NEW MUSIC From Warner with love St Germain St Germain
09/10 Nicolas Godin (Air) Contrepoint
18/09 Rudimental 18/09 We the Generation
Lianne La Havas Blood
31/07 Foals What Went Down
28/08 Iron Maiden 04/09 The Book of Souls
Richard Hawley Hollow Meadows
11/09 Gary Clark Jr. 11/09 The Story of Sonny Boy Slim Pukkelpop 30 Years
31/07
© Mothmeister @ Instagram
Ce n’est pas un jour comme les autres. C’est pour aujourd’hui. Elle le sait. Son trophée du 100.000e abonné YouTube, un bidule en plexi avec un bouton de lecture en argent, ça fait des semaines qu’elle en rêve. Elle a filmé l’unboxing et s’apprête à tourner le sujet C’est pour vous que je le fais. C’est à toi que je le dois. Merci les abonnés, merci YouTube! (petite musique et applaudissements qui vont bien dans iMovie). C’est montrer du doigt un événement de l’univers et celui-ci en vaut un autre. Mais Alexandra, trop excitée, passe une petite robe et sort fêter ça, IRL. Passant fissa du côté de Bxl les bains, parc à saucisses et mojitos Canada Dry, esplanade pour fanfoireux, Alex regagne sans y prêter attention un fief déjà conquis de longue date. - Un diabolo menthe, deux vins blancs, un coca, deux vingtcing, un trente-trois,... En terrasse du Laboureur, Teuk Henri mais on ignore pourquoi. Dans une Fuego bleue à l’arrêt, deux chinois. La serveuse, beauté translucide échappée des nuits du Lord Byron, prend le soleil et des airs de faux-raccord, limite elle lui fait de l’ombre. Vigie dans son nidde-pie, Alex n’en a cure, plonge dans l’horizon pour en interpréter les signaux mais déjà - elle a attendu quoi? Un quart d’heure, oklm? - un figurant s’avance, fend le rideau des silhouettes. C’est un bâtiment de taille moyenne qui vient mouiller à distance nécessaire au lancement de ses torpilles. Déjà Alexandra n’entend plus l’habitué à casquette qui la fait tant rire d’habitude : - Comment ça Raymond Goethals il est petit? C’est parce que t’as une ptite télé fieu! - Tsss, qu’est-ce que tu parles de goût sucré? Tu manges des tartines au sirop! Le type ne traîne pas en besogne, attaque dans le dur. - Qu’est-ce que vous faîtes toute seule au bar? - Je devais sûrement me morfondre en vous attendant. Là, le gars tangue un peu, sort le grand jeu pour refaire surface : - Et à part ça, kesstufais dans la vie? Moi, je suis acteur... - Ah oui? Dans quel bar? Bien joué, Alex, touché-coulé, tu cartonnes! Sur une grille secrète, toucher ses adversaires, il n’est de puissant cuirassé que la bataille n’avale. Les actes de langage fabriquent de la réalité sociale. Trouble dans son genre. Tiens, c’est marrant, le type avec le journal en terrasse, elle croit reconnaître le même qu’hier au Fontainaze. On l’aurait prise aux mots, on l’aurait prise en filature, elle n’aurait pas dit non. En même temps, pas de quoi s’emballer, : “L’homme est une machine à interpréter et, pour peu qu’il ait un peu d’imagination, il voit des signes partout...” Depuis Barthes, les signes n’ont plus besoin d’être des signaux, ils sont déjà des indices. Tenez, l’autre jour (en 1980, ne chipotons pas), au sortir d’un déjeuner avec Mitterrand, pas de bol, l’ami Roland se fait renverser par une camionnette rue des Écoles. Lors de cet accident,
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des documents contenant des informations capitales lui auraient été dérobés. Sa dernière pensée est un alexandrin de Corneille sur son lit d’hôpital. Ça alors, c’est un peu fort (de café). Accablé par la nouvelle, Foucault s’assoie à côté de deux jeunes jumeaux déguisés en astronaute. Roland Barthes est mort - Mais qui l’a tué? - Le système, bien sûr! “La vie n’est pas un roman... C’est du moins ce que vous voudriez croire.” Voilà pour les prémisses du deuxième roman de Laurent Binet, La septième fonction du langage, bonne pioche de la rentrée. Lors d’un dîner mondain avec Lacan, BHL ne prend pas de tarte en dessert (c’est rare), Serge Moati mange des Palmitos, Sollers fait la roue, un autre crie Lééééo et voilà que surgit Umberto Eco, quant à Althusser, lorsqu’il n’étrangle pas sa femme sous prétexte qu’ “on n’abandonne pas un concept comme un chien”, il ne s’use que si on s’en sert. Tout ça est connu. La conversation est une association de malfaiteurs, “une partie de tennis avec une balle en pâte à modeler qui prend une forme nouvelle chaque fois qu’elle franchit le filet.” Où débarquent l’inspecteur Bayard, “un bon flic mais enfin c’est pas James Bond” et un certain Simon Herzog dans le rôle du mentaliste. Alooors que revoilà Madame la sous-préfète, ah non ! C’est les deux chinois dans la Fuego. Au cinéma, ce bouquin serait Le coup du parapluie revu par Arnaud Desplechin. Pour son humour pince-sans-rire, son goût des zeugma, son érudition décomplexée du slip, on devrait entendre parler de Laurent Binet. Il vient de pondre rien moins que Le grand blond avec un Saussure noir. Un bel objet pop dont le héros, brave bougre, se demande : “qu’est-ce que je ferais si j’étais dans un roman? Et qui est-on d’abord, et enfin?” Cette question émerge à plusieurs fois au cœur des interviews qui composent ce numéro. Ou comment ressusciter dans les signes. Ce soir, Alex se vernit les orteils en laissant tourner GTAV - Merci (pseudo de l’internaute) pour le follow; c’est cool! - elle montre peut-être une ou deux fois l’oiseau blanc tatoué sur son épaule gauche. - Salut YouTube. Salut les abonnés! Comme promis, nouveau live, avec une surprise très spéciale ce soir... J’ai oublié de vous dire, hier, j’étais au bout d’ma vie et là, ce matin, vous devinerez jamais.... (publicité) “Le vrai pouvoir c’est le langage. La virgule, pour entrer dans l’inconnu.” C’est quoi le réel? C’est quand on se cogne (Lacan). Destroyer. Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire La septième fonction du langage, Laurent Binet, Grasset. Poison Season, Destroyer, Dead Oceans. Le coup du parapluie, Gérard Oury, Gaumont.
année 21 • septembre ’15
Colofon www.rifraf.be Année 21 nr. 213 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf oct sort le 01 oct
rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 16/09
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 20/09
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht
collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... dessins : Issara Chitdara
photo cover:
Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut
nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde. Nouvelle saison, ancien acteur et quel plaisir de retrouver cette vieille branche de Philippe Petit pour ses 30 ans d’activisme musical. Souvent présent sur des terrains où on l’attend peu, le Marseillais dévoile sur ‘Multicoloured Shadows’ (Aagoo Records) des tentations techno à la Jeff Mills, elles sont d’autant plus surprenantes qu’elles s’entrechoquent sur des canevas noise psychédéliques où des spectres sous absinthe viennent jouer la chamade (‘Yourselfosophy’). Si ça se calme sur la suite de ce - toujours - premier (et impeccable) morceau, avec des cloches qui évoquent un Charlemagne Palestine dévoyé chez Marcel Dettmann, ce n’est qu’illusion ou prétexte. Dès ‘Pyramid of the Moon’, des échos d’outre-monde dépiautent le cadavre exquis d’ambiances post-Coil, sous forte influence Reinhold Friedl m’sieur dames, quand ce n’est pas Markus Schmickler revenu d’un séjour-club en apnée qui endosse ses habits de Casper bouddhiste pour rejoindre Eliane Radigue, mais aussi (ô surprise) O. Lamm, sur le double ‘Tidbindilla Sanctuary’. A toi le collectionneur des victuailles électroniques de citer tes influences. ★ ★ ★ Acteur de l’ombre de tout ce que Berlin compte en projets sous le manteau, que ce soit avec son vrai blase, divers pseudos (Static, The Vulva String Quartet) ou groupes (Denseland, Groupshow), Hanno Leichtmann a puisé dans ce qui reste de sa collection de cassettes une trentaine de titres, tous remodelés en 1’30 par un synthé modulaire. Si la démarche est d’une grande cohérence stylistique tout au long de l’exercice, ‘Unfinished Portrait of Youth Today’ (Karlrecords) peine à retenir l’attention sur la longueur de l’essai. Même si certains titres, davantage smooth, se laissent glisser dans le pavillon sans effort, la majorité finit tellement par reproduire des schémas parallèles qu’au tiers de l’écoute, la désagréable impression d’avoir fait le tour du propriétaire l’emporte sur toute autre considération. ★ ★ ★ Avouons-le, on ne se lève pas tous les matins en se demandant à quoi pouvaient ressembler les cultures alpines d’avant l’ère chrétienne. Et bien, Andi Stecher l’a fait pour nous sur ‘austreiben / antreiben’ (Heart of Noise) et c’est une fichtre bonne idée (à quelques détails près). Si les amateurs de field recordings et autres enregistrements en seront pour leurs frais, vu que tout est de la main de l’artiste allemand (assisté à la contrebasse par Antti Virtaranta et aux vocalises par Otto Horvath), les fans d’exotisme bon marché peuvent tout autant passer leur chemin. Les premiers instants derrière nous, ils évoquent remarquablement un Chris Watson à la rencontre de zeitkratzer, la destination prend à chaque seconde des airs plus marqués de l’ensemble berlinois (et que toi, ami lecteur de cette rubrique, connaît parfaitement). Toutefois, et là réside l’originalité du bidule, les percussions disséminées ça et là ajoutent aux compos de Stecher un étonnant air tribal technoïde qu’on n’aurait jamais associé aux paysages escarpés de Klagenfurt ou de Lausanne. D’autant plus que, chemin faisant, l’exercice se transforme en odyssée presque industrielle, avant un énorme clin d’œil aux musiques tyroliennes (si, si), prélude à une conclusion en marge du... post rock. Étonnant, non? ★ ★ ★ Collectionneur invétéré de tout ce qui touche aux percussions, Erland Dahlen a nommé son second essai ‘Blossom Bells’ (Hubro) du nom d’un ensemble de cloches chromatiques créé par le fameux Pete Engelhart - et elles jouent un rôle central sur le disque. Si on passera poliment sur l’inaugural ‘Snake’, les choses s’animent vachement sur ‘Pipe’. Hyper-impressionnant de bruit et de fureur, le titre renvoie 90% de la production du post-rock (encore!) à la poubelle. Tel du Mogwai qui aurait mangé The Bell Laboratory (sans Pantha du Prince), ça dépote sauvage. Du coup, le retour au faux calme précaire de ‘Knife’ fait bizarre, mais passé le stade de l’accoutumance, ses airs fantômes de Pink Floyd électrisé font bien plus que le boulot. Et ce n’est pas fini avec un ‘Hammer’ qui secoue bien le prunier, avec cependant une finesse relative, et un morceau-titre où un thérémin détroussé par des bandits de grand chemin dévoie avec moult louvoiements une certaine idée de la fanfare de rue. Tout ça, au moins. ★ ★ ★ Et si le futur de la Kosmische se situait du côté de l’Espagne? Avant de ricaner, tendez une oreille, et même deux, vers le duo Poligono Hindu Astral, et son premier LP ‘00110010’ (Verlag System). Si le titre renvoie à un nombre binaire, équivalent au nombre 50 en décimal, l’esthétique des deux gaillards nommés Joni et Julio (on n’en sait pas plus) nous offre un mariage des plus heureux entre la tradition germanique (et surtout Conrad Schnitzler) et les nouveaux explorateurs du genre (on pense principalement à Forma et au catalogue SpectrumSpools). Non contents de revisiter des sonorités et des rythmes qu’on ne cesse de vénérer, plus de 40 ans après les faits, la paire espagnole prend également un malin plaisir à siphonner les quartiers connexes. Plus d’une fois, on songe aux formidables relectures des Islandais d’Evil Madness, et plus rarement quelques échos d’EBM aux parfums de Düsseldorf viennent enrichir le propos, que nous vous conseillons sans le moindre détour. ★ ★ ★ Déjà fréquentés auprès de Gustav ou du Gemüseorchester, les trois Autrichiens de Möström envoient sur leur premier essai ‘We Speak Whale’ (Unrecords) vers un monde où le second degré l’emporte sur toute autre considération. Laissons de côté les passages volontiers bruitistes du schpounz et laissons-nous aller à la quiétude fendarde de leurs morceaux. Rendez-vous sans hésiter sur le second track ‘Humpty Dumpty’ où la clarinette basse de Susanna Gartmayer déclenche des torrents de sourire décontractés du slip. Franchissez le cap, guettez l’instrument à sa moindre apparition, appréciez l’accompagnement de ses deux partenaires Elise Mory (claviers) et Tamara Wilhelm (électronique). En prime, l’insupportable Zaz en prend pour son grade. Elle es morte sur le coup, c’est bien fait.
Recyclart C’est un des premiers jours de juillet. Un de ces rares jours caniculaires qui vous réchauffent les os et dorent les pierres des immeubles. Le soleil s’apprête au coucher mais l’air ambiant du soir demeure moite et collant. J’ai donné rendez-vous à (fd) sur le parvis de la gare de la Chapelle. Nous nous trouvons au milieu d’une foule d’estivants qui font la queue à des stands de boissons et de burgers. Nous, on voudrait juste causer, ne pas participer aux parades et tenter d’éviter les saccades. Des vendeurs de vinyles apostrophent quelques curieux. Un rassemblement de cyclistes occupe la voie publique. Après une suite de manœuvres adroites, on parvient à se procurer une blanche en gobelet. On déguste. On déambule. On descend la rue des Ursulines, direction le n°5.
© Sysmo (fd) et moi, on voudrait voir et entendre André Stordeur. Ce sera la première et sans doute la dernière fois. On se pointe au 5, un démembrement temporaire de Recyclart qui est en quartiers d’été. Une vitrine ils appellent ça. En fait de vitrine, c’est un petit local qui devait être à l’origine un ancien magasin ou peut-être bien une remise désaffectée. Il y a plus de gens devant que dedans. On avise. Assez rapidement on se rend compte qu’il va falloir attendre pour le Stordeur. Sagement, on s’assied sur des tabourets pas très solides en carton pliable. On reste tranquille à l’écoute d’un type à l’allure frêle et peu bronzée qui se profile derrière un alias au nom biscornu, zen.SE. Plus tard, il m’apprendra qu’il provient de Saint-Vith et qu’il a définitivement tiré un trait sur sa terre natale rédimée. C’est un certain Philippe Jelli qui a pris la relève sur la scène. Il manipule d’autres boutons, d’autres curseurs, d’une manette l’autre. Nous, à vrai dire, on ne perçoit pas vraiment la différence mais on considère, on commente brièvement, sans faire de bruit. Après, c’est au tour de Trapezoid. (fd), je sens qu’il en a sa claque. Il n’a plus la patience d’attendre le Stordeur. Il me dit qu’il va aller se coucher alors que je le soupçonne de se rendre au poker. Pour ma part, je décide d’aller prendre l’air du dehors. Je remonte la rue. Je m’en vais reluquer les Puta Madra Brothers qui sont en train de dévaliser la grande salle du Recyclart, celle sous le rail. Ça remue sec là. Un vrai carton. En revenant à mon n°5, je passe devant une autre vitrine, elle porte sur son fronton l’enseigne ‘Hamster Class’. A l’intérieur de ce ballroom anti-chic il y a une fille élancée comme un mirage qui danse, flanquée d’un petit asiatique aux airs de pédé. Ça joue les disc-jockeys en interchangeant des mps3 sur un laptop mais, franchement, ça vaut que dalle. Breloque. Karaoké tapette. Avant le Stordeur, il y a un autre Fabrice, Fabrice Du Busquiel. Lui, il semble indéboulonnable, rivé à sa chaise qu’il est, plongé dans une sorte d’extase tactile, perdu dans de savantes manipulations de commandes et de plug-ins. Il s’éternise, c’est un fait. Au point que le Stordeur il vient le lui dire, lui signifier qu’il est temps de mettre fin, de couper court à l’ascension, de redescendre. Stordeur enfin s’amène, il débute sans coup férir et sans mot dire. Il joue à peine une demi-heure à l’issue de laquelle il se présente succinctement et puis basta, c’est terminé. La légende décampe. Plus tard, on le revoit à boire un coup assis à la petite table installée sur le trottoir. Une tête bienveillante de prof de géographie du secondaire à la retraite. On voudrait lui causer un bout mais l’attention n’y est plus. A cette heure avancée de la nuit, l’équipe du Beau Tas fait relâche elle aussi. Pierre-Jean Vranken entretient une petite colonie de merguez mal cuites sur un barbecue de fortune. JJ débranche et rebranche un fatras de câbles. Le barman fait la vaisselle. Il y a chez une eux une bonhomie devenue tellement rare dans l’industrie du spectacle qu’elle en paraît pittoresque. Le Beau Tas. Une petite fabrique de rien du tout. Un refus obstiné de calcul et d’intérêt. L’antithèse de la stratégie. A l’image du Stordeur. A l’image d’un soir passé entre les murs du Recyclart. On la garde en mémoire pour l’été qui vient de démarrer. Un lien : www.recyclart.be Un disque : André Stordeur, ‘Complete Analog And Digital Electronic Works 19782000’ (Sub Rosa)
Texte : Le Dark Chips
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
Pendant nos vacances d’été, l’idée même de se faire servir du réchauffé en terrasse nous mettrait de mauvaise humeur ! « Ils le disent à la TV, mangez frais ! ». N’empêche que le passage au four à micro-ondes de Populous relève du bon goût. Coupable d’un album de toutes les excitations l’année dernière, le prodige italien a sorti de son carnet d’adresses les noms les plus folichons en vue de nouvelles malversations : Schneider TM, Larry Gus et John Wizards, entre autres, lui refont le portrait et lui offrent ‘Night Safari Remixed’. Vivier favorable et mains vertes récoltent de cet oasis fruits étranges et cocktails enivrants. Le tout de saison. La relecture reste sautillante, pleine de peps, mais cotonneuse à souhait, comme pour se fondre au rythme de l’été. « C’est gourmand ». ★ ★ ★ « Le saviez-vous ? ». Lima, poumon du Pérou, s’est forgé avec le temps une sévère réputation de « Capitale de le nuit » en Amérique du Sud ! Vous l’ignoriez et c’est exactement pour réparer ce vilain oubli que le label (Tiger’s Milk) sort Peru Boom de sa sacoche magique ! Detroit est le berceau de la techno et Chicago l’antre de la House. Dès à présent, vous affirmerez à vos amis les plus branchés qu’il n’y a qu’à Lima qu’on sait faire de la Tropical Bass. ‘Bass, Bleeps & Bumps From Peru’s Electronic Underground’ rend enfin justice à la culture locale, aux rythmes anciens et à l’ingéniosité du producteur péruvien. Constat affligeant qui en découle : les nominés dans la catégorie « meilleurs pilleurs de temples » sont Diplo, Switch and Co ! ★ ★ ★ Entre l’album, la compilation et l’autobiographie, ‘Little Black Book’ fait le point sur la discographie de Groove Armada et plonge en eaux profondes pour en sauver les influences 80’s des Anglais. Dans ce recueil, la passion du duo pour les collectifs underground comme DiY n’est pas en reste non plus, les vapeurs d’Ibiza encore moins. Forts de toutes ces expériences, c’est en 2010 que Groove Armada a décidé de retourner à ses racines warehouse. « Ce petit livre noir » est ainsi une suite qui se lit en deux chapitres : l’un dédié à des titres originaux, l’autre à des remixes de leurs nombreux hits. Une dégustation également divisée en deux saveurs : bon et moins bon. Goûte avant de dire que t’aimes pas ! ★ ★ ★ Pour ‘Human Interface’, le jeune Citizen s’est compliqué la tâche doublement. En plus d’oser, pour un premier album, se lancer dans l’exercice de l’album concept, le natif de Nottingham se met lui-même des bâtons dans les roues en s’embourbant dans les contraintes. Sur papier, l’œuvre propose de nous exposer l’obsession du monde occidental pour les nouvelles technologies et leurs effets sur nos émotions et capacités naturelles. Autant vous dire qu’il vous faudra lire attentivement entre les lignes pour humer le moindre pet de futurisme. Mais soit, c’est un disque, pas un livre… Mais lorsque l’auteur lui-même annonce qu’après 1995, la musique n’a plus d’intérêt, on a envie de lui demander si sa vision du futur n’est pas le Minitel ! Tout cela donne 11 titres deep house cérébraux, léchés mais surtout prétentieux et datés. Premier de classe. ★ ★ ★ Attention, coup de vieux assuré ! DJ-Kicks a 20 ans, et 50 dents… Ambiance anniversaire chez (!K7) pour célébrer la pérennité et l’éternité de la marque DJ-Kicks. Qui dit fête populaire dit musique variée et c’est ce bougre de DJ Koze qui s’y colle pour cet emblématique numéro 50 de la série : le hip-hop un peu down de Madlib, de la techno venue du Berghain, quelques chansons douces et le tour est joué. Mais la fête quelque peu plantée. Plutôt que de sortir les artificiers, Koze a choisi quelques bougies de cire surannées. L’ambiance ne décollera jamais, Tonton fera pleurer Mamy et il reste la salle à nettoyer. Il reste du dessert ? ★ ★ ★ Les hommes « pas du tout Machine » de Elektro Guzzi ont pour habitude de livrer une musique incroyablement linéaire et parfaitement métronomique et ce sans jamais l’aide d’une machine. Au cas où vous n’étiez pas usuel du trio autrichien, apprenez que ces zozos ne rechignent jamais à la tâche pour cloner de manière totalement acoustique le roulement d’une machine à danser venue de Berlin. Histoire de pousser le bouchon au plus loin, ‘Circling Above’ est l’exercice ultime inventé par ces derniers et consiste en de longues plages (28 et 15 minutes) de roulis assourdissants mélangés à d’irritantes stridences. Les répétitions des percussions nous noient par le fond et notre longue transe nous menant vers l’au-delà peut commencer. A écouter très fort, à n’en point douter. Pour la boucle, le groupe a déjà fait le travail. Il tape sur des bambous ! ★ ★ ★ La bizarrerie du mois nous viendra d’Espagne, avec cette séquence numérique ‘00110010’. Poligono Hindu Astral réinvente la musique et l’astrologie d’une même vibration analogique. Le duo suit à la trace et dépoussière les pistes des pontes du genre que sont Tangerine Dream, Klaus Schulze ou encore Conrad Schnitzler. Un tel voyage demande un équipement adapté et c’est très logiquement aux commandes des plus élémentaires machines que se dirige ce périlleux périple. De son point de vue, le spectateur aura alors le loisir d’observer un radical retour aux racines de la musique électronique d’avant-garde. Loin dans le blizzard, le sommet est en vue, les 70’s aussi. ★ ★ ★ Tirer, lentement, jusqu’ à ce que le nerf se déchire. Plier, lentement, jusqu’ à ce que l’os se brise. Osciller, lentement, jusqu’ à ce que l’espacetemps penche et s’inverse. Ricardo Donoso agresse en lourdeur et profondeur, expérimente la torture moderne par répétition de vos pires songes auditifs. Dissonant comme jamais, ‘Machine To Machine’ forcera pourtant votre oreille à lui accorder une vertu mélodique. Ricardo Donoso sévit et répand la désolation là où se pose leur message : une missive abrupte, répétitive et désaccordée vous mettant en garde contre les publicités subliminales et l’amorçage (sic). 10 titres et autant de mises à l’épreuve de l’équilibre mental et nerveux. Quel consommateur êtes-vous ?
Texte: Anys Amire et François Georges photo: Siliconcarne.be
Samuel Hall Né dans la vie d’un mort, Samuel Hall n’avait que deux ans lorsque la mère l’échangea brièvement contre une livre d’haricots en boite. Disons le tout de suite le père de Samuel Hall ne sera que peu évoqué, ne lui laissera pour tout héritage qu’un nom (ainsi que le deuxième prénom de Jacques, conséquence approximative d’un hypothétique grand-père mineur au visage délavé du Borinage couleur sépia) et une mauvaise mémoire. Il semble que l’on ait beaucoup spéculé sur les circonstances de l’enfance de Samuel Hall, tout au plus peut-on évoquer l’influence précoce des mauvais sangs maternels ainsi qu’un désintérêt général pour les choses et les gens, il sera par ailleurs un enfant chétif et moqué du plus grand nombre. La scolarité sera dès lors illustrée par une constante médiocrité et ce malgré un certain investissement dans la confection d’herbiers des plus variés et luxuriants constitués au fil de longues promenades solitaires dans les parcs environnants. C’est lors de l’une de ces prospections que Samuel Hall croisa pour la première fois celui qu’il nomma le maître de la forêt. C’est à cette période également que les herbiers commencèrent à se « diversifier » alternant entre les classiques feuilles de bouleau et d’érable, les cadavres d’insectes et de grenouilles, les fluides corporels et autres bricoles. Lors de la convocation au bureau du directeur de l’école Louis Wolfson, Samuel Hall ne sembla entendre que les mots de la mère, ce seront les derniers qu’il écoutera décemment : «Quel besoin avais-tu de leur ramener tout ça » disait-elle, « va falloir que tu marches droit » disait-elle.
Après l’épisode des herbiers de l’école Louis Wolfson, il y eut d’autres écoles, d’autres directeurs, d’autres assistantes sociales, d’autres réunions, d’autres concertations parfois dans des bureaux parfois au téléphone parfois avec la mère parfois sans. A chaque reprise, Samuel Hall maudissait leurs yeux et leurs langues, il était devenu au fil du temps maigre comme beaucoup de gens dans de tels états mentaux, les joues étaient creuses et les veines bien distinctes à travers la peau mince. Sa vie était sédentaire, pour ainsi dire invalide, amenant Samuel Hall à un important état de faiblesse. La mère avait bien appelé le médecin généraliste qui ne diagnostiquait qu’une faible tension et un manque évident de discipline le plus probablement dû à un déficit paternel; les mouvements de jeunesse et l’armée furent un temps envisagés mais sans que ces alternatives n’aient l’adhésion de toutes les parties. Le corps maigre de Samuel Hall commença à s’orner de traits violacés désorganisés, les avant-bras, le ventre et bientôt le visage étaient le terrain de cette étrange œuvre au noir. Armé d’une aiguille et d’un encrier Samuel Hall décida d’y ajouter un cygne bleuté, intrus majestueux d’un de ces rares rêves. Le cygne sembla jouer un rôle majeur dans les événements du 20 janvier. Ce matin Samuel Hall se leva de façon inattendue, quitta le lit qu’avait probablement jadis occupé le père avant lui, et se décida à sortir marcher quelques mètres. Samuel Hall s’acheta impulsivement une boite de haricots, du tabac et un paquet de chips chez l’épicier. Il entendit sa mère « quel besoin avais-tu d’acheter tout ça » disait-elle. Samuel Hall continua à marcher, le dos courbé, la douleur dans les os. Samuel Hall suivit deux jeunes filles. « Va falloir marcher droit » disaient-elles. La police intercepta Samuel Hall assez rapidement et ce bien avant qu’il ne puisse toucher l’une des jeunes femmes. Le transport et l’admission de Samuel Hall dans un hôpital d’aliénés fut arrangé en dehors de lui. Samuel Hall était assis habillé d’un simple pyjama bleu, il attendait au côté de la mère, de l’avocat, du médecin l’arrivée du juge. Samuel Hall entendit lointainement les débats de ces derniers. Lorsque le juge de paix lui donna la parole, Samuel Hall prit un temps de pause, se leva et dit : « Je maudis vos yeux. Je maudis vos langues. Allez tous au diable. Je m’appelle Samuel Hall et je vous déteste tous. » Un livre : ‘Le Schizo et les langues’, Louis Wolfson, Connaissance de l’inconscient, Gallimard Chansons : ‘God damn your eyes’ Josh White, ‘Sam Hall’ Johnny Cash, ‘Samuel Hall’ Alain Bashung
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Texte : A En r ince T - Lhi s ee r eRre m © aGcrla en t c o r n e tt
De cavalcades en bravades, Battles a bataillé ferme pour arriver là où il est aujourd’hui. Une épopée à travers des lieux épiques : Brooklyn, Williamsburg, Times Square et enfin Berlin pour John Stainier, son batteur. Mais aussi un parcours du combattant à travers les embûches et les embuscades lancées par l’industrie
musicale. Réduite à un trio depuis le départ de Tyondai Braxton en 2010, l’unité assume ses conquêtes et assure ses positions. ‘La Di Da Di’, son nouvel mais seulement troisième album, sortira à la rentrée. Il voit nos trois hommes se recentrer sur eux-mêmes
au travers de compositions à la fois amples et serrées mais prodigieusement percussives, avec une pointe d’africanisme qui leur colle aux fesses. Extraits de la feuille de route avant le déploiement tactique.
John Stanier : « Là, on vient de jouer quelques concerts, l’un à Paris, l’un à Barcelone et un autre à Berlin. Ce n’est pas une tournée mais un échauffement ! On vient de tester les nouveaux morceaux en live et laisse moi te dire qu’ils sonnent magnifiquement bien. » Cette mise en jambes était-elle destinée à tester votre nouvel album ? John Stanier : « Non, pas vraiment. Nous avions donné un concert en Pologne en septembre dernier que nous avions envisagé comme un test. Nous y avions joué six nouveaux morceaux pour examiner ce qui allait et ce qui n’allait pas. C’est après que l’on est rentré en studio, avec un diagnostic en poche. »
Les grandes manœuvres Cela fait près de quatre ans que vous n’aviez plus sorti un album studio. A quoi avez-vous été occupés pendant tout ce temps ? Dave Konopka : « Après la sortie de ‘Gloss Drop’, nous avons tourné pendant près de deux ans. Cela nous a semblé interminable… Mais la notion du temps est relative. Notre musique ne naît pas dans la nature par magie, nous vivons d’essais et d’erreurs. On essaye des pistes, parfois on revient sur nos pas, on recommence. Je pourrais comparer cette démarche à une image éprouvée, celle qui consiste à préparer un bon dîner pour des amis ou des proches. Il y a le dîner comme tel mais il y a tout ce qui vient avant, la recherche et la collecte des ingrédients au marché. Après, il faut les combiner, voir ce qui fonctionne ensemble. Ensuite, il faut pousser la recette jusqu’à son terme, son aboutissement… » Comment travaillez-vous collectivement à ce processus ? John Stanier : « Notre façon de travailler s’est trouvée modifiée du fait de mon déménagement à Berlin tandis les autres sont restés vivre à Brooklyn. Il a fallu s’organiser. Pour ce dernier disque, on a tous travaillé chacun de notre côté à la maison. Quand nous avons accumulé suffisamment de matériel, on a commencé à partager nos ébauches. Il m’arrivait d’aller à New York pour deux semaines de travail intensif. Répétitions, enregistrement. Chaque jour ! Rien d’autre ! Et puis retour sur Berlin, illico. » Dave Konopka : « Il ne nous arrive jamais d’écrire des morceaux en tournée. Les concerts servent à développer ce que nous avons composé, nous ne les voyons pas comme des séances de création. Nous avons un studio que nous louons, en plein centre de Manhattan, à Times Square. L’endroit n’a rien de spécial mais c’est chez nous, nous pouvons y faire autant de bruit que nous voulons. » Times Square est un endroit en permanence immergé dans le bruit ambiant de la ville. En quoi cet environnement, en quoi New York influence t-il votre musique ? John Stanier : « Pour moi, New York influence incontestablement notre musique, mais de manière presque subliminale. L’influence ne tient pas dans les artéfacts auxquels Time Square renvoie : les sirènes de police, les néons démesurés sur les façades… Elle ne provient pas du flot incessant des passants sur le boulevard que je croise quand je me rends au studio ou du trafic qui résonne sans discontinuer, jour et nuit, aux oreilles. Ou alors peut-être m’affecte-t-elle sans que je m’en rende compte… Ce stress est là, continuellement. Il ne te lâche pas. Tu dépenses tellement d’argent juste pour exister. Tu te retrouves continuellement fauché. Il est évident que si nous répétions à Gary, Indiana, dans un gourbi endormi, nous ne sonnerions pas de la même manière. » ‘Gloss Drop’ a fait l’objet d’un travail artistique de présentation remarquable. La déclinaison en différentes pochettes est une sorte de luxe. Allez-vous réitérer cette façon de faire pour ‘La Di Da Di’ ? Dave Konopka : « Sans conteste ! Et on va faire encore plus ! Je finalise pour l’instant mon travail sur la pochette. Je recherche délibérément une forme iconographique qui colle à ce que l’on fait. Sur ‘Gloss Drop’ et les singles qui en ont découlé, tu voyais un amas de
matière difforme, une sorte de plâtras de couleur vive, des roses, du bleu. Directement, tu savais que c’était du Battles ! Cette fois, ce sera plus subtil, l’image finale devra refléter le processus de notre démarche. » Peux-tu nous donner des indices ? Dave Konopka : « Il sera question de nourriture. De nourritures étranges, de combinaisons d’ingrédients atypiques mais présents dans notre vie quotidienne. L’iconographie passera au second plan tout en étant omniprésente. Je n’ai pas choisi la nourriture par hasard. Pour moi, il y a énormément de liens entre la bouffe et la musique. Ils ne tiennent pas seulement dans des pratiques culturelles mais ils sont fondés sur des analogies dans le vocabulaire, dans l’emploi de métaphores… » John Stanier : « I’ve heard it through the grapevine par exemple ! » Dave Konopka : « De manière plus générale, je pense que ce nouvel artwork correspondra à l’évolution de Battles qui est retourné à une musique instrumentale. J’ai tenté de saisir la quintessence de ce que l’on est, dans une sorte de vision naturaliste des éléments… » Vous arrive t-il de jouer dans des endroits dévolus aux arts plastiques ? John Stanier : « Oui, nous avons joué à la Fondation Cartier à Paris et dans une galerie assez renommée à Chicago. Au début, il nous arrivait de jouer dans des ‘art spaces’ improvisés. Mais cela n’a jamais été un but pour nous. » Il y a une influence de la musique africaine qui ressort assez clairement sur ‘La Di Da Di’. Est-ce un choix délibéré ? Dave Konopka : « Toutes les influences que nous ingurgitons sont digérées au travers les oreilles de trois types de New York City. Chacun de nous écoute des musiques très diverses dont des musiques africaines mais nous écoutons aussi des musiques indiennes ou asiatiques ou du rock bien lourd. Il y a deux ans, pendant mes vacances, je me suis retrouvé scotché sur un album de Konono n°1 que j’écoutais non stop pour aller à la plage. Je sentais presque le mouvement des vagues dans leur musique. J’ai également adoré Jeri Jeri, un groupe du Sénégal qui met en avant les percussions. Finalement, notre démarche est assez empirique. » John Stanier : « Perso, je tiens à rectifier, je n’écoute jamais de musique africaine ! » Il y a quelques années, Brooklyn apparaissait comme la place forte du renouveau du rock. Depuis lors, l’endroit s’est gentrifié, il semble s’être assagi... Dave Konopka : « Brooklyn reste un endroit particulier, un endroit où les choses se produisent, là où ça se passe. C’est un carrefour, une croisée où des gens d’horizons très divers affluent et parfois se connectent entre eux. Beaucoup de gens ne font qu’y survivre car le coût de la vie est élevé même s’il est moindre qu’à Manhattan. Beaucoup d’artistes y ont naturellement migré. Mais je ne pense pas que le lieu soit artistiquement plus riche que Berlin ou Los Angeles par exemple. Là où règne l’argent, il n’y a généralement pas de création artistique digne de ce nom. Un gosse élevé à Boise, en Idaho, pourrait tout aussi bien accoucher d’une bombe expérimentale musicale que s’il vivait à New York. » John Stanier : « J’irais même plus loin. Je me souviens du Brooklyn où on jouait il y a quinze ans, au début des années 2000. Williamsburg. Il y avait The Liars, Interpol, Yeah Yeah Yeahs, TV On The Radio… Un tas de groupes dans un endroit très concentré. Il fallait y être pour le vivre ! Aujourd’hui, le lieu n’importe plus, on ne doit plus se trouver quelque part pour exister. Tout est dorénavant connecté, inextricablement connecté. » Un disque : ‘La Di Da Di’ (Warp/V2). Sortie le 18 septembre
on stage 3/11, Botanique (Bruxelles)
T e x t e : N i c o l a s11 Alste
p es n s r e t …
BC CAMPLIGHT How To Die In The North
FATHER JOHN MISTY I Love You, Honeybear
CLARENCE CLARITY No Now
HANNAH COHEN Pleasure Boy
INVENTIONS Maze Of Woods
PETER BRODERICK Colours Of The Night
LANDSHAPES Heyoon
BERNARD + EDITH Jem
Out 28/08
PINS Wild Nights
EZRA FURMAN Perpetual Motion People
BEACH HOUSE Depression Cherry
Out 18/09
MERCURY REV The Light In You
PIAS NITES present
HOOTON TENNIS CLUB HAPPYNESS TORRES
BEURSSCHOUWBURG BRUSSELS beursschouwburg.be
piasnites.be SEPTEMBER 11TH 2015 DOORS 19H30
08
Texte : A Bn ra nm e - LViesremReeem rasc clhe I T r a d. e t a d a p t. : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g © s h a w n b r a c k bi l l
« La musique c’est de l’instinct, une forme avancée d’intelligence », dixit Victoria Legrand, chanteuse de Beach House - LE groupe de dream pop. « Si tu commences à analyser tes propres morceaux, ton cerveau tourne vite en
bourrique. Mais si l’intuition est toujours là au bout de cinq albums, elle ne disparaîtra sans doute jamais. » Alex Scully, autre moitié du duo, ajoute: « Le jour où il n’y aura plus d’alchimie, le mieux sera de tout arrêter. » Que tout finisse par faner ou que tout perdure, tendre demeurera leur nuit... Alex Scully : « En effet, tu as raison, les percussions sont très minimales sur ‘Depression Cherry’. C’est souvent difficile de faire sonner des percus avec subtilité parce qu’elles prennent beaucoup de place dans le son. Malgré ça, on leur a donné un rôle modeste, comme si elles s’étaient pointé à la fête sans être invité et refusent de se barrer. » Victoria Legrand : « Rien ne doit être agressif à l’avant-plan. Quand les chansons peuvent être elles-mêmes, elles ont davantage d’imagination. C’est pour ça qu’il s’est passé beaucoup de temps entre les deux derniers albums, on voulait profiter de ce moment pour ne rien faire. Pour nous, faire un break ne revient pas à partir en vacances. Notre vie en dehors du groupe est une sorte de rêve. Nous sommes beaucoup sur la route. Quand nous revenons à Baltimore, nous oublions ce qui s’est passé, c’est aussi une façon de ne pas penser à l’avenir. »
Danse avec le cosmos ‘Depression Cherry’ est-il un retour à l’intimité et à une innocence virginale ? Alex : « Je ne pense pas que cette innocence reviendra un jour. Après en avoir discuté en long et en large, il est clair que ‘Depression Cherry’ est un disque qui témoigne d’une certaine maturité. Rien à voir avec l’innocence, avant nous aurions été incapables de faire un tel disque. Ou pour reprendre les mots de Bob Dylan sur ‘Things Have Changed’: “Lot of water under the bridge, lot of other stuff too.” » Victoria : « L’ombre et la lumière, quoi. Sûr, la musique de Beach House est mélancolique. Vieillir a quelque chose de psychédélique, la vie aussi, peu importe l’âge. Même si en prenant de l’âge, on écoute mieux ses propres sentiments. Savoir ce qu’on veut ou pas, c’est une catharsis. Mon père me disait toujours: «En grimpant dans les années, tout gagne en profondeur». Mon regard sur la vie est devenu plus intense. It’s pretty wild. » Alex : « C’est marrant de regarder sous la surface des trucs qu’on trouvait importants plus jeune. On croyait qu’il n’y avait rien d’autre. » Parce que le cadre était plus étroit ? Alex : « Oui. Plus jeune, tu es trop naïf pour avoir un regard juste. C’est pour ça que c’est fantastique de vieillir, de regarder des films que tu trouvais trop dingues quand tu avais 18 ans... » Victoria : « L’esprit critique évolue avec le temps. Avant, tu regardais des films où les gens tombaient amoureux alors que maintenant, tu t’en fous des comédies romantiques. Impossible de revenir en arrière, c’est de ça que parle ‘Depression Cherry’. Le temps ne passe pas seul, tu ne pourras jamais remonter la pendule, c’est le côté irréversible de la vie. Nos chansons sont elles aussi le résultat d’un truc inconscient, le processus créatif est spontané même si par la suite tout doit être peaufiné. » La touche finale est-elle la plus délicate ? Victoria : « Oui. Techniquement, c’est de la manipulation. » Alex : « Écrire des chansons, c’est passer des moments fous où des trucs magnifiques hors de tout contexte apparaissent. Est-ce l’inspiration ? Ça revient à être un médium en quelque sorte. Tu dois avoir la chance de saisir un morceau et ne plus le perdre ensuite. Puis tu dois essayer d’améliorer la chanson sans perdre son esprit originel, c’est un mélange de sauvagerie et de contrôle qui parfois réussit, parfois échoue. » Victoria : « C’est une danse avec le cosmos. Tu peux faire la fête et à un moment, ça part en vrille. La vie en est la meilleure preuve. Même en jouant les même titres chaque soir, il y a des trucs qui se passent. Quand tu es sur scène, tes morceaux connaissent une seconde jeunesse. L’environnement, la salle, le public, tout change à chaque fois et un morceau peut redevenir trippant, puis tout peut à nouveau disparaître. Ça m’a toujours soufflée. » Vous pouvez citer quelques groupes qui ont compté pour vous ? Alex : « J’aime Yo La Tengo et The Flaming Lips. Ils ne remplissent peut-être pas des salles immenses mais ils font des trucs cools. J’admire Sonic Youth, Nick Cave et Radiohead. Les B.O. de Johnny Greenwood sont également superbes. » Victoria : « PJ Harvey a peut-être eu un tube ou deux, elle est surtout une fantastique artiste. Il faut garder l’enfant en soi, ça fait partie de la créativité. Tu peux jouer avec la vie et tout ce qu’elle t’offre.
Ne pas être effrayé par les gens qui te disent que ce n’est pas possible et qu’il faut faire autrement. Tout ne doit pas tomber tout cuit dans l’assiette. Aujourd’hui, tout doit être une marque, quel vilain mot. Ah, parfois les gens font de leur vie un produit de consommation sans s’en rendre compte. Écrire des chansons, faire l’artwork, jouer en live, c’est personnel, ça te donne une identité, c’est bien plus important que de te faire remarquer sur les réseaux sociaux ou de parler de ta vie sexuelle. Le plus triste, ce sont ces créations surgies d’intentions vides. C’est faux et creux, rien ne se passe. Comme quand on construit un horrible bâtiment juste pour le fric. Quel gaspillage ! » La musique de Beach House est-elle un plaidoyer pour le romantisme? Alex : « L’amour et l’amitié sont les choses les plus formidables au monde. Ils nous aident à transformer nos idées en chansons. » Victoria : « Pas seulement le romantisme des contes de fée, hein. L’amitié est aussi romantique, tout comme l’obscurité. Le monde est beau, tu vois, d’où le titre ‘Depression Cherry’: la douceur d’accepter les choses. » Alex : « Il ne faut pas avoir peur de ce qui vient. Van Morrison a écrit le très beau titre ‘Into The Mystic’ sur ce thème. On retrouve cette énergie sur notre disque. » Victoria : « Nothing is ever one thing for very long. Cela a-t-il un sens? Ce n’est pas seulement l’amour ou l’amitié. A côté de la musique, tu as la peinture, la sculpture, le cinéma, le sexe, la drogue, la bouffe, le contrôle. Tu as toujours besoin de quelque chose. C’est une danse permanente. Le seul qui rit avec nous est l’univers. Dans notre vie de mortels, nous conservons le contrôle dans une certaine mesure. Traverser la rue ou pas, manger des légumes sains ou pas. Mais nous vivons aussi sur une planète. Il y a plusieurs niveaux de contrôle et nous analysons les choses de plusieurs manières. Consciemment ou non. » Suivez le guide : http://beachhousebaltimore.com/
on stage 2/11, Paradiso (Amsterdam, NL) 3/11, AB (Bruxelles) 5/11, Den Atelier (Luxembourg, LU)
Beach House ‘Depression Cherry’ Bella Union/Pias
« You should see there’s a place I want to take you ». Une barre d’immeubles, un canapé orange où s’avachissent Bodie, Poot et Wallace, petits rouages de la drogue entre deux reventes : c’est le symbole tout sauf d’Épinal de la série ‘The Wire’ au réalisme quasi-documentaire de David Simon, aujourd’hui encore – tout comme ‘The Corner’, qui l’a précédée – un essentiel et âpre filtre de compréhension pour cet amalgame d’enjeux humains qu’est Baltimore. Pourtant son créateur a l’audace du léger pas de côté, s’éloigne à plusieurs reprises de ce référent familier (un quartier, des codes, une hiérarchie de personnages) pour les spectateurs, au risque de les perdre en chemin, de ne pas les voir trouver la même accroche ailleurs. De la même manière, on ne retrouvera peut-être pas dans ‘Depression Cherry’ la cohorte de lucioles d’euphorie douce-amère de ‘Bloom’, la pleine éclosion de pivoines, la constellation hédoniste entièrement accomplie. Mais si vous avez grignoté votre lot de pétales avec Alex Scully et Victoria Legrand, si vous prenez conscience que leur Adn contemplatif s’interdira tout hors-bord irrémissible, ne pouvez-vous accepter que l’étreinte soit perceptiblement – oh mais si peu – distincte, que la bousculade et la stridence colorent en partie les ‘Sparks’ ? Que tout finisse par faner ou que tout perdure, tendre demeurera leur nuit…(alr)
Texte : Antoine Meersseman © zoran orlic
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Malgré ses remises en question, Low semble décidément increvable. Après un ‘The Invisible Way’ et son ‘Just Make It Stop’ pourtant taillé pour un goodbye tour, Low revient, encore et toujours, avec un clinique ‘Ones
and Sixes’ dont la beauté froide et torturée ne paraît pas encore annoncer la fin des hostilités. En ces temps mouvementés, Low semble trouver comme seul échappatoire la musique qu’il a toujours faite. Contre vents et marées. Pour cet énième coup de
maître, les attachants mormons restent fidèles à leurs recettes de vingt ans déjà. Avec cette fois BJ Burton (Poliça) à la barre et Justin Vernon dans les parages – rien que ça, Low semble être toujours du bon filon. D’aucuns appellent ça l’expérience. Quelle a été votre relation avec BJ Burton ? Est-ce que vous ressentez systématiquement le besoin d’avoir recours à un producteur ? Alan Sparhawk : « On a toujours bossé avec des personnalités fortes. Steve Albini, Kramer... C’est toujours nos morceaux mais c’est bon d’avoir avec nous quelqu’un qui sait comment les présenter. C’est une question de perception. D’avoir deux paires d’oreilles dans la pièce plutôt qu’une. » Vous avez souvent des doutes en studio ? Alan Sparhawk : « On sait comment les morceaux sonnent. Ce qu’on attend, c’est plutôt d’être surpris par quelqu’un à qui on fait confiance. La personne peut d’ailleurs être une source d’inspiration en elle-même. On avait écrit la moitié des titres avant de rencontrer BJ. Ils sonnaient assez agressifs et dépressifs. On avait un besoin de dynamique. Ça sonnait plus dissonant que le précédent disque qui était plus traditionnel. Quand on a rencontré BJ, on a senti que c’était la bonne personne. Il nous a motivés à écrire plus de morceaux dans la même veine, des morceaux qu’il allait apprécier, qui allaient le motiver. On sait produire nos disques, mais on aime travailler
Homo homini lupus est avec d’autres personnes. Après, Low sonnera toujours comme du Low. Il y a deux disques, on a travaillé avec un producteur très L.A. On ne pensait pas faire des hits mais on était curieux de savoir comment ça allait sonner. À partir de ‘Drums And Guns’, on a décidé de faire nos morceaux en utilisant d’autres instruments pour essayer de surpasser nos limites. » C’est à partir de ce moment que vous avez commencé à avoir une approche électronique... Alan Sparhawk : « Je pense qu’on n’a pas une approche traditionnelle par rapport à l’électronique. On ne bidouille pas sur des ordinateurs. On joue manuellement des sons électroniques minimalistes sur lesquels on vient greffer des instruments acoustiques. Les fondations donnent un ressenti général plus electro. Ça reste malgré tout toujours un format chanson. D’un album à l’autre, on va se diriger vers quelque chose de plus acoustique ou de plus électronique. Le côté électronique n’est jamais complètement dominant chez nous. Il doit toujours être couplé à des éléments humains imparfaits. » Qu’est-ce que tu écoutes en electronica ? Alan Sparhawk : « J’aime beaucoup Flying Lotus. ‘Yeezus’ de Kanye West a été une révélation. Je me suis rendu compte avec ce disque qu’il y avait encore moyen de créer de nouveaux sons. Et qu’à partir de deux ou trois sons, on pouvait créer quelque chose de très large. C’est aussi une musique hyper personnelle. Au niveau des paroles, des mecs comme Kanye West et Kendrick Lamar sont hyper honnêtes avec eux-mêmes ! Sur le même disque, ils peuvent parler bling-bling et en même temps dégager énormément d’émotion. Sinon, mon fils a onze ans et écoute plein de trucs FM : Tove Lo, je trouve ça pas mal, c’est de la merde qui a plutôt bon goût ! J’aime aussi la vague dancehall et dubstep qui se retrouve dans la musique FM, c’est excitant ! Et dans le hip-hop, on retrouve quelque chose de beaucoup plus expérimental que par le passé. J’adore cette évolution : des artistes comme D’Angelo, Shabazz Palaces. Ça bouge beaucoup plus que dans l’indé. Je veux toujours faire de la bonne musique, mais on est à une époque où il faut avoir du courage. Avoir des couilles. » Votre manière d’écrire a changé en fonction du contexte actuel ? Alan Sparhawk : « Je crois, oui. ‘Drums And Guns’ est le premier disque où j’ai vraiment dit ce que je pensais. Après, j’ai eu besoin de faire une pause. Je crois qu’il n’y a plus vraiment d’espoir aujourd’hui. C’est un peu désespérant. On pourrait penser qu’il pourrait y avoir un mouvement qui irait de l’avant. Mais rien ne se passe. Le système est trop corrompu et la nature humaine ne va pas résoudre ces choses. Les gens sont avides de tout. Mon père est mort il y a un an. Ça fait partie de la vie, mais ma réaction par rapport à son décès m’a surpris. Je pensais que j’étais prêt pour affronter ça, mais je l’étais pas du tout. Le vide n’a pas été
rempli parce ce que je pensais avoir en moi. J’ai tout remis en question avec ce nouveau scepticisme. Dans ce genre de cas, tu dois recommencer à zéro. » Quand tu dis : « I aint your DJ, you have to shake that » en dernière phrase du disque, tu invites l’auditeur à se questionner sur son rôle dans la société ? Alan Sparhawk : « Je crois que je fais ça beaucoup. Je fais ça avec moi-même. Parfois, quand tu te parles intérieurement, tu parles aux autres. Et inversement. C’est un peu prétentieux de penser que je peux questionner le monde. Il y a tellement de bâtards sur terre. Ce n’est pas juste. Personne ne réagit par rapport à ça. Il n’y a plus de protest songs ! Les gens sont en colère mais tentent de fuir ce sentiment. Y a beaucoup de connards dans ce monde et je crois que j’en fais partie. Si les gens sont capables de faire des choses horribles, je pense que moi aussi. Il y a une sorte de déterminisme. Si t’avais grandi dans la pauvreté, sous un régime dictatorial, t’aurais juste envie de les butter. Si tu voyais ta famille, leurs espoirs et leurs rêves se faire détruire, t’aurais vraiment envie de butter des gens. Qu’est-ce qui te fait passer à l’acte dans ce genre de moments ? » J’ai lu que vous étiez usés par les tournées. Est-ce que ça devient une contrainte ? Alan Sparhawk : « Tourner, ça fait partie du job. On passe 95% de notre temps à jouer nos disques. Parfois oui, j’ai envie d’être à la maison avec les enfants, mais c’est pareil dans tous les métiers. Au bout du compte, on passe sûrement plus de temps avec nos enfants que d’autres parents. Y a pas de vouloir ou ne pas vouloir, il faut tourner, c’est tout ! » L’idée de faire des disques sans tourner ne vous a pas effleuré l’esprit ? Alan Sparhawk : « Je ne pourrais pas me passer de la scène. Je suis trop accroc au moment, à l’échange. Je ne demande pas que les gens nous aiment. Mais quand on est sur scène, c’est le moment le plus honnête. Quand une personne joue sa musique à quelqu’un d’autre. Autour de ça, le business change tout le temps. Et certaines choses en tournée sont plus simples que d’autres. J’ai quand même des problèmes de circulation dans ma jambe à force de conduire le van ! On a dû faire 500.000 miles. En fait, on a jamais eu assez de succès pour pouvoir un jour prendre une pause. C’est sans doute une bonne chose. » Est-ce qu’après toutes ces années, tu ressens le besoin de t’exprimer artistiquement autrement que par le biais de la musique ? Alan Sparhawk : « Je taille du bois ! Et j’ai commencé à faire du jardinage l’an passé. Je suis surpris des leçons que tu peux apprendre de ça. Ce sont des moments honnêtes et purs. Dans tout processus de création, il restera toujours un résidu de ton imperfection. En fonction de tes actes, même dans le jardinage, ça peut donner par hasard quelque chose de très beau. Ça provoque de l’humilité. Ça te rappelle ta place dans le monde. J’ai étudié l’art à l’université. J’ai un peu peint, mais je préfère le travail de la voix. Et tailler du bois. C’est fascinant ! Je sculpte des corps féminins, des bustes. Dans cet art, tu ne crées pas de la masse. Tu retires la matière d’une ligne imaginaire. Tu ne fais rien, tu le révèles. Je suis surpris à quel point tu ne dois pas réfléchir. La seule erreur, c’est quand tu vas trop loin, que tu retires quelque chose qui devrait être là. Sinon, à part ça, je fais aussi du jogging ! » Un disque : ‘Ones and Sixes’ (Sub Pop/Kokurrent) Suivez le guide : www.chairkickers.com
on stage 30/10, Le Grand Mix (Tourcoing) 31/10, Ancienne Belgique (Bruxelles)
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Texte : A Nn i cnoel- a L iss e A lRsetm ea ec nl© e fa biola carranza
Coopté au poste de sauveur de la pop moderne sur un malentendu, le Canadien Dan Bejar n’a toujours pas pigé pourquoi ‘Kaputt’ avait cartonné en 2011. Un heureux accident, certainement. Une collision entre des
sons sophistiqués et des idées chipées sur la bande FM des années 1980. L’homme qui incarne Destroyer est un poète, un dandy, un rêveur. Et, aujourd’hui, c’est une certitude : un fameux maniaque. Son dixième essai en apporte la preuve avec des chansons
sculptées entre une guitare et un piano : des hymnes millésimés, orchestrés de cordes et de cuivres luxuriants. ‘Poison Season’ rassemble toutes les obsessions de son créateur : références à la vie, à la mort, à Bowie, à Lou Reed, aux filles inaccessibles et aux villes imprenables. Entre album de la rentrée et disque de l’année, Destroyer tient son chef-d’œuvre.
Petit poison deviendra grand Après deux décennies passées à vivoter dans le milieu, tu sembles avoir trouvé la recette pour enregistrer de grands disques. C’est l’expérience qui parle ? Dan Bejar : « J’ai commencé comme un « outsider », en véritable novice. Au début, j’enregistrais mes petits trucs en donnant sporadiquement des concerts dans la ville où j’habitais, à Vancouver. Mais je n’avais pas du tout l’impression de faire partie d’une scène ou d’être un rouage de l’industrie du disque. Pendant cinq bonnes années, je me suis produit sans éprouver la moindre obligation professionnelle. À la limite, ce statut de pro avait même tendance à me rebuter. À la fin des années 1990, j’ai commencé à jouer dans The New Pornographers, un groupe qui est devenu assez populaire en Amérique du Nord en 2001. Sporadiquement, je m’implique encore dans le processus créatif de cette formation. Je dois beaucoup à ce projet. Il m’a offert le luxe d’avoir un job sans véritablement en être conscient. En marge de cette activité, je m’ébrouais en solitaire sous le nom de Destroyer. Je sortais des disques dans mon coin sans faire de bruit. Et puis, en 2006, j’ai publié ‘Destroyer’s Rubies’ qui a, en quelque sorte, changé la donne pour moi aux États-Unis et au Canada. Depuis, je dépense tout mon temps et mon énergie à essayer de comprendre comment enregistrer un bon disque (sourire). »
Aujourd’hui, tu te sens professionnel ? Dan Bejar : « Depuis la sortie de ‘Kaputt’, en 2011, ça me semble un peu plus évident. J’avais des envies dans la tête depuis un moment : des mélodies inspirées par des hits radiophoniques des années 1980, de vieux tubes anglais et américains. J’ai pris ces vieilleries commerciales et je les ai emballées dans une enveloppe alternative, un peu pop et vicieusement clinquante. Après, j’ai pris des photos de moi en costume et je me suis retrouvé sur la route à faire des concerts à l’autre bout du monde. D’un coup, je passais à la télé. Je chantais mes morceaux et, curieusement, ça fonctionnait. Ce grand cirque a commencé à occuper une partie importante de mon existence. J’ai dû me rendre à l’évidence : j’étais devenu un professionnel. » Le succès rencontré par ‘Kaputt’ t’a donc pris par surprise ? Dan Bejar : « Complètement. Quand j’ai composé cet album, je ne me tenais pas au courant de l’actualité musicale. J’étais totalement déconnecté du monde moderne. Partant de là, je ne pouvais pas imaginer que cet album allait rencontrer les attentes de la hype. Disons que j’ai sorti le bon disque au bon moment. Sans ce contexte favorable, tout aurait été différent. »
T e x t e11 : Ann e
Sur le nouvel album, on trouve trois parties d’un même morceau, ‘Times Square’. Pourquoi subdiviser cette chanson ? Dan Bejar : « J’ai d’abord enregistré ce titre avec un groupe de rock, ensuite avec une section de cordes. Même si elles étaient fort différentes, j’adorais les deux versions. Cette polarité caractérise assez bien le nouvel album. Du coup, j’ai pensé que ça pourrait être cool de mettre en scène cette ambivalence à travers un morceau choisi. Pour une raison qui m’échappe, j’ai éprouvé des difficultés à prendre le pouls de ce disque. Ça doit être une question de débit… Dans un premier temps, j’avais opté pour la version classique de ‘Times Square, Poison Season’. Mais ça ne collait pas avec les autres chansons. C’était comme une intrusion. Par contre, dès que je coupais le morceau en deux en m’en servant d’intro et d’épilogue, ça semblait prendre sens. Comme si ce morceau donnait un contexte, un cadre à l’ensemble de l’album. On le retrouve donc au début, à la fin, et au milieu dans sa version originale. » Dans ‘Times Square’, justement, il y a cette phrase étrange : You can fall in love with Times Square. Tu penses qu’il soit possible de tomber amoureux de cet endroit ? Dan Bejar : « J’ai écrit cette ligne en me disant que c’était un truc improbable à chanter. Dans son état actuel, il semble impossible de tomber amoureux de Times Square. C’est une atrocité... Pourtant, ce lieu est bourré de connotations. C’est une sorte de repère culturel aux États-Unis, un symbole de l’Amérique du 20ème siècle. L’endroit est censé évoquer la clameur de Broadway dans les années 1930. Mais dès la fin des sixties, c’est devenu le « Red line disctrict » new-yorkais, un lieu bien glauque comme le montre fort justement le film ‘Taxi Driver’. » Tu parles de Broadway. Tu te sens proche de cette esthétique ? Dan Bejar : « C’est une tradition musicale avec laquelle j’ai été élevé. J’ai pas mal de souvenirs d’enfance associés à Broadway. Par le passé, on m’a dit que certains morceaux de Destroyer avaient un côté théâtral. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça, mais je vois très bien d’où ça vient. Juste avant d’enregistrer ‘Kaputt’, j’ai arrêté d’écouter du rock et je me suis immergé dans les racines du jazz newyorkais. J’ai épluché la discographie de Frank Sinatra et des membres du Rat Pack. Progressivement, tout cela s’est intégré à mon travail. Après, si j’en sais plus sur les comédies musicales de Broadway que n’importe quel Canadien de 42 ans, c’est à cause de ma mère et de mes grands-parents qui adoraient ça. Ça devait découler d’une sorte de nostalgie, un sentiment d’appartenance aux traditions judéo-américaines du 20ème siècle. C’est une référence culturelle qui doit exister en moi, comme une bande-son inconsciente. » Avant de quitter ‘Times Square’, peux-tu évoquer les quatre personnages qui traversent la chanson : Jesus, Jacob, Jack and Judy. Qui sont-ils ? Dan Bejar : « Je ne sais pas vraiment. Je n’ai pas de background religieux. J’ai donné le nom Jésus en songeant aux personnages des chansons de Paul Simon. Des héros, ou anti-héros, du quotidien : des Portoricains ou des Mexicains. Jesus, c’est un prénom typique des années 1970. Idem pour Jacob. Et puis, j’aimais la confrontation entre les prénoms très bibliques du premier couplet et ceux du dernier qui sont très basiques, typiques d’une Amérique en mutation. On ne rencontre plus aussi souvent des Jack et des Judy aujourd’hui. C’est un peu démodé. J’aimais beaucoup ce contraste. » Que signifie le titre du nouvel album, ‘Poison Season’ ? Dan Bejar : « Je ne sais pas de quelle saison il s’agit. C’est plutôt l’ère à travers laquelle nous vivons. Ça peut être aujourd’hui ou demain. J’aimais bien la combinaison des deux mots. ‘Poison Season’. C’est un assemblage étrange, comme une mauvaise traduction. Ça ressemble au nom d’une pièce de théâtre : la mise en scène d’un meurtre mystérieux – le poison, c’est un meurtre de traître, non ? Dans mon esprit, ça sonne aussi comme le titre d’un roman d’espionnage. Cette perception est essentielle parce qu’en faisant ce disque, je n’arrêtais pas de songer à la Guerre froide… Et puis, la saison, c’est un truc cyclique. Quelque chose que l’on traverse, qui passe et puis revient. Encore et encore. » Es-tu d’accord si on fait une analogie entre la chanson ‘Sun In The Sky’ et le film ‘Tree of Life’ de Terrence Malick ? Dans cette chanson, tu sembles évoquer le pouvoir transcendantal et surnaturel de la vie sur Terre. Tu parles de l’enfance, du soleil, de dinosaure, de création, de guerre et d’amour… Dan Bejar : « J’apprécie tout particulièrement cette comparaison. J’aime la dimension mystique de ce film. Sans pouvoir l’expliquer, je le trouve très attirant. C’est difficile d’analyser ‘Tree of Life’ sans passer pour un cul-bénit… Je sais que Terrence Malick est quelqu’un de très religieux… Ce qui n’est pas mon cas. Mais, effectivement, tous les thèmes qui traversent ce film sont ceux qui m’obsèdent au quotidien. ‘Sun In The Sky’ est certainement la chanson la plus personnelle de mon histoire. Les personnes qui me connaissent vont trouver des moments de ma vie dans les paroles de ce morceau. J’y glisse même le nom de ma fille, Gloria. Dans ‘Tree of Life’, Malick créé une sorte de polémique à travers l’image. Je ne vois pas d’autre réalisateur capable d’avancer un tel scénario dans un film complètement non-narratif. C’est vraiment inspirant. Quand tu t’inscris dans la tradition de la musique pop, la première chose que tu cherches à faire, c’est de procurer des émotions aux gens. Pour y parvenir, j’utilise toujours des images un peu floues et alambiquées, des trucs qui semblent insensés mais qui, pour moi, veulent dire beaucoup de choses. » Un disque : ‘Poison Season’ (Dead Oceans/Konkurrent) Suivez le guide : www.mergerecords.com/destroyer
on stage 4/11, Botanique (Bruxelles)
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Interview: Bram Vermeersch i traduction Patrick Foissac I chapeau: Antoine
Texte : nicolas alsteen
Tame Malade imaginaire, brancardière d’émotions authentiques, Ane
Brun met tout son cœur à l’ouvrage pour donner corps à des chansons bouleversantes : des morceaux de vies chavirées, des tranches de mélancolie disséquées avec passion, des mélodies connectées aux glandes lacrymales. Depuis quinze ans,
la Norvégienne procure du bonheur en crevant les abcès du mal. Nouveau butin à porter à la succession des reines de l’affliction (Tori Amos, Fiona Apple, Emilie Simon, Kate Bush), ‘When I’m Free’ pose dix diamants sur un coussin de soie. Un trésor. Fragile et précieux.
Liberté, santé, fragilité Au début des années 2000, tu as quitté ta Norvège natale pour rejoindre Stockholm. À l’époque, qu’est-ce qui a motivé ce déménagement ? Ane Brun : « C’est l’appel du cœur qui m’a conduit en Suède. Mon petit ami vivait là-bas et je l’ai suivi. Par amour, pas pour la musique. On s’est séparé peu de temps après mon arrivée sur place. Finalement, je suis restée là-bas parce que j’avais rencontré de nombreux musiciens. » En jetant un coup d’œil dans le rétro, quel regard portes-tu sur tes quinze années dans le métier ? Ane Brun : « J’ai la chance d’avoir tracé ma route de façon totalement indépendante. Je me suis toujours prémunie des soubresauts de l’industrie du disque. Je pense que si j’avais directement signé sur un label établi, ma carrière aurait souffert de l’effondrement du marché. En créant d’emblée ma propre structure discographique (Balloon Ranger Recordings, ndr), j’ai toujours eu les cartes en main. Personne n’a pris de décision à ma place. J’ai l’impression d’être arrivée au bon moment. Entre 2003 et 2006, il était encore facile de développer et de pérenniser les activités d’un label. Après, le secteur est devenu incertain. Aujourd’hui, en musique alternative, de nouvelles têtes apparaissent chaque année. Mais qui tient vraiment le coup ? Franchement, quand je regarde en arrière, je me sens en sécurité. Mais je flippe méchamment pour les autres. » Ton nouvel album s’intitule ‘When I’m Free’. C’est une déclaration d’intention ? Ane Brun : « Ce titre s’inspire des paroles de la chanson ‘Still Waters’. Pour moi, ‘When I’m Free’ a plusieurs significations. C’est avant tout un constat. Artistiquement, je suis libre et je l’assume pleinement. Je gère mon propre label en essayant de nourrir une discographie un tant soit peu intéressante. Pour moi, la liberté est d’abord une sensation. C’est quelque chose que je n’éprouve pas systématiquement. Ça va, ça vient. Je suis souvent à l’affût de cet état d’esprit. L’album parle notamment de ce sentiment d’attente. » En 2013, tu as eu l’occasion d’accompagner Peter Gabriel sur scène. Pendant cette tournée, tu as rencontré quelques soucis de santé. Il paraît que ça relevait quasiment d’un état hypocondriaque. Peut-on voir le titre de l’album comme une référence à cet emprisonnement psychologique ? T’es-tu libérée de tes pensées maladives en concevant ‘When I’m Free’ ? Ane Brun : « Je me suis clairement libérée d’un poids de ce côté-là. Je me fais moins de soucis. En fait, tout a commencé six mois après la sortie de mon premier album (‘Spending Time With Morgan’, ndr). J’ai été hospitalisée quelques jours sans que les médecins puissent mettre le doigt sur quoi que ce soit. C’était un choc intérieur, une collision entre le stress et un enthousiasme débordant. J’étais jeune, hyper motivée. J’avais l’impression d’être une super-woman, capable de chanter, de sortir des disques, de gérer les contrats, d’assurer le suivi de mon label, de tourner sans discontinuer et d’avoir une vie « normale » en marge de ces activités. Sauf que non… Mon corps m’a rappelé à l’ordre. Ou plutôt, il a flanqué un sacré désordre… C’était un burn-out, un truc assez classique et d’autant plus dur à accepter que je n’avais pas l’impression d’être surmenée… J’ai dû apprendre à vivre avec ce boulet psychosomatique. » Durant ta carrière, tu as bossé avec une impressionnante série de
collaborateurs. Sans être exhaustif, on peut citer Ron Sexmith, Syd Matters, Peter Gabriel ou José González. Qu’est-ce qui te pousse inlassablement vers les autres? Ane Brun : « Travailler avec un autre chanteur, c’est comme choisir de collaborer avec tel ou tel musicien : quelqu’un capable de tirer un son particulier de son instrument. Je ne vais jamais me tourner vers une voix qui me ressemble. Je cherche la différence et une certaine complémentarité. La collaboration doit toujours se faire au profit d’une plus-value. Sinon, ça n’a aucun intérêt. C’est aussi une façon de me mettre en danger. C’est paradoxal parce qu’à l’origine, je suis assez protectionniste. Si j’implique d’autres personnes dans mes chansons, c’est vraiment pour l’amour du risque. (Sourire) » Dans les coulisses du nouvel album, on croise quelques figures connues de la scène suédoise : John Eriksson (le John de Peter, Bjorn & John), Andreas Werliin (Wildbirds & Peacedrums), Tobias Fröberg ou Lars Skoglund (Lykke Li). La Suède, c’est l’endroit parfait pour enregistrer un disque de pop ? Ane Brun : « Je n’ai jamais eu l’occasion d’enregistrer dans une autre partie du monde! (Rires) Mais, pour moi, c’est idéal. Stockholm abonde d’incroyables musiciens, des gens qui ont fait leur trou en Scandinavie avant de s’exporter avec succès. En Suède, les clichés rock’n’roll ont la vie dure. Les artistes sont ambitieux et, souvent, très sérieux. Ils ne sont pas là pour rigoler avec le boulot. Quand ils se lancent dans la musique, ils vivent les choses à fond, comme des sportifs de haut niveau. Ça implique de nombreuses heures de répétition et un paquet de concessions. Les musiciens suédois cherchent à se démarquer les uns des autres. Ce contexte hyper concurrentiel crée une émulation positive dans le milieu. Quand certains triomphent en Europe ou aux USA, ça donne des idées aux autres. Chacun comprend que c’est possible d’y arriver. » Dans la bio qui accompagne la sortie du nouvel album, tu fais référence à Lauryn Hill, Charles Mingus et DJ Shadow. En quoi ces artistes ont-ils influencé les chansons de ‘When I’m Free’ ? Ane Brun : « Avant d’enregistrer l’album, j’ai établi une liste de morceaux sur Spotify : des chansons qui m’inspirent sur un plan créatif. Chez Lauryn Hill, j’ai choisi ‘Ready Or Not’, par exemple. J’aime la simplicité de cette chanson, son dépouillement. On est juste confronté à une batterie, une basse et un synthé. Chez Charles Mingus, j’adore la profondeur de la contrebasse. Chez DJ Shadow, c’est la confrontation entre les percussions analogiques et les références jazzy. Duke Ellington est également mentionné avec ‘Money Jungle’. J’ai essayé de m’inspirer du meilleur de ces productions pour me réinventer un son. Je ne dis pas que ça sonne comme chez eux. C’est une source d’inspiration. C’est toujours au contact des autres qu’on grandit en tant que personne. Je pense que c’est la même chose avec la musique. » Un disque : ‘When I’m Free’ (Balloon Ranger/V2) Suivez le guide : www.anebrun.com
on stage 7/11, Botanique (Bruxelles)
Impal
Branle-bas de wombat chez les abonnés psycheux : il faudra une loupe pour trouver l’ombre d’une guitare dans ‘Currents’.
Exit les grattes prétentieuses qui étaient jadis l’apanage de notre savant aborigène. Parker s’amuse à les travestir, à les utiliser à contre-emploi. Finis les cours ex cathedra d’histoire des musiques hallucinogènes. Kevin Parker découvre le futur. En philanthrope bienveillant, il nous partage cette vision traduite ici et là en lyrisme à paillettes, en groove charnel, en épopée pop. Ça galope. Peu à peu, Parker s’éloigne. Il brille de loin et à l’infini. Un destin somme toute logique pour une boule à facettes lancée sur orbite.
Branle-bas de wombat Kevin Parker : « Tu sais, le stress est derrière moi. Il était fort présent pendant les enregistrements, mais là, c’est fini. ‘Currents’ est fort différent des deux albums précédents. Je suis très content et très soulagé d’avoir réussi à tout écrire et tout enregistrer. Tout nouvel album s’apparente à une progression. J’ai l’impression d’avoir réussi à me rapprocher encore un peu plus d’une atmosphère à laquelle j’aspire. Le défi sera maintenant d’intégrer les nouveaux morceaux avec succès dans nos prestations live. Il y a encore pas mal de boulot à faire mais nous sommes sur la bonne voie. » En studio, Tame Impala s’apparente à un one-man-band. Tu écris les chansons, joue toute la musique, tout en prenant en charge les arrangements, le mix et la production. Ca fait beaucoup, non? Kevin Parker : « Il faut ce qu’il faut. J’ai beaucoup plus de travail que dans le passé. Ce n’est pas toujours simple. L’essentiel est de s’attaquer aux défis en adoptant une démarche pratique, concrète. Il convient d’utiliser la technologie d’une certaine manière. Et surtout, il faut constamment garder en tête le résultat visé et ne pas se laisser distraire par des aspects secondaires. Mais ce qui est finalement le plus délicat, c’est d’écouter la musique à la fin des enregistrements. Tu pourrais encore te planter à ce moment-là à cause de petits détails. Un disque, c’est un ensemble, quasi une sorte de trip. » A partir du moment où tu travailles seul, de façon quasi maniaque, n’est-ce pas un peu parce que tu espères produire quelque chose de grandiose, une sorte de futur classique? Kevin Parker : « Oui, peut-être bien. Mais c’est bien sûr beaucoup plus simple de nourrir ce type d’ambition que de lui donner corps dans le réel. Si j’avais l’intention de faire une grande déclaration avec ‘Currents’? Bah, tu sais, pour moi, tout tourne exclusivement autour de la musique. Elle doit être puissante et traduire de façon précise ce que j’ai en tête à l’origine. Il y a beaucoup de groupes où tout le monde est impliqué dans le processus décisionnel. Dans le cas de Tame Impala, c’est totalement différent. Dans un studio, je gère tout moi-même. Ce qui n’enlève rien au fait que j’ai envie de faire partie d’un groupe. C’est pourquoi Tame Impala est un vrai groupe lorsqu’il se produit en live. Enregistrer et se produire sur scène sont deux réalités très différentes. » Tu as donné une nouvelle dimension au son en jouant la carte de l’ouverture. Sur ‘Currents’, on retrouve de la pop riche en émotions sonnant assez 80s, et en même temps, on peut
traduction et adaptation: ntoine Meersseman
la
percevoir une dimension hip hop contemporaine ou un esprit guère éloigné de celui développé par Michael Jackson sur ‘Thriller’. Kevin Parker : « Il y a une touche américaine qui est effectivement très présente sur le disque. Bien que j’aie souvent dès le départ une idée assez précise de la façon dont doit sonner un titre, j’essaie en même temps de permettre à l’instant présent de faire son travail. Il n’y a rien qui est figé à l’avance. Que tu sois tributaire d’un type de musique spécifique ou que tu essaies de faire quelque chose d’émotionnel revient toujours au même: il s’agit avant tout de suivre la vibe de la chanson. C’est là que réside mon boulot de musicien, je pense. Si cela fonctionne à ce niveaulà, tout va bien. Et tu es bien sûr toujours influencé par des classiques que tu aimes: Supertramp, TLC, Fleetwood Mac, ‘Discovery’ de Daft Punk, ‘Talkie Walkie’ de Air ou encore le premier album de Led Zeppelin. » Considères-tu toujours la musique de Tame Impala comme du “romantic stoner”? Kevin Parker : « Haha, on peut dire ça d’une certaine façon. Bien que le son du nouvel album soit quelque peu différent, il me semble qu’il s’agit encore et toujours d’une musique qui s’inscrit dans une tradition romantique. Et c’est vrai que je ne suis pas rétif à un bon riff bien gras. En même temps, je ne tiens pas à trop analyser les choses. Je suis déjà tellement désilusionné quand un album est terminé. Par exemple, je trouve que ‘Feels Like We Only Go Backwards, sur le précédent album, sonne exactement comme du Backstreet Boys. Encore que cela ne soit pas totalement vrai vu qu’il y a quand même une bonne dose de distorsion sur ce titre. » Tame Impala propose souvent de la musique hypnotique avec un groove méditatif. Cette dimension est toujours présente mais par le biais de l’influence de la musique électronique, l’ensemble est plus dansant que dans le passé. Kevin Parker : « C’était effectivement mon intention à la base. Non pas que je sois un grand fan de dance, tu sais. Cette musique a un but: faire danser les gens. Je comprends parfaitement mais je regarde cela d’un angle différent. C’est quelque chose de fonctionnel. Cela n’a rien a voir avec un groupe rock qui se produit sur scène. Ce que j’aime plus que la dance, c’est son efficacité. Pour ma part, je suis à la recherche d’un autre type de vibe. Ce que je veux avant tout c’est faire ce que j’ai envie de faire. En vieillissant, tu te rends compte que si tu ne fais pas maintenant ce que tu as vraiment envie de faire, tu ne ne le feras probablement jamais plus. Just do it. Ne te soucie pas trop de ce que les autres pourraient penser de toi. Le temps passe vite. C’est une perte de temps de t’opposer à tes désirs les plus ardents. Sur le plan des textes, j’ai décidé de laisser parler mes tripes. L’intuition est un facteur essentiel sur ‘Currents’. » Tu laisses clairement entendre que tu vis dans un monde chaotique. Comment s’incrit un titre comme ‘Love/ Paranoia’ dans ce contexte? Kevin Parker : « Ce morceau parle du fait que tu peux penser être quelque’un de bien alors que ce n’est absolument pas le cas. Si tu t’attaches à quelqu’un, le risque est grand de devenir possessif. Dans cette perspective, l’amour peut faire de toi un véritable emmerdeur! » Un disque : ‘Currents’ (Modular Recordings/Caroline/Universal)
on stage 21/08, Lowlands (Biddinghuizen, NL) 22/08, Pukkelpop (Hasselt)
Texte : laurent grenier © levi lenaerts
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Après deux disques impeccables, presque jumeaux, souvent réécoutés au cœur de la nuit, Gaetan Vandewoude s’était fait plus discret. Il lui aura fallu
trois ans et demi pour terminer ‘Billy’ et dissiper les doutes quant à la forme à lui donner, entre sobriété rêche et arrangements quasi clinquants, pour finalement trancher à la belge, choisir le compromis. Le folk simple des débuts côtoie donc des titres plus développés où le piano et les cuivres mélancoliques rivalisent de subtilité. Une nouvelle réussite.
Folkabilly Ce troisième album te voit explorer de nouvelles choses en termes d’arrangements, il est beaucoup moins dépouillé que les deux précédents. Gaetan Vandewoude : « En réalité, je ne l’ai pas pensé comme ça au départ. J’ai d’abord commencé en novembre par bosser les maquettes de ces nouveaux morceaux de manière à obtenir un truc hyper décharné à la Josh T. Pearson, guitare, voix, un peu comme une thérapie. Puis je me suis rendu compte que ça n’allait pas, que quelque chose me bloquait, m’empêchait de m’exprimer librement. Un truc probablement lié à l’enfance. Je me suis beaucoup posé ces questions : qui je suis, d’où je viens. Je me retrouvais également dans une position trop confortable, à appliquer les mêmes petites recettes que sur les deux albums précédents. Mais, en janvier, j’ai obtenu une résidence ici (on est en terrasse à côté de Het Depot à Louvain, ndr) et j’ai été tenté de reprendre ces maquettes et d’essayer d’autres arrangements, beaucoup plus luxuriants. Après, même si j’étais plus serein, je me suis mis à douter de la pertinence de ces versions. J’avais parfois l’impression de me reporter sur des seconds choix, d’avoir été incapable d’arriver au bout du projet initial. Est-ce qu’il ne valait pas mieux revenir aux versions plus sobres, mêmes imparfaites ? Je pense qu’au final, on a fini par trouver un bon arrangement entre ces deux extrêmes. » Il est clair qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre tous ces cuivres, du piano, ni même de l’auto-tune comme sur ‘Calling’… Gaetan Vandewoude : « Tu sais, les gens m’associent beaucoup au son des deux premiers albums d’Isbells et oublient que j’ai fait pas mal d’autres choses avant (il a joué dans Soon notamment, nettement plus bruyant, ndr). J’aime essayer des trucs, m’amuser avec les sons. J’ai même enregistré une chanson en français, il y a presque un an et demi, qui était quasiment humoristique. Donc, pour moi, ça paraît évident d’intégrer ces éléments. Et puis Isbells, malgré le groupe derrière, reste mon projet, que je mène comme j’en ai envie. On a enregistré une version de ‘The Sound Of A Broken Man’ où Chantal (Acda) chante tout le morceau en deuxième voix. J’adore sa voix, son timbre, mais en écoutant le mix, je me suis dit que cette chanson n’appelait pas ce duo mais uniquement la voix de cet homme qui souffre. D’ailleurs, pour moi, cet album est peut être encore plus personnel que les deux autres. Avant j’essayais de tirer des généralités de mon vécu. Ici, je pense être vraiment très explicite. » Donc, ‘The Sound Of A Broken Man’, c’est toi. Gaetan Vandewoude : « Les deux dernières années ont été plutôt difficiles. On a traversé une période très dure avec ma femme, j’ai quitté la maison pendant plusieurs mois. Je parle de ça dans ‘Calling’. Pendant des années, alors qu’on s’aime beaucoup, on s’est disputé pour un tas de choses parfois ridicules en faisant ce qu’il y a de plus facile : rejeter la faute sur l’autre. A un moment, il est devenu évident pour moi que ça devait changer ou bien qu’on devait en rester là. Chacun de son côté, on a entrepris de faire un gros travail sur soi et j’ai découvert que la plupart de ces problèmes étaient liés à mon enfance. Je ne sais presque rien d’elle. Auparavant, je pensais que ça n’avait aucune importance de ne rien en connaître, que j’étais quelqu’un de suffisamment équilibré mais je me suis rendu compte que ces fondations me manquaient pour mener ma vie d’adulte. » Et tu as suivi une thérapie pour y arriver ? Gaetan Vandewoude : « J’ai bien cru un moment que je n’y arriverais
pas tout seul. Mais comme je ne vivais plus à la maison, que je ne devais plus m’occuper des enfants qu’une semaine sur deux et que, grâce à la musique, je ne dois plus aller travailler, j’ai vraiment eu le temps nécessaire pour penser, pour essayer de comprendre certaines choses, me poser les bonnes questions, interroger mes parents, établir les liens passé-présent. ‘The Sound Of A Broken Man’ traduit vraiment ces angoisses, ce mal-être, ces moments où je pleurais tout seul. » On a pu te voir jouer les albums précédents avec le Pulsar Ensemble, qui leur a apporté une dimension supérieure. Comment s’est passé cette collaboration ? Gaetan Vandewoude : « C’est un VZW de Gand qui nous a contactés. Ils avaient déjà travaillé dans ce sens avec Dez Mona et ils souhaitaient reconduire l’expérience. Ça n’était peut-être pas le meilleur moment pour moi – Isbells était inactif depuis une bonne année, je donnais des concerts avec Sweet Little Mojo et je n’étais pas au mieux mentalement comme déjà dit – mais j’ai accepté. Les membres du Pulsar Ensemble sont des personnes plutôt jeunes et ouvertes mais très professionnelles aussi. On a parlé avec le chef d’orchestre de nos attentes respectives, on a choisi une liste de morceaux et il a fait le boulot. Mais les premières propositions qu’il m’a faites m’apparaissaient un peu trop confortables, pas assez audacieuses. Ensuite, on a fait deux répétions tous ensemble et c’est là que tu te rends compte que ça reste deux univers assez différents. Dans la pop, on parle avec des couleurs, de la chaleur, des trucs qu’un chef d’orchestre ne comprend pas. Et inversement. Au départ, on avait du mal à se coordonner. Un chef d’orchestre, il ne fait jamais un, deux, trois, quatre pour démarrer, il fait un geste du bras et c’est parti, et toi, tu te retrouves à la ramasse (rires). Une chouette expérience. » Tu l’évoques, parlons-en un peu : c’était quoi ce projet Sweet Little Mojo dont certains morceaux comme ‘Up To You’ ou ‘The Way You Talk About It’ n’auraient d’ailleurs pas dénoté sur l’Isbells nouveau ? Gaetan Vandewoude : « En fait, il s’agit des premiers titres que j’ai écrits pendant la nuit, à peu près trois ans avant Isbells. On vivait en cohabitation avec ma copine, mon meilleur ami et sa copine. La journée, j’enregistrais des trucs avec lui mais la nuit, je me murmurais ces chansons. J’ai essayé de faire quelque chose de ces titres à l’époque mais je pense que je n’étais pas prêt. C’est assez étrange car je n’y ai quasiment pas retouché. Je voulais qu’ils sonnent comme je les avais pensés au départ. J’ai juste écrit un nouveau titre, précisément ‘Up To You’, donc ce que tu dis peut se comprendre mais Sweet Little Mojo est pour moi vraiment quelque chose à part. Que je ne souhaite pas voir prendre des proportions importantes, dont je n’attends rien et que je ne souhaite pas promouvoir. » Un disque : ‘Billy’ (Zeal Records)
on stage 19/09, Leffingeleuren (Leffinge) 20/9, Botanique (Bruxelles) 6/10, Het Depot (Louvain) 16/10, Studio (Anvers) 6/11, Cactus (Bruges) 13/11, C-mine (Genk)
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Earteam
Aero Flynn Memphis Industries/V2
Par manque d’intérêt ou de culture générale, peut-être par amour de l’alcool, on ne s’était jamais soucié de l’existence d’Eau Claire avant de voir débarquer Bon Iver sur la platine. Depuis la sortie de l’album ‘For Emma, Forever Ago’, en 2007, la petite entité du Wisconsin revient régulièrement dans l’actualité musicale. Mais que ce soit via The Daredevil Christopher Wright, Juniper Tar ou Volcano Choir, les mélodies d’Eau Claire sont toutes, de près ou de loin, mises en bouteille par Justin Vernon. De toute évidence, le leader de Bon Iver défend sa scène locale avec le cœur et une âme de défricheur. Son nom est aujourd’hui associé au CV de Josh Scott, cerveau instable du projet Aero Flynn. Musicien chevronné, l’homme a étudié à l’université avec Vernon avant de tout claquer pour surmonter les affres de la dépression. Le mec a ainsi broyé du noir pendant dix ans... Il entrevoit aujourd’hui la lumière grâce au briquet tendu par l’ami Justin. Premier album aux ramifications cathartiques, ‘Aero Flynn’ déballe sa mélancolie dans des chansons criblées de spasmes électro, d’échardes électriques et de piano. Soignée à l’hélium, la voix de velours de Josh Scott flâne aux abords de la propriété de Thom Yorke, non loin de la maison d’Alt-J et de la bicoque de Sigur Rós. Aventure éthérée et ultra sensible, cette livraison d’Aero Flynn marque la fin d’une longue convalescence et le début d’une nouvelle vie. Qu’on lui souhaite belle et prospère. Ce ne serait pas volé. (na)
Afterpartees ‘Glitter Lizard’ Excelsior Recordings/V2
Sur la seule base d’un single ultra catchy, ce quintet hollandais s’est bâti une jolie réputation qui lui a valu de se produire dans différents festivals bataves où son énergie juvénile a fait un malheur. ‘Glitter Lizard’ était donc attendu avec beaucoup d’impatience et on ne peut nier qu’il répond aux attentes. Dès les premières notes, on est frappé par la fraîcheur et l’évidence d’un album qui ne manque ni de tubes en puissance, ni d’humour second degré. Admirablement interprétés par le chanteur Nick Nellen dont le timbre de voix rappelle celui de Feargal Sharkey des Undertones, les douze titres sont autant de bombes power pop immédiates, à la fois teigneuses, car marquées par un esprit punk et en même temps assez glam dans leur frivolité exubérante. Résolument fun, ‘Glitter Lizard’ comporte son lot de perles imparables (‘Gucci ballad’, ‘Loverboy loco’, ‘First/last’, ‘Red bull’) et met en orbite un groupe dont on devrait pas mal entendre parler au cours des prochains mois. (pf)
Algiers ‘Algiers’ Matador Records/Beggars
Où il y a de l’anxiogène, il n’y a pas de plaisir, c’est bien connu. Saluons donc d’emblée la témérité couillue qu’il faut aujourd’hui pour proposer de la musique aussi engagée que résistante aux anxiolytiques. Car si l’engagement politique et le maniement de la peur n’ont jamais fait de mauvais disques, ils n’ont jamais constitué un matériau de choix pour construire une œuvre.
Best Friends
Alif
‘Aero Flynn’
‘Hot Reckless Totally Insane’
’Aynama-Rtama’
Fat Cat Records
Nawa Recordings
Fat Cat serait un peu comme ton meilleur pote. Un mec en or qui te décevra rarement, mais ne suscitera pas ton étonnement à tous les coups. Les meilleurs amis qui nous occupent viennent de Sheffield et cadrent parfaitement avec l’esthétique (souvent) garage et british chère au label. Ainsi, on posera volontiers ‘Hot Reckless Totally Insane’ sur la cheminée, entre les rejetons de TRAAMS et Mazes. Belle collec’, mec ! Ce n’est pas pour autant qu’on le posera sur notre platine pendant le breakfast journalier. Beau bulletin ou pas, il restera tristement le faire-valoir de ses deux acolytes. Parce qu’il ne dégage pas une loose aussi charmante. Peutêtre qu’il force la désinvolture. Mais on ne niera pas que les Best Friends ont des chansons. L’incandescent ‘Baba Vanga’, l’insouciant ‘Cold Shapes’. Et puis leur son déboîte, y a pas à dire. Leur reste plus qu’à boire (encore) des bières et se prendre une demi-douzaine de râteaux. Ça fait mal aux dents sur le moment, mais ça revigore les tripes. Et avec un peu de chance, leurs Best Friends seront toujours présents. (am)
Prenez cinq musiciens exemplaires du monde arabe, ils se sont rencontrés en 2012, promenez les entre Beyrouth et Le Caire, voici leur premier effort collectif sur disque. Intitulé Alif, du nom de la première lettre de l’alphabet de Tahar Ben Jelloun, leur projet est une réelle pépite entre instruments traditionnels et appareillage moderne. A la tête de l’équipage, on trouve le Palestinien exilé en Egypte Tamer Abu Ghazaleh, dont le chant sensible et inspiré est aussi à l’aise dans les morceaux endedans (le splendide ‘Al-Juththa’) que dans les airs plus expressifs (‘Dars Min Kama Sutra’). Ses comparses, qu’ils tiennent un oud (l’Irakien Khyam Allami), une basse (le Libanais Bashar Farran), un clavier (l’Egyptien Maurice Louca) ou des percussions (le Libanais Khaled Yassine), mettent chacun un formidable grain de sel qui, sans le moindre cabotinage, participe à l’élévation du débat. Tantôt, on songe à la profondeur d’âme d’une Sœur Marie Keyrouz, ailleurs on retrouve des échos pratiquement blues qui évoque l’incontournable Group Doueh. Dans tous les cas, le niveau céleste des interprétations laisse espérer que ce moment de grâce connaîtra un jour un second épisode. (fv)
Ce premier album du combo américano-britannique s’attache avec une certaine flamboyance à démontrer le contraire. Algiers, c’est l’urgence post-punk transmutée en énergie soul. Ou l’inverse. La ferveur gospel terrorisée par la violence urbaine et industrielle. Une urgence et une ferveur incarnées par Franklin James Fisher, leader charismatique aux airs de télévangéliste. Dans sa position du missionnaire venu sur terre pour délivrer ses fidèles du Mal, il scande ou chante ses psaumes comme si l’Apocalypse était pour demain. Comme inspiré et aspiré par l’ouragan de drames, d’informations, d’images, d’humeurs, de tweets que le monde lui balance à la figure. Requiem (‘Games’), louanges (‘Black Eunuch’), communion solennelle (‘Blood’ impressionnant de spiritualité), exorcisme (‘Irony. Utility. Pretext’), toute cette liturgie est autant un very bad trip spirituel qu’une plongée en apnée dans des abysses glauques et irréels. Imposant la loi martiale à ses machines et ses rythmiques, Algiers compense avec un peu de chaleur organique (riffs de guitares déchirants, pianos lacrymogènes) pour provoquer le chaud-froid et susciter le frisson. La formule ne fonctionne pas à tous les coups mais elle se révèle régulièrement fascinante de maîtrise et de puissance. (gle)
presque un tube). Grand album d’easy-listening. (lg)
Daymé Arocena
Rayland Baxter
‘Nueva Era’
Lee Bannon ‘Pattern Of Excel’ Ninja Tune
Vas-et-viens. De l’auteur. De l’auditeur. Échanges insolubles. Esquisses musicales offertes au vent, multiples croquis dont les techniques ont autant, si pas plus, d’importance que le sujet. Des ambiances, parfois un instrument, soudain des drones, électro-acoustique cher à Eno. Où commence le fond, où finit la forme ? L’album lui-même est une énigme : qu’a voulu dire ou faire cet ancien producteur de sons hip-hop avec cette collection de vignettes instrumentales orphelines ? Leur ordre a-t-il un sens ? On perd le fil, au gré des humeurs, on s’y raccroche, sans trop savoir combien de morceau on a laissé passé, comme ces journées où l’on joue à cache-cache avec les heures. L’exercice agace, tant pis, reprenons-le demain où, soudain, il fascine. D’une stase à l’autre, ‘Pattern Of Excel’ happe ou libère, mais jamais il n’imprime sa marque. Épiphénomène, il titille les sens à chaque fois comme une première écoute, il mouille la peau, puis s’évapore. A ranger parmi les microclimats, en cas de forte chaleur. (ab)
‘Imaginary Man’
Havana Cultura
ATO Records
Le faiseur de rhum bof bof Havana Club continue à promouvoir la culture cubaine (au sens large : cinéma, littérature, arts visuels et tout type de musique, du hip hop de Obsesión à l’électronique de National Electrónica) et on s’en réjouit. Même quand il ne se passe pratiquement rien. Comme avec la dernière en date à bénéficier du coup de pouce de la compagnie, une petite protégée de Gilles Peterson – mais comment en seraitil autrement, c’est lui le responsable musique de Havana Cultura ? Mais servi avec le cliché du daïquiri et terminé au gros cigare, ‘Nueva Era’ fait le job. C’est un très joli disque pour patienter dans une salle d’attente ou simplement attendre que la nuit se rafraîchisse pour rentrer au salon, hésiter un peu, puis décider d’aller se pieuter. On n’est jamais très loin de l’ennui avec Daymé Arocena, malgré sa belle grosse voix méga profonde. Mais un bel ennui. A la Benjamin Clementine. Avec contrebasse et piano omniprésents, plus quelques bongos et congas pour rappeler que ce soul jazz est des îles et pas des États-Unis, qu’il a la fièvre en lui (‘Don’t Unplug My Body’,
Encore un fanfaron chasseur d’ours à moustache du Tennessee, elle me dit. Encore un pêcheur de jours fériés qui veut capturer l’autoroute libre au lasso, un lascar au menton charbonneux, chagrin des mines, qui préférerait contempler les noix dégringoler au pied du vieux caryer de Townes Van Zandt qu’avoir à endosser son fardeau une heure de plus. Et elle fait la moue, juste comme ça. Encore un qui sait qu’on peut célébrer le bout de la piste autrement qu’en minor key, je lui rétorque. Qui fait rouler dés et aubaines devant son âme sœur aux ‘Yellow Eyes’ pour mieux lui comprimer le myocarde. Un de ceux qui, comme le rhapsode Emmett Tinley, apaisent du bout des phalanges les meurtrissures bleues des ‘Rugged Lovers’. Jeune sève, ‘Young Man’ à tue-tête, mais racines anciennes. Il a voulu faire tien le diamant que sa grand-mère lui avait confié avant de mourir, et toi, « Sweet Miranda », tu hésites sur la façon qu’il a de t’enlacer ? Tu crains encore, ‘Lady of the Desert’, de ne jamais rien voir fleurir entre vos mains jointes? « I hope to see you in the morning, once again…». (alr)
Eve Beuvens ’Heptatomic’ Igloo Records
Rendez-vous en Gaume. En 2013. A un festival de jazz. Invitée à la carte blanche: Eve Beuvens. Elle s’entoure pour l’occasion de six musiciens entre jeunes pousses et talents confirmés, ils ne sont nullement bégueules, le présent premier album en est la (très) jolie preuve. A l’évidence, si le piano de la jazzwoman belge joue un rôle central dans l’aventure, notamment grâce à l’incroyable rondeur de ses notes, à tomber par terre, il ne mange heureusement pas toute la place. On peut certes discuter certains choix d’interprétation, notamment quand la guitare de Benjamin Sauzereau tient l’un ou l’autre solo trop sage à notre goût, ou que la trompette de Laurent Blondiau se la joue parfois trop Cotton Club (alors que sur ‘Les Roses de Saadi’, il est totalement bluffant de beauté), la météo est globalement au beau fixe sur les onze titres de ce très bien nommé ‘Heptatomic’. Œuvre d’une vraie équipe à l’énergie contagieuse quand tout le monde est dans le coup (ah ‘La Lettre du Scribe à la Joconde’, fameuse), notamment quand les saxos de Grégoire Tirtiaux et Sylvain Debaisieux se lancent dans un rodéo effréné, soutenu par le jeu dynamique de Manolo Cabras à la basse et de Lionel Beuvens (le frangin?) à la batterie, l’objet envoie un tonique coup de pied dans la fourmilière, tout en restant dans les limites d’un jazz anobli et conquérant. (fv)
Bilal ‘In Another Life’ BBE
Au vu du succès rencontré par ses coreligionnaires de la nu-soul que sont D’Angelo, Erykah Badu, Maxwell ou autres Common, Bilal semble avoir manqué le bon train. Mais ce déficit de notoriété et de cash, s’il le prive encore de piscines rutilantes ou de résidences secondaires, n’entame évidemment pas son crédit artistique. Que du contraire tant le natif de Philadelphie, plutôt que de tapisser les afters, continue à incarner une référence à l’esthétique incontestée. Un statut iconique renforcé par ses récents
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24/09 ROCKERILL : MUGWUMP + FABRICE LIG + DJ GEOFFROY + LOMEPAL + GLÜ* + GLOBUL+ BARAKO BAHAMAS REFLEKTOR : LITTLE X MONKEYS* 25/09 REFLEKTOR : MR MAGNETIK (LIVE) + THE LIZZIES MAGASIN 4 : THOT + DAGGERS* + ROCKUS POKUS + KRAKENIZER + GRRZZZ (FR) L’ENTREPÔT : ELVIS BLACK STARS + THYSELF* + GANGBANG IN HONGKONG 26/09 SALON : FUGU MANGO + KONOBA* FERME DU BIÉREAU : BENJAMIN SCHOOS + DALTON TELEGRAMME* ATELIER ROCK : LES R’TARDATAIRES + TYPH BARROW* ATELIER 210 : ROBBING MILLIONS + ALASKA GOLD RUSH* + LA JUNGLE BELVÉDÈRE : ELVIS BLACK STARS + BEAUTIFULL BADNESS* + DJ STEFKE VAN NAMEN * ARTISTES/GROUPES COUP DE COEUR PROPULSE
16 NOVEMBRE
ANCIENNE BELGIQUE • BRUXELLES
5 NOVEMBRE
DE ROMA • ANVERS
14 OCTOBRE TRIX • ANVERS
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INFOS & TICKETS 22 SEPTEMBRE REFLEKTOR • LIÈGE 23 SEPTEMBRE VK* • BRUXELLES 24 SEPTEMBRE CACTUS CLUB • BRUGES
28 OCTOBRE
DE ROMA • ANVERS
GREENHOUSETALENT.BE /Greenhousetalentbelgium
@GREENHOUSE_TLNT
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Earteam
échanges de civilités discographiques avec Kendrick Lamar (qui place ici quelques rimes à la dérobade sur ‘Money Over Love’). Catharsis, réinvention ou réincarnation, ‘In Another Life’ sonne peut-être comme son projet le plus homogène, tant au niveau de la musique que des lyrics. Sans être un concept-album, l’éclectisme parfois affolant fait place à un vrai disque de soul aux subtiles mais puissantes saveurs vintage. Une patine et un vernis qui doivent sans doute beaucoup à la production épurée d’Adrian Younge, artisan du son qui lustre patiemment la matière première expérimentale de son concepteur. Véritable oxymoron, cette nu-soul analogique s’avère pourtant diablement longue en bouche. Entre l’inaugural ‘Sirens II’, lugubre et nonchalant, et les vocalises « Princière » de la seconde partie du disque, Bilal enchaîne escapades psychédéliques, beats acrobatiques et ballades lunatiques pour un ego trip qui parle autant à l’âme qu’aux tripes. (gle)
Blank Realm ‘Illegals In Heaven’ Fire Records/Konkurrent
Émissaire de la scène australienne, Blank Realm promène ses guitares sur la ligne du temps, revisitant à sa manière l’histoire du punk, du rock psychédélique, du blues, du college rock et de la pop alternative. Sur la lancée d’une brèche ouverte en 2012 sur le continent européen (avec l’album ‘Go Easy’), le quatuor enfile neuf nouvelles perles sur son collier en or massif. Enregistré en une nuit dans un studio de Brisbane, le nouveau ‘Illegals In Heaven’ canalise le chaos énergétique de l’instant dans des morceaux qui n’auraient pas dépareillé au casting du précédent ‘Grassed Inn’. On retrouve ici tout ce qui nous avait déjà enchanté par le passé : des guitares cristallines, speedées et revanchardes, un banc de synthés tourbillonnant dans une tempête électrique et quelques mélodies appuyées par des refrains machiavéliques. La musique de Blank Realm renvoie l’oreille aux productions de Yo La Tengo, The Feelies, Sonic Youth, The Church, Deerhunter, The Smiths ou Television : un spectre copieux et démesuré à apprécier à l’aune d’une seule entité. Un trésor caché. (na)
Peter Brötzmann ’Münster Bern’ Cubus Records
Immense nom de la scène free jazz, où son saxophone ne cesse de faire des ravages depuis près de 50 ans, Peter Brötzmann conserve à l’approche des trois quarts de siècle une verdure radicale des plus jouissives. Enregistré live, les germanophiles l’auront deviné, à la cathédrale de Berne, le musicien allemand explose, une fois de plus, toutes les possibilités de son instrument. D’entrée, il pose le débat avec des échos arabisants superbes et inattendus, quelques minutes durant ils dressent un canevas qui, progressivement, vire du côté plus habituel du free jazz. A nombre d’occasions, on reste bluffé par la capacité du papa de Casper Brötzmann à transformer son cuivre en morceau de tempête. Aidé par l’acoustique du lieu, en particulier une réverbération qui lui donne encore davantage d’ampleur, l’ex-assistant de Nam June Paik déploie tous les registres, passant en quelques secondes d’une caresse veloutée à un orage suraigu. Certains jugeront la démonstration un tantinet ostentatoire, ils seront passés à côté d’un exercice en toute liberté, d’où la musique ressort grande gagnante. (fv)
C Duncan ‘Architect‘ FatCat Records
N’y allons pas par quatre chemins : l’écossais Christopher Duncan réalise un coup de maître avec son premier essai, petit trésor calédonien, sensible et alambiqué qui l’impose d’emblée parmi les songwriters à marquer à la culotte. Travailler la matière sonore en profondeur, en polir les détails (artwork compris), laisser infuser les influences sans ignorer ses contemporains (Fleet Foxes, Grizzly Bear), se concentrer sur le songwriting. C’est un chemin plus escarpé que spectaculaire que cet enfant prodige d’à peine 26 ans a choisi d’emprunter. Diplômé du conservatoire royal d’Ecosse, il invente seul dans sa chambre des néologismes de dream-pop-folk psychédélique. Entre nappes de synthé vintage et langoureuses, ritournelles de cordes ou guitares à l’électricité sombre, l’écriture et les arrangements y rivalisent de prouesses souples et magiques. Tour à tour cérébrales ou attrape-cœurs, oniriques et aériennes, légèrement amidonnées ou toutes en rondeurs, les compositions parfois baroques ne pêchent jamais par excès de complexité. Sa dextérité à saucissonner les genres en taillant des tranches aussi fines que du papier à cigarettes permet en effet à C Duncan d’esquisser des paysages sonores riches et multicolores à partir d’un simple motif progressivement décliné en couches successives. Qui se superposent jusqu’à provoquer la béatitude, l’extase ou l’exaltation. Conduisant ses mélodies d’une voix douce et un peu passée, C Duncan dessine sans en avoir l’air (et l’ambition ?) de nouveaux horizons labyrinthiques à la pop moderne. Il est donc vivement conseillé de se perdre dans ce labyrinthe déserté par les stéréotypes. ‘He Believes In Miracles’ ? Nous aussi ! (gle)
Ceremony ‘The L-Shaped Man’ Matador Records/Beggars
Après des débuts dans un registre plutôt punk hardcore, Ceremony tente depuis quelques albums de se faire une place au sein de la très rémunératrice Nouvelle Internationale des Petits Corbeaux. Avec un patronyme qui fait des appels de phares pas finauds-finauds à qui vous savez, il ne leur était pourtant pas nécessaire de solliciter une carte de membre. Dès les premiers titres de ce quatrième album, la formation américaine en refait pourtant des caisses. Et se réapproprie sans vergogne les recettes les plus éprouvées d’une new-wave ridée au maniérisme poisseux. ‘Bleeder’ et ‘The Party’, par exemple, sont certes des morceaux intéressants, mais ils sont gangrénés par des fantômes bien trop collants, à commencer par celui de Joy Division précisément. La récente rupture vécue par le frontman Ross Farrar n’excuse même pas ces chansons cafardeuses et apathiques, plus mièvres encore que les fadasses dernières productions d’Interpol ou des Editors. Mais là où, chez ces derniers, se cache derrière la froideur incantatoire une réelle force mélodique, Ceremony pêche par une palette très réduite (deux, trois nuances de grey) limitant les modulations et les effets de manche. Malgré de réels talents d’imitation, l’affaire se serait probablement mieux déroulée avec de vraies bonnes chansons en lieu et place des onze pastiches qui encombrent ce disque. (gle)
Dam-Funk ‘Invite The Light’ Stones Throw/V2
Apôtre de George Clinton, fan de Bootsy Collins, Dam-Funk est un passionné. Un vrai de vrai. Dans le milieu, ses connaissances en la matière lui rapportent gros : un DJ-set parci, un pétard par-là, un album avec Snoop Dogg (‘7 Days of Funk’) et un abonnement à vie chez Stones Throw. Six ans après son premier essai, l’homme revient avec tous les bons sons chipés dans sa discothèque de collectionneur éclairé : du funk comme on n’en fait plus. Que de la bonne came. Sûr de son coup, Dam-Funk convie tous ses potes à se glisser dans les crédits de ‘Invite The Light’. Dans les coulisses de ce nouvel album, on croise ainsi la basse de Flea (‘Floating On
Air’), les semelles compensées d’Ariel Pink (‘Acting’), la vista de Q-Tip (‘I’m Just Tryina’ Survive (In The Big City)’) ou les pacsons de Snoopy (‘Just Ease Your Mind From All Negativity’). Exercice de style hyper référencé, l’affaire prend souvent des allures d’offrande aux vieux totems défoncés du funk. Comme si tout était figé à jamais. C’était peut-être mieux avant, mais quand même… (na)
Deaf Wish ‘Pain’ Sub Pop
‘Lets’ not make anything that’s going to last’, déclarait à ses débuts Deaf Wish en guise de manifeste nihiliste, du genre ‘on fait un EP et puis on splitte’. Typiquement punk au niveau de la philosophie et de la démarche, ce combo australien est depuis lors revenu sur sa décision et on ne l’en remerciera jamais assez. ‘Pain’ est un condensé de ce que tout le rock non commercial peut offrir de puissant. ‘The whip’, la plage d’ouverture, est un mantra divinatoire psyché, un peu comme si Iggy Pop était le frontman des Black Angels. Juste après, Deaf Wish balance deux brûlots hardcore bruts (‘Newness again’ et ‘They know’), offrant un bel aperçu de cette tension constante entre mélodie et chaos qui caractérise l’album. Que ce soit avec le punk abrasif de ‘Eyes closed’ et de ‘Pain’, le très Sonic Youth ‘Sex witch’, le psyché déviant et tellurique de ‘Dead air’ ou encore la ballade grunge séduisante ‘Sunset’s fool’, l’amateur de sonorités alternatives saura trouver son bonheur. Brillant. (pf)
Delta Sleep ‘Twin Galaxies’ Big Scar y Monsters
Pas facile de se prononcer sur Delta Sleep. Les mecs font du math et le revendiquent : pourquoi pas. Pas ce math tirant sur le metal qui nous a bien bourré début 2000 : quelque chose de plus aventureux, un peu festif, parfois emo mais... un peu patchwork. C’est un peu le problème des matheux : experts des formules et des chiffres, ils oublient trop souvent que le monde est parfois constitué de choses simples et belles. 1 + 1 = 2. Beau non ? Moi j’en chiale ! Tout ça pour dire que
‘Twin Galaxies’ regorge de bonnes idées. De mélodies qui font dresser les poils. Parfois y a un mec qui hurle sur des flots de guitares et de rythmes auxquels on comprend rien. Comme sur le final d’’Uncle Ivan’ , qui n’est peut-être pas très raccord avec ce de quoi il découle mais n’en reste pas moins un petit moment de jouissance que les esthètes ne se refuseront pas. Là où ça coince, par contre, c’est quand ça tente de chanter - entendre pas gueuler. On passe une frontière un peu louche qui n’inspire pas que de la confiance. Les cris de guerres semblent loin derrière nous. On déboule dans un bled étrange qui pourrait s’appeler This Town Needs Guns alors qu’on voudrait qu’il porte le nom de La Dispute. (am)
Diane Coffee ‘Everybody’s a Good Dog’ Western Vinyl
Sans le savoir, vous avez déjà entendu Shaun Fleming. Batteur de Foxygen, et son incontournable second essai ‘We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic’, l’homme de New York mène en parallèle une carrière solo sous l’étrange pseudo de Diane Coffee. Hommage à la chanson ‘Mr. Coffee’ du légendaire (lire: inconnu de 99,99% de l’humanité) Nathan Pelkey, mais aussi à Diana Ross, Diane Coffee n’est donc pas une femme, en dépit d’une voix haut perchée qui trompe tout son monde. Musicalement, l’artiste américain puise allègrement dans le grand bain de la nostalgie, fût-elle de très bon goût. D’entrée de jeu, ‘Spring Breathes’ rebondit cinquante ans en arrière, avec ses harmonies vocales à se faire bouffer la planche de surf. Plus loin, c’est carrément Joe Dassin qui nous refait le coup de son ‘Amérique’ en intro cuivrée de ‘Mayflower’, alors que ‘Down With The Current’ nous balade allègrement entre Terry Callier, les Supremes et... Joe Cocker. Évidemment, la référence à Abba ne pouvait manquer, et c’est d’autant plus beau que ça fonctionne, car elle est associée à un rappel vocal de Saint-Etienne (le groupe, pas la ville, banane) en grande forme (‘GovT’). Le tout s’écoute sans le moindre effort, tel un vieil épisode de ‘Happy Days’ remasterisé en 16/9. (fv)
Mario Diaz de Leon ‘The Soul is the Arena’ Denovali/Sonic
Ce disque se déploie comme un triptyque. La première partie avoisine le quart d’heure et met en scène une flûtiste qui tente adroitement de faire évoluer son jeu à travers un entrelacs de traitements électroniques. La seconde, d’une dizaine de minutes, opère sur le même mode mais avec une clarinette basse. En clôture, c’est une longue composition reprenant flûtes, clarinettes, piano, percussions et synthétiseurs qui s’étend sur près de vingt minutes. C’est la plus orchestrée et la plus aboutie des trois pièces. C’est sans doute aussi la plus abordable tant Mario Diaz de Leon n’a pas entendu jouer la carte de l’accessibilité. Ce jeune compositeur, doctorant de l’Université de Columbia, voue une admiration pour les figures contemporaines d’avantgarde du vingtième siècle tels Scelsi, Ligeti ou Xenakis et pour la musique spectrale d’Iancu Dumitrescu et cela transpire tout au long de ce disque. Son premier album a été réalisé sur le label Tzadik de John Zorn tandis qu’il a collaboré avec Nate Young de Wolf Eyes, présentant alors une musique bien plus brute que celle-ci. A l’image du labyrinthe figurant sur la pochette, ce dédale auriculaire n’offre d’issue que dans la sagacité de l’auditeur averti. (et)
Fri 16.10
Sat 12.09
Mon 19.10
Sun 20.09
tuE 20.10
Gramatik
Leon Bridges + Grace
Son Lux
Brand new + Basement Lefto B2B Gilles Peterson (dj-set) + StuFF. + Clap! Clap! + Chassol + Binkbeats
Sleaford Mods + Sissy Spacek + Vortex Campain
WED 21.10
Sat 26.09
the neon Judgement
Daptone Records present
TNJ Farewell Tour - Time capsule concert
Saun & Starr
Sun 27.09
WED 21.10
Fri 02.10
thu 22.10
Sun 04.10
Fri 23.10
Mon 05.10
Sat 24.10
Fri 09.10
Sun 25.10
the Strypes + The Mighty Stef
action Bronson Dez Mona presents ‘Origin’
Squarepusher + Darkstar Vuurwerk
the Me in You
radkey + The Sha-La-Lee’s
the Vaccines
the tallest Man on Earth + Phil Cook
ibeyi
Mon 26.10
the Colorist feat. Emiliana torrini Fri 30.10
tourist LeMC: En Route + Brihang Fri 30.10
the hickey underworld Sat 31.10
Fri 09.10
Low + Chelsea Wolfe
Maribou State
Sun 01.11
Sat 10.10
Autumn Falls
Bear’s Den
Kurt Vile & the Violators + Lower Dens + Waxahatchee
Sun 11.10
the Cat Empire + Pierce Brothers
Sun 01.11
Sun 11.10
Chantal acda ‘The Sparkle In Our Flaws’
Vetiver + Little X Monkeys
Mon 02.11
tuE 13.10
nathaniel rateliff & the night Sweats WED 14.10
Autumn Falls
unknown Mortal orchestra tuE 03.11 Autumn Falls
Beach house
Snarky Puppy
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Sun 06.09
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Earteam
Doomsquad
Ezra Furman
‘Pageantry Suite EP’
‘Perpetual Motion People’
Bella Union
Le single ‘Apocalypso’ donne le ton, tant par son contenu que par son titre. Rythmiques tribales aux arêtes post-punk – ponctuez chk chk chk – voix en retrait, tantôt roboviriles à la Pop Group, tantôt féminodroïdes programmées sur Peaking Lights, Doomsquad est sous influences. Heureusement, celles-ci sont bonnes et correctement digérées. ‘Pagentry Suite’ est la B.O. d’un Club idéal, lieu de perdition autant que refuge, issu des univers conjoints de Walter Hill et de Phillip K. Dick, signée Tom Tom Club & Talking Heads avant remix et parfumée mi-Mojito mi-Kentucky Bourbon. En trois morceaux de transe urbaine et vaudou et deux remix liquides-liquides, Doomsquad tient les promesses semées par d’autres avant eux. (ab)
Drinks
Bella Union
A regarder quelques vidéos clandestines de ses prestations, ça a tout l’air d’être le bazar lors de ses gigs : le mec porte des robes, se maquille et semble foutre le feu au souk comme dans les premiers shows déglingués de Mac DeMarco. A peine plus âgé que le folkdingo canadien, l’Amerloque cinoque balance un, euh sixième (trois premières tentatives sous Ezra & The Harpoons, deux autres en solo chez un label rikiki), disque stupéfiant, tonitruant. Un bric-à-brac sans nom où les références se bousculent pour se tringler les unes les autres : Lou Reed en vadrouille avec Ziggy Stardust, la nonchalance de Pavement, des Libertines, d’Adam Green, les faiseurs de tubes 50’s 60’s à la Leiber & Stoller, la soulographie d’un Baxter Dury. Et si le gaillard pourrait torcher des hits à la Mika, il a rapidement le don de les faire partir en cacahuètes, de les rendre invendables : saxophones qui déraillent, grognements suspects, régurgitations punks, doo-wop qui morfle. Ce disque est d’une classe folle, d’une élégance dégingandée épatante, radieuse. C’est un album pour conjurer la grisaille, enculer l’hiver, profond. Un truc pour se foutre de l’époque, de la crise, des réformes des retraites, de la tax shift. Il y a au minimum cinq énormes tubes sur cette rondelle : ‘Restless Year’, ‘Lousy Connection’, ‘Hauted Head’, ‘Wobbly’ (putain) ou ‘Pot Holes’ (putain, putain). Sur ‘Watch You Go By’, il chante même, paumé : « it’s fine being drunk on the weekend but it’s finer being drunk all week / i feel good i feel bad i don’t know ». Ouais. Santé. Et longue vie ! (lg)
‘Hermits on Holidays’ Heavenly Recordings/Pias
« Quarter to five, feeding time! ». Un grand bol de ‘Cheerio’ aux orgues lysergiques pour tout le monde. Friandises de récréation et trouées dans la barrière, garnements ! À votre santé, circassiens ivres ! Aux boulets brinquebalants que vous éjectez de votre ‘Cannon Mouth’ de bastringue! À ces brimborions bruts que tu bourres dans des terriers de bandicoots borgnes, Cate Lebon, et aux perles de bimbeloterie que tu piques à Satomi Matsuzaki (Deerhoof). Trinque donc à d’autres de tes ritournelles qui rendent maboul, White Fence, fol avoine ! Celui-ci est sur le compte de la maison, siamois hermaphrodite! Qu’importe que toutes les fenêtres de votre maison vendent la mèche, que les ermites en vacances fassent leurs gammes de guingois avec The Raincoats. Qu’importe que la camisole ne soit pas loin pour votre petit chien – est-ce qu’on l’aime vraiment, d’ailleurs, ce clebs, Tim ? Elle n’était pas un peu noise, sa façon de ramener la baballe ? Heureux les fêlés et les furieux qui ne filtrent pas à la moulinette tous leurs sons ! (alr)
Eliogabal ’Mo’ At ypeek Music/BeCoq Records
‘Un Caillou Dans Ta Chaussure’, ‘La Boisson Pas L’Oiseau’, ‘Drague De Pigeon’, rien n’indique dans les titres rigolo du quintet Eliogabal qu’on va voguer sur un océan jazz rock plutôt secoué. Après un premier effort en 2013, époque où il n’était que quatuor, le projet des Lillois s’est enrichi de la saxophoniste Sakina Abdou (alto) et aux côtés de son comparse saxophoniste Maël Bougeard (ténor), ils vous démontent un meuble Ikea en deux temps trois mesures. Sans en faire des caisses dans la démonstration technique, ils remuent le volcan avec passion et engagement. Souvent avec un sens de la furie qui évoquerait l’improbable rencontre entre Ken Vandermark, No-Neck Blues Band et Sonic Youth anno 1981, les gaillards laissent l’impressionnisme au vestiaire et assurent un max. Quelquefois, ça manque d’un brin de cohérence (le milieu de ‘Syndrome Marfan’) et certaines transitions entre la guitare de Paul Ménard et ses comparses sont moyennement bien assurées. Le plus souvent, l’unité de vision du combo nordiste donne une fichtre envie de les découvrir en live, avec une mention spéciale au duo basse (Thomas Coquelet) / batterie (Pierre Pasquis), d’un activisme ex-
pressif à toute épreuve. Mieux qu’une découverte, une révélation. (fv)
Everything Everything ‘Get To Heaven’ Sony/RCA
En confiant la production de son troisième album à Stuart Price (The Killers, Madonna, Pet Shop Boys), la formation emmenée par Jonathan Higgs a clairement affiché ses ambitions esthétiques et commerciales. Bien sûr, il fallait du métier pour tenter de dompter cette pop numérisée qui voit grand, cette profusion d’énergie et d’idées et la transformer en identité sonore maousse taillée pour les stades. A ce niveau, ‘Get To Heaven’ est une formidable et indéniable réussite. Rythmiques musclées mais complexes, riffs magnétiques, mélodies puissantes et refrains accrocheurs décuplent l’ampleur de compositions aussi épiques que kaléidoscopiques et labyrinthiques. C’est tantôt frais, tantôt tropical, toujours efficace et parfaitement bien construit. Mais tout ça fait pourtant rapidement pschitt. La faute précisément à ces baudruches mélodiques dont la puissance ne compense jamais vraiment l’immédiateté. Et à cette frontière par trop poreuse entre lyrisme décomplexé et grandiloquence indigeste. Ne subsisteront donc à l’autopsie que deux ou trois très bons titres (‘Get To Heaven’ et ‘To The Blade’) et beaucoup de regrets tant le contraste est saisissant entre un fond très politique et plutôt couillu et une surface beaucoup trop lisse. (gle)
Family of the Year
kid évaporé un mois plus tôt. La faire lanterner, juste un brin, dans l’espoir d’une ‘Dance’ à l’exotisme atrabilaire et s’attarder jusqu’à ce que la nuit recouvre enfin Martha’s Vineyard de ses privilèges pour faire vaciller la flamme d’un ou deux lampions chinois. (alr)
J Fernandez ‘Many Levels Of Laughter’ Joy ful Noise
On tient peut-être quelque chose, là. D’emblée, J Fernandez titille l’esgourde qui en a vu d’autres, aiguise sa curiosité et la maintient en alerte pendant toute la petite demiheure que dure ce premier album, presque un coup de maître. Fils d’immigrés philippins, le gaillard a grandi en Arkansas avant de bouger à Chicago, cette ville tropicale de grands comiques. Il a dû écouter des tonnes de trucs louches mais on relève tout de même l’une ou l’autre influence plus prégnante. On pense beaucoup au premier effort d’Unknown Mortal Orchestra pour ce minimalisme teigneux, ce sens de la bricole groovy poussé à la rupture. On suppose aussi que ce Fernandez a bouffé les disques de Deerhunter jusqu’à la moelle et en particulier ‘Halcyon Digest’, qu’il n’a rien non plus contre la krautpop façon Electricity In Our Homes (‘Melting Down’) et que son père bouffait au free jazz et à la pop baroque sixties dans les cages à poules de Manille (entendre respectivement ce quasi interlude, ‘Filled With Joy’, teinté d’un saxo pas en top forme et ‘Holy Hesitation’, nappé d’orgues vintage à se damner). Affaire à suivre. (lg)
‘Family of the Year’
Craig Finn
Net t werk/V2
‘Faith In The Future’
« All the boys and all the pretty girls / Summertime, I’m gonna make you mine ». Même si j’avais exposé avec conviction à Mason, mon frère de bac à sable, mon plan d’attaque pour ces trois semaines à rôtir d’août, l’enchantement se réduisait à peu de choses, quand j’y repense: user de toutes mes fossettes face à une ‘Blue Jean Girl’ née à l’arrière d’un pick-up – « You got the smile I wanna see » – l’appâter d’un sundae pour l’encourager à me suivre dans l’arrière-cour d’un de ces cottages au porche avenant et couleurs guillerettes. Cartographier les taches de rousseur sur son dos de pain d’épices noué dans un bikini rouge. Rouler un peu d’herbe et voir ma si mignonne voisine recroquevillerait d’effroi ses minuscules orteils à la mention de mes ‘Dead Poets’ adulés et de ce
Par tisan Records/Pias
Histoire de remettre les choses dans le contexte, Craig Finn est le frontman des Hold Steady, un groupe bien ricain dont les thèmes favoris sont – suspens – la drogue et la religion. Ça n’a pas la profondeur noirâtre d’un Sparklehorse ni d’un Elliott Smith, mais on ne va pas se mentir, ça s’en sort(ait) encore pas mal en comparaison avec l’avalanche de fiente qui a pris pour habitude de s’écouler sur les terres de l’oncle Sam. Alors ce fameux Craig, comme bon nombre de chanteurs torturés, il voulait écrire des chansons tout seul. Avec des thèmes un peu moins pompeux que dans The Hold Steady. Tant mieux. Il cite Raymond Carver dans ses influences rock. Pas mal. Ce que ça donne, c’est des petites vignettes de vie américaine sur des refrains
qu’on a déjà entendus mille fois. La fameuse source intarissable de chansons préfabriquées qu’on appelle vulgairement americana. Les sujets qui nous excitent et nous fâchent : les femmes, les gosses, la musique, la mort. Ces lieux communs aux abîmes multiples, Craig se crève pour les mettre au goût du jour avec esprit. Tant pis si ça fait Elvis Costello meets the banjo. C’est pas notre truc, mais ça pourrait être pire, vraiment. (am)
Fist City ‘Everything Is A Mess’ Transgressive Records
Fist City est un nom de groupe très vulgaire qui risque de choquer le prude lectorat de RifRaf. Leur premier morceau s’appelle ‘Fuck Cops’... Fist + fuck, on ne sait plus où donner de la tête. N’empêche que ce titre, stratégiquement (?) placé sur le starting-block de cette débauche de plages de 2 minutes nous dispenserait presque l’écoute intégrale d’’Everything Is A Mess’. On y retrouve la colère hooliganesque des Japandroids, la folie destructrice de Fugazi et un tas d’autres trucs qui donnent méchamment envie d’aller pisser dans les bégonias de la paroisse locale. Un putain de bon titre, dont aucun autre n’arrive malheureusement à la cheville : on a beau chercher, ‘Hey Little Sister’ se révèle puissant mais trop long (3 minutes, oué), ‘The Smell’ ou ‘Bad Trip’ outrancièrement hargneux mais... un peu convenus. Si on ajoute à cela cinq interludes patachons et un final matraqué jusqu’à la lassitude profonde, on aboutit à un triste constat : c’est un tout petit poing que nous enfourne Fist City, là où on aurait attendu un séminaire de trois semaines à la Fistinière. (am)
Fly Golden Eagle ‘Quartz Bijou’ ATO Records/Pias
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. De l’alchimiste christique de ‘La Montagne Sacrée’ à Antoine Lavoisier, le principe reste actif. L’esprit du rock est de ces matières malléables, soumise à l’oxydation extérieure du temps et des lieux et aux multiples mutations invisibles de ceux qui s’en emparent. Nashville, 2015 : les quatre chevelus nostalgiques de Fly Golden Eagle ont grandi dans un creuset au sacré potentiel de fusion. Ajoutons à cet héritage un orgue Hammond, un sens du fuzz en apesanteur et l’influence avouée du délire susnommé de Jodorowski et déjà se dessine la synthèse possible de tels éléments. Et pourtant. Le rock psychédélique a subi depuis cinquante ans tant de subtiles transformations qu’on en oublie parfois leur capacité récessive. Alors qu’on s’attendait, au vu du pedigree des gaillards, à un trip americana sous LSD (coups de coude occasionnels à Edgar Broughton), c’est surtout à un revival britpop chamarré que l’on assiste, entre Supergrass et Kula Shaker, chœurs à l’appui. ‘Quartz Bijou’ nous rappelle la perméabilité des molécules américaines et anglo-saxonnes dans un tourbillon d’ambiances psyché-blues qui font s’entrechoquer The Bees avec les White Stripes avec toujours ce sens de la composition hérité des nineties lui-même hérité de… Bref, la poule et l’œuf, vous savez ce que la femme de Lavoisier en disait : « L’important, chouke, c’est que l’œuf soit bon. » (ab)
Flying Saucer Attack ‘Instrumentals 2015’ Domino/V2
Quoiqu’il évoque davantage l’idée d’un déploiement collectif imminent, ce nom sert de refuge à un projet devenu profondément inti-
MUSIC
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E.r. · V.u. Paul Dujardin, rue Ravensteinstraat 23, 1000 Brussels — Copyright photo: © Jelle Martens
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Earteam
miste, celui en l’occurrence mené par David Pearce depuis le début des années 90. Il l’est d’autant plus que Pearce est dorénavant seul aux commandes, Rachel Coe semblant s’être dorénavant consacré entièrement à Movietone. Les 15 vignettes qui forment ce disque constituent son premier véritable album depuis… quinze ans. C’est dire si elles ont eu le temps de mûrir. Enregistrées à la maison sur cassette ou sur cdr, elles revendiquent l’économie de moyens avec lesquels elles ont été construites. L’écoute de cet album ne révèle rien d’extraordinaire par rapport au travail antérieur de Pearce. On est ici en terrain connu, celui tracé par des pistes de guitares atmosphériques dénaturées et brouillées. Ce qui sauve le disque du classement vertical, c’est peut-être le fait que le cinéaste Peter Strickland vient d’en utiliser un morceau pour son film ‘The Duke Of Burgundy’, lui conférant ainsi une légitimité de dernière minute. (et)
Nils Frahm ‘Music For The Motion Picture Victoria’ Erased Tapes
Qu’il soit derrière les commandes d’un mastering, de celles d’un mixage ou d’une production, le nom de Nils Frahm est tellement revenu dans nos pages qu’il ne s’embarrasse plus d’une présentation. Véritable touche à tout et touche à tous, il a multiplié les collaborations à un point tel que certains attendent de lui un rôle providentiel telle une sorte de deus ex machina. Musicalement, il n’a pas toujours été constant. Si son album ‘Spaces’ paru fin 2013 révélait le meilleur de ce qu’il peut donner, ses apparitions live laissent parfois à désirer quand il délaisse son piano pour s’adonner à des sets ambiants. Comme son nom l’indique, ce nouveau disque constitue la bande sonore de ‘Victoria’, un film du cinéaste allemand Sébastien Schipper, primé Ours d’argent au dernier Festival international du film de Berlin. Pour Frahm, c’était une première. Enregistrés dans les anciens studios de la radio de la RDA, ces morceaux l’ont été de manière très empirique, Frahm recourant au visionnage du film en direct sur un écran posé entre les instruments. Hormis le titre introductif écrit par Stefan Kozalla (aka Dj Koze) à haute teneur proto-techno, le disque s’avère tout en nuances et en atmosphères délicates sans jamais cependant parvenir à nous faire frémir l’échine. (et)
Frankie & The Heartstrings ‘In Decency’ Wichita/Pias
‘In Decency’ est un disque naze, grosse resucée d’une chiée de trucs des débuts 2000 – vous vous souvenez, porter une veste en cuir, écouter ‘Perdu Cette Nuit’ de BB Brunes en pensant qu’ils sortiraient un bon disque dans la foulée... À la même époque, il y avait quelques groupes aspirants rock de stade un brin en marge. Les Futureheads en faisaient partie. Trop fendards pour être connus, ils s’aventuraient sur les terres d’un rock aux confins du saugrenu (l’énorme reprise du ‘Hounds Of Love’ de Kate Bush) et de l’émotion (le poignant ‘Danger Of The Water’). Aaaah ces belles années 2004-5, nom de Zeus... C’est bel et bien fini. Il ne reste rien de ce délicieux rock british. Juste un Ross Millard (chant – guitare) au bout du scotch, dans un groupe de D3 (ces fameux Frankie & The Heartstrings), tout juste bon à chanter (mal) à la Fête de la Cerise pour le club de seniors de Schaerbeek. Rien à voir avec une reconversion à la Patrick Goots, quoi. On est
Gurun Gurun Ghostface Killah ‘Adrian Younge presents : Twelve Reasons To Die II’ Linear Labs/V2
Joie, bonheur et robustesse. C’est le retour des règlements de compte, des meurtres sanglants et des crimes sordides. Le deuxième volet de ‘Twelve Reasons To Die’ vient célébrer la toute puissance d’une union parfaite. Ghostface Killah et Adrian Younge étaient faits l’un pour l’autre. Le flow en vadrouille sur des histoires d’assassins malsains et de méchants pas beaux, Ghostface remet le couvert deux ans après une première rencontre au sommet. En embuscade, le porte-drapeau du Wu-Tang se réinvente à l’écart du Clan, arpentant les compos érudites de l’ami Adrian Younge, multi-instrumentiste cinéphile et féru des mythes du cinéma Blaxploitation. À l’écoute des treize balles tirées à bout portant dans nos tympans consentants, une question nous traverse l’esprit : Ghostface Killah est-il au sommet de son art ? Pas sûr. Disons plutôt qu’il a misé sur le bon cheval. Adrian Younge se profile en effet comme un des meilleurs arrangeurs de sa génération. Obsédé par les annales des musiques afro-américaines, il enchaîne les grands disques pour les petits oubliés de l’histoire (The Delfonics, Souls of Mischief). Ici, le son claque du début à la fin. Bien scotché, on voit surgir des truands à tous les coins de rue : Raekwon en tueur sur la plupart des titres, Vince Staples en coupe-jarret sur ‘Get The Money’, RZA dans un élégant costume de fossoyeur ou Bilal avec des gants de tortionnaire. Conceptuel, cet album est une pièce à conviction : un résumé du hip-hop old-school. A l’usage des générations à venir. (na)
plutôt dans le cas de figure d’un Jonathan Legear, brillant à Anderlecht pour se vautrer quelques années plus tard dans un obscur club russe. Et défoncer une station-service avec sa Porsche en « pensant qu’il s’agissait d’un drive-in ». Pathétique. (am)
FTSE ‘Joyless’ Luck y Number
Vous connaissez ce genre de connard. Si, si, ce type qu’on vous présente « parce que vous avez les mêmes idées ». Blam. En deux phrases, l’indigence de sa pensée vous pousse à douter de votre propre idéologie. Raccourcis crétins. Colère prêt-à-porter. Rien que la perspective du débat vous fatigue d’avance, obligé d’endosser le rôle de l’adversaire de vos convictions. « Tu sais, ce n’est pas aussi simple que ça… ». Prenez ‘Refujesus’, hymne athée et anticlérical : Sam Manville se la joue analyste de bazar plutôt que pilier de comptoir. Ce qu’il ne comprend pas, c’est que les glaviots furieux du second ont plus de vérité que la pose idiote du premier. FTSE épanche son anticapitalisme adolescent sur fond de hip-hop blanc et downtempo (post-punk disent-ils ; cause toujours répond-on) entre Day One et The Streets mais version 2015, autrement dit du Drake british. Manville invite sa copine sur plusieurs tracks, voudrait se la jouer Die Antwoord (‘Celebrities’) et singe à qui mieux-mieux Clarence Clarity, dont – tiens, tiens – il citait le nom au détour d’un interview qui précède ‘Joyless’ d’un an. Bien moins déviant, jamais frappadingue, perclus d’effets beurk entendus à longueur d’ondes, FTSE passe son temps à se vautrer dans l’uniformisation à outrance qu’il dénonce. Manville se définit comme la voix de ceux qui se sentent prisonnier du système. Pari gagné : sa musique ne parvient jamais à s’évader du miroir aux alouettes. (ab)
Gossamer ‘Automaton’ Innovative Leisure/V2
On n’en a pas fini avec Evan Reiner. Sûr que ce type va faire parler de lui. Jeune musicien de Los Angeles nanti d’un diplôme de la fameuse Berklee School of Music, il n’en est
qu’à ses débuts mais déjà on sent chez lui l’intrépide envie de parcourir le monde et de le conquérir à sa manière. Après avoir traîné au Japon, dans les tunnels de Pasadena ou sous les ponts de LA. pour se faire la main aux field recordings, il a rassemblé et ordonné ses idées pour un véritable enregistrement. ‘Automaton’ est son premier album après un ep éponyme acclamé. Il s’ouvre sur ‘Thoughtform’, un morceau brodé et cousu d’une façon délicate qui n’est pas sans rappeler la démarche d’un Zomby sur ‘Dedication’. ‘Print’ qui lui succède est de la même veine, le chant s’étiole et les percussions finissent par s’amoindrir, exactement comme les guitares le font sur ‘3d Relief’ juste après. Plus loin, ‘Okuma’ rappelle Tortoise tandis que ‘Off world’ dévoile un aspect plus contemplatif de sa musique. En clôture ‘For Sleep’ débute par des bruits de crickets qui s’estompent pour laisser la place à une plage étale d’une grande désolation élégiaque, à la fois économe et convaincante dans son instrumentation. Début hautement prometteur. (et)
Joanna Gruesome ‘Peanut Butter’ Turnstile Records
Cette année, de Speedy Ortiz à SleaterKinney, on aura préféré fraîcher en compagnie de camionneuses que de petits chats fébriles. Et à ce jeu là, sûr qu’au rade du coin, Joanna Gruesome ne manque pas d’arguments pour fermer le clapet de joueurs de flûte aux mains un peu trop baladeuses. Loin du féminisme en carton de Lou Doillon, Joanna change son costume d’effeuilleuse en ceinture de chasteté en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Attention, ça pique : un ‘Peanut Butter’ commence toujours par nous chiner tendrement, suggérant les guimauves gourmandes de Veronica Falls, vous voyez la ‘Foutain’, tout ça ? Là, plus ou moins sûrs que nos récits à la Kerouac feront mouche, on s’approche de la belle pour décrocher un baiser. Manque de bo(u)l(e), le refrain pointe son museau et notre louche soi-disant égarée finit emplafonnée dans notre propre gueule. Pas facile, la souris. Eh ouais les boys ! À moins d’aspirer à une vie d’eunuque, on ne badine pas avec Joanna Gruesome : une virée avec cette diva sur votre Camino flambant neuve pourrait se terminer fâcheusement dans une cave à la flamme bien moyenâgeuse. La panne peut parfois être fatale. (am)
’Kon B’ Home Normal
Quelque part dans le no man’s land entre la Tchéquie et la Japon nous était parvenu en 2010 un disque rêveur et pointilliste, c’était le premier du groupe Gurun Gurun. Chanté entièrement en japonais, il faut dire que les Moskitoo et autres Sawako étaient de la partie, son univers avant pop(tronica) avait fait l’effet d’une micro-bombe dans l’espace spatio-temporel entre Tujiko Noriko et Tangtype, avant que cinq années de silence ne nous mettent sur la fausse piste d’un one shot. Heureuse nouvelle, première du nom, le quatuor tchèque a mis fin à son silence. Jolie surprise (bis), Federsel, Jara Tarkovski & co reprennent le chantier là où ils l’avaient abandonné. Toujours empreinte de cette délicatesse olfactive, elle caresse les oreilles telle une douce plume, la démarche s’accompagne cette fois d’autres chanteuses, sans que le résultat n’en soit chamboulé (les mauvaises langues diront que leurs voix sont interchangeables, mais bon). Et vu que musicalement, l’abstraction electronica reste de mise, avec juste ce qu’il faut de points de repère pour y accrocher, le résultat demeure tout aussi enchanteur, pour autant qu’on ne rêve pas de les reprendre sous la douche. (fv)
Gwenno ‘Y Dydd Olaf’ Heavenly Recordings
Vers 2006, trois gamines de vingt-cinq piges créèrent un mini buzz en jouant la carte nostalgique Ronettes vs Shangri-Las. Elles s’appelaient The Pipettes, n’étaient pas produites par un tueur d’actrices de seconde zone amateur de perruques, et chantaient des trucs pas vraiment dingues en robes à pois. A la réécoute, aujourd’hui, ces ritournelles apparaissent d’ailleurs totalement lessivées du vague charme qu’on avait pu leur trouver à l’époque. Après un deuxième album inaudible, Gwenno Saunders est donc enfin passée à autre chose. Et là, c’est toute l’indie pop moderne interchangeable qui défile : Craft Spells, Blouse, Still Corners, Chairlift. Pour n’en citer que quelques-uns. Et peut-être pas forcément ceux qu’on entend le plus. Mais il y a de très jolies choses sur ‘Y Dydd Olaf’, un album dont la singularité tient aussi à sa langue, celle un peu gutturale du Pays de Galle. De fait, les couinements barbares de ‘Stwff’ et son final folklorique sont assez irrésistibles. Le groove est limite motorik et des titres comme ‘Golau Arall’ ou ‘Fratolish Hiang Perpeshki’ sont taillés pour danser juste à côté de la plaque. Ce qui, au fond, est parfaitement cool. (lg)
Albert Hammond Jr ‘Momentary Masters’ Vagrant Records
Été fatal pour les rockeurs. Après s’être tapé la performance solo d’un Pete Doherty gras-du-bide, sans drogue et sans talent en République Tchèque, la vision d’un Carl Barat décidément seul au monde dans un chapiteau du festival de Dour et, pire du pire, les désormais balourds BRMC se la péter aux Ardentes avec des perfectos et des poses surannées subjuguées par un son de merde, c’est au tour de l’attachiant Albert Hammond Jr de se vautrer dans un album solo qui pose de sérieuses questions sur son affiliation aux Strokes de 2001. ‘Caught By My Shadow’ illustre bien le gros malaise qui entoure ce ‘Momentary Masters’ touche-àtout mais touche-à-rien : ça commence par du riff ciselé ouvertement plagié sur Arctic
Earteam Monkeys, pouf, refrain FM et pont à la Daft Punk : euh, vraiment ? On m’explique ? Le drame éclatant peut-être lorsqu’Albert tente de refaire du Strokes sur ‘Coming To Getcha’, sans la voix de Casablancas et sans les mélodies non plus. Un disque à éviter de toute urgence si l’on veut garder intact le souvenir des guitares suaves d’un ‘Trying Your Luck’. (am)
HeCTA ‘The Diet’ Cit y Slang
Le plaisir de découvrir un disque sans rien en connaître peut être décuplé quand la somme de ses ingrédients paraît improbable. Lorsque le beat house de ‘Till Someone Gets Hurt’ démarre, rien ne nous prépare à l’irruption dans cet environnement aride et électronique d’une voix familière d’un autre temps. Kurt Wagner, bon sang. Lambchop, Nashville, les années nonante au meilleur de leur forme. Projet dance des anciens membres du groupe d’alt-country, HeCTA est une collection de chansons déguisées en tubes sculptés pour le dancefloor ou pour l’after en mode descente (‘Like You’re Worth It’). Véritable déclaration d’amour à l’histoire de la musique électronique, ‘The Diet’ voyage de Detroit à Düsseldorf et brouille les pistes des genres à la manière d’un Nicolas Jaar (‘Prettyghetto’). Cuivres et basses nashviliennes s’invitent dans le mix ici et là, teintent leur disco sombre d’un discret supplément d’âme qui contamine l’album entier : on est bien en présence d’une musique qui fait corps avec ses interprètes, quelque chose qui se serait construit autrement que derrière un écran. ‘We Are Glistening’ enfonce le clou avec douceur et insuffle une chaleur printanière typique de Lambchop. ‘The Diet’ balance ainsi constamment entre gros son club teinté d’americana et ballades matinales baignées d’électronique. C’est là sa principale réussite : conjuguer ces univers sans heurts, avec une fluidité confondante. HeCTA, le goût des choses simples. (ab)
Hidden Orchestra ‘Reorchestrations’ Denovali/Sonic
Le titre l’annonce, il s’agit ici de revisitations, de (re)maniements. Joe Acheson/aka Hidden Orchestra a revu des compositions de ses camarades du label Denovali : Piano Interrupted, Poppy Ackroyd et Floex. Mais aussi celles du quartet tchèque Clarinet Factory, du Russe Georgy Kotunov (aka Long Arm) et de la harpiste folk écossaise Mary Macmaster. Post jazz ouaté bien emballé aux accents trip hop, sa musique devrait plaire aux fans de Gilles Peterson et The Cinematic Orchestra. En addenda et en clôture du disque figure une nouvelle composition attribuée à Hidden Orchestra : ‘The Revival’. En réalité, il s’agit d’un remix d’un morceau du groupe Kinetic Fallacy, originaire de Liverpool et aujourd’hui démantelé, sur lequel Acheson s’est fait la main en live et qui a été en quelque sorte l’acte précurseur à cet exercice. (et)
Hippo Campus ‘Bashful Creatures EP’ Transgressive Records
Derrière ce nom de groupe dégueulasse se cachent quatre djeunes du Minnesota. Leur état d’origine constitue peut-être leur seule originalité : ‘Bashful Creatures’ s’enfonce dans une banalité pop molle du bulbe regorgeant de ces putains de guitares afro insupportablement tricotées par des blancs-becs, lesquelles se voient forcément couronnées - à fleurs - par des ‘oh oh’ qu’on aurait bien oubliés à tout jamais dans le ventre très mou de l’année 2006. Merci Vampire Weekend, merci les Kooks. Au revoir. (am)
Holychild ‘The Shape Of Brad Pop To Come’ Glassnote
Sainte Mère, que ce truc est hideux, insupportable, horripilant. Et prétentieux. On lit ces évidences dans les notes de pochettes : « This world is depressing, capitalism is weird…
Hooton Tennis Club ‘Highest Point in Cliff Town’ Heavenly Recordings/Pias
À la grande époque (tu m’as comprise: circa 1999), les gars de Fence, always ultra, s’entichaient avec une foi rigolarde du ‘Cricket’ anglais comme on mangerait des Carambars. Aujourd’hui à Ellesmere Port, nul besoin que les Hooton Tennis Club s’échinent à porter socquettes blanches et jupes plissées pour faire partie de la bande : ils partagent cet héritage foutraque et adorable qu’on entre autres en commun Pavement, Guided By Voices et nos limbourgeois. Un trésor de pirates en pyjamas fait de morceaux-nuggets, d’observations piquantes d’un quotidien absurde (« Nothing ever happens so I do the crossword ») dont on trompe bien mieux l’ennui soit en noyant son gloom à la piscine, soit à grands coups de rimes gouailleuses et de riffs batailleurs. On ne s’étonnera donc guère de les savoir - ‘Caught By The Fuzz’ – également bleus d’’I Should Coco’, premier album plein gaz de Supergrass. Si ces pompomgirls gueulardes (‘P.O.W.E.R.F.U.L. P.I.E.R.R.E.’), grands arroseurs de sinuosités shoegaze (‘Spokes’)
et collectionneurs de détails insignifiants dans la vie des jeunes filles (‘And Then Camilla Drew Fourteen Dots On Her Knees’) veulent prendre des notes la prochaine fois qu’on s’écorchera les coudes, on ne dit d’ailleurs pas non. (alr)
Iron & Wine and Ben Bridwell ‘Sing Into My Mouth’ Caroline
A une époque, sans se poser la moindre question, on courrait systématiquement se blottir sous la barbe de Sam Beam. Il faisait bon vivre à l’ombre des poils de menton d’Iron & Wine. Tout était chaud et velouté, envoûtant et décontracté. Cet homme rêvait l’héritage américain autrement. Country, folk, blues, soul ou gospel : il trouvait toujours les bons mots pour s’émanciper des traditions. En 2007, on adoptait encore son ‘The Shepherd’s Dog’, persuadé d’accueillir le meilleur ami de l’homme dans notre salon. Et puis, l’attention s’est effritée. Lentement mais sûrement. Du dobro à retour de bras et du lap steel par-dessus les genoux : la musique d’Iron & Wine a commencé à se prendre la tête, flirtant lascivement avec une forme d’ennui mélancolique inventé en Amérique. Un peu dans le creux, Sam Beam repart aujourd’hui à la conquête d’une authenticité perdue en cours de route. Accompagné du leader du groupe Band of Horses, son vieux pote Ben Bridwell, il reprend des mélodies qui lui parle vraiment : des trucs de John Cale (‘Magniola’, ‘You Know More Than I Know’), des trésors cachés (l’incroyable ‘No Way Out of Here’ du groupe country Unicorn), des pépites de sensualité (le ‘God Knows (You Gotta Give To Get)’ d’El Perro del Mar) et autres breloques pacifistes dégotées dans le grenier de Pete Seeger (‘Coyote, My Little Brother’). Excellent épisode transitoire, l’album ‘Sing Into My Mouth’ est une promesse d’avenir : une rampe de lancement pour un nouveau départ. (na)
& the cornerstones (Usa/sénégal)
Meta
Modena city ramblers (I)
18 sept 15
20 oct 15
07 nov 15
Rap
Reggae / Roots
Rock / Folk / Punk
Hindi Zahra (maroc)
Iamx (UK)
KEEP OF KALESSIN & VREID (N)
Disiz (F)
agenda
There are too many times we feel hurt from watching tv, from listening to vapid pop, from reading an insipid magazine […] We’re making a genre of music called Brat Pop. Brat pop is rebellious pop music». Mais ce qu’on retient surtout du livret de ces hérauts, c’est que la fille a de jolies jambes et qu’on boufferait bien le triangle de frites qui lui fait le maillot, juste en-dessous de son piercing ombilical. Parce que le reste des festivités, c’est précisément une pop piquée aux hormones, métallique, trafiquée avec les mêmes programmes que toute cette daube mainstream à la NRJ shit music only, un truc à coincer entre les moins bons moments de Sia et The Do et à oublier fissa. (lg)
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Support: Lou di Franco (I/F)
Support: Vredehammer (N)
Septembre Octobre Novembre
23 sept 15
02 nov 15
11 nov 15
World Music / Jazz / Folk
Ethno Funk / Alternative
Metal
2015
Irie révoltés (D)
Unknown mortal orchestra (Usa)
Fozzy (Usa)
10 oct 15
03 nov 15
21 nov 15
Reggae / Hip-Hop
Alternative / Psychedelic
Rock / Alternative / Metal
www.kulturfabrik.lu
L’association Kulturfabrik bénéficie du soutien financier du Ministère de la Culture du Luxembourg et de la Ville d’Esch-sur-Alzette.
Supports : Nonpoint (USA) + Sumo Cyco (CA)
22
Earteam Membranes
Jaill
Jerusalem In My Heart
‘Brain Cream’ Burger Records
Jaill, c’est typiquement le genre de groupe qu’on rêve de croiser sur les routes d’Amérique, quelque part, dans l’arrière-salle d’un diner. Entre les guitares et le synthé, on soulèverait le goulot d’une Budweiser en digérant un bon burger, en se disant que ce groupe sonne bien mais qu’on n’aurait jamais dû commander ces rings aux oignons avant le concert. De rot en rototo, on songerait à Avi Buffalo en mal dégrossi ou à Harlem en mieux fagoté. Au bout d’un moment, on arrêterait d’y penser. On irait chercher une autre bière. Et la soirée serait super. (na)
Kanaku y El Tigre Quema Quema Quema Strut Records/V2
« Tiger, tiger, burning bright /In the forests of the night /What immortal hand or eye /Could frame thy fearful symmetry? ». T’as beau leur parler de William Blake et d’harmonie gauchedroite sur leurs faciès filous, ces félins hédonistes de Lima n’y comprennent gougoutte, mais question brandons dans la futaie – ‘Quema, Quema, Quema’ en démesulage d’animaux-totems rugissants et ‘Burn Burn Burn’ en fines allumettes qui lévitent – ils s’y entendent pour te mettre la fièvre pendant des heures. Ne perdent guère leur mojo euphorique, et à mi-chemin entre la transe païenne d’Os Mutantes et la coolitude d’un Devendra Banhart en goguette pré-LVMH, embrassent des ‘Pulpos’ toutes ventouses dehors comme s’ils allaient mourir demain. On fera volontiers l’impasse sur quelques instants Tahiti-Douche pour valser collé-serré avec les ‘Bubucelas’, pour la brumisation délicate d’un ‘Hacerte Venir’, pour une ‘Fin’ de drama queens, râle languissant d’agonie compris. (alr)
La Luz ’Weirdo Shrine’ Hardly Ar t
Non content de nous refiler à un rythme effréné des albums qui tiennent chaud à la patate, Ty Segall trouve le temps de jouer le producteur et, comme d’hab’, le gaillard ne s’est déplacé pour rien. Aux manettes de ce ‘Weirdo Shrine’, second album du groupe de Seattle La Luz, Segall laisse libre cours au son des guitares, d’une superbe chaleur surf rock à la fois empreinte de nostalgie, de soleil et d’énergie. A moins d’être totalement allergique aux effets de fuzz, auquel cas ce disque n’est pas fait pour vous, le son mis en place par la chanteuse / guitariste Shana Cleveland et la batteuse / percussionniste Marian Li Pino a tout d’une bénédiction pour oreilles grandes ouvertes. Tout en déployant des mélodies sunshine pop d’une évidence belle et lumineuse, en témoigne l’extraordinaire ‘With Davey’, le duo de la West Coast imagine un monde enchanteur, à tel point qu’on en vient à dessiner un arc-en-ciel embrassant l’univers, depuis les Shadows jusqu’à Electrelane en passant par les Wavves. Et formidablement pop sans être neuneu, totalement cohérent d’un bout à l’autre sans tomber dans la monotonie, leur sanctuaire zarbi donne carrément envie de se prosterner. De joie. (fv)
LA Priest ‘Inji’ Domino
Si vous portez un culte à Late Of The Pier, lapidez-moi sur le champ : selon moi ce nom aurait du disparaître dans les oubliettes avec Clap Your Hands ou Klaxons. Et voilà que Sam Dust
‘Dark Matter/Dark Energy’
‘If He Dies, If If If If If If’
Cherr y Red Records/Dense
Constellation/Konkurrent
Groupe culte de la scène (post) punk, Membranes a influencé des artistes aussi variés que Big Black, Sonic Youth, Mercury Rev et Godflesh. Étant donné que le dernier album du groupe remontait à 1989, on est un peu surpris de les voir revenir sur le devant de la scène avec ‘Dark Matter/Dark Energy’. Conçue comme un album concept traitant de l’univers depuis sa création jusqu’à sa disparition, cette œuvre tire une bonne partie de sa substance des rencontres entre les membres du groupe et le scientifique Joe Incandela. Si la musique proposée est cérébrale et relevée sur le plan des concepts, elle n’en demeure pas moins organique et viscérale au niveau des sonorités, elle qui comporte pas mal d’éruptions typiquement punk, notamment le brillant ‘21st century man’ dont le texte en guise de profession de foi est des plus prenants. Tout au long de cet ambitieux exercice, les Membranes se surpassent sur le plan musical, proposant des rythmiques ultra puissantes qui vous prennent au corps, ce qui les rapproche d’un groupe comme PIL qui savait être agressif tout en maîtrisant le sens du groove. Dans ce registre, ‘Money is duct’ est phénoménal dans sa dimension à la fois tendue et funky. Hypnotique du début à la fin, servi par des compos tellement bonnes qu’on ne se rend pas compte que l’ensemble dure plus d’une heure, ‘Dark Matter/Dark Energy’ voit une formation mythique signer un très beau retour. (pf)
On se souvient, il y a cinq mois à peine, de la Genèse symbiotique concoctée par Suuns et Jerusalem In My Heart. Le québécois d’adoption Radwan Ghazi Moumneh, qu’on a vu passer aussi chez Matana Roberts, nous revient déjà, armé d’un bouzouki face à un nuage de drones sonores s’abattant sur son Beirut natal. Carnet de terrain de ce qui sonne à l’oreille comme une lutte non équitable, ‘If He Dies, If If If If If If’ s’éveille sur un chant mélismatique en quasi capella. Balayant cette quiétude, l’horizon s’encre de la menace aveugle ; ‘A Granular Bouzouk’ voit déferler les machines comme des ponctuations funestes sur fond de ciel bleu. Bravant l’attaque, le bouzouki de Moumneh se dresse dans la tempête. Trève. Une complainte masculine se transforme pas à pas en chant d’espoir à plusieurs sur ‘7ebr El 3oyoun’. Mais la suite sent la fumée, le gasoil et la mort. Le temps que retombent les débris du bruit blanc assourdissant qui ouvre ‘Qali Li Kafa Kafa Kafa Kafa Kafa Kafa’, le bouzouki revient pour pleurer les disparus et jurer vengeance. Si la face B se fait moins sombre, entre autre via le presque pop ‘Lau Ridyou Bil Hijaz ?’, elle n’est pas moins envoûtante. De par sa simplicité, ‘Ah Ya El Sham’ nous jette à genoux : la relation entre la flûte de Dave Gossage, le chant sensible de Moumneh et sa façon subtile d’intervenir sur le mix tutoie la mystique du bout des doigts. Et quand s’éteint le morceau, le silence qui reste vibre d’une rare intensité. Jerusalem in everybody’s heart. (ab)
ressurgit du néant tel le messie, accompagné d’un cortège de superlatifs : « décalé », « différent », « barge »… Dude, seriously ? Bien que d’un tout autre genre, ‘Inji’ souffre des mêmes travers que ‘Fantasy Black Channel’. A commencer par l’opportunisme : après s’être collé au dance-punk en 2008, voici la synthpop en 2015. Quelle surprise. Aux commandes de sa pop narcotique, Sam Dust démontre toujours ce sens de l’arrangement bricolo qui fit son succès et qui lui permet à nouveau de camoufler les faiblesses relatives de ses compositions. Avec succès : pris isolément, les morceaux de ‘Inji’ séduisent à première écoute (impeccable ‘Lorry Park’, le french touch ‘Party Zute/Learning To Love’). Sur le long terme, c’est autre chose. Même le tube ‘Oino’ finit par lasser, une fois que Dust a grillé tous ses effets de fumée. ‘Inji’ est frappé d’une maladie moderne : c’est l’effet ProTools, la composition par les yeux plutôt qu’avec les oreilles. Dust empile les blocs, couvre les espaces, mixe et cut avec dextérité, vérifie que ses pistes renvoient une image harmonique. Il en oublie l’essentiel : l’anima, le souffle de vie, ce petit truc qui peut se glisser dans la mélodie la plus simple et qui se passe de ruse. Il faudra attendre le sensible ‘Mountain’, qui clôture l’album, pour dénicher cette sincérité. (ab)
tières du jazz, de la world (on entend du oud deci delà), de la folk évidemment. Lara Leliane est libre. As a bird. Comme l’air. (lg)
Lara Leliane
‘Church Of Miami’
‘Free’ Homerecords
L’affaire est sortie dans le plus grand anonymat début juin mais c’est probablement parce que ce disque appelle le silence, la poésie un peu gnangnan : ce disque est beau comme une brume matinale sur les Hautes-Fagnes, le lent écoulement d’un ruisseau qui se forme, l’éternuement grave du tétras lyre en parade nuptiale. A vrai dire, sans ses deux morceaux de trop en français, ‘Free’ serait même un de ces albums auquel on accole les trois étoiles. Dieu que c’est beau. Ces cuivres étouffés, ces flûtes, et cette harpe qui revient si souvent comme dans un songe à la Joanna Newsom. Et puis ces murmures d’enfants au loin, ces bruits d’oiseaux, de ‘Joiejos’ comme elle dit avec un accent du nord qu’on devine forcé (piste cinq, grand moment – léché comme un titre de ‘Wool’, ce très précieux album des Nits). Et ce rêve d’une Espagne, d’un Andalousie comme il ne doit plus en exister depuis longtemps (merveilleuse ‘La Prima Vez’). Lara Leliane signe donc un premier manifeste à son image – elle a grandi à Anvers, elle vit dans le Condroz – : aventureux, voyageur, multiculturel, aux fron-
Mammút ‘River’s End’ Bella Union/Pias
« Délivrée, libérée », la Reine des Neiges? Penses-tu ! Telle une Elizabeth Fraser lacustre, telle une huldra vengeresse, elle se ligature au limon, s’hameçonne au delta, s’harnache à l’estuaire comme pour ne jamais revenir d’un tel baptême de berges. Le hic ? Toi le mousse d’eau douce, à ton tour elle t’assaisonne, te salaisonne, te saucissonne, et te voilà empaqueté, compacté, cacheté, direction Reykjavik, pour une fastueuse bombance. Rassure-toi : en l’honneur de ta chair tendre d’harðfisku, mon petit hareng saur, on trinquera cette fois en anglais et en celle de ‘Bakkus’, on n’hésitera pas à marteler à qui mieux mieux quelques tonneaux de bois flottant. Un proverbe – nordique, sans aucun doute – prétend qu’il vaut mieux rester sur ses gardes quand un pachyderme de la montagne accouche de souris téméraires. Tu sauras désormais à quoi t’attendre. (alr)
Dave McCabe & The Ramifications 1965 Records/Pias
Derrière cette pochette très Sébastien Tellier se cache Dave McCabe, (ex-?) chanteur des Zutons. Ça ne vous dit rien ? Et ‘Valerie’ par Ronson et Amy Winehouse, non plus ? Ben l’originale, c’était eux. Même qu’elle était moins bien que la reprise (ce qui est souvent le cas avec Ronson). Le naufrage de son groupe étant plutôt long et chiant, Dave McCabe se fait la malle en solo en « faisant sa propre version d’une soundtrack de Grand Theft Auto ». Avec des influences comme Prince, Depeche Mode ou Human League. Nous, on pense plutôt à Fredy Mercury, Rick James et George Clinton époque Funkadelic. Tous des mecs en falzar trop moulants qu’on ne prendrait pas comme babysitter. Mais soit, Dave McCabe a aussi découvert Moroder. Le dernier Daft Punk (ils sont partout!), peutêtre ? Ces fouilles archéologiques dans les 80’s accouchent d’un étron du plus bel effet. Qu’attendre d’autre d’un album de disco/new wave réalisé par un chanteur brit-pop ? C’est quoi le prochain concept, les Gallagher dans Tribute Album aux Frères Jacques ? Attention Dave, les moules-bites ça rend stérile ! (am)
Flo Morrissey ‘Tomorrow Will Be Beautiful’ Glassnote Records
Au moment d’évoquer ce premier essai de la londonienne Flo Morrissey, il est d’abord difficile de résister à la tentation du name-dropping. Petite sœur de Pocahontas, héritière auto-proclamée de Joni Mitchell, Karen Dalton et de Vashti Bunyan, pendant folk de Lana del Rey, la nouvelle fée de la musique britannique n’a guère que le patronyme en commun avec l’ex-Saint Patron des Smiths. Mais bon sang que cette fille doit être énervante pour la concurrence ! A 20 ans à peine, elle s’offre une collection de chansons (presque) parfaites qui nous entraînent dans un univers hors de toute temporalité. Plus évanescente que frontale, cette sirène de la Tamise délivre des compositions comme autant de songes éveillés, dix perles rares exécutées avec toute la fébrilité, l’affectation et l’émotion des vrais romantiques. Un foutu manifeste puissant, fier et doux duquel émane une tension délicatement dissimulée par des arrangements d’une luxuriance et d’une vénusté insensées. Une volonté d’en revenir à une forme de classicisme formel qui permet d’autant mieux d’apprécier l’essence intemporelle d’une voix et d’une écriture aussi vulnérables et matures l’une que l’autre. Alors certes, ce premier LP se heurte parfois à l’écueil de la facilité (‘Why’), mais l’ingénuité, l’efficacité ou la fragilité achèvent de désarmer toute forme de méfiance. Plus qu’au cerveau ou aux oreilles, c’est aux sens qu’elle confie ses plus belles chansons. On saute dans le piège à pieds joints. Peut-être parce qu’on a plus que jamais envie de se persuader, autant pour elle que pour nous, que ‘Tomorrow Will Be Beautiful’. (gle)
«LES FRUITS DE LA PASSION» CONCERT PROMOTION ASBL PRESENTENT:
VEN 25 SEPT 19H + Firedown (B, metal) Concert Promotion ASBL - Rue Saint-Monon 33 6940 Durbuy - ne pas jeter sur la voie publique svp !
Black Bomb A (FR, metal/hardcore)
La Guerre des Gaules VII Caliban
de SAM + The Black Tartan Clanbe 24 OCT fr fr 12H + Tagada Jones +frThe Arrs + Punish Yourself + Arkangelbe+ Komahbe + Smash Hit Combofr + Lifersbe + Radio 911be
SAM 21 NOV 19H
L’ESCALIER - 14/18€ L’ESCALIER-CAFÉ LIÈGE
CENTRE CULTUREL DE CHÊNÉE - 26/30€ LA GUERRE DES GAULES WWW.CHENEECULTURE.BE LIÈGE
Moonspell (PT, gothic metal) dagoba (FR, indus metal)
ATELIER ROCK - 25/30€ ATELIER ROCK HUY HUY
Mass Hysteria
CENTRE CULTUREL DE CHÊNÉE - 22/26€ WWW.CHENEECULTURE.BE LIÈGE
+ Jaded Star (GR, rock metal)
SAM (FR, metal/rock/electro) 28 NOV + Deepshow (B, stoner metal) 19H + Libertas Gentes (B, groovy hip hop/rock)
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Earteam
Muse ‘Drones’
Sun Kil Moon
Warner Music
Que fait un fan de Muse lorsqu’il n’écoute pas Muse ? Il écume les forums musicaux, entre un doctissimo et une dépêche de la DH, tentant vainement de prêcher la bonne parole, de faire passer une merde pour un pain d’épices, de rétablir en ce bas-monde ce qu’il considère être une justice. Même à l’écoute de ‘Drones’, plus grosse bouse de 2015 ou peutêtre plus, le fan s’époumone à rationaliser le supposé génie de ses chouchous : il invoque sans cynisme aucun Pink Floyd, Rage Against The Machine, Queen mais aussi, encore et toujours, la musique classique, de Chopin à Rachmaminov – la blague tsé ! Ensuite, le fan légèrement soupe-au-lait invoque l’éternelle frustration des journalistes (on baise tous les trente-six du mois, c’est bien connu), leur méconnaissance du dossier, voire de la musique en général... Et pourtant, et pourtant... Pourtant il n’y a pas l’ombre d’une croche sur ce disque qui ne soit pas à gerber, pas un riff à l’étincelle d’originalité, pas un neurone bien placé dans ce concept sci-fi fumeux sur les drones, pas une trace de sens esthétique sur cette pochette qui pourrait bien être leur pire. Muse est devenu tellement vieux, naze et con que le journaliste frustré ne prend même plus de plaisir à taper sur ses têtes de turcs favorites. Place aux jeunes, bordel ! (am)
OHHMS ‘Cold’ Holy Roar/V2
OHHMS est un cas assez à part dans le monde du métal puisqu’il a réussi à passer sur la BBC alors qu’il propose des compositions d’un quart d’heure en moyenne. Le groupe peut toucher un public relativement large dans la mesure où il est éclectique dans la palette déployée, évitant les poncifs du genre. On notera une grande variété et beaucoup de finesse au niveau des structures alternant non seulement effusions brutales et passages plus mélodiques, mais brassant des genres terriblement variés allant du métal pur jus au stoner, sans oublier une once de doom, une touche de psychédélisme et un chouia de classic rock. Des deux plages proposées ici, c’est sans doute ‘The anchor’ qui impressionne le plus avec ses envolées épiques de bon goût et les transitions particulièrement heureuses entres les différents cycles qui la composent. (pf)
Oscar ‘Beautiful Words EP’ Wichita Records/Pias
«You try to forget me but you can’t». Il m’avait empoignée par l’épaule, et, à brûle-pourpoint, m’avait enjoint de le suivre. Faisait de saisissantes enjambées, son corps d’homme-tambour se faufilant avec aisance à travers le bruissement goguenard des venelles entrelardées de Spitalfields Market. Il aurait pu m’abreuver en vifs élans de Poe, ou de Jack The Ripper mais nul besoin de ces artifices : au garde-à-vous d’une ville qui avait déjà vu passer en son sein Moz et une cohorte de baladins ès pop orchestrale mais concassée, il avait emmagasiné dans le thorax toute l’exhalaison de l’East London, celle des docks et des matins renfrognés, celle des beats encrassés qu’on s’efforce de briquer d’une manche de tailleur irréprochable. Il a stoppé net devant un mur jaunâtre qui, en lettrines calligraphiées à la
Universal Themes Rough Trade Records/Konkurrent
On ne vous dira pas son manque d’élégance envers les femmes ni l’humeur mi-facétieuse mi-acerbe dans laquelle il devait baigner quand il écrivit ‘War On Drugs : Suck My Cock’. Mark Kozelek peut s’avérer grumpy soup, si lui et Mark E. Smith étaient sur un bateau, on ne voudrait pas parier sur qui ferait tomber l’autre à l’eau. Mais le leader de Red House Painters a pour lui ce songwriting si singulier, sorte d’appendice en spoken word sans bride ou de flux de pensée in extenso, qui, s’il n’efface pas à nos yeux ses montagnes russes de conduite, nous rend sensiblement enclins à nous aventurer dans les recoins de guitare qui bouclent, et ceux qui apaisent et ceux qui hérissent. D’anecdote en anecdote, de l’observation d’un opossum à l’aube de sa dernière bataille à des jours de tournage étales pour Paolo Sorrentino en Suisse, de ses préférences en matière de séries HBO à des concerts auxquels il assiste sans grand enthousiasme (« went to see a band tonight and they would’nt play my favourite tunes it’s 2012 but I like the ones from 1992 »), Kozelek révolutionne sans grâce couronnée l’idée que l’on se fait généralement d’un morceau et parvient à nous captiver hors-frontières, viscéralement. Comme un hypnotisant exercice de stand-up qui ne prêterait guère à rire, juste à exsuder encore davantage de mots. Comme la vie sans fards d’un être pas si aimable, ‘Et rien d’autre’. Vertigineusement humain. (alr)
chaux blanche, étalait avec évidence « Let’s adore and endure each other ». J’ai acquiescé à son envie de grandir ensemble. À la broussaille new-wave de ses obsessions, à cet avant-goût berçant d’un périple, mélancolie et audace, à venir. À tous les ‘Daffodil Days’ entre chien et loup à affronter, avec sang-froid ou sang d’encre. (alr)
Pet Symmetry ‘Pet Hounds’ Big Scar y Monsters/Ber tus
Formé par plusieurs vétérans de la scène émo, Pet Symmetry ne manque pas d’humour, donnant à son premier album un titre en guise d’hommage aux Beach Boys. Dans ces conditions, le groupe avait bien évidemment intérêt à assurer sur le plan mélodique, sous peine de manquer de crédibilité. Pas d’inquiétude, le disque regorge de compos au quotient pop absolument irrésistible. Parfois émo, souvent power pop et avec parfois quelques riffs plus punk, ‘Pet Hounds’ est d’une efficacité d’autant plus directe que le groupe pratique l’art de la concision en nous offrant 10 compos en moins d’une demi heure. Si Pet Symmetry n’invente rien et si l’auditeur songera à une multitude de groupes - Green Day et Foo Fighters en tête, quiconque est sensible à une bonne tranche de pop bruyante succombera aux refrains de ‘My exhausted month’, ‘Give thanks’ ou encore ‘Spatial ExPerception’. (pf)
Ratatat ‘Magnifique’ Because Music
Cinq ans qu’on était sans nouvelles de Ratatat et moins d’une minute pour qu’on se remette dans le bain. Faites le calcul, c’est du gros ratio. Peut-être parce qu’un ‘Seventeen Years’ vieux de plus de dix ans pourrait se retrouver sur ‘Magnifique’ sans que l’on s’en aperçoive. L’esthétique Ratatat – compression as fuck, grooves épiques et bien sûr ces fameuses guitares que même le Van Halen de ‘Beat It’ n’aurait pas tentées – n’a pas changé d’un iota depuis leurs débuts : en cinq disques, rien de neuf sous leur soleil new-yorkais ; les deux crabes, selon leur propre aveu, privilégiant la recherche d’une écriture cohérente à un changement radical de leur manière de faire. Et à vrai dire, on s’en cogne pas mal qu’ils nous proposent un virage à la Daft Punk ou quoi ou qu’est-ce : ‘Magnifique’ réveille nos bas instincts mainstream et prend d’emblée la forme
longue et belle d’une autoroute du Soleil qui sent bon l’excitation des vacances, les promesses d’un été sans soucis. Outre les imparables séances d’UV que constituent ‘Cream on Chrome’ ou ‘Pricks of Brightness’ sur lesquelles danseraient justement les Daft en Slash, on trouvera même une chouille de poésie : que ce soit grâce aux crécelles d’un grillon sur ‘Rome’, au très Belle-île-en-Mer versaillais ‘I Will Return’ ou au chant du colibri sur ‘Supreme’, on n’a qu’une envie : sortir le Ricard et enfiler un singlet avec pour seule question à l’esprit : où est le swimming pool ? (am)
Alfie Ryner ‘Brain Surgery’ Les Productions du Vendredi
Quintet originaire de Toulouse, Alfie Ryner s’est formé il y a neuf ans suite à une rencontre de musiciens issus de la Music’Halle, l’école des musiques vivantes de Toulouse. Le combo pratique un jazz libre et libéré qu’il qualifie volontiers de ‘trash’ mais le terme est nettement exagéré. Sur une rythmique batterie/contrebasse ronde et costaude se greffent des cuivres (saxe et trombone) ventrus et revendicateurs ainsi qu’une guitare torturée et sinueuse. Quelques passages vocaux surviennent ci et là sous la forme de textes en prose à haute teneur existentielle ou d’extraits d’émissions radio. Cette musique n’est pas sans rappeler ce que faisait X-Legged Sally chez nous il y a vingt ans d’ici. ‘Brain Surgery’ est le troisième album de ce groupe qui, après avoir foulé presque toutes la scène du midi, a récemment tourné en Pologne et en Allemagne et figurera au Match & Fuse festival de Londres en octobre prochain. (et)
Salut C’est Cool ‘Sur Le Thème Des Grandes Découvertes’ Kidding Aside/Universal
Ils ne sont pas les premiers à s’aventurer sur le terrain hautement casse-gueule de l’électrotechno-pop débile, clips ultra crétins à l’avenant. Mais là où tous ces princes carnaval et reines du kitsch se vautrent joyeusement dans l’inintelligible et n’inspirent au mieux qu’un désintérêt profond, au pire une aversion réelle (Yelle, coucou), les quatre Parisiens parviennent à faire sourire et monter le son sur quelques titres méga couillons. ‘Exploration’, beat attardé et texte de déficient mental. ‘Des Formes et Des Couleurs’, pas mieux. Il est question de cercles de différentes couleurs
sur fonds d’autres différentes couleurs et des images scatologiques qu’elles peuvent évoquer, de la pisse dans la neige, ce genre. Ou ‘Techno Toujours Pareil’, « boum boum dans les oreilles », au même niveau con. On se croirait au bal à Remouchamps, vers 1996, quand ça castagnait pour un blouson Scott. Bien sûr, on ne tient que 15 minutes sur 65, mais dans ce monde de protozoaires qui kiffent sa mère Quentin Mosimann ou l’autre macaque de Kid Noize, ça pourrait bien être salutaire. (lg)
Ed Sanders ‘Yiddish Speaking Socialists of the Lower East Side’ Okraïna Records
On ne mentira à personne – on a tous appris au catéchisme que c’est mal : musicalement ce disque ne casse rien. Mais c’est un putain de bel objet conceptuel. La pochette de Gwénola Carrère – qui signe celles de chaque sortie Okraïna – est, comme d’habitude, absolument splendide. Et pourrait véritablement justifier l’achat du truc à elle seule. Quant au contenu sonore, c’est rêche mais il est clairement possible de s’y aventurer : Ed Sanders, homme mythique de l’activisme poétique pop (et fondateur des freak folkeux Fugs fin 1963) récite sur fond de nappes de synthé bricolé par ses soins (un machin qu’il appelle la pulse lyre) un immense texte de 1400 mots (reproduit avec l’objet) sur l’histoire de la militance juive à New-York. L’affaire était sortie une première fois en cassette sur un label dont on n’a jamais entendu parler mais qui doit vouloir dire beaucoup pour lui : Hyperaction P.C.C. Beau, intéressant et perdu d’avance. (lg)
Sangre de Muerdago ‘O Camiño das Mans Valeiras’ SickManGet tingSickRecords/Creative Eclipse
Coquin de sort, ‘O Conxuro’: j’ai essayé de dire « mistletoe », mais ma mâchoire a trépidé, pleines de plumes et de pieds. La fugue par la land/gue : il y a du sang qui colore, non votre dancefloor, mais le Miño, et ce chemin abrupt aux mains vides, cet héritage celte brodé à même vos nuques, transbahuté en poudres secrètes dans vos aumônières et dans la caisse de résonance de vos vieilles à roue. Car de Galice vous délivrez ce chant funeste, mais, ‘Mensaxeiras Do Pasado’, coursiers altiers pour conciles d’orages, vous pourriez aussi bien semer flûtes fourbes et graines du regret sur les champs d’Alan Stivell, ou, en faunes, émietter de la belladone sous le soc d’une vieille charrue. Et finir par vous dissiper, bruissant sombres par-delà les crêtes, jusqu’à l’île de Man où éroder vos voix au contact d’antiques triskèles. (alr)
Sea + Air ‘Evropi’ Glit terhouse
Ayons le sens de la formule : Sea + Air n’est pas cette grande aventure à vingt mille lieues sous les mers, ni cet exaltant tour du monde en ballon. Pourtant l’affaire de manque pas d’envergure, ni de picaresque. Mais finit par ennuyer. Daniel Benjamin et Eleni Zafiriadou se proposent donc de nous raconter l’histoire Zacharo, sa belle-fille et son arrière-petite-fille et de suivre leurs pérégrinations depuis l’Asie Mineure jusqu’à la Grèce, via l’Allemagne (pays du duo). Ils nous expliquent qu’il y a deux manières d’envisager le périple : chronologiquement, via les paroles du livret imprimées dans l’ordre des événements ou bien par la musical way, en découvrant les chansons volontairement agencées différemment. Comme précisé plus haut, ces titres sont très jolis, fantomatiques (superbe ‘We
A HOUSE FOR DANCE, IMAGE AND SOUND
EEN HUIS VOOR DANS, BEELD EN GELUID A HOUSE FOR DANCE, IMAGE AND SOUND — LEUVEN
WWW.STUK.BE
23 — 09
MAURICE LOUCA + NUMEN + REBEL UP! (DJ-SET)
25 — 09
GUILTY PLEASURES : KEVIN IMBRECHTS & NICO KENNES (MORE TBC)
06 — 10
LARAAJI PRESENTS THE PEACE GARDEN (YOGA/DEEP-LISTENING CONCERT)
08 — 10
DEZ MONA + SUPPORT
09 — 10
MIASMAH LABELNIGHT I.S.M. GONZO (CIRCUS): KRENG WITH GARETH DAVIS + JAMES WELBURN + SIMON SCOTT + SVARTE GREINER (DJ-SET)
16 — 10
ALASDAIR ROBERTS + SUPPORT
04 — 11
CHANTAL ACDA + DEADMAN ORCHESTRA
13 & 14 — 11
SLAAPWEL RECORDS LABELNIGHT / DAUWMORNING
09 — 12
FLYING HORSEMAN + SUPPORT
10 — 12
ROOSBEEF + SUPPORT
FOLLOW US
MERCREDI 9 SEPTEMBRE / SOLIDS (CAN) + PROJECTION : MONTREAL UNDERGROUND (CAN) VENDREDI 18 SEPTEMBRE / RENTRÉE GRATUITE THE GLÜCKS (BE) LA PINCE (BE/FR) DJ GOUDA (BE) SPAGGUETTA ORGHASMMOND (BE) VENDREDI 23 OCTOBRE / FESTIVAL LIVRESSE #17 LA SECTE DU FUTUR (FR) NASTY BARTENDER (BE) SAMEDI 24 OCTOBRE / FESTIVAL LIVRESSE #17 NAH (US/BE) PIZZA NOISE MAFIA (BE) BUCHKAN (BE) VENDREDI 30 OCTOBRE’’ STEPHEN O'MALLEY (US) JULIA KENT (CAN) SAMEDI 7 NOVEMBRE / LOUIS AGUILAR (FR) GOÛTER-CONCERT POUR LES KIDS ! VENDREDI 20 NOVEMBRE M.A BEAT! PRÉSENTATION DE FIN DE RÉSIDENCE TÉMÉ TAN + PENNY HITCH VS. MOODYLOW
MUSIC AT STUK
30 RUE DE MARCINELLE 6000 CHARLEROI WWW.VECTEUR.BE
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Earteam
All Have To Leave Someday’, acmé du disque en… intro), cristallins (le beau mélange des voix de ‘Should I Care ?’, teintés d’influences du monde vite refoulées (‘Peace Begins At Home’), finement arrangés (cuivres, cordes de ‘You Are’) mais ne donnent jamais l’impression d’être plus loin que dans la piscine communale à apprendre la brasse dans la petite profondeur. (lg)
Sextile ‘A Thousand Hands’ P+C Felte
On associe volontiers la Californie à une pop radieuse et gorgée de soleil faisant la part belle à l’optimisme et la félicité. On ne retrouve rien de tout cela chez Sextile, quatuor explorant la face obscure de la région, tendance Death Valley. Morose et tendu, cet album convie les fantômes de Dick Dale et des Cramps à guincher sur des délires psychobilly teintés de guitares surf et de sonorités dark, tendance post punk et gothique. C’est brut, inquiétant et plus on avance dans l’album, plus on dérive vers des sonorités déviantes. Tandis que les titres du début comme la plage éponyme et ‘Flesh’ se la jouent tourmenté mais pas trop, ‘Smoke in the eye’ bascule dans la folie furieuse, tout comme la marche lugubre ‘Shattered youth’ , sans oublier ‘Truth and perception’ , une compo complètement frappée évoluant dans un registre indus macabre. A titre indicatif, le titre le plus jouasse de cet album est ‘Into the unknown’, un morceau qui aurait pu trouver sa place sur ‘Pornography’ de Cure. C’est tout dire. Amateurs de doom et de gloom, ruez-vous sur ‘A Thousand Hands’ : vous serez ravis. (pf)
Shamir ‘Ratchet’ XL Recordings
Shamir est un hologramme. Selon que l’on se penche à gauche ou à droite, sa voix androgyne renvoie une image subtilement différente. Son contreténor extra-terrestre perturbe les sens et les genres et hisse sa nu-soul en haut du panier, là où étrangeté rime avec accessibilité. Chaînon manquant entre Mikka et James Blake, le jeunot (19 ans à peine) creuse plus volontiers le sillon langoureux de l’ambiguïté plutôt que la flamboyance rococo de rigueur. Ni bubblegum, ni calcite réfractaire, mais quelque part entre les deux. Magie de la jeunesse, sa candeur transforme une pop tendance house en objet intemporel ; non pas que ‘Ratchet’ soit indatable – que du contraire – mais on peut sans peine s’imaginer l’écouter dans vingt ans avec le même plaisir qu’un ‘Off The Wall’ aujourd’hui. Avec nostalgie sans doute, mais sans ricanements. Car Shamir possède cette grâce que l’on peut oser taxer de jacksonienne – période noire plutôt que grise – sans (trop) rougir : une façon d’habiter tout entier sa musique, de la remplir de ce timbre fort et fragile à la fois, d’imprimer la pop avec ingénuité. De ce grand sourire timide qui semble dire : « Hé, j’ai toujours été là ». (ab)
Singers & Players ‘War Of Words’ On-U Sound Records
D’emblée, ce son. Ces percus creuses et sèches, cet écho métallique, ces proto-beats
Kamasi Washington ‘The Epic’ Brainfeeder/Pias
Épique, l’œuvre est assurément, dans tous les sens du terme. Mis bout à bout les trois cd qui la composent totalisent près de 3 heures pour 17 compositions. Elle a requis un orchestre de 32 musiciens et un chœur de 20 personnes. L’important ne tient pas dans ces chiffres mais dans l’ambition de ce travail de longue haleine mené par Kamasi Washington avec le soutien indéfectible de compagnons de route entièrement acquis à sa quête. Ce fringant trentenaire a roulé sa bosse au sein de la scène jazz de Los Angeles comme saxophoniste ténor mais s’est très vite imposé en tant que bandleader et compositeur doué. Son histoire croise celle de Thundercat, le truculent bassiste du label Brainfeeder et de son frère, le batteur Ronald Bruner, embryon d’une formation qui ne cessera de grandir au fil du temps pour devenir une sorte de grand orchestre protéiforme loué et soutenu aujourd’hui par Flying Lotus. Il s’est donné une mission : décloisonner le jazz et lui rendre ses attributs d’audace. Un jazz aux pourtours fantasmagoriques qui regarde en avant tout en rendant hommage à l’héritage spirituel de Coltrane et Pharoah Sanders. Une démarche qui rappelle celle entreprise par Wadada Leo Smith même si, stylistiquement, une marge sépare ces deux génies du jazz contemporain. Ce disque, soufflant et époustouflant, règne. (et) électroniques, cette basse élastique et cette guitare fugace, en grand écart entre reggae et postpunk. Et ces voix, michantées, mi-assénées, pleines de fumée et de transgression cannibale. ‘War Of Words’ décoiffe. Dénoue les dreads. Sorti en 1981, ce premier disque d’un supergroupe malléable est une pépite terreuse et visionnaire qui préfigure Massive Attack, The Aloof, Dreadzone et Pressure Drop avec dix ans d’avance. Étonnant ? Pas tant que ça, lorsqu’on sait qu’Adrian Sherwood était aux commandes. C’est avec son label On-U Sound à la même période que le producteur légendaire a redéfini le son dub des années à venir, avant d’essaimer sur les autres genres ; c’est ainsi qu’on retrouve la même touche inimitable chez The Pop Group, The Slits, The Fall (‘Slates’), Einsturzende Neubauten, Ministry et PiL, dont on retrouve ici Keith Levene à la guitare. Le résultat est indubitablement un classique, un enchevêtrement de grincements et de décontraction, d’expérimentations sonores et d’hypnose Kingstonienne. Singers & Players était le terrain d’expérimentation de Sherwood, son point de départ, en compagnie de prince Far I et Jah Wooshe. ‘War Of Words’, leur coup d’essai, est déjà un coup de maître. Aussi indispensable que Bob Marley ou Lee Perry, cette réédition a de quoi terrasser également tout amateur de post-punk qui se respecte. Jah War ! (ab)
Slim Twig ‘Thanks for Stickin’ with Twig’ DFA
L’effrayante productivité de certains artistes laisse place au doute sur le temps qu’ils consacrent à leurs disques. Ovni hyperactif de la scène indie rock de Toronto, Max Turnbull, l’homme orchestre qui se cache sous le sobriquet de Slim Twig, n’en a cure. Et ressort un nouveau joker de sa manche quelques mois à peine après la sortie de ‘A Hound At The Hem’, disque-concept qui se plaisait à subvertir les conventions pop. Avec sa musique librement folle, le Twig continue à se moquer du présumé bon goût. On retrouve ici la même façon de poser sa voix traînante et cynique sur une nappe dense de sons. Mais aussi un sens du rythme et de la mise en scène maniaco-psychédéliques qui provoque une tension mélodramatique toujours aussi addictive. Tout reste imprévi-
sible sur ce disque : le canadien ne suit aucun fil conducteur, si ce n’est celui de son esprit foutraque, qui n’a que faire des conventions stylistiques, des signatures rythmiques identiques et des mélodies évidentes. Il n’y a qu’à écouter des titres comme ‘Textiles On Mainstreet’ ou le bien nommé ‘Cannabis’ pour se convaincre de l’esthétique complexe du loustic : art rock 70’s barré, funky déstructurée ou électro hallucinée se goinfrent de cordes furieuses, de riffs en fuzz à gogo, et de claviers antédiluviens pour former l’harmonie chaotique et le joyeux bordel de son champs d’action. De quoi conforter peut-être son statut d’artiste culte à défaut de le voir décrocher la timbale de la notoriété. (gle)
Paul Smith & The intimations ‘Contradictions’ Billingham Records
Chouette, un album solo du leader de Maximo Park à chroniquer ! Le rock anthemique ne me faisant jamais vibrer (à l’exception de Belasco, va savoir pourquoi), je ne me suis jamais penché sur leur cas plus que de raison. D’ailleurs, mon docteur me l’interdit, c’est mauvais pour mon transit. Ça m’apprendra à louper les réunions de rédaction. Donc, voilà la bête : troisième album solo pour Paul Smith, treize chansons pop-rock à la chaîne dans la plus fade des veines british, avec l’inévitable Morrissey en ligne de mire ; un jour faudra que l’ex-Smiths paie son Œdipe, l’ardoise risque d’être lourde. Ici, le résultat est très propre et plutôt intemporel (à l’exception du single ‘Coney Island’, un rien trop rétro). Cela m’évoque du Bryan Ferry et ne capte jamais mon attention, sauf sur ‘Reintroducing The Red Kite’ sans que je puisse dire pourquoi. Je suis d’ailleurs bien incapable d’expliquer si ‘Contradictions’ me laisse de marbre parce qu’il est bon ou mauvais dans son genre. La chose n’a pas l’air trop mal fichue, mais manque cruellement de hooks et repose sans cesse sur le même genre d’accords et de rythmique. Un conseil : si vous êtes fans du bonhomme, faites-vous votre avis vous-même. Je vous laisse, je viens de recevoir mon C4. (ab)
The Spitfires ‘Response’ Catch 22 Records/Pias
A ne pas confondre avec les Spitfires - le meilleur groupe de bal du plateau de Herve entre 1964 et 1984 (ndr, sic, source : La Meuse Verviers) - les Spitfires dont il est
question ici proviennent de la banlieue londonienne et sont à peine sortis de l’adolescence. Après avoir écumé tous les pubs de Watford à Chiswick, ils font aujourd’hui leur coming-out sur la scène britannique avec un premier disque garni de banderilles punk pop et d’hymnes à brailler jusqu’à plus soif. Affichant ouvertement des influences allant des Clash aux Arctic Monkeys en passant par les Specials ou The Jam, le quatuor pourrait incarner pour les quadras et les quinquas un fantasme de boys band casté par Fred Perry. A bonne école donc, mais un peu scolaire. Car ces vauriens à l’assurance insulaire, au chant et aux lyrics pleins de morgue et de fish and chips, semblent encore plus à l’aise avec la musique de leurs influences qu’avec leur propre musique. Teigneux, rapide et parfois érudit, ‘Response’ ne cherche évidemment jamais à briller par ses néologismes musicaux. Mais malgré ses recettes éculées jusqu’à la six cordes et une palette restreinte d’émotions et d’ambiances, il contient son lot de bons titres (‘I’m Holding On’, ‘Disciples’) et de plaisirs régressifs. Avec un songwriter de la trempe de Paul Weller, il y aurait probablement matière à faire une jolie carrière. On leur souhaitera déjà de faire un second album. (gle)
Sweet Baboo ‘The Boombox Ballads’ Moshi Moshi Records
Cinquième album déjà pour Stephen Black, aka Sweet Baboo, un super funny animal débarqué tout droit du Pays de Galle arriéré. Bordel que ses disques sont loufoques : il y avait sur le précédent – un truc où il apparaissait grimé en chat psychédélique sur la pochette – quelques fines envolées pop comme ses compatriotes de Super Furry Animals ont pu en torcher au début des années deux mille. Pas rien. Ici, le gusse évolue vers un truc davantage à la croisée des Beach Boys et de Van Dykes Parks : chœurs foutraques et (dés)arrangements de cordes. Le résultat, souvent, est concluant, des harmonies alla Wilson de ‘Got To Hang Onto You’ aux violons ébouriffés de ‘Two Lucky Magpies’. Souvent, on se souvient aussi de disques mineurs mais importants, soigneusement chéris : ceux d’Avi Buffalo, ceux, surtout, de The Morning Benders. Il y a des morceaux qui creusent des abîmes, s’y engouffrent, en reviennent (l’énorme ‘You Got Me Time Keeping’, pont mélodramatique, retour des cuivres en joie, à se croire dans un album d’Erlend Oye, confortablement bien comme le serait un smiley de statut) ; d’autres écrits pour lui par des filles pas nazes et chantés à cent mille kilomètres au-dessus du sol, comme s’il en était une, de fille (‘I Just Want To Be Good’, par Cate Le Bon, le salaud) ; d’autres encore qui rappellent la pop patraque des géniaux Wave Pictures (‘Tonight You Are A Tiger’). Et la (boombox) ballade qui tue et qui conclut : ‘Over and Out’. Une putain de réussite. (lg)
Tamaryn ’Cranekiss’ Mexican Summer
Alerte, alerte, voici le retour de My Bloody Valentine. Ah non, c’est juste le troisième album de Tamaryn qui s’annonce, après deux premiers essais plutôt réussis en 2010 et 2012. Si d’emblée, le morceau-titre impose un retour à l’expéditeur Kevin Shields, la suite
WAND
puise tout aussi allègrement dans le vivier du passé. Quelque part entre les Sisters of Mercy et Beach House, ‘Hands All Over Me’ tente une synthèse improbable, bien que jolie, entre corbeaux eighties et voûte céleste, tandis que sur le superbe ‘Collection’, la Néo-Zélandaise prouve qu’elle peut varier les registres vocaux avec conviction, elle va des Cocteau Twins à Depeche Mode. Ailleurs, on passera sur quelques titres anecdotiques, ils plairont à tous les orphelins de la mouvance Dead Can Dance, avec de dispensables effets de production gonflés à l’hélium (‘Last’, ‘Keep Calling’). Plus loin, la basse ronronne à merveille sur ‘Softcore’, et le premier qui aura cité Joy Division en influence gagnera un ticket à 200 francs belges pour le Plan K, en prime il se délectera d’effets de guitare plus entendus depuis The Cure en 1987. Les amateurs d’un son vraiment neuf endosseront leurs bottes de sept lieues et iront planter leur walkman ailleurs. (fv)
Teen Daze ‘Morning World’ Paperbag Records/Pias
À force de lire que Teen Daze avait délivré jusque là de la chillwave introvertie pour chambres capitonnées, on s’imaginait que le pauvret devait s’apparenter à un lemming phosphorescent sous cloche. Ça, c’était avant de découvrir que sous son scaphandre ambient d’hippocampe à fines lunettes, il était capable de remixer ‘Let’s Groove’ en secouant tous ses os, même pas de verre. Bien sûr, il ne sera nullement question de funk possédé dans ce ‘Morning World’ aux faisceaux bleus, dans cette ‘Valley of Gardens’ si raffinée qu’on pourrait y voir ondoyer Sufjan Stevens en maillot de corps. Mais sous la céramique d’electronica, « finally a place of endless wonder, finally we can meet the pain behind »: fugaces fissures et tentatives de sortir – avec l’aide de John Vanderslice – d’une zone de confort. Ne pas basculer la tête hors de l’utopie, mais ne plus hésiter à la faire déraper (‘Post Storm’ à la hachure psyché distordue, galop plus marqué d’’Infinity’) : « I want to believe this is forever ». (alr)
Pat Thomas ‘Kwashibu Area Band’ Strut
La pochette est sublime et le gars une légende au Ghana. D’après Tony Allen – qui joue sur ce disque – « Pat Thomas is highlife ». Rien que ça. Reste que sur cet énième album, on le devine en petite forme. C’est parfois le cas avec les icônes et, souvent, on leur passe tout. Parce qu’ils ont été. Ici, on pourrait être piquant et écrire que Youssou N’Dour s’entiche des reliques du Buena Vista Social Club pour s’essayer à un truc un peu funky. Oui, ça groove mais ça groove pépé (‘Odoo Be Ba’, tea time afrobeat). C’est ensoleillé et il y a le saxophone de Ben Abarbanel-Wolff (Ebo Taylor, Poets of Rhythm) mais rien qui décroche vraiment des noix de coco. Pat Thomas was highlife. Aucun mal à ça. (lg)
Ultimate Painting ‘Green Lanes’ Trouble In Mind
Pour certains fans de Mazes et de Veronica Falls, c’est un rêve éveillé : deux blancs-becs de l’indie (un de chaque groupe) s’allient le temps de pondre une dizaine de chansons pop à la coule. Le résultat n’est pas désagréable. Loin de là. Mais les quelques évidences, rares, qui avaient fait le premier opus (le très entêtant ‘Riverside’) semblent à
des années-lumière. ‘Green Lanes’ est très chouette, vraiment très chouette, s’écoute deux ou trois fois sans sourciller, avec ce rictus crétin du gars qui vient de choper le sourire de la jolie étudiante qui encaisse au supermarché du coin. Mais guère au-delà. Où aucun morceau ne sort finalement du lot (exception faite de ‘Woken By Noises’, vers la fin). On a vite fait, du coup, de ranger cette galette avec les autres du même acabit. Comme ce pourtant excellent album de Matt Kivel l’été dernier, ‘Days Of Being Wild’. Ce genre de disques-cigales qui font très joliment cheap cheap et puis s’en vont. (lg)
Guillaume Vierset Harvest Group ’Songwriter’ AZ Productions
Octave de la musique 2015 pour le meilleur album de jazz, c’était à la tête du LG Jazz Collective sur Igloo Records, Guillaume Vierset ne se repose nullement sur ses lauriers. Aujourd’hui à l’affiche sous son vrai patronyme, qu’il complète de Harvest Group (en référence, nous l’imaginons, à Neil Young), le musicien liégeois s’entoure de quatre comparses à la technique irréprochable, bien que très sage et/ou propre sur elle. Des dix titres présentés, sept sont de la plume de Vierset himself, les autres d’un des plus grands songwriters que la pop ait connus. Non, pas l’immense artiste canadien dévoilé en intro, mais bien l’éternel Nick Drake, dont trois titres (‘TimeHas Told Me’, ‘Pink Moon’ et ‘The Past of the Flame’) sont passés au tamis des notes bleues. Hélas, à force de tout jouer de manière uniforme, le quintet wallon lisse terriblement le propos et, en fin de parcours, on se fiche pas mal de savoir que les morceaux sont de Guillaume Vierset, Nick Drake ou Jean-Claude Tartempion. (fv)
Widowspeak ’All Yours’ Captured Tracks
Oui, il est possible de faire de la dream pop qui ne ressemble ni à une pale copie de Beach House ni à une mauvaise décalcomanie de Hope Sandoval / Mazzy Star. Déjà auteurs de deux albums d’une agréable douceur mélancolique, Widowspeak récidive en 2015 et il n’a pas perdu le goût des jolies choses. Toujours adepte d’un ton où le train serpente sans se presser dans des paysages d’avant le divorce, Molly Hamilton et Robert Earl Thomas déclinent nombre de gammes indie pop sans se sourciller de la hype, tout en oubliant - ô belle idée - la bouteille de formol dans le studio où Bob Dylan a enregistré son très mauvais dernier opus. Parfois, hélas, la mélodie manque de points d’accroche, notamment quand le tempo prend ses aises avec la lenteur (‘Dead Love (So Still)’). Par contre, et c’est majoritaire, quand le duo new-yorkais laisse remonter son penchant naturel pour la tristesse heureuse, les chansons se transforment en un bel exercice d’easy listening pour amateurs éclairés. (fv)
20.08 Homeplugged - Bruxelles 17.09 Trix - Anvers 19.09 Leffingeleuren - Leffinge
ZINGER
20.08 Pukkelpop - Kiewit 23.09 Student Kick-Off - Gand
FATHER JOHN MISTY
21.08 Pukkelpop - Kiewit 10.11 Autumn Falls @ AB - Bruxelles
NAIM L E A Y Y IART R O M DED D A NE JEAN Z F MET WOL E H T R& A C S O DISIZ AS V A HA L E N ERS LIAN H T A GF YOUN ICA EP NAM M A YN BIRD LLED CE A C SO IEN ARS OR B
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21.08 Pukkelpop - Kiewit
CHANTAL ACDA
21.08 01.11 02.11 04.11 05.11 08.11 14.11
ZinInZomer - Sint-Truiden Autumn Falls @ AB - Bruxelles Autumn Falls @ Minard - Gand Autumn Falls @ STUK - Leuven Autumn Falls @ CC Hasselt - Hasselt Autumn Falls @ De Studio - Anvers Autumn Falls @ 4AD - Diksmuide
OAKTREE + AVONDLICHT
21.08 Bollekesfeest - Anvers 04.09 Booty Rave Festival - Kasterlee 17.09 CC Hasselt - Hasselt
A/T/O/S
21.08 Pukkelpop - Kiewit 29.08 Habitat Festival - Leuven
MARCO Z
22.08 18.09 24.10 25.11 27.11
Rijmrock - Rijmenam CC De Muze - Heusden-Zolder CC De Meent - Alsemberg OC De Stekke - Moorsele tbc - Hamont-Achel
22.08 30.08 04.09 18.09 04.12
Pukkelpop - Hasselt Maanrock - Mechelen Villa Pace - Sint-Niklaas Leffingeleuren - Leffinge Autumn Falls @ AB - Bruxelles
RAKETKANON
BRIQUEVILLE
04.09 Deep In The Woods - Heer 05.09 Villa Pace - Sint-Niklaas
KUENTA I TAMBU
05.09 Villa Pace - Sint-Niklaas
WOODEN ARMS
06.09 Deep In The Woods - Heer
JUAN WAUTERS
09.09 Botanique - Bruxelles 10.09 Rockerill - Charleroi
DOPE DOD
12.09 Rockerill - Charleroi
RADIAL SEQUENCE
15.09 Café Video - Gand 17.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand
DOPE BODY
17.09 Madame Moustache - Bruxelles 10.10 Live Club - Liège
STEPHEN STEINBRINK
17.09 Villanella - Anvers
TERAKAFT
18.09 Leffingeleuren - Leffinge 27.10 Centre Culturel d’Ottignies - Ottignies
KEVIN MORBY
19.09 Leffingeleuren - Leffinge 20.09 Het Bos - Anvers
GREAT LAKE SWIMMERS
19.09 Leffingeleuren - Leffinge
GIRLPOOL
19.09 Leffingeleuren - Leffinge
MEG BAIRD
19.09 Leffingeleuren - Leffinge
SEKUOIA
03.10 Play Festival - Hasselt
HEALTH
09.10 Bozar Electronic Arts Festival -Bruxelles more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
28
gigs parties
Brussels Summer Festival
Feeërieën
24-28 août, Parc de Bruxelles, Bruxelles
Place des Palais, Mont Des Arts, Magic Mirros, Bruxelles
20/08: Basement Jaxx, The Subs, The Ting Tings, Imelda May; Novastar, Matt Simons, Typh Barrow; Les Déménageurs; Boulevard Des Airs, Joseph d’Anvers, Grand George 21/08: Etienne Daho, Girls In Hawaii, Alice On The Roof, Lemon Straw; Amadou & Mariam, Le People De l’Herbe, Skarbone 14; Les Déménageurs; After electro, MLCD, The Belgians, Gaeten Streel 22/08: Triggerfinger, Flogging Molly, Therapy?, Romano Nervoso; Clinton Fearon, Biga Ranx, One Root; After electro, … 23/08: Archive, AaRON, OMD, Paon; Yelle, Victoria + Jean, Perez bsf.be
Christina Vantzou © Julie Calbert
Soirées spéciales concoctées par l’équipe de l’AB, les Feeërieën continuent de brasser large sur le plan musical ou géographique. Musique classique contemporaine le 24, où Christina Vantzou présentera en avant-première son nouvel opus accompagnée par un orchestre de 17 musiciens. Colleen pincera les cordes de sa viole de gambe et Echo Collective réinterprétera un album de Burzum, légende du black metal norvégien. Le mardi 25, folk contemporain entre Chicago et Flandre zélandaise avec Ryley Walker, Daniel Knox et Broeder Dieleman, considéré comme le pendant néerlandais de Bonnie ‘Prince’ Billie. Mercredi, le label Soundway Records s’empare du parc avec des beats électro venus du Nigéria et d’Angola. Le jeudi, TaxiWars (dernier projet jazz de Tom Barman) et Hamster Axis Of The One-Click Panther livreront un jazz métropolitain. Le vendredi 28 mettra à l’honneur le label berlinois PAN.
Mark Lanegan Band
26 août, Grand Mix, Tourcoing 1er septembre, Den Atelier, Lux Son ‘Phantom Radio’ tient du numéro d’équilibriste electro dark aussi couillu que parfaitement maîtrisé. Lanegan ne s’amuse jamais à antidater les lignes de basse ou à passer ses claviers au carbone 14 ; pas plus qu’il ne se réfugie dans les jupons chaleureux de la nostalgie. Variées dans leurs ambiances, entre arrangements triés sur le volet et mélodies fantomatiques, les chansons ont toutes en commun une forme de gothique flamboyant et de solennité mystique. Qu’importe si le sublime ‘Floor Of The Ocean’ sonne comme du Sisters of Mercy reprenant le ‘New Dawn Fades’ de Joy Division. Tout est ici affaire de classe.
Congés Annulés jusqu’à 28 août Carre Rotondes, Luxembourg, Lux 20/08: Napoleon Gold, Emre Sevindik, Glittersberg 21/08: Ghost Culture, Cleveland 23/08: B-Movie: screening 25/08: Viet Cong 26/08: Sova Stroj 27/08: The Hussy
20 - 22 août
Festivalterrein, Kiewit
20/08: Architects, Baauer, Bad Breeding, Beatsteaks, Bleachers, Boys Noize, Brodinski presents Brava, Cardiknox, Charles Bradley & His Extraordinaires, Chunk! No, Captain Chunk!, Craze, Curtis Harding, Cymbals Eat Guitars, Django Django, Dropkick Murphys, Echosmith, Enter Shikari, Fakear, Flako, Future Islands, Gengahr, George Ezra, The Get Up Kids, Ghost Culture, Hannah Wants, Hudson Mohawke, I Will, I Swear, Interpol, John Coffey, Jurassic 5, ... 21/08: Above & Beyond, Acid Arab DJ set, Adam Beyer, Algiers, All Tvvins, Amenra, Atreyu, Bastille, Billie, Black Box Revelation, Black Sun Empire, Bony King, Christine And The Queens, Chvrches, Coheed And Cambria, Courtney Barnett, Daniel Avery b2b Erol Alkan, Diplo, The Districts, Dorian Concept ft Cid Rim & The Clonious, Duke Dumont, Ellie Goulding, Elliphant, Faisal, Fat White Family, Father John Misty, FFS, Flosstradamus, ... 22/08: Alice On The Roof, Allah-Las, All Time Low, alt-J, A-Trak, Bear’s Den, Beauhause, Benjamin Booker, Brutus, Charli XCX, Condor Gruppe, Critical Soundsystem, Mefjus x Kasra x Enei, Dead Souls, The Dear Hunter, Dez Mona, The Dillinger Escape Plan, Dolomite Minor, Douglas Firs, Dusky, Evil Superstars, Four Tet, Gorgon City, Halestorm, Howling, In Flames, James Blake, Kate Tempest, The Maccabees, ... pukkelpo p.be
20/08:
Paul Kalkbrenner, Etienne Daho, Christine And The Queens, Benjamin Clementine, Mastodon, Fuzz, Gramatik, Shamir, Son Lux, Slaves 21/08: The Chemical Brothers, Ratatat, Jurassic 5, Zeds Dead, Mr Oizo, The Shoes, The Toys Dolls, Dan Deacon, Wand, Lido, A-Vox, Black Industrie 22/08: Limp Bizkit, Selah Sue, John Butler Trio, Jungle, Rone, Drenge, Skepta, Vandal, Brothers, Muddy Jack, Rouge Congo 23/08: Hubert-Félix Thiefaine, Tyler The Creator, Fakear, Kitty, Daisy & Lewis, Amelie McCandless, Sens Unique cabaretvert.com
9e Metal Méan Festival Tradition de fin d’été montois, le City Sonic prend cette année un rôle encore plus important sur la scène belge. Inscrit au programme de Mons 2015, capitale européenne de la culture, l’événement étendra son parcours tout au long de la cité du Doudou. De la Gare (provisoire) au Carré des Arts, de la Grand-Place à la Maison du Design, sans parler d’une foule d’autres lieux, les découvertes sonores et les installations étonnantes jalonneront, comme à leur bonne habitude, les espaces d’écoute. On pointera notamment ‘Les Mécaniques Poétiques’ du collectif EZ3kiel et le parterre de métronomes (!) de Jason Van Gulick, ainsi que la présence d’artistes taïwanais, entre autres projets novateurs dont on ressortira l’esprit encore plus ouvert et curieux. En prime, le parcours est gratuit, comme chaque année.
22 août
Under A Big Tent, Méan
Sodom, Revenge, Grand Magus, Krisiun, Mid-night, Necros Christos, Drowned, Nervosa, (dolch) metalmean.be
La Rockante 22 août
Bucolique Ferrières 28 + 29 août Site du Tchafour, Ferrières 28/08: Mustii, Beffroi, The lizzies, L’Or du commun,
Ulysse
29/08: Nicola Testa, Showstar, Roscoe, Paon, Compuphonic, Dalton Telegramme, Sonnfjord, Alaska Gold-Rush, Fabiola, Fùgù Mango, Nasty Plan, Archibald
Scène Sur Sambre
Pukkelpop
Square Bayard, Charleville Mézières, France
Jason Van Gulick
Collective, Colleen 25/08: Ryley Walker, Daniel Know, Broeder Dielemann 26/08: Soundsway presents Batida, Ibibio Sound Machine 27/08: Taxiwars, Hamster Of The One-Click Panther 28/08: Pan presents Afrikan Sciences, Lee Gamble, Bill Kouligas, M.E.S.H
bucolique.be
rotondes.lu
20 - 23 août
12-27 septembre, Mons
août/sept 12
abconcerts .be
Cabaret Vert
City Sonic
festivals
jusqu’au 23 août
Prairie, Temploux
Silly Snails, Stone Goats, The Synd, Newt, reject, Kawa Dub, Smooth And The Bully Boys, Weerd, Stefke Van Namen temploux.be/ ~rockante
Feeërieën 24 - 28 août Parc Warande, Bruxelles 24/08: Christina Vantsou & The Chamber Players, Echo
28 - 30 août Abbaye d’Aulne, Gozée (Thuin) 28/08: Paon, Recorders, Mud Flow, Sharko,
Triggerfinger, Robin Schulz 29/08: Casanoé, Sarah Carlier, Collectif Métissé, Les Wampas, Bastian Baker 30/08: Mochean, Atomic Spliff, Nicola Testa, Saint André, Keen’v, Soprano 070.be/s cenes urs ambre
Fiesta City Verviers 28 - 30 août centre ville, Verviers 28/08: Gues What?!!, My Little Cheap Dictaphone,
Superlux; Labiur, Romano Nervoso, Les R’Tardataires, ... 29/08: Luis D., The Bluesbones, Thorbjorn Risager & The Black Tornado, Fred & The Healers, Phil Bates & Band, ... 30/08: So Chic, After Night, The Beatbox, Cock Robin, Axelle Red; Bodyguards, O Juliette, Popsima, ... f ies tacity.be
La Fête des Solidarités 29 + 30 août Citadelle, Namur 29/08: Akhenaton, Big Flo & Oli, Dalal Abu Amneh,
Danakil, Hubert Felix Thiefaine, Li-Lo, Magic System, Sinead O’Connor, Youssef 30/08: Cali, Calogero, Chicos y Mendez, Gael Faye, Gonzo, Hindi Zahra, Les Vaches Aztèques, Michel Fugain & Pluribus, Milow, Rodrigo Y Gabriela laf etes des s olidarites .be
Ward’in Rock 4 + 5 sept Site du Festival, Wardin 04/09: 100e Orkestra, Who’s Mister Groove, La Smale, Les
Fatals Picards, Disiz, Soviet Suprem, Salut C’est Cool, Dig It 05/09: The Head, So Grump, Dabacoustic, The Tramps, Bed Rugs, Peter Kernel, Alaska Gold Rush, Lemon Straw, Romano Nervoso, Intergalactic Lovers, Mademoiselle K, Charlie Winston, Mumbai Science, Little Big, Ralitt wardinrock.be
Deep In The Woods 4 - 6 sept
Massembre, Heer
We Stood Like Kings, Véronique Vincent & Aksak Maboul, Lonnie Holley, Chve/Mathieu VDK, Amatorski, Oddisee, Flavien Berger, Wooden Arms, Great Mountain Fire, Stuff., Briqueville, Fùgù Mango meets Binti, Pauw, La Jungle, Kris Dane deepinthewoods .be
CU Festival 10 - 13 sept Coeur de Liège 10/09: Jeudredi CU Juke-Box Party 11/09: Lia, Erwan#Erwan, It It Anita, Elsie DX, Wyatt.E,
Food For Ya Soul, Blondie Brownie, Ueless Eaters, Douchka, Solids, La Mverte, La Fine Equipe, Yann Kesz, … 12/09: Doucka, Cobra, Sônge, Elle & Samuel, One Man Party, Castus, Wuman, L’Hexaler, Ropoporose, Mountain Bike, Shiko Shiko, Yellowstraps, C.A.R., Romare, …
13/09: performance, marché vintage, projection du film, Barbe Mobile, What Comes Around Goes Around, …
Folk Festival Marsinne
26/09: Salon, Silly: Fùgù Mago, Konoba; Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve: Benjamin Schoos, Dalton Telegramme; Atelier Rock, Huy: Les R’Tardataires, Typh Barrow; Atelier 210, Bruxelles: Robbing Millions, Alaska Gold Rush, La Jungle; Belvédère, Namur: Elvis Black Stars, Beautiful Badness, DJ Stefke Van Namen
11 - 13 sept
lafetefwb.be
cufes t i v a l . b e
Château-Ferme, Marsinne
11/09: 12/09:
Duo Pilartz-Gielen, Korrontzi, Ormuz, Zigo Les Poufs à Cordes, Estbel, Trio De Forme, Folk en Stock, A Plus Dans Le Bus, Duo Decker-Malempreé, ... 13/09: Le Gros Trio, Salon Ambroise, Ellinor & Leonor, ... fo l k fe s t i v a l m a r si n n e . b e
Start’Rock Festival 12 sept
Plein air, Amay
The Unabomber Manifesto, Apaches, Nicole’s Sons, Silence Breakers cc a m a y. be
Harby Farm Festival 12 sept
Ferme du Harby, Anseroeul
The Summer Rebellion, The Reverend Zack and the Bluespreachers, Todos Destinos, The Boriano Doubitchou Sound, Gustave Brass Band, Los Boludos, Les Fils de Flûte, les Okidok/Slips Experience fe r m e d u ha r b y. b e
Uzine Festival 12 sept
Rockerill, Marchienne-au-Pont
Derrick May, Aphrodite, Dean Burdigo, Dope D.O.D.; Ozzy Ozwald, Digital Bastard, Alix Perez, Vladimir Platine, Fabrice Lig, Dirty Monitor ro ck e r i l l . c o m
Sugarock 18 sept
Site de la Foire Agricole, Frasnes-lez-Avang
Giedré, Les Fatals Picards, Rn’Lies, Skarbone 14, Electric Château, Sonic Cloud s uga r o c k . b e
Leffingeleuren 18 - 20 sept Concerttent, Leffinge 18/09: Statue, Hookworms, Raketkanon, Starflam, DJ
Iron + MC Messenjah; Teme Tan, Mocambo, Terakaft, J.C.Satan; The Shivas; Alpha Whale 19/09: Dirk., Isbells, Eaves, Tout Va Bien, Great Lake Swimmers, Dans Dans, Blanck Mass, Brand Afterparty; Girlpool, Kevin Morby, Torres, Wand, La Luz, Meg Baird, Menace Beach, Pauw, The Future Dead 20/09: Admiral Fallow, King Dalton, Het Zesde Metaal, The Deslondes, Roland plays Moondog, Dez Mona, Black Jack 9000 & Louis Louis; Heavy Manners, The Skints, Condor Gruppe, I Will, I Swear, My Baby; World Of Solace, Gol, Carl Michael Von Hausswolff ft. Leif Aligner, Lamont Stigler, André Vida; Manwhore le ffi nge l e u r e n f e st i v a l . b e
Steenstraat Muziekstraat 20 sept
Rue des Pierres, Bruxelles
Wooly Mammoths, Wadou, The Rhythm Junks, La Jungle, Yadayn, Lawrence Le Doux, Innerwoud, Quiet Company, Joy As A Toy a b co nc e r t s. b e
We Will Folk You #4 24 - 26 sept 4 Ecluses, Dunkerque, Fr 24/09: Moriarty, Enor Enora 25/09: Dom La Nena, Tallisker, Ivory Lake 26/09: Neil Halstead, Black Lilys, June Bug 4ecluses.com
La Fête de la Fédération Wallonie-Bxl 24 - 26 sept 24/09: Rockerill, Charleroi: Mugwump, Fabrice Lig, DJ
Geoffroy, Lomepal, Glü, Globul, Barako Bahamas; Reflektor, Liège: Little X Monkeys 25/09: Reflektor, Liège: Mr Magnetik, The LIzzies; Magasin 4, Bruxelles: Thot, Daggers, Rockus Pokus, Krakenizer, Grrzzz; L’Entrepot, Arlon: Elvis Black Stars, Thyself, Gangbang In Hongkong
29 Leffingeleuren
18-20 septembre, Leffinge
Festival Génération 80 25 + 26 sept Parking du Bois des Isles, Marbehan 25/09: Black Tartan Clan, Wild Dandies, Forget Your
Pride, Two Kids On Holiday 26/09: Fatal Bazooka, Les Charlots, Doc Gynéco, Bernard Minet, Poulycroc, Le Club Dérathée, Beverly Pils, Bubble Girls festiv algeneration80.be
Terakaft
Le 24H De Mouscron 25 + 26 sept Plaine de Neckere, Mouscron 25/09: La Smala, Cali 26/09: Omble Chevalier, Black Sheep, Trikosis, Wuman,
Bituya, Romano Nervoso, Mister Cover 24h mous cron.be
Saint Jazz 25 + 26 sept
Botanique, Bruxelles
25/09: Fabrice Alleman Quintet, Toine Thys Trio, André Ceccarelli Trio 26/09: Nicolas Kummert Trio, Lionel Loueke, Brzzvll, Anthony Joseph, Ourim Toumim, Da Romeo & The Crazy Moondog Band botaniqu e.be
Swing Fest 1 - 4 oct Weststadthalle, Essen, D 01/10: Thomas Köner, Kaitlyn Aurelia Smith 02/10: Holly Herndon, Ah!Kosmos, Moindkopf, Multicast
Dynamics, Oneirogen, Moon Zero Blanck Mass, Emptyset, Orson Hentschel, Stephen O’Malley, Noveller, Second Moon Of Winter, Witxes 04/10: William Basinksi, Elekto Guzzi, Carlos Cipa, Hidden Orchestra, Subheim, Poppy Ackroyd, Sankt Otten
03/10:
denovali.com/swingfest
mercredi 26 août Mark Lanegan Band, Duke Garwood, The Faye Dunaways @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
Que vous raffoliez de garage, de hardcore, de postpunk ou de space rock, Hookworms gagne définitivement ses galons de valeur sûre de la scène britannique néo psyché. Longs cheveux noirs et grand besoin de soleil : les quatre filles de La Luz débarquent sur la plage avec un premier album gorgé de surf rock et de mélodies sixties héritées des girl groups, quelque part entre The Shangri-Las et The Ventures. Cachée derrière une serviette de bain pour quitter son maillot, presqu’aussi flottante que Carol Kleyn mais moins grave qu’une Sandy Denny, la vaporeuse Meg Baird continue à se débarrasser de toute pesanteur. Avec The Skints, tous les aspects des différentes cultures afro sont conviés, parfois sur un seul morceau ; le collectif londonien fait le tour de la question dub avec talent. A l’ancienne, Starflam se réunit le temps d’une tournée fomentée sur base d’une compilation essentielle et vient rappeler aux distraits que Liège n’a jamais rien eu à envier aux Français. Tout ça et bien plus : Isbells, I Will, I Swear, Alpha Whale, Girlpool, Torres, Great Lake Swimmers,..., pour 22 euros le ticket journalier et seulement 50 euros le week-end. Pas cher! www. leffingeleurenfestival.be
Petite Noir
22 septembre, Botanique, Bruxelles Le Sud-Africain Yannick Ilunga partage une pop transcontinentale et sans œillère, dopée d’une soul lunaire et de percussions ancestrales. Entre l’Afrique et l’Occident, Petite Noir ne tranche jamais totalement, repense délicatement la cold-wave et sautille également sur des cases synthétiques, histoire de faire la nique aux efforts solitaires de Kele Okereke (Bloc Party).
jeudi 27 août Esteban Murillo, Suena Flamenco, JR de Montreal, Jazzy Demon, Fernando Constantini @ Rockerill, Marchienne Baroness @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
Eriksson Delcroix
24 septembre, Aéronef, Lille
vendredi 28 août Bad Religion @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
samedi 29 août Nervous Shakes @ L’Os à Moelle, Schaerbeek
lundi 31 août Simple Plan @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
mardi 01 septembre Mark Lanegan Band @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
mercredi 02 septembre MDC, Sport Doen, Electric Vomit @ Magasin4, Bruxelles
jeudi 03 septembre The Poneymen, Jean DL & Sandrine Verstraeten @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.be
vendredi 04 septembre J.Error @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Peter Kernel, Zoft, Vitas Guerulaitis, Ed Wood Jr @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Lightnin’ Guy & The Mighty Gators @ Spirit Of 66, Verviers Black Mirrors, Mums & Clowns, Wedge @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre
samedi 05 septembre Filastine @ Hangar, Liège, lehanger.be Raving George @ Le Cardan, Liège, lecadran.be Renee Innemee & The Revival Band @ Spirit Of 66, Verviers Stand For Thruth, Beautiful Hatred, Ashes Into Blood @ La Taverne du Théâtre, La Louvière Foals @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
© Eriksson Delcroix Eriksson Delcroix, c’est le Broken Circle Breakdown Bluegrass Band, soit le duo responsable de la bande originale du film éponyme qui a tant fait couler d’encre (nominations aux Oscars, BO en tête des hit-parades). Pour les audiophiles pointilleux, rappelons The Partchesz, l’escapade country-folk du couple Bjorn Eriksson (Zita Swoon, Admiral Freebe) / Nathalie Delcroix (Laïs). ‘For Ever’ voit la belle et la bête s’encanailler pour la première fois sous leurs vrais noms et c’est une franche réussite. A ce niveau, la seule référence valable renvoie aux ballades de Mark Lanegan et Isobel Campbell. Carrément. Tout ce qui d’habitude emmerde – pedalsteel, dobro, banjo, flûte même – est ici distillé avec une telle subtilité qu’on en tombe.
30 Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles
24-26 septembre, Clubs Plasma
dimanche 06 septembre Leon Bridges @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Solids, Grand Blue Heron, Teen Creeps @ Magasin4, Bxl
lundi 07 septembre Jim Adkins @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Tad Mororse, Silent Call @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mercredi 09 septembre Juan Wauters @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Gurt Diesel King, Sunken @ Magasin4, Bruxelles Hans Teeuwen & The Painkillers @ Trix, Antwerpen Solids @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be
jeudi 10 septembre
Robbing Millions © Tina Herbots A l’occasion de la Fête de la Fédération WallonieBruxelles, petite drache de concerts gratuits pour saluer l’ouverture de la saison Club Plasma. Au programme, groupes du cru et du tout cuit. Au Rockerill (le 24), ce sera la fête avec Mugwump (chaudement recommandé !), Lomepal et Glü. Vous restez scotché ? Geoffroy poussera des disques. Au Magasin 4 (le 25 septembre), ça devrait faire boum : Krakenizer, Rockus Pockus, Daggers, Thot, Grzzz. Au Belvédère (le 26), vous pourrez découvrir Beautifull Badness et Elvis Black Star. Au salon (le 26), Fugu Mango et Konoba. Quant à l’Atelier 210 (26 septembre), du solide : Robbing Millions, Alaska Gold Rush, La Jungle. Plus d’infos : www.lafetefxb.be
SOAK.
30 septembre, Botanique, Bruxelles Derry. Irlande du Nord. Les pieds posés sur sa planche de skate, Bridie Monds-Watson trimballe son look de garçon manqué à travers les souvenirs et les rues de la ville. À 18 ans, la jeune femme suspend le temps de sa voix d’enfant. Planquée derrière les majuscules de SOAK., elle esquive les exigences du monde adulte et capture les désillusions de sa génération sur ‘Before We Forgot How To Dream’, premier album et trésor désenchanté à l’attention des âmes sensibles.
Swing Fest
1-4 octobre Weststadthalle, Essen, Allemagne
Sufjan Stevens, Mina Tindle @ Bozar, Bxl, abconcerts.be A.G, Dism, Phil Back D @ Club La Vilaine, Bruxelles The Cosmic Dead, a.P.A.t.T., Umungus @ Magasin4, Bxl Fernando Constantini, Urban C, Cheap Riot, Juan Wauters @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.be The Delta Saints @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be GZA @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
vendredi 11 septembre [PIAS] Nites: Hooton Tennis Club, Happyness, Torres @ Beursschouwburg, Bruxelles, piasnites.be Bed Rugs, Intergalactic Lovers @ Alter Schlachthof, Eupen Palmbomen II dj set, DJ Athome @ Club La Vilaine, Bxl Ben Klock, Etapp Kyle @ Raffinerie, Bruxelles, silo.be RPWL @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Hickey Underworld, A Supernaut, Orna @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre
samedi 12 septembre Brand New, Basement @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Green Velvet, Dany Rodriguez, Pierre @ Le Cadran, Liège Rick Shiver & Handless DJ @ Club La Vilaine, Bruxelles Elephant9, SardoniS, Hidden Trails @ Sojo, Leuven She’s Got Balls, All Girls @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Aktarum, Hypocras, Coliseum, Skal @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre
dimanche 13 septembre Daniel Norgren @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sun Kill Moon @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Rayo De Son @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
lundi 14 septembre Sea + Air; Beirut @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Divinity Roxx Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Marc De Marco, Dinner @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr
mardi 15 septembre Beirut @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
mercredi 16 septembre Zebra Katz, The Lizzies @ Madame Moustache, Bruxelles Spock’s Beard @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Chamberlain @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 17 septembre Les Nuits du Soir 2015: Mustii, Les Panties, Alpha Whale, Gonzo, Isolde et Les Bens, Nicola Testa @ Botanique, Bxl DJ Lovepills @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Dope Body, Coubiac @ Madame Moustache, Bruxelles Jessica 93, Terror Terror, Dc Salas @ Rockerill, Marchienne-au-Pont Wand @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Steve Hackett @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
vendredi 18 septembre
Holly Herndon © Stan Musileck Du beau monde en Allemagne pour le Swing Fest. Forte de mille nuances où l’electro pop joue à sautemoutons avec l’expérimental, Holly Herndon incarne une réponse moderne et fulgurante à l’univers fantasmagorique de Laurie Anderson herself. Totalement disloqués, les rythmes numériques d’Emptyset virent en direction d’une abstraction techno revêche et sans concessions, si ce n’est à l’univers digitalisé de la maison Raster-Noton. Une vision de l’electronica à la fois tordue et raffinée. Épinglons encore Poppy Acroyd, avec son projet solo mais aussi au sein du Hidden orchestra, les field recordings à la précision ambient exemplaire de Thomas Köner, Moon Zero qui devrait toucher la sensibilité de ceux qui aiment Tim Hecker ou encore Barn Owl. Dans une existence parallèle, Blanck Mass s’appelle Fuck. Ou Buttons. Il triture des drones surfs et solaires. Ses amis imaginaires, Blanck Mass les séquestre dans la cathédrale de distorsions que constitue sa boîte crânienne. Ses mélodies aussi. À vos tamis, prêts, partez. www.denovali.com/festival/essen/
The Janoskians @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Manuel Bienvenu, Aurelien Merle @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Neil & Liam Finn @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Geoff Wichmann & Ben Lemaire @ Club La Vilaine, Bxl Lean Left, Sly & The Family Drone, Palsambleu @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Popkatari Night: Bärlin, The Night & 5 Little Numbers @ Salle des JM, Liège Dot Legacy, Waves Of Paranoïa, The Smock @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre The Glücks, La Pince, DJ Gouda, Spagguetta Orghasmmond @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Disiz @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lux, kulturfabrik.lu
samedi 19 septembre Les Nuits du Soir 2015: Mustii, Les Panties, Alpha Whale, Gonzo, Isolde et Les Bens, Nicola Testa @ Alhambra, Mons Nate Hall, Ashtoreth @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Jarid James @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Thijs Haal, Marvy & Lee Roy @ Club La Vilaine, Bruxelles Jacques Stotzem @ Kz Junglingshaus, Eupen, eupen.be Not Scientists, Primate Joke @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Surfer Blood, Eternal Summers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Skints @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be
dimanche 20 septembre Lefto b2b Gilles Peterson, STUFF., Clap! Clap!, Chassol, Binkbeats @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Outfit @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Mats & Morgan Band, Francky Goes to Pointe à Pitre @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be JC Satàn, Thee Marvin Gays @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Larryl James @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Mika @ Zénith, Lille, Fr
mardi 22 septembre Clear Soul Forces; Petite Noir @ Botanique, Bruxelles Oddisee & Good Company @ Reflektor, LIège, reflektor.be The Apartments, 49 Swimming Pools @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
mercredi 23 septembre Leonore @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lady Lamb @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Maurice Louca, Numen, Rebel Up! @ Stuk, Leuven, stuk.be Oddisee & Good Compny, Pink Oculus, Grey, Azer @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Mika @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Hindi Zahra, Lou Di Franco @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lux
jeudi 24 septembre Frank Mercelis @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Crocodiles @ Botanique, Bruxelles, botanique.be DJ Aral, DJ Odillon, 72 Soul @ Club La Vilaine, Bruxelles Philm, Missiles Of October @ Magasin4, Bruxelles Tandaapushi @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Mugwump, DJ Geoffroy @ Rockerill, Marchienne-au-Pont Against The Current; Cayucas @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Eriksson Delcroix, The Franklin Electric @ L’Aéronef, Lille, Fr
vendredi 25 septembre Wim Mertens Ensemble @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Alec K.Redfearn & The Eyesores @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Kenji Minogue, Bang! curated by Saskia De Coster @ Bozar, Bruxelles, kultuurkaffee.be Röze, Hermann de Brew, Debby Deb + guest @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Aidan Knight @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Black Bomb A, Firedown @ L’Escalier, Liège, facebook.com/ events/1679920372241942/ Kevin Imbrechts & Nico Kennes @ Stuk, Leuven, stuk.be Dead Elvis And His One Man Grave, Hell-O-Tiki @ La Taverne du Théâtre, La Louvière Crosby, Stills & Nash @ Forest National, Bruxelles, greenhousetalent.be Lighti Ject, Mayd Hubb meets Brain Damage @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Mika @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Steven Wilson @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu
samedi 26 septembre The Neon Judgment @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Miss Mary Ann & The Ragtime Wranglers @ Alhambra, Mons Jan de Haas Vibes Quartet @ Kz Junglingshaus, Eupen, eupen.be Between The Burried And Me, Haken @ Magasin4, Bxl Chickfight @ Reflektor, LIège, reflektor.be Sufjan Stevens @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Austin @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Christina And The Queens @ Zénith, Lille, Fr
dimanche 27 septembre Action Bronson @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ghinzu @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Destruction Unit, San Diablo, Tropcial Trash @ Magasin4, Bxl Axelle Red @ Théâtre, Binche, greenhousetalent.be The Skints @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu
lundi 28 septembre Morrissey; Corrina Repp @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Youth Lagoon, Ariel Ariel @ Botanique, Bruxelles Oddisee @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu
mardi 29 septembre Bryan Ferry @ AB, Bruxelles, abconcerts.be PC Workship @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Reverend Deadeye, Kolfskop @ Magasin4, Bruxelles,
mercredi 30 septembre Glen Hansard; Tout Va Bien, Rebeka @ AB, Bruxelles Soak @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Dand Dans, Polar Bear @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Mac Miller @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Antoine Pesle @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 01 octobre ‘Weird Al’ Yankovic @ AB, Bruxelles, abconcerts.be John Mayall @ Reflektor, LIège, reflektor.be Magnus @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
vendredi 02 octobre Dez Mona; Tom McRay @ AB, Bruxelles, abconcerts.be No Joy @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Major Lazer @ Palais12, Bruxelles, livenation.be Lou Barlow @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Christine and The Queens @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Shiko Shiko, My Disco Jacket, Cheyenne 40, Regis Turner, Headwar, Blondin @ L’Aéronef, Lille, Fr Genetikk @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Kacem Wapalek, Ben l’Oncle Rap @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
‘‘STAFF PICKS’’ 14,00€
14,50€
MYRKUR
WILCO
14,50€
14,50€
M
Star Wars
Music Complete
Blinded By The Diamonds
ZORNIK
STEREOPHONICS
14,50€
14,50€
14,50€
14,50€
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BEACH HOUSE
FIDLAR
MERCURY REV
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COURTNEY BARNETT
13,50€
9,50€
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FAMILY OF THE YEAR
Too
NEW ORDER
15,00€
The Light In You
Origin
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Keep The Village Alive
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Family Of The Year
Orphaned Deejay Selek 2006-2008
AFX
THE BOHICAS The Making Of
Dark Black Makeup
Stuff Like That There
YO LA TENGO
14,50€
14,50€
14,50€
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ST. GERMAIN
LOU BARLOW Brace The Wave
BEIRUT No No No
ANE BRUN
When I’m Free
ST. GERMAIN St. Germain
A LTE R N ATI V E O N LI N E R ECO R DS TO R E • W W W. B I LB O R ECO R DS . B E BILBO • L ADEUZEPLEIN 13 • B -3000 LEUVEN • 016 50 07 73 WE’RE MOVING. AS FROM SEPTEMBER, FIND US AT LADEUZEPLEIN 2
FOALS
What Went Down
BEIRUT
Highly anticipated new album by Beirut, his first one in 4 years….
YO LA TENGO
YLT revisit the original concept of their beloved Fakebook (a mix of cover songs, “covers” of Yo La Tengo songs, and brand new originals) on its 25th anniversary. Including songs by The Cure, Sun Ra and Hank Williams.
Live @ Depot, Leuven, October 25th
RED HOUSE PAINTERS
Red House Painters were formed in 1989 in San Francisco, California by Mark Kozelek (Sun Kil Moon). They disbanded in 2001 and left us 4 classic albums, now finally made available on vinyl again.