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WILLOW
‘PLASTIC HEAVEN’ 13/05 SLOTUUR KULTUUR – LEUVEN 22/05 GLADIOLEN – OLEN 01/08 SUIKERROCK – TIENEN 16/08 FEEST IN HET PARK – OUDENAARDE
THE SPECTORS ‘LIGHT STAYS CLOSE’
01.05 – TRIX, ANTWERPEN 02.05 – DOK, GENT
OSCAR AND THE WOLF ‘ENTITY’
25.06 – ROCK WERCHTER 10.07 – LES ARDENTES, LIEGE 01.08 – SUIKERROCK, TIENEN 06.08 – LOKERSE FEESTEN, LOKEREN 31.10 – SPORTPALEIS, ANTWERPEN
ROSCOE
‘MONT ROYAL’ 11.05 – LES NUITS BOTANIQUE, BRUSSELS (SOLD OUT) 11.07 – LES ARDENTES, LIEGE 17.07 – DOUR FESTIVAL 29.08 – BUCOLIQUES FERRIERES FESTIVAL, FERRIERES
BONY KING
THE HICKEY UNDERWORLD
‘WILD FLOWERS’
01.08 – M-IDZOMER, LEUVEN
‘Ill’
SUPPORTING OUR LOCAL SCENE SINCE 1983
04.05 – HET DEPOT, LEUVEN 16.05 – VOORUIT, GENT 17.05 – AB CLUB, BRUSSELS 21.05 – CACTUS CLUB, BRUGGE
© Mothmeister @ Instagram © Stoned Fox: Adele Morse
Cécile empile ses livres en des tours qui tournicotent sur elles-mêmes formant une structure de double hélice d’ADN. Elle les choisit avec soin suivant un rigoureux processus : l’éditeur, la taille, la couleur se disputent l’ordonnancement. Au fond, tous ces volumes, c’est un peu son génotype. De plus mal-aimés agonisent sur le parquet, d’autres encore, rapatriés de quelque fugue, dorment dans des sacs en papier. Parfois, comme on s’ébroue au sortir d’un mauvais rêve, c’est encore engourdie que Cécile se déleste en une librairie de seconde main jouxtant sa cambuse. De jeunes hommes au look étudié expédient d’un regard distrait les parallélépipèdes déjà vieux de six mois, frappés d’obsolescence, dont on a trop de copies, dont on ne sait que faire. Deux euros ? Et puis quoi encore. Hé ho, c’est quand même la Blanche de Gallimard faut pas pousser, c’est pas pondu en suçant le pouce de Joe le Taxi (qui marche pas au soda)! Cécile rit jaune. Non, Cécile rhizome. Enraciné en elle depuis toute petite, l’enchantement des livres essuie le camouflet. La décision est vite prise, elle donnera une nouvelle vie à ces grimoires en les abandonnant dans des lieux savamment choisis. Pour ce faire, il convient de procéder avec méthode. Soigneusement manucuré, sur le pouce Chez Martine prendre un café. En CC oseraiton dire, s’amusant de la correspondance, son cerveau passe illico de l’expresso du clin d’œil de la littérature jeunesse au récent ‘Gone Girl’ de David Ficher. Interférence où il est à nouveau question du chausse-trape des apparences, de manipulation des images, de la disparition de ‘L’épatante Amy’, méticuleuse comme elle aime. Et disparaître, bon, d’accord, Cécile y aspire parfois aussi, sans laisser de trace disons (placement de produit). Une séance à la piscine ou une tisane chez une grand-mère louée pour l’occasion, tout plutôt que le reflet de son visage, encore, sur cet écran d’ordinateur. Durant cet après-midi, Cécile s’imagine en Sophie Calle. D’ailleurs ne prend-t-elle pas soin d’elle? C’est décidé, CC glissera le premier bouquin dans un bac chez Caroline Music, sous l’étiquette Postal Service. L’idée l’amuse beaucoup. En pratique, c’est plus galère, les cases sont trop petites, rien n’y fait. Pour ne pas s’avouer vaincue, elle grimpe à l’étage où les vinyles se montrent plus souples pour abriter son ajout à l’étalage. Sitôt Jack le
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dos tourné, CC glisse prestement l’objet entre deux plaques, puis fait mine de s’enquérir s’il ne resterait pas un RifRaf de l’été dernier où passait son ombre ou encore si on allait bientôt rentrer le disque de Pain Noir. Mais que nenni et pouic. Agissant avec force ruse, CC s’anime dans le catimini, a l’impression de commettre quelque attentat poétique. Là, elle fait un peu la grimace, se rappelle que l’expression lui a été soufflée par un type mal coiffé qui lui avait fait du plat. Or Cécile n’aime que les reliefs, les aspérités, l’à-pic. Bref, le malandrin avait certes une bonne « platine » mais il avait fait chou blanc, était mal tombé – on l’aida à se relever, ça va tu t’en remettras. D’ailleurs il avait remis une tournée. Toute à ses offrandes votives, Cécile est loin de se douter qu’à l’instant même un inconnu s’est introduit chez elle à l’aide d’un passe-partout. Tendre Cécile. Délicieuse ingénue. La nuit tombée, c’est Cécile qui se relève, qui ne veut pas dormir, écoute l’album ‘Platform’ de Holly Herndon. Wake up wake up wake up. Entre les tours de son château de cartes, bientôt elle s’élance et plane. Grave. Elle n’imagine pas un instant qu’un importun a installé une micro-caméra et que son appartement a été sonorisé. Qu’on l’observe tandis qu’elle virevolte, s’arrête, prend la pause, fond, alerte, frondeuse, vibrionnant comme en un film de Wim VandeKeybus. Lonely at the top, une euphorisation des zones vulnérables l’a conduite à s’enfiler une paire de Gins. Assis derrière un laptop, le type prend des notes. Laisse pas traîner ton Fizz. Grisée par l’étrangeté, CC pense tenir la Laurie Anderson du XXIème siècle. Son reflet d’ordinateur qui vient faire chorus. Is it ok if I come in ? Elle s’entiche de la zébrure dans la toile de maître, la glace qui se fragmente légèrement, le débordement du très beau vase. Ce sont ses mots, chut, je ne vous ai rien dit. Ensemble, distincts et disloqués, ils écrivent à distance une partition qui leur échappe encore et dont nous ignorons l’issue à l’heure indue où s’écrivent ces quelques lignes. Are you ready to move on ? Great, great. Bon Sang ! Mais c’est... Bien sûr ! Beam me up, Scotty ! Texte : Fabrice Delmeire Un disque : Holly Herndon ‘Platform’ (4AD). Un film : David Fincher ‘Gone Girl’ (20th Century Fox/Regency).
année 21 • mai ’15
Colofon www.rifraf.be Année 21 nr. 210 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf juin sort le 28 mai
rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 18 mai
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 13 mai
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht
collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... dessins : Issara Chitdara
photo cover: stan musileck Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut
nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde. Cent soixante six (oui, 166) minutes de bravoure post-minimaliste, c’est le défi relevé par Charlemagne Palestine et Rhys Chatham sur ‘Youuu + Mee = Weeee’ (Sub Rosa). Le premier à la guitare, à la trompette ou à la loop pedal, le second au piano, à l’orgue ou au chant, le tout en un immense arc libératoire de toute contrainte, les deux légendes américaines entament une valse des étiquettes où le free jazz embrasse le contemporain post-La Monte Young. Le premier CD voit Palestine répéter à l’infini ses éclats pianistiques, ils finissent embrigadés par la trompette de Chatham, échappée par miracle d’une ruche en fusion. Passée la vingtcinquième minute, le clavier se calme, c’est pour mieux laisser Palestine entamer un hommage vocal ravagé/eur à Ghedalia Tazartes. Changement radical sur la deuxième plaque, entre orgue et guitare. Chatham dresse un immense tapis sonore, tout en fluctuations hypothermiques, à son compère à la six cordes. Hypnotisant d’un côté, tant les extensions psyché du Yamaha tournoient à l’infini, le morceau laisse toutefois la guitare en rade, bien en mal de port d’attache face au déluge de lave analogique. Si à priori, Chatham remet le couvert organique sur le dernier titre, c’est pour mieux nous emmener sur une fausse piste à la Pink Floyd anno 1967 (et c’est formidable, mon sergent). Grâce (aussi) aux quelques éclats vocaux de son partenaire, qui a l‘extraordinaire faculté de conjuguer au futur l’embrigadement tellurique et (oxymore) la discrétion expressive, la tentative se transforme en morceau de l’année. Incroyable mais vrai. ★ ★ ★ En parlant d’Américain installé à Bruxelles, voici Elizabeth Anderson et son ‘L’Envol’ (Empreintes DIGITALes). Installée dans notre capitale depuis la fin des eighties, elle nous propose de parcourir vingt ans de son parcours en huit étapes. Si des lignes de force tracent son univers, elles vont d’une déshumanisation froide à un monde sous-marin où l’obscur règne en maître, jamais l’ennui ou la monotonie ne s’emparent de son art acousmatique. Au contraire, et le tour de force est prodigieux, Anderson parvient à transcender la vibration par moins quinze degrés, tout en rappelant en 18 langues, avec effroi et recul, les horreurs du travail forcé (et c’est à faire passer une visite du fort de Breendonk pour une ballade dominicale). On songe parfois à Thomas Köner et surtout, on passe en quelques secondes des profondeurs océaniques à la stratosphère sans s’en rendre compte. Tel Ulysse, un beau voyage. ★ ★ ★ ‘Nos Fenêtres Intérieures’, voilà le programme imaginé par Roxanne Turcotte sur son quatrième chapitre chez Empreintes DIGITALes. Si la voix parlée occupe une place centrale dans son univers électroacoustique, notamment grâce au remarquable narrateur qu’est Etienne Lalonde (‘De La Fenêtre’), ses déclinaisons sonores expriment un foisonnement où le souffle et l’ambition sont des maîtres-mots. D’une pulsation rythmique aléatoire, l’artiste montréalaise met ses pas dans ceux de l’Allemand Bernd Alois Zimmermann, mais en ouvrant les battants sur la nature, elle donne une place centrale à la nature qui lui donne son originalité. Tout en dressant des parallèles étonnants entre volatiles et humains, elle camoufle la perte d’un enfant avec un humour absurde et réconfortant, alors que des souvenirs de blues ou de flamenco s’égarent, dispersés par le vent qui claque sur les fenêtres. ★ ★ ★ Longue comme une rame de Shinkansen, le TGV japonais, la discographie de Celer (l’alias de l’Américain Will Long) s’enrichit d’un ‘Sky Limits’ (Baskaru) où les grands classiques du monsieur ne sont pas bouleversés, tout en gagnant en profondeur et intensité. Toujours adepte de nappes ambient qui, parfois, se transforment en splendide cadre rêveur pour fan de Brian Eno (l’incroyable et bouleversant ‘Circle Routes’ qui ouvre l’album), Celer enrichit son propos par des field recordings d’autant plus habités qu’ils sont cinématographiques. Toutes les deux plages (les plus courtes), on se croit dans un film de Hou Hsiao-Hsien ou de Yasujiro Ozu, et tous les fans du cinéma de l’Extrême-Orient seront ravis. Ensuite, et systématiquement, on replonge dans une dramaturgie planante qui, si elle n’est pas neuve, est d’une exceptionnelle beauté formelle. ★ ★ ★ Complexe et fournie, l’œuvre de Natasha Barrett expose sur le double album ‘Peat + Polymer’ (+3dB) toutes ses ambivalences et ses contradictions. Si les pièces vocales de la compositrice britannique sont très convaincantes, tant elles renvoient à une version moderniste et twenty-first century-friendly des incontournables aller-retour du couple Luciano BerioCathy Berberian, on reste plus dubitatif quand les voix se font absentes (rarement, c’est à noter). Si les passionnés des étiquettes resteront sur leur faim, tellement les styles se croisent et s’entremêlent - et c’est un sacré bordel - les esprits vifs et curieux ne manqueront pas d’y déceler des pépites incandescentes de la musique contemporaine, au sens le plus bruitiste et déconstruit du terme. ★ ★ ★ La dernière fois (2013) que les noms de Marsen Jules et du label Oktaf se sont croisés, ça s’appelait ‘Présence Acousmatique’ et ça s’était terminé dans le Top 10 de votre serviteur. Deux ans plus tard, le musicien allemand prend lui aussi la direction du Grand Nord sur ‘The Empire Of Silence’. Toutefois, à la différence de Jana Winderen & co, on ne trouve nulle trace de field recording et l’homme de Lünen demeure fidèle à sa ligne de conduite, néo-classique ambient revendiquée. Si la surprise n’est plus au rendez-vous comme elle a pu l’être à l’époque de ‘Herbstlaub’ ou ‘Les Fleurs’, on demeure toujours autant subjugué - dix ans après - par l’extraordinaire capacité de Marsen Jules de faire ressurgir de ses machines une beauté sonore en marge de tout formalisme conventionnel. Autant dire qu’on n’a pas fini de s’y intéresser.
Le Garage
Géographiquement parlant, le quartier Saint-Léonard à Liège se comprend entre la rue et le quai qui portent l’un et l’autre son nom. La première est disgracieuse, sale et défigurée par des enseignes criardes de commerces étrangers. Le second a perdu depuis longtemps son attrait, flanqué d’un mur de tours construites dans les années cinquante et soixante édifiées par des promoteurs cupides peu scrupuleux sous la bénédiction d’édiles corrompues. De ce SaintLéonard, il ne reste à vrai dire pas grand-chose de sain. On imagine mal ce voisinage enclin à faire éclore des lieux à vocation artistique ou drainer à lui les forces vives d’une scène musicale. Et pourtant, la réalité balaye d’un revers de main ce préjugé. On se souvient de concerts mémorables au cœur du quartier comme ceux de Red Lorry Yellow Lorry jouant dans la classe d’une école désaffectée au début des années 80, la première apparition de Dominique A dans la cour extérieure de Tous à Zanzibar et tous ceux qui se tinrent dans le brouhaha enfumé du Carlo Levi. On vit aussi apparaître, à la lisière avec Coronmeuse, un salon d’écoute de musiques de traverse tandis que d’autres places hébergèrent ponctuellement des événements. Plus tard, c’est le Hangar qui s’installa sur le Quai et continue à ce jour à y accueillir bien des musiciens. C’est à quelques encablures de là, dans la rue Marengo, qu’un nouveau lieu vit le jour il y a quelques années déjà. Le Garage se tient dans ce qui fut naguère… un garage. A en juger les photos souvenirs, la transformation a été de taille. Elle fut l’œuvre d’une petite équipe associative et désintéressée, le Garage Creative Music Asbl. A la fois école de musique, salles d’événements et studios de répétitions, l’endroit se décline en plusieurs espaces et a vocation à insuffler une véritable présence culturelle sans se limiter à une esthétique ou à un style en particulier. Ce soir, elle confie les clés à une autre association, Phoque Aime All, bannière sous laquelle agit un Français entreprenant passionné de rock. Ce 13 mars, c’est encore l’hiver, on s’est rendu sur les lieux pour voir et entendre Pneu, un duo français déjanté. En première partie, Nid’pOuL, combo nancéen foutraque et mutin, se joue des dos d’âne et adore foutre la déroute. Pour l’heure, nous, on se tient pénard au bar, sirotant une bière avec un Jérôme Mayer, un Corentin et autre pote. Quand Pneu enfin s’empare du parterre, on s’y presse, tentant de se frayer une place. Ça embraye sec. Une montée dans les tours sans crier gare. Sur la rythmique martelante du batteur s’écrasent les phrasés nerveux du guitariste. L’un et l’autre s’arc-boutent dans un colloque singulier. Après dix minutes, ça nous paraît évident, quelque chose cloche dans le décorum. A part quelques têtes dodelinantes, tout ce public se tient raide comme des piquets. Ça prend des photos avec le smartphone mais ça ne branle rien. Le Mayer, ça le contrarie cet agencement contre nature, il voudrait faire corps, donner un peu de voix. Soudainement, il s’ébroue, tente un pogo. Il n’y a personne ou à peine pour le suivre. Très vite, il sera remis à sa place par un type à casquette qui lui somme de rester… tranquille. Tranquille. Sur Pneu, on mesure la chicane. Un pneu, un nid de poule, un garage. La triade était presque parfaite. Quant à l’injonction, elle laisse pantois. Elle donne aussi à réfléchir. Quiconque a vu sur scène les Cramps, les Stooges ou les Fuzztones, se souvient de comment le public s’agitait alors. En 2015, le rock garage prend les couleurs de son environnement. Du garage, il ne reste que le nom – et ici le lieu –, les artéfacts semblent avoir disparus. Plus besoin de sorteur, la sécurité se sécrète d’elle-même, dans la ductilité, la docilité que commande l’événement médiatisé. Un lien : www.legaragecreativemusic.com
Texte : Le Dark Chips
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
En 1990, alors que de larges sourires sur fond jaune la vampirisaient, la « Perfide Albion » subissait l’arrivée inquiétante d’un rictus démoniaque. Affublé d’un couple de danseurs, Liam Howlett créait The Prodigy qui, depuis 25 ans, entretient un ricanement jumelé à de tonitruantes rythmiques breakbeats, des samples mutilés et des sonorités volées à l’univers acid ou punk. En un quart de siècle, rien n’a bougé ! Même si la formule a, entre-temps, généré des rejetons en mutation, ‘The Day is My Enemy’ reprend le cours du temps exactement là où le trio était déjà à la ramasse. Une plaque réellement sortie de nulle part (et réclamée par personne) qui rappellera davantage les égarements TOP 50 du groupe plutôt que sa période défricheuse. Une lueur cependant avec l’intervention de l’excellent duo Sleaford Mods sur un ‘Ibiza’ qui rend ses lettres de noblesse au hooliganisme. On ne crachera peut-être pas sur le plaisir coupable d’avoir les tympans bastonnés pendant quelques minutes, mais on s’étonnera d’avoir tant aimé cela à l’époque. Une pipe et au lit ! ★ ★ ★ Jeune homme propose massages tantriques islandais. En profitera pour vous mettre en fond ses compositions personnelles extraites de ‘Distant Present’. Disponible 7j/7, discrétion assurée. Demandez Ozy. Finition à la main. ★ ★ ★ En couchant les sillons de ‘Projections’, Romare s’imaginait disserter. Le discours d’un artiste blanc voulait faire passer, par la musique, les turbulences vécues par le peuple afro-américain en quête de droits sociaux. Que signifie, et qu’a signifié « être noir » ? Quant à savoir si le producteur anglais a le droit de s’inviter dans le débat, c’est une toute autre question. On se penchera davantage sur les matières sonores qu’Archie Fairhurst travaille pour soumettre son propos. Si le travail est soigneux et sophistiqué, le décalage entre le ton et le message semble abyssal. Ainsi, lorsque l’esclavagisme est évoqué par une ritournelle jazzy et cotonneuse, la distorsion de sens grandit mesures après mesures. Si toutefois la notion du propos vous passait au-dessus du haricot, cette production estampillée (Ninja Tunes) qui plane entre house et funk devrait combler cette partie de vous qui rêve de cours de zumba d’un autre type. Rendez-vous sous la douche ! ★ ★ ★ La paire formée d’Ezéchiel Pailhès et Nicolas Sfintescu réintègre ses appartements de (Circus Company) pour sceller la partition de ‘Come With Us’. Pour la peine, Noze s’est plongé dans une humeur particulièrement introspective, se délectant plus que jamais d’une réflexion personnelle, tant musicalement que lyriquement. Aux collaborateurs fidèles du duo parisien (la guitare de Thibault Frisoni), il faudra compter sur le groove rythmique de Emiliano Turi mais aussi sur la voix de Dani Siciliano. L’essai fait alors place à un glissement de style qui ne devrait pas trop effrayer les fans de la première heure, habitués à l’expansion artistique des loustics. Qu’on se rassure : s’il s’engage à explorer des formes de musicalité plus intimes, Noze n’en oublie pas ses racines nées du dance-floor et fait la promesse de versions électrisées et remixées sur un bonus à l’album. NB : l’accent anglais dégueulasse est compris dans le prix ! ★ ★ ★ Pour un recueil appelé ‘Claustrophobia’, la dernière sortie de Scuba paraîtrait presque trop lumineuse. Et pourtant. Éloigné de la scène par la maladie, Paul Rose a cristallisé son sentiment d’isolement dans 10 morceaux, la tête enfermée mais le cœur sur la piste. 10 plages dont on ne sait comment sortir, dans lesquelles on préférerait ne pas entrer. Au propre comme au figuré, Scuba est à la maison, déjoue tous les pièges et maîtrise son art comme jamais. Les basses vous agressent autant qu’elles vous enlacent, les sirènes ne vous appellent que pour vous mener vers le fond. Un univers hanté par la maladie et l’enfermement, que l’on soit éveillé ou tourmenté dans son sommeil. Certes, il y a certainement trop de lumière dans cette claustrophobie, bien malin celui pourra prédire si cette lueur est naissante ou vouée à disparaître. Comme quoi, une bonne épidémie de temps en temps. ★ ★ ★ On ne sait jamais à quoi s’affaire vraiment Tom Jenkinson. Compositeur et producteur, il n’est pas qu’extrêmement prolifique, il est aussi des plus aventureux. Customiser ses sons, expérimenter de nouvelles textures, s’essayer à de nouvelles technologies ou repousser les limites conceptuelles, c’est ce qui fait de chaque sortie de Squarepusher un événement autant attisant qu’intrigant. Sur ‘Damogen Furies’, premier album solo en trois ans, Tom est d’humeur pop et mêle ses compositions électroniques fragiles à des mélodies de synthés accrocheuses. Ses boucles de batterie hyper vitaminées pourtant mises au rang d’accompagnement, la dynamique de volume de ce dernier essai se positionnera entre « fort » et « très fort ». Moins subtil et funky que son prédécesseur, ‘Damogen Furies’ fait mentir les lois de l’electronica en restant très organique et participatif. Plutôt que d’utiliser le numérique pour surpasser les limites de l’instrument acoustique, Jenkinson s’amuse à muter la technologie en flexibilité humaine, casquette du défricheur sur la tête. L’homme aux mille chapeaux. ★ ★ ★ On serait tenté de dire de ‘The Ashen Tag’ qu’il est un disque sans queue ni quête tant il semble décousu et bouillonne. On ne s’étonnera pas d’apprendre qu’il est le premier jet du jeune Royce Wood Junior. Résolument funky, les 12 pistes proposées par le gamin ne manquent pas d’idées et seraient à deux doigts de pousser Prince définitivement à l’état de cryogénisation. Le revers de la médaille, c’est que le style impose (apparemment) un passage obligé par la case « grosses ballades dégueulasses ». Nous voilà forcé d’alterner douche, au sortir de la piste de dance, avec lingettes « rince-doigts » comme si nous avions cédé au vice d’un mix entre la pomme d’amour et la barbe à papa. De la fraîcheur à l’apéro, du zest en résistance mais trop de sucre au dessert, le parcours de Royce Wood Junior s’arrête aux portes de la finale de Top Man Machine !
Texte: Anys Amire et François Georges
L’articulation du janotisme Elle remonte lentement. Pas la pente, non, la cage de son escalier. Elle envie ses 20 ans, où elle montait quatre à quatre. Le temps a fait de l’effet sur ses rotules. A ce propos, elle pense que sa vie est une rotule fatiguée. Un sinople, celui qui change de couleur tout à coup, elle ne l’a pas vu venir quand elle s’est fait coffrée, nue, en résidence sur le trottoir : elle dansait comme une folle, les mots affluèrent, précédant le sens. Depuis, elle rechute, encore la danse, régulièrement. Donc, l’orthopédie, science de l’âme quoiqu’on en pense ; ça marche aux fluides liquéfiants, ces articulations. Elle s’entend bien avec ses artères mais son corps osseux l’endolore, l’avilie. A peine est-elle au bord de son appartement qu’elle repense à cette phrase entendue lors d’un séminaire sur les troubles bipolaires ; il faut dire qu’elle fréquente ce lieu car on lui dit qu’elle aurait pu y voir plus clair sur sa vie faite de haut et de bas ; en clôturant un de ses séjours à l’hôpital psychiatrique, le coach faisait part d’une prophétie qui lui garantissait et le sommeil et la tranquillité: LES TROUBLES BIPOLAIRES, C’EST L’ABSENCE DU RETOUR DU RAISONNABLE. Elle s’esclaffe,
pouffe, part dans un fou rire... elle dit : « ah ah ah ah ah ah, hi hi hi hi oh... l’humanité, si elle savait, est rigolote... ah ah ah ah arg... argh... argh». C’est le schtroumpf noir qui la mord, elle se transforme en bête hideuse par la désaturation : l’oxygène lui manque. Elle dérature, elle perd connaissance. L’atmosphère s’étend, l’étripe, elle manque d’air. Se confond dans les accords de Morton Feldman (1), son vieil ami. La guerre onirique remplace le bon sens ; alors, elle jouit. Absence... retour... raisonnable. Semi-coma, semi-remorque, elle s’enfonce dans une cave inconsciente. Mitra, son chien, attend et trouve le temps de lui glisser à l’oreille tout en jappant : « Depuis ma naissance, tout comme mon fameux oncle Maréchal, je récupère de l’épuisant inconvénient d’être né » (2)... Cette chienne de phrase lui colle au menton, lui évoque une imposture. Sa mère est morte à l’aube de sa vie à elle, calcinée au fond d’un ravin sarde, bras dessous bras dessous avec l’homme qui conduisait... « Laissons-les s’aimer », avait dit Monsieur le Curé, pendant les funérailles, paraphrasant Daniel Lavoie (3) : il fallait éviter que l’on ne juge cette femme, mère de quatre enfants retrouvée dans les bras de Fred, l’idiot du village. Le petit peuple n’a pas eu l’occasion, en se moquant, de voir la dispersion des cendres : l’accident avait fait crémation sur place, moins chère le deux en un. Elle repense à l’articulation mère-fille qui lui a manqué au moment de son entrée à l’orphelinat. La mère supérieure, Euridyce, qui n’a dieu que pour Bach, évoque le Pôle Nord du baroque chrétien, enfonce le clou et annone « Voyez donc et regardez s’il est une douleur comparable à la mienne » (4). Autrement dit, pas la peine de s’affliger une quelconque douleur ; refoulons, 20 mg de prière anti-déprécie. Ça lui fera donc une belle jambe ; cette dernière, la deuxième de la première, a été le moteur de sa demi-vie ; l’autre moitié, sa première jambe, est condamné à lui rappeler que la marche avant est raisonnablement une marche arrière. Sur ce, la dernière danse, elle la fera avec Mitra. (1) Morton Feldman, Last Pieces, Stephane Ginsburh, produced by Sub Rosa (2001) (2) Le métier de survivre, Marcelo Damiani, p.18 Ed. La dernière goutte (3) Daniel Lavoie, « Ils s’aiment », 1983 (4) J-S. Bach, Cantate BWV 46 Schauet doch und sehetn ob irgendein Schmerz sei », il Gardellino Passacaille 977, 2012
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Texte : A Fa nbnrei-cL e i sV eaRneomvaecrlbee r g © s ta n m u s i l e c k
Étudiante de Stanford, artiste en couverture du magazine Wire dès son deuxième album (exploit rarissime), Holly Herndon a tout de la première de classe à qui tout réussit. Si son essai initial ‘Movement’ l’avait d’emblée placée aux côtés de Laurel Halo, c’est dire le niveau, son successeur ‘Platform’ embraie un ton encore plus haut.
Fort de mille nuances où l’electro pop joue à saute-moutons avec l’expérimental, le tout saupoudré d’un soupçon euphorisant d’IDM 2.0, le cru 2015 de la musicienne américaine imprime une trace durable dans le paysage, pour aboutir aux tops de l’année et au-delà. Tu joues le 30 avril au festival Bozar Night, où tu es la tête d’affiche. Une première pour toi ? Holly Herndon : « Tu veux dire que c’est la première fois que je vais faire un concert à Bruxelles, je suppose. Non, je me souviens avoir joué quelque part dans la ville mais ne me demande pas le nom de la salle. » C’était fin janvier 2013 où tu faisais la première partie de Fennesz et d’Andy Votel à l’Ancienne Belgique. Non, je voulais savoir, au vu de ta jeune carrière, si c’était la première fois que ton nom serait en haut de l’affiche. HH : (modeste) « Oh ! Pour moi, tous les artistes qui jouent à un festival sont une tête d’affiche dans leur genre. Je n’accorde vraiment aucune importance à la taille de la police de caractère, je m’en fiche que mon nom soit inscrit en grand ou en petit sur l’affiche du festival. Tu vois, je raisonne assez peu en termes de hiérarchie même si c’est flatteur d’être reconnue et, je l’espère, appréciée. »
Les horizons nouveaux
Il n’empêche qu’en ce moment (mi-avril, ndr) on peut voir ta tête un peu partout dans les rues de Bruxelles... HH : (surprise) « Ah oui ? Vraiment ? C’est trop cool, tu veux bien m’envoyer une photo ? » Avec plaisir. Dans le passé, tu as partagé des affiches avec des gens tels que Silver Apples. Quel effet ça fait de côtoyer de telles légendes près de 50 ans après leurs débuts ? HH : « C’est tout simplement une source d’inspiration. Après autant de temps, c’est incroyable d’encore attirer l’attention d’un public jeune et d’être actif à faire plein de trucs, ça doit être très motivant. J’espère que lorsque je serai une artiste confirmée, voire mure, il en sera encore de même pour moi (rires). Quelque part, c’est réconfortant. » Dans une précédente interview, tu te demandais si tu n’avais pas trop parlé de technologie. Es-tu geek à ce point ? HH : (rires) « Tout dépend de ce qu’on entend par là. Je suis sans doute plus geek qu’une personne normale, tout en connaissant des gens qui le sont beaucoup (elle insiste sur le terme) plus que moi. » Tu ne penses donc pas à la technologie 24 heures sur 24. HH : « Je pense beaucoup à la technologie, c’est certain, elle occupe de toute façon un rôle tellement central dans notre vie quotidienne qu’on pourrait difficilement faire autrement. » Et quand tu composes, penses-tu d’abord aux moyens techniques que tu vas utiliser ou bien pars-tu d’un matériau musical plus traditionnel pour aboutir à un résultat où les machines sont un moyen et non un but ?
Holly
HH : « En général, tout démarre par le processus vocal et une idée mélodique pour la voix. Ensuite, je détermine la structure du morceau et la palette instrumentale. » Et globalement, es-tu plus adepte du travail en solitaire ou privilégies-tu les collaborations ? HH : « Pour ce nouveau disque, j’ai en tout cas collaboré avec plein de gens. Bien sûr, il m’arrive de bosser seule dans mon coin, tout en préférant travailler avec d’autres gens. » Le fait de collaborer avec tant de partenaires a-t-il joué un rôle dans ton passage sur 4AD ? En d’autres termes, t’ont-ils présenté aux gens du label ? HH : « C’est une drôle de question (rires). Non, ça n’a absolument rien à voir. Les gens de 4AD ne se sont pas intéressés à moi rien qu’en voyant la liste de mes collaborateurs, même s’ils sont fabuleux et qu’ils sont pour beaucoup dans la réussite de l’album. Non, je crois que 4AD s’est intéressé à la carrière que j’avais construite avant de faire ‘Platform’.... » J’imagine que ton premier album ‘Movement’ leur avait tapé dans l’oreille... HH : « Oui, ils étaient bien au courant de ce que je faisais et ils ont dû penser que ‘Platform’ continuerait là où je m’étais arrêtée. Finalement, ils ont offert une plateforme à mon ‘Platform’. » J’imagine que se retrouver sur 4AD est un avantage en termes d’exposition médiatique. Comptes-tu faire de longues tournées pour défendre l’album ? HH : « Tout dépend de ce qu’on appelle longue tournée. Je vais en tout cas faire une tournée estivale aux États-Unis sous une forme plus traditionnelle, pour repartir à l’automne sous une formule plus étendue, donc oui on peut dire que je vais beaucoup tourner. » Quand tu parles de formule étendue, que veux-tu dire ? HH : « Je veux dire par là que certains de mes collaborateurs vont y participer. Ça m’intéresse d’impliquer des gens avec qui je bosse, même s’ils ne sont pas directement sur le disque et qu’ils ne sont pas directement musiciens. » Impliquer de nouvelles forces est-il un moyen d’apporter un éclairage différent à tes morceaux ? HH : « C’est toujours bien de s’entourer d’esprits critiques, de gens qui n’ont pas été concernés au premier degré par l’enregistrement de l’album. A mon avis, ce n’est même pas nécessaire que ces gens soient musiciens. Pour moi, la vie d’un morceau ne s’arrête pas à la fin de l’enregistrement, je veux redécouvrir constamment ce qu’un titre peut contenir et s’entourer de nouvelles personnes est toujours un plus. Ils apportent de nouvelles idées et mettent en évidence des aspects de ma musique auxquels je n’avais pas nécessairement pensés. Mon idée est d’utiliser ‘Platform’ comme une plate-forme vers d’autres horizons, et ils vont bien au-delà de la seule musique. » Pour toi, un morceau n’est donc jamais terminé. HH : « Il peut être terminé en tant que tel. Cependant, le projet n’est jamais abouti et pour ‘Platform’, j’en suis plutôt à ses balbutiements. J’aime l’idée qu’un album corresponde à l’esprit de son temps et j’espère que mon prochain disque se basera sur le travail que je fais en ce moment pour partir dans une direction nouvelle. J’espère ne jamais cesser de grandir. » Tu penses déjà au disque suivant alors que l’actuel n’est pas encore sorti. HH : « J’ai ce problème de parfois me projeter dans l’avenir. Je devrais peut-être essayer de vivre un peu plus dans l’instant présent. J’ai toujours cette étincelle dans l’œil qui questionne ce que je vais faire ensuite. Mais avant de passer à l’étape suivante, j’ai envie de réaliser pleinement le potentiel de mon nouveau disque, c’est le plus important à court terme, même si ça me demandera encore plein de travail avant d’y arriver. » J’imagine qu’en tant qu’artiste multidisciplinaire, la musique n’est qu’un des aspects de ton travail. Quel rôle joue la vidéo dans ton univers ? HH : « Oh, un rôle important même si ce n’est pas la première chose à laquelle je pense quand je démarre un nouveau projet. Je travaille beaucoup les vidéos avec mon partenaire Matt Dryhurst (tête pensante de l’excellent label PAN aux côtés de Bill Kouligas. Holly et Matt ont d’ailleurs un projet commun nommé Kairo, ndr). J’ai également fait quelques vidéos en compagnie de Metaheaven (dont l’excellentissime ‘Home’, ndr) et plus globalement, l’intégration de l’esthétique visuelle dans une esthétique générale fait partie des choses que je veux développer. Mais c’est toujours la musique qui vient en premier. » Ce côté visuel jouera-t-il un rôle aussi important quand tu seras sur la scène de la Bozar Night fin avril ? HH : « Oui, je travaille beaucoup avec l’artiste japonais Akihiko Taniguchi et il a déjà réalisé des visuels superbes pour moi (dont l’étonnant ‘Chorus’, ndr) et je compte bien les amener à Bruxelles dans quelques semaines. » Tu étudies la composition à l’université de Stanford. Dans quelle mesure l’environnement universitaire a-t-il joué un rôle dans ton évolution ? HH : « Il m’a fallu du temps avant de réconcilier le côté académique expérimental et la facette populaire de mon œuvre. Ça ne venait pas des gens de la fac, juste de moi et des questions que je me posais. Le soutien des gens de Stanford a toujours été incroyable, à tous les niveaux, et il me rend à l’aise dans mon travail. Sans doute que Stanford n’est pas un milieu universitaire comme les autres, il est même unique dans la façon dont il accepte ce que je fais. »
Herndon
Un disque: ‘Platform’ (4AD/Beggars)
on stage 30/04, Bozar Night (Bruxelles)
T e x t e : N i c o l a s A l s t09 een
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Antoine Bours
T e x t e : n i c o l a s a l s t e e n © r ya n
Alamo Race Track
« Tu peux les trouver dans la forêt ». Après l’omniprésent ‘Black Cat John Brown’,
d’aucuns les croyaient perdus, à errer quelque part, en dehors des tracés, au-delà des chemins. D’autres les avaient suivi tantôt à la trace, tantôt à l’oreille, tandis que ‘Unicorn Loves Deer’, magnifique album fantôme, accompagnait le crépitement du feu. A l’aube, les
Hollandais d’Alamo Race Track ont levé le camp. Ils ont foulé les planches, tapissées d’aiguilles de pin roussies, ont taquiné l’humus et caressé le lichen. Ils ont battus des ailes. Ont pris la pause à cinq sur le fil qui chante. Et sont repartis pour une quatrième escapade, ‘Hawks’. Après les ratés promotionnels du précédent disque, rattrapage sur la branche avec le guitariste Leonard Lucieer.
A cinq sur une branche, réfléchissant sur l’existence Il y a un peu plus de dix ans sortait votre premier album, ‘Birds at home’. Que s’est-il passé pour Alamo Race Track en une décade? Leonard Lucieer : « Nous avons enregistré nos deux premiers disques à quatre. Les tournées nous emmenaient de plus en plus loin, ce qui devenait difficile à vivre pour notre bassiste qui a quitté le groupe. A côtés de nos concerts, on travaille maintenant depuis sept ans en compagnie de Jakop Ahlbom, un metteur en scène de théâtre suédois. Notre batteur ne trouvait pas sa place dans ces projets et nous avons du lui trouver un remplaçant à lui aussi. Il est vrai que ce travail pour la scène est perturbant aussi pour notre public en tant que groupe : il lui donne l’impression que nous disparaissons des radars pour plusieurs années. Nous sommes toujours bien là, à cinq désormais ; il suffit de regarder vers le théâtre ou la danse. » ‘Black Cat John Brown’ fut l’album de la renommée. Comment un groupe se relève-t-il d’un tel succès ? Leonard Lucieer : « Comme les autres, j’imagine. Ça te tombe dessus tout d’un coup. Et le premier résultat, c’est que tu vas te retrouver à jouer sur scène pour un bon moment. ‘Black Cat’ nous a fait traverser l’Europe et les États-Unis. L’autre conséquence, c’est que certaines retombées comme les utilisations de nos morceaux dans la pub et le cinéma nous ont permis de nous consacrer à d’autres types de projets. C’était peut-être notre façon d’échapper à tout ça naturellement. » Puisque tu en parles, la question-pute : ça fait quoi d’être le son d’une banque ? Leonard Lucieer : (rires) « Hé bien... je ne sais pas... les choses ont changé, non, avec le temps ? Il y a dix ans je crois que certains nous en ont voulu, nous ont traité de vendus. Personnellement, je ne me sens associé à aucun des noms qui ont voulu utiliser notre musique. Il y en a eu tellement. Le climat de la culture en Europe est loin d’être luxueux : ce n’était pas des propositions que nous pouvions regarder de haut. Même si au final, cela n’a rien à voir avec la musique, c’est aussi ce genre d’options qui permet l’indépendance en tant qu’artiste. » La sortie de ‘Unicorn Loves Deer’ (2011), pourtant excellent, est passé complètement inaperçue en dehors des Pays-Bas. Certains articles présentent même ‘Hawks’ comme votre troisième album ! Que s’est-il passé ? Leonard Lucieer : « Oui, c’est vraiment triste, toute cette histoire. Notre maison de disques française de l’époque a malheureusement fait faillite au moment de la sortie. Dans l’urgence, on a cherché une nouvelle écurie, mais sans succès. On aurait vraiment espéré que les choses se passent autrement. Cela reste une vraie déception pour nous. Nous avons perdu notre contact avec le public pour une très longue période. » C’est d’autant plus dommage qu’il est une parfaite transition entre votre style des débuts et ce nouvel album. Leonard Lucieer : « Tout à fait. C’est le premier de nos disques à bénéficier de notre travail pour le théâtre. Une influence d’abord instrumentale qui lui a amené une plus grande cohérence, un son plus organique. »
Venons-en à ‘Hawks’, un album presque dream-pop. Quels étaient vos désirs au moment de la création ? Leonard Lucieer : « On a travaillé ces deux dernières années avec le chorégraphe Conny Janssen. ‘Hawks’ est en partie né de cette collaboration. Ce n’est pas à proprement parler un album-concept, mais il y avait une volonté d’unité entre les morceaux, une forme de liant narratif. Pas vraiment une histoire, mais une atmosphère qui se déroulerait et entraînerait l’auditeur à sa suite. » Comme une piste ? C’est un terme (« trails ») qui revient fréquemment tout au long de l’album. Leonard Lucieer : « Le thème commun qui traverse le disque, je dirais que c’est l’idée d’un voyage à plusieurs. Ce n’est pas anodin si c’est le premier album qui se soit conçu à ce point en tant que groupe. Auparavant, Ralph (Mulder ; chant) écrivait les chansons et Robin (Buijs ; batterie) et moi on développait la musique. Cette fois, nous avons tout développé ensemble. Pour nous, l’album ainsi que sa conception raconte les relations entre ces voyageurs, mais aussi les rencontres qu’ils font en chemin. »
Alamo Race Track ‘Hawks’ Excelsior/V2
« Black Cat John Brown. » Quatre syllabes qu’il est difficile d’oublier. ‘Bad Luck’ ? On en doute. En 2006, Alamo Race Track frappait durablement le monde du rock hollandais avec ce qu’on peut appeler un deuxième album parfait. Une enfilade de hits yankee au goût de bois cendré qui allait propulser le groupe sous le feu des projecteurs. ‘Hawks’ porte indéniablement la signature d’Alamo Race Track, ces accents americana détournés au profit d’une écriture pop, avec une volonté cette fois plus folâtre, ce qu’annonçait déjà ‘Unicorn Loves Deer’. Ce que Alamo Race Track a délaissé en immédiateté, il l’a gagné en atmosphère : à première écoute, ‘Hawks’ manque d’accroche (à l’exception du tube absolu ‘Everybody Let’s Go’), mais laissez l’album vous prendre la main et vous serez surpris du chemin parcouru : les esprits amérindiens hantent ‘Hawks’, la nuit s’effiloche sur ‘Young Spruce And Wires’, ‘The Trail’ salue le Soleil et ‘We Should Never Have Camped Here’ termine sur un feu d’artifice postrock aux mille vertus. « It’s Hard To Remember Who You Are / But You Can Still Be Young At Heart. » (ab)
on stage 25/04, 30/04, 10/05, 14/05,
Pacrock (Pont-à-Celles) Les Aralunaires (Arlon) Botanique (Bruxelles) De Roma (Anvers)
Nata Pra
Armée d’une foi inébranlable et de quelques grandes chansons, Natalie Prass sort de l’ombre grâce aux efforts du chanteur américain Matthew E. White.
Amoureux de soul sulfureuse et de country sexy, notre nounours préféré ne pouvait rester insensible aux charmes de son ex-camarade de classe. Producteur de son disque, il lui offre ici une vitrine flamboyante. Sur fond d’histoires d’amour mal barrées, la brune se frotte au mythe de grandes divas (Diana Ross, Dionne Warwick, Dusty Springfield) avec la fraîcheur d’une Leslie Feist. Aussi à l’aise sur des tubes bordés de cuivres (‘Bird of Prey’) que sur la bande-son imaginaire d’un classique de Walt Disney (‘It Is You’), Natalie Prass s’affirme comme une des voix de l’année.
La petite fiancée de Tu sors ton premier album à l’âge de 28 ans. Sur la scène pop, tu fais un peu figure de doyenne des débutantes. Pourquoi as-tu commencé aussi tardivement ? Natalie Prass : « Dans un premier temps, j’ai étudié la musique à Boston. J’ai suivi des cours de chant et d’écriture à Berklee. Ensuite, j’ai déménagé à Nashville pour jouer de la basse, de la guitare et des claviers dans différentes formations locales. C’est un endroit assez dur et hyper concurrentiel où les musiciens sont systématiquement en compétition. Là-bas, j’ai connu une grosse crise existentielle. C’est marrant d’évoquer mon âge, parce qu’à Nashville, je flippais complètement en voyant l’horloge tourner. À 20 ans, j’avais déjà l’impression d’avoir loupé le train. À 21 ans, tout me semblait terminé. À 22 ans, j’avais abandonné mes rêves et la possibilité de vivre de ma musique. À 23 ans, j’ai arrêté de me prendre la tête. (Rires) J’ai réalisé que mes artistes préférés étaient vieux et qu’ils ne s’en portaient pas plus mal. Pour concevoir un beau disque et injecter de la profondeur dans ses textes, je pense qu’il faut avoir vécu des choses. J’ai toujours su comment enregistrer mon premier album. Mais, effectivement, j’ai dû attendre mon heure avant d’avoir l’opportunité de le concrétiser… » Finalement, ton album sort sur Spacebomb, le label de Matthew E. White. Ce musicien a joué un rôle déterminant dans ta carrière. Où l’as-tu rencontré ? Natalie Prass : « Nous avons grandi dans la même ville, à Virginia Beach, une grosse station balnéaire dans l’état de Virginie. Nous étions dans le même lycée. Mais nous n’étions pas des amis proches. À l’époque, on avait 14 ans. On se connaissait juste de vue. Mais je savais que c’était le seul mec de Virginia Beach qui prenait la musique au sérieux. Il voulait percer dans le milieu. J’ai repris contact avec Matthew E. White sur les conseils d’un ami commun. Je lui ai passé un coup de fil et, dans la foulée, lui ai envoyé mes maquettes. Quelques heures plus tard, il m’est tombé dessus avec des éloges et un tas de compliments. Deux semaines plus tard, il est venu me voir en concert. Après le show, il m’a dit : « Je n’ai pas un balle, mais il faut qu’on enregistre ton album ensemble ! » En 2012, il m’a invité à venir dans son studio, à Richmond, et on a commencé à travailler sur le disque. » Si l’album a été enregistré en 2012, pourquoi le sors-tu seulement aujourd’hui ? Natalie Prass : « Pour de nombreuses raisons qui, toutes à leur
n patt e r s o n
Natalie ass
façon, ont nourri ma frustration pendant trois longues années. À un moment, j’étais coincée entre mes ambitions professionnelles et mes relations amicales. J’en voulais presque à Matthew... Je me disais qu’on avait foiré, que mon disque n’allait jamais voir le jour. Et puis, quand on s’est enfin décidé à bouger, Matthew a sorti son premier album et il a reçu un accueil critique dithyrambique... Son succès nous a obligés à différer mon planning de sortie. Même si j’ai dû attendre longtemps avant de pouvoir publier mon disque, je comprends enfin aujourd’hui pourquoi Matthew a si souvent postposé sa sortie. C’est un projet qui lui tenait à cœur. Matthew est un perfectionniste. Il veut toujours faire les choses à fond, en étant sûr de son coup à 100%. » Pendant ces trois ans de chômage forcé, as-tu écrit de nouvelles chansons ? Natalie Prass : « Je n’ai jamais arrêté. En fait, j’ai enregistré deux autres albums dans l’intervalle. Je ne sais pas encore si ils sortiront comme tels. Ou si on publiera des singles ou un EP. En tant qu’artiste, c’est normal de vouloir créer et chercher à évoluer. Face aux incertitudes qui entouraient la sortie de mon disque, je me voyais mal faire du sur-place, en attendant bêtement que les choses se passent... » Les chansons de ton album s’élancent dans les amplis avec le cœur déchiré. La rupture sentimentale est omniprésente. La jalousie et la solitude sont également des thèmes récurrents. Est-ce que tout cela est autobiographique ? Natalie Prass : « Quelques titres le sont plus que d’autres. Parfois, j’ai déplacé certaines vérités dans des contextes totalement imagés. Mais j’ai l’intime conviction qu’il est impossible de sortir un bon disque, si on n’est pas dans la vérité et l’authenticité. J’ai abandonné une part de ma vie sentimentale dans ces morceaux par soucis d’honnêteté. » Ton album jure allégeance aux fondamentaux de la musique soul. C’est le genre avec lequel tu te sens le plus à l’aise ? Natalie Prass : « Clairement. Pour moi, c’est la forme musicale la plus expressive qui soit. Dans mon esprit, chaque musicien impliqué dans un disque de soul doit se donner à fond pour traduire la profondeur des sentiments sur son instrument. C’est quelque chose d’intense, de vrai. Un cri du cœur. La soul est un style musical hyper émotionnel. Certainement le meilleur moyen du monde pour chanter l’amour. Pour moi, c’est surtout un genre qui permet de purger sa tristesse, tout en provoquant une joie immense chez les autres. » Plusieurs médias internationaux ont comparé ta voix avec celle de Diana Ross. Que penses-tu de ce rapprochement ? Natalie Prass : « Je pense que c’est le plus beau compliment du monde. Diana Ross est l’une de mes plus grandes influences. La pureté de sa voix est inimitable. C’est beaucoup d’honneur d’être rapprochée de son nom. Parce que, musicalement, ça reste mon modèle absolu. » Si on terminait l’interview en te demandant de trancher entre Stax et Motown, tu choisirais quel label ? Natalie Prass : « C’est vache de terminer comme ça ! (Rires) C’est le dilemme de la mort. Je n’ai pas envie de répondre... Mais si je devais obligatoirement choisir, ce serait la Motown. Parce que c’est grâce à une compilation de ce label que je suis tombée amoureuse de la musique. C’est mon premier coup de foudre. C’était dans la voiture de mon père. Je ne l’oublierais jamais. »
e l’Amérique
Un disque : ‘Natalie Prass’ (Spacebomb/Caroline) Suivez le guide : www.natalieprassmusic.com
on stage 19/06, Botanique (Bruxelles)
Texte : Le Dark Chips © keorges gaplan
09
Great
Mountain Fire
Alors que le succès populaire de leur premier essai aurait pu les paralyser, les membres de Great Mountain Fire s’affichent totalement libérés
à l’aube d’un lever de ‘Sun Dogs’. Loin des chansons sponsorisables, faites place aux ambiances que le groupe n’envisage pas autrement que baignées de soleil. Par-delà les frontières de la perception, leur musique hurle la sincérité et l’abandon de soi. Et c’est naturellement par une fin de journée ensoleillée que le groupe convie ses fidèles pour leur poser cette question : « Que signifie pour vous ‘Sun Dogs’ ? ». Rencontre mystique avec Alexis Den Doncker à qui on ne pouvait que retourner la question...
Chiens de bardes ! Alexis Den Doncker : « En Français, c’est un parhélie. Il désigne un phénomène optique lié au halo solaire, une diffraction de la lumière qui se produit et trompe notre regard en lui faisant apparaître deux répliques de l’image du soleil. Cela te donne l’impression d’avoir ce même soleil entouré de ses chiens, comme des gardes. C’est un mot qui nous a amusé de suite, et qui fait à présent partie de notre lexique quelque peu naturaliste. Si ce phénomène nous parle, c’est qu’il correspond bien à l’ambiance de notre disque, très lumineuse. Mais au delà de cette mythologie, ‘Sun Dogs’ est aussi le dernier mot chanté sur ‘Canopy’. » Vu votre penchant mythologique, peut-on parler de perception plutôt que de signification? ADD : « La perception l’emporte totalement sur l’intention de l’auteur. A titre personnel, j’étudie des cultures et des périodes très anciennes et je trouve que d’un point de vue historique, il est nettement plus intéressant de se pencher sur la perception des gens de phénomènes qui ont lieu à leur époque plutôt que de s’intéresser aux phénomènes eux-mêmes. Globalement, il serait plus riche d’avoir un million de commentaires au sujet de la « Guerre de Cent Ans » plutôt que de savoir de quand à quand à duré cette guerre. D’un point de vue humain, par rapport à l’évolution, comment un album, une musique a pu marquer des gens ? C’est une vraie question. » D’ailleurs la perception de ce nouveau disque est vraiment différente. On avait ce sentiment de vitesse dans ‘Canopy’ qui laisse place ici à une mise en spatialisation, presque une lente transe. ADD : « On l’a totalement voulu. On est véritablement moins dans l’immédiat, plus dans l’orfèvrerie, avec de la matière à écouter et redécouvrir encore. Et le terme spatialisation exprime totalement notre intention. De lieux d’enregistrement sans identité, nous sommes passés à un lieu qui s’exprime et vibre avec nous. Et dans tout cet espace, une richesse de sons parfois imperceptibles, mais présents, qui vous amèneront vers des humeurs, des lieux plutôt que vers des chansons, dans un premier temps du moins. » Le processus de création a donc totalement changé ? Un processus basé sur la recherche et l’expérimentation, peut-être inspiré par ce lieu unique dans lequel vous avez enregistré ? ADD : « Tout est lié. Lorsqu’on a achevé la tournée précédente, on n’avait plus de local de répétition. Au bout de quatre mois de recherches et de tentatives malheureuses, une solution incroyable s’est offerte à nous : dans les vestiges de l’Expo 58, un espace au cœur de l’ancien pavillon américain. On a tout de suite eu envie d’y poser nos bagages. On a pris le temps de s’y installer véritablement, y aménager une régie et d’avancer sans pression. On avait vraiment envie que le moment de l’enregistrement soit un moment de capture, un instantané de quelque chose qui sonne réellement dans un lieu qui influence lui-même ce qui est joué. David Byrne dit que
« la musique n’est que le contexte » et c’est ce qu’on a voulu mettre en avant, ce contexte de la perception d’un moment. C’était à la fois fascinant, grisant et inspirant. » Votre transcription acoustique de ‘Canopy’ a-t-elle contribué à forger ce nouveau mode de création ? ADD : « Pour la promo, on se refusait de livrer de simples et ennuyeuses adaptations « guitare-voix en mode scout », l’envie nous est venue d’enrichir notre ménagerie musicale et d’étoffer nos compositions. Et puis est arrivée cette proposition des Nuits Bota qui a scellé complètement cette démarche. L’occasion a donc fait le larron mais l’excitation était déjà en nous, on avait goûté au fruit défendu. On a donc naturellement voulu modeler notre son. Produire un objet sonore bien avant d’en faire une chanson. Il nous est arrivé bien souvent de nous diviser en deux groupes. L’un composait des mélodies, posait des textes, pendant que l’autre expérimentait simplement des possibilités sonores. Certaines de ces idées n’ont jamais eu leur place dans le disque et pourtant on y reste très attaché. Ce fonctionnement est devenu le notre pendant un an et demi. » Seuls, vous avez tenu à assumer la production du début à la fin? ADD : « Au moment de finaliser le disque, on a cherché la personne idéale pour mixer les chansons. Et on s’est tourné vers une sommité, Gareth Jones qui, de par son parcours (Can, Interpol, Grizzly Bear,...) et son expérience, semblait être l’homme de la situation. Ce type est alors venu nous voir, a pris des notes, nous a parlé les yeux dans les yeux, avec des mots qui nous touchaient très fort. Lorsque le résultat nous est parvenu, j’étais à l’étranger et je me souviens de ces mots d’Antoine au téléphone : « Je mourrais si je me trompais sur le fait que tu détesterais ce que notre musique est devenue !» Je connais Antoine par cœur et ses mots étaient si forts que je ne pouvais que donner mon accord à la fin de cette collaboration. L’expérience nous a prouvé qu’on savait où on allait. Ce fut finalement la plus belle mise en confiance dont on pouvait profiter. Ce gars avait fait du bon travail, mais il y avait une réelle divergence de perception. Au final, on a réalisé le mixage avec l’aide de Julien Rauïs, l’ingénieur du son qui nous accompagne habituellement en concert. Il nous suit depuis si longtemps, ça s’imposait finalement. Mais on a compris pendant le mixage qu’il serait difficile retrouver exactement le sentiment éprouvé dans l’instant. C’était pourtant ce qu’on voulait absolument garder, la magie des moments vécus. On ne voulait rien trahir. » Un disque : ‘Sun Dogs’ (Pias) Suivez le guide : www.greatmountainfire.com
on stage 12/05, Nuits Botanique (Bruxelles) - 13/05, Handelsbeurs (Gand) - 27/06, Verdur Rock (Namur) - 11/07, Les Ardentes (Liège) - 17/07, Dour Festival (Dour) - 21/07, Boomtown (Gand) - 14/08, Brussels Summer Festival (Bruxelles) - 05/09, Deep In The Woods (Heer-sur-Meuse)...
10 T e x t e :
Fa b r i c e V a n o v e r b e r g
Sept ans, mille kilomètres et deux albums. Bruxelles, Vienne et le Mexique. En quelques lieux et quelques chiffres, le monde du duo Tangtype
est à l’image de sa musique, aventureuse et voyageuse. Passés les effets bruitistes du premier album ‘Flake Out’ de 2008, Julie Cambier et Jean-François Brohée ont surmonté les doutes et les obstacles pour nous offrir ‘Trajet’. Nettement plus accessible, sur un fil ténu qui relierait Gudrun Gut à Stefan Németh (Radian), leur second essai dévoile ses richesses au gré des écoutes, tels ces disques rares et précieux qui grandissent avec le temps.
Voyage, voyage Sept ans entre le premier et le second album, voilà qui n’est pas courant. Pourquoi tant de temps ? Jean-François Brohée : « Après la sortie de ‘Flake Out’, on a décidé de faire un petit break, bien que, à l’époque, nous avions déjà des nouveaux morceaux en chantier. Travailler à distance ralentit forcément le processus : la communication virtuelle demande une énergie assez dingue lorsqu’il s’agit de s’entendre et de montrer son enthousiasme par rapport au travail que l’autre a produit. Nous avions déjà la réputation en 2008 d’être extrêmement lents alors que nous habitions tous deux à Bruxelles. Ça fait partie de notre manière de travailler : on préfère prendre notre temps et arriver à un résultat qui nous convienne. Ceci dit, je suis content que notre label manager Christophe (Hars, ndr) ait eu la patience de nous attendre aussi longtemps. » Quels projets artistiques ont nourri votre réflexion depuis 2008 ? JFB : « Dans le cadre de mon travail, j’ai eu la chance de rencontrer des Nigérians, dont Yorubas, Igbos et Ogonis qui ont commencé à me ramener des disques de musique traditionnelle. C’était le début de ma ‘maladie’ africaine et c’est ce que j’ai dû écouter le plus pendant la création de ‘Trajet’. J’ai également travaillé sur quelques projets très ponctuels avec Maxime Lê Hùng, Sylvain Chauveau, Fred Alstadt, Yannick Franck et Aymeric de Tapol, quelques collaborations avec Myriam Pruvot de Monte Isola et pas mal de petits projets avec Sylvain. Puis il y a mes nombreux voyages au Mexique et au Guatemala, ma rencontre avec une famille formidable de Puebla et ma passion pour l’art précolombien et mésoaméricain qui ont complètement bouleversé ma manière de voir les choses. » Est-ce un gros mot de dire que ‘Trajet’ est plus accessible (pop ?) que son prédécesseur ? JFB : « C’est un choix de notre part, on aurait pu prendre le chemin opposé et approfondir le côté musique concrète de ‘Flake Out’, aller encore plus loin dans cette direction des traitements électroacoustiques. Ou, à l’inverse, aller vers des structures de morceaux plus lisibles et moins baroques, s’éloigner de l’horror vacui du 1er album. David de No Type définissait notre premier EP comme de la pop acousmatique; pour ‘Trajet’, on a décidé d’explorer le côté pop. Personnellement j’avais également envie de donner plus d’importance aux percussions et de laisser respirer la voix et les textes. » En regardant la pochette de près, on remarque quelques bâtiments perdus dans une montagne désolée. Quelle est l’origine de la photo et quel lien voyez-vous entre le visuel et la musique ? Julie Cambier : « Le visuel de la pochette a comme source une photo prise par Stefan Németh d’un ancien site minier près d’Iglesias, au sud-ouest de la Sardaigne. Ces restes d’industrie symbolisent une idée d’existence lointaine et de changement. C’est cette idée de trajet, temporel ou spatial, en constant changement, qui nous intéressait comme référence au titre, aux thèmes de plusieurs morceaux et en général au processus
de création de cet album. » ‘Trajet’ ne fait donc pas uniquement référence à la distance entre Bruxelles et Vienne ? JFB : « Il fait écho à plusieurs thèmes. Le fait que Julie ait émigré à Vienne, mes incessants allers-retours au Mexique, la communication virtuelle avec décalages horaires, les déplacements physiques : le disque en est une métaphore ainsi que le résultat concret. Un ami a d’ailleurs écrit un très beau texte sur notre site qui exprime cette notion de distance et de déplacement. » Entre la part de conscient et d’accident propre à toute aventure artistique, avez-vous beaucoup retravaillé les morceaux ? JFB : « Oui, on peut dire que c’est un peu notre gros vice, surtout le mien, de tout remettre en question. On essaye que tout ne se disperse pas avant d’avoir eu la chance d’exister. Pour le deuxième album, Julie est parfois venue avec des bases de morceaux, avec des idées très précises, des structures, ce qui a pas mal changé le processus de travail et m’a beaucoup aidé. De mon côté, je travaille beaucoup par improvisations: je place mes micros et j’enregistre pour ensuite passer du temps à écouter et trouver les imprévus, les moments où il se passe quelque chose d’inopiné. Puis c’est beaucoup d’essais-erreurs pour combiner les éléments. » Est-ce que les huit titres de ‘Trajet’ datent d’une même époque ou bien sont-ils nés à des moments différents entre 2008 et 2014 ? JFB : « Le dernier morceau est certainement le plus ancien, on le jouait déjà lorsque ‘Flake Out’ est sorti. Globalement, tous les morceaux sont relativement anciens et ont subi chacun des longues phases évolutives. ‘In My Time Of Dyin’’ et ‘Xpokin’ étaient des morceaux totalement différents il y a trois ans. Le titre ‘Trajet’, basé sur une rythmique de notre ami Armatt, a par contre été enregistré très rapidement et n’a pas vraiment bougé. » Malgré le côté pop évoqué, j’imagine qu’avoir un single radio est le cadet de vos soucis (même si à mon avis, ‘Xpokin’ pourrait jouer ce rôle pour des médias du style de Radio Campus). JFB : « C’est cool d’avoir un single, même si on n’est pas un modèle mainstream. On est très enthousiastes à l’idée d’avoir ‘Xpokin’ qui sorte en 45T (sur Metal Postcard). J’adore ce format : c’est beau et j’aime l’idée qu’une durée relativement courte soit le reflet d’un travail plus long. C’est une sorte d’objet minimal avec les contraintes et avantages qui lui sont propres. Parallèlement à ça, la radio est un média vraiment intéressant à mon sens. Son potentiel est fort heureusement encore exploité par quelques rares stations. De là à susciter leur intérêt, ce n’est pas entre nos mains; je pense que Dense Promotion, avec qui nous travaillons, est assez sensible à ce mode de diffusion donc on verra. » Un disque: ‘Trajet’ (Humpty Dumpty)
Texte : Antoine Bours
Pal Viol
En 2013, les Palma Violets balançaient ‘180’, une petite
bombe garage, le genre de disque à devenir soit un classique instantané soit une gloire éphémère mais méritée. Le truc bourré d’énergie qui pourrait te brûler les ailes direct et dont tu ne te relèverais pas. Destin funeste auquel les Londoniens ont échappé de peu : propulsés sur scène alors que Chilly Janssen (bassiste et chanteur) n’avait encore jamais tenu de basse entre les pognes, Palma Violets grille toutes ses cartouches en deux ans de tournée aux shows électrisants. Entre deux trains en panne, je parviens à chopper le guitariste Sam Fryer pour revenir sur la genèse de ‘Danger In The Club’, second album créé dans le doute.
Pages du pub ‘Danger In The Club’ succède à une crise importante pour Palma Violets. Que s’est-il passé ? Sam Fryer : « Ce qui arrive à tous les groupes qui sont soumis à une tournée intensive, j’imagine. Du surmenage. Rien qui soit lié à nos caractères... C’était inévitable. Avant même de plancher sur l’album, on savait que ça allait péter. On ne se supportait plus. Il fallait qu’on ressoude les liens si on voulait encore écrire ensemble. Heureusement, on voyait comment s’y prendre. Ce qu’il nous manquait c’était le cadre idéal. Goodbye London : bonjour les Cornouailles, les arbres, les collines ! » Et quelles ont été les conséquences de cette mise au vert sur votre travail ? Sam Fryer : « Composer l’album a été assez similaire au premier : Chilly et moi amenons toutes les idées possibles et on les travaille ensemble jusqu’à ce qu’elles forment une chanson ou finissent à la poubelle. Parfois un truc formidable apparaît en quelques minutes. Le reste du temps, c’est un procédé très long : on varie le tempo ou on prend des détours complexes à partir de la mélodie de départ. ‘Danger In The Club’ nous a pris plus de neuf mois. Ça a été très difficile de se remettre à écrire après la tournée. » A quel moment avez-vous intégré le producteur John Leckie (Be-Bop Deluxe, Stone Roses, The Fall, Magazine, Kula Shaker) ? Sam Fryer : « Après avoir enregistré quelques chansons dans les Cornouailles. Quand on est rentré à Londres, John a appris qu’on cherchait un producteur artistique. Il est pote avec Geoff Travis de Rough Trade qui lui a fait écouter nos nouvelles chansons. Il y a vu du potentiel et nous a entraîné à sa suite au Dog House Studio pour répéter, enregistrer et en écrire de nouvelles. On ne s’attendait pas à ce qu’il revienne à zéro ! » John Leckie, c’est un son spécifique. Vous cherchiez quoi, à son contact ? Sam Fryer : « Les premières chansons qu’on a composé pour ‘Danger In The Club’ n’étaient pas terribles. On savait qu’on avait beaucoup de taf devant nous ; on ne voulait juste pas se l’avouer. Avec John, on a accouché de compositions solides. Ce qu’on souhaitait c’est garder
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Texte : Antoine Meersseman
lma lets notre son distinctif, celui développé sur ‘180’. On savait que John allait l’enrichir sans le dénaturer, apporter une vraie présence aux batteries - c’est sa signature - et aux guitares. Il savait qu’on ne voulait pas d’un disque trop produit, trop clean. » ‘Danger In The Club’ sonne d’ailleurs plus comme un premier album qu’un second. Sam Fryer : « Et tu penses quoi de notre premier disque, alors ? Il sonne comment ? » Plus cohérent. Celui-ci part dans tous les sens à première écoute. Ce qui n’est pas nécessairement un mal. Sam Fryer : « Je vois ce que tu veux dire. On s’est senti plus libres. Il y avait une grosse pression sur nous au moment d’enregistrer ‘180’ et très peu de temps pour le faire. C’est pour ça que le mood est identique tout du long. Ici, on a enregistré en trois étapes, on avait le temps et tant mieux : d’une part, on ne voulait pas privilégier un type de musique et d’autre part, on voulait se consacrer à chaque chanson, individuellement. » Un style qui continue de vous caractériser, c’est cet héritage pub rock. Sam Fryer : « C’est ce qu’on écoute ! On est fans de Nick Lowe, Graham Parker & The Rumour, Kilburn & the High Roads, toute cette scène. Bien plus large qu’on l’imagine. C’est aussi varié que la scène punk, avec cette même énergie, mais un feeling plus pop-rock qu’on adore. » ‘English Tongue’ est un hymne pub rock parfait. Sam Fryer : « Merci ! Elle a failli ne pas se trouver sur l’album. Cette chanson n’a même pas deux mois. On l’a terminée la veille du pressage ! On a fait des pieds et des mains pour convaincre tout le monde de nous laisser l’enregistrer, Chilly et moi. On savait qu’on tenait quelque chose. »
Palma Violets ‘Danger In The Club’ Rough Trade/Konkurrent
D’abord frileux, tu t’envoies aujourd’hui ta dose quotidienne du deuxième Palma Violets. Une absence de précision t’empêchait d’en jouir. Comme une dispersion. Pourtant, à la réécoute, ‘180’ souffre du même mal : un enthousiasme juvénile à s’imprégner de rock jusqu’à plus soif. Sur ‘Danger In The Club’, l’acné n’a pas encore déserté le songwriting de nos Palma’s. Dans un premier temps le groupe donne l’impression d’avoir perdu quelque chose en chemin, mais rien gagné en retour. Jeunesse perdue, mais pas de maturité en vue. En vérité leur second disque se révèle à mesure. La maturité est bien là, encore chétive et nue, petite boule rose fragile qui se fortifie de morceaux en morceaux pour exploser sur une face B imparable. On s’y tient les épaules, on trinque au foot et aux filles et les verres se brisent à nos pieds. Le pub rock de la fin 70s est bien là (Ian Dury, Dr. Feelgood, Stranglers) et le frisson nous prend aussi quand on repense aux héritiers du genre du début des années 90 : Carter USM et Sultans Of Ping en tête. Les Violets n’écriront peut-être jamais de chansons véritablement novatrices, mais c’est sans doute ce qui les fera résister à l’épreuve du temps. Palma forever ! (ab)
Pile
Le nom de Pile était surligné en gras dans notre carnet de bord du South By Southwest. Ça ne nous a pas empêché de peiner à trouver la
bicoque qui leur servit de confessionnal sonique en cette douce après-midi de mars. Cette scène de fortune cachée dans la banlieue d’Austin, c’était le garage d’un certain Todd. Le genre de mec trop cool qui fricote avec Exploding In Sound, col-
lectionne les motos d’époque et organise des sauteries arrosées à la Lone Star et aux free burritos. Un cadre improbable pour voir un groupe qui ne l’est pas moins. Car les guitares imprévisibles de Pile ont retourné cette pauvre pièce à quatre heures de l’après-midi. Et les trente cerveaux qui étaient dedans par la même occasion.
They’re better than us Je vous ai vus deux fois au festival SXSW à Austin, ça a été une bonne expérience pour vous ? Vous avez déclaré sur Facebook que c’était la « plus belle semaine de votre vie » ! Rick Maguire : « C’était génial ! On a passé un super moment. On a eu beaucoup de shows, et j’ai l’impression qu’ils étaient très bons pour la plupart. On a vu tous nos potes là-bas, aussi. C’est très cool de pouvoir jouer, parfois plusieurs fois par jour, sans avoir à conduire, juste faire de la musique et regarder d’autres très bons concerts, traîner avec des gens incroyables... » Peux-tu me dire comment s’est passé l’enregistrement de ‘You’re Better Than This’ ? Rick Maguire : « C’est marrant, on va justement maintenant au studio auquel on a enregistré le dernier disque ! On l’a enregistré live. Le basse-batterie, les guitares, puis on a réenregistré des guitares en overdub pour qu’elles aient exactement le rendu qu’on avait imaginé. Je pense qu’on a tout réduit à l’essentiel. Il n’y a pas vraiment d’instrumentations très chargées. C’est, à peu de choses près, deux guitares, basse, batterie, une seule voix. » Je trouve que ‘You’re Better Than This’ est plus noir et chaotique que vos autres disques... Rick Maguire : « C’est un petit peu plus sombre. Je pense que c’est une sorte de progression naturelle. C’était plus à notre goût. Je voulais me bousculer un peu, me lancer des défis, pour produire quelque chose de plus difficile à écrire. Au final, ça a donné quelque chose de plus noir. Je pense que parfois, garder un équilibre entre des choses assez mélodiques et des moments plus chaotiques permet de garder une variété assez intéressante. Je crois que c’est ce mélange des deux qui me permet de rester très impliqué dans mes moments de composition. » J’ai l’impression qu’avec une chanson comme ‘Mr. Fish’, tu montres quand même que tu sais composer quelque chose de plus pop. Rick Maguire : « Oui, c’est vrai. Les choses que j’écris en ce moment me semblent beaucoup plus pop que par le passé. Qui sait comment cela va tourner ? C’est une évolution. Il y a des mélodies que je travaille qui sont plus orientées ‘Top 50’ et pas très noisy finalement. Elles sont moins cabossées que sur le disque précédent. Même s’il y a plein de mélodies sur ce disque qui ne sont pas orchestrées de manière pop. Je crois qu’il y a une possibilité que je devienne plus pop dans le futur, mais peut-être que je ne le ferai pas. On verra ! » Un de vos titres, très catchy, s’appelle ‘#2 Hit Single’. C’est ironique ? Rick Maguire : « Sur un plus vieux disque, on avait une chanson appelée ‘#1 Hit Single’. On trouvait ça drôle ! Mais ce n’était pas vraiment ironique. On l’a appelée comme ça car on adorait la jouer ensemble. On a eu cette même impression pour ‘#2 Hit Single’ sur ce disque. Il est donc très probable qu’il y ait un ‘#3 Hit Single’ sur un prochain album ! » Tes textes sont plutôt sombres et métaphoriques. Quel type
d’émotion tentes-tu de transmettre à l’auditeur ? Rick Maguire : « Les pensées et sentiments que j’essaye de faire passer sont assez abstraits. Ça dépend d’une chanson à l’autre. Parfois, sur une chanson assez vaste, je peux incorporer un large éventail de réflexions. C’est agréable, car l’auditeur peut aller piocher là-dedans et se les approprier. Mais ce que je propose est juste un regard sur le monde à travers les yeux de quelqu’un d’autre. Je ne prétends pas pouvoir dire aux gens ce qu’ils doivent penser ou ressentir. Ce n’est pas de la lâcheté de ne pas vouloir dire quelque chose de très défini. C’est plutôt que j’aime l’idée d’avoir une base émotionnelle très vaste et brute, qui permette à l’auditeur de l’interpréter comme il l’entend. » Quelle est l’histoire de l’instrumental ‘Fuck The Police’ ? Rick Maguire : « J’étais en train d’écrire cette chanson sans paroles. J’avais un très mauvais ressenti à propos de la police, et je ne savais pas vraiment comment mettre ça en mots. J’ai donc fait cette jolie petite chanson, et l’appeler de la sorte était peut-être la meilleure chose que je puisse faire à ce moment-là. La plupart des chansons étaient déjà écrites, possédaient déjà un titre. ‘Fuck The Police’ m’a paru pas mal ! On a beaucoup de problème avec la flicaille. J’ai beaucoup de mal à avoir du respect pour quelqu’un qui accepte leur autorité. La manière dont ils s’en prennent à des noirs, à des personnes sans armes est juste outrageante. Comment avoir du respect pour quelqu’un qui s’en prend à des innocents ? » Quel est votre rapport avec la scène post-hardcore de Boston ? Et avec votre label (US), Exploding In Sound ? Rick Maguire : « On a une excellente relation avec notre label. Surtout avec Dan et Dave qui font le boulot. Notre relation est basée sur une poignée de main, il n’y a même pas de contrat. Ils savent qu’on bosse de manière très indépendante, et veulent juste faciliter ça. Quant à la scène de Boston, on a plein de potes là-bas, chacun supporte le projet de l’autre. C’est un super endroit pour faire de la musique, on a beaucoup de chance. J’ai vécu là toute ma vie. La scène évolue tout le temps. Avec les années, on a développé des relations très fortes dans cette ville. Mais nous, on ne se considère pas comme un groupe post-hardcore ; juste comme un groupe. Parce qu’il y a vraiment une base folk dans ce qu’on fait. Je dis qu’on fait du rock’n’roll, parce que ça englobe tout ça. Je peux comprendre qu’on nous considère comme post-hardcore : c’est dû à notre manière de jouer en live. Mais je pense qu’on a encore beaucoup de chemin à faire. Proposer une palette encore plus grande. Faire du silence encore plus silencieux, et du bruit encore plus bruitiste. » Un disque : ‘You’re Better Than This’ (Fierce Panda/V2) Suivez le guide : pilemusic.tumblr.com
on stage 29/05, La Zone (Liège)
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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © m at h i e u par i s i e n
« Scream ! Scream louder ! » « And all I want to hear is you » « Get Out Get Out Get Out » D’envoyer tant de pulsations contradictoires, nos circuits auraient dû s’éteindre, rongés par le bruit. Jamais en
place, le pois sauteur Patrick Watson a lui déserté la quiétude de son arrière-cour pour entendre gronder les nébuleuses, faire résonner l’espace dans toute son amplitude. Toujours perché haut, glanant tous azimuts matière nouvelle et pirouettes, on ne serait pas étonnés qu’il ait capté au passage quantité de signaux amicaux, en binaural ou en morse.
Trois ans déjà depuis ‘Adventures in Your Own Backyards’... éprouves-tu le besoin de laisser mûrir tes morceaux ? Patrick Watson : « Dès qu’un album est terminé, je commence le voyage pour le suivant... j’entame des recherches pour le son, je m’efforce que ce processus-là n’intervienne pas pendant que je compose : ce n’est jamais bon que les deux soient simultanés. Je fais souvent énormément de démos pour le fun, dans des styles différents. Cette fois-ci, pendant six bons mois, j’ai bidouillé plein de tracks hip hop et électroniques, juste pour le plaisir et pas en rapport avec l’album... pas de règles, crazy stuff ! Ça me permet d’apprendre et il en ressort des petites parties qui resserviront. Ensuite vient un moment de recul. Je n’aime pas trop penser pendant que j’écris les morceaux de l’album : ça devrait être naturel à ce moment-là. »
Accélérateur de particules
On perçoit quelque chose de bien plus nerveux dans ce nouvel album... P.W. : « Je voulais clairement qu’il sonne de façon plus viscérale, et cette envie-là s’est imprimée rythmiquement et dans la façon de délivrer le chant. On sent le groove et la voix résonner bien plus bas dans le ventre. » Je ne sais pas si on peut se baser sur les playlists que tu as créées pour accompagner ‘Love Songs for Robots’, si on veut dénicher tes influences nouvelles: ça va de Justin Timberlake à Steve Reich en passant par Pharoah Sanders, Vangelis ou Deerhoof ! P.W. : « (rires) Malgré tout, on retrouve de ça dans les morceaux : dans ‘Turn Into The Noise’, il y a quelque chose d’un peu r’n’b, de bruyant dans les arrangements. On a fait beaucoup de recherches électroniques en pré-production pour ce morceau, et en studio, tout était déclenché par un métronome. Ça arrive directement en façade, toute cette production de pop moderne : ça sonne absurdement fort, ça en devient drôlement fou. L’album a été fait à 90% en live, avec quatre ou maximum cinq musiciens : il n’y a presque pas d’overdubs à part pour ‘Hearts’. Ça a l’air très orchestré, mais finalement, c’est assez nu. Le disque est à la fois très organique et très électronique. » Deux développeurs québécois t’ont filmé pour démontrer les possibilités d’Oculus Rift (casque de réalité virtuelle). Ceux qui ont eu la possibilité de tester le casque à SXSW se retrouvaient transportés dans ton studio, avec ton piano et ton chien ! Comme dans ton titre d’album, on retrouve ce lien fort à l’humain mais aussi à la technologie... P.W. : « Avec les gars de Clyde Henry Productions qui font tous les visuels, on a beaucoup discuté de comment propager la musique autrement, de façon intéressante. On nous a parlé de deux gars de Montréal qui travaillaient sur la réalité virtuelle. Au départ, j’y croyais moyennement... encore un de ces gadgets 3D à la con ! Finalement, c’est comme avec le train du début du cinéma qui sortait de l’écran et les spectateurs qui couraient de peur de se faire renverser : ça provoque le même choc. Avec ce medium, tu reprends une part de responsabilité : tu me vois au piano et tu as peur de regarder le reste de l’appartement parce que tu te sens intrusif ou gêné de ne pas te focaliser sur moi, en train de jouer ‘Strangers’. L’expérience est forte mais très naturelle : il n’y a pas de green screen, de monstres qui sortent de l’écran. » On en revient à la simplicité puissante de la musique jouée pour un public, même en différé... P.W. : « Il faut être intelligent avec cette technologie-là : si on avait fait une vidéo un peu stupide avec trop d’effets spéciaux, le cerveau aurait zappé en considérant ce qu’il percevait comme impossible, s’en serait foutu. La force de la scène, c’est qu’elle pourrait vraiment arriver, dans chaque détail. Quand tu retires le casque, tu te sens comme arraché d’un rêve. Ça posait vraiment de bonnes questions au niveau des textes que je souhaitais écrire. » Ces gens qui plutôt que de profiter de l’instant, visualisent le concert à travers la barrière de leur smartphone, tu en penses quoi ? P.W. : « Cela me rappelle Louis C.K. qui parle de ces gens qui filment constamment leurs gamins
au parc et en vient à la conclusion que vraiment personne ne visionnera jamais ces trucs ! Si je vais voir un artiste que j’apprécie, je ne vais pas sortir mon téléphone, je trouve que ça tue la magie, mais qui serais-je pour juger ce comportement chez d’autres ? Quand je fais un show vraiment particulier, c’est souvent dû à ce qui passe dans la salle, c’est le partage qui génère un bon ou un mauvais moment. En tant qu’artiste, j’adore réellement la sensation d’expérience unique, qui sédimente dans les esprits mais disparaît en tant que telle. Ça te permet d’être adorable, exécrable ou de raconter des tonnes de bobards vu qu’ensuite, ça ne sera pas figé. Être filmé, c’est l’assurance de se sentir contrôlé, puisqu’on pourra visionner la bande encore et encore. Ça tue tout ce qui est amusant, ça empêche toute prise de risque. » Un réalisateur montréalais, Marc Guèvremont, qui trouvait qu’on ne prenait pas assez le temps d’engager la conversation avec des étrangers, a créé des binômes de gens qui ne se connaissent pas et les filme en train de se regarder dans les yeux. C’est fou comme l’intimité peut se créer en une minute. P.W. : « ‘Strangers’ ne parle pas de ça. Oh, c’est tellement difficile à expliquer... Imagine que tu voies un parapluie jaune. Et des années après, tu revois le même type de parapluie et tu te mets à éprouver toutes sortes de trucs, d’une façon bizarre, et presque mécanique et tu n’as pas idée de pourquoi. Ça démontre la part prédictible des émotions. On pense souvent qu’elles sont quelque chose de totalement naturel, très centrées sur le moment mais en réalité ce n’est pas le cas. On a toujours cru que ce qui rendait l’humain si particulier c’est la façon dont il ressentait et je ne suis plus d’accord avec le fait que ça rende notre espèce si spéciale par rapport à la technologie, considérée comme froide. » De plus en plus, on cherche à humaniser les robots, à les rendre plus anthropomorphes... le musée du Quai Branly à Paris a programmé Berenson pour qu’il interagisse avec les visiteurs et affine ses critères d’appréciations esthétiques… P.W. : « Ce qui nous rend si complexes, c’est la masse d’informations qui interagissent avec nos goûts : la génétique, les expériences, etc. L’opinion propre est tout sauf quelque chose de magique qui tombe du ciel. Pour moi la chose la plus complexe à programmer, c’est l’inspiration, le désir viscéral de création. La tristesse ou la joie, par contre, fonctionnent uniquement via des systèmes de récompense. Je crois profondément en l’inconscient collectif, je trouve ça drôle. Ces réflexions ont bouillonné pendant trois ans dans mon esprit et il est fort probable qu’il en était de même pour des tas d’autres gens, même si nous n’avons pas communiqué entre nous. » Que retiens-tu de ta participation au film de Wim Wenders, ‘Every Thing Will Be Fine’ ? P.W. : « C’était un sacré honneur. C’est un chouette gars, vraiment charmant, à la voix très douce mais avec des aptitudes de communication assez terribles. Je ne sais pas si il m’a trouvé sympathique, parce que je n’arrête pas de causer... ça doit être déstabilisant pour quelqu’un d’aussi posé (rires). Il m’a demandé un morceau, un des premiers que j’ai écrits après la fin de l’album précédent. Une pièce de transition que je n’aurais vraiment pas pu intégrer sur le nouveau. J’adore faire des bandes-sons, je trouve toujours ça très sain. Quand tu travailles sur commande, tu te mets à distance. Une bonne musique originale de film doit avoir de la personnalité, mais pas au point de faire passer l’image au second plan. Tu y mets tout de même tes tripes, mais dans l’idée d’un support à toute une entreprise. » Un disque : ‘Love Songs for Robots’ (Domino Records/V2) Suivez le guide : http://patrickwatson.net/
on stage 14/05, Rockhal (Luxembourg) 17/05, Nuits Botanique – Cirque Royal (Bruxelles)
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E U R O M E T R O P O L I S
M U S I C
5 & 6 JUIN / JUNI 2015
F E S T I V A L
PORT FLUVIAL D’HALLUIN
30 MIN. DE LILLE / 5 MIN. VAN MENEN
dEUS - CARIBOU - METRONOMY RÓISÍN MURPHY - IBEYI JOSÉ GONZÁLEZ - ANNA CALVI YEARS & YEARS - BADBADNOTGOOD MAGNUS - HÆLOS - ROCKY INFO & TICKETS:
Lic.1017151-1017152-1017153
www.postvorm.be
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Earteam
The Amazing
Marching Church
‘Picture You’
‘This World Is Not Enough’
Par tisan
Je me souviens de ce jour sans fin où Reine m’a confié à mots comptés qu’on ne te cernait jamais complètement, qu’atteindre ta ‘Safe Island’ – archipel furioso, détroit de distorsion – demandait de s’évanouir sans chercher de rambarde de sécurité dans tes phases de guitar hero, de braconnier prog. D’être ‘Broken’, fragmenté entre l’affection incommensurable et l’oubli immédiat. Qu’entrapercevoir tes yeux revenait à traverser par nuit d’abysse un océan de cheveux flous. Tu étais de mèche avec War On Drugs, vous échangiez quelques utopies à la matière ductile, des filaments d’attentes troubles. Parfois, tu gardais fermement serrée dans ton poing une plume, l’étoffe d’une ‘Winter Dress’, une intangible relique de Mark Kozelek et en quelques secondes tu devenais ce ‘Headless Boy’, une personnalité feutrée. Aussi diffuse que celle de Lawrence, Lawrence Hayward. Tu as désormais procédé à une ‘Disintegration’ : toutes ces facettes de toi recueillies délicatement, archivées du bout des doigts et à présent dissoutes dans l’ouate, fondues dans l’acide, laminées. « I never thought it would be this way, every moment I’m sorry for ». (alr)
Anti-Flag ‘American Spring’ Spinefarm Records
Actif depuis une bonne vingtaine d’années, Anti-Flag est l’un des groupes les plus intéressants de la scène punk U.S. En plus de livrer un punk accrocheur et galvanisant, le combo affiche un engagement politique tout sauf chiqué. Militant activement au sein d’organisations comme Oxfam et Amnesty International, Anti-Flag aborde dans sa musique des thèmes comme la mise à mal du grand capital, la lutte des classes ou encore les droits de l’homme. Là où certains se lancent dans un militantisme de salon, Anti-Flag nourrit son propos de références à des penseurs comme Howard Zinn, Cornel West ou encore Naomi Klein. Loin de se gargariser de citations pour se la péter, le groupe évite toute prise de tête, encourageant ses auditeurs à réfléchir et à agir, tout simplement. Musicalement, ‘American Spring’ est l’album que l’on attend de la part d’Anti-Flag, soit une collection de brûlots immédiats et rageurs. ‘Fabled world’, ‘The debate is over’, ‘Sky is falling’ ou encore ‘Without end’ (avec Tom Morello de Rage Against The Machine en guest) sont quelques-uns des titres les plus directs d’un disque qui n’en manque pas. (pf)
Biosphere/Deathprod ’Stator’ Touch
Imaginons-nous en 1998, époque de ‘Nordheim Transformed’, premier split album de Biosphere et Deathprod, où les deux Norvégiens revisitaient chacun à leur tour le mythique ‘Electric’ de leur compatriote Anne Nordheim. Donnons-nous rendez-vous en 2015, quand Geir Janssen et Helge Sten (Supersilent) retournent à l’exercice du split. Cette fois, le matériau est propre aux deux artistes, en trois déclinaisons pour le premier, en quatre pour le second. Comme à sa (bonne) habitude, Biosphere navigue entre ambient polaire et dark techno, c’est d’autant plus éloquent qu’il est passé maître des montées en puissance raffinées et en douceur -
Sacred Bones
« L’improvisation – que je n’avais jamais pratiquée auparavant – fut cruciale dans l’élaboration de cet album. Ce disque fonctionne grâce à l’incroyable habileté du groupe à donner vie à ces bribes d’idées ». Ce sont les mots du cerveau détraqué de ce projet, un certain Elias B. Rønnenfelt, inconnu au bataillon, pour présenter ‘This World Is Not Enough’, un truc de malade, une orgie de démiurges tous plus siphonnés les uns que les autres, une brûlante œuvre au froid, dégénérée depuis Copenhague en mai dernier. Une grosse dizaine de musiciens érigent donc huit morceaux plutôt sombres, tordus, cyclothymiques, qui peuvent vriller les tympans comme soudainement, rarement d’ailleurs, les plonger dans l’harmonie (l’extatique fin cuivrée de ‘Your Father’s Eyes’). A vrai dire, cet album est un pandémonium où le chaos et la décadence s’organisent malgré eux vers une forme de beau, touchés par une grâce supérieure inespérée. C’est Einstürzende Neubauten qui rencontre Beirut qui rencontre Nirvana, mais ça n’est pas ça du tout non plus, c’est autre chose, une expérience. Basses vrombissantes, voix arrachée, cuivres triturés, violoncelles inaudibles, clochettes folles, le combo d’Elias B. Rønnenfelt fait feu de tout bois, vide la pharmacopée hallucinogène (le début en espagnol de ‘Hungry For Love’) et, miracle, torche un album épou-stou-flant d’un bout à l’autre, « halfly convinced that the eyes of the girls secretly wander upon me ». C’est pourtant une certitude. (lg)
c’est particulièrement frappant sur le track initial ‘Muses-C’. De pulsations et de (discrets) beats, nulle question chez Deathprod, qui évolue dans un registre atmosphérique où les soundscapes lugubres tiennent le haut du pavé. On songe à une rencontre impromptue entre Gilles Aubry et Mika Vainio en un lieu abandonné de la forêt. Les fans d’urbex apprécieront. (fv)
Birdy Hunt ‘Shoplift’ Deaf Rock Records
Pendant qu’une foultitude d’artistes brillants peinent à trouver trois misérables dates dans des salles décentes (quoi, Bantam Lyons ? Hein, Ropoporose c ki?), une poignée de prostiflûtes du système - Talisco le mois dernier - se taille une place au soleil et n’en finit pas d’abrutir un peuple français abreuvé au (feu) Bigdil et à BFM TV. Birdy Hunt, qui aurait pu s’appeler Two Foals Cinema Club 83 (au hasard), fait partie de cette seconde catégorie, véritable fléau pour une nation qui peine à trouver ses repères culturels en ce moment (quoi, France Inter?). La République française disposera-t-elle d’assez de stades pour tous ces groupes aux ambitions XXL ? Fleur Pellerin, si vous m’entendez : je suggère la construction d’une nouvelle arène pour tous vos groupes et, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, nous l’appellerons le Parc des Putes. (am)
Björk ‘Vulnicura’ One Lit tle Indian/Konkurrent
Chouette, un nouvel album de Björk : le gnome islandais a pu agrandir son dressing. Elle s’est fait tailler un costume flambant neuf de Vagin Géant au Cirque du Soleil sous la supervision de Jeff Koons et le regard de 135 caméras satellites. Ça fait un bail que la musique est devenue un élément accessoire du parcours de Björk, Barnum écœurant qui n’a rien à envier au travail m’as-tu-vu de son époux, Matthew Barney. Or, voilà que ‘Vulnicura’ se veut chronique clinique de leur séparation. Esseulée, Björk plonge à pieds joints dans le lac sombre de ses émotions. La musique revient au cœur de ses soucis : elle s’y baigne, s’y soigne, s’y love. Elle s’y raconte, aussi, beaucoup, avec pudeur, mais sans barrières. On retrouve la densité électroorchestrale de ‘Homogenic’, cette pulsation sensible sur laquelle sa voix glisse comme sur un glacier. Mélodiquement, Björk approfon-
dit la voie ouverte avec ‘Medulla’, un courant de conscience qui fascine ou agace. Face à l’abîme, l’auditeur se rattrape à ce qu’il peut : la production angoissante d’Haxan Cloak, la voix d’Anthony sur ‘Atom Dance’, la douleur palpable de la première partie et le retour à la lumière de la deuxième. Encore une fois packaging et mégalomanie esthétique sont comme un voile imperméable sur le travail de l’Islandaise. Mais dessous la membrane il y a cette fois un cœur qui saigne. (ab)
Black Rebel Motorcycle Club ‘Live In Paris’ Abstract Dragon/Pias
En 2015, des groupes pensent toujours qu’il est utile de publier des disques estampillés live. Personnellement, j’ai toujours trouvé ça aussi con que de regarder du théâtre à la télévision, ou pire, d’aller voir une émission de la RTBF sur le plateau - sauf le Jardin Extraordinaire, pour Claudine Brasseur. Mais soit. BRMC sort un double disque live + un DVD + plein d’autres babioles...Je vous rassure, ce n’est pas un produit pour se faire un max de pognon. Sinon, le live avait lieu à Paris, au Trianon. Sûr que c’était bien, parce que BRMC livre des shows habités et que le Trianon est peut-être la plus belle salle de Paris. Ce ‘Live In Paris’ contient un petit reportage de 53 minutes (‘3,33%’) sur le groupe, donnant un éclairage nouveau sur leur savante philosophie du rock et leur expérience de cette tournée à guichets fermés. Narcissique et surjoué, ‘3,33%’ met surtout en lumière la banalité et l’ennui d’une vie sur la route. Et, bien sûr, le fait qu’un concert ne se regarde pas sur un écran de télévision. (am)
Bony King ‘Wild Flowers‘ Pias Belgium
On aurait pu se lasser d’une énième déclinaison des petits miracles en bois et des climats mélancoliques que Bram Vanparys dilue depuis son manifeste ‘Eleonore’. Mais de dilution il n’est pas question sur ce quatrième album. Amoureux du beau jeu, le Gantois semble toujours aussi déterminé à étoffer la nature intimiste de sa musique. Pas de révolution stylistique en vue, mais une assurance et une inventivité constantes qui ne manquent pas d’impressionner. Et c’est dans le champ en friche des racines américaines que le troubadour a choisi de continuer à tracer sa route, allégeant le Bony King of Nowhere de sa par-
ticule pour devenir le Bony King tout court. Ou le Bony King Of America tant ces dix compositions exhalent un puissant parfum d’americana; une musique à l’électricité maîtrisée dont le classicisme, s’il flirte parfois avec la banalité, tutoie le plus souvent l’excellence (‘Sad Rosanne’, ‘Summer Nights’). De Neil Young à Bob Dylan, Vanparys ne cherche d’ailleurs jamais à s’affranchir de ses maîtres. Moins autarcique et bien accompagné par un backingband qui maîtrise le sujet, il s’ingénie surtout à donner un petit supplément de chair et de frissons à ses mélodies. Tout au plus pourrait-on reprocher à Ryan Freeland, qui le produit, une sorte de centrisme fade dans le son qui l’empêche de s’évader au-delà des clôtures du heartland rock. (gle)
Peter Broderick ‘Colours Of The Night’ Bella Union/Pias
On avait découvert Peter Broderick au travers ses vignettes délicates destinées à la danse ou au cinéma publiées sur le label Erased Tapes tandis que, par la suite, sur l’album ‘itstartshear.com’ , il s’était ingénié à pousser l’interactivité en conviant des proches, des amis et des quidams à lui transmettre des messages et des extraits de lettres pour en faire son matériau textuel de base. Avec ‘The Walls Of Mine’ , il livrait un journal personnel intime, consignant ses impressions sur son environnement immédiat, de simples fragments de conversations, érigées en chansons dérobées. ‘Colours Of The Night’ est issu d’une démarche davantage collective. Broderick a été invité à séjourner quelques semaines à Lucerne où il a côtoyé des musiciens locaux qui l’ont épaulé pour l’enregistrement, un changement notable alors qu’il avait jusqu’alors joué le plus souvent seul et de tout. L’album aligne une dizaine de chansons qui s’affirment dans leur élan mélodique et se déploient dans la souplesse de leur écriture, aussi bien instrumentale que textuelle. De toute évidence, Broderick a atteint son point de maturité et cela s’entend. A l’intérieur de la pochette, une photo retient notre attention, elle nous montre Broderick entouré de ses hommes jouant en bermuda au vent des Alpages. Il y a là plus qu’un symbole, c’est l’allégorie véritable une joie (re)trouvée. (et)
Anna Caragnano/Donato Dozzy ’Sintetizzatrice’ Spectrum Spools/Editions Mego
En ces pages, le nom de Donato Dozzy a déjà résonné avec moult brio, c’était en 2013 pour son remarquable ‘Donato Dozzy Plays Bee Mask’, il figure pour la première fois aux côtés de la vocaliste Anna Caragnano. Si, par le passé, le vétéran italien nous a habitués à une configuration techno ambient aux forts relents de Kosmische, il laisse ici à sa compatriote une large porte ouverte à son talent vocal. Si, bien sûr, nous ne sommes pas du tout dans une structure habituelle où la musique sert de papier peint au traditionnel couplet - refrain, ’Sintetizzatrice’ est toutefois d’un bel intérêt artistique. Développées sur un canevas où toute volonté rythmique est absente, les neuf mélopées de la paire transalpine jouent à merveille de l’usage des équilibres. Si les recherches vocales évoquent immanquablement Julia Holter ou Grouper, mais c’est en version plus proche de Luciano Berio que des deux Américaines, elles sont d’autant plus abouties
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Earteam
que le chant est traité à l’égal des autres instruments. L’idéal pour s’y plonger est de passer directement à la plage 6, la très spoken word ‘Parola’. (fv)
Dawn Of Midi ’Dysnomia’ Erased Tapes
Adieu le free jazz aux tonalités expérimentales, bonjour les rythmes syncopés et presque dansants - par instants, on se croirait sur le label InFiné. Pourtant, à priori, les instruments employés par le trio new-yorkais n’ont guère changé depuis son premier essai, le bien nommé ‘First’. On y trouve toujours Amino Belyamani au piano, Aakaash Israni à la contrebasse et Qasim Naqvi aux percussions mais c’est bien un des rares points communs entre passé et présent. Si les intentions sont toujours dans la recherche de sonorités nouvelles, la part dynamique réservée au duo contrebasse - batterie renverse totalement la perspective. Les partisans de Brad Mehldau risquent même d’y trouver quelques points d’ancrage, toutefois ce sont surtout les fans invétérées des inamovibles ‘Salon des Amateurs’ de Hauschka et ‘Not For Piano’ de Francesco Tristano qui vont y trouver leur compte. Comme quoi, nul besoin de boîte à rythme et d’électronique pour arriver à ses fins. (fv)
Doldrums ‘The Air Conditioned Nightmare’ Sub Pop/Konkurrent
«In my head, we can play» et nous sommes seuls et nous sommes cent, étrangers à moimême. Un match plus qu’amical à la Villette, en micro-shorts en éponge. Des balles magiques photogènes de contrebande. Pong ! Gimmick Me ! Le service va au dromadaire d’’Egyptian Reggae’, qui se pourlèche de bubblegum pixellisé et de doses effervescentes de ‘Loops’. « When I’m alone, everything disappears ». ‘Paranoid Android’. Ne me demande pas pourquoi, mais je cauchemarde à toute vitesse, ces derniers temps. Je me refais souvent la grande parade solennelle des éléphants roses, un ‘Funeral for Lightning’ doux et claustro. J’élève des tapirs allergiques aux enfants, je flotte dans des paradis jungle qui se prétendent neutres mais hissent haut leurs écrans plasma. Otage hologramme d’un compte à 100000 followers, « dead in the eyes / nothing inside » au premier rai stroboscopique, je me mets à tâtonner, je mords la queue du serpent qui a vu l’homme qui a vu l’ours qui a vu les sourcils de M.C. Escher. Ou les touches de la machine à écrire d’Henry Miller. « Don’t pinch me awake. Just let it go on, and go on, and go on…». (alr)
Eivør ‘Bridges’ Tutl Records
Apparue au large de l’océan Atlantique, Eivør enchante les Îles Féroé d’une voix aérienne et mélancolique. En neuf chansons, la belle esquisse un paradis sonore qui renvoie l’oreille aux premiers efforts d’Emilie Simon. L’album ‘Bridges’ est un lieu de réconfort. Ici, on se blottit sous les mots comme on se cache sous la couette. Les yeux fermés, on ne peut tout de même s’empêcher de songer à Kate Bush. Et, au réveil, on se dit que tout le problème est là. Que ce soit pour Eivør ou Emilie Simon, l’anglais reste un piège : l’assurance d’une assimilation paresseuse, mais irréfutable. Le secret pour échapper à l’aura de Kate Bush semble évident : tout miser sur son verbe natal. Déposé sur les notes d’un piano ou caressé de quelques frissons électroniques, l’exo-
Laura Marling ‘Short Movie’ Virgin Records/Caroline
« Keep those eyes wide » : on pourrait disserter en ces pages de la symbolique forte des changements capillaires à des périodes-charnières, mais ça serait faire trop peu de cas de cette singulière quart-de-siècle que d’épingler ce nouvel enregistrement uniquement comme l’heure de son passage à une coupe à la Jean Seberg – « It’s a short fucking movie man » – quand, hardiment, elle monte plus que jamais à cru. Quand le legs de sa pâle crinière n’empêche en rien l’exposition nuancée de ses doutes, de ses expectatives d’artiste et de femme. ‘Short Movie’, plus encore que ‘Once I Was An Eagle’, démontre qu’elle assume désormais sa place au milieu de celles qui font de leur nez et de leur mieux (« Living here is a game I don’t know how to play »). De celles qui parviennent à façonner entre les boucles de leur instrument une signature de cuivre et de caractère : « Who do you think you are ? Just a girl that can play guitar ». Laura, tu n’es peut-être pas la ‘Warrior’ que je recherchais...mais ton aplomb patent d’amazone, ton ossature sans crinoline d’héroïne de Far-West en t-shirt blanc, cette façon sinueuse dont tu entrelaces entre plaines arides et draps entaillés le mythe et l’intime, le prisme aussi narquois que cajoleur de ton organe ont eu, cette fois encore, bien souvent raison de moi. (alr)
tisme d’une langue venue d’ailleurs demeure une arme de séduction massive. On espère qu’Eivør s’en souviendra. (na)
Enablers ‘The Rightful Pivot’ Exile On Mainstream Records
Enablers est né il y a plus de douze ans de la rencontre entre la poésie déclamée de l’auteur Pete Simonelli et des guitares postrock de Joe Goldring et de Kevin Thomson. L’équation simplifiée qui en découlait était, de manière prévisible, destinée à se résumer à de la ‘spoken word music’, appellation facile quand on ne sait pas où ranger les choses curieuses qui menacent nos ordres établis. A y écouter de plus près, ces morceaux ont l’apparence de chansons sans couplet ni refrain. La voix vient cogner contre des incises de guitares finement tranchées et une rythmique ferme. Mais elle ne cesse jamais de dominer. A lire les textes, on éprouve l’impression de parcourir des petits manifestes existentiels d’une poésie coupée au couteau. Simonelli interfère dans le flux des réseaux, s’invite dans les apartés les plus intimes. Il liquéfie le ciel, altère la ligne d’horizon. Ses textes ont parfois l’amertume des histoires d’Hubert Selby Jr tandis que d’autres témoignent d’une filiation à Raymond Carver ou à Nick Tosches. Un axe légitime. Un pivot lumineux. (et)
Errors ‘Lease Of Life’ Rock Action Records
Je me souviens de leur premier disque ‘It’s Not Something But It Is Like Whatever’ échoué dans les bacs de la Médiathèque à l’époque où j’y travaillais encore. C’était une pochette rose avec des spaghettis dessus, et un disque encore un peu boiteux à l’intérieur. ‘Lease Of Life’ est déjà leur cinquième opus, et on avait totalement perdu leur trace. Peut-être parce qu’il a neigé depuis. Sûrement parce que ces Errors pratiquent le synthgaze, se livrant totalement à l’expérimentation et la modulation, en évitant au mieux les grosses ficelles electronica qui finissent en DJ set désespérants. Les écossais déploient une large palette d’ambiances et de couleurs (rose exclu), en témoignent les sept minutes de ‘Lease Of Life’ qui invitent à une fête foraine peuplée d’arpeggiators presque kraut pour finir la soirée dans une boîte synthwave à la limite du kitsch. Et cette limite, elle provient peut-être du lieu d’enregistrement de ‘Lease Of Life’, à savoir un sobre cadre jurassien. Comme si ces pessières étanches à toute forme de lumière insufflaient à l’autotune presque sen-
suel de ‘Slow Rotor’ une mélancolie anthracite, comme si le blizzard et la neige de la forêt du Massacre recouvraient ‘Dull Care’ d’une fine couche de givre, comme si ‘Lease Of Life’ avait été enregistré par un seul micro, à l’entrée de la Grotte du Célary, dont ne s’échapperaient que de lointaines nappes, et les voix sublimes de Cecilia Stamp et Bek Oliva. (am)
Bill Fay ‘Who is the Sender? ‘ Dead Oceans/Konkurrent
Loués soient les fervents. Ceux qui savent qu’on a tout à gagner à réveiller les arcanes oubliés, à se faire prédire l’avenir par des mages à la lucidité simple. Bénis soient donc Jeff Tweedy et David Tibet qui contribuèrent à redonner à Bill Fay sa place légitime à la table des songwriters à l’éclat doux mais pérenne, ceux qui observent inexorablement le sable couler entre leurs doigts, les pages manquantes s’écrire et ont depuis longtemps fait la paix avec eux-mêmes. Ces poètes qui, à la manière de Guillevic, habités par une foi qui leur est propre, portés par la grâce de leur gospel intérieur, n’en deviennent pas prosélytes obtus pour autant. Remercient plutôt deux fois qu’une et les mains modestement posées sur le piano, font rayonner en abondance ce qui leur a été octroyé. « It’s all so deep, it’s all so deep » : ‘How Little’ nous sommes tout à coup face à la voix, « a frail and broken one », d’un vieil homme qui, revenu de tout parce que longuement effacé, prend encore le temps de scruter la migration des oies, s’accroche à ses mélodies comme à un dernier rempart au quotidien, parvient mieux que quiconque à voir ‘Underneath The Sun’ (lent crescendo contrit, chœur au gouffre) à la fois la transparence heureuse du monde et son absurdité. (alr)
Froidebise Orchestra ‘Froidebise Orchestra’ Home Records
Jean-Pierre Froidebise, 58 balais, a une incroyable gueule d’archétype du vieux rocker. Une gueule qui trahit le vécu, les excès – le type dégomme des solos électriques depuis toujours, seul ou en groupe, parfois derrière quelques pointures nazes (Rapsat, BJ Scott, Fugain) ou en première partie d’héros abominables comme Deep Purple ou Peter Gabriel. Une tronche à l’image de ce disque. Excessif. Dans le sens qui en fait trop, qui ratisse trop de genres pour être réellement au-
dible : un coup, c’est style BO seventies avec courses de bagnoles, un coup c’est funk rock, un coup c’est du jazz à descendre des bourbons le cul serré au bar d’un hôtel chic, un coup c’est le Brian Auger de ‘Tiger’ (la fin de ‘56 to 66’, sans les giclées d’orgue, en envoie quand même), un autre Jimi Hendrix (le lourdaud ‘Like A Child’) , un autre encore Dashiell Hedayat – peut-être le morceau le plus intéressant, un poil flippant, avec de belles saillies free. (lg)
Godspeed You! Black Emperor ‘Asunder, Sweet and Other Distress’ Constellation/Konkurrent
Apathie, indifférence, individualismes outranciers, désertion, narcissismes, miroirs sans fin..., les modalités des rapports sociaux qui prévalent aujourd’hui n’appellent pas seulement une contre-attaque à la mesure de l’aliénation qu’ils suscitent, ils commandent parfois d’emprunter une contrescarpe pour mieux les prendre à revers. Le printemps érable en fut une illustre. De ces joutes urbaines amères sans réel vainqueur, il subsiste des fragments disséminés et des témoignages blessés. Ceux que nous rapporte Godspeed You! Black Emperor ont tant de fois résonné à nos oreilles qu’ils ont fini par ne plus nous alerter. Alors, que faire après l’émeute ? Comment continuer à dire sans redire encore une fois ce que l’on savait dit ? Remettre l’ouvrage sur le métier est une option. On redéploie. On ne plie pas. On prend de la hauteur, on tente l’ascension perpétuelle. On inhale le souffle de l’agneau. Ce pamphlet sans mot et sans parole se déroule dans le creux de ce chemin céleste. Il s’aborde en quatre chapitres d’égale importance. Les quatre parties d’un ‘Behemoth’ maintes fois célébré live. Ici, pas d’hymne phare, pas de refrain. Tout est dans le serrage des engrenages. Contrairement aux apparences, il ne débouche sur aucune mantra victorieuse ni sur aucune victoire tout court. Et c’est cela qui lui confère sa force splendide. On le pressent, le prochain album de GY!BE s’appellera ‘Catastrophe et autres dramaticules’, histoire de mieux foirer encore, de mieux régner sans en avoir l’air. (et)
Delia Gonzalez ’In Remembrance’ DFA Records/Pias
Si à l’origine, le nom de Delia Gonzalez rappellera de vagues souvenirs cosmic disco pour le duo qu’elle formait avec Gavin Russom, c’était en 2005 déjà sur le label DFA, son discours de la méthode version 2015 n’est désormais qu’un lointain souvenir dancefloor. Aujourd’hui dans les traces pianistiques d’un Erik Satie franchissant le Rubicon du côté de Francesco Tristano, son esthétique tranche avec force et - parfois - conviction sur le reste de la troupe DFA (la maison des LCD Soundsystem, pour rappel). Ça donne quelques titres à la belle dynamique sombre, dont le second (nommé, vous l’aurez deviné, ‘II’) nage avec des longueurs d’avance sur les trois autres. Tournoyant de la main droite, les volutes s’y enroulent avec grâce et légèreté, tandis qu’une main gauche obsessive et remontée enroule des boucles qu’on jurerait échappées du ‘Freiland Klaviermusik’ de Wolfgang Voigt. En complément, les quatre compos sont revues et remixées par Bryce
SooN AT
LES
SooN AT WWW.BOTANIQUE.BE
The Van Jets + Bed Rugs SAT 09.05
C.W. Stoneking SAT 09.05
Fri 22.05 All Connected # 9
roland Kuit – Habergeon screening ‘Dom’ by Walerian Borowczyk + diffusie François Bayle
Liveurope presents:
SAT 23.05
BrNS (be) + Bokka (pl) + Forever Pavot (fr)
Viet Cong + Soft Walls SUN 24.05
SUN 10.05
ABClubcircuit - VK @ AB:
Bassekou Kouyate SUN 10.05 @ Les Ateliers Claus
Christina Vantzou - MP4 Quartet Dolphins into the Future
TUE 12.05
Laura Marling + Gill Landry
SoLD oUT
Pallbearer MoN 25.05
Shamir (BBC Sound of 2015) WED 27.05 ABClubcircuit - AB @ Cactus:
Doldrums THU 28.05
Einstürzende Neubauten ‘Lament’
WED 13.05
TaxiWars
09.05.2015 GHOSTPOET gb
© Ken Kaban
Fri 08.05
NUITS 2015
11.05.2015 ELVIS BLACK STARS be ROMANO NERVOSO be THE K. be - BRIQUEVILLE be
Fri 15.05
Lonelady (Warp Records) © Xavier Portella
SUN 17.05
José James Yesterday I had the blues A tribute to Billie Holiday
MoN 08.06
Liturgy
Transcendental Black Metal + Circuit Des Yeux
MoN 15.06 WED 17.06
Big Sean SAT 26.09
The Neon Judgement
12.05.2015 JONATHAN JEREMIAH gb
© Glenn Dearing
Primus
TNJ Farewell Tour - Time capsule concert
SUN 17.05
The Hickey Underworld
SUN 27.09
Album Release ill
Action Bronson
TUE 19.05
SUN 11.10
Echosmith + Alvarez Kings THU 21.05
The Cat Empire THU 15.10
Waar is Ken?
opeth
Fri 22.05
Portico (formerly Portico Quartet) Fri 22.05
THU 22.10
Squarepusher SUN 25.10
ABClubcircuit - AB @ VK:
Earthless + Manngold + Statue
The Tallest Man on Earth + Phil Cook
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17.05.2015 PATRICK WATSON ca VILLAGERS ie © Andrew Witton
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Earteam
Hackford, entre ambient habituel et techno léchée à la sauce 4/4. (fv)
MG
Takaakira ‘Taka’ Goto
Mute/Pias
’Classical Punk And Echoes Under The Beauty’ Pelagic Records
Le patronyme de Takaakira Goto ne vous dira sans doute rien, le nom de son groupe Mono probablement beaucoup plus. Adepte d’un rock instrumental expressif et au-delà de toute fausse pudibonderie, le combo japonais (un disque au moins à écouter, leur ‘Hymn To The Immortal Wind’ de 2009) décline depuis la fin des nineties une cosmologie flamboyante et spectaculaire qui, heureusement, renvoie plus vers Mogwai que vers Muse. Membre du quatuor nippon dont il est le principal guitariste et compositeur, Goto aura mis seize longues années avant de se lancer en solo. Bien que ’Classical Punk And Echoes Under The Beauty’ ait été essentiellement composé et enregistré en 2003, ce n’est qu’aujourd’hui qu’il nous parvient. Mettons de côté le seul aspect un peu gênant de l’histoire (une batterie parfois envahissante) et laissons-nous porter par sa dramaturgie. Posée sur une trame néo-classique qui renvoie du côté de Max Richter et, surtout, de Worrytrain, les sept compositions de Taka Goto doivent au moins autant au post rock et à la musique de film, quelque part entre John Williams et Johann Johansson. Dynamique et émotionnel, son univers est d’autant plus admirable que riche en explosivité instrumentale. Un tour de force. (fv)
Great Lake Swimmers ‘A Forest of Arms’ Net t werk/V2
Dans les grottes de Tyendinaga, ‘Something Like A Storm’: des hommes, plus pêcheurs que chasseurs-cueilleurs, cherchent par tous les moyens à faire du feu. Avec des silex et des luettes. Avec autant de caisses de résonance et de cabrioles remonte-moral que ne le permet l’Ontario. Sans guère de succès. « You’ve been here before » : ondes longues et exaltation de bal de Pentecôte, banquet folk copieusement dressé pour quarante, quand seuls cinq convives finiront par s’attabler. « I’m still screaming but don’t stop dreaming » : devenir rebelles à Pastel Bay provoquera peut-être une grande trouée tonique dans les torses de Tom Dekker et de ses comparses, et tomberont alors en disgrâce leur bannière immaculée de confédérés réglos de l’Americana, leurs tambours constants comme des coucous helvètes. Une fois qu’ils se seront enfin confrontés au ‘Great Bear’ à mains nues, on sera peut-être, Davy Crockett only knows, toute une jungle de bras affectueux à leur taper dans le dos. (alr)
Hamster Axis Of The One Click Panther & Mauro Pawlowski ‘Play The Peter Houben Songbook : Insatiable’ Starman Records
Le premier plaisir à la découverte du second Hamster Axis Of The One Click Panther – outre un nichon en pochette – c’est cette liberté de style du quintet Anversois qui n’est pas sans rappeler X-Legged Sally, en plus smooth et moins zappa-esque. Hard-bop et solide savoir-faire se glissent entre les déconnades stoner et les moments plus free pour swinguer en compagnie de Mauro Pawlowski
‘MG’ Sous cet acronyme se cache en réalité Martin Gore, que d’aucuns considèrent comme le véritable génie créatif de Depeche Mode. Dans la foulée de la dernière tournée du groupe, Martin s’est attelé à la réalisation d’un album exclusivement instrumental, domaine dans lequel notre homme n’a plus à faire ses preuves vu qu’il a signé pour DM quelques compositions dépourvues de chant mais non de grâce. ‘MG’ est sans surprise un album très électronique, par contre, il n’est nullement pop au sens premier du terme et lorgne vers la musique atmosphérique et dark aux relents industriels. On imagine bien cette collection de seize titres servir de bande-son à un film d’anticipation dark et oppressant, genre ‘Blade Runner’ ou alors à une création zarbi et glauque à la David Lynch. On est impressionné par la palette de sons à laquelle Gore a recours, à la richesse des textures ainsi que par l’intensité des émotions qui se dégagent de ce disque hypnotique. Une très belle réalisation. (pf)
qui trouve ici un véhicule lounge et libérateur à son suave organe de crooner frustré. Faut dire que Peter Houben est aussi de la partie et qu’ensemble ils avaient déjà fait les 400 coups sur Mitsoobishy Jacson, dont certains morceaux sont ici la reprise jazzy. Imprévisible même pour qui connaît les titres originaux, ‘Insatiable’ fusionne les qualités des scènes anversoises rock et jazz pour un résultat à la fois anecdotique et intemporel qui évoque ce que pourrait devenir Balthazar dans quelques années. La plus grande réussite du disque est le naturel confondant avec lequel ces idées et genres antinomiques se fondent les uns dans les autres. Un agréable cabinet de curiosités tenu par des musiciens hors pairs et un chanteur emblématique de chez nous. (ab)
Happyness ‘Weird Little Birthday’ Moshi Moshi Records
Il y a mille raisons de se souvenir du début des années nonante quand on y a été ado. A commencer par les gardiens de but. Les sud-américains en particulier. René Higuita qui jouait régulièrement dans le rond central, où il commettait des bourdes mémorables ; quand il ne décidait pas de tenter, face à l’Angleterre, une cabriole malade (et réussie). José Luis Chilavert qui montait botter les coups francs à cent mètres de sa cage. Jorge Campos, quasiment nain, dont les tenues carnavalesques fluos crevaient l’écran… Que reste-t-il de ça aujourd’hui ? Des Thibaut Courtois, des Iker Casillas, standardisés 1m90, nuques bien dégagées, raides, ternes, gris, sobres comme des bonnes. C’est sociétal : dans le mainstream, quel que soit le domaine, il n’y a plus personne pour sortir des clous. Est-ce qu’il y a un Nirvana, un Beck aujourd’hui, un Blur ? Non – et on sait très bien qu’il n’en y aura plus jamais dans nos mondes modernes légalement limités en tout : décibels, fumée, calories, durée de concert... Pourtant quelques nostalgiques branleurs pédalent en vain dans l’anachronisme, s’acharnent, certains qu’ils ne changeront plus le monde, qu’ils ne retrouveront jamais ce sentiment d’existence et de liberté ; certains de l’insuccès mais conscients que ça fait du bien, parfois, de se croire encore quelque part, acnéique rêveur d’Amérique, entre ‘The Blue Album’ et ‘Wowee Zowee’. (lg)
Helluvah ‘Long Distance Runners’ Dead Bees Records
Helluvah est le projet de Camille Warme, une parisienne nourrie à la Britpop qui a pas
mal évolué depuis ses débuts. Là où les deux premiers albums étaient dominés par des colorations folk ou rock, ‘Long Distance Runners’ intègre davantage d’électronique sous forme de beats sous-tendant des mélodies où les guitares sont ceci dit toujours bien présentes (‘Make it right’). On applaudit le flirt avec le post punk sur le remarquable ‘Derrida guerilla’ qui rappelle le Cure cotonneux et hypnotique des débuts, période ‘10:15 Saturday night’. On notera la présence de notre compatriote Marc Huyghens (Venus, Joy) sur le très catchy ‘This is hot’. Au fur et à mesure que l’on progresse dans l’album, Helluvah se lâche de plus en plus et balance des titres irrésistiblement pop comme le sautillant ‘What’s the point ?’ ou le plus nerveux ‘A dark and cold wave’ . Affichant du caractère et de l’originalité, ce disque fait du bien en ce début de printemps ! (pf)
beats minimalistes – genre ceux de James Blake – pour, tout de même, des putain de morceaux : les démentiels singles ‘River’ et ‘Mama Says’ ou le magnifique ‘Weatherman’, entre autres. Il paraît aussi que sur scène, ces filles déchirent. Très, très bien. (lg)
Jonathan Jeremiah ‘Oh Desire’ BMG
C’est déjà le troisième album de Jonathan Jeremiah, songwriter british, zappé jusquelà, physiquement à la croisée d’une image pieuse de Jésus Christ et d’un sticker Panini de footballeur italien. Belle gueule, donc. Pourtant ce truc est beaucoup plus classe qu’une vulgaire papote avec les mains. A vrai dire, le gars sait drôlement y faire pour torcher son folk d’arrangements ultra chics, le saupoudrer de cordes et de cuivres d’une belle finesse (‘Rosario’). Certes les mauvais moments le rapprochent de Passenger ou de Mumford & Sons (‘Wild Fire’, chevauchée allant craignos) mais les meilleurs le font tutoyer un Richard Hawley en fixette sur la soul (‘Arms’, teinté d’orgue Hammond du plus bel effet). Cela dit, la plupart des titres reposent sur la guitare acoustique et une voix chaleureuse qui font que ce disque ne réinvente pas le couscous. Mais il fait passer un bon moment. Et on le réécoute volontiers. Et la pochette fait penser à un album de Wilco. En soi, c’est déjà royal. (lg)
Kid Wave ‘Wonderlust’ Heavenly Recordings
Il m’arrive de manger du tofu. Je ne suis pas dupe. C’est incolore, inodore et sans goût. Le tofu est un aliment sur lequel il est nécessaire de projeter une intention. Soixante-huitard, bobo, hipster ou vegan pur et dur ; chacun son truc, sa raison, son combat. Howling est à la musique ce que le tofu est à la gastronomie. Il sera facile et convenu de le mépriser. Il sera trendy et bienvenu de le citer. Nusoul pour bonnets laineux, ‘Sacred Ground’ frime avec son minimalisme berlinois, façon C’est-Moi-Qui-Ai-La-Plus-Petite. Chet Faker ? Stubborn Heart ? « Trop de notes. » Faut que ça soit blanc et lisse et de préférence un peu chiant. On mâche et c’est toujours pareil, d’un morceau à l’autre, c’est pas désagréable, parfois on se prend un petit frisson. « Dis, avec les bonnes épices, c’est pas mauvais, en fait ». Un rythme cristallin, un falsetto affectémais-pas-trop, des sons bien espacés comme il faut. Ces derniers temps, on en bouffe à la pelle, du tofu. (ab)
Déjà, il y a cette cover dévoilant une ravissante nuque à moitié dénudée, nous invitant à jouer son Body Double dans l’immeuble d’en face avec des jumelles - interprétez-le comme vous voudrez, puis cette petite phrase placardée presque en guise d’épitaphe : ‘Reality leaves a lot to the imagination’. Ces Kid Wave sont signés chez Heavenly, et envoient nos pauvres caboches vers d’autres cieux. ‘Wonderlust’, ouvrant les portes de ce petit paradis perdu, donne dans le shoegaze à l’eau de rose et, en un murmure, attise ardemment les braises de nos inébranlables poussées d’amour transi niaisement touchantes. Puis on s’égare dans nos marasmes, mais ‘Walk On Fire’ nous ramène à nos rêveries : on se revoit à 12 ans dans un slow cultendu avec un amour d’époque, les bras rouillés, greffés maladroitement au buste de notre muse d’un mètre cinquante. Un peu plus loin, les guitares de ‘Sway’ nous effleurent le visage comme les lèvres immaculées de cette tendre Camille. On est le 30 juin et la sonnerie fatidique retentit, annonçant les vacances d’été. Notre Camille, on ne la reverra peut-être plus jamais. En souvenir, elle nous a laissé son collier : on le sert amoureusement dans notre petit poing sur ‘I’m Trying to Break Your Heart’, tout juillet et août. (am)
Ibeyi
Landshapes
Howling ‘Sacred Ground’ Monkey town/Ninja Tune
‘Ibeyi’
‘Heyoon’
XL Recordings
Bella Union/Pias
Chronique un poil tardive de l’impact visuel de l’année : le disque des jumelles Diaz. Elles crèvent les yeux comme c’est pas permis, les filles d’Anga, ancien percussionniste cubain au Buena Vista Social Club. Elles attirent et intimident à la fois, les filles de Maya, chanteuse franco-vénézuélienne qu’on suppose canon il y a vingt piges. L’affaire est donc dispo depuis mi-février et s’écoute toujours avec autant de plaisir trois mois plus tard. Une légère ivresse world – celle de papa/maman –, et des chœurs enchanteurs devant ou derrière des
« I want to see you, to breathe you tonight ». En louves goulues, elles réclament que tu prennes fait et cause, bien plus que dans ‘Rambutan’. Ont dressé leur tente, assemblage de peaux et de verre, à deux pas. Ont sortis les lances et les fards, leurs coiffes indie bariolées et le sumac vénéneux. « Silence descend on me / and dare me to act boldly ». Furieuses si tu ne viens pas. En pétard si tu te pointes. De toutes les matières, ce sont les noises qu’elles préfèrent. En soupape entre le délicieusement nerveux et le mayday kaléidos-
L'AÉRONEF
JACCO GARDNER 07-05-2015
FAITHLESS 03-06-2015
JUDAS PRIEST 16-06-2015
VILLAGERS 09-05-2015
IBEYI 04-06-2015
SLASH 17-06-2015
JONATHAN JEREMIAH 11-05-2015
AT THE GATES 06-06-2015
MASTODON 24-06-2015
SOPHIE HUNGER 12-05-2015
THE CHEMICAL BROTHERS 10-06-2015
FLYING LOTUS 25-06-2015
PATRICK WATSON 14-05-2015
ONEREPUBLIC 15-06-2015
GOJIRA 06-07-2015
2015
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MAI - JUIN
02/05 HUNGRY PARTY: WORAKLS + N'TO
+ EFIX + JOACHIM PASTOR
07/05 D.BANGERZ
+ LIAM-KI & ONCL' PHIL
21/05 THE GARDEN VICTORIA+JEAN 22/05 SKANK LAB#4: MINIMAN + THE DUB MACHINIST 23/05 MUDHONEY
+ WHITE HILLS + BARTON CARROLL
© B rest B rest B rest
+ I-TIST + CULTURE DUB SYSTEM
28/05 BODYBEAT + GALAXIANS 29/05 HK & LES SALTIMBANKS 09/06 PARKWAY DRIVE + BETRAYING THE MARTYRS 14/06 TESTAMENT + NO RETURN
15/06 FIDLAR + THE K 19/06 ISRAEL VIBRATION les spectacles sans g
ravi té - li c en c es ent rep reneur de spectacle s
+ BROUSSAÏ
FOXYGEN 17-05-2015
SNOOP DOGG 20-07-2015
MIKE + THE MECHANICS 26-05-2015
SOJA 28-06-2015
THE SLOW SHOW 01-06-2015
JOEY BADA$$ 01-07-2015
www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu
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Earteam
copique. Entre le primal et l’éther. Aguichantes anguilles, elles font de ‘Moongee’ un cœur de braise, revanchard, insidieux, à la grimpette en température enivrante, carrément toxique. Gaffe à l’alunissage quand virevoltera ‘Red Kite’, trêve en fausse apesanteur, ou quand surgira un ‘Rhino’ qui ne charge guère : il se pourrait qu’ici et surtout là leur escadron batte un peu de l’aile, s’enfonce dans quelque flux plus tourbeux. Que leurs acidulés oracles, plus mutins que mystiques, plus taquins que véritablement bellicistes, finissent par lentement s’effilocher. (alr)
Lapalux ‘Lustmore’ Brainfeeder/Pias
Jamais à court de concepts fumeux et de thématiques farfelues, les ambassadeurs de la constellation Brainfeeder aiment laisser courir leurs neurones sur des substances hallucinogènes et bien cintrées. Stuart Howard s’active derrière ses machines sous le nom de Lapalux. Son truc à lui, c’est l’état hypnagogique. En gros, l’instant critique où le cerveau hésite entre la veille et le sommeil. Le moment où la conscience bat la campagne et où les pensées s’égarent à travers champs. Grand trip électronique, langoureux et atmosphérique, le deuxième album de Lapalux vend du rêve humide et emberlificote ses pensées dans des positions impossibles. Collectionneur de musiques de films (‘2001, l’Odyssée de l’espace’, ‘Blade Runner’), sniffeur de poppers, Howard caresse son laptop en sirotant un tequila sunrise. Au terme d’une nuit de folie, le bidouilleur déballe treize songes électroniques, sexy et vaporeux à souhait, imaginant du post-dubstep en rut sous un soleil couchant. Un peu somnolant, le producteur marche à pieds nus sur des plages instrumentales éclaboussées par des vagues synthétiques aux reflets fluorescents. Pour dormir debout ou se réveiller la tête à l’envers. (na)
Lower Dens ‘Escape From Evil’
The Mountain Goats ‘Beat The Champ’ Merge Records/Konkurrent
« Sur le Ring et au fond même de leur ignominie volontaire, les catcheurs restent des dieux, parce qu’ils sont, pour quelques instants, la clef qui ouvre la Nature, le geste pur qui sépare le Bien du Mal ». Barthes résume avec soixante ans d’avance la note d’intention du quinzième Mountain Goats. John Darnielle, après nous avoir habitué à l’autobiographie frontale, emprunte des sentiers de traverse. En dédiant ‘Beat The Champ’ au milieu du Catch, il offre un exutoire tardif et déchirant à sa déprime enfantine en mal de Héros. Trempée dans la sueur et le sang des lutteurs de sa jeunesse, sa plume embrume l’âme et bouscule les sens. Quels destins se jouent sous ces treize portraits ! Tour à tour hilarants (‘Foreign Object’) tragiques (‘Hair Match’) ou menaçants (le punk acoustique de ‘Choked Out’), les textes rendent un hommage vibrant à ces colosses masqués, américains moyens cachetonnant de matchs en matchs quitte à endosser le rôle du méchant de service. Sur le ring, Darnielle met tout le monde au tapis. Neutral Milk Hotel, Andrew Jackson Jihad, Sufjan Stevens (on pense à l’americana dévoyé de ‘Illinoise’), Hefner, Eels, Leisure Society: personne ne peut rivaliser avec l’étendue de son talent littéraire et musical. Sur ‘Heel Turn 2’, six minutes d’émotion brute à te retourner l’estomac, il martèle un « I Don’t Wanna Die In Here » qui renvoie dos à dos issue du combat et misère sociale. Il faut entendre comment en un simple « Congratulations ! » il insuffle colère, résignation et amère ironie à son chant. Écrit avec les tripes, magistralement produit, beau à chialer, ‘Beat The Champ’ n’est rien de moins qu’un coup de maître, une victoire par K.O., une rupture nette des vertèbres. (ab)
et-Cher’ de Delpech et des tous petits legos d’Oldelaf. Non qu’il soit impossible de sombrer dans les bras frissonnants de Codeine à Blois ou de lire intensément Sylvia Plath à Nogent-le-Rotrou, mais bon...Passé ce préambule, on mettra nos rhizomes au diapason des ombellifères ployant sous le sadcore, on effleurera d’une flûtine ‘The Muse in New York City’, on capturera quelques diptères vrombissants à l’aide de la note bleue d’une trompette. Somnambules lévitant à l’envi parmi les orgues d’’Universe’ ou les beaux assauts atmosphériques de ‘Four Six Nine’, on regrettera cependant qu’au milieu de toutes ces heures passées à se délecter des nuits sans fonds d’Emily Dickinson, de la solennité de Low ou des brumes de Mogwai, le groupe n’ait pas songé à troquer un peu de son exagération arty contre quelques leçons de prononciation anglaise. (alr)
Ribbon Music
Si Lower Dens avait déjà prouvé qu’il pouvait revêtir un habit pop, des mélodies évidentes comme celle de ‘Brains’ faisaient figure d’exception dans un univers musical plutôt avant-gardiste. Avec ‘Escape From Evil’, le groupe de Jana Hunter n’a plus peur d’afficher ses contours mélodieux et nous propose des compositions qui sont à la fois directes et recherchées sur le plan musical. Comme toujours, la voix de Jana est divine, chaude, puissante, un peu rauque et assez sombre, rappelant par moments Siouxsie. L’ambiance générale est assez sombre et cérébrale mais sans jamais verser dans le misérabilisme ou la prise de tête. Il faut dire que les dix compos sont toutes immédiatement accrocheuses, depuis la pop rétro futuriste de ‘To die in L.A.’ et le rock désolé quasi gothique de ‘Suckers’ ShangraLa’ jusqu’à la rythmique franchement disco de ‘Non grata’ ou le minimalisme cold wave de ‘Your heart till beating’. Clairement l’album le plus abouti du groupe. En tout cas, celui que l’on préfère ! (pf)
Marnitude ‘II’ Arbouse Recordings
On fera avant toutes choses abstraction de ce nom de groupe, au beau milieu du ‘Loir-
Tom McRae & The Standing Band ‘Did I Sleep And Miss The Border’ Buzzard Tree Records
Quelque part au confluent de dEUS, Madrugada, 22 Pistepirko, 16 Horsepower, Bruce Springsteen et feu Gavin Clark, le fleuve McRae gonfle en torrents mainstream. Comprenez : le plus américain des british ne craint ni l’affectation, ni la mièvrerie, à l’inverse des artistes susnommés. So what ? On le connaissait déjà en singer-songwriter consensuel, la faute à de récents albums convenus. Cette fois, la houle charrie son lot de colère, de dégoût, de passions. Sous le sucre, le sel. Hasard du calendrier, ‘Did I Sleep And Miss The Border’ partage avec Modest Mouse ce regard désabusé sur l’absurdité atroce de notre espèce. La pilule passe d’autant mieux que le folk clair-obscur de McRae se drape ici d’accompagnements somptueux et parfois délicieusement lugubres (‘The High Life’, ‘Expecting The Rain’). Et cette voix, bien sûr, cette rocaille d’apocalypse, ce timbre de chaman country qui t’enveloppe et t’égratigne comme ces lourdes couvertures poussiéreuses qui tapissent les chariots. « But While I’m Still The Captain/Of This Sinking Ship/We’re Gonna Go Down, Boys/With A Song On Our Lips. » Dis comme ça, on ne peut que sombrer et chanter avec lui. (ab)
Mini Mansions ‘The Great Pretenders’ Brainfeeder/Pias
En chapardant toutes leurs idées dans les trésors de la pop moderne, les cambrioleurs de Mini Mansions réalisent le casse parfait. Flibustiers de première catégorie, les garçons commencent par dérober la pochette de ‘Dear John’, le meilleur album de Loney, Dear. Est-ce un message crypté ? Une erreur à l’imprimerie ? Du foutage de gueule ? Une imitation parfaite, historique. Sur le disque, ça vire carrément au hold-up. Pour concevoir le deuxième album de son projet parallèle, Michael Shuman, bassiste des Queens Of The Stone Age, a préconisé le vol à l’étalage : planche de surf des Beach Boys (‘Freakout!’), moumoute de Brian Wilson (présent en renfort caisse sur l’ensoleillé ‘Any Emotions’), soucoupe volante des Flaming Lips, drogues de MGMT (l’énorme ‘Death Is A Girl’), sex-appeal de Lenny Kravitz (‘Creeps’), la voix d’Arctic Monkeys (Alex Turner, impérial sur ‘Vertigo’), les coups de triques électriques des Queens Of The Stone Age (‘Heart Of Stone’) ou le raffinement psychédélique des Beatles (‘Double Visions’), tout y passe. La première écoute est forcément déstabilisante – comment peut-on se permettre un tel braquage? –, mais les mecs maîtrisent tellement leurs sujets qu’on finit par s’incliner. Mini Mansions, Robin des Bois, même combat. (na)
Minsk ‘The Crash And The Draw’ Relapse Records
Après six ans d’absence, les maîtres du doom sludge atmosphérique sont de retour tandis que se sont entre-temps manifestés de nouveaux groupes qui prétendent rivaliser avec cette figure tutélaire. Dès les premières notes, on se rend compte que Minsk n’a rien perdu de sa maestria avec l’énorme ‘To the initiate’ mettant en avant tout ce qu’on attend de lui, à savoir un rock sludge bien heavy qui prend son temps, qui alterne hurlements métal, riffs pachydermiques et envolées plus typiquement prog. Comme d’habitude, on retrouve également des titres aériens infusés de post rock qui permettent à l’auditeur de souffler pendant quelques instants. En dépit d’un
hiatus conséquent, le groupe semble ne pas avoir pris une ride et n’a pas varié son style d’un iota. Minsk poursuit inlassablement son chemin, proposant des titres épiques et bien construits qui requièrent la patience de l’auditeur vu le caractère lent de la musique. En athlétisme, Minsk serait un marathonien. (pf)
Modest Mouse ‘Strangers To Ourselves’ Epic
« Pack Up Again Head To The Next Place/Where We’ll Make the Same Mistake. » Moins arides et plus flamboyants qu’à leurs débuts, avec comme point central à leur symétrie le mythique ‘The Moon & Antartica’ : il y a le camp d’avant et celui d’après. Quoiqu’on en pense, Modest Mouse restera toujours Modest Mouse ; ces aboiements, ces rythmes-cabaret, cette poésie abrasive où chaque mot abîme les mains. Le cabot Brock n’a jamais couru après les sirènes de l’entertainment : réécoutez ‘Pistol’ dans vingt ans et ce truc sera toujours spot on et out of place en même temps. C’est là toute la fascination qu’exerce l’univers d’Isaac Brock : une collision des contraires, un oxymore perpétuel où Lignée, Hiérarchie, l’Avant, l’Après, le Haut, le Bas, le Cassé, le Fonctionnel obéissent à des lois absurdes. L’Homme agit sans plus comprendre la nature immonde de ses réflexes. Forcément misanthrope, toujours humaniste, ‘Strangers To Ourselves’ perpétue l’accessibilité apparue sur ‘Good News For People Who Love Bad News’. Les quinze morceaux mixent surprises de style et familière amertume: ni chamboulements profonds, ni ronflements polis, mais toujours cette ébouriffante énergie du désespoir (les cuivres, putain, les cuivres !) puisée au cœur même du nihilisme le plus nietzschéen. Étrangers à nous même, « Tourists In Our Own Head », mais quel plaisir de cracher son spleen en leur singulière compagnie. (ab)
Roisin Murphy ‘Hairless Toys’ Pias
En solo depuis 2005, la chanteuse de Moloko recycle peu ou prou les décors installés avec son groupe à la fin du siècle dernier. Absente des bacs depuis près de huit ans, Roisin Murphy ne nous avait pas spécialement manqué... Un peu embarrassé à l’heure de poser son troisième album sur la platine, on laisse d’abord fondre nos réticences, avant d’abandonner nos préjugés. Avec ‘Hairless Toys’, Roisin Murphy se réinvente avec charme et érudition. Visiblement inspirée par l’âge d’or du disco et l’avènement de la house dans les clubs de Chicago, l’Irlandaise aborde ici huit morceaux d’une voix éthérée et jamais déplacée. Intelligente, la chanteuse laisse la musique emplir l’espace (‘Exploitation’ est un modèle du genre) avant de porter le coup de grâce de son chant de sirène. Alerte rouge levée. On peut de nouveau se faire plaisir en compagnie de Roisin Murphy. (na)
My Morning Jacket ‘The Waterfall‘ ATO Records/Pias/Cooperative
Le chroniqueur, ici, affiche un air contrit : ses préjugés envers la musique de My Morning Jacket étaient en effet légion. Imaginer que les
RAF_2015_ANNONCE_RIFRAF 100x140.pdf
FRIDAY 12 JUNE 2015
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Earteam
Beach Boys et Mercury Rev puissent faire bon ménage avec Pink Floyd et Supertramp lui semblait tout bonnement inconcevable. Ce septième album de la bande à Jim James tombe donc à point nommé pour faire voler en éclats ces représentations caricaturales. Négligeant l’apparat clinquant au profit de textures et d’ambiances subtiles et mouvantes, ‘The Waterfall’ invite à un trip épique et outre-atmosphérique en équilibre acrobatique entre accessibilité immédiate et recherches timbrées. Globalement imprégnés d’une énergie vitale positive (‘Believe (Nobody Knows)’ idéale tête de gondole), les dix titres ne confondent que rarement audace et vanité (le slow crapuleux ‘Only Memories Remain’). En soumettant son songwriting à une production élégamment outrancière, la formation du Kentucky parvient même à nous faire avaler ses couleuvres et ses mille-feuilles à base de riffs spacieux et spaciaux et de claviers surannés. Avec comme constantes des mélodies et des refrains trop peu vulgaires pour enflammer les stades mais qui agissent sur le cortex comme un doucereux venin. Au final, on est séduit par ce qui aurait pu nous agacer. Preuve que le talent peut parfois dissoudre les idées reçues. (gle)
Only Real ‘The Jerk At The End Of The Line’ Virgin/EMI
C’est un des défauts de l’époque : les artistes existant en continu sur le web, lorsqu’arrive un premier album, on en connaît déjà la moitié au moins, certains titres depuis parfois deux ans (‘Backseat Kissers’). Mais au bout de plusieurs écoutes de ‘The Jerk…’, on parvient à pleinement profiter de cette rencontre entre le hip-hop du premier album de The Streets et la musique de groupes tels que Jaws ou Childhood (avec lequel Only Real a collaboré sur un titre pas repris sur l’album, ‘The Drivethrough’), sous haute influence du shoegazing et de Madchester (allant jusqu’à faire redécouvrir Big Hard Excellent Fish à ses fans). A ceci près que cette formule réductrice oblitère la capacité du jeune homme derrière ce groupe issu de l’Ouest de Londres à brouiller les pistes, que ce soit en proposant ‘Goddess On A Highway’ de Mercury Rev sur la page d’accueil de son site, en assombrissant le ton le temps d’un ‘Petals’ quasi purement hip-hop, en ralentissant la vitesse de la guitare sur ‘Cadillac Girl’ pour créer un effet à la fois hypnotique et dansant, en se la jouant quasi pop ensoleillée sur ‘Daisychained’, et j’en passe. Car quasi chaque titre cet album, y compris ‘Intro’, comporte son lot d’arrangements malins, de rythmes dansants et d’accroches lyriques imparables. Au total, un des albums les plus frais et destinés à durer issu de Grande-Bretagne ces derniers mois. (ds)
Other Lives ‘Rituals’ Pias
On ne sait pas vous, mais on a failli ne jamais se remettre du chant d’adieu d’Efterklang. Après nous avoir rassasiés de la certitude que l’émotion peut se nicher, intacte, entre les maillons d’une grande barrière classieuse en froid frac blanc, ils avaient pris leurs clics et nous une cuisante claque. On avait bien entendu cherché du réconfort chic et
Colin Stetson and Sarah Neufeld ‘Never were the way she was’ Constellation/Konkurrent
L’écoute des trois volumes du ‘New History Warfare’ de Colin Stetson devait nous laisser un souvenir prégnant, à la mesure de l’ébahissement que nous avait procuré le son fauve et éléphantesque qu’il parvenait à faire sortir de son organe : un saxophone, tour à tour alto, ténor ou basse. Un souffle hors mesure, échappant aux lois de la gravité respiratoire. De Sarah Neufeld, nous avions gardé en mémoire la faconde claire et transportée de son violon, extension naturelle de sa voix. La rencontre entre ces deux solistes remontait loin dans le temps, à l’époque des premières tournées d’Arcade Fire. Par la suite, ils n’avaient cessé de s’inviter au sein de leurs projets respectifs. Il était naturel qu’un jour ils accolent leurs noms. Dès les premières minutes du morceau introductif ‘The sun roars into view’, on est frappé par la façon magistrale dont leurs jeux instrumentaux et vocaux réciproques s’imbriquent, s’interpénètrent tout en se laissant profondément respirer. Les accords se suivent et se répètent, tissant une trame à la Steve Reich. Pourtant, aucun overdub, aucune boucle n’est à l’œuvre, tout est ici joué live. Au fur et à mesure que progresse l’écoute, les plages s’ouvrent, s’étendent, s’en remettent à la félicité (‘In the vespers’) ou à la quiétude (‘And still they move’). Plus loin encore, Stetson recourt aux registres graves de ses instruments, dont la clarinette contrebasse, pour cadencer les compositions. A certains endroits, ce sont leurs clés et leurs corps qui sont utilisés comme de véritables percussions. Ce disque n’est pas seulement la démonstration d’une dextérité musicale certaine, il est, bien davantage encore, la manifestation d’une épiphanie païenne splendide. (et)
tendre chez Grizzly Bear. C’était avant de découvrir qu’on pouvait également compter sur Other Lives pour nous gratifier d’un ‘Fair Weather’ qui ne nous tartinerait pas de monoï gras mais creuserait dans toutes les textures sweet sour d’entre-deux. Pour nous octroyer autant de crépitements électro raisonnés, de mantras scandés que de motifs majestueux. Pour nous obliger à nous tenir bien droits, couronnés de nos humeurs fluctuantes comme un ‘English Summer’, nimbés d’une ‘New Fog’ allègre et incurvée, plutôt que de nous indiquer une ‘Easy Way Out’. « À Rome, fais comme les Romains » : à côté de notre cher édifice frémissant du Svalbard, on a donc déposé ‘2 Pyramids’. On ne croyait pas tant à la magie d’autres vies qu’au besoin d’une nouvelle ligne de conduite, de bottes d’Hazlewood pour cet horizon bien ample, de ‘Rituals’ à observer les jours d’absence. (alr)
Ozmotic – Fennesz ’AirEffect’ Folk Wisdom/SObject
Quelques gouttes de pluie, un dialogue entre portes qui grincent et un réveille-matin fou, une pièce isolée au milieu de nulle part, le décor est planté pour la première collaboration entre le duo turinois Ozmotic et l’incontournable Christian Fennesz. Pourtant, le disque est tout sauf du tout venant électronica à la sauce ambient / musique concrète. Inquiétant, crépusculaire et surtout malicieux (sans les grosses ficelles brumeuses du genre), le dialogue entre Stanislao Leesnoj, SmZ et Fennesz est d’autant plus captivant qu’il se double d’interventions romanesques et grinçantes du premier cité au saxophone soprano. Centre de gravité de la majorité des sept titres, l’instrument de M. Sax ajoute une belle touche de jazz humanoïde (elle louche même du côté de Tuxedomoon), c’est d’autant plus singulier qu’à notre connaissance, c’est la première fois qu’on en entend sur un disque de Christian F. Par ailleurs, les interventions de ses deux compères (à la guitare, aux percus ou à l’électronique) tendent vers un point d’équilibre magistral où chacun demeure maître de sa partition sans enquiquiner le voisin. Magistral. (fv)
Danielle de Picciotto ’Tacoma’ Moabit Musik
Américaine de naissance, résidente berlinoise, collaboratrice de Gudrun Gut et de Myra Davies (et ça ne s’entend pas qu’un peu), organisatrice de la première Love Parade (et oui), Danielle de Picciotto n’est pas une perdrix de l’année, ça rend son travail d’autant plus intéressant. Si l’ouverture de son ‘Tacoma’ (hommage à sa ville de naissance) renvoie sans coup férir à l’Ennio Morricone tendance western spaghetti, tendance qui se confirme à la suite, bien que davantage en filigrane, les autres titres évoluent entre spoken word plurilingue et chansons fragiles (mais pas minimalistes), telles qu’on les appréciait sur les compilations ‘4 Women No Cry’ d’un autre label berlinois (Monika Enterprise). Notamment le quatrième morceau ‘Es Gibt Kein Zurück’ marque éternellement l’esprit. Développée sur des boucles où les quatre mots de son titre sont répétés à l’envi, la chanson se glisse dans un interstice ouvert par Chica & The Folder et Doris Chrysler, c’est délicieux. Son successeur ‘In Transit’ est carrément la suite orageuse et météorologique du ‘Hanoi’ de Myra Davies (on vous l’avait dit) et si le passage de son guitariste de mari Alexander Hecke (des Einstürzende Neubauten) tarde à prendre son envol, il ne vient pas gâcher un très beau disque à la forte personnalité. (fv)
Portico ‘Living Fields‘ Ninja Tune/Pias
Entre Portico Quartet et Portico tout court, les londoniens n’ont pas seulement perdus leur percussionniste dans l’aventure. Ils en ont profité pour se délester de la connotation très jazzy de leur patronyme pour marquer une vraie rupture musicale en troquant leur post-jazz atmosphérique contre une electro-pop au groove éthéré et aux mélodies fragiles. Le passage sur Ninja Tune entérine cette mue et permet à la formation de laisser libre cours à ses envies d’escapades post-dubstep peut-être plus en phase avec l’époque. Ce genre de repositionnement stratégique pour PME en recherche de nouveaux segments de marché aurait pu nous donner des envie de mordre. Mais appuyées par
les trois featurings vocaux de Joe Newman (Alt-J), Jono McCleery, et Jamie Woon, dont la tonalité des voix tisse le fil conducteur néosoul des neufs compositions, les arabesques étirées et pointillistes se révèlent un formidable terreau pour l’imagination. Entre résonances synthétiques modulées, textures musicales en fusion, sons électro découpés au laser, l’ensemble manque peut-être un peu de relief, de falaises ou d’à-pics. Mais ce léger bémol n’entache pas la qualité de cet album, qui, s’il peut paraître trop cohérent et linéaire par moments, recèle quelques perles comme ‘101’ et ‘Atacama’. (gle)
Michael Price ’Entanglement’ Erased Tapes
Compositeur de musiques de film à la renommée certaine, il a même reçu un Emmy Award pour sa B.O. de la série ‘Sherlock’, Michael Price montre toute l’étendue de son art sur son premier disque, qui est davantage une compilation qu’un album au sens stricto sensu. Vision néoromantique pour grand orchestre et soprano (‘Maitri’) où il dévoile un sens du tragique que n’aurait pas renié le fils caché de Rachmaninov et Mahler, pièces de chambre pour cordes, piano et soprano (‘The Uncertainty Principle’) où la langueur intempestive s’empare d’une dramaturgie expiatoire, les deux compositions où intervient la voix sont très convaincantes et, surtout, décomplexées. L’esthétique globalement défendue par le musicien britannique renvoie davantage au début du vingtième siècle qu’à notre temps, et sonne franchement datée en regard d’Arnold Schönberg ou d’Erich Wolfgang Korngold (pourtant nés à la fin du 19è). Mais soyons de bon compte, il n’y a pas de raison de lui trouver plus de défaut qu’à Max Richter ou Hans Zimmer. (fv)
Prince Buju ‘We Are In The War’ Makkum Records/Dense
On ne connaît rien ou à peine d’Aduko Saabo aka Prince Buju. C’est à Arnold de Boer de The Ex que ce musicien ghanéen doit la parution de cet album en territoire européen qui était alors seulement disponible sur cassette générique au Ghana. Enregistré à Accra, il met en scène sa seule voix et un unique instrument, le kologo, sorte de luth/guitare à deux cordes flanquée d’une calebasse en guise de caisse de résonance. Les quelques chansons réunies ici sont forcément coulées dans un moule identique même si elles abordent des thèmes différents (la mort et les ancêtres, la condition des musiciens au Ghana, le don de la musique…) De prime abord répétitive et récursive, cette lo-fi africaine s’avère après plusieurs écoutes attachante et viscéralement intègre. Un minimum de moyens mis en œuvre pour un maximum d’affect offert. (et)
Purity Ring ‘Another Eternity’ 4AD
Au fond, on a tous bien essayé avec Purity Ring, ne fût-ce qu’un quart d’heure devant leurs drôles de clips sur Youtube. Je m’essaye à ‘Another Eternity’ qui passe comme... une éternité. Soporifique et putassier, ce mélange bâtard de beats hip-hop/dubstep à la sauce synthés sur lit de voix de biatchs semble avoir pour but de mettre en mouvement des foules de culs un peu tièdes. Mais là où une Grimes nous propose des mélodies intemporelles, voire de la poésie (qui n’est jamais devenu fou sur ‘Genesis’ ou ‘Oblivion’, franchement?), là
ZINGER
où Nicki Minaj nous propose une délicieuse vulgarité en shorty (très) court rose bonbon, Purity Ring veut faire dans l’arty genre intello FM (moins un pour la pochette mysticokitsh) avec une chanteuse même pas charismatique. Non mais franchement, on est censé y trouver quoi ? Je ne bougerai pas un quart de fesses pour vous tant que je ne verrai pas l’ombre d’un tube. Puis mon cœur est pris par la belle Taylor Swift, et j’ai rendez-vous avec elle pour une danse sous la douche. (am)
Récital Boxon ‘Elle Frappe la Terre Rouge’ Igloo Records
Pour être le souk, c’est le souk : Récital Boxon – cinq musiciens et une poétesse (créditée aux textes et à l’interprétation) – donne dans une espèce de musique ethnique qui voit large, de la chanson française alla Mano Solo jusqu’au klezmer. Ainsi ‘Mona’ et ‘La Femme Fatale’, toutes deux au-delà des six minutes sur la version album rappellent, dans une version à nénés gitans, le fils de feu le dessinateur mort pour la liberté d’on-ne-sait-plus-tropquoi ; quand ‘Débordement’ part en sucette tsigane à 4’15. Le hic, c’est que ça se tient le temps de deux ou trois morceaux (les précités, dont le fort beau ‘Mona’) mais qu’on décroche assez vite le reste du temps. La faute à une interprétation souvent trop théâtrale et à des textes parfois à la limite de l’exercice de style (l’horripilant ‘Mireille’ et ses paroles dictées). (lg)
Roscoe ‘Mont Royal’ Pias
Il y a trois ans, à l’écoute de ‘Cracks’, on n’aurait pas misé dix boules sur ce baudet. Et pour cause, derrière un joli single planant, ça n’était qu’un rock vaguement cinématographique, un peu à la Archive de troisième zone. Mais, aujourd’hui, les choses sont tout de même différentes. L’écueil du toujours casse-pipe deuxième album est évité avec brio. Et justesse. En élargissant l’angle de vue. Leur évolution ressemble d’ailleurs à celle d’un autre combo liégeois – MLCD – passé en trois ans de la pop canadienne giga-touffue à un truc plus californien, à la coule mais précis. Roscoe revient donc transfiguré, moins boursouflé, avec de vraies bonnes idées – surtout dans les arrangements policés, léchés, des nappes de claviers qui jouent le rôle du grand orchestre à cordes – et quelques belles chansons à forte gueule, ‘Shaped Shades’ ou le très bon ‘Nothing Ever Comes To An End’ notamment, qui en font une sorte d’Alt-J du bassin sidérurgique wallon. (lg)
Royal Thunder ‘Crooked Doors’ Relapse/Pet ting Zoo Propaganda
Il y a quelque chose de sombre, limite gothique, dans la musique de ce groupe américain. Cela tient sans doute au vécu de la chanteuse, Mlny Parsonz, laquelle, après avoir été en proie à l’enfer de la drogue, a fréquenté une église où on a tenté de la lobotomiser. La tension et le tourment sont clairement présents dans sa voix, qui évoque un peu celle de Janis Joplin. Sur le plan musical, on relève également une noirceur un rien fébrile. Il y aussi beaucoup de liberté au niveau des structures et des styles. Si le rock heavy de Royal Thunder a une base très classique et 70s (l’ombre de Led Zeppelin n’est jamais très loin), il intègre une dimension blues, voire folk, tandis que le côté complexe de ses structures s’inscrit dans une logique davantage prog et que l’ensemble baigne dans un esprit psyché
clairement marqué. Il en résulte un album intriguant, extrêmement créatif et parfois un rien déconcertant au niveau des structures. A l’instar de groupes comme Baroness et Mastodon, Royal Thunder est l’un de ces groupes qui fait évoluer le rock dur. (pf)
Xavier Rudd & The United Nations ‘Nanna’ Net t werk
J’ai rien à dire sur le reggae j’y connais que dalle et ça me fait autant d’effet qu’un orage à Pekin, non je me sens pas légitime j’essaie de piger j’arrive pas à comprendre les gens dont c’est le moteur auditif, le genre prédominant celui qui rythme leur vie, jamais je me dis putain un bon disque de reggae là c’est ce qu’il me faut, mais là tu vois là y a un truc y a quelque chose qui vit alors ouais c’est naïf à crever, Xavier Rudd c’est le Eduard Sharpe du genre c’est le Baba Ragga de service mais Xavier il y croit fort et c’est ça qui est beau, il y a de l’espoir de l’espace des hautes herbes et de la boue plein sa musique plein ses prêches, c’est ça le truc c’est un genre mystique c’est spirituel ou rien, ça peut pas être tiède ça doit chanter dans les allées jusqu’au parvis jusque dans les maisons ça doit taper dans les mains ou rien, Rudd il a le gospel dans les racines des pieds c’est pas pour rien qu’il rassemble Aborigènes Papous Africains du Sud et Samoa autour de lui, le mec il a pigé que le Paradis ça s’attend pas ça se mérite pas ça se crée ici et maintenant. Ou rien. (ab)
SaSo ‘Full Moon’ Autoproduction
Cet EP est une agréable surprise. Avec un nom et un titre pareils, on n’en attendait pas grand-chose si ce n’est une fille avec guitare acoustique pour chansons mièvres causant chatons, lessive fairtrade et thés bios. Mais ça n’est pas du tout ça. L’affaire commence par une ballade noire, plombée, dont l’électricité latente finira par exploser dans le deuxième morceau et par ne plus quitter ce six-titres à l’exception de la plage finale, seul tentative en français. Pour le reste, l’ambiance oscille entre Black Heart Procession et Sonic Youth. Faut croire que tous les Lillois n’aiment pas que le carnaval et les moules. A suivre. (lg)
Seasick Steve ‘Sonic Soul Surfer’ There’s A Dead Skunk Records
Vous ne connaissez pas encore Seasick Steve ? J’vous explique. C’est un peu comme si notre Papy Blues de la rue du Marché aux Herbes avait connu Janis Joplin et Cobain, enregistré Modest Mouse pour finir par sortir des disques à son compte passé 2010. C’est une belle histoire qui pue l’authenticité et Seasick (ou Steve), le vrai, nous a bien bluffés avec son ‘Dog House Music’ de 2006 à l’indéniable charme sauvage. Sur la pochette de ‘Sonic Soul Surfer’, son sixième opus, Steve se la coule douce sous le sun, devant une vieille bagnole avec deux surfs sur le toit. Bonne nouvelle donc : il a l’air plutôt bien portant. Quant au disque qui se trouve dedans, il est un peu pareil que les autres, en plus électrique. On n’ira quand même pas jusqu’à dire que
30.04 01.05 01.05 15.05 17.07
Decora - Deerlijk Mayday Mayday - Kortrijk Maybee Festival - Roeselare De Grote Post - Oostende Rock Herk - Herk-De-Stad
FOOL’S GOLD
01.05 Charlatan - Gand
SHE KEEPS BEES
02.05 Les Aralunaires - Arlon 03.05 Cactus Club - Bruges 17.05 MOD - Hasselt
SCARLETT O’HANNA
02.05 Les Aralunaires - Arlon 17.05 MOD - Hasselt
XYLOURIS WHITE
02.05 Trix - Anvers
DOUGLAS DARE
08.05 Trefpunt - Gand
BRIQUEVILLE
11.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles 18.07 Rock Herk - Herk-De-Stad
MARCO Z
12.05 Het Depot - Leuven 22.05 MOD - Hasselt
RAPE BLOSSOMS
12.05 STUK - Leuven 17.07 Kinky Star - Gand
WAND
13.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles
NILS FRAHM
16.05 HA’Fest - Gand (SOLD OUT) 19.07 Dour Festival - Dour
DAWN OF MIDI
16.05 HA’Fest - Gand (SOLD OUT)
STEVE GUNN
17.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles 26.05 MOD - Hasselt 27.06 Grensrock - Menen
KEVIN MORBY
17.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles 24.05 Charlatan - Gand
SURF CITY
18.05 Het Bos - Anvers
DIRTY HIPS
22.05 MOD - Hasselt
KUENTA I TAMBU
24.05 Sinksen - Kortrijk
MARY LATTIMORE & JEFF ZEIGLER
26.05 MOD - Hasselt
WAXAHATCHEE + PINKWASH
31.05 DOK - Gand
DUCKTAILS
06.06 DOK - Gand
DOPE DOD
06.06 Bones Fest - Aalst 17.07 Dour Festival - Dour
CELESTIAL SHORE
10.06 Vooruit Café - Gand
TERAKAFT
12.06 De Roma - Anvers
ZUN ZUN EGUI
13.06 Beursschouwburg - Bruxelles 14.06 Cactus Club - Bruges
MONOPHONICS
14.06 Trix - Anvers
MOURN
19.06 Fête de la Musique - Liège
BEAK>
26.06 Beursschouwburg - Bruxelles
RAKETKANON
27.06 Grensrock - Menen 19.07 Dour Festival - Dour more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
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Earteam
le vieillard commence tout doucement à radoter du haut de ses 74 ans. Mais c’est sur des titres dépouillés comme ‘In Peaceful Dreams’ ou ‘Right On Time’ que Seasick trouve encore le salut. Pour les nouveaux arrivants, on préconisera plutôt les premières œuvres de ce bluesman ô combien atypique. (am)
The Slow Show ‘White Water’ Halder Pop Recordings
« This is okay, I’m just having a bad day ». À ‘Dresden’ comme à Manchester, la messe semble dite, croassée funestement : « Dark, dark tales everywhere ». Rob Goodwin, confessé en lointain exil et prédicateur au larynx caillasse et feutre, a méticuleusement, tendrement cherché dans les registres de The National où enfin poser ses basques, à quelle lignée sophistiquée il avait jadis pu appartenir. Écumé ses souvenirs en couloirs cérémoniaux pour comprendre sur quels parquets lustrés envahis par les cordes il avait accordé des valses sans retour, avec quel frère parti trop tôt il avait dévalé des collines, entre quelles mains il avait vu des déclarations offertes aussitôt s’émietter, quelles légendes d’amour aveugle lui avaient taillé un costume. Il s’est estimé très chanceux de retrouver, dans un coin très enfoui, les fossettes d’’Augustine’, ses petites mains de couturière pareilles à des fleurs inflammables, fortuné d’avoir tout le temps possible pour la regarder – cette fois – rejoindre leur foyer sur la pointe des pieds. « It’s the same old story, just another end ». (alr)
Sufjan Stevens ‘Carrie & Lowell’ Asthmatic Kit t y/Konkurrent
La vie de Sufjan Stevens est un roman. Un roman américain. C’est que l’existence du musicien flirte méchamment avec le mythe. A 39 ans, il est à la fois le ‘Big Fish’ de Tim Burton et l’incarnation d’un personnage de Truman Capote. Comme si l’écrivain s’était projeté dans le futur pour inventer la notion de « roman non-fictionnel ». Qui est vraiment Sufjan Stevens ? Dans son parcours, passionnant, bourré de rebondissements et d’histoires de cœur torpillées au large des sentiments, la fable côtoie toujours la vérité. Impossible ici de déceler le vrai du faux. Entre posture mélancolique et imposture fantastique, l’homme se profile comme l’un des musiciens – si pas « le » musicien – le plus intriguant du 21ème siècle. On voudrait vous raconter sa vie. Mais on n’aurait pas assez d’un seul RifRaf... Ce qui nous amène au fameux coup de fil de décembre 2012. Dans le combiné, la tante de Sufjan Stevens lui parle de sa mère, évoque le cancer et une fin inéluctable. Rattrapé par son passé, le chanteur renoue les liens familiaux dans une chambre d’hôpital, peu avant un tragique dénouement... Pour éponger son chagrin et rincer sa conscience, Sufjan abandonne ses sentiments sur les cordes d’une guitare acoustique. Quelque part entre l’œuvre du jeune Paul Simon et le fantôme d’Elliott Smith, ‘Carrie & Lowell’ épingle onze souvenirs sur le mur des lamentations. Au final, on pleure. Sans savoir si tout cela est trop beau pour être faux ou trop triste pour être vrai. Entre bonheur et désespoir, les larmes s’épanchent. Mais inutile de les retenir. Elles sont là pour durer. (na)
té revenue : non ce disque n’organise pas une teuf géante où Tinariwen chevaucherait Au Revoir Simone – cette trivialité plaintive et électrique – et on le sait très bien. Et pourtant, ‘Greed’ semble énorme au point que l’on voudrait que ce soit vraiment ça. Et pas ‘Not Real’, not real, du grand bluff, une sorte de tube potache des copains avec l’arc-en-ciel dedans, la pop clavier cheap eighties défoncée aux imitateurs de Can, trois Delia Derbyshire gonflables pour le prix d’un pot de vaseline. Et pourtant. (lg)
Fighters), ce ‘Bonxie’ ne risque pas de changer la donne. Une fois débarrassé de ses chœurs niais et d’un héroïsme bon marché, il peut éventuellement s’avérer une source de plaisir aussi simple que réconfortant. Surtout lorsqu’il joue la carte d’un folk bucolique et luxuriant (‘We Were Giant’) ou celle d’une pop aérienne (‘Get Low’). (gle)
Memphis Industries/V2
Steve’N’Seagulls
Ce serait un de ces matins d’avril étriqués où tu n’aspirerais qu’à quelques secondes de paradis. Une bouchée de chocolat au poivre. Trois ours en gomme. « It’s all your fault, as you sing Sha la la » : tu trouverais, déposé sans ménagement sur le pas de ta porte, un lapin qui louche enveloppé dans du plastique. Tu penserais à l’œuvre d’un cuniculophile funk, d’un fétichiste des basses infectieuses, d’un alchimiste dingo aux riffs stoner exorbités. Enlarge your mind : un de ces types qui, tout en jonglant avec ‘Eggs and Eyes’ ne pourrait s’empêcher de mater un film direct-to-VHS où Prince est roi du kungfu. Où un Jimmy Page en plasticine, une fois toutes ses dents arrachées, voudrait apprendre à jouer du bongo. Ce n’est franchement pas tous les jours que tu assistes à l’émergence d’un ‘Greasy Mind’, les doigts tavelés de pop perturbée, un grand échappé du bocal prêt à faire galoper ses idées à reculons sur une piste pour hamsters...’At Leat Show That You Care’ ! Une fois amadouée cette drôle de créature échappée de Field Music, vous pourrez toujours louer une guinguette en bord de la Volga avec les Sparks et hameçonner les esprits aventureux avec quelques limaces. (alr)
‘Farm Machine’ Vous vous rappelez des Baseballs, ces teutons qui passaient à la moulinette des tubes FM en rockabilly ? Ces ‘Crazy In Love’ ou ‘Umbrella’ qui rendaient ton punch plus digeste à coups de blousons en cuirs et de gomina ? Ben voilà qu’ils ont trouvé leurs homologues finlandais : Steve’N’Seagull (ce nom...) se paie une relecture des musiques de sauvages en parfaits rednecks. C’est du speedmetal saveur Délivrance. Lemmy et Max Calavera au Poney Club de Buisseret. Que dire de ce tapping de ‘Thunderstruck’ joué au banjo ? De ce ‘Nothing Else Matter’ bien plus gracieux et chialant que son modèle malodorant ? Épileptique, régressif et, au fond, complètement débile, ‘Farm Machine’ n’en reste pas moins une savoureuse friandise qu’on verrait bien place du Jeu de Balle un 21 juillet, arrosé d’un Ricard tiède. (am)
On avait trouvé ça sympa le temps d’un ‘Swim’, hymne beach-pop hurlé plus que chanté. Puis la marée est passée, avait effacé leurs traces et emporté leur afrobeat pour planche de surf au grand large où, paraît-il, ils s’adonnaient à un rock de plus en plus édenté. Le scorbut, sans doute. Ce n’est pas leur troisième album qui les verra à nouveau attaquer la grève en hordes de squales. ‘I Can’t Explain’, premier single en poisson-pilote automatique, porte toujours le traumatisme Animal Collective dans ses gènes, sans invention, sans frénésie (ce « Open Up ! » pêché sans permis dans ‘Brother Sport’). La suite nage dans les mêmes eaux tièdes : limpide, rétro et légère comme le ‘Strapped’ des Soft Pack (‘Point Of No Return’), l’inventivité en moins, la répétition en plus. John Paul Pitts s’emmerde au chant comme un Pixie neurasthénique, à croire qu’il a compris de travers l’idée de catharsis. Seul ‘Island’ surnage - prophétique ! - grâce à son surprenant détour en eaux profondes new wave. (ab)
Stornoway
Nicola Testa
‘Bonxie’
‘No More Rainbows’
Cooking Vinyl
Voices Voices
A l’heure du troisième album, la formation d’Oxford semble avoir bien du mal à s’extirper du ventre mou de la scène alternative britannique. La faute peut-être à des sorties un peu trop disciplinées pour réellement défrayer les chroniques. Le groupe ne semble d’ailleurs pas avoir la prétention d’être majeur si l’on s’en tient à ses fades guitares et à ses ritournelles candides qui se laissent approcher comme une adolescente timorée. En procurant les mêmes émois pastel et fugaces. Jamais un mot plus haut que l’autre, pas l’ombre d’une once de colère ou d’extravagances, simplement la molle morsure de petites mélodies accrocheuses qui misent sur les montagnes russes de nos états d’âmes. Même produit par Gil Norton (Pixies, Foo
On avait eu l’occasion de découvrir cet artiste belge avec ‘Wanderland’, premier EP dont la pop travaillée et un rien baroque laissait présager de bonnes choses. Le voici de retour avec son premier album coproduit avec Antoine Gaillet, figure montante de la scène hexagonale qui a notamment travaillé avec M83 et Julien Doré. Ensemble, ils ont donné naissance à un album très solide dans un registre électro pop qui brasse les sonorités et les sentiments. Associant des beats dansants à des touches de piano, ‘No More Rainbows’ emmène l’auditeur dans le monde multicolore de Nicola Testa. On adhère au projet, d’autant que les titres forts sont nombreux. ‘Rainbow’ et ‘Koko’ (sur lequel Daan joue de la guitare) célèbrent le côté lumineux du projet à l’instar
Slug ‘Ripe’
Stealing Sheep ‘Not Real’ Heavenly Recordings
Avec leur folko-pop technicolor acidulée, les trois demoiselles de Stealing Sheep pourraient facilement venir gonfler les rangs des suiveuses dont on oublie trop vite le joli petit cul. Pourtant, ce disque possède un charme sournois, fallacieux, qui opère au long cours, celui qui décroche des sourires béats à la troisième écoute, qui rend saoul à la cinquième au point d’oser des pirouettes emportées qu’on trouvera forcément ridicules la sobrié-
Spinefarm Records
Surfer Blood ‘1000 Palms’ Fierce Panda/Joy ful Noise
du très new wave ‘Land of glass’ tandis que l’intense ‘Mellotron skies’ et la superbe ballade dépouillée ‘The letter’ explorent la face plus sombre, limite obscure de l’existence. Un premier essai plus que réussi. (pf)
Total Babes ‘Heydays’ Wichita Recordings
On va encore me taxer de nostalgia ultra, de vouer un ridiculte aux années nonante, et blablabla. N’empêche que le riff de ‘Blurred Time’ donne envie de dodeliner de la tête comme Flat Eric et de renverser de la bière sur ses acolytes en moins de trente secondes. Tentez l’expérience ! Si ça rate, la tournée est pour moi. Gare à vos jacquards. Total Babes contient au moins un Cloud Nothings, le batteur. Parfois deux, sur ‘Circling’, quand Dylan Baldi et ses verres vaguement fumés viennent hurler la chansonnette. Esthétiquement, c’est très proche du Cloud Nothings bourgeonnant des premiers albums. On décèle néanmoins un petit truc, un petit truc oublié, ou plutôt refoulé dans un des nombreux tiroirs de notre inconscient. Ce truc, il pourrait s’appeler NOFX, parfois même Blink cent quatre-vingt-deux. Un truc de l’ordre du punk bien con, souvent accompagné d’une planche en bois courbe fixée à un axe et des roulettes. C’est évidemment geignard, truffé de refrains abrutissants (‘Heydays’), mais ça dégage une force enfouie qui nous amène l’été comme par enchantement un 13 avril et nous fait voir la vie en (beaux) clichés Larry Clark. (am)
Andreya Triana ‘Giants’ Counter Records/Pias
She’s a ‘Keeper’. On raconte qu’elle fut un de ces oiseaux de paradis dont Flying Lotus (à moins que ça ne soit Bonobo) laissa un jour la cage grand ouverte, persuadé qu’en permettant à autant de belles humeurs, libres et tièdes, de s’échapper, la pièce en serait teintée de ‘Gold’, d’émanations pétillantes. On dit même que cette prise d’autonomie ne changea pas sa nature altière, lionne au repos, prête à distribuer tout ce qu’elle n’avait jamais reçu. Elle ne demanda qu’un petit pied-à-terre dans le quartier d’une de ces villes jamais désuètes, qu’un balcon d’où arroser en gouttelettes soul des grappes de glycine, d’où gazouiller une ‘Lullaby’ aux beats chatouilleurs, concentrée en sagesse astucieuse, pour toutes les rieuses sœurs du bloc. Frondeuse comme Lauryn Hill, rauque et miel, elle continua à faire ses courses au drugstore du coin. Secoua vivement quelques tapis, regarda la cité se fissurer en fugues fourmillantes. Modela son amour des vocalises de multiples façons et ne s’arrêta ni au coucher du soleil, ni quand tourbillonnèrent les premières feuilles sur des écolières en collants, jouant à la marelle : « it’s not over, oh no, it’s not over ». (alr)
Van Morrisson ‘Duets : Re-Working The Catalogue’ RCA Records
De cette compilation de réinterprétations en duo de titres de Van the Man, il serait tentant de ne faire qu’une bouchée en la considérant comme une piteuse tentative de ravalement de façade à grande échelle. Mais, parce que le parcours discographique du Nord-Irlandais s’est toujours davantage assimilé à une épopée qu’à une carrière savam-
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beurssc5ouwburg .be
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Earteam
ment construite, c’est avec plus de curiosité que de cynisme qu’on a goûté à cette succession de reprises. Renonçant soigneusement et sciemment aux hits les plus populaires, l’exercice donne à entendre ou à réentendre des compositions passées par les mailles du filet de la mémoire collective. Le barde nord-irlandais et sa soul blanche lyrique et teintée de mysticisme y sont parfaitement mis en valeur avec une mention spéciale pour des titres bouleversants comme ‘Some Peace Of Mind’ et ‘Whatever Happened to P.J. Proby’. Comme par ailleurs le casting des invités évite toute forme de jeunisme (Michaël Bublé mis à part), le fruit de cette confrontation des styles et des personnalités est à recommander autant aux fans hardcore qu’à ceux qui souhaitent découvrir la profondeur du répertoire de Van Morrisson. (gle)
Various ’Autopilot’ Albumlabel
Actif depuis 1997 et dirigé de main de maître par Guido Möbius (trois albums plus que recommandables sur Karaoke Kalk), l’éditeur musical Autopilot fête sa majorité civile avec une compilation aux noms aussi divers qu’appréciables. Si certains d’entre eux nous sont connus depuis belle lurette, d’autres semblent surgis de nulle part (enfin si, de Berlin) et cette fois encore, le coup de découverte vaut le détour. Évacuons d’emblée la (relative) déception F.S. Blumm/Nils Frahm, qui ne contentera que les défenseurs acharnés du label Morr Music, concentrons-nous sur l’essentiel, les nombreuses réussites de la compilation. Déjà, on est heureux d’avoir des nouvelles de Springintgut (tant son ‘Park And Ride’ nous avait marqués en 2007) et son ‘Northface Springs’ le montre toujours en belle forme néo-classique ambient (même si le morceau date de 2013). Si, dans un registre voisin, F.S. Blumm (again) est bien plus à l’aise en solo, on devient paf d’enthousiasme face aux noms moins courus. D’entrée de jeu, Air Cushion Finish nous fout la branlée, du genre Devendra Banhart drague Gudrun Gut. Et plus loin, Lars Paukstat montre qu’il n’est pas compatriote de The Notwist pour les coui**** de Markus Acher. Et ça le fait. Grave. (fv)
Various ‘The Odyssey : A Northern Soul Time-Capsule’ Harmless
La northern soul, le film éponyme aidant, est à la mode, c’est définitif. Du coup, Harmless, après avoir déjà publié l’excellente bande originale du film, y va d’un coffret en forme de « tout-ce-qui-restera-de-la-northernsoul-quand-on-aura-tout-oublié » : huit cds, deux dvds, quelque deux cent trente titres, un documentaire réalisé pour l’occasion et deux interviews en profondeur sorties des archives, un choix des titres quasi impeccable (l’amateur trouvera toujours l’un ou l’autre titre qui lui manque – à titre personnel, le ‘What’ de Judy Street), le tout contenu dans un coffret solide et accompagné d’un livret de cent soixante pages richement illustré, et à un prix plus qu’honorable. De toute évidence, chez Harmless, on a décidé de casser sa tirelire et d’en plus s’offrir des licenses pour tous les labels, y compris les majors, ce qui implique un tracklisting diversifié mais réparti selon les différentes « périodes » de la northern soul, en tout cas ses clubs majeurs dans l’ordre d’apparition de ceux-ci, le tout couvrant les années 1968 à 2014. Du
Wire ‘Wire’ PinkFlag
Parce que son esthétique postmoderne lui a toujours permis de voir plus loin que le bout du nez de son époque, Wire est un cas presque unique de longévité dans la dignité. Et ceux qui guettent ici l’épave bonne pour la casse en seront à nouveau pour leurs frais. C’est en effet une rutilante voiture de collection qui se présente au contrôle technique deux ans presque jour pour jour après l’excellent ‘Change Become Us’. Avec un 14ème album en forme de manifeste puisque le quatuor accouche - non sans un certain cynisme - du chaînon manquant dans sa plantureuse discographie : l’album éponyme, soit celui sensé affirmer l’identité du groupe ! Et si ce ‘Wire’ ne dévoile effectivement aucune innovation majeure dans le son de la formation, il réplique et régénère aussi savamment que parcimonieusement l’ADN de ses œuvres originelles et de sa mythique trilogie ‘Pink Flag’, ‘Chairs Missing’ et ‘154’. Portées par la voix si caractéristique de Colin Newman, des ritournelles cryptiques mais éminemment inscrites dans l’époque se conjuguent à des arrangements en perpétuelle réinvention pour protéger l’ensemble de l’exercice de style rétrograde ou régressif. Conçu comme un long crescendo de 44 minutes, l’album se noircit, se densifie, s’électrifie et se gonfle d’énergie au fil des minutes pour culminer sur les huit minutes de ‘Harpooned’ qui figurent peut-être parmi les plus abrasives de la large collection du groupe. La preuve que Wire est encore loin d’avoir tout dit. (gle)
coup, on traverse l’histoire d’une certaine soul à danser, des épigones de Motown à la modern soul, en passant par du new breed, des instrumentaux – il y a même quelques titres mid-tempo pour faire bonne mesure. L’objectif assumé est donc atteint, même pour l’amateur (grâce à quelques remastérisations plus qu’opportunes) ; aux curieux d’aller éventuellement plus loin. (ds)
The Very Best ‘Makes A King’ Moshi Moshi Records
Rayon pop globale exubérante – entendre j’arrive après Vampire Weekend et je fais ce que je peux pour tenter de m’en démarquer, quitte à inviter son bassiste sur deux morceaux –, The Very Best revient avec un troisième disque qui ne restera pas forcément dans les mémoires de porcs-épics. Ni même d’éléphants. Le truc est vachement agréable mais, malgré la présence du vieux Sénégalais Baaba Maal, c’est soit l’Afrique des vols charters, soit de l’attrape-hipster gros comme ça (‘Hear Me’ ou comme de l’Alt-J de brousse, mais en raté), soit encore du beat bouge-cul pour gentils organisateurs (‘Sweka’, ‘Ufumu’). Passable mais un poil grossier. (lg)
von Stroheim ‘Sing for Blood’ Navalorama/Mandai
Récemment, le nom de Dominique Van Cappellen-Waldock est revenu à plusieurs reprises dans ces pages, que cela soit avec son groupe Baby Fire ou ses collaborations avec Doug Scharin et LAS Vegas. Ici, c’est au sein d’un trio que cette chanteuse/claviériste bruxelloise évolue. S’il emprunte son nom au cinéaste et acteur, c’est sans doute par affinité de démarche; une attirance pour le cinéma que l’on retrouve aussi dans quelques fragments de dialogues extraits de films d’Orson Wells et Maxwell Shane. Pourtant, cette musique est loin d’être atmosphérique ou cinématographique, les quatre titres de ce premier e.p. sont forgés dans le moule d’un rock sombre, métallique, rêche, revêche ou parfois dépouillé qui évoque tour à tour Neurosis, OM ou Jarboe (‘Pale Man’). (et)
Wand ‘Golem’ In The Red Records
Vous en avez marre du psyché ? Passez votre chemin. Les prolifiques Wand (le pré-
cédent sortait en août 2014) s’aventurent une fois de plus sur les terres des amplis à lampes et des reverbs hallucinogènes. Rejoignant la grande famille from LA des White Fence, Thee Oh Sees et autres Ty Segall (dont le nom apparaît dans les remerciements), Wand - littéralement baguette magique - y va à grand renfort de pouvoirs surnaturels pour nous faire planer. De la créatine plein le pif, le quatuor estime judicieux de nous sortir ses muscles saillants en guise de pré-séance d’hypnose. Pas mal. Tentaculaire, vertigineux, granuleux, tels sont de vulgaires épithètes qu’on pourrait coller sur la jaquette de leur disque. Mais lorsqu’arrive ‘Melted Rope’, sorte de réponse fantasmée au ‘Time’ de Ty Segall, la donne change complètement. Le pendule oscille. On louche, d’Ithaque au tac. Les yeux se ferment. En quatre couleurs. Affrété en notre honneur, un tapis nous fait du charme. On monte, on s’élève. Au loin, le chant des sirènes. Cap sur Messine, des nymphes nous appellent. Quatre minutes onze plus tard, Circé tente, en vain, de nous raisonner. Qu’elle s’époumone, on ne compte pas faire machine arrière. (am)
Warmduscher Khaki Tears Trashmouth Records
Collaboration fébrile ou récréation futile ? Les zozos Saul et Jack de Fat White Family jamment plein tubes sur leurs instruments, rejoints par Mutato Pintado (Paranoid London) qui semble errer autour en coulisses en quête de David Thomas ou de Captain Beefheart. Ça prend l’eau de partout, ça s’arrête sur du post-punk ricanant et ça repart en mode garage lo-fi, ça pue la clope, le béton et le live à plein nez - techniquement on croirait MC5 ; dans le ton ça ressemble aux premiers Ween. Ces poules mouillées de Warmduscher n’ont pas froid aux yeux : ils enfilent les godasses 48 fillettes de Mark E Smith et singent bruyamment Gong sur des bandes qu’on jurerait datées des années 80 et dont ils se fichent bien qu’elles tournent entre les prises. Tout ça est produit avec les pieds et putain qu’est-ce que ça sonne bien : on entend l’espace, les briques, le lino, les mecs à trois mètres de leurs micros, la poussière dans les murs tapissés et les cuivres de passage laissés dans le couloir.
‘Khaki Tears’, c’est une enfilade de blagues de cul qu’un poivrot te gueule à l’oreille à quatre heure du mat’ en oubliant toutes les chûtes. Trente minutes brèves mais intenses, comme me disait encore ta mère. (ab)
Juan Wauters ‘Who Me?’ Captured Tracks/Konkurrent
En 2002, Juan Wauters a quitté l’Uruguay pour poser ses valises aux pieds de la Statue de la Liberté. Obnubilé par les mythes alternatifs du rock new-yorkais, le garçon s’est mis à gratter ses passions sur des cordes en nylon. Guitare à la main, l’artiste chante aujourd’hui son rêve américain : un monde attachant et déglingué, inspiré par l’énergie et les odeurs de la ville. Du Queens à Brooklyn, de Central Park à Washington Square, les mélodies flânent sur le bitume en toute simplicité. Avec son premier album (le trésor caché ‘North American Poetry’), Juan Wauters s’était révélé en apôtre métissé de la scène anti-folk, enfant caché de Leonard Cohen et Daniel Johnston. Moins fou, plus posé et ensoleillé, son deuxième album (‘Who Me ?’) trace un trait d’union (square) entre les chansons d’Herman Düne et les œuvres sol(it)aires de Jonathan Richman. En espagnol ou en anglais dans le texte, l’Uruguayen contemple le monde avec les yeux d’un gamin. En treize morceaux, il épluche le banal du quotidien à l’aide d’un humour mélancolique et décalé. Attachant, mais pas aussi bouleversant que son coup d’essai. (na)
Waxahatchee ‘Ivy Tripp’ Wichita Recordings
En 2013, Katie Crutchfield aka Waxahatchee (à vos souhaits) faisait paraître un premier essai (‘Cerulean Salt’) qui aurait aimé évoquer les univers dépouillés et torturés de Sharon Van Etten et de Cat Power. Mais si la musique tirait pleinement profit des maigres ressources dont elle était priée de se contenter, le songwriting n’en demeurait pas moins chétif. Entre pop-rock candide, folk tristounet ou balades pianistiques douces-amères, l’américaine remet ici le couvert avec un disque qui semble avoir été conçu avec davantage de moyens. La demoiselle s’offre cependant toujours au saut du lit, sans fard, laissant à la guitare et à la batterie le gros du tissage. Et dans un premier temps, à l’image du Solal de ‘Belle du Seigneur’, on tombe comme un bleu sous les sortilèges déployés par cette fille désarmante mais un peu dinde. Précisément à cause d’éléments qui seraient perçus dans d’autres circonstances comme rédhibitoires : un son très connoté 90’s et une forme de cousinage hybride avec Alanis Morrissette et les Breeders. Illustration notamment avec le rock lourdaud d’‘Under A Rock’ ou avec le très Pavement ‘<’ : c’est brut, intuitif et diablement efficace. Une série d’adjectifs valables pour les onze autres titres même si on sent Katie Crutchfield plus à l’aise dans le format rock que dans la confidence affective. (gle)
We Are Bodies ‘S/T’ Membran
Le mois passé, je recevais le nouvel embryon tout malade d’Archive. 30 jours et des poussières plus tard, c’est We Are Bodies, dernier produit incestueux de la grande famille consanguine british qui se loge en catimini dans ma livraison mensuelle de pralines. Crise d’angoisse. Je me sens comme... poursuivi. Vous voyez la chanson ‘Le
Earteam 20.04.2005’ de Katerine ? Dans le rôle de Katerine, c’est moi. Dans celui de Marine Le Pen, c’est Dave (Le) Pen. Y a pas de hasard. « -Ce jour là j’me suis dit qu’il aurait mieux fallu rester chez moi. -Fallu... Fallu... C’est... C’est un mot ? C’est, c’est quoi, c’est heu ? Passé compliqué ça ? - Non il aurait, il aurait mieux fallu c’est, euh, conditionnel passé première forme. Tu vois là on aurait pu dire «il aurait mieux valu» aussi, mais, du verbe valoir. C’eut été plus élégant. » (am)
We Are The City ‘Violent’ Sinnbus
Les Canadiens de We Are The City, dont c’est ici la réédition à l’internationale d’un album sorti en 2013, font comme les petits garçons. Ils jouent aux grands par imitation des grands : Born Ruffians, Vampire Weekend, Grizzly Bear. La pantomime est plaisante, la volonté est là, mais ‘Violent’ renvoie la maladresse d’un groupe à la personnalité pâte-àmodeler : ça manque de forme définie et ça colle aux doigts. Un peu dans le style d’un Tokyo Police Club où l’exigence rock indie dégouline d’intentions batardes, We Are The City mêle postures arty et intonations emo : la cuisson est tantôt trop fade, tantôt peu digeste. C’est lorsqu’on découvre que l’album ‘Violent’ a pour jumeau un film du même nom, réalisé par le groupe et plébiscité à sa sortie, que l’intérêt pointe son nez. Infatigables filmeurs, les frères Huculiak réalisent des vidéos pour chaque morceau de We Are The City ; un désir d’images qui a culminé avec ce projet tourné en Norvège et des plans tétanisants de beauté. On est plutôt avide de découvrir ce qui se cache derrière ce long métrage (dont l’album est un compagnon de route) que d’attendre un troisième disque. (ab)
Scott Weiland And The Wildabouts ‘Blaster’ Ear Music/Edel
Scott Weiland est une véritable légende du
rock, lui qui a été le frontman de l’un des plus grands groups de grunge, les Stone Temple Pilots, tout en ayant fait partie du super groupe Velvet Revolver. Sur ce qui est avant tout un projet solo, Weiland démontre qu’il n’a rien perdu de son registre vocal incroyable, pouvant hurler et crooner, parfois en même temps, toujours avec talent. Par contre, on n’est pas convaincu à 100% sur le plan musical. Alors que notre ami avait pour ambition de signer un disque de rock heavy et sexy, trop de compositions bandent un peu mou, faisant dans la ballade façon Aerosmith ou le rock downtempo plat. Heureusement, Weiland nous montre que le fait d’approcher de la cinquantaine ne le condamne pas forcément à faire le beau dans un casino à Las Vegas et plusieurs morceaux envoient le bois. On apprécie les résolument rock et enlevés ‘Modzilla’ et ‘White lightning’, le post grunge tendu de ‘Bleed out’ ainsi que le terriblement immédiat ‘Blue eyes’. Enfin, on adore la reprise furieuse du grand classique glam qu’est ‘20th century boy’. (pf)
Leo Bud Welch ‘I Don’t Prefer No Blues’ Fat Possum
Du blues. Du blues dans le propos et dans la forme. Rien que du blues. Les gestes et les postures du blues. Les tics et les maniérismes du blues. A 83 balais, Leo Bud Welch persiste et signe. La semaine dernière, il était invité par le conservatoire du Grand Cahors à présider une master class. Pourtant, il lui aura fallu tout une vie pour lui permettre d’enfin porter au monde sa musique. Une vie qu’il aura passé en grande partie comme ouvrier agricole dans les champs de coton et ensuite comme bûcheron dans une scierie perdue du Mississippi. Cet album n’est jamais que le second après un premier consacré au gospel, ‘Sabougla Voices’, sorti l’année dernière. Welch y chante sa vie et les femmes. La femme rêvée. La femme partie. La femme Cadillac.
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La femme ange noir. Une voix éraillée, cendrée, solide comme un chêne. Et, à vrai dire, l’incarnation de ce qui apparaît déjà comme un testament. (et)
Wild Classical Music Ensemble
Bill Wells and Aidan Moffat
Cet ensemble auto-proclamé n’a en soi rien de classique et n’est en aucun cas l’émanation d’un programme institutionnel subsidié. Il tient de la rencontre désintéressée entre Damien Magnette, un batteur engagé et inventif, et un groupe d’handicapés mentaux. Les premiers pas furent ceux réalisés en 2007 au sein d’un atelier sous l’égide de Wit.h, une association basée à Courtrai accompagnant les créateurs présentant une déficience intellectuelle. Peu après, un véritable groupe émergeait et proposait un premier album éponyme réalisé sur le label Sub Rosa dans sa série ‘Musics in Margins’. Plus tard, le collectif s’est adjoint un chanteur complémentaire, véritable showman, et un bassiste jouant sur un instrument bricolé in situ. Ce deuxième album s’aborde avec une oreille volontairement curieuse tant la démarche singulière qu’il reflète mérite d’être bien comprise. Il en est de même pour la langue qu’il véhicule dès lors que celle-ci se départ de ses repères sémantiques et phonétiques traditionnels. Musicalement, on est à la croisée d’un rock bruitiste sans complexe et de la chanson faussement naïve. Ci et là, des intonations d’un jazz libre et non académique viennent se perdre dans le détour de morceaux robustes et expressionnistes. Le groupe jouera live au Botanique ce 9 mai aux côté de Facteur Cheval, le combo de Magnette mais aussi la référence indiciaire d’un art en marge. (et)
‘The Most Important Place In The World’ Chemikal Underground
La collaboration entre Bill Wells et Aidan Moffat remonte à plus de dix ans, quand, travaillant ensemble sur l’album ‘Monday At The Hug & Pint’ d’Arab Strap, ils ourdirent un projet au sein duquel ils pourraient confronter leurs idées respectives. Depuis, il y eu le très beau ‘Everything’s Getting Older’ sorti en 2011, puisant son inspiration notamment dans l’écriture d’Arthur Schnitzler. Ce deuxième album voit la paire consolider l’assise de ses chansons, rehausser ses arrangements en recourant à des instrumentistes à vent, un quatuor à cordes et même un chœur. La plage introductive ‘On The Motorway’ s’ouvre sur le tic-tac régulier d’un compteur imprimant sa cadence aux déclinaisons chavirantes d’un piano d’un autre siècle, l’impression d’être soudainement projeté dans un film d’Eustache. Sur ‘Street Pastor Colloquy, 3am’, c’est tout le gospel calédonien qui vous étreint. ‘This Dark Desire’ et ‘The Tangle Of Us’ nous font songer à une autre paire, celle, historique, de Burt Bacharah et Hal David. ‘Far From You’ s’affirme dans son dépouillement. Le malicieux ‘Vanilla’ dit le désarroi de l’instant amoureux sous la forme légère d’un intermède publicitaire des sixties. Au final, ce disque puise sa force dans la pluralité des atmosphères qu’il suscite sans jamais les forcer. Brillant. (et)
‘Tapping Is Clapping’ Humpt y Dumpt y/Pias
Young Fathers ‘White Men Are Black Men Too’ Big Dada/Pias
Hyperactif depuis 2011, le groupe d’Edimbourg poursuit son irrésistible ascension vers les sommets d’une pop hybride : une musique multiculturelle, métissée et toutterrain qui se complaît à rassembler les genres au-delà des frontières. Cette identité plurielle ressurgit d’emblée sur la pochette du deuxième album des Écossais. Tamponné en bleu foncé, le titre ‘White Men Are Black Men Too’ résonne comme un slogan et s’applique ici tel un leitmotiv. En douze titres, Young Fathers culbute les préjugés raciaux en fusionnant les clichés territoriaux. Du coup, c’est un peu la fête du slip dans les enceintes de ce sound system universel : rock, hip-hop, trip-hop, country, gospel, reggaeton, soul, chants vaudous et rythmes électroniques copulent à la hâte sur l’autel de la mondialisation. La luxure est totale, la mixture originale, mais pas vraiment inédite. Young Fathers avait déjà mis un sérieux coup de pied au cul des traditions sur deux EP’s indispensables (‘Tape One’ et ‘Tape Two’) et un album somme toute passable (‘Dead’). Bon, mais touffu, ce nouvel essai fourre-tout vient réconforter les fans désabusés de TV On The Radio avec quelques morceaux rentre-dedans (‘Shame’, ‘Dare Me’), une transe épileptique (‘Old Rock’n’Roll’) et quelques décharges d’adrénaline gravées dans la mémoire d’un laptop ou figées sur les touches d’un synthé. Un beau bordel (presque trop bien) organisé. (na)
28 Nuits Botanique
09-19/05 Botanique (Bruxelles) The Soft Moon © Dennis Shoenberg
Dès l’entame du 9 mai, Les Nuis Botanique soumettront leurs visiteurs au casse-tête bien connu : quelle salle choisir ? Sous le Chapiteau, Benjamin Clementine sera bien entouré : d’un côté Adrian Crowley (barde à la voix de crooner pour des instants de magie qu’on pensait réservés à Leonard Cohen et Bill Callahan), de l’autre Le Colisée (tendant son fil entre François & The Atlas Mountains et Bruxelles). Le retour de Véronique Vincent & Aksak Maboul, salué à juste titre comme un événement, passera par la Rotonde. A l’Orangerie, la poésie fantomatique de Ghostpoet. // Attention, faut pas croire, les Nuits Botanique, savent parler à tous les publics. Pour se pâmer devant un groupe de rock d’estrade aux neurones en grève, ne manquez pas Talisco. A côté, à la tangente du rock, de la pop et du jazz, le monde de Sophie Hunger, modèle d’éclectisme musical, fusionne et harmonise les genres avec intelligence. Choc des cultures à prévoir. Encore que ! Les friandises radiophoniques d’Asa devraient réconcilier tout le monde. Un Chapiteau pour les accueillir tous (le 10) ! Autres sons de cloche à l’Orangerie : la créature nostalgique, juniore et hollandaise Jacco Gardner revient pour un tour de manège enchanté. Quitte à se faire damer le pion par Alamo Race Track. Histoire de ne pas finir aux objets trouvés, Grand Blanc dénudera les fils de la nuit à la Rotonde, ceux qui cherchent trouveront (aussi) Bagarre. // Le label 62 TV fêtera ses vingt ans au Grand Salon (le 12). Le garage espagnol a ce mérite : celui d’y aller franco. Mujeres, donc. Carrément les Thee Oh Sees catalans, les Black Lips ibériques ! Plus appliqués, les bons élèves canadiens de Young Rival choisissent les crayons de bonne couleur et tirent la langue pour ne pas dépasser. Cet été, avec Italian Boyfriend on n’aura aucun mal à commander à nouveau de la stracciatella sans ciller chez le glacier. Avec aussi Mad Dog Loose, Alpha Whale, Paon. // Notre spécialiste ès Dominique A nous jure qu’il vieillit mieux que tous les autres au point de faire mentir celui qui chantait les habitudes qui se perdent. Si avec ça vous ne baptisez pas votre prochain bébé Eléor, c’est à n’y rien comprendre ! Un mercredi « en famille » au Cirque donc avec Joy et le come-back de Laetitia Shériff. Sous Chapiteau, Rone présentera son mille-feuilles sonique, son électronique faisant du plat au meilleur de la pop synthétique. Canadien paumé sous le soleil californien, Tobias Jesso Jr. joue les romantiques et s’impose dans l’épure au Grand Salon. // A grands renforts de boîtes à rythmes et de bleep, le duo de Nantaises Mansfield TYA (un violon, une guitare) prodigue aussi de véritables petites bombes à danser (le 14 au Grand Salon). Balthazar a trimballé sa pop ambitieuse des States au Japon et les Courtraisiens de se transformer en rock star. D’où le Cirque Royal. CQFD. La musique de Songhoy Blues est d’utilité publique. Comme tous ces disques qui viennent du Mali et qui revendiquent ce même droit à la musique, à l’existence. Puissant, fort, nécessaire ! Aussi ‘Dry’ et sans concessions qu’une PJ des origines, aussi hypnotique en riffs qu’en retenue, Nadine Shah. Approcher de tout près l’épiderme du typhon. Emballez d’Hindi Zahra, sous Chapiteau, c’est pour offrir. Il faudra vérifier sur pièce si Feu ! Chatterton le met aux poudres. // Entre Patrick Watson, toujours perché haut, glanant tous azimuts matière nouvelle et pirouettes, et Conor O’Brien aka Villagers dont le nouvel album est une gifle pop-folk,
vendredi 01 mai Roots & Roses Festival: Wovenhand, Mudhoney, The Excitements, Rory Block, Romano Nervoso, The Computers, The Hackensaw Boys, Hell’s Kitchen, Daddy Long Legs, Louis Barabbas & The Bedlam Six, The Glücks, Boogie Beasts @ Festivalterrein, Lessen Terrain de festival, Lessines, rootsandroses.be Les Aralunaires: Paon, Lata Gouveia & Jeff Herr, Stranger Than Paradise; The Belgians, It It Anita, Johnny Dick, Billy Quintessence, Les Alchimistes @ Entrepôt, Arlon, aralunaires.be Groezrock: Social Distortion, Lagwagon, Pennywise, Broilers, Atreyu, Motion City Soundstrack, Defeater, Unearth, The Ghost Inside, Against Me!, Title Fight, Trash Talk, Suicide Silence, Emmure, Stick To Your Guns, The Dwarves, While She Sleeps, Iron Reagan, Cancer Bats, Ceremony, Set It Off, The Smith Street Band, The Swellers, Whitechapel, Carnifex, Set Things Right, …. @ Festivalterrein, Meerhout, groezrock.be Inc’Rock: Olonzo, Airco, BJ Scott, Cali, Convok, Crapulax, Georgio, Gradur, Guizmo, Minimal B, Joeystarr Soundsystem, L’Hexaler, La Smala, Ligne 81, Lino & Arsenik, Psychonaut, Taïro, Yannis Odua, … @ Site de la Carriere d’Opprebais, Incourt, incrockfestival.be Century Festival: Igor Vicente, Sebastien Bouchet, Matthus Raman, Urban C, Luke Massetti, Adrian, Thms @ Plaine de Neckere, Mouscron, centuryfestival.be Beyonderground: Rizon Parein, Genevieve Gauckler, Trapped In Suburbia, Waaitt, Studio Ah-Ha, … @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be The Colorist ft Sumie Nagano @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gov’t Mule @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be The Memories, Dignan Porch @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be White Hills @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be K.H.Ypriana & guests: Ypres, as we remember @ +02/05-Het Perron, Ieper, acci.be The Spectors, Faces On TV @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Matthieu Ha @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com 90’s Party: The Hootenannys @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
gigs& parties mai 2015
mardi 05 mai Robben Ford @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Dälek, Lorn, Moodie Black @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Floating Vibes #3: DJ-sets by Wallace Vanborn, Tubelight, I Will, I Swear @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Villagers @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
mercredi 06 mai Festival des Nuits du Beau Tas: Zahava Seewald & Michaël Grébil & Christophe Morisset @ Potemkine, Bruxelles, facebook.com/ events/893233370728072/ Yo!Fest: Massilia Sound System, DJ’s & Winners of the Emerging Band Contest @ Esplanade Of The European Parliament, Bruxelles, yofest.eu Jali; Daniel Norgren @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jane Doe & The Black Bourgeaoises, Kate & Joe BB @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve The Posies, Andy Shauf @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Slice Of Pie, Onoe Capono, Grems & Le Jouage @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Bony King, Nicolas Michaux @ Reflektor, Liège, reflektor.be And So I Watch You From Afar, Mylets @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Jacco Gardner, Eerie Wanda @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
samedi 02 mai
jeudi 07 mai
Les Aralunaires: Jacky Terrasson & Stéphane Belmondo; MLCD, She Keeps Bees, Scarlett O’Hanna, … @ Entrepôt, Arlon, aralunaires.be Groezrock: Refused, Milencolin, American Nightmare, Satanic Surfers, Agnostic Front, Comeback Kid, Good Riddance, Make Do And Mend, Such Gold, As Friends Rust, Banner Pilot, Basement Off!, Psycho 44, Frenzal Rhomb, Teenage Bottlerocket, Turbowolf, Bane, Reign Supreme, Timeshares, Off With Their Heads, Throwdown, Turnstile… @ Festivalterrein, Meerhout, groezrock.be Century Festival: Quadrupede, Gonzo, Alaska Gold Rush, It It Anita, Joe4, La Jungle, Ilydaen, Made In, Omble Chevalier @ Plaine de Neckere, Mouscron, centuryfestival.be Festival des Nuits du Beau Tas: Mikeal Jakson @ Student, Bruxelles, facebook.com/events/893233370728072/ Inc’Rock: Go Go Berlin, Gonzo, Jali, Machiavel, Renan Luce, Skip The Use, The Shin Sekai, The Dukes, … @ Site de la Carriere d’Opprebais, Incourt, incrockfestival.be Beyonderground: Jazzanova DJ’s, Mister Critical, Psoman, & Bosman; Rizon Parein, Genevieve Gauckler, Trapped In Suburbia, Waaitt, Studio Ah-Ha, … @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Going, Meurs!/Apolune @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Bed Rugs, Whatever @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Selofan; Rollermadness @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Belpop Bonanza Bis @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Daan @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Mr Beatnik @ l’Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalierCaf%C3%A9/246445725399354 Reverse ft Uner B2B Technasia, State Of Flow, … @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Yves De Ruyter, DJ George’s, Dave Swayze, Phi Phi, Marko De La Rocca, CP, Quincy, Michael Forzza @ De Kreun, Kortrijk, historyoftrance.be The Colorist @ Muziekacademie Dil’Arte, Dilbeek Los Ninos: Christeene, Roosevelt, Bruxe Botnik, The Stress @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Xyloris White @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Stereo MC’s @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be And So I Watch You From Afar, Billions Of Comrade, Mylets @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Worakls, N’To, Efix, Joachim Pastor @ Aéronef, Lille, Fr 24 Heures Electronique: Cotton Claw, Mouse On Mars, Cleveland, 24 Heures Lab, E-Lodie, Week Of Kindness dj-set, … … @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Grey Station, Renegade Brass Band, … @ Kulturfabrik, Esch-surAlzette, Lux, kulturfabrik.lu
Honest House 10years: Exit Verse (Geoff Farina’s Trio), Futurians @ L’An Vert, Liège, honesthouse.be Festival des Nuits du Beau Tas: Soirée ‘Foehn’: Tom Jackson, Jacques Foschia & Maurice Charles Jj @ Potemkine, Bruxelles, facebook.com/events/893233370728072/ Jazz à Liège: Melanie De Biasio, Dani Klein & Sal La Rocca Quartet @ Palais des Congres, Liège, jazzaliege.be Charlie Winston; Raymond Van Het Groenewoud @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Faces On TV @ Bar Hotel Meininger, Bruxelles, busker.be Pawas @ l’Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalierCaf%C3%A9/246445725399354 Son Lux @ son des Musiques, Bruxelles, vkconcerts.be Melechesh, Keep Of Kalessin, Tribulation @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Calibro 35, Hoboken Division, DJ’s Globul, The Lizzies, Brussels Pony Club @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com The Abyssinians @ Trix, Antwerpen, trixonline.be D.Bangerz, Liam-Ki & Oncl’ Phil @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com I’m From Barcelona @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr Patrice @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Jacco Gardner @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
dimanche 03 mai Les Aralunaires: Bastien Lallemant, J-Nataf, Camélia Jordana, Babx; Melanie De Biasio @ Entrepôt, Arlon, aralunaires.be Obliterations, We’re Wolves @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Klone, Lesoir @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Julianna Barwick, Mathieu Serruys @ Stuk, Leuven, stuk.be Dälek, Lorn, Moodie Black, DJ Sebcat @ Vk, Bxl, vkconcerts.be And So I Watch You From Afar, Mylets @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
lundi 01 mai The Hickey Underworld, Massis @ Het Depot, Leuven Marble Souns & special guests @ Rits-café, Bruxelles
vendredi 08 mai Jazz à Liège: C.W.Stoneking, The Left Arm Of Buddah, Orchestra Vivo!; Ruby; Thomas De Pourquery ‘Supersonic’ , … @ Palais des Congres, Liège, jazzaliege.be Exit Verse @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be The Van Jets, Bed Rugs; Lightnin’ Guy @ AB, Bruxelles, abconcerts.be John Ghost @ Epaulé Jeté, Bruxelles, poppunt.be Total Chaos, Speedozer, Les Lapins Electriques @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Limbolink: The Strzebonsky Noizescene, Dorian And The Grays, Monster Youth @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Jus Now, Serocee, Pelikann @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Ravenous, Flapjackers, Major Maeyer, Soulcity @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Calibro 35 @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Balaise Knights @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Charlie Winston, Tom Baxter @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
samedi 09 mai Les Nuits Botaniques: Benjamin Clementine, Adrian Crowley, Le Colisée; Ghostpoet, Clark, Helena Hauff; Veronique Vincent & Asak Maboul, Blondy Brownie, Gazelle Twin, Blanck Mass; Wild Classical Music Ensemble, Gontard, Facteur Cheval, Walter Hus, Orphan Swords & DJ Maze @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Festival des Nuits du Beau Tas: AYA†OLLAH! - HAG - Seb & The Rhâââ Dicks - Binaire - Pedro de la Hoya @ Bokal Royal 123, Bruxelles, facebook.com/events/893233370728072/ Irisfeest: Ummet Ozcan, Yves V, Watermät, Henri PFR @ Place des Palais, Bruxelles, brussel.be Jazz à Liège: Omar Sosa Quarteto AfroCubano, TaxiWars, Avishai Cohen Trio, Kyle Eastwood, Groove Catchers ft Julien Stella, STUFF., …. @ Palais des Congres, Liège, jazzaliege.be Teddy Dan & The Irie Vibes Band, Soulfire Soundsystem ft Jacob Delafan @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be C.W. Stoneking; BRNS, Bokka, Forever Pavot @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
29 The Neon Judgement @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Chris Liebing & Marek, Hermann, Brehme, Fernando Costantini, … @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Nick Cave @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Elliot Murphy, Rory Block, The Blues Vision @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Pallino, & The Roosters, The Modest Men @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be The Magician, The Babel Orchestra, Fabrice Lig, Globule @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Gonzo @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Sud Sound System @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Villagers @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Rodriguez @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Tito Prince, Vald @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 10 mai Les Nuits Botaniques: Asa, Sophie Hunger, Talisco; Jacco Gardner, Alamo Race Track; Grand Blanc, Bagarre; Phoria, Den Sorte Skole, Walter Hus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Irisfeest: Babylon Circus, Sarah Carlier @ Place des Palais, Bruxelles, brussel.be Bassekou Kouyate @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Christina Vantzou, MP4 Quartet @ AB@les Ateliers Claus, Bruxelles, abconcerts.be Burning Heads, The Rebel Assholes, Not Scientists @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Nick Cave @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Roselien @ Stuk, Leuven, stuk.be Red Bull Bedroom Jam 2015 finale @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
lundi 11 mai Les Nuits Botaniques: Marina And The Diamonds, Alice On The Roof, DJ Flugvél OG Geimskip; Elvis Black Stars, Romano Nervoso, The K., Briqueville; Roscoe, Fabiola, STUFF.; Vuurwerk, FùGù Mango meets Binti, Joy Wellboy, Walter Hus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Intergalactic Lovers, Girls In Hawaii @ AB, Bxl, abconcerts.be Amongster @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be J.Cole @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Jonathan Jeremiah @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mardi 12 mai Les Nuits Botaniques: Aka Moon: BalkAlefBa, STUFF. @ Cirque Royal; Jonathan Jeremiah, Tout Va Bien, Joe Bel; Great Mountain Fire, Mammút, Dad Rocks!; 20th Anniversary 62TV Records: Paon, Alpha Whale, Mad Dog Loose, Young Rival, Mujeres, Italian Boyfriend @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Festival des Nuits du Beau Tas: Bulbul, Mile Me Deaf, Ze Zorgs @ Magasin 4, Bruxelles, facebook.com/events/893233370728072/ Laura Marling, Gill Landry @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Fùgù Mango meets Binti, Mountain Bike, Bel Ombre @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Marco Z @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be The Panties, Blackie & The Oohoos @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve Bulbul, Mile Me Deaf, Ze Zorgs @ Magasin4, Bxl, magasin4.be My Baby @ Merlo, Bruxelles, poppunt.be Stadskracht: Rape Blossoms, Faces On TV, The Tubs @ Stuk, Leuven, stuk.be Sophie Hunger @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Ghostpoet @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
mercredi 13 mai Les Nuits Botaniques: Dominique A, Joy, Laetitia Shériff @ Cirque Royal; Rone, Fakear, Haring; Kacem Wapalek, Lomepal, L’Or Du Commun, Ligne 81; Wand, Jessica93, Twerps; Tobias Jesso Jr., Flo Morrissey, Walter Hus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Arsenal +14-15-16-30-31/05; TaxiWars @ AB, Bruxelles, abconcerts.be One Bird Orchestra & Fools And Dirty Lovers @ Archipel, Bruxelles, poppunt.be Maceo Parker @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Carl Cox, Marco Bailey, Jon Rundell & Dany Rodriguez @ Cadran, Liège, lecadran.be Willow @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be J. Robinson @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Shigeto, The Comet Is Coming @ Reflektor, Liège, reflektor.be
jeudi 14 mai Les Nuits Botaniques: Balthazar @ Cirque Royal; Hindi Zahra, Songhoy Blues, Nadine Shah; Sóley, Aurora, Victoria + Jean; Feu! Chatterton, Ivan Tirtiaux; Mansfield. Tya ‘June Ten Years After’, Walter Hus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Dunk! Festival: Celestial Wolves, Cecelia::Eyes, Cordyceps, Wang Wen, Helen Money, Jakob, Monophona, Mono @ Jeugdheem De Populier, Zottegem, dunkfestival.be Eurorock: Stahlzeit, Depeche Mode Party, StuBru Was Het Nu 90-2000 @ Festivalsite, Neerpelt, eurorock.be Festival des Nuits du Beau Tas: ‘For John Cage’ de Morton Feldman par Stéphane Ginsburgh & Igor Semenoff @ Potemkine, Bruxelles, facebook.com/events/893233370728072/ Arsenal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Richard Comte, Jason Van Gulick @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Laetitia Sheriff, La Tentation Nihiliste @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Balthazar @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Poil, Ni, Goldorak @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Brian Templeton & Enrico Crivellaro @ MOD, Hasselt
Le Singe Blanc, Mujeres, Zero Tolerance For Silence, Radical Bastards, Pompom vs Evil Dick, Globul, Curver @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com 10 Years of Denovali: Greg Haines, Petrels, Ensemble Economique, Poppy Ackroyd @ Stuk, Leuven, stuk.be Stad Van Licht @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Patrick Watson; Joy Wellboy @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
vendredi 15 mai Les Nuits Botaniques: Chapelier Fou, Isaac Delusion, Beautiful Badness @ Cirque Royal; The Dø, Mew, Saint Saviour; Lapsley, Jake Isaac, Jeanne Added; Lapalux, Jam City; Nicolas Michaux, Dom La Nena, Walter Hus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Dunk! Festival: Hemelbestormer, Lehnen, Katabatic, Solkyri, Huracán, Doomina, Jo Quail, Tangled Toughts Of Leaving, Alice In The Cities, The Ocean, The Eye Of Time, Caspian @ Jeugdheem De Populier, Zottegem, dunkfestival.be Eurorock: Monica Jeffries, Kant Kino, Stin Scatzor, Portrait B, Implant, Alien Vampires, XMH, The Bellwether Syndicate, Star Industry, Luc Van Acker, A Split Second, Arbeid Adelt, The Honeymoon Cowboys, Customs, Diary Of Dreams, Cruxshadows, Suicide Commando, Vive La Fête, Oomph!, ASP, Apoptygma Berzerk, The Orb @ Festivalsite, Neerpelt, eurorock.be City Parade: Quentin Mosimann, Cosmic, Daddy K, Evan, Flash, Gizmo, Joss, Laurent Wery, Maestro, Magicut, Mlle Luna, Oxoon, Peter Luts, Recta, Vinz @ Expo, Charleroi, cityparade.be L’Envol Des Cités: Alice Et Arthur/Lia, JLB Riddim, Rouge United, Seektheduke, Trope, Dandy Shoes, Feel, Jane Doe And The Black Bourgeoises, Dario Mars And The Guillotines @ Le Palace, La Louvière, envoldescites.be Lonelady; Arsenal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Recorders, Birdy Hunt, Broadcast Island @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Lucie Dehli, Arnold Rapido @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Tei Shi, Anika, Sushiflow @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Berry Quincy, afterparty: Bobby Ewing @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Wille And the Bandit, What About It? @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Beverly Jo Scott @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Masters Of Reality, Wallace Vanborn @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Apollo Brown ft Kass & Rapper Big Pooh, Afu-Ra, Azer @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be The Neon Judgement @ Vooruit, Gent, vooruit.be Loco Dice, Robert Dietz, Goldfinch @ Wild Gallery, Bruxelles, silo.be
samedi 16 mai Les Nuits Botaniques: Louis Matthieu Joseph & Anna Chedid, Jain @ Cirque Royal; Birdy Nam Nam, Superpoze, Cotton Claw; Theophilus London, Pomrad, Mochélan Zoku; TOPS, Recorders; Soak, Eaves, Walter Hus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Dunk! Festival: Ilydaen, Astralia, Ornaments, The End Of The Ocean, Tom Wolf, Labirinto, Innerwoud, Year Of No Light, Sixth Minor, Maybeshewill, French Teen Idol, Amenra @ Jeugdheem De Populier, Zottegem, dunkfestival.be Eurorock: The Dallas Project, Lovelorn Dolls, The Juggernauts, Asrai, Lescure 13, Stoneman, Legend, Lacrimas Profundere, Crash Course In Science, Xandrai, Portion Control, Whispers In The Shadow, Absolute Body Control, Tanzwut, Peter Hook, Anathema, The Neon Judgement, Fields Of The Nephilim, Front 242, Therion, Killing Joke, Praga Khan DJ act @ Festivalsite, Neerpelt, eurorock.be City Parade: 2 Empress, Daddy K, Dimaro, Disco Dasco, DJ Licious, Dominico, Dux & Mr Dum, Furax, Henri Pfr, Kid Noize, Les Freres Cowens, Liam Summers, Nicki Sanchez, Rebel, Rodham, Thom Rise @ Expo, Charleroi, cityparade.be Woodywoodstock: My Diligence, The Blank Agains, From Kissing, Poulycroc, Konoba, B.Black And The Barber Shop Project, Like Like, Sons Of Disaster, Skarbone 14, Bob Doug @ Parking du Mont Saint Rock, Nivelles, woodywoodstock.be Arsenal; Quimby @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Alice In The Cities, Monster @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Mad Dog Loose, Beautiful Badness @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Aqmé, Sliver, Restricted Area @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Les Kitschenettes, DJ Souligan, Fred Bodysway, Défi Chris @ l’Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalierCaf%C3%A9/246445725399354 Joris Voorn, Âme, Edwin Oosterwal, Anton Pieete @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Hinds, Joe Speedboat @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Celeste, General Lee, Deuil, Siphilisation @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Swans, Okkyung Lee @ Reflektor, Liège, reflektor.be Black City @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Safi & Spreej, Daniël Busser @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
dimanche 17 mai Les Nuits Botaniques: Patrick Watson, Villagers @ Cirque Royal; Hot Chip, Shura, Alaska Alaska; Ibeyi, Yellowstraps; Kevin Morby, Steve Gunn; The Soft Moon, Prairie, Walter Hus @ Botanique, Bruxelles, Nicolas Michaux @ Alhambra, Mons, botanique.be Festival des Nuits du Beau Tas: Moe, Moon Relay, Shnok @ Magasin 4, Bruxelles, facebook.com/events/893233370728072/ The Gories @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be
c’est la toute belle soirée qui s’annonce au Cirque (le 17). L’autre formule du jour fait également des étincelles à la Rotonde avec Kevin Morby et Steve Gunn. Au Grand Salon, la darkwave obsidienne de The Soft Moon et, pour faire la paire, les ambiances troubles de Prairie. // Alouette, je te plumerai ! http://botanique.be/fr/project/les-nuits-fr/2015
Denovali 10 years
14/05 Stuk (Leuven)
Le label Denovali a, déjà, 10 ans. Rien ne semble arrêter sa course et l’extension de son catalogue en genres et en artistes. Pour l’occasion, la maison allemande a planifié une série de concert dans cinq pays européens dont la Belgique. La seule date belge se tiendra au Stuk à Leuven et réunira sur une même affiche les noms de Greg Haines, Petrels, Poppy Ackroyd et Ensemble Economique. Confectionneur d’atmosphères fantômes, Greg Haines s’était fait remarquer avec son très beau ‘Where We Were’ mixé par Nils Frahm sorti il y a deux ans. Petrels, aka Olivier Barrett, devrait présenter pour sa part son nouvel album ‘Flailing Tomb’ dont la sortie imminente devrait coïncider avec le concert. Poppy Ackroyd joue de tous les instruments à clavier imaginables (piano, harmonium, clavicorde, clavecin, épinette…) pour des musiques sensibles souvent destinées au théâtre ou à la danse. Brian Pyle, qui officie derrière la bannière Ensemble Economique, recourt souvent quant à lui à des enregistrements de terrain. Il affectionne aussi les drones et l’apport, discret mais prégnant, de voix féminines qu’il convie et convoque au gré de ses rencontres. Belle soirée en perspective. www.stuk.be
Lonelady
15/05 AB (Bruxelles) 17/05 Paradiso (Amsterdam) Julie Campbell, alias LoneLady, est l’exemple parfait de ce que l’on appelle communément un control freak. Dans l’intimité de son home studio, elle fait tout ou presque : composer les titres et les chanter, mais également prendre en charge l’exécution de la totalité de la musique, ce qui l’amène à manier avec dextérité claviers et drum machines, à expérimenter avec des percussions ou encore à jouer du violoncelle. Son album fascine et réinvente le post punk et la cold wave en leur donnant un éclat funky ultra sexy.
Kevin Morby 17/05 24/05 25/05 15/06
Nuits Bota (Bruxelles) Charlatan (Gand) La Péniche (Lille) Mad Café (Liège)
Le premier opus de Kevin Morby procure un sentiment de liberté presque comparable à celui de Sailor sur du Chris Isaak dans Wild At Heart - veste en peau de serpent en moins. Il est vrai que Morby revient baluchon sur l’épaule avec un ‘Still Life’ d’ores et déjà familier. Un disque qui déroule toute sa classe comme un éperon et décontenancerait presque par son assurance, son équilibre parfait entre fièvre et moiteur. Si les trois premiers titres commencent sur les chapeaux - Stetson, s’il vous plaît - de roue (‘The Jester, The Tramp, & The Acrobat’ qui délogerait la plume du cul de n’importe qui), le sublime ‘All of My Life’ nous replonge pour sept titres dans la folk presque tropicale qui distingue ce bouvier des éleveurs de chèvres.
30 Foxygen
17/05 Rockhal (Luxembourg) On avait quitté Sam Frances et Jonathan Rado en 2013 sur l’énorme succès d’un album pop sous influences Stonienne, bientôt suivi d’une avalanche de frasques à l’arrière-goût de fiel : concerts chaotiques, tournée annulée, drogues, blessures de scène et, pour couronner le tout, des rumeurs de scission propagée par la compagne de l’époque de Sam Frances, en mal de zizanie. La machine Foxygen semblait sur le point d’imploser. Léchant leurs blessures, les deux jeunes hommes reviennent avec ‘…And Star Power’, double album dense et complexe qui prend le fan à rebrousse-poil avant de lui exploser le cerveau.
Mudhoney + White Hills 23/05 L’Aéronef (Lille)
25 ans de carrière n’ont guère altéré la sensibilité de Mudhoney. Modèle d’intégrité, le groupe n’a jamais perdu son côté foncièrement underground. Brillant par son ironie et son cynisme, taclant notamment les pseudo artistes alternatifs au niveau du genou, Mudhoney demeure fidèle à son rock punky bluesy grungy, y va toujours de ses saillies jouissives et ça nous fait vachement plaisir ! Une bonne dose de rock psychédélique catapultée dans l’espace pour une mission de rattrapage à bord d’une vieille capsule Soyouz : c’est, grosso modo, le programme d’exploration scientifique proposé par White Hills. Dès le décollage, on est scotché par les turbulences atmosphériques, attaqué de toute part par des drones en pleine montée d’acide.
Heartbeats : Eurometropolis Music Festival 05-06/06 Port Fluvial d’Halluin (France) Metronomy © Gregoire Alexandre
José James A tribute to Billie Holiday; The Hickey Underworld @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Voltumna, Bursting, Sercati @ l’Escalier, Liège, facebook.com/ pages/LEscalier-Caf%C3%A9/246445725399354 Perry Rose & Karin Clercq @ Ferme du Biéreau, Louvain-laNeuve Swans, Okkyung Lee @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Moe, Moon Relay, Shnok @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be She Keeps Bees, Scarlet O’Hanna @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Thy Art Is Murder, Aversion Crown, Feed Her To The Sharks, Earth Rot @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Robb Bank$, Pouya, Ikaz Boi, Lago, DL El G @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Foxygen @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mardi 19 mai Les Nuits Botaniques: Not Here, Not Now @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Festival des Nuits du Beau Tas: Gnod, Lerin/Hystad, AlonE @ Magasin 4; Antoine Lang @ Café Central, Bruxelles, facebook. com/events/893233370728072/ Echosmith, Alvarez Kings @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Leonore @ Br(ik Study Space, Bruxelles, poppunt.be Eefje De Visser @ Café Archipel, Bruxelles,, busker.be The Slow Show @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Jared James Nichols @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mercredi 20 mai Festival des Nuits du Beau Tas: ‘Quatuor N° 1» de Morton Feldman interprété par le Quatuor Mp4 @ Potemkine, Bruxelles, facebook. com/events/893233370728072/ Maaike Ouboter @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gnod, Sunken, Omsq @ l’Escalier, Liège, facebook.com/pages/ LEscalier-Caf%C3%A9/246445725399354 Sirius Plan, Milla Brune @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve Diane Cluck @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Peace & Lobe @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
jeudi 21 mai Festival des Nuits du Beau Tas: Soirée autour de Morton Feldman avec Stéphane Ginsburgh / Quasi Una Fantasia /Maurice Charles JJ / Jacques Foschia / Matthieu Safatly @ La Cellule 133, Bruxelles, facebook.com/events/893233370728072/ Waar Is Ken?; De Jeugd Van Tegenwoordig @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dans Dans, STUFF. @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Giant³ Sand @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Musée Mecanique, The Me In You @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Ides Moon @ GC De Pianofabriek, Bruxelles, poppunt.be King Khan & The Shrines @ Reflektor, Liège, reflektor.be Attar!, Chris Hinger, Lumoon & Rob!n @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Pentagram, Torche, Your Highness, The Order Of Israfel; Yuko Yuko, Wooly Mammoths, Ballet Dancer, Felix Pallas @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Garden, Victoria+Jean @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
vendredi 22 mai
« Can you feel my heartbeat / When I’m close to you? ». Si ce festival à la volonté transfrontalière mitonné par l’Aéronef, De Kreun, Le Grand Mix et Super ! ne nous emmène pas à Tahiti mais dans un port de plaisance au cœur d’un espace naturel préservé à 30 minutes de Lille, il n’en reste pas moins que dès sa première édition, il risque de nous rendre tous chamallows : des ‘Love Letters’ garnies de berlingots acidulés de Metronomy aux flux de passion électrosolaire de Caribou, attendez-vous à ce que ça chavire. On ne sait pas encore si les Ibeyi en miroir ont prévu des baptêmes vaudou de ‘River’ dans la Lys ou si Tom Barman, en mode dédoublement (Magnus/dEUS), jouera plutôt de frissonnantes ‘Quatre mains’ sur vos épaules ou vous emmènera ‘Where neon goes to die’. On est persuadés par contre que la belle émotion nue sera de la partie avec José Gonzalez et que le jazz aventureux de Badbadnotgood, parfois dans les fourrés avec Tyler the Creator ou MF Doom, risque bien de vous rouler quelques surprenantes pelles. http://heartbeatsfestival.eu/
Portico; Roland Kuit - Habergeon, … @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Soldout, Brussels Pony Club @ Alhambra, Mons, alhambramons.com James Pants, Felix Kubin @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be K’s Choice @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be La Smala, Froesheleirs @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be John coffey, The Tramps, The Barcodes @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Nordmann, The Class Of Diederik Wissels @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Poulycroc, Skarbone 14, La Smala Et Moi, The Boriano Doubitchou Sound @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Marco Z, Dirty Hips @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Koyle @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Spinvis @ Stuk, Leuven, stuk.be Earthless, Manngold, Statue @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Avenue Z @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Miniman, The Dub Machinist, I-Tist, K-Sann Dub System, Daman, Culture Dub System, Sista Bethsabée @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 23 mai Festival des Nuits du Beau Tas: Clôture: Machinason Orchestra & DJ Juan @ Potemkine Bar, Bruxelles, facebook.com/ events/893233370728072/ Viet Cong, Soft Walls; Róísín Murphy @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Grand Orchestre National Lunaire, Romano Nervoso @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Ensemble Mosae @ L’An Vert, Liège, lanvert.be René Binamé, Les Descendants, Pétula Clarck @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Yves Peeters Gumbo, The Class Of Jeroen Herzeele @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Agent Side Grinder, MADmoizel @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be
The Exploited @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Blaze Bayley @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Jacob Whitesides; Liquicity Antwerp: Metrik, LSB, Maduk, Mediks, Murdock, T & Sugah, Whiney @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Underground Youth, New Candy, Andy Dandy @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Mudhoney, White Hills, Barton Carroll @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Calogero, Karen Brunon @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
dimanche 24 mai Pallbearer @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Murdock, Skyve Soundsystem, Killa Tactics, The Mixfitz @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be The Chameleons Vox, An Orange Car, Crashed;.., Thanakoff DJ set @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Dave Clarke, Oliver Kapp, Fabrice Lig, Globule @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Our Last Night, Palisades, Viva Revival @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Schlomo, Purple @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be
lundi 25 mai Shamir @ Cactus@AB, Bruxelles, cactusmusic.be
mardi 26 mai Sir Richard Bishop @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Gentle Veincut, Hands Up Who Wants To Die, Siamese Queens @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Steve Gunn, Mary Lattimore & Jeff Zeigler @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Thee Oh Sees, Yonatan Gat @ Reflektor, Liège, reflektor.be Mike + The Mechanics @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Ky-Mani Marley @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
mercredi 27 mai Einstürzende Neubauten ‘greatest hits’; Unkown Mortal Orchestra @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Chameleons @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Dynamic Band, Sixo @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Steve Gunn @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Benjamin Schoos @ Reflektor, Liège, reflektor.be Our Last Night, Palisades @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lux, kulturfabrik.lu
jeudi 28 mai Einstürzende Neubauten ‘Lament’; Strand Of Oaks @ AB, Bruxelles, abconcerts.be DJ Mellow, Logeno, Bernard Dobbeleer, Globul @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Celebrating 20 Years of Live Music! @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Warm Soda, Regal, The Glücks @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Bodybeat, Galaxians, Nineteen DJ set @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
vendredi 29 mai Roxette @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be KK Null & Kawabata Makoto, Jealousy Mountain Duo, Bruital Orgasme @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Layla Zoe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Asteroid Boys @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Toto @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Matisyahu @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu HK & Les Saltimbanks @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 30 mai Ceremony Festival: Perturbator, Modern English, Felix Kubin, Tying Tiffany, Organic, Geometric Vision @ Magasin4, Bruxelles, lefantastique.net Arsenal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Pollyanna @ L’An Vert, Liège, lanvert.be The Bipollar, Suffocating Minds @ Belvédère, Namur, belvederenamur.be White Coal Addicition, Hanging Gardens, Aocc DJ set @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Wicona @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Elliott Murphy & The Normandy All Stars @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Zhod, Teen Creeps, Mind Rays, The Tubs @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Mont-Doré, Electric)Noise(Machine, Unkle Al @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be
dimanche 31 mai Sound Poetry From East to West @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Throat, Hebosagil, Evillookingbird @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Converge, Trap Them, Harms Way, Young And In The Way @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Brussels Vinyl Record Fair @ 10/18u- Ravenstein Gallery, Bruxelles, brusselsrecordfair.be
plus des concerts sur: rifraf.be/concerts-gigs
WWW.PIAS.COM THE HEARTBEAT OF INDEPENDENT MUSIC FACEBOOK.COM/PIASBELGIUM
KRIS DANE
‘ROSE OF JERICHO’ 09.05 – LE FOYAU, LUSTIN 19.06 – HET PERRON, IEPER
BALTHAZAR ‘THIN WALLS’
14.05 – LES NUITS BOTANIQUE, BRUSSELS (SOLD OUT) 26.06 – ROCK WERCHTER 11.07 – CACTUS FESTIVAL, BRUGGE 12.07 – LES ARDENTES, LIEGE 10.08 – RONQUIERES, BRAINE-LE-COMTE
DAAN
‘THE MESS’ 02.05 – L’EDEN, CHARLEROI 08.05 – STADSSCHOUWBURG, BRUGGE 12.05 – DE SPIL, ROESELARE 15.05 – DE WARANDE, TURNHOUT 17.07 – LES FRANCOFOLIES DE SPA 30.07 – M-IDZOMER, LEUVEN
BRNS
‘PATINE’ 09.05.15 | ANCIENNE BELGIQUE, BRUXELLES 13.05.15 | DEMOCRAZY - HANDELSBEURS, GENT 27.06.15 | GRENSROCK, MENEN 05.07.15 | ROCK-A-FIELD FESTIVAL, ROESER 10.07.15 | LES ARDENTES, LIÈGE 17.07.15 | ROCK HERK, HERK DE STAD 18.07.15 | DOUR FESTIVAL, DOUR
OSTYN
GREAT MOUNTAIN FIRE
‘NO SOUTH OF THE SOUTH POLE’
‘SUNDOGS’
12/05 - LES NUITS BOTANIQUE - BRUSSEL 13/05 - HANDELSBEURS - GENT 11/07 - LES ARDENTES - LIÈGE 17/07 - DOUR FESTIVAL - DOUR 02/08 - RONQUIÈRES FESTIVAL - RONQUIÈRES
SUPPORTING OUR LOCAL SCENE SINCE 1983
DATES TBA
#dour2015 www.dourfestival.be A Notre Tour feat. Lomepal, Caballero, La Smala, Exodarap & J.C.R., A Place to Bury Strangers, A.G.Cook, Acid Arab live, Acid Baby Jesus, Ackboo feat. Green Cross,
Adam Beyer, Agnostic Front, Agoria, AKS, Al’Tarba & DJ Nix’on,
Alaska Gold Rush, Alesia, Alo Wala, Âme, Andromakers, Andy C, Anti-Flag, Apashe, Atomic Spliff, Autechre,
Batida, Baz & Simplistix feat. MC Skywalker, Ben UFO, Benjamin Damage & Doc Daneeka, Betraying The Martyrs, feat. LX One, Camo & Krooked feat. MC Wrec, Cannibal Ox, Carl Barât and The Jackals, Carl Craig feat. Mike Banks (live), Carnage, Cashmere Cat, Channel One + Matic Horns, Chinese Man, Circa Waves, CJ Fly, Clap! Clap!,
Big Freedia, Black Milk, Black Roots, Blues Pills, BRNS, Calyx & Teebee
Claude (aka Fulgeance) live, Clouds, CocoRosie, Crucial Alphonso feat. Irie Ilodica & Missing Link, Danny
Brown,
Dario Mars & The Guillotines, Darius, DC Breaks feat. MC Carasel, DC Salas, Deerhoof, Deez Nuts, Demi Portion, Den Sorte Skole, Dimension, Dirtyphonics, Dixon, DJ
Fresh, Dj Hazard, Dj Tennis, Dope D.O.D., Fx, Eagulls, Ed Rush & Optical, Electric Wizard, Evian Christ live, Fabrice Lig live, Fatima & The Eglo band, Fear Factory, FKJ, Floating Points, Flume, Fritz Kalkbrenner live, Gamma Sound feat. Rudy Roots, George FitzGerald, Glass Animals, GoGo Penguin, Gojira, Goose, Great Mountain Fire, GUTS live band, Hatebreed, High Contrast feat. MC Stamina, Horace Andy, Husbands, Infected Mushroom, Isaac Delusion, It It Anita, J Rocc, Jah Free, Jah9, James Holden live, JeanJass, Jessica93, Joachim Pastor, Joe Ford, Jon Hopkins, Jonathan Toubin, Joris Delacroix dj set, Josef Salvat, Julio Bashmore, Kaaris, Kasra, Kate Boy, KAYTRANADA, Kennedy’s Bridge, Kero Kero Bonito, Kiasmos, Kid Francescoli, KiNK live, Klangkarussell live, Klub des Loosers live, Krokodil, KRS-One, Kvelertak, La Fine Equipe, La Muerte, LA Priest, La Smala, Laetitia Sheriff, Lee Fields & The Expressions, Dream Koala, Drenge, Dub
Lefto, Little Big, Little X Monkeys, Lofofora, Lomepal, Lone live A/V ft. Konx-om-Pax, LTGL, Mad Codiouf,
Marcel Dettmann, Mars Red Sky, Max Cooper presents Emergence, Maztek b2b Emperor, Meridian Brothers, Mochélan Zoku, Model 500, Modeselektor dj set, Moon Duo, Ms. Lauryn Hill, Mugwump live, Mungo’s Hifi feat. Solo Banton & Charlie P., Mø, Nicolas Michaux, Nils Frahm, Nina Kraviz, Nneka, Noisia, Nozinja live, Omar Souleyman, Optiv & BTK, Orange Goblin, Orlando Julius & Heliocentrics, Palma Violets, Pan-Pot, Panda Dub, Paranoid London, Pendulum dj set & Verse, Perc live, Protoje & The Indiggnation, Pusha T, Raketkanon, Rangleklods, Raw District, Recondite, Recorders, Reggaebus Soundsystem, Rejjie Snow, Resonators, Rival Sons, Robert Hood, Romare live, Rone live, Roni Size Reprazent live, Roscoe, Rødhåd, S.P.Y. feat. MC LowQui, Salut c’est cool, Santigold, Sanzio, Seth Troxler, Seven Davis Jr, Simian Mobile Disco live, Siriusmodeselektor live, Skepta, Snakehips, Snoop Dogg, Sólstafir, Songhoy Blues, Squarepusher, Starflam, Sub Focus dj set feat. ID, Submotion Orchestra, Sunn O))), Suns of dub presents Evolution Of Dub feat. Addis Pablo, Earl16, Exile di Brave, Strawl, Prince Alla, Jah Bami and the Suns of Dub, Superpoze live, Tchami, Terror, The Black Dahlia Murder, The Black Tartan Clan,
The Bloody Beetroots (SBCR dj set), The Bohicas, The Drums, The Ex and Fendika, The Geek x Vrv, The Prototypes feat. MC Felon, The Scrap Dealers, The Skints, The Strypes, The Underachievers, The Wombats, THYLACINE, Timber Timbre, Tokyo Ska Paradise Orchestra, Tony Allen Review feat. Damon Albarn & Oxmo Puccino, Tropkillaz, Unknown Mortal Orchestra,
Unlisted Fanatic feat. Saimn-I & Moonshine Horns, Vandal, Vibronics feat. Jah Marnyah, Weeding Dub, Worakls,
Young Fathers, Your Old Droog, Youssoupha, Yung Lean & Sadboys, Za!, Zion Train, and more ... TICKETS : 1 DAY : 50 € (+10€ CAMPING) 5-DAY PASS : 120 € (+20€ CAMPING) excl. booking fee - incl. shuttle from Saint-Ghislain train station / parking
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