RifRaf musiczine mai 2012 FR

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album out now live at Rock Werchter

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« Een debuut dat u af en toe naar adem doet happen ! » *** HUMO « L’album Belge de 2012 déjà? » **** FOCUS VIF « Un premier disque bluffant d’émotion et d’intelligence ! » *** TELEMOUSTIQUE

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© Siliconcarne

Dans l’aquarium d’une petite arrière-salle, à l’abri des mangeurs de Burgers agglutinés dans la cantine trendy, un poète éructe et vitupère des Notices de la vie ordinaire (Eastern Belgium At Night Editions) devant un attroupement hétéroclite qui n’en peut mais. Les prescriptions sont sans appel : “Myolastan, Lipitor, Dolzam, Zantac, Brexine, Redomex, Lyrica, Befact Forte, Valtran Gouttes, Rivotril... Dans ta gueule!” Tandis qu’il énumère ses chapelets tel un Don Quichotte de plus en plus habité, c’est campée bien en vue au bar, ouvrant à plusieurs reprises son gilet et tirant sur son t-shirt, que Charlotte parvient sans trop de peine à capter l’attention de la gent masculine fréquentant l’établissement. Plusieurs individus lui tournent autour. Les coqs les plus téméraires avancent la main et plongent deux doigts dans le récipient salé. Vous ne voulez pas un whisky d’abord? Une fois englouti son maigre butin d’arachides, les filles se détournent prestement de l’importun, ne daignant feindre le début de palabres inutilement compliqués. Aussi leur commerce serat-il rapidement écourté. Plus tard, sans prémisses concluantes, Charlotte sort rejoindre ses copines pour griller une clope: - Bon, allez, salut les meufs! Demain, j’ai une soirée! Elle claque des bises avant de quitter L’Amour Fou pour regagner son logis et “prendre une petite ligne”. Prendre une petit ligne chez soi à trois heures du matin? En voilà une drôle d’idée. Allez d’accord, en voici quelques autres... Si RifRaf a par le passé célébré les deux essayistes Tellier et Burgalat pour leurs fulgurances prégnantes, quelles soient crépusculaires ou savantes, bravant les canons de l’époque, affichant même leur bobine en couv’ de ce magazine, le degré d’effroi atteint à l’écoute (pardon?) de leur nouveau pensum respectif nous laisse abasourdi. Tandis que leurs desseins semblent s’épouser avec une redoutable concordance des temps, le tocsin du constat gronde : la consternation l’emporte rapidement sur la sidération. Se regardant ostensiblement le nombril sous des parures criardes, voici nos Schpountz caracolant à dos de synthés; ce qui ne manque pas de leur attirer la grande sympathie de Jean-Michel Jarre qui en connaît un rayon en attentats pâtissiers. Alors qu’on lui connaissait plutôt le luxe de l’élégance discrète, c’est dressé sur ses ergots que Burgalat balance plusieurs renvois acides après une indigestion de Diet Coke, navrants remugles d’auto-satisfaction. Pavanant sous une étiquette frondeuse affichant ‘Toutes directions’, patatras, Burgalat n’en choisit aucune, enfile perles et berlingots. Servir chaud! Chez Tellier, c’est la Heineken qui a frappé fort. Le gourou du Pépito bleu (à quand la captation de la séance de brainstorming avec Beigbeder et Pedro Winter au Club Silencio?) gonfle des baudruches, éructe sous hélium, avant de singer les grandes

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heures de Fantômas. Aux petits oignons - pardon, aux petits smileys acides, le plan de comm’ sur une secte cosmique a de quoi faire baver Actarus mais, c’est ballot, Sébastien se retrouva démuni lorsqu’il eût fallu composer quelques morceaux. Quand Tellier parvenait par le passé à nous faire passer la pilule de ses concepts-albums clé-sur-porte - sur la foi de ‘L’incroyable Vérité’, de ‘La Ritournelle’ et deux trois saillies sur son album de plage avec un Daft, on lui pardonnait tout. Quand Burgalat parvenait à nous convaincre de son art de l’à-peu-près à grand renfort de merveilles mélodiques, d’une esthétique maison qui accoucha d’un album live avec l’AS Dragon modèle du genre, d’un ‘Sssound Of Mmmusic’ luxueusement sapé, c’est peu dire qu’après le grand rien de “l’album blanc” (‘portrait-robot’), on attendait autre chose, si pas quelque chose. Si l’on s’est attaché aux personnages, leurs lendemains de biture nous laissent tristement déconfits tandis que les loustics déversent la bouche en cul de poule leur verroterie. Etalés sur le tapis persan - lequel, plombé, ne risque pas de décoller - s’entassent bibelots de pacotille et vieilles fripes new age. Nos divas ont beau jeu de s’en draper; attention quand même à la descente, lorsqu’ils auront fini de se gargariser de leur reflet dans le miroir. Ca ne prend pas assez… On peut tromper mille fois une personne mais on ne peut pas tromp… Si, on peut tromper une fois une…euh ? Non ! On ne peut pas tromper une fois mille personnes,... Prenez un chewing-gum Emile! (La Cité de la peur). Puisqu’il faut trancher, que Tellier se rassure, sur le ring du mauvais goût, il a décidément la plus grosse, peut même s’enorgueillir d’avoir placé la barre très très haut (paradoxalement c’est bien son album qui supporte la réécoute). Nous ne sommes pas contraires, loin s’en faut, à une politique des (h) auteurs... Mais plutôt que de parader en grande pompe, se prenant qui pour Paco Rabanne distribuant les Smarties en ravi de la crèche, qui se cachant derrière un prétendu affolement de la boussole, les dieux du bon chic parigot devraient, qui sait, peut-être repartir à hauteur d’homme; ça leur ferait un genre, comme le dit la chanson de Brigitte Fontaine, ça leur ferait un genre humain. En attendant, du haut de leur Galak-scies, qu’ils reprennent leurs gouttes... “Myolastan, Lipitor, Dolzam, Zantac, Brexine, Redomex, Lyrica, Befact Forte, Valtran Gouttes, Rivotril... Dans ta gueule!” Beam me up, Scotty ! Pendant ce temps, à Vera Cruz... Pour avoir l’humour et la hype, la tête et les jambes, le co(s)mic trip et la pop music, on se tournera vers la jeunesse insolente et foutraque de Django Django. Texte : Fabrice Delmeire

année 18 •mai 2012

Colofon www.rifraf.be Année 18 nr. 180 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf juin sort le 31 mai rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 16 mai Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20 mai

collaborateurs nicolas alsteen, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, daniel franco, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg, Tom Vea... Dessins : Issara Chitdara

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 euro France: 25 euro (une année: 10 nrs) compte: 320-0133796-06 communication: RifRaf F + nom + adresse

“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”


Texte : Le Dark Chips Texte : Eric Therer

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais

plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

De Kreun

Mary Anne Hobbes a eu le nez fin en 2007 lorsque, parmi le fleuron des artistes brittons émergeants, elle a misé quelques pennies sur la tête de Slugabed. Mais la bestiole est un requin-chat, adepte des fonds obscurs qui se joue de ses victimes quand il s’offre une remontée à la surface. Du Slow-mo funk qui s’offre le luxe de ne pas aller à l’essentiel trop vite. ‘Time Team’, c’est smart, intello et prétentieux. Du Warp finalement… ★★★ Et derrière la ligne parfaite d’une berline anglaise, se présente la vulgarité d’une décapotable italienne. La bagnole d’un mec qui n’aurait pas les moyens de s’offrir une voiture de riche et qui tente de suivre comme il peut. Roberto Rodriguez a beau faire gueuler son Alfa au feu, son ‘Dawn’ ne tiendra pas le démarrage de son prédécesseur. ★★★ Nostalgie, quand tu nous tiens ou R&S Records, comme une madeleine de Proust. Mais à trop espérer du passé et s’accrocher à des sensations vieilles de 20 ans, on en ressort forcement déçu, même si la copie semble parfaite. Lone maîtrise ici son sujet plus que jamais mais, à peine sortie du frigo, ‘Galaxy Garden’ a déjà un réel goût de rance. ★★★ Souvenirs encore et la (devenue classique) séquence du collectionneur. Mais pour la peine, ce sont ces malins de Robot Elephant Records qui compilent l’essence de la musique électronique dans ‘Sidchipsounds : The Music Of The Commodore 64’. Si tu es un gamer, tu es mort! Si tu caches un t-shirt Atari, tu es mort! Si tu penses que Crystal Castles est moderne, tu es naïf! ★★★ Puisque la terre entière semble vouloir me reléguer au berceau, Huoratron y met son grain de 8-bit! Et s’il s’offre quelques passages obligés (et malheureux?) par la dubstep, ‘Cryptocracy’ est la bande son parfaite d’une fin du monde sous amphétamines! Si on te frappe le tympan gauche, tend le droit! (Evangile selon St Dark) ★★★ Le temps de quelques caractères, je demande à être relevé de mes fonctions, me jugeant inapte à trancher le cas de ‘Black is Beautiful’ du duo Dean Blunt et Inga Copeland. Là où je n’ai rien compris, il semblerait que Kode9 se fasse dessus… ★★★ Brendon Moeller est un mec qui fait les choses à moitié. Raison pour laquelle on ne sauvera qu’un demi ‘Works’. Passionnant quand il cogne dur mais chiant comme la pluie quand il joue du bout des doigts. Moralité : à écouter très fort! *** 30 minutes. C’est le temps qu’il m’a fallu pour me rendre compte que j’écoutais ‘Tides of Mind’ de Oxia… Pas certain que ce soit bon signe. ★★★ Soul Clap, musique à pédé? Certainement! De la merde donc? Non, pas vraiment. Le duo de Boston ne se cache pas de sa nostalgie des épouvantables 80 & 90’s. Pire, il s’en inspire allègrement sans trop s’y perdre à l’instar d’Azari & III. ‘Efunk’, premier réel album (Wolf+Lamb Records) fera vibrer la grande folle autant que le métrosexuel, et qui sait, pourrait égratigner un mythe : la réelle existence de l’hétéro de base. ★★★ “Garçon, un jus de cervelle je vous prie..”. Bien monsieur, et je vous conseillerais ‘La Maquina De Bolas’, machine turbo rotative, destinée à rendre fou et née du cerveau malade de Alex Under (Soma). Ambient assurée! Effets secondaires non désirés : nausée, vomissement, aliénation et “Jour de la Marmotte”. 2 par jour, après le repas. ★★★ Difficile de connaitre la vraie place de Mohn : musique d’ambiance pour backroom (tendance pluralité masculine), salon de relaxation pour ‘cadres dynamiques voulant restés à cran’ ou bien discothèque pour gothiques avertis? Ce qui constituait jusqu’ici le duo Voight/Burger s’offre une mue en début de printemps afin de se délester de tout poil et devenir un reptile à sang froid. Le contact n’est pas agréable, ça n’avance jamais en ligne droite et on vous déconseille de le quitter des yeux. Il semblerait que le co-fondateur de Kompakt et son complice de toujours aient voulu ici faire l’étalage de leurs connaissances d’un style qu’ils maitrisaient déjà. Le mieux comme l’ennemi du bien? ★★★ 20 ans depuis la sortie du premier 12” de (Dj) Hell, ‘My Definition of House’ et 15 depuis la création de son label Gigolo. Autant dire que ça roule pour Helmut. Il s’était fait plaisir , et à nous aussi du coup, avec ‘Teufelswerk’ all-star included, et en bon quinqua, toujours le vent dans le dos, alors pourquoi arrêter de se palucher. Chose faite avec ‘House Remixes Part2’, qui propose entre autre un ‘U Can Dance’ (feat. Bryan Ferry) remixé par Carl Craig. Du charmant remixé par du charmeur, 25 la pipe, 100 pour la totale. ★★★ ‘Burn The Land & Boil The Ocean’ de Principle of Geometry semble avoir des intentions quasi identiques à celles de ‘My God Is Blue’ de Sébastien Tellier. Sauf que dans l’exercice, les Lillois sont vulgaires, manquent cruellement d’humour et, malgré un costard sur mesure, n’auront jamais la classe du nouveau Gourou français. Tellier avait participé à leur dernier album. CQFD. Kill Your Idol! ★★★ Leit Motiv (4 mesures)/ Grosse Caisse (4 mesures)/ Hi-Hat (4 mesures).. et après? TJ Kong & Modular K baptisent leur premier album ‘Dream Cargoes’ sur Poker Flat Recording. Deux scénarios possibles alors : soit le duo allemand chiait dans son froc à l’idée de dépasser les lignes en coloriant, soit ils y ont passé trop de temps. La deuxième hypothèse justifierait qu’on s’emmerde à fond les ballons. A la première on aurait envie de répondre : IN-NO-VEZ!!! ★★★ Quelques semaines après la sortie du nouveau Mouse on Mars, Monkeytown Records sort de son bananier Lazer Sword. Et même si ce duo de San Francisco propose une ambient (tout synthé devant) digne de la précision de Darth Vader, ‘Memory’ ne mènera que sur une orbite bien en deçà de la couche d’ozone. ★★★ Le saviez-vous? Ce Batave de Tiesto brasse plus que Guetta, fait des tournées définitivement plus démentielles que celles de Guetta. Si son ‘Club Life Miami Vol II’ est encore plus dégueulasse que du Guetta? Et comment! ★★★ Cela aurait pu être le résultat d’une soirée de mecs bourrés mais Laid Back en a décidé autrement. Retomber sur des bandes de ‘81 et décider d’y ajouter voix, tambours et trompettes! Au final, sentir que le duo danois s’est amusé en commettant ‘CosyLand’, un mini album au parfum de Telex, sans jamais vraiment en esquisser le talent. ★★★ Un peu sur les pas de 808 State, Lauer aussi rend hommage aux patterns de la célèbre boîte à rythmes et peine à cacher son amour de la pop. On se permettrait même de situer sa nostalgie dans la brique rouge de Manchester et son inspiration sur les planches de l’Haçienda. La plage qui ouvre ‘Phillips’ aurait d’ailleurs pu être un honnête New Order si Bernard Sumner y avait posé la voix. Mais attention, ça sonne vraiment comme à l’époque hein! ★★★ C’est déjà le revival de ce qui se passera demain!

Reliant Lilles à Gand, l’E17 est sans conteste une des dorsales majeures de Flandre. Flanquée d’entreprises performantes elle se gorge chaque jour d’un trafic de commis voyageurs et d’une flotte intarissable de poids lourds internationaux. Le quidam qui l’emprunte ne se rend pas compte qu’elle suit de loin le cours sinueux de la Lys dont les rives éternellement humides baignent dans une brume grisâtre stagnante. Arrivé à Courtrai, il cherchera en vain les traces d’une industrie lainière disparue dont les manufactures reconverties en lofts et en surfaces commerciales ne sont plus que les vagues témoins. Il repérera aisément la salle De Kreun, située près de la gare, entre la Conservatoriumplein et la Casinoplein. Pour pratique et centrale qu’elle soit, cette localisation n’en est pas pour autant dénuée de symbolique. Grand parallélépipède rectangle en béton décoffré, l’édifice se remarque dans le paysage urbain. Il aurait naguère abrité un complexe cinématographique. Quelques barrières dites Nadar sont disposées près du portail d’entrée, des fois qu’il faudrait canaliser des foules. Ce soir elles sont discrètes et c’est d’un pas leste que notre homme pénètre dans le bâtiment. D’emblée, il s’y sentira en sûreté tandis qu’il s’orientera dans l’espace sans encombre, chaque fonction étant démarquée par une plaque claire : toilettes, vestiaires, bar, salle de concert. Il s’abreuvera d’une bière locale prestement déposée sur la tablette immaculée du comptoir en considérant les lieux sous le regard fixe d’une petite caméra rivée au plafond, discrète mais réelle. La salle est somme toute banale, des murs en béton pré-construits reposant sur une structure en acier, matériaux solides et certifiés. Une coursive à l’étage permet au spectateur de déambuler en lui offrant une meilleure vue sur la scène. Depuis plus d’une demi-heure maintenant, Michael Gira invective sa guitare, il s’époumone, marmonne, il brame, éructe, exulte, engueule des auditeurs occupés à le filmer. « Fermez vos téléphones, rangez vos jouets. Je ne veux pas être filmé. Je ne veux pas être sur Youtube. Mon image m’appartient. » Une jeune fille insiste. Gira est furieux, il l’avertit : « je vais manger ta mère ». « Elle est morte » lui répond l’autre. « Tant pis, je la mangerai quand même ». Réinterprétant ‘God Damn the Sun’, seul à la guitare acoustique, on mesure le chemin parcouru, les cheveux blancs, les années laissées derrière qui ne reviendront pas. Il fut un temps où, dans les années 80, Swans ne pouvait pratiquer certaines scènes du fait du volume trop élevé de ses sets, hasardeux pour la stabilité des lieux. Ce soir, dans la salle sécurisée du Kreun, on savoure le paradoxe. Gira n’abîmera rien et il ne s’abîmera point. Les choses sont dorénavant ainsi. Le rock est un marché, une économie politique. Le rock contribue au produit national brut avec ses ventes, ses statistiques et ses rites. Avant même qu’il ne joue, Gira ne nous avait-ils pas conviés à le rejoindre après, à la table du merchandising ? Le rock est une marchandise. Parfois cependant, il échappe au flux de sa logique mercantile. Il se laisse traverser de zones franches, il se ménage des interstices. Et il en est autant des lieux qui l’accueillent. Malgré les apparences aseptisées des salles subsidiées, on y décèle encore quelquefois la possibilité d’une âme. Ce soir, Gira a transcendé le lieu. Mieux, il a presque réussi à nous le faire oublier. Il a beuglé, il a meuglé. Il a gémi au Kreun. C’est là tout un symbole. L’image n’est pas factice, elle est patente.

on stage Fin mai, De Kreun acueillera le SINXEN, festival gratuit qu’on nous promet très rock’n’roll! Concerts, cocktails, des dizaines de djs en extérieur viendront compléter le programme. A savoir : Samedi 26/05 : Sinxen hosted by Warriorz - DYnooo, Ninjato, Squeaky Lobster, Cupp Cave, Lefto, Nosedrip, Warriorz dj’s. Dimanche 27/05 : Iceage, Bear In Heaven, Spencer Krug’s «Moonface», Hong Kong Dong, Speed Dial 7 & Nomad, Twin Twisters + Sinxen party! Lundi 28/05 : The Soft Moon, Forest Swords, Liturgy, Ansatz Der Maschine, Charalambides, Bass Drum Of Death.


Texte : Fabrice Vanoverberg

LES

NUITS Totale sortie majeure du mois, ‘Winterreise’ d’Atom TM (Raster-Noton) se veut une suite du ‘Liedgut’ de 2009 - il vaut nettement plus que cela. Inspiré dans ses dédales électroniques où l’ambient et la techno jouent à cache-cache au-delà de toute misère stylistique, le nouvel opus d’Uwe Schmidt (qu’on connait aussi sous les pseudos de Senor Coconut ou Atom Heart, entre autres) prend à la gorge dès les premières secondes pour ne plus rien lâcher, cinquante et une minutes durant. Digne du choc que j’avais ressenti dans un glorieux passé lorsque j’ai découvert les premiers travaux du seigneur Wolfgang Voigt sous le masque de GAS, l’album illustre également une série de photos exposées en 2011 à Francfort et Tokyo. Vite, je veux les voir, sans délai. ★ ★ ★ Au début du label Spectrum Spools, subdivision des prestigieuses bien qu’étranges Editions Mego, tout le monde pensait que la maison basée à Cleveland et Vienne se contenterait d’aligner les sorties de néo-kosmische à n’en plus finir, même si certaines d’entre elles sont carrément excellentes (les deux premières surtout, ‘A Sort of Radiance’ de Fabric et ‘Canzoni…’ de Bee Mask). Et bien que nenni ! Réédition d’un mystérieux disque de 1981, ‘Flux’ de l’Américain Robert Turman s’inscrit dans des traces électro-acoustiques où plane l’ombre de Benjamin Lew, Chris Watson ou Steve Reich, elles n’empêchent pas les six tracks de délivrer tout leur sel. Totalement intemporelle, la chose aurait été enregistrée en 2012 que je n’aurais rien trouvé à y redire. Un titre à retenir ? Allons-y pour les onze minutes de ‘Miao’, délicatement bouddhistes à s’asperger d’encens. ★ ★ ★ Le mois dernier, je vous mettais dans le mille l’incroyablement beau ‘Ballads Of The Research Department’ du trio britannique The Boats - et mon avis n’a pas bougé d’un iota. Toujours sur l’officine 12K, une paire de Steve (Peters + Roden) explore une énième déclinaison électro-acoustique (bis) entre nappes synthétiques, bricolages sonores et évasions célestes. Tout en greffant quelques tentatives de chant qui donne des envies de baffer son voisin (c’est pas un peu fini de se plaindre, non mais ?), le duo ricain presse si peu le citron de la rapidité que j’ai failli m’endormir. ★ ★ ★ La chose a largement dépassé le simple cadre de leurs fidèles, chaque année, les vétérans punks de The Ex invitent divers artistes en Ethiopie, ce qui nous a déjà valu quelques moments épiques, je songe à une étonnante vidéo d’AnneJames Chaton vue récemment sur YouTube. Convié à l’édition 2009, le clarinettiste français Xavier Charles convie son free jazz aux côtés de la guitare de Terrie Ex sur le bien nommé ‘Addis’ (Terp Records) et il ne faut - surtout - pas se fier à ses premières impressions. Au début, je me suis fait chier grave, à la fin de l’envoi, ils touchent et on se prend à rêver des meilleurs moments du label norvégien +3dB, quelque part entre improvisations ûberlibérées et musiques contemporaines passées sur Ars Musica. Mais ils sont fous ? Oh oui. ★ ★ ★ Dong, le tocsin a frappé, la fin du monde arrive, à jamais. Et oui, il faudra s’y faire, mais avant je vous recommande chaudement‘Münster Bern’ de Joke Lanz et ses vingt-six minutes de collages sonores réjouissants. Enregistrée, comme son nom l’indique, en la cathédrale de Berne, l’œuvre se rapproche du tout meilleur de Giuseppe Ielasi, et particulièrement de son fondamental ‘Stunt’, en une autre approche majeure d’une musique concrète qui n’oublie ni l’héritage du BBC Radiophonic Workshop ni les travaux récents de Lionel Marchetti. Vive la Suisse ! ★ ★ ★ On se souvient de Mikhail Karikis, alias Mikhail, pour sa doublette Orphica - Morphica, glorifiée en son temps en ces pages. Toujours aux prises avec une tendance opératique qui penche autant vers la ‘Ghost Sonata’ de Tuxedomoon que vers l’Orient proche, le compositeur grec basé à Londres ne s’embarrasse guère de considérations minimalistes sur ‘Xenofonia’ (Sub Rosa). En douze chansons où la techno(logie) déambule au milieu d’entrelacs post-folk à la Current 93, on se demande souvent où tout cela veut bien emmener l’auditeur. Trois écoutes plus tard, je n’ai toujours pas la réponse. ★ ★ ★ Ne faites pas votre timide, vous aussi, dans vos belles étagères Billy, vous avez des disques que vous n’écoutez jamais et que vous trouvez sympas - jusqu’au jour où ils retrouvent le chemin de votre lecteur. C’est exactement la sensation que j’ai éprouvée en réécoutant ‘Angel Liquor’ du trio allemand Centrozoon (Unsung Records) et sa techno tellement dévoyée qu’elle ne ressemble plus à grand-chose. Six ans plus tard, guère d’amélioration en vue du côté de Markus Reuter, Bernhard Wöstheinrich et Tim Bowness, à moins qu’en 2018, je ne fasse le premier constat en sens inversé. ★ ★ ★ En novembre dernier, je vous disais tout le bien qu’il fallait penser de la compilation ‘Archipel Electronique Vol. 1’ du label D’Autres Cordes. La mauvaise nouvelle, c’est que le second volet n’est pas (encore) prévu dans les starting-blocks, la - très - bonne, c’est que la maison française nous propose le nouveau Franck Vigroux (‘We (nous autres)’) et il est, comme d’habitude, excellent. Des versions très contrastées de la musique électronique expérimentale – bouh, le mot qui fait peur – se côtoient au sein de l’album, souvent à l’intérieur d’un même morceau. Tornades bruitistes (souvent) ou calme plat (parfois), l’homme ne choisit pas et ça tombe bien, j’ai envie de tout rafler avec lui.

10–21.05.12

10.05 THE TING TINGS Gb • Cirque Royal BOMBAY BICYCLE CLUB Gb - MALIBU STACY Be 11.05 DOMINIQUE A Fr concert événement en 2 parties : «La Fossette» en trio … «Vers Les Lueurs» avec quintet à vent • Cirque Royal

THE RAPTURE Us - GREAT MOUNTAIN FIRE Be - MILAGRES Us THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND Be - ROMANO NERVOSO Be - ELVIS BLACK STARS Be - DZ DEATHRAYS Au LAURA GIBSON Us - MAGGIE BJÖRKLUND Dk CHILLY GONZALES Ca After Party by LIBERTINE SUPERSPORT • Café Bota 12.05 SPAIN PLAYING THE BLUE MOODS OF SPAIN & MORE Us • Cirque Royal

THE DIVINE COMEDY Gb An evening with Neil Hannon LIANNE LA HAVAS Gb - LISA HANNIGAN Ie - KISS & DRIVE Be FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS Fr - HOQUETS Be U.S. GIRLS Us - SIX ORGANS OF ADMITTANCE Us 13.05 AMADOU & MARIAM Mali - SARAH CARLIER Be• Coprod. Ubu • Cirque Royal

1995 Fr - DOPE D.O.D. Nl - ODEZENNE Fr - HIPPOCAMPE FOU Fr DANIEL DARC Fr - LE YÉTI Be - LESCOP Fr DJANGO DJANGO Gb - DEVIN Us CHAPELIER FOU Fr 15.05 FANFARLO Gb - ISBELLS Be - DAN SAN Be - PHILCO FICTION No “DFA LABEL NIGHT” : PLANNINGTOROCK Gb/De - YACHT Us PRINZHOM DANCE SCHOOL Gb FRIENDS Us - HIGH PLACES Us GREAT MOUNTAIN FIRE Be acoustique - MINA TINDLE Fr 16.05 INTERGALACTIC LOVERS Be - AMATORSKI Be - CLARE LOUISE Be Cirque Royal

GENERAL ELEKTRIKS Us - HOUSSE DE RACKET Fr - LA FEMME Fr C2C Fr - GHOSTPOET Gb - DYnamic Be PERFUME GENIUS Us - CATE LE BON Gb MARIEE SIOUX Us - MAÏA VIDAL Fr 17.05 WOODKID Fr/Us - V.O. Be • Cirque Royal BALTHAZAR Be - OBERHOFER Us - GAËTAN STREEL Be BAXTER DURY Gb GRIMES Ca PIERS FACCINI Gb/Fr - LAIL ARAD Gb 18.05 LA GRANDE SOPHIE Fr - ANAÏS Fr - NADÉAH Au • Cirque Royal ABSYNTHE MINDED Be - STEREO GRAND Be - ROSCOE Be REVOLVER Fr - EWERT AND THE TWO DRAGONS Ee - ROVER Fr KING KRULE Gb- HUSKY Au ESMERINE Ca - MIREL WAGNER Fi 19.05 CHARLOTTE GAINSBOURG Fr “Stage Whisper” avec CONNAN MOCKASIN • Cirque Royal

GOOSE Be - MONTEVIDEO Be MOUSE ON MARS De CITIZENS! Gb SISKIYOU Ca - PEASANT Us 20.05 STAFF BENDA BILILI Rdc - IBRAHIM MAALOUF Fr• Cirque Royal BLOOD RED SHOES Gb - SPECTOR Gb - BRNS Be CHASSOL Fr ELECTRIC GUEST Us WILLIS EARL BEAL Us 21.05 GRAVENHURST Gb - SUSANNE SUNDFØR No OXMO PUCCINO TRIO Fr : Oxmo Puccino: Voix / Vincent Segal: Violoncelle / Edouard Ardan: Guitare VEENCE HANAO Be 30.05 CAMILLE Fr - SIMON DALMAIS Fr• Coprod. Live Nation • Cirque Royal

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INFO/TICKETS SUR ANIQUE.BE 18.37.32 – WWW.BOT


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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © l i z f ly n t z

Beach House est de ces groupes qui vous colorent toute une saison sous une pléthore de cumulus mouvants. ‘Teen Dream’, sans pyrotechnie de drugstore, avait ponctué 2010 d’états de veille d’une douceur fiévreuse, rendu plus

panoramique nos visions, et nous étions légion à vouloir prolonger l’âge ingrat en flottant, qu’importe qu’il y ait précipice ou Walhalla à

la clé. Le premier jour du printemps, face à Victoria Legrand et Alex Scally, façonneurs de chimères, nous faisions ce constat : une ravageuse floraison venait d’avoir lieu et il était temps de la disséminer au-delà du Maryland. ‘Teen Dream’ a eu un énorme impact sur le public indé mais aussi sur la presse, c’est sans doute l’album qui vous a permis de réellement trouver votre son intime, votre propre tracé musical. Est-ce que vous sentiez une pression particulière sur vos épaules, avant d’entamer ‘Bloom’? Victoria Legrand : « Depuis l’extérieur, et en Europe particulièrement, on a constaté que ‘Teen Dream’ recevait beaucoup d’attention, plus de succès que les autres albums. On a vécu ça différemment, ça a été une évolution, quelque chose de progressif mais dont chaque étape était de plus en plus intense d’un point de vue créatif. Un premier album, ensuite ‘Devotion’, 500 dates de tournée dans un laps de temps très court. ‘Teen Dream’ était peut-être une sorte de bond en avant mais c’est sans doute dû à une forme d’intensité propre au live, nous étions en train d’évoluer en tant que songwriters, producteurs, ou comme performers et moi en tant que chanteuse. Cette énergie n’a pas cessé de nous construire, nous avons cheminé jusqu’à ‘Bloom’ sans nous arrêter pour y réfléchir intensément. Nous sommes rentrés à Baltimore en mars 2011 et avons procédé de façon naturelle pour libérer toutes ces idées nées de la scène. »

Par-delà le litté(o)ral

Avez-vous des sources majeures d’inspiration ? Victoria : « Nous sommes tellement souvent sur les routes ! Notre vie consiste essentiellement en Beach House : de la musique, des performances et de l’écriture. Nous sommes très compatibles à ce niveau-là. Donc la vie en général est très inspirante. Même nos instruments peuvent servir de point de départ. Comme lorsqu’Alex a trouvé cet orgue pour le tout premier morceau que nous avons écrit, ‘Saltwater’. C’était un moment vraiment particulier, nous nous rendions compte que nous pouvions travailler ensemble, que c’était harmonieux. Et l’ampleur de cet orgue, sa chaleur, ça allait devenir pour nous un son distinctif. Nous croyons en ces inspirations-là. Nous avons énormément d’instruments, de petits claviers, d’orgues, de boîtes à rythme, nous trouvons ça enthousiasmant. » Est-ce que la ville où vous vivez a un impact sur votre création? Ca va vous paraître ridicule, mais si je faisais partie d’un groupe, je me dirais : « Visons New-York, Los Angeles, San Francisco ou même Seattle ou Portland ! » et sans doute pas « Tout se passe à Baltimore! ». Votre choix est assez inhabituel, non ? Alex Scally : « On n’aime pas tellement ce genre d’endroits pour faire de la musique, parce qu’il s’y passe tellement de choses qu’il est plus difficile de se rendre compte là-bas que ce que tu fais toi est excitant et unique. Quand tu sors de ta maison à Portland, Los Angeles et New-York, tu en vois cinquante, des comme toi, partout. Baltimore est un endroit où tu peux vraiment faire uniquement ce que tu veux. Et en ce sens, c’est vraiment très bon pour la création. Pas nécessairement bon en terme de pression, tu peux juste flotter tout le reste de ta vie, mais si tu souhaites réellement faire de la musique, il n’y pas de notion de ce qui est plus cool ou moins cool, tu fais ton truc, tout simplement. Baltimore, c’est plus petit que Bruxelles ! » Victoria : « La communauté d’artistes est aussi plus restreinte mais c’est très varié, vivant comme tissu humain, il y a beaucoup de collaborations. » Est-ce que vous avez un intérêt particulier pour d’autres formes artistiques ? Victoria : « Les arts visuels…Pour moi le centre Pompidou, l’art moderne sont très inspirants.» Alex : « On adore le cinéma ! On regarde énormément de films, on en parle, on y pense. C’est une part importante de nos vies. » Victoria : « ‘Blade Runner’, notamment. On adorerait faire une bande-son, mais si ça tombe, ça n’arrivera pas avant dix ans.» Et ça serait quoi, votre plus grand rêve, en matière de réalisateur ? Victoria : « Wong Kar Wai est fabuleux. Il fait toujours un usage réellement adéquat de la musique imbriquée avec les sentiments, ‘In The Mood For Love’ est un bon exemple. » Alex : « David Lynch est toujours cool, c’est un vrai designer sonore. » Vous cultivez un goût pour les illusions, les phénomènes prodigieux. Vous connaissez peut-être le film tchèque ‘Valerie and her week of wonders’, je trouve son côté faussement féérique proche

de ce que vous dégagez sur vos albums… Est-ce que vous imaginez votre musique comme une façon d’aller au-delà des apparences, comme un miroir qui permettrait de tordre la réalité ? Victoria : « Un de nos fans avait monté une vidéo d’un de nos morceaux avec des images de ce film…c’était vraiment charmant; c’est toujours chouette quand tes auditeurs trouvent un moyen de se connecter à ta musique. C’est très attirant pour nous, esthétiquement, thématiquement, la distorsion. Trouver un mot qui dans un sens est symbolique et en même temps peut devenir tout à fait différent pour l’auditeur. Pour nos titres, on choisit des expressions qui semblent petites mais peuvent avoir une vaste portée, comme ‘Bloom’. ‘Wishes’ ou même ‘Myth’, c’est comme le nom d’une personne, ou comme un objet. Pas besoin d’en dire trop, il y a déjà énormément dans le morceau. On se demande si ça sonne juste. Pas bien ou mal, juste. » Sur cette tournée, vous avez des idées spécifiques pour la scénographie? Je me souviens de ces incroyables parasols blancs duveteux... Victoria : « Haha, les arbres-méduses. On ne peut pas encore t’en dire trop parce qu’on est en plein travail. Ca sera différent de ce qu’on a fait jusque là, mais c’est devenu très important pour nous. On veut que ça soit une expérience pour les gens, la musique, mais aussi l’ambiance globale, la lumière. C’est viscéral. » Il y a des lieux dans lesquels vous auriez particulièrement envie de jouer? Victoria et Alex : « Oh, tellement d’endroits. On aime le passé, on aime le futur (rires). On aime beaucoup. (Il l’interrompt) On aime trop. (Elle reprend) Nous sommes de vrais bisounours. » Alex : « C’est généralement magique, même les pires moments. J’en viens à fantasmer de revivre des shows affreux. A Poisy, dans l’Idaho, c’était un vrai trou à rats, le son était abominable, il y avait de la fumée partout…et pourtant j’y repense tout le temps, quel super concert ! » Victoria : « Quand je n’aime pas, c’est généralement parce que c’est trop formel. Les salles entièrement assises, ça n’est pas pour moi… Je préfère quand les gens ont au moins le choix, se sentent libres de bouger. Ca ne nous intéresse pas de jouer dans des salles de 10000 personnes, des stades où personne ne voit quoique ce soit. Ca ne fait pas du tout partie de nos ambitions. Personne n’aime ne se retrouver coincé dans un coin, c’est terrible. C’est sans doute une erreur pour les artistes cette philosophie du « Go bigger or go home ! » Nous, c’est plutôt « Go big, go small, go everywhere in between ». » Vous pourriez concevoir de la musique pour enfants? Victoria : « Les enfants sont naturellement brillants, toujours en train d’imaginer quelque chose, c’est stimulant. » Alex : « Pas mal de gens nous ont dit qu’ils faisaient écouter notre musique à leurs enfants pour qu’ils se calment. » C’est un public sincère, mais ils n’ont pas de frein à la brutalité dans leurs réactions… Alex : « Ils n’hésitent pas à demander : « Mais pourquoi cette dame est grosse ? » » Victoria : « Quand on vieillit, on garde ces choses-là pour soi, mais certains, comme les artistes, conservent cette part infantile, égoïste, presque ridicule. » Les adultes doivent rester si sérieux…c’est une chance pour vous, non, de pouvoir maintenir une forme d’insouciance ? Victoria : « Oh, on a de la chance, oui, et nous sommes reconnaissants chaque jour de pouvoir être interviewés, de partir sur les routes…tout le monde pourrait s’en moquer, en fait, de ce qu’on fait. »

Beach House ‘Bloom’ Bella Union/V2

Je ne renie jamais une interprète quand elle a le don de réesquisser mon ciel, prontissimo. Victoria Legrand fait partie, avec Eleanor Friedberger (Fiery Furnaces), de ces nouvelles muses indie (timbre de garçonne, cascade de boucles) qui rajoutent des palpitations troubles à tout ce qu’elles touchent et me gagnent à leur cause sans bluff éventé. Ni éthérées ni provocantes, elles pratiquent la séduction auditive avec ce que d’aucuns appelleraient du chien et d’autres du talent. Là où ‘Teen Dream’ s’apparentait à une claque aux propriétés vivifiantes, ‘Bloom’ est sans doute moins flagrant niveau phéromones juvéniles. Plus viscéralement que son marquant prédécesseur, voici un disque niché dans un spleen capiteux, tantôt hérissé de nappes lourdes qui s’étalent profusément tantôt de gimmicks eighties jamais criards, mais l’auditeur qui prendra le temps de s’y repaître s’apprête à découvrir quantité de constellations infimes et de pierres précieuses : ‘Lazuli’ et ses chœurs en gangue, ‘Irene and Wherever You Go’ et sa nostalgie lancinante sous-jacente, notamment. On s’étonnera par ailleurs que ‘ The Hours’ riff hédoniste imparable et refrain à l’avenant n’ait pas été préféré comme bouchée apéritive à ‘Myth’ (à l’éclat indéniable mais moins instinctif), pour faire patienter l’auditeur qui les attend avec ferveur depuis deux ans. Un groupe qui une fois encore sait se rendre essentiel en vous tatouant sur les phalanges enjoué et inquiet sans savoir laquelle des deux mains a sa préférence, ça vous ferait croire aux miracles. Ayez foi en ‘Bloom’ ! (alr) Suivez le guide : http://beachhousebaltimore.com/

on stage 25/05/2012 - De Kreun - Courtrai.


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drivejo / m o c . k o o b ur face s o ĂŠ id v a t Poste

purefm.be


08

T e x t e : N i c o l a s A l s t e e n © j a c ly n c a m pa n a r o

Texte : nicolas alsteen © greg m

Here Tu Fawning We Go M

Depuis Portland, Tu Fawning érige ‘A Monument’, un second album façonné d’harmonies vertigineuses et d’architectures pop sophistiquées. Chaînon manquant entre les envolées éthérées de Beach House

et les orchestrations fantasmagoriques de St.Vincent, la musique de Tu Fawning évoque l’amour et la mort, la joie de vivre et la peur de clamser. Cette ambiguïté sommeille au cœur de la romance qui unit les idées musicales de Joe Haege (31Knots) à la voix de sa muse, Corrina Repp. Leurs chansons prennent la vie à

bras-le-corps, sans craindre de s’exposer au dénouement. Car, à la fin, il ne reste que squelettes et ossements. En attendant, le couple nous laisse un beau souvenir : ‘A Monument’ mérite gerbes de fleurs et recueillement.

Monument aux morts Avant de monter Tu Fawning aux côtés de ton compagnon Joe Haege (guitariste fascinant et leader du groupe 31Knots, ndr), ta carrière solo reposait essentiellement sur un socle acoustique. Comment les bases de ce nouveau projet se sont-elles posées ? Corrina Repp : « Tu Fawning se démarque de nos projets respectifs. On est loin du math-rock urgent et racé de 31Knots. On se situe aussi à bonne distance de mes chansons. En 2007, j’achevais la tournée consécutive à mon dernier album (‘Absent And The Distant’). Dans le même temps, 31Knots terminait l’enregistrement d’un nouveau disque. A l’époque, on trainait un étrange sentiment de frustration : on s’impliquait corps et âme dans nos projets respectifs, mais la crise du disque et l’état de santé du marché contribuaient à ruiner nos efforts... On avait besoin d’une bulle d’air. On a commencé à écrire quelques chansons ensemble sans aucune prétention. Finalement, les morceaux nous plaisaient. On a donc décidé d’entamer une petite série de concerts, juste pour le plaisir. Comme les retours étaient positifs, on a poursuivi l’effort et trouvé un nom de scène. On a ensuite tourné aux Etats-Unis et en Europe. Honnêtement, on ne pensait pas en arriver là. Au départ, notre ambition, c’était de trouver quelques dates dans des cafés à Portland. On a largement dépassé cet objectif… (Sourire) » Doit-on considérer Tu Fawning comme un projet parallèle ou un groupe à part entière ? Corrina Repp : « Aujourd’hui, c’est vraiment une entité à part entière. Tu Fawning est notre activité principale. Quand on a commencé, c’était une distraction. Joe parvient encore à trouver du temps et de l’énergie pour bosser sur les disques de 31Knots. Pour ma part, c’est devenu impossible de bosser en solo. Tu Fawning a pris énormément de place dans nos vies. » Plusieurs chansons du nouvel album se rapportent au corps (‘Blood Stains’, ‘Skin and Bone’, ‘Bones’). Vous êtes des obsédés de l’anatomie humaine ? Corrina Repp : « On s’est seulement rendu compte de l’omniprésence de ce thème après avoir achevé l’enregistrement de l’album. Quand j’ai envoyé les titres des morceaux aux gens de notre label, ils nous ont répondu un truc du style : « C’est un disque sur les squelettes ? » C’est seulement à ce moment qu’on a capté que le mot « Bones » revenait à plusieurs reprises dans les chansons. Et c’est à partir de là que j’ai commencé à réfléchir aux thématiques d’‘A Monument’. J’ai analysé les événements qui avaient jalonné la conception du disque. Avec du recul, je peux dire qu’‘A Monument’ évoque l’humanité, le corps humain, la vie, la mort et les relations amoureuses. Évoquer les os et le corps, c’était d’abord une façon d’envisager l’individu à travers une composante universelle et tangible. La dernière chanson du disque (‘Bones’), par exemple, s’inspire d’un bouquin de Philip Roth intitulé ‘Everyman’. A la fin de ce livre, l’auteur se focalise sur le corps humain et envisage le squelette comme la seule trace concrète de notre passage sur terre. Cette réflexion trouve sans doute des ramifications sur ‘A Monument’. » Si on compare ‘A Monument’ avec votre premier album (‘Hearts on Hold’), on peut clairement mesurer la distance parcourue par Tu Fawning au cours de ces deux dernières années. Aujourd’hui, tout est plus lustré qu’autrefois… Corrina Repp : « On a pris conscience de notre potentiel créatif.

On fonctionne désormais comme un vrai groupe. Alors qu’à l’époque du premier album, on n’était même pas certain de former un groupe... Notre processus est totalement démocratique. Tout le monde apporte des idées aux chansons. Au niveau de l’énergie, c’est forcément différent. Le fait d’appartenir à une équipe, de défendre ensemble les couleurs de Tu Fawning, ça renforce les liens et les motivations. Musicalement, on a aussi essayé de pousser les choses plus loin. » Sur ‘A Monument’, ton chant se tourne vers d’autres inflexions. A l’écoute du premier Tu Fawning, on n’imaginait pas affronter de telles harmonies vocales sur les nouvelles chansons. Comment expliquer cette évolution ? Corrina Repp : « Je progresse par tâtonnements. Au début, mes limites tenaient essentiellement à mes capacités vocales. Je ne pensais pas être en mesure de dépasser certaines qualités innées. Avec le temps, mes convictions ont changé. Plusieurs groupes de Portland m’ont demandé de me charger des chœurs sur leurs chansons. J’ai eu la chance de collaborer avec Viva Voce, 31 Knots ou Menomena, par exemple. A chaque fois, on me demandait de travailler sur des morceaux que je ne pensais pas être capable de chanter. J’ai redécouvert ma voix à plusieurs reprises. » Portland se porte plutôt bien sur le plan musical. Quels sont les artistes avec lesquels vous partagez du temps ? Corrina Repp : « Il y a The Decemberists, Menomena et M. Ward. On va souvent manger des pizzas avec The Thermals aussi. (Rires) Et puis, on adore les gens de Helio Sequence et Modest Mouse. A Portland, la scène musicale est assez chaleureuse. Tout le monde se croise dans les bars. On partage des affiches ensemble dès que l’occasion se présente. L’ambiance est assez familiale. On se serre souvent les coudes, on s’encourage. Parfois, quand on se lance dans des tournées internationales, on se croise à l’étranger. C’est assez bizarre. Je ne sais pas comment expliquer la bonne santé musicale de Portland… Je n’ai pas de réponse « magique » pour l’expliquer. Au mieux, j’entrevois des pistes de réflexion : la ville est entourée par la nature, les gens sont plutôt accueillants, les loyers sont abordables. Les artistes peuvent s’installer et travailler sans craindre de crever de faim à la fin du mois. Du coup, la communauté artistique est très présente. Le revers de la médaille, c’est qu’elle suscite un intérêt croissant des riches investisseurs et des nouveaux visiteurs. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes aisées affluent vers Portland. Certaines portions urbaines changent radicalement de visage. Le champ d’activité des artistes régressent. J’espère simplement que cette tradition pour l’art ne quittera jamais la ville. » Un disque : ‘A Monument’ (City Slang/Konkurrent) Suivez le guide : www.tufawning.com

on stage 02-06 - Botanique, Bruxelles

Toujours sous le commandement de l’infatigable Luke Temple, Here

We Go Magic hisse (et ho) une troisième voile à son mât. Produit de main de maître par Nigel Godrich (Radiohead, Air, Beck), le nouveau ‘A Different Ship’ a de quoi faire passer les précédents essais du groupe pour des coups dans l’eau. En dix chansons parfaitement calibrées, les Américains fendent les flots électriques de Deerhunter et les mers bleutées autrefois chantées par The Shins. Une belle traversée.

A bon port L’histoire de Here We Go Magic fait suite à une brillante carrière solo. Certains se souviennent, notamment, de l’excellent album ‘Hold A Match For A Gasoline World’ (2005). Tout semblait bien se passer pour toi. Pourquoi monter un groupe ? Luke Temple : « Je considère le premier disque de Here We Go Magic (‘Here We Go Magic’) comme le truc le plus personnel de ma carrière. Je l’ai enregistré moi-même en jouant tous les instruments. Mais, dans mon esprit, une chose était claire : en tournée, j’avais besoin d’un groupe pour donner vie aux morceaux. Je ne souhaitais pas engager des musiciens le temps d’une tournée. Je cherchais quelque chose de plus consistant. Je ne regrette absolument pas mes disques en solo, mais les défendre seul sur scène, ce n’était pas une bonne idée. Il m’était impossible de retranscrire leur énergie. C’est comme ça qu’est né Here We Go Magic. Après, travailler en groupe a donné naissance à d’autres automatismes. Pour moi, ce fût une sorte de nouveau départ. » Avec le temps, votre musique a évolué vers des structures pop plus éthérées. Les substances freak folk des débuts laissent place au groove et à des refrains engageants. Comment expliques-tu cette métamorphose ? Luke Temple : « Cette évolution est liée aux différentes sensibilités qui animent aujourd’hui Here We Go Magic. Travailler en groupe, ça change tout. Voilà aussi un moment qu’on essaie de simplifier les mélodies, de composer des chansons selon un schéma plus linéaire. Et puis, on pense davantage nos morceaux en fonction de la scène. Pouvoir les réinterpréter de façon fidèle lors des concerts, ça nous semble important. Ce qui ne nous empêche pas de nous faire plaisir en tournée. Sur scène, on prolonge volontiers les chansons. Ne pas se sentir prisonnier de ses chansons, c’est le plus important. Mais ça demande de bien les maîtriser. » Votre nouvel album est produit par Nigel Godrich (Radiohead, Beck, The Flaming Lips). Bosser avec une telle sommité, ce n’est pas donné à tout le monde… Comment avez-vous fait pour le convaincre ? Luke Temple : « Durant l’été 2010, on était programmé à l’affiche du festival Glastonbury, en Angleterre. Quand on s’est pointé là-bas, la veille de notre concert, les organisateurs nous ont appris qu’ils n’avaient pas prévu d’hôtel pour nous : les petits groupes devaient apporter une tente pour dormir… Du coup, on n’a pas vraiment fermé l’œil de la nuit. Le lendemain, en matinée, on est monté sur scène complètement cassé pour jouer un concert devant un public fracassé. C’est bien simple : tout le monde avait la tête dans le cul. Dans la fosse, les gens semblaient se contrefoutre de nos chansons. Heureusement, juste devant la scène, deux types étaient à fond dedans. Pour ne pas passer totalement à côté du concert, j’ai commencé à me concentrer sur eux. Et, au bout d’un moment, j’ai réalisé qu’un des deux types était Thom Yorke. J’avais vraiment du mal à croire qu’il prenait autant son pied sur nos morceaux. A un moment, j’ai même pensé qu’il était camé. Toujours est-il qu’en sortant de scène, le chanteur de Radiohead était là pour nous accueillir avec son pote. Il nous sert la pince et nous présente Nigel Godrich. J’avais tellement peu dormi que toute cette histoire me semblait irréelle. Quelques semaines plus tard, Nigel


m i tn i c k

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Texte : gery lefebvre

Magic Rover Godrich est venu nous voir jouer à Londres et Paris. Dans la foulée, il nous a proposé ses services… » Quelles sont ses principales qualités en tant que producteur ? Luke Temple : « C’est d’abord un ingénieur du son exceptionnel. Sur un plan purement technique, sa maîtrise est impressionnante. C’est quelqu’un qui travaille vite. Il peut accoucher d’un son renversant en quelques minutes. En studio, il est un peu comme un peintre : il sait exactement comment combiner les palettes de couleurs. Par ailleurs, il adopte souvent un réflexe « économique ». A ses yeux, une débauche de moyens est inutile pour parvenir à ses fins. C’est un partisan du « less is more ». Et puis, Nigel Godrich est le genre de producteur qui t’indique la marche à suivre sans état d’âme. Quand tu es musicien, ton objectivité est toujours menacée : tu as tellement le nez dans le guidon qu’il en devient difficile de trancher. Ça t’amène à conserver telle ou telle partie de ton travail, souvent pour des raisons purement affectives. Nigel Godrich se détache facilement de tout ça. Ses choix ne se font pas en fonction de sensibilités artistiques, mais au regard du morceau enregistré. ‘A Different Ship’ aurait été tout autre sans son intervention. Si on avait dû enregistrer l’album par nos propres moyens, on ne serait pas allé au bout des choses… » ‘A Different Ship’ est né entre Los Angeles, New York et Londres. Quelle est la place et l’importance de ces villes dans le processus qui vous a mené au nouvel album ? Luke Temple : « New York, c’est la première étape du disque : son écriture. Ça s’est passé pendant un hiver horrible, glacial. A une époque où on s’est mis la pression inutilement... Quand Nigel Godrich nous a proposé ses services, on était un peu déconcerté. C’était une opportunité unique et assez invraisemblable. On ne voulait pas foirer. Je me suis donc mis en tête d’écrire les meilleures chansons de ma vie. Mais c’est quand on essaie de toucher à l’excellence qu’on frise la catastrophe. On est parti à Los Angeles pour une première session d’enregistrement. Là-bas, rien ne tournait comme prévu. Les morceaux me semblaient complètement nases. Frustré, j’ai même failli abandonner… J’ai évoqué la situation à Nigel. Il a tout de suite compris ce qui se passait... Il nous a proposé de venir à Londres pour bosser dans son studio. De prendre le temps nécessaire. Et de nous faire plaisir. L’essentiel de l’album a été composé en Angleterre. Notre relation avec Nigel Godrich a évolué. C’est devenu un pote. Les étapes qui nous ont menés de New York à Los Angeles étaient douloureuses, mais nécessaires. Aborder un disque trop confiant, c’est prendre le risque de sombrer par vanité. Dans notre cas, c’était plutôt l’inverse : on était complètement flippé. Mais ça a débouché sur une véritable remise en question : une catharsis. » Aujourd’hui, compte-tenu de ton expérience en solo, du travail effectué en groupe et de toutes les péripéties survenues au cours des derniers mois, as-tu tendance à considérer ‘A Different Ship’ comme ton meilleur album ? Luke Temple : « C’est une question délicate. Honnêtement, je pense qu’on n’a jamais fait mieux. C’est le meilleur album de Here We Go Magic. Par le passé, j’ai composé de solides morceaux, mais je n’ai jamais réussi à leur donner les moyens de briller... Faire sonner un morceau sur album, ce n’est pas si simple. ‘A Different Ship’ est un disque cohérent avec dix chansons qui s’enchaînent comme les chapitres d’un roman. Un truc à lire jusqu’au bout. » Un disque : ‘Here We Go Magic’ (Secretly Canadian/Konkurrent) Suivez le guide : herewegomagicband.tumblr.com

on stage 05/07 - Festival Les Ardentes, Liège

Il est des artistes immédiats dont on a appris à se méfier. Et d’autres qui deviennent évidents après plusieurs écoutes. Timothée Régnier alias Rover n’émarge à aucune de ces deux catégories. Pas iconoclaste pour un sou, le frenchie connaît ses classiques anglo-saxons et les revisite à l’aune de ses émotions trimballées à travers le monde. Cathartique et troublant, son premier album éponyme est rempli de mélodies aussi ferventes que limpides qui pétillent d’effervescence psyché. Rencontre après l’exercice toujours délicat d’un showcase devant un parterre de plumes plus ou moins fines.

Retromaniaque Il y a un grand contraste entre la façon dont tu as interprété les quelques titres que tu as joué lors de ce showcase et l’émotion qui se dégage de ton disque. C’est naturellement lié à l’exercice en luimême mais tu donnais un peu l’impression d’imposer ta musique plutôt que de la proposer à l’assistance. Tu es d’accord avec ça ? Timothée Régnier : «Oui, je comprends où tu veux en venir. C’est toujours un risque d’imposer ses chansons. Les showcases sont des exercices très délicats. Surtout là où j’en suis dans ma carrière. J’ai envie de dire qu’on s’embourgeoise, qu’on s’habitue assez vite à ce qu’il y ait du répondant lors des concerts, que les gens chantent vos chansons. J’ai donné il y a deux jours un concert à Paris, c’était bondé, on était en groupe. Et revenir à un exercice solo dénudé avec juste l’ossature de la chanson, on revient à quelque chose de très brut. Sincèrement, c’est un exercice très violent, que je peux savourer, mais c’est d’une cruauté extrême dans le sens premier du terme, on va vraiment jusqu’à l’os. J’ai toujours tendance à essayer de cacher avec des petites blagues une sorte de malaise que je peux avoir car mes chansons sont fort chargées en émotion et il faut les contrecarrer en quelque sorte. Mais effectivement, parfois ça peut marcher moins bien. » En écoutant le disque, il y a évidemment des influences qui sautent aux oreilles. Tu n’as jamais voulu te rebeller contre ce que tes parents écoutaient ? C’est quoi la « Rover touch » en fait ? Timothée : « La « Rover touch », c’est peut-être le fait d’assumer ses influences, d’éviter de trop intellectualiser la musique et l’art en général et d’être sensible à une émotion qui est la plus brute, la plus vraie et la plus honnête possible. Moi ça a été vital au moment d’écrire les chansons et ça l’est toujours au quotidien, une espèce de suspens dans le temps qui me plaît bien. Je ne renie évidemment pas les influences qu’on entend : Bowie, Dylan, les Beach Boys, les Beatles, Bach…humblement bien sûr… mais je pense que ce sont des alliés quand on écrit des chansons. Il ne faut certainement pas essayer de se mettre en concurrence avec ces compositeurs. Ca serait une erreur, il ne faut pas renier tout ça, eux-mêmes avaient chacun leurs maîtres. Le tout c’est de passer tout ça dans son propre filtre émotionnel et d’en faire sa propre tambouille.» Pour cet album, qu’est-ce qui a finalement eu le plus d’influence ? Beyrouth et ce que tu y as vécu, ou bien est-ce plutôt Bowie et Wilson ? Timothée : « A choisir entre les deux, je dirais spontanément Beyrouth. Ca n’est sûrement pas un compositeur en particulier ! C’est donc plutôt le quotidien, les cassures, les voyages forcés, une certaine forme d’urgence qui a influé sur mon travail de musicien. Je suis revenu de Beyrouth avec une énorme dose de stress. J’ai été expulsé en trois jours pour une histoire de visa. J’ai dû tout laisser derrière moi, j’ai appris à ne plus être matérialiste. J’étais un peu à sec quand je suis rentré en France, j’avais juste un pull, un jeans et une guitare. Et cette notion d’urgence, elle est très présente à Beyrouth. C’est une jeunesse qui fait la fête parce qu’elle ne sait pas de quoi sera fait le lendemain. Ils font de l’art rapidement, montent des galeries rapidement, ils les ferment tout aussi rapidement. La notion de temps est évidemment très présente là-bas. Même si c’est une ville assez décontractée. C’est très paradoxal.» Tu sembles aussi assumer une certaine forme de grandiloquence dans ta musique. Est-ce que c’est lié à cette période 60’s-70’s qui te touche tellement ? Timothée : «C’est certainement lié. Mais c’est aussi lié à mon physique un peu surdimensionné. J’ai longtemps souffert de ça, tout a toujours été

trop petit ou étriqué pour moi… Donc à partir d’un moment on a envie de dire merde, j’ai du coffre et une voix qui porte, allons-y, assumons ! Ca met du temps. Mais aujourd’hui j’aime jouer avec ça, le contraste voix de tête avec mon physique, puis repasser dans les graves. C’est mon côté rollercoaster ! Moi-même je m’en amuse. L’émotion, le lyrisme le demande, c’est raccord avec les chansons. » Ton histoire personnelle est tout sauf banale et elle est beaucoup mise en avant dans la communication autour de Rover. C’est une forme de storytelling qui peut prendre le pas sur l’aspect musical, non ? Timothée : «Je comprendrais parfaitement qu’on m’en fasse le reproche. Moi-même, je ne le dis pas, mais c’est un peu fatiguant qu’on me parle plus de mes voyages que de ma musique en ellemême. On se fout un peu de mes voyages, y’a rien d’extraordinaire. C’est juste un type qui s’est fait expulser pour une histoire de visa et qui a pris l’avion !» Est-ce que ce disque aurait existé si les services libanais de l’immigration avaient été moins zélés ? Timothée : «Je n’en ai aucune idée ! C’est une bonne question… Je pense que ça sommeillait en moi. C’est un disque que je n’aurais pas pu faire à 20 ans. C’est au-delà de la musique, c’est une photo de ce que j’étais et de ce que je suis en ce moment. Je veux que ça ne laisse pas indifférent, peu importe qu’on déteste ou qu’on aime. Pour moi il a été important dans ma vie. Je n’ai pas eu une vie extraordinaire au point de la raconter à chaque fois même si je conviens aisément qu’elle n’a pas été banale ! Je crois juste que ça contribue à l’originalité du disque. Etre bercé tous les matins par de la musique arabe, ça imprègne sur les rythmiques. Idem pour les odeurs, tout ça, ça infuse et même si c’est inconscient, ça fera peutêtre qu’un accord sera plutôt mineur que majeur. »

Rover ‘Rover’ Cinq7/Wagram/Pias Le vagabond (rover en anglais) trimballe un baluchon musical bien garni dans lequel les œuvres complètes de Brian Wilson occupent une place de choix. A l’écouter, on parierait même volontiers sur la nature de ses rêves tourmentés par des apparitions récurrentes de David Bowie. Pour le reste, tout n’est que contraste. Une gueule à la Gérard Depardieu époque Danton, le regard inquiétant de Jack Nicholson dans Shining. Mais ce physique hors norme renferme une voix aux allures de brise fantomatique qui caresse les anges depuis les tréfonds de l’enfer (‘Tonight’). Musicalement, et malgré le poids des influences, jamais le disque ne prend des allures de musée où les icônes prendraient la poussière. Il y a des moments de grâce dans cet album où même les pièces montées d’harmonies restent légères (‘Champagne’, ‘Full Of Grace’). Et Grincheux, qu’en pense-t-il ? Que certains passages sont aussi grandiloquents qu’une autobiographie de Gérard Depardieu. Mais ça n’est franchement pas ce qu’on retiendra en priorité. (gle)

on stage 18/05 06/06 20/07 18/08

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Nuits Botanique, Bruxelles Casino 2000, Mondorf-les-Bains (Lux) Francofolies, Spa Brussels Summer Festival


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T e x t e : a n n e - l i s e r e m a c l e © m i k a e l g r e g o r s ky

Les diktats de la hype ne nous feraient pas ciller pour Django Django, nous savoir infectée par des rythmes flagrants relèverait du mythe urbain. Deux jours après nous devions pourtant battre pavillon blanc: on

venait d’être surprise en train de danser compulsivement sur ‘Default’, et la pyramide aux cercles concentriques surgie de la station Montgomery constituait le symbole halluciné de notre compatibilité manifeste avec cette sarabande. Dans la voie lactée avec Dave MacLean (batteur, producteur) et Tommy Grace (claviers), on s’est plu à rêver d’une ère moderne, inspirée et loufoque.

Dans ‘Storm’, Vince chante « You are a maze, a complex sum. » et je pourrais vous retourner le compliment, votre musique est nuancée, les directions que vous empruntez multiples. C’était voulu, cette façon de ne pas vous retrouver cantonnés à une seule étiquette ? Tommy : « Non, ce n’était pas une décision consciente de tenter de faire moins simpliste, on est curieux de nature. » Dave : « On a grandi avec une énorme collection de disques, depuis les 60’s et 70’s apportées par mes parents, jusqu’à la dance music des 90’s et actuelle. Tout ça s’est retrouvé pêle-mêle. Si on devait définir un noyau référentiel commun, on a tous baigné dans les Beatles, les Beach Boys, les Rolling Stones, de la musique classique des 60’s. »

s’est bien marrés, on dansait en l’enregistrant. » Dave : « On devrait faire une vidéo avec des cactus qui dansent! » La première fois que j’ai écouté ‘Skies Over Cairo’, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à un chameau appelé Can qui aurait ingurgité Jonathan Richmann… C’est bien un hommage à ‘Egyptian Reggae’? Dave : « C’est autant un hommage à ‘Egyptian Reggae’ qu’à ‘Ghost Town’ des Specials. » Tommy : « À ‘Misirlou’, aussi. » Dave : « C’est le genre de choses qu’on entendait beaucoup dans la musique surf des années 60. » Tommy : (à Dave) « Tu nous bassinais avec un crocodile, tu nous disais que si on y pensait, ça serait parfait. Il y a aussi Korla Pandit, un joueur d’orgue Hammond pendant l’Âge d’Or d’Hollywood, un type ordinaire mais sur scène, il portait toujours un turban. On l’a joué comme lui l’aurait fait, dans un esprit exotica.» Ce qui me marque, dans vos morceaux, c’est votre goût des personnages, le fait que vous semblez jouer à la fois le rôle des cow-boys mais aussi des indiens… Dave : « Absolument ! Il y a beaucoup d’influences western un peu dingues dans notre album, mais aussi des références païennes, c’est un peu le modernisme versus la tradition, mais en même temps ! » Et rien ne vous oblige à choisir votre camp, finalement… Tommy : « Il y a dix ans, la scène musicale était très tribale, et on t’obligeait à choisir ton bord, si tu ne rentrais pas dans le carcan, on considérait que ce que tu faisais était de la merde. Mais on ne s’est jamais fixé ce genre de barrières. Alors oui, on est les deux ! » Vous avez débarqué sur la lune, il n’y a rien d’autre que des cailloux. Le choix que je vous laisse, c’est un seul morceau chacun à écouter en boucle, probablement le tout dernier que vous entendrez… Dave : « Je crois que ça serait le thème de ‘2001, Odyssée de l’Espace’, car on serait sur la lune, après tout et chaque fois que le soleil surgirait, ça donnerait ça : tuuu tuuu tuuu tu tu (il chantonne). » Tommy : « Je dirais ‘Good Vibrations’, ça serait parfait. » Dave : « Ou bien Technohead ‘I Wanna Be a Hippie And I wanna Get Stoned’! »

Viens, petite fille, dans mon Co(s)mic Trip… Le texte de The Lonely Piper dans la pochette est une explosion instinctive, presque gonzo, ça correspond à votre fulgurance. C’était à votre demande, ce trip poétique ? Tommy : « Oui, on lui a suggéré. C’est un ami de Dave, il fait aussi des communiqués de presse. Et c’est à lui qu’on doit le visuel du smiley avec la lune à la place de la bouche. » La presse buzze avec votre nom depuis 2009, année de vos deux premiers singles. Ça a constitué un poids pour enregistrer l’album, ou bien vous vous en moquiez ? Dave : « À vrai dire, on s’en fiche (rires). Je crois que c’est dans notre constitution d’être un peu têtus ou arrogants et de ne pas nous soucier de ce que les autres pensent. On était quatre types en train de faire de la musique, comme n’importe qui en Grande-Bretagne. On a juste cherché à enregistrer honnêtement, sans trop de vernis sur les chansons, on voulait qu’elles ne soient pas trop produites, juste suffisamment pour être instinctives. C’est important pour nous d’être immédiats. On veut divertir les gens.» Je n’appellerais pas ça de l’arrogance… peut-être juste une façon sensée de pouvoir continuer à faire exactement ce que vous voulez, non ? Dave : « Oui, parce que si tu commences à y prêter attention, c’est comme un ver, tu ne peux pas t’empêcher de penser seulement à ça au lieu de te focaliser sur ce que tu veux, toi. Il se peut que les gens n’aiment pas, mais au moins tu as réalisé l’objectif que tu t’étais fixé. On aurait pu se montrer très avant-garde et se dire : « Jetons tout, et recommençons à partir de rien ! » Mais vraiment, on voulait d’un album qui corresponde bien à nos références, à la tradition de la pop, du songwriting. Je pense qu’on avait en nous de quoi faire un album étrange, mais que ce qui comptait au fond, c’était faire de la musique. » Dans la machine Django Django, vous êtes quatre rouages essentiels… comment se construisent les compositions, exactement ? Tommy : « Nous ne sommes pas franchement si doués que ça pour écrire un morceau du début à la fin. D’habitude, on arrive juste avec des petits bouts, un rythme ou des paroles, ensuite on les enregistre, Dave les arrange en nous suggérant dans quel ordre on devrait mettre tout ça et on se remet au boulot. Il joue un rôle essentiel dans l’écriture. » Dave : « Je préférerais qu’ils fassent juste des morceaux (rires)… Ça me permettrait d’arrêter d’avoir cette impression d’être Dieu après nos sessions, en rassemblant ou dépouillant tous ces bouts. » Tommy : « Oui, il y a un côté un peu Frankenstein, une approche monstrueuse. » J’ai une anecdote qui me ramène à vos bedroom sessions. Une amie à moi, qu’on jugerait inoffensive, nous suggérait de la surnommer She Hulk : elle venait de démolir son lit. À vrai dire, je vous imaginais au cœur de la chambre de Dave rêver d’être des super-héros conquérant le monde grâce aux beats… Tommy : « Oh, je mourrais d’envie d’être She Hulk ! » Dave : (hilare) « J’ai souvent pensé que Tommy serait adorable habillé en She Hulk. Ou simplement peint en vert, mais avec un bikini. Pour en revenir aux super-héros, on ne s’imaginait pas conquérir quoi que ce soit. Ça a été une sorte d’incident heureux. » Je suis persuadée que vous jouez aussi aux jeux vidéos, non ? Du retrogaming, voilà ce que j’ai en tête à cause de certaines sonorités de vos morceaux… Dave :« Plus maintenant, mais avant, j’étais obsédé par ZX Spectrum, un ordinateur des années 80. Je pense que cette familiarité est due aux claviers analogiques, à tout notre équipement analogique ancien. » Vous cultivez un esprit ludique prononcé… ‘Zumm Zumm’ est une farandole totalement ivre… Ça m’a rappelé un dessin animé presque psyché, ‘Los Tres Caballeros’, où Donald se retrouve cerné par des cactus géants qui se trémoussent… Tommy :« Ce morceau-là n’a pas été enregistré dans cette fameuse chambre, mais dans un cottage. On commençait à souffrir de claustrophobie, ça nous a rendus un peu dingues. Mais on

Django Django ‘s/t’ Because Music/Warner

Cela faisait des lustres qu’on avait plus vu plus flamboyante bande de recycleurs ingénieux que Django Django, peut-être depuis 2004, année en berne où leurs compatriotes de The Beta Band avaient déposé les mélodies. Trop longtemps aussi qu’on ne s’était pas aventurés avec délice jambes par-dessus tête dans les sinuosités d’un album en ayant la fièvre aux lèvres à force de scander chaque beat. Je ne donne d’ailleurs pas cher de vos semelles et de votre santé mentale si elles trouvaient le chemin de ce disque : il leur faudra affronter l’introduction teigneuse d’’Hail To The Bop’, aussi vivifiante qu’une séance dans les ronces avec Zombie Zombie. Ce n’est jamais qu’un échauffement en regard des positions antinaturelles que votre enveloppe charnelle risque d’adopter en se laissant gagner par cette bombinette pop qu’est ‘Default’ : on en bégaierait d’émotion. ‘Waveforms’ a le chic pour imposer avec brio son obstination ondulatoire, on se méfie à peine et pourtant « Radar scanning my mind ». ‘Zumm Zumm’ est la voie directe vers un asile où les hôtes ont élu La Chenille comme activité permanente: vous n’en sortirez jamais indemnes, c’est mieux ainsi. Si vous les suppliez vraiment, vos gentils bourreaux vous accorderont le répit le temps d’un morceau, peut-être deux : ‘Hand Of A Man’ fond sur la langue comme un cachet rose, ‘Love’s Dart’ vous projette sur les traces d’un chercheur d’or déboussolé. On vous laisse découvrir à quels autres délicieux périls il faudra vous attendre, c’est l’heure de la promenade, le ciel au-dessus du Caire est chargé de promesses obsédantes. (alr) Suivez le guide : http://www.djangodjango.co.uk/

on stage 13/05 - Nuits Botanique, Bruxelles 22/05 - Le Grand Mix, Tourcoing 16/08 - Pukkelpop



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T e x t e : e r i c t h e r e r © stefano giovannini

Lee Ranaldo

A l’heure même où l’avenir de Sonic Youth demeure incertain, pour ne pas dire compromis par la séparation de Thurston Moore et Kim Gordon, Lee Ranaldo sort du bois et offre un premier album solo de chansons véritables qui tranche avec les expériences plutôt expérimentales auxquelles il nous avait habitués jusqu’alors. ‘Between The Times And The Tides’ est en réalité la résultante d’un travail entamé auparavant et non pas une réorientation opportuniste liée aux circonstances. Petit chat téléphonique transatlantique avec notre homme en guise de préambule.

A Contre vent Lee Ranaldo : « Depuis très longtemps, j’avais l’envie de réaliser un album en solo de ce type mais je n’avais jamais concrétisé mon intention. Ce sont des évènements extérieurs qui ont précipité les choses. Au printemps 2010, j’ai reçu une invitation de France à jouer un concert acoustique à Hyères. En préparant ce concert, des idées de chansons ont pris vie, certaines se sont révélées presque intuitivement sans que j’aie eu à réfléchir. ‘Lost’ est venue comme cela, naturellement, sans ébauche préparatoire. Il s’en est suivi une période d’écriture de plusieurs chansons qui se sont finalement retrouvées sur cet album. D’autres ont suivi par après. Il n’y a donc pas eu de processus volontaire déterminé à l’origine de ce disque. Il s’agit davantage d’un concours de circonstances qui est advenu à une époque de ma vie où j’avais envie d’exprimer diverses choses. Sans doute le moment était-il venu d’enfin passer à l’acte... » Cet album marque une rupture en regard de tes enregistrements précédents plus expérimentaux. Lee : « Je ne pense pas qu’on puisse parler d’une rupture mais d’une étape naturelle. Comme je te l’ai dit, ce disque était latent en moi depuis longtemps. S’il ne s’était pas matérialisé auparavant ce n’est pas par hasard. En y repensant après coup, je pense que je n’aurais pas pu le réaliser avant car cela était davantage de l’ordre d’une idée floue, du rêve… » Quelle a été l’équipe véritable de musiciens qui t’a épaulé pour la création du disque ? Lee : « La plupart des morceaux ont été écrits avec Steve (ndr : Steve Shelley, batteur de Sonic Youth) et Irwin Menken. A trois nous avons tracé la structure de la plupart des morceaux. Ces canevas ont été complétés et enrichis par l’apport de gens que j’avais envie d’inviter car je pensais que leur contribution serait intéressante. Alan Licht (comparse de Lee au sein du projet Text of Light) a été le premier vers qui je me suis tourné. Nous avions déjà beaucoup travaillé ensemble dans le passé sur de nombreux projets mais jamais sur des chansons véritables. En ce qui concerne Nels Cline (ndr : le guitariste de Wilco), et John Medeski (ndr : claviériste américain chevronné issu de la scène jazz contemporaine new-yorkaise), nous sommes des amis de longue date et avons travaillé dans différentes situations, il était donc naturel que je fasse appel à eux. Il y a aussi Bob Bert et Jim O’Rourke qui sont des anciens membres de Sonic Youth avec qui j’ai gardé de bons contacts. Ma femme, Leah Singer, qui m’a toujours épaulé est venue également prêter son concours. Enfin, une autre chanteuse, Kathy Leisen, est venue renforcer les chants. J’ai donc eu la chance d’évoluer avec des amis et des connaissances qui savaient comment je voulais travailler et où je voulais en venir. » A-t-il été évident pour toi de te tourner vers John Agnello pour la production ? Lee : « Les deux disques que Sonic Youth a réalisés avec lui se sont avérés être des expériences intéressantes mais aussi des aventures humaines enrichissantes. J’aurais pu assurer la production seul mais j’ai souhaité avoir un autre point de vue. Cet autre regard m’a été utile pour peaufiner et achever certains morceaux. J’ai entièrement confiance en John et j’apprécie beaucoup sa façon de travailler. Il met tout le monde à l’aise en studio et fait baisser la pression qui y règne souvent ! Il possède ce don naturel de mettre les musiciens en confiance avec eux-mêmes. En fait, j’avais commencé à mixer moimême le disque. Le résultat était assez simple et direct. John est parvenu à apporter un mixage plus sophistiqué. L’aboutissement me plaît assez bien. »

Dans quelle mesure les textes de tes chansons sont-ils autobiographiques ? Lee : « Fondamentalement, il y a toujours quelque part une dimension autobiographique au texte de la plupart des chansons. Je n’ai pas nécessairement voulu que les miennes acquièrent cette dimension mais je n’ai pas cherché à m’en éloigner non plus. J’ai voulu surtout qu’elles reflètent la période de temps durant laquelle elles ont été écrites, un peu à la manière d’instantanés photographiques. D’où le titre donné à l’album qui parle pour luimême. Mais aussi la photo de la pochette. J’ai toujours aimé tenir un journal et y consigner une série de choses et événements. J’ai toujours par ailleurs apprécié les disques de ceux qui les concevaient comme un journal reflétant leur époque respective. » J’imagine que cette question t’a été posée à satiété mais je vois mal comment la passer sous silence. Quel est le futur de Sonic Youth ? Lee : « Le futur est vague, c’est le moins que l’on puisse dire. Thurston et Kim se séparent et traversent une période douloureuse de questionnements personnels réciproques sur lesquels il ne m’appartient pas de me prononcer. Nous n’en discutons d’ailleurs pas pour le moment au sein du groupe. Les choses doivent se résorber d’elles mêmes et nous ne pouvons pas les précipiter. Aucun nouveau concert, aucun nouvel enregistrement n’est à l’ordre du jour. Tout ce que je puis dire, c’est que les seules choses sur lesquelles nous travaillons actuellement sont des projets de réédition et d’édition d’archives. »

Lee Ranaldo ‘Between The Times And The Tides’ Matador/Beggars On se souvient d’un été 2010 mémorable à Hyères. Confronté à la force du mistral balayant les pins avec férocité, déroutant sa voix et désaccordant les cordes de sa guitare acoustique, Lee Ranaldo occupait seul une scène perchée sur un éperon rocheux surplombant la rade et tentait de lutter contre le vent pour finir par abandonner la partie. Aujourd’hui, à l’abri des éléments, ‘Between The Times And The Tides’ évoque un peu malgré lui dans son titre cet épisode qui explique la genèse de cet album. ‘Walking On A Dream’ qui l’ouvre plonge aussi l’auditeur, le temps d’une image instantanée, dans la force des éléments, en l’occurrence ici la neige du Colorado, prétexte pour parler de la route, des routes des tournées et de la vie et des tours qu’elle prend. Dix chansons véritables, basées sur d’authentiques couplets/refrains et sur des textes tirés de notes de journal ou de voyage sont alignées sans ostentation et sans artifice sur ce disque que beaucoup qualifient de ‘premier album solo’ de Lee Ranaldo, comme si tous ses enregistrements précédents, marqués du sceau de l’expérimentation, sonore ou visuelle, avaient du coup moins d’importance à leurs yeux. Steve Shelley et le bassiste Irwin Menken constituent la section rythmique efficace tandis que le guitariste Alan Licht et le claviériste John Medeski confèrent aux morceaux leur élégance. Il ne faut pas voir dans ce disque la parution d’un nouvel opus de Sonic Youth démembré mais bien la page d’or d’un journal de bord de son copilote. (et)

Texte: Anne-Lise Remacle

M. War

Les oreilles transportées par cette nouvelle livraison de morceaux classieux, on imaginait M.

Ward meilleur ambassadeur actuel de l’Amérique mythique, celle où baguenaude Bandini. Ces errances-là, on le voyait déjà nous en brosser un tableau dense, et on serait quittes, en quête de frissons authentiques, au volant d’une Cadillac. La réalité est plus contrastée :

derrière ses verres fumés, on devine un songwriter curieux mais peu loquace, wannabe-francophone et les yeux avides d’Europe. Et si la vérité de l’homme résidait dans un entre-deux encore à découvrir ?

Rambling Round Ton nouvel album est construit comme un récit de voyage, quelle en a été la genèse ? M.Ward : « Quand est venu le moment de faire un nouvel album, j’ai fait le tour de tous mes anciens morceaux, et j’ai cherché un fil conducteur qui les unirait. C’est un processus qui s’apparente à aller fouiller dans tes journaux intimes, et tu vois rapidement où ton esprit te guide. Cette fois, j’ai collecté des chansons à propos d’«être chez soi » par opposition à « être ailleurs », et sur le fait d’utiliser la musique comme un pont. Quand tu voyages loin de chez toi, tu envisages sans doute plus clairement la situation, tu as de nouvelles perspectives sur l’endroit où tu vis.» ‘A Wasteland Companion’ aurait pu être le titre d’un roman de Steinbeck, Faulkner ou Fante, il m’évoque les hobos, les grappes d’enfants en haillons, et les saisonniers entourés de ballots de poussière pendant la Grande Dépression… est-ce que tu te sens particulièrement en phase avec les auteurs américains? M.Ward : « Oui, j’aime énormément Steinbeck et Fante. Mais mes auteurs préférés du moment sont européens : James Joyce, Dante, T.S Elliott. Ca change tout le temps, mais pour l’instant, ce sont ceux-là et Joseph Conrad, qui est anglais. Vraiment tous des européens, donc. » Je t’emmène sur le terrain de la littérature parce que certains de tes morceaux ont un aspect narratif vraiment très prégnant. Je pense surtout à ‘Me and My Shadow’ et ‘Watch the Show’… M.Ward : « Ces morceaux sont interconnectés sur l’album, ils parlent tous les deux du pouvoir de la télévision. Pour pas mal de gens, à l’époque à laquelle nous vivons, c’est l’unique compagnon. C’est comme ça qu’ils obtiennent leurs nouvelles, leurs divertissements. C’est leur connexion au monde. C’est très fascinant. C’est peut-être un phénomène plus présent aux États-Unis qu’en Europe, mais certaines personnes âgées, c’est littéralement la seule chose qu’elles font. » Comme Sara Goldfarb, la mère qui devient complètement obsédée dans ‘Requiem for a Dream’ ? M.Ward : « Oui, et il y a aussi un incroyable personnage dans le film ‘Being There’ qui apprend tout ce qu’il doit savoir de la vie depuis son écran et depuis son jardin. Depuis peu de temps, j’ai un appartement à Los Angeles, où la télévision est la forme de média la plus importante. J’y ai donc beaucoup réfléchi. ‘Watch the Show’ débute comme un rêve que j’ai eu à propos d’un présentateur de JT appelé Billy Burns qui me parlait, qui me hantait. » Un autre aspect indéniable dans ta musique, c’est le lien particulier que tu entretiens avec les morceaux des autres, un goût que tu partages avec Howe Gelb… c’est devenu ta signature d’intégrer une ou deux reprises parmi tes propres titres, à même hauteur… Qu’est-ce qui te guide vers un morceau plutôt qu’un autre ? M.Ward : « Je fais toujours des reprises, oui. Ma façon d’apprendre la guitare, ça a été de reprendre les Beatles. Les chansons que je reprends sur mes albums, ce sont celles qui semblent avoir une vie propre. Tu ne le sais pas jusqu’à ce que tu essaies. »


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Texte : le dark chips

rd

Et en ce qui concerne Daniel Johnston, c’est déjà ta deuxième reprise… M.Ward : « Troisième, en fait. Il y en a une sur une compilation. Certains de ses morceaux sont aussi bons que tout ce qu’a jamais pu écrire John Lennon, je trouve. Je suis étonné que si peu de monde connaisse sa musique. Je suis heureux de continuer à en faire des reprises : pour la plupart des gens, ce sont des morceaux tout à fait neufs. » Il y a quelque chose de tout à fait poignant dans ses chansons… toi et Zoey Deschanel avez ajouté votre touche significative sur ‘Sweetheart’, qui est un morceau vraiment lo-fi, à l’origine. Quelque chose de plus croonesque, de plus réjouissant, un peu cheesy, mais dans le bon sens du terme… M.Ward : « (en français) Merci beaucoup, madame ! (il revient à l’anglais) Daniel a écrit une chanson pop, d’après moi. Je l’ai donc vraiment enregistrée avec une approche pop. » Au fil des années, tu t’es constitué un véritable entourage musical, depuis Howe Gelb qui est ton partner in crime depuis tes débuts, en passant par Zoey Deschanel ta comparse de She & Him, sans oublier Conor Obert, Mike Mogis (Bright Eyes) ou Jim James (My Morning Jacket) avec lesquels tu sembles prendre grand plaisir à jouer dans Monsters Of Folk. Tous ou presque ponctuent avec brio ‘A Wasteland Companion’ de leur présence, parmi d’autres invités. Est-ce que tu considères tous ces musiciens comme une vraie tribu, sans laquelle il te serait plus difficile de composer et d’écrire de bons morceaux ? M.Ward : « Nous ne vivons pas dans la même ville, donc c’est étrange, parce que « tribu », ça m’évoque une famille qui vivrait au même endroit. En fait, je les appellerais plutôt des amis qu’une tribu, le lien est très fort, j’adore collaborer avec eux. Quand on est ensemble, on joue autant qu’on peut, et quand on ne peut pas se voir, on parle de musique, celle qu’on fait ou celle qu’on écoute. » Parmi tes amis de longue date, on trouve aussi Adam Selzer (Norfolk and Wisdom), qui tout comme toi vient de Portland, une ville qui a des allures de vrai vivier indie… Qu’est-ce qui la rend si particulière? M.Ward : « C’est vraiment super bon marché de vivre là-bas, c’est pour ça que tous les artistes de la côte Ouest y déménagent, et ces dernières années, pas mal d’artistes de la côte Est également. C’est une ville qui n’a pas encore son identité propre. » Mais on peut y trouver une importante émulation urbaine, non ? Une communauté de skateboarders, d’artistes visuels… M.Ward : « Des skateboarders, oui. Des cyclistes, des gens intéressés par tout ce qui est organique, une philosophie DIY. La vraie couleur de la ville se construit lentement. Mais comparé à l’Europe, c’est encore un vrai bébé, (en français) un petit enfant. » Tu puises tes racines musicales dans la country, le blues et le folk qui sont des genres qui peuvent flirter avec l’épique. Y a-t-il des figures à qui tu voues une admiration particulière, comme le faisaient tes prédécesseurs avec John Henry, notamment? M.Ward : « Tom Joad, dans ‘The Grapes of Wrath’ de Steinbeck, que tu évoquais tout à l’heure, est un bon personnage. Du côté des gens réels, Martin Luther King est un grand héros. » Et musicalement, sachant que le titre d’un de tes albums, ‘Transfiguration of Vincent’, rendait hommage à John Fahey ? M.Ward : « John Fahey en fait bien sûr partie. Chet Atkins aussi, de même que Ry Cooder. Ce sont tous des guitaristes qui ont été capables d’apporter quelque chose de vraiment neuf à l’instrument, c’est ce que j’admire chez eux. » Et si je mentionne John et Alan Lomax, ce sont des noms qui te parlent ? M.Ward : « Oui, évidemment, j’adore leur travail, et le catalogue Smithonian Folkways. J’écoute souvent leurs captations. Ils ont constitué un lien essentiel entre les musiciens et leur audience. » Un disque : ‘A Wasteland Companion’ (Bella Union/V2) Suivez le guide : http://mwardmusic.com/

on stage 01/07 - Werchter

Mouse On Mars

Mark E. Smith les avait pris, il avait tout compris. Mouse on Mars signe avec ‘Parastrophics’ un verset passionnant de la bible électronica. L’ivresse sans déboutonner la chemise, le mal de mer sans

vomir, l’extase sans s’intoxiquer, le talent de proposer « la musique concrète pour tous » et le culot de groover sans rougir à chaque plage. Si lors de leur futur

concert aux Nuits Botanique, Andi Toma accompagnera son comparse sur scène, Jan St Werner avait pris place seul dans la cabine de téléportation pour une rencontre en apesanteur.

AnarCHy on planet Mars 2006, c’est l’année de sortie de ‘Varcharz’, la dernière production de Mouse On Mars. M’en voudrais-tu de te demander ce que vous avez fait pendant six ans? Jan St.Werner : « Hé bien, nous avions simplement quitté la planète ‘Disque’! Puisque sur cette planète, les ressources se font rares et que la population augmente de jour en jour au même rythme que les distorsions économiques, culturelles et sociales, nous avons préféré la fuite pour en visiter d’autres. La planète ‘Orchestre’ par exemple, un paradis dans lequel nous avons vécu parmi les instruments acoustiques. Sur cette planète sont nées des amitiés fortes qui ont donné naissance à une pièce contemporaine que nous avons écrite avec l’aide d’un autre agent spatial, André Derrider. » La drogue reste l’essence de la musique électronique? Jan St.Werner : « Le cerveau est le plus fort, c’est ma conviction. Mais des amitiés entre l’esprit et certaines drogues peuvent s’établir. On a fait tant de choses durant ces six années, entre autre un voyage sur la planète ‘Mark E. Smith’, un lieu fascinant dans lequel nous n’avions pas besoin de masque à oxygène pour respirer. » Aucun palier de décompression n’a donc été nécessaire? On aurait pu croire pourtant que cette planète soit abrupte et hostile, avec ce titre ‘Traumatism Reflexions’ (Vön Sudenfed). Jan St.Werner : « Non, ce voyage était en lui-même notre palier de décompression. Mark, en recherche constante de plénitude, passionné de shiatsu, nous massait régulièrement. Quant au titre, ‘Trauma’ faisait davantage référence aux percussions et proposait de réfléchir à la place des rythmes dans les clubs. Un voyage incroyable! » Ces voyages vous ont-ils transformés, modifié votre processus de création? Jan St.Werner : « Nous sommes en constante évolution. Tout ce qui nous entoure nous façonne : de nouveaux softwares, de nouveaux lieux, notre nouveau label berlinois Monkeytown qui nous apporte tant de fraîcheur. Et puis sur cette planète ‘Orchestre’, les rapports étaient si différents. Nous n’étions plus face à des machines mais face à des personnalités qui interprétaient constamment notre musique et le vrai défi de cette expérience fut de pouvoir gérer tous ces caractères. » C’était effrayant de perdre le contrôle? Avais-tu déjà imaginé auparavant demander à un violon d’ajouter du L.F.O. à son timbre? Jan St. Werner : « De toute façon, il n’en avait rien à foutre. Tout ce que ces musiciens voulaient, c’était posséder notre musique et l’interpréter. Et perdre le contrôle pour nous n’avait rien de terrorisant, c’était même très excitant. La seule chose que nous redoutions était la distance, la perte de confiance du groupe. C’est ce qui aurait pu arriver de pire. Cela implique le fait que cet album marque un nouveau chapitre de Mouse On Mars. Après avoir livré ce que nous considérons comme un lot d’albums, nous nous retrouvions dans un contexte qui ne nous correspondait plus. D’une part, nous avions une musique électronique qui se voulait de plus en plus minimale et conceptuelle, et d’autre part, nous avions ces gamins gavés de stéréotypes, d’icônes et d’identifiants idéaux. Notre vision de la musique a évolué à présent et s’est faite plus abstraite et libre. Et l’émergence récente de nouveaux producteurs, plus talentueux les uns que les autres, constituait

pour nous le moment idéal pour un nouveau départ. » Que raconte alors ‘Parastrophics’? Jan St. Werner : « C’est multi-couche. S’y croisent des transformations techniques, musicales mais aussi sociologiques. La narration de notre musique tournait autour d’une certaine idéologie de la vie. Elle livrait nos critiques et nos doutes sur la réalité à travers des mouvements de masse, de phénomènes sociaux. La vision est à présent plus personnelle et s’est resserrée sur un personnage indéfini en perpétuelle évolution dont les facettes se dessinent dans chaque chanson. Il pourra être un homme, une femme ou dépourvu de genre. » Ce qui explique l’artwork de la pochette ? Jan St. Werner : « Exactement, c’est la carte d’un esprit qui essaie de se situer au milieu de ce qui l’entoure. » Considérez-vous que vous popularisez l’élitisme ou que vous intellectualisez le populaire? Jan St. Werner : « Inconsciemment, je pense que nous participons aux deux processus. Si en toi, tu crois en la domination du pouvoir, alors cette distanciation entre les groupes ne te posera pas de problème. Si par contre, tu es habité par la liberté et l’anarchie, alors cette idée t’est tout simplement insupportable. Si dans le langage, la domination est le lot des grands orateurs, des grandes puissances, il n’en est rien en musique. La musique est plus directe, plus émotionnelle. Elle a cette force naturelle qui pourra rendre un simple son aussi puissant qu’une œuvre musicale complexe. La musique peut bousculer le système hiérarchique, et c’est certainement le combat qui nous guide, sans qu’on s’en rende vraiment compte. » Je n’avais pas perçu une telle conscience dans votre musique, un tel engagement… Jan St Werner : « J’ignore ce que peut véhiculer notre musique si ce n’est un appel criant de liberté. Le débat fait rage en ce moment en Allemagne concernant les droits d’auteur. « Qui l’a fait en premier? » La question est-elle vraiment là? Je pense qu’il faut respecter la propriété de l’idée, mais surtout qu’il faut défendre le média dans lequel elle sera utilisée, savoir d’où elle provient, pouvoir en discuter. Avoir une idée me donne-t-il le droit d’être le seul à pouvoir en jouir? Je ne pense pas. La nouveauté n’existe pas, seul le mélange de ce qui existe déjà est réel. Maitriser un mouvement ou un courant est une chose, pouvoir en briser les règles pour pouvoir le faire évoluer en est une autre. C’est là que réside le réel génie d’un artiste comme Marcel Duchamp par exemple, c’est savoir ne s’imprégner que de l’essentiel dans un courant sans se lester de ses canons. L’anarchie est donc le courant dont nous nous sentons le plus proche, avec cet idéal : que chaque personne développe ses talents, ses compétences, son imagination du mieux qu’il puisse. C’est le mouvement le plus naturel au monde, et il finira par s’imposer. C’est ce que nous défendons. » Un disque : ‘Parastrophics’ (Monkeytown Records/News) Suivez le guide : http://www.mouseonmars.com/

on stage 19/05 - Nuits Botanique, Bruxelles


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Texte : Gery Lefebvre © l u c y j o h n s t o n

Après un quinquennat d’absence, Nick Talbot ranime sa chimère Gravenhurst et revient du côté obscur de la guitare avec un disque rempli de fantômes écorchés vifs. Le Bristolien n’a certes pas trouvé la légèreté après ces années emplies de doutes, mais cette inclination permanente à la remise en question et à l’expérimentation en font définitivement un des seigneurs de nos châteaux hantés. Spectral et hybride, ‘The Ghost In Daylight’ porte à nouveau l’inspiration

à très haute altitude sur les dix plages où les éclaircies acoustiques rivalisent avec des cumulus de drones dans une atmosphère saturée d’éclairs de génie. Rencontre du quatrième type avec une vraie personnalité à la causticité pleinement assumée.

Ghostbuster

Ton dernier album ‘The Western Lands’ remonte à près de cinq ans. Es-tu en train d’adopter petit à petit un rythme de travail à la Scott Walker ? Nick Talbot : (Rires) « Laisse-moi réfléchir. Il a sorti ‘Nite Flights’ en 1978. Puis ‘Climate of Hunter’ en 1984. Soit six ans, je vois très bien où tu veux m’emmener ! Ensuite ‘Tilt’ est sorti en 1995 et ‘The Drift’ en 2006. Mais j’espère que non, je ne suis pas en train de me calquer inconsciemment sur son rythme de production ! Il faut dire qu’il avait fait sa fortune bien longtemps avant en tant que pop star, il a fait quelques albums plutôt médiocres, très easylistening comme ‘We Had It All’ et il a même eu sa propre émission à la télévision. Si je venais à gagner à la loterie, je pourrais prendre encore davantage de temps ! (Rires). Plus sérieusement, ce sont plutôt les circonstances qui expliquent pourquoi j’ai mis si longtemps entre ces deux derniers albums. Entre 2000 et 2007, j’ai fait cinq albums de Gravenhurst, deux albums solo sous l’étiquette Exercise One et j’ai co-écrit deux albums de Bronnt Industries Kapital. Ca fait déjà une certaine quantité de musique ! Puis lors des tournées avec Gravenhurst, j’ai craint à certains moments de perdre ma voix. Le son du groupe était assez puissant et j’étais sans arrêt en train d’essayer de chanter un ton au-dessus. Je ne prenais plus de plaisir, j’avais des infections à la gorge à répétition. J’ai donc décidé de jouer uniquement en solo, ce qui me plaisait davantage finalement. Mais j’étais vraiment dans une logique où si je faisais un album, je ne voulais pas le compromettre en m’abstenant de le défendre sur scène. Bref, je me demandais ce que j’allais faire. Puis j’ai fait une tournée en support de Paul Smith (Maxïmo Park) il y a un an d’ici et tout s’est très bien passé. Et ça m’a redonné l’envie. J’ai pris un an supplémentaire pour terminer le disque et j’ai fait semi-inconsciemment des titres que je pourrais jouer seul ou en groupe. » Venons-en à ‘The Ghost In Daylight’. Où veux-tu nous emmener avec ce disque ? Quelles étaient tes intentions de départ ? Nick : « On peut commencer par le titre pour lequel je n’ai pas vraiment d’explication littérale ! Il s’est imposé comme ça. Je prends souvent l’exemple des titres de Joy Division qui utilisait des mots courts comme ‘Shadowplay’, ‘Decades’ ou ‘Ceremony’ qui ont toutes sortes de connotations et qui sont plein d’ambiguité. Ce ne sont pas des mots qui imposent une réalité unique. En ce qui me concerne, c’est un peu différent. Le titre s’est davantage imposé suite à un feeling que j’ai ressenti à un moment donné. Ca sonnait juste bien… J’attache beaucoup d’importance à cet aspect phonétique dans le choix des titres,‘Circadian’, ‘Fitzrovia’ ou ‘In Miniature’ en sont de parfaits exemples. Et très souvent d’ailleurs, je trouve les titres bien avant d’écrire les chansons ! Quand j’étais ado, vers 12-13 ans, j’avais écrit une liste de titres « joy divisionesque » et je fantasmais sur le fait de pouvoir écrire de la musique pour eux. Pour en revenir à ce que j’ai voulu faire sur ce disque, j’ai essayé de travailler pour aller plus loin encore dans la recherche d’un son qui ne serait pas directement et automatiquement identifié par l’un ou l’autre instrument. Comme sur ‘Fitzrovia’, il y a beaucoup de sons de drones, c’est la parfaite illustration de ce que j’ai voulu faire. Car si tu écoutes un album électro, il y a plein de sons étonnants mais ils sont tous électroniques. Si tu entends des violons, des pianos et des guitares, tu peux rapidement mettre une étiquette acoustique. Moi j’aime décortiquer ce qu’il y a derrière un son. Et sur ce nouveau disque, je voulais aussi utiliser davantage d’orgues et des instruments me permettant de faire des sons de drone, comme le mellotron. » Il y a toujours une grande part d’ambigüité dans tes textes. C’est une forme de pudeur, une volonté de ne pas trop dévoiler la couronne ? Nick : « Bonne question. Quand tu donnes une interview, tu dois décider où tracer une ligne entre ton intimité et ce que tu peux rendre public. Tu dois juste faire attention à ne pas être bourré et à tomber dans le piège de la sincérité du mec qui a trop picolé. Et dire des choses que tu regretteras immédiatement le lendemain ! Dans mes chansons, c’est un peu différent, plus ambigu également. J’ai envie, et besoin aussi sans doute, d’aller vers l’expérience cathartique de l’exposition de moi-même. Exprimer mes émotions et les choses qui me sont arrivées. Mais en même temps, j’ai envie de préserver mon intimité. Je mets donc volontairement un voile d’ambigüité sur certains textes. A travers le langage que je choisis d’utiliser notamment. Et quand je vois le résultat final, je me rends compte que je m’accorde encore beaucoup d’intimité. » As-tu l’impression d’avoir atteint sur ‘The Ghost In Daylight’ une sorte de Graal dans ta quête du « son parfait », sorte d’équilibre ultime et idéal entre le noisy et l’acoustique ? Nick : « Oui absolument. J’ai vraiment l’impression d’avoir atteint cet équilibre que je cherchais depuis longtemps sans parvenir à l’atteindre à ce point. Si je m’arrêtais maintenant et si c’était vraiment le dernier album de Gravenhurst, je pourrais être assez satisfait de ce que je suis parvenu à atteindre. » C’est une boutade ou bien est-ce une possibilité réelle dans ton esprit que ça soit le dernier album de Gravenhurst ?

Nick : « Oui, c’est possible... Mais je pensais déjà ça du précédent ! Les chansons m’arrivent un peu par hasard. Il m’arrive subitement de prendre une guitare quand je regarde la télé par exemple. Je n’ai pas de façon structurée de travailler et je ne suis donc pas capable de prédire ce qui va me tomber dessus pour la suite ! Par contre, je sais que j’aimerais écrire un roman. L’écriture a toujours été très importante pour moi, j’écrivais bien avant de composer de la musique. Je n’ai jamais pensé que je serais musicien. A la base, je voulais devenir journaliste. Mais j’ai toujours eu cette envie d’écrire un roman. Même si je me doute qu’être romancier est sans doute encore plus difficile que d’être musicien. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, j’espère juste que tout va bien se passer pour moi. » Et ça veut dire quoi concrètement « bien se passer pour toi » aujourd’hui dans la perspective de ce nouvel album ? Nick : « En Belgique, en vendre 2.000 copies serait déjà considéré comme une bonne chose. A moins d’être Adele qui a vendu rien qu’ici près de 100.000 albums. Je ne savais même pas qu’il y avait autant d’habitants en Belgique ! (Rires) On dirait que même les gens qui n’aiment pas la musique ont acheté son disque ! Mais en ce qui me concerne, 2.000 serait déjà considéré comme un chiffre plus qu’honorable. C’est malheureusement la putain de situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui. » Précisément, tu sembles avoir une vision assez sarcastique mais aussi très réaliste du monde qui t’entoure. Tu as notamment développé sur ton blog (The Police Diver’s Notebook) une critique assez particulière du milieu musical contemporain intitulée ‘Why I Hate Rock ‘n’ Roll’. Nick : « Je revendique davantage ce côté sarcastique plutôt qu’une certaine forme de cynisme. Les difficultés que rencontre le secteur musical aujourd’hui sont la conséquence de toutes sortes d’inefficacités, de bêtises et d’incompétences qui ne seraient tout simplement pas acceptables dans d’autres domaines. Dans le monde bancaire, si tu faisais preuve d’autant d’incompétence, tu aurais perdu ton job depuis longtemps ! Mais dans la musique, il suffit de dire « it’s only rock ‘n’ roll’ » et l’excuse est toute trouvée pour continuer à faire de la merde. C’est ça le vrai problème. Je suis assez satisfait de ce que j’ai pu écrire dans mon blog à ce sujet, j’ai bien développé l’affaire !» En plus du blog, il y a d’autres projets dans lesquels tu as besoin d’exprimer ta créativité (la bande dessinée, un projet de musique électronique plus expérimental). Que représentent réellement ces activités pour toi ? Nick : « La BD via Ultraskull, c’est vraiment pour le fun ! C’est une facette de ma personnalité qui n’apparaît pas dans Gravenhurst, c’est mon sens de l’humour. Il n’y a vraiment rien de funny dans Gravenhurst. Et il faut bien que ce côté moins sérieux s’exprime quelque part, sinon je vais rapidement devenir complètement dingue. Si tu te contentes d’écouter Gravenhurst sans me connaître, tu auras raison de penser que je suis un type assez sombre et malheureux, ce que je ne suis pas complètement ! Beaucoup de personnes se font une idée assez bizarre des musiciens, on est très vite mis sur un piédestal. J’ai lu beaucoup de choses à mon sujet sur des blogs ou des forums alors que je suis juste un type tout ce qu’il y a de plus normal ! » Est-ce que tu ressens parfois des blocages au niveau de ta créativité qui surviennent notamment lorsque tu écoutes de la musique, qu’elle soit contemporaine ou pas ? Nick : « Oh oui, absolument, ça m’arrive même régulièrement. En 2007 et 2008, les disques de Burial et d’Elliot Smith simultanément, ça m’a fait arrêter de travailler pendant des semaines ! Burial laissait tellement tout le monde derrière en terme de son, c’était incroyable. Je pensais avec Gravenhurst avoir pas mal d’accointances avec ce son-là, mais j’ai été bluffé et même limite complexé. Idem avec Eliott Smith. Eliott fait des choses si belles, si fortes et tellement sophistiquées que je me suis mis à penser que ce que je faisais était vraiment simpliste en comparaison. Ca n’aide pas ! Tout le monde finit un jour ou l’autre par se comparer à quelqu’un d’autre. Même Eliott Smith a eu une terrible crise de confiance à une époque. Il a passé près d’un an à terminer ‘Either/Or’ parce qu’il était convaincu que c’était de la merde alors que ce type était un génie.» Un disque : ‘The Ghost In Daylight’ (WARP/V2)

on stage 20/05 DOKarena, Gand 21/05 Nuits Botanique, Bruxelles 30/05 Le Grand Mix, Tourcoing (avec Sleepy Sun)


Earteam A Clean Kitchen Is A Happy Kitchen/Silent Front Jezus Factor y Records/Triplejump/Rough Trade

L’année passée, les vétérans punk noisy de Silent Front avaient invité A Clean Kitchen Is A Happy Kitchen (où l’on retrouve des anciens membres de dEUS et DAAU) à assurer la première partie de leur tournée anglaise. Le courant est tellement bien passé que les deux groupes ont décidé de sortir un split single. La face A est prise en charge par A Clean Kitchen... qui nous propose ‘Molasses for the masses’. Commençant de façon sobre, tel un mantra minimaliste emprunt de sonorités post punk, de claviers biscornus et de bizarreries sonores en tous genres, ce titre voit ensuite surgir des guitares électriques déchainées qui se lancent dans un délire prog/psyché avant-gardiste affichant une esthétique free jazz. Pas évident, mais assez fascinant. Quant à nos amis de Silent Front, ils restent fidèles à leurs habitudes et balancent un punk hardcore bruitiste de derrière les fagots. Pour auditeurs avertis. (pf)

Amsterdam Klezmer Band ‘Mokum’ Essay Recordings/62 T V

Depuis ses débuts en 1996, l’Amsterdam Klezmer Band (en abrégé AKB) a acquis une renommée scénique considérable débordant largement du milieu des musiques dites « balkaniques ». Ses prestations scéniques sont réputées et convient un public sans cesse plus nombreux. Décrits parfois par la presse comme des agitateurs publics, les membres de ce septet ne passent pas inaperçus dans leur façon de jouer. A preuve, la récente invitation à figurer à l’affiche du Balkan Traffic à Bruxelles. C’est bien évidemment de klezmer dont il s’agit ici, mais de la klezmer matinée de jazz, de marches de fanfares, et d’autres musiques de l’Europe de l’Est. Pour partie instrumentale, pour partie chantée, elle s’en remet aussi bien au yiddish qu’au… néerlandais. Etonnant mélange. (et)

Anathema ‘Weather Systems’ K Scope/Ber tus

En plus de vingt ans de carrière, Anathema n’a cessé d’évoluer et de se remettre en question, ce qui l’a amené à passer d’un métal mélodique parsemé de piano et de claviers à un rock électro new wave faisant presque penser à Depeche Mode. Travaillant désormais avec Steven Wilson (Porcupine Tree) qui fait ici office de producteur, le groupe propose un rock plus immédiat et doux qui vogue dans un registre lyrique et un rien baroque aux arrangements très travaillés (avec cordes et piano), la plupart du temps superbes. On songe souvent aux moments les plus apaisés de Porcupine Tree avec un côté cinématographique. L’ajout de voix féminines apporte une dimension aérienne et éthérée à un ensemble assez pastoral. Cet album n’a plus rien de métal, mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas apprécier ‘Lightning song’,‘Sunlight’ ou encore ‘The lost child’. (pf)

And Also The Trees ‘Hunter not the Hunted’ A AT T

Ce disque doit être en principe le treizième album d’un groupe qui a entamé aujourd hui sa quatrième décade d existence. Simon Huw Jones n a rien perdu de son inspiration et de son souffle. Ses textes impressionnistes demeurent truffés d’un vocabulaire pictural qui donne aux chansons d’ And Also The Trees un côté littéraire hors du temps. Il n’est pas anodin de relever que le disque a été enregistré en rase campagne, dans un antique manoir dont la fondation remonterait au onzième siècle. C’est que les ballades doucement mélancoliques d’AATT sont aussi de véritables balades à travers le

Barbara Carlotti ‘L’Amour, L’Argent, Le Vent’ Atmosphériques

Barbara Carlotti n’est pas la fille la plus prolixe qui soit. Heureusement, chacun de ses albums est long en bouche. Quatre ans donc après ‘L’Idéal’, six après ‘Les Lys Brisés’, la Barbara pop moderne déboule avec un disque au titre énigmatique en forme de pierre, papier, ciseaux. Qui l’emporte sur quoi ? Le vent balaye-t-il l’amour ? L’argent ne fait-il pas l’amour ? Des questions auxquelles elle ne répondra pas. Pour lesquelles il faudra extrapoler. Et c’est tant mieux. Ce disque dévoile une Barbara Carlotti plus aventureuse et troublante que jamais. Plus frondeuse aussi. Plus synthétique. Différente. ‘J’ai Changé’, chante-elle. C’est assumé et presque ‘Aussi Belle Qu’Une Balle’ de Taxi Girl. Après, ça ne pète pas directement au cerveau et il faut quelques écoutes avant de se livrer aux évidences : ce disque est l’écho parfait de ‘Moon Safari’. Grand barnum de pop mélancolique. Léthargie divine. Montée de chœurs célestes. Roulement de batterie cotonneux. Virées quasi psychédéliques (cf la nébuleuse ‘Nuit Sans Lune’). Fausse naïveté qui renvoie à Mièle (‘Occupe-Toi De Moi’). Tout est parfait, rien n’est tendre. « T’es si jolie quand t’as mal » (in ‘Ouais, Ouais, Ouais, Ouais’). C’est aussi l’occasion d’enfin réentendre Philippe Katerine dans un duo qui ne tienne pas du touche-pipi : ‘Mon Dieu Mon Amour’. Sublime. (lg)

paysage anglais. Ce nouvel album fait la part belle à des petits instruments : un dulcimer à marteau, un mélodica, un harmonica, lesquels viennent se greffer sur la structure classique guitare/basse/batterie qui a toujours été celle du groupe. Parfois, les deux frères Jones se passent du reste de l équipe et composent en duo de chavirants petits adagios ( Whisky Bride, Black Handled Knife ). Entre sérénades et résonances bucoliques, AATT louange les frondaisons d avril avec cette virtuosité antique qu’affectionnent les sages. (et)

Anti-Flag ‘The General Strike’ SideOneDummyRecords/Suburban

‘The General Strike’. Voilà un titre qui donne le ton. Cet album prend en effet des allures de diatribe contre les excès du système capitaliste et admoneste ceux qui l’écoutent à embrasser la révolution. Engagés et percutants, les textes sont certes directs et concrets mais jamais simplistes et témoignent d’une réelle réflexion. Quant à la musique, elle voit le groupe rester fidèle à ce qu’il avait déjà proposé sur ses sept premiers albums, à savoir un punk direct, ultra accrocheur et concis (12 titres pour un peu plus de 27 minutes). La fulgurance mélodique des compositions est souvent infusée d’une approche réellement pop. ‘The neoliberal anthem’, ‘1915’, ‘Broken bones’ et surtout le tubesque ‘This is the new sound’ sont autant d’hymnes punk aussi rageurs qu’accrocheurs, un peu comme si les Clash paraient leur propos de l’habit immédiat des Ramones. (pf)

Ólafur Arnalds ‘Another Happy Day’ (B.O.) Erased Tapes

Comme à la boucherie du Colruyt, les commandes réservent parfois de jolies surprises. Commande hollywoodienne pour la bande originale du film de Sam Levinson ‘Another Happy Day’, la création d’Ólafur Arnalds appartient assurément à cette catégorie. L’Islandais met un pied dans l’univers impitoyable d’Hollywood et bouscule les dinosaures du coin. Faisant fi des rites de passage et du sacro-saint protocole (rollercoaster de bons et de moins bons sentiments, boulimie de violons) qui ont usé jusqu’à des kilomètres de cordes pleurnichardes, il imprime sa marque et fond avec une infinie subtilité les notes de piano traînantes et profondes dans le creuset minimaliste de sa musique. Seul compromis avec le cahier des charges, l’œuvre imposée du thème principal et de ses déclinaisons. Jamais plombé par cet exercice de style, Arnalds garde en tout cas intact la délicatesse et la capacité émotionnelle qu’on lui connaît. (gle)

Au ‘Both Lights’ Leaf/Konkurrent

D’entrée de jeu, une déflagration sonique, la bien nommée ‘Epic’, vous pousse dans le dos. Ce n’est pas un traquenard pour clubbers, plutôt une invitation percussive, ample et nuancée

vers le sommet. Mais le sommet de quoi, au juste ? Car tout harnachés que nous sommes à l’explorateur Luke Wyland et son sherpa derrière les barrils Dana Valatka, notre attention, d’abord en alerte, finit souvent par flotter sur les sentiers sinueux et souvent déstructurés de ‘Both Lights’, et elle s’amenuise jusqu’à néant avec ‘The Veil’. Arrive alors ce pinacle qu’on n’attendait plus : ‘Solid Gold’ bénéficie d’un allié de marque en la personne de Colin Stetson, Dieu fait saxophoniste. Soudainement l’intérêt reprend, notre corps et notre conscience greffés à cette envolée de parade, cette entrée en scène pachydermique presqu’avortée de plein fouet : il eût fallu qu’elle dure cinq volumineuses minutes encore pour qu’on se sente rassasiés. (alr)

Sandy Barber ‘The best is yet to come’ BBE

A une époque où on devait encore choisir son camp, rejoindre les habitués du CBGB ou les zigotos pailletés de l’Apollo Theatre, le rock mordait les mollets du disco avec la férocité d’un Rottweiler astreint à un régime « croquettes ». C’est dans ce contexte typiquement new-yorkais que Sandy Barber sort ‘The Best is yet to come’ en 1977. Formaté pour se dandiner sous les sunlights en exhibant poitrines velues et gourmettes dorées, cet album transpire la fièvre du samedi soir. Rythmiques métronomiques, envolées vocales à la Donna Summer, lignes de basse rebondies, cuivres scintillants : les huit titres originaux proposés ici racontent un chapitre ringardisé par l’histoire. Aujourd’hui, le disco n’a plus vraiment la cote. Et on ne s’en plaint pas. (na)

Battles ‘Dross Glop’ Warp/V2

Quand Tyondai Braxton a claqué la porte au nez et à la barbe des autres membres du groupe, on a bien pensé que l’aventure était terminée. Pour survivre et se réinventer, Battles a opté pour l’ouverture : son univers décloisonné, le trio a invité des artistes forts fréquentables au chevet de ‘Gloss Drop’, un album de pop sismique, nerveux et riche en vitamines. Matias Aguayo, Gary Numan ou Kazu Makino (Blonde Redhead) participaient notamment au renouveau de la formation new-yorkaise. Quelques mois plus tard, Battles se risque au jeu (dangereux) du remix. Dans ce genre d’exercice, on craint souvent de voir les versions originales fondre sous les idées d’un bidouilleur dopé au Red Bull. Ici, heureusement, rien de tout ça : Battles envisage la chose selon la logique collaborative du disque initial. Revus et corrigés, les titres de ‘Gloss Drop’ deviennent les morceaux remixés de ‘Dross Glop’. Gui Boratto, The Field, The Alchemist, Shabazz Palaces, Kode 9, Hudson Mohawke ou Gang Gang Dance se chargent de

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repenser la matière première. Entre glissements de terrain, manipulations génétiques et remodelages esthétiques, l’approche de ses remixes offre à l’auditeur un ouvrage remanié avec soin, passion et audace. Une relecture s’impose. (na)

Bear In Heaven ‘I Love You, It’s Cool’ Dead Oceans

Comme vecteur de l’épilepsie, on a rarement mieux fait que le clip qui accompagne le premier single du disque, ‘The Reflection Of You’. Presque impossible à visionner sans expédients plus ou moins légaux. Le nouvel album du combo de Brooklyn est à l’image de ce titre : ou bien on rentre complètement dedans ou bien c’est la gueule de bois assurée. Les Bear In Heaven combinent ainsi les éléments qui ont fait la renommée d’autres collectifs animaux avant eux : utilisation psychotique des machines, pédales à gogo, dancefloor déviant, quête de la transe. Un grand raout déshumanisé où Tangerine Dream serait remixé par The XX, Gauntlet Hair par The Field, Zomby par Gang Gang Dance. Pas vraiment dansant, pas spécialement trippant, pas fait pour rire. Un disque pour accompagner la crise. La bande son d’une politique d’austérité. (lg)

Brendan Benson ‘What Kind Of World’ Readymade Records/Lojinx/V2

Assis à la droite de Jack White dans le fauteuil revivaliste des Raconteurs, le chanteur et guitariste Brendan Benson façonne une discographie personnelle en marge de ses déplacements en groupe. Recycleur subtil, Benson s’est spécialisé dans les mélanges hybrides. Dans son shaker : des mélodies pop héritées des sixties, quelques paillettes glam rock, l’optimisme écervelé du college rock, une émotion à fleur de peau et des combines power pop en tout genre. Exilé à Nashville, l’artiste se glisse derrière les manettes de son nouvel album et enregistre le tout comme au bon vieux temps, sur bandes analogiques. Benson tire ici sur les mêmes ficelles que par le passé, sans parvenir à renouveler ses plus belles réussites (les albums ‘Lapalco’ et ‘The Alternative To Love’). Quelques morceaux attirent sporadiquement l’attention (‘Pretty Baby’, ‘Bad For Me’), mais sur la longueur on retient surtout l’omniprésence de guitares pataudes, des refrains mielleux et d’incessantes poses de minet. (na)

Bersarin Quartett ‘II’ Denovali/Sonic

En peu de temps, le label Denovali a su créer un catalogue privilégiant les musiques cinématographiques et d’ambiance. Cette sortie s’inscrit dans la lignée. Le Bersarin Quartet propose des compostions éthérées aux ambiances feutrées et liquides. Une bande son pour des films imaginaires qui oscille entre les climats précieux chers à Craig Armstrong et les épures d’Angelo Badalamenti. Cet album sans titre véritable est le deuxième opus de ce pseudo groupe qui est en réalité le projet d’un certain Thomas Bücker établi à Münster en Allemagne. Deux invités sont venus le rejoindre et ils étoffent la texture. Le résultat est plus que probant, il séduit. Inutile de dire que le disque plaira aux fans des collègues du label que sont The Mount Fuji Doomjazz Corporation et le Dale Cooper Quartet. (et)

Brad ‘United We Stand’ V2

Si tu ne connais pas Brad et que tu lis leur curriculum vitae, il y a matière à saliver et même à laisser échapper un filet de bave. Stone Gossard (Pearl Jam) à la guitare, Shawn Smith (Pigeonhed) à la voix et aux claviers, Regan Hagar (Stachel, Malfunkshun) à la batterie et Keith Lowe (Fiona Apple) à la basse. Le souci avec les musiciens engagés dans différents groupes c’est qu’il y a beaucoup moins de temps pour leurs side-projects et la discographie s’en fait ressentir : seulement cinq album au compteur en 20 années d’existence. Brad


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Earteam

respire l’ouest américain, mais aussi les étendues ensoleillées, la bonne guitare, le festival musical, son public de motards à l’embonpoint légendaire, une canette de bière à la main, se rassasiant d’un rock grunge qui avec facilité se travestit au détours de quelques morceaux en ballade folk, country et blues. Des lascars expérimentés. (tv)

Brian Jonestown Massacre ‘Aufheben’ A Recordings/Suburban

Hasard du calendrier, le Brian Jonestown Massacre revient dans l’actualité en même temps que les Dandy Warhols. On le sait, l’irascible Anton Newcombe ne porte pas la banane de Portland dans son cœur. On le sait aussi un peu fou, fervent partisan de la liberté artistique, obsédé par les sixties, amateur de castagne et consommateur avide de produits chimiques. Sous certains aspects, c’est un chouette gars. Pour son douzième album officiel (impossible de recenser les inédits enregistrés sur cassette et les disques gravés à la sauvette), le Brian Jonestown Massacre (re)plonge dans les vapeurs psychédéliques et allume onze nouveaux bâtonnets d’encens. Plus acoustique, ‘Aufheben’ se prend une tripette à la Velvet, mais vraiment bien underground. Pour être certain d’envoyer ses chansons valser au pays des merveilles, Newcomb invite une flûte traversière à souffler sur les braises de son rock cramé. Sur le fond, la musique du Brian Jonestown reste la même : de la réverbe sous distorsion, des guitares sous acides. Newcombe chante dans la brume, secondé par une voix féminine hagarde. On retrouve donc le groupe de San Francisco exactement où on l’attendait. Cool et obsédé. (na)

Graham Coxon ‘A+E’ EMI

Le tweet fatal est tombé. Blur, cette fois, c’est la fin (air connu). Allez, on va y croire au moins jusqu’à la prochaine fois. Cette histoire d’amour de jeunesse n’en finissait de toute façon pas de mourir. Et finalement, on se surprend à penser qu’on s’en fout un peu, beaucoup, passionnément de ces hymnes pop furieusement datés 90’s. Car aujourd’hui il nous reste cet adolescent attardé de Graham Coxon. Après avoir coupé le son sur un album folk épuré en hommage aux maîtres du finger-picking Bert Jansch ou Nick Drake, le binoclard remet le son sur un disque qu’il cochonne aussi sciemment que brillamment. Le guitar-hero ne brasse pas de l’air-guitare sur cet ‘A+E’ rempli de fougue punk garage et qui fleure bon les vinyls rayés. Porté par une lo-fi qui paradoxalement amplifie le son, la musique griffe autant l’épiderme que les oreilles. Plus potache que jamais, Coxon ose un disque de démos jubilatoires où l’improvisation semble régner en maître. NeuNeu! de première, il s’aventure même sur la pente savonneuse du krautrock armé de drones sortis de nulle part. Le tout sous le regard complice de Ben Hillier (Depeche Mode, The Horrors, Blur, …) qui laisse sans sourciller Coxon faire ses graffitis sur ce mur du son. Votre lecteur MP3 préféré pourrait d’ailleurs vouloir rapidement mettre fin à ses jours ou tomber dans la pomme à l’écoute de ce son de cochon. Clin d’œil épileptique à sa collection de vinyls d’adolescent, Graham laisse l’album partir rapidement dans tous les sens, incontrôlable : des Buzzcocks (‘Advice’ punky à souhait) à Wire (‘What’II It Take’ en version dirty dancing) en passant par Joy Division (‘City Hall’ à la ligne de basse cold wave ). Blur ne reviendra probablement jamais aux affaires. C’est finalement peut-être mieux comme ça. (gle)

run as a child from my hunger, my biggest fear / I fight with my bare hands and spear ») et constats tragiques (« Parece que yo soy / la última de este clan », « For all those who/ didn’t celebrate/ the last day of the decade ») sans jamais se départir d’une parcimonie d’effets mélodiques et d’une absence de pathos. Il ne faudra donc pas s’attendre ici à un véritable ressac passionnel, mais on trouvera dans ces neuf plages une constance suffisamment attachante pour affronter les lendemains qui rôdent. Oubliez les bunkers et les rations lyophilisées, une alternative ressourçante a vu le jour au Nord. (alr)

The British Expeditionary Force

Carter Tutti Void

‘Chapter Two : Konstellation Neu’

Mute/V2

Erased Tapes Records

Chris Carter et Cosey Fanni Tutti sont deux membres fondateurs du légendaire groupe Throbbing Gristle à qui l’on attribue généralement la paternité du terme ‘musique industrielle’. Depuis le début des années 80, ce couple est aussi un duo musical très actif. ‘Transverse’ est un projet qui fut présenté l’année dernière à la Roundhouse de Londres dans le cadre du festival ‘Short circuit presents Mute’. Il confronte Carter et Tutti à Nik Void (Factory Floor). A trois, ils ont préparé en studio quatre compositions inédites d’une dizaine de minutes chacune. Elles ont ensuite été restituées live devant un public plus nombreux que prévu. Carter officie derrière sa console, flanqué d’un côté par Tutti qui se plait à distordre et à noyer sa voix et, de l’autre, par Void qui extirpe des bruits opaques d’une guitare préparée. Le résultat n’est pas très éloigné des dernières tentatives de Throbbing Gristle tandis que ceux qui sont familiers avec le travail de Carter & Tutti ne seront certainement pas dépaysés. Il faudra passer outre le caractère a priori dense et oppressant de ce témoignage pour y chercher la chaleur et l’humanité qui s’y cachent, enfouis sous les couches. (et)

Il s’agit du deuxième album d’une trilogie prometteuse. Le premier chapitre ‘A Long Way From Home’ était passé, à tord, presque inaperçu et pourtant sa qualité était admirable, un mélange entre le ‘Kid A’ de Radiohead et la discographie de Sigur Ros, comme si le duo anglais avait forgé un lien musical entre tous ces groupes ambiant et ce sur un même disque. Cinq ans plus tard, le duo de Newcastle continue l’aventure et de très belle manière : ‘Chapter Two: Konstellation Neu’ est puissant et complexe dans ses instrumentations. Chaque morceau semble trituré, reconstruit, réfléchi sans jamais non plus donner une impression d’intellectualisation de la musique. On pourrait sans difficulté imaginer ce disque comme bande originale d’un road trip tant ses changements de rythmes oscillant entre accélération soudaine et moment calme sont imagés. (tv)

Burning Hearts ‘Extinctions’ Bone Voyage

Il semblerait qu’on n’en ait plus pour très longtemps à vivre, que l’Apocalypse ait été avancée, n’en déplaise aux Mayas et à Thierry Mugler. Vous êtes vous déjà demandé comment vous passeriez ces dernières heures? J’ai éliminé fissa l’option thé et muffins avec Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst. Me restait donc l’option suivante : écouter ‘Into the Wilderness’ et ‘Burn Burn Burn’, planquée parmi le peu de renards restants, à goûter la synthpop à la finlandaise, sans plus me soucier des prédateurs. Avec ‘Extinctions’, Burning Hearts semble avoir saisi dans ses nuances un certain esprit fin de siècle: souvent plus intrinsèquement affolés que les chéries d’Au Revoir Simone mais moins illuminés que Cocteau Twins, le duo formé par Jessika Rapo (Le Futur Pompiste) et Henry Ojala distille finement méthodes de survie (« I

Transverse’

Champagne Champagne ‘Private Party’ Platinium

La première bouchée de ce trio de Seattle surprend. Une fusion entre le rock shoegaze et le hip-hop façon N.E.R.D? Ouais, je l’sens moyen ce truc. Pourtant, comme on s’habitue vite à un bain trop chaud, ce léger inconfort auditif se transforme vite en une sensation plutôt agréable, une saveur sucrée-salée qui flatte et caresse dans le sens du poil. Un flow nonchalant se pose sur des riffs de guitares pas beaucoup plus vifs, mais plutôt bien sentis - le tout sur un beat à l’ancienne. Derrière ce qui ressemble à un gros délire entre potes, on sent une production fine et réfléchie. Sous des airs de s’en foutre, les Champagne Champagne savent parfaitement où ils vont et bricolent leur tracks avec une précision d’horloger. Bonnes

ondes tranquilles entre potes, un spliff qui tourne et un soleil estival qui se couche au loin: on en reprendrait bien encore une petite tranche de cette ambiance. (jbdc)

Cheap Time

ni de paroles gansta façon gros lourd. Juste une recherche du gros et bon son qui donne envie de faire la fête. On se surprend à osciller du bonnet comme un con sur ces beats tricotés à la main, à acquiescer à chaque morceau de bravoure de ce flow à l’ancienne, à applaudir cette simplicité et cette sobriété musicale qui ne fait que mettre en valeur leur talent. Chiddy Bang creuse son trou et ça fait plaisir. (jbdc)

Choir Of Young Believers ’Rhine Gold’ Dans ce monde cruel, les prêtres qui chantent, savant mélange orchestré par Monseigneur Di Falco et la première chaine française sont Alléluia - complètement has been. Même si le nom du groupe danois accélérerait le flut sanguin de n’importe quel homme d’église impuissant, la comparaison s’arrête à peu près là, le « chrisme » de la pochette et la reverb bouclant cette comparaison trop facile. Ce groupe à géométrie variable s’orchestre parfaitement autour de son leader Janis Noya Makigriannis pour nous plonger dans une introspection ténébreuse de nos émotions. De longues et divines plages aux orchestrations angéliques comme ‘Sedated’ ou encore ‘Paralyze’ viennent sublimer l’album. Malheureusement, ce dernier souffre d’irrégularités qualitatives et donne l’impression de nager, un peu trop, en eaux troubles. Si ‘Rhine Gold’ ne s’envole que sporadiquement avant de retomber, il reste un moment agréable. (tv)

Clare Louise Bare Tales’

Wallpaper Music’

Autoproduction

In The Red

Dans la foulée d’un premier album élégant mais un peu trop éclaté stylistiquement, la Saint-Gilloise d’adoption revient aux affaires avec un EP très joliment troussé. Ecrit et interprété par ses seuls soins, ‘Bare Tales’ devrait rasséréner ceux qui trouvaient que sur scène, ces derniers temps, ça tournait un peu en eau de boudin. La configuration groupe ne rend pas service au talent de la jeune femme. En solo donc, c’est toujours Byzance. Guitare acoustique, chœurs liquoreux, voix haut perchée. Mieux, Clare Louise ne semble même jamais avoir été meilleure qu’ici. La triplette ‘Somewhere Else’, ‘The Keys’ et ‘Bare Song’, c’est carrément le triple A. (lg)

Ça fait un bout de temps qu’on le sait, In The Red fait rarement dans la guimauve. Et ce troisième album des Cheap Time, des gars du Tennessee, est là pour le rappeler : aller au charbon avec une basse, une guitare et une batterie reste encore souvent la meilleure manière de faire parler de soi. Dès ‘More Cigarettes’, le ton est donné et le corps en redemande, instantanément dépendant. Furie rétro. Larsens craignos. Déglingue. Ou comme si le fantôme de Jay Reatard venait hanter les disques vaguement psychédéliques des démentiels Thee Oh Sees (en train de devenir une vraie référence dans ce rayon halluciné). Comme si les Ramones avaient fait perdre la boule aux délicieux Yussuf Jerusalem. Ce disque s’écoute à donf. Sur les petites routes de campagne. Pied au plancher. Le bonheur à portée d’accélérateur. Vroum. Votre femme vous pressera de ralentir mais c’est trop tard, vous êtes dans le trip, martelant votre cortex à l’infini, parfaitement syntone avec ‘Another Time’, c’est-à-dire complètement cramé. Les hymnes garages s’enchaînent à mille à l’heure, vous prenez les virages au frein à main, vous laissez de la gomme sur le tarmac. En toute fin de parcours, ‘Underneath The Fruit Flies’ assène le coup de grâce : une lobotomie sans anesthésie. Léger, viral, jubilatoire. (lg)

Chiddy Bang ‘Breakfast’ EMI

Naviguant dans un genre hyper codé qui peine souvent à se réinventer, les rappeurs de Chiddy Bang osent s’aventurer hors des sentiers battus et ça fait du bien. Reprises de Tom Waits et remixes de MGMT et Radiohead: voilà des manières bien originales pour des MCs de se faire remarquer. Et on dirait que ça marche plutôt bien pour eux: gros buzz sur la Toile, quelques mixtapes et un EP accueillis chaleureusement; bref c’est la fête du slip pour le duo de Philadelphie. Ce qui est cool chez eux, c’est qu’ils ne tapent pas dans l’originalité et l’éclectisme de leurs influences juste pour se démarquer des autres. A l’écoute, leur univers est hyper cohérent, tient en place et ravit les oreilles. Pas de bling bling à la con,

Bart Constant Tell Yourself Whatever You Have To’ PIAS

Au 7ème jour de la répartition des talents artistiques sur terre, Dieu donna aux Pays-Bas Rembrandt, Van Gogh, Johan Cruijff et les Nits. La scène hollandaise n’a jamais brillé par son côté foisonnant. Bart Constant n’a pas l’ambition de combler ce vide à lui tout seul, d’autant que c’est à Berlin qu’il est parti élargir son horizon musical. Fruit de ces cogitations, des mélodies très pop à mille lieues de l’esthétique musicale traditionnelle de la capitale allemande davantage portée sur les paysages électroniques un peu glauques. Cette pop baroque, aux arrangements aussi luxuriants que fouillés, ne devrait pas dérouter les fans de Beirut ou d’Andrew Bird. Au contraire peut-être d’une voix qui rappellera souvent Roger Hodgson ou Leo Sayer et qui peut irriter sur la longueur. Masterisé à Abbey Road, ‘Tell Yourself Whatever You Have To’ est un beau disque, excessivement travaillé, qui nécessite plusieurs écoutes pour en capter toutes les subtilités. Plus immédiat, le très balkanique single ‘Gravity’ aux rythmiques imparables ou le plus délicat et pianoté ‘Do Better (Animals Make Me Angry)’ composé avec Dustin O’Halloran. (gle)

Etienne de Crecy My Contribution To The Global Warming Pixadelic

Tempovision, Superdiscount ou Motorbass sont devenus pratiquement des noms communs au dénominateur partagé, Etienne de Crecy. Et c’est ce que ‘My Contribution To The Global Warming’ retrace, 20 ans de création sans disco(u)ntinuer. Depuis ses débuts avec Philippe


17.05 I HAUSCHKA + JÓHANN JÓHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN

130701 TRANSCENDENTALISTS EUROPEAN TOUR 2012

31.05 I A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN CHAMBER ORCHESTRA + NILS FRAHM

LOTTO ARENA ANVERS JEUDI

7 JUIN 2012

INFO & TICKETS : 0900

2 60 60

(0,50 euro par minute, prix tva comprise )

PROXIMUSGOFORMUSIC.BE -

LOTTO ARENA

ANVERS VENDREDI 23 NOVEMBRE 2012 INFO & TICKETS : 0900 2 60 60 PROXIMUSGOFORMUSIC.BE -

(0,50 euro par minute, prix tva comprise )

06.05 I MINNEAPOLIS, MON AMOUR: DOOMTREE 07.05 I LOSTPROPHETS + YOUNG GUNS 07.05 I MY BEST FIEND + FLYING HORSEMAN 08.05 I BOWERBIRDS + SLARAFFENLAND 09.05 I AROMA DI AMORE + STIAN WESTERHUS 10.05 I REWIND: DE PUTA MADRE PLAY ‘UNE BALL DANS LA TÊTE’ 11.05 I NEIL COWLEY TRIO 14.05 I STEVEN WILSON 16.05 I THOMAS DOLBY 19.05 I ZINNEKE PARADE: INTERNATIONALS + S.W.A.N. 20.05 I BASS DRUM OF DEATH + KABUL GOLF CLUB 23.05 I SHARON VAN ETTEN 24.05 I WOLVES IN THE THRONE ROOM 25 + 26.05 I NETSKY 26.05 I WHITE DENIM + WHITE ARROWS 27.05 I BRUSSELS JAZZ MARATHON: BOMBINO 27.05 I CODEINE + JESUS IS MY SON 28.05 I JULIA HOLTER 30.05 I L.A. VAMPIRES + ITAL + MARIA MINERVA + MAGIC TOUCH + SPECIAL GUEST PEAKING LIGHTS 02.06 I CITIZEN COPE 03.06 I BOB MOULD PERFORMS ‘COPPER BLUE’ 05.06 I GOBLIN ‘PROFONDO ROSSO’ 06.06 I DIRTY THREE + PAPA M 07+08+09.06 I KOMMIL FOO ‘BREKEN’ 09.06 I LIARS 10.06 I HELMUT LOTTI & ROLAND’S SUPER ALLSTAR ENLIGHTENING MUSIC MACHINE 11.06 I A$AP ROCKY 14.06 I PAUL WELLER 15+16.06 I LOU REED ‘FROM VU TO LULU’ + JOAN AS POLICE WOMAN 26.06 I THE MARS VOLTA 15.09 I BLACK DICE 19.09 I CALEXICO 28.09 I HEIDEROOSJES - FAREWELL SHOW 29.09 I HEIDEROOSJES - FAREWELL SHOW 08.10 I SCISSOR SISTERS 11.10 I BLAUDZUN 13.10 I JOSHUA 23.10 I STEVE MILLER BAND 06.11 I SOPHIE HUNGER 11.11 I HOOVERPHONIC ‘SIT DOWN AND LISTEN 2 HOOVERPHONIC’ 13.11 I THE CIVIL WARS 15.12 I ZORNIK ‘LESS > MORE’ 21.03 I YOUP VAN ‘T HEK ‘WIGWAM’


18

Earteam

Zdar jusqu’à’ à ces derniers essais en solo, de Crecy n’ a cessé de dessiner la ligne de direction du clubbing chic, cotonneux et sexy. Cette touche si française... Une pompe sonore, un son compressé à outrance bordé de basses aussi ronflantes que leurs riffs étaient tranchants, voilà ce qui a fait l’essence de la French Touch : une funk ultra-extasiée et re-designée par cette caste très versaillaise et propriétaire exclusive du genre. Mais tout sauveur a sa part d’ombre et si la signature parisienne a pu nous débarrasser d’une ignoble euro-dance, elle aura aussi généré un monstre lorsqu’elle s’est mise à ralentir. C’est une autre ‘ville-lumière’ qui prenait alors le relais à coup de Dub pour les grands soirs, mais surtout de Lounge et d’abominables compils si faciles à entendre sans jamais devoir les écouter. En 5 cd’s ou version 6 Vinyles, c’est aussi ce que raconte cette rétrospective d’Etienne de Crecy, les mains constamment dans le cambouis depuis deux décades. De réels essentiels (‘Am I Wrong?’, ‘Les Ondes’, ...), des remixes maisons ou offerts à des potes (Air, The Shoes, Dj Mehdi, ...) composent l’exercice, qui se complétera d’inédits très dispensables. Aussi, nous présagerons que l’emballage sera soigné puisque, dans le monde des compilations, on cache les petits plats dans les grands. (dark)

de la Mancha

Don Niño

Coyote

The End* Of Music’

‘In The Backyard Of Your Mind’

Karaoke Kalk

Prohibited Records

Malgré son nom hispanisant, de la Mancha nous vient droit de Suède. Deuxième disque, premier depuis 2003(!) de la paire Jerker Lund - Dag Rosenqvist (on connait ce dernier pour son side project Jasper TX), ‘The End* Of Music’ nous dévoile une pop leftfield du plus bel aloi - tiens, elle nous rappelle les meilleures heures du label Own Records. Chargé d’une émotion qui ne vire jamais au surjoué ou au faux malade, l’univers des deux Scandinaves s’inscrit dans les marges de Red House Painters, tout en n’ignorant pas les effets bénéfiques de Sigur Ros et d’un post-shoegaze qui aurait connu Radiohead. Evidemment au-delà de toute timidité mal soignée, Lund et Rosenqvist ont toutefois l’excellent aplomb de revendiquer leur fragilité, tel un bateau naviguant aux ordres du capitaine David Gilmour où les seconds répondraient aux doux noms de Thom Yorke et Nick Talbot. Et surtout, oui, ils nous évitent l’infâme écueil Coldplay vs. Muse, singé des milliers de fois par tous les neuneus du monde (snif), alors que le genre fréquenté s’y prêtait à profusion. Rien que pour ça, je leur dis un immense et chaleureux merci. (fv)

Il y a dans chaque disque de Don Niño une plage qui me fait passer outre ma réticence nourrie face à sa voix sur le fil. Sur ‘Mentors, Menteurs !’, enthousiasmant hommage aux morceaux qui l’ont construit, Nicolas Laureau me convertissait à sa version hantée de ‘Porque te vas’ (Jeanette) et accédait au panthéon des repreneurs français, à côté de Sylvain Chauveau. Ici, l’heureuse élue s’appelle ‘She’s resisting’, litanie gorgée d’insolence et de sifflotements, obsessionnelle : j’en déguste volontiers une ration supplémentaire. Le reste de l’album ne manque pas d’instants choisis, si on peut faire sienne la fêlure vocale du jeune homme et s’imprégner suffisamment de ses errances psyché mises en relief par Luke Sutherland (Mogwai): ‘Cuckoo’ qui miroite entre vos doigts, ‘Everything collapsed all right’ qui boucle à merveille dès le décollage, ‘On the line’ et son horizon mélodique qui se fracture progressivement, ‘Free Birds’, coupure instrumentale bouffée d’oxygène. Autant de raisons qui nous font dire que Don Niño fait définitivement partie de ceux qui, seul à la barre ou avec NLF3, méritent plus qu’une oreille rapide sur leur actualité. Laissez infuser... (alr)

Gareth Dickson

Vice Prod/Hysterias

Quite A Way Away’

Dr Voy est de retour avec un album qui ravira les amateurs de hard direct et couillu. Fidèle à ses habitudes, le quatuor balance dix combos fleurant bon le hard old school teinté d’une pincée de blues/rock et d’une once d’esprit sudiste que l’on entend d’habitude fort peu dans nos contrées. Clairement pénétré par l’esprit d’AC/DC, de Led Zeppelin, voire de Motörhead, l’album nous vaut quelques beaux moments de bravoure rock’n’roll. Le hard bluesy de ‘Right words’ aux riffs bien rugueux ouvre le bal avec énergie. Plus loin, on savourera le très sudiste ‘How long’, ‘Just one beer’ dont les riffs font penser à du Steppenwolf, le stoner bien tendu de ‘Still in the shame’, sans oublier l’explosif ‘Candy or Sandy I don’t remember’ terminant l’album en force. Furieusement rock! (pf)

Le Beau Label/Honest House

Nous avions dit tout le bien que nous pensions de Coyote à l’occasion de la parution de son premier album éponyme. Ce deuxième album, pareillement sans titre, conforte notre sentiment. En à peine plus d’une vingtaine de minutes, la paire de guitaristes parvient à livrer une neuvaine de morceaux limpides et cristallins sans trébucher et sans s’attarder. ‘Harpie’ met en scène - malgré lui - la voix de feu Jacques Izoard, poète inclassable de Liège. Sur ‘Barnabé’ et l’excellent ‘Biscuit’, c’est le scénariste/ illustrateur José Parrondo qui offre son concours discret en biais. Plus loin encore, c’est le ‘Valeureux liégeois’ qui est repêché du patrimoine local pour une ré-interprétation folk minimaliste universelle. Le disque se clôt sur une reprise écourtée du ‘Lac majeur’ de Mort Shuman. C’est là que se mesure toute la dimension poétique de Coyote. Une grâce naturelle et une légèreté non feinte que révèlent des petites compositions instrumentales qui se suffisent à elles-mêmes. Tout comme son prédécesseur, ce disque est emballé de manière artisanale et de bon goût dans un carton générique frappé du sceau de l’animal. Le contenu, le contenant, tout est ici bienveillant. (et)

Dandy Warhols This Machine’ The End Records/Naïve

Apparus au milieu des années 90, les Dandy Warhols se sont bien vite érigés en maîtres dès lors qu’il s’agissait de composer une merveille de friandise pop. Il faudrait en effet être mal embouché pour ne pas avoir succombé au charme de ‘Get off’, de ‘Not if you were the last junkie on earth’ ou encore de ‘Bohemian like you’. Sur ‘This Machine’, on retrouve cette fulgurance qui fait tout le charme du groupe et nul doute que les fans ne seront nullement dépaysés à l’écoute de titres comme ‘The autumn carnival’ , ‘I am free’ ou du superbe ‘Bad vacation’ aux arrangements particulièrement subtils et travaillés. Le groupe élargit ici sa palette musicale et surprend à plusieurs reprises, comme avec ‘Enjoy yourself’ sur lequel Courtney Taylor adopte un timbre de voix teigneux assez proche de celui d’Iggy Pop ou encore avec ‘Well they’re gone’, belle ballade un peu fantomatique, sans oublier le surprenant ‘I am free’ , cabaret/crooner parsemé de sax. Fidèles à leurs racines hippies, les Dandy Warhols se fendent également en fin d’album du très beau ‘Don’t shoot she cried’ emprunt d’un psychédélisme pastoral et angélique à souhait et du magistral ‘Slide’ qui se termine dans un délire psyché obsédant. (pf)

Fence ‘s/t’ Rough Trade

Summer of 99, période bénie, go-pass et inconscience dans la poche arrière du short. Les petits gars d’Hasselt faisaient office de chouchous : on les aurait embarqués dans nos fêtes de fins d’exams, tant leur décontraction et leur esprit lofi semblaient proches des nôtres (« My brain is in my bed / I drive a Volkswagen »), et ‘Mary Lou’, leur copine shampouineuse délurée aurait répondu présent. Bourrés de mauvaise sangria, on aurait été mûrs pour beugler tout Pavement ou tout Weezer : une vision adolescente de l’Eden à la fin des 90’s. On avait perdu leur trace mais pas cette insouciance transmise à la fortune du pot. S’ils nous reviennent nantis d’arrangements bien plus ciselés qu’à l’époque (influences sixties aidant, les cordes sont légion) et d’une justesse plus garantie dans la voix, on distingue encore sous les chœurs et le vernis de production cet humour potache qui nous avait conquis: les passages instrumentaux de ‘Cool Spirit’ pourraient figurer dans le film ‘Pink Panther’ et l’anti-héros d’ ‘I Think I Do’ n’est pas sans évoquer les losers d’’Always Ultra’ sous Lendormin. Qu’on se rassure donc : si le groupe a parfois perdu en spontanéité ce qu’il gagnait en aisance mélodique (‘Shredder Pants And Leather Jack’ fait surgir les Beatles), Fence nous prouve qu’évoluer ne vous fait pas nécessairement disparaître de la scène et que la Flandre a encore de belles heures pop retro à nous offrir. (alr)

12K

Fidèle client de notre rubrique ‘Love On The Bits’, le label new-yorkais 12K mérite largement de quitter sa niche confidentielle pour se voir propulser sous les spotlights de la Earteam. La cause ? Un nom, qu’on n’aurait jamais imaginé associé à la structure de Taylor Deupree, j’ai nommé l’icône Nick Drake - ressuscitée pour l’occasion sous les traits d’un certain Gareth Dickson. Car, nom de Zeus, quelle magnifique révélation que voilà. Tout en oubliant de fouiller les fonds de tiroir vintage pour y ressortir sa panoplie de chanteur maudit à la guitare sèche, le musicien écossais apporte une touche de modernité stupéfiante à l’auteur de ‘Five Leaves Left’, et ce n’est pas un hasard si je cite le premier des trois disques du songwriter anglais. D’ailleurs, bien des points tragiques rapprochent les deux hommes, au-delà de l’évidence stylistique à laquelle Dickson ajoute un bluffant complément d’âme - une reverb’ comme seule Marissa Nadler sait l’utiliser. Si, on le sait, l’histoire s’est terminée tragiquement pour Drake à l’âge de 26 ans, la vie de Gareth D., expatrié en Argentine auprès de sa girlfriend, n’est pas exactement de tout repos, entre attaque de clébards, braquage où une balle s’est perdue et moteur d’avion en feu dans les Andes. Qu’importe les circonstances, je suis ressorti grandi de sa découverte et ce n’est qu’un début. (fv)

Dr Voy That’s All Fake’

Dry The River Shallow Bed’ RCA/Sony

Voilà du très gros poisson naviguant dans des eaux interlopes. Produit par ce vieux mérou de Peter Katis qui a déjà rôdé précédemment avec The National et Interpol, les londoniens de Dry The River sortent leur premier album après quelques EP’s qui en ont déjà fait mordre pas mal à l’hameçon. Entraîné par la voix de falsetto de son leader Peter Liddle, le groupe est composé de musiciens ayant fait leurs gammes dans le hardcore et le postpunk. Difficile de croire à ce background tant la musique de Dry The River ressemble davantage à une sorte de bouillabaisse folk-rock-

pastoralo-épico-héroïque. Si on voulait être cynique, on classerait l’affaire en disant que RCA/Sony ont trouvé en Dry The River la perle rare en terme de positionnement produit. Pilepoil au centre d’un triangle magique composé d’Arcade Fire, des Fleet Foxes et de Coldplay. Mais au diable le cynisme et la facilité, on préfèrera retenir la fluidité et la puissance des mélodies, les crescendos épiques, les averses de cordes qui donnent envie d’aller mouiller le tee-shirt. Les violons sont de sortie mais ses gémissements sont contenus. La grandiloquence n’est jamais loin, c’est le risque. Mais c’est diablement efficace. (gle)

Elika Always The Light’ Sainte Marie Records

Electro-gaze à tous les étages pour cet opus aux distorsions et à l’onirisme synthétiques qui se plaît à démontrer que le bois et les cordes n’ont pas l’exclusivité sur l’expression de la nostalgie. C’est tout sauf un scoop mais ce duo mixte de Brooklyn nous le rappelle à longueur de loops qui défrisent, d’échardes soniques et d’écorchures rythmiques. Par-dessus le marché (nécessairement noir), la mélancolie naturelle qui semble habiter la voix d’Evagelia Maravelias rajoute une couche d’émotion authentique qui évite à l’ensemble de sombrer dans la mièvrerie. Vocalement, ce disque comblera aussi ceux qui, au regard de ses productions récentes, recherchent désespérément la Madonna époque ‘Ray Of Light’. La ressemblance est souvent troublante, parfois gênante, mais jamais encombrante. (gle)

Fanfarlo ‘Rooms Filled With Light’ Canvasback/Atlantic/Warner

Simon, ne boude pas, mon chou. J’avais appris à le chérir, moi, ton ‘Reservoir’ d’envolées légères, même si le voisinage bruissait de rumeurs à ton encontre. Cette fois, je n’ai même pas convié Win et Régine à notre pique-nique, viens les yeux fermés, on est entre nous. Il y a de l’inquiétude qui continue à sourdre de ‘Replicate’, ne me mens pas, prends la peine d’inhaler quelques vapeurs 80’s puis de revenir à cette exaltation qui te va si bien. ‘Deconstruction’, grimpons à petites foulées énergiques en haut de la butte, on s’époumonera bien mieux là-bas, on capturera même quelques sauterelles à zyeuter à la loupe, si tel est ton plaisir. Tout doux, « Let’s not worry about going extinct / We’ll be preserved on a shelf somewhere », toi et ta kyrielle de cuivres avez votre place de ce côté-ci de l’arc-en-ciel. ‘Tungunska’, mériterait même une danse, même désuète, même maladroite… Ne dis plus rien, on n’est pas bien là, les pieds dans l’herbe, à constater que tout tourne autour de nous, mais que ce n’est pas si grave ? Martèle autant que tu veux ‘Tightrope’, ça fait de belles miettes d’espoir sur la nappe à carreaux : on en siffloterait presque, des plumes plein nos tignasses. J’ai gardé un peu de cidre pétillant, quelques palpitations de ‘Bones’, quelques violons pour la prochaine fois…tu reviendras jeter des cailloux sur les volets de ma chambre, dis, Simon, tu reviendras ? (alr)

Father John Misty Fear Fun’ Bella Union/V2

Previously known as J. Tillman, Father John Misty appelle un nickname moins clinquant : Mother Doudoune. Dit autrement, des couches de rembourrage à faire passer la plus menue des poules pour une dinde de Noël. Et par làmême, nous prendre pour des pigeons. Faut dire qu’il faut pas gratter bien loin la couche de polyester pour se rendre compte qu’être vendu avec la cape d’ex-Fleet Foxes (à la batterie de 2008 à 2011) ne fait ni le moine ni le chanteur folk. Ainsi donc, ‘Fear Fun’ dévoile des morceaux qui, au mieux, ressemblent vaguement à des chutes de studio du dernier Damien Jurado (‘Nancy From Now On’, ‘Only Son Of The Ladiesman’) et, au pire, le plus souvent, à un infâme boogie middle of the road. (lg)



20

Earteam

Rebecca Ferguson

Julia Holter

‘Heaven’ RCA/Sony

Encore une heureuse victime des télé-crochets : la jeune anglaise de 25 ans a été remarquée chez nos amis de X-Factor version anglaise. Pour les quelques personnes qui ne connaissent pas cette émission, elle est comme toutes les autres, avec plus de budget que les merdes francophones et des chanteurs plus talentueux. Rebecca Fergusson s’est fait sortir en finale mais a directement été signée par une maison de disques. Avec ‘Heaven’, l’Anglaise nous livre sur un fond entre soul et gospel ses propres textes, notons que c’est un fait assez rare pour un artiste émergeant de la boîte à abrutissements. Avec Rebecca Ferguson, on peut enfin se réjouir, la télé-réalité a déniché une vraie artiste, j’entends par là qu’elle sait chanter, écrire, et qu’elle arrive même a faire monter les poils sur plusieurs titres,‘Teach Me How To Be Loved’ et ‘Nothing’s Real But Love’ en sont deux exemples frappant. Chapeau. (tv)

Frown-I-Brown ‘Hard Nouveau’ NAFF/Blankollectif

Frown-I-Brown, c’est du hip-hop venu de Bruxelles - mais surtout Frown-IBrown, c’est du hip-hop qui ose vraiment expérimenter, ce qui est suffisamment rare que pour être souligné au gros feutre fluo. L’idée, c’est la fusion du hip-hop avec les instruments acoustiques du jazz (et même avec de la flûte traversière). Et je ne vous parle pas de quelques légers samples qu’on remue derrière du gros beat histoire d’épicer un peu ses tracks bien gansta. Non, ici pas de grosses rythmiques, ni de basses qui font saigner les tympans: rien qu’un groove jazzy à l’ancienne et de vrais instruments en bois et en cuivre. Le flow précis de Herb Cells n’en ressort que plus tranchant et plus clair. On s’imagine assister à un concert au mythique Apollo Theater dans le vieil Harlem d’avant-guerre. Pourtant malgré sa saveur sépia et patinée, on n’a pas l’impression d’écouter une musique façon reconstitution archéologique, mais plutôt de se voir offrir un regard différent et moderne sur le hip-hop grâce à la pureté du groove et de la suavité originelle du jazz. Une performance. (jbdc)

The Futureheads Rant’ Nul Records

Album entièrement composé de reprises a capella et projet sévèrement burné. Du Pow Wow indé ou du Flying Pickets alternatif. La chronique pourrait s’arrêter là et on aurait presque déjà tout dit de cette idée a priori saugrenue. D’autant qu’on ne donnera pas l’absolution au quatuor de Sunderland comme on la prodigua de bonne grâce au ’Caravan Of Love’ des regrettés Housemartins qui doivent être les derniers représentants de Sa Majesté à s’être mesurés à l’exercice en 1986. Les Futureheads ont pourtant une longue tradition dans le registre des harmonies vocales inspirées et il n’est finalement guère surprenant qu’ils poussent la logique à fond sur un projet de ce type. Qui va même jusqu’à proposer une reprise du ‘Meet Me Halfway’ des Black Eyed Peas qui auraient oublié d’honorer leur facture d’électricité. Ou qui propose une relecture du…‘Acapella’ de Kelis. C’est sans aucun doute très ambitieux, mais il y assez de variété pour capter l’attention (presque) jusqu’au bout. (gle)

Gabriel & The Hounds Kiss Full Of Teeth’ Communion Records/Coop/V2

A ne pas confondre avec Gabriel’s Hounds, groupe métalleux pour headbanger prépubères, Gabriel Levine, alias Gabriel & The Hounds, est un jeune homme tout ce qu’il y a de propre sur lui. Cheveux courts, lunettes in et grandes idées.‘Kiss Full Of Teeth’ est typiquement le genre de disque qui emmerde

Husky ‘Forever So’

‘Ekstasis’

Sub Pop/Konkurrent

Rvng Intl.

Quand je vois « songwriter australien » sur un disque, que l’entrée en lice s’intitule ‘Tidal Wave’, je suis tentée aussitôt de sortir mon échelle du cool selon Jack Johnson, de vérifier sur quelle chaîne le godelureau en question finira par pondre une chanson de l’été. Poussezmoi un peu dans mes retranchements, et je finirai par disserter sur la coupe de cheveux de Patrick Swayze dans Point Break (tourné à Los Angeles, mais les à priori se moquent bien de la géographie). Avouez que c’est mal embarqué, surtout si l’interprète s’appelle Husky. Vous le voyez aussi ce t-shirt à franges estampillé ‘Allumez le feu’ ou bien…? Notre Aussie ne mérite sans doute pas tant de banderilles cyniques de ma part : ‘Forever So’ n’atteint jamais mon idéal de l’intimité faite chanson folk, mais le boulot, s’il est parfois larmoyant, n’est finalement pas trop malhonnête mélodiquement pour peu qu’on goûte à un certain classicisme. (alr)

Enorme sensation dans la marge pop éthérée, enfant prodige déjà aperçue auprès de Linda Perhacs, Julia Holter met la barre à un niveau céleste - carrément - pour son second album, le quatrième si l’on compte les deux CD-R ‘Celebration’ et ‘Cookbook’. Jonglant avec les expérimentations telle une virtuose du trampoline, posant son timbre de voix angélique dans une chambre d’écho onirique, la demoiselle from California se hisse déjà au niveau des Laurie Anderson vs Hope Sandoval vs Midaircondo, fiou pas de la petite bière, sans même parler de l’évidence Beach House. Au-delà des références, le plus remarquable est la manière dont la musicienne américaine a intégré tant d’univers prestigieux à son catalogue; le tout, svp, seule dans sa chambre comme une grande. Nulle trace de numéro d’imitation troupière ne vient gâcher l’idyllique tableau, ou si peu : je songe à l’intro de ‘Für Felix’, qui lorgne de façon voyante sur Victoria Legrand & co, mais je lui pardonne très volontiers ce petit écart. Déjà annoncé, le successeur ‘Gigi’ devrait être enregistré en compagnie d’autres musiciens, inutile de dire que l’impatience dans les bureaux de RifRaf est déjà à son comble. Pour étancher la soif, rendez-vous à l’AB Club le 28 mai, en tenue légère de circonstance. (fv)

la modernité. Un folk de Brooklyn, urbain, qui se goberge de tout bois. De fait, ce bisou plein de dents est un travail d’orfèvre, richement orchestré par Levine avec l’aide de ses potes. Des types qui travaillent pour la crème. The National, Beirut, St Vincent, tUnE-yArDs. Carrément. Plusieurs écoutes sont nécessaires. Il faut laisser ce disque faire son temps. Le ressortir un soir d’hiver. Foutre une bûche dans l’âtre, se verser un scotch. Et s’en prendre une sérieuse. Dès l’échauffement (‘A Beginning’, intro splendide) jusqu’à l’outro (‘An Ending’), discrètement, des instruments à vent, des trompettes, des flûtes, des violoncelles vous mettront devant le fait accompli : tout fout le camp, vous n’avez plus vingt ans. (lg)

Gentlemen of Verona ‘Raw’ Johnny Records

L’aiguille jaillit dangereusement, elle voit rouge. Les amplis bourdonnent, les guitares se donnent, les lignes de basse rebondissent : c’est la danse élémentaire et bien connue du rock’n’roll primaire. A l’heure de leur troisième album (‘Raw’), les Limbourgeois de Gentlemen of Verona prennent toujours un malin plaisir à satisfaire les poncifs du genre. Au micro, les cheveux noirs de Debby Termonia ondulent autour d’influences flagrantes : PJ Harvey, Boss Hog, The Kills. La férocité est de sortie, et les morceaux sollicitent une certaine frénésie. Gentlemen of Verona bourre dans le lard comme un rugbyman italien dopé au limoncello. Tout ça est bien sauvage, mais on se demande un peu ce qu’on fout là. On s’écoute une recette éprouvée en éclusant des pintes. C’est chouette, certes. Mais au bout d’un moment, on commence à mater cette panse à bière qui menace méchamment notre abdomen… (na)

Golden Diskó Ship Prehistoric Ghost Party’ Klangbad

Alias unique de Theresa Stroetges, jeune Berlinoise bien sous tous rapports, Golden Diskó Ship n’en est qu’à son premier épisode full time, malgré des traces scéniques remontant à 2007, exception faite d’une participation à un split LP sur l’excellent label féminisant/ste Monika Enterprise. La présence de la donzelle sur la structure de Gudrun Gut n’avait rien d’incongru, tant son univers évoque l’électro-pop, tendance folk à la Morr Music. Plus d’une fois, on se dit que les échos de GDS auraient trouvé parfaitement leur place sur une des compilations ‘4 Women No Cry’, quelque part entre Eglantine Gouzy et Dorit Chrysler. D’ailleurs, au-delà de la simple bulle féminine en apesanteur, les juxtapositions en ombres chinoises de Theresa S. évoquent, et pas qu’un peu, deux artistes liées peu ou prou à la scène an der Spree - pour les citer, Chica & The Folder et Milenasong. Vaporeux tout en déclinant quelques arpèges de guitare par ci, ou quelques variations électroniques par là, ‘Prehistoric Ghost Party’ ne révolutionnera rien mais on y remettra les oreilles de temps à autre sans bouder notre plaisir. (fv)

Grafitti6 Colours’

Jungle By Night

Capitol

Hidden’

Right Said Fred et son séminal tube ‘I’m Too Sexy’, personne ou presque n’a réussi à oublier ça. Derrière ce carton prévisible se cachait un certain Tommy D qui a poursuivi sa jolie carrière en sévissant notamment aux côtés de Kylie Minogue. Jamie Scott a une gueule d’ange et une voix de fausset et il s’est fort opportunément spécialisé dans la bluette romantique. A eux deux, ils ont formé Graffiti6 en 2008, pour le meilleur et surtout pour le pire. Le duo propose une musique vintage au carré qui pourrait être la bande son indie-neo-disco d’une partouze musicale intemporelle. Dans une alcôve, Seal fricoterait de manière improbable avec Tricky. Dans le jacuzzi, Moby taillerait à tout le moins une bavette avec Gnarls Barkley sous le regard concupiscent de Mark Ronson. Prince et les Happy Mondays échangeraient de grosses doses de psychédélisme périmées sous le regard envieux de Zero 7. A la fin de la nuit, le bouquet final prendrait des allures de pot-pourri. Alors Graffiti6 de la bombe ? Oui, mais une vielle bombe d’Elnett fatiguée qui fait pschitttttt. (gle)

Kindred Spirits

Arthur H & Nicolas Repac L’Or Noir’ Naïve

Je me souviens d’un jour d’été, pas très loin de la Place Soweto, Dakar. J’y avais acheté ‘Cahier D’un Retour Au Pays Natal’ d’Aimé Césaire. En redescendant à l’Hôtel Océanic par la corniche, je m’étais fait embabouiné par un bana-bana et je m’étais retrouvé avec une vareuse de l’équipe nationale du Sénégal dont je n’avais que faire. Le soir, dans le patio, en descendant une Gazelle, numéro dix dans le dos, je m’étais pris une sacrée gifle. Il était possible d’écrire ainsi, de mêler à ce point la révolte à la poésie. ‘L’Or Noir’ qui sort aujourd’hui met une partie de ce long texte en musique. Ainsi que d’autres œuvres de la Caraïbe francophone, plus anciennes (Edouard Glissant, René Depestre, Georges Desportes) ou plus modernes (Dany Laferrière), dont le dénominateur commun est une puissance littéraire hors normes. La collection Poétika Musika propose de faciliter l’accès à des textes difficiles, de redonner le goût de la lecture. Et contrairement à Ferré qui chante Baudelaire, c’est réussi. La musique de Nicolas Repac sert magnifiquement les intérêts des poèmes, superbement récités par un Arthur H inspiré. Les dix minutes de ‘Cahier D’un Retour Au Pays Natal’ défilent ainsi au son d’une musique électronique maladive qui vire aux rythmes caribéens avant de finir dans un trip ultime dont les racines sont à chercher au plus profond de la musique noire. Epoustouflant. (lg)

Depuis ‘Broken Flowers’ de Jim Jarmush (2005), le monde occidental n’en finit plus - à raison - de vénérer Mulatu Astatké. Derniers en date à ramener le pape de l’éthio-jazz sur le parterre de tulipes, les Hollandais de Jungle By Night ne seront probablement pas ceux dont on se souviendra le plus au moment de l’apocalypse. ‘Hidden’ dévoile donc le travail d’excellents instrumentistes mais n’accroche pas la cerise sur le gouda niveau émotion. On oscille donc entre afrobeat nigérian fichtrement bien décalqué, funk américain des seventies joliment contrefait et jazz éthiopien drôlement bien imité (‘Dawn’, ‘Ethiopino’). Dans le genre, les londoniens de Skeletons font mieux. Mais, les vrais amateurs de rare groove préfèreront encore retourner à leurs compiles Brown Sugar ou à Mahmoud Ahmed. (lg)

Kiss Kiss Bang Bang Kaboom !’ Bad Reputation/Suburban

Ce quatuor propose un fort sympathique album de rock catchy rétro sixties, bien foutu et accrocheur. Les mélodies sont évidentes, le groupe bien en place et l’ensemble dégage un côté plutôt sexy, en grande partie dû à la voix chaude et sensuelle de la chanteuse qui rappelle par moments Chrissie Hynde des Pretenders. Alliant riffs garage et orgue farfisa irrésistible, des compos comme ‘Whiskey bottle’ ou ‘Stay the night’ sont assez furieuses alors que des morceaux comme ‘Kaboom’ et ‘My fix’ dévoilent les atours plus pop du groupe. Certes, le groupe n’invente rien, mais cet album a suffisamment de qualités pour qu’on ne fasse pas la fine bouche. (pf)

Lapalux ‘When You’re Gone’ Brainfeeder

L’Anglais Lapalux (alias Stuart Howard) aime se la jouer cool, voire même abstract cool. Ce qu’il fait, ça ressemble un peu à ce qu’Aphex Twin doit entendre dans sa tête quand il se passe un disque de Miles Davis. C’est funky, des bonnes ondes qui glissent toutes seules, mais qui glissent pourtant sur l’âpreté de beats déstructurés. N’empêche, c’est tout moelleux : à écouter son truc, on s’englue avec délice dans le smooth - et pourtant on entend bien que les écouteurs de l’iPod commencent à chauffer à cause de ces vibrations sonores plus trop catholiques et de ses samples enregistrés sur des appareils électriques en surchauffe et à l’ampérage qui aurait bouffé des champis hallucinogènes plus trop frais. On goûte aussi ces petites effluves de James Blake et Mount Kimbie, et on se dit que la vie est décidément belle même si subitement le monde autour de vous commence à sacrément partir en couille. C’est beau et effrayant à la fois, et on accroche dès la première écoute. (jbdc)


C

M

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FRI 13 JULY

THE SUBS \ TOCADISCO

LES PETITS PILOUS \ THE GASLAMP KILLER ESKMO \ TC \ JOKER \ TOMBA SAT 14 JULY

DINOSAUR JR \ YUKSEK THE RAVEONETTES \ GALLOWS

MUSTARD PIMP \ DUM DUM GIRLS \ TROLLEY SNATCHA EMALKAY \ STEAK NUMBER EIGHT \ THE DEATH SET POLAROID FICTION \ CAMPUS \ WHILE SHE SLEEPS DRUMSOUND & BASSLINE SMITH \ ARCHITECTS

MORE TO BE ANNOUNCED... PRESALE: DAYTICKET 20 € \ COMBI 32 € PARK OLMENHOF - HERK DE STAD (B) WWW.ROCKHERK.BE


22

Earteam

Light Asylum

Rocket Juice & the Moon

‘Light Asylum’ Mexican Summer/Coop

Au début, on se dit que tiens, on dirait un genre d’Atari Teenage Riot ou de Front 242, mais en très édulcoré. On pense à de la synth-pop très 80’s bizarrement mêlée à de l’indus qui claque dans les tympans comme un coup de soleil. C’est métallique et froid. Et aussi un peu vieillot et franchement kitsch, mais passons. Par contre, dès que la voix arrive, ça en devient ridicule. Entre les beuglements d’un hooligan et un chat qui hurle dans une machine à laver. On dirait un délire d’ado, mais surtout un mauvais délire pas drôle. Bref, un premier album sans grand intérêt. (jbdc)

MAKYzard ‘Embraser Le Calme’ Elegua

Je ne goûte pas trop le hip-hop francophone d’habitude. Mais faut dire ici qu’avec MAKYzard, c’est plus que du hip-hop. Largement inspirés par les rythmes latins, les Belges ouvrent la fenêtre et font rentrer un peu d’air chaud. On s’en plaindra pas. Au-delà de plaquer de simples arpèges de guitare sèche et quelques cuivres à la cubana histoire d’épicer vaguement leurs morceaux, on sent que le crew reprend aussi l’âme de la musique latine. Une sorte de désespoir festif, de partage aussi bien dans la galère que dans la joie, le tout mêlé à des revendications politiques: finalement des concepts qui s’accordent assez bien avec l’esprit du hip-hop. Sans forcément révolutionner les codes fondamentaux du rap, l’originalité des MAKYzard ainsi que leurs textes futés et bien ficelés méritent franchement le coup d’oreille. (jbdc)

The Mars Volta Nocturniquet’ Warner

Lorsque Mars Volta est né des cendres de At The Drive-In voici une décennie, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les premiers développements du groupe. Mêlant influences prog, free jazz, funk et métal dans un moule math rock, Mars Volta proposait une musique certes difficile d’accès, mais en même temps terriblement novatrice et excitante. Au fil du temps, je devais cependant peu à peu décrocher, le groupe se complaisant dans l’expérimentation un rien démonstrative. C’est dire si ‘Nocturniquet’ est une excellente surprise. Certes, le groupe cultive toujours un goût marqué pour le bizarre, mais on retrouve ici de vraies chansons dotées de structures. Dans un registre prog mélodique alternatif, ‘Aegis’ est particulièrement brillant, Dyslexicon’ constitue un bel exercice de rock psyché/prog déviant, associant passages angéliques et explosions bruitistes avec talent. ‘In absentia’, longue composition psyché spectrale et spatiale est elle aussi assez fascinante dans un registre freaked out. Et puis, on retrouve également des titres réellement accessibles, comme le très pop, synthétique et spatial ‘Lapochka’, sans oublier les plus apaisés ‘Trinkets Pale of moon’ et ‘Empty vessels make the loudest noise’. Me voilà réconcilié avec Mars Volta! (pf)

Ben Mazué Ben Mazué’ Columbia/Sony

Il y a eu le rap agressif, le slam, le rap limite et ses flows douteux, il y a eu Orelsan et ses refrains chantés et puis il y a ce premier album de Ben Mazué. Pas vraiment rap, pas non plus totalement pop, Ben Mazué nous a concocté un vrai méchoui. Il chante et rappe tant sur des beats que sur des musiques plus conventionnelles, ce qui insuffle à son premier disque un style nouveau dans le paysage français. Avec sa voix aux relents ragga entre Anis, Christophe Mae et Yannick Noa, le français nous fait l’éloge du doute, grande maladie de toute une génération, se questionne sur la paternité (‘Papa’ ), les vocations (‘Lâcher Prise‘) et déclare aussi son

Honest Jon’s Records

S’il fut conçu et pensé dès 2008, ce projet ne s’amorcera vraiment que l’année dernière avec une première prestation scénique au Jazz festival de Cork mais il fallut attendre la parution de ce disque pour en percevoir la concrétisation tangible. Rock Juice & the Moon est la bannière d’un super groupe qui ne veut pas dire son nom. Jugez plutôt : Damon Albarn, Tony Allen et Flea. Avec une telle enseigne, les jeux sont faits avant même que les dés n’aient roulé. Et de fait, dès le décompte de ‘1-2-3-4-5-6’ qui ouvre le disque, la ligne est franchie sans que l’on ait eu le temps de se positionner. A plus de septante ans, Allen apparaît magistral, impérieux, bigrement créatif quand il cogne dans tous les sens. Albarn est chez lui, à la maison, sur ses terres de prédilection. Si Allen et lui avaient collaboré précédemment au sein de The Good, the Bad and the Queen, la collaboration devient ici une véritable entente en bonne intelligence. Pour sa part, Flea règne du haut d’une basse altière et cinglante et huile les rouages avec brio. Derrière la porte, les invités poussent des coudes et donnent de la voix pour un renfort vocal bienvenu avec les chatoyantes prestations d’Erykah Badu et de la Malienne Fatou Diawara. Relevons aussi la prestation, nettement moins originale, du rapper ghanéen M.anifest et celle de Cheick Tidiane Seck. A côté de la poignée d’excellents morceaux que constituent ‘Hey Shooter’, ‘Follow-Fashion’, ‘Poison’, ‘Benko’ et ‘Dam(n)’, figurent bon nombre d’ébauches dont on sent bien qu’elles n’ont pas été toutes menées à leur terme. Qu’à cela ne tienne, l’album n’en demeure pas moins une démonstration fervente d’un savoir-faire marqué d’un véritable animus societatis. (et)

amour pour le rap américain dans ‘Confessions d’un rap addict’. Globalement, c’est le genre de disque qui passe facilement sur toutes les radios, de PureFm à Fun Radio en passant par RTL. Si ce premier exercice n’est pas foncièrement mauvais, il ne me laissera pas de souvenir. (tv)

Memoryhouse The Slideshow Effect’ Sub Pop

Au rayon dream pop, on ne peut pas dire que l’Amérique ait été avare en merveilles depuis vingt ans. Depuis la ténébreuse Hope Sandoval et sa Mazzy Star jusqu’à l’ensorcelante Victoria Legrand et sa Beach House, les occasions de s’enthousiasmer ont été légion et on n’a pas manqué d’en profiter. Toujours au rayon voix féminine enrobée sur des arrangements classieux et célestes, on trouve désormais le duo Memoryhouse, soit la chanteuse Denise Nouvion et le multi-instrumentiste Evan Abeele. Malgré quelques moments plus testostéronés - faut le dire TRES vite - qui évoquent TRES vaguement Throwing Muses, les dix titres de ‘The Slideshow Effect’ nagent dans les eaux limpides d’un torrent floridien tout en n’oubliant pas le tribut qu’ils doivent à la nièce de Michel Legrand. Pourtant, quelque chose de fondamental cloche à leur écoute, notamment au niveau mélodique, d’une inspiration tellement modérée qu’on en oublie vite l’essentiel. Mais si, vous savez, ce mot qu’on fredonne plein de mousse sous la douche. Vous dites ? Chansons ? Pan, dans le mille ! (fv)

The Men Open Your Heart’ Sacred Bones Records

Si l’écoute de cet album ne va en rien révolutionner votre vie, elle va néanmoins assurément vous faire passer un excellent moment si d’aventure vous êtes friand de rock alternatif brut et parfois cradingue qui ne s’embarrasse pas des convenances. On passe sans transition d’un titre punk primitif comme ‘Turn it around’ à un délire noisy bruitiste tel ‘Animal’. S’il est vrai que certains titres ne ressemblent à rien si ce n’est un amas foutraque de sons, The Men parvient à surprendre lorsqu’il compose des titres plus apaisés mais néanmoins lo-fi comme ‘Oscillation’ ou ‘Presence’ qui prennent l’allure de mantras qui sonneraient comme du Sonic Youth en proie à un délire psyché/kraut façon Wooden Shjips. (pf)

Miike Snow ‘Happy To You’ Columbia/Sony

Leurs deux derniers titres nous avaient fortement déçu, ‘The Rabbit’ et ‘Billie Holliday’ étaient tous deux bien loin du super premier album ‘Miike Snow’ et de ses tubes enjôleurs qui avaient ravivé notre été 2009. Ce passage à vide est désormais derrière eux : fini les beats

brouillons crachant dans nos oreilles jusqu’à les faire saigner, ‘Happy To You’ signe le grand retour des claviers, des bons rythmes et surtout des morceaux dance tubesques comme ‘Paddling Out’. Si pour ma part certains morceaux comme ‘Enter The Jokers Lair’, ‘Vase’, ‘Bavarian #1 (Say You Will)’ sont rébarbatifs à l’écoute, ils n’empêchent nullement un retour gagnant du trio suédois, ce disque n’aura aucune limite, comme au temps de leur première production, pour vous faire passer de sacrément bons moments. (tv)

-MM-MMIl est tard, la journée a été longue, un dernier coup de zapette puis il sera temps d’aller mettre la viande dans le torchon. C’est alors que vous tombez par hasard sur un énième documentaire retraçant la vie et l’œuvre de Marylin Monroe. Et très vite voilà Morphée qui sonne à votre porte, son teint est diaphane, ses joues sont un peu rouges, sa robe blanche virevolte sur la grille de votre nouveau chauffage par le sol, car certains l’aiment Batibouw. Et le rêve de se muer très vite en cauchemar dont la bande-son pourrait ressembler à ce -MM-. Une voix à faire damner des générations de Kennedy distillée façon spoken word sur de l’electronica tantôt suave, tantôt froide. Contemplative et cinématographique aussi. Enigmatique enfin. Passionnée de musique et de cinéma, Emilie Plaitin est une liégeoise exilée à Paris. Librement inspiré de la personnalité de Marilyn Monroe et des zones d’ombre de l’icône, elle nous livre cet album-fiction dépourvu de poupoupidous. L’exercice de style est un objet de curiosité malgré quelques longueurs et des textes parfois légers. (gle)

Moonface with Sinaii ‘Heartbreaking Bravery’ JagJaguwar/Konkurrent

Dans la galaxie des garçons féconds, on demande à la barre Spencer Krug, sacré un temps meilleur espoir de la Belle Province. Pour brosser un tableau cohérent, il nous faudra tenir compte de l’activité avérée du gaillard dans les sphères Sunset Rubdown, Wolf Parade et Swan Lake. À peine relevé d’’Organ Music Not Vibraphone Like I’d Hoped’ sorti durant l’été 2011, le voici à nouveau prêt à taquiner de la voix les morceaux réalisés avec Sinaii, quatuor finlandais versés dans un certain rock progressif. Cette voix, parlons-en: même en arrière-plan, elle prend dès l’entame une ampleur sans cesse pulsée, reléguant souvent le tissage pourtant lourd de nappes aux orties. Je ne suis pas à même goûter le sel de cette façon de crooner, miboursouflée mi-synthétique, tremblements et vociférations admis, qui n’est pas sans rappeler la ferveur tous pores dehors de Tom Smith (Editors). Dans ces conditions de monopole, difficile de faire bonne figure aux autres condiments…(alr)

David Myhr ‘Soundshine’ Lojinx/Ber tus

Ami de la power pop bonjour. Le vingt-six mars dernier l’ancien frontman des The Merrymakers a lancé son debut album ‘Soundshine’ et croyez moi, ça envoie du bonheur. Dès les premières secondes de la track introductive ‘Never Mine’, vous savez que vous allez être foncièrement conquis. Cette impression de bonne humeur ne cesse de se propager tout au long de l’écoute; de toute évidence David Myhr a réinventé l’album anti-déprime. Les mélodies intemporelles mixées à la sauce sixities et seventies n’arriveront jamais à vous lasser. Ce disque plaira sans nul doute au fan des Beatles, Beach Boys ou encore des Bee Gees. Pour ces derniers, plongez sur la neuvième piste (‘The One’) et savourez-y cordes, lyrics et les backing vocals. N’hésitez pas à vous procurer ce très bon disque, promis il vous filera la patate. (tv)

New Build Yesterday Was Lived And Lost’ Lanark Recordings

Si on considère que Hot Chip est davantage un collectif qu’un groupe au sens classique du terme, il est difficile de considérer les activités parallèles de ses membres comme de véritables side-projects. Il s’agit plutôt d’expérimentations qui soit permettent de mieux comprendre la mécanique sonore de Hot Chip soit finiront tôt ou tard par enrichir le son du collectif. En s’attaquant à d’autres facettes de l’esthétique électro-pop, Joe Goddard avec The 2 Bears et Alexis Taylor avec About Group ont ouvert une voie qu’Al Doyle et Felix Martin suivent aujourd’hui avec leur projet New Build. Laborantins du son, Doyle et Martin jouent aux apprenti-sorciers en sublimant et distillant des essences et des arômes de Human League, de Cabaret Voltaire, de Brian Eno ou même de Peter Gabriel pour obtenir un son synthétique qui paradoxalement apparaît très moderne. Synthés chatoyants et subtilement ouvragés, riffs de guitare funk ou disco, New Build trafique les étiquettes et détourne les flacons pourvu qu’on ait l’ivresse. En contrepoint, les lyrics feront l’effet d’une descente d’acide en évoquant la solitude, les addictions et les échecs en tous genres. ‘Yesterday Was Lived And Lost’. Rarement un titre aura été aussi pertinent sur le fond et sur la forme. (gle)

Nive Nielsen & The Deer Children ‘Nive Sings!’ Glit terhouse Records

Musiques folk, babioles alternatives, les chansons de la jolie Nive Nielsen tirent un trait d’union entre la banquise et les vastes plaines d’Amérique du Nord. Venue du Groenland, pays des ours polaires et des calottes glaciaires, la chanteuse fricote avec quelques vénérables yankees pour esquisser un disque aux mélodies douillettes et craquantes comme un feu de bois épuisé d’avoir trop brûlé. ‘Nive Sings!’ rassemble des invités prestigieux, un casting de rêve : Howe Gelb (Giant Sand), Matt Bauer (l’homme au banjo chez Alela Diane), Eric Craven (Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mount Zion), Alden Penner (The Unicorns, Clues), Lisa Gamble (Evangelista) et la moitié des Black Keys (le batteur Patrick Carney). Tout ce beau monde apporte sa pierre à un édifice fragile, charpenté avec amour du côté de Bristol sous les bons conseils de l’ingénieux John Parish. Chez Nive Nielsen, on chante le quotidien (des amoureux accros à la caféine), l’au-delà (des fantômes) et un peu n’importe quoi (des insectes tués à l’aide d’un aspirateur). Malgré son charme indéniable, ‘Nive Sings!’ peine à imposer de grands instants. Cet album sent les longues nuits d’hiver, celles passées au coin de la cheminée, à se protéger du froid et des aléas du frimas. Terriblement réconfortant à défaut d’être marquant. (na)

North Atlantic Oscillation ‘Fog Electric’ Kcsope/Ber tus

Sous le ciel pluvieux d’Edimbourg, North Atlantic Oscillation plane grave. Produit par


yo

ock & ur r

roll highlight of the year!

37

43

SIC ALPS

AUCAN

AUCAN

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

SX

SX

SLARAFFENLAND

SLARAFFENLAND

JAMES LEG

JAMES LEG

LOVE LIKE BIRDS

LOVE LIKE BIRDS

LOWER DENS + CARTER TANTON

LOWER DENS + CARTER TANTON

DOPE DOD

DOPE DOD

U.S. GIRLS

U.S. GIRLS

YACHT + PLANNINGTOROCK + PRINZHORN DANCE SCHOOL

YACHT + PLANNINGTOROCK + PRINZHORN DANCE SCHOOL

MIREL WAGNER

MIREL WAGNER

P I N G P O N G TA C T I C S

P I N G P O N G TA C T I C S

RAPE BLOSSOMS

RAPE BLOSSOMS

JOHANN JOHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN + HAUSCHKA

JOHANN JOHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN + HAUSCHKA

KING KRULE

KING KRULE

ESMERINE

ESMERINE

SISKIYOU

SISKIYOU

NILS FRAHM + GREG HAINES

NILS FRAHM + GREG HAINES

EMA

EMA

BEACH HOUSE

BEACH HOUSE

PEAKING LIGHTS

PEAKING LIGHTS

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN + NILS FRAHM

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN + NILS FRAHM

T U FAW N I N G

T U FAW N I N G

D E AT H G R I P S

D E AT H G R I P S

D I R T Y T H R E E + PA PA M

D I R T Y T H R E E + PA PA M

FAT H E R J O H N M I S T Y

FAT H E R J O H N M I S T Y

04/05/12 De Zwerver - Leffingen 05/05/12 Trix - Anvers 06/05/12 Le Palais - Arlon 05/05/12 Centur y Rock - Mouscron 05/05/12 Petrol - Anvers 15/05/12 De Kreun - Courtrai

6 7 8

2

05/05/12 Putrock – Beringen 15/06/12 Beursschouwburg – Bruxelles 23/06/12 Eden - Charleroi 08/05/12 AB - Bruxelles

09/05/12 De Zwerver - Leffingen 10/05/12 De Boesdaalhoeve – St-Gen.-Rode 15/05/12 Stoemp! - Bruxelles 24/05/12 Nijdrop – Opwijk 07/06/12 Trix – Anvers * 24/06/12 Fête de la Musique - Liège * FATHER JOHN MISTY

R.I.P

TEMPUS EDAX RERUM

10/05/12 L a Chocolaterie - Bruxelles 12/05/12 DOK Arena - Gand 13/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 15/07/12 Dour Festival – Dour 12/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl

15/05/12 Botanique - Bruxelles

more to be announced !!!

more info & tickets

www.sjock.com

43

SIC ALPS

16/05/12 Vooruit - Gand 18/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 16/05/12 Beursschouwburg – Bruxelles 23/06/12 Grensrock - Menen 16/05/12 Beursschouwburg – Bruxelles 17/05/12 The Cellar Bar - Gent

17/05/12 AB – Bruxelles

18/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 18/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 19/05/12 Les Nuits Botanique – Bxl 26/05/12 Cactus Club – Bruges 22/05/12 4AD – Diksmuide 24/05/12 Trix - Anvers 25/05/12 De Kreun - Courtai * * PORCEL AIN RAFT 30/05/12 AB Club - Bruxelles 31/05/12 DOK Arena - Gand

31/05/12 AB - Bruxelles

02/06/12 Botanique - Bruxelles 04/06/12 Magasin 4 - Bruxelles 05/06/12 Charlatan – Gand 06/06/12 AB BOX - Bruxelles 07/06/12 Trix – Anvers

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04/05/12 De Zwerver - Leffingen 05/05/12 Trix - Antwerpen 06/05/12 Le Palais - Arlon 05/05/12 Centur y Rock - Mouscron 05/05/12 Petrol - Antwerpen 15/05/12 De Kreun - Kortrijk

05/05/12 Putrock – Beringen 15/06/12 Beursschouwburg – Brussel 23/06/12 Eden - Charleroi 08/05/12 AB - Brussel

09/05/12 De Zwerver - Leffingen 10/05/12 De Boesdaalhoeve – St-Gen.-Rode 15/05/12 Stoemp! - Brussel 24/05/12 Nijdrop – Opwijk 07/06/12 Trix – Antwerpen * 24/06/12 Fête de la Musique - Liège * FATHER JOHN MISTY 10/05/12 L a Chocolaterie - Brussel 12/05/12 DOK Arena - Gent 13/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 15/07/12 Dour Festival – Dour 12/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl

15/05/12 Botanique - Brussel

16/05/12 Vooruit - Gent 18/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 16/05/12 Beursschouwburg – Brussel 23/06/12 Grensrock - Menen 16/05/12 Beursschouwburg – Brussel 17/05/12 The Cellar Bar - Gent

17/05/12 AB – Brussel

18/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 18/05/12 Les Nuits Botanique - Bxl 19/05/12 Les Nuits Botanique – Bxl 26/05/12 Cactus Club – Brugge 22/05/12 4AD – Diksmuide 24/05/12 Trix - Antwerpen 25/05/12 De Kreun - Kortrijk * * PORCEL AIN RAFT 30/05/12 AB Club - Brussel 31/05/12 DOK Arena - Gent

31/05/12 AB - Brussel

02/06/12 Botanique - Brussel 04/06/12 Magasin 4 - Brussel 05/06/12 Charlatan – Gent 06/06/12 AB BOX - Brussel 07/06/12 Trix – Antwerpen

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Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman

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Lazarijstraat 87 3500 Hasselt - Belgium Phone: +32 (0) 11 25 60 36 Fax: +32 (0) 11 25 30 21 info@toutpartout.be http: www.toutpartout.be

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Earteam

Tony Doogan (Mogwai, Super Furry Animals, Teenage Fanclub), ‘Fog Electric’ propulse des voix éthérées, parfois affreusement vocodées (‘Empire Waste’), sous un dôme synthétique un peu trippant et méchamment flippant. Il se passe clairement des choses sur le second album de ces Ecossais. De ses premiers hululements aux derniers crépitements, une guitare hante ce disque tel un corps astral en perdition dans le réel. Riches en sensibilités, grandiloquentes, les chansons de North Atlantic Oscillation imaginent une sorte de post rock progressif : une bande son ectoplasmique pour un futur sans lendemain. C’est très étrange. Un peu comme si Laurent Voulzy embrassait David Gilmour sur la bouche. Honnêtement, on trouve ça franchement dégoutant. Même si on est persuadé que ça pourrait plaire à quelques petits coquins sous acides. (na)

Oberhofer Time Capsules II’ Glassnote/V2

Gamin, cette pop foutraque, c’est pour toi. C’est le retour des oies sauvages, la palanquée d’hirondelles qui fait le springtime et tes voisines en jupes. Sur leur Facebook, les gars d’Oberhofer (de Brooklyn, via Tacoma) qualifient leur musique de « coincidence pop ». Fruits du hasard ou de saison, des références grosses comme des Popa Chubby agitent avec frénésie les clochettes de ton muguet déodorant et tu te dis, waouw, ces types c’est Throw Me The Statue qui imite François Virot sifflotant un air léger de Peter, Bjorn & John. A moins que. C’est peut-être aussi (Please) Don’t Blame Mexico qui sirote un mojito fraise avec les Freelance Whales à l’arrivée d’une descente de la Lesse en kayak. Trop d’la balle, t’overkiffes. Et c’est avec ce trémolo dans la voix que tu t’offenses quand je te dis qu’on a quand même l’impression de lécher une glace dont les trois boules ont le même parfum. Délicieux, certes… (lg)

OK Cowboy Escape The Plan’ Origami

OK Cowboy est un groupe bruxellois proposant un rock funky et punky souvent bien groove et qui se révèle à l’occasion diablement efficace et dansant. C’est notamment le cas avec le percutant ‘Dance dance dance (assholes)’ qui convainc totalement, ainsi qu’avec le catchy ‘Stupid girl’. On mettra aussi en avant le plus tendu ‘Precious life in New Orleans’ qui termine ‘Escape the plan’ dans une belle ambiance lancinante. Si certains morceaux pêchent par leur côté déjà entendu, ce EP de 7 titres permet cependant de percevoir le potentiel du groupe. (pf)

One Trick Po A Long Month Of Sundays’ Fak to Records /Ber tus

Trois choses - et d’autres - à dire sur One Trick Po. Un : ils sont belges néerlandophones. Deux : ils jouent une pop jazzy plutôt smooth et facile d’accès. Trois : ben, ils sont… trois : la chanteuse/pianiste/guitariste Veerle Pollet, le (contre)bassiste Chris Carlier et le batteur Toon Van Dionant, sans compter les multiples intervenants de passage, qui aux cordes, qui au bandonéon. Pour le reste, on est clairement dans une ligne claire qui ne s’embarrasse guère de fioritures expérimentales, les admirateurs de la Norah Jones cru 2003 seront ravis. En ce qui me concerne, j’apprécie le côté léché des mélodies et des arrangements, tout en regrettant la trop grande sagesse de la majorité des titres, un peu comme si Alex ‘Hooverphonic’ Callier était venu tailler des croupes du côté de Dez Mona. Oui mais non. (fv)

Oxia Tides Of Mind’ InFiné

Imaginez une grosse louche de St Germain, tendance house jazzy, ajoutez quelques pincées d’Ellen Allien, oh juste quelques grammes (fonctionne aussi en mode Apparat de substitution), sans oublier un saupoudrage consé-

Various ‘Dokument +’ ‘Ten Highlights In The History Of Popular Music’ Suburban

Ces derniers temps sont sorties plusieurs compilations post punk, cold wave et new wave mettant en avant des titres aussi obscurs et difficiles à trouver qu’essentiels. Avec ‘Dokument +’, je suis carrément aux anges : sur les 20 titres repris ici, je n’en connaissais que trois ! Pour la petite histoire, ce CD reprend des morceaux inédits spécialement composés à l’époque pour le magazine hollandais Vinyl, lequel, spécialisé dans le post punk/électro/wave, offrait avec chaque magazine un flexidisc de deux inédits. L’essentiel des titres repris ici n’est donc jamais sorti en CD. Connexion batave oblige, cette compilation met en avant plusieurs groupes locaux, parmi lesquels Minny Pops - qui eut la chance d’être signé par Factory qui avait été séduit par son post punk électro brut, Minioon (adeptes d’un post punk carré), les excellents Mekanik Commando affichant un côté robotique teuton ou encore Cargo Cultus se rapprochant plus de New Order. Du côté de la scène internationale, on retrouve les remarquables Minimal Compact, Cabaret Voltaire fidèle à lui-même avec ‘Over and over’, Eyeless in Gaza qui nous propose un ‘Talking mythic language’ assez fascinant dans la façon qu’il a de mêler un chant oscillant entre agressivité et désespoir à un fond musical quasi mystique ou encore Virgin Prunes, dont on savait qu’ils étaient un rien perturbés mais qui nous livrent avec ‘Mad bird in the wood’ un sommet de titre flippant, bande son parfaite de film d’horreur, composée sans doute en hommage au film ‘The birds’ de Hitchcock. Une mine d’or! (pf)

quent à la Jeff Mills en mode Tigersushi, remuez le tout et vous obtiendrez un avant-goût de ‘Tides Of Mind’, second effort du Frenchie Oxia. Alors que son premier album ’24 Heures’, c’était en 2004, lorgnait plus souvent qu’à son tour du côté de la techno de Detroit, son successeur s’invite, huit ans plus tard, à une table où house (de salon) et electro-pop font rudement bon ménage - la classe, fieu. Appelé(e)s en renfort au chant, la Miss Kittin emballe bien sûr l’affaire sur le très entêtant et franchement tubesque ‘Housewife’, Mesparrow se dandine de ses courbes affriolantes (enfin, on l’espère), lovée dans un sofa en velours rouge et lingerie noire, alors que de sa voix androgyne qui rappelle Jimmy Sommerville, Scalde illumine ‘The Phoney Lullaby’ sous un angle mi-queer mi-démon. Instrumentaux, les autres titres oscillent entre haut niveau house (‘Rue Brusherie’) et dance qui secoue les puces sans qu’on en ressorte trempé. Toi aussi, fais ton jeune et donneleur un triple <3. (fv)

PacificUV Weekends’ Mazarine Records

On ne compte plus le nombre de groupes originaires d’Athens, Géorgie. Des B-52’s à Danger Mouse en passant par R.E.M., Vic Chesnutt, Drive-By Truckers ou encore Dead Confederate. PacificUV s’ajoute à la liste. S’il existe depuis la fin des années 90, le groupe n’a pourtant sorti que trois albums à ce jour dont celuici. De nombreux changements de personnel expliquent sans doute cette faible production mais celle-ci tient également aux hésitations qui ont accompagné PacificUV dans sa recherche d’un style. Aujourd’hui, il semble avoir trouvé ses marques. Une électro-pop aux contours vaporeux et empreinte de réminiscences shoegaze servie par une basse dilatée. On songe parfois à certaines productions de New Order telle ‘Low-Life’. ‘Funny Girl’ et ‘Going Home’ sont sans doutes les morceaux les mieux ficelés et les plus remarquables de l’album tandis que ‘Ballerina’ et ‘Unplug Me’, savamment voocoderisés, apparaissent comme les plus efficaces et les plus accrocheurs. (et)

The Parlotones ‘Journey through the shadows’ Ear Music

Mes seules connaissances sur l’Afrique du Sud sont le vin pas toujours délicieux, ‘Asimbonanga’ et son «zoulou blanc» Johnny Clegg, Nelson Mandela et quelques souvenirs de mes cours de géographie. Désormais, je peux aussi étaler ma culture musicale entre deux saucisses apéritives, lors des apéros foireux, désormais je connais un super band : The Parlotones. J’étais passé complètement à côté des quatre garçons qui en sont pourtant déjà à leur quatrième plaque. En fouillant un peu, on découvre que le groupe, en plus d’avoir créé leur propre vin en mélangeant différents cépages, souffre du syndrôme Bono

- The Parlotones sauvent le continent sur lequel ils résident - c’est évidemment louable mais ça le serait d’autant plus si ils ne s’en servaient pas en partie pour leur fond de commerce! Heureusement, dans leur domaine de compétence, la musique, ils envoient du lourd; les amateurs des power chords, des bonne disto et des gimmicks rock trouveront certainement satisfaction. The Parlotones s’arrache et arrive sans difficulté à allier puissance rock et balades plus guillerettes. Comme disait le Boston Herald à propos de leur tournée américaine : «The Parlotones could become huge here. Killers huge, Muse huge, Coldplay huge». L’Europe les attends de pied ferme. (tv)

Pinkunoizu ‘Free Time! ‘ Full Time Hobby/Konkurrent

Voilà une petite galette danoise qui ne paie pas de mine (patronyme improbable, pochette au lettrage moche) mais que vous auriez vraiment tort de bouder pour peu que, comme certains d’entre nous, votre plus grand plaisir réside dans le fait d’être lâché en pleine forêt, les yeux bandés, à la recherche d’une hypothétique piñata remplie de jelly beans not safe for children, ou dans un palais des glaces façon Imaginarium du Dr Parnassius avec une cohorte de chèvres à cloches, d’échos et de mariachis. On est mignons, on vous prévient qu’il nous semble assez vain de chercher queue ou tête dans cette sarabande pour enfants bercés près du mur: appelez ça futur-rock ou avantpop et vous seriez encore loin du compte de la palette tournoyante de cet as de pique dans un champ de trèfles. L’enthousiasme ressenti sera à la hauteur de la perte de repères pour peu que vous acceptiez de lâcher prise. Et si vraiment vous craignez de ne plus jamais revenir sur terre, testez au moins une dose homéopathique : ‘Everything is Broken Or Stolen’ nous a fait voir des licornes. Oui, des li-cor-nes. Pas d’inquiétude, ayez confiance : « It’s Christmas time and I can hear ambulances scream. ». (alr)

Poliça ‘Give You The Ghost’ Memphis Industries

On pourrait les croire timides, au premier abord, ces Poliça. Tout jeune groupe d’électro-pop planante formé il y a à peine un an, ces gus de Minneapolis savent déjà briser la glace en société. Avec leur son aérien très étudié, difficile de ne pas être hypnotisé. Surtout que la voix de Channy Leaneagh renforce encore un peu plus l’impression de transe extatique. Faut dire que question voix, la production n’a pas lésiné sur les effets gonflés à la réverb’ et à l’écho (un peu trop d’ailleurs), mais on sent derrière toutes ces couches un grain délicieusement velouté et onctueux comme du Nutella. Tout est fluide ici,

comme si les pistes du disque glissaient sur vos oreilles. D’ailleurs, cet engourdissement auditif permet au groupe de vous balancer, l’air de rien, une ambiance lourde qui se pose peu à peu dans le décor. Par petites touches impressionnistes, des volutes glacées, des beats distordus, des riffs alambiqués apparaissent et construisent une sorte de monde à la Lovecraft: une immensité froide, désespérément vide mais avec une texture extrêmement organique, dégoulinante et vivante semble se figer devant vous. Ça glace autant le sang que ça fascine. (jbdc)

Puppetmastaz ‘Revolve and Step Up!’ Discograph

On ne pensait pas retrouver si rapidement les poupées déjantées de Puppetmastaz. Après quelques déchirements internes qui avaient vu la troupe renoncer à ses activités, les marionnettes se sont ressaisies. ‘Revolve and Step Up!’ marque un nouveau départ et, surtout, une nouvelle tournée. Sur scène, Puppetmastaz, c’est toujours un succès. Sur album, par contre, c’est plus compliqué. Donner vie aux flows délirants d’une taupe surexcitée ou d’un lapin zonzonnant en survêtement, ça relève de l’utopie. Si le hiphop rigolard des bestioles fonctionnent parfaitement en public, ici, c’est une autre histoire. Avec ‘Revolve and Step Up!’, la blague tourne court. Pourtant, ce nouveau Puppetmastaz est long: 25 morceaux et plus d’une heure de délires sous boissons énergisantes. Autant dire que pour aller jusqu’au bout, il convient de s’accrocher, de supporter le ragga et les nappes électroniques parasites. Sinon cinglé, il faut être un fameux guignol pour se procurer ce nouvel album. (na)

The Right Now ‘Gets Over You’ Ber tus

« Je t’aime Marvin, ô Dieu m’est témoin que tu es mon sucre d’orge, ma petite folie. Mais ce matin, en défrisant la tignasse de M’ame Jones, Shirelle m’a dit entre quat’-z-yeux que l’autre soir, elle t’a surpris downtownau bras d’une poule de même pas vingt ans qui remuait sacrément des hanches, pas du genre à chanter not’ Seigneur à l’église le dimanche. J’y croyais pas, tu vois, tu m’avais juré que t’étais chez ta mam’, et Dieu me brûle vive si je mens, mais tu l’adores, celle qui t’a donné le jour. Dis-moi que ce n’était qu’une passade, Marv’, que celle qui est dans ton coeur, c’est la fille du block, ta petite Tammi…dis-moi qu’elle se trompe, oh oui, dis-moi qu’elle a tort, je ne suis pas de celles qu’on quitte. ». Appelle la Motown, j’crois qu’on a d’la matière pour faire un disque, les gamins de Detroit vont devenir fous! Ça, honey, pour peu que tu n’hésite pas sur les cuivres et un peu de pathos griffu, ça s’appellerait peut-être bien de la bonne vieille soul, fût-elle susurrée par une fille aussi blanche que Charleen Spiteri. (alr)

The Samuel Jackson Five Denovali/Sonic

Combo norvégien peu connu dans nos contrées, si ce n’est par une récente et courte tournée au cours de ce mois d’avril, The Samuel Jackson Five échafaude un post-rock vivant et vivifiant aux accents mélodiques certains basé sur des compositions agiles et le plus souvent instrumentales. D’ailleurs, celles qui sont chantées le sont par des invités de passage tels Truls Heggero, le frontman de Lukestar, Pål Angelskår de Minor Majority ou encore Thomas Bratlie du groupe hardcore Rumble in Rhodos. On pense parfois à Efterklang, à Arcade Fire en plus délicat, mais aussi aux compatriotes de Jaga Jazzist en format réduit. En un peu plus de quarante minutes, ce disque passe somme toute très bien et ne lasse jamais l’oreille. (et)

Benjamin Schoos China Man Vs China Girl’ Freaksville

China Man Vs China Girl’ met à mal certaines convictions. Jusque là, la meilleure chanson jamais écrite sur le catch restait celle de Philippe Katerine pour Arielle Dombasle, ‘El


Earteam Santo’. Drôle. Légère. Décalée. ‘Profession Catcheur’ lui assène une descente de la cuisse fatale : dès la deuxième écoute, on se prend d’affection pour ce perdant magnifique : « Le moindre freluquet me malmène / Je suis un catcheur surnommé l’homme de porcelaine ». Voilà pour le pitch. Car oui, on est bien face à un album concept, genre ‘Melody Nelson’. L’homme de porcelaine - aka China Man - revient à plusieurs reprises étaler sa science de la loose jusqu’à « cette affiche inégale » face à la fille dragon, la China Girl. « Plus Tchatcheur que combattant », il faut constater que textuellement, ça fait parfois de la voltige. Depuis la troisième corde, ‘Arthur Cravan Vs Jack Johnson’ donne envie d’approfondir des pages Wikipédia. Et c’est là que Benjamin Schoos nous gratifie du coup de la corde à linge qu’on n’avait pas vu venir : comme Fleurent-Didier, il nous contraint à sa mélancolie. On n’a même plus la force de se demander si tous ces featurings de prestige (Laetitia Sadier, Chrissie Hynde, Mark Gardener de Ride) sont de l’art ou du cochon. Si ces chœurs dégoulinants et ces arrangements datés et sirupeux sont un hommage à Jean-Claude Vannier ou une pâle copie de Benjamin Biolay. On a juste envie d’aller au match, de réécouter Gainsbourg puis de relire les Surréalistes. D’aimer leurs audaces de l’époque, cette liberté perdue à jamais. (lg)

The Shins ‘Port of Morrow’ Columbia/Sony Music

La bande d’Albuquerque a habitué son auditoire aux sourires conquis. En trois disques, The Shins s’est imposé au firmament de la pop moderne. En 2001, ‘Oh, Inverted World’ révélait un groupe capable de réchauffer la bande originale de n’importe quel film indépendant. La seconde étape s’écrit en lettres d’or : ‘Chutes Too Narrow’, véritable étalon d’une musique pop imaginée à la croisée des temps (The Beach Boys, Big Star, The Kinks ou les Zombies entrevoyaient là l’usufruit de leur génie). Dans la foulée, le disque ‘Wincing The Night Away’ laissait encore percer quelques rayons lumineux. C’était le tiercé gagnant. Alliées de l’insouciance et d’une joyeuse nostalgie, ces chansons célébraient le ciel, le soleil et la mer. Aujourd’hui, il ne reste que des plages désertiques. A l’heure de ‘Port of Morrow’, les fans ont les paupières lourdes. Et on ne leur en voudra pas de fermer les yeux sur ce nouvel effort (effort, c’est vite dit). ‘Port of Morrow’ est d’un ennui profond, presque consternant. Il faut de la patience et une bonne dose de courage pour rallier l’arrivée sans abandonner. Même si, en bout de course, l’effort s’avère payant. Ereintée, l’oreille est (à peine) soulagée par le réconfort d’un ultime adieu : ‘Port of Morrow’, point d’orgue éponyme d’un disque dénué de toute magie. Comment expliquer ce revers ? Déjà, The Shins a évacué ses prérogatives démocratiques. Il ne s’agit plus d’un collectif, mais bien d’un groupe à géométrie variable, agencé autour des idées mollassonnes du seul James Mercer. Ce nouvel album sous-tend la version aseptisée d’un groupe autrefois adoré. (na)

Sleepy Sun ‘Spine Hits’

autant qu’on accepte de laisser dans l’ornière quelques zestes de guitares crasseuses et certains oripeaux. (alr)

Spoek Mathambo ‘Father Creeper’ Sub Pop

MC et graphiste sud-africain vivant en Suède, signé par le mythique label de Seattle pas vraiment connu pour ses artistes hip-hop, on peut dire que notre ami Spoek Mathambo est difficile à classer. Même si un son plutôt rap 80’s semble embaumer tout cet album, on passe ici de l’électro minimaliste à la musique traditionnelle africaine, à la funk, voire même au rock de haute-voltige et parfois franchement kitsch (on notera d’ailleurs la pochette du CD qui rappelle le graphisme ‘de très bon goût’ des meilleures heures d’Iron Maiden). Bref, la première impression à l’écoute donne une sensation de pas très abouti, d’un ensemble trop disparate et brouillon. Hélas, les écoutes suivantes n’aident pas à mieux rentrer dans l’univers du jeune homme. C’est triste, car Spoek Mathambo semble déborder des bonnes idées, voire même de coups de génie. A-t-il voulu trop en faire à force d’explorer exhaustivement tous les nombreux terrains musicaux qui titillent sa créativité en crue? Sans doute, sauf qu’à trop explorer, on se perd en route. Le genre d’artiste à laisser vieillir en cave et à surveiller - de très bonnes surprises peuvent éclore chez lui dans le futur. (jbdc)

Sweet Billy Pilgrim Crown And Treaty’ Emi/Ber tus

Au premier abord ce n’est peut être pas évident mais ‘Crown And Treaty’, troisième galette de Sweet Billy Pilgrim, est complexe. On pourrait facilement se laisser duper par cette folk qui parait tellement simpliste mais cet album est bien plus que ça : à la fois ambitieux, sincère, artistique, dramatique, il pourra aisément vous faire monter les larmes aux yeux. C’est avec la douceur ‘Joyful Reunion’ qu’on entame le disque, et ce morceau nous fait indéniablement penser au groupe Elbow, la plage se terminant en apothéose avec une chorale reprenant «We tears the page out» sur un crescendo puissant. Cette évolution musicale va s’asseoir tout au long de l’album sans jamais perdre une once d’intensité, pour finalement se clôturer sur un somptueux ‘Blue Sky Falls’, duo entre Tim Elsenburg et Jana Carpenter. Hormis le songwritting efficace, ce que l’on retient de ce disque est sans nul doute le souci du détail dans la production, les multicouches d’instruments, d’effets, de voix, qui malgré leur complexité nous apparaissent limpides comme de l’eau de roche. ‘Crown And Treaty’ est la B.O. d’une délicieuse montée au royaume de Saint Pierre. (tv)

Tang Dynamite Drug Diamond’

Atp /Konkurrent

Emolution

Après ‘Fever’ et ‘Embrace’, voici une troisième livraison acide pour nos californiens, à présent démunis de leur facteur XX et pouvant assumer pleinement leur statut de band of brothersdépenaillés, conjuguant un hédonisme contrasté à tous les modes. On déplorera un brin l’escamotage : en ce temps-là, ‘Rigamaroo’ taquinait la muse d’Elysian Fields, et la voix de Rachel Fannan, parfois soustraite à nos oreilles derrière celle de son acolyte constituait souvent un oasis appréciable au milieu de ces geysers de riffs chargés en dopamine 70’s. Laissé seul à sa verve androgyne, Bret Constantino maintient son pouvoir planant, le changement majeur résidant plus dans une orientation sensiblement moins déchainée, plus accessible. ‘She Rex’ et ‘Creature’ convoquent à notre guise l’essence de film Velvet Goldmine : les faux-semblants, mirages, cassures de rythme et autres reflets dorés sont de la partie. N’hésitons donc pas à le dire : ‘Spine Hits’, avec cette moiteur et cette langueur qu’il laisse perler, constituerait une incitation raisonnable à la sieste crapuleuse, pour

Il arrive parfois que le ramage ne se rapporte pas au plumage et cet album en est l’exemple parfait. D’un côté, il y a l’objet, superbe, clairement l’un des plus beaux que j’aie tenu entre mes mains. Le CD est en effet accompagné d’un livret ultra classe au lettrage superbe, le tout présenté dans un digipak en carton noir tout aussi magnifique. Pour couronner le tout, l’ensemble est placé dans un boîtier noir aux motifs subtils et discrets. Bref, un écrin. Et puis il y a la musique, soit de l’émo jouant sur la sempiternelle alternance entre éruptions screamo et passages mélodiques. Ce n’est pas que cela soit mauvais, c’est juste qu’on a déjà entendu cela mille fois. (pf)

Tanlines ‘Mixed Emotions’ True Panther Sounds

Forcément, depuis que les Tanlines ont fait mumuse sur une compile Kitsuné, leurs maman sont fières et le monde de la hype électro les

regarde avec l’oeil coquin. Faut dire que le duo new-yorkais sait minauder: rythmes et mélodies accrocheuses scandées sur un ton à la fois léger et mélancolique. Un peu pompette, on imagine bien la jeune bourgeoise branchée bouger délicatement son boule sur le dancefloor, avec parfois quelques giclées de Morito qui tombent sur la robe. Si le côté ultra branchouille et affreusement bobo des Tanlines a de quoi irriter, une fois qu’on gratte cette image doucement fake, on découvre une électro-pop qui va droit au but, festive et pas prise de tête pour un sou. On ne ressortira certes pas transcendé de cette écoute, les Tanlines ne révolutionneront pas la musique et seront sans doute remplacés par un autre clone d’ici quelques mois, mais à les écouter; on s’en fout. On ferme les yeux et on apprécie le voyage en toute simplicité. Restera de chouettes moments et de bons souvenirs. (jbdc)

Ebo Taylor ‘Appia Kwa Bridge’ Strut Records

Ces derniers temps, le monde de la soul rend hommage à ses légendes méprisées (Lee Fields, Sharon Jones, Charles Bradley, Naomi Shelton, etc.) : des voix inestimables, largement négligées par l’histoire et finalement béatifiées sur l’autel d’un revival sans fond. L’afrobeat connaît aujourd’hui la même destinée. Fela Kuti enterré, on nous livre enfin quelques secrets. En 2010, déjà, on découvrait l’album ‘Love and Death’, un manuel afrobeat exemplaire, rédigé par le prolifique compositeur, arrangeur et guitariste ghanéen Ebo Taylor. Le choc initial encaissé, on se prenait une nouvelle fessée par l’entremise d’une double compilation essentielle : ‘Life Stories’, une collection de morceaux enregistrés par cet obscur génie entre 1973 et 1980. Musicalement, le corps s’abandonne sur une fusion unique de jazz, d’afrobeat, de soul, de funk et de bribes de musiques traditionnelles. Le récent ‘Appia Kwa Bridge’ ravive exactement la même formule. Si ce n’est qu’Ebo Taylor peut cette fois compter sur le soutien de ses pairs : Tony Allen à la batterie et quelques membres honoraires de l’orchestre de Fela (Africa 70) se chargent d’animer les débats. Les papys font de la résistance : un bel exemple pour la jeunesse. (na)

Sean Taylor Love Against Death’ SGO

Vulgaire. Raté. Un conseil : confondez ce groupe avec les twee pop Tender Trap, vous ne serez pas déçu. (lg)

Anna Ternheim The Night Visitor’ Coop/V2

Espèce de Suzanne Vega en version jeune, mais sans les tubes que sont ‘Luka’ ou ‘Tom’s Diner’, Anna Ternheim s’est envolée de sa Suède natale un beau jour de 2010, destination New York et son ami Matt Sweeney. Producteur de la chose, ce dernier l’a présentée à Dave Ferguson, l’éternel ingénieur du son de Johnny Cash, direction Nashville où même le vent prend des souffles americana. Outre le duo ‘The Longer The Waiting’ avec Ferguson, charmant mais assez loin du miracle Isobel Campbell - Mark Lanegan, les titres sont chantés uniquement par la native de Stockholm, toute en retenue mais non sans volupté. Hélas, trois fois hélas, l’absence d’engagement et la surface très lisse de ses morceaux finissement rapidement par lasser, sans même parler du côté mélodique assez plat de ses compositions. (fv)

THREESatisfaction awE naturalE’ Sub Pop

Après le succès de Shabbaz Palaces (« nos mentors et nos amis ») l’an dernier, Sub Pop confirme son envie d’aller défricher d’autres territoires que ceux foulés d’ordinaire. THREESatisfaction sont donc deux filles blacks (lesbiennes et ensemble) aux coupes afros qui pratiquent une blaxploitation transgenre à base de funk psychédélique, de soul pour dimanche cafardeux, de hip hop latino, d’onomatopées répétées ad libitum, de samples d’Earth, Wind and Fire (‘Sweat’). La première écoute laisse franchement perplexe. Les suivantes font leur œuvre et ancrent de manière assez solide ce groove mutant dans l’inconscient. Stasia Irons et Catherine Harris-White étant les meilleures dans les titres où le flow répond au chant (‘God’, par ailleurs cosignée avec les Shabbaz Palaces). Bestial et en proie au stupre. Intellectuel en même temps. Trente minutes qu’on aurait bien vues chez Warp. (lg)

Justin Townes Earle ‘Nothing’s Gonna Change The Way You Feel About Me Now’

En l’espace de peu de temps, Sean Taylor s’est hissé au rang de grand espoir de la scène folk/ blues, ce qui lui a valu des comparaisons avec John Martyn, JJ Cale et Tom Waits, rien de moins! Il est indéniable que Taylor est un artiste doté d’immenses qualités : il gère guitares, harmonica et piano avec brio, trousse des ballades ultra accrocheuses avec une facilité déconcertante tout en ayant une voix qui a du caractère, rappelant celle de Tom Waits en moins ravagée. ‘Stand up’ a tout d’un classique, avec sa mélodie entêtante et son harmonica galvanisant. Dans la catégorie des grandes réussites, on rangera les superbes ballades, sobres et intenses que sont ‘Coal not dole’, ‘Heaven’ et ‘Cassidy’, ainsi que l’enlevé ‘Kilburn’, le plus ricain et lancinant ‘Sixteen tons’ qui n’est pas sans rappeler Tony Joe White ou encore le blues groovy addictif de ‘Les fleurs du mal’. Si l’un ou l’autre titre déçoit un peu par un relatif manque de caractère, l’ensemble demeure globalement excellent. (pf)

Bloodshot Records/Ber tus

The Temper Trap

Louisa’s Daughter Records/Ber tus

The Temper Trap’ Pias

Deuxième album des épuisants Australiens de The Temper Trap. Déjà que le premier, c’était pas jojo. Mais il y avait quand même ‘Sweet Disposition’, imparable c’est vrai, et aussi ‘Drum Song’ et ‘Love Lost’ et ‘Science Of Fear’. Et plein d’autres machins à base de synthés gonflés à bloc toujours prompts à réjouir les masses avinées. Trois ans plus tard, rien n’a fondamentalement changé. Sauf que la formule a dû être récitée par un charlatan de première (Tony Hoffer, déjà aux manettes pour M83 ou Phoenix ?). Du coup, les tubes ça sera pour la semaine des quatre jeudis. Poussif.

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Si l’envie de marcher en santiags vous démange, lancez-vous : tapez le dernier album de Justin Townes Earle sur la platine et claquez le cul d’un godet de bourbon sur la table du salo(o)n. Cet album au titre kilométrique palpite comme le cœur haletant d’un cowboy fringant. Territoire musical délimité par la seule culture yankee, ce disque traverse le ‘Nebraska’ de Bruce Springsteen et les champs de coton de Woody Guthrie. Enregistré dans une église de Caroline du Nord pour plaire à Dieu et aux fermiers de Memphis, cette plaque s’adresse d’abord - et surtout - aux érudits de la culture country, aux nostalgiques d’Alan Lomax, aux bouffeurs de maïs et aux techniciens du burger. C’est un peu de la musique du monde ou, plutôt, du Nouveau Monde. Voire celle d’un autre monde… (na)

Liesa Van der Aa Troops’ Ma découverte de Liesa Van der Aa, jeune bruxelloise néerlandophone de 26 ans, est toute récente, date de sa première partie pour les prestigieux ANBB qui, soit dit au passage, n’ont nullement failli à leur réputation de magiciens sonores. Ce soir-là, la musicienne belge m’avait laissé un net goût de trop peu, occupée qu’elle était à manipuler sa loop station, seule sur la grande scène de l’Ancienne Belgique où elle semblait quelque peu perdue (sans toutefois se noyer complètement). En version studio, son œuvre est davantage convaincante, encore que je ne peux m’empêcher de penser que ses ambitions actuelles sont taillées trop grandes pour elle. A force de multiplier les pistes et les contre-champs sur certains passages, Liese


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Earteam

Van der Aa imprime des effets spectaculaires là où davantage d’intimité serait la bienvenue. Pourtant, cet inaugural ‘Troops’ ne manque pas de bonnes idées. Ainsi, ses échos souffreteux de PJ Harvey, certes confrontés à un orientalisme convenu, ou ses orages éclatants où se manifeste le tonnerre de DAAU - dont certains musiciens sont venus apporter leur écot - offrent une réelle touche de vie aux dix titres, qui souffrent hélas de ce trop-plein d’initiatives caractéristiques des premiers pas. (fv)

album n’est pas inintéressant, mais au regard des productions de ses principaux concurrents, on voit mal comment le garçon va tirer son épingle du jeu. Pour l’instant, c’est insuffisant pour triompher sur notre continent. C’est donc une certitude : l’Europe va manquer l’‘Ambition’. (na)

Various

Formé voici six ans, ce trio flamand a connu pas mal de succès avec son rock alliant influences stoner à un côté groovy et dansant. Produit par David Bottrill qui a travaillé avec Muse, Tool et dEUS, ‘Lions, Liars Guns & God’ se révèle plus accrocheur que son prédécesseur (‘Free blank shots’). Ce qui est ici sidérant, c’est le côté incroyablement catchy des titres qui restent en tête dès la première écoute. ‘Lion’s manual’, ‘Found in LA’ ou encore ‘Cougars’ et ‘White river’ sont des tubes en puissance qui devraient faire mal lors des festivals. De manière générale, on est admiratif devant la façon dont Wallace Vanborn parvient à mêler riffs stoner, essence pop et beats dansants sans que cela ne sonne artificiel, kitsch ou opportuniste. A noter également, la présence d’une superbe ballade acoustique (‘Pawns’). (pf)

‘Trevor Jackson Presents Metal Dance’ Strut/K7 !

Fondateur du label Output, DJ et producteur de renom, Trevor Jackson propose une compilation exceptionnelle reprenant des perles indus, post punk et EBM sorties entre 80 et 88. Non seulement il n’y a rien à jeter mais on se rend compte combien ces titres composés il y a des lustres étaient prémonitoires, annonçant tout ce que la scène électro allait comporter de mieux plus de deux décennies après. Même les afficionados du genre dont je fais partie risquent d’être ébahis, car à quelques exceptions près, tout fera figure de découverte et même de révélation. Citons le post punk ultra funky de ‘The Bubblemen ar coming’ des Bubblemen, le remix hypnotique et complètement affolant de ‘Control I’m here’ de Nitzer Ebb, l’ultra dansant ‘The great divide’ de Portion Control sonnant très Front 242, sans oublier l’orgasmique‘Guilty’ de Honey bane ou encore le quasi hystérique ‘Golpe de Amistad’ de Diseno Corbusier. Et puis, cerise sur le gâteau, on retrouve la version longue du mythique ‘Metal dance’ de SPK qui donne son titre à la compile et qui, de par la façon dont il mêle percussions tribales et beats électros à la fois indus et ultra mélodiques, est tout simplement fantastique. (pf)

VCMG SSSS’ Musical Moments/Mute

Plus de trente ans après avoir quitté Depeche Mode dont il avait été la tête pensante à ses débuts (‘Just can’t get enough’, c’était lui), Vince Clarke a décidé de fumer le calumet de la paix avec Martin Gore, lequel avait repris à l’époque les rênes du groupe dont la musique allait peu à peu prendre une coloration plus dark. Ces retrouvailles nous valent une excellente surprise : loin de l’exercice de nostalgie stérile visant à faire croire qu’on est à nouveau en 1981, ‘SSSS’ est un album novateur et excitant faisant dans l’électro instrumentale, limite techno, mariant avec beaucoup de grâce beats downtempo ultra efficaces, rythmiques hypnotiques et sonorités plus sombres, le tout avec un côté teuton dans son aspect répétitif et la précision mélodique quasi chirurgicale qu’affichent les morceaux. Ouvrant le bal avec un ‘Lowly’ tout en retenue quasi kraftwerkien, Vince et Martin nous convient ensuite à une orgie de titres dansants comme le housy, robotique et obsédant ‘Zaat’, le martial ‘Spock’, le remarquable ‘Single blip’ qui mêle sonorités métalliques tribales et motifs mélodiques minimalistes, l’explosif ‘Recycle’ et l’extraordinaire ‘Windup Robot’, une vraie bombe qui constitue le sommet de l’album. Voir des vétérans pondre un album d’électro aussi moderne et excitant, cela impose résolument le respect ! (pf)

Wale ‘Ambition’ MMG/Warner

Wale véhicule sa vision du hip-hop aux abords de la Maison Blanche. Depuis Washington DC, le poulain de Rick Ross pose son flow flemmard et joue à fond la carte du r’n’b scintillant. Moins bon que Lil Wayne, moins beau que Drake, Wale peine à trouver sa voie. Son nouvel

Wallace Vanborn Lions, Liars Guns & God’ News/East

The Wedding Present Valentina’ Scopitones/Stickman Records

Always the same, always different” disait John Peel à propos de The Fall. Nul doute que le grand prêtre de l’indie made in UK a pu penser la même chose des Wedding Present, un autre de ses groupes fétiches. Présentés à leurs débuts comme le chaînon manquant entre les Smiths et les Woodentops, le groupe crée et se recrée sans cesse à travers de nouvelles distorsions. Comme le son toujours plus altéré d’une vieille cassette audio. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce ‘Valentina’ n’est assurément pas le meilleur disque du groupe. ‘Georges Best’ et ‘Seamonsters’ seront à jamais indétrônables. Mais il plaira à coup sûr aux fans de base et il

accueillera les curieux à bras ouverts. Car rien n’a vraiment changé sous la grisaille de Leeds. Il n’y a toujours rien de pathétique à entendre David Gedge du haut de ses 52 hivers balancer des chansons d’amour pour adolescents (« I don’t think I will ever leave my girlfriend for you » sur ‘The Girl From The DDR’). Les distorsions sont toujours aussi addictives, le jeu de guitare aussi, même si les exégètes noteront un léger fléchissement au niveau du bras droit de David. Seule peut-être la production d’Andrew Scheps (Metallica, Iggy Pop et Johnny Cash) ravale un peu la façade en ajoutant quelques touches de hardcore US. On l’a compris, les Weddoes n’apportent aujourd’hui plus rien de novateur mais ils gardent une candeur et une innocence rafraîchissantes. (gle)

Brooklyn Temporary Residence est généralement synonyme de qualité et de découverte. C’est donc à juste titre que ce Zammuto titille notre curiosité. Zammuto, Nick Zammuto, n’est autre que le fondateur de The Books, un duo qu’il avait formé avec le violoncelliste Paul de Jong. Après avoir liquidé le groupe au début de cette année, il était donc logique qu’il se lance en solitaire. Ce premier album éponyme n’est pas très éloigné des écritures de The Books. Un style que campent des petites pièces basées sur des collages, crénelées et sinueuses à l’envi. Une pop coquine, câline où les frontières entre sons acoustiques et électroniques disparaissent. Une pop croquignolette, truffée d’esperluettes et d’allumettes à vous mettre le feu au pepet’. (et)

White Rabbits

Zulu Winter

Milk Famous’

‘Language’

Mute

PIAS

A l’heure où vous survolez ces lignes, cela fait deux mois que ‘Milk Famous’ est dans les bacs. Que vous en dire de plus ? Sinon vous rappeler que dans un mois, ‘Ok Computer’ fête ses quinze piges et que ça ne semble exciter personne. Etrange... Le rapport ? Aucun. Sauf peut-être que sans le virage pris par Radiohead au début des années 2000, il n’y aurait pas eu de TV On The Radio. Et que sans les disques de la bande à Sitek, les White Rabbits nous seraient peut-être passés sous le chapeau. De fait, ce disque est un milkshake façon TV On. Même manière tarabiscotée de mêler expérimentations sonores, soul déglinguée et rock ardu. Le résultat : un groove minimal, tubesque par instants (‘Temporary’, ‘Heavy Metal’) qui pourrait plaire autant aux fans de Phoenix qu’à ceux de Jamie Lidell. Dernière précision, lorsqu’un disque de 58 minutes passe aussi vite, c’est qu’il ne peut pas fondamentalement être mauvais. (lg)

Si on m’avait dit un jour que les musiciens anglais se mettraient non pas seulement à lire T.S. Elliott mais à le revendiquer, croire au monstre du Loch Ness m’aurait semblé une idée plus plausible. Selon la légende dorée il semblerait pourtant que ça soit le cas pour Zulu Winter, garçons lettrés tout droit sortis de la cuisse de l’Oxfordshire, excusez du peu. Je vous avoue que je trouverais ça plutôt de bonne augure si ce type de lignée prestigieuse ne se cantonnait finalement pas qu’à du décorum, si chaque petite ligne glanée à leur propos ne me balançait pas à la figure qu’ils sont des cinéphiles pointus, des modèles d’érudition, aspects épinglés comme originaux, là où ‘Language’ ne fait finalement que me renvoyer à une esquisse de Friendly Fires, qu’à une proposition tellement dans l’air du temps qu’elle en perd toute chair, toute sève, toute aspérité. La prochaine fois, messieurs, plutôt que de me donner rendez-vous à la bibliothèque, apprenez-moi à traquer le loup, à cuisiner le gnou, ou à faire des nœuds marins : j’y gagnerai au change. (alr)

Zammuto Zammuto’ Temporar y Residence

Nous y sommes habitués depuis plusieurs années, tout ce qui provient de la maison de


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28 Nuits Botanique 10-21 mai Bota et Cirque Royal, Bruxelles Amadou & Mariam © Benoit Peverelli

Tiens, prenons une des premières soirées des Nuits, pour voir... Le 11, son dernier bel ouvrage sous le bras, Dominique A livrera un doublé en reprenant également ‘La Fossette’ originelle. A l’Orangerie, les canailles d’Experimental Tropic Blues Band feront trembler les murs. Laura Gibson (Rotonde), from Portland, présentera ses pépites folk; lesquelles devraient être briguées par les afficionados de Joanna Newsom ainsi que les amateurs du label Fargo. Quant à Chilly Gonzales, il se réserve le Grand Salon. Ou comment rappeler qu’une fois encore, les Nuits Bota, c’est avant tout une question de choix, parfois cornéliens, dûs à la formule de ce festival pas comme les autres, où on achète un ticket par jour & par salle... Un festival à taille humaine, c’est que ça a un prix, ma bonne dame. // C’est LE phénomène à la mode depuis quelques mois : nos amies les vedettes se pressent pour rejouer un de leurs classiques; après ‘La Fossette’ la veille, Spain défendra ‘The Blue Moods Of Spain’ - depuis la mi-temps des années 90, la lancinante beauté crépusculaire de cet infatigable compagnon de nuits (précisément), s’est érigée en viatique pour le voyage des songes (Cirque). Tout cela ne nous rajeunit pas... Sous le Chapiteau, c’est un autre vieux camarade qui nous invite à passer la soirée avec lui : Neil Hannon nous ressort sa Divine Comedy. La concurrence risque d’être rude pour la doublette François & The Atlas Mountain et Hoquets, eux aussi des amis de la famille (Rotonde). // Le 13, c’est en habitué/aviné des lieux que Daniel Darc, sensiblement moins en forme, viendra s’en mettre une sévère à l’Orangerie; à ses côtés le très gentil Yéti. C’est dans une salle déjà beaucoup trop petite pour eux que nos favoris du mois Django Django devraient à coup sûr faire danser et foutre la patate façon Beta Band. Of course, c’est déjà complet! // Le 15, le Chapiteau se mue en cabinet de curiosités et son carré ne manque pas d’allure : Fanfarlo, Isbells, Dan San, Philco Fiction. Pour ceux que la belle ouvrage rebute, direction la nuit DFA à l’Orangerie pour les culbutes (Planningtorock, Yacht, Prinzhorn Dance School). // Hep là-bas, toi, le faux jeune! Tu veux ta rasade de branchouille parisienne? C’est le 16 au Chapiteau - General Elektriks, Housse de Racket, La Femme - n’oublie pas ton badge Technikart. Sinon, entre Perfume Genius ou Mariee Sioux, au su de leur dernier album respectif, c’est vite vu... Mike Hadreas et son piano gagnent le gros lot à fleur de peau. // Encore? Baxter Dury revient pour prouver une nouvelle fois qu’il a hérité de la classe de son papa (le 17). Le 18, notre chouchou est roux, il a 17 ans. King Krule aka Zoo Kid sera à la Rotonde, c’est à ne pas rater! // Le 19, Mademoiselle Charlotte Gainsbourg foulera les planches du Cirque avec Connan Mockasin pour dispenser un précis d’élégance. // Seigneur des châteaux hantés, Gravenhurst envoûtera la crypte de la Rotonde (le 20). Et puis, vite, on rentre chez soi avant que Camille, artiste de la bouche et du pied, ne revienne pour la quinzième fois (re)faire son (petit) barnum trimestriel : 1/3 Björk discount, 1/3 Cirque du Soleil, 1/3 Pec Citron. (fd)

vendredi 04 mai Les Aralunaires: Adam Burnage; Suarez; Trio Brady Winterstein, Géry Delpierre; Kolombo, Compuphonic, Fusty Delights, Marie Madeleine, Ralitt @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be Century Festival: Highbloo, Partyharders, Bad Dancer, Max Le Daron @ Mouscron, centuryfestival.be Inc’Rock Festival: Super Like You, Roscoe, Gentlemen & Assassins, Joshua, Mani, Kill The Young, Ozark Henry, The Experimental Tropic Blues Band, Daan, Primitiv, Shameboy, Party Harders, Concept Fytra @ Site, Incourt, incrockfestival.be Pierre Simon @ Salle des Fanfares, Ohey, centreculturelandenne.be Saviours, Davana @ Taverne du Théàtre, La Louvière, myspace. com/latavernedutheatre Noirs @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Von Durden, Vegas, E411, Iris, … @ La Récré des Décibles, Frasnes-Les-Gosselies, recredesdecibels.be The Vibrators, 164Speedpunk, DJ Dop Massacre @ Salle Excelsior, Jette Chase And Status ft Rage, Drumderground Crew, System-D @ Blaes 208, Bruxelles, blaes208.be Beverly Jo Scott @ La Tentation, Bruxelles , centrogalego.be A Place To Bury Strangers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be David Bartholomé @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Birdy Nam Nam @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Demon Hunter, Deadlock, Nightrage, Insense @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Driving Dead Girl @ Maison du Peuple, Bruxelles, intersection.be DJ Sylvain le Formica @ Chez Mr Wong, Bruxelles Youssoupha, Ladea, Effectif Dameurs @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com The Upsessions, The Moon Invaders @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Mutiny On The Bounty @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

samedi 05 mai Les Aralunaires: The Experimental Tropic Blues Band, Reverend Beatman, The K, Sutja Gutierrez; coverband festival: Punishment Park, Sow Control, What About It, I Might Be Wrong, Fury Boys; Station 17, Providence Band @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be Century Festival: Aucan, BRNS, Ten Volt Shock, Zucchini Drive, The Arteries, Le Singe Blanc, Attagirl, Dirty Bees, Heautontimoroumenos, Alnico For Kids, Ankh’s Trouble @ Mouscron, centuryfestival.be Inc’Rock Festival: Tremplin Action Sud, Monotype C, Billions Of Comrades, Maycad, Cedric Gervy, Stereo Grand, Arnomatic, Adam Burnage, Kiss & Drive, Sarah Carlier, Amandine Bourgeois, The Slackers, Claire Denamur, Concours Air Guitar, Brigitte, Jali, Coeur De Pirate, Thomas Dutronc, Antwerp Gipsy Ska Orchestra, Pure FM After Party @ Site, Incourt, incrockfestival.be Orfeo @ Salle des Fêtes de Droixhe, Liège, intersection.be Pierre Simon @ CC, Eghezée, ecrin.be Milann & Laloy @ Maison de la Culture, Namur, province.namur.be Major Dubreucq, Akhal Teke, L’Âge Nu @ LR6, Bruxelles Machiavel @ Chenois, moonzoomusic.be Melingo @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Tringle Loop Machine ft Brown Selecta, Gaetano Fabri, Le Pat, Romain Play, Prince Off @ Gare Central, Bruxelles, bit.ly/HO5Ta9 Véronique Kappler, Nicolas Donnay @ Péniche l’Ex-Cale, Liège We Are Enfant Terrible, The Jimi Ben Band @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Timo Maas, Caspar, Don Santos, The Jelly Bellies, Jochen Peterson vs Tom Hill, Dirty Doering, Whizz, Don Cabron, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Spitdown, Komah, Azylya, Apparition, Ex Libris, It’s a Trap @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Skeptical Minds, Anwynn, Metrydia @ Taverne du Théàtre, La Louvière, myspace.com/latavernedutheatre Black Thunder Ladies @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Alek Et Les Japonaises, BRZZVLL & Stijn, DJ Godeville @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com A Place To Bury Strangers @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be A Wild Night Out: Kabul Golf Club, Vandal X, MannGold, Sic Alps, Vermin Twins, The Rott Childs, Fence, Little Trouble Kids, Kapitan Korsakov, Mauron, DJ Rock Steward @ Trix, Antwerpen, stage-mania.com Adam X, Ancient Methods, Monolith, Face Down @ La Raffinerie, Bruxelles , fondation-sonore.org Fredy Massamba ft Pitcho @ Espace Toots, Bruxelles , centreculturelevere.be Driving Dead Girl, Tangerines @ Maison du Peuple, St-Gilles Houses @ Beursschouwburg, Bruxelles, vkconcerts.be Groundation @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Kill The Young, The Dancers @ 4 Ecluses, Dunkerque, France, 4ecluses.com

dimanche 06 mai Les Aralunaires: Sic Alps, Dustin Wong, BRNS, Mount Stealth @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be Inc’Rock Festival: Psy4 de la Rime, Youssoupha, Scylla, James Deano, Neg’Marrons, Pablo Andres, Pierpoljak, Exodarap, La Revolte, Stan, Caballero, Feini-X Crew, 1995, Sefyu, Nina Miskina, Datse, The Peas Project, Gandhi, Dope Adn, Primitiv, La Smala, Uman, Nickowane, Jo & Wankey @ Site, Incourt, incrockfestival.be Kiss & Drive ft Giacomo Lariccia @ Fonograf, Bruxelles Th’ Legendary Shack Shakers, Lewis Floyd Henry, DJ Snakebite @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Foster The People; Doomtree @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bop A Tones, The Runaway Dogs @ ABC, Wandre, abc-rocknroll.be AmAndA, Mindgames @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

gigs parties festivals

mai 12

Castle, Verdunkeln, Monads @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Coeur De Pirate @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Skrillex @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu

lundi 07 mai Lostprophets; My Best Fiend, Flying Horseman @ AB Box, Bruxelles, abconcerts.be Thot @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Layla Zoe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

mardi 08 mai Morten Harket; Bowerbirds, Slaraffenland @ AB, Bruxelles, livenation.be Nina Babet @ Roskam, Bruxelles, stoemplive.be Les Eleves du Conservatoire de Verviers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dry The River @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Camille @ Philharmonie, Esch/Alzette, Luxembourg rockhal.lu, rockhal.lu

mercredi 09 mai Rocket From The Tombs, Thee Spivs @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Violons Barbares @ Le Palace, La Louvière, ccrc.be Terror Bird, Sutja Gutierrez @ Le Rouge, Lille, France South Of The Border @ Bonnefooi, Bruxelles, stoemplive.be Aroma di Amore @ AB Club, Bruxelles, abconcerts.be Dez Mona ft Box: Saga @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Blindnote @ Botanique, Bruxelles, botanique.be LMFAO @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Hamilton Loomis @ Spirit Of 66, Verviers spiritof66.be Hellshovel @ Madame Moustache, Bruxellesmadamemoustache.be My Best Fiend @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Sheetah Et Les Weissmuller @ L’Aéronef, Lille, France, aeronefspectacles.com

jeudi 10 mai Les Nuits: chapiteau: Bombay Bicycle Club, Malibu Stacy @ Botanique, Bruxelles; The Ting Things @ Cirque Royal, Bruxelles Pierre Simon @ Le Rideau Rouge, Lasne Maguaré @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Lower Dens, Carter Tanton @ La Chocolaterie, Bruxelles, vkconcerts.be Violons Barbares @ Maison de la Culture, Marche-en-Famenne, maisondelaculture.marche.be Suarez & Mons Orchestra String Quartet @ Théàtre le Manège, Mons, lemanege-mons.be Schönberg @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Cabarett! @ In Vino Veritas Wine Bar, Waterloo De Puta Madre @ AB Box, Bruxelles, abconcerts.be Leonard Digital, Ralf Storm, Globul @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Ill, Jolly @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Imelda May @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Epica @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

vendredi 11 mai Les Nuits: rotonde: Laura Gibson, Maggie Björklund; museum: Chilly Gonzalez; orangerie: The Experimental Tropic Blues Band, Romano Nervoso, Elvis Black Stars, DZ Deathrays; chapiteau: The Rapture, Great Mountain Fire, Milagres @ Botanique; Dominique A @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Pierre Simon @ CC, Waremme, waremmeculture.be Neil Cowley Trio @ AB Club, Bruxelles, abconcerts.be Moon Station, Mister Wood & The Cadillac, Dog Day’s @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Pomrad @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Letz Zep @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Leopold Tears @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Violons Barbares @ Salle Fabry, Bruxelles, art-culture.be Steve Hooker @ Wap Doo Wap, Mouscron Sexion d’Assaut @ Forest National Club, Bruxelles, skinfama.com Bader Motor, Einoma, Going & Lynn, Cassiers, Otso @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Lanterns On The Lake, Fenster @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Aymeric de Tapol, L.E.G., Sensational meets Koyxe, DJ Scotch Bonnet @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be La Smala et Moi, La Marmite, Mambassa Blouze Band, Voodoo Clan @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Hussein, Paa Kweku; Quimby @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be High Damage (High Tone + Brain Damage) @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com Seth Gueko @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, France, caveauxpoetes.com Balkan Brass Battle ft Fanfare Ciorcarlia and Boban & Markovic Orchestra @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Joseph Arthur, We Are The Birds @ L’Aéronef, Lille, France


samedi 12 mai Les Nuits: rotonde: François & The Atlas Mountains, Hoquettes; orangerie: Lianne La Havas, Lisa Hannigan, Kiss & Drive; museum: U.S.Girls, Six Organs Of Admittance; chapiteau: The Divine Comedy @ Botanique; Spain @ Cirque Royal, Bruxelles Rotarock: The Devilles, The Herfsts, Newton, Psycho 44, Fence, Undefined, 5 Promille @ Aulnenhof, Walshoutem, rotarock.com Royal Baths, Catholic Spray, White Fangs, Hell-zo @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com My TV Is Dead @ Salon, Silly, depot214.com Richard Buckner @ Trix, Antwerpen, heartbreaktunes.com Yelawolf, Uncle Suel, DJ Sonar @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Will You Burn @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Teme Tan, Waf @ LiveAct, Braine l’Alleud Subjex, Baby Kruger, Discoballistic, Hozmoz, Dada, DJ Nitro @ Dexia Art Center, Bruxelles, buzzonyourlips.be Collection d’Arnell-Andrea, A Challenge Of Honour, Skeptical Minds @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Malick Pathé Sow @ Maison de la Culture, Namur, province.namur.be Awesome Tapes From Africa, Cinnamoon, Maj Tahal, Velotronix, DJ Bongoman @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Guy Gerber, Maya Jane Coles, Pierre, Deg, Piticu, Gescu, Dezz Terquez, Ken & Davy @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Gerasene Pigs @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Hudson, The Mash @ Le Salon, Silly, intersection.be Hugh Cornwell @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Succes, Green Vaughan @ 4 Ecluses, Dunkerque, France The Excitements, Gizelle Smith, DJ Caroll @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com

dimanche 13 mai Les Nuits: chapiteau: 1995, Dope D.O.D., Odezenne, Hippocampe Fou; museum: Chapelier Fou; orangerie: Daniel Darc, Le Yéti; rotonde: Django Django, Devin @ Botanique; Amadou & Mariam, Sarah Carlier @ Cirque Royal, Bruxelles Violons Barbares @ Grand Manége, Namur, theatredenamur.be Last Train @ ABC, Wandre, abc-rocknroll.be JC Satan @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be By The Rivers, Tarrus Riley @ L’Aéronef, Lille, France

lundi 14 mai Jeanchristophe @ Gare Saint-Saveur, sos-homophobie.org Steven Wilson @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sir Richard Bishop, Six Organs Of Admittance, James Blackshaw @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be 3 Inches Of Blood, Goatwhore, Angelus Apatrida, Havok @ Trix, Antwerpen, heartbreaktunes.com Amon Tobin, Isam, Lorn @ l’Aéronef, Lille, France

mardi 15 mai Les Nuits: orangerie: DFA label Night: Yacht, Prinzhorn Dance School, Planningtorock; chapiteau: Fanfarlo, Isbells, Dan San, Philco Fiction; rotonde: Friends, High Places; museum: Great Mountain Fire, Mina Tindle @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Love Like Birds @ Het Goudblommeke In Papier, Bruxelles, stoemplive.be Errors, Kiss The Anus Of A Black Cat @ De Kreun, Kortrijk A Whisper In The Noise, Mosquito, He Died While Hunting @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Woodkid @ den Atelier, Luxembourg,atelier.lu

mercredi 16 mai Les Nuits: orangerie: C2C, Ghostpoet, DYnamic; chapiteau: General Electriks, Housse de Racket, La Femme; museum: Mariee Sioux, Maïa Vidal; rotonde: Perfume Genius, Cate Le Bon @ Botanique; Intergalactic Lovers, Amatorski, Clare Louise @ Cirque Royal, Bruxelles botanique.be Stephanie Hansen @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Skarbone 14, Miss Tetanos @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Ping Pong Tactics, Rape Blossoms @ Beursschouwburg, Bruxelles, stoemplive.be The Norvins @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Made In Esroc 45., Kiss & Drive, Roken Is Dodelijk, Willy Vinyl... @ CC M.Staquet, Mouscron, centrecultureldemouscron.be Witloof Bay @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Wim Reygaert @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Thomas Dolby @ AB Flex, Bruxelles, abconcerts.be Calibre, Rockwell, Data, Mastawan, Bredren & M-Zine & Sceptics @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Jeff Mills, Trish, Pierre, Tomaz, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Jeffrey Lewis & The Junkyard, Joy As Toy, Seth Faergolzia @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com

jeudi 17 mai Les Nuits: chapiteau: Balthazar, Oberhofer, Gaëtan Streel; orangerie: Baxter Dury; rotonde: Grimes; museum: Piers Faccini, Lail Arad @ Botanique; Woodkid, V.O. @ Cirque Royal, Bruxelles Trix Trax: Sleepers’ Reign, Tubelight, Radio Sequence, Great Mountain Fire @ Trix, Antwerpen, trixonline.be City Parade: Bonzai Allstars, Marco Bailey, Yves De Ruyter, Frank Zolex, Marko, Franky Jones, Eric Beysens, Phiphi, Furax, Alex Klimov, Philip Kozak, Pole Folder CP, ... @ Parc d’Avroy, Liège, cityparade.be Papir, Trolmand @ Water Moulin, Mouscron, watermoulin. bandcamp.com Marcus Miller @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

The Babel Orchestra, Dorian @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com The Imaginary Suitcase @ In Vino Veritas Wine Bar, Waterloo Hauschka, Jóhann Jóhannsson, Dustin O’Halloran @ AB Theater, Bruxelles, abconcerts.be And Also The Trees, Thieves Of Silence @ Magasin4, Bruxelles @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Jeffrey Lewis & The Junkyard, Louis Aguilar & The Crocodile Tears, Johan Asherton @ L’Aéronef, Lille, France Pond @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu

vendredi 18 mai Les Nuits: chapiteau: Absynthe Minded, Stereo Grand, Roscoe; museum: Esmerine, Mirel Wagner; rotonde: King Krule; orangerie: Revolver, Ewert And The Two Dragons, Rover @ Botanique; La Grande Sophie, Anaïs, Nadéah @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Ougrock: Romano Nervoso, Acétylène, The K, Bleeding Hearts Syndicate, Big Moustache Bandit, Estrange, Naughty Mouse, Tense @ Rue des Six Bonniers, Seraing, ougrock.be Silbermond, Tom Lüneburger @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Sol Invictus, Diapsiquir, Mongolito @ Magasin4, Bruxelles Transmission, Hartzine DJ set @ Le Rouge, Lille, France Yannick Noah @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Victims Family @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Grifter, Doctor Cyclops @ Taverne du Théàtre, La Louvière, myspace.com/latavernedutheatre Lail Arad, Ladylike Lily, Forest Pooky, Stranded Horse @ 4 Ecluses, Dunkerque, France, 4ecluses.com Band Of Skulls, Kapitan Korsakov @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com

samedi 19 mai Ougrock: Set The Tone, Spitdown, Ramon Zarate, Memories Of A Dead Man, Deadalus, Orion’s Night, Sangus Orbis, Morning Chaos @ Rue des Six Bonniers, Seraing, ougrock.be Les Nuits: rotonde: Citizens!; orangerie: Mouse On Mars; chapiteau: Goose, Montevideo; museum: Siskiyou, Peasant @ Botanique; Charlotte Gainsbourg & Connan Mockasin @ Cirque Royal,, Bruxelles, botanique.be Wolfrock: Hudson, Driving Dead Girl, Von Durden @ La Chapelle, Mons, puzzlerecord.com Prong; Brother Ali, Grieves & Budo @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Los Aspiradoras @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Rumble In Rhodos, Anorak, Adolina, P.U.T. @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Slaughterhouse ft Crooked I, Joe Budden, Joell Ortiz & Royce da 5’9” @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Quantic & Alice Russell ft The Combo Barbaro @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Machiavel, Coal Mine @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be Coffee Or Not @ l’An Vert, Liège Boxcutter, DMX Krew, Blackbird Blackbird, Yip Deceiver @ Mr Wong, Bruxelles, buzzonyourlips.be DJ’s Chacha, Tom Moderne, Le Laboratoire, Kinetiks @ Bodega, Bruxelles, lefantastique.net Internationals, S.W.A.N. @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Doghouse Sam & His Magnatones, The Members @ Salle Excelsior, Jette, metteko.com Ben Klock @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Kandle, Greenshape, Promise And The Monster @ 4 Ecluses, Dunkerque, France, 4ecluses.com

dimanche 20 mai Les Nuits: chapiteau: Blood Red Shoes, Spector, BRNS; orangerie: Chassol; rotonde: Electric Guest @ Botanique; Staf Benda Bilili, Ibrahim Maalouf @ Cirque Royal, Bruxelles Laura Pausini @ Lotto Arena, Antwerpen, sportpaleis.org The Toasters, Buster Shuffle @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Terror Bird, Jesus Is My Son @ Les Bulles, Louvain la Neuve, aredje.net Tapes From The Crypt, Karel & Van Alebeek/Gillie Duo @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com A.Loyen Band @ ABC, Wandre, abc-rocknroll.be Antiseen, Dayglo Abortions, Speedözer, ... @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Bass Drum of Death @ AB Club, Bruxelles, abconcerts.be

lundi 21 mai Les Nuits: rotonde: Gravenhurst, Susanne Sundfor, Sweet Lights; museum: Oxmo Puccini Trio, Veence Hanao @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sonore, Chaos Of The Haunted Spire @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

mardi 22 mai Thomas Fernsen @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Tubelight @ Le Coq, Bruxelles, stoemplive.be Cloud Nothings @ La Chocolaterie, Bruxelles, vkconcerts.be Eiffel @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, France, caveauxpoetes.com Django Django, BRNS @ Le Grand Mix, Tourcoing, France

mercedi 23 mai Of Mice & Men, Tasters, Grey Like Masquerade @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Made For Chickens By Robots, Tiny Legs Tim @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Sarah Carlier @ Roskam, Bruxelles, stoemplive.be Sharon Van Etten @ ABClub, Bruxelles, abconcerts.be Saxon, Judas Priest @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be

29 J.C. Satàn 13 mai Madame Moustache, Bruxelles Le rock tricolore retrouve des couleurs. Depuis Bordeaux, J.C. Satàn porte son second album aux oreilles des impies. ‘Hell Death Samba’ est une tuerie, une déclaration de guerre. Si les Américains tiennent la baraque du rock garage, ils vont devoir s’accrocher à leur slip et tenir la cadence. La nouvelle scène française (Yussuf Jerusalem, The Feeling of Love, Jack of Heart…) a trouvé la voix de son maître : J.C. Satàn. Sous ce nom (fabuleux), des mélodies pop sixties accrochées sur le porte-bagage d’une mobilette noisy. Le pot Ninja chauffe encore, et la machine démarre au quart de tour. Le groupe bordelais s’offre des allers-retours sur la ligne du temps. Passé (The Mamas & The Papas, Jefferson Airplane), présent (Thee Oh Sees, Ty Segall). L’électricité est au centre du sujet. En tournée dans nos contrées, J.C. Satàn pose sa croix maléfique chez Madame Moustache, le bar le plus poilant de la capitale. (na)

And Also The Trees 17 mai Magasin 4, Bruxelles

On aurait tort de voir dans And Also The Trees un combo fantôme rescapé de la new-wave des années 80. Tout au contraire ce groupe a-t-il surfé sur les décennies avec légèreté, sans vraiment se soucier des modes et des styles. Aujourd’hui paraît ‘Hunter not the Hunted’, nouvel album travaillé et inspiré. Live, il est notoire qu’AATT donne beaucoup de lui-même au travers de sets qui sont unanimement perçus comme chaleureux et gracieux. Entre Paris et Copenhague, ce concert unique pour le Benelux et le Nord de la France sera l’occasion de les revoir et entendre avec plaisir. (et)

Pond 17 mai Rockhal, Luxembourg Du art-rock comme on aime, avec une bonne grosse louche de psychédélisme et de punk-rock à l’ancienne qui relèvent la sauce. Voilà comment on pourrait décrire ‘Beard, Wives, Denim’, quatrième album de Pond, projet parallèle des Australiens de Tame Impala. Dans un trip façon kaléidoscope, le groupe envoie le bois dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les jeunes gens partent de petits diamants pop bien foutus pour ensuite les passer dans un mixeur d’influences déglinguées. On pense parfois à Can, aux Flaming Lips ou à Pavement tant les Australiens tirent dans tous les sens. Secoués dans tous les sens, on ne peut que demander du rab’... ça tombe bien, ils seront présents à la Rockhal et c’est gratuit!!! (jbdc)


30 Dirty Three 27 mai - L’Aéronef, Lille 6 juin - AB, Bruxelles © Annabel Mehran

Dans cette corne d’abondance 2.0 d’où déferlent à grands torrents des groupes que vous adulerez le lundi et conspuerez le samedi suivant, Warren Ellis est de ces personnalités rares qui, à travers toutes ses incarnations (Bad Seeds, Grinderman, Dirty Three), continuent à compter, de ceux qui ont bâti une carrière suffisamment estimable, variée et excitante pour marquer les esprits et vous mettre à coup sûr le curseur sur le pôle positif. L’heure de ses retrouvailles avec le trio qui l’a positionné aux yeux de tous comme d’avantage qu’un exceptionnel sidekick buddy de Nick Cave a enfin sonné. Préparez-vous aux montagnes russes, ‘Toward the Low Sun’’ va faire rougeoyer votre ciel, vous exalter aussi… (alr)

Hauschka + Jóhann Jóhannsson + Dustin O’Halloran 17 mai AB, Bruxelles Sous les doigts de Hauschka, le piano préparé prend des airs de salle de jeux pour grands enfants. Adepte de la transformation sonore, Volker Bertelmann manipule les cordes de l’instrument aux quatre coins du son. Déclinaisons tziganes, variations sur des thèmes de cymbalum ou échos de carillon décoré d’un collier en plastique à un euro, la poésie jouissive de l’homme de Düsseldorf résiste aux contraintes et s’épanouit dans l’inattendu. On y va ensemble ? (fv)

Cloud Nothings 22 mai La Chocolaterie, Bruxelles

Rizzle Kicks @ La Chocolaterie, Bruxelles, vkconcerts.be Café Latte @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Janice Graham Band, Jimi Was Gain @ L’Aéronef, Lille, France My Best Fiend @ l’Hospice d’Havre, Tourcoing, France

jeudi 24 mai Wolves In The Throne Room @ AB Club, Bruxelles, abconcerts.be Wanovitch @ In Vino Veritas Wine Bar, Waterloo The Imaginary Suitcase, Floatstone @ La Porte Noire, Bruxelles, soundcloud.com/hootinlikemad Koonda Holaa, Tobias Ratzinger, JR De Montreal, Fantomass, Tommy Gun @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Igloo @ Le Palace, La Louvière, ccrc.be Dub Trio, Castles @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Howler, EMA @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Flat Earth Society @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Spoek Mathambo, Nomad, Speed Dial 7 @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, France, caveauxpoetes.com Atari Teenage Riot @ Atelier, Luxembourg, atelier.lu

vendredi 25 mai Roland’s Electric Blend, The Rhythm Chiefs, Lil’Queenies @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Netsky @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ken Ishii vs Dirty Monitor, Fabrice Lig, Globul @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Why Not?, Museum @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Yom & The Wonder Rabbis @ Espace Senghor, Etterbeek, senghor.be Tutu Puoane @ Jünglingshaus, Eupen, eupen.be The Spits, Frustration, Le Prince Harry @ Magasin4, Bruxelles The Rumblejets @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Beach House, Porcelain Raft @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Anoo, De Beren Gieren @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be [Sic] Electric, les Moustaches de L’Espace @ Recyclart, Bxl @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Food For Your Senses: Roscoe, Go Back To The Zoo, Kraftklub, Supershirt, Dub Trio, Eskimo Callboy, Till We Drop, Talco, Sun Glitters, Velvet Vertigo, Lawyers Guns ‘n Money, Natas Loves You @ Tuntange, Luxembourg, foodforyoursenses.eu Triptik, Feini-x Crew @ 4 Ecluses, Dunkerque, France, 4ecluses.com

samedi 26 mai Sinxen: Dynooo, Lefto, Ninjato, Squeaky Lobster, Cupp Cave, Nosedrip, Warriorz DJ’s @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Scarlett Soho @ l’ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Von Durden @ Belvédère, Namur, intersection.be White Denim; Netsky @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Trasistor Night: Von Durden, The Father, The Son & The Holy Simon, Jarhead @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Driving Dead Girl, The Tangerines @ Factory Studio, Mouscron, intersection.be Akhal Teke, L’Âge Nu, Mind The Dog @ Garcia Lorca, Bruxelles Aka Moon, Sanne Van Hek Trio @ Kultuurkaffee, Bruxelles Leo & The Tiki’s @ Churchill’s Pub, Bruxelles Lise a Peur, One Thousand Directions @ Taverne du Théàtre, La Louvière, myspace.com/latavernedutheatre Grind Your Head Fest @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Pinkpop: The Cure, Anouk, Kyuss Lives!, Moss, The Ting Tings, The Asteroids Galaxy Tour, Major Tom, Ben Howard, Afghan Whigs, Will And The People @ Megaland, Landgraaf, Nederland, pinkpop.nl Food For Your Senses: CRO, Lys, Inborn, The Intersphere, Mutiny On The Bounty, Hal Flavin, Neo Damages, Quentin Lagonza, Jacob Con., Monophona, De Läb @ Tuntange, Luxembourg, foodforyoursenses.eu Dub Trio, Drums Are For Parades @ 4 Ecluses, Dunkerque, France, 4ecluses.com

dimanche 27 mai

© Ryan Manning On a découvert Cloud Nothings sur scène douze mois plus tôt. Au micro, Dylan Baldi chantait comme une brêle, essayant de manœuvrer ses petites ruées rock’n’roll en compagnie d’un groupe encore maladroit. Entre temps, l’ami Baldi a croisé ce bon vieux Steve Albini, l’inventeur du son qui ne meurt jamais. L’infatigable producteur a mis en bouteille ‘Attack On Memory’ en se grattant les poils du nez : c’est un véritable succès. Toutes les chansons de l’album tiennent la route et collent méchamment au bitume. La voix fêlée du chanteur de Cloud Nothings se traîne sous un crachin distordu et culbute les mélodies comme on saute dans les flaques. Derrière lui, on a enfin resserré les boulons. C’est agressif, ça bastonne sec, c’est tout bon. (na)

Sinxen: Iceage, Bear In Heaven, Hong Kong Dong, Spencer Krug’s Moonface, Speed Dial 7 & Nomad, Twin Twisters, DJ Eppo Janssen @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Sleep, A Storm Of Light, Harvey Milk, Jex Thoth @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Spits, Mon Colonel @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Last Train @ ABC, Wandre, abc-rocknroll.be Bombino; Codeine @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Daniele Silvestri, Giacomo Lariccia @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Food For Your Senses: The Inspector Cluzo, The Hundred In The Hands, Lucy, Alamo Race Track, Keebo, Kate, Flying Orestra, Envy, Kwistax, Talking To Turtles, Phrasenmäher, Illbilly Hitec @ Tuntange, Luxembourg, foodforyoursenses.eu Pinkpop: Linkin Park, Soundgarden, The Kyteman Orchestra, Racoon, Babylon Circus, Keane, The Wombats, Mastodon, The Bosshoss, Chase & Status, Sharon Jones & The Dap Kings, Bombay Circle Club, Hungry Kids Of Hungary @ Megaland, Landgraaf, Nederland, pinkpop.nl Dirty Three, Maria Goretti @ l’Aéronef, Lille, France Cercueil & Chorale & Conservatoire, High Places @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com

lundi 28 mai Werchter Boutique: Metallica, Soundgarden Mastodon, Channel Zero, Gojira, Ghost @ Festivalpark, Werchter, werchterboutique.be Sinxen: The Soft Moon, Forest Swords, Lithurgy, Ansatz Der Maschine, Charlambides, Bass Drum Of Death @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Julia Holter @ AB Club, Bruxelles, abconcerts.be Shellac, Sleepy Sun @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

Pinkpop: Bruce Springsteen & The E-Street Band, Mumford & Sons, The Specials, Seasick Steve, Gers Pardoel, James Morrison, The Hives, Herbert Grönemeyer, Blood Red Shoes, Rival Sons, Paul Kalkbrenner, Chef’s Special, Miike Snow, Jonathan Jeremiah, Serena Pryne & The Mandevilles @ Megaland, Landgraaf, Nederland, pinkpop.nl Soundgarden @ Rockhal, Esch Sur Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Wolves In The Throne Room, Nesseria @ l’Aéronef, Lille, France

mardi 29 mai Mac Miller @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Cursive, Hungry Kids Of Hungary @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Everyman @ Archipel, Bruxelles, stoemplive.be Chapelier Fou, Luminocolor @ L’Aéronef, Lille, France Girls @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com

mercredi 30 mai Les Nuits: Camille, Simon Dalmais @ Cirque Royal, Bruxelles Stealing Sheep, Simian Ghost @ Beursschouwburg, Bruxelles Elvis Costello & The Imposters; LA Vampires, Ital, Maria Minerva, Magic Touch, Peaking Lights @ AB, Bruxelles Haight Ashbury @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Jagwa Music @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Die Selektion, Neutral Lies, Ten Hope Horses @ CC Libertaire, Lille, France James Morrison @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, atelier.lu Sleepy Sun, Siskiyou, Gravenhurst @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com

jeudi 31 mai Pomrad, Hantrax @ Walvis, Bruxelles, stoemplive.be Reena Riot @ Music Village, Bruxelles, abconcerts.be Youngblood Brass Band @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Jesus Is My Son, Extra Life, Sholi @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Carabett @ La Porte Noir, Bruxelles, soundcloud.com/ hootinlikemad Fabrice Lig, Globul, Francis Charlier, DJ Chris Hingher @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com A Winged Victory For The Sullen Chamber Orchestra, Erased Tapes, Nils Frahm @ AB Theater, Bruxelles, abconcerts.be In vitro: Niels Van Hertum, ... @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Sir Alice, Hyphen Hyphen @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, France, caveauxpoetes.com Artl, Stranded Horse @ l’Aéronef, Lille, France, aeronef-spectacles.com

vendredi 01 juin Robin Foster @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Macy Gray @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Suspects @ Wap Doo Wap, Mouscron Pond @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Coyote, Slow Joe and The Ginger Accident @ Hangar, Liège, lehangar.be Ariane Moffatt @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Cupp Cave, Krampfhaft vs Akkachar, Rashad & Spinn, Juke Ellington; La Clinique du Docteur Poemback, The Concrete Coconuts, Pas ce Soir Chéri @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Tryo @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

samedi 02 juin Stage On Rails tribute festival: Pilgrims, Bouldou & Stikcy Fingers, La Polizia, Hollywood Bowl, Korange, Milkshaker, Kruch @ Ancien Gare, Ghislenghien, stageonrails.be Iron Fist Festival: After All, Powerstone, Pestifer, Suicide Of Demons, Evil Invaders, Zardens @ Espace Georges Truffaut, Liège, myspace.com/afterallmetal Shit And Shine, Vandal X, New Bleeders, Pulseve @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Tu Fawning @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Tryo @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be Driving Dead Girl, Guitar Wolf, Bronco Billy @ Eden, Charleroi, intersection.be Citizen Cope @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lucky Devils, Sons Of Disaster, Baby Krüger, ... @ Salle R.T.T., Bruxelles Mix Up Festival: Tiken Jah Fakoly, Les Rappeurs de 1995, Goran Bregovic & His Wedding & Funeral Orchestra, Danakil, Natural Mighty, Positiv’ Sight, Jayez, Black Rose Sound System, Professor Natty, Willow Amsgood, Amadou Kone, Bachibou Souk @ L’Île Saint-Maurice, Creil, France, mixupfestival.com Ultimativ Dubstep: Kim Asai & Kidnas, M-Rode vs Slump, Skrizza, Low Reason, Gu35t, Poliotocks, DJ Young-So @ Rockhal, Esch/ Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Vicelow, Lyrical, Stamiff, Black Adopo, Compagnie Dance To See @ Le Grand Mix, Tourcoing, France, legrandmix.com

dimanche 03 juin The Tangent, Manning @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Casablanca Carambol Company, The Goon Mat @ ABC, Wandre, abc-rocknroll.be Bob Mould performs ‘Copper Blue’ @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jay-Z + Kanye West @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Mix Up Festival: Les Têtes Raides, Hubert-Félix Thiéfaine, Emir Kusturica & His No Smoking Orchestra, Deci-Delà, So Was The Sun, Ben Ball Bass, Black Rose Sound System, Nëggus & Kungobram, Fils De Flûte, Cheap Wine @ L’Île Saint-Maurice, Creil, France, mixupfestival.com The Ting Tings @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu


thursday 5

|< 13:00

MORRISSEY WHITE LIES PATTI SMITH THE TING TINGS DIONYSOS EDWARD SHARPE & THE MAGNETIC ZEROS WARPAINT CARAVAN PALACE MAVERICK SABRE

SOKO SHEARWATER BIRDPEN HERE WE GO MAGIC SCHOOL IS COOL SALLIE FORD & THE SOUND OUTSIDE

friday 6 |< 13:00 MARILYN MANSON BOOKA SHADE live BALKAN BEAT BOX EROL ALKAN

MIKE SKINNER dj set BEARDYMAN MADEON PRETTY LIGHTS HOUSSE DE RACKET THE HICKEY UNDERWORLD TWIN SHADOW THE MAGICIAN ED KOWALCZYK of Live GREAT MOUNTAIN FIRE THEOPHILUS LONDON CARBON AIRWAYS JUVENILES BRNS THE PEAS PROJECT

saturday 7 |< 12:00 50 CENT THE JON SPENCER BLUES EXPLOSION JOEYSTARR BRIGITTE MR.OIZO PONY PONY RUN RUN DUB FX JOSHUA KAVINSKY DEATH IN VEGAS THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND DAN SAN ABSYNTHE MINDED RUSTIE JOKER TRUE TIGER live REDNEK JONATHAN WILSON MORNING PARADE BLAKE WORRELL of PuppetMastaz ROMANO NERVOSO HIPPOCAMPE FOU NOA MOON RAVING GEORGE DIVINE KILL FRENZY SUPREEMS DC SALAS vs. ISSA MAÏGA MATTERHORN

sunday 8 |< 12:00

CYPRESS HILL M83 RODRIGO Y GABRIELA & C.U.B.A. YEASAYER

RUFUS WAINWRIGHT & BAND MILOW I BLAME COCO SHARON VAN ETTEN

THE BONY KING OF NOWHERE & FRIENDS HOLLIE COOK ROSCOE GAETAN STREEL FRANCOIS & THE ATLAS MOUNTAINS

ONE DAY TICKET = 55€ / 4 DAY PASS = 105€

www.lesardentes.be

coordination graphique

pierreyvesjurdant12


TICKETS

4-DAY PASS

100€

*

+ access to campsite (17€)

1-DAY PASS

50€

*

+ access to campsite from 10 am on that day (10€) * free shuttle by bus from Saint-Ghislain train station * without booking fee


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