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www.rifraf.be Année 22 nr. 217 RifRaf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 Mechelen e.r. Mieke Deisz pas en janvier et août rifraf mars sort le 03/03
année 22 • fev ‘ 16
A chaque café son spéculoos Lotus, et à chaque tartine sa pâte à tartiner spéculoos Lotus. Ils sont jeunes, aiment la musique indé, pour certains le rock DIY, plusieurs ont même quelques albums de punk qui prennent la poussière sous le lit. La digue du cul non ce n’est pas le diable... Quand on leur pose la question, la plupart répondent qu’ils jouent dans un groupe rock, que Fat White Family, sont les nouveaux Sex Pistols - et le Mac DeMarco t’en penses quoi? Ce soir, ils font la bise à BJ Scott, des booty shake avec un jockey de la star academy, remercient poliment la dame en venant chercher leur biscuit à la cassonade un trophée d6bels awards. Elle est là, la génération Bataclan, attendant sagement que ça se passe, que sa se tasse - un spéculoos quelqu’un? - en sifflant des coupettes. Une bleuette explique que les amphis sont pleins, que c’est grâce à vous, que c’est une année formidable alors elle a fait un album pour toi, public. Pendant ce temps, Loïc notait que la surface du plateau est un chouia plus grande que sa loge chez Martin Bouygues. La digue la digue. Au premier tour des élections présidentielles / On faisait l’amour en regardant les résultats. Je t’ai vu un moment lever les yeux au ciel / C’était pour mieux voir le discours d’un candidat. Pour le folklore, on a répété un medley des titres de Lara Fabian réalisé conjointement par les Girls In Hawaii, Lemon Straw et, merde, comment s’appelle-t-il déjà. Mais Lara fit faux bond en s’excusant dans une lettre “pleine d’amour” et tout le monde a fait ouf. Et vous, les Cats On Trees, si vous deviez définir la musique belge en un mot? Et de répondre la bouche en cœur : la gé-né-ro-si-té. Parce que c’est pas tous les jours que tu signes un CDD pour faire Garou au Belgikistan. Un label manager apprêté pour l’occasion arbore une veste à écussons marins - Très tendance, et puis ça renforce ton côté vieux loup de mer, tempérait son épouse, catégorique chez Zara pas plus tard que samedi. En plus c’était dans la collection Balmain y a même pas quatre ans, l’instruisait-elle encore. Elle avait tiré un peu sur les manches, reculé le buste - attends, fais voir. Et on avait vu. Le thon Saupiquet, le Petit Navire, le Captain Iglo. Et glou, un type de BRNS tombe dans les bras de ses collègues d’usine, bien qu’il n’aime pas trop leur disque mais bon, il n’a pas encore trouvé le moment pour leur dire. C’est pas facile, ces choses-là. La dernière fois il a lâché : ouais, c’est cool, heuuu, quelqu’un reprend une bière? Dans quelques semaines, nos belges sacrés remettront ça pour les Octaves de la Musique sur la chaîne d’en face. Tony, cariste chez Colruyt, aurait entendu parler d’une précommande de trois palettes de mousseux. Dans ma rêverie je voyais ton gouvernement / Tu n’avais pris que des gens bien ça j’en suis sûr.
Toi aussi tu voulais présider autrement / Avec ton père en ministre de l’agriculture. Un moment, un grand fin de chez Pimp Mon Disque se hasarde à quelques pas de Lambada avec la chef produits de chez Vivagel bien sûr. Un cadreur s’approche furtivement, plie les genoux, l’ingé-son entend ses articulations qui grincent, veut immortaliser la scène d’ambiance aux parfums capiteux mais l’affaire ne prend pas. Ce n’est pas facile de faire du feu, ça s’est vu dans Koh-Lanta. Il fait chaud et Selah Sue. C’est le moment choisi par Dan Gagnon pour re-tweeter son post au sujet de l’otite de son chien. Un grand blond pense à sa mère. Et papa sera-t-il assez fier de ce que son fils est devenu? Backstage, Véronique rappelle à ses poulains comment on fait le cœur avec les doigts mais déjà tout est confus. A la fin, il n’en restera qu’un. Et surtout merci à vous! Des animateurs de radio de service public font des sketches d’animateurs de radio de service public en causant loin du micro. Tout le monde est gêné. Se succèdent les remettants. Et on a remis. Buvez, éliminez. Diane “a parfaitement compris les demi-mots que le Connétable, dont le vin de champagne égayait les esprits, glissait de temps en temps à l’oreille de Montaigu (...)” Elle chuchote avec des airs de conspiratrice : - Cet été, pour le Beau Vélo de Ravel, ça roule comme sur des roulettes! Boris sourit très fort, on jouerait de l’harmonica avec sa moustache. Alors je t’en prie ne te fie pas aux sondages / Les gens d’esprit y prêtent si peu d’attention. Tu voudrais convaincre les gens de notre âge / Je lutterai contre le taux d’abstention. Animal Collective est un groupe libre. Un big bang et le bug de l’an 2000. Ça ne court pas les rues, les groupes qui font bouger les lignes. Après, c’est toujours un tsunami qui déferle, quand tout le monde veut se goinfrer en soufflant sur les braises. Surtout quand on a hissé ‘Merriweather Post Pavilion’. Cul par-dessus tête. La digue du cul, la morale pour les dames / Faut dormir le cul nul / Nous dormirons le cul nul. / Vous dormirez le cul nu. Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire
rédaction Fabrice Delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 17/02 agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20/02 Layout Peggy Schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie Corelio printing, Erpe-Mere collaborateurs Nicolas Alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, Le Dark Chips, Patrick Foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, Eric Therer, Fabrice Vanoverberg,... dessins Issara Chitdara photo cover Steve Gullick Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 20 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB
‘La digue du cul’, chanson paillarde traditionnelle Arnaud Fleurent-Didier, ‘Je Voterai Pour Toi’ (‘Portrait du jeune homme en artiste’) Maurin de Pompigny ‘Le Faux mariage ou Clémentine et Montaigu’, mélodrame en trois actes.
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Australia’s best kept secret ? Well, sort of. Artiste pluridisciplinaire, Ross Manning étale entre son et mouvement un penchant ésotérique où les enregistrements électromagnétiques se confrontent aux instruments mus par un... ventilateur. Si le premier versant de son ‘Interlacing’ (Room40) n’a rien de fondamental, si ce n’est qu’il transperce les conventions avec un savoirfaire âpre qui nous fait regretter Roxanne Turcotte, il a la bonne idée de ne pas musarder en chemin, notamment lorsqu’il se balade du côté de z’ev, échappé au sommet du carillon. Le second exposé de l’électronicien aussie est encore plus mystérieux, bien que nettement plus acoustique. Imprévisibles, tantôt revêches, parfois hallucinantes, toujours bricolo, ses recherches accidentogènes dévoilent un sens aigu de l’improvisation involontaire où manque une ligne directrice claire. ★ ★ ★ Combo norvégien à la personnalité affirmée, et dès les premières secondes de son ‘Like Swimming’ (Hubro), The Island Band ne laisse rien traîner au plus douteux des hasards musicaux. Inclassable et enthousiasmante, la musique de Lars Myrvoll et sa dizaine d’acolytes nordiques est à la fois terriblement belle et intraitable. S’imaginant un univers formidablement fertile où les ancêtres ont pour nom György Ligeti, Marsen Jules, MoHa ou zeitkratzer, mais aussi une bonne partie de la clique du label - évidemment - norvégien +3dB, TIB dérive même du côté de la pop entre Flandre et Scandinavie, pour deux titres chantés à double voix qui en jette malgré un saxo envahissant (‘Swimming, Part 1 & 2’). Les intermèdes «mainstream» passés, les lignes de démarcation continuent de se fondre en un subtil magma aux frontières du jazz, de la musique contemporaine et de la musique concrète, pour notre plus grand plaisir. ★ ★ ★ Attention, projet totalement incongru en vue. Œuvre du compositeur Hans Tammen, adepte des préparations mécaniques, le plus souvent sur guitares, ‘Music For Choking Disklavier’ (Clang) se consacre comme son nom l’indique au Disklavier, un piano Yamaha capable de stocker des données pour les rejouer à l’identique - et on vous passe les détails techniques. Sous la plume de musicien allemand de New York, l’exercice évacue directement toute mauvaise imitation des as du piano. Contrôlé à distance par Tammen, l’instrument se mue en machine à percussions infernales, où les marteaux et les touches perdent la boule, à dessein. Si on devine le plaisir sadique du musicien fou planqué dans l’ombre à martyriser son ustensile, le plaisir vaguement masochiste de l’auditeur est variable au fil des tours de passepasse. On a bien accroché aux titres qui rappellent le terrifiant ‘Freiland Klaviermusik’ de Wolfgang Voigt, beaucoup moins sur les éraflures pseudorythmiques à rebrousse-poil. ★ ★ ★ Un nom inconnu au bataillon peut dissimuler d’excellentes surprises. Moitié du duo Keda, dont c’est la première apparition discographique, le Coréen E’Joung-Ju s’est toutefois embarqué dans l’aventure avec une vieille connaissance, le Nantais Mathias Delplanque (dont le ‘Passeports’ de 2008 veille toujours au grain de notre collection noise ambient) et pour inattendue qu’elle soit, leur confrontation atteint les sommets. Maître du geomungo, un instrument traditionnel à six cordes de la famille des citahres, E’Joung-Ju a enregistré en live ses pièces acoustiques, elles sont hors de tout cliché sentimental pour touristes oisifs, avant de les transférer à Delplanque qui les a manipulées électroniquement avec une minutie forçant l’admiration. Tout en respectant à merveille le travail de son camarade de jeux, l’artiste français a enrichi le propos au lieu de le dénaturer et le rendre illisible. A la fois franches et discrètes, ses interventions électroniques apportent un immense supplément d’âme à une musique qui se suffisait déjà à elle-même. Autant dire qu’on n’a pas fini d’en faire l’inventaire de ce ‘Hwal’, nouvelle sortie du précieux label belge Parenthèse Records. ★ ★ ★ Rendez-vous au Chili de Frank Benkho, alias solo du musicien électronique Mika Martini, sur ‘The Revelation According To Frank Benkho’ (Clang). Si les séquenceurs et autres synthés analogiques apportent une agréable touche chaude enveloppante sur les quatre titres de l’EP, à la fois accessible et aérien, les recherches musicales de l’artiste sud-américain ne s’arrêtent toutefois pas très loin. On songe, de loin plus que de près, à une collision volontaire entre l’écho débranché de Benge et un avatar pseudo-vintage de la mystérieuse Ursula Bogner, et vous avez déjà compris qu’on nage en arrière tel un ex-fan des sixties, petite baby doll. Et si ce n’est pas très rock’n roll, ce n’est pas très neuf (semaines et demi). ★ ★ ★ La chronique du présent ‘Ou’ de Lucrecia Dalt (Care Of Editions) s’est faite en deux temps deux mouvements. Une première tentative un mardi soir vers 23 heures était vouée à l’échec, la fatigue de l’un étant peu compatible avec l’exigence de l’autre. Deux cafés plus tard, le lendemain matin, tout s’éclaircissait dès les premières secondes, et la passion de ne plus lâcher l’objet, sixième de la Barcelonaise de Berlin. Si sa veine electronica l’entraîne, ô extase, du côté de Laurie Anderson, et ce n’est qu’une des voies d’approche, l’artiste catalane inscrit sa démarche entre intériorité spatiale (on n’est pas en Allemagne pour rien) et expansionnisme en marge de la pop telle qu’on la pratique du côté de Monika Enterprise ou de Warp. Empreinte d’une filiation cosmologique, la démarche de Lucrecia ne se contente pas, et c’est très heureux, d’une paresseuse énième revisite kosmische. Mieux encore, ses échos entre angoisse et halètements en font la bande-son idéale d’un film noir impressionniste où un Fritz Lang du vingt-et-unième siècle mettrait en scène un Billy Bob Thornton en pervers narcissique à bout de souffle. Tout ça. t e x t e Fa b r i ce Va n ov e r b e rg
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Berlin/Boncelles A regarder dans le rétroviseur du temps de plus près, la décennie des années 70 m’apparaît comme une sorte de période sublimée, parsemée de couleurs vives, de Noël enneigés, à tout jamais derrière moi mais demeurée logée quelque part dans une niche de ma boîte crânienne. Peut-être est-ce la marque indélébile de l’adolescence ou le souvenir que ma vie était alors en expansion, un long chemin se déroulant sous mes pieds qu’il suffisait d’emprunter ? A douze ans, mes goûts étaient hésitants. Je me souviens que j’arborai sur mon anorak des badges démesurés à l’effigie de The Saints et The Troggs, groupes dont je n’avais jamais entendu parler que mes parents m’avaient ramenés d’Angleterre. A vrai dire, j’étais davantage fasciné par les tubes disco et par Boney M qui venait de sortir son single ‘Sunny’ tandis que j’ignorais que l’Angleterre allait connaître son été punk. Un des premiers disques dont je fis l’acquisition fut ‘Low’ de David Bowie. J’avais entendu son nom plusieurs fois mais je ne parvenais pas à l’associer à une musique en particulier. Je pense avoir vu un de ses albums au pied de la chaîne stéréo Scott qui trônait dans le salon familial, à côté du feu-ouvert. Un des amis de mes parents avait dû l’oublier suite à sur surprise-party. C’est ma mère qui me vanta les mérites de son chant. Un jour, alors que je l’accompagnais pour les courses ménagères au supermarché GB de Boncelles, doté dans ces années d’un vrai rayon disques sis dans la même allée que les livres, je tombai sur le disque. Je me souviens distinctement avoir été ébahi à la vue de la pochette qui montrait un portait de profil Bowie se détachant sur un fond rouille orangé sans autre précision. Cette représentation était d’autant plus forte qu’aucun nom, aucun titre ne venait l’égayer. A la première vue, il m’avait été difficile de dire s’il s’agissait d’une photographie ou d’une peinture tant l’image me semblait surnaturelle. Ma mère m’offrit gracieusement le disque dont le coût était de 268 francs ainsi que l’étiquette restée collée au dos de la pochette me le rappela des années durant. J’y ajoutai au marqueur mon nom comme pour m’en assurer la pleine propriété. Je me rappelle avoir écouté le disque à l’automne car, dans ma souvenance, je lie les couleurs de la pochette à celles de la saison. A l’intérieur, une simple feuille reprenait les titres des morceaux et le nom des musiciens. Je regrettai amèrement de ne pas avoir accès aux paroles et me contentai de retenir les quelques références factuelles qu’il m’était donné à lire : durée des morceaux, auteurs des compositions, Tony Visconti producteur, lieu d’enregistrement… A vrai dire, j’avais écouté à satiété la face A mais je demeurais plus circonspect à l’écoute de la B. Elle ne comportait que quatre morceaux contre sept sur l’autre. Elle s’ouvrait sur une longue pièce très sombre dénommée ‘Warszawa’ qui m’évoquait la guerre froide et un monde de l’Est hors d’atteinte. De même, le nom de Berlin où l’album avait été en partie conçu ne cessait de revenir dans mes pensées, au point de les hanter. Il était mentionné qu’il avait été enregistré au studio Hansa by the Wall. Dans ma candeur juvénile, j’imaginai un studio à l’ombre du mur de béton, calfeutré, obturé afin de ne pas laisser passer le bruit de la ville et des rondes de soldats surveiller la ligne de démarcation. Berlin Est, Varsovie. En 1977, alors que la guerre froide battait son plein, ces villes m’apparaissaient comme des lieux immensément gris, privés de supermarchés et d’abondance, minés par la désillusion sans cesse croissante de leur population. Pour ma part, j’étais chanceux, loin de la frontière avec l’au-delà, je survivais à l’abri du tumulte du monde, dans la périphérie immédiate du GB de Boncelles où j’allais – l’histoire le confirmerait plus tard – me rendre de plus en plus souvent pour y acheter des disques et poser ainsi mes premiers actes de consommateur docile. Un disque : David Bowie, ‘Low’, Rca. t e x t e E r i c T h e re r
"Je n'étais qu'un gamin irritant, menteur et roux" Aphex Twin
Oh my Fucking ‘Gode’ ! Au dessus de la cheminée ou entre les fesses, le résultat est le même : une lente et longue montée au firmament. Pourtant, que vous soyez catholique ou onanique, André Bratten vous la met à l’envers en empruntant à son norvégien natal un mot double de sens signifiant le privilège d’un côté, ou un vétuste instrument agraire de l’autre. De là à conclure que dans ‘Gode’, il faut voir un message politique saupoudré d’un « c’était pourtant bien quand on était pauvres et fermiers… », il n’y a qu’un pas. De fait, de l’écoute se dégage une grande noirceur, une nostalgie et beaucoup de beauté. Comme pour la référence au titre, oubliez tout ce que vous saviez d’André avant de vous plonger dans cette pièce en 13 actes. Sur son nouvel album, le Norvégien bazarde le cahier des charges développé sur ses essais précédents. Ici, point de tech, encore moins de space-disco mais rien de moins qu’un dédale sonore des plus ambitieux et ambiancés. D’ambiance, il en joue, tout en progression et va-et-vient, entre tendances et registres jusqu’à nous brouiller les pistes et nous perdre dans un couloir qui finit par nous manger la queue. Et ce ne sont pas ces quelques mélodies perdues qui sonneront notre salut, l’insularité de cellesci renforçant la bizarrerie de ce qui les encadrent. Se manger la queue qu’on vous dit ! Si le pays de Lindstrøm n’avait déjà plus rien à prouver en matière d’électro, Bratten va cependant chercher ailleurs les textures de son propos. Poil au Brian Eno. ★ ★ ★ En choisissant le lévrier afghan comme symbole de leur pochette, Ost & Kjex ont fait le choix conscient du « beau mais con », comme un aveu. A l’inverse de leur compatriote précédemment évoqué, le duo norvégien utilise featurings et mélodies pour édulcorer leur propos électronique pourtant loin d’être honteux. Voyez donc dans ‘Freedom Wig’ un consommable facilement digeste avec risque de réminiscence cérébrale proche du zéro. Inutile et inoffensif, on vous déconseillerait toutefois de l’échanger contre dix barils de compilations lounge, vous y perdriez véritablement au change. ★ ★ ★ Patrons de (Butterz), Elijah & Skilliam auto-célèbrent une année plutôt marquante pour le grime et compilent ce qu’ils considèrent être le gratin du genre vocal (so british) en 2015. Au casting de ce double recueil, les noms ronflants s’entassent autant qu’ils s’enchaînent sur le sillon : Skepta, Wiley, Stormzy ou encore Kano, tous portés par des production allant de Plastician Pinch & Mumdance à Dernière Japon. A en croire les intéressés, le style serait sorti de la niche pendant l’année… Bizarre, on nous avait rien dit ! Le flow est incessant, le rythme rebondi et le tout agressif. Un plaisir pour les fans, un calvaire pour les autres ! ★ ★ ★ Dans une même logique, (Hospital Records) se la joue nostalgie des soirées « Warehouse » et nous déterre ses vieux invendus jungle et drum & bass dans ‘Fast Warehouse Music’. On déteste ou on adore, reste que la liste des invités est longue comme le bras. Longueur qui, il faut bien l’admettre, n’intéressera que ceux qui ont envie de s’en fourrer jusque là… « Darladiddadada.. » : Commix, Nu, Netsky, Anile, Lynx et bien d’autres… ★ ★ ★ C’est à croire que la house en viendrait à réclamer ses lettres de noblesse en 2016. Par l’entremise de Garry Todd, qui sait ? Loin de sa perfide Albion, Garry a ambiancé les nuits de Sidney tout en ouvrant les consciences aux univers plus pointus, comme ceux de Mattias Tanzmann ou encore Dixon. Portées par un groove contagieux et des sonorités originales, ses productions ont tout à tour ensorcelé Soul Clap, Ricardo Vilalobos et Carl Cox. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, c’est à Berlin, dans une maternité (BPitchControl) en reconstruction, que le britton a posé ses valises et enfanté son premier album ‘Nora Lillian’. Si le savant cocktail house/tech de Gary pouvait réapprendre l’art de l’ivresse à cette vieille ville toussotant, on en financerait l’Happy Hour avec joie. ★ ★ ★ Y a-t-il encore quelqu’un pour s’occuper de (One Little Indian Records) ? Si elle a perdu la majeure partie de ces auditeurs en chemin, Björk n’a, pour autant, jamais sombré dans la médiocrité. C’est pourtant, Dan Sartian, un de ses voisins de label, qui s‘illustre de la plus hideuse des manières en nous imposant ‘Century Plaza’. Déjà tête de liste des croûtes de 2016, voici un disque qui cumule stérilité, ringardise et non-savoir faire. Un album électro-pop qui placerait presque Nicola Testa au rang de David Bowie belge… ★ ★ ★ Et puisque les Maxis, c’est la vie…Vous serez ravis d’apprendre que (Kompakt) invite en ses rangs le jeune producteur espagnol Alex Under dont ‘Olas De Quila Quina’, un maxi de minimal (c’est amusant..), aura pour unique but de prendre de la place dans votre discothèque. Ou vous évitez d’acheter des compils à la con… Trois titres, un seul ennui. ★ ★ ★ Foncez par contre sur la techno assourdissante de Thomas Delecroix sur (Rive Droite Records). ‘Sliders’ et trois titres aux destinées et réussites différentes mais suffisamment acides pour s’offrir votre estomac. texte Le Dark Chips
Distance fixe Encore dix. Avachi par la bonne dose, je promenais ma pensée sur des souvenirs de l’école primaire, me rappelant le rituel de rang matinal imposé par le Professeur Marchand qui, d’un ton sec et ferme, disait ceci : « Distance…fixe ! Distance…fixe ! Distance…fixe ! ». En rang, deux par deux, chacun pouvait saisir l’épaule droite de son poursuivant. Une fois cela réglé, je pouvais monter en silence dans ma classe ; conscients de la chance que nous avions de pouvoir à nouveau nous rapprocher, les langues se reliaient. Encore neuf. Celle d’Henry, 12 ans, me disait dans le coin de l’oreille : « Il savait que la qualité d’une vie se mesure à la distance d’un père à son fils » (1). Encore huit. Moi, Arnaud, j’étais fâché. Je ne comprenais pas l’histoire de cette distance entre père, que je n’avais déjà plus, et moi-même; ressassant cette phrase du matin au soir, du soir au matin, je n’attendais plus que mon adolescence pour définir quelle est la bonne distance pour mon existence. Mais bon, la puberté m’a encombré, m’a noyé dans un univers sans tâche, sans mission à remplir. Encore sept. Ma jeunesse est sans équivoque, je tombe dans la dépendance, accen-tuant les distances avec mes congénères au point de les faire disparaître. Encore six. Je fais des promesses, me rebiffe, rechute, retombe, repâlis. Aujourd’hui, comme tous les jours, je sors pour aller dans les pharmacies à la recherche d’une plaquette; on me méprise en me disant que l’effort me sortira (…), qu’il suffit de rester « à distance du produit » (…). Je conceptualise que je veux être le ver dans le fruit; nectar pourri d’un amour faisandé. Encore cinq. Basant l’essentiel de ma journée sur la masturbation médicamenteuse et sur le désespoir comme une forme d’orgueil déguisé, ma vie est d’un incalculable ennui…ça, me disais-je, ça fait vraiment trop Robert Luchini ! En terme d’onanisme, le Luchini est un champion, celui qui mesure à merveille ce que distance peut faire évoquer comme proximité…Encore quatre. Je me mets à dévisser, euh non, délirer…Le temps presse mais « je dois attendre que ma vie passe ». Immobilisme. Je voudrais louer des rides pour m’avancer dans la vie, me mettre à distance de mon enfance malheureuse. (A propos de rides, singeant les montagnes russes, je pense que c’est ma bipolarité à moi). Encore trois. Aujourd’hui, la distance avec le temps m’épuise, me sentant si concerné par la mort. « A partir du moment où vous commenciez à trinquer, vous aviez achevé la transition vers l’âge adulte » (2). Trinquer ? Mais je ne fais que cela bon sang…je trinque à la santé du tranquillisant. Ma vérité est donc dans ma boîte de médicaments. Plus que deux. Je tente la pharmacie, temple citoyen. Sauf le dimanche, trop cher. Sans ordonnance. Je devais et j’aurai du m’arranger, compter les réserves, anticiper. Tout cela pour faire naître l’idée que je n’ai commis qu’une seule erreur depuis que je suis né : croire qu’on remplace sa rou(t)e par une rou(t)e de secours. Je m’enfile le dernier en écoutant ‘Les Tendres Plaintes’ (3). A la mort de mes parents, je me suis retrouvé sans deuxième chance. Même les classiques de jazz que son père me faisait écouter auraient pu me faire croire qu’il me resterait la musique pour m’en sortir. Je ne fus même pas saltimbanque. Les mélodies des médicaments accélèrent le processus de l’abîme. Itinéraire d’un enfant pourri gâté (pléonasme). La boîte est vide, la neige fige. (1) ‘L’Intranquille autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou’ de Gérard Garrouste, p. 101 Ed. Livre de Poche (2)’Les Intéressants’ de Meg Wolitzer, p. 311 Ed. Rue Fromentin (3) Jean-Philippe Rameau, ‘Les Tendres Plaintes’, suite en ré. Coll. 1001 Notes (2012)
t e x t e A n y s A m i re e t Fra n ço i s G e o rg e s
Animal Collective
06
t e x t e N i c o l a s A l s t e e n I p h o t o To m A n d r e w
Animal Collective est un symbole, l’algorithme élémentaire d’un son universel, le porte-drapeau d’une esthétique née entre deux siècles. Si l’informatique n’a pas eu son bug de l’an 2000, la musique pop, elle, s’est laissée détraquée par des musiciens convaincus de pouvoir rassembler substances organiques et électroniques autour d’un grand feu psychédélique. Sortes de hippies reformatés ou de pirates réformateurs, les mecs d’Animal Collective ont courtcircuité la scène alternative depuis Brooklyn, épicentre d’un séisme dont l’amplitude reste encore à définir. Après une flopée de disques essentiels et un climax (‘Merriweather Post Pavilion’), la bête s’est retirée. On l’imaginait battue, siphonnée, totalement ravagée à force d’expérimenter. Mais voilà qu’Animal Collective refait surface. En beauté. Loin de New York. Au carrefour des genres et du monde, ‘Painting With’ rebondit comme une balle de ping-pong fluorescente, superpuissante.
Instinct primal et coups de pinceaux Dans sa version 2016, Animal Collective est une bestiole tricéphale. Le groupe se structure autour de vos idées, celles de Geologist (Brian Weitz) et Avey Tare (Dave Portner). Aujourd’hui, vous vivez à Lisbonne, Brian habite du côté de Washington et Dave à Los Angeles. Au début du siècle, votre groupe a redéfini l’esthétique pop depuis Brooklyn. Animal Collective était le son de New York. Quel est votre rapport à la ville, désormais ? Noah Lennox : « Je n’ai presque plus d’amis à New York...Une partie de la scène new-yorkaise des années 2000 a migré vers la Californie. La vie new-yorkaise est devenue impossible. Même à Brooklyn, les loyers atteignent des sommets. C’est impayable. Du coup, tout le monde bouge. Les gens ont longtemps considéré notre groupe comme un pur produit new-yorkais. Aujourd’hui, tout est différent. On a coupé tous nos liens avec la ville. J’aime encore y revenir de temps à autres, y passer quelques jours. Du reste, ça ne me manque pas. J’ai même quelques mauvais souvenirs en stock. Pour la musique et les sports, New York reste un endroit extraordinaire. Pour le reste, c’est vraiment la jungle urbaine. Il faut être fort pour survivre là-bas. » Avant, Animal Collective était un quatuor. Où est passé Deakin (Joshua Dibb) dans cette histoire ? Noah Lennox : « Il n’est pas présent ici, mais rien n’empêche son retour plus tard, sur un autre disque. Animal Collective est une entité fluctuante. Les éléments vont et viennent depuis le début de l’aventure. On s’est toujours positionné comme un groupe à géométrie variable. Quand on a abordé l’éventualité d’un nouvel album, Deakin était impliqué dans d’autres projets. Il s’est rapidement avéré qu’il souhaitait d’abord finaliser tout ça
tranquillement. C’est pour cette raison qu’on s’est lancé dans ‘Painting With’ sans lui. Aujourd’hui, Deakin habite à Baltimore. On s’appelle régulièrement, on se tient au courant. » Compte-tenu de la distance qui sépare désormais chaque cheville ouvrière d’Animal Collective, comment procédez-vous pour mettre en œuvre un disque ? Noah Lennox : « Cette fois, le processus a commencé avec quelques SMS. Un soir, Dave m’a envoyé un message en me demandant d’écrire quelques mots : des idées auxquelles raccrocher notre processus créatif. Dans la foulée, on a mis Brian dans la boucle et les thèmes ont commencé à fuser. Les mots « cercle », « homme préhistorique », « Beatles », « dinosaure », « Ramones » et « électronique » ont émergé de nos discussions. Ce ne sont en aucun cas des références, plutôt des impulsions, des leitmotivs dans lesquels on a puisé une humeur, une énergie particulière. On s’est ensuite lancé un défi : écrire neuf morceaux, séparément, chacun dans son coin. La première fois qu’on s’est retrouvé physiquement tous les trois, c’était en terrain neutre, à Asheville, en Caroline du Nord. Lâché comme ça, l’endroit résonne un peu comme le rendez-vous d’un échange de stupéfiants. En réalité, Asheville se situait à l’intersection de nos trois positions. À l’époque, j’étais sur la route pour la tournée de Panda Bear. J’avais une date prévue à Nashville, dans le Tennessee. Juste à côté de la Caroline du Nord. Bref, on s’est retrouvé à Asheville pour mettre nos compos en commun. C’était comme un puzzle. Super facile à assembler. Deux mois plus tard, on était en studio pour enregistrer le nouvel album. À côté de ça, on voulait aussi accorder un soin particulier au chant. Sur mon dernier album solo, il y a un morceau intitulé ‘Boys Latin’ où les
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La Smala + Le Gouffre SAT 13.02 Coca-Cola Sessions harmonies vocales se révèlent en cascade. Je voulais rééditer ce genre d’expérience sur le disque d’Animal Collective. Dave n’était pas contraire. On a donc envisagé une technique à deux voix distinctes et, paradoxalement, parfaitement assorties. Cette forme de « deux en un » nous a complètement obsédé pendant l’enregistrement. » Comment as-tu développé cette passion pour les harmonies vocales ? Noah Lennox : « Ça remonte à l’enfance. Quand j’étais en primaire en Pennsylvanie, je faisais partie d’une chorale. Je me souviens qu’on découpait les chants en différentes sections. Les mélodies semblaient partir dans tous les sens. Pourtant, on pouvait clairement déceler qui chantait quoi. Ces souvenirs me hantent depuis toujours. Le chant mis au point par le compositeur américain Moondog me fascine aussi depuis un moment. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut rapprocher mon chant de son œuvre… Toujours est-il que ça me parle vraiment. » Sur ‘Painting With’, on croise deux invités prestigieux. Le saxophoniste Colin Stetson (collaborateur d’Arcade Fire, Tom Waits ou Bon Iver) est en action sur un tube élastique baptisé ‘FloriDaDa’. Et puis, il y a le morceau ‘HocusPocus’ qui enferme des drones conçus par John Cale (ex-Velvet Underground). Comment sont-ils arrivés sur l’album ? Noah Lennox : « Pour ‘FloriDaDa’, il manquait un pont pour relier les différentes parties du morceau. On souhaitait intégrer des cuivres. On a directement songé à Colin Stetson. On adore son boulot. Il s’est arrangé pour nous rejoindre en studio. En quelques heures, l’affaire était pliée. C’est vraiment un incroyable saxophoniste. On connaît John Cale via la sœur de Dave (Avey Tare, ndr). Elle réalise des vidéos pour ses performances. À l’origine, il devait jouer du violon sur la chanson ‘HocusPocus’. C’est ce qu’il a fait. Mais ça ne collait pas. Alors, il a improvisé, imaginant toutes sortes de choses avec des synthés modulés et autres instruments manipulés autrement. Au final, on entend ses interventions sonores sur ‘HocusPocus’ et sur la transition qui amène le morceau suivant, ‘Vertical’. » Votre album s’intitule ‘Painting With’. On peut imaginer qu’un morceau comme ‘FloriDaDa’ est un clin d’œil au dadaïsme. Par ailleurs, le disque débarque dans les bacs sous trois pochettes différentes, dessinées par le peintre Brian DeGraw. Peut-on faire une analogie entre votre musique et la peinture ? Noah Lennox : « Certainement. Je me sens un peu comme le peintre qui actionne ses pinceaux sans pouvoir théoriser sa pratique. Il peint parce qu’il a une idée en tête. Ça s’arrête là. Moi, en l’état, je suis incapable de transcrire ma musique sur une partition. Je vais même aller plus loin : si on me demande de faire un La Majeur sur une guitare, je vais devoir réfléchir longuement avant de poser mes doigts sur les cordes. Alors qu’instinctivement, je joue du La Majeur au quotidien. Disons que je ne mets plus de notes sur la musique d’Animal Collective. C’est juste du ressenti. La retranscription instantanée d’émotions abstraites. Avec le temps, pour communiquer entre nous, on s’est mis à parler de notre musique avec un lexique emprunté au monde de la peinture. On cherche à produire quelque chose de « plus coloré », à utiliser d’autres « nuances », de nouvelles « palettes », à superposer les « textures ». Tout ça nous a rapprochés de la peinture. Le cubisme constitue d’ailleurs une influence majeure dans notre façon d’aborder la création et de concevoir les chansons. »
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Un disque : ‘Painting With’ (Domino/V2) Suivez le guide : www.myanimalhome.net
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Josephine Foster
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t e x t e Fa b r i c e Va n o v e r b e r g
Une artiste unique en son genre. Dont les sources de la félicité remontent tant aux classiques de la littérature, de James Joyce à Rudyard Kipling, qu’aux grands noms du songwriting folk, ils vont de Bridget St John à Joni Mitchell. Un parcours sans faute, entamé sous le duo Born Heller, poursuivi par l’extraordinaire premier album ‘Hazel Eyes, I Will Lead You’. Avant que de branche en branche, elle ne tisse une forêt hallucinée, tressée de sa guitare virtuose et de sa voix sublime. Viva Colorado. Josephine Foster : « Il fait frais ce matin à Madrid, heureusement le soleil brille. » Alors qu’ici à Bruxelles, il pleut. Tu es déjà venue en Belgique, je me souviens t’avoir vue en concert dans un petit théâtre d’Ixelles et en première partie de Bridget St John au Vooruit. As-tu des souvenirs de tes passages chez nous? JF : « Les souvenirs que j’ai de mes concerts et de mes passages dans les différents pays que je visite sont avant tout liés à des émotions. Je ne pourrai pas te faire une description précise, tout ce que je peux te dire, c’est que j’ai passé de merveilleux moments là-bas. » Bridget St John est une artiste que tu admires, je crois. JF : « Oui, j’adore sa musique et c’est vraiment quelqu’un que j’admire. Rien qu’à mentionner son nom, j’entends sa mélodie dans ma tête, immédiatement. » Une chanson particulière ou un sentiment général? JF : « Oh, simplement ses réflexions douces-amères sur la vie urbaine. Je ne suis à Madrid que pour quelques semaines, je profite donc de ce temps dans la métropole espagnole mais je sais que ce n’est pas un endroit où je me sens chez moi. » Tu vis pourtant en Espagne, non? JF : « Oui. » Et malgré ça, tu ne te sens toujours pas chez toi en ville? JF : « A la fois, ça me stimule et ça m’inspire et en même temps, je ne peux pas dire que je m’y sente à l’aise. » Tu es originaire du Colorado, c’est là que tu as grandi. Penses-tu qu’il y a un lien entre ce mal-être dans les grandes villes et le fait que tu viens d’un environnement où la nature tenait une grande place? JF : « Ça pourrait être aussi simple que ça, je ne sais pas. Quand j’étais gosse, je devais juste sortir de chez
Les prédateurs moi pour grimper la montagne derrière la maison et les animaux en descendaient pour se mêler aux êtres humains. C’est un sentiment que j’apprécie. Même si certains de ses animaux sont des prédateurs, je préfère ce type de prédateurs aux prédateurs humains. » A quel genre de personnes fais-tu référence? JF : « Tu sais, il y a beaucoup de souffrances en ce monde et tellement de gens sont abîmés par les structures que les humains ont mises en place. C’est pour ça qu’à mon avis, des hommes et des femmes deviennent la proie de leurs semblables. » Au vu de ton mal-être au milieu de la grande ville, ne penses-tu pas être agoraphobe? JF : « Agoraphobe, non, juste un peu claustrophobe... (elle réfléchit une dizaine de secondes). C’est marrant, en fait je viens de me rendre compte que c’est une autre forme d’agoraphobie. » Pour rester dans le sujet, quels auteurs et chanteurs sont pour toi les meilleurs représentants d’un univers où la vie urbaine est douce-amère? JF : « Euh... Rodriguez évidemment (le ‘Sugar Man’, ndr), Joni Mitchell aussi. Pour de nombreux poètes depuis l’ère industrielle, ça semble être un thème majeur. » Pourquoi Rodriguez et Joni Mitchell en particulier? JF : « Je crois qu’ils font preuve d’énormément d’empathie envers ceux qu’ils critiquent. C’est impossible de dissocier leur personnalité du rythme urbain intrinsèque de leurs œuvres. » D’une manière générale, te sens-tu proche d’un auteur comme Paul Auster, dont toute l’œuvre est empreinte du rythme trépidant de la vie new-yorkaise? JF : « Je ne connais pas bien son travail, à vrai dire. Je suis plus à l’aise pour parler des auteurs des seventies. » Ton nouvel album ‘No More Lamps In The Morning’ est une collection de tes propres morceaux, que tu as réenregistrés en compagnie de ton mari Victor Herrero. Si le titre fait référence à ton ancien duo Born Heller, comment s’est passé le processus de sélection des chansons? JF : « C’est un titre que j’ai écrit en 2002 ou 2003, je ne sais plus trop. L’enregistrement originel de ‘No More Lamps In The Morning’ était sur le disque éponyme de Born Heller et mon comparse Jason Ajemian m’accompagnait à la contrebasse. Le choix des morceaux s’est fait selon un seul critère: je voulais en réenregistrer certains car ils sont plus cohérents avec mon univers actuel que dans leur version originelle, je pense à des titres comme ‘No More Lamps In The
Morning’ ou ‘A Thimbleful Of Milk’. A côté de ça, je voulais partager ces nouvelles atmosphères avec Victor à la guitare portugaise et l’ensemble sonne différemment hors du contexte ancien des précédents albums. » En parlant d’anciens enregistrements, ta collection de Lieder allemands ‘A Wolf In Sheep’s Clothing’ où tu reprenais à ta sauce Schubert, Brahms ou Schumann est un des disques les plus incroyables que j’ai entendus... JF : « Oh, je suis vraiment contente que le disque t’ai plu.... » Par ailleurs, tu n’hésites pas t’attaquer à de grands auteurs comme Goethe, James Joyce ou Rudyard Kipling. Une voie que tu souhaites poursuivre? JF : « Ce sont des inspirations spontanées que j’ai de temps à autre, ce ne sont certainement pas des projets planifiés à long terme. Ce qui est vraiment merveilleux, c’est de pouvoir intégrer un poème à une mélodie pour s’en servir d’outil de méditation personnelle, mais aussi comme exercice de mémoire. Pour moi, le meilleur moment est quand le poème quitte la page pour s’incarner dans notre corps. C’est un sentiment unique. » Un disque : ‘No More Lamps In The Morning’ (Fire Records)
Josephine Foster ‘No More Lamps In The Morning’ Fire Records
Forte d’une carrière d’une dizaine d’albums, Josephine Foster s’est dit que le temps d’un premier bilan était venu. Nulle nostalgie ne sous-tend cette revisite, simplement la volonté de sortir quelques chansons de leur écrin originel pour leur offrir un cadre plus adapté à leur grande valeur musicale. Loin d’être une simple compilation, les sept morceaux réenregistrés montrent à quel point la songwriter du Colorado est une immense artiste. Notamment grâce à la guitare portugaise de son comparse de mari, l’Espagnol Victor Herrero, et au violoncelle de l’Islandaise Gyda Valtysdottir (sur deux titres), l’univers fostérien conserve en 2016 tout le mystère envoûtant qu’on lui connaît, sous un habillage différent. Un peu, beaucoup, à la folie. (fv)
Stranded Horse
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t e x t e A n n e - L i s e R e m a c l e I p h o t o Pa s c a l A m o y e l
De sa période Encre, on conservait en nous le ‘Flux’ compact, les mots aiguisés. Avec Stranded Horse et sa kora comme épine dorsale, avaient surgi d’autres façons d’accueillir les brèches, d’accepter le mordançage du ‘Sel’. À l’écoute de ‘Luxe’, toile métisse brodée à points d’or entre Dakar, la France, et d’autres territoires où collecter des pistes, on a palpé la disponibilité au monde d’un musicien qui se laisse titiller par ses envies, qui n’a pas peur de ‘Refondre les Hémisphères’.
Sissoko, son cousin et maître : une même pâte. Et une ouverture dans la manière dont il se greffe sur des formes de musiques différentes. La deuxième figure imposée, c’est une résidence au Théâtre National de Toulouse, pour laquelle on me demandait d’imaginer un line-up étayé. On s’est concertés avec Carla Pallone (Mansfield Tya), ma violoniste sur ‘Humbling Tides’, et Julien de Murailles. J’aimais beaucoup le travail de Gaspar Claus au violoncelle, et Carla avait ses habitudes avec Christelle Lassort (la deuxième violoniste sur ‘Luxe’) qui, elle, connaissait Gaspar. On a assemblé ce trio sur cette résidence, puis ils ont continué sous le nom Vacarme. La troisième facette, c’est la présence d’Eloïse Decazes. J’avais fait pas mal de dates avec Arlt et j’aime beaucoup leur travail. Je voulais équilibrer l’album entre répertoire anglais et français. J’ai connecté cette envie avec celle
un yankee pur jus qui a émigré en Angleterre, puis a été découvert par Paul Simon. » ‘Luxe’ comporte aussi ‘À qui dois-tu montrer les dents ?’, un écho de ‘Foehn’, emblématique de ta période Encre… Yann : « Eh bien non (rires) ! En fait, c’est l’arrangement d’origine du morceau, qui figurait sur une démo circa 96 ou 97. Le thème de clavier a été rajouté, la mélodie de voix et le mélange de guitare et kora sont proches de ce qui existait dans la première version. Les textes de 97 étaient très similaires à ceux de ‘Foehn’, à quelques maladresses d’écriture près. J’ai réécrit les paroles pour essayer de leur faire suivre un fil thématique qui corresponde plus à l’idée du disque. » C’est une façon de réconcilier toutes les parties de ton histoire musicale ? Yann : « Peut-être. Et puis je me suis dit : « C’est cellelà la meilleure, et tu ne l’as jamais sortie». À partir du moment où je l’ai enregistrée pour le premier Encre, elle est devenue beaucoup plus anxiogène, industrielle alors qu’à l’origine, c’est plutôt ce morceau très détaché. Un peu nostalgique, mais plutôt léger dans la tonalité. Ça va peutêtre paraître un peu ovniesque mais ce disque est tellement patchwork, que ça ne m’inquiète pas trop non plus. » Patchwork et cohérent : j’aime ces « planètes » disséminées dans l’album. Yann : « Je voulais essayer de me surprendre un peu plus, me laisser aller à mes envies. Mon travail est en mutation mais pas antinomique par rapport à mon histoire. Revenir au français et au travail de cordes, et à une certaine idée de l’orchestral participe aussi de ça. Les moyens dans Encre n’étaient pas les mêmes – c’était plus à base de samples – mais les intentions étaient proches, les attirances pour certaines sonorités restent en correspondance. » Faire de la musique, c’est une façon de lutter contre tes tiraillements, voire contre ceux du monde – celui qui « se referme » quand tu cherches à t’ouvrir à lui (d’après ‘Monde’) ? Yann : « Un morceau naît souvent de tensions irrésolues chez moi, il faut quelque chose qui m’agite pour écrire. J’ai le souci de cadrer avec ce qui m’anime sur l’instant. Il y a plus de vérité et de vivant lorsqu’on accepte un côté crypté que si l’on force la lisibilité par le contrôle. Paradoxalement, j’essaie toujours de dire quelque chose de précis. J’estime qu’être fidèle à mes tiraillements a plus de force poétique, même si c’est un lieu commun. Pour le texte de ‘Monde’ en particulier, il ne se réduit pas à définir son auteur comme celui qui s’ouvre alors que son monde se ferme. Il entend interroger l’auditeur, ou moi-même, sur cette certitude d’être celui qui s’ouvre. Retranscrire le vertige que représentent parfois ces incertitudes. »
À foison ? Au beau fixe ! Yann Tambour : « À la base, j’avais appelé cet album ‘Lux’ parce qu’il y a énormément de références à la lumière dans les textes. À Dakar, le premier truc qui est frappant, c’est que la lumière est folle. Ça faisait aussi écho à ‘Flux’ d’Encre, avec une succession de caractères communs. Puis, j’ai rajouté un « e » et ça m’a fait mourir de rire. J’ai tourné beaucoup à travers le monde, j’ai des amis un peu partout que je recroise de manière rituelle. J’ai comme des microvies, je peux revenir dans des endroits qui me sont chers régulièrement. Je considère ma vie luxueuse, mais dans un sens qui s’oppose à cette sombre arnaque qui fait appel à des instincts parmi les plus ravageurs en ce moment. Si je devais résumer, ça serait « le luxe est ailleurs » ...» Vous êtes onze sur cet album…une envie de « faire tribu » ? Yann : « Ce n’est pas à proprement parler une tribu: plutôt un projet individuel auquel se greffent des gens qui l’habitent de manière occasionnelle. Ça s’est nourri de rencontres parfois suggérées, de figures imposées. Jouer avec un joueur traditionnel de kora m’a été proposé par un festival à Dijon en 2008 : ça m’a permis de sauter des barrières que je n’aurais pas franchies seul. Ensuite, on m’a offert une résidence à Dakar : une aubaine, qui répondait à des besoins. Je gardais à l’idée un album où le pivot central serait la rencontre entre ma manière de jouer et celle d’un digne héritier de cette culture-là. Les musiciens qu’on m’a présentés à l’Institut français étaient déjà signés sur des labels assez formatés et je voulais quelqu’un qui place le projet plus haut sur son échelle de priorités. Antoine, mon ingé son, m’a envoyé une vidéo de Boubacar Cissokho qui faisait de la kora dans le désert à Bamako et j’ai été vraiment charmé par sa manière de jouer. Ça a collé tout de suite. Je n’ai pas une approche traditionnelle de la kora, mais j’ai retrouvé avec Bouba des habitudes de jeu similaires à celles de Ballaké
de collaborer avec Eloïse et cette base-là rajoutait encore une autre teinte à ‘Luxe’. J’adore l’idée de morceaux de chanson française purs et durs. J’y ai toujours touché de près ou de loin, mais sans jamais aborder un format plus classique. Je les ai écrits dans cette optique, mais essayé d’être plus déroutant ailleurs, notamment avec le partage des voix, ou dans ‘Monde’, avec les rebondissements de mots ou les phrases coupées en deux. Je trouvais que ça nous allait bien comme modulations. » Parlons de ce magnifique ‘My Name is Carnival’ que tu emmènes à 1000 lieues de l’univers d’origine. Yann : « Lors de la résidence de 2012, un an après la sortie d’’Humbling Tides’, j’avais assez peu de matière neuve. Par contre, il y avait ces reprises, dont celle de Jackson C. Frank que je jouais sur scène. Ce qui m’avait marqué, c’est son jeu d’arpèges. Il arrive qu’il y ait des proximités avec des musiciens folk que j’écoute, mais celle-ci était vraiment criante. J’étais séduit par la musique et l’histoire du type, singulière. Quand il a fallu se lancer au Sénégal, on ne savait pas trop par où débuter, mais on avait du temps: j’ai fait deux reprises pour voir ce que ça donnerait. Sur la version du disque, il y a vraiment toute l’orchestration mandingue : le riti, le balafon et la kora. A posteriori, une boucle est bouclée: j’ai toujours été obsédé par ces correspondances entre fingerpicking anglo-saxon et musique issue des cordophones africains. La manière dont ça a traversé l’océan et comment ça a transpiré dans le folk américain issu de l’esclavage au travers de gens comme Mississipi John Hurt. J’avais fantasmé ce lien en écoutant de la kora pour la première fois, en retraçant des jonctions entre les disques que je découvrais et ceux que je connaissais déjà. Mais ce n’était pas si saugrenu, vu que Scorcese a fait le documentaire ‘Du Mali au Mississipi’. Dans le cas de Jackson C. Frank, il y a une déterritorialisation supplémentaire, puisque c’est
Un disque : ‘Luxe’ (Talitres /V2) I Suivez le guide : http://www.talitres.com/fr/artistes/stranded-horse.html
Fat White Family
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t e x t e A n t o i n e M e e r s s e m a n , a v e c l ’ a i m a b l e p a r t i c i p a t i o n d e J. E t J. M e e r s s e m a n I p h o t o S t e v e G u l l i c k
Les Fat White savent comment brûler la chandelle par les deux bouts. Mais malgré des frasques presque pas croyables, des défonces longues de plus de deux ans, les plus gros tocards du Royaume-Uni parviennent à nous pondre un putain de disque intemporel, un effrayant cabaret glam trash et obscène où l’on imaginerait aisément des SS en bas résille charmer le client dans un sous-sol enfumé par des vapeurs de MST. Comme si John Waters réalisait Velvet Goldmine dans les toilettes du DNA face à nous, pauvres spectateurs (mouches?) logés au fond de l’urinoir, abandonnés à nos bas-instincts et franchement disposés à communier dans une marre de pisse.
Qu’est-ce que vous pouvez bien foutre à Palm Spring avec un tas de vieux ? C’est l’endroit où les Californiens vont pour mourir... Vous êtes dans une piscine à siroter un cocktail ? Lias Saoudi : « On y est avec une vieille personne, notre manager, qui vit ici ! C’est un bel endroit pour mourir, c’est clair ! Là, il est dans un bain à bulles, juste à côté d’une piscine. »
calmes. C’est un peu compliqué de composer un disque en tournée, de passer d’une expérience à l’autre. Lors de la prochaine tournée, pour être honnête, je pense qu’on devrait se calmer un peu. Tout ça te ruine. Après deux ans, on a terminé à seulement 50% du personnel de départ... Mais je crois qu’avec le line up actuel, on est vraiment sur la même longueur d’onde. Je crois qu’on est bien plus préparés que par le passé. »
Votre disque sort bientôt : ça vous excite ? Il vous a pris combien de temps ? Lias : « Je crois qu’on aimerait déjà passer à autre chose, tu vois ? On l’a fini il y a un bout de temps. Je ne saurais pas te dire combien de temps l’écriture du disque a duré. Pas mal d’idées du disque ont émergé il y a bien longtemps. Mais une fois qu’on a mis les pieds en studio, on l’a bouclé en une période de six mois. On l’a commencé aux États-Unis, terminé à Londres. Dans la même optique que le précédent. Il n’y a pas eu de changement radical. » Apparemment Saul ne sera pas de la tournée... Lias : « Si, il sera là finalement. Il a juste pris un peu de temps libre. Il avait besoin de faire une pause. Comme nous tous! » La tournée précédente était trop éprouvante ? Lias : « On a tourné pendant deux ans. Énormément. C’était une expérience intéressante. Une première, pour ma part. Et j’adore ça, ça ne m’a jamais lassé. Je pense qu’on avait toujours assez d’énergie pour nos shows... Je prends le fait de jouer devant une foule chaque soir, de voyager grâce à la musique comme une sorte de bénédiction. Au début, tu te rends compte que tu peux faire la fête tous les soirs, à l’infini, sans répercussion sur tes relations, sur ta santé et sur ta créativité. Puis à un moment, tu te
Qu’est-ce qui a été un moteur pour vous... L’urgence ? L’anxiété ? Lias : « Les deux. Il y a toujours la peur de retourner au chômage, de devoir livrer des pizzas pour vivre. Tout ça n’est pas si loin de nous. Au départ on n’avait pas vraiment d’attentes, on faisait juste de la musique dans notre coin, le week-end. C’était vraiment une surprise pour nous d’arriver là où on est. Et ça change un peu le rapport que tu as avec ton public. Tu te demandes si le public le remarque. Que ce soit ton sentiment d’urgence ou d’anxiété. » Quand tu te retrouves à Paris à cracher du sang sur scène, que tu finis la tournée avec une pneumonie, tu te dis que tu vis ton rêve ou que tout est en train de s’écrouler ? Lias : « J’étais prêt à me mettre dans cet état. Et, finalement, très heureux d’y arriver. J’étais vraiment malade, mais c’était mon propre choix. Je n’avais pas quelqu’un avec un fouet qui me disait quoi faire de ma vie. Mais quand un truc comme ça t’arrive, c’est une sorte de sonnette d’alarme, c’est clair. J’ai été hospitalisé pendant un certain temps et c’était affreux, je n’avais plus été comme ça depuis longtemps ! Quand on a commencé, je me comportais à chaque concert comme si j’étais au
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14.02.2016 SHEARWATER US
© Sarah Cass
pub ! À chaque show, j’étais complètement défoncé. Tu ne peux pas le faire tous les soirs. Tu finis par t’effondrer. » Saul Adamczewski : « On va envisager la nouvelle tournée... Sobres. Nous nettoyer un peu. Même si les drogues ont eu une grosse influence sur l’album. Le prochain sera fait de cascades, de paix, d’amour. De licornes et plein d’autres trucs! » Comment s’est passé votre passage de la scène DIY au succès critique actuel ? Lias : « Quelques personnes nous ont soutenus dès le début, dans la presse par exemple. Comme John Doran au Quietus. On vivait à Berlin à cette époque-là. On a été mis en contact avec Wyndham Wallace qui a accepté de faire un show avec nous à Londres. On l’idolâtrait et vu qu’il acceptait le show, on a commencé à y croire, c’était grisant ! Mais il n’y a pas eu d’argent, de gros label derrière nous. Tout est arrivé de manière organique. Un tout petit peu plus de monde dans des salles un tout petit peu plus grandes. Mais ça a divisé notre entourage dans la sphère DIY, c’est clair. Il y a des gens qui sont contrariés par ça, qui ne veulent plus te parler. Je peux comprendre, j’ai été pareil pendant un moment. Notre premier disque était plein de révolte et d’amertume, un gros doigt à tous ces mecs d’East London, ces mecs carriéristes, ces exploitants, tu vois ? Ce putain de carriérisme qui crée de l’anxiété... Mais il y a une manière d’évoluer avec de la morale et en ce qui nous concerne, je crois que ça a été le cas. » Musicalement, vous vous dirigez davantage vers le glam que par le passé. On pense à T-Rex, New-York Dolls... Avec essentiellement un côté « malade ». C’était une décision consciente ? Saul : « Oui, je crois. C’était la régurgitation de tout ce qu’on a écouté pendant deux ans, comme ‘The Idiot’ d’Iggy Pop. On a vraiment fait le choix d’aller dans ce sens. Et à vrai dire, à part des trucs comme Ariel Pink, on écoute surtout de la vieille musique, entre les 40’s et les 80’s. Il y a un côté kitsch, pompeux dans le glam que je trouve extrêmement drôle. C’est une sorte de posture. Et c’est réellement ridicule. Ça me titillait ! Notre but était d’aller dans les directions les plus extrêmes de notre musique. Il y a ce côté glam et aussi des chansons lentes et très lourdes. Des chansons comme ‘We must learn to rise’ et ‘Duce’ sont de ce pan-là. C’est ça qui est amusant, forcer le trait. Sur le premier disque, c’était simple : on partait de morceaux acoustiques qui aboutissaient à un truc un peu garage. On n’intellectualisait pas du tout notre manière d’enregistrer. » Est-ce que votre relation avec Sean Lennon a eu un impact sur votre son ? Saul : « Avec tout le respect que je dois à Sean, je ne pense pas. Le son, c’est notre truc et un producteur ne l’influencera pas vraiment. Il nous aidera à arriver à ce qu’on désire. Même si je ne suis pas foncièrement contre un input extérieur. Cela dit, Sean est un excellent musicien. Il a joué sur plusieurs de nos morceaux. » Tu peux me parler de votre fascination pour le nazisme, l’extrême droite ? Saul : « Oui, OK, on est fascinés par ça. Par la seconde guerre, le nazisme. Je pense que ça induit des questions intéressantes. La meilleure manière de démontrer la stupidité d’une idéologie est de s’immiscer en son sein. Mais si les gens pensent que nous sommes d’extrême droite, ils se trompent complètement. C’est une réflexion que nous avons sur le monde actuel. Sur l’Amérique, l’Europe, sur ce revirement à droite. Quand on voit le contexte économique et social, on ne peut s’empêcher de réfléchir à l’époque à laquelle nous vivons. Et qui n’est pas si loin de 1940... Donald Trump rappelle un petit peu quelqu’un, tu vois... Ça fout les boules. De notre côté, on est des gens de gauche. Nos parents l’étaient et ça me paraît être la voie la plus logique vers laquelle se diriger. On est humains. Et on aime les autres humains. Ceux de gauche ! (rires) »
coprod. Fédération Wallonie-Bruxelles en collaboration avec Court-Circuit et Wallonie-Bruxelles Musiques
CROSS RECORD US 14.02 15.02 18.02 19.02 19.02
ALINE FR VILLAGERS IE GRANDGEORGE FR-BE new album • coprod. UBU • sold out JASPER STEVERLINCK BE (ARID) sold out GUN OUTFIT US
20.02.2016 JASPER STEVERLINCK BE (ARID)
20.02 20.02 21.02 21.02
EMPRESS OF US YOUNG RIVAL CA - WHATEVER BE LNZLDRF US CAR SEAT HEADREST US
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ON STAGE 03/03 Le Reflektor I Liège 04/03 La Madeleine I Bruxelles
The Scrap Dealers
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texte Antoine Bours
En une poignée d’années, les Scrap Dealers ont creusé un sillon de guitare brûlant dans le paysage liégeois, qu’ils approfondissent avec ‘After A Thousand Blows’, plongée sous apnée dans une mer d’huile, quelque part entre le shoegazing d’Appliance et Spacemen 3 et les circonvolutions hypnotiques de, au pif, The Oscillation. Les condruziens explosent en six plages les limites soniques qu’ils s’étaient autrefois imposées : à la fois coton imbibé d’éther et martellement du bitume sous les roues, leur rock se dilate, s’étire, se libère pour de plus stratosphériques contrées. Comme une percée d’air en pleine asphyxie, un rai de lumières dans les abysses, guitares et chants sont tournés cette fois vers le ciel, soutenus par une rythmique implacable. Une sacrée mue, dont nous discutons avec Hugues Daro et Régis Germain, chanteursguitaristes à la tête du quintet.
Comme un
Depuis vos premiers morceaux, on sent un glissement du punk garage vers un rock plus halluciné. On peut dire que sur ce deuxième album la mutation est achevée. Le son garage n’est pratiquement plus là. Vous vous attendez à quel accueil du public ? Régis : « En fait l’album, on l’a enregistré il y a un an et demi. » Hugues : « Les nouveaux morceaux, on les joue déjà en live depuis un moment. On y est habitué maintenant. Notre petit public l’est aussi. Je crois que l’écoute de l’album sera une expérience différente pour l’auditeur, plus intime. » Cette évolution du style, c’est quelque chose qui s’est discuté entre vous ? Régis : « Ce qu’on fait maintenant, ça se rapproche plus de ce que sont nos influences à la base. On a fait du punk au début, c’est vrai, et j’en écoute, mais ce n’est pas ce qui m’a donné envie de faire de la musique. Ça s’est fait naturellement, il n’y a pas eu de discussion entre nous. Quand on a commencé les Scrap, le but c’était d’avoir un maximum de morceaux le plus rapidement possible afin de pouvoir monter sur scène. Ça doit expliquer le côté plus immédiat de nos premières compos, même si ce n’était pas conscient. » Hugues : « Il faut dire que ça m’a très vite lassé de faire du punk, du garage; c’est un peu redondant. J’écoute beaucoup d’autres musiques. C’est vrai que la transition peu paraître un peu violente. » Pas tant que ça : le précédent EP est une bonne transition entre le punk des débuts et les morceaux plus psychédéliques de cet album-ci. Comment vous partagez-vous le travail ? Y en a-t-il un qui est le « garant » du son de Scrap Dealers ?
le reste on a toujours nos projets solos, comme Hugues avec Duane Serah. En ce qui me concerne, il n’y a jamais aucune frustration. » Les albums précédents avaient été enregistrés chez vous. Êtes-vous allé dans un studio pour celui-ci ? Hugues : « Ça s’est fait dans la maison d’un ami, sur environ 7 jours, avec pas mal de matos prêté par Snon du Prince Harry. On a encore enregistré avec lui et Jérémy (Colonel Bastard) des Tropic. Ce n’était pas un studio à proprement parler, mais l’attention au son était ma priorité. Ça reste un album représentatif de ce qu’on fait sur scène : il n’y a pas des centaines de guitares ou d’overdub de chœurs, même si on a utilisé les voix comme un instrument. On a toujours été dans l’optique de faire les choses par nous-même et non pas en injectant du pognon. Perso, dans un studio, je me sentirais trop stressé à cause de l’investissement. Ce serait au final moins productif. » Si vous deviez me citer une influence sur le son Scrap Dealers ? Régis : « Moi au tout début où j’ai commencé à écouter du rock, j’ai écouté beaucoup de garage des années 60 – on était pas mal là-dedans tous les deux – mais ce qui m’a vraiment donné envie de faire de la musique, c’est plus le rock alternatif des années 90. Je les cite à chaque fois, mais Brian Jonestown Massacre, c’est eux qui m’ont donné l’envie. » Et le film ‘Dig’ ne t’en a pas dissuadé ? Régis : « Non, au contraire. Tu vois ‘Dig’ et faire de la musique a l’air simple. Tu retournes à ta guitare : putain, c’est pas ça ! Tu remates à nouveau le film et, ouais, tu comprends. En fait, c’est super motivant de voir à quel point un groupe qui en a tant chié arrive à faire quelque chose. » Si vous pouviez choisir un producteur artistique rêvé pour encadrer le prochain, ce serait qui ? Hugues : « Quelqu’un qui met sa patte dans le bazar ? J’aimerais d’abord me donner tous les moyens, du temps, des instruments, du matériel. Ça ce serait super. Mais j’aimerais pas du tout qu’un mec, même une idole, vienne farfouiller dans mes affaires. Jamais, jamais. Même Johnny Hallyday (rires). » Régis : « C’est vrai que pas mal de groupes fonctionnent comme ça. Les Tropic l’ont fait avec Jon Spencer, quand ils sont partis en Amérique. Pourquoi pas allez enregistrer à New York, profiter de l’infrastructure, mais pas avec quelqu’un, même Jon Spencer. Avec les Scrap on fait de la musique avant tout pour nous. Pas pour qu’un mec vienne nous dire comment faire pour que ça plaise plus. »
tunnel sous la Meuse Hugues : « On a nos habitudes. Régis et moi, on écrit des chansons chacun de notre côté, à la guitare. On les propose ensuite au reste du groupe en répétition, mais la structure est déjà là. A partir de là, c’est assez dynamique. Moi je suis quelqu’un de vraiment casse-couilles : s’il y a un truc qui me plaît pas, je préfère ouvrir ma gueule. Pareil pour Régis. Nos deux univers ne sont peut-être pas toujours en symbiose, mais c’est ça qui fait la richesse du groupe. » Régis : « Ça s’entend d’ailleurs sur l’album. Hugues est derrière les morceaux plus psyché, planants, qui partent un peu dans tous les sens : ‘Walking Alone’, ‘Keep My Silence Safe’ et ‘I’ll Never Be Like You’. Moi les morceaux que j’amène sont plus carrés, hyper structurés : ‘She Doesn’t Wanna Leave Your Mind’ et les deux derniers. Je ne sais pas si tu l’as ressenti. » Non, l’album m’a semblé très cohérent. Hugues : « Tant mieux. Avec le temps, on s’influence l’un l’autre. On propose aussi des morceaux en fonction des attentes respectives. » Régis : « Je ne vais plus venir en répèt avec un morceau de garage, par exemple. J’adapte ma composition visà-vis du groupe. Sur ce nouvel album, on a trouvé notre son, un bon compromis entre les goûts de chacun. Pour
Un disque: ‘After A Thousand Blows’ (Jaune Orange/Pias)
11/02 19/02 20/02 04/03
Le Vecteur I Charleroi Stellar Swamp / Atelier 210 I Bruxelles Mad Café I Liège La Péniche I Lille
MATT SIMONS 19-04-2016
SKUNK ANANSIE 11-02-2016
LA FEMME 20-04-2016
CHARLIE CUNNINGHAM 23-02-2016
ARNO 02-03-2016
ZAZ 15-03-2016
DE STAAT 04-03-2016
LOUISE ATTAQUE 17-03-2016
VALD 06-03-2016
COEUR DE PIRATE 12-04-2016
BEIRUT 06-07-2016
FEU! CHATTERTON 10-03-2016
KYGO 01-04-2016
JAMES MORRISON 19-04-2016
www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu
Marble Sounds
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t e x t e Fa b r i c e Va n o v e r b e r g I p h o t o A g a t h e D a n o n
Soyons de bon compte, nous avions suivi de loin les deux premières aventures de Marble Sounds. Troisième essai de Pieter Van Dessel & co, ‘Tautou’ change la donne du groupe flamand. D’une jolie élégance mélodramatique, elle renvoie vers l’intimité de Lambchop (ah, ces cordes élégantes) mais aussi vers l’expressionnisme d’Arcade Fire et au chant de the Notwist, la mouture 2016 du quintet au son marbré mérite bien plus qu’une simple écoute distraite un dimanche après-midi pluvieux. Retour vers le futur et interview.
qui les cite que sur la musique qu’elles sont censées décrire. PVD : « Justement, The Notwist fait aussi partie de ces groupes qui nous inspirent. Vu que Markus et moi avons un peu le même timbre de voix, il m’a libéré dans ma façon de chanter. Je veux dire que s’il ne m’a pas appris à chanter, et en fait je ne suis pas vraiment chanteur, écouter The Notwist a été une sorte de libération vocale. Pareil quand j’entends un groupe comme Pinback, je me dis que je peux faire ça aussi et transporter des émotions, tout en me disant que je ne suis sans doute pas aussi génial que mes idoles. » Ne crois-tu pas que c’est le genre de démarche qu’on n’oserait pas entreprendre à 16 ou 20 ans ? PVD : « Peut-être. J’ai démarré Marble Sounds quand j’avais 30 ans, ce n’est plus tout jeune pour lancer un projet. L’avantage de commencer aussi tard, c’est que tu évites à 25 ans d’avoir la fichue impression d’avoir fait le tour de la question. Alors que si tu as déjà tout accompli, tu te demandes ce que tu vas faire dans les 40 prochaines années. » Dans ce cas, de nouvelles rencontres permettent d’insuffler une énergie nouvelle à son projet. Était-ce le cas pour toi ? PVD : « On a eu un changement de line-up puisqu’un nouveau batteur nous a rejoints. Il a un autre style de jeu et ça s’entend sur l’album. L’ancien est architecte, son bureau marche super bien et il est devenu papa. Ça devenait impossible pour lui de combiner et on a trouvé assez vite un gars avec qui ça marche super bien. Il a un background plus expérimental que rock, il est notamment le batteur du groupe qui a accompagné My Brightest Diamond aux États-Unis. Sinon, c’est la première fois que nous faisons un disque en coproduction. C’est Jasper Maekelberg (producteur de Gabriel Rios ou Nordmann, ndr) qui a enregistré les batteries et les guitares, puis il a mixé les titres. Autre première, nous avons fait appel à un arrangeur de cordes, Roel Das, qui a fait beaucoup de musiques classiques et expérimentales.... » D’où la référence à Lambchop de tout à l’heure. PVD : « Ah, c’est donc ça. Les premières versions des cordes ont été enregistrées d’abord, c’était pour moi essentiel, et Roel en a fait de super beaux arrangements. » Comment comptes-tu concrétiser cet univers de studio en concert ? As-tu déjà des pistes ? PVD : « Oui, vu que nous avons déjà commencé à répéter. J’avais peur que ça sonne comme un album de studio.
Libération Pieter Van Dessel : « C’est la première fois qu’on commence un album avec un morceau un peu plus catchy, presque une pop song... » Sinon, les chansons de ‘Tautou’ s’inscrivent dans un format, bouh le vilain mot, de chanson pop, non? PVD : (à moitié d’accord) « Euh, ouais, je pense que cet album est moins pop qu’avant... » Tout en variant énormément les registres... PVD : « C’est vrai, il y a plein de registres différents sur ce disque, tout en essayant de garder une certaine unité de la ligne sonore. Ça n’a pas toujours été simple, les batteries ont par exemple été enregistrées dans trois ou quatre endroits différents. Mais comme mes codes sont les mêmes pour chaque titre, ça nous a permis de conserver une unité qui n’était pas là sur les deux disques précédents. » Parce que le premier était plus une collection de chansons enregistrées à gauche et à droite sans chercher de ligne directrice ? PVD : « Oui, et le deuxième aussi. » A certains endroits, on trouve des titres plus extravertis où on va du côté d’Arcade Fire, alors qu’à d’autres endroits, les atmosphères sont plus mélancoliques, voire tristes. PVD : « Oui, c’est vrai. Il y a de ça dans notre musique. Quand j’étais plus jeune, j’étais fan de Sparklehorse et on en trouve des traces dans l’ADN de Marble Sounds. Sur un titre comme ‘Ten Seconds to Countdown’, l’avant-dernière chanson qui est une valse, c’est très Sparklehorse et j’aime ça. » En écoutant ton disque, un adjectif m’est venu directement à l’esprit, celui de mélodramatique. PVD : (il éclate de rire) « C’est bon, ça. Nous avons ce côté à la fois romantique et violent, c’est aussi pour ça que j’aime Arcade Fire. » Alors que si on fait abstraction des voix, on trouve aussi du Lambchop dans ta musique. PVD : « Il y a pire comme références. » Même si pour reprendre le mot de Markus Acher de The Notwist, citer des références en dit plus sur celui
Le disque ne sonne pas du tout comme un groupe avec deux guitares, une basse et une batterie. C’est bizarre et en même temps ça me fait plaisir, les chansons sont tellement chouettes à jouer que ça marche super bien en live. » Les cordes seront-elles présentes sur scène ? PVD : « Non, sauf pour une date en intérieur à Genk, dans un festival. Le problème est que ça coûte pas mal d’argent d’avoir autant de musiciens en live et avec les keyboards et les samples, ça peut tout aussi bien marcher. Et puis, nous sommes déjà cinq et avec toutes les pédales d’effet de Gianni, notre guitariste, tu peux obtenir le même résultat. » On trouve aussi un titre à moitié en français... PVD : « Oui, ‘Tout Et Partout’, je ne sais pas trop comment est mon accent... (rires). » Les accents donnent aussi un charme. Pour reprendre un exemple bateau, le chant de Nico avec le velvet Underground n’aurait sans doute pas eu le même impact sans son accent germanique très prononcé. PVD : « Et c’est pareil pour Björk. » En plus, ce titre est un duo et comme vous ne répondez pas toujours dans la même langue, il y a un côté presque schizophrène, non ? PVD : « Je dois avouer que ce n’est pas moi qui ai écrit les paroles, c’est une première pour moi. Écrire les textes, c’est un vrai boulot et si je peux trouver quelqu’un, volontiers. J’ai habité à Montréal en 2006-2007, c’est là que j’ai commencé Marble Sounds, et c’est un ami québécois qui a écrit les paroles. On le trouve sur tous les albums en backing vocals. » D’où est venue l’idée du duo ? PVD : « J’ai toujours trouvé cool l’idée d’un duo où une fille chante un octave plus haut que moi. Il a écrit les paroles et c’est l’histoire d’une séparation ou d’un divorce. Sur les deux disques précédents, il y avait aussi des duos avec une Japonaise et une Hollandaise, et ce sont parmi les titres du groupe les plus joués en Flandre. Au début, je ne voulais plus de duo parce que c’était trop attendu ou obligatoire. Puis est venue l’idée qu’une musicienne du groupe chante et l’idée de ce duo a fait son chemin, avec le résultat que tu connais. » Un disque : ‘Tautou’ (Zeal Records/Konkurrent)
ON STAGE 18/02 Depot I Louvain 26/02 Cactus I Bruges 15/03 Vooruit I Gand
Daughter
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t e x t e J o n a s D e V r i e z e I t r a d u c t i o n Pa t r i c k Fo i s s a c I p h o t o Fr a n c e s c a J a n A l l e n
Récente signature de 4AD, Daughter aurait pu figurer au sein du catalogue historique du label, à la grande époque des Cocteau Twins et de This Mortal Coil dont il apparaît comme le successeur involontaire malgré lui. Le groupe a la réputation de toucher la corde sensible d’auditeurs friands de folktronica délicate. Il n’en ira pas autrement avec le nouvel opus, ‘Not To Disappear’, auquel le trio londonien a donné naissance à New York.
Apprendre à
comment les morceaux allaient sonner avant même d’aller en studio. On a pu bosser pendant un an et demi en tentant plein de choses. » Vous avez été à New York en vue de réaliser ce disque. Ressentiez-vous le besoin de quitter Londres ? Igor : « Oui. La période au cours de laquelle on a expérimenté avec de nouvelles idées s’est déroulée dans notre environnement habituel et on vraiment eu l’impression de tourner en rond. On n’arrivait pas à avancer. On se sentait un peu entravé sur le plan créatif et je pense que c’était en grande partie dû au fait qu’habitant à Londres, on était facilement distrait par l’une ou l’autre tentation. Dans ces conditions, on a estimé que c’était le bon moment pour aller à New York. La possibilité de bosser dans une autre ville nous a en tout cas fait beaucoup de bien. » Elena : « Il y a toujours eu une bonne tension créative entre nous mais on s’est parfois trop pris la tête. Notre but est toujours de faire de notre mieux, ce qui implique que l’on prenne notre temps. Cela a été un processus lent, mais productif. Un peu comme un long accouchement d’un beau bébé. » C’est Nicolas Vernhes (connu pour son travail avec The War On Drugs et Animal Collective) qui était cette fois derrière les manettes. Quelles sont les directives que vous lui avez données ? Elena : « Il était très important que Nicolas soit aussi impliqué que nous dans le projet. Nous avions besoin de quelqu’un qui puisse nous donner un regard extérieur. Son apport a été important puisqu’il nous a donné quelques idées et ajouté ci et là quelques petites choses qui ont permis au disque d’évoluer et de sonner différemment. » Igor : « Daughter n’est pas un groupe pop dont le producteur est le maître qui va décider de tout en appelant chaque musicien à son tour pour enregistrer sa partie. Nicolas s’est retrouvé totalement impliqué dans notre univers un peu dingue au sein duquel on parlait sans arrêt du son que l’on voulait atteindre. » ‘Not To Disappear’ sonne plus « grand » que le précédent et en devient presque théâtral à certains niveaux... Rémi : « Le disque sonne comme cela du fait qu’on a fait une longue tournée. Les titres du premier album ont gagné en ampleur lorsqu’on les a joués sur scène. Et ce son live a eu un impact sur notre travail en studio. » Igor : « Je ne sais pas si on peut vraiment dire que le disque a un côté théâtral. Ce n’était en tout cas pas notre but d’expérimenter. On a simplement suivi notre instinct musical. » Qui sont les parents de Daughter sur le plan musical? Igor : « Remi dirait que c’est Mark Knopfler mais on n’est pas d’accord avec lui. Elena et moi aimons beaucoup Jeff Buckley et on peut donc le considérer comme notre papa. Sa musique dégage une certaine grandeur et on aime ça. Sans être up our own ass, je dirais que l’on a
disparaître Trouvez-vous que le temps qui sépare la fin de la réalisation d’un album et sa sortie est quelque chose de pénible ou bien appréciez-vous le fait de pouvoir jouir seuls de l’album avant que celui-ci soit connu du public ? Igor Haefeli : « On apprécie vraiment la période où on a l’occasion de donner des interviews. Alors qu’on avait fini de masteriser l’album depuis un petit bout de temps et que l’on s’obstinait malgré tout à apporter la touche finale à ‘Not To Disappear’, des gens dans notre entourage ont eu la bonne idée de nous dire qu’il était peut-être temps d’arrêter. En studio, on n’arrête pas de bosser et de cogiter parce qu’on est totalement impliqué dans ce que l’on fait, d’où une certaine difficulté à prendre la distance nécessaire. Maintenant que l’on ne peut plus rien modifier à la musique, cela fait du bien de prendre du recul et de réfléchir à ce que l’on a fait. » Avez-vous travaillé de façon différente sur ce nouvel album ? Elena Tonra : « Le problème avec le premier disque, c’est qu’on n’a pas bénéficié du temps nécessaire, si bien que le résultat est un peu fragmenté, comme si le disque était un puzzle réalisé à partir de pièces que l’on avait associées. Cette fois, on a eu le luxe de pouvoir enregistrer les morceaux en une prise au même endroit et cela s’entend. On n’a plus l’impression que l’album a été enregistré dans la salle de séjour de mon appartement, ce qui n’est pas plus mal. » Rémi Aguilella : « Nous disposons désormais d’un local de répétition où l’on peut écrire et procéder à des enregistrements. On a l’opportunité d’y travailler jour et nuit. Pour le premier album, il arrivait parfois que je doive attendre d’être en studio avoir de pouvoir mettre une idée en pratique. Les choses ont bien changé depuis lors puisque je peux désormais directement m’exercer à la batterie dans notre local. Cette façon de faire m’a beaucoup aidé à m’améliorer. » Igor : « Nous savions cette fois-ci plus clairement
beaucoup d’influences et que sur base de cela, on essaye de créer quelque chose de différent. Je pense que la façon d’associer de l’électro à des aspects plus rock en développant un songwriting assez personnel est quelque chose que l’on ne rencontre pas forcément très souvent. Pour ce qui est de notre maman, on dirait Beyoncé ? » Elena : « Oui! Je l’aime vraiment beaucoup. Un beau jour, je vais sûrement dire fuck it et me mettre à danser comme elle. » Vous avez réalisé un clip fantastique pour le premier single de l’ album ‘Doing The Right Thing’. Quelle en est l’histoire ? Elena : « Nous avions deux régisseurs, Iain Forsyth et Jane Pollard (ils ont entre autres réalisé ‘20,000 Days On Earth’, le film sur Nick Cave, ndr) Avec Stuart Evers, ils ont développé trois histoires basées sur des textes que l’on retrouve sur ‘Not To Disappear’. Le trio a donné sa propre interprétation à nos textes. ‘Doing The Right Thing’ traite de la démence et du fait de vieillir et les réalisateurs ont abordé cette problématique avec un autre angle d’approche que moi. Le résultat est tout simplement sublime. » Avez-vous peur de vieillir? Elena : « Je n’ai pas peur de mourir, mais bien de vieillir. La démence m’effraie beaucoup. Je ne me vois ceci dit pas comme une personne âgée. » Rémi : « Ma grande crainte est de perdre des proches. J’y pense souvent. Maintenant, je propose de faire un pari au sujet de qui de nous trois va vivre le plus longtemps. (rires) » Igor : « Je pense souvent à la musique que l’on va jouer à mon enterrement. Mon grand-père est mort voici peu et il avait préparé son enterrement jusqu’au moindre détail. Il avait rédigé la liste de ceux qui devaient être invités au repas sandwichs et avait sélectionné les vins qui seraient servis. C’est sans doute l’homme qui a le mieux préparé sa mort. » Elena : « J’ai déjà préparé pas mal de choses. Après la crémation, j’aimerais que mes cendres soient transformées en un petit diamant. J’espère qu’il se trouvera quelqu’un qui le portera tel un bijou, serti sur une bague. Et lorsqu’il mourra, je serai enterrée avec lui, autour de son doigt. C’est en planifiant ce genre de chose que je me rends compte du caractère limité de la vie. Notre musique, par contre, va rester et cette pensée me donne envie de continuer à vivre. » Igor : « Je ne pense pas à la musique en ces termes. La musique n’est pas forcément quelque chose dont on doit se souvenir. Si tout le monde arrête d’écouter nos morceaux le jour où je meurs, cela ne m’ennuie pas. Je trouve chouette l’idée que la musique que nous faisons ait du sens pour ceux qui l’écoutent. Si nous donnons un mauvais concert mais qu’il y a quand même une personne qui a aimé, cela me suffit pour être heureux. » Un disque : ‘Not To Disappear’ (4AD/Beggars)
ON STAGE 10/02
AB I Bruxelles (sold out)
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51 Black Super
Car Seat Headrest
’51 Black Super’ Vietnam/Because Music
Mise en garde : l’écoute répétée de ce disque pourrait avoir sur les 30-40 ans des effets secondaires particulièrement fâcheux. Ne vous étonnez donc pas de les voir ressortir leurs tee-shirts de Pavement ou de Daniel Johnston, réparer leur vieux skate et arborer à nouveau fièrement une nuque longue sous leur casquette John Deere délavée. Car ce combo tirant son nom d’une Motobécane vintage décalamine et synthétise le meilleur du rock indé américain des nineties. Derrière ce patronyme de 51 Black Super se cache pourtant un gang aussi français qu’improbable puisque Renaud Brustlein (alias H-Burns) y est secondé par une palanquée de slackers tout aussi improbables, dont notamment Franck Annese, taulier du magazine So Foot…et du label Vietnam qui héberge le groupe. A l’image du single ‘Bigger’, 1’43’’ de back to the future dans les 90’s, ce disque est fidèle à l’esthétique originale : intense et compressé (10 titres pour moins de 30 minutes), furieusement intuitif, délicieusement bordélique et zébré d’éclairs de génie power-pop. Tous les moyens sont bons pour réveiller l’hédonisme de l’adolescent des années 90. Faut-il pour autant résumer cette galette à une simple blague d’adulescents ou à son côté branleur ? S’il n’apporte rien de capital pour le rock en 2016, et s’il y avait davantage de poésie dans les dribbles de Chris Waddle que dans les dix short stories de 51 Black Star, voici assurément l’occasion d’une jouissive séquence nostalgie. (gle)
Aberdeen ‘Outatime’ Aberdeen/COD&S Distribution
David Madi a remporté The Voice Belgique en 2013 en interprétant ‘Come as you are’ de Nirvana là où les autres candidats optaient plutôt pour Adele ou Rihanna. Courageux. Et si cette victoire surprise est restée sans lendemain sur le plan commercial vu que le projet d’album avec Universal a fait un flop, notre homme, désormais libre, a mis sur pied un projet plus rock où il rend hommage à son idole Kurt Cobain. A vrai dire, ce disque est aussi cohérent que crédible et l’on trouve plusieurs titres franchement bons comme ‘Don’t know’, ‘Sun heat’ ou ‘Inside of (both fingers)’. Si des groupes comme Nirvana, Pearl Jam ou Alice In Chains représentent quelque chose pour vous, cela vaut la peine de se pencher sur cet album ! (pf)
Adele ‘25’ XL Recordings/Pias
Les jeux sont faits. Cette minuscule chronique n’annoncera rien, n’étonnera pas, elle ne fera que relayer un constat. J’avais modérément goûté ‘19’ mais définitivement été séduit par l’étonnant ‘21’. Depuis j’attendais – comme tout un chacun – Adele au tournant. Allait-elle pouvoir réitérer l’exploit ou disparaître des radars ? Ce ‘25’ confirme et assied définitivement son talent. Il s’est
‘Teens Of Style’ Matador/Beggars
22 ans et 11 albums au compteur. Will Toledo est la révélation la plus emblématique de la génération Bandcamp et son catalogue – plus de cent-vingt chansons – une cartographie méthodique de son adolescence. Sur plus de cinq ans, Toledo dévoile un tel talent de singer-songwriter que Matador finit par frapper à sa porte. En attente d’un premier album écrit sous le label, le jeune homme se tourne une dernière fois vers ses années Bandcamp et livre avec ‘Teens Of Style’ une relecture rock habitée et nostalgique d’anciens titres, cette fois en groupe. « I haven’t look at the sun for so long/I’d forgotten how much it hurt to » chante-t-il sur ‘Sunburn Shirts’, point d’entrée à un fascinant portrait, entre narcissisme et désespoir juvéniles, atermoiements et ironie crue. ‘Something Soon’ atteint des sommets dans la détresse immédiate (« I want to break something important / I want to kick my Dad in the shin »), soutenue par le chant marmonné de Toledo, façon Beck, en parfait contrepoint ; sa voix fait la moue de l’ado-homard, cache des sentiments que ses paroles hurlent dans les draps, oxymores échappés de Modest Mouse, pour exploser en complaintes désabusées sur des refrains à vous vriller les tripes (« Heavy boots on my throat/ I need something soon »). En recherche de « quelque chose », que ce soit à la guitare seul dans sa chambre ou désormais en groupe sous l’égide de Lombardi, Will Toledo écrit ses chansons comme d’autres posent un pas devant l’autre : pour avancer, pour rencontrer, pour vivre, tout simplement. Comme il le conclut sur ‘Times To Die’ : « On a tous eu de meilleures occasions de mourir ». Attrape-Cœur ! (ab)
dit et écrit que ‘21’ était le témoignage d’une rupture amoureuse tandis que ‘25’ celui d’une union et d’un enfantement. Peu importe le carnet mondain. Peu importent aussi les chiffres, les nombres qui s’exportent en millions de ventes, de vues, d’écoutes. Seul compte le décompte du temps. Il y aura un ‘31’, un ‘43’, un ‘55’…Il y aura d’autres chansons, d’autres sentiments écorchés, d’autres tranches de vie éraillées. Il y aura les retours, les rémanences d’une voix hors norme, les états d’âme d’une diva, une prima donna, une drama queen. Celle que parfois j’aurais voulu que tu aies été. Comme elle, cette souffrance qui habite irrémédiablement son visage t’aurait rendu belle. (et)
African Head Charge ‘My Life In A Hole In The Ground’ ‘Environmental Studies’ ‘Drastic Season’ ‘Off The Beaten Track’ On-U Sound
Terrain de jeu expérimental pour la légende Adrian Sherwood, African Head Charge fut le creuset du son typique au label On-U Sound. Pionnier du dub, Sherwood s’associe au percussioniste Bonjo Iyabinghi Noah lorsqu’il décide de donner vie à l’Afrique Psychédélique dont révait Brian Eno. Réponse à ‘My Life In The Bush Of Ghosts’, le premier album d’African Head Charge explore des zones vierges et sauvages, contraint dub et free-jazz à des partitions minimalistes, confronte guimbardes et percussions dans d’improbables imprécations pour rituels décousus. Un classique à nul autre pareil et une pierre angulaire dans l’histoire du dub, loin des clichés du genre. Indispendable. Dans la foulée, On-U Sound réédite les trois albums suivants de AHC, où l’on retrouvera pêle-mêle d’autres invités du label, tels que Jah Wobble ou Bruce Smith du Pop Group. Sorti en 1982, ‘Environmental Studies’ approfondit le sillon jazzy en injectant plus de cuivres pour un résultat toujours aussi mutant. On pense à Can, à Embryo, on s’émeut devant autant de liberté. Le ton
change avec ‘Drastic Season’ qui fait la part belle à l’électronique. Enfin, ‘Off The Beaten Track’ (1986) s’orientalise, le son s’élargit, les expérimentations s’y font un peu moins folles, plus world, plus souples à l’oreille. Y résonne déjà, prophétique, l’electronica des années à venir qui doit tant à Sherwood, magicien blanc de la musique noire. (ab)
aMute ‘Bending Time In Waves’ Humpt y Dumpt y
La dernière fois qu’on a réellement parlé du travail de Jérôme Deuson – avec une belle interview – c’était en avril 2009. aMute venait de sortir son premier album en tant que vrai groupe sur le micro-label de Jérôme, Stilll, une structure sur laquelle il proposait des trucs comme De Portables ou Babils. Avant ça, aMute avait traîné quelques temps sur Intr-Version, une obscure boîte canadienne. Ce qui, au fond, n’a jamais rien eu d’étonnant. Parce que si en 2016 Deuson se retrouve sur cette bonne vieille auberge Humpty Dumpty, on devine que c’est toujours d’une esthétique Constellation qu’il rêve. D’ambiances triturées, éthérées, feutrées et latentes, se consumant de l’intérieur ; de l’Hotel 2 Tango et d’une partouze triste avec toute la clique à Radwan Moumneh et Efrim Menuck : A Silver Mt. Zion, Colin Stetson, Esmerine… Au risque de passer à côté de pas mal de belles choses, il faut donc écouter plusieurs fois ‘Bending Time In Waves’. Aucun des huit titres ne s’extrait du lot, et il serait, comme dans la plupart des albums du label montréalais, absolument stupide de le faire. Il faut écouter ce disque d’une traite, très fort, au casque, la nuit, seul. A la cinquième écoute, entre son électricité sourde et sa dégueulasse lenteur élégiaque, c’est une (petite) révélation. (lg)
Aroma Di Amore ‘Zin’ Starman Records
Tout en étant culte dans le nord du pays, ce groupe flamand est virtuellement in-
connu chez nous. Ceci est dû au fait qu’Elvis Peeters écrit ses textes exclusivement en néerlandais, ce qu’il justifie par le fait d’aborder des thèmes politiques requérant une précision absolue. Intègre jusqu’au bout des ongles, Aroma Di Amore est également un groupe très inspiré, ce qui est évident à l’écoute de l’excellent‘Zin’. Associant des éléments rock, punk, post punk et avant-gardistes, nos amis du nord créent un univers assez prenant dans un registre qui peut rappeler celui d’artistes comme Wire, Tuxedomoon, les Legendary Pink Dots ou encore Einstürzende Neubauten. Sur ce nouvel opus, le trio nous balance encore une fois plusieurs très bonnes compos comme la complainte hypnotique de ‘T-shirt’, le catchy ‘De nacht en zijn kwaad’ ou encore le plus rock et un rien tordu ‘Leef mij uit’. A découvrir. (pf)
Jacob Bellens ‘Polyester Skin’ Luck y Number/News
Comme son nom ne l’indique pas, Jacob Bellens est danois et connaît un succès indéniable dans son pays depuis de nombreuses années, que ce soit en solo ou avec ses différents groupes (Murder, I Got You on Tape). Son nouveau projet, très pop, a été réalisé avec le DJ Kasper Bjørke. Il consiste en une collection de titres impeccables qui démontrent avec talent ce que peut être un grand disque pop en 2016. Si une coloration 80s domine sur plusieurs titres comme l’ultra catchy ‘Polyester skin’ et ‘Ace of Spades’ (rien à voir avec Motörhead !), d’autres compos lorgnent du côté de la ballade majestueuse - le sublime ‘Untouchable’ ou ‘In the lunar light’ que n’aurait pas renié Divine Comedy, voire vers le calypso avec l’étonnant ‘Raining parachutes’. Indéniablement pop et en même temps très travaillé et raffiné, ‘Polyester Skin’ est un brillant exercice de pop innovante. (pf)
Bloc Party ‘Hymns’ Infectious Music/BMG/Pias
Si ‘Silent alarm’, le premier opus de Bloc Party, m’avait beaucoup plu, la suite du parcours du groupe m’avait par contre laissé assez indifférent, vu que j’avais l’impression que Kele et ses amis tournaient un peu en rond. C’est dire si ‘Hymns’ est plutôt une belle surprise. Alors que je n’attendais pas grand chose de ce disque, il m’a convaincu, le groupe a évolué et parvient à toucher avec des morceaux qui respirent la sincérité. Si Bloc Party brouille les pistes en commençant avec le très dansant et catchy ‘The love within’, il évolue ensuite dans un registre moins post punk et plus downtempo dicté par les thèmes existentiels et introspectifs (rupture, foi). Cela nous vaut les meilleurs morceaux que le groupe ait sorti depuis longtemps, tels le dépouillé et quasi gospel ‘Only he can heal me’, le très aérien ‘Fortress’ ou encore le déchirant ‘Different drugs’. Ne souffrant d’aucune faiblesse et se terminant avec le majestueux ‘Living lux’ en guise de message d’espoir, ‘Hymns’ signe assurément un retour en forme. (pf)
Book of Air
Cass McCombs
‘Fieldtone’ Sub Rosa
Book of Air. A lui seul, le nom éclaircit le propos. L’image figurant sur la pochette hésite entre aquarelle et photographie retouchée. On y perçoit ce qui ressemble à la surface étale d’un lac. Alentour, on devine une nature apaisée et apaisante. Le lieu importe peu, seule l’évocation de sa possibilité importe. Book of Air n’est pas un groupe et encore moins une appellation déposée. Stijn Cools et ses cinq acolytes revendiquent la nature comme une source d’inspiration primale mais aussi comme un environnement créatif à part entière : ses silences, ses rythmes, sa respiration. Ce double vinyle se déploie en quatre longues pièces instrumentales dont chacune – une par face – se rapproche de la vingtaine de minutes. On est ici dans le presque rien, le peu. Des cordes égrainées, des chapelets de notes graciles presque friables entre elles sur lesquels viennent s’échouer des rythmes épars et tamisés. Pour bien saisir les nuances de cette musique, il ne faut pas hésiter à monter le curseur du volume vers le haut. ‘Fieldtone’ est le premier chapitre d’une série à venir. (et)
Jean-Daniel Botta ’Dévotion Pour La Petite Chameau’ Le Saule
Il est de certains micro-labels comme des micro-brasseries, on ne trouve leurs produits qu’en de rares endroits et, presqu’à chaque fois, on se régale. Prenez la structure Le Saule, hébergeuse de talents discrets, ils ont pour nom Léonore Boulanger ou Antoine Loyer. Des artistes de la trempe d’Eloïse Decazes et de toute la clique autour d’Arlt. Des gens qui avec trois bouts de chandelle vous éclairent le monde. Fidèle de l’endroit, c’est son troisième essai, Jean-Daniel Botta ne fait nullement exception. Chipoteur des conventions, exorciste des mauvais sangs irrévérencieux, l’artiste français déprave les genres avec délectation (et parfois avec maniérisme). Qu’il déroute la chanson pour enfants de sa trajectoire abrutissante ou que la folk music mue ses habits naturalistes en une amusante tunique acidulée, Botta prend ses aises avec les habitudes d’écoute tout en, c’est sa grande force, nous tendant une main accueillante. Oh, on l’entend déjà, votre tonton Joseph, râler sur ces jeunes bobos qui ont hésité entre culture du macramé dans la Creuse et atelier de bijoux éthiopiens dans le Marais, avant de devenir musiciens entre mille projets. Tu sais ce qu’on lui dit au tonton Joseph? (fv)
Tyler Bryant & The Shakedown ‘The wayside EP’ Spinefarm Records/ Pet ting Zoo Propaganda
Il y a des gens qui ont le rock’n’roll dans le sang. Tyler Bryant en fait partie. C’est ainsi qu’à l’âge de onze ans, il a échangé le vélo que ses parents lui avaient offert pour Noël contre une guitare électrique avant de devenir pote avec un vieux bluesman qui lui a appris à sortir des sons roots de sa gratte. Cet EP de sept titres n’affiche aucun temps mort et ravira ceux qui aiment le bon rock old school. Entre blues primitif, rock sudiste, envolées psyché et petites touches de stoner, Tyler jongle avec les styles de façon
‘A Folk Set Apart : Rarities, B-Sides & Space Junk’ Domino/V2
C’est un best-of qui n’en porte pas le nom. Une compilation pour une fois nécessaire, intrigante et pas cache-misère pour un sou. A travers dix-neuf titres (raretés et faces-B et cinq pépites inédites), ‘A Folk Set Apart’ jette un éclairage légèrement oblique sur la musique ombrageuse de Cass McCombs. Bien sûr, ce genre d’exercice conduit par essence le bon grain à se mélanger à l’ivraie, l’indispensable à côtoyer l’anecdotique. Mais cette abondante collection fournit surtout l’occasion de se pencher sur les phases successives d’un parcours inégal et accidenté, mais toujours placé sous le double signe de l’exigence et de l’intégrité. Et elle confirme l’avènement progressif d’un songwriting sans limites, plus mystérieux et complexe que son dénuement pourrait le laisser entendre. Troubadour à la plume agile et volubile, McCombs chante la vie comme elle est : mélange inextricable et versatile de beauté et de laideur, de lumière et d’ombre, de chaos et de logique. N’excédant que rarement les trois minutes, les titres valsent de complaintes minimalistes en saillies rock, punk ou pop (‘AYD’, ‘Poet’s day’), de ballades rêveuses en litanies hypnotiques (‘Empty promises’). De quoi combler et troubler le fan déjà familier avec le travail de McCombs. Mais aussi de quoi séduire les oreilles moins averties au travers d’un voyage initiatique exigeant mais passionnant dans l’univers de l’américain. A tous les coups les frissons prendront les émotions à la hussarde. Ça ne se refuse pas. (gle)
fort personnelle en dégageant une énergie incroyable, notamment sur les énormes ‘Mojo working’ et ‘Loaded dice & buried money’. Très bon ! (pf)
Basia Bulat ‘Good Advice’ Secret Cit y
Avec son air légèrement bovin et ses chansons acidulées, Basia Bulat débarquait sur la scène folk en 2007 en apportant un peu de légèreté à un revival qui commençait à doucement s’embourber dans un classicisme particulièrement casse-boules. Car oui, la flûte de Mariee Sioux, ça va cinq minutes mais ça donne vite des envies de génocide. L’échelon juste en-dessous de Feist, Basia Bulat, fraîche, naïve, distillait donc toute sa bonne humeur à travers le monde, loupant on ne sait pas trop pourquoi le coche d’un contrat saignant avec un publicitaire. Pas loin de dix ans plus tard, réécouter ces ukulélés de l’enfer, presque aussi mièvres que ceux des ignobles Cocoon, fait franchement mal au cul. Et se plonger dans ce quatrième album ne ménagera pas votre beau petit postérieur. Car la canadienne geint sur la presque totalité de ce ‘Good Advice’. Et parce qu’elle manie l’émotion comme un dyslexique ferait de la grammaire à la dictée de Pivot. Grossièrement. À force de servir de l’emphase à la grosse louche, la coupe déborde : il faudra attendre deux titres de clôture plus farouches pour trouver en ce disque pompeux un semblant de frisson. (am)
Cabaret Contemporain ’Moondog’ Sub Rosa
Une légende. Un roc. Une montagne. Cabaret Contemporain? Non, pas à ce stade (et qui sait, un jour). Plutôt le compositeur américain Moondog qui, décédé à la fin du vingtième siècle, ne cesse de voir son œuvre réinventée par la jeune génération. Ce n’est que justice. Créateur d’un univers où le jazz hippie s’était dévoyé dans la pop pour influencer Glass ou Reich, le viking de la 6è avenue trouve en
Cabaret Contemporain un écrin inattendu et délicat. Imaginons le croisement entre Terry Riley et le projet Nouvelle Vague. Soumettons-le à deux vocalistes suédoises Linda Olah et Isabel Sörling, deux nymphes au timbre diaphane et étoilé. Que surtout, ils envoient les titres originaux se balader où on ne les attend pas. Mission accomplie. Tiens, comme sur ‘I’m Just A Hop Head’. Ça sautille, ça se marre, ça ironise, on prend (et on vous met au défi de reconnaître le morceau de 1978). Idem sur l’interlude ‘Maybe’, 1’11 de pur bonheur. Ou encore sur ‘Paris’ où les cinq musicos français font valdinguer la contrebasse et les percus, avec toujours en point de mire cet irrésistible second degré. A ce stade, on leur a déjà passé les deux premiers morceaux, presque trop sages. (fv)
Cage The Elephant ‘Tell Me I’m Pretty’
Celestial Wolves ‘Illusive Landscape Of Expression’ Dunk!Records/Creative Eclipse
Ce quintet formé en 2011 avait jusqu’ici sorti un EP et un album évoluant dans un registre post rock atmosphérique qu’il maîtrisait fort bien. Entre-temps, un nouveau guitariste a rejoint le groupe, ce qui a incité Celestial Wolves à durcir le ton et à injecter ci et là des touches de stoner et de métal. Cette évolution réussie muscle l’ensemble sans pour autant dénaturer l’essence de la musique. Si ‘Alithia’, qui ouvre l’album en douceur, s’inscrit dans la lignée de ce que l’on connaît, dès le titre suivant, le ton se durcit et dégage une puissance épique qui va traverser la suite de l’album et atteindre des sommets d’intensité avec ‘Rebellion entry’ ,‘Après moi le déluge’ et ‘The light’. (pf)
Martijn Comes ‘Tradition Noise’ The Silent Howl
Si on s’en tient à son titre, ‘Tradition Noise’ ne ment pas. Quatrième album de ce musicien électronique hollandais, le projet creuse la question musicale de la confrontation d’une matière traditionnelle à une esthétique noise et de ce qu’il en subsiste après transformation. Les réponses que Martijn Comes sort de ses machines sont séduisantes. En particulier lorsque le matériau d’origine garde son empreinte par-delà la mutation (‘Depths Of The Nile’, ‘Old Morocco’). Là où le bât blesse, c’est que l’éthique auto-proclamée ne peut pas dépasser l’appropriation pure et simple si le principal intéressé se comporte en pilleur d’épaves. De la ligne d’échange évoquée par le titre, il ne subsiste que Comes lui-même, qui évite soigneusement de citer ses sources, alors que celles-ci constituent l’arche thématique et parfois mélodique de ses créations. Une attitude incompréhensible qui empêche d’adhérer totalement à la démarche. Et qui évoque le comportement du colon, certain du bien-fondé de ses actions. (ab)
RCA/Sony
Ils ont tué Lemmy, mais ils n’auront pas Dave Grohl. On pense bien ce qu’on veut des Foo – moisis depuis belle lurette, mais un mec qui se casse la jambe sur scène, fait patienter le public une poignée de minutes - juste le temps de se faire poser un plâtre - pour revenir achever son concert assis sur une chaise possède un certain sens de la générosité. Un mec qui remplace au pied levé le batteur de Cage The Elephant, souffrant d’une crise d’appendice, pour les dernières dates de leur tournée en support des Foo Fighters crée une légende belle et vraie, à la limite du cocasse. Au-delà de ce (haut) fait notoire, Cage The Elephant suit une route on ne peut plus classique, fort de cinq disques dont ce ‘Tell Me I’m Pretty’ produit par l’omniprésent Dan Auerbach. Et ça sonne un peu comme si Alex Turner chantait l’histoire de l’esclavage en costume cintré noir dans un champ de coton. Pas un hasard d’ailleurs si le groupe ricain a posé ses valises à Londres depuis plusieurs années mais enregistre toujours à Nashville. Du travail de professionnels qui suinte toute l’histoire du rock, des pionniers à... Balthazar sur le très belge ‘Too Late To Say Goodbye’. (am)
Congo Natty ‘Jungle Revolution In Dub’ Big Dada
Pas cool. Me filer un album de remix à chroniquer m’oblige au final à me farcir deux albums reggae pour le prix d’un. Et l’original – ben tiens – se suffisait à lui-même. En 2013, Congo Natty secoue le reggae avec ‘Jungle Revolution’, petite bombe dubstep plutôt réussie (‘Get Ready’ foutait le feu avec son flow de Gremlin). Donc, rebelote : on remixe tout ça, en plus gras, plus lourd, plus gol. Sherwood électrise bien le bouzin le temps d’un passage jungle éclair, ça empêche pas le skeud de se vautrer dans les grandes largeurs, voire dans un goût douteux à base d’auto-tune chez d’autres intervenants. Carton jaune, au détriment du noir et du vert. (ab)
CTM ‘Suite For A Young Girl’ Tambourhinoceros
Sous le voile de CTM se cache la violoniste et chanteuse danoise Caecilie Trier, déjà entraperçue au sein du Choir Of Young Believers. Présentée ici et là comme une
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demoiselle à la voix chaude et magnétique - quelque part entre Tracy Chapman et Sade - elle affiche pourtant tous les signes d’une personnalité affranchie, pas vraiment taillée pour se fondre dans les rangs d’une quelconque école pop, folk ou jazz. Entre électronique brumeuse, songwriting impressionniste et neo-classique minimaliste, ‘Suite For A Young Girl’, est d’ailleurs un peu plus qu’un disque : c’est un univers entier dont l’artiste danoise, tantôt avec son violon et son piano aqueux, tantôt avec ses beats trippants, plante le décor. Parées d’harmonies tamisées (‘Escored/The Road’), ornées de mélodies au tracé limpide (‘The Way The Mouth Is A Mouth’) ou en ligne brisée, ses compositions excellent dans l’art de fausser compagnie aux identités assignées. Pas de quoi crier au génie, mais certainement de quoi promettre à Caecilie Trier un avenir au-delà de ce premier essai. (gle)
Cult Of Luna/The Old Wind
The Necks ‘Vertigo’ ReR Megacorp/Dense
Avec ‘Open’ sorti en 2013, The Necks prenait la mesure du temps en la poussant jusqu’à son paroxysme, jouant le jeu d’un temps faussement suspendu sur l’espace ouvert d’une seule et même longue pièce de près de 70 minutes. ‘Vertigo’ est moins étendu, 44 minutes à peine, mais la démarche demeure similaire. Elle reflète ce que Chris Abrahams, Tony Buck et Lloyd Swanton cherchent et fouillent depuis plus de vingt-cinq ans. Apprivoiser le flux, canaliser le reflux. Ici, le vertige n’est pas celui des hauts plateaux ou des grands espaces, il est ce que l’on finit par éprouver face à l’indétermination d’une musique qui refuse d’indiquer ses destinations. Il n’y a pas moyen de s’arrimer aux rythmes disséminés de Buck, pas plus qu’il n’est possible de suivre de long en large le jeu de basse de Swanton. Entre les deux, les claviers d’Abrahams tentent la voltige discrète, histoire de donner de la hauteur à la composition, de simuler une montée qui n’a rien d’ascensionnel. C’est sur cd qu’une œuvre du trio de Sydney s’apprécie pleinement, un vinyle aurait requis un changement de face et donc une interruption, une rupture qui aurait tout gâché. A l’image de la surface miroitante de la mer qui occupe la photo de la pochette, la musique de The Necks mire ses atouts sur l’interface intemporelle de ses recommencements. Respect total. (et)
‘Raangest’ Pelagic Records/Creative Eclipse/Cargo
Le label Pelagic s’est lancé dans la sortie de split singles mettant chaque fois en avant deux artistes se partageant une face. Quelque peu passée de mode, cette philosophie a connu son apogée dans les années 80, lorsque des petits groupe punk ou hardcore sortaient un 45 tour ensemble, histoire de réduire les frais. Sur le split que voici, Cult of Luna a décidé de faire découvrir un groupe qu’il aime, The Old Wind. Le premier titre est une reprise de ‘Last will and testament’ de Amebix, qui voit Cult Of Luna insuffler un côté épique et hypnotique à l’original sans trahir celui-ci. Quant à The Old World, il évolue dans un style lourd, bien sludge et terriblement doom. C’est énorme niveau son, mais en même temps assez subtil au niveau des structures. Si vous aimez le post métal aventureux et intelligent, ceci est pour vous. (pf)
Judy Dyble ’Anthology Part One’ Ear th Records
Vous connaissez son nom. Ou plutôt celui du groupe qu’elle a fondé, avant de le quitter au bout de deux ans, remplacée par l’extraordinaire Sandy Denny. Oui, Fairport Convention, ce fantastique combo qui est à la pop folk ce que Mogwai est au post rock. Depuis, la carrière de Judy Dyble s’est transformée en montagnes russes. La présente anthologie en témoigne, dans tous les sens. Chanson enregistrée à la maison sur un lecteur de cassettes, la qualité sonore en témoigne, et ça évoque Molly Drake (la mère de...), bricolage psychédélique borderline enregistré avec Giles, Giles & Fripp avant que ce dernier ne fasse parler de lui dans King Crimson, ça part dans tous les sens. On trouve un morceau pop absolument extraordinaire, de la même veine de ce que Vashti Bunyan créait à l’époque, c’est dire. Il faut avoir entendu ce ‘Both Sides Now’, d’autant que c’est un inédit de Fairport Convention. Un second ‘One Sure Thing’, nettement plus psyché, suit dans la foulée, il est à peine moins grandiose. Et pour la bonne bouche, on gardera une reprise du classique ‘Amazing Grace’ en... publicité pour des cassettes audio. C’est tordant, jusqu’au titre (‘Amazing Tape’). (fv)
Eriksson Delcroix ‘Heart Out Of Its Mind’ Waste My Records/V2
Oui, l’album précédent avait été une bonne surprise et quelques très grandes chansons minimalistes à l’esthétique crotale et tête de mort s’imposaient, chantées à deux voix, comme du plus profond bled désertique des plaines américaines (‘Walking’). Deux ans plus tard, Bjorn Eriksson et sa jolie moitié Nathalie Delcroix ressortent les santiags. Et c’est reparti pour un rodéo d’alt-country flamande, ersatz de chevauchée sauvage, beau mais désormais sans véritable surprise, touchant moins au cœur, sans grande inspiration dès la deuxième moitié du disque où il laisse carrément parfois perplexe (l’instrumental cowboy sur taureau électrique ‘Snakebite’ fait beaucoup de bruit pour rien, ‘Lay Low’, rock’n’roll incertain). Cela précisé, tout ceci reste bien agréable, particulièrement sur les quinze kilomètres de ligne droite de la N67 qui relie Eupen à Monschau à travers fagnes sans rencontrer une seule trace de civilisation. On s’y croirait. (lg)
Erno Le Mentholé ‘La Mécanique poétique’ Home Records
D’Erno, nous vous avions esquissé le portrait il y a quelques années quand il nous avait ouvert les portes de sa maison pour un concert intimiste. Des mains longues caressant les touches d’un piano avec la grâce d’un lépidoptère, un dos sensuel se tordant en lentes convulsions circonflexes, un visage éclairé et inspiré. Après avoir confectionné plusieurs morceaux digitaux, il édite enfin un premier véritable album sur support physique. L’enregistrement s’est fait un peu de manière impromptue, le label liégeois Home Records l’invitant à profiter d’un piano Yamaha C3x de prestige laissé à sa disposition pour quelques jours. En une heure, notre homme déploie dix-huit compositions qui se suivent et se lovent les unes dans les autres sans réelle rupture stylistique. Autodidacte et rétif à la lecture
de partitions, il privilégie les tempérances et se joue des contrastes en lançant de petites attaques maîtrisées ponctuées par des accalmies délicates comme sur le superbe ‘Tarifa dolphin dance’, véritable teaser de l’album. On est ici à la lisière d’un monde musical à la croisée d’un jazz et des musiques éternelles. S’il ne cache pas ses influences debussiennes et son admiration pour Sakamoto, Erno pourrait sans conteste et sans honte se revendiquer de la démarche d’Esbjörn Svensson. Une mécanique poétique est à l’œuvre, très certainement, mais délestée de ses rouages machinaux. (et)
Exec ‘The Limber Real’ Tambourhinoceros/Creative Eclipse
« And there’s doctors and lawyers /and business executives /and they’re all made out of ticky tacky /and they all look just the same ». Si l’on veut rester fairplay, on ne pourra pas tout à fait accuser le danois Exec (de VETO) d’être fait de carton-pâte, mais reste à l’écoute de ‘The Limber Real’ cette sensation clinique, un peu dérangeante (et qui ne gratouille sans doute que nous) que dans une dimension parallèle, dans une vie aquatique, on a implémenté chez un robot la capacité d’émettre des sons à puissance variable susceptibles de provoquer une émotion, chez un automate celle de faire frétiller avec plus ou moins de brio ses mains sur piano, chez un hologramme celle de faire acte de soul translucide. Traverserait-on ce grillage bloquant de l’impression factice avec davantage d’écoutes ? On vous en laissera seuls juges. (alr)
Field Music ‘Commontime’ Memphis Industries
Beaucoup de confrères nous ont déjà mâché la besogne en décrivant les premiers albums de Field Music comme du Wire réarrangé par les Beach Boys et dévergondé par XTC. Et on a beau se creuser pour être original, on ne trouve pas mieux. Même si, pour leur grand retour après quelques projets parallèles, les frangins Brewis semblent cette fois faire une petite fixette sur les Talking Heads.
‘Commontime’ démarre d’ailleurs avec les six minutes presque funky de ‘The Noisy Days Are Over’ qui nous projettent illico dans l’univers talkingheadsien à grand renfort de gimmicks espiègles et d’envolées de saxo. Touffus sans être brouillons, tarabiscotés mais accessibles, les morceaux s’enchaînent ensuite dans un parcours épique sans jamais renier une approche de la pop résolument cérébrale et arty. Mais bien plus qu’un énième disque mûri à l’ombre d’influences rebattues, on tient là une généreuse collection de compositions sur lesquelles souffle un vent de fraîcheur et d’inventivité revigorant. Certes, le duo joue un peu trop systématiquement la carte de l’auto-sabotage et de la rupture de ton acide et joyeuse. Mais, tout comme la voix de Peter Brewis et les arrangements richissimes, c’est là leur vraie marque de fabrique. Pas de révolution, donc. Juste une belle confirmation. On regrettera seulement que le duo ne consente que trop rarement à faire rimer érudition avec émotion. (gle)
Ina Forsman ‘Ina Forsman’ Ruf
Ina Forsman, Finlandaise de dix-neuf ans, roussette décolorée, tatouée sur toute la longueur du bras droit, allure punk et gueule atrocement photoshopée sur la pochette de son premier disque, entend revisiter à sa sauce le blues et la soul des origines. Elle raconte avoir voulu devenir chanteuse dès ses six ans après que sa tante lui ait offert le premier album de Christina Aguilera puis, plus tard, avoir beaucoup écouté Aretha Franklin et Sam Cooke sur Spotify. Le fait est que cet album tient la route même s’il n’étonne guère et ne réinvente pas le soda light. Elle lorgne donc tantôt du côté de la soul à la Amy Winehouse (‘Hanging Loose’, ‘Before You Go Home’), tantôt du côté d’un blues alla Billie Holiday (‘Bubbly Kisses’, impériale avec chœurs, trompettes et piano) ou plus rural (‘Talk To Me’ à l’harmonica). Bon, on ne chiale pas toutes ses glandes lacrymales comme sur ‘Back To Black’ mais comme disque d’easy listening, ça peut franchement faire l’affaire. (lg)
Erik Friedlander ‘Oscalypso’ Skipstone/Dense
Sur son dernier album ‘Illuminations’, le violoncelliste américain Erik Friedlander composait une musique intemporelle pour une exposition sur les livres anciens présentée au Musée Juif de New York. ‘Oscalypso’ le voit rendre hommage au contrebassiste Oscar Pettiford. Après avoir collaboré avec des musiciens provenant d’horizons divers tels The Mountain Goats, Courtney Love, Ikue Mori ou John Zorn, c’est vers l’âge d’or du be-bop que Friedlander se tourne. Pettiford joua avec Dizzy Gillespie et Duke Ellington comme contrebassiste mais s’initia plus tard, un peu par hasard, au violoncelle en l’accordant à la manière d’une contrebasse. Décédé prématurément d’une attaque virale, il ne put jamais révéler la pleine mesure de ce qu’il aurait composé s’il avait disposé de sa vie. Accompagné ici par un saxophoniste et une section rythmique, Friedlander s’attelle à le faire revivre au travers cet hommage très personnel et intimiste. (et)
Gelbart ‘Preemptive Musical Offerings to Satisfy Our Future Masters’ Gagarin Records/Dense
Affublé d’un titre digne d’une nouvelle de science fiction de série b, Adi Gelbart nous offre un album faussement futuriste, fictivement moderniste. Gelbart évolue dans un monde de synthés de récup’, d’orgues cassés et de boîtes à rythmes vintage. Ci et là, il y ajoute une contrebasse, une clarinette, un saxophone, un coup de cymbale, un coup de klaxon… A lui tout seul, Gelbart voudrait être un homme orchestre. Il y parvient presque. Ses sonatines sonnent les matines, elles se mâtinent de sons étranges, lointains échos de kermesses lunaires ou d’unités d’assemblage d’étranges appareillages. Elles offrent l’avantage d’être concises et ne s’éternisent jamais. Ceux pour qui The Residents demeurent une source d’inspiration, ceux qui aiment tendre l’oreille aux facéties de Felix Kubin trouveront leur compte à l’écoute de ce vinyle joliment habillé qui ferait une bande son idéale pour un film perdu de Jacques Tati. (et)
Alain Gibert ‘Sublime Ordinaire’ Mar tingale
Pas mal de références se bousculent à l’écoute du premier album d’Alain Gibert, illustre inconnu parait-il adepte du marathon (en fouillant, on trouve une référence à 1h43 au semi de Paris 2015) : les albums récents d’Etienne Daho et les œuvres classiques de Maxime Le Forestier et Yves Simon. Chose guère étonnante quand on lit à posteriori les crédits d’un disque réalisé par Vincent Liben, homme de cœur de beurre qui reprend souvent ‘Diabolo Menthe’ sur scène. A la fin du premier morceau, on se dit même que Gibert va nous faire le coup d’Audrain avec ‘Les
Soirs d’Eté’ en 2009, à savoir torcher un grand disque de mélancolique chronique, inadapté à l’existence 3.0, qui passe son temps à rêver sa vie en super 8. Et il s’en faut de peu. A cause de quelques titres un rien faiblards (‘Comme Chaplin’, ‘Comme Au Cinéma’). Pour le reste, il y a ce côté pop ultra classe, léché, perfectionniste qui nous rappelle – pour ne citer que des Belges – les heures claires de Melon Galia, les meilleures bossa nova de Samir Barris (‘Je Et Vous’), ou les chansons parfaites du Yeti (‘Vertigo’, enchevêtrement rêveur de chœurs, de piano et d’arrangements racés de cordes). (lg)
Herr Gaisha & The Boobs ‘Book Of Mutations’ Dur Et Doux/At ypeek Music
Son quatrième album, ce trio le décrit comme étant du « now’s rock’n’roll stuff ». C’est plutôt succinct en guise d’introduction mais la musique est assez parlante. ‘Book Of Mutations’ s’appréhende comme un ensemble de 47 minutes à écouter d’une traite. L’auditeur est entraîné dans une expérience musicale singulière et mutante où le groupe jongle avec les genres, passant du hardcore le plus noisy au psyché prog sans oublier des détours plus stoner, le tout avec un goût pour les structures avant-gardistes, le chaos et la dissonance. Singulier, tortueux et riche en surprises, l’univers de Herr Gaisha & The Boobs aurait tendance à nous plaire. (pf)
The High Llamas ‘Here Come The Rattling Trees’ Drag Cit y/V2
Quoiqu’il advienne, les High Llamas restent pour moi indéfectiblement liés aux années nonante. Même si leur musique n’a cessé d’évoluer, allant à l’encontre de la culture grunge alors dominante, et de s’affiner au cours des années 2000,
l’essentiel paraît avoir été dit. Ce nouvel album sort après une attente de près de cinq ans depuis leur dernier en date, ‘Talahomi Way’. Il s’annonce comme la bande sonore d’une pièce de théâtre et plus prosaïquement comme ‘a musical narrative’. Sean O’Hagan a imaginé des personnages et des histoires qui rentreraient dans le canevas de ses compositions, certains sont fictifs, d’autres réels, côtoyés au cours des dernières années dans sa ville suburbaine de Peckham. Après avoir été présenté une première fois au théâtre local, ‘Here Come The Rattling Trees’ a été joué au Tristan Bates Theatre de Covent Garden pour une semaine de représentations. Ces piécettes, à la fois chantées et instrumentales, apparaissent tellement légères à l’oreille qu’elles en deviennent impalpables. Elles sont entrecoupées d’interludes où prédominent les percussions et les xylophones. Au final, la subtilité d’O’Hagan tient au fait qu’il ait pu camper des tranches de vies d’un ordinaire implacable, impitoyable même, dans le corps de chansons qui revendiquent leur insouciance avec brio. (et)
tre ça sur le compte de la chance du débutant. Car, comme au bon vieux temps du punk, les Hinds ont appris sur le tas, sur scène notamment, et ce premier hold-up est là pour le rappeler. L’amateurisme et le dilettantisme paraissent même avoir été expressément mis au service des morceaux. Mais au-delà de ces considérations, c’est notre côté vieux con qui a surtout été horripilé par ces approximations musicales (guitares hésitantes, rythmiques d’une banalité affligeante) et cette nonchalance érigée en art majeur. Où il a de l’œstrogène, il n’y aurait pas de plaisir ? On refusera le procès en sorcellerie et en machisme primaire car on a vénéré bien d’autres filles à guitares avant elles. Mais il manque à cette ravissante pagaille un peu de consistance pour convaincre au-delà du public cible des post-ados de 18-25 ans. Sans quoi ce ‘Leave Me Alone’ restera l’album d’un groupe sans lendemain, l’énième « chefd’œuvre » qu’on finira par oublier un mois après sa sortie. (gle)
Hox ‘Duke Of York’
Hinds
Editions Mego
‘Leave Me Alone’ Luck y Number/News
Tout va très vite pour les quatre punkettes de Hinds. Déjà aussi clivantes que Desigual ou Cristiano Ronaldo, ces Madrilènes badass, explosives et rigolotes en ont immédiatement affolé plus d’un dans le microcosme musical. Elles puisent dans leur jeunesse et leur candeur intouchable une urgence qui imprègne leur garage-rock hypermélodique et les font avancer sans le moindre complexe. Et, effectivement, dans une veine « Fifi Brindacier meets Mac DeMarco », ce premier essai renferme quelques tueries mélodiques désinvoltes trempées dans une production volontairement négligée. On pourrait met-
Après seize ans d’absence, Hox est de retour avec un nouvel album. Derrière ce nom énigmatique se cachent Graham Lewis, bassiste de Wire et l’artiste ambient expérimental Andreas Karperyd. Conçu comme un album de pop électronique contemporaine, ce disque balaie des pans entiers de mouvances avec beaucoup d’élégance et de créativité. ‘Anthracite’ dessine des contours volontiers industriels,‘Correct co-ordinates’ fait dans la cold wave mutante façon John Foxx, ‘Goodbye’ affiche une rythmique de feu associée à des nappes envoûtantes là
29.04.2016 LOTTO ARENA ANVERS VENDREDI
The Nos Amis Tour
JEUDI 25.02.2016 FOREST NATIONAL (club) INFO & TICKETS : PROXIMUSGORMUSIC.BE •
WWW.EAGLESOFDEATHMETAL.COM
NEW ALBUM “ZIPPER DOWN” OUT NOW
INFO & TICKETS : PROXIMUSGOFORMUSIC.BE •
LUNDI 21.03.2016
ANCIENNE BELGIQUE INFO & TICKETS : PROXIMUSGOFORMUSIC.BE LIVENATION.BE T H E S I S T E R S O F M E R C Y . C O M
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où ‘Track and field’ est une odyssée fascinante et cosmique réminiscente de la scène krautrock. Si l’on est ébahi par la richesse des sonorités et des structures qui flirtent avec l’expérimental, on est aussi impressionné par la dimension très directe, accessible et pop de l’ensemble (‘Javelin’, très immédiat). Rarement Lewis et Karperyd n’auront été aussi inspirés que sur ce disque. (pf)
Bert Jansch ‘Moonshine’ Ear th
1973, le jour de l’an : l’Ecossais Bert Jansch annonce qu’il met un terme au mythique groupe de folk-jazz-baroque Pentangle. Il faudra attendre 2008 pour revoir le combo dans son line-up d’origine, au complet mais diminué ; Jansch souffre d’un cancer et a déjà sorti, deux ans plus tôt, ce qui deviendra son superbe chant du cygne, l’increvable ‘The Black Swan’. Sur ce disque, le vieil homme, cinq ans avant sa mort, collaborait avec toute une clique de folkeux dont il aurait pu être le père (Devendra Banhart, Beth Orton,…), preuve ultime de son génie et de son influence. Parce qu’en 1973, donc, alors que Jansch sort son huitième album solo, Paul Simon et le bientôt regretté Nick Drake, entre autres, se sont déjà réclamés de lui. Ce qu’on y entend : ce folk rural, so british, intemporel, à la Fairport Convention. Jansch à la guitare acoustique et derrière lui, la crème anglaise de l’époque, avec notamment Danny Thompson de Pentangle, Tony Visconti (à la basse, aux percussions et, bien sûr, à la production) et sa femme Mary Hopkin, la chouchoute de McCartney (‘Those Were The Days’, 1968, tube) qui chante ici ‘The First Time Ever I Saw Your Face’, une folk song de 1957 popularisée par Roberta Flack en 1972. Flûtes, violoncelles, harpes, voilà la trame qui fait la beauté de ‘Moonshine’ et en particulier celle de son morceau-titre dont le final baroque est à tomber par terre. L’album s’achève sur ‘Oh My Father’ dans un déluge électrique que rien, jusque-là, ne prédisait. En 2016, Earth continuera de réhabiliter le grand homme avec la réédition prévue de ‘Avocet’ (1979). Ce type n’ayant rien gratouillé de mauvais, encore une fois, il faudra foncer. (lg)
Jain ‘Zanaka’ Sony
Le bazar a trois mois mais ce sont les aléas de notre calendrier et du manque de réactivité, parfois, des maisons de disque. Nous voilà donc à vous causer d’un truc sorti le 6 novembre. Pas grave. Et tant mieux. Parce que cet album, rayon pop radiophonique, est une bombe qui enquille les tubes. A commencer par le single ‘Come’, extraordinaire d’intelligence putassière, racolant vos guibolles à grand renfort d’exotisme (« My soul, my soul is in Africa, with you boy ») et de trombone utilisé avec une ingéniosité rare pour ce qui truste habituellement les bandes fm. Derrière, les choses s’enchaînent avec une
Antoine Pierre
King Charles ‘Gamble For A Rose’
‘Urbex’
Buffalo Gang
Igloo Records
On en a vu défiler des bios mais ce couplà, on ne l’avait jamais lu : King Charles – dont tout le monde, bien évidemment, se souvient du premier extraordinary album – aurait coupé ses longues dreads l’an dernier, renaissant ainsi de ses bouclettes opaques pour ressembler désormais à un Strokes ébouriffé du début de siècle. The king is dead, so long live the King. Ha, ha. Of course. Soit. Mais ça n’est pas avec ce disque qu’Elvis se retournera dans son Graceland, ni que l’éternel Prince aux grandes oreilles entendra parler de ce roi éponyme. ‘Gamble For A Rose’ est de ces albums de pop-rock-folk fadasse et, sometimes, lourdaud (ces guitares à la vazyque-je-te-pousse) dont everybody se tamponne le popotin, surproduit de consommation immédiate dont les subtilités ne tiendront en haleine que les quelques érudits qui rêvent encore d’Amy Macdonald la nuit. (lg)
Le jazz, au fond, c’est quoi ? Sinon cette musique black née à la fin du dix-neuvième siècle au sud des states et qui a engendré toute une palanquée de sous-genres, du bebop au jazz rap. Sinon la musique de la liberté, de la vie, de la mort. Et aussi de tout ce qu’il y a entre ces deux états : le délabrement, l’abandon, la désuétude. Sur la musique d’Antoine Pierre, puisqu’il nous y invite, on voit les friches industrielles, les hôtels trop vieux délaissés aux quatre vents, les sanatoriums envahis par leurs campagnes, les vieux théâtres de province rongés par le désintérêt culturel. Antoine Pierre impressionne. Véritablement. A 23 ans à peine, le Liégeois d’origine, qui est déjà une référence dans le domaine – batteur pour Philip Catherine, pour TaxiWars (l’excellent projet jazz de Tom Barman) –, signe ici un premier album bluffant où tout trouve sa place, à un moment où à un autre : la guitare, la contrebasse, le piano, les percussions (‘Who Planted This Tree’) et puis les cuivres, merveilleusement agencés, plombeurs ou teigneux (la superbe tristesse de ‘Ode To My Moon’, la rage quasi funky de ‘Walking On A Vibrant Soil’). Coup d’essai, coup de maître. (lg)
fluidité réellement impressionnante et donnent à entendre des machins irrésistibles, qui ne demandent qu’à être écoutés en boucle et très fort, évoquant tour à tour Milky Chance (‘All My Days’), Lily Allen (‘Hob’, délicieuse) ou même Skip & Die (‘Makeba’). La plupart des titres sont produits par Yodelice, ce type qui a décidément tout pigé au business après avoir écrit l’intégralité des musiques du dernier Johnny Halliday. Des disques populaires de cette trempe, on en veut tous les jours. (lg)
Junior Boys ‘Big Black Coat’ Cit y Slang/Konkurrent
Après la sortie de ‘It’s all true’ en 2011, les Junior Boys ont mis leurs activités communes entre parenthèses. Matt Didemus s’est lancé dans des projets solos là où Jeremy Greenspan a collaboré avec différents groupes, dont Caribou. Après ce hiatus, ils se sont retrouvés avec une énergie et un enthousiasme décuplés, s’attaquant à la réalisation de ce nouvel opus avec une créativité nouvelle, notamment parce que le groupe a décidé d’intégrer une petite touche de techno Detroit primitive. Si cette approche donne un côté un peu plus dur et métallique à la musique des Junior Boys, l’univers du duo demeure immédiatement reconnaissable, notamment grâce à la voix, superbe, de Jeremy. Ultra groovy, irrésistiblement pop et en même temps très travaillé au niveau des beats et des textures, ‘Big Black Coat’ associe des références électro pop 80s, techno et R’n’B dans un moule résolument moderne et livre un disque aussi dansant qu’intelligent. Entre le R’n’B discoïde de ‘Baby give up on it’, le quotient ultra dansant de ‘And it’s forever’ et le plus martial ‘C’mon baby’, les Junior Boys signent un album magistral. (pf)
Francis Juno ‘Tomorrow’s Nostalgia’ Hula Honeys
Je tourne parfois longtemps autour d’un album avant de le comprendre, de laisser sa richesse se dévoiler en creux. Ces albums se signalent dès la première écoute, comme un appart à visiter qui promet
un confort ultérieur, pas encore habité. J’aimerais dire que ‘Tomorrow’s Nostalgia’ est de ceux-là. Je suis entré et sorti de ce condo suisse, à de nombreuses reprises ; j’ai humé l’air ambiant, effectué un premier tour, je suis retourné à ma vie, ai emporté avec moi quelques impressions naïves, des glitches rondouillards, une jolie vue, cet electronica par endroit moelleux (‘Modulate Me’) par d’autres presque glacé (‘Jupiter201’), un couloir inquiétant (‘Emu-Serge 3’), ce côté lounge et intimiste de l’ensemble, ce vieux piano dans l’entrée qui me plaisait tant (‘Agony Box’), puis je suis revenu, cherchant à confirmer ces impressions, j’étais plus attentif, je scrutais les détails, les finitions, les lambris, encore et encore, avec cette attention un peu mortifère qui cache l’évidence : je savais que je n’allais pas y poser mes valises. Pas de vices cachés, non, rien dans ce genre. Pour agréable qu’il soit, le lieu ne m’invitait pas à revenir. Pas de regrets non plus : ‘Tomorrow’s Nostalgia’ pourrait être le cocon idéal pour les rêves d’un prochain visiteur. (ab)
Conrad Keely ‘Original Machines’ Superball Music
Rarement une étape solo aura été aussi pertinente dans la carrière d’un frontman de groupe mythique. Car vous ne trouverez pas le moindre point commun entre un disque de ...And You Will Know Us By The Trail Of Dead (dont Conrad Keely n’est autre que l’un des deux géniteurs) et ‘Original Machines’. Et à vrai dire, l’emo nous manque un peu pour écrire cette chronique. Naturellement, on aurait aimé retrouver cette urgence nineties, ce malêtre juvénile qui donnerait presque envie de ne jamais sortir de sa crise d’ado. Or, Conrad en est loin : il a vieilli, fort vieilli et, étrangement, s’en va piocher dans des références qui n’inspirent que le malaise. Ainsi, en plus d’être badigeonnées d’un traitement sur les voix que même le HardFi le plus balourd n’aurait pas assumé, ces vingt-quatre chansons - ou plutôt « vignettes » vu leur durée - évoquent trop souvent le Green Day sinistre de ‘Boulevard Of Broken Dreams’. Déçus, gênés d’être là, on se sent partagés entre l’envie de comprendre les raisons de ce virage désastreux et celle d’oublier à jamais ce disque raté d’un mitron qui nous avait habitués à meilleures galettes. (am)
Aidan Knight ‘Each Other’ Full Time Hobby/Konkurrent
Ah, Gudule ! De nos jours, les preux chevaliers ne demandent plus à leur monture d’aller à l’amble. Ne nous offrent plus guère – à moins qu’ils n’affichent passeport canadien et gants blancs – qu’une tourniquette pour faire la vinaigrette. Avoue que s’ils avaient également renoncé à la sérénade, nous en serions bien marries. Heureusement, comme son compatriote Dan Mangan, Aidan Knight a donc deux bien rondes épaules où te blottir. Un art distingué de l’évocation, une manière gracieuse de distiller un peu de lumière dans ses humeurs, qu’elles se fluidifient et vibrent (‘All Clear’ et son constat d’absence en climax), ou qu’elles accompagnent l’orgue de parade en demi-teinte de ‘The Funeral Singers’. Avec de la persuasion, tu parviendras même à faire danser un slow voire deux à ce discret chérubin qui n’aime pas les productions de sa luette – « Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Aidan ! ». Justement, pas tant que ça. Le cher ange pêche quelquefois par manque d’ardeur immédiate. On ne le troquera pas pour autant contre un Dunlopillo. (alr)
Kosmose ‘Kosmic Music from the Black Country’ Sub Rosa
Au milieu des années septante, la scène musicale du pays de Charleroi est monopolisée par le blues-rock. A Marchienneau-Pont, face à la voie ferrée, dans le grenier d’une maison ouvrière où vit un certain Francis Pourcel se réunissent des musiciens au cours de rencontres dominicales. Si ces sessions n’ont rien de planifié, elles se déroulent en grande partie de manière improvisée, répondant à un rituel tacite, sans qu’aucun leader ne donne l’impulsion même si la figure de Pourcel est constante aux côtés d’Alain Neffe (qui lancera plus tard le label Insane Music). Il en émerge une musique essentiellement instrumentale rétive à toute assimilation à un genre déterminé. Elle variera au cours des années. Dans un premier temps, elle se revendique d’une dimension cosmique, for-
tement influencée par le Pink Floyd du début et par Gong tandis que par la suite elle s’ouvrira aux influences kraut avec l’arrivée de Guy-Marc Hinant (qui fondera plus tard Sub Rosa) et du guitariste Paul Kutzner et, plus tard encore, prendra une direction plus bruitiste. Le presse locale parle d’une ‘musique au cœur des usines’ tandis le groupe se fend d’une ‘Sonate en laminoire’… Ce double album, accompagné de notes et d’images d’époque, témoigne de cette aventure qui était jusqu’alors méconnue dans les annales de l’histoire du rock belge. (et)
Talib Kweli & 9th Wonder ‘Indie 500’ It’s A Wonder ful World
Pourtant, tout avait bien commencé. Une intro gospel, suivie d’un flow martelé au piano, la soirée s’annonçait bien. Talib Kweli et 9th Wonder ont le hip-hop riche, entre abstract soul et R’n’B, et les arrangements accessibles et de bon goût. Ils viennent accompagnés de toute une série de guests, destinés à rythmer la night d’un sens aigu de la dynamique, sans phagocyter vos basses à outrance (‘LoFi’, bombe downtempo). Pour un temps, on est pas loin de la perfection : ‘Indie 500’ est un album foutrement cool et sexy, intimiste et fun à la fois, typiquement le genre de truc sur lequel on a envie de s’envoyer en l’air. Puis démarre ‘Don’t Be Afraid’ sur le flow nerveux et excitant de Rapsody, arrive le refrain – et soudain c’est le drame. Il suffit d’un autotune appuyé pour jeter le discrédit sur un artiste. Que ce soit pour camoufler un défaut ou par choix esthétique, rien n’excuse l’autotune en 2016. Putain, les mecs, ‘Believe’ de Cher a bientôt vingt ans ! Comme une mauvaise blague, un vilain pet, le reste de la soirée n’est plus tout à
fait le même. On déniche la vulgarité partout, on a envie de se rhabiller. Nos hôtes compensent, mettent le paquet sur deux fantastiques morceaux de clôture, mais l’heure tourne, l’enthousiasme est retombé. Plus tard, rentré chez soi, on choisira d’oblitérer cet instant gênant, de ne se rappeler que les bons moments de la soirée. Et dans quelques années on en rira bien. (ab)
LE1F ‘Riot Boi’ Terrible Records
Phénomène de foire ou OVNI intégral du hip-hop badass post-2010, on peut légitimement se demander si LE1F appartient plutôt au lard ou au cochon. Prouvant qu’il était un des producteurs à surveiller de près en un disque (de Das « feu de paille » Racist), une mixtape (à son nom), un single impitoyable (‘Wut’) et, au passage, un mini-short ras-la-floche, LE1F pourrait être au hip-hop ce que l’éléphant est au magasin de porcelaine : un animal au potentiel maousse supposé tout casser sur son passage. Et à vrai dire, on aurait aimé que le pachyderme marche davantage sur des œufs. Parce que dans cette avalanche de beats malsains, de basses frisant les 50Hz et d’autotune à la distinction toute relative, rien ne sort réellement du lot, à commencer par l’eurodance ‘Koi’ qui fait office de single pâle et faiblard. Entre références mainstream et vapeurs de poppers, LE1F possède bien « un truc », le sien. Et pourtant, après dix écoutes, on ne se sent toujours pas chez nous dans ce ‘Riot Boi’. Sûrement parce que LE1F se limite encore à un concept hype adepte du cache-misère, plus obsédé par la forme que par le fond, brandissant tel un drapeau ce mini-short mauve qui ne moule malheureusement pas grand chose. (am)
Lilly Joel ’What Lies In The Sea’ Sub Rosa
Dix ans de collaboration, deux artistes belges au programme. Une chanteuse, Lynn Cassiers, davantage créatrice de paysages sonores que vocaliste au sens premier du mot. Un musicien, Jozef Demoulin, que les pas emmènent du côté de Chris Watson ou de Jana Winderen, dans la stratosphère. Pour un miracle de légèreté. Quelques grammes de poussière d’étoiles en ouverture, totalement sublime, ça fait penser à l’immensité discrète d’Anne Laplantine. Des pas en apesanteur, nullement celle de l’infâme Calogero, du genre ‘2001, A Space Odyssey’. Un reste d’orage technoïde, on fantasme Björk et Alva Noto, toujours en fond sonore ces quelques notes en escapade à l’orée de l’electro-pop. Ce chant, aérien et prenant, sur plusieurs morceaux (‘Thaw’, mazette!), telle une soliste de l’Hilliard Ensemble interprétant un fantasme descendu de chez Steve Reich. Un ou deux paragraphes, aussi, où la légèreté s’envole tellement qu’elle ne retombe plus de son cumulus. Pour un disque à la personnalité aussi immense que frêle. (fv)
Louis Minus XVI ‘Kindergarten’ Becoq Records
Quatuor à la composition atypique englobant deux saxophonistes – un alto et un ténor –, Louis Minus XVI provient de Lille où il a fait ses premiers pas pour ensuite essaimer dans le reste de l’hexagone. Si le groupe s’apparente sans conteste au jazz, c’est dans ses décloisonnements qu’il nous faut trouver un lien de filiation, du côté de Peter Brötzmann ou de The Thing. A certains détours, on songe aussi à God, le combo de Kevin Martin qui dans les années nonante avait brouillé les balises en-
tre les territoires rock aventureux et free jazz, recourant aussi à deux sax. Quoique assez succinct, ce deuxième album révèle suffisamment la façon de faire de ses musiciens qui ne jouent ni la carte de l’impro, ni celle de la fusion sauvage mais celle de la mise en relief de compositions réfléchies et contrastées. (et)
Lissie ‘My Wild West’ Cooking Vinyl
En matière de pop féminine, difficile de faire mieux en 2016, c’est-à-dire plus définitif, que ‘Art Angels’ de Grimes, peutêtre l’unique album véritablement actuel de mémoire récente, à savoir le seul qui prenne à son compte la flamboyante nullité d’un paradigme culturel global, marvellisation de la musique planétaire bâtie sur les cendres du hip-hop (dernière vraie culture en date) et l’avènement de la télé réalité, pour en faire de l’or. A contrario, la jeune Lissie (déjà, quel blaze…) a six trains de retard. Elle tâtonne toujours entre pop-selfie – équivalent pseudo-intimiste au folk, sans proximité, sans goût, sans intérêt – et l’affectation propre à toutes ces jeunes pétasses du petit écran qui consiste aux cent mètre haies d’octaves sur fond de voyelles. En résulte un truc bâtard, un peu americana et beaucoup pop, même pas nouveau, qui ruine une voix parfois belle, presque Marianne Faithful (l’intro de ‘Stay’ ; une rose sur un tas de fumier) à coups d’envolées démonstratives destinées à camoufler l’inanité formelle et thématique de l’ensemble, le tout sur fond de guitares country pour centres commerciaux et de beats indigents. La grandiloquence occasionnelle n’y est pas l’expression d’une personnalité : elle est la consensualité de la performance. Lissie, la prisonnière du Zeitgeist. (ab)
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The Lumes ‘Lust’
Ty Segall
Katzwijm Records
‘Emotional Mugger’
Les Pays-Bas ont beau susciter moqueries et désarroi, ils n’en restent pas moins l’étrange dénominateur commun entre moulins, murs à croquettes, putes et post-punk. On recevait le très bon disque de Rats On Raft fin 2015. Notre papier évoquait les jeunes et prometteurs The Homesick, et la putain d’habileté de nos voisins kaas à maîtriser parfaitement des codes surannés sans pour autant être évidents. Et voilà qu’aux premières lueurs de 2016 on se prend une nouvelle grosse claque hollandaise de... dix minutes. Il ne faudra pas plus de quatre titres pour que les Lumes nous foutent au tapis à grands coups de guitares sadomasochistes et autres basses fétichistes. La première chanson s’appelle ‘Satan’, la dernière ‘Nervous’ - gros programme - et au milieu de ça il y a ‘Still’ mais surtout ‘Date’, bombe cold-wave dominée par la voix caverneuse d’un certain Maxime Prins qui, j’en suis certain, n’a toujours pas eu le cœur de balancer son affiche du Plan K dans un feu ouvert. Grande classe. (am)
Drag Cit y/V2
Lylac ‘Living By The Rules’ Home Records
On l’écrivait en juillet 2012 : ‘By A Tree’ aurait pu être un premier album impeccable si Amaury Massion ne s’était pas laissé aller à quelques complaintes francophones où il sonnait alors comme un très pâle imitateur de Julien Clerc. Parce qu’ailleurs, rehaussé d’un violoncelle délicat, son folk acoustique faisait des merveilles. Quasiment quatre ans plus tard, il semblerait qu’il nous ait lu et retenu la leçon : il n’y a plus qu’un seul morceau en français, en bonus track, encore une fois parfaitement dispensable. Le reste ronronne donc, joliment, mais le gars n’étant pas Nick Drake ni même le Bony King Of Nowhere, on peut cependant s’ennuyer sur quelques titres moins inspirés (‘The Rules’) mais dans l’ensemble, c’est suffisamment juste, beau et touchant pour qu’on y revienne plus d’une fois – ces trompettes toutes en mélancolie, ce sitar, ces arrangements de cordes (‘As One’, superbe). Un honnête disque de nuit. Pas rien. (lg)
Jeff Lynne’s ELO ‘Alone In The Universe’ Sony
Oui Jeff, t’es tout seul. Peut-être pas dans l’univers. Mais en tout cas sur ce disque. Touché par l’usure et les désaccords entre ses membres, Electric Light Orchestra est aujourd’hui devenu du seul ressort de son fondateur, Jeff Lynne. Toujours en orbite autour des Beatles, mais désormais seul aux commandes du vaisseau, celui-ci joue dans ‘Alone In The Universe’ de tous les instruments (en dehors peut-être du tambourin) et réalise toutes les parties vocales. Et, hormis une pochette rappelant encore l’univers spatio-kitsch qui a longtemps constitué l’esthétique sonore et visuelle du projet, il semble que cet orfèvre pop ait opté pour davantage de sobriété et d’artisanat dans sa production. Dépouillées de leurs artifices pyrotechniques, de ce côté « baroque and roll » qui était leur signature, les pop-songs de Lynne se révèlent pourtant toujours aus-
On devrait, par exercice de style, s’essayer à la chronique négative d’un album de Ty Segall. Mais il faudrait s’arrêter aux pochettes – quoique, souvent, il n’y ait rien à aboyer non plus –, parce que si l’on y jette une oreille, même inattentive, même trop rapide, c’est foutu et l’on est bon pour remballer illico sa mauvaise foi. Le démiurge californien touche à tout, du glam au folk, avec une telle évidence, sans jamais tomber dans la prolixité, que, et c’est son seul défaut, ça pourrait finir par agacer. La grosse nouveauté 2016, c’est finalement sa politique de com’ : envoyer une VHS à Pitchfork et proposer un numéro de téléphone où l’on peut entendre un bref message expliquant le concept de ‘Emotional Mugger’. Pour le reste, après un deuxième album de Fuzz sorti en octobre, à peine digéré, l’hyperactif débarque déjà avec onze titres qui valent leur pesant d’huile de friture, onze titres souvent bien dégueulassés mais à l’immédiateté pop indéniable, nous rappelant au passage qu’on avait foutu dans notre top dix 2008, le merveilleux ‘The Master’s Bedroom is Worth Spending a Night In’ des Thee Oh Sees. Il suffit d’entendre une fois les morceaux d’ouverture (la lourdeur dansante de ‘Squealer’) et de fin (‘The Magazine’, bruits de machines de guerre et handclaps) pour ne plus savoir s’en passer. Mais c’est pareil avec ‘Mandy Cream’ ou ‘Diversion’, un truc où le gars marmonne des I’m back et yeah yeah yeah. Soit, tout ce qu’on souhaitait. (lg)
si imparables mélodiquement. A l’image de ce ‘When I Was A Boy’ qui rappelle autant le lyrisme crépitant du meilleur d’ELO que les crêtes d’intensité de certaines productions de la paire LennonMcCartney. De l’easy listening haut de gamme à la production aussi lisse qu’une fesse de bébé. (gle)
Baaba Maal ‘The Traveller’ Palm Recordings
En Afrique de l’Ouest, au Sénégal en particulier, les gens aiment le répéter : il faut prendre le temps de vivre et se presser lentement. Un oxymore que Baaba Maal applique à la perfection depuis presque quinze ans, lui dont on croise souvent le nom un peu partout mais dont l’avant-dernier album studio remonte aux débuts de l’aviation contemporaine, en 2001. Si sur le dernier, l’impeccable ‘Television’ en 2009, il se présentait en digne héritier de l’Orchestra Baobab (et donc sous haute influence cubaine sixties, se souvenir de ‘Dakar Moon’, ‘A Song For A Woman’), il revient aujourd’hui, à soixante-deux ans en paraissant quarante-cinq, à des rythmes plus modernes. En témoigne une ouverture tonitruante où sa voix de griot, pourtant si singulière, semble à peine reconnaissable derrière des bidules électro high tech du meilleur goût. Ou ce morceau en fin de parcours où les percussions rendent marteau (‘War’, gros trip si l’on s’y abandonne un peu). Mais il reste de grands moments de recueillement comme cet impeccable et cotonneux ‘Kalaajo’. Seul bémol, le nombre de titres : neuf, c’est peu. (lg)
The Mighty Ya Ya ‘Magnum Sonus’ Porcupine Records
Et oui, à RifRaf on chronique tout ce qu’on reçoit. Donc forcément, on doit écrire à propos d’énormes daubes à l’instar de ce Mighty Ya Ya probablement envoyé à la rédac’ par un attaché de presse aux tendances suicidaires. Leur biographe (probablement borderline lui-aussi...) cite en vrac QOTSA, Tom Waits, Jack White et King Crimson. « And it’s a BIG, BIG, BIG sound indeed! Way heavier than its predecessor »
balance-t-il en pleine montée de MDMA. En réalité, The Mighty Yaya est un pauvre groupe hollandais puisant tout ce qu’il y a de pire dans le rock, le blues et le stoner. Fallait le faire. De la musique à animer des bals médiocres pour gens sans âmes, perdus au milieu de la toundra. (am)
Mod Sun ‘Look Up’ Rostrum Records
A quasiment 29 ans, Derek Smith, Mod Sun à lui tout seul, ne révolutionnera plus le hip hop. Mais il pourrait, à force de tirer des ficelles grosses comme ça, décrocher les hits qui font les $$ à Joey Badass et Asap Rocky. Ou, au minimum, la sacro-sainte synchro pub qui met du beurre. Pour la forme, donc, c’est bien un disque estampillé parental advisory explicit content. Mais ça ne fait même plus peur à mamy bobonne qui, du fond de sa province, t’en donnerait du ‘Mushrooms’, elle qui les a connus autrement atomiques. Bref, cet album, c’est un grelot grelot pas possible, un cross over souvent épuisant où le rock foie gras et épique (il jouait du tambour dans un groupe de post-hardcore de Minneapolis jusqu’en 2009) côtoie l’autotune, le r&b infecte et la soul sans âme des années 2010 (entendre le pachydermique ‘Free Love’ puis s’enfuir motherfucker ailleurs). (lg)
Money ‘Suicide Songs’ Bella Union/Pias
Dans son roman ‘Hurmaava joukkoitsemurha’ (pour qui n’aurait pas fait finnois deuxième langue ‘Petits suicides entre amis’), le caustique Arto Paasilinna imagine le passage volontaire de vie à trépas comme – dans les grandes lignes – une excursion de retraités à Blankenberge qui finirait bien. Rien d’aussi goguenard chez les Mancuniens, certes mais pas d’urgence non plus à appeler le centre de prévention pour ce second album, souvent plus du côté d’une extase quasi mystique (‘Night Came’ et son afflux térébrant de nappes) que ne renierait pas Spiritualized (à plus forte raison si les chœurs soul expansifs de ‘All
My Life’ s’en mêlent), d’un cri de clochard céleste écorché, que du désespoir qui vous laisse sans voix. Si le frissonnement de la chanson-titre, pas si lointain des tressautements fébriles et juvéniles d’un Conor Oberst (Bright Eyes), aurait de quoi tirer des larmichettes au capitaine des pompiers, le morceau de bravoure tient sans doute à ‘Cocaine Christmas and Alcoholic’s New Year’, qui, dans son vertigineux exercice de voltige, invite à sa tablée Tom Waits, Lisa Germano ou Marilyn Monroe. (alr)
My Baby ‘Shamanaid’ Embrace
‘Shamanaid’ s’ouvre sur un rythme afro-blues entêtant. Une voix chaude, féminine, souffle sur les cordes. C’est plus pop que blues, on n’est pas dupe, mais My Baby ne cherche pas l’entourloupe, sinon ils auraient choisi un nom moins tarte. S’immisce le refrain de ‘Seeing Red’, qui excite le sang. Une courte pause, on retient son souffle, le rythme reprend et viennent se faire de l’œil doigts et cordes, d’abord en glissando, puis en amplifié. Le désert devient planète, on est passé du Sahara à Arrakis en un rien de temps, le rythme gonfle, le glissando revient, puis batterie et guitare tracent des cartes dans le ciel, avant de disparaître dans un soupir. Le second album du groupe amstellodamois est à l’image de son ouverture : sensuel et accessible, sous influences métissées, comme construit autour d’un gène collectif, d’un inconscient musical d’après la civilisation. Tout n’y est pas aussi réussi, ça frôle parfois la facilité (‘Marching’) ou le dérapage (‘Hidden from Time’, très Nora Jones), mais l’album est irrigué d’un frisson primal où rien ne concède au calcul et tout relève du plaisir. A se demander sous quelle contrée ces trois jeunes blancsbecs ont été élevés. (ab)
The Nectarine n°9 ‘Saint Jack’ Heavenly
1995. En Angleterre, quelques disques monstrueux écrasent la concurrence : l’exceptionnel ‘Different Class’ de Pulp, ‘(What’s The Story) Morning Glory’ d’Oasis, ‘The Great Escape’ de Blur ou encore ‘I Should Coco’ de Supergrass. Rien que ça. Un peu plus haut, vers l’Ecosse, le mythique label Postcard Records (Orange Juice d’Edwyn Collins, Aztec Camera en 1980-81) achève sa deuxième vie (199295) en sortant nettement plus discrètement le quatrième album des Edimbourgeois The Nectarine n°9. En bons Ecossais biberonnés par The Jesus and Mary Chain, ces mecs manient le bruit avec une certaine grandeur (le titre éponyme mais aussi ‘Couldn’t Phone Potatoes’ ou ‘Firecrackers’) mais semblent aussi influencés par la scène post-rock qui se développe alors – Mogwai, ces autres Ecossais, se forme cette année-là (les bons instrumentaux apaisés ‘Curdled Fragments’ ou ‘Fading Memory Babe’). Mais la pop n’est jamais très loin – Belle and Sebastian, ces autres Ecossais, se formera l’année suivante – et quelques titres évoquent les jolies choses qu’écrira Hefner fin des années
STADT
nonante (‘This Arsehole’s Been Burned Too Many Times Before’, ‘Un-Loaded For You’). A (re)découvrir. (lg)
Nevermen ‘Nevermen’ Lex/News
Jamais rétif lorsqu’il est question de se lancer dans un projet musical sortant des sentiers battus - ce qu’il a prouvé au sein de Faith No More, Tomahawk, Fantômas ou encore Peeping Tom, Mike Patton ne pouvait que répondre favorablement à la demande qui lui avait été faite par Tunde Adedimpe (TV on the Radio) et Adam Drucker alias Doseone de bosser avec eux. Il faut dire que la démarche musicale était tentante : dans un squat et à grand coups de whisky, Tunde et Adam avaient composé des pistes brutes mêlant beats électros et textes poétiques que Mike était invité à retravailler par lui-même. Le résultat est assez bluffant puisque les 10 morceaux sont aussi expérimentaux qu’accessibles, affichant une dimension pop (quasi) constante. Quelque part entre métal, hip hop déviant, pop catchy et néo soul, le trio unit ses forces en permettant à chacun de s’exprimer totalement sans dominer l’autre. Entre la fulgurance primesautière de ‘Mr Mistake’, les claviers lumineux de ‘Shellshot’, le hip hop punky old school de ‘Wrong animal right trap’ et la pop symphonique quasi soul de ‘Tough towns’, les occasions de se réjouir sont légions ! (pf)
Night Beats ‘Who Sold My Generation’ Heavenly Recordings
Ce trio garage de Seattle frappe leur troisième album d’une sibylline question : « Qui a vendu ma génération ? » A qui ?, à quoi ?, on ne le saura pas, le disque n’y répond pas. Pour sympathique et efficace qu’il soit, leur psych-rock sous influences texanes (pensez Black Lips, 13th Floor Elevators, Growlers) ne bouscule pas nos conventions. Au pire, c’est peu inspiré et n’imprime pas l’oreille (‘Bad Love’, ‘Last Train To Jordan’) ; au mieux, c’est saturé de guitares et d’effets de pédales à la Ty Segall (le final ‘Egypt Berry’), s’invitent à l’occasion de solides mélodies rhythm’n’blues (‘Sunday Mourning’) et parfois les Night Beats tutoient le classique instantané (inoxydable ‘Right/Wrong’). ‘Who Sold My Generation’ avoue dès son titre l’échec d’une génération à faire du neuf, même avec du vieux. Bon album, il possède l’énergie, l’attitude et les chevelus à son bord ne sont pas des manchots. Mais il lui manque ce petit plus qui justifie un autre groupe de fuzz garage à notre époque. Il lui manque une réponse à sa question. (ab)
Nive And The Deer Children ‘Feet First’ Glit terhouse
Précédemment connue comme Nive Nielsen And The Deer Children, cette jeune femme esquimaude du Groenland au parcours atypique – diplômée en anthropologie visuelle à l’université de
05.02 13.02 26.02 30.04
Londres, actrice à ses heures perdues et autodidacte pour le reste, à commencer par le ukulélé – revient avec un deuxième album que les écoutes répétées rendent assez fascinant tant on y découvre de nouvelles perspectives à chaque passage. Si parfois on comprend très peu de choses (quand elle chante dans sa langue maternelle), on ressent tout, ou presque. La joie, la peur, l’hypersensibilité, la saudade. Le casting à lui seul prouve que la fille sait joliment s’entourer : Howe Gelb joue sur trois titres, John Parish sur un autre et toute une kyrielle d’individus aux noms plus ou moins vagues s’occupe du reste. Pour l’étiquette, on dira que ‘Feet First’ est un disque de folk. Ce folk comme seul le nord peut en produire (de Bjork à Cheek Mountain Thief), c’est-à-dire étrange et divergeant, foisonnant, mêlant les horizons glacés à ceux torrides des déserts d’Amérique, bourré de pianos, banjos, guitares acoustiques et électriques (triturées parfois), violons, violoncelles, harpes, cuivres (énormes ‘Slip’ et ‘In My Head’, ce qu’il y avait dedans, on se le demande), chœurs d’enfants (la détraquée ‘Tulugaq’). Chouette affaire. (lg)
BLITZEN TRAPPER
06.02 Botanique - Bruxelles 11.02 C-Mine - Genk
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT
12.02 Cactus Club - Brugge 13.02 We Are Open @ Trix - Anvers 19.02 Artefact - Leuven
GLINTS
13.02 We Are Open @ Trix - Anvers 20.02 De Studio - Anvers 08.03 Bang! - Bruxelles
RAVEYARDS
13.02 We Are Open @ Trix - Anvers
SHEARWATER + CROSS RECORD
14.02 Botanique - Bruxelles
OAKTREE
20.02 Nachtwacht - Malle 10.03 AB - Bruxelles 19.03 De Studio - Anvers
CAR SEAT HEADREST
21.02 Botanique - Bruxelles
TRAAMS
25.02 Madame Moustache - Bruxelles
CHANTAL ACDA
26.02 N9 - Eeklo
JAAKKO EINO KALEVI
27.02 Botanique - Bruxelles
DIJF SANDERS
04.03 Cactus Club - Bruges 05.03 Museum Night Fever - Bruxelles 12.03 Trefpunt - Gand
NZCA Lines ‘Infinite Summer’
MARCO Z
Memphis Industries/V2
Projet au sobriquet quasi impossible à articuler, NZCA Lines est le mot de passe choisi par Michael Lovett pour dissimuler ses rêves synthétiques. À première vue, le nom du garçon semble complètement inconnu au bataillon. Pourtant, depuis peu, ce multi-instrumentiste londonien voit sa cote de popularité monter en flèche sur le (super) marché de la pop moderne. En suractivité chez Christine & The Queens, l’artiste a notamment fourni synthés, piano, guitares et percussions aux chansons de ‘Chaleur Humaine’, blockbuster transgenre et tentaculaire signé par la Française en 2014. En dehors du studio, le musicien prête également main forte à Metronomy. Il était ainsi de tous les concerts de la dernière tournée du groupe anglais. Homme à femmes, Michael Lovett imagine aujourd’hui son deuxième album au bras de deux pépées aux cheveux bruns. A sa droite, Sarah Jones, baguette magique de Hot Chip. A sa gauche, Charlotte Hatherley, ex-égérie du groupe Ash et nouvelle coéquipière de Bat For Lashes. Avec ‘Infinite Summer’, le trio façonne une fable rétro-futuriste sous un soleil devenu trois fois plus gros que la Terre. Partant de là, faut pas s’étonner : c’est chaud bouillant sur ce disque synthétique, parfois un peu kitsch mais qui, au final, s’avère plutôt chic. (na)
Maja Osojnik ’Let Them Grow’
05.03 CC De Ploter - Ternat
KURT VILE & THE VIOLATORS + IMARHAN
09.03 Handelsbeurs - Gand
ZINGER
10.03 Calamartes - Anvers 26.03 Halle Rockt - Halle
SO PITTED
11.03 Homeplugged - Bruxelles
SCOTT MATTHEW
18.03 4AD - Diksmuide 19.03 Kunstencentrum België - Hasselt
LIESA VAN DER AA
26.03 Les Femmes s’en Mêlent - Charleroi
ELEFANT
31.03 Trix Café - Anvers 30.04 Volta @ Vooruit - Gand
WILLIS EARL BEAL
09.04 More Music @ Concertgebouw - Brugge
THE KVB
12.04 Beursschouwburg - Bruxelles
K-X-P
13.04 Nijdrop - Opwijk
KIMYA DAWSON + LITTLE WINGS
13.04 Maison des Musiques - Bruxelles
DOPE DOD
15.04 Vk*- Bruxelles 16.04 Reflektor - Liège
NONKEEN
22.04 Muziekodroom - Hasselt 23.04 KERK - Gand
-5€-
IANTS ÉTUD 8 ANS 1 E & -D
Rock Is Hell Records/Unrecords
La Slovénie à l’époque yougoslave, Maja Osojnik y est née. Avant de partir à Vienne, on l’imagine aisément cô-
Cour & Jardin - Diest We Are Open @ Trix - Anvers Nijdrop - Opwijk Volta @ Vooruit - Gand
WWW.AERONEF-SPECTACLES.COM
BRIQUEVILLE
23.04 Pacrock - Pont-A-Celles
THE AGGROLITES
29.04 Groezrock - Meerhout
SX
30.04 AB - Bruxelles more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
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toyer Peter Rehberg. Sans doute admire-telle ses collaborations avec Gisèle Vienne, la grande chorégraphe. Car elle-même artiste sonore, entre musique, théâtre et performance, la bientôt quadragénaire met le cap sur la quête de soi. Que faire de sa vie entre fureur bruitiste et calme apparent, entre restes de mélodie et variations atonales? Garder le cap au sein de son duo Rdeča Raketa (dont il faut réécouter ‘Old Girl, Old Boy’), parmi ses nombreux projets, exprimer ses doutes et ses colères dans des albums solo, alors que ‘Let Them Grow’ n’est que le second en titre. Prendre le chemin bruitiste de KTL, référence indispensable du genre, ou s’envoyer en l’air, colère, aux côtés de Lydia Lunch (voire, c’est étonnant, Nina Hagen) dans une pulsation à la Ergo Phizmiz? Pas de réponse en vue, ni du côté d’un jazz dépressif que le timbre grave d’Osojnik ne fait qu’accentuer, ni du spoken word, aussi gai qu’un roman d’Elfride Jelinek. (fv)
Silk Saw ’Imaginary Landscapes’ Kotä
Il arrive qu’on essaie de nous vendre des pilules miracles. De nous faire croire à de faux secrets bien (ou mal) gardés. Parfois, on fait semblant d’y croire. Et on retombe de haut. Tout l’inverse du duo Silk Saw. Et de son onzième album – que celui qui connaît les dix autres lève le doigt. Toujours mystérieuse, la paire bruxelloise ne cherche pas à se faire aimer du premier regard. Quand on l’écoute d’une oreille distraite, la mission est accomplie. On se dit qu’on va vite passer à autre chose. Puis, une petite voix nous dit qu’on a tord. Que quelque chose de profond et inquiétant se dissimule sous le masque de l’angoisse. On relance l’objet sur la platine. Et alléluia, c’est la révélation. La claque dans la gueule. Ce bon vieux 808 t’envoie des beats qui rendent maboul, à l’est lointain d’Aksak et bien plus près de Wolfgang (Voigt) quand il se mue en pianiste tortionnaire. On enchaîne, ça se déchaîne, des couloirs sombres surgissent des éclats de violoncelle proches de la grande faucheuse. On se perd dans le plaisir et on succombe à la douleur. Ou le contraire. La magie noire opère. De leurs bâtons à l’encens explosif, nos deux gaillards nous guettent. Vêtus de cuissardes, en mission commandée pour une domina insubmersible, ne reste que notre admiration. Sans bornes. (fv)
Owls Are Not ‘2’ At ypeek Music/Creative Eclipse
Ce duo polonais complètement barré délivre un premier album apocalyptique où batteries polyrythmiques, beats déviants, bizarreries sonores et infrabasses se percutent dans un fracas noisy aussi agressif qu’unique et déroutant. Décrire l’expérience que procure l’écoute de ce disque relève du défi absolu vu que l’on devrait parler d’électro punk dubstep post jazz noisy expérimental. Certains trouveront cela tout simplement inaudible vu l’absence totale de mélodie et le côté dissonant, là où d’autres prendront leur pied à l’écoute de cet objet sonore non identifié. Le mieux est sans doute d’aller écouter par vous-même pour vous faire une idée. (pf)
The Paper Kites ‘TwelveFour’ Net t werk
« Misdirection always leaves me a mark » : nimbé jusqu’aux lunules par l’’Electric Indigo’, tu te plais, juste un moment, à fantasmer que ‘TwelveFour’ soit une sorte d’outtake du ‘Lost in The Dream’ de War on Drugs. Un shoot non corrosif d’une substance nocturne et éphémère, celle qui te gagne vers trois heures quand, à moitié groggy, tu viens de revisionner tes extraits préférés de ‘Flashdance’. Celle dans laquelle tu choisis toujours de te perdre faute de chercher suffisamment le sommeil. Ce truc planant qui finit par injecter de garance tes iris et te persuade qu’en d’autres circonstances, tu aurais pu aimer Spandau Ballet et les bombers en satin. « Oh dreamer », serais-tu vraiment sorti de ton somnambulisme pour faire valdinguer une canette vide sur un trottoir de Brooklyn, avec un vieux sans-abri qui jouerait de l’harmonica sur le seuil ? Aurais-tu rejoint les types qui zonent dans ce quartier pour réciter quelques vers un peu poisseux et saluer l’aube ? (alr)
Promise & The Monster ’Feed The Fire’ Bella Union/Pias
Un premier album. En provenance de Scandinavie. Sur le délicieux label Bella Union, celui nous a valu tant de galanterie folk, de Laura Veirs à Father John Misty, ou (dream) pop, entre Beach House et les Flaming Lips. Excellente nouvelle, ‘Feed The Fire’ s’incruste avec énormé-
ment de justesse et de délicatesse dans la troupe rassemblée autour du boss Simon Raymonde. Carte de visite que nombre de concurrents moins doués envient déjà à Billie Lindahl, la Suédoise qui se cache derrière la Promesse et le Monstre, le disque vogue avec grande aisance sur le flot des nouveautés. A l’aise dans les jongleries, qu’elles lorgnent du côté de Victoria Legrand, Mazzy Star dans leur versant éthéré (‘Feed The Fire’), ou qu’elles témoignent d’un goût certain pour une pop rythmique qui ne nous prend pas seulement pour des cochons de payeurs, P & TM (‘Time of The Season’). Oh, on y trouve bien, en cafouillant un peu et pour faire le grognon, quelques passages un poil surproduits (le refrain de ‘Slow And Quiet’, à l’ombre de la bande à Wayne Coyne aux lèvres enflammées). C’est probablement pour mieux s’imprégner des nombreuses qualités des autres instants. Ils sont précieux tout en évitant la préciosité. (fv)
Protection Patrol Pinkerton ‘Good Music Beautiful People’ Waste My Records
Il y a ce je-ne-sais-quoi de typiquement flamand dans ‘Good Music Beautiful People’. Cette production lisse et soignée, ces références américaines omniprésentes (Vampire Weekend en chef de file) et, revers de la médaille, ce léger côté propre-sur-lui qui empêche de s’abandonner totalement à cette musique ô combien méticuleuse. Et pourtant, le soleil brille de mille feu sur la petite bourgade de Tielt : Protection Patrol Pinkerton invite joyeusement à la farandole intercommunautaire, vole ses guitares au zoo d’Anvers, trempe ses refrains dans les rhums-gingembre du Vieux Mila. Remède infaillible contre la sinistrose de (janvier-)février, ‘Good Music Beautiful People’ vous donnera l’occasion de ressortir le costume néo-colonialiste de grand-père le temps d’une soirée. Le genre de petit plaisir coupable qui ne se refuse pas, une fois l’an entre personnes de bon goût. (am)
David Ramirez ’Fables’ Sweet world
Une voix de baryton, signée David Ramirez. David qui ? Ouais, le mec qui
a eu droit un jour à quelques lignes dans le New York Times et qui l’a encadré dans ses chiottes. Ou sa buanderie. On l’imagine bien avec sa clope, sa guitare et son harmonica en train de beurrer ses tartines. Il a la chance de ne pas connaître Marc Ysaye. Je suis sûr qu’ils seraient super potes et qu’ils iraient se toucher la nouille. Dans la cabane au fond du jardin. Où traîne un vieil ampli abandonné par Bob Dylan, à ses débuts électrisés – et autrement électrisants. Marc s’extasierait : oh putain, elle est belle ta pedal steel, je peux la toucher ? Pas chien, David lui dirait que c’est dur de mentir, qu’il aimerait bien se sentir en Johnny Cash. Que pour ça, il devrait abandonner sa pose de baroudeur maudit. Que le Xanax, c’est bien aussi quand on n’a pas grand-chose de neuf à proposer. Qu’on a beau faire, s’essayer en Neil Young alors qu’on est une version americana délavée de Chris Martin, c’est moyennement bof. Et se dire que bordel de Zeus, ça fait un bail que Jay Reatard et Vic Chesnutt ne sont plus de ce monde. Les regrets, tout ça. (fv)
Soulsavers ‘Kubrick’ San Quentin/Pias
Quelques semaines à peine après la sortie de son disque ‘Angels & Ghosts’ avec Dave Gahan (cf. notre livraison de décembre), Soulsavers fait coup double et présente un nouvel album sous son seul nom. La paire formée par Rich Machin et Ian Glover démontre adroitement qu’elle ne se réduit pas à une dream team de production mettant en valeur le talent des autres mais qu’elle peut aussi assurer le sien. Comme son titre l’indique, ce disque est un hommage à Kubrick. Pas tant au personnage ou à ses films mais davantage à l’univers, aux univers multiples et pluriels qu’ils ont engendré. Chacun des titres des huit morceaux fait référence à un des personnages ayant peuplé les scénarii de Kubrick : le computer Hal, le critique d’art Ziegler dans ‘Eyes Wide Shut’, Jack Torrance dans ‘Shining’… Soulsavers a voulu magnifier son son pour l’occasion. Le duo s’est donné les moyens de ses ambitions en recourant à un orchestre de cordes et de vents. Entièrement instrumentales, les compositions n’accueillent cette fois aucun vocaliste et mettent en avant la
sobre luxuriance de leurs aplats sans être pro-toolisées à gogo. De manière prévisible, ‘Kubrick’ se révèle tel qu’il est, intensément cinématographique. (et)
Stargaze & Greg Saunier ’Deerhoof Chamber Variations EP’ Transgressive Records
Son projet principal fait définitivement partie de ces groupes à vénérer, sur disque et sur scène. Ce n’est pas si courant. Habituel batteur de Deerhoof, Greg Saunier quitte ses fûts et son voyage l’emmène à Berlin, terre du cabaret et de liberté. Aux côtés de l’ensemble s t a r g a z e, dont les collaborations avec Julia Holter (évidentes) ou Nils Frahm (racées) avaient fait parler d’elles en bien, Saunier traverse l’écran du rock et quiconque connaît les originaux ne pourra que se réjouir de ses relectures. Nul besoin de posséder par cœur son petit Deerhoof illustré pour être conquis. A la fois sérieuses et burlesques, détendues du slip tout en se baladant de Bach aux Beatles, les dix reprises n’ont plus besoin des bonds de sauterelle d’origine pour enthousiasmer. C’est une immense et réjouissante bringue, alors que l’intimité des participants est évidente. Une orgie de sentiments sous des négligés de soie. Un exploit retentissant et primesautier. A savourer sans modération. (fv)
Steak Number Eight ‘Kosmokoma’ Indie Recordings
Steak Number Eight a beau exister depuis près d’une décennie, ses membres n’ont pas encore 25 ans. Vu la moyenne d’âge peu élevée du groupe, on ne peut qu’être impressionné par son parcours ainsi que par l’excellence de son quatrième album. Produit par David Botrill, qui a notamment bossé avec Tool, ‘Kosmokoma’ est brillant dans la mesure où on y retrouve tout ce que l’on a toujours aimé chez eux, mais en mieux, en plus puissant et plus abouti. Steak Number Eight a affiné son style, la façon de structurer ses titres et les transitions pour délivrer son meilleur disque. Se situant quelque part entre le post rock, le métal moderne et le sludge, l’ensemble est captivant tant lorsqu’il balance du lourd (‘Your soul deserves to die twice’) que lorsqu’il injecte une bonne dose de mélodie (‘It might be the lights’, ‘Charades’) ou qu’il jongle avec les styles comme sur le brillant ‘Return of the Kolomon’ assocciant groove jazzy et éléments plus métal. Du solide! (pf)
Swaying Wires ‘I Left A House Burning’ Bat tle Worldwide/Sonic Rendezvous
Très joli. Ou totalement insignifiant. Ou les deux. Le second essai des Swaying Wires va diviser les foules. Genre les dix-huit personnes qui s’y aventureront. Elles se laisseront bercer. Ou s’énerveront à grands coups de sang. Car il y a cette voix, juvénile. Celle de Tina Karkinen, qui se veut folk singer à la Hope Sandoval (marche
Fr 05.2 Stikstof BE + Roméo Elvis BE Sa 6.2
Nose Job: Mittland och Leo BE + Syracuse FR + Nosedrip BE + Rick Shiver BE
Mo 8.2 Black Box VI: Drift.UK Fr 12.2 Damien Dubrovnik DK + Cremation Lily UK Sa 13.2 BeursKafee presents: DJ SupAfly Collective Sa 13.2 I/O with Illum Sphere UK/DE Synkro UK + Palsembleu BE + Shades BE Su 14.2 Origami Classics: 4 saxos, 1 piano, 1 painter We 17.2 Sango US + SPZRKT US Th 18.2 Biao US + Moonlight Maters BE Fr 19.2
Live Fast Die Young showcase with Crowd of Chairs, Maze, Youff 30.000 Monkies, Rumours & Movoco
Fr 26– Su 28
KRAAK FESTIVAL Che Chen US +Timeless Reality DK + Yeah You UK + Volmacht BE + Ilta Hämärä BE + DJ Kerm BE + KSIĘŻYC PL + Mark Fell UK + Lino Capra Vaccina IT + 75 Dollar Bill US + Three Legged Race US + Shetahr BE + Widt PL + Viper Pit BE + Au Bout De Mon Sang FR + Coàgul ES DJ Mark + Harwood AU + Hermann Nitsch AT
Th 3.3
[PIAS] NITES: Témé Tan BE + Few Bits BE
Fr 4.3
[PIAS] NITES: M o n e y UK + FEWS SE/US
Sa 12.3 KaS Product FR + support Tu 15.3 Vök IS + Sonøren BE 8 – 9.4 Jazzeux 2016 Curated by LEFTO & Lander Gyselinck Tu 12.4 The KVB UK + Dear Deer FR
Fr 22.4 Hangman’s Chair FR + Hemelbestormer BE We 18.5 Bohren & Der Club Of Gore DE Met de steun van de
beursschouwburg .be
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aussi en mode Neko Case). Alors qu’on l’imagine dans les comptines pour enfants qui ne croient plus au Père Noël. Il y a cette production aussi. Elle est signée Sami Lehtonen, le gars qui gratte l’électricité. Vous disiez ? Ça ressemble aux New Pornographers ? Pan dans le mille. Carrément ce qu’on disait. C’est très joli. Ou totalement insignifiant. Ou les deux. (fv)
Tartine de Clous ‘Sans Folklore’ Auto-édité
« Lon lon la, que dit-on de l’amour ? ». Se récolterait-t-il dans les auberges qui bruissent, le coude parmi les miettes d’un pain tranché épais dans l’idée de faire chabrot ? Dans la poche du bleu de travail d’un ouvrier à la sortie d’usine ? Sous la tunique d’un novice ? Ou dans le sens dissimulé de ‘La noizille’ ? Pour nos trois gaillards (Geoffroy, Guillaume et Thomas) vocalistes amoureux tant de la tradition que de Sun Ra, ma bonne dame, il se collecte dans les ornières oubliées et les mémoires du cru, se chante avant tout à poitrail déployé, à voix quasi-nues, et finit le plus souvent en drame rural. De ‘Je voudrais être mariée’ (que reconnaîtront les familiers du premier album d’Arlt) au ‘Brave Marin’, pas une silhouette qui ne goûte aux angles âpres de la vie de son côté de l’histoire. Est-ce lugubre pour autant ? Oh que non ! Il y a quelque chose de vivifiant à savoir ce répertoire de France, de Navarre et d’antan vivace au travers du trio. ‘Sans Folklore’ ? Sans chichis, sans aquarium de studio bardé de micros, mais tout sauf sans âme ! (alr)
The Thing ‘Shake’ Trost/Dense
The Thing n’est pas un monstre protéiforme sorti des ténèbres. The Thing n’est pas une chose. Il est le véhicule déréglé par lequel Mats Gustafsson, Paal NilssenLove et Ingebrigt Håker Flaten transportent leurs véhémences et exaltent leurs sens. Un trio sulfité et superplastique. Dès les premières notes, le ton est donné. ‘Viking Disco’ s’accroche au ‘Perfection’ d’Ornette Coleman – paix à son âme – pour brouiller les pistes et vous houspiller le tympan. Ça déchire, ça admoneste, ça tressaute. Il faut attendre une bonne dizaine de minutes avant de trouver un moment d’accalmie. Plus loin, nos trois nordistes revisitent Loop (‘The Nail Will Burn’) et tentent de tenir sur la longueur avec ‘Aim’, un morceau avoisinant le quart d’heure où la démocratie des instruments tourne à plein de régime. Ici, pas de solo narcissique, pas d’errance chromatique, du dru, du dur. Peu avant la fin, ‘Bota fogo’ relustre les cuivres et hésite à dompter l’énergie de la rythmique. En vain. En guise de clôture, ‘Fra jord er du kommet’ vous envoie en sourdine sur une comète boréale, vos faces Nord dans la gueule. Sweden 10 points, Norway 12 points. Re-boot. (et)
Throwers ‘Loss’ Golden Antenna Records/Broken Silence
Sur la pochette, il est conseillé à l’auditeur d’écouter cet album le plus fort possible afin de l’apprécier pleinement. C’est peutêtre vrai mais cela risque surtout de vous causer quelques soucis avec vos voisins,
Tindersticks ‘The Waiting Room’ Cit y Slang
« C’est un livre sur les voix, des voix enregistrées qui continuent d’émettre au présent, sur l’expérience de la perte et sur certaines ondes qui nous touchent ». Cette accroche du magnifique ‘La Voix Sombre’ de Ryoko Sekiguchi (P.O.L.) est venue poser son palimpseste hanté, sa pellicule délicate sur les premières syllabes émises par Lhasa sur ‘Hey Lucinda’ – à notre sens le vrai n/joyau, de cette salle d’attente où ceux que nous souhaiterions maintenir parmi nous ne viendront pas nous chercher. Non que Stuart Staples soit incapable de provoquer seul cet état de mélancolie troublante – réécoutez donc sa danse de la dernière chance ou sa supplique « Don’t let me suffer » – ou que ce onzième album manque par ailleurs de reliefs où s’agripper (des cailloux blancs de ‘Follow Me’ au martelage rassurant de ‘Fear Emptiness’). Mais avant de projeter d’autres images sur « l’écran noir de nos nuits blanches » – chaque titre se voyant accompagné d’un court-métrage pensé par un vidéaste différent – nous savons, nous qui croyons à la ‘Survivance des lucioles’, nous qui rêvons, qu’il nous faudra apprivoiser jusqu’à l’usure la présence en creux, redoutée, espérée, aimée – « This is not her, this is not her » – qu’enfantent ces inflexions-là. (alr)
vu que ce combo allemand propose une musique d’une violence inouïe. Throwers propose un speed métal teinté d’influences hardcore tout bonnement apocalyptique. Le chant tient du hurlement, les riffs sont dantesques et les roulements de batterie relèvent du chaos mathcore. Cela ne plaira pas à tout le monde mais il faut reconnaître que dans le genre, Throwers assure et sort du lot, ne fût-ce que parce que la brutalité de la musique va de pair avec une réelle inventivité au niveau des structures. (pf)
Tinariwen ‘Live In Paris’ Wedge
On ne les présente plus : ils sont l’incarnation du Tischoumaren, souvent appelé blues Touareg, depuis plus de trente ans. Pour toute une série de suiveurs ralliés à la même cause, de Tamikrest à Songhoy Blues ou Bambino, ils représentent même des sortes de dieux survivants. Ce live à Paris étant sorti courant novembre, on n’écrira pas six mille signes là-dessus. Parce que les fans l’ont probablement déjà et que la majorité des autres doit continuer à s’en foutre (jusque-là, etc.). Néanmoins, pour les rares – ou les très jeunes – qui n’auraient encore jamais entendu Tinariwen dans leur vie (mais où diable étaient-ils ?), c’est une bonne porte d’entrée, le groupe est chaud patate, certes joue essentiellement le meilleur de son plus récent album mais c’était une tuerie (entendre le merveilleux ‘Imidiwan Ahi Sigidam’ par exemple). Ah mince, on ne peut plus employer le mot tuerie dans le monde de la musique, si ? (lg)
Tiny Ruins & Hamish Kilgour ‘Hurtling Through’ Bella Union/Pias
Peut-être qu’inconsciemment, on s’attendait à ce que désormais Holly Fullbrook fasse brèche, peut-être qu’on s’imaginait qu’elle déchirerait à bords effilochés la soie de son folk. Que dans le ‘King’s County’, là où l’on frotte « the golden apples of the sun » d’un tablier de toile à carreaux, elle enjamberait avec un peu moins de minutie
les palissades plutôt que de marcher à pas feutrés sur un tapis de mousse. Que débarquée à New-York pour un pas de deux – « Turn around / Holding on » – avec le percussionniste Hamish Kilgour (The Clean), elle recevrait en transfert un pouls davantage urbain, accéléré. Mais sans doute que c’est comme ça – pas la peine de crier – qu’elle nous touche au tréfonds, cette fille-là. Jamais en ‘Public Menace’, jamais hérissée, davantage en boîte d’allumettes longues pour consumer nos esprits pétrifiés, en rhapsode au timbre chaud qui peuple nos rêves de bois de noisetiers et de vers élégiaques de Yeats. En figure bienveillante qui n’a de cesse de souffleter d’une paume caressante les nuages, pour mieux les voir se dissoudre à leur rythme dans la broderie incertaine des cieux. (alr)
Trondheim Jazz Orchestra / Christian Wallumrød ‘Untitled Arpeggios and Pulses’ Hubro/Dense
Le pittoresque label norvégien Hubro ne nous a jamais déçu tant la curiosité qui anime sa ligne d’édition est patente, au point de surprendre les oreilles les plus hardies. Cette nouvelle sortie voit le compositeur Christian Wallumrød se joindre au Trondheim Jazz Orchestra pour une union sacrée désacralisée. L’un comme l’autre jouisse d’une reconnaissance certaine dans leur pays. Wallumrød est à la fois pianiste et compositeur aguerri ayant marqué de son empreinte nombre d’enregistrements sur ECM. Le Trondheim Jazz Orchestra constitue pour sa part une plateforme ouverte qui change de géométrie au gré de ses projets. Ici, il comporte entre autres un guitariste de Huntsville, deux batteurs, une pianiste, un contrebassiste et des cuivres. Les quatre longues compositions renvoient au titre de l’album, elle jouent et se jouent d’arpèges, simples en apparence mais riches en tonalités, et de pulsations, parfois discrètes, parfois tonitruantes. (et)
Wouter Vandenabeele & friends ‘Chansons pour le temps qui reste’ Home Records
Ce n’est pas l’anamorphose de la chanson que Wouter Vandenabeele nous donne à entendre mais sa quintessence, son prisme, sa forme primale. Ici, nul chant, nulle parole. Le texte a cédé le pas aux cordes d’un violon multidimensionnel. Tour à tour en complainte, en pizzicati, en échappée, en fredaine, il mène le jeu. Autour de lui, un violoncelle, un accordéon et le piano d’Erno le Mentholé – autre signature récente de Home Records – qui paraphe par ailleurs quelques compositions du disque. Ses chansons sont tantôt des valses, des airs aux allures balkaniques, une gavotte… Elles se déploient en tonalités mineures en veillant toujours à ne pas rompre l’équilibre harmonique vers lequel elles tendent. Chansons de Meuse, de Lisbonne, de la Lys. Chansons pour les médinas flamandes et les loukoums liégeois comme l’écrit Erno en insert. ‘Chansons pour le temps qui reste’ clôt une trilogie entamée en 2007 avec ‘Chansons sans paroles’ poursuivie avec ‘Chansons pour la fin d’un jour’ (avec Emre Gultekin et Ertan Tekin). Le temps n’est pas seulement celui à venir, mais celui qui est et qui a été, celui d’une belle rencontre entre musiciens gantois et liégeois autour de la confection d’un album attachant qui nous reste dans le creux de l’oreille. (et)
Timo Van Luijk/Daniel Duchamp ‘Les Sœurs Noires’ Editions Delvoyeurs
A l’origine, il y eut l’exposition de Dominique Vermeesch ‘Les sœures noires’ à l’Eglise Saint-Jean-Baptiste-AuBéguinage à l’automne passé. Consacrée au mouvement dit des Sœurs Noires né à la fin du XV siècle en vue de porter secours aux victimes de la peste, l’expo mettait en avant par le biais d’installations l’action de ces femmes dans une perspective historique et féminine. Le disque-objet tiré à 500 exemplaires que voici renvoie à la partie sonore de l’expo puisqu’il propose les deux compositions qui accompagnaient la visite. La première, signée Timo Van Luijk, prend la forme d’une plage aussi hypnotique qu’inquiétante dans un registre contemporain minimaliste. La deuxième plage, signée Daniel Duchamp, prend la forme d’un drone électro acoustique intégrant chants sacrés et voix féminines indistinctes pour un résultat très puissant. A noter que la face B du disque ne comporte pas de musique mais qu’elle est ornée d’une gravure laser réalisée par Dominique Vermeersch. Si ce bel objet vous intéresse, n’hésitez pas à contacter l’artiste (dominique.vermeesch@skynet. be) ou à consulter son site (www.dominiquevermeesch.be). (pf)
Various ’City Sonic 2015’ Transonic
Chaque année depuis 2003, et c’est devenu un incontournable pour les explorateurs sonores, la ville de Mons décore ses murs et nos oreilles. A l’origine en juillet, puis déplacé en septembre, le City Sonic vaut à chaque fois la visite et, titre de Capitale de la Culture aidant, l’édition 2015 nous en propose un large aperçu sur disque. On y trouve des habitués des pages expérimentales des magazines (Janek Schaefer, Jason Van Gulick), mais aussi plus rock (Teuk Henri) ou pop (EZ3kiel et
son superbe ‘Excebecce’). Surtout, les découvertes foisonnent. Elles proviennent de Taipei, grâce au partenariat avec le Digital Art Center local, dont on retiendra le très intrigant ‘LAAP’ de Yao Chung-Han, avis aux passionnés du label Raster-Noton. Au hasard du parcours, on tombe sur quelques secousses expansives, tel un ‘I Love Techno’ dans un pensionnat pour possédés jouant aux cow-boys (‘Kurt S’ d’un certain Artaud+, hilarant), au milieu de 26 titres à l’intérêt majoritairement supérieur. Pavillons curieux, à vous de jouer. (fv)
Villagers ‘Where Have You Been All My Life?’ Domino/V2
« Every memory is sailing to the kingdom of your soul /As you patiently await and lose all sense of self control » : si comme moi vous ne vous êtes penchés sur le candide et fiévreux cas de Conor J. O’Brien que trop récemment – avec le déjà classique ‘Darling Arithmetic’ surgi il y a 9 mois – si depuis vous avez psalmodié à cœur perdu les hymnes ‘Hot Scary Summer’ ou ‘Courage’ comme rarement morceaux auparavant, s’il vous en faut une autre dose immédiate, cette collection de titres enregistrée en conditions directes dans les studios RAK de Londres tiendra de somme sublime. Grappillées dans tout le répertoire (mais avec une forte représentativité du dernier album), et néanmoins assemblées dans l’idée d’un collier continu, ces pépites déshabillées – comme ‘The Waves’, qui voit fondre les pics bizarroïdes de son affèterie électro d’origine ou ‘Set The Tigers Free’ qui augmente son pouvoir lévitant – témoignent du talent exponentiel du songwriter. ‘Memoir’, écrit à l’origine pour Charlotte Gainsbourg, n’a jamais
The White Birch ‘Star Is Just A Sun’
Glit terhouse Records
Deuxième essai du trio norvégien The White Birch, ‘Star Is Just A Sun’ fait partie de ces disques rares, à la beauté tétanique et à la discrétion exemplaire, qui ont un jour troublé le silence du monde sans le réveiller. Défiant les lois de l’apesanteur, c’est l’un de ces albums de haut vol qui, comme arrachés à la pesanteur du présent et du temps, planent majestueusement au-dessus de la mêlée. Sorti dans une relative confidentialité en 2002, on a toujours été divisé entre l’envie de partager avec le plus grand nombre ces mélodies diaphanes ou la tentation de garder jalousement ces chansons bouleversantes au chevet de nos propres états d’âme. Un dilemme qui se repose cruellement aujourd’hui puisque, alors qu’il n’était plus disponible depuis plus de six ans, le disque ressort avec un tracklisting et une pochette inchangés. Tout juste a-t-il subi un petit toilettage en studio. Et, instantanément, on se reconnecte avec les émotions éprouvées il y a quatorze ans. Comme si le temps avait été suspendu, figé dans la glace norvégienne. Riche en échos et silence, ce recueil de titres atmosphériques aux arrangements spartiates est une sorte d’antidote au désespoir. Un baxter musical délivrant ses notes et ses frissons au compte-gouttes. Une invitation aux flâneries polaires bien emmitouflé dans des sonorités cotonneuses. Sublimées par la voix d’Ola Fløttum, dont le chant vacille comme une flamme sous l’effet du vent glacé, les compositions à l’apparence minimaliste se consument lentement. Et ne sauraient s’apprécier individuellement dans un survol aléatoire, au risque d’en dilapider ce qui en fait l’essence. Loin d’être un concentré de neurasthénie périmé, ‘Star Is Just A Sun’ rafraîchit toujours autant l’âme qu’il purifie les tympans. (gle)
aiguisé autant ses mots âpres que sous les élans de contrebasse de Danny Snow. Autre inédit, ‘Wichita Lineman’, rambling ballad toute en circonvolutions de Jimmy Webb (1968), est, arrangements ad hoc à l’appui, une connexion idéale avec un autre mélodiste dont l’artisanat fut précieux. (alr)
Steven Wilson ‘4 1/2’ Kscope
De Porcupine Tree à sa carrière solo, Steven Wilson n’a pas lâché le prog d’une semelle. L’inaugural ‘My Book Of Regrets’
montre combien l’influence de Pink Floyd est encore perceptible à chaque instant, tant cette plage avoisinant - naturellement - les dix minutes fait office de mash-up improbable de l’intégrale Barret, Gilmour et tous les autres. Chorus sirupeux, orgues pompeux, solos bavards, « virtuosité » technique... De la grandiloquence et comme prévu, rien de neuf sous le Dark Side Of The Moon. On apprend sans grand étonnement que ‘4 1/2’ regroupe essentiellement des chutes de disques précédents, sortis respectivement en 2013 et 2015. Et un ancien titre de Porcupine Tree. Les disciples de Marc Ysaye, lobotomisés since 2004, crient au génie.
Les autres passent inlassablement leur chemin dans un silence éloquent. (am)
Yorkston / Thorne / Khan ‘Everything Sacred’ Domino/V2
Quelle est la probabilité pour qu’une rencontre aléatoire de tournée aboutisse à une vivifiante expérience discographique? Pour qu’un festival à Aberfeldy sponsorisé par une marque de whisky soit le déclencheur d’une alliance entre un songwriter folk de Fife et un joueur de sarangi (cette étonnante vieille à roue indienne) ? Les voies souterraines font pourtant parfois bien les choses, au point que même le corrosif Ivor Cutler – ici à travers son ‘Little Black Buzzer’, pouetpouettant, codant en morse et vocalisant parmi les vaches bénies – ne trouve rien à y redire et qu’’Everything Sacred’ rappelle à notre souvenir les belles heures fusionnées de Real World, le label de Peter Gabriel. Entraînées dans le sillage de ‘Knochentanz’, épopée en préambule, les huit plages bénéficient aussi du solide ancrage de Jon Thorne, contrebassiste attitré de Yorkston, et des épiphanies de la fluette-jouette Lisa O’Neil. D’une reprise de Lal Waterson – membre de The Watersons, ensemble familial folk surgi dans les 60’s – à l’adaptation d’un poème soufi, on se laisse envelopper sans résistance dans cette circumnavigation méditative. (alr)
Zea ‘The 7” Cassette’ Makkum
Il suffit d’un album pour qu’une discographie entière vous tombe sur le coin de la gueule et vous laisse pantois, avec cette question à la bouche : comment n’ai-je pas découvert ça plus tôt ? Cet album, c’est une compilation foldingue et foutraque des maxis de Zea, du bric et du broc réédités ou inédits, qui se côtoient et s’harmonisent n’importe comment, où s’entrechoquent punk DYI, techno foireuse, guinguette mongolo, rock bancal et collaborations multi-ethniques faisant fi des frontières. C’est du fond de tiroir, mais putain qu’est-ce que c’est bon ! Il suffit d’écouter l’afro-wave ‘Muziqawi Slit’ ou la reprise de ‘Clocks’ de Coldplay – qui combine tous les genres cités plus haut – pour se faire une idée de la totale liberté artistique qui traverse ‘The 7’’ Cassette’ et de l’esprit frondeur et rigolard qui anime Zea. « Mais Zea, c’est quoi, bordel ? », vous demandez-vous à ce stade. D’abord un groupe de cinq, puis majoritairement un duo constitué d’Arnold de Boer et Remko Muermans, véritable sensation underground hollandaise, Zea est maintenant le véhicule solo d’Arnold. Infatigable, ce musicien d’Amsterdam aligne depuis plus de dix ans des disques au style sans cesse renouvelé, le genre de discographie-souk pleine de couleurs et de fragrances qui prennent à la tête, traversée d’idées ridiculement géniales entre Ween, Zappa, Daniel Johnston et Lars Hollmer (liste non exhaustive). Esprit libre, voyageur impénitent, Arnold de Boer est également depuis 2008 le chanteur de The Ex. Need I
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vendredi 05 fev Propulse: THE SUMMER REBELLION, VICTORIA+JEAN, JEREMY WALCH, IN LAKESH, FAON FAON @ Botanique, Bruxelles THE RHYTHM JUNKS @ AB, Bruxelles BORJA FLAMES @ L’An Vert, Liège FROM KISSING @ El Batia, Mons HERETIC, LUGUBRUM, SPERMAFROST, POX @ Belvédère, Namur STIKSTOF, ROMEO ELVIS @ Beursschouwburg, Bruxelles MARCO BAILEY ft CHRIS LIEBING @ La Fabrique, Herstal STEPHAN EICHER @ Maison Culture, Tournai MR. CARMACK, FOLIE DOUCE @ Reflektor, Liège KING AUTOMIC, DEADLINE @ La Taverne du Théàtre, La Louvière HELLOWEEN, RAGE, CRIMES OF PASSION @ Trix, Antwerpen PAUL KALKBRENNER @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux LILLY WOOD AND THE PRICK, HOLLYDAYS @ Aéronef, Lille, Fr EVRST, NUMEROBE, ODDISM, VERTIGO @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
samedi 06 fev SUEDE; THE KIDS @ AB, Bruxelles ABERDEEN, DR.APE @ Atelier Rock, Huy FINVARRA, RASTABAN @ Belvédère, Namur MITTLAND OCH LEO, SYRACUSE, NOSEDRIP, RICK SHIVER @ Beursschouwburg, Bruxelles RHODES, TOMMY ASHBY; BLITZEN TRAPPER, CANDY ROBBERS; SCHONWALD, PHANTOM LOVE, WINTER SEVERITY INDEX, STARCONTROL @ Botanique, Bruxelles KYLA BROX @ Ferme de la Madelonne, Gouvy JONAS KOPP, ANTIGONE, TADEO, ECHOES, NU ZAU, SEPP @ Fuse, Bruxelles THE VOODOO GLOW SKULLS, 65 MINES STREET, THE DANCING MORONS @ Magasin4, Bruxelles NERVOUS SHAKES @ Moulin Fantôme, Tubize CHRISTIAN VARELA, PELACHA, ANNI FROST, GLOBULE, DIRTY MONITOR @ Rockerill, Marchienne-au-Pont HELL&M PROD CONTEST @ La Taverne du Théàtre, La Louvière THE BOB MARLEY BIRTHDAY SPECIAL @ Trix, Antwerpen DISCLOSURE @ Forest National, Bruxelles GUIZMO @ Kulturfabrik, Luxembourg STEPHAN EICHER; TONY CARREIRA @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux A STATE OF MIND, ASAGAYA @ Aéronef, Lille, Fr
dimanche 07 fev SKUNK ANANSIE; GLENN CLAES
@ AB, Bruxelles BEHEMOTH, ABBATH, ENOTOMBED AD, INQUISITION; THE WORLD IS A BEAUTIFUL PLACE AND I AM NO LONGER AFRAID TO DIE, MEWITHOUTYOU @ Trix, Antwerpen 100% RICHIE CAMPBELL & 911 BAND @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux
lundi 08 fev KODALINE @ AB, Bruxelles DRIFT. @ Beursschouwburg, Bruxelles BLACK STONE CHERRY, THEORY OF A DEADMAN @ Trix, Antwerpen JASON DERULO @ Forest National, Bruxelles
mardi 09 fev Artefact: LORENZO SENNI, HIELE, HANTRAX @ Stuk, Leuven HALESTORM, WILSON @ AB, Bruxelles ELLIE GOULDING @ Sportpaleis, Antwerpen MASSIVE ATTACK @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux
mercredi 10 fev DAUGHTER, JOHN JOSEPH BRILL; PROTECTION PATROL PINKERTON, TEAM WILLIAM @ AB, Bruxelles WE ARE MATCH, ULYSSE @ Atelier210, Bruxelles MASSIVE ATTACK @ Palais 12, Bruxelles TORTOISE, SAM PREKOP, BLONDY BROWNIE; WOLF ALICE, SUNDARA KARMA @ Trix, Antwerpen
jeudi 11 fev LAST TRAIN; ANDERSON .PAAK AND THE FREE NATIONALS; MUSTII @ Botanique, Bruxelles THE BLIND SHAKE, SECTS TAPES @ Madame Moustache, Bruxelles JUNGBLUTH, BARQUE @ Magasin4, Bruxelles SYLK @ Salon, Silly SKUNK ANANSIE @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux
vendredi 12 fev We Are Open: STEAK NUMBER EIGHT, FLYING HORSEMAN, DOUBLE VETERANS, ARQUETTES, THE BLACK HEART REBELLION, MOANING CITIES, COCAINE PISS, ONMENS, GREAT MOUNTAIN FIRE, YOU RASCAL YOU, TEME TAN, CROWD OF CHAIRS @ Trix, Antwerpen LA SMALA @ AB, Bruxelles PATTON @ L’An Vert, Liège DAMIEN DUBROVNIK, CREMATION LILY @ Beursschouwburg, Bruxelles SUNFLOWER BEAN @ Botanique, Bruxelles NEUROFUNK @ Recyclart, Bruxelles SECRET GARDEN @ Spirit Of 66, Verviers
VICTORIA+JEAN, THE GERMANS @ La Taverne du Théàtre, La Louvière ANGEL HAZE @ Vk, Bruxelles JOHN COFFEY, LAST TRAIN @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux THE BLIND SHAKE, THE KOOTERS @ Rotondes, Luxembourg LOCKED GROOVE, FRANKEY & SANDRINO @ Aéronef, Lille, Fr
Artefact ‘Up In The Air’ 9-21 février Stuk, Leuven
samedi 13 fev We Are Open: NIGHTMAN, BAZART, KING DALTON, KISS THE ANUS OF A BLACK CAT, PROTECTION PATROL PINKERTON, LYENN, TIN FINGERS, FACES ON TV, GLINTS, STADT, BLACKIE & THE OOHOOS, LE COLISEE, RADIAL SEQUENCE, METEOR MUSIK, THE K, RAVEYARDS, IT IT ANITA, EL YUNQUE, YOU RASKAL YOU @ Trix, Antwerpen Saint Amour: JAMAL OUARIACHI, ANDY FIERENS, STELLA BERGSMA, ….; WOODIE SMALLS, ABRAHAMBLUE, K1D @ AB, Bruxelles SANDY WAREZ, THE PANACEA, DARKCONTROLLER, BONGRA, THE DESTROYER, SYSTEM NOIZE, NOISEKICK, DESTRUCTIVE TENDENCIES, … @ AA Docks, Bruxelles DOCTEUR ABGRALL, SEBASTIEN DICENAIRE, BEAUX JEUNES MONSTRERS, ZAPNIK LIVE RADIO SHOW, … @ Les Ateliers Claus, Bruxelles DJ SUPAFLY COLLECTIVE; ILLUM SPHERE, SYNKRO, PALSEMBLEU, SHADES @ Beursschouwburg, Bruxelles DALTON TELEGRAMME @ Botanique, Bruxelles LES SLUGS @ Fontaine l’Evêque ROBERT HOOD, MORBECK, LESSIZMORE, JAN KRUEGER, DAZE MAXIM, VOIGTMANN @ Fuse, Bruxelles TOGETHER PANGEA, MOZES AND THE FIRSTBORN @ Madame Moustache, Bruxelles LEMON STRAW, WANTED FIRE @ Salon, Silly MULLIGAN BROTHERS @ Spirit Of 66, Verviers CRITICAL CASE, SILENCE IS THE ENEMY, UNDER THE CROWS @ La Taverne du Théàtre, La Louvière NIGHTMAN @ Trix, Antwerpen THE BLIND SHAKE, JAPANS @ Water Moulin, Tournai FENSTER, ALAO INPUT, SLOW STEVE @ Aéronef, Lille, Fr
dimanche 14 fev BASEMENT, TIGERS JAW; TWENTY ONE PILOTS @ AB, Bruxelles ORIGAMIS CLASSICS @ Beursschouwburg, Bruxelles SHEARWATER, CROSS RECORD; ALINE @ Botanique, Bruxelles DAGOBA, LIGHTMARE @ L’Entrepôt, Arlon YOUYH LAGOON, MILD HIGH CLUB @ Trix, Antwerpen CARAVAN PALACE
Amatorski © Gus and Stella Placé sous le thème Up In The Air, le festival pluridisciplinaire Artefact entend investiguer sur les paramètres poétiques, politiques et économiques qui guident notre relation à l’espace aérien. Côté musique, on n’y brassera pas que de l’air et ce dès le décollage électronique du 9 février : Lorenzo Senni, Hiele et Hantrax. Le 16, dance et techno flirteront avec l’expérimental sous la conduite de Powell, Fis et Sagat. Et si vous êtes sages, il y aura une after party en compagnie de Kassett, FilosofischeStilte et Nosedrip. Le 19, les recherches sonores seront menées de main de maître par Samuel Kerridge (presents Fatal Light Attraction), Shapednoise et Kiss The Anus of a Black Cat. Enfin, le 21, la journée (dès 15h) s’annonce riche de promesses avec rien moins que William Basinski, Amatorski, John Bence, Ansatz der Maschine (électronicca hybride et... aérienne), Rafael Anton Irisarri, ainsi que l’ambient ambitieuse de Christina Vantzou. Attachez vos ceintures ! www.artefact-festival.be
Kraak Festival 26-28 février Beursschouwburg, Bruxelles
Hermann Nitsch © Jan Gott Fréquenter le Kraak nous a donné une certitude : voilà un festival expérimental dont on ne peut ressortir indifférent. Une bulle où embrasser le culte, la marge et le souterrain. Cette année, trois jours durant, vous oublierez donc les étiquettes. D’abord avec 75 dollars bill (US), duo de rythm’n’blues singulier qui mâtine de molam thaï des riffs à te damner. Sans doute avec la sombre piqûre psyché d’Ilta Hämärä administrée par Timo Van Luijk et Bart De Paepe. A coup sûr avec Lino Capra Vaccina, percussionniste méditatif minimaliste ressurgi des limbes des 70’s. On ne sait pas grand-chose de Volmacht – le nouveau projet de Denis Tyfus – mais ça risque d’être jouissivement bizarre. Du côté de Viper Pit, ça secouera sec et pour Shetahr, rien n’interdit un peu de ventriloquie. Le dernier jour, on annonce une performance à l’orgue d’Herman Nitsch – artiste-clé du Wiener Aktionismus – aux Brigittines. Ça promet ! Plus d’infos et line-up : http://kraak.net/festival2016
@ Den Atelier, Esch sur Alzette, Lux FOIRE AUX DISQUES @ Rotondes, Luxembourg J.C.SATAN, LE PRINCE HARRY @ Aéronef, Lille, Fr
lundi 15 fev HALF MOON RUN, AIDAN KNIGHT @ AB, Bruxelles VILLAGERS @ Botanique, Bruxelles NAOMI SHELTON & THE GOSPEL QUEENS @ Trix, Antwerpen HURTS @ Den Atelier, Esch sur Alzette, Lux
mardi 16 fev NAOMI SHELTON & THE GOSPEL QUEENS; PARKWAY DRIVE, ARCHITECTS, THY ART IS MURDER @ AB, Bruxelles MIDZIK, HERVE DOUCHY @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve BLOODSHOT BILL, TEQUILA SAVATE @ Magasin4, Bruxelles CITY AND COLOUR, LUCY ROSE @ Trix, Antwerpen SHEARWATER, VOLGOGRAD @ Aéronef, Lille, Fr
mercredi 17 fev HURTS @ AB, Bruxelles SANGO, SPZRKT @ Beursschouwburg, Bruxelles WE STOOD LIKE KINGS cinéconcert ‘A Sixth Part of the World’ by Dziga Vertov @ CC Chiroux, Liège RICHIE RAMONE @ Magasin4, Bruxelles ALICE ON THE ROOF @ Reflektor, Liège LAURENCE JONES @ Spirit Of 66, Verviers GIRL BAND, JET SETTER @ Trix, Antwerpen MACHINE HEAD @ Den Atelier, Esch sur Alzette, Lux
jeudi 18 fev Artefact: POWELL, FIS, SAGAT, FILOSOFISCHESTILTE, KASSETT, NOSEDRIP; HACKLAB @ Stuk, Leuven Bang! Opening ‘LOVE ME TENDER’ @ BAI_, Bruxelles Stellar Swamp: KULA SHAKER; BLACK BOX REVELATION @ AB, Bruxelles BIAO, MOONLIGHT MATERS @ Beursschouwburg, Bruxelles GRANDGEORGE @ Botanique, Bruxelles ‘Pulp: A Film About Life, Death & Supermarkets’ @ Huis 23, Bruxelles STEEPLE REMOVE, THE LOVED DRONES, MOUSTACHE CREW DJ’S @ Madame Moustache, Bruxelles GUM TAKES TOOTH, TOTAL VICTORY, RRAOUHHH! @ Magasin4, Bruxelles MY SLEEPING KARMA, GREENLEAF, MAMMOTH MAMMOTH; THE HEAVY MACHINERY @ Trix, Antwerpen
vendredi 19 fev Artefact: SAMUEL KERRIDGES,
SHAPEDNOISE, KISS THE ANUS OF A BLACK CAT; HACKLAB @ Stuk, Leuven Stellar Swamp: THE OSCILLATION, TOMAGA, THE SCRAP DEALERS, HELICON, MILO GONZALEZ @ Atelier210, Bruxelles BLACK BOX REVELATION; SPLEEN @ AB, Bruxelles SINDICATO SONICO NAH, GARY CLAIL, FUJAKO & SOLAR SKELETONS @ Les Ateliers Claus, Bruxelles CROWD OF CHAIRS, MAZE, YOUFF 30.000 MONKIES, RUMOURS & MOVOCO @ Beursschouwburg, Bruxelles GUN OUTFIT; JASPER STEVERLINCK @ Botanique, Bruxelles LULA PENA @ Bozar, Bruxelles DENZEL CURRY, WOODIE SMALLS @ Le Cadran,Liège ROISIN MURPHY @ Cirque Royal, Bruxelles DJ SATELITE, SPILULU, REBEL UP vs LOW UP, DOVECAKE, RAMELLE @ Recyclart, Bruxelles MACHINE GUN, MAX PIE @ Salon, Silly THE BANGING SOULS, JANE DOE & THE BLACK BOURGEOISE @ Spirit Of 66, Verviers GRAND BLUE HERION, THORAX, B.I.L. @ La Taverne du Théàtre, La Louvière TRADE WIND; STICK TO YOUR GUNS, STRAY FROM THE PATH, COUNTERPARTS, WOLF DOWN @ Trix, Antwerpen GUILLAUME PERRET & THE ELECTRIC EPIC @ Aéronef, Lille, Fr SHIGETO, HEATHERED PEARLS, LORD RAJA @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
samedi 20 fev Stellar Swamp: NIGHT BEATS, WOODEN INDIAN BURIAL GROUND, THROW DOWN BONES, AZMARI, SOUND SWEET SOUND @ Magasin4, Bruxelles EZRA FURMAN, JEREMY WALCH; BLACK BOX REVELATION @ AB, Bruxelles EMPRESS OF; JASPER STEVERLINCK; YOUNG RIVAL, WHATEVER! @ Botanique, Bruxelles LES AGREMES @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve TAB @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen JR DE MONTREAL, SILVER MACHINE, FIL PLASTIC vs BARAKO BAHAMAS, ALDI MÉOLA, PHONO PHIL @ Rockerill, Marchienne-au-Pont DEJA VU @ Spirit Of 66, Verviers ENNIO MORRICONE @ Sportpaleis, Antwerpen DENZEL CURRY, FADED; STEALTH BOMBERS @ Trix, Antwerpen
dimanche 21 fev Artefact: WILLIAM BASINSKI, AMATORSKI, ANSATZ DER MASCHINE, RAFAEL ANTON IRISAR-
RI, CHISTINA VANTZOU, JOHN BENCE; HACKLAB @ Stuk, Leuven BECCA STEVENS; FRERO DELAVEGA @ AB, Bruxelles YOUNG RIVAL, ITALIAN BOYFRIEND @ Belvédère, Namur CAR SET HEADREST; LNZNDRF @ Botanique, Bruxelles ROOTS MANUVA THE BLUESBONES @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen
lundi 22 fev JOE JACKSON @ AB, Bruxelles O.R.K. @ Spirit Of 66, Verviers KING DUDE, NOT JUST RELIGIOUS MUSIC @ Rotondes, Luxembourg
AB-Bota 26-27 février AB/Botanique, Bruxelles
mardi 23 fev ST GERMAIN @ AB, Bruxelles DIDIER LALOY & KATHY ADAM @ Ferme du Bièreau, Louvain-LaNeuve BLOCKHEAD @ Recyclart, Bruxelles FOALS @ Forest National, Bruxelles CHARLIE CUNNINGHAM @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux
mercredi 24 fev JOANNA NEWSOM, ROBIN PECKNOLD @ Bozar, Bruxelles AARON; JEREMY LOOPS, HANNAH TRIGWELL @ AB, Bruxelles LANTERNS ON THE LAKE @ Botanique, Bruxelles MARINA & THE DIAMONDS @ Cirque Royal, Bruxelles SAVIOURS, MDME SPKR, WE’RE WOLVES @ Magasin4, Bruxelles MANDRED MANN’S EARTH BAND @ Spirit Of 66, Verviers LENA @ Den Atelier, Esch sur Alzette, Lux JIM JONES AND THE RIGHTEOUS MIND, DADDY LONG LEGS, CHATEAU BRUTAL @ Aéronef, Lille, Fr
Steak Number Eight © Eva Vlonk C’est reparti pour la dixième – et dernière – édition d’échangisme intercommunautaire, de transfert de fluides musicaux entre les deux salles emblématiques de Bruxelles. Deux jours, dix groupes, 17 euros, et c’est plié ! Honneur de l’ouverture au boulevard Anspach, qui dessinera la silhouette d’un Beffroi sous beats glacés, agitera les claviers et cocotiers fluo du Colisée, rêvera de fantômes avec Blackie and the Oohoos, dessinera un 90’s sur le biceps de Nightman avant un tour de passe-passe psyché avec Great Mountain Fire. Le lendemain, au Bota, place à la duelle sauvagerie kraut de La Jungle, à la charmante candeur pop d’Italian Boyfriend, au rock décontracté du slip de Jacle Bow, à l’éclectisme electro assuré de Mugwump. En clôture de ce duo de soirées – ‘After They Fall’ – on vous servira une tranche de sludge et post-metal, un Steak Number Eight ultra-saignant. Plus d’infos :http://www.abconcerts.be/fr/agenda/ evenements/abbota-2016/19610/
jeudi 25 fev Bang!: CLOSET SALE, FRIENDS ARE MAGIC @ BAI_, Bruxelles OH WONDER, MANOEUVRES @ AB, Bruxelles JERUSALEM IN MY HEART, ORDINAIRE @ L’An Vert, Liège LOLOMIS @ Ferme du Bièreau, Louvain-LaNeuve Screening: ‘We Are Fucking Twisted Sister’ @ Huis 23, Bruxelles TRAAMS @ Madame Moustache, Bruxelles SASQUATCH, GODDOG @ Magasin4, Bruxelles ALINE @ Reflektor, Liège BLACK SPEEN
Great Mountain Fire
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@ Salon, Silly BAND OF FRIENDS @ Spirit Of 66, Verviers EMANCIPATOR @ Vk, Bruxelles EAGLES OF DEATH METAL @ Forest National, Bruxelles BIG FLO & OLI @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux JEREMY ELLIS, AFRIQUE 3D, Y-ETIZM @ Aéronef, Lille, Fr L’IMPERATRICE @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
vendredi 26 fev ABBOTA: BEFFROI, NIGHTMAN, LE COLISEE, GREAT MOUNTAIN FIRE, BLACKIE & THE OOHOOS @ AB, Bruxelles Bang!: PINTO @ BAI_, Bruxelles Kraak Festival: CHE CHEN, TIMELESS REALITY, YEAH YOU, VOLMACHT, ILTA HÄMÄRÄ, DJ KERM @ Beursschouwburg, Bruxelles OLD-ELAF @ CC René Magritte, Lessines CHARLYKINGSTON présente: BABELSOUK, LOS PETARDOS, MYSTIC LION & DJU LION, MOUJAH RIDDIM SOUND SYSTEM, MAD @ Eden, Charleroi NOMAD FREQUENCIES, LES FIÈRES BRETELLES, SLIVO ELECTRIC KLUB, MACADAM BAZAR @ Magasin4, Bruxelles CANDY ROBBERS @ Salon, Silly THE BLACK HEART REBELLION, LET’S PRETEND @ La Taverne du Théàtre, La Louvière FROM KISSING @ Vecteur, Charleroi BLACK DEVIL DISCO CLUB,
samedi 27 fev ABBOTA: LA JUNGLE, JACLE BOW, ITALIAN BOYFRIEND, STEAK NUMBER EIGHT, MUGWUMP @ Botanique, Bruxelles Kraak Festival: KSIEZYC, MARK FELL, LINO CAPRA VACCINA, 75 DOLLAR BILL, THREE LEGGED RACE, SHETAHR, WIDT, VIPER PIT, AU BOUT DE MON SANG, GUTTERSNIPE, COAGUL, CARRAGEENAN, DJ MARK HARWOOD @ Beursschouwburg, Bruxelles Young Guts Festival: STIGMAN, FANTOME, THE BANGING SOULS, ROSCOE, DARIO MARS & THE GUILLOTINES, NILTCH @ Maison de la Culture, Namur Festival C’rock la Vie: DANDY SHOES, MINGAWASH, BLACK SHEEP, SILLY SNAILS, PAGAN NOZ @ Salon, Silly BUIKA; AROMA DI AMORE, ZEESTER @ AB, Bruxelles JAAKKO EINO KALEVI @ Botanique, Bruxelles ALICE ON THE ROOF @ Eden, Charleroi GENTLEMEN OF VERONA @ L’Entrepôt, Arlon BAK XIII, [P.U.T], LA MARMITE, CRÊTE ET PÂQUERETTE @ Magasin4, Bruxelles LA MUERTE @ Reflektor, Liège KOYLE @ Spirit Of 66, Verviers
WALK THE MOON, COLONY HOUSE; TIMAXX @ Trix, Antwerpen REGARDE LES HOMMES TOMBER, BRIQUEVILLE, THE LUMBERJACK FEEDBACK @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr SLEEPER’S GUILT @ Kulturfabrik, Luxembourg
YEARS & YEARS @ Forest National, Bruxelles RON MORELLI, MARCUS VECTOR, ERIC DUNE @ Aéronef, Lille, Fr GIEDRE @ Grand Mix, Tourcoing, Fr MASS HYSTERIA, THE ARRS @ Kulturfabrik, Luxembourg
dimanche 28 fev
vendredi 04 mars
Kraak Festival: HERMANN NITSCH @ Beursschouwburg, Bruxelles HINDS, PUBLIC ACCESS T.V. @ AB, Bruxelles MANFRED MANN’S EARTH BAND @ CC René Magritte, Lessines ALICE ON THE ROOF @ Cirque Royal, Bruxelles L.E.J. @ La Madeleine, Bruxelles MARINA AND THE DIAMONDS @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
[PIAS] Nites: AMBER ARCADES, FEWS, MONEY; THE GERMANS, FAT WHITE FAMILY, STUFF. @ Beursschouwburg & La Madeleine, Bruxelles LIBERTINES; EEFJE DE VISSER; WILL HOGE @ AB, Bruxelles THOSE FUCKING BELLS @ Belvédère, Namur BOY & BEAR; FRANCES @ Botanique, Bruxelles GRANDGEORGE @ Eden, Charleroi LADY COVER @ L’Entrepôt, Arlon MISTER COVER @ Salon, Silly DE HAAN, PRESENT DANGER @ Spirit Of 66, Verviers HUMO’S ROCK RALLY 1/2 finale; PEPE @ Trix, Antwerpen SUAVEMENTE; FUN LOVIN’ CRIMINALS @ Vooruit, Gent DE STAAT @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux YEARS & YEARS @ Den Atelier, Esch sur Alzette, Lux LITTLE BIG, VIRUS SYNDICATE, DJ EDSIK @ Aéronef, Lille, Fr THE INSPECTOR CLUZO, THE K @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
lundi 29 fev ELLIE GOULDING @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux
mardi 01 mars Bang!: PUNKS WITH BRAINS @ BAI_, Bruxelles NEWTON FAULKNER @ AB, Bruxelles JUNIOR BOYS – JESSY LANZA @ Botanique, Bruxelles SATURNALIA TEMPLE, SARDONIS @ Trix, Antwerpen SOULFLY, INCITE, KING PARROTS @ Den Atelier, Esch sur Alzette, Lux
mercredi 02 mars BELPOP BONANZA ROYALE; KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD @ AB, Bruxelles SAVAGES @ Botanique, Bruxelles CROSSFAITH @ Trix, Antwerpen SOULFLY @ Vooruit, Gent ARNO @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux GRIMES @ Den Atelier, Esch sur Alzette, Lux
jeudi 03 mars [PIAS] Nites: WARHAUS; TEME TAN, FEW BITS, SARAH AND JULIAN; FAT WHITE FAMILY, EWS, YOUNG RIVAL @ [Chez PIAS] & Beursschouwburg, Bruxelles & Reflektor, Liège ALL THEM WITCHES; GRIMES, HANA @ AB, Bruxelles NICOLAS MICHAUX; JULIEN SAGOT @ Botanique, Bruxelles FUN LOVIN’ CRIMINALS @ Het Depot, Leuven ANTOINE PIERRE URBEX @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve NECROWRETCH, INFERNAL EXECRATOR, BONES @ Magasin4, Bruxelles ALBERT VILA QUARTET @ Salon, Silly ROSIE LOWE, LOHAUS; NEEDLE AND THE PAIN REACTION @ Trix, Antwerpen STONED JESUS, MARS RED SKY, BELZEBONG @ Vk, Bruxelles
PIAS Nites
3 mars, Beurschouwburg (Bruxelles) : Témé Tan + Few Bits 3 mars, Reflektor (Liège) : Fat White Family, Fews + Young Rival 4 mars, Beurschouwburg (Bruxelles) : Money, Fews 4 mars, LaMadeleine (Bruxelles) : Fat White Family + guests 5 mars, La Madeleine (Bruxelles) : Bloc Party, Oscar, Warhola
samedi 05 mars [PIAS] Nites: WIM MERTENS; BLOC PARTY, OSCAR, WARHOLA @ [Chez PIAS] & La Madeleine, Bxl Museum Night Fever: CHRIS WATSON; DIJF SANDERS; YELLOWSTRAPS x LE MOTEL, OYSTER NODE, AO; …. @ Bruxelles THE LIBERTINES @ AB, Bruxelles APWINGS, THE CHORD STRIKERS @ Atelier Rock, Huy STEVEN TROCH BAND @ Blues-Sphere, Liège ANTOINE HENAUT; SEINABO SEY @ Botanique, Bruxelles FROM KISSING @ Les Deux Ours, Nandrin LYDIA LUNCH - RETROVIRUS, BÄRLIN, CROWD OF CHAIRS @ Magasin4, Bruxelles BRODINSKI, THE BABEL ORCHESTRA, VOLANTIS CREW, FABRICE LIG, DIRTY MONITOR @ Rockerill, Marchienne-au-Pont ABBA GOLD @ Spirit Of 66, Verviers DE STAAT, DRIVE LIKE MARIA; GORILLA BISCUITS, MODERN LIFE IS WAR, TOUCHE AMORE, MILES AWAY, GWLT @ Trix, Antwerpen OXMO PUCCINO, REDOUANNE @ Aéronef, Lille, Fr
Flume © Cybele Malinowski Plutôt que de signer uniquement ses grands rassemblements, le label « Pias Nites » semble aujourd’hui dévolu à étiqueter les différents concerts de la firme, avec un package d’artistes maison enrubanné pour l’occasion. Début mars, au Beurs, on chaloupera sur l’’Amethys’ de Teme Tan qui après avoir longtemps pagayé sur son frêle esquif, rejoint aujourd’hui le navire amiral. Le quatuor mancunien Money sert religieusement son chapelet : chansons polymorphes, ballades lysergiques pianotées ou torch songs défient l’apesanteur. Dans cet éther s’épanouit le falsetto d’angelot de Jamie Lee, maître de cérémonie. Ite missa est. Ils ont buzzé tout l’été avec un motorik de 8 minutes, quand la bise fut venue, le quatuor suédo-américain Fews est revenu avec le post-punk ‘The Zoo’. Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien ! Dansez maintenant : au Beurs ou encore au Reflektor, en compagnie de Young Rival, bons élèves aux guitares bien trempées. Quelques morceaux plus frondeurs laissent entrevoir la graine de mauvais garçons qui ne demande qu’à pousser. A La Madeleine, Bloc Party viendra faire amende honorable. Kele et ses amis tournaient un peu en rond...C’est dire si ‘Hymns’ est une belle surprise : le groupe revient avec les meilleurs morceaux sortis depuis longtemps. Enfin, Madeleine et Reflektor, même combat : c’est là qu’il faudra être pour essuyer la tempête du phénomène Fat White Family (lire interview page 10). piasnites.com
路 DAUGHTER 路 NOT TO DISAPPEAR
SAVAGES ADORE LIFE
LNZNDRF featuring members of The National