Rockin' Dreams Magazine N.1

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Numéro 1 - Décembre 2012

La jeune scène rock en France

ROCKIN’DREAMS MAGAZINE Chronique : MATTRACH

OUTER RIM : une bête de scène

Le retour de

Enquête : vers le succès

L’Interview Exclusive 1


Chronique

Redemption, un album qui matraque Six mois après la sortie d’Already Out There, MattRach nous présente son second album solo Redemption. Le jeune guitariste originaire du Nord Pas-de-Calais appose de nouveau sa signature musclée sur un album totalement autoproduit.

L

e célèbre guitariste français réitère un exploit autoproduit. L’ouverture est assurée par le single éponyme à l’album, avec un riff très puissant en guise d’introduction, qui précède un solo plus rapide que franchement mélodique. Et c’est ainsi que se construit globalement cet album, à l’instar de son prédécesseur. Les titres « Keep Rockin’ » et « Save Me » suivent tout particulièrement cette structure, alternant gros riffs fortement influencés par le Metal, et solo se basant plus sur la technique irréprochable du musicien que sur une véritable recherche mélodique.

nous retiendrons également « Heaven World ». Ce titre nous étonne avec des sonorités Blues distillées dans son double jeu de guitares auxquelles aura été ajouté une certaine reverb (NDLR : effet d’echo), qui apporte une dimension supplémentaire à ce morceau. « L’une des plus grandes réussites du musicien à ce jour »

Quelle surprise également, de retrouver deux titres ayant brillés par leur absence sur l’album précé- Artwork (ou pochette) de l’album Redemption de MattRach, sorti dent. Quelle surprise oui, en mai 2012. mais quel plaisir que de retrouver « Endgame » et son duo de guitare Mother » qui conclue Redemption. Prinélectro-acoustique. Ce cipalement caractérisé par sa vitesse de «sans conteste l’une des titre est sans conteste jeu incroyable, ce titre se construit de Un album aux nom- plus grandes réussites l’une des plus grandes nouveau avec un riff lourd et des solos breuses influences du musicien à ce jour !» réussites du musicien en alternance. Cependant, il contient un à ce jour ! C’est pour vaste panel de sonorités Grunge, Blues, Avec ses sonorités profondément ancrées une fois une rythmique acoustique en ar- Rock, Funk, Metal... Titre fidèle à cet dans les racines du Rock ‘n’ Roll, le titre pèges qui accompagne un solo hautement album donc, qui mise principalement sur « Deliverance » se démarque du reste de mélodique. Mais n’oublions pas « Power la diversité. l’album dès les premières notes. Porté par of Daya » et sa fameuse batterie aux soune rythmique profonde et bien construite, norités Hard Rock 80’s. Le titre est axé MattRach conserve ainsi de gros riffs de son solo très mélodique sonne véritable- autour d’un riff très puissant, agrémenté guitares très saturées et des solos joués à ment comme une délivrance. Son air posé d’un solo mélodique joué à deux guitares une vitesse incroyable, comme signature et nostalgique, sa lenteur contrôlée et sa légèrement décalées, à l’instar des quatre que l’on avait déjà pu retrouver sur Alreamélodie brillante nous transportent, et saisons de Vivaldi si vous dy Out There. Cependant, il font de ce morceau la bonne surprise de cherchiez à vous en faire «un album à la fois ajoute ici de nouvelles mécet album. une idée. puissant et varié» lodies et influences très bien accueillies grâce à quelques Dans le registre des influences emprun- Album puissant et varié titres phares, d’où il résulte un album à la tées aux prémices de la musique Rock au fois puissant et varié. Etats-Unis au milieu du XXème siècle, Enfin, c’est le morceau « Slap Your

Rockin’ Dreams Magazine Numéro 1 - Décembre 2012 Rédacteur-en-Chef : Nicolas Raulin Photographe : Louise de Rodenas Web : http://www.rockindreams.com/ Contact : rockindreams@hotmail.com

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Interview

THE EARL GREY : «la France est un pays à faire rocker» Alexandre Ragon, 24 ans, chanteur et compositeur de The Earl Grey, a sorti le 3 décembre son premier album solo, We Are Young. En quoi consiste The Earl Grey exactement ? Qu’est-ce qui t’as poussé à poursuivre en solo ? Qui compose ? Alex : Après mon dernier groupe, Thousand Leaves, j’ai décidé de me lancer en solo parce que j’avais plein d’idées, plein d’envies musicales, d’écriture, et donc je me suis dit que ça prenait vraiment trop de place dans un groupe. Ce n’était pas juste de s’exprimer autant, du coup j’ai décidé de monter mon projet solo, dans lequel je ferais de la Pop, du Rock, où je mettrais en œuvre toutes mes influences. Je travaille avec de véritables musiciens qui ont leurs projets à côté. Ils ont leurs projets solo, comme Olivier Delattre, comme Clément mon bassiste. Par exemple Adrien Floor, qui est maintenant batteur pour La Fouine et Orelsan, a été dans TEG. Ce qu’on essaye de faire, c’est que chacun y trouve son compte. C’est-à-dire que la compo, on va la prendre telle qu’elle au départ, et on va la transformer pour qu’en live, il y ait cette petite touche de personnalisation. C’est vraiment intéressant et captivant de remodeler toutes ces chansons. En gros, j’enregistre tout, je leur donne les CD, et après en répétitions ils proposent leurs idées d’arrangements. Parle-nous de ton dernier album, We Are Young. Alex : Là j’ai vraiment tout fait dans cet album, et je me suis retrouvé avec 13 titres composés, dont un composé par mon ingé son, All I Want To Say, et un autre par Olivier Delattre. Ça a été une expérience différente parce qu’enregistrer un 5 titres et un 13 titres, ça n’a rien à voir. Entre temps, mes goûts musicaux et ma façon de voir l’enregistrement ont évolués. J’ai mis du temps à enregistrer cet album, et c’est pas plus mal. En plus, le « premier album » est une pression de dingue. Mais j’en suis extrêmement fier ! Je ne dirais pas que je suis au top musicalement, mais si c’était à refaire je le referais. Je pense qu’aujourd’hui l’industrie musicale attend des synthés, ce qu’on appelle du « Easy Listening », mais je ne suis pas du tout

dans ça. Ce qui a été le plus difficile, ça a été de se caser. Je suis un chanteur Pop mais avec « des grosses guitares », avec le chanteur de Chunk! No, Captain Chunk! qui vient hurler sur mon album… C’est quelque chose dont je suis fier aujourd’hui. Ce The Earl Grey, composé d’Alexandre Ragin et de ses musiciens de scène. n’est pas moi qui ai dit aux musiciens de jamais déçus. Quand on fait un live, on le « faire quelque chose ». Les parties où ils joue comme si c’était le dernier. interviennent, on a composé ça ensemble. J’ai écrit le texte pour Paul, Bert et Leo, Quels sont tes projets pour l’avenir ? mais le placement des notes, les arrange- Le 12 janvier, pour la première fois de ma ments, on a vraiment écouté ce que cha- vie, je vais jouer en tête d’affiche au Noucun en pensait… Pour Olivier Delattre, veau Casino. Il y aura plein de surprises quand on a joué à La Cigale en première ça va être énorme ! On m’a proposé des partie de Vaya Con Dios, j’ai brusquement dates à l’étranger aussi, mais la France est été séduit parce que dans les loges il m’a pour moi quelque chose que je garde dans joué cette petite chanson et j’ai trouvé que mon cœur avant tout parce que c’est un c’était une vraie petite merveille. pays à faire « rocker », faut y mettre le feu parce que le Rock est beaucoup moins Tu es en pleine tournée, le We Are présent dans la culture, c’est beaucoup Young Tour. En tant qu’artiste solo, plus intéressant. J’essaye de me consacrer comment ressens-tu cela ? à fond à The Earl Grey, et je dirais que là Alex : La tournée, c’est quelque chose je suis déjà en train de m’organiser pour à double tranchant ! C’est très excitant, un 2ème album, c’est mon grand projet. parce que tu découvres de nouvelles villes J’écoute plus de Rock, donc je pense que et tu rencontres de nouvelles personnes. cet album sera plus rock, mais je compte Mais en même temps, t’es crevé, t’en tout de même garder cette petite touche peux plus, tu fais beaucoup de kilomètres, artistique qui a caractérisé le premier c’est quelque chose d’assez contraignant. album. Et sinon dans un bar, un Festival, Chaque tournée est différente, chaque les douches, c’est jouer, le live ! Il y a concert est différent, et on ne sait jamais à des artistes studios, mais pour moi le live quoi s’attendre. Mais c’est ce qui est très c’est TEG, le live c’est là où tu montres excitant. Si je suis déçu du show, c’est que vraiment ce que tu vaux, donc oui en deux quelque part, j’ai mal fais mon boulot. mots, c’est le live ! Alors oui des fois je suis déçu par moimême parce que je ne pense pas avoir Si tu devais résumer ta carrière musidonné assez de ma personnalité, ou peut- cale en une phrase ? être que j’en ai trop fait. C’est une remise Ne jamais abandonner ! Tu ne signes pas en question constante parce que pour moi, un CDI donc c’est difficile, mais je suis il faut toujours travailler, scéniquement et content parce que j’ai jamais abandonné, musicalement. Et se retrouver face à des et j’espère avoir eu raison. J’imagine que gens qui ont payé pour venir écouter ta si on fait des concerts et si un label a enremusique, c’est la meilleure des motiva- gistré mon album, c’est parce que j’avais tions. Je pense que c’est parce qu’on se sans doute quelque chose... défonce sur scène que les gens ne sont

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Enquête

Enquête : un parcours du c La jeune scène Rock française compte aujourd’hui des milliers de groupes en son sein. Outre les nombreuses difficultés rencontrées sur leur chemin, la plupart espère obtenir une reconnaissance internationale, et voudrait décrocher un contrat avec une maison de disque.

Une infime minorité de groupes peut se targuer de posséder une reconnaissance internationale plus ou moins importante. Pourtant, une majeure partie de la jeune scène française chante aujourd’hui en anglais, espérant toucher les jeunes du monde entier pour certains, ou parce que « ça sonne mieux comme ça » pour d’autres. Comment explique-t-on cette Nous sommes déjà bien loin de 2007. A explosion du nombre de groupes depuis l’époque, la « nouvelle » scène française quelques années ? La réponse, c’est aufaisait du bruit. Avec en tête de pont les près de jeunes musiciens qu’on la trouve. BB Brunes, Naast, les Plasticines ou en- Aurélien, chanteur du groupe The Cosmic core Les Shades, les influences principales Imperators, déclare avoir commencé la étaient The Strokes, The Libertines et The musique « pour ressembler à mes idoles. White Stripes. Depuis, la jeune scène Je suis un grand fan de Dave Grohl (chanRock française est en plein renouveau. teur de Foo Fighters), de Joe Strummer Des milliers de groupes de Rock (NDLR : (ex-chanteur des Clash), et de Kurt (Coutilisé avec un « R » majuscule, ce terme bain, ex-chanteur de Nirvana)». Mais ce englobe tous les dérivés de ce genre musi- n’est pas la seule raison. Tom, guitariste cal) émergent en France, jouant des styles du groupe Pretty Pretty Betty, considère très diversifiés. Il existe aujourd’hui une la musique comme « un moyen d’expresscène Metal très forte, avec Loudblast ou sion et d’évasion avant tout ! C’est un Betraying The Martyrs, une scène Hard- déstressant, ça calme, ça fait rêver… et core française, menée par Chunk! No, personnellement j’en fais tous les jours. Captain Chunk!. On observe une égale- » Les motivations sont nombreuses, mais ment recrudescence de «composer, m’amuser, toutes ont un point commun : la passion. Car la la musique Pop Punk au musique est avant tout sein de jeunes groupes faire de la scène» français, influencés par la jeune scène un loisir, et tous ceux qui s’y adonnent le américaine des années 90 comme Green font par choix. Mais beaucoup de musiDay, Sum 41, Blink-182 ou encore All ciens voient plus loin. Cédric, bassiste du Time Low. Notre scène nationale Alter- groupe Little Silly Devil, nous explique native est en plein essor. Mais rassurez- avoir débuté pour « jouer comme les vous. Le Rock à l’état brut est toujours là. grands groupes ». Alors qu’il n’aspirait Des groupes comme Denver Is Not The qu’à « savoir jouer les musiques (qu’il) aime écouter », ses objectifs ont changés. Last ou Kursed en témoignent. « Après j’ai voulu avoir un groupe, pour composer, m’amuser, faire de la scène… » Un loisir qui « fait rêver »

Rémi, chanteur et guitariste, et David, batteur, ont décidé de monter un nouveau groupe, Last Day To Die. Ils définissent le style du projet, du Rock Garage influencé par le Rock 60’s. Ils enregistrent alors une démo avec deux compositions afin de présenter leur projet. La qualité de l’enregistrement, médiocre faute de moyens, fait fuir la plupart des gens. Après des mois et des dizaines d’annonces sur internet pour trouver un bassiste et un second guitariste, ils trouvent Nicolas et Louis. Enthousiastes, c’est l’heure d’un premier essai dans un studio de répétitions parisien. Les quatre musiciens jouent durant deux heures, et décident de poursuivre l’aventure, satisfaits. N’ayant pas de local de répétitions à disposition, Last Day To Die poursuit dans le studio parisien, hors de prix. Rapidement en manque d’argent, le groupe décide alors de jouer sur scène pour financer les répétitions. Mais ne trouvant pas de concerts rémunérés, les quatre musiciens n’ont d’autre choix que d’abandonner leur projet…

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Il va même plus loin en annonçant vouloir « percer dans la musique un jour, même si c’est aujourd’hui quasiment impossible. » Objectif maison de disques Pourquoi ? Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Les jeunes artistes sont aujourd’hui découragés, pour la plupart, avant même d’avoir commencé. Le premier problème vient de la jeune scène elle-même. Il existe tellement de groupes aujourd’hui que percer au milieu de tout ça revient à essayer de se faire entendre durant un concert des Foo Fighters. Aussi fort que l’on puisse hurler, le son ne dépassera jamais un rayon d’un mètre autour de soi. Un autre problème interne également est la qualité du groupe. Si le chanteur chante faux, que les musiciens n’ont pas le niveau technique suffisant, ou que le groupe ne joue pas « ensemble », alors personne ne pourra rien pour lui. Ce genre de groupe est en général assez rapidement dissout, soit par clairvoyance, ou soit à cause de l’égo surdimensionné du chanteur qui demeure sûr de son talent incompris. Un autre problème réside dans les prix exorbitants. Un instrument de qualité, un système d’enregistrement, un local de répétition, tout coûte cher au-


Enquête

combattant jusqu’au succès de la découverte de « perles rares » au sein de la jeune scène, prennent beaucoup plus le temps d’écouter les démos, mais ne répondent « que très rarement » confie Alexandra. « L’aspect financier est la principale motivation des labels discographiques, qui ne décident de produire un artiste que s’ils sont absolument sûrs d’en retirer des bénéfices. »

jourd’hui. Il est donc compréhensible que ça puisse en décourager plus d’un. En partant du principe que les groupes soient parfaits musicalement, qu’est-ce qui les empêche de connaître le succès qu’ils méritent. Pour répondre à cette question, il faut d’abord définir ce que l’on entend par « succès ». Après avoir interrogé de nombreux groupes à ce sujet, il s’avère que ce qu’ils recherchent est un contrat avec une maison de disques afin de pouvoir enregistrer un album. Pourquoi peinent-ils tant à se faire entendre des maisons de disques ? « Les labels prennent énormément de risques en produisant un artiste. » répond Alexandra (son nom a été modifié pour garantir son anonymat), travaillant avec le label Mercury (Universal Music Group). « Cela coûte très cher d’enregistrer un album dans un studio « de qualité ». C’est pourquoi les labels prennent pas ou peu de risques avec les jeunes groupes. Nous recevons des centaines de démos toutes les semaines, et n’avons pas toujours le temps de toutes les écouter. » Après une enquête interne, il s’est avéré que les majors (NDLR : nom attribué aux trois principales sociétés productrices de musique) n’écoutaient jamais ou presque les démos qui leur étaient envoyées. Les labels indépendants, vivant

pas toujours une bonne solution… Le public est seul juge

Mais que reste-t-il alors comme espoir aux jeunes groupes en quête de reconnaissance ? La plupart est en quête d’un label, mais ceux-ci restent sourds à la plupart de leurs appels. L’autoproduction, une solution de choix pour de plus en plus groupe, reste chère et n’est que très « Désaccord artistique » rarement rentable, sans moyen de diffuMais là n’est pas leur véritable objectif. sion digne de ceux détenus par les maiPour reprendre les propos d’Alexandre, sons de disques. Le soutien du public est guitariste d’Almost Alive, une telle signa- également en crise, puisque les gens sont ture « n’est pas un objectif final, c’est un en moyenne « quatre fois moins enclins » commencement. Le début d’une longue à aider les jeunes groupes qu’il y a vingt carrière, alternant tournées internatio- ans. Triste époque me direz-vous, mais la nales et enregistrement d’albums. » Un crise est partout. Les salles de concerts contrat avec une maison de disque cor- ont de plus en plus de mal à se remplir, et respond donc à un tremplin, qui permet les productions prennent de plus en plus à un groupe de se propulser vers le suc- de risques, si bien qu’il devient de plus cès. Léo, chanteur de Mary Has A Gun, en plus difficile de trouver des dates. Les affirme cependant qu’un « désaccord ar- jeunes groupes ont de ce fait beaucoup tistique » avec leur maison de disque les moins d’opportunités de jouer, et donc par a obligé à quitter leur maison de disque. la même l’occasion de se démarquer. Fort Pire encore. « Nous avons été bloqués heureusement, tout n’est pas perdu. Même pendant plus d’un an, le temps de récu- si on s’accorde à dire qu’il est aujourd’hui pérer notre indépendance «bloqués pendant très difficile de percer dans la musique, il y aura touet nos contrats. » poursuitjours des groupes qui maril. En effet, la signature plus d’un an» en maison de disque requiert un contrat queront les esprits plus que d’autres. Le cédant de nombreuses clauses d’exclu- plus important est de fidéliser son public, sivité, notamment en ce qui concerne car la seule raison qui permet à un groupe les droits d’auteurs. Un tel contrat en d’aller de l’avant est le soutien qu’on fait rêver plus d’un, mais ce choix n’est lui apporte. Le public demeure seul juge peut-être pas si judicieux. Les maisons de d’un artiste. Et sa seule motivation doit disques, lorsqu’elles signent un artiste, lui être d’apporter du plaisir à ceux qui le imposent une direction artistique qui ne soutiennent. Malheureusement, le succès correspond pas toujours (voire jamais). Et à tendance à faire oublier ces choses-là… comme son nom l’indique, la « direction » est faite pour être suivie. Combien d’artistes ont ainsi perdu leur identité au fil de leur carrière ? Prenons pour exemple la chanteuse Avril Lavigne, qui est devenue une Popstar en tenue légère aux clips publicitaires pour Nokia. La signature D’après un récent sondage, le public serait près de quatre fois moins enclin à avec une maison de apporter un soutien financier à un jeune groupe qu’en 2000. Après la chute disque n’est donc libre des ventes de disques, c’est désormais le live qui est touché.

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Reportage

Outer Rim : sur les traces d’une bête de scène Les jeunes parisiens d’Outer Rim ont mit le feu au Scop Club le jeudi 22 novembre. Accompagnés par leur nouveau guitariste, le groupe Pop Rock fut fidèle à sa réputation de «groupe live».

Dix-sept heures tapantes. Tandis que la nuit tombe progressivement dans les rues de Paris, on s’active devant le Scop Club, petite discothèque du quartier de l’Opéra. Deux jeunes hommes sont descendus d’un véhicule, chargés de matériel. A l’intérieur, des régisseurs testent les lumières et la sonorisation. Dix-sept heures quinze. Tandis que le reste du groupe arrivait, Adrien se montrait très enthousiaste, et dit être « très heureux de revenir jouer à Paris, après le dernier concert à Toulouse ». Le groupe a installé son matériel, accordé ses guitares, et prit place sur scène. « C’est trop fort ! » Dix-sept heures trente, le soundcheck débute. L’ingénieure du son a demandé à Victor de commencer « par le kick, snare et charley ». Le jeune batteur a donc commencé à jouer sur sa grosse caisse, sa caisse claire et les cymbales de charleston. Vinrent ensuite les trois autres toms ainsi que les trois cymbales. En réponse au jeu très puissant de Victor, on entend plusieurs « C’est trop fort ! » qui n’ont pas manqués d’exaspérer le batteur. Chacun des musiciens est passé tour à tour tandis que les guitaristes, essuyant la

même remarque, ont été obligés de baisser le volume de leurs amplis à tel point que l’un d’eux s’est plaint : « j’entends plus rien là, je jouerais sans ampli que ça serait pareil ». Vint ensuite le groupe au complet. Les cinq musiciens ont débuté un morceau. Le nouveau line-up du groupe s’est alors mit en lumière et il parut évident que le groupe s’est bien accommodé du changement de guitariste. Brice, le nouveau-venu de la bande qui a remplacé Mathieu il y a à peine trois mois, a apporté des influences plus Rock avec sa guitare qui amènent de nouvelles perspectives sonores au groupe. Après quelques minutes de vérifications, Outer Rim était prêt. Le groupe quitte la scène pour laisser la place au second groupe venu jouer. Ton léger et humoristique

Lorsque ces trois jeunots ont débarqués, on ne put s’empêcher de s’interroger. Avec une moyenne d’âge de 17 ans, Hépatite X n’a pas vraiment le profil d’un groupe de Rock actuel. Le trio s’est installé et a également commencé à vérifier ses instruments. Alors qu’on se demandait comment ils avaient bien pu en arriver là, les premières notes sont parvenues à nos oreilles. Leur maîtrise technique était correcte, la qualité de leurs compositions semblait plutôt solide. Au contraire, leur vision jeune du monde et de la situation en France apportait une touche d’originaLes membres du groupe lors d’un shooting photo (de gauche à droite et du lité et de simplihaut vers le bas) : Eric (guitare), Adrien (chant), Brice (guitare), Victor (bat- cité à leurs textes qu’on ne trouve terie) et Tony (basse).

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Lola, 17 ans, bassiste du groupe Hépatite X.

que très rarement ailleurs. Négociant leurs réglages avec le régisseur de la salle sur un ton léger et humoristique, lançant ci et là quelques blagues entre eux, Hepatite X est rapidement au point. Dix-neuf heures. Il était temps d’aller manger. Après un repas léger et équilibré dans une célèbre chaîne américaine, nous sommes retournés devant la salle aux alentours de vingt heures. L’attente a été longue dans le froid de novembre, et les dix minutes passées à attendre le responsable de la salle censé ouvrir les portes ont semblées interminables. Dès son arrivée, les gens ont commencé à entrer pour acheter leurs entrées. La salle s’est remplie doucement mais sûrement, jusqu’à être quasiment pleine aux alentours de vingt heures trente. Hépatite X, une bombe de demain ? Hépatite X revient sur scène une seconde fois. Globalement, les gens avaient l’air d’avoir la même première impression que nous. Mais lorsque le groupe s’est mit à jouer, ils ont semblé aussi surpris que nous l’étions en début de soirée. Leur Rock chanté en français et agrémenté d’influences Punk de la seconde moitié des années 70 a rapidement conquis le public. Le groupe a offert une bonne présence scénique, de nombreuses blagues entre chacun de leurs morceaux, et de gros riffs de guitare qui accompagnent des textes principalement contestataires, portant sur le quotidien et diverses anecdotes. Le jeune chanteur est même allé chercher le public, assurant que « ce qui ferait très plaisir à Lola, c’est que vous


vous mettiez debout ! ». La bassiste, possédant une vélocité impressionnante, rit tandis que le public s’est approché de la scène. S’ensuivit plusieurs morceaux très entraînants. Leur prestation était si naturelle, comme si c’était la chose la plus simple du monde, que c’en est même presque frustrant. Soudain, les jeunes musiciens échangent leurs instrument. Lola revient armée d’une guitare devant le micro. « C’est la chanson calme que la fille elle chante. » lance-t-elle sur le ton de la plaisanterie, ce qui n’est pas entièrement faux. Elle a alors débuté une balade très mélodique, aux paroles plutôt profondes, avec une sensibilité que nous n’avions pas encore entendue chez eux.

déré comme un grand espoir de la scène Pop Rock française. Le groupe en a profité pour présenter ses nouveaux titres inédits So Long et Lights On, tout en nous faisant profiter de leurs Brice, en plein solo de guitare, accompagné d’Adrien. premiers succès, 7 Heavens, Baby Star ou encore cinq minutes, ce qui est courant chez lui Groupe phare de la scène Pop Rock Alice, revisitée à la pédale Wah-Wah. mais toujours aussi impressionnant pour française Durant une heure et demie, Outer Rim ne nous, tandis que le morceau s’étirait en nous a accordé aucun répit, enchaînant longueur et en amplitude. L’envolée insses titres trumentale était si puissante que le public explosifs et en a été saisi aux tripes et est devenu euentraînants. phorique. Lorsque le morceau s’est enfin Notre seul arrêté, nous avons pris quelques secondes regret est pour redescendre sur terre. Outer Rim veque la fin nait de nous démontrer une nouvelle fois arriva trop son talent pour le live, confirmant ainsi vite… son statut de véritable «bête de scène». La prochaine fois, Messieurs Dames, venez Succès re- couverts ! visité pour le grand « Un petit goût de trop peu. » live Le groupe remercie son public et descend La fin ? de scène pour venir parler à ses fans de Bien sûr que la première heure. Demandant au mananon ! Outer ger du groupe, et producteur de la soirée, Le «phénomêne Outer Rim» en action, devant un public conquis. Rim n’avait ce qu’il en avait pensé, il a simplement Après un changement de scène plutôt ra- pas encore révélé sa meilleure carte, ca- répondu qu’il avait « un petit goût de trop pide, le concert d’Outer Rim débute enfin chée jusque-là dans sa manche. Débutant peu ». Il précisa qu’il aurait aimé voir « sur une intro instrumentale de plusieurs son intro désormais célèbre et reconnais- une dernière petite folie, quelque chose minutes, ce qui est devenu chez eux une sable entre mille, le groupe a présenté son en plus, de spécial ». La prochaine fois, habitude. Adrien est monté sur scène en plus grand succès revisité pour le grand peut-être aurons-nous l’occasion de voir remerciant le public : « Merci d’être ve- live, Down To The Motel. Poussée à plein les musiciens arriver nus sur scène… nus si nombreux ce soir. » Le groupe en- volume par tame alors un premier titre, et nous avons l’ingénieure pu admirer le résultat. Nous connaissions son, la sono déjà Outer Rim avec son ancien line-up, s’est mit à crapour les avoir vu jouer plusieurs fois. Ils cher un son font partie de ce qu’on appelle les groupes rock endia« taillés pour le live », habitués aux en- blé. C’était volées instrumentales hors du commun décidemment et aux solos de dix minutes. Or, c’est la « trop fort » première fois que nous avons pu voir la en effet, mais nouvelle formation du groupe, et décou- ce n’était pas vrir leur nouveau son. Brice, habitué à plus mal ! Le une musique plus rock, a amené en même batteur a entemps que sa guitare de nombreuses sono- tamé un solo rités plus explosives qui donnent du relief de batterie au son du groupe, avec de nombreux so- m o n u m e n Adrien, chanteur d’Outer Rim, durant leur succès «Alice». los. Outer Rim peut désormais être consi- tal de plus de

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Interview

MARY HAS A GUN a «maintenu le cap»

Après avoir quitté leur maison de disque et être restés près d’un an dans l’ombre, les Mary Has A Gun sont de retour avec un nouvel album et un objectif, s’ouvrir au monde pour toucher un plus large public. Vous avez quitté votre maison de disque l’hiver dernier, pourquoi ?

MHAG : Nous avons effectivement fait un bref passage en maison de disque mais avons souhaité partir après quelques mois.

Comment cela s’est-il passé ?

MHAG : Bien c’est assez long comme récit. Pour faire court, nous n’étions pas en phase avec la direction artistique imposée par notre maison de disque. Cela ne collait plus du tout avec notre vision de la musique et un tel virage artistique était impensable pour nous dès notre 1er album. Ce fût une décision dure à prendre, car on mettait alors une croix sur tous les avantages que pouvait nous apporter une telle structure (promotion, concerts, budget à disposition…). On l’a quand même prise car nous n’aurions vraiment pas pu assumer la musique qu’on nous demandait de faire. Notre public aurait lui aussi été plus que surpris ! On ne se considère pas comme un «boys band», nous sommes un groupe de rock comme il y en a beaucoup en Angleterre et aux USA, mais beaucoup moins en France…

Quelles ont été les conséquences engendrées par cette décision ?

MHAG : Cela sacrifiait en quelque sorte ce 1er album sur lequel on avait travaillé si longtemps (5 ans). Cette période marque pour nous une certaine frustration ! Avoir travaillé sur un 1er album si longtemps

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pour qu’il soit finalement, seulement un mois après sa sortie « mis de côté » sans promo, sans budget, sans concert… On a tout de même pu maintenir une tournée pour cet album grâce à l’aide de quelques personnes du milieu qui ont continué à nous soutenir. Nous avons été bloqués pendant plus d’un an, le temps de récupérer notre indépendance et nos contrats. Mais ce choix à été bénéfique car au lieu de se morfondre, on a maintenu le cap et on s’est plongé immédiatement dans la composition du nouvel album, avec pour seul et unique but de faire les meilleurs morceaux qu’on soit capable de faire sans aucune contrainte extérieure !

sorti en janvier, Easy Way. Estimezvous que votre son ait évolué depuis le début de l’année ?

Justement, parlez-nous de ce nouvel album. Quels sont vos projets, à partir de maintenant ?

Et quand aura-t-on enfin l’occasion de vous revoir sur scène ?

MHAG : Cela fait 2 ans que nous travaillons sur la composition du nouvel album et depuis 6 mois on est dessus quasiment tous les jours. Nous sommes vraiment enthousiastes sur cet album qui est un nouveau souffle pour le groupe. Nos textes sont désormais en anglais car ce genre de musique reste malgré tout plus développé à l’étranger, et nous tenons à toucher un plus large public (sans avoir besoin de faire une musique de variété). Nous allons enregistrer ce nouvel album en Janvier au Canada avec «Luc Tellier». Le courant est très bien passé avec Luc et il a la même vision que nous, ce qui est primordial !

Nous ne vous avons plus entendus depuis la sortie de votre dernier clip

MHAG : Oui c’est vrai qu’on s’est fait plutôt discret depuis 1 an, mais on ne s’est pas reposé pour autant ! On a composé encore et encore en essayant de pousser nos nouveaux morceaux bien plus loin que pour le 1er album. On a osé plus de choses et je pense qu’on a gagné en maturité. En réécoutant nos anciens titres, on est heureux de constater l’évolution du groupe et donc que tout ce temps passé sur les nouveaux titres valait vraiment le coup. Nous avons maintenant une vision de l’album dans sa quasi-totalité, et on a le sourire aux lèvres ! Les gens vont reconnaître MHAG tout en découvrant une nouvelle face du groupe. On a puisé dans beaucoup de choses pour ce nouvel album et on espère que les gens seront aussi enthousiastes que nous à sa sortie ! On aura la réponse courant 2013 pour la sortie ! Rassurez-vous d’ici là on sera plus présents, on vous donne rendez-vous en janvier où vous pourrez suivre l’enregistrement studio au Canada !

MHAG : Pendant cette période de composition on a fait le choix de ne pas jouer pour ne pas se disperser et rester focalisés sur les nouveaux titres de l’album. On a vraiment un besoin de faire des concerts ensuite pour jouer tous ces titres en «live». Et puis le contact avec le public nous manque beaucoup, on fait ces musiques pour les gens, et quand on vient à la rencontre des gens et qu’on partage le temps d’une soirée la même passion, on a en quelque sorte la récompense du temps qu’on passe à faire tout ça. Les concerts sont une des choses qui nous motivent le plus et on espère par la suite avoir l’opportunité d’en faire bien plus ! On a prévu en mars/avril quelques dates en France et aussi à l’étranger ! On annoncera tout ça une fois que ça sera validé.

Formé en 2003 à Aix-en-Provence par 4 amis d’enfance, MARY HAS A GUN a su fidéliser une fan base locale très importante. Armé de leur son Pop Punk français très énergique, le groupe est parti à la conquête du pays en signant chez Universal Records. Cependant, le groupe quitte la maison de disque fin 2011 et s’oriente vers un chant en anglais, cherchant une reconnaissance internationale.


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