet album compile des musiques composées à la veille de son décès pour la série du Commissaire Moulin, adjointes d’autres inédits qui viennent éclairer une flamboyante phase créatrice. (sca)
chantent des histoires de cow-boys déprimés avec le nez pincé. Ils jouent du countryrock bodybuildé, du hard rock rompu à la bande FM, du rock sudiste pour surfeurs mélancoliques. En activité depuis 1996, la formation a publié quelques disques : une douzaine au compteur. Pour le sapin, DriveBy Truckers nous sert aujourd’hui un triple album : emballage nécessaire pour entasser les trois soirs de concert délivrés au Fillmore Auditorium de San Francisco à l’automne 2014. ‘It’s Great to be Alive!’, c’est un peu comme un best-of. Sauf qu’à la fin de chaque morceau, on entend des gens qui gloussent ou tapent dans les mains. Ici, on est confronté à trois disques et trentecinq chansons. Autant dire qu’un aller-retour Bruxelles-Liège, ce n’est pas suffisant pour faire le tour de cette vaste affaire. Qui s’apprécie uniquement sur l’autoroute, au volant, avec le pied enfoncé à fond de balle sur la pédale d’accélération. On a essayé d’écouter ça dans d’autres conditions. Et c’était vachement chiant. Joyeux Noël ! (na)
Etron ‘Karim A Bien Mangé’ Etron
Actifs depuis plus ou moins quinze ans, les Bruxellois d’Etron demeurent résolument alternatifs. Etron, ce n’est pas le genre de groupe qui va annoncer la sortie de son nouvel album en fanfare sur Facebook ou via Twitter. C’est que nos amis sont plutôt rétifs aux technologies modernes qu’ils trouvent sûrement aliénantes. Punk dans l’attitude, Etron l’est aussi musicalement parlant. Même si des bribes de mélodies se font souvent sentir, notamment sur le finalement assez pop ‘N’gone’ que n’aurait pas renié le Sonic Youth des débuts, l’ensemble est assez chaotique, distordu et dissonant. C’est punk, gueulard et agressif et l’on perçoit à l’occasion des relents post punk, notamment sur le très réussi ‘Superfonck’ qui sonne comme du B52s en méchant. (pf)
Howard Eynon ‘So What If I’m Standing in apricot jam’ Ear th Records/Konkurrent
Sur la pochette de l’album, une étiquette vend du rêve: « The lost tasmanian acid folk masterpiece re-issued in its 40th anniversary
year ». L’auteur de cette étrange affaire s’appelle Howard Eynon, troubadour à la guitare sèche et au verbe luxuriant. Un grand oublié de l’histoire qui, selon la légende, serait en droit de réclamer une place entre Syd Barrett, Kevin Ayers et Nick Drake. Rien que ça... Renseignements pris, ce disque est l’ouvrage d’un Anglais exilé en Australie. Au début des années 1970, le jeune Howard enfourche sa moto et embarque ses fantasmes adolescents du côté de Melbourne. Comme Lorenzo Lamas, le garçon rêve d’embrasser une carrière d’acteur. Au final, un second rôle dans Mad Max (Diabando), un petit bisou à la caméra, et puis s’en va. De retour en Tasmanie, entouré d’instruments déments – pour l’époque – et souvent barrés (violon, mellotron, flûte, clavecin électrique, synthétiseur), le guitariste se met à enregistrer quelques ritournelles drôlement lettrées. D’une voix nasillarde, Howard Eynon pose ses petites chansons au coin du feu de bois. Avec quatre décennies de retard, l’album révèle ses secrets de fabrication : une musique folk bancale, légèrement acidulée et profondément désuète. Exhumée, cette anecdote musicale vaut le déplacement, mais certainement pas le statut de chef-d’œuvre. Comme quoi, les belles histoires ne font pas toujours de grands disques. (na)
Newton Faulkner ‘Human Love’ BMG
On te voit venir : tu vas nous décréter que ce lascar, il ne te revient qu’à moitié. Que c’est un demi-chevreuil. Qu’il traîne depuis trois jours le même futal en lin, ses sandales de franciscain verrouillées sur ses chaussettes, et qu’il pratique à coup sûr la jonglerie ou le diabolo aux feux rouges. Qu’il prône de rester libre dans ses dreads comme Diego – Michel, si tu nous entends ! – ou Major Lazer mais que lui fait défaut le côté mutin d’Amber Coffman. Que si on ne l’arrête pas, l’année prochaine, il apprendra le hang, l’année d’après le flamenco et qu’en bon saltimbanque jusqu’au-boutiste de camping, c’est juste un coup à le retrouver GO de n’importe quel Club Med où tu te risquerais. Tu implores pour qu’il fasse un ‘Break’ dans ses chorés. Ton amour de l’humanité se jauge parfois juste à tes oreilles et là, tu n’as aucune envie de parader dans la Rainforest avec des aigles ni dans le nouveau feel good clip de l’été de TF1. (alr)
Arnold Fish ‘In The Land Of The Elephant Blues’ G.O.D. Records
Il y a sur la pochette une tête de mort, un gosse jouant du xylophone, un tram du genre que Brel chantait, un indien avec le crâne enturbanné et une authentique Mini sixties. Pour la musique, pareil, c’est un gros collage de pastiches de la même époque avec des effets psychédéliques bricolés et ultra cheap. Il faut le dire, tout ce qu’on entend a déjà été mille fois ressassé par les nostalgiques du genre mais Fabien Versmeesen mellotrone avec une belle subtilité. Quelques titres sortent d’ailleurs du lot comme ‘A Beautiful Car Crash’, collision de glam et de refrains pochtrons à la Ringo Starr ou ‘The Battle Of The Crown’, fresque épique où une certaine idée de la pop baroque alla Duncan Browne côtoie des bidouillages spatiaux en fin de morceau. ‘Ma Galaxie’ aussi. Chanté en français, il se serait retrouvé sur une de ces compilations de raretés yéyés envapées qu’on se serait fait avoir, tant ce bazar, bourré de ce charme suranné, semble avoir été produit à l’époque. Le truc sort sur un label grec, gage d’un amateurisme olympique. (lg)
Fuzz ‘II’ In The Red Records
Ty Segall ayant chanté tout l’été, il se prend quelques jours avec ses copinous pour nous pondre un deuxième petit Fuzz entre le fromage et le dessert. Et Ty aurait mieux fait de digérer une nuit de plus ses boulets sauce lapin avant de lâcher un peu précipitamment ce colis sacré à la planète terre. Comme un Mac DeMarco, Fuzz l’éclair semble trop s’abandonner au stakhanovisme pour avoir encore les idées fraîches, pour représenter autre chose qu’un pâle cover band de Black Sabbath, une énième déclinaison de leurs copains pourtant malins de Wand. Quatre albums du genre et ça finit par bander mou comme une fin de nuit de pugilat. Ça n’a rien de glam, ça casse même le plaisir. On a la furieuse envie de les envoyer en vacances - je sais pas moi, à Molenbeek ? - avec du Kendrick Lamar dans les coquelicots histoire de pas se boire la même soupe froide au prochain épisode. Et pourquoi pas les Cévennes ? C’est une région magnifique. (am)
Dave Gahan/Soulsavers ‘Angels & Gosts’ Columbia
Après avoir bossé avec des gens aussi variés que Mark Lanegan, Will Oldham ou encore Mike Patton, les Anglais de Soulsavers semblent avoir trouvé l’âme sœur musicale en la personne de Dave Gahan, le flamboyant frontman de Depeche Mode. Sur ‘Angels & Ghosts’, le deuxième fruit de leur collaboration musicale, on sent que la formule a trouvé son rythme de croisière et que les automatismes sont bien là. Si l’on pourrait faire la fine bouche au niveau des textes qui sont parfois un peu pauvres car un rien lénifiant, du type ‘Angels are singing/it’s a beautiful sound’, les titres sont musicalement assez forts, évoluant dans un registre blues/ gospel particulièrement léché au niveau des arrangements intégrant de l’orgue et des chœurs somptueux. Si le projet est assez éloigné de ce que propose Depeche Mode sur le plan musical (on ne trouve ici pas d’électro ou quasi), l’ambiance et l’esthétique
2016
2016
20 FÉVRIER
SPORTPALEIS • ANVERS
29 MARS
DE ROMA • ANVERS
10 FÉVRIER
PALAIS 12 • BRUXELLES
Lake Street Dive 8 AVRIL
TRIX • ANVERS
29 MARS
ANCIENNE BELGIQUE • BRUXELLES
INFO & TICKETS
GREENHOUSETALENT.BE /Greenhousetalentbelgium
@GREENHOUSE_TLNT
20
Earteam
doom un rien torturée évoquent des consonances familières, cet état d’esprit étant clairement présent dans l’œuvre de DM. Au final, ce ‘Angels & Gosts’ est une belle réussite affichant une grande cohérence et proposant plusieurs titres particulièrement enlevés comme ‘Shine’ (qui rappelle un peu ‘I feel you’ de DM), le langoureux ‘You owe me’ ou encore le puissant ‘All of this and nothing’ aux arrangements superbes. Un bon cru ! (pf)
Goldmund ‘Sometimes’ Western Vinyl
Multi-instrumentiste ayant étudié au fameux Berklee College of Music de Boston, Keith Kenniff est aussi à l’aise sur un set de percussions qu’avec un piano. Il a produit un grand nombre d’autres artistes tout en composant des musiques de reportage pour la BBC ou Facebook. Il a constitué par ailleurs avec sa femme le duo shoegaze Mint Julep. Goldmund est l’alias auquel il recourt pour ses compositions au piano. Il échafaude de ses deux mains de courtes suites fugaces et fendillées tournant la plupart du temps autour des deux minutes. En grande partie improvisées, elles ont été bouclées en deux prises maximum. Volontairement naturaliste, l’enregistrement laisse transparaître au loin l’écho de cris d’enfants, des bruits d’ambiance, le souffle du vent qui passe sous les portes. Parfois c’est l’attaque des touches de son instrument qu’il nous donne clairement à entendre, comme pour nous signifier que son jeu ne se veut ni parfait, ni exempt de trébuchements. Au tiers du disque, Ryuichi Sakamoto s’invite sur le magnifique ‘A Word I Give’ pour trois minutes et demi d’une suspension éphémère. Tel un journal intime, ‘Sometimes’ s’ouvre et se referme au gré de ses atermoiements. (et)
Go March ‘Go March’ Unday Records/News
Aaaaaah, le rock flamoutch est encore vivant. Hourra. On parlera même de space rock, plus précisément, pour le cas des Go March, rares défenseurs belges d’une musique uniquement instrumentale mais pas chiante, convoquant notre Dirk Frimout national à l’Euro Space Center de Transinne pour une séance d’info sur les synthés modulaires. Rythmiquement, ça kraut pas mal et on doit avouer que la transe n’est jamais bien loin on doit même la sentir s’inviter dans nos petits corps en live, amenée subtilement par une batterie ultra répétitive bashée par des synthés cheesy et des guitares spécialistes en arithmétiques, sauf qu’on est loin du math rock décevant du dernier Battles, car qui dit espace dit futur : les Go Match l’ont bien intégré et parviennent à malmener leur armada de technologie par des breaks aventureux (‘Rise’) qui déjouent habillement l’écueil du syndrome arpeggiator. Le tout dans une approche pop que ne renierait pas le Pivot des débuts. Il ne nous reste plus qu’à leur souhaiter pareille évolution. Prima, ketjes. (am)
Grimes ‘Art Angels’ 4AD/Beggars
Bigger, louder, kitscher, vulver. Le cocon s’est ouvert, fendu sur deux lèvres verticales, et vomit un papillon scintillant de mille feux fluorescents, leds criards qui mitraillent en tous sens. La foule hurle, les yeux
Deux Filles ‘Space & Time’ Les Disques du Crépuscule
A chaque fois qu’il nous a été donné de passer en revue le travail de Simon Fisher Turner dans ces pages, cela l’a toujours été de manière enthousiaste tant sa démarche est réellement curieuse et son approche authentiquement éclectique. Ici, il force plus fort encore ces deux traits en jouant carrément la mascarade, incarnant un personnage féminin fictif du nom de Claudine Coule tandis que son compère Colin Lloyd-Tucker emprunte celui de Gemini Forque, accoutrements à l’appui. ‘Space & Time’ réactive un projet qui avait été initialement lancé au début des années 80 pour disparaître pendant plus de trente deux ans. Les deux garçons se construisent un monde à elles, trament des scénettes où la quête du pittoresque est une fin en soi. Des sonnettes de vélo, des volatiles tropicaux mais aussi de véritables oiseaux anglais, des cloches de vaches des alpages, des insectes, des chiens du Devon, des craquements de plancher figurent au même titre qu’une guitare électrique générique, une harpe usée ou qu’un piano forte non identifié sur la liste de leurs instruments utilisés. Rires étouffés, prières susurrées, conversations ratées constituent autant de scénarios improbables donnant vie à leurs piécettes. Si l’on songe d’un premier temps à Pascal Comelade, on se rend vite compte que cet univers-ci est, derrière ses faux maniérismes, à la fois bien plus bucolique et baroque. Ces micro fictions sonores s’avèrent d’une délicatesse onirique raffinée. (et)
dégoulinants en bouillons aqueux, bras tendus vers l’Idole dans son habit de lumière. Dans les globes oculaires explosés de sa fanosphère, Claire Boucher les vaut toutes : Marina & the Diamonds, Kate Bush, Björk, Miley Cyrus ; Grimes les a absorbé avec elle au cœur de sa chrysalide patiemment construite jusque ‘Visions’ pour les digérer bien au chaud avant sa transformation finale. Avant l’Archange-Elle de ‘Art Angels’. Si l’imago a gardé les attributs de la nymphe, il n’en est pas moins terrifiant, variation pailletée et difforme, enfant noyé d’Enya et Marylin Manson, mutante pop rose chair, palpitante et cannibale. Vulgaire, émouvant, tapageur et putassier, ‘Art Angels’ est porteur d’un paradoxe volontaire : être à la fois l’œuvre pussy-pop inévitable de cette année 2015 et assumer au grand jour sa récursivité, n’en déplaise aux haters. C’est justement par son statut jusqu’au-boutiste que Grimes grave son style au laser, assumant sa féminité outrée en englobant celle de toutes les autres (et invitant au passage l’autre grande mutante moderne, Janelle Monáe). ‘Art Angels’ marque le parcours de Claire Boucher comme une croix rouge sur une carte au trésor : à la fois promesse dorée, fin du parcours et relique lourdement chargée. Si prêt du but, la minute-papillon pourrait s’avérer éphémère. Grimes n’en a cure et déploie ses ailes face au soleil, prête à briller, briller, tant qu’il est encore temps. (ab)
Hangsman’s Chair ‘This Is Not Supposed To Be Positive’ Music For Satan/Ber tus
Associé à la scène stoner/ sludge pure et dure à ses débuts en 2005, ce combo parisien a évolué avec le temps et ajouté, entre autres choses, une belle dose de mélodie à sa musique, ce qui s’entend à l’écoute de ‘Dripping low’ qui ouvre l’album. Certes, c’est du stoner, mais au sens moderne du terme, à savoir que le groupe refuse la posture passéiste consistant à vouloir imaginer que plus aucun bon disque n’est sorti depuis ‘Sabbath Bloody Sabbath’. Influencé par la scène hardcore US 90s autant que par le grunge, Hangman’s Chair propose des compositions enlevées et mélodiques souvent empreintes de noirceur, mais sans se complaire dans une morbidité de pacotille.
Musicalement, le groupe assure un max et impressionne tant par sa maîtrise qu’au niveau de la variété des ambiances déployées. Cela nous vaut plusieurs superbes compositions comme ‘Requiem’ (rappelant Alice In Chains), le bien brut ‘No one says goodbye like me’, sans oublier le plus downtempo ‘Your stone’ affichant une esthétique limite post punk ou encore le magnifique instrumental flirtant avec le post rock ‘Les enfants des monstres pleurent leur désespoir’. Un très bel album qui confirme que Hangman’s Chair est le groupe stoner français le plus créatif du moment. (pf)
Takashi Hattori ’Moon’ Noble
Bon, il parait que Takashi Hattori était un enfant prodige admis dès ses 15 ans au conservatoire de l’Ecole de Cinéma de Tokyo et que son diplôme à peine en poche, il s’est empressé de disparaître de la circulation. Réapparu (et c’est beaucoup dire) des années plus tard pour un disque totalement obscur, le musicien d’Osaka achève sur ‘Moon’ une mutation définitive vers l’âge adulte. Au départ destinés au film franco-japonais ‘Technology’ de Maiko Endo, dont la sortie est prévue l’an prochain, six des douze tracks de l’album forment la colonne vertébrale de ce premier vrai opus. Hélas, même si on est plutôt fan des projets bordéliques où les influences mutantes s’amourachent du lâcherprise, les velléités rocambolesques du sieur Hattori agacent plus qu’elles ne convainquent. Croyant en sa nouvelle étoile, il multiplie les destins entre musique japonaise traditionnelle, percussions rythmées, vocabulaire jazz extraverti, néo-classicisme verbeux ou electro pop de Mario Bros, c’est fait dans un tel fatras qu’on lâche vite l’affaire pour ne plus y retourner. (fv)
Geins’t Naït & L. Petitgand ’Oublier’ Mind Travels/Ici d’ailleurs
Quand en 2014, la seconde collaboration ‘Je Vous Dis’ de Geins’t Naït et Laurent Petitgand avait lancé la collection ‘Mind Travels’, dédiée à l’ambient, au modern classical et à l’industriel, le monde avait poliment remarqué sans beaucoup froncer les sourcils. Malgré ce relatif succès d’estime, les deux comparses relèvent le défi un an plus tard et décident de tout ‘Oublier’. Si d’aventure, elle est longue
pour l’un et l’autre après plus de 30 ans de carrière, les collages indus à la mode early eighties du premier (Throbbing Gristle, ce genre) et les compositions néo-classiques du second (connu pour ses B.O, de Wim Wenders) ne sont pas toujours des plus complémentaires, l’essai se révèle plus concluant quand l’un des deux prend le pas sur son partenaire. Quand Petitgand revendique la mélodie (sur ‘Bodische Little Alone’ ou ‘Past’), c’est joué avec beaucoup d’élégance très à l’ouest du gnangnan, lorsque Naït développe des boucles technoïsantes (sur le très excitant ‘26’), on est carrément conquis. Reste une question, pourquoi ces pièces (‘Brass’) où un piano à la Max Richter de série B se mêle à des fuites cosmiques passéistes maladivement timides? (fv)
Half Moon Run ‘Sun Leads Me On’ Glassnote Records
Incarnée par des héros en tous genres (de Patrick Watson à Mac DeMarco en passant par Drake ou Austra), la scène musicale canadienne brille de lueurs et d’intentions nouvelles. Trois ans après le succès public et critique de ‘Dark Eyes’, les montréalais de Half Moon Run reviennent avec un disque crépusculaire et lumineux à la fois. Un deuxième album qui semble à la fois la suite logique, plus travaillée, ambitieuse et variée, de son prédécesseur. Libre et inventif, le groupe s’y confronte à ses contradictions et sort de sa zone de confort en douceur, incorporant ici des sonorités électroniques, là des instruments plus traditionnels (mandolines, flûtes), partout des arrangements subtils et souvent originaux. Entre blues vintage (‘Warmest Regards’), pop onirique (‘Narrow Margins’), rock sombre et dansant (‘Trust’), la formation évite moins l’écueil de la redite que celui de l’incohérence. Car dire que l’album est une totale réussite serait mentir. On reprochera surtout une certaine redondance dans les ficelles que tire allègrement la formation. Notamment lorsqu’elle se laisse tenter par les mélodies faciles et fédératrices (‘Consider Yourself’). Quelque part entre Arcade Fire, les Beach Boys, Simon & Garfunkel et Genesis, cette alchimie intemporelle lorgne alors ouvertement vers les États-Unis. Rayon de soleil bienvenu pour incorrigibles nostalgiques de l’été. (gle)
Hearts Hearts ‘Young’ Tomlab
De dessus son piédestal, Radiohead a toujours évité la pleurnicherie avec brio là où nombre de ses contemporains y ont sombré. Autrichiens, les jeunes gens de Hearts Hearts affichent sans vergogne leur filiation de l’après ‘Kid A’ avec un mimétisme à la fois remarquable et embarrassant, le chant de David Österle jouant fréquemment du coude à l’auditeur. Mais la maîtrise équilibriste dont use Thom Yorke et ses pairs leur fait encore défaut, malgré d’évidentes qualités de composition. Quand on ne trébuche pas sur les aspérités affectées de ‘Young’, ce côté ouinouin un peu saoulant, il arrive qu’on s’y ennuie également. Non pas que Hearts Hearts n’accouche pas d’une musique aux atours séduisants : à cheval entre le groupe-phare, Talk Talk (‘Young’) et Alt-J (‘I Am In’), ‘Young’ est – cruelle erreur – dénué de la moindre surprise (une composante fondamentale des groupes cités) et, partant, d’une véritable identité. A doter leur synth-pop d’une volonté arty sous trop évidente influence, Hearts Hearts finit par diluer sa spécificité dans l’imitation. Rageant. (ab)
Earteam Isle Of Men ‘Voluntary Blindness’
Lubomyr Melnyk
Starman Records
Parce que Isle Of Men est le nouveau groupe de Gunther Verspecht, un type dont le nom ne nous rappelait rien, si ce n’est vaguement l’avatar de son ex-combo, Stash, on a poussé le professionnalisme jusqu’à réécouter son méga tube rock flamouche de 2004, ‘Sadness’, et on s’est dit que l’oubli, des fois, faisait vachement bien son taf. Isle Of Men est donc une renaissance, une résurrection même. C’est un très beau disque de nuit, qui ne réinvente rien – en gros, on croise les Tindersticks, Nick & Nick (Cave, Drake, mode random) et pas mal de ces trucs qui pleurnichent avec classe – mais vers lequel on revient volontiers. Les parties de piano sont très fines, les ambiances sont chaleureuses, jazzy (contrebasse, caisses claires aux balais), réconfortantes. Bref, le coup de clarinette de ‘Dragonfly Skin’, un vieux single malt, un bon fauteuil and klaar is kees. (lg)
Jennylee ‘Right On!’ Rough Trade Records
La basse est l’instrument des dieux. Sensuel, radical, minimaliste, timide mais colossal, il parle au cœur comme au corps. Il est notre maître à vibrer dans les salles de concerts des quatre coins du monde. Et pourtant, la quatre cordes est souvent considérée comme un apparat secondaire. Un propos annexe... Alors ouvrez bien grand vos portugaises et laissez la caution glam et groove des Warpaint vous laver le cerveau. Et si vous n’aimez pas les meufs, si vous n’aimez pas les Rickenbacker, allez vous faire foutre. Même si ‘Right On!’ sonne juste comme un bon album de face B de Warpaint. C’est avant tout l’album d’une bassiste avec un e à la fin, double particularité qui a le mérite d’être soulignée en gras, police 34. Une bassiste qui écrit de bonnes chansons. Qui possède une voix frémissante. Qui semble maîtriser la majorité des registres, du martial (‘Boom Boom’, ‘Riot’) au sensuel (‘He Fresh’) en passant par l’hommage peterhookien (Never’ incarnerait la parfaite jumelle d’un New Order). Et que ceux qui n’y croient pas s’en remettent à ‘Real Life’. La prêtresse aux cheveux roses touche en plein cœur avec trois accords de guitare. Joli. Un disque idéal pour le ‘Long Lonely Winter’ qui nous pend au nez. (am)
Nina K ’On Ice’ Ninkina/V2
Dès les premières secondes de ‘On Ice’, et ce sera le cas neuf titres durant, la chose est claire, Nina K nous vient de Suède - à vrai dire, elle ne nous était pas inconnue après quatre disques précédents sous son vrai blase de Nina Kinert. Tous ses trucs et astuces crèvent les tympans d’évidence au large de Stockholm. Beats électro discrets, mélodies pop un rien dépressives mais suffisamment catchy pour être radio-friendly (‘We Are Wry’), sons électroniques dans le sens du poil, tout concourt à ramener la (très) jolie chanteuse scandinave dans les pas de ses compatriotes. En premier, on songe aux débuts de l’autrement plus inspirante Lykke Li, qui se serait coltinée un reste de Stina Nordenstam oublié sur un coin de table. Le reste nous emmène vers un souvenir lointain d’échos dub pour débutants boutonneux, on les renverra illico sur le génialissime ‘Asiatisch’ de Fatima Al-Qadiri ou l’incontournable ‘Blood Looms & Blood’ de Leila. (fv)
‘Rivers And Streams’ Erased Tapes
De formation classique, Lubomyr Melnyk s’est dès les années 70 tourné vers les musiques minimalistes et contemporaines pour inventer son propre langage, cette « continuous piano music » constituée d’un flux continu et ininterrompu de sons. Capable de jouer jusqu’à 19 notes par seconde, il repousse les limites de son instrument et tisse un maillage sonore dense et inédit, tout en délicatesse harmonique et en créativité rythmique. Parfaitement à sa place dans le catalogue Erased Tapes, ‘Rivers And Streams’ est un album de piano en liberté pure, six longues plages d’oubli des cadres, des codes, dans une mouvance minimaliste où fluidité et complexité s’harmonisent presque sensuellement. Le flot est rapide, toujours limpide, cristallin, aérien. Il caresse, il jaillit, il caracole. C’est une sorte de courant de conscience qui emporte et charrie délicatement tout sur son passage. Cette manière de grouper les notes en grappes serrées n’est pas sans évoquer à certains moments les musiques orientales. Les notes se mélangent, tissent un réseau serré d’harmoniques. C’est une musique de plénitude heureuse, une pluie qui tombe des étoiles, des bulles qui viennent éclore à la lumière de la surface. Une forme d’invitation à un voyage intérieur dont vous réinventerez à chaque réécoute les paysages. (gle)
Sven Kacirek ’Songs From Okinawa’ Pingipung/Kompak t
Souvenir d’enfance, telles sont les premières secondes du nouveau disque de Sven Kacirek, quatre ans après avoir tenté un rapprochement à demi-réussi entre les villages du Kenya et ses compositions personnelles. Bizarrement, les premières secondes évoquent la souris musicale près du lit de notre enfance et sa douce mélodie. Si à l’époque nous n’avions jamais imaginé le moindre rapprochement avec le Japon, le musicien allemand n’est pas de notre avis. Il nous donne rendez-vous en terre d’Okinawa, d’où il nous ramène une série de collaborations avec des acteurs locaux, ils chantent tous dans leur idiome natal. Si l’ensemble est désarmant d’aisance et le rapprochement entre Orient et Occident sans anicroches, il soutient moyennement la comparaison avec d’autres projets entre soleil levant et couchant (Australie incluse). Les années passant, c’était en 2008, le ‘U’ de Tujiko Noriko, John Chantler et Lawrence English conserve toute sa pertinence. Beaucoup plus près de nous, le récent ‘Kon B’ des Tchèques de Gurun Gurun imprimait dans un style abstract electronica des voix féminines à la modernité assumée. Chez Sven Kacirek, on retourne davantage aux sources de la musique chantée japonaise, quelque fois ça fonctionne (lorsque le dépouillement total est de rigueur (‘Tsundara Bushi’), à d’autres moments ça coince (les harmonies de ‘Hatoma Bushi’). (fv)
Sean Khan ‘Muriel’ Far Out Recordings
Clarinettiste, flûtiste et saxophoniste londonien, Sean Khan a fait ses premiers pas dans une école de musique pour ensuite devenir musicien freelance, à la fois au sein des scènes jazz et dance de la cité. C’est là qu’il a établi ses bases, forgeant dès la fin des années nonante son combo SK Radicals. Sur ce deuxième album sous son nom civil, Khan s’entoure d’une belle bande de musicos chevronnés mais aussi du chanteur Omar et de quelques chanteuses joliment galbées dont la brésilienne Sabrina Malheiros et Heidi Vogel du Cinematic Orchestra. S’il signe l’entièreté des compositions, il n’hésite pas à rendre hommage à ses maîtres revendiqués : Jaco Pastorius, Herbie Hancock ou John Coltrane mais aussi à sa mère Muriel McGinley (d’où le titre) pour l’éducation reçue. Superbement fi-
celé, le disque approche les quatre-vingt minutes sans que l’on éprouve le moindre sentiment de trop-plein. Vers son milieu, Khan s’interroge sur ce qu’est devenu le jazz au travers un titre éponyme mêlant considérations socioculturelles et effusions bigarrées sur un mode oscillant entre slam et spoken word. Majestueusement groovy. (et)
Khruangbin ‘The Universe Smiles Upon You’ Night Time Stories
Te souviens-tu peut-être de ce cocon d’ouate, ‘A Calf Born in Winter’, doux rayon irisant la rosée du ‘Late Night Tales’ sélectionné par Bonobo ? Une douceur que l’on devait à Khruangbin, trio texan de thaï-surf. Non, ce n’est pas une discipline sportive aquatique, mais bien un sous-genre instrumental qui nous vient de Thaïlande, mêlant instruments et langueur asiatiques au souffle chaud des Shadows, dont les tournées internationales laissèrent à l’époque des traces fleuries sous les tropiques. Cinquante années plus tard, Khruangbin s’en approprie les sonorités douces, les roule dans la sensibilité pop 60s asiatique glanée sur cassettes et pétrit le tout avec une bonne dose de sensualité soul. Caresses de cordes et frissons d’éveil, les notes s’effleurent, s’enlacent, s’étirent, les mélodies se déroulent avec la lascivité des pistils, délicat rock progressif aux yeux embrumés, bâillements d’acid-jazz, c’est Mahavishnu Orchestra, Marvin Gaye et Saint-Germain en trio sous la mousson. ‘The Universe Smiles Upon You’ est une lente brise tiède dont tu pourrais bien te satisfaire comme seule tunique. En ce début d’hiver, Khruangbin donne envie d’aller nu. (ab)
La Muerte ‘EViL’ Mot tow Soundz
L’espace d’un peu plus de dix ans (entre 83 et 94), les Bruxellois de La Muerte ont connu un succès international avec un rock brutal et déviant, sorte de heavy/blues/gothique alternatif et détonnant. Se situant quelque part entre les Stooges et le Birthday Party, La Muerte devait marquer son temps, séduisant notamment le légendaire John Peel qui devait les inviter à enregistrer de sessions pour lui. Alors que les fans n’osaient plus espérer un retour du groupe, voilà que celui-ci est
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sorti de nulle part en 2015 et s’est produit sur scène à l’AB en mars pour un concert immortalisé sur le double vinyle que voici. En quatorze titres, La Muerte revisite sa carrière en démontrant qu’il n’a rien perdu de sa puissance et de son côté viscéral. On appréciera, en particulier, les versions particulièrement allumées de ‘Wild fucker’ et du mythique et controversé ‘Ecoute cette prière’, sans oublier les reprises iconoclastes de ‘Wild thing’ des Troggs et de ‘Lucifer Sam’ de Pink Floyd qui ont contribué à forger la légende du groupe. Violent, bien trash et doom, l’ensemble n’a pas pris une ride et l’on se réjouit à l’idée que ce concert n’était pas qu’un one shot commémoratif puisqu’on pourra voir le groupe sur scène l’an prochain, notamment au Graspop. (pf)
Jodie Landau & Wild Up ‘You Of All Things’ Bedroom Communit y
Dans un registre mélangeant allégrement débauches symphoniques, gazouillis angéliques, rhapsodie néo-classique et manœuvres alternatives, on tient ici un disque intéressant. L’association entre l’orchestre américain Wild Up et le jeune chanteur-compositeur Jodie Landau (23 ans au compteur et pas un poil sur le thorax) laisse entendre de lointains échos islandais : de la musique d’elfe en short, la chorale attitrée de Björk (Graduale Nobili), de sacrés délires sacristains et une production irréprochable signée des mains de Valgeir Sigurðsson (Sigur Rós, CocoRosie, Feist, Ben Frost). Cinématographique, volcanique et terriblement contemplatif, l’album ‘You Of All Things’ jongle avec les genres (rock, jazz, musique classique) et les disciplines (opéra, théâtre, musique, liturgie) pour imaginer une tragédie grecque en plein océan Atlantique. Grandiloquent, souvent soufflant, parfois boursouflé, l’exercice est stylé et assumé avec ce qu’il faut de démesure. Jodie Landau et Wild Up, c’est un peu Pierre et le Loup à Pairi Daiza. Ou quelque chose comme ça. (na)
Leonore ‘Phoenix’ Coast to Coast
Chloë Nols rêve qu’elle est Leonore mais n’est-ce pas Leonore qui rêve qu’elle est Chloë Nols ? Ou ‘Justine’ qui, dissimulant sous son vernis allègre des vœux d’apocalypse régénératrice (« But we’ll drown, drown, let’s go down, down ») engloutit les deux dans son sillage d’oiseau de feu? Nous devrions quelquefois prêter bien plus grande attention aux ‘Fleurs Bleues’, aux hellébores confidentielles, celles dont les tiges semblent aussi sagement entrelacées que les blonds épis d’Agnès Obel – « On est fragile, dans cette ville » – qui confectionnent pourtant entre leurs cordes pincées des archipels balayés de typhons intimes indétectables pour tout œil qui ne chercherait là que joliesse, qui s’efforcent de vous sauvegarder du temps présent par autant d’estampilles ocres, de ronces délicates, par autant de chassés-croisés doux à l’issue incertaine : est-on toujours pourchassé par cette ‘Little Girl’ passée précocement maîtresse en sorts suaves ? S’attend-t-elle à ce qu’à notre tour, nous menions le cotonneux assaut ? « On a le temps, toute la vie, pour savoir…» (alr)
Lieutenant ‘Au Cœur De l’Arène’ Volet musical d’un triptyque éponyme qui comprend également un roman (écrit par
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Earteam
Philippe Lecrenier) et des peintures signées Pierre Mulder (batteur de la formation, ndr), cet album des liégeois de Lieutenant possède à lui seul une mécanique narrative très efficace. Et c’est tout autant l’esprit que les oreilles que la formation maintient en éveil au fil de ces treize fables inspirées qui, bien que chantées en français, s’avèrent farouchement apatrides. Évoquant le parcours d’émancipation d’un homme, les compositions aussi graciles qu’indociles ne se cantonnent en effet à aucun territoire particulier, pour batifoler en toute liberté entre lyrisme pop, échappées folk, chanson française et cordes classiques flamboyantes. Loin, très loin parfois, du sacro-saint schéma couplet/refrain et près, tout près d’une source pétillante de fraîcheur. Mais le caractère un peu vert de cette musique est heureusement contrebalancé par son humilité et par une mise en son confiée à cet orfèvre de Thomas Belhom (Calexico, Tindersticks). Et si on ne décèlera rien de légendaire dans ces morceaux aussi délicatement habillés et arrangés qu’ils sont profondément habités, l’authenticité des émotions distillées à travers la voix de Laurent Van Ngoc les protège de tout procès en ingénuité. (gle)
Lilly Wood & The Prick ‘Shadows’ Cinq7/Pias
En matant la pochette du troisième album de Lilly Wood & The Prick, on voyait venir le duo français de loin sur sa mobylette. Pieds nus pour elle, Santiag pour lui, Nili Hadida et Benjamin Cotto se la jouent gravure de mode avec un disque étudié pour hanter tous les H&M de la planète. Enregistré à Bamako – mais ça aurait tout aussi bien pu se faire à Skopje, Andorre-la-Vieille ou Banjul – ce nouveau disque mise sur l’exotisme et le dépaysement, mais n’a finalement pas grandchose à voir avec l’Afrique. À travers les onze titres de ‘Shadows’, Lilly Wood & The Prick martèle des plans électro-pop rabâchés et multiplie des rengaines synthétiques policées à souhait. C’est tellement propre et léché qu’on en vient même à se demander si le groupe a vraiment enregistré cet album « à l’africaine ». Un bon plan marketing pour un mauvais disque. (na)
Majical Cloudz
Bill Ryder-Jones ‘West Kirby County Primary’ Domino/V2
Histoire de planter le décor, Bill Ryder-Jones fut le guitariste des Coral jusqu’en 2008. Stressé, malade, il quitte le navire et se lance dans une échappée belle en solo et, deux albums plus tard - sortis en toute discrétion chez Domino, on le retrouve assis tout sourire dans sa baignoire, nous lançant joyeusement à la gueule ‘West Kirby County Primary’ d’un clin d’œil espiègle. Réussite totale de la part de cet intriguant bébé joufflu, croisement étrange que l’on appellerait rosneck ou un redbif, au choix. Peut-être à cause de son addiction invétérée à sieur Bill Callahan. Et sûrement parce qu’en écoutant ‘Two To Birkenhead’ ou ‘Daniel’, on ne cesse de penser aux délicieux Pavement. Mieux (et plus rare) encore : ‘Catharine And Huskisson’ convoque le Mark Everett des jours pluvieux, époque ‘Beautiful Freak’. Chialant à souhait. Mais là où Bill évite le vilain autocollant fils de, c’est quand il nous (mal)mène en bateau d’une chanson à l’autre, passant sans ménagement de la folk sous xanax d’un ‘Put It Down Before You Break It’ au céleste ‘You Can’t Hide a Light With the Dark’. Tellement céleste que lors d’un vol Zaventem-Reykjavik, on a eu cette impression naïve que les nuages jouaient à saute-mouton, et ces nuages étaient gris, car chez Bill Ryder-Jones, même quand il y a du soleil, il pleut. (am)
Monika ‘Secret in The Dark’ Other Music Recordings/Fat Possum Records
Chère Debbie Harry, on vous l’a susurré tant de fois : secouer le bas des reins n’est pas en notre pouvoir, à de rares exceptions près dont vous étiez le plus souvent génératrice. On vous a trouvé bien davantage qu’un fairevaloir. Une luciole grecque qui, jadis porteuse d’un folk lunaire, s’est soudain résolue à lustrer avec son ‘Secret in The Dark’ – mais ce groove, ces montées en adrénaline! – chaque millimètre de mosaïque du dancefloor, nous a fait nous sentir terriblement vivante et prête à faire dégringoler la mâchoire de Don Cornelius aux côtés de Rosie Perez en absence de robe. Qui, jusque dans le plus ‘Lonely World’, a créé des vrilles fourmillant d’extase. Celle qui s’égaie à belles mains, enthousiastes et gigoteuses, et arrondit avec sincérité les lèvres afin de rendre au disco son pouvoir d’immédiateté salvatrice n’évite pas tous les ‘Stripping’ gluants ou les faux-pas éthérés dont le genre peut être gourmand. Cela ne nous empêchera en rien d’être un peu fiévreux à l’avenir, à l’idée d’injecter « a little bit of Moni[k]a in our life ». Alors, heureuse ? (alr)
‘Are You Alone ?’
Mono & The Ocean
Matador/Beggars
‘Transcendental’
Au Club Soda de Montréal, un soir de novembre où nous pensions plutôt farandoler guillerettement avec le slacker Mac De Marco, nous nous étions pris sur un coin de la tronche Devon Welsh, frontman de Majical Cloudz. Sa présence statique quasi malaisante de poupée de ventriloquie – « Can I try to be you, can I dress in your clothes and be somebody new ? » – son crâne rasé de près, ce t-shirt blanc d’une sobriété encline à mieux affûter nos réactions. Nous étaient venus à l’esprit, dans ce jeu que nous affectionnons, ces tâtons du « presque », autant Eric Cantona que Mano Solo. Et nous n’étions pas prêts alors à ce qui, aujourd’hui encore, tient souvent plus de la séclusion, de la mise à distance théâtralisée que du songe qui embrase, que de la dreampop en floraisons et berges rieuses. Mais depuis, s’est notamment niché dans nos oreilles Dean Blunt et sa séduction atonale nocturne et – « You gotta learn to love me /Cause I am what I am » – il nous arrive de nous émouvoir, tantôt sur ‘So Blue’, tantôt sur ‘Silver Car Crash’ quand ce grand garçon pétri d’effroi quand il s’agit d’amour, fait grimper haut et clair ses requêtes hypnotiques pour sortir de l’impasse. (alr)
Pelagic Records/Cargo
The Ocean et Mono ont décidé d’unir leur destinée à l’occasion d’une tournée et, histoire d’officialiser cette union, ils ont couché chacun une composition sur cet EP. En dépit d’un background culturel différent (Mono est japonais tandis qu’Ocean est allemand), ces deux groupes ont en commun un goût pour les longues compositions épiques et cinématographiques ainsi que pour tout ce qui touche au transcendantal. Avec ‘The quiet observer’, The Ocean propose une compo où le chant joue un rôle important, dans un registre prog métal intense qui connaît des détours propres au post rock. L’ensemble est parfaitement maîtrisé, puissant et évoque les derniers instants d’un dealer shooté en proie à une révélation métaphysique. Avec ‘Death in reverse’, Mono tranche un peu au niveau de l’approche : un post rock renversant de beauté, limite pastoral par moments, avec aussi une bonne dose de mélancolie. Démarrant par des notes minimalistes de piano et de contrebasse qui génèrent un superbe écrin, la composition
évolue peu à peu pour monter en puissance et entraîner l’auditeur dans un voyage empreint de félicité. Magique. (pf)
Mr Diagonal ‘Midlife Crisis’ Home Records
C’est la crise pour Daniel Barbenel, leader du Black Light Orchestra. Peau flasque, cheveux en perdition, œil torve, pas de doutes, la quarantaine a frappé. En plein visage. Un seul moyen d’en sortir, s’épandre sur un album solo à la gloire de l’âge mur, repousser l’inévitable, exorciser la bite molle. Mr Diagonal, toujours de guingois, n’en poursuit pas moins la route qu’il s’est tracée : baroque’n’roll typiquement belgo-british, on y cligne de l’œil à qui mieux-mieux à Sgt. Peppers, ses uniformes, son Mister Kite et son Ode au troisième âge. C’est qu’il trace des droites en tous sens, Mr Diagonal, au mépris de la géométrie ; on glisse d’Esquivel et Van Dyke Parks (‘Chinguarime Blues’, ‘Boomerang’), pour bifurquer vers Queen, Elton John et même Abba (‘Rockstar’). Manque quelques tours de vis aux jointures malgré la supervision de Pierre Vervloesem, et ici et là traînent des coups de coude facultatifs, mais ces petits écueils font partie de la joyeuseté foutraque du Grand Bazar de Mr Diagonal. (ab)
Noiserv ‘A.V.O.’ Naïve
Quelque part, il est rassurant de se dire qu’en 2015, à l’heure de la sur-communication et de l’information virale, on peut encore complètement passer à côté de certains artistes à priori colossaux à moins d’une heure trente Ryanair. En l’occurrence, David Santos, né il y a une trentaine d’année au pays de Fernando Pessoa et Buraka Som Sistema. Enfance facile, vieille guitare du père, premiers accords, études d’informatique, probable découverte des Tiersen initiaux après une version sous-titrée d’‘Amélie’ en famille et puis les débuts. Jusqu’à cet impeccable ‘Almost Visible Orchestra’, sorti là-bas il y a déjà deux ans et carton plein : album de l’année pour la Société Nationale des Auteurs Portugais et quinze mille exemplaires physiques vendus pour un truc qui reste relativement peu vendeur, trop onirique, trop féerique. A l’échelle moules-frites-bières, c’est un succès incompréhensible à la Isbells. Santos a donc vraisemblablement écouté tous ces Islandais faiseurs de musiques spleenesques (Sigur Ros, Cheek Mountain Thief,…) et Tiersen, encore et encore. Ce très joli disque carillonnant,
bourré de chœurs, dont tous les titres comportent au moins quinze mots, qui ressort chez Naïve augmenté de 4 bonus dont un featuring avec Cascadeur (nettement plus inspiré ici que dans sa récente collaboration avec Orwell), est idoine pour la saison. Belle découverte. (lg)
Nots ‘We Are Nots’ Heavenly Recordings/Pias
Un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre, refrain, bis et fin. On prend les mêmes et on recommence. En 26:27 pour onze morceaux, Nots rend au punk féminin ses lettres de noblesses, bazardant tout sur son passage, quitte à passer pour un merdaillon caractériel en plein crise existentielle. Les titres parlent d’eux-mêmes : ‘Decadence’, ‘Strange Rage’ ou ‘White Noise’, des indices qui nous font dire que ces roquet(te)s ne sont pas venu(e)s pour enfiler les chaussettes au lapin, plutôt pour nous aboyer méchamment à la gueule, cracher même si on ne montre pas patte blanche, à l’image des 49 secondes de ‘La La La La La’ de ‘Get Along’ qu’on écoutera de préférence avec une Carapils sous le bras – et un paquet de grandes sœurs dans le sang. Nots ne vous rendra pas plus intelligent. Nots ne ressuscitera pas les Cramps. Mais avec un disque presque aussi court que cette chronique, pas de quoi faire sa bourgeoise : on se le met à burnes et on pogotte comme tout le monde, et tout ça en rang s’il vous plaît bien. (am)
Oxmo Puccino ‘La Voix Lactée’ Cinq7/Wagram/Pias
Le cheveu sur la langue, le bon mot dans la bouche, Oxmo Puccino sort ‘La Voix Lactée’, un nouvel album qui résume plutôt bien le chemin parcouru par l’artiste au cours de ces dernières années. Rappeur de plus en plus chanteur, l’artiste met son approche lexicale au service d’un univers feutré qui doit davantage au modèle du cabaret-chanson qu’au hip-hop. Du rap, il retient surtout une manie un peu datée – les années ‘Sauvés par le gong’ – qui consiste à fredonner des refrains vaguement mielleux entre des couplets réellement engagés. Parfois, ça passe (‘Ton Rêve’). Parfois, ça casse (‘Une chance’). D’un point de vue littéraire, Oxmo reste souvent irréprochable – bien qu’assez moralisateur. Le problème, c’est sa musique. Un peu in, un peu out, indistinctement dans l’air du temps, imparfaitement anachronique, elle sème le doute et soulève une question angoissante : Oxmo Puccino est-il encore en mesure de se renouveler ? Depuis la publication de ‘L’Arme de Paix’, en 2009, tous ces albums semblent figés dans un même moule. Dernière représentation avant changement de décors ? C’est tout ce qu’on souhaite. (na)
Rabit ’Communion’ Tri Angle
Du broken beat, une grosse louche de grime, des ambiances à la nudité morbide et déglinguée, les ingrédients du premier effort longue durée de Rabit ne risquent pas d’animer la farandole de la prochaine ‘Communion’ du petit Théo. Difficile d’accès, à vrai dire antipathique et revêche, la musique du producteur de Houston, Texas n’invite ni à la rêverie ni à la dépression, ou alors c’est pour mieux zigouiller son voisin de palier à coups de scie sauteuse. Refusant tout contact avec le vivant, échappatoire autiste dont le cerveau ressort en bouillie, son disque est une bizarrerie tellement improbable qu’au bout de trois écoutes (pénibles, il va sans dire), on hésite entre génie incompris et foutage de gueule intégral. (fv)
K’S CHOICE 04-12-2015
RICHIE CAMPBELL 31-01-2016
ARNO 02-03-2016
BELGIAN SHOWCASE WITH ROSCOE, PAON, IT IT ANITA 05-12-2015
BENJAMIN CLEMENTINE 08-12-2015
LILLY WOOD & THE PRICK 04-02-2016
NACH 11-12-2015
SKUNK ANANSIE 11-02-2016
JAIN 15-12-2015
METHOD MAN 29-01-2016
ZAZ 15-03-2016
VAREKAI 17-21-02-2016
www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu
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YOUSSOUPHA 20-12-2015
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Earteam
Ropoporose ‘Elephant Love’
Kelley Stoltz
Yotanka/Differ-ant
‘Elephant Love’ a tout du bricolage dominical en famille. Frère et sœur, Pauline et Romain sont jeunes, très jeunes, des bouilles d’ados confondantes de sincérité et du talent plein les gènes. Leur pop sent la colle-à-papier et la découpe appliquée, pour un résultat dont la spontanéité reste le maître mot. Si on ne s’amuse plus, on range tout dans la boîte jusqu’à la prochaine fois. Ropoporose désarme : ses charmes se dévoilent pleinement lorsqu’on prend la peine de se pencher, d’apprécier les détails, puis de prendre du recul à nouveau et de mesurer l’ampleur du travail. Les chenapans, faut dire, tapent là où ça émeut, du côté de Sonic Youth, The Cranes, Kristin Hersh, le Bear de Chris Trout, Arcade Fire en moins pompier, et ça mouille au coin des paupières devant tant de souvenirs ravivés par deux minots. Album-Playdo aux couleurs toute mélangées, lissé par endroit, marqué de doigts boudeurs sur d’autres flancs, face-à-face mi-Svankmajer (la batterie-colère de ‘Whu-Whu’, ‘Consolation’), mi-Aardman (mignon ‘40 Slates’, ‘Day Of May’) ‘Elephant Love’ porte d’un bout à l’autre l’emprunte digitale de ses deux concepteurs prometteurs. Et s’achève sur l’ambition légère, légère de ‘Montgolfiere’, envolée mélodique qui emporte avec elle Ropoporose vers de beaux lendemains qu’on espère encore juvéniles. Sorti début d’année 2015 en France, il est temps qu’on fasse la fête à ce bel ouvrage, délicat comme une ribambelle de papier. (ab)
Rover ‘Let It Glow’ Cinq 7/Wagram Music/Pias
Du physique à la grandiloquence en passant par l’ambition, la voix et la légende personnelle, tout est hors-norme chez Rover. Passé l’effet de surprise des fulgurances initiales, que reste-t-il encore à l’heure d’appréhender le deuxième essai ? Intrinsèquement clivant, Rover refuse que l’indifférence dicte les débats. Il a donc décidé de récidiver, d’enfoncer le clou et de consolider son univers glampop-rock hanté de fantômes sixties et seventies. Et inévitablement un temps de déception domine les premières écoutes. Enregistré à l’ancienne sur bandes analogiques, ce ‘Let It Glow’ souffre d’un dénuement quasi total de surprise. La tentation est grande de ne voir ici qu’un énième ego-trip(es) vintage, certes bien foutu, mais bourré de clichés sépia. Comme écouter Bowie, Lennon ou les Kinks dans le radio-cassette d’une Triumph de collection sur l’autoroute de Deauville. Bien sûr, l’album gagne à la réécoute. Bien sûr, chaque cliché possède un réel magnétisme. Sombrement extravagant, un titre comme ‘Call My Name’ parvient même à nous réconcilier avec l’exaltation et la flamboyance. Mais, dans son registre de crooner spectral et romantique aux influences millésimées, Rover atteint ici les limites de sa démarche. Affleure alors comme un regret la conscience qu’il y a beaucoup d’autres territoires à explorer. Séparons-nous sur cet espoir. (gle)
Saffronkeira ’Synecdoche’ Denovali
Projet du Sarde Eugenio Caria, Saffronkeira multiplie sur son quatrième volet discographique l’idée de la collaboration. Là où en
In Triangle Time Castle Face/Konkurrent
Les temps sont durs. L’époque oublie ses héros et l’histoire confesse sporadiquement ses oublis, ses erreurs. En pleine rétromania, on découvre des trésors cachés et quelques fonds de tiroir qui, à l’écoute, méritent bien mieux que la poussière. Paradoxalement, on ne profite pas suffisamment de l’instant. Ainsi, à force de disques étincelants, l’Américain Kelley Stoltz va finir par sombrer du côté culte de la force. En suractivité programmée depuis la fin du siècle dernier, ce gars-là enfourne des mélodies millésimées sous un paquet de références inattaquables (Neil Young, Nick Drake, The Velvet Underground, Echo & The Bunnymen, tout ça – et plus encore –, il recycle mieux que personne). En vadrouille sur les terres du rock, le guitariste n’a jamais cessé de distiller ses idées géniales sur des labels exigeants (Sub Pop, In The Red, Third Man Records). Jamais défaitiste, toujours remonté, il gobe cette fois des champignons magiques et catapulte son savoir-faire au pays des merveilles : un monde électrique et excitant où on se lessive les tympans sous psychotropes. Il n’en fallait pas plus pour émoustiller John Dwyer. À l’affût dans son garage, le leader de Thee Oh Sees décide d’ouvrir les portes de sa maison de disques (Castle Face) à Kelley Stoltz. Pour le remercier, ce dernier lui façonne un kaléidoscope psychédélique : un album génial avec une avalanche de sons mutants dedans. Sur ‘In Triangle Time’, matières synthétiques et substances toxiques fusionnent dans un arc-en-ciel polychrome. Ici, le rock fait pop et le glam se déride à l’écart des paillettes et du falzar moulant. Un disque où il fait bon vivre. Carpe diem. (na)
2013, le musicien italien s’était contenté du seul Mario Massa pour partenaire (à la trompette), il convoque aujourd’hui une multitude de complices sur ses neuf nouveaux chapitres. Si en premier lieu, le nom de la grande Mia Zabelka saute aux yeux - l’occasion de rappeler son exceptionnel ‘M’ sorti en 2011 - et que comme de coutume, la vocaliste (et violoniste) autrichienne n’a pas fait le voyage pour faire de la figuration - on se croirait entre Cathy Berberian et Lydia Lunch, c’est dire - les autres intervenants apportent chacun leur touche personnelle bienvenue. Elle est parfois plus indistincte sur certains morceaux (tant les styles de Sindheim et Saffronkeira se rapprochent dans ‘Paradigmatic’) que sur d’autres (les interventions au doigté de Sebastian Plano au violoncelle dans ‘Ouevre’, chef d’œuvre à la Gavin Bryars). Il en résulte une aventure sonore inégale, elle prouve qu’en musique comme dans la vie, le choix du partenaire reste affaire de longueurs d’ondes. (fv)
Jonathan Meiburg a subi maints changements de personnel qui ont impacté à des degrés divers sa musique. ‘Jet Plane and Oxbow’ est son troisième album pour Sub Pop, il a été façonné avec l’aide d’un collaborateur de longue date, Danny Reisch. A son endroit, un média américain a parlé de pop grandiose d’opéra. Pour galvaudée qu’elle soit, l’expression n’en est pas pour autant dénuée de tout fondement. Au chant apprêté, maniéré de Meiburg et à celui gracile de Jesca Hoop se mêle un son devenu au fil des ans de plus en plus calculé et à certains moments carrément boursouflé. Hormis quelques bons morceaux tels ‘Quiet Americans’, la chanson teaser instantanément mémorisable de l’album, l’agile ‘Filaments’ ou le réverbérant ‘Stray Light At Clouds Hill’, le disque n’est ni indispensable, ni fondamental. (et)
Six Organs of Admittance ’Hexadic II’ Drag Cit y
Sanseverino ‘Papillon’ Sony
Sanseverino, c’est comme Bernard Lavilliers, moins on a de nouvelles, mieux c’est. Mais pas de bol, on en a tous les ans. Dernière lubie en date : raconter l’histoire du bagnard Papillon à coups de banjos et de valses bluegrass. Aucun problème à ça, Henri Charrière a romancé sa vie de façon à ce que ça s’y prête. Tout y passe donc, dans l’ordre chronologique de l’aventure, du jugement initial aux évasions rocambolesques avec les potes foireux, des amours qui durent aux filles croisées en cours de cavale. Toutefois, à moins d’aimer le manouche variété et à part pour éviter à des gosses de cinq ans la vision d’un vieux film avec Steve McQueen (enfant, c’était un des préférés de mon père et je trouvais ça terrifiant) ou éviter de se relancer dans le bouquin, ce disque n’a pas vraiment d’intérêt. (lg)
Shearwater ‘Jet Plane and Oxbow’ Sub Pop/Konkurrent
En chroniquant à l’automne 2007 l’appréciée réédition de ‘Palo Santo’ dans ces pages, nous mesurions déjà à quel point Shearwater avait été influencé par Talk Talk, le Pink Floyd du début mais aussi par le naturalisme et l’ornithologie. Depuis lors, le groupe emmené par
Le camarade Ben Chasny aka Six Organs of Admittance a de la suite dans les idées. Début 2015, il nous revenait avec ‘Hexadic’, inhabituel (pour lui) disque rock psyché où il déchaînait les guitares sous un déluge noise que John Zorn himself aimerait revendiquer, et c’était aussi gonflé que réussi, d’autant que l’album faisait écho à son autre projet Comets on Fire. Huit bons mois plus tard, le temps d’une grossesse, le guitariste / vocaliste américain revient sur le follow-up ‘Hexadic II’ à ses amours folk moderne. On y retrouve la volonté acoustique du gaillard, ses marottes aussi. Si l’aventure n’atteint plus les sommets vertigineux d’efforts précédents, on songe surtout à ‘School of the Flower’ et ‘Shelter From The Ash’, sans même parler de l’irremplaçable ‘The Sun Awakens’, la maîtrise vocale et instrumentale de Chasny reste de très haute volée. Parsemée d’effets psychédéliques, ils sont suffisamment discrets pour laisser le champ libre à la musicalité du propos, tout en étant omniprésents, l’aventure est surtout l’occasion d’admirer le jeu admirable du gaillard à la sixcordes. A ce niveau, ce n’est plus la guitare qui accompagne le chant, c’est l’inverse. (fv)
Songhoy Blues
choses n’ont pas vraiment bougé depuis et l’affaire, acclamée à peu près partout, ressort en version grasse pour les fêtes. Trois bonus parfaits à se glisser entre la dinde farcie et la grosse bûche pour bien se rappeler qu’ailleurs, comme ici, ça n’est toujours pas la joie : une reprise singulière de Manu Dibango et deux classiques du rock occidental, ‘Kashmir’ de Led Zeppelin et ‘Should I Stay Or Should I Go’, passés au pilon des traditions africaines. L’hymne pop punk des Clash, traduit et chanté dans l’idiome local, aurait même été choisi pour son sens premier ; ces bluesmen de Tombouctou, exilés à Bamako, ne sachant pas s’ils doivent rester ou fuir. Pour le reste, c’est un plaisir de réécouter, en idolâtre, ces onze morceaux viscéraux et vitaux qui ferraillent entre Bambino, Tamikrest et Tinariwen. (lg)
Soul Embrace ‘Good Morning To Myself’ Starman Records/Ber tus
Davantage connu pour ses rééditions de vielles gloires rock nationales, le label anversois Starman développe en parallèle un catalogue proposant de nouveaux artistes qui est de plus en plus fourni. Il est rehaussé par ce nouveau combo emmené par le guitariste Peter Verbauwen qui présente un premier album carte de visite. Très bien ficelé dans un canevas classic rock, Soul Embrace lorgne vers Morphine, Lou Reed et les Stones tout en prenant appui sur des inflexions blues assumées. L’apport du sax et des claviers, mais aussi des chœurs, confère un aspect à la fois poli et accrocheur à des compositions abouties. Visuellement, la pochette et le clip du single ‘Tarantino Cool’ renvoient à l’univers du cinéaste américain avec une couche d’humour second degré. Coolitude totale. (et)
Stigman ‘Fathers’ Autoproduction
En octobre 2013, (pf) encourageait nos lecteurs à découvrir le premier album du Namurois François Borgers, aka (mais par peu de monde) Stigman. Un dingue s’emballait sur un webzine français en citant Sparklehorse, And Also The Trees, Cure, Grandaddy. On ne l’a pas écouté mais on devine un peu les mêmes marottes après trois passages de ‘Fathers’. Sauf que ça n’est pas comparable. C’est un essai sympatoche mais qui reste dans une division inférieure où le lo-fi ne rime souvent qu’avec absence de moyens. Et guère avec « caduque mais qui a du cœur », pour reprendre Benoît Lizen citant Jarby McCoy. Or, ce qui peut faire tout le charme des autoproductions fixe parfois aussi ses limites. Ici donc, le truc ne manque pas de fond, il est même dédié à son père mort récemment (et grand fantôme du disque), mais il sonne trop fréquemment cheap sans parvenir à émouvoir aussi régulièrement (‘Family Life’, par exemple). Sur la longueur, c’est donc difficile mais quelques belles saillies mélancoliques s’imposent toutefois. Comme l’imparable ‘Don’t Deprive Yourself Of Being Happy’, un beau tube à chialer sa bière au fond d’un club. Par ces temps sauvages, ça n’est pas si peu. (lg)
Subheim ‘Foray’
‘Music In Exile Deluxe’
Denovali/Sonic
Transgressive Records
Intensément, densément cinématographique, la photographie de la pochette nous montre la silhouette sans tête d’un homme
On écrivait tout le bien qu’on pensait de ‘Music In Exile’ dans le numéro de février. Les
surprise par les phares d’un véhicule la nuit. Celle de l’intérieur nous dévoile une route nue, pauvrement éclairée par la lumière orangée blafarde des réverbères au sodium, dont le tarmac est ponctué par une ligne blanche discontinue qui ne mène nulle part. Avant même d’avoir tendu l’oreille à l’écoute du disque, l’on pressent que l’on voyagera en territoires lynchéens. De fait, Subheim pourrait rivaliser sans difficulté avec Angelo Badalamenti tant les atmosphères qu’il échafaude sont à la fois épurées et denses. Établi à Berlin, ce musicien affectionne particulièrement les mélanges de genres, incorporant à sa musique des drones et des éléments acoustiques, trip hop ou encore procheorientaux tel la présence de sonorités où l’on croît percevoir la présence d’un duduk, vraisemblablement samplé. ‘Foray’ s’écoutera de préférence à la faveur de la nuit, en roulant sur l’autoroute en ayant actionné au préalable la fonction cruise control de son véhicule, tous feux éteints si possible, les yeux rivés sur le macadam qui défile inexorablement sous ses roues. (et)
Sun Ra And his Arkestra ‘To Those Of Earth… And Other Worlds’ Strut
Impossible de résumer l’œuvre colossale de Sun Ra en un paragraphe. Protéiforme, multidimensionnelle, elle est le fait d’un visionnaire doué, dérangé et extravagant. Si elle a souvent hésité entre déflagrations telluriques et errements stellaires, la musique d’Herman Poole Blount a marqué définitivement de son empreinte l’histoire du jazz. Quantitativement, sa production est démesurée, plus de cent vingt albums répertoriés sans compter les enregistrements pirates ou semi-pirates. Gilles Peterson s’est vu octroyer un laissez-passer par la succession du maître, puisant dans ses archives comme bon lui semblait pour en faire ressortir cette très généreuse compilation de deux cd tenant sur près de deux heures et quart. Peterson a agencé le tout de manière à ce qu’il permette à l’auditeur moyen d’accéder à différentes facettes de Sun Ra, studio ou live, transe ou méditation, éclipses ou ellipses, solo ou avec son grand orchestre. Parfois, il n’a pas hésité à écourter certains morceaux, voire à les mixer les uns dans les autres. Le label Strut avait déjà réalisé l’année dernière ‘In The Orbit Of Ra’, la magnifique collection autorisée sous l’égide de Marshall Allen, le saxophoniste nonagénaire dorénavant à la tête de l’Arkestra. Ce nouvel opus perpétue davantage encore un des héritages musicaux les plus curieux et aventureux de la seconde moitié du vingtième siècle. (et)
Tjens Couter ‘Plat Du Jour’ Starman Records
L’ennui avec les ressorties, c’est que ça fabrique des vieux cons. Non pas Arno, dont c’est ici le second album du duo Tjens Couter, mais l’auditeur, chouinant devant tant d’aisance et d’efficacité brutes que nos jeunes d’aujourd’hui se bornent à pourchasser. Quarante ans plus tard, ‘Plat Du Jour’ n’a rien perdu de sa fraîcheur et pourrait être encore inscrit à l’ardoise. Le duo formé par Arno Hintjens and Paul Decoutere,
qui allaient donner naissance un peu plus tard à TC MATIC, synthétise à lui seul ce que pouvait être l’esprit post-punk du Royaume dans les années septante : anglophile, braillard, infecté au rhythm’n’blues. Tout aussi fascinante est l’attitude d’Arno, quasiment définie en version poupon, titubant et de travers, des mèches plein la bouche, la grâce d’un Bryan Ferry des trottoirs et la bouche déjà remplie d’algues, de Maes et de clopes. Moins fou-fou que leurs singles de la même époque (faut entendre le yoddle rasta du 45 tours ‘Honey Bee’ !), ‘Plat Du Jour’ est un disque sans détours, à l’instar de son single ‘Gimme What I Need’. En matière de punk, on fait difficilement mieux. En matière de rock belge, n’en parlons pas. (ab)
Various ‘Ghosts Of Christmas Past (Remake)’ Les Disques du Crépuscule
Adolescent, je me souviens avoir acquis un jour de pluie ‘Ghosts Of Christmas Past’ pour la simple raison que la photo embuée de la pochette montrant des branchettes d’un épicéa lestées de boules de Noël transfigurait la grisaille de l’étalage. Le disque alignait une suite des noms dont je n’apercevais pas à vrai dire le lien immédiat avec Noël : Aztec Camera, The Names, Durutti Column, Tuxedomoon, Michael Nyman, Paul Haig… L’année d’après, en 1982, Crépuscule édita un remake en y ajoutant quelques titres et une nouvelle pochette façon carte postale art brut. Aujourd’hui, cette compilation mythique ressort sur le label dorénavant délocalisé en Angleterre et repris par James Nice (Ltm Recordings). Pour l’occasion elle a été très largement complétée par une série de titres des nouveaux poulains de l’écurie : Deux Filles, Marsheaux ou encore Virna Lindt. Les 35 chansons déployées sont authentiquement dévolues et dédicacées au thème. Elles tiennent sur deux cd logés dans un digipack reprenant les illustrations d’origine. Opportune idée de cadeau de… Noël s’il en est. (et)
Various ‘Hipshakers Vol. 4– Bossa Nova And Grits’ Vampisoul
Mr Fine Wine, amateur de bons vins, journaliste et éminent collectionneur de 45 tours nous dévoile ses nouvelles trouvailles dans le quatrième volet de la compilation ‘Hipshakers’. Entièrement dédié au R&B, cette série nous transporte à la charnière du siècle dernier, entre 1956 et 1967, à une époque où la population afro-américaine gravait l’abécédaire des musiques populaires. On cause alors de R&B pour parler de rhythm and blues et les noms de Chuck Berry, Bo Diddley, Fats Domino ou Ike Turner brillent comme des étoiles au firmament du rock’n’roll. Pour contourner la piste de danse officielle et fouiller dans les anales, on s’en remet volontiers à l’homme de main du label Vampisoul, archéologue du bon goût. Certains titres proposés sont d’ailleurs réédités pour la première fois depuis leur sortie originelle. On découvre ici des morceaux à se taper le cul par terre (le ‘We’ll Never Meet Again’ de The Midnighters, par exemple, est un pur condensé de bonheur) : une bande-son toute trouvée pour le prochain film de Quentin Tarantino. D’ici, on voit déjà sa pellicule griffée tourner sur des riffs de collection, des hymnes à l’amour chantés avec un supplément d’âme et une passion authentique. Mythique. (na)
Visionist ’Safe’ PANqu’
Obsédé des étiquettes, bien le bonjour à ton vendeur de la Fnac. Celui de Louis Carnell aussi, alias Visionist, et de son premier album ‘Safe’ (après une sacrée flopée d’EP). Pas bégueule et surtout créatif à l’envie, l’homme de South London recouvre les territoires électroniques des trente dernières années (au moins), et ne se la joue pas safe du tout. Traçant un immense arc qui irait de Fatima Al Qadiri à... Yello / The Art of Noise en passant par Burial, le gaillard joue avec tous les codes tel un sale gamin doué et imprévisible. Si les noms cités en référence(s) - auxquels on pourrait ajouter Laurel Halo ou DJ Rashad - indiquent un certain allant pop tirant vers le dubstep, ils sont aussi un miroir trompeur. Davantage tourné vers un impressionnisme qui n’empêche nullement l’excitation ou la clameur, le producteur anglais témoigne d’une sacrée maîtrise des événements. Et si on sent poindre quelques tics voyants empruntés à ses collègues de promotion (ils crèvent les tympans sur ‘Sincere’), on ne lui en tiendra pas bien longtemps rigueur. (fv)
The Wainwright Sisters ‘Songs In The Dark’ Pias
Les sœurs Wainwright – Martha et Lucy – bien qu’ayant grandi dans des familles différentes ont l’une et l’autre été éduquées dans l’amour de la musique. Des berceuses chantées par leurs mères respectives, elles ont conservé la douceur et la bienveillance. Des airs de Woody Guthrie résonnant dans leurs maisonnées, elles ont gardé l’âme et l’inspiration. ‘Songs In The Dark’ constitue un recueil de leurs premières chansons, une sorte de première communion les mesurant à la vie publique. D’obscurité, il n’est pas vraiment question ici tant ces chansonnettes folk sont éclairées et lumineuses même si elles revendiquent leur côté sombre et mystérieux. Parfois elles cèdent le pas à de véritables comptines traditionnelles nord-américaines ou à une reprise improbable comme le kitschissime ‘El Condor Pasa’. Un peu trop long, l’album finit par lasser et agacer par la trop grande candeur de ses paroles. (et)
Norman Westberg ’13’ Room40
Quand un guitariste fait son apparition sur l’officine Room40 de Lawrence English, spécialisée pour rappel dans les productions electronica et ambient (mais aussi hébergeuse intérimaire de Tujiko Noriko ou Tenniscoats), il ne faut pas s’attendre à une énième resucée folkisante de Bert Jansch ou Robbie Basho. Oh non-surprise, c’est exactement le cas sur ‘13’, premier vrai album de Norman Westberg, sorti à l’origine en... 2013. Membre dans une vie parallèle des illustres Swans, et là non plus inutile de chercher la moindre ressemblance avec la formation de Michael Gira, Westberg s’inscrit en solitaire dans une tentation ambient totalement explicite, à qui il manque une grosse pincée d’originalité pour se démarquer de la concurrence. Tout naturellement, on songe aux premiers travaux de Jefre Cantu-Ledesma sur le label japonais Spekk, et c’est dans une certaine veine electronica nipponne (Opitope, Tomoyoshi Date) qu’on inscrirait le style de l’électronicien américain. Rare moment de grâce, le second
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26
Earteam
titre (sur trois) ‘Bunny Bill’ inscrit en son mitan quelques échos naturalistes et cosmiques qui lui donnent une élégance raffinée et particulière. (fv)
The World ‘The World’ Ky thibong
Message à caractère informatif : The World pond ‘The World’, mise en abyme des eighties par elles-mêmes, fuite sans butoir sur borne d’arcade, .gif sur bande magnétique. Insert Coin, yuppie. Pop d’ascenseur pour attaché-case au World Trade Center, The World vante la coke, la Bourse, le fitness et la VHS au long de huit tubes aussi lisses que la peau de Grace Jones. Il faut dire que les références sont couillues : INXS, Huey Lewis, Phil Collins, George Michael, on peut même déceler dans l’outrecuidante évidence des compositions une forme de clin d’œil à Steely Dan en mode Atari. Nos American Psychos de service viennent en fait de Rouen, échappé de Seal Of Quality, Syntax Error, Room 204 et les Agamemnonz. Et de fait, il y a un rien de french touch dans leurs pastiches d’un monde révolu dont on paie encore les frais aujourd’hui : un soupçon de Phoenix (‘The Better’), quelques zestes du Daft Punk actuel, les atours vintage et déshumanisés d’un Zombie Zombie. ‘The World’ singe à la perfection les effets d’une époque et laisse deviner une pointe de critique (‘Drugs’, parfait) sans totalement convaincre quant à l’utilité de la démarche, à moins d’être totalement accro au Rubik’s Cube. « C’était vraiment très intéressant ». (ab)
Wreckless Eric ‘amERICa’ Fire Records
Fais pas ta mijaurée, ma grande. Tu les imaginais tous à voiles et à paillettes comme Gary Glitter, les figures du ‘Whole Wide World’, grandioses ou souterraines, qui firent le son des seventies ? Polymorphes et flamboyants comme David Bowie ? Et si certains – pas toujours au devant de la scène – avaient laissé quelques années macérer en eux l’âme désillusionnée du punk et quelques grains du lyrisme transgenre du glam pour aujourd’hui
encore nous offrir sur la triade du business musical, de l’Amérique et d’eux-mêmes quelques jolis morceaux de lucidité ? Eric Bowden, transfuge américain depuis 2011, est de ces rescapés héroïques. De ces songwriters opiniâtres qui continuent à te gratouiller l’esprit avec une petite cuillère quand ils te confrontent à l’uniformisation alimentaire, à l’inanité d’un certain capitalisme, à leur regard aguerri par les années de route et quelques déboires. Couplés à un nasillement singulier – parfaitement ad hoc pour l’ironie sécrétée – à des orgues qui suffoquent et autres claviers louches, ces bastonnantes banderilles font d’’amERICa’ un disque qui fait décidément du bien là où ça fait mal. (alr)
Yellow Straps X Le Motel ‘Mellow’ Instagram Records
Si tu n’as jamais croqué dans un vaporeux quignon de cumulo-nimbus, siroté à la paille une ‘Ecume’ de cyan avec une goutte d’aiguemarine, si tu ne t’es jamais laissé glisser dans une vrille hédoniste tête la première, si tu trouves que Flume ne t’envoie pas suffisamment dans les plumes, il va falloir qu’avec un peu d’entregent on te fasse serrer les pattes de jeunes hyménoptères dont le ‘Pollen’, butiné sur les flancs du Mount Kimbie, a emmiellé bien des électives papilles (dont celles de Lefto). Boostés la tête sur l’oreiller par les beats frôleurs du Motel, les trois loustics de Yellow Straps n’inversent jamais dans l’excès la vapeur de leur rêve en frémissantes nappes de jazz qui bulle, et distribuent un ‘Valium’ qui te rend repu de coolitude contemplative et moite comme après un bain sans lactose. Si cette première fusion ne manque pas de jolis recoins, il ne faudrait tout de même pas que ce moment de chill soutenu ne devienne trop longuet sur l’île de Calypso. (alr)
Young Rival ‘Interior Light’ 62 T V Records/Pias
Depuis le ‘Free Drugs ;-)’ de Harlem, on nous inflige chaque semaine un bon petit disque de psyché. Sous peine de passer pour un ignare. Souvent on se fait chier grave, par-
fois ça matche et on ne sait pas vraiment pourquoi. Second cas de figure pour ce séduisant Young Rival qui souffle un vent de fraîcheur sur notre mine rabougrie, à l’instar d’un Fisherman’s Friend un lendemain de timbale. Loin de leurs amis les clones vautrés dans un obscurantisme chiant comme la pluie, les canadiens donnent dans une curiosité candide qui attise l’intérêt. Alors ils sortent de leur garage pour voir la lumière du jour, et forcément ils sont éblouis. Ils découvrent les nobles Grizzly Bear et en étalent une couche généreuse à travers les guitares de ‘Where’s It All Going’. Ils croisent The Walkmen au coin d’une rue crasse et te pondent ce putain de grand tube pop qu’est ‘Carry The Weight’. Un soir, ils se rendent à une boum, charment des souris et écrivent un slow le lendemain. ‘Living Like You Should’. Ils prétendent faire de la ‘croon psych’, néologisme amusant, citent Roy Orbison et les Kinks, mais ces mecs sont plus qu’une vulgaire synthèse qu’on réciterait un lundi pluvieux, ils incarnent ce que devrait être tout groupe de pop lumineuse. Excitant, téméraire et foutrement actuel. (am)
Zombi ‘Shape Shift’
Steve Moore ‘Cub - Original Motion Picture Soundtrack’ Relapse Europe
Jusqu’au patronyme, Zombi est le décalque pennsylvanien des frenchies Zombie Zombie. Même goût du prog transalpin (on se serait douté), même affection pour l’horreur 80s de Argento, Romero et Carpenter, même line-up dénué de guitare ; je ne sais pas qui des deux a commencé, mais vous irez vous expliquer devant le directeur. Adoubés par les mythique Goblins dont ils ont assuré la première partie, Steve Moore et Anthony Paterra demeurent les représentants internationaux du revival giallo-disco, au delà
de leurs confrères français et de Umberto. Pas si surprenant, dès lors, de retrouver Steve Moore en solo à la bande originale du survival belge ‘Cub’ (‘Welp’ en flamand). Ambiance lourde au programme, atonale et poisseuse en diable comme la boue ardennaise qui couvre les visages des scouts en perdition. Un thème mémorable fait défaut à ‘Cub’, ce qui n’empêche pas la bande de flatter la fibre des plus bisseux d’entre nous. A l’inverse, sur ‘Shape Shift’, cinquième album du duo, les anthems ne manquent pas. Bien que toujours inféodé au genre, Zombi trafique la formule de la plus explosive des façons : basse possédée et synthés épileptiques sur ‘Mission Creep’, space-rock pour galaxie en voie d’extinction avec ‘Interstellar Package’, menace androïde dans les reflets néon de l’urbain ‘Metaverse’. Tendu comme un drap à lunettes, ‘Shape Shift’ traîne son auditeur sur le plancher vers sa destination finale, ‘Siberia II’, colossal tourbillon dénué d’aspérités ou d’échappatoire. (ab)
book
maker Johan Ral ‘AB. Une salle de légende’ Renaissance du Livre, 240p.
L’histoire de l’Ancienne Belgique, avant qu’elle ne soit abrégée en A.B., est d’abord celle d’une salle de fêtes décorée de stucs, rythmée par les galas et des soupers spectacles. Ce n’est que dans les années septante qu’elle deviendra une salle de concerts à part entière. Ce livre reprend selon un ordre chronologique les débuts du lieu en 1931 pour ensuite suivre ses développements successifs sous l’égide de son directeur et propriétaire Georges Mathonet. Celui-ci ne tolérera qu’une programmation quasi-exclusivement francophone pendant plusieurs décennies. En 1979, l’Ancienne Belgique est transférée au ministère flamand de la culture qui procède à sa rénovation très partielle. Outre les artistes flamands dans le cadre des fameux Rock Rally, elle accueille alors la crème de la new-wave : Nina Hagen, Siouxie and the Banshees, XTC, The Cure, U2, Duran Duran… et Gang Of Four qui y donne le dernier concert avant une nouvelle fermeture requise pour procéder aux travaux de la grande salle. Il s’en suivra une réouverture puis une unième fermeture, de plusieurs années cette fois, obligeant l’A.B. à se relocaliser au Luna Theater. En décembre 1996, l’A.B. rouvre dans un ensemble de bâtiments complètement neufs et insonorisés dont ne subsistent que la façade restaurée du boulevard Anspach. Parallèlement à son histoire, l’ouvrage met en exergue les différentes vocations qu’elle a suscitées parmi d’innombrables musiciens de tous bords. Son auteur documente, parfois jusqu’au souci du détail ou de l’anecdote cocasse, une série d’épisodes légendaires qui s’y tinrent en ses murs ou dans ses coulisses. Johan Ral n’hésite pas à donner la parole à des artistes qui y firent leurs premiers pas tels Arno ou Adamo. Le livre est ponctué d’une multitude de photos de scène mais comporte aussi la reproduction d’artéfacts incontournables comme des tickets, des affiches, des contrats de prestation, des autographes… Précédemment publié en néerlandais, il est maintenant disponible en version française et constitue une excellente anthologie abrégée de l’histoire de ce lieu mythique musical lové au cœur de la capitale qui a encore de belles nuits devant lui. (et)
Black Box Revelation
28 Glimps
10-12 décembre, Gand Avec pas moins de 60 artistes européens répartis en onze lieux, le Glimps a joliment approvisionné sa vitrine. Jazz turc, indie slovaque ou électro française se succéderont ici au Handelsbeurs, là au Charlatan ou encore en des lieux plus intimistes comme la Lakenmetershuis. « Rien d’autre que le meilleur de la musique européenne à Gand », voilà pour la déclaration d’intention. Et il est vrai qu’entre les conférences annoncées, on distingue du beau linge à l’affiche : Blackie & the Oohoos, Dans Dans, Elecampane, Fenster, Go March, Protection Patrol Pinkerton, Peter Kernel, Roscoe, The K., The Black Heart Rebellion, Alaska Gold Rush, Bill RyderJones, Jakob Bellens, Le Colysée, Mountain Bike, Rozi Plain, Yellowstraps, Howling Owl, Illuminine, Jono McCleery,... Demandez le programme : glimpsgent.be
Le Père Noël est un rockeur 10 décembre, Alhambra (Mons) 12 décembre, Salle du Patro (Thuillies) 18 décembre, Rockerill (Charleroi) 19 décembre, Salle Doursports (Dour)
Great Mountain Fire © Keorges Gaplan Le festival Le Père Noël est un rockeur est organisé depuis 2001 en province du Hainaut dans le cadre de l’opération Un jouet pour Noël. Rappel de la formule : vous arrivez au concert avec un jouet en excellent état, d’une valeur minimale de 10 euros (pas de peluches ni de jouets à piles) et vous entrez gratuitement aux concerts. Jeudi 10 à l’Alhambra : A Supernaut, It It Anita, Ulysse, Twodee. Samedi 12 à Thuillies : My Diligence, Fred et les Garçons, Dr Voy, Feel, From Kissing, Silence Boris. Le 18 décembre au Rockerill : JeanJass, Ganja White Night, Fabrice Lig & Globul, Woodie Smalls, Babelsouk, Ozzy Oswald. Et le 19 décembre à Dour : Mister Cover, Great Mountain Fire, Henri PFR, Wonder Monster, Romano Nervoso, La Jungle, Black Mirrors, Goldorak. Pas de ticket à retirer à l’avance! Tous les jouets sont à déposer le jour même à l’entrée du concert.
Django Django
11 décembre, AB (Bruxelles) 12 décembre, Melkweg (Amsterdam) On ne va pas se mentir : cette année, avec ‘Born Under Saturn’, Django Django nous a présenté le spectacle un peu navrant du soufflé qui se dégonfle (z’auriez vu notre tête de Bertrand Labévue !) On aurait dû s’y attendre : on nous avait déjà fait le coup avec le Père Noël et la petite souris. Mais là, on y croyait, dur comme fer. À la farandole ‘Zumm Zumm’ topsy-turvy. C’est donc sur la foi de la graine folle que ces quatre-là avaient su faire germer de leur premier album, à l’engrenage branque qui fit ‘Defautlt’, qu’on remise un (petit) jeton. Ils ne vont quand même pas saboter leurs premiers tubes en live ces sagouins ?
mercredi 02 decembre Omar Souleyman , Gerd De Wilde, Kirsten Lemaire, Linde Merckpoel @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Phurpa, Cult Of Fire, Misthyrming, Drowned, Svartidauti, Urfaust, Nidrosian Black Mass @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Bloc Party @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Crobot, Scorpion Child @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Citizens! @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Roscoe, Taïfun @ Reflektor, Liège, reflektor.be Chris Spedding @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Elvis Perkins, Nick Kinsey, Ivory Lake @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 03 decembre Golden Earring, Jacl Bow; Etienne de Crécy, Attar! @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sysmo ft Mochélan Zoku @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Gavin James @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Karim Baggili @ Ferme du Biereau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Will Samson @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be STUFF., Mixmonster Menno @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Das EFX, Aral & Sauzé @ Live Club, Liège, facebook.com/ events/1010878318959147/ One Tail One Head, Clandestine Blaze, Mgla, Negative Plane, Pseudogod @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be K’s Choice, Helsinki @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Evil Invaders @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Aaron, Adam Naas @ Reflektor, Liège, reflektor.be DJ Globul @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Glints @ Stuk, Leuven, stuk.be Refused, Failure, Brutus; The Guru Guru @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Naâman, Sara Lugo @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux, kulturfabrik.lu Rae Sremmurd @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Oscar & The Wolf @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles. com
gigs& parties dec/jan 15
La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Selah Sue @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Slim Twig @ Water Moulin, Tournai, watermoulin/bandcamp. com The Black Heart Rebellion @ La Zone, Liège Rome @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux, kulturfabrik.lu Chilly Gonzalez & Kaiser Quartett; Roscoe, Paon, It It Anita @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu No One Is Innocent, Silencio @ Le Splendid, Lille, Fr,
dimanche 06 decembre Dani Klein & Sal La Rocca Quartet sings Billie Holiday @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ici Baba @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be An Pierlé, Slumberland @ Reflektor, Liège, reflektor.be Autumn Falls: Will Johnson; Rae Sremmurd @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Fear Factory; Once Human; Irmler & Liebezeit, Mittland Och Leo @ Vooruit, Gent, vooruit.be Kaotoxin Fest #II: Cinc, Otargos, Putrid Offal @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
lundi 07 decembre El Vy; Matt Simons @ AB, Bruxelles, abconcerts.be We Stood Like Kings ciné-concert ‘A Sixth Part of the World’ by Dziga Vertov @ Cinema Rits, Bruxelles, westoodlikekings. com Salomé Leclerc @ La Madeleine, Bruxelles, livenation.be Vintage Trouble @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Citizens! @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
vendredi 04 decembre
mardi 08 decembre
Autumn Falls: Raketkanon, Lushes; Bob Moses @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Do Or Die, Parisian Walls @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Greek Connection @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be André Vida, Human Inferno, Vom Grill, Fluwelen Koord @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Z’ev @ Cinema Nova, Bruxelles, nova-cinema.org Joost Zwegers; Maaike Ouboter @ CC, Strombeek-Bever, greenhousetalent.com Aaron @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Jeff Mills @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Mare, Archgoat, Nyogthaeblisz, Nightbringer, Bölzer @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Benny Page, Insom, Rhumble @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Purpendicular @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Romano Nervoso, The Father The Son And The Holy Simon @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/ latavernedutheatre Hudson Mohawke, Faded @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Blacko @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux, kulturfabrik.lu Texas; K’s Choice @ Rockhal, Luxembourg, atelier.lu Coma, Lea Porcelain, Binary & Dyslexic @ Les Rotondes, Lux, rotondes.lu
The Dø, Theodora @ AB, Bruxelles, abconcerts.be dEUS @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Dillon Cooper @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Trio Fernand Knopff @ Ferme du Biereau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Aline, Salomé Leclerc, Doe Paoro @ Reflektor, Liège, reflektor.be Ghost, Dead Soul @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Benjamin Clementine @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Winter Cap Festival : Jaakko Eino Kalevi, Sean Nicholas Savage @ Maison Folie Hospice, d’Havre, Fr, legrandmix.com
samedi 05 decembre Tremplin DRF; Evening Call, Face The Truth, Silence Is The Enemy, Slovenians + The Black Tartan Clan @ L’Escalier, Liège, facebook.com/durbuyrock Autumn Falls: Will Johnson, Irvin Dally @ Cactus, Brugge, cactusmusic.be Galactic Music Xperience: Le Singe Blanc, Cut, L’Effondras, Dutchnols, Go Around Captain, Hermetic Electric, Life Of An Owl In Alaska, Rince-Doigt, Origami Geijutsu, Bifurk Trio, Jean-Gloute de Braga, Megamoto, Boda Boda, Shoeshine @ Maison du Peuple, Dour, facebook.com/XtrmScandalous-1553280614886535 K’s Choice, Helsinki; Walrus, Brent Beukelaer @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Salomé Leclerc @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Prince Fatty, Flavia Coelho, Horseman, Schniece, Atomic Spliff @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Catherine Biocca, Marguerite van Sandick, Lieven Segers, Reinaart Vanhoe, Robbert & Frank Frank & Robbert + Koenraad VDS, Geo Wyeth, Sara van Woerden @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com From The Road, Letz Zeppelin @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Guili Guili Goulag, Le Prince Harry @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be De Kift @ Cinema Nova, Bruxelles, nova-cinema.org Dark Sonority ft Kaosritual Songs, Perturbator, The Ruins Of Beverast, Lvcifyre, Aosoth, Sinmara @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Marc Romboy, Vince Watson, Fabrice Lig, Globul, Dirty Monitor @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Layla Zoe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be November 7, Skeptical Minds, Aylya, Irradiance, MidnightSorrow, Pyrah, Evolvent @ La Taverne du Théâtre,
mercredi 09 decembre All Connected #10: Charlemagne Palestine, Kristof Lauwers, Floris Vanhoof; Benjamin Clementine @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Autumn Falls: Bing & Ruth, A Winged Victory For The Sullen @ CC Ha, Hasselt, ccha.be My Baby @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Damien et Renan Luce @ Ferme du Biereau, Louvain-LaNeuve, fermedubiereau.be Roosbeef, Stan Lee Cole @ Nijdrop,Opwijk, nijdrop.be Kovacs @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Flying Horseman, Kaboom Karavan @ Stuk, Leuven, stuk.be Yanis @ Reflektor, Liège, reflektor.be Florence + The Machine @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Alex Calder, Selenian @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com
jeudi 10 decembre Le Père Noël est un Rockeur: A Supernaut, It It Anita, Ulysse, Twodee @ Alhambra, Mons, fr-fr.facebook.com/rockcoeur Autumn Falls: Bing & Ruth, A Winged Victory For The Sullen @ 30CC, Leuven, 30cc.be Tiga dj-set; Dotan @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Asideb Asideb w@ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Jane Doe & The Black Bourgeoises, DJ Dim Wild, DJ Sensurround, ex-DNA Boys @ Café Central, Bruxelles, facebook.com/cafecentral.bxl Kovacs @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be dEUS @ Forum, Liège, livenation.be Egidio Juke Ingala & The Jacknives @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Hidden Orchestra @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Orkesta Mendoza @ La Petite Fabriek, Froyennes, lapetitefabriek.be Roosbeef, Stan Lee Cole @ Stuk, Leuven, stuk.be Doro, Archer @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Gilles Peterson, DJ Hugo Mendez & DJ Caroll @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
vendredi 11 decembre Django Django, Stealing Sheep; Tom Vanstiphout @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Arnaud Rebotini @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Lukas Ligeti, Philippe Spiesser @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Le Syndicat @ Cinema Nova, Bruxelles, nova-cinema.org
Lara Leliane, Lylac @ Chiroux, Liège, chiroux.be Blønd And Blønd And Blønd @ Ferme du Biereau, LouvainLa-Neuve, fermedubiereau.be JP Cooper @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Steak Number Eight, Mama Killa, Nephtys @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre One Ok Rock, We Came As Romans @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Nach @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Winter Cap Festival : Honne, Le Colisée @ Maison Folie Hospice, d’Havre, Fr, legrandmix.com Debut Sur Le Zinc, Baptiste W. Hamon @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Nuits Electriques: Nina Kravzi, Bjarki, Nikita Zabelin, Honey Slave; Motor City Drum Ensemble, Jeremy Underground, Inner Sense, Enlace B2B La Classique @ Les Halls de la Filature Saint-André-Lez-Lille, Fr, festivallesnuitselectriques.com
samedi 12 decembre Le Père Noël est un Rockeur: My Diligence, Fred et les Garçons, Dr Voy, Feel, From Kissing, Silence Boris @ Salle du Patro, Thuillies, fr-fr.facebook.com/rockcoeur Tremplin DRF: Body Fuel, Cottrel, Lady Carnage, Virgin Sextape + Exuviated @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Die Nerven, Levin Goes Lightly, Lea Porcelain; La Pegatina, Borokov @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Terranova @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Empty Taxi, My Diligence @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Holger: Barış K, Mehmet Aslan @ Brass, Forest, lebrass.be Matias Aguayo, Lawrence Le Doux @ Le Cadran, Liège, lecadran.be The Wailers @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Spoil Engine @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be dEUS @ Kursaal, Oostende, livenation.be Critical invites Lefto @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Faithless @ Palais12, Bruxelles, livenation.be Compuphonic, Fabrice Lig, Globule @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Mew, Leonore @ Stuk, Leuven, stuk.be Corbillard, Black Sheep, Asile @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Roots Yard ft Gladdy Wax, Bob Brooks, Dukes vs Pirates, Unification Soundsystem; Kovacs @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Johnny Osbourne, Omar Perry, Irie Nation @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be The Dø @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Nuits Electriques: Agoria, Rone, Molecule, Jacques, Old Boys; Worakls, N’To, Joachim Pastor, Stereoclip, Efix @ Les Halls de la Filature Saint-André-Lez-Lille, Fr, festivallesnuitselectriques.com
dimanche 13 decembre Chve, Innerwoud; @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Antoine Chance @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Willis Earl Beal @ @ Les Rotondes, Lux, rotondes.lu
lundi 14 decembre Lou Doillon @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Autumn Falls: Willis Earl Beal, Myles Manley @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Afterpartees @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be
mardi 15 decembre Autumn Falls: José Gonzalez, This Is The Kit @ De Roma, Antwerpen, deroma.be Lianne La Havas, Rouseau @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Maxi Jazz & The E-Type Boys; Elliot Moss @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Douglas Firs, Zimmerman @ Het Depot, Leuven, hetdepot. be The Burning Hell, Susie Asado @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Jain @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu
mercredi 16 decembre Gone West: Duncan Honeybourne, Riguelle En Hautekiet, Hannelore Bedert, Ward De Vleeschhouwer @ Talbothouse, Poperinge, gonewest.be Steak Number Eight, Brutus, Kapitan Korsakov @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Vianney; Akro; Son Little @ Botanique, Bruxelles, botanique.be King Dalton @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Great Mountain Fire, Protection Patrol Pinkerton @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Lili Grace @ Stuk, Leuven, stuk.be Judas Priest, UFO @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Peaches @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Nightwish @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu
jeudi 17 decembre Gone West: Duncan Honeybourne, Stan Lee Cole solo, Anna Brune, Bram De Looze @ Talbothouse, Poperinge, gonewest.be The Magician, Martin Solveig, Alex Adair, Darius, Arches @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Saybia; Joy Wellboy@ Botanique, Bruxelles, botanique.be Castus, Facteur Cheval, Forest Bath @ Brass, Forest, lebrass.be Milow, Emma Bale @ Ferme du Biereau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be
Chve, Syndrome @ Kadoc/Vleminckxkapel, Leuven, stuk.be ‘A Band Called Death’ screening @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Nightwish, Arch Enemy, Amorphys @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Mombu, Petrifier, ANAL @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Vianney @ Maison de la Culture, Tournai, maisonculturetournai.com Fresku @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Dimitri Vegas & Like Mike @ +18+19/12-Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Illuminine, Benjamin Holland @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Kadaver, The SHrine, Horisont, Satan’s Satyrs @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Antoine Pesle, Chamberlain, Le Duc Factory @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
vendredi 18 decembre Le Père Noël est un Rockeur: JeanJass, Ganja White Night, Fabrice Lig & Globul, Woodie Smalls, Babelsouk, Ozzy Oswald @ Rockerill, Charleroi, fr-fr.facebook.com/rockcoeur Joost Zwegers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Autumn Falls: Peaches; Jeanne Added @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Tremplin DRF; Flooded Basement, My Diligence, Temnein, The Thin & The Fat Guy’s + Blondstone @ L’Entrepôt, Arlon, facebook.com/durbuyrock Flying Horseman, Melting Time; MOD Loud Party: DJ’s Black Fuel, Puke & Skullz @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Dissident @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook. com/latavernedutheatre Tremonti @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Virus: Ed Rush & Optical, Optiv & BTK, New Deal, Tito, Mc Mus hand MC Nice @ Vooruit, Gent, starwarz.be The Wire: Audio, Rockwell, Hard Bass Dealers, Multiplex MC @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
29 Antoine Chance
12 décembre, Centre Culturel (Rossignol) 13 décembre, Botanique (Bruxelles) Durant un temps, on n’entendit quasi plus que lui (et Pharrell). Partout, tout le temps. Tant mieux, parce que sous ses faux airs de Julien Doré, le fils du chauve qui dessine des chats impose une vraie patte, une griffe, une réelle singularité. Sur un premier album quasiment parfait se découvre un authentique passionné de musique, un dingue des Vampire Weekend, des Beatles, de James Blake. Pour la France, un petit coup de promo du paternel (professionnel de la profesion) sur les plateaux de tonton Ruquier ne sera quand même pas de refus. Parce qu’en plus, coup de bol, il le vaut bien.
Willis Earl Beal
14 décembre, Botanique (Bruxelles)
samedi 19 decembre Le Père Noël est un Rockeur: Mister Cover, Great Mountain Fire, Henri PFR, Wonder Monster, Romano Nervoso, La Jungle, Black Mirrors, Goldorak @ Salle Doursports, Dour, fr-fr.facebook.com/rockcoeur Tremplin DRF; Cosmogon, Kraton, Miles To Perdition, Retrace My Fragments + Komah @ L’Entrepôt, Arlon, facebook.com/durbuyrock Loud Fest: Silence Is The Enemy, Thorax, Electric) Noise(Machine, Wolves Scream @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Gone West: Ludo Geloen @ Klokkentoren Sint-Bertinuskerk; Jan Swerts en Band @ Stadhuis; Poltrock: Bent Van Looy, Gregory Frateur, Johannes Verschaeve, Gertjan Van Hellemont, Roosbeef, Marc Bonne, Tom Pintens, Sun’Sun’Sun String Orchestra @ JC De Kouter, Poperinge, gonewest.be Tangram labelnight : Ivy Lab, Up HighCollective, LTGL, Day Fly, Le Motel; Youssoupha, New School @ AB, Bruxelles, abconcerts.be 20 Years Kozzmozz : Alan Fitzpatrick, Function, Terence Fixmer, Pilose, Spacid @ Vooruit, Gent, kozzmozz.com Zolex, Franky Jones, Phi Phi, Marko de la Rocca, Quincy, Tom Leclercq, Cosmo @ Bocca, Destelbergen, facebook.
com/extremereunion
This Leo Sunrise, Everyone Is Guilty @ L’An Vert, Liège Homnimal, Yann Leguay, Le Jour Du Seigneur @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Mekanorganik @ Cinema Nova, Bruxelles, nova-cinema.org Anton Pyvovarov @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Milow, Emma Bale @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be René Binamé, Two Pin Din, Komplikations, Petra Pied de Biche @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Noisefest VI @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Hospitality Belgium: London Elektricity, Fred V & Grafix, Etherwood, Logistics, Maduk, Murdock, Keeno, Diego Torres, Bredren @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Billy & Bloomfish & Roland Van Campenhout @ Auberge La Truite d’Argent, Houffalize, la-truite.org, Jeanne Added, Martin Mey @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
dimanche 20 decembre Gone West: Ludo Geloen @ Klokkentoren Sint-Bertinuskerk; Hauschka @ Stadhuis; Jef Neve @ Onze-Lieve-Vrouw Kerk, Poperinge, gonewest.be Het Zesde Metaal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Milow, Emma Bale @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Belphegor, Vital Remains, Hate, Ethereal, Exuviated @ L’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Andre Borbe @ Reflektor, Liège, reflektor.be Joussoupha @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu The Color Bars Experience ft Jason Lytle, Ken Stringfellow, Troy Von Balthazar @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles. com
samedi 26 decembre Dark X-Mass Show: Der Prager Handgriff, The Breath Of Life, The Eternal Afflict, Plastic Noise Experience, Leaether Strip, Umbra Et Imago, Das Ich, DJ’s @ Expo, Waregem, dark-x-mas.be René Binamé, Obscene Revenge, Mambassa, Les
© Ben Pobjoy Sirotés par petites touches, comme un vieux whisky cask strength du Speyside où la douceur et l’authenticité canalisent la brutalité des 60% d’alcool, les titres de Willis Earl Beal dévoilent un songwriter important, adepte d’un blues atrophié, minimaliste, expérimental même mais, au final, étrangement chaleureux. Un type qui parvient, avec quasiment trois fois rien, à frôler l’état de grâce à quelques reprises : notamment sur ‘Coming Through’ en duo avec Cat Power ou encore le monstrueux ‘Nobody Knows’ qui tient sur la foi de trois claquements de doigts et d’un organe mirobolant. Avec la complicité du Botanique, nous avons 2x2 places à vous offrir pour ce concert s’inscrivant dans le cadre du festival Autumn Falls @ Bota . Envoyez-nous un mail à fabrice.rifraf@skynet.be
Dominique A
13 janvier, AB (Bruxelles) 14 janvier, Théâtre Sébastopol (Lille) Nous rejoignons tout de suite sur place, depuis le boulevard Anspach, notre correspondant spécial, Laurent Grenier. - Laurent, quelle est l’ambiance à l’extérieur à quelques semaines seulement de l’événement ? Les fidèles se pressent-t-ils déjà en masse ? - Hé bien, ouiii, Fabrice...Plus que quelques dizaines de fois dormir et Dominique A sera bel et bien présent en chair et en os... Irradié, intègre, il resplendira sur chaque titre d’Eléor, merveilleux carnet de voyage vers les étendues, les lumières, le beau ; une beauté à peine dicible... - Laurent, excusez-moi, je vous interromps : vous avez bien dit en chaire ? Heuuu, non, pas tout à fait... Ce que je peux vous dire, au moment où je vous parle, c’est qu’on aperçoit déjà quelques pèlerins sur le grand piétonnier. Des croyants venus de tous horizons pour partager ce qui sera, nous l’espérons tous, un grand moment de communion. - Sans transition, une page sportive.
30
Descendants @ Le Garage, Liège
TransArdentes
23 janvier, Halles des Foires de Liège
mercredi 30 decembre Loud: Monarch!, Birushanah, Orna @ Magasin 4, Bruxelles
jeudi 31 decembre
Mugwump © John Carril Ah ça ! Tu trépignes. Tu les attends fiévreusement, les TransArdentes, ton festival des musiques électroniques aux Halles des foires de Liège. C’est là que, oint d’essences capiteuses, les poignets scellés de bracelets fluo, ton corps de dix-huit printemps exulte tandis que tu communies à la recherche de l’extase (on m’a dit que le chauve tatoué près des toilettes en avait...Tu vois le type à barbichette de Plug RTL ? Ben, c’est le grand à côté, sur la droite. Ok, merci). Techno, house, electro, drum’n’bass, dubstep, bass music, trap, y en a un peu plus, j’vous le mets ? A l’heure où nous mettons sous presse, sont annoncés : Boris Brejcha, Feder, Felix Jaehn, Galantis, Joachim Pasor, June Miller, Kungs, Lost Frequencies, Maztek B2B Misanthrop, Mugwump, Noir, Ronnie Flex & Lil Kleine, Sigala, Stereoclip, Teddy Killerz, Yellow Claw,... - Allo, Guy Lux ? Je vous demande infiniment pardon, Guy. Je n’y vois plus rien. Je n’ai rien à l’œil mais on m’a cassé les lunettes. Par conséquent nous allons voir comment nous allons faire le tir à la corde. www.lestransardentes.be
Feu ! Chatterton
28 janvier, Théâtre (Arras) 29 janvier, Aéronef (Lille) 10 mars, Rockhal (Esch-sur-Alzette, Lux) 19 mai, Cirque Royal (Bruxelles)
NYE 2015: Oscar Mulero, Johannes Heil, Paula Temple, Spacid, Border One, Mano Le Tough, Daniel Bortz, DKA, Amyn, Koodoo @ ArtCube, Gent, kozzmozz.com FCKNYE: Jeff Mills, Luke Slater, Mr. Magnetik, Rødhåd, La fine équipe, Everydayz; Black Sun Empire, Alix Perez, Icicle, Audio, DC Breaks, Ganja White Night, Phace, Tha Trickaz, Annix, Apashe, Billain, Salut c’est Cool, DJ Reedoo, DJ Suspect, Funky Bompa, Guts, Kwak, Vald, Alpha Wann, Convok, Deen Burbigo, Demi Portion, Eff Gee, Hamza, Hologram Lo’, Jazzy Bazz, Necro, Todiefor, Reggaebus Soundsystem, Mahom, Panda Dub, Vibronics, Weeding Dub, Alifer, Darktek, Gancher & Ruin, Hellfish, The DJ Producer, Nanaka, Ozzy Ozwald, Radium, Skud @ Event Brewery, Bruxelles, fcknyefestival.be NYE2016 with Attitude!: Compuphonic, Raw District, Surfing Leons, David Body, Archibald & Great Junk @ Le Cadran, Liège, lecadran.be Utopia NYE: Makasi, Neon, Davidov, Onepack x Bigbass, Sir Lanka, Dysfunkshunal, Black Frank, Duub @ Eskimofabriek, Gent, utopianye.be New Year’s Rave: Younes, Bastin, Mr.Grammy, Nick Dillinger, Hermine, 2Sounds, MNR ; Guaperas, Alec Ven, R-One, Sake @ Ikon, Antwerpen, ikonantwerp.com I♥3 NY 2016 : Jacklecoiffeur, Chateauvallon, Les DJs de Telefunk, Solskjaer, Savage, Electronic Lodge, Folie Douce, Hi Cool Kids, La Cabane, Les Bullet Sisters, … @ Reflektor, Liège, reflektor.be Johnny G. @ Auberge La Truite d’Argent, Houffalize, la-truite.org, Poplife NYE 2015: Nathan, Nathaniel, … @ Vooruit, Gent, poplife.be Lux New Year’s Eve : Keb Darge, Upsoul DJ’s ft Mr.Hanzo & Rocketsoul, Mixmonster Menno @ Zaal Lux, Gent, zaallux.be
vendredi 08 janvier Kris Dane, Lylac @ Ferme du Biereau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be The Guru Guru @ La Zone, Liège, ampersandmusic.be
samedi 09 janvier Mister Cover @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dub Addiction, Klap Ya Hanz, Alan Ritchie, DJ Sequence @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 10 janvier Louane, Arthur Revé @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Therion, Luciferian Light Orchestra, Ego Fall, Imperial Age @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be
mardi 12 janvier Lylac @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Ruines @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
mercredi 13 janvier Dominique A, Joseph D’Anvers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hinds @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 14 janvier Imagine Dragons @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, atelier.lu Alain Souchon & Laurent Voulzy @ Zénith, Lille, Fr, veroneproductions.com
vendredi 15 janvier
© Fanny Latour Lambert Crépitant dans le foyer depuis des mois, Feu! Chatterton incendie notre cœur avec ‘Ici le jour (a tout enseveli)’. Sans peur et sans reproche, le chevaleresque quintet domine son sujet : coup au plexus solaire de la chanson française qui n’en peut mais, ça envoie du bas gros poing puis y a l’ultra qui rentre. Que vive la chanson de geste. Mais déjà débute le show des vedettes, tout pareil comme sur le disque et les photos. La scénographie a logiquement été construite autour du chanteur à moustaches, habile bateleur. Dans la fosse, quelques femmes gloussent : il est vachement beau quand même! “Puis les pilules s’administrent d’elles-mêmes / Et je fais de l’alpinisme sur des montagnes russes”
Baaba Maal; Stoomboot @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Black Flower @ Flagey, Bruxelles, greenhousetalent.com Belpop Bonanza bis @ GC Den Breughel, Haacht Birds That Change Colour, Hidden Charms @ Auberge La Truite d’Argent, Houffalize, la-truite.org, Jah Shaka @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Filthy Broke Billionaires @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu
samedi 16 janvier Inna Modja, J-Yes @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Nuit du Rock : @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Calhau! @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, kraak.net René Binamé, Les Slugs, La Marmite, Crete Et Paquerette, DJ Pompom @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Jason Isbell, John Moreland @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Akro @ Ferme du Biereau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Machiavel @ Forum, Liège Zeus!, Vandal X, Polar Polar Polar Polar@ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be DJ Deep, Red D, Metrobox, Fabrice Lig, Globul, Dirty Monitor @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com
dimanche 17 janvier Radio Oorwoud @ AB-17u, Bruxelles, abconcerts.be Kevin Gates @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Scott Kelly, Chve, Soleil Noir @ L’Entrepôt, Arlon Dilly Dally @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
mercredi 20 janvier Lura @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Henry Rollins ‘spoken word’ @ Het Depot, Leuven
jeudi 21 janvier Urbanus en de Fanfaar, High Hi @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Las Hermanas Caronni @ Ferme du Biereau, Louvain-LaNeuve, fermedubiereau.be UK Subs, TV Smith, The Dyson’s @ Magasin 4, Bruxelles Henry Rollins ‘spoken word’ @ De Roma, Antwerpen, deroma.be He Died While Hunting @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Hozier @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Broken Back @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
vendredi 22 janvier Braublff @ Beursschouwburg, Bruxelles, kraak.net Teen Daze @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Prelude To DIsaster, Ignitions, Infected @ L’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be
samedi 23 janvier Les Transardentes: Boris Brejcha, Feder, Felix Jaehn, Galantis, Joachim Pastor, June Miller, Kungs, Lost Frequencies, Maztek B2B Misanthrop, Mugwump, Noir, Ronnie Flex & Lil Kleine, Sigala, Stereoclip, Teddy Killerz, Yellow Claw, … @ Halles des Foires, Liège, lestransardentes.be Walk This Way Revisited: Toxic Shock & Team Panini, Your Highness & Nomobs, Black Swarm & Halve Neuro + ElC, Incinerate & Straathonden, We’re Wolves & Spec Baby Flex, Mästürbätör & 10.000 Meta’s @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Steven Wilson @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Rising Sparks @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Collectif Eklektik Guys Frustration, La Jungle, Ours Blond, Polly Horse Club, Eklektik Guys @ L’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Ansatz Der Maschine @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
dimanche 24 janvier Lieven Tavernier @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Donots @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
lundi 25 janvier Lucinda Williams & Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Zaz @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Weltseele Dada: 100 jahre dadaismus @ Kulturfabrik, Esch/ Alzette, Lux, kulturfabrik.lu
mardi 26 janvier Nahko and Medicine For The People, Kim Churchill @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hozier @ Forest National, Bruxelles, livenation.be
mercredi 27 janvier The Maccabees @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Tribulation, Vampire, Grave Pleasures@ MOD, Hasselt Lee Ranaldo, Cian Nugent @ Vooruit, Gent, vooruit.be La Grande Sophie @ Théâtre Sebastopol, Lille, Fr, veroneproductions.com
jeudi 28 janvier Patty Griffin; La Grande Sophie @ AB, Bruxelles Golden Void, Holy Sons, One Man Brawl @ Sojo, Leuven, orangefactory.be Marble Sounds, Kim Janssen @ Trix, Antwerpen Night Beats, Dewolff @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
vendredi 29 janvier Stef Bos; Joe Bel, Sonnfjord @ AB, Bruxelles, abconcerts.be La Plie, Déjà Mu @ L’An Vert, Liège Mark Van Hoen, Aymeric De Tapol @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Henry Rollins ‘spoken word’ @ CC De Spil, Roeselare Paul Kalkbrenner @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Bollock Brothers, Nervous Shakes @ Magasin 4, Bruxelles Method Man & Redman @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Feu! Chatterton @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 30 janvier Nicki Bluhm & The Gramblers @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Tame Impala @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Cancer Bats @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be The Winery Dogs, Inglorious @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux, kulturfabrik.lu Birdy Nam Nam @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 31 janvier The Sound Of the Belgian Underground: Different Fountains, Orphan Swords, Wulfy Benzo, Roman Hiele, Mathieu Serruys, Youff, Kassett, Cocaine Piss, Shetahr, Mittland Och Leo @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Richie Campbell, 911 Band @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux Booba @ Zénith, Lille, Fr, veroneproductions.com
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