RifRaf mars 2015 FR

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© Mothmeister @ Instagram

Ils sont à l’Archipel. Ils sont au Laboureur. Ils sont Chez Martine. Ils sont au Coq. Ils ne sont pas là pour sauver le monde. Ils poussent des portes pour voir ce qu’il y a derrière et s’il y a un comptoir pour contenir la houle. On leur prête des brèves de comptoir, ils ont la langue pendue. Les plus affables y recomposent une famille d’emprunt, celle du cœur sur la main, où on agrandit volontiers le cercle, où règne un esprit de corps, où l’on remet la même chose. C’est une confrérie au goût de reviens-y. Ivre de sentiments une fratrie de sensations enfouies, aspirant à retourner dans la vie rêvée, leur vraie patrie. Mais la mousse. C’est un cérémonial particulier. Le généreux, le fol et l’orphelin s’y reconnaissent, se donnent de l’accolade et du tiens, mais qui voilà ! Merveilleuse fortune. S’y faufilent au ressac de plus capricieux, la danse macabre et le rire oiseux. Celui-ci s’octroie avec une opiniâtre délectation le rôle du bougon de service (au bar après 17 h). Tempère d’un index vengeur les allées et venues, houspille ceux qui s’extraient des commodités, glapit la mine torve de tonitruants : “A chié!” Prétextant rectifier l’aplomb d’un tableau, il bouscule le petit couple venu se disputer le week-end avec résumé des épisodes précédents. Hervé, Arsène Lupin de la 33, vieux beau des oursins plein les poches, signe colérique le dévoilement de sa modeste rapine. Mais la mousse. Les jupes se portent-elles ras du genou ou juste en dessous? La fille au bouquet de fleurs demande à tout un chacun si elle doit sortir avec le conducteur du 71 qui lui a souri, insiste qu’on lui explique, parce que le mâle d’hier rencontré par petites annonces c’était pas trop ça tu vois et puis quid de ce beau pirate espagnol. Telle autre fait étalage de ses exploits, assure qu’elle parvient à consommer une douzaine de types lors d’une quinzaine alpine sans jamais leur dévoiler son prénom. Se targuant d’un excellent planté de bâton, la belle enfant dupe. Tu pousses le bouchon un peu loin, Maurice. Il en font des caisses et des montagnes. A descendre et à gravir, encore. A la recherche d’un ravissement, cet étourdissement dans la ravine. Les pentes friables ça les connaît. Et le slalom dans les rues. Mais la mousse. Mains indéfiniment serrées autour de calices oblongs, on vient s’absoudre à la Westmalle triple le dimanche matin, d’aucuns sont déjà à l’eucharistie d’un chips au Bloody Mary. Sur un air de Madness, on s’esclaffe du spectacle de la rue où deux retardataires toutes de noir peu vêtues regagnent vaille que vaille la coulisse - Elles ne sont pas encore rentrées celles-là, ouïeouïeouïe! Elles n’ont pas froid, tsé! Puis l’un des communiants sifflote l’air des douches de La Grande Vadrouille. Renée rebondit : les gendarmes, ça j’ai jamais aimé! Les gendarmettes, celui-là, il est bête mais les autres j’aime encore bien. Pierre Richard, ça c’était autre chose..., statue Francis. Et Bernard, il est pas là? Il est à Paris. Ah? Bon. Le café Vertigo est tellement fort que sur la soucoupe, entre la gaufrette et la capsule de

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lait, un Temesta a remplacé le sucre. On vient aussi, quoiqu’on en dise, pour se remettre les idées en place. Aubergiste, prédicateur prenez pitié : versez-moi donc ce sourire-là en sus, un bar n’est jamais qu’une église où on sert de la bière ! Qu’importe alors que ces héros très discrets, toujours bien entourés et amenés par la bande à la pérennité soient portés ou non par une cohorte d’angelots, ou de gourous en toges blanches. Apôtre de la soul de chambre, Baloo R&B lumineux et débonnaire, Droopy à la capillarité tapageuse, Matthew E. White est de ceux qui sous le moelleux d’une couverture élimée dissimulent leur plan confidentiel pour conquérir l’univers et au-delà. Fi du décorum : la chaleur de leur soul, l’ampleur de leurs arrangements suffisent à convaincre les foules, à convertir les sceptiques, à rendre l’ouïe aux sourds. « Take it easy, baby », Matthew E. White is our friend, our New Lord! * Seigneur des habitués, sa table est réservée. On le dit Minotaure dans le labyrinthe de ses pensées, on le dit taiseux mais riant fort dans sa barbe. Il est connu pour ça. Ite missa est. Beaucoup se méprendront: il ne rit pas contre, ne se moque de quiconque; ses éclats sonores jaillissent pour saluer une bonne blague, de celles qu’il se remémore, reconstruit de plus belle et toutes celles qu’il invente parce qu’elle tiennent au corps, parenthèses de l’histoire au cœur de l’éternité. C’est un ensorceleur, un géant doux qu’on approche à pas de loups. Dehors, à l’écart, planqué dans le halo des cigarettes, il confesse à demimot d’une voix fluette qu’il écoute Musiq3 et relis les Grecs. Mais chut. D’ailleurs il en a déjà trop dit, n’en revient pas, dans un mime de cartoon plisse les yeux et sa bouche fait un O, balance aussitôt la grenade fumigène d’un éclat de rire, et de narrer fissa celle du lapin sous extasy. Mais la mousse. C’est un cérémonial, un rite. Si on ne le trouve pas là, on se serait trompé d’heure et puis voilà tout. Si on le manque encore, c’est la faute à pas de chance, décidément. D’aucuns attesteront que ça fait un moment qu’on ne l’a pas vu. Pris d’un doute, grinçant derrière le masque de l’inquiétude, on se surprend à taquiner du subjonctif. On aimerait qu’il soit là. Ce serait chouette qu’il revienne. Reviens-vite, Hé ! Ho ! Traîne-pas trop, Jean-Pierre. Pas de blague ! J’en ai une bien bonne tandis que sur ta table t’attend l’amertume d’un tonic sans citron. Beam me up, Scotty ! Texte : Fabrice Delmeire Les saintes écritures consacrées à Matthew E.White ont été chapardées dans le bréviaire d’Anne-Lise Remacle Un disque : ‘Fresh Blood’, Matthew E.White (Domino/V2) Un livre : ‘Graine d’échafaud’, Roger Van de Velde (Les Flamboyants) Encore de la musique : ‘Fêtes galantes’, Paul Verlaine (Gallimard)

année 21 • mars ’15

Colofon www.rifraf.be Année 21 nr. 208 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf avril sort le 26 mars

rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 16 mars

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 11 mars

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht

collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,...

photo cover: shawn brackbill

dessins : Issara Chitdara

Communcation : nom et adresse

Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB


Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte : Eric Therer

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut

nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde. Chef principal des émérites zeitkratzer, dont la réputation en ces pages n’est plus à faire, Reinhold Friedl a longtemps tardé à nous convaincre en position solo. Vous l’avez deviné, son petit dernier ‘Golden Quinces-Earthed For Spatialised NeoBechstein’ (Bocian) est d’un tout autre acabit. Jouée, son nom l’indique, sur un Neo-Bechstein, soit le premier piano électrique du 20è siècle, l’unique pièce de 55 minutes voit le quinqua berlinois à son meilleur, là où son art des plus subtils recherche des familiarités entre György Ligeti et… Eyes Like Saucers. Profondément angoissante, l’œuvre ne se limite toutefois à un catalogue trouillométrique à zéro. Si on y ressent également le vent glacial s’engouffrer dans la friche industrielle berlinoise explorée en son temps par Gilles Aubry, un registre grave et tourmenté à la Deaf Center offre un contrepoint bienvenu aux répétitions, qui ne le sont qu’en apparence. Et si on tenait là un des premiers grands disques de 2015 ? ★ ★ ★ La dernière fois qu’un disque de Thomas Köner s’est glissé dans la présente rubrique, c’était pour le mitigé ‘Novaya Zemlya’ et un souvenir mitigé en-deçà de Jana Winderen. Deux ans plus tard, nous replongeons en 2009, année initiale de sortie de ce ‘La Barca’ que l’artiste allemand a l’excellente idée de nous reproposer en version digitale, augmentée d’inédits pas tombés du camion. Voyage en douze étapes autour d’un monde, l’œuvre ramène ses field recordings, d’une précision ambient exemplaire – avis aux fans de Chris Watson et Mika Vainio – d’entre Tokyo et Hambourg, en passant par Damas, Venise ou Brisbane. Et si d’aucuns y verront le signe d’un monde où les atmosphères s’universalisent au point de se confondre, où la nature anxiogène des grandes métropoles joue son rôle, c’est qu’ils sont rétifs aux éléments linguistiques des instants captés, qu’ils soient en avant-plan ou plus discrets. ★ ★ ★ On ne présente plus Joëlle Léandre, tant la contrebassiste française a multiplié les contre-chants d’un jazz libéré de toute codification formative. Associée au quatuor féminin norvégien Spunk dans une captation live au Molde Jazz Festival (+3dB), la sexagénaire envoie au monde un vertigineux message de liberté ascensionnelle. Tantôt solo, parfois associés (trois des six titres), les cinq protagonistes évoluent dans un dynamisme ravageur qui, faisant fi de toute lourdeur assommante, n’oublie ni le lyrisme (certains passages de Joëlle seule) ni l’esprit en fin de compte libertaire – à prendre au sens le plus relâché du terme – d’un concert où l’on aurait rêvé d’être. D’autant qu’on y aurait retrouvé deux de nos chouchous venues du froid, les formidables Lene Grenager (au violoncelle) et Maja Ratkje (à la voix). ★ ★ ★ Projet du Vénézuélien de Barcelone Julio Cesar Palacio, Sun Color dévoile sur ‘Parallel Tracks’ (S.C.A.P. Records) un univers d’abstraction étrangement alangui, bien que bruitiste. On y entend des voix dans une langue inconnue, où ça tchatche bien, et surtout des transferts de compétences en marge de la musique concrète, elles lorgnent parfois du côté de la Kosmische sans réellement trouver leur chemin. Bref, on est passés à côté malgré la porte largement ouverte. ★ ★ ★ Oui, la valeur attend – parfois – le nombre des années. Vingtcinq ans après son essai solo inaugural ‘Uluru’, Hans Koch propose avec ‘Erfolg’ (Deszpot) une virevolte entre trois instruments (clarinette basse, saxo soprano et ténor), où le free jazzman allemand évolue dans un univers proche des souffleries bluffantes du Norvégien Kjetil Møster, auteur en 2011 pour rappel de l’unique – lisez irremplaçable – ‘Blow Job’. Cependant, si les notes bleues tordues sont de sortie, nombre d’échos de ce Succès renvoient (in)directement à la musique concrète. Pâles d’hélicoptère, crissements de grillons ou sirènes de paquebot, Koch dévoile une noria d’intentions vivaces, elles sont à ce point surprenantes qu’une visite sur la tombe d’Adolphe Sax s’impose, histoire de voir ce qu’il en pense. ★ ★ ★ Règle numéro deux, aux trois premières pistes d’un album, tu ne t’arrêteras pas, surtout s’il est l’œuvre de Spyros Polychronopoulos et qu’il se nomme ‘Electronic Music’ (Experimedia). Au départ, on se pose mille questions, entre quête des lignes de force et points d’ancrage aléatoires. Heureusement, alors que tout se ressemble pour mieux se différencier, entre boulimie noise inquiétante et militantisme atonal, le quatrième morceau ‘em4’ nous emmène sur les traces de Pierre Schaeffer, dont l’ombre tutélaire hante des lieux tel un songe de nuit d’été orageuse et insectivore. Une belle idée ne venant jamais seule, le musicien grec basé en Angleterre convoque les sonates pour piano de Boulez entre fées clochettes et brumes vivaces (‘em5’), des impulsions Kosmische lointaines s’installent dans la galaxie Jana Winderen (‘em6’), avant qu’une ultime frénésie sur lieux d’aisance ne vienne rappeler que tout n’est pas bon à prendre. ★ ★ ★ Attention, quatuor inusité à l’horizon pour musique sublim(inal)e. Déclinés en deux étapes où la basse, le vibraphone, l’harmonium et la clarinette tournent incessamment autour du point d’équilibre, et c’est pour souvent atteindre la grâce, ‘Xenon & Argon’ du collectif The Pitch (Gaffer Records) expose en deux langoureuses mélopées un attachement indicible à la micro-mélodie, mais aussi au drone, et il est tout en doigté introspectif. Autour d’harmonies aussi étranges que sublimes, Morten Olsen, Koen Nutters, Boris Baltschun et Michael Thielke jouent avec nos perceptions sonores, qu’ils se plaisent à titiller à l’envi. Hors de toute sérénité malveillante, ils font grincer leurs instruments juste ce qu’il faut sur les 18 minutes de ‘Xenon’, même si le second titre ‘Argon’ s’épanche avec moins d’originalité, en un épisode où le drone est marqué de l’empreinte hypnotique de Luigi Dallapiccola rencontrant My Cat Is An Alien et Peter Rehberg.

Les lieux de Truffaut

Dans une lettre qu’il écrit à Georges Delerue en avril 1980 pour le congratuler du César dont il vient d’être gratifié, François Truffaut lui propose de poursuivre leur collaboration sans désemparer, l’invitant à écrire la musique pour ‘Le Dernier métro’, un film qui est sur le point d’être terminé. Truffaut lui confesse qu’il comptait initialement n’utiliser que des chansons de l’époque de l’Occupation au travers des chanteurs de rue mais qu’après réflexion il souhaite recourir à une vraie musique de film : « à cause des effets muets, des actions disparates à utiliser, d’une certaine tension à entretenir et d’une ambiance assez mystérieuse. » Les rues, les stations du métro, mais aussi plusieurs quartiers de Paris seront les repères toponymiques du film, indissociables d’une musique faisant corps avec la scénographie sans jamais chercher à la concourir où à la ravir. De son côté, Delerue dira de Truffaut : « Il attendait une musique de soutien, une musique très étrange, en fait plus triste que le film lui-même, avec notamment des timbres de clarinettes graves pour donner une espèce de profondeur un peu glauque. » Il ajoutera : « A partir du ‘Dernier métro’ et pour ses derniers films, il n’a pas voulu que je lise le script, afin que je puisse découvrir le film avec un œil totalement neuf, sans idée préalable… » Vingt ans auparavant, c’était un Paris portant encore les stigmates d’après guerre qui crevait l’écran tout autant que le faisait un jeune Jean-Pierre Léaud déambulant en culottes courtes dans ‘Les Quatre-cent coups’. Les façades des immeubles sont incrustées de suie, les caniveaux charrient des eaux usées, les voiries s’abordent peuplées de petit métiers ambulants. La ville vit et elle vit au rythme que la bande son lui impulse. La musique de Jean Constantin y est moins nettement grave, à la fois guillerette, vive mais doucement amère à plusieurs détours. Paris, encore et toujours, reviendra dans ‘Baisers volés’, ‘La peau douce’, ‘Domicile conjugal’, ‘L’Homme qui aimait les femmes’… Plus occasionnellement, Truffaut délaisse la capitale pour filmer en province : à Thiers dans ‘L’Argent de poche’, à Nice avec ‘La Nuit américaine’, un hameau campagnard près de Grenoble dans ‘La Femme d’à-côté’, Nîmes (‘Les Mistons’), Halifax (‘L’Histoire d’Adèle H.’), l’île de Guernesey (‘Deux Anglaises et le continent’)… A cette pluralité de lieux, s’ajoute celle des compositeurs auxquels Truffaut eut recours (Constantin, Bernard Herrmann, Antoine Duhamel…) même si sa collaboration essentielle demeure celle qu’il noua avec Georges Delerue pendant plusieurs décennies. Dans ‘L’Enfant sauvage’, il se contentera de reprendre Vivaldi, voulant insuffler à son film les couleurs les plus naturalistes possibles. A d’autres moments de sa vie, il s’adressera à des chanteurs tels Serge Rezvani, Boby Lapointe, Charles Trenet ou Alain Souchon dans ‘L’Amour en fuite’ qui en fit un hit. Des rapports qu’entretint François Truffaut avec la musique et les lieux, il est un épisode qui retient notre attention de par la singularité de la démarche qui le soustend. Truffaut vouait une admiration inconditionnelle à Maurice Jaubert, pionnier et père fondateur de l’école française de musique de film décédé prématurément sur le front en 1940. En 74, il s’empare de la musique posthume de Jaubert pour accompagner ‘L’Histoire d’Adèle H.’ François Porcile, musicologue et conseiller musical épisodique de Truffaut, commentera la réussite musicale du film lequel parvint selon lui à un artifice invisible en donnant au spectateur l’illusion que la partition avait été écrite spécialement pour le film. Réorchestrée, dotée d’un son clair et d’une instrumentation aérée, la musique de Jaubert change non seulement d’époque mais aussi de lieux. Truffaut s’était littéralement plié à la musique et non l’inverse. Un disque : ‘Le monde musical de François Truffaut’ (boîtier de 5 cd et d’un livret de 44 pages), Universal


Texte : Le Dark Chips

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Voilà exactement 15 ans que Mr. Oizo a le pied au plancher, et c’est peu dire que son travail sent le gaz ! En témoigne le clip amphétaminé de Eric Wareheim (Tim and Eric) pour le titre ‘Ham’. Trois minutes et 20 secondes à faire saliver Chris Cunningham, autant de temps servant de vecteur à Quentin Dupieux qui, progressivement, a fait de sa musique une bande image. Évidemment, ça tabasse et nombreux seraient les non-initiés à affubler ‘The Church’ du mimétisme d’un temps présent, teinté d’une musique brute, cloîtrée entre ado et adulescence. Et si la culture de la musique-comédon avait été faite loi par Oizo lui même, il y a plus d’une décennie ? Toutefois, de ruptures en poncifs maison, l’inspiration de ‘The Church’ semble marquer l’arrêt, comme dénuée de vraie profondeur. Il faudra alors attendre le final chargé d’un soufre qui n’explosera jamais, mais dont l’odeur insoutenable révélera un état de frustration que l’auteur aura pris soin de nous pousser dans les veines. La grande messe ! ★ ★ ★ Quel label mieux que (Kitsuné) pour accueillir un artiste nommé sans prétention Beau ? En ces temps de philosophies troublées, plus que jamais les idéologies néfastes ont pignon sur rue. Et ce ne sont pas moins de 15 âmes égarées qui s’oublient dans les versets de ‘Kitsune New Faces II’. Et des mièvreries, des trucs à la mode, des productions cheapouilles ou des recettes ultra-référencées, il nous tiendra tout de même à cœur de sauver la dub sexy de Danglo et l’errance rythmique de Mura Masa. Et on s’en voudrait tout de même de se quitter sans ce jeu de mot facile : To Be Franck, ta musique est dégueulasse. La grande blague ! ★ ★ ★ 17 ans à peine, 17 ans déjà. Aidé d’Alex Gopher et Philippe Zdar, ‘Superdiscount’ naissait et faisait la fierté de son papa, Etienne de Crecy (fatigué mais content) tout en statuant pour longtemps ce que devait être l’électro française. Après le grand succès de « Trois hommes et un coupe-fin », l’apparition d’un second volet en 2004 s’imposait, dans un packaging toujours aussi soigné et reconnaissable. Plus qu’un disque, devenu une marque, on doutait réellement de voir arriver un jour l’ultime battant d’un triptyque. Et pourtant...Affublé de ses recettes, de ses invités obligés et de sa gouaille franchouillarde, ‘Superdiscount 3’ a vu le jour. Mais malgré un nouveau casting de haute hype, la production du pape « Frenchois » se montre tellement bétonnée qu’aucune personnalité n’arrive à en percer la coque de l’intérieur, à l’image de cette collaboration avec Baxter Dury dont le flegme légendaire reste sans aucun effet sur ‘Family’. Dommage collatéral d’autant plus fâcheux que la copie, trop attendue et entendue, n’étonnera plus personne. Méfiez vous Mr de Crécy, d’origine à fossile de l’électro, il n’y a qu’un pas. La grande leçon ! ★ ★ ★ Dan Pearce, DJ de son état, nous convie à sa table de Bristol pour découvrir la carte de (Hypercolour), ‘Fries with That ?’. Quoi de plus normal que de se faire servir, en deux disques, le plat principal et le dessert par celui qui se fait appeler Eats Everything. C’est pourtant dans une ambiance apéro que l’on trinque alors que le chef s’affaire aux fourneaux à ressaisir Matthew Herbert, à faire frire Richie Hawtin ou encore blanchir Radio Slave. Aux saveurs du menu en deux services s’annoncent de ci, un plateau de fraîcheurs du jour alors que de là, s’étalent les classiques du chef. Un mix qui fera office de parfait starter pour une soirée entre amis réussie. La grande bouffe ! ★ ★ ★ En 2014, le succès belge portait un nom, De Biasio ! Celle qu’on n’avait pas vu pousser alors qu’elle fleurissait près nous éclot dans un ‘No Deal’ qui transperçait les frontières du réel et de l’imaginaire. Toujours affamé de chair fraîche et savoureuse, le grand chasseur Gilles Peterson n’eut pas besoin de deux coups d’oreille pour repérer la perle dans son écrin. Melanie De Biasio fait à présent partie de ses protégés et c’est à lui que revient donc la responsabilité (et le plaisir) de présenter ‘No Deal Remixed’. Mais quel risque plus élevé pour une diva que d’être revisitée, sacrifiée sur l’autel de la solution potentiellement facile ? Un disque lounge est si vite arrivé...Entre autres, Eels, Hex, Chassol, The Cinematic Orchestra,... tout ira bien et, mise à part une réinterprétation vraiment contestable de Seven Davis Jr, l’œuvre sera magistralement respectée. La grande classe ! ★ ★ ★ Si vous croyez encore à la jungle, si vous aimez écouter les mixs qui s’opèrent à la vitesse de la lumière, si vous pensez vraiment qu’enchaîner 30 titres d’un même label en moins de 40 minutes est le bon moyen pour en découvrir les talents à dénicher...Si, et seulement si, vous cumulez toutes ces caractéristiques, alors tentez l’expérience ‘Hospitality 2015’. Serez-vous cependant capable de lire tous ces noms en moins de 7 secondes ? Nu Tone, Metrik, Urbandawn,

Break, Hybris, Moko, Spectrasoul, Technimatic, Gorgon City, Bop, Klax, Logiscitcs, Reso, Anile,...La grande fatigue !

Texte: Anys Amire et François Georges

Pigeons, fenêtre sur cour

8h30. Ils sont dans l’air, à l’air. Leurs roucoulements éveillent Eva. C’est encore un vacarme, un de plus, pense-t-elle les yeux mi-clos. Il est vrai que depuis qu’elle a quitté le nid familial, sa vie ressemble à des points de suspension. C’était il y a quelques années, à l’aube de ses trente ans ; elle dût se rendre à l’évidence que quitter ses parents ressemble à un débranchement, la branche de l’arbre scié par le peintre qui s’accroche au plafond du feuillage en hurlant : « finalement pas la scie, finalement pas la scie, sinon je tombe ». Je regrette de grandir. Scénario au-delà de la métaphore : elle est bien inguérissable, où qu’elle vive. Eva reste la fille préférée de Marius et Paule, deux gentils banlieusards, à la Sardou (1), qui vivent maintenant dans un appartement ayant vue sur un supermarché de la vie quotidienne ; celui qui remplit la panse à coup de plats surgelés issus de l’agriculture équitable et équilibrée. Eva ne s’en est jamais remise : elle paraît ni équitable, mais çà, çà ne veut rien dire, ni équilibrée. Son psychiatre, lui aussi, parle de l’importance d’une nourriture équilibrée aux neuroleptiques en sauce, avec huile de palme : la palipéridone en solution injectable à libération prolongée en seringue semi-remplie ; ça fait entrée-repas-dessert…la classe. Ils continuent de se manifester les roucouleurs racoleurs. Elle repense à ce chanteur qui confond huile d’entretien et picole : « Un pigeon s’est posé sur l’épaule galonnée du Général de France… » (2). Elle jouait volontiers ce petit air au piano du bar, durant la promesse de ses études. Entre-temps, elle s’était accommodée de cet accordéoniste Pierre-Paul-Jacques qui, sous ses coups de butoir, lui permettait de dormir tranquille. En le décrochant un soir d’une poutrelle, elle se dit qu’elle ne deviendrait que le pigeon de service. Elle fera des heures supplémentaires dans des bars à cocktail, en mimant Gilbert Bécaud et ses oranges (3) voire la femme de Tom Cruise. Roucoulement, ils sont là, les envoyés. Comme elle se sait surveillée, elle se lève, change de pièce pour s’observer : le miroir lui met des plumes et elle rejoue l’Oiseau Bleu, suppliant sa muse devenue statue d’enfin se réveiller ; Pompéa, Pompéa. Confusion des identités, elle joue la pièce des deux côtés. Bref, elle se cherche, il est 11h30 et rien n’avance. On l’attend au centre de Jour pour le café du matin : elle chipote sur son Nokia en espérant un message de Pedro, son référent. L’avantage du retard, c’est qu’il crée une inquiétante envie de savoir ; c’est ce qu’on appelle aussi de la curiosité malsaine. En existe-t-il une autre ? Dans ce casci, pas d’appel. Six mois qu’elle a déserté ce lieux : ça lui rappelle la dernière consultation chez le psy, code 102690, où ce barbu l’enjoignait à vivre occupé. A propos d’occupation, elle décide de faire un café. Le temps qu’elle y repense, il est déjà froid. 15h, c’est l’heure de la pesée : elle vomit son souper de la veille, histoire de faire de la place et s’installe devant sa tasse. Il est 18h30, 34 Kg, se lave les oreilles et réfléchit : on a tous des bonnes raisons de partir. En contrepoint, son calendrier s’est arrêté au mois précédent, pas le temps pour la remise à jour car il faut qu’elle vive sa vie quotidienne ; son thérapeute appréciera. Dans deux heures, c’est encore la SaintValentin ; elle regrettera pour cette année la fête au Fablain. 22h : il est temps d’envoyer ses os aux pigeons ; la fenêtre est ouverte, la journée est faite. Librement inspiré du film ‘Salto nel vuoto’ de Mario Bellochio (1980) (1) ‘Les vieux mariés’, Michel Sardou (1973) (2) ‘La médaille’, Renaud (1994) (3) ‘L’orange du marchand’, Gilbert Bécaud (1964)


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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © S h a w n b ra c k b i ll

Matthew E.

White

Il y a deux ans, on s’était pris d’une affection XXL pour cet apôtre de la soul de chambre, ce Baloo R&B lumineux et débonnaire. À la faveur d’’Outer Face’, bouchée piquante de tropicalisme, on l’avait cueilli encore plus taquin dans le chabada. Restait à voir comment rebondiraient des gouttes plus lestées sur cet

exquis monde cuivré. ‘Fresh Blood’ unit l’émerveillement des premières fois et les adieux déchirants, dissémine plus de Jack-in-the-box à flanc de courbes, de chœurs feutrés. Plus profond, davantage dans la nuance, mais sans courroux acide, il réussit sa quête de sens en nous faisant vraiment quittes de tout ce qui résiste à la tranquillité. ‘Big Inner’ était une vitrine pour ta structure Spacebomb, pour expérimenter votre potentiel en tant qu’équipe, mais les retombées ont été plus énormes que ce à quoi tu t’attendais, non ? Matthew E. White : « Plus vastes et plus rapides à vrai dire. Je n’avais pas entamé ça pour rester confiné mais je pensais que ça prendrait vraiment plus de temps pour rencontrer le succès. Ces deux années ont été folles! Quand j’ai eu fini la tournée, je me plaignais de douleurs, mais rien n’était visible. Je me souviens de la question du médecin : « Avez-vous eu une période particulièrement stressante ces derniers mois ? ». Je n’ai pas pu m’empêcher de rire ! Il s’est avéré que c’était une forme d’eczéma provoquée par la tension. »

How Deep Is Your Love Tu avais des directions précises en tête pour ce second album ou tu as plutôt procédé par essai-erreur ? Matthew : « Non, j’avais vraiment des envies claires. Je voyais le disque sonner plus fort, être plus léger et plus sombre à la fois. Je voulais étirer la matière. » Jouer sur les contrastes ? Matthew : « Il y avait un vrai désir d’étendre mon vocabulaire, d’intégrer beaucoup plus d’énergies diverses. ‘Circle around the sun’ est juste basé sur du piano et des percussions, et je n’avais jamais fait ça auparavant. Tu essaies juste que l’expansion soit honnête et effective…peu importe quels étaient tes objectifs à l’origine. C’est exactement la même bande que sur le premier album, Tracey, Pinselle, Cameron et ils ont définitivement plus à offrir que sur ‘Big Inner’. Plus aussi d’ailleurs que sur ‘Fresh Blood’, mais tu y entends assurément plus les personnalités de chacun. » Comme dans ‘Big Inner’, il y a des allusions lyriques, dont certaines semblent bibliques, mais aussi des faits plus brutaux comme ce « sixty-five bags of heroin », dans ‘Tranquility’ consacré à la mort de Philip Seymour Hoffmann. Mélanger les registres, c’est ta façon de concilier ton côté croyant et une volonté d’être de ton époque ? Matthew : « C’est peut-être l’interprétation facile à envisager depuis le premier album parce que mes parents étaient missionnaires, mais je ne me labellise pas comme chrétien et je ne suis pas impliqué dans des activités basées sur la foi contrairement à ma famille. J’en emploie juste des métaphores et c’est confortable pour moi d’utiliser ce type de langage mais parfois on lui donne trop d’importance. Dans ‘Tranquility’, « angels of the cosmos », c’est de l’argot pour parler d’héroïne, pas du tout un trip religieux ! Mais tu as raison si tu envisages ça d’un point de vue spirituel. Dans ‘Circle ‘Round The Sun’, Jésus est dans la trame, mais le morceau parle de suicide…Il y a beaucoup de moments légers et excitants centrés sur la joie ou l’espoir mais aussi des instants bien plus lourds qui balaient nos existences et ils ont leur importance. Je ne me vois pas les éluder. Au fond, dans ‘Fresh Blood’, 7 morceaux parlent d’amour et 3 pas du tout et ça représente bien ce à quoi nous sommes confrontés. » ‘Rock’n Roll Is Cold’ est une satire, mais assénée avec un grand sourire…peut-être bien dans l’esprit de celles qu’aimaient Randy Newman ! Matthew : « ‘Short People’ ne sourit pas vraiment ! » Une sorte de grimace insidieuse, alors… Matthew : « La satire selon Randy Newman est vraiment plus sombre que celle de la plupart des gens. Moi, j’ai eu des questions pendant deux ans autour des derniers vers de ‘Brazos’, « Jesus Christ is Our Lord / Jesus Christ is Our Friend ». Des questions souvent à côté de la plaque parce que ça se voulait aussi piquant ! Mais imagine qu’à chaque mi-temps de basket à Los Angeles, ils jouaient ‘I Love L.A.’ et que les gens chantaient en chœur! Ce morceau est une vraie satire vicieuse d’une ville trop acculturée par la richesse et Hollywood et aucun de ceux qui s’époumonaient n’a été en mesure de se rendre compte de ça ! ‘Short People’ a été choisie

comme générique de radio et les auditeurs pensaient qu’il s’agissait littéralement d’un coup bas contre les gens de petite taille. J’adore faire glisser le sens, changer le point de vue comme Randy parvient à le faire.» D’où vient exactement le constat que tu fais dans ‘Rock’n Roll Is Cold’ ? Matthew : « Avant tout, ça se veut ludique. Mais c’est aussi la prise de conscience que le rock se trouve dans une drôle de situation après 65 ans : il n’a pas le vieillissement particulièrement gracieux. Il n’arrête pas d’être utilisé dans des citations. On en fait des livres pour t’expliquer ce qu’il est et ce qu’il n’est pas, on t’explique comment bien en jouer. » Il s’est académisé et a perdu de sa force ? Matthew : « Oui, mais il n’y a rien de mal avec le fait d’apprendre. On utilise souvent « académique » d’une façon négative et c’est une affirmation avec laquelle je ne me sens pas à l’aise. La curiosité et la volonté de connaître les racines d’un sujet sont de bonnes choses, mais quand les institutions doivent transmettre une matière à une large base de gens, ils doivent l’organiser en gros blocs. Or la musique, c’est fait de nuances, c’est un terrain si glissant qu’il devient presqu’impossible de l’enseigner. Le rock a aujourd’hui comme transmetteurs des types de 80 ans qui font des concerts ou Dave Grohl en guise de porte-parole. Je ne doute pas des bonnes intentions mais la musique ne s’est pas construite sur ces bases-là. » C’est une mutation constante… Matthew : « Oui, tout à fait ! Le rock’n roll vient de l’expérience des noirs américains et ça a toujours été le siège d’une énergie culturelle profonde que j’exprime à travers « R&B is free » ou « Gospel licks, they don’t have no tricks ». J’adorerais bosser avec Kendrick Lamar ou Frank Ocean qui représentent pour moi un renouveau de ces valeurs. Je préférerais de loin ça à alimenter cette mode qui consiste à aller rechercher de vieilles gloires : ça m’enthousiasmerait nettement moins que travailler avec de jeunes pousses. Il n’y a pas de hasard au fait que la musique qui s’est éloignée de sa vibration première soit devenue une sorte de caricature et que celle qui soit restée ancrée à ces principes soit toujours vivante. Pour moi, ‘Rock’n Roll Is Cold’, au-delà de son côté ironique c’est une façon de m’assurer que nous respectons l’histoire d’une bonne manière, que nous avons conscience d’où vient le son: pas d’Elvis ou des Rolling Stones plutôt de Muddy Waters, Chuck Berry. » Dans ‘Love Is Deep’, tu rends hommage à une partie de ton panthéon personnel : Samuel Cook, Marvin Gaye, Sister Rosetta Tharpe, Stevie Wonder, Billie Holliday et Judee Still. Ça te met en rogne que les gens nomment parfois ta musique « à l’ancienne »? Matthew : « C’est indéniable que dans beaucoup d’articles apparaît le fait que ma musique tire ses sources dans l’histoire, mais il est souvent précisé qu’elle n’est pas pour autant retro ou une pâle survivance. Si c’est exprimé comme ça, ça me va, c’est la pure vérité ! Il y a un processus, une façon d’orchestrer qui ne seraient pas considérés comme « normaux » à l’heure actuelle. Mais je n’aime pas seulement être perçu comme un gardien du temple, ce qui pourrait apparaître à une première écoute, en particulier pour ‘Big Inner’ qui sonne comme du Ray Charles, ou du Curtis Mayfield en termes d’arrangements. Pour moi, c’est important que ma carrière grandisse organiquement: je ne peux pas faire plus de pas en avant que ne le permet le temps de conception d’un album ! Mais j’ai vraiment envie que mon son se distille de façon concentrée, claire et unique tout en ne jetant pas aux orties ce que je dois à mon héritage. Dans le fond, je n’ai vraiment pas à me plaindre ! (rires). » Un disque: ‘Fresh Blood’ (Domino/V2) Suivez le guide : http://matthewewhite.tumblr.com/

on stage 23/04 Botanique (Bruxelles)


T e x t e : Patr i c k F o i s s a c © al e x h i r s t

07

Julie Campbell, alias LoneLady, est l’exemple parfait de ce que l’on appelle communément un control freak. Sur son nouvel opus, réalisé dans l’intimité de son home studio, elle fait tout ou presque : composer les titres et les

chanter, mais également prendre en charge l’exécution de la totalité de la musique, ce qui l’amène à manier avec dextérité claviers et drum machines, à expérimenter avec des percussions ou encore à jouer du violoncelle. C’est tout juste si elle a laissé à Bill Skibbe le soin d’apporter quelques petites touches homéopathiques au niveau de la production, histoire de gonfler un peu le coté groovy d’un album fascinant réinventant le post punk et la cold wave en leur donnant un éclat funky ultra sexy.

S’appeler LoneLady est assez approprié en ce qui te concerne vu que tu travailles de façon solitaire et autonome. Cette tendance à gérer chaque étape de la production d’un album est-elle pour toi une nécessité absolue ou un désir de tout contrôler ? LoneLady : « Un peu les deux, en fait. J’ai travaillé comme cela dès le moment où j’ai commencé à faire de la musique. C’était en partie lié à une forme de timidité, à savoir que je n’avais peut-être pas trop envie de m’exposer en travaillant et que je préférais le confort de mon chez moi, ce qui va de pair avec une quête d’intimité. J’ai donc mis sur pied mon propre studio où je me sens à l’aise. A côté de cela, il y a aussi une grande tendance au perfectionnisme chez moi. Je suis une vraie control freak. Je bosse dur, parfois très longtemps sur un détail. Ce disque, c’est des centaines d’heures de boulot acharné. »

Beauté désolée Tu viens de Manchester que l’on associe volontiers à son décor post industriel délabré et triste. Tu parles d’ailleurs de post industrial ruinscapes. La ville est-elle si déprimante que cela ? LoneLady : « Déprimante ? Non, pas exactement. Je suis née à Manchester et j’y vis. C’est une ville à laquelle je suis attachée. A vrai dire, je trouve que c’est une très belle ville et qu’il y a quelque chose de fort, de quasi magique dans ce que son paysage post industriel peut avoir de délabré. J’adore ces bâtiments vides, désertés, ces terrains vagues. C’est une grande source d’inspiration pour moi, cela me parle. Je dirais même que cela reflète carrément quelque chose qui est en moi. Je m’y sens heureuse, cela me correspond. I love it, the magic of ruinscapes ! » Tu as donné à ton album un titre allemand, ‘Hinterland’, qui se traduit par ‘arrière-pays’. LoneLady : « Oui et c’est d’ailleurs le thème de l’album. Il est question de banlieue, de terrains vagues, de ruines, de géographie. Les terrains vagues ont bercé mon enfance. J’y passais des heures, à rêver, à jouer, à me promener. C’est le paysage de mon enfance et de mon âme. » Si ton album évoque la dimension sombre de Manchester, il est en même temps très funky, très groovy. Cela peut sembler paradoxal, cette tension entre deux styles assez opposés, non ? LoneLady : « Oui, et je suis assez d’accord avec ce concept de tension que tu évoques. Il y a d’une part une face sombre, grise et de l’autre un aspect vif, joyeux. Le côté dark, c’est lié à mes origines mancuniennes, à ses paysages qu’on vient d’évoquer. Tu retrouves cela dans la scène locale, chez Joy Division, bien évidemment, mais aussi chez bien d’autres. C’est une musique qui traduit des sentiments précis, une ambiance très spécifique. On retrouve aussi cela dans la musique électro analogique de l’époque, comme chez Cabaret Voltaire, des gens qui venaient également du nord (Sheffield, ndr). A côté de cela, j’ai toujours été attirée par le funk, le groove, le côté urgent de ce genre, son sens constant du mouvement. Je suis fan de Bootsy Collins, de Parliament, du funk des années 70. D’où cette tension qui me caractérise. » Ton premier album, ‘Nerve up’ est sorti en 2010. Le fait qu’il ait fallu cinq ans pour réaliser ‘Hinterland’ est-il lié à ton côté perfectionniste ? Lonelady : « Pas vraiment, non. J’ai simplement été impliquée dans différents projets.

Pour ce qui est du nouvel album, j’y ai travaillé pendant deux ans, ni plus ni moins. C’est conséquent, mais pas énorme. » Un morceau m’a tout particulièrement interpellé sur ton album, c’est ‘Flee !’ qui est en soi assez différent du reste avec un aspect assez majestueux et avant-gardiste au niveau de l’intégration du violoncelle. LoneLady : « C’est vrai que c’est un titre très différent des autres compositions au niveau de l’ambiance générale. Là où l’ensemble de l’album oscille entre post punk et funk, je voulais donner à ce titre un côté ombrageux, brumeux, limite dérangé. Pour ce qui est du violoncelle, c’est un instrument que j’adore et qui ajoute quelque chose de fort, de hanté, renvoyant un peu à l’univers de Scott Walker et de Nico sur ‘The Marble Index’. » De façon assez intéressante, ce titre le plus expérimental de l’album est précédé de ‘Silvering’ et suivi de ‘Red scrap’, soit les deux titres les plus pop, les plus upbeat. LoneLady : « Je dois t’avouer que j’ai passé pas mal de temps à réfléchir à l’ordre des titres et qu’au final, je suis contente de la tracklist. J’aime l’idée qu’un album fait la part belle aux contrastes et tu as donc ‘Silvering’, titre joyeux, optimiste et dansant, lequel est suivi de ‘Flee !’, plus tortueux et sinueux, avant que ‘Red scrap’ ne prenne le relais tel un rayon de soleil aux couleurs pastel. J’aime l’idée que la musique soit graphique et impressionniste, qu’il y ait des nuances. Pour moi, la musique c’est un peu comme de la peinture, du cinéma. » Pour finir, serais-tu d’accord si je te disais que pour moi, ton album est sexy, groovy et nerveux ? LoneLady : « Cela me convient clairement, oui ! Il y a bien pire comme qualificatifs, non ? (rires) Plus sérieusement, je pense que cela fait sens dans la mesure où il y a cette tension constante entre une forme de noirceur, d’angoisse qui se caractérise par la dominante post punk et en même temps, une dimension upbeat que tu pourrais qualifier de sexy et groovy et qui tient à ma passion pour le funk ! »

LoneLady ‘Hinterland’ V2

Lors de la parution de ‘Nerve up’, le premier opus de LoneLady, Paul Morley, mythique journaliste ayant tout vu et tout connu à Manchester, a déclaré que la demoiselle incarnait le renouveau du post punk. Bel hommage qui était au demeurant totalement justifié. Histoire de faire encore mieux, Julie Campbell a élargi sa palette sonore et intègre ici des sonorités funk qui ajoutent une rondeur à sa musique, en plus de la rendre irrésistiblement dansante. Avec ses beats prenants, ses riffs martelés obsédants et parfois aussi un goût pour l’expérimentation, ‘Hinterland’ est l’un des grands disques de ce début d’année. ‘Into the cave’, ‘Silvering’, ‘Red scrap’ ou la plage éponyme sont autant de bombes qui mêlent la noirceur martiale du post punk aux déhanchements groovy du funk, le tout avec un chant ultra sexy. (pf)


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Texte : A Nn i cnoel- a L iss e A lRsetm ea ec nl© e j ames marshall

Canadien paumé sous le soleil californien, Tobias Jesso Jr. a eu l’impression de rater sa vie. Largué par sa copine et par l’existence, il a remisé ses rêves musicaux avant de tomber, par hasard, sur son meilleur ami : un piano. Comme dans le ‘Punch-Drunk Love’ de Paul Thomas Anderson, cet instrument est omniprésent et les sentiments se déchaînent passionnément. Humour et amour s’enlacent ici intensément. Sur ‘Goon’, premier album à fleur de peau, le grand bouclé joue les romantiques et s’impose dans l’épure. La beauté. La simplicité à l’état pur. Tu débarques affublé du qualificatif Junior (Jr). Tu es le descendant d’une longue lignée de Tobias ? Tobias Jesso Jr. : « C’est juste mon père. Il s’appelle également Tobias. Il est très présent dans le business informatique. Il a une réputation dans ce milieu. Il a même son propre site internet. À l’origine, quand on tapait Tobias Jesso dans la barre de recherche Google, on tombait sur sa page. Cela m’a poussé à utiliser le diminutif Jr. Pour me différencier. Quand j’étais gamin, mes parents ne m’appelaient jamais Junior. À la maison, je suis « Little Tobias » par opposition à papa, « Big Tobias ». Mais je me voyais mal sortir un disque sous le nom de Little Tobias. (Sourire) »

Le couillon de l’année

Tu as grandi à Vancouver. Mais, en 2008, tu as quitté le Canada pour t’installer à Los Angeles. Qu’est-ce qui t’a poussé à déménager là-bas ? Tobias Jesso Jr. : « J’ai bougé en Californie parce qu’un job de bassiste m’attendait. J’ai chopé cet emploi via une annonce vidéo en ligne. Une fille méga fortunée avait décidé d’abandonner l’école pour se concentrer à 100 % sur une hypothétique carrière de chanteuse. Ses parents avaient du fric et investissaient un max de pognon dans son projet. Mais, au bout d’un moment, ça s’est royalement cassé la gueule. Les chansons n’intéressaient personne. Tout est tombé à l’eau. Je me suis alors retrouvé comme un paumé à L.A. Pendant un temps, j’ai cherché à composer mes propres morceaux. Mais, en 2012, mes rêves artistiques se sont retrouvés confrontés à la réalité: j’ai rompu avec ma copine et je n’avais pas de boulot. Je tournais en rond sans un dollar en poche. Pour noircir un peu plus encore le tableau, j’ai reçu un appel de ma mère. On venait de lui diagnostiquer un cancer... J’ai donc décidé de rentrer à Vancouver. » Avec du recul, as-tu tendance à considérer cet épisode tragique comme le point de départ de ta carrière ? Tobias Jesso Jr. : « À l’époque, j’avais fait une croix sur mes ambitions. Je ne me voyais plus vivre de la musique. J’avais joué et perdu. L’aventure s’était soldée par un échec et, chemin faisant, j’acceptais mon sort. Los Angeles me semblait l’endroit idéal pour entamer une carrière. Quitter cette ville et revenir à Vancouver, c’était comme reconnaître la défaite. Un soir, je me suis installé derrière un vieux piano qui prenait la poussière à la maison et j’ai commencé à jouer. Juste pour le plaisir. Je me suis mis à chantonner. C’était amusant parce que ma voix passait plus ou moins... Je l’ai toujours trouvé foireuse et trop fragile. D’un coup, j’avais l’impression d’avoir trouvé un bon moyen de planquer ses faiblesses. Je me suis ainsi pris au jeu. J’écrivais des histoires intimes et je les couchais sur mon piano: je me lamentais sur mon sort, sur la fin de

ma relation amoureuse, sur des trucs que je n’aurai jamais imaginé chanter un jour en public... » Es-tu en couple, actuellement ? Tobias Jesso Jr. : « Non, je suis trop occupé par la musique. Pas pour l’instant, donc. Pourquoi ? » Parce que, à bien des égards, ton disque sonne comme la confession d’un grand romantique... Tobias Jesso Jr. : « C’est vrai. Ça ressemble souvent à un journal intime. C’est intéressant de se replonger dans le temps, de voir comment on s’imaginait dix ans plus tôt. Ça peut être embarrassant, fleur bleue ou terriblement romantique, mais ça fait partie de l’histoire. Si j’ai un jour la chance de tomber sur la bonne personne, elle devra comprendre que je n’ai jamais pensé que ces chansons se verraient ainsi exposées. Après, tomber amoureux, ça reste quand même le truc le plus cool du monde. Tu oublies tout. Plus rien n’a d’importance. Mais, actuellement, je suis trop calculateur. J’anticipe trop les rouages sentimentaux. D’une certaine façon, j’ai l’impression d’avoir grandi, d’être plus mature par rapport à tout ça. Désormais, j’attends le grand Amour. Pas une relation de plus. » Ton album s’intitule ‘Goon’. Si on traduit littéralement ce mot en français, ça signifie ‘couillon’. Finalement, tu exposes l’itinéraire d’un looser en douze morceaux. C’est de l’auto-flagellation ? Tobias Jesso Jr. : « Ça correspond avant tout à la volonté de ne pas prendre les choses trop au sérieux. Intituler cet album ‘Goon’, c’est ma façon de faire un pas de côté. De ne pas tomber dans le romantisme pur et dur. On peut se laisser charmer par les chansons ou se dire qu’elles sont juste l’œuvre d’un grand couillon. Les deux me vont. Ça me caractérise bien, aussi. Je me sous-estime à longueur de temps. Je manque cruellement de confiance en moi. Là encore, j’ai du mal à réaliser ce qui se passe. Avec ma voix et mon jeu de piano, ça me paraît totalement surréaliste d’avoir l’opportunité de sortir un disque. » Qui a entendu tes chansons pour la première fois ? Tobias Jesso Jr. : « Un de mes meilleurs potes. Il m’a tout de suite annoncé la couleur : « C’est de la merde ! » (Rires) D’ailleurs, il le pense toujours. Il n’arrête pas de me le dire. Je l’adore. Quand je suis revenu à Vancouver, personne ne me prenait au sérieux. Il n’y avait pas d’enjeux. Tout le monde écoutait mes chansons et me donnait un avis tranché et authentique. En fait, la situation a complètement basculé le jour où j’ai envoyé mes démos à Chet « Jr » White, un musicien qui jouait dans Girls, un groupe que j’adore. Il m’a tout de suite répondu dans un mail. Il était hyper positif et très sérieux. Dans la foulée, j’ai renvoyé un message pour lui demander s’il connaissait quelqu’un susceptible de chanter mes morceaux. Il m’a alors assuré que j’avais les épaules pour tenir ce rôle. Il a été le premier à me faire un compliment sur mes compos. C’est, notamment, pour cette raison que j’ai décidé de lui confier la production de l’album. » Musicalement, ton univers flirte avec une autre époque. Celle de Randy Newman, Van Dyke Parks ou Harry Nilsson. As-tu l’impression de faire partie d’une lignée de “songwriters” ? Tobias Jesso Jr. : « Je ne me suis jamais vu chanteur d’un groupe de rock. Pour moi, la musique ne tient à rien : un micro et un piano. Je m’imagine parfois en compagnie d’un professeur invisible : un type m’expliquant comment poser mes doigts et ma voix. Je n’ai pas de style, aucune recette pour écrire une chanson. Moi, je me sens plus à l’aise avec les mots. Je suis très attaché à l’aspect littéraire d’un morceau. En ce sens-là, c’est un compliment d’être comparé à de tels artistes. » Avant de publier ton premier album, tu avais envoyé aux journalistes des 45 tours flexibles de façon quasiment anonyme. Quel était le but de cette démarche ? Tobias Jesso Jr. : « À la base, ce n’est pas mon idée. Quand Chet « Jr » White a reçu mes démos, il les a fait écouter à des gens autour de lui. Dès que ses copains s’enthousiasmaient en cherchant à savoir qui était derrière les morceaux, il répondait systématiquement: « C’est un secret ». C’était sa façon de maintenir l’excitation autour des chansons. À la fin, il avait face à lui une horde de labels, managers et agents artistiques voulant à tout prix connaître mon nom. Ce drôle de processus a porté ses fruits. Après coup, j’ai signé un deal avec une maison de disques. Pendant des mois, les gens de mon label s’étaient cassé la tête pour savoir qui j’étais réellement. Partant de là, ils se sont dits que ce serait marrant de reproduire l’expérience à une autre échelle. C’est comme ça que certains journalistes ont reçu des 45 tours flexibles dans leur boîte aux lettres. On cherchait à redonner vie au bon vieux feeling de l’excitation. Celui qui animait tous les passionnés de musique avant l’arrivée d’Internet. » Dans le single ‘Hollywood’, il y a cette phrase : « Je pense que je vais mourir à Hollywood. » C’est une métaphore ou la retranscription fidèle d’un état d’esprit un brin désabusé ? Tobias Jesso Jr. : « Je me répétais souvent ça quand je traversais ma période de doutes à Los Angeles. À un moment, je vivais vraiment au jour le jour. J’étais persuadé que ça allait mal tourner. Chaque matin, je me préparais à affronter un arrêt cardiaque. J’étais devenu paranoïaque. Je voyais tout en noir. Je m’imaginais à l’agonie, sans le sou, incapable de me payer l’assurance de mon hospitalisation. Finalement, après avoir enregistré l’album, j’ai quitté Vancouver pour revenir m’installer à Los Angeles. Ça doit être mon côté suicidaire. (Sourire) Ou un besoin vital d’aller chercher le soleil. »

Tobias Jesso Jr.

Un disque : ‘Goon’ (Matador/Beggars Banquet) Suivez le guide : www.tobiasjessojr.com

on stage 13/05 Les Nuits Botanique (Bruxelles)


T e x t e : Ant o i n e B o u r s

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La voix est affable, chaleureuse. Tant sur album qu’au bout du fil. Ghostpoet, Obaro Ejimiwe à la ville, déroule ses histoires en lignes droites, dévide ses bobines, sans trop savoir comment s’achève le film, sans trop s’en soucier. Il ne se raconte pas, il décrit, il regarde, il dévoile ses pairs, ses frères, qui déambulent dans

l’architecture simple de sa musique. La vie, mode d’emploi. On tend à le rapprocher de ses confrères du hip-hop, mais Ghostpoet est fait d’un autre bois. Son univers ne s’embarrasse d’aucune fioriture, d’aucun bijou, that jewellery crap. C’est un post-rock qui ne trouve que des bars aux portes closes, un trip-hop en abord des cliniques pâles quand le ciel se dilue.

Mélodies d’aires d’autoroute, ponctuées de lumières, de visages éphémères dans l’habitacle jaune sale de leurs cocons métalliques, d’éclats isolés de tôles froissées, d’amour aussi, un peu. Urbaine et nue, la poésie fantomatique d’Obaro Ejimiwe est une esquisse du réseau humain, cartographiée à l’aube. A l’heure où, pas encore couchées, les femmes battues évitent le regard du voisin.

Votre travail m’évoque cette phrase de Karl Marx : « Les hommes ne peuvent rien voir autour d’eux qui ne soit leur visage, tout leur parle d’eux-mêmes. » Obaro Ejimiwe : « En tant que musicien, j’ai de la chance : je peux regarder le monde avec une certaine patience. L’observation, c’est mon rayon. Quand tu vis façon métroboulot-dodo – ce que j’ai fait pendant des années – tout ce sur quoi tu es capable de te focaliser, c’est ton travail : se lever, se laver, partir, prendre le bus, traverser les embouteillages, arriver au boulot, bosser, rentrer, fatigué, repas, télé. Dans ces conditions, impossible de capter quelque chose au-delà de ce qui pénètre mon espace personnel. Me consacrer à la musique m’a permis l’observation du monde qui m’entoure. »

Biopsie Collective Le titre de votre album, ‘Shedding Skin’, est une parabole claire de la mue. Ce troisième disque est-il l’occasion d’une nouvelle peau ? Obaro Ejimiwe : « Les titres sont des messages que je m’adresse. Ici, il s’agit d’une invitation à me libérer du passé, de ses entraves. Il s’agit avant tout d’identité. Si on se débarrasse de notre peau, nous sommes tous pareils. La couverture en atteste : ce sont les cellules de mon propre épiderme. On a prélevé une toute petite portion de ma peau, puis on l’a photographiée au microscope. Mais quand tu la regardes, il n’y a rien qui la distingue réellement de la tienne. A ce niveau moléculaire, nous sommes tous pareil. C’est ce que j’essaie de raconter à travers mes chansons : l’interconnexion des expériences humaines, dans ce qu’elles ont d’universel. » La mue est un nouveau départ, mais au final la nouvelle peau va flétrir, tomber et laisser place à une autre. ‘Shedding Skin’ est tout entier traversé de cette amertume sysiphéenne. Vous chantez : « I’m back where I started I’m back where I started again ». Obaro Ejimiwe : « La vie est un cycle, un continuum. Cela ne signifie pas pour autant que nous sommes condamnés à l’ennui. C’est dans la nature des choses. Nos réactions y sont subordonnées. » Et au-delà des cycles naturels, nous tendons à en recréer d’autres, artificiels, comme nos relations amoureuses. Obaro Ejimiwe : « C’est là un facteur commun de toute vie humaine, les relations avec autrui ; qu’elles soient avec un partenaire sexuel, un membre de la famille, ou même un étranger. Nous nous définissons avant tout par nos relations aux autres, passées, en cours et à venir ; qui nous choisissons de voir, qui nous laissons en chemin. ‘Shedding Skin’ parle beaucoup de relations, mais ce n’est pas un album de séparation où je laisserais ma peau pour mieux me reconstruire. Je n’y parle jamais de moi : je m’y projette dans d’autres relations. C’est une évasion dont mon cerveau est friand ! »

L’album est rythmé de trois interventions en japonais. Que nous racontent-elles ? Obaro Ejimiwe : « Je souhaitais prolonger sur l’album l’impression que le documentaire ‘Jiro Dreams Of Sushi’ m’a laissé, l’histoire d’un Chef japonais entièrement dédié à sa cuisine, en quête perpétuelle de perfection. Ce dévouement, je le comprends en tant qu’artiste. Ce choix fut comme une épiphanie, la veille du dernier jour de studio. J’ai appelé Clare Uchima, une amie musicienne, en urgence. Et nous avons enregistré ces quelques phrases, qui décrivent le processus de la mue, parsemées sur le disque. » Cela agit sur l’auditeur comme un doux sort, une incantation. Obaro Ejimiwe : « Je suis un fanatique de cinéma. J’adore ces moments où la compréhension est suspendue, mais où le ressenti reçoit l’information, à un niveau subconscient. C’est pourquoi je tenais à inclure une langue que je ne parle pas. » C’est un disque qui me donne envie de marcher, de traverser la ville au hasard. La psychogéographie a-t-elle une influence sur votre écriture ? Obaro Ejimiwe : « Je ne suis pas familier avec le concept, mais je peux le comprendre. Je pense que mon esprit a sa façon propre de dériver. En ce qui concerne l’écriture, j’aime sauter d’un point de vue à l’autre, multiplier les perspectives, glisser de la première à la troisième personne, d’une voix dans la tête à une conversation. Il y a dans ma méthode un plaisir ludique consacré à l’errance. J’aime m’accrocher à ces personnages et ces situations, croisées par hasard dans la rue ou dans mon imagination. » Qu’est-ce qui vous donne envie d’écrire ? Obaro Ejimiwe : « La vie, tout simplement. Avec l’âge, je me passionne de plus en plus pour la photographie. Et c’est ce que j’essaie de produire avec ma musique : des instantanés de ce qui m’entoure. C’est pourquoi avec ‘Shedding Skin’ je voulais un disque immédiat. Quelque chose qui puisse s’apprécier dès la première écoute. Mes deux albums précédents prenaient du temps pour se révéler. Je voulais celui-ci plus accrocheur. Avec des guitares. Un son plus ample. » Détaché de sa peau, qui est Ghostpoet ? Obaro Ejimiwe : « Ghostpoet… il est… c’est un observateur… Bon sang, j’ai horreur de parler à la troisième personne ! (rires) C’est moi ! Je suis Ghostpoet ! Ce n’est pas le fruit de mon imagination. Je suis juste un observateur. J’essaie d’être le plus authentique possible. Je ne veux pas raconter des bobards. Je suis un réaliste, je crois : je ne cherche pas les effets de style. Je ne sais pas si ma musique est bonne ou mauvaise. J’espère qu’elle est vraie. » Un disque : ‘Shedding Skin’ (Pias) Suivez le guide : www.ghostpoet.co.uk


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Texte : A La nu nree- Lni t s eG R rem n iaecrl © e ya nn orhan

Hubert-Félix

Thiéfaine

C’est vendredi soir et HFT – qui citera quatre fois Dylan dans cet entretien, mais on a coupé – traîne ses groles et vide son sac dans les bureaux de son label, Quai au Foin. Ça lui va bien, tiens, lui qui s’est toujours

réclamé des chemins de traverse et des amours campagnardes, elle descendait de la montagne sur un chariot chargé etc., etc., on connaît la chanson. Oh oh oh oh, elle a trente-sept piges. Sinon, HFT est au taquet et repart dans son Never Ending Tour, en famille et sans alcool. On est les derniers à l’interviewer et l’attachée de presse lui propose une bière, il décline : « c’est fini tout ça, j’ai arrêté ». Arrêté ? Hubert-Félix Thiéfaine : « Oui, j’ai eu un burn-out en 2008. A la suite de ça, j’ai dû stopper l’alcool. Il y avait une réelle dépendance. Ça ne m’a pas changé mais j’ai changé de vie, ce qui est différent, sans m’accrocher à une secte ou à quoi que ce soit. Je vis plus sainement et j’en suis assez content. Je n’ai plus de gueule de bois, je n’ai plus mal à la tête, je me sens en forme physique et, surtout, j’ai beaucoup plus de temps qu’avant. L’alcool, entre les séances de soulographie et les gueules de bois, ça bouffe énormément de temps. Du coup, la tournée de ‘Suppléments de Mensonge’ a été la plus belle de ma vie. J’étais bien, plus obligé d’aller vomir dans les poubelles de chaque côté de la scène. »

French County* Revisited Par ses thématiques, son rapprochement temporel et visuel, la manière d’envisager le travail – une partie des musiques déléguée à d’autres (JP Nataf, Arman Méliès) –, ce nouvel album pourrait apparaître comme le deuxième volet d’un diptyque dont ‘Suppléments de Mensonge’ serait la première partie, un peu à la manière de ‘La Tentation du Bonheur’ et ‘Le Bonheur de la Tentation’, respectivement sortis en 1996 et 1998. HFT : « Non, pas dans le sens où les deux albums que vous évoquez ont été conçus avec cette idée précise en tête. Un jour à cinq heures du mat’, j’ai pris deux feuilles blanches, indiqué ces deux titres au-dessus de chacune d’elles et commencé à bosser concrètement sur ce concept, dans un cadre assez strict. Ici, c’était différent, j’ai écrit une vingtaine de titres pendant la tournée, j’en ai gardé douze en essayant, au contraire, de ne pas rabâcher, de ne pas redire les mêmes choses, de ne pas utiliser tout à fait le même vocabulaire mais je comprends qu’on puisse trouver une continuité. » Dans ‘Annihilation’ qui ouvrait la tournée précédente, vous dites cependant « on n’en finit jamais de refaire la même chanson ». HFT : « J’ai entendu Léonard Cohen dire ça une fois et ça m’avait amusé. Parce que, quelque part, c’est vrai. Il n’y a pas tant de thèmes à développer, quatre ou cinq tout au plus : la vie, l’amour, la mort. On a chacun ses obsessions à partir de ces trois thèmes et il est honnête de dire ça. Je ne réécoute pas systématiquement les deux cents chansons que j’ai écrites avant de me mettre à composer. Alors parfois, j’oublie complètement. C’est pour ça que faire lire les textes à d’autres qui me connaissent bien est important. Sans ça, une fois, j’aurais remis, au mot près, une phrase que j’avais déjà placée il y a trente ans. » Vous avez participé à la soirée de soutien à Charlie Hebdo le soir de la marche républicaine du 11 janvier, c’était une évidence ? HFT : « Oui. La liberté, je l’ai tellement gueulée dans certaines chansons (se souvenir de ‘Première Descente aux Enfers par la Face Nord’, en 1978, ndr), que c’était normal d’être là. Et puis pour la liberté d’expression évidemment, qui en a pris un coup en trente ans. Quand je reprends des chansons écrites dans les années 80, je me sens obligé de m’autocensurer, de gommer des mots qui ne passeraient plus aujourd’hui. Sur ‘113ème Cigarette Sans Dormir’, je ne chante plus « youpin » parce que je ne souhaite pas créer de conflit avec ça. Donc, oui, quelque part, il y a une forme de régression dans la liberté d’expression. J’aime la solitude, vivre loin de Paris mais après ce qui s’est passé, j’ai eu envie d’aller vers les gens, d’aller sur ce plateau, de partager. Le mec qui dans ma chanson ‘Médiocratie’ dit « Frères humains, dans nos quartiers, ça manque un peu d’humanité, ça manque un peu du verbe aimer », j’ai trouvé qu’on lui apportait une réponse, même s’il a fallu passer par une tragédie. Après, faut pas se leurrer, ça va retomber, on le sait bien mais il y avait quelque chose de vraiment touchant dans cet élan. En plus de ça, étudiant,

je lisais Hara-Kiri, on se jetait dessus tous les vendredis, c’était notre ligne de conduite. J’ai été clairement influencé par ces gens-là. J’ai retrouvé un article des années septante où on me présente comme ça : « Thiéfaine, dans l’esprit de Charlie Hebdo ». Gébé avait dessiné une affiche pour mon concert ‘Comme un Chien dans un Cimetière’ en 1974. En 1983, pendant la tournée, je portais un t-shirt Charlie tous les soirs. Ces gens, c’était un peu une famille. » La télé, c’est marrant, j’ai l’impression qu’on vous y voit beaucoup plus qu’avant mais vous n’y semblez pas très à l’aise. Vous vous forcez ? HFT : « Non, on me demande et j’y vais, ce qui n’était pas le cas avant. Je pense qu’indéniablement les Victoires de la Musique m’ont ouvert un espace plus large. Pareil, on ne m’a jamais autant demandé en festivals, j’ai dû en faire 45 sur la tournée, un immense record, qui m’a aussi exposé à un public plus large. D’ailleurs, ce nouvel album a été disque d’or en deux semaines et la presse française l’accueille quasiment unanimement. » C’est une fierté pour vous, ça, d’être plus reconnu, estimé qu’avant ? HFT : « Oh, ça ne change pas grand-chose. (Silence, long). Contrairement à ce que pensent les gens, moi, j’ai la chance, depuis le début des années 80, d’être un artiste qui vit plus que confortablement de sa musique, de sa poésie, de son rêve de gosse. Je ne suis pas un artiste maudit. Les médias n’ont jamais vraiment su comment me prendre, ils ne savent pas si je vais faire de l’audience ou pas. Donc, dans le doute, ils ne prennent pas. D’ailleurs, je leur en ai voulu à une époque. Quand j’ai rempli Bercy quatre semaines avant la date du concert, ce que seuls Johnny ou Eddy Mitchell pouvaient faire en France, et qu’ils n’en disent pas un seul mot, c’est que les mecs ne font pas leur boulot. En plus avec ces affiches de 3 sur 4 où je tourne le dos, avec ce côté un peu provo, y avait quand même de quoi écrire un petit article ou passer deux minutes sur une chaîne info. » Vous avez parfois cherché à provoquer ? HFT : « Oh oui, souvent. Pour moi, ça fait partie de la création artistique, c’est même obligatoire. Si on se dit créateur, on est obligé de casser quelque chose dans ce qui a déjà été fait, de se provoquer soi-même pour provoquer les autres. » Pour ça, vous maniez un langage très singulier et vous jouez souvent avec les oxymores. Sur votre site officiel, il y a le dicothiéfaine qui liste une centaine de mots rares que vous utilisez. HFT : « J’aime bien susciter des interrogations, aller rechercher des vieux mots. Dans ‘Karaganda’, j’emploie « anomique », ça me plaît de placer ça au milieu d’un morceau pop. Parce que ce n’est pas dans les règles d’écriture d’une chanson populaire. Dans une chanson, il faut aller vite. Donc, le mot devient capital et doit être choisi pour l’image qu’il représente. Chacun a bien sûr sa propre vision de l’image véhiculée par le mot mais en lui en associant un deuxième, on arrive à créer une troisième image. On peut jouer longtemps comme ça. Et je me suis aperçu que ça faisais très rock’n’roll quand les deux mots s’opposent, ça crée une tension, une certaine vibration, magie. J’ai toujours écrit pour essayer de faire ce qui n’avait pas été fait, pour entendre ce que j’avais envie d’entendre et que j’entendais peu ailleurs même si, évidemment, ça recoupe d’autres trucs, parfois. » * Franche-Comté (d’après le Dicothiéfaine) Un disque : ‘Stratégie de l’Inespoir’ (Columbia/Sony)

on stage 23/04 Cirque Royal (Bruxelles)


Texte : laurent Grenier © Raphaël Neal

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On était complètement passé à côté d’‘Un Courage Inutile’, il y a deux ans, où le jeune homme se présentait en Henri Calet, sous les figures tutélaires de Dominique A et Silvain Vanot. Et là, bam, on se prend les deux d’un coup et c’est la claque. Julien Rochedy, aka Orso Jesenska, réapparaît donc avec un

deuxième disque époustouflant où le casting donne le vertige : Marianne Dissard, Thomas Belhom, Mocke. Tous ont contribué à façonner treize chansons inclassables, fragiles, insaisissables, floues où il est question de partir pour effacer la mer.

Et ne pas y arriver tant des mers, il en reste beaucoup. Ce disque, c’est un album-océan, une incessante vague de beauté. Tu fêteras tes 35 ans cette année et tu sors seulement ton deuxième disque après un premier effort en 2013. Quel est l’élément déclencheur de Orso Jesenska, qu’est-ce qui t’a poussé vers la musique, l’écriture à un moment donné ? Julien Rochedy : « C’est difficile à dire, sans doute est-ce très souterrain. Cela renvoie à des choses assez lointaines. Des choses entendues, vues ou lues. Des choses liées à l’enfance : Brassens, Ferré, Brel, des évidences qui ne sont pas faciles à éviter. La poésie aussi. Je me souviens que mes premières tentatives c’était la mise en musique de poèmes trouvés dans des anthologies de textes plus ou moins connus. Et également le plaisir physique de chanter, de pratiquer d’un instrument. »

Stupeur et tremblements

En t’écoutant chanter, on imagine clairement que Dominique A fait partie de ces choses entendues. Dans le phrasé, la manière de couper les vers, c’est parfois flagrant même si ça n’est pas du tout dérangeant. Comment te situes-tu par rapport à cette comparaison ? JR : « Oui, c’est certain. Au moment où j’ai commencé à vraiment écrire des chansons, il était là, présent, ouvrant des portes qu’il avait l’élégance de ne pas refermer derrière lui. Au-delà de tout ce qui a pu m’inspirer chez lui, il y avait ce lyrisme tremblant, un peu timide, qui cherche à éviter la complaisance et l’écriture de soi. C’est pour ça qu’il est peut-être moins immédiatement émouvant que d’autres mais que ses chansons sont inépuisables et singulières. Je suis content que tu ne trouves pas cela dérangeant parce que c’est aussi une peur, je sais que pour certains ça a été un peu rédhibitoire. Mais je me soigne. Sur ce nouvel album, je crois que c’est un peu moins vrai d’ailleurs. » Ce deuxième album a été, j’imagine, conçu beaucoup plus rapidement que le premier. Avec quelle idée de départ ? JR : « Je voulais que les choses m’échappent un peu. J’ai traîné l’album précédent sur plusieurs années, certaines chansons datent même du lycée. Je l’ai beaucoup ressassé, repris, repensé. Ici, je voulais quelque chose de plus spontané, qui me surprenne un peu. Je suis attaché à l’idée de recherche, de faire une musique de recherche comme il y a un cinéma de recherche. Mais en restant dans le cadre de la chanson parce que je ne suis pas assez érudit pour me lancer dans des choses trop complexes ou expérimentales. Ce qui m’intéresse c’est de communiquer des impressions,

des sensations, attraper des instants, les retenir, restituer ce qui nous traverse. Cela passe indissociablement par le texte et la musique. » Justement, comment se concrétise l’écriture chez toi ? As-tu déjà les idées d’arrangements en tête au moment d’écrire, je pense notamment aux cuivres ? JR : « Je ne crois pas avoir déjà écrit un texte sans musique. Tout ça avance ensemble dans ce qu’impose petit à petit la mélodie, les harmonies. Souvent les idées d’arrangements arrivent dès l’écriture parce qu’ils sont la texture, le velouté, la couleur. Pour cet album, j’avais des pistes d’arrangements mais je voulais surtout laisser de la place aux autres. De fait, pour ce type de chansons qui ne sont pas d’une immense complexité harmonique, les arrangements sont de la composition. Si on enlève les guitares de Mocke, les rythmes de Thomas Belhom, les basses de Bobby Jocky... ça devient d’autres chansons. Par ailleurs je savais qu’ils trouveraient mieux que moi, qu’on trouverait ensemble des choses qui me conviendraient tout à fait... » ‘Effacer La Mer’ est voilé par une très belle mélancolie, c’est quelque chose que tu travailles, qui est inné ? JR : « Je crois qu’écrire oblige à faire un pas de côté, à regarder le monde derrière une vitre, à voir passer les choses. On cherche à les saisir dans des chansons mais on rate forcément son coup. C’est en partie cette impuissance qui produit cette mélancolie. Et en même temps ce n’est pas de la tristesse, on peut en faire quelque chose, c’est une matière à travailler. A travailler pour la joie. Je pense toujours à ce que répond Pasolini quand on lui demande pourquoi ses films peuvent être traversés par cette mélancolie : il utilise une expression de son Frioul natal, « Ab joy ». Pour la joie, vers la joie. Ça prend chez lui la forme d’une ivresse poétique. Après, la mélancolie, il faut éviter d’y sombrer avec complaisance. Disons que la mélancolie des chansons doit travailler à l’épuisement de la mélancolie. » Il est aussi beaucoup question d’oubli, de disparaître parfois, de beautés qui tremblent, tu évoquais tout à l’heure le lyrisme tremblant de Dominique A. JR : « Oui ce sont des idées qui me préoccupent évidemment. Le tremblement c’est quelque chose qu’il me semble nécessaire d’opposer au monde. Cette idée-là je l’ai piquée à Glissant qui a écrit des lignes magnifiques sur le tremblement. « Essayons plutôt de trembler en nous penchant vers l’autre », ça pourrait être la définition de ce que j’essaie de faire. » Tu évoquais les guitares de Mocke, qui ne tarit pas d’éloges à ton propos. Réciproquement, tu sembles admirer Midget !. Comment l’as-tu rencontré et quel a été son apport sur le disque – on sait que c’est un grand guitariste qui cherche à mêler dissonance et chanson ? JR : « J’admire beaucoup cette capacité qu’il a à ce que tout soit un événement, une surprise. Il joue et il déplace les choses. Quand une note arrive, on ne s’y attend pas et en même temps on se dit qu’il ne pouvait pas en être autrement. Il cache ses idées mais de manière à ce qu’on les trouve et qu’on soit surpris de les trouver là. Je ne le connaissais pas personnellement avant cet album mais je me souviens très bien de notre première rencontre pour l’enregistrement : j’étais certain de le connaître depuis longtemps. Après, je me suis rendu compte qu’il avait joué sur tout un tas de disques qui m’étaient très chers. Ses projets bien sûr, Arlt mais aussi Silvain Vanot et notamment ‘Tout brille (en attendant)’ qui fait partie des albums fondateurs pour moi. » Mocke est à rapprocher de Sing Sing de Arlt et de cette famille où Pain Noir et toi, récemment, nous avez éblouis. JR : « Pour moi, Arlt est un des groupes les plus importants d’aujourd’hui, parce qu’ils inventent une poétique. Pain Noir c’est sans doute autre chose, même si c’est tout aussi magnifique. Une autre poétique. Son disque c’est immédiatement un classique. Il travaille la matière avec une très grande précision, ses mélodies sont parmi ce qu’il se fait de plus beau en français je trouve. Après, oui, il y a quelque chose comme une famille, des airs de famille en tout cas. Et tout un tas de gens qui font des choses et qui ne donnent pas l’impression de se disputer des parts de marché. Des gens qui aiment échanger, puiser chez les autres de nouvelles idées. Et tous ces gens dont tu parles, j’ai pour eux, même si je ne les connais finalement pas très bien, une amitié sincère. J’ai l’impression qu’on travaille à peu près à la même chose tout en faisant des trucs assez différents. » On t’imagine aussi passionné par la littérature, Orso pouvant, si j’ai bien compris, faire référence à ‘Peau d’Ours’ de Henri Calet. Tu aurais d’ailleurs en stock une chanson intitulée ‘Autoprotrait en Henri Calet’… Qu’est-ce qui te touche chez lui ? JR : « Calet c’est une rencontre bouleversante. Il m’arrive souvent comme ça de reprendre des passages pour le plaisir d’y retrouver cette humanité un peu douloureuse, là aussi ça tremble il me semble. Pratiquement chaque phrase de Calet me fait rire ou monter les larmes aux yeux ; souvent ce sont les mêmes d’ailleurs. Sur le premier album, j’ai eu envie de commencer avec cet autoportrait en Henri Calet, d’abord tout simplement comme un hommage mais aussi parce que si je voulais un peu parler de moi, il me suffisait de faire un collage de ses textes. Et puis j’aimais bien l’idée que la première chanson du disque finisse par « ma voix ne porte plus très loin ». »

Orso Jesenska

Un disque : ‘Effacer La Mer’ (03h50)


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Texte : A Fa nbnrei-cL e i sV eaRneomvaecrlbee r g © l a r a g a s pa r o tt o

Fan de Stars of the Lid? Adorateur zélé de Nils Frahm? Ne cherchez pas plus loin la nouveauté, elle se nomme Kevin Imbrechts et se cache sous le pseudo poétique d’Illuminine. Projet solo de la moitié des

rockeurs noise de Mosquito, l’objet débarque du studio des Sigur Ros, où il s’est concrétisé après trois mois intenses dans sa ville natale de Leuven. Produit par Christophe Vandewoude (Isbells), son premier essai ‘#1’ inscrit sa démarche néo-classique dans un univers où l’ambient et la folk tiennent chacune une place essentielle. Un bel exercice d’équilibre mélancolique. Illuminine est ton premier projet en solo. D’où vient ce nom ? Kevin Imbrechts : « C’est un morceau qu’on trouve sur l’avant-dernier album de Thurston Moore ‘Demolished Thoughts’. J’aime la tranquillité et la mélancolie qu’évoque ce mot, mais il n’a rien à voir avec les Illuminati (rires). Aussi, je trouve la chanson de Thurston assez incroyable et j’aime la manière très étrange dont il traite les guitares. C’est ce qui m’a toujours attiré chez lui et aussi chez Sonic Youth. » A écouter ta musique, on a l’impression que la guitare est ton premier instrument. KI : « Oui, le seul instrument même. Bon, je joue un peu du piano mais c’est tout. Avant de démarrer le projet Illuminine, je jouais dans le groupe rock noise Mosquito en compagnie de mon copain Nico Kennes, que je connais depuis une quinzaine d’années. En fait, tout le monde me demande où j’ai appris à jouer de la guitare... »

Musique de chambre Et donc ? KI : « J’ai appris seul dans ma chambre, sans savoir lire une partition. Quand je traversais des moments difficiles dans ma vie, je prenais ma guitare pour penser à autre chose. Parallèlement, je jouais dans Mosquito, avec qui nous avons sorti cinq EP et un LP. » Et quel moment dans ta vie t’a donné la motivation de te lancer en solo ? KI : « Si je dois en citer un seul, c’est le concert d’Ólafur Arnalds au Depot à Louvain, il y a deux ans. J’étais en train d’écouter le concert et je me suis, wow ce type joue la musique que je fais dans ma chambre. Et puis j’ai découvert Nils Frahm, les maisons Erased Tapes et Sonic Pieces qui sont entre-temps devenus mes labels préférés. Avant ce concert, j’ignorais presque tout de cette scène et je me suis rendu compte qu’il y avait vraiment autre chose que le rock ou le métal. Et là, c’est tout un catalogue qui s’est ouvert à moi. » Tu as 25 ans, le bon âge pour tâter d’un nouveau genre. KI : « La musique est un truc très personnel et très doux, il y a même des riffs que j’ai trouvés quand j’avais 18 ans qu’on retrouve sur cet album. C’est tellement personnel que pendant longtemps, je n’ai pas osé faire écouter ces morceaux à quiconque, jusqu’à ce concert d’Ólafur Arnalds. » On peut vraiment parler d’un avant et d’un après. A qui as-tu fait écouter ta musique ? KI : « J’étais en stage dans la même salle du Depot à Louvain et il y avait sur place Chantal Acda et je me suis dit que c’était peut-être le moment de franchir le pas. En plus, c’est quelqu’un de très compétent et ouvert, qui m’a proposé d’enregistrer mes compos avec Christophe Vandewoude du groupe Isbells, qui du coup est devenu le producteur de l’album. » Qu’as-tu conservé des enregistrements dans ta chambre ? KI : « Beaucoup, la base de guitare notamment. Dans les démos, il y a toujours une base de six cordes, ce n’est qu’ensuite qu’on l’a substituée à un violon ou à une trompette. Tout a grandi de façon très organique. » La folk music a-t-elle eu une influence sur ta manière de travailler ? KI : « C’est marrant, quand j’étais plus jeune, je n’écoutais jamais de trucs plus classiques ou folk, c’était plutôt des groupes comme Metallica ou AC/DC. Mais j’étais déjà en train de faire des chansons très timides et pas très bruyantes. » La timidité est d’ailleurs un des traits de ta personnalité, non ? Comment appréhendes-tu la scène ? KI : « Pour moi, le tout premier concert sous le nom d’Illuminine a été très difficile. C’était déjà difficile de faire écouter mes démos aux gens, alors imagine de jouer devant une centaine de personnes. Je n’ai jamais été autant nerveux de ma vie mais maintenant, ça va beaucoup mieux. » Un poids est tombé de tes épaules en quelque sorte. KI : « Oui, et comme ça s’est bien passé, un groupe que j’aime beaucoup, A Winged Victory For The Sullen, m’a fait l’honneur de m’inviter à jouer avec eux. Mieux encore, et c’est une chance incroyable, ils m’ont mis à l’affiche du festival ‘Silence Is Sexy’ qui aura lieu en avril prochain à l’Ancienne Belgique. C’est mon label manager Geert Mets qui a donné mon CD à Adam de A

Winged Victory et (presque gêné, ndr) je suppose qu’il aimé. Tu vois, c’est simple, il suffit d’oser envoyer un mail, comme celui que j’ai adressé à Chantal Acda après ce fameux concert au Depot et tout se déclenche. » As-tu commencé tôt à jouer de la musique ? KI : « Assez tard, à 15 ans, en autodidacte. Comme je te l’ai dit, je ne sais pas lire une partition et c’est une modeste guitare à 100 Euros qui a été mon prof. C’est d’ailleurs sur cet instrument que j’ai écrit tous mes titres, tant elle fait partie de moi. (Il passe au néerlandais, ndr) Quand je joue de cette guitare, je me sens beaucoup mieux, elle est une sorte de thérapie. En ce moment, je suis très occupé à préparer la sortie du disque et les concerts qui vont suivre, je sens vraiment qu’il manque quelque chose dans ma vie. Mais je ne vais pas me plaindre, je fais ce que j’aime et je vais bientôt jouer dans un super festival. » On sent beaucoup de travail derrière tout ça. KI : « Je me suis vraiment dépensé sans compter. On a commencé en mars 2014, chaque jour pendant trois mois après mon travail, donc après 18h, on a enregistré avec Christophe jusqu’à minuit et le lendemain, je me levais à 6h pour retourner au boulot. Au bout de ces trois mois, j’étais épuisé. » Ensuite, direction l’Islande et le studio de Sigur Ros. KI : « C’est là que nous avons fini et mixé l’album. Être là-bas, c’était un rêve, j’aime beaucoup le côté mélancolique et désolé de ses paysages. En plus, être dans le studio de Sigur Ros avec toute l’atmosphère qui l’entoure, c’était très particulier. J’ai même travaillé avec l’ingénieur du son qui a enregistré les premiers albums du groupe, mes préférés, et si on ne se parlait pas beaucoup, la musique était notre langage commun. Il avait fait un premier mix avant mon arrivée et il était tellement bien qu’il m’avait compris sans dire un mot. C’est en Islande que je me suis rendu compte que l’album pouvait être plus grand que je ne le pensais au départ. Ça n’a duré qu’une semaine mais elle a vraiment changé ma vie. » Dirais-tu qu’avec ce disque, tu entres pour de bon dans la vie d’adulte ? KI : « Oui, il marque vraiment la fin d’une époque de ma vie et l’entrée définitive dans un monde adulte. C’est aussi l’époque où j’ai décroché mon premier emploi à la Simim (qui s’occupe de la gestion des producteurs de musique, ndr) après mon master en communication et cultural studies à la KUL. Sinon, quand j’ai reçu la réponse de Sigur Ros, j’ai dit à Christophe qu’on devait tout recommencer, je voulais que tout soit parfait pour eux. Je ne voulais pas arriver en Islande et avoir l’air d’un amateur. » Ta musique est purement instrumentale. Envisages-tu un jour de chanter ou de faire appel à une voix extérieure ? KI : « Non, pas du tout. Quand j’écoute de la musique, j’entends la mélodie et pas les paroles. Pour moi, la voix est un instrument et je ne veux pas écrire de textes. C’est pour ça que j’aime Thurston Moore, chez qui la voix est à mon avis secondaire, ou le post rock, notamment des groupes comme Mogwai, God Is An Astronaut, le Godspeed surtout, j’ai toujours aimé la musique instrumentale. » A priori, tu ne fais pas une musique de festival, sauf justement des événements tels que ‘Silence Is Sexy’ qui a une ligne programmatique assez claire. KI : « C’est ça que j’aime dans ce genre d’événement, c’est que les gens qui s’y rendent le font pour la musique, ils sont vraiment motivés par l’affiche et le style. Le public accorde beaucoup d’attention aux artistes et c’est très précieux. » Un disque: ‘#1’ (Zeal Records)

on stage 11/04 12/04 17/04 12/05

Little Waves, Cmine (Genk) Silence Is Sexy, AB (Bruxelles) More Music (Bruges) CC (Hasselt)


T e x t e : A n t o i n e B o u r s © t h a l i a pa l11 mer

SOON at WITHIN TEMPTATION 05-03-2015

WHILE SHE SLEEPS + CANCER BATS 19-04-2015

SPANDAU BALLET 22-03-2015

Wed 18.03

Wed 15.04

thu 19.03

thu 16.04

Sat 21.03

Fr 17.04

ABClubcircuit - AB @ 4AD:

Coca-Cola Sessions:

Manngold de Cobre & Sonido Gallo Negro

hydrogen Sea + Lili Grace

SuN 22.03

Groundation

ABClubcircuit - 4AD @ AB:

+ Nahko

Id!OtS + the Germans + tubelight

Wed 22.04

rae Morris (BBC Sound of 2015)

Paon

roni Size reprazent - Live

StuFF. ASA 09-03-2015

ETIENNE DE CRECY 25-03-2015

SCOTT BRADLEE & THE POSTMODERN JUKEBOX 10-03-2015

BIGA RANX 27-03-2015

MARCUS MILLER 20-04-2015

MORIARTY 21-04-2015

Circa Waves

Coca-Cola Sessions:

thu 23.04

Fr 27.03

ensemble economique

tue 31.03 JACCO GARDNER 07-05-2015

Mauro Pawlowski sings Houben

thu 23.04

MON 06.04

a Place to Bury Strangers

therapy?

Skip&die

Sinkane

+ Throes & The Shine

Sat 25.04

thu 09.04 NACH 15-04-2015

VILLAGERS 09-05-2015

Bony King + Tim Knol Fr 10.04

La Smala + Caballero + JeanJass SuN 12.04 Silence Is Sexy – Going Out W/A Bang!

JOSEF SALVAT 16-03-2015

RAE MORRIS 16-04-2015

JONATHAN JEREMIAH 11-05-2015

CHRISTINE AND THE QUEENS 28-04-2015

THE PAROV STELAR BAND 17-04-2015

SOPHIE HUNGER 12-05-2015

ABClubcircuit - AB @ De Kreun:

FrI 24.04

thu 09.04

THE SUBWAYS 15-03-2015

Matthew e. White thu 23.04

Magnus IBEYI 11-04-2015

SuN 19.04

Wed 25.03

the Spectors + Newmoon

SHAKA PONK 12-03-2015

SOON at

ABClubcircuit - De Kreun @ AB:

ufomammut + Conan SuN 26.04

Jack Garratt FrI 08.05

the Van Jets Ben Frost + a Winged Victory Sat 09.05 For the Sullen + the Group feat. C.W. Stoneking Casper Clausen (Efterklang) + echo Collective Plays Burzums ‘dauði Baldrs’ + Illuminine + hildur Gudnadottir + Jozef Van Wissem + O (directed by Sylvain Chauveau) + robert hampson + Christina Vantzou + Margarita Maximova tue 12.05

Laura Marling + Gill Landry Sat 23.05

Viet Cong STEVEN WILSON 21-03-2015

SHARON VAN ETTEN 18-04-2015

FLYING LOTUS 23-06-2015

www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu

SuN 24.05

MON 13.04

ABClubcircuit - VK @ AB:

ewert & the two dragons

Pallbearer

tue 14.04

MON 08.06

SOLd Out

Will Butler (Arcade Fire)

Liturgy: Transcendental Black Metal

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Earteam

Dominique A

David Åhlén

‘Eléor’

’Selah’

Cinq 7/Pias

Souvent, les années en A sont meilleures que les autres, plus tenaces à ne pas être oubliées. Comme 2009. Quand Dominique renouait avec le charme bricolo de ses débuts et foutait la tatane qu’on n’espérait plus. Celle qu’on ne s’est pas prise avec le très beau, mais parfois ennuyant, ‘Vers Les Lueurs’, disque d’une certaine renaissance grand public où A semblait enfin à l’aise avec ça. Comme s’il avait dû jusque-là refréner ses envies de ‘Mainstream’, s’arranger encore et toujours avec le petit succès d’estime. Mais de peur de quoi, au juste ? De perdre une fanbase qui préfère éternellement se rappeler que c’était mieux avant, quand il balançait des grands disques crève-abcès, douloureux, ferrailleux et tristes, racontait des histoires glauques sans issue (‘La Peau’, ‘Où Conduit l’Escalier’…) ? Aujourd’hui, donc, A sort son dixième album et c’est probablement la plus belle collection de chansons entendue ces cinq dernières années, celle qui approche la variété par la face exigeante, le parfait mélange des deux derniers disques : confiance en une voix singulière, évidence mélodique, brièveté pop, paroles très haut de gamme font de ‘Au Revoir Mon Amour’ ou, surtout, de l’inouï ‘Eléor’ de très grands moments radiophoniques, d’une beauté à peine dicible. Désormais, A chante les étendues, la lumière, l’avenir (« il y a des rêves qui ne se refusent pas », in ‘Par Le Canada’ ; l’incroyable puissance poétique de ‘Oklahoma 1932’) et finit, encore une fois, par nous abasourdir. (lg)

All We Are ‘All We Are‘ Domino Records

Avouons-le d’emblée, on était assez mal disposé, voire carrément sceptique, quant au talent et à l’originalité supposés de All We Are. Entre une bio qui les introduits comme des « Bee Gees sous diazépam » proposant du « boogie psychédélique » et une presse anglaise toujours prompte à gonfler des baudruches inutiles, le trio ne partait pas avec les faveurs du pronostic. Il aura pourtant suffi d’une écoute de ce premier effort pour balayer une grande partie de nos doutes. Car ces rejetons d’une art-school de Liverpool s’ingénient à dessiner, avec autant de fausse naïveté que de talent, les contours d’une pop tarabiscotée, toute en lignes mélodiques serpentines et veloutées. Variées dans leurs ambiances, les chansons ont toutes en commun une forme de sensualité narcotique qui doit beaucoup à une production molletonnée, sans aspérités et sans grumeaux qui n’est pas sans rappeler Fleetwood Mac. Dans cet emballage très contemporain, la formation a toutefois le bon goût de faire alterner sucreries et bonbons au poivre avec une efficacité qui n’empêche pas la subtilité d’écriture. Guitares cristallines et multicolores, reverb’ à outrance, basse satinée, la formation condense une somme d’expériences cohérentes mais éclectiques, dance et hédonistes. Sacrifiant à bon escient la quantité à la qualité, All We Are aligne une série de tubes (‘I Wear You’, ‘Feel Safe’) qui,

Volkoren

on prend les paris, occuperont pas mal de cortex dans les mois qui viennent. (gle)

Balkan Clarinet Summit

The Baboons

Piranha Musik/V2

Starman Records

Laisse-moi donc cette liberté-là : on s’fait une dernière fois les quartiers chics, et retour au bercail. On s’en va les impressionner avec nos mises réglo et ce swing – « She’so Sweet ! » – que tu as dans les hanches. Quelques effets d’annonce sur une ‘Rain’ qui tomberait toute de velours et wou-hou, en avant la belle vie, à nous le ‘Texas Sun’ et la gazoline dans des gobelets d’argent ! Allons bon, dude, Turnhout n’est pas Memphis, mais même si je n’ai pas chaussé mes santiags en daim, tu serais stupide de croire que quand on te sort la ‘Deepest Shade of Blue’, on cherche à te payer en monnaie de singe, qu’on tente de te mettre notre étroite bolo sous la gorge. « Come on baby, hold me tight » : tu n’as pas d’autre issue de secours que de goûter au rockabilly et viens pas prétendre que ce petit riff frôleur d’’Hangin’Out’ n’a pas le bon calibre, que ça va être si simple pour toi de faire descendre la température, de calmer le jeu. (alr)

Baden Baden ‘Mille Eclairs’

‘Girls in Peacetime Want to Dance’ Matador/Beggars

Et si on tenait en la personne de David Åhlén un nouvel Antony Hegarty, quelque part à l’ouest de Joanna Newsom ? L’avenir nous le dira, en attendant savourons à sa juste – et immense – mesure la résurrection de son second opus ‘Selah’, initialement sorti en 2013 en version numérique. Fragile et troublant, l’univers du songwriter suédois est paradoxalement d’une solidité mélodique à toute épreuve, malgré des ingrédients d’une bouleversante simplicité (une voix, une guitare, un peu de harpe, de piano ou d’harmonium). Là où nombre de tentatives échouent lamentablement faute d’avoir oublié de refermer le grand livre des imitations mal fagotées, David Åhlén est d’autant plus redoutable que sa poésie sonore est d’une précision chirurgicale. Désormais – osons le mot – héritier de la périlleuse tradition sur un fil qu’incarnait à lui seul le taulier Nick Drake, et dans les contemporains on ne voit guère que Gareth Dickson pour soutenir la comparaison, David Åhlén exprime, seconde après instant, des histoires qui transpercent le cœur en plein centre. Et si l’exercice n’invite jamais à la franche rigolade, il est d’une telle intensité artistique et d’une telle sensibilité humaine qu’il ne reste qu’une ultime envie, balancer aux oubliettes les ordonnances de Prozac pour investir dans une future intégrale David Åhlén. Tu sais ce qu’il te reste à faire, mon gars. (fv)

‘Uptown and Back Again’

Belle and Sebastian

‘Many Languages – One Soul’ Le nom parle par lui-même et annonce la couleur. Ce sommet de clarinettistes balkaniques n’est rien d’autre qu’une réunion de maîtres de la clarinette des Balkans, un instrument très populaire et toujours largement usité dans cette partie du monde. Sous l’égide du Goethe Institut, deux directeurs musicaux ont réuni six clarinettistes ancrés dans leur tradition propre mais suffisamment ouverts sur le monde pour partager et mesurer leurs compositions respectives enregistrées lors d’une tournée dans la région. A la fois instrument de fanfare, accompagnant de mariage, prothèse du souffle poétique et artéfact de la mélancolie des Balkans, la clarinette est déclinée ici sous toutes ses couleurs. Ses timbres étonnent par leur large registre : parfois orientalisant, parfois slave, parfois cacophonique, jamais neutre. Bémol : le disque est assez long, après trois quart d’heure un sentiment de trop plein peut s’installer, même auprès des auditeurs avertis. (et)

Carl Barat and The Jackals ‘Let It Reign’

Naïve/Pias

Cooking Vinyl

Sur ‘Coline’, il y avait ce flagrant morceau de pop, à la mélancolie lumineuse et cuivrée, visant juste : ‘Je Sais Je Vais’. Le groupe traçait des « routes en l’air » et on était prêt à le suivre, loin, longtemps, autour du monde à la voile. Eux et Maison Neuve. Trois ans plus tard, on est sans nouvelles de Maison Neuve mais Baden Baden réapparaît et avec lui, ‘Mille Eclairs’, un disque plutôt joli, mais jamais fou-foudroyant. Chanté désormais uniquement en français, séquençant des algorithmes entre une certaine faune canadienne (Peter Peter, Malajube), Raphael et Florent Marchet, hanté par le spleen de Grandaddy, il balaye toutes les questions qu’un trentenaire un poil émotif a l’habitude de sharer sur Facebook – passion amoureuse, déprime, fuite en avant (« Dis-leur que c’est injuste la trentaine ») – mais malheureusement, sans la verve d’un Veence Hanao. Résultat : on décroche, parfois. Deux beaux instrumentaux et quelques fulgurances permettent toutefois à Baden Baden, malgré la déception, de rester bien au-dessus de la mêlée. (lg)

Deux albums qu’on a écoutés en boucle avec un des trois groupes en The des années zéro, deux autres disques qu’on n’a pas vraiment approfondis avec une association de sales jolies choses (c’était pareil pour les Baby machins, note) et puis un premier effort masturbatoire pas forcément mémorable. Voilà, en gros, pour la carrière de Barat dont, finalement, la dernière chose qu’on retient est ce duo improbable avec Biolay. De retour en groupe aujourd’hui, la cadence est infernale. Barat joue à pleine vitesse comme s’il refusait d’avoir bientôt 40 balais, épaulé à la production mastodonte par Joby J Ford, guitariste furieux chez les sauvages hardcore de The Bronx. Clairement, ‘Let It Reign’ casse de la porcelaine. Et tant mieux : c’est, au final, un assez bon disque de rock, qui gratouille large et crasseux : réminiscences du bruit des nineties (‘Victory Gin’), Libertines très énervé (‘Summer In The Trenches’), urgence à la Spoon (‘March Of The Idle’), punk clashy (‘The Gears’), chanson pour stade (‘Let It Rain’). Correct. (lg)

Je fus ce tigron qui tétait à la mamelle de la pop son lait concentré sucré le plus tendrement naïf, je fus Judy qui rêvait de chevaux, le gars « with the Arab Strap ». Je suis toujours la serveuse catastrophique au sourire effarouché et celle que ses montagnes russes ligotent souvent dans son cocon. Et je crois que ça me froisse à cœur que Belle and Sebastian, bénis au royaume des introvertis, aient délaissé la bibliothèque la fleur au fusil, que leur ‘Everlasting Muse’ préfère désormais le Kazakchok. Sylvia Plath, gargarisée jusqu’à la luette de mauvais désinhibant eurodisco ? Terrassant! « Jump To The Beat of The Party Line »? Je ne rentrerai pas dans ce rang, merci! Si ‘Perfect Couples’, ritournelle un peu no-brain et brouillonne, peut davantage se permettre la traverse, c’est que, portée inhabituellement par Stevie Jackson, elle dynamite moins ce que fut pour moi l’essence B&S. N’en demeurent ici que des empreintes (‘Ever Had A Little Faith ?’, ‘The Cat With The Cream’), infimes et presque désuètes entourées de telles voisines criardes. Toutes les filles ne veulent décidément pas danser en temps de paix, surtout quand elles pressentent qu’il leur faut ici tourner une page… (alr)

Black Yaya ‘Black Yaya’ Cit y Slang/Konkurrent

Black Yaya, quand il se faisait encore appeler David-Ivar Herman Dune, a participé à l’écriture de quelques-unes des plus belles chansons de ces quinze dernières années : ‘Bristol’, ‘Holding A Monument’, ‘My Home Is Nowhere Without You’ et, surtout, l’inconcevable ‘In August’ sur l’énorme ‘Mas Cambios’ (2003) où, pendant une vingtaine de secondes, Herman Düne se mettait à sonner comme du Belle & Sebastian circa ‘Tigermilk’ et rendait absolument dingue. Brève et étrange comparaison, certes, mais à l’heure où les Écossais sortent le très bon ‘Girls In Peacetime Want To Dance’ et chatouillent le disco, David-Ivar, à sa plus petite échelle, tente le même coup : faire bouger du derrière. Enfin, c’était l’intention de départ, il paraît. Mais ce n’est qu’au tiers réussi, le danceflloor, pas l’album. De fait, derrière des atours aguicheurs – la grosse pop discoïde avec solo graisseux de ‘Flying A Rocket’, en ouverture, est déroutante mais au final irrésistible, comme ‘Gimme A Gun’ ou ‘Watchman’ –, on retombe bien vite dans un univers beaucoup plus folk et contemplatif, pas si éloigné du dernier Herman Dune ; ‘Save Them Little Children’, en clôture, pouvant même arracher quelques larmes, à la manière de l’insondable tristesse de ‘Magician’. (Le 12 mars au Reflektor). (lg)

Stéphanie Blanchoud ‘Les Beaux Jours’ Cricket Hill Music/V2

Stéphanie Blanchoud, avec sa coupe garçonne, est très jolie. Photogénique à tout le moins. Télégénique aussi – elle vient de décrocher un premier rôle dans une série qui verra le jour dans un an et qui devrait être bien. Enfin, d’après nos sources proches. Par contre, ‘Les Beaux Jours’, faudra repasser. Niaiseries, roucoulades, chichiteries, vocabulaire pour filles qui chialent devant ‘Joséphine Ange Gardien’ et overkiffent Lavoine – « Je t’emmènerai tout au bout du monde », ce genre – ; tout indiffère, voire irrite (les siffle-


Earteam ments de ‘Décor’ avec Daan, c’est trop). Tout de même, il y a ‘Perdre La Douleur’, joli morceau jazzy en demi-teinte, avec une belle mélancolie sous-jacente, mais bon, ça n’enverra personne dans l’espace non plus. (lg)

Champs ‘Vamala’ Pias

On était resté sur un souvenir un peu vague, celui d’un single surfait, pop pompier, cachant un premier album larmoyant, genre Calogero pour jeunes rouquines britanniques. ‘Vamala’, bluffant, nous a obligés à le ressortir. Et nous a permis de confirmer ceci ; les souvenirs, même un peu vagues, souvent, ne trompent pas. Mais ‘Vamala’, c’est autre chose. Les frères ont grandi et probablement écouté davantage de trucs chouettes et sexuellement incertains (Antony Hegarty, Perfume Genius). De là, ils pondent donc ce deuxième disque très juste. Derrière deux morceaux tape-à-l’œil (‘Desire’, ‘Vamala’, les moins bons, mais bien foutus tout de même), dix autres borderline, fragiles, dans lesquels on ne sait pas encore vraiment s’il faut s’engouffrer ou pas (ces ballades tremblées souvent dignes d’un Mike Hadreas, parfois à peine rehaussées d’un beat minimaliste comme la très belle ‘Down (Alone on the Avenue’). Mais une brèche est ouverte, là, maintenant... (lg)

The Charlatans ‘Modern Nature‘ BMG

Vingt-cinq longues années ont passé depuis que l’oreille s’est posée pour la première fois sur l’intro de ‘The Only One I Know’, premier tube groovy noyé sous un orgue hypnotique et psychédélique. Vingt-cinq années ont passé mais les poils se dressent encore. Mais voilà, entre fidélité et moisissure, amour et roquefort, la frontière est parfois ténue et le temps est implacable. A l’heure de rouvrir le dossier, et même si la mode du baggy n’a pas complètement disparu, il faut bien avouer que les Charlatans n’intéressent plus guère que les collectionneurs de Hammond. On aurait pourtant tort de passer à côté de cette douzième livraison, peutêtre pas bouleversante, mais qui ne se limite pas à une resucée des quelques restes flamboyants d’un psychédélisme suranné. A l’image de l’obsédant trinôme inaugural, morceaux traversés de guitares cristallines et parfait concentré du meilleur des Charlatans. Et en fermant les yeux sur les courbatures de certains riffs, on peut même repérer ça et là quelques remontées d’un groove cinglant et sensuel teinté d’une affriolante nonchalance (‘Lean In’, ‘Let The Good Times Be Never Ending’ ). Que demander de plus ? (gle)

The Clang Group

A Place To Bury Strangers ‘Transfixiation’ Dead Oceans/Konkurrent

A Place To Bury Strangers a toujours été un groupe à faire tomber les portugaises. Parfois sur disque (‘Exploding Head’), mais surtout en live où l’expérience du show, pavillon greffé au caisson de basses, se solde soit par un acouphène insoutenable, soit par un vomi, soit les deux. Et si les précédents efforts du groupe passaient parfois mal le cap de la chaîne Akaï, ‘Transfixiation’ fait ici office de peau neuve. À la fois plus foufou, mieux écrit et mieux dosé que ses prédécesseurs, il contient son petit lot d’acrobaties surprenantes. L’histoire débute avec un ‘Supermaster’ tout en tension contenue, entre arrêts furtifs et fausses relances. On sent le brûlot se pointer et, à vrai dire, on est un peu flippé. Dès ‘Straight’, le trio dévoile une ampleur presque inédite, des basses vénéneuses, des guitares pic à glace : la production est impeccable, implacable. Claire comme de l’eau de roche, lisible comme l’Herbe Bleue et, comme à l’accoutumée, large comme l’horizon. À l’exception de ‘Deeper’ et sa moiteur te collant 40 de fièvre, le ton se veut globalement concis, tranchant et pernicieusement efficace. Car un titre comme ‘Love High’ te résume un peu l’histoire du shoegaze en 1’55, ses excès et sa mélancolie, tout en évitant les simagrées interminables qui font de ce revival un effet de mode qui commence doucement à nous les briser. Le final ‘I Will Die’ (on les croit!), qui arrache scrupuleusement chacun de nos organes vitaux, constitue à lui seul une preuve suffisante pour prouver la hargne intacte et démesurée du groupe. (am)

du final de ‘Places+Things’ et l’étrange feeling que diffuse ‘Breaking Out’, entre The Kinks et Van Der Graaf Generator. La question reste quand même : qui, en 2015, a greenlighté ce truc ? (ab)

Cloes & Paternotte Duo Pourtour Prod Cet ep cinq titres fait office de carte de visite de ce duo qui évolue dans ses premiers pas. Nicolas Paternotte compose avec dextérité des petites suites pour piano sur lesquelles Philippe Cloes vient poser sa voix, un timbre clair et nuancé. Parfois réminiscente de Debussy ou de Satie, la musique du premier sert habilement aux textes poétiques du second. Plus qu’une simple prose en notes, cette écriture musicale et verbale régénère la chanson française, à la fois dans sa forme et son propos, elle est le résultat d’une complicité sensuelle sélective mais aussi d’un travail de précision dans la composition et l’enregistrement. Live, la formule fait mouche comme en témoigne cette première partie fort appréciée à Liège de Serge Teyssot-Gay & Krysztof Styczynski. Sur disque, elle s’apprécie à la faveur d’écoutes répétées mais espacées. Des courants d’air, des courants d’airs que le vent s’essouffle à dissiper mais qui demeurent suspendus tels des veloutes d’encens rares. ‘Préposé à la vidange de nos néants, tu pousses, tu pousses, tu pousses les heures avec tes pieds…’ (et)

Pascal Comelade + Les Limiñanas

‘The Clang Group Play Rhoda’

’Traité De Guitares Triolectiques’

Domino

Wordandsound

Clive Langer est le producteur d’Elvis Costello, de Morrissey et de Madness. Autrement dit, une légende de l’ombre. Cela fait des années qu’il trépigne à passer du côté de la lumière. C’est chose faite avec The Clang Group, projet anachronique auquel participe Andy Mackay, saxophoniste de Roxy Music, le temps d’un EP de quatre morceaux. Sur un échantillon aussi réduit, The Clang group sent surtout le formol, la verveine et le naphtalène, peinant à singer ceux que Langer a produit (il faut voir comment ‘Shipbuilding’ tente péniblement de trouver la grâce de Robert Wyatt). Reconnaissons-lui néanmoins l’énergie free

Personnage en liberté de la scène hexagonale, et largement au-delà, rappelonsnous ses excellentes collaborations avec PJ Harvey ou Robert Wyatt, Pascal Comelade réalise en 2015 le fantasme de tous les rockeurs perpignanais. Accouplé aux héros de la scène locale Les Limiñanas, le compositeur catalan déroule sur les habituels toy instruments ses canevas hyper-reconnaissables – on ne voit guère que Yann Tiersen dans un genre parallèle à tomber le masque dès les quatre premières notes. Si le premier morceau ‘Stella Star’ sonne comme du Comelade pur jus, la suite dépasse nettement du cadre – et c’est carrément rigolo du

slip, bien qu’un net cran en dessous de ses aventures aux côtés de Jac Berrocal, Pierre Bastien et Jaki Liebezeit (‘The Obliques Sessions’, 1997). Exposées à tous les vents du rock seventies, ils vont du psyché au kraut, les déambulations du trio observent dans le rétro des bizarreries pop de la fin des sixties, où il ne manquerait que la voix de Jacqueline Taïeb (et un soupçon de disto en moins). Ailleurs, on se croirait en plein trip morriconien du pied des Pyrénées, tout en repiquant chez Stereolab des rythmiques déjà empruntées en leur temps. Et s’il n’y a rien de neuf sous le soleil, ça nous met une sacrée banane. (fv)

Crushed Beaks ‘Scatter’ News

Y a des jours où l’attitude du gros Morrissey m’exècre à un point tel que je ne sors même plus mon bon petit disque des Smiths du dimanche. Fallait pas chercher. ‘Scatter’ des forcément rosbeefs Crushed Beaks pallie à ce manque, je l’avoue, en faisant parfaitement le job le jour du Seigneur lorsque la machinetta fulmine. Et puis leur bio fait éclater au grand jour leur amour pour le cinéma d’horreur italien (comme mon café), plus particulièrement pour Dario Argento et Lucio Fulci. L’occasion de se remémorer la scène de l’œil et du bout de bois dans Zombi 2, la chute du pendu dans Suspiria. Et voilà qu’en moins de deux chansons ces anglais semblent familiers, sympathiques, et trouvent leur place sur l’étagère à (bons) disques promos. Même si ça chante pas terrible et qu’on peine à trouver le moindre riff Johnny Marrien un peu novateur, rêvasser sur ‘Choices’ en lisant en diagonale la quatrième de couverture d’une boîte de Kellog’s fût tout simplement bijou. Un petit moment de confort à l’état pur marqué par un repas simple et équilibré, un café qui fume, et le temps qui s’arrête, d’ailleurs, peut-être n’a-t-il même jamais avancé. Et ‘Scatter’ qui te sature cette belle lumière d’hiver. On n’est pas bien, là ? (am)

D’Angelo And The Vanguard ‘Black Messiah’ RCA/Sony

Le retour de D’Angelo s’est précisé sans crier gare, fin de l’année dernière. Quatorze

15

ans après le classique ‘Voodoo’, Michael Eugene Archer reprend, à peu de choses près, sa musique là où il l’avait laissée. Au carrefour du jazz, de la soul, du funk, du R&B et du hip-hop. Album généreux et engagé, ‘Black Messiah’ revient, dans un premier temps, sur la ligne de front tenue par les activistes d’Occupy Wall Street. Opposé aux dérives du système capitaliste, ce fils de prêcheur pentecôtiste exhorte sa bonne parole à travers des morceaux ancrés au cœur de l’actualité. Soul et sexy, scintillantes de l’extérieur, les chansons de D’Angelo enveloppent délicatement les ténèbres, l’angoisse et le malaise du monde. Moteur créatif, le sentiment d’injustice vrombit ainsi d’un bout à l’autre du disque. De Ferguson à la place Tahrir, l’artiste est de tous les combats sociaux. Épaulé par Q-Tip (ex-A Tribe Called Quest) à l’écriture et par le jeu de batterie irréprochable de ?uestlove, mentor érudit de The Roots, D’Angelo signe douze plages de funk cosmique : des pépites veloutées et aérodynamiques dignes des plus grandes dynasties du genre (Sly & The Family Stone, Funkadelic, Isaac Hayes ou Prince). Impeccable. (na)

The Deaf ‘The Deaf’ V2

L’écoute attentive de ‘The Deaf’ nous aura au moins appris deux choses. Primo, le revival punk/garage reste définitivement le plus persistant, ne s’étant pas essoufflé une seconde depuis l’aube des années deux mille : il n’y a pas un mois qui passe sans qu’un pote nous refourgue son nouveau poulain au travail aussi convenu que bien foutu. Deuzio, les culs jaunes de The Deaf offrent sur ce second opus une rixe amusante dans la parfaite lignée des sympathiques suédois de The Hives. Mêmes costumes très baths agrémentés de châles impayables, mêmes hymnes punkoïdes nourris au riffs Fisher Price. ‘Isolator’ serait leur ‘Main Offender’, ‘Sin City’ leur ‘It Won’t Be Long’. On est loin de l’hommage discret, quoi. Une fois la galette lancée dans l’arène, la caboche de Pelle Almqvist apparaît au coin de la pièce, et ne la quitte plus. Elle gonfle, elle gonfle, et après trois chansons, elle éclate. La mauvaise tête. Heureusement, quelques titres plus chaloupés (‘Rides in, Rolls Out’, ‘Lonely Life’) apportent cette petite touche mélancolique qui leur fait éviter in extremis le tribunal correctionnel du plagiat. (am)

The Decemberists ‘What a Terrible World / What a Beautiful World’ Rough Trade/Konkurrent

« We know, we know, we belong to ya / We know you built your lives around us / But we had to change some »: un très touchant manifeste d’intention d’entrée de jeu et le ton pourrait être donné. The Decemberists, garants depuis 15 ans d’un folk teinté de morts obscures, de gestes épiques et d’épouses maîtrisant la chanson de toile, savent ce qu’ils doivent à un public soudé, fervent de grimoires, de théâtralité et de patrimoine : la liberté de déployer des albums conceptuels, toujours très écrits et de demeurer suivis. L’envie apparaissait donc de suivre cette fois une trame moins serrée, de baguenauder à sa guise. Mais à vouloir sauver le bébé, l’eau du bain et le petit canard, on finit par faire démesurément apparaître REM à la vi-


16

Earteam

gie (‘Captain Calvary’ attachant mais fautif), ou par semer son bataillon sur la longueur démesurée et la diversité de sols de la tranchée, d’une ‘Philomena’ aux mœurs doowap indécentes à une ‘Anti-Summersong’ pour faire tourner en rond. (alr)

The Districts ‘A Flourish And A Spoil’ Fat Possum/Pias

C’était le 5 mai 2014 à Manchester, on allait jeter un œil au Old Blue Last, le club dans lequel on était supposés jouer le lendemain. On croise le producteur de la soirée, il nous laisse rentrer gratuit car ça joue à l’étage et qu’il faut remplir la salle. On monte et il n’y a pas foule, c’est vrai, vingt personnes, peut-être trente. Quatre jeunes mecs installent leur matos dans l’indifférence la plus totale, le « chef » de la bande porte un short découpé au ciseau, arbore une tignasse grasse et bouclée, il fait un petit peu ado attardé, c’est un ado attardé. Alors ce groupe se met à jouer, en se fichant pas mal du brouhaha ambiant, une charmante mancunienne harassée par la boisson s’en balance complètement, et la petite vingtaine de personnes restantes n’en est pas loin. Puis il y a nous, les quatre autres jeunes mecs qui se demandent qui joue ce soir, qui sont ces petits génies la vingtaine à peine entamée qui semblent encore avoir les raisons d’y croire. On lit sur un flyer qu’il s’agit du groupe The Districts, de Pennsylvanie. Et la rage qui sortait de la bouche de ce chanteur un peu plouc donnait envie de rentrer chez soi pour écrire un album entier dans la foulée. Car ce cri sentait l’amour des aînés - Sebadoh et tout le toutim, mais surtout l’envie de conquérir le monde, scène après scène, ville après ville. Je me souviens que le ‘Long Distance’ de leur précédent EP procurait mi frissons, mi larmes. ‘A Flourish And A Spoil’ ne retranscrira jamais l’énergie ressentie ce soir-là. Mais c’est un putain de bon disque, et ce monde, ils le conquerront. (am)

The Dodos ‘Individ’ Morr Music/Konkurrent

On peut se demander si tout n’a pas déjà été dit sur The Dodos. Entre le jeu de guitare virtuose et chirurgical de Meric Long et la frappe tribale et métronomique de Logan Kroeber, la musique s’est souvent régalée. En une décennie menée sans relâche, la formation de San Francisco a signé six albums et imprimé sa marque de fabrique sur des chansons en forme de grand 8 : des montagnes russes émotionnelles et mélodiques tatouées sur l’avant-bras du rock indépendant américain. Les neuf morceaux du dernier ‘Individ’ ne s’écartent pas de la trajectoire initiale. Le groupe poursuit ici son effort, creusant inlassablement le même sillon alternatif avec cette petite dose de folie douce et de mélancolie sauvageonne. Toujours excitant et séduisant, le duo californien replonge aux racines de sa formule (quelque part entre les albums ‘Beware of the Maniacs’ et ‘Visiter’), peaufinant le tableau, ajoutant des coups de pinceau, surlignant les contours et les nuances d’une œuvre artisanale, passionnante et jamais tape-à-l’œil. Si tout a déjà été écrit, on ne peut qu’insister : The Dodos apporte là une nouvelle pièce à conviction sans réel défaut de fabrication. C’est beau l’obstination. (na)

Eric Chenaux ‘Skullsplitter’ Constellation/Konkurrent

De cet Eric là, de ce Chenaux, on avait retenu l’irrépressible force à la fois rimbaldienne et troubadouresque, brandie face à la nuit canadienne interminable de l’hiver. Une âme prompte à tanguer, une voix à vous faire frémir l’échine, à vous faire chavirer sans crier gare, localisée dans les limbes quelque part entre Antony et Will Oldham. Une manière de jouer et de se jouer des cordes, faconde longuement éprouvée au cours de toutes ces années à arpenter les scènes en marge de Toronto avec ses camarades de la constellation Godspeed et autres. ‘Dull Lights’ marquait ses débuts pour Constellation tout en poursuivant une décennie déambulatoire en solo. Près de dix ans plus tard, il maintient intact son art et en peaufine les dimensions. Le disque s’ouvre sur ‘Have I Lost My Eyes?’, une élégie en forme de point d’interrogation. L’éponyme ‘Skullsplitter’ qui le suit après un interlude est d’une beauté phosphorescente, incandescente, tandis que l’appel au printemps qui tarde à venir (‘Spring Has Been A Long Time Coming’) constitue la pièce centrale. Chenaux détend et distend les cordes de ses guitares tout en ralentissant le cours de son chant jusqu’à le faire traîner. Plus loin, sur ‘Poor Time’, il recourt à la même technique, employant les sons générés par des micros de contact frottés sur des petits haut-parleurs, faisant sonner sa chanson comme si elle sortait d’une vieille Dansette. ‘Summer & Time’, qui clôt le disque, voit Chenaux appliquer des à-plats de lumière sur la surface évanescente du temps qui passe. Simplement magistral. (et)

Dutch Uncles ’O Shudder’ Memphis Industries

Plus connus pour ses oripeaux math rock du genre rocailleux, les Dutch Uncles prennent un virage pop gentillet pour leur quatrième sortie. Le hic, c’est que l’exercice s’accompagne de chansons aussi sympathiques qu’elles sont rapidement oubliées. Ça vogue entre deux eaux downtempo sur le ‘Babymaking’ d’entrée (il donne surtout envie de ne jamais devenir parent), avant de se prendre pour des LCD Soundsystem de village restés bloqués à la case Le DJing vu par A-Ha. Le reste est à l’avenant d’un roman de Guillaume Musso, c’est dire que rien ne dépasse, surtout pas des rythmiques contrôlées à s’endormir. Et le pire, c’est que ça ne sonne même pas moderne. (fv)

Bob Dylan ’Shadows In The Night’ Sony Music

Dans la décennie 2010, les disques de Bob Dylan, c’est un peu tout ou rien. Alors qu’en 2012, ‘The Tempest’ montrait la légende tellement vivace qu’on la croyait repartie pour une raclée d’albums aussi indispensables que les mythes de sa kilométrique discographie – entre ‘Blonde On Blonde’ et ‘Highway 61 Revisited’ – Robert Zimmermann a eu le curieuse idée d’abandonner l’écriture de ses propres chansons, histoire de revisiter le glorieux passé des standards du jazz et la chanson, génération 1950 et 1960. Le répertoire remis à l’honneur par le patriarche américain a pourtant de quoi réjouir, entre ‘I’m A Fool To Want You’ (Billie Holliday) et ‘The Night We Called It A Day’ (Chet Baker), sans compter une poignée de titres popularisés par Sinatra (Frankie, pas Nancy) et, ô surprise, une version anglophone des ‘Feuilles Mortes’ d’Yves Montand. Tout dieu vivant qu’il soit, et quitte à nous fâcher définitivement avec le cercle des anciens combattants, ça pue furieusement le déambulateur et le sonotone. (fv)

Echo Lake ‘Era’ No Pain In Pop/For ted Distribution

A couvert des grands axes, il s’agirait d’une surface plane et dense, capable d’absor-

ber deuils et griefs, aiguilles de pin résineux, rocs anthracite, tombereaux de fuchsias froissés, un miroir perméable aux crispations oculaires, poreux aux captations claniques. L’afflux en spasmes des ‘Waves’ engendrerait un complexe sérac, une niche prismatique pour les collectionneurs de lucioles ou pour les chasseurs de cerfs, instinctifs excursionnistes en quête du ‘Dröm’, vortex vers la Montagne Sacrée. En ces terres sylphes hélas, rien n’a le temps de prendre vraiment racine, ‘Nothings lasts’. Ils chercheront à tout prix à s’assoupir les épaules protégées de textures, ficeler leurs riffs drus et autres attrapeurs ornementés d’’Heavy Dreaming’ aux branches des mélèzes, mais après ce tourbillon ne perdurera de l’ ‘Era’ qu’une brise moirée, une libellule démesurément volatile, la sensation éphémère d’une libre lévitation. (alr)

Elder ‘Lore’ Stickman Records

Originaire du Massachussets, ce trio métal s’est forgé une belle réputation grâce à ses deux premiers albums. Il ne fait aucun doute que ‘Lore’ devrait lui permettre de gagner encore en popularité vu qu’il marque une progression marquée par rapport à ce que le groupe avait proposé jusqu’ici. Proposant un métal progressif psyché qu’il développe sur de longues compositions – seul un titre fait ici moins de 10 minutes, Elder affiche de plus en plus de maîtrise technique et de vision au niveau des structures. Chaque compo est une aventure en soi qui connaît des changements de structure complexes et subtils, avec des montées en puissance, des alternances entre passages heavy et d’autres plus calmes. A la différence d’autres groupes évoluant dans un registre similaire, Elder parvient à être technique sans être démonstratif et génère beaucoup d’émotions, notamment sur le très réussi ‘Compendium’. Du solide, donc ! (pf)

Enter Shikari ‘The Mindsweep’ Ambush Realit y/Pias

Actif depuis douze ans, Enter Shikari développe un discours politique engagé sur des albums audacieux associant influences métal, émocore et électro. Sur le nouvel al-

bum, l’ambiance est clairement à la désolation, comme le dit si bien le chanteur sur ‘Never let go of the microscope’ avec, en guise de confession, un ‘I’ve got a sinking feeling’ qui donne le ton. Cela se traduit tantôt par la rage, tantôt par des confessions déchirantes d’émotions, comme sur la superbe ballade désolée ‘Dear future historians’ , laquelle connaît toutefois sur la fin une petite envolée épique. Comme toujours, le groupe envoie le son avec des compos hybrides où les genres se mêlent les uns aux autres dans une tornade baroque de riffs et de beats. On aime beaucoup le rageur ‘The appeal and the mindsweep I’ ainsi que le cocktail électro rapcore de morceaux comme ‘The last garrison’ et ‘Anaestesist’. Par contre on regrettera le côté foutraque et pompier de certains titres où la superposition de couches sonores - du style émocore/progressif/ dubsteb - se révèle assez indigeste. Entre moments de grande inspiration et errances un peu pénibles, Enter Shikari propose un album qui ne parvient pas à convaincre totalement, en dépit de réelles qualités. (pf)

Michael Feuerstack ‘The Forgettable Truth’ For ward Music Group

Ancienne étoile en bois ou escargot qui s’est aventuré avec enthousiasme hors de sa Snailhouse, une chose est sûre : on affectionne l’artisanat sculpté par ce gentleman-là, sa façon classique mais ultra-sincère d’être ‘Receiver’ de vibrations à propager alentours sans jamais se tailler la part du lion, de faire des constats rassérénés contre lesquels se blottir: « All my life/ I needed more/ now I know I have it all. » De ces créateurs faussement tranquilles qui savent qu’on ne peut pas se brûler aux sensations magiques indéfiniment au risque de voir le masque ronger votre vérité première mais à qui il reste de précieuses allumettes au fond d’une poche. De ces méditatifs qui doivent mijoter dans la langueur pour exhaler tous leurs sucs. On n’est pas certaine cependant qu’il fraie à merveille avec ‘The Devil’, incongru et démembré à la hâte dans les beats mais qu’importe, pourvu qu’il ne lui dérobe pas ses autres fleurs, pourvu qu’il nous laisse nimbés de la chaleur diffuse d’une ‘Lamplight’ quelques semaines encore. « There’s no truth / that cannot sing/ to think up something / and let it ring. » (alr)

Fogh Depot ‘Fogh Depot’ Denovali/Sonic

On s’imagine un plan séquence. Une rue déserte la nuit à Moscou. Le froid impérial de l’hiver que renforce un vent qui balaye implacablement le sol, la suie urbaine qui s’incruste dans les cannelures des bâtis publics. Un ciel immense. Quelque part, à l’abri des éléments, des musiciens ont sorti leur instrument, ils forgent des sons stellaires, brillants comme une lune boréale. Il en ressort une musique ouatée hésitant entre jazz et quelque chose d’indéfini. Ils sont au nombre de trois. On sent chez eux l’acquis d’une éducation musicale classique maîtrisée mais laissée derrière sans remord. Ils voudraient rendre hommage à Monk (‘Dark Side Of The MOnk’) mais ressemblent davantage à Bohren & Der Club Of Gore ou à Hidden Orchestra. Ils s’essayent à une valse (‘Nevalyashka’), titillent le dub (‘Tattoo’), redonnent au trip-hop des élans (‘Mining’, ‘Sagittarius’) mais au final ce sont des atmosphères dont ils se jouent le mieux. (et)



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Earteam

François & The Atlas Mountains

Clarence Clarity ‘No Now’

‘L’Homme Tranquille’

Bella Union/Pias

Domino Records/V2

En juin 2013, François Marry et ses copains embarquent à bord d’un avion. Destination l’Afrique, le rêve, le mythe. Endroit mille fois fantasmé dans les chansons de François & The Atlas Mountains, le continent noir est alors à portée de mains. En mouvement entre Ouagadougou (Burkina Faso) et AddisAbeba (Ethiopie), le groupe confronte ses visions oniriques aux pratiques séculaires des musiciens locaux. Le temps de collaborations furtives et spontanées, guitares électriques et mélodies synthétiques volent à la rencontre du n’goni et du balafon. Accompagnée par Papa Djiga Boubacar, Luc Kyenbreogo et Sanou Darra, la formation française esquisse le portrait de ‘L’Homme Tranquille’ : un visage heureux et inconscient derrière lequel dansent quatre hymnes à la joie totalement désinhibés. Démarche impulsive, authentique et respectueuse de l’autre culture, ce nouvel E.P. témoigne de la vitalité d’un groupe véritablement habité par sa passion. Une affaire de cœur. (na)

Fùgù Mango ‘JuJu’ Pias

Fùgù Mango est un groupe que vous avez peut-être eu l’occasion de voir à Esperanzah ! où il a créé une jolie ambiance avec un set festif et ultra frais. Le voici désormais qui propose son premier (mini) album de 7 titres. Mis sur pied par deux anciens membres des Bikinians, ce groupe bruxellois propose une musique résolument pop et primesautière, aux mélodies chaloupées et entraînantes. Entre pop, rock indie et rythmes africains parfois rehaussés d’une touche de beats dansants, cette collection a le sens du rythme et séduit par son côté instantané et surprenant, notamment sur la reprise de ‘Golden brown’ des Stranglers, ici transfigurée par une approche afrobeat. ‘Mango chicks’, le plus électro ‘Kylie’s dream’ ou encore le très atmosphérique ‘Hoo dad’ sont trois autres très belles réussites d’un album produit avec brio par Reinhard Vanbergen (Das Pop). Quelque part entre Paul Simon, Peter Gabriel ou Vampire Weekend, Fùgù Mango dessine un univers personnel et séduisant auquel on ne peut que succomber ! (pf)

Robert G ‘Tu Peux Toujours Rêver’ Autoproduction

Robert G, pour Robert Gotto, de Silly, à côté de Ghislenghien, là où ça fait boum, quand votre cœur fait boum. Il y a déjà longtemps, d’ailleurs. Robert G, donc, écoute – c’est lui qui le dit –Trenet quand il se sent gai. Il n’a pas précisé s’il mettait y à gai. Parce qu’il est drôle Robert G, enfin il essaye. A sa manière. En se référençant souvent aux grands classiques de la pop française, en détournant leurs plus grands vers (Antoine, Le Forestier, sur le titre éponyme…) et en ne sachant pas très bien, en parfait amateur ingénu, quel style adopter : synthétisme cheap (‘Il Faut que Je Vous Dise’), style Olivia Ruiz (cette tentative de hit, ‘Ça fait longtemps’, 91 vues sur YouTube à l’heure actuelle), Gainsbourg percussionniste (‘C’est Etrange’) et même Erik Satie (‘Rue d’en Haut’). (lg)

Abstract funky hip-hop r’n’b power experioriental pop from Hell ? Pas mieux. Clarence Clarity n’a certes rien inventé, pas même son nom, emprunté à un meme internet. Musicalement, il récupère les cendres de Super_ Collider et les paillettes d’Ariel Pink. Mais il a le mérite de secouer le tout jusqu’à implosion TOTALE. Objectif : que plus rien ne survive à ses patchworks. Adieu au langage musical. Nytroglossérine. Attila Zéro-Hun. Étouffant fourre-tout où asphyxient Prince, Aphex Twin, Marilyn Manson et Funkadelic, ‘No Now’ est terrifiant, génial, ridicule, monumental, gratuit, hilarant, par quel bout qu’on le prenne. Vingt morceaux qui s’enfoncent en euxmêmes comme des trous noirs gigognes, sursignification sensorielle jusqu’au tournis, au dégoût, comme une recherche Google qui vomirait son trop-plein entre tes doigts, comme un iPod en random qui refuserait de se taire, de quitter tes pavillons. Clarence Clarity, c’est le cauchemar qu’Internet fait des hommes, le reflux gastrique combiné de Facebook, 4Chan et Pornhub, leurs déjections subconscientes et odorantes version Bollywood : une gerbe ininterrompue de Pepitos bleus par Princesse Celestia, une cascade de sperme (jusque Poitiers ?) de Pokemon Creepy Black, le masque bling-bling chamarré derrière lequel se cache Inglip. Me gusta. ‘No Now’, c’est l’urinoir de Duchamp après une nuit de débauche dans un bar de Dubaï. Prodigieuse arnaque de l’année ? Gageons qu’on en parlera encore dans trente ans : on n’aura pas fini d’en faire le tour. (ab)

Buckley. Depuis, près de sept années se sont écoulées. González a enregistré avec son groupe Junip, a tourné avec le String Theory Orchestra, a joué avec Tinariwen et a été récemment commissionné pour écrire des musiques pour le cinéma d’Hollywood. Ce nouvel album est né de l’impérieuse nécessité qu’il a ressenti à se retrouver seul avec lui-même, écrire dans la quiétude de sa solitude. Il clôt une trilogie initiée avec ‘Veneer’, son premier disque. Le geste est demeuré identique : des chansons claires, presque cristallines où seules sa voix et sa guitare trouvent à s’exprimer. Celle-ci n’est pas seulement un véhicule de cordes à pincer mais un corps sur lequel on tapote, un set de percussions à part entière. ‘Vestiges & Claws’ a pour thème ces pratiques culturelles qui nous survivent à travers les âges alors qu’elles ont perdu leurs fonctions originelles. Un recueil d’histoires à dire, à construire, écrites avec l’encre de fantômes éclairés faussement mélancoliques. (et)

John Grant with the BBC Philharmonic Orchestra ‘Live In Concert’

Noel Gallagher’s High Flying Birds ‘Chasing Yesterday’ Sour Mash/Pias

Quand il tenait le bar chez Oasis, Noel Gallagher passait son temps à pisser sur le jazz ou à boxer son frangin. Récemment, il est tombé sur un disque de Sun Ra : une révélation, un appel du ciel, une transfiguration. Pour le père Noel, cette rencontre a constitué un choc. À un moment, il a même songé se reconvertir, liquider ses 45 tours des Beatles, apprendre le saxophone et s’exiler à La Nouvelle-Orléans. Finalement, rien de tout ça. Trop fan de Manchester City pour quitter le pays, le musicien s’est contenté d’inviter un saxophoniste sur son nouvel album. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour lui ça veut dire beaucoup... Plus ouvert d’esprit, Noel Gallagher se réinvente progressivement en compagnie de ses High Flying Birds, des musiciens branchés Fender, Marshall ou Orange. Producteur de sa propre métamorphose, le frère (en) pétard assume l’ère post-Oasis avec une certaine décontraction, quelques bonnes chansons (‘Riverman’, ‘The Right Stuff’) et une inclinaison de plus en plus marquée pour le classic rock (‘Lock All The Doors’, ‘You Know We Can’t Go Back’). À côté d’un final héroïque en compagnie de la guitare de Johnny Marr (The Smiths), l’Anglais qui chante du nez trousse des mélodies profilées pour les stades de foot (‘In The Heat Of The Moment’) – Comment pourrait-il en être autrement ? Ce deuxième effort solo est, de loin, son meilleur. Comme toujours, Noel Gallagher fait tourner la machine. Pendant ce temps-là, chez Beady Eye, Liam a toujours les mains croisées derrière le dos. Ça doit commencer à lui faire mal (au cul). (na)

Gang Of Four ‘What Happens Next’ Gill Music/Membran Music

Il y a plus de 35 ans, Gang Of Four écrivait le futur. Même si je n’étais pas encore né, je peux aisément imaginer le choc esthétique que devait provoquer ‘Entertainment!’, ses guitares sulfureuses, ses beats et basses ethno-funk. La réédition (et le réenregistrement) d’une poignée de belles chansons sur ‘Return The Gift’ en 2005, parallèlement

à l’essor des Rapture et autres Radio 4 qui pourraient (devraient) citer le Gang comme influence première, propulsait les anglais dans le panthéon des dieux du rock à guitares. Et fermait en quelque sorte la parenthèse d’une carrière bien remplie. Mais le groupe, un peu têtu, décide de jouer les prolongations. Dans une ambiance mi-indus, mi-scifi, témoignant un engagement politique toujours intact, Gang Of Four se la joue Blade Runner sur un ton sérieux, rabâcheur et entre nous, assez chiant. Un peu penauds, on redescend sur terre, concluant que ces mecs sont des hommes comme tout le monde, comme nous. Des mecs qui ont vieilli. Des mecs avec des lunettes qui donnent des leçons. Et ce n’est pas un duo avec Alison Mosshart, elle aussi sur le retour, qui gommera leurs rides patentes. (am)

Geins’t Naït ’Je Vous Dis’ Ici D’Ailleurs/Pias

Il est de ces disques, non qu’ils soient mal fagotés ou honteux, où l’on se demande, écoute après essai, où les auteurs veulent en venir. Seconde collaboration du vétéran de la scène française post-indus Thierry Mérigout (alias Geins’t Naït) et du compositeur Laurent Petitgand (il a récemment signé la B.O. du remarquable ‘Sel De La Terre’ de Wim Wenders), ‘Je Vous Dis’ emprunte une trajectoire dark ambient alambiquée, voire gentillette. Certes d’une apaisante douceur, notamment quand le piano extirpe ses comptines aux allures, hélas, de billevesées, l’œuvre hésite tellement sur la direction stylistique qu’elle se prend les pieds dans le sable. Pas vraiment expérimentale, parfois un tantinet folk, quelquefois vaguement romantique, elle essaie tellement de se mêler à la conversation qu’à la fin du film, plus personne ne l’écoute. (fv)

José González ‘Vestiges & Claws’ Peacefrog Records/V2

De José González, on avait gardé en mémoire un air, un air de rien, un air de rien du tout. Tellement rien qu’il était tout. A la fois grave et aérien, ce ‘Killing for love’ portait en lui les germes d’une vie à venir, d’un chant à poser et à imposer. Pierre angulaire de l’album ‘In our nature’ il nous rappelait qu’il y avait un après Nick Drake, un après Tim

Bella Union/Pias

Fausse bonne idée particulièrement tendance depuis quelques années, l’enregistrement d’un album aux côtés d’un orchestre symphonique tient surtout de l’exercice d’équilibriste. Et à ce petit jeu, les prédispositions tant physiques que musicales de John Grant ne sautent pas aux yeux. Même si des structures plutôt classiques au piano et des cuivres un chouïa grandiloquents avaient largement contribué à la réussite de ses deux albums solo. Quelques secondes suffisent ici à balayer le scepticisme. Le temps pour l’ex-Czars et son nouveau backing band de se lancer dans un ‘It doesn’t matter to him’ tout en sobriété majestueuse. La suite de cette captation brute est du même acabit, dans un crescendo assez impressionnant tant au niveau de l’amplitude que de l’intensité des émotions. Car plutôt que d’étouffer les compositions les plus délicates ou de les enrober dans un sirop à haute teneur en glucose, les vents et les cuivres les aèrent et leur donnent un second souffle. L’élégance et la beauté sombre d’un titre comme ‘Marz’, par exemple, qui s’accommoderait mal d’arrangements trop oppressants, s’agrémente à merveille de violons sublimant la délicatesse de sa mélodie pianotée. Même chose pour ‘Pale Green Ghost’ qui convoque carrément Rachmaninov en introduction pour opérer la fusion avec les beats électro de la version originelle. Au final, avec sa voix armée pour régner sur tous les terrains, John Grant démontre surtout qu’il est un chanteur magnifique. Incarnant ses chansons avec une élégance et une classe insolentes, et malgré quelques longueurs à mi-parcours, il se révèle aussi crédible en diva qu’en moineau perdu sur sa branche. (gle)

Liam Hayes ‘Slurrup’ Fat Possum Records

Le disque estival d’hiver : Liam Hayes ne peut s’écouter qu’en short, torse nu, grillant de la viande de mouton, bière la main. D’une coolitude impressionnante, ces 33 minutes – son cinquième album de-


Andy Timmons 22/3

06/07

VILLAGERS THE NOTWIST WILL BUTLER

PURITY RING IBEYI

RATS ON RAFTS

MUSIC, ART

HYPNOTIC BRASS ENSEMBLE BRNS

motelmozaique.nl

THE STAVES LAPSLEY KATE TEMPEST LOW ROAR YUMI ZOUMA

BC CAMPLIGHT

& PERFORMANCE

FESTIVAL

THE DISTRICTS 10 – 11 april 2015 rotterdam


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Earteam

puis 1998 – défilent comme à la plage sous un parasol vintage (les glameries power pop seventies ‘One Way Out’, ‘Get It Right’, ‘Outhouse’), se foutant un peu de ton slip de bain entre deux âges (‘Theme From Mindball’, ‘Channel 44’, interludes borborygmes inutiles), prêtes à t’arracher une larme de caïman sur une ballade de traviole (‘August Fourteen’) ou à t’envoyer te chatouiller le coccyx sur un hymne garage déclassé, complètement sinoque (‘Fokus’). Quasiment irrésistible. (lg)

Jenny In Cage ‘The Perfect Side Of Nonsense’ Autoproduction

Formé en 2008, ce combo parisien a connu un départ de rêve ponctué par la sortie d’un premier album on ne peut plus respectable avant de connaître une traversée du désert liée notamment au départ de l’essentiel des membres du groupe. Alors que le groupe aurait pu disparaître purement et simplement, le chanteur, Pascal s’est accroché, a recruté de nouveau membres tout en récoltant les fonds nécessaires pour un nouvel album par le biais d’un site de financement participatif. ‘The Perfect Side Of Nonsense’ est donc le fruit d’un combat de longue haleine mais l’attente en valait la peine puisque l’ensemble est de belle facture. Proposant un rock indie d’essence pop rappelant par moments des groupes comme Placebo ou les Smashing Pumpkins, Jenny In Cage affiche un joli talent au niveau de la composition et de la variété, alternant titres clairement rock et d’autres nettement pop. Je suis surtout sensibles aux titres plus rock, comme par exemple les plus rugueux ‘Toy of a boy’ et ‘God(s)’. Une belle note aussi pour le très catchy ‘City of white houses’. (pf)

Jessica 93 ‘Rise’ Teenage Menopause

dDASH

‘Hyperactive Jerk’ Tsunami Addiction

Je ne sais pas si j’ai vraiment quelque chose à vous apprendre sur Jessica 93. Son ASV a été dévoilé sur tous les réseaux sociaux, et son dernier ‘skeud’ a squatté à peu près tous les tops de fin d’année des médias français qui se respectent. Des bruits de couloir parleraient même d’une candidature à l’Eurovision avec Christine & The Queens. Du jamais vu !Vous savez aussi que c’est le mec de gauche sur la pochette, celui qui fait tout le temps des fuck sur les photos, peut-être pour montrer que c’est un dur à cuire. Et si vous êtes allés plus loin, vous savez qu’il donne dans le revival nirvanesque mélangé aux moments les plus cold de Cure. Hasard ou pas, Jessica (Geoffroy Laporte à la ville) ressemblerait furieusement à Fat Rob avec un brin de rouge à lèvres. Faudrait tester. Tout ça pour dire, comme tout le monde, que ‘Rise’ est un disque ultra dark, brut de décoffrage, où les boîtes à rythmes martèlent sans interruption tandis qu’une voix fragile tente désespérément d’émerger d’un déluge de guitares qui file le tournis. Un disque qui sollicite presque tous nos sens : on voit des images troubles d’un squat, on sent l’odeur du houblon séché, du tabac froid, on entend le bruit subtil d’un acouphène après une nuit dans une cave misérable qui aurait eu raison de nous. Si dDASH, le pote de Jessica 93, doit fréquenter le même genre de soirée un peu glauques, il nous remet son en-cas du soir de manière plus douce et sensible.

Diagrams ‘Chromatics’ Full Time Hobby/Pias

« The world isn’t waiting for us anymore / not like when we were young ». Hey, gentle genius, « be good to yourself » et connectons-nous sur les ondulations de ton secteur! De l’abstraction nostalgique jusqu’en plein cœur, l’équation ne comporte d’ailleurs guère d’erreurs : on te pardonnera ‘You Can Talk To Me’ que même Simon & Garfunkel auraient troqué contre un chaton moins mignonnet. ‘Black Light’ était cette vitrine joyeuse bruissante d’arrangements, témoignage de ton aptitude à faire galoper les gambettes bondissantes d’une ‘Antelope’ à la virtuosité technique. Nulle obligation ici de bâtir d’aussi ‘Tall Buildings’ si tu continues à faire clignoter à ta manière le prisme bigarré de la mélodie pop : ‘Gentle Morning Song’ brandit de façon irrésistible et confuse l’or, l’argent et le bronze des vaincus, ‘Shapes’ répands le sable psyché-mouvant hors de la bouteille, ‘Desolation’ agite chaque molécule et ‘The Light and The Noise’, lava lamp branchée sur la prise Fab Four multiplie l’attraction en fractales. C’est le deuxième round, et je transite de ton abaque à tes lézardes. De tes beats à tes sentiments sur béquilles. Et tu brilles subtilement, avec cette ingénuité tendre et trébuchante qu’on te connaissait chez Tunng et cette fascination geek pour les épiphénomènes magnétiques. (alr)

Alors oui, ça sature quand même de toute part, ça hurle à peu près une fois sur deux, mais ‘Hyperactive Jerk’ à côté de ‘Rise’ ressemblerait presque à une partie de roi dans les barres sur la pause de dix heures. ‘Prostitutes’, single quasiment ironique, ‘Sue Me Girl’ ou ‘Shiny Day’, affichent même de mignonnes petites voix angéliques. On y décèle une émotion presque innocente. Du reste, on trouvera essentiellement dans ‘Hyperactive Jerk’ des relents post-hardcore, mais surtout de l’indie rêche mais bariolé dans une ambiance clairement orientée détente. Le fun. Soutien total pour cette belle bande de crack(o)s. (am)

Axel Krygier ‘Hombre De Piedra’ Crammed Discs

S’il reste bien un label à la ligne éditoriale forte, après 35 années d’existence, c’est Crammed Discs. Le fameux logo ne ment toujours pas : c’est la promesse d’un truc de weirdos. Certes, tout n’est pas à chaque fois aussi siphonné que Skip & Die, mais avec celle nouvelle référence, la déraison reste au menu : Krygier, né à Buenos Aires l’année érotique, entend raconter l’histoire d’un bigfoot qui remonte l’humanité, de la caverne de Lascaux au smartphone, right here, right now. ‘Hombre De Piedra’ part donc dans tous les sens, des rythmes latins aux claviers les plus Animal Collective, mêlant groove, voix pitchées, spoken word, cuivres, mellotron, guitares gipsy (king), congas, clarinette… Pour plus de compréhension, les textes en espagnol sont traduits en anglais dans le livret. Ainsi dans ‘Marineto’, vers la fin, il faut entendre : « dear passengers, we are entering an area of strong turbulence / please return to your seats / fasten your seat belts ». Oh yeah, c’est (re)parti mon ‘Mosquito’. (lg)

La Jungle ‘La Jungle’ Rockerill-Dewane-Kink y Star Records

Dans la cité du Doudou, un duo tout feu tout flamme arrache la queue du dragon sans les mains et publie un énorme album avec trois fois rien. Une guitare, une batterie. La formule est rudimentaire, connue, mais La Jungle l’exploite comme si c’était la dernière fois. Comme si tout allait exploser. Comme si les martiens allaient débarquer et, que

d’une façon ou d’une autre, il allait bien falloir leur expliquer de quel bois on se chauffe sur notre pauvre planète. Grondements de tambours, ponçages de cymbales et percussions taillées à la machette culbutent ici des riffs répétitifs, hypnotiques, dégainés en pleine montée sous des stroboscopes complètement détraqués. Chez La Jungle, les effusions noise éclaboussent le dancefloor pendant que le krautrock galoche l’électro dans les toilettes. Viscéral, sale, sauvage et excitant, le disque de La Jungle se joue en cinq chapitres : des incitations à la transe, au trip tribal, aux farandoles sous alcool. Expérience instrumentale perforée de râles fiévreux, cette première sortie transpire la sueur lo-fi et l’amour du rock indépendant. (na)

Mark Lanegan Band ‘A Thousand Miles Of Midnight: Phantom Radio Remixes’ Heavenly Records/Pias

Une poignée de mois à peine après sa sortie, ‘Phantom Radio’ nous est proposé dans une version remixée à l’initiative de Mark Lanegan qui estimait que les compos de son dernier opus se prêtaient fort bien à pareil exercice. Mark ayant fait appel aux services d’experts en la matière, le résultat est évidemment brillant. Ce qui impressionne tout particulièrement, c’est que la collection proposée iaffiche deux qualités rares dans le domaine des albums de remixes. D’une part, l’ensemble affiche une jolie cohésion et s’écoute intégralement sans avoir l’impression d’être un patchwork disparate, et d’autre part, chaque artiste invité démontre qu’il comprend totalement l’univers de Mark, de sorte que les versions bis respectent l’essence de l’original. Si les quatorze plages sont d’excellente facture, on a cependant envie de mettre en avant quelques réussites particulièrement marquantes comme par exemple ‘The killing season’ que UNKLE rend encore plus épique que l’original, la version psyché et cosmique de ‘No bells on Sunday’ concoctée par un Moon Gangs en meilleure forme que jamais ou encore la lecture ulra doom de ‘Walzing in blue’ délivrée par Earth. Et puis on doit bien dire qu’on n’est pas un peu fier de retrouver les belges de Magnus qui s’attaquent à ‘Harvest home’ dont ils

proposent une version assez pop guère éloignée du Depeche Mode de la grande époque. Du tout bon ! (pf)

Låpsley ‘Understudy EP’ XL Recordings

Excitation 2.0 oblige, Holly Lapsley Fletcher est passée en quelques mois du statut de phénomène en gestation de l’électro-soul british à celui de starlette en layette. Et on pourrait balayer l’affaire d’un revers de la main, en en faisant par exemple l’héritière putative de n’importe quelle chanteuse soul britannique un peu blonde. Mais ça ne serait juste pour personne. Pour ses parents d’abord, qui lui ont inculqué une culture musicale presque parfaite, entre Kraftwerk, Bjork, Kate Bush, Depeche Mode et Joy Division. Et pour l’intéressée dont l’indéniable personnalité l’écarte d’un cahier des charges où l’empilement des structures primerait sur le fond et les émotions. Sur cet EP 4 titres, en solo, en duo ou en trio avec sa propre voix, le chant de la liverpuldienne joue avec les silences et les respirations et se laisse envelopper dans les sonorités d’une soul aussi viscérale qu’exigeante. A confirmer sur la longueur et la durée. (gle)

Last Harbour ‘Caul’ Gizeh Records

Le disque s’ouvre sur un prélude abattu. Très vite, il cède la place à de véritables chansons denses et sombres où la lamentation n’est jamais très loin. On pense instinctivement à Tindersticks, à Stuart Staples plus exactement dont le chant est parent. On songe aussi à Nick Cave dans la façon dont les mélodies évoluent, progressent entre tension graduelle et couches de noir. Vers la fin, c’est l’âme de Leonard Cohen qui plane au-dessus et les imprègne. Ce combo de Manchester porte le spleen de sa ville avec élégance et avec un certain raffinement dans les couleurs foncées. Le recours au violon à quelques endroits et davantage encore à un chœur féminin sur nombre de morceaux parfont le portrait. On est ici face à une œuvre saturnienne qui s’assume comme telle. (et)

Luce ‘Chaud’ Tôt ou Tard/Pias

La grosse Luce a maigri et ça lui va pas mal. Il paraît aussi qu’elle s’est fait tatouer un crocus au creux de l’épaule mais on s’en fout. Ce qu’on sait surtout, c’est qu’elle a changé de crémerie (Sony pour Tôt ou Tard), qu’elle revient avec ‘Le Feu Au Cul’, pimpon pimpon (sic), et que – oh, surprise – sur trois ou quatre titres, ça tient parfaitement la route rayon pop dans la culotte, style électronique comique à la Yelle ; écouter ‘Chaussures’ et comprendre. Ou ‘Chat Doux’ et ses miaulements. L’affaire, encore une fois, est essentiellement taillée par l’inénarrable Matthieu Boogaerts et ça s’entend toujours autant. Nettement moins dégueu que ce à quoi on s’attendait. (lg)

Mad Dog Loose ‘Signs From The Lighthouse’ 62 T V Records/ Pias

Comme un cocker crotté récalcitrant à l’idée d’une promenade dans un square aux buis millimétrés, comme un ‘Friday Child’ piquant, le zinneke avait pris la tangente, et son timbre à la laisse relâchée en travers de la poitrine et arrivederci tchao, Tom-qu’importeoù-souffle-le-vent, Rudy-bécote-mon-jazz,


A/T/O/S

ou Steph-Jintro-de-la-lune, on s’reverra dans d’autres stratosphères. Birdmen un temps, il n’en fait toujours qu’à sa nonchalante patte, marque son territoire d’un tambourin velvetien au ‘Western Corner’, charge B. Plouvier de truffer le quartier de drôles d’arpèges scoubidous de ‘Different Colours’ et flaire continûment la voie buissonnière vers cette friche d’Anvers anachronique où un harmonica piqué à Dylan peut faire germer des riffs déglingos à la Pavement. Pas franchement pur pedigree mais pas complètement corniaud malgré quelques ‘Dangerous Liaisons’, Mad Dog Loose reste ce bon cabot qui, un jour prochain, pourrait vous donner l’impulsion de sauter dans les flaques, chaussé de Doc Martens violettes. (alr)

Dan Mangan + Blacksmith ‘Club Meds’ Cit y Slang/Konkurrent

On perçoit toujours chez lui cette cadence légère d’avant, celle d’une chorégraphie chaleureuse qui faisait rougir les érables, permutait les rondins des cabanes à sucre. Mais désormais, ses préoccupations sont plus composées, tranchantes, en lamelles texturées. « It takes a village to raise a fool » et mutant, il a confié à des ailiers assurés, à de solides forgerons à l’œil pers le soin exigeant des ossatures, de l’acier, des arcs. Des boucles. Sous ses tempes ses mots s’affrontent, ne tiennent plus entièrement dans les cases, quelle vision le pousse depuis qu’il respire sous alarme? De quel message cryptique est-il devenu la noble et fougueuse caravelle? Cette nuit, au ‘Club Meds’ ingurgitera-t-il quelques pilules âcres, pour oublier qu’il évolue dans un théâtre d’opinions, où se superposent puis s’évanouissent tous les obsédants échos du monde ? « Dress that shit up with Novocain/ Novocain » ! Ou préférera-t-il une vie balagan, mille éclats de culpabilité robotique assénés à la seconde? « Gone is the gray / The end of the thunder. » : dévêtu, gémissant, giflé de trompettes, il sait que le pire est peut-être derrière lui. « It takes a village to raise a fool » et celui-là a fait matière de sa langue, changé d’atours, sans jamais s’oublier au creux du chaos. (alr)

Manyfingers ‘The Spectacular Nowhere’ Ici d’ailleurs/Dense

Manyfingers est le nouveau nom de combat de Chris Cole, un musicien originaire de Bristol qui a officié aux côtés de Matt Elliott et de Third Eye Foundation. Sans doute en a t-il tiré là un enseignement utile pour échafauder des compositions discrètes en apparence mais solides dans leur assise orchestrée. ‘The Spectacular Nowhere’ est déjà son troisième album et le premier pour le label nancéien Ici d’ailleurs. Il sort après une période de jachère de plusieurs années mais consolide le statut de Cole en tant que compositeur multi-instrumentaliste crédible. Sur la grosse douzaine de morceaux alignés, il n’y a en effet rien à jeter, rien à éviter, chacun évolue dans sa propre sphère, entre amertume et aménité. Cole rend ici hommage à Moondog dans cette ‘Ode to Louis Thomas Hardin’ tonifiante qui ouvre le disque, à Reich et à Glass dont l’influence est patente à certains moments, mais aussi à Portishead en partageant la même origine géographique. Utilement épaulé par David

Callahan (Moonshake) au chant, il lui arrive également de développer de véritables chansons comme ‘70’, ‘It’s All Become Hysterical’ ou cette intrigante ‘From Madam Hilda Soarez’ déclinée en forme de missive testamentaire. (et)

The Marshals ‘AYMF Session’ Freemount Records

Les Marshals sont un petit groupe de bluesrock racé Hendrix originaire de Moulins, dans le Bourbonnais. ‘AYMF Session’ est ce que l’on pourrait appeler un ‘ bon petit disque classique et bien produit’. On se dit qu’avec cet objet sous le bras, on arriverait certainement à décrocher un sourire au serveur du Booz’n Blues. Avec un gros coup de bol, on obtiendrait peut-être même quelques palabres. Les habitués des lieux jugeront avec aise qu’il s’agit d’une performance en soi et, par conséquent, d’un a priori positif. (am)

Scott Matthew ‘This Here Defeat’ Glit terhouse Records/V2

« Here we go again / you blindly rid me of your kisses », c’est un homme à barbe qui, alangui sur la plus baroque bergère de brocart chair de son ‘Palace of Tears’, a côtoyé tous stigmates sanguinolents les cercles de Dante, a laissé le corbeau d’Edgar Allan Poe faire sienne la conquête de la toison et Woodkid goûter au festin nu à même le palpitant. C’est un joyau de céroplastie, une ‘Effigy’ à l’affliction viscérale, un tremblement doré propulsé sur la ‘Skyline’, une complainte cousue sur les paupières garance des nuages. Et davantage que celui d’une drama queen racée terrassée avant même l’aube d’un champ de bataille, tour à tour âme à embrasement véloce, victime expiatoire à arracher au cataclysme imminent, ou Saint-Sébastien vaudou transpercé de trop de cris d’alarme, on préférera maintenir vivace le souvenir d’un Scottie plus ‘Bittersweet’ dans la bande-son du puissamment lumineux, émouvant et sensuel ‘Shortbus’ de John Cameron Mitchell. (alr)

Mister and Mississipi ‘We Only Part to Meet Again’ V2

« So long, farewell, auf Wiedersehen, good night », je ne resterai guère plus longuement dans ton phare folk sur le rivage, même si tu me verses une rasade supplémentaire de ce ‘Southern Comfort’ sans relief dont tu gratifies tes hôtes de marque. Ma bonne éducation m’a contraint à me mirer méticuleusement dans tes parquets trop propres, à m’assoupir dans tes méridiennes bien molles et ta ‘Song For The Quiet Ones’, espérant secrètement qu’en dénichant ‘Where The Wild Thing Grow’, ça décoifferait plus énergiquement entre les anglaises. Il faut croire que dans ta couveuse de jeunes pousses d’Utrecht, on apprend à piailler émotionnellement mais jamais de travers, à n’être ‘Shapeshifter’ qu’en courbes et langueurs. Tu prétends qu’on ne prend congé que pour mieux se retrouver, mais pour l’heure, tu m’excuseras, j’ai prévu quelques brasses plus vigoureuses. (alr)

Monophona ‘Blackonblack’ Kapitän Plat te

Concession à l’air du temps, Monophona marie electronica et égérie folk. Sylvan Esso, vous dites ? Non sans une certaine

atmosphère plus glauque, plus house downtempo des bas-fonds. Des formes insectoïdes indéfinies rampent parmi les feuilles dans les gouttières. Aux claviers, Chook suinte d’un mal-être luxembourgeois à l’abstraction steam-punk : à la fois trip-hop, house et cold-wave, il fusionne précision cinématographique et malaise diffus. Radiographie d’un monde analogique. Claudine Muno joue dans Monophona le rôle du glaçon dans le whisky : elle adoucit et dilue la dose. Autrement dit, elle gâche tout le plaisir. Clone irritant de Cœur De Pirate, elle transforme le goudron qu’elle touche en sirop de Liège, en clignements de cils affectés, en octaves inutiles. Marre de cette soumission aux diktats de la gagaterie féminine : que sont nos Nina Hagen, nos Diamanda Galas devenues ? Que signifie cette préciosité chichitante et aiguë sinon cette volonté de faire de la musique de fifille pour fifilles ? Monophona est une minauderie sympathique, mais une minauderie tout de même. La preuve, douloureuse : le groupe est tout de suite meilleur quand Claudine verse dans les graves. Où quand, simplement, elle ferme sa gueule. (ab)

Motorama ‘Poverty‘ Talitres

Il y aurait quelque chose de tectonique dans l’évolution de Motorama. Quelque chose de lent et souterrain, difficilement appréciable à première écoute, mais qui bougerait pourtant, insensiblement. Sans doute trop insensiblement. Sur ce troisième album, l’axe Manchester-Bristol, cold wave/twee pop made in Sarah Records, tient plus que jamais. Guitares carillonnantes, rythmique minimaliste et motorik, chant naïf et diaphane, claviers flottants, atmosphériques et aigrelets : on retrouve à quelques nuances près cette recette éculée et le côté monolithique qui pouvait freiner notre enthousiasme à l’écoute de ‘Calendar’. Avec la même sensualité joviale et la même souplesse d’exécution que Ian Curtis lorsqu’il travaillait sur sa chaîne de montage, le groupe réplique sa petite factory de climats doux-amers teinté de romantisme slave. Pour accoucher d’un nouveau manifeste du psychorigide et de l’application dans l’art délicat de la séduction cold-pop. Et on aimerait tant qu’ils soient un tant soit peu énervés ou même juste un peu exaspérés - qu’on leur parle sans cesse de Joy Division, de The Wake, et de tant d’autres. Et qu’ils se lâchent un peu, durcissent le ton et arrêtent de jouer aux premiers de classe. Bref qu’ils soient davantage iconoclastes et audacieux. Ou qu’ils s’adjoignent les services du petit-fils de Martin Hannett. Sans quoi ça va dangereusement sentir le cul-de-sac. Mais c’est peut-être moins une question d’envie que de capacité. D’où l’inévitable question, jusqu’ici refoulée : et si ce groupe manquait tout simplement de talent ? (gle)

Yael Naim ‘Older’ Tôt ou Tard/Pias

Plus vieille et jamais aussi chiante : sainte-cougar, depuis quand n’avait-on plus entendu un disque aussi prouteproute que celui-ci ? C’est quasiment insupportable d’un bout à l’autre. Seul Jali – cet intellectuel à casquette –, à

28.02 La Ferme Festival - Louvain-La-Neuve 21.03 Elysee Nights - Oostende 18.04 More Music - Bruges

CHANTAL ACDA

28.02 De Studio - Anvers 28.03 Trefpunt - Gand 02.04 De Buren - Bruxelles

FATHER JOHN MISTY + KIERAN LEONARD

04.03 Botanique - Bruxelles

RAKETKANON

07.03 12.03 17.03 27.03 28.03 29.03 04.04 10.04 25.04

L’Entrepôt - Arlon Botanique - Bruxelles Het Depot - Louvain De Kreun - Kortrijk MOD - Hasselt Vooruit - Gand L’Atelier Rock - Huy Nijdrop - Opwijk Pacrock - Pont-A-Celles

CARIBOU + KORELESS

10.03 AB - Bruxelles (SOLD OUT)

JOSÉ GONZALEZ + ÓLÖF ARNALDS

16.03 Cirque Royal - Bruxelles

RONIIA

16.03 Café Video - Gand

BRIQUEVILLE

19.03 26.03 28.03 28.04

Nijdrop - Opwijk Democrazy @ KERK - Gand MOD - Hasselt STUK - Louvain

MADENSUYU

20.03 Joy, Tears and Sorrow - Mechelen 25.04 Pacrock - Pont-A-Celles

RAPE BLOSSOMS

20.03 Joy, Tears and Sorrow - Mechelen

HANNAH COHEN

27.03 Botanique - Bruxelles

VALGEIR SIGURĐSSON

28.03 Het Kruitmagazijn - Ieper

THE KVB

10.04 Cactus Club - Bruges

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

12.04 Silence Is Sexy @ AB - Bruxelles

MARCO Z

16.04 24.04 12.05 22.05

AB Club - Bruxelles Cactus Club - Bruges Het Depot - Louvain MOD - Hasselt

THE NOTWIST

17.04 More Music - Bruges

SCARLETT O’HANNA

17.04 More Music - Bruges

THE TWILIGHT SAD

18.04 L’Entrepot - Arlon

K-X-P

18.04 Het Bos - Anvers

XYLOURIS WHITE

ck Emperor d You! Bla + Godspee

29.04 Cirque Royal - Bruxelles

SHE KEEPS BEES

02.05 Les Aralunaires - Arlon 03.05 Cactus Club - Bruges 17.05 MOD - Hasselt

WAND

13.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles

NILS FRAHM

16.05 HA’Fest - Gand (SOLD OUT) 19.07 Dour Festival - Dour

STEVE GUNN

17.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles 26.05 MOD - Hasselt

KEVIN MORBY

17.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles 24.05 Charlatan - Gand more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be


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Earteam

l’aveugle, se serait retourné là-dessus. Maniérée jusqu’au fond de l’œsophage, Yael Naim semble se prendre très au sérieux et rate tout ce qu’elle entreprend : ce ‘Coward’ quasi liturgique, ces pop songs ampoulées où elle miaule comme une gamine qui a de la voix, cette ridicule tentative de sonner comme une chanteuse de blueeyed soul sixties à la Kiki Dee (‘Trapped’, pathétique). Aucune émotion là-dedans. 2/10, pour la pochette seulement. (lg)

Natas Loves You ‘Natas Loves You’ Cinq 7/Pias

Et zou, encore un disque pour rien. Ou draguer des gamines en festival. Et faire plouf. Les cinq Natas Loves You se seraient rencontrés sur les bancs du lycée, au Luxembourg. Comme c’est triste Luxembourg, ils s’inventent un destin : réécrire l’histoire de l’électro-pop, en devenir les nouveaux ‘Kids’ (chromatiquement, la référence à la pochette du premier MGMT est flagrante) à grands coups de synthés tapotés avec des gros doigts de boucher. L’affaire tient la route, c’est pas ça, c’est juste que des sous-Metronomy nourris au hip-hop mainstream, il s’en présente dix par semaine. A vrai dire, il n’y a guère que ‘Scarlett Brown’ pour faire tiquer, espèce de disco pop baroque au gimmick irrésistible. Là, les désormais Parisiens tiennent un fameux morceau où leurs influences sixties revendiquées (The Zombies) trouvent enfin un écho à nos oreilles. Pour le reste, comme chante si bien Katerine, bla et blablabla. (lg)

New Rising Sun ‘We’re All Coming Home’ N’y allons pas par quatre chemins, New Rising Sun ne sera probablement jamais un groupe essentiel. Et si ce troisième essai du combo anversois ne risque pas de changer la donne, il mérite davantage qu’une oreille polie. A l’image d’un titre comme ‘Sad Sad World’ sur lequel la formation démontre qu’elle vaut probablement mieux que son statut - ici revendiqué - de Bad Seeds de deuxième division. Car le songwriting de Dries Bongaerts manque moins de talent que de singularité, sa tendance à singer autant Nick Cave que Dylan ou Waits confinant souvent à l’autodestruction. Des guitares bluesy, un violon pudique, quelques percussions discrètes et les inévitables harmonica et banjo de service dressent une atmosphère douce-amère propice à raconter de belles histoires. Toute la force de ce ‘We’re All Coming Home’ est là, recueillie dans ces morceaux aussi bruts que travaillés qui imposent un son viscéral jamais lourdingue et soutenu par une voix pleine de force, de caractère et de vécu. (gle)

Nneka ‘My Fairy Tales’ Bushqueen Music

Dix ans d’existence et quatrième album pour l’artiste germano-nigérienne et toujours pas une once de second degré. Nneka vit son multiculturalisme dans la lumière et c’est bien comme ça. Chez elle, le reggae sonne comme du reggae, le r’n’b comme du r’n’b et la soul comme de la soul. Bien que moderne, pas l’ombre du moindre postmodernisme à la M.I.A. sur ‘My Fairy Tales’. Si ce sont là ses limites, c’est également sa principale qualité. Nneka ne cache rien, ne ment pas, se dévoile toujours. Quitte à tourner en rond, à répéter sa gloire passée, à bégayer telle Manu Chao. Citoyen du

H-Burns ‘Night Moves’ Vietnam/Because

Il y a deux ans, le magazine So Foot montait le label Vietnam pour défendre la cause (perdue) de Renaud Brustlein et lui offrir la possibilité de sortir son quatrième disque sous l’alias H-Burns, l’inusable ‘Off The Map’, avec ses classiques instantanés, bijoux d’une indie pop américanophile sous haute influence The Walkmen, enregistré chez le sauvage Albini, à Chicago, l’hiver. Aujourd’hui, comme à chaque album, la principale figure tutélaire change mais la qualité reste. ‘Night Moves’, dès ‘Nowhere To Be’, très The War On Drugs, cloue le cul : les titres défilent, stupéfiants, et on reste sidéré, la gueule grande ouverte – si seulement il y avait un mot plus fort – par le talent de songwriter du Drômois, par sa capacité à enquiller des pépites qu’on a l’impression d’avoir déjà écouté mille fois, d’avoir déjà emmené partout, sur les routes, vers le soleil et la mélancolie inhérente au trop plein de chaleur. Plus calme, lumineux, propre, serein et maîtrisé, west coast donc, que ‘Off The Map’, ‘Night Moves’ est le fruit d’une collaboration avec Rob Schnapf (qui a œuvré pour Beck, Elliott Smith,…) et dévoile un Brustlein traumatisé par les derniers The National (l’énorme titre éponyme, tellement meilleur que les récents originaux). Preuve supplémentaire du bon goût du gaillard : on peut trouver sur internet toute une série de reprises inspirées, de Cat Power (‘The Greastest’) à, tiens, tiens, la fratrie Dessner (‘Bloodbuzz Ohio’). Très, très impressionnant. (lg)

positif mis en place précédemment : une pop transcontinentale et sans œillère, dopée d’une soul lunaire et de percussions ancestrales. Entre l’Afrique et l’Occident, Petite Noir ne tranche jamais totalement. Dès l’entrée en matière (‘Come Inside’), les guitares tracent dans la savane et les tambours de Johannesburg battent la mesure d’un gospel cosmique. Dans un autre registre, ‘Chess’ emmène les premiers disques de U2 dans un safari irréel et vaporeux : un paysage traversé d’éléphants détendus et de zèbres aux rayures élastiques. Repensant délicatement la coldwave, Petite Noir sautille également sur des cases synthétiques, histoire de faire la nique aux efforts solitaires de Kele Okereke (Bloc Party). Bourré de promesses, ‘The King Of Anxiety’ vend du rêve et s’expose au risque des désillusions. Petite Noir peutil sortir un Grande Disque ? C’est maintenant toute la question. (na)

Public Service Broadcasting ‘The Race For Space’

monde ok, mais promotion Neckermann. Pour les quelques fanatiques de reggae qui ne connaîtraient pas Nneka, la pilule peut passer sans amertume. Pour les autres, ‘No Longer At Ease’ restera le disque de la consécration. (ab)

The Notwist ‘The Messier Objects’ Alien Transistor/Konkurrent

Au départ conçus pour permettre à des documentaires, films, émissions radio et autres pièces de théâtre de bénéficier d’un habillage sonore décent sans obligatoirement recourir à Morricone, les albums de library music sont des mines d’or inépuisables pour les chercheurs de boucles et les esthètes sonores de tout poil. Rien d’étonnant donc à ce que les frères Acher et leur compère Martin « Corbier » Gretschmann soient des passionnés de ces piécettes instrumentales très ramassées qui plantent rapidement une ambiance et un décor. Et dans un premier temps, c’est d’ailleurs la frustration qui domine à l’écoute de ces dix-sept objects sur lesquels la messe est généralement dite en deux petites minutes. Car ces saynètes numérotées ressemblent à s’y méprendre à des bouts de maquettes de ce qui auraient pu devenir sur la longueur de véritables morceaux des Notwist. Entre esquisses d’amorces rythmiques, ébauches de loops synthétiques, samples et bruitages vite remerciés, chaque plage tourne au coïtus interruptus. Seule pièce excédant les dix minutes, ‘Das Spiel Ist Aus’ accentue encore la frustration, enroulant le chant spectral de Jordan Dalrymple et de Doseone (membres éminents du collectif Anticon) en un mantra hypnotique qui permettra à bien des moines bouddhistes hyperactifs d’entrer en méditation. (gle)

Onom Agemo & The Disco Jumpers ‘Cranes & Carpets’ Agogo Records

Rayon groove mammouth et psychédélisme africain, il y a les originaux – le vivier semble inépuisable et on redécouvre des petits génies tous les jours (mince, cette nouvelle réédition de Francis Bebey chez Born Bad Records) – et les moines copistes, parfois très bons. Comme ce groupe berlinois emmené par Johannes Schleiermacher, saxophoniste fou et globe-trotter, qui, on mettrait

sa main au feu après y avoir jeté de l’huile, vendrait sa mère pour choper des inédits de Getatchew Mekurya ou William Onyeabor. Ces huit titres en sont la preuve. Certains, surtout écoutés au casque, très fort, rendent complètement marteau : les dix minutes de ‘Espace Cultural’, trip colossal maboul, ou encore l’à peine moins long mais foutrement transcendantal ‘Issawa’, seul titre chanté (par l’Ismael Orchestra of Meknes). Zinzin. (lg)

Esmé Patterson ’Woman To Woman’ Greater Than Collective

Dans un monde ultra fréquenté, les filles en quête d’un Graal country folk, Esmé Patterson a déjà (presque) tout d’une grande, en dépit d’une discographie des plus restreintes. Deuxième essai seulement de la songwriter de Denver, Colorado, ‘Woman To Woman’ montre qu’il n’est jamais nécessaire de singer Emmylou Harris ou Joan Baez – qui demeurent évidemment des incontournables de tout mélomane qui se respecte – pour apposer son propre cachet sur la toile. Tout en défrichant un terrain qui voit les vallons esseulés d’une Julie Doiron côtoyer les plaines abruptes d’une Neko Case, Esmé Patterson remet à l’avantplan et avec une énorme force de conviction des traditions nord-américaines – tout en évitant soigneusement les grosses tâches d’huile de vidange et la playmate à oualpé sur le mur. A la fois rafraîchissantes et touchantes, tout en étant empruntes d’un dynamisme rythmique qui oublie heureusement l’emballement médiatique, l’artiste américaine en impose avec un tel naturel qu’on coche sans sourciller la case projet à suivre de près. (fv)

Petite Noir ‘The King Of Anxiety’ Double Six/V2

A l’aube d’un grand événement ou d’un important dénouement, chacun réagit différemment. Certains se font un sang d’encre, d’autres tournent autour de la cuvette. Un peu stressé, pas tout à fait prêt ou pas du tout pressé, Petite Noir repousse une fois encore la sortie de son premier album… Malgré son titre angoissé, ‘The King Of Anxiety’ respire plutôt le bien-être et la confiance. Le nouvel E.P. du Sud-Africain Yannick Ilunga vient, en effet, enrichir le dis-

Mute Song/Test Card Recordings

Nous les voulions, ces étoiles. Cet astre blanc à domestiquer, ce satellite au bout d’une laisse. La grande course au-delà du monde : Envoi. Fidèles à leurs amours archivistes, Willgoose et Wrigglesworth offrent à la Conquête Spatiale sa bande originale, ponctuée d’interventions politiques et scientifiques et d’appels radios habités par l’Homme et l’Espace. Sputnik Statics. Une portion d’Histoire glorifiée par un post-rock hagiographique et enjoué, où Gagarin est sanctifié sur sonorités ska, où l’envol d’un satellite arrache larmes et sueur au terme d’un crescendo suffoquant. Cela pourrait être simplement anecdotique ; cela renvoie à la profession de foi des ‘Ailes D’Honneamise’. Quand Homme et Infini se regardent droit dans les yeux. En sacralisant sa beauté, ‘The Race For Space’ trouble l’Univers, rappelle par la voix l’omniprésence humaine, cosmonautes à la dérive, nébuleuses de détritus plus tout à fait terriennes. Le trou blanc d’un scaphandre dans l’encre du temps, comme un drapeau planté en plein visage. (ab)

Punch Brothers ‘The Phosphorescent Blues’ Nonesuch/Warner

Roster au sein du prestigieux label Nonesuch dont on sait qu’il ne signe pas des manches, Punch Brothers existe depuis 2006 et compte quatre véritables albums à son actif. Initialement nommé The How to Grow a Band, le groupe a appliqué ce mantra à la lettre en grandissant harmonieusement, se rebaptisant en empruntant une réplique célèbre d’une nouvelle de Mark Twain. Ce nouvel opus s’aborde par une longue plage d’une dizaine de minutes où les musiciens y déploient un savoir-faire stupéfiant, juxtaposant les cordes des guitares à celles d’un banjo, d’une mandoline et du fiddle. On se situe ici à l’entrecroisement du bluegrass, du country et de la tradition de la chanson rock/pop américaine. Une americana régénérée, intelligemment agencée, profondément contemporaine qui n’hésite pas à revisiter Debussy (‘Passepied’) ! ‘I Blew It Off’, premier single tiré de l’album, vaut son pesant d’or pour sa mélodie instantanément mémorisable tandis que le deuxième,


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MARS-AVR

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LUCE &MATHIEU BOOGAERTS + NACH

THE GROWLERS + ANGEL

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4/02/15

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Earteam

‘Julep’ est davantage tempéré dans ses arrangements et plus littéraire dans sa forme. Produit par le légendissime T Bone Burnett, ce disque devrait plaire à la fois aux amateurs de Wilco et de Garth Knox. (et)

Matana Roberts ’Coin Coin Chapter Three River Run Thee’ Constellation/Konkurrent

Et si Matana Roberts était ce qui est arrivé de mieux au jazz depuis 2010 ? A l’écoute du troisième chapitre de sa série ‘Coin Coin’, dont il faut rappeler qu’elle en comptera… douze, le doute n’est plus permis, pour autant qu’il ait jamais existé. Le miracle est d’autant plus grand que les deux premiers versants avaient atteint des sommets d’équilibre. Il est d’ailleurs faux de ranger la saxophoniste new-yorkaise dans le seul rayon du jazz, genre aux connotations parfois poussiéreuses. Marieuse des genres, où certes les notes bleues jouent un rôle majeur, Matana Roberts intègre sur ce ‘Chapter Three’ des éléments vocaux aussi splendides qu’indéfinissables – quelque part entre chant poétique et spoken word revendiqué. Prenez les dix minutes initiales de ‘All Is Written’, elles voguent entre un background electronica et un arrière-plan de saxophone qui sèment un terreau idéal pour la voix. Dirigez-vous vers l’angoisse instrumentale d’un ‘Nema, Nema, Nema’ ou les atmosphères spectrales (mais aussi carillonesques) de ‘As Years Roll By’, deux des titres qu’on imaginerait tellement bien sur le label Rune Grammofon, sans oublier de bifurquer en direction d’un orage nommé ‘Come Away’, vous comprendrez aisément que l’artiste américaine fait fi de toute classification et fait feu de tout cuivre. On vous le dit, indispensable. (fv)

Romano Nervoso ‘Born To Boogie’ Mot tow Soundz

Ils sont de retour. Forts de leurs tournées en compagnie d’Electric Six ou de Johnny Hallyday (!), les ritals de La Louvière reviennent rouler des rrr sur leur punk-rock spaghetti aux accents rapcore, rappelant toujours par-ci par-là les Mexicanos de Molotov. C’est gouleyant, graveleux, gras à souhait, dans le bon sens du terme (le stoner ‘Vieni Dallo Zio’ laisse sur le cul). Mieux : Giacomo rend hommage à son Italie natale en reprenant un ciccio qui ne s’assume pas, Christophe, et en transformant son ‘Aline’ en ‘Maria’, parfait squettebraguette langoureux. Ce qu’il y a au-delà des racines italiennes et du rock frontal wallifornien, Romano Nervoso s’en contrefout : le but avoué est de mouiller sa chemise, de saigner des doigts et de sentir la bière en faisant bruyamment honneur aux deux patries tricolores. Contrat respecté. (ab)

Sankt Otten ‘Engtanz Depression’ Denovali/Sonic

Personne n’avait à vrai dire prêté attention jusqu’alors à ce duo allemand et il est peu probable qu’il en soit autrement à l’avenir. Stephan Otten (batterie, programmation) et Oliver Klemm (guitares et claviers) s’efforcent de raviver les restes de l’héritage de la pop allemande des années 70/80 en

Ryley Walker ‘Primrose Green’ Dead Oceans/Konkurrent

S’il faut des repères, on évoquera le folk psychédélique, le fingerpicking, éventuellement le jazz. S’il faut des noms, on avancera Tim Buckley, Bert Jansch et Nick Drake. S’il faut des des origines, on imaginera une faille spatio-temporelle et Chicago transposée au beau milieu du Kent verdoyant. Et puis on oubliera rapidement tout ça pour plonger dans ‘Primrose Green’. Car si Ryley Walker est sous influence, cela ne l’empêche pas d’échafauder une esthétique totalement personnelle, complexe et prenante. Bien sûr, le recours à l’adjectif « psychédélique » est souvent la planche de salut idéale du chroniqueur en mal d’inspiration. Tout transpire pourtant ici un goût absolu et authentique pour les délices psychédéliques mélangés à l’écriture folk classique. Illustration d’entrée de jeu avec le titre éponyme, égrenant son chapelet de cordes pastorales que viennent habiller quelques touches luxuriantes de piano avant de divaguer sous l’influence d’éléments jazzy. Entre improvisation et intrication, c’est dans cette veine-là, exacerbant son sens de la mise en place des climats, que le Chicagoan excelle. Et son folk ressort transfiguré par des déviances qui doivent beaucoup aux fulgurances du free jazz. Sur une palette rythmique variée et subtile, piano et cordes tirent les compositions vers des contrées où les frontières entre folk et jazz se brouillent. Pour ne former qu’un seul territoire dense et passionnant traversé de motifs géométriques colorés et qui ne tolère pour seul guide que la voix pleine de relief de Walker. Une esthétique qui trouve son aboutissement sur des titres comme ‘Sweet Satisfaction’ ou encore ‘Summer Dress’. Bien plus qu’un énième pillage de l’arrière-boutique du folk psyché, ‘Primrose Green’ triomphe des lieux communs et consacre un songwriter moderne très au-dessus de la moyenne de la classe. (gle)

se revendiquant à certains moments de la mouvance synthétique Kraftwerk/Klaus Schulze et, à d’autres, du krautrock métronomique qui fut en vogue à l’époque. C’est sans doute dans ‘Sing die Apokalypse’, une longue composition d’une douzaine de minutes, que cette combinaison atteint son paroxysme et permet à la paire de faire affaire en faisant au passage un clin d’œil à Suicide. Le reste des morceaux, tous instrumentaux, n’offrent rien de bien excitant malgré le recours aux couches multiples de synthétiseurs. Le disque se referme sur ‘Ich bau Dir ein Museum’, un semblant d’air méditatif sous sédatif, glacial comme un hiver à Osnabrück. (et)

The Wake

Blackpool en 45 tours sorti en édition confidentielle. ‘Hit’ et ‘Babies in the Bardo’ sont d’autres grands moments de l’album tandis que sa plage finale, ‘New Horizon’, s’avère être une élégie chavirante. Elle consacre la fêlure d’un disque émotionnellement fragile mais stylistiquement déterminé. Plus dispensable est la musique de The Wake qui, après coup, porte les stigmates de son époque de façon trop criarde. Une pop synthétique teintée de cold wave sur laquelle échoue un chant de piètre qualité. Ce groupe de Glasgow fondé en 1981 assura la première partie de New Order le temps d’une tournée mais digéra mal l’influence, au point d’en reproduire les mimiques. Ce double album reprend en outre une série de singles dont certains tentèrent vaillamment de sauver la mise. (et)

‘Here Comes Everybody + Singles’

Siskiyou

Section XXV ‘Always Now’

Factor y Benelux

L’histoire de Joy Division et de New Order est indéfectiblement liée à celle de leur label attitré, Factory. Au point que cela en éclipse parfois les autres artistes qui concoururent au développement de la maison mancunienne. En témoignent ces rééditions. ‘Always Now’ de Section XXV fut une des œuvres majeures du début du catalogue Factory. A elle seule, sa pochette signée Peter Saville est une pure merveille de typographie. Musicalement, elle opère à l’époque la jonction entre A Certain Ratio et les débuts de New Order. Estampillée Martin Hannett, sa production est fidèle au canevas recherché alors par le clan Factory. Le disque s’ouvre sur une ligne de basse inquiétante portée par une rythmique martelante sur lequel se pose un chant qui hésite à s’exprimer. On est à la fois dans une sorte de retenue claustrophobe et dans l’expressivité atone du début des années 80. Juste après, ‘Dirty Disco’ se veut un pamphlet anti-disco obsédant dont une version française sera plus tard proposée par le groupe de

’Nervous’ Constellation/Konkurrent

Selon la légende, Colin Huebert, moitié du duo Siskiyou et ex-Great Lake Swimmers, aurait souffert d’hyperacousie après la sortie de leur second essai ‘Keep Away The Dead’ en 2011. Si la maladie l’empêche de supporter les bruits du quotidien à un volume normal, elle n’empêche manifestement le singer songwriter canadien de nous offrir des sacrées bonnes chansons indie pop. Telle une version intimiste des très spectaculaires Arcade Fire, la paire qu’il forme avec le guitariste Erik Arnesen sait y faire. Tout en évitant de nous en foutre plein la figure à coup de grands ronds dans l’eau, les Siskiyou puisent dans le répertoire du genre nombre d’éléments parfaitement intégrés (une river guitar d’une fluidité exemplaire, des percus juste dans le ton, quelques notes de clavier simplement belles). Notamment la première partie du disque est d’une qualité musicale exemplaire, entre variations vocales mi-expressionnistes mi-modestes et arrangements où la diversité des interventions participe d’un équilibre sans lourdeur ni redondance. Un seul regret, que les derniers titres soient moins convaincants. (fv)

Sleater-Kinney ‘No Cities To Love’ Sub Pop

Tout commence par une vidéo de ‘présentation’ sur la chaîne de Sub Pop. On y voit se succéder quidams et personnalités, poussant la chansonnette sur ‘No Cities To Love’, track 4 du disque du même nom. On y croise J Mascis qui, comme d’hab’, fait la gueule, Andy Samberg qui, comme d’hab’, fait le con. Y a aussi Norman Reedus, Ellen Page, elles en connaissent du monde les Kinney. Et puis toutes ces voix se rejoignent, et putain c’est beau. C’est un hymne qui mériterait de pendre à toutes les lèvres, d’être enseigné dans les écoles aux côtés de la Brabançonne et des Poppys. C’que c’est bon de voir ces daronnes vengeresses foutre des coups de poings dans le vide, des coups de poings dans l’air. Ça boxe Courtney Love, Hole l’écœure, ça immole par un feu sacré tous les gros balourds machistes qui peuplent cette terre d’inégalités. Les grrrls chevronnées déboîtent véritablement tout sur leur passage. Brûlure indienne sur ‘Price Tag’, clef de bras sur ‘Fangless’, coup de pied dans les balls sur le refrain jouissif de ‘A New Wave’, puis t’as déjà goûté au tapis qu’elles te font le coup des chatouilles à la plume moyenâgeuse sur ‘Gimme Love’... Une véritable séance de torture. Faut dire que poil à gratter ou pas, ce disque plus martial que nuptial te carre progressivement une inébranlable banane sur la gueule tant le ton pisse sur la ménagère, et peut-être même sur tout le monde, au nom de ce bon vieux rock féministe. D’être une femme libérée semble si facile. (am)

Snow Ghosts ’A Wrecking’ Houndstooth

Il arrive que la conjugaison d’éléments épars débouche sur de belles réussites, passé l’effet de surprise blasé. Aujourd’hui composé de trois membres depuis l’arrivée du multi-instrumentiste Oliver Knowles, Snow Ghosts pratique l’art de l’insertion avec un doigté fragile hors de toute sagesse programmée. Passée une brève intro où la tempête souffle sur les douze tracks, c’est qu’ils ne sont pas pour rien les fantômes de la neige, Ross Tones et Hannah Cratwright prennent leur doseur en ayant pour maîtreétalon une certaine Shana Worden, que vous connaissez mieux sous le nom de My Brightest Diamond. Toutefois, ce ne sont là que quelques esquisses temporaires, tant les explorations du combo britannique tentent le grand écart – aussi improbable que réussi – entre l’industriel de This Mortal Coil au folk noir d’une Emily Jane White, tous deux mariés à l’electronica de Broadcast. Le mieux dans l’exercice étant la fusion transfigurée de toutes les contradictions portées par les Snow Ghosts, qui transforment une hétérogénéité programmée en idiosyncrasie augmentée. (fv)

The Spectres ‘Dying’ Sonic Cathedral Records/V2

Les petits malins des Spectres citent leurs brillants aînés A Place To Bury Strangers parmi leurs influences, coude-à-coude avec Sonic Youth. Pas de doute, ça se sent, et l’on peut dire que ce ‘Dying’ s’ap-


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parente à une longue quête d’un SaintGraal sonique. S’aventurant dans de longues plages bruitistes un brin paresseuses, les shoegazers finissent par nous offrir une traversée aussi excitante qu’un BruxellesLiège sur l’E40, cruise control à 110. Car ‘Dying’ prend le shoegaze à la lettre, singe oisivement My Bloody Valentine tout en prétendant avoir ‘tué les guitares’ (trait d’humour). Mais à force de mettre les potards sur onze, les Spectres tuent le bruit, tuent l’inspiration directement dans l’œuf. My Bloody Valentine, c’était il y a 20 ans, bordel. Lisez la presse. (am)

Pop Staples ‘Don’t Lose This’ Anti

La jolie histoire du mois : Roebuck Staples, petit dernier d’une famille de quatorze enfants (c’était un monde sans télévision), naît en décembre 1914 dans une plantation de coton du Mississippi. Il se met au gospel, rencontre une fille, la marrie, migre à Chicago, fait des enfants à son tour, moins mais tout de même suffisamment pour les enrôler dans une chorale familiale qui s’époumone dans les églises du coin. The Staples Singers sont nés, popularisent le traditionnel ‘This Maybe The Last Time’ qui deviendra plus tard le tube des Stones, signent chez la prestigieuse maison Stax et connaissent la gloire dans les seventies. En solo, le patriarche sortira trois disques dont deux dans les années nonante. Avant de tousser une dernière fois, en décembre 2000, il en glisse à sa fille un quatrième, inachevé, et lui murmure ‘Don’t Lose This’. Quatorze ans plus tard, bien aidé par Jeff Tweedy (de Wilco), Mavis ressuscite le père, son jeu de guitare unique et mêle sa propre voix vieillissante à la sienne. Résultat : ‘Don’t Lose This’ est un très bel album de soul, déviant vers le blues, hanté d’une émouvante touche de gospel. La guitare est omniprésente, singulière, sauf sur le dernier morceau où les orgues annoncent, définitivement cette fois, the last time. Précieux. (lg)

Susanne Sundfør ‘Ten Love Songs’ Sonnet Sound

Reine des Neiges. En Norvège, personne ne rivalise avec Susanne Sundfør, capable de faire plier les règles du concours annuel Spellemannprisen, fatiguée du sexisme paresseux qui tenait à récompenser séparément artistes hommes et femmes. Kate Bush du XXIème siècle, Susanne érige de sa voix glaçante un Palais du Givre cristallin dont la perfection n’a d’égale que son évidence stylistique. La musique de chambre des dix minutes de ‘Memorial’ ne nous trompera pas : avec ‘Ten Love Songs’, Susanne Sundfør prouve ce que l’on pouvait déjà soupçonner sur ‘Silicon Veil’ malgré ses qualités, à savoir la subordination totale de l’artiste à la powerhouse en vigueur. On penche plus vers Chvrches que du côté de Knife. Quels que soient les détours et les effets d’annonce (dont l’electro-noise bienvenue sur ‘Insects’), les ornières sont bien là, comme s’il était impossible avec une telle voix de s’adonner à un autre genre que celui des divas cliniques. Plus que paresseux, ce choix est surtout triste. Ce n’est pas tant une question de qualité (l’album est bon dans son style et fera frissonner les fans de Nicole Atkins, Stina Nordenstam et consœurs) qu’un manque d’imagination : n’y a-t-il d’autres pistes à explorer lorsqu’on possède son talent, son organe, sa réputation ?

Prisonnière de son Château des Glaces, la Reine Sundfør s’époumone dans une cascade de réverbérations clinquantes. Qu’en restera-t-il au dégel ? (ab)

Surf City ‘Jekyll Island’ Fire Records

Quand on est amené à écouter l’album d’un groupe néo-zélandais qui s’appelle Surf City, on s’imagine à priori que l’on va s’offrir une bonne tranche de fun. C’est effectivement le cas avec ce disque qui a tout ce qu’il faut pour accompagner les premiers jours du printemps dans la joie et la bonne humeur. Surf City, ce sont des titres pop fulgurants façon Beach Boys mais en plus psychédélique, avec un petit côté motorik réminiscent du krautrock, le tout joué avec une certaine nonchalance propre à la scène indie lo fi U.S. des 90s. ‘Beat the summer heat’ et ‘Spec City’ sont des perles pop incroyablement festives, ‘One too many things’ est le fruit des amours entre Yo La Tengo et Pavement, ‘Jekyll Island and the Psycosphere’ est une merveille de psyché illuminée par un orgue obsédant, là où ‘What they need’ est un bel exercice de shoegazer psyché kraut velvetien. Un disque très prenant qui dégage quelque chose de puissant. (pf)

Team Me ‘Blind As Night’ Propeller Recordings

Passé vingt-deux heures et de multiples tentatives, que peut-on dire de Team Me ? Estce la faute de l’heure, des deux bières ou est-ce la mitraillette au boudin qui ne passe pas ? Je n’ai rien contre la pop ambitieuse. Il arrive même qu’elle glisse plus aisément à cette heure et dans ces conditions. Merde, je pourrais même écouter Placebo, en ce moment ! C’est dire mon degré d’indulgence. Et je suis dans un bon jour : j’ai donné cinquante cents à deux mecs qui se les gelaient dehors. J’ai sorti les poubelles. J’ai nourri le chat. J’ai ramassé ses croquettes vomies et encore chaudes ce matin, sans réveiller mes colocs. J’ai bossé toute ma putain de journée, pour rentrer et écrire mes chroniques. Mais il demeure certaines fioritures que je ne peux accepter, que je vis comme une punition. Comment peut-on encore chanter comme ça ? Comment les dossiers les plus noirs des vingt années précédentes n’ont-ils convaincu les futures générations que certains choix n’étaient plus à faire ? Alors vous me remballez ces Norvégiens de carnaval, leurs couillonnades geignardes qui tentent de faire passer du Tokyo Hotel pour de l’indie rock symphonique et vous renvoyez tout cela au fond du fjord dont ils n’auraient jamais du émerger, merci. A la prochaine tentative, c’est la guerre, l’austérité, la fermeture des frontières, Angela Merkel. (ab)

Thousand ‘Thousand’ Talitres

Pour faire simple et rapide, ce premier essai éponyme de Thousand est un disque assez réussi. A l’image de sa pochette sombrement colorée, réalisée par Stéphane Milochevitch himself. Multi-instrumentiste et artiste aux mille vies, celui qui se cache sous ce pseudonyme de Thousand s’était en effet déjà illustré dans l’exercice pictu-

ral et musical au bénéfice et aux côtés de Syd Matters sur l’inoubliable ‘Brotherocean’. A l’heure de se mettre à son compte, il propose une musique dont l’inspiration est en totale cohérence avec son univers pictural. Soit des compositions qui ont horreur du vide et fourmillent de mille détails pas toujours perceptibles à première vue ou à première écoute. Bien épaulé par Frédéric Lo dont la production polit le grain, le songwriter français se nourrit de blues, d’afro beat, des Supremes et de Bill Calahan pour calquer sa palette sonore sur celle de ses couleurs. Illustrations avec le très uptempo ‘The Flying Pyramid’ ou le plus lumineusement sombre ‘The Dark’ sur lesquels les éléments acoustiques et électroniques trouvent un juste équilibre, jusqu’à pratiquement se confondre. Au final, Thousand convainc régulièrement avec cette synthèse pop-folk qui a le mérite de délimiter un espace aussi personnel qu’attrayant. (gle)

Tiny Legs Tim ‘Stepping Up’ Sing My Title/Music Shock

De Londres à Melbourne, les musiciens pêchent désormais des idées dans les eaux troubles du Mississipi. Des regrets, de l’espoir et de la passion, c’est le blues des champs de coton. Cette musique ébauchée autrefois dans la douleur se recycle aujourd’hui avec un certain bonheur. Du truculent C.W. Stoneking aux chenapans Kitty, Daisy & Lewis, les couleurs sépias se fondent dans l’air du temps, oscillant entre nostalgie inassouvie et impeccables reconversions rétromaniaques. La Belgique suit également le mouvement. De chaque côté de la frontière linguistique, on cultive avidement le mythe de l’Amérique d’antan. Après l’album de Little X Monkeys, on se laisse aujourd’hui séduire par le troisième essai de Tiny Legs Tim, guitariste aux goûts anachroniques, mais aux talents redoutables. Sur ‘Stepping Up’, l’artiste ratisse dix parcelles imprégnées de rythm & blues, de boogie, de swamp et de sonorités piochées sur les sentiers poussiéreux de La NouvelleOrléans. Balayées par une voix sans âge et un falsetto profilé pour les à-fonds de Whisky, les chansons de Tiny Legs Tim ne concèdent aucun privilège à la modernité, mais assurent la pérennité du genre avec beaucoup de style. (na)

To Kill A King ‘To Kill A King’ Ber tus

Où avais-tu entendu ça, déjà ? Quand était-ce ? Avec quel ami étais-tu ? Il y a dans la singularité pop de To Kill A King un sentiment familier. Une conception du rock décalé au confort immédiat, mais qui se retourne contre ses effets, comme un scorpion transpercé de sa propre queue. Car il y a dans la bande de Ralph Pelleymounter quelque chose de trop artificiel pour être intime ou pas assez pour être réflexif. Il manque encore une déglingue, une cassure, chez Pelleymounter, à la voix pourtant craquante, pour justifier pleinement l’étalage curieux, la joie étrange de cette power pop indie qui part dans tous les sens et fait forcément mouche une fois sur deux. Ce qui lui fait défaut, c’est le destin tragique d’un E, l’autodestruction d’un Gavin Clarke, la fêlure asociale d’un Isaac Brock. On veut des punks fragiles,

des dandys sales, des fausses rocks stars réellement en perdition. Qui sont To Kill A King ? Ces mecs, visiblement pétés de qualités musicales, vivent à l’époque des drones, de Snowden, de la Grèce, bordel ! Où est leur soupape, leur faille, leur ligne rouge ? Qu’est-ce qui les retient de tout vomir ? Ou de tout exploser avec la goguenardise satirique et proutaradante de Ween (‘World Of Joy’ ricane, mais loupe sa cible). Quelque chose, un rien, ferait glisser To Kill A King de l’exécution sage et appliquée à l’incarnation, au génie brut. Car, oui, merde, Pelleymounter et Cie débordent d’idées ; ils ont du talent à revendre, ils sont bons, très bons, même. Mais l’image qu’ils se font de la musique les retient encore. Cessez de penser, les mecs. Si je suis dur avec vous, c’est bien parce que le potentiel est là, en gestation, celui de voler bien plus haut que la pop fun et foutraque dans laquelle vous folâtrer encore avec succès. Lâchez les brides, défoncez-vous, envoyez tout chier. Et couvrez les étoiles de merde et de larmes. On vous suivra, promis. (ab)

Torche ‘Restarter’ Relapse

Souvent associé à la scène stoner, voire métal et comparé à des groupes comme Queens of the Stone Age, Kyuss, Fugazi et Mastodon, ce quatuor originaire de Miami aime à se présenter comme étant un groupe de thunder pop. Aussi singulière cette appellation puisse-t-elle paraître, elle est cependant tout à fait appropriée vu que si la musique de Torche est résolument lourde, elle est en même temps le plus souvent mélodique tout en étant déclinée en format court à la différence de ce que proposent pas mal de groupes de stoner ou métal. Par exemple, des titres comme ‘Loose men’ et ‘Blasted’, s’ils sont robustes, sont en même temps ultra accrocheurs et d’une certaine façon assez pop. Disons que l’on pourrait parler de power pop qui serait jouée très fort. Comme toujours chez Torche, tout est de très grande qualité, de sorte que l’album ne baisse jamais en intensité et regorge d’excellentes compos, comme le slow burner fuzzy de ‘Annihilation affair’, le grunge/sludge poisseux de ‘No servants’, l’apocalyptique et ultra doom ‘Believe it’ ou encore le monumental titre éponyme que le groupe décline en pas moins de huit minute hypnotiques, façon mantra répétitif. Résolument fun ! (pf)

Tuxedo ‘Tuxedo’ Stones Throw Records

Connu pour ses pulsions revivalistes, Mayer Hawthorne s’est construit un son et une réputation en réveillant les fantômes de la soul américaine. On le retrouve aujourd’hui en compagnie du producteur Jake One (Drake, Snoop Dogg). En smoking, le duo remonte le fil de la bande FM, se remémorant la bande-son insouciante de son enfance. Soul, funk et post-disco. Un univers impitoyable. A la Dallas, la patrie du dollar et du pétrole. La fin des années 1970, le début des années 1980 : des paillettes, du rêve et un soleil implacable. Réunis sous l’enseigne lumineuse de Tuxedo, les deux hommes épluchent les références du passé avec un redoutable savoir-faire et une in-


Earteam décrottable nostalgie. En douze titres impeccablement troussés, ‘Tuxedo’ rend hommage à une belle brochette de fêtards en costard : Shalamar, Chic, Zapp et compagnie. Un exercice de style pimpant, futé, mais futile. (na)

Twerps ’Range Anxiety’ Merge Records

A en croire les échos du net from Down Under, le quatuor Twerps a connu un succès immédiat dès son apparition en 2008, époque où une première cassette a largement circulé sous le manteau des bloggers influents (ou pas). Un premier album éponyme plus tard, c’était en 2011 et il contenait déjà largement les germes du présent, la troupe de Melbourne dresse sa tente pop impressionniste – et elle a de nombreux atouts dans sa pochette arrière. Bâties autour d’atmosphères où une guitare et une batterie donnent le (mid)tempo à maintes reprises, et c’est pour nous évoquer le merveilleux univers parallèle de Tiny Ruins, Alex Macfarlane et ses acolytes s’invitent également, et avec un égal bonheur, dans le cabanon des Belle & Sebastian, même s’il n’est pas garni de la boule à facettes joliment relookée par Stuart Murdoch sur le tout récent opus des Ecossais. D’un ton intemporel, tant leur univers embrasse les jolies choses des sixties à nos jours, ‘Range Anxiety’ ravira à la fois le chasseur de crocodiles solitaire et le romantique collectionneur des films de Kelly Reichardt. (fv)

The Voyeurs ‘Rhubarb Rhubarb’ Heavenly/Pias

Charlie Boyer, le chanteur des Voyeurs, n’a jamais caché sa fascination pour Tom Verlaine, leader de Television. Pareille obsession implique

forcément de vouer un culte à la scène punk new-yorkaise embryonnaire de 1975. D’où la sonorité très CBGB du premier opus des Voyeurs, sorti voici deux ans. Résultat : un album excitant, mais un peu répétitif. Sur ‘Rhubarb Rhubarb’, le groupe a élargi sa palette, explorant l’héritage pop british qui est le sien pour nous pondre des merveilles de pépites scintillantes. ‘England sings rhubarb rhubarb’ évoque les Kinks là où la mélodie ensoleillée de ‘Stunners’ flirte avec les Beatles. Que dire alors du fuzzy et psyché ‘The smiling loon’ ou encore du fédérateur ‘Train to Minsk’ qui tient autant du classique pop 60s que du chant de hooligan. A côté de cela, Boyer et ses amis voyeurs nous pondent également une ballade de très bonne tenue, ‘May, will you stop ?’ ainsi que le brillant ‘Damp walls’ qui fait dans le punk rehaussé d’orgue. Une belle leçon de pop ! (pf)

Weeping Rat ‘Tar’ Handmade Birds

Se plonger dans ‘Tar’, c’est un peu s’immerger au mitan des nineties lorsque florissait toute une vague de groupes vampirisant le rock d’outre-tombe des Sisters Of Mercy ou des Fields Of The Nephilim. Ce trio australien aux antipodes de la franche déconnade proclame en effet sans détours son affection pour le brassage d’influences gothiques, post punk et indus, non sans un certain panache. D’autres noms affluent, situant également Weeping Rat à la frontière du postpunk sous tension de Godflesh ou des climats glacials de Cure circa ‘Pornography’. Une filiation évidente, la production moderne en plus. Avec sa voix d’outre-monde, sur fond de basse tendue et de guitares suppliciées, le guitariste-chanteur impose ses compositions fondamentalement froides mais jamais martiales et qui digressent parfois vers quelques salves proto-indus. Pas exactement des modèles de feel-good

songs mais, épisodiquement, la hargne et la lumière ressurgissent, au détour de riffs ardents. Au final, Weeping Rat va plus loin que tous les avatars du style sur cet album qui ne relâche jamais son étreinte. Et évite ainsi à sa formule l’enlisement guettant souvent un premier album sous influences. (gle)

The White Birch ‘The Weight of Spring’ Glit terhouse Records/V2

Entre les ailes à charpente assurée de ‘New-York’, il regarderait l’accalmie éclore graduellement, s’égarerait un peu, regretterait d’avoir laissé s’évanouir entre les bouleaux le sillage virginal d’une ‘Winter Bride’, sa petite fiancée des frimas, aux côtes saillantes encotonnées de givre, des cristaux perlant sur ses cils clairsemés. Il lui faudrait s’arrimer en terre franche, en ‘Solid Dirt ‘ aux cycles invariables, aux signes saisonniers infimes. À l’instant de la traversée des chas d’aiguille, se débarrasser du superflu, accepter le tintement timoré des cloches, le façonnement lent des certitudes, la chaleur discrète des voix. L’alternance noire et blanche, si rigoureuse. Il soupèserait avec solennité ‘The Weight of Spring’ à l’aune de ceux qu’il avait laissé s’éloigner, des présences rassurantes qui réapparaîtraient peut-être, de toute cette lumière soudain permise. Il se ferait femme de marin au rivage, Pénélope sans appréhension du cyclone, se sentant soudain libre de ne plus décompter les heures. Il aurait consenti à une quête du temps incluse dans une seule main, à des rêves de cieux nouvellement accrochés. À une démarche simple, immanente et juste, dans l’expectative de magnifiques bourgeons. (alr)

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Jim White vs The Packway Handle Band ‘Take It Like A Man’ YepRoc Records/V2

« We prayed the winter wind would blow our sins away / strange how we come to rest, yet here our troubles stay ». Cela pourrait être le rêve de tout honnête homme, de tout joyeux péquenot à bretelles de passer mille vies en une dans le Sud qui grésille : le lundi avaleur de sabres, le mercredi décapiteur de poulets et le jeudi asticoteur de dondons, sans oublier quelques dimanches où tirer le diable par la queue du banjo avec Harry Crews après des psaumes aux mains grasses, où faire reluire les flancs fourbus d’une Chevrolet Impala 1967 avec une chemise à motifs marrants maraudée chez Ween, où construire une ‘Not a Song’ comme une mission-suicide et continuer à rire au cœur de la tornade. Le rêve de devenir, à force d’un peu d’hâblerie et d’un sens certain de la dérision, décidément plus qu’un visage bluegrass parcheminé parmi d’autres dans votre rade d’élection à New Orleans. Aubergiste, prédicateur prenez pitié : versez-moi donc ce sourire-là en sus, un bar n’est jamais qu’une église où on sert de la bière ! (alr)

Zun Zun Egui ‘Shackles’ Gift’ Bella Union/Pias

‘Shackles’ Gift’ est l’un de ces albums que l’on aime immédiatement, dès les premières notes. Un genre de coup de foudre, en fait. Il faut dire que ‘Rigid man’ est de ces titres qui ne peuvent pas laisser indifférent. A la fois électro, très rock et infusé de percussions tribales donnant le tournis, c’est le genre de cocktail groovy un rien déviant auquel on succombe immédiatement. La suite est à l’avenant et ne cesse de surprendre. Originaire de Bristol et comportant des membres d’horizons très divers, il balance une musique à part qui avait déjà fait mouche sur ‘Katang’, excellent premier opus sorti voici quatre ans. Depuis lors, le groupe a pris de la bouteille, affiné son style et ce qu’il a perdu en expérimentation pure, il l’a multiplié par dix en terme de maîtrise. Entre rock, reggae, punk, dub et funk, ce disque est fascinant de bout en bout. ‘Afrcan tree’ sonne comme la réponse de 2015 aux explorations de Talking Heads. ‘I want you to know’ incarne la fusion entre le Gang of Four et l’Afrobeat, là où ‘Soul scratch’ affiche un groove entre funk et dub ultra sexy. Enfin, l’épique et très rock ‘City thunder’ termine l’expérience de sublime façon, permettant au chanteur ultra charismatique qu’est Kushal Gaya de démontrer son talent. Un grand album qui démontre qu’il y a encore moyen de surprendre en 2015. (pf)


28 Honest House 10 ans

27/02 La Zone (Liège) – 06/03 Muziek-o-Droom (Hasselt) – 13/03 Botanique (Bruxelles) – 19/03 Cinéma Sauvenière (Liège) – 20 et 21/03 Article 23 (Liège) – 11/04 Belvédère (Namur) – 18/04 Atelier Rock (Huy) – 07/05 L’An Vert (Liège) – 21/06 Inside Out (Liège)

Mermonte Créé en 2005 à l’heure où la scène alternative liégeoise était en pleine ébullition, le collectif nomade Honest House organise des concerts avec le meilleur de la scène indé rock (surtout) et folk (parfois). C’est aussi un label : 16 productions discographiques à ce jour. Comme 10 ans, ça se fête, ils ont concocté un programme en 10 temps dont le fort se déroulera les 20 et 21 mars en partenariat avec l’asbl Article 23: une 1ère soirée consacrée au label, une seconde à une affiche internationale au sommet de laquelle trône fièrement les Rennais de Mermonte, grand roller coaster entre l’Arcade Fire première mouture et la définition du post-rock pélagique par Yann Tiersen. Du 27 février au 21 juin, Honest House fête donc ses 10 ans à Liège, Hasselt, Bruxelles, Namur et Huy. Et si la place est essentiellement à la musique - Frank Shinobi, Fago Sepia, Benoît Lizen, Taïfun, Adolina, Maw//Sitt//Sii, et bien d’autres, elle en laissera aussi à l’image avec la projection d’un documentaire musical inédit au Cinéma Sauvenière. Programme complet : http://www.honesthouse.be/

Father John Misty – Kieran Leonard

04/03 Botanique (Bruxelles) Le deuxième opus de l’ex-Fleet Foxes se révélera probablement comme l’une des plus belles pièces montées (en épingle ?) de cette nouvelle année. Avec son personnage de Father John Misty, Josh Tillman s’offre une nouvelle épopée fantasque et fantastique dans son univers barré, poussant le curseur quelques crans plus loin encore. Disciple de Randy Newman et d’Harry Nilsson, il poursuit sa relecture du folk orchestral et de la pop baroque des 60’s et 70’s en y ajoutant des orchestrations plus ambitieuses encore. De celles que ne renierait pas Scott Walker, nouveau Graal derrière lequel Tillman semble courir. Un penchant pour la luxure et la gourmandise totalement assumé. L’affirmation d’un songwriter capable de donner une forme aussi démesurée qu’harmonieuse à la confusion des genres et des époques.

Véronique Vincent & Aksak Maboul 05/03 Water Moulin (Tournai) Chanteuse des mythiques Honeymoon Killers, figures de proue de la scène belge ultra-indie pop vers 1982, Véronique Vincent avait enregistré aux côtés du duo Aksak Maboul un album censé devenir le troisième essai du tout aussi légendaire combo Marc Hollander / Vincent Kénis. Trente ans plus tard,‘Ex-Futur Album’ demeure d’une actualité brûlante. A la fois léger et profond, délicieusement ironique et artisanalement ambitieux, le disque se laisse glisser dans l’oreille avec une facilité d’autant plus déconcertante qu’elle est vénéneuse. Un événement, on vous dit.

samedi 28 fevrier Bang!Festival: Kristof Roseeuw & Charlotte Vanden Eynde, Nadjma @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be La Ferme!!: Nordic Giants, AK/DK, BRNS, A/T/O/S, Mutiny On The Bounty, Fago.Sépia, Moaning Cities @ La Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, lafermefestival.be Fink @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Audio Bullys, From Kissing @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Bertrand Belin, Matthieu Boogaerts, Ladylike Lily @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Alaska Alaska @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Aluk Todolo, 7 That Spells @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwbug.be Camélia Jordana; Carl Barât and The Jackals @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Tess, Magoa, Otherload @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Stoneapplejam, DJ Barnaby Street, Fred Bodysway, Defi Chris @ L’Escalier, Liège, facebook.com/fred.bodysway Cherry Moon Retro Celebration: Jones & Stephenson, Yves Deruyter, DJ Ghost, Dave Davis, Zzino, Franky Kloeck, Youri Parker, Michael Forzza, Bountyhunter, Mike Thompson & Alain Faber @ De Kreun, Kortrijk, cherrymoon.com Jim Murple Memorial, Shaman Festival, Blasting Box, Dirty Monkey Side, Le Fieu Soundsystem @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Mario Guccio @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com 2ManyDJS @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Brodinsky, DJ Slow, Canblaster, Benji B., Addisson Groove @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

dimanche 01 mars Death From Above 1979, Turbowolf @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Marché aux instruments de musique d’occasion @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be All connected #8: Thomas Lehn, Kraus, Guy Drieghe @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Smooth and The Bully Boys @ Kulturzentrum Jünglinshaus, Eupen, eupen.be Sam Smith @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Ariel Pink, … @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

lundi 02 mars FKA Twigs, DJ Slow; Ibeyi @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Two Gallants, Theo Verney @ Botanique, Bruxelles, botanique.be P.R.O.B.L.EM.S., Slovenians, Hot For Doom @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Death From Above 1979 @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Martin Rütter @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

mardi 03 mars Champs, Tula; Giannis Haroulis @ AB, Bruxelles, abconcerts.be screening ‘The Punk Syndrome’ @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Peace, The Mash @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Colour Haze, Radio Moscow, Cherry Choke @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Usher @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Little Big @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be All We Are @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

mercredi 04 mars Fauve#; Ostyn @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Father John Misty, Kieran Leonard; Showstar @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Swingin’ Utters, toyGuitar, Fuck Ups @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Katy Perry, Charli XCX @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Oscar And The Wolf @ Le Reflektor, Liège, reflektor.be Krill @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Blockhead, DJ Cam @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Saint Motel @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Little Big, Mascarade @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com 5 Days Off t/m 8/03

jeudi 05 mars Lezarts Urbains: Mochélan Zoku, Ypsos, Nelsun, Jack @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Hoodie Allen, Jared Evan; All We Are @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Panda Bear, Jib Kidder; We Are The City @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Naff night: Jawhar, UTz, Glü @ Maison des Musiques, Bruxelles Ifa Y Xango @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be The Experimental Tropic Blues Band presents the Belgian Party ft Fred Bodysway & Defi Chris, DJ Luc Lorfévre & Philippe Manche @ Le Reflektor, Liège, reflektor.be Albert Lee & Hogan’s Heroes @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Muziek de Singe @ Théâtre Marni, Ixelles Dotan, Megan Washington; The Geraldines @ Trix, Antwerpen, livenation.be Véronique Vincent & Aksak Maboul @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Benjamin Booker, … @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Within Temptation @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Smokey Joe and The Kid, Scarecrow @ 4Ecluses, Dunkerque,

gigs& parties mars 2015

Fr, 4ecluses.com Yelle, Clarens @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

vendredi 06 mars ABBota: Fùgù Mango, The Belgians, Mountain Bike, Applause, Alaska Gold Rush @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bang!Festival: Keenroh, Simple @ KVS, Bruxelles, kultuurkaffee.be Guster @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Muziek de Singe @ Centre Culturel, Spa The Lucid Dream, La Tentation Nihiliste @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalier-Café Honest House 10years: Frank Shinobi, Six Hands, Traffico, Long Lost, It It Anita @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Nocid Business Recordings label night @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be La Jungle, Master Master Wait, Le Volcan, Guli Guli Goulag @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Secret Garden @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Kodaline @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Axelle Red @ W:Hall, Woluwe-Saint-Pierre, whall.be Nena @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Timo Novotny, Markus Kienzl & Wolfgang Frisch, live remix by Sofa Surfers @ Exit07, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

samedi 07 mars Bang!Festival: carte blanche: Dennis Tyfus @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Kraak festival: Kraus, Madalyn Merkey, Neutral, Rodion G.A., Bryan Lewis Saunders & Razen, Sea Urchin, Mathieu Serruys, Vex Ruffin, Yong Yong, Young Marble Giants, … @ KC Netwerk, Aalst, Kraak.net MNM: oa. Onda Sonora DJ, Monkey Robot; Matters Collective; Glü; Bruselo; Afterparty; The Subs @ Salle de la Madeleine, Bruxelles, museumnightfever.be BRNS, Thibet @ Alhambra, Mons, mons2015.eu The Bipolar, From Kissing, Suffocating Minds @ Atelier Rock, Huy Raymond Van Het Groenewoud; ABBota: Black Flower, Kenji Minogue, Kaat Arnaert, Wallace Vanborn, Kris Dane @ Botanique, Bruxelles, botanique.be My Dilligence; Fifty Foot Combo, La Muerte @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Brodinski @ Cadran, Liège, lecadran.be Mila Brune, Sarah Letor @ Centre Culturel, Braine-le-Comte, ccblc.be St.Grandson, FùGù Mango, Yawns @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Raketkanon, Daggers @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Soirée Pureli5t @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalierCafe Kölsch, Beazar, Pierre And Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Ostrogoth, Evil Invaders, Rik Priem’s Prime, Trouble Agency, Eternal Breath @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Yves V, DJ’s Regi, Sidney Samson, Roma, Nexuz, Megamen @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Froth, Regal @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Bastard Prod, Lacraps, Convok, L’Hexaler @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Camélia Jordana @ Maison de la Culture de la Provence, Namur, province.namur.be Feasant Pluckers, Sleep Legion@ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Anouk @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Tinashe @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Robbing Millions, Le Colisee @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be D’Angelo @ Forest National, Bruxelles, greenhousetalent.be Dope D.O.D. @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu The Celtic Social Club @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com

dimanche 08 mars Lezarts Urbains: Sylverat Band, Joy, Say It Loud Project @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Marmozets; Michaël Gregorio @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Neal Morse Band, Beardfish @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Ex Hex, Dvkes @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Curtis Harding @ Exit07, Luxembourg, atelier.lu

lundi 09 mars Rumer @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Benjamin Booker, Wild Smiles @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Spain @ Le Reflektor, Liège, reflektor.be Buddy Whittington Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Weedeater, King Parrot, The Lumberjack Feedback @ Aéronef,


Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Asa @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

mardi 10 mars Caribou, Koreless; Fiction Plane, Atlantic Attraction @ AB, Bruxelles, abconcerts.be St Paul & The Broken Bones @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Hooverphonic @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Callisto, Swingers, Celestial Wolves @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Scott Bradlee & The Postmodern Jukebox @ Rockhal, Esch/ Alzette, Lux, rockhal.lu

mercredi 11 mars Sioen; Frank Boeijen @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Subways, Dune Rats @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Lordi @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Pneu, .. @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be

jeudi 12 mars 5th European Blues Callenge openingnight: Fred & The Healers, Howlin’ Bill, Hideaway @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Raketkanon, Brutus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Ozark Henry @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Soirée Tanz @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalier-Caf Pneu, Jean Jean, La Jungle @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Zakiya Hooker @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Leyla McCalla, Black Yaya @ Le Reflektor, Liège, reflektor.be Klarälven @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Baden Baden @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu Husbands, Weekend Affair @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Shaka Ponk @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

vendredi 13 mars Honest House 10years: Umungus, Taïfun, Benoit Lizen, Frank Shinobi @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Bang!Festival: Frederik Leroux & Nathan Wouters, Unfold @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be 5th European Blues Callenge @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Soen, Lizzard @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Metabolismus, Aki Onda & Akio Suzuki @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, leateliersclaus.com Muziek de Singe @ Centre Culturel, Theux Zita Swoon Group @ Kaaitheater, Bruxelles, abconcerts.be BRNS, Le Colisée @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be R&S Records label night: Paula Temple, Alex Smoke, Lakker, Renaat, Gacha, Shades @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Rustie @ Le Reflektor, Liège, reflektor.be La Villa Strangiato @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Alan Courtis @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com Dead Meadow, Moaning Cities @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be IPhaze, Al’Tarba & DJ Nix’on @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

samedi 14 mars Lezarts Urbains: The Four Owls & DJ Madnice, HD Been Dope, Jeanjass, Crapulax, Kaz Robio, Yassin, Youssef; Josef Salvat @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Volantis Festival III: Recorders, Hydrogen Sea, Jean Jass, Roméo Elvis, Golden Noo$e, La Tentation Nihiliste @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be 5th European Blues Callenge @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Soldout, The Lizzies @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Cactus Twisters, Makrostörung & Juan Gomez @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalier-Cafe Muziek de Singe @ Ferme de la Dîme, Wasseiges Kyle Hall, Steve O’Sullivan, San Proper, Issa Maïga @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Saturnus, Thurisaz, Eye Of Solitude, Marche Funèbre, Bosque, Grown Below @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Tiefschwarz, Raw District, The Babel Orchestra, Globul @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Alaska Gold Rush @ Rock System, Louvain-la-Neuve Julianne D, Antoine Hénaut @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Froidebise Orchestra @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com The Wombats @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Danakil @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu Congopunq @ 11h-4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

dimanche 15 mars Sttellla @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ariel Pink @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Steve Wynn @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Warpaint, The Garden @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Daran @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com

lundi 16 mars José Gonzalez, Olöf Arnalds @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Freak Kitchen @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Squarepusher, …; @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Vader, Hate, Shredhead @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Josef Salvat @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

mardi 17 mars HRZSCHMRZ; Andrea Motis & Joan Chamorro Group @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Christine and The Queens; Hanni El Khatib; Lola Colt @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Raketkanon, The Guru Guru @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Jean-Louis Murat @ Le Reflektor, Liège, reflektor.be Otep @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu Glass Animals @ Exit07, Luxembourg, Lu, rotondes.lu SoKo, Jeanne Added @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Hyphen Hyphen, Weekend Affair @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

29 The Experimental Tropic Blues Band 05/03 Reflektor (Liège) - 06/03 ABBota - AB (Bruxelles) - 10/04 Urban Rock Fest (Lille) - 11/04 Durbuy Rock (Durbuy) - 18/04 Le Salon (Silly) - 01/05 Les Aralunaires (Arlon)

mercredi 18 mars Leuven Jazz: Sofie @ At The Bebop; Jazzkroegentocht @ Oude Markt; Den Hoed Quartet @ De Libertad, Leuven, leuvenjazz.be Royal Blood, Mini Mansions; Paon @ AB, Bruxelles, livenation.be Jaune Toujours @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Albert Lee & Hogan’s Heroes @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Beat Assaillant @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu Christine and The Queens @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com

jeudi 19 mars Leuven Jazz: Plaistow, Greg Osby vs Tineke Postma, Radio Scorpio live, Kenny Wheeler thema ensemble, Joni Mitchell thema ensemble @ 30CC/Schouwburg; Whiplash @ Cinema Zed, Leuven, leuvenjazz.be Stuff.; Buurman @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Two Pin Din, Hyperculture @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, leateliersclaus.com The Script @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Girl’s School @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Sysmo @ La Tricoterie, St.Gilles, sysmo.be La Maison Tellier, La Goutte @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

vendredi 20 mars Honest House 10years: Mambo, Perils Of Penelope, Traffico, It It Anita @ Article 23, Liège, honesthouse.be Bang!Festival: Sofie Hoflack @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be 20 Years of Heaven Hotel: Tape Cuts Tape, The Tone Zones, I H8 Camera ft Stef Kamil Carlens @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Leuven Jazz: Dorian Concept ft Cid Rim & The Clonious, Flako, Lefto, Up High Collective, LTGL, Trime, KLBR @ Het Depot; 2x2: Eve Beuvens & Brice Soniano vs Pierre Anckaert & Stefan Bracaval @ WAegehuys; B-Jazz International Contest @ Opek; Radio Scorpio live; Thelonious Monk thema ensemble; Cedar Walton thema ensemble @ 30CC/Schouwburg; Jazzin’ With Fonske @ Rector De Somerplein; Whiplash, Chico & Rita @ Cinema Zed, Leuven, hetdepot.be Bel’zik Festival: Kim Wilde, The Sneakers, T-Léphone Export, Disco-Party Show @ Hall de Criées, Herve, belzik.be Underworld ‘dubnobasswithmyheadman’ @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lemon Straw @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Muziek de Singe @ Centre Culturel, Flémalle Ryan Sambol @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Bed Rugs @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Antioche Kirm, DJ Anna @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Evan Dando, Sara Johnston @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Zero Tolerance For Silence, Jim Henderson @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Salut C’est Cool, Rich Aucoin & Encore, Vandal, Blondin @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Hanni El Khatib @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Shopping @ Exit07, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

samedi 21 mars Honest House 10years: Mermonte, Adolina, Mount Stealth, Dad Rocks!, Fat Supper, Cleft @ Article 23, Liège, honesthouse.be Leuven Jazz: Aaron Parks Quartet & Jef Neve; Radio Scorpio live, Herbie Hancock thema ensemble @ 30CC/Schouwburg; B-Jazz International Contest @ Opek; The Case Of The Three Sided Dream, Whiplash @ Cinema Zed; Stuff. @ Het Depot, Leuven, 30cc.be Bang!Festival: Jozef Dumoulin & Benoît Delbecq @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Lezarts Urbains: Sëar-lui-Même, … @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Up! Festival: New York Ska Ensemble, Bob Log III, Lefto, Orchestre International du Vetex, Little X Monkeys, Imperial Leisure, Made J, The Poneymen, Old Jazzy Beat Mastazz, Wild Will, Declic @ Caserne Fonck, Liège, democulture.be Bel’zik Festival: Old Jazzy Beat Mastazz, Applause, Nicola Testa, My Little Cheap Dictaphone, Soldout, Kid Noize, Compuphonic @ Hall de Criées, Herve, belzik.be Underworld ‘dubnobasswithmyheadman’ @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Manngold De Cobre, Sonido Gallo Negro @ AB@4AD, Diksmuide, 4ad.be Kong & Gratts, Larson, Sonny R.Palmer @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalier-Caf Shaka Ponk @ Paleis12, Bruxelles, livenation.be Camp Rebecca, DJ Ofdemo @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Irons Maiden play Iron Maiden @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com

© Olivier Donnet Nos trois lascars, la main sur le cœur, entament une Brabançonne sous fond d’un ciel zébré de moules et de points vengeurs. The Experimental Tropic Blues Band n’a pas changé de nom ; il présente, le temps d’un show et d’un disque qui l’accompagne : The Belgians, ou comment jouer et se jouer des artéfacts de la Belgique. Live, il s’agit d’un véritable spectacle où les icônes belges sont passées en revue au travers des images télévisées d’époque. S’il ne se départ pas du rock & roll brut dont il a fait son trademark, le groupe en dompte toutefois ses aspects les plus revêches pour nous livrer des histoires un rien absurdes. Pour l’essentiel, rassurons-nous, The Experimental Blues Band reste fidèle à ses débords et débordements.

Museum Night Fever 07/03 Bruxelles

Événement aujourd’hui bien ancré dans l’agenda culturel, la Museum Night Fever tend, cette année encore, le micro / la toile / la caméra / you name it à nombre d’artistes de toutes disciplines. Entre atelier où chacun peut réaliser sa propre gazette (Bibliothèque Royale) ou son poster militant (Wiels), massages (et oui, au musée d’Ixelles), danseurs surgis des vitrines du Musée des Instruments de Musique et concerts live (Le Colisée, MonkeyRobot) et DJ sets (Onda Sonora) au BELvue, la palette se garnit de mille couleurs pour rendre la nuit enchanteresse. Et encore, on ne vous a pas tout dit… http://www.museumnightfever.be/

Kraak festival

07/03 Netwerk (Alost) Dans la Roumanie de la fin des années 70, Rodion G.A. œuvre en alchimiste secret d’une œuvre électronique renversante. Vif-argent en acétate aux pouvoirs magnétiques, il fusionne dans son creuset avant-garde kobaïenne et précision mélodique. Un vivier pour tout amateur des explorations électroniques d’Europe de l’Est de la grande période du Krautrock. Connu pour ses plongeons dans les profondeurs du hip-hop, le label Stones Throw délaisse ses premiers amours (J Dilla, Madlib) et s’offre quelques frissons au sommet d’un rock sec et austère. Punk déguisé en B-Boy, Vex Ruffin marche sur les traces de Suicide, Cabaret Voltaire et autres Throbbing Gristle. Ses morceaux croupissent sous le soleil de Californie mais rêvent de froides nuits new-yorkaises. Également à l’affiche de cette cuvée du Kraak Festival : Kraus, Madalyn Merkey, Neutral, Yong Yong,..., et les increvables Young Marble Giants.

20 Years of Heaven Hotel : Tape Cuts Tape - The Tone Zones - I H8 Camera (feat. Stef Kamil Carlens)

20/03 Les Ateliers Claus (Bruxelles) Pour ses vingt ans, Heaven Hotel présente une triple affiche aux Ateliers Claus. Avec Tape Cuts Tape, Rudy Trouvé rompt avec dEUS / Dead Man Ray


30 et poursuit sa route épaulé par le très bon batteur Eric Thielemans et la chanteuse Lynn Cassiers, vocaliste jazz de très haut niveau. Incidemment, on songe parfois au groupes du label Too Pure des années 90 tels Laika ou Pram. 1 H8 Camera est un groupe à géométrie variable, composé d’une série de musiciens gravitant autour de dEUS notamment... Ce qui ramène inévitablement au credo maison : « We were in bands. We went to bars. We met people who were in bands ... so we started new bands.» (Elko & Rudy).

Virginia Wing

25/03 Péniche InsideOut (Liège) 11/04 Kinky Star (Ghent)

Sleater-Kinney, Pins @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Flatbush Zombies, The Underachievers, Dvtch Norris @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Glass Animals, … @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com La Colonie De Vacances, Alex & Annie @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Juli @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Steven Wilson @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

dimanche 22 mars Leuven Jazz: Mulatu Astatke, Gogo Penguin @ Het Depot; Laureaten concert Bert Joris, Jazzmozaïek Award 2015, prijsuitreiking B-Jazz; Radio Scorpio live, Hertmans In Het Kwadraat @ 30CC/Schouwburg; Jazz-Vinylbeurs @ De Bib; Ruben Machtelinckx vs Peter Buggenhout @ M-Museum; The Case Of The Three Sided Dream, Whiplash @ Cinema Zed; Jens Maurits Orchestra @ Stuk, Leuven, hetdepot.be Noel Gallagher’s High Flying Circus; Id!ots, The Germans, Tubelight @ AB, Bruxelles, livenation.be Caudal, Convulsif, High Pressure Days @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Nicki Minaj, Trey Songz @ Palais12, Bruxelles, greenhousetalent.be The Dandy Warhols, Dark Horses @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Andy Timmons @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Spandau Ballet @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

lundi 23 mars

© Phil Sharp Dans son miroir convexe, c’est tous les jours dimanche. Une fois passée derrière le rideau rouge, elle n’est plus tout à fait elle-même, plus tout à fait humaine. Son ‘World Contact’ est charnel comme un sabbat avec Warpaint, aigu, incantatoire comme une rixe post-punk et une fois sortie de cette capsule opaque à la chaleur de fournaise, elle n’hésite jamais à calligraphier Trish Keenan en symboles cryptiques sur sa combinaison argentée en nylon ou à reprendre ses incursions secrètes avec ‘Marnie’, faisant de ses paupières un rempart contre les rais psychédéliques incandescents. Oscillante et fascinante créature… il n’y a pourtant vraiment aucune raison d’avoir peur de Virginia Wing ! Avec la complicité de PopKatari, nous avons 4x2 places à vous offrir pour vous laisser ensorceler le 25 mars sur la péniche InsideOut (avec Willo et Bosko en sus). Envoyez-nous un mail à fabrice. rifraf@skynet.be

Pias Nites

04/04 Palais 12 (Bruxelles) Baxter Dury © Margaux Ract

SoKo @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Glass Animals @ Ha’, Gent, democrazy.be Brett Newski @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Paul Simon & Sting @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Underworld @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Charlie Winston @ Théâtre Sebastopol, Lille, France

mardi 24 mars Of Mice & Men, Volumes, The Amity Affliction @ AB, Bruxelles, abconcerts.be To Kill A King, Dancing Years @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Andy Timmons Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Ennio Morricone @ Coque Arena, Luxembourg, atelier.lu Asa @ Splendid, Lille, France

mercredi 25 mars The Spectors, Newmoon @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Barcella, Lisza; Anaïs @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Virginia Wing, Willo, Bosko @ Péniche Inside Out, Liège Etienne De Crécy @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

jeudi 26 mars Bang!Festival: Mauro @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Axelle Red; Sean Rowe @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Alpha Whale, DJ-set Recorders, Brett Summers & LSD Soundsystem @ Bonnefooi, Bruxelles, facebook.com/ events/1521241544812469/ Vincent Liben, AuDen; Jessica Pratt @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Zion Train @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be SubRosa, Eagle Twin, Uzala @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Jean Gloute De Braga, Piyojo, DJ Ofdemo @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Ozark Henry @ Le Reflektor, Liège, reflektor.be Mind Rays, The Glücks @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Groundation @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

vendredi 27 mars

Si le label mise à fond les ballons sur ses protégés gantois Oscar & The Wolf, nous sommes davantage séduit par le costume parfaitement ajusté de Baxter Dury. Dans sa manche, le Droopy cockney dissimule quantité de queens boudeuses de malls et de chœurs coulants comme des « Ferrero Rocher prostitutes », d’histoires d’amour au PMU qui finissent mal (en général), et de beats discoïdes acidulés. Aussi exquis que grinçant, et volontiers bateleur : that’s a true special treat ! On avait rencontré les BRNS à l’époque où ils explosaient : ils nous avaient longuement parlé de films de série z et d’obscurs groupes stellaires à la Do Make Say Think. On les a retrouvé avec un premier vrai album qui bouscule les étiquettes post-machin-chose et tient les promesses d’hier, où les chœurs sauvages titillent les clochettes sous les grands écarts noisy. Seront aussi présents N’To, Modeselektor et Claptone. Notez que comme elle a tout d’une grande, la Pias Nites quitte son nid de Tour & Taxi (c’était pas une studette non plus) pour migrer au Palais 12. http://www.piasnites.be

Bang!Festival: Internal Sun, Lur @ Recyclart, Bruxelles, kultuurkaffee.be Magnus @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Butsenzeller, Staatseinde, King Champion Sounds, DJ’s Andy Dufter und der Neo & Butsenzeller @ Het Bos, Antwerpen, hetbos.be Lido, Pelican Fly DJ set; Hannah Cohen @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Muziek de Singe @ Centre Culturel, Amay Deepshow, Blondstone @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/ LEscalier-Café Raketkanon, Baby Godzilla @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be FONS label night: Polaroid Fiction, Statue, Vandal X, Star Club West, Shun Club, Stad Van Licht, Tonsils, Dandy Davy, The Salesman Who, Fons DJ’s @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Arena @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Siena Root, Wheel Of Smoke @ Sojo, Leuven, orangefactory.be Jeanjas, Eskondo et Vince @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com Michael Shepherd Band @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu Compact Disk Dummies, DBFC @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Biga Ranx @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu No Metal In This Battle @ Exit07, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

samedi 28 mars The Devil Makes Three @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Didier Super, Giedré, Cédric Gervy @ Alhambra, Mons, mons2015.eu

Singapore Sling, Purling Hiss @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Klub Des Loosers @ Botanique, Bruxelles, botanique.be G-Sbar Rough @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/ LEscalier-Café Roxy Magic tribute Roxy Music @ Ferme du Biéreau, LouvainLa-Neuve, ticketmaster.be/event/5611 Oscar And The Wolf @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Raketkanon, Briqueville, Baby Godzilla @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Finale concours Méli Mélo @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Regina @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Muziek de Singe @ La Tentation, Bruxelles Chuck Ragan & The Camaraderie, Skinny Lister @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Cassandra Lobo @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu Sallie Ford, Pins @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

dimanche 29 mars Raketkanon, Baby Godzilla @ Vooruit, Gent, vooruit.be The Ex, Frédéric Lejunter @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Danko Jones @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

lundi 30 mars The Me In You @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Popa Chubby @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Sizarr @ Exit07, Luxembourg, atelier.lu

mardi 31 mars Mauro Pawlowski sings Houben @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Stéphanie Blanchoud @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Wim Mertens duo @ Stuk, Leuven, stuk.be Jungle @ Trix, Antwerpen, livenation.be Asaf Avidan @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

mercredi 01 avril Reymer @ AB, Bruxelles, abconcerts.be U.D.O., Sister Sin, Garagedays @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Pat McManus Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Raging Fyah @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Vaudoo Game, Throe & The Shine @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

jeudi 02 avril Steel Panther @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Amatorski @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Anglagard @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com AKS @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Toro Y Moi @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Cobra, Le Renard, Bonne Humeur Provisoire @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Jaimi Faulkner @ Soulkitchen, Luxembourg, atelier.lu

vendredi 03 avril Youssoupha @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lubiana @ Botanique, Bruxelles, botanique.be AKS @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Rotting Christ, Signs Of Darkness, Death Blood Destroyer @ Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalier-Café Steelpanther @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

samedi 04 avril Link: Sven Väth, Dubfire, daniel stefanik, Ilario Alicante, Julien Bracht, Pan-Pot, Jon Gaiser, Pierre, Deg, Dave Clarke, Len Faki, The Advent, James Ruskin, technasia, Marco Bailey, Dany Rodriguez, Tom Hades, Kr!z, Mark Broom, Space Dj’z, Roel Salemink, sierra sam, Mr Magnetik, Matt Heize, Ortin Cam @ Hall des Foires, Liège, facebook.com/linkfestivalliege [Pias] Nite: Oscar And The Wolf, Modeselektor dj set, BRNS, Baxter Dury, N’to @ Palais12, Bruxelles, piasnites.be Asaf Avidan and Band, Tamar Eisenman @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Raketkanon, Mont-Doré @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Madeon @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Markus Intalex, Presha, One87, Hookerz, Subtrr @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Creedence Clearwater Revived @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Klone, 7Weeks, Kill Me This Monday @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Klangkarussell & guests @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com

dimanche 05 avril Rockerill Festival: Cheveu, Useless Eaters, Michael Forshaw, Violence Conjugale, Komplikations, Pierre et Bastien, Osica, Judas Donneger, Mind Rays, DJ’s Elzo, Puteacier, Johnny Drunker, Globul, Duke, … @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Arno European Peace Collectif @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sick Of It All, Tagada Jones, … @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Steelpulse @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

plus des concerts sur: rifraf.be/concerts-gigs


© P. Schyns - Sofam

CONCERTS

AGENDA

27.02 CHAPELIER FOU fr + MARC MELIÀ be 28.02 CAMÉLIA JORDANA fr 28.02 CARL BARÂT AND THE JACKALS gb + BROACAST ISLAND be • sold out 02.03 TWO GALLANTS us + THEO VERNEY gb 03.03 PEACE gb + THE MASH be

04.03.2015

04.03 FATHER JOHN MISTY us+ KIERAN LEONARD gb 05.03 PANDA BEAR us + JIB KIDDER us 05.03 OUVERTURE FESTIVAL LEZARTS URBAINS 2015 : MOCHÉLAN ZOKU be, YPSOS be, NELSUN be, JACK be

© Jonnie Craig

SHOWSTAR be

coprod. Lezarts Urbains

05.03 WE ARE THE CITY ca 06.03 GUSTER us

08.03 FESTIVAL LEZARTS URBAINS 2015 - PRIX PAROLES URBAINES 2015 : SILVERAT BAND be, JOY be, SAY IT LOUD PROJECY (PITCHO, SEVEN, TONINO, YASSIN, ZULU MOON) be• coprod. Lezarts Urbains 09.03 BENJAMIN BOOKER us + WILD SMILES gb 10.03 ST PAUL & THE BROKEN BONES us 11.03 THE SUBWAYS gb + DUNE RATS au 12.03 RAKETKANON be release party + BRUTUS be 13.03 HONEST HOUSE LABEL NIGHT :

FRANK SHINOBI be, BENOIT LIZEN be release party, TAÏFUN be, UMUNGUS be 14.03 FESTIVAL LEZARTS URBAINS 2015 : THE FOUR OWLS & DJ MADNICE gb, HD BEEN DOPE us, JEANJASS be, CRAPULAX be, KAZ ROBIO be, YASSIN be, YOUSSEF (SWATT’S) be coprod. Lezarts Urbains

14.03 JOSEF SALVAT gb 15.03 WARPAINT us + THE GARDEN us • coprod. Live Nation …ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA @ WWW.BOTANIQUE.BE | 02 218 37 32

LES NUITS 2015 WWW.BOTANIQUE.BE 26.04 FLYING LOTUS US - SHABAZZ PALACES US - KUTMAH GB • Cirque Royal 29.04 GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR CA - XYLOURIS WHITE AU • Cirque Royal 09.05 BENJAMIN CLEMENTINE GB ADRIAN CROWLEY GB OPENING NIGHT OWLS (AFTER PARTY) : CLARK GB - HELENA HAUFF DE GAZELLE TWIN GB ORPHAN SWORDS + DJ MAZE BE 10.05 ASA NG - SOPHIE HUNGER CH - TALISCO FR JACCO GARDNER NL GRAND BLANC FR - BAGARRE FR PHORIA GB 11.05 ROSCOE BE release party FÙGÙ MANGO MEETS BINTI BE - JOY WELLBOY BE 12.05 AKA MOON BE : BALKALEFBA création • Cirque Royal JONATHAN JEREMIAH GB GREAT MOUNTAIN FIRE BE release party 20TH ANNIVERSARY 62TV RECORDS : PAON BE, ALPHA WHALE BE, MAD DOG LOOSE BE, YOUNG RIVAL CA, MUJERES ES, ITALIAN BOYFRIEND BE 13.05 DOMINIQUE A FR - JOY BE - LAETITIA SHÉRIFF FR • Cirque Royal RONE FR - FAKEAR FR WAND US - JESSICA 93 FR - TWERPS AU TOBIAS JESSO JR CA 14.05 BALTHAZAR BE • Cirque Royal • coprod. Live Nation • sold out HINDI ZAHRA FR - SONGHOY BLUES MALI - NADINE SHAH GB FEU! CHATTERTON FR MANSFIELD TYA «JUNE, TEN YEARS AFTER» FR 15.05 THE DØ FR - MEW DK - SAINT SAVIOUR GB NICOLAS MICHAUX BE création «Demain n’appartient qu’à la Nuit» DOM LA NENA BE 16.05 LOUIS MATTHIEU JOSEPH & ANNA CHEDID FR • Cirque Royal coprod. Live Nation SOAK IE 17.05 HOT CHIP GB - SHURA GB IBEYI CU KEVIN MORBY US - STEVE GUNN US THE SOFT MOON US 19.05 NOT HERE, NOT NOW (Œuvres de Reich, Fafchamps, Berio, Ligeti, Cage, Bartok, Eötvös, Rzweski, Sciarrino)


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