RifRaf mars 2012

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Dit project werd gerealiseerd in hetkader van het Stedenfonds Genk.


© Siliconcarne.be

Quand l’étudiante renfort caisse du dimanche à la boulangerie, quand le serveur rustre d’un resto à la mode, quand la graphiste d’un hébdo féminin juchée sur sa pétrolette, quand la chatte de la voisine vous demande si vous étiez au concert d’Hanni El Khatib, vous entendez que quelque chose bruisse dans Landerneau, qu’il faut en être, que ça (se) passe. Parfois, il pourrait bien s’agir d’un pétard mouillé. D’ailleurs, mon facteur n’en démord pas - Pour accompagner une bonne pinte de rock, quelques shots de vodka, une gueule de bois, j’dis pas, mais le concert n’était vraiment pas terrible, le batteur ne sait pas jouer! Vous enregistrez les infos mais n’en ressentez pas l’urgence, sa dévorante prégnance. Vous avez juste frôlé la circonférence d’un cercle. D’autres fois, un nom court au ralenti du bouche-à-bouche, brasse l’amertume des clichés, y gagne sa place. Plus ou moins profondément. Rayon claustro et mise en bière, le film Buried a drôlement bien creusé sa tombe : son héros s’y réveille enterré vivant, pendu à un téléphone portable (la métaphore laisse songeur), une heure trente durant. Nonobstant il ne se contente pas totalement d’une forme trendy d’objet malin, ces films concepts tout-en-un avec une bonne gueule d’idée à emporter - on évitera de spoiler une fin qui lui donne sa substantifique moelle, autant dire un peu de corps - Buried s’inscrit dans nos cadres 16/9 avec un cercueil qui en épouse parfaitement les formes. Et son bouche-à-oreille de lui tailler une réputation aux impacts plus profonds que ceux d’une petite frappe. Bref, il fait son trou. Vous vous rappelez vaguement d’un Cube, plus récemment d’un Triangle. Plus rarement, un objet pop surgit et renverse tout sur son passage, imprime l’inconscient collectif, le vampirise. Auréolé d’un Prix de la mise en scène à Cannes nullement usurpé, la torpille Drive a lentement fondu sur le monde, cristallisant le soluté de l’époque dans un diabolo grenadine. Son réalisateur, Nicolas Winding Refn, est du genre dont oublie d’abord le nom mais pas le cinéma, son empreinte, son charme vénéneux. Un mécanicien taciturne effectue à l’occasion des cascades pour le cinéma, endosse le rôle de conducteur pour la pègre. Ryan Gosling. Los Angeles. Roulez jeunesse! Le magnétisme des plans fétichistes de Winding Refn fait le reste. Déjà consacré par ses spectateurs 2.0, le film est « suédé » à tout va, genre Gondry style, parodié, retourné plan par plan, à toutes les sauces. Bref (copyright Canal Plus), il tisse sa toile. Soit un indice de la vitesse à laquelle il se répand et combien ses spectateurs se le sont approprié. Sa bande-son (on prête au réalisateur un goût aussi sûr que maniaque sur le sujet)

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passe déjà en boucle dans les shopping malls de l’industrie culturelle - ici on repense à la gueule du Myspace de Kavinsky il y a huit ans; c’étaient les années MySpace; ta petite soeur et ta grand-mère n’avaient pas encore de smartphone. Le web lui suce la roue, se pourlèche les babines du Calippo, aujourd’hui c’est Drive In. C’est sûr, Drive en a sous le capot. Sans doute ressurgissent les icebergs Bronson (coup de poing Kubrickien de première bourre), Valhalla Rising, voire sa trilogie Pusher. Déjà remontent à la surface ses premières saillies aux arrêtes coupantes. A l’instar de la cinéphilie gloutonne du pape Tarantino, son appétit des codes, Winding Fern a croqué à belles dents dans la nuque 2011, laquelle a perlé, versant le premier sang. Son sens du cadre (on a déjà cité Kubrick mais il joue aussi clairement à chat-bite avec Michael Mann), son imposition maniaque du plan accouchent dès l’entame (ce goût prononçé de l’exposition!) de l’imposition d’une marque, d’un sceau. Après quatre minutes de film, il vous a déjà attrapé, ne vous lâche plus. Vous êtes sous son étoile. Krystal enfile son casque Ruby acheté chez Colette. Il coûte à lui seul plus cher que sa mobilette bleue pétrole, trouvée d’occaz’ sur e-Bay. Mais des fois tu peux pas résister. Dans son casque (l’autre, ne faîtes pas l’imbécile, voyons), elle se repasse souvent, la nuit, la B.O. du film. Elle l’a téléchargée légalement sur l’Apple Store parce que - Attends, j’ai trooop kiffé! Elle a particulièrement craqué, comme tout le monde, sur le morceau de Kavinsky. Elle sait qu’il est français. Se demande s’il est pote avec les Daft. Trouve que Ryan Gosling a une putain de gueule. - Ok la scène de l’ascenseur, c’est abusé (- Attends, méwé, mortel! acquiesce son interlocuteur)... Et le scorpion doré sur le blouson, au début j’étais pas sûre... Krystal avait eût récemment un petit bountje pour le rouquin qui trône à l’accueil du Bowling le week-end. Elle lui avait tendu ses imitations Louboutin : - Quoi, qu’est-ce qu’elles ont mes bottes? Tandis que sa boule allait mourir sur le côté, elle avait tourné la tête plusieurs fois, avait battu des cils comme on enquille les strikes, espérant «scorer» sur la feuille de match. Le type portait une barbe hirsute qui lui donnait un je-ne-sais-quoi d’Irlandais, à moins que ce ne soit une gueule de Big Lebowski. - Alors, tu joues? Cath’ et les autres s’impatientaient. Elle repasserait demain parce que là, ça n’allait pas être possible. Elle allait prendre soin d’oublier un truc. Peut-être, si ça se trouve, les pièces finiraient-elles par s’emboîter, tout allait rentrer dans l’ordre : triangle, rond, rectangle, cube, peut-être l’étoile. - Et sinon, tu fais quoi dans la vie? - Je conduis. Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire

année 18 •mars 2012

Colofon www.rifraf.be Année 18 nr. 177 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf avril sort le 29 mars rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 14 mars Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20 mars

collaborateurs nicolas alsteen, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, daniel franco, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg, Tom Vea... Dessins : Issara Chitdara

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 euro France: 25 euro (une année: 10 nrs) compte: 320-0133796-06 communication: RifRaf F + nom + adresse

“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”


Philippe Robert

Texte : Fabrice Vanoverberg

&

Bruno Meillier Texte : Fabrice Vanoverberg

Magnifique passeur d’idées musicales, les éditions Le Mot Et Le Reste n’ont guère l’habitude de prendre leur lectorat pour du vulgum pecus de tête de gondole chez Auchan. Respectueux de Quoi, un (très) bon disque pour démarrer la fournée ? Sur un label belge ? En un joli format vinyle blanc d’une belle qualité sonore ? Oui, ma bonne dame, ça s’appelle ‘We Make Life Sad’ de Nicholas Szczepanik et ça vient de paraître sur la maison WeMe. De l’auteur, nous ne connaissons pas grand-chose, mais pour faire bref, on y retrouve les échos übermélancoliques du formidable ‘Sadly, The Future is No Longer What It Was’ de Leyland Kirby. Un gros trip métaphysique en quelque sorte, où nulle larmoyance ne vient sucrer les échos incisifs de l’hiver, quelque part en combinaison avec Benjamin Lew, échappé d’une série de une-deux magistraux et incongrus entre Eliane Radigue, Nocturnal Emissions et Tim Hecker. Des soundscapes mélodiques qui rendent la vie triste et pas uniquement, on adore ça. ★★★ J’aimerais être aussi enthousiaste à l’approche de ‘Through Glass’ de l’Italien Attilio Novellino (Valeot) mais sans doute trop blasé par des centaines de disques atmosphériques, j’ai bien du mal à n’y entendre autre chose qu’un travail bien fait, entre drones industriels et brumes ambient. Plus proche de la réussite que du désastre tout en restant mineur. ★★★ Le passé récent (2010) m’avait fait admirer le très bon ‘Antichamber’ de Yannis Kyriakides et le temps faisant son chemin, l’électroacousticien grec ne perd pas la main. Construit en douze mouvements à partir d’images satellite reconverties en une très belle poésie sonore, ‘Airfields’ (Mazagran) est d’ores et déjà un must have de tout admirateur de la phalange berlinoise Zeitkratzer qui trouve ici (l’ensemble musikFabrik de Cologne) un très sérieux concurrent. Tout ne va pas si mal en Grèce, finalement. ★★★ Field recordings et bricolages électroniques, voilà des ingrédients bien connus en cette page, que doit parcourir chaque mois Marcus Fischer de son Portland résidentiel (ou pas). Présenté sur le label Tench de M. Ostermeier, son ‘Collected Dust’ se perd dans les eaux tellement calmes du label 12K qu’on en oublie de nager et on coule avec lui. En bouée de sauvetage optionnelle, on continuera de se référer à ‘The Rules of Another Small World’ de son label manager précité. ★★★ Prolifique et incontournable, quitte à en devenir lassant (je songe à son récent et multi bof ‘The Mortimer Trap’ aux côtés de Thomas Brinkmann), Oren Ambarchi s’affiche en d’excellentes dispositions musicales sur son ultime ‘Audience Of One’ (Touch). En quatre chapitres (dont un second de 33 minutes !), le musicien et compositeur australien s’est entouré d’une multitude de collaborateurs, en plusieurs instants de grâce communiés. Notamment le premier morceau ‘Salt’ est d’une immense beauté, quelque part entre le meilleur de Japan et de Six Organs of Admittance. Merci qui ? La voix d’un certain Paul Duncan, m’sieur. Je vous le disait, un immense morceau de bravoure noire forme le noyau du disque, entre sourde menace apocalyptique et sécrétions jazz discrètes. Convaincants aussi, les échos à la Steve Reich de ‘Passage’, où j’ai retrouvé avec grand plaisir la paire Jessika Kenney – Eyvind Kang (dont je ne cesserai jamais de recommander ‘Aetuarium’, réédité l’an dernier aux Editions Mego), malgré quelques effets électroniques faciles sur l’ultime ‘Fractured Mirror’.★★★ Et quoi, ce mois-ci, rien sur Francisco Lopez ? Cessez de gémir, Igor, voilà de quoi vous sustenter en attendant une nouvelle fournée du maître espagnol. Ca s’appelle ‘Ivory’ (Valeot), c’est signé du Viennois Peter Kutin, alias Kutin tout court et à vrai dire, c’est drôlement bien fichu. Cinématographique et bruitiste, curiosité dont l’étrangeté ne file pas le bourdon dès les premières secondes, elle donne envie de pousser le bouchon un peu plus loin à chaque track, ses variations se glissent sur un fil aérien d’où émergent restes de dialogues filmiques, temporisations électro-acoustiques et déclinaisons de musique concrète. Bref, ça a une sacrée putain de gueule à sa mère. ★★★ En quinze ans de carrière passés, Mark Van Hoen a toujours tracé un chemin à l’abri des regards et de la surcharge discographique (cinq albums entre 1995 et 2012, ça fait un tous les troisquatre ans en moyenne). Ancien de la maison Seefeel, collaborateur de Slowdive, Robert Fripp ou Esben & The Witch, le musicien britannique en fait toutefois un peu beaucoup dans la surcharge fantomatique de ses titres, à passés quarante balais, j’ai passé l’âge d’avoir peur des grands effets de synthés. Heureusement, il y a aussi des titres excitants sur ‘The Revenant Diary’ (Editions Mego), tel cet intrigant nu-dubstep ‘Don’t Look Back’où Katy B aurait reçu la fessée de Burial à l’aune de Current 93 ou encore le très gloomy ‘I Remember’. A écouter de préférence seul dans le noir, au casque par une nuit sans étoiles ni espoir.★★★ Ma première rencontre avec Jason Kahn date de 2009 et est du genre à bouleverser, sinon une discographie du moins une certaine vision de la musique. Ca se nommait ‘Vanishing Point’ et ses lumières blanches, presque aveuglantes, continuent de m’impressionner. Installé à Zurich, le percussionniste et producteur californien collabore cette fois avec le Néerlandais Jeroen Visser (l’ingé son de The Ex) et le bassiste suisse Christian Weber, sous le nom de code Tetras avec un double LP ‘Pareidolia’ (Flingco Sound System). S’il faut signaler en préambule qu’il faut laisser le temps aux quatre titres (un par face) de développer leurs effets anxiogènes, une fois pris au piège, on a du mal à se défaire de leur emprise. Quelque part entre le Pink Floyd de 1967 et Phill Niblock en passant par z’ev, This Heat ou Sun Ra, il fait grand bien se retrouver les racines profondes des musiques psychotiques et hallucinatoires de notre civilisation post-LSD. Je vous laisse, je vais sniffer un coup d’eau salée…

l’intelligence de son public, adeptes des formes identifiables (ah, les couvertures, à la fois dépouillées et alléchantes), balayeur de genres en marge des conventions, la maison marseillaise n’a eu de cesse, depuis sa création en 1996, de (re)défricher les genres, en un arc tendu qui relie le passé au présent - dans tous les cas, il est exclusivement anglosaxon comme le souligne le sous-titre de l’ouvrage, conçu

telle une promenade balayant les trois-quarts du vingtième siècle et le début du suivant. Habitué des lieux, l’ex-Inrocks/Jazz Magazine/Vibrations Philippe Robert en est à son cinquième numéro sur LMELR, sans compter ses parutions auprès d’autres éditeurs. Moins auteur et plus acteur de terrain, Bruno Meillier a multiplié les activités en plus de trente ans d’activisme – musicien dans plusieurs projets dont Etron Fou Leloublan ou Zero Pop), label manager d’Orkhêstra International et programmateur du festival stéphanois Musiques Innovatrices.

Selectofolk Témoin de cette philosophie musicologique - rassurez-vous, le propos n’a rien d’intellectualisant en dépit de son exigence et de son acuité - la couverture de leur premier ouvrage commun relie deux œuvres majuscules de la folk music ‘The Times They Are A-Changin’ de Bob Dylan et ‘Ys’ de Joanna Newsom. En une imposante et magistrale recomposition d’un paysage exclusivement anglophone à guitare acoustique (et autres instruments à cordes), leur ‘Folk & Renouveau’ parcourt, en près de 150 albums majoritairement indispensables, un style que traversent près de quatre-vingtans discographiques. Nullement exhaustive, tel que les deux auteurs le précisent dans leur avant-propos (encore que…), le parcours débute, faudrait-il écrire évidemment, en 1927 avec l’incontournable ‘Anthology Of American Folk Music Edited By Harry Smith’ pour s’achever en 2009 avec le ‘Barn Nova’ des néo-hippies Matt Valentine et Erika Elder, alias MV & EE. Même si chacun complètera la liste avec quelques disques à ses yeux incontournables (pour ma part, j’y aurai inclus Jay Reatard, Marissa Nadler (citée toutefois en p. 37), Tara Jane O’Neil, Jana Hunter ou Meg Baird en solo - encore que cette dernière soit de la partie en tant que vocaliste d’Espers ET moitié du duo Baird Sisters, ce qui est déjà remarquable). Au-delà de ces remarques forcément personnelles, plusieurs aspects, davantage objectifs, frappent l’œil dès la consultation des 350 pages du livre. D’abord, la très grande diversité des artistes cités : sur 147 productions discographiques recensées, un seul personnage a l’honneur d’apparaître à deux reprises - et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de M. Dylan himself, pour un opus en studio encore acoustique (le déjà cité ‘The Times They Are A-Changin’) et un live (‘The Royal Albert Hall Concert’) qui a marqué la véritable rupture de Robert Zimmermann avec la musique folk. Heureusement, la liste, aussi merveilleuse soit-elle, ne se résume pas une à une simple table des matières répétitive et soûlante. A l’issue de chaque article, Robert et Meillier nous gratifient d’une sélection bienvenue des productions de l’artiste présenté. Dans le cas des très actifs Dylan, Leonard Cohen ou Neil Young, la démarche est bienvenue, tant les liens tissant leurs canevas musicaux se doivent d’être mis en évidence, ne fut-ce que succinctement (ou bien la brique compterait le triple de pages et deviendrait rapidement indigeste). Pour les autres représentants de la «cause», le choix s’avère naturellement moins cornélien, soit en raison de la brièveté de leur discographie, voulue (Bridget St John, Judee Sill) ou non (Tim Buckley, Nick Drake). Bien que là aussi, les digressions soient parfois discutables (pourquoi s’arrêter en 1969 pour Buffy Sainte-Marie ?), la vision d’ensemble n’est pas loin de ressembler à un Top 1000 de la folk music, qu’elle soit traditionnelle, freak, acid, New Weird Americana ou psyché. Autre complément d’information, sinon peu original mais bienvenu, les auteurs mettent en relief les parentés stylistiques des musiciens en citant des noms aux univers cousins (John Fahey ou Jack Rose pour Robbie Basho), parfois au-delà du genre majoritairement abordé (Animal Collective chez Vashti Bunyan). Le plus souvent, les rapprochements sont d’une évidente pertinence, versant d’ailleurs au-delà des limites de la folk pure (Mojave 3 ou Lambchop en lien évident avec le très déprimé ‘Fables Of The Reconstruction’ de R.E.M., Coil en glorieux prédécesseur de Current 93, etc.). Nul doute qu’au cours des prochaines années et décennies, la liste ne demandera qu’à être prolongée, tellement la vitalité de la musique folk anglo-saxonne demeure élevée. Pour notre part, et que les auteurs nous pardonnent cette intrusion, nous y verrions bien le récent et formidable ‘Smoke Ring For My Halo’ de Kurt Vile, indispensable en 2011 comme il le sera à l’avenir. Un livre : ‘Folk & Renouveau’ (Le Mot Et Le Reste)


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SKIP THE USE + POLAROID FICTION BIG DEAL Us + ALT-J Gb BURAKA SOM SISTEMA Pt • SOLD OUT SHARON VAN ETTEN Us + FAUSTINE HOLLANDER Be CHAIRLIFT Us + o F F LOVE D BAI KAMARA JR Be WU LYF Gb + APES & HORSES Fr • SOLD OUT ANDREW BIRD Us + DOSH Us • Cirque Royal THE MEGAPHONIC THRIFT No + SWIMMING Gb LAMBCHOP Us + CORTNEY TIDWELL Us TEAM ME No + UNO MØLLER No CASS McCOMBS Us SCHOOL OF SEVEN BELLS Us THOMAS DYBDAHL No + DOUGLAS FIRS solo Be ÓLAFUR ARNALDS Is ELLIOTT MURPHY Us SOKO Fr TIMBER TIMBRE solo Ca ! KIM NOVAK Fr + THE MASH Be • coprod. Intersection WE HAVE BAND Gb + ANNA AARON Ch

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MARC MORGANBe, MADEMOISELLE NINETEEN Be, BENJAMIN SCHOOS Be et MARIE FRANCE Fr

23.03 26.03 27.03 28.03 28.03 28.03 29.03 29.03 30.03 02.04 03.04 11.04 12.04 12.04 14.04 14.04 16.04 16.04 17.04 18.04 21.04 21.04 22.04 24.04 25.04 27.04 27.04 27.04 28.04 29.04

NEW BUILD CONNAN MOCKASIN Nz SOUND OF GUNS Gb DA SILVA Fr • coprod. Live Nation MORNING PARADE Gb WHITE HILLS Us AKA MOON Be SHEARWATER Us + JULIE DOIRON Ca • SOLD OUT BETH JEANS HOUGHTON Gb OTHER LIVES Us/DEER TICK Us LOS CAMPESINOS! Gb BRETON Gb DIONYSOS Fr • SOLD OUT ! THE CAST OF CHEERS Gb JALI Be • coprod. Nada • Cirque Royal THE ASTEROÏDS GALAXY TOUR Dk GREAT LAKE SWIMMERS Ca + BARZIN Ca ISLET Gb XIU XIU Us PONY PONY RUN RUN Fr • coprod. Live Nation OF MONTREAL Us + RECORDERS Be SEA OF BEES Us MAPS & ATLASES Us MAJOR LAZER Us/Gb PERRY ROSE Be new album CHARLES BRADLEY & HIS EXTRAORDINAIRES Us MAKYzard Be • new album - coprod. Lezarts Urbains ! THE TWILIGHT SAD Gb THE CRIBS Gb PATRICK WATSON Ca

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LES

NUITS

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THE RAPTURE Us - GREAT MOUNTAIN FIRE Be MILAGRES Us THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND Be LAURA GIBSON Us - MAGGIE BJÖRKLUND Dk CHILLY GONZALES Ca

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1995 Fr SPAIN PLAYING THE BLUE MOODS OF SPAIN & MORE Us FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS Fr

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AMADOU & MARIAM Mali • Coprod. Ubu • Cirque Royal DANIEL DARC Fr DJANGO DJANGO Gb CHAPELIER FOU Fr

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FANFARLO Gb - DAN SAN Be “DFA LABEL NIGHT” : PLANNINGTOROCK Gb/De YACHT Us - PRINZHOM DANCE SCHOOL Gb FRIENDS Us GREAT MOUNTAIN FIRE Be acoustique GENERAL ELEKTRIKS Fr - HOUSSE DE RACKET Fr LA FEMME Fr C2C Fr - GHOSTPOET Gb

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PERFUME GENIUS Us

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MARIEE SIOUX Us - MAÏA VIDAL Us 17.05

WOODKID Fr/Us - V.O. Be • Cirque Royal BAXTER DURY Gb GRIMES Ca PIERS FACCINI Gb/Fr

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LA GRANDE SOPHIE Fr - ANAÏS Fr - NADÉAH Fr • Cirque Royal ABSYNTHE MINDED Be REVOLVER Fr - EWERT AND THE TWO DRAGONS Ee ROVER Fr KING KRULE Gb ESMERINE Ca - MIREL WAGNER Fi

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GOOSE Be MOUSE ON MARS D CITIZENS! Gb

SISKIYOU Ca - SANDRO PERRI Ca 20.05 STAFF BENDA BILILI Rdc • Cirque Royal BLOOD RED SHOES Gb - SPECTOR Gb OXMO PUCCINO TRIO Fr : Oxmo Puccino: Voix / Vincent Segal:

21.05

Violoncelle / Edouard Ardan: Guitare

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Texte : Le Dark Chips Texte : Eric Therer

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin. Le pied à l’étrier, prêt à galoper et pourtant déjà freiné par une casserole. « Just arrived » disait la banderole. Une casserole, voire carrément la batterie de cuisine. Ping fait de manière syncopée le métal qui frappe le sol ou encore Luke Vibert quand Ninja Tune décide de ressortir des classiques perdus de l’âge de la Digital Audio Tape. ‘Back On Time’ cumule ainsi autant de retard qu’il eut d’avance sur son temps : 15 ans. Avis aux collectionneurs. Rappelons que seuls 10% des Bongo offerts sont utilisés. ★★★ Sous la bannière étoilée et légendaire de BBE, Johnny D, la tête à penser du label Henry Street compile et mixe une première édition de Disco Jamms où les hits new-disco se suivent sans vraiment se ressembler. 1. DJ débutant : vas-y, c’est facile, tout est déjà mixé. 2. DJ amateur : au pire si tu foires ton enchainement, tu laisses couler (voir 1.) 3. Dj Pro : tu t’en fous, t’as déjà toutes les plaques. ★★★ Avec un ‘Work’, The 2 Bears pourraient smatcher en radio. Une aubaine pour la paire de barbus mais une injustice pour les autres titres entêtants de ‘Be Strong’. Hot-Chip se fait dérober ici ses habitudes mélodiques et ses rythmiques fétiches par les poilus Raf Daddy et Joe Goddard. Au temps pour moi, ce dernier est le géniteur de ’Over and Over’. Cqfd ★★★ Du grenier à la cave ou le conte d’une descente instantanée. ‘Neon’ est la créature abyssale du copépode bicéphale J.R. Plankton. Voyage en 5 paliers de dé et re-compression.‘Sundance’ ne sera qu’un leurre, vous finirez au fond. Plat du jour ? Recette secrète du pâté de crabe. Yummy ! ★★★ VCMG pour Vince Clarke et Martin Gore. Ca tape sur le papier mais dans l’assiette, faudrait me nettoyer quelques nappes dégueulasses pour que cela m’excite vraiment. Envie de remettre la main sur mes vieux Dave Clark tout à coup. Et Dave Gahan de taper contre le mur de la chambre et de gueuler : « Bon, on peut bosser sérieusement maintenant bordel ? ». ★★★ Avant que je m’endorme pour une décade et des rawettes, paraissait le premier Dj-Kicks, sorte d’élite de la compil mixée. Une fois n’est pas coutume, ‘The exclusives’ rassemble des introuvables des DJs invités dans l’écurie !K7 ces 5 dernières années. Au final, j’en avais déjà entendu une partie et je me suis rendu compte que de très ronflants Four Tet, Apparat ou encore Kode9 pouvaient être d’un ennui mortel. ★★★ En cuisine, la déconstruction: décomposer un plat en techniques et produits pour modifier sa composition en jouant sur les textures, les temperatures... afin d’obtenir un goût sensiblement identique à la recette originale. En gros c’est le projet très audacieux de dénaturer un classique sans le trahir. En prose, ne pas y aller avec le dos de la cuillère : être rude, brutal, direct. Au final, Ninja Tune a muselé sa brigade de remixeurs et laissé au ‘Black Sands Remixed’ toutes les saveurs de l’original. Un Bonobo à leurs sauces, pourboire compris. ★★★ Mark E. Smith les avait pris, il avait tout compris. Mouse on Mars signe avec ‘Parastrophics’ un verset passionnant de la Bible électronica. L’ivresse sans déboutonner la chemise, le mal de mer sans vomir, l’extase sans s’intoxiquer, le talent de proposer ‘la musique concrète pour tous’ là où Matmos foutrait le tournis, et le culôt de concurrencer sans rougir le groove de Windowlicker à chaque plage! Et ce final… Z’avez déjà passé un oral après le premier de la classe? ★★★ Vous manquez de dessous de verres ? Fabric 62 mixé par DJ Sneak fera l’affaire (vendu par 6). ★★★ Malgré le manque de substance de sa compil Gunslingers And Greenhorns avec Steve Bug aux platines, le label house Poker Flat Recordings enthousiasmera peut-être les réguliers des soirées Libertine Supersport. Ah Bon ? Fini fini alors? ★★★ Mes accointances avec Gilles Peterson sont vouées à rester deux lignes parallèles. Lui et moi, on ne se comprend pas. Mais la crapule que je suis a parfois le cœur trop tendre et admettra que malgré un ventre mou, Brownswood étale dans le second volet de son catalogue quelques talents bien sentis, à l’image d’un Jack Dixon qui offre à cet ‘Electr*c2’ le petit coup de contraste qu’il lui fallait. ★★ ★ Là où WhoMadeWho manquera de mordant pour nous posséder totalement, le trio danois compensera avec des lignes mélodiques aussi fuyantes qu’aériennes. L’electro-punk est une école qui divise les gens et les genres, et nos intéressés font mine de peu s’en soucier, mais s’arrangent toujours pour récolter les meilleures notes de la classe. ★★★ Une pochette digne de Diana Krall pour l’album d’une artiste à la hauteur d’une Peaches, les poils en moins. Nina Kraviz emballe d’un coup de ‘Ghetto Kraviz’, un seul. C’est minimal, chirurgical et hypnotique, comme le regard de la productrice moskovite. Sur la pochette, tout l’inverse et on se met à imaginer les gars de Rekids, son label, lui dire pendant la séance photo : « Nina, sois plus chatte…. » ★★★ ‘Suol Mates’ ? Encore une compil à démolir ? Ah non, même pas. Fritz Kalkbrenner, le jeune frère de, a su tirer le meilleur du label berlinois Suol et rassembler dans un mix passionnant et cohérent les sons de J Dilla, RJD2 mais encore Tom Trago ou Motor City Drum Ensemble. Bitte. ★★★ A croire que Le Mur existe toujours à Berlin tant ‘Stabil Elite’ manque de cohérence et d’intérêt. Vous vous rappelez de l’école de l’electro-punk ? Et bien, Douze Pouze en squattent les places près du chauffage et inventent des jeux de mots à la con en attendant le cours de sport ! ★★★ ‘The Agony & The Ecstasy’, quand les brittons en font trop. Trop de dubstep, trop de drum and bass et surtout trop de voix dégoutantes. A l’agonie, j’implore les ecstasiés de High Contrast de tout arrêter! ★★★ Joe Boychuk est la première moitié de Tactile, mais incarne Hobo tout entier. ‘Iron Triangle’ est la première production à grande échelle du projet nomade sur Minus et dessine des cartes postales récoltées sur un réseau de trois locomotives parcourant le Canada et les Etats-Unis. Le roulis des wagons, les paysages qui défilent, les freins qui crissent sur le métal bouillant, tout y est. La quête du chemin de pèlerin sur lequel je me suis engagé m’est encore inconnue, mais certain qu’accompagné de ces 12 clichés sonores, sur la voie obscure de la house, je ferai bon voyage. ★★★ Toujours sur des rails, mais 20 milliers de beats sous les mers car l’essence de Voices From The Lake est organique. Ecouter le duo de producteurs italiens revient à s’immerger jusqu’à la suffocation, le repos éternel au fil de l’eau, de l’ambiance et de l’ambiant. Un album hypnotique et tentaculaire. ★★★ Une opération commerciale de taille aurait pu vous proposer pour la St-Valentin de partir avec un ‘A Broken Shape Of You’ à l’achat de trois paquets de café Carte Noire. Une plaque pour les amoureux par les amoureux ? Pour fêter l’arrivée du gamin, Public Lover fait fi de toute pudeur et nous crache à la tronche leurs sentiments amoureux. C’est le label Telegraph qui tient la caméra et nous livre en pature le bonheur dégoulinant du couple et duo Nina Leece et Bruno Pansato. C’est housy, jazzy, poppy, joli et je ne suis pas épris. Suis-je aigri? Tu sais ce qu’il te dit le Cassis ?

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire

descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Le son de la Saint-Valentin

© Phil Cavaleri Un jour vous renoncerez à la Saint-Valentin. Vous renoncerez à l’idée même de la Saint-Valentin. L’aparté dans un restaurant. Le tintement des coupes de champagne fraîchement remplies. Le froissement de l’emballage d’un bouquet de fleur embaumant l’air du vestibule. Un jour vous mépriserez le falbala, l’affabulation conjugale, les fables que le couple engendre. Un jour de février, vous endosserez votre pardessus et vous emprunterez une route de Hesbaye. Vous vous rendrez à Halle-Booienhoven, à la sortie de Saint-Trond, en direction de Tirlemont sur la Grote Steenweg. Vous vous repérerez par rapport au Colruyt qui se situe à quelques enjambées. Pour peu qu’il rouvre ses portes un jour, vous pénétrerez au Marcellino’s par le portail éclairé par un néon bleu. Le Marcellino’s n’est pas à proprement parler un dancing ou une discothèque mais ce que l’on nomme communément un ‘club d’échanges’. Si le rez-de-chaussée comporte une piste de danse, c’est avant tout pour le ‘spectacle’ de l’étage que l’on y vient. Ce sont essentiellement les femmes qui dansent. Certaines ne viennent d’ailleurs que pour danser ou pour s’exhiber ou les deux. Vous serez accueilli par Yolanda, une jeune réfugiée biélorusse qui vous indiquera les vestiaires et le petit casier métallique qui vous sera dévolu pour vous changer. Peut-être souhaiterez-vous garder vos chaussures, et pourquoi pas vos chaussettes ? Peut-être préfèrerez-vous la nudité intégrale ? En définitive, il n’est pas improbable que vous vous ralliez à la norme vestimentaire dominante, la parure de lingerie toc en synthétique. Il règne au Marcellino’s une atmosphère à la fois glauque et glamour. A l’étage, les senteurs de javel et de sperme se mêlent à l’air chargé de transpiration. Un couloir étroit dessert des alcôves et des chambres où se rencontrent des corps anonymes. On parle peu et on rit encore moins. Les interactions sociales semblent régies par un code de bonne conduite fait à la fois de gestes, de sourires et de quelques mots protocolaires vite prononcés, en néerlandais, français ou limbourgeois. La clientèle vient de loin pour y trouver un havre discret. Il n’est pas opportun de décrire ici le spectacle des corps entremêlés et des postures pittoresques qu’ils incitent. Restons un instant au bord de la piste de danse. Contemplons deux Allemandes qui dansent un slow ensemble. La plus grande, rousse et svelte, paraît envelopper l’autre, aux cheveux frisés et au poitrail chargé. Ses mains l’entourent avec beaucoup d’affection. Mais l’autre n’en a que faire. Elle feint de se dégager, comme si elle voulait respirer. Son visage est soudé par une incurable tristesse. Elle est visiblement lasse. Où rentreront-elles dormir ? Düsseldorf ? Dorfmunster ? Bonn ? Emprunteront-elles l’autoroute qui relie Hasselt à Aachen ? L’habitacle de leur voiture sera t-il embaumé de leurs parfums ? Qui préparera, demain, le petit déjeuner de l’autre ? Jambon ? Bretzels ? Cornflakes ? Un jour vous renoncerez à la Saint-Valentin. Vous vous débarrasserez de tous les oripeaux de l’obédience maritale, vous vous délesterez des apparences du sentiment amoureux. Il n’est pas impossible que vous saisissiez alors la résonance du vide. Celle que produit la vacance de l’amour ou de l’absence d’amour, c’est selon. Quel est le son de la SaintValentin ? Une ultime jérémiade de Whitney Houston ? Le smack d’un baiser collant ? Le gloussement béat d’une femme dont le doigt vient d’être nanti d’une bague ? A ce son hideux, vous préférerez peut-être celui de la succion réciproque des organes génitaux d’un amas de corps sans nom et sans visage. We live as we dream, alone.


DIAGRAMS

First A lb u m “ Bla c k L ig h t ” OU T NOW

D i a g ra m s m ay b e a n u n fa m i l i a r n a m e b u t t h e vo ice w i ll b e in st a n t ly re co g n i z a b le : t h i s i s t h e n ew p ro j e c t o f S a m G e n d e r s , fo r m e r co - f ro n t m a n a n d s o n g r w r ite r o f ex p e r i m e n t a l fo l k i e s Tu n n g ! LIV E | 07.03. 2 01 2 | A n c ie n n e B e lg iq u e “ Op B l a c k L i g ht b ui te l e n ve r kw i k ke nd e p op m e l od i e ë n, d a r te l e sy nt hp op, a fg e t ra i nd e f unkg roove s e n s p e e l s e e l e kt roni s c he tex t ure n ove r e l ka a r he e n a l s e e n ne st d i k ha r i g e p up s . Geva a r l i j k p l a at ” Foc u s K n a c k “ U n m a r i a g e he ure ux e nt re l a fol k b r i col é e e t l ’e l e c t roni c a p at ra q ue ( … ) D é couv rez D i a g ra m s , Vous ne s e rez p a s d é ç us .” * * * M ou st iq u e

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CRAIG FINN

SCHOOL OF SEVEN BELLS

Clear Heart Full Eyes

Ghostory

OUT NOW

OUT on Feb 27TH

22.03.2012 | AB Box

10.03.2012 | Ancienne Belgique

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HOODED FANG Tosta Mista OUT on March 12th


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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © a n n a b e l m e h ra n

Dans cette corne d’abondance 2.0 d’où déferlent à grands torrents des groupes que vous adulerez le lundi et conspuerez le samedi suivant, Warren Ellis est de ces personnalités rares qui, à travers toutes ses

incarnations (Bad Seeds, Grinderman, Dirty Three), continuent à compter, de ceux qui ont bâti une carrière suffisamment estimable, variée et excitante pour marquer les esprits et vous mettre à coup sûr le curseur sur le pôle positif.

Prolifique, l’homme l’est assurément mais après un long accouchement à l’ancienne, l’heure de ses retrouvailles avec le trio qui l’a positionné aux yeux de tous comme d’avantage qu’un exceptionnel sidekick buddy de Nick Cave a enfin sonné. Préparez-vous aux montagnes russes, ‘Toward the Low Sun’ va faire rougeoyer votre ciel, vous exalter aussi…

Cela fait longtemps que Mick Turner, Jim White et toi êtes un groupe, mais ça fait aussi un sacré bail que vous n’aviez plus sorti d’album ensemble, que vous ne vous étiez pas croisés. Warren Ellis : « Eh bien, nous restions en fait toujours en contact depuis le disque précédent, et nous avons malgré tout continué à pas mal tourner au Japon, aux Etats-Unis, en Australie. Nous avons aussi été tous les trois curateurs d’une édition d’All Tomorrow Parties en Angleterre en 2007. Je voyais de temps à autre Jim à Paris quand il venait jouer avec Bill Callahan, Bonnie Prince Billy ou Cat Power…on ne se perdait en tout cas pas de vue. » Quel fut le point de départ, l’impulsion pour mettre sur pied ‘Toward the Low Sun’ ? Warren Ellis : « On a tenté d’enregistrer cet album deux fois, mais on n’a pas vraiment eu de chance, à vrai dire. Comme on vit vraiment éloignés les uns des autres, on devait créer l’opportunité de le faire dans un laps de temps assez court, une semaine peut-être, et si ça ne marchait pas, on était repartis pour six mois avant de pouvoir à nouveau être réunis. Ca devient vraiment prégnant quand la sauce ne prend pas, on a tenté une session à Paris qui n’a pas marché. C’est parfois la vie qui vous rattrape. Heureusement que j’ai eu toutes ces choses sur lesquelles travailler entre cet album et le précédent de Dirty Three, les Bads Seeds, Grinderman et les bandes-sons, sinon je me serais senti vraiment frustré. J’ai pratiquement sorti un album par an, et Jim et Mick étaient aussi impliqués dans pas mal de projets. Sans doute que c’était l’instant de faire un break.»

Recouvrer la voix

Peut-être que vos nombreuses implications ailleurs ont permis de nourrir ce disque ? Warren Ellis : « Nous avons fait quelque chose comme sept disques jusque là, c’est le huitième. Parce que que nous n’étions que trois et qu’on n’a jamais élargi le groupe, on s’est rendu compte de nos limites assez vite. On savait qu’on reproduisait quelque chose déjà fait auparavant. Si tu as d’autres projets par ailleurs, ça t’aide juste à continuer à être en mouvement, en fait. J’ai sans doute pensé qu’on avait dit tout ce qu’on avait à dire, que peut-être on avait plus un autre disque à l’intérieur de nous, je me suis demandé si c’était la fin du groupe. J’ai constaté que dans les autres projets, je parvenais à écrire, mais qu’ici, ça ne fonctionnait plus. En y repensant, j’avais perdu le type de flux narratif instrumental propre au groupe. Jim et moi avions beaucoup fait de musique comportant des paroles, mais quelque part, nous avions perdu la voix de Dirty Three. Qu’est-ce qui a débloqué cette situation de cul-de-sac ? Warren Ellis : « Nous avons donné un concert au Japon, et c’était une très bonne performance, où on se nourrissait bien réciproquement. Nous avons joué de vieux morceaux, c’était très excitant, mais on ne pouvait s’empêcher de penser : « Pourquoi est-ce qu’on ne parvient pas à ça avec le nouvel album ? Qu’est-ce qu’on fait mal ?». On était tous frustrés de ce constat, on a commencé à en discuter et on a réalisé qu’on devait tenter de retrouver en studio l’énergie qu’on avait sur scène et utiliser cette approche dans nos idées de composition, rester très connectés. Le tout premier morceau sur l’album est le tout premier que nous avons enregistré. » ‘Furnace Skies’ est sans doute aussi le morceau le plus tempétueux de l’album, c’est une bonne entrée en matière…c’est presque une lutte épique, comme celle de votre pochette ! Warren Ellis : « Oui ! C’était la première prise. En 1996, avec ‘Horses Stories’ nous avions constaté qu’on pouvait écrire des morceaux pop facilement et c’était assez triste au point de vue des mélodies, et nous ne voulions pourtant plus faire ce genre de morceaux, quand certains nous venaient, on les mettait aussitôt sur le côté. Nous n’avons jamais cherché à faire de la musique mélancolique de façon délibérée, on voulait que ça soit organique, naturel, rien de forcé. » Cet album-ci ne comporte que 9 morceaux, contre 19 sur le précédent... Warren Ellis : « Sur cet album-ci, on a cherché à raccourcir le format… Dans les disques précédents, c’était plus du genre 10 morceaux, avec 6 minutes de longueur moyenne. Je pense que nous avons décidé de laisser celui-ci prendre forme. Nous avions enregistré pendant environ 5 jours et après quelques mois, nous avons ressenti que nous avions quelque chose, et nous l’avons achevé.». Dans ‘Toward the Low Sun’ on chemine finalement sur un sentier entre ces passages plus houleux, comme ‘Furnace Skies’ ou ‘This was was’ et des moments presque d’illumination, des soupirs de soulagement comme ‘Sometimes I Forget You’ve Gone’… Warren Ellis : « C’était le second morceau que nous avons enregistré aussi. Nous avions besoin

que les choses soient considérées sous un nouvel angle. Mick, notre guitariste, en arrivait à se dire : « Je ne comprends pas vraiment ce type de musique, vers où nous allons ». Ca n’était pas familier. C’était une bonne chose.» Tu dis que vous souhaitez parvenir à un résultat organique, c’est aussi l’impression qu’on a quand on s’intéresse à votre démarche scénique. Je vous ai vus jouer il y a dix ans, au Dour Festival, c’était très impressionnant, tu jouais du violon dos au public et malgré ça l’émotion passait incroyablement… Est-ce que tu penses que la musique doit être théâtralisée pour provoquer un impact encore plus grand sur l’auditeur ? Warren Ellis : « J’adore la scène, tu sais. C’est ce que je préfère. J’adore les Stooges à cause d’Iggy Pop, c’est un grand performer, Alan Vega (Suicide) aussi. Tu dois montrer que tu y crois, que c’était ce que tu étais destiné à faire. Angus d’AC/DC est fantastique pour ça aussi. » Trop de va-et-vient extatiques, de mouvements, ça ne détourne pas l’attention du spectateur de la musique, selon toi ? Pendant vos concerts, on se sent dans une sorte de cercle intime, une bulle, avec de l’énergie très concentrée, parce que vous êtes trois… Warren Ellis : « On se place toujours de cette façon, je me mets face au groupe pour faire connexion, pour voir ce qui est en train de se passer mais on crée du lien. Je n’ai jamais vraiment su m’intéresser à ces groupes qui sont juste là plantés sur leurs pieds, trop froids pour oser faire quoique ce soit. » La shoegazing attitude, tu veux dire ? Warren Ellis : « Je ne viens pas du tout de ce contexte-là. J’aime que les gens soient vraiment engagés dans ce qu’ils regardent. C’est une question d’intention, en fait, tu n’as pas besoin de sauter partout, mais j’aime ressentir que ces types qui sont sur scène y sont vraiment, j’apprécie ces moments-là. » Votre attitude sur scène me semble en tout cas en accord avec votre musique, il y a des pans dans l’univers de Dirty Three qui sont presque mystiques, non ? Warren Ellis : « C’est un certain sens du drama qu’on cultive. La dynamique d’un show est très prononcée, construite, depuis les passages très calmes jusqu’aux passages très denses. C’est un aspect bien plus intense que sur disque, oui. C’est d’ailleurs assez difficile de capturer ce flux particulier en studio. » À quels groupes de la scène actuelle te sens-tu connecté (excepté bien sûr ceux avec lesquels tu joues déjà) ?Parce que si on fait un énorme raccourci, on pourrait dire que Dirty Three est à mi-chemin entre la scène Constellation née à la fin des années 90 et la scène néo-classique (The Rachel’s, Nils Frahm), toutes les deux essentiellement instrumentales… Warren Ellis : « Constellation, le label canadien ? Silver Mount Zion ? En fait, je les aime beaucoup, c’est un bon groupe, j’aime leur attitude même si musicalement, je nous trouve très différents. Mais je considère cela dit qu’on a beaucoup plus en commun que d’autres groupes considérés comme post-rock, comme Tortoise, je ne me sens pas du tout en connexion avec ces gens-là. » Je l’ignorais, mais vous avez fait un split-cd avec Josh T. Pearson, par exemple… Il a pour l’instant son « quart d’heure de gloire », son nouvel album est très estimé dans une certaine presse (Pitchfork, notamment)… Warren Ellis :« Ah bon ? Effectivement, on a tourné avec lui. Cela dit, je ne le considère pas comme de la scène actuelle, il est là depuis un certain temps déjà. » « Scène actuelle », mon terme était peut-être un peu réducteur… Warren Ellis : « Dans ce cas, j’aime beaucoup aimé ‘Apocalypse’, dernier album de Bill Callahan, et aussi ‘I’m new here’,’album que Gil-Scott Heron a fait avant de mourir, vraiment formidable. Je suis certain qu’il y a de nouveaux groupes prometteurs chaque jour, finalement. C’est difficile de rester au fait de ce qui se passe. En fait, je n’ai simplement absolument pas le temps.» Un disque : ‘Toward The Low Sun ‘ (Drag City/V2). Suivez le guide : http://anchorandhope.com/

on stage 06/06/2012 - Ancienne Belgique - Bruxelles


17.05 I HAUSCHKA + JÓHANN JÓHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN

130701 TRANSCENDENTALISTS EUROPEAN TOUR 2012

31.05 I A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN CHAMBER ORCHESTRA + NILS FRAHM

01.03 I CITIZEN COPE 01.03 I KATHLEEN EDWARDS + HANNAH GEORGAS 02.03 I STUCK IN THE SOUND 04.03 I ZITA SWOON GROUP ‘WAIT FOR ME’ 06.03 I MINNEAPOLIS, MON AMOUR: THE JAYHAWKS + CHUCK PROPHET solo 06.03 I LIANNE LA HAVAS 07.03 I EXAMPLE 07.03 I DIAGRAMS (EX-TUNNG) + YETI LANE 09.03 I TEEBS + SAMIYAM + LAPALUX - BRAINFEEDER NIGHT 10.03 I THE SCENE 11.03 I RAPHAEL SAADIQ 11.03 I ED SHEERAN + PASSENGER + NINA NESBIT 13.03 I JOANNA NEWSOM 14.03 I WILLOW + YOUNG COLOUR 15+16.03 I REWIND: WIM MERTENS PLAYS ‘STRUGGLE FOR PLEASURE’ 17.03 I ANBB: ALVA NOTO & BLIXA BARGELD 18.03 I THE WATERBOYS AN APPOINTMENT WITH YEATS & THE WATERBOYS 19.03 I LAURA MARLING + PETE ROE 19.03 I VERONICA FALLS + GRINGO STAR 20.03 I LONELY DRIFTER KAREN 21.03 I ‘T HOF VAN COMMERCE + FCKABUL 21.03 I GRAVEYARD + HORISONT 22.03 I THE FELICE BROTHERS + CRAIG FINN 22.03 I COCA COLA SESSIONS: THE ME IN YOU + MAD ABOUT MOUNTAINS 23.03 I KORN + DOWNLINK + J DEVIL (JONATHAN DAVIS DJ-SET) 24.03 I ALEX WINSTON 25.03 I FINALE HUMO’S ROCK RALLY 2012 27.03 I THE CIVIL WARS + MATTHEW AND THE ATLAS 28.03 I THE JEZABELS 29.03 I ISBELLS + RENÉE 30.03 I THE SUBS PRESENT BITCVLTVRE: VILLA + ARNAUD REBOTINI + TAI + MIXHELL + HAMMERANG + PARTYHARDERS

30.03 I BABA ZULA 31.03 I POKEY LAFARGE AND THE SOUTH CITY THREE 01.04 I WALLIS BIRD + AIDAN 02.04 I A NIGHT WITH… PRIMUS 02.04 I ANIMALS AS LEADERS 03.04 I THERAPY? 03.04 I THE STRANGE BOYS + JACUZZI BOYS 04.04 I OM 06.04 I ANGELS & AIRWAVES + LE BLORR 07.04 I JOSÉ JAMES - YESTERDAY I HAD THE BLUES: THE MUSIC OF BILLIE HOLIDAY 09.04 I RIVAL SONS 10.04 I IMANY 10.04 I BLACK BOX REVELATION 11.04 I BLACK BOX REVELATION 11.04 I MICHAEL HURLEY + PAPER WINGS + SCREENING OF ‘SNOCK ‘N ROLL: ADVENTURES WITH MICHAEL HURLEY’


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Texte : Nicolas Alsteen © christophe agou

Avant-gardiste et nocturne, la musique des Tindersticks s’est révélée au grand jour pour tirer la pop vers le haut. L’enrichir de tribulations jazz, de micro-secousses électroniques et d’une classe rock’n’roll infinie. Revenu

d’une époque (les années 1990), ressuscité, le groupe de Nottingham a su se réinventer en touchant à l’essence même de sa musique. Après les excellents ‘The Hungry Saw’ (2008) et ‘Falling Down A Mountain’ (2012), la voix de crooner de Stuart A.

Staples (c)hante ‘The Something Rain’ et referme un somptueux triptyque. Si la pluie tombe, le charme ne ruisselle jamais. Le rock racé et élégant des Tindersticks a toute la vie devant lui. Le nouvel album débute par un spoken word intitulé ‘Chocolate’. Pourquoi avoir choisi de l’ouvrir sur un morceau aussi « casse-gueule » ? Stuart A. Staples : « On n’était pas certain de commencer sur un morceau comme celui-là. Il découle d’une succession d’essais. Certaines chansons nous semblaient redondantes. Et on ne voulait surtout pas tomber dans la redite. Au moment de choisir l’ordre des chansons du nouvel album, ‘Chocolate’ nous est apparu comme une évidence : c’était une excellente façon d’attaquer le disque. Ce morceau ouvre plusieurs portes et, dans un même temps, il lève une partie du voile. A partir de là, on peut sentir l’atmosphère générale du disque. Ça peut sembler aventureux d’ouvrir avec un spoken word, mais on ne l’a pas fait pour ça. Juste pour la forme et l’esthétique de l’album. C’est David Boulter (musicien et cofondateur du groupe, ndr) qui a écrit cette chanson… »

Singin’ in the Rain Aujourd’hui, donner une place importante à tes musiciens dans le processus créatif, c’est fondamental ? Stuart A. Staples : « Je n’envisage pas les choses sous cet angle. Quand on commence à travailler sur un album, on s’implique tous dans le projet : on forme un groupe où chacun joue son rôle. A partir de là, il est idiot d’aller à l’encontre des bonnes idées. Car elles viennent du groupe. Je suis l’instigateur des Tindersticks, j’ai le dernier mot sur toutes nos productions. Mais je me vois davantage comme le garant d’une démocratie. La musique est excitante quand l’auditeur peut ressentir l’excitation des musiciens. Si tout le monde n’est pas concentré à 100 % sur son sujet, la magie ne peut pas opérer. Pour moi, travailler sur un album implique une interaction de tous les instants. Le soir, quand je terminais de mixer les chansons, j’envoyais le résultat de mon travail aux autres. Tenir compte de leurs remarques et suggestions, c’était une évidence, une question de confiance. Et ça va clairement dans les deux sens. » Avant de sortir ce nouvel album, vous avez publié ‘A Collection of Claire Denis Film Scores’. Votre collaboration avec la réalisatrice française dure aujourd’hui depuis un moment… Stuart A. Staples : « Je pense être en mesure de composer des musiques de film pour d’autres réalisateurs à deux conditions. D’une part, l’idée initiale doit être passionante. D’autre part, on doit pouvoir travailler en suivant nos intuitions, nos sensibilités. Claire Denis remplit à chaque fois ces deux critères. Elle nous laisse toujours carte blanche. Elle ne nous impose rien. Elle nous explique le film, et toutes les idées qui s’agitent en filigrane. Elle vulgarise son scénario, nous situe dans l’espace et dans le temps. Avec elle, tout commence systématiquement par une longue conversation. C’est quelque chose de réel, de très vivant. Elle nous fait confiance et nous laisse apporter des idées. Cela explique la pérennité de notre collaboration. Je ne crois pas que ce mode de fonctionnement soit très répandu dans le milieu. C’est une chance de bosser avec Claire Denis. » Votre façon d’appréhender la conception d’un album des Tindersticks a-t-elle évolué à l’aune de cette collaboration ? Stuart A. Staples : « Sans aucun doute. Travailler sur une image, ça t’amène à penser la musique différemment. Ça implique une ouverture d’esprit. Et, fondamentalement, bosser avec d’autres personnes, c’est toujours une expérience enrichissante. En cela, Claire Denis a aidé les Tindersticks à progresser. Sur le nouvel album, des chansons comme ‘Medicine’ ou ‘Frozen’, par exemple, explorent des pistes cinématographiques. » Si le nouvel album a les idées larges, il se structure autour de sonorités assez intimistes. Comment l’expliquez-vous ? Stuart A. Staples : « C’est la première fois que je refuse d’impliquer des personnes extérieures dans la production d’un album. Cette fois, je voulais être mon propre juge. On a enregistré l’album ensemble, mais j’ai appréhendé chaque son de façon singulière. A la fin de l’enregistrement du disque, on était juste cinq musiciens dans la même pièce. Il n’y avait plus d’intermédiaire entre les Tindersticks et leur musique. Je pense que cette façon de travailler a eu des répercussions sur les arrangements de l’album qui, effectivement, me semble plus personnel. »

L’album a été enregistré en France, dans ton studio (Le Chien Chanceux). Comment as-tu décidé, un beau jour, d’aller t’installer dans le département de la Creuse ? Stuart A. Staples : « J’avais besoin d’espace. A Londres, je commençais à suffoquer. Ma femme est peintre. Du coup, en Angleterre, notre maison était coupée en deux. D’un côté mon studio, de l’autre son atelier. Les enfants ont grandi et l’espace s’est encore restreint. Quand j’ai achevé l’enregistrement de mon second album solo, je savais que ce serait ma dernière trace discographique sur le sol britannique. J’avais besoin de changement. Je recherchais des grands volumes pour satisfaire mes besoins et ceux de mon épouse. Je ne connaissais pas bien la France. Et puis, un jour, on est tombé sur cette maison par le plus grand des hasards… » Est-ce que l’Angleterre te manque ? Stuart A. Staples : « Non, pas vraiment. Ce qui me manque le plus, ce sont des petits instants. Comme quand les gens venaient frapper à ma vitre à l’heure du thé. C’est typiquement britannique, ça. Et puis, des bêtises, comme les petites séances de courtoisie dans les magasins… » Peut-on retrouver une certaine forme de nostalgie à l’égard de cette Angleterre dans les nouvelles chansons des Tindersticks ? Stuart A. Staples : « La seule chanson qui traîne cette nostalgie, c’est ‘Chocolate’. David Boulter décrit de nombreux endroits dans ce morceau. Ils se situent tous dans le Nottingham du début des années 1980. Je me reconnais dans chaque coin de cette chanson. Je connais tous les clubs et les bars évoqués officieusement dans ce morceau. Ça me rappelle toutes les connaissances et les bons amis qu’on a perdus de vue sans aucune raison valable… » Après un break, les Tindersticks sont réellement revenus aux affaires en 2006. Dans votre cas, on peut clairement parler de retour en forme. Aujourd’hui, nous sommes en 2012, vous sortez l’impeccable ‘The Something Rain’. Êtes-vous encore dans une période de reconstruction ? Stuart A. Staples : « Aujourd’hui, je vais dire « non ». Mais il y a un an, j’aurais dit « oui ». Avant d’attaquer l’enregistrement de ‘The Hungry Saw’, par exemple, je n’étais sûr de rien. C’était en 2007. Je disais aux autres de passer un week-end à la maison juste « pour voir ». Tout se passait pour un mieux… Alors, on prévoyait de se revoir un autre week-end. A l’époque, notre situation était encore inconfortable : on avait un pied coincé dans le passé, l’autre dans le présent. C’était inconscient, mais je suis certain qu’on cherchait à se détacher d’une époque. Avec ce nouvel album, la question ne s’est absolument pas posée. On est sûr de notre coup. On forme un groupe, on est soudé. On avance en bloc et, surtout, on sait que le passé n’a aucune incidence sur notre façon d’appréhender la musique. Je n’aime pas utiliser le terme « renaissance ». Pour moi, le retour des Tindersticks, c’est comme une seconde chance. On a appris énormément de toutes les choses qu’on avait abordées de façon maladroite… Mais le mieux avec cette seconde chance, c’est que notre motivation est intacte. Notre envie de faire de la musique est exactement la même qu’il y a vingt ans. » Pouvez-vous nous éclairer sur le titre du nouvel album. Quelle est la signification de ‘The Something Rain’ ? Stuart A. Staples : « Il y a de ça quelques années, David (Boulter) était en train de jouer un morceau instrumental. C’était magnifique. On était tous d’accord là-dessus. Quand on lui a demandé comment s’intitulait le morceau, il a répondu ‘Summat Moon’. A Nottingham, « Summat » est un mot d’argot qui signifie « Something » (« Quelque chose »). J’ai l’impression que plus le temps passe, plus on est défini par les épisodes du passé, l’expérience éprouvée au cours des années. ‘The Something Rain’, c’est un clin d’œil à tout ce temps passé ensemble. On était ensemble quand on a découvert Joy Division. Ensemble quand on a pris conscience que, nous aussi, on pouvait monter un groupe. Depuis tout ce temps, David, Neil et moi défendons un certain type de musique. Pas quelque chose de forcément évident. Mais c’est une musique qui nous ressemble. » Un disque : ‘The Something Rain’ (V2) Suivez le guide : www.tindersticks.co.uk


T e x t e : N i c o l a s A l s t e e n

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Pas assez beau, trop joufflu, l’homme au visage poupon a tout entendu : les sirènes du succès et les critiques acérées. Contre vents et marées, sa voix s’élève au-dessus des souvenirs, au cœur d’un triangle d’or dont les

angles appartiennent aux figures sacrées de Nick Drake, Neil Young et Elliott Smith. Damien Jurado chante son temps avec la modestie d’antan. A l’heure de la sortie de son dixième album, l’artiste ne cherche plus à plaire ou à trouver des points de repère. Il trace sa voie, s’invente son propre monde (‘Maraqopa’). Bienvenue sur la route en compagnie de ce pèlerin de l’Amérique moderne. Le plus gros quotidien généraliste de Seattle (« The Seattle Times ») t’a récemment consacré un article dans lequel il te présente comme le « Seattle’s folk-boom Godfather ». Cette figure de parrain, tu l’assumes ? Damien Jurado : « C’est un honneur d’être perçu de la sorte. Mais l’histoire de la ville est longue. C’est difficile de dénombrer avec exactitude les musiciens influents qui ont vécu à Seattle. On peut franchement ergoter sur ce statut de parrain du folk… En attendant, c’est assez valorisant. » Sauf qu’à l’écoute de ton nouvel album, on sort tranquillement du bois. La vision romantique du chanteur folk s’applique assez mal aux chansons de ‘Maraqopa’… Damien Jurado : « C’est vrai. Et, pour être franc, la notion de singer-songwriter me répugne. Je préfère être perçu comme un musicien ou comme un interprète. Avec cette étiquette de « singer-songwriter » sur le dos, j’ai l’impression d’avoir vécu des années enfermé dans une boîte. Tu deviens le prisonnier d’un concept réducteur. Moi, je ne veux plus jamais vivre dans cette prison. »

Sur la route

Plusieurs artistes ont réagi sur leur compte Twitter après avoir écouté ton nouvel album. On pointera notamment les réactions enthousiastes de Megafaun (« Ton nouveau single est le meilleur truc entendu depuis des plombes. ») ou de Robin Pecknold, le leader des Fleet Foxes (« Se souvenir de l’époque où les disques étaient parsemés de chansons incroyables, mixées avec les boules et les basses. Écoutez ‘Maraqopa’ ! »). Quelle est ta réaction à la lecture de tels commentaires ? Damien Jurado : « C’est assez touchant, surtout venant de la part de ces musiciens. J’aime vraiment la musique de ces deux groupes. Visiblement, mes chansons ont eu une influence sur eux. Mais je pense qu’il ne faut jamais fermer les portes au temps présent. Pour ça, je prends aussi leur musique comme une source d’inspiration… » A l’écoute de tes anciens morceaux, on ne peut s’empêcher de penser qu’un groupe comme Fleet Foxes t’a quand même chipé quelques idées. Quand on voit le succès qu’il rencontre aujourd’hui sur la scène internationale, tu n’éprouves aucun regret ? Ce n’est pas frustrant ? Damien Jurado : « Ma réponse va être sans équivoque. Et qu’elle vise Justin Vernon (Bon Iver) ou Robin Pecknold (Fleet Foxes), ils le savent : ils ont tout mon amour et mon respect. Mais voilà, j’ai bien plus de chance qu’eux ! Je ne dois pas gérer une audience de groupies. Je ne suis pas obligé de tourner. Je peux rester tranquillement à la maison ou prendre ma voiture et partir jouer quelques concerts. Je ne suis pas obligé de dormir le nez collé au plafond d’un tour bus. Moi, je ne veux pas de cette vie. Je ne veux pas jouer dans des stades. Je préfère jouer dans des salles à taille humaine. Et là, faudrait surtout pas penser que c’est le frustré de service qui cause. Sincèrement, je suis quelqu’un d’épanoui : heureux dans mon couple et financièrement stable. Je mange à ma faim, je peux me payer une maison, m’occuper de mon fils, partir en tournée avec mon épouse. Que demander de plus ? Après, il convient de souligner la force d’esprit et la grande intelligence de musiciens comme Sufjan Stevens, Justin Vernon, Joanna Newsom ou Robin Pecknold. Ces gens gèrent parfaitement leur carrière, sont capables de refuser des cachets insensés et d’aller à l’encontre des caprices de magnats de l’industrie du disque. A leur niveau, savoir dire « non », ça fait toute la différence. » Au début de ta carrière, tu as lancé ton propre label, Casa Recordings. Par la suite, tu as été signé et pris en charge par de grosses structures alternatives (Sub Pop, Secretly Canadian). Actuellement, tu vis de l’intérieur les chamboulements de l’industrie du disque. Penses-tu que les artistes ont encore besoin d’un label pour exister ? Damien Jurado : « Difficile à dire. Je pense que l’émergence d’Internet nous place dans une position beaucoup plus confortable qu’auparavant. Aujourd’hui, le web me simplifie la vie. De plus en plus de gens découvrent ma musique. Il y a une époque, pas si lointaine, où j’étais fermement opposé aux fuites sur la toile, je devenais fou de rage. Désormais, ma position est différente : j’ai mûri. Maintenant, quand un album filtre, je suis presque enchanté. Là, ‘Maraqopa’ s’est retrouvé je-ne-sais-comment sur la toile. C’est plutôt cool :

les gens sont en train d’assurer la promotion de mon disque et moi, je n’ai (presque plus) rien à faire. Ils s’échangent les fichiers et partagent leur passion. C’est là que ça devient intéressant. Car les gens qui aiment la musique continuent d’acheter les objets. Quand ils l’apprécient, ils foncent se procurer sa version vinyle. Si tes chansons sont bonnes, tu te retrouves dans une position plus confortable que jamais. Ton audience est démultipliée. Après, financièrement, je ne sais pas... Il faudra analyser à l’autopsie. » Pour enregistrer ‘Maraqopa’, tu as collaboré avec Richard Swift. C’est avant tout un musicien, pas un producteur attitré. Est-ce plus simple de travailler avec un autre artiste que de recourir aux services d’un vrai producteur ? Damien Jurado : « D’abord, c’est certain : mon choix s’est porté sur Richard Swift car il est musicien. Les gros labels, les désirs déphasés de directeurs artistiques tarés, tout ça, il a donné. Je m’entends bien avec Richard. C’est un esprit créatif. Il ne répond pas aux traditionnels clichés associés aux rats de studio. Je déteste les producteurs. Ils me donnent envie de gerber. Bosser avec un gars comme Richard Swift, c’est comme réaliser un rêve. Lui et moi partageons de nombreux points communs : une esthétique, une approche du son, une passion pour les disques. Nous sommes deux pères de famille conscients des dérives et des chamboulements qui agitent la sphère musicale. Enfin, c’est important : Richard a des opinions. Il n’est pas fourbe. » Sans vouloir te jeter des fleurs, ‘Maraqopa’ est une belle réussite. Sans se mouiller, on décèle déjà trois tubes potentiels (‘Working Titles’, ‘Museum of Flight’ et l’éponyme ‘Maraqopa’). Tu t’attends à décrocher de bonnes réactions dans la presse ? Damien Jurado : « Je ne m’en inquiète absolument plus. Il y a une époque où j’étais vraiment contrarié par les chroniques négatives ou mitigées. Désormais, je suis audessus de ça. Je m’en tape complètement… Je crois sincèrement que j’ai enregistré mes premiers albums à l’attention des critiques. C’était peut-être inconscient, mais c’était une connerie monumentale. Je devenais dingue, je n’étais pas moi-même. Je ne sais pas trop ce que je branlais. Désormais, j’enregistre les disques que j’ai envie de faire. Sans me poser de questions. J’essaie simplement d’être quelqu’un de bien et de rester intègre. » Les sessions d’enregistrement du nouvel album se sont déroulées dans la même optique qu’un concert : toutes les prises sont « live ». Tu voulais travailler de la sorte ? Damien Jurado : « Avant de m’attaquer à l’enregistrement de ce nouvel album, j’ai beaucoup écouté Bob Dylan, surtout ‘Highway 61 Revisited’. Un jour, Richard Swift débarque chez moi et me demande : « Tu sais pourquoi cet album est si cool ? » Et il commence à m’expliquer que toutes les prises studio de ce disque sont « live ». Pas de triche. C’est juste l’homme et sa musique. Richard Swift a alors posé une chaise au sol et installé quelques micros autour de ses quatre pieds. Il m’a demandé de jouer comme si j’étais en concert, seul face au public. Au final, c’est la meilleure approche possible. Car quand tu joues ta musique devant les gens, tu n’as pas droit à l’erreur. Tu ne peux pas te planter, t’excuser cinq fois et recommencer. Tout doit sonner parfaitement du premier coup. C’est ça, le truc. » L’album s’intitule donc ‘Maraqopa’. C’est quoi ? Damien Jurado : « C’est une fiction, un lieu qui n’existe pas. Notre monde réel est un peu trop terne pour s’y complaire. Sur notre planète, les gens parlent de catastrophes, du diable et des ténèbres. A ‘Maraqopa’, il n’y a rien de tout ça. C’est un paradis, un jardin d’Eden. C’est une utopie, un idéal inaccessible : l’endroit idéal pour vivre en paix. » Sur ce nouvel album, on trouve une chanson intitulée ‘Life away from the garden’. Tu y parles de l’enfance, des rêves qui s’envolent et de l’innocence qui s’effiloche. Es-tu nostalgique de cette époque ? Damien Jurado : « Mon enfance n’a pas été de tout repos. La plupart des gens vivent et grandissent dans une même ville, parfois sous un même toit. Pour des raisons professionnelles, ma famille déménageait tous les six mois. Dans le meilleur des cas, tous les deux ans. J’ai détesté cette période de ma vie. Quand tu es gosse, tu aspires d’abord à la stabilité. Pourquoi s’investir dans des relations qui n’aboutissent à rien ? Enfant, ma règle était simple : ne pas perdre une minute à essayer de tisser des liens avec de nouveaux copains. Dès que j’approchais quelqu’un et qu’un semblant de relation prenait forme, je devais quitter la ville pour partir m’installer à des milliers de kilomètres… Par la force des choses, j’ai été un enfant solitaire. » Sur ‘Maraqopa’, on trouve un morceau intitulé ‘So On, Nevada’. Une fois encore, tu écris une chanson sur ton pays. Si on reprend l’intégralité de ta discographie, on rencontre de nombreux morceaux dédiés aux lieux mythiques de l’Amérique (Kansas City, Omaha, Arkansas, Denton, etc.). Peut-on te percevoir comme une sorte d’historien ou de cartographe de la nation ? Damien Jurado : « Pour moi, la quintessence de cette figure américaine reste Jack Kerouac. Cet écrivain a emprunté les routes et symbolisé la possibilité du rêve américain. Il aimait son pays comme personne. A travers mes innombrables allées et venues sur le territoire et ma passion pour les U.S.A, je me reconnais à travers l’œuvre de Kerouac. On peut me voir comme un de ses disciples. J’adore les Etats-Unis. Je porte le pays dans mon cœur. En même temps, je suis son premier détracteur… Comment expliquer ça ? Quand j’étais enfant, il ne fallait surtout pas emmerder mon petit frère. Sinon, je venais te botter le cul. Mais si mon frangin jouait au con, j’étais le premier à lui tomber dessus. C’est exactement ce que je ressens à l’égard des Etats-Unis ! Après, il ne faut pas perdre de vue la réalité. C’est un pays en déclin. Le rêve américain est terminé. Jack Kerouac est mort, James Dean et Elvis aussi. Du coup, les U.S.A. deviennent le meilleur sujet pour mes chansons. C’est un prétexte romantique : un grand mélange de tristesse et d’amour, de fierté et de haine, de nostalgie et d’espoir. » Un disque : ‘Maraqopa’ (Secretly Canadian/Konkurrent) Suivez le guide : www.damienjurado.com


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Texte : eric therer © arien christiaens

Kiss The Anus Of A Black Cat. Vous conviendrez que le nom n’est pas des plus ragoûtants. Au point d’avoir été choisi pour figurer dans le top 10 des noms les plus absurdes de tous les temps par le magazine The Wire ! Du chat, de sa noirceur, de la magie, il est question en filigrane dans la musique que concocte dans un grand chaudron Stef Heeren depuis 2005. A l’origine un folk noir intimiste et fragile empli de drones, elle s’est enrichie

et fortifiée, notamment avec l’apparition d’un clavier. Petite lecture du grimoire à l’occasion de la parution de ‘Weltuntergangsstimmung’, son déjà cinquième album.

Un chat mal léché Stef Heeren : « Ma musique n’a jamais été une musique destinée au grand public et elle n’est pas radiophonique par nature. J’ai dû gravir les échelons petit à petit pour la faire connaître. Chaque disque a été une lutte pour tenter d’obtenir des concerts, un peu de couverture médiatique. Après cinq disques, je mesure le chemin accompli. Kiss The Anus Of A Black Cat est un nom qui n’est plus tout à fait inconnu en Belgique, mais davantage en Flandre et ailleurs qu’en Wallonie. Hormis à Namur et à Liège, à La Zone, je n’y ai jamais joué… » Abandonnes-tu définitivement ton nom d’artiste au profit de ses initiales ? Stef : « Ce n’est pas l’intention première mais il est un fait que le nom Kiss The Anus Of A Black Cat est long à prononcer. Paradoxalement, les seules initiales brouillent encore plus les pistes. C’est pour cela qu’on a dû rajouter un autocollant sur la pochette du disque mentionnant qu’il s’agissait bien de Kiss the Anus Of A Black Cat ! En fait, le changement de nom veut d’abord refléter le changement de style et de son qui est intervenu par rapport à mon travail antérieur. » D’où viens ce nom bizarre ? Stef : « J’avais lu une nouvelle dont l’histoire se déroule au Moyen Age, au 14ème siècle, à l’époque où les Templiers gagnent du terrain. L’Eglise à dû trouver toutes sortes de mécanismes pour contrer leur pouvoir, dont des procès de principe à leur encontre. Il se fait qu’au cours d’un de ces procès, il leur était fait grief d’avoir pratiqué la magie noire. L’un d’entre eux était accusé d’avoir embrassé l’anus d’un chat noir, ce qui revenait à cette époque à glorifier la magie noire, et donc d’être hérétique. » Pendant plusieurs années c’est le label Kraak qui t’a hébergé et qui t’a poussé. Que retiens-tu de cette collaboration ? Stef : « Kraak fait un bon travail dans le domaine qui est le sien. C’est un label avec une petite structure mais avec une vraie dimension internationale, une vraie ouverture vers le monde. J’ai véritablement bénéficié de leur travail. Quand j’ai été accueilli par Zeal l’année dernière, Geert, le boss de ce label qui est davantage axé sur le Benelux, m’a dit que c’était la première fois qu’il avait reçu des commandes pour mes disques provenant d’endroits aussi lointains comme la Norvège, le Japon ou les EtatsUnis. Ces clients-là m’ont connu du temps de Kraak et ils continuent à me suivre. » Pourquoi avoir choisi ce titre à coucher dehors pour ton dernier album ? Stef : « J’adore la langue allemande. Ce titre en allemand, réduit à un seul mot, renferme en réalité beaucoup d’idées politiques ou philosophiques. La langue allemande permet des constructions sémantiques étonnantes que ne restitue qu’imparfaitement la traduction en anglais ou en français. S’il fallait traduire

ce mot en français, cela donnerait quelque chose comme « une humeur apocalyptique », ce qui en soi ne signifie pas vraiment quelque chose. J’ai choisi le terme ‘Weltuntergangsstimmung’ car pour moi il fait écho à des événements politiques récents, comme le mouvement ‘Occupy Wall Street’. Idéologiquement, je m’inscris tout à fait dans cette lutte. Une lutte contre l’hégémonie du financier au détriment des rapports humains. C’est en quelque sorte ma vue du monde. » Est-ce à dire que tu affectionnes les philosophes allemands contemporains engagés comme Adorno ? Stef : « Pour être franc, je ne suis pas un grand lecteur et je ne suis pas particulièrement versé dans la philosophie. Je me suis contenté d’apprendre les classiques à l’école ! » Sur ton nouvel album, on découvre, plutôt avec étonnement, la présence d’An Pierlé. Qui aurait pu penser, en écoutant tes premiers disques, que tu collaborerais un jour avec elle ? Vos mondes semblent tellement éloignés. Stef : « En fait, cette collaboration a débuté sur ‘Hewers of wood and drawers of water’, l’album précédent, où An apparaît pour quelques backing vocals. Il faut savoir que son compagnon n’est autre que Koen Gisen, son producteur attitré qui est aussi celui qui a produit mes deux derniers disques. An et Koen vivent ensemble, juste en dessous du studio de Koen. J’ai un peu triché. A l’enregistrement, quand j’ai eu besoin d’une deuxième voix, il m’a suffit de descendre les escaliers pour appeler An à la rescousse ! Elle s’est chaque fois pliée à l’exercice avec plaisir. Après deux ans, on est devenus bons amis et on a joué ensemble avec Bony King Of Nowhere. » Sur scène, K.T.A.O.A.B.C. a également subit quelques transformations. Des petites scènes, vous êtes passés à des plus grandes pour jouer au Pukkelpop l’année dernière. Stef : « La musique que l’on joue sur scène est différente de celle qui est restituée sur disque. On ne joue plus avec des instruments acoustiques comme on le faisait au début. On joue davantage avec des guitares et des orgues électriques. Notre son est plus lourd. Mais au final peu importe la scène sur laquelle nous jouons, tout est une question d’énergie. » Un disque : ‘Weltuntergangsstimmung’ (Zeal/Konkurrent)

on stage 28/03 Vooruit - Gand 30/03 Sonic connections brakke grond a’dam 05/05 Petrol - Anvers

T e x t e : Pat r i c k F o i s s a c © c h a r l i e

Si, le mois passé, vous avez lu ma chronique de ‘8th Cloud’, vous n’avez pu que constater mon enthousiasme délirant à l’égard du premier album de ce groupe basé à Anvers. Affichant une fulgurance

pop psychédélique se déclinant aussi bien sur des compos laidback que sur des titres indéniablement rock, ce disque est un véritable joyau comme on en découvre que très rarement. Au détour des onze titres qu’abrite l’album, on croise les ombres des Flaming Lips, de Sparklehorse, des Beatles, voire même des Doors. Une rencontre

s’imposait donc et c’est par une glaciale journée de février que j’ai rencontré Arne Omploop (basse) et Noah Melis (batterie) pour un échange on ne peut plus chaleureux.

Par delà les frontières Je pense qu’il s’agit de votre première interview avec un média francophone. Yves, votre label manager, m’a dit que vous étiez carrément exaltés par cette perspective ! Arne Omploop (basse) : « Oui, ça fait évidemment plaisir de susciter des réactions positives et de voir que des gens veulent nous rencontrer ! C’est effectivement notre première interview pour un journal francophone, même si on a déjà parlé de nous dans Le Vif. Ils mettaient en avant une série de groupes à suivre cette année et nous en faisions partie ! » Noah Melis (batterie) : « Si on peut toucher la Wallonie, ce serait évidemment super ! Au niveau flamand, je dois dire que cela se passe très bien. Tous les journaux ont parlé de nous, à l’exception de Het Laatste Nieuws et les commentaires étaient plutôt bons. Dès lors.... » Arne : « Il faut malgré tout rester réaliste. Pour l’instant, nous ambitionnons de nous faire connaître au niveau belge et aussi aux Pays-Bas, ce qui semble jouable vu que Munich, notre label, est hollandais. Après, on verra ce qui arrivera et qui sait si on ne pourrait pas toucher un public plus large dans d’autres pays. » Pensez-vous qu’il existe une sorte de frontière musicale séparant la Wallonie et la Flandre ? Noah : « C’est sans doute vrai, bien que certains groupes parviennent à franchir la frontière avec succès. Il y a des groupes flamands qui sont assez connus en Wallonie et des artistes wallons qui percent chez nous. Girls in Hawaii, par exemple, a son petit succès en Flandre. Pour toucher les francophones, je me dis qu’on devrait peut-être faire une cover d’un titre en français. Pourquoi pas un morceau de Jacques Dutronc ? ‘Et moi et moi et moi’ ou alors ‘Les cactus’, ça pourrait marcher, non ? (rires) » Avant que naissent les Bed Rugs, vous vous appeliez les Porn Bloopers, que je ne connais pas. Le style dans lequel vous évoluiez était-il différent ? Arne : « Oui, très ! On faisait plutôt dans le garage punk stoner ! C’était assez macho, en fait ! (rires) Le but était de jouer très fort. On a d’ailleurs pris part au Rock Rally organisé par Humo et on a atteint la finale. C’était en 2008. » Au vu de ces débuts prometteurs, il aurait pu sembler logique de persévérer. Pourquoi avoir sabordé le projet ? Noah : « Tout simplement parce que nous manquions d’inspiration. On avait de bons morceaux, de quoi tenir une heure. Mais à un moment donné, on a commencé à écrire des titres plus pop qu’on


de keersmaecker

s’est mis à interpréter tout en gardant des anciens titres plus durs. Cela devenait un peu schizo. On a donc arrêté et décidé de développer cette approche plus pop qui nous convenait davantage. » Arne : « Pendant un an, on a bossé sur de nouveaux titres et c’est ainsi que sont nés les Bed Rugs. » Justement, pourriez-vous me dire pourquoi vous avez choisi ce nom, qui se traduirait en français par ‘descente de lit’. Appeler son groupe en référence à une carpette, c’est plutôt inhabituel, non ? Arne : « Oui, c’est vrai ! (rires) En réalité, c’est une référence au film ‘The Big Lebowski’ des frères Coen dans lequel le personnage principal se retrouve entraîné dans une histoire complètement dingue après qu’on ait uriné sur son tapis. Le nom du groupe, c’est simplement un clin d’oeil à un de nos films favoris» En plus, le personnage principal du film n’arrête pas d’écouter de la pop psyché, catégorie à laquelle votre musique est associée. Ceci dit, si votre album est très psyché et très accrocheur, très pop, on y trouve à la fois des morceaux calmes et d’autres plus nerveux. C’était un choix assumé ? Noah : « C’est lié au fait que les albums que nous aimons vraiment sont ceux où l’on retrouve des ambiances variées. Il n’y a rien de plus excitant que d’avoir des morceaux évoluant dans un style différent. Généralement, ce qui se passe, c’est qu’à partir du moment où on a une mélodie et un texte, on se pose la question de savoir comment on va le développer, quel style lui colle bien. Finalement, on se retrouve avec des titres plus calmes et d’autres plus enlevés » Au niveau de la structure, j’ai été frappé par le fait qu’après une entrée en matière assez enlevée, le milieu de l’album est plus laidback. Question de stratégie, de tactique ? Noah : « L’idée était de commencer avec des morceaux uptempo pour ensuite virer plus psyché et développer des ambiances plus atmosphériques.» Vous avez fait appel à Pascal Deweze en tant que producteur. Comment s’est opérée la rencontre? Arne : « Nous sommes des fans de Sukilove dont il est le producteur. La rencontre s’est faite d’elle-même. Tu vas à des concerts, tu vois souvent les mêmes têtes et tu finis par sympathiser. C’est ce qui est arrivé avec Pascal. De fil en aiguille, faire appel à lui en tant que producteur est apparu comme une évidence. » Noah : « C’est quelqu’un qui n’arrête pas de nous donner d’excellents conseils. Il sait, il sent comment un titre doit sonner. Son apport a été énorme sur l’album. Il nous a incité à inclure moins de sons, à donner de l’air à nos morceaux. Quand on lui jouait quelque chose, il écoutait et proposait des alternatives, suggérant par exemple de ralentir le tempo. Il n’est pas du genre à imposer des choses, mais en même temps, ses idées sont tellement brillantes que tu ne peux que les suivre ! » Un disque : ‘8th Cloud’ (Waste My Records/ Munich Records)

T e x t e : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g © ta n j a f r i n ta

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En stand-by depuis quatre ou cinq ans, et les nombreuses activités parallèles de son leader Boris Gronemberger (Françoiz Breut, Castus…),

la copropriété V.O. s’en est allé à Chicago ressourcer ses statuts et son personnel. Telle une terre laissée en friche de trop long mois, la matière donne en premières noces un apparent manque de maniabilité. Heureusement, au fil des averses (vive les giboulées!), la terre se veut plus meuble et laisse bien vite pousser un potager bio appétissant. Rencontre avec le jardinier en chef dans ses pénates ixelloises.

Passés les obstacles L’idée de travailler avec John McEntire était-elle présente dès le début ? Boris Gronemberger : « Le premier contact a eu lieu un an avant l’enregistrement. Les premières maquettes ont été réalisées il y a un petit deux ans et puis j’ai envoyé un mail à John en me disant que s’il ne répondait pas, ce n’était pas très grave. Il m’a répondu très rapidement, genre dans les six heures après, apparemment il avait apprécié les cinq-six morceaux en pièce jointe, sans oublier le lien vers l’album précédent ‘Obstacles’. » D’où t’est venue l’idée de bosser avec McEntire ? BG : « En fait, il avait joué en France avec Tortoise, à Nantes plus exactement, et c’est un pote ingé son qui, pendant les pauses, passait ‘Obstacles’. Puis, John l’a interpellé en lui demandant ce que c’était, il m’a envoyé un mail après et c’est ça qui m’a donné envie d’essayer. C’est quelqu’un que je suis depuis plusieurs années et dont j’admire le travail de producteur et de musicien. J’avais vraiment envie de créer cette rencontre. » Vous êtes-vous posé la question de la sortie d’un album physique ? BG : « Quand nous avons fait une réunion avec les gens de Matamore, puisque tu sais que ce disque marque la résurrection du label Matamore, je savais en parlant avec Christophe Hars de Humpty Dumpty (label partenaire pour l’occasion, ndr) que le disque sortirait en CD, vinyle et mp3. Maintenant, nous n’avons pas trouvé la réponse de savoir si ça vaut encore la peine de proposer un objet physique. Personnellement, je n’aurais rien contre l’idée d’une sortie exclusivement numérique. » Les six membres de V.O. ont-ils participé à l’aventure chicagolaise ? CT : « Oui, tous. Je suis resté tout le mois de septembre, les autres sont arrivés tous en même temps à l’exception de Cédric (Castus, le guitariste, ndr) et ils sont restés durant tout le processus d’enregistrement, jusqu’au moment où nous avons débuté le mixage. Je suis resté plus longtemps car je voulais absolument être présent lors des séances de mixage. » Avez-vous eu le temps de participer à des événements culturels ? BG : « Moi, pas trop, sauf pendant le mix quand John préférait travailler seul la journée. J’ai pu profiter de l’endroit et j’ai essayé de faire un maximum et je peux te dire que c’est une très, très chouette ville. C’est très agréable, très vert, très espacé, c’est une ville en effervescence où les gens sont très cools et très courtois, contrairement à ce que j’appréhendais. En prime, il y a le côté Lac Michigan et cet air frais qui te fait oublier ce côté grosse ville où les gens courent partout. » Avez-vous rencontré d’autres gens par l’intermédiaire de John ? BG : « Oui et non. Il y a Archer Prewitt qui joue avec John dans The Sea & Cake qui nous a prêté deux de ses guitares. Sinon, je suis allé à un concert de Sam Prekop qui faisait un concert solo avec ses synthés modulaires et Laetitia Sadier jouait en solo aussi, le monde est petit. » Que s’est-il passé dans la vie de V.O. entre le disque précédent de 2008 et aujourd’hui ? BG : « Pas grand-chose en soi dans la vie du groupe mais personnellement, je n’ai pas arrêté. J’ai été en tournée avec Françoiz Breut, j’ai bossé avec une compagnie de danse, sur l’album de Castus et il y a deux ans, je me suis dit qu’il était un peu temps

d’écrire de nouvelles chansons pour V.O., l’idée d’abandonner le projet ne m’a jamais traversé l’esprit. » La troupe a changé de composition depuis les débuts, non ? BG : « Oui, il y a Cédric Castus qui est là avec moi depuis les débuts, il y avait mon frère et puis il y a eu Frédéric Renaux, le bassiste qui est arrivé un peu après. On vient tous du même coin tous les trois et on fait de la musique depuis vingt ans, plus ou moins la période où il y a eu la première clope (rires). » Les autres collaborations se sont-elles faites naturellement ? BG : « Oui, on se connait tous depuis au moins les débuts du label Matamore il y a dix ans. Aurélie Muller jouait dans Raymondo et elle a intégré V.O. par la force des choses, Ludo (Bouteligier, le trompettiste, ndr) nous a rejoints pour ‘Obstacles’, sans même parler de l’époque Melon Galia au siècle passé (rires). C’est assez pratique car tous ces musiciens gravitent les uns autour des autres. » De quelle manière allez-vous défendre votre projet sur scène ? BG : « J’adore les concerts intimistes, je me souviens notamment de moments géniaux vécus dans des endroits comme la Quarantaine ou des lieux privés où tu as cette proximité avec les gens sans artifice. C’est quelques chose que j’ai envie de refaire, notamment des concerts en appartement où on développe une intimité unique qu’on ne peut atteindre sur des scènes plus traditionnelles. Pour moi, c’est beaucoup plus difficile de briser la barrière avec le public dans des salles de concert normales ou alors il faudrait partir dans un show dont je ne sais trop quelles formes il prendrait. La musique reste un art avant tout et si j’avais les moyens de bosser avec quelqu’un pour les lumières, nous ferions un truc très sobre avec juste que du blanc, où la musique serait privilégiée. Ou alors, il faudrait faire un truc à fond les ballons et ce n’est pas à l’ordre du jour. »

V.O. ‘On Rapids’ Matamore/Humpt y Dumpt y

‘On Rapids’ ou comment je me suis disputé avec le retour, attendu dans le cercle incestueux de la constellation Matamore & co – Raymondo, Soy Un Caballo and so on. Ou presque. Le motif du provisoire litige, aplani entre-temps ? Les hautes attentes placées en la nouvelle mouture de la bande à Boris Gronemberger, dont le souvenir impérissable des deux premiers albums avait tapissé de ses belles volutes la première décennie de ce nouveau siècle. Car les premiers instants passés en sa nouvelle compagnie, enregistrée à Chicago auprès du grand John McEntire, m’avaient laissé perplexe, sinon de marbre. Heureusement, le (bon) jour venu, la révélation s’est faite en moi et son apparente âpreté s’est muée en voyage intérieur, destination les rythmes plus enveloppés – la majorité des titres – d’une nouvelle formule qui n’oublie toutefois pas son héritage jazz (‘A Safer Place’), voire une pop aux échos de Major Deluxe penchés sur Stereolab (l’instrumental ‘Seven Trees’). Au final, l’itinéraire est sinueux et provoque en maints instants un haut degré de satisfaction sonore. Vous avez dit patience ? (fv)


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Texte : Anne-Lise Remacle

T e x t e : n i c o la s al s t e e n © r

Zita

Swoon Group

De dEUS à Zita Swoon Group, du blues rauque barré à la musique de film muet, cela fait plus de quinze ans que Stef Kamil Carlens creuse son terrier singulier dans le paysage sonore belge et qu’il ne semble pas vouloir arrêter sa course…Depuis son antre bigarrée d’Hoboken, à la fois pied à terre, studio et terrain de ludiques expérimentations filmiques, rencontre autour d’un projet vrai (mandingue) avec un rêveur qui cherche à conjuguer intégrité et création et à repousser les limites des collaborations métissées.

Sur les traces d’un Ricochet Raconte-nous comment est né ‘Wait for me’… Stef Kamil Carlens : « C’était une invitation du centre culturel de musique du monde d’Anvers. Ibrahim Diallo qui y travaille m’a dit : «Il faut que tu voies l’Afrique, il faut que tu essaies de faire quelque chose avec des musiciens africains. ». J’avais depuis longtemps envie de ça, c’était une parfaite opportunité. Il m’a guidé au Burkina Faso, m’a présenté à plein de gens. Ensuite, j’ai rencontré Mamadou Diabaté Kibié (balafon) et Awa Démé (chant en langue dioula). Tous les morceaux ont été conçus là-bas, la plupart à nous trois. Pour vraiment finir le disque, Mamadou et Awa sont venus ici, et on l’a enregistré dans ce studio avec le reste du groupe. » C’est un line-up assez différent du Zita Swoon habituel… est-ce que tu envisages à présent « Zita Swoon Group » comme une entité aux propriétés mouvantes ? Stef Kamil Carlens : « Oui. En 2009, on a fêté notre quinzième anniversaire. On a célébré ça avec un disque « best-of » et cinq concerts. J’ai voulu plutôt considérer Zita Swoon à partir de ce moment-là comme un ensemble de danse ou de théâtre qui crée différents projets par an et tourne avec. Pouvoir créer chaque fois une performance avec un point de départ clair, avec une source d’inspiration propre. Quitter le monde pop et aller dans un monde beaucoup plus large où le visuel compte aussi, où la musique instrumentale, différents formats sont possibles. Je voulais beaucoup plus de liberté artistique, en fait... » Un changement important par rapport à ce disque-ci, c’est qu’il est signé sur le label Crammed Discs (‘Tradi-Mods VS Rockers’, Skeletons, Megafaun,...). Il y a quelque chose d’assez mixte au niveau de leur démarche, une ouverture. Est-ce que ça te semblait essentiel que les gens qui t’entourent partagent la même vision du métissage? Stef Kamil Carlens : «Oui je pense, pour ce projet-ci, le lien est évident. L’accord qu’on a avec Crammed, c’est qu’on veut continuer à travailler ensemble sur d’autres projets. J’espère retrouver dans cette firme de disques un partenaire de long terme. Ils ne font pas que de la musique du monde, ils font plein d’autres choses. Je reconnais dans Marc Hollander un musicien, quelqu’un qui a une vraie vision artistique. » Une dimension de l’album sur laquelle je voudrais revenir, c’est le côté engagé. On connaît bien désormais ton implication à plusieurs niveaux (unité de la Belgique, lutte contre le réchauffement climatique notamment) mais dans un album, c’est la première fois que c’est aussi prégnant. C’est une volonté personnelle ou ça a plutôt été induit par Mamadou et Awa? Stef Kamil Carlens : « Tous les sujets des chansons sont apportés par eux. J’ai à chaque fois demandé : « à propos de quoi on chante ? ». Souvent c’est venu comme un jeu de sons. Mamadou et Awa sont des griots (des conteurs de tradition orale, ndr), élevés par leurs parents et grands-parents dans cette idée-là. Toute la poésie qu’ils portent en eux est transmise de génération en génération. C’est une poésie qui parle de la société, de la famille, qui a une grande moralité. Moi j’ai essayé de comprendre comment ça marche, j’ai écrit des réponses par rapport à ce qu’ils disaient. » Mamadou et Awa amènent donc le fil conducteur du texte, des échos particuliers mais ce qui est intéressant par rapport à un album qui aurait été uniquement burkinabe, c’est qu’on reconnait ta touche, il y a des morceaux qui sonnent clairement comme du Zita Swoon…je pense spécialement à ‘Tasuma /Ji’, avec son refrain scandé, brut, très marquant. Est-ce que tu es arrivé à un dialogue qui soit tout à fait équitable entre vous ? Stef Kamil Carlens : « C’était tout à fait l’idée du début. Je voulais aller là-bas, mais je n’avais aucun intérêt à aller apprendre à jouer du

balafon, du djembe. Ce n’est pas ma musique, et souvent les gens qui essaient ça, je n’aime pas parce que ça a toujours quelque chose qui cloche, qui n’est pas juste. Je veux rencontrer les gens au milieu. Je suis un peu allé dans leur poésie, dans la tonalité de la musique mandingue et eux sont venus dans mon monde. Au début, ils se sont très forts tenus à la musique et au contenu qu’ils connaissent, mais une chanson comme ‘Tasuma /Ji’ est écrite durant la dernière période de création, la quatrième fois que je suis allé en Afrique. On se connaissait déjà bien, il n’y avait plus d’hésitation entre nous. Mamadou souhaitait qu’on parle des arbres. Au Burkina, le bois est essentiel pour se chauffer, construire, cuisiner etc. Mais on coupe trop et on brûle la brousse pour chasser les animaux. Tout ça a un impact sur l’environnement, par ailleurs assez clean. Le gros problème, c’est le désert du Sahel qui gagne du terrain. Il faut de la végétation pour l’arrêter. Les arbres c’est essentiel aussi pour créer de l’humidité, sans eux, il pleuvra encore moins. ‘Tasuma /Ji’ (« Eau »/« Feu ») parle des guerres que provoquent cette situation : les peuls doivent aller de plus en plus loin avec leurs troupeaux et sont confrontés à des gens qui tentent de cultiver au même endroit. On pense toujours que ce sont des conflits ethniques, ce sont des conflits de gens qui ont faim. Ce qu’Awa chante, c’est un appel au calme par rapport à la guerre, à la coupe abusive qui déstabilise le pays. » Est-ce que vous avez l’intention de tourner avec ‘Wait for me’, d’en faire des performances plus particulières ? Stef Kamil Carlens : « Pour l’instant, on garde la formule du concert, on va présenter les chansons comme elles sont sur le disque, avec quelques-unes en plus. J’essaie toujours d’expliquer au public de quoi la chanson parle mais bien sûr on ne peut pas voir un concert africain sans un côté festif, parce que la musique est rythmique, joyeuse. J’espère qu’on va pouvoir faire des festivals, voyager. On a fait savoir aux agents qu’on ne désire pas seulement jouer sur des festivals comme Couleur Café. La musique parle à tous si elle est bien jouée. » As-tu de nouveaux projets en cours de ton côté, ou pour le Zita Swoon Group ? Stef Kamil Carlens : « Oui ! En avril, on va présenter un nouveau spectacle appelé ‘New Old World, avec de la musique seulement instrumentale composée avec Aarich Jespers. C’est vraiment de la musique « écrite », c’est la première fois de notre carrière qu’on fait ça. Des cordes, un piano et un petit orgue, une contrebasse… Il y aura Tomas De Smet - c’est la première fois qu’on retravaille ensemble depuis 2004 - Aarich à la batterie et moi à la guitare électrique. Le spectacle comportera aussi notre film autour d’un homme qui vit seul sur sa planète, sans tenir compte des autres espèces. Les images seront poétiques, colorées, enfantines… c’est une langue visuelle naïve, avec des danseurs, des figurants. On va le monter dans les prochaines semaines.» Un disque : ‘Wait for me’ (Crammed Discs). Suivez le guide: http://www.zitaswoongroup.be/

on stage Wait For Me 02/03/2012 – WCC Zuiderpershuis – Anvers 04/03/2012 – Ancienne Belgique – Bruxelles 14/03/2012 – Lotto Mons Expo – Mons New Old World 17/04/2012 – deSingel – Anvers 18/04/2012 – de Singel – Anvers 03/05/2011 – KVS – Anvers

Cloud Nothi

On a découvert Cloud Nothings sur scène douze mois plus tôt. Au micro, Dylan Baldi chantait comme une brêle, essayant de manœuvrer ses petites ruées rock’n’roll en compagnie d’un groupe encore maladroit.

Entre temps, l’ami Baldi a croisé ce bon vieux Steve Albini, l’inventeur du son qui ne meurt jamais. L’infatigable producteur a mis en bouteille ‘Attack On Memory’ en se grattant les poils du nez : c’est un véritable succès. Toutes les chansons

de l’album tiennent la route et collent méchamment au bitume. La voix fêlée du chanteur de Cloud Nothings se traîne sous un crachin distordu et culbute les mélodies comme on saute dans les flaques. Derrière lui, on a enfin resserré les boulons. C’est agressif, ça bastonne sec, c’est tout bon.

Mars Attack Vous avez confié la production de votre nouvel album à Steve Albini. Les musiques alternatives lui doivent une avalanche de classiques (‘In Utero’ de Nirvana, ‘Rid of Me’ de PJ Harvey, ‘Do Dallas’ de Mclusky, ‘Surfer Rosa’ des Pixies, ‘Power Out’ d’Electrelane, etc…). Travailler avec lui, c’était un rêve de gosse, un objectif ou une opportunité ? Dylan Baldi : « Avant, j’avais l’habitude de m’enfermer seul dans un coin pour composer les chansons de Cloud Nothings. Là, pour la première fois, on a composé tous les morceaux en groupe. Le rendu était assez brut. On a directement songé à Steve Albini. On nous avait dit qu’il travaillait de façon hyper spontanée. Qu’il prenait les choses comme elles venaient. Qu’il était ouvert aux productions mineures. On lui a envoyé un morceau en lui demandant s’il serait intéressé de produire l’album. Il nous a calés dans son agenda… » Sur internet, tu as déclaré que « Steve Albini jouait au Scrabble sur Facebook pendant la quasi-totalité des sessions. Je ne sais même pas s’il se souvient de la manière dont sonne notre album. » C’est vrai tout ça ? Dylan Baldi : « (Rires) Ouais, c’est vrai. Le principal inconvénient quand on bosse avec quelqu’un comme Steve Albini, c’est son emploi du temps. Il n’arrête jamais d’enregistrer. Les groupes entrent et sortent inlassablement de son Electrical Audio. A la minute où notre session d’enregistrement s’est achevée, un autre groupe venait déposer son matos dans le studio. Tous les cinq jours, ça tourne. Steve Albini applique sa formule magique à tous les coups, mais son implication dans la production est relativement limitée… Sa fonction, dans l’absolu, était de nous laisser bénéficier du matériel d’enregistrement disponible dans son studio. L’Electrical Audio est truffé de trucs incroyables. Difficile de dégoter ça ailleurs. Par contre, ce n’est pas la peine d’essayer d’obtenir un avis ou une suggestion de sa part. Quand tu débarques chez lui, il met directement les choses au point : « Jouez ce que vous voulez, vite et bien ! »Si on


r ya n m a n n i n g

d ings

additionne cette recommandation au matos disponible, on obtient un son qui, assez paradoxalement, est unique. » Vous éprouvez des regrets au regard de cette collaboration ? Dylan Baldi : « Quand tu travailles avec un producteur, tu espères toujours pouvoir bénéficier de son attention, de ses services et de ses conseils. Et là, forcément, c’était décevant. D’un autre côté, tu viens chercher un son. En bossant avec lui, on cherchait à enregistrer l’énergie primaire des chansons. L’idée, c’était de boucler un album un peu plus… décapant. Et là, force est de constater que c’est mission accomplie. On est enchanté de la production d’‘Attack On Memory’. Et puis, l’histoire du groupe s’enrichit de cette fameuse expérience : on a bossé avec Steve Albini... (Sourire) » Votre nouveau single (‘No Future/No Past’) s’accompagne d’un clip produit par la chaîne de magasins vestimentaires Urban Outfitters. C’est quoi le plan ? Dylan Baldi : « C’est vrai que c’est étrange… En fait, Urban Outfitters nous a contactés en direct pour nous proposer une somme d’argent conséquente. Leur seule revendication, c’était de voir le nom de la marque apparaître à la fin de la vidéo . Comme on ne roule pas sur l’or, on ne voyait pas d’inconvénient à cette proposition. De plus, à partir du moment où on acceptait le deal, on avait une liberté totale pour la mise en forme de cette vidéo. On a donc demandé à notre pote John Ryan Manning de réaliser le clip. Pour le prochain, par contre, on ne bénéficie d’aucun soutien financier. On va le réaliser par nos propres moyens. Ce sera une animation pour la chanson ‘Stay Useless’. » Le son d’‘Attack On Memory’ est plus agressif que celui de ses prédécesseurs. Chaque nouvelle sortie de Cloud Nothings se veut un peu plus violente. Cette évolution est-elle consciente ? Dylan Baldi : « Tous les textes que j’ai écrits ces derniers temps fonctionnent comme une purge. Ils drainent une certaine hostilité et une intensité qui collent mieux avec la musique. Et puis, aujourd’hui, Cloud Nothings fonctionne vraiment comme un groupe. C’est une entité à part entière qui aborde chaque chanson comme une prestation « live ». Notre façon de jouer est plus agressive que jamais. Je pense que cela s’explique essentiellement par notre approche collective. Désormais, on forme un bloc. Et on avance à fond. » La vision du monde, telle qu’elle est partagée sur ‘Attack On Memory’, n’est pas des plus réjouissante. Entre ‘No Future’/No Past’, ‘Wasted Days’, ‘No Sentiment’ ou ‘Separation’, les notes d’espoir sont plutôt rares. Dylan Baldi : « Je l’assume plutôt bien dans la mesure où je m’isole quasi systématiquement pour écrire les chansons. Dans ces instants, je suis seul face à moi-même, seul face à l’état du monde. Et, je l’avoue, ça ne me pousse pas à écrire des trucs réjouissants. (Sourire) Je crois qu’au quotidien, je suis quelqu’un de positif et plutôt agréable à côtoyer. Mais je me vois mal chanter un quotidien sans nuage. Je trouve ça moins passionnant. Je me sens plus à l’aise sur le terrain de la dépression. C’est plus cool. (Sourire) » Peux-tu nous éclairer sur le titre de l’album, ‘Attack On Memory’ ? Ce n’est le titre d’aucun morceau du disque. Où doit-on chercher sa signification ? Dylan Baldi : « C’est un intitulé ironique. Pour être franc, je ne suis pas un grand fan des musiques alternatives d’aujourd’hui. Souvent, quand j’écoute un nouveau truc, ça m’emmerde. Tous les claviers et ces clichés pompés aux eighties me dégoûtent. Dans la musique, j’adore les guitares. Je suis un nostalgique des années 1970 et 1990. Pour moi, ces deux décennies marquent la quintessence du riff et des amplis qui crachent. ‘Attack On Memory’, c’est une métaphore nostalgique. Une réminiscence de cette époque où les guitares occupaient le devant de la scène. » Un disque : ‘Attack On Memory’ (Wichita Recordings/Pias) Suivez le guide : www.cloudnothings.tumblr.com

T e x t e : la u r e n t g r e n i e r © s e r g e l e b lo n

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A les entendre défendre leur (étonnante) deuxième galette, on finirait presque

par se convaincre que Toto n’est plus un gros mot mais le précieux sésame qui ouvre sur le groove. Celui qui fait danser les gens. Celui qu’ils partagent désormais avec un autre trio parisien bien monté : Mustang. « On a souvent tourné avec eux. On se retrouvait avec Jean sur scène pour des reprises d’Elvis. Ils sont très forts. Leur évolution est impressionnante ». Celle de Revolver ne l’est pas moins. Ils ont flingué la pop de chambre des

débuts et armé leurs holsters d’une artillerie eighties prompte à dérouiller les plus résistants.

California Dreamin’ 100.000 exemplaires vendus de ‘Music For A While’. Vous vous y attendiez ? Jérémie Arcache (violoncelle, chant) : « Pas du tout. Quand on a signé dans la maison de disques, ça faisait juste six mois qu’on jouait ensemble. On avait quelques maquettes. On était tout excités à l’idée d’entrer en studio, de faire un cd. Ce qui a été décisif, c’est l’entrée en radio.‘Get Around Town’ est passé pendant un an sur les radios françaises.» Christophe Musset (guitare, chant) : « Je me souviens de la première fois où on s’est entendus à la radio. On était ensemble, en voiture. On est devenus un peu hystériques. Après, notre quotidien a radicalement changé. On est directement parti en tournée.» Ambroise Willaume (chant, guitare) : « Ça bouleverse un peu ta vie, forcément. Etre tout le temps ensemble. Tout le temps sur la route. Tout le temps à voyager. La France, la Belgique. Une cinquantaine de dates aux Etats-Unis. Après, on ne se rend vraiment compte du succès que parce qu’il y a de plus en plus de monde aux concerts.» Ce deuxième album est singulièrement différent du premier. Rupture ou continuité ? Jérémie Arcache : « Continuité. On a beaucoup avancé entre l’enregistrement du premier album et celui-ci. La tournée nous a vraiment fait évoluer musicalement. On a naturellement commencé à rythmer de plus en plus les chansons. Ça nous a fait un peu revoir notre manière de composer. Au moment du premier album, on n’avait jamais fait de concert. On ne savait pas où on allait. Aujourd’hui, quand on écrit une chanson, on imagine tout de suite ce qu’elle peut donner sur scène.» Christophe Musset : « Après, c’est sûr que des oreilles fraîches qui ne nous ont pas suivi méticuleusement pendant trois ans peuvent être déroutées. L’idée, c’était de se laisser davantage de liberté en studio. On voulait plus d’ampleur, de textures, de rythmes, tout en conservant les harmonies vocales et le violoncelle. Mais faire passer les harmonies vocales de quelque chose d’acoustique, folk à un truc beaucoup plus rythmé.» Et l’impact du réalisateur Julien Delfaud? Christophe Musset : « Ce qui est marrant avec Julien, c’est que lui aussi a beaucoup changé en trois ans. Il a mené plein d’autres projets. Ça a été une re-rencontre. On est souvent arrivé au studio avec des ébauches de trucs alors que sur le précédent, on avait vraiment un plan précis de tout ce qu’on voulait enregistrer.» Ambroise Willaume: « C’était même parfois angoissant de ne plus savoir comment finir une chanson. On peut toujours rajouter des choses et parfois, on perd un peu le fil de ce qu’on recherche. C’est au moment d’enregistrer les voix qu’on a un peu recentré les chansons. Parce que finalement, l’essentiel dans nos morceaux, c’est quand même les voix. On pouvait expérimenter tant qu’on voulait mais sans les voix, ça n’avait plus vraiment de sens. Après, Delfaud s’est laissé plus de liberté, aussi. Au mixage, il a vraiment essayé plein de trucs. Parfois, on arrivait au studio et on écoutait des mix qui sonnaient totalement différemment de ce qu’on avait enregistré. Ça pouvait être une bonne ou une mauvaise surprise.» On retrouve aussi à la basse Pino Palladino, ce qui est assez étonnant... Jérémie Arcache : « On l’a rencontré via Julien qui avait travaillé avec lui sur un album de Phoenix. On le connaissait de nom parce que notre batteur est fan de ‘Voodoo’ de D’Angelo. Du coup, ça faisait un an qu’on écoutait des trucs comme ça, des trucs californiens avec beaucoup de groove, en allant même jusque

Toto. Ça a appuyé notre envie de faire danser les gens, de mettre du groove dans les morceaux.» Christophe Musset : « Le fait d’avoir un bassiste sur scène redonne une place un peu plus naturelle au violoncelle. Autant quand on est tous les trois en acoustique, les deux guitares et le violoncelle se mélangent parfaitement, autant sur scène, si on joue avec une batterie légère des trucs un peu rockabilly, ça marche encore, ça fait un peu contrebasse, mais si on se met à faire des trucs qui envoient un peu plus, on atteint la limite de l’instrument.» Parlant de violoncelle, les deux tiers du groupe (Ambroise et Jérémie) ont des bases musicales qui viennent du classique. Avec quelle influence ? Jérémie Arcache : « Ça nous influence dans le sens où dans l’oreille, par exemple pour la construction des harmonies vocales, on a à la fois les Kinks, Neil Young et des compositeurs comme Britten ou Bach. Des choses qu’on a beaucoup chantées et qu’on a vraiment en nous. C’est un peu rentré dans notre instinct de composition.» Êtes-vous des perfectionnistes ? Ambroise Willaume : « Oui, mais dans le sens où le perfectionnisme ne veut pas dire forcément tout contrôler. Rechercher un meilleur résultat peut résider dans le lâcherprise et l’abandon de certaines choses.» Certains morceaux se lâchent effectivement et terminent de manière instrumentale, voire en crescendo, pendant plus d’une minute. La musique a-t-elle plus d’importance que les textes ? Ambroise Willaume : « Non. Les textes ont une place super importante mais ça n’est pas pour autant qu’on s’interdit de se faire plaisir en tant que musiciens. Et puis, la musique est là pour servir les paroles, en fonctionnant par contraste ou en allant dans le même sens.» Jérémie Arcache : « On voulait quand même plus d’instrumentaux que sur le premier album. On a été fort marqués par le dernier Arcade Fire. Ça nous a donné envie de se laisser l’opportunité de faire de longues outros, d’avoir quelques solos.» Si on se penche sur les textes, il y a ‘Cassavetes’. Pourquoi ce cinéaste ? Christophe Musset : « C’est un de mes réalisateurs préférés. Je l’ai d’abord vu en tant qu’acteur. C’était un type intéressant qui jouait pour gagner de l’argent dans le but de pouvoir réaliser ses propres films que personne ne voulait financer. J’avais lu une série d’entretiens bouleversants où il s’étonnait qu’on soit entouré par de si grandes peurs d’à peu près tout ce que la société peut produire : son propre boulot, ses collègues, sa famille. Il disait qu’à partir du moment où on est capable de se débarrasser de toutes ses peurs, plus rien de mauvais ne peut sortir de quelqu’un.» Ça vous tente le cinéma, les bandes-originales ? Jérémie Arcache : « On vient d’enregistrer celle d’un film qui s’appelle ‘Comme Des Frères’, une comédie en forme de road trip à la française. Le premier long métrage d’Hugo Gélin. C’est sa copine qui aimait énormément ce qu’on faisait. Il a entendu ‘Parallel Lives’ sur un Ep et il a trouvé que ça correspondait parfaitement à l’univers du film.» Un disque : ‘Let Go’ (EMI)

on stage 18 mai - Les Nuits Botanique


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Earteam

Air ‘Le Voyage Dans La Lune’

Peter Brodrick

EMI

On oublie souvent qu’à l’époque de ‘The Dark Side Of The Moon’, la conquête lunaire n’avait pas cinq ans. Qu’à la sortie de ‘Sgt Pepper’, tout restait à découvrir. En 1902, c’était carrément de la science-fiction. Et qui d’autre mieux que Air aurait pu accepter ce projet un peu fou et uchronique ? Ecrire la B.O. du vieux film de Georges Méliès, 110 ans cette année (la pelloche, pas l’homme). C’est à l’occasion de la restauration et de la coloration du film que le duo de Versailles s’y est collé. Avec un brio auquel on ne s’attendait pas (plus). Cette petite demi-heure de musique est un vrai plaisir coupable. On retrouve la griffe Dunckel/ Godin comme au meilleur du toujours réjouissant ‘Moon Safari’ et de l’increvable soundtrack de‘Virgin Suicides’. En somme, mélancolique et gentiment psychédélique. ‘Seven Stars’ assure le décompte : dans le canon géant, c’est Victoria Legrand (Beach House) qui se charge de l’obus spatial. ‘Sonic Armada’ et ‘Cosmic Trip’ sont dans la même veine. Dégoulinant de synthés et de mellotron, proches du Floyd astronomique des débuts. ‘Moon Fever’ est plus atmosphérique, déliée et planante. ‘Who Am I Now ?’ invite les Au Revoir Simone à « Fermer les cils / Open your ears, listenning leaves ». Décollage imminent. (lg)

Alcoholic Faith Mission ‘Ask Me This’ Poney Records

Il y a deux ans, on vous chroniquait le troisième disque des danois. Je vous écrivais que les foutoirs pop, parfois, c’est aussi excitant qu’un coït de poissons rouges. Il semble que rien n’ait changé aujourd’hui et ‘Ask Me This’ ressemble davantage à une somme d’influences mal digérées qu’à une réappropriation de la pop moderne. Il nous vient cette image pour retranscrire ce mélange de lyrisme et de pop nordique : un sous-Antony Hegarty qui se serait mis en tête de singer Sigur Ros dans un cover band des Mary Onettes. A la réécoute, certains morceaux prennent toutefois une tournure intéressante. ‘Alaska’ invite les Maccabees sur le terrain miné de l’Animal Collective. Ou l’inverse. Et puis, c’est presque tout. Peut-être ‘Ask Me This’, pour ceux qui aiment les ballades chantées par un mec qui vient de se prendre une bonne rouste dans les roubignolles. Le disque s’achève de manière épique sur un titre à la I’m From Barcelona. ‘Throw Us To The Wolves’. Une proposition pas si indécente que ça. (lg)

A Place To Bury Strangers ‘Onwards To The Wall’ Dead Oceans/Konkurrent

On était sans nouvelles discographiques des New-Yorkais bruitistes depuis quelques temps. Deux albums frondeurs (2007 et 2009) avaient chatouillé les fashionistas de la hype mais, depuis, on s’était dit qu’on en resterait là. Avec le vague engramme d’un groupe qui donna dans le trip revivaliste The Jesus And Mary Chain vs My Bloody Valentine. Or voilà qu’en 2012, A Place To Bury Strangers nous rappelle - sur la foi d’un EP du feu de sa mère - à son bon souvenir. Cinq titres torturés mais francs-tireurs qui creusent le même sillon pas drôle qu’autrefois, à grands renforts de guitares lysergiques. ‘Onwards To The Wall’, le morceau éponyme, se tape une bonne pogne dans sa réverbe, gicle sans vergogne et renvoie aux heures glorieuses des albums des Black Angels, ces autres joyeux comiques. Une drogue. Un putain de quart d’heure cosmique. Qui devient vite une demi-heure, puis une heure et puis merde, après, on ne compte plus, on kiffe, on est dans les vapes, étrangers, six pieds sous terre. (lg)

Band of Skulls ‘Sweet Sour’ Electric Blues Recordings/PIAS

C’est un poncif de la chronique musicale d’écrire que le deuxième album est toujours

‘http://www.itstartshear.com’ Bella Union/V2

De Peter Brodrick, nous avons déjà dit beaucoup de bonnes choses dans ces pages. Ce n’est pas l’écoute de ce nouvel album qui nous poussera à nous départir. Après avoir épaulé le combo danois Efterklang en tournée et réalisé plusieurs bandes sonores pour des films et divers projets, Brodrick s’est donné le temps de se recentrer sur l’écriture, son écriture personnelle, pour engendrer un album fourni qui apparaît comme la suite naturelle de ‘Home’. Avec son titre enchâssé dans un lien hypertexte, il se veut instantanément disponible à tout auditeur potentiellement intéressé, quelque soit la façon dont il compte acquérir le support. Ainsi celui qui aura téléchargé son contenu pourra cliquer sur le lien/titre pour accéder directement à la pochette et aux paroles, lesquelles ne seront plus disponibles aux seuls acquéreurs du support physique. La démarche est non seulement généreuse, altruiste, mais aussi futée, Brodrick tablant sur le fait que le vrai amateur sera toujours tenté par l’édition physique. Le contenu se décline en dix morceaux inspirés. ‘I Am Piano’ qui ouvre le disque est une petite porte d’entrée accessible à ‘A Tribute To Our Letter Writing Days’ et ‘Blue’ qui se profilent dans son axe en dévoilant un corridor acoustique sombrement orné de réminiscences intimistes. La plage éponyme, ‘It Starts hear’, est soutenue par un tempo minimal efficace un peu comme l’est plus loin le très beau ‘With The Notes On Fire’. Bien mis en valeur par la production de Nils Frahm, l’album sera incontestablement un pilier de la discographie de Brodrick. (et)

très casse-gueule. Même quand on s’appelle Band of Skulls et qu’on en a à priori dans le pantalon. Après une première production qui n’était pas passée inaperçue, on imaginait le trio de Southampton revenir avec son blues rock gothique filant droit au but sans dribbles superflus tel un Kevin Keegan des grands soirs. Les arrangements, sur le fil du rasoir électrique, ne sombraient pas encore dans la grandiloquence. Car là bardaf, c’est l’embardée. ‘Sweet Sour’ fait songer à du Jack White qui aurait copulé backstage à la hussarde avec Black Sabbath. Est-ce la participation à la BO de ‘Twilight 2’ qui a entretemps vampirisé leur inspiration ? Est-ce la production de Ian Davenport (producteur notamment de Supergrass, Badly Drawn Boy) qui corrompt l’ensemble ? En tout cas, le groupe a perdu le peu de spontanéité et de légèreté qu’il possédait, le son est lourd et moite, les mélodies archi-convenues, les lignes de basse en contreplaqué et les arrangements post-progressifs enfoncent le clou du cercueil. (gle)

The Big Pink ‘Future This’ 4AD/V2

Le duo londonien offre un nouvel album dégoulinant de bons sons, tantôt électroniques, tantôt rock, tantôt pop. The Big Pink délivre une petite perle réalisée intelligemment, jouant sans cesse avec les effets : delay, disto, phaser, flanger, echo, j’en passe et des meilleurs, tous les instruments sont passés à la moulinette d’une série de pédales, et malgré ces effluves de machines, ‘Future This’ transpire la réussite. Dés la première track, ‘Stay Gold’, Robbie Furze et Milo Cordell imposent leur english touch avec ce qui semble être de la facilité, ça en est presque déconcertant. Mais - oui car il y en a toujours un - malheureusement l’abus de reverb dans les voix du duo britannique a tendance à nous faire décrocher en cours de route, lassé par trop d’effets. Donc si les mélodies sont ingénieuses et bien ficelées, elles ne suffisent malheureusement pas à faire décoller l’album vers une galaxie où la musique est devenue intouchable. (tv)

Andrew Bird ‘Break It Yourself’ Bella Union/Coop/V2

Depuis le virevoltant ‘The Mysterious Production Of Eggs’ sorti en 2005, on sait combien Andrew Bird a placé haut le perchoir dans la volière des songwriters américains contemporains. Il bénéficie à ce titre d’un crédit de plusieurs vies que ses dernières productions (‘Noble Beast’ et ‘Armchair Apocrypha’ ) n’ont que très partiellement entamé. Il est vrai qu’à une époque où les gazouillis sont limités à 140 caractères, son folk alambiqué et chaotique ne prend réellement toute son ampleur et sa fluidité que sur la longueur et la cohérence d’un album. Auto-produit et enregistré sur un huit pistes dans des conditions proches de la prise directe, ‘Break It Yourself’ marque un retour à davantage de dépouillement dans la produc-

tion et le plumage. Le résultat, plus éclectique que jamais, fera à nouveau débat mais ce disque est une invitation à visiter son petit parc d’attractions musical. Avec par exemple un petit tour de montagnes russes pour l’adrénaline sur ‘Eyeoneye’, une balade dans un tortillard du Far West avec le très country ‘Lusitania’ en duo avec St-Vincent ou un tour de manège faussement enchanté sur ‘Fatal Shore’. Des friandises pop (‘Give It Away’ ) vous seront également proposées. Bien sûr, Birdland ne ressemblera jamais à Neverland ou Graceland. Musicalement, ce disque regorge d’autant de choses déjà entendues que de trouvailles sonores. Preuve s’il le fallait encore que l’oiseau est courageux et plus que jamais prêt à affronter le vent glacé de la critique. (gle)

Boddhi Satva ‘Invocation’ BBE

Bizarre, le communiqué de presse reçu avec ce disque: on y raconte la conception de l’album, fait à la bonne franquette sur un PC basique, avec une carte son ordinaire et un simple micro - le tout trimballé lors de voyages en Afrique. Surtout qu’à l’écoute l’aspect baroudeur et do-it-yourself est complétement absent. Pas une critique, l’album est bon - juste que l’ambiance est plus au salon cosy, à la soirée relax entre amis, sirotant une bonne bouteille. Marinée à la house chic et simple, au groove délicieusement jazzy, la musique de Boddhi Satva se déguste justement comme un bon millésime. Par petites gorgées, on apprécie les touches délicates de beats, les voix feutrées qui ponctuent des rythmes lents et sensuels. Il y a une douceur qui enveloppe l’environnement ambiant dès les premières écoutes. Mais douceur ne rime pas ici avec mollesse. On croirait retrouver l’esprit d’un Marvin Gaye à la sauce électro: une coolitude parfaite - pas une pose, ni une attitude jouée ou étudiée. Non, la musique de Boddhi Satva, dans son essence, transmet des bonnes ondes contagieuses. (jbdc)

BOY ‘Mutual Friends’ Groenland

Allons, allons, mesdemoiselles, vous êtes mignonnes, mais soyons sérieuses un instant. On veut bien accepter que vous cherchiez à faire de la pop racée sans arêtes, sans rides et sans phosphates. Admettons aussi qu’on ne sache pas très bien qui vous êtes réellement au vu des textes à grand potentiel inoffensif de votre album et des photos qui semblent issues de la campagne printemps-été pour Zara version oiseaux de nuit. Mais l’Allemagne n’étant pas un camp retranché d’Amishs sur l’archipel de Tuvalu, on a vraiment du mal à croire que vous n’ayez jamais entendu parler de Feist. Vous savez, cette chanteuse canadienne

dont le ‘Mushaboom’ a conquis sincèrement le cœur du monde entier? Je ne veux pas vous effrayer, mais il semblerait que (personne ne vous l’a dit ? vraiment ?) votre voix (plus exactement celle de Valeska Steiner) soit très semblable à la sienne. Hé oui !On était cependant presque prêts à vous absoudre et à vous laisser jouer les fonds sonores neutres pour restaurants romantiques mais vous entendre chanter « she’s counting 2,3,4,5 » sur ‘Waitress’ nous laisse un arrière-goût vraiment désagréable. Suivantes ! (alr)

Breton ‘Other People’s Problems’ FatCat Records/Konkurrent

Les cinq Londoniens cachés sous le capuchon de Breton ont commencé par réaliser des films. Mais personne n’entendait les diffuser. Alors, ils ont décidé de monter un groupe de rock, medium alternatif pour projeter leur vision du monde en toile de fond de concerts réputés incendiaires. Un peu là par hasard, Breton cultive une approche pop sans frontière. Reclus dans les locaux d’une ancienne banque, ces hippies postmodernes bidouillent des sons foutraques sur des synthés mutilés, des boîtes à rythmes enrouées et des pédales d’effets désaffectées. Leur disque malaxe les ambiances, recouvre les beats de cordes et entrecoupe ses riffs de messages codés. Album à l’esthétique désarticulée, ‘Other People’s Problems’ souffre de désorientation chronique. La tête à l’envers, il divague entre flows hagards et beuglantes britanniques. Un peu trop barré ce Breton. (na)

Bright Moments ‘Natives’ Luaka Bop

Cher David Byrne, je vénère ton label de world music depuis que je me suis pris en pleine gueule ton ‘World Psychedelic Classics, Vol. 3: Love’s A Real Thing: The Funky Fuzzy Sounds of West Africa’. Nom de dieu, ‘Allah Wakbarr’ par Ofo and The Black Company, où as-tu été pêcho une tuerie pareille ? Bref, ces quelques mots pour te dire que moi, je pense que l’amour qu’on porte à Luaka Bop, il tient à ce genre de compiles. Mais qu’il se meurt avec un disque comme celui-ci. Bright Moments cache essentiellement un seul homme : le new-yorkais Kelly Prat. C’est lui qui joue de presque tous les instruments qu’on entend sur les 38 minutes de ce premier album. Allez David, je te l’accorde, c’est bien foutu. Mais franchement, ne me dis pas qu’on n’a pas déjà entendu mieux ailleurs. ‘Milwaukee Protocol’, ses gros cuivres bourrés à l’arrière-plan, c’est quand même un sous-Beirut, non ? Je te vois venir : tu vas me rétorquer que Prat s’est encanaillé de la section rythmique de Zach Condon. Un point pour toi, mais ‘Behind The Gun’, ses synthés et ses beats rentre-dedans, c’est quoi ? Les Fleet Foxes qui se mettent à l’italo-disco ? On perd le fil. Mais, pas grave, on l’aime bien ce disque. Même si la fanfare New-Orleans de ‘Travellers’ ne nous fait pas voyager, même si le ukulélé de ‘Lightning’ ne nous sort guère du marasme ambiant. On appelle ça le capital sympathie. (lg)

Canyons Of Static ‘Farewell Shadows’ Oxide Tones

Oui, encore une fois, il va falloir trouver les mots. Ceux qui collent à une musique qui en manque. Mais est-ce un mal de préférer les longues montées instrumentales du postrock aux vignettes punk hardcore de Cerebral Ballzy ? Il faut croire que non. Et il en faut certainement des couilles et de la cervelle pour tenter de faire gober que ce genre éculé a encore de l’avenir. Canyons Of Static, an instrumental quintet, donc. Des gars du Wisconsin, ces terres paumées du Nord, au bord des grands lacs. Ce n’est finalement pas étonnant que ces types préfèrent tisser d’énormes toiles musicales comme autant de landscapes qui les entourent. Convenu, scolaire, le postrock de Canyons Of Static n’en fait pas moins passer un bon moment. Il satisfait aux critères du genre. Les guitares saturées en apesanteur, les tensions qui s’installent, les climax qui convergent vers l’apocalypse. Mieux : s’il


Earteam souffre souvent de la comparaison avec les cadors de la profession, il s’en affranchit aussi, parfois. Ainsi, ‘Veil’ fait penser au travail récent de Yann Tiersen et ça n’est pas pour nous déplaire. Gonflé, au taquet, pompier. Pas une illumination, non, mais une raison suffisante pour dire adieu aux ombres. (lg)

The Chap ‘We Are Nobody’ Lo Recording

C’est après ‘We Are The Best’, album best-of héritage de dix ans de carrière, que les Chap reviennent et c’est avec une légère pointe d’ironie qu’ils nomment le digne successeur ‘We are Nobody’ car après tout leur carrière est loin d’être médiatisée. D’ailleurs les énergumènes se sont vu décerner le prix de la « formation rock la plus mésestimée de la décennie » et pourtant, après avoir livré sept albums de qualité, ils mériteraient amplement quelque reconnaissance. Leur pop-rock bondissante est une joie pour nos oreilles : leur sens du rythme, leur savant mélange de voix et de sonorités pourraient servir d’exemple mais non, par son manque de médiatisation, The Chap restera un groupe pour initiés et c’est injuste. Amis mélomanes, ruez-vous sur cet album qui ne sera sans doute jamais disque de l’année, qui ne gagnera aucune récompense prestigieuse pour bon retour sur investissement, ne vous laissez pas abuser par l’or des trophées, concentrez-vous sur votre bon sens et sur vos sens. Il est certain que cela suffira à me donner raison, les anglogreco-franco-allemand nous livrent ‘We Are Nobody’ : il est immanquable, foncez !(tv)

Eric Chenaux ‘Guitar & Voice’ Constellation

La simple lecture de ‘Guitar & Voice’ ne trompe pas, le quatrième épisode discographique d’Eric Chenaux fait dans la sobriété instrumentale (même si la guitare doit être mise au pluriel). Troubadour des temps modernes, n’oubliez toutefois pas de cocher la case expérimentale au passage, le musicien canadien n’hésite pas à convoquer la voix aérienne de Terry Callier lorsqu’il prend le micro, c’est absolument flagrant sur l‘introductif ‘Amazing Backgrounds’. Une remarque complémentaire s’impose, cependant. Par endroits, on sent l’homme de Montréal incapable de résister à quelques arpèges qui lui font plaisir, et à moins d’être un collectionneur acharné du magazine Guitare Live en manque de Jimi Hendrix (impossible de ne pas y penser à l’écoute de l’instrumental ‘Sliabh Aughty’), ça devient vite lassant. Ailleurs, les minutes se font plus belles que les secondes, spécialement sur l’étrange ‘Le Nouveau Favori’ dont le traitement instrumental fait carrément oublier l’usage exclusif de la guitare et les échos sensibles de Sandro Perri font ressentir leurs ravissants effets. (fv)

Childish Gambino ‘Camp’ Glassnote/Cooperative Music/V2

Acteur, humoriste, écrivain, Donald Glover s’autorise désormais quelques incursions en territoire hip hop. Planqué sous la casquette de Childish Gambino, le comédien signe un premier album concluant. Si ‘Camp’ est loin d’être un disque parfait, il cultive l’art des rimes assassines et des mots qui claquent. Car le garçon excelle véritablement dans l’écriture des morceaux. Ce qui le différencie du gros de la production actuelle où la fumette demeure « le » grand sujet de conversation. Là où le discours tourne généralement à vide après deux ou trois pétards (mouillés), Childish Gambino pose ses idées, cause couleur de peau, classe(s) sociale(s), amour et carriérisme. Quelque part entre Kid Cudi, Talib Kweli et Lil Wayne, le flow du Gambino s’offre quelques belles réussites (‘Bonfire’, ‘Heartbeat’, ‘Outside’), mais s’étale de tout son long quand il s’agit d’enjamber des refrains boueux comme autant de marécages. La pro-

Diagrams ‘Black Light’ Full Time Hobby/PIAS

Les chemins buissonniers de l’électronique réussissent décidément à merveille aux forts en thème d’ordinaire versés dans la pop bucolique. Dès l’entame, on ne peut en effet s’empêcher de songer à la belle explosion ludique qu’avait donné au genre ce facétieux korrigan à grosse monture d’Erlend Øye avec ‘Dreams’ ‘Rules’, ses deux essais gagnants sous le patronyme de The Whitest Boy Alive. Dans la première aventure solo hors-Tunng de Sam Genders tout semble conçu également pour réconcilier la tête et les sens, pour notre plus grand plaisir : les allergiques aux sensations synthétiques ne pourront pas s’empêcher de frétiller devant les mélodies facettées aux petits oignons de cet artisan (‘Tall Buildings’taillée pour la gloire) et les frileux du songwriting seront certainement les premiers demandeurs de ces touches organiques (‘Peninsula’perdue haut dans les limbes puis à la ligne noueuse ; ‘Night All Night’où les portes de la cabane grincent encore sous les nappes) qui font de ‘Black Light’un album avec un cœur qui bat sous sa carcasse de radieux robot articulé entre la pop, le funk et l’electronica. ‘Antelope’, chevauchée d’essai aux chœurs vertigineux du EP sorti cet été nous avait montré la voie : si Sam Genders ne joue jamais en dehors de sa catégorie vocale, il insuffle à ses morceaux suffisamment d’âme, de couches aux reflets fascinants, de petites trouvailles irrésistibles pour en faire autant de raisons de le suivre dans son exploration enjouée. On piochera donc goulûment dans ses dix morceaux de quoi nous donner de l’’Appetitefor life’ à sa prochaine tentative de faire bouger de concert les férus de tétraèdres et les porteurs de chemises canadiennes. (alr) chaine fois, Childish Gambino devra nécessairement choisir son ‘Camp’ : les forces vitales du hip hop alternatif ou les frontières récréatives du grand cirque commercial. (na)

C.J. Seven ‘Resilience’ But ter fly Records

‘Resilience’ est le premier EP de ce quatuor originaire d’Aarschot dont l’homogénéité se reconnaît d’abord à ses influences ouvertement revendiquées. Dans la bio du groupe, Jane’s Addiction, Foo Fighters, Porcupine Tree, The Raconteurs et Pearl Jam sont évoqués avec une œillade plus discrète vers les hymnes d’Arcade Fire. Six titres donc sur cette première production très léchée dont une cover assez réussie du ‘F* !#in’ Up‘ d’un Neil Young qui a déjà servi tant de fois de caution (im)morale aux groupes débutants. Pour le reste, pas de trouvailles savantes sur ce disque mais une démonstration de l’aisance et de la maîtrise des musiciens. Et au vu des références assumées, il est probable que ça cartonnera sur scène, surtout si on ajoute pour notre part sur le carton d’invitation que les fans de Lord of The New Church sont également les bienvenus car c’est la crise et qu’il n’y a pas de raison de refuser du monde. (gle)

Leonard Cohen ‘Old Ideas’ Columbia/Sony

Leonard Cohen. Une carrière. Une œuvre. Un mythe. Une vie. A 77 ans, l’homme se prépare à prendre sa retraite, s’apprête à monter se coucher avant d’éteindre la lumière, une fois pour toutes. Que restera t-il ? Que reste t-il ? Des vieilles chimères ? De vieux amours ? De vieilles idées ? Tout a t-il été dit ? Tout a t-il été écrit ? On glisse l’album dans la fente du lecteur et on voudrait qu’il en sorte des berceuses insensées. On voudrait tomber raide. On voudrait rester coi. Et quoi ? Que trouve t-on ? Une voix. Une voix énorme. Une voix hégémonique. Une voix qui ensoleille, qui obscurcit tout le reste. Le reste importe peu tant qu’il s’exporte. Quelques petites mélodies en chambre platement banales Et puis, ça y est, ça nous revient. C’est la bonne vielle rengaine qui sort de sa remise. C’est cette bonne vielle recette qui fit naguère mouiller des contingents entiers de femmes de tous âges que l’on retrouve intacte. Du Cohen estampillé. Du Cohen garanti. On écoute alors les paroles, on lit les textes, on scrute les mots. On prend conscience que les lendemains ne seront pas légion, les jours sont dorénavant comptés. Il y a de l’amertume dans l’air. Mais au fond Cohen s’en fiche. Il continue le grand jeu. ‘Old Ideas’ n’est pas une nouvelle peau pour une vieille cérémonie, il est le disque de la vieillesse enfin acceptée. Leonard Cohen n’est pas une pop star, il est un artéfact du patrimoine mondial vocal de l’humanité. (et)

Condre Scr ‘You Are Genius’

Cela reste du déjà entendu du début à la fin, mais les fans des rythmes roots apprécieront cette légèrté de ton, cette envie qu’à le groupe de nous faire passer un bon moment. (jbdc)

Errors ‘Have Some Faith In Magic’ Rock Action Records

Pignolo et Pignolette jouent parfois au Monopoly, le dimanche après-midi. Ils tuent le temps comme ils peuvent. Ils n’ont plus la fougue et l’ardeur de leurs vingt ans. Chez eux, ça sent le thym, le propre et le krautrock d’antan. Les disques de Tangerine Dream ronronnent au salon, ceux de Kraftwerk se lézardent quand ils repassent sous le diamant, fahr’n fahr’n fahr’n auf der Autobahn. Ils attendent de tirer la bonne carte, celle qui leur dira erreur de la banque en votre faveur, rajeunissez de 20 piges. Devant un hôtel hors de prix de la Rue Neuve, ils s’imaginent déjà baiser comme avant, en écoutant Amon Tobin toute la nuit. A la gare du nord, ils sont prêts à hypothéquer leur pendule en argent contre une partouze avec Peaking Lights. La vérité, ils la connaissent : la banqueroute et une tartine au salami devant le Weekend Sportif. (lg)

Etron

Oxide Tones

‘Phomp’

Avec plus d’une décennie et demi de retard, Condre Scr découvre le post-rock. Sans complexe aucun et sans crainte d’être taxé de suivisme, le groupe s’y adonne avec joie. Si son savoir-faire n’est pas en cause, l’originalité de sa démarche laisse songeur. Mogwai, Radian, Ganger et d’autres ont naguère emprunté les mêmes pistes et y ont tracé ce qu’il fallait y tracer. Enregistré à Berlin, ce disque témoigne cependant d’une tendance récente, celle d’un possible revival post-rock, au son plus léché, plus sophistiqué que sa première mouture des années 90. ‘You Are Genius’ est le deuxième album de ce quintet berlinois. S’il n’a rien d’urgent, il n’a rien de déplaisant non plus. (et)

Dark Dog

The Cornshed Sisters ‘Tell Tales’ Memphis Industries/Munich

Il est des disques qui se vivent sous pression, de peur que leur intérêt s’évapore avec le changement de tendances, et d’autres qui s’épanouissent dans une parenthèse hors temps, hors mode: ‘Tell Tales’ fait entièrement partie de cette seconde catégorie. Façonné par quatre jeunes femmes amoureuses des morceaux nourris au grand air des montagnes de leurs glorieuses aînées (Dolly Parton, Emmylou Harris en tête), voici un album retro qui a su éviter les écueils d’arrangements country trop marqués et les affèteries 40’s tantôt charmantes tantôt agaçantes façon Puppini Sisters, lipstick en avant et reprises des Andrew Sisters inclus. Construits sobrement autour de répétitions d’harmonies vocales entre Jennie, Cath, Liz et Marie (notamment le joli ‘Dance At My Wedding’ ou le fragile ‘Tommy’), d’un piano parfois trop présent et un brin kitsch, et de quelques autres touches acoustiques éparses, les onze morceaux de nos craquantes demoiselles parviennent toutefois à constituer un ensemble globalement cohérent, old-fashioned certes, mais suffisamment honnête pour attirer l’attention de tous ceux qui n’ont jamais eu honte de chanter à l’unisson avec Fraülein Maria et les enfants Von Trapp. (alr)

East Park Reggae Collective ‘Three Stripe Science’ First Word/Rough Trade

Orienté dub et ska, le premier album des Anglais de East Park Reggae Collective s’en sort avec les honneurs. Quand on touche à une musique qui peine tant à se renouveler, un peu de fraicheur fait toujours du bien. L’utilisation massive des cuivres et la voix chaude de leur chanteuse filent le sourire aux lèvres. L’ambiance est à la détente, les soucis s’envolent comme après quelques taffes d’un bon spliff chargé d’afghan acheté à Maastricht. Évidemment on n’est pas ici en face d’une redéfinition totale du dub et du ska à l’ancienne.

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J’ai une certaine tendresse pour les Bruxellois d’Etron qui fêtent déjà leur dixième anniversaire. Leur rock alternatif n’est pas forcément le plus bouleversant du monde, mais ils développent un univers riche et cohérent. En gros, on part d’un riff et de quelques accords qu’on triture gentillement en boucle - puis on passe au morceau suivant, point barre. A l’écoute, le groupe a l’air de se foutre de tout, de faire semblant de bâcler leur jeu pour aller au plus vite se descendre quelques bières. Cette attitude assez punk me plait. En plus, le groupe aime à développer cet état d’esprit et cet humour potache sur son site web, les titres de leurs albums, les noms qu’ils se donnent. En grattant un peu, on comprend vite que les Bruxellois ont beaucoup écouté leurs classiques: Sonic Youth, Pavement, Nick Cave And The Bad Seeds, Captain Beefheart et j’en passe. Bref, derrière leur humour gras et leur je-m’en-foutisme, les gus cachent bien leur jeu. (jbdc)

Exile Parade ‘Hit The Zoo’ Suburban

La légende veut que les membres d’Exile Parade aient eu une véritable révélation à l’écoute de ‘(What’s the Story) Morning glory ?’ d’Oasis. A partir de ce moment, ils n’ont plus eu qu’une idée en tête : devenir des rock stars. A l’écoute de ‘Hit The Zoo’, on se dit que leur voeu pourrait bien être exaucé, tant cet album a tout pour séduire les masses. Bien rock, ultra catchy et varié, l’ensemble dégage une belle dose d’énergie et capte l’attention. Le tubesque ‘Fire walk with me’ ouvre l’album de façon rudement eplosive, à tel point qu’on songerait presque à du Motörhead. L’excellent et musclé ‘Astronaut’ rappelle quant à lui la figure tutélaire d’Oasis, à l’instar du fédérateur ‘Movie maker’. Histoire de varier les plaisirs, l’album s’offre également un joli détour électro/ rock avec le très réussi ‘Mach schau’ sonnant comme un hommage aux Happy Mondays ou à Primal Scream. S’il est convainquant dans un registre enlevé, Exile Parade a par contre tendance à s’enliser dans la sensiblerie lorsqu’il s’essaye à la ballade. Au final et en dépit de quelques réserves, ‘Hit the Zoo’ peut donc être considéré comme un chouette album accrocheur. (pf)

Exit Ten ‘Give Me Infinity’ Deep Burn Records/Ber tus

En 2008, ce quintet anglais avait conquis la presse métal avec ‘Remember the day back’, un album de métalcore moderne ultra accrocheur qui réussissait à être bien heavy tout en évitant les clichés inhérents au genre. Avec son successeur, Exit Ten prend quelque peu ses distances à l’égard des structures purement mé-


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Earteam

tal (riffs ultra lourds, breaks brutaux) et opte pour une approche plus rock marquée par des inflexions grunge et un côté quasi pop. Si les titres sont moins lourds, ils demeurent emprunts d’une énergie contagieuse. En fait, on pourrait parler de rock épique d’essence heavy. Jamais démonstratif, ‘Give Me Infinity’ réussit la gageure de rester en tête sans coller aux dents, d’être lourd sans se montrer lourdingue et de viser le grandiose sans être pompier. Bien sûr, les fans de la première heure feront peut-être la fine bouche à l’écoute de morceaux comme ‘Suggest a path’ et ‘Eyes never lie’ qui sont des ballades laidback, mais ils ne pourront que s’incliner devant le côté entêtant de ‘Life’, la tension tout en retenue de ‘Drama’ ou encore la pop métal de ‘Sunset’. L’un des plus beaux espoirs de la scène métal moderne. (pf)

Craig Finn

Die Antwoord ‘TEN$ION’ ZEF/Downtown/Coop/V2

Au début, Die Antwoord, cela ressemble à un bad trip à l’acide et à la CaraPils en pleine gare de Marchienne-au-Pont, un peu comme si Aphex Twin se mettait au gansta rap version bouseuse de Kid Rock. Bref, ça fait un peu peur. Le groupe originaire de Johannesburg cultive une image et un son mêlant l’âpreté funky du hip hop et le côté bordélique et décousu de l’électro le plus underground. Le vulgaire et le chic se croisent, on y chante autant en anglais à l’accent épouvantable (les Écossais et Gallois n’ont qu’à bien se tenir), qu’en afrikaans (proche du Néerlandais et apporté par les Hollandais pendant qu’ils colonisaient l’Afrique du Sud) qu’en xhosa (une langue africaine à clic). Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pas banal tout ça. Pourtant, au-delà de l’exotisme et après un certain temps d’adaptation, cette musique qu’on dirait venue de l’espace séduit, réinvente la roue sans cesse et surprend à chaque minute. On se laisse porter par cette tension hypnotique, par ses beats obsédants qui viennent perforer la tête. On découvre un univers bigarré, presque une version électro d’un tableau de Jérôme Bosch. Une putain de claque. (jbdc)

‘Clear Heart Full Steady’ Full Time Hobby/PIAS

Difficile d’échapper à François Hollande en ce moment. A en juger par le visuel qui accompagne cet album, il aurait même sorti son premier album solo sous le pseudonyme de Craig Finn.‘Clear Heart Full Steady’ ferait d’ailleurs un excellent slogan de campagne. Bon on vous rassure, on déconne. Mais pas tant que ça, tant Craig Finn est à l’antipode des clichés glam/ rock véhiculés par l’imagerie du genre. Car le bon Craig est avant tout connu pour être le leader de The Hold Steady, un bon groupe US qui conjugue lyrisme springsteenien et bluesrock un peu hardcore. Cette première galette solo sort sur le très bon label anglais Full Time Hobby (Timber Timbre, Tuung, The Leisure Society), peuplé de gens de bons goûts et excessivement capables. Enregistré dans des conditions proches du live, cet album estampillé roots-rock est une franche réussite. Au service d’un son ample et recueilli, les guitares y sont aussi abrasives et sèches qu’une route texane au milieu de l’été. On chemine entre blues rock cabossé (‘Apollo Bay’, ‘Wester Pier’) et folk lumineuse aux accents dylaniens. Relevons encore les qualités littéraires de l’album. Finn s’impose définitivement comme un très grand auteur. Abordant notamment des thèmes comme la solitude, la religion (Finn se la joue Cash sur ‘New Friend Jesus’) et les paumés du rêve américain, Craig Finn assume à fond son érudition et on se gardera bien de le lui reprocher. (gle)

Tom Fire ‘The Revenge’

La petite Goldfrapp a bien complété le cahier des charges: elle a fait à l’arrache son inédit (dispensable) et a rempli l’espace avec les meilleures pépites de son cru. Pas de DVD bonus, pas de code pour télécharger des titres supplémentaires, des démos, des documents pour les fans ou une appli iPhone. Non, juste un best-of très conventionnel, sans aucune valeur ajoutée. Une bonne porte d’entrée pour découvrir son travail, certes... (jbdc)

Keiji Haino/Jim O’Rourke/ Oren Ambarchi ‘Imikuzushi’ Black Truffle Records

Il est question ici de jouer avec le feu, de susciter une initiation non balisée à la pyromanie, à la pratique des substances pyrophores. Il est question d’un grand feu indompté, non maîtrisable. Un grand feu sous la houlette d’un trio de maîtres artificiers patentés. Jugez plutôt : Keiji Haino au chant et à la guitare, Jim O’Rourke à la basse et Oren Ambarchi à la batterie. A trois, l’alchimie de ce combo de fortune est explosive, elle détone sec. Enregistré live à Tokyo, cet album comporte quatre longues plages évoluant chacune au gré de ses avatars et de ses avaries. De temps à autre, la masse sonore est tempérée par la voix de Haino. Des textes resserrés, impérieux, nietzschéens. En cours de parcours, vous n’hésiterez pas à augmenter le volume, à faire vibrer les baffles, à vous enflammer les oreilles. Les plus vaillants se risqueront à se brûler un peu l’échine. (et)

Chapter Two/Wagram

Tom Fire…Et pourquoi pas Capitaine Flamme d’ailleurs ? A moins que tout ne soit dans le titre ‘The Revenge’, furieusement pompier. Producteur prolixe et multi-instrumentiste français, Camille Ballon est un homme de l’ombre qui a travaillé notamment avec No One Is Innocent, MC Solaar ou Yael Naïm. ‘The Revenge’ est sa toute première tentative de jouer avec le feu en solo. Mais à part d’un briquet pour s’allumer un peu de jamaïcaine, on ne voit pas trop d’où pourrait jaillir l’étincelle. Car c’est un peu la Jamaïque qui est le dénominateur commun de ce disque qui mélange assez grossièrement reggae, dub, pop, electro, world music et musique pour jacuzzi. Après l’introductif ’45 Stories ‘, berceuse dub pas subtile-subtile, les basses deviennent rapidement aussi lourdes que les paupières après quelques bouffées. MC Solaar passe en bon pote assurer sur un single (‘Marche ou Rêve’), écran de fumée qui doit donner au disque sa notoriété. Vite, un extincteur. (gle)

Goldfrapp ‘The Singles’ Mute

La chanteuse électro-pop britannique Alison Goldfrapp a envie de s’acheter une nouvelle maison à la campagne/doit payer une grosse amende aux impôts suite à un redressement fiscal/n’est pas super motivée de rentrer en studio mais aimerait bien toucher un treizième mois sans trop se fouler (biffer la mention inutile). C’est simple: suffit d’enregistrer un titre inédit vite-fait pour la promo, de regraver tous les anciens succès. En deux jours c’est plié et la galette se vendra comme des petits pains.

Dave Hause ‘Resolutions’ Xtra Mile Recordings

Après plusieurs années passées bien au chaud dans le peloton du punk américain, le frontman de The Loved Ones tente une échappée lyrique en solitaire. Et là où sa formation de sprinters mettait le grand braquet à la moindre occasion, on retrouve Dave Hause en randonnée cyclotouriste escaladant en danseuse et en souplesse des sommets parfois tout aussi escarpés mais à la végétation beaucoup plus luxuriante. Oubliés le son saturé et les grosses guitares énervées pour un rien, place à un chant beaucoup plus maîtrisé, à des refrains plus accrocheurs qu’écorchés et à des arrangements moins basiques. Un titre comme ‘Prague (Revive Me)‘ illustre parfaitement cette évolution et rappellera peut-être à Jean-Paul Ollivier les grandes heures de Green Day. L’album n’échappe toutefois pas au coup de pompe avec des titres plus faiblards mais une injection de Springsteen (‘C’ mon Kid’ son piano sorti de nulle part) permettra d’atteindre la ligne d’arrivée dans les - courts - délais (34 minutes). Honnête étape de moyenne montagne dans la carrière d’un bon équipier de la musique punkrock américaine. (gle)

Steve Hogarth & Richard Barbieri ‘Not the Weapon But the Hand’ Kscope/Ber tus

L’ancien leader de Marillion, sorte de super groupe porte-étendard du rock progressif dans les années 80, s’associe avec Richard

Barbieri, claviériste originel de Japan et de Porcupine Tree, pour une relation dont on ne sait si elle est s’inscrira dans la durée ou si elle est destinée à un oubli prochain. Les deux gaillards y mettent de la bonne volonté et, de toute évidence, une bonne dose de travail. N’empêche, le résultat n’est guère convaincant. Musicalement, c’est un peu ampoulé, boursoufflé des joues, comme qui dirait trop mou. Quelques invités tentent bien d’ajouter leur grain de sel (e.a. le contrebassiste Danny Thompson et les cordes de Dave Gregory d’XTC) mais ça ne suffit pas à sauver les meubles. Au final, ce disque un peu plat n’a foncièrement rien de « progressif » dont il pourrait se targuer, quoiqu’en dise l’étiquette. (et)

RM Hubbert ‘Thirteen Lost & Found’ Chemikal Underground/Konkurrent

Ce soir, à Glasgow, RM Hubbert a prévu un barbecue façon auberge espagnole en terrasse. Dans le jardinet étroit, les chaises sont dépareillées, le vin rosé à bonne température. Les invités ne se sont pas fait prier. Derrière sa dégaine de tatoué au cœur gros comme ça, il a le tempérament rassembleur et la passion partageuse, notre Hubby. Autour de sa guitare-prodige se bouscule tout ce que l’Ecosse a de plus top-notch: les camarades de la team Chemikal Underground mais aussi les cousins éparpillés sur Drag City (Alasdair Roberts dont le timbre du fond des âges sublime ‘The False Bride’, idéale clôture) ou Locust (Hanna Taulikki de Nalle dont les inflexions acidulées surprennent puis séduisent sur ‘Sunbeam melts the hours’ ).Chacun y va de sa signature personnelle, déposant là une ouverture façon spoken word (‘Car Song’ avec Aidan Moffat ex-Arab Strap et Alexis Kapranos de Franz Ferdinand), ici une interprétation glaçante de spleen sur lit de violon (‘Half Light’ par Emma Pollock, égérie des Delgados avec Rafe Fitzpatrick), sans que jamais ne soient étouffées ces facettes joliment nuancées, tantôt folk, tantôt hispanisantes, toujours vibrantes (Jack Rose n’est pas si loin) nées de la six-cordes du maître des lieux. On en viendrait presque à regretter que la fête ne dure pas plus longtemps, mais on était prévenus : pas de gigue sur la table, juste un disque à la grâce réelle, à 1000 lieues du seul copinage. (alr)

I Am The Avalanche ‘Avalanche United’ Xtra Mile Recordings

Un quintet originaire de Brooklyn, emmené comme il se doit par un charismatique leader, le bien nommé Vinnie Caruana. On pourrait gloser ad libitum sur le déterminisme dans la musique contemporaine car on imagine sans peine qu’avec ce patronyme il était davantage prédestiné au punk-rock qu’au chant choral. Et de fait, I Am The Avalanche dégueule sur ses productions un mélange de hardcore 90’s et de punk-rock assez efficace sur un tempo inversement proportionnel à son rythme de travail. Six ans en effet que ce nouvel album était

attendu. Et tous les ingrédients du genre sont à nouveaux réunis : power chords, voix éraillée (mais posée de façon assez unique) et abondance de - jolis - chœurs qui vous transforment illico tout refrain en hymne aussi caricatural qu’imparable. Les pédales de distorsions sont autant malmenées que la bienséance, notamment sur ‘Holy Fuck’, subtile et poétique métaphore qui fait allusion au divorce de Vinnie. Mais lorsqu’il n’est pas question d’amour, le punk n’empêche pas la nostalgie et le vibrato, la preuve sur ‘Brooklyn Dodgers’, ode à ce quartier de Big Apple que ne renierait pas un Paul Auster qui aurait fumé autre chose que des cigarillos. Une musique qui sue l’urgence. Punk’s not dead ! (gle)

Islet ‘Illuminated People’ Shape

Dans la famille néo-psychédélique, je demande des neveux/nouveaux venus de Cardiff : deux frères, une batteuse, beaucoup de possibilités indomptées… erratiques, extatiques et sales gosses, nos farouches indépendants (album sur leur propre micro-label) n’aiment pas rester en place une seule seconde et on les comprend. Quand votre arc comporte des cordes si différentes de vos compatriotes (ici, il n’est pas question de britpop une seconde) mais proches des tentatives embrasées d’Animal Collective, du phrasé naïf de Deerhoof, de l’exubérance flamboyante de Gang Gang Dance, ou de la transe de Can, il est naturel que vous en profitiez pour tester tous vos nouveaux jouets, tricoter les structures mélodiques, tester les limites de la noise et faire exploser le taux de percussions autorisées. Dès ‘Libra Man’, ‘Illuminated People’ nous fait le coup du quadruple looping en neuf minutes (entre autres : chœurs chamaniques, petit riff noise, reverbs flottantes) et tout échevelés qu’on est à la sortie du grand huit, on demande du rab à mains jointes. Tout ça pourrait passer pour de l’inconscience juvénile si Islet ne savait pas jouer à merveille des contrastes entre explosions soniques et silences, faire le contorsionniste entre pop foutraque (‘A Bear On His Own’), balade lo-fi (‘We Bow’) et trips acides (‘This Fortune’). On n’a désormais qu’une hâte, découvrir ce que ces gamins turbulents ont dans le ventre sur scène ! (alr)

Jonquil ‘Point of Go’ Blessing Force/V2

On avait quitté les Oxfordiens de Jonquil en pleine cueillette de pâquerettes au pays des ‘Lions’ et des cervidés avec Mumford and Sons, accordéon, violon et échos dans la gibecière. On était confiants pour l’avenir : même au cœur de la Perfide Albion flottait dans l’air comme un divin parfum de folk venu d’OutreAtlantique et les Fleet Foxes n’allaient pas tarder à distiller leurs harmonies vocales, faisant de l’hiver une saison à célébrer. 2012, l’heure de la gueule de bois : au sein de Jonquil, on ne joue plus aux bucoliques troubadours, faute de main d’œuvre assermentée, partie former les Trophy Wife. Avec trois membres en moins, pas d’autre choix que de se réinventer et de recruter un quatrième larron. Le cap choisi par Hugo Manuel (Chad Valley) et ses comparses se fond à merveille dans l’air du temps : beats afro, spleen urbain, voix syncopée entrecoupés de passages lumineux, accents 80’s assumés. Pas désagréable mais on peine un peu à s’enthousiasmer devant ces efforts qui s’éloignent peu des balises solidement ancrées du côté des Foals, en nettement moins énergique. Un édifice honorable mais pas indispensable. (alr)

Kapitan Korsakov ‘Stuff & Such’ KKK Records

Cela fait un petit bout de temps que l’on entend dire beaucoup de bien de ce groupe gantois qui a déjà sorti un premier album en 2009. A l’écoute de ‘Stuff & Such’, on ne peut que confirmer que ce trio a vraiment quelque chose


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de spécial et que la hype était donc justifiée. Ce qui impose particulièrement le respect, c’est que le groupe touche à une belle variété de genres en atteignant constamment un degré de réussite très élevé. Par exemple, on a droit avec ‘Quicksand surfer’ à un excellent titre indus abrasif. ‘Don’t believe the hope’ et ‘Cancer’ sont tout aussi convaincants dans un registre post grunge décapant, à l’instar du puissant ‘In the shade of the sun’. Les titres plus calmes sont également excellents, à l’instar du très folk ‘Smile and stay friends’ ou de ‘Proud flesh’, superbe de mélancolie. On décernera aussi une mention toute spéciale au très pop ‘Piss where you please’. Avec ‘Stuff & Such’, Kapitan Korsakov signe donc un excellent album n’affichant quasi pas de failles - on retrouve tout au plus 2 tires plus dispensables - et semblant promettre le groupe à un bel avenir. (pf)

Gangrene (The Alchemist & Oh No) ‘Vodka & Ayahuasca’ Decon/Rough Trade

Moins d’un an après l’excitation suscitée par l’album ‘Gutter Water’, The Alchemist et Oh No refont surface avec un nouveau disque de Gangrene : un truc de malade, foutraque et psychotoxique. Oh No, électron libre de la galaxie Stones Throw (Jaylib, MF Doom, Aloe Blacc) ravive son flow étrange sur les beats fantasmagoriques de The Alchemist. Moins sombre que son prédécesseur, ‘Vodka & Ayahuasca’ se nourrit exclusivement de champignons psychédéliques, d’herbes folles et de fioles chargées d’eaux-de-vie aux propriétés infinies. Gangrene a la langue bien pendue et les pupilles sacrément dilatées. Si l’approche est old school, l’attaque est frontale. Gangrene fait mal. Invités autour de la bouteille de vodka, Roc-C, Prodigy (Mobb Deep) ou Evidence (Dilated Peoples) tirent sur le bong avec l’avidité des défoncés. Trip acide de chez acide, ‘Vodka & Ayahuasca’ confirme la bonne santé du projet : physiquement puissant, mentalement atteint. Un festin. (na)

King Lee

Mighty Sparrow

‘Menace For Wallifornie’ Freaksville

Connu pour avoir officié en tant que Mc de Starflam, Enfant Pavé s’est rebaptisé King Lee et signe avec ‘Menace For Wallifornie’ son deuxième album sous ce patronyme. Bien évidemment, l’album fait la part belle au hip hop. Ceci dit, loin de proposer un style monolithique, King Lee truffe ses compositions de sonorités variées allant de l’électro au funk, en passant par le reggae et le jazz. De façon générale, l’album est accrocheur et direct en plus d’être très engagé au niveau des textes qui traitent de problèmes politiques et sociaux de nos régions. Impeccablement produit par DJ Mig1 qui a bossé avec Starflam, ce disque comporte plusieurs belles réussites comme le titre éponyme, ‘Si long’, ainsi que ‘Le candidat’ dont le texte est particulièrement percutant, sans oublier le reggae dub addictif de ‘Melancolie’ ou encore le très fort ‘Le dindon’, aux ambiances jazzy chaloupées et hypnotiques. (pf)

Mark Lanegan ‘Blues Funeral’

et en même temps menaçant et inquiétant. Afin d’assurer les parties vocales de son album, Leila a convié Mt. Sims qui fait dans le spoken word assez doom. Cette alliance se révèle souvent très réussie comme sur ‘Welcome to your life’, truffé de beats saisissants, d’effets noisy et d’infra basses, ou encore avec ‘U & I’ au charme gothique. Sur les titres instrumentaux, Leila génère des atmosphères incroyablement prenantes et l’on pourrait citer à titre d’exemple le très accrocheur ‘Activate I’, sans oublier l’apocalyptique et industrialisant ‘Interlace’. Parfois, c’est vrai, l’album flirte avec des expérimentations vraiment bizarres qui peuvent déconcerter. C’est ainsi que ‘Colony collapse disaster’ semble être l’enfant maléfique d’un flirt poussé entre Atari Teenage Riot et Einstürzende Neubauten. Pour le reste, on ne peut que saluer la singulière originalité d’un disque qui saura convertir les adeptes d’une électro audacieuse. (pf)

The Little Willies ‘For The Good Times’

4AD/Beggars Banquet

Milking Bull Records

Lanegan a posé sa voix d’outre-tombe dans toutes les chapelles. Son chemin de croix, son virage solitaire aux portes de l’enfer, s’est d’abord glissé entre les cordes d’une guitare acoustique et le goulot d’une bouteille de whisky (les excellents ‘Whiskey For The Holly Ghost’et ‘I’ll Take Care of You’) avant de se déporter vers l’électricité, avec la complicité d’un groupe. C’était en 2004, et Mark Lanegan publiait ‘Bubblegum’, un album qui, aujourd’hui encore, nous colle méchamment aux oreilles. On célèbre ici le réveil du damné avec un disque au titre franchement radieux : ‘Blues Funeral’. Tout un programme... ‘The Gravedigger’s Song’ ouvre la marche funèbre dans une grande débauche électrique : un tonnerre vibrant qui sent bon la fin des temps. On se dit qu’on tient là un disque énorme. L’impression ne retombe pas. ‘Bleeding Muddy Water’ prolonge la tension par le prisme d’un blues lancinant, presque malsain. On a envie de crier au chef d’œuvre, et c’est là que ça part en couille. Lanegan tourne le dos aux ténèbres, flirte avec la pop (‘Gray Goes Black’), singe son propre passé (‘Riot In My House’) et convie l’ennemi juré au banquet : le synthé, l’affreux vilain,est de tous les mauvais coups (‘Ode To Sad Disco’, ‘Quiver Syndrome’ ne citer que deux horreurs). Heureusement, quand on s’appelle Mark Lanegan, on peut compter sur de bons camarades. Le producteur Alain Johannes, Josh Homme (Queens of The Stone Age), Chris Goss (Masters of Reality) ou Greg Dulli : autant de secouristes qui vous sortent tranquillement d’affaire. Lanegan échappe (de peu) à la catastrophe. (na)

The Little Willies, toujours emmenés par la voix de Norah Jones, reviennent avec un album intitulé ‘For The Good Times’ qui fleure bon la poussière vintage des grands espaces de l’Ouest et les poor lonesome cow-boys. Norah et ses potes ont bien plus de légitimité que nous à disserter autour de cette musique. Et en rendant hommage aux héros de la musique country, celle qui a passé une grande partie de son enfance au Texas réaffirme à l’occasion que la soundtrack de sa jeunesse a forgé une part importante de son identité musicale dans un pays où la country et le jazz ne sont pas facilement réconciliables car tellement connotés par leurs origines. Tout ça pour dire qu’ici le décor n’est pas en carton-pâte. ‘For The Good Times’ n’a d’autres ambitions que de revisiter des classiques de la country américaine et peut-être d’étendre le cœur de cible marketing au-delà des routiers de la 66. Johnny Cash, Loretta Lynn, Dolly Parton et leurs tubes sont mis à prix, comme autant de cadavres exquis que les vautours de la région respectent encore profondément. Autant qu’on puisse en juger, le disque est une réussite même si les puristes à Stetson préfèreront sans doute les originaux plus roots à ces reprises sans prétention certes, mais qui insistent parfois un peu trop sur le côté « on s’fait un bœuf entre potes pour le fun ». (gle)

Leila ‘U & I’ Warp/V2

Leila, qui a déjà pas mal de bouteille, propose de l’electronica avant-gardiste que l’on pourrait rapprocher des travaux d’Aphex Twin. L’album tisse des paysages sonores électros assez sombres, parsemés de broken beats pour un résultat très envoûtant

tard, allait rejoindre l’ensemble Zeitkratzer. A la fois jouée en live et sur des bandes, la musique se déploie en un arsenal chatoyant de couleurs opiacées. Conçues à la base pour être le support musical d’une chorégraphie de Kilina Cremona ; les deux parties de l’œuvre dépassent très largement le simple contexte de leur écriture. Rendant aussi bien hommage à John Cage qu’à Steve Reich ou Terry Riley, les déclinaisons de notes véhiculées par les deux complices scintillent tel le plus rutilant des colliers de perles - nulle trace, évidemment, d’un minimalisme courtois à la Max Richter en ces lieux. Mieux, la fréquentation de cette voix des arbres devrait même dire quelque chose à ceux qui, un jour, ont dû aimer Yann Tiersen. Anyway, on se demande comment on a pu vivre près de trente ans sans connaître cette musique. (fv)

Mano de Dios ‘Sleep Through The Morning Light’ Trapeze Par tners/Rough Trade

Un soir pas très net, où la slivovitz de contrebande coulait à flots et où chacun avait ressorti des malles ses oripeaux de prestige en satin et ses colliers plaqué or, le No Smoking Orchestra au grand complet avait décidé de jouer à la bête à deux dos avec les Gipsy Kings sous l’œil bienveillant de Gogol Bordello. Trop de trompette et le pouls à 180, ça peut attirer sur vous le mauvais œil sur trois générations. Un héritier, ça ne prend pas toujours le meilleur de votre code génétique, ça finit par cracher dans la soupe, surtout si tu lui fredonnes du Lou Bega en guise de berceuse. Tu penses qu’ils auraient ralenti la cadence, pris leurs précautions?

Nous voilà donc aux prises avec Mano de Dios, leurs rejetons impétueux impossibles à canaliser, yéké yéké, et à moins d’emballer dans un post-pack avec un joli nœud ces clochards célestes direction LaSemo ou Esperanzah où leur fanfare baltringue sans bouton off trouverait vraisemblablement un écho positif, on ne voit qu’une solution, radicale : du goudron et des plumes. (alr)

Marie France Et Les Fantômes ‘Kiss’ Freaksville

Artiste classe et inclassable, égérie culte au parcours singulier, en dehors des sentiers battus, Marie France ne pouvait qu’être amenée à rejoindre un jour ou l’autre l’écurie Freaksville. Entourée des Fantômes, parmi lesquels on retrouve l’inévitable Benjamin Schoos et le fidèle Jacques Duvall, Marie-France nous aguiche avec un ‘Kiss’ plutôt sexy auquel il serait difficile de résister. Evoluant dans un registre rock/ garage/ rétro 60s/ country très catchy et qui affiche quelques bons riffs de derrière les fagots, l’album brille notamment au niveau des textes, écrits par Duvall dans un registre cynique et désabusé on ne peut plus jouissif. On retiendra en particulier ‘Dieu pardonne’ et son texte génial, le très immédiat ‘Trop de boucan’ ainsi que le très classe ‘Elle ou moi’, sans oublier l’extrêmement touchant ‘Un garçon qui pleure’ sur lequel intervient Chrissie Hynde des Pretenders pour un duo aussi inattendu que plaisant. (pf)

‘Sparrowmania !’ Strut/PIAS

Vous connaissiez le calypso ? Non ? Alors, voici le moment de la découvrir. Cette musique originaire des Antilles basée sur des rythmes à deux temps pour percussions fut historiquement liée à l’importation du carnaval à Trinidad et Tobago et popularisée aux Etats-Unis par Harry Belafonte. Dans les années 60, Mighty Sparrow, à la fois chanteur, guitariste et compositeur lui donna ses lettres de noblesse au travers des dizaines d’enregistrements perdus avec le temps. Le label Strut exhume aujourd’hui la part essentielle de son héritage et le fait revivre au travers une généreuse compilation reprenant près d’une trentaine de titres. Il est question d’une culture dont nous ignorons tout ou presque. En apparence, la musique de Mighty Sparrow baigne dans la bonne humeur furieuse et dans l’insouciance crasse. On dodeline de la tête et on danse pour sûr. A y regarder de plus près, elle puise ses racines dans la négritude sans trop vouloir oser le revendiquer ouvertement et interroge le colon. Il y a quatre ans, Mighty Sparrow réalisait une chanson en hommage à Obama tandis qu’il revisitait, avec Machel Montano, son célèbre ‘Congo Man’, présent ici dans sa version originale. (et)

Mr. Chop ‘Switched On’ Now-Again/Five Day Weekend

Homme caché derrière ses initiales, Mirco Eggersman ajoute une corde à son arc, en plus de batteur de The Spirit That Guides Us, chanteur d’At The Close Of Every Day et patron des labels Sally Forth et Volkoren. Enregistré dans un… château d’eau, ‘Reservoirs’ se veut très largement dans le ton des groupes dont le musicien-producteur-chanteur-numismate (biffez la mention inutile) hollandais est issu. Un ton tout en demi-mesures, où un certain sens de la mélancolie est contrebalancé par des nuances de bleu bienvenues (ici la chanteuse Mariecke Borger et son angélique timbre de voix), mais aussi des arrangements pop tout en délicatesse et sobriété, on est heureusement très loin des épanchements de synovie à la UNKLE, en dépit d’un terreau stylistique en partie commun. Pris un par un, les titres ne manquent pas de charme, mis bout à bout, on peine à déceler un réel relief, voire un véritable mordant. (fv)

Voilà un projet intéressant: bricolé dans un studio 100% analogique, ce disque est un hommage purement instrumental aux synthés Moog typiques du son des 70’s. L’anglais Mr. Chop me fait penser à ces mecs qui passent des centaines d’heures à bricoler des vidéos image par image avec des Lego pour se refaire les scènes cultes de Star Wars. Ils savent bien que leur succès se limitera à une centaine de vues, pourtant rien n’oxyde leur enthousiasme. Ici, c’est pareil: l’artiste s’escrime à faire cracher les sons spatiaux de ses synthés et autres oscilloscopes. On imagine le travail de bénédictin que cela représente pour arriver à produire toute cette jungle sonore. On se réjouit de choper par-ci par-là des références subtiles à Can, aux JB’s et autres Edgar Winter Group. On se prend au jeu de cette musique funky qui fait penser à des séries policières des 70’s ou à de la veille science-fiction. Sans être le disque de l’année, cette curiosité archéologique possède un charme tout à fait particulier. Une petite mignardise dont on se délecte. (jbdc)

Lubomyr Melnyk

My Best Fiend

ME ‘Reservoirs by ME’ Volkoren

‘The Voice of Trees’

‘In Ghostlike Fading’

Hinterzimmer Records

Warp/V2

Le présent disque est un cadeau tombé du ciel. Enregistré en… 1983 et jamais publié, hormis en CD-R, ‘The Voice of Trees’ met en présence son compositeur, le Canadien aux origines ukrainiennes Lubomyr Melnyk, qui joue du piano, ainsi que le tubiste Melvyn Poore - qui, des années plus

J’aime à penser que les découvertes musicales les plus troublantes sont celles dont on n’attendait rien. Je n’avais pas programmé d’être surprise par My Best Fiend, pas envisagé d’être terrassée par ‘Higher Palms’, sa mise en bouche longue, son chœur contagieux comme du Dead Man’s Bones sous euphorisants, ses nappes denses et cette voix ambigüe, comme anesthésiée et pleine de gloom (Mick Jagger est certainement tapi dans un coin), ces cla-


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and more to be announced!


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viers presqu’indéfendables de fin de morceau qu’on finit par aimer tout de même. Je n’avais pas prévu que Frederick Coldwell se la jouerait Mimi Parker (Low) nonchalante sur ‘Jesus’ et que ça signerait en partie ma reddition. Oh, bien sûr, un morceau comme ‘One Velvet Day’ est peut-être bien en deçà de la barre de l’appréciation, un rien mou du genou et ‘In Ghostlike Fading’ ne viendra pas nous extirper complètement des sables mouvants. Mais c’est un album suffisamment habité par endroits pour qu’on accepte de flotter paresseusement jusqu’à ‘On The Shores Of The Infinite’, berceuse-fleuve de 7 minutes qui contribuera, c’est certain, à nous amener tout droit au Village dans les Nuages sans absorption de Lendormin. Aie confiance, ferme les yeux…(alr)

Nadeah ‘Venus Gets Even’ Cinq7/Wagram Music

Ne me prends pas pour une quiche, darling. Tu crois qu’on ne me l’a pas déjà fait, le coup de la grande gigue blonde exotique qui proclame à tout va « Life is a cabaret ! », en balançant ses colliers de pacotille à la face du premier venu, en renversant son verre de whisky ? Oh, je ne me leurre pas, tu les trouveras, les quidams en pâmoison devant ton excentricité arty, ton tempérament de tigresse burlesque, devant tes vidéos jazzy calibrées pour magazines féminins. Je suis prête à parier que certains reliront de la poésie (laisse-moi deviner : ‘Les Fleurs du Mal’, Lautréamont ?), puisque la légende veut que ça soit ta lubie de petit déjeuner, avec Paris en poster de fond. À deux reprises (‘Tell me’, ‘Even Quadraplegics Gets The Blues’), j’ai cru que tu tombais le masque, que le rimmel coulerait, mais en langage codé, n’appelle-t on pas ça le moment émotion? Je te confie aux Coco Girls : « Cette fille est too much, too much, trop, trop, trop ». (alr)

/LINES ‘NZCA/LINES’ L- O-A-F

La mode de ces dernières années est au synthétiseur. Avec plus ou moins de réussite, certains artistes nous gavent de ces machines aux sons souvent eighties. Si Metronomy a ouvert l’année dernière la voie du marathon électronique, le londonien Michael Lovett a réussi à reprendre la flamme encore brulante du relais musical. Avec sa voix aux octaves hauts perchés et ces rythmes frais, le garçon au look de jeune premier livre un disque doux qui laisse exploser une sensibilité exacerbée. Bien que la comparaison avec Metronomy soit évidente, les deux albums sont loin d’être semblables même si le dandy s’est offert les services de Charlie Alex March et Ash Workman (Simian Mobile Disco Club, Metronomy). Si, de toute évidence, la ligne conductrice de ce disque n’est autre que la voix de l’artiste, les synthés électro-pop accompagneront délicieusement les premières parties de soirées, tout en douceur, sans jamais réellement surprendre. (tv)

Of Montreal ‘Paralytic Stalk’ Poly v ynil Records

La personnalité expansive et à la limite de la schizophrénie de Kevin Barnes, sémillant leader à paillettes et garde-robe expansive du groupe, n’est plus à démontrer, tout comme ne l’est plus son opiniâtreté à dissoudre toute tentative de résumé. Faire face à un nouvel album d’Of Montreal consisterait donc presque exclusivement à dénombrer combien de voix intérieures inédites (on connait évidemment la version surexcitée de David Bowie à moins que ça ne soit Ziggy Stardust) il nous fera découvrir, combien de leprechauns à bas rayés il sortira de son chapeau à quintuple fond, quels tours de passe-passe transgenres il a encore en réserve. Pour ce onzième album qu’on peine à distinguer tout à fait des précédents (si ce n’est qu’il existe une version limitée du vinyl en couleur fuschia, ça ne s’invente pas), la formule consiste à superposer des couches symphoniques, des voix de fausset glam, à convoquer quelques aurores boréales, et à rajouter des pépites colorées de chocolat fondant, le tout en mélangeant à la cuiller et en ayant à

Trent Reznor/Atticus Ross The Girl With The Dragon Tattoo’ Null Coroporation/Mute

Pour composer la bande son de son film inspiré de la saga Millenium, Fincher a bien évidemment fait appel à Trent Reznor et Atticus Ross, lesquels avaient déjà réalisé la B.O de ‘The Social Network’ pour un résultat d’excellente facture. Le résultat est tout bonnement époustouflant. Durant près de trois heures et réparti sur trois CDs, l’ensemble est d’une incroyable cohérence tout en affichant une immense richesse musicale. Il n’y a pas la moindre trace de remplissage et écouter le projet d’une traite est une expérience des plus jouissives. Quasi exclusivement instrumental, ‘The Girl With The Dragon Tattoo’ comporte d’une part des morceaux de bravoure typiquement indus truffés de grésillements synthétiques apocalyptiques et de riffs perçants et d’autre part des plages plus minimalistes avec des motifs joués au piano sur fond de nappes synthétiques atmosphériques faussement apaisées et emprunts d’un sentiment de menace permanent. Notons aussi que l’on retrouve deux titres chantés, soit des reprises. Il y a tout d’abord une excellente version indus d’ ‘Immigrant Song’ de Led Zeppelin interprétée avec conviction et inspiration par Karen O des Yeah Yeah Yeahs qui ouvre l’ensemble tandis qu’en guise de clôture, How To Destroy Angels (soit le groupe de Ross et de la femme de Trent) propose une version dépouillée et prenante de ‘Is Your Love Strong Enough’ de Bryan Ferry. Remarquable! (pf)

portée de main une ou deux aspirines, au cas où. Vérifiez par vous-même, on ne vous en voudra pas. (alr)

Sean Paul ‘Tomahawk Technique’ Atlantic Records

Tout le monde se souvient du tube ‘Shake That Thing’ qui a, en quelque sorte, assis définitivement la carrière du Jamaïcain Sean Paul. D’ailleurs, rien qu’à l’évoquer, je me sens contraint de bouger mon booty d’avant en arrière, quelle horreur ! Son cinquième album est rythmé par des sons très marqués dancehall, parsemé de ce qu’on devine être des tubes potentiels : les deux premiers singles ‘Got 2 Luv U’ ‘She Doesn’t Mind’ ne me feront pas mentir. Le guerrier fait les choses en grand et arbore une superbe coupe iroquoise. Malheureusement, la seule image qui me vient en tête en écoutant les morceaux, ce sont des pré-adolescentes, fraichement colorées, dansant devant leur miroir, ingurgitant difficilement un Bacardi Breezer avec leurs amies, jouant à poser encore et encore, la bouche en cœur, pour compléter une énième galerie photo de leur réseau social préféré. Si le Tomahawk fût une arme redoutable, le disque de Sean Paul en est une aussi, une arme contre le bon goût, et la musique aussi. (tv)

Perfume Genius ‘Put Your Back N2 It’ Matador/Beggars Banquet

Âme hyper sensible de Perfume Genius, Mike Hadreas a pris l’habitude de déshabiller les zones d’ombre de sa vie sous des chansons maniérées. Sculptés sur les notes mélancoliques de son piano, les mots s’alignent pour raconter des histoires sordides (l’étrange ‘Awol Marine’, inspirée d’une vidéo porno amateur), rendre hommage à la littérature (‘Dirge’, poème de 1921 signé de la plume d’Edna St. Vincent Millay) ou chanter sa mère adorée (‘Dark Parts’). Perfume Genius aborde la condition humaine sans ambages. Il parle énormément de lui, de son homosexualité (‘Put Your Back N2 It’) et de ses sensibilités (‘No Tear’). Sans aller jusqu’à se caresser le nombril, et en évitant soigneusement de radoter, Hadreas parvient à renouer avec le charme de son premier album (‘Learning’). Dans un calme quasi contemplatif, à des années lumières de toute agitation, le garçon balise un champ intime qui doit autant à fragilité d’Antony Hegarty qu’à la déprime paradisiaque d’Elliott Smith. Un disque à chérir avec une main sur le cœur et la larme à l’œil. (na)

Le Peuple de l’Herbe ‘A Matter Of Time’ Boneplak/Discograph/Pias

Toujours bon pied bon oeil après 15 ans d’existence, les Français sortent leur sixième album. Pas de grande révolution ici: du mé-

lange de hip hop, de ska et de rock, une ambiance bonne enfant et pas prise de tête. Malgré la nonchalance et le sacré foutoir, on sent que le groupe a une putain d’expérience et sait faire sonner ses morceaux. Ils ont toujours ce côté improvisé, façon groupe d’ados défoncés qui se font un gros délire dans leur garage - mais avec une forme de perfectionnisme, de professionnalisme dans leur approche. L’ensemble est parfait dans son genre. On sent même que les Français tentent de se renouveler, mais hélas sans vraiment y aller à fond. J’ai l’impression que rien ne décolle vraiment, qu’il n’y a pas cette petite étincelle qui départage les disques honorables des disques d’exceptions. De bons élèves appliqués et travailleurs ces Peuple de l’Herbe, c’est sûr... mais qui gagneraient à s’éloigner de leur zone de confort. (jbdc)

Phenomenal Handclap Band ‘Form & Control’ Tummy Touch/Ber tus

Les plus jeunes d’entre nous ne se souviennent certainement pas de ce tube « hippocampelephantocamélos » comme disait Edmond Rostant, mais les plus vieux si : le cosmique ‘Contact’ composé et écrit par Serge Gainsbourg pour Brigitte Bardot a certainement influencé ce deuxième disque des Phenomenal Handclap Band. ‘Following’, le morceau ouvrant l’album, nous plonge en 1968, divine année, dans un disco venu d’ailleurs. Malheureusement, la comparaison avec ce tube kitch s’arrête à cette sonorité particulière tant le reste de l’album ne restera malheureusement pas dans les annales. Messieurs les gouvernements, je me permets de vous adresser ces quelques mots car je sais, de source plus ou moins fiable, que vous nous lisez tous les mois. Ayez l’obligeance, je vous prie, d’ouvrir la zone 51 pour rendre la soucoupe volante à ces messieurs et par la même occasion, si vous pouviez décongeler la vraie Brigitte Bardot, oui celle qui ne faisait pas peur et qui portait de la fourrure. Merci. (tv)

Povarovo ‘Tchernovik’

Dale Cooper Quartet & The Dictaphones ‘Métamanoir’

The Eye Of Time

loncelle, des claviers, une guitare, une clarinette et une trompette. Des rythmes alentis, diminués. Des atmosphères lynchéennes antalgiques. C’est un peu dans ce créneau que s’inscrit, de façon prévisible, le disque du Dale Cooper Cooper Quartet. Ce ‘Métamanoir’ pourrait puiser ses origines dans des endroits bucoliques de Bretagne : un cellier, un ermitage, une gentilhommière, un rendez-vous de chasse. Autant de lieux repris par les différents titres. Enregistré à Brest par un trio de musiciens, il convie plusieurs invités de circonstance dont la chanteuse Gaëlle Kerrien (Yann Tiersen). Au final, il s’impose comme une œuvre cinétique alanguie et parcimonieuse. Le plus gros morceau revient à The Eye Of Time. Pas seulement pour la durée, un double cd de près de deux heures, mais aussi pour la densité de l’ouvrage. Même si elle ne s’appuie essentiellement que sur des samples, la masse sonore apparaît dense, tassée, à l’image des images qui figurent sur le somptueux booklet joint. The Eye Of Time est en réalité le travail solo de Marc Euvrie, revu et remixé par Antoine Quoniam. Une musique aux accents apocalyptiques qui plaira aux fans de The Panacea et de Dalek. (et)

Prinzhorn Dance School ‘Clay Class’ DFA/Coop/V2

DFA nous avait assurément habitué à des sorties bien plus festives et dansantes que celleci. Prinzhorn Dance School est un duo proposant une musique on ne peut plus minimaliste et cérébrale. Sur fond de percussions répétitives et de lignes de basse assez post-punk, Tobin Pronz et Suzi Horn abordent des thèmes politiques, économiques et sociaux dans un registre mi parlé, mi chanté. Après plusieurs écoutes, on se dit que cela ressemble un peu à du Gang of Four qui aurait délaissé son sens du groove funky au profit d’une démarche clinique et ascétique. On ne peut dans l’absolu que respecter la démarche du groupe mais il faut reconnaître que l’univers musical aride et répétitif qu’il déploie n’est pas vraiment engageant, à l’exception du plus pop ‘I want you’. (pf)

Professor Green ‘At Your Inconvenience’ Virgin Records

Poussé dans le dos par le brave Mike Skinner (The Streets), Stephen Manderson a revêtu le costume du Professor Green pour s’imposer au sommet des charts anglais. A l’été 2010, ‘Alive Till I’m Dead’ enjolivait les vitrines d’Oxford Circus de quelques tubes ensoleillés. Pour son retour aux affaires, le Londonien tire à boulets rouges sur les affres de la célébrité. Sa petite gloriole autour du cou, le Professor découvre le revers de la médaille : presse à scandales, paparazzis ou les interminables journées promo... En même temps, inutile de compter sur son nouvel album pour élever le niveau. Sur ‘At Your Inconvenience’, Professor Green sert un pot-pourri de ses influences : hip-hop sauce fish’n’chips, electroclash, drum’n’bass, dubstep et balivernes R’n’B profilées pour le rayon chaussettes du H&M. Qu’il s’abandonne à une parodie désolante du ‘Stan’ d’Eminem (‘Today I Cried’) ou qu’il rapièce le ‘Where Is My Mind ?’ des Pixies – didju, Frank Black va encore prendre quelques kilos ! – sur le refrain sirupeux de ‘Spining Out’, c’est la petite tambouille du grand n’importe quoi. Eminem du pauvre, Mike Skinner du riche, le nouveau Professor Green n’est pas là pour nous faire oublier la crise. (na)

Pulled Apart By Love

Denovali Records/Sonic

‘Tough Love’

Il serait injuste de passer sous silence le travail accompli par Denovali, un label qui, en peu de temps, a su créer un début de catalogue éclectique et conférer à ses productions un habillage à l’esthétique élégante. En témoigne ces trois sorties réalisées ces joursci. Povarovo tout d’abord. Sous cette bannière se profile un combo russe dont on nous dit qu’il est anonyme et influencé par Bohren & der Club Of Gore et The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble. De fait, la ressemblance est troublante, tant dans l’approche mélodique que dans le son lui-même. Un jazz ambient sombre et ouaté, basé sur une contrebasse, un vio-

Transgressive Records

Sorti de nulle part en 2010 avec un premier album enregistré à la va vite et terriblement percutant, Pulled Apart By Love a décidé de consacrer plus de temps à la réalisation de son deuxième opus, histoire de confirmer tout le bien qu’on pensait d’eux. On ne peut que les en féliciter, car si l’on retrouve sur ‘Tough Love’ les mêmes qualités que sur son prédécesseur - un son brut, voire brutal et des titres accrocheurs, la cohérence est ici davantage palpable, tandis que l’éclectisme demeure. Rarement, en effet, un groupe aura réussi à s’approprier l’héritage de Fugazi, de Jesus Lizard, de Nirvana ou


AGENDA CONCERTS RAPHAEL SAADIQ 11.03 HEATHER NOVA 18.03 ANOuk 24.03

ancienne belgique - bxl vooruit - gand sportpaleis - anvers

US

sportpaleis - anvers

BE

“on the run”

DA SILVA 28.03 JONATHAN JEREmIAH 01.04

BE

le botanique - bxl

ancienne belgique - bxl support act : marco z

EmELI SANDÉ 02.04 DRAkE 07.04

cirque royal - bxl

vooruit - gand

“Wonderland”

BLACk BOX REVELATION 11.04 08.05 SINÉAD O’CONNOR 12.04 NIGHTwISH 16.04

ancienne belgique - bxl vooruit - gand

concert suppl. concert suppl.

cirque royal - bxl

support : battle beast

PONy PONy RuN RuN 18.04 SkRILLEX 26.04

17.03 WAR FROM A HARLOTHS MOUTH

le botanique - bxl lotto arena - anvers

“the skrillex cell grey daze european tour”

RyAN ADAmS 02.05

salle reine elisabeth - anvers

“2012 europe tour”

03.05 04.05 06.05 08.05

LmfAO 09.05 JuDAS PRIEST 23.05

ancienne belgique - bxl ancienne belgique - bxl cirque royal - bxl ancienne belgique forest national - bxl

ancienne belgique - bxl

mETALLICA 28.05 parc du festival - Werchter performing the legendary avec soundgarden, mastodon, black album in its entirety channel zero, gojira et ghost ancienne belgique - bxl

“the blue slide park tour”

cirque royal - bxl

kanye West

wATCH THE THRONE 03.06 sportpaleis - anvers ROCk wERCHTER 2012 28.06>01.07

plus d’info sur WW.rockWerchter.be parc du festival - Werchter

avec e.a. RED HOT CHILI PEPPERS, PEARL JAm, THE CuRE, ELBOw, SNOw PATROL, DEuS, mumfORD & SONS, BLINk-182, fLORENCE +

THE mACHINE, kASABIAN, DEADmAu5, JuSTICE, SkRILLEX, GOSSIP, THE kOOkS, INCuBuS, mILOw, SELAH SuE, BEIRuT, DJ fRESH PRESENTS fRESH/ LIVE, DROPkICk muRPHyS, CALVIN HARRIS, wOLfmOTHER, BLACk BOX REVELATION, SkREAm fT. SGT POkES, kATy B, BIRDy NAm NAm, JAmES mORRISON, wIz kHALIfA, my mORNING JACkET, NOAH & THE wHALE, mAC mILLER, mASTODON, RISE AGAINST, BAT fOR LASHES, ANNA CALVI, AmON TOBIN, mILES kANE, THE ALL-AmERICAN REJECTS, THE mACCABEES, OTHER LIVES, NNEkA, kATzENJAmmER, JAmES VINCENT mCmORROw, x and more to be announced

mADONNA 12.07 DIONySOS 01.11 DEEP PuRPLE 03.12

23.03 MIREL WAGNER

BE BE

BE

FI

30.03 FRANK TURNER AND THE SLEEPING SOULS BE

Werchter boutique presents

CAmILLE 30.05

BE

+ AS BLOOD RUNS BLACK + I, THE BREATHER + THY ART IS MURDER

07.04 ISBELLS + RENÉE concert suppl.

mAC mILLER 29.05

BE

UK

+ EMILY BARKER AND THE RED CLAY HALO + TIM VANTOL

lotto arena - anvers “epitaph tour” support act : saxon

NETSky 26.05

09.03 LIMBOLINK PRESENTS: FUCK YOU STUPID LOSER 16.03 KAPITAN KORSAKOV + POLAROID FICTION

forest national - bxl

“imaginaerum World tour 2012-2013” opening act : eklipse

jay-z

AU

BE

STEVE AOkI 09.04

the voice of a-ha

08.03 ROB TOGNONI BAND

09.03 MAES BE.MUSIC STAGE STAD VAN LICHT RHINOS ARE PEOPLE TOO

forest national - bxl

“club paradise tour”

BAND Of SkuLLS BIRDy NAm NAm CœuR DE PIRATE mORTEN HARkET

MUZIEKODROOM VOORJAAR 2012 03.03 MODKLUB XL: BREAKESTRA LIVE! DJ LUCINDA SLIM DJ MR. CRITICAL

“to get her together”

PAuL mcCARTNEy 28.03

stade roi baudouin ancienne belgique - bxl forest national - bxl

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PLUS D’INFOS SUR

BE

11.04 COLD WORLD + WOLF DOWN + NOT AFRAID

US

+ BLINDSIDE + SECTARIAN VIOLENCE

12.04 THORBJORN RISAGER

DK

13.04 MAES BE.MUSIC STAGE 13.04 LIMBOLINK PRESENTS 14.04 FENCE + BED RUGS BE

BE

17.04 CHUCK PROPHET AND THE MISSION EXPRESS 20.04 WILLOW

US

BE

+ SMILING INDUSTRIES

21.04 MODKLUB: THE MODEST MEN INVITE KATIA VLERICK STU BRU

23.04 UNBROKEN

US

26.04 THE MINUTES

IR

04.05 SOUND OF STEREO LIVE! + DJ PAUL CHAMBERS BE

US

10.05 THE SEAN CARNEY BAND

US

12.05 OORKNAL! MUZIEK-DOE-DAG

TICKETS: MUZIEKODROOM.BE TICKETS : WWW.PROXIMUSGOFORMUSIC.BE 0900 2 60 60 * ( 0,5 EuRO / mIN TVA COmPRISE ) * EXCEPTÉ POUR LES CONCERTS À L’ANCIENNE BELGIQUE


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Earteam

encore de Rage Against the Machine avec autant de brio. Cela nous donne onze compos énergiques et immédiates qui dégagent une intensité rare. Que ce soit avec l’apocalyptique ‘V .E.N.O.M’, le bien hardcore ‘Wolf hand’, le plus pop/punk ‘Epic myth’ ou un ‘Degeneration game’ à l’incandescence diabolique, Pulled Apart By Love prouve qu’il a le feu sacré. (pf)

Emeli Sandé ‘Our Version Of Events’ Virgin Records

Emeli Sandé a beaucoup travaillé dans l’ombre avant de se lancer dans la grande aventure d’une carrière solo. Sacrée meilleure parolière du moment en Angleterre, Adèle Sandé (son vrai nom) s’est illustrée en écrivant pour Leona Lewis, Cheryl Cole, Susan Boyle; aussi critiquables soient-elles, ces artistes rapportent un gros pactole et forgent une réputation. C’est le titre ‘Diamond Rings’ de Chipmunk - sur lequel Emeli apparaît, qui décidera de son avenir dans une carrière de chanteuse solo. Dés la sortie de son premier single, la belle écossaise cartonne dans les charts et se voit offrir la première partie de Coldplay. Musicalement, c’est assez similaire à une Adele, ce qui en soi est loin d’être négatif. A mi-chemin entre la soul et le R’n’b, puissant, intense et d’une richesse textuelle impressionnante, c’est un bon premier disque. Espérons que le jeune joyau de la couronne ne se ternisse pas dans ce qui risque d’être une longue et prometteuse carrière. (tv)

School Is Cool ‘Entropology’ PIAS

C’est bien ce que je m’échine à répéter à mes élèves tous les jours, l’école c’est (über) cool. Surtout quand elle est buissonnière (mais ça, je le précise rarement). Raison est donc donnée ici aux cancres et aux losers, ceux qui préfèrent filer par les chemins de traverse plutôt qu’au tableau noir. De fait, ‘Entropology’ est un résumé épatant de toute la coolitude qu’on a kiffé ces cinq dernières années. Guitares ensoleillées, pop baroque (des cordes, beaucoup), percussions barjos, bidouillages et harmonies survoltées, on pense respectivement à Vampire Weekend (se souvenir très fort d’une chanson comme ‘M79’), Ra Ra Riot, The Dodos (cette propension à martyriser les caisses claires) et aussi, un peu, aux méconnus Freelance Whales (les bricoles, l’hystérie collective). Bref, un paquet d’influences américaines pour un groupe qu’on jurerait sorti d’un bled paumé de Californie et jamais de la métropole anversoise. L’album est dispo depuis fin octobre, mais bon, aux cancres et aux losers, on accorde toujours une deuxième session. Très bien, donc. (lg)

School of Seven Bells ‘Ghostory’ Full Time Hobby/PIAS

Cet album est possédé, hanté par une atmosphère aux sons électroniques ambiants, habité par une histoire, celle de la jeune Lafaye et des fantômes qui entourent sa vie, une véritable Ghost story. Enregistré entre deux tournées, l’ancien trio devenu duo (Benjamin Curtis et Alejandra Deheza) a changé sa méthode de travail pour privilégier un travail collaboratif, où chacun réagit aux propositions de l’autre, ce qui débouche au final sur une spontanéité perceptible dès la première écoute de la galette. Ce qui nous prend de manière surprenante et finalement ne nous lâchera jamais, c’est l’intensité rythmique. Le titre ‘Low Times’ égage une énergie folle avec sa basse et sa batterie surpuissante, saupoudré de clavier on ne peut plus rétro, soit un exemple frappant de l’énergie délivrée par le groupe. Si tout le monde est possédé par des fantômes symboles des échecs, ruptures ou déchirements de notre propre vie, ceux de School of Seven Bells sont plus qu’agréables. (tv)

Shearwater ‘Animal Joy’ Sub Pop/Konkurrent

Étoile filante issue de la constellation Okkervil

Jim Ward Quiet In The Valley, On The Shores The End Begins’ Xtra Mile Recordings

Jim Ward n’est peut-être pas M Ward, mais avec ‘Quiet In The Valley, On The Shores The End Begins’, on se dit qu’on a sans doute trop longtemps ignoré les talents de songwriter de ce type. J’avouerai même des failles importantes : ce Jim, il ne me disait rien du tout. Sans le savoir, je me le repassais pourtant en boucle, il y a douze ans. L’année 2000 nous avait réservé une galette dont la fureur rappelait les excès de Kurt Cobain. Je parle ici du terrifiant ‘Relationship Of Command’ d’At The Drive-In. Putain, douze ans. Et l’envie de citer Dominique A, « Comme nous avons vieillis / Comme nous avons tiré sur nos forces motrices ». Jim Ward aussi a pris de la bouteille. Il est revenu du bruit et la rage comme on revient du diable vauvert ou de ‘Remué’, avec la farouche envie de faire autre chose. Cette compilation - 14 titres, ses trois EP solos enquillés l’un à la suite de l’autre - l’installe donc aux côtés de ceux qui comptent, ceux qui ont voué leur vie et leur folk à la sobriété. On peut évoquer à la fois les univers de Leonard Cohen, de Sufjan Stevens et des Tindersticks, louer la beauté des chœurs féminins (sublime ‘Broken Songs’ avec Tegan Quin de Tegan & Sara), la discrétion des harmonicas, la subtilité des arrangements cuivrés. Tout le contraire de l’exaspérante carrière solo d’Omar Rodriguez Lopez et de son infâme The Mars Volta. Parce qu’il n’a pas totalement renié l’électricité, Jim Ward offre en bonus une relecture pluggée de six des quatorze titres évoqués plus haut, mais on le préfère dans le calme serein de la vallée. (lg)

River, le projet Shearwater s’est longtemps abandonné aux visions naturalistes de ses protagonistes, Jonathan Meiburg et Will Sheff. Ornithologues amateurs, écologistes convaincus, les deux Américains volaient largement au-dessus de la mêlée. Capable de raviver l’âme des fantômes Buckley (père et fils) en suivant les préceptes du vieil Uncle Tupelo, Shearwater s’est posé avec grâce sur le câble électrique de l’Amérique. Mais depuis le départ du Sheff (fin 2009), le groupe a laissé filer les oiseaux pour se concentrer sur un paysage grandiloquent à forte propension baroque. Les ailes rentrées, les griffes déployées, Shearwater escalade désormais des portions tendues, des montagnes mélancoliques et des sommets épiques. Percutante à défaut d’être charmante, cette nouvelle formule s’applique au récent ‘Animal Joy’. Puissant, cinématographique, l’album s’appuie sur une production massive et des arrangements corpulents qui déboulent dans le champ comme un véritable rouleau compresseur. Les hymnes dépouillés se sont éclipsés à la faveur de cantiques alternatifs : des louanges à Talk Talk et The National. L’entreprise semble moins naturelle. Plus vraiment de quoi soulever ciel et terre. (na)

Sizzla Kalonji ‘The Chant’ Afrojam/Groove At tack

Sizzla, c’est un peu l’archétype de l’artiste reggae ultra roots. Né dans une communauté rasta à Kingston, il s’est fait connaître dès le milieu des années 90 et cumule les succès parmi les amateurs de la musique locale à travers une bonne cinquantaine d’albums (sans compter toutes les collaborations, l’homme est prolifique). Il est aussi connu pour ses textes parfois assez limite question homophobie et vision de la femme. Bref, sur cette présente galette comme sur les autres, ça fighte Babylone, ça remercie Jah, ça invoque l’esprit de la Ganja comme il se doit. Si les canons du genre sont bien présents, rien ne va bien au-delà. Répétition de soi-même, recrachage de tous les clichés possibles, succession de gimmicks reggae usés jusqu’à la corde: on peut pas vraiment dire que Sizzla s’est beaucoup foulé. Si les amateurs y trouveront sans doute des qualités, les autres passeront sans regret. (jbdc)

Skrillex ‘Bangarang’ OWSL A/Big Beat/Atlantic

‘Bangarang’ est déjà le quatrième EP (8 titres) de Skrillex, alias Sonny Moore, un ancien des feu-From First To Last. Autant le dire tout de suite, les fans ne seront pas déçus, mais pas surpris non plus. Mis en avant par les musiques qu’ils a réalisées pour quelques jeux Xbox et PS3, et surtout par le succès critique de sa deuxième galette solo ‘Scary Monsters and Nice Sprites’, le jeune homme a trouvé un joli moule à gâteaux et s’obstine à nous servir les mêmes cakes aux pommes jusqu’à la nausée. Non pas que ses morceaux manquent

d’allure: joliment déstructurée, son électro-pop jongle avec les beats rock, dubsteb et house avec pas mal de maîtrise. On est presque admiratif par l’ambiance festive que le jeune homme sait nous fourguer, malgré son joyeux bordel de sons. Pourtant, par manque de renouvellement, l’ensemble s’essouffle vite et lasse. Pas mal de bonnes idées mais on s’ennuie bien vite. (jbdc)

Sly & Robbie ‘Blackwood Dub’ Groove At tack/Rough Trade

La paire Sly & Robbie - le batteur percussionniste Sly Dunbar et le bassiste Robert Shakespeare - a toujours eu du mal à se départir de son statut de dream team rythmique de service. La liste de ceux qui eurent recours à ses services semble sans fin. A commencer par le microcosme jamaïcain du reggae : les Wailers, Peter Tosh, The Abyssinians et bien sûr Black Uhuru. Quant aux autres, les stars, les Serge Gainsbourg, les Rolling Stones, Tricky, Grace Jones, Sting ou encore Khaled, ils contribuèrent à lui conférer ses lettres de noblesse et lui assurèrent une réputation internationale méritée. Ce nouvel album nous rappelle cependant que le duo peut aisément voler de ses propres ailes une fois laissé dans un studio ad hoc. Et c’est précisément le propos et le pourquoi de ce disque. Tout est d’ailleurs dit dans son titre. Du dub. Du black. Du bon. Du fort. Du Sly & Robbie de première. (et)

Soap&Skin ‘Narrow’ PIAS

Encensée telle une enfant prodige, aucun mot n’est de trop, à la sortie de son incroyable ‘Lovetune For Vacuum’ en 2009, véritable landmark d’un songwriting pianistique qui renvoyait Tori Amos à ses chères études, Soap&Skin était tellement attendue au tournant qu’on ne pouvait qu’imaginer déception et ressentiment. Que nenni, mes amis ! Trois années plus tard, elles incluent l’excellentissime EP ‘Marche Funèbre’ revisité par DJ Koze - dont il reste de magnifiques traces sur le troisième titre, un presque dansant ‘Deathmetal’ - Anja Plaschg a franchi le cap de la vingtaine et son deuxième essai est un nouveau coup de maître. Passé le deuil de son papa, elle lui dédie le terriblement émouvant ‘Vater’ qu’elle chante dans sa langue maternelle allemande, l’artiste autrichienne poursuit son fascinant chemin entre introspection glacée et incendie sentimental. Au-delà de la fascination entre larmes et orgasme que sa voix toujours sombre entretient au fil des écoutes, la profondeur de champ dégagée par Soap&Skin sublime l’instant banal en escapade céleste. Touchante, le mot manque d’à-propos, tant sa démarche implique un degré de sincérité hors de tout calcul, quitte à

risquer une surprenante reprise du ‘Voyage, Voyage’ de Desireless, accent 100% germanique inbegriffen. (fv)

Sprung Aus Den Wolken ‘Lust Last Liebe’ Le Son Du Maquis/Faux Pas

Actif depuis 1981, le groupe allemand sort son douzième album et je dois bien avouer qu’il est difficile de s’en faire un avis. Toujours fidèle à leur indus minimaliste et leur approche résolument expérimentale, la galette navigue entre les moments de génie et les passages de grand n’importe-quoi. Souvent difficile d’accès, à l’écoute, on s’étonne régulièrement de se laisser entrainer dans ces rythmes à la fois organiques et pourtant froids comme l’acier. Avec peu de moyens, à peine quelques boucles électro posées sur des cris mêlés de murmures et une boîte à rythmes martiale, on se délecte soudain à se retrouver plongé malgré soi dans une ambiance glauque pleine de perversion, et presque à y prendre goût. Puis, quelques minutes plus tard, on décroche tout aussi vite - la musicalité devient trop lourde et trop abstraite pour qu’on puisse continuer la balade. Une fois introduit et habitué à cette grammaire torturée, on se réjouit de la multitudes de détails, de ces subtilités, de cette délicate dentelle tissée avec des crochets de bouchers. Un chouette voyage, réservé aux aventuriers motivés. (jbdc)

Stuck In The Sound ‘Pursuit’ It’s Records/Discograph/PIAS

C’est le troisième album, déjà, des Parisiens. En 2006, on avait aimé la rage un peu crade et les débuts fougueux et forcément bancals. Trois ans plus tard, les jeunes chiens foufous avaient grandi et sortaient un disque équilibré, mieux écrit et produit, prometteur même ; un puissant hommage sonique aux nineties, celles des chemises à carreaux, des jeans troués, des cheveux gras. Aujourd’hui, le groupe n’est pas vraiment à la hauteur des espoirs qu’on avait fondés en lui. Ça ronronne un peu comme Plastic Bertrand dans un playback de ‘Ça plane pour moi’ : on voit bien que le gars est à côté du truc, à la ramasse, et on a un peu de peine pour lui. Et puis, 1) en quatre couleurs, allez, hop, on se met quand même à la fredonner cette putain de chanson et puis après, 2) on se dit que le ridicule, davantage que de ne pas tuer, rapporte. Les Stuck In The Sound seront donc à l’Ancienne Belgique le 2 mars et c’est finalement tout le bien qu’on leur souhaite, le pactole, le sold out. Alterner le clair et le saturé, faire gronder les basses et entrainer les foules dans le pogo. Ressusciter Nirvana et Sonic Youth, imiter Vampire Weekend. Qu’importe après tout, si les chansons ne sont qu’à moitié bonnes. Elles ne sont pas faites pour le salon. (lg)

SuperLijm ‘Unalaska, Alaska’ East

Superlijm - prononcez le Superlam - nous vient du nord, mené de main de maitre par Pieter-Jan Delesie. Les flandriens nous proposent une musique venue tout droit du siècle passé, l’époque où Michel Preud’homme et ses légendaires longues bouclettes était le digne gardien de nos cages en équipe nationale. Fortement inspiré par les années nonante, ‘Unalaska, Alaska’ le son de Pavement et plus encore celui de Grandaddy, ce qui en soi n’est pas un mal tant ces groupes ont marqué leur décennie et bien au-delà. Des guitares efficaces, aux solos enfantins, en passant parfois sur un son folk décontenançant pour repartir de plus belle vers des riffs saturés, les Superlijm ont trouvé une recette agréable à savourer. Si la réalisation est parfois hasardeuse, et là je parle principalement des voix, trop souvent difficiles à apprécier et souvent cachées derrière un feutre, l’album, pour un premier exercice, s’avère réussi : jetez vous sauvagement sur ‘High Rollers’,le ou ‘Michael Jordan’ . (tv)

Teho Teardo ‘Music, Film. Music’ Spècula/Dense

Le nom de Teho Teardo est davantage lié au ci-


SOUL CLAP SAM 3.03 ›› JONATHAN TOUBIN’S US AND DANCE OFF

/ ANNULÉ

JEU 8.03 ›› LAZER CRYSTAL USBE/ CÂLIN FR / DUFLAN DUFLAN AU ROCKERILL

/ ...

great live music in lille / rijsel - france

SAM 10.03 ›› HORNY F BEBE/ WATOSAY BEBE/ BAZZ ABE / FOOLZGEG / BUTTMAN AU THÉÂTRE DE L’ANCRE

/ ...

#1 SAM 24.03 ›› MOTHERSHIP CONNECTION BE LEONARD DIGITAL / RONGORONGO FR / PIERRE BARTHOLOME PROJECT BE

06/03 07/03 09/03

MER 28.03 ›› BITCHIN BAJAS US / ... SAM 14.04 ›› DOPPLEREFFEKT US / ... WFMU’S BRIAN TURNER DJ SET US

/ MON COLONEL EN PARTENARIAT AVEC ROCKERILL

BE

/ ...

LE VECTEUR

WWW . VECTEUR . BE 30 6000 RUE DE MARCINELLE

071 278 678 /

INFO

raison d'être collective

by crystal la mya & steph dray

JEU 26.04 ›› IN ZAIRE IT / LA OTRACINA US / DIM 27.05 ›› THE SPITS

+ porn queen vernissage/opening

(artworks/photographs)

AU ROCKERILL

US

the fall + luz (dj set) richie kotzen

CHARLEROI

10/03 11/03

10:30 > 21:00

@VECTEUR.BE

13/03

customs

+ softly spoken magic spells + toybloïd

sunday happy funday

> pop choir + musical lunch + kids party + pop quizz + open mic & lots more... soul time session

mayer hawthorne + benny sings + dj joe tex & brother jam

14/03 15/03 21/03 24/03

soko + guest horace andy anna aaron + tricot machine the inspector cluzo

& the fb's horns + radical suckers

25/03 piers faccini+ ellis bell 27/03 soul time session

lee fields & the expressions 31/03 primus les spectacles sans gravité. licences n° 1025050 /1025051/1025052

www.AERONEF-SPECTACLES.COM


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Earteam

néma qu’à la scène ainsi qu’en témoigne cette compilation de bandes sonores créées pour des films récents. Son travail soutenu et continu avec des réalisateurs italiens l’a propulsé au sommet des compositeurs attitrés au cinéma et ce n’est pas un hasard s’il vient d’être récompensé dans son pays par divers prix dont le prestigieux prix Ennio Morricone. Morricone qui parraine - symboliquement du moins - la sortie de ce disque en en disant tout le bien qu’il en pense dans une courte mais vibrante louange. S’il est un peu tôt pour conférer à Teardo le titre d’hériter spirituel de Morricone, une même curiosité, un même éclectisme anime leurs démarches réciproques. Teardo a d’ailleurs su s’entourer habilement : d’Alexander Balanescu et Erik Friedlander au violoncelle, du bassiste Mark Beazley (Rothko) et surtout de Blixa Bargeld qui co-écrit et chante le très beau ‘Echo’s Bale’ tiré du film ‘Una Vita Tranquilla’. Au gré de ce généreux album, on se remémorera notamment quelques extraits de ‘Il Divo’, le film qui fit une introspection engagée du pouvoir italien que la musique de Teardo rend plus cruciale encore. (et)

Therapy ‘A Brief Crack Of Light’

We Have Band Ternion’

‘Angry Men’

Naïve/PIAS

SPV Recordings

En 2010, après un premier album éponyme sans réelle identité et ressemblant davantage à une compilation de leurs premières expériences sonores, le trio londonien We Have Band était rapidement devenu le groupe électropop de chevet des jeunes dandys anglais branchés. La faute principalement à quelques titres par trop customisés pour les dancefloors mais qui trompaient en réalité sur la noblesse et la profondeur réelles des ambitions du groupe. C’est donc avec l’étiquette fort peu enviable de nouvelle hype de l’électropop anglaise que sort aujourd’hui leur deuxième opus. Moins giclant que le précédent mais plus mature et plus profond, ce ‘Ternion’ est incontestablement un très bon disque, beaucoup plus complexe encore qu’il n’en a l’air à la première écoute. WHB ne se camoufle plus derrière ses influences et peut revendiquer un son réellement original, tendu, sombre et hypnotique. Autant d’adjectifs qui convoquent ouvertement de glorieux ancêtres, du groove en costard des Talking Heads à Depeche Mode période ‘Black Celebration’ en passant par le ‘Movement’ de New Order. Par la grâce de percussions tribales, de boucles synthétiques et d’harmonies vocales éthérées, les atmosphères varient subtilement d’un titre à l’autre, psychédéliques, inquiétantes ou fiévreuses, mystérieuses sans être glauques (‘Shift’ ou ‘Steel In The Groove’). Et puisqu’on parle d’atmosphère, on imagine sans peine qu’un titre comme ‘Visionary’ aurait pu figurer sur une compilation Factory de la belle époque. Seul petit bemol peut-être, l’ensemble est emballé par une production un peu trop lisse et proprette. Sera-ce la différence entre une énième hype electropop et un passage à la postérité ? On s’était dit rendez-vous dans dix ans…(gle)

Blast Records/Suburban

Après avoir connu la gloire au milieu de années 90, Therapy a vu sa cote de popularité progressivement décliner au gré de sorties qui avaient tendance à se répéter. C’est dire si ‘A Brief Crack Of Light’ est une excellente surprise puisque Therapy évolue de façon impressionnante et s’ouvre à de nouveaux styles. Dans l’absolu, on retrouve la marque de fabrique du groupe, combinaison unique entre puissance heavy et une certaine sensibilité pop, notamment sur l’excellent ‘Living in the shadow of a terrible thing’. On est par contre surpris de découvrir des titres inattendus comme ‘Marlow’, inclassable, dansant, groovy et funky, totalement irrésistible ou encore ‘Get your dead hand off my shoulder’ dans un registre assez post-punk, sans oublier l’hypnotique ‘Ecclesiastes’ mêlant des sonorités électros à une rythmique dub. En même temps, l’album met aussi en avant ‘The buzzing’, un des titres les plus agressifs que le groupe ait jamais composé, prouvant de la sorte que vieillir ne va pas forcément de pair avec un quelconque ramollissement. Etonnant, excitant et remarquablement produit, ‘A Brief Crack Of Light’ est ce que le groupe a fait de mieux en quinze ans ! (pf)

White Hills ‘Frying On This Rock’ Thrill Jockey/Konkurrent

Une bonne dose de rock psychédélique catapultée dans l’espace pour une mission de rattrapage à bord d’une vieille capsule Soyouz : c’est, grosso modo, le programme d’exploration scientifique proposé par White Hills sur son nouvel album. Dès le décollage, on est scotché par les turbulences atmosphériques, attaqué de toute part par des drones synthétiques en pleine montée d’acide. Produit par Martin Bisi (Sonic Youth, Swans, Boredoms), ‘Frying On This Rock’ vibre et crisse de long en large. A la croisée du rock d’hier (Hawkwind, Spacemen 3) et d’aujourd’hui (Black Mountain), White Hills s’offre des loopings de fuzz sans plan de vol prédéterminé. La batterie secoue sporadiquement la carlingue et les guitares crachent dans les enceintes dès qu’un riff se pointe. Cette grande transe robotique culmine sur ‘I Write A Thousand Letters’ et ses 15 minutes d’aquaplanage sidérurgique. Dans le genre planant et turbulent, ce disque est une alternative bon marché aux prix exorbitants du tourisme spatial. (na)

Betty Wright and The Roots ‘Betty Wright : The Movie’ S- Cur ve Records/Ber tus

Gros dossier que celui de Betty Wright. Pour la légende, on raconte que l’Américaine chantait

avant de faire ses premiers pas. Mais ouais. Petite reine du gospel, elle signe son premier single à l’âge de 13 ans, s’offre un tube en or massif (‘Clean Up Woman’) pour sa majorité et déboule dans les années 1990 après avoir placé onze chansons dans le Top-30 R’n’B. Tranquilou. A cela, on peut encore ajouter des tournées avec Bob Marley et James Brown ou des chœurs funky pour Stevie Wonder et Michael Jackson. Samplée à de nombreuses reprises (Lauren Hill, Tupac Shakur, etc.), Betty Wright affiche une impressionnante carte de visite. Et, quand Super Mamie revient sur le devant de la scène après une absence prolongée d’une dizaine d’années, c’est pour sortir un album en compagnie de The Roots. ‘Betty Wright : The Movie’, son titre, s’appréhende comme une échappée nostalgique, un coup d’œil dans le rétro d’une soul royale, estampillée seventies, voire eighties. Confrontée aux instrumentations classieuses des Roots et à quelques invités bling-bling (Lil Wayne, Joss Stone, Snoop Dogg), la chanteuse ne se démonte pas et s’avance avec l’assurance des grandes dames. Sensiblement anachronique, son album évoque avec force et passion une époque révolue, un temps où le R’n’B surlignait ses formes pour mieux charmer les foules. Pour se rincer l’œil, il faudra aller voir ailleurs. (na)

You Say France & I Whistle

Xiu Xiu ‘Always’ Bella Union/V2

Xiu Xiu est ce projet électro-pop où ça se tourmente sévère sous le casque, quitte à s’en tripoter une caché aux WC. Dans le cas des albums précédents de Jamie Stewart & co, on ne peut pas dire que les festivités étaient toujours au rendez-vous, ce qui ne rendait sa fréquentation que plus précieuse, notamment sur leur excellent ‘La Forêt’. Dix-huit mois après un très bon concert à l’Orangerie qui ne m’avait pas rassuré sur leur santé mentale, les Californiens explorent un volet davantage «dansant» de leur art, fût-il quelque peu en creux d’une mauvaise face B de Depeche Mode (le second morceau ‘Joey’s Song’, comment dire… ?). Le plus souvent, ça passe ou ça casse. Soit c’est réellement excellent d’un positivisme nearly poppy où je ne les imaginais pas (‘Hi’) ou les échos du passé reviennent tel un boomerang bienvenu (‘Honey Suckle’, ‘Chimney’s Afire’), soit ça vire dans un délire incontrôlé en sous-electro clash nauséeux (‘I Luv Abortion’), même si la dernière tendance demeure largement minoritaire. Allez, huit ou neuf titres bien torchés sur douze, ça reste une très honorable moyenne. (fv)

Cessons de nous leurrer, sous ses dehors de fille facile au mascara bleu et à la jupe minuscule, la power-pop est un genre dans lequel il n’est pas aisé d’exceller. Tout y est question de rythme justement dosé, de refrains ad libitum, d’immédiateté : un morceau parfait devrait pouvoir se fredonner à la deuxième écoute, se chanter entièrement à la troisième. L’alchimie tient donc de l’équilibre délicat propre au pâtissier qui réalise une pièce montée à livrer urgemment. Nos commis mixtes du jour, voisins de palier de Los Campesinos, nous viennent de Suède. S’ils ont saisi que l’apéritif a son importance (‘Angry Men’ flirte par moments avec Pavement), tout comme le shout out loud de la foule (« Kiss me ! Touch me ! Go in ! Oh, your teeth are showing ! » sur le über-catchy ‘Animal’), nos sautillants protagonistes pêchent par moments par des effets de manche : petites rythmiques afropop so mode tout au long d’ ‘Our Spiderweb’, clapping hands de rigueur, et name-dropping sous la ceinture (« And I just gonna be hot, like Sharon Stone’s getting fucked by Stallone » sur ‘Prom Queens’). Ne laissons tout de même pas retomber le soufflé : malgré ses évidentes longueurs, ‘Angry Men’ reste un album relativement rafraîchissant qu’il fera bon scander à tue-tête pendant les festivals d’été. Tu gonfles les ballons ? Je me charge des confettis ! (alr)

You Me At Six ‘Sinners Never Sleep’ Virgin

La bio met en garde : « il n’y a pas tant de groupes que ça qui sortent leur troisième album alors que leurs membres n’ont qu’entre 21 et 22 ans ». On a envie dire, heureusement. Pour être honnête, tout homme normalement constitué (une bite, mais aussi un cerveau) qui écouterait sérieusement (en deçà de vingt bières dans le sang) You Me At Six passé quinze piges serait forcément de mauvaise compagnie. On peut aimer les trucs qui gueulent et étalent leurs viscères sans fioritures mais à condition qu’il y ait quelque chose derrière : une authenticité, un supplément d’âme. C’est pour ça qu’on vénère le Tropic Blues Band, Fucked Up. C’est pour cette vacuité sidérale qu’on abhorre You Me At Six. Quintet brouillon qui fait hurler les guitares sur du vide. (lg)


43

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BREAKESTRA

BREAKESTRA

03/03/12 Muziekodroom - Hasselt 04/03/12 Cactus Club - Brugge

03/03/12 Muziekodroom - Hasselt 04/03/12 Cactus Club - Brugge

SX

SX

03/03/12 Museum Night Fever @ MIM - Bxl 30/04/12 Vooruit - Gent 05/05/12 Putrock - Beringen

03/03/12 Museum Night Fever @ MIM - Bxl 30/04/12 Vooruit - Gent 05/05/12 Putrock - Beringen

ZINGER

ZINGER

08/03/12 Boom Boom - Gent 16/03/12 Muziekcentrum Tracks - Kortrijk 22/04/12 Vooruit - Gent 10/05/12 Charlatan - Gent

08/03/12 Boom Boom - Gent 16/03/12 Muziekcentrum Tracks - Kortrijk 22/04/12 Vooruit - Gent 10/05/12 Charlatan - Gent

LOVE LIKE BIRDS

LOVE LIKE BIRDS

08/03/12 Stuk - Leuven 22/03/12 Bar Nadar - Antwerpen 23/03/12 4AD - Diksmuide 30/03/12 Stille Kempen (huiskamerconcert) - Olen 13/04/12 Cactus Club - Brugge 14/04/12 Joc Ieper - Ieper 10/05/12 GC De Boesdaalhoeve - St-Gen.-Rode 24/05/12 Nijdrop - Opwijk 07/06/12 Trix - Antwerpen

08/03/12 Stuk - Leuven 22/03/12 Bar Nadar - Antwerpen 23/03/12 4AD - Diksmuide 30/03/12 Stille Kempen (huiskamerconcert) - Olen 13/04/12 Cactus Club - Brugge 14/04/12 Joc Ieper - Ieper 10/05/12 GC De Boesdaalhoeve - St-Gen.-Rode 24/05/12 Nijdrop - Opwijk 07/06/12 Trix - Antwerpen

ANDREW BIRD

ANDREW BIRD

08/03/12 Cirque Royal - Bruxelles * * + DOSH

08/03/12 Cirque Royal - Brussel * * + DOSH

P I N G P O N G TA C T I C S

P I N G P O N G TA C T I C S

09/03/12 De Kreun - Kortrijk 10/03/12 Cactus Club - Brugge 16/05/12 Beursschouwburg - Bruxelles * * + RAPE BLOSSOMS

09/03/12 De Kreun - Kortrijk 10/03/12 Cactus Club - Brugge 16/05/12 Beursschouwburg - Brussel * * + RAPE BLOSSOMS

CASS McCOMBS

CASS McCOMBS

10/03/12 Botanique - Bruxelles

10/03/12 Botanique - Brussel

RAPE BLOSSOMS

RAPE BLOSSOMS

10/03/12 Swine Flu Fest - Machelen 24/03/12 JH De Moeve - Lier 16/05/12 Beursschouwburg - Bruxelles * * + PING PONG TACTICS

10/03/12 Swine Flu Fest - Machelen 24/03/12 JH De Moeve - Lier 16/05/12 Beursschouwburg - Brussel * * + PING PONG TACTICS

OLAFUR ARNALDS

OLAFUR ARNALDS

14/03/12 Botanique - Bruxelles

14/03/12 Botanique - Brussel

V E R O N I CA FA L L S

V E R O N I CA FA L L S

19/03/12 AB-Club - Bruxelles * * + GRINGO STAR

19/03/12 AB-Club - Brussel * * + GRINGO STAR

TIMBER TIMBRE solo

TIMBER TIMBRE solo

19/03/12 Botanique - Bruxelles

19/03/12 Botanique - Brussel

MIREL WAGNER

MIREL WAGNER

22/03/12 Maison des Musiques - Bxl 23/03/12 Muziekodroom - Hasselt

22/03/12 Maison des Musiques - Bxl 23/03/12 Muziekodroom - Hasselt

STILL CORNERS

STILL CORNERS

27/03/12 Charlatan - Gent

27/03/12 Charlatan - Gent

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT 28/03/12 Vooruit - Gent 05/05/12 Petrol - Antwerpen

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT 28/03/12 Vooruit - Gent 05/05/12 Petrol - Antwerpen

S H E A R WAT E R

S H E A R WAT E R

29/03/12 Botanique - Bruxelles * * + JULIE DOIRON

29/03/12 Botanique - Brussel * * + JULIE DOIRON

THE STRANGE BOYS

THE STRANGE BOYS

03/04/12 AB-Club - Bruxelles

03/04/12 AB-Club - Brussel

DARK DARK DARK

DARK DARK DARK

03/04/12 Vooruit - Gent 21/04/12 AB-Club - Bruxelles

03/04/12 Vooruit - Gent 21/04/12 AB-Club - Brussel

MEMORYHOUSE

MEMORYHOUSE

04/04/12 Charlatan - Gent

04/04/12 Charlatan - Gent

T H I S W I L L D E S T R OY YO U

T H I S W I L L D E S T R OY YO U

06/04/12 Dunk!festival - Zottegem

06/04/12 Dunk!festival - Zottegem

VESSELS

VESSELS

07/04/12 Dunk!festival - Zottegem

07/04/12 Dunk!festival - Zottegem

ALEC EMPIRE

ALEC EMPIRE

07/04/12 Tribes Gathering Fest. - Steinbach (Gouvy)

07/04/12 Tribes Gathering Fest. - Steinbach (Gouvy)

OSAK A MONAURAIL

OSAK A MONAURAIL

12/04/12 De Kreun - Kortrijk

12/04/12 De Kreun - Kortrijk

CHELSEA WOLFE

CHELSEA WOLFE

13/04/12 Magasin 4 - Bruxelles 14/04/12 4AD - Diksmuide

13/04/12 Magasin 4 - Brussel 14/04/12 4AD - Diksmuide

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

14/04/12 C-mine Jazz Festival - Genk 31/05/12 AB - Bruxelles * * + NILS FRAHM for more concerts : www.toutpartout.be

14/04/12 C-mine Jazz Festival - Genk 31/05/12 AB - Brussel * * + NILS FRAHM for more concerts : www.toutpartout.be

Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman

Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman

Lazarijstraat 87 3500 Hasselt - Belgium Phone: +32 (0) 11 25 60 36 Fax: +32 (0) 11 25 30 21 info@toutpartout.be http: www.toutpartout.be

Lazarijstraat 87 3500 Hasselt - Belgium Phone: +32 (0) 11 25 60 36 Fax: +32 (0) 11 25 30 21 info@toutpartout.be http: www.toutpartout.be


28 jeudi 01 mars

Happy New Wave:

Lazer Crystal + Câlin + Duflan Duflan 8 mars Le Rockerill, Marchienne au Pont

Kathleen Edwards & Band, Hannah Georgas; Citizen Cope @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gaëtan Streel @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Big Deal, Alt-J; Skip The Use @ Botanique, Bruxelles The Monotrol Kid @ In Vino Veritas, Waterloo Baloji @ KK, Bruxelles, kultuurkaffee.be Gerry McAvoy’s Band Of Friends @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Protest The Hero, Long Distance Calling, Blood Command, Uneven Structure @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Kill Me This Monday @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

vendredi 02 mars

Chez Thrill Jockey, Lazer Crystal propose une sorte de pop post-disco synthétique à haut potentiel de dansabilité que renforce l’usage marqué de percussions de toutes sortes. D’une tonalité globalement sombre avec ses beats martelés et ses synthés éminemment eighties, le trio de Chicago invite une peuplade gothique - au hasard, les Sisters of Mercy - à la table de The Faint, quelque part sous une chapelle clandestine où les papys du krautrock se feraient vider les tripes. Ecoutez ‘Lame Duck’, vous aurez l’impression d’entendre Human League ou John Foxx il y a trente ans. Pour compléter cette affiche New Wave, les Français de Câlin, moitié de Rien (dont on a déjà dit Tout le bien) et le cocktail électro/disco de Duflan Duflan, joué dans un esprit hardcore on ne peut plus galvanisant beats analogiques martiaux et textes minimalistes hilarants scandés façon hardcore. Nous avons 3x2 places à vous offrir (fabrice.rifraf@skynet.be). Alors qu’est-ce qu’on dit? Merci Rockerill !

Chad VanGaalen

10 mars - De Kreun (avec Damien Jurado!), Courtrai 12 mars - Les Ateliers Claus, Bxl Reclus dans une bicoque de la banlieue de Calgary, Chad VanGaalen écrit égoïstement les plus belles pages de la pop moderne. Dessinateur, vidéaste, le grand échalas canadien produit surtout des chansons magiques pour les autres, tout en continuant d’empiler des albums indispensables sur sa table de chevet. ‘Diaper Island’ voit l’artiste s’aventurer plus loin encore au pays des merveilles. Quelque part entre les Fleet Foxes, Neil Young, Beck et Roy Orbison, son jardin secret bourgeonne de mélodies biscornues et de fruits défendus. A croquer. (na)

Jean-Louis Murat 13 Mars L’Atelier, Luxembourg Jean-Louis Murat Bergheaud n’aura jamais sa langue dans sa poche. Rien que pour l’entendre nous déclarer un truc du genre, « il faut se méfier des enfants d’artistes, surtout si c’est pour finir par chanter du jazz manouche », on aimerait l’interviewer tous les six mois. Dans sa discographie pléthorique et presque impeccable, ‘Grand Lièvre’ rejoint directement ‘Mustango’ ou ‘Le Moujik Et Sa Femme’ au panthéon de ses plus grandes réussites. « Est-ce le dernier voyage / mais enfin / qu’est-ce que ça veut dire ? ». (lg)

Wilco; Stuck In The Sound @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Daniel Hélin @ CC d’Engis, Hermalle-Sous-Huy, ccengis.be Arun Tazieff, The Skeptics @ DNA, Bruxelles, franticcity.free.fr Karim Gharbi, Gaetano @ Maison Culture, Tournai, maisonculturetournai.com Machiavel @ On Air Studio, Mons, onair-studio.be DJ’s Soulrabbi & Mr Feel @ Pèniche Inside Out, Liège Loxy, Morphy, Flatliners ft Reza, J.Robinson ft Shima, The Untouchables, Mental Forces @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Spring Sessions: Portico Quartet @ De Roma, Borgerhout, deroma.be Letz Zep @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Electric Suicide Club, Wight, Bushfire @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Mark Lanegan Band, CWTAB; Howlin’ Bill, Fried Bourbon @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Bony King Of Nowhere @ Vooruit, Gent, vooruit.be Buraka Som Sistema @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr LMFAO @ +3/3- Rockhal, Esch/Alzette, Lu, atelier.lu Cali @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu Future Islands, Pterodactyl @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu Macka B, Supa Swing Sound System @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

samedi 03 mars Kraak: Alvarius B, Sally Golding, Lukas Ligeti, Angels in America, Peter Fengler, Paul Dutton, Rajayttajat, Rodger Stella, Darksmith, Girlseeker, Wild Classical Music Ensemble, Amen Dunes, Roscoe Mitchell, Keijo & the Rambling Boys, Hieroglyphic Being, … @ Netwerk, Aalst, kraak.net Museum Night Fever: Applause, Sioen, SX @ MiM; Zeal Records Night: Renee, Sleepingdog, Mad About Mountains, DJ Zeal @ Belvue Museum, Bruxelles, museumnightfever.be Rock Bless You: Joshua, Montevideo, Kiss & Drive, Antoine Henaut, Stereo Grand, Vandaveer, Lys, Super Like You, My New Terminal, Waiting For Lilly @ Salle Polyvalente du Vieux Campinaire, Fleurus, festivalrockblessyou.be Wilco; The Strange Boys, Jacuzzi Boys @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hudson, Busty Duck, The K @ Belvédère, Namur, belvederenamur.be Sleeping Dog, Renée, Mad About Mountains @ Belvue Museum, Bruxelles, vkconcerts.be The Collectable Few, Joy Wellboy, Gentlemen Of Verona, Collectors, Red Juliett, Acid Blues Club @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Buraka Som Sistema; Sharon Van Etten, Faustine Hollander @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Malibu Stacy, Themis, The Mash @ Cercle St-Jeanne, Ferrières, intersection.be La Femme A 2 Têtes @ CC Breugel, Bruxelles Michael Mayer, Reinhard Voigt, Issa Maïga, Deg, Deadbeat, Dewalta, William Kouam Djoko, Jon Choi, Walker Barnard, Pierre @ Fuse, Bruxelles, fuse.be General Levy, Exodus Freedom Fighters, Maelan, Uphill Sound, Silver Canari, Pasco @ KK, Bruxelles, facebook.com/exodus.prod The Straws, Moksha, Outer Rim, W.A.N.E., Vegas, Chicken Killers @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Guillaume Grand @ Maison de la Culture, Namur, ticketnet.be Nico Grombeer, Joffsy, Len, Feesh-Tix, Slim Khemiri, Baz vs Mistercrash @ Pèniche Inside Out, Liège Daniel Hélin @ La Roseraie, Bruxelles, roseraie.org Hudson @ Run Radio, Namur, intersection.be Noa Moon @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Pallas @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Tervuren, Arnaud Paquotte, Rodolphe Coster, AirGus, DJ Dément Jason & Cha!Selektor… @ Studio Marcel, Bruxelles, recyclart.be KatzKab, Le Baron5, DJ’s Lisa Luv, Navy, Cz @ T.A.G., Bruxelles, lefantastique.net One Two & Dave Luxe, Crescendo, Zerko, Intentions Novices Crew, DJ Duke, K-One @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Bab-Ili Trio @ Théâtre, Namur, theatredenamur.be Mark Lanegan Band, CWTAB @ Trix, Antwerpen, trixonline.be René Binamé @ La Zone, Liège, lazone.be The Drums, Chairlift @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr LMFAO @ @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, atelier.lu

dimanche 04 mars Zita Swoon Group @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Chairlift, Off Love @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sting @ +5/3-Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Evol/Ve, C74 @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Jam Session @ Le Palais, Arlon, entrepotarlon.be

gigs& parties mars 12

Tagada Jones, The Last Row, Khohd @ Pèniche Inside Out, Liège The Drums; Siena Root @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Tindersticks @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

lundi 05 mars Justice @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Prima Donna @ DNA, Bruxelles, maketrouble.net Fates Warning @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Future Islands, Loch Lomond @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

mardi 06 mars The Jayhawks, Chuck Prophet; Lianne La Havas @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bai Kamara Jr. @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Iron Butterfly @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Fall @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Raphael Saadiq @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mercredi 07 mars Example; Diagrams, Yeti Lane @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ultra: Minny Pops, New Moons, … @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Wu Lyf, Apes & Horses @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Waow @ Inside Out, Liège, intersection.be Sens Unique @ KK, Bruxelles, kultuurkaffee.be Zun Zun Egui, Jean Mikili @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Nine Below Zero @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Pontiak, DJ Thermisch Geknuppel @ Trix, Antwerpen Jason Moran @ Vooruit, Gent, vooruit.be Richie Kotzen, Porn Queen @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Louis Aguilar & The Crocodile Tears @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Little Dragon @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

jeudi 08 mars Wigbert @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Megaphonic Thrift, Swim @ Botaniqe, Bruxelles Adrew Bird, Dosh @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Spring Sessions: Marianne Aya Omac @ Centre Culturel, Woluwe St-Pierre, vwspringsessions.be Orquesta Tanguedia @ Klein Mercelistheater, Bruxelles, kultuurkaffee.be Sioen @ KVS, Bruxelles Uncommonmenfrommars, Dirty Fonzy, Pignition @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Alert: Lazer Crystal, Câlin, Duflan Duflan, Mad Marx & Eddy Mitchoum vs Ass @ Rockerill, Marchienne au Pont, vwspringsessions.be Suarez @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Rammstein @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Ultra Vomit, Chateau Brutal @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

vendredi 09 mars James Morrison; Alert: Teebs, Samiyam, Lapalux @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lambchop, Cortney Tidwell; Team Me, Uno Møller @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Madé J. @ Bruxelles, intersection.be Alert: Rob Hall, Luke Vibert, The Black Dog @ The Claridge, Bruxelles, vwspringsessions.be Neptune, Ping Pong Tactics @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Roger Hénuset, Made J., The Tram Tour, Lil Pound’z, DJ Traffic Lights @ KK, Bruxelles, fluorescent-adolescents.be Customs @ On Air Studio, Mons Johnny Dick, The Mos’cats, Hell-o-Tiki @ Le Palais, Arlon, entrepotarlon.be Manu Hermia @ Péniche Ex-Cale, Liège, excale.be Clesmic Zirkus @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Daniel Hélin @ Salle des Douches, Waremme, waremmeculture.be Progerians, Sons Of Disaster @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Chad Vangaalen, Cold Pumas @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Amour!, John Mackay @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com De Palmas @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

samedi 10 mars The Scene @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Le Shed, Johnny Dick @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Wolves Stories: Maggie Nicols, Mia Zabelka, Maja Jantar, Judith Kan, Ann Eysermans, Isabelle Sainte Rose, Pak Yan Lau, … @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Superpitcher, Geoffroy Mugwump, Prince Off @ Bazaar Club,


Bruxelles, leftorium.be Kaptain K @ Barnabus Garage, Jemmepe Sur Sambre Cass McCombs; School Of Seven Bells @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Gesaffelstein, The Hacker, Bad Dancer, The G @ Caserne Fonck, Liège, lesardentes.be Slaï, Lady Ponce, Flavour N’abania @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be Dave Clarke, Mike DEhnert, Pierre, Deg, Arne, Urban C, Don Santos, Caspar, The Jelly Bellies @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Damien Jurado, Chad Vangaalen, Tom Brosseau @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Amour, Talibam!, Subfobias, Constitution Anale, OOO AAA @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Mister Cover @ Malmédy, intersection.be Mika & The General Dub Progress @ Salle Molière, Bruxelles Fever @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dirty Fingers, Chapters, Silence, Sleepless Nights, Arkham Disease, Forget About Yesterday @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Horny F, Watosay, Bazz A, Foolzgeg, Buttman @ Théâtre de l’Ancre, Charleroi, vecteur.be Los Tres Puntos, The Groovin› Jailers @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Customs, Softly Spoken Magic Spells, Toybloid @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Scred Connecion, Kaotik, Les Amateurs @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Dick Brave & The Backbeats @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu Chris Rea @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

dimanche 11 mars Ed Sheeran, Passenger, Nina Nesbit; Raphael Saadiq @ AB, Bruxelles, abconcerts.be l’Âme des Poètes @ CC, Huy Solid Vision @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

lundi 12 mars Chad Van Gallen, Maybeshewill, Howard Kenny James @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com About Neil @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Bane, Cruel Hand, Rotting Out @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Big Pink @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu Sting @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mardi 13 mars Joanna Newsom @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Thomas Dybdahl, Douglas Firs @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Chris Rea @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be The Perfect Tool, Ninin @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Mayer Hawthorne, DJ Toe Tex & Brother Jam @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Jean-Louis Murat @ Den Atelier,Luxembourg, Lu, atelier.lu

mercredi 14 mars Julien Doré; Willow, Young Colour @ AB, Bruxelles Stephan Mathieu & Tashi Wada @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Ólafur Arnalds @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Elaine McKeown & The Swingmasters @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Thomas Dybdahl, Douglas Firs, DJ Ole Sollied @ Ha’, Gent Fatras, Cedric Gervy @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Zita Swoon Group @ Lotto Mons Expo, Mons, lemanege-mons.be Tetsu Saitoh @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Lucky Peterson @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Talibam!, DJ Butsenzeller @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Soko, Luke Rathborne @ l’Aéronef, Lille, Fr Tower Of Power @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

jeudi 15 mars Wim Mertens @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Derellas @ DNA, Bruxelles, maketrouble.net Anton Walgrave, The Craving Deer @ Elzenhof, Bruxelles, kultuurkaffee.be Julien Doré @ Forum, Liège, lesardentes.be Atomic Suplex, White Fangs @ Madame Moustache, Bruxelles, franticcity.free.fr Der Blutharsch And The Infinite Church Of The Leading Hand, Aluk Tolodo, Deutsch Nepal, Bain Wolfkind, Varunna @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Enter Shikari, Young Guns, The James Cleaver Quintet @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Horace Andy, Jupiter & Ma Shi Fai @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com Korn @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

vendredi 16 mars Wave Festival: Selebrities, Radare, A Boy Named Seb, JYR, Sun Glitters, Chris, Bad Penny, Ralitt, Hey Dolls, … @ Le Palais, Arlon, wavefestival.tumblr.com Wim Mertens; Willis Earl Beal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Elliott Murphy @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Alert: The Bony King of Nowhere & Friends @ Eden, Charleroi, pba-eden.be Taïfun, The Mash @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, intersection.be

Willis Earl Beal @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Het Zesde Metaal @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Cyrus, Razor Rekta, TMVS, Bunzero, Pheral, Antics @ KK, Bruxelles, kultuurkaffee.be Pandora, My Best Sunday Dress @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Axum, Sabbo, DJ Dr.O.P, Bomb Diggy Crew, DJ Mellow, Leblanc @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Les Vedettes @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Pat McManus Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Rijsel Irish Boy’z @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Madball, H2O, Deez Nuts, First Blood, Devil In Me, Strenght Approach @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Example @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu Soko @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Matias Aguayo, Marie Madeleine @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu M83, Porcelain Raft @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

samedi 17 mars Festival Arc-en-Musique: Von Durden, Romano Nervoso, René Binamé, Larko, The Moonshine Playboys, Eleven!, Wolves Scream, Siamese Queens, Pirato Ketchup, Diurnal Noise, Flow, No Balls, Cheap and Expensive, Throw Me Off The Bridge, Mark McCabe, No Gods Or Kings, Zyngo, ToMixTwo @ Maison de la Jeunesse, Ecaussines, arc-en-musique.be Lotto Happy 6 Forma T.: Captain Crunch, Two Inch Punch, Tantrum Desire, Chrispy, Dubsidia, James Blake, SebastiAn, Martyn, A.K.S. ft Lola, Canblaster, Bad Dancer, Dub-Timus Soundsystem, Surfing Leons, Vosky @ Hall des Foires de Coronmeuse, Liège, formatparty.com Novarock: ‘t Hof Van Commerce, Absynthe Minded, Customs, School Is Cool, Sioen, Daytona, The Lumbers, Sam De Bruyn & Stijn Van de Voorde, Trash Radio, Murdock ft Jenna G, Ego Troopers, Syndaesia, Aks, Lazy Jay, Eptic,; Hector & Nate @ Xpo, Kortrijk, novarock.be Rock 21: 7EvenPM, The Engines Of Love, The Waow, 14Weeks @ Mont-St-Genevièvre, intersection.be ANBB: Alva Noto & Blixa Bargeld @ AB, Bruxelles, abconcerts.be My TV Is Dead @ Acte3, Braine l’Alleud, depot214.com Lazer Crystal, Köhn, DJ Bietnik @ Beursschouwburg, Bruxelles, vkconcerts.be Soko @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Ricardo Villalobos, Daniel Stefanik, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Rise And Fall, Iron Age, Dead Swans, Hessian, Sex Drive @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Master Of Waha, Hedonist @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Yellow Trousers & Unleaded 91’s @ Le Prisme, Braine l’Alleud, leprisme.be David Bartholomé @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Daniel Hélin @ Salle Culturelle, Thuillies,centrecultureldethuin.be Déjà Vu @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Cauldron, Striker @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Subsonica @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Bauchklang @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu Syd Matters, Thousand @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Kate, Aud @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

29 The Bony King Of Nowhere (+ friends +

film ‘Les Géants’ de Bouli Lanners) 16 mars Eden, Charleroi Le King en os de n’importe où est définitivement monté sur son trône. Le folk racé de Bram Vanparys fait souvent songer au Pecknold des Fleet Foxes. Mieux, il harmonise à lui tout seul comme l’entièreté de la flotte de renards de Seattle. On a connu pire, évidemment. Oui, parfois, sur album, Le Roi De Nulle Part se déhanche un peu trop et ça le fait moins. Reste qu’il est difficile de dire du mal d’un garçon si bien sous tout rapport : beau, fragile, romantique. A l’Eden, vous êtes conviés à une soirée complète en compagnie du King le temps de la projection du film ‘Les Géants’ de Bouli Lanners (dont il signe la B.O.) et d’un concert.

Soko 17 mars Botanique, Bruxelles La pochette du disque est sublime. Le peu qu’on en connaît à l’heure d’écrire ces lignes semble être à son image : cotonneux, tout en demi-teinte et instants troublés. C’est une évidence, il va falloir se ruer sur le premier album fantomatique de cette jolie demoiselle. Pour sûr qu’on va l’aimer. ‘I Thought I Was A Alien’, le titre éponyme, est une des plus belles choses entendue en ce début d’année. Rendez-vous donc à l’Orangerie et penser très fort être Ellen Ripley ou succomber. (lg)

Kim Novak 19 mars - Botanique, Bxl (+ The Mash) 21 mars - Bareau ivre, à Mons 22 mars - L’Escalier, Liège (+ The Mash) 23 mars - Le Palais, Arlon (+ An Orange Car, Crashed)

dimanche 18 mars The Waterboys @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ovo, Nadja, Off The International Radar @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Kaptain K, Charbon Actif @ Péniche Inside Out, Liège Genesis Project @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Rôdham, Kwistax, Max Le Daron, My Brother Résident @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Deathstars @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Timber Timbre @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

lundi 19 mars Laura Marling, Pete Roe; Veronica Falls, Gringo Star @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Timber Timbre; Kim Novak, The Mash @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Smoking Joe Kubek Band ft Bnois King @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be DJ Mellow, Son Of Kick, My Brother Resident @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be

mardi 20 mars Lonely Drifter Karen @ AB, Bruxelles, abconcerts.be We Have Band, Anna Aaron @ Botanique, Bruxelles Pengiun Café @ Bourla, Antwerpen, toneelhuis.be Bryan Adams, Heather Nova @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be La Nuit du Rock @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Birdy Nam Bam @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Kim Novak @ Monk’s Café, Lille, Fr, intersection.be

mercredi 21 mars ‘t Hof Van Commerce, Fckabul; Graveyard, Horisont @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Kim Novak @ Le Bateau Ivre, Mons, intersection.be The Mash @ Bel’Zik Cafés, Herve, intersection.be Anton Walgrave @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Marc Morgan, Mademoiselle Nineteen, Benjamin Schoos,

Reprendre goût à la vie, c’est parfois se laisser plus facilement que de coutume séduire par des choses totalement désuètes. Ainsi le EP ‘Glory’ des français Kim Novak était-il d’une confondante légèreté mais pétri d’une indiscutable sincérité dans l’intention. Un certain savoir-faire dans l’écriture de chansons pop aux accents lyriques somptueusement désabusés que ne renierait pas Greg Dulli lui-même... Mention spéciale au trio gagnant ‘Nowhere to Run’, ‘Montego Bay’ et l’audacieux ‘Loved and Saved’. Les noms des Waterboys et des New Radicals nous viennent à l’esprit. Ce mois, ils défendront par chez nous leur deuxième album ‘The Golden Mean’.


30 Stef Kamil Carlens

Inviteert : Penguin Café, Múm, Randy Newman et The Fall 20 au 24 mars Toneelhuis (Bourla), Anvers Une fois par an, un musicien Anversois se voit confier le rôle de curateur au Toneelhuis, plus grand théâtre municipal flamand. Après Admiral Freebee en 2011, Stef Kamil Carlens reprend le flambeau. Non content de mener de front deux projets en pleine actualité (lire notre interview page 14), l’électron libre y campera donc le rôle de parrain pour inviter à sa table le Penguin Café, Múm, Randy Newman et The Fall.

Isbells

21 mars - Stuck, Leuven (+ Renée) 23 mars - Stuck, Leuven (+ Mad About Mountains) 29 mars - AB, Bxl (+ Renée)

© Koen Bauters Parmi les nombreuses trouvailles du label louvaniste Zeal Records qui abrite en son sein des choses aussi variées que la new wave caméléonne de Confuse The Cat ou l’americana très Low de Krakow, Isbells pratique un folk sans âge. C’est plein de guitares à corps creux, de chœurs féminins qui peuvent troubler la vue, la laisser se perdre dans la contemplation des choses diaphanes, lustrales, vespérales. Disque quasi silencieux, leur premier album a connu un très beau succès ici comme ailleurs. Pour fêter dignement l’arrivée de son successeur, les amateurs de mélancolie et les esthètes qui gardent bien au chaud leurs opus d’Iron & Wine sont chaleureusement conviés fin mars. D’autant que le groupe y sera en famille, c’est-à-dire bien entouré.

Connan Mockasin 26 mars Botanique, Bruxelles

Surgi de nulle part ou presque (la NouvelleZélande), exilé à Londres, peintre et musicien, auteur de disques dont personne n’avait entendu la moindre note sur le vieux continent, le songwriter blondinet est arrivé en fanfare en 2011. Véritable ovni aux ingrédients aussi mystérieux qu’alléchants, ‘Forever Dolphin Love’ fût un disque majeur de l’année. Mêlant la pop hypnagogique d’Ariel Pink aux incantations enfantines des Moldy Peaches, saupoudrant sa vision foutraque de sonorités à la Pascal Comelade, Mockasin invite à une formidable ballade sonore impromptue. (fv)

Marie France @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Múm @ Bourla, Antwerpen, toneelhuis.be Larry McCray @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Tricot Machine, Anna Aaron @ l’Aéronef, Lille, Fr Birdy Nam Nam @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

jeudi 22 mars Bel’Zik Festival: Kiss & Drive, Jali, Stromae @ Halle de Criées, Herve, belzik.be The Felice Brothers; The Me In You, Mad About Mountains @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gala Drop, Bepotel @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Randy Newman @ Bourla, Antwerpen, toneelhuis.be Spring Sessions: Patrice Michaud @ Centre Culturel, Woluwe StPierre, vwspringsessions.be Thierry Mousty, la Smale et Moi @ Coiffure Liliane, Bruxelles, coiffureliliane.com Kim Novak & The Mash, Virgil @ L’Escalier, Liège, intersection.be Les Violons Barbares @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Karel Michiels, Groove Station @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Alert: Acid Invaders, DJ Très Chique @ KK, Bruxelles, kultuurkaffee.be Mirel Wagner @ Maison des Musiques, Bruxelles, vkconcerts.be Coeur de Pirate @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu Final Curtain @ +23/3-Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

vendredi 23 mars Bel’Zik Festival: Labiur, Roscoe, Geike, Cascadeur & Quatuor à Cordes, Aaron, Karl Bartos @ Halle de Criées, Herve, belzik.be Korn, Downlink, J Devil @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hafla Insaniya @ +24/3-Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be New Build @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Stef Kamil Carlens, Daan solo, Flying Horseman, Stanton, The Moe Green Specials, The Golden Glows, Intergalactic Lovers @ Bourla, Antwerpen, toneelhuis.be Front 242, Texa Trauma, The Fouck Brothers @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be Papier Tigre, Adolina, Markunkl @ El Bar, Mouscron Roland @ Hoeilaart Enthroned, Panchrysia, Cult Of Erinyes @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Kim Novak @ Le Palais, Arlon, intersection.be Alert: Ovo, Koonda Holaa, Vladimir Platine, Barako Bahamas vs Stephen O’Maltine @ @ Rockerill, Marchienne au Pont, vwspringsessions.be Logical School @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be 21 Eyes Of Ruby, Ruins Of Wyrd @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Backfire!, No Redeeming Social Valure, All For Nothing, Not Afraid @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Los Van Van @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

samedi 24 mars Bel’Zik Festival: MaTheO, Vegas, Hudson, Mailbu Stacy, Machiavel, Brigitte, Charlie Winston, Museum @ Halle de Criées, Herve, belzik.be Danakil; Alex Winston @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Blaudzun, Benoit Pioulard @ Les Ateliers Claus, Bruxelles The Green Dolphins @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be The Fall @ Bourla, Antwerpen, toneelhuis.be Lawijtstrijd: 5 AM Friday, Nevermind Nessie, We Won Two Trees, The Waow @ CC, St-Georges Pirato Ketchup, Daikaiju @ CPCR, Liège Len Faki, Joseph Capriati, Pierre, Deg, Noidoi, Dezz Terquez, Ken & Davy @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Rainer Weichhold, Fred Hush, Mainro @ De Kreun, Kortrijk Isbells, Renée @ Live Act, Braine l’Alleud Severe Torture, Prostitute Disfigurement, Caducity, Serial Butcher, Dehuman @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be 14Weeks @ Maison de la Culture, Namur, intersection.be Romano Nervoso @ Marche-En-Famenne, intersection.be An Orange Car Crashed @ Le Palais, Arlon, entrepotarlon.be Christiane Stefansky @ Péniche Ex-Cale, Liège, excale.be Grouper @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Spring Sessions: Tinariwen @ De Roma, Borgerhout, deroma.be Thurisaz, Unleash The Fury, Chalice, Satyrus, Corpse Mutilation, Darker It Gets @ ‘t Sas, Harelbeke, oraclemetalsupport.be Hell Patrol, Sabotage @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Anouk @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Max Pie, Stone Goats, Hush @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Leonard Digita, Rongorongo, Pierre Bartholome Project @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Edith, Anxiety Attack, Gorilla Gripping, Citizen Patrol, Reproach @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com The Inspector Cluzo & The FB’s Horns, Radical Suckers @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Pneu, Electric Electric, Marvin, Papier Tigre @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

dimanche 25 mars Cali @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Morlobot, Papier Tigre, Pektop @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Summer Camp @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Piers Faccini, Ellis Bell @ l’Aéronef, Lille, Fr Grouper @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

lundi 26 mars Connan Mockasin @ Botanique, Bruxelles, botanique.be

mardi 27 mars The Civil Wars, Matthew And The Atlas @ AB, Bruxelles Sound Of Guns @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Thierry Dell @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve Daniel Menche, TG @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Moriarty @ Maison Culture, Tournai, maisonculturetournai.com Popa CHubby @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Aucan, Billions Of Comrades @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Yashin, Glamour Of The Kill, Dear Superstar @ Trix, Antwerpen Orchestre International du Vetex @ Vooruit, Gent, vooruit.be Lee Fields & The Expressions, DJ Toe Tex & Brother Jam @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com My Brightes Diamond, Thus:Owls @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

mercredi 28 mars The Jezabels @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Funk upon a time: audio/video lecture @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com White Hills; Da Silva; Morning Parade @ Botanique, Bruxelles School Is Cool @ Welcome Spring Festival, Louvain-la-Neuve Paul McCartney @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Primus; Damien Jurado, Brewed By Noon @ Trix, Antwerpen Bitchin Bajas +film Phase IV @ Vecteur, Charleroi, vercteur.be Sound Of Guns @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Disappears ft Steve Shelley, Drums Are For Parades @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

jeudi 29 mars Isbells, Renée @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Shearwater, Julie Doiron; Aka Moon @ Botanique, Bruxelles Chloë And The Lonesome Cowboy @ CC, Chênée, cheneeculture.be La Casa Fantom, Zoft; Patigny & Volondat @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Marieke Lightband @ In Vino Veritas, Waterloo Lobi Firi, Kara Dara @ KK, Bruxelles, kultuurkaffee.be Kortini, Wild Dawn @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be David Bartholomé @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Dirty York @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Il Divo @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Helmet, Fighting With Wire, DJ SvN; Chimaira, Re-Armed, Warbeast @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Talib Kweli @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

vendredi 30 mars Café Con Leche, Kajhem Orchestra @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be The Subs present Bitcvltvre ft Villa, Arnaud Rebotini, Tai, Mixhell, Hammerang, Partyharders; BaBa ZuLa @ AB, Bruxelles Disappears, Justice Yeldham, Bruital Orgasme @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Beth Jeans Houghton @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Rue Des Pêcheries, Supertanker @ Magasin4, Bruxelles Cloud Boat, Slugabed, Raffertie, Phaeleh, Kingstux @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Rene Innemee & The Revival Band @ Spirit Of 66, Verviers Scarred, Dwail, Suicide Demons @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Napalm Death, Black Breath, Victims, Tormented, Kadavrik @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Obsucra, Gorod, Spawn Of Possession, Exivious @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Primus @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Project 54 @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

samedi 31 mars Up! Festival: Rotterdam Ska Jazz Foundation @ Liège, intersection.be Florence + The Machine; Pokey Lafarge and The South City Three @ AB, Bruxelles, abconcerts.be [SIC] electric @ Bourla, Antwerpen, toneelhuis.be The Glimmers @ Culture Club, Gent Nina Kraviz, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Black Breath, Victims, Tormented @ De Kreun, Kortrijk Dead Elvis & His One Man Grave, Hola Ghost, Black Magic Six @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be DJ Vincent Cayeux @ Maison Folie, Mons, lemanege-mons.be Kozmic Blue @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Cali @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Nina Attal, The Headshakers @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr OOTC:The Redneck Manifesto, Mount Stealth, les Klub Des Loosers, Adebisi Shank, Breton, Aucan, Rumble In Rhodos, Sun Glitters, Cyclorama @ Kulturfabrik, Lu, outofthecrowdfestival. blogspot.com Rea Garvey @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Spleen @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

dimanche 01 avril Jonathan Jeremiah; Wallis Bird, Aidan @ AB, Bruxelles Action Beat, Pulpo, Don Zero And The Autonomous Zone, Duke Of Zuke, Bad Body, Tape Deck Orchestra, Hired Muscle @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Gazpacho @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be



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