FKA TWIGS LP1
live at AB BOX, Brussel, October 16th album out now.
MERCHANDISE
AFTER THE END ALBUM OUT NOW LIVE AT TRIX, ANTWERPEN, NOV. 17TH
© Siliconcarne
Un matin, sans raison particulière, je décide de ne pas me rendre au travail et de prendre un train pour Montauk. En fait, c’est le soir et Federico se rend à pied jusqu’au Coq, stamcafé bruxellois où des ogres gentils rient seuls à gorge déployée en regardant tanguer les trolls. - Tu sais qui a inventé la canicule ? La fille s’appelle Camilla - on aurait apprécié qu’elle s’appelle Constance mais celle-ci a disparu in the spotless mind (recherche Constance désespérément, écrire au bureau du journal qui transmettra) – alors ce soir, c’est Camilla. La fille n’a pas vu Jules & Jim. Pas plus que les films des années 90 avec Wynona Ryder. Génération 90, pour elle, c’est déjà un peu l’Antiquité. - Je fais les lignes de la main mais uniquement aux gens que j’aime pas. Parce que les prévisions se réalisent toujours... Camilla a des airs de Camelia Jordana qui aurait oublié de faire son sport, des gestes lestes, les seins un peu lourds, Pocahontas avec un rhume. Elle cite en boucle le conte musical Emilie Jolie et un abécédaire de psycho; pour les lettres classiques, on repassera. Tous les voyants devraient clignoter en rouge mais elle sait se montrer adorable (de lapin bleu); alors on traverse en dehors des clous. Il est question d’aller écouter le nouveau Blonde Redhead - pour les bacchanales, on verra, on se contentera déjà des velours de Spain, d’un peu de champagne et d’un Burt Bacharach. 2 garçons, 1 fille, 3 possibilités. Charles rechigne un peu pour la forme – il n’est pas trop sûr de vouloir raccompagner la fille ensuite et puis il préfère être seul dans l’ellipse d’un taxi. - Tu peux ouvrir en grand le deuxième Velux ? J’ai envie d’une nuit toute bleue. Non, plus grand encore, oui comme ça. Après s’être fait prier, Charles délaisse un temps les traductions de Platon pour abandonner bientôt à leur suite son sweat, avec un air d’allez-hop-allons-y, puis se ravise, boude un temps roulé en boule, miaule, fait mine de s’en aller avant que, conduite par un murmure soufflé à l’oreille depuis la salle d’eau, la vestale consent à s’allonger sur lui sur canapé. Curb your enthusiasm. Collectionneur de transports amoureux avec herbier et filet à papillons, solitaire épris d’absolu délétère, Avigdor Zahner-Isenberg aka Avi Buffalo n’envisage que la présence immédiate et immaculée du coup de foudre. Pannes de cœur, carambolages et Chamallow, il en a gribouillé toutes les pages de son carnet à spirales. Ivre de shots et de crushs, ‘At The Best Cockold’ étale d’un geste de prestidigitateur l’éventail du nuancier Pantone
203
avec lequel il ravive les braises sur sa Carte de Tendre. Partout, des ‘Memories Of You’, ‘Overwhelmed with Pride’. Avi Buffalo conjugue au participe passé le plaisir coupable de ces chansons qu’on ne connaît que trop bien, cactus émotionnels piqués de Post-it roses et jaunes avec des numéros de téléphone. ‘Think It’s Gonna Happen again’. S’effacer la mémoire pour mieux la revivre, encore et encore. ‘Can’t be too responsible’. Federico pensait en avoir fini avec les premières fois, les plans foireux comme des mains moites. Il pensait avoir une ardoise magique. Vous penchiez. Las, le tour de la soirée prend un air inattendu. Allongés pelotonnés, sandwichés sur les coussins profonds, le naturel des invites se désenclave. Le turn-over décélère. Il faut mesurer le taux de satisfaction des collaborateurs, gérer les compétences, automatiser les rapports. Mieux communiquer autour de ses données. Federico réalise qu’il en a trop fait. A force de pousser ses langoureux compagnons, il s’est perdu au chemin de leurs intersections. Il fusille du regard les croquis embrouillés. Les demi-portions, carton plein. Pour les couples incertains, les pronoms possessifs, c’est demi-tarif. D’ailleurs, ça commence à bien faire, Federico a presque envie de leur faire passer le goût des fleurs. Le mardi est un jour qui n’existe pas. Alors dégager l’espace, susciter l’inattendu comme on fomente un mauvais coup. Il arrache le pansement des heures et filme les amants maladroits. Mémoire aphone sur l’Iphone, Federico campe le maître des désillusions, se prend pour Hal Hartley. Sur les rushs de la sextape qu’il se repassera en boucle, il découvrira plus tard, demain, trop vite, que la fille n’était autre qu’une autruche qui rêve d’être star dans un cabaret à Broadway. Tu t’en jetteras bien un p’tit dernier ? Pour la route... Rends-toi sans plus tarder dans le plus proche troquet, accroche-toi au bar. Regarde ce Patrick Dewaere dresser les fauves aux abords du point d’eau. Regarde les hommes tomber. Federico ? Tu prends quelque chose ? Ça va ? Qu’est-ce tu prends ? Fallait-il qu’il s’en souvienne ? Beam me up, Scotty ! Texte : Fabrice Delmeire Encore : ‘Eternal Sunshine Of The Spotless Mind’, Michel Gondry, Focus Features Toujours : ‘Le Maître des illusions’, Donna Tartt, Pocket Maintenant : ‘At Best Cuckold’ , Avi Buffalo, Sub Pop/Konkurrent
année 20 • SEPTEMBRE’14
Colofon www.rifraf.be Année 20 nr. 203 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf sept sort le 25 sept rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 10 sept agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 15 sept
collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... dessins : Issara Chitdara photo cover: renata raksha
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut
nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Invité des studios électroniques CalArts, où son synthé modulaire analogique Serge fut mis au point dans les seventies, Thomas Ankersmit montre la fascinante diversité de sa palette sur ‘Figueroa Terrace’ (Touch). En une seule plage de près de 37 minutes, l’électronicien néerlandais poursuit son œuvre, à la fois inlassable, méthodique et foisonnante, confirmant pour qui en douterait l’excellent souvenir laissé par son ‘Live in Utrecht’ en 2010. Telle une odyssée überauditive, les phénomènes acoustiques mis en œuvre chez Ankersmit se rattachent très nettement à des vibrations qui, parfois, testent les limites physiologiques de l’auditeur – notamment dans le suraigu (aux alentours de la dixième minute). Toutefois, entre ces expérimentations acoustiques, où l’oreille interne est mise à contribution au point de recréer ses propres sensations – essayez, c’est surprenant – quelques temps d’apaisement viennent adoucir un chouia le propos, à ne pas mettre entre toutes les mains innocentes. ★ ★ ★ Musique contemporaine déviante ? Échappées jazz insolites ? Folk music du 22è siècle ? La musique de Richard Glover pose plein de questions sur ‘Logical Harmonies’ (Another Timbre) et les réponses ne sont pas toujours évidentes. Quand on l’écoute d’une oreille, on se dit que son piano (ou autres instruments) ont oublié de passer le stade de l’accordage – en fait, ses sonorités toutes tordues sont l’excellent résultat d’un discours mûrement réfléchi – et dès qu’on y consacre un peu de temps, on est vite scotché à son casque, d’admiration. Quelque part entre Catherine Christer Hennix, Eyes Like Saucers et James Tenney, le compositeur anglais multiplie les ambitions, en solitaire (grâce à ses interprètes au piano, clavier ou contrebasse) ou en formation. Et tout en déchirant les étiquettes, il se réapproprie une Neue Volksmusik au sens généralement admis par l’ensemble Zeitkratzer. Elle est pas belle, la vie ? ★ ★ ★ Ami des cases bien pratiques pour ranger tes disques par genre, tu vas être servi avec Splice, quatre musicos londoniens membres par ailleurs du collectif Loop, et son ‘#2 Silent Spoke’ (Loop Records). Genre à lui tout seul – vous connaissez d’autres projets doom metal free improv, vous ? – le combo anglais produit une musique d’autant plus improbable que son aboutissement est de haute volée. Telle l’improbable conciliation entre Bohren & der Club of Gore et SunnO))), les quatre loustics (dont P-A Tremblay, déjà encensé en cette rubrique) explorent non seulement des territoires inusités, où les semences qu’ils déposent trouvent une terre étonnamment fertile. Par brefs instants, ils oublient même franchement toute tentative dark mal fagotée, et chemin faisant, le quatuor retrouve ses racines free jazz (‘Mobile Piece’), voire se risque à un pastiche de Cotton Club aussi drôle qu’expiatoire. Et la meilleure nouvelle ? C’est en double CD, mec. ★ ★ ★ La nouvelle va faire plaisir à Felicia Atkinson qui tient la dame en haute estime, l’été 2014 voit le grand retour de Sawako six ans après un ‘Bitter Sweet’ resté dans les mémoires des fans du label 12K. Aujourd’hui hébergée sur la passionnante officine française Baskaru, l’artiste japonaise dévoile sur ‘nu.it’ une vision de la musique ambient néo-classique de la plus haute volée. Audelà des conventions parfois gentillettes du genre, à l’instar des compilations ‘Pop Ambient’ de Kompakt, Sawako Kato témoigne d’un sens exquis de la composition, où chaque instant est ciselé et précieux. Sans tomber dans le double piège de la brume qui masque tout et de la compassion post-new age pour épicerie bio, l’artiste nipponne invite à la rencontre entre Marsen Jules, Chris Watson et Machinefabriek, tout en n’oubliant pas ce je-ne-saisquoi de mystère extrême-oriental. Perso, ça me fait un des mes disques de l’été. ★ ★ ★ Figure incontournable de la musique du vingtième siècle aux côtés de Pierre Schaeffer ou Karlheinz Stockhausen, Luc Ferrari demeure neuf ans après sa mort à la fois un dieu et une énigme. Sans avoir vieilli d’un poil, son ‘Tautalogos III’ () de 1969 continue de fasciner tant son auteur y dynamita les multiples déclinaisons de la musique concrète. Remarquablement interprété par la fine équipe autour de sa veuve Brunhild Meyer-Ferrari (dont on entend la voix), le morceau synthétise en 29 minutes la folie sans calcul de Ferrari. Toute en tension et en relâchement, l’œuvre laisse une formidable liberté de ton aux musiciens et entre électronique bizarre, éléments du quotidien et instruments «normaux», ces derniers ne se privent pas de secouer le cercueil de Pierre Henry et de John Cage jusqu’à plus mieux. A noter qu’en appréciable supplément, le même ensemble GOL et Brunhild Meyer-Ferrari nous proposent une improvisation (‘Havresac’) directement dans l’esprit de Luc F. Elle est aussi sympathique qu’anecdotique. ★ ★ ★ Deux des trois membres du trio berlinois minimaliste Denseland sont à l’œuvre sur ‘At The Beach: Music For Voice And Electric Bass’ (Monotype), le vocaliste spoken word David Moss et le bassiste-électronicien Hannes Strobl et quelque chose cloche sur leur première collaboration en duo. Si l’aventure se veut une histoire racontée en musique, et on est bien sûr loin de Bernard & Bianca, le timbre grave du raconteur anglais trouve un appui sonore peu convaincant auprès du musicien allemand. Tels deux centre-avants qui se marchent sur les pieds face au but, les deux comparses finissent par se gêner mutuellement à force d’évoluer dans le même registre. Et dans un genre similaire, on continuera de préférer ‘The Crying Of Lot 69’de Philippe Petit & Eugene S. Robinson, par ailleurs leurs coreligionnaires du label Monotype. ★ ★ ★ Malgré un titre indonésien (‘Tempatempat’), c’est bien de Pologne que nous vient Derek Piotr qui trouve naturellement en Monotype le terrain de jeu naturel pour ses explorations vocales. En fin de compte très accessibles, notamment grâce à des percussions qui rappellent qu’au 21è siècle, le gamelan demeure une influence majeure de la musique occidentale (et Steve Reich ne dira pas le contraire), les nombreux morceaux de son quatrième album auraient tout aussi bien pu trouver leur place sur le label Warp. Comme si la musique traditionnelle de l’archipel asiatique s’était retrouvé entre les mains de Four Tet, l’univers imaginé par Derek Piotr ouvre des perspectives étonnantes, nonobstant le fait que le chant du bonhomme n’est pas toujours à son extrême avantage.
Le Mas des Escaravatiers
A Puget-sur-Argens, vous quitterez la nationale 7 au sud de la zone artisanale pour vous engager sur une étroite route de campagne qui vous mènera au haut d’un tertre flanqué de vignes et d’oliviers. Vous pénétrerez dans l’enceinte d’une propriété de belle allure aux murs recouverts d’un crépi ocre jaune : le Mas des Escaravatiers. C’est une demeure familiale aisée entourée d’un vaste jardin au centre duquel trône une piscine. En juillet, la température locale y est une des plus élevées de France, l’ensoleillement estival y est optimal et il est parfois possible de goûter aux embruns de la Méditerranée portés par le Mistral. C’est dans cet endroit idyllique que Sébastien Costamagna a commencé a organiser des concerts, au début en recourant à une scène de fortune montée sur des parpaings. Aujourd’hui, c’est une véritable équipe qui anime et gère le lieu sous sa houlette. Un lieu strictement privé. Le festival d’été en est à sa douzième édition tandis que sa programmation se décline sur les trois mois de juin, juillet, août. Cet été, elle aligne une quarantaine de dates distinctes comportant à la fois des concerts, des dj sets mais aussi des brunchs sonores. Volontairement éclectique, elle affiche des noms de la pop et du rock comme Girls In Hawaï, Têtes Raides, Ayo, du dub (High Tone, Busy Signal, The Gladiators…), de la soul, de la chanson française (Jeanne Cherhal) ou de la variété. Parallèlement, l’équipe organise des résidences d’artistes, Higelin fut le premier à y être convié. Vous êtes au premier tiers de l’été et ce soir vous êtes venu voir et écouter Milky Chance à la demande de votre fille de treize ans. Le concert se joue à guichets fermés. Le Mas a atteint sa contenance maximale, mille cent spectateurs. A dix heures du soir, le ciel vire au bleu nuit, au loin vous apercevez les lumières de la côte qui tentent d’éclairer le ciel. Une branche d’olivier bruisse. Le duo délivre une prestation sans faille où les titres se succèdent en s’emboîtant les uns dans les autres, ponctués par la seule clameur d’un public enthousiaste et par l’arrivée d’un harmoniciste invité. Un drone high-tech filme l’événement. Le lendemain, devant une assistance plus parsemée, c’est Staff Benda Bilili qui s’empare d’une scène qu’il faut gravir en chaise roulante pour la moitié d’entre eux. Très vite, le combo congolais chauffe et échauffe l’audience venue d’horizons très divers. Des têtes dodelinent, d’autres s’ébrouent. Les jambes ondulent, les pieds martèlent le sol. Difficile de rester en place à l’écoute de cette musique libérée et bariolée en provenance des rues de Kinshasa. Deux heures auparavant, les musiciens étaient sagement assis dans le salon du mas, dissertant avec nonchalance. Là, rien ne semble dorénavant les arrêter dans le cours de leurs impétueuses logorrhées. Vous vous mettez en retrait, hors du tumulte, le temps de respirer un peu. Vous portez à votre bouche un gobelet de vin rosé mis en bouteille au domaine des Escaravatiers dans lequel flottent deux restes informes de glaçon. Le vent s’est levé. Derrière la scène, vous apercevez au loin les lumières de Fréjus Plage. Staff Benda Bilili entame un rappel à la demande générale. Le temps semble s’être arrêté. C’est une belle nuit d’été qui se profile. Un été qui déjà s’épuise. D’un été, l’autre. Un lien : www.lemas-concert.com
Book maker Texte: Anys Amire et François Georges photo: Peggy Schillemans
Axel Du Bus
Un lieu défait
La Boîte à Pandore
Emprisonné, un jour les fautes s’oublieront, se réuniront les vivants et les morts. Dans l’entretemps, dans l’interstice on reviendra dans son giron, sol impalpable, morte terre. Comme si les mots n’existaient plus, comme si le corps s’était oublié, étrange frontière uniquement rappelé par les sangles. Comme le sable d’un sablier la musique tombe dans la musique. La musique tombe dans la musique comme ta voix dans les voix. Enraciné dans ta béance, tout y commence, tout y revient. Au départ c’est d’une grande confusion, amas de cris, d’agitation, comme un cauchemar qui ne perdrait jamais sa violence. Dans ta démence tu déferas le tien disait le chanteur. On t’y emmène, on t’y traîne. A deux, à trois, à cinq, à six. Tôt ou tard, on y passera, on y naîtra, là-bas dans cet espace sans chaise, promesse de silence. Un silence comme un feu, une maison de silence. Pas de murs, que des liens, tissés, tressés, solides sur la peau. Que de la peau abrasée, trouée. Pas de mur, juste un lieu non fini, sans substance. Juste un lit aux draps froissés et souillés. Un lieu défait.
Attaché, bâillonné jusqu’au gosier on subit le temps. Les cris s’apaisent, comme tous les cris, c’est-à-dire qu’ils se taisent, laissent place aux murmures, aux histoires que l’on se raconte, qui se perdent, naissent et meurent dans un même mouvement se fracassant contre le poids du silence. On célèbre alors la victoire de l’obscur. Le lieu renaît du rythme de ton corps. Nu et tendu, transpirant et relâché. La mémoire de ce corps te semble étrangère, confuse. Le lieu te le rappelle. Commence l’immobile ressassement, l’extraction de la pierre de la folie. Les poils délicats s’hérissent et respirent, les ongles crasseux poussent régulièrement à en devenir laiteux, les cellules de l’épiderme croissent par strates successives qui s’entrechoquent, nouvelle tectonique, nouvelles frontières. Le corps se souvient d’un amour, il se creuse de sillons de lumières internes, une boule de souffrance inarticulée suit le trajet d’une balle élastique allant des oreilles à la bouche. Les idées, les mots reviennent petit à petit dans un cliquetis musical. Le lieu digère ton corps et son langage. Libéré, les jambes flageolent un peu mais tu es droit sur tes pieds. Les muscles sont endoloris, brûlants. La porte s’ouvre, un courant d’air y pénètre, tu respires à plein poumon et ingurgites l’odeur du lieu. Tu découvres comme pour la première fois sa géographie, les néons au plafond diffusant sa teinte grisâtre, le carrelage au mur te reflétant une image déformée, tu sens le linoleum du sol s’appuyer contre la plante de tes pieds. Les entraves pendent immobiles en dehors du lit, en dehors de toi. L’espace se découpe précisément. On te propose une douche. L’eau te lave comme jamais auparavant, elle apaise les traces violacées qu’ont laissé les liens sur ta peau. Tu sors, tu en sors, parmi les autres. Tu repasseras souvent devant cette porte, le plus souvent close. Elle te fera peur, elle te fera envie, il t’arrivera de la mendier car tu en as maintenant une connaissance intime. Tu sais le derrière de la cloison, l’obscurité du lieu-dit d’isolement. Tu sais que dans cette chambre intérieure il y a quelque chose de plus calme que le sommeil. L’obscurité qui se met à luire. La lumière retrouvée, doublement éteinte. De la couleur du mausolée d’enfance, la couleur mortuaire des désirs contenus qui s’ouvrent dans la chambre sauvage. Des années ont passé, tu marches dans des rues peuplées d’ombres. Tu manges des repas seul ou à plusieurs. Tu parles peu, tu réapprends certains mots. Tu avales des comprimés, tu es dit stabilisé, tu n’es plus en danger, tu essaies de vivre à juste distance de toi, des autres, de la vie. Le lieu n’est plus cette blessure, il est ce dialogue impur en toi .Il continue sa route en toi. Il est cette projection désespérée de ta matière verbale, rendue libre à toi-même, naufrageant en toi-même. Texte librement inspiré des écrits d’Alejandra Pizarnik. Un livre : ‘L’enfer musical’ par Alejandra Pizarnik ; Ypfilon.éditeur Une chanson : ‘Le lien défait’ par Jean-Louis Murat.
‘100 Classiques Rock Et Leur Sens Caché’ Scénariste, réalisateur, dessinateur et homme de radio, Axel Du Bus a longtemps tenu une tribune sur les ondes radiophoniques de Classic 21. Derrière le micro, il passait les paroles de grands classiques du rock au peigne fin. Son trip à lui, c’était ça : farfouiller sous les mots, sonder les recoins d’un refrain pour déceler d’autres vérités : un secret, une trajectoire inexplorée, des (doubles) sens cachés. À fond dedans, il reproduit aujourd’hui l’expérience dans un bouquin logiquement intitulé ‘100 Classiques Rock Et Leur Sens Caché’. Les chansons choisies par l’auteur flirtent toutes, de près ou de loin, avec la discothèque idéale du Rock & Folk. En tournant les pages, on a parfois l’impression qu’Axel Du Bus a fait une descente en Ray-Ban chez Philippe Manœuvre. À de rares exceptions, on cause donc essentiellement la langue défendue dans le dictionnaire du rock. On brûle des kilomètres de riffs sur les traces de vieux totems, des demi-dieux de la guitare électrique : Jimi Hendrix, The Beatles, David Bowie, Bob Dylan, Blondie, The Eagles, AC/DC, U2 ou Radiohead sont tous de la partie. Ici, pas de potin sur Ty Segall, The Black Keys, Queens of the Stone Age ou Thee Oh Sees. On est plus loin dans le mythe. Après, on na va pas bouder son plaisir : ‘100 Classiques Rock Et Leur Sens Caché’ est un puits d’érudition. Les anecdotes se suivent et ne se ressemblent jamais. On apprend comment tel ou tel tube a vu le jour, comment un hit s’impose sur un malentendu, comment une chanson répercute sa mélodie à travers les temps. Les paroles des morceaux choisis écopent bien souvent d’une signification détournée au contact de l’époque et des publics. Fort heureusement, on n’est rarement perdu : il est souvent question de drogues et de cul. L’affaire est soigneusement torchée et habilement tournée, à la croisée du sérieux (journalistique) et de l’humour (belge). Plutôt cool. D’ailleurs, une fois le livre terminé, on a juste envie de boire une bière avec Axel Du Bus. Histoire de refaire le monde (du rock). (na)
view master Our Vinyl Weighs A Ton ‘This Is Stones Throw Records’ Stones Throw Records/V2
Documentaire captivant mis en images par le réalisateur Jeff Broadway, ‘Our Vinyl Weighs A Ton’ retrace l’épopée du label Stones Throw Records à travers de vieilles pellicules, des interviews et quelques instants arrachés sur scène ou en studio. Spécialisée dans le hip-hop indépendant depuis 1996, la structure est gérée par le passionné et passionnant Peanut Butter Wolf, DJ et producteur sans œillère. On le suit ici depuis ses débuts : de l’insouciance à la tragédie, de l’énergie du désespoir à la folie des grands soirs, des délires mélomanes aux rencontres capitales. ‘Our Vinyl Weighs A Ton’ est d’abord une histoire humaine, un récit où l’émotion prime toujours sur les chiffres de vente et les codes-barres. On y croise le souvenir de J Dilla, la musique de Madlib et un défilé d’intervenants. Kanye West, Common, Talib Kweli, Tyler, The Creator, Earl Sweatshirt, Flying Lotus, Geoff Barrow, Jon Wayne, Questlove, Snoop Dogg ou J Rocc apparaissent notamment au casting de cette fresque aux beats dantesques. A voir absolument. Pour l’histoire ou par amour du flow. (na)
06
Eric Therer
Comment la mémoire des lieux influence-t-elle le travail ou la démarche d’un artiste ? Comment les routes et chemins qui les jalonnent servent-ils de points de repère à sa vision ? Comment deviennent-t-ils eux
aussi à leur tour des signifiants lestés d’une charge mémorielle ? Telles sont, parmi d’autres, les questions que James Brooks – aka Land Observations – nous pose sans explicitement les énoncer. Avec l’album ‘Roman Roads IV-XI’, paru il y a deux ans, il arpentait les voies de communication de l’ancien empire romain. Sur ‘The Grand Tour’ qui sort aujourd’hui, Brooks revient sur les rites de passage des voyageurs fortunés du 18ème siècle, une ère qui marqua le début du voyage culturel et touristique à travers l’Europe. Dans quel contexte ‘The Grand Tour’ a-t-il été enregistré ? James Brooks : « Le disque a été enregistré en Bavière, dans un studio situé en bordure des Alpes. Le cadre était incroyablement bucolique mais aussi empreint d’un grand silence car très peu fréquenté. J’y suis resté une semaine environ pour une session très productive, très concentrée. Le choix de ce lieu n’a pas été un hasard. J’ai délibérément recherché le contraste. J’avais enregistré ‘Roman Roads’ à Berlin qui est une ville fantastique mais extrêmement sonore. La multitude des sources de bruit dans l’environnement induisent indirectement un effet sur un travail comme le mien et peuvent involontairement le perturber. » Faut-il voir une analogie entres les strates des sons qui forment tes compositions et celles, géologiques, qui agencent les montagnes alpestres ? James Brooks : « J’apprécie la comparaison. Ma musique est effectivement construite à partir de couches. J’enregistre une piste de guitare, puis une autre et ensuite une autre et une autre etc… La montagne renferme aussi ses propres couches. Mais la comparaison pourrait aussi être faite en ce qui concerne les différentes couches du temps, celles des époques qui se sont succédées. Ce point de vue est assez poétique mais il n’est pas sans pertinence…. » Les lieux qui titrent tes compositions ne sont évidemment pas restés identiques à ce qu’ils étaient à l’origine, que cela soit pour une ville comme Ravenne ou pour les routes des Flandres et cela est plus vrai encore pour les voies romaines dont il ne subsiste que le tracé… James Brooks : « C’est vrai. Je fais référence à des lieux qui ne sont plus dans leur état pristin. Les routes ont été contournées, recouvertes, déviées… L’itinéraire est davantage hypothétique ou deviné que réel. Le voyage que j’imagine en devient donc virtuel. »
On The Road Au point de devenir imaginaire ? T’es-tu seulement rendu sur les lieux que tu cites ? James Brooks : « Je me suis rendu à certains de ces endroits mais pas à tous. Je ne m’y sentais pas contraint. Par exemple, j’avais déjà été au Col du Brenner mais je n’ai jamais été à Ravenne. Peut-être que ce disque m’y mènera. Il y a des lieux sur lesquels je me suis documenté, sur lesquels j’ai beaucoup lu. C’est surprenant de voir que des villes qui étaient très connues ou très importantes dans le passé sont quasiment tombées en désuétude aujourd’hui. Ravenne a eu son heure de gloire, elle a attiré beaucoup de gens de lettres au siècle passé alors que c’est une petite ville de province de nos jours. J’accorde autant d’importance au voyage imaginaire car il remet en question les paramètres habituels du tourisme. » Un auteur français s’est intéressé à cette question, c’est Pierre Bayard (‘Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ?’, Éditions de Minuit, 2012). L’as-tu lu ? James Brooks (après plusieurs hésitations) : « Oui, je me rappelle maintenant avoir lu plusieurs passages d’un livre qui parlait de cela. Du voyage que tu peux faire dans ta tête sans prendre le moindre ticket d’avion ou de train ! » Es-tu familier avec le travail d’artistes plasticiens comme Richard Long ou Hamish Fulton, souvent repris sous l’étiquette du Land art mais qui sont aussi des marcheurs patentés ? James Brooks : « Oui, bien sûr. J’ai eu l’occasion de voir plusieurs de leurs travaux ou expositions. Durant les études (une maîtrise en beaux-arts, ndlr), j’avais déjà été amené à découvrir leur travail. Ce qui m’a toujours fasciné chez eux, c’est cette nécessité d’enregistrer leur voyage, de le consigner à travers des artéfacts ou des signes artistiques. » Serais-tu d’accord de considérer que le trajet importe davantage que la destination ? James Brooks : « Nous sommes, pour la plupart d’entre nous, en transit permanent, en partance ou en arrivée. Le voyage n’a plus la même signification qu’il avait par le passé. Cette idée de voyage continuel sera au centre de mon prochain disque. » Au sein de Mute, tu fais un peu office d’outsider, d’artiste inclassable par rapport au reste du catalogue. James Brooks : « C’est vrai que je pourrais figurer sur des labels comme Touch ou sur Erased Tapes. Mais cela implique une catégorisation plus contraignante. Après, tu éprouves du mal à expliquer les nuances de ce que tu fais. On te range alors trop facilement. Je connais Mute depuis longtemps et il me semblait normal de continuer avec cette maison de disques qui s’est toujours montrée curieuse à l’égard de mon travail. » Le lieu où tu te produis en live importe t-il ? James Brooks : « J’ai souvent joué dans des galeries ou dans des espaces dévolus à l’art plastique mais aussi dans des théâtres. Mon projet musical est portable et aisément transportable, il s’adapte à beaucoup d’endroits de natures très diverses pourvus que la sonorisation soit adéquate. Parfois, les caractéristiques ou l’architecture d’un bâtiment sont tellement fortes qu’elles dégagent une atmosphère qui va rehausser ton son ou qui va te confronter à une dimension qui peut devenir partie intégrante du processus créatif. En cela, le lieu garde toujours de son importance… »
Land Observations ‘The Grand Tour’ Mute/Pias
Land
Les titres de ‘The Grand Tour’ s’abordent à la manière des chapitres d’un guide touristique sur les endroits oubliés de la vieille Europe. Celle que découvrirent bon nombre de touristes anglais dès le 18ème siècle, à une époque où il devint réellement possible d’entreprendre un voyage à but touristique ou culturel, ce que suggère l’invite au voyage ‘On Leaving The Kingdom For The Well-Tempered Continent’ qui ouvre le disque. Des routes des Flandres (‘Flatlands And The Flemish Roads’) au Simplon (‘From The Heights Of The Simplon Pass’), ce voyage prend le temps de s’arrêter à des étapes choisies : Nice, Turin, Vienne (‘Ode To Viennese Streets’), Ravenne (‘Return To Ravenna’). C’est en vain que l’on cherchera des enregistrements de terrain ou la restitution d’atmosphères sonores locatives. Les huit compositions de l’album sont toutes coulées dans un moule identique à partir d’une seule et même guitare électrique. Le talent de James Brooks réside dans le fait d’avoir exploré, de façon presque toponymique, dans ses moindres recoins, l’instrument pour en faire resplendir ses richesses de timbre et mettre en avant son plein potentiel. C’est un peu comme si Brooks s’était attelé à suivre les stations d’un itinéraire sans s’arrêter aux bornes ou aux jalons. Un voyage à la fois réel et imaginaire. Un voyage sublimé malgré lui. (et)
Observations
09
13,5 0 €
rOyAl blOOd Royal Blood
bAseMent JAXX
rustie
Green language
cOves
sbtrkt
14,5 0 €
Jungle
Barragan
tricky
A l t e r n A t i v e
w
w
14,5 0 €
lp1
15,5 0 €
MOrning PArAde pure adulterated Joy
13,5 0 €
adrian Thaws
gregOry PAge
one Way Journey Home
fkA twigs
Jungle
14,5 0 €
blOnde redheAd
14,5 0 €
14,5 0 €
Three poisons
14,5 0 €
Manipulator
This is all Yours
elePhAnt stOne
Soft Friday
ty segAll
Alt-J
el pintor
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MAgnus
Where neon Goes To die
O n l i n e
r e c O r d s t O r e
w . b i l b O r e c O r d s . b e
B i l B o • l a d e u z e p l e i n 13 • B - 3 0 0 0 l e u v e n • 0 16 5 0 0 7 7 3
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kAren O
Crush Songs
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Texte : A Nn i cnoel- a L iss e A lRsetm ea ec nl© e R e n ata R a k s h a
En 2010, Avi Buffalo faisait l’école buissonnière pour sortir la pop américaine de ses ornières. Deux brunes dodues et deux gamins joufflus s’échangeaient des mots doux sur un premier album éponyme qui zigzaguait naïvement entre les couplets de la jeunesse éternelle et la mélodie du bonheur.
En dépit des pannes de cœur et des carambolages de l’existence, Avi Buffalo a toujours avancé avec le soleil dans les yeux. Comme chez The Shins ou The Spinto Band, la mélancolie se chantait ici avec le sourire de l’enfant attendri. Quatre ans après le premier coup de foudre, un solitaire nous accueille pour parler d’un nouveau chapitre intitulé ‘At Best Cuckold’. Avigdor Zahner-Isenberg est désormais célibataire. Le garçon a affirmé son caractère et ne fait plus aucun mystère sur sa situation : Avi Buffalo, c’est lui. Et au fond, ça l’a toujours été. Comment l’histoire d’Avi Buffalo a-t-elle commencé ? Avigdor Zahner-Isenberg : « Avant Avi Buffalo, je jouais dans le groupe Monogram. En 2006, on a goupillé quelques disques à l’arrache dans des studios pourris où tu filais vingt dollars contre une heure d’enregistrement. En marge de ce projet, j’avais commencé à expérimenter des trucs à la maison sur le logiciel GarageBand. C’était des chansons plus posées et raffinées : des morceaux un peu perso que je ne souhaitais pas spécialement partager avec Monogram. Je me suis alors créé une page MySpace sous le nom d’Avi Buffalo. Grâce à cela, j’ai commencé à recevoir de l’intérêt de plusieurs personnes de la région de Long Beach, en Californie, là où j’ai grandi. Un passionné de rock indé et de folk déglingué m’a notamment proposé de jouer quelques dates dans des cafés. J’avais 16 ans et, à force de
particulièrement douloureux de ma vie amoureuse. Quand le premier album d’Avi Buffalo est sorti, j’étais dans une relation sérieuse. C’était un truc très fort. Tout se passait pour un mieux. Puis, je suis parti en tournée pour défendre le disque sur scène. Entre les dates à l’autre bout du pays et les concerts à l’étranger, notre communication s’est désintégrée. Quand je suis rentré, on a rompu. Quelques mois plus tard, on est parti avec des potes musiciens faire du camping. Plusieurs groupes étaient engagés dans ce trip, dont celui de mon ex. On était en vacances dans un cadre magnifique, on jouait des concerts, l’ambiance était magnifique et puis, elle était là... Et, surtout, on s’entendait de nouveau parfaitement. J’étais totalement déchiré : à la fois content d’être là et persuadé qu’on avait foutu un beau truc en l’air… C’est parfois plus simple pour moi d’exprimer ce genre de sentiments à travers la musique. Ça doit être lié à l’instrument... Quand tu tiens une guitare entre les mains, tu te sens protégé. C’est comme un bouclier émotionnel. Souvent, quand je réécoute une chanson, je me dis qu’elle contient exactement ce que j’aurais réellement voulu dire à l’autre avec de vrais mots à un moment précis de ma vie. » Tu as peaufiné et mixé le nouvel album en compagnie de Nicolas Vernhes. Il est connu pour son travail de production avec Oneida, Deerhunter, Black Dice, Dirty Projectors, Spoon ou Animal Collective. C’est lui qui se cache derrière les nuances sonores du disque ? Avigdor Zahner-Isenberg : « Oui et non. Je le connais depuis un moment. C’est lui qui m’a aidé à sortir la tête de l’eau après les moments difficiles qui ont suivi la tournée de 2011. C’est grâce à lui que j’ai remis de l’ordre dans mes idées. Par la suite, Nicolas a contacté Sub Pop pour proposer ses services à la production sur le nouveau Avi Buffalo. J’étais super emballé à l’idée de travailler avec lui. Mais j’ai rapidement déchanté. Nicolas habite à New York, sur la côte Est. Moi, je vis de l’autre côté, à l’Ouest. La distance m’a complètement refroidi. Je n’avais pas envie de faire des allers-retours incessants. J’avais peur de quitter ma zone de confort. Pris de panique, je me suis enfermé chez moi et j’ai commencé à écrire sans discontinuer. Fin 2012, j’avais suffisamment de matériel pour plancher sur un deuxième album. Des amis m’ont rencardé l’adresse du studio Tiny Telephone, un endroit incroyable géré par le musicien et producteur John Vanderslice. Entre janvier et avril 2013, j’ai tout enregistré là-bas sur bandes analogiques. Les choses se mettaient bien. Mais je n’étais pas certain de mon coup. J’avais envie de prendre mon temps. Alors, j’ai demandé à récupérer la matière via un transfert sur Pro Tools. J’ai finalisé l’album de mon côté avec l’aide de Jay Pellicci (producteur de nombreux disques, notamment pour The Dodos, Deerhoof ou Sleater-Kinney, ndlr). »
Eternal Sunshine of the Spotless Mind faire des concerts, j’étais en train de me constituer un petit groupe de fans. De fil en aiguille, on m’a proposé de jouer dans des endroits de plus en plus grands. J’ai alors constitué un véritable groupe de scène. On a amplifié tous mes morceaux et commencé à tourner davantage. Puis, un peu par hasard, je suis entré en contact avec les gens du label Sub Pop via une connaissance. Ils étaient intéressés par le projet. Et la connexion s’est faite assez naturellement. Notre premier album est sorti chez eux en avril 2010. Ce disque nous a propulsés sur les routes pendant deux ans. » Cette première tournée, c’était un rêve ou un cauchemar ? Avigdor Zahner-Isenberg : « C’était long et terriblement intensif. Ça m’est un peu tombé sur le coin de la gueule. Parce que jusque là, j’étais habitué à jouer des petits concerts dans des cafés en m’accompagnant seul à la guitare. Par la suite, avec le groupe, nous sommes partis à gauche-à droite pour quelques dates dans la région de Los Angeles. Mais ça s’arrêtait là. Quand le disque est sorti chez Sub Pop, on est directement passé à l’échelle nationale et, dans la foulée, internationale. Voyager en van avec des musiciens et traverser les États-Unis de long en large, ce n’est pas forcément le rêve que l’on croie… En Europe, c’était encore plus chaotique. Je tournais avec mes potes d’enfance. On se connaissait assez bien et on prenait du bon temps. Mais partir à l’étranger avec eux, c’était une autre histoire… On n’était pas conscient de certains impératifs : penser à dormir, bien boire, s’alimenter correctement. Fin 2011, j’étais flingué. J’ai juste ressenti le besoin de tout arrêter et de reconsidérer les choses. J’ai même failli mettre la clef sous le paillasson. Je voulais juste rentrer chez moi et perfectionner mon jeu de guitare, prendre des leçons, essayer de devenir meilleur. » À travers le nouvel album, Avi Buffalo confronte souvent l’auditeur à des histoires d’amour qui, en général, finissent mal. Dans la vie de tous les jours, es-tu l’éternel romantique qu’on entend chanter sur le disque ? Avigdor Zahner-Isenberg : « Complètement. Les relations amoureuses ont toujours constitué des étapes d’apprentissage essentielles dans ma vie. Je me sens naturellement attiré par ces sujets au moment d’écrire un morceau. Au contact de la musique, les émotions s’accommodent à une nouvelle réalité. Ça me permet d’avancer et de faire ressortir des choses... » Dans ‘Won’t Be Around No More’, la dernière chanson du nouvel album, il est notamment question de regrets. Chanter, c’est une façon de te libérer de souvenirs pénibles? Avigdor Zahner-Isenberg : « Ce morceau revient effectivement sur un moment
Un disque : ‘At Best Cuckold’ (Sub Pop/Konkurrent) Suivez le guide : www.avibuffalomusic.com
on stage 15/10 Botanique (Bruxelles)
T e x t e : patr i c k f o i s s a c
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The Magic Numbers
Mine de rien, cela fait déjà plus d’une décennie que ce groupe britannique composé de deux paires de frères et sœurs nous régale d’une pop irrésistible et finement ciselée. Brassant une multitude de genres dans
un esprit indéniablement pop hanté par une once de mélancolie, ‘Alias’ est une œuvre brillante. Romeo Stodart, chanteur et
guitariste, a accepté de se pencher avec nous sur la genèse de ce nouvel opus ainsi que sur son parcours d’homme et d’artiste. Tout cela avec beaucoup de gentillesse et d’humilité. La classe, tout simplement. Votre nouvel album s’intitule ‘Alias’, ce qui conjure l’idée d’une identité double, d’un rôle que l’on endosse. J’imagine que ce choix n’est pas le fruit du hasard. Romeo Stodart : « Non, c’est un choix délibéré. C’est une référence à ma vie, à mes chansons et je pense que cela s’applique à tout le monde. On a tous tendance à se présenter sous différentes versions de soi-même en fonction des personnes avec qui on est. » Un peu comme si on portait différents masques en fonction des différents scénarios se présentant à nous, finalement… Romeo Stodart : « Oui, la vie nous présente des situations très variées auxquelles on s’adapte en portant un masque qui semble adapté mais qui ne reflète pas forcément ce que l’on est. Ces dernières années, j’ai traversé pas mal de choses fortes sur le plan personnel, notamment la fin d’une relation, et je me rends compte que je n’ai pas forcément été fidèle à moi-même. La même chose peut d’ailleurs s’appliquer à la vie au sein d’un groupe. »
Bittersweet Harmonies Ce concept d’identités multiples, on le retrouve aussi sur le nouvel album qui brasse les genres et les styles. Romeo Stodart : « C’est vrai, mais ce n’est pas quelque chose de nouveau chez nous. Cela a toujours été là, y compris sur notre premier album où l’on retrouvait des influences soul, funk ou country. On est ouvert à toutes sortes de styles, d’où ce brassage constant. Ceci dit, ‘Alias’ est l’album dont on est le plus fier car il parvient à dégager quelque chose qui nous manquait avant, soit une forme d’énergie que l’on ne percevait selon moi pas assez. » Le fait que tu sois satisfait du nouvel album semble indiquer que tu es plus serein que par le passé, puisque tu as longtemps été perçu comme un artiste anxieux et doutant de la qualité de ta production. Romeo Stodart : « Je suis toujours du genre stressé, tu sais ! (rires) J’ai tendance à douter, à m’imposer une pression malgré une certaine forme de reconnaissance autour du groupe. Il y a un désir constant de ne pas décevoir, de répondre aux attentes. Quand tu as un morceau en tête, tu as envie de l’en faire sortir, de lui donner vie, ce qui n’est pas simple. Un point positif par rapport à cela, c’est que nous avons désormais notre propre studio, ce qui nous permet d’être libre, de nous focaliser sur ce qu’on fait et de suivre notre propre voie. » Ne penses-tu pas que ta récente paternité a pu t’aider à trouver une certaine forme de paix intérieure ? Romeo Stodart : « Oui, j’adore être papa. Cela rend moins égoïste, cela te permet de comprendre qui tu es et de voir les choses différemment. Avant, tout dans ma vie tournait autour de la musique, mais maintenant il y a autre chose. Le résultat, c’est que la musique n’est plus qu’une partie de ma vie, ce qui me force à être plus efficace quand j’y travaille. » Sur ‘Alias’, on retrouve une continuelle tension entre le côté galvanisant des mélodies et la mélancolie qui est associée au groupe, ce qui est illustré à merveille par ‘Roy Orbison’. Romeo Stodart : « Je n’y peux rien, c’est l’état d’esprit dans lequel je me trouve en permanence. Le titre dont tu parles est à la fois très pop, très entraînant et en même temps, il exprime une vraie tristesse. C’est exactement comme chez Roy Orbison dont la musique suscite chez moi des sentiments doux-amers. Et c’est ce que j’aime, car je pense que cela contribue à élever l’âme. » The Magic Numbers est un groupe connu pour être particulièrement perfectionniste. Sortir quatre albums en plus de dix ans, c’est assez peu, non ? Romeo Stodart : « Totalement d’accord avec toi et je pense d’ailleurs qu’on aurait dû sortir plus de disques. On écrit dans l’absolu beaucoup de morceaux, mais le problème, c’est qu’on est du genre perfectionniste, si bien que l’on passe un temps fou sur chaque titre à tenter des choses, voir ce qui marche ou pas. Je pense néanmoins qu’avec le temps, on est parvenu à trouver une
façon de travailler et un environnement qui vont nous permettre d’être plus efficace. » Le groupe est composé de deux paires de frères et sœurs. Qu’est-ce qui est le plus dur à gérer : l’aspect famille ou la dichotomie fille/garçon ? Romeo Stodart : « J’adore le côté mixte du groupe. Le mélange filles/garçons, c’est très constructif et je ne voudrais certainement pas faire partie d’un groupe de mecs. Attention, je ne dis pas que c’est toujours facile d’avoir 2 filles et 2 mecs : cela amène à une lutte constante, mais c’est très créatif. Par contre, c’est vrai que l’aspect famille, cela n’est pas toujours simple. Il y a les Stodarts et les Gannons et c’est parfois compliqué pour une fratrie de pousser l’autre dans une certaine direction. (rires) » Sur l’album, Gita Harcourt assure les arrangements de cordes. Cela n’a pas été trop dur pour elle de s’entendre avec les deux familles ? Romeo Stodart : « Non, ça s’est bien passé ! (rires) Je la connais depuis longtemps, tu sais. J’ai d’ailleurs aussi bossé avec son frère Ed. En réalité, Robert Kirby qui avait assuré les arrangements de cordes sur notre disque précédent est décédé. Cela nous a beaucoup affectés et on a même songé à laisser les cordes de côté sur celui-ci. Et puis finalement, après avoir parlé avec Gita, on a changé d’avis, elle nous a rejoint sur cet album et tout s’est passé très naturellement. » The Magic Numbers a collaboré avec pas mal d’artistes, y compris des gens qui, comme les Chemical Brothers, n’évoluent pas forcément dans un univers proche du vôtre. Si tu pouvais avoir carte blanche pour une collaboration, qui choisirais-tu ? Romeo Stodart : « Certainement Burt Bacharach. Il a écrit des chansons incroyables et ses harmonies sont fabuleuses. Ce serait un rêve de pouvoir travailler avec lui. Après, je citerais bien évidemment Neil Young, qui m’a beaucoup influencé. » C’est intéressant que tu mentionnes Neil Young car tu anticipes ma prochaine question qui concerne ce qui à mes yeux constitue un malentendu concernant les Magic Numbers. Pas mal de journalistes célèbrent votre écriture comme s’inscrivant dans la lignée de la grande tradition pop britannique. Il y a certes du vrai là-dedans, mais en même temps, l’influence de l’héritage américain me semble elle aussi évidente. Romeo Stodart : « Totalement d’accord. Cela m’a toujours surpris que l’on soit perçu comme étant quintessentially British. Ce que tu dois savoir, c’est que je suis né à Trinidad et que j’ai grandi à New York avant de venir m’installer en Angleterre. Dans ces conditions, tu peux comprendre que mon background musical soit plutôt bigarré et que cela se retrouve dans ma musique. »
The Magic Numbers ‘Alias’ Caroline/Universal
Fidèles à leurs bonnes habitudes, les Magic Numbers nous livrent avec leur quatrième album une superbe collection de pièces d’orfèvrerie pop. Mélodies imparables, arrangements subtils, harmonies vocales sublimes, les familles Stodart et Gannon ont frappé très fort et ‘Alias’ est sans doute leur album le plus abouti. Le groupe a en effet mûri, gagné en confiance et nous offre quelques pépites particulièrement scintillantes. Les amateurs de ballades déchirantes apprécieront à leur juste valeur le country ‘Enough’ ainsi que ‘Roy Orbison’ qui vous arrachera une larme si vous avez un cœur. Outre une belle fournée de titres tout en introspection mélancolique, on retrouve ici des morceaux plus upbeat, tels le très indie pop ‘Better than him’ ou l’excellent ‘Shot in the dark’ dans un style se rapprochant de Neil Young. Enfin, soulignons aussi le très bon ‘Wake up’ qui démarre en mode délicat et downtempo pour connaître ensuite une jolie montée psychédélisante façon Pink Floyd. Du grand art ! (pf)
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Texte : A La nu nree- Lni t s eG R rem n iaecrl © e D R
C’est à Paris, dans les bureaux de son label, qu’on rencontre Héloïse Letissier, promue par toute la presse musicale (et autre) star incontournable de cette rentrée. On y découvre une jeune fille charmante qui vous claque direct trois bises avant de devenir logorrhéique dès qu’on évoque Kanye West. Lequel rappeur se
retrouve d’ailleurs dans la plus belle reprise de Christophe entendue depuis des lustres. Un morceau transgenre qui illustre bien les obsessions un peu queer d’Heloïse. Et la porte d’entrée vers un disque minimal et lyrique, qui danse constamment avec une mélancolie à fleur de peau. Un album bilingue et mutant à la beauté austère mais jamais glaciale, où l’électro chatouille la synth (sainte ?) pop à coup d’archets. Oui, cette fille a tout d’une Lorde. Et même davantage.
Christine
And The Queens Donc, si j’ai bien compris, l’histoire remonte à l’hiver 2010 où tu traînais, un peu paumée, dans les bars à travestis de Londres. Héloïse Letissier : « Complètement paumée, on peut le dire. C’était un moment de ma vie où ça n’allait pas trop bien. Je me suis un peu mise en danger toute seule en faisant des trucs que je ne n’avais pas l’habitude de faire, comme sortir seule dans les rues de Londres, le soir. J’ai fini par aller dans un club qui s’appelle Madame Jojo’s, qui n’est pas qu’un club queer d’ailleurs. Un soir j’ai vu un numéro musical assez démentiel de trois travestis un peu glam rock, un peu Ziggy Stardust qui s’appelait « comment faire du rock’n’roll et de la cuisine en même temps ». Concrètement, c’était le bordel. Sur le coup, ça m’a frappé, touché et je me suis dit qu’il faudrait que j’arrive à faire un truc comme ça, qui soit très libre, libéré de tout regard extérieur, un peu je-m’en-foutiste. » Tu te fiches du regard des gens sur ton album ? Héloïse Letissier : « C’est pas que je m’en fiche mais j’ai appris à me détacher de ça, du moment que je suis en accord avec moi-même. En fait, je suis la fille la plus dure avec moi, c’est-à-dire que toutes les critiques qu’on peut me faire, je me les suis potentiellement déjà faites. J’ai tellement ce côté où je me remets tout le temps en question que finalement, s’il y a une critique qui n’est pas bonne, c’est simplement que la rencontre de mon projet avec la personne qui l’émet ne s’est pas faite. »
Dancing Drag Queen Après, tu es retournée régulièrement voir ces trois travestis ? Héloïse Letissier : « Oui et elles ont fini par venir me trouver parce que je détonnais dans le cadre très festif du lieu où tout le monde l’était sauf moi avec mes vingt ans, assise toute seule à une table avec un air très fatigué, voire même dépressif. Elles m’ont demandé si ça allait et ça a été le début de quelques semaines passées avec elles. Je me suis confiée de manière très impudique, très rapidement. Je pense que le fait qu’elles soient venues me trouver comme ça est aussi lié à une culture d’entraide qu’il y a peut-être davantage dans cette communauté queer et LGBT qu’ailleurs, je ne sais pas. » Ce sont des communautés qui t’ont toujours attirée ? Héloïse Letissier : « J’ai toujours été traversée par ces questionnements. Moi-même, je me pose des questions sur mon identité, pourquoi des fois, je me sens plus un garçon qu’une fille alors que visiblement, je suis une fille. Du coup, j’ai toujours été intéressée par les gens qui s’interrogent sur leur identité. C’est pareil avec la pop music, les gens qui me touchaient étaient un peu des créatures : David Bowie, Bjork que j’aimais beaucoup au collège ou même Michael Jackson qui, pour moi, a fini par ne plus avoir de genre. » L’absence de genre de ces personnages te touche plus que la musique ? Héloïse Letissier : « A vrai dire, je ne sais pas. C’est une bonne question, je ne me la suis jamais posée comme ça. En même temps, Bowie, la musique me plaît autant que le personnage, voire même plus. Lou Reed, c’est pareil. Ouais, non, je ne sais pas en fait. Peut-être aussi que les textes et la manière d’envisager la musique sont indissociables de ces personnages-là, donc ça me touche. Bonne question. » Ce sont aussi ces trois travestis qui t’ont dit « il faut s’inventer ». D’où le personnage de Christine. C’est plus important que de se dévoiler, ou bien, pour toi, cela revient au même ? Héloïse Letissier : « Le personnage, ce n’est pas tant se masquer ou ne pas dévoiler ses sentiments parce qu’en fait je le fais même plus qu’avant, mais c’est trouver une solution pour le faire et pour être à l’aise avec ça. Là, j’étais dans une impasse et elles m’ont fait comprendre que je ne faisais rien de ma tristesse alors que je pouvais inventer un personnage pour en tirer quelque chose. C’est comme une technique d’écriture. Christine, c’est une formule, une manière de sublimer ce qui m’arrive, de passer de la vie à la scène de manière très factuelle. Si, par exemple, une histoire d’amour se finit et que je suis très mal, Christine va trouver ce qui peut aussi potentiellement résonner chez les autres. C’est ça aussi : sortir de sa vie à soi pour essayer de partager des choses, être généreux. Le fait même de penser à vouloir partager des choses, ça les fait sortir. » Cette manière d’être dure avec toi-même dont tu parlais tout à l’heure, cette version désinhibée de toi, traduisent-elles aussi une forme de doute ? Héloïse Letissier : « Je pense – et je dis ça sans me vanter parce que je ne suis pas certaine que ça soit forcément une qualité – être très perfectionniste. Du coup, je n’ai jamais le sentiment d’être à la hauteur, je me demande toujours si une chanson est suffisamment bien pour moi, si elle est au niveau de mes exigences. » Il se traduit comment ce perfectionnisme ? Tu as des critères pour arrêter de travailler sur un morceau ?
Héloïse Letissier : « J’écris tout le temps, presque tous les jours, j’aime bien, c’est comme un muscle, comme le vélo, plus j’en fais, plus ça va. Par contre, pour décider qu’une chanson se termine ou qu’elle est à la hauteur, c’est très mystérieux, je ne sais jamais pourquoi. Et c’est ça que je trouve assez beau, ces choses inexplicables, diffuses. Pour l’album, sur les trente chansons que j’avais proposées, on avait décidé d’en garder onze ; on devait tous, au label, faire une liste de celles qu’on voulait garder et recouper ça ensuite. Les onze qui sont ressorties ont à chaque fois été les mêmes. Ça veut dire qu’il y a un truc qui se passe. Et je trouve ça étrange et beau. Par exemple, ‘Nuit 17à 52’, que j’ai écrite très vite et qui me paraissait très bizarre quand je l’ai eu finie, que je n’aimais pas forcément à cause de son côté fort classique, je savais qu’elle allait fonctionner, que j’allais la chanter sur scène, mais je ne sais toujours pas expliquer pourquoi. » Tu parles du côté classique, ici au sens pop. Mais tu signes aussi les arrangements de cordes du disque. Tu as un bagage « classique » ? Héloïse Letissier : « J’ai fait beaucoup de piano. Du coup, je suis passée par un conservatoire et j’ai fait pas mal de solfège. Et au-delà de ça, quand j’écoute de la musique, j’écoute des choses très variées, dont pas mal de musique classique et contemporaine. Je suis une grande fan de Vivaldi, je trouve qu’il fait de la pop, des tubes. J’adore Stravinsky. J’aime pas trop Bach, je préfère Mozart ou Haendel. Ou dans les plus contemporains, Gidon Kremer, un super violoniste qui m’a fait découvrir beaucoup de compositeurs. J’aime aussi Michael Nyman, ce qu’il a fait pour le cinéma et pour les pièces dansées. L’idée d’utiliser des arrangements de cordes pour l’album remonte aux Victoires de la musique. On était obligé de travailler avec l’orchestre présent ce soirlà et je me suis fait plaisir en ajoutant des cordes à ‘Nuit 17 à 52’ (le morceau, présent sur l’album, est sorti sur un EP en juin 2013 ; Christine était nommée dans la catégorie Artiste révélation scène, ndr). Et comme le disque est plutôt minimaliste dans sa production, je trouvais pas mal d’ajouter un peu de lyrisme avec ces arrangements. » Et le fait de les signer toi-même, c’est aussi une manière de garder une bonne part de la mainmise sur la production ? Héloïse Letissier : « Ouais. Je ne sais pas si c’est une force mais j’ai du mal à lâcher prise. J’ai souvent des envies très précises et quand je maquette mes morceaux, je le fais sur un logiciel pour que la prod existe déjà en grande partie. Je ne conçois pas mes chansons en dehors de la production, je n’arrive pas en studio avec des pianos-voix. Donc ça n’a pas été évident de trouver la bonne personne avec qui travailler. Souvent, les mecs voulaient carrément tout changer et ça c’est physique, ça ne passe pas. Ash Workman, lui, a été super pour ça ; il a l’habitude de travailler avec des fortes têtes, le Joseph Mount de Metronomy, il parait que c’est quelqu’un. Ash est hyper doué et on s’est retrouvé sur des références hip hop. Il a apporté des petits trucs de production mais qui ont vraiment élevé le niveau. Le regarder bosser, c’est inspirant, j’aimerais bien faire des prods un jour. » Du hip hop à la Kendrick Lamar ? Héloïse Letissier : « J’ai été bluffée par l’album de Kendrick mais si on parle de prod, de travail sur le son, c’est Kanye West dont je ne me remets pas. Je me suis pris ‘Yeezus’ en pleine figure. Le mec est fou – il ne faut pas lire ses interviews – mais il a une vraie vision. Pour moi, c’est quasiment un disque minéral, il y a quelque chose de très agressif et en même temps de tellement minimal, il y a parfois presque rien mais ce simple truc te déchire l’oreille. Et puis, il y a une esthétique de collage qui me touche vraiment, il te construit une chanson avec 3 synthés, une boîte à rythme et un sample de vieille chanson polonaise. Pour moi, avec cet album, il est quasiment dans la mise en scène ; la chanson ‘I Am a God’ où il y a des cris, des silences, une gestion de l’espace et du son proche de la dramaturgie, c’est juste énorme. Et il a l’art de s’entourer des bonnes personnes au bon moment : Gesaffelstein, Daft Punk ou Hudson Mohawke dont j’apprécie le travail de producteur depuis longtemps. » D’où le croisement avec Christophe sur ton adaptation de ‘Paradis Perdu’ ? Héloïse Letissier : « C’est drôle parce que pour le coup, je voulais vraiment reprendre cette chanson de Christophe qui correspond parfaitement à Christine mais le refrain est tellement bizarre qu’on dirait que le morceau devient une blague. Et puis, c’est vraiment venu comme ça, à la place du refrain, je me suis mis à fredonner du Kanye West et ça a parfaitement pris. » Un disque : ‘Chaleur Humaine’ (Because / Warner)
on stage 04/10 Botanique (Bruxelles) 22/11 Splendid (Lille)
BO BO ZAR ZAR BO ZAR
T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © steve gullick
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S S NILS FRAHM NILS FRAHM FUCKFUCK BUTTONS BUTTONS BEN FROST BEN FROST MAX COOPER MAX COOPER ROBERT HENKE (MONOLAKE) ROBERT HENKE (MONOLAKE) KIASMOS KIASMOS NILS FRAHM FUCK BUTTONS BEN FROST MAX COOPER ROBERT HENKE (MONOLAKE) KIASMOS
(OLAFUR ARNALDS & JANUS RASMUSSEN) MONDKOPF TIM HECKER YOUNG ECHO POWELL PHILL NIBLOCK & THOMAS ANKERSMIT ICTUS & CÉDRIC DAMBAIN LUMISOKEA SASKIA DE COSTER & INNE EYSERMANS MICHEL & ANDRÉ DÉCOSTERD
(OLAFUR ARNALDS & JANUS RASMUSSEN)
(OLAFUR ARNALDS & JANUS RASMUSSEN) MONDKOPF MONDKOPF TIM HECKER TIM HECKER YOUNG ECHO YOUNG ECHO POWELL PHILL NIBLOCK & THOMAS ANKERSMIT POWELL PHILL NIBLOCK & THOMAS ANKERSMIT ICTUS & CÉDRIC DAMBAIN ICTUS &LUMISOKEA CÉDRIC DAMBRAIN LUMISOKEA SASKIA DE COSTER & INNE EYSERMANS SASKIA & INNE EYSERMANS MICHELDE & COSTER ANDRÉ DÉCOSTERD MICHEL & ANDRÉ DÉCOSTERD
+ MEDIA ARTS, INSTALLATIONS & CONFERENCES: LUC DELEU - ORBAN SPACE QUAYOLA - STRATA FÉLIX LUQUE SANCHÉZ - D.W.I STEINA & WOODY VASULKA ICT & ART CONNECT EUROPEAN CITIES OF ADVANCED SOUND V.u. | E.r. Paul Dujardin, rue Ravensteinstraat 23 - 1000 Brussel | Bruxelles - Exempt de timbre | Vrij van zegel, art.187 - Graphic design: © Anne Fontenelle
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Texte : A Nn i cnoel- a L iss e A lRsetm ea ec nl e
On connaît les règles du jeu… Demander une interview en festival, c’est toujours casse-gueule. Généralement, les groupes débarquent à la dernière minute, ont envie de siffler du vin, de boire une bière ou de se reposer entre deux Cathy cabines. En gros, ils ont envie de tout… sauf de répondre à un interrogatoire. Erreur passionnelle ou faute professionnelle, on a pris le risque de rencontrer Blonde Redhead lors de son passage au festival de Dour… le dernier jour. Exténué par quatre nuits largement écourtées, on intercepte Kazu Makino en backstage, histoire de
causer de ‘Barragán’, un neuvième album aux charmes ascensionnels. Un épagneul nain sur les genoux, la chanteuse japonaise réplique aimablement à nos questions en abreuvant régulièrement son petit chien aux oreilles de Gremlins. Pendant ce temps-là, les jumeaux italiens Amedeo et Simone Pace préparent le matos sur scène : théâtre d’un nouveau rêve éveillé. Blonde Redhead a puisé son nom de scène dans le titre d’une chanson de DNA, groupe emblématique de la scène no wave new-yorkaise. À l’origine, votre nom se référait surtout à l’esprit post-punk et aux mélodies nihilistes qui accompagnaient ce mouvement musical. Vingt ans après vos débuts, éprouvez-vous encore de l’attirance pour cette esthétique? Kazu Makino : « L’hystérie punk reste encore et toujours ancrée dans notre façon d’approcher la création musicale. Maintenant, si on s’en réfère à une définition stricte et purement théorique du punk, il est évident que nos chansons se sont écartées depuis bien longtemps du droit chemin. (Sourire) Pour être franche, je n’ai jamais réussi à mettre des mots précis sur notre musique. Je ne parviens pas à rattacher nos chansons à un genre. En fait, dès que je suis arrivée à New York, j’ai essayé de comprendre, de m’approprier les codes du versant alternatif de la culture américaine. Vingt ans plus tard, les choses n’ont pas vraiment changé pour moi : je suis toujours dans cette logique d’assimilation… Au début des années 1990, quand j’ai entendu la musique de DNA pour la première fois, ça m’a parlé. Et puis, comme on se retrouvait bien derrière le morceau ‘Blonde Redhead’, on a opté pour ce nom. Aujourd’hui, je n’écoute plus DNA tous les jours. Mais je n’éprouve aucun regret par rapport à cette référence. C’est par là que tout a commencé. Ça reste le point de départ de notre histoire. »
La science des rêves
Vingt ans d’activité et neuf albums. Est-ce que vos relations ont évolué au sein du groupe? Kazu Makino : « Et bien, pas tant que ça. On reste trois personnalités fondamentalement différentes. Du coup, on est toujours dans le débat, le conflit et l’argumentation. On s’est construit comme ça et les choses n’ont pas vraiment changé au fil des années. Avec le temps, on a tout de même appris à respecter l’espace des uns et des autres. Mais on se teste régulièrement en essayant de se pousser en dehors de nos retranchements respectifs. C’est peut-être un truc typiquement italien d’agir de la sorte… (Sourire) En tous cas, on se retrouve souvent dans le défi. Et c’est finalement face à de nouveaux challenges que nous sommes vraiment soudés. En état d’urgence, on est sans doute la meilleure équipe sur le marché. (Rires) » Le nouvel album s’intitule ‘Barragán’. Ça ressemble à de l’espagnol. Qu’est-ce que ça veut dire? Kazu Makino : « À la base, j’aime ce titre pour sa sonorité. Ce choix fait référence à Luis Barragán, un célèbre architecte mexicain. Au cours de sa vie, il s’est toujours posé entre techniques traditionnelles et modernisme. Je cherchais un titre d’album avec un son typique et de nombreuses implications symboliques. Quelques semaines après la fin des sessions d’enregistrement, j’ai été invitée par des amis à Mexico. J’ai eu l’occasion de visiter la maisonatelier de Barragán et de voir le lit dans lequel il est mort. J’ai été interpellée par son œuvre. C’est vraiment impressionnant. D’ailleurs, l’idée n’est pas de tisser des liens entre son travail et notre musique. Nos chansons sont bien peu de choses en comparaison à ses créations.
Blonde
Le premier titre du disque s’intitule également ‘Barragán’. C’est une façon de pénétrer en douceur à travers le disque, son atmosphère, ses formes et ses couleurs. » Les chansons de ‘Barragán’ sont imprégnées de mélancolie. Parfois, sur des morceaux comme ‘No More Honey’ ou ‘Defeatist Anthem’, on touche carrément à la tristesse. Peut-on mettre ces humeurs maussades en relation avec des événements de votre vie personnelle? Kazu Makino : « Avec Blonde Redhead, on se situe toujours du côté obscur de la force. (Sourire) Autour de moi, les gens sont attentionnés : ils me demandent régulièrement si tout va bien, si je ne suis pas déprimée ou victime d’un terrible coup du sort... À chaque fois, je me montre plutôt rassurante sur mon état de santé physique ou moral. En marge de la musique, je suis plutôt quelqu’un d’optimiste et de nature affable. C’est juste que, dans les chansons, les mots viennent comme ça, naturellement. D’instinct, mon mode d’expression est assez sombre. Après, il est évident que ces trois dernières années n’ont pas été les plus faciles à vivre. Je voulais vraiment faire ce disque. Ça tournait à l’obsession. J’avais une vision, une idée très précise de ce que je voulais. Mais je n’arrivais pas à atteindre mes objectifs. Pour mettre ‘Barragán’ en œuvre, j’ai énormément lutté contre moi-même. ‘Defeatist Anthem’, notamment, parle de cette période d’acharnement. » Plusieurs mains s’affichent sur la pochette du nouvel album. À qui appartiennent-elles ? Kazu Makino : « J’ai toujours été obsédée par les mains. J’ai l’impression qu’en les observant, on peut découvrir une partie de la personnalité des gens. Certaines sont fines, d’autres sont longues, puissantes ou délicates. Il existe une infinie variété de mains. Je trouve ça fascinant. Voilà des années que je collectionne des photos, des peintures et des sculptures qui représentent des mains. Récemment, un ami m’a offert un livre retraçant le travail de la photographe française Claude Cahun. C’est dans cet ouvrage que j’ai trouvé ce cliché. Il s’inscrit dans le mouvement surréaliste. Je le trouve vraiment très beau. » Une fois encore, Blonde Redhead laisse entrevoir de nouvelles palettes sonores. À force, vous ne craignez pas de décevoir une partie de votre public, de rebuter vos fans de la première heure? Kazu Makino : « Pas vraiment. De ce point de vue, j’adopte un comportement assez égoïste. Je cherche d’abord à satisfaire mes envies, à laisser souffler un vent de fraîcheur dans ma propre vie. En agissant de la sorte, forcément, tu te mets en danger. Par extension, tu prends le risque de décevoir des gens. Tu es vulnérable. La seule solution, c’est alors de faire confiance aux personnes qui t’entourent. Cette fois encore, on a travaillé avec Drew Brown (Beck, The Books, Lower Dens, Radiohead, ndlr). Il avait déjà bossé sur la production de ‘Penny Sparkle’, notre album précédent. On se sentait en confiance à ses côtés. Il nous connaît et comprend parfaitement notre démarche. C’était rassurant de l’avoir avec nous en studio. » Le premier concert de la nouvelle tournée a eu lieu à Tokyo. C’était important pour toi de commencer par le Japon? Kazu Makino : « Ce n’était pas primordial. Mais j’aime la façon dont nous sommes perçus là-bas. Au Japon, les gens n’ont pas les mêmes attentes par rapport à Blonde Redhead. En comparaison avec l’Europe ou les États-Unis, les réactions sont hyper émotionnelles. Le public se passionne pour nos moindres faits et gestes sur scène. Pour comprendre cet engouement, il convient quand même de contextualiser : sur le continent asiatique, on reste « quelque chose de relativement récent ». Par le passé, on n’a pas eu l’occasion de tourner énormément dans cette partie du monde. Du coup, c’est étrange parce qu’où que j’aille, j’ai l’impression d’être un alien. » En 2012, tu as mis sur pied la compilation ‘We Are The Works in Progress’ pour venir en aide aux victimes de la catastrophe de Fukushima. Peux-tu revenir sur cette initiative? Kazu Makino : « Le tsunami a été un choc terrible. Parfois, le Japon peut sembler intouchable. Ce pays repose au milieu de l’eau, sûr de ses traditions, de ses nouvelles technologies et de sa culture. Et puis, un jour, la nature reprend ses droits et balaie toutes les certitudes… Quand je me suis mis en tête de réaliser cette compilation, j’ai vraiment agi dans l’instant. J’ai envoyé des mails via les sites web des artistes sans passer par la voie traditionnelle des managers et des labels. J’ai juste envoyé des messages en expliquant les raisons de ce disque. Tout le monde a répondu à l’initiative. Le disque enferme des morceaux inédits de Four Tet, John Maus, Interpol, Deerhunter, Liars ou Nosaj Thing. Mais ça n’a pas été simple de sortir cette compilation : je ne réalisais pas à quel point il était compliqué de monter une œuvre caritative. Cela dit, pour les habitants de Fukushima, on touche aujourd’hui un point critique. Les médias internationaux et les caméras ont quitté le territoire. Et la région est loin d’avoir été reconstruite. Il ne faut surtout pas atténuer l’effort. Ces gens ont vraiment besoin de notre aide. » On retrouve régulièrement ta voix dans les disques des autres. Récemment, tu as collaboré avec des artistes de la scène électronique, des gens comme Trentemøller ou Nosaj Thing. Que retires-tu de ces expériences? Kazu Makino : « Je ne réfléchis pas beaucoup quand il est question de collaboration. Je laisse vraiment mes émotions s’exprimer. Quand j’entends une musique qui me plaît, c’est toujours un plaisir de prêter ma voix pour un morceau. Avec Nosaj Thing, par exemple, ça a été le coup de foudre immédiat. J’ai entendu dix secondes du titre proposé et j’ai directement accroché. Après l’avoir entendu, j’ai multiplié les idées et écrit plusieurs heures de suite sans m’arrêter. Là, je rêve de travailler avec Pantha Du Prince. J’aime tellement sa musique… J’espère qu’on fera quelque chose ensemble, un jour. En fait, je vis ces collaborations comme des relations intimes. Chaque chanson composée en compagnie d’un autre marque le début d’une nouvelle histoire d’amour. C’est très excitant et assez libérateur. »
Redhead
Un disque : ‘Barragán’ (Kobalt/V2) • Suivez le guide : www.blonde-redhead.com
on stage 21/09, Botanique (Bruxelles)
T e x t e : Ann e - L i s e R e m a c l e © steve gullick
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Les mains sagement croisées sur sa robe corolle, cheveux en chignon, Al Spx a tout d’une Audrey Hepburn ébène, mais ça serait sans compter son sens permanent de la métamorphose. Sous le ton délicatement posé de ses réponses, on sait que bout tangiblement une poétesse alchimiste, une prêtresse aux paupières révulsées et aux visions subtilement âcres, un fauve taquin dont les incantations propulsent mots et fulgurances sonores en orbite. Inébranlable dans la terre goudronnée, surtout quand tout chancelle, des parois synthétiques à nos corps.
Beau(té) Tox(ique)
J’ai été assez bluffée par la direction prise par ton deuxième album. J’avais beaucoup aimé ‘I Predict A Graceful Expulsion’, mais on sent que tu laisses s’exprimer plutôt la part féroce que gracieuse…que tu as aussi dépassé quelque chose d’intemporel pour obtenir un son plus contemporain. Comment expliques-tu ce twist ? Al Spx : « Mon premier disque était un album de folk vraiment personnel, mais aussi clairsemé. J’ai vraiment décidé consciemment de m’éloigner de ça pour celui-ci : j’avais envie de créer un son plus ample, plus complet et ça nécessitait des guitares électriques, des percussions, et des synthétiseurs et toute une collection d’instruments (dont le saxo) qui n’étaient pas là sur ‘I Predict A Graceful Expulsion’. ‘Neuroplasticity’ est un titre qui exprime entièrement, frontalement cette envie de virage esthétique pour Cold Specks, une reconnexion au processus créatif. » Cet album sonne de façon moins organique, plus abstraite, avec une construction tissée par de multiples couches…comment as-tu abordé cet aspect ? A.S. : « La sensation organique vient du fait qu’on manquait peut-être de temps pour aborder pleinement la nature même du son : nous avions seulement 12 jours en studio. Pour ‘Neuroplasticity’, le travail s’est étalé sur une période de deux ans : largement de quoi parfaire nos idées ! » Les cuivres sont très présents, notamment grâce à la présence d’Ambrose Akinmusire… A.S. : « J’ai rencontré Ambrose à un concert pour l’anniversaire de Joni Mitchell, nous avons joué ensemble ‘Black Crow’. Il m’a proposé de chanter sur ‘The imagined savior is far easier to paint’ et m’a rendu la faveur en jouant de la trompette sur deux morceaux. Il a juste été présent en studio une journée, a tout fait en une prise. Il n’a aucune crainte quant à l’improvisation, c’est assez fascinant d’être témoin de la liberté de son jeu. » Ça devait être assez différent pour toi de coopérer avec Moby… A.S. : « Moby et moi sommes sur le même label et il cherchait différentes voix pour performer sur ‘Innocents’. Il avait déjà fait appel à Mark Lanegan, Damian Jurado, Wayne Coyne. On peut m’entendre sur ‘A Case For Shame’ et ‘Tell Me’. J’écoute vraiment des choses très variées, donc j’imagine que ça aide aussi d’autres musiciens à me projeter dans leurs univers. » Et pour Michael Gira ? Il a la réputation d’être parfois assez dur, pas franchement causant… A.S. : « Ce n’est pas parce que tu fais de la musique puissante que tu vas être un parfait connard ! (rires) Pour lui, j’étais assez surprise parce que je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi gentil et gracieux…je suis totalement fan des Swans donc c’était un plaisir incommensurable de l’avoir sur ‘Neuroplasticity’ et d’être associée à ‘To Be Kind’. » Et cet échange fructueux a eu un impact sur ton propre disque : on perçoit quelque chose d’hanté, d’intuitif, une menace sous-jacente. Ce sont des tonalités que les Swans ont porté au paroxysme. A.S. : « Ce groupe a une grande influence sur mon songwriting. Et je leur dois aussi une approche différente des percussions, plus tribale, sauvage mais malgré tout aussi retenue, d’une certaine manière. » Je me demandais si tes paroles trouvaient parfois leur source dans des histoires traditionnelles, des contes folkloriques…tu viens d’Etobicoke qui ancestralement a été territoire de tribus indiennes, et tu es afro-canadienne : autant de terreaux qui auraient pu germer chez toi enfant. A.S. : « En réalité, je suis la première génération canadienne dans ma famille. Mes parents sont originaires de Mogadiscio, en Somalie. C’est réellement un pays de poètes, avec une langue très imaginative. Mon père était très féru de métaphores, il avait toujours d’incroyables petites phrases ou un bon proverbe. Je suis certaine que ça a pu infuser. Dans le single ‘Absisto’, il y a un moment où les arrangements s’emballent, c’est sous influence est-africaine. » Tu avais l’occasion d’écouter aussi du jazz éthiopien, là-bas ? A.S. : « Non, plutôt du jazz somalien (qaraami, ndlr), notamment Maryam Mursal. Et du blues joué au moog. Et puis j’ai été fascinée par le blues américain au lycée, notamment Howlin’ Wolf mais aussi de la soul comme James Carr, Sam Cooke ou Nina Simone. » J’ai repensé à ‘Strange Fruit’ de Billie Holiday à cause d’une sculpture des frères Chapman sur ton site (un homme avec une cagoule du Ku Klux Klan et des chaussettes arc-en-ciel, ndlr) : vous partagez un même sens poétique teinté de morbide…dans le futur, pourrais-tu t’attaquer à des morceaux engagés ou préfères-tu rester énigmatique ? A.S. : « Oh, c’est plutôt flatteur ! Je ne cherche pas nécessairement à être cryptique : les paroles le sont devenues parce que j’ai pris la décision consciente d’enlever toute référence
personnelle. En fait, je n’ai pas nécessairement envie qu’on sache de quoi traite ce que je chante. Par exemple, ce vers, que je reprends comme un slogan : « dead ducks don’t flutter » ! ». Je ne suis même pas sûre de savoir moi-même
ce qu’il veut dire (rires). » Les gens pensent peut-être que tu es folle de taxidermie… A.S. : « J’ai une amie dont c’est la pratique, justement. Je l’ai vue collectionner les lapins morts. » Il y a deux ans, dans une interview, tu parlais de ton deuxième album en cours comme d’un « Morbid Motown ». Tu trouves ça toujours exact par rapport au résultat ? A.S. : « Je pense que mes chansons sont teintées de soul, mais aussi sombres : je vois bien l’impact qu’elles ont. Mais en réalité, je n’aime pas trop catégoriser ma musique, la restreindre à une seule boîte : je suis partisane du changement constant, de l’évolution. Pour le premier album, l’étiquette doom soul devenait collante, frustrante, surtout parce que j’avais prononcé ces mots comme une blague. Mais tout le monde s’en est emparé, et c’était impossible de faire machine arrière. » En matière de traces visuelles, ta palette varie: gothique comme ‘Hector’ qui m’a rappelé l’atmosphère de ‘True Detective’…sudiste et irrationnelle. C’est aussi le cas pour ‘A Case For Shame’ où tu apparais comme un ange pendant que Moby se noie. Cette fois-ci, le lay-out de ‘Neuroplasticity’ est bien plus abstrait…ça laisse augurer de clips encore très différents. A.S. : « Oh, j’adoooore ‘True Detective’, je viens de terminer de le visionner, c’est une excellente série ! Je serais ravie que le réalisateur place un de mes morceaux dans la prochaine saison. Mais récemment, j’ai été fascinée par les films de Kenneth Anger, notamment la saturation des couleurs…peut-être un peu aussi leur côté occulte (rires). La pochette de ‘Neuroplasticity’ doit beaucoup à cet émerveillement-là, à la diffraction des images. » Tu es plutôt dure avec toi-même ou indulgente ? A.S. : « Pendant la session photo l’autre jour, avec toute l’équipe, c’était assez dur. J’ai jeté un regard à Jim Anderson et il a plaisanté en disant « c’est ce que nous aimons au studio, pas vrai ? ». C’est toujours intense, mais c’est naturel que ça le soit. Tu dois être en permanence en alerte : tu sais que le disque sera figé une bonne fois pour toutes et tu as ça à l’esprit tout le temps que tu l’enregistres. Je suis du genre perfectionniste et Jim aussi : je ne vois aucun mal dans un peu de pression. Tout le monde sait à quel point c’est une étape cruciale, le cap du deuxième disque. Je sais que c’est mon boulot, j’en avais conscience, mais en même temps, je n’avais aucune envie de faire de l’horrible pop et ne pas me sentir satisfaite au bout de la journée. Je me suis donc entièrement vouée à le rendre aussi dense que possible. »
Cold Specks ‘Neuroplasticity’ Mute/Pias
Elle fait voleter l’astringente poussière pourpre sur nos membres de pantins, assemblés au fil barbelé. Trompette de joueur d’Hamelin, rongeurs qui gigotent : la cérémonie, chamanisme saccadé, affiche orbites creuses et un sourire cousu et fou. Elle sait que la maison de la crique contient autant de souvenirs morcelés que de corps à sauvegarder des rives, du diable, d’eux-mêmes et en gardienne du temple, elle expulse de sa poitrine coutelas et ondes rouillées. Elle laissera s’échapper chaque animal qui ne déstabilisera pas ses rites, elle en fait le serment. « Devotion will take you down my dear /Collect your thoughts /Send them away /Clear the clutter ». Il lui faut encore soupeser les armes, les désarmantes âmes qui persistent à lui faire face, à court de munitions. Il lui faut encore danser et épouiller des chiens sous leur nappe satinée, tanner à petits pas la peau de la nuit…il lui faut encore mettre sur pied ‘A Formal Invitation’, une fête où ardents et agonisants s’aligneront dans l’arène, le cou pantelant, une fête rare où dans la lumière glauque, sous les hululements de Michael Gira depuis les soubassements, les signes de vie l’emporteront, même rongés de doute. (alr) Suivez le guide : http://coldspecks.com/
on stage 20/09 AB Club (Bruxelles)
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T e x t e : N e l E x e l m a n s I T r a d u c ti o n : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g © g a b r i e l g r e e n
A peine deux ans après leur impeccable premier essai ‘An Awesome Wave’, Alt-J réapparaît sur les écrans radar. A leurs dires plus abouti, réfléchi et professionnel, moins brut et bricolo, son successeur ‘This Is All Yours’
pousse le bouchon de l’excellence encore plus loin. Mélange de dub folk et d’alt rock, genre dont ils ont le millésime, les trois Britanniques ajoutent des pincées d’electronica, de beats pulsés, de percussions digitales et de chant onirique. Ajoutez-y un rôle pour la female rebel Miley Cyrus et une interview s’imposait d’urgence.
Votre nouvel album, ‘This Is All Yours’, sort fin septembre (le 22 exactement). Dites-moi. Gus Unger-Hamilton : « Tout a été très rapide. Les idées se sont entrechoquées ces dernières années. Quand nous avons su que nous voulions faire un nouveau disque, nous nous sommes retrouvés et avons consacré deux semaines à l’écriture. Après avoir rassemblé tout un tas de morceaux, nous sommes entrés en studio et au total, ça nous a pris quatre mois. » Joe Newman : « Pour moi, nous avions juste le bon nombre de titres. Nous n’avons pas du arrêter d’écrire parce qu’il y avait trop de nouvelles chansons. Des quinze titres, il en est resté treize. Le moment le plus impressionnant durant les enregistrements? Quand je me suis vu jouer de la guitare dans un miroir. » (les trois se marrent)
Vous avez donc grandi au son du rock sudiste. Joe : « Nous avons tous été exposés à cette musique. Quand j’étais ado, j’écoutais Led Zeppelin, Lynyrd Skynyrd, The White Stripes, The Black Keys, nous connaissons bien le genre. En prime, il ne faut pas nécessairement être immergé dans un style pour le comprendre de l’intérieur. En tant que musicien, nous avons la capacité de recréer un genre et d’imiter des groupes et c’est ce qu’on a fait pour ce titre. Sinon, on ne le fait jamais. » ‘Hunger Of The Pine’ a une particularité: des voix de l’album ‘Bangerz’ de Miley Cyrus. Comment est-ce arrivé sur votre album? Thom : « J’étais en train de remixer ‘4x4’, un titre de ‘Bangerz’. En studio, j’ai mis ces voix sur un riff de guitare et nous avons vite décidé de les utiliser sur ‘Hunger Of The Pine’. Le sample fonctionne vachement bien. Ça aurait pu être n’importe qui mais j’aime beaucoup Miley, nous sommes potes et elle nous parle et nous envoie souvent des messages. En plus, elle est fan de notre musique. Dans un des ses concerts, elle a chanté notre titre ’Fitzpleasure’ et c’est ainsi que nous sommes entrés en contact. » Joe : « Nous avons utilisé la voix de Miley parce que nous savions à l’avance que ça ferait réagir les gens. Comme on nous l’a déjà demandé: “Why the fuck did you use Miley Cyrus?”, “Have you used Miley Cyrus?”, “I just love Miley Cyrus.” Jeter un pavé dans la mare, c’est cool. Et qu’est-ce qu’elle chante au juste? “I am a female rebel.” Ce qu’elle est. » Êtes-vous au courant qu’elle a utilisé ce morceau pour un clip en rapport avec le bondage? Gus : « Oui, elle a envoyé un mail à notre manager et c’était aussi sur son site. » Thom : « Nous sommes d’ailleurs allés à son concert à l’O2 de Londres. En fait, elle est très créative tout en gardant le contrôle. Personne ne le sait, elle crée la plupart de ses visuels. Elle est incomprise parce qu’elle a fait des choses dans le passé qui lui ont donné une image de folle. J’ai été surpris de voir à quel point elle est normale. Mais elle est une sacrée performer. Quand elle ne joue pas un rôle, elle a aussi une vie privée. Puis, on ne peut pas dire du mal de quelqu’un qui s’exprime, tant que ce n’est pas illégal ou blessant. » Joe : « Nous sommes en fait dans le même bateau. Bien sur elle est beaucoup plus populaire, elle est une méga star planétaire. Comme elle, nous sommes au centre de l’attention tant que nous n’avons pas quitté le podium. Ensuite, nous sommes dans notre chambre d’hôtel et nous sommes seuls. Elle ressent cette contradiction encore plus fort. Elle n’a pas de groupe à ses côtés sur scène et après le concert. Je peux parfaitement m’imaginer à quel point elle se sent seule car c’est ce que je ressens moi aussi. » Thom : « A un moment, tu finis toujours seul. Parfois tu retournes tout seul dans ta chambre d’hôtel et tu te demandes: Qu’est-ce que j’ai? C’est quoi ce truc? » Joe : « Tu reçois des tonnes d’attention des fans mais c’est artificiel. Ça a beaucoup moins de valeur que ce qu’un être proche ou un animal domestique peut te donner. » Thom : « Miley avait son chien Floyd en tournée. Il est mort récemment et elle poste souvent sur lui sur Twitter et Instagram. Je comprends, l’amour d’un chien est inconditionnel, il était le seul qu’elle avait et on lui a enlevé. »
Tout seul dans sa chambre d’hôtel Thom Green : « Le père de notre producteur a une vieille maison de campagne sympa dans le Kent. Au centre de la maison, il y a un gros trou et c’est là qu’on a enregistré. L’endroit est juste incroyable. » Joe : « Oui, la maison est très grande et ancienne. On entend sa personnalité sur ‘Garden Of England’. J’avais enregistré une flûte sur mon gsm et j’ai trouvé cool d’ajouter des flûtes à bec. » Joe : « Ça sonne comme une réverb’ naturelle, comme à une fête scolaire. Si nous n’avions pas été dans cette maison, le disque aurait sonné autrement. » Le son est plus électronique et il y a plus de boîte à rythmes. Les principales différences avec l’album précédent? Thom: « Nous connaissons tous très bien nos instruments et les utiliser d’une autre manière les rend encore plus excitants. Ces deux dernières années, j’ai appris à faire de la musique électronique et ça a marché. Les sons électroniques sur notre disque ne sont ni trop lourds ni trop intrusifs, ils sont juste bien. En fait, ‘This Is All Yours’ sonne exactement comme nous le voulions. Il correspond à nos attentes et nous en sommes fiers. Mais le son originel d’Alt-J est encore bien présent. » Joe : « J’ai écouté notre premier album hier soir, des années que je ne l’avais pas fait. Je me suis rendu compte que le son était très brut, presque à la My Morning Jacket. En termes de rythme et de production, le nouveau disque est plus abouti et réfléchi, moins brut et bricolo. Il sonne plus professionnel et plus soigné. » Gus : « Le premier album exprimait qui nous sommes. Les trucs qui nous arrivaient, nous les écrivions. Il y avait plein de directions et de sons différents sur ce disque. » Joe : « C’est notre façon de collaborer. Vu le milieu dans lequel nous évoluons, c’est chouette d’avoir une telle liberté. Ça n’arrive pas si souvent aux musiciens. Nous avons prouvé à notre entourage que nous sommes meilleurs quand on nous fiche la paix. » Hormis le côté soul et rock sudiste de ‘Left Hand Free’, ‘This Is All Yours’ revient sur l’étrange dubfolk/alt-rock qui a fait votre réputation. Que signifie ce morceau pour vous? Joe : « C’était l’occasion d’expérimenter un genre que nous connaissons bien et avec qui nous avons grandi. ‘Left Hand Free’ a été enregistré en 40 minutes. J’avais un riff, puis avec Thom et Gus nous nous sommes comportés comme des personnages qui jouent du rock sudiste. » Gus : « Un peu comme quand Frankenstein est apparu par accident. Mary Shelley a écrit l’histoire pour participer à un concours. Tout le monde devait envoyer un récit ramassé et elle a écrit Frankenstein. Finalement, il est devenu un classique du roman. Plein de bouquins ont ainsi été créés quand des gens restaient ensemble des semaines à picoler et à écrire. Je ne veux pas dire que notre disque est un classique, c’est une simple comparaison. Normalement, nous ne faisons pas ce genre de morceau, c’est pour ça que ça nous a amusés. »
Un disque : ‘This Is All Yours’ (Infectious Records/Pias). Sortie : 22 septembre.
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MDM / BruxEllES 05 SEPT
Uly s s e A l A s k A G o l d R Us h T s Uk i M o on s T op l iGh T
MJ rIxENSArT 06 SEPT
M AW / s iT T / s ii k in G s o f e d e l G R A n T iTA n pA R A n o Vo lV e R
MJ TAMINES 13 SEPT
Thyself feel k on o b A R e d f is h & s Un n y ’s
MJ ChêNéE 19 SEPT
f o Re s T b AT h n ois y p R id e el AMoR pRohibido l o ïc J os e p h
MJ MArChE-EN-F. 20 SEPT
24 OCT 25 OCT
20 DEC
noisy WAy MAMbo shoeshine AboUT lee
DEMI-FINAlE L’ At e L i e r r o c k / H U Y
DEMI-FINAlE L e SA L o n / Si L LY
FINAlE boTAniqUe / bRUxelles
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Earteam
Jennie Abrahamson
Afrikän Protoköl
‘Gemini Gemini’
‘Freedom From The Known’
How Sweet The Sound
Le CV de Jennie Abrahamson tient en quelques lignes : un groupe country, une carrière d’accompagnatrice multi-instrumentiste (aux côtés notamment d’Ane Brun) et quelques vocalises pour Peter Gabriel. La Suédoise entend cependant faire décoller sa carrière solo au-delà du cercle polaire. En déployant son répertoire empreint de cette mélancolie et de ce fameux savoir-faire pop qui sont à la musique ce que le meuble en kit est à l’ameublement. Une marque de fabrique autant qu’une fierté nationale. Avec le mode d’emploi suédois, elle a assemblé cet album qui prend place sans surprise dans le rayon « pop girly bien peignée ». Rondement produites, épousant les formes les plus éprouvées du design pop contemporain, les dix compositions se révèlent souvent touchantes, parfois surprenantes mais rarement passionnantes. Car comme l’aiguille d’une boussole affolée par les chants magnétiques, ‘Gemini Gemini’ pointe toutes les directions à la fois dévoilant ça et là quelques influences vaguement orientales (‘Snowstorm’) ou tribales (‘The War’). Moins inspirées, certaines envoient la demoiselle dans un cul de sac, du côté d’un rétrofuturisme eighties ou des élégies sentimentales doucement mièvres, dont on voit bien d’où elles viennent (Kate Bush sans la sensualité exacerbée) et où elles aimeraient aller (les playlists FM). Seule véritable constante, le soin malicieux accordé aux arrangements (claviers, kalimba, wooden blocks) véritables écrins de mélopées synthétiques pour une voix claire qui se joue des rythmes et des humeurs. Nouvelle preuve, si besoin était, que la scène suédoise regorge toujours d’élèves appliqués. (gle)
Allah-Las ‘Workship The Sun’ Innovative Leisure/V2
Ceux qui suivent les géniaux Allah-Las depuis leurs débuts le savent : ces Amerloques voient la vie au travers d’une chambre d’écho ; toutes les semaines, ils postent via ‘Reverberation’, leur radio web, une playlist d’une dizaine de titres déviants à forte dominante garage. A chaque fois, c’est colossal. Échappées acides de losers sixties oubliés, morceaux méconnus de légendes vivantes (il est possible de redécouvrir Springsteen, par exemple) comme de premiers de classe du garage actuel, US et européen (on y a déjà entendu les faramineux Espagnols de Mujeres) prouvent que ces mecs sont des encyclopédies du genre. Avec notre petite compilation ‘Nuggets’, on ne tiendra pas longtemps la comparaison. Pas grave, on se repassera alors le très bon ‘Workship The Sun’ qui, à l’instar de leur premier effort produit par le rétro maniaque Nick Waterhouse, empile toutes les manières du genre avec la déglingue idoine : réverbe donc, guitares aigrelettes à gogo, sucettes à la Love (trompettes mariachis en moins), instrumentaux stupides et trépidants. Rien de nouveau mais que de la balle. Encore une fois, on s’incline : Allah-Las-Akbar. (lg)
The Animen
Abozamé
Il faut lire l’introduction de Guillaume Van Parys dans les pages du livret accompagnant la pochette pour saisir la pleine portée de son projet. C’est lors d’un voyage au Burkina Faso où il rencontre le batteur burkinabé Moïse Ouattara qu’il entrevoit la possibilité d’une collaboration musicale qui se concrétisera très vite par une session d’enregistrement inopinée dans une église protestante. Il perçoit alors les résonances multiples d’une véritable immersion culturelle, une de celles qui vous ébranle dans vos connaissances et certitudes. La rencontre débouchera sur Afrikän Protoköl, tentative d’harmonisation d’héritages musicaux différents par des musiciens belges, burkinabés et ivoirien confrontés à une uniformisation culturelle croissante. En les réunissant autour de lui, Van Parys a d’abord voulu jeter des ponts, créer les assises d’une relation humaine forte et ne pas s’adjoindre opportunément des instrumentistes de session. En une heure exactement, les compositions abordent une palette de rythmes d’origines ethniques très diverses (Peul, Zouglou, Samogo, Warba…) mis en relief par un jeu de basse résolu mais nuancé. Les trois sax (alto, soprano et ténor) et, dans une moindre mesure, la trompette de Laurent Blondiau appelé à la rescousse sur deux morceaux, leur donnent une coloration cuivrée et lyrique superbement balancée. Sur ‘Le Passe-temps Vite’, un titre emprunté au lapsus d’un réparateur d’instrument, on prend alors conscience de la fabuleuse dimension rythmique du disque, un rythme sonore certes mais un rythme qui est aussi celui des corps en mouvement et de la vie qui passe. (et)
pour une ‘True Romance’, un distributeur de doowops et de danses lascives, paré pour enfourcher quelques barrières de suburbs et enlever la fille cadette, rougissante jusqu’aux omoplates. Voyons si tu es à l’aise avec tes éperons, perché sur le zinc, voyons si tu tournicotes au premier riff, te déhanchant comme ‘My Pretty Ballerina’ au pays des Apaches, voyons si tu ne dégringoles pas la pente. Montre-nous donc ton cran et le revers de ta veste, ton vague à l’âme d’errant, ton ‘Portrait of an Artist’. Je ne laisse guère de répit à ta mâchoire carrée, à ta mèche, à tes orgues rock’n roll, ‘Not A Single Time’, mais petit, laissemoi te dire que tu as du potentiel et qu’il serait dommage que tu deviennes - bardaf, c’est l’escalade - un hors-la-loi grisonnant plutôt qu’un crooner! (alr)
The Asteroid No.4 ‘The Asteroid No.4’ Bad Vibrations Recordings
Sur leur site, les photos sont assez explicites : ces mecs ont probablement abusé d’un disque comme ‘Taking Drugs To Make Music To Take Drugs To’. Sans doute jusqu’à en faire un mode de vie, une fois le ciboulot définitivement cramé. D’ailleurs, il existe un clip où ils exécutent à merveille le ‘Losing Touch With My Mind’ des mêmes Spacemen 3. Rien de bien neuf à se glisser avec l’acide, donc ; que du psychédélisme old school. Mais bien. Ce nouvel album éponyme – ces mecs sont actifs depuis 1997 – est sorti aux States l’été dernier mais nous arrive aujourd’hui, grosso modo, avec 45 ans de retard. Tous les clichés y passent : police de caractères étrange, œil francmaçon, photos voilées du groupe dans les arbres et/ou kaléidoscopiques, sitars brumeux et patchouli (‘The River’, ‘Ode To Cosmo’), réverbérations à se noyer (‘Rukma Vimana’), chevauchées spatiales à la Hawkwind (‘Revolution Prevail’), ballades niaises ultra ralenties (‘The Windmill Of The Autumn Sky’). Bien donc, mais moyennement touchant. Un peu comme ce Jacco Gardner dont plus personne, déjà, ne parle. (lg)
Seilman Bellinsky
‘Hi!’
‘s/t’
Two Gentlemen/Pias
Black Basset Records
Toi, plus solide qu’un rock? Plutôt un roudoudou soul au chocolat suisse! Plutôt un chapelier fou laqué à la brillantine pour faire valser toutes les Alice de ta vie en caracos vintage. Un jour roi de la promo 58, le lendemain vendeur de Chevrolets d’occasion à Tacoma, un menton à fossettes et dans la poche arrière de quoi t’acheter des Oreos à la station service, à mi-route vers la Sierra Nevada. Une petite fusée forte en gueule et swing, un bandit à la tire prêt à tout
Nantes, novembre, heure de bitume. Tu sors de ce sauna mélodramatique aux cabines claires et pensées glissantes. Tu ne crois guère aux ectoplasmes japonais, cheveux-rideaux et péril à jamais latent. Pourtant il y a quelque chose. Comme un malaise sous-cutané tenace. Presque plus de pouls et tu crains à présent que tout n’implose, d’une seconde à l’autre. Ton écran mental ne cesse de dérouler des plans-séquences de pinèdes calcinées, de terrils déserts. Tu ré-
clames une dose d’opium pour t’enliser plus viscéralement. Rejoindre ce qui t’attend, désormais. Tu t’es habitué à la sauvagerie des silences, aux saccades sourdes, tu fais corps avec les ‘Wild Cries of Ha-ha’. L’’Occidens’ à portée de tes cils alourdis s’est mué en cauchemar stoner grivelé de marques noirâtres. Une procession de silhouettes encapuchonnées parcourt la futaie, traçant de ses pas des spirales qui finissent par t’encercler. Secoué des ultimes spasmes du ‘Sun Dial’, tu finis par t’évanouir. Autour de toi s’agitent encore des ballets de membres. Quand tu reprendras connaissance, tu pourras dire que tu es parvenu à terrasser la part d’ennui propre à tout mirage sombre. (alr)
Ben & The Saints ‘Ben & The Saints’ Autoproduction
Ça n’est pas souvent ce qu’on retient d’eux mais il y a dans les compositions déglinguées des Growlers une réelle forme de mélancolie, ce truc pas très clair qui fait qu’on peut aussi les écouter les jours où c’est moins drôle, où le cœur n’est pas qu’au garage sautillant et à la bière tiédasse mais aussi, par exemple, à la nostalgie d’une époque qu’on n’a pas connue. Les Wave Pictures, de la même manière, sont très forts pour torcher ce genre de pop lo-fi, à la fois dansouillette et poignante ; ces morceaux bancals dont on ne revient jamais vraiment. Dans cette catégorie de perdants magnifiques, les Bruxellois de Ben & The Saints semblent avoir l’avenir devant eux. Du moins, s’ils parviennent à bricoler plus régulièrement des trucs du niveau de ‘Side By Side’ ou de l’excellent ‘Lullabies’ (sorte de perfection pop crétine, très Growlers, avec clip irrésistible – intrigue policière masquée et jolie fille). Tête d’affiche du Micro Festival dans un an ? Affaire à suivre. De près. De très près. (lg)
Bio Ritmo ‘Puerta Del Sur’ Vampisoul
Actif depuis 1991, le groupe Bio Ritmo rénove les codes de la salsa en infusant sa musique de rythmes synthétiques et de cliquetis directement inspirés par le rock indépendant. C’est que, contrairement à ses héros, Bio Ritmo a mûri à bonne distance de l’Amérique Latine. Installé dans la ville de Richmond en Virginie, la formation américaine s’est inventée un son hybride, se réclamant aussi bien de Ray Barretto que de Stereolab, passant sans discrimination d’un deal avec un label rock (Merge Records) à un accord avec une structure hip-hop (Fat Beats Records). Sur le récent ‘Puerta Del Sur’, la formation revisite à sa façon les mélodies de la mythique mai-
son de disques Fania. En huit titres chaloupés, on est transporté en short à fleurs le long du port du Miami avec un légendaire mojito à la main. C’est cool un temps. Mais au bout d’un moment, ça saoule forcément. (na)
Sébastien S. Th. Biset ‘Luxpack’ Mnóad
Il nous faudra revenir prochainement à Mnóad, petite plateforme établie à Le Roeulx qui organise à la fois des événements et édite des disques (mais aussi des publications et des bières de saison) tant les collaborations qu’elle initie sont plurielles et fécondes. Sébastien Biset, une de ses chevilles ouvrières et son contact de référence, est également une des figures emblématiques de son catalogue. Ce ‘Luxpack’ n’est ni un coffret à savon, ni un package promotionnel, mais un boîtier noir dans lequel sont logés trois cd. Un travail d’empaquetage artisanal sobre dans la lignée du design des autres produits Mnóad. ‘Azure & Ardor’ reprend une série de vignettes assemblées au gré des voyages de Biset. Composées à l’aide d’un synthétiseur de phase dynamique ultra compact et d’autres instruments, elles apparaissent comme une sorte de carnet de voyage sonore truffé d’ébauches et d’esquisses. ‘Recordações & Miragens’ contient deux longues pièces de plus de vingt minutes chacune qui renferment des fragments d’enregistrements de terrain, à Porto mais aussi en Belgique, en Islande, à Bratislava et à Venise. Elle se veulent une sorte de poème sur la mémoire des lieux et du mirage qu’ils induisent. De loin le plus musical des trois disques, ‘Timeless Is Now’ contient de véritables stances mélodiques recourant à une multitude d’instruments. Il atteste que Sébastien Biset est d’abord et avant tout un musicien. Au final, ‘Luxpack’ n’est pas uniquement un bel objet rare mais davantage un recueil d’une grande délicatesse. Son luxe est avant tout émotionnel. (et)
The Black Angels ‘Clear Lake Forest EP’ Blue Horizon
‘Indigo Meadow’ avait ouvert la voie à un son plus ouvertement 60s, un brin de légèreté qui aurait écarté les cumulus binaires et menaçants des précédents albums des Black Angels. La voie est approfondie sur ‘Clear Lake Forest EP’ au point de s’abîmer dans une forme de nostalgia où se dilue le lointain souvenir de l’indétrônable Passover (‘Linda’s Gone’, carbone vain du Velvet). Que sont nos Black Angels devenus, exactement ? Il demeure un fuzz indéniable à leur musique, une toile de fond vibrante, ce mur de guitare désormais adouci par des chansons volontiers flower-power (‘Diamond Eyes’). Parfois perverties le temps d’un pont branlant qui rappelle les jours anciens (‘Tired Eyes’), elles combinent composition pop avec une sensibilité prog garage à la rugosité crue typique du groupe. Ça continue de gronder, de chuinter, de sonner à l’étouffé. Mais cela vaut-il encore la peine de s’accrocher à cette signature si l’esprit est ailleurs ? Certains des sept titres de cet EP - ‘An Occurrence at 4507 South Third Street’ en tête avec son moog hypnotique - pourraient bien nous convaincre que oui. En attendant la suite… (ab)
Black Mouses ‘Induction’ Boomber Records
Courageuse tentative bruxelloise d’électro-rock, Black Mouses pousse les basses virtuelles et les riffs électriques aussi loin que possible, comme peut en témoigner leur single ‘Exhausted Trees’. Volonté affirmée d’une immédiateté populaire,
21.09 BLONDE REDHEAD us 23.09 ANTOINE GOUDESEUNE be cd release • coprod. Popline 24.09 LA NUIT DU SOIR 2014 : LA CÉCITÉ DES AMOUREUX , APPLAUSE, LI-LO*, VISMETS, ROBBING MILLIONS, SHARKO coprod. Le Soir
24.09 25.09 28.09 30.09 01.10 01.10 03.10 03.10 04.10 05.10 06.10 07.10 07.10 09.10 09.10 10.10 10.10 11.10 11.10 12.10 12.10 13.10 14.10 14.10 15.10 15.10 17.10 17.10 18.10 18.10 20.10
RÜFÜS au ELEPHANT STONE ca FIRST AID KIT se + JO ROSE gb • sold out FM BELFAST is + BERNDSEN is VON DURDEN be THE LEGENDARY TIGERMAN pt FAT WHITE FAMILY gb + CHARLIE BOYER & THE VOYEURS gb TINY RUINS nz CHRISTINE AND THE QUEENS fr LILLY WOOD & THE PRICK fr VANCE JOY au + EZRA VINE gb CLAP YOUR HANDS SAY YEAH us FOOL'S GOLD us CARIBOU ca + JESSY LANZA ca DEATH FROM ABOVE 1979 ca • sold out ALLAH-LAS us + EERIE WANDA nl KENNEDY'S BRIDGE be ADAM COHEN ca THE ANIMEN ch JAMES VINCENT MCMORROW ie • coprod. Live Nation LES VACHES AZTÈQUES be "AMARANTE" • coprod. Pierre de Lune IRMA fr NICOLE ATKINS us HONEYBLOOD gb ERLEND ØYE no AVI BUFFALO us UN PIERRE LAPOINTE / UN PIANO - nouveau spectacle ca THIBET be ep release MOODOÏD fr ANNA AARON ch PHILIP CATHERINE be & MARTIN WIND DUO de
20.10 21.10 21.10 22.10 23.10 23.10 24.10 24.10 25.10 25.10 26.10 27.10 28.10 28.10 30.10 30.10 31.10
THE BARR BROTHERS ca THE NEIGHBOURHOOD us LEE FIELDS & THE EXPRESSIONS us KISHI BASHI us LES R'TARDATAIRES be GREGORY ALAN ISAKOV za THE MAGIC NUMBERS gb MY BRIGHTEST DIAMOND us SAGE FRANCIS us WOMAN'S HOUR gb BOSCO DELREY us SLOW CLUB gb KENDRA MORRIS us DAWN LANDES us FUTURE ISLANDS us • sold out LA LUZ us DORIAN WOOD us
CONCERTS
CASSSANDRE - ELVIN GALLAND QUARTET - SLANG + PURBAYAN CHATTERJEE in - RAF D BACKER BABA SISSOKO JAZZ REVOLUTION ml coprod. Saint-Jazz-Ten-Noode
SEPTEMBRE | OCTOBRE
13.09 SAINT-JAZZ-TEN-NOODE 2014 :
dans le cadre du Skoda Jazz Festival
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Earteam
‘Induction’ pâtit d’une vision un rien retardatrice. Autrement dit, pour un groupe souhaitant s’inscrire avec force dans un style contemporain, cela sonne un peu comme de la musique de papa. Pourtant, un vrai plaisir communicatif traverse l’album grâce au soin apporté à la production et au mixage : l’envie d’y croire est là et on se surprend à taper du pied et secouer la tête sur ‘I Wanna Do’ et ‘Grey Scale’, dont l’énergie presque metal donne un furieux goût de reviens-y. 16.450 facebook fans can’t be wrong, I guess. (ab)
The Black Tartan Clan ‘Scotland In Our Hearts’ Autoproduction
Formé en 2008, ce groupe belge s’inscrit dans la lignée des Dropkick Murphys et des Real McKenzies. Vous l’aurez compris, nos amis font dans le punk rock celtique, ce qui n’est pas vraiment fréquent dans nos contrées. Intégrant des instruments traditionnels (cornemuse et banjo en tête) dans un cocktail punk rock, The Black Tartan Clan s’y connaît pour ce qui est de générer une ambiance ultra festive propice aux soirées arrosées dans quelque pub écossais et ce n’est pas un hasard si l’on retrouve ici des titres comme ‘Until I’m drunk enough’ ou le délirant ‘Belgian and drunk’. Ceci dit, si l’ensemble est ultra accrocheur et dansant, voire pogotant, le groupe ne renâcle pas non plus à aborder des thèmes plus sérieux comme une tranche sombre de l’histoire écossaise sur ‘Ye Jacobites’ ou à rendre hommage à un vétéran de la guerre 40-45 récemment décédé qui égayait le quotidien de ses camarades au son de la cornemuse. Fun et en même temps empreint d’une âme, ‘Scotland In Our Hearts’ constitue une très belle réussite. (pf)
The Cheek Of Her ‘Adult Angst Anonymous’ Autoproduction
Artiste londonienne remarquée lors de ses deux premiers EPs laissant présager de belles choses, Helen Dooley, alias The Cheek Of Her, sort un premier album touchant par sa sincérité et son intégrité. Évoquant les doutes et questionnements auxquels est confrontée toute femme décidant de sortir des sentiers battus, elle nous livre une collection de titres qui ont une indéniable identité. Évoluant dans un registre pop/rock/indie à l’énergie quasi punk, The Cheek Of Her intègre guitares et piano avec beaucoup de talent, notamment sur l’excellent et addictif ‘Write me a letter’, fort logiquement choisi comme teaser pour cet album. Le très touchant ‘Axis of love’, l’accrocheur ‘Guitar muse’ ainsi qu’une reprise très personnelle de ‘Three Little birds’ de Bob Marley attestent du réel talent d’une artiste originale parfois comparée hâtivement à Lily Allen, alors que son côté plus brut et alternatif la rend nettement plus intéressante. Si vous souhaitez découvrir ce disque, consulter le site de l’artiste : thecheekofher.com. (pf)
Adam Cohen ‘We Go Home’ Cooking Vinyl/V2
« Everyone feels unprepared. » Pour être soi à nouveau, pour reprendre foi en la musique, revenir au foyer. Avoir sur l’épaule du souvenir la marque de cette paume-là, peut-être calleuse. Dans l’oreille, les échos de ce timbre-là, celui qui voyagea avec ‘Suzanne’ et sa douce folie sur les berges de la rivière. Celui du ‘Partisan’ qui fit ses adieux à Marianne. Celui qui transforma ‘Hallelujah’ en un hymne même pour les païens. Être à jamais, à nouveau, un fils de ce père-là et savoir sans doute qu’on n’atteindra guère ses cibles, mais qu’il faudra faire avec. Que cet Adnlà, celui de songwriter tendre et mélancolique, on ne le jettera pas aux orties, qu’il est ‘Too Real’. Préférer allumer la radio familiale de temps à autre que renoncer, dompter les élans amoureux à sa mesure, traverser les collines pop de ‘We
Alvvays ‘Alvvays’ Transgressive
Pour démarrer une carrière, rien de mieux qu’un bon gros nom qui imprime directement, un truc à la fois simple à retenir et easy à googler. Pas le bazar qui va te ramener sur les serviettes hygiéniques et les menstruations de la femme. Mais bien sur le vrai cycle de la vie : le temps qui passe, l’alcool, la mort, la loose, l’impossibilité d’une île. La vraie culture pop, quoi. Et quand on a des (fausses bonnes) idées, pour faire passer le message, on met deux v. Comme ces branleurs punk surf de Wavves. Sauf qu’ici, c’est une sorte d’éden de la pop. De fait, ces cinq Canadiens de Toronto, produits par une petite pointure de l’indie (Chad VanGaalen) et emmenés par la voix mi jolie mi crasseuse de leur chanteuse blondasse – Debbie Harry 3.0 –, sortent un premier album de dream pop plutôt bluffant mais plombé, porté par des morceaux drôlement addictifs, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Sans doute parce qu’ils font le lien entre les trop méconnus Eux Autres (se souvenir très fort du romantisme écorché de ‘Broken Arrow’) et les déjà trop célèbres Veronica Falls. Des chansons comme ‘Adult Diversion’ ou ‘Archie, Marry Me’ claquent immédiatement puis louvoient par tous les états d’âme(érique) pour finir par se loger solidement au cœur de notre mélancolie chronique. Uppercut ultime, l’affaire se termine piste 9 (c’est court) avec ‘Red Planet’, sorte de Beach House en plus crade, à écouter défoncé et triste, vers 5h du mat’, les yeux rivés sur Mars, l’infini, le sens de la vie. (lg)
Go Home’ avec un bataillon jovial de voix amies. « You’ve got to fight for the life you want » : celle d’Adam Cohen n’est peut-être pas aussi éblouissante qu’il l’aurait souhaité mais on ne peut nier sa sincérité. (alr)
Matthew Collings ‘Silence Is A Rhythm Too’ Denovali Records
Compositeur écossais, Matthew Collings s’est fait un nom en créant des paysages sonores dans le monde du théâtre et du cinéma. Après six années passées en Islande à triturer des machines en compagnie de son pote Ben Frost, il revient aujourd’hui sur la terre des ses ancêtres. Depuis Édimbourg, il s’inspire des préceptes édictés par le peintre Mark Rothko pour esquisser un deuxième album où l’art s’exprime nécessairement en trois temps : la romance, la tragédie et la mort. Moins mainstream que la bande originale du film ‘Romeo + Juliette’, la musique de Collings se déplace à travers les logiques de l’électroacoustique. Comme un écho lointain au ‘4’33’’’ de John Cage, l’album ‘Silence Is A Rhythm Too’ escalade des montagnes (quasi) insonorisées avant d’exploser dans des sommets bruitistes : six puissantes décharges imaginées à la croisée de machines en fer et d’instruments en bois. Avec ce disque contemplatif, Matthew Collings a tout pour devenir le voisin idéal de Ben Frost et Nico Muhly. De bon augure pour la fête de quartier. (na)
Coves ‘Soft Friday’ Net t werk/V2
Vous avez entendu The Kills. Comment ils embrasèrent. Combien leur venin est d’or. Ça vous plu, hein ! Vous en d’mandez encore…Eh bien, écoutez l’histoire de Beck and John. L’infectieuse manière qu’ils ont de vous ficeler dans leurs rets psyché, leurs ‘Beatings’ entre harmonica et pulsions séminales. De vous persuader qu’il s’agit là du ‘Last Desire’, celui qu’on a attendu toute une vie. Celui qu’’Honeybee’, une amazone à paumes chaudes et crinière givrée ne vous accordera jamais qu’avec dédain. Cette habitude étrange qu’ils ont prise de faire s’enfuir le soleil par les persiennes pour mieux projeter des ombres incertaines sur les cloisons de leurs chimères, d’organiser des séances d’hypnose collective, de donner à leurs lippes boudeuses le goût d’ambroisie. « I try to keep myself serene », mais que faire lorsqu’ils brûlent les allumettes au miel de ‘Fool For Your Face’, qu’ils empoignent votre attachement et vos oreilles pour les offrir sur un plateau luisant à Hope Sandoval ou toute autre déesse versatile ? Sale coup au cœur, non ? Réveillez-vous. Suivez-les ou non. Vos nouveaux amis, charmeurs et embrumés, adore-
raient sans doute que vous preniez vos jambes à leur cou. (alr)
Dark Sky ‘Imagin’ Monkey Town Records/News
Formé en 2009, Dark Sky est un OMNI – Objet Musical Non Identifié – aperçu à plusieurs reprises sous le ciel anglais par de nombreux observateurs des mouvements électroniques paranormaux. Bloc tricéphale, Dark Sky se déplace au gré des idées de Tom Edwards, Matt Benyayer et Carlo Anderson. Pendant des années, le trio a pris le pouls de la scène electro londonienne. Et, l’oreille collée au stéthoscope, cela s’entend méchamment. Véritable patchwork d’influences typiquement britanniques, l’album ‘Imagin’ souffre de son éclectisme et d’un enthousiasme sans filet. C’est qu’il n’est pas évident de rassembler des fragments de house, disco, pop, ambient, dubstep, jungle et autres beats baléariques sur un même disque... Dans ces grands écarts incessants, le premier essai de Dark Sky touche à tout avec l’art et la manière de déconcerter l’auditeur. Disque mutant, lorgnant parfois du côté de James Blake, Moderat ou Jamie XX, ‘Imagin’ démagnétise régulièrement la boussole et s’écarte inévitablement du droit chemin. Ce qui nous laisse avec un étrange sentiment : perdu, mais pas complètement paumé. (na)
Lana Del Rey ‘Ultraviolence’
de distinguer le vrai du faux, l’obscène du glamour. Héroïne de ce grand mystère, Lana enlace ses cordes vocales autour de quelques pépites aux charmes envoûtants et glacials. Les mélodies sépias de ‘Brooklyn Baby’ et ‘Old Money’, notamment, flirtent dangereusement avec l’éternité. Quelques minutes avant le tomber de rideau, la chanteuse s’offre une ultime reprise de Nina Simone, ‘The Other Woman’. Une autre façon de chatouiller les mythes de l’Amérique et d’embrasser la légende. Du bout des lèvres. (na)
Tina Dico ‘Whispers’ Finest Gramophone/V2
Connue dans son Danemark natal sous son vrai nom de Tina Dickow, Tina Dico est loin d’être un perdreau de l’année en dépit d’une réputation internationale assez limitée. Si un seul mérite devait ressortir de ‘Whispers’, tout de même son dixième essai, c’est qu’il devrait enfin situer la songwriter scandinave sur la carte du monde. Toutefois, c’est loin d’être la seule qualité du disque, où pullulent les très bonnes chansons, entre romantisme désabusé et amours contrariés. Non que le propos soit follement original, mais vu que le talent et l’imagination ne s’achètent pas au Carrefour Express du coin, Tina Dico n’a nul besoin d’y remplir son panier. A la fois mélodiste de haut vol et chanteuse propice aux réconforts sentimentaux, sa voix évoque d’ailleurs le versant folk de notre Mélanie De Biasio nationale (voire d’Amy Winehouse), l’artiste danoise impressionne très majoritairement. Même si on regrettera quelques élans à la limite du fleur bleu, et encore ça évoque plus Agnès Obel que Nolwenn Leroy, (‘Drifting’ ou ‘Mines’), l’art du folk mis en beauté par Tina Dico ne mérite qu’éloges et applaudissements. (fv)
Martin Duffy ‘Assorted Promenades’ Ogenesis
Claviériste anglais au sein du groupe Felt dans les années 80 et ensuite au sein de Primal Scream, Martin Duffy a également collaboré brièvement avec The Charlatans. Cet album solo le voit aligner une grosse quinzaine de vignettes, pour la plupart de courte durée, composées aussi bien à partir d’instruments à clavier qu’à cordes mais recourant également à quantités d’autres instruments plus mineurs. Des petites ballades instrumentales qui s’avèrent propices à la balade. Des fugues bucoliques que l’on imagine très bien agrémenter l’heure du thé dans un jardin du Kent. Une échappée pastorale éphémère tel un amour estival. (et)
Polydor/Universal
Eastlink
L’hymne ‘Video Games’ et le triomphe de l’album ‘Born To Die’ ont offert une monstrueuse exposition médiatique à Elizabeth Woolridge Grant. Ces deux dernières années, sa bouche ourlée et son nez pointu se sont affichés en couverture de tous les magazines possibles et imaginables. Sa vie sentimentale a glissé sous les doigts des paparazzis et sa musique a déferlé sans discontinuer sur les ondes. Y a-t-il une vie après le succès? Peut-on continuer d’avancer avec des projecteurs braqués en pleine figure? Après un passage à vide et une rupture sentimentale, Lana Del Rey se relève en accrochant sa voix d’ange sur un nouvel album conçu du côté de Nashville en compagnie de Dan Auerbach, moitié barbue des Black Keys. Moins orchestré et grandiloquent que son prédécesseur, ‘Ultraviolence’ laisse le souffle de la diva courir à travers de fascinantes vapeurs électriques, des brumes sensuelles et fantomatiques. Lana Del Rey semble revenir sur le chemin de sa réussite (‘Money Power Glory’) : un parcours jonché d’embûches (‘Cruel World’) et de souvenirs embarrassants (‘Fucked My Way Up To The Top’). Entre érotisme et ésotérisme, les chansons d’‘Ultraviolence’ diluent un peu plus encore le portait de la petite fiancée de l’Amérique. Difficile ici
‘Eastlink’ In The Red/Konkurrent
Eastlink donne son nom à un premier album échauffé comme une centrale électrique sur le point d’imploser. Fournisseurs d’énergie primaire, quatre artificiers australiens s’affairent dans la salle des machines en compagnie d’un moissonneur-batteur déambulant uniquement sous poppers. Entre rock garage et noise psyché, la musique de ces torpilleurs issus de lance-missiles déjà bien établis au pays des wallabies (Total Control, UV Race, Repairs) suce du riff à s’en faire péter la rondelle. Un disque de neuf morceaux à refiler sans tarder aux fans de Thee Oh Sees et autres amateurs de guitares tranchantes. (na)
Ephemerals ‘Nothin Is Easy’ Jalapeno Records/V2
En 2014, la soul se porte encore très bien, merci pour elle ! Et s’il fallait une preuve supplémentaire de la vitalité du genre, ce premier essai d’Ephemerals peut parfaitement faire l’affaire. A l’origine du projet, on retrouve un certain Hillman Mondegreen, producteur et guitariste
Earteam de la « diva » soul britannique Hannah Williams & The Tastemakers (sic) et surtout infatigable tête chercheuse de talents capables de perpétuer ou de réinventer le style. Au détour d’une tournée en France, il repère Wolfgang Valbrun. Bonne pioche : véritable baladin qui pose sa besace là où le vent le mène, celui-ci peut se targuer (alors qu’il n’a que 25 ans) d’un timbre de voix capiteux et sensuel à souhait. Et s’il a encore du lait derrière les oreilles (il n’a que 25 ans) et qu’il manque logiquement de coffre, sa capacité à évoquer autant Charles Bradley qu’Aloe Blacc en fait une recrue idéale. Mise au service de la soul vintage concoctée par Mondegreen et quelques autres de ses pieds-nickelés, cette voix transcende des riffs de cuivres inspirés et des nappes de clavier de caractère au groove imparable. Entre ballades (‘I’m Your Man’, ‘Love Guaranteed’) ou titres plus uptempo (‘You Made Us Change’), la musique ne se départit cependant jamais d’une certaine retenue qui accentue le contraste entre sensualité alanguie et énergie. En dépit de quelques arrangements où l’exercice retro demeure par trop visible, le disque ne procède jamais d’une simple nostalgie. Au contraire, il ravive d’un sang neuf et frais ce que l’on pensait avoir déjà trop souvent écouté. (gle)
Mastodon ‘Once More Round The Sun’ Reprise/Warner
Je me souviens avoir été fort amusé et un rien intrigué lorsque voici quelques années, un ami passionné de musique lourde m’a expliqué avec passion que Mastodon était clairement le meilleur groupe de métal moderne. Le concept de ‘métal moderne’ me semblait un rien abscons. Et puis j’ai écouté le désormais légendaire ‘Leviathan’. Là, j’ai compris pourquoi Mastodon était métal et moderne. D’une part, la musique était violente et radicale avec ses riffs ravageurs et ses hurlements démentiels, mais en même temps, elle osait s’affranchir des codes et dogmes en vigueur dans le métal traditionnel, proposant un cocktail unique et déviant, ouvert à une multitude de styles, entre stoner, prog, hardcore et psyché. Un peu comme si Black Sabbath s’accouplait à King Crimson. Si le nouvel opus du groupe s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs et brille par la qualité des compositions et l’incroyable façon dont les textures et les styles s’agencent dans une grande cohérence, il est sans doute moins violent. Ceci est un choix assumé par le groupe qui estime ne plus devoir gueuler pour se faire entendre. Certains titres affichent une relative sensibilité ‘pop’, notamment ‘Asleep in the beep’, clairement réminiscent de la scène grunge. S’il est plaisant de voir Mastodon s’essayer à de nouvelles choses, on aime aussi retrouver ce qu’on aime chez lui, soit une brutalité viscérale (‘High road’), un sens du groove limite funky (‘Tread lightly’), des envolées épiques (‘The motherload’) ou encore des titres monumentaux comme le brillant ‘Diamond in the witch house’, sans oublier le sublime titre éponyme qui file la chair de poule. Un excellent cru, mais est-ce vraiment une surprise, compte tenu de l’excellence d’un groupe qui ne nous a jamais déçu ? (pf)
George Ezra ‘Wanted On Voyage’ Columbia/Sony Music
George Ezra est le cauchemar de notre été. Les pieds dans l’eau ou en plein cagnard, on s’est farci ‘Budapest’, scie radiophonique aseptisée et terriblement irritante. On pensait pouvoir alléger le jugement à l’écoute de son premier album. Mais non. ‘Wanted On Voyage’ était clairement le truc à éviter pour passer de bonnes vacances. Soi-disant inspiré par les ouvrages de Bob Dylan et Woody Guthrie, George Ezra ne nous aura pas. On est même prêt à mettre une couille au feu : ce garçon n’a jamais posé l’oreille sur ‘Subterranean Homesick Blues’ ou ‘A Hard Rain’s A-Gonna Fall’. Qu’importe de toute façon. Ezra est simplement un enfant de sa génération. Mais même là, on n’a pas envie de le laisser chanter. Sur ‘Wanted On Voyage’, il rassemble à lui seul tous les vices cachés de Tom Odell, Jake Bugg et Paolo Nutini. Une plaie. (na)
Fall Of Messiah ‘How To See Beyond Fields’ Uproar for veneration
Combo français composé de cinq amis, Fall Of Messiah avait déjà sorti un premier album engageant associant post rock, math rock et émo avec pas mal de technique et d’habileté. Sur ce second opus, le groupe laisse de côté la touche screamo pour développer une musique instrumentale (avec parfois un peu de spoken word) davantage apaisée tout en demeurant puissante et volontiers tendue. Rendant hommage à un monde rural disparu avec une collection présentée comme ‘An instrumental essay on the past northern rural environment’, ‘How To See Beyond Fields’ s’illustre par ses mélodies au sein de compos longues et invariablement hypnotiques et épiques. On appréciera aussi la façon dont piano, guitares et même trompette s’associent à merveille, sans oublier les ruptures et transitions particulièrement frappantes, notamment sur le remarquable ‘La résonance des hangars’, soit l’une des compositions post rock les plus excitantes que j’ai eu l’occasion d’ écouter depuis bien longtemps. Un très bel album, dans tous les sens du terme. (pf)
FaltyDL ‘In The Wild’ Ninja Tune
Membre éminent de la confrérie electronica post-IDM depuis son premier opus ‘Love Is A
Liability’, Drew Lustman aka FaltyDL dessine sur son quatrième essai ‘In The Wild’ un grand arc qui va de Laurie Anderson à Mount Kimbie. Après une grosse minute à poser le décor, le disque prend directement ses aises. Tel un métronome du 21è siècle qui aurait dressé un autel à l’auteure de ‘O Superman’, le producteur américain développe une thématique où la répétitivité ne se confond jamais avec l’ennui. Tout en multipliant les titres absolument imparables à l’ouest de Plaid et du UK garage (dont le génialement fantastique ‘Do Me’, une tuerie qui vire à l’obsession), Lustman parvient à un stade du fondu enchaîné des plus inattendus. Car pour impromptu qu’il soit, jamais dans l‘histoire de la musique électronique récente – disons depuis la fondation du label Warp – quelqu’un n’avait réussi à marier des éléments aussi divers que le tropicalia et… Philip Glass (même si l’expérience ne dure qu’une grosse minute). Si l’on sent chez le gaillard un plaisir dingue à tripoter les manettes et le laptop, tout un art quoiqu’en disent les grincheux nostalgiques du rock à papa (hmmm, Marc Ysaye ?), l’expérience est d’autant plus aboutie qu’à une ou deux exceptions près (sur 17 titres !), elle ne se regarde pas le nombril pas plus qu’elle ne se branle en cachette. (fv)
Gazelle Twin ‘UNFLESH’ Anti-Ghost Moon Ray Records
Œuvre insaisissable livrée en pièces détachables par l’Anglaise Elizabeth Bernholz, ‘UNFLESH’ est un album sinistre et salace, vraiment dérangeant mais extrêmement fascinant. Goupillés sous le pseudo Gazelle Twin, les chansons traînent leurs paroles dans des histoires louches où des enfants sont élevés par des animaux (‘Human Touch’), où l’on euthanasie sans polémiquer (‘Good Death’), où l’on se repasse la genèse de la colonisation européenne en version accélérée (‘I Feel Blood’). Involontairement conçue comme la bande-son idéale d’une galerie d’art contemporain, la musique de Gazelle Twin confronte ses références à ses déviances : The Knife (en plein sniffage de colle), Portishead (sous morphine), Björk (décapée à l’oxyde nitrique). Pour une raison qui nous échappe un peu, on imagine bien Damien Hirst se toucher sur les morceaux d’‘UNFLESH’ après avoir collé ses pilules en vitrine et découpé un veau dans le formol. Racoleur et intriguant. (na)
God Loves Fags ‘As We Took A Power Nap’ Spezialmaterial Records
Mélange de krautock, mais avec des rythmes en 5/4 très inhabituels, de psyché seventies/eighties et de new wave, le groupe suisse God Loves Fags pèche allègrement dans le passé quand il s’agit de se mettre à la composition. Si certains morceaux sont plus immédiatement accessibles, notamment un ‘Pale Saints’ qui rappelle Lloyd Cole version gothique, la majorité des six titres de ‘As We Took A Power Nap’ peine à trouver un rythme de croisière satisfaisant. A force de louvoyer entre les genres, le quatuor de Glenn Breda ne parvient guère à se réapproprier les univers de ses influences, bien qu’elles soient toutes d’excellente composition. En résulte un disque, leur premier, trop indie pour être largement diffusé et trop étiqueté pour être réellement original. Jolie pochette, ceci dit. (fv)
Hildur Guðnadóttir ‘Saman’ Touch
Sur le passage que ma sobre néréide – celle qui mêla les subtils frémissements de sa palette ‘Pan Tone’ aux nobles phalanges d’Hauschka – emprunte aux premières heures du jour, j’ai pris la peine de tracer des stries parallèles, j’ai creusé une lagune, laissé couler un filet d’eau limoneuse charriant de timides éclats, pour mieux entendre sa voix migrer sur ‘Frá’, fragile esquille. Fait pousser alentours des arbustes chargés de minuscules baies qu’elle pourrait croquer à fines quenottes. Mais aujourd’hui, toute à ses mantras récursifs pour libellules, elle préférait rester ‘Heima’. À la maison, dans cette semi-obscurité qui lui était chère, l’archet comme seule compagnie, pour mieux déployer les rivages de son jardin secret. Nous avions conclu un pacte tacite : je n’avais le droit de l’observer caresser son violoncelle qu’au grand air. Le reste n’appartenait qu’à elle, et aux poussières du temps. Cette austérité d’échange me convenait, m’émouvait et pourtant, quelquefois, j’avais comme le rêve secret de davantage voir rougir sa nuque, s’accélérer son rythme cardiaque. (alr)
Herzog ‘Boys’ Exit Stencil Recordings
En découvrant l’art-cover de l’album, on était pourtant persuadé de passer un bon moment. Mais lorsque le groupe assène d’entrée de jeu
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un « Hey you indie rockers/Is everybody in ?» suivi plus tard d’un définitif « This is a theme for all the boys/Playing guitars and making noise », la déception n’en est que plus cruelle face à cette avalanche de riffs déjà entendus mille fois ailleurs et masquant piteusement des mélodies braillardes aux harmonies évidentes. Et effectivement les gars de Herzog ont bien assimilé les leçons des ténors américains de l’indie rock 90’s, de Weezer à Sebadoh en passant par Blink 182. Plus bricolos que laborantins, les cinq de Cleveland ne prennent guère de risques en fabriquant des chansons qui respectent parfaitement les lois du bon petit indie rocker, avec des riffs dégoupillés à la vitesse de la lumière, des rythmes potaches et autres hymnes acnéiques. Peu nuancées mais efficaces, les guitares fuzzent davantage que les idées même lorsque le tempo se ralentit. Un titre comme ‘Mad Men’, par exemple, est presque un pastiche d’une composition type de la bande à Rivers Cuomo. Sans jamais complètement tomber dans la série B ringarde. Mais au-delà du plaisir éventuel de suivre la formation dans son pèlerinage esthetico-temporel dans la chambre d’un ado américain lambda des 90’s, ce disque s’avère aussi enivrant et entêtant qu’un sniff de white-spirit. (gle)
HHY & The Macumbas ‘Throat Permission Cut’ Soli Records/Cargo
On ne le répétera jamais assez, la scène underground portugaise recèle un nombre de trésors d’autant plus précieux qu’ils sont méconnus. Si du côté de l’electronica, les productions du label Crónica ne cessent de convaincre les habitués de la rubrique Love On The Bits, l’ensemble HHY & The Macumbas doit probablement figurer au sommet de la scène locale free rock (et jazz). Troupe à géométrie variable, ses prestations scéniques impliquent entre quatre et dix musiciens, HHY&TM exprime un savoirfaire expressionniste des plus étonnants, à la lisière du No-Neck Blues Band, de Jaga Jazzist et, last but not least, de nos compatriotes de Babils. Notamment le premier morceau ‘Isaac, The Throat’ est bluffant, tant il est rare d’entendre une musique aussi sexy et enthousiasmante qui conserve une telle classe. Si ça se calme sur ‘Barbaron’ et ‘Lewopa De Kristal’, mais ça demeure d’une élégance rare, le combo emmené par Jonathan Uliel Saldanha n’ennuie pas une seconde alors que ses morceaux dépassent, à une exception près, les dix minutes. En confirmation, la quatrième montagne russe ‘Gysin’ met la branlée à tous les brass bands du monde, tant son second degré est ravageur de tonicité, alors que les percussions tribales de ‘Reanima Electrica’ viennent conclure l’affaire en rythmes rebondissants. Ça balance pas mal à Porto, ça balance aussi. (fv)
It It Anita ‘It It Anita’ Honest House
Le visuel est intéressant : une paire de seins lourds, un masque de lion, du noir et du blanc attirent toujours. Et la curiosité n’est pas déçue. L’affaire commence avec un instrumental un peu brutal et se conclut avec ‘Lightning Bolt and Man Hands’, un morceau ralenti, saturé d’une belle électricité sale et atrabilaire. Entre les deux, trois titres relativement furieux, mâtinés de punk gueulard et d’influences postrock, avec des hauts et des bas (les éclaircies de ‘Tacoma’). Prometteur. (lg)
King Ayisoba ‘Wicked Leaders’ Mak Kum records
Par ‘Wicked Leaders’, King Ayisoba n’entend pas uniquement s’attaquer aux présidents véreux et aux oligarques, mais aussi à tous ces propriétaires obèses et managers opportunistes, il en-
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Earteam
tend faire passer un message de paix et de fraternité, militer pour l’unité des artistes de Bolga, nord-est du Ghana, les inviter à se rassembler et non à se battre. Et le King Ayisoba – inconnu au bataillon jusque là – fait ça vachement bien, entre opulence et minimalisme. Opulence : ‘Bayeti Boi’, ses chœurs ancestraux, sa chaleur, sa puissance, sa surprenante clarinette ; ‘Wicked Leaders’, réminiscence d’afrobeat trompètueux ; ‘Asa’ala Daandera’, ‘Weene Ma’le Wane’, éructés parce que la vie, là-bas – on suppose –, en dépend réellement. Minimalisme : ‘Yele Mengire Nbo Se’ena’ dont le groove impressionnant repose sur presque rien - en l’occurrence le kologo, une sorte de luth à deux cordes monté sur une calebasse ; ‘Song For Peace’, en morceau final, dont les motifs répétitifs conduisent à une sorte d’hypnose. Le bon choix : votez King Ayisoba ! (lg)
King Creosote ‘From Scotland With Love’ Domino/V2
Longtemps invisible pour le commun des mortels, Kenny Anderson se démène depuis près de vingt ans sous le masque de King Creosote, alter ego royal sous lequel il a signé quelques albums princiers (‘Rocket D.I.Y’, ‘Flick the Vs’) et une quantité insoupçonnée de disques gravés entre la cave et le grenier. C’est que l’Écossais est un activiste, un pur défenseur de la cause alternative. En grand passionné, il a notamment créé Fence Records, petit label indépendant à qui l’on doit un paquet de trésors cachés. Révélé en 2011 par la grâce d’une superbe collaboration avec l’électronicien anglais Jon Hopkins, King Creosote bénéficie aujourd’hui d’un maigre éclairage médiatique : une lueur d’espoir. De retour avec l’album ‘From Scotland With Love’, l’artiste imagine la bande-son d’un film réalisé par Virginia Heath. À l’exception de deux titres instrumentaux aux visées purement contemplatives, le disque s’écarte des poncifs cinématographiques pour épouser les contours d’une musique soignée à grands renforts de mélodies soyeuses. Engagé sur les traces de Kevin Ayers avec le balluchon de Nick Drake sur le dos, King Creosote injecte une dose de folie salutaire dans les fesses assoupies du folk britannique. On est parfois à la limite du plan foireux (‘Largs’ et sa polka tarabiscotée) mais, dans l’ensemble, Kenneth Anderson sait comment orchestrer un disque de pop racé. De nature mélancolique, le garçon chante l’amour, raconte des histoires de pêcheurs perdus en mer et esquisse la cartographie d’une Écosse à visiter. Encore et encore. (na)
Kings of Edelgran ‘Kor Isen’ ‘Up North’, il s’est perdu à mi-course dans l’immensité contemplative de l’Esjufjöll plutôt qu’à la Baraque Fraiture, cherchant une issue, un portique enfoui dans les envolées soignées, les volutes allègres. Agrippé aux flancs de la caldeira plutôt qu’aux étendues de sphaigne, luttant contre le glacier, il a distingué un chœur de volcan, un duo de druides, dont les capes augustes ont fini par claquer, emplissant l’espace de taches bleutées, de virgules gelées. Tout en continuant à progresser, il a cru entendre dans leur direction quelques bribes de vonlenska, un conciliabule en dialecte du voleur de Cheek Mountain, une incantation secrète destinée à des geysers sous tension. Peut-être qu’une sarabande en leur compagnie ouvrirait ‘The Gate’. Peut-être que dans un premier temps, afficher leurs influences, leur empreinte de pop ressac, les cinq marques rituelles sur ses poignets lui permettrait de rejoindre ‘Holocene’. C’est déjà un début, plutôt honnête. (alr)
The Raveonettes ‘Pe’ahi’ Beat Dies Records
Douze ans déjà que les voix traînantes du duo danois s’étreignent en harmonie sur de sombres mélodies noyées sous l’écume du bruit blanc. Mais quelques années surtout que Sharin Foo et Sun Rose Wagner, la tête plongée dans leurs godasses, tournent un peu en rond et ne produisent plus guère qu’une électricité statique qui ne fait même plus se dresser les poils. Mais comment évoluer lorsqu’on est stylistiquement aussi connotés que ne le sont les Raveonettes ? Réponse avec ce septième opus dont le titre s’inspire d’un mythique spot de surf hawaïen. Non pas que le tandem ait complètement délaissé les douches écossaises des frères Reid au profit des chemises à fleurs et de la surf music. Les pop songs éthérées sont toujours bien présentes (‘Summer Ends’ et sa puissance mélodique, notamment). Mais parce que ce disque voit la formation durcir le ton en même temps qu’elle s’offre des excursions dans des atmosphères sonores plus riches et complexes. Les motifs de guitares répétitifs et les voix ne sont plus seuls à supporter toute la substance mélodique des compositions. L’apport de harpes (sur le viscéral et féerique ‘Sisters’ notamment), de xylophones et d’électronique se conjugue avec une production chirurgicale pour un résultat qui ferait presque passer Phil Spector pour un apprenti-maçon. Une amplitude sonore nouvelle qui offre donc des possibilités de composition plus larges qui se traduisant par la (relative) diversité des morceaux et des atmosphères. Sans pour autant bafouer l’identité sonique. Le tour de force n’était pas facile à réaliser. Mais le pari est réussi haut la main. (gle)
Toubro excelle dans l’art de laisser planer une forme de lyrisme aride, presque parlé, qui s’étiole et s’évapore comme si rien n’avait d’importance, pas même sa douleur pourtant prégnante. L’urgence punk se dilue et s’insinue dans nos veines électriques, les cris se perdent dans une salle vidée de son public, le désespoir n’a pour réponse que sa propre question, son propre écho. « And that was unbearable ». ‘Seek Warmer Climes’ se traverse comme une migraine, comme un lendemain de baston, quand l’identité se reconstruit sur des croûtes. Basse à la dérive, batterie sèche et incantations postillonnantes sur ‘Unkempt and Uncaring’, anthem qui plonge les doigts dans la plaie (‘Lost Weight, Perfect Skin’), les guitares-siphons de ‘Craver’ où s’échappent du sang et des cheveux dans un tourbillon de rouille : Lower cultive une morbidité cérébrale et c’est tant mieux. Introspection glaçante non dénuée d’intéressantes bavures (les sept minutes de ‘Expanding Horizons’), le premier disque des Danois puisent dans ce sillon plus personnel une force fébrile dont les lendemains sonores sont encore à définir. En l’état, un sincère et exténuant exutoire. (ab)
Lunt Franz Kirmann ‘Meridians’ Denovali/Sonic
Moitié de Piano Interrupted, Franz Kirmann interrompt quelque peu le cours des activités du duo pour se consacrer et revenir à sa propre musique. ‘Meridians’ est en réalité son deuxième album à sortir sous son nom civil. Il confirme son amour pour le cinéma et la musique cinématographique. Kirmann revendique ses influences davantage du côté des faiseurs d’image que de sons. Ainsi cite t-il Antonioni, Sergio Leone, Wong Kar-Wai mais aussi, de manière prévisible, David Lynch qui apparaît ici comme figure emblématique à la fois visuelle et musicale. La douzaine d’instrumentaux qui composent cet album portent des titres qui pourraient être ceux de séquences de films. Leur nature atmosphérique, brouillardeuse ajoute au climat filmique qui se dégage du disque. Assemblés à partir de samples devenus inidentifiables à force d’être manipulés, ces morceaux forment une bande son pour oreilles vigilantes. Un authentique cinéma pour l’oreille. (et)
Klaxons ‘Love Frequency’ Because Music
Classés grands espoirs de la scène dance rock – on avait même inventé rien que pour eux la notion de nu-rave – à l’issue de leur formidable premier album ‘Myths Of The Near Future’, les Klaxons ont tellement vite franchi le cap du ridicule dès son successeur, le bien nommé ‘Surfing The Void’ qu’on n’espérait plus grand-chose d’eux en 2014. Hélas, mille fois, les craintes se confirment, Jamie Reynolds & co ont définitivement perdu le fil de leurs idées. Ça débute par une mauvaise blague, genre The Faint à la poursuite de Bloc Party (‘A New Reality’) avant un titre que même le pire des DJ n’aurait pas osé passer en TD de l’ULB anno 1991 (‘There Is No Other Time’). Et la suite n’apporte aucun réconfort. Alors que minute après minute, on s’éloigne des excellents LCD Soundsystem pour se rapprocher de, hum, le ******* de David Guetta (mais sans le moindre début de tube pupute à l’horizon), on n’a qu’une seule envie, de balancer le disque par la fenêtre pour qu’il assomme la vieille casse-pieds du troisième. Ça lui fera au moins une utilité. (fv)
Karoline Leblanc & Paulo J Ferreira Lopes ‘Hypnagogic Cartography 1’ Atrito-afeito
Voilà le genre de disque où le chroniqueur ne sait pas par quel bout saisir l’affaire. Œuvre d’une
certaine Karoline Leblanc, dont le web nous apprend qu’elle est l’épouse de Paulo J Ferreira Lopes (au mixage), ‘Hypnagogic Cartography I’ nous offre quatre pièces totalement abstraites entre concision (3 minutes) et longueur (27 minutes). Difficile aussi de caser l’objet dans un endroit très précis, sans que cela soit vraiment un défaut. Pas vraiment noise, encore moins ambient, à la frontière du drone et de l’anti-matière, l’art de l’artiste canadienne tente plus qu’il n’aboutit et c’est son unique demi-mérite. (fv)
Linkin Park ‘The Hunting Party’ MachineShop/Warner
Après la sortie du désastreux ‘Living things’, on s’était demandé si Linkin Park serait capable de tomber encore plus bas et c’est donc non sans appréhension que je me suis plongé dans l’écoute de ce nouvel opus. Que les fans de la première heure se rassurent, le diagnostic n’est pas trop mauvais et ‘The Hunting Party’ affiche un net regain de forme par rapport aux dernières sorties. Première bonne nouvelle, Linkin Park semble enfin avoir compris qu’il n’était pas bon de trop écouter Skrillex et de vouloir se muer en nouvelle icône dubstep. Seconde bonne nouvelle, le groupe a pris le parti de revenir aux sources, présentant le nouvel album comme le petit frère de ‘Hybrid theory’. Sur le plan sonore, il est question de nu metal au sens strict du terme. On retrouve la fusion entre métal et passages mélodiques pop sur ‘Keys to the kingdom’ et ‘Rebellion’, tandis que plusieurs morceaux affichent un quotient rapcore élevé pour un résultat souvent correct, notamment avec ‘All for nothing’ sur lequel intervient le chanteur d’Helmet ou encore avec l’étonnant ‘Guilty all the same’ aux relents symphoniques. Tout n’est ceci dit pas très excitant sur cet album et l’on regrettera la présence de plusieurs titres redondants ou un peu plats, tel le mal nommé ‘War’ davantage soporifique que belliqueux. Peut mieux faire, mais il y a de l’espoir. (pf)
Lower ‘Seek Warmer Climes’ Matador/Beggars
Sec comme un coup de trique, ‘Seek Warmer Climes’ nous renvoie aux alentours de 1989, lorsque l’amertume post-punk tournait à l’aigre, fécondant shoegaze et doom de la décennie à venir. Frères de galère des Iceage (ils ont même partagé un 7’’), Lower a la déprime plus errante, cette mélancolie hardcore européenne héritée de Bauhaus qui offre peu de place à l’espoir. Adrian
‘Water Belongs To The Night’ Tremens Archives/We Are Unique Records
Si on ne va pas vous rejouer pour la 67è fois la complainte du pauvre label manager indépendant, la persévérance et le goût du travail bien fait d’un Gilles Deles ne peuvent que forcer notre admiration. Aux commandes de sa structure We Are Unique, éditrice d’artistes dont s’abreuvaient ces pages lorsqu’elles étaient encore en noir et blanc (Angil, Half Asleep, BR OAD WAY ou The John Venture), le gaillard ne se contente pas de défendre la musique des autres et, de temps à autre, il reprend sa guitare pour nous proposer des disques en souterrain bien camouflé. Actif sous son pseudo de Lunt depuis une bonne douzaine d’années, Deles fait œuvre d’introspection minimaliste et pour peu que l’on ait ses repères dans le genre, quelque part entre Fred Firth et Rafael Toral, c’est profondément attirant. Tel un Lee Ranaldo à la rencontre de William Basinski, l’artiste français multiplie les fausses pistes et les contre-champs dans ces boucles à six cordes improvisées. Bien sûr œuvre d’un bricoleur qui n’hésite pas à lancer des idées à la cantonade, quitte à ce qu’elles s’égarent (rarement) dans l’atmosphère, la partie s’écoute à merveille dans la douceur d’un soir été, la tête remplie de souvenirs post-Terrestrial Tones. (fv)
Manic Street Preachers ‘Futurology’ Sony Music
Davantage encore que la longévité des Manic Street Preachers, c’est cette foi intacte dans le pouvoir rédempteur de leurs compos grandiloquentes qui ne manque pas d’étonner. Sur cette douzième livraison, l’inspiration des gallois semble s’être fait définitivement la malle. A moins qu’il ne s’agisse d’un prétexte pour une énième tournée lucrative doublée d’une tentative pour refourguer les chutes de studio du plus sobre que réussi ‘Rewind The Film’ sorti il y a un peu moins de douze mois. Renouant avec les solos bavards et autres débordements héroïques, les Manics refont du Manic en délaissant à nouveau tout ce qui ressemble de près ou de loin à la sobriété. En ajoutant par exemple de vilaines dégoulinades synthétiques pour donner une connotation 80’s à des titres pourtant déjà suffisamment accablés de refrains ringards ou de guitare héroïsme suranné. Si on sauvera du naufrage le plus délicat ‘The View From Stow Hill’, on regrettera surtout que la musique bousille à nouveau complètement des textes qui ne manquent pas de pertinence. Notamment lorsqu’ils s’insurgent de la passivité et du fatalisme qui infiltrent la classe populaire. Comme pour une rupture amoureuse, il est souvent délicat de trouver le moment opportun pour mettre fin à un groupe
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de musique. Mais là, il va falloir tout doucement commencer à y penser. (gle)
Ty Segall ‘Manipulator’
Minot ‘Equal/Opposite’ Golden Antenna
On sait peu de choses sur Minot, un trio guitare/basse/batterie originaire de la baie de San Francisco dont les trois membres ont roulé leur bosse dans d’autres combos (From Monument To Masses, Turks, Low Red Land) avant de fonder celui-ci il y a trois ans à peine. Peu importe finalement car leur musique en dit suffisamment. Fortement influencée par le post-rock façon Trans Am et, dans une moindre mesure, par celui de Slint ou de Bastro, elle lorgne aussi sur l’héritage des groupes du label Dischord de Washington D.C.. Des morceaux instrumentaux électriques et puissants. Une rythmique implacable. Une manière méthodique d’agencer les couplets et de les monter en crêtes. Premier album de Minot, ‘Equal/Opposite’ joue et se joue des oppositions avec un sens équitable des répartitions. (et)
Morning Parade ‘Pure Adulterated Joy’
Drag Cit y/V2
Prolixe, stakhanoviste, acharné, monomaniaque ; on aura tout dit à propos de Ty Segall et sa cadence de production. Avec ses 27 années au compteur, plusieurs side-projects et un nombre de chansons que d’autres artistes mettent une vie entière à composer, le jeune californien fait figure de héros de l’ombre dans le milieu du rock. Nous l’avions consacré comme tel en 2012, lorsque le marmouset avait balancé pas moins de trois (!) albums tonitruants, respectivement ‘Hair’, ‘Twins’ et ‘Slaughterhouse’. L’année suivante, il nous prend par surprise avec ‘Sleeper’, où ses envies psychédéliques l’emmènent cette fois du côté de la ballade acoustique, puis avec son groupe Fuzz où il tâte furieusement de la batterie dans un déluge de guitares à l’agonie. Quel allait donc être le cru 2014 du bonhomme ? Parfaite continuité de son œuvre, ‘Manipulator’ conjugue toutes ses influences, garage et surf, 60s et 70s, avec un sens de la composition qui ne fait que se bonifier. Rarement a-t-il écrit des chansons aussi accrocheuses que ces ‘Tall Man Skinny Lady’, ‘Feel’ et autres ‘Susie Thumb’. Des tubes potentiels qui partagent avec Unknow Mortal Orchestra une esthétique crue et une sensibilité rétro affolante. Psyché en diable, ‘Manipulator’ ne conserve la distorsion passée que sur les guitares au profit d’une ambiance dense mais toujours lumineuse. Le dernier né de Ty Segall semble avoir pour parrains les Beatles, Love, Black Sabbath, Led Zeppelin, Spirit, T. Rex et tant d’autres encore. Ode amoureuse à ses prestigieux aînés, ‘Manipulator’ enchaîne sans temps mort les morceaux de bravoure et s’achève en apothéose avec ‘Stick Around’, sans conteste la plus ambitieuse des déclarations pop, rock et folk de notre increvable héros. Mais qu’on lui file une couronne, bon sang. (ab)
So Recordings
J’ai trimballé ce disque sur la route des Highlands, je l’ai fait subir à la smala de distillerie en distillerie, de Dufftown à Maryclark, là où Glenfarclas élabore depuis 1836 cette eau de vie qui foudroie le palais. En tout cas, dès qu’il est question de whisky vieilli en fût de sherry. L’alcool, après des années à s’imprégner du bois, prend alors cette couleur presque ocre, d’une beauté indicible et totalement naturelle. Pas loin, finalement, de celle qui dégouline de la pochette du ‘Pure Adulterated Joy’. Et pendant que la famille bouffait le porridge pop rock à l’aspartame de Morning Parade (cette incroyable collection de tics et de poses maniérées), n’en pouvant plus, je pensais déjà à retrouver ce morceau de Sharon Van Etten qui hante tant cette fille depuis que je lui ai si bien vendu, à retrouver ce ‘1983 (Barbara)’ de Mendelson dont (ab) ne s’est jamais remis depuis que je lui ai vanté pendant près d’une heure, à mon putain de prosélytisme féroce, des fois ; à cette même passion dévorante qui vous conseille ceci : ne faites jamais écouter ce disque à un ami, vous le perdrez. (lg)
Morrissey ‘World Peace Is None Of Your Business’ Har vest Records
Avouons-le d’emblée, cela fait quelques années déjà que notre admiration sans bornes à l’égard du Moz s’est muée en une furieuse envie de filer des coups de pied au culte. Plus appliqué à façonner sa propre légende qu’à écrire et composer, Morrissey est devenu une sorte de Narcisse shakespearien perdu dans le jeu dangereux des miroirs, une diva tiraillée entre pathos et flamboyance, parodie et génie. Car entre chansons qui exhibent leurs muscles et une production gonflée aux hormones, la musique servie par le Mancunien était devenue aussi gênante que la coupe de cheveux de Johnny Marr. Sur ce dixième album, le gang qui l’entoure semble avoir délaissé les gants de boxe au profit des moufles. Comprenez que si le gros son reste la norme, les morceaux sont expurgés de ces guitares cache-misère, obèses et obscènes, indignes de ses mélodies. Et si des exhalaisons sonores musette ou latinos douteuses (ces accordéons sur ‘Kiss Me A Lot’ ou ces guitares flamencos sur ‘The Bullfighter Dies‘, non mais…) polluent encore ça et là les compositions, le songwriting fait davantage dans la nuance. Au contraire de textes gorgés de bile et réjouissants d’outrances, même lorsque le dandy ose des rimes à la Maurice Carême. Car Morrissey n’a peut-être jamais aussi bien chanté. Sa posture de crooner à la voix impériale, impérieuse, lapidaire, sensuellement aigre, propulse de vraies
chansons comme ‘Smiler With Knife’, ‘I’m Not A Man’ ou ‘Istanbul’ au même rang que celles de ‘Viva Hate’ ou de ‘Vauxhall And I’. Trois titres sur douze : pas encore de quoi nous faire renoncer définitivement aux entrecôtes. (gle)
Mr Raoul K ‘Still Living In Slavery’ Baobab/Word And Sound
Ivoirien d’origine, Allemand de pérégrination, Mr Raoul K met l’univers souvent trivial de l’electro-world cul par-dessus tête avec ‘Still Living In Slavery’. Pas question ici de pillage dit respectueux via samples exotiques qui exhalent des profonds relents de colonialisme larvé. Soucieux d’une libération totale de l’homme, africain ou non, Mr Raoul K se confronte à l’idée de l’esclavage dans ce qu’elle a de plus insidieuse : les chaînes que l’on traîne sont le plus souvent personnelles. Partant, il a exilé avec lui ses racines musicales et entreprend de les moderniser de l’intérieur par la grâce de l’électronique : rythmiques, compositions, instruments, tout cela crie l’authenticité, la revendication d’une musique vivante qui appartienne non pas au sol africain, mais au monde entier. ‘Break Your Chains And Return To Botswana’, pépite brute, rayonne sur tous les morceaux alentours. Au plus proche du terrain, tant dans le traitement des sons – réels – que dans la volonté d’éviter toute fioriture synthétique, il pourrait être facile de croire à un enregistrement in situ d’une transe collective. Unique morceau du genre sur l’album, sa présence tribale donne au projet un gage de sincérité qui laisse admiratif. Les cinq autres pièces, avoisinant parfois les vingt minutes, parachèvent le métissage réussi de Mr Raoul K: ni musique traditionnelle, ni album électro, on s’abandonne, pantois, à un hypnotique et lancinant voyage par-dessus des terres sauvages, à la fois ancestrales et inexplorées. Qu’elles soient ivoiriennes, kraut ou cybernétiques n’a finalement aucune importance. Démesuré et pourtant humble, pamphlet formel dénué de tout discours, ‘Still Living In Slavery’ est une « révolution intelligente », une invitation à la communion des genres et des esprits. (ab)
My bubba ‘Goes Abroader’ Fake Diamond Records
Quand il t’a aperçue jouxtant la cahute, Jack Shepard avait de quoi se demander « T’es qui?
Tiki? » . Avec tes palourdes douceâtres, castagnettes d’huîtres et claquettes de phalanges, t’étais sans doute juste une vahiné de coton, michoco mi-lait concentré sucré, une slalomeuse d’échos pour capot de voiturette de golf, une Mountain Man qui avait préféré l’ukulélé au banjo, la Polynésie aux Rocheuses. Toi et ton acolyte de palme nous faisiez l’étalage d’haïkus de soie germés dans la moiteur de la jungle, mais rédigés sur des emballages de Chupa-Chups. T’espérais des durs tatoués d’ancres et de maladroits matelots, mais au passage, vous récoltiez surtout des retraités en singlets, des Tahiti Bob grassouillets à force de gober des coconuts. Sirènes de Rainforest, ravitailleuses en ballades pour baignades curaçao, littoral girls qui murmuraient à l’oreille des crabes, pas sûre que vous auriez vraiment fait monter la température sous d’autres latitudes. (alr)
Simi Nah ‘Be My Guest’ Why2K Music
Une bonne partie du génie d’Andy Warhol a consisté à sortir les sujets qu’il abordait de leur contexte pour leur donner une nouvelle vie basée sur la sublimation et la recherche esthétique avec tout ce que cela peut comporter de ludique et de second degré. Il en va de même pour ce qui est de l’art des reprises en musique. Certains, trop respectueux, proposent une copie carbone - et donc inutile - de l’original. D’autres, un rien mégalos, se permettent de malmener le titre choisi en le déstructurant pour un résultat parfois douteux. Ne parlons même pas de ceux qui violent littéralement les morceaux choisis en leur collant des arrangements faciles dignes de kermesse aux boudins. Simi Nah, elle, ne tombe dans aucun de ces pièges. En parfaite connaisseuse de la période et des styles qu’elle revisite, soit, en gros, la cold wave/dark wave de la période 78-83, elle exhume des titres pas forcément connus dont elle propose des versions innovantes et excitantes en compagnie d’artistes variés qui viennent prêter leur voix au projet. Les neuf titres sont tous brillants, avec quelques moments particulièrement lumineux. La reprise de ‘Cheree’ de Suicide, minimaliste et lancinante, parvient à être encore plus dark que l’original. Sans surprise, Danny Mommens de Vive la Fête excelle dans l’art de faire vibrer le mythique ‘Eisbaer’ de Grauzone. La reprise de ‘Euroshima’ de Snowy Red par... sa fille est elle aussi particulièrement saisissante, tandis que les lectures du très culte ‘Nag nag nag’ de Cabaret
Voltaire par le chanteur de Neon Judgement et de l’excellent ‘Disco rough’ de Mathématique Moderne par Luc Van Acker touchent carrément au sublime. Un brillant exercice de style. (pf)
Sinead O’Connor ‘I’m Not Bossy, I’m The Boss’ Net werk Productions
Sinead O’Connor est assurément une femme de caractère. Au-delà d’une carrière riche en réussites, tant critiques que commerciales, l’irlandaise n’a jamais hésité à rentrer dans le lard des conservateurs en tous genre - l’église catholique en tête, ce qui lui a valu pas mal de problèmes. On pourrait imaginer que Sinead se soit assagie à l’aube de la cinquantaine, mais il n’en est rien. Vêtue de latex et tenant rageusement une guitare en guise de sabre phallique, elle balance un album au titre choc en guise de déclaration féministe, stigmatisant la fâcheuse tendance qu’a la société de rabrouer les femmes dès qu’elles osent s’affirmer. L’album explore donc un point de vue féminin en se focalisant principalement sur l’amour, entre romantisme exacerbé et désir vibrant. Finalement très pop, ‘I’m Not Bossy, I’m The Boss’ est un très bon cru et la coloration bluesy de plusieurs titres sied au propos, en particulier sur le très sensuel ‘Kisses like mine’ et sur le lancinant ‘The voice of my doctor’. Un autre titre qui bouge vraiment bien est le bien nommé ‘James Brown’, soit un bel exercice de funk contemporain. Toujours aussi douée pour composer de jolies caresses pour l’âme, Sinead propose le très beau et mélancolique ‘Harbour’ ainsi que le touchant ‘Streetcars’ qui termine l’album avec une réflexion métaphysique sur le sens de l’amour. Trente ans après ses débuts, Sinead O’connor parvient toujours à nous interpeller et à nous toucher. (pf)
Old 97’s ‘Most Messed Up’ ATO Records
Cela fait plus de vingt ans que Old 97s peaufine son sens de la country punk dans la tradition de Camper Van Beethoven, sans totalement parvenir à quitter les lisses ornières de la scène alternative. Soyons honnêtes, Reth Miller se donne : tendre en mode pop texane, puis animé de la flamme punk-rock californienne, le mec est talentueux. Pareil pour son band ; rien à redire sur les guitares qui suintent le sud et la west coast dans une fusion ricaine plutôt réussie. Le problème réside ailleurs. Quand nos garçons vachers n’épuisent pas leur potentiel sur la longueur, ils le plombent par leur incapacité à assumer pleinement une identité claire. Plutôt que de musique, il s’agit ici de personnalité : il règne chez Old 97s une posture indie FM très années 90 qui empêche la frontalité des intentions et fait baigner le tout dans une relative artificialité. On ne peut s’empêcher d’imaginer ‘Most Messed Up’ aux mains de Ween : un hilarant délire cowpunk mégalo et alcoolique, en lieu et place de cette embarrassante confession « décalée » et demi-molle dont on se demande s’ils y croient vraiment (« I’m the most messed up motherfucker in this town », really ?). Cela n’empêche pas le dernier Old 97s d’être une écoute plaisante à l’énergie indéniable (‘Nashville’, très Pogues chez Uncle Sam) mais les défroques de nos cowboys sortent du teinturier, là où elles méritaient d’être traînées dans le sable, la sueur, la sciure et le crottin. (ab)
Pere Ubu ‘Carnival of Souls’ Fire Records
L’an dernier, nous soulignions le retour de Pere Ubu avec l’album ‘Lady From Shanghai’ après plusieurs années de retraite mais plus de quatre décennies d’existence. David Thomas, son membre permanent historique et sa figure de proue emblématique, chanteur truculent et irascible, maintient son règne avec une fausse bon-
10.09 | STRAND (BERT DOCKX) @ HUIS 23 – FREE 20.09 | COLD SPECKS 21.09 | GOAT + MOON DUO + MADENSUYU + WHITE HILLS + BO NINGEN + CROWS 25.09 | SWANS + PHARMAKON 27.09 | BOZAR ELECTRONIC ARTS FESTIVAL: YOUNG ECHO @ BOZAR 27.09 | I BM [INSPIRED BY BLACK METAL] PRESENTS AMENRA - ACOUSTIC SHOW 30.09 | SINEAD O’CONNOR 01.10 | LITTLE DOTS - ALBUM PRESENTATION 02.10 | HELMET - BETTY’S 20TH ANNIVERSARY TOUR 04.10 | VESSEL + WIFE. 10.10 | ANGEL OLSEN 10.10 | BRNS 11.10 | SEBASTIEN TELLIER 11.10 | OFF! + CEREBRAL BALLZY 14.10 | YOUNGBLOOD BRASS BAND 16.10 | GRUFF RHYS 17.10 | KRIS DANE: ROSE OF JERICHO - ALBUM PRESENTATION 18.10 | GEPPETTO & THE WHALES 20.10 | FICTION PLANE 23.10 | GOGO PENGUIN : WHERE APHEX TWIN MEETS JAZZ 25.10 | AMATORSKI
Département de l’Echevin Boris DILLIÈS En collaboration avec l’Echevin de la Culture Carine GOL-LESCOT. Une organisation du Collège des Bourgmestre et Echevins d’Uccle.
M ROIBNBIENGRAL
Aurélie Czekalski : Présidente Charlotte Poma : Administratrice déléguée Valérie Cuvelier : Vice-Présidente
Feat. Craig Walker
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B E D RUGS S N O I L L I M
13/9/14 @ 19:30
UCCLE - WOLVENDAEL PARK (DIEWEG) Lisa Stansfield
STI B : 4 / 3 8 / 41 / 43 / 92 / 9 8 + N O CTI S • S N C B : ST J O B / U C C L E C A L E VO E T
0488/ 572 094 • JEUNESSE@UCCLE.BE • SUSTAINABLE EVENT Traiteur
Platiau Par ordonnance / Op bevel Le Secrétaire communal f.f. / De wnd. Gemeentesecretaris Luc Parmentier
Le Collège - Het College Armand De Decker Bourgmestre - Burgemeester
L’Echevin de la Jeunesse - De Schepen van de Jeugd : Boris Dilliès L’Echevin de la Culture - De Schepen van Cultuur : Carine Gol-Lescot
EDITEUR RESPONSABLE : BORIS DILLIÈS 29, PLACE JEAN VANDER ELST - 1180 UCCLE
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Service Ucclois de la Jeunesse
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Earteam
homie, sans avoir à le magnifier. ‘Carnival of Souls’ a été conçu à partir d’improvisations scéniques captées durant la tournée de ‘Lady From Shanghai’ et retravaillées par la suite. A l’origine, il était destiné à mettre en musique un film fantastique oublié de 1962 du même titre programmé pour l’East End Film Festival de Londres. L’album nous narre une histoire quelque peu modifiée. Celle d’un homme assis au bord d’une rivière qui se déshabille pour y plonger. Au fond de l’eau, il contemple la lune tandis que le courant le charrie alors qu’il doit maintenir sa respiration pour continuer à contempler sa vision. A la fois crasseusement rock et post-moderniste, la musique de Pere Ubu puise ses racines autant dans le garage que dans la science-fiction. C’est dans cet alliage animé que réside son ensorcellement. (et)
Phox ‘s/t’ Par tisan Records
Suis-je un exquis Frosties glacé qui finit par écœurer ? Une ‘Raspberry Seed’ soumise à trop de courants d’air insignifiants ? Ou bien un sextet folk bien trop poudré de Baraboo, Wisconsin ? Un peu des trois, dear. Oh bien sûr, rien d’ostensiblement abominable, rien qui empêcherait à tout prix le ciment de prendre ou goûterait le poulpe faisandé. Rien qui dissuaderait un ‘Kingfisher’ ou un oiseau-mouche de se déposer sur les subtils balais, les flûtiaux ou le larynx cacaoté de la minaudière Monica Martin. Mais sur ces saynètes en papier ciselé, on craint vraiment de poser les doigts. Trop de clairs de lune. Trop de lancers de confettis exclusivement roses. Trop de joviales guirlandes ponctuées de Lumineers. « Everything I do, I do in slow motion. / I don’t know what to say » : la prochaine fois, songe sérieusement à mettre plus de tigre que de sucre dans tes céréales. (alr)
P.S. I Love You ‘For Those Who Stay’ Paper Bag Records/News
Ce serait comme un ‘Bad Brain Day’ : gratter pour la troisième fois les croûtes corrosives de tout ce dont ils ont toujours rêvé depuis leur sous-sol, dans une ville indétectable à l’œil nu, et fredonner envers et contre le sort. À coups de fuzz godzillesque pour tous ceux qui resteront englués dans un suburb de l’Ontario, serpenter vers ailleurs – bigger, weirder – se métamorphoser enfin en Reines de l’Âge de Pierre ou rejetons de Dinosaur en arborant une chemise à carreaux, un pin’s Tom Verlaine et une double manche. Contaminer les ondes de ‘Limestone Radio’ d’un enthousiasme de guitar hero plus survolté que la moyenne. « We’re never gonna win/ Keep tryin’ is all you can do » deviendrait, à la Pavement, leur motto à chœur résolu, et même effrayés par la lumière des grands soirs, chevrotant et pas totalement foutus de se souvenir de la marche à suivre, ils s’escrimeraient à t’arracher un headbanging, ils trinqueraient à grandes lampées aux amis d’à-jamais, à l’épicier du coin, au kid qui distribue les journaux, aux amplis qui implosent et aux regrets. Vers l’infini ou le prochain pâté de maisons, « I Still Believe In You All », dudes! (alr)
Pure X ‘Angel’ Fat Possum Records
Léger, tout est léger. Délaissés les drones de guitare et les idées noires. A l’exception de ‘Rain’, où l’on retrouve cette vibration noise en demi-teinte reléguée à l’arrière-plan comme un mauvais souvenir s’éclipsant après l’orage, ‘Angel’ a l’odeur de la pluie séchant sur le bitume au retour du soleil. Album-farniente, douce indolence pour langoureuse mélancolie
Mirel Wagner ‘When The Cellar Children See The Light of The Day’ Sub Pop/Konkurrent
Quels spectres hantent nos placards? Quels squelettes sous les lattes du plancher? Quelle comptine noiraude, quelle murder ballad chantonner à l’enfant qui tremble dans sa mansarde sans pouvoir gagner le sommeil? La nouvelle guérisseuse du blues décharné rassérène chacun en remplissant le puits de toutes les eaux sales et en y plongeant entièrement les mains. Elle n’a pas peur de vos ombres. Quand elle vous exhortera à rentrer au foyer, dans l’antique masure de son père où tout est juste et où tout brille, entendez son appel, sa voix qui s’enracine au plus profond de vos peurs et les accroche aux branches des chênes comme les photos lacérées d’êtres familiers, comme des micro-séismes. Si elle parle ‘The Devil’s Tongue’, c’est pour mieux l’affronter avec les armes d’Elizabeth Cotten, avec des jeux remplis de chausse-trappes. Si elle s’interroge sur les déguisements que revêt l’amour, c’est qu’elle a trop souvent vu les marques bleutées sur les joues et les omoplates. Il est des exorcismes à peau nue dont on ne se repaît jamais. Et au cru de l’été, on donnera à nouveau à Mirel Wagner le pain et l’eau comme à tous ceux qui portent la charge du temps plombé. Goodnight, Mirel, goodnight, « the stars are so bright / tomorrow we’ll be allright ». (alr)
en hamac, il y a du David Hamilton et du Real Estate dans le dernier Pure X. On s’y laisse couler sans but, sans s’accrocher à la mélodie ; bien que traversé de trouvailles discrètes et charmantes, l’album est le plus souvent exempt de hooks identifiables sans que cela soit rédhibitoire au plaisir ressenti. Comme un lent frisson, une chair de poule en slow-motion. La mort en douce. Le cœur en éventail. ‘Angel’ est une drogue insidieuse à l’effet d’autant plus fatal qu’il est tardif. (ab)
The Ramona Flowers ‘Dismantle And Rebuild’ Distiller Records
Infecte d’un bout à l’autre dans son désir dégoulinant de se faire une place au soleil, ‘Dismantle And Rebuild’ est un albumpute trempé dans les plus cheap des parfums. Prostates offerte en pâture, les Ramona Flowers chercheront à tous prix à vous faire passer leurs vessies pour des lanternes, ne lésinant pas sur l’aguichage éhonté et les effets écœurants déguisés en posture emo-indie (certains critiques osèrent la comparaison à Radiohead ; qu’ils écoutent Ramona Flowers jusqu’à ce que mort s’ensuive en guise de punition). Ne vous y trompez pas : il n’y a rien à sauver dans leur stadium rock électronique qui se borne à singer le pire des récents Coldplay, Muse, U2 et autres erreurs d’une pop synthétisée qui ne croit plus que dans les grandes envolées mono-lyriques sur fond de glitches et trois pauvres accords compressés sous botox. (ab)
Lou Reed / Zeitkratzer ‘Metal Machine Music’ Zeitkratzer Productions
Pour la majorité des gens, Lou Reed est simplement (si on peut dire) l’auteur de tubes intemporels et magnifiques, entre ‘Perfect Day’ et ‘Walk On The Wild Side’, toutes deux sorties en 1972 sur son mythique album ‘Transformer’. Si un nombre déjà plus restreint a écouté les pourtant génialissimes disques du Velvet Underground, que dire de ‘Metal Machine Music’, véritable déluge sonore avant-gardiste pour l’époque (1975) qui a dû complètement désarçonner au moins 99,8% de son fan club. Véritable anticipation de ce qu’allaient devenir les drones musicaux, mais aussi influence essentielle de groupes tels que Sonic Youth ou My Bloody Valentine, ce double vinyl (à l’origine) ne pouvait que rencontrer l’approbation de Reinhold Friedl, le chef et fondateur de l’ensemble Zeitkratzer qui l’enregistra une première fois – aux côtés de M. Reed himself
– en 2007. Témoignage live de deux festivals italiens (Rome et Reggio Emilia), le présent disque témoigne, une fois de plus, que les guitares de Reed troquées pour des instruments «classiques», ‘MMM’ conserve tout son sens, voire reçoit un supplément d’âme. Tant les effets dynamiques que les effets stridents des cordes de Zeitkratzer impressionnent et dégagent une formidable énergie contagieuse. Tout en respectant à la seconde près le minutage voulu par Lou Reed (4 x 16 minutes), les musiciens allemands offrent une telle seconde jeunesse à l’œuvre qu’elle s’inscrit encore plus dans notre temps. (fv)
Remember Remember ‘Forgetting The Present’ Rock Action Records/Pias
Au départ, il s’agissait du projet d’un seul homme, celui en l’occurrence de Graeme Ronald, recourant aux percussions de fortune telles une paire de ciseaux ou des couverts de table. Son amour des compositions orchestrées et étagées l’a très vite poussé à se professionnaliser et à s’entourer de collaborateurs. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de sept musiciens qui officient sous la bannière Remember Remember. Le combo est basé en Écosse et hébergé par le label Rock Action de Mogwai, un groupe frère avec lequel il a souvent partagé l’affiche. Les huit instrumentaux alignés sur ce troisième album attestent de la qualité d’un travail collectif qui a pu engendrer des morceaux très bien ficelés et superbement mixés. Les percussions, dont le glockenspiel, tiennent le haut du pavé tandis que les claviers et les guitares qui s’y imbriquent donnent une impulsion fougueuse à l’ensemble. On songe parfois aux agencements répétitifs de Steve Reich, quoique ceux-ci soient moins complexes que ceux-là, mais aussi à la manière de composer de Mogwai dont l’influence semble inévitable. Au final, la musique de Remember Remember s’avère toutefois assez personnelle et dégage une force faussement tranquille. (et)
Rival Sons Great Western Valkyrie Earache
Y a des tempêtes, comme ça, qui déboulent sans crier gare, des giboulées de riffs, des averses de lignes de basse, des éclairs de rock brut, portés par une voix que les nuages eux-mêmes craignent en cachette. Mais comment fait Jay Buchanan pour combiner les hurlements maîtrisés de Robert Plant et le groove inquiétant des Savoy Brown, avec des envolées verticales empruntées à Mercury, le tout emballé dans une
rondeur goguenarde propre au blues-rock à tendance garage ? Quel organe, bon sang ! OK, ‘Great Western Valkyrie’ n’est pas à proprement parler un disque original ni révolutionnaire, mais il condense en 40mn tout le potentiel du rock tel qu’on le connaît au sens le plus primal du terme. Ça ne loupe pas : toute personne mise en présence de l’album a tenu à savoir qui étaient ces mecs, persuadés d’un classique oublié. Entre Led Zeppelin, Black Sabbath, les Doors et Pink Floyd (l’incroyable final), les Rival Sons balancent un heavy blues hargneux et retro, une claque virile et bruyante sur les fesses des Black Keys et de Jack White. Pantalons baissés, on en redemande. (ab)
Rustie ‘Green Language’ Warp/V2
Déception que ce ‘Green Language’, second disque de l’artiste electro-glit en provenance de Glasgow. Perpétuel développement qui n’accouche de rien lorsqu’il est prometteur, l’album nous fait préférer son stade embryonnaire quand il s’abîme dans des productions lazer hip-hop dispensables. Elles sont certes typiques du parcours de Russell Whyte, mais tellement en-deçà des ponts jetés avec son premier LP, ‘Glass Swords’ (2011). Il y soufflait un sirocco rococo exaltant qui portait avec lui des fragments d’acid-jazz mutant capables de caresser l’oreille comme un son tout à fait unique : artificiel et pourtant chaleureux, kitsch et néanmoins porteur de réflexions riches et complexes à l’image des tours de cristal de sa pochette. Si ‘Green Language’ contient des promesses, aucun prisme ne les projette alentours. Elles restent emprisonnées d’une production dénuée d’aspérités, de surprises. A un son qui entretenait l’illusion de la nouveauté par diffraction subtile de ses effets, Rustie préfère la transparence du verre le plus simple, avec vue plongeante sur sonorités javellisés. Sans nier certains plaisirs immédiats, tels le joli ‘Paradise Stone’ ou ‘Velcro’ et ‘Raptor’ qui suintent d’une énergie bondissante proche d’un Dan Deacon, on déchante à mesure des réécoutes. Quant aux incursions hiphop, aussi plaisantes puissent-elles être selon les affinités (‘He Hates Me’ est une réussite langoureuse entre paresse et amertume), elles souffrent d’un mal incurable : l’éphémère vulgarité de l’air du temps. (ab)
Ed Sheeran ‘X’ Warner
Il y a quelques mois, on évoquait ici Tom Odell, autre angelot ébouriffé dont les chansons romantiques affolaient l’industrie britannique de la pop et les culottes des petites anglaises. Aujourd’hui, c’est Ed Sheeran qui attrape-couillonne direct. Mais sans passer par la case suspicion. Car le rouquin semble avoir un petit quelque chose en plus que ses collègues qui n’ont que le mot « love » aux lèvres. Certes, ses pop folk songs sentimentales ne révolutionnent pas grand chose mais c’est sa capacité à leur donner de l’épaisseur et de la variété qui doit être louée. Sur ce ‘X’ (lisez ‘Multiply’), le Britannique développe l’étendue de son savoir-faire avec une souplesse étonnante, proposant des tubes de consistance et de formes variables. Car plutôt que de se dissimuler confortablement derrière le rideau de fumée de quelques prestigieux producteurs (Rick Rubin) ou invités, il en profite pour faire évoluer son écriture au-delà de sa zone de confort et des bluettes acoustiques. Son association avec le Midas de la pop Pharell Williams en est une belle illustration puisque ‘Sing’, premier tube monté sur ressorts, constitue une incursion - certes pas toujours finaude - dans des territoires hip-hop ou R’n’B où son groove et son flow tantôt hardi tantôt vulnérable semblent couler de source. Entre une carrière à la James Blunt ou une évolution façon Justin Timberlake, Ed Sheeran n’a déjà que l’embarras du choix. (gle)
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Earteam
Sia ‘1000 Forms Of Fear’
Wildest Dreams
Sony
‘Wildest Dreams’
Chacun sa définition de l’été. Et pour ceux qui aiment faire rimer ça avec sea, sex, sun et chaude pisse – pour ceux qui ne sont pas trop regardants, quoi ; d’ailleurs, sur la pochette, les conseillers artistiques n’ont gardé que les cheveux –, le sixième album de Sia Furler, dite Sia, pourrait faire l’affaire. Le single ‘Chandelier’ est déjà en heavy rotation un peu partout et la suite, ultra formatée mais étrangement tout à fait tolérable, viendra. Et finalement, on préfère toujours ça à l’atroce Rihanna, bouse à laquelle il est (trop) facile de la comparer. A mi-parcours, il y a même ‘Fair Game’, un titre presque lyrique, faussement bizarre, quasiment du Lana Del Rey première époque. Baisable. (lg)
Smalltown Supersound/News
La Smala ‘Un Murmure Dans Le Vent’ Pur Jus/Team For Action
‘Pour Etre Franc’ (piste deux), on n’attendait pas grand-chose de La Smala. A vrai dire, on imaginait même déjà dix Veence Hanao petits et obèses (c’est-à-dire sans la brillante mélancolie et la finesse des mots) balancer de la punchline pupute bas du front qui nique sa milf. Mais force est de constater qu’on tient là un fort bel album avec, justement, quelques bons ver(re)s qui chatouillent là où tout un public en fin d’adolescence a mal : l’alcool, les parcours scolaires difficiles et la recherche de rédemption (« les quatre premières années où je foutais la merde », quelque chose comme ça), l’herbe sous toutes ses formes argotiques, le temps qui passe et l’avenir (ou pas) devant soi. Une sorte de Fauve de la musique urbaine. Mais en vraiment mieux. Vraiment. Mais vous savez tout ça ; les cinq rappeurs bruxellois sont, de fait, en train de devenir de véritables bêtes de scène. On les a vus aux Ardentes foutre le feu à une heure quasiment matinale. On n’était pas à Dour où il parait que c’était énorme. Bref, « Toutes les mains en l’air / Tous les verres en l’air », et bravo. (lg)
Ouvertement inspirée par l’œuvre de Randy California (feu leader de la formation Spirit) et le visuel de son album ‘Kapt. Kopter and the (Fabulous) Twirly Birds’, la pochette du présent objet en dit long sur les impulsions mélomanes de Wildest Dreams, vrai faux groupe emmené par Harvey W. Bassett, citoyen anglais devenu DJ américain et héros des dancefloors internationaux. Non content de briller la nuit en balançant du gros beat techno aux quatre coins de la planète, l’homme fluorescent s’est retiré à la plage pour surfer à travers les vagues électriques de sa discothèque idéale. Au rayon rock, pas trop compliqué de poser des mots sur ses (bons) goûts : psychédélisme, acid, space, heavy et boogie. Entouré de musiciens en pleine montée, Harvey aurait déclaré : « Vous ne pouvez pas comprendre le blues si une femme n’a jamais brisé votre cœur. Vous ne pouvez pas piger ma musique si vous n’avez jamais participé à une partouze sous ecstasy. » Là-dessus, les mecs ont enregistré un disque. En une semaine, l’affaire était dans le sac : dix dragées toxiques inspirées par les paysages de Los Angeles et le sexe collectif. Dans l’oreille, les morceaux de ‘Wildest Dreams’ crépitent comme une collision entre la mélodie de ‘Riders on The Storm’ et les apôtres du riff drogué (Quicksilver Messenger Service, Hawkwind, Ten Years After). Au micro, la voix de Harvey sonne comme une rencontre improbable entre le fantôme de Jim Morrison et l’ombre de Chris Rea. C’est assez déstabilisant la première fois. Mais après trois écoutes, ça passe comme un pet sur un K-Way. Dans le genre, on ne voit que les déglingos d’Endless Boogie pour sortir un disque de cet acabit. Trippant. (na)
Thot ‘The City That Disappears’ Black Basset Records
Émanation du projet initial de Grégoire Fray qui en est le compositeur, l’arrangeur et le chanteur, Thot ne pourrait aujourd’hui se résumer à celuici tant les apports des musiciens qui l’ont rejoint l’ont façonné en un véritable groupe. C’est d’autant plus vrai en concert où Thot excelle dans un jeu scénique véritablement collectif, rehaussé par la présence d’une artiste visuelle également chanteuse. Musicalement, Thot revendique sa filiation à la ‘vegetal noise music’ tout en se jouant de l’étiquette. C’est une coloration électronique industrielle qui imprègne les compositions, mise en relief par les services d’un excellent claviériste. Mais la rythmique, implacable, batailleuse et les jeux de guitares acérés, déchirés importent tout autant pour donner à l’ensemble un allant incandescent. Tenant sur une grosse demi heure, l’album s’avère au final assez concis tandis que les
huit morceaux qui le composent se succèdent sans répit aucun si ce n’est pour quelques courts passages bienvenus de piano. (et)
True Ingredients ‘Through The Lens’ BBE
Macaque que c’est ce zouk ? En deux morceaux, ces Londoniens bourrins ont balancé toutes leurs cartouches et le reste de l’album enquille donc les mêmes âneries : des titres poussifs qui passent d’une seconde à l’autre d’une pâle imitation hip hop vieille école à la plus vulgaire pop fm, en passant par les caprices d’une fille qui beugle comme quinze Céline Dion réunies. S’il y a parfois un titre passable (sauvons le machin éponyme et fuyons), il faut surtout retenir que True Ingredients fut le premier groupe à sortir un album au format lunettes de soleil. Pour ceux qui se demanderaient comment se lit ce genre de support, on conseillera de googler il-
lico ce collectif drôlement inventif. Le jeu en vaut la chandelle : il est possible de découvrir Snoop Doog affublé de ces grotesques montures. For Guignols only. (lg)
Vena Portae ‘Vena Portae‘ Humble Soul Records
Il y a des albums dont on n’attend pas forcément grand-chose, et qui finissent malgré tout par s’imposer. Fruit d’un side-project entre quatrièmes couteaux du folk alternatif (qui a en effet déjà entendu parler d’Emily Barker, du Red Clay Halo Band ou de Dom Coyote ?), ce ‘Vena Portae’ en est une charmante illustration. Il n’y a effectivement rien de sidérant, pas même de grandes trouvailles sur ce premier essai éponyme. Mais son évidence et son charme éclosent sans effort. C’est peut-être ce qui constitue le plus difficile à réaliser : des chansons qui ne cèdent jamais à la facilité tout en ayant pourtant tous les atours de celle-ci. Car si une simplicité accueillante masque dans un premier temps les nombreux tours et détours des chansons, c’est pour mieux souligner ensuite le travail sonore très abouti (notamment sur le plan des rythmiques et des arrangements) et ce petit quelque chose de vibrant dans les atmosphères, la chaleur d’un feu qui a couvé trop longtemps sous la glace. A l’image de piécettes attrape-coeur comme ‘Flames And Fury’ ou ‘Summer Kills’ qui impriment définitivement l’oreille en plus ou moins trois minutes. Seule ou en harmonie avec ses complices masculins, Emily Barker pose sa voix cristalline - mais dont on se lasse assez rapidement - sur ces mélodies émouvantes et déliées que les outils élémentaires du genre (banjo, harmonica) contribuent à (dé)dramatiser. On se félicitera d’une telle aisance plutôt que de déplorer les accents parfois ronronnants d’une pop folk certes charmante mais à laquelle il manque ce petit quelque chose qui la dégagerait du milieu de la route. (gle)
Stewart Walker ‘Ivory Tower Broadcast’ ATP/Pias
Musicien américain installé à Berlin depuis 2003, Stewart Walker s’inspire en partie de la techno minimale – née dans la ville, pour rappel – dans la conception de ses soundscapes. Si la démarche ne recèle aucune originalité flamboyante, on songe notamment à des travaux antérieurs de Lusine, sa production s’écoute également sans coup férir. Sans doute un poil trop sage, mais jamais trop convenue (ou si peu), l’expérience manque cependant de relief. La faute en revient essentiellement à des tempos sans grandes variations et à des options stylistiques où l’on aurait souhaité plus de heurts et de soubresauts. (fv)
Craig Ward ‘New Third Lanark’ Jezus Factor y Records/Pias
Il y a plusieurs années déjà, Craig Ward a quitté son Écosse natale pour Anvers après avoir reçu une invitation de Stef Kamil Carlens à rejoindre Kiss My Jazz. Il officia également sur deux albums de dEUS avant de fonder The Love Substitutes aux côtés de Rudy Trouvé et Mauro Pawlowski. Plus tard, c’est au sein de True Bypass (avec Chantal Acda) et de The Frames qu’il continua sa route. Aujourd’hui, Ward se lance en solo sous son propre nom civil et est retourné semble-t-il sur ses terres d’origine. Ce premier album comporte cinq longues compositions pour guitare qui revendiquent sans ambages leur étiquette ambient. Elles ont été improvisées dans la quiétude retranchée d’une chambre grenier de Rotterdam il y a deux ans. Assez austères, à la fois dans leurs sonorités et leur agencement, elles s’écoutent à la manière d’une bande son
pour un documentaire sur les étendues polaires. Plus encore, elles apparaissent rétives à toute tentative de description, à la manière de la pochette avare en détails. (et)
Watery Love ‘Decorative Feeding’ In The Red
As usual, la 249ème référence de In The Red ne fait pas dans la guimauve. Le bazar beugle et larsen de tous les côtés avec une rage, une hargne et une forme de violence qu’on n’avait plus entendues depuis deux mois et l’immonde, et pourtant jouissif, disque des Perfect Pussy. L’espace des quatre premiers titres, c’est juste une immense, une colossale tuerie : les rythmes sont martiaux, les guitares stridentes font saigner – véritablement – les tympans. La suite, hélas, n’éclabousse pas autant et on peut, tout doucement, se lasser. Cela dit, l’ensemble reste tout à fait au-dessus du niveau du peloton des garagistes actuels. ‘Piece Of Piss’, avant-dernier titre, sorte de post-punk éraillé et vraiment crade, est peut-être même le meilleur du disque. Évidemment, tant de crissements peuvent finir par éprouver l’auditeur. Exactement comme ces Perfect Pussy qui au bout de trois morceaux parvenaient à donner l’envie d’envoyer le disque à son pire ennemi, comme on l’aurait fait d’une lettre remplie d’anthrax (la poudre, pas la chanson de Gang Of Four). D’ailleurs, c’est un peu ce qui leur manque à ces gros testicules de Watery Love : cette chatte parfaite à leur tête. On n’ose imaginer le carnage. (lg)
White Fence ‘For The Recently Found Innocent’ Drag Cit y
J’ai toujours aimé dénicher des agates dans les manches de Syd Barret. Les laisser m’éblouir de leurs couches irrégulières, voir s’y dessiner des paysages, toucher du bout de l’ongle leurs irrégularités et leurs aplats. On m’a dit que le prolifique Tim Presley, poches trouées et tête tout juste sortie de l’oreiller, en avait chapardé quelques-unes à la dernière récré. Il les a emportées dans un vrai studio, a accepté que son buddy Ty Segall les frotte du bout de sa chemise, y trace des motifs paisley à la craie. Croisant une ‘Sandra (When The Earth Dies)’ chaloupant joliment au milieu des hallucinés et des bars de quartiers, il a imaginé pour elle des mondes où les loups trépignent pour plus de bière sans se soucier de leur dégaine, où l’on dit suavement ‘Goodbye Law’ avec des sourires à mille fossettes et innocence feinte, où l’on joue à être les Kinks juste ‘Like That’. À toute berzingue, il a cherché ‘The Light’ avec tous les beatniks cramés de Californie, a eu peur de réduire en poudre ce qui en valait réellement la peine. Son piano a claqué joyeusement en quête d’un ‘Raven On A White Cadillac’. Cette fois, c’est certain, il avait lévité par-delà suffisamment de barrières – même familières – transformé assez de déboires en cailloux charmants pour mériter qu’on lui pince le menton ou qu’on lui fasse une sacrée accolade. (alr)
Neil Young ‘A Letter Home’ Reprise Records/Third Man Records
Insaisissable Neil Young ! En pleine levée de fonds pour son projet de plateforme audio-numérique haute définition Pono, voilà qu’il enregistre avec la complicité de Jack White un album de reprises guitare-voix ultra lo-fi, voire carrément nofi, à même un Voice-O-Graph de 1947 ! Guère plus grand qu’une cabine téléphonique, ce dispositif est à la musique ce que le Photomaton est à la photo. On y entre, on joue, on en ressort avec un enregistrement en mono au son crapoteux comme si la musique s’imposait par magie derrière les bruits parasites. Ce voyage dans le temps commence de la plus étrange manière, avec la lecture par Neil Young d’une lettre à sa mère défunte. Enfermé dans sa capsule temporelle, le Loner en profite ensuite pour explorer le
passé et les émotions, à travers les chansons millésimées de ses frères d’armes : Dylan (‘Girl From The North Country’), Phil Ochs, Bert Jansch (‘Needle Of Death’), Gordon Lightfoot, Willie Nelson, Tim Hardin, et même Springsteen (‘My Hometown’). Et le résultat est tour à tour fragile, poignant, fantomatique, pénible…et complètement vain. A moins qu’il ne s’agisse de démontrer par l’absurde que les bonnes chansons n’ont pas d’âge, que seuls changent le son et la technique, pas leur essence et leur esprit. Il est dès lors peu probable que ce disque vieillisse bien et qu’il nous prenne un jour par surprise. On le rangera donc plutôt au rayon des curiosités plutôt qu’aux côtés des grands disques de Neil Young. (gle)
Young Rebel Set ‘Crocodile’ Ignition Records/V2
En dehors de certaines bases, je me retrouve fréquemment devant les fourneaux à me demander ce que je vais bien pouvoir faire à manger. A vrai dire, la raison est double : une pratique un peu rigide (je dois suivre plusieurs fois une recette à la lettre avant de l’intégrer) et un manque d’imagination et d’improvisation culinaire. Je me borne à reproduire les mêmes gestes, les mêmes formules. Je ne pense tout simplement pas à quitter ma zone de confort. Young Rebel Set souffre du même symptôme. Leur zone de confort, c’est le rock à la Springtseen avec une pointe de folk. ‘Crocodile’ ne manque pas de saveur, d’émotion (‘Where Have I Been Going ?’, ‘Berlin Nights’) ni de savoir-faire, mais peut lasser les papilles qui chercheraient un brin de nouveauté à se mettre sous la dent. Rappelant parfois Elbow, les chansons de Young Rebel Set bénéficient d’un atout précieux en la personne de Matthew Chipchase, dont la voix mêle le rocailleux ample du Boss au feutre abrasif du toujours trop méconnu Gavin Clark. Quitte à accompagner votre été d’un rock-folk sensible et addictif, laissezvous plutôt tenter par la splendide anthologie de ce dernier, ‘Beautiful Skeletons’, sortie dans l’indifférence générale en mai passé. (ab)
13th Hole ‘Magic Number’ 13th Hole Production/Keviniou Recordz
Je dois bien reconnaître que je n’avais jamais entendu parler de ce groupe rennais jusqu’au dernier dispatch où notre vénérable rédac’ chef a présenté cette formation en nous expliquant combien elle avait marqué ses jeunes années. Forcément intrigué, je me suis porté volontaire et je ne peux que m’en réjouir. Tout d’abord, l’objet physique est assez hallucinant de créativité et de recherche sur le plan esthétique. Le CD est en effet présenté dans un écrin psychédélique cartonné aux volets multiples et modulable de différentes façons. Quant à l’album, il est bluffant de puissance et de fraîcheur. Entre rock noise et psyché avec des inflexions évoquant la scène indie 90s, les titres se succèdent pour notre plus grand plaisir. Le charme s’explique en premier lieu par le charisme fou de la chanteuse, sorte de PJ Harvey des années 2010. Ensuite, il y a la qualité des compos dont la structure allie un côté brut à une réelle finesse au niveau de la construction et des textures. Les riffs sont rêches, la section rythmique assure un max, tandis que des claviers tourbillonnants accentuent le versant hypnotique de l’ensemble. ‘Tell us now’, ‘Dance against’, ‘El cauchemard’ ou encore la plage éponyme sont autant de bonnes façons d’entrer dans cet album aussi rugueux qu’aguicheur, aussi pop que revêche. Après quelques recherches, il apparaît que John Peel avait en son temps flashé sur ce groupe auquel il avait prédit un grand avenir. A l’écoute de ce nouvel opus, on peut se dire que cette prophétie pourrait fort bien se réaliser. (pf)
KURT VILE & THE VIOLATORS
15.08 Pukkelpop - Hasselt
MADENSUYU
15.08 05.09 06.09 21.09 26.09
Pukkelpop - Hasselt Villa Pace - Sint-Niklaas Deep In The Woods - Heer-sur-Meuse AB - Bruxelles Can’Art - Kuurne
RAKETKANON
23.08 Synergie Meeting - Zwevegem 30.08 Eigen Teelt Festival - Maasmechelen 17.10 Job*Rock Festival - Kuurne
RAPE BLOSSOMS
23.08 Synergie Meeting - Zwevegem
DOUGLAS DARE
27.08 Feeërieën - Bruxelles 01.11 Vooruit - Gand
STADT
29.08 Vrijstaat O - Oostende
SOLDIER’S HEART
30.08 13.09 03.10 18.10
Trax Festival - Roeselare Urban Hymns - Bree Beursschouwburg - Bruxelles Job*Rock Festival - Kuurne
WOODS
06.09 Atelier 210 - Bruxelles 20.09 Leffingeleuren - Leffinge
MARISSA NADLER
07.09 Deep In The Woods - Heer-sur-Meuse 22.09 Trix - Anvers
KEVIN MORBY
13.09 Big Next Festival @ DOK - Gand
MIREL WAGNER
13.09 Big Next Festival @ DOK - Gand
STADT
20.09 Cirque Constance - Kaprijke
THE WYTCHES
20.09 Leffingeleuren - Leffinge
GOAT
21.09 AB - Bruxelles
MICK TURNER
22.09 Trix - Anvers
NILS FRAHM
26.09 Bozar Electronic - Bruxelles
KIASMOS
26.09 Bozar Electronic - Bruxelles
DAAU
27.09 CC De Fabriek - Sint-Lievens-Houtem
HUNDRED WATERS
30.09 AB -Bruxelles
FOOL’S GOLD
07.10 Botanique - Bruxelles
THE AGGROLITES
08.10 Nijdrop - Opwijk
PING PONG TACTICS
09.10 Vooruit - Gand
CARIBOU + JESSY LANZA
09.10 Botanique - Bruxelles
EAUX
18.10 PIAF - Anvers
A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN
25.10 De Roma - Anvers
THE NOTWIST + TIMBER TIMBRE
28.10 Autumn Falls @ Trix - Anvers
SPOON
05.11 Autumn Falls @ Vooruit - Gand
BLACK BANANAS
09.11 Autumn Falls @ Trix - Anvers
THE GO FIND
14.11 Cour & Jardin - Diest more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
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gigs festivals parties
20 Years of Magasin4 30 août-30 septembre (mais aussi jusque fin décembre) 51 B avenue du port, 1000 Bxl Apparu la même année que le RifRaf francophone, le Magasin4 fête lui aussi ses 20 ans ! De 1994 à 2014, ce sont plus de 3000 groupes qui se sont produits Rue du Magasin puis, désormais, Avenue du port. Pour souffler ces bougies, le mois de septembre sera plein à craquer de concerts et festivités en tous genres. On y verra défiler nombre de groupes ayant fait les belles heures du lieu. Plus de 25 albums à son actif, le collectif The Ex se porte bien et n’est pas prêt de ralentir la cadence : textes agités et imagés pour un son électrique et urgent. Groupe fondateur du grindcore, Napalm Death affiche plus de brutalité que jamais malgré ses 32 ans au compteur! Hammerhead s’est bien vite érigé comme une figure de proue de la scène noise dont il demeure plus que jamais une référence indiscutable. Inclassable, radical et viscéralement expérimental, les Italiens de Zu proposent un cocktail zarbi ou s’entremêlent métal, mathcore, no wave, jazz et punk auquel les Melvins ou Mike Patton n’ont pu résister. Von Magnet développe une approche multidisciplinaire où le visuel sert la musique qui associe avec talent flamenco et électro indus expérimentale. Originaire de Berlin et Dresde, le duo Dÿse s’entend pour épicer l’exercice metal d’un math rock bien senti à la 65daysofstatic, conjugué à des tournures post-Fugazi du meilleur effet. Vénéré par les amateurs de musique extrême, Vandal X sévit en tant que terroriste sonore particulièrement brutal. Du bruit et des flûtes, de la mélancolie dans la fureur, foisonnant d’idées sous la pédale, Bardo Pond couine avec un savoir-faire appris chez les meilleurs : Spacemen 3, Pink Floyd, Hawkwind. Fast, raw and loud : Peter Pan Speedrock balance du rock brutal et crade opérant la jonction entre le punk old school, AC/DC et Motörhead. Monno distille une musique lourde, lancinante, menaçante, qui prend la forme de drones métal/stoner truffés de sonorités indus et dark ambient, tout en lorgnant à l’occasion du côté du free jazz dissonant. Pour quiconque ayant été un ado fan de rock alternatif engagé et déconnant dans les années 90, la simple évocation des Slugs et de René Binamé devrait rappeler moult excellents souvenirs. Tous deux symbolisent un certain état d’esprit mêlant culture punk, refus du compromis, engagement politique, approche iconoclaste et concerts délirants. Parmi l’armada d’habitués de la maison, citons encore : Driving Dead Girl, Drums Are For Parade, Petula Clarck, Romano Nervoso . Encore? Frank Shinobi, Vaz, Le Singe Blan, L’enfance Rouge, Hint , Ultraphallus, Part Chimp, Double Nelson.... Le mieux reste encore de vous rendre sur le site du Magasin pour un descriptif exhaustif : http://www. magasin4.be A noter également que durant ce mois événementiel, nous offrions régulièrement des places pour certains concerts via notre page Facebook RifRaf Magazine FR. A bon entendeur...
Crammerock 5-6 septembre Stekene Le programme du Crammerock est limpide : une armada belge et quelques pointures internationales. Vendredi : Admiral Freebee (le marin d’eau douce anversois accompagne idéalement vos parties de pêche), Alvar & Millas, Arsenal (panaché de pop, ça sent l’été, l’anti-moustique et la crème solaire), Coely, Mardan Taplak, Dizzee Rascal (un temps annoncé comme le sauveur du hip-hop anglais grâce à deux essais majeurs, Dizzee Rascal n’évite pas toujours la soupe aux choux), Ms Lauryn Hill, Para One, Watermät, Wolfpack. Samedi : Animal Music, Buffalo Tom (tiens, ils vivent encore ! Du rock carré avec des tangentes. Les amateurs de géométrie folâtre apprécieront), Channel Zero, FeestDJRuud, Foxy Lady & MC Elvee, Gunther D, Kenji Minogue, Station Earth, TC, The Hives, The Subs (si les fans de la première heure regretteront une ambiance moins rugueuse, on ne peut que s’incliner devant l’efficacité), Uranus & De Fanfaar, Wilkinson + MC Ad-Apt. Comptez 28 euros/jour, 45 euros le week-end. http://crammerock.be/
08/09 14
Feeërieën 25 - 29 août 25/08: 26/08: 27/08: 28/08: 29/08:
Parc Warande, Bruxelles
Sun Kil Moon, Maurits Pauwels Groep Frank Fairfield, Olöf Arnalds, Astronaute Perfume Genius, Douglas Dare Float Fall, Lonnie Holley, Miaux Killing Sound, Copeland
abconcerts .be
Feest in het Park 21 - 24 août
Donkvijver, Oudenaarde
21/08: Aloe Blacc, Booka Shade, Busy Signal, Tiga, Kraantje Pappie, Pomrad, Nadiem Shah, Black Jack, Bafana & Bromin, Stylistic, Bram Willems, Faisal 22/08: Matisyahu, Rusko, Admiral Freebee, Ostyn, The Opposites, DJ Marky ft Stamina MC, Collie Buddz, Magnus, Mike Skinner (dj-set), Antwerp Gipsy Ska Orkestra, St.Paul & The Broken Bones, Pow Pow Movement, Troubleman aka TLP, Dr. Lektroluv (visual set), Kenji Minogue, Andy Butler DJ-set, Soul Shakers, Stylistic; Lenimal, Seba Lecompte, Pete Howl 23/08: Ceelo Green, Gary Clark Jr., Intergalactic Lovers, DJ Hell, Dr. Lektroluv Visual Set, S.P.Y ft MC Lowqui, Toddla T Sound, Cedex ft Higher Underground, Kitty, Daisy & Lewis, Altrego, Mumbai Science, Yves Deruyter, Customs, DJ Hype ft MC Daddy Earl, Collie Buddz, VC (live), Olivier Pieters, DJ Hell, Mo Disco, Stavroz, CezarTouch, L-Dopa, B-Kay, Rakka, Pro-Teaz 24/08: Flip Kowlier, Tanya Stephens, The Excitements, Mintzkov, Beaty Heart, Horses On Fire, El Gringo, Franky Jones, Davidov, Maxim Lany, Fred Nasen, Bock & Balls, Porn Georges, Gerald & Thijs El Boucho www.fees tinhetpark.be
Cabaret Vert 21 - 24 août
Square Bayard, Charleville Mézières, France
21/08:
Die Antwoord, Metronomy, -M-, Placebo; Alb, Red Fang, Royal Blood, Joey Bada$$, Flume; Raspect Crew, Highlife Recordings 22/08: The Struts, Cloud Nothings, Casseurs Flowteurs, Editors, Prodigy; The Mothman Prophecies, Murkage, Marmozets, King Khan & The Shrines, The Cool Kids, Kavinsky; Raspect Crew, Hoosky, Kaptain Cadicllac, Yann Kesz, Guestarach, Salut C’est Cool 23/08: Findlay, Airbourne, Volbeat, Fauve; The Lads, B.E.S./BB Gang, Salut C’est Cool, Tinariwen, Jagwar Ma, The Parov Stellar Band; Raspect Crew, The Jungle Shakers, Bodybeat 24/08: Thee Oh Sees, Kaiser Chiefs, Gaëtan Roussel; Baptizein and Secret Yolk, St Paul And The Broken Bones, Nick Waterhouse; The Jungle Shakers, Back in Time
Fiesta City Verviers 29 - 31 août
centre ville, Verviers
29/08:
Laid Mamy’s Project, Saint Andre, Sttellla; Me & Miss Amy, Gladys, Vismets, Mister Cover; The Puzzles, Till Bennewitz, O.D.Project, The Frontals; Les Détroits du Pélican, ... 30/08: Country Cooking, Lightnin’ Guy & The Mighty Gators, Layla Zoe, Christ Watson, The Animals, Louis Bertignac; Space Cowboys, Logical School, ... 31/08: Lipstick, Paco Renteria, Les Gauff’, Abba Gold, Slade; Cadence, Kind Of Bubble, Thierry Luthers, Antoine Chance, Thx2u; Jean Lou, Ici Baba, Ctbab, Bai Kamara Jr;... f ies tacity.be
Scène Sur Sambre 29 - 31 août
Abbaye d’Aulne, Gozée (Thuin)
29/08: 30/08:
Vismets, Deportivo, Kid Noize, Arsenal, ... Over Me, Abel Caine, Noa Moon, Babylon Circus, Suarez, Magic System, Azhee, …. 31/08: Romano Nervoso, Antoine Chance, Marka, Electric Chateau, Soan, Joyce Jonathan, Garou 070.be/s cenes urs ambre
La Fête des Solidarités 30 + 31 août
Citadelle, Namur
30/08: Henri Dès, Bai Kamara Jr., Tinariwen, Les Ogres de Barback, Stephan Eicher; La Pegatina, Balkan Beat Box, Mos Def & Black Jack Jonhson play Jimi Hendrix, Selah Sue 31/08: Aldebert, Coely, Babylon Circus, Maxime Le Forestier, Axelle Red; Black Bazar, Irma, Boulevard des Airs, Blondie, Arno www.laf etes des s olidarit e s .be
20 Years Of Magasin 4 30 août - 28 oct
Magasin4, Bruxelles
Bouldou & Sticky Fingers, The Black Tartan Clan, The Last Row, 50HM, Hyde, Adrenaline Superclub, Weer, Fullness, Little X Monkeys
30/08: The Ex, L’enfance Rouge, Gâtechien, Vitas Guerulaitis, Spaggguetta Orghasmond 31/08: Jean-Louis Costes, Tat2NoisAct, La Pince, Krakoukass, Coquins, Constitution Anale 03/09: Von Magnet, Avgrunden, Mongolito 04/09: Dÿse, Vandal X, Missiles of October 05/09: Marvin, Peter Kernel, Le Singe Blanc, Joy as a Toy, Mambo 06/09: Zenzile, Volt Selector, Alchemik Babylon Beats 07/09: Napalm Death, Visions Of War, Mr Marcaille 10/09: Sham 69, Contingent, Les Slugs 11/09: Cut Hands ft William Bennett Of Whitehouse, Germanotta Youth, Ripit 12/09: Hint, Pneumatic Head Compressor, Nah 13/09: Hxc Matinee - Give The World What He Wants... Love, Sex, Fear, Death: Length Of Time, Es La Guerilla, Surge Of Fury, Crawlspace, Bloodshot, Outcast 14/09: Tagada Jones, Corbillard, Flow 16/09: Krallice, Vvovnds 19/09: Lento, Year Of No Light, Adrift, The Eyes From Beyond, Mont-Doré 20/09: Dead Elvis & His One Man Grave, Peter Pan Speedrock, Driving Dead Girl, Sons Of Disaster, The Dyson’s 21/09: Bardo Pond, White Manna, Prairie, Baby Fire 23/09: Noxagt, Blind Idiot God, Gura 24/09: Monno, Art Of Burning Water, Piume Di Pavone 26/09: Part Chimp, Hey Colossus, Ultraphallus, Adolina, Lapin Cru 27/09: Fêtes De La Fédération Wallonie-Bruxelles Soirée Massacré Noise Belgique: Alek Et Les Japonaises, Petula Clarck, Romano Nervoso, The Mighty Progerians, Frank Shinobi, Jesus Is My Son, Galvanize, Philaretordre, Sport Doen, Marteleur, Aerobiconoise 30/09: Drums Are For Parades, Ken Mode, Hark, 30.000 Monkies
templooux .be/ ~rockante//la-rockante.html
magas in4.be
www.cabaretvert.com
La Truite Magique 22 + 23 août
Houffalize
22/08: Pale Grey, Id!ots, Town Of Saints, Mozes And The Firstborn, King Dalton, Fernant Zeste, Mad About Mountains 23/08: Joanna Serrat, Yuko, Pretty Light-ning, Marble Sounds, The Epstein, Blackie And The Oohoos, Bed Rugs, Birth Of Joy; Town Of Saints, Joanna Serrat, Astronaute, The Cannonball Johnsons la- tr uite-magique.com
Bucolique Ferrières 22 + 23 août
Site du Tchafour, Ferrières
22/08:
Yuksek, Kolombo, DJ Vdaim, Stereoclip, Junior, Denix, Archibald, Coffee Boy, M.Red, La//Plage 23/08: Saule, Noa Moon, Vismets, Leaf House, The Feather, Moaning Cities, Mountain Bike, Kennedy’s Bridge, ... buc oliqu e.be
La Rockante 24 août
Prairie, Temploux
Ward’in Rock 5 + 6 sept
Site du Festival, Wardin
05/09:
Girls In Hawaii, Babylon Circus, Brns, Antwerp Gypsy-Ska Orkestra, Compact Disk Dummies, Fùgù Mango, ... 06/09: Fauve, Breton, My Little Cheap Dictaphone, Vismets, Kid Noize, Dalton Télégramme, Junior; ... w a r d i nr o c k . b e
5 + 6 sept
Festivalterrein, Stekene
05/09: Dizzee Rascal, Ms Lauryn Hill, Arsenal, Coely, Admiral Freebee, Merdan Taplak, Alvar & Millas, Para One, Gunther D., Watermät, Wolfpack 06/09: The Hives, The Subs, Channel Zero, Buffalo Tom, Wilkinson + MC Ad-Apt, Animal Music, Foxy Lady & MC Elvee, Kenji Minogue, Mr. Polska, FeestDJRuud, TC, Station Earth, Urbanus & De Fanfaar cr a m m e r o c k . b e
Deep In The Woods 5 - 7 sept
Massembre, Heer
Blondie Brownie, Chad Vangaalen, Champs, Cousins, Delv!s, Depedro, Madensuyu, Marissa Nadler, Mountain Bike, Nicolas Michaux, Oaktree, Pink Mountaintops, ... d e e p i nthe w o o ds. b e
Melrock 6 sept
Patatodrome, Melreux
Jabul Gorba, Brassen’s Not Dead, Toxic Waste, The Beatburners, Brigitte Bop, Les Slugs, Rising Sparks, Les Residus, One Hour, Poules Moutons n Cow m el r o c k . b e
Terres Rouges 7 sept Gaalgebierg, Esch/Alzette, Lux Aloe Black, Milow, Morcheeba, Crystal Fighters, Laura Mvula, Zero Point 5 terresrouges.lu
Harby Farm Festival 12 + 13 sept
13 sept
Ferme du Harby, Anseroeul
12/09:
Parc de Wolvendael, Uccle
Mineral ft Craig Walker, Robbing Millions, Bed Rugs uc c le.be
Sugarock 19 sept
Cramme Rock
Site de la Foire Agricole, Frasnes-lez-Avang
Sonic Cloud, Rn’Lies, Skarbone 14, Electric Château, GiedRé, Les Fatals Picards sug aroc k.be
Leffingeleuren 19 - 21 sept
Trentemöller, Magnus, Intergalactic Lovers, The Opposites, Hydrogen Sea, Holy Wave 20/09: Tricky, Blood Red Shoes, Gabriel Rios, Bombino, Woods, Gruppo di Pawlowski, The Wytches, Gepetto & The Whales, The John Steel Singers, Trashcan Blues Collective 21/09: Admiral Freebee, Wovenhand, Tom Mcrae, The Delta Saints, Het Zesde Metaal, Quilt leffing eleurenf es tival.be
Massif Festival 20 sept
CC, Braine-L’Alleud
Colt, Who’s Mr Groove?, 13 Pulsions, Ya-ourt, Laid’s Mamy Project, Azylia, Dot Legacy, Wax On Mars, ... massif- fes tival.be
Bozar Electronics Art Festival 25 - 27 sept
boz ar.be
We Will Folk You #4
fe r m e d u ha r b y. b e
4ecluses.com
12/09: Skolvan
Duo Macke-Bornauw, Duo Fraser-Haas, Orbál,
PBA, Bruxelles
25/09: Luc Deleu, Quayola, Jean-Michel Albert, Ashley Fure, D.W.I, Félix Luque Sanchéz, … 26/09: Nils Frahm, Ben Frost, Kiasmos, Mondkopf, Tim Hecker, Powell, … 27/09: Fuck Buttons, Max Cooper, Robert Henke - Lumière, Young Echo, Thomas Ankersmit & Phill Niblock, Ictus & Cédric Dambain, Lumisokea, Saskia De Coster meets Inne Eysermans, …
25/09: 26/09: 27/09:
12 - 14 sept
Concerttent, Leffinge
19/09:
Skarbone 14, Les Sourds y Dansent, Flying Platane DJ set 13/09: La Scaña Del Domingo, Jim Murple Memorial, Alek et les Japonaises, Les Fières Bretelles, Uncle Waldo, Matthieu Thonon, Wendy et Winston, Blakma
Folk Festival Marsinne
29
Uckelrock
25 - 27 sept
4 Ecluses, Dunkerque, Fr
Catfish, Daniel Romano First Aid Kid, Jo Rose Amen Dunes, Josephine Foster, L’Hapax
La Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles 25 - 29 sept
dans les salles du réseau Club Plasma
MP3, Chants d’Amour et de Mort en Wallonie, Duo Valla-Scurati, Foû d’Vos Sokètes, Amorroma, ... 14/09: Gig CB!, Simda Pataphonia, Naragonia, Léon Accordéon, Rond De Sorcières, Waar Is Boris?, ...
Kap Bambino, Mountain Bike, Kid Noize, Perry Rose, Frank Shinobi, Electric Château, Applause, Attar!, Cassandre, A Supernaut, One Horse Land, Alek et Les Japonaises, Teme Tan, Robbing Millions, Jesus Is My Son, Bronco aka Papy Harder, The Mighty Progerians, The Holmes, …
fo l k fe s t i v a l m a r si n n e . b e
lafetefwb.be
13/09:
Deep In The Woods
5-7 septembre Massembre, Heer-sur-Meuse Quelle belle affiche que voilà ! Mountain Bike (allons-y gaiement, à travers tout, à fond la pop et suive qui peut ; les quatre Bruxellois ne pédalent pas dans la choucroute : c’est surf, c’est pop, mais ça reste relativement graisseux), Pink Mountaintops (Stephen McBean gravit les échelons sociaux en sens inverse et rejoint les freaks de tous poils dans un joyeux bordel aux saillies coupantes comme des boîtes de conserve. Rappel tétanos exigé), Madensuyu, Marissa Nadler (dans l’univers dark folk de la songwriter (et peintre) américaine, le moindre titre est au minimum excellent, pour ne pas dire prodigieux), les deux chipies de Blondy Brownie, Chad Vangaalen (hybridation étonnante, la magnifique fusion entre le doux bouseux brin en bouche et la créature from outer space), Sinkane, Nicolas Michaux, Depredo, Delv!s, Champs, Oaktree, Cousins. Bref, que du cousu main et des chouchous RifRaf. On achète (pas cher en plus) ! Comptez 35 euros par adulte + frais de couchage. http://deepinthewoods.be/
Terres Rouges Festival 7 septembre Gaalgebierg, Esch-Alzette Baignées d’une soul pur jus, ses chansons dépeignent l’air du temps avec une agilité héritée du passé : Aloe Blacc sera présent et c’est assurément une bonne chose. Sacrifiant à la mode des reprises pour buzzer sur la planisphère, Milow a déjà fait mouche à deux... reprises avec ‘Ayo Technology’ de 50 Cent ainsi que ‘You Don’t Know’. Mais le Belge est déjà un habitué du succès depuis son disque d’or pour ‘The Bigger Picture’ en 2007. Arcs-en-ciel pop et singles aux contenus cryptiques, les chansons de Crystal Fighters oscillent entre la B.O. du ‘Roi Lion’ et MGMT période ‘Oracular Spectacular’. Devant entamer un nouveau départ. Morcheeba se frotte aux airs en vogue avec suffisamment de classe et d’adresse pour éviter la consternation générale que suscitent les vieux qui jouent aux jeunes. En résulte un album uptempo varié et enjoué, bourré de tubes dubstep taillés pour le dancefloor ; lifting réussi. Avec également Laura Mvula et Zero Point 5. Le ticket pour le Music Festival coûte 28 euros. A noter que pour les amateurs, les 5 et 6 septembre accueillent un Street Festival doté d’une copieuse affiche de spectacles de rue. http://www. terresrouges.lu/
Leffingeleuren 19-21 septembre Leffinge C’est à un jet de freesbee d’Ostende que le festival Leffingeleuren mitonne chaque année son affiche de rentrée. Vendredi : Trentemöller, Magnus (live), Intergalactic Lovers (riffs sagement mordants, arrangements chatoyants et mélodies en clairobscur pour ce groupe pop-folk alostois bâti autour de la chanteuse Lara Chadraoui), The Opposites, Hydrogen Sea, Holy Wave. Samedi : Tricky, Blood Red Shoes (le furieux duo mixte de la Perfide Albion revient avec quelques pépites hyper saturées et ravageuses), Gabriel Rios, Bombino (dans le genre blues du désert, super plaisant et réussi, même si on reste un peu sur sa faim. Qu’à cela ne tienne, Bombino est parti pour la gloire), Woods, Gruppo Di Pawlowski (Mauro, entouré de cinq fines gâchettes, délivre un rock tendu, associant un côté abrasif hardcore à un goût pour les délires tordus les plus surprenants), The Wytches, Geppetto & The Whales, The John Steel Singers, Trashcan Blues Collective. Dimanche : Admiral Freebee, Wovenhand (Quel son ! Puissant, intense, David Eugene Edwards est un artiste à la signature immédiatement reconnaissable, qui vous prend aux tripes tout en parlant à l’âme), Tom McRae, The Delta Saints, Het Zesde Metaal, Quilt. Pour les tickets, plusieurs formules : par jour (comptez 40 euros environ) / ven&sam ou sam&dim (63/71 euros) / weekend (79/89). http://www.leffingeleurenfestival.be/
30 Bozar Electronic Arts Fest 25-27 septembre Palais de Beaux-Arts, Bruxelles
La liste de ses participations est tellement vaste qu’elle semble bien inexhaustible (Peter Broderick, Anne Müller, Olafur Arnalds, F.S. Blumm,...) ; Qu’il se trouve aux commandes de son piano à queue, de ses claviers ou d’un harmonium d’emprunt, Nils Frahm donne le meilleur de lui-même et confirme, si besoin était, son rang au sein des figures musicales les plus créatives actuelles. Champions des litanies tribales et obsessionnelles, le duo de Bristol Fuck Buttons s’en revient souffler ses drones, flotte orageuse parée à nous manger le ciel de leurs beats électrostatiques. Flâneur sonore, on a vu Tim Hecker arpenter les scènes des festivals Sonar, Mutek, Victoriaville, Ideal ou encore les planches du club Transmediale de Berlin. Touriste expérimental, il semble insatiable dans sa recherche constante de nouveaux terrains d’essai au sein de disques obliques et dyslexiques. Membre fondateur de la structure Bedroom Community établie à Reykjavik, musicien nomade délocalisé, Ben Frost érige les rémanences techno protéiformes en allégorie du temps éternellement recommencé. Et ce n’est pas tout les enfants, loin de là ! Comptez aussi sur la présence de Robert Henke (Monolake), Max Cooper, Kiasmos aka Ólafur Arnalds & Janus Rasmussen, Mondkopf, Young Echo, Powell, Thomas Ankersmit, Ictus & Cédric Dambain, Lumisokea, Saskia De Coster meets Inne Eysermans (Amatorski). Tout ça, et bien plus : www.bozar.be
Le 24H De Mouscron 26 + 27 sept 26/09: 27/09:
Plaine de Neckere, Mouscron
Fùgù Mango, Puggy Ground Zero, Zucchini Drive, Mister Cover
jeudi 21 août Vincent Cayeux, Maya Cox, Globul, Alexandra Vassen @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com Gogol Bordello; Wild Beasts @ den Atelier, Esch/Alzette Lux
vendredi 22 août Arcadium @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com
samedi 23 août Dany Lademachers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Grand Master Flash, Grazzhoppa, Dj Odilon, Turtle Master live beat, Eskondo & Vince @ Rockerill, Marchienne
lundi 25 août The Delta Saints @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Warpaint @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu
jeudi 28 août Mad Mip’s, Nirukad, Coven, Djo FromBrussels, Lemakuhlar, De Propere Fanfare @ Rockerill, Marchienne
vendredi 29 août All Out War, Crawlspace, Whatever It Takes, Deconsecrate, … @ Trix, Antwerpen, trixonine.be Jamie Cullum @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu
mercredi 03 septembre Spock’s Beard @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com
Denovali Swingfest
jeudi 04 septembre
2-5 octobre Essen (Westviertel), Allemagne
Little Ceasar @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com
Outre la présence d’artistes maisons tels Sebastian Plano (on songe inévitablement à Max Richter ou à Ólafur Arnalds. Mélodies embuées et chavirantes) ou Greg Haines, le label Denovali convie au Swingfest la crème des aventuriers sonore. Jugez plutôt ! C’est un son énorme, dru, pâteux par moments ; l’univers souterrain de The Haxan Cloak devrait plaire à ceux qui se retrouvent dans l’œuvre de Tim Hecker, Fuck Buttons ou James Plotkin. Des sons de cordes, tordues, effilées, effilochées, éclopées, éclatées. Des rythmes en apesanteur, étouffés, sous éther, perclus. Une magie qui opère : Oval. Sous les doigts de Hauschka, le piano préparé prend des airs de salle de jeux pour grands enfants. Et ce n’est pas tout ; comptez aussi la pointure electro James Holden, le clan bruitiste et rutilant Thee Silver Mt. Zion, Ben Frost, Petrels, Pan & Me, Bohren Und Der Club Of Gore, Never Sol, Piano Interrupted, Origamibiro, John Lemke,... 12 euros le jeudi 2 octobre, 30 euros pour les autres soirées. Le pass offre l’accès du vendredi au dimanche pour 90 euros. http://denovali.com/ swingfest/essen/
50 Ans de MCN: Li-Lo*, Bertrand Lani & Band @ MCN, Namur, facebook.com/events/541986855906295/?fref=ts Concours Circuit: Ulysse, Alaska Gold Rush, Tsuki Moon, Stoplight @ MDM, Bruxelles, concourscircuit.be Little X Monkeys @ MJ, Tamines Back Doors Man @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com
Sonic Visions 20-22 novembre Rockhal 7e édition pour le Sonic Visions toujours axé autour d’une conférence dédiée à tous ceux qui s’engagent dans l’industrie musicale, le tout emballé par trois soirées de concerts. Annie Clark a quand même plus de couilles que nombre de gentils garçons. Chacune des apparitions de St. Vincent marque une rupture, une métamorphose souvent déstabilisante, toujours intelligente. Phénomène au pays des fjords, Ásgeir Trausti a pulvérisé le record national des ventes associées à un premier album. Björk et Sigur Rós l’ont dans l’os. Dans le genre folk teigneux à guitares, il est possible de retrouver chez Courtney Barnett un peu de chacune des filles qu’on vénère (Angel Olsen, Sharon Van Etten, Cat Power). Avec également Bakermat, Charlotte Haesen, Say Yes Dog, King Gizzard And The Lizard Wizard, Grand Blanc. A l’affiche du samedi : double mixte folk à la gracieuse diversité, la plupart des retours signés par le duo Angus & Julia Stone sont gagnants. Sinkane : une bonne réponse funk, virale et soudanaise. Reine du spoken word, flow sexy, accent cockney, l’Anglaise Kate Tempest soupèse chaque mot entre les effluves de fish and chips et les relents de poulet tandoori. Citons encore : Fritz Kalkbrenner (le jeune frère de, pas manchot), Cherokee, Birdy Hunt, Rome. Comptez 56 euros le ticket ou 40 euros si vous bénéficiez du tarif étudiant. http://www.sonicvisions.lu/
vendredi 05 septembre
samedi 06 septembre Ten Years: One Love FM Brussel Party + Stuff @ Flagey, Bruxelles, flagey.be Replaced Music @ AB, Buxelles, abconcerts.be Mc Loud @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Concours Circuit: Maw/Sitt/Sii, Kings Of Edelgran, Titan Parano, Volver @ MJ Rixensart, concourscircuit.be
lundi 08 septembre Hamilton Loomis @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com
mercredi 10 septembre Strand @ AB, Buxelles, abconcerts.be Beck @ Forest National Club, Bruxelles, livenation.be Daniel Romano @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
jeudi 11 septembre Richie Kotzen @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Jay Mayhem, Colonel Sweetback, JR de Montréal @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com Janoskians, Blush, Eric Dash @ Trix, Antwerpen
vendredi 12 septembre Ed Wydee, DYnamic @ CC Jacques Franck, BruxellesSaint-Gilles, lejacquesfranck.be Mystery @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Freddie Gibbs @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Richie Kotzen @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu
samedi 13 septembre N’Faly Kouyate & Marie Daulne & Ialma = Afrotonix @ AB, Buxelles, abconcerts.be Daniel Merrill, Sontag Shogun, Cam Deas @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Carl Craig, Fabrice Lig, Globul, The Babel Orchestra, Dirty Monitor @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com Concours Circuit: Thyself, Feel, Konoba, Redfish & Sunny’s @ MJ Tamines, concourscircuit.be The Goastt ft Sean Lennon @ Trix, Antwerpen
lundi 15 septembre Tommy Castro @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Richie Kotzen, The Konincks @ L’Aéronef, Lille, Fr
mardi 16 septembre Psychic TV @ Beursschouwburg, Bruxelles The GOASTT @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr
mercredi 17 septembre Kid Ink @ AB, Buxelles, abconcerts.be
Black And White Trypps Number Three, à Coup de Couteau Denté @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be
jeudi 18 septembre Hornet Leg, Pow!, Murvin Jay, Raw Disctrict, Jazzy Demon @ Rockerill, Marchienne, rockeril.com TrixTraxFest: Mountain Bike @ Trix, Antwerpen Christian Bland and The Revelators, Hornet Legs @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be
vendredi 19 septembre Nele Needs A Holiday @ AB, Buxelles, abconcerts.be King Buzzo @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Jean-Biche, Spagguetta, Mambo, Petula Clarck, Duke vs Dandy @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Concours Circuit: Forest Bath, Noisy Pride, El Amor Pohibido, Loïc Joseph @ MJ Chênée, concourscircuit.be Bardo Pond, Wite Mania; Gramatik @ Trix, Antwerpen The Pit, Blondin DJ-set @ L’Aéronef, Lille, Fr Madensuyu, Selenian, Wayward Birds @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
samedi 20 septembre Cold Specks @ AB, Buxelles, abconcerts.be Concours Circuit: Noisy Way, Mambo, Shoeshine, About Lee @ MJ Marche-en-Famenne, concourscircuit.be Saco & Van Zeti, Shiko Shiko, Hugo Freegow DJ set @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Sohn, … @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
dimanche 21 septembre Goat, Moon Duo, Madensuyu, White Hills, Bo Ningen, Crows @ AB, Buxelles, abconcerts.be Blonde Redhead @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Fifty Foot Combo @ Beursschouwburg, Bruxelles
lundi 22 septembre Marissa Nadler, Mick Turner @ Trix, Antwerpen
mardi 23 septembre Antoine Goudeseune @ Botanique, Bruxelles Natural Child, Zig Zags @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra, Besnard Lakes @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Sylvan Esso @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mercredi 24 septembre UB40 @ AB, Buxelles, abconcerts.be Rüfüs; La Nuit du Soir 2014: La Cécité des Amoureux, Applause, Li-Lo*, Vismets, Robbing Millions, Sharko @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Moon Wheel, Ketev, Born In Flamez, Sarah Farina, Dasha Rush @ Stuk, Leuven, stuk.be Mars Red Sky, Glowsun @ L’Aéronef, Lille, Fr
jeudi 25 septembre Swans, Pharmakon @ AB, Buxelles, abconcerts.be The Gaslamp Killer @ Vk, Bruxelles vkconcerts.be Collapse @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Elephant Stone @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Freddie Gibs, Blue Daisy, Wesh! Sound System @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
vendredi 26 septembre The Bootleg Beatles @ AB, Buxelles, abconcerts.be Sunday Bell Ringers, Chantal Acda & Pieter Van Dessel @ Stuk, Leuven, stuk.be Sylvan Esso @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Kap Bambino @ Vk, Bruxelles vkconcerts.be Liquicity @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Acid City > Neil Landstrumm, Bat, Jerome Hill DJ set, Transient Refelction @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Dawa Hi-Fi meets Weeding Dub & Little-R Kandee @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 27 septembre Amenra @ AB, Buxelles, abconcerts.be Little X Monkeys, Scott H. Biram @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Sohn; Condor Gruppe @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Succubes, Transmission @ Le Vecteur, Charleroi Asaf Avidan @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu Lieutenant Cobb @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr
dimanche 28 septembre First Aid Kit, Jo Rose @ Botanique, Bruxelles Strand Of Oaks @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Oaktree @ l’Heptone, Ittre
mardi 30 septembre Shinead O’Connor @ AB, Buxelles, abconcerts.be FM Belfast, Berndsen @ Botanique, Bruxelles King 810 @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Soja @ den Atelier, Esch/Alzette Lux, atelier.lu François And The Atlas Mountains, Billie Brelok, Mark Berube, Thylacine @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr plus des concerts sur: rifraf.be/concerts-gigs
STEKENE
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