Rockin' Dreams Magazine N.4 bis

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Numéro 4 - Octobre 2013

La jeune scène rock française

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ROCKIN’DREAMS MAGAZINE


Sommaire

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Nicolas Raulin

10/1 so

© Ana Bloom

8/9 : Release party d’Our Theory

12/13 : FrenchCore Festival © DR

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai découvert Cats On Trees. Débarquant de nulle part, ce jeune duo toulousain arrive chez un label affilié au groupe Warner et promet un album très intéressant. Son premier clip « Sirens Call » en offrait un aperçu très encourageant, propulsant ce premier album au rang d’incontournable parmi les sorties de la rentrée. Malheureusement, ce disque n’a pas tenu toutes ses promesses et la déception n’en a été que plus grande, venant d’un groupe avec un si grand potentiel. L’actualité de cette rentrée 2013 est très riche, et c’est avec un grand plaisir que nous saluons les Obsolete Radio, de Maubeuge. Rentrant tous juste du Festival de Taubertal, le groupe ramène dans ses valises la coupe du tremplin Emergenza 2013, qu’aucun groupe français n’avait remporté depuis pas moins de 11 ans. Chapeau bas messieurs, en espérant que l’avenir vous soit aussi favorable. Une tournée européenne vous attend, nous comptons sur vous pour représenter dignement notre jeune scène française.

4/5 : Obsolete Radio, vainqueurs d’Emergenza

© Manon Sarda

L’édito :

16/17 : The Butcher’s Rodeo


6/7 : New Found Glory au Divan du Monde

© Louise de Rodenas

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Sommaire

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11 : Cats On Trees ortent leur album

Chroniques : 14 : Our Theory 14 : AT.O.M 15 : Fuzzy Vox 15 : Monalisa

18 : Lumière sur...

The Dirt Radicals 20 : Le Coup de Cœur de... Léa

19 : Agenda concerts 3


Interview

Obsolete Radio : « ça a u gagner [Emergenza] en r Pour la première fois depuis 11 ans, un groupe français a gagné la finale internationale du tremplin Emergenza. Obsolete Radio, originaire du Nord-Pas-de-Calais, est déjà en préparation de son second EP. Vous êtes le premier groupe français à gagner la finale internationale d’Emerganza depuis 11 ans. Vous vous sentez comme des héros ? Nico : Non, pas comme des héros, c’est pas comme si on avait sauvé l’honneur de la France ou quoi. L’Emerganza, on l’a fait pour nous. Mais ça a une symbolique forte de gagner en représentant la France quand même. On est fiers et ça nous fait du bien de voir que le travail paie. Et on a su qu’après qu’on était les seuls français à gagner depuis un bout de temps. En juillet, par contre, vous n’aviez pas réussi à atteindre la finale en Norvège du Festival Imagine... Nico : C’était décevant de pas aller en Norvège, de finir en second, c’est sûr... Je pense que c’était plus une question d’image du tremplin. On a un style un peu plus énervé par rapport aux autres groupes. Mais à Paris, on a rencontré Philipe Albaret qui nous a proposé de travailler avec lui malgré notre seconde place. Donc c’est une défaite sans l’être au final. Depuis vos débuts en 2009, qu’est-ce qui a changé ? Vous devez vous sentir plus pro, non ? Nico : Ca a bien changé, oui. On a commencé comme une bande de potes, on bougeait pas beaucoup sur scène, la création musicale était pas aboutie. Puis on a travaillé avec Sébastien Descastiaux, de l’association Bougez Rock, et on a répété au Labo. C’était mieux que dans la cave du batteur ! Maintenant on a une énergie assez frappante, elle s’est décuplée depuis les débuts. La compo est plus carrée, on maîtrise plus nos instruments aussi. On répète entre huit à douze heures par semaine. Notre approche du public est meilleure.

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On leur parle et on ne se cache plus derrière le micro. On dirige le show ! Les lunettes 3D, le sweat à capuche, c’est votre marque de fabrique ? Comment l’idée vous est venue ? Nico : C’est parti de pas grand-chose. On a commencé le groupe sans nourrir d’ambitions, c’était juste de la musique entre potes. Un jour, on s’est dit qu’on voulait créer un univers un peu futuriste. Alors on a enfilé les lunettes 3D. Et on s’est dit que cet accessoire était vraiment « obsolète ». C’est de là qu’est arrivé le nom du groupe. On a ajouté la capuche, et on a bien aimé notre dégaine, alors c’est resté. Le sweat

est devenu rouge, bleu ou noir. Ca a créé une identité visuelle. Parfois, quand les gens ne se rappellent pas forcément du nom du groupe, ils se repèrent à ça. Ils savent que la musique qu’ils ont entendu, c’est les gars avec les lunettes 3D et le sweat à capuche. Désormais l’objectif c’est l’enregistrement de votre deuxième EP. Quel est le programme ? Yohann : Cet EP nous servira à démarcher les organisateurs pour la recherche de concerts, à trouver un label, et il servira au promoteur Allemand d’Emergenza pour organiser la tournée européenne prévue au


Interview

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une symbolique forte de représentant la France »

printemps prochain. Autant dire que le son doit être de qualité pour convaincre toutes ces personnes. Nico : On commence à enregistrer l’EP le 21 Octobre, dans les locaux des Nuits Secrètes. Ca fait des mois qu’on compose et depuis quelques semaines on a sélectionné sept titres, on répète à fond, on peaufine les paroles. Ça devrait être une grosse semaine d’enregistrement. Ca va nous faire du bien de revoir du studio ; on était plus jeunes pour le premier EP. Cette fois, pour le financer, on a lancé une levée de fonds sur Ulule, à 2000 euros. En 5 jours on a reçu 600 euros. On veut faire les choses au propre et on espère sortir un EP de qualité.

On a eu plusieurs phases musicales, et là notre énergie vient vraiment de The Rapture, Blockparty, The Hives. On écoute aussi Gang Bufford, des trucs plus vieux, et c’est pour ça qu’on dit qu’on fait du post punk, malgré notre apparence qui ne l’est pas du tout. En fait, c’est un punk bizarre. On aime quand c’est bizarre. Cherchez-vous au travers de votre musique à créer un exutoire, pour vous mais aussi pour tous les jeunes de votre génération qui font face à une réalité loin d’être rose ? Nico : Peut-être, je sais pas si c’est voulu. Quand on est sur scène, on fait danser

les gens, ça nous fait plaisir, on prend un pied total et eux aussi. Je sais pas si c’est à cause de la société... C’est toujours lié un minimum. Dans notre région, il n’y a pas grand-chose à faire, donc on a préféré faire de la musique que de se faire chier devant des consoles ou tourner mal. François : En fait, avec notre musique, on essaye de proposer un défouloir aux gens. On veut qu’ils puissent rentrer dans notre monde le temps d’un concert et s’éclater avec nous. Vous montez comme des flèches. Ne prenez-vous pas la grosse tête ? Nico : Ça monte plutôt vite, ouais. Il y a une certaine effervescence qui se crée. Tu vois, en tant que groupe amateur, c’est drôle mais on compte les likes sur Facebook. Et quand on voit que tous les jours le nombre augmente, que ça bouge, ça fait du bien. On se dit qu’on a du soutien et de la reconnaissance. On montre qu’à Maubeuge, il n’y a pas que de la racaille. Pour ça, je pense pas qu’on aura la grosse tête un jour. François : On se dit que rien n’est encore acquis et qu’il nous reste beaucoup de chemin à accomplir. Nico : En plus, on est encadrés par des gens plus âgés que nous, et ils nous recadreraient très vite. Moi-même j’ai horreur des groupes qui prennent de l’ampleur et font les stars, donc impossible de se la péter. On est vus comme des gens sympas, de vrais branleurs, on fait du bruit, on court partout, mais on est pas méchants pour deux sous. Si être Obsolete Radio était un life style, quelle serait une journée type ? Nico : Ça serait... Se réveiller pas trop tard parce que l’Obsolete Radio est un nerveux. Puis il ferait 19 marathons. Après, il mangerait beaucoup pour compenser, et il irait courir encore. Il s’amuserait avec ses potes à se battre. En fait, ça serait une journée à cent à l’heure où on passe 24 heures en douze heures, parce qu’après on serait trop morts. François : Tout ça avec un fond de QOTSA ou de Rage !

Propos recueillis par Léa Pfeiffer

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Reportage

Retour aux années lycée

Mary Has A Gun

Après quatre années d’absence en France, les américains de New Found Glory ont joué au Divan du Monde le mardi 27 août. Véritable référence punk rock, le groupe a partagé la scène avec We Are The In Crowd ainsi que les français Mary Has A Gun et Switch To Happiness. 6

Place au punk ! En cette soirée de célébration, marquant le retour des américains de New Found Glory, l’organisateur Emodays a décidé de nous gâter avec des références punk. C’est le groupe parisien Switch To Happiness qui a ouvert la soirée. La prestation n’était franchement que très peu convaincante, et encore il fallait se concentrer pour oublier le ridicule du chanteur Raph. Nos amis de chez RockUrLife ont ainsi très bien résumé sa prestation, en annonçant qu’il « passera malheureusement plus de temps à faire admirer sa plastique et ses tatouages tribal qu’à essayer de chanter juste. » Il faut bien reconnaître que le chanteur de Switch To Happiness accumule tous les invonvénients de la rock star de 35 ans, surclassant le ridicule avec son air de « Désolé d’être beau gosse je ne le fais pas exprès » et ses caprices « C’est moi qu’ils sont venus voir je fais ce que je veux. » Malheureusement pour lui, il ne possède ni la discographie nominée derrière, ni même le talent musical néces-

saire pour pouvoir se « permettre » ce genre d’attitude... Heureusement, un groupe très attendu a rapidement pris la relève sur scène. Mary Has A Gun, considéré aujourd’hui comme le patron du punk rock français, a joué uniquement des titres du nouvel album à venir « Pendulum », dont nous attendons impatiamment la sortie. Gros son, bonne présence, énergie scénique au top... les quatre gars de Mary Has A Gun nous prouvent encore une fois que la relève est assurée et que le punk rock français a bel et bien sa place dans l’histoire du rock. Terminant leur set sur la désormais mythique « Hypnotized », dont le clip réalisé récemment par le chanteur Leo Pia a fait le tour des réseaux sociaux, les Mary Has A Gun ont offert au public une grosse demi-heure comme on aimerait en entendre plus souvent. Ce sont ensuite les américains de We Are The In Crowd qui sont montés sur scène. Leur son pop punk très dynamique a rapidement convaincu une bonne partie de la fosse, avec semblait-il un public de groupies assez présent. D’un autre côté, il faut remettre les choses dans leur contexte. Le groupe tourne depuis de longs mois pour la sortie de l’album « Best Intentions » et ce concert au Divan du Monde était leur dernier passage en France avant la sortie de leur prochain album. Le public en était conscient et de nombreuses fans sont venues dire au revoir à leur groupe favori. On déplorera malgré tout les problèmes de We Are The In Crowd


Reportage

e avec New Found Glory

New Found Glory

voix de la chanteuse Tay Jardine, dûs aux nombreux concerts successifs accumulés durant cette tournée, couplés aux mauvais réglages de son micro : dès que les deux guitares étaient présentes, sa voix devenait quasi-inaudible... Après quatre ans d’absence sur le sol français, il est normal que les américains de New Found Glory soient très attendus. Déboulant sur scène à 22h, le groupe a tout de suite retourné la fosse avec le titre « All Downhill From Here » et ses grosses guitares, qui devaient bénéficier d’une chaîne d’effets d’au moins deux kilomètres. La chaleur étouffante de la salle n’a rien enlevé de l’ardeur des musiciens et du public. La fosse a fait honneur au groupe avec des pogos plutôt impressionnants vus du balcon, tandis que les slammeurs ont été très nombreux à venir sur scène pour se jeter dans le public. Le mot d’ordre de cette soirée ? Energie ! Et Jordan, chanteur du groupe, n’en a décidemment pas été avare. Tous les grands succès du groupe y sont passés : « Listen To Your Friends », « Don’t Let Her Pull You Down », « Hit

Or Miss » et même « Kiss Me » de Sixpence None The Richer, avant de conclure sur « My Friends Over You ». Finalement, on doit bien admettre que New Found Glory aura mis tout le monde d’accord. Le public multi-générationnel semblait una-

nimement conquis. Qu’on ait 18 ans ou la quarantaine, un live de New Found Glory, c’est toujours quelque chose ! « Kill It Live », qui sortira le 8 octobre, offira peut-être aux fans français une nouvelle tournée ?

Nicolas Raulin

New Found Glory

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Reportage

La jeune scène rock fr

Ce soir, la scène française revient sous les projecteurs. Souvent habituées aux petites salles telles que le Klub, c’est au Divan du Monde que les cinq formations sont attendues par le public parisien. Menés par Our Theory, les groupes Houston, Lie To Meet You, Hot School et The Chasers ont eu la tâche de remplir la salle à bloc. Mission accomplie puisque la place s’est faite rare au Divan du monde. Quelques heures avant l’ouverture des portes, l’ambiance est détendue devant la salle parisienne. Quelques membres de Houston sont assis cigarette à la main et musique en fond. C’est d’ailleurs aux membres de Houston d’ouvrir les festivités de cette date 100% française. Fondé depuis un peu plus d’un an, Houston a

© Manon Sarda

Houston

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sorti The Plan, puis Brightside en mars dernier qui a accumulé plus de 18 000 vues. Depuis Houston s’est décidé à aller à la rencontre de son public. Etre le premier groupe à se produire sur scène n’est jamais chose facile d’autant plus quand il s’agit d’une première date, mais c’est déterminés que les Houston arrivent sur scène. Un scream déjà bien rodé complété par un chant clair agréable à l’oreille, il faut saluer le duo de chanteurs composé d’Enzo au scream et de Jordan au chant clair qui a remplacé l’ancien chanteur Arthur mi-septembre. La première date de la nouvelle formation parisienne est positive et on attend de les revoir prochainement sur scène, le temps de prendre un peu de maturité dans leur jeu de scène. Lie To Meet You est le deuxième groupe à entrer en scène. Si le public s’était fait discret lors de la représentation du premier groupe, celui-ci commence à se réveiller doucement et quelques mosheurs commencent à prendre leurs quartiers. Lie To Meet You nous a offert un show enthousiaste et énergique avec un chanteur particulièrement motivé cherchant à tirer le meilleur de chaque membre de son groupe. On ressent déjà plus d’expérience que les Houston et un jeu de scène plus travaillé avec en prime une reprise très réussie de la chanson « I know you were trouble » de l’artiste Taylor Swift avec un joli duo entre le chanteur et l’une de leurs amies à la voix emprunte de douceur. Une belle façon de terminer leur set.

© Manon Sarda

Vendredi 20 septembre, la jeune scène rock française menée par le groupe parisien Our Theory, s’était donnée rendez-vous au Divan du Monde pour aller à la rencontre de son public, mais également pour le convaincre. Pari réussi.

Booba en guise d’intro

Hot School

Avec leur dernier morceau « Lionheart » sorti le 15 septembre, Hot School a déjà un titre en plus, plus mature que les précédents, pour convaincre le public. Et du public, la formation n’en manque pas ! C’est lors du set d’Hot School que la salle finit de se remplir et que l’ambiance décolle réellement. C’est sur du Booba que le groupe choisit d’entrer en scène. Yann, chanteur du groupe, arrive survolté, la rage au ventre, prêt à se donner un maximum. Bien décider à bousculer les personnes présentes dans la salle, le leader du groupe leur demande de « foutre le bordel » et commande deux wall of death. Premiers slams, des moshs de plus en plus présent, le public a bien reçu le message de Yann et partage son énergie. Durant leur set, le groupe interprète sa cover de la chanson « This is the part of me » de Katy Perry, appréciée des fans. Le meneur du groupe partage sa détermination avec le public jusqu’aux dernières notes et finit lui-même par faire un slam dans le public. The Chasers sont l’avant dernier groupe sous les projecteurs. Avec un batteur fraichement arrivé, le groupe a encore ses


Reportage

© Manon Sarda

rançaise fait son show

preuves à faire auprès du public. Style moins bourrin que les trois groupes précédents, la formation part donc avec un petit désavantage. Cependant la joie des membres et leurs sourires communicatifs ont su séduire les personnes présentes au Divan du Monde. Certainement le groupe le plus motivé depuis le début de la soirée, The Chasers cherche à partager avec le public et cela fait plaisir à voir. Avec un set bien rodé, un chanteur déterminé et une ambiance à la hauteur de la bonne humeur de la formation, The Chasers a certainement donné la meilleure représentation de la soirée.

GTA V vs Musique

Le dernier groupe à passer ce soir n’est autre que Our Theory. Une fois n’est pas coutume, c’est d’ailleurs le guitariste Damien, d’Only Talent Productions, qui a été à l’initiative de cette date. La dernière fois que la rédaction avait eu

Our Theory

l’occasion de voir Our Theory sur scène, c’était lors de l’Icarus Festival en mai dernier. Lors de ce concert, le groupe n’avait pas vraiment convaincu et avait même déçu. Tout était donc à refaire pour la formation parisienne. Dès leur entrée sur scène, les sourires absents à l’Icarus Festival sont, cette fois, bien présents sur le visage des membres. Pas décevants, bien au contraire, Our Theory montre enfin son réel potentiel. Mené par le chanteur Bastien, le groupe partage, communique et vit son set. Chose ressentie puisque le public, convaincu, soutient le groupe tout au long de sa prestation. Le groupe surprend également, notamment avec l’apparition du chanteur des Early Seasons, Marty, pour un featuring aux influences plus hardcore que le reste du set. Cependant ce qu’il faut surtout retenir, c’est cette joie de jouer sur scène et les blagues du chanteur comme : « Qui a quitté GTA V pour venir nous voir jouer

ce soir ? » qui séduisent le public. Vedettes du concert, les Our Theory ont notamment leur nouvel album « Collapse », qui sortira le 30 septembre, disponible en avantpremière au concert, à défendre. Mission accomplie haut la main. Encore trop rares, ces dates 100% françaises sont toujours un bon moyen de prouver l’existence de la jeune scène rock française et surtout de révéler son potentiel. Malheureusement, le public, lui, n’a pas su être à la hauteur. Comme sur beaucoup de concerts, la guerre entre les mosheurs et les adeptes du pogo a fait rage, transformant la salle recouverte de bière en patinoire. Faites donc de la musique, et non la guerre. Un proverbe adapté certes, mais qu’une partie du public parisien a dû oublier. Parce qu’après tout, et des soirées comme celle-ci sont là pour nous le rappeler : nous faisons tous partie de la jeune scène rock française !

Sandra Lefetz

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Dossier

© Ana Bloom

Cats on Trees : « Un choix humain

Le 21 octobre sortira le premier album éponyme des Cats On Trees, ce duo toulousain composé de Nina, au chant et au piano, et de Yohan, à la batterie. L’interview se déroule sur les lieux de leur première rencontre, dans la maison dont le jardin abrite leur salle de répétitions. La sortie de votre album approche, après trois ans de travail, vous appréhendez ? Yohan : Il nous tarde, on est excités et super contents. C’est l’accomplissement de trois ans de travail. Et un premier album, tu le prépares toute ta vie. Il nous tarde de pouvoir le défendre devant un public. Normalement le studio c’est des budgets et pas de temps, et c’est vraiment un luxe de pouvoir pousser les morceaux à fond. On est fiers du résultat. On a énormément composé pour ce disque. Nina : Et ça nous a laissé le temps de faire la sélection au fur et à mesure des sessions d’enregistrement, de choisir les meilleurs morceaux. On n’a pas de regrets. Et on a été

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bien entourés. Bien entourés car justement, vous avez signé chez Tôt Ou Tard. Ça s’est fait comment ? N & Y : Le projet s’est construit en 2007. On a sorti un EP puis commencé à faire des dates localement. On a gagné Bourges en 2010 et ça nous a ouvert pas mal de portes et permis de rencontrer Pierre Rougean, qui nous a beaucoup aidés et conseillés. On a envoyé des maquettes, jusqu’à ce que Vincent Frèrebeau, de Tôt ou Tard, vienne nous rencontrer à Toulouse. On a découvert quelqu’un en adéquation avec nous. On se sent bien avec ce label, c’est familial, ils nous poussent, et nous ont laissé les moyens de murir l’album. On a eu la chance de pouvoir essayer tout ce qu’on voulait en termes d’arrangements, et puis pour sublimer l’album, on a un orchestre de cordes… Votre album semble être le fruit de nombreuses collaborations… Y : Oui, on a bossé avec Albin de la Simone, Jean-Christophe Urbain des Innocents, et ils nous ont donné des moyens incroyables. Un orchestre à cordes sur un premier disque,

c’était inespéré. On a des atomes crochus artistiques avec eux. Ce sont des pontes en termes d’enregistrement, avec qui il est facile de travailler. Ils ont sublimé les compos avec leurs idées. C’est cette émulsion positive entre toute cette équipe et nous, qui a construit le disque. Pour ce qui est de votre formation pianovoix-batterie, c’est un peu atypique. C’est venu comment ? N : C’est un choix humain avant d’être un choix musical. Notre rencontre a été assez exceptionnelle, on s’aimait humainement et artistiquement. Ce qu’on se dit souvent c’est qu’on aurait pu jouer de n’importe quel instrument, ça aurait été pareil. Le but était de jouer ensemble. Y : Le projet est humain. Il faut que ça nous ressemble. On compose sans trop le conscientiser, et on produit beaucoup, on a plein d’idées, on est très complices et on se comprend de suite. C’est aussi varié car on a mis qui on était dedans, à la fois dans la musique et dans les textes. Entre nous c’est l’osmose parfaite, et ça nous porte vraiment. On ne s’arrête jamais de composer. Il paraît que vous travaillez aussi sur


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n avant d’être un choix musical. » quelque chose de spécial pour la scène, on peut en savoir plus sur la tournée ? Y : On essaie de faire un show optimisé. On va construire le spectacle au fur et à mesure des concerts. Ce sera musical et visuel. On essaie de raconter des histoires dans les morceaux grâce aux instruments et arrangements, mais aussi sur scène avec des agencements de setlist, des lumières, peut-être des vidéos. Pour la tournée, elle va vraiment commencer en janvier. On a quelques spots chouettes, on va faire une date avec Woodkid bientôt … Il nous tarde tout, tout le temps. Il nous tarde la scène, le début de la tournée en janvier, puis de nous remettre à composer pour un autre disque. L’album, ça a aussi été le tournage d’un clip en Bolivie. Comment ça s’est passé ? N : Une rencontre avec Benoit Toulemonde, le réalisateur du clip, on a fait un brainstorming de plein de mauvaises idées jusqu’à ce qu’on trouve la bonne. On cherchait un désert, un paysage lunaire, et cet endroit-là s’est imposé. C’était une expérience extraordinaire et nouvelle. Ce bout du monde, c’était hallucinant, et l’équipe était super. On ne cherche pas à faire un autre clip pour le moment, mais les lives comme celui de TikiBoy, réalisés par Benoit Toulemonde aussi, sont déjà presque des clips. Il n’en faut pas plus. Quand on parle de ta voix Nina, on la compare souvent à celle d’Agnès Obel. Ça vous parle ou vous inspire ? N : Faut pas forcément parler en termes de ressemblances, ce qui nous parle ce sont surtout des artistes qui ont une âme et une sincérité dans leur démarche, plutôt qu’un type de son ou de voix. Y : Avoir des inspirations et influences, c’est une bonne façon d’être original. Ce genre de démarche nous touche et nous inspire. Les rares moments où on n’a pas d’idées, on essaie de se nourrir au maximum de films, bouquins et disques, pour se ressourcer et retrouver l’inspiration. On est des passionnés de musique avant tout. En parlant d’influence, si vous deviez comparer votre musique à une œuvre par exemple ? Y&N : On est retournés au Louvre, et la salle qu’on préfère est celle du clair-obscur. Ça nous a marqués, parce qu’il y a des tableaux très forts et notamment avec des bateaux tourmentés. On y retrouve les aléas de la vie qui illustrent notre musique, t’essaies de maintenir le cap sur une mer tourmentée ou calme, avec du soleil ou non. Un peu comme

l’opposition sur la pochette: le moderne de la typo et le coté plus organique et humain de nous deux, nus au milieu des plantes. Notre musique c’est pareil, certains morceaux sont enjoués et dansants, à la « Wichita ». Et d’autres dans les ambiances et l’amplitude des sensations comme « Sirens Call » ou « Walking on the Line ». On n’est pas tiraillés, mais c’est vraiment deux facettes de ce qu’on veut représenter et de qui on est. Une osmose parfaite, des rencontres fabuleuses, cet album, c’est un peu la révélation de l’extraordinaire ? Y : Aujourd’hui c’est un acte militant de faire

un disque et une profession de foi de faire un groupe, donc il faut faire en sorte qu’il se passe quelque chose. Il faut travailler, donner, et c’est pour ça que c’est si important pour nous d’avoir accordé du temps à ce disque. C’est difficile d’être artiste sans passion. Mais on est super heureux aujourd’hui de pouvoir le faire dans ces conditions-là. On aimerait inviter les gens à communiquer un maximum avec nous, on s’attache à répondre. On voyage beaucoup, on rencontre plein de gens intéressants, c’est riche. Et pour nous, c’est génial.

Propos recueillis par Cécile Parise

L’intimisme à l’état pur Formé en 2007 par Yohan Hennequin et Nina Goern, le duo toulousain Cats On Trees a travaillé son son durant plusieurs années. Désormais signé chez le label Tôt ou Tard, le groupe prépare la sortie de son premier album éponyme, qui sortira le 21 octobre. Dès la première chanson, on entre dans un univers intimiste qui donne envie de se poser et de se laisser emporter au gré des mélodies. On découvre une voix claire et agréable, au timbre atypique, qui nous projette dans un rêve. Les premières chansons laissent entendre des introductions au piano, des airs joyeux qui font chantonner. Les mélodies sont joviales et travaillées. Néanmoins, certains pourront trouver une ressemblance dans les morceaux, qui risque de les lasser un peu. Arrivé au milieu de l’album, on peut entendre raisonner le titre « Tikiboy », que le groupe avait déjà envoyé à la presse il y a quelques temps. Un coup de cœur pour cette chanson qui donne une bouffée d’air frais avec son tempo rapide et ses airs joyeux, presque innocents. « Who you are » se différencie également mais dans un autre registre, cette fois. Plus mélancolique mais tout de même plaisante, elle rappelle l’univers de la jeune chan-

teuse Birdy. Dans la lignée de « Tikiboy », on découvrira aussi « Too Much », fraîche et légère. On ne peut pas passer non plus à côté de « Sirens Call » qui a déjà bénéficié d’un clip destiné à promouvoir la sortie de l’album. Ce titre est peut-être le plus abouti de l’album, à la fois mélodique, entraînant et mélancolique. Si les toulousains ont su développer leur univers propre et imposer leurs choix et leurs idées au travers de ce premier album, chose que l’on apprécie, on reste tout de même sur sa faim à la fin de l’écoute. Et pour cause, les différentes chansons de l’album sont finalement trop semblables. La voix atypique de la chanteuse et le rythme pop de son acolyte ne suffisent pas à empêcher un lâcher-prise au fur et à mesure de l’écoute de cet album. Mais ne négligeons pas la qualité d’un travail respectable et d’un talent qui pourra en séduire plus d’un. A suivre. G.L.P.

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Anthony Lagnon : « Certains artistes ont dû oublier comment ils avaient débuté... »

Comment vous est venu l’idée d’organiser ce festival ? Anthony Lagnon : Je voulais concrétiser un projet qui est important pour moi. Mon but est de valoriser la jeune scène rock française et j’ai voulu lui créer son festival. Je souhaite qu’elle ait un endroit pour dévoiler son potentiel. Aviez-vous déjà de l’expérience dans l’organisation de ce genre d’événements ? A : Oui et non. J’avais déjà eu l’occasion de travailler sur des gros événements mais organiser soi-même un festival c’est autre chose. C’est la première fois que je cumule toutes les responsabilités alors c’est différent. Combien de temps cela vous a-t-il pris pour tout mettre en place ? A : A ma grande surprise l’organisation m’a pris très peu de temps. Tout s’est emboité assez facilement. J’avais l’idée de créer ce festival depuis un moment, mais je n’avais pas eu l’occasion de pouvoir concrétiser ce projet. Quand j’ai rencontré l’équipe du Covent Garden, ça m’est apparu comme une évidence. J’ai eu un réel coup de cœur sur la salle. On a beaucoup discuté avec l’équipe et on a bloqué une date assez rapidement. Trouver les groupes pour le festival n’a pas été difficile, à part la tête d’affiche, car tout le monde a été séduit par la proposition. Comment avez-vous choisi les groupes qui vont se produire ce soir ? A : Pour choisir les groupes, j’ai pris en compte deux paramètres. J’ai repéré les groupes prometteurs avec lesquels j’avais travaillé auparavant, et j’ai également essayé de donner un coup de pouce à mes amis, c’était l’occasion

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rêvée pour ça. Au final ça a même été difficile d’en choisir moins de dix mais je n’avais pas le choix, il fallait trancher. Je suis très satisfait de l’affiche finale. J’ai réussi à rassembler des groupes de tous les styles, qui proviennent de toutes les régions de France, ce qui permet d’avoir un bon aperçu de ce qui se fait actuellement. Et pour couronner le tout AqME va clôturer la soirée, c’est LE groupe français de référence donc difficile de rêver mieux. Pourquoi avoir choisi d’organiser ce festival dans le Val d’Oise ? A : Faire une date à Paris implique beaucoup de contraintes. Toutes les salles sont très chères à louer et c’est impossible de rentabiliser le coût en proposant des places à un prix abordable. En ayant choisi la banlieue, on a réussi à vendre les places pour le festival à 15 € seulement. Un concert parisien de cette envergure aurait coûté le double. A Paris, les rapports avec les salles sont souvent assez compliqués pour une location occasionnelle. Au Covent Garden, tout le monde y a mis du sien et a tenu à aider. Et il y a eu la contrainte des horaires. Pour faire passer neuf groupes, il faut commencer tôt, et certaines salles n’acceptent pas d’ouvrir leurs portes en milieu d’après-midi. Ne pensez-vous pas que cela puisse nuire au succès de l’événement ? A : Oui et non ! Organiser un événement en banlieue comporte des risques, mais surtout beaucoup d’avantages. Il faut prendre en compte que les concerts sur Paris posent problème aux habitants de banlieue au niveau des transports. Au final, je ne pense pas que ce choix de lieu aura des répercussions négatives sur le festival. Avez-vous rencontré des difficultés sur l’organisation ? A : Pas spécialement. Là encore, tout s’est enchainé sans problèmes. Bien sûr, il y a eu quelques prises de tête sur la logistique, les horaires, mais rien de vraiment grave. Ces petits problèmes restent la routine de l’organisation d’événement. Le seul gros obstacle que j’ai dû surmonter, c’était de trouver une tête d’affiche qui comprendrait le concept de l’événement et qui accepterait de jouer dans des conditions très souples. Je remercie d’ailleurs AqME qui est un groupe mythique de la scène française depuis plus de dix ans et qui

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Samedi 28 septembre s’est déroulé la première édition du FrenchCore Festival. Anthony Lagnon, chanteur du groupe Fight For Ashes et organisateur de l’événement, revient sur la préparation de cette rencontre musicale. Après le succès de l’Icarus Festival en mai, le FrenchCore Festival a toutes les chances de s’inscrire, lui aussi, comme l’un des rassemblements majeurs de la jeune scène hardcore française.

a accepté volontiers nos conditions. C’est un comportement que je salue car il faut malheureusement avouer que parfois, certains artistes ont dû oublier comment ils avaient débuté… Combien de personnes attendez-vous ce soir ? A : Le nombre de personnes attendues représente mon plus grand stress. Il y a eu beaucoup de réactions positives lors de la promotion du festival, du coup c’est assez difficile d’imaginer que ça puisse rater. On attend plus de cent personnes, mais j’espère en rassembler deux cent. Si cette première édition marche, y en aura-t-il une deuxième ? A : Oui, évidemment ! Pour être honnête, l’organisation de ce festival a été une expérience plutôt éprouvante car très difficile moralement, ça engendre beaucoup de stress et prend énormément de temps. Mais si ça vaut le coup et que le succès est au rendez-vous, alors oui, je le referai. J’ai déjà quelques idées. Ce que je peux dire pour le moment, c’est que ça sera probablement plus orienté post-hardcore et qu’il y aura des exposants. Et qui sait, peut-être que le festival sera sur deux jours cette fois… Vous allez également jouer ce soir. Comment cumulez-vous tout ça ? A : Ça risque d’être difficile d’assurer une prestation scénique après une journée entière à régler les derniers détails de l’organisation, c’est sûr. C’est le premier concert depuis l’été, et c’est également la première date d’une longue tournée donc forcément, il y a un peu d’appréhension, mais je reste confiant.

Propos recueillis par Sandra Lefetz


Dossier

FrenchCore Festival : le talent Made in France

C’est avec un peu de retard que le show 100% français offert par Frenchcore commence, et ce sont les bordelais d’As Clarity Falls qui ouvrent le bal. Au premier abord, le public ne semble clairement pas être au rendez-vous. Il est 17 heures, certains sont encore au travail, d’autres arrivent à peine mais le quintette se donne tout de même à fond pour son premier passage en région parisienne. Idem pour Pangora tout droit venu de Nevers qui enchaîne les breakdowns comme tout groupe typé deathcore. De Nevers également, les Defeat The Earth se défoulent sur scène et leur brutal death fait trembler le Covent Garden. Les groupes se succèdent et The Betrayer’s Judgement fait son entrée. Les musiciens jouent Philosopher, leur EP sorti il y a quelques mois. Le son est lourd, l’ambiance est présente et les quelques personnes dans la fosse s’activent. Principal auteur de l’événement, Fight For Ashes a le mérite de convaincre le public d’assister à son show. La salle se remplit et la fatigue se sent pour les membres du

groupe jusqu’alors occupés à gérer l’organisation générale du festival, qui livrent malgré tout une performance honorable. La soirée prend alors de l’ampleur avec l’arrivée d’Expect Anything et de son lineup tout frais. Les Nancéiens balancent un son puissant et violent contrasté par un chant clair, certes pas toujours juste, mais c’est ce qui fait le charme du groupe. Le groupe semble prêt à repartir conquérir la jeune scène française et sortira même un nouvel album en début d’année prochaine. Le niveau monte encore d’un (sacré!) cran avec Atlantis Chronicles. S’il n’y avait qu’un mot pour qualifier ces parisiens, ce serait irréprochable. Aucune fausse note, un chant parfait, des musiciens excellents et un groupe tout en sourire, le quintette place la barre très haut. « Ten Miles Underwater », l’album sorti en mars dernier, est mis à l’honneur et l’on est tout de suite plongé dans cette ambiance aquatique chère au groupe. Le set est impeccable, on en aurait bien pris plein les oreilles plus longtemps. Malgré un retard qui commence à se faire sentir, -la grande majorité du public ayant

choisi de rentrer afin de ne pas louper le dernier RER- Aqme monte sur scène. Plutôt content d’être là bien que l’on soit en petit comité, ce que ne manque pas de faire remarquer le frontman, le guitariste semble lui, bien moins heureux. Il nous fait même une crise digne des plus grandes divas lorsqu’il se rend compte que son second micro ne marche pas. Après de longues minutes, le groupe se décide finalement à jouer. Arrivé depuis peu, le frontman (également présent dans les groupes parisiens Noswad et The Butcher’s Rodeo) apporte un souffle beaucoup plus hardcore à la formation qui existe tout de même depuis 1999. Quelques anciens morceaux seront joués comme « Pornographie » ou « Superstar » pour le plaisir des fans de la première heure. Le groupe quittera la scène sans un rappel et la soirée 100 % française prendra fin tardivement. Une bonne claque avant d’aller se coucher ! On regrettera tout de même un public insuffisant, chiffré par l’organisateur à une petite centaine de personnes.

Kathleen Bousiquier

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© Kathleen Bousiquier

Le samedi 28 septembre a vu se dérouler la première édition du FrenchCore Festival au Covent Garden d’Eragny-surOise (95). A l’affiche, des grands noms de la scène hardcore française tels que AqME, Atlantis Chronicles, Expect Anything...


Chroniques

La relève du post-hardcore français Depuis sa formation en 2011 à Paris, Our Theory a sorti plusieurs singles et partagé la scène avec des groupes comme Devil Sold His Soul, Memphis May Fire, Escape The Fate ou encore Eyes Set To Kill. Le groupe a sorti le 30 septembre 2013 « Collapse », son premier album 9 titres.

L’album s’ouvre sur le single « The Devil », déjà sorti il y a quelques mois accompagné d’un clip. L’évidence frappe fort dès les premières secondes : la production est solide. Le chant clair quasi-omniprésent de Bastien est soutenu par la voix de Mehdi; le duo offre des harmonies vocales surprenantes. Pour une fois qu’un groupe post-hardcore apporte autant de soin aux parties claires, il serait injuste de ne pas remarquer le travail minutieux sur les lignes de chant.

Vient ensuite le titre « The Tide », premier single du groupe sorti il y a maintenant presque deux ans. Les influences sonnent avec évidence, avec des groupes comme Emarosa ou encore Sleeping With Sirens. Le scream est rare, bien que de qualité, ce qui rend l’album plus accessible. Our Theory nous apporte également sur un plateau la voix de Ed Gibbs (All We Have, ex-Devil Sold His Soul) sur le titre « The End », et de Bertrand Poncet (Chunk! No, Captain Chunk!) sur « The Liars », un double clin d’oeil qui garnit l’album de deux featuring de qualité, avec la présence d’artistes parmi les plus en vogue de la scène post-hardcore actuelle. « The Light » impressionne par ses parties guitare envoûtantes soutenues par un duo rythmique basse/batterie très efficace. L’album dans son ensemble évolue dans une atmosphère particulière, entre obscurité et magnétisme, les transitions entre les titres sont courtes et donnent un sentiment de continuité. L’interlude « The Theory » vient calmer le jeu avant d’annoncer la suite et fin par un gros « Go fuck yourself » envoyé par une

voix féminine. Le titre « The Storm » remporte la palme des plus belles paroles de l’album, tandis que « The City » vient clore la courte merveille qu’est « Collapse » et ses (seulement) 33 minutes de voyage musical. Un album digne donc, mais malheureusement trop court qui en laissera quelquesuns sur leur faim... M.S.

AT.O.M : les premiers pas vers la fusion AT.O.M, jeune trio bordelais tout juste formé, délivre son premier EP 3 titres intitulé « Distance ». Doté d’une bonne rythmique alternative et de mélodies envoûtantes, cette auto-production fait d’AT.O.M une révélation de la jeune scène bordelaise.

Sacré surprise qui nous parvient de la scène bordelaise. Formé il y a tout juste quelques mois, le jeune trio produit déjà un premier EP plutôt encourageant. « Distance » démarre avec le titre très intéressant « Easy Said » et ses belles guitares posées. Le refrain apporte de belles touches pop aériennes et envoûtantes, que l’on savoure avec grand plaisir pour leur fraîcheur et leur simplicité. Le morceau est globalement très intéressant et empreint d’une grande sensibilité. Malheureusement, on regrette un léger manque de

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« niaque » qui laisse un peu sur sa faim... « Something From You » marque une rupture avec son prédecesseur. Si l’énergie délivrée demeure très (trop ?) contenue, elle est tout de même présente et rappelle même des sonorités à la Foo Fighters. Encore une fois, on reconnaît le ton alternatif donné aux morceaux, à l’instar de certains Editors ou autres Biffy Clyro, mais avec les décibels en moins. Parce que malheureusement le bilan est là : il manque encore un ingrédient pour que la recette prenne totalement. Mais n’émettons pas de conclusions hâtives. Il reste un troisième et dernier titre sur cet EP. Et il n’est pas à négliger, puisqu’il s’agit sans aucun doute du meilleur titre présent sur « Distance ». Démarrant sur fond de métro londonnien, du moins c’est ce qu’on aime à croire, « Victoria Station » nous embarque bel et bien pour une virée rock. Les lignes de guitares très aériennes durant le refrain ajoutent une légère touche electro pop qui n’est pas malvenue au sein de ce titre à la rythmique plutôt franche. Vient enfin le premier véritable solo de guitare

de l’EP. Et ça sonne assez pour qu’on se demande où sont passés les autres. Voilà enfin du rock alternatif bordelais comme on n’en attendait plus. Simple, efficace, et tout de même envoûtant. « Distance » est un premier EP très encourageant et, s’il manque encore de maturité et de véritable identité, promet une belle route aux trois compères d’AT.O.M, qui risque toutefois d’être sinueuse... N.R.


Chroniques

Back to the 60’s Après la sortie d’un premier EP en 2012, les Fuzzy Vox originaires de Joinville-le-Pont enregistrent leur premier album sous l’œil de Pelle Gunnerfeldt, producteur des Hives. Auto-produit, « Human Warmth » sortira mi-novembre. Les Fuzzy Vox ne font peut-être pas la Une des magazines mais ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas un bon bagage en main. Influencés par des groupes comme The Jam, The Vaccines ou encore The Black Keys, les Fuzzy Vox s’orientent vers un Rock Garage aux nuances Power Pop. Une grande partie de leurs morceaux rappelle le son des américains de Plain White’s, même s’ils ne font pas forcément partie de leurs modèles. A travers ces huit titres qui réussissent à donner le sourire et faire battre du pied, Hugo (Guitare), Greg (Basse) et Nico (Batterie) savent offrir des rythmes enjoués, accompagnés d’une partie instrumentale millimétrée. La chanson « Man Of Solu-

tion », qui se risque à un mélange garage/ pop, le démontre parfaitement. Sans doute l’un des meilleurs morceaux de l’album, ce troisième titre présente un rythme saccadé, rapide ainsi qu’un riff à la guitare électrique qui marque les mémoires. On aime aussi « Crumbs of my heart » dans laquelle on peut entendre une introduction à la batterie, appréciable, qui laisse vite place au son Garage du début. « Ruby Heart Stealer » fait aussi parti des compositions qui marquent les esprits. Elle débute par une bonne intro à la guitare électrique, puis la musique se fait plus discrète lors des couplets. La voix, que l’on découvre mieux au fil de l’album, est alors mise en valeur, chose qui ne peut que plaire aux fans. Le dernier morceau est aussi une belle réussite. « Let me ride » propose un tempo rapide et une musique saccadée. La voix est au paroxysme des capacités présentées sur l’album et l’ensemble est très énergique. L’auditeur achève donc cet album sur un bon final, c’est un bon point. Fuzzy Vox peut être fier de cette musique propre et sans prétention. On aime ces morceaux énergiques et ce mélange de genres, ce rock à l’état pur qui n’est pas

sans rappeler les sonorités britanniques. Il est cependant dommage de ne découvrir la voix qu’à la fin de l’album, et non pas dès les premiers titres. On peut aussi reprocher une certaine absence de diversité dans les mélodies qui empêche l’auditeur de se plonger pleinement dans leur univers. Les idées, loin d’être mauvaises, pourraient être meilleures encore, si elles étaient poussées jusqu’au bout. Les Fuzzy Vox nous livrent finalement un bon album rock aux sonorités plus power pop que ce dont ils nous avaient habitués. Résultat ? On aime ! G.P.

Demain à demain, aujourd’hui à hier... Originaire de Marseille, le groupe de post-wave Monalisa sortira son troisième EP « Demain à Jamais » le 12 octobre, lors de sa release party au Bus Palladium de Paris. Financé grâce au système de crowdfunding KissKissBankbank, le troisième EP « Demain à Jamais » de Monalisa était très attendu par de nombreux fans. Le groupe connait son univers et mise sur l’ambiance accordé à ses compositions post-wave. Ce n’est pas une “disto crasseuse” qui vous accompagne au long de ces quatres titres, ici le son est propre et s’étire dans l’espace-temps. C’est le genre de musique à écouter dans une soucoupe volante (rien que ça). Au niveau des racines du groupe, on peut dire que c’est rock, tout comme leur musique. Le quartet a opté pour des morceaux énergiques afin de faire ressortir l’efficacité de leur musique. On souligne l’importance des textes qui oscillent entre

l’anglais et le français. Il est question d’amour et de sensualité, cela participe à leur romantisme, chose devenue inévitable dans un groupe composé de quatres garçons. On salue le choix du français qui est trop peu employé parmis les groupes français actuels. Cependant cette langue nous atteint plus directement, et fait de nous des auditeurs intransigeants ! Dans l’EP de Monalisa, le texte interpèle peu. Il est décevant de ne pas donner à la langue plus d’intérêt : « Dans tes mains se tiennent les dés, qui briseront notre passé ». Les rimes sont assez pauvres. Le français de Bashung et de Noir Désir peut (doit) être utilisé à de meilleures fins. Cependant, la musique reste efficace, notamment grâce aux parties de basse et de batterie qui créent une base sonore idéale pour les mélodies amenées par la guitare. Mais ici encore, rien d‘extraordinaire malheureusement, excepté les effets de guitares qui varient et donne la couleur des morceaux. Si l’écoute est agréable, on déplore un style trop simple, voire easylistening. Les claviers ajoutent également une touche aérienne aux compositions.

Le groupe a la chance d’avoir une longue experience du live. Il joue depuis 2010 sur diverses scènes françaises. Et si sa musique n’est pas très recherchée, notamment au niveau des textes assez primitifs, elle peut avoir un caractère très entraînant en live. Voila pourquoi un groupe se découvre sur scène car en studio, Monalisa, on a du mal. A demain ou à jamais ? On verra bien... L.F.

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Interview

The Butcher’s Rodeo veulent « fa

Vous venez de terminer l’enregistrement de votre deuxième EP. Comment s’est passée l’écriture ? Le processus a été différent de la première fois ? Vincent (chant) : l’écriture a été super longue, ça s’est passé en deux étapes. On a fait trois chansons, ensuite on a eu une période à vide pendant un an et après on s’est dit « putain faut qu’on se mette un coup de pied au cul ». On s’est motivés on a écrit quatre chansons et puis on est entrés en studio fin juin. On a mis quatre semaines à enregistrer et mixer l’EP. Tonio (guitare) : disons qu’avec toute l’euphorie de créer un nouveau groupe, les nouvelles personnes etc., le premier EP a été écrit vraiment super vite. Ça a été naturel, on a quasiment rien modifié. Et entre temps notre bassiste est parti pour se concentrer sur son groupe, Seed From The Geisha, et on a recruté un petit gamin, Junior alias Ben. Pendant l’année où on avait le premier EP, on a commencé plus ou moins à écrire de nouveaux titres et on a mis un an et demi à finir le deuxième. On voulait sentir vraiment l’évolution du style, on le voulait un peu plus rageux, un peu plus patate, plus naturel et plus bourrin. Disons que la première moitié à été très longue et la deuxième moitié plus rapide. Qui écrit les paroles ? Quels sont les thèmes que vous abordez en général ? Vincent : sur le premier EP il y a eu Tonio et moi et puis sur le deuxième beaucoup moi. J’ai écrit tous les textes du deuxième EP sauf un. Pour les lignes de chant en général je propose et puis après c’est un vrai travail de groupe. Pour le deuxième EP on a choisi Etienne Sarthou pour la production et le rec et il m’a pas mal aidé aussi sur la fin des lignes de chant. Il est arrivé avec un oeil hyper objectif et du coup il a fini avec nous les lignes de chant et c’était super. Pour les thèmes, le titre de l’EP c’est « Ghosts In The Weirdest Places » on a essayé de mettre en scène des fantômes, des humains dans différentes situations. Mais ça parle beaucoup d’alcool, d’amour, de haine et de bagarre. D’amour

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Vincent, Tomas, Toine et Kwet de The Butcher’s Rodeo préparent la sortie de leur second EP « Ghosts In The Weirdest Places » à paraître en novembre. Retour sur l’écriture et l’enregistrement lors d’une rencontre dans leur studio parisien.

mais d’amour haineux, pas d’amour « je t’aime mon amour, reviens ». Thomas (batterie) : c’est pas Backstreet Boys tu vois, on est pas un boys band ! Qu’est-ce que vous avez prévu pour marquer la sortie de l’EP ? Vincent : pour le coup on a tous mis de l’argent sur la table, déjà on s’est acheté notre EP, on est contents, on va tout faire en autoproduction avec What’s Up?! Music. On va s’acheter un camion et je pense qu’on va taper de la route. Thomas : là le but c’est de partir en tournée, on est un groupe de scène. On est pas du tout sur le représentatif, on est ce que j’aime appeler des « vrais ». On se retrouve, on joue, tout

se fait à la sueur et tout se passe sur scène. Tonio : on a rien à prouver, rien à dire aux gens, on a juste à le montrer sur scène. Thomas : et on sait que généralement c’est là où tout se passe. Et on dit ça sans prétention, c’est vraiment tout ce qui ressort à chaque fois. Tout le monde le dit, Butcher c’est sur scène que ça vit, c’est sur scène que ça se passe et je pense que c’est un truc qui se perd beaucoup aujourd’hui. Vincent : là on débute avec What’s Up, c’est la première fois qu’on a une équipe de management derrière nous et c’est super cool. On en ressent déjà les effets et je pense que dans un an on pourra en reparler et on sera bien contents de l’année qu’on aura parcourue avec eux.


Interview

aire les choses à [leur] manière. » tel son pour pouvoir rentrer dans le moule qui est aujourd’hui la scène parisienne. Franchement on y pense pas, on fait notre chemin sans y penser. Vincent : la scène parisienne pour moi il y a le mauvais côté avec tous les gens que j’ai pas envie de voir et qui me gonflent au plus haut point et qui font parler d’eux avec des photos et des vidéo clips, et tous les amis avec qui on s’appelle, on fait des feats, on s’éclate, on se donne des coups de pouce, des liens, des contacts, eux par contre ça vaut le coup. C’est vraiment scindé en deux. Il y a ceux qui parlent et qui font rien et il y a ceux qui s’appellent et qui font. Thomas : on est des extraterrestres là-dedans, on est là, on se dit « mais c’est quoi ce délire ». Il y a beaucoup de groupes qui ont plein de trucs, y a du like, y a de la vue sur YouTube, ils ont des clips, des belles photos, mais derrière y a rien. Ils ont des belles chorégraphies, sur scène c’est impeccable, mais par contre les gars quand est-ce que vous savez jouer ce que vous écrivez ? Tu vois y a les mecs « in » et y a les mecs « out ». Nous on est un peu des outsiders.

On fait le point dans un an alors ! Vincent : ouais franchement on fait le point dans un an et je suis curieux de savoir parce qu’avec tout ce qu’on a mis sur la table, avec tous les partenariats, avec What’s Up et tout ce qu’on essaie de mettre en place, si on arrive à aller au bout de chaque truc, y a pas de raison que ça marche pas à notre niveau. Tonio : on prépare des clips aussi. Vincent : on prépare du clip ouais. On va en faire quelques uns. Tonio : on a eu des super personnes qui ont bossé sur cet EP autant sur l’artwork que sur la prod, on a un bon produit. Vincent : on est super contents, on dira jamais assez merci aux personnes qui ont bossé avec nous.

Kwet (guitare) : et on a jamais autant été soudés ! Qu’est-ce que vous pensez de la scène actuelle et comment voyez-vous l’avenir de The Butcher’s Rodeo dedans ? Tonio : on a envie de se comparer à personne, on se prend pour personne, on s’en fout de la scène parisienne parce qu’on prend personne comme exemple. On a envie de faire la musique qu’on aime donc on cherche pas forcément des influences extérieures, on essaie pas de se comparer à qui que ce soit. Ce qui est sûr c’est qu’on a envie de rester intègres et de faire les choses à notre manière. Donc on va pas rentrer dans un moule, on va pas suivre les modes ou les tendances, ou faire

Pouvez-vous revenir sur les origines du groupe ? Comment vous êtes-vous connus ? Thomas : c’est parti d’une idée de Vincent, Tonio et moi. On s’est retrouvés chez Vincent, moi j’avais plus de projet, Vincent avait Noswad, Tonio avait Seed From The Geisha à l’époque et on voulait juste faire un truc plus violent. À la base c’était vraiment pour le fun, on s’est pas trop pris la tête. On voulait partir sur du Black Stone Cherry, Tonio a dit « oui oui » et au final il a pas du tout fait du Black Stone Cherry. On s’est retrouvés avec le tout premier morceau de l’EP qui s’appelle « Need To Murder » en studio à Sainte Marthe. Tonio avait ramené Guigz, le bassiste, qui était le batteur de Seeds From The Geisha et le frère jumeau de Vincent, qui est le bassiste de Noswad, nous a présenté Kwet (guitare). On a répété pendant deux heures avec une chanson et trois packs de bière et puis c’était parti. Une anecdote pour terminer ? Vincent : y a le Scopitone ! En gros Thomas s’est bourré la gueule tout l’après-midi, il a bu une bouteille de Jagger sur scène, il est sorti de scène mort bourré, il a insulté le patron et il est venu jouer de la batterie pendant le set de Branson pendant que le mec jouait. C’était du grand Thomas !

Propos recueillis par Margaux Sachse

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Lumière Sur...

THE DIRT S L A C I RAD

The Dirt Radicals est un groupe punk rock originaire de Sydney et résidant à Londres. Le power trio australien était au Gambetta Club de Paris le samedi 3 août dans le cadre de sa tournée européenne estivale. Dans la famille des pépites punk rock tout droit venues de Londres, je demande The Dirt Radicals. Ces deux dernières décennies ont été rythmées au son du punk rock et du pop punk américains. Il ne faut pas se voiler la face, le punk anglais n’existe quasiment plus aujourd’hui en dehors de Camden Town. Presque tous les grands groupes punk de ces vingt dernières années sont issus de Californie ou, à défaut, de Floride. On comprend mieux pourquoi l’arrivée de ce

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jeune groupe fait tant de vagues dans le milieu. The Dirt Radicals balancent un son punk rock très propre et puissant à souhait. Leurs riffs sont solides, leurs textes contestataires, leurs rythmiques sonnantes et trébuchantes... Mais le plus intéressant chez eux, ce sont leurs performances lives. Le chanteur Sam Cooper, qu’on situe entre Billie Joe Armstrong (Green Day) et Dexter Holland (The Offspring) tant au niveau de la voix que du look, délivre une énergie énorme sur scène. Son frère Matt

Cooper à la batterie et le guitariste japonnais Mas Kimura contribuent largement à la figure emblématique du groupe. C’est très intéressant de voir un groupe punk rock où tout le monde chante. Et c’est bien la première fois qu’on voit un japonnais chanter du punk. Dans le fond, The Dirt Radicals, c’est ça. Un jeune groupe qui a la patate et qui envoie du pâté. The Dirt Radicals ont acquis les rouages du punk rock et comptent bien le faire sonner au quatre coins du monde ! Nicolas Raulin


Prochains Concerts

One Heartbeat Productions présente

Rockin’ Dreams Magazine Numéro 4 - Octobre 2013 Rédacteur en chef : Nicolas Raulin Rédacteurs : Lola Frichet-Perrignon, Cécile Parise, Léa Pfeiffer, Sandra Lefetz Chroniqueurs : Margaux Sachsé, Gaelle Le Pemp Photographes : Louise de Rodenas, Manon Sarda Graphistes : Kathy Barbier, Melodie Archambault

Web : http://www.rockindreams.com/

Contact : rockindreams@hotmail.com

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Le Coup de Cœur de...

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Un OVNI nommé

a é L

Lorsque j’ai choisi Benzo comme coup de cœur, mon choix n’a pas fait l’unanimité. Pour moi, Benzo a été une révélation. Ils font je pense partie de l’avenir du rock français, d’une génération qui n’aura pas peur d’assumer le rock en français et qui aura l’audace de se créer tout un univers. J’ai découvert Benzo à Carcassonne. Je ne savais même pas qu’un festival avait lieu, j’étais là en vacances ; que voulez-vous, le boulot vous suit partout quand on est journaliste. Il faisait une chaleur à griller des steaks sur le pavé. Malgré ça, le groupe de rock électro faisait le show, et c’est ce qui m’a d’abord attiré. J’ai aimé leur dégaine ; c’est une bande de gars normaux et contemporains qui ne cherchent pas à se faire un genre. J’ai ressenti une passion et une authenticité qui m’ont immédiatement plues, mais aussi un truc en plus. Je me suis penchée sur la musique, et quelque chose est apparu clairement : il y avait comme un air de Radiohead, un peu d’Indochine, et une grosse dose de Noir Désir. C’est ça : j’avais en face de moi les nouveaux Noir Désir. Je ne pouvais pas passer à côté de ça. J’ai retrouvé Benzo à Paris afin d’en savoir

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plus sur ces airs qui m’avaient touchée, m’en imprégner pour mieux transmettre tout ce qu’ils m’ont fait ressentir et peut-être créer chez vous aussi un coup de cœur. Benzo vient du mot Benzodiazépine, m’ont-ils appris : une molécule qui agit sur les neurotransmetteurs. « C’est vraiment ce qu’on est » m’a dit Thomas. Le groupe est également composé de Paul à la guitare, Benjamin à la basse, et Julien à la batterie. Chacun vient d’un monde différent et complètement opposé à celui des autres. L’un vient du hip-hop, l’autre du hard rock. Ils tirent des influences de Depeche Mode, d’Oasis, de Muse, mais aussi de vieux titres des années 80 qui leur confèrent leur caractère pop. C’est chimique, et c’est ça qu’on aime chez eux. Une autre chose m’a véritablement parlé; et pour cause, je n’avais pas à écouter trente fois leurs chansons pour comprendre ce qu’ils racontaient ; Benzo est un groupe français qui chante dans la langue de Beaudelaire, et ça fait du bien. « C’est essentiel pour nous », expliquent-ils. « C’est en français qu’on sait écrire et c’est dans cette langue que le rock rend vraiment mieux. On veut donner aux gens l’envie d’écouter de la musique en français. L’anglais nous aurait coupé d’une partie des gens qu’ont veut toucher ». Et leur but est bien de raconter quelque chose, une histoire. A la réflexion, Benzo, c’est tout un monde pa-

rallèle au notre. Comme ils le décrivent si bien eux même, c’est « un constat sur la société vu à travers les yeux d’un gars en plein burn out, et qui a besoin d’évasion. Il se dit, si je ne me réveille pas maintenant, soit je deviens une loque, soit je meurs ». Sans tomber dans le stéréotype du camé ou du pessimiste suicidaire, non, et sans vouloir faire du politiquement engagé ou de la polémique. Au contraire, le constat se veut objectif, le message est positif et inspirant; les quatre hommes vous demandent d’ouvrir les yeux pour mieux jeter un nouveau regard sur votre environnement et le changer. Le groupe a sa propre identité, à l’instar de Yodelice ou de -M-, son propre style musical peut-on dire. Ils ont créé le personnage du gars un peu paumé dans les quartiers sombres des vieux films burtonniens et veulent vous embarquer dans un voyage à travers le genre humain. Benzo prépare son EP. Ils enregistreront bientôt dans un studio encore vierge de toute trace humaine, ce qui promet un son nouveau et unique. Perfectionnistes, les quatre musiciens comptent prendre leur temps pour proposer des morceaux de qualité, « pas par manque de possibilités, parce que les producteurs sont au rendez-vous, mais par envie ». Ils espèrent aller loin, mais pour plaire « on ne va pas se prostituer », disent-ils cash. Ils sont eux même, à 100 %. Léa Pfeiffer


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