CARDONA Kelly
janvier 2018
Séminaire « Repenser la métropolisation » AMBAL Julie, GUILLOT Xavier, WILLIS Delphine
Les mutations du monde du travail à l’ère du numérique : dématérialisation et relocalisation. Appropriation et évolution des espaces de coworking dans les communes péri-urbaines de Bordeaux Métropole.
ensapBx
CARDONA Kelly
janvier 2018
Séminaire « Repenser la métropolisation » AMBAL Julie, GUILLOT Xavier, WILLIS Delphine
Les mutations du monde du travail à l’ère du numérique : dématérialisation et relocalisation. Appropriation et évolution des espaces de coworking dans les communes péri-urbaines de Bordeaux Métropole.
ensapBx
SOMMAIRE GLOSSAIRE 3 INTRODUCTION 5 I/
II/
Le coworking : un phénomène majeur parmi les mutations du travail 13 a.
Les nouveaux lieux du travail 13
b.
Un témoignage générationnel médiatisé 16
c.
Rééquilibrer les temps de la mobilité 21
Les espaces de coworking péri-urbains : de la simple location de bureaux à la constitution d’un pôle 23
a. L’Amarrage - Saint-Médard-en-Jalles les prémices de l’espace de coworking : télétravail et bureaux individuels 24 b.
La Canopée - Gradignan un espace de travail partagé flexible mais encore trop peu utilisé 33
c.
Copernic - Saint-Médard-en-Jalles un nouveau pôle : réadaptation et dynamique créative 40
III/
Propagation des espaces de coworking devenus outil : début d’une nouvelle ère du travail ou essoufflement ? 45 a.
L’espace de coworking : un nouvel équipement pour les communes péri-urbaines 45
b.
Un outil particulièrement adapté aux zones diffuses 49
c.
Vers une surabondance des espaces de coworking ? 53
CONCLUSION 56 BIBLIOGRAPHIE 58 TABLE DES FIGURES 62 ANNEXES 64 1
2
GLOSSAIRE
Coworking : pratique visant à faire partager un même espace de travail à des individus. Dynamic office : le « dynamic office » ou « bureau dynamique » est une organisation de l’espace de travail, en entreprise, qui ne prévoit pas de poste attitré à ses employés. Fablab : avant tout support de rencontres afin de favoriser l’esprit communautaire, un fablab propose à ses usagers de concevoir et réaliser des objets à l’aide de technologies de pointe telles que les imprimantes 3D ou les découpes laser. Incubateur : un incubateur, aussi surnommé « accélérateur de start-up », se dit d’une structure dont l’objectif est d’accompagner de manière adaptée les projets de création d’entreprises innovantes et les très jeunes sociétés. Pépinière d’entreprise : développées en France dans les années 1980 et soutenues par des acteurs publics, elles apportent une aide financière, technique, des conseils ou encore des services aux entreprises, afin de faciliter leur création. Sans bureau fixe : une personne est dite « sans bureau fixe » lorsqu’elle n’a pas de place attitrée sur le lieu d’activité de son entreprise. C’est alors à elle de trouver un poste de travail disponible quotidiennement. Télétravail : pratique permettant aux actifs de travailler à distance, depuis leur domicile ou tout autre lieu, qui s’est notamment développée grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. TIC : les TIC ou technologies de l’information et de la communication, parfois qualifiées de « nouvelles » (NTIC), regroupent les outils permettant d’échanger à distance via les réseaux informatiques. Tiers-lieu : se dit d’un lieu qui, de par son activité, favorise la socialisation et les rencontres. Il est facile d’accès et à proximité de ses usagers, qui ont la possibilité d’utiliser l’espace assez librement. La notion de « tiers » révèle un troisième type d’espace qui vient contrebalancer l’équilibre des lieux de vie quotidiens, à savoir le domicile, et le travail.
3
4
INTRODUCTION
Lorsqu’en 1989, Ray Oldenburg1 écrit The Great Good Place : Cafés, Coffee Shops, Bookstores, Bars, Hair
Salons, and Other Hangouts at the Heart of a Community, ces « great good places » ou « third places » que l’on peut traduire par « tiers-lieux »*2 - qui comprennent entre autres cafés, librairies ou encore salons de coiffure - sont considérés comme appartenant à l’un des trois domaines parmi lesquels la vie quotidienne doit trouver son équilibre. Le premier domaine relève du domestique, le second des activités lucratives et productives, enfin le troisième intègre la dimension sociale, offrant à la fois les bases de la vie en communauté tout en la célébrant. Si l’on peut dire par extension qu’un tiers-lieu n’est donc ni le domicile, ni le travail, se limiter à cette définition reviendrait à en perdre l’essence même. Pourtant, c’est désormais comme cela que se décrivent ceux qui se revendiquent comme tels. En réalité, ce raccourci a mené à un glissement sémantique : on parle aujourd’hui de « tiers-lieux » pour évoquer les fablabs*, les hackerspaces, ou encore les espaces de coworking*. Ces derniers seront l’objet de ce mémoire. Ce nouveau type de structure, innovante, propose à des travailleurs salariés ou indépendants de se réunir pour travailler. Si ces espaces répondent en partie à la définition que donne Ray Oldenburg des tiers-lieux, en se présentant comme des lieux de socialisation et d’échanges, on peut remettre en cause l’usage de la terminologie puisque leur fonction première demeure le travail.
Le nombre de créations de ces espaces, dont l’éclosion fut d’abord timide – on en comptait 75 dans le
monde en 2007 - a ensuite littéralement explosé, atteignant désormais plus de 16 800 structures, dont 500 se sont ouvertes en France au cours des cinq dernières années3. Cela traduit les mutations du monde du travail et les comportements des actifs dans nos sociétés, à l’ère du numérique. En effet, le développement des espaces de coworking n’est pas étranger au développement des TIC*.
Ces technologies de l’information et de la communication n’ont cessé d’évoluer, révolutionnant notre
économie. Si l’on en croit Jeremy Rifkin4 , nos sociétés abandonneraient progressivement une économie de marché, où l’on achète des biens et services afin d’en être propriétaire, au profit d’une économie de réseaux, qui s’appuie sur la location. Désormais, l’accès à un bien ou un service est de plus en plus momentané : l’accès au réseau mobile ou Internet, le leasing, les licences, les abonnements, et récemment, l’accès à un bureau pour y travailler. Tout cela est aujourd’hui possible grâce au bouleversement des moyens de communication permis par Internet. Il est maintenant facile de travailler à distance, en-dehors du site de son employeur, tout en continuant à communiquer et échanger des informations et des documents, même si cela peut poser des questions de confidentialité ou de productivité.
En lien avec cette évolution des transports, des communications et télécommunications, nos sociétés seraient
entrées, selon Melvin Webber, dans un « posturbanisme »5, où la concentration urbaine serait devenue inutile, offrant un possible accès à tous, tous groupes sociaux confondus, à la société urbaine délocalisée par les réseaux de communication6. Si l’on n’a donc plus besoin de proximité physique grâce à la dématérialisation des échanges, Ray OLDENBURG (né en 1932) est un professeur émérite de sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride. Voir glossaire p.3 pour l’ensemble des termes suivis d’une astérisque. 3 LARRUE Arnaud, « Le nid de la Cocotte-Minute attire du monde », Sud-Ouest, 15/02/2017 4 RIFKIN Jeremy, L’Âge de l’accès, La révolution de la nouvelle économie, La Découverte, Paris, 2000 5 WEBBER Melvin, Post-city Age, 1968 6 WEBBER Melvin, The Urban Place and the Non-Place Urban Realm, 1964 1 2
5
le coworking montre toutefois que les usagers de ces nouvelles structures font le choix de se regrouper, créant ainsi une relocalisation du travail. Saskia Sassen disait au sujet des villes globales que : L’idée généralement reçue, selon laquelle densité et concentration sont vouées à l’obsolescence parce que le progrès des télécommunications permet une dispersion maximale de la population et des ressources, est passablement erronée : il en est ainsi, selon moi, précisément en raison de la dispersion territoriale facilitée par des télécommunications, que l’agglomération de certaines activités de centralisation a considérablement accrue.7
Cela signifie qu’à l’ère du numérique et du développement de technologies de pointe pour faciliter au
maximum la communication, la coprésence reste immuable chez les individus. Elle demeure nécessaire, car la proximité d’experts reste la manière la plus efficace de travailler, en permettant une capacité à réagir plus forte face à une demande de plus en plus exigeante8.
Cette coprésence, si elle n’a rien de neuf en réalité, a néanmoins la particularité de créer - à priori - du
lien social, et de participer à un certain brassage, mélangeant des actifs qui n’avaient jusque-là jamais eu l’occasion de partager un espace de travail. Notre modèle économique est en plein mutation. Traditionnellement, le lieu de travail demeure un espace clos, dont la structure est pyramidale. Avec la mécanisation, la société industrielle a connu son lot de méthodes d’organisation, à la fois du travail mais également de l’espace, et a imposé un système autoritaire rigide. La plupart de ces concepts hiérarchiques étaient importés de l’armée, le but étant de faire obéir les ouvriers plutôt que de les faire réfléchir. Il fallait gommer le talent et la sensibilité des gens, leur enlever la possibilité de penser à ce qu’ils faisaient pour pouvoir créer ces chaînes de commandements aveugles. C’est un peu ce que l’on faisait aux soldats pour qu’ils obéissent aveuglément aux ordres.9
Du fait de l’arrivée d’une population de paysans qui s’apprêtaient à devenir ouvriers dans les usines, des
systèmes hiérarchiques ont été mis en place afin d’anticiper et de contrer les éventuels comportements « déviants » afin d’atteindre une productivité et une rentabilité qui soient les plus efficaces possibles. Une succession de chefs engendrant une surveillance accrue et une réflexion sur les tables de montage à l’image du taylorisme et du fordisme ont eu raison des ouvriers, non plus considérés comme des individus pensants mais comme de véritables machines à produire.
Avec l’arrivée de la tertiarisation, on assiste à une transposition de la spatialisation de l’autorité. Le
bureau succède à l’usine tout en empruntant ses codes : hiérarchie forte, lieu étanche, qui se lisent également dans la structuration de l’espace, très cloisonné. La taylorisation de l’administration est incarnée par une division hiérarchisée du travail et des bureaux fermés, qu’ils soient individuels ou collectifs.
Dans les années 1950, les cloisons commencent à tomber en même temps que l’affirmation de la hiérarchie,
du moins dans l’espace. C’est le « bureau paysager », qui naît grâce à l’apparition de l’informatique dans le monde du travail. Une porosité se crée au sein même de l’entreprise mais également à l’endroit de ses limites : la rupture entre le SASSEN Saskia, La ville globale, New York – Londres – Tokyo, Paris, Descartes& Cie, 1996, p.35 SASSEN Saskia, La ville globale, New York – Londres – Tokyo, Paris, Descartes& Cie, 1996, p.11 9 GRAEBER David, anthropologue à la London School of Economics in ARTE France, documentaire de MEISSONNIER Martin, « Le bonheur au travail », 2014, 85 min, consulté le 31/05/2017 7 8
6
travail et la vie privée s’estompe. Il devient aussi compliqué de se concentrer : dérangés par le bruit et la déambulation des collègues, les salariés souffrent souvent d’un sentiment de surveillance, et d’un nivellement des individualités.
Avec le développement des TIC, des modèles alternatifs apparaissent. La remise en cause de la hiérarchie
à la fois par certains employés mais aussi par des chefs d’entreprise eux-mêmes commence à faire bouger les lignes dans certaines structures. Dans l’usine Poult de Montauban par exemple, toute hiérarchie intermédiaire est supprimée afin de laisser plus de responsabilités à ses employés et de retirer des fonctions désormais jugées superflues, comme le rôle du contremaître qui n’aurait plus lieu d’être. C’est le modèle de l’entreprise libérée.
Chez Sanofi, le système « sans bureau fixe »* est initié. Dans le service public aussi, on retrouve des modes
de travail alternatifs. C’est le cas du ministère des transports belge qui a mis en place la même manière de travailler, sans place ni bureau attitré, c’est le concept de « dynamic office »*. Au ministère de la sécurité sociale, toujours en Belgique, les employés sont invités à télétravailler*. C’est également le cas de la Région Aquitaine, du Conseil général de la Gironde et de la CUB, qui ont choisi le télétravail dès 2013 comme une manière d’expérimenter de nouvelles façons de travailler10.
Si le télétravail n’est clairement pas la norme à l’heure actuelle, il incarne une réelle tendance qui témoigne
de l’évolution de notre société. Les espaces de travail se démultiplient : on peut désormais travailler en-dehors du site de son employeur, depuis chez soi ou en investissant d’autres espaces comme des tiers-lieux au sens où Ray Oldenburg l’entend, comptant parmi ses usagers des travailleurs, salariés ou indépendants ; qu’il s’agisse de cafés, d’aéroports, de restaurants, ou encore de gares, tant que le réseau wifi y est disponible. On peut désormais travailler depuis n’importe où.
On ne saurait aborder ces thématiques de dématérialisation, relocalisation, et urbain diffus, sans se poser
la question de la mobilité. Selon Oldenburg, les tiers-lieux ont subi le développement des streetcar suburbs, c’est-àdire de la dépendance toujours plus forte de la voiture individuelle, puisqu’ils sont par essence accessibles à pied, près de chez soi. En centre-ville, où les modes de transports doux sont facilités et où l’offre de services est plus grande, on assiste à la concentration et même à la concurrence de nombreux espaces coworking. L’ a’urba les définit comme étant des « espaces de télétravail qui ne sont ni le domicile, ni le site où travaillent le responsable direct et l’équipe de rattachement (s’il y en a), et qui offrent au télétravailleur la possibilité d’être en contact avec d’autres travailleurs »11. La figure 1 (p.8) montre que sur les 74 structures innovantes12 que comporte actuellement la Gironde (fablab, ateliers partagés, espaces collaboratifs, cafés associatifs, hackerspace, makerspace, garage solidaire, ou encore espaces de coworking, qui représentent quant à eux plus des trois quarts de l’offre), Bordeaux en concentre plus de la moitié : on n’en dénombre pas moins de 38, selon le recensement effectué par la Coopérative des Tierslieux en Nouvelle-Aquitaine13. Le succès que connaît depuis cinq ans le coworking et son ascension fulgurante ne sont plus à prouver dans les métropoles. Mais qu’en est-il du péri-urbain, témoin de ce phénomène et victime de l’attraction des centres-villes ?
BOSDECHER Laurie, « Gironde : le télétravail prend son envol », Sud-Ouest, 13/12/2013, consulté le 24/04/2017 Mailler le territoire en tiers lieux ? Etude qualitative et quantitative des usages potentiels en Aquitaine, 16/12/2013, p.17 12 On préférera parler de « structures innovantes » plutôt que de «tiers-lieux» comme cela est écrit sur le site de la Coopérative des Tiers-lieux, en raison du glissement sémantique évoqué précédemment. 13 La Coopérative des Tiers-lieux est née de la rencontre entre deux fondatrices d’espaces de coworking : celle de L’Arrêt Minute, à Pomerol ; et celle du Node, à Bordeaux. La structure détecte l’émergence de projets d’espaces de travail innovants, les recense, et les promeut. Elle assure également leur médiation au sein de la région Nouvelle-Aquitaine. 10 11
7
Espace de coworking (seul ou en complément d’autres offres) Autre type d’espace (fablab, espace collaboratif, espace de création artistique, atelier) Cas d’étude Figure 1 : Carte des structures innovantes en Gironde Localisation des 74 structures innovantes recensées en Gironde. La ville de Bordeaux en concentre plus de la moitié (comprenant 30 espaces de coworking et 8 autres types de structures innovantes). L’implantation de ces espaces dans la métropole, au-delà de la rocade bordelaise, demeure timide.
8
L’objectif ce mémoire est donc de répondre aux questions suivantes : En quoi les espaces de coworking
incarnent-ils les mutations du monde du travail, à l’ère du numérique ? Quels enjeux représentent-ils pour les communes péri-urbaines ? Si l’apparition - certes timide - d’espaces de travail partagés dans ces territoires a le mérite d’être soulignée, la fréquentation de ces lieux reste déterminante en termes de création de sociabilité, d’urbanité, et de mobilité.
Pour répondre à la problématique posée ci-dessus, ce mémoire s’appuiera sur l’étude de trois cas : les
deux espaces de coworking de Saint-Médard-en-Jalles, et celui de Gradignan, en écho au travail déjà effectué par l’a’urba en 2013 : Mailler le territoire en tiers lieux ? Etude qualitative et quantitative des usages potentiels en Aquitaine. Cette étude propose d’analyser le télétravail, et de comparer les situations à domicile ou relocalisées, en dressant le portrait des différents usagers notamment par le biais d’entretiens. Les actifs concernés par l’étude sont : des salariés télétravaillant à domicile, des salariés « tiers-localisés », des indépendants télétravaillant à domicile, des indépendants « tiers-localisés » ; recouvrant tous des besoins variés et parfois contraires. L’objectif est d’évaluer le potentiel d’utilisateurs sur quatre communes tests choisies en Gironde offrant de vraies opportunités d’implantation d’espaces de coworking : Saint-Médard-en-Jalles, Latresne, Arcachon (à l’époque en projet de portage), et Pomerol, alors récemment équipée14 ; et ainsi de dresser plusieurs bilans en termes de :
- mobilité : bilan incertain, seule une dizaine de véhicules retirée chaque jour pour quatre sites ouverts.
L’attractivité des télétravailleurs pendulaires est donc faible. Les espaces de coworking sont loin d’être capables de répondre à eux seuls aux enjeux de fluidification des axes routiers et d’environnement.
- social : amélioration du bien-être au travail et des conditions de vie des travailleurs indépendants ainsi
que des télétravailleurs à domicile à haute fréquence.
- économique : pour les indépendants, la possibilité de bénéficier de conseils, d’un réseau, d’un développement
local ; pour le territoire, bénéficier d’une attractivité résidentielle, encourageant la consommation sur place.
- urbaine : polarisation ; sous réserve d’efficacité du travail, pourrait contribuer à devenir un véritable
tiers-lieu au sens où Ray Oldenburg l’entend.
En raison d’une volonté de montrer des espaces de travail partagés qui fonctionnent, et de se tourner
vers la question des travailleurs dépendants de l’aire métropolitaine de Bordeaux, susceptibles de subir les déplacements pendulaires, et au vu des estimations de l’a’urba concernant « les villes grandes et moyennes, ainsi que le périurbain dense », qui sont « les territoires les plus susceptibles d’atteindre un seuil de fréquentation garant de pérennité pour le tiers-lieu », le choix des cas d’étude se tournera vers du péri-urbain. Les communes choisies sont situées en lisière de la rocade : Saint-Médard-en-Jalles et Gradignan. On sait par exemple que la commune de Saint-Médard-en-Jalles subit l’attraction de Bordeaux et connait de nombreux déplacements pendulaires (fig. 2).
14
L’Arrêt Minute, premier espace de coworking en Aquitaine
9
Figure 2 : Des polarisations à plusieurs échelles en Gironde
Certaines communes péri-urbaines telle que Saint-Médard-en-Jalles subissent la multipolarisation de bassins d’emplois, comme c’est le cas à Bordeaux ou à Mérignac.
10
Le tableau ci-dessous réunit les caractéristiques de ces trois cas d’étude :
Saint-Médard-en-Jalles
Gradignan
Saint-Médard-en-Jalles
Nom de l’espace de coworking
L’Amarrage
La Canopée
Copernic
Référent Claire Jouhault Marion Sena Claire Jouhault Adresse
141 Avenue Montaigne
6 Place Bernard
60 Place de la République
Type de structure collectivité collectivité collectivité Typologie d’espace
coworking
coworking/incubateur*
coworking/fablab/incubateur
Figure 3 : Tableau des cas d’étude
Il semble intéressant de souligner que les trois structures ont été créées à l’initiative des collectivités, comme
pour imiter un modèle « tendance », qui au contraire est le plus souvent géré par des entreprises privées ou des associations15. On peut émettre l’hypothèse que ce type de gouvernance donne lieu à des espaces très formels, institués, et qu’il existe un décalage entre l’espace souhaité par la collectivité, et l’espace réel. En revanche, les trois cas bénéficient d’une implantation favorable, et peuvent potentiellement tirer parti d’une certaine centralité.
Pour mener à bien cette recherche, un premier travail de revue de presse et d’analyse iconographique
donnera un aperçu de la représentation des espaces de coworking dans la société. Une étude sur le terrain permettra de montrer la réalité de ces espaces, et de les mettre en perspective avec le rapport rédigé par l’a’urba en 2013 : Mailler le territoire en tiers lieux ? Etude qualitative et quantitative des usages potentiels en Aquitaine, ainsi qu’avec les thématiques dressées par La Mutinerie16, auxquelles nous reviendrons dans la première partie, à savoir : l’accessibilité, la mutualisation des moyens, la mutualisation des énergies, la proximité, la permissivité, et l’intimité. Des entretiens seront également menés sur place avec des utilisateurs, afin de mieux comprendre leurs motivations et leurs usages, et ainsi de confronter l’aspiration des communes initiatrices de ces projets, au départ, et l’espace vécu. Enfin, une analyse des infographies diffusées par différents acteurs (BAP, La Fonderie, la Coopérative des Tiers-Lieux) permettra de mesurer l’usage de l’espace de coworking par les communes péri-urbaine en tant qu’outil. L’exemple de Latresne et de son Télécentre viendra illustrer le propos, notamment dans les zones diffuses.
Ainsi, en montrant que le coworking est un phénomène majeur parmi les lieux du travail émergents, en
lien avec l’arrivée de la génération Y sur le marché de l’emploi, nous verrons aussi que les espaces de coworking participent d’un rééquilibrage des temps de la mobilité. Les études de cas illustreront quant à elles de manière chronologique la prise de conscience progressive des communes péri-urbaines de ce nouvel enjeu, et la manière dont elles ont su répondre ou non aux attentes des usagers. Enfin, l’espace de coworking devenu outil, nous nous interrogerons quant à ce que signifie sa progression démesurée au cours des dernières années.
Selon une étude menée par La Fonderie - agence numérique en Île-de-France - et Bureaux à Partager (BAP) - une startup visant à accompagner les mutations du travail, et permettant de trouver en ligne un bureau flexible partout à l’échelle nationale - en 2015, en France, 32% des espaces de coworking sont gérés par des entreprises privées, et 35% par des associations. Seuls 25% sont gérés par des collectivités. 16 La Mutinerie est l’un des espaces de coworking de référence, à Paris. 15
11
12
I/
Le coworking : un phénomène majeur parmi les mutations du travail
a.
Les nouveaux lieux du travail
Le développement des TIC permet désormais de travailler depuis n’importe quel lieu, du moment qu’un
accès internet en wifi est prévu. Cette dématérialisation de l’information a permis la relocalisation des actifs, donnant lieu à plusieurs reconfigurations dans le monde du travail. Parmi ceux qui continuent à exercer sur le site de leur entreprise, on trouve toujours les bureaux conventionnels ou encore les open spaces. Néanmoins, la contrainte économique devenant trop fortes pour certaines structures, quelques-unes d’entre elles ont mis en place le système de « sans bureaux fixes », obligeant leurs employés à se trouver une place pour travailler tous les jours de la semaine. Cela est rendu possible grâce au développement des technologies qui permet de supprimer les ordinateurs fixes au profit d’un matériel nomade, comme le sont les ordinateurs portables. C’est le cas de Danone, Axa, Bouygues Telecom ou encore Sanofi , et son nouveau siège social - le Campus SanofiVal de Bièvre - inauguré en juin 2015.1 Ce concept, introduit en France dans les années 1990 se généralise dans les grandes entreprises. En réduisant le nombre de postes par rapport au nombre de salariés, on réalise des économies, mais on crée néanmoins un sentiment de stress pour les employés : c’est le système du premier arrivé, premier servi. Il en va de même pour les chefs de service. A cela s’ajoute la culture du « tout sur place », qui offre en apparence des services aux employés, ou « résidents du site », mais qui en réalité permet surtout de les faire travailler en continu.
Le 23 mai 2017, le syndicat CGT ICADE - groupe immobilier français - dénonçait d’ailleurs « cette mutation
profonde dans nos modes de fonctionnement [qui] va affecter chaque salarié et ce, sans distinction. » Une chose est sûre, les habitudes de ces nouveaux « sans bureaux fixes » sont désormais chamboulées par ce système d’environnement de travail dynamique, ou « dynamic office », qui s’est aussi développé dans le service public, notamment en Belgique.
Pour ceux qui travaillent en-dehors du site de l’entreprise, ou qui ont un statut d’indépendant, différentes
solutions s’offrent désormais à eux. Le télétravail à domicile n’est pas nouveau mais tend cependant à se développer. Il est néanmoins pointé du doigt puisqu’il pourrait être source d’isolement social et professionnel et pourrait également causer des problèmes de concentration, puisque mêlant vie privée et vie professionnelle.
Certains font donc le choix des « cafés-wifi », à l’image de l’enseigne Starbucks qui en est
l’archétype, mais d’autres lieux offrent également la possibilité de consommer de quoi boire ou manger tout en se connectant au réseau wifi, comme c’est le cas de fast-foods tel que McDonald’s, ou encore des cafés de gares ou aéroports qui sont des lieux de transition intéressants pour des télétravailleurs nomades. 1
CHEREL Laetitia, « ‘‘Sans bureau fixe’’ : Google fait des émules », diffusé le 09/02/2017 sur France Inter
13
D’autres formes tendent à émerger, comme c’est le cas de l’anticafé, qui après avoir ouvert cinq espaces -
uniquement sur Paris - s’est implanté à Aix-en-Provence , Lyon et Rome, et tout récemment, à Bordeaux2. Le concept est multiple et s’apparente à un tiers-lieu, à la différence près qu’il faut payer à l’heure, mais que cela donne accès à des consommations illimitées. Le tarif plein est de 5€ de l’heure puis est dégressif. Il offre donc la possibilité de travailler, mais pas seulement, puisqu’il s’agit aussi tout simplement d’un lieu de rencontres, d’évènements, de jeux, etc. Son aménagement intérieur est pensé pour donner envie aux consommateurs de passer du temps sur place. Il s’agit donc d’une forme d’espaces de travail partagé mais qui donne lieu à d’autres usages simultanés.
Le site bureauapartager.com propose quant à lui de louer un poste innocupé dans une entreprise, qui
souhaiterait le rentabiliser. C’est donc une autre manière de réunir des individus, qui ne travaillent pas forcément dans la même branche, et de les faire partager des locaux, et des ressources. Le concept ne dit pas si les usagers sont invités à échanger autour de leurs pratiques, il semblerait que ce soit d’abord un moyen pratique de mettre à profit de l’espace disponible, plutôt que de créer du lien social et professionnel. On ne peut donc pas parler de coworking, qui ne se réduit pas à la simple location de bureaux.
Plus connus et institutionnalisés, les espaces dits et revendiqués comme étant des lieux de coworking affichent
clairement leur volonté de rassembler des travailleurs, qu’ils soient salariés ou indépendants, de les faire partager un environnement de travail et de favoriser une ambiance collaborative. Il s’agit d’offrir un climat propice à la fois à la concentration mais également à l’échange et à la mutualisation. Wikipédia donne une définition du coworking comme étant « un type d’organisation du travail qui regroupe deux notions : un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de télétravailleurs encourageant l’échange et l’ouverture ». Le terme « coworking », de « co », « partager », qui signifie à la fois « diviser » et « mettre en commun »3, aurait été inventé par Bernie de Koven en 1999, en Allemagne, alors qu’il tentait d’expliquer l’essor du travail collaboratif.
On prête volontiers les prémices du coworking à C-Base, sorte de hackerspace fondé en 1995 à Berlin,
réunissant des informaticiens désireux de partager leurs connaissances, tandis qu’en 2002, en Autriche, le Schraubenfabrik ouvre ses portes en tant que centre communautaire pour entreprises. Ces débuts balbutiants en Europe seront plus engagés et mieux définis en Californie, où le phénomène prendra de l’ampleur dès 2005. Le premier espace de coworking se crée : le San Fransisco Coworking Space, implanté dans le Spiral Muse, un local dédié à un collectif féministe. A l’initiative du projet : Brad Neuberg, qui souhaitait expérimenter ses premières idées. Une communauté commence à se former mais le lieu ferme au bout d’un an, alors que Brad Neuberg travaille sur la Hat Factory, ouverte quelques mois plus tard, toujours à San Fransisco. Il s’est alors entouré de plusieurs personnes dont Chris Messina4 et Tara Hunt. Le projet fut suivi de près par l’ouverture du Citizen Space, en 2006, à l’origine des cinq valeurs fondamentales du coworking, définies avec Alex Hillman5.
L’anticafé a ouvert ses portes à Bordeaux en septembre 2017, près de la Place Pey Berland. NOVEL Anne-Sophie, La vie share, mode d’emploi : consommation, partage, et modes de vie collaboratifs, Baume-les-Dames, Éditions Alternatives, collection manifestô, 2013, p.21, citation d’Hélène Pouille, accompagnatrice de porteurs de projets et membre du collectif Ouishare. 4 On doit entre autres à Chris Messina l’invention du #hashtag sur Twitter. 5 Alex Hillman a créé le Indy Hall en 2007, qui représente l’une des plus importantes communautés de coworking à Philadelphie depuis. 2 3
14
Ces cinq valeurs sont aujourd’hui reprises par une multitude d’espaces de coworking à travers le monde, et
notamment par La Mutinerie, à Paris. Ces principes sont les suivants :
- Durabilité : pérennité de l’initiative et de la communauté. Celle-ci est autonome en ressources, et les relation qui se tissent sont solides.
- Communauté : elle préexiste à la mise en place de l’espace de coworking. Partage d’un ensemble commun de valeurs, d’expériences, de rituels. Les usagers échangent sincèrement entre eux, s’approprient l’espace et investissent les lieux à leur image.
- Coopération : indispensable au succès de l’espace de coworking. Les membres y sont « entre pairs », non tenus par une hiérarchie, ils peuvent gérer leurs projets librement tout en apprenant des autres. Se croiser régulièrement permet de favoriser la coopération.
- Ouverture : elle se traduit avant tout par la posture des membres (prêts à donner et à recevoir), par un état d’esprit « open source » (partage d’expériences et d’informations avec d’autres qui peuvent les utiliser par la suite pour leurs propres projets) et par une capacité d’adaptation.
- Accessibilité : l’espace de travail est souple dans son mode de fonctionnement, il s’adapte aux usages des coworkers, à leurs besoins, à la flexibilité de leurs horaires et à leurs envies. Il est libre d’accès, flexible, ouvert, et à proximité des lieux de vie.
Depuis, les espaces de coworking ont bourgeonné à travers le monde, en passant d’abord par les capitales.
La Cantine a été la première à ouvrir ses portes à Paris, en 2008, suivie deux ans plus tard par La Mutinerie. Devenues les références majeures du coworking en France, seule la seconde est toujours en fonction aujourd’hui, La Cantine ayant fermé ses portes à l’instar de ses grandes soeurs américaines (San Fransisco Coworking Space, Hat Factory, Citizen Space).
15
b.
Un témoignage générationnel médiatisé
En France, en dix ans, le nombre d’espaces de travail partagé a explosé. En juin 2017, une enquête menée
par Bureaux à partager1 montre qu’ils ont été multipliés par 10 depuis 2012, atteignant ainsi la barre des 600 structures, en sachant qu’une étude similaire réalisée par la même start-up a révélé la présence de 360 structures fin 20152, soit presque deux fois moins, à seulement un an et demi d’intervalle.
600
360 250
120 60
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
nombre d’espaces de travail partagé en France - selon les chiffres de BAP Figure 4 : Croissance du nombre d’espaces de coworking en France entre 2008 et 2017
Enquête « Indice du coworking ». Voir infographie en annexe p.65. Enquête « Les espaces de coworking en France » menée par BAP et La Fonderie, portant sur les espaces de travail partagé de type coworking, fablabs et télécentres en France. Les centres d’affaires et autres lieux connectés sont exclus. Elle a été réalisée au cours des mois de novembre et décembre 2015, et a permis d’interroger 360 espaces de coworking par mail. Le recensement des espaces de coworking a été effectué tout au long de l’année 2015.Voir infographie en annexe p.64. 1 2
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Ces espaces de travail partagés et autres nouveaux lieux du travail coïncident avec l’arrivée de la
génération Y - qui réunit les individus nés entre 1980 et 2000 - sur le marché du travail. Baignée dans la culture des TIC, cette génération hyperconnectée crée ses propres codes face à un monde du travail jusque-là très traditionnel, et dont elle occupera bientôt les trois quarts.1 Détentrice d’un pouvoir fort, et capable de faire bouger les lignes, la génération Y tend à rendre l’héritage conventionnel de l’entreprise obsolète, au profit d’une organisation plus adaptée à son mode de vie. Horizontalité et transparence font partie des valeurs portées par ces jeunes actifs, donnant lieu à de nouvelles manière d’envisager le travail.
Lors d’une conférence TEDxCarthage2 en septembre 2013, Anis Bedda3 fait référence à Michel Serres,
selon lequel nos sociétés occidentales ont connu trois révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, celui de l’écrit à l’imprimé, et le passage de l’imprimé au numérique ; chaque transition s’étant accompagnée de mutations politiques et sociales.4 La troisième et dernière révolution que nous connaissons désormais touche la génération Y, qui doit désormais réinventer le monde dans lequel elle vit, étudie, travaille... C’est l’incarnation de Petite Poucette, qui du bout de son pouce, a accès à l’information et à la communication, et dont le défi est de s’adapter au monde que l’Occident a créé.5 Or la génération Y se caractérise par son insatisfaction, son intrépidité, et est également imprégnée d’indépendance et de liberté, qui se reflètent dans ses choix, et notamment professionnels. En effet, toujours selon Anis Bedda, les héros modernes de cette génération sont Steve Jobs, ou encore Mark Zuckerbeg, deux entrepreneurs emblématiques ayant chacun eu droit à leur biopic.6 Le coworking semble donc particulièrement adapté aux nouvelles aspirations de la génération Y, en offrant un cadre de travail privé de hiérarchie, un accès souple et des usagers qui sont des semblables, partageant les mêmes valeurs et avec qui il est possible de collaborer.
En allant jusqu’à doubler leur nombre chaque année, les espaces de coworking, et la pratique en général,
sont de plus en plus relayés par les médias, aussi bien par la presse écrite, que la radio, la télévision et bien évidemment internet. Youtube recense près de 119 000 résultats pour l’occurence « coworking », largement traité et promu lors de conférences TED. Les espaces de coworking participent également à leur médiatisation en étant actifs sur les réseaux sociaux, tout comme les collectivités qui ont choisi de développer le leur. On peut lire l’engouement qu’a connu la pratique du coworking en s’intéressant à la presse, et en relevant le nombre d’articles y faisant référence. En analysant les résultats obtenus pour l’occurence « coworking » dans le journal Le Monde, sur les 144 publications référencées depuis 2009, on note que 59 d’entre elles ont été écrites en 2017, soit 40%. C’est donc logiquement que la presse accompagne l’expansion du phénomène de coworking, dont le nombre d’espaces n’a cessé de croître depuis l’ouverture de La Cantine en 2008 à Paris.
Selon une étude de Deloitte et du Brookings Institute, la génération Y représentera 75% des actifs dans le monde d’ici à 2025. 2 Les conférences TED (Technology, Entertainment and Design) se déroulent à l’échelle mondiale afin de traiter d’ « idées qui valent la peine d’être diffusées », selon the Sapling Foundation, organisation à but non lucratif à l’origine du mouvement. Elles sont enregistrées puis publiées sur youtube afin de toucher le plus grand nombre. Les conférences TEDx quant à elles sont indépendantes, dans la mesure où ce sont des écoles, des entreprises ou encore des bibliothèques qui les organisent ellesmêmes. 3 Anis Bedda est le fondateur de Transforma Bxl, un espace de coworking et d’innovation à Bruxelles. 4 SERRES Michel, Petite Poucette, France, Le Pommier, 2012 5 NIVELLE Pascale, « Petite Poucette, la génération mutante », Libération, 3 septembre 2011 6 Respectivement Steve Jobs, de Danny Boyle (2016) et The Social Network, de David Fincher (2010) 1
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Cette représentation médiatique participe à ancrer davantage le coworking comme nouvelle pratique du
travail, appartenant à un modèle de société émergent, mêlant collaboratif et économie du partage. En effet, AnneSophie NOVEL écrit « L’essor du numérique [...] a aussi engendré la multiplication du nombre de télétravailleurs indépendants qui ont pris l’habitude de travailler chez eux, avant de ressentir le besoin de partager un lieu d’exercice de leur activité prompt à générer des échanges, de la coopération et de la créativité. »7, qui sont les valeurs fondatrices d’une société collaborative. Grâce à l’évolution des usages d’Internet, les acteurs de cette économie peuvent être mis en relation les uns avec les autres, et ont désormais la possibilité de partager facilement leur espace de travail, en intégrant une culture de la location plutôt que de la propriété.
La figure 5 illustre bien ce propos et la représentation mentale que l’on peut se faire des espaces
de coworking. C’est le premier résultat qui apparait lors d’une recherche sur Google images pour l’occurence « coworking ». On y voit huit personnes autour d’une table, probablement en train d’échanger sur des projets en commun ou se partageant des conseils professionnels. L’espace de travail est approprié par chacun : ordinateur fixe ou portable, tasse de thé ou café, plantes, dossiers, ... La figure 6 apparait en second dans les résultats pour une même recherche sur Google images. On voit ici le volume, spacieux, lumineux, transparent. Différents sousespaces sont constitués et les usagers semblent se les approprier au gré de leurs envies, pour travailler ou bien discuter, véhiculant cette idée de collaboration et de réseau : le long d’un comptoir, autour d’une petite table, sur des canapés et autres fauteuils, et même sur les marches d’un escalier. Des bureaux individuels donnent sur ce vaste open space par de grandes baies vitrées. Enfin, la figure 7, photographie prise dans les locaux de La Mutinerie, montre des usagers qui travaillent au fond, sur une estrade, et d’autres, sous un grand puits de lumière, installés sur une table de ping-pong. Se rendre au travail devient alors presque synonyme de plaisir, avec cette référence au jeu, : on trouve désormais une dimension ludique, une atmosphère détendue dans ce cadre de travail 2.0, dont l’utilisation s’est très largement assouplie.
Ces photographies participent de la constitution d’un imaginaire de l’espace de coworking et de ce qu’il
doit être : avant tout un open space, tandis que le bureau individuel est plutôt suggéré, par exemple. S’il n’est pas faux pour autant, il ne représente pas l’entièreté des espaces que l’on peut retrouver, mais on peut considérer qu’il illustre « le cas type », dans la mesure où quelques chiffres clefs relevé par BAP et la Fonderie en 20158 vont dans ce sens. En effet, parmi les 360 espaces de coworking recensés en France à l’époque, 57% d’entre eux ont un statut d’entreprise. Or, lorsque l’on recense les différents statuts des espaces de coworking dans la ville de Bordeaux, et dans le reste de la Gironde, on peut voir que les entreprises ne représentent que 15% des espaces de coworking à l’échelle du département (ville de Bordeaux exclue), soit 4 structures seulement ; tandis que dans Bordeaux, ce chiffre s’élève à 67%, soit 20 structures sur 30. Cela signifie donc que l’espace de coworking type est non seulement géré par une entreprise, mais est aussi résolument urbain. En outre, en Aquitaine, on dénombrait 41% d’espaces de travail partagés en milieu urbain, en 20159.
NOVEL Anne-Sophie, La vie share, mode d’emploi : consommation, partage, et modes de vie collaboratifs, Baume-les-Dames, Éditions Alternatives, collection manifestô, 2013, p.128 8 Enquête « Les espaces de coworking en France ». 9 Selon une enquête réalisée par la Coopérative des Tiers Lieux « Coworking en Aquitaine, Photographie au printemps 2015 ». 7
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Figure 5 : Une reprĂŠsentation des notions de collaboration et de communautĂŠ
Figure 6 : Le cadre de travail 2.0 : confort, volume et appropriation
Figure 7 : La Mutinerie, un terrain de jeu pour les actifs connectĂŠs
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En termes de taille et de fréquentation, la même enquête - « Les espaces de coworking en France » -
montre que 55% d’entre eux proposent entre 21 et 50 postes de travail. On note aussi que la majorité des espaces sont souvent bien rempli : dans 65% des structures, plus de la moitié des postes sont occupés. Les salariés et les indépendants sont représentés de manière égale, malgré une idée reçue qui laisserait à penser que ce sont plutôt ces derniers qui occupent en majorité les espaces de coworking. Aussi, plus de la moitié d’entre eux organisent des évènement fréquemment, à hauteur d’une fois par semaine ou plus, favorisant la construction d’une communauté. Le premier biais de communication, en 2015, pour faire connaitre ces lieux, est le bouche à oreille, tandis que la presse n’est située qu’en quatrième position, derrière les réseaux sociaux et le partenariat. Il faut se rappeler qu’à l’époque, le sujet était encore très faiblement relayé par les médias d’information.
En ce qui concerne l’accessibilité et la visibilité des espaces de travail partagé, l’enquête indique que 65%
d’entre eux n’ont pas d’espace d’accueil, ce qui pourrait signifier que l’accès est plus libre, moins formel. Paradoxalement, l’enquête réalisée par la Coopérative des Tiers Lieux « Coworking en Aquitaine, Photographie au printemps 2015 » montre que 80% des espaces de la région ont une personne spécifiquement dédiée à l’accueil. La même proportion dispose d’une vitrine ouverte sur un espace public ou d’une enseigne extérieure.
Ainsi, le « cas type » de l’espace de coworking est géré par une entreprise, en milieu urbain, et est de taille
moyenne au vu du nombre de postes proposés. Plus de la moitié d’entre eux sont occupés de manière égale entre salariés et indépendants, qui peuvent renforcer leurs liens au cours d’évènements organisés une fois par semaine ou davantage. En s’adaptant aux valeurs d’échanges et de coopération, l’espace de coworking et par extension le monde du travail contemporain offrent de nouvelles possibilité : horaires plus flexibles, choix du lieu d’exercice, de ses partenaires de bureau, etc. Néanmoins, si autrefois vie privée et vie professionnelle étaient nettement séparées, la frontière tend à s’estomper quitte à ce que les deux s’entremêlent.
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c.
Rééquilibrer les temps de la mobilité
En France, en 25 ans, les ménages ont vu s’allonger la distance moyenne entre leur domicile et leur lieu
de travail de 60%.1 Travailler à domicile peut donc s’avérer être une alternative idéale pour ceux qui en ont la possibilité. Néanmoins, l’une des questions les plus récurrentes se pose : comment retrouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle quand jusque-là il suffisait de se déplacer physiquement pour marquer la frontière entre les deux ? En effet, dans une société dite « hypertexte »2, où l’on passe aisément et fréquemment « d’un réseau à un autre, d’un univers à un autre, et utilise pour cela les moyens de communication réels et virtuels » selon François Ascher, il semble compliqué d’allier à la fois les aspirations et les moyens dont disposent entre autres les individus de la génération Y, tout en attendant d’eux un travail satisfaisant. Si le monde du travail commence à s’adapter à leurs attentes, comment font-ils quant à eux pour tout gérer ? Thierry Paquot soulève un paradoxe selon lequel le numérique donne lieu à un semblant de « liberté inédite », qui crée finalement une dépendance qui perturbe les repères spatiaux et temporels, menaçant l’intimité : « Je suis joignable n’importe quand et n’importe où mais alors quand et où puis-je faconner mon monde ? »3. C’est en cela que les espaces de coworking sont également intéressants, puisqu’ils respatialisent le lieu du travail. Quand François Ascher parle de l’écran d’ordinateur comme permettant de « passer en quelques secondes de l’univers du travail à celui de la famille », le fait de quitter son domicile pour se rendre sur son espace de travail participe du bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Aussi, lorsque des actifs font le choix d’un espace de coworking, parmi les facteurs pris en compte (tarifs,
équipements, accessibilité, ...), l’implantation joue un rôle majeur, car l’avantage du télétravail est avant tout de réduire ses trajets domicile-travail. Quand on sait « qu’une voiture passe plus de 90% de son temps en stationnement et que les heures de pointes (7h-9h et 17h-19h) concentrent près du tiers des déplacements quotidiens »4, on peut comprendre qu’il est préférable d’éviter de contribuer à la congestion urbaine si on en a la possibilité. Soit en travaillant plus près de chez soi, à tel point qu’on n’est plus obligé d’utiliser son véhicule ou les transports en commun, au profit des modes de déplacements dits « doux » ; soit en régulant ses horaires de travail pour plus de fluidité, en diversifiant les tempos. C’est le concept du 4ème âge de la mobilité dont parle Jean-Marc Offner5, pour lequel le coworking peut s’avérer être intéressant, dans la mise en place d’une mobilité « raisonnée ». Le défi à relever reste colossal quand on sait que, en France, selon l’INSEE, en 2014, la part des actifs qui utilisent un véhicule de type voiture, camion, ou fourgonnette, s’élève à 65%, contre 3,1% qui n’utilisent pas de transport (fig. 8).
Selon l’enquête nationale transports et déplacements (2008), entre 1982 et 2008, cette distance est passée de 9km à 14,7km. 2 ASCHER François, « Le mouvement dans les sociétés hypermodernes », Conférence 4 janvier 2006 3 PAQUOT Thierry, Repenser l’urbanisme, Clermont-Ferrand, Infolio Éditions, 2013, p.16 4 OFFNER Jean-Marc, « Les mobilités » in PAQUOT Thierry, Repenser l’urbanisme, Clermont-Ferrand, Infolio Éditions, 2013, p.65-66 5 OFFNER Jean-Marc, « Les mobilités » in PAQUOT Thierry, Repenser l’urbanisme, Clermont-Ferrand, Infolio Éditions, 2013, p.66 1
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Figure 8 : Part des moyens de transport utilisés pour se rendre au travail en 2014 en France (actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi)
C’est parmi cette faible part que l’on retrouve, entre autres, et par déduction, les télétravailleurs à
domicile. Si l’on réussit à mailler le territoire en espaces de coworking, on pourra alors non seulement réduire la distance parcourue pour se rendre sur le lieu du travail, mais on pourra aussi certainement réduire la proportion d’actifs utilisant leur voiture chaque jour, participant ainsi d’une « démobilité ». Cette notion, développée par Julien Damon6 dans une étude publiée en 20137, « s’incarne dans le développement du télétravail et de villes plus cohérentes, [et ne] vise non pas la décroissance globale, mais l’optimisation de la vie dans les métropoles modernes. »8. En effet, Julien Damon rappelle que si la notion de mobilité renvoie une image positive, la réalité est souvent toute autre, « faite d’embouteillages, de rames sur-occupées, d’incivilités, de stress et de retards ».9 En démontrant qu’il est préférable de choisir davantage les mobilités plutôt que de les subir, Julien Damon définit la démobilité comme une « invitation à l’innovation », incarnée entre autres par les espaces de coworking.
Néanmoins, cette mobilité n’est pas donnée à tous, puisque les espaces de coworking sont concentrés au
coeur des grandes villes, tandis les ménages habitant en péri-urbain sont souvent plus modestes et sont ceux qui passent le plus de temps dans les transports pour travailler. En effet, les ménages considérés comme potentiellement vulnérables à la hausse du prix du carburant sont ceux qui dépensent plus de 18% de leurs revenus disponibles pour leurs déplacements quotidiens. 20% des ménages dans les grandes agglomérations françaises sont concernés. La plupart d’entre eux habitent en péri-urbain (70% en seconde couronne et 20% en première périphérie), le long des axes routiers, et parcourent trois fois plus de kilomètres que la moyenne des ménages.10 La situation est d’autant plus difficile pour ceux qui doivent se rendre en centre-ville, où les « péages urbains »11 se multiplient. Selon François Ascher, il faut rétablir un « droit à la mobilité ». La prise en compte du phénomène de coworking par les collectivités péri-urbaines s’annonce donc comme une aubaine. Pour les actifs concernés, c’est la promesse d’une réduction de la fragmentation urbaine, et du temps en moins passé sur la route qui peut être mis à profit pour faire autre chose ; pour les mairies, c’est l’espoir de fixer ses travailleurs dans la commune plutôt que de les émettre.
Julien Damon est professeur à Sciences Po, membre du Conseil Scientifique de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), et Docteur en sociologie. 7 Fondapol, DAMON Julien, La démobilité : travailler, vivre autrement, La Fondation pour l’innovation politique, juin 201 8 Ibid. p.5 9 Ibid. p.8 10 LE BRETON, Eric, LE CORRE, Bruno, « Les distances fragilisent les gens les plus modestes », Place publique : Rennes : la revue urbaine, (2011 sept.-oct) n° 13, p. 118-121 11 ASCHER François, « Le mouvement dans les sociétés hypermodernes », Conférence 4 janvier 2006 6
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II/
Les espaces de coworking péri-urbains : de la simple location de bureaux à la constitution d’un pôle
En Gironde, le phénomène de coworking a assez bien suivi le mouvement initié dans la capitale puisqu’au
moment de la création de La Mutinerie à l’automne 2010, L’Arrêt Minute ouvrait déjà ses portes en octobre de la même année, à Pomerol. Le Node, référence à Bordeaux, ne fut quant à lui inauguré qu’en septembre 2012, soit deux ans plus tard. Dès 2013, le processus est enclenché dans des communes péri-urbaines de Bordeaux Métropole. D’abord l’Amarrage à Saint-Médard-en-Jalles et le Télécentre de Latresne, puis La Canopée, à Gradignan, en mars 2015. Aujourd’hui encore, la réflexion autour de ces nouveaux espaces continue puisque Saint-Médard-en-Jalles a mis en place un nouveau pôle : Copernic. Ouvert en 2017, il accueille entre autres un nouvel espace de coworking, porté par l’association l’Eclipse. l’Amarrage - Saint-Médard-en-Jalles Copernic - Saint-Médard-en-Jalles
La Canopée - Gradignan
Télécentre - Latresne
Figure 9 : Repérage des trois cas d’étude péri-urbains Situés au-delà de la rocade bordelaise. Les trois espaces de coworking sont tous implantés le long d’axes majeurs de ce territoire, reliant à chaque fois le centre-ville de Bordeaux. Carte personnelle.
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a. L’Amarrage - Saint-Médard-en-Jalles les prémices de l’espace de coworking : télétravail et bureaux individuels
L’Amarrage
service économie emploi
Figure 10 : Repérage de L’Amarrage (Saint-Médard-en-Jalles) Situé le long de l’Avenue Montaigne, axe majeur de la commune qui la relie au centre de Bordeaux. L’Amarrage est implanté dans le centre-ville : à proximité de l’église, de l’hôtel de ville, et de la place de la République. Celle-ci est occupée par le carré des Jalles (médiathèque, cinéma), son parvis et son parking, autour de laquelle s’organisent les commerces. L’espace est inséré dans l’immeuble Montaigne, qui articule l’Avenue Montaigne et l’Avenue de la Boétie.
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Contexte du projet
C’est à la suite d’une réunion menée par Le club de la mobilité1, en décembre 2012, que la ville de
Saint-Médard-en-Jalles a initié une réflexion autour d’un projet de « tiers-lieu/coworking ». Tout commence un an plus tôt, quand le Conseil Régional repère l’Arrêt Minute, premier espace de coworking rural en Aquitaine, à Pomerol, et décide de lancer une politique publique en faveur des « tiers-lieux ». En juillet 2011, un premier Appel à Manifestations d’Intérêt (AMI) est créé quelques mois plus tard, et utilise l’exemple de l’Arrêt Minute comme modèle. Parallèlement, Le réseau des tiers lieux2 est fondé, et en 2012, une logique d’essaimage se met en place, avec une sensibilisation portant sur le travail à distance menée auprès de l’ADEME et de la Région Aquitaine.
C’est ainsi qu’à la fin de l’année, une présentation conjointe du réseau des tiers lieux et de la politique
engagée par le Conseil Régional - dont l’objectif est de soutenir les services et usages numériques innovants dans les territoires aquitains - est organisée par Le club de la mobilité. La commune de Saint-Médard-enJalles est alors déjà impliquée depuis plusieurs années au sein de ce club, considéré comme un focalisateur des actions et expériences menées par des entreprises, dans le cadre de la mobilité des salariés et porteur de la démarche de sensibilisation au Plan de Déplacements des Entreprises. C’est donc en toute logique que s’ensuit une réflexion sur la pertinence de développer un « tiers-lieu »/espace de coworking, dans la ville.
Le service économie emploi de la commune propose alors l’organisation d’une conférence
dans le cadre de la semaine du développement durable intitulée « le tiers-lieu, ou comment gagner 22% de productivité ». L’objectif était de sensibiliser un public de salariés, DRH, chefs d’entreprises, travailleurs indépendants, à cette notion de télétravail en temps partagé. Cette conférence, combinée à une grande enquête menée au niveau régional, relayée sur le site internet du service économie emploi, a permis de définir un panel d’utilisateurs potentiels et de mieux définir le besoin et les attentes.
Cette réflexion a été appuyée par le Conseil Régional, par Le réseau des tiers-lieux, ainsi que par
Le relais d’entreprises3, et a conduit à la sélection de deux sites possibles : l’un offrant un open-space, l’autre une configuration de bureaux individuels et bureau partagé. Le groupe d’utilisateurs potentiels retenu pour l’étude a indiqué sa préférence pour le second. Cette configuration permettait d’accueillir aussi bien des télétravailleurs souhaitant rompre avec l’isolement et se projetant assez facilement dans un espace partagé ; que répondre à des besoins de travail dans un bureau individuel, afin d’avoir la possibilité de préserver des temps de travail plus confidentiels, ou nécessitant des conversations téléphoniques.
Parallèlement, la ville souhaitait également pouvoir offrir un espace pour des salariés d’entreprises et,
pour des raisons culturelles sur les représentativités au travail, la possibilité de détacher un salarié en télétravail semblait plus envisageable sur une offre de bureau individuel. Le choix du site a donc été validé par cette approche. Le club de la mobilité est un organisme animé par trois membres, respectivement de l’ADEME (l’agence de l’environnement et de la maitrise d’énergie), de Bordeaux Métropole et de la CCI Bordeaux Gironde. Ses objectifs sont multiples : il s’agit de sensibiliser, accompagner et promouvoir des pratiques de mobilité alternatives. Pour cela, des réunions et ateliers sont organisés plusieurs par an ainsi qu’un colloque annuel, tout comme le Challenge de la mobilité. 2 Le réseau des tiers-lieux est aujourd’hui appelé La Coopérative des Tiers-Lieux, né de la rencontre entre Lucile Aigron, fondatrice de l’Arrêt Minute, et Marie-Laure Cuvelier, co-fondatrice du Node, en 2010. 3 Le relais d’entreprises est une structure d’accompagnement des collectivités ou des privés à la mise en place de location de bureaux, pour les besoins d’entrepreneurs mais également de salariés ayant la possibilité de télétravailler. 1
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Dans le cadre de ses missions d’animation économique, le service économie emploi de la ville avait identifié : - un potentiel de travailleurs indépendants, travaillant à domicile ou en déplacements chez leurs clients, recherchant des espaces de travail, à temps non complet car leur activité ne nécessitait pas, ou ne leur permettait pas, de prendre en charge un bureau à l’année. - une coopérative d’activités et d’emploi (CoopAlpha)4 qui étudiait une implantation sur la rive gauche afin de mieux accompagner les salariés de leur coopérative. - un groupement d’employeurs initiant des attentes pour des entreprises souhaitant embaucher à temps partagé, mais ne disposant pas forcément dans leur entreprise des conditions matérielles pour accueillir des personnes sur des fonctions administratives.
Figure 11 : L’immeuble Montaigne (Saint-Médard-en-Jalles)
La CoopAlpha a été créée en 2006 à Lormont, et est membre du réseau Coopérer pour Entreprendre. Cette coopérative d’activité et d’emploi s’inscrit dans les politiques de l’emploi. Son objectif est de créer puis pérenniser de nouvelles entreprises au sein d’un collectif. Ne proposant pas d’hébergement physique à ses entrepreneurs, elle noue des partenariats avec quelques structures innovantes dans la région, comme c’est le cas avec L’Amarrage, L’Arrêt Minute à Libourne, ou encore Le Node à Bordeaux. 4
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Lieu d’implantation
Ouvert à la fin de l’année 2013, L’Amarrage est situé dans l’hyper-centre de la commune de Saint-Médard-
en-Jalles. Les bureaux individuels et l’espace partagé sont insérés dans l’immeuble Montaigne (fig. 11), implanté sur l’avenue éponyme, qui comprend également un hôtel Ibis. Au pied du bâtiment, on trouve le restaurant de l’hôtel, une boutique diététique, un salon de coiffure, une école de conduite, trois agences immobilières, ainsi qu’un arrêt de bus desservi par trois lignes du réseau TBM. On trouve autour de la Place de la République, juste en face, La Poste, le Carré des Jalles, la médiathèque et autres commerces. L’Amarrage est donc idéalement situé dans la commune. Accessibilité
La bonne desserte en transports en communs est complétée par une station de vélos en libre service à
moins de 200m. Il est aussi facile de se garer en centre-ville. La réservation se fait en ligne, directement par les usagers, sur le site internet dédié. En général, les plages horaires s’étalent de 9h à 18h, mais quelques exceptions sont possibles en fonction des besoins, et il arrive parfois que certains restent jusqu’à 20h, tant que cela est précisé au moment de réserver. Les usagers sont les seuls responsables de l’ouverture et de la fermeture de leur bureau, puisqu’ils n’ont plus qu’à ramener les clefs au local économie et emploi, et éventuellement dans la boîte aux lettres en cas de départ tardif. En effet, l’absence d’agent sur place oblige les utilisateurs à récupérer les clefs et le badge d’accès de l’immeuble auprès du service économie emploi. L’éloignement est relatif (450m soit 6 minutes à pied environ) mais constitue un premier frein en termes d’accessibilité.
Situé au premier étage de l’immeuble Montaigne, en forme de «V», dont chaque aile longe respectivement
l’Avenue Montaigne et l’Avenue de la Boétie, il n’y aucun rapport direct entre L’Amarrage et la rue, et au contraire, les barrières sont multiples. Une signalétique urbaine, mise en place fin 2014, indique timidement la présence d’un tel équipement. L’entrée se fait depuis le coeur d’îlot dessiné par le bâtiment (fig. 12), qu’il faut donc contourner. Avant d’atteindre la cour de l’autre côté du pied de l’immeuble, il faut passer un portillon (fig. 13), déverouillé en journée. Depuis la rue, cette cour est peu visible. Si l’immeuble est percé en rez-de-chaussée, à l’endroit où les deux avenues se rejoignent, des grilles empêchent d’y accéder mais laissent deviner sa présence. Une fois devant le hall d’entrée, il faut alors badger avant de pouvoir emprunter la cage d’escalier.
Figure 12 : Arrière de l’immeuble Montaigne. L’Amarrage est situé dans l’aile à gauche de l’image
Figure 13 : L’accès par le portillon
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Aménagement
Une fois au premier étage, un couloir d’une vingtaine de mètres dessert les trois bureaux individuels,
l’espace de coworking/salle de réunion et la salle de pause (fig. 15). Le reste du plateau est occupé par des entreprises extérieures. Les bureaux de L’Amarrage sont alors disséminés parmi les locaux, et le seul lien qui les unit est le dégagement. Il y a trois bureaux individuels :
- le bureau n°15 : c’est le plus proche de l’escalier. Il mesure 16m² ce qui fait de lui le bureau le plus spacieux des trois. Il est composé de deux tables, et permet selon la mairie de recevoir jusqu’à trois personnes en même temps.
- le bureau n° 8 : c’est le bureau le plus étroit, 11m² seulement, composé d’une table, de deux chaises, et d’un petit meuble d’appoint. Contrairement aux deux autres, l’utilisateur travaille dos à la fenêtre, et non pas perpediculairement.
- le bureau n°6 : meublé par deux tables et quatre chaises, il est à peine plus grand que le précédent et mesure 12m².
Figure 14 : Les bureaux individuels
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ASC.
ASC.
Bureau n°15
Bureau n°15
Avenue Montaigne F Bureau n°6
Bureau n°8
0
1
2
0
1
5 2
F Salle de pause
Bureau n°6
Salle coworking Bureau n°8
5
10
Salle de pause
Salle coworking
Terrasse
Terrasse
10
Figure 15 : Plan de L’Amarrage Trois bureaux individuels, une «salle de coworking»/salle de réunion, ainsi qu’une salle de pause et sa terrasse sont répartis sur le premier étage de l’aile sud de l’immeuble Montaigne. Le reste n’est pas accessible et est occupé par des entreprises.
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Ces bureaux semblent donc plus appropriés à un usage de rendez-vous, ou à un travail qui demande
de la concentration et du calme, pour passer des appels téléphoniques par exemple. Ils ne sont absolument pas favorables aux échanges, qu’ils soient internes à la pièce, ou même entre eux, puisque le couloir, sorte de copropriété entre L’Amarrage et les entreprises, n’est pas propice au partage.
La salle de pause (fig. 16), en
revanche, est un lieu ouvert à tous les usagers de L’Amarrage et est plutôt confortable malgré les 13m². Quelques fauteuils, chaises, et équipements de cuisine sont à disposition tels qu’un réfrigérateur, une cafetière ou encore une bouilloire. Son ouverture sur la toiture-terrasse accessible offre un rapport direct avec l’extérieur, non négligeable lorsque l’on travaille au premier étage d’un immeuble. Pourtant, cet espace n’est pas du tout utilisé. Figure 16 : La salle de pause
L’ « espace de coworking »/
salle de réunion est la plus grande pièce : 22,5m² (fig. 17). En son centre sont rassemblées plusieurs tables, qui donnent sur un tableau blanc fixé au mur. Dans un recoin sont entreposés des casiers que l’ont peut fermer à clef, et plusieurs chaises sont empilées, permettant de recevoir jusqu’à 15 personnes selon le règlement incendie. Malgré le nom d’ « espace de coworking » que lui donne la commune, cette salle n’est utilisée que pour les réunions. Figure 17 : La salle de coworking - état actuel
Pourtant, sur le site internet, une
toute autre disposition des tables laisse à penser que plusieurs travailleurs partagent l’espace puisqu’elles sont éclatées dans la pièce. (fig. 18)
Aucun équipement de type vidéo-
projecteur ou imprimante n’est cependant à disposition, et ce dans l’ensemble des salles. Il n’est pas non plus possible de se les approprier puisqu’il y a une rotation des utilisateurs, qui eux-mêmes viennent Figure 18 : La salle de coworking - état diffusé
30
de manière ponctuelle dans la semaine.
Fréquentation
En effet, ces locaux mis à disposition ne sont pas utilisés tous les jours de la semaine lorsque l’on se rend
sur le site des réservations de L’Amarrage. Depuis septembre 2017, on remarque que tous les lundis, mercredis et vendredis sont réservés. Quelques bureaux ont été occupés certains mardis et jeudis mais cela reste relativement rare, comme ce fut le cas lors du mois de novembre (1 seul mardi), d’octobre (2 mardis et 2 jeudis), et de septembre (1 jeudi et 1 mardi). Cela s’explique par le partenariat avec le Conseil Départemental qui a réservé tantôt l’espace de coworking, tantôt des bureaux individuels, tous les lundis, mardis et mercredis de la semaine et ce jusque fin août 2018, pour le moment. Voici l’utilisation de L’Amarrage au cours du mois de décembre 2017 :
Réservez le bureau individuel 6
Réservez le bureau individuel 8
Réservez le bureau individuel 15
Réservez l'espace de co-working / salle de réunion
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Mois
Aujourd'hui Lundi
Mardi 27
Mercredi 28
09 Salle de co-working réservée (porte N°
Jeudi 29
Semaine
Jour
Vendredi 30
09 Bureau N°8 réservé
1 09 Salle de co-working réservée (porte N°
16 Bureau N°6 réservé
4
5
09 Salle de co-working réservée (porte N°
6
7
09 Bureau N° 15 réservé
8 09 Salle de co-working réservée (porte N°
09 Bureau N°8 réservé
11
12
09 Salle de co-working réservée (porte N°
13
14
09 Bureau N°8 réservé
15 09 Salle de co-working réservée (porte N°
16 Bureau N°6 réservé
18
19
20
09 Salle de co-working réservée (porte N°
09 Bureau N° 15 réservé
16 Bureau N°6 réservé
09 Bureau N°8 réservé
25 09 Salle de co-working réservée (porte N°
26
21
22 09 Salle de co-working réservée (porte N°
27
28
09 Bureau N°8 réservé
29 09 Salle de co-working réservée (porte N°
14 Bureau N° 6 réservé
1 09 Salle de co-working réservée (porte N°
2 3 Figure 19 : Planning de L’Amarrage - décembre 2017 09 Bureau N°8 réservé
4
5 09 Salle de co-working réservée (porte N°
Pensant au départ accueillir des télétravailleurs salariés, les locaux furent d’abord occupés par des
indépendants, en entreprise individuelle. Aujourd’hui, la situation tend à s’inverser puisque depuis la fin de l’année 2013, les agents de la Région, du Conseil Départemental et de la CUB à l’époque, ont la possibilité de télétravailler. Au départ, les 24 candidats sélectionnés au Conseil de la Gironde exerçaient deux jours par semaine dans des centres routiers départementaux ou dans les maisons de la solidarité et d’insertion, où bureaux et salles de réunion 1 innoccupées leur étaient mis à disposition. EFFECTUEZ VOTRE RÉSERVATION EN LIGNE
1
BOSDECHER Laurie « Gironde : le télétravail prend son », publié le 13/12/2013 dans le journal Sud-Ouest. Vosenvol coordonnées
31 Votre nom :
Ce basculement est beaucoup plus récent pour L’Amarrage, puisque le partenariat avec le Conseil
Départemental de la Gironde n’a débuté qu’en septembre 2017. L’impossibilité d’aller à la rencontre des télétravailleurs n’a pas permis de déterminer le nombre d’agents envoyés, ni de connaitre l’usage de la salle de coworking. Aussi, le Conseil Départemental est la seule entité à la réserver de manière régulière. Il est rare que les autres utilisateurs en aient besoin, et lorsque c’est le cas, ceux-ci s’en servent en général comme d’une salle de réunion et non pas comme d’un espace de travail partagé. Ces autres profils d’uilisateurs relevés par le service économie et emploi sont : - des coachs professionnels - deux entités de recrutement - des formateurs pour les entreprises n’ayant pas la place d’effectuer de formations en interne, ils réservent alors la salle de réunion - des employés recrutés pour un temps court (3 à 6 mois) afin de répondre à un pic d’activité de
leur entreprise, n’ayant pas la possibilité de les accueillir sur leur site
La fréquentation est croissante d’après les statistiques fournies par le service économie et emploi, passant
de 88 demi-journées et 385 journées de réservation en 2015, à 160 demi-journées et 664 journées en 20161, soit presque le double. Pourtant, le nombre d’utilisateurs n’a pas changé : il reste de 33. Cela voudrait donc dire qu’ils viennent plus souvent, témoignant du développement du télétravail, mais pas du coworking.
En effet, au vu des éléments relevés au moment de la visite, et des propos recueillis auprès du service
économie et emploi de la commune de Saint-Médard-en-Jalles, et malgré l’impossibilité de rencontrer les utilisateurs du lieu, il est évident que L’Amarrage ne propose pas d’espace de coworking au sens des cinq valeurs fondamentales définies par Citizen Space et Alex Hillman2. D’abord, car cette structure ne peut pas donner lieu à la constitution d’une communauté : la fréquentation est trop faible - et de surcroît - rarement simultanée ; les profils des télétravailleurs et leurs besoins ne donne pas lieu à un usage des locaux comme espace partagé, le bureau individuel est préféré ; la salle de pause n’est pas utilisée. Aussi, sans communauté pré-existante, aucune coopération ne peut naître, sauf peut-être entre les agents envoyés par le Conseil Départemental qui y sont alors entre pairs, mais cela n’est que supposition. Le repli des usagers dans leur bureau ne permet pas non plus d’ouverture. L’accessibilité est quant à elle plus nuancée. Bien qu’il soit implanté en centre-ville, sur un axe majeur de la commune, le passage obligé au service économie et emploi et l’absence de visibilité sur l’espace public compliquent la facilité d’accès, et ce même si une certaine souplesse est permise dans les horaires et le retour des clefs. En outre, l’impossibilité d’appropriation et le manque cruel d’équipement permettent difficilement d’imaginer un espace pratique et agréable pour travailler.
Néanmoins, tous ces problèmes ont déjà été pris en compte par la mairie, remettant en question cet espace.
Consciente du décalage entre les attentes de 2013 et les résultats obtenus quatre ans plus tard, la commune, peutêtre trop précurseure à l’époque, a d’ores et déjà lancé un nouveau projet afin de mieux répondre à la demande tout en renforçant le pôle du service économie et emploi de la ville, mais nous y reviendrons. Auto-proclamé «tierslieu», L’amarrage ne propose finalement que de la simple location de bureaux. S’il pose évidemment question, et que sa pérennité est mise en cause, cet espace perdure encore aujourd’hui. 1 2
Voir annexe p.66. Voir p.16.
32
b.
La Canopée - Gradignan un espace de travail partagé flexible mais encore trop peu utilisé
La Canopée
Figure 20 : Repérage de La Canopée (Gradignan)
Situé sur le pourtour de la place Bernard Roumégoux, au coeur de la commune, La Canopée se trouve à deux pas de l’église. Plusieurs commerces s’articulent autour de la place, actuellement occupée par un parking.
33
Contexte du projet
Un an et demi après l’ouverture de L’Amarrage, la commune de Gradignan emboîte le pas et lance à
son tour un espace de travail, dans un esprit collaboratif : La Canopée, en partenariat avec Bordeaux Aquitaine Pionnières (aujourd’hui Les Premières)1, Entrepreneuriat Campus Aquitaine2, et Transtech3. Au départ, le but était de créer un pôle entrepreneurial et de soutenir l’entreprenariat au féminin. Les objectifs liés au coworking sont venus après, à savoir réduire les déplacements et créer des synergies. La Canopée propose donc deux types de services :
- un incubateur dédié aux créateurs d’entreprises, en les accompagnant dans leur projet : en prenant appui
sur l’expertise des Premières Nouvelle-Aquitaine, des rendez-vous conseils, des formations et des ateliers gratuits, ainsi que des formules d’accompagnement sur la durée sont mis en place ;
- un espace de coworking pour les entrepreneurs, les salariés portés (statut de portage salarial), les
porteurs de projets et les salariés télétravailleurs. C’est donc un lieu qui se veut ouvert à tous profils d’actifs.
Les objectifs sont les mêmes que ceux du télétravail en général, à savoir sortir de l’isolement du travail
à domicile, et palier à l’engorgement de la métropole, mais La Canopée met surtout l’accent sur la dimension collaborative, comme développer de nouveaux projets d’entreprises et son réseau. Les dimensions de coopération et de communauté sont largement mises en avant, en contraste avec L’Amarrage qui ne va pas au-delà de la location de bureaux. Ces notions sont appuyées par les rencontres professionnelles entre usagers mais aussi la communauté, avec notamment le réseaudes Premières mais aussi l’activité des ateliers qui brassent beaucoup d’entrepreneurs Lieu d’implantation
Etablie en coeur de ville (fig. 20), sur la place Roumégoux, à Gradignan, La Canopée avoisine l’église
Saint-Pierre, au premier étage d’une bâtisse (fig. 21). La place est elle-même idéalement située sur le Cours du Général de Gaulle, qui représente un axe majeur, reliant Bordeaux à Bayonne. A proximité, on accède facilement à des restaurants, la poste, plusieurs banques et de nombreux commerces ainsi qu’une salle de sport.
Bordeaux Aquitaine Pionnières est un incubateur d’entreprises, spécifiquement dédié à des femmes ayant un projet de création d’entreprise dans le secteur des services innovants. Il fait partie d’un réseau plus large à l’échelle nationale : Les Pionnières. En 12 ans, ce premier incubateur féminin en France a évolué, et devient aujourd’hui Les Premières. Elles organisent les formations « Osez entreprendre » à La Canopée. 2 Entrepreneuriat Campus Aquitaine (ECA) a pour but de promouvoir l’entrepreunariat auprès des étudiants de la région et d’accompagner leurs projets de création ou de reprise d’activité, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’une association ou encore d’une coopérative. Labellisé Pôle Etudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreunariat (PEPITE) en 2014, par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, l’ECA peut déployer ses missions de diffusion de la culture entrepreneuriale en direction des jeunes âgés de 15 à 28 ans sur le territoire aquitain. 3 Transtech est une association visant à accompagner les inventeurs à l’aide d’une équipe d’experts salariés et bénévoles, et agit sur l’ensemble du territoire de Nouvelle-Aquitaine. 1
34
Figure 21 : L’accès à La Canopée depuis la place Roumégoux (Gradignan)
Accessibilité
La Canopée se trouve à cinq minutes de la rocade (sorties 16 et 17), et de fait, de l’accès à l’autoroute.
L’espace est desservi par trois lignes de bus, et les parkings alentours sont gratuits. Il est déconseillé de stationner sur la place Roumégoux afin de laisser la place aux consommateurs des commerces de proximité, et de préférer des parkings situés à deux ou trois minutes à pied, dans des rues adjacentes. Une première pancarte discrète sur la grille qui donne sur la place indique l’espace. Après être entré dans la cour qui longe l’édifice religieux, à droite, il faut emprunter un escalier extérieur, au pied duquel figure un deuxième panneau signalétique. Une fois arrivé sur le palier, il faut entrer un code sur la serrure électronique, l’accès n’est donc pas libre. Les deux coworkers interrogés sur place ont énoncé le manque de visibilité du lieu, « on ne le voit pas » déplore Madame S, qui passe ici sa seconde journée de télétravail seulement, tandis que Monsieur J, un habitué, explique qu’il a eu « énormément de mal à trouver » lors de sa première venue. En revanche, les plages horaires sont élastiques : l’espace est ouvert de 7h30 à 20h, du lundi au vendredi. Les réservations se font par mail, au minimum 48h à l’avance.
35
Place Roumégoux Figure 22 : Plan 3D de La Canopée La structure débouche d’abord sur l’accueil, où se trouve l’imprimante. On peut ensuite accéder à l’espace de coworking, et au fond, à la salle de réunion. De l’autre côté, on trouve la salle de pause et les sanitaires.
36
Aménagement
Une fois la porte du premier et dernier étage du bâtiment franchie, on arrive d’abord dans l’accueil, aménagé
par un premier grand bureau et un second plus petit, au fond de la pièce. Il n’y a pas toujours quelqu’un pour assurer la permanence. Une bibliothèque fait office de séparatif avec l’imprimante et l’accès à la zone sanitaire et cuisine. Une double-porte donne sur l’espace de travail partagé (fig. 23). Dix bureaux sont disposés deux par deux, face à face. Le premier en entrant, sur la gauche, est celui de Marion Sena, la responsable de la structure. Elle y passe environ un tiers de son temps de travail. A nouveau, des bibliothèques sont utilisées afin de partitionner le volume.
Figure 23 : Vue en entrant dans la salle de coworking et contre-champ
Il est aussi intéressant de noter le détail des bureaux, qui ont des sortes de petites cloisons intégrées
afin de minimiser la situation frontale instaurée par la disposition des tables. Au fond de la pièce, on accède à la salle de réunion. En principe, elle fait aussi l’objet d’une réservation, au même titre qu’un bureau dans l’espace de coworking. En revanche, lorsqu’elle n’est pas occupée, par les formations organisées par Les Premières par exemple, son utilisation est flexible : en cas d’appel téléphonique ou de rendez-vous, les utilisateurs peuvent s’y rendre ponctuellement sans que cela n’entraine un surcoût. L’usage des lieux est donc plutôt bien adapté aux besoins de ses travailleurs. Dans cette salle de réunion, on trouve plusieurs tables réunies au centre (fig. 24). Il y a également un chevalet de conférence ainsi qu’un vidéo-projecteur.
Figure 24 : Vue depuis le fond de la salle de réunion
37
Fréquentation
L’espace de coworking ne permet cependant pas une grande appropriation de la part des usagers, qui
ne viennent pas à temps plein. Ils changent donc librement de bureau, sans pour autant s’y installer durablement. Plus de deux ans après l’ouverture de La Canopée, on compte désormais 12 coworkers réguliers, dont 50% sont des télétravailleurs salariés. La plupart d’entre eux habitent à proximité, et ont pour objectif de limiter leurs déplacements. D’après les informations communiquées par la responsable du lieu, Marion Sena, les navettes domicile-travail seraient réduites à hauteur de deux véhicules par jour grâce à La Canopée, mais ce chiffre reste à relativiser puisque l’espace n’est pas rempli de manière régulière au cours de la semaine. Certains usagers viendraient effectivement à pied. En revanche, ce n’est pas le cas des deux personnes rencontrées sur place.
Madame S. débute, lors de notre entretien, ce n’était que sa deuxième journée à La Canopée. Elle travaille
au conseil régional à Bordeaux, au pôle économique et environnemental. Depuis quelques années, la région a mis en place la possibilité de télétravailler à hauteur de deux jours par semaine maximum suite à la dématérialisation de ses données. Après la fusion des trois régions, donnant lieu à la création de la Nouvelle-Aquitaine, le nombre de candidats au télétravail a été étendu. Depuis la fusion, elle doit partager son bureau avec une nouvelle collègue, ce qui l’a poussé entre autres à poser sa candidature. Elle n’habite pas loin du centre-ville de Gradignan, mais fait le choix de venir en voiture pour l’instant, car elle a du matériel, fourni par la région, à transporter. Cette responsabilité la décourage de venir à vélo. En venant à La Canopée, elle gagne jusqu’à 35 minutes par trajet, et peut même rentrer déjeuner chez elle, ce qui ne lui prend que 5 minutes. « On ne raisonne plus en kilomètres mais en temps de trajet », en effet, en habitant à seulement 15km du Conseil régional, c’est parfois jusqu’à une heure passée dans les embouteillage par trajet. Elle partage les deux jours de télétravail auxquels a droit entre l’espace de coworking, et son domicile. Elle aurait souhaité venir à La Canopée les deux jours mais , pour des raisons techniques internes, cela ne s’est pas fait. Pour elle, une journée par semaine à son domicile suffit largement, elle préfère sortir. Elle a connu cet espace par le biais de son travail, puisque la région subventionne Les Premières, et de sa connaissance des «tiers-lieux», mais également par la revue de la commune.
Monsieur J. est responsable après-vente dans la société Toyota. L’agence la plus proche est située sur
Toulouse, il n’y en a aucune dans le secteur de Bordeaux. Il a fait la démarche auprès de son employeur afin de pouvoir venir travailler ici à hauteur de deux à deux jours et demi par semaine, car son logement ne lui permet pas de faire du « home-office », bien qu’il ait déjà essayé, cette situation ne lui correspondait pas. Il habite dans les Landes le week-end, et rejoint sa compagne la semaine à Villenave d’Ornon la semaine. Il vient donc en voiture, et cela lui demande 15 minutes de trajet au maximum. Après avoir déjà expérimenté le télétravail dans un café, il a fait le choix d’un espace de coworking avant tout dans une recherche de tranquilité et de calme, car le bruit le gênait. La question tarifaire a aussi joué puisqu’il ne pouvait pas se permettre de louer un local sur Bordeaux. Pour lui, La Canopée est un espace à part, qui ne ressemble ni à la maison, ni au bureau. Le midi, il part s’acheter de quoi manger à la boulangerie d’en face, puis déjeune sur place, devant son écran d’ordinateur. Il se dit satisfait du lieu et se trouve productif, et concentré. L’équipement proposé le satisfait.
Le problème qu’il soulève néanmoins est la question de l’isolement. Amené à communiquer par téléphone
très souvent, il doit quitter la pièce et partir dans la cuisine pour passer ses appels professionnels. Cela lui demande une organisation différente, dans le sens où il fait le choix de grouper ses appels afin de ne pas trop faire d’aller38
retour entre la cuisine (fig. 25) et l’espace de coworking. Il utilise la salle de réunion lorsqu’il doit effectuer des entretiens d’embauche, car Monsieur J. est responsable du recrutement de son entreprise. La souplesse de l’accès à la salle est en adéquation avec ses besoins, il peut réaliser des entretiens d’une heure, une heure et demie environ, sans que cela n’entraine de surfacturation.
Présent depuis un an, il a vu la fréquentation évoluer au fil des mois, avec l’arrivée de coworkers âgés en
général de 40 à 50 ans. Néanmoins, cette fréquentation reste relative. L’un des objectifs de Gabriel Chourrier, en service civique à La Canopée, est de remplir la salle de coworking. Il faudrait qu’il y ait trois personnes tous les jours pour que l’on puisse dire que la structure fonctionne bien. « Quand il n’y a qu’une personne, on perd l’idée du coworking. », mais cela permet aux gens d’être peut-être plus productifs et de bénéficier pleinement des équipements. La structure souhaiterait avoir plus d’utilisateurs, avec plus de forfaits de 18/35 heures, car le volume est très istable, ce qui fait que la partie communauté et entraide reste encore relative.La faible fréquentation ne vient pas selon lui d’un problème tarifaire, puisque l’objectif de la commune n’est pas de faire du profit en proposant ses différentes formules. En revanche, l’entrave se situerait plutôt au niveau de l’accès, puisqu’il faut d’abord remplir un contrat avant de pouvoir utiliser les lieux. On n’entre pas librement dans La Canopée, c’est plutôt là que se pose le problème, en plus d’un manque de visibilité. G. Chourrier fait référence à l’Anticafé ouvert à Bordeaux, qui suit un tout autre modèle, en se fondant sur un principe de paiement à l’heure, donnant droit à des consommations illimitées, et qui est ouvert à tous, en étant directement accessible depuis l’espace public. Le fonctionnement d’un espace de coworking public demande une vérification de ceux qui entrent, même si tout le monde peut potentiellement y avoir accès, même ceux qui n’habitent pas la commune.
Selon G. Chourrier, il existe un décalage entre ce qui est promu par l’espace : l’esprit communautaire qui
permettrait de «réseauter», de faire des projets ensemble, ne marche pas dans ce sens. On parlerait plutôt d’une notion de convivialité : les usagers se rencontrent, échangent, se renseignent sur les projets des autres, mais il n’y a pas de projets en commun. Selon Madame S., « quand on arrive on se présente, on explique ce qu’on fait, et on se met au travail. On ne peut pas non plus trop discuter. ». C’est donc dans la cuisine qu’il y a le plus d’échanges, elle permet aux coworkers de prendre un café, utiliser le réfrigérateur sur place, se faire à manger si besoin.
La cible aussi est différente de celle atendue, puisqu’il s’agissait au départ de capter les entrepreneures
femmes, en raison du partenariat avec Les Premières qui existe depuis la genèse du projet. Au final, La Canopée a quand même réussi à capter à la fois des télétravailleurs salariés et des usagers mixtes.
Figure 25 : Vue en entrant dans la cuisine et contre-champ : plan de travail, équipements et mange-debout
39
c.
Copernic - Saint-Médard-en-Jalles un nouveau pôle : réadaptation et dynamique créative
Copernic Figure 26 : Repérage de Copernic (Saint-Médard-en-Jalles)
Situé le long de la rue Jean Dupérier, mais tourné vers le parking au nord, le bâtiment Copernic réunit un espace de coworking (l’Eclipse), un fablab, et un incubateur d’entreprises Technowest. Il intègre également le service économie et emploi de la commune, et constitue un pôle important, derrière le Carré des Jalles, équipement majeur de Saint-Médard-en-Jalles.
40
Contexte du projet
L’évolution de la réflexion de la commune autour de son service économie et emploi s’est accompagnée
d’un questionnement portant sur L’Amarrage, qui même s’il est toujours en fonction, ne correspond plus aux nouvelles ambitions de la ville et aux attentes des potentiels télétravailleurs. Il n’est pas fermé pour autant, car le Conseil Départemental continue à louer trois jours par semaine des bureaux pour ses salariés télétravailleurs (lundi, mercredi, vendredi). Cela n’a pas empêché la commune de réfléchir à la constitution d’un nouveau pôle, en partenariat avec Bordeaux Technowest et la Coopérative Tiers-Lieux, avec qui elle avait déjà coopéré en 2012. Dans l’objectif de rassembler une communauté d’entrepreneurs en s’appuyant sur les nouvelles formes de travail, et dans le but de mélanger différentes entités, se sont greffés au service économie et emploi de la ville trois espaces innovants :
- un incubateur/pépinière d’entreprises* Bordeaux Technowest (à l’étage) ;
- un FabLab ;
- un espace de travail partagé.
Ce pôle, appelé espace Copernic, prend place dans un bâtiment de 800m² qui appartenait déjà à la
mairie, et a donné lieu à une restructuration. Avant de devenir un espace de coworking, la partie du bâtiment qui lui est aujourd’hui dédiée était composée d’un accueil, d’un espace de documentation avec un ordinateur en accès libre, d’une petite salle de réunion ainsi que de deux bureaux. Ils étaient déjà mis à la disposition des saintmédardais nécessitant un endroit pour réaliser des entretiens, des recrutements ou autres rendez-vous en lien avec l’économie ou l’emploi. L’ancienne Mission Locale qui occupait le rez-de-chaussée et l’étage a été déménagée à quelques dizaines de mètres de là. De l’autre côté du bâtiment, on trouve toujours l’agence Pôle Emploi.
Bien qu’inauguré en mai 2017, l’espace de travail partagé se voit fermé pendant une période de trois
mois à la fin de la même année, car l’édifice doit encore subir quelques travaux. L’entrée va notamment être modifiée. On a proposé aux télétravailleurs qui avaient déjà pris place dans le lieu de déménager provisoirement dans les bureaux de L’Amarrage. Aujourd’hui, si l’espace de coworking est abrité au sein d’un local appartenant à la mairie, sa gestion a été confiée à l’association L’Eclipse. En sommeil pendant le temps des travaux, elle reste injoignable au moment de l’étude de ce même cas. Aucun entretien avec les coworkers n’a été possible, et le service économie et emploi n’a pas pu aider car ils n’en ont pas la gestion. Lieu d’implantation
Situé au coeur de la commune de Saint-Médard-en-Jalles (fig. 26), l’espace Copernic se trouve derrière
le Carré des jalles (qui comprend le cinéma, et la médiathèque). Le bâtiment longe la rue Jean Dupérier, mais l’entrée à l’espace se fait côté parking, l’avant étant consacré à l’accès à l’agence Pôle Emploi ainsi qu’à la salle de danse La Sylvaine. C’est un bâtiment connu des saint-médardais, où logeaient autrefois la Mission Locale, ainsi que le BIJ (Bureau information jeunesse). On trouve dans ce même bâtiment une école de danse, et pôle emploi. En faisant le choix de réunir sous le même toit les trois entités : incubateur/pépinière d’entreprises, Fablab, coworking, la commune tente de rassembler et de connecter des structures innovantes et de les rattacher au service économie et emploi afin de constituer un nouveau pôle.
41
Figure 27 : Le pôle Copernic abrite désormais plusieurs fonctions liées à l’emploi et à l’économie de la commune (Saint-Médard-en-Jalles)
Accessibilité
En laissant la gestion de l’espace de coworking à l’Eclipse, la commune et l’association s’engagent à
cohabiter, en sachant que cela aura possiblement un impact sur la flexibilité et l’accessibilité au lieu. Situé en rez-de-chaussée, l’accès à Copernic se fait actuellement d’abord par le service économie et emploi, au centre de l’image (fig. 27). Après l’avoir traversé, on trouve au choix, à droite de la photo, l’espace de coworking, ou les escaliers qui mènent à l’incubateur/pépinière d’entreprises, à l’étage. Occupant l’angle, l’espace de travail partagé bénéficie d’une vitrine importante sur l’espace public, avec un rapport direct à la rue, jusque-là inexistant dans les cas de l’Amarrage et de La Canopée.
A 400 mètres de la station de bus de la Place de la République, le bâtiment est facilement desservi par
pas moins de cinq lignes de bus, et par une station V’cub à proximité. Le stationnement est là aussi très aisé, avec un grand parking au pied de l’édifice. Il est également situé à deux pas de nombreux commerces du coeur de la ville, et bénéficie de la présence immédiate d’une boulangerie et d’un restaurant.
42
Aménagement
Lorsque l’on passe les portes de l’espace de coworking, on longe d’abord le bureau de la personne
responsable, vitré, avant d’atteindre le coeur de la salle principale, très ouverte. Elle est constituée de différents types de tables, offrant plusieurs sous-espaces (fig. 30). On y trouve : un grand plateau central autour duquel les chaises sont disposées ; le long de la vitrine, des tabourets et des mange-debouts alignés ; dans une large alcôve, un bureau et un ordinateur fixe. En tout, 17 postes de travail sont disponibles. Une bibliothèque sert de tampon entre cet espace de travail, et l’espace de repos où un bar, quelques étagères, deux fauteuils et autres tabourets sont installés (fig. 29). Un couloir mène alors à la fois à la salle de réunion (fig. 30) et à un bureau individuel très spacieux (fig. 31). La circulation est fluide est l’espace aéré.
Figure 28 : L’espace de travail avec ses différents sous-espaces
Figure 29 : L’espace repos, le bar et les assises
Figure 30 : La salle de réunion
Figure 31 : Le grand bureau individuel
43
Fréquentation
D’après la mairie, cet espace est très utilisé : près de 6 à 7 personnes l’occupent chaque jour.
Malheureusement, comme dit plus haut, une visite a pu être effectuée sur place mais sans ses usagers, et aucun contact avec l’association l’Eclipse n’est possible au moment de la rédaction de ce mémoire.
Néanmoins, ce cas d’étude montre la capacité de la commune à se retourner et à proposer une offre de
services adaptées aux évolutions du monde du travail et de la société. On voit bien que dans un laps de temps très court, entre 2012 où la réflexion autour de structures innovantes a été initiée, et 2017, le phénomène de coworking a pris tellement d’ampleur que les équipements mis en place sont vite devenus obsolètes, en ne répondant pas forcément aux besoins réels, différents de ceux identifiés au départ. De manière plus générale, cela montre aussi combien les initiatives prises dans le privé influencent les communes, et les poussent à leur emboîter le pas, afin d’avoir la possibilité d’offrir à leur tour des lieux innovants.
En mêlant fablab, incubateur et coworking, la ville de Saint-Médard-en-Jalles montre son ambition et
s’adaptent aux nouveaux besoins qui naissent parmi leurs habitants. Cela leur donne aussi plus de force et de poids, et marchera sans doute mieux que L’Amarrage, qui fonctionne de manière quasi-insulaire. On imagine très bien naître ici une communauté qui donnera au projet la durabilité dont il a besoin.
44
III/
Propagation des espaces de coworking devenus outil : début d’une nouvelle ère du travail ou essoufflement ?
a.
L’espace de coworking : un nouvel équipement pour les communes péri-urbaines
Espace de coworking (seul ou en complément d’autres offres) Cas d’étude Télécentre - Latresne Figure 32 : Carte des espaces de coworking en Gironde Localisation des 57 espaces de coworking recensées en Gironde. La ville de Bordeaux en concentre plus de la moitié. L’implantation reste inégale sur le territoire.
45
Bien que récente, l’offre d’espaces de coworking en péri-urbain a su se réinventer et s’adapter au fil des
années à une population d’actifs mieux informée, croissante et plus exigeante. Les trois cas d’étude le montrent très clairement. En 2013, la commune de Saint-Médard-en-Jalles a pu prendre une première température en ouvrant L’Amarrage, et mesurer les besoins de ses usagers, dont le profil a évolué. Malgré des résultats inattendus, la commune a su mettre en place un partenariat en lien avec le Conseil Départemental, et ainsi adapter ses locaux à une demande particulière, bien que différente de celle projetée. Les écueils du dispositif étant désormais connus, la mairie a pu élargir son champ de réflexion et mettre en place une offre plus cohérente aux besoins des télétravailleurs. Copernic s’inscrit donc dans la lignée de La Canopée, qui dès 2015 avait saisi l’importance de la diversité des services en proposant un incubateur d’entreprises, en plus de l’espace de coworking.
Néanmoins, si les enjeux économiques, sociaux et environnementaux sont indéniables pour les communes,
notamment péri-urbaines et rurales, elles sont encore peu nombreuses à avoir franchi le cap (fig. 32). Sur les 57 espaces de coworking rencensés en Gironde début 2018, 30 sont situés dans la ville de Bordeaux, soit 52%. Si l’on prend en compte la totalité des espaces intra-rocade, on monte à 65%. Au-delà de la métropole bordelaise, 15 structures de coworking sont implantés, soit 26%. Entre les deux, les franges de la rocade ne comptent donc que 9% de l’offre à l’échelle départementale. Le territoire de la Gironde est donc inégalement doté, alors qu’elle concentrait à elle seule 78% des structures innovantes en Nouvelle Aquitaine en 20161, comme l’illustre la figure ci-dessous :
Figure 33 : Répartition géographique des structures innovantes en Nouvelle Aquitaine, en 2016
1
Selon une étude réalisée par la Coopérative des Tiers Lieux à l’été/automne 2016.
46
Cela montre bien à quel point l’attraction de la métropole et de la ville centre se mesure aussi à travers
les espaces de coworking et autres lieux innovants. Elle reste très forte non seulement à l’échelle départementale mais aussi régionale. D’où l’importance pour les communes qui se vident de leurs travailleurs de se doter d’espaces de travail partagé, au même titre qu’une bibliothèque ou qu’un gymnase. Les acteurs du phénomène semblent l’avoir bien compris et sont favorables à cette croissance puisqu’en 2016 on estimait à 300 le nombre de structures innovantes à l’horizon 2020 sur l’ensemble de la région Nouvelle Aquitaine, maillés de manière équitable2, contre les 83 existantes à l’époque, en sachant que début 2018, la Gironde à elle seule atteint presque ce chiffre. Le processus de maillage du territoire en structures innovantes et donc en espaces de coworking est enclenché, le coworking représentant 71% de l’offre en structures innovantes en 2016, selon la même étude3. Pour autant, ce maillage ne semble pas équitable, malgré une progression fulgurante du nombre d’espaces de travail partagé implantés, qui tend à se concentrer toujours plus dans la métropole et plus particulièrement en intra-rocade.
En effet, pour mener à bien ce maillage, à l’échelle nationale, certains espaces de coworking ont été
financés à 100% par des subventions publiques4, mais ils ne représentaient que 2,5% de l’ensemble de l’offre en France, en 2015. Aujourd’hui, en Gironde, seules 6 collectivités gèrent leur espace, soit 10% de l’offre d’espaces de travail partagé, comme c’est le cas de Gradignan pour La Canopée, Saint-Médard-en-Jalles pour L’Amarrage (Copernic étant géré par l’association Eclipse, bien que le projet ait été créé à l’initiative de la commune) ou encore Latresne pour le Télécentre. Ces trois cas sont tous situés en franges de la rocade bordelaise. Les trois autres cas d’espaces gérés par la collectivité sont situés bien au-delà de l’aire urbaine de la métropole bordelaise, il s’agit des communes de Lanton, Marsas et Saint-Aubin-de-Blaye. En ce qui concerne les autres cas implantés en périurbain, en-dehors de la rocade, c’est le modèle associatif qui est mis en place dans les communes suivantes : Eysines, Saint-Aubin du Médoc, et Saint-Médard-en-Jalles pour Copernic.
Finalement, l’espace de coworking en tant qu’outil mis en place par les communes et/ou en péri-urbain
reste très faiblement utilisé, depuis le début des réflexions sur le sujet dans la région en 2012. Pourtant, les trois cas d’étude ont montré, malgré certaines lacunes, que les communes ont su s’ajuster aux évolutions du monde du travail et aux attentes des potentiels usagers, et faire en sorte d’offrir des lieux qui fonctionnent bien qu’imparfaits : - L’Amarrage, qui certes ne permet en somme que de louer des bureaux individuels, permet tout de même à des salariés du Conseil Départemental de télétravailler plusieurs jours par semaine ; - La Canopée, malgré un taux de remplissage faible, offre à ses usagers des espaces confortables et flexibles ; - Copernic quant à lui bénéficie d’une grande visibilité et accessibilité, renforcées par la constitution d’un pôle à l’échelle de la ville, présageant d’une fréquentation convenable ainsi que d’un cadre de travail à la fois agréable et pratique.
ibid. 22% des structures innovantes sont des fablab/atelier, les 7% restant sont hybrides. 4 Enquête « Les espaces de coworking en France » menée par BAP et La Fonderie en 2015 2 3
47
Ce dernier espace montre particulièrement la capacité des collectivités à rattraper leur retard aujourd’hui,
face à l’offre au coeur de la métropole. Cela est donc très encourageant pour les communes péri-urbaines qui souhaitent à leur tour ouvrir leur propre espace de coworking, car cet outil peut s’avérer efficace s’il est bien mis en place. D’abord, il redonne « de la valeur à tout ce qui ne se télécommunique pas »5, et c’est là tout le paradoxe du coworking, puisque bien qu’issu du numérique, en permettant de travailler à distance, il est aussi le lieu où s’exprime la recherche du face-à-face, selon François Ascher. Cela rappelle ce que disait déjà Saskia Sassen au sujet des villes globales6. Le coworking est donc un outil de sociabilité si l’espace qui l’accueille est suffisamment bien pensé à l’origine pour favoriser la formation d’une communauté. Peu affirmée à La Canopée, le faible taux de remplissage en est la cause principale, et ce facteur s’explique à son tour par le manque accru de visibilité de l’espace. En ne donnant pas directement sur l’espace public, l’espace de coworking part avec un gros handicap, et cela est encore plus explicite dans le cas de L’Amarrage, qui cumule les barrières.
En disposant d’une vitrine ouverte sur l’espace public, en centre-ville, Copernic au contraire part avec un
avantage pour fonder une communauté. En mélangeant les entités : espace de coworking, incubateur, fablab, la structure s’étend sur 800m², sur deux niveaux, ce qui renforce sa visibilité, mais également la compétitivité de la commune. En effet, à l’heure du processus de polarisation et de dispersion des villes, les communes ont besoin de trouver de nouveaux moyens pour réactiver leur centre, et créer une alternative aux migrations pendulaires. Ce nouveau pôle constitue donc un noeud stratégique pour Saint-Médard-en-Jalles, quand l’aire urbaine a un effet masquant sur l’attraction des petits pôles urbains. Si l’on considère la métropole bordelaise comme une ville archipel, à la manière de Martin Vanier et des scénarios imaginés pour 20207, par analogie, les communes périurbaines peuvent alors être assimilées à des îlots plus ou moins grands, réunis autour de la « grande île bordelaise », où l’économie culturelle, d’innovation et de créativité se développe. C’est le cas le long de la Garonne avec la Cité du Vin et la MECA, qui illustrent parfaitement la politique d’image mise en place par la métropole, associée à un marketing urbain. Darwin écosystème s’affirme comme l’archétype de la ville créative - concept né dans les années 1980, 1990, du côté de San Fransisco et de Vancouver, par Richard Florida - en mêlant skate-park, restaurant bio et locavore, épicerie, ateliers participatifs et solidaires, et entre autres, espace de coworking, sur le site d’une ancienne friche militaire. Darwin écosystème mais aussi les nombreux autres espaces de coworking en centre-ville inspirent tout doucement les communes péri-urbaines, et tendent parfois à être imités. Néanmoins, le résultat est bien trop souvent formel, institutionnalisé, comme l’illustrent les trois cas d’étude, en contraste avec l’imaginaire et la représentation qu’en font les médias, comme nous l’avons vu dans la première partie de ce mémoire avec le « cas type » de l’espace de coworking. Peut-être qu’en considérant justement l’espace de coworking comme un équipement, voire comme la réduction d’un quartier d’affaires - ce qu’il n’est pas - la collectivité perd en cours de projet des éléments essentiels à son bon fonctionnement. Aussi, en mettant à profit des locaux dont elle dispose déjà, et qui n’étaient donc pas prévus à l’origine pour accueillir une communauté de coworkers, on perd parfois en cohérence entre le lieu et le programme, même si cela tend à s’améliorer comme l’illustrent les cas de manière chronologique.
Si en 2015 La Canopée annonce une amélioration en tant qu’espace de coworking géré par une collectivité,
le Télécentre de Latresne, ouvert deux ans plus tôt, constituait déjà un pôle non négligeable pour la Communauté de Communes (CDC) des Portes de l’Entre-deux-Mers. ASCHER François, « Le mouvement dans les sociétés hypermodernes », Conférence 4 janvier 2006 Voir introduction p.6 7 Martin Vanier est géographe, consultant et ancien élu. Il a écrit Demain, les territoires, Hermann, en 2015 5 6
48
b.
Un outil particulièrement adapté aux zones diffuses
Constituée de onze communes, la CDC des Portes de l’Entre-deux-Mers trouve son siège dans la commune de
Latresne (fig. 32 p.45). Créée en 2003, cette EPCI (établissement public de coopération intercommunale) sert d’outil pour le territoire et ses habitants. Bien que située en-dehors de la métropole, la CDC ne se trouve qu’à 10 minutes en voiture de Bordeaux. En 2013, elle ouvre son espace de travail partagé - Télécentre - suite à de nombreuses réflexions, études de marché et réunions en amont, dès 2011. Le point de départ du projet a d’abord été la mobilité, puisque selon Cécile Clémenceau-Mazon, Chargée de Mission Développement Economique pour la CDC, 75% des actifs de la collectivité travaillent sur Bordeaux Métropole, ce qui crée des problèmes évidents de congestion et de pollution. A l’époque, la réflexion est menée conjointement avec la Coopérative des Tiers-Lieux, qui ne portait pas encore ce nom, mais qui utilisait l’exemple de L’Arrêt Minute à Pomerol pour initier le processus de maillage. Disposant de locaux disponibles, le siège a choisi d’installer un espace de travail partagé comportant 6 à 8 postes ; deux bureaux individuels ; ainsi qu’un hôtel d’entreprises accueillant jusqu’à une douzaine de structures, le but étant de mixer à la fois du public et du privé. Parmi les usagers de l’espace de coworking, on compte des salariés du privé, des salariés du public - le Conseil Départemental permet à cinq de ses agents de venir télétravailler plusieurs fois par semaine au siège de Latresne -, et des indépendants. Au départ, la CDC pensait que ces derniers seraient plus nombreux mais l’inverse s’est produit, avec une fréquentation plus forte de la part des salariés. Ceuxci ont plutôt tendance à utiliser l’espace de coworking, tandis que les autres viennent plus ponctuellement occuper les bureaux individuels, lors de réunions, de rendez-vous professionnel ou encore lors de recrutement.
Lors de la visite du Télécentre, suite à un entretien avec Cécile Clémenceau-Mazon, deux utilisateurs ont été
rencontrés sur place. Monsieur P. a 54 ans, il est salarié pour un groupe brassicole en tant que chargé d’investissement régional. Il se rend ici trois fois par semaine, et met environ un quart d’heure à venir depuis Bordeaux Bastide en voiture, où il vit. Monsieur N. a 44 ans, il est chef d’entreprise dans le e-commerce. Il vient ici tous les jours de la semaine, et bien qu’il n’habite qu’à un kilomètre, il préfère prendre sa voiture et chaque trajet ne lui demande que deux minutes. Les motivations de ces deux usagers sont donc avant tout la proximité, mais également le prix, en lien avec leurs besoins. Monsieur P. étant en déplacement deux jours par semaine, il a pu choisir un forfait avec un certain nombre de jours à utiliser à l’année, ce qui lui permet d’être flexible, et à moindre coût, puisque le tarif atteint 10€ la journée, montant qui lui est remboursé par sa société. Cela est bien plus intéressant pour lui que de louer un local au mois, sachant que suite à la vente de la plateforme sous-traitante où il travaillait autrefois, il ne se voyait pas exercer à domicile, « pour bien scinder ma vie professionnelle de ma vie familiale ».
49
En plus de la proximité et du prix, l’accessibilité et la permissivité sont plus que satisfaisantes pour ces
deux « collègues », qui ont tissé des liens depuis leur rencontre, Monsieur P. étant là depuis le début. Il dit avoir un régime « un peu à part », puisque dès le début, il a demandé à emmener son propre matériel sur place, tel que son ordinateur fixe et son imprimante, installés sur le bureau qui lui est désormais officieusement attitré. La CDC ouvre normalement ses portes de 9h à 18h, mais encore une fois, l’accès par badge lui permet d’arriver une demie-heure plus tôt et de repartir une demie-heure plus tard, tant que les locaux sont toujours occupés par les membres de la CDC, ou par l’équipe de ménage, c’est-à-dire tant que l’alarme n’est pas activée. L’accessibilité est donc également flexible.
La plupart du temps, l’espace de travail partagé est occupé par 2 à 4 personnes en même temps. Il y
a déjà eu un pic à 6, et malgré une capacité maximum de 8, Monsieur P. et Monsieur N. ne pensent pas qu’il soit possible de travailler à autant. En effet, il y a six bureaux et une table haute avec quatre sièges mangedebout, dans un espace d’environ 30m² (fig. 34). Il comporte également une imprimante, des casiers, ainsi qu’un réfrigérateur. Celui-ci est très peu utilisé, puisque la plupart du temps, les coworkers sortent déjeuner ensemble, créant ainsi une dynamique de secteur. Une boulangerie est située juste en face du siège de la CDC, et plus loin, on peut trouver quelques restaurants. Si les usagers de l’espace de coworking sont peu nombreux, on peut dire que les deux « habitués » rencontrés se considèrent comme des collègues : « Je dis mon « collègue » mais on ne travaille pas du tout ensemble. On peut apporter un conseil, une écoute, un avis. » confie Monsieur P. . Aussi, ils apprécient le contact auprès des entreprises hébergées par la pépinière, avec lesquels des évènements sont parfois organisés. Si la quantité de coworkers n’est donc pas tellement au rendez-vous, on peut dire que le service auquel ils souscrivent leur donne une entière satisfaction.
Figure 34 : Organisation de l’espace de travail partagé du Télécentre (Latresne)
C’est d’ailleurs l’objectif de la CDC, dont les tarifs du Télécentre n’ont pas bougé depuis son ouverture.
Cécile Clémenceau-Mazon dit à ce propos : « On a fait une étude de marché. On s’était calés sur les prix. On n’est pas là pour casser un marché. Pour nous, l’important c’est d’offrir ce service-là et de couvrir les frais de la structure, pour être à l’équilibre. ». Aussi, elle ajoute que le fait de créer un pôle au sein de la collectivité se veut rassurant pour les entreprises, dont certaines pourraient être encore frileuses à l’idée de faire télétravailler leurs salariés. Des prospectus ont d’ailleurs été spécialement imprimés à leur intention, afin de les informer du service proposé par la CDC. En outre, la responsable du Développement Ecomique ne cache pas non plus que dans l’hypothèse où un projet privé se monterait à proximité, il n’est pas dit que le Télécentre continuerait à ouvrir ses portes, le but étant au départ d’initier la démarche de coworking sur le territoire. 50
Néanmoins, malgré une très grande visibilité du service promu par la collectivité, certains ont « quelques
freins à pousser la porte » selon Cécile Clémenceau-Mazon. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir installé une bâche imprimée conséquente à l’angle de la départementale 113, axe très largement emprunté rejoingnant le centre de Bordeaux, et grâce à laquelle les deux usagers rencontrés ont pu prendre connaissance du Télécentre (fig. 35).
Figure 35 : A gauche, la très passante D113 et la bâche imprimée à l’angle du siège de la CDC
Selon elle, « les gens qui fréquentent l’espace en sont contents. Ils ont sûrement du mal à s’en passer, puisqu’ils
reviennent ». L’enjeu est donc non seulement de faire connaitre l’existence de l’espace de travail partagé, mais également d’inviter les curieux à tenter l’expérience. D’autant plus qu’en 2009, selon Olivier Paul-Dubois-Taine1, malgré le constat selon lequel le télétravail était en retard en France, il aurait un certain potentiel, notamment en termes de mobilité en zone diffuse : L’impact du télétravail sur la mobilité en zones peu denses peut s’apprécier sous deux angles : il soulage le télétravailleur de la contrainte du déplacement qui nécessite une voiture là où les transports collectifs ne sont pas pertinents et, de ce fait, contribue à désengorger les zones denses.
En effet, mis à part les bus Transgironde, la collectivité n’a aucun réseau de transports en commun, ce
qui contraint ses habitants à utiliser leur voiture lorsque les distances à parcourir sont trop longues pour être effectuées à pied ou à vélo. Bien que l’espace de coworking de la CDC soit peu rempli, on voit bien qu’en termes de déplacements domicile-travail, il est bien plus intéressant pour les usagers de venir au Télécentre : pour Monsieur N., cela lui fait faire de réelles économie de trajet puisqu’il n’habite qu’à un kilomètre ; quant à Monsieur P. , il participe à la décongestion de Bordeaux et gagne également du temps dans ses navettes domicile-travail puisqu’il va à contre-sens de la grande majorité des migrations pendulaires. Aussi, le fait de déjeuner la plupart du temps à l’extérieur engendre une dynamique du secteur. Ce type d’espace semble ne générer que du positif, à la fois pour les usagers, en améliorant considérablement leur qualité de vie, mais également pour les territoires peu denses. Malheureusement, la faible quantité de ces espaces en milieu péri-urbain et en zone diffuse ainsi que le manque d’informations vis-à-vis des potentiels usagers, ne permettent pas encore d’engendrer des résultats conséquents à l’échelle de la métropole. Centre d’analyse stratégique, PAUL-DUBOIS-TAINE Olivier, Les nouvelles mobilités dans les territoires périurbains et ruraux, février 2012 1
51
Pourtant, la collectivité des Portes de l’Entre-deux-Mers n’est pas la seule à avoir initié un espace de
coworking. En 2014, l’association Les Ateliers Détournés montait son projet Splendid Coworking sur la commune de Langoiran, rattachée depuis 2017 à la CDC suite à la refonte de la carte communale. C’est donc le second espace de travail partagé de la collectivité, réalisé avec le soutien de la Coopérative des Tiers-Lieux. Le cadre est « décalé », dans un ancien cinéma datant des années 1940. D’après Cécile Clémenceau-Mazon, « c’est plus du coworking ‘‘artistique’’, je ne sais pas comment le qualifier... C’est assez différent d’ici, où l’on est sur un espace public, formaté ‘‘bureau’’. Là-bas c’est plutôt une initiative privée, un collectif de personnes qui avaient besoin d’un espace pour travailler. ». Malgré une atmosphère moins institutionnalisée, selon elle, la situation économique du Splendid Coworking est compliquée. Elle établit un parallèle avec Le Node, une référence du coworking thématisé sur le numérique à Bordeaux, où « l’espace est grand, en plein centre-ville, il s’appuie sur une communauté, ça c’est génial, ça marche, c’est du pain béni, ça fonctionne. Ca permet de mettre en place plein de choses, d’animer, d’avoir quelqu’un qui s’en occupe. ». L’enjeu pour les structures dont l’initiative est privée est plus difficile, car leur modèle économique doit être rentable. Il faut avoir suffisamment d’usagers réguliers pour financer le projet. En zone peu dense, cet enjeu est encore plus compliqué à relever, et il est nécessaire de proposer autre chose que du coworking pour s’en sortir. Le Splendid Coworking propose pourtant une offre multiple : une salle de spectacle et un restaurant s’ajoutent à l’espace de travail partagé.
C’est pour cette raison majeure que les propositions des collectivités et celles des acteurs privés sont très
différentes. Quand les uns ont pour objectif d’offrir d’abord un service, les autres cherchent surtout un équilibre financier voire à faire du profit, selon qu’on soit face à une association ou à une entreprise. Bien que le modèle privé de l’espace de coworking « type » soit dans l’imaginaire de beaucoup, Monsieur N., qui a pu en expérimenter quelques-uns dans Bordeaux, voue sans hésiter sa préférence au Télécentre de Latresne. En effet, outre les tarifs plus élevés expliqués par la localisation, il déplore les forfaits « à la carte », où tout est en option, jusqu’au débit de la connexion internet. Aussi, pour avoir testé l’espace proposé par Darwin Ecosystème, il explique que malgré une ambiance très contemporaine, avec son mobilier réalisé à partir de matériaux recyclés, il a trouvé très peu pratique de travailler « sur un bout de palette », dans une atmosphère qui - de plus - ne favorise pas la concentration.
On peut noter par ailleurs la notion même de « télécentre », plutôt rétrograde pour un espace de
coworking ouvert en 2013, puisqu’un rapport mené sur le télétravail2 explique que les premiers projets de télécentres sont apparus en France dans les années 1990, sous l’impulsion de la DATAR. Le modèle, qui prévoyait entre autres salle de réunion et vidéoconférence, avait été importé des entreprises japonaises du secteur des TIC, qui avaient initié ce nouveau genre de programme innovant dix ans plus tôt. Imité également en Allemagne, en Autriche ou au Royaume-Uni, les télécentres traditionnels y ont rapidement disparu à mesure que les ménages s’équipaient ; tandis qu’en France, une trentaine d’espaces existaient encore en 2009, pour seulement 150 travailleurs accueillis. Dans ce rapport, la notion de « coworking » est inexistante, elle n’apparaîtra que quelques années plus tard. On peut donc considérer que le télécentre est précurseur à l’espace de coworking, qui, pour se démarquer et offrir une valeur ajoutée - le seul accès à internet ne suffisant plus - a dû diversifier son offre et s’appuyer sur de nouvelles valeurs. A contrario, L’Amarrage, qui se revendique comme étant un tiers-lieu, se définit plutôt comme un télécentre, et n’a rien à voir avec la définition que Ray Oldenburg en donne. Centre d’analyse stratégique et Cabinet Roland Berger, Le développement du télétravail dans la société numérique de demain, novembre 2009 2
52
c.
Vers une surabondance des espaces de coworking ?
Depuis le développement et la démocratisation des espaces de coworking, on note une confusion entre
les notions de « télécentre », « tiers-lieu » et « coworking ». Cela témoigne parfois d’une mauvaise compréhension de ce dernier, comme on a pu le constater dans les différentes transpositions spatiales engendrées dans les cas d’étude vus précédemment. Malgré un discours similaire et des objectifs partagés, les collectivités n’ont pas mis en place les mêmes typologies d’espaces de coworking. Cela se comprend chronologiquement, avec une appréhension et une adaptation améliorée au fil des années, mais pas que, puisque le Télécentre de Latresne, bien qu’ouvert la même année que L’Amarrage, semble plus cohérent avec l’idée de coworking. Les résultats sont concluants puisque le premier remplit toujours sa fonction et continue de progresser, tandis que le second a montré ses limites et contraint la commune à se réinventer, ailleurs. Lorsque les objectifs diffèrent, comme c’est le cas du Splendid Coworking, monté et géré par une association, la contrainte financière oblige à penser une autre typologie, en mêlant d’autres activités. Si cela est plus difficile à mettre en place, on sent néanmoins que c’est ce genre d’espace qui transpose le mieux le concept de coworking, à savoir travailler ensemble, mais pas que. Le réseau La Cordée, historiquement basé à Lyon, qui implante des espaces de coworking dans plusieurs grandes villes en France, rappelle que « non le coworking n’est pas un espace de travail », comme l’explique d’ailleurs très bien Anne-Sophie Novel : « On ne peut donc pas le comparer [le coworking] à un simple espace de bureaux partagés, où la mise à disposition d’un espace de travail inoccupé à des tarifs avantageux reste bien souvent à un degré zéro de l’esprit collaboratif. »1. Parallèlement, le nombre d’espaces n’a cessé de croître, en allant parfois jusqu’à être multiplié par deux chaque année, comme ce fut le cas entre 2012 et 2014 (fig. 4 p.16).
Pourtant, les cas d’étude et l’infographie réalisée par BAP et La Fonderie en 2015 le montrent, 35% des
espaces de coworking cette année-là étaient à moitié remplis, ou moins. Si la communication des espaces étudiés était souvent lacunaire, elle n’explique pas tout. Au vu de la propagation fulgurante des espaces de travail partagés, on pourrait alors penser qu’il y a trop d’offres, pour une demande encore trop peu informée ou frileuse. Demande qui d’ailleurs, ne semble pas toucher les jeunes actifs, du moins en zones péri-urbaines et diffuses, puisqu’aucun des espaces visités n’a permis de rencontrer ou d’évoquer un télétravailleur issu de la génération Y, que les médias ne cessent pourtant d’associer au phénomène de coworking. On peut alors imaginer qu’ils sont plutôt sucsceptibles de fréquenter une structure en milieu urbain, sans forcément y habiter pour autant, ce qui, du point de vue de la congestion et de la mobilité, n’est pas très intéressant. NOVEL Anne-Sophie, La vie share, mode d’emploi : consommation, partage, et modes de vie collaboratifs, Baume-les-Dames, Éditions Alternatives, collection manifestô, 2013, p.128 1
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Une mobilité qui d’ailleurs, a montré ses limites, puisque parmi les quatre utilisateurs d’espaces de coworking
rencontrés, à Gradignan et à Latresne, tous utilisent leur voiture pour s’y rendre quelles que soient les distances, en sachant que deux d’entre eux habitent la commune où ils travaillent désormais, dont une salariée. Cela est plutôt favorable, quand on sait qu’en 2004, trois salariés sur quatre travaillaient hors de leur commune de résidence.2 Pour tous, les temps de trajet ont été considérablement raccourcis puisqu’ils atteignent au maximum 15 minutes, ce qui est en-deçà du temps de trajet médian en heure pleine équivalent à 26 minutes pour les actifs résidant en couronne péri-urbaine et travaillant dans le pôle urbain associé, selon les mêmes statistiques de l’INSEE.
Si les avantages sont bien présents du point de vue de l’usager, mais aussi pour les communes, puisque le
développement des espaces de coworking permettrait « de faire gagner 56 habitants en moyenne à une commune et de créer neuf emplois sur son territoire »3, on peut imaginer que la raison pour laquelle les espaces de coworking tendent à être trop abondants, pour une fréquentation limitée, est parce qu’ils sont extrêmement concentrés dans le cœur de la métropole. En 2016, l’arrivée imminente du géant américain WeWork sur le marché parisien n’avait pas l’air d’inquiéter plus que ça. La start-up compte aujourd’hui des espaces de coworking dans 59 villes à l’échelle mondiale, dont 23 rien qu’aux États-Unis, et 4 sur Paris. Les lieux proposés sont design, très travaillés et tous très différents les uns des autres, avec chacun leur particularité. Certains occupent un volume démesuré (fig. 37), d’autres proposent des espaces atypiques (fig. 38).
Un article publié dans le journal Les Echos - Start4 expliquait qu’avec seulement 396 structures cette année-
là en France, il n’y avait pas tellement de risque de concurrence dans la capitale. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 600, et ne cesse de croître dans les grandes villes. En effet, en 2017, Michael Schwartz, cofondateur de La Cordée, confiait au journal Le Monde qu’en plein Paris, des espaces de coworking n’arrivaient pas à trouver leur public5. Avec 30 espaces de coworking rien que dans la commune de Bordeaux, on peut se demander quel est le niveau de fréquentation, en sachant que certains bénéficient d’une plus grande notoriété (Darwin Ecosystème, Le Node), et que d’autres modèles font l’apparition, comme les cafés-wifi avec l’anticafé. Ainsi, en se livrant à une concurrence rude en milieu très urbain, les espaces de coworking délaissent les zones péri-urbaines et diffuses, et ceux qui auraient énormément à gagner en télétravaillant en sont finalement privés. Avec un maillage très inégal du territoire, ne serait-ce qu’en Gironde, on tarde à équiper les ménages les plus contraints.
Nous nous trouverions donc face à un phénomène non seulement ségrégatif, mais également à bout de
souffle. L’article Le Monde cité plus haut est pourtant le seul à aborder les espaces de coworking sous cet angle : « la réussite n’est pas toujours au rendez-vous. Il faut que ces lieux développent un modèle économique rentable – et, surtout, trouvent leur public. ». Le journal cite également une enquête réalisée en 2016 par le magazine Deskmag, au niveau mondial, révélant que « 60 % des espaces de coworking sont déficitaires » et que les espaces de coworking « situés dans les grandes villes sont plus facilement rentables – à c ondition que le terrain ne soit pas déjà surpeuplé : ‘‘Dans les villes où il y a plus d’une cinquantaine d’espaces, la profitabilité chute’’ ». On assisterait donc à une surabondance d’espaces de travail partagés en ville avant tout dans une recherche de profit. Il s’agit donc d’un moyen comme un autre pour monnayer les valeurs que porte le coworking, à savoir l’échange, la fédération d’une communauté, la démobilité, ... 2
INSEE, « Les déplacements domicile-travail amplifiés par la périurbanisation », statistiques de l’année 2004, parues en 2007
3
QUIGNON Catherine, « Espaces de coworking : le trop-plein », Le Monde, 17/11/2017 AUDIGANE Liv, « Reste-t-il des places à prendre dans le business du coworking ? », Les Echos - Start, publié le 13/09/2016 5 QUIGNON Catherine, « Espaces de coworking : le trop-plein », Le Monde, 17/11/2017 4
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Figure 36 : WeWork, L’espace commun, Sony Center, Berlin
Figure 37 : WeWork, L’espace commun, WeihaiLu, Shanghai
Figure 38 : WeWork, Les « cabines téléphoniques », City Hall, New York
Le secteur tend d’ailleurs à se profesionnaliser, comme nous avons pu le voir, avec le géant WeWork, mais
également avec Regus, une société multinationale « qui possède une centaine de centre d’affaires dans l’Hexagone, [et qui] s’est lancée dans le coworking il y a déjà 5 ans en proposant de la location de bureaux à partir de 250 euros par mois. La formule est peu engageante : le téléphone, la nourriture, les services informatiques sont en option. »6. Les promoteurs immobilier Bouygues et Nexity ont également lancé leur filiale consacrée à l’implantation d’espaces de coworking, respectivement Nextdoor en 2014 et Blue Office en 2015, dont le secteur est désormais considéré comme « la poule aux oeufs d’or ».7 Michael Schwartz dit à ce propos que si « le modèle économique de ces acteurs est plus proche du centre d’affaires 2.0, l’esprit originel du coworking repose davantage sur la capacité à fédérer une communauté ».8 On assiste donc à un phénomène qui se veut innovant et encourageant dans l’émergence d’une nouvelle société du « co », du partage ; et parallèlement, à une marchandisation du coworking, devenu le dernier avatar de la société capitaliste. LEJEUNE Léa, « WeWork, un géant américain pour secouer le coworking français » , Challenges, publié le 25/052016 Ibid. 8 QUIGNON Catherine, « Espaces de coworking : le trop-plein », Le Monde, 17/11/2017 6 7
55
CONCLUSION
Au cours de ce travail de mémoire mêlant à la fois revue de presse, analyse et étude de cas, nous avons
pu comprendre que le phénomène de coworking est la suite logique de la rencontre entre une politique publique de télécentres, la diffusion des TIC à travers le territoire, et une adaptation du monde du travail à l’arrivée de la génération Y sur le marché. Ainsi, nous avons pu esquisser l’espace de coworking « type », et les représentations qu’il engendre dans l’imaginaire collectif. Perçu comme une nouvelle alternative au travail traditionnel, les communes péri-urbaines affirment peu à peu leur désir de s’en emparer. En effet, dans un contexte de dépendance et de polarisation des bassins d’emploi au sein de la métropole, l’espace de coworking est considéré comme un nouvel équipement plein de promesses. Multipliés en ville, ils sont synonymes de dynamisme, de communauté, de créativité. En imitant ce modèle, l’enjeu est multiple pour les communes : en termes de mobilité, de social, d’économie, d’environnement et d’urbain.
Si en théorie, l’espace de coworking permet en effet de décongestionner les centres urbains, de fédérer
une communauté, et de créer une dynamique de secteur, de nombreux facteurs doivent être pris en compte afin de créer un lieu qui fonctionne. Sans cela, la fréquentation ne peut pas être au rendez-vous et les effets seront alors moindres. Les cinq valeurs définies par La Mutinerie sont primordiales et permettent de mieux comprendre ce qui définit un espace de coworking : durabilité, communauté, coopération, ouverture, et accessibilité. On ne peut pas le considérer uniquement comme de la location de bureaux, auquel cas on parlerait plutôt de télécentre. Les objectifs d’un espace de coworking sont plus ambitieux, néanmoins, on ne doit pas tomber pour autant dans le piège de l’objet marketé, comme s’y emploient - entre autres - les géants de l’immobilier.
L’enjeu premier est d’offrir un cadre de travail confortable, et pratique, dans une logique de démobilité,
tout en favorisant des rencontres. Progressivement, les communes des cas étudiés, à savoir Saint-Médard-en-Jalles et Gradignan, ont montré une capacité grandissante à transposer spatialement ces principes. On peut considérer que l’Amarrage s’apparente finalement à un télécentre, bien que revendiqué comme étant un « tiers-lieu » au départ. Dans la mesure où il ne s’agit que de locaux mis à disposition par la mairie, utilisés en tant que bureaux individuels par des télétravailleurs salariés du Conseil Départemental, cet espace remplit uniquement une fonction d’interface entre deux entités. En effet, l’organisation spatiale rigide et l’absence totale de rapport à la rue, malgré une implantation au coeur de la commune, ne permettent pas à l’Amarrage d’évoluer vers une typologie plus intéressante.
En proposant une analyse du Télécentre de Latresne, situé en zone diffuse, nous avons pu voir se dessiner
une alternative à l’hypothèse de départ. Malgré l’absence de centralité, avec une implantation au sein d’une zone industrielle, l’espace bénéficie néanmoins de sa localisation au bord d’une départementale très empruntée, rejoignant Bordeaux en seulement dix minutes. Bien que peu fréquenté et plutôt institutionnalisé, l’étude a montré, contrairement à l’Amarrage ouvert la même année, une cohérence entre l’espace souhaité par la collectivité et l’espace réel. La grande satisfaction de ses usagers montre à quel point la flexibilité, la permissivité, l’accessibilité mais aussi le mélange des entités sont indispensables à la réussite d’un espace de coworking. 56
La Canopée et Copernic montrent que les communes ont saisi l’importance des offres complémentaires,
comme les incubateurs, ou les fablabs. Les projets sont plus ambitieux, et cela se sent également dans l’augmentation du nombre de postes en coworking : de 6 postes à Latresne, on passe à 10 à Gradignan voire à une quinzaine dans le second espace proposé par Saint-Médard-en-Jalles. Bien que les propositions restent parfois encore formelles, on retrouve petit à petit un rapport à la rue jusqu’à avoir une vitrine sur l’espace public avec Copernic. Les espaces s’agrandissent, se complètent, communiquent, et s’ouvrent. Néanmoins, si les résultats sont encourageants, ils ne concernent encore que trop peu de communes péri-urbaines et diffuses, et trop peu d’usagers.
Pour expliquer cela, le rapport du Centre d’analyse stratégique sur le télétravail montre qu’en 2012, seuls
5 à 10% de la population active y a recours, quand « dans les pays scandinaves et anglo-saxons, le télétravail concerne deux à trois fois plus de salariés. »1. La France aurait donc un retard à rattraper, et serait encore timide vis-à-vis de ses voisins européens. La frilosité des usagers, des entreprises à l’idée de laisser télétravailler leurs employés, mais également celle des collectivités constituent un obstacle culturel au développement des espaces de coworking. En témoignent les « Smart Work Centers », à Amsterdam, qui a fait le choix de mettre à disposition des locaux publics inoccupés pour créer des espaces collectifs et collaboratifs de travail. « Mais il manque ce genre de locomotive en France pour enclencher la dynamique. »2. Pourtant, les mentalités pourraient être en train de changer, peut-être grâce aux initiatives privées et à l’intérêt grandissant des indépendants pour ces nouveaux espaces, puisqu’en 2016, l’Île-de-France se classe en troisième position en tant que « métropole du coworking » avec ses 88 espaces, juste derrière Barcelone (92) et New-York (119). Cela s’explique par les moindres contraintes juridiques pour ouvrir un espace de travail partagé en Espagne, et par la composante culturelle forte à New-York.3
Ainsi, maintenant que télétravailler en espace de coworking s’affirme tout doucement comme une alternative
possible auprès de tous les acteurs concernés (entreprises, collectivités, usagers), que l’Île-de-France enclenche une dynamique, et que les collectivités répondent de mieux en mieux aux besoins des potentiels coworkers, on peut envisager une fréquentation plus forte des espaces de travail partagés en péri-urbain dans les années à venir. À condition, bien sûr, que le maillage se développe de manière plus équitable à travers le territoire, et que les structures fassent davantage d’efforts en termes de communication et de visibilité. De fait, les effets positifs engendrés que nous avons pu mesurer au travers des cas d’étude, pourront être démultipliés, et peut-être qu’alors les espaces de coworking participeront véritablement d’une réinvention du monde du travail et de la société.
Centre d’analyse stratégique, PAUL-DUBOIS-TAINE Olivier, Les nouvelles mobilités dans les territoires périurbains et ruraux, février 2012 2 MADELINE Béatrice, « Le collaboratif au secours des communes », Le Monde Économie, mis en ligne le 17 novembre 2017, mis à jour le 20 novembre 2017 3 Selon une enquête menée par La Fonderie début 2016. 1
57
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FRANCE INTER, « Le co-working fait des émules ! », Emission Grand Angle, diffusé le 20 avril 2015
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FRANCE INTER, « Politique du futur : on commence par quoi ? », DEHAIS Karen, FAUQUET Marie-Hélène, FOÏS Giulia, Emission Demain La Veille, diffusé le 19 février 2017 https://www.franceinter.fr/emissions/demain-la-veille/demain-la-veille-19-fevrier-2017?xtmc=friche&xtnp=1&xtcr=4
FRANCE INTER, « Enquête sur les nouveaux “Sans Bureau Fixe” », MONIN Jacques, CHEREL Laetitia , Emission L’enquête de secrets d’info, diffusé le vendredi 10 février 2017 https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete-de-secrets-d-info/l-enquete-de-secrets-d-info-10-fevrier-2017
FRANCE INTER, « “Sans bureau fixe” : google fait des émules », CHEREL Laetitia, diffusé le 9 février 2017 https://www.franceinter.fr/societe/sans-bureau-fixe-google-fait-des-emules
Conférences/Interviews ASCHER François, « Le mouvement dans les sociétés hypermodernes », Conférence 4 janvier 2006
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BEDDA Anis, « Coworking Spaces, terrain de jeux de la génération Y », TEDxCarthage, septembre 2013 https://www.youtube.com/watch?v=NQsC6DQYhaA
DURIAUX Yoann, « Pas de villes intelligentes sans tiers lieux libres et open source ! » , TEDxReims, novembre 2014 https://www.youtube.com/watch?v=yxfn_91vE3A
STIEGLER Bernard, « L’emploi est mort, vive le travail ! » https://vimeo.com/124497285
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SITOGRAPHIE Tiers-lieux La Coopérative des Tiers-Lieux Le Journal de l’éco wiki Movilab : Le Manifeste des Tiers-Lieux Coworking en général Bureaux à partager Copass Deskwanted La Cordée LBMG Néo-nomade Cas d’études Club de la Mobilité La Canopée Gradignan Service économie et emploi de la commune de Saint-Médard-en-Jalles Espaces de coworking Anticafé Communauté de Communes des Portes de l’Entre-Deux-Mers La Mutinerie Wework
61
TABLE DES FIGURES Toutes les cartes sont orientées de manière conventionnelle, le nord est en haut. Figure 1 : Carte des structures innovantes en Gironde Source : carte personnelle d’après les données de la Coopérative des Tiers Lieux en Nouvelle Aquitaine
8
Figure 2 : Des polarisations à plusieurs échelles en Gironde Source : a’urba, «Des polarisations à plusieurs échelles», d’après les données du recensement de l’INSEE en 2010
10
Figure 3 : Tableau des cas d’étude Source : tableau personnel d’après les données récoltées sur les trois sites internet des cas d’étude
11
Figure 4 : Croissance du nombre d’espaces de coworking en France entre 2008 et 2017 Source : image personnelle d’après les données de BAP
16
Figure 5 : Une représentation des notions de collaboration et de communauté Source : Google images pour l’occurence « coworking »
19
Figure 6 : Le cadre de travail 2.0 : confort, volume et appropriation Source : Google images pour l’occurence « coworking »
19
Figure 7 : La Mutinerie, un terrain de jeu pour les actifs connectés Source : site internet de La Mutinerie
19
Figure 8 : Part des moyens de transport utilisés pour se rendre au travail en 2014 en France (actifs de 15 ans ou plus 22 ayant un emploi) Source : Statistiques INSEE Figure 9 : Repérage des trois cas d’étude péri-urbains Source : carte personnelle sur fond extrait de www.géoportail.gouv.fr
23
Figure 10 : Repérage de L’Amarrage (Saint-Médard-en-Jalles) Source : carte personnelle sur fond extrait de www.géoportail.gouv.fr
24
Figure 11 : L’immeuble Montaigne (Saint-Médard-en-Jalles) Source : photo personnelle
26
Figure 12 : Arrière de l’immeuble Montaigne. L’Amarrage est situé dans l’aile à gauche de l’image Source : photo personnelle
27
Figure 13 : L’accès par le portillon Source : photo personnelle
27
Figure 14 : Les bureaux individuels Source : photo personnelle
28
Figure 15 : Plan de L’Amarrage Source : plan redessiné d’après celui fourni par le service économie et emploi de Saint-Médard-en-Jalles
29
Figure 16 : La salle de pause Source : photo personnelle
30
Figure 17 : La salle de coworking - état actuel Source : photo personnelle
30
Figure 18 : La salle de coworking - état diffusé Source : site internet de L’Amarrage
30
Figure 19 : Planning de L’Amarrage - décembre 2017 Source : site internet de L’Amarrage, onglet «réservez»
31
62
Figure 20 : Repérage de La Canopée (Gradignan) Source : carte personnelle sur fond extrait de www.géoportail.gouv.fr
33
Figure 21 : L’accès à La Canopée depuis la place Roumégoux (Gradignan) Source : photo personnelle
35
Figure 22 : Plan 3D de La Canopée Source : plan disponible sur le site internet de La Canopée : http://lacanopee.ville-gradignan.fr/lieu/
36
Figure 23 : Vue en entrant dans la salle de coworking et contre-champ Source : photo personnelle
37
Figure 24 : Vue depuis le fond de la salle de réunion Source : photo personnelle
37
Figure 25 : Vue en entrant dans la cuisine et contre-champ : plan de travail, équipements et mange-debout Source : photo personnelle
39
Figure 26 : Repérage de Copernic (Saint-Médard-en-Jalles) Source : carte personnelle sur fond extrait de www.géoportail.gouv.fr
40
Figure 27 : Le pôle Copernic abrite désormais plusieurs fonctions liées à l’emploi et à l’économie de la commune (SaintMédard-en-Jalles) Source : photo personnelle
42
Figure 28 : L’espace de travail avec ses différents sous-espaces Source : photo personnelle
43
Figure 29 : L’espace repos, le bar et les assises Source : photo personnelle
43
Figure 30 : La salle de réunion Source : photo personnelle
43
Figure 31 : Le grand bureau individuel Source : photo personnelle
43
Figure 32 : Carte des espaces de coworking en Gironde Source : carte personnelle carte personnelle d’après les données de la Coopérative des Tiers Lieux en Nouvelle Aquitaine
45
Figure 33 : Répartition géographique des structures innovantes en Nouvelle Aquitaine, en 2016 Source : carte extraite de l’étude réalisée par la Coopérative des Tiers Lieux à l’été/automne 2016.
46
Figure 34 : Organisation de l’espace de travail partagé du Télécentre (Latresne) Source : photo personnelle
50
Figure 35 : A gauche, la très passante D113 et la bâche imprimée à l’angle du siège de la CDC Source : photo personnelle
51
Figure 36 : WeWork, L’espace commun, Sony Center, Berlin Source : photo extraite du site internet WeWork
55
Figure 37 : WeWork, L’espace commun, WeihaiLu, Shanghai Source : photo extraite du site internet WeWork
55
Figure 38 : WeWork, Les « cabines téléphoniques », City Hall, New York Source : photo extraite du site internet WeWork
55
63
ANNEXES
Infographie illustrant les résultats de l’enquête menée par BAP et La Fonderie en 2015, en France.
64
Infographie illustrant les résultats de l’enquête menée par Bureaux à partager en juin 2017, en France, auprès de 200 espaces de coworking répondants sur les 600 gestionnaires d’espaces sollicités.
65
Statistiques d’occupation de L’Amarrage en 2015 fournies par le service économie et emploi de Saint-Médard-en-Jalles TIERS LIEU Service Économie emploi Locations des bureaux 2015
OCCUPATI ON TI ERSLI EUL' AMARRAGE Janv Fév Mar s Avr i l Mai Jui n Jui l l et Août Sept Oct Nov Déc TOTAL ½j our née 10 j our née
48
13
22
15
21
14
10
8
19
11
9
8
160
47
54
48
52
50
67
39
57
59
73
70
664
Pour33ut i l i s at eur s Statistiques d’occupation de L’Amarrage en 2016 fournies par le service économie et emploi de Saint-Médard-en-Jalles
12/10/2017
66
Support d’entretien avec les utilisateurs d’espaces de coworking.
67
cadre patron artisan/commerçant ouvrier employé autre
comme à la maison comme au bureau mixte aucun des deux
volontaire pratique imposé
seul en groupe rdv pro voir du monde conseils
Où préférez-vous vous installer ? Pourquoi ?_____________________________ ________________________________________________________________ Où déjeunez-vous ? _______________________________________________ ________________________________________________________________ avec d’autres coworkers ?__________________________________________ ________________________________________________________________ Consommez-vous dans le quartier ? (repas, café, ...)______________________ ________________________________________________________________
Vous vous y sentez :
Choix de ce lieu :
Vous venez pour être :
Commune de résidence ? ______________________________________ Mode de transport : à pied vélo bus voiture Durée de transport ? _________________________
régulière occasionnelle _____ jour(s) ; 1/2 journée(s) / semaine ; mois toute la journée matin après-midi soir
Fréquentation :
avez-vous déjà télétravaillé avant ? OUI NON
homme / femme CSP : âge/année de naissance : _____________________ profession : _______________________________ statut : indépendant / salarié mi-temps / temps plein
ENTRETIEN COWORKER
Intimité ? (zones silencieuses, sas isolement/téléphone ?)
Permissivité (espace modulable, cuisiner, manger/boire)
Proximité ? lieux convivial, interconnaissance ?
Mutualisation des énergies/esprit de communauté ?
Equipements ? Mutualisation des moyens ?
Lieu accessible ? Souple dans son fonctionnement ?
Visibilité du lieu ?
Qualité de la connexion wifi ?
Possibilité d’isolement ?
Capacité de concentration ?
Etes-vous productif ?
Etes-vous satisfait du lieu ?
De 1 à 10
Remerciements Je tiens à remercier en premier lieu mes enseignants : Julie Ambal, Delphine Willis et Xavier Guillot, qui m’ont accompagnée au cours de ce mémoire avec beaucoup d’enthousiasme. Je suis également très reconnaissante de l’accueil et de l’aide précieuse des personnes en charge des espaces de coworking visités : Marie-Noëlle Micas, Gabriel Chourrier et Cécile Clémenceau-Mazon. Enfin, je tiens également à remercier les coworkers rencontrés sur place, qui ont tous accepté de m’accorder un peu de leur temps.
68
69
Depuis l’ouverture de La Cantine, à Paris, en 2008, les espaces de coworking prolifèrent à travers la France. Dix ans plus tard, on en compte pas moins de 600 à l’échelle nationale, la croissance ayant été exponentielle après quelques débuts timides. Les médias véhiculent une représentation « type » de l’espace de coworking : communauté, échanges, espaces ludiques. La diffusion de cet imaginaire a participé à l’attractivité de ce nouveau type de programme, qui succède aux télécentres des années 1990 en France, et qui jusqu’alors ne proposaient qu’une connexion internet. Depuis la diffusion des TIC (technologies de l’information et de la communication) et l’arrivée de jeunes actifs issus de la génération Y, le marché du travail a connu certaines mutations, parmi lesquelles le coworking est un phénomène majeur. Les offres complémentaires aux espaces de coworking ont émergé. On peut désormais télétravailler dans des espaces qui se combinent à un fablab, un café, un atelier ou encore un incubateur. En Gironde, les espaces de coworking se sont également propagés, mais se sont souvent concentrés au cœur de la métropole bordelaise, gérés par des entreprises ou des associations. Qu’en estil des communes péri-urbaines qui subissent l’attractivité du centre ? Quels types d’espaces les collectivités ont-elles mis en place, et pour quels enjeux ? Des études de cas ont donc été menées dans deux communes péri-urbaines de Bordeaux : Saint-Médard-en-Jalles et Gradignan. La première a ouvert un premier espace de coworking en 2012, L’Amarrage, suivi cinq ans plus tard par Copernic. Entre-temps, la seconde a créé La Canopée. Une analyse chronologique et thématique a été réalisée afin de mieux comprendre comment ces collectivités se sont appropriés puis ont transposé les principes du coworking. Enfin, le cas de Latresne, et de son Télécentre, permet de prendre un peu de recul et de mettre en perspective les efforts qui ont été mis en place, en zone plus diffuse. Le but étant de mieux saisir les effets de ce phénomène en termes de fréquentation, de mobilité et d’urbanité.