Le devenir des territoires ruraux, une hybridation multiscalaire - Marion Geoffroy

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Le devenir des territoires ruraux Une hybridation multiscalaire

Marion GEOFFROY Mémoire de Master - Parcours IAT

Sous la direction de Julie Ambal et Xavier Guillot École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux Juin 2017


Le devenir des territoires ruraux Une hybridation multiscalaire

Marion GEOFFROY Mémoire de Master - Parcours IAT

Sous la direction de Julie Ambal et Xavier Guillot École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux Juin 2017


Sommaire ............................................................................... Avant-propos .................................................................................................................................................................................... 07 Un regard hybride Introduction .................................................................................................................................................................................... 11 Une ruralité excentrée: Tendre vers une alternative à la métropolisation Partie 1 ........................................................................................................................................................................................................... 21 Une réalité globale: 70% de (territoire) rural

Des réflexions pour des territoires en transitions

1.1 La trajectoire démographique............................................................ 24 1.2 Un bassin de vie précaire ?................................................................ 29 1.3 Des territoires mal nommés............................................................... 33

Partie 2 .......................................................................................................................................................................................................... 39 Hybridation multiscalaire: Des problématiques comme moteurs de renouvellement

2.1 Croisement des programmes........................................................... 44 2.2 Des espaces affranchis..................................................................... 53 2.3 Connivences des usagers................................................................. 61

Conclusion........................................................................................................................................................................................... 69 Un maillage singulier : Un renouvellement économique sur le long terme

Le Ruralisme comme support de subversion : La fin du mal nommé ?..................................................................... 72 Entre spécificités et enjeux analogues : De l’échelle locale à l’échelle globale............................................... 76

Bibliographie .................................................................................................................................................................................. 81 Annexes ......................................................................................................................................................................................................... 83 Remerciements ............................................................................................................................................................................. 114


Avant-Propos Un regard hybride

..........................................................................

« C’était hier... comme chaque jour, grand-père me donne la main et nous allons ouvrir la vanne. Une énorme roue chargée d’eau, fait vibrer le sol, tourne dans un bruit d’enfer, le moulin tremble... Sur une pierre, près du ruisseau, un gros savon attend que je le caresse pour m’éclabousser de ses senteurs. Mon bateau de papier disparaît entraîné par le courant... Demain je reviendrai ! Je suis triste, un barrage a noyé ces souvenirs. Il faut que j’achète de « cette terre » pour planter demain, autour de ma future maison. Vivre les joies et les plaisirs de cette campagne si belle. Mon rêve s’est enfin réalisé et c’est avec mes enfants et petits enfants que je retourne sur ces lieux où sont nés, ont vécu leurs grand-parents. A travers quelques ruines je leur transmets tout ce que j’ai vécu avant que le barrage n’ait tout englouti ! »

Claude LAC

07


« Assise devant le Cantou, je profite de la chaleur du feu pour oublier l’humidité extérieure. Comme chaque vacances, je suis retourne à Marcillac, pour profiter du grand air de la Corrèze. Mon grand-père me sort de mes rêveries, aujourd’hui il m’emmène avec lui faire « son tour du village », il est adjoint au maire et même en congé les préoccupations du village ne le quittent pas...

08

J’ai commencé depuis peu mes études dans le bâtiment et je crois qu’il est content que j’évolue dans ce domaine, c’est pourquoi il souhaite que je l’accompagne pour me montrer quelque chose qui devrait m’intéresser. On part ensemble à la mairie chercher « les clés de la ville ». Dans un premier temps, je suppose qu’il veut me montrer certaines bâtisses emblématiques du coin, qui ont d’ailleurs toujours suscité ma curiosité malgré leur état de délabrement. Il n’en est rien, une fois les clefs en poche, nous montons en amont du bourg, jusqu’à un petit abri en pierres, presque anodin. Il ouvre la petite porte en bois. Quand j’y entre un écho monte à mes oreilles, l’intérieur est sombre et minuscule. Un verre de table est posé sur un rebord en pierre humide. Mon grand-père vient de m’ouvrir les portes d’un captage d’une des onze sources du village.

Je reste septique face à la situation. Après quelques explications, nous continuons notre route vers un petit bâtiment, plus moderne cette fois. Mon grand‑père m’explique que c’est ici que l’eau, récoltée du territoire, est filtrée pour ensuite être stockée dans le château d’eau souterrain. Il n’est pas avare d’explications, je suis naïvement, surprise de la complexité du processus. La visite n’est pas finie, il me conduit en aval du village, à la station d’épuration. Dans un premier temps, cette entreprise ne me réjouit que très peu et pourtant elle est aussi riche d’instruction que le reste. Le cheminement des eaux sales est tout aussi complexe que celui des eaux pures gardées précieusement dans ce petit abri de pierre, le contexte est juste moins reluisant. La visite terminée, je me suis demandée pourquoi il m’avait montré ces différents lieux. Même si aujourd’hui la réponse me semble logique, à mes 16 ans il n’en n’était rien. Mon grand‑père venait de me donner ma première leçon sur les ressources du territoire et son cheminement, quoi de plus logique après avoir vécu son enfance dans au moulin !? Ce village que je pensais connaître venait de prendre une autre dimension. J’avais pris l’habitude de l’identifier par quartier, ou par bâtiment et non comme un tout qui s’entremêle pour son bon fonctionnement. Le cheminement de l’eau, ici, n’était qu’un prétexte pour le comprendre. »

Marion GEOFFROY

09


10


Introduction

.......................................................................... Une ruralité excentrée: Tendre vers une alternative à la métropolisation

11


LIlle

Paris

Brest

Strasbourg

Rennes Orléans Dijon

Nantes

Limoges

12

Clermont-Ferrand

Lyon Saint-Etienne

Bordeaux

Toulouse

Montpellier

Marseille

Pau

Le constat de départ qui m’a permis de travailler sur le sujet du devenir des villages ruraux est le peu d’intérêt porté sur ce dernier durant mes études. En effet, l’heure est à la mondialisation, aux grandes villes et aux métropoles… Cependant, on ne nous parle pas de la mutation des territoires ruraux, sauf de ceux à proximité des grandes agglomérations. Ces dernières ont tendance à avoir la main mise sur les petits villages alentours pour servir leur cause (densifier et urbaniser pour recevoir plus de travailleurs issus de la ville ainsi que développer des industries nécessitant de grands espaces désormais non disponibles en ville). Le constat du manque d’intérêt vis‑à‑vis du monde rural dans mon cursus scolaire n’est pas le seul moteur qui m’a incitée à m’intéresser à ce domaine.

Evolution démographique de Marcillac-La-Croisille

Aires urbaines métropolitaines Grandes aires urbaines Marcillac-La-Croisille

Mes premières interrogations ont émergées avec Marcillac-La-Croisille, un village de Corrèze, où j’ai vécu un certain temps. Il représente pour moi la source du foyer familial (voir carte ci‑contre). Un village qui, au fil des ans, a connu une mutation négative, notamment touché par la dépopulation et le dépeuplement. Ce village était pourtant autrefois doté d’atouts pour prospérer dans le temps. Son patrimoine architectural avait attiré mon attention. En effet, son bourg et ses environs sont composés de plusieurs bâtiments qui présentent une qualité architecturale remarquable. Cependant, à l’heure d’aujourd’hui, ces édifices semblent dénoter avec l’ancienne vie rurale des lieux et le manque d’attractivité actuel de la commune.

2 500

Département de la Corrèze

2 000

1 500

1 000

500

0 1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2011 2012

Fig. 02 - Seuil du questionnement : Marcillac-La-Croisille en Corrèze

Source Fig. 03Insee - évolution démographique de Marcillac-La-Croisille - Source Insee

É V O L U TI O N D U N O M B R E D E L O G E M E N TS P AR C ATÉ G O R I E

13


0

1793 1806 1831 1841 1851 1861 1872 1881 1891 1901 1911 1926 1936 1954 1968 1982 1999 2011

É V O L U TI O N D U N O M B R E D E L O G E M E N TS P AR C ATÉ G O R I E Ensemble Résidences principales Série Résidences secondaires et logements occasionnels

1968

1975

811 414 345

393 388

356 373

335 302

1982

1990

1999

51

31

41

76 33

41

62

97

185

318 294

320

343

481

567

645

713

770

812

Logements vacants

2007

2012

Fig. 04 - Évolution du nombre de logements par catégorie : Marcillac-La-Croisille - Source Insee Marcillac-la-Croisille, village rural de Corrèze, son histoire, sa récession.

Effectivement, j’ai pu constater, d’après les recensements de l’INSEE, que la population n’avait cessé de diminuer depuis 1900. A cette date, la commune de Marcillac‑La‑Croisille pouvait compter 1925 habitants, 80 ans plus tard il n’en reste plus que 707.

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Aujourd’hui, plus de 40 % de la population a plus de 60 ans et plus de 50 % des logements de la commune sont qualifiés de secondaires. Il est vrai que la commune semble principalement vivre du tourisme estival induit par sa qualité environnementale (présence d’une plage notamment). Certaines riches familles issues du pic économique de la région ont participé à la richesse architecturale du centre. On peut clairement distinguer les édifices modestes d’un village de campagne, des riches demeures de notaires. Les équipements publics d’antan participent à cette richesse architecturale seulement, pour la plupart, ils sont désaffectés au profit de bâtiments plus récents… Même le patrimoine des années 1930 (tentative d’architecture moderne référence à l’EHPAD) semble touché par cette désaffectation. En effet, j’ai pu voir au fil des ans la désuétude s’installer, sans comprendre pourquoi.

Quel est le devenir de ce patrimoine architectural non habité ? Comment ce village de campagne tombe‑t-il en mésestimation suite à une période prospère dans son histoire ? Comment expliquer sa perte d’activité, sa décroissance de population ainsi que son patrimoine délaissé ? La constitution de ce village montre néanmoins, par sa composition architecturale, qu’une période prospère a bien eu lieu. Cependant la vie rurale est aujourd’hui marquée par la désuétude. Comment le faire sortir du microcosme dans lequel il prend place aujourd’hui ? Ce village peut-il retrouver un nouveau dynamisme ? C’est de cette frustration et de ce constat qu’est né mon intérêt pour ce sujet. Ay a n t conscience que Marcillac‑La‑Croisille n’était pas le seul cas à souffrir de cet isolement géographique, j’ai décidé de m’interroger sur ces villages exclus des grandes dynamiques d’évolution1.

Le monde rural, aujourd’hui encore et à plus forte raison hier, semble enraciné dans des valeurs du passé. On l’associe généralement à une société agraire et à un territoire de faible densité, d’habitat dispersé. Ce premier état de fait s’accompagne d’une forme d’antagonisme, voire de rivalité avec le monde urbain. Ce dernier participe à la décroissance du monde rural, ainsi que de sa mutation, déjà active depuis plusieurs décennies. Les notions qui semblent alors fondatrices de la ruralité, se déclinent progressivement. ► L’activité agricole : touchée par la révolution industrielle, cette dernière conduit beaucoup de paysans à abandonner leur métier d’agriculteur. L’industrialisation déclenchera également la pollution des sols, les rendant par la suite moins productifs et plus néfastes (pour le consommateur ainsi que pour l’environnement). ► Les valeurs sociales (le rôle de la famille et de propriété des sols ainsi que de la tradition) : Des traditions devenues aujourd’hui obsolètes en perdant le savoir-faire inexploitable face aux pratiques industrielles pour cultiver leurs terres.

Urbaines Rurales Dont hors périurbaines DOM Total

1_ Démographique, économique etc...

Nombre de communautés 426 2 159 1 565 16 2 601

► Le mode de vie (solidarité villageoise etc.) : les causes à effet engendrent également la désertification de beaucoup de commerces et de services de proximité, changeant radicalement les pratiques sociales d’un village. ► La géographie : un milieu fondé sur son caractère extensible en termes d’exploitation de l’espace et de ressources naturelles. Pour conclure sur cette stigmatisation du monde rural, on peut constater que la définition première est déstabilisée, mais on ne peut néanmoins nier son existence et sa pertinence. Cette notion de ruralité est de plus en plus défendue et exploitée afin de la renouveler et de la moderniser (de la faire évoluer avec les différents facteurs actuels) sans pour autant en affaiblir sa spécificité intrinsèque. Après avoir longtemps évoqué 2 la « fin des paysans » au profit de l’urbanisation, aujourd’hui la réalité géographique, statistique et démographique, ramène la ruralité dans la voie du projet pour redynamiser les espaces ruraux.

2_ Bardet Maurice, La fin du paysage, 2ème édition, édition Anthropos, 1973

En %

Population

16.4 % 83.0 % 60.2 % 0.6 %

34 027 090 19 549 374 12 187 983 1 528 718 55 105 182

Population en % 61.7 % 35.5 % 22.1 % 2.8 %

Communes 6 376 27 699 20 877 89 34 164

Fig. 05 - La répartition des communautés rurales et urbaines - Source Insee

Communes en % 18.7 % 81.1 % 61.1 % 0.3 %

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Cependant, on ne peut pas ignorer les problèmes et autres difficultés, répandus sur 70% du territoire français, qui regroupe 13.6 millions de sa population (soit 23%) malgré un poids économique de seulement 20%. Le monde rural a du faire face au cours de son histoire à plusieurs difficultés. Il a certes connu un siècle d’exode et de désertification certainement causé par la mondialisation et la crise pétrolière, mais il semblerait que son déclin soit bien plus précoce. 16

Philippe Désbrosses, agriculteur et docteur en sciences de l’environnement, dénonce tout particulièrement les différentes problématiques de la révolution verte1. Dominique Guillet, fondateur de kokopelli2, corrobore cette idée. Il explique que tout a commencé à la première guerre mondiale avec l’éradication de la paysannerie francogermanique. Cette entreprise des dépaysanneries a été parachevée par la seconde guerre mondiale.

1_La Révolution verte est une politique de transformation des agricultures des pays en développement ou des pays les moins avancés, fondée principalement sur l’intensification et l’utilisation de variétés de céréales à hauts potentiels de rendements. 2_Kokopelli est une association française qui distribue des semences issues de l’agriculture biologique et biodynamique dans le but de préserver la biodiversité semencière et potagère

Par dessus ces facteurs, vient encore se greffer la synthèse de l’ammoniaque3. En parallèle le plan Marshall de 1947 importe des États-Unis des tracteurs4. Philippe Désbrosses et Dominique Guillet déplorent tous deux une sinistre conclusion, l’agriculture occidentale actuelle est devenue une agriculture de guerre. En somme, la réalité historique occidentale aurait modifié tous les modes et codes de la vie paysanne au profit d’une agriculture dirigée et contrainte par les industries pétrolières ainsi que par l’économie internationale.

80- +de 15000 habs/km²

50-80 habs/km² 30-50 habs/km² 15-30 habs/km² 5-15 habs/km² 0-5 habs/km² Diagonale vide

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Aires urbaines métropolitaines

Les villages les plus touchés par cette décroissance rurale se situent dans la diagonale du vide de l’Hexagone. La faible densité n’est pas la seule donnée permettant de souligner ce déclin, on peut y ajouter le manque de connexion avec les grandes agglomérations (dû à leur distance géographique) ce qui est souvent synonyme d’une précarité des services et de l’emploi dans ces secteurs éloignés.

3_Élément qui permet de faire des bombes et qui par la suite a donné lieu aux fertilisants de synthèse. Il a été suivi de l’invention des gaz moutardes venant de la première guerre mondiale. Ces derniers donneront lieu à tous les insecticides qui sont nés les gaz de combat. 4_ Les tracteurs sont la suite même des tanks

Grandes aires urbaines Marcillac-La-Croisille

Fig. 06 - Carte des densités des territoires en marge des métropoles : 70% de rurale

La diagonale du vide est un terme désignant une partie du territoire français, des Ardennes aux Pyrénées, la plus marquée par l’exode rurale de l’après guerre des xixe et xxe siècles. Ce phénomène est exacerbé par la métropolisation qui elle, à contrario, accentue les zones densément peuplées.

Cette désignation de diagonale du vide a été inventée par les géographes pour souligner la faible densité de population dans ces zones (moins de 30 habitants/km²). Elle concernait en 2004 42% des communes et 8% de la population5. Ce terme sera ensuite popularisé par la datar6 mais désigné par le terme « hyper ruralité » par A. Bertrand7. 5_Source Insee 6_La Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale 7_A. Bertrand , sénateur de Lazéne, 2014


Aujourd’hui qu’est-ce-que la décroissance ? En quoi les espaces ruraux, hors des flux de la métropole, pourraient être des lieux de la post‑décroissance, de l’expérimentation et du développement durable ? Comment sortir du champ économique national pour se diriger vers une évolution locale à partir du capital présent sur ces territoires (matériels, énergies, etc…) ? En somme, il s’agirait de trouver une alternative économique à la métropolisation. 18

En d’autres termes, comment faire pour faire vivre ou « revivre » les gens à la campagne ? Comment amener de l’emploi dans ces territoires non métropolitains ? Pourquoi les questions de développement du territoire et du paysage, doivent-elles se contenter des franges métropolitaines ? Un certain nombre de questions se posent sur l’urbanisme, peut-on en dire autant sur le ruralisme1 ? Depuis la crise industrielle, il semblerait que le milieu rural ne fasse plus partie des centres d’intérêts. Le constat d’une fuite du rural en direction des villes, notamment motivé par leur prospérité, est fait, notamment par les sociologues. Certains villages souffrent de cet exode. Le patrimoine architectural et rural est touché. 1_Leroy Louis, Le ruralisme « comment réaliser l’aménagement des campagnes ? », Paris, éditions ouvrières, 1960.

Comment se servir des ressources naturelles et du patrimoine local pour remettre en valeur la vie à la campagne sans tomber dans une vision minimaliste tournée autour du tourisme ? Comment les différents acteurs concernés par cette situation pourraient interagir dans un nouveau système d’action et de stratégie de développement ? La question n’est pas seulement de moderniser le monde rural, mais bien de s’interroger sur de nouvelles possibilités quant à son développement à venir. D’après mes premières observations, ainsi que mes expériences personnelles, je souhaiterais dans ce mémoire mettre en parallèle différents cas d’études sujets à cette relégation métropolitaine (les villages les plus reculés, en déprise démographique), afin d’en saisir les différents angles d’évolution permettant de comprendre et d’envisager une nouvelle vie, un véritable renouveau pour la ruralité.

C’est avec mes différentes investigations, le croisement d’entretiens réalisés avec différents acteurs du milieu rural, ainsi qu’un corpus de documentation lié aux données statistiques de ces territoires, que nous allons ici développer cette problématique. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’état actuel des territoires ruraux en France et notamment des villages les plus reculés des aires métropolitaines et urbaines. Il s’agit de comprendre les grands phénomènes qui ont amené à réinvestir ces territoires, pour faire face à leur déclin. En d’autres termes, l’enjeu est de comprendre comment ils en sont arrivés là, de situer et mesurer les grandes problématiques qui permettent d’engager aujourd’hui de nouveaux enjeux. Tout d’abord, nous situerons nos réflexions vis-à-vis de données assez générales afin d’appréhender le sujet d’un niveau global. Il s’agit en effet d’amener, non pas à une réflexion située ou thématique, mais à des enjeux territoriaux majeurs permettant de travailler sur la reformation des territoires ruraux grâce à des richesses locales, qu’elles soient matérielles ou humaines.

Dans un second temps il sera question d’introduire les différentes problématiques soulevées précédemment par le biais de situations identifiées qui ont fait l’objet d’une étude et/ou d’un projet. Cette seconde partie aura pour but non pas de segmenter les processus de transition à l’œuvre dans le milieu rural, mais d’introduire une réflexion plus large. Celle-ci amène à considérer l’ensemble des problématiques comme un maillage d’enjeux intrinsèquement liés, permettant à long terme de produire un équilibre pour ces villages ruraux afin de leur assurer un avenir durable.

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Partie 1

.......................................................................... Une réalité globale: 70% de ( territoire) Rural

Des réflexions pour des territoires en transitions

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En introduction, nous avons évoqué l’impulsion de mon intérêt pour les territoires en déclin, notamment motivé par le manque d’investigation à ce sujet durant mon parcours scolaire à l’école nationale d’architecture. Cette première partie aura pour ambition d’aborder les différentes problématiques qui touchent ces territoires et qui en font un sujet d’étude et de projet à part entière. Nous ne sommes pas sans ignorer les grandes difficultés, rencontrées par les territoires ruraux, qui sont régulièrement médiatisées par le biais de chaînes d’informations, dans lesquelles ils sont souvent présentés au grand public comme des territoires déchus. Cependant, cette réputation est-elle justifiée, ou est-elle le fruit de circonstances négatives accumulées ? Nous aborderons dans cette première partie la réalité globale de ces territoires souvent « mal nommés »1. Cependant, les problématiques de ces territoires ne seront pas toutes évoquées ici. En effet, certaines seront occultées ou mentionnées brièvement. Les questionnements qui seront développés dans cette partie permettent, en autres, de comprendre et d’appréhender au mieux les cas d’études qui seront développés en suivant dans la partie deux.

1_La notion de « mal nommé » désigne deux observations personnelles : celle d’une grande difficulté à définir les territoires ruraux français soulignée par des appellations qui leurs sont injustement rattachées.

Toutefois, les cas développés dans cette partie ont été sélectionnés car ils sont majeurs. Ils sont effectivement un point de départ pour nouvelles impulsions de renouvellement des territoires concernés.

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1.1 La trajectoire démographique ..........................................................................

Depuis plusieurs décennies les espaces ruraux ne cessent d’essuyer les conséquences des mutations qui touchent leurs territoires. D’une période emblématique de la paysannerie, au dépeuplement, ou encore au changement des modes de vies, leur équilibre n’a cessé d’être bousculé. Pour comprendre ce changement de paradigme, il est important d’en saisir les différentes phases de sa recomposition démographique (Cf Fig. 08). Il s’agit de restituer préalablement la réflexion dans le contexte historique. 24

Avant l’exode rural, le monde paysan occupait une grande place dans la société française, notamment par son poids démographique. Néanmoins, déjà à cette époque sa place politique et sociale est restreinte. Cependant, économiquement, les paysans ont connu une période prospère grâce à l’agriculture, où les richesses de leurs terres leur donnaient un poids important dans la société à la fin du XIXe siècle. Au début du XXe siècle les premiers changements s'opèrent, le monde paysan rentre dans une première phase de déclin. Avec l'arrivée de l'industrialisation, l'agriculture se modernise aux dépens des paysans. Elle ne correspond plus à la société paysanne où le statut même de paysan est ébranlé au profit « d'exploitants agricoles ».

L’humain se retrouve alors majoritairement remplacé par les machines, dans une quête d’autosuffisance alimentaire. Ce sont les prémices de l'agriculture intensive, on parle aussi de révolution verte1. Les petites exploitations sont alors reléguées en second plan, au point de devenir une minorité. Les paysans n'ont d'autres solutions que de fuir leurs terres pour chercher un travail en ville. Les artisans de village, très nombreux au xixème siècle, disparaissent également, victimes eux aussi de l'industrialisation. Cet exode atteint son apogée en 1950. Il en résulte un glissement massif et durable de la population agricole et rurale vers les villes et les activités industrielles. Cette première phase est la plus négative pour cette société rurale et notamment pour les villages les plus isolés. Nous sommes face, à cette époque, à un dépeuplement des campagnes ainsi qu'un changement des modes de vies. C'est ce qui conduit Henri Mendras à parler de « fin des paysans2 » en 1967. En somme, on peut parler de disparition de la paysannerie comme classe sociale, où le mode de vie ne se distingue plus par l'agriculture. 1_Le terme « révolution verte » désigne le bond technologique réalisé en agriculture au cours de la période 1960-1990, à la suite d’une volonté politique et industrielle, appuyée sur les progrès scientifiques et techniques réalisés dans le domaine de la chimie et des engins agricoles durant la première guerre mondiale et poursuivis durant l’entre-deux-guerres. 2_Bardet Maurice, La fin du paysage, 2ème édition, édition Anthropos, 1973

Les territoires ruraux traversent ensuite une phase transitoire dans laquelle le solde migratoire se régule avec le solde naturel. L’installation de nouvelles populations contrebalance progressivement les effets de la migration, pour mener vers une stabilisation du niveau de la population. Cette phase reste néanmoins fragile car cette nouvelle population se confronte à l’ancienne (une population surtout âgée étant donné que les jeunes sont notamment partis conquérir la ville en vue de trouver du travail). Les habitants des villages se retrouvent avec une identité précaire et hétéroclite. En effet, il est difficile de s’identifier à un territoire en probation, qui a perdu sa force vive. L’arrivée de nouvelles populations continue à se développer, amenant à une phase de repeuplement. Elles sont marquées par une accentuation de la population rurale, avec l’arrivée de nouveaux habitants, généralement de jeunes couples avec enfants. Ce qui nous amène à une régulation des tranches d’âges (dans les deux phases précédentes, la population était majoritairement vieillissante.) C’est un rééquilibrage qui est marqué par une revitalisation, où le solde migratoire reste positif (malgré sa stabilité). On passe d’une croissance exogène à une croissance androgène. Cette période se situe entre les années 1982 et 1990 dans laquelle 60 % des communes rurales françaises ont enregistré un gain démographique.

L’observation de cette évolution démographique nous permet de saisir les premières problématiques que portent ces territoires. Les différentes mutations subies ont radicalement changé la pratique et l’image de la ruralité. D’un contexte agraire on en vient à un territoire en quête d’équilibre et d’identité. On y rattache, généralement une image négative à défaut de pouvoir y adapter des caractéristiques objectives. Au-delà de la notion de territoire, la population elle-même devient plus hétéroclite, les tendances vont vers la négation, de paysans à « non‑urbains » ou encore néo‑ruraux, pour les dénommer. Cela induit notamment une grande difficulté à définir la ruralité. On pourra le constater par la suite, la définition de ces territoires non urbains n’a cessé d’évoluer.

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Pôles Urbains Communes périurbaines Dont Unités Urbaines Espace à dominante urbaine Dont Unités Urbaines Rural sous faible influence Urbaine Pôles Ruraux et leur périphérie dont Pôles ruraux Dont périphérie des pôles ruraux Rural isolé Espace à dominante rurale Dont Unités Urbaines France en�ère Dont Unités Urbaines

Varia�on de pop. 478.76 1 178.54 396.21 1 657.30 874.97 149.56

1975 - 1982 Bilan Solde naturel migratoire 1 483.72 -1 004.95 129.62 1 048.91 74.93 321.28 1 613.34 43.96 1 558.64 -683.68 -50.60 200.17

Varia�on de pop. 1 015.49 1 146.76 395.61 2 162.25 1 411.09 216.84

1982 – 1990 Bilan Solde naturel migratoire 1 681.62 -666.14 258.79 887.98 109.44 286.17 1 940.41 221.84 1 791.06 -379.97 -18.77 235.57

Varia�on de pop. 844.83 811.94 284.36 1 656.77 1 129.19 245.09

1990 - 1999 Bilan Solde naturel migratoire 1 722.17 -877.34 313.59 498.35 123.37 160.99 2 035.76 -378.99 1 845.54 -716.35 -13.33 238.42

61.21 25.36 35.85 -124.78

35.58 49.77 -14.19 -112.62

25.63 -24.41 50.04 -12.17

30.46 -19.54 49.99 -129.23

30.66 32.54 -1.88 -124.40

-11.21 -52.08 51.87 -4.83

26.96 1.49 25.48 -25.23

3.04 4.49 0.55 -155.13

21.92 -3.01 24.93 129.91

85.99 101.31 1 743.29 976.28

-127.64 60.97 1 485.70 1619.61

213.62 40.34 257.58 -643.33

118.03 36.85 2 280.28 1 447.94

-112.40 35.07 1 827.90 1 826.13

230.54 1.77 452.38 -378.20

246.83 73.25 1 903.59 1 202.45

-163.42 -20.68 1 872.34 1 824.87

410.25 93.93 31.25 -622.42

Fig. 07 - Variation de population : Bilan naturel et solde migratoire par catégorie de communes (en milliers d’habitants) - Source Insee

Evolutions positives

2014: On parle «d’hyper ruralité»

2007

- Phase d’éxode -

- Phase transitoire -

- Phase de repeuplement -

- Phase de revitalisation -

La population rurale a augmenté de 9 % quand celle des villes ne progressait de 4,6 % 1999 Repeuplement avec des taux d’accroissement annuels supérieurs à + 0,7 % 1990 1975

0

Temps

26

Point d’inflexion de la variation totale, le solde migratoire couvre le déficit naturel

Evolutions négatives

Reprise du solde migratoire (point d’inflexion)

Variation totale de la population

Point d’inflexion du solde naturel et retour à la croissance de la variation totale Solde naturel

Déclin de la poppulation rurale et déficit migratoire 1968

Retour à la croissance du solde naturel Solde migratoire

1947: Le géographe Jean-François Gravier décrivait déjà un « désert français » pour la ruralité pour ensuite réduire cette notion à " diagonale du vide " 1914: La population « paysanne » diminue à 60%, mais l'agriculture représente plus de 40% du PIB : début de la guerre industrielle

Fig. 08 - Les quatre phases de la recomposition démographique des espaces ruraux 1871: La population « paysanne » diminue à 64%

1837 : Les Forces productives et commerciales de la France sont dans les territoires ruraux 1830 : La société française est profondément rurale ► Population « paysanne » à 80%

Fig. 10 - Évolution des territoires ruraux dans le temps

Fig. 9 - Profils de la variation annuelle de la population totale (1962 - 2006) selon les catégories spatiales (définition ZAUER 1999)

27


1.2 UN BASSIN DE VIE PRÉCAIRE ? ..........................................................................

Depuis la fin des années 1990, les résultats des premières enquêtes du nouveau recensement confirment le repeuplement avec des taux d’accroissement annuels supérieurs à + 0,7 %, contre + 0,5 % entre 1990 et 1999. C’est un bouleversement pour les modèles démographiques qui a de lourdes conséquences sur les sociétés locales (retraités, travailleurs citadins « pendulaires », nouveaux actifs, marginaux). Certaines communes sont touchées, à leur tour, par « l’exode urbain ». On peut également apporter une spécification pour les territoires les plus reculés. L’hyper-ruralité qui compose 26% du territoire n’accueille que 5.4% de la population française. Cette hyper-ruralité se confronte notamment à une faible densité de population, à un vieillissement de cette dernière, ainsi qu’à enclavement, mais aussi à de faibles ressources financières, et à une rareté d’équipements et de services, mais surtout à un manque de perspectives d’avenir. De nombreux acteurs et auteurs parlent même, non pas de problématique, mais de handicap, créé et ou naturel.

28

Cette révolution silencieuse se résume par l’absence de choix quant aux pratiques de l’agriculture, mais aussi face au mode de vie.

Fig. 11 - Impact des crises sur le territoire

Les différentes mutations nous amènent à nous interroger sur la question des bassins de vie, puisque les territoires, aussi isolés soient-ils, font partie prenante de territoires plus vastes. Cette notion rencontre les mêmes problématiques que celle de la définition des territoires ruraux. Jusqu’en 2012, la classification des bassins de vie ruraux était relativement rudimentaire, elle semblait avoir été abordée par la négation et non dans des conditions de contexte situé ou encore en interrogeant des pratiques différenciées. Les caractéristiques qui composent le bassin de vie étaient régies par des limites territoriales sans considérer les différentes situations, et échanges entre les territoires. Or la notion de bassin de vie doit permettre de mieux interroger les dimensions liées à l’espace vécu par les habitants. De plus, les différentes caractéristiques permettant de définir ces entités, ont été élaborées par rapport à des zones urbaines où la notion de temporalité et de mobilité ne peuvent être comparées à celle des territoires ruraux. En effet, l’urbain est majoritairement orienté vers des mobilités triangulaires à l’échelle de la ville alors que les territoires ruraux développent leur bassin de vie articulée à l’échelle du territoire (un maillage plus large de celui de sa propre commune).

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D’après la nouvelle la typologie fixée par l’INSEE, en 2012, les 35 équipements de la « gamme supérieure » sont les moins bien représentés en milieu rural (Cf annexe page 110). En effet, seuls 26 % de ces services sont accessibles en moyenne dans les bassins de vie ruraux contre 74% en milieu urbain. Les gammes « intermédiaire » et « de proximité », sont présents à quasi égalité entre bassins de vie ruraux et urbains.

La problématique des services se trouve majoritairement au niveau des programmes suivant : pôle emploi, hypermarché, lycée, urgences, maternité, médecins spécialistes...

En effet, l’accès à ceux-ci nécessite un temps de trajet conséquent puisqu’il engendre pas moins de 3/4 d’heure aller-retour pour y accéder. La moitié des habitants met plus de 1h20 aller‑retour pour accéder aux équipements scolaires supérieurs ou spécialisés.

30

Domaine des services aux par�culiers Domaine du commerce Domaine de l’éduca�on Domaine de la santé Domaine des sports et loisirs Domaine du tourisme Gamme intermédiaire Gamme supérieure 0

10

20

30

40

50

60

70

80 90 en minutes

Note : Lorsqu’une commune dispose d’un équipement, le temps d’accès à cet équipement est par convention de 0 car le distancier utilisé ne permet pas de calculer des distances infra-communales. Lecture : En milieu rural, la moitié de la population met plus de 78 minutes pour un aller-retour aux équipements scolaires. Fig. 12 - Temps d’accès médian aux équipements (aller-retour) dans les bassins de vie ruraux - Source Insee : base permanente des équipements 2010, recensement de la population 2009 ; distancier Odomatrix, Inra.

En ce qui concerne les programmes intermédiaires et services de proximité, les ruraux mettent moins d’un quart d’heure aller-retrour pour y accéder.

La population semble avoir migré dans le péri-rural pour profiter d’habitations plus récentes et de plus d’espaces liés au grand paysage. Ce changement des modes de vie entraîne du « D’une manière plus générale, l’accroissement il semble qu’au-delà du binôme nombre de logements (s’associent urbanisation/désertification, on vacants souvent à un habitat puisse observer de nouvelles inadapté aux modes de formes de répartition des vie contemporains) et hommes dans l’espace, une de la déshérence des nouvelle voie qui est celle du centres-bourgs ruraux. repeuplement rural, voire de

Les communes rurales ont de plus en plus de mal a garder l’intégralité de leurs services ouverts, y compris les petits commerces qui ne trouvent pas de repreneurs. Il est effectivement la revitalisation, très sensible difficile d’envisager De plus le délabrement aux contextes régionaux. autant de services que des bâtiments Dans ce cas, l’élément dans les grandes villes non‑utilisés, nuit à la primordial est sans doute le au vu de la répartition passage du repeuplement à la qualité du cadre de vie, des populations et des et à son attractivité. Il revitalisation.» 1 frais que cela engendre. contribue à la fragilisation Les postes et les d’un territoire accentuée banques sont les premiers services par une absence d’appropriation culturelle touchés par la fermeture, due au du territoire. manque de clientèle. Certains financements visent à apporter un soutien pour maintenir ces derniers, mais il semblerait que la question et les financements ne soient pas utilisés à bon escient pour des situations rurales. Ces problématiques sont également liées à celles des centres-bourgs. En effet, ces derniers sont marqués par un manque de « vitalité », les commerces se font rares et les habitants également.

Dans ce contexte, le maintien et l’accueil de populations conduisent à la construction de logements standardisés en limite de bourg, voire à l’émergence d’habitat dispersé. Les services et commerces suivent généralement ces mouvements.1 C’est ainsi que les lieux de vie des centres‑bourgs perdent progressivement leur qualité de vie au sein des espaces publiques les conduisant vers une perte d’attractivité. 1_ Dedeire Marc, Razafimahefa Lara, Chevalier Pascal et Hirczak Maud, « Dynamiques des espaces ruraux en France », Espace populations sociétés, 2011/3 | 2011, 521‑537.

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1.3 Des territoires mal nommés ..........................................................................

Toujours est-il que les bâtis anciens des bourgs et villages constituent des réserves foncières pour accueillir un nouvel habitat. Ils se révèlent également être une alternative à l’étalement périphérique. On peut, dans la même mesure, considérer la maniabilité des espaces plus larges pour envisager un renouveau prospère répondant aux besoins de la population.

32

Durant mes recherches, j’ai pu constater que les définitions qui touchent le milieu rural semblent elles‑mêmes faire partie des problématiques rattachées à ce domaine. Afin d’appréhender au mieux le sujet, nous allons revenir sur quelques définitions communes1 : ►Ruralité : Condition des choses et des gens de la campagne; caractère, état de ce qui est rural. ►Ruralisme : Recherche et propagande pour l’aménagement des campagnes au bénéfice, non seulement des ruraux, mais encore des villégiateurs et des touristes de la population urbaine ►Hyper-ruralité : État de ce qui est exclusivement rural2 ►Campagne : Paysage rural caractérisé par ses champs allongés, l’absence de clôtures et de haies et son habitat groupé. ►Territoire : Espace géographique ne constituant pas un État souverain, mais qui forme une partie d’un tel État et jouit d’un statut particulier. (Exemple donné : Territoire non métropolitain.)

1_Issues du CNLRT 2_Céline ROUDEN, Des territoires « hyper-ruraux» au seuil de l’effondrement, Journal La Croix, p. 3, 25 août 2014

Depuis l’industrialisation les territoires ruraux ont connu de grandes mutations. Leur rapport au travail a été bouleversé par les processus industriels qui ont suivi. Les mouvements de la population ont participé à ce bouleversement, on l’appelle plus couramment « la fuite des campagnes ». Les « codes » qui définissent les territoires ruraux sont alors ébranlés. Aujourd’hui encore ces territoires, manquent de stabilité. De plus, l’hyper‑ruralité est souvent décrite, au‑delà des définitions, comme répulsif. Les collectivités publiques ont pris conscience récemment du manque d’information et de communication sur la situation et la réalité de ces territoires ruraux. En 2012 la DATAR s’est engagée dans une investigation nationale pour arriver à définir et classifier le territoire français. Le but était ainsi de renouveler son corpus de connaissances. L’intérêt de cette étude réside dans le fait de saisir toutes les particularités par la récolte et l’analyse de données caractéristiques précises, permettant de prendre en compte les récentes évolutions socio‑économiques des territoires ruraux (Cf Fig. 13 et 14).

33


Campagne des villes, du littoral et des vallées urbanisées Densifiées, en périphérie des villes, à très forte croissance résidentielle et à l’économie dynamique Diffuses, en périphérie des villes, à croissance résidentielle et dynamique économique diversifiée Densifiées, du littoral et des vallées, à forte croissance résidentielle et à forte économie présentielle

Campagnes agricoles et industrielles Sous plus faible influence urbaine Campagnes vieillies à très faibles densité A faibles revenus, économie agricole et présentielle A faibles revenus, croissance résidentielle, économie présentielle et touristique A faibles revenus, croissance résidentielle, économie présentielle et touristique dynamique, éloignement des services d’usage courant

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Fig. 13 - Carte des typologies des campagnes françaises - Source DATAR

Fig. 14 - Taux de pauvreté en France - Source Insee

C’est une enquête rudement menée. On peut constater que différentes typologies sont identifiées et qu’à travers celles-ci pas moins de 250 projets sont à l’œuvre. Néanmoins, en y regardant de plus près, ces projets concernent généralement de petites villes qui se situent à proximité de métropoles, de grandes villes ou encore des zones favorables au tourisme.

De plus comme le souligne Gérard François Dumont3 à plusieurs reprises, « nous voyons des campagnes partout, sauf dans les statistiques ». En effet, il existe une réelle difficulté à disposer de statistiques sur la situation de ces territoires, et certaines données se retrouvent même faussées par la grande complexité et l’hétérogénéité qui les caractérisent.

On peut alors s’interroger sur les priorités de ces interventions. Sont‑elles là dans le seul but de nourrir les intérêts économiques urbains ? En effet, malgré la complexité des investigations au sein du territoire français, seules quelques classes de typologies répondent réellement aux potentialités d’enjeux de développement fixés par cette étude. Le tourisme apporte certes un soulagement économique pour certaines communes en déclin, mais cette solution ne peut être envisagée comme une valeur unique. Le constat n’est pas rare qu’un village s’appuyant exclusivement sur les ressources touristiques se heurte, en cas de faillite, à de grandes difficultés pour tenter de contrebalancer cette perte et de s’adapter à la situation.

J’ai pu constater que ces territoires étaient difficilement définissables compte‑tenu des complexités engendrées par les problématiques propres à chaque situation. En effet, ils se réfèrent aussi bien à des besoins individuels de la population, qu’à l’accessibilité (entrant et sortant), ou encore à l’hébergement4, et pour finir l’acceptabilité qui renvoie aux préoccupations sociales et culturelles. En somme, on constate que les recompositions socio‑spatiales modifient grandement la « donne 5 rurale ».

2_Campagnes : l’alternative, édition Libre & Solidaire, Collection Autonomia, 2016, p15

4_Les offres restant restreintes et souvent ne servant pas à la gestion rationnelle du foncier. Emergent également des problématiques liées à la situation des bourgs de village qui ne trouvent pas d’acquéreurs au profit d’habitations plus isolées dans les terres. Cf 1.2 Un bassin de vie précaire ? 5_Rieutort Laurent aborde ces différentes notions à l’échelle mondiale du milieu rural dans son article : « Dynamiques rurales françaises et re‑territorialisation de l’agriculture »

35


Besoin de réalisation de soi

Développer ses connaissances, ses valeurs. Créer, résoudre des problèmes complexes.

Besoin d’estime de soi

Sentiment d’être utile et d’avoir de la valeur. Conserver son autonomie, son identité.

Besoin d’amour, appartenance

Etre aimé, écouté, compris. Estime des autres Faire partie d’un groupe, avoir un statut

Besoin de protection et sécurité

Propriété et maîtrise sur les choses, emploi, se sentir en sécurité, faire confiance.

Besoin de maintien de la vie

Faim, soif, survie, sexualité, repos, douleur

Fig. 15 - Échelle de la hiérarchie des besoins selon Maslow, dite « Pyramide de Maslow » 36

Action guidée par le respect de l’attachement aux règles du groupe

Justifier une action en fonction de la recherche et de l’intérêt général

Cité civique

Cité marchande

Cité du renom

Cité inspirée

Vise une reconnaissance sociale, relations publiques...

Action guidée par un principe supérieur d’innovation et de nouveauté

Fig. 16 - Le principe des 6 natures

Impératif d’efficacité et de productivité

Le déclin démographique, la baisse d’activité économique, le vieillissement des populations, les problèmes de mobilité, les désertifications des centres‑bourgs sont autant d’enjeux vitaux, pour maintenir la vie au sein des villages les plus reculés, que des bases d’impulsion, pour un avenir prospère et durable.

L’ensemble des problématiques qui émerge de cette partie nous amène à nous interroger sur la notion d’échelle locale. Cette notion n’est pas à interpréter comme un détachement, ou une indépendance, mais plutôt pour envisager une exploitation des ressources situées à l’échelle du temps court (immédiateté des ressources environnantes) et le temps long (celui de l’exploitation des ressources). L’espace rural assume maintenant de nouvelles fonctions qui vont bien au-delà de la production agraire. Il a un cadre d’investigation plus large à prendre en considération, notamment celui des modes de vie intégrant les questions de mobilité, le lieu de développement économiquement innovants pour répondre aux besoins de la population. Les réponses à cet enjeu ne peuvent cependant être cataloguées dans un processus universel, mais doivent se jouer entre spécificités locales et besoins multiséculaires.

Justifier une action par le donnant-donnant du contrat commercial

Cité domestique

Cité industrielle

On pourrait également croiser ces besoins individuels aux besoins fondamentaux de Maslow6 (j’apporterais néanmoins une nuance sur l’aspect pyramidal de son approche qui me semble réducteur face à la complexité du genre humain).

2_Abram Maslow, psychologue américain, après avoir élaboré sa définition de l’Homme, il a déterminé une hiérarchie des besoins pour ce dernier. Selon lui la satisfaction des besoins physiologiques doit précéder toutes tentative de satisfaction des besoins de protection (sécurité) qui devaient être acquis avant les besoins d’amour (appartenance),qui précède également les besoins d’estime de soi (reconnaissance), pour finir en haut de la pyramide par les besoins spirituels de dépassement.

37


38


PARTIE 2

.......................................................................... HYBRIDATION MULTISCALAIRE:

Des problématiques comme moteurs de renouvellement 39


Cette deuxième partie a pour ambition de déterminer différentes « qualifications » de projets qui se distinguent par leur capacité à intégrer une recomposition socio‑spatiale qui participe au développement économique local. Comme le souligne il faudrait rejeter la B.Kayser1, domination des références, faire table rase des préjugés, des comparaisons à l’urbain et du rapport que le rural entretient avec son propre passé pour en faire émerger une nouvelle ruralité riche de sa diversité géographique. 40

L’enjeu est ainsi de le rendre socio‑économiquement singulier et ainsi comprendre, appréhender, la ruralité dans sa modernité. Oublions les thématiques cherchant à faire entrer l’évolution de ces milieux dans des cases, pour faire enfin émerger les capacités spécifiques liées à leur géographie. C’est en travaillant les spécificités d’utilisation du sol, du bassin de vie et une représentation identitaire qu’enfin les évolutions seront tournées vers une approche plus complexe, tendant à devenir multiscalaire, dans laquelle les logiques locales cohabitent avec les logiques globales. La résistance rurale à l’exclusion est aujourd’hui portée par un grand nombre de projets et d’initiatives, évoquant les problématiques des territoires ruraux. 1_ Bernard Kayser, géographe et sociologue français, spécialiste du monde rural.

Sur l’ensemble des démarches que j’ai pu étudier, j’ai été, dans un premier temps, interpellée par le manque de croisements d’enjeux, pourtant géographiquement adjoints. Il est vrai qu’en majorité, les projets rentrent dans des « cases » de préoccupations sans y intégrer celles qui y sont adjacentes et/ou complémentaires. Par conséquent cette seconde partie illustre une sélection de projets qui développent, à mon sens, une complémentarité développée sous plusieurs axes de renouvellement. En somme, il s’agit de nous intéresser à des projets caractérisés par une hybridation de démarches alternatives qui incarnent une forme d’interaction en termes d’enjeux et de solutions pour un avenir durable. J’ai choisi d’employer le terme d’hybridation car il évoque la continuité et l’interaction, voire l’interdépendance des alternatives engagées par les acteurs du territoire. En effet, dans un premier temps le terme « d’alternative » m’incommodait.

41


Effectivement, à mon sens, cette dénomination est trop souvent réductrice face à l’ampleur du sujet. Les sens d’alternative nous amènent trois définitions : ‑Sens 1 : Succession d’états opposés qui reviennent plus ou moins régulièrement ‑Sens 2 : Obligation de choisir entre deux possibilités (dilemme) ‑Sens 3 : Possibilités de faire alterner, de faire succéder deux états, deux partis opposés2.

42

Or, après avoir croisé les informations collectées sur le sujet, les alternatives développées vont (ou devraient aller) plus loin que le sens commun des termes qui les qualifient. En effet, nous sommes dans une telle situation (présente et à venir) que l’on ne peut se contenter d’alternatives, encore moins d’alternatives « classifiées » qui se contentent de suggérer une solution à l’ensemble des problèmes situés. Pour exposer ce qui vient d’être dit, les enjeux et les répercussions ne sont pas seulement économiques3, il est question d’être capable de construire un niveau de conscience, de vivre ensemble orienté vers une société rurale durable.

C’est pourquoi l’hybridation des intentions, aujourd’hui à l’œuvre, est représentative d’un changement qui amène à de nouveaux processus, de nouveaux concepts, pour repenser la ruralité, qui visent à être pro‑actifs et à regarder vers l’avenir. Il s’agit de prendre connaissance du territoire, non pas de manière générique comme c’est souvent le cas, mais à une échelle singulière et locale. Le but étant de chercher à comprendre le dit territoire et d’élaborer un plan d’action propre à sa situation car la ruralité est riche de sa diversité. Il serait approprié que les richesses soient mises en avant par une politique ambitieuse afin de faire des qualités d’un milieu, un moteur de renouvellement à une échelle multiscalaire. Les acteurs du territoire doivent réinterroger leurs pratiques pour permettre aux villages de garder et exploiter ce qui constituent leurs forces, et ainsi par ce biais, repenser une qualité de vie économique et sociale de leur commune.

Diagramme du développement durable : une approche globale à la confluence de trois préoccupations, dites « les trois piliers du développement durable ».

Fig. 18 -

En somme, l’enjeu est de les rendre légitimes par leurs singularités, leur contexte et par l’exploitation de leurs richesses. Il s’agit de réinterroger le territoire pour en faire émerger des enjeux raisonnés et qualitatifs.

L’hybridation c’est une contribution entre plusieurs projets, plusieurs situations, plusieurs enjeux possible, c’est allier les forces, les richesses et les compétences. Marcel DJAMA utilise le terme d’hybridation pour marquer la force des intentions développées dans ses écrits4, il dit même utiliser ce terme pour la provocation alors que Pierre ALPHANDERY et Jean‑Paul BILLAUD5 eux, se l’approprient dans leur discours pour évoquer la complémentarité des éléments ainsi que pour exprimer la modernité. Par conséquent, les exemples développés dans cette partie sont représentatifs d’un ensemble d’hybridations qui favorise et participe, au bassin de vie de leur territoire6. Les trois points suivants se distinguent par leur caractère respectif mais, pour autant l’un ne peut être dissocié des deux autres. On peut distinguer la prédominance d’un axe d’hybridation sur chacun des projets en tant que point d’appel.

4_DJAMA M., 2004. Hybridation économique et dynamiques rurales dans les Suds. In: 1er Congrès de l’Association Française de Sociologie, Université de Paris 13, Campus de Villetaneuse (France), 24-27 février, 6 p. 5_Pierre ALPHANDÉRY et Jean-Paul BILLAUD, Retour sur la sociologie rurale, étude rurale, 2009

2_ Définitions d’alternative issues du Larousse 3_Il va de soi que les répercussions économiques ont une place majeure dans le développement d’un territoire

6_C’est notamment à partir de la Citation de Kevin Lynch, que j’ai choisi d’établir ces trois axes de lecture. Cf Annexe page 94

43


2.1 Croisement DES PROGRAMMES ..........................................................................

44

En tant qu’étudiante en école architecture, l’impact d’un programme donné à l’échelle d’un territoire m’interroge. Durant notre formation de master, au sein du domaine IAT1, on nous amène à appréhender la notion de programme différemment. Il ne doit pas être uniquement le fruit d’une envie ou d’une commande sans fondement. Le programme doit naître d’un territoire, il doit être la réponse à un enjeu situé, une nécessité justifiée à bien des égards. Il ne doit pas résulter d’une démarche spéculative ou individualiste, l’intérêt étant de produire pour et avec le territoire2.

Il est évident que la comparaison entre ville et village ne peut se faire et pourtant ces deux entités sont encore, à mon sens, faussement définies par leur opposition. Cependant, je suis convaincue que les modes de développement territorial (entre ville et village) ne sont pas comparables ou opposables. C’est également pour ces raisons que l’hybridation prend son sens, ni opposés, ni similaires aux villes, les territoires ruraux sont en leur sein même très différenciés. C’est pourquoi les projets présentés en suivant sont, entre‑autre, représentatifs d’un intérêt porté à l’environnement répercuté sur un programme.

Cette démarche est d’autant plus importante dans le cadre de la ruralité, voir de l’hyper-ruralité3. En effet, on ne peut pas concevoir un programme de la même manière qu’on le ferait en ville. Il est indéniable que les villages ruraux disposent d’une composition qui n’est pas comparable. Il apparaît indéniable qu’un village n’est pas structuré par des proportions semblables à celles des espaces urbains, ni par des densités similaires ou le même rapport aux espaces publics, aux services, aux temps, aux mobilités etc...

Les démarches liées aux programmes des territoires ruraux sont généralement concentrées sur le domaine de l’agriculture. Il est vrai que ce milieu est encore aujourd’hui intrinsèquement lié à la ruralité. L’agriculture est effectivement ancrée dans l’imaginaire collectif, comme une représentation, un symbole d’activité dans ces espaces.

1_Parcours du cycle de master, Intelligence et Architecture des Territoires, de la formation architecture à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux (ensapBx) 2_Le territoire au sens large, comprenant l’espace en lui‑même, les usagers, l’architecture, l’environnement etc… 3_Céline ROUDEN, Des territoires « hyperruraux» au seuil de l’effondrement, Journal La Croix, p. 3, 25 août 2014

Nous allons parler ici des fermes raisonnées4. Plus que de l’agriculture, ces fermes développent leur activité autour d’un réseau de programmes et de son environnement, sa production et parfois même une approche culturelle. Cette démarche est ancrée dans des dynamiques déjà existantes, toujours est‑il que ce genre d’initiative participe pleinement au développement du territoire, de manière économique mais aussi environnementale. 4_Cf annexe page 101

5

4

5 7 2

6

1

45

5

3

4

7 2

6

4

3

Fig. 19 - Localisation des territoires d’étude

1

7 2

6 Localisation des projets 1 Brugnac 2 Fourneaux 3 Chaliers 4 Villevêque 5 Ferques 6 Manzat 7 Châteldon Localisation des fermes raisonnées

1

3


46

Après l’impact de l’industrialisation cette hybridation des programmes de l’agriculture permet d’associer des besoins économiques, au besoin culturel ainsi qu’une revalorisation du territoire. Elles impactent également la participation et l’intégration des acteurs extérieurs à la production agricole par le biais d’activités annexes, ce qui favorise le lien au‑delà des limites foncières. Les fermes raisonnées concernent toutes les exploitations agricoles certifiées « hautes valeurs environnementales ». Elles sont également soutenues par les groupements d’intérêts économiques et environnementaux (GIEE5), ce qui implique aujourd’hui 246 exploitations agricoles, sur 515 0006 recensées en France. L’enjeu principal de cette démarche est de défendre les objectifs économiques, environnementaux et sociaux pour leurs exploitations. Cette certification des exploitations agricoles est un cheminement de progrès par étape. C’est une démarche partenariale qui mobilise tous les acteurs concernés de la société dans un objectif commun, celui d’améliorer l’impact des activités agricoles sur l’environnement. Elle identifie et valorise ces territoires (en fonction des demandes de la société) afin de mieux prendre en compte les pratiques agricoles et leur mutation. 5_Cf annexe page 101 6_ Dont 3 350 exploitations certifiées Agriculture Biologique

C’est une démarche volontaire composée de trois niveaux de progression pour faire de l’agriculture autrement. Chacun de ces niveaux proposés permet de mettre en place ce changement (dans un premier temps réglementaire puis une démarche visant à travailler sur la traçabilité etc.). Dans cette démarche environnementale, qui se veut en pleine mutation, se met en place la transition agro‑écologique et un ensemble de politiques et d’actions qui visent la triple performance : environnementale, économique et sociale sur la production agricole en France. Cette revendication vise à faire évoluer les pratiques et donc à accompagner de nouvelles formations pour atteindre les objectifs d’une agro–écologie. L’Agro‑écologie est porteuse de plusieurs initiatives, comme le « 4 pour 1000 » qui s’emploie à montrer que le sol agricole peut jouer un rôle dans le changement climatique, en l’utilisant comme stockage de carbone. Cette démarche développe des principes, des guides de « bonnes pratiques », qui expliquent comment participer au développement durable et à la biodiversité (en exposant des conseils comme recouvrir son sol de matières organiques, ou encore multiplier les espèces végétales autres que l’élément de production dans l’exploitation, avec des haies, herbes etc.).

Ces conseils permettent ainsi de garder un sol plus naturel et de ce fait de produire sur un sol plus sain pour l’exploitation, mais aussi pour la faune et la flore. En somme, ces principes hybrides ne sont pas sans rappeler des pratiques et des techniques ancestrales des métiers agricoles. Nous pouvons notamment évoquer ici la ferme du Chaudron Magique (Cf annexe page 100), qui porte un nom à l’image de ses ambitions. Cette ferme se veut ludique et ouverte à la population pour partager sa notion du bien‑vivre et l’importance d’engager une démarche agro‑écologique car comme le souligne SHIVA Vandana, la révolution commence dans l’assiette (et donc par ce biais commence par le respect de l’environnement et d’une agriculture saine)

La ferme du chaudron magique s’est donnée le défi en 1975 de se lancer dans une exploitation d’agronomie et d’écologie pour développer une agriculture actuelle, en opposition à l’agriculture industrielle. En somme, cette ferme propose des solutions à long terme. Cette ferme agro‑écologique utilise toutes les richesses de son territoire et de son sol, pour mener à bien cette exploitation à des fins économiques, responsable de l’environnement, mais aussi éthique. Pour ces agriculteurs, chaque problème de l’agriculture empoisonnée par des principes industriels a une solution dite naturelle. Des solutions d’hier et d’aujourd’hui qui s’additionnent dans un but unique, celui du respect de l’environnement et aussi de l’utilisation des ressources locales (mais encore technologique quand elles sont pro‑écolo).

Fig. 20 - Ferme du Chaudron Magique : Partage du savoir

47


En plus de développer cette démarche (à la fois ancestrale et actuelle), le chaudron magique propose des activités découvertes, accompagnées d’animations pédagogiques ainsi que des séjours de deux à six jours, afin de partager leur expérience ainsi que de faire découvrir les résultats de leur production. La ferme travaille également des produits transformés (produits issus du Mohair ainsi qu’une alimentation transformée pour promouvoir les produits du territoire). 48

Une démarche qui évoque clairement les mauvaises habitudes imposées par l’industrialisation dans le milieu de l’agriculture, mais aussi les solutions. Entre principe de permaculture, circuit court de production, solutions écologiques d’exploitation, cette ferme démontre les possibilités d’une agriculture en phase avec son temps, ses besoins et son environnement. On peut constater que l’agriculture est un biais pour engager de nouvelles pratiques au sein du territoire, c’est support pour considérer de nouvelles perspectives d’évolution. En ouvrant leurs portes, les agriculteurs offrent aux tierces personnes une ouverture sur le paysage emblématique singulier de leur lieu de vie.

Les frères Janin ont choisi cette approche, ouvrir les portes de leur domaine à des fins culturelles, en proposant divers programmes, aussi bien liés à l’agriculture, qu’aux loisirs, ou encore pour leur propre activité professionnelle extra‑agricole. La ferme des frères Janin7 se distingue par son lieu, entre projets d’architecture et paysage, sur l’exploitation agricole familiale sur la commune de Fourneaux. Ces deux frères sortent respectivement de l’école nationale supérieure d’architecture de Saint‑Étienne et de l’école nationale de la nature et paysage de Blois. Ils décident, après avoir fondé leur agence « FABRIQUES », de s’installer dans l’exploitation agricole familiale (fermes d’élevage bovins et ovins allaitants). Grâce aux ressources de leur double diplôme, ils s’interrogent sur la pertinence et l’apport possible d’une intervention sur une exploitation agricole actuelle. Pour eux, ce lieu est donc propice à l’expérimentation sur le long terme, un support d’expérimentation pour la construction progressive d’un projet d’architecture et de paysage agricole contemporain. Leur travail et leurs recherches se situent entre les préoccupations urbaines et rurales.

7_Cf annexe page 104

Progressivement, les frères Janin se sont spécialisés dans ce domaine et leur double compétence leur permet d’affiner cette thématique. Ils estiment d’ailleurs que pour répondre aux demandes et aux besoins actuels, le travail des architectes et des paysagistes sont intrinsèquement liés, voir indissociables pour apporter de la diversité à ce milieu relativement figé. Ils cherchent à faire accepter le bon sens d’une réflexion contemporaine dans un univers « terre à terre ». La relation entre leur domaine de compétence ne se joue pas uniquement dans un concept « formel », qui serait un travail de « décor » et d’intégration paysagère. Leur démarche va au contraire surpasser cette idée superficielle pour s’atteler à des réflexions architecturales et paysagères agricoles contemporaines de qualité et d’une grande variation. Ils allient la « nature » agricole et la dimension d’un projet architectural pour sortir des principes passéistes et s’orienter vers une agriculture porteuse et créatrice d’une identité contemporaine et ainsi soumis (dans la plupart de leurs projets) à l’urbain.

Fig. 21 - Ferme des frères Janin : Parcourir son territoire

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Cet architecte et ce paysagiste s’intéressent davantage à l’intégration du monde agricole dans un milieu urbain, qu’à sa liaison au milieu rural. Ils offrent néanmoins un regard neuf sur ce domaine, en élaborant également de nouvelles typologies ainsi que de nouvelles manières d’envisager les programmes liés aux espaces agricoles. En effet, ils exploitent eux‑mêmes l’espace de leur ferme à des fins autres que de la production (notamment culturelle et professionnelle dans leur propre milieu). Ils développent également diverses activités sur leur terrain agricole quand celui‑ci n’est pas exploité par la production. Les cas d’études présentés précédemment nous exposent majoritairement les notions de culture, de loisirs, ou encore d’accès à la production locale. Toujours est‑il que l’hybridation des programmes doit rayonner plus largement qu’à l’échelle du contexte immédiat. Comme nous l’avons évoqué en partie 1, l’accès aux services dans ces milieux ruraux est précaire. En effet, il est difficile de disposer d’un bassin de vie8 équilibré aux besoins d’une population « réduite », propre à l’échelle rurale. Cela nous confronte à un fait isolationniste où la question est très souvent abordée dans un contexte « Urbano‑Centré9 ».

8_Cf Annexe page 110 9_Selon la formule d’Alain Bertrand, Sénateur de Lozère et auteur d’un rapport sur « l’hyper‑ruralité »

Ce n’est que récemment qu’une « politique des ruralités refondées et ambitieuses »10 s’engage à lutter contre cet enclavement. Qu’ils soient trop éloignés ou inexistants, les services composant le bassin de vie d’une commune nécessitent un réajustement approprié à leur localité pour répondre aux besoins d’une ruralité plurielle besoins et ressources différenciés. L’une des solutions envisagées pour répondre à cette problématique est la mutualisation de ces dits services afin d’économiser le personnel ainsi que les locaux. Ces établissements nommés « Maison des Services Publics » ou encore « Point Information Médiation Multi‑Services » œuvrent pour l’accessibilité des habitants aux services courants (La Poste, la SNCF, EDF, GRDF, Pôle Emploi, les caisses d’assurance maladie, de retraite, d’allocation familiale, de mutualité sociale agricole).

10_Des réflexions menées par le gouvernement dans le cadre des Assises des ruralités organisées par la ministre Sylvia Pinel à l’automne 2014, puis au sein du comité interministériel aux ruralités présidé par le Premier ministre Manuel Valls le 13 mars dernier.

Fig. 22 - Maison de services publics Fauquembergues (62)

Aujourd’hui pas moins de 363 de ces établissements font leur preuve en milieu rural et le comité interministériel pour la modernisation de l’action publique11 a décidé de généraliser la création d’espaces mutualisés de services au public. Ils annoncent d’ailleurs la mise en place de 1.000 maisons de services au public d’ici la fin 2017. Ce type d’intervention nous amène par la suite à réinterroger la place de ces services au sein de leurs milieux, dans les centres‑bourgs. En somme, il s’agit de questionner la manière d’investir ou de réinvestir ces lieux qui mutent.

11_Egalement soutenu par les PIMMS qui depuis 20 ans, développent des lieux d’accueil ouverts à tous, interfaces de médiation entre les populations et les services publics

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2.2 DES espaces affranchis ..........................................................................

Au travers de différents exemples de villages cités dans ce mémoire, je me suis confrontée à une ruralité qui porte son lot de complexités. Une seconde fois mes carences dans ce domaine m’ont amenées à m’interroger. Qu’est‑ce qu’un espace rural ? Comment le lire ?

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Ce dernier est continuellement restreint à l’image de l’agriculture du fait que cet aspect caractéristique soit l’un des seuls qui perdure en dépit des mutations qui touchent ces territoires depuis plusieurs années1. Cette pensée, bien entendu, réductrice, est encouragée par la grande difficulté que l’on a à clairement définir ces lieux. Il est vrai que classifier ces territoires semble être une tâche plus que fastidieuse compte tenu des divers paramètres à intégrer2. L’INSEE a notamment dû revoir la définition qu’elle établit des territoires ruraux3 à de nombreuses reprises afin de s’adapter aux constantes évolutions (ainsi que celles de la ville car elles impactent notamment les espaces ruraux proches des aires urbaines)4. La densité, la temporalité (liée à la mobilité), la morphologie, la localisation et paramètres humains (les habitants, leurs activités, l’accès à l’emploi ou aux services et équipements…) sont autant de paramètres déterminant des problématiques situées dans ces territoires5. 1_ Du moins dans les pensées collectives

Il est assez déroutant de voir que les institutions adaptent les définitions des territoires en déclin sans pour autant voir ou saisir l’opportunité qu’ils représentent de pouvoir développer des changements positifs. Les projets présentés en suivant interprètent, au sens large, les problématiques liées aux espaces dans lesquels ils proposent une nouvelle définition de l’utilisation des espaces. Une approche qui vise à voir et re‑vivre dans ces lieux laissés pour compte. Ce sont des initiatives parfois modestes mais, aux impulsions fortes, qui donnent un nouvel élan vers une modernisation des pratiques, du vivre ensemble, et du rapport à l’espace. Car, effectivement, il est (et doit être) la matérialisation identitaire de nos modes de vie. Un des exemples, à mon sens, le plus percutant, malgré la modestie du travail engagé, est celui du Village de Chalier6. Ce village en difficulté « humaine » et matérielle a fait l’objet d’un projet afin de lui redonner de la valeur ainsi que du confort pour ses derniers habitants. Un projet visant a requalifier les espaces publiques de la ville cristallisée depuis de nombreuses années. Cette commune a connu un taux de décroissance très important depuis les années 1970, avec aujourd’hui une population qui a chuté de moitié.

2_Cf Partie 1 3_ Sa grille de lecture 4_INSEE, La France et ses territoires Insee Références- Édition 2015

concernés par ces propos génériques

5_ Tous les territoires ruraux ne sont certes pas

6_Cf annexe 98

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On atteint alors une densité 10 hab./km² répartis sur une superficie de 1837 Ha. Fort de ses 185 habitants, ce village « cul de sac » survit grâce à une fréquentation touristique liée à son patrimoine architectural et à son point de départ pour diverses randonnées.

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Cependant, le cœur du village étant en très mauvais état, il était nécessaire d’engager des travaux pour créer un réseau d’eaux pluviales, ainsi qu’une rénovation des réseaux électriques et téléphoniques. L’état de l’unique route, aboutissant à un cul‑de‑sac, était également à déplorer et nécessitait des travaux de rénovation. Suite au constat, il était primordial d’apporter un nouveau confort de vie aux habitants, qui souffraient de l’humidité causée par les eaux pluviales qui étaient jusqu’alors non traitées. Le conseil municipal a de ce fait décidé de rénover ces différents réseaux, ainsi que d’engager des travaux de réhabilitation des différents espaces publics. Ce travail est alors confié à l’atelier d’architecture de Simon Teyssou. Ce projet de réhabilitation a gagné le premier prix du concours régional dans la catégorie des espaces publics des communes de moins de 2000 habitants, organisé par le conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement d’Auvergne.

Chaliers a également été sélectionné pour faire partie de la 15ème édition de la biennale de Venise ayant pour titre « valeur d’exemple ». Pour cette 15ème biennale que le commissaire général Alejendro Aravena s’est engagé en faveur de « plusieurs combats qui doivent être gagnés et plusieurs frontières qui sont à repousser afin d’améliorer la qualité de l’environnement bâti et par conséquent la qualité de vie de ces gens », soit dit autrement, des histoires de réussites à l’échelle des besoins qui méritent d’être dites. Le projet en soi, d’un point de vue extérieur, ne semble pas « innovant », mais le changement de vie pour ces habitants est radical. Ils disposent enfin d’un confort que la majorité des villages possèdent déjà. Cet aménagement des espaces de vie, à l’échelle du rural qui permet de redonner un nouvel élan de modernisation (pour le cas du projet), mais aussi pour les projets d’avenir. Le fait d’avoir un aménagement qui gère les eaux de pluies semble anodin, mais ce n’est que le début, un encouragement pour montrer que répondre aux nécessités de modernisation du village permet ensuite d’ouvrir d’autres portes. Ce projet a largement participé à la mise en valeur du patrimoine, par le travail d’architecture du sol, qui rythme les différents édifices emblématiques des lieux.

▲ Fig. 23 - L’avant le projet Après le projet d’aménagement de l’espace public ▲ ▼

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Ouverture sur le panorama de la Truyère ▲

Fig 24 - Ponctuation des édifices emblématiques par le traitement du sol ▲


Une expérience qui donne la possibilité d’aller de l’avant malgré une crise démographique, en améliorant sa situation (sanitaire et confort), dans un premier lieu, pour ensuite se donner la possibilité d’investir dans son patrimoine architectural, et développer le tourisme, entre autres.

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Le manque de référence et d’apprentissage au sujet des milieux ruraux durant mon parcours a été pour moi un des déclencheurs m’ayant conduit à mener ce mémoire. Les deux projets qui vont suivre confirment cette opinion. En effet, durant mes recherches j’ai rencontré des difficultés à trouver des cas d’études correspondant à des situations d’« hyper‑ruralité ». Les villages de Châteldon7 et de Ferques se situent en effet proches de grandes villes et de ce fait, s’éloignent quelque peu de mon cadre de recherches. Néanmoins, ils abordent tous deux une manière d’investir le territoire comparable à une situation d’ « hyper‑ruralité ».

On peut notamment relever la construction d’un lotissement pavillonnaire uniformisé illustrant la nécessité d’une densification et/ou d’un besoin de logements neufs. En effet le bourg du village comptait des logements vacants, cependant la perspective d’une rénovation importante rebutait la population, d’autant plus qu’il n’offrait que peu d’agréments pour envisager d’y vivre. Suite à ce constat, la ville décide de faire appel au Collectif ETC pour solutionner la problématique du logement dans la commune ainsi que pour faire revivre ses espaces publics aujourd’hui délaissés par les habitants. Le Collectif ECT a alors engagé une expérimentation de l’espace public « optimiste » sur le long terme. Pour ce faire ils décident de l’investir pendant plusieurs jours. Cette démarche leur est essentielle afin d’appréhender les différentes problématiques et enjeux du territoire.

En effet ces différentes composantes interagissent ensemble dans l’espace et ne peuvent être dissociées dans une démarche « optimiste » sur le long terme. Ces interactions, se matérialisent notamment par une redéfinition des limites ainsi qu’une hiérarchisation des différents espaces qui constituent le centre-bourg de Châteldon. Cette démarche est née d’un constat, les habitants de ce village n’arrivaient plus à s’approprier l’espace. De plus, ils se retrouvaient dépassés par la dégradation de leur centre bourg. Il s’avère que le problème réel dépasse le cadre de cette dégradation en étant plus général.

Ainsi, il était nécessaire de faire interagir les différentes problématiques entre elles pour créer un ensemble d’espaces cohérents. Pour arriver à leurs fins, il était important de réinvestir les espaces ainsi que les richesses locales dans le but d’engager un développement économique. Ils se basent non seulement sur l’exploitation du foncier présent ainsi que sur diverses ressources matérielles. Dans un premier temps, les habitations vacantes ont été réhabilitées avec les matériaux présents sur le territoire (en pierre et en bois). Le collectif ETC a utilisé le bois situé sur les hauteurs du village afin de libérer un panorama sur les environs (ce qui développe un lieu touristique en plus d’un espace attrayant pour les habitants).

Réhabilitation de la maison vacante

Situé au nord du Parc naturel régional Livradois Forez, à mi‑chemin entre Thiers et Vichy, Châteldon est un village de 780 habitants. La commune a connu une baisse démographique significative entre 1945 et 1999, alors qu’à la même période se sont développées des constructions neuves.

7_Cf annexe page 107

Suite à cette investigation minutieuse, ce collectif décide d’élargir son champ d’action, pour traiter avec interaction des problématiques de logement, d’espace public, de services, de paysages et de mobilités.

Démolition d’une petite maison : Lumière aux voisins, jardin dégagé Regroupement, réhabilitation et extension des deux petites maisons Logement aménagé dans la grange Un jardin partagé

Un espace extérieur privé pour chacun

Fig. 25 - Principe de développement du projet par Collectif ECT

Fig. 26 - Scénario de réhabilitation des espaces par Collectif ECT

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Ce même bois est utilisé pour la rénovation de divers lieux, que ce soit pour les bâtiments ou pour les espaces publics. À travers ces actions on peut identifier un processus d’utilisation des ressources du territoire afin de le revaloriser et de le « servir ».

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Fig. 27 - Orientation générale du centre bourg

et pôles existants à conforter Développements possibles Places Places et pôles existants à conforter Développements possibles présente à conforter Bâtiments vacants Local Local commercial en rez-de-chaussée vacant prioritaire Bâtiments vacantsprioritaires prioritaires commercial en rez-de-chaussée vacant prioritaire ActivitéActivité présente à conforter Bâtiment commercialen enrez-de-chaussée rez-de-chaussée Bâtiment occupé avec local historiquehistorique ou potentielou enpotentiel rez-de-chaussée Bâtiment occupé aveccommercial local commercial en rez-de-chaussée Bâtiment vacantvacant avecavec locallocal commercial

Hiérarchisation des voiries

En ce qui concerne l’interaction des espaces, le Collectif ETC prescrit une forme d’affranchissement des limites, une hiérarchisation des espaces ainsi que des voiries. Pour y parvenir, ils décident de réhabiliter et de démolir, en partie, certains bâtiments existants. Les édifices concernés appartiennent en partie à la ville mais aussi aux habitants. Le but de ces interventions est d’aérer le centre-bourg. De plus, le collectif définit de nouveaux accès de circulations, notamment des voies douces, pour interagir entre la rue principale et les rues secondaires. Cette hiérarchisation est retravaillée dans le cadre du projet par la mise en place d’une nouvelle signalisation. Le but est, entre autres, de mieux guider les touristes aux points attractifs du village. En parallèle, la réhabilitation permet d’offrir de la cohérence à l’ensemble des espaces traversés au quotidien. On peut également le rapporter à un travail d’identification.

On peut également distinguer plusieurs échelles à cette intervention : celle de l’intime par la requalification d’espaces et voiries semi collectives pour les habitants ainsi que celle publique, qui est guidée par des espaces identitaires (place réaménagée du marché, point d’information…). Ce projet d’envergure n’a cependant pas été réalisé seul, en effet, c’est grâce au volontarisme des différents acteurs de la ville que ce projet global a pu voir le jour. Il s’avère qu’il est effectivement important de développer des modes de concertation entre les élus et les différents acteurs de l’aménagement afin de donner au territoire des outils permettant de lutter contre l’abandon des centres‑bourgs et contre la banalisation du territoire. C’est sur cet axe que nous allons poursuivre dans la suite de l’argumentaire.

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2.3 Connivences DES USAGERS ..........................................................................

Le troisième axe interrogé considère la place qu’occupe l’humain dans le cadre d’une mutation des territoires ruraux. Comment en tant qu’habitant, acteur de la ville et/ou intervenant, l’humain participe à l’évolution d’un milieu ? Comment est-il intégré dans le processus d’un projet, pour faire de son territoire un lieu de renouvellement, dirigé vers une société durable ?

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Il est question de construire un niveau de conscience pour mener le territoire vers une société du bien‑vivre, en responsabilisant l’ensemble des acteurs sur les problématiques locales du moment. En effet, malgré les différentes mutations des espaces ruraux, ces derniers sont, en partie, restés cristallisés dans leur histoire.

Il paraît indéniable que Ces territoires ayant été c’est par l’interprétation “Le paysage n’existe pas façonnés pour et par les en lui-même comme une et l’usage d’un espace paysans, de manière quelconque morphologie, par l’humain, que le dominante, ils se retrouvent il n’existe qu’avec le renouvellement peut regard de celui qui sait le aujourd’hui inadaptés à se produire. Fort de l’évolution sociale et se reconnaitre”. 2 Augustin Berque sa solidarité et de ses situent dans un entre-deux initiatives, l’usager spécieux. participe, aussi bien à l’échelle individuelle, qu’à l’échelle collective à Il est donc nécessaire d’adapter le bassin de vie à l’échelle des demandes la fabrication du bassin de vie. Entre mouvement solidaire et conquête et des besoins de la population, ainsi d’un territoire, les pratiques mutent que de son environnement, en faisant dans l’espace et le temps, la société table rase du passé pour créer la ruralité se meut au rythme des usages qu’elle de demain. peut en faire. C’est avec la conviction des différents acteurs que l’on peut Dans un premier temps nous allons envisager un changement positif et revenir sur le dernier cas d’étude durable du bassin de vie, que ce soit développé en amont issu de l’axe des espaces de à l’échelle de l’individu ou dans une d’hybridation Châteldon. Toujours est-il que ce projet dimension territoriale. Les différentes interventions se réfère autant à l’hybridation des présentées ici montrent que le espaces qu’à celle de la connivence changement se fait aussi dans une des usagers. En effet le Collectif ETC a réalisé ce projet, de l’analyse à la démarche d’humanisation qualitative1. réalisation, pour et avec les acteurs du 1 _SHIVA Vandana, docteur en philosophie village. des sciences, pense qu’avant tout, la grande question de l’évolution des territoires ruraux (à l’échelle mondiale) se joue dans la construction de civilité humaine.

2_Augustin Berque, est un géographe, orientaliste, et philosophe français.

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Fig. 28 - Démarche et méthode du Collectif ECT

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C’est un projet qui favorise les actions participatives dans la diversité des fonctions urbaines grâce à une démarche globale. L’enjeu est de vivifier le lien social dès la conception des projets en mobilisant les habitants (tout en offrant des espaces publics de grandes qualités, et des logements qui répondent aux besoins contemporains de lumière, d’espace, de performance énergétique). « Parce que le commerçant ne rencontre pas les mêmes difficultés et n’a pas les mêmes projets que le jeune couple qui cherche à s’installer, nous avons essayé de balayer la diversité des personnes concernées par la question de la redynamisation du centre‑bourg. Nous avons défini huit catégories d’acteurs concernés à rencontrer, pour recueillir et recouper un maximum de points de vue, et aborder le plus de thématiques possibles. »2 2_Etait du compte rendu du Collectif ETC sur Châteldon

Les acteurs de la ville font pleinement partie du cheminement de l’étude (Cf Fig. 28 et 29). Ils permettent de mettre en exergue les problématiques, les idées et les envies pour faire ensuite naître les hypothèses de développement. Leur interaction ne s’arrête pas à ce recueil d’informations, car les habitants participent également activement, par la suite, à la réalisation des différentes interventions. De plus, le projet ne conclut pas à la réalisation. Il est en effet conçu pour que les habitants interagissent avec les espaces, pour continuer à la faire vivre et à les entretenir. Une manière de s’approprier « les espaces » sur le long terme.

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Fig. 29 - Cheminement de l’étude depuis les rencontres avec les acteurs locaux.


D’autres initiatives comme celle de Bois de Basalte, place l’humain au cœur du processus du projet. Ce groupe d’architectes développe, comme ils le disent, une économie de bricolage pour produire une architecture précieuse. Basé sur le tourisme et la revalorisation du territoire, le projet Bois de basalte voit le jour avec ce groupe d’architectes concernés et impliqués dans l’histoire du village de Sauterre (deux d’entre eux en sont natifs).

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Situé sur la commune de Manzat (Cf annexe page 99), le village de Sauterre, est implanté dans le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne. Ce village est notamment connu pour son basalte. En 1920, une carrière exploitait ces richesses, et ce, pendant une trentaine d’années, ce qui mènera le village à prospérer un certain temps.

Le territoire restera attractif notamment pour ses richesses géologiques et paysagères qui amènent des scientifiques et des étudiants à fréquenter ces lieux dans le cadre de leur apprentissage. Soixante ans après la fin de l’exploitation de basalte, ce groupe d’architectes investit les vestiges de l’ancienne carrière afin de faire revivre son histoire à travers un nouveau programme : une quinzaine de pavillons d’hébergements touristiques répartis sur deux parcelles en pente, couvertes de hêtres, de charmes et de ronces. Cependant, ce ne sera pas une réhabilitation « commune ». En effet, ces architectes participeront pleinement à l’élaboration du projet, du dessin à sa réalisation. N’ayant pas de financement pour mener à bien ce projet, ils mettent en place un financement participatif avec l’aide des habitants.

Fig. 30 - L’exploitation de carrière de Manzat - 1920

C’est tout un village qui se mobilise et qui renoue avec les traditions locales, notamment dans l’entre‑aide. La réalisation se fait avec les ressources locales, dont une grande partie leur sera donnée ou sera récupérée. « C’est avant tout un projet de vie. Nous voulions vivre au milieu des bois, dans la nature. L’idée était de trouver un moyen de travailler autour de l’architecture et de s’offrir du temps parce que le temps c’est du luxe aujourd’hui… »

Un patrimoine et une histoire remis en valeur au profit de leur environnement et de sa pérennité, qui pourraient également redonner de la notoriété au village de Sauterre. De manière plus générale, l’implication des acteurs, qu’ils soient élus, usagers, habitants, ou concepteurs, est indispensable dans le cadre d’une reconquête des territoires ruraux.

Le projet renoue avec les modes de vie propres au milieu rural, donnant un élan de possibilité pour l’amélioration de son environnement. Cet acte s’ouvre vers une nouvelle richesse matérielle et humaine.

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▲ Fig. 31 - L’avant le projet

Fig. 32 - Exploitation des vestiges


On a pu d’ailleurs le constater, la place des acteurs permet de donner du sens au projet. Cette ambition doit être faite, avant toute chose, pour et par les acteurs concernés, ils en sont d’ailleurs souvent à l’initiative. De plus, au travers de l’ensemble des cas d’études présentés dans ce mémoire, les projets sont généralement encouragés par des associations, par des collectifs, ou par les habitants, qui en plus de soutenir la démarche accompagnent les acteurs concernés au sein de leur cheminement. 66

C’est avant tout un travail à l’échelle de l’humain, que ce soit pour l’accompagnement, l’étude, ou pour guider les habitants, ainsi que leurs milieux ruraux vers les changements qui sont à l’œuvre. A titre d’exemple, on pourrait notamment citer ici le mouvement colibri (créé par Pierre RABHI) qui soutient, entre autres, les initiatives locales. C’est en apportant chacun notre participation en tant qu’acteur, quel que soit notre statut, que les changements auxquels nous croyons, prendront forme dans l’espace.

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Conclusion ......................................................................... Un maillage singulier :

Un renouvellement ĂŠconomique sur le long terme

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« L’aspiration d’un retour à la campagne […] se fonde sur des préoccupations autrement plus virulentes à commencer par le refus de se laisser sustenter artificiellement, comme des invalides sous perfusion, avec des aides sociales. Il y a là une volonté de s’affirmer dans la vie active et non de consommer masochistement des denrées frelatées1. »

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« Exclus du système productiviste actuel de moins en moins producteur de temps de travail, nous ne sommes plus maîtres de notre sort. Par l’accès individuel ou collectif à la terre, nous pourrions redevenir responsables de notre vie et regagner en dignité2. » « Nous n’acceptons pas l’humiliation constante faite aux individus marginalisés et exclus par des normes économiques hors de propos. Nous refusons la dépendance financière et morale que le traitement social de l’État leur impose3. »

1_ Cf. Feuille paysanne n° 2 figurant dans Ots et al. [2001 : 21] 2_ Lettre de « Droit paysan » envoyée au ministre de l’Agriculture le 19 novembre 1998 3_ Extrait de la charte du mouvement « Droit paysan » élaborée en 1999

Cette conclusion permettra, entre autres, de restituer les problématiques du milieu rural par rapport aux métropoles et aux espaces urbanisés. Il est vrai que le village est souvent qualifié par son opposé « la ville », soit l’urbanisation. A l’après‑guerre, les territoires ruraux ont effectivement souffert d’un fort dépeuplement, suivi d’une importante décentralisation, notamment, avec l’arrivée de l’industrialisation. La ruralité ayant perdu les différentes composantes qui la caractérisaient, se retrouve alors injustement désignée par son opposé. Cette définition réductrice et sommaire est le reflet d’une mutation de l’espace rural non maîtrisée jusqu’alors. En effet, la deuxième partie de ce mémoire expose différents projets et enjeux à l’œuvre mettant ainsi en exergue les potentialités offertes par ces territoires d’avenir. Cependant, ces interventions ont un impact bien plus large puisqu’à mon sens elles s’imposent comme une impulsion permettant le renouvellement économique sur le long terme. Celuici tire parti du maillage singulier des territoires ruraux et n’a pas à rougir des modèles urbains. En définitive, la France périphérique n’est-elle pas à la recherche de volontarisme politique pour faire valoir ses potentialités singulières ?

Notre environnement est altéré par une standardisation qui s’est installée dans bien des domaines. Que ce soit dans un but économique et/ou par automatisme, elle ne peut continuer à proliférer sans prendre en compte les spécificités de l’environnement dans lequel elle interfère. Que ce soit à l’échelle de l’architecture, à l’échelle des outils de conceptions, du bassin de vie, ou encore de la gouvernance, la standardisation est un principe handicapant et réducteur. Est-ce vraiment s’accommoder uniformisés ?

à l’humain de aux principes

Comme nous l’avons précisé précédemment, la classification et la standardisation ne peuvent s’appliquer partout de façon systématique sans un certain réajustement. Il en est de même pour la gestion des territoires ruraux. Les tendances d’évolutions montrent aujourd’hui la voie vers une adaptation plurielle. Entre spécificités locales et gouvernance globale, l’heure est à l’affranchissement des idées reçues, pour enfin faire de ces lieux un support de subversion.

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Le Ruralisme comme support de subversion :

La fin du mal nommé ?

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Les idées reçues nous amènent à De plus, après avoir usé les potentialités penser que le milieu rural se définit en des métropoles, l’engouement opposition aux métropoles. commence à se retourner vers les « Les campagnes françaises sont milieux ruraux. Rem Koolhass publiera depuis longtemps définies « en creux », un ouvrage corroborant cette tendance si bien qu’on finit alors par ignorer toutes naissante, et comme il le souligne réalités rurales », écrit le chercheur justement « Après avoir épuisé les Laurent Rieutort1. métropoles post-modernes, il est temps Il s’agira donc ici de montrer que ces d’arpenter les communes perdues au deux entités singulières ne s’opposent cœur des terres agricoles2 ». pas à tous points de vue. Elles Après cette période possèdent effectivement « La représentation de longue ignorance, des enjeux analogues d’une différence entre différentes stratégies qui doivent arriver à « urbanité » et « ruralité » répondant aux s’accorder sans ignorer d’un mode de vie demeure problématiques locales leurs besoins respectifs. Le milieu rural a souvent ancrée dans les esprits de commencent à voir le été victime de sa tous ceux qui cherchent par jour. Cependant, ces localisation excentrée, leur mobilité et migration à pratiques restent issues environnements majoritairement décrite en associer les avantages». des urbains et rencontrent comme péjorative. Il peut cependant se substituer à la des difficultés à trouver leur place dans proximité métropolitaine en développant un autre milieu. Certaines s’adaptent une forme d’indépendance, en faisant progressivement pour le bien-fondé de éclore son potentiel spatial et humain ces territoires. dans le cadre d’un rééquilibrage Quelques acteurs comme Emmanuelle démographique et économique. Cosse, ministre du Logement et de Le milieu rural ne doit plus aujourd’hui l’Habitat durable, cherchent à inclure être associé à la diagonale du vide, ou ces outils de gouvernance au sein encore au désert français, mais plutôt des milieux ruraux dans le but de être perçu comme un territoire porteur galvaniser leur image, leur confort et de projets, de renouvellement mettant de réaffirmer leur identité. en exergue les potentialités singulières et plurielles dont recèle chaque localité.

1_ « Dynamiques rurales françaises et re‑territorialisation de l’agriculture », Paris, L’information géographique, 2009, n°73, pp. 3048.

2_Rem KOOLHAS, « Koolhas in the country », revue Icone, Septembre 2014

On peut notamment le constater à travers son projet d’investir un PNRQAD3 rural. Elle propose ce projet ambitieux à Annonay, dans le département de l’Ardèche, dont l’objectif est d’échanger avec les acteurs locaux de la région, sur le thème de l’urbanisme en milieu rural et de la rénovation des centres‑bourgs. Cet échange abouti à la mise en place d’un PNRQAD sur 10 ans pour le centre‑bourg d’Annonay. Ce projet arrivant à trouver sa place dans une commune de 16 000 habitants, pourrait‑il également être ajusté et investi pour des communes plus modestes dans le cadre d’une densification ? En effet si on considère les problématiques plus largement, les villages ruraux ont la capacité d’être densifiés et ainsi d’accueillir de nouvelles populations. Pour autant, on ne peut ignorer le fait que les villes et leurs périphéries se densifient de plus en plus sans promesse de travail pour la population. Peut-on, dans une certaine mesure, considérer les villages ruraux comme support de subversion ?

3_ Programme National de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés. Il a pour objectif la requalification urbaine et sociale des quartiers, la résorption de l’habitat indigne, l’amélioration et la diversification de l’offre de logements, l’amélioration de la performance énergétique des logements et le maintien de la mixité sociale au sein de ces quartiers.

Comme pour les projets urbains, des propositions sont formulées dans le cadre d’une étude. Bien qu’elles aient le mérite d’être menées, elles ne sont malheureusement que très peu traduites par le biais de documents. Toutefois, elles constituent tout de même un support d’inspiration. De même que les grandes villes, les villages ruraux pourraient adapter ces processus de projet. L’échelle n’est certes pas la même, mais l’ambition d’un avenir durable est identique. L’enjeu est en ce sens la négociation avec les acteurs locaux dans le cadre. Agnes Hausermann est une architecte‑urbaniste engagée dans ce renouvellement des territoires ruraux. Elle travaille notamment sur la révision du PLU d’une dizaine de communes situées dans les Vosges : « L’établissement d’un PLU est un dialogue progressif sur deux ou trois ans, c’est long, mais cela permet de sortir d’une gestion au quotidien de l’aménagement d’un bourg pour développer un projet global commun et pour que les habitants s’approprient leurs propres règlements4. » Il s’agit ici de se servir du PLU en tant que méthode de planification des milieux ruraux, au même titre que pour les milieux urbains, mais en utilisant à bon escient les richesses propres au territoire.

4_Agnes Hausermann

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Agnes Hausermann considère le PLU comme un outil sous‑utilisé dans le cadre de la ruralité. Il ne considère pas suffisamment le rapport à l’espace vécu. Car, comme le souligne Kayser « La ruralité n’est ni le contraire de l’urbanité, ni son prolongement, ni la dégradation de son état ancien, ni sa résurgence, mais bien une forme de rapport à l’espace, une inscription dans le « local », voire une « familiarité des lieux »5. ». Entre territoire et société rurale, il est temps d’engager et de reconstruire ces lieux, en prenant en compte toutes leurs complexités. En somme, il faut articuler la superposition entre espace rural et société rurale. L’image négative associée aux territoires ruraux s’essouffle au profit d’une image davantage liée à l’innovation. En effet, si comme le souligne Céline détang‑DESSENDRE6, et Stéphane Blancard7 dans leur ouvrage « Campagnes Contemporaines : enjeux économiques et sociétaux des espaces ruraux français », les évolutions et innovations au sein de ces territoires reculés sont tout aussi nombreuses que celles des territoires urbains.

5_ Kayser B., « Permanence et perversion de la ruralité », Études rurales, 109, p. 75-108., 1988 6_Économiste , et directrice de recherche Inra au CESAER 7_Professeur d’économie à l’AgroSup de Dijon

En effet, il s’avère que les éléments qui pourraient constituer des problématiques se retrouvent potentiellement être des avantages. Ils font notamment référence à la localisation. L’éloignement n’est plus une contrainte mais un atout, un élément porteur pour développer de nouveaux principes liés à l’environnement proche. En effet, contrairement aux zones urbaines et périurbaines qui se rattachent usuellement à l’échelle internationale, ici se joue l’enjeu d’un ancrage local. Les espaces ruraux, eux, se dirigent vers une logique rationaliste s’accordant à une situation et à une demande locale. Pour situer cette approche nous allons revenir sur l’exemple des services, vu précédemment. Cette question qui était régulièrement dénoncée dans le débat, est aujourd’hui pleinement intégrée. Les services s’adaptent progressivement à des situations précises pour trouver un compromis entre des impératifs de proximité et la nécessité de rationaliser les équipements en développant une polyvalence et une mutualisation. L’enjeu est ainsi de tendre à atteindre une forme de polyvalence avec la mutualisation (Maisons de services publics : Cf partie 2). Ce principe se veut davantage en adéquation avec les spécificités des territoires ruraux, il s’adapte progressivement aux mutations sociales et spatiales.

Comparativement, les métropoles se développent au rythme de l’échelle internationale, alors que les milieux ruraux se raisonnent et s’adaptent à une échelle locale pour un avenir stable et durable. A l’heure de la mondialisation, peuton considérer de façon concomitante la croissance des petites villes et des villages. Il n’est pas question ici de parler des espaces ruraux engloutis par les influences urbaines qui deviennent des urbains isolés et se retrouvent au service de la ville. Ceux-ci sont réduits à l’activité résidentielle et mutent en ville-dortoir, ou, dans d’autres cas, sont uniquement considérés pour leur faculté nourricière. Bien que celle-ci soit primordiale, il apparaît réducteur de percevoir ces espaces uniquement pour leur fonction agricole. Ce principe de modification des zones périurbaines se développe depuis les années 1960. Les territoires ruraux adjacents aux villes sont à leur service pour se densifier progressivement. On peut alors se poser la question de la place des autres parties prenantes des territoires dans ce type de processus, et notamment celle de la participation des populations locales. Quel rôle jouent-elles lors de la prise de décision concernant le devenir de leur environnement ?

Au-delà des principes de la mondialisation des métropoles, le développement local se présente comme une solution pour chaque territoire pour se renouveler. Que ces innovations soient à l’échelle de la commune ou de l’inter-communalité, qu’elles soient portées par les citoyens ou les politiques, elles doivent être considérées comme valeur d’exemple. L’enjeu central est de montrer que l’économie peut et doit se développer partout. Les modèles doivent se renverser en faisant table rase des dogmes passés pour laisser place à des territoires créatifs et innovants qui participent au développement du territoire national. En définitive, la ruralité ne semble plus se retrouver dans l’ombre des enjeux métropolitains mais s’impose au contraire dans une forme de complémentarité puisqu’elle présente des potentialités subsidiaires. Il semble pourtant que l’on persiste à espérer une émulation partagée, à la confluence de deux mondes. Quelles sont les formes d’interactions possibles entre deux entités si différentes ?

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Entre spécificités et enjeux analogues : De l’échelle locale à l’échelle globale

.......................................................................... Il est important aujourd’hui de souligner le lien de la ruralité à plusieurs perspectives qu’entretient la ruralité avec différentes perspectives, notamment celle du travail partagé. En effet, il est nécessaire que les collectivités, les services d’Etat et autres acteurs concernés œuvrent ensemble dans une forme de complémentarité.

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L’urbanisme raisonné en milieu rural doit être élaboré par des perspectives scalaires. Il s’agit de prendre en considération un vaste ensemble de contraintes aussi bien collectives qu’individuelles et qui s’appliquent de l’échelle locale à l’échelle globale. Il est nécessaire de maintenir une réalité, un assemblage de plusieurs valeurs indissociables liées à l’environnement, à l’économie et à la cohésion sociale. Les enjeux de gouvernance doivent être autant interprétés à l’échelle d’une commune qu’à celle d’un quartier ou encore à celle d’une région. En effet, l’avenir ne se trouve pas dans l’élaboration de microcosmes autonomes mais, dans une continuité territoriale cohérente et raisonnée. Toutefois les outils permettant d’élaborer un ruralisme raisonné ne sont encore qu’a un stade expérimental. La superposition des périmètres est primordiale. On peut notamment souligner l’opportunité que représente le statut de PNR pour les communes.

Elle permet de fusionner les diverses influences pour concevoir un projet, un avenir commun et durable. Les territoires ruraux sont composés comme un mille-feuille territorial nécessitant l’élaboration de plusieurs moyens et outils pour qu’ils puissent trouver leur place et ainsi contribuer à un ruralisme raisonné. Le PNR en fait partie, accompagné de son équipe technique ou encore de la loi Grenelle II1. Ces dispositifs encouragent notamment, le principe « d’agence d’urbanisme rural ». C’est une manière d’engager une mutation des outils de travail et du savoir‑faire. Le but est ainsi de planifier et de maîtriser au mieux les espaces ruraux, afin de trouver un processus d’élaboration et un schéma des territoires cohérents. On est effectivement à la recherche d’exemples, d’un mode de gouvernance, au service d’un projet raisonné en milieu rural.

1_Une loi qui porte un engagement national. Cette loi pour l’environnement portant différents buts : favoriser les énergies renouvelables ; le

transport avec le développement des modes alternatifs ; énergie et climat avec la réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 ; préservation de la biodiversité ; protection sanitaire et gestion des déchets ; définition d’une «nouvelle gouvernance écologique »

Dans cette quête d’un ruralisme raisonné, on peut constater une base d’enjeux majeurs et récurrents à considérer : ►La conservation de l’identité paysagère et patrimoniale ►La définition des conditions devant garantir un développement rural raisonné ►La satisfaction des besoins présents et futurs en matière de logement ►Une meilleure maîtrise des risques naturels ►La production et l’utilisation raisonnée des ressources naturelles ►Le renouvellement et l’organisation des espaces de développement économique ►Le soutien d’une agriculture concurrente des territoires (et/ ou artisanal) ►Une cohérence entre développement et déplacements au sein des territoires ruraux ►L’anticipation des besoins en équipements ►Une complémentarité des outils de conception territoriale (Scot PLU, PLUi, PNR, ect...2). D’autres outils, comme le PADD3, développent un projet qui articule à la fois les implications locales et globales (de l’échelle d’un quartier, à celle d’une commune et de communes environnantes). 2_ Cf Annexes Page 113 3_ Projet d’Aménagement et de Développement Durable

On peut également parler d’une implication dans le temps court et le temps long, pour servir les besoins actuels mais aussi ceux à venir. C’est un projet qui se veut multiséculaire. Il prend en compte aussi bien les questions économiques, sociales, qu’environnementales. Le PADD a notamment été exploité au profit d’un avenir durable pour la région de l’Uzége Pont du Gard, qui s’impose aujourd’hui comme une référence en matière de réfection sur le thème de la « ruralité positive ». Cette quête d’un ruralisme raisonné s’envisage également à l’échelle de plusieurs communes. C’est l’articulation d’un maillage complexe qui se joue sur une globalité, grâce aux atouts de chacun. En effet, on peut notamment y associer une solidarité financière (dotation de solidarité communautaire), mais aussi une spécialisation fiscale (des échanges de base), et la redistribution des services communautaires (répartition des services dans les communes). Les territoires développent leurs propres forces vives dans un cadre complémentaire alors que les aires urbaines se développent selon une tendance compétitive et donc de surproduction et de surconsommation. En ces termes, on peut dire qu’une démarche raisonnée et locale se joue davantage dans les villages ruraux.

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Ce sont des territoires d’expérimentations où les problématiques et les enjeux sont les leviers d’un avenir raisonné et durable, en accord avec leur environnement. Compte tenu du nombre d’outils qui engagent un tant soit peu ces milieux, ils ne sont pas tous évoqués dans ce mémoire. Il traite seulement de ceux qui sont les plus présents dans le débat sur la mutation active. Cependant, malgré un grand nombre d’outils, certains praticiens relèvent les difficultés à les accorder ensemble. 78

Il se trouve, en effet, que certaines composantes se révèlent être contradictoires. Ceci dit, il est assez aisé de saisir la complexité qui s’impose pour tenter d’obtenir une concordance sans faille entre tous les outils de conception du territoire. La stratégie des acteurs structure les différentes dynamiques d’un projet, avec entre autre l’illustration des diverses actions et caractéristiques du territoire (prenant en considération les notions de temporalités, les notions de ressources etc...). Le but, pour l’ensemble des praticiens est d’interagir avec les moments passés, présents et à venir, afin d’intégrer les différentes dimensions. Elles sont primordiales pour permettre aux mutations d’interagir entre elles et ainsi pouvoir redéfinir des approches raisonnées sur le territoire.

En définitive, je m’interroge sur la place des architectes dans le domaine de la mutation rurale et dans le cadre de problématiques adjacentes. Notre formation, à l’école nationale d’architecture et de paysage, nous offre un regard limité dans ce domaine4. Néanmoins, arrivée en fin de mon parcours scolaire, je constate, de même qu’une majorité d’étudiants de l’école, qu’il est regrettable de ne pas voir au-delà des espaces urbains et péri-urbains. Les territoires ruraux sont à l’image d’un monde complexe qui permet l’interaction entre différents domaines liés à la pratique de l’architecture au sens large. Ces territoires offrent une échelle de conception qui induit l’interaction de différentes dimensions. Elle comprend toutes les composantes locales qui s’étendent d’une spatialité édifiée par une collaboration entre acteurs, par une implication sociétale et environnementale. C’est un territoire riche en enseignements, porteur d’innovation et d’une co-ferveur globale.

4_Toutes

les

écoles

d’architecture

ne

certainement pas concernées par ce constat.

sont

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Bibliographie

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Sources imprimées ▼

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iconographie ............................................................................... 88

Fig. 18 - Geoffroy Marion, 05/2017, « Localisation des territoires d’étude », Cartographie

▼ Image provenant d’internet : Fig. 03 - Insee « Évolution démographique de Marcillac-La-Croisille », Graphique [consulté le 11/2015] https://www.insee.fr/fr/statistiques/2522602 Fig. 04 - Insee « Évolution du nombre de logements par catégorie: Marcillac-LaCroisille », Graphique [consulté le 11/2015] https://www.insee.fr/fr/statistiques/2522602 Fig. 05 - Insee « La répartition des communautés rurales et urbaines », Tableau [consulté le 01/2016] https://www.insee.fr/fr/statistiques/2522602 Fig. 07 - Insee « Variation de population : Bilan naturel et solde migratoire par catégorie de communes (en milliers d’habitants) », Tableau [consulté le 03/2016] https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/s1321 Fig. 08 - « Les quatre phases de la recomposition démographique des espaces ruraux », Graphique [consulté le 03/2017] https://eps.revues.org/docannexe/image/4687/img-5.jpg Fig. 12 - « Temps d’accès médian aux équipements (aller-retour) dans les bassins de vie ruraux », Graphique [consulté le 03/2017] https://www.insee.fr/fr/statistiques/1908397

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Fig. 28-29 - « Démarche et méthode du Collectif ECT » ; « Cheminement de l’étude depuis les rencontres avec les acteurs locaux.», Schéma [consulté le 04/2017] https://issuu.com/collectif-etc/docs/final_espaces_publics

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Fig. 30 - « L’exploitation de carrière de Manzat - 1920 », Photographie [consulté le 10/2016] https://fr.ulule.com/boisbasalte/ Fig. 31 - 32 « L’avant le projet » ; « Exploitation des vestiges », Photographie [consulté le 10/2016] http://cabanes-auvergne.fr/

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Annexes ............................................................................... 93


« Le spectacle des villes peut donner un plaisir spécial quelle que soit la banalité de la vue offerte. Tel un morceau d’architecture, la cité est une construction dans l’espace, mais une construction à vaste échelle, un objet perceptible seulement à travers de longues séquences temporelles. C’est pourquoi l’urbanisme est un art diachronique ; mais un art diachronique qui peut rarement utiliser les séquences définies et limitées des autres arts temporels, comme la musique. Selon les occasions et les individus qui les perçoivent, les séquences sont inversées, interrompues, abandonnées, coupées. En outre la ville est vue sous toutes lumières et par tous les temps.

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À chaque instant, elle comprend plus que l’œil ne peut voir, plus que l’oreille ne peut entendre – les dispositions et des perspectives qui attendent être explorées. Aucun élément n’est vécu par lui-même ; il se révèle toujours lié à son environnement, à la séquence d’événements qui ont conduit, au souvenir d’expériences passées. Chaque habitant a eu des rapports avec les parties définies de sa ville, et l’image qu’il en a est baignée de souvenirs et de significations. Les éléments mobiles de la cité – particulièrement de ses habitants pris dans leurs occupations – sont aussi importantes que les éléments fixes. Nous ne sommes pas simplement les observateurs de ce spectacle, nous y participons nous-mêmes, sur la scène, avec les autres acteurs. La cité n’est pas seulement un objet de perception (et parfois même de plaisir) pour des millions de personnes, de classes et de caractères très différents, elle est aussi le produit d’une activité de nombreux constructeurs qui en modifient constamment la structure. Alors qu’elle peut demeurer stable, pendant un certain temps, dans son aspect général, sans cesse elle change dans son détail. Seul un contrôle partiel peut être exercer sur sa croissance sa forme. Il n’y a pas de résultat final : seulement une succession de phases. Il n’est donc pas étonnant que l’art de donner une forme aux villes soit bien différent de l’architecture, de la musique, ou de la littérature.1 »

1_ Citation de Kevin Lynch, extrait de «The image of the city, Cambridge, Mass, MIT Press, 1960

« La France rurale est un grand pays complexe, qui réunit dans ses frontières et sous une même tonalité sociale les tenaces vestiges de civilisations agraires opposées. Longs champs sans clôtures autour de gros village lorrains, enclos et hameau breton, villages provençaux, pareils à des acropoles antiques, parcelle irrégulière du Languedoc et du Berry, ces images si différentes, que chacun d’entre nous, en fermant les yeux, peut voir se former devant le regard de la pensée, ne font qu’exprimer des contrastes humains très profonds. Je me suis efforcé de rendre justice à ses dissemblances et à beaucoup d’autres. » Marc Bloch, Les caractéristiques originaux, de l’histoire rurale française, 1931.

95


Marcillac-la-croisille........................................................ LIlle

Paris

Brest

Strasbourg

Rennes Orléans Dijon

Nantes

Limoges

Clermont-Ferrand

Lyon Saint-Etienne

Bordeaux

Aires urbaines métropolitaines Grandes aires urbaines Marcillac-La-Croisille

Toulouse

Département de la Corrèze

Marseille

Annexes ............................................................................... Commune de Marcillac-la-Croisille : 38.69 km²

Tulle

Co r Ca rèze nta l

97

Fiches des cas d’études

835 habitants (2014) Densité 22 hab./km² (Moyenne en France 116hab./km²)

- 10 km-

Evolution démographique de Marcillac-La-Croisille 2 500

2 000

1 500

1 000

500

0 1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2011 2012

96

Montpellier

Pau

Source Insee


Cha l i e r s ....................................................................................

Manzat....................................................................................

Pu y- Alli e de -D r ôm e

Saint-Flour Les Termes

Commune de Chaliers : 18.37 km²

Commune de Manzat : 39.06 km²

al nt ire Ca -Lo e ut Ha

Riom - 10 km-

- 10 km-

170 habitants Densité 9.3 hab./km² (2014) (Moyenne en France

Chaliers

Vichy

Manzat

1 351 habitants Densité 35 hab./km² (2014) (Moyenne en France

116hab./km²)

116hab./km²)

1500

98

99

1000

0

1800

1820

1840

1860

1880

1900

1920

1940

1960

1980

2000

2020

Sources: base Cassini de l’EHESS et bas Insee

[ histoires de réussites à l’échelle des besoins ] Axe de projet prédominant : Des espaces affranchis

Aménagement urbain

- 2014

Superficie du projet : ...........2500m² Coût ............................... 0.5 M € HT

Acteurs du projet Architecte: Atelier du Rouget Simon Teyssou & Associés

[ UNE ÉCONOMIE DE BRICOLAGE, UNE ARCHITECTURE PRÉCIEUSE ] Axe de projet prédominant : Connivences des usagers

Hébergement touristique - 2014

Acteurs du projet Architecte : → Bois de Basalte


Brugnac.......................................................................................

Fermes Raisonnées [Les GIEE]......................................... (les Groupements d’Intérêt Economique et Environnemental)

e nn e ro nd ro t-Ga i G t-e Lo

Marmande Commune de Brugnac : 14.74 km²

- 10 km-

187 habitants Densité 13 hab./km² (2014) (Moyenne en France

Brugnac

116hab./km²)

100

Les GIEE sont des collectifs d’agriculteurs reconnus par l’État pour mettre en œuvre un projet pluriannuel de modification ou de consolidation de leurs pratiques agricoles en visant à la fois des objectifs économiques, environnementaux et sociaux, non seulement pour leurs exploitations, mais aussi pour le territoire dans lequel il s’inscrivent. Les pratiques mises en œuvre et/ou renforcées relèvent de l’agro-écologie : il s’agit de reconstituer le potentiel naturel de production des exploitations en renforçant la biodiversité et les régulations biologiques, de façon à réduire les intrants de synthèse. URL : http://agriculture.gouv.fr/lesgroupements-dintereteconomique-etenvironnemental-giee

PRÈS DE 250 GIEE SONT RECONNUS, 10 18

1

26 23

4

22 21 18

50 41

4

4 4

PLUS DE 300 000 Ha SONT ENGAGÉS

En 2016 on compte 246 GIEE reconnus : Alsace – Champagne-Ardenne - Lorraine (22), Aquitaine– Limousin – Poitou-Charentes (50), Auvergne – Rhône-Alpes (18), Bourgogne – Franche-Comté (21), Bretagne (26), Centre (4), Corse (4), Île-deFrance (1), Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées (41), Martinique (4), Nord-Pas-de-Calais - Picardie (10), Normandie (18), Pays de la Loire (23) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (4). Une trentaine de reconnaissances additionnelles sont en cours.

[ La ferme du chaudron magique ] Axe de projet prédominant : Croisement des programmes Ferme de découverte

.

-

1975

Acteurs du projet Initiative individuelle

► Initiative issue de L’agriculture autrement ►

PRINCIPAUX PARTENAIRES

101


...........................................................................................................

.........................................Fermes Raisonnées [Les GIEE] (les Groupements d’Intérêt Economique et Environnemental)

Chambre d’agriculture

70 60

Coopérative agricole

50 40 30 20 10 0

CUMA Bureau d’étude CIVAM Centre de gestion Association agricole (dont TRAME) Association Agriculture Bio. Institut Technique

Statistiques effectuées sur183 GIEE

THÉMATIQUES ABORDÉES

Entreprise privée

102

ADEAR TYPE DE STRUCTURE ACCOMPAGNANT

Autres

Association à vocation agricole CUMA CVA, GEDA, CETA, GDA Coopérative agricole Autres SAS GIE Association environnementale Fédération ou association Agriculture Biologique CIVAM REPRÉSENTATION DES PRODUCTIONS DANS LES PROJETS

TYPE DE STRUCTURE PORTANT LES PROJETS

103


Fourneaux..................................................................................

Villevêque.................................................................................. La Sa rth Ma e ine -et -Lo ire

Roanne

Commune de Villevêque : 28.03 km²

Commune de Fourneaux: 12.77 km²

Loire

Rhône

Angers

- 10 km- 10 km-

607 habitants Densité 50 hab./km² (2014) (Moyenne en France

Fourneaux

2 869 habitants Densité 102 hab./km² (2014) (Moyenne en France

Villevêque

116hab./km²)

116hab./km²)

104

105

[ La ferme des freres janin : Ferme de découverte ]

[ Habiter Autrement, pour un urbanisme durable ]

Axe de projet prédominant : Croisement des programmes

Axe de projet prédominant : Des espaces affranchis

Ferme de découverte

-

2010

Superficie du projet : 104 Ha

Acteurs du projet MAITRISE D’ŒUVRE: l’agence FABRIQUES

réhabilitation du centre bourg

Superficie du projet : 3Ha

-

2010

Acteurs du projet MAITRISE D’ŒUVRE: Xavier Fouquet architecte; GSP, paysagiste: Inpé-lntra, BET VRO


ferques....................................................................................

Châteldon.................................................................................. Vichy

M Pa anc h sde es -C al ai s

Calais er Alli

Commune de Ferques : 8.97 km²

Commune de Châteldon : 28.43 km²

Boulogne-sur-Mer

Pu L yde oire Dô m e

- 10 km- 10 km-

Ferques

1 827 habitants Densité 204 hab./km² (2014) (Moyenne en France

780 habitants (2014)

Châteldon

Densité 28 hab./km² (Moyenne en France

116hab./km²)

116hab./km²)

106

107

[ réhabilitation écologique et authentique ] Axe de projet prédominant : Des espaces affranchis

Réhabilitation espace public - 2014

Superficie du projet : 1.7 Ha

Acteurs du projet Architecte RedCat

[ Habiter autrement les centres-bourgs : des

Idées locales]

Axes de projet prédominants :

Des espaces affranchis - Connivences des usagers réhabilitation du centre bourg - 2012

Superficie du projet : 1.2 Ha

Acteurs du projet Collectif ECT Acteurs de la ville


Bassin de vie .............................................................................

Définition Le découpage du territoire national « en bassins de vie » a été réalisé pour faciliter la compréhension de la structuration du territoire de la France métropolitaine. Le bassin de vie est le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants.

108

Annexes ............................................................................... Notions et Lexique

Les services et équipements de la vie courante servant à définir les bassins de vie sont classés en 6 grands domaines: ►Services aux particulier ►Commerce ►Enseignement ►Santé ►Sports, loisirs et culture ►Transports 109

Remarque ►Avant 2012, la définition du bassin de vie comportait une référence à l’emploi : « Le bassin de vie est le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès à la fois aux équipements de la vie courante et à l’emploi ». ►Un bassin de vie est considéré comme rural dès lors que la population urbaine est inférieure à 50 % du total D’après la typologie fixée par l’INSEE , les 35 équipements de la « gamme supérieure » (comprenant pôle emploi, hypermarché, lycée, urgences, maternité, médecins spécialistes, etc.) sont les moins bien représentés en milieu rural : seuls 26 % de ces services sont accessibles en moyenne dans les bassins de vie ruraux contre 74 % en milieu urbain. Les gammes « intermédiaires » (31 équipements dont police, gendarmerie, supermarché, librairie, collège, laboratoire d’analyses médicales, ambulance, etc.) et « de proximité » (29 équipements dont poste, banque, caisse d’épargne, épicerie, supérette, boulangerie, boucherie, pharmacie, taxi, etc.), présentent quant à eux des écarts moins importants, et sont présents à quasi égalité entre bassins de vie ruraux et urbains. Source de l’information : Insee


Acteurs géographiques – En géographie, un acteur est un groupe (association, syndicat, entreprise, secteur d’activité) qui joue un rôle sur l’espace géographique, et qui en fait usage. Bourg – à l’échelle d’une commune d’habitats dispersés, le mot est un chef‑lieu de la commune où se situe la mairie et souvent l’église. À une échelle plus vaste, un bourg est un village regroupant les services pour les campagnes environnantes (marché, école, collège, commerce...). 110

Déprise agricole/rurale – La déprise agricole est le recul des surfaces cultivées, qui se traduit par un enfrichement et une fermeture des paysages. La déprise rurale est la diminution de la population dans une région rurale. Développement durable – Le développement est le fait de sortir de la pauvreté. L’idée que le développement ne doit pas mettre en péril l’avenir des générations futures est apparue en 1972. Le développement durable est une croissance économique qui doit respecter la justice sociale et préserver l’environnement. Écosystème – Dans un milieu donné, les espèces animales et végétales sont en interaction (prédation, symbiose, commensualité, etc.). L’ensemble de ces relations et par extension l’ensemble des espèces en interaction, s’appelle un écosystème.

Foncier – Le foncier est ce qui fait référence au sol au sens juridique et économique du terme : la taxe foncière porte sur la propriété d’une maison, le prix du foncier et le prix d’achat des parcelles des terrains. Hameau – Un hameau est un groupe de maisons situé à l’écart du chef-lieu de la commune, le bourg. Il est identifié par un toponyme, un lieu-dit. INSEE - L’Institut National des Statistiques et des études économiques recense la population française et fournit des données publiques sur la démographie, l’emploi et les pratiques des habitants du pays. Milieu – Un milieu est un espace possédant des caractéristiques physiques qui l’individualisent (son climat, ses sols, son relief) qui est transformé, aménagé, exploité par les sociétés humaines. Et la dimension géographique du biotope. Mobilité pendulaire/triangulaire – Les mobilités sont les déplacements de personnes accomplies de façon volontaire. Mobilité pendulaire désigne l’ensemble des trajets aller-retour accomplis quotidiennement entre le domicile et le travail. Avec la multiplication des mobilités liées aux loisirs et à la consommation, les mobilités tendent en réalité à devenir triangulaires, en ajoutant une étape sur le trajet du retour (supermarché par exemple).

111


Périurbanisation – La construction de nouveaux bâtiments notamment de logement, à l’extérieur des villes contribue à créer un espace qui n’est ni rural, ni urbain, c’est l’espace périurbain. Les périurbains sont les personnes qui vont habiter à l’extérieur de la ville tout en continuant d’y travailler. La construction des lotissements pavillonnaires est caractéristique des espaces périurbains.

112

PLU – Le Plan Local d’Urbanisme est un document de planification communale ou intercommunale qui organise l’aménagement du territoire à l’échelle locale en réglementant, en zonage, des activités (résidentielles, agricoles…). Il a succédé au plan d’occupation des sols (POS). PLUi - Le PLUi est un document de planification à l’échelle intercommunale, il s’applique à une échelle plus large que celle du territoire communal. Il exprime un projet de territoire pour les 10 à 15 années à venir, en réfléchissant ensemble au développement intercommunal, à travers une vision politique, stratégique et territoriale. Il intègre également de nombreux thèmes tels que les besoins en logements, la qualité de la construction, la place de l’agriculture, la présence de la biodiversité, les déplacements quotidiens, le développement économique, les lieux de vie partagés, etc.. Site/situation – On oppose classiquement en géographie le site et la situation. Le premier désigne un lieu où est installé une implantation humaine. La situation est la position d’un milieu par rapport à un autre.

Société – Ce mot polysémique peut vouloir dire « entreprise ». Dans ce mémoire, il est notamment utilisé pour désigner la succession des sociétés humaines implantées sur les territoires ruraux français. Une société humaine est un vaste groupe humain régi par des règles et des normes communes à une société s’appropriant un territoire par leur mode de vie. SCOT - Le Schéma de Cohérence Territoriale est un document d’urbanisme qui détermine, à l’échelle de plusieurs communes ou groupements de communes, un projet de territoire visant à mettre en cohérence l’ensemble des politiques sectorielles notamment en matière d’habitat, de mobilité, d’aménagement commercial, d’environnement et de paysage. La loi Grenelle II renforce les objectifs des SCOT, ainsi que des plans locaux d’urbanisme (PLU) et cartes communales : ces plans, cartes et schémas doivent ainsi contribuer à réduire la consommation d’espace, préserver les espaces affectés aux activités agricoles ou forestières, équilibrer la répartition territoriale des commerces et services, améliorer les performances énergétiques, diminuer les

obligations

de

déplacement,

réduire

les

émissions de gaz à effet de serre, et renforcer la préservation de la biodiversité et des écosystèmes.

Village – Les villages tels qu’on les connaît aujourd’hui sont nés au Moyen Âge par regroupement de la population autour d’un édifice défensif ou religieux. Dans l’Antiquité la population rurale était plutôt regroupée autour de grands domaines agricoles. Le village est un type d’organisation des habitants dans lesquels les maisons sont regroupées au centre du territoire communal.

113


Remerciements .......................................................................... Je souhaite adresser ici tous mes remerciements aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont ainsi contribué à l’élaboration de ce mémoire. 114

En premier lieu, je remercie Mme Julie AMBAL, doctorante en sociologie urbaine et enseignante en master d’architecture, et M. Xavier Guillot, professeur à l’école Nationale d’Architecture et de Paysage de Bordeaux, pour m’avoir tous deux, en tant que directeurs de mémoire, guidée et pour le temps qu’ils m’ont accordé tout au long de mon avancement. Je souhaite remercier Mme Sara Ballesta pour sa précieuse aide à la relecture et à la correction de mon mémoire. Mes remerciements s’adressent également à toutes les personnes qui m’ont partagé leurs expériences. Leurs réponses à mes questions m’ont apporté des informations complémentaires riches pour contribuer à l’élaboration de ce mémoire. Enfin, je remercie ma famille pour leurs contributions personnelles, pour m’ont fait partagé leurs connaissances de ce territoire familier de Marcillac-La-Croisille, qui a été l’impulsion de ce mémoire.


Suite à leur grande période de déclin, les territoires ruraux annoncent leurs ambitions : faire vivre ou revivre les villages en souffrance dans l’ombre des enjeux métropolitains. Après l’industrialisation en France, le milieu rural connait de grands changements notamment en ce qui concerne l’économie et l’agriculture. Ces bouleversements ont conduit le pays à connaître une importante accélération de l’exode rural. La période qui a suivi cette fuite des campagnes vers les grandes villes a laissé des séquelles dans ces territoires reculés. Mais aujourd’hui, les problématiques auxquelles ils sont confrontés deviennent le support de stratégie de développement. La résistance rurale à l’exclusion est aujourd’hui portée par un grand nombre de projets et d’initiatives, résultant des problématiques des territoires ruraux. Ces derniers sont menés et développés par une pléiade d’acteurs divers, aussi bien politiques, économiques que particuliers. Le milieu rural ne doit plus aujourd’hui être associé à la diagonale du vide, ou encore au désert français, mais plutôt être perçu comme un territoire porteur de projet et de renouvellement. L’enjeu est ainsi de mettre en exergue les potentialités propres à chaque localité en fonction de ses caractéristiques aussi bien géographiques, qu’économiques et politiques.

Mots clés : [Rural] ; [Territoire] ; [Alternative] ; [Hybridation] ; [Territoire en transition] ; [Hybridation multiscalaire] ; [Ruralité excentrée] ; [Villages ruraux] ; [Projet local] ; [Ressource territoriale] ; [Politique d’aménagement des territoires] ; [Gouvernance locale] ; [Décroissance rurale] ; [Hyper ruralité] ; [Alternative économique] ; [Stratégie de développement] ; [Relégation métropolitaine] ; [Enjeux territoriaux] ; [Richesse locale]


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