Nick cave & the Bad SeedS PuSh the Sky awayAr en A, An t werp
An PierlÉ StrAnge DAyS
te r, Br us se ls 16 .05 • AB th eA
18 .11 • lo t to
“Cave balanceert meesterlijk tussen dreiging en loden melancholie, geruggensteund door The Bad Seeds die spaarzaam en met finesse deze beklijvende songs inkleuren. Grand cru !” ★★★★★ DE STANDAARD
“Strange days is het soort plaat dat klinkt alsof zij gemaakt moést worden. De zang klinkt urgent, het pianospel sleept mee, de verhalen beroeren.” ★★★★ DE STANDAARD
« Avec ses 35 ans de carrière, Nick Cave, tout en maturité, n’est pas loin d’être au sommet de son art ! » LE SOIR
« Oubliées les comparaisons usuelles (Amos, Bush), Pierlé peaufine ici un onirisme insulaire et indépendant ! »
“Dichter bij een zwoele lentebriesplaat is de vleermuis nooit geweest.” ★★★★ FOCUS KNACK « ...un trip magnifique ! » ★★★ LA LIBRE BELGIqUE
“Zelfzeker en met een herwonnen doelgerichtheid ontrolt Pierlé tien voldragen nieuwe songs, plus een al even pure cover, van Talk Talks Such a Shame.” ★★★★ FOCUS KNACK
“Push the Sky Away is een prachtplaat !” ★★★★★ DE MORGEN
« Un album ensorceleur ! » ★★★★ ROLLING STONE FR
WWW.NICKCAVE.COM
STEREOPHONICS ‘Grafitti on the train’
★★★★ FOCUS VIF
WWW.ANPIERLE.BE
LORD HURON ‘Lonesome Dreams’
The new album feat. the single ‘Indian Summer’ “Their least conventional album yet” SUNDAY TIMES CULTURE “A broody string-strewn ‘Spanish Sahara’-esque Bond-voyage” DROWNED IN SOUND
“De perfecte soundtrack bij eennachtelijke trektocht door het wilde westen! Een ijzersterk debuut!” ★★★★ DE MORGEN “Los Angeles folk-rock quintet evoke a modern day Wild West.” ROLLING STONE “These songs are sturdy, and what marks they set for themselves, they hit.” PITCHFORK
WWW.STEREOPHONICS.COM
WWW.LORDHURON.COM
© Siliconcarne
Dans une épicerie fine, non loin de la rue Bergmans, Sophie traîne avec Geoffrey. Elle n’aime pas son prénom mais sa voiture est spacieuse. Du reste, « il l’avait beaucoup amusée lors d’un dîner chez une copine » (c’est la formule pour laquelle ils avaient opté après s’être rencontrés sur internet. Ils s’étaient relativement plu, avaient décidé de ne pas chipoter) - T’as remarqué que dans certains quartiers, même les marocains sont différents, affables, serviables ? On se croirait dans Amélie Poulain! Celui-ci, tu vas voir, il vend des petites fraises magiques! Les primeurs sont effectivement de premier choix. Mais aussi fleur de sel aux épices grillées, pâtes d’épeautre, tomates cerises, huile d’olive, du vin Ruade - Sophie trouve le nom comique. Oh toi, tu vas voir comment je vais te désarçonner, pense-telle. Il est des batailles qu’on est certain de gagner. Ils emménagent rapidement dans un trois pièces Saint-gillois, what else? Sophie reprend des cours du soir tandis que Geoffrey enchaîne les petits boulots dont il se fait invariablement lourder avec fracas pour mauvaise conduite. Avec l’aide des parents et un emprunt sur quinze ans, le couple se sédentarise davantage et décide d’acheter deux rues plus loin : on reste en bordure du Parvis et il y a la place pour la chambre du petit. A l’instar de nombre de leurs congénères, le bînome a choisi de se lancer dans la procréation. L’arrivée du nourrisson déposera un cataplasme d’impérieuses nécessités, lesquelles viendront s’enficher comme une sourdine sur un cuivre. Lui claironne avoir lu Bataille, elle feint d’ignorer que la lassitude commence à la gagner. Après les grosses courses du samedi, ils se rendent régulièrement dans des salons bobos. Une de leurs amies tient le stand jus d’orange et vin bio. S’ils arborent pour l’occasion des lainages à grosses mailles, ils ont d’ordinaire capitulé devant Zadig & Voltaire. Ils connaissent plusieurs exposants, certains sont des voisins. Tout le monde se congratule et trouve ça joli mais, à dire vrai, on achète peu. Hormis quelques créations lumineuses en matériaux recyclés, la plupart des stands étalent leurs bijoux fantaisie et de petits ouvrages de tricot de type colifichets. Pour vaquer, Geoffrey a formé avec un coreligionnaire un collectif djs. Ils ont opté pour une calligraphie épousant les codes jeunistes en vigueur, à base de 3 et autres fantaisies caractérielles. Ils jouent à l’heure du goûter devant la petite dépendance vide d’une école de quartier les titres confortables qui viennent étayer leur différence. Il est des battles qu’on ne peut pas gagner. Jeudi vingt et une heure. Sophie a rendez-vous avec un couple dans la quarantaine. Elle souhaite rattraper le temps perdu tant que son corps lui convient,
188
que ce capital éphémère constitue une assise. Lorsqu’ils ne goûtent la compagnie de femmes d’âge mûr que l’on décroche comme une bonne affaire aux puces, vintage à emporter dans leur jus, ses hôtes aiment à dégotter une petite qui, selon leurs dires, vient faire ses gammes. Sitôt revenue de la cuisine avec quelques cocktails maison, la maîtresse entreprend Sophie sur le canapé bas du salon. Geoffrey est à un concert de Battles avec ses semblables. Il traîne près du bar avec ses chaussures de clown trop grandes et trouve que c’est de la merde, qu’à bien y repenser, à part l’album dont un groupe belge pompa la pochette, c’était retombé comme un soufflet. La fois suivante, Sophie se laisse entraîner dans un club. Alors qu’on lui indique un premier homme, la quarantaine passe-partout et légèrement ventru en train de se faire sucer près du bar, Sophie fait la moue, marque sa désapprobation. Il leur faut alors arpenter les abords du sauna, musarder dans les recoins des petits salons avant que notre ingénue ne jette appétit et dévolu sur un habitué plus à son goût. Bien qu’ils le jugent trop propre sur lui, bientôt sur elle, ses mentors acquiescent de bonne grâce; l’enjoignant à s’éloigner, lui forçant le trait d’un grotesque et grivois accent wallon, l’encourage encore avec bonhomie : allez, va te faire enculer, ma petite beauté! Ils prennent place avec aise sur la banquette en alcantara qui leur fait face, observent avec gourmandise. Assise sur le quidam, la tête un peu en arrière, impératrice, Sophie susurre en se pinçant les lèvres des si si et, sous les entrechats électriques des néons du club, la cartographie de son réseau sanguin luit d’un éclat phosphorescent. Il est dans le dossier. Sophie est soudain réveillée par le cliquetis de la serrure, elle chute de sa rêverie après être tombée de sommeil en parcourant Fifty Shades of Grey. Elle sait que Geoffrey va se rouler un dernier joint en grommelant avant de gagner le lit en bataille où quelque chose s’est défait. Suuns réitère le coup de maître : deuxième salve et deuxième strike. Avec une force de frappe limpide, ces Canadiens pousse-au-crime donnent une furieuse envie de prendre une guitare, de foncer tête baissée, de saisir une hache, de rentrer dans le lard. Leurs visions du futur courent sous la peau en des hallucinations Cronenbergiennes. C’est intense et excellement produit. Veence Hanao fait lui aussi mouche. Son outil de prédilection, une langue buvard et serpentine qui, sans chercher à biaiser, chique et crache pour mieux expectorer la vilaine toux de la société. Ne manquez pas ‘Chasse et Pêche’, son single (et un clip) en digne ambassadeur. Il y a des batailles qu’on se doit de mener. Beam me up, Scotty!
année 19 • mars 2013
Colofon www.rifraf.be Année 19 nr. 188 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf avril sort le 28 mars rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 13 mars Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 15 mars
collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... Dessins : Issara Chitdara
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte: Anys Amire et François Georges
Le fracas infini des combats Du label québécois empreintes DIGITALes nous parviennent le plus souvent des déclinaisons électroacoustiques de belle tenue, une sympathique habitude que confirme ‘A l’ombre des ondes’ du duo français Kristoff K. Roll. Telle une transition où des field recordings à la Chris Watson, magistralement enregistrés siouplait, s’imbriquent dans les interviews prenantes de quidams racontant leurs rêves (Brigitte Bardot, mission dans les marais ou copine arrosant les plantes), Carole Rieussec et J-Kristoff Camps virevoltent entre les genres. Parfois, le transfert explore des mots en mandarin, (très) majoritairement, la langue de France Culture est à l’honneur. Invités à la réception des deux pièces principales, chacune chronométrée un peu sous les 30 minutes, en sus de la bien plus courte deuxième plage, Luc Ferrari et Pierre Schaeffer doivent sacrément apprécier l’héritage, tapis dans l’ombre et oreilles discrètement ouvertes. A écouter impérativement au casque pour être hyper content. ★ ★ ★ Uniquement disponible en format vinyle, ‘An Index Of Failure’ (Birds) marque une fin de cycle pour Jasper TX, dont nombre de précédentes sorties ont trouvé un écho plus que favorable, notamment ses très appréciés ‘Black Sheep’ et ‘The Quiet Season’. En parlant de calme, les cinq tracks de son indice de l’échec s’étirent parfois dans une semi-langueur étrange – et pas toujours captivante. Entre circonvolutions ambient et souvenirs shoegaze, hybride méconnaissable de Fennesz et Slowdive, l’univers de Dan Rosenqvist refuse de choisir son camp et, malgré tout, ne parvient guère à se créer une identité propre. Non que ça soit mal torché entre deux portes, juste qu’on a du mal à rester branché sur la durée totale de l’objet. ★ ★ ★ Vieux client de la maison Raster-Noton qu’il fréquente depuis 2003, Pixel (aka Jon Egeskov) affiche une fréquence de métronome – un disque tous les trois ans – à l’image de sa musique. Totalement à son aise dans l’esthétique technoïde desséchée du label cher à Frank Bretschneider, le producteur danois inscrit ses beats dans les enceintes d’Alva Noto et Grischa Lichtenberger – avis à ceux qui ont pleinement goûté à l’excellent ‘And IV [Intertia]’ du dernier cité. Toutes en déclinaisons rythmiques pointillistes, imaginez un tableau de Paul Signac transformé en mode digital par les Mouse on Mars dans un studio post-moderne de Chemnitz, les déclinaisons pluriascencionnelles de son ‘Mantle’ convainquent et perdurent dans leurs fondements, entre sauts de puce robotisés et inquiétude cybernétique. Kapiert ? ★ ★ ★ Jamais abordé dans la présente rubrique, malgré un catalogue rassemblant une quarantaine de sorties (en mp3), le net-label suisse Insurbodinations, création de Laurent Peter (alias D’incise) ne compte pas s’arrêter en si bon chemin free impro expérimental. Huitième sortie en CD de l’officine genevoise, ‘La Forêt Des Mécanismes Sauvages’ d’Abdul Moimême (ah, ah, ce nom) n’est pas exactement à ranger du côté easy listening. Proche d’un z’ev en mode radical total, le musicien portugais explore une approche quasiment jazz indus où grincements et bruitages insèrent leurs membranes vénéneuses largement au-delà des clichés étroits des étiquettes. Par moments, on songe à une vision ultra-grinçante des Sonic Youth 1981 en mode noise unplugged, ailleurs on laisse s’exprimer les échos tardifs d’un Chris Corsano déguisé en libérateur d’un outillage sidérurgique prisonnier d’une friche désaffectée entre Florange et Seraing. Qu’en penserait Latchmi Mittal, dites-moi ? ★ ★ ★ Toujours sur Insubordinations, le trio helvético-portugais Queixas regroupe Diatribes et, oui encore, Abdul Moimême sur son premier essai ‘Eye Of Newt’. Là où le second nommé laissait voguer les crissements singuliers, les trois comparses invitent à un déjeuner sur l’herbe expérimentale où, certes, les bruits épars d’une civilisation post-ouvrière se font encore entendre dans le lointain. Tel un négatif, au sens photographique du mot, de ‘La Forêt…’ que nous venons de quitter, leur Œil de Newt jette un regard périphérique empreint de paradoxes, entre calme apparent et nerfs au bord de l’implosion. On vous laisse juges, pour ma part, j’aime – vraiment – beaucoup. ★ ★ ★ Vétéran de la musique expérimentale made in Österreich, Pure aka Peter Votava s’associe au duo Hati (soit Rafal Iwanski et Rafal Kolacki) pour former en 2008 Prszr, lisez Pressure. Première étape discographique du trio, ‘Equilirium’ montre à quel point le label suisse Hinterzimmer compte en la présente rubrique – rappelons-nous des excellentissimes albums de Lubomyr Melnyk et de Strotter Inst., dans le Top 10 de leur année respective de sortie. Ici entre ambient sourdement inquiétante, jazz aux percussions mutantes et musique concrète post z’ev, le disque met un temps pour installer ses ambiances particulières. Passé le premier titre, d’un intérêt frisant la banalité, un voyage aux antipodes du tout-venant nous est proposé, il évolue entre pulsation rythmique siphonnée du bulbe, bruitages zinzins qui déboitent et tentatives überferroviaires échappées de Charlie Chaplin. Embarquement immédiat pour les tracks 2 à 5. ★ ★ ★ Je vous parlais de la structure bernoise Hinterzimmer et de Stefan Joel Weisser, alias z’ev, et bien restons-y pour l’ultime sortie du mois, l’album éponyme de Ghost Time où le vétéran américain forme un trio aux côtés d’un autre ancien, le percussionniste écossais Ken Hyder et du trompettiste Andy Knight. Autant le dire tout de suite, si vous avez peur du noir, les quatre plages de ce disque ne sont pas faites pour vous, tant son ambient d’outre-tombe semble avoir traversé toutes les forêts hantées de la planète. Non que l’écoute manque d’intérêt, c’est même carrément l’inverse, mais on ressort de cette quadruple traversée le visage pâle et les yeux explosés d’angoisse. Au minimum.
Les gens parlent trop. De l’espace analytique au Botanique, du RifRaf à « l’Evolution psychiatrique », du Fablain au centre de santé mentale .Les gens parlent trop. « Le soliloque fait d’eux un monstre, une énorme langue » (1), ça transpire de partout, ça suit sa propre logique, c’est comme un poids sur l’estomac qui refuse de se noyer. C’est Henry Ey qui nous assène que « la psychiatrie est la pathologie de la liberté car la maladie mentale exprime toujours l’emprise d’une certaine désorganisation de la vitalité sur l’activité psychique qu’elle réduit, le décapite ou dissout ».C’est une voix douce et tragique qui chuchote qu’elle préfère les cendres à la dislocation. On l’appellera Maïakovski, Neil Young ou Kurt Cobain, c’est selon. Petit théâtre des transferts.
Oui mais, les gens parlent trop. En 1889, Emmy N. est terrassée par d’atroces douleurs gastriques, elle consultera le docteur Freud. Agacée par ses questions, elle lui demandera de ne plus parler. Pour tenir la promesse du silence, il fit le mort (ou comme si). Il en fera un métier, des paroles et des non-dires. Du cœur à l’ouvrage. On en fera des chansons, des feuillets entiers. N’empêche que les gens parlent trop. Puisque c’est l’imprudence des mots qui claquent, des portes closes qui nous amène dans ces contrées, ce continent à la dérive. On mesurera dès lors notre faillite : ce vague désir de noircir, en attendant… Histoire de pas trop en rajouter, on pourrait jouer au psy : plaider l’horreur de l’absurdité, la quête de sens, figurer le constat que nous faisons tous du rien. « Mais les vérités qui ne nous amusent plus deviennent des mensonges » (2). Maudits sont ceux qui nous troublent la fête. Bob Dylan: menteur. Lacan : muet .Béla Bartók : sourd. Jean-Luc Godard : aveugle .Guy Debord : impuissant .Sharon Van Etten : frigide .Antonin Artaud et Ian Curtis : Suicidés. Le silence. Essayer une dernière fois. Impossible. On voudrait bien qu’on y arriverait pas, jusqu’à la nausée. Scott Walker s’y frotte depuis des années. « Bish Bosch ». Mieux que rien…C’est alors un être délicat qui frappe à la porte : « vous savez tout ça c’est comme une guerre passive. » Il semble s’y connaître en idées imposées, en silences insupportables. Un jukebox dévasté dans la tête. On se dira qui faut bien que ça tienne, mais comment négliger ce que nous comprenons à l’instant où cette voix inconnue s’enfonce au plus profond de nos cœurs. Les psychanalystes, ils ont un mot pour ça : « unheimlich ». Ce serait ce point décisif où le noyau intime du sujet coïncide avec un corps absolument étranger. De cette façon le fracas des combats sera infini. Un début et une fin. Nous écouterons mieux la prochaine fois, c’est promis. Il parait que lorsqu’Elvis Presley partit faire son service militaire en Allemagne de pâles copies avaient alors comblé le vide laissé par la star. C’est probablement le silence le plus horrible que celui des pères. Nous en ménagerons alors l’ouïe et avalerons toutes leurs couleuvres. A part ça les enfants vont bien, ils ont hurlé toute la nuit. Nous nous permettrons de fermer les yeux, caressant ce vieux rêve Breton que la nuit tombe sur l’orchestre. Il faudra à ce moment, peut-être, se rappeler « Joy division » dont la « transmission » nous sera précieuse : “ No language just sound, that’s all we need know, to synchronise love to the beat of the show. And we could dance. Dance, dance, dance, dance, dance to the radio” (3) Les gens parlent trop mais on gâche beaucoup. Au final « on peut dire n’importe quoi ou dormir, les conséquences se ressemblent, mais le sommeil nous plaît. Le bruit et le silence vont où ils veulent, les arts se font arbitrairement. Bien sûr les auditeurs n’existent pas, c’est une illusion collective, comme Dieu à l’époque où il était à la mode. Nous n’avons rien fait que nous promener et de temps en temps parler dans le noir » (2). Cela étant, on y reviendra. Fatalement. (1) Roland Barthes in Fragments d’un discours amoureux, Edition du seuil (2) Guy Debord in Enregistrements magnétiques ; nrf (3) Joy Division in Transmission/Novelty Factory records FAC 13
05
Texte : Le Dark Chips
Texte : Eric Therer
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, leDark Chips. Sans relache, il avait tapé sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Libéré, il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Arcelor Mittal Comment subsister dans un style totalement obscur et quelque peu érodé par une décennie ? Seul Autechre semble détenir les secrets d’une cure de jouvence au service d’un 11ème album impressionnant, ‘Exai’. Rares sont les artistes de l’époque rutilante de (WARP) qui ont survécu, et dans la plus grande tradition du dandysme britton, malgré la saleté de l’œuvre et la noirceur de l’âme, les traits du duo restent intacts. Un portrait de Dorian Gray épargné… ★ ★ ★ Fumisterie ou génie ? Paresse ou dentelle ? Né Jason Chung, nourri au Hip-Hop de Los Angeles, Nosaj Thing a fait ses armes du côté du hip hop, trainant ses slims sur les trottoirs où ça tchatche et skate plutôt que ceux où ça pimp et mitraille. Du coton en veux-tu en voilà, deux invités parfaitement castés (la voix de Blonde Redhead notamment) sur ce ‘Home’. L’un en trompe l’œil, l’autre pour nous sortir de la contemplation imposée par la plaque. 11 titres à choyer sans relâche, l’attention ne supportant pas d’être délaissée. Défaut ou qualité ? Chiant ou passionnant ?★ ★ ★ ‘Yours Sincerely Dr. Hardcore’ comme O.M.N.I. ? Gallops, ça serait Battles meet Melvins, Röyksopp vs Metallica, Mr Indus baisant Miss Electro pendant que Mme Progressive filme. A écouter, au moins… *** Le mois de mars sera sacrément funky. 2334, année de découverte de la planète ‘Mikro-Selektor 50’. Les rythmes y sont chaloupés, balancés, intergalactiques. Space Dimension Controller et un recueil fou qui se raconte autour d’un feu de lazers, la bonne vieille bûche flambante ayant disparue avec la Terre. Un univers ? Non, une drogue. Et de la bonne putain ! ★ ★ ★ Joe Dassin parlait des filles qu’il aimait et de celles qu’il aurait du aimer. Rien sur celles à éviter ! ‘Funkoholic’ est une des ces catins pour asexués ; des passes interminables servies par l’infâme Renato Figolo ! Si c’est pas un nom de maquereau ça… ★ ★ ★ Oubliez tout ce que vous avez pu entendre de Ellen Allien jusqu’ à ce jour ! Imaginer que ‘Lism’ serait pur produit (BPitch Control) reviendrait à vous rappeler sadiquement que dans le train Playmobil, celui qu’on vous avait offert à Noël, le transformateur n’était pas fourni dans la boîte. Sentiment trop douloureux pour le raviver ! Nous voici face à une plage unique de 45 minutes étroitement basée sur une bande-son écrite en collaboration avec le compositeur Thomas Muller. Un mégamix ? Ca y ressemble et par essence, le résultat s’en retrouve éclaté, les transitions pas toujours heureuses pour un tout quelque peu frustrant.★ ★ ★ ‘Incubation’ ou l’histoire d’un défi personnel, celui de Dave Sumner de délaisser le temps d’un album le format single qui jusqu’ici avait fait sa force. Un titre d’album qui témoigne de manière viscérale de la lente gestation du projet dans le ventre de Function. Une minimale parfaitement berlinoise teintée des 20 ans d’expérience qui font la différence, presque un choc de génération finalement. La cohérence est de mise et le plaisir oscillera que l’on se trouve au-deçà ou audessous de la ligne du temps. ★ ★ ★ Dans la grande (et triste) tradition des compilations de jeun’s, préférez ‘Dubstep Allstars 10’ mixée par Plastician à la 100 % Hit-Parade ‘This Is Dubstep 2013’ mixée par la loi du marché. La première étant un tantinet moins abrutissante que cette dernière. Un tantinet j’ai dit… ★ ★ ★ Metaboman nous présente ‘Ja/Noe’. Ben oui…mais non ! ★ ★ ★ Sinon, Chinese Man sort un ‘Live à la Cigale’. On s’en fout ? Oui, un peu. Suivant ! ★ ★ ★ En 2010, Soul Clap inaugurait la série des ‘Social Experiment’ sur (No.19 Music), toutes folles dehors. Pour la troisième édition, on garde les meilleures copines pour faire la nouba près du mange-disque en compagnie des maîtres de maison, Art Department, respectivement Johnny White et Kenny Glasgow. 14 titres qui font plaisir aux proches et aux djs qui se paluchent sur leurs propres titres. Quelques bons moments que vous retrouverez sur d’autres compilations bien plus intéressantes. Sinon, paraît que c’est plein d’inédits…cela m’étonne pas trop qu’ils le soient restés jusqu’ à ce jour. ★ ★ ★ Je mets le holà de suite. Ce n’est pas parce que j’ai baissé ma garde à propos de Poolside le mois dernier que je vais me faire berner par le moindre duo qui propose des cartes postales ensoleillées. Le balearic reste un style de saison, et à ce que je sache, on n’est toujours pas sorti de l’hiver. L’été nous donnera peut-être l’envie de replonger une oreille sur ‘Escape Yourself’ de Footprintz, mais pour l’instant, c’est au congélo ! ★ ★ ★ Deux parcours similaires dans deux villes différentes au pays de la saucisse. Daniel Dexter et Olivier Deutschmann hantent les nuits depuis plus d’une décennie, l’un dans les caves de Hambourg, l’autre dans les squats berlinois. Les parcours sont semés de singles, de productions réputées et ornés de sérieuse réputation derrière la table de mix. Sorties synchronisées, ‘Focus on Daniel Dexter’ et ‘Out Of The Dark’ , soit deux expériences minimales, souvent douteuse pour la première, diablement hypnotique pour la seconde. Ne jamais croiser les effluves, mais pourquoi ? Parce que c’est mal ! ★ ★ ★ Etonnamment, Niall Mannion n’as pas encore édité de split-single avec Thom Yorke, ne fait pas les premières parties de XX et n’occupera certainement pas le même devant de scène que Alt-J. Et si même nos yeux se révulsent à l’écoute d’une empreinte sonore (trop) berlinoise chère à Modeselektor, ‘Changing Days’ reste troublant de la première rythmique au dernier point d’orgue. Espérons que Mano Le Tough n’arrive pas trop tard dans la grande cohorte des univers épurés. C’était juste beau !
Il serait né quelque part aux abords de la Chatqueue. Une rue des Airelles ou une rue de l’Aubépine. Son enfance se serait déroulée sans épisode douloureux et sans drame familial. Une maison de briques rouges encrassées par la suie et les restes de scories l’aurait vu grandir. Il s’agirait d’un homme de taille moyenne et de corpulence soutenue, se déplaçant sans trouble de la marche et sans dysmorphie. Son maintien serait quelque peu figé, le visage comme fermé que renforcerait une attitude sthénique. Il ne parlerait pas spontanément, se contentant de répondre sommairement à ceux qui lui adresseraient la parole. Sa scolarité serait réduite, son intelligence se situerait dans la moyenne modeste de la population. Il aurait occupé différents métiers. Tour à tour grutier, monteur, soudeur. Depuis 2003, il serait ouvrier pour compte d’Arcelor Mittal. Il serait entré en règlement collectif de dettes en 2009. Sa demande aurait été formulée avec l’aide d’une assistante sociale de l’antenne du Quai Sadoine. Il aurait échoué dans un premier mariage. Sa vie sentimentale se serait ensuite déployée avec aisance. On l’aurait vu séduire des femmes aux corps sans forme portant des pulls à col roulé en acrylique aux couleurs fanées. Des femmes aux destins multiples qui se seraient unis au sien. Il aurait préféré une blonde peroxydée d’âge incertain. Une Monique au visage nordique dont les commissures des lèvres s’affaisseraient irrémédiablement. Déjà, le haut de ses cuisses serait gagné par une cellulite avancée. Il trouverait en elle l’apparence d’un foyer. Une assiette l’attendrait chaque soir sur la table de la cuisine. Il la débarrasserait, emplirait le lave-vaisselle, sortirait le chien, menus services concédés en échange d’un coït hebdomadaire assuré. L’année dernière, il aurait entrevu une offre d’emploi pour un poste de manutentionnaire chargé du montage et de l’assemblage de pièces mécaniques d’armes à feu sur plans. A la rubrique « autres acquis », il était demandé de respecter les horaires convenus, de réagir rapidement, avec calme et maîtrise de soi, d’appliquer rigoureusement les consignes données. Il aurait laissé sans suite l’offre, préférant en faire une boulette de papier. Aujourd’hui, il mesurait l’imprévoyance de son acte. A l’instar de centaines de ses collègues, il était menacé de la perte imminente de son emploi. L’avenir était incertain et définitivement plombé. A la vue des politiques sur les plateaux de télévision, il restait circonspect. Il n’avait aucune confiance et n’éprouvait pas la moindre empathie à l’égard de ces roublards socialistes rougeauds aux doubles mentons adipeux. Au fond de lui, il savait que les choses étaient pipées d’avance. Qu’elles l’avaient été dès le moment où la puissance publique avait laissé un Indien, un mangeur de riz venu de nulle part, venir présider aux destinées de la sidérurgie liégeoise. Il rejoindrait bientôt les listes des demandeurs d’emploi auprès du Forem. Le projet qu’il entretenait d’un minitrip en bateau dans la vallée de la Moselle pour le week-end pascal serait irrémédiablement avorté. Pour l’heure, il repensait au mariage de la fille Mittal et au coût démesuré, monstrueux qu’il avait occasionné sur le dos de travailleurs. Il pensait que la fille Mittal et son père méritaient une balle dans la tête, sans autre forme de procès. Il avait lu un truc il y a bien longtemps sur Baader-Meinhof et les gens de la Rote Armee Fraktion. Ceux-là n’auraient pas discuté. Une expédition punitive. La mort des scélérats. Une justice immanente. Pour l’heure, il sortit de sa pochette, presqu’avec révérence, un vieil album de Trust qu’il posa sur une platine Technics maculée sans âge et sans couvercle. Il avait les nerfs. Il les avait bien. Un disque : Trust, ‘Répression’, CBS/Sony
06
Texte : Laurent Grenier © photo: Kmeron
C’est à une heure matinale qu’on rencontre Veence Hanao. Dans la nuit, les Boston Celtics ont foutu la nique aux Chicago Bulls. Fan patenté, Veence porte leur t-shirt et suit les matchs en direct. Bref, onze
heures, c’est tôt. Mais manifestement pas trop pour avoir les idées claires. Dans le studio où il répète pour le live, pendant près d’une heure, Veence parlera de son excellent nouvel album et du reste, de la musique, de la vie, avec une acuité de nyctalope. Ce disque, urbain, noir, mélancolique, le voit à la fois s’éloigner du hip hop stricto sensu et constater les déviances de notre société. Jamais moralisateur ni arrogant, ‘Loweina Laurae’ est une putain de claque, un voyage abyssal. Après ‘St-Idesbald’, couronné aux Octave de la Musique en 2009 et célébré « Découverte du Printemps de Bourges », six ans après un premier album qui t’a permis de remporter le concours « Musique à la Française », te sentais-tu attendu avec ce nouvel album ? Veence Hanao : « Forcément un peu plus qu’en 2009. Maintenant, il y a tellement de temps qui s’est écoulé depuis ‘St-Ide’ que j’ai fait ce disque davantage dans le besoin de le faire et dans l’urgence musicale de dégager un propos que dans le questionnement de qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Question que je me serais probablement posée si j’avais enchaîné directement après ‘St-Idesbald’. J’avais dit beaucoup de ce que j’avais à raconter, il fallait que je vive un peu avant de me remettre à la musique. Cela dit, je constate que maintenant qu’on est en promo, beaucoup plus de gens semblent disposés à écouter et à parler du projet. » Et donc, ce nouveau disque, l’envisages-tu davantage comme une continuité ou une rupture ? Veence Hanao : « Clairement, il y a une rupture avec la thématique de ‘St-Idesbald’ qui tenait plus de la relation, de la rupture, de l’après-relation, du bilan. Ici, on retrouve davantage d’électronique, il y a moins de samples de jazz et la thématique revient à des choses sensiblement plus urbaines, sans que ce soit du rap militant ou engagé socialement. Mais je considère ce disque comme une suite logique en tenant compte de tout ce que j’ai fait avant. J’ai naturellement évolué vers quelque chose qu’on ne peut plus vraiment connoter rap. Musicalement, je trouve qu’on va beaucoup plus loin ici que dans ‘St-Ide’, qui était de l’ordre du traitement de samples. Ici, j’ai davantage joué. Mais tout sur un clavier Midi, les basses, les pianos, les cordes. » Comment est-ce que tu procèdes précisément ? Veence Hanao : « J’appelle ça du bricolage. Je n’ai jamais une idée de mélodie en tête, donc je bricole des choses, je crée un décor musical et à un moment, si ça me parle, j’essaye d’établir trois boucles principales. Une sur laquelle je vais écrire les couplets, une qui va m’amener une variante et une qui sera proche d’un refrain. Ensuite, j’écris les textes et après je reviens sur les arrangements. Je fais tout cela en une nuit si possible, pour garder la spontanéité, l’émotion et la sensibilité dans laquelle j’ai écrit. » Le fait que tu reviennes à des thématiques plus urbaines, noires, à des climats mélancoliques traduit-il une certaine crise de la trentaine ? Certaines punchlines le laisseraient penser. Veence Hanao : « Tu fais allusion à « T’as trente piges, faudrait que tu t’emmerdes » ? C’est fort possible. J’imagine que si j’en parle, ce sont des questionnements qui m’habitent. » Je pose la question autrement : quelle est la part d’autobiographie dans ce que tu écris ? Veence Hanao : « Tout. Ma préoccupation principale dans la musique que je fais, c’est l’authenticité par rapport à l’urgence que je ressens. Le dixième de pourcent qui ne l’apparaît pas l’est parce qu’au niveau de la forme, je devais faire un petit écart. » Tu parles de la chanson ‘Mickey Mouse’, là? Veence Hanao : « Exactement. C’est un « je » narratif mais complètement autobiographique. Je n’ai pas été dans ce costume, ni travaillé à Disneyland. C’est quelque chose que j’ai d’abord vécu moimême dans certains boulots et ensuite au travers des personnes qui m’entourent. Des personnes que j’ai vues se tuer, se faire bouffer pour des jobs qui à la base étaient uniquement alimentaires mais qui ont finalement pris une place beaucoup trop importante dans leur vie, qui ont fini par occulter des choses plus naturelles. L’idée ici, c’était donc de raconter l’histoire d’un type qui accepte un job d’été parce qu’il en a vraiment besoin, mais dont finalement le contrat se prolonge de six mois, puis d’un an et qui s’accroche parce qu’on lui fait quelques promesses bidons. Derrière ça, il y a aussi l’idée du vide qui m’intéresse. Comment des gens peuvent avoir peur de se retrouver retraités sans savoir quoi faire de leurs journées. C’est de ce principe de centralité du travail dont je voulais parler, la fraction de ton temps de vie qu’il te bouffe, comment à trente ans tu te retrouves dans l’acceptation de tout ça parce que t’as des gosses et un crédit sur le dos. C’est un peu cliché ce que je dis là, un peu discours à la Paul Ariès, genre non à la centralité du travail. Même si d’un autre côté, j’ai pris cet exemple précis pour éviter de dire que tous les gens qui bossent cautionnent cette aliénation, que certains peuvent aussi s’épanouir dans leurs boulots. Et puis, j’aime également le paradoxe que derrière son costume, le type doive continuer à vendre du rêve. » C’est un peu le fil conducteur du disque je trouve, l’impression de subir cette société sans autre possibilité que celle que tu décris dans ‘Qui Envoie Les Mouches’ : « devenir fou serait le lot de nos mégapoles ».
Veence Hanao : « Le fait est que je suis un putain de noctambule, que j’aime vivre dans les extrêmes. La ville et la vie que je vois la nuit me font vachement peur. Ce n’est pas qu’il y a une impossibilité de vivre autrement, c’est que moi, en refusant les schémas un peu classiques et en décidant de faire de la musique mon activité principale, j’ai quitté un système pour rentrer dans un autre, différent, mais avec ses propres contraintes et pressions. » La pornographie est aussi omniprésente… Veence Hanao : « On est quand même vachement influencé par le porno dans notre manière d’envisager l’acte sexuel. On y a eu accès super facilement contrairement aux autres générations. A l’heure actuelle un gosse de douze ans découvre la sexualité en voyant des partouzes et des bukkakes sur Youporn. C’est assez violent quand même. Est-ce qu’un kid peut prendre le recul nécessaire, je ne sais pas. » Ça te choque ? Et est-ce que des choses te choquent ? Je pense notamment à ce passage de ‘Violence’ où tu parles d’ados qui filment une scène de brutalité sur leur iPhone sans trembler, ni intervenir. Veence Hanao : « Ce qui me choque, davantage que les actes de violence en eux-mêmes, c’est le fait qu’on s’habitue à ces images de plus en plus violentes, à vivre une sexualité conditionnée par le porno. Et je ne te parle pas que des faits divers : le fait est qu’on s’habitue aussi à une violence sociale de plus en plus forte. Dans un licenciement, il y a une violence énorme. Si sur le net, tu trouves les images de dix gars qui sont en train d’en buter un autre, c’est que t’as bien un connard qui est en train de les filmer ces images. Regarde la télé, y a un vrai drame et t’as des badauds qui se poussent derrière le journaliste pour qu’on voit leurs gueules. On vit dans une culture de l’image telle que j’ai l’impression qu’on ne se rend plus compte de ce qu’on fait vraiment. » Est-ce qu’il y a chez toi une certaine forme de résignation ? Je pense aussi à ce morceau ‘Faut Bien Qu’Ils Brillent’ (« de quelque chose nos yeux ») ou à ce vers « No future devient no life » ? Veence Hanao : « J’ai un peu l’impression de ne raconter que des trucs hyper noirs, là. Mais bon, à l’heure actuelle, t’as douze ans, on te vend quoi comme rêve, à part une espèce de cascade fataliste : tu dois faire ça et puis ça et encore ça sinon t’as pas accès ni à ça, ni à ça etc. C’est cette suite imposée des choses qui est fataliste, pas moi. A dix-huit ans, on te demande de faire un choix qui va conditionner tout le reste de ta vie, c’est vachement tôt. J’admire les très rares personnes qui à trente-cinq piges se disent, non ça ne va pas, j’arrête. » Dans ‘Chasse & Pêche’, tu dis « j’irais bien voir du gros hip hop mais y a tellement de merdes ». Balance ! Veence Hanao : « (rires) Actuellement, pour parler francophonie, les seules choses qui tirent le truc vers le haut, c’est O2N, Alaclair Ensemble, Jam & Pdox. Dans la chanson un peu hybride, il y a Carl mais c’est un ami. Parce que sinon, les cadors du hip hop français, à l’heure actuelle, c’est juste pas possible. » Tu as une sensibilité pour la culture hip hop en général, le graffiti, la danse ? Veence Hanao : « De mes 16 à mes 22 piges, dans mon groupe, il y avait deux, trois mecs qui se faisaient des virées nocturnes et je les accompagnais. Je m’y suis essayé mais j’ai toujours été très mauvais pour les tags. Souvent, je me contentais de faire le guet. J’admire certains types. Grems, Bonhomme je trouve ça énorme mais de manière générale, je t’avoue que la culture hip hop, je n’en ai pas grand-chose à foutre. La danse ne m’émeut pas particulièrement. J’écoute de la musique, c’est tout. La pochette de l’album doit être envisagée différemment. Les bandes latérales reflètent les différentes petites couches de ma musique et de ma vie mais il y a aussi une gradation verticale. Elle est plus sombre vers le bas parce que ‘Loweina Laurae’, c’est un poisson abyssal qui vit dans un milieu hostile et qui ne remonte vers les eaux superficielles que la nuit, pour se nourrir. Cette série de similitudes avec ma vie était plutôt troublante. Donc ce titre s’est imposé naturellement. Et puis j’aime sa sonorité, je suis très voyelle (rires).»
Très voyelle
Un disque : ‘Loweina Laurae’ (A.R.E. Music / autoproduction)
on stage 22/03, Centre Culturel d Aubange, Athus 11/05, Nuits Bota (Grand Salon), Bruxelles
Texte : Antoine Bours © neil krug
FEW BITS WINTERSLAG
DOUGLAS FIRS MARBLE SOUNDS
MODDI LISA HANNIGAN NO
IE
13.4.2013 C-MINE GENK START 19 U — TIX €12 VVK / €15 littlewaves.be c-minecultuurcentrum.be
ADK
07
08
T e x t e : n i c o l a s a l s t e e n © j o s e p h ya r m u s h
Enregistré pendant les manifestations étudiantes qui ont secoué le printemps québécois, le nouvel album de Suuns se consume dans un climat de tension : atmosphère orageuse, électro calorifère, électricité dans l’air. Le stroboscope en pleine face, le rock tangue comme un corps envoûté. Engourdi, le cerveau capte
‘Images du Futur’ par à-coups, par petites pulsions lancinantes, de plus en plus excitantes. Post-punk dopé au minimalisme électronique, la musique de Suuns a entrevu l’avenir de l’homme. Et il paraît qu’on va danser. Jusqu’à la fin des temps.
Votre premier disque (‘Zeroes QC’ ) a focalisé l’attention et attisé quelques passions. Cette notoriété naissante vous a-t-elle facilité la vie à l’approche du nouvel album ? Ben Shemie (guitare, voix) : « Pas vraiment. Notre tournée s’est achevée en décembre 2011. On s’est laissé du temps pour réfléchir à la suite, tout en s’imposant une limite de deux ans pour sortir le nouvel album. Entre les deux, on s’est trouvé des emplois stables pour survivre et financer les sessions d’enregistrement… Publier un disque, assurer sa promo à l’étranger et partir en tournée, ce sont les bons côtés du métier. A côté de ça, Suuns n’est pas un groupe suffisamment important pour assurer des revenus conséquents. Autrement dit, c’est un peu la galère. (Sourire) Entre les deux albums, j’ai travaillé pendant un an dans une ONG active dans la représentation des droits civiques. On a tous dégoté des jobs à Montréal. L’avantage, c’était d’être chez nous, à proximité de notre salle de répétition. Ça nous a permis de respecter nos échéances. »
Retour vers le futur Le titre de votre nouvel album s’inspire du nom d’une exposition. Vous pouvez nous en dire plus ? Ben Shemie : « ‘Images du Futur’, c’était effectivement le nom d’une expo consacrée aux nouvelles technologies. Elle s’est tenue à Montréal de 1986 à 1996. Cette exposition s’adressait surtout à un public familial. Je me souviens de l’avoir visité avec mes parents. De m’être émerveillé devant les images 3D et des tas d’autres trucs qui, aujourd’hui, sont totalement obsolètes. À l’époque, c’était nouveau et excitant. Historiquement, ‘Images du Futur’ est un événement fondateur. D’une certaine façon, il marque l’intérêt manifesté par Montréal pour les nouvelles technologies. J’ai tendance à idéaliser cette période. Quand j’avais 9 ans, tout me semblait cool. La vie était simple, l’avenir était tourné vers la modernité. Je suis assez nostalgique de tout ça. En même temps, c’est assez drôle de voir que le futur imaginé à l’époque s’est rapidement démodé. » ‘Images du Futur’ enferme un morceau fulgurant baptisé ‘2020’. Faites-vous une fixette sur l’avenir du monde et la musique de demain ? Ben Shemie : « Ce serait faux et totalement prétentieux d’affirmer que Suuns invente la musique de demain. On n’a jamais pensé ça. D’ailleurs, notre approche n’est pas très futuriste, plutôt rétrofuturiste. Au cinéma, j’ai toujours adoré ces films qui essayaient d’imaginer l’avenir. Parfois, le décalage entre la réalité et la fiction est énorme. Comme dans ‘2001, l’Odyssée de l’espace’. Mais dans un film comme ‘Retour vers le futur’, si on excepte les skateboards qui volent, on n’est pas loin de la vérité. J’aime bien ce rapport étrange à la ligne du temps : toutes ces lectures du futur. Moi, je me demande juste si les gens danseront sur ‘2020’ en 2020. (Sourire) » Que ce soit avec ‘Zeroes QC’ (QC, abréviation postale du Québec) ou ‘Images du Futur’, Suuns marque toujours son appartenance territoriale. C’est important pour vous ? Ben Shemie : « A Montréal, on se sent vraiment à la maison. C’est là qu’on s’est rencontré. C’est toujours là qu’on habite. On ne se voit pas vraiment vivre ailleurs. J’ai l’impression que la musique de Suuns est conditionnée par Montréal. C’est une métropole à taille humaine, les loyers y sont abordables et les opportunités nombreuses. C’est une ville assez jeune où la musique compte vraiment. » Tant qu’on parle de Montréal, un titre d’album en français et des chansons en anglais, c’est un compromis local ? Ben Shemie : « Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. (Sourire) J’ai déjà essayé d’écrire des chansons en français mais mon vocabulaire est insuffisant. Ce n’est pas ma langue maternelle. Et puis, je trouve que le français cadre difficilement avec la musique rock. Mais ça, même mes amis francophones me le disent. » Une chanson du nouvel album s’intitule ‘Minor Work’. Considérez-vous la musique comme un art mineur ? Ben Shemie : « Pas du tout. Je ne vois pas pourquoi il faudrait établir une hiérarchie entre les arts. Je suis totalement opposé aux échelles de valeur. En musique, certains styles sont plus représentatifs de leur époque que d’autres. De nos jours, on est dans l’attente, à l’affût de l’émergence d’une nouvelle forme de musique populaire. A cause de cet immobilisme, notre génération a tendance à scruter en direction du passé. On n’est pas suffisamment tourné vers l’avant. Notre musique, par exemple, s’inscrit dans la tradition rock. Le tout, c’est de savoir si on fait avancer le mouvement ou si on ne fait que répéter indéfiniment une formule éprouvée. Cette réflexion – ou plutôt cette frustration – tourne en boucle dans l’esprit des musiciens de notre génération. On est tous en train de se poser la même question : est-ce qu’on tourne en rond ? » Dans la presse musicale, on compare d’ailleurs souvent votre musique à celle du groupe anglais Clinic. Ce rapprochement, c’est votre boulet ou une fierté ?
Ben Shemie : « A l’origine de cette comparaison, il y a ma voix. Je ne suis absolument pas frustré d’être rapproché de Clinic. J’adore ce groupe et je ne m’en cache pas. C’est une influence. Je pense que la presse a besoin de situer ses lecteurs, de poser des noms à côté de la musique des groupes émergents. J’ai quand même l’impression que lorsque les journalistes évoquent Clinic pour nous situer, c’est un peu péjoratif. Comme une façon détournée de dire qu’on reproduit leur musique. Je me suis toujours demandé ce que pensait Clinic en lisant ces articles dans la presse. Récemment, on a partagé l’affiche avec eux. Alors, j’ai pris mon courage à deux mains pour avoir leur avis sur la question. En réalité, ils nous connaissaient. Ils s’étaient même procuré notre premier album. Ils nous ont rassurés en nous expliquant qu’eux aussi étaient passés par là, qu’eux aussi avaient été comparé à Suicide. Pour nous, ça a été un soulagement d’apprendre qu’on n’était pas les seuls à éprouver ce sentiment. » ‘Images du Futur’ oscille toujours entre un son rock, froid et chirurgical, et des pulsions électroniques minimales. Cela correspond à une forme d’indécision ou à une volonté de brouiller les pistes ? Ben Shemie : « Dans le groupe, nous sommes d’abord des mélomanes. On achète régulièrement des disques, on partage nos découvertes. Nos goûts sont variés. Pour nous, faire de la musique, c’est une façon différente de vivre notre passion. On essaie de combiner des choses qui, sur le papier, ne sont pas forcément complémentaires. Mélanger des éléments issus du rock psychédélique avec des textures d’électro minimale, c’est un plaisir permanent. On le fait consciemment. » Concrètement, comment une chanson de Suuns prend-elle forme ? Ben Shemie : « Ça varie d’un morceau à l’autre. Notre démarche n’est jamais systématique. Souvent, on fonctionne par ajustement. Certaines chansons fonctionnent avec trois fois rien. Un titre comme ‘2020’, par exemple, doit son existence à quelques arrangements. Du reste, tout le monde peut composer un morceau comme celui-là. C’est à la portée de tous. A priori, j’ai quand même tendance à composer au départ d’un beat. Ça me permet de choisir le tempo du morceau. Je pense que tout tient au groove. Parce qu’au final, la musique dépend uniquement de ça : le rythme. C’est l’origine de la musique dans l’histoire de l’humanité. C’est une pulsion primaire inhérente à notre nature. On ne peut aller contre. »
Suuns ‘Images du Futur’ Secretly Canadian/Konkurrent
A peine remis de l’électrochoc impulsé par ‘Zeroes, QC’, on ouvre les yeux sur ‘Images du Futur’ : version 2.0 des explorations sonores orchestrées par Suuns depuis Montréal. Les Canadiens montent le volume et stimulent à nouveau les liaisons nerveuses qui séparent l’anatomie électronique des corps organiques. Montagne russe émotionnelle, cette nouvelle livraison s’expose à la lumière du jour entre tension et apaisement, rage et purs moments d’extase. ‘Images du Futur’ est un album ambigu, un grand disque complexe et terriblement accessible. Suuns tire sur toutes les ficelles minimalistes pour s’offrir un maximum d’effets spéciaux, un vrai truc de science-fiction avec une basse qui bourdonne comme un ovni en perdition au-dessus d’une mer agitée. Au large, des sons jaillissent : les échos de guitare électrique, une lame de fond synthétique. Le ciel est sombre, orageux, éclairé sporadiquement par des coups de tonnerre, des lumières épileptiques. Enregistré dans l’agitation des manifestations étudiantes québécoises, ‘Images du Futur’ se soulève dans un climat d’excitation, d’espoir et de frustration. Ici, on ne triche pas : on danse en pleine réalité. (na) Suivez le guide : www.secretlycanadian.com/suuns
on stage 11 mai, Nuits Botanique, Cirque Royal (avec Apparat et Aufgang)
T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © s e b a s t i a n m ly n ar s k i
09
Avec ce gars-là, on naviguait entre deux eaux, sans savoir quel bras de canyon il allait nous enjoindre d’emprunter. En amont, ‘Pride’, avec le gracile ‘My Dove, My Lamb’, le cérémonial ‘Wolves’ nous avait greffé le goût d’un timbre attendrissant à force d’être tavelé de petites scories. En aval, ‘To Willie’ et ‘Here’s
To Taking It Easy’, plus forts en gueule, davantage gentlemen farmer, nous avaient vu griller des marshmallows évasivement, sans jamais faire chavirer complètement le rodéo. Ne serait-il pas l’heure, cette fois, de réconcilier le forban et l’évangéliste, l’innocent et le soupirant, l’heure ô combien propice de patrouiller plus abondamment à travers la plaine ? Es-tu satisfait des sonorités plus électroniques de ‘Muchacho’? C’était une volonté consciente de t’éloigner du rendu de tes deux précédents albums ou c’est arrivé par hasard ? Matthew Houck : « Oui, j’en suis très heureux. C’est un peu plus complexe qu’une volonté ou un accident, je crois. Mes deux albums précédents, avec leurs influences country, sont devenus un peu plus connus que les disques d’avant, et donc je pense que pas mal de gens ont une perception de Phosphorescent comme recoupant un certain type de projet. Mais ces sons un peu plus expérimentaux, j’y touche depuis longtemps, Phosphorescent existe depuis un peu plus de dix ans. » Pourtant, étant originaire de l’Alabama, la musique country et ses déclinaisons, ce sont vraiment tes racines ! Matthew : « Bien sûr, et j’aime toujours ça. Mais je n’ai pas ressenti le fait de produire ce type de rendu moins organique comme un écart, pour moi la marge, les albums étranges c’était ‘To Willie’ et ‘Here’s To Taking It Easy’. » ‘Muchacho’ s’inscrit dans un registre bien plus personnel qu’un hommage à un autre musicien…la période d’écriture et d’enregistrement pour toi étaient assez troublées… Matthew : « Pendant les sessions d’enregistrement, la situation commençait déjà à s’améliorer un peu. Pendant l’écriture des morceaux par contre, eh bien les choses étaient aussi compliquées que le véhiculent les mots. » Écrire c’était un moyen de faire catharsis, d’expulser des sensations noires? Matthew : « Peut-être bien, oui. Et ça doit l’être ! Mais tu n’envisages pas les choses comme ça au moment où tu le fais. » On retrouve fréquemment le mot « cage » dans ce disque, en particulier dans le single ‘Song For Zula’. Tu te sentais comme pris au piège par ta vie ou ta carrière, à cette période ? Matthew : « Oui…Non. Évidemment. Oh c’est tellement bizarre de discuter de ça autour d’une table, maintenant. » Je suis désolée mais j’ai la conviction que c’est important d’aborder cet aspect-là pour comprendre ton nouvel album… Matthew : « Oui, bien sûr. Mais prenons un exemple : c’est exactement comme tenter de se souvenir de quand on se dorait au soleil et qu’on plongeait dans une piscine maintenant qu’il fait glacial dehors. J’ai du mal à me remémorer, mais oui, j’étais vraiment dans une phase de burn-out à force de tourner, de répéter les mêmes actions chaque jour, de ne jamais me sentir à la maison. Plus significativement, quand j’ai finalement quitté la route, j’ai découvert que je n’étais plus le bienvenu chez moi non plus, que tout était fini. » Tu es alors parti sur une plage de Tulum pour terminer tes morceaux. C’était une façon de fuir ta situation tombant en miettes ou de trouver un nouveau souffle ? Matthew : « C’est surtout la fuite que je visais. Je ne crois pas que je vivais ça en curieux ou en aventurier. C’était au Mexique, mais ça aurait pu être n’importe où, c’était avant tout une façon de sortir de ma propre existence. Juste prendre du recul pour être à nouveau capable de considérer ma vie. » Obtenir de la distance, un autre point de vue…c’est intéressant, parce que tes nouveaux morceaux sont chargés d’antagonismes (‘Terrors in The Canyons’ et’There’s a Charm /a Blade’ surtout). Tu te considères comme une personne duelle, ou c’était propre à cet instant ? Matthew : « Nous le sommes tous, non ? (rires)Mais je crois que c’est exactement comme ça que je me sentais à ce moment-là, et sans doute encore un peu à présent. » J’aimerais qu’on s’attache au mot « lamb » qui est très présent dans ‘Muchacho’ mais aussi dans tes disques antérieurs. Tu l’emploies comme une allégorie propre à la musique traditionnelle ou bien ça a un sens plus particulier pour toi ? L’agneau, c’est à la fois la pureté mais aussi le sacrifice…tu te vois comme cet animal ? Matthew : « Oh non, je ne suis pas un agneau ! Mais quand j’utilise cette métaphore en écrivant, je le fais dans l’idée de l’innocence. » Mais le mot a aussi une portée religieuse… Matthew : « Là, ça devient délicat, je ne voudrais pas… » Je ne cherche pas à savoir si tu as la foi ou pas, je sais que c’est épineux pour les musiciens américains, tu n’es pas le premier à tergiverser quand j’effleure le sujet… Matthew : « Vraiment ? (il éclate de rire)C’est fou ! Mais pour revenir à l’agneau, c’est une métaphore de pureté que je transporte depuis longtemps. » Passons à ‘A New Anhedonia’ qui m’a beaucoup touchée…l’ennui, la perte de désir, ce sont des maux propres à notre époque. Comment est-ce qu’on parvient à surmonter cette érosion du goût en tant que musicien ? Ça doit être insupportable, tu le dis dans le morceau… Matthew : « Ca s’est fait en un tour de magie comme la musique peut le faire. » Tu devais taper sur le clou continuellement jusqu’à ce que l’envie revienne ? Matthew : « C’est précisément ça, mais ça a fini par redémarrer complètement ! C’était comme une révélation. Imagine que c’est comme si tu avais une expérience religieuse : tu as perdu la Foi, et subitement un buisson enflammé apparaît devant toi. » As-tu l’intention de rendre hommage à d’autres musiciens que Willie Nelson un jour prochain ou tu considères que c’était une expérience unique ? Matthew : « Oh, je ne dirais jamais non à ce genre de projets. J’y pense tout le temps. Waylon Jennings, Leonard Cohen, Joni Mitchell, j’adorerais faire ça. » C’est drôle, à cause de tes racines sudistes, j’aurais plutôt pensé à Lynyrd Skynyrd ou Allman Brothers… Matthew : « J’aimerais sans doute aussi. Quelle curieuse façon de gagner sa vie, tout de même. Tu fais un disque et tu dois aussitôt partir le défendre, ce qui est super, je ne m’en plains pas. Mais si ça ne tenait qu’à moi, je ferais un disque tous les mois. » Peut-être que ça finirait par t’entraîner sur des voies très distinctes, un album de dub ou de
reggae, mettons…tu penses que tu as encore des buts inédits à atteindre par rapport à ta pratique musicale ? Matthew : « Faire ce disque a été une vraie source de plaisir pour moi, si on excepte les quelques mois perdus, et je me remettrais bien directement à l’écriture, j’ai quelques idées en tête, déjà. Je voudrais pouvoir me dire que l’étiquette « Phosphorescent » peut contenir beaucoup de concepts d’albums différents, sans barrières. Mais d’un autre côté, je ne sais pas si en faisant un disque sans paroles, on pourrait le considérer comme du Phosphorescent. J’aime juste l’idée que ça soit possible. » Tu as toujours adopté une façon solitaire d’enregistrer, tu es seul maître à bord. Il n’y a personne dont tu voudrais comme collaborateur ou producteur ? Matthew : « Aucun nom ne me vient comme ça à l’esprit. Ah si, c’est vrai que j’aimerais faire un disque avec mon ami Josh, Father John Misty. On a bidouillé quelques morceaux ensemble il y a un an et on s’est vraiment bien marrés pendant la conception. On en parle depuis un certain temps, si du moins on parvient à s’éloigner un peu de la route. Je pense que ça serait vraiment explosif. » Tu vas jouer dans une chapelle à Londres, est-ce que tu te réjouis de ce concert, de la possible atmosphère spirituelle ? Matthew : « Oui, c’est demain. Je n’ai pas encore vu l’église, mais j’ai entendu dire que l’endroit est beau. Pour être honnête avec toi, je me sentirai sans doute un peu en état de conflit. J’aime l’idée d’endroits sacrés, et je crois à la sainteté, mais je ne suis pas certain de la façon dont ça filtre à travers la politique, et que ça doive juste être attaché à un seul endroit, c’est un sentiment tellement plus ample que ça semble fou qu’une unique religion possède la clé. Et ça paraît absurde pour pas mal de gens. Naïvement, j’aimerais croire que les divisions religieuses vont finir par se déliter. Les églises sont de beaux endroits mais ça cause tellement de misère par ailleurs que c’est vraiment délicat d’adhérer complètement. »
Sacré garçon !
Phosphorescent ‘Muchacho’ Dead Oceans/Konkurrent
A surprendre Phosphorescent ouvrant grands les bras pour héler l’astre du jour, on serait en mesure de flipper : qu’il soit tombé dans un sas de développement personnel, une petite fantaisie sectaire, ne viendrait pas nous égayer. Le honky-tonk nouveau siècle de ‘Ride On / Right On’, teaser pour mouvements de pelvis et ‘A Charm / A Blade’ et ses cris de parade nuptiale nous tranquillisent : plus que jamais terrien, il a juste le teint blême, des succubes bouturées aux omoplates, la repentance le long des phalanges et la vivacité qu’il met à l’ouvrage se teinte de plaintes d’encre ou de reverb. Eau dormante ou tigre féroce, notre homme carboniserait volontiers son cœur sur un brasero de brindilles sèches si ça pouvait lui assurer le retour de l’être aimé. Et nous de nous imprégner de sa marinade malhabile et fanfaronne, de sa loyauté aux manches relevées (« I’ve been fucked up and I’ve been a fool ») et aux images pieuses, depuis les climats tièdes qu’il fait défiler paresseusement dans le campement à la belle étoile de ‘Muchacho’s Tune’ jusqu’au piano et aux chœurs chagrins de ‘New Anhedonia’. Là où d’autres gringos nous auraient fait abandonner les éperons, Matthew Houck parvient encore à redonner un contour singulier à l’americana. Laissons, laissons, entrer le soleil… (alr) Suivez le guide : http://www.phosphorescentmusic.com
on stage 09/05, Nuits Botanique, Bruxelles
10
T: Melissa Janssen i Trad: Patrick Foissac © B.Sheffield
Local Natives
T: e r i c t h e r e r © e l i o t l e e h a z e
06
C’est littéralement surgi de nulle part que ce groupe californien a sorti
en 2009 son premier et excellent album, ‘Gorilla Manor’, se faisant immédiatement un nom sur la scène indie. Fin janvier, fort d’une belle expérience acquise en tournée avec The National et Arcade Fire, les Local Natives nous sont revenus avec ‘Hummingbird’, album produit par Aaron Dessner de The National. Les sonorités volontiers joueuses du premier opus font ici place à des titres plus émouvants et nostalgiques. Est-ce un hasard?
Signature et poulain récents du label 4ad, Daughter affiche sa jeunesse sans complexe et sans faux-fuyant. Elena Tonra, Igor Haefeli et Remi Aguilella ont chacun 23 ans. Après deux ep
Tolérer l’imperfection
parus en 2011, le trio londonien sort un premier album aéré, aérien et aéroporté. Entre une tournée anglaise qui a
Vous venez de commencer votre nouvelle tournée et j’imagine que vous proposez un cocktail entre morceaux anciens et ceux que vous venez de composer. Comment réagit le public ? Taylor Rice (chant et guitare) : « Un peu plus de la moitié du set est composé de nouveaux morceaux. On a toujours plus de réactions par rapport aux anciens titres, ce qui est normal vu que ‘Hummingbird’ vient de paraître. Après un concert, on va toujours à la rencontre du public pour discuter et je dois dire qu’on a eu jusqu’ici des commentaires vraiment très positifs sur les nouvelles compos. Dans l’absolu, ce sont ceci dit les titres du premier album que les gens connaisssent bien et qui constituent donc les temps forts d’un set. Et quand le public reprend en choeur ‘Wide Eyes’ et ’Sun Hands’ , tu te demandes franchement ce que tu pourrais demander de plus en tant que musicien. » ‘Gorilla Manor’, votre premier album, était plutôt uptempo. ‘Hummingbird’, par contre, dégage davantage de profondeur et semble bercé par un fort sentiment de nostalgie. Y a-t-il une raison à cela ? Taylor : « ‘Hummingbird’ est un album extrêmement personnel. Ces dernières années, nous avons connu un certain nombre de choses qui ont changé nos vies. Sur le plan musical, c’est le rêve et nous vivons quelque chose que l’on n’aurait pas osé imaginer voici quelques années. Sur le plan personnel, par contre, nous avons connu quelques déconvenues et c’est le genre de chose que tu abordes au niveau de l’écriture. Notre musique sonne toujours très Local Natives, mais elle a évolué en même temps que nous. » Vivez-vous toujours ensemble ? Matt Frazier (batterie) : « Non. Bien que je pense que nous passons encore beaucoup trop de temps ensemble! (rires) A Silver Lake, nous passons nos journées au studio et ce n’est qu’une fois le soir venu que nous rejoignons chacun nos pénates. » Puisqu’on évoque le studio d’enregistrement, parlez-moi de votre collaboration avec Aaron Dessner de The National. Comment cela s’est-il passé ? Matt : « Très bien! Nous avons appris à le connaître à l’occasion de la tournée que l’on a faite avec The National. Je dois dire que le contact a directement été excellent. A l’époque, tous les morceaux composés pour ‘Hummingbird’ étaient prêts et on s’était lancé dans un brainstorming afin de déterminer qui on allait engager comme producteur. Aaron était là et nous a expliqué sous forme de blague comment il s’y prendrait. » Et c’est comme cela que le choix s’est fait ? Matt : « Non, pour une raison ou une autre, cela ne s’est pas fait directement. On a continué de réfléchir à la question jusqu’à ce que l’un de nous émette l’idée géniale d’envoyer un mail à Aaron. Celuici a répondu avec beaucoup d’enthousiasme. C’est ainsi qu’on a été amenés à travailler ensemble et je dois dire que cela s’est super bien passé en studio. Une belle collaboration! » Taylor : « Une des choses qu’il m’a apprises, c’est qu’il faut tolérer l’imperfection. Avant, on était convaincu qu’il fallait s’efforcer de jouer chaque note avec autant de précision et de justesse que possible. Or, Aaron utilisait souvent des prises qui n’étaient pas vraiment parfaites, mais qui formaient un tout. Et puis, il y avait ses guitares, aussi. Il a une collection de guitares vintage qui est particulièrement cool. Ma préférée, c’est sa vieille Fender Jaguar. » Avec Alt-J et Daughter, vous figurez parmi mes grandes découvertes de l’année. Et de votre côté, qu’est-ce qui vous a marqué en 2012 ?
connu un franc succès, marquée par des soldout dont celui à l’Assembly Hall de Londres, et une tournée européenne qui s’ouvre sous peu, Elena, sa chanteuse accorte, répond à nos questions depuis un hôtel bruxellois.
Matt : « Portishead! Un de mes amis m’a récemment fait découvrir l’album ‘Third’, qui date déjà d’il y a un bon bout de temps. Dès la première écoute, j’ai été émerveillé, c’est la pure perfection. » Taylor : « Ma découverte de l’année est également tout sauf récente, puisqu’il s’agit de Leonard Cohen. Je n’avais jamais pris le temps de vraiment écouter sa musique mais ces derniers mois, je suis littéralement tombé amoureux de son oeuvre. Idem pour Nick Drake, d’ailleurs. Quel génie. » Si vous pouviez partir en tournée avec un groupe ou un artiste, mort ou en vie, de qui s’agirait-il ? Taylor : « C’est vraiment une question difficile. Je pense que je choisirais les Beatles, bien qu’ils me semblent être un peu misérables pour partir en tournée avec eux! (rires) Le plus chouette, c’est encore de partir en tournée avec des amis. Nous avons eu l’honneur de pouvoir le faire avec The National et Arcade Fire. Mais à la question de savoir avec qui je rêverais vraiment de faire une tournée... Hmmm… (il réfléchit longuement) Leonard Cohen, évidemment! » Matt : « Ou bien Elvis Costello. Ca doit être cool de partir en tournée avec lui. En même temps, c’est vrai qu’il n’est pas encore mort… Je veux vraiment faire ressusciter quelqu’un d’entre les morts, une telle chance, on ne doit pas la laisser passer! » Taylor : « Se produire avec une troupe d’opéra du treizième siècle, cela devrait être pas mal. » (rires)
Local Natives ‘Hummingbird’ Infectious Music/Pias De joyeux ‘Airplanes’, t’en as déjà pris sur un coup de sang, pourtant. Viens plus haut, on va contempler le ramdam à la reculade depuis les plafonds, se réjouir d’être les barons perchés de la pop. Ça sera ‘You & I’ contre le monde entier, on façonnera nos enceintes de claquements du pouce et de l’index, on crapotera des cumulonimbus, on n’aura nul besoin de Joe pour se dorer sur la piste des indiens treize mois à la douzaine. « In the summer, vicious summer/ there’s nothing like I thought it would look », c’est que l’ascension s’avère plus périlleuse que prévu. Tu nous l’avais escamoté à dessein, avoue, qu’ils pouvaient avoir les voilures lestées tes colibris, des convulsions plein les plumes, le bec poissé de solution saline. Tu t’étais bien gardé de nous annoncer qu’avec Aaron Dessner (gémellaire National) comme coolie, au faîte du disque on ne ressentirait plus la réverbération de Rio, plutôt l’inlandsis, et que tels des ‘Wooly Mammoths’, on rentrerait les pieds plus gourds de nos fugues autrefois allègres. Mais quand tu chancelles ficelé à une grappe de ‘Black Balloons’, que tu luttes avec énergie malgré tout, suspendu à cette volte languissante, à ces orchestrations à la nostalgie extensible, je t’estime paré à renoncer un temps au réconfort léger, aux fêtes païennes. « Who am I to blame ? », loin de m’atterrer, il fait tinter cette part de moi qui se délecte des frimas et du recueillement, ton oiseau-mouche. (alr)
on stage 07/03, Le Grand Mix, Tourcoing 08/03, Trix, Anvers (sold-out)
Un cœur en hiver Elena : « Nous venons de rentrer d’une tournée en Angleterre et en Irlande assez conséquente, la plus longue à ce jour. Il faut dire que notre expérience de la scène n’est pas encore très développée. Nous sommes assez contents car les concerts étaient sold-out et les réactions ont été bonnes et enthousiastes. J’étais particulièrement heureuse à l’idée de jouer en Irlande, qui est le pays d’origine de mon père. En avril nous en entamerons une autre, à travers l’Europe cette fois. Nous devrions jouer à Rotterdam, Cologne, Berlin, Copenhague, nous traverserons la Suisse, qui est le pays d’Igor, pour terminer à Paris. Nous serons aussi à Bruxelles, au Botanique. Nous y avons déjà joué auparavant mais dans la cave ! » Comment est né ‘If You Leave’ ? Elena : « Nous avons commencé à écrire nos chansons en janvier 2012 pour les terminer en décembre. Cela a pris une année complète pour arriver au terme du processus. Parallèlement, nous jouions live et nous sortions beaucoup. Nous ne nous sommes ni isolés, ni enfermés comme le font beaucoup car nous n’avions ni le temps, ni les moyens de le faire. Les moments de répit nous permettaient de repenser après coup à ce que nous venions d’enregistrer et de rectifier le tir. Nous avons dû opérer une balance entre nos priorités, c’est un exercice assez dur mais, au bout du compte, salutaire. Nous n’étions pas vraiment organisés au point que nous avons fréquenté plusieurs studios londoniens, nous prenions ce qui s’offrait à nous, ce qui était libre. Ce n’est qu’une fois l’enregistrement terminé que nous avons pu quitter Londres pour la campagne du Surrey où nous avons mixé l’album avec Ken Thomas pendant deux semaines. » Ken Thomas est un producteur de légende qui a beaucoup œuvré au son de groupes emblématiques des années 80 comme Psychic TV, Clock DVA, Test Department… Etiez-vous au courant de son travail des débuts ? Elena : « C’est surtout Igor qui était au fait de son travail des années 80. Pour ma part, je n’étais pas vraiment informée de ce qu’il a fait auparavant, même si je connais ses productions actuelles. En réalité, j’ai été davantage séduite par l’homme qu’il est et par ses qualités. C’est quelqu’un d’assez humble et de spécial à la fois, fort à l’écoute. On a beaucoup apprécié travailler avec lui. » Tous les titres de vos chansons ne se déclinent qu’en un mot, il y a t-il une raison à cela ? Elena : « Nous avons commencé à nommer nos premiers morceaux comme cela. A nos débuts, nous écrivions la liste des morceaux sur nos mains et le manque de place commandait de ne pas faire long. Ce qui au départ n’était qu’une simple commodité est devenue peu à peu une habitude pour nommer nos titres de façon concise. Cela offre aussi l’avantage d’une plus grande interprétation pour l’auditeur. »
el
T: B r a m V e r m e e r s c h i T r a d : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g
Quel sentiment en particulier avez-vous voulu transmettre dans la chanson ‘Smother’ ? Elena : « Le sentiment du vide mais aussi celui de la solitude. Plus précisément, il y a cette idée d’un constat sur la solitude qui est que dans des circonstances où l’on se sent véritablement seul, on se rend compte de quelque chose auquel on n’aurait pas pu accéder si on ne l’avait pas été. Cela peut être la part de responsabilité que l’on prend sur soi dans la survenance de cette solitude. Cela peut être aussi le fait de se dire à soi-même que l’on n’est pas la meilleure personne au monde… » Vous vous êtes rencontrés tous les trois au collège. Quel instrument as-tu étudié ? Elena : « A vrai dire, je n’en ai étudié aucun, Igor non plus. Seul Remi a étudié la batterie. Je me suis inscrite à l’académie d’été car je n’avais pas vraiment de direction à suivre à cette époque de ma vie. J’ai commencé à composer des chansons très jeune, à treize ans. Mes premières paroles ont été écrites trois quatre ans après. A un moment, je me suis dit que je devais me discipliner, canaliser ma création. J’ai surtout appris à manier les techniques de production et j’ai eu des professeurs fantastiques. Cela m’a beaucoup aidé par la suite, ça m’a permis d’avoir un regard extérieur sur ma façon de composer. » Quelles sont tes influences musicales ? Elena : « Elles ont changé au cours du temps. Plus jeune, j’écoutais ce qu’écoutaient mes parents : Neil Young, Dylan et Bowie. A quatorze ans, j’ai découvert Jeff Buckley. Il a changé ma manière de voir et d’écouter. Depuis quelque temps, Igor me fait écouter beaucoup de musique électronique. » As-tu déjà eu la curiosité d’aller écouter les artistes qui figuraient sur le catalogue 4ad des années 80 quand le label a débuté ? Elena : « J’avoue ne pas vraiment les connaître. J’ai écouté les Pixies car Igor en est fan. Puis, je me suis mise à écouter Cocteau Twins que j’ai vraiment apprécié. Mais tu sais, mes goûts d’adolescente n’étaient ni curieux, ni très avancés. Je suis presque gênée d’en parler ! »
Daughter ‘If You Leave’ 4ad/Beggars Le titre l’augure : le propos sera mélancolique. La condition est énoncée mais sa conséquence demeure inconnue. Les textes de ces dix morceaux avisent mais laissent l’énigme en suspens. Telle est la façon de procéder de Daughter. Suggérer, chuchoter, insuffler. Nous sommes dans le domaine du murmure, des ambiances parcimonieuses et des mots pesés. ‘Winter’ ouvre le disque sur un pas délicat. ‘Smother’ qui le suit dit la difficulté de vivre en couple et la solitude paradoxale qu’il engendre. ‘Youth’ et ‘Still’ apparaissent plus légers quoique subsiste cette impression d’abandon qui reprend de plus belle avec le chavirant ‘Tomorrow’. ‘Touch’ est magnifique de simplicité et d’aisance tandis que ‘Shallows’ clôt le disque en feignant de s’éterniser avec une tempérance presque contrainte. Dernière signature de 4ad, Daughter aurait pu figurer au sein du catalogue historique du label, à la grande époque des Cocteau Twins et de This Mortal Coil dont il apparaît comme le successeur involontaire malgré lui. Le trio pratique une pop simple, égrenée, recourant à un minimum de moyens pour tenir son propos. A la limite de la chute, la voix d’Elena Tonra joue une grand part, donnant à cette musique toute sa dimension faussement fragile et terriblement humaine. Excellent début. (et)
on stage 04/04, Botanique, Bruxelles
11
Palma Violets
The Sound of 2013! Selon la BBC, Palma Violets est un des quinze groupes à suivre cette année. Déjà en 2012, le single ‘Best Of
Friends’ avait reveillé le feu sacré du regretté Joe Strummer et de The Clash. Aujourd’hui, le quatuor londonien prouve qu’il n’est pas qu’une simple hype mais que son rock est de la trempe des Libertines et autres Vaccines. Numéro de maison du local de répét’ des Palm Violets à Lambeth, Londres, ‘180’ est un disque de britpop de haute volée. La preuve par ‘180’, produit par Steve Mackey de Pulp.
Les montagnes rock
Comment gérez-vous cette hype? Will Doyle (batterie) : « Le succès ne peut pas nous monter à la tête. Nous savons bien comme gérer la hype. » Chilli Jesson (chant, basse) : « Ca reste notre moteur. Plein de groupes ne ressentent plus aucun plaisir car ils sont sous pression. Mais nous sommes jeunes, nous nous entendons bien et nous sommes sur un label indé. C’est ce qui donne le son brut à notre disque. En travaillant avec un producteur, le risque est de faire un disque plein de klaxons et de cloches mais ce n’est heureusement pas le cas. » Will : « Ceux qui nous ont vus à l’œuvre et ont entendu le disque savent que nous sommes parvenus à reproduire le son de nos concerts. On peut comparer avec le premier album de Glasvegas: ce sont des démos avec juste un peu de réverb’. » Chilli: « Jesus & Mary Chain est aussi un groupe super. Nous voulons que les auditeurs ressentent des émotions pures, c’est pour ça que ‘180’ était destiné à devenir un disque rock’n roll. Même si notre intention n’était vraiment pas d’en faire notre ‘Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band’ (le chef-d’œuvre très arrangé des Beatles, bvm). » Un groupe a besoin de temps et d’espace pour arriver à un tel sommet, non? Will : « Oui. Plein de nouveaux groupes veulent avoir un son grandiloquent, c’est se mettre une grosse pression. Mais tu peux aussi faire un bon disque en jouant de manière basique. Il est tout à fait possible de faire les choses simplement, sans en rajouter. » Chilli : « Il faut se laisser le temps de grandir, sans brûler les étapes. Nick Cave est un des plus grands auteurs de textes mais ‘Door Door’, le premier album de son groupe The Boys Next Door (renommé plus tard The Birthday Party, bvm) était une blague. Sur ce disque, Cave chante sur ce que c’est d’être un adolescent et c’est pas cool. Je suis convaincu que tu dois vraiment travailler à tes textes avant de faire un vrai beau disque. C’est ce qui te fait grandir en tant qu’artiste. Personne n’atteint son meilleur niveau sur son premier album. » Pourtant, les labels ont joué des coudes pour vous signer. Chilli : « Ca doit aller super mal pour l’industrie du disque britannique: tous les labels sont désespérément à la recherché de hits. Personne n’en sait rien (rires). Ce n’était pas un problème d’être signés rapidement. Tous les labels avec qui nous avons discutés nous voulaient. Ca peut sembler arrogant mais c’est la réalité. Apparemment, nous étions le bon groupe au bon moment mais nous étions encore à la recherche d’un bon encadrement. Nous avions déjà cinq ou six titres mais nous ne savions pas par où commencer. Jusqu’au jour où notre manager, qui était à mes côtés lors d’un match de mon équipe de foot favorite, les Queens Park Rangers, m’a dit : “Vos chansons sont terribles. Ayez confiance en vous, en votre musique et tout va bien se passer.” Dès ce moment, la machine était lancée. » Will : « Les gens se pointaient à nos répet’ dans notre local. Bizarre mais très agréable. Et un peu plus tard, Rough Trade s’est montré alors que ça faisait à peine quatre mois que nous existions. » Chilli : « Ils ont demandé: “Vous voulez déjà sortir un truc ? Vous êtes prêts ?” » Will : « Nous trouvions cool que le boss de Rough Trade était
au courant de notre reprise d’une chanson de The Rivieras. Ca nous a fait franchir un cap. » Chilli : « Let’s do it, on s’est dit. Depuis, ce sont les montagnes rock. » Votre musique a un côté punk. Chilli : « Faire partie de cette génération de groupes à guitares est déjà un bon début. » Will : « Les Britanniques aimeront toujours ce genre de musique. Quand on est dég’, on ne se laisse pas aller, c’est dans notre nature. Un bon feeling punk tranchant, ça aide. Pour cette raison, les soirées dubstep étaient une vraie respiration. On dansait tous comme des malades. » Chilli : « On voit ça aussi pendant nos concerts. J’adore ce bordel. C’est ce qui me plait. It’s only rock ’n’ roll. » Ce bon vieux rock british... Chilli : « Ca peut nous arriver de chanter la Rattlesnake Highway mais nous ne sonnerons jamais comme un groupe américain. Ils ont de bons groupes rock garage comme The Black Lips mais pour le côté punk, ça fait un bail que l’Angleterre est devant. Les Britanniques le font à leur manière et c’est cool. Je veux m’envoler avec les groupes anglais. Nous aimons Joe Strummer et Keith Moon (batteur de The Who, bvm). Ces types crachaient des frustrations qui ne peuvent survenir que quand tu es livré à toimême dans les rues de Londres. Pour ça, Palma Violets est british pur jus. Nous parlons de la manière britannique de vivre, des nanas britanniques qui se comportent d’une façon très spécifique. Elles sont bien plus difficiles à séduire que les autres filles. » D’où ce côté romantique associé à Pulp et à la Britpop qu’on retrouve en plus du punk. Chilli : « Pour illustrer cette diversité, nous avons sorti le double single ‘Best Of Friends/Last Of The Summer Wine’. Notre son a un côté énergique et agressif mais il peut aussi être très beau. J’espère que chacun entendra ce côté pluriel. Le chant de Sam (Fryer) est très beau et je chante à ma façon écorchée. En fait, je ne sais pas très bien chanter. La comparaison avec Pulp? C’est sans doute dû au fait que Steve Mackey de Pulp était le producteur de service. Le son des orgues fait aussi un peu penser à Pulp. » Will : « Tout le mérite en revient à Peter (Mayhew), notre claviériste. Il a suivi une formation classique et sait aussi jouer de la harpe et de l’orgue d’église. Quand il était gosse, il ne regardait jamais la télé et répétait tout le temps. » Un autre genre que vous? Chilli : « S’il était ici, il ne dirait sans doute pas un mot. Peter est un mec très spécial. » Will : (ironique) « Chilli et moi sommes plus du genre à picoler 24h/24 et à sniffer de la coke. (Il rit et son regard tombe sur la cover du RifRaf flamand de novembre avec Tomàn en tenue de cyclistes, bvm). Ce genre de photo est super rock’n roll à mes yeux. Il n’y a pas de sens profond mais ça montre que le groupe ne se prend heureusement pas au sérieux. » Chilli : (malicieux) « Je parie que ce sont des cyclistes professionnels. Ils veulent montrer qu’ils ont une vie en plus de la musique. Pas comme nous, Will, tu foires toujours tout. Achètetoi un vélo. Et arrête de picoler. »(rires) Un disque : ‘180’ (Rough Trade)
12
Texte : a Ant no e -i n L ies eb o Ru er msa c l e
Septième album pour le Black Rebel Motorcycle Club. Autrement dit, l’âge de raison pour Robert Turner Been, Peter Hayes et Leah Shapiro. Endeuillés par le départ d’un référent paternel commun, le trio plonge
pour la première fois dans les affres de la création sans filet. Nos motards retroussent leurs manches de cuir et, sans préméditation, brouillent à nouveau les pistes avec ‘Specter At The Feast’, manège rock où paradent des influences aussi diverses que bariolées, de Kyuss à Spiritualized en passant par U2 ; un carrousel fantomatique glissant sans accroc de plages éthérées à de gros riffs décoiffants, dense, complexe, à la recherche d’une réinvention dans l’affranchissement du passé. Genèse douloureuse sur laquelle reviennent Robert et Leah, chanteur et batteuse éreintés par une promo-marathon que j’ai l’honneur de conclure, accueilli par un déchirant solo au piano.
Black Rebel Motorcycle Club ‘Specter At The Feast’ s’ouvre sur une intro aux sonorités zen. Quel était votre sentiment général lors de l’enregistrement ? Leah : « L’intro de ‘Fire Walker’ est arrivée tardivement. Le morceau est né d’une jam au Joshua Tree en compagnie de Chris Goss (Kyuss, Masters Of Reality, ndr), avant même que nous ne partions en tournée pour ‘Beat The Devil’s Tattoo’. Peter a ajouté ce passage en studio par la suite. Je pourrais l’écouter pendant des heures sans m’en lasser. » Robert : « Ce n’était pas prémédité. ‘Fire Walker’ est un morceau qui a mis du temps à se construire - plus de deux ans - et je me méfie des chansons qui ne trouvent pas facilement leur voie. J’ai donc décidé de la laisser tomber, jusqu’à ce qu’on retourne dans le désert, au Rancho De La Luna. La session fut longue et on ne parvenait toujours pas à dompter ce foutu morceau, à savoir où il nous menait. J’en devenais dingue. Puis vint la proposition de créer une rupture dans le morceau, avec cette mélodie. Puis on s’est dit « Et si on le plaçait en intro? », puis « Et si on l’allongeait un peu? », « Encore un peu? » et ainsi de suite. Il représente l’état d’esprit méditatif dans lequel nous étions au cours de la création de ‘Specter’. Nous nous efforcions de conserver un sentiment d’espace et de respiration tout au long de l’album, de donner la sensation d’un mouvement fluide qui emmène l’auditeur d’une chanson à l’autre. Cela m’a aidé à retrouver le courage ; c’était presque une épreuve du feu, d’où le nom du morceau. Cela peut paraître anodin, mais c’était un moment décisif dans la création de ‘Specter At The Feast’, l’album le plus difficile qu’il m’ait été donné de faire, pour beaucoup de raisons. » Pouvez-vous expliquer certaines de ces raisons ? Robert : « (à Leah, épuisé, sourire en coin) Tu veux pas répondre ? On a souffert ensemble...» Leah : « Parmi ces raisons, il y a le décès de Michael, le père de Robert, qui était très proche du groupe, mais aussi ce cycle de production effréné, enregistrement-diffusion-tournée, auquel vous astreint l’Industrie et qui vous happe pour ne plus vous lâcher si vous ne décidez pas, à un moment, de mettre le holà. J’y ai partiellement échappé, vu mon arrivée tardive dans BRMC, mais les effets s’en faisaient ressentir sur Robert et Peter. Après ‘Beat The Devil’s Tattoo’ il devenait évident qu’on devait s’arrêter et reprendre notre respiration. » (à Robert) Puis-je vous poser une question sur votre père ? Robert : « ... Oui. C’est l’une des raisons de ma présence ici. J’étais nerveux vis-à-vis de la promo de l’album, qu’on lui a dédié, à l’idée de devoir répondre à ces questions vingt fois par jour. Mais je tenais à reconnaître son influence, pas uniquement sur cet album, mais sur l’existence et le parcours du groupe, qui lui doit énormément. Cela fait du bien d’en parler, finalement. » Quelle genre d’influence avait-il ? Je ne peux m’empêcher de penser à Frederick Weller, le père de Paul, récemment disparu lui aussi, qui était à la fois le manager, le chaperon et l’ange gardien de The Jam. Robert : « C’est difficile de mesurer sa contribution. Une chose est sure, il n’était ni notre manager, ni un chaperon (sourire). La façon dont nous avons ressenti son absence sur cet album-ci nous a fait prendre conscience de son importance. C’était l’une des rares personnes extérieures que l’on acceptait en studio et dont on écoutait les retours. Ce qui a provoqué pas mal de disputes. Il détestait la quasi-totalité de ‘Beat The Devil’s Tattoo’. Ça a tourné à la guerre ouverte à l’époque. » Leah : « C’était terrible... » Robert : « Il nous avait fallu de nombreuses années pour construire une certaine confiance en tant que groupe. Nos divergences sur ‘Beat The Devil’s Tattoo’ furent l’occasion de couper le cordon avec mon père et je ne parle pas que d’un point de vue musical. Il m’a élevé, ainsi que Peter qui s’était enfui de chez lui à 16 ans et est venu vivre chez nous ; on était une famille avant même de devenir un groupe. Nous étions tous liés émotionnellement, mais aussi dans le travail. Mon père parvenait à décrypter nos façons respectives, à Peter et moi, d’exprimer nos envies musicales en pleine composition et à nous les traduire en mots compréhensibles par tous. Il était une sorte de transmetteur entre nous deux, car ni l’un ni l’autre n’avions reçu d’éducation musicale ni n’avions une grande confiance en nos capacités de musiciens. A sa mort, nous avons été obligés d’approfondir notre méthode de travail, trouver une communication et un support mutuels qui ont fait de ‘Specter At The Feast’ ce qu’il est.» Le rythme de l’album est très différent des précédents. Plus atmosphérique et presque stoner
sur certains morceaux. Je ne suis pas surpris d’entendre le nom de Chris Goss. Où situez-vous ‘Specter’ au regard de votre discographie ? Robert : « Chris a un moment été envisagé comme producteur artistique sur l’album. Il a certainement été une influence. Pour ce qui est de notre approche, après la pause que nous nous sommes octroyés, nous n’étions pas en état de conceptualiser le type d’album qu’on souhaitait. On voulait surtout s’assurer qu’on avait encore des choses à dire, que le même désir nous habitait toujours. » Leah : « On a passé plus d’un an à jouer avant d’enregistrer. » Robert : « Nous nous sommes concentrés sur le simple plaisir de jouer de la musique, ensemble, avec beaucoup de succès certains jours et pas du tout d’autres. L’idée était de persévérer, de ne pas se décourager, de toujours courir après ce plaisir. Puis de prendre le temps de choisir dans les morceaux nés de ce processus. Ces dernières années, notre approche de la musique était trop fonctionnelle. C’était devenu un job. » Et pour vous, Leah, comment avez-vous vécu cette seconde expérience en studio avec le BRMC, par rapport à la première ? Leah : « Ce fut très différent. Dans le cas de ‘Beat The Devil’, je n’avais jamais écrit en leur compagnie. J’avais déjà appris leur répertoire puisque je les avais accompagné en tournée, mais composer c’était une toute autre histoire. J’étais surtout préoccupée par l’envie de bien faire. Cette fois je devais me faire plus confiance et assumer ma part des choses, mon propre style, tout en explorant des zones avec lesquelles je n’étais pas nécessairement à l’aise. Avant je m’inquiétais simplement que mon jeu s’intègre au groupe sans modifier ou bousculer leurs acquis. » Quel impact l’arrivée d’une fille a-t-elle eu sur les habitudes de BRMC ? Robert : « Ca n’a pas changé grand chose : dans le rock, on est tous de vraies fillettes ! Quand Nick est parti, Leah est le seul batteur auquel nous avons pensé. Il n’y avait pas d’autres options. Cette puissance de jeu, couplée à sa sensibilité, c’est ce que nous cherchions. Surtout en ce qui concerne notre façon d’écrire, très instinctive, à laquelle elle s’est vite habituée. Leah nous avait accompagné en tournée, nous avions donc passé le cap des politesses en studio. » Leah : « C’est comme dans une relation, quand les 3-4 premiers mois sont passés (rires). » Robert : « Peter et moi sommes les plus sensibles. Elle est la première à nous botter le cul et nous remettre dans le rang. On en avait bien besoin. » Que retirez-vous de la création de votre propre label (Abstract Dragon) ? Etes-vous satisfaits, après des années à sauter d’une major à l’autre? Robert : « Je ne veux pas trop cracher sur les majors, car je l’ai déjà beaucoup fait et qu’il est aussi possible d’en retirer de bonnes choses, mais souvent les sacrifices et compromis sont majoritaires. Au final, c’est épuisant de devoir parlementer avec des gens dont la principale préoccupation n’est pas la musique. Ils n’en ont rien à foutre du rock’n’roll. Pour nous cela a été très excitant de réinventer notre façon de produire et distribuer un disque. Cela s’est en tout cas très bien passé avec ‘Beat The Devil’ et nous espérons réitérer la chose avec celui-ci. J’espère en tout cas que notre exemple peut pousser d’autres groupes de rock à suivre cette voie et les convaincre qu’une diffusion uniquement en ligne n’est pas une fatalité dans le cas d’une autoproduction. » Question piège : quel est le rôle du rock selon vous? Robert : « Fuuuck... (rires ; une pause) Je pourrais y réfléchir, puis t’en parler pendant des heures, mais au final ça n’aura aucune espèce d’importance. Tenter de pondre un bon album, c’est là ma contribution, ma façon de garder cet esprit en vie, sans philosophie ou slogan. C’est ce qu’on tente de faire depuis treize ans. Je déteste 99 % de ce que représente le rock’n’roll, mais j’aime ce 1 % restant plus que tout au monde. Et quand s’évanouit toute cette merde de pop-culture, d’Industrie, d’ego, quand face au public toute cette facticité disparaît l’espace d’une chanson, d’un refrain, voire même d’une seule strophe, cela justifie tout le reste. »
L’Epreuve Du Feu
Un disque : ‘Specter At The Feast’ (Abstract Dragon/Coop/V2)
on stage 01/04, AB, Bruxelles 02/04, Den Atelier, Luxembourg
T e x t e : Pat r i c k F o i s s a c
09
14
Texte : anne-lise remacle © shawn brackbill
Débonnaire sous ses airs de Droopy à la capillarité tapageuse, Matthew E. White est de ceux qui sous le moelleux d’une couverture élimée dissimulent leur plan confidentiel pour conquérir l’univers et au-delà. Planqués à côté du radiateur, au fond de la nef de leur chapelle de province, ils laissent les stentors évidents ravir
d’abord l’assemblée, attendant patiemment leur heure. Qu’importe alors que ces héros très discrets, toujours bien entourés et amenés par la bande à la pérennité soient portés ou non par une cohorte d’angelots, ou de gourous en toges blanches. Fi du décorum : la chaleur de leur soul, l’ampleur de leurs arrangements suffisent à convaincre les foules, à convertir les sceptiques, à rendre l’ouïe aux sourds. « Take it easy, baby », Matthew E. White is our friend, our New Lord!
Avec ton groupe de base, les chœurs et les cordes, il a fallu pas moins de 30 musiciens pour mettre au jour ‘Big Inner’…Est-ce que tu sens parfois comme le chef d’une tribu, es-tu heureux d’être le leader d’un projet de telle envergure ? Matthew E. White : « Oh oui, vraiment, je suis chanceux de m’être retrouvé dans un endroit où un disque tel que celui-là peut être réalisé. Il n’y a pas tant d’endroits que ça où l’on trouve autant de talents, de gens ravis de se rassembler et de jouer ensemble, s’efforçant de faire des choses différentes, uniques. À New-York, ou Los Angeles, il y a évidemment beaucoup d’excellents musiciens, mais je n’étais pas en mesure de les payer. Ici, c’est un disque fait par mes amis. Ce sont des gens avec qui je suis allé à l’université, avec qui nous fonctionnons en communauté depuis au moins dix ans, alors parvenir à faire un disque ensemble, réussir et entendre que les gens apprécient le résultat, c’est formidable. »
Géant dehors, géant dedans Comment comptes-tu transposer cet impressionnant ensemble à la scène ? Matthew E. White : « Oh, en tournée, nous serons évidemment moins, juste six musiciens. Mais j’aimerais parfois pouvoir me produire avec toute l’équipe comme nous l’avons fait un jour au Hopscotch Festival de Caroline du Nord. Mais évidemment, ça demande beaucoup d’infrastructure, c’est le genre d’occasion unique. » J’aimerais en savoir plus sur la genèse des ensembles auxquels tu appartenais auparavant. Matthew : « Je suis allé dans un collège fantastique, la Virginia Commonwealth University. Patchwork Collective était un groupe de promotion, une organisation pour aider les groupes expérimentaux à se bâtir un public et pour épauler les compositeurs à écrire des morceaux originaux. Nous avons donc organisé beaucoup de concerts, et bientôt c’est devenu couronné de succès. Suite à ça, j’ai monté mon propre ensemble, Fight The Big Bull, avec un joueur de tuba, un guitariste, un bassiste et un batteur. C’était essentiellement l’occasion de beaucoup travailler sur les arrangements et l’écriture. J’ai enregistré quelques albums et Fight The Big Bull a été sollicité pour faire des projets de plus grande ampleur et pour faire des répétitions en tant que backing band (notamment pour Daniel Karsten Daniels, Bon Iver et Megafaun, ndlr). C’était sympa mais ça m’a surtout ouvert l’esprit sur l’idée d’utiliser plus de musiciens, la communauté entière, pas juste ceux habituellement impliqués dans nos projets. C’est comme ça qu’est né le label Spacebomb. L’expansion de ma vie musicale est arrivée de façon très naturelle, depuis le collège, jusqu’au moment de développer un public, puis devenir compositeur, travailler sur mes propres arrangements. Les connexions ont toujours été très organiques. » Tu as mentionné ton label, Spacebomb Records. Comment imagines-tu son futur? Matthew : « Le disque que nous avons fait était une expérience. Je voulais savoir si j’étais capable d’écrire des morceaux, si nous étions en mesure de construire des arrangements pour les sections rythmiques, les chœurs, les cuivres et ça a fonctionné. À mes yeux, il y a encore tellement plus à explorer, en faisant usage de tous ces musiciens, de ce même processus sachant que nous avons enregistré l’album sur un temps si restreint, une semaine, pas plus. On peut vraiment considérer qu’il y aura du pain sur la planche si on le veut. » Dans quel type de projets voudrais-tu implanter ce house band ? Du reggae, peut-être, puisqu’il semble que tu en es féru ? Matthew : « Oh oui, j’adore les vibrations jamaïcaines, mais quand tu importes d’autres racines que les tiennes dans ce que tu fais, souvent ce sont plus des données subconscientes qu’évidentes. Le reggae a un goût tellement distinct et formidable qu’il faut en user avec prudence. » En parlant d’influences, tu es né à Manille et tu as été élevé en Virginie. En quoi est-ce que cette double appartenance a influencé ton son ? Matthew : « Je vais d’abord rectifier une erreur que les gens font souvent : je suis né en Virginie, j’ai ensuite déménagé à Manille quand j’étais jeune, puis je suis retourné à Richmond. Une chose qui se passe quand tu es élevé à l’étranger, et dans mon cas aux Philippines, c’est que tu vois la culture américaine d’une façon beaucoup plus claire, les différences sont plus évidentes. La radio là-bas passait Chuck Berry ou les Beach Boys et ça sonnait tellement « américain ». Et quand tu repars aux Etats-Unis, ça devient cette chose excitante et colorée parce que tu n’y es pas habitué, et la distance existante, tu l’apprécies. Une autre chose concernant les Philippines, c’est qu’il s’agit d’un endroit très sauvage, une atmosphère unique, une sorte de folie…c’est une exploration de chaque instant quand tu es dans un pays pareil. Chaque nouvelle journée a sa propre histoire à raconter. Cette vie aventureuse étant enfant, je crois que ça fait partie de ce qui m’a encouragé à mener à bien ces projets un peu dingues ici à Richmond. »
Tes morceaux contiennent un mélange d’atmosphères religieuses et profanes, et la fusion des deux univers fonctionne bien. Était-ce ton intention de départ d’entremêler les considérations humaines et divines ? Matthew : « C’était important pour moi d’intégrer des données relevant de la foi à côté de choses telles que l’amour, la passion, la mort, les relations. Tout ça relève d’une seule histoire humaine. Or trop souvent, les gens scindent la religion de toutes ces choses, et ça n’est pas réel. Nous avons à gérer tout ça en même temps. C’était donc vraiment conscient de ma part de mettre l’ensemble côte à côte. » La façon dont vous avez arrangé les chœurs sur ‘Big Love’ m’a fait pensé à certaines pièces d’Ennio Morricone, notamment ‘Guerre et Paix’. Est-ce que tu apprécies son travail ? Matthew : « Le compositeur italien ? Oh c’est intéressant, on ne m’a jamais demandé ça auparavant. J’ai déjà survolé un peu ce qu’il fait mais je ne suis pas un grand connaisseur, ça n’est pas une référence directe. Là où on est similaires, c’est certainement dans notre goût de l’expérimentation, c’est un type aventureux. » ‘Brazos’, ton dernier morceau, renvoie à un fleuve du Texas où avait lieu des baptêmes par immersion…pourquoi ne pas avoir plutôt choisi la rivière Shenandoah, qui est une rivière de ton état ? Matthew : « Pour être honnête, j’ai d’abord choisi ce nom parce que j’aimais que les deux premières lignes riment : « Wade across the Brazos / Walk the water like Jesus ». Une autre raison c’est que le morceau tourne autour d’un couple d’esclaves en fuite, fait qui arrivait nettement plus dans le Sud que du côté de la rivière Shenandoah, vu que c’est un coin sans plantations. La dernière chose, c’est que le nom complet du fleuve, c’est ‘Brazos de Dios’, ce qui signifie « dans les bras de Dieu » et je trouvais le nom intéressant par rapport à la symbolique de la chanson. Cela dit, j’ai un morceau qui parle de la Shenandoah : il n’est pas encore enregistré, mais je travaille dessus. » ‘Big Inner’ comporte sept morceaux…serait-ce une référence à la création divine du monde en sept jours ? Matthew : « Oh, j’aime bien ton interprétation, mais non. J’aime le chiffre « 7 », je trouve que c’est un très bon chiffre, il revient très fréquemment dans toutes sortes de symboliques spirituelles, c’est constant. Ca doit être une des raisons de mon attachement. Quand j’étais en train d’éditer les morceaux, j’ai trouvé que ça fonctionnait bien avec cette séquence-là.»
Matthew E. White ‘Big Inner’ Domino/V2
Matthew E. White n’aura jamais besoin d’être Barry White et pour cause :’One of These Days’ a tout de la panne de velours, de la mansarde galante camouflée. Il n’étale pas ici toute l’étendue de son savoir-faire d’emblée, ne fait pas trembler le stuc, réserve juste une danse dans le carnet de bal de l’élue, pataud dans son frac. ‘Big Love’, plus entreprenant, fait cascader les celsius d’un cran et se pare d’échos aussi frénétiques qu’Os Mutantes et d’humour oxymore (« Girl, I am a barracuda/I am a hurricane » constat de sauvagerie délivré sur un ton impassible). ‘Will You Love Me’ mise sur la retenue et le souffle, le frôlement, les cuivres et les chœurs éthérés pour fendre l’opacité. ‘Gone Away’ a gelé tout tempo pour faire ses adieux au cousin parti trop tôt mais ouvre les vannes pour laisser s’écouler le lit des soupirs (« He will break your kingdom down / He will tear your kingdom down »). Une fois dissipées les doléances, il est encore temps de célébrer la gorge anesthésiée le réconfort mielleux d’un grog (« Hot Toddies / Lord, We’ll have the best time »), garant d’hallucinations auditives illuminées. ‘Brazos’ ferme la parade religieuse en corne d’abondance, berçant ses ouailles dans l’ondée, scindant sa moelle en deux, et laisse s’échapper tout le suc d’une ferveur obsédante en une seule louange, mi-hippie, mi-baptiste : « Jesus Christ is our Lord / Jesus Christ is our friend ». Parole d’évangile, voilà un nouvel élu à la séduction timide mais indéniable qui vaut bien quelques messes ! (alr) Suivez le guide : http://www.matthewewhite.com
on stage 04/04, Ancienne Belgique, Bruxelles
Earteam Aestrid ‘Box’
Albin de la Simone
Function Records/Suburban
‘Un Homme’
L’âme pensante de ce groupe, Bo Menning, semble vouer un véritable culte à Joy Division pour son côté post punk désespéré tout en affichant des accointances avec Cure et New Order sur le plan musical. On est impressionné par le côté direct des compositions ainsi que par l’inventivité musicale d’un groupe qui évite le plagiat et propose une relecture contemporaine et personnelle des genres qu’il aime. Reste un petit problème : Bo est un clone vocal de Brian Molko, si bien qu’on a l’impression d’entendre ce que Placebo aurait pu être s’il avait eu les références d’Interpol. Tout cela pour dire que si ‘Box’ comporte quelques très bons titres (‘Dover’, ‘Box’, ‘Im einzelgang’, ‘Colorblind’, ‘So sorry’), je ne parviens pas à succomber totalement. (pf)
Tôt Ou Tard
Aline ‘Regarde Le Ciel’ Pias
D’abord, il y a le tube. Par définition aussi envahissant qu’une armée de puces de lit – paraît qu’il faut gazer la chambre pour en être quitte. C’est dire si ‘Je Bois Et Puis Je Danse’ est imparable. Au départ donc, vous n’y pensez pas, vous foncez, vous reprenez. Et puis, il y a toujours quelqu’un pour sortir un bon mot, genre « c’est moi ou ils ont la même coupe de cheveux que Nicola Sirkis ? ». En y réfléchissant, oui, c’est vrai, il y a quelque chose d’Indochine ici, un peu partout, vous n’entendez plus que ça maintenant, c’est malin. Pour le hit susmentionné, c’est carrément un rien de Jeanette – ‘Porque Te Vas’. C’est un peu le thème d’ailleurs. Amours impossibles / amours à moitié (mais trois nuits par semaine…) / départ (‘Il Faut Partir’, ‘Deux Hirondelles’). Reste qu’Aline la Marseillaise – ces ex-Young Michelin – n’est promise ni au Stade de France, ni aux fans plus très fraîches de ‘L’Aventurier’. Aline, c’est pour les mecs. Parce qu’Aline, elle tape dans la pop limpide, à guitares claires comme des Seapony et que parfois, elle se réclame des Smiths. Parce qu’elle construit ses disques à l’ancienne avec un début et une fin (en l’occurrence deux instrumentaux un peu naïfs, un peu rétros, un peu surfs). Parce que finalement, on serait presque prêt à dessiner son doux visage sur le sable (l’artwork est superbe) et à chialer pour qu’elle revienne. Charmant. (lg)
ALtERNaTIVE ONLINE-RECORDSTORE
Amenra ‘Mass V’ Neurot Recordings
En un peu plus d’une décade, ce combo flamand au nom ésotérique a tracé sa voie, pas par pas, drainant à lui un public de fidèles dont les rangs se sont grossis au fur et à mesure de ses prestations scéniques fabuleuses dont beaucoup affichent complet longtemps à l’avance. Auteur d’un livre porteur d’un titre initiatique (‘Church Of Ra’), titrant ses albums à la manière d’une série de messes, Amenra en est aujourd’hui à sa cinquième. Quatre lon-
L’année 2013 fera-t-elle éclater au grand jour le génie d’Albin de la Simone, ce nom que les plus curieux ont relevé dans mille notes de pochette, chez Brigitte, Vanessa Paradis, Vincent Delerm, Keren Ann (il est capital sur l’inusable ‘101’), etc. ? C’est peu probable et ça ne sera qu’une injustice de plus à rajouter à la somme de toutes celles qui le font végéter dans l’ombre depuis si longtemps. Pourtant, de la Simone a ce truc en plus, il est capable de nous retourner avec trois fois rien, quelques notes de clavier, une harpe qui traîne (‘La Première Femme De Ma Vie’) et des vers si évidents, si justes, si beaux que personne n’avait pensé à les écrire avant : « Je suis un homme, c’est vrai / Je suis un homme et tu m’aimais ». Ce sont les derniers mots de ce disque immense, un chef d’œuvre dont on n’aura pas fait le tour en vingt écoutes. De la Simone, 43 balais, mid-life crisis en plein (l’incroyable ‘Ma Crise’), y est plus honnête et troublant que jamais. Ses failles, ses questionnements semblent habiter chacune des dix chansons. Sa faculté à écrire des morceaux vraiment pop mais mélancoliques en même temps est à son summum. Un peu perdu face aux débordements de la vie, on pleurerait facilement sur ‘Mes Epaules’ comme on le ferait sur celles d’un vieil ami. « J’espère que tout ça va tenir sur mes épaules / mes épaules pas bien gaulées, pas baraquées, pas balèzes ». Ici, malgré les apparences, Albin de la Simone n’est pas qu’‘Un Homme’ seul : JP Nataf fait des chœurs et des guitares. Emiliana Torrini lui répond superbement sur ‘Moi Moi’, un titre dont le final instrumental est assuré par l’Ensemble Contraste (une quinzaine de violons, altos et violoncelles). Hurlez-le : un homme vient d’accoucher d’un disque extra-terrestre. (lg)
gues plages tournant chacune autour des dix minutes, à la fois denses et immobiles à la surface mais mouvantes en profondeur, à l’image de ces sables de désert qui engloutissent ceux qui ne prennent garde à leurs dangers. Paradoxalement, ce métal respire et perspire. Un métal qui s’offre des moments de répit et qui se prévaut de ses nuances. Un métal où l’on distingue parfois explicitement les paroles du chanteur. Un métal qui ne cherche ni à écraser, ni à subjuguer mais bien à se faire désirer. C’est trop rare au sein du genre que pour ne pas être mentionné. (et)
Ametsub ‘All Is Silence’ nothings66
Sorti fin 2012, ‘All Is Silence’ fut consacré comme l’un des disques de l’année au Japon, où Akihito fait figure de héros musical, adoubé par Ryuichi Sakamoto lui-même. Collection d’haïkus électroniques, cet album de breakbeat/ambient est tout simplement ce que l’on a entendu de plus beau dans le genre depuis longtemps. Les glitches tourbillonnent comme de piquants flocons, les bleeps sont disséminés tels des étamines, le tout porté par des vents contraires qui érodent, en valses patientes, des paysages inviolés. Ametsub fusionne la douceur cybernétique de Four Tet à l’aridité glaciale d’Autechre, souffle des bulles électros légères et gracieuses, moirées de détails subtils dans lesquels on se plonge, hypnotisés, avant qu’elles ne nous explosent au visage dans une bruine diaphane. De temps à autre, le ciel s’obscurcit, les nuages gonflent, une averse s’abat sur ce domaine aquarelle qu’un passage au piano-buvard vient sauver du déluge. Démiurge bienveillant d’un microcosme en perpétuelle mutation, simulant les mille milliards de miracles quotidiens d’une nature virtuelle, Ametsub redonne foi en l’Âme dans la machine. (ab)
Amplifier ‘Echo Street’ Kscope/Ber tus
Amplifier propose un rock (néo) progressif déclinant des ambiances planantes sur
de longues compositions qui prennent leur temps pour se développer. Musicalement parlant, le groupe est très fort et parvient à générer des textures finement ciselées et très classe. Le problème, c’est que si l’ensemble comporte quelques titres foncièrement beaux (‘Between today & yesterday’, ‘Echo street’), il manque trop souvent de nerf et révèle à la longue un côté un rien uniforme et un peu plat, de sorte qu’il ne laisse pas d’impression durable. A vrai dire, le seul titre qui m’ait vraiment plu est ‘The wheel’, compo sur laquelle le groupe hausse (un peu) le ton. Elégant, mais pas marquant. (pf)
Apparat ‘Krieg und Frieden (Music for Theater)’ Mute/Pias
Le titre l’annonce, il ne s’agit pas vraiment d’un nouvel album mais plutôt d’une bande sonore écrite pour le théâtre. De fait, l’année dernière Sascha Ring s’est fendu de l’écriture de quelques compositions pour une pièce de Tolstoï, en allemand dans le texte, interprétée par une troupe d’acteurs du Théâtre Central de Leipzig. Les morceaux sont épars, indigents en rythmes mais généreux en parasites et drones de toutes sortes. La plupart sont instrumentaux mais les quelques passages chantés le sont avec inspiration. Ring confesse que la confection de ce disque a été moins douloureuse que pour les autres, comme s’il avait sciemment décidé de prendre ses distances et de se fier davantage au facteur humain, laissant les machines au second plan. Par ailleurs, il ne l’a soumis à aucune opération promotionnelle, laissant l’auditeur en faire la promotion. Advienne que pourra… Quoiqu’il en soit, Apparat interprétera ‘Krieg und Frieden’live prochainement, sans les acteurs mais en formule trio. (et)
Arkells ‘Michigan Left’ The Organisation
Groupe canadien de l’année aux Juno Award, Arkells et leur ‘Michigan Left’ débarque chez nous dans une certaine indifférence anonyme. Et il est vrai qu’en dehors de la gloriole chauviniste qui entoure le rock propret et carré du groupe, on cherche avec peine ce qui les distinguera, à l’internatio-
15
nale, du tout-venant de la production musicale. Nos orignaux balancent des anthems efficaces, brassent un maximum d’influences rock estampillées 80s sans distinction de genre ou de qualité (cela va du Springsteen en mode commercial à Phil Collins, sans oublier de s’égarer en chemin vers des backing vocals héritées des Fines Young Cannibals et autres étoiles pop éphémères). C’est parfois gentiment enthousiasmant, comme peuvent l’être certains tubes à l’heure de grande audience (‘Book Club’, ‘Michigan Left’), et fréquemment anodin, mais sans jamais sombrer non plus dans l’impair rédhibitoire. Demeure une énergie plutôt contagieuse qui traverse l’album d’un bout à l’autre et promet une présence scénique vantée par presse et consorts. N’est-il pas cependant un brin anachronique, en 2013, de s’accrocher encore à un rock aussi patiné ? (ab)
A$ap Rocky ‘Long.Live.A$ap’ RCA/Sony
Concurrent indirect de Wizz Khalifa sur le champ des récoltes de ganja, A$ap Rocky poursuit une carrière (quasi) exemplaire sur les reliefs du hip-hop contemporain. Le récent Long.Live.A$ap voit le rappeur new-yorkais concrétiser les bonnes idées qui bourgeonnaient sous les branches de son coup d essai (la mixtape Live Love A$ap ). En rupture des poncifs de la scène East Coast, A$ap Rocky redéfinit les divisions territoriales qui balisaient la scène américaine au siècle dernier. Moderne, malin et bien camé, A$ap vit avec son temps, à l heure du grand recyclage et des musiques hybrides. Produit par l excellent Clams Casino, Long. Live.A$ap est une substance hallucinogène et transgénique élaborée dans la pénombre à la lueur du crunk, du r n b et du dubstep. Surtout, son disque convie une armada d invités sans jamais corrompre l homogénéité d ensemble. Cohérent d un bout à l autre, Long.Live.A$ap est une table de banquet en or massif autour de laquelle on roule des longues feuilles entre amis : Drake, 2 Chainz et Kendrick Lamar (sur le poétique F**ckin Problems ), l impeccable ScHoolboy Q ( PMW ), Santigold ( Hell ) et tous les militants du hip-hop moderne (Joey Bada$$, Action Bronson, Danny Brown, Yelawolf en action sur le puissant 1 Train ). Seule ombre au tableau, Wild for the Night et les mauvais beats gastriques de Skrillex : une chiasse d enfer. Du reste, A$ap Rocky est en bonne santé. Et en grande forme. (na)
Karl Bartos ‘Off The Record’ Bureau
Neuf ans après la sortie de son dernier album, Karl Bartos nous revient avec un nouvel opus sur lequel il revisite douze titres jusqu’ici inédits et composés à l’époque où il a opéré au sein de Kraftwerk, soit entre 75 et 90. Si les fans les plus acharnés reconnaîtront sans doute la mélodie de ‘Musica Ex Machina’ que Bartos avait prêtée à Johnny Marr et Barney Sumner (Electronic) sur ‘Imitation of life’ , ils ne pourront que s’extasier à l’écoute des joyaux s’offrant à leurs oreilles. Ecouter ‘Off the record’ procure le même type d’expérience que la découverte d’albums comme ‘The man machine’ ou ‘Computer world’ voici plus de trente ans. Entre électro pop robotique
16
Earteam
futuriste et compositions éthérées un rien mélancoliques, Bartos dessine des paysages musicaux puissants, touchants et volontiers dansants (l’ultra accrocheur ‘Atomium’). Comme toujours, sa voix un rien hésitante et toute en retenue se révèle magnifique, d’autant que son anglais est teinté d’une petite pointe d’accent allemand ajoutant une dimension fin de siècle à l’ensemble - écoutez donc ‘Without a trace of emotion’ et dites-moi si vous n’êtes pas transi d’émotion ! Si tout est d’excellente facture, on s’en voudrait de ne pas vanter en particulier les immenses qualités de l’aérien ‘Nachtfahrt’ (sorte de nouveau ‘Spacelab’), les cristallins ‘International velvet’ et ‘The tuning of the world’, l’expérimentalisme élégant de‘Vox humana’ ou le rétro futurisme robotique gracieux de ‘Hausmusik’. Remarquable ! (pf)
Bed Rugs ‘Rapids’ WMR
Voici un peu plus d’an an, ce sympathique groupe anversois avait sorti ‘8th cloud’, remarquable album associant un amour immodéré pour les belles mélodies pop 60s à un esprit bien rock et des envolées psyché. En attendant la sortie d’un nouvel album qu’on espère imminente, les Bed Rugs nous gratifient d’un EP de six titres en guise de friandise et on n’est nullement déçu. Les compos sont toujours aussi accrocheuses et musicalement superbes, alternant titre downtempo planant (le superbe et assez beatlesien ‘Wave’), merveille de fulgurance pop psyché (‘Blinds’), vignette expérimentale (le titre éponyme) et morceaux plus enlevés comme ‘Yawn’ et la pièce de résistance ‘Tell’, laquelle prend des allures de chassé croisé entre passages laidback façon Byrds et délire psyché façon Doors. Vite, la suite ! (pf)
Bikini Machine ‘Let’s Party With Bikini Machine, Volume 2’ Platinum Records
Foutus Bikini Machine va ! Non seulement, vers 2000, ces fieffés branleurs brainstormaient à la Kro un des noms les plus débiles de la décennie écoulée (à part La Position Du Tireur Couché, qui dit mieux ?) mais, en plus, ils l’assumaient. Pour tout dire, sur ‘The Full Album’ en 2009, ils parvenaient même à nous faire gober l’imbuvable Mickey 3D (l’irrésistible ‘Où Vont Les Cons ?’, acmé de pop crétine sur riff jovial). L’an dernier, ces gusses sortaient ‘Let’s Party With Bikini Machine’, un volume 1 qu’on n’a pas entendu et qu’on se procurera un jour, tant ce deuxième volet est, bizarrement au regard du style proposé, d’une fraîcheur contagieuse. Dix titres instrumentaux yéyés, surfs & jerks passés à la moulinette d’une électro assez ringarde mais imparable. Il faut entendre les bleep bleep analphabètes d’une version sauvage de ‘Les Cactus’ ou mieux encore le remix übercool d’une de leurs vieilles compos par les excellents Little Rabbits (‘Bongos & Burgers’, illustration parfaite du sous-titre de l’album, ‘instrumentracks, a collection of cinematic & groovy cuts’). Un vrai sans-faute. (lg)
Björk ‘Bastards’ One Lit tle Indian
Ceci n’est pas un nouvel album de Björk à proprement parler mais une collection de remixes des morceaux provenant du dernier disque studio ‘Biophilia’. Björk a fait appel à
Dog Bite ‘Velvet Changes’ Carpark Records
Cynophobes de tous poils, n’ayez crainte. Comme la révolution qu’annonce ce disque, la morsure sera de velours. Phil Jones, qui cabotine derrière ce sobriquet de Dog Bite, n’est pas de la race des seigneurs de la musique américaine. Il est plutôt un batard de la scène indé qui s’est gentiment fait les crocs en tant que claviériste du groupe Washed Out. Un combo qui compte parmi les chefs de file de la chillwave, cette musique branchouille qui s’apparente à de l’hédonisme d’aire de repos d’autoroute après une nuit passée à encaisser les uppercuts de beats en boîte de nuit. Phil Jones est plutôt un adepte du bricolage hédoniste en chambre. Mais honni soit qui mal y pense. Sa matière première à lui, ce sont les rêves. Brumeux, feutrés, ouatés, éthérés. Comme au bon vieux temps de 4AD, il fait rimer onirique avec esthétique. A la recherche du temps perdu et de la symbiose entre guitares shoegaze et synthés en apesanteur, ses compositions expérimentent les combinaisons entre le mélodique et le noisy. Soyeuses et veloutées, elles vous plongent dans un coma idyllique qu’une voix diaphane noyée sous la réverb’ accompagne sans que l’on puisse vraiment distinguer ce qu’elle voudrait nous dire. Tout en haut de l’affiche, trois titres brillent par leur beauté pâle : ‘Forever, Until’, ‘Prettiest Pills’ ainsi que ‘Paper Lungs’. Bien plus qu’un énième avatar shoegaze, ce disque mérite assurément une mise en lumière qu’il semble pourtant fuir à tout prix. Raison de plus pour foncer tête baissée dans ce mur du son(ge). (gle)
une dream team de remixers. Parmi les plus connus, on y retrouve Omar Souleyman, Hudson Mohawke, Matthew Herbert, Alva Noto. Pour les moins célèbres, il faut citer les noms de Death Grips, These New Puritans, 16bit, Current Value et The Slips. En réalité, ces versions apparaissaient déjà sur ‘The Crystalline Series’et sur ‘Biophilia Remix Series’. Rien de nouveau sous le soleil donc mais cet album offre l’avantage d’être un condensé malin et récapitulatif. (et)
Brice Et Sa Pute ‘Amour’ Derrière ce nom délibérément provocateur se cachent Pierre Chanel et Marie Nachury, deux français fêlés qui démarrent l’album avec une version angélique du célèbre ’Ave Maria’ de Schubert. Par la suite, on change singulièrement de registre, vu que Brice et sa pute nous balancent un ‘Into my cunt’ avec texte salace et mix entre chant opératique et rock martial. La suite de l’album est à l’avenant, prenant des allures de grosse déconne privilégiant textes aux connotations sexuelles et détournements musicaux divers (titres a capella, chanson néo réaliste, rock, ballade). Ce n’est à priori pas trop mon trip, mais si vous êtes friand d’une certaine tradition française iconoclaste, cela pourrait vous plaire ! Plus d’infos : http://briceetsapute.bandcamp. com (pf)
Chantal Claret ‘The One, The Only…’ The End Records
Chanteuse du groupe power pop Morningwood, Chantal Claret s’en va promener sa frange dans les décors vintage d’une pop sixties dominée par la Motown. Blanche comme une colombe, la belle tente d’arrimer sa voix à l’héritage afro-américain. En vain. Gros plantage de chez carnage, son disque (‘The One, The Only…’) se prend les pieds dans le tapis par excès de confiance ou manque d’expérience. Tout le monde peut se regarder dans le miroir en train de singer Tina Turner. De là à s’enregistrer pour de vrai, c’est une autre histoire. A oublier. (na)
Concrete Knives ‘Be Your Own King’ Bella Union/V2
Qu’avait vraiment pris Simon Raymonde le jour où il approcha les Français de Concrete
Knives lors d’un festival à Montréal ? La question se pose tant on imagine – à l’aune du catalogue Bella Union – que les excellents groupes doivent se presser au portillon du label de l’ex-Cocteau Twins. Donc, on le soupçonne un peu d’être tombé raide dingue de la chanteuse Morgane Colas (« un croisement entre St Vincent et Debbie Harry », dixit-il dans des circonstances non élucidées) et d’avoir fermé les yeux sur le reste. Soit trente-cinq minutes vachement cools d’une pop-punk légère, scandée en chorale (‘Greyhound Racing’ ou le très très contagieux ‘Wild Gunman’) avec ça et là des hohohos ou un zeste d’afropop à la Vampire Weekend (‘Brand New Start’, ‘Africanize’) qui, si elle dégouline de bons sentiments comme un Barbapapa n’a pas ce piège à filles, ce piège tabou, ce joujou extra, qui fait qu’on est revenu dix fois, cent fois, mille fois dans les disques des Cranes Angels ou des Bewitched Hands. (lg)
Cody ‘Fractures’ Nordic/News
Kaspaar Kaae, mine de rien, avec son nom de petit fantôme gentil et sa barbe de mille jours n’est pas un bucheron en guimauve supplémentaire, ce type qui taperait l’incruste à la table des Bon Iver et consorts en apportant une bouteille à moitié vide. Non, aujourd’hui, c’est champagne : le frontman danois amène son groupe à réussir la gageure de sonner à la fois – sans en être une pâle resucée – comme les écuries de Justin Vernon, Stuart Stapples, Robin Pecknold et Aaron Dessner. En 2009, déjà, on avait pu placer des espoirs très hauts : ‘Songs’ était un premier LP bluffant, encore un peu brouillon certes, mais on ne s’était pas fourvoyé en mettant largement en évidence ses faiblesses et, surtout, ses immenses qualités. ‘Fractures’ va plus loin encore, dans tous les registres : écriture, émotions, artwork. Il n’y a plus rien à jeter dans cette americana – appelons ça comme ça – de premier choix. Le morceau d’ouverture, ‘Disharmony’, voudrait indiquer un coupe-gorge, une voie de garage mal famée mais non, tout n’est précisément qu’harmonie, sérénité, langueur classieuse, invitation au voyage. Une version longue, de toute
beauté, avec l’Armée Du Salut, est disponible sur le net. Chœurs féminins, lap steel, violoncelle, cuivres en filigrane, suspendent le crépuscule, l’étirent à l’infini. Le reste du disque est à l’avenant (ce break sur ‘Grey Birds’ où soudain, des Fleet Foxes désespérés sont là ; ‘Fractured’ absolument sublime). Comme de bien entendu, tout cela cause de mort, d’amours qui se font la malle, de pertes irréparables. Quel grand disque ne le fait pas ? (lg)
The Courteeners ‘Anna’ Cooperative/V2
Parce qu’ils sont originaires de Manchester et qu’ils ont jadis fait rimer love avec glove, les Courteeners se sont depuis longtemps posés en héritiers des Smiths. Morissey himself les avait dispensés de droits de succession en les adoubant publiquement. On savait le Moz un peu en délicatesse avec son bon goût ces dernières années mais peutêtre pas à ce point. Ce troisième album du groupe emmené par Liam Fray vient en tout cas mettre un terme définitif à l’imposture. Hésitant entre médiocrité et insipidité, ‘Anna’ est un disque dont l’ambition rivalise avec l’égo hypertrophié de Liam Fray. Production sur-léchée, sonorités électro tapageuses, arrangements pompeux, rien n’est trop beau pour rendre les compositions aussi fédératrices que niaises. Six secondes, c’est d’ailleurs tout ce qu’il faut patienter sur la plage d’ouverture (‘Are You In Love With A Notion’) pour entendre les premiers « woooh-ooooh» és de synthés dégoulinants et de riffs putassiers. Dès le troisième titre (‘Van Der Graaf’), le groupe est atteint de « coldplayite » et on quitte lâchement son chevet. A quelques rares exceptions près (on sauvera peut-être du naufrage ‘Sharks Are Circling’), le disque déroule alors ses hymnes bidons destinés à être repris en chœur dans les stades ou scandés dans les festivals de l’été. Stop me if you think that you’ve heard this one before. (gle)
Darwin Deez ‘Songs For Imaginative People’ Luck y Number Music
Concurrent de poids aux côtés de Devendra Banhart pour les Hipsters Awards, Darwin Smith enthousiasme autant qu’il irrite. Son look, son attitude, ses danses pseudo-spontanées à flagrante destination d’un youtube buzzophage, son malin ‘Radar Detector’à la vacuité calculée et pourtant addictive, tout à son sujet crie l’envie avant la carrure, jusqu’au titre du présent disque, ‘Songs For Imaginative People’. Bien que rien n’excuse un tel postulat, Darwin parvient néanmoins avec son second album à réinjecter dans notre gris quotidien les couleurs pastels d’une trip-pop qu’on croyait disparue avec Geggy Tah et Soul Coughing, en plus minet ‘tu-la-sens-ma-break-soul’. Le bouclé évite même la redite en refusant d’emblée l’évidence mélodique de son ancien single et privilégie ici une narration éclatée, sinueuse et pourtant catchy où seule sa voix semble savoir où aller, entre les buissons de beats épineux et des riffs de guitares tapies dans l’ombre (‘You Can’t Be My Girl’, morceau de bravoure qui justifie la galette à lui seul). Au gré de morceaux aussi complexes que légers, Darwin et ses acolytes saupoudrent leurs compos de basses funky, de solos grisants, de rythmiques raggas réjouissantes. On est surpris, charmés, agacés, déroutés, puis séduits à nouveau par la démarche. Malgré ses tics de fashion victim, Darwin Smith parvient à façonner un album pop inattendu, personnel et, à l’occasion, hors des
MAART 04 | DELPHIC 05 | MEURIS 07 | DE FANFAAR + LAPAZ 09 | 16.00 JAN SWERTS - DE ANATOMIE VAN DE MELANCHOLIE 09 | 20.00 JAN SWERTS - DE ANATOMIE VAN DE MELANCHOLIE 09 | TRIXIE WHITLEY + IAN CLEMENT 10 | ALLEN STONE + DELVIS 11 | METZ + BLACKUP 12 | NAS + IGGY AZALEA 12 | MAKE DO AND MEND + APOLOGIES, I HAVE NONE + DAYLIGHT 13 | WALRUS 15 | EGYPTIAN HIP HOP 16 | YO LA TENGO 17 | DOG IS DEAD 17 | JAMIE LIDELL + LUDWIG PERSIK 18 | THE INTERNET + KILO KISH 19 | POLIÇA + BARBAROSSA 20 | ADAM GREEN & BINKI SHAPIRO 20 | ROLAND & MAURO + GANASHAKE 21 | YOUP VAN ‘T HEK 25 | MIRRORRING: LIZ HARRIS (GROUPER) + JESY FORTINO (TINY VIPERS)
ARNO 20-04-2013
THE BLOODY BEETROOTS LIVE 14-03-2013
THE BOOTLEG BEATLES 26-04-2013
JOE BONAMASSA 19-03-2013
+ JE SUIS LE PETIT CHEVALIER
27 | 28 | 29 | 29 | 30 |
DISCLOSURE LIVE
COCA-COLA SESSIONS: COMPACT DISK DUMMIES
SKIP THE USE + VETO ANTON WALGRAVE + LILI GRACE JESSIE WARE
EMELI SANDE 20-03-2013
COEUR DE PIRATE 04-04-2013
APRIL 01 | BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB + TRANSFER 01 | KVELERTAK + TRUCKFIGHTERS + EL DOOM & THE BORN ELECTRIC 04 | MATTHEW E. WHITE + NIGHT BEDS 05 | JOSEPHINE 07 | inc. 08 | ETHAN JOHNS 10 | BOMBINO 11 | GABRIELLE APLIN 12 | SARAH BLASKO 15 | STEVE HACKETT GENESIS REVISITED II
JAZ AT AB
PSY 4 DE LA RIME 04-05-2013
BEACH HOUSE 21-03-2013
AUFGANG 10-05-2013
JOE COCKER 10-04-2013
BLACK FLAG 14-05-2013
07.03 | BRAD MEHLDAU / MARK GUILIANA DUO 04.04 | PORTICO QUARTET + UP HIGH COLLECTIVE 06.04 | JAGA JAZZIST WITH SINFONIA ROTTERDAM 07.04 | JOSÉ JAMES - NO BEGINNING NO END VR. 22.03
{S}TAALKAART FESTIVAL
HET EERSTE NEDERLANDSTALIGE MUZIEKFESTIVAL IN AB 21 ARTIESTEN WAARONDER:
GUIDO BELCANTO, SPINVIS, ’T HOF VAN COMMERCE, JAN DE WILDE, e.v.a.
ONEREPUBLIC 11-04-2013
24 HEURES ELECTRO: GOOSE AND MORE 27-04-2013
MARK KNOPFLER 15-05-2013
www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu
18
Earteam
tendances. ‘Songs For Imaginative People’ possède tout le potentiel d’un ‘Maverick A Strike’ pour les années 2010 : frais, détonnant et lumineux, mais probablement sans lendemain. (ab)
Diab Quintet ‘Fourmilières’ Home Records
Ce quintet, nouveau venu au sein de l’écurie Home Records, s’articule autour des compostions de l’accordéoniste diatonique Jonathan De Neck (Les Déménageurs, Dazibao...) Il met en scène des vignettes majoritairement instrumentales très colorées « world », mâtinées de cordes et de flûtes oscillant entre le folk et le jazz qui se laissent écouter facilement. La formation n’en est encore qu’à ses débuts mais ceux-ci s’avèrent prometteurs, à l’image de la production tout en nuances du disque. Après plusieurs dates à La Samaritaine, le groupe se propose de les exécuter live sur diverses scènes du pays qu’il faudra surveiller dans les semaines à venir. (et)
Dobie ‘We Will Not Harm You’
Ducktails ‘The Flower Lane’ Domino/V2
Champion du home-recording, détenteur d’un brevet d’artisan pop moderne, Matt Mondanile abandonne régulièrement ses souvenirs d’enfance sur des chansons bancales. Après plusieurs essais et un petit miracle de débrouillardise (l’album ‘Arcade Dynamics’) pour le compte de l’écurie Woodsist, le garçon réactive Ducktails, son projet solo. Enrôlé par le prestigieux label Domino (The Kills, Arctic Monkeys), l’artiste élargit son champ de vision et parachève son approche musicale. A l’heure de laisser pousser ‘Flower Lane’, le solitaire ouvre (enfin) les portes d’un véritable studio et engage les services d’un vrai groupe (Big Troubles). La guerre des mondes redoutée (charmants défauts de fabrication Vs méchante surproduction) n’a pas lieu et l’insouciante naïveté des compositions de Ducktails passent ici un cap inespéré. Grattée avec une nonchalance jubilatoire, la guitare esquisse des mélodies réconfortantes comme les couleurs rougeoyantes d’un crépuscule en pleine canicule. Toujours à la limite du bon goût, Ducktails multiplie les effets de manches et les orchestrations douteuses (le saxophone d’‘Under Cover’, notamment, déjoue les pièges du kitsch avec un toupet monstre). Produit par Al Carlson, spécialiste des missions périlleuses (Peaking Lights, Oneohtrix Point Never), ce nouveau Ducktails empile d’improbables références (de Todd Rundgren à Prefab Sprout) et s’affirme en toute humilité comme l’accomplissement de sa propre culture musicale (‘Planet Phrom’, relecture d’un titre obscur de Peter Gutteridge, figure de proue de la scène néo-zélandaise avec The Clean et The Chills). Long en bouche, ‘The Flower Lane’ laisse filtrer sa mélancolie du bonheur sur dix titres crève-cœur. A serrer au plus près du corps. (na)
Big Dada Recordings/Ninja Tunes
‘We Will Not Harm You’. Menace ? Promesse ? Litanie triturée, baladée d’une enceinte à l’autre, balayée d’un revers de beat gras et sourd. Beat. Beat. Un bleep au son de tuyau creux frappe le rythme. Ambiance lourde. Retour de la litanie, accompagnée cette fois de présences encapuchonnées. Accueil ? Lynchage ? Défroques élimées, mains noircies, regards de biais. Colonnes de béton armé. Acier trempé. Tout peut encore tourner au vinaigre. ‘We Will Not Harm You’, répètent-ils. Dobie déroule à la suite de son prologue une house urbaine frontale, fracassante et dub, tissées de volontés tribales. Le tout est aussi cru, aussi nu, que les tiges filetées qui s’extirpent du ciment et pointent vers le ciel, doigts d’oxyde accusateurs aux imprécations imprécises. La question n’est pas tant celle du plaisir, musical ou festif, mais de la nécessité du mouvement. Pulsation. Vibrations. Bielles et pistons. Qu’importe le support, pourvu qu’il y ait le rythme. La méthode Dobie est une épaisse flaque d’huile où se noient percussions afro et partitions be-bop, devenus rouages d’un Techno-Moloch à la gueule de feu. C’est sourd. C’est binaire. Ça sent la vidange et vous laisse des scories dans les cheveux. C’est le son sur lequel bougeront les moteurs quand il leur faudra oublier que l’essence vient à manquer. Nous danserons avec eux. (ab)
Doldrums ‘Lesser Evil’ Souterrain Transmissions
Ca commence plutôt bien (pendant très exactement 30 secondes), puis ce n’est plus un ascenseur pour l’échafaud, mais un véritable toboggan pour l’enfer, façon Aqualibi de l’épouvante musicale. Imaginez une eurodanse aux accents breakbeat et lounge avec des envolées lyriques annonées par un clone au rabais de Mylène Farmer (quand elle ne se pique pas de pousser la voix comme une pseudo-Björk punkoïde dupliquée en canons) et vous aurez un aperçu rigolo mais encore inexact du désastre. Le véritable problème n’est pas tant la qualité douteuse de la chose que le sentiment général de prendre ses vessies pour des lanternes. Le mauvais goût est une affaire trop sérieuse pour se laisser ma-
nier par n’importe qui : cacophonies mal maîtrisées, incantations pitchées en l’absence d’un ingé son, mélodies technoïdes au second degré perdu en chemin, Doldrums tend constamment le derrière en attente d’un pied égaré. Il n’y a que sur le mongolo ‘Egypt’ que le groupe semble habité d’une certaine lucidité et assume pleinement le potentiel déviant de ses propres limites. (ab)
Esben And The Witch ‘Wash The Sins Not Only The Face’
timents contradictoires loin du dancefloor et de la fièvre électronique. Assez contemplatif, ‘Hardcourage’ explore les décors apaisés d’une house suave. Comme la bande-son parfaite d’une déambulation dominicale sur l’asphalte berlinoise, cet album suspend le temps. Tout en langueur. (na)
Five Horse Johnson ‘The Taking Of Black Heart’ Small Stone Records
Je n’ai jamais pigé ceux qui aiment les Rolling Stones des seventies. C’est lourd, gras, immensément moche par rapport à toutes leurs pépites sixties, ‘Let’s Spend The Night Together’, ‘19th Nervous Breakdown’, ce genre. Pourtant, il y en a qui trippent. En général, ce sont les mêmes qui ne crachent pas sur un petit ZZ Top à l’occasion. Avec Five Horse Johnson, ces messieurs (dames ?) seront servis. Les solos d’harmonica succèdent à ceux de guitare, les voix vocifèrent et les batteries roulent comme pas deux. En gros, le septième album des Américains – onze cavalcades blues-rock à tendance stoner – ressemble à s’y méprendre au sixième qui luimême ressemblait déjà vachement au cinquième, etc. Toutefois, on préférait le précédent, sa pochette était plus belle. (lg)
David Fenech ‘Grand Huit’ Gagarin Records
A l’heure de l’Arlésienne enfin dévoilée, je parle bien sûr du nouveau MBV, Esben And The Witch font leur Kevin Shields & co le temps… d’une chanson, l’inaugurale ‘Iceland Spar’, trempée dans une (bienvenue?) nostalgie ‘Loveless’. Le tournant suivant voit pourtant le trio de Brighton revenir aux sources de son premier album ‘Violet Cries’, fortement apprécié en ces pages voici deux ans – et il n’y a guère de raison de changer d’avis. Hélas, notre enthousiasme se flétrit quelque peu à l’idée de se laver nos péchés en plus du visage. Sans vouloir tomber dans le cliché du c’était mieux avant, il faut reconnaître que la formule dream pop du groupe anglais tourne aujourd’hui dans le vide. Hormis des défauts récurrents à bon nombre de formations indie, à commencer par un pseudo-onirisme de niveau Marie Claire, ainsi que des mélodies en panne d’idées, le second opus d‘EATW ne déploie qu’une panoplie de nuages jolis sur papier glacé et tant pis pour les deux ou trois morceaux plus rock, dont l’excellent ‘Deathwaltz’. (fv)
Ce nom-là, il transpire la trouvaille, remet sur table l’époque bénie des blogs musicaux primitifs, fait ressurgir en nous la mémoire de réjouissants curiosa que seules dénichaient les obstinées têtes chercheuses, ces fous de l’archéologie sonore, du beat branque. David Fenech porte en lui cet ADN libre, et il n’est pas biscornu dès lors de le savoir acoquiné à Ghedalia Tazartès ou rendant hommage au viking outsider Moondog. ‘Grand Huit’, sa première tentative immortalisée, voit ici son petit manège à sensations contrastées réédité sur le label de Felix Kubin. Filou en terres folles, le français ingénieux bricole à l’instinct avec tout ce qui lui tombe sous les lunules, comme autant de façons de réinjecter la vie dans la table de mix : soundscapes bruitistes de parcs d’attraction, malhabiles récitations scolaires, boucles hypnotiques, toux et miaulements à la Tom Waits, accordéons en roue libre. Tout fait silex étincelant à qui n’a pas peur d’user les cailloux, d’aiguiser sa captation sonore du monde, à se faire façonnier de la matière (art) brut(e). « Robots, je ne suis pas vraiment spécialisée en robots. », mais au sortir de cette traversée sidérale, je vais y remédier ! (alr)
FaltyDL
Fiction
Matador/Beggars
thés granuleux et de lignes de basse désespérées. En fait, l’ensemble est au premier abord très pop, mettant en avant des compositions rythmiquement sautillantes et ludiques, souvent assez entêtantes, à l’instar de ‘Careful’, ‘Vertigo in bed’, ‘Step ahead’, ‘Parting gesture’ ou ‘See me walk’. En même temps, aussi frais l’ensemble soit-il, il affiche beaucoup de retenue et dégage un continuel sentiment de spleen adolescent, ce qui ne le rend que plus attachant. (pf)
‘Hardcourage’
‘The Big Other’
Ninja Tune/Pias
Moshi Moshi/Coop
Loin de son glorieux passé, l’écurie Ninja Tune tente de se refaire une santé. L’envie est là : le flot des signatures en témoigne. Sa nouvelle recrue s’appelle FaltyDL, projet dont les deux dernières lettres révèlent l’identité de son instigateur : Drew Lustman, beatmaker atypique et remixeur prolifique (Gonjasufi, The XX). Sur l’album ‘Hardcourage’, le DJ et producteur new-yorkais s’abandonne au grand jeu de l’amour. Retranscription chirurgicale et mécanique d’une relation romantique, son disque transporte un flot de sen-
Interrogé à ses débuts sur le style musical qu’il développait, ce quintette britannique a parlé de middle-of-the-road post-punk, soit du post punk modéré. C’est assez judicieux, vu que si Fiction fait clairement référence à cette mouvance (son nom qui est un hommage au label de Cure), le groupe évite tout cliché et ne retient du post punk qu’une coloration musicale et non une esthétique globale. ‘The big other’ n’a en effet rien d’une resucée du rock de crypte où un chanteur suicidaire éructe son mal-être sur fond de syn-
ALtERNaTIVE ONLINE-RECORDSTORE
Foxes In Boxes ‘Gospel Truth’ Honest House
Foxes In Boxes c’est un retour aux sonorités abrasives d’un rock indie et vagabond, imprévisible et farouche goupil croisé au détour d’un bosquet, partagé entre la fuite ou la morsure. L’animal, liégeois, un peu sale, conserve néanmoins la noblesse d’une lignée qui se devine dans la rousseur de sa robe : le dEUS des débuts, bien sûr, mais surtout Keaton, nom qui renvoie aux terriers d’une autre époque, quand des guitares comme des fouets domptaient les notes au papier émeri et que jappaient les corniauds (‘Superheroes’, le sournois ‘Breathe’), quand des plages contemplatives sentaient le béton et la pils sous l’humus (‘Gospel Truth’). Prisonnier de leur boîte (très joli packaging, au passage), nos trois renards aboient, se sautent à la gorge, puis lèchent leurs plaies et se tournent autour, poils hérissés balayant leurs quatre murs de carton. On hésite à les libérer ou les laisser se battre encore un peu. Malheureusement, l’album est posthume : la bête est déjà morte. La rage, sans doute. (ab)
John Foxx And The Maths ‘Evidence’ Metamatic Records
Si vous avez des amis qui ont peur de vieillir, conseillez leur d’écouter cet album, cela leur permettra de prendre conscience que l’on peut
leuvenjazz_ad_100x140.pdf
1
14/02/13
12:27
PRINTEMPS mars-avril
SAM 02 MAR
month
SHOWCASE de TAHITI BOY + vernissage de
FRENCHAUTOTUNES DIM 03 MAR
SUNDAY HAPPY FUNDAY#4
JEU 07 MAR
LILLY WOOD & THE PRICK + OWLLE
SAM 09 MAR
KENY ARKANA + GUEST
MER 20 MAR
THE PRETTY THINGS
+ LE DUC FACTORY SAM 23 MAR
CODY CHESNUTT
DIM 24 MAR
WILD NOTHING + DARKO
MAR 26 MAR
FOALS + JAGWAR MA
JEU 28 MAR
ERIK TRUFFAZ QUARTET
+ LAETITIA DANA
+ BAZZ PHAZ
VEN 29 MAR
THE HERBALISER + DJ BOULAONE
JEU 04 AVR
CINE-CONCERT DESPERADO par BIKINI MACHINE + RHINOGRADES
SAM 13 AVR
SKIP THE USE
+ PERSIAN RABBIT + OKAY MONDAY + LOUIS AGUILAR
20
Earteam
être un artiste de plus de 60 ans et demeurer à la pointe de l’avant-garde électronique. S’acoquinant une fois de plus à Ben Edwards tout en s’entourant d’une myriade de talents, Foxx nous convie à un trip électro atmosphérique crépusculaire fascinant d’inventivité. Mêlant des mélodies évidentes à des textures sublimes de richesse, ‘Evidence’ peut se concevoir comme une descente de fin de soirée entre doute et paranoïa, mais le tout avec une classe absolue. Après une entrée en matière minimaliste entre post punk en apesanteur (‘Evidence’) et électro glacée (‘That sudden switch’), Foxx fait appel à Matthew Dear pour composer un ‘Talk (beneath your dreams)’ particulièrement torturé et flippant faisant très Bowie expérimental, tout comme le plus typiquement new wave ‘My town’. Si Foxx raffole de beats tordus et d’effets sonores fantomatiques, il arrive aussi à filer la chair de poule en dessinant des soundscapes éthérés et hypnotiques par le biais de deux ballades sur lesquelles intervient Gazelle Twin (quelle voix !), soit les incroyables ‘Changelings’ et ‘Falling star’ ou encore sur le plus apaisé et mélancolique ‘Only lovers left alive’. Ne reculant devant rien, Foxx s’offre même le luxe de reprendre avec génie ‘Have a cigar’ de Pink Floyd en le relisant à la manière de Kraftwerk. (pf)
Friska Viljor ‘Remember Our Name’ Cying Bob Records
Hyper productif et finalement trop peu connu chez nous, le groupe scandinave Friska Viljor arrose les graines de la musique pop avec passion et acharnement pour laisser fleurir des chansons gorgées de soleil. Luxuriantes, les mélodies se chantent toujours avec le sourire et une pointe de mélancolie. Guitares, clavier, percussions, kazoo, banjo, cuivres et autres arrangement de cordes viennent surligner des harmonies vocales douces-amères, des refrains à croasser en chœur et autres « la-la-la » radieux. Friska Viljor n’invente strictement rien, mais fait les choses super bien. Pour peu qu’on accroche aux hymnes euphoriques de Weezer, Shout Out Louds, Spinto Band ou Great Mountain Fire, il n’y a aucune raison de passer à côté des exploits de ces valeureux Suèdois. Leur nouvel album s’intitule ‘Remember Our Name’. Friska Viljor, cette fois, on n’oubliera pas. (na)
Full of Suédoises ‘Relapse’ Autoproduction
Cinq garçons originaires de Marche-enFamenne se passionnent pour les Suédoises et le rock’n’roll. Une double liaison dangereuse et sexy qui peine à s’affranchir des clichés. Bien (auto)produits, les neuf morceaux de ‘Relapse’ n’ont jamais vu la Scandinavie. Alors, ils fantasment une vision idyllique de la Suède et de ses citoyennes : une avalanche de jolies blondes aux yeux qui brillent. En musique, les chansons de Full of Suédoises se situent davantage entre le pavé bruxellois et les buildings new-yorkais, dans un faux-fuyant imaginé à la croisée d’Interpol et de Ghinzu. Quelque part entre la froideur new-wave et quelques digressions grandiloquentes, la formation luxembourgeoise tient le bon bout, mais manque encore de singularité pour exporter ses meilleurs idées audelà de nos frontières. (na)
Gemma Ray ‘Down Baby Down’ Bronze Rat Records/V2
Il y a quelques mois de ça, souvenez-vous, on avait tiré à boulets vernis sur la donzelle
Foxygen ‘We Are The 21st Century Ambassadors of Peace & Magic’ Jagjaguwar/Konkurrent
Respirer la musique de Foxygen à pleins poumons, c’est une façon d’humer l’air du temps, de comprendre l’époque et ses contradictions. Avancer ou se projeter dans le passé. Inventer ou recycler. Rire ou pleurer. Ici, pas une seule mention inutile à biffer. Sous le soleil de Californie, cinq adolescents attardés se sont égarés dans l’histoire sans se poser la moindre question. Détendu comme un slip de Sumo, le groupe américain élève la décontraction en mode de vie (‘San Francisco’), brave les interdits (braquer Bob Dylan et les Rolling Stones, c’est mal !) et réchauffe le psychédélisme de Syd Barrett à l’aide d’une flamme multicolore. Petit faussaire de la pop, Foxygen confie la production de son album (‘We Are The 21st Century Ambassadors of Peace & Magic’) aux mains expertes du sous-estimé Richard Swift. En compagnie de l’orfèvre maudit, Foxygen applique l’esthétique cinématographique de Wes Anderson à ses chansons. Vintage et maniérée, la musique trouve un mode d’expression moderne et miraculeux. Avec son air de ne pas y toucher, la formation surfe sur l’arc-en-ciel dessiné par MGMT voici quelques années. Cool et décomplexé, bourré d’évidences et d’impertinence, voici (déjà) un des meilleurs albums de l’année. (na)
et son ‘Island Fire’ : trop de nacre, trop de crème, trop de choop choop. Ici, on laissera les objets contondants au dressing : une fois largement délestée de sa voix minaudière de bambine prise sur le fait (ce « Say You Love Me » en motto récurrent reste rebutant), sa tentative de s’inscrire dans les empreintes des grands profileurs sonores du cinéma, cinémaaa, s’avère plutôt plaisante. Dès ‘Reunion Waltz’, on songe notamment au Komeda de ‘Rosemary’s Baby’ ou du ‘Bal des Vampires’, mais aussi à cette vague de films tchèques mêlant les registres du féérique et du cauchemardesque, ‘Valérie au pays des merveilles’ en tête. Ce sont ces gouttelettes hantées et alarmantes, toujours dans la tension entre l’étrange, l’éthéré et le renvoi à un registre visuel envoûtant, ces échos vocaux qui parviennent à façonner le projet dans son épaisseur et sa crédibilité là où certains morceaux comme ‘Baby Goes Bad’ évoquent plus la tentative précédente de faire du garage une pop sucrée. Un album pour susciter les images, faire apparaître les mages, sans (trop de) dommages. (alr)
Gérald Genty ‘Manège Eternel’ 30 Février/PIAS
Les mystérieux algorithmes de Google associent aux recherches sur Gerald Genty des plumes de poids plutôt que des poids plumes : Mathieu Boogaerts, Sanseverino, Alexis HK, Boby Lapointe et…Raymond Devos. Une mise en perspective aussi simpliste que vertigineuse avec la virtuosité dans l’humour et l’amour du verbe pour point commun. Sur ce sixième album du musicien français, rien n’a changé. Mais tout est différent. Le déjanté Genty se joue toujours autant des mots, de leur sens et de leurs sonorités. Il résiste difficilement à l’appel de la paronomase et du calembour de Carambar. Mais sans que ces effets de manche ne phagocytent le propos musical comme trop souvent dans ses productions précédentes. En équilibre plus assuré entre un syndrome de Peter Pan persistant et une maturité musicale qui s’affine, ‘Manège Eternel’n’est définitivement pas de la galéjade d’animateur de fin de banquet. Plutôt l’œuvre d’un fabuliste qui, sur des arrangements pop parfois aussi riches que british, laisse vagabonder ses humeurs souvent rêveuses et délicates, parfois un brin affectées, avec régulièrement de réels bonheurs de plume. Un disque inégal, certes, mais dont l’élégance et l’incapacité à se prendre au sérieux tranchent avec le cynisme et l’arrogance de l’époque. (gle)
Gramme ‘Fascination’ Tummy Touch Records
Groupe phare de l’underground londonien des années nonante, Gramme a influencé le gratin de l’electro-pop britannique (Hot Chip) et motivé des vocations outre-Atlantique (les premières salves du label DFA) avant d’imploser par combustion en pénétrant dans le 21ème siècle. Officiellement désagrégé depuis 2002, le groupe renaît aujourd’hui de ses cendres pour enflammer les pistes de danse parallèles et les contrebandes du rock mutant. Post-punk, post-disco, post-funk, la musique de Gramme ressuscite un passé parcouru de spasmes excitants : des secousses à jamais gravées dans les mémoires de la pop moderne. Les esprits d’ESG, Liquid Liquid ou de Dinosaur L palpitent ici comme autant de traces ADN d’une fièvre jamais retombée (LCD Soundsystem, !!!). Premier volet d’une épopée discographique inespérée, l’album de Gramme s’intitule ‘Fascination’. Un titre parfait pour un disque irrésistible. (na)
John Grant ‘Pale Green Ghosts’ Bella Union/V2
On a coutume d’évoquer la parenthèse enchantée pour décrire la révolution sexuelle, la libération des mœurs, cette très courte période de l’histoire située entre les apparitions de la pilule contraceptive et du SIDA. John Grant, manifestement définitivement affranchi des Czars, ouvre aujourd’hui sa propre parenthèse (à laquelle, on suppose, il trouve des vertus libertines, libertaires, cathartiques peut-être) et fait voler ses tabous en éclats. Les claviers sont au taquet, fourrés à tous les étages, avec tous leurs effets affriolants, les beats sont disproportionnés (rentre-dedans, limite discoïdes, cf ‘Sensitive New Age Guy’) et la voix, cet organe si singulier, pourtant reconnaissable entre mille, semble aphone et apparaît, du coup, vraiment quelconque. Qui a aimé à outrance les Czars (et en particulier ‘The Ugly People Vs. the Beautiful People’ en 2001), qui s’est noyé dans le soft-folk spatial du premier effort solo de John Grant ne pourra être que déçu à la première écoute du deuxième, ‘Pale Green Ghosts’. Nonobstant, ce disque n’est pas mauvais. Des traces d’acoustique demeurent (‘GMF’) et finissent
par convaincre les plus sceptiques d’entrer dans cette orgie sonore (le larmoyant, symphonique et pompier ‘Glacier’) et de s’y conduire comme des maquereaux et des putains. (lg)
Lilian Hak ‘Lust Guns & Dust’ Siren Music/BMG
Hugh! Avec ‘Seven Miles’ la cheffesse de cavalerie est en retard de deux guerres de Sécession, elle cherche à te faire passer un fond calciné d’haricots rouges pour un mets d’exception et ‘Apache’ des Shadows pour la ‘Spangled Banner’. C’est qu’on l’entend venir de loin, dans son nuage de poussière garance : elle trépigne à l’idée d’incarner une de ces pétroleuses dans un film de Q., une nouvelle boucherie comanche de Tarantino, ou une adaptation des ‘Sept Missionnaires’. Elle susurre, elle gémit à présent, « you kept me waiting » sous son organdi de French Cancan. Ozark Henry a beau s’échiner à jouer les redresseurs de tort, il ne peut pas grand-chose pour cette hors-la-loi dont le principal méfait est de croire que Calamity Jane avait des actions chez M.A.C., que chaque saloon doit comporter son gros lot de nasty girlsqui font plus vibrer leur timbre que leurs colts. Western en toc, ma petite sirène chez les shérifs ? « Bang bang, you hit the ground » ! (alr)
Happy Jawbone Family Band ‘Tastes the Broom’ Mexican Summer
On a beau scruter l’horizon tous les matins au petit déjeuner, ceux-là, on ne les avait pas vus venir. Descendus des vertes forêts du Vermont, les gaillards se promènent sous l’étendard Happy Jawbone Family Band. Chez eux, on joue de la guitare électrique avec les poils de barbe et on tape sur des tambours en peau de bouquetin du Népal. Certainement enregistré dans un grenier ou une remise, ‘Tastes the Broom’ est un album bucolique à la production insalubre. Éclairées par un immense feu de camp, les mélodies sautillent en espadrilles sur les braises et se risquent à quelques cumulés psychédéliques sur les terres de Woods et Kurt Vile. Bancal mais terriblement attachant, ce disque est un château de carte, un truc hyper fragile. Difficile d’extirper un morceau de l’ensemble tant on craint l’effondrement. On vous conseille néanmoins les écoutes répétées de ‘Fireflies Made Out of Dust’, ‘Fistful of Butter’ et ‘Martian Santa’ : des chansons gorgées de mélancolie et de distorsion, de courbes hallucinogènes et d’harmonies en trompe-l’œil. Un trip de hippies. Avec des tripes. (na)
Harpagès ‘Au moment’ Structure
Connus pour leur travail au sein du combo L’Objet et officiant sur les labels Le cri de la harpe et Autres Directions in Music, les frères Harpagès, Antoine et Julien, se sont produits dans le cadre de ‘ciné-concerts’ durant les années 2000. C’est de cette période qu’est en partie extrait le matériau de ce petit disque. Les six morceaux proposés ici sont des instrumentaux construits sur une trame de guitares et de basse sur laquelle se greffent parfois des passages de clavier et quelques fragments vocaux épars. Une musique atmosphérique certes, mais qui a de la
ROESER/LUXEMBOURG
ROCKAFIELD.LU
C
M
Y
CM
MY
CY
CMY
K
C2C EXAMPLE
22
Earteam
substance et de la densité. Si vous appréciez Jesus Is My Son et les productions du label FF HHH, ce disque est pour vous. (et)
Lindi Ortega ‘Cigarettes & Truckstops’
Rachel Zeffira
I Am Kloot
‘The Deserters’
‘Let It All In’ Shepherd Moon/Pias
Dans les rues de Manchester, on désosse désormais gratis, on laisse fluctuer les airs, on ne cherche guère à faire corps avec la réputation épileptique, mal rasée ou arrogante des fleurons les plus famous de la cité, juste à en disséminer l’essence. Si John Bramwell et ses deux comparses, sous la houlette des Elbow poussent rarement à la surcharge, il n’en reste pas moins entre leurs mains un savoir-faire exquis, comme en témoignent le très 007 ‘Hold Back The Night’ et ses violons d’écran géant ou le presque dickensien ‘Bullets’, pénombre de ruelle mi-or mipavé souillé (« Treat your body like a cheap motel / Somewhere you can stay but never stop »). On verra là une occasion charmante d’emboîter le pas aux va-nu-pieds sensibles (‘Shoeless’, ballade en cotonnade légère) et aux matous de toiture, d’ouvrir grand le dôme constellé pour en comprendre les entrailles, ou de célébrer de l’embouchure l’attente de secondes plus luxuriantes (‘Some Better Day’, et sa fulgurance à venir s’insinuer entre nos lèvres). ‘Let It All’ sélectionne ses breuvages ambrés tant dans les variétés désabusées que décontractées, de quoi contribuer à vigoureusement amarrer ce trio d’artisans parmi les réjouissances classiques de nos amis angliches, jamais à une subtile nuance de gris près. (alr)
Inter Arma ‘Sky Burial’ Relapse
Originaire du sud des Etats-Unis, ce quintette nouvellement admis au sein de l’écurie Relapse se fait l’apôtre de l’apocalypse sur un album ultra intense et puissant mêlant doom, blues, black métal et sludge poisseux pour un résultat assez impressionnant. Dès l’ouverture des hostilités, le groupe montre qu’il n’est pas chez Relapse pour rien, balançant ‘The survival fires’ en guise d’uppercut. A vrai dire, la violence n’est ici généralement pas assourdissante au sens où le sont pas mal de productions speed métal (batteries épileptiques, riffs saignants). Non, tout est ici basé sur la lourdeur et la lenteur, que ce soit sur le plan du chant d’outre tombe ou de la musique, ce qui nous vaut un résultat finalement bien plus effrayant encore, comme le démontre à merveille ‘sblood’. A l’instar de Neurosis, Inter Arma n’hésite pas à opter pour des voies détournées pour transmettre son spleen, puisqu’à côté de compos typiquement doom/sludge, on retrouve des vignettes atmosphériques acoustiques et laidback, mais empreintes d’une tristesse et d’une mélancolie crépusculaires, comme ‘The long road home (iron gate)’ ! Un must pour les amateurs de métal à la marge ! (pf)
Javelin ‘Hi Beams’ Luaka Bop
Young Dreams ‘Between Places’ Modular/N.E.W.S.
Si l’impact de Panda Bear et ses comparses sur la pop du XXIème siècle est encore imprécis, il n’est sans doute pas exagéré d’affirmer qu’il existe, dans le monde de la
Last Gang Records
Avec son très charmant minois de brunette aux racines latinos (de par son daddy), on imaginerait plus vite Lindi Ortega en sœur cadette de Gabrielle Solis dans ‘Desperate Housewives’ qu’en singer songwriter country pur jus. Pourtant, et je lance officiellement l’avis à tous les fans invétérés d’Emmylou Harris (dont je fais partie), le second effort de la musicienne canadienne en jette sous le coude et donne une franche envie de s’envoyer cul sec une dizaine de whiskys bien sentis. Non qu’on ait envie d’oublier fissa les dix morceaux de l’album, au contraire ils sont tous excellents, juste qu’une révélation de cet acabit, ça donne une fichtre envie d’enfourcher sa Jolly Jumper, le Colt bien attaché à la ceinture, et d’aller taper le carton au saloon du coin. Car au-delà de toutes les clichés que le genre peut véhiculer en Europe, Lindi Ortega a un chic très particulier pour la composition de titres smooth, qu’elle chante excellemment de sa très belle voix, sans compter que ses musicos sont loin d’être des manchots. Revelation of the year, dude. Outre la délicieuse Lindi, l’horizon nous dévoile ‘The Deserters’, premier album de la Canadienne (encore !) Rachel Zeffira, et nul doute qu’on en reparlera. Résidente londonienne et ex-membre de Cat’s Eye, la jolie brune de 30 ans dévoile un potentiel pop où les influences se bousculent sans toutefois se noyer dans une quelconque bouillie new age. Ainsi, d’entrée de jeu, la singer songwriter enterre définitivement Enya, pour ensuite mettre les fans endeuillés de feu Trish ‘Broadcast’ Keenan d’accord avec les nostalgiques du meilleur Cocteau Twins. Plus loin, on songe à une version contemporaine et anglophone de Françoise Hardy, sensualité à fleur de peau cent pour cent incluse, alors qu’en d’autres endroits, on sent l’ombre de Mark Hollis tapie dans un recoin du studio. A un tel niveau, ce n’est plus beau, c’est tout simplement mag(nif)ique... (fv)
musique alternative, un avant et un après Animal Collective, dont ‘Merriweather Post Pavillion’ synthétiserait le pinacle. A l’heure où le groupe lui-même en est réduit à courir après sa propre formule, une armada de jeunes musiciens s’en est emparée et, bon an mal an, tente d’en soutirer l’essence à grands coups de décalques musicales, parfois flagrantes, souvent maladroites. C’est la cas des Young Dreams, jeunes norvégiens aux dents longues mais aux idées courtes qui s’évertuent à jouer du ctrl-c/ctrl-v avec une absence d’âme déroutante. ‘Between Places’ s’ouvre sur une parodie vocale d’Avey Tare si évidente qu’elle marque la suite au fer rouge. De fait, les Young Dreams pourront ramer tant qu’ils veulent au cours de compositions maniérées souvent interminables, jamais ils ne parviendront à rattraper cette désagréable impression d’un écœurant cocktail dont ils auraient volé la recette sans en connaître les ingrédients, comblant les trous avec des idées afro-pop glanées chez Vampire Weekend. A trop se la jouer wannaet pas assez be, ces petits jeunes accouchent d’un rêve impersonnel, certes enjolivé par la touche de Gareth Jones, mais dont les quelques qualités se diluent au réveil comme la neige fond au soleil. Seul point positif : à son écoute on réévaluerait presque ‘Centipede Hz’ à la hausse. Javelin s’en sort avec bien plus d’honneurs. De prime abord spécialisé dans les samples en tous genres, le duo de Brooklyn s’est forgé une identité par le piratage musical foutraque et fun (jusqu’aux pochettes de leur Eps, collectors uniques de LPs célèbres peinturlurés par nos gus), façon détournée de faire leurs armes et chercher un son qui leur soit propre. Avec ‘Hi Beams’, Javelin saute le pas de compositions moins patchwork et affirme une volonté pop exaltée et sans fioritures (l’album doit afficher 30mn au compteur grand max) qui compense ses inévitables influences, au carrefour du ‘Brother Sport’ du collectif animalier et du Yeasayer période ‘Odd
Blood’. Animé d’un plaisir communicatif (‘Light Out’, ‘The Stars’, deux météores pop d’un disque qui n’en manque pas), Javelin bat les cartes, brouille les pistes, nous rappelle que tout ça, c’est pour rire (‘Judgement’ qu’on croirait sorti d’un Rocky inédit) et s’affranchit sans trop de peine de ses aînés pour voguer vers des lendemains qu’on espère aussi enjoués. (ab)
Jil Is Lucky ‘In the Tiger’s Bed’ Naïve
Boosté par le titre ‘The Wanderer’ qui fut la bande originale d’une campagne mondiale de la marque Kenzo en 2009, le premier album éponyme de Jil Is Lucky avait permis au groupe de Jil Bensénior d’accéder à une certaine notoriété sur la scène française. Quatre ans plus tard, la sortie de ‘In The Tiger’s Bed’ confirme une dextérité indéniable dans la composition de mélodies potentiellement tubesques. Mais au lieu de surfer sur la vague et de creuser le sillon d’un folk autant dépourvu de génie que d’aspérités, Jil Bensénior s’est mis en tête de tenter le grand écart au risque de se déchirer les adducteurs. Au diable les guitares sèches et les ballades acoustiques, place aux arpèges synthétiques, aux boîtes à rythme et aux vocoders. Excès de témérité, abus de substances euphorisantes, choix artistique ou commercial suite à la signature chez Naïve ? Le résultat est en tout cas aussi déconcertant qu’inégal. En contrepoint de textes qui trahissent des aventures intérieures compliquées, l’électro pop sautillante et hédoniste se révèle diablement efficace à l’image de l’inaugural ‘Insomnia’ ou du plus attrape-couillon ‘Stand All Night’. Moins psychédélique que MGMT, par exemple, moins kitsch que Mika, Jil Is Lucky est nettement moins convaincant lorsqu’il abuse des ruptures rythmiques ou des doublages, delays et autres effets sur la voix. Mais pas de quoi fouetter un tigre ni biffer son nom de la liste des groupes à suivre, peut-être encore davantage en live que sur disque. (gle)
Lost Animal ‘Ex Tropical’ Hardly Ar t
Un peu paumé, le youki, la bestiole, l’oryctérope. Du genre à pisser dans les coins, à marquer tous azimuts son territoire autour du clavier. À faire sans distinction dans l’electropop exotique, le jazz ludique pour gamers, la fleur de trottoir suggestive, le petit bal gémissant du jeudi soir. À jouer d’un organe qu’il désincarne ou syncope, à sombrer tant dans le piano d’ascenseur que dans le beat nerveux, l’éthylisme cold. Et c’est de la suffisance anglaise, ça, madame ? Non, aussie, plus singulier encore. Lorsqu’il croasse « Be bop a lula baby, that’s all right ! » surgit comme un doute. ‘Say no to thugs’ : on s’était bien assuré de suivre ce conseil aussi avisé qu’un sevrage de malibu, mais que voulez-vous ? Il semblerait qu’on ait cru goûter à cette réminiscence vocale de Bowie sur ‘Greylands’, adhérer par parcelles à ce sens filou de l’assemblage, hétéroclite comme un buffet garni, avant de rentrer fissa sur le droit chemin. On ne nous y reprendra plus à visionner ‘Ace Ventura : Pet Detective’ après ‘Eastern Promises’! (alr)
Low Vertical ‘We Are Giants’ Zeal Records/Konkurrent
Nous œuvrons dans le ténu plutôt que dans le colossal, l’oscillation passagère, le murmure invisible. Des fractions sonores à disséquer encore, des boucles chargées d’épines et d’échos, de chétifs canevas à dégivrer, une basse-tension. ‘Good Luck, Little Fellow’, nous t’avons réservé un comité d’accueil qui n’a pas la chaleur des grands soirs, mais cherchera à t’enjôler en virgules, en brumes pointillées, sans friction. Ton atterrissage mériterait plus de cahots, un rehaut, de l’adrénaline à faire cascader dans la gorge mais nous, ‘Spacemininvaders’préférons générer une impalpable appréhension, du bourdonnement, de l’electronica pour petits soldats translucides, du soundscapesolennel pour ceux qui sont rentrés blasés d’un organique ‘Moon Safari’, des plages méditatives pour samouraïs spécialisés en tai-chi. « It’s a poor kind of melody that only works backwards », mantra ou bataille cérébrale, s’immiscera dans la moindre de tes veinules, irriguera tes iris d’un fluide imperméable, comme voilé. Nous te conseillons de ne pas chercher à lutter, ni même à vouloir aimer ce disque pour autre chose que ce qu’il est : une collection de pulsations, une jolie excursion temporaire. (alr)
The Mahones ‘Angels & Devils’ Whiskey Devil Records/Ber tus
Moins connu que les Dropkick Murphys ou Flogging Molly, ce combo irlandais n’en est pas moins une figure ultra respectée de la scène punk celtique, ce qu’a confirmé sa victoire dans la catégorie punk lors des Independent Music Awards en 2011 couronnant la sortie de son précédent album. Fort de plus de vingt ans de carrière, le combo mené de main de maître par le charismatique Finny McConnell nous offre tout ce qu’on est en droit d’espérer avec un cocktail ultra festif mixant punk old school et héritage celtique sur des titres hyper catchy et entraînants. Rejoints ici par une foule d’invités prestigieux (un membre des Dropkick et un des Stiff Little Fingers), nos amis proposent un set qui se fait parfois engagé (‘The revolution starts now’) ou franchement calme (‘Angels without wings/merry Christmas baby’, une ballade), mais qui est le plus souvent endiablé, déver-
beursschouwburg .be
March April May
Thot BE & Organic BE The Germans BE Wild Boar & Bull Brass Band BE Tina Dico DK & Helgi Jonsson DK scène de musiques actuelles - Tourcoing
Freaky Age BE & Noble Tea BE Headphone BE & Few Bits BE Flat Earth Society BE Loscil CA, Sun Glitters LU & Vuurwerk BE @ Les Ateliers Claus
The Happy
BE
Teen US Tape Cuts Tape BE & Inwolves BE
2013
Rue A. Ortsstraat 20-28, Bruxelles 1000 Brussel
1 we 6 we 13 sa 16 fr 22 we 27 sa 30 sa 30 we 3 fr 5 we 10 sa 13 sa 20 th 16 fr 24 fr
02.03 06.03 07.03
SKIP&DIE + Maya's Moving Castle Villagers + Luke Sital-Singh Local Natives + GUEST
MPLET 09.03 CO Lumineers + The Lu
Anika DE/UK & Psychic Ills UK @ Magasin 4, Brussels
Egyptian Hip Hop + Antoine Pesle
15.03
Can I Kick It? feat. Triptik
+ Deen Burbigo + Eff Gee + Vicelow + A2H + Jazzy Bazz + Pink Tee
17.03
Adam Green & Binki Shapiro + guest > 18h
23.03
le goÛter concert
De Brassers BE & Exercise One BE The Heavy UK @ Vk* Concerts, Brussels
MPLET 23.03 CO Balthazar + Balth
Master Musicians Of Bukkake US @ Vk*
25.03
Concerts, Brussels
Langhorne Slim
13.03
de Balthazar > 16h
GUEST
Wild Belle + guest
Infos et locations : www.legrandmix.com
concerts
RIFRAF.indd 1
22/02/13 10:48
24
Earteam
sant des morceaux propices à de joyeuses libations et aux titres assez explicites (‘Past the pint of no return’, ‘Whiskey train’). Que du bonheur ! (pf)
Guillaume Maupin ‘Around John locke In A Day’ Saintonge Records/Matamore
Entamer un album par un folk malicornien a cappella qui narre, par le menu, l’existence de John Locke, on a déjà vu plus glamour. C’est sans considérer le but de cet objet musical non identifié, expérience transmédia marathon proche de l’Ouvroir d’x Potentielet enregistrée lors des 24h de la Bande Dessinée en 2011. Vingt-quatre heures pour vingt-quatre morceaux dédiés au philosophe anglais. Dérisoire wikipédia musical dont Guillaume Maupin, Juke-Box humain et barde des ruelles de Bruxelles à New York, nous livre ici treize variations bousculant de façon lockéenne toute idée innée. La méthode Maupin, en disciple thématique complice, confronte l’auditeur à questionner la perception d’une œuvre (celle de Locke, mais aussi l’album lui-même) et de la relation qu’entretiennent entre eux ses différents composants, n’hésitant pas à bousculer les convenances et nous pousser, qui sait ?, à la Connaissance. Des ballades médiévales y côtoient tour à tour des chansons folk feutrées (entre Pete Seeger, Donovan et Pink Floyd), un dub reggae, un rock hypnotique, et diverses autres fantaisies spontanées, y compris un pastiche hilarant de Brassens (« T’en souvient-il, Martine/Du cours sur l’empirisme ?/J’ai mis à mal tes jugements a priori/Mais la causalité est ton pire ennemi »). Musicien-conférencier spécialiste ès-folksong, assurément artiste populaire, Guillaume Maupin est un étonnant troubadour transmetteur, un véritable artisan d’une chanson folk mutagène qui bouscule et questionne la raison musicale dans la joie du partage et de la contrainte. (ab)
Merz ‘No Compass Will Find Home’ Accidental Records
« Goodbye my chimera / We built a castle in the air ». Comme quoi, il n’y a pas que Clare Louise. Du reste, on ne lui jettera pas le pavé : on a tous pensé quelques projets sur des fondations marécageuses. Jamais bâtis, encore à moitié debout, écroulés déjà, on n’ira pas remuer la merde intime de Merz, aka Conrad Lambert, pour savoir où ils en sont mais on se doute d’une chose : il en a bavé. D’ailleurs, est-ce qu’il ne débloque pas un peu, là, le Conrad ? A vrai dire, vu sa quatrième galette (sortie en 2012), probablement que si. Ce disque, au demeurant très bon et très écoutable, explore mille pistes que seul un cerveau un poil sinoque peut interconnecter. A la louche, il y a de l’acoustique en picking sur fond de violoncelle (‘Arrows’), des petits instrumentaux genre Radiohead post-11 Septembre 2001 (‘Lauterbrunnen’), de la pop fofolle (les excellents ‘Goodbye My Chimera’ et ‘Our Airman Lost’). Le tout est produit par Matthew Herbert et made in Switzerland. Allez, Rolex jeunesse. (lg)
Mister And Mississippi ‘Mister And Mississippi’ V2 Benelux
Parfois, l’air de rien, un disque débarque de nulle part et vous enchante quasi instantanément. Ce premier album éponyme de Mister And Mississippi est de cette veine-
Pere Ubu ‘Lady From Shanghai’ Fire Records
Depuis ses débuts dans les années 70 à Cleveland Ohio, Pere Ubu a toujours été à l’avant-poste, à l’avant-garde, décloisonnant, décryptant les codes de la culture rock et de ses artéfacts. Une posture renforcée par son côté moderniste et science-fictionesque parfois volontairement mis en avant. Stylistiquement, Pere Ubu n’a cessé de se montrer pluriel, puisant dans l’héritage garage et blues pour en faire jaillir une sorte de post-punk spirituel et piquant. Emanation de David Thomas – un personnage hors mesure au propre comme au figuré – qui fut l’un de ses fondateurs et qui demeure à ce jour son seul membre originel et sa figure de proue emblématique, le combo a vécu au gré des incertitudes et vicissitudes, réduisant la parution de ses albums ces dernières années. ‘Lady From Shanghai’ voit le groupe revenir en scène et dans les médias après plusieurs années de retrait. Le disque s’ouvre sur une espèce d’hommage ambigu à Anita Ward, contre-pied claustrophobe à son fameux ‘Ring My Bell’. Plus loin, ‘Mandy’ revisite les années d’or de la période new-wave sur une rythmique implacable tandis que Thomas puise dans l’héritage soul des Chamber Brothers pour colorer son ‘Musicians Are Scum’. Curieux revers pour quelqu’un qui avait déclaré il y a quelques années que la musique noire était morte. L’album a été enregistré par parcelles, chaque musicien travaillant en isolation, Thomas supervisant et articulant le tout. ‘Chinese Whispers’, un livre écrit par Thomas, explique en partie la genèse de cet album et se veut en quelque sorte sa notice d’utilisation. ‘Lady From Shanghai’ s’avère d’ores et déjà un jalon essentiel sur la route accidentée et accidentelle de Pere Ubu. (et)
là. Car la seule faute de goût dans ce projet, c’est peut-être précisément le nom du groupe. Un calembour éculé qui contraste avec une pochette de bien meilleur goût et qui surtout laisse carte blanche à l’imaginaire pour deviner la nature du contenu musical. La légende biographique veut que ce quatuor originaire d’Utrecht se soit rencontré sur les bancs d’un music college. Une alchimie spontanée se serait produite entre les quatre condisciples alors que Bon Iver, Sigùr Ros et les Fleet Foxes tournaient en boucle dans le kot. Composés entre des restes de ravioli froids et des chaussettes qui trainent sur le sol, certains des morceaux proposés sur ce disque (‘Running’, ‘Northern Sky’) sont d’ailleurs le fruit d’un travail pratique dans le cadre d’un cours. Un exercice imposé qui révèle en tout cas des qualités formelles indéniables et un songwriting folk au-dessus de la moyenne où s’entrelacent trouvailles mélodiques et harmonies vocales plus classiques. Entre perfectionnisme et spontanéité, les onze titres font la part belle aux guitares bien peignées et à des percussions qui n’hésitent pas à se mettre au premier rang. On attendra encore un peu avant de crier au génie mais Mister and Mississippi laisse déjà entrevoir un style bien affirmé là où d’autres procèdent par tâtonnements pendant des années. Il ne leur restera plus qu’à laisser les chemises à carreaux dépasser du pantalon pour se débarrasser de l’image de premiers de classe jouant une musique dépourvue de la moindre aspérité. (gle)
Neve Naive ‘The Inner Peace Of Cat And Bird’ Sonar Kollek tiv
Il parait que certains duos sont davantage que la somme de leurs deux composants. Hélas, malgré leur alléchant background, lui (Stefan Ulrich) membre de Jazzanova, elle (Alexa Voss) connue sous le pseudo de Miss Flint, Neve Naive ne donne jamais une autre impression que de flirter avec du Amy Winehouse de seconde division. Sans doute leur état mental est nettement plus enviable que celui de la défunte chanteuse anglaise, mais il faut bien constater que les arrangements de leur premier album manquent cruellement de l’énergie que les DAP-Kings avait insufflée à leurs collaborations – n’oublions pas l’essentielle Sharon Jones. Ici,
tout reste au ras de pâquerettes et il est encore trop tôt pour ressortir la tondeuse. (fv)
Ocean Colour Scene ‘Painting’ Cooking Vinyl/V2
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. La britpop, ce Zeitgeist à la sauce anglaise. En 1996, au beau milieu de la déferlante, Ocean Colour Scene sortait ‘Moseley Shoals’ souvent considéré comme l’un des meilleurs disques de la décennie. Aujourd’hui, au-delà d’irréductibles rétromaniaques, la sortie d’un album d’OCS ne rend évidemment plus personne hystérique. Car à force de ressasser des recettes éculées ou de se vautrer sans scrupules et sans retenue dans les clichés hérités des 60’s, les lads de Birmingham n’ont plus guère proposé de quoi nous donner envie d’arracher le papier peint des murs. Trois ans après ‘Saturday’, ce dixième album laisse plus que jamais planer un doute sur la capacité et la volonté du groupe à conjuguer son art au présent. Comme sur l’inaugural ‘We Don’t Look In The Mirror’, où comment mettre en abîme le creusement de sa propre tombe (« Because the face that’s looking back/Is looking rather cracked ») sous le regard improbable d’une chorale d’enfants. Autre illustration, au hasard, avec ‘Goodbye Old Town’ qui sonne comme les Who jouant du banjo (gag très visuel). Bien sûr, la gouaille et la conviction de Simon Fowler sauvent parfois la mise. Mais sans jamais parvenir à faire de ‘Painting’ autre chose qu’un diaporama des lieux communs du rock britannique de ces cinquante dernières années. (gle)
Paint Fumes ‘Uck Life’
The Rippers ‘Better The Devil You Know’
Subsonics
‘In The Black Spot’ Slovenly Records
Chez les artificiers de l’enseigne Slovenly Records, ça s’agite dans le garage. La pédale d’embrayage enfoncée à fond de balle, on démarre lentement avec les
rengaines électriques de Paint Fumes. Cliché pétaradant d’un rock couillon propulsé sur les amplis en trois accords et deux idées décérébrées, l’album ‘Uck Life’ est une énième resucée de rock garage. Sans intérêt. Ça commence à devenir plus intéressant quand on passe la deuxième sur les routes cabossées de Sardaigne. On connaissait la ville de Cagliari pour son fromage infesté de larves vivantes (le casu marzu) et pour les buts spectaculaires de notre Luis Oliveira national. Sur le front du rock’n’roll, à l’exception de Thee Oops, c’était un peu le calme plat. Pour mettre un peu de désordre sur les plages de sable fin, l’île peut désormais compter sur The Rippers, quatre Ritals ayant jurés allégeance aux préceptes édictés par la compilation ‘Nuggets’. Disque rétro, ‘Better The Devil You Know’ compense son anachronisme pour une solide rage de vaincre. Ici, les guitares surfent sur des vagues d’harmonica et s’écrasent sur un mur du son façonné depuis belle lurette par The Pretty Things et autres Small Faces. En dérapage incontrôlé, on crashe finalement notre tacot sur les routes d’Atlanta. C’est là, sur la terre des Black Lips que gît le meilleur album de rock clandestin du moment : ‘In The Black Spot’, chef d’œuvre camé des Subsonics. Groupe culte, le trio se relève d’un hiatus de sept longues années pour imprimer son art du groove et des mélodies saturées. Toxique comme une intravéneuse de Velvet, la musique des Subsonics étale son amour des choses sales (‘Too Damaged’) et des femmes fatales (‘Dubious Charms’). A la croisée des temps (quelque part entre Devendra Banhart et Jonathan Richman) et des modes, les Subsonics flirtent avec l’éternité. (na)
Pantha du Prince & The Bell Laboratory ‘Elements Of Light’ Rough Trade
Après trois albums essentiels qui auront marqué l’electronica contemporaine, tendance techno minimale, Pantha du Prince nous lance sur une fausse piste en 2013. Ajoutant The Bell Laboratory à son nom de plume, Hendrik Weber intègre – vous l’aurez deviné – des cloches à son univers et c’est bigrement réussi (comme d’hab’). Inspiré probablement par un folklore nord-européen où les carillons jouent un rôle prépondérant, le musicien allemand réussit parfaitement la gageure, insensée diront certains, de mettre à la même table le Moyen-Age et le 21è siècle. Pourtant, les premières minutes laissent perplexes, et plus d’une fois, on se demande clairement dans quelle direction l’homme de Hambourg veut nous emmener. Puis, chemin faisant, la magie fait son œuvre, les idées neuves retrouvent le fil du Pantha tel que nous le connaissons, les beats – très distingués comme de coutume – viennent souligner et, étrangement, on se prend à rêver d’une promenade médiévale dans un Bruges déserté, transporté du côté de la Warschauer Straße berlinoise. Einfach Klasse, der Typ ! (fv)
The Peas Project ‘Swim With The Sharks EP’ Autoproduction
Voix pleines d’assurance. Production aux petits oignons. Gros groove contagieux. Le band bruxellois continue d’impressionner les pavillons, tant leur r’n’b à tiroirs en remontre, qualitativement parlant, à tous les Black
Earteam Eyed du même nom. Ici, point de beaufitude gangsta ou de tattoos bavant sur la croupe à Fergie. Preuve formelle et énergique qu’il est possible de mixer danse, hip hop et soul avec goût, nos onze musicos s’éclatent à enrober tout ça des atours séducteurs d’un brass band qui fait toute la différence. Mieux, ils osent le pari d’une autoproduction hyper léchée qui a le mérite de ne pas jouer les effarouchées et qui force le respect. ‘Swim With The Sharks EP’est la nouvelle note d’intention, en six tracks impeccables, d’un « petit » groupe qui a bien décidé de marquer les esprits, sans pour autant oublier de prendre son pied. Respect. (ab)
The Plea
plus de dix ans, ce dont, à l’évidence, personne ne se plaignait. Sauf – on en a trouvés – quelques fans sourdingues d’un « Belgian cult old school emo band ». Après, semblet-il, un premier retour fracassant sur scène au Ieper Hardcore Fest 2011, le combo flamand emmené par Geert Pleesers (Confuse The Cat) valide effectivement la tendance du moment : in Vlaanderen, on a des burnes de lion. Triggerfinger, Steak n°8 ne devraient toutefois pas trembler outre mesure, l’EP du renouveau des Reiziger est au niveau des pitoyables My Lai chroniqués/descendus le mois passé. A peine meilleur en tout cas. Absence de mélodies marquantes, saturations molles, brûlots transparents : du vrai taf de fonctionnaire. (lg)
ment susciter l’enthousiasme de ces pages. A vrai dire, ‘A Long Way To Fall’ ne risque pas de bouleverser la donne, tant ses éléments sonneront par trop familiers aux oreilles de tous ceux qui ont fréquenté le label City Centre Offices aux alentours de 2004 – là où notre homme avait dévoilé son meilleur disque à ce jour, le bien nommé ‘A Strangely Isolated Place’. Pour le reste, les instrumentaux electro-pop parcourent leur petit bonhomme de chemin sans trop de heurts ni d’efforts et à l’image d’un énième 0-0 de fin de saison, les spectateurs rejoignent la buvette dix minutes avant le coup de sifflet final. (fv)
Solange
‘The Dreamers Stadium’
‘True’
Planet Function/Ber tus
Terrible Records/Konkurrent
On se souvient de l’euphorie qui suivit le premier Strokes. Six mois d’excitation intense. Un peu comme, un an plus tard, avec l’arrivée de l’Euro, on se retrouvait tout fou, tout gamin, à s’échanger une pièce de cinquante centimes allemande contre une de dix irlandaise, beaucoup plus rare. Là non plus, ça n’a guère dépassé les six mois. Comme aujourd’hui une pièce dublinoise n’excite plus grand-monde, un combo irlandais estampillé indie qui tente vaguement de jeter des ponts entre l’Arcade Fire des débuts, les gnangnans Coldplay et une pop plus ouatée à la Death Cab For Cutie ne fera saliver que les jeunes gens qui tétaient encore leur mère en 2000 ou ceux, nettement moins nombreux, qui auraient passé les dix dernières années à peaufiner leurs bunkers de survivalistes de l’apocalypse. Les deux dernières ballades sont chouettes, c’est vrai, mais sinon ce disque, on l’a déjà entendu cent vingt-cinq mille six cents dix-sept fois. (lg)
Après deux albums relégués dans les bacs à soldes du rayon R’n’B de votre supermarché préféré, Solange Knowles, petite sœur de miss Super Bowl 2013, signe sur Terrible Records, label géré par le producteur et bassiste de Grizzly Bear, le blondinet Chris Taylor. Pour se refaire une santé certifiée indé, la frangine de Beyoncé a également convoqué les lunettes de Dev Hynes (Test Icicles, Lightspeed Champion, Blood Orange), apôtre de la hype et des productions dans l’air du temps. Loin des effets de manche et des tapisseries synthétiques de ses deux premiers essais, la soul sister s’abandonne désormais aux idées revivalistes de son producteur. Comme une femme des années 1980 cryogénisée dans la banquise, Solange embrasse la virginité de Madonna (le tube ‘Losing You’) et la sensualité sophistiquée de Whitney Houston (‘Don’t Let Me Down’). Aussi mini que son short en jeans, cet album (‘True’) propulse la belle sous les néons flashy d’une rétromania toujours aussi tenace. Entre modernité et classicisme, recyclage de fond et récupération de forme(s), la chanteuse trouve un écrin à la mesure de ses ambitions. Souvent très bien foutus, les sept morceaux de ‘True’ masquent les erreurs passées et repositionnent Solange tout en haut de l’affiche. (na)
Wilf Plum ‘Fat Cat’ Aredje
Du film ‘Fat Cat’, nous attendons beaucoup tant nombre de ses chevilles ouvrières nous sont connues pour l’originalité de leur démarche artistique. Le film sera projeté sous peu au Nova à Bruxelles. Pour l’heure, on se référera à sa bande sonore. Elle a été composée et mise en musique par le Hollandais Wilf Plum. Ancien batteur du combo Dog Faced Hermans, collaborateur occasionnel de The Ex et d’une quantité d’autres groupes, hollandais ou non, celui-ci apparaît non seulement comme un musicien complet accompli mais également comme un chef d’orchestre malgré lui. Il convoque pour l’occasion une douzaine de musiciens officiant à la fois aux cordes (guitares, contrebasses, violoncelle), aux cuivres (sax baryton), aux claviers et à la batterie. Incontestablement, cette musique joue et ses joues des ambiances. Si le générique du début nous plonge dans une atmosphère film noir, celui de fin évoque un climat ouaté à la Bohren und der Club of Gore. Entre les deux, les impressions varient et fluctuent. On passe du jazz calypso à la fanfare de buffet de gare, du jour à la nuit, de l’éclat au repli. On se réjouit de voir les images tant le son nous séduit. Espérons qu’elles soient à l’avenant, plurielles et syncrétiques. (et)
Reiziger ‘Kodiak Station’ Birch & Broom/Pias
Les bios laconiques, c’est bien aussi. on peut utiliser le conditionnel et se foutre royalement des éventuels approximations et raccourcis qu’on emprunterait. Il semblerait donc qu’on soit resté sans nouvelles des Reiziger depuis
ALtERNaTIVE ONLINE-RECORDSTORE
Alice Russell ‘To Dust’ Differ-Ant /Rough Trade
Cette coupe de cheveux sur la pochette, mince, on dirait presque Desireless. Sinon, sous le chicot, cette Alice c’est aussi un peu le pays des merveilles pour qui souhaite une alternative sympa à toutes les AdeleDuffy-Amy de la terre. Bref, dans le genre rétro-soul-gospel à grande prétention FM, on fait difficilement mieux. Porté par l’excellent single ‘Heartbreaker’ (« c’est une chanson d’amour sur la fin d’une relation », ah ouais ?), l’album enquille les tubes interchangeables qu’on écoutera, au choix, en faisant la vaisselle, en donnant le bain à ses bambins, en préparant la sauce bolo pour le soir, ramassé dans un métro aux heures de pointe. Rien de neuf mais que de l’agréable. Toujours ça de pris. (lg)
Sallie Ford & The Sound Outside ‘Untamed Beast’ Fargo Records
Quelques mois après la sortie de son premier album (‘Dirty Radio’), Sallie Ford appuie sur la gâchette et descend un second volet sur le territoire européen. Baptisé ‘Untamed Beast’, ce nouvel album voit la chanteuse affiner la veine creusée en compagnie de son groupe, The Sound Outside. En confiance, Sallie lâche sa voix dans l’arène comme on libère une vachette enragée. Entre l’agilité d’Ella Fitzgerald et la férocité de Janis Joplin, le timbre de la chanteuse de Portland galope dans l’histoire pour calmer les mauvais garçons (‘Bad Boys’) et s’entretenir avec le diable (‘Devil’). Mieux produit, moins lisse que son essai précédent, ‘Untamed Beast’ remue l’héritage musical américain (country, soul, gospel, blues) sans le ménager. Rock’n’roll dans l’âme (écouter l’excellent ‘Rockabilty’), ce disque voit Sallie Ford & The Sound Outside ferrailler dans la même poussière qu’Alabama Shakes. A la page vintage. (na)
Ulrich Schnauss ‘A Long Way To Fall’ Scripted Realities/Pias
Nom respecté d’une electronica cotonneuse et apaisante, Ulrich Schnauss a toujours manqué d’un je-ne-sais-quoi pour pleine-
Soldout ‘More’ Flatcat
Nos chemins, à Soldout et moi, ne s’étaient jusqu’ici croisés que le temps du premier album du duo, en 2004. A l’époque, Charlotte et David avaient connu un franc succès avec ‘Stop talking’, ode aux hymnes dancefloor ultra efficaces. Or, si des morceaux comme ‘I don’t want to have sex with you’ ou ‘The man on the radio’ m’ont beaucoup fait danser, je ne les ai pas pour autant vraiment écoutés, sans doute parce qu’il avaient à mes yeux un côté déjà entendu. Et puis voilà que je me vois confier la mission de chroniquer ‘More’, troisième album du groupe, et que je suis confronté à un univers musical sensiblement différent de ce que je connaissais. Moins orienté dance qu’à ses débuts, Soldout développe désormais un style plus électro pop néo 80s qui dégage un petit côté mélancolique qui ne peut que me plaire. S’il n’est pas ouvertement tubesque, l’ensemble est particulièrement subtil, à l’instar du très bon ‘Off glory’, single évident, qui sonne un peu comme du Ladytron reprenant un vieux classique de Depeche Mode façon Au Revoir Simone. On aime beaucoup également des titres comme ‘94’ ou ‘Wazabi’, deux morceaux électros délicats tout en retenue qui gagnent en intensité au fil des écoutes successives. Une bonne surprise! (pf)
25
Solex ‘Solex Ahoy ! (The Sound Map of the Netherlands)’ Bronze Rat Records/V2
Elisabeth Esselink, aka Solex, a parcouru les voies fluviales de son pays, les Pays-Bas, sur un vieux bateau à moteur pour y enregistrer, dans chaque province, des musiciens de passage et des ambiances de terrain, épaulée par son comparse, et accessoirement capitaine, Bart van Poppel. Elle a ensuite retravaillé le tout dans son studio d’Amsterdam. Il en résulte douze morceaux qui correspondent chacun à une des douze provinces du pays, d’où le sous-titre de cet album. Loin des field recordings abstraits chers au label Touch, on vogue ici sur le patrimoine oral et musical populaire des Pays-Bas. Des voix aux intonations différentes suivant les régions accostées, des mouettes en Zélande, des accordéons à Utrecht et dans le Gelderland, des instruments à vent et à cordes fort variés, des fragments de mélodies oubliées... le tout assemblé avec beaucoup de finesse et de sensualité par cette ancienne signature du label Matador. Toutes proportions gardées, Esselink a joué son Alan Lomax batave et, ma foi, le résultat n’est pas déplaisant. (et)
Stereophonics ‘Graffiti On The Train’ St ylus Records
« On s’est déjà croisé, je vous assure ». Gène. Rire nerveux. Vous êtes plutôt physionomiste de nature et pourtant votre interlocuteur, persuasif, ne vous dit absolument rien. Son visage, vous le classez dans la catégorie « générique » ; ses vêtements (polo, chemise) ne vous mettent pas plus sur la voie. Aucun de ses traits ne trahit la moindre accroche, le moindre indice de familiarité, sinon l’impression diffuse – et un brin embarrassante – que oui, sans doute, vous avez du/pu vous croiser. Recevoir en écoute le dernier Stereophonics provoque peu ou prou une sensation équivalente. Oui, le nom vous évoque bien quelque chose. Vous classez d’instinct l’apparition du groupe fin des années 90. Vous soupçonnez – à raison – une discographie conséquente. Pourtant, à l’écoute de leurs classiques (vous espériez vous rafraîchir la mémoire), vous n’éprouvez rien. Pas le moindre souvenir. Pas le moindre intérêt. Vous bâillez. Vous espérez dissiper ce flou à l’écoute du disque, sans grand succès. L’album a achevé son cycle. Vous n’imprimez pas. Enervé, un peu inquiet, vous réitérez la chose. Rien. Comme une incompatibilité neuronale. Pas du genre allergie ou rejet. Non. Du tout. Une faille, un fond percé. Un minuscule appel d’air par où s’écoulerait l’intégralité de la production des Stereophonics, aspirée pour l’éternité dans les absences larvées de vos cavités cérébrales. Ils y errent encore, à la recherche d’un signe distinctif. (ab)
Thao & The Get Down Stay Down ‘We The Common’ Ribbon Music/V2
À l’image d’une Merrill Garbus (tUnE-yArds) ou d’une Kimya Dawson, Thao Nguyen, troisième album dans la poche-poitrine en lin, semble de ces songwriteuses de conviction à qui il ne faut pas chercher des poux ou des estafilades dans les genoux, au risque de se prendre un coup de banjo. Pétulante, avec cet épiderme de chien fou (imaginons un gumbo folk pop épicé à la façon New Orleans et n’en parlons plus) qui nous rappelle ces copines jamais à court d’arguments charmeurs pour nous traîner de
26
Earteam
force au bowling en pyjama à 2h du mat’, ou Queenie, cette héroïne d’Amos Kollek décalée en diable, elle avance dans les plages en scandant avec toupet mais philosophie son besoin irrépressible de faire du lien entre les êtres (« want to live in times like touch / I want to stay where my temper beats »), malgré les couacs prévisibles, les dommages collatéraux (« It’s just human troubles in the modern time »). Dans le rôle de la camarade de chambrée qui pépie, Joanna Newsom vient déposer ses quenottes aigües sur ‘Kindness Be Conceived’, et les deux fillettes de professer : « I’ve been a villain all my life ». À l’écoute de cet album à l’ivresse positive et contagieuse, on a bien du mal à les croire. (alr)
Theme Park ‘Theme Park’ Transgressive Records
Nouveaux poulains du label Transgressive, les londoniens de Theme Park sont considérés comme de grands espoirs de la scène pop britannique avant même d’avoir déposé leur acte de naissance. Un statut pas forcément enviable eu égard au nombre de jeunes pousses british dont les premières pollutions nocturnes ont inexorablement terminé leur trajectoire dans les bacs à soldes. On souhaitera un sort plus enviable à Theme Park et à leur electro-pop euphorisante aussi inoffensive qu’entêtante. Guitares suaves à souhait, mélodies imparables, rythmiques smoothies, sophistication chiadée de la mise en son propulsent des titres comme ‘Jamaïca’ ou ‘Two Hours’ au premier rang des chansons à fredonner jusqu’au printemps. Ni plus, ni moins. Un disque lumineux qui fait également des appels de phares pas toujours finauds aux Talking Heads et à un New Order élégiaque. Une sorte de freesbee qui annonce la fin de l’hiver. Mais qu’on rangera dans l’abri de jardin dès la fin de l’été. (gle)
ALtERNaTIVE ONLINE-RECORDSTORE
Toro Y Moi ‘Anything In Return’ Carpark Records
La musique de Chaz Bundick est l’équivalent auditif d’un aquarium tropical. Certains n’y prêteront aucune attention mais bénéficieront néanmoins de ses vertus apaisantes, d’autres s’abandonneront béatement au ballet chatoyant et fluide de ses mélodies. Pourtant celles-ci semblent flotter sans but, sans mémoire. Car il demeure chez Toro Y Moi une sensation d’inachevé, d’exploration de surface déjà présente sur ses albums précédents. Si ‘Anything In Return’ a les reins plus solides (‘Say That’, ‘Rose Quartz’, deux compositions fouillées à la progression bienvenue), son approche 100 % électronique, bien qu’esthétiquement irréprochable, n’aide pas l’artiste à s’extirper d’une easy-listening certes charmante, mais à la nonchalance un peu léthargique. On souhaiterait que le Chaz se réveille, se secoue et vive enfin sa musique, car on pressent qu’il suffirait d’un rien, d’une étincelle, pour enflammer enceintes et auditeurs. Et balayer cette touche trop trendy
Villagers ‘{Awayland}’ Domino/V2
Coquille de noix, bateau de papier ballotté par les flots, à la recherche d’une main tendue dans la nuit noire, d’un faisceau falot auquel s’accrocher. Au cœur du cyclone, Conor O’Brien, capitaine aux petites épaules mais au grand cœur, promet rive et refuge à son équipage d’auditeurs. Sa voix fluette, gonflée d’une volonté de survie inébranlable, traverse marées, tempêtes et typhons ; Conor secoue les algues agglutinées à ses cheveux, éponge le sel de ses yeux et hurle contre les vagues (épique ‘The Waves’). Ravalant ses doutes au goût d’huître, il jette un œil à son trophée Ivor Novello qui ballotte en cabine. Si quelqu’un peut les ramener à bon port, c’est bien lui. Il ferme les yeux. Redouble d’ardeur. Brave les éléments. À ses joues palpitent les claques salines que la Mer déchaînée lui assène et auxquelles il répond, invincible, par autant de perles porteuses d’espoir (‘Grateful Song’, ‘My Lighthouse’). Sirène des cas désespérés, le Vaisseau Villagers ne recule devant rien, aucun effet, aucune envolée, et hisse les voiles d’une pop au lyrisme fou, fend les flots en cascades d’écumes qui retombent sur le pont, crépitantes éclaboussures électroniques. Au terme du voyage, l’océan, victorieux, nous recrache en boules humides sur un rivage de sable collant, petits coquillages policés par l’iode, léchés par les ressacs d’un renouveau folk-pop ambitieux. On se redresse, encore groggy, les yeux fixés sur l’horizon, impatients d’embarquer pour une autre traversée. (ab)
pour être honnête, de celles qui font les yeux doux aux annonceurs publicitaires. Sans quoi, Toro Y Moi risque sur le long terme de ne plus faire les bons jours que des ascenseurs. So chilled I’m out. (ab)
Utz ‘Miniatura !’ Naff Rekordz
Certains métissages sonnent mieux sur papier qu’à l’écoute. C’est malheureusement le cas avec Utz, combo belge sympathique qui fusionne tropicalism, band jazzy et frénésie rock. L’idée, de fait, est assez séduisante. Le problème c’est que le groupe aligne les aspects un peu cassebonbon que les deux premiers genres - que Caetano Veloso me pardonne !- peuvent occasionner sur la longueur. Or, de longueurs, l’album n’en manque pas. La faute à des compositions qui gagneraient à plus de précision et de diversité. En l’état, elles n’invitent pas particulièrement aux réécoutes et ne sollicitent que rarement la fidélité, à l’exception de la jolie musette d’’Alegria’ et du duo sensible sur ‘Acordo Cansado’. Quel dommage que leurs incursions plus funk peinent à contaminer les pieds. Gageons, en revanche, que le groupe belgo-brésilien doit se tailler une solide réputation sur les planches. J’irai plus volontiers reprendre de leur joyeuse tambouille sous ce format que dans mon salon. (ab)
Vandal X ‘God Knows’ Fong/Rough Trade
Groupe culte vénéré par les amateurs de musique extrême, Vandal X sévit depuis pas loin de vingt ans en tant que terroriste sonore particulièrement brutal. Influencé par des formations comme Shellac, Unsane ou encore Today Is The day, le groupe a eu dans le passé l’immense privilège de travailler avec Steve Albini. A la différence de la plupart des groupes, Vandal X ne s’assagit pas avec le temps et on pourrait même dire à l’écoute de ce nouvel album qu’il aurait tendance à se radicaliser, nous conviant à un déluge sonore apocalyptique hardcore noisy encore plus violent qu’autrefois. Il parvient par exemple à rendre le ‘No shuffle’ de Front 242 mille fois plus agressif que l’original, lequel n’était pourtant pas vraiment estampillé variété sirupeuse. Radical, ultra violent et refusant le moindre compromis,‘God
knows’ n’en demeure pas moins un disque fort varié et ultra créatif, le groupe intégrant diverses influences dans ses titres, comme sur l’excellent ‘Let everybody know’ qui affiche une coloration stoner/sludge. Un must pour les amateurs de sensations fortes ! (pf)
Various Artists ‘Reason To Believe: The Songs Of Tim Hardin’ Full Time Hobby
Entre addictions et un panache certain pour l’autodestruction, on retiendra surtout de la vie et de la carrière artistique de Tim Hardin qu’il était davantage préoccupé à chanter ses problèmes à lui que ceux du monde. Des démons qu’il affrontait en musique et qu’il incarnait d’une voix déchirante à la douceur amère. Mort en 1980 à l’âge de 39 ans, ce destin cousu de fil noir et taillé dans l’étoffe dont on fait les mythes aurait dû lui assurer une place de choix au panthéon des artistes cultes. Las, même ce statut lui fut refusé, son fantôme continuant longtemps à se tirer des balles dans le pied. En revanche, son répertoire en forme de coffre à bijoux fut régulièrement pillé avec plus ou moins d’élégance par des personnalités aussi variées que Johnny Cash, Scott Walker ou encore Françoise Hardy…et Johnny Hallyday. C’est aujourd’hui au tour de Full Time Hobby de proposer à certains de ses poulains (Diagrams, Pinkunoizu et The Magnetic North) de revisiter l’œuvre de Tim Hardin. Sans sectarisme et pour compléter le casting, le label londonien a également convié des artistes signés par d’autres maisons (Mark Lanegan et Alela Diane, notamment). Débarqués sur la pointe des pieds, ces derniers ont fait le choix d’une fidèlité quasi religieuse aux arrangements bruts de la guitare folk là ou d’autres ont préféré ajouter une touche synthétique ou pop, par crainte peut-être de se confronter trop effrontément aux réminiscences de la voix de Hardin. Au final, la palme reviendra toutefois sans hésitation à Pinkunoizu pour sa version orientalisante et quasi blasphématoire de ‘I Can’t Slow Down’. Malgré cette grande variété dans l’appropriation, et en dépit de l’absence remarquée de Timber Timbre au générique, cette compilation est une porte
d’entrée idéale dans l’œuvre et l’univers de Tim Hardin. (gle)
Various ‘Son of Rogues Gallery’ Anti/Pias
En 2006, le label Anti réalisait ‘Rogue’s Gallery’, une abondante et ambitieuse compilation de chansons de marin sous la houlette du producteur Hal Willner. Sept ans après, ‘Son of Rogues Gallery’ en est en quelque sorte l’addenda, la saison 2. Tout aussi généreuse que la première livraison, cette compilation s’étale sur deux cd et totalise près d’une quarantaine de titres. Si on y retrouve quelques figures de proue du premier épisode tels Nick Cave, Ed Harcourt ou Gavin Friday, c’est en très grande majorité des nouveaux venus qui figurent à l’affiche de celui-ci. Les collaborations par paire sont légion. Ainsi, Shane MacGowan (The Pogues) ouvre la voie avec Johnny Depp pour une chanson mettant en scène le port de Liverpool. Plus loin, Iggy Pop se joint à A Hawk and a Hacksaw le temps d’une chanson irrespectueuse de la marine, Michael Stipe (REM) s’acoquine à Courtney Love pour un hymne au ‘Rio Grande’, Patti Smith & Johnny Depp forment un agréable tandem pour un ‘Mermaid’ très lyrique, Sean Lennon s’accointe avec Jack Shit… On y retrouve également quelques poulains du label Anti comme Beth Orton et bien sûr Tom Waits. Il est question de la mer bien sûr, de ses marins, mais aussi de ses ports et de ses bars, ses sirènes, ses illusions et ses désillusions, l’alcool, les flots, l’immensité, le grand large… (et)
Robert Vincent ‘Life In Easy Steps’ Demon Blue/Ber tus
Dans la famille Vincent, on connaissait déjà Gene et Francky. Robert vient aujourd’hui s’ajouter à cette prestigieuse lignée patronymique. Et il est difficile de ne pas ressentir une certaine sympathie pour lui lorsqu’il déclare : « Jusqu’à présent, je faisais les choses en essayant d’être ce que les gens voulaient que je sois ». En fin psychologue de comptoir, on comprend dès lors rapidement que ce ‘Life In Easy Steps’ n’est rien d’autre qu’un coming-out musical. Car, pour un songwriter de Liverpool, s’autoriser à sortir un premier disque d’americana acoustique pur jus est un choix artistique aussi courageux que surprenant. Toutes proportions gardées, Robert Vincent convie donc Johnny Cash et Bruce Springsteen sur les bords de la Mersey. Comme le chroniqueur, le disque ne fait pas l’économie du recours aux clichés et privilégie surtout l’ambiance à la précision du trait. Entre folk nostalgique, country mélancolique et bluegrass des grands espaces, aucune composition n’est ici réellement indispensable. On remarquera quand même quelques cactus qui dépassent de la plaine comme ‘Who Are You To Say’ et ‘Second Chance’. (gle)
The Virginmarys ‘King Of Conflict’ Doublecross Records/Cooking Vinyl
En bon groupe de rock qui se respecte, ce trio anglais a sacrifié à la tradition qui veut qu’avant de graver quoi que ce soit sur disque, il est obligatoire de passer par l’épreuve de la scène. C’est ainsi que les Virginmarys ont appris leurs gammes et peaufiné leur style, de sorte que ce premier album affiche une technique très au dessus de la moyenne. Ally Diktat, le chanteur, a un charisme fou et fait ce qu’il veut avec
Earteam sa voix, pouvant aussi bien se faire caressant que gueuler comme Lemmy. Quant aux deux autres membres du groupe, il excellent constamment, aussi à l’aise dans un registre power rock rugueux que hard old school. ‘Just a ride’, ‘Dead mans’ shoes’, ‘Out of mind’, ‘Taking the blame’ ou encore le jouissif ‘Lost weekend’ sont autant de titres percutants qui mettent de bonne humeur. Et si l’on pourrait faire la fine bouche à l’écoute de l’un ou l’autre titre dispensable (‘Bang bang’ qui sonne comme une ballade d’Aerosmith de 1995), on les absoudra, ne fût-ce que parce qu’ils abordent dans leurs textes la violence conjugale dont sont victimes… les hommes, ce qui est peu commun dans le monde du hard qui ne badine d’habitude pas avec la mythologie macho ! (pf)
Vincent I. Watson ‘Serene’ Pyramids of Mars
On ne connaît rien de ce Vincent I. Watson tandis que son disque demeure ostensiblement avare en renseignements. Il propose ici dix morceaux ambiants de facture très classique fortement réminiscents de Budd ou de Eno. Les titres eux-mêmes en disent long sur le genre qu’ils préfigurent : ‘Placid’, ‘Serene’, ‘Abyss’, ‘Celtic Beauty’… Au début, on est séduit par cette musique discrète et propre sur elle. Mais au fur et à mesure que l’on avance dans l’écoute du disque, elle se leste de prévisibilité et perd de sa fraîcheur au point que cela en devient un rien barbant vers la fin. Le mieux est de vous cantonner à la demi-heure, vous écouterez ça mieux. (et)
John Paul White ‘The Long Goodbye’ Arkam Records/Ber tus
Je ne sais plus au juste pourquoi j’ai eu la curiosité de chercher compulsivement sur
Google Images quel faciès se dissimulait sous la triple couche de tes affaissements intimes. Sans doute que je voulais me rassurer, me persuader que cette voix qui n’en peut plus de suinter l’épidermique rance, ce n’était pas Matthew Bellamy (Muse) cherchant à se refaire une virginité chez les sudistes, pas Chad Kroeger (Nickelback) jouant au type qui a perdu de la gravité en écrasant la queue de son chat, pas Allan Théo revenu d’entre les rayons de salamis, pas même Jasper Steverlinck (Arid) incapable de détacher les taches de gras de sa chemise. À choisir, je me demande si je n’aurais pas préféré une de ces options cauchemardesques. Il n’y a pas de quoi déclencher une Civil War, mais sensibilité de mérou et presque-Johnny Depp, tu ne pousserais pas le bouchon un peu trop loin, cher JPW ? (alr)
Trixie Whitley ‘Fourth Corner’ Unday Records/N.E.W.S.
Mi-Américaine par son père, feu le guitariste Chris Whitley, mi-Belge par sa mère (elle est née à Gand), Trixie Whitley dévoile un potentiel vocal qui décoiffe sur son premier disque solo. Telle une Nicole Willis blanche qui aurait largué les arrangements soul de son husband Jimi Tenor pour des nuances americana où le blues et la country trouvent leur juste place, la jeune chanteuse (25 ans) prouve par A + B pourquoi elle a suscité l’enthousiasme de Daniel Lanois – oui, monsieur – avec qui elle tenait déjà le micro sur le projet Black Dub. Capable de nuances subtiles, elles vont d’un délicat susurré à des envolées décibelliques assumées, la blonde demoiselle montre, sans besoin d’en faire des tonnes cabotines, qu’elle maîtrise son registre à la perfection. Tout en guidant ses pas dans un passé prestigieux, on y trouve même quelques échos épars entre Portishead et… Alicia Keys (c’est dire si le spectre est large), on ne sait
27
trop si Trixie Whitley conjugue le conditionnel ou le subjectif, mais c’est rudement bien fichu. (fv)
Wooden Wand ‘Blood Oaths Of The New Blues’ Fire Records
Wand, Wooden Wand & The Vanishing Voice, Wooden Wand & The Sky High Band ; auteur d’un folk aussi protéiforme que ses innombrables alias, James Jackson Toth aligne les sorties à une fréquence qui donne le vertige. Sa production, épaisse et éclectique, favorise à la façon d’un Jim O’Rourke ou d’un Matt Elliott de longues plages répétitives et cycliques, sorte de post-folk minimal parfois mâtiné d’accompagnement free-jazz (avec Vanishing Voice), mais non dénuée d’une émotion primale. ‘Blood Oaths’ choisit l’épure et signe de son sang le serment d’un retour aux sources. Voyage sans concession au cœur d’une americana dénudée de ses atours racoleurs, l’album nous entraîne toujours plus loin sur une route 66 sans fin, longue et lugubre ligne droite où de fantomatiques silhouettes glissent sur un horizon dilué par les pluies. Flanqué des spectres de Townes Van Zandt et des Grateful Dead, James Jackson Toth décide de rouler, sans un regard en arrière, jusqu’à vider son réservoir. Loin de plomber la beauté brute de ses chansons, cette volonté d’éprouver leur élasticité temporelle sublime l’impact émotionnel qui se love en chacune d’elles. ‘Blood Oaths’ est un pur objet lacrymal, une ode langoureuse à la mélancolie, un doux et lent poison country qui vous entraîne, amoureusement, dans la chaleur bleue du néant. (ab)
SX
28.02 01.03 16.03 30.03 19.04 08.05
Handelsbeurs - Gand (SOLD OUT) Trix - Anvers (SOLD OUT) Belvédère - Namur Instant Karma - Ostende MOD - Hasselt AB - Bruxelles
LOVE LIKE BIRDS
02.03 Eden - Charleroi
LOCH LOMOND
03.03 CC De Grote Post - Ostende
DAVID BAZAN
04.03 Café Video - Gand
RAPE BLOSSOMS
05.03 Les Ateliers Claus - Bruxelles
THE SEA AND CAKE
05.03 Botanique - Bruxelles
STUURBAARD BAKKEBAARD
06.03 Café Video - Gand
STADT
07.03 14.03 15.03 05.04 25.05
Handelsbeurs - Gand CC De Grote Post - Ostende MOD - Hasselt CC Maasmechelen - Maasmechelen Oorkoorts - Laakdal
MUGISON
10.03 AB - Bruxelles (SOLD OUT)
MARCO Z
14.03 21.03 27.03 20.04 28.04
De Roma - Anvers Botanique - Bruxelles Rednoise - Bruges Emotions - Bilzen Handelsbeurs - Gand
SUKILOVE
14.03 CC De Grote Post - Ostende
THE MEN
15.03 De Kreun - Courtrai 16.03 Magasin 4 - Bruxelles
TEEN
29.03 De Snuffel - Bruges 05.04 Beursschouwburg - Bruxelles
BALMORHEA
30.03 Arenbergschouwburg - Anvers 31.03 Dunkfestival - Zottegem
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT
05.04 CC Maasmechelen - Maasmechelen 25.05 Geckofest - Merchtem
LISA GERMANO + A HAWK AND A HACKSAW
09.04 Handelsbeurs - Gand
ANIKA
12.04 4AD - Diksmuide 13.04 Magasin 4 - Bruxelles
KING KRULE
18.04 Trix - Anvers
GIRLS AGAINST BOYS
05.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles
JUNIP
08.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles more concerts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
28 Villagers
5 mars, Botanique, Bruxelles 6 mars, Le Grand Mix, Tourcoing
© Rich Gilligan Au cœur du cyclone, Conor O’Brien, capitaine aux petites épaules mais au grand cœur, promet rive et refuge à son équipage d’auditeurs. Sa voix fluette, gonflée d’une volonté de survie inébranlable, traverse marées, tempêtes et typhons ; sirène des cas désespérés, le Vaisseau Villagers ne recule devant rien, aucun effet, aucune envolée, et hisse les voiles d’une pop au lyrisme fou, fend les flots en cascades d’écumes qui retombent sur le pont, crépitantes éclaboussures électroniques. (ab)
vendredi 01 mars AB Bota: Joy Welboy, The Peas Project, Leaf House, Montevideo, Roscoe @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ron Sexsmith; Kaizers Orchestra, DJ Rallph Myerz @ Botanique, Bruxelles, botanique.be SX, Pomrad @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Soirée Gainsbourg: Pierre Lafleur Et Ses Musiciens, Pierre Elitair, Louis Katorz @ La Tentation, Bruxelles, latentation.be Opus V: Session Victim, Voice Of Black, Losoul, Joachim, Pierre, Geoff Wichmann, Nathan Oye, Raph Thys vs Twist-It @ Sallle de la Madeleine, Bruxelles, weareopus.com Passe le Pont: Chewi, Shiko Shiko, Douglas Walrus @ Centre Culturel, Comines-Warneton, mjcarpediem.be Wounds, Beneath The Seas @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Yeti Lane @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Thot, Organic @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be The Paranoid Grill; ThomC @ Eden, Charleroi, pba-eden.be Arlt, Midget @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com/ Arcadium @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Moaning Cities @ Atelier 210, Buxelles, atelier210.be Acoustic Africa @ PBA, Charleroi, pba-eden.be Cortez, These Mountains Are Ghosts, Deuil @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Karim Gharbi @ Centre Marius Staquet, Mouscron, centrecultureldemouscron.be Jankenpopp, Hassan K, Sticky Soumka & guests @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Toxkäpp, Dirty Bees, Overweight, Los Duenos del Ska @ Factory 12, Foetz, Lux The Aerial, Velocity Bird @ La Cave aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Black & Tan, Cowboy Up, Waardamme, Clip En Carton @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 02 mars
Melody’s Echo Chamber 8 mars Botanique, Bruxelles
Cette fille devrait ouvrir pour Animal Collective. En prélude aux forces centripètes des Amerloques sinoques, les déviances circulaires de la petite Frenchie pourraient facilement séduire les hipsters en mal de rotations fortes. Enregistrés entre Perth (la tête en bas) et Cavalière (les pieds dans l’eau), ses morceaux s’enroulent dans leur fausse candeur, leur ingénieuse naïveté et tressent, mine de rien, un premier album drôlement impressionnant. On n’est donc pas surpris d’apprendre que Melody Prochet aime en vrac le krautrock, Debussy, Spiritualized, les filles qui swinguaient dans les années 60. Vraiment charmant. (lg)
Portishead
10 mars Rockhal, Esch/Alzette
Ressuscité d’entre les morts, accèdant à un état de pure contemplation de la dislocation, Portishead fait vaciller la nature relative du monde et des objets. Vous les pensiez moribonds? Ils sont solaires. D’une puissance élégiaque peu commune, Portishead rature des milliers de brouillons de chansons pour tendre à une fausse épure, et de ses plongées en les eaux croupies du subconscient, ramène une pêche miraculeuse. Litanie de la léthargie où surnager avec une classe peu commune de ce côté-ci des années 2000, ‘Third’ (2008, déjà, putain!) est un sommet vertigineux. Replay Blessures. (fd)
AB Bota: Geppetto and The Whales, Steak Number Eight, Paon, Tommigun, Coely @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Museum Night Fever: Imaginary Family, Flying Horseman, Blackie & The Oohoos @ Musée Belvue; DJ Tom Barman, Ben DJ, flaSSh, Orkestar Braka Kadrievi, OPMOC, Gaetano Fabri, DJ Tagada, Sheep Shaggers, Neus, U.S.A., Paolo, The Jelly Bellies, Reservoir Dub, Tringle Loop Machine, Dj Kwak, Flying Platane, Slim-T, King Brut, AVL! @ Event Brewery, Bruxelles, museumnightfever.be Roscoe, Love Like Birds @ Eden, Charleroi, pba-eden.be Ortin Cam, DJ’s Tronix, Hardx, Pax, Max @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Forma.T: Araab Muzik, Rustie, Lunice, Redlight, Cyril Hahn, Rockwell, Brenmar, Surfing Leons, Lefto, Pelican Fly, Folie Douce @ Palais des Congrès, Liège, formatparty.com Mind2Mode @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Motorama, Robbing Millions @ Belvédère, Namur, belvederenamur.be Mick Hucknall; Walk The Moon @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Tiefschwarz, Audiofly, Konrad Black, Deg, Pierre, Tofke, Ugur Yurt @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Arno; Soldout @ Caserne Fonck, Liège, lesardentes.be Bliksem, Yama @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Colline Hill, Kaizer Place, Alouest, Black Sheep, Adéo @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Dignan Porch @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Citizenjack @ CC, Ans-Alleur Gentlemen Of Verona, Forward @ Belle Vue, Espierres/Spiere, rockandrollrebel.be Frown-I-Brown @ Zebra Bar, Bruxelles Adèle & The SexMachines, Asttèn, Big Turkeys, Les SansGains, Squares, The Abuse, The Clam’s, The Necklace, The Suspicious, The Wanks, Whities, Chaman, Colloss’Sales Clan, Effectif Dameurs, Katha & Impact, Les Raccoons, On a slamé sur la Lune, Pretty Visitors, Rhapsodya, Sciaca, The Hopper, Lycosia, Pitkan Matkan, Splash Four Shout, TreyHarsh @ Sebastopol, Lille, Fr Passe Le Pont: Another Belgian Band, June Bug and The Storytellers, Coffee Or Not @ Nautilys, Comines, Fr, mjcarpediem.be Skip & Die, Maya’s Moving Castle @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Tahiti Boy, Frenchautotunes @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
dimanche 03 mars Prix Paroles Urbaines 2013: Saul Williams, Carl et Les Hommes Boîtes, James Deano, L’Ami Terrien, Makyzard, Masta Pi, Mochélan, Nina Miskina, Nun Project, Scylla, Seven, Speakeasy, Tonino; Jake Bugg, Jack Savoretti @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Rotten Sound, Martyrdöd, Enabler @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Fred Becker & guests @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Marco Z @ La Malterie, Lille, Fr Lolito @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
lundi 04 mars DJ Shadow; Cheap Drugs, Mozes And The Firstborn, Fidlar @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Delphic @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Chad Valley @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
gigs& parties mars 13
mardi 05 mars R.Ring, Equinox, The Peacekeeper, Atypicalday @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Wavemaker, Ambassadors Of Nowhere, Al Di Miseria @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be The Sea And Cake, Castus; Villagers, Aidan & The Italian Weather Ladies, Luke Sital-Singh @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Emeli Sandé; Meuris @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Iceage, Rape Blossoms, Siamese Queens @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, buzzonyourlips.be Dead Ghosts, Traumahelikopter, Mountain Bike @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
mercredi 06 mars Ihecstival: Jimmie Joy, Solkins, Lieutenant, Mad Radios, AnthonyAnthony, Compuphonic @ Mr.Wong, Bruxelles, ihecstival.fikket.com The Jacksons, Natalia @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Traumahelikopter @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be The Germans @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Yellowcard, Set It Off, Like Torches @ Trix, Antwerpen, heartbreaktunes.com Soeyoez, Ester & Fatou, Ladylo @ Rits Café, Bruxelles, ritscafe.be Rhye; Christophe Owens; Lily Wood & The Prick @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Colin Stetson @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Bert Joris Quartet @ Flagey, Bruxelles, flagey.be Villagers, Luke Sital-Singh @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 07 mars Six Appeal Quintet @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Tiny Legs Tim @ Music Village, Bruxelles, abconcerts.be Kristen Cornwell Quintet @ Ferme du Bièreau, Louvain-LaNeuve, fermedubiereau.be Carl Palmer Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Billie Kawende, Aissata Djiby & The Fujirama Blues Trio @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Job For A Cowboy, Beneath The Masacre, War From A Harlots, Mouth, Gorod, As They Burn @ Trix, Antwerpen, trixonline.be De Fanfaar, Lapaz; Brad Mehldau, Mark Guiliana Duo @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lily Wood & The Prick, Owlle, Blind Horses @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Local Natives @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
vendredi 08 mars Paul Kalkbrenner @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Melody’s Echo Chamber @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Nutbush ft Mona Murray @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Killers @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Ben Pierce, Bauuer, FCL, Kong & Gratts, A.N.D.Y., Mickey @ Café Mirano, Bruxelles, www.libertinesupersport.be Stéphane Galland & Friends @ Centre Marius Staquet, Mouscron, centrecultureldemouscron.be Steak Number Eight @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Les Voleurs de Poules @ l’Ex-Cale, Liège, excale.be Keny Arkana; Club Smith @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Billie Palmier @ Le Cadran, Liège, on-point.be Local Natives @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Electric Noise Machine, Daggers, Castles, Fleau @ L’Entrepôt, Arlon, entrepot-arlon.be Françoiz Breut @ Théâtre Jardin Passion, Namur Gonzo, Lowdjo, Credric Stevens @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Tuys, Seed To Tree, Five Cent Cones @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Soma, Bison Bisou @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Louis Minus XI, Will Guthrie, Dead Neanderthals, Numéro h. @ Ara, Roubaix, Fr, ara-asso.fr
samedi 09 mars Smooth & The Bully Boys, The Poneymen, The Sidekicks @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Korange, Rediohead, Black Beat @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Kristen Cornwell Quintet @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen, eupen.be Machine Gun @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Trixie Whitley, Ian Clement; Jan Swerts @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Everything Everything @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Africulture @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be B.Enzo @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Daniel Stefanik, Exercise One, Pierre, Deg, Michael Mayer @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Hardfloor, Fabrice Lig, Globul, Ralph Storm, Dirty Monitor @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Don Nino, La Colisee, Besace @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Kenny Arkana @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Ben Sharpa, Poldoore, Bazz Phaz @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com The Lumineers, Langhorne Slim @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Killers @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu
dimanche 10 mars The Lumineers, Langhorne Slim @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Girls Names, UV Pop @ Atliers Claus, Bruxelles, buzzonyourlips.be Of Monsters And Men, Mugison; Allen Stone, Delv!s @ AB, Bruxelles, livenation.be Ian Hunter @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Sunrise Avenue @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Portishead @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, atelier.lu Giedré @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
lundi 11 mars TM Stevens & Shocka Zooloo @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Don Vito, Siamese Queens @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Metz, Blackup @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
mardi 12 mars Nas, Iggy Azalea; Make Do And Mend, Apologies, I Have None, Daylight @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Living Colour @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Max Herre @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Colin Stetson @ CarréRotondes, Luxembourg, Lux, rotondes.lu
mercredi 13 mars Thorbjorn Risager Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Walrus; The Bloody Beetroots @ AB, Bruxelles, livenation.be Wild Boar & Bull Brass Band @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Nucular Animals @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Alain Courtis @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Fish, Girl Riot, Ramona, Annelies Van Dinter & Friends @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Egyptian Hip Hop, Antoine Pesle @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 14 mars Wallace Vanborn, Falling Man @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Two Door Cinema Club @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Weeknd @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Les P tits Pots D Fleurs, Tout Finira Bien @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Bloody Beetroots @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Walk The Moon @ Soulkitchen, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Yeti Lane, Joy Wellboy @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com
vendredi 15 mars Rene Innemee & The Revival Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Nucular Aminals, The K @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com Quentin Dujardin, Kalaban Coura @ Maison de la Culture, Namur, province.namur.be Twin Arrows @ Taverne du Théâtre, la Louvière, facebook.com/ latavernedutheatre The Men, The Neutrinos @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Bob Log III @ L’Entrepôt, Arlon, entrepot-arlon.be Foals; Egyptian Hip Hop @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Annix aka Konichi & Decimal Bass, Subp Yao, Gunman, Judah, ... @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.be La Scaa Del Domingo, Monty Picon @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Headcleaner, Axiome, Seal Phuric, Hellboy, Elzo, Axhan Sonn, Shirü @ Black Buddha, Haren, facebook.com/ events/397313523681095 Fire! ft Mats Gustafsson, Kreng & Bart Maris @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Funkystepz, Murlo, Lowup crew @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Mick Hucknall @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Matt Flip & Average Matt Tuesday Classics, Monkey Robot, De Läb, DJ Blueprint @ CarréRotonde, Luxembourg, Lux, rotondes.lu Burning Heads, The Filaments @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Biga*Ranx, El Maestro @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr Can I Kick It? ft Triptik, Deen Burbigo, Eff Gee, Vicelow, A2H, Jazzy Bazz, Pink Tee @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
29 samedi 16 mars Cube Export Festival: Panem & Circenses, Barbus, Sarah Tue Moi, The Waow, Headcharger, Green Spirit SoundSystem @ Salle Le Carrefour, Hamipré-Neufchâteau, facebook.com/le.cube. neufchateau Nathalie Loriers Trio @ Centre Marius Staquet, Mouscron, centrecultureldemouscron.be SX, The Black Night @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Renato @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Rhyton, The Tangerines, Thee Marvin Gays @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Tina Dico, Helgi Jonsson @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Yo La Tengo @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Marcel Dettmann, A.Brehme, Deg, Aybee, Funkineven, Amir Alexander, Kid Strike, Pierre @ Fuse, Bruxelles, fuse.be The Men, Mong Dosus, Omsq @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Brandt Brauer Frick ft Om’Mas Keith; Amanda Palmer & The Grand Theft Orchestra @ Botanique, Bruxelles, botanique.be MAKYzard @ Pianofabriek, Bruxelles, eleguaprod.be Lieutenant @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.be Gallows Pole @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Dirk Serries’ Microphonics, Stratosphere @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
dimanche 17 mars Long Distance Calling, Solstafir, Sahg @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be The Watch @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Jamie Lidell, Ludwig Persik; Dog Is Dead @ AB, Bruxelles, livenation.be Kaizer Place, +open mic @ Maison de la Culture, Namur, province.namur.be Bob Log III, Big Moustache Bandits @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.be Adam Green & Binki Shapiro @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
lundi 18 mars Kilo Kish, The Internet; Christophe Willem @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Killing Joke @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Coffee Or Not @ Comines Mesparrow, Liesa Van der Aa @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Poliça @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu
mardi 19 mars Manou Gallo and Women Band @ Mercelis Théâtre, Bruxelles, kultuurkaffee.be Jill Is Lucky, Julien Pras @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Poliça, Barbarossa @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Joe Bonamassa @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mercredi 20 mars The Delta Saints @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Ultra Eczema Night: 20 Idioten presenteren de Cassette van Antwerpen @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Wallace Vanborn, Raket Kanon @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Die!Die!Die! @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Dean Allen Foyd, Dylan Rufus And The Sons Of Monarchy @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Mélanie De Biasio @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Christina Branco @ Flagey, Bruxelles, flagey.be Adam Green & Binki Shapiro; Mauro, Roland, Ganashake; Julian Perretta @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Manou Gallo and Women Band @ Mercelis Théâtre, Bruxelles, kultuurkaffee.be The Darkness @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Emelie Sandé @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu The Pretty Things, Le Duc Factory @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
jeudi 01 mars Leuven Jazz: Sam Vloemans @ At The Bebop; Robin Verheyen New York Quartet, Courtney Pine, DJ Tom Barman; Sofie & So Four @ Hungaria @ 30CC/Schouwburg, Leuven, leuvenjazz.be The Darkness @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Jonathan Jeremiah, Marco Z; Matmos, Belle Du Parvis @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Youp Van ‘t Hek @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Humps @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dyna B @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Magnetix, Feeling Of Love, Jack Of Heart @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be BJO Vingt @ Flagey, Bruxelles, flagey.be Beach House @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
vendredi 22 mars Leuven Jazz: Rebirth::Collective @ De Blauwe Kater; Eva Beuvens & Mikael Godée Quartet; Baz & Claude Hugo @ 30CC/Minnepoort; Zara McFarlane, Matthew Halsall, Nicole Willis & The Soul Investigators @ Het Depot, Leuven,
Yo La Tengo 16 mars AB, Bruxelles
On a perdu le compte de ces ressourcements pendant lesquels le trio d’Hoboken nous a vivifiés, depuis ces plages à la densité folle où leur allégresse de dispenser de vraies minutes fauves fit se cabrer les moins flexibles jusqu’à ces friandises mélodiques où battait leur béguin de pop, leur sincérité jamais prise en défaut au fil de productions précieuses. (alr)
Poliça
18 mars, Den Atelier, Luxembourg 19 mars, AB, Bruxelles Avec leur son aérien très étudié, difficile de ne pas être hypnotisé par ces gusses de Minneapolis. Surtout que la voix de Channy Leaneagh renforce encore un peu plus l’impression de transe extatique. Par petites touches impressionnistes, des volutes glacées, des beats distordus, des riffs alambiqués apparaissent et construisent une sorte de monde à la Lovecraft: une immensité froide, désespérément vide mais avec une texture extrêmement organique, dégoulinante et vivante semble se figer devant vous. Ça glace autant le sang que ça fascine. (jbdc)
Beach House
21 mars Rockhal, Esch/Alzette
© Liz Flyntz Beach House est de ces groupes qui vous colorent toute une saison sous une pléthore de cumulus mouvants. ‘Teen Dream’, sans pyrotechnie de drugstore, avait ponctué 2010 d’états de veille d’une douceur fiévreuse, rendu plus panoramique nos visions, et nous étions légion à vouloir prolonger l’âge ingrat en flottant, qu’importe qu’il y ait précipice ou Walhalla à la clé. Un groupe qui une fois encore sait se rendre essentiel en vous tatouant sur les phalanges enjoué et inquiet sans savoir laquelle des deux mains a sa préférence, ça vous ferait croire aux miracles. Ayez foi en ‘Bloom’ ! (alr)
30 Swans + Xiu Xiu 30 mars Trix, Anvers
Des dires de Michael Gira, ‘The Seer’ a pris 30 ans à faire. Apogée de tout un travail entamé au début des années 80, ce nouvel album est à la fois le prolongement naturel et le renouvellement de celui-ci. Il est le disque de l’aboutissement et du recommencement. ‘The Seer’ force le respect. Malgré son nom, il n’a rien de devin, ni d’incantatoire, mais il possède incontestablement cette force visionnaire qui fut toujours celle avec laquelle Swans s’engagea dans la musique et d’une part de laquelle il lui fit don. (et)
BRMC
1er avril, AB, Bruxelles 2 avril, Den Atelier, Luxembourg
Septième album pour le Black Rebel Motorcycle Club. Nos motards retroussent leurs manches de cuir et brouillent à nouveau les pistes avec ‘Specter At The Feast’, manège rock où paradent des influences aussi diverses que bariolées, de Kyuss à Spiritualized en passant par U2 ; un carrousel fantomatique glissant sans accroc de plages éthérées à de gros riffs décoiffants, dense, complexe, à la recherche d’une réinvention dans l’affranchissement du passé. (ab)
Carbon Airways 6 avril Botanique, Bruxelles
Eléonore et Enguérand Fernese sont frère et sœur. En pleine puberté, les deux adolescents triturent leurs boutons au son d’une electro ravageuse. Après avoir défouraillé dans différents festivals européens au cours de l’été dernier (Eurockéennes, Les Ardentes, Sea of Love,...), les deux petites canailles bastonnent désormais en salle. Trois règles à respecter impérativement : ne pas les exposer à la lumière du jour, ne pas les mettre en contact avec de l’eau ou du CocaRed Bull et surtout, surtout, aussi fort geignent ou chantent-ils, ne jamais les exposer à la lumière du jour! (fd)
leuvenjazz.be Romy Conzen @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Radio Modern @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Thomas Truax, Gudrun Gut @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Veence Hanao @ CC d’Aubange, Athus Wilf Plum & guests @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Keaton, Pessimist, Loxy, ... @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be The Breath Of Live, Organic @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Deicide, Destiny, Karnak, Sweetest Devilry @ L’Entrepôt, Arlon, entrepot-arlon.be Don’t Mess With Monkeys @ Taverne du Théâtre, la Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Canadian Sexy Boys @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be Broadway Calls, Gnarwolves, Great Cynics @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Billie Palmier @ 22Tracks, Bodega, Bruxelles, on-point.be Freaky Age, Noble Tea @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Bahamas; I Am Kloot @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Hey Colossus, Child Bite, Coubiac @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Guido Belcanto, Spinvis, ‘t Hof Van Commerce, Jan De Wilde, Aroma di Amore, Eefje De Visser; De Held @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Asaf Avidan; Disclosure @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Headphone, Few Bits @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Feeling Of Love @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com Clock Opera; Gerald Genty @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Mumford & Sons @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu
jeudi 28 mars Compact Disk Dummies; IAMX @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Mumford & Sons @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Frown-I-Brown @ Café Central, Bruxelles My Empty Phantom, Xavier Dubois, Jesus Is My Son @ l’An Vert, Liège, lanvert.over-blog.com Flying Horseman, Soldier’s Heart @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Fred Becker & friends @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Dianne Reeves @ Flagey, Bruxelles , flagey.be Feeling Of Love @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com Erik Truffaz Quartet, Bazz Phaz @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Oh! Tiger Mountain, Tiny Ruins @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
samedi 23 mars
vendredi 29 mars
Leuven Jazz: Stefano Bollani vs Fred Hersch, De Beren Gieren, Nachtman @ 30CC/Schouwburg, Leuven, leuvenjazz.be Matthew Herbert, DKA, Pierre, Deg, Vera, Eli verveine, Ken & Davy, Dezz Terquez @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Mélanie de Biasio, Blackie & The Oohoos @ Eden, Charleroi, pba-eden.be Why Not?, Five Fighters, Emerald, Waterfront, Vertigo @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Jali; Pasion de Buena Vista @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Reiziger, Enemies, Mnemotechnic, Croupier @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Blackie & The Oohoos @ L’Eden, Charleroi, pba-eden.be Blanche @ l’Ex-Cale, Liège, excale.be Chapel Of Disease, Karne, Maleficience @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Abbey Road @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Breath Of Life, Agent Side Grinder, Organic, CZ @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Heartbeat Parade @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, mokain.com Everplay @ CC, Sprimont Coely, Girl Unit, Ms Dynamite @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Cody Chestnutt, Laetitia Dana @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Jill Is Lucky, Head Full Of Flames @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Balthazar @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Matmos @ CarréRotonde, Luxembourg, Lux, rotondes.lu The Army Of Butterflies: Babyoil & Friends: Mutiny on the Bounty, Heartbeat Parade, Mount Stealth, Hal Flavin, Monophona, Sun Glitters, Danaplan, Babyoil @ Rockhal, Esch/ Alzette, Lux, rockhal.lu
dunk Festival: The Black Heart Rebellion, Stephen O’Malley, The Pirate Ship Quintet, Kokomo, What The Blood Revealed, Petrets, Celestial Wolves @ Bevegemse Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be Radio Modern: Nico Duportal & His Rythm Dudes @ La Tentation, Bruxelles, latentation.be Micah Blue Smaldone, Asa Irons @ l’An Vert, Liège, lanvert.overblog.com Skip The Use, Veto; Anton Walgrave, Lili Grace @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Pierre & Bastien, The Feeling Of Love, Schwefelgelb, Barako vs Globul @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Willow, Lieutenant, Mademoiselle Nineteen @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Naheulbeuk, Haggard, Daemonia Nymphe, Stille Volk, Rastaban, Saltatio Mortis @ Mons, trolls-et-legendes.be Charge Group, He Died While Hunting @ CC, Bièvre Elvis Black Stars @ L’Entrepôt, Arlon, entrepot-arlon.be About Neil @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Ancient Sickness, Fire At Work, R.A.W. vs 6BLOCC vs Skanx, DJ K, Wasted Matter vs Dr.Greencheese, Acid Kirk, Mr.Gasmask @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Kelpe, Fulgeance, Squeaky Lobster, Surre@ Grand Manège, Namur, theatredenamur.be I Am Heresy, Hierophant @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Hyenes, Calm Before Chaos @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr The Herbaliser, DJ Boulaone @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Troy Von Balthazar, Bony King Of Nowhere, Mathis Haug @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 24 mars
samedi 30 mars
Leuven Jazz: Bruno Vansina 4tet @ Stuk; Jazz’n’Words, Koen Nys Quintet @ At The Bebop; Steven Delannoye x Geert Goiris @ M, Leuven, leuvenjazz.be Nosaj Thing, Free The Robots, Jeremiah Jae, Mono/Poly @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Jill Is Lucky, Paon @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Wild Nothing, Darko @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dunk Festival: Maserati, Drums Are For Parades, Arms And Sleepers, Kwoon, Joy Wants Eternity, Toundra, Fire Walk With Us, Tangled Thoughts Of Leaving, Lost In Kiev, Ilydaen, [BOLT], Ikebana, Valerinne, Le Seul Elément @ Bevegemse Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be Pianoclub, Lieutenant @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Loscil, Sun Glitters, Vuurwerk @ Ateliers Claus, Bruxelles, buzzonyourlips.be Jessie Ware @ AB, Bruxelles, livenation.be Joseph Capriati, Double U Jay, Deg, Makam, Delano Smith, Yossi Amoyal, Issa Maïgan Pierre @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Swans, Xiu Xiu @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Pirate Ship Quintet, Petrels, Roy Neary @ CPCR, Liège, rhaaalovely.net The Hyènes @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Bananarchie, Panda Royal @ l’An Vert, Liège, lanvert.overblog.com 98% Maximum Soul @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Flat Earth Society @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Elvis Black Stars, The Tangerines @ Salon, Silly Flying Horseman, Louis Aguilar And the Crocodile Tears, Evening Hymns @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Clock Opera, Charge Group @ CarréRotonde, Luxembourg, Lux, rotondes.lu
lundi 25 mars Rhyton, Decimus @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Liz Harris, Jesy Fortino, Je Suis Le Petit Chevalier @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lil Wayne, Mac Miller & 2 Chains @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Divorce, Les Morts Vont Bien @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Wild Belle @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
mardi 26 mars Visions Of Atlantis, Skeptical Minds, Souldrinker, Serenity @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Wild Nothing @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Wild Belle @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Jenifer @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ben & The Saints @ Atelier 210, Buxelles, atelier210.be Asaf Avidan @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Foals, Jagwar Ma @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
mercredi 27 mars Shapeshifter @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The King Khan & BBQ Show @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be
dimanche 31 mars dunk Festival: I Like Trains, Balmorhea, Dorena, pg.lost, My Education, Labirinto, Syndrome, The Shaking Sensations, Heirs, My Empty Phantom, Afformance, We Stood Like Kings, Have.To.Be.Distanced @ Bevegemse Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be The Hyènes @ L’Os à Moelle, Bruxelles , intersection.be Walk Of The Earth, Krnfx @ Trix, Antwerpen, heartbreaktunes.com Solomun, Âme, DJ Tennis, Coeur @ Silo, Bruxelles, silo.be
LES
NUITS
01.03 KAIZERS ORCHESTRA no + DJ RALPH MYERZ nl 01.03 RON SEXSMITH ca • SOLD OUT ABBOTA 2013 @ AB : ROSCOE - MONTEVIDEO 01.03 - LEAF HOUSE - THE PEAS PROJECT - JOY WELLBOY • coprod Bota + AB ABBOTA 2013 @ BOTA : COELY - TOMMIGUN 02.03 PAON - STEAK NUMBER 8 - GEPPETTO & THE WHALES • coprod Bota + AB 03.03 JAKE BUGG gb + JACK SAVORETTI gb • SOLD OUT PAROLES URBAINES 2013 + SAUL 03.03 PRIX WILLIAMS (SPOKEN WORD TOUR) 04.03 CHAD VALLEY gb ie Ie 05.03 VILLAGERS + AIDAN & THE ITALIAN WEATHER LADIES + LUKE SITAL-SINGH
Gb •
30.04 03.05 04.05
SOLD OUT
05.03 THE SEA AND CAKE us CASTUS be
05.05
06.03 LILLY WOOD & THE PRICK fr 06.03 CHRISTOPHER OWENS us 06.03 RHYE gb • SOLD OUT 08.03 MELODY’S ECHO CHAMBER fr
06.05
09.03 EVERYTHING EVERYTHING gb 10.03 THE LUMINEERS us + LANGHORNE SLIM us • SOLD OUT Carhartt WIP présente BRANDT BRAUER FRICK de 16.03 feat. OM’MAS KEITH us 19.03 JIL IS LUCKY fr + JULIEN PRAS fr
07.05
20.03 MÉLANIE DE BIASIO be • présentation nouvel album 21.03 JONATHAN JEREMIAH gb + MARCO Z be 21.03 MATMOS us
08.05
+ BELLE DU PARVIS be
22.03 I AM KLOOT gb 22.03 BAHAMAS ca 26.03 WILD BELLE us 27.03 CLOCK OPERA gb 09.05
03.04 TROY VON BALTHAZAR us 04.04 DAUGHTER gb • SOLD OUT 10.05
05.04 STORNOWAY gb / BRASSTRONAUT ca fr
09.04 PEACE gb 11.05
10.04 THE SHEEPDOGS ca 10.04 FICTION gb 12.04 WILLY MOON nz + THE FAMILY RAIN gb
14.04 MODDI
no +
+ SLEEPERS’ REIGN be
FARAO no
17.04 HALF MOON RUN ca 18.04 JOHN GRANT Us 18.04 SOPHIE HUNGER ch 22.04 CŒUR DE PIRATE ca «piano solo» • Cirque Royal 28.04 GiedRé fr
(Création) • Cirque Royal
!!! us - SUPERLUX be DAAN be - BENJAMIN SCHOOS be joue CHINA MAN VS CHINA GIRL avec CORDES DAN DEACON us CONNAN MOKCKASIN nz - WAVE MACHINES gb REBEKKA KARIJORD no - SÓLEY is MATHIEU BOOGAERTS fr LOW us - JUNIP se • Cirque Royal NUIT BELGE : SOLDOUT be - VISMETS be - JOY WELLBOY be BRNS be DEZ MONA be - LIESA VAN DER AA be JERONIMO be - THE BONY KING OF NOWHERE be ÓLAFUR ARNALDS + CORDES is - VALGEIR SIGURÐSSON is - WILL SAMSON us • Cirque Royal LESCOP fr PHOSPHORESCENT us - WOODS us CHVRCHES gb BERTRAND BELIN fr WINSTON MCANUFF jam & FIXI fr SUUNS ca - APPARAT de «KRIEG UND FRIEDEN» (music for Theatre) - AUFGANG • Cirque Royal SEXY SUSHI fr - BASS DRUM OF DEATH us - MUJERES sp J.C.SATÀN fr - THE K. be GHOSTPOET gb
THE NEIGHBOURHOOD us - UNKNOWN MORTAL ORCHESTRAus VEENCE HANAObe 12.05 LOU DOILLON Fr • Cirque Royal TWO GALLANTS us DIIV us - MAC DeMARCO ca - MIKAL CRONIN us ALUNAGEORGE gb TOM McRAE gb 26.05 CocoRosie us • Cirque Royal
13.04 TEAM GHOST fr 14.04 KASHMIR dk
VALERIE JUNE us MAÏA VIDAL us - MERMONTE fr V.O. & BOX QUARTET be (Création) BB BRUNES fr • Cirque Royal COLD WAR KIDS us SKIP&DIE nl HOW TO DRESS WELL us - MESPARROW fr ENSEMBLE MUSIQUES NOUVELLES (DIRECTION JEAN-PAUL DESSY), STÉPHANE COLLIN, ENSEMBLE TEMPORAIN, GAUTHIER KEYAERTS WOODKID fr & MONS ORCHESTRA be • Cirque Royal GIRLS AGAINST BOYS us - LUMERIANS us JEAN-LOUIS MURAT fr JAMIE N COMMONS gb CHILLY GONZALES ca & MONS ORCHESTRA be
solo
27.03 GERALD GENTY be • présentation nouvel album
06.04 CARBON AIRWAYS
03–12.05.13
• coprod. Progress Booking
INFO/TICKETS SUR OTANIQUE.BE .218.37.32 – WWW.B
30.05 TRAMPLED BY TURTLES us 03.06 IRON AND WINE us
02
ay
…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA 02.218.37.32 – WWW.BOTANIQUE.BE
PE AC E
O
K
FO R
A
M
AT OM S
CHELSEA LIGHT MOVING NEW BAND OF THURSTON MOORE