Boxpark Shoreditch. L'architecture au défi de la gentrification - Chloé Darmante

Page 1

BOXPARK SHOREDITCH L’architecture au défi de la gentrification mémoire d’architecture / 2015 Chloé Darmanté



BOXPARK SHOREDITCH L’architecture au défi de la gentrification mémoire d’architecture / 2015 Chloé Darmanté



AUTEUR : Chloé Darmanté DIRECTEUR DE MÉMOIRE : Xavier Guillot et Julie Ambal MASTER D’ARCHITECTURE : Intelligence et Architecture des Territoires


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK


SOMMAIRE EDITO

12

INTRODUCTION

16

0 PROBLÉMATIQUE QUELLE EST LA PLACE DE BOXPARK DANS LE PROCESSUS DE GENTRIFICATION DE L’EST LONDONIEN ? 0.1 Contexte de recherche 0.2 Objet de recherche 0.3 Cas d’étude 0.4 Problématiques & Hypothèses 0.5 Structure du travail

22 22 23 24 24

1 CONCEPTS UNE NOUVELLE CONSTRUCTION DES CENTRES VILLES 1.1 Les nouveaux citadins 1.2 Le phénomène de gentrification 1.3 Un bilan de la gentrification encore discuté 1.4 L’architecture éphémère comme solution

30 31 32 35

2 ETUDE DE CAS BOXPARK EST UNE ARCHITECTURE ISSUE DE LA GENTRIFICATION 2.1 Un concept qui correspond à une architecture 2.2 Un quartier en pleine gentrification : Shoreditch 2.3 Bishopsgate Station : la reconversion 2.4 Conflits et résistance 2.5 Une opportunité pour boxpark de faire la différence

42 50 53 55 58

3 OUVERTURE DOIT ON FAIRE CONFIANCE AUX GENTRIFIEURS POUR SAUVER SHOREDITCH 3.1 Une politique proactive mise en place par le gouvernement 3.2 Un impact sur les politiques publiques 3.3 Des entrepreneurs tournés vers un urbanisme social 3.4 Un cercle vertueux à mettre en place

66 67 70 72

4.1 Une architecture expérimentale qui ouvre le regard 4.2 BOXPARK s’exporte : Que va t il devenir ?

80 81

Illustration Bibliographie

84 94

MEMOIRE BOXPARK

4 CONCLUSION UNE RÉVOLUTION QUI ÉVOLUE

9


«Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d’avoir commencé à écrire, je n’aurais jamais le courage de l’entreprendre. Je ne l’écris que parce que je ne sais pas encore exactement quoi penser de cette chose que je voudrais tant penser. (...) Je suis un expérimentateur en ce sens que j’écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu’auparavant».

MEMOIRE BOXPARK

Michel Foucault, Dits et écrits, 1978


MEMOIRE BOXPARK


EDITO

Il y a déjà plus d’un an et demi maintenant, on m’a demandé de faire un mémoire. C’est un exercice de recherche nouveau et inédit pour moi. J’ai choisi un sujet et ainsi étudié ma passion pour l’architecture sous un nouveau jour. Loin de l’exercice du projet, j’ai beaucoup apprécié pouvoir m’exprimer par écrit. Pourtant, les premiers mois furent difficiles et je me suis demandée ce que je souhaite faire de ma carrière. En effet, le mémoire est l’occasion de s’exprimer sur un domaine d’étude particulier. Le thème choisi devient « notre spécialité » à peine six mois avant d’entrer dans la vie active. C’est donc l’occasion pour moi d’aborder des idées qui me tiennent à cœur.

MEMOIRE BOXPARK

Je m’intéresse à l’image que renvoient les architectes au grand public. Comment cela est il possible d’être si peu accepté par la société alors que toute notre scolarité est tournée vers une réflexion altruiste. En effet, l’architecte est souvent vu comme un rêveur ou un imposteur qui n’est là que pour servir ses intérêts personnels. Je ne suis bien évidemment pas d’accord avec cette légende urbaine. Je pense que ce résultat est le fruit d’une incompréhension entre les professionnels de l’architecture et le public. Dans notre société de l’image, les architectes doivent apprendre à mieux communiquer sur leur travail. Je suis sincèrement convaincue que l’architecture peut être la solution à de nombreuses questions telles que les problèmes environnementaux et sociétaux du XXI siècle. Le grand public doit nous faire confiance et doit prendre conscience de l’importance de l’environnement bâti. L’architecture est un art qui doit être préservé et développé afin de pouvoir en tirer le meilleur pour le bien de notre société.

12


13

MEMOIRE BOXPARK




INTRODUCTION

« L’architecture est le témoin incorruptible de l’histoire » disait Octavio Paz, prix Nobel de littérature en 1990, et je crois bien être d’accord avec lui. Elle est depuis des millénaires l’expression des civilisations passées. Il nous reste les pyramides des Egyptiens, les amphithéâtres des Romains ou encore le Machu pichu des Incas. Il paraît que chaque siècle peut être associé à une capitale. Je ne sais pas si cela est vrai, mais je sais que chaque siècle peut être associé à un mouvement architectural, véritable reflet de la société.

MEMOIRE BOXPARK

Depuis quelques années, nous assistons à une explosion de l’immobilier. La population grandit de façon exponentielle et il faut la loger au plus vite. Cela a été possible grâce à de grandes avancées techniques en matière de construction. Les révolutions industrielles du XIX° siècle n’auront pas apporté que de la pollution mais aussi et surtout du progrès. Pourtant, depuis la fin du mouvement moderne dans les années 1960, on est en panne d’inspiration. Plus personne ne fait confiance aux architectes qui sont aujourd’hui obligés de se défendre constamment et de justifier plusieurs fois leurs décisions. En effet, comment faire confiance à nouveau aux investigateurs des grands ensembles qui aux yeux de tous ont détruit le paysage urbain de nos villes. La fin du modernisme marque une fracture importante dans l’histoire de l’architecture. Quelque chose est brisé et les architectes vont devoir rebondir. A la suite du modernisme suivent différents courants architecturaux, différentes idées et différentes notions. L’architecture contemporaine manque de leader car plus personne ne souhaite prendre des responsabilités aussi grandes que celles qui ont conduit à l’échec de l’urbanisme du XX siècle.

16


C’est alors que l’urbanisme a redécouvert les centres villes trop longtemps délaissés par la construction. Le bien être des habitants longtemps assimilés à une aisance intérieure et aux mètres carrés de son appartement change de perspective. On attribue à l’espace public une véritable identité pour qu’il devienne un lieu à part entière dans la vie des usagers. Le moment que l’on passe dehors pour flâner ou pour circuler devient intéressant et source de projet. C’est dans cet environnement que l’on voit apparaître de plus en plus d’architectures éphémères. C’est un moyen de ne pas figer les choses dans le temps et donc de ne pas être responsable d’une erreur. C’est aussi l’occasion de s’implanter dans des centres villes denses. Mais je pense avant tout que l’architecture éphémère est l’expression d’un monde contemporain en constante évolution. Un monde qui évolue sans arrêt et qui a besoin de renouveau. L’échelle de vie d’un bâtiment est réduite jusqu’à ne représenter plus que quelques heures. chloedarmante Rechercher Rechercher

ABONNÉ(E)

MEMOIRE BOXPARK

boxpark

17





0. PROBLÉMATIQUE


0

Problématique

Quelle est la place de boxpark dans le processus de gentrification de l’est londonien ?

PROBLÉMATIQUE QUELLE EST LA PLACE DE BOXPARK DANS LE PROCESSUS DE GENTRIFICATION DE L’EST LONDONIEN ?

0.1 Contexte de recherche La ville contemporaine peut être étudiée suivant de nombreux angles. Depuis quelques années, les centres villes sont surpeuplés et la crise du logement fait rage dans les plus grandes métropoles européennes. L’architecture ne consiste plus à construire de nouveaux bâtiments ou à dessiner ex-nihilo une vision du futur. Le recyclage et la réhabilitation des bâtiments et du foncier sont les nouveaux défis des prochaines décennies. Dans mon mémoire, j’ai voulu étudier le phénomène d’architecture éphémère comme réponse à de nouveaux modes de construction urbaine basée sur une temporalité plus courte. L’éphémère est une architecture souvent plébiscité par le public et qui prend de l’ampleur. J’aime l’idée qu’une initiative expérimentale comme celle ci puisse devenir une réponse pertinente aux problèmes d’espace que rencontrent nos villes modernes. Le prix du foncier, la difficulté administrative, les contraintes logistiques et le marché de l’immobilier paralysent parfois des espaces vides au cœur des villes. Pour faciliter le renouveau de ces espaces, l’architecture éphémère peut être une solution intéressante. Elle plaît au grand public qui est friand de ce genre « d’exception » et elle est l’occasion d’expérimenter de nouvelles techniques de construction.

MEMOIRE BOXPARK

0.2 Objet de recherche

22

« Architecture éphémère », « Architecture temporaire » ou « pop up » sont aujourd’hui des mots sur lesquels il va falloir compter. Issue de notre société de consommation à grande vitesse pour qui la culture se consomme vite, l’architecture éphémère répond à l’envie d’avoir tout, tout de suite et maintenant. « La ville moderne, née au milieu du XIX siècle avec le chemin de fer et les grands magasins, a fait de l’accélération de la vitesse la preuve du progrès » nous dit le professeur et universitaire Thierry Paquot1. Entre deux projets immobiliers, des architectures éphémères se développent afin de répondre à une demande d’environnement urbain toujours plus agréable. Les citadins du XXI siècle ont une

1. Thierry Paquot, Essais sur le temps des villes, Cahiers libres, Paris, La Découverte, 2001, 192 pages


conscience urbaine et veulent des constructions originales pour effacer les traces d’un passé industriel démodé. Mais attention, les pop up ne sont pas qu’une solution alternative à la requalification. Les pop up sont également une alternative constructive à la gentrification des centres villes. En effet, on assiste aujourd’hui à de nombreuses formes de gentrification urbaine au cœur de nos métropoles. Ce phénomène est décrit comme un processus « par lequel des quartiers centraux, anciennement populaires, se voient transformés profondément par l’arrivée de nouveaux habitants appartenant aux classes moyennes et supérieures » d’après la définition de Yankel Fijalkow et Edamond Préteceille2. Le terme « gentrification » a été utilisé pour la première fois en 1963, dans une étude portant sur la ville de Londres. Le phénomène a pris de l’ampleur dans les années 1980-90 et reste aujourd’hui très présent. On remarque que les bâtiments gentrifiés sont souvent d’une forte valeur patrimoniale. Ils sont restaurés par les « gentrifieurs », appartenant à une nouvelle classe moyenne dotée en capital social et culturel. Pourtant, au milieu de cette renaissance architecturale d’un patrimoine déchu, la pression immobilière laisse des espaces vides d’une valeur foncière inestimable. Pour les faire revivre, et profiter ainsi de la nouvelle économie, l’architecture éphémère parait être une solution adaptée. Elle permet de réduire les coups de constructions et les loyers, dans des quartiers qui deviennent très vite hors de prix. L’ingéniosité architecturale, l’attrait pour l’éphémère et des prix très compétitifs font des pop up, un des moyens de construction majeur de nos centres villes.

2. Y. Fijalkow, E. Préteceille, « Gentrification : discours et politiques urbaines (France, Royaume-Uni, Canada) », Sociétés Contemporaines, n°63, 2006, p.5-13 3. Le concept de « classe créative » désigne une population urbaine, mobile, qualifiée et connectée. Il est développé par le sociologue américain Richard Florida qui explique sa vision dans un livre devenu un best-seller aux États-Unis, The Rise of the Creative Class (en) (2002). Cette classe se définit principalement par le Talent, la Technologie et la Tolérance.

Je me suis intéressée au sujet de l’éphémère après avoir visité la galerie commerciale BOXPARK à Londres. J’ai été attirée par les containers maritimes qui composent la structure du bâtiment. Son design hors du commun et ses façades entièrement en noir et blanc créés un contraste très fort avec la ville de brique qui l’entoure. Elle est formée de 61 containers, chacun transformé en un magasin. La particularité de cette structure est d’être temporaire. Elle est placée sur une ancienne friche industrielle depuis novembre 2011. Le site est entre l’arrêt de métro « Shoreditch » et Bethnal Green Road. C’est un quartier de Londres en pleine gentrification où la classe créative 3 aime se retrouver, notamment dans des endroits hors normes comme ce centre commercial en container. J’aime la relation de cause à effet qui existe entre l’atmosphère générée et cette architecture. Les personnes m’accompagnant lors de la visite se sont directement tournées vers moi – étudiante en architecture – pour me parler de structure, de recyclage et de l’avenir de la ville. J’aime aussi l’attention que ce type de projet apporte à la construction. La population peut ainsi prendre conscience que l’architecture n’est pas seulement un patrimoine bâti mais aussi un futur à construire. Je me suis alors demandée quelles ont été les étapes qui ont mené

MEMOIRE BOXPARK

0.3 Cas d’étude

23


0

Problématique

Quelle est la place de boxpark dans le processus de gentrification de l’est londonien ?

à une telle architecture dans ce quartier de l’une des métropoles les plus influentes de notre siècle, Londres.

0.4 Problématique & Hypothèses J’ai constaté que l’architecture éphémère venait souvent se glisser dans un tissu urbain en pleine gentrification. Le site est souvent problématique ou complètement inutilisé, dans un quartier où le foncier est sous pression. L’architecture éphémère apparaît comme une évolution de notre société moderne et de ces modes de construction urbaine. C’est pour cela que j’ai orienté mon étude vers la relation entre la gentrification de nos centres villes et le recours à une architecture éphémère. Je me suis alors interrogée : Quelle est la place de l’architecture éphémère dans le processus de gentrification des centres villes ? En quoi cette architecture est elle une illustration de notre nouvelle manière de construire la ville ?

MEMOIRE BOXPARK

Pour répondre, il faut d’abord s’interroger sur ce qu’est la gentrification. Il faut lui donner un sens et un contenu précis, aptes à guider la réflexion. Ensuite, il faut montrer de quelle manière ce phénomène a pu engendrer une architecture éphémère.

24

L’architecture éphémère est considérée dans ce travail comme une nouvelle manière de construire les centres villes dans une société en mutation. C’est une solution au prix excessif des loyers et un moyen d’exprimer la péremption rapide de nos modes de vie en constante évolution. Pour délimiter et restreindre le champ de cette recherche, énoncé de manière vaste ci-dessus, les réponses à la question générale sont recherchées dans le cadre de l’étude de cas choisi


qui est le bâtiment BOXPARK de Londres. Cette illustration est considérée comme un contexte particulier, permettant d’approcher un phénomène plus global. Si les résultats ne sont exploitables qu’à l’intérieur de ce cas précis, quelques pistes plus générales sont cependant esquissées dans la conclusion. Dans le cadre restreint de cette étude, la question de départ peut être reformulée de la manière suivante : Quelle est la place du BOXPARK de Londres dans le processus de gentrification du quartier de Shoreditch ? En quoi cette architecture est elle une illustration de notre nouvelle manière de construire dans une métropole comme Londres ?

MEMOIRE BOXPARK

L’hypothèse principale qui en découle est la suivante : l’architecture éphémère est une architecture qui allie les contraintes économiques et urbaines. Les espaces de relégations comme par exemple des anciennes friches industrielles ou des espaces publics pauvres gagnent de la valeur grâce à leurs emplacements centraux au cœur des métropoles. Ils créent un parc foncier attractif qui est soumis à des pressions financières. Cela va engendrer de nouvelles formes architecturales capables de profiter de la gentrification. C’est une nouvelle manière de construire la ville.

25





1. CONCEPTS


1

Concepts

Une nouvelle construction

des centres villes

CONCEPTS UNE NOUVELLE CONSTRUCTION DES CENTRES VILLES

1.1 Les nouveaux citadins

MEMOIRE BOXPARK

Dans notre monde moderne, la population mondiale vivant en ville ne cesse d’augmenter. Plus de la moitié de la population mondiale vit désormais en ville, ce qui représente 3,3 milliards d’hommes. « Légèrement inférieur à 30 % en 1950, le taux d’urbanisation franchit en 2007 la « barre » des 50 %. D’après les Nations unies, il devrait se situer au-dessus de 60 % en 2030 », nous explique une étude de l’Institut national d’études démographiques 4. Suivant l’explosion du taux d’urbanisation, les préoccupations du cadre de vie dans nos centres villes sont devenues une question centrale des débats sur la ville moderne. Les citadins du XXI siècle ont de plus en plus d’exigence. L’image triste de la vie en ville, en opposition à la vie à la campagne, est peu à peu gommée par un nouveau « lifestyle » citadin. La ville permet une proximité des services et une mobilité toujours plus rapide. Elle correspond à la génération 2.0 qui est toujours en quête de lien social. Les centres villes sont réinvestis au détriment des périphéries et des zones pavillonnaires. On voit tous types de profils sociaux professionnels s’installer en ville et développer, ou redévelopper, des quartiers entiers. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas une nouvelle tendance. C’est un processus en marche depuis les années 1950 qui s’intensifie aujourd’hui compte tenu de l’évolution démographique et économique de ces dernières années dans les pays occidentaux.

30

Les nouveaux citadins des villes vont cependant permettre une « régénération » des centres. Ils viennent s’implanter dans un tissu urbain déjà formé, datant parfois des villes médiévales et partiellement reconstruit au fil des années. Le patrimoine bâti est donc réinvesti et réhabilité suivant des préoccupations et des modes de vies modernes. « Les cœurs des villes sont aujourd’hui l’objet de dynamiques multiples et de réinvestissements importants tant de la part des acteurs politiques et économiques que des acteurs sociaux. La ville est désormais au cœur de l’économie mondiale. Loin d’avoir fait disparaître les effets de localisation, de développement des réseaux de communication

4. Population & Sociétés N°435, juin 2007 - Bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques, Directeur-Gérant : François Héron - Rédacteur en chef : Gilles Pinson.


5. Catherine BIDOU-ZACHARIASEN, Retours en ville, Paris, Descartes & Cie, 2003

a multiplié les espaces où circulent biens, personnes, services et capitaux. Tous les observateurs reconnaissent que cette évolution a profité d’abord aux grandes métropoles. Il semble que l’âge d’or des villes soit de retour » nous explique la sociologue française Catherine Bidou-Zachariasen 5. Beaucoup de quartiers des plus grandes métropoles Européennes changent de visages. On peut citer les exemples de Nothing Hills à Londres ou du Marais à Paris. Ces quartiers centraux de deux des plus grandes métropoles mondiales ont vu leurs populations et leurs esthétiques complètement bouleversées depuis les années 60. Le point commun entre tous ces quartiers est qu’ils ont subi un processus de « gentrification ».

1.2 Le phénomène de gentrification Le terme de « gentrification » est attribué à la sociologue marxiste anglaise Ruth Glass qui l’utilise pour la première fois en 1963 pour qualifier le changement d’occupation sociale de certains quartiers londoniens. C’est un processus qui voit des ménages de classes moyennes venir peupler d’anciens quartiers délaissés du centre de Londres, au lieu d’aller habiter en banlieues résidentielles comme il était coutume de le faire à l’époque pour ces couches sociales. La gentrification est donc une notion qui décrit à la fois une transformation de la composition sociale des habitants de certains quartiers de centres villes qui voit le remplacement de la classe populaire par la classe moyenne salariée, et un processus de réhabilitation, d’appropriation et de réinvestissement des logements par cette classe moyenne.

Quartier de Nothing Hill 1970 // 2010

MEMOIRE BOXPARK

Ces couches sociales impliquées dans le processus de gentrification sont appelées « Gentry » et traduit en français par « gentrifieurs ». A l’origine, le phénomène de gentrification était discret et impliquait une population particulière plutôt en marge. Les « bohèmes », les hippies, les artistes ou encore les gays étaient des populations en rupture avec les modes de vie dominants de l’époque. Ils souhaitaient se retrouver, se protéger, à l’intérieur de

31


1

Concepts

Une nouvelle construction

des centres villes

quartier. Pour cela, ils ont peu à peu investi des zones urbaines en centres villes totalement déconsidérées et dégradées, à l’image de leurs places dans la société. Le prix des loyers très bas a attiré ces populations à croire au renouveau de ces quartiers délaissés. Cela a permis notamment aux artistes d’avoir de grands ateliers en centres villes à prix réduit, aux gays de pouvoir se retrouver entre eux et d’être en sécurité ou encore aux jeunes familles d’avoir accès à la propriété plus rapidement. Certains quartiers gentrifiés étaient menacés par les politiques d’éradication des taudis. On peut citer le quartier du Marais à Paris, qui a finalement survécu et qui est aujourd’hui un des hauts lieux de la communauté gays en France. Toutefois, le phénomène de gentrification est beaucoup plus présent dans les villes anglo-saxonne. En Europe continentale, les couches sociales supérieures n’ont pas quitté les centres villes et donc aucune raison de les réinvestir, à quelques exceptions près. La gentrification n’est pas seulement un phénomène social et immobilier. Il implique avec lui une nouvelle économie notamment basée sur le prix du foncier.

MEMOIRE BOXPARK

1.3 Un bilan de la gentrification encore discuté

32

La gentrification est un phénomène qui ne fait pas l’unanimité. C’est une question qui fait plus que jamais débat au sein de la géographie et de la sociologie urbaine depuis une dizaine d’années, notamment en France. Les « pros » gentrification prônent les effets positifs de ces changements urbains, qui pour eux ne font que traduire les transformations de la structure sociale et favorisent le renouvellement urbain. Le regain d’intérêt que vivent les quartiers gentrifiés doit être vu, toujours selon les « pros » gentrification, comme une opportunité à saisir. Cela permet de stabiliser des quartiers en déclin et ainsi réinvestir un patrimoine architectural et urbain, d’augmenter les revenus fiscaux des gouvernements locaux, de redensifier et donc maîtriser l’étalement urbain, d’augmenter la mixité sociale et de revaloriser symboliquement et politiquement une ville. Certains géographes et sociologues, célèbres pour leurs travaux sur la gentrification, se sont prononcés en faveur de ce phénomène depuis quelques années. Par exemple, à la question « La gentrification participe-telle de façon positive au renouvellement urbain et à la valorisation patrimoniale ? », Guy Burgel 6 répond : « La réponse est oui. Plutôt qu’une perte patrimoniale irréversible, l’acceptation d’une gentrification mesurée peut être une solution. L’arrivée de populations plus riches dans un quartier dévalorisé engendre une rénovation du bâti par ses nouveaux habitants, qui ont un revenu assez élevé pour réhabiliter leur logement. Cela contribue à la sauvegarde du patrimoine ». La gentrification serait également le synonyme d’une nouvelle « mixité » sociale, fonctionnelle

6. G. BURGEL, 2010 « La gentrification, une solution pour le renouveau des quartiers anciens ? », Les Cahiers Espaces, Ville, urbanisme & tourisme, n° 104, p. 69‑73.


7. J. LÉVY, 2013, « À Paris, le niveau de mixité est de loin le plus élevé », Libération, 24 octobre. 8. C. Hamnett, 2008. « The regeneration game », The Guardian, 11 juin.

et d’usage. Cela permet une urbanité qui implique « toutes les composantes de la société urbaine » nous dit Jacques Lévy 7. Il nous dit également qu’il préfère « défaiseurs de ghetto » plutôt que « gentrificateurs » car « ces personnes qui auraient les moyens de loger ailleurs et qui décident de résider dans des quartiers où ils côtoient des habitants plus pauvres qu’eux, ont sauvé les villes européennes et nord-américaines de l’effondrement. Regarder ce qui se passe quand ils fuient, comme à Détroit... ou à Marseille. Si l’expression « gentrifieurs » est utilisée, c’est justement pour laisser penser que le ghetto, c’était mieux et qu’il ne faut surtout pas y toucher ».

Panneau de protestation place St Michel, Bordeaux.

MEMOIRE BOXPARK

Pour l’anglais Chris Hamnett qui s’est exprimé dans The Guardian en 2008 8, le choix entre effet positif ou négatif est une question de proportion. Il nous explique que « La question que doivent se poser ceux qui critiquent la gentrification est : que feraient-ils ? Préfèreraient-ils revenir en arrière, à l’abandon et au déclin urbain d’il y a quarante ans, ou accepteraient-ils de reconnaître que la gentrification peut avoir certains aspects positifs ? Préfèreraient-ils que les classes moyennes abandonnent les villes-centres et fuient vers les banlieues comme elles le firent dans les années 1970 et le font toujours aux États-Unis, ou qu’elles reviennent dans les villes-centres ? Vous ne pouvez pas gagner sur les deux tableaux ». Pour illustrer les propos de Chris Hamnet, je citerai en exemple le quartier d’Elisabethtown ( Erzsébetváros ) à Budapest. Il s’agit du 7 ème arrondissement de la ville, qui a vécu une gentrification massive depuis les changements politiques des années 1990 et notamment depuis les années 2000. Ce quartier de la ville est constitué de bâtiment néoclassique centenaire construits au début du XX siècle. Durant le régime socialiste, le centre ville de Budapest était occupé par des populations pauvres et marginales. Les « bonnes » familles communistes étaient logées dans les nouveaux immeubles d’habitations construit en périphéries de la ville et avaient accès au confort moderne. C’est donc par le phénomène de gentrification des quartiers du centre ville que ces immeubles peuvent retrouver aujourd’hui leurs splendeurs d’antan. Ce sont de vieux immeubles marqués

33


1

Concepts

Une nouvelle construction

des centres villes

Quartier d’Elisabethtown, Budapest

MEMOIRE BOXPARK

physiquement par les révolutions et les guerres successives qu’a connues la ville durant plus d’un siècle. Le ravalement de ces façades en pierre et de leurs modernisations coûtent très chers. Les artistes hongrois, les étudiants et la communauté juive ont réinvesti le quartier. Ils lui ont donné une seconde vie et le quartier d’Elisabethtown a été entièrement réhabilité. C’est aujourd’hui le haut lieu de la vie nocturne Budapestoise et le quartier le plus touristique de la ville.

34

Toutefois, la gentrification est souvent décrite comme un phénomène négatif qui détruit la mixité sociale au sein des centres villes. Elle accentue la ségrégation urbaine et ne permet pas aux populations les plus pauvres de se maintenir dans leurs quartiers d’origine face à l’arrivée d’une population moyenne salariée. Ils sont forcés de partir ailleurs, dans d’autres quartiers qui subiront parfois à leurs tours les effets négatifs et le repoussoir social de la gentrification. Il existe une contradiction notable entre les idéaux de liberté, de conforts urbains et de mixité prônés par les gentrifieurs et leurs actes. C’est le résultat du phénomène de «Rent Gap » décrit par Neil Smith dans son article « Gentrification and the Rent Gap » 9. La « Rent Gap » ou « le différentiel de loyer» est la différence entre la valeur actuelle d’un bien immobilier et son prix possible de revente qui, d’après lui, est le facteur explicatif de la gentrification. Il nous montre que la gentrification n’est pas un phénomène qui implique uniquement un changement social. C’est aussi un changement physique du stock foncier d’un quartier et un changement économique dans le marché foncier. La combinaison « sociale, physique et économique » permet de repérer le processus de gentrification d’un quartier. Pour Smith, les gentrifieurs seraient intéressés par les valeurs foncières les plus faibles qui ont un potentiel de valorisation élevé. La motivation des classes moyennes à l’origine d’un investissement dans la revalorisation d’un quartier serait le profit. La possibilité d’une plus-value intéressante expliquent le retour des capitaux


vers les centres villes. Il distingue ainsi un schéma en trois étapes dans le déroulement chronologique de l’occupation des quartiers gentrifiés : il y a les pionniers (gentrification sporadique), des suiveurs (gentrification consolidée) et des supers gentrifieurs (gentrification généralisée). L’installation en profondeur d’une classe moyenne salariée va engendrer une augmentation des loyers. Cela aura pour effet de mettre à la porte les populations les plus modestes du quartier d’origine et la mixité sociale va peu à peu se réduire.

1.4 L’architecture éphémère comme solution

10. Anne-Marie Lacoq : Historienne des idées, spécialiste de l’imaginaire constitué autour de la figure et de l’action des rois et des artistes, et des théories de l’art, de la Renaissance au XVIIIe siècle. Ingénieur de recherche au Collège de France dans le cadre de la chaire d’histoire de l’art médiéval et moderne du professeur Roland Recht (en 2010).

L’architecture éphémère est un procédé expérimental qui depuis peu a vocation à être une typologie reconnue et utilisée afin de répondre aux problèmes urbains. Les premières réalisations éphémères montrent toutefois une certaine revendication sociale toujours suivie aujourd’hui. On peut citer l’exemple des « Shabbyshabby apartements » réalisés en Septembre 2015 à Munich.

MEMOIRE BOXPARK

9. N. SMITH, Gentrification and the Rent Gap in Annals of the Association of American Geographers, Londres, 1987

On peut voir la gentrification selon deux thèses opposées. L’une apprécie le phénomène alors que l’autre nous met en garde contre ces dérives. Mais n’est-il pas possible de voir la gentrification comme un moyen de créer de nouvelles formes urbaines inédites? En effet, les contraintes que propose un quartier en pleine gentrification peuvent être prises en compte dans la construction de nouvelles architectures qui pourront désamorcer la pression foncière. En effet, la location ou le prêt d’un terrain inutilisé afin d’y installer une architecture éphémère est une solution au prix du terrain. Cela permet de créer un bâtiment moins cher et de ce fait, des loyers abordables. Que ce soit pour le logement, le commerce ou l’espace public, le recours à l’éphémère est une astuce de plus en plus utilisée. L’architecture éphémère est une nouvelle tendance urbaine qui prend souvent ses racines au milieu de ces quartiers créatifs en pleine gentrification. Poussés par la création et l’amélioration du cadre de vie, les espaces vides et le foncier inutilisé sont le terrain de jeux d’une nouvelle forme urbaine : l’éphémère. L’architecture éphémère est par définition une architecture qui n’est pas pérenne. C’est à dire qu’elle n’a pas vocation à durer dans le temps. Elle est conçue pour avoir une durée de vie ou d’installation limitée. Elle peut aussi être appelée architecture temporaire. En effet, en anglais l’architecture éphémère se fait appeler « temporary architecture », mais le français possède plus de subtilité. Désigner cette architecture d’éphémère ou de temporaire est dans les deux cas possible. La chercheuse Anne-Marie Lacoq 10 qualifie ainsi très bien les caractéristiques auxquelles ces appellations font référence en nous disant que « Le premier (architecture temporaire) est l’absence d’impératifs de solidité, d’où le choix de matériaux périssables et de techniques de constructions propres. Le second serait paradoxalement l’opposition au provisoire : l’architecture éphémère n’est pas un pis-aller en attendant autre chose, c’est une structure qui existe pour elle-même, le temps que quelque chose se passe ».

35


1

Concepts

Une nouvelle construction

des centres villes

Shabbyshabby Hotel, Munich

MEMOIRE BOXPARK

La ville est connue à l’international pour son célèbre Oktoberfest, mais c’est aussi l’une des villes les plus chères d’Europe et la ville qui possède les loyers les plus élevés d’Allemagne. Le prix au mètre carré est de 15 € pour une location et 5 000 € pour une vente. Les associations ont récemment entrepris des discussions autour de la sensibilisation autour de l’accès au logement. Ils se demandent ce qu’ils doivent faire des espaces abandonnés en plein centre ville, de la spéculation immobilière ou encore du manque de construction de logements sociaux. L’organisme culturel The theater Münchner Kammerspiele et son nouveau directeur Matthias Lilienthal ont décidé d’inviter le collectif d’architecture Berlinois Raumlaborberlin, associé à plus de 120 jeunes designers, pour concevoir des architectures éphémères. Il s’agissait de dessiner de petites maisons d’habitations temporaires, innovantes et peu coûteuses (250 € par maison). Le projet était présent partout à travers la ville durant plus d’un mois. Cela représentait 23 maisons placées dans l’espaces public. Elles ont pu être loué pour 35 € la nuit. Ces installations ne fournissent pas une réponse à long terme au problème du logement, mais elles ont permis de sensibiliser la population à ces questions. « Shabby » signifie « minable » en anglais et fait référence à l’image négative qu’on se fait d’un logement abordable. C’est une excuse souvent utilisée par les promoteurs pour investir en centre ville et ainsi contribuer à la gentrification des quartiers.

36

L’architecture éphémère est utilisée pour sensibiliser et traiter les problèmes de gentrification de l’urbanisme des centres villes. On peut penser qu’après avoir alerté la population mais aussi les autorités sur les problèmes de la gentrification, l’architecture éphémère souhaite renverser les effets d’un cercle vicieux. C’est celui de voir, après chaque processus de gentrification, un appauvrissement de la mixité du à une mauvaise gestion d’un foncier devenu or.


MEMOIRE BOXPARK





2. ETUDE DE CAS


2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

ETUDE DE CAS BOXPARK EST UNE ARCHITECTURE DE LA GENTRIFICATION

MEMOIRE BOXPARK

2.1 Un concept qui correspond à une architecture

42

J’ai choisi d’illustrer mon mémoire et d’éclairer la question d’un bâtiment éphémère comme solution à la gentrification par le prisme du bâtiment BOXPARK de Londres. C’est un nouveau concept de centre commercial révolutionnaire conçu pour être à petite échelle. Le bâtiment est formé de 61 containers maritimes recyclés, chacun transformé en un magasin. Chaque commerce représente des unités flexibles appelées « Boxshops ». Elles sont louées individuellement aux commerçants grâce à des baux de six mois à un an renouvelables. Le centre commercial est placé entre l’arrêt de métro « Shoreditch » et Bethnal Green Road. C’est un quartier de Londres en pleine gentrification où la classe créative aime se retrouver, notamment dans des endroits hors normes comme ce centre commercial en container. BOXPARK a été spécifiquement conçu comme un moyen temporaire d’utiliser des « friches industrielles » ou des sites sous-utilisés en attente de réaménagement. C’est une solution à court et moyen terme pour offrir à la population locale un meilleur environnement et attirer par la suite de futurs investisseurs dans le quartier. Le bâtiment a été dessiné par l’agence londonienne Waugh Thistleton Architects qui met en avant son goût pour une architecture originale, mêlée aux principes écologiques du XXI siècle. Ils ont apprécié travailler avec des containers, qui est un mode constructif cité comme un moyen écologique de créer une structure mobile. C’est un critère très discuté dans le milieu de la construction. En effet, l’isolation des boxs et leurs réhabilitations demandent parfois beaucoup d’ingéniosité et un coût important. Dans le cas de BOXPARK, on peut considérer que le recyclage des boxs a été optimisé car il s’agit de compartiments individuels qui n’ont pas besoin d’être raccordés les uns avec les autres. De plus, les locaux commerciaux demandent moins de contraintes thermiques qu’une habitation lambda. BOXPARK est principalement destiné à l’industrie de la mode et aux designers. On peut aussi trouver un petit nombre de Boxshops d’associations et de la restauration / cafés. La disposition des unités est conçue pour créer une grande terrasse à l’étage parallèle à Bethnal Green Road. C’est là qu’on trouve


principalement les cafés et la restauration. On y accède par des escaliers situés à l’extérieur. Au niveau de la rue, les unités de boutique sont alignées face à la rue. Le dos du bâtiment est collé à l’arrêt de métro « Shoreditch ».

La signalétique visible depuis la station de métro

MEMOIRE BOXPARK

Je me suis promenée dans Boxpark et j’ai tout de suite apprécié l’endroit. C’est un bâtiment qui n’en est pas réellement un. C’est comme un prolongement de la rue où le temps ralentit et où on peut flâner. L’étage est surtout composé de terrasses ouvertes où on peut s’asseoir pour déguster un plat acheté dans un des restaurants. On peut aussi s’asseoir sur les bancs comme si c’était un espace public sans obligation de consommation. Le long des containers peints en noir, on trouve des tableaux de street artists et des panneaux signalétiques qui expliquent le fonctionnement de BOXPARK. On est invité à partager notre expérience sur les réseaux sociaux comme Instagram (site de partage de photos) ou Twitter. BOXPARK organise aussi des soirées à thèmes souvent autour de la musique avec des open mic (tout le monde peu venir chanter) et des performances de musiciens reconnus. On n’a pas complètement quitté la rue mais on profite d’une atmosphère de village. L’accent est mis sur la particularité du lieu et son côté éphémère afin d’attirer les consommateurs avec ce côté exceptionnel. L’architecture prend sa force dans un concept qui peut se résumer à un container pour un magasin mais c’est aussi un espace public. Ce n’est pas public au sens stricte du terme car le site est privé et le bâtiment appartient à l’agence immobilière Hammerson qui a financé le projet. C’est un espace public car la population du quartier ou les touristes de passage flânent dans le bâtiment ouvert sur la rue. La population peut ainsi s’approprier le site qui était encore en friche il y a quelques années. La nouvelle station de métro Shoreditch ouverte en 2010 est associée au projet. On peut voir une signalétique et des affiches directement dans la station, qui invitent les voyageurs à visiter BOXPARK.

43


MEMOIRE BOXPARK

2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

LOCALISATION : BISHOPSGATE GOODYARD


MEMOIRE BOXPARK


plans E

2

tude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

RDCH bethnal green rd

01 02 03

04

05

06

07

08

09

10

11

12

13

14

15

R+1

MEMOIRE BOXPARK

bethnal green rd

42 37

46

38 43

47

37 44

48

38 45

49

16

17


37 38 19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

30

31

32

33

34

35 36

39 40 41

50

54

58

38

55

59

52

56

60

53

57

61

MEMOIRE BOXPARK

18


2

dimensions E des box

tude de cas

40’ hi-cube steel dry cargo container extérieur longueur largeur 40’0’’ 8’0’’ 12,19 m 2,438 m

hauteur 9’6’’ 2,896 m

intérieur longueur 39’545 / 64 ‘’ 12,032 m

hauteur 8’915 / 16’’ 2,69 m

unité simple restauration

unité double

MEMOIRE BOXPARK

boxpark est une architecture issue de la gentrification

largeur 7’819 / 32 ‘’ 2,352 m


unité simple Fashion

double unité

MEMOIRE BOXPARK

triple untié


2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

Incendie dela gare Bishopsgate, 1964

BOXPARK est placé sur une ancienne friche industrielle abandonnée depuis l’année 1964 appelée Bishopsgate Goodyard. En 1836, la municipalité de Londres accepte la construction d’une nouvelle gare à Shoreditch par la compagnie privée Eastern Counties Railway. La gare est alors nommée Bishopsgate Station. Elle ouvre en 1840 au croisement entre Shoreditch street et Bethnal Green Road. C’est d’abord une gare de voyageurs entre les années 1840 et 1875, puis un terminal de fret qui sera détruit par un incendie en 1964. Le site est resté à l’abandon pendant plus de quarante ans. Après une longue période de planification urbaine, l’ensemble du site a été démoli en 2003-2004, à l’exception d’un certain nombre de structures classées monuments historiques. Le « Viaduc Braithwaite » a été sauvegardé car c’est une des structures de chemin de fer les plus anciennes du monde et la deuxième plus ancienne de Londres. Il a été dessiné par l’ingénieur anglais John Braithwaitz (1797-1870) en 1829. Seulement 260 mètres de la construction originale ont survécu. La démolition de l’ancienne gare Bishopsgate fait place en 2010 à la nouvelle station de métro Shoreditch High Street en remplacement de la station de métro Shoreditch à l’Est qui avait fermé en Juin 2006.

MEMOIRE BOXPARK

2.2 Un quartier en pleine gentrification : Shoreditch

50

Le bâtiment de BOXPARK est au cœur du quartier de Shoreditch situé à l’est de Londres, coincé entre la City et le Parc Olympique. C’est une partie de la ville bien connue par le passé pour sa pauvreté, la présence de junkies et la prostitution. C’était un quartier ouvrier délabré en marge du cœur de ville. Il est toujours constitué d’entrepôts industriels et de bâtiments de style victorien en briques rouges, qui contrastent avec la ville de verre du centre de Londres. Les industries de l’imprimerie, de l’ingénierie, des meubles et du textile maintiennent une présence mais depuis les années 1990 ils ne sont plus seuls. Il y a vingt ans c’était un No Man’s Land’s, un quartier de « zonards»,


11. Banksy est un street artiste Anglais de Bristol. Il est connu pour vendre des peintures dans des galeries autant que pour ces ouvres dans la rue. Son art est souvent subversif. C’est une critique de la société consumériste et inégalitaire. 12. Discours de David Cameron de Novembre 2010 sur le futur de la technologie britannique à la Oldtruman Brewery de Brick Lane à Londres.

mais aujourd’hui Shoreditch est devenu populaire. Le quartier est en voie de gentrification. La classe créative a investi les lieux, poussée par les loyers hors de prix du centre ville de Londres. Les galeristes ont investi les anciennes usines de briques pour y ouvrir des expositions, suivis des designers et toute une culture « hype» autour d’un microcosme alternatif. Les réhabilitations d’usines et d’entrepôts sont nombreuses. C’est un quartier qui échappe encore au grand luxe où les façades abîmées et le streeet art sont appréciés. L’art est tellement présent qu’on se sent comme dans une galerie à ciel ouvert. C’est une illustration de l’idée que l’art a pu sauver une banlieue pauvre avec ses messages d’espoir. Les plus grands noms du street art comme l’anglais Banksy11sont présents sur les façades. Les boutiques alternatives sont majoritaires et on trouve peu de grandes enseignes. On compte plus de 2000 start up installées dans le quartier. Le premier Ministre David Cameron12 rend populaire l’appellation de « Silicon Roundabout », en référence aux nombreuses compagnies de webtechnologies installées autour du rond point de Old Street. On peut aussi associer Shoreditch au 11ème arrondissement de Paris. C’est l’endroit où les gens sortent le soir; on y trouve les salles de spectacle les plus populaires. Il y a encore une forte mixité sociale dans ce quartier gentrifié qui garde un esprit de village au cœur de Londres.

Une oeuvre de brandalisme de l’artiste Banksy, Londres

MEMOIRE BOXPARK

Malgré l’esprit du « mieux vivre ensemble » prôné par les gentrifieurs, les effets négatifs de la gentrification commencent à se faire ressentir. Les prix sont de plus en plus chers et les promoteurs immobiliers affluent tous les jours pour trouver des propriétés ou des terrains à construire. Le 26 septembre 2015, le parti politique « Class War » ou « lutte des classes » est à l’origine d’une manifestation violente. Un groupe a attaqué une agence

51


2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

MEMOIRE BOXPARK

« Fuck Parade » à Shoreditch, 2015

52

immobilière et le Cereal Killer Cafe. C’est pour ses bols de céréales à 5 £ que le café le plus célèbre de l’avenue Brick Lane est vu comme le symbole de la « bobo-isation »13. Les membres du parti entendent combattre les organisations politiques et mettre en avant les désaccords entre riches et pauvres. Ils réclament notamment des loyers abordables et tiennent pour responsable la classe créative qui est venue réhabiliter le quartier. Adam Clifford, leader du parti, déclare à propos de l’incident que les attaques ne sont pas uniquement dirigées contre les hipsters, et la lecture de l’appel au rassemblement pour la « Fuck parade» a des accents xénophobes plus étendus : « Notre communauté est mise en pièces – par des oligarques russes, des cheikhs saoudiens, des ordures de promoteurs immobiliers israéliens, des abrutis de Texans qui ont fait fortune dans le pétrole et nos propres aristos sortis de l’école d’Eton. Les autorités locales se font du fric dans une course à l’argent en « régénérant » les logements sociaux. Nous ne voulons pas d’appartements de luxe que personne ne peut s’offrir, nous voulons des logements vraiment abordables. Nous ne voulons pas de nouveaux bars servant du gin ou des petits pains briochés – nous voulons une communauté »14. Ces arguments font échos aux propos du géographe français Matthieu Giroud15 qui explique que « La violence sociale et symbolique créée par la proximité spatiale avec les classes plus aisées, le sentiment de se faire déposséder de son quartier, de perdre ses repères, de devenir invisible dans l’espace public engendrent souvent mal être, frustration et rejet, ce qui se traduit selon les individus par du repli sur soi ou par des pratiques d’évitement, de l’indifférence, des affrontements ou des confrontations ». C’est sûrement ce qui se passe aujourd’hui à Shoreditch. Le quartier est en pleine mutation architecturale sur un fond de tension politique.

13. Bobo, contraction de bourgeois-bohème, traduction de l’anglais Bourgeois Bohemian. C’est un terme crée par le journaliste américain David BROOKS du New York Times, dans son livre Bobos in Paradise : The New Upper Class and How They Got There (2000). L’auteur parle de la transformation des yuppies dans les années 80. Au sujet du livre de Brooks, Le Monde décrivait les bobos comme « des jeunes gens aisés, bien éduqués, qui se plaisent davantage à soigner leur corps et aimer leur prochain qu’à encaisser des dollars à Wall Street ou Palo Alto. Qui ne dédaignent pas de manger des pommes de terre, surtout si elles sont biologiques. Qui préfèrent dormir dans des logements provisoires que dans un appartement luxueux bien à eux, sur la Cinquième Avenue de New York ». 14. A. GILLAN, « The hipster Cereal Killer Cafe owners aren’t the East End’s real enemy », Libération, 27 septembre 2015 15. M. GIROUD, « Mixité, contrôle sociale et gentrification » La Vie des Idées, 3 Novembre 2015


2.3 Bishopsgate Station : la reconversion Le site d’implantation choisit par Boxpark est en plein réaménagement urbain. Cela facilite l’implantation d’une architecture éphémère qui vient habiter le site durant la planification urbaine. Le programme de la parcelle foncière libérée n’est pas encore complètement défini, mais les années nécessaires à la réflexion peuvent permettre à des microstructures de s’implanter temporairement dans la vie du quartier. C’est un moyen de dynamiser et d’améliorer le cadre urbain de Shoreditch qui continue à vivre. La gentrification et l’utilisation temporaire du site par l’architecture éphémère de BOXPARK ont façonné son programme. Bordé au Sud-Ouest par la City de Londres, au Nord par des quartiers gentrifiés (Hoxton), et à l’Est par des quartiers partiellement gentrifiés (Shoreditch), l’environnement du Bishopsgate Goodyard s’inscrit dans un espace urbain transitionnel à plusieurs égards.

16. Le London County Council, LCC, correspond au « Conseil du Compté de Londres ». C’était le corps gouvernemental local du comté de Londres. Il a existé entre les année 1889 à 1965 avant d’être remplacé par le Greater London Council. 17. Les dents creuses sont des zones non bâties entouré de parcelles construites. Cela peut être le résultat d’une zone agricole ou dans le cas de Londres d’un bombardement durant la guerre.

D’un point de vue morphologique, le quartier du Bishopgate Goodyard se caractérise par une juxtaposition d’usages, de volumes urbains et d’architectures. Sur la gare de Liverpool Street, on trouve le complexe de bureaux de Boadgate qui s’est étendu vers le nord en 2008 avec la construction de la Boadgate Tower. C’est une tour en métal et verre du cabinet d’architectes américain KDF. La City a aussi gagné par le Sud avec la construction d’un complexe de Bureaux conçu par le «Starchitecte » anglais Norman Foster. Ce sont des volumes de 50 à 170 m de haut en verre et acier signés par les grands noms de la scène architecturale globalisée qui marquent l’avancée de la City. A l’inverse, au Nord et à l’Est, on trouve une architecture de faubourg, résidentielle, artisanale et industrielle, qui s’est construite sur de petites parcelles. Les logements sociaux construits par le LCC (London County Council)16 au début du XX siècle (Boundary Estate par exemple) occupent des espaces interstitiels. Les dents creuses17 laissées par les bombardements de la seconde guerre mondiale ont été réutilisées pour construire les logements sociaux modernistes. Et depuis une vingtaine d’années les artistes, designers, architectes et entrepreneurs des secteurs financiers réhabilitent les anciennes fabriques, en lofts, studios et espaces d’expositions qui commencent à être majoritaires et représentatifs du quartier de Shoreditch.

Enfin, dans une perspective temporelle, le site est un lieu

MEMOIRE BOXPARK

D’un point de vue spatio-fonctionnel, ce terrain peu utilisé est convoité par les agences immobilières de la City car il est proche du cœur financier de la City située plus au Sud. Au Nord, on trouve des espaces mixtes : résidentiels, récréatifs, artistiques et commerciaux des gentrifieurs et des professions intellectuelles. A l’Est, résident et travaillent les communautés issues de l’immigration. Toutes ces populations ont un intérêt pour le site et souhaitent influencer sur son futur programme afin d’en tirer un profit communautaire.

53


2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

MEMOIRE BOXPARK

privilégié d’installation des vagues d’immigrations successives en provenance de l’étranger. Les juifs d’Europe de l’Est, suivis des bengalis, et plus récemment, polonais, lituaniens et brésiliens occupent les lieux. La classe populaire et ouvrière blanche se déplace vers l’est depuis les années 1920. Shoreditch compte encore parmi les municipalités dans lesquelles les conditions de vie sont les plus difficiles au Royaume-Uni. Chômage élevé, faibles revenus, insalubrité et accès difficile au logement et à l’enseignement supérieur sont encore présents, malgré la richesse produite à proximité dans la City et la gentrification en cours.

54

La perspective spatio-temporelle, morphologique et temporelle du site de Bishopsgate Goodyard en fait un point stratégique de la future urbanisation de Londres. Le London Plan18 est aujourd’hui l’outil d’aménagement stratégique du Grand Londres. Il fait la promotion d’un développement urbain compact favorisant la densification autour des nœuds de transport en commun. Le London Plan définit des zones d’opportunité (opportunity areas) à densifier en priorité en fonction de leurs développements économiques et de leurs accès par les réseaux de transports. Les environs de Bishopsgate et Bethnal Green Road font partie des zones d’opportunités grâce à l’ouverture de la nouvelle station de métro de Shoreditch sur le site. « Dans ce contexte d’intensification urbaine, l’urbanisme vertical devient souvent la matérialisation en 3D du London Plan. Vecteurs de

18. GLA, 2004, The London Plan : Il s’agit de la stratégie de développement urbain du Grand Londres publié par la Greater London Authority. 19. M. APPERT, 2008, « Ville globale versus ville patrimoniale ? Des tensions entre libéralisation de la skyline de Londres et préservation des monuments et vues historiques », Revue de Géographie de l’Est, vol. 48, n°1-2


densification, elles sont aussi lues dans la Skyline, des marqueurs de régénération urbaine et de dynamisme économique à l’échelle métropolitaine » nous dit Appert19 en 2008. Cependant, seul l’extrémité Sud-Ouest du Bishopsgate Goodyard est susceptible d’accueillir des tours. En effet, la politique de préservation du patrimoine impose des couloirs de vues protégées. Le Bishopsgate Goodyard est concerné par la zone de protection d’arrière plan de la Cathédrale Saint Paul, un des monuments majeurs de Londres. Le site de BOXPARK est donc un point stratégique de la future urbanisation de Shoreditch.

2.4 Conflits et résistance

Un projet d’aménagement du site a été proposé, suivant le cadre stratégique mis en place par la Greater London Authority en 2004. Ce sont les promoteurs immobiliers Hammerson et Ballymore qui en sont à la tête. Ils ont prévu un projet à grande échelle qui viendrait s’inscrire dans une architecture et un programme tourné vers la City. Le programme a été directement contesté et les agences d’architectures PLP architects et Buckley Grey Yeoman ont dû revoir à la baisse la hauteur des nombreuses tours qu’ils avaient dessinées. Le dernier plan, présenté en juin 2015 devant les pouvoirs publics, prévoit 1 356 appartements, 65 000 m2 de bureaux et plus de 17 000 m2 de commerces ; 2 tours de 46 et 38 étages et 5 autres tours comprises entre 17 et 30 étages de hauteur. Ce projet a été très mal accueilli par la population locale qui s’est très vite organisée pour contrer la réalisation du projet. De nombreux collectifs ont vu le jour afin de défendre les intérêts des communautés de Shoreditch. Les gentrifieurs sont en tête de liste des actions mais la communauté bengali est aussi

MEMOIRE BOXPARK

La gentrification du quartier Shoreditch lui a donné une plus-value intéressante qui attire l’attention des aménageurs urbains. Sa localisation proche de la City et son image devenue moins controversée en font un site parfait pour accueillir un agrandissement du quartier d’affaire britannique. On arrive ici dans la dernière phase de la gentrification qui voit des quartiers « bobo » devenir très chics. Les petits designers se feront doucement remplacer par les grandes enseignes et l’industrie du luxe. Shoreditch Street pourrait devenir l’avenue Montaigne de Londres d’ici quelques années. Le London Plan qualifie le site de Bishopsgate Goodyard de City Fringes (GLA, 2004, London plan). Cela veut dire que deux fonctions majeures sont attribuées au site. Tout d’abord, c’est d’offrir une réserve foncière pour la construction de plateaux de bureaux ou de tours, dans le cas où la City aurait le besoin de s’agrandir. Deuxièmement, c’est d’inciter la création de services complémentaires (nettoyage, édition, etc…). Pour compléter ces programmes, il est également prévu que le site accueille des logements et des commerces, mais le public visé par ces investissements n’est pas précisé. C’est cela qui va être à la base d’un conflit majeur entre les différents acteurs du site : pouvoirs publics, gentrifieurs, habitants et promoteurs immobiliers.

55


2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

Proposition de projet pour le Bishopsgate Goodyard

MEMOIRE BOXPARK

très représentée. En effet, les gentrifieurs essayent de défendre un esprit de village qu’ils ont créé dans le quartier. C’est aujourd’hui une marque de fabrique de Shoreditch et c’est pourquoi des projets comme BOXPARK peuvent voir le jour et avoir le succès qu’on lui connaît. C’est une atmosphère de petites entreprises, de designers et de technologie I-tech. Une génération connectée qui souhaite réussir par les nouveaux moyens du XXI siècle. Ils sont de fait alternatifs au mode de pensée de la City. La communauté bengali défend un autre point de vue. Ils sont scandalisés par le manque de logements sociaux proposés par le projet. Seulement 10 % des logements sont prévus comme « abordables ». Le reste des propriétés seront luxueuses et réservées à une élite. C’est une population qui n’est pas encore représentative du quartier et très minoritaire voir inexistante. La volonté du projet immobilier marquerait la fin de la gentrification et le passage du quartier de Shoreditch de la classe populaire à la classe supérieure.

56

Le projet d’aménagement du Bishopsgate Goodyard résulte au départ de la dépossession territoriale volontaire des municipalités de Hackney et Tower Hamlet qui ont décidé de vendre le terrain aux promoteurs immobiliers Hammerson et Ballymore en 2002 en échange de 60 millions d’euros et la promesse de voir réalisé 50 % de logements « abordables». Le terrain était revenu aux municipalités au moment de la dissolution de la société privé Railtrack en 2002. C’est un aveu d’impuissance pour les collectivités locales qui sont incapables d’être actives dans le réaménagement urbain. C’est une logique


de marchandisation (commodication en anglais) des terrains de la ville de Londres. L’immobilier et les industries britanniques ont été privatisés depuis les années 1979 du fait de la politique néo-libérale du premier ministre Margaret Thatcher. Les terrains constructibles représentent beaucoup de capitaux pour les entreprises de l’immobilier qui y voient un profit considérable.

MEMOIRE BOXPARK

Les municipalités ont décidé de déléguer au secteur privé la maîtrise d’ouvrage. Après plusieurs propositions de projet de la part des investisseurs Hammerson et Ballymore, les deux municipalités n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour autoriser un permis de construire au vue des programmes présentés. Ils ne sont pas convaincus de l’intérêt de la proposition architecturale pour les communautés vivant à Shoreditch. De plus, les gentrifieurs se sont organisés en association et font pression sur les maires des quartiers afin qu’ils aient une politique en accord avec les gentrifieurs. Chacun semble se satisfaire de la situation actuelle de mélange de communauté et de mixité sociale. L’idée d’être balayée par la classe supérieure et de voir les populations populaires et créatives partir n’est pas envisageable. Cela peut paraître évident pour les communautés populaires et notamment la communauté bengali qui s’est appropriée un quartier qu’elle n’avait pas choisi d’investir. Mais cela est paradoxal venant des gentrifieurs. Cela remet en cause la théorie anti-gentrification qui veut que les gentrifieurs soient avides de profit et intègrent un quartier délabré dans l’idée d’apporter une plus-value financière à l’immobilier. Les gentrifieurs seraient ils finalement ouverts à la mixité sociale ? Voudraient ils garder l’esprit de village qu’ils ont créé et passer outre un système mondialisé de grandes enseignes et de suprématie de l’économie mondiale représenté par la City ? Oui ! Je pense que le cercle vicieux de la gentrification qui fait passer un quartier populaire comme Shoreditch au luxe le plus extrême n’est pas une volonté des gentrifieurs. Ils sont uniquement le maillon d’un système qui leur

Proposition de projet pour le Bishopsgate Goodyard


2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

Proposition de projet pour le Bishopsgate Goodyard

échappe. Je pense que la gentrification est un processus louable qui a vocation à créer une économie locale et mixte au cœur des villes et de la population. C’est un processus qui est apparu de manière autonome et qui a pris par surprise l’économie des villes dans les années 1990. Les pressions financières du foncier ont perverti ce système. Les politiques se sont réappropriés le processus car ils y ont vu un moyen de récupérer un électorat aux capitaux plus forts. Les politiques sont à la tête de cette pression financière aidés par les capitaux détenus par les promoteurs immobiliers de luxe de la capitale Britannique et leurs acheteurs très riches qui appartiennent à cette nouvelle classe mondialisée. Les désaccords entre les municipalités de Hackney et de Tower Hamlet ont conduit le maire travailliste de Londres Boris Johnson à faire appel à une mesure spéciale. Le projet initialement prévu n’a pas convaincu la population, les associations des habitants et les gentrifieurs organisés en associations. Ils ont fait pression sur les politiques du quartier de Shoreditch et fait durer en longueur les négociations. De ce fait, comme la décision de valider le projet ou non a pris plus de seize semaines, le maire de Londres a décidé de reprendre les négociations et de devenir le seul et unique décisionnaire de l’avenir de Bishopsgate Goodyard.

MEMOIRE BOXPARK

2.5 Une opportunité pour BOXPARK de faire la différence

58

Depuis les années 1960, les discours politiques sur la communauté sont très importants à Londres. Contrairement à la France, qui réfute le communautarisme, le Royaume-Uni en a fait un sujet électoral majeur. En 1970, le gouvernement crée les Community Development Projects, puis en 1990 les Challenge Funds Programmes. Ces politiques font des communautés sociales et ethniques des acteurs des négociations sur le renouvellement urbain voulu par le gouvernement. En 1997, le New Labour, parti travailliste, arrive au pouvoir avec comme premier ministre


21. R. IMRE & M. RACO, 2008, Urban Renaissance ? New Labour, community and urban policy, Bristol : The Policy Press. 22. C. COLOMB, 2006, « Le new labour et le discours de la « Renaissance urbaine » au Royaume-Uni. Vers une revitalisation durable ou une gentrification accélérée des centres », Sociétés Contemporaines, n° 63, pp. 15–37.

Tony Blaire et ré-insiste sur l’importance de l’implication et le développement des communautés dans l’investissement urbain. Ils affirment que les politiques précédentes menées par les conservateurs sont responsables de l’augmentation des inégalités sociales et urbaines. Les stratégies du gouvernement britannique ont été écrites dans l’Urban White Paper20 qui affirme que les communautés doivent « être totalement associées aux processus d’aménagement dès le début...et chacun doit être sollicité » ou en anglais « If places are for people, then people must help make the places » (DETR, 2000a, p.2). Les auteurs anglais Imrie et Raco21 ont analysé la régénération urbaine mené par le gouvernement dans les années 2000 et ils nous disent qu’ «une telle implication est envisagée comme un nouveau mode de gouvernance dans lequel les communautés prennent également une part active à la définition des actions politiques ». L’évolution des jeux d’acteurs depuis que le parti travailliste est au pouvoir mènent ils pour autant à un rééquilibrage des prises de décisions? Le cadre politique défini par le parti travailliste en 2000 semble remettre au centre des négociations les intérêts locaux et les communautés sur place. C’est ce qu’on appelle l’empowerment ou la « responsabilité citoyenne »22 qui met en valeur la « troisième voie» pour les questions de fabrique urbaine. Pourtant, les initiatives de requalification des interstices urbaines londoniennes restent aujourd’hui aux mains des acteurs privés. Le parti travailliste n’a pas complètement remis en cause les principes hérités de l’ère thatchérienne. La diminution du rôle de l’Etat central est toujours d’actualité et on le voit à travers le Bishopsgate Goodyard qui a du mal à jongler entre le néolibéralisme tout puissant, qui verrait les promoteurs immobiliers libres de construire leurs tours de bureaux, et la force des habitants qui rejettent le projet. Annexer la friche urbaine à la City s’inscrirait

Proposition de projet pour le Bishopsgate Goodyard

MEMOIRE BOXPARK

20. DEPARTMENT OF ENVIRONMENT, TRANSPORT AND THE REGIONS (DETR). 2000. Our Towns and Cities : The Future. Delivering an Urban Renaissance, White Paper.
London stationary office

59


2

Etude de cas

boxpark est une architecture issue de la gentrification

dans une parfaite continuité de la ville entrepreneuriale qui voit les intérêts des promoteurs surpasser ceux des habitants. Malgré tout, la lutte des gentrifieurs semble prendre de l’importance. Ils se sont notamment organisés dans une association appelée Save Shoreditch. C’est une véritable guerre médiatique qui est en route pour sauver les intérêts des communautés locales. Un hashtag a été lancé sur les réseaux sociaux : #BorisSeeTheLight (Boris voit la lumière). C’est une campagne qui vise à convaincre le maire de Londres Boris Johnson de ne pas donner l’autorisation de construction aux promoteurs immobiliers et de les obliger à revoir leur programme. Une pétition a également réuni plus de 7 000 signatures. Le verdict final rendu par Boris Johnson sera connu en Janvier 2016 et montrera la direction politique de régénération urbaine voulue par la ville.

MEMOIRE BOXPARK

La naissance d’un urbanisme négocié reconfigure la régénération urbaine. L’arrivée au pouvoir du parti travailliste à la tête de l’Etat, mais également de la ville de Londres, ne s’est pas accompagnée d’un retour de l’intervention publique car le pays est aujourd’hui basé sur une économie néo-libérale qui en fait une des places financières les plus importantes au monde. On assiste à un rejet de l’Etat comme force capable d’organiser le bien-être des populations. Les habitants souhaitent compter sur leurs propres mobilisations et s’auto-organiser. La mentalité du « Do It By Yourself » (fait par soi-même) gagne les populations jusque dans la fabrique de la ville. Les gentrifieurs implantés dans le quartier de Shoreditch ont amené une connaissance et un potentiel intellectuel qui permet aux communautés défavorisées de Shoreditch de s’associer afin de préserver leurs lieux de vie.

60

Le bâtiment de BOXPARK et son fonctionnement temporaire implanté sur la parcelle n’a jamais heurté, ni la municipalité, ni les communautés locales. C’est une architecture et un concept qui a plu à tous. La communauté devrait se servir de ce type d’initiative afin de mettre en place une architecture évolutive et partagée qui plaît au plus grand nombre tout en permettant aux locaux de s’identifier. En effet, le directeur du BOXPARK Roger Wader est un entrepreneur qui souhaite faire du profit. Mais il a réussi à intégrer un principe de petit commerce grâce à la diminution par deux des loyers des locaux commerciaux. Cela a été possible grâce à l’architecture en container et le caractère temporaire du bâtiment. Ces initiatives devraient être plus intégrées aux constructions pérennes. Une hybridation programmatique des projets de régénération est indispensable afin de prendre en compte toutes les communautés présentes sur le site, spécialement à Shoreditch qui est un quartier multiculturel.


MEMOIRE BOXPARK

Marque de T-shirt de Philadelphie, USA : Regeneration not gentrification

61


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK

3. APPLICATION


3

Ouverture

doit on faire confiance aux gentrifieurs pour sauver shoreditch

OUVERTURE DOIT ON FAIRE CONFIANCE AUX GENTRIFIEURS POUR SAUVER SHOREDITCH

MEMOIRE BOXPARK

3.1 Une politique proactive mise en place par le gouvernement

66

Le quartier de Shoreditch est au cœur des préoccupations politiques depuis de nombreuses années compte tenu de ses problèmes sociaux : chômage, communautés immigrées en marge, parc immobilier vétuste et délinquance. La gentrification de ce quartier par la classe créative est un phénomène indépendant qui a néanmoins séduit le gouvernement local qui a saisi l’opportunité pour moderniser et sécuriser Shoreditch. En effet, les politiques de réaménagement des friches industrielles, des dents creuses créées par la guerre et la délocalisation des industries hors de la ville sont venues soutenir l’installation des gentrifieurs. Les municipalités ont ainsi soutenu les réhabilitations des hangars industriels en salle d’expositions et des programmes immobiliers destinés aux gentrifieurs comme par exemple l’implantation de BOXPARK qui a été appuyée par la municipalité en 2011. Le prix des articles vendus dans les commerces en containers sont élevés et destinés à une population disposant d’un pouvoir d’achat de classe moyenne supérieur. Pour N. Smith, l’utilisation de la gentrification comme « solution » politique est dûe à une mise en concurrence des villes à l’échelle supranationale. Londres est obligée de faire du « city branding » afin d’attirer les investisseurs privés dans la capitale et ainsi rivaliser avec les autres mégalopoles mondiales comme New York, Mumbai ou encore Istanbul. La réflexion politique est aujourd’hui mondialisée à l’échelle des villes grâce, ou à cause, des réformes néolibérales de mobilité des capitaux et d’ouverture de marché nationaux. Londres se place selon une logique entrepreneuriale et tente de séduire par son « attractivité » et sa « compétitivité » du territoire, nous explique Harvey (1989). Les défis urbains de la ville comme l’équilibre budgétaire, le freinage de l’étalement urbain, la diversification de la population dans les quartiers populaires sont ainsi remis entre les mains de la gentrification. Toutefois, cela ne tire t il pas vers le haut un quartier de Shoreditch en marge ?


Tout d’abord, le patrimoine immobilier peut être réhabilité par les gentrifieurs qui ont les capitaux nécessaires. Cela permet de garder les immeubles d’habitation et l’esprit de village. On peut se demander si une part plus importante du parc immobilier de Shoreditch n’aurait pas été annexée à la City si la gentrification ne l’avait pas réhabilité. Finalement, les gentrifieurs de Shoreditch apportent au quartier et à la ville une plus-value culturelle qui permet de donner une bonne image au quartier. Certains propriétaires de commerce et de biens immobiliers présents sur place depuis le début ont pu faire des bénéfices et voir leurs niveaux de vie augmenter. Ne faut-il pas plutôt pousser l’accession à la propriété par la classe populaire plutôt que de pointer du doigt une population qui aspire à la mixité sociale. Les plus démunis pourraient être sûrs de rester dans leurs quartiers et ainsi profiter de l’augmentation du niveau de vie que produit les gentrifieurs. Contrairement aux premières gentrifications des années 1970 aux USA, les gentrifieurs de Shoreditch ne sont pas des « yuppies » travaillant dans les bureaux de la City. Ils ont un mode de vie alternatif qu’ils revendiquent et considèrent en opposition avec le mode de vie consumériste qu’ils attribuent à leurs parents. Ils souhaitent participer au dynamisme du quartier et à sa mixité sociale. Dans les commerces de BOXPARK beaucoup de marques se vantent d’offrir des produits manufacturés « made in England » ou qui participent à un commerce local.

3.2 Un impact sur les politiques publiques

Le projet de Bishopsgate Goodyard bénéficie d’une organisation des gentrifieurs, bien conscients de leurs forces depuis le début des années 2000. En effet, ce n’est pas la première fois que les habitants de Shoreditch se mobilisent pour enrayer l’arrivée de la City dans le quartier. En juillet 2000, le gérant d’un bar-restauration situé sur le site de Northgate à l’interface de la City et des marges gentrifiées du quartier Shoreditch a mobilisé ses clients. Il a pu compter sur le soutien de célébrités habitant

MEMOIRE BOXPARK

Les gentrifieurs de Shoreditch sont à la base d’initiatives sociales comme la création de l’association More light more power qui lutte contre les programmes de tours et de logements de luxe sur la parcelle du Bishopsgate Goodyard. Ils sont à l’origine de la prise de position des municipalités de Hackney et de Tower Hamlet contre le projet des promoteurs immobiliers Hammerson et Ballymore présenté début 2015. Ils basent leur campagne sur plusieurs critères importants qu’ils espèrent voir dans le futur projet : - Abandonner les tours - Inspirer une architecture de moyenne hauteur - Ouvrir le site - Garder un esprit local - Une ville high-tech, pas une ville fantôme - Garder un esprit créatif - Des logements accessibles - Respecter l’histoire du site

67


3

Ouverture

doit on faire confiance aux gentrifieurs pour sauver shoreditch

le quartier comme Alexander McQueen (couturier) et Gavin Turk (artiste plasticien) pour s’opposer au projet d’aménagement du site de Norton Folgate envisagé par la compagnie Railtrack, qui prévoyait la destruction de son bar : le light bar. Le bâtiment est un générateur électrique victorien construit en 1893. Lors de la définition de la zone patrimoniale de la South Shoreditch Conservation Area de 1991, le bâtiment n’est pas classé English Heritage 23. Le restaurateur a investi une somme importante dans la restauration du monument qu’il loue à la Railtrack. Il a vu le développement d’une économie créative auquelle il a participé depuis le début. Il a réussi à convaincre la municipalité de Hackney que le remplacement du bâtiment par des bureaux menacerait la cohérence paysagère de la zone patrimoniale. Le permis de construire est refusé, mais le bâtiment n’est toujours pas classé.

MEMOIRE BOXPARK

En 2008, Le promoteur immobilier Hammerson rachète le terrain et demande au cabinet Foster and Partners de concevoir un complexe mixte de logements et de bureaux sur cet espace en friche, comprenant deux tours à l’emplacement du Light Bar, conformément au London Plan. Une nouvelle campagne réussit à stopper le projet qui sera une nouvelle fois rejeté par la municipalité. Bien sur, les enjeux économiques liés au maintient de son bar sont les premiers facteurs de mobilisation du restaurateur. Mais au delà, il a réussi à mobiliser toute une communauté autour de lui. La contestation est très vite médiatisée comme le symbole de la contestation de l’extension de la City. Le nom de campagne était Save the light. Elle donnera naissance à une campagne plus large Save Shoreditch et à la création d’une association, Open Shoreditch. Les associations de commerçants et de propriétaires sont très actifs. On peut associer l’English Heritage, qui en profite pour défendre la préservation des bâtiments anciens, et le député Georges Galloway (circonscription de Bow et Bethnal Green, membre fondateur du parti Respect), qui refuse l’avancée de la City. En janvier 2009, le projet du promoteur sera approuvé par la municipalité après avoir finalement inclu le Light Bar dans le plan masse.

68

Au moment où la campagne de sauvegarde du Light Bar est au plus fort, le projet d’aménagement du Bishopgate Goodyard fait surface. Dès les premières consultations, l’association Open Shoreditch se fait entendre et précipite l’élaboration d’une directive spéciale pour le traitement de ce site de plus de 4,7 hectares. Les gentrifieurs sont donc très réactifs et permettent, dans une certaine mesure, de protéger les intérêts des populations les plus précaires car les volontés de la classe créative ne sont pas antagonistes à celle de la classe populaire. Par contre, la classe supérieure est mal vue par toute la population de Shoreditch qui refuse de voir son quartier changer de visage au profit de la City. Je

23. Commission des édifices et monuments historiques pour l’Angleterre.


SOUTH SHOREDITCH CONSERVATION AREA

BOXPARK

MEMOIRE BOXPARK

LIGHT BAR

69


3

Ouverture

doit on faire confiance aux gentrifieurs pour sauver shoreditch

pense que pousser des initiatives comme BOXPARK à exister c’est aussi essayer de trouver des alternatives possibles à la montée en puissance des promoteurs immobiliers.

3.3 Des entrepreneurs tournés vers un urbanisme social

MEMOIRE BOXPARK

Le Boxpark de Shoreditch est un bâtiment créé par l’entrepreneur anglais Roger Wade. Il n’en est pas à son premier essai puisqu’il est également le fondateur de la marque de vêtements Boxfresh. En 2010, il vend sa marque et créé le premier Pop Up Mall au monde. Il est à l’origine de l’architecture en container qu’il avait vu dans le magasin de la marque zurichoise Freitag, placé à la gare de Hardbrücke à Zurich. C’est 17 containers de fret empilés les uns sur les autres qui s’élancent vers le ciel sur une hauteur de 26 mètres. C’est une attraction locale que les touristes du monde entier visitent et que Roger Wade a adoré. Il a donc demandé expressément aux architectes de créer un espace à base de containers maritimes pour occuper un bout de terrain du Bishopgate Goodyard disponible pour une construction

70

Magasin Freitag, Zurich


éphémère. En 2010, le promoteur immobilier Hammerson a racheté la parcelle et semble favorable à un projet éphémère pour rentabiliser son achat foncier le temps de concevoir un futur projet.

24. BURN-CALLENDER, R. 2013. « Popup shops can save the high street, says Boxpark entrepreneur », The Telegraph 11 Novembre.

Par cette architecture d’activité commerciale, BOXPARK répond également aux problématiques sociales du terrain, ce qui fait de son créateur Roger Wade un investisseur conscient des enjeux sociaux et sociétaux de la création entrepreneuriale. En effet, le taux de chômage des jeunes de Tower Hamlet (municipalité de Londres où est implantée le bâtiment) est un des plus importants du pays. BOXPARK a créé plus de deux cents nouveaux emplois. De plus, les magasins accueillent de grandes marques, comme par exemple Nike, qui payent des loyers supérieurs à d’autres du fait de leurs statuts. En effet, le Pop Up mall accepte leurs présences mais c’est surtout pour financer l’arrivée de plus petites marques locales qui n’ont pas les moyens de se payer un loyer commercial dans Shoreditch. M. Wade dit lui même en 2013 lors d’une interview avec le Telegraph24 « qu’il est ravi de faire des tarifs préférentiels ou même de louer gratuitement certains magasins du centre commercial pour de petites entreprises durant trois mois. Nous avons eu plus de cinquante marques qui nous ont rejoints et qui ont loué». Malgré tout, M. Wade rajoute que « même lorsque j’offre des loyers gratuits, beaucoup d’entreprises ne peuvent toujours pas se permettre de louer l’espace à cause des charges fiscales ». Il est ainsi devenu une figure forte dans le développement des petites entreprises. Il est même allé jusqu’à demander au gouvernement de nouvelles lois en faveur d’un allégement des charges fiscales des petites entreprises lors de leurs premiers mois d’existence afin de leurs permettre de faire du profit. Il est allé voir les parlementaires dont Bill Grimsey qui était le leader de la réforme

MEMOIRE BOXPARK

La force du projet de Roger Wade est qu’il utilise un système classique de vente, une activité capitaliste de la ville, pour transformer un quartier et une économie malade. En effet, les locaux commerciaux de Shoreditch sont très difficiles d’accès et hors de prix. Seules les grandes compagnies mondiales peuvent aujourd’hui encore prétendre acheter des locaux au cœur du quartier trendy de la capitale. C’est donc naturellement que l’on voit s’implanter les mêmes marques et les mêmes vitrines que l’on retrouve partout dans le monde, de H&M à Zara en passant par Lego. Roger Wade est un entrepreneur quarantenaire qui connaît les difficultés qu’ont les petits commerces lorsqu’ils commencent. Il a voulu trouver un système qui puisse apporter de la fraicheur et garder l’esprit de village underground qui ont fait le succès de Shoreditch. Le mode constructif des containers maritimes permet donc d’apporter un effet de surprise et le côté éphémère participe à la popularité du lieu auquel il faut prendre part avant qu’il ne disparaisse. Les containers sont faciles à monter et démonter, ce qui facilite l’installation et la future désinstallation de 2016, lorsque le bâtiment aura fait les cinq années prévues dans son bail.

71


3

Ouverture

doit on faire confiance aux gentrifieurs pour sauver shoreditch

des charges des entreprises dans le précédent gouvernement Cameron en 2013. Cela n’a malheureusement jamais abouti, mais M. Wade ne désespère pas et croit en son modèle économique tourné autour du développement des petites entreprises locales. Lorsqu’on questionne Roger Wade sur l’avenir de BOXPARK et sa transformation en un centre commercial classique il réaffirme ses positions. « Si nous allons à Manchester nous approcherons des entreprises de Manchester pour louer nos locaux ». Il est aussi complètement transparent sur la « discrimination-positive qu’il fait au sein de BOXPARK. « Les plus grandes marques nous ont contactés pour louer un espace à BOXPARK, mais nous leurs avons dit qu’il y avait assez de place pour eux ailleurs ». C’est ainsi qu’à son ouverture en 2011, BOXPARK comptait notamment un container maritime loué par l’association Amnesty international qui souhaitait se faire remarquer. Le business selon Roger Wade, c’est un mélange entre succès et éthique. Il est entrepreneur avant tout chose et aime voir réussir les compagnies qu’il soutient. Mais il est aussi sensible aux enjeux sociaux et sociétaux de l’endroit où il s’implante. Cela peut paraître dérisoire, mais je pense que se servir de l’économie néo-libérale anglaise pour permettre à de jeunes et talentueux designers d’émerger est intelligent. Il utilise les codes du profit tout en les mettant au service de la communauté de Shoreditch. Cela a notamment été possible grâce à cette architecture expérimentale en container qui a fait baisser par deux les prix de location, en comparaison avec les autres locaux commerciaux du quartier. La gentrification amène certaine situation comme celle-ci à s’exprimer et à voir le jour. La coopération de certains entrepreneurs avec la population locale permet de tirer le quartier et ses habitants vers le haut. L’interdiction ou la restriction des activités n’aurait pas permis ce genre d’action. BOXPARK est une architecture qui montre la coopération entre les acteurs de la ville et les acteurs économiques, qui ne pourraient pas exister les uns sans les autres.

MEMOIRE BOXPARK

3.4 Un cercle vertueux à mettre en place

72

La gentrification est un processus qui fait peur. Les classes populaires se sentent mises de côté, les politiques sont tentés de profiter discrètement de ce phénomène et les promoteurs immobiliers sont en train de rafler la mise avec des projets immobiliers tournés vers le luxe. Shoreditch à Londres est un exemple de gentrification en temps réel. Le quartier est en plein changement social et arrive au moment charnière de la gentrification où la classe populaire commence à s’effriter ; la classe créative est à son apogée et la classe supérieure est intéressée pour acheter et s’installer. D’après Anne Clerval : « Cela


fait de la gentrification un processus cumulatif et nécessairement dynamique. Par exemple, dans le faubourg Saint-Antoine à Paris, de luxueuses opérations de promotion immobilière ont entraîné l’installation de ménages plus fortunés que les premiers gentrifieurs comme des pilotes d’avion, des avocats, des entrepreneurs indépendants, ou encore un ingénieur de l’industrie pétrolière. Cela indique une poursuite du changement social sous la forme d’une « sur-gentrification »25. Elle exprime aussi son point de vue qui est que « les différentes phases de gentrification ne peuvent donc pas se lire comme un modèle strict d’étapes bien définies parce que, en progressant dans l’espace, les modalités du processus se transforment ». Je suis d’accord avec cette observation et je pense que Shoreditch est à un moment charnière.

25. Loretta Lees, « Super-gentrification : the case of Brooklyn Heights, New York City », Urban Studies, 2003, vol. 40, n°12, p.2487-2509

BOXPARK Shoreditch est un exemple de ce que peut être les activités de la classe créative, que je qualifierai de « consciente ». C’est un bâtiment qui est révolutionnaire autant pour son architecture expérimentale en container que pour son mode de fonctionnement axé sur le développement des petites entreprises et du local. Le site d’implantation fait partie du projet tout comme le contenu. Le profit est également un objectif, ce qui souligne l’aspect « conscient » que je citais précédemment. La consommation de masse et l’attrait que provoque le quartier artistique de Shoreditch sont utilisés pour développer l’esprit de

MEMOIRE BOXPARK

Le quartier de Shoreditch est en voie de gentrification et la classe créative alternative est ancrée dans le territoire. Pour le moment, les classes populaires et les gentrifieurs vivent en cohabitation ce qui crée une grande mixité sociale. Elle est à la fois un état : la cohabitation sur un même territoire de groupes sociaux aux caractéristiques diverses, et un processus : le fait de faciliter la cohabitation sur un même territoire de groupes divers par l’âge, la nationalité, le statut professionnel, les revenus afin d’avoir une répartition plus équilibrée des populations. «L’éducation » des couches populaires induit par la proximité de couches sociales supérieures est l’idée de la mixité, notion qui date de la fin du XIX siècle. Cette ligne argumentative fait encore débat aujourd’hui, mais c’est la ligne directrice de nombreuses politiques publiques de la diversité sociale au sein des villes. Je pense que la mixité sociale, qui s’accompagne le plus souvent d’une diversité culturelle, n’est pas juste un gadget de la classe créative qui aime se retrouver le samedi soir dans un restaurant thaïlandais ou se faire faire poser des tresses chez le coiffeur jamaïcain. Je pense que cela est la volonté d’une classe créative alternative qui est en marge et qui souhaite changer son mode de vie consumériste. Bien entendu, cela ne va pas forcément de pair avec un refus du néo-libéralisme anglais qui de plus, domine l’Europe. En effet, la classe créative du quartier de Shoreditch semble avoir complétement conscience des bons côtés de ce mode économique. Ils utilisent un système qu’ils citriquent parfois, pour changer leurs modes de vie sans être en rupture avec la réalité et participer à la construction de la ville et notamment l’économie de celle-ci.

73


3

Ouverture

doit on faire confiance aux gentrifieurs pour sauver shoreditch

Street Art dans les rues de New York

MEMOIRE BOXPARK

village et les productions locales. C’est une économie du donnantdonnant à l’intérieur d’une économie néo-libérale. Toutefois, ce processus est possible grâce à la vision que l’entrepreneur Roger Wade a donné à son bâtiment. Sans cela, le centre commercial aurait aussi bien pu être un énième mall anglais où on consomme des produits disponibles à l’échelle mondiale.

74

Je pense que le projet BOXPARK est un signal. C’est le symbole que la gentrification peut avoir une portée positive bien plus importante que le simple fait de restaurer des immeubles en ruine. C’est un processus qui crée de la mixité sociale et qui peut participer à la renforcer en la maintenant dans le temps. En effet, tous les processus de gentrification observés de manière approfondie par les sciences urbaines montrent un processus qui débouche systématiquement sur une « sur-gentrification » du quartier. C’est à dire que la classe supérieure s’empare très vite du foncier et devient l’unique population pouvant habiter ces quartiers. Les gentrifieurs eux-mêmes sont peu à peu poussés dehors par la montée des prix et la tentation de vendre leurs biens à


MEMOIRE BOXPARK

des promoteurs de luxe qui leurs offrent un prix d’achat inespéré. La loi du marché est la base du néo-libéralisme et ne peut pas être contrée de manière directe. Je pense donc qu’à partir du moment où les immeubles de luxes envahissent le quartier gentrifié, la gentrification est terminée. C’est ce que j’appelle le cercle vicieux. Les classes populaires puis les gentrifieurs sont mis à la porte de chez eux. Pourtant, comme le démontre BOXPARK, un cercle plus vertueux peut être mis en place. En effet, dans un moment charnière comme celui que vit en ce moment Shoreditch, les gentrifieurs peuvent eux-mêmes choisir de privilégier le local et la mixité sociale qui les a poussés à habiter ce quartier à une époque où les pouvoirs publics n’auraient jamais misé dessus. Cela peut déboucher sur des projets comme celui du centre commercial éphémère en container et permettre de créer des emplois, et ainsi maintenir les populations et les commerces livrés à la pression foncière. BOXPARK aura permis de faire prendre conscience aux habitants qu’ils choisissent eux mêmes quel quartier ils veulent habiter et que l’économie n’est pas forcément vouée à les déloger. La décision du maire de Londres, Boris Johnson en janvier prochain mettra un terme ou pas à la gentrification du quartier. Soit le quartier devient une extension de la City et la « sur-gentrification» qui accompagne ce changement classera Shoreditch parmi les quartiers les plus chers de Londres; soit le projet du promoteur immobilier Hammerson est contré et un projet plus proche de l’identité du quartier verra le jour en confortant la mixité sociale qui s’est installée et l’économie locale en marche, à l’image de BOXPARK.

75


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK


MEMOIRE BOXPARK

4. CONCLUSION


4

Conclusion

Une architecture au service d’un nouvel urbanisme

CONCLUSION UNE ARCHITECTURE AU SERVICE D’UN NOUVEL URBANISME

4.1 Un concept qui ouvre les yeux

MEMOIRE BOXPARK

Le projet de BOXPARK à Shoreditch est une architecture expérimentale en container qui a permis d’ouvrir la réflexion sur la construction. On voit aujourd’hui que la durée de vie d’un bâtiment est bien différente de ce qui se faisait il y a vingt ans en arrière. On a conscience que les modes de vie évoluent de plus en plus vite. Il faut adapter l’habitat à ces changements et l’architecture est à la merci des évolutions sociétales qu’elle doit sans cesse prévoir ou essayer d’anticiper. Une architecture expérimentale en container est un moyen rapide de construire, d’être écologique, de faire des économies de matériaux et de pouvoir facilement transporter le bâtiment selon les aléas des prises de décision concernant le programme du futur projet de Bishopgate Goodyard. BOXPARK a également ouvert la discussion sur l’urbanisme et la manière dont on fait un projet. L’architecture éphémère du bâtiment permet de créer rapidement un paysage urbain et de changer les comportements en relation avec un espace. Le centre commercial a rendu de l’importance à une parcelle abandonnée depuis plus de quarante ans. Les riverains ont redécouvert leur environnement et se sont familiarisés avec lui. Ce n’est pas étonnant de voir des associations d’habitants comme Save Shoreditch se créer depuis quelques années. Le cadre de vie est devenu important pour beaucoup de citadins qui sont maintenant exigeants concernant leurs espaces publics.

80

De plus, la gentrification en court dans beaucoup de centres villes occidentaux, force l’architecture et l’urbanisme à se renouveler. La gentrification est un processus inévitable dans nos sociétés actuelles. En effet, la pression immobilière et le manque de mixité sociale au sein de nos villes globalisées a donné lieu à des modes de vie alternatifs qui ont su par la suite séduire le plus grand nombre. On est aujourd’hui familiarisé avec la vie en ville, ses avantages et ses inconvénients. Pour pouvoir mener sa vie de bohème, les populations créatives ne manquent pas d’inventivité afin de faire face aux obstacles financiers ou administratifs qui pourraient laisser penser que ce niveau de vie


n’est accessible qu’aux classes supérieures. C’est là qu’intervient l’architecture éphémère. En effet, c’est un nouveau moyen de sensibiliser et investir à moindre coup un quartier en pleine mutation. La gentrification est un processus long qui voit la population, le lifestyle et le bâti d’un quartier être complètement transformé. L’architecture éphémère n’est donc pas un moyen de gentrifier ou le signe d’une gentrification future. Il s’agit d’un des nombreux moyens par lequel une population de classe moyenne dite « créative » peut se permettre d’investir un quartier en pleine gentrification. C’est une architecture qui permet de ne pas être soumise à la pression économique et à l’image d’une prise de conscience de la population des nouveaux enjeux écologiques et économiques.

4.2 BOXPARK s’exporte : que va t il devenir ?

MEMOIRE BOXPARK

Le concept du BOXPARK de Shoreditch développé par l’entrepreneur anglais Roger Wade est en voie de transition. Le centre commercial va bientôt devoir partir de Shoreditch, mais pour continuer le projet son créateur a déjà trouvé une nouvelle place aux containers. En Juillet 2016, le BOXPARK Croydon va ouvrir ses portes. Le principe sera le même que celui de Shoreditch avec une programmation plus culturelle tourné vers les arts, l’événementiel et la nourriture. De plus, le bâtiment va également s’agrandir puisqu’il sera composé de 80 containers maritimes, 20 000 m2 et une capacité d’accueil de plus de 2 000 personnes. Le principe de BOXPARK Croydon restera cependant le même que celui de Shoreditch et seuls les principes indépendants et nouveaux venant de la scène locale seront acceptés. Le but étant de créer un endroit révolutionnaire qui allie concert, dîner et loisirs en un même endroit au cœur du quartier. « Ce n’est pas juste de la bonne nourriture, c’est surtout un expérience culinaire… Nous souhaitons que BOXPARK devienne un des acteurs forts de la vie locale créative et pleine de couleur du quartier de Croydon » nous explique Roger Wade.

BOXPARK Croydon


4

Conclusion

Une architecture au service d’un nouvel urbanisme

MEMOIRE BOXPARK

Croydon est un nouveau quartier à la mode de Londres. C’est une municipalité qui appartient au Grand Londres depuis seulement 1965 et est facilement accessible depuis le centre ou les aéroports de la ville. La station de métro Est Croydon à Ruskin Square où sera rattaché le bâtiment accueille 27 000 passagers par an. Elle est située à 14 minutes du London Bridge, 16 minutes de la gare Victoria, 14 minutes de l’aéroport Gatwick et elle est desservie toutes les cinq minutes. La liste des arguments logistiques, financiers et géographiques de la localité choisie est longue et persuasive. « Quelque chose de spécial est en train de se produire à Croydon maintenant, et nous voulons en faire parti. Je suis déterminé à ce qu’en tant que centre culinaire, culturel et social, BOXPARK donne le sourire à Croydon et une musique dans son âme. Nous ne sommes pas juste un bâtiment dans le quartier ; nous sommes construits ici pour Croydon » s’exclame Roger Wade à propos du projet. Le projet à Croydon est différent car la gentrification du quartier n’est pas encore aussi poussée que Shoreditch à l’époque de l’implantation de BOXPARK. La gentrification était un des facteurs clés dans la création de BOXPARK et il a permis au concepteur de faire preuve de ruse et d’inventivité pour contrer les effets néfastes de la gentrification sur l’entreprenariat tel que le prix des locaux commerciaux. Pour Croydon, ce n’est pas la même chose, car les prix par exemple ne sont pas encore très hauts et la réputation n’est pas encore tout à fait au niveau. Le chanteur David Bowie est la figure légendaire du quartier qu’il qualifiait lui même de « complete concrete hell » soit un enfer de béton. Aujourd’hui, la ville de Londres repousse ses limites et doit se délocaliser pour permettre à sa population moyenne de pouvoir se loger ou encore se divertir dans la ville. Mais jusqu’où la gentrification va t elle amener les londoniens…

82


MEMOIRE BOXPARK

BOXPARK Croydon


ILLUSTRATIONS

Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

MEMOIRE BOXPARK

Travail estival à Budapest source : Chloé Darmanté

84


Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

Rechercher Rechercher

boxpark

chloedarmante

ABONNÉ(E)

Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

194 J’aime

27 sem

boxpark Another busy evening upstairs @BOXPARK #Shoreditch captured by @prfk #boxpark #london #hackney #shoreditch #summer

Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

MEMOIRE BOXPARK

Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

85


Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

Nothing Hill avant source : Description : Une facade d’immeuble du quartier de Nothing Hill dans les années 1970 lorsque le quartier était encore populaire.

Nothing Hill aujourd’hui source :

MEMOIRE BOXPARK

Description : Une facade d’immeuble du quartier de Nothing Hill aujourd’hui. Un environnement plus cossue et luxueux.

86


Protestation St Michel source : metropolitique.eu Description : Message anonyme sur les grilles de la place St Michel à Bordeaux. Le quartier est complétement rénové par la ville pour faciliter la gentrification.

Rénovation à Budapest source : Chloé Darmanté Description : Deux façades d’immeubles côte à côte. Une est réhabilitée et l’autre non.

La plus-value source : metropolitique.eu Description : Courbe du prix des bâtiments et la plus-value que la réhabilitation peut apporter.

ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net Description : ZUR FEINSTEN SEIDE Veronika Schwaninger, Josepha Krüger, Laurin Döpfner, Thomas Schwarz, Birgit Lehner, Natalie Zimmermann (Linz)

Description : PARKING LOFT Altelier Slant: Guila, Yazan, Irene, Mirko, Riccardo Torresi (Berlin et Italie )

MEMOIRE BOXPARK

ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net

87


ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net Description : JUST AN ILLUSION Collective Sure Sud (München)

ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net Description : EARTH HUT Institut für Kunst und Forschung (München)

MEMOIRE BOXPARK

ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net

88

Description : DENKBAR – GIVE AND TAKE Yulia Herasimava, Kilian Kraemer, Valerie Kraemer


ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net Description : 01:01 Vera Rupp, Stepana Cihlova, Simon Strobl, Rudolf Wittman, Thom Auerlaab, Sebastian Moik (Linz)

ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net Description : UP IN THE CLOUDS Sharedme.net: Christian Heshmatpoor, David Lukacs, Ali Kolaritsch, Clemens Hoke (Wien)

ShabbyShabby hotels source : raumlabor.net

MEMOIRE BOXPARK

Description : 01:01 Vera Rupp, Stepana Cihlova, Simon Strobl, Rudolf Wittman, Thom Auerlaab, Sebastian Moik (Linz)

89


Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

Station de métro Shoreditch source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk Description : La signalétique de BOXPARK est déjà présente à la sortie du métro.

Incendie de la gare source : subbrit.org.uk Description : Incendie de la gare de Bishopsgate en 1964.

Banksy source : uk.businessinsider.com Description : C’est une oeuvre de Street art de l’artiste anglais Banksy dans les rues de Londres le 22 decembre 2011. C’est une critique directe de la gentrification des quartiers du centre de la capitale.

MEMOIRE BOXPARK

ShabbyShabby hotels source : The Guardian

90

Description : La « Fuck Parade » de Septembre 2015 dans les rues de Shoreditch.


Bishopsgate Goodyard source : subbrit.org.uk Description : La parcelle Bishopsgate Goodyard.

Nouveau projet Bishopsgate Goodyard source : hammerson.com Description : la proposition de projet pour le futur de Bishopsgate Goodyard.

Nouveau projet Bishopsgate Goodyard source : hammerson.com Description : la proposition de projet pour le futur de Bishopsgate Goodyard.

Nouveau projet Bishopsgate Goodyard source : hammerson.com Description : la proposition de projet pour le futur de Bishopsgate Goodyard.

Description : la proposition de projet pour le futur de Bishopsgate Goodyard.

MEMOIRE BOXPARK

Nouveau projet Bishopsgate Goodyard source : hammerson.com

91


T-shirt sur la gentrification source : philadelphiaprintworks.com Description : Une marque de T-shirt américaine qui milite contre la gentrification et pour la rénovation des quartiers à Philadelphie.

Vue de BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

Freitag à Zurich source : freitag.ch

MEMOIRE BOXPARK

Description : Une marque de sac de la ville de Zurich à construit son magasin en containers maritimes.

92


New York, USA source : commercialobserver.com Description : Le quartier de East Village est un nom donné aux rues par les promoteurs immobiliers qui ont valorisé le lieu pour mieux le vendre. C’est une partie de Manhanttan dans la vile de New York.

Vue sur BOXPARK source : site internet de BOXPARK : boxpark.co.uk

BOXPARK Croydon source : boxpark.co.uk/croydon

BOXPARK Croydon source : boxpark.co.uk/croydon

MEMOIRE BOXPARK

BOXPARK Croydon source : boxpark.co.uk/croydon

93


BIBLIOGRAPHIE

LIVRES - BIDOU-ZACHARIASEN Catherine, 2003, Retours en ville, Paris, Descartes & Cie. - CLERVAL Anne, 2013, Paris sans le peuple. La gentrification de la capitale, Paris : La Découverte. - FLORIDA, R. 2002, The Rise of the Creative Class: and how it’s transforming work, leisure, community, and everyday life. New York City : Basic Books. - Harvey, D. 2011, Le Capitalisme contre le droit à la ville, Paris : Éditions Amsterdam. - LEES, L., SLATER, T., & WYLY E. 2013, Gentrification. London, Routledge. • LEY, D. 1996, The new middle class and the remaking of the central city, Oxford, Oxford University Press. - PAQUOT Thierry, 2001, Essais sur le temps des villes, Cahiers libres, Paris, La Découverte. - RASMUSSEN Steen Eiler, 2003, Londres, Paris : Picard. - SASSEN, S. 1991, The Global City: New York, London, Tokyo. Princeton: Princeton University Press.

MEMOIRE BOXPARK

- SCHWARTZ-CLAUSS Mathias & VON VEGESACK Alexander, 2002, Living in motion : Design and architecture for flexible dwelling, Weil am Rhein : Vitra Design Museum.

94

- TISSOT, S. 2011, De bons voisins. Enquête dans un quartier de la bourgeoisie progressiste, Paris, Raisons d’agir. - VERNET David & DE WIT Leontine, 2007, Boutique and other Retail


Spaces : The architecture of the Seduction, Oxon : Routledge. - Zukin, S. 1989, Loft living: culture and capital in urban change. Rutgers University Press. SITE INTERNET - Site internet de BOXPARK : http://www.boxpark.co.uk/ - Designboom sur le boxpark http://www.designboom.com/ architecture/shipping-containers-at-boxpark-shoreditch/ - Site de l’association More Light More Power : http://www. morelightmorepower.co.uk/ ARTICLES DE BLOG (INTERNET) - MEGNIN Jean Marc, « Popo up store XXL : BOX PARK la première galerie commerciale éphémère Hammerson à Londres. », 21 janvier 2012. http://www.le-furet-du-retail.com/article-pop-upstore-xxl-box-park-la-premiere-galerie-commerciale-ephemerea-londres-97614751.html - London Architecture Blog, « Week 33 13 feature #26 Boxpark », Monday,19 August 213. http://www.londonarchitectureblog. com/2013/08/week-33-13-feature-26-boxpark.htmBoxpark ShoreditchProject Team: Roger Wade (creator), Waugh Thistleton Architects, Hammerson and Ballymore (developers) | Date Completed: 2011| Location: 2-4 Bethnal Green Road, London, E1 6GY ARTICLES (EXTRAIT) - Atkinson, R, 2003, « Misunderstood saviour or vengeful wrecker? The many problems and meanings of gentrification », Urban Studies, 40 (12), pp.2343-2350. - Bourdin, A, 2008, « Gentrification: un «concept» à déconstruire », Espaces et Sociétés, 132-133, pp. 23-37. - Butter, S, 2015, « Cool Croydon : how bars, burgers and a new Boxpark are making kate Moss’s hometown a hipster hotspot », Evening Standard, 28 Aout.

- Burgel, G. 2010, « La gentrification, une solution pour le renouveau des quartiers anciens ? », Les Cahiers Espaces, Ville, urbanisme & tourisme, n° 104, p. 69‑73.

MEMOIRE BOXPARK

- Burn-callender, R, 2015, « Pop-up shops can save the high street, says Boxpark entrepreneur », The Telegraph, 11 Novembre

95


- Clerval, A. et Delage, M. 2014, « La métropole parisienne : une mosaïque sociale de plus en plus différenciée », Métropolitiques. - Davidson, M. et Wyly, E. K. 2012, « Class-ifying London », City : Analysis of Urban Trends, Culture, Theory, Policy, Action, vol. 16, n° 4, p. 395‑421. - Donzelot, J. 2013, « Bobos, migrants : deux “classes” à la conquête du centre-ville », Quelle région en 2030 ?, Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France (IAU‑ÎdF), 2 décembre. - Fearn, H, 2014, « Gentrification : what happens to those left behind ? », The Guardian, 18 juillet. - Florida, R. 2002, Bohemia and Economic Geography. Journal of Economic Geography, 2 (1), 55-71. - Khomami, N & Halliday, J, 2015, « Shoreditch Cereal Killer Cafe targeted in anti-gentrification protests », The Guardian, 27 Septembre. - O’Carroll, L, 2015, « Hackney mayor attacks Boris Johnson’s intervention in skyscraper project », The Guardian, 25 Septembre. - Hamnett C. 1984, « Gentrification and residential location theory : a review and assesment » in Daniel Herbert et Ronald Johnston (dir.), Geography and the urban environment. Progress in research and applications, Londres, John Wiley. - Hamnett, C. 1991, « The blind men and the elephant: the explanation of gentrification », Transactions of the Institute of British Geographers, 173-189. - Hamnett, C. 1994, “Social polarisation in global cities: theory and evidence”, Urban studies, 31(3), 401-424. - Hamnett, C. 2003, « Gentrification and the middle-class remaking of inner London, 1961‑2001 », Urban Studies, vol. 40, n° 12, p. 2401‑2426. - Hamnett, C. 2008, « The regeneration game », The Guardian, 11 juin.

MEMOIRE BOXPARK

- Lecoq, A.M, 2015, « ÉPHÉMÈRE ARCHITECTURE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le12 octobre. URL : http://www. universalis.fr/encyclopedie/architecture-ephemere/

96

- Lévy, J. 2013, « À Paris, le niveau de mixité est de loin le plus élevé », Libération, 24 octobre. - Loretta, L, 2003, « Super-gentrification : the case of Brooklyn Heights, New York City », Urban Studies, vol. 40, n°12, p.2487-2509.


- Rousseau, M. 2008, « Bringing politics back in»: la gentrification comme politique de développement urbain? ». Espaces et sociétés, 132(1), 75-90. - Slater, T. 2009, « Missing Marcuse : on gentrification and displacement », City : Analysis of Urban Trends, Culture, Theory, Policy, Action, vol. 13, n° 2, p. 292‑311. - Slater, T. 2014, « Unravelling false choice urbanism », Crisis-Scapes : Athens and Beyond, 11 avril. - Smith, N. 1979, « Toward a theory of gentrification : a back to the city movement by capital, not people », Journal of the American Planning Association, vol.45, 538-548. - Smith, N. 1982, « Gentrification and uneven development », Economic Geography, vol. 58, n° 2, p. 139‑155. - Smith, N. 2002, « New globalism, new urbanism : gentrification as global urban strategy », Antipode, vol. 34, n° 3, p. 427‑450. - Loretta, L, 2003, « Super-gentrification : the case of Brooklyn Heights, New York City », Urban Studies, vol. 40, n°12, p.2487-2509. - Watts, P, 2015, « The magic of Croydon : is London’s punchline having the last laugh ? », 27 mai. DOCUMENTS AUDIOVISUELS & RADIOPHONIQUES - Fidgit Box, DADSON Matt, Behind Boxpark, documentaire et interview, 4min50 http://architel.tv/episode-11-container-architecture-boxpark/ C’est une vidéo d’architecture sur le bâtiment avec un interview du créateur du Boxpark : Roger Wade. On le voit parfois apparaître à l’image car il se met souvent en scène autour de son projet. Le reste de la vidéo, l’interview est en voie off sur les images. ETUDES

MEMOIRE BOXPARK

- TRAYSER Marina, De l’éphémère au durable, DEES en études urbaines, Université de lausanne, 2005

97


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.