Numéro 5 - Février 2014
La jeune scène rock française
ROCKIN’DREAMS MAGAZINE MATTRACH CAPTURE ODyL
The Butcher’s Rodeo Thomas Albert Francisco Thelma On Fire No Sign, Nothing
VADEL
2014
ILS ARRIVENT !
RETOUR SUR LES SOIRÉES
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RAISE YOUR SCENE DOSSIER : LA MUSIQUE HARDCORE EN FRANCE
Sommaire
L’édito :
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Nicolas Raulin
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8/9 : Thomas Albert Francisco se dévoile
10/11 : Phot The C
16 : Lumière sur... ODyL
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2014, nous y voilà. Le magazine a déjà un an. Et on en a partagé des découvertes durant toute cette année. Ce mois-ci, j’ai décidé de nous lancer un nouveau défi : sélectionner pour vous le meilleur de ce qui sortira cette année, afin de mettre en avant nos dix Espoirs Rock 2014. Et croyezmoi, vous entendrez parler de ces dix jeunes talents au cours de cette année. L’un des groupes que nous n’avons pas nominés - il fallait bien choisir - est Vadel. Déjà parce qu’ils ont une double page qui leur est consacrée, c’est déjà pas si mal, et ensuite parce que ce choix ne nous semblait pas judicieux. Si Vadel est un groupe très talentueux, notamment en live, avec des textes plutôt bien construits, il m’est d’avis que le groupe s’approche plus de la variété française que du rock, du vrai. Vaisje me faire des ennemis avec ces mots ? Probablement. Néanmoins, il ne s’agit pas d’une critique visant à jalouser le succès du groupe, mais d’un simple constat. Dire le contraire relèverait de la mauvaise foi.
4/5 : VADEL s’exprime
2014 ILS ARRIVENT ! Sommaire
Pages 6/7
12/13 : Retour Chroniques : sur les soirées 14 : MattRach
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to reportage : Capture
14 : Thelma On Fire 15 : No Sign, Nothing 15 : The Butcher’s Rodeo
17/26 : DOSSIER : La musique hardcore en France 28 : Raise Your Scene # 4
27 : Concours
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Interview
Vadel : « Il y a de tout dans ce je n’ai pas eu envie de me p Véritable phénomène lancé par « Drama Queen », la révélation de la jeune scène rock nous livre un second album particulièrement riche. Il en dit plus et livre sa vision de l’industrie musicale française. Que représente ce nouvel album pour toi ? Cet album je le considère comme mon vrai premier album. J’ai pas attendu d’avoir terminé d’exploiter le premier pour commencer à enregistrer le second. A peine le premier était sorti que j’enregistrais déjà pour celui-là. Tes fans attendent beaucoup de cet opus. Qu’est-ce qui change par rapport au premier ? Cet album va plus loin. A l’époque du premier j’avais le sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même mais on restait dans un registre plus classic-rock. Aujourd’hui j’ai trois ans de plus que lors de la sortie du premier album et il s’est passé beaucoup de choses. J’ai eu l’occasion d’aller en tournée, ça m’a apporté beaucoup d’expérience et on s’est vachement amusés. On s’est soudés, on a écrit de nouvelles chansons. Je ne me suis pas enfermé pendant un mois en studio pour ne faire que ça. Des voix ont été faites à Los Angeles, on enregistre les instrumentaux autour de Paris. Donc le deuxième album est très fort et très différent. On va chercher plus fort dans le heavy, plus loin dans la funk. Les balades pop vont chercher plus profondément dans la pop. Il y a de tout dans cet album, je n’ai pas eu envie de me priver. On a amené des sons que personne n’avait jamais entendu avant. On a des chansons, mais aussi des morceaux qui vont très loin, des voyages. Tu as eu la grande chance de jouer sur scène avec Santana, comment ça s’est fait ?
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On partageait la scène du Gaou (NDLR : festival Les Voix du Gaou) un soir. Avant d’aller en piste on a parlé avec lui, normalement, sans plus. On devait faire un set d’à peu près une heure avant qu’il ne joue. Et au lieu de rester au calme avant son concert, il est monté sur scène pendant tout le concert avec sa femme. Il est resté là, sur scène, à hocher de la tête tout le long. Il est resté pendant tout le set. Pour nous c’était le summum. Puis j’étais là après, pendant son concert. Après son quatrième morceau il m’a dit « viens, on va jammer sur un blues », alors j’y suis allé. C’est un mec super cool, super sympa. C’est une de mes plus grosses influences. J’ai appris de lui en jouant avec lui. Le départ de Virgile a créé une grande polémique. Peux-tu nous en dire plus sur ce qui s’est passé ?
Je ne comprends pas pourquoi il y a toute une histoire autour de ça. Virgile n’a jamais enregistré. Il a été là pendant dix mois. Il était très présent sur facebook, en train de faire sa propre promo. Sauf que VADEL c’est pas un projet où tout le monde se la joue solo. On aime la musique, on fait des chansons. Et y’a pas une chanson dans tout ce qu’on a fait où Virgile joue de la batterie quand il était dans le groupe. Il n’a jamais eu d’influence sur la musique. Il a fait une partie de la tournée avec nous, mais c’est tout. C’est un mec très sympa, mais pour moi c’est pas un vrai musicien. Il n’avait pas d’éthique de travail, il n’était pas professionnel, il n’avait pas de rigueur. Il avait ses priorités de mannequinat à côté et VADEL c’est pas un groupe de mannequins. Notre projet musical ne doit pas servir de vitrine pour vendre des sandwichs ou des t-shirts. Virgil s’est retiré tout seul, je ne l’ai pas viré, je lui ai juste dit que ça n’allait pas. Aujourd’hui je travaille avec des musiciens qui portent la musique, qui savent jouer. On a un nouveau batteur qui s’appelle Hugo et qui est génial. Le groupe reste soudé. Et puis, tant que je suis là tout ira bien. Quelle est ta vision de l’industrie du disque aujourd’hui ?
La manière dont la musique est consommée aujourd’hui est très hypocrite à tous les niveaux. Personne ne veut payer pour acheter un album, pourtant ça coûte beaucoup d’argent pour le faire. A part les disques d’électro, où tout est fait à l’ordinateur. Le truc c’est que consommer de la musique n’est pas un droit. Les artistes ne sont pas payés par l’Etat pour faire des albums. Ils sont là et ils ont besoin de vivre. Ils ont dépensé de leur temps et de leur argent pour faire un album. Ça coûte dans les 200 000 euros minimum ! Dans ces conditions le téléchargement est un fléau. Je comprends qu’on veuille écouter de la musique partout et tout le temps, mais je pense qu’il faut que ça reste quelque chose de valeur. Si les artistes doivent devenir banquiers pour survivre, alors il ne faut pas s’étonner de la qualité des albums qui sortent. On est obligé de faire de la musique ultra populaire pour essayer de vivre de son art, et certains artistes ne sont pas prêts à le faire. Le problème c’est que même la musique populaire qui rapporte pas mal d’argent n’en rapporte pas énormément non plus. Un artiste qui obtient un disque d’or en France gagne dans les 2 000 euros par mois. Son disque d’or doit lui permettre de vivre pendant un an. Mais un an après, s’il ne refait pas un disque d’or, c’est zéro. C’est un avenir très incertain. Pour cette raison, aujourd’hui, un groupe comme Joy Division ou les Black Flag ne se feraient jamais produire. Il n’y a pas d’argent pour de la musique plus poussée, il n’y a plus la place pour autant d’artistes. D’après ton vécu, que penses-tu du monde de la musique en France ?
Le monde de la musique est compliqué. Il y a toujours autant de bons trucs qui se font mais qui n’ont pas la chance de voir le jour d’un point de vue commercial. Il y a moins d’opportunités pour produire des groupes plus poussés. Il faut faire des compromis pour pouvoir faire ce qu’on veut et vivre de sa passion. C’est des compromis qui ont toujours existé. Même les Beatles ont dû enregistrer leur premier titre en allemand parce qu’ils étaient en Allemagne à l’époque. C’est toujours noble de vouloir
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et album, priver »
Interview
vivre de son art. Je pense qu’il y a une grosse hypocrisie en France. J’ai jamais vu un pays avec autant de puristes qu’en France, pourtant c’est l’un des pays où la variété marche le mieux. Il y a un moment où on ne peut pas juger les gens sur une seule chanson. Tu as réussi à te retrouver sous le feu des projecteurs, mais du reste, que pensestu de la jeune scène rock française ? Je ne sais pas si on peut parler de vraie scène rock en France. En tout cas elle n’a pas vraiment vu le jour, elle ne s’est pas unifiée. Elle n’est pas vraiment établie. Je n’ai pas vu de mouvement se faire. Ça montre qu’elle n’est pas assez présente. Malgré tous les endroits où on a tourné, on ne l’a pas beaucoup vue. Mais je serai ravi de la voir. Côté projets, quelles surprises nous réserves-tu dans les prochains mois ? Le clip de « Hold The Time » sort dans un mois maximum. Il est en cours de montage. Et il va y avoir une tournée. Je ne peux pas encore dire les dates exactes mais on est en pleine organisation. Ça devrait se faire cet été.
Propos recueillis par Léa Pfeiffer
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Espoirs Rock 2014
2014 : ILS A
Quels sont les groupes à surveiller en 2014 ? Nous les avons s
1. Les Plastiscines Elles étaient quatre, elles reviennent à trois, mais les Plastiscines envoient toujours autant ! Après leurs deux premiers albums « LP1 » et « About Love », les filles s’apprêtent désormais à sortir leur troisième album, dont ont déjà été extraits les deux singles « Coming To Get You » et « Comment Faire ». L’album, dont le nom n’a pas encore été révélé, sortira en mars chez Because Music. © DR
Album prévu pour mars
2. Mary Has A Gun Ça fait déjà presque un an qu’on l’attend. « Pendulum », le nouvel album studio du groupe punk rock d’Aix-en-Provence Mary Has A Gun, avait été enregistré en janvier 2013 au Canada, avec Luc Tellier. Depuis, le groupe cherche son nouveau label pour sortir son album dans les meilleures conditions. On les comprend, vu leurs antécédents avec Unviversal... Affaire à suivre donc ! © DR
Album prévu pour ???
3. VEGAS Nos voisins belges VEGAS s’apprêtent à sortir leur troisième album « Everything You Know Is Wrong ». Déjà bien connus dans leur pays d’orgine, avec notamment une participation remarquée à plusieurs gros festivals belges (Fancofolies, Dour...), les quatre garçons ambitionnent désormais de s’attaquer à l’hexagone. Et leur premier single « I Know » a déjà semble-t-il fait très forte impression... © DR
Album prévu pour le 14 février
4. Deputies
EP prévu pour février/mars
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Vous les avez découvert lors de la seconde édition de notre soirée Raise Your Scene, les Deputies ont fait du bruit à Paris ces derniers mois. Après un premier EP, « First Date », plutôt remarqué et de nombreuses scènes dans la capitale, le quatuor prépare désormais son second EP. Cette fois-ci, plus question de traîner dans leur ville d’origine, les Deputies visent beaucoup plus haut et beaucoup plus loin !
5. Blackfeet Revolution Posez la question à n’importe quel fan du groupe, ils vous répondront tous la même chose : « Benoît et Fred sur scène ? Ça dépote ! ». Après deux EP très remarqués en septembre 2010 et novembre 2012, le power duo garage rock prépare désormais le terrain de son ascension, avec l’arrivée de son premier album. Le groupe a d’ailleurs récemment fait parler de lui, avec son clip « Frogs On Fire ». © DR
Album prévu pour fin mai 6
Espoirs Rock 2014
ARRIVENT !
sélectionnés pour vous. Découvrez nos dix Espoirs Rock 2014 !
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6. Early Seasons Le groupe metalcore originaire de Paris Early Seasons est très attendu en 2014 ! Après avoir signé un contrat avec Avocado Booking et avoir rejoint la grande famille Artery (management), le groupe vient d’annoncer sa signature chez Artery Recordings, rejoignant ainsi la courte liste de groupes hardcore français qui s’exportent à l’étranger. Son premier album « Redemption » bénéficie déjà du single éponyme.
Album prévu pour le 18 mars
7. WE ARE MATCH Le quintette electro pop WE ARE MATCH a fait énormément de bruit en 2013, avec notamment une sélection aux InRocks Labs et des sessions sur Oüi FM et Le Mouv’, grâce à son premier EP « Relizane » sorti en septembre. Désormais, le groupe prépare son premier album prévu pour cet automne, et espère bien rejoindre certains HYPHEN HYPHEN ou autres Juveniles. © DR
Album prévu pour cet automne © DR
8. Fuzzy Vox Oubliez les fiorittures ! Lorsque les Fuzzy Vox débarquent, on s’arrête et on danse. Et c’est ce qu’ils s’apprêtent à faire justement, ils débarquent le 28 février avec leur premier album produit par Pelle Gunnerfledt (The Hives). Le power trio oscillant entre power pop et rock ‘n’ roll, revenant tout juste d’une gigantesque tournée auto-produite, semble bien avoir choisi 2014 pour se révéler aux yeux du monde...
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Album prévu pour le 28 février
9. Thomas Albert Francisco Fort de sa configuration très particulière sur scène, Thomas Albert Francisco est un jeune auteur-compositeur-interprête qui n’a pas froid aux yeux. Avec pour seuls compagnons sa guitare classique, ses bretelles et son looper, le jeune franco-espagnol a déjà conquis sa région et espère désormais conquérir le monde de la musique avec son premier EP enregistré par Lionel Gaillardin (Benjamin Biolay, Didier Wampas...).
EP prévu pour le 15 mars
10. The Kitchies
EP prévu pour avril
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Le groupe d’indie rock originaire de Nice The Kitchies prépare son troisième EP pour avril, après les deux premiers volets « Time Square » en 2012 et « The Kitchies » en 2013. Fort d’une notoriété de plus en plus importante, le groupe espère désormais percer le voile qui le sépare du devant de la scène et s’imposer aux côtés des grands noms du rock français.
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Interview
Thomas Albert Francisco : « J’ai envie de créer la surprise » Thomas Albert Francisco, jeune auteur-compositeur-interprète âgé de 21 ans et originaire de Commines (59), sort de studio pour l’enregistrement de son premier EP. De passage à Paris pour son premier concert en tête d’affiche, il parle de son projet. Comment s’est déroulé l’enregistrement de votre EP avec Lionel Gaillardin ? Ça s’est très bien passé. Les voix et les guitares sont terminées, et dans une superbe ambiance. Les percussions seront enregistrées dans deux semaines, et après ça sortira vers avril. Je ne loopais pas (NDLR : processus qui consiste à enregistrer des boucles) comme je le fais sur scène, je jouais à chaque fois la guitare principale, et après dessus je venais mettre mes guitares, et c’est Lionel qui gère le mix. Pareil pour les voix. Le principal problème pour moi, ça a été l’anglais. Je le savais je n’ai pas un très bon anglais, mais on ne s’est pas pris la tête avec ça non plus. L’EP ne sera pas commercialisé, il sera vendu après les concerts, peut-être chez quelques disquaires aussi, et sur le net. Pour accompagner sa sortie on prévoit un clip, et y a déjà quelques belles dates qui commencent à venir dont une dans ma ville natale, Commines dans une belle salle de 400 places avec une résidence pour bien travailler le son. Cet EP a été enregistré grâce au système de Crowdfunding, parlez-nous en ? Pour le financement on a eu besoin d’apport d’argent du public, donc on a demandé aux gens d’avancer de l’argent contre des contreparties tout simplement, d’avancer l’achat de l’EP. Ça a très bien fonctionné donc je suis très content, on avait un objectif de 1800€ qu’on a atteint à la moitié de la période, et au final on a un peu plus de 2000€. Du coup je vais faire quelques concerts privés en janvier, il va vraiment y avoir une bonne ambiance. Les amis ont joué le jeu, la famille a joué le jeu et c’est super cool. Avec l’argent supplémentaire du coup on va faire un clip. On est en train de voir ça pour le sortir, espérons, avant la sortie de l’EP, ce serait bien. On n’a pas un
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gros budget mais on va essayer. Votre configuration est très particulière, vous êtes seul sur scène avec votre guitare classique et un loop. Comment en êtes-vous arrivé là ? J’adore la guitare classique. Je suis plus doué en guitare classique qu’en électrique ou folk, les effets je ne maîtrise pas c’est pour ça que j’ai pas d’effets pour l’instant, tout ça moi ça me dépasse et comme j’ai bossé beaucoup le classique j’ai gardé tout simplement l’instrument que j’aimais. Au début, par exemple au premier concert, j’avais pas la loop. Maintenant je m’en sers quasiment tout le temps. Je joue vraiment avec ça, parce que justement j’ai envie de créer la surprise. De me ramener avec ma guitare classique, ma cravate, mes bretelles et ma chemise, et de surprendre les gens. Ce que je fais à trois c’est facile à faire, l’intérêt c’est d’être tout seul. Parlez-nous de votre parcours.
Je fais de la guitare depuis très petit, j’ai fait le conservatoire de Lille, vraiment le parcours très classique, en horaires aménagés. Quand je suis arrivé sur Amiens pour mes études j’étais tout seul je connaissais personne, et je me suis dit « j’ai des chansons je vais tenter ». J’ai mis un an à les poster sur internet, et j’ai eu beaucoup de chance parce que mon premier concert c’était pour les Inouïs du Printemps de Bourges, où j’ai été repéré grâce à des démos maison avec le son qui grésille, le truc horrible. Du coup voilà premier concert devant France 3, devant des pros, et grâce à ça il m’est arrivé plein de trucs supers. On m’a proposé la première partie de Concrete Knives à la Lune des Pirates, qui est la salle emblématique d’Amiens. La première partie de Tété dans la salle où j’ai fait mon premier concert. Le directeur avait accroché et il m’avait dit « t’inquiètes pas il y aura d’autres dates », et il m’a recontacté. Tout ça jusqu’à la scène Pression Live au Printemps de Bourges. Ça c’est très bien passé, je me suis pas mis la
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pression (rires), je me suis dit ok c’est une grosse scène mais je fais la musique que je fais et ça plaira ou pas, et ça a plu apparemment. Souvent on me pose la question si j’ai pas peur d’être seul sur scène mais bizarrement non, comme j’ai jamais fait ces scènes en groupe je peux pas comparer, vu que pour moi la scène c’est tout seul c’est ma configuration. Après c’est sûr qu’il y a eu plus de stress sur cette date c’est quand même une plus grosse scène. Et hier soir au Bateau El Alamein, mon premier concert en tête d’affiche, ça s’est bien passé. Peu de monde malheureusement, c’est pas facile quand on vient de province on a pas beaucoup de public à Paris, mais c’était vraiment sympa, les personnes présentes étaient ravies, on a bu un pot tous ensemble après le concert. Vous avez signé cette année chez MCmanagement. Qu’est-ce que ça vous a apporté ? Il m’a programmé le 8 juin au Bateau El Alamein pour la soirée Waka Burkina, un concert au profit du Burkina Faso. Il m’a dit après le concert qu’il avait aimé et quelques temps après il m’a proposé de m’aider dans mon projet. Ça s’est fait très amicalement on se prend pas la tête, on s’est dit qu’on allait faire un essai de 6 mois et là ça va faire 6 mois justement et ça se passe bien donc je pense qu’on va continuer. C’est un bon cadre professionnel. Il m’a bien aidé pour la préparation de l’EP. Je sais bien que ça ne va pas me faire découvrir nationalement mais c’est pas le but non plus. Le but c’est vraiment d’avoir un EP pour pouvoir démarcher des professionnels et de décrocher des grosses dates. Désormais, quels sont vos projets ? Moi là dans l’immédiat c’est vraiment la sortie de l’EP, avec je l’espère quelques belles dates pour accompagner ça, et après le rêve absolu ça serait de faire quelques festivals cet été pour lancer tout ça. Le problème c’est que tant que j’ai pas l’EP c’est assez difficile de démarcher parce que je n’ai pas vraiment de sons de bonne qualité. Ça reste encore du démarchage comme au début avec les premiers enregistrements. Donc je me fais pas trop d’illusions après l’EP je pense pas qu’il y aura de très belles dates, mais j’espère que ça viedra les mois suivants. Après le but ultime c’est l’album c’est clair. Pour moi l’EP c’est une prémisse de l’album. On l’a vu là d’ailleurs pour l’EP on a galéré à choisir les chansons parce que j’ai beaucoup de chansons, et même pour l’album y en a déjà plus que prévu.
Propos recueillis par Nicolas Raulin
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Photo reportage
Capture : « Notre nom associé Formé en 2011 à Nancy, Capture est un groupe indie pop qui commence à se faire un nom, notamment après avoir été nominé aux Inrocks Lab. Le quatuor a défendu son second EP « Communion », sorti le 21 octobre, dans le cadre de sa première tournée française qui s’est achevée à Clermont-Ferrand le 15 novembre.
Ce soir c’était votre derni cette tournée française ?
C’était notre première « vraie » t dates au niveau national. On a joué capacité à l’Aéronef de Lille, qui au court temps qui sépare les conc Nous n’avons pas rencontré de pr déplacer en voiture et non en van.
Parlez-nous de votre date à le festival Les Inrocks.
C’était super ! Cela faisait un mom nier concert à Nancy remontait au était très heureux de voir notre nom Suede ou encore Breton… Le fait d curiosité et l’attention, donc ça ne plus de plaisir sur scène qu’en stu nous suivent et qui viennent nous
© Romain Harel
Quels sont maintenant vos
On a un clip qui est en post-prod décembre). Il a été réalisé par le c graphes de mode à l’origine mais avoir vu leur travail on a saisi cette Ensuite on espère défendre notre d possible, on verra par la suite com
Avez-vous un rituel avant d
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On se fait un câlin général et on ch
Photo reportage
aux Inrocks attire la curiosité »
ière date. Comment s’est déroulée
tournée, même si on fait de plus en plus de é dans des salles très variées, des bars à petite a été un très bon moment. On est fatigué dû certs, mais cette tournée s’est très bien passée. roblèmes majeurs, à part le fait de devoir se
à Nancy, votre ville d’origine, pour
ment qu’on n’avait pas joué chez nous, le dermois de mars. Ça a été une grosse fierté et on m à côté d’artistes tels que Foals, Major Lazer, de voir notre nom associé aux Inrocks attire la e peut être que bénéfique pour nous. On prend udio, et on veut le montrer aux personnes qui voir.
projets ?
duction et qui sortira le mois prochain (ndlr : collectif Bichon Bichon, qui sont des photos qui nous ont proposé de le réaliser. Après e opportunité. On a hâte de le faire découvrir. dernier EP « Communion » le plus longtemps mment évoluera le groupe.
de monter sur scène ?
hante Who know Who Cares des Local Natives
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Reportage Vendredi 6 Décembre
& The Centurions et Deputies, sur la reprise de Justice « We Are Your Friends »
Après une première soirée riche en émotions, la soirée mensuelle trac eu lieu la 2ème édition, placée sous le sigle de l’indie pop, et le 11 ja hard rock 80’s. Entre groupes prometteurs et public ravageur, la soiré du talent de notre jeune scène rock et promet encore de belles soirées à
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Reportage Samedi 11 Janvier
VOLTRAGE
ce sa route ! Le 6 décembre a anvier la troisième, dédiée au ée Raise Your Scene témoigne à venir...
Sweet Needles
The Traps
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Chroniques
Un album qui «sonne » sans « résonner » MattRach, de son vrai nom Mathieu Rachmajda, est un guitariste français âgé de 22 ans ayant fait le buzz en 2006, grâce à son interprétation du Canon Rock de Pachelbel à la guitare. Il sort désormais son 4ème album solo instrumental, « Men In My Head ». On se souvient de MattRach, guitariste français devenu célèbre grâce à ses vidéos de reprises allant de Lady Gaga à Rossini. Cependant son album ne ressemble ni à Poker Face, ni au Barbier de Séville. Il oscille entre un son pop rock acoustique et un power rock plutôt « bourrin ». Son nouvel album « Men In My Head » sorti en décembre 2013 comporte huit compositions. Accompagné principalement d’une basse et d’une batterie, MattRach met sa guitare en avant sur un ensemble entièrement instrumental, à l’instar de ces deux précédents efforts. Dans cet album, c’est le calme qui prédomine, sauf
sur le morceau «Wake Up » où on assiste durant quelques minutes à une démonstration de vitesse. Cela n’a que peu d’intérêt. Les prouesses techniques instrumentales, dont tout le monde raffole sur You Tube, ne sont pas forcément corrélatives à la qualité de composition d’un artiste. Avec du travail, tout le monde peut jouer vite. Cela relance alors le vieux débat sur la construction du musicien entre musicalité et technique instrumentale. Il est évident qu’on ne peut outrepasser les connaissances techniques et la maitrise de l’instrument, pourtant il faut y ajouter une sensibilité propre autant dans une reprise que dans une composition. Voilà pourquoi MattRach reste un technicien. On note également que l’enchainement de certains morceaux a peu de cohérence, notamment entre les titres « Skyzophrenic » et « There Is Love ». Le passage d’un son brut et lourd à un son très aérien avec beaucoup de delay a plutôt du mal à passer. Bien qu’il prête attention à la sonorité de sa guitare, MattRach semble délaisser la basse et la batterie, ceux-ci n’ayant qu’un rôle de support rythmique pour la
partie lead. C’est un album de guitariste pur ! Et c’est dommage, parce qu’il y a du bon. MattRach est à la recherche d’une ambiance, et celle-ci est plutôt accrocheuse, mais la pauvreté des mélodies et le manque de diversité dans les créations qui s’étalent plus de cinq minutes ne parviennent pas à convaincre. Si les morceaux « sonnent », ils ne « résonneront » pas longtemps. L.F. & N.R.
Le feu aux planches Formé en 2012 dans la région des Midi-Pyrénées, le groupe Thelma on Fire livre son premier EP « Matches And Fuse » en novembre 2013. Situé entre Muse et Placebo, le groupe livre un rock énergique et personnel.
Thelma on Fire. Retenez bien ce nom car vous risquez de l’entendre bientôt dans toutes les bouches. Composé d’Alex à la guitare, d’Indy à la basse, de Manu au chant et à la guitare et de Peter à la batterie, le groupe sait s’inspirer de grands noms tels que Muse et Placebo pour offrir un rock énergique à leur sauce. C’est un peu plus d’un an après la création du groupe que le quatuor propose à son public son premier EP, « Matches And Fuse ». « Ignition », le morceau introductif présente d’ores et déjà un son énergique qui met les choses en place avec le re-
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mix d’un décompte de la NASA. On le comprend, les Thelma On Fire savent ce qu’ils font et où ils vont. La seconde chanson « Whatches And Fuse », éponyme à l’EP, permet de retrouver une importante influence du trio anglophone Muse. Si on est dans le même esprit tant dans la mélodie et dans le chant, le groupe se distingue avec un morceau à la fois énergique et mégalo malgré des paroles semblables. Arrivé au troisième morceau de cet EP, on a le plaisir de découvrir un « Beautiful Soul » plus sombre et un côté métal avec quelques screams, sans être agressif. Un bon point pour la diversité du style. S’en suit après « We Have Fallen » qui est un peu le coup de cœur de cet opus. Séduit par une alternance entre des couplets plutôt calmes au rythme doux et modéré et des couplets beaucoup plus puissants, on apprécie aussi la voix plus poussée que sur les autres morceaux. On quitte ensuite quelque peu le monde de Muse pour se tourner vers un univers à la Placebo. On découvre « Green Eyes », un morceau où la voix est privilégiée, avant d’entendre
« Please Don’t Cry », cette musique qui fait planer et qui réunis en 6 minutes 12 l’univers que l’on aime de Thelma On fire. En préparation d’un premier album, Thelma On Fire est sur la voie du succès grâce à son énergie et à sa musique. L’EP « Whatches And Fuse » est à écouter sans aucune modération. G.L.P.
Chroniques
Le signe d’une réussite No Sign, Nothing est un groupe de rock alternatif originaire d’Orléans, dans le Loiret. Composé de Mélodie au chant et à la guitare rythmique, d’Arnaud à la guitare, de Chloé à la basse et aux choeurs ainsi que de Thomas à la batterie, ils préparent la sortie de leur premier EP qui sera disponible à la vente en février prochain. En attendant cette sortie, revenons sur les cinq titres qui vous attendent ! Quelques inquiétudes se créer à l’écoute du premier morceau, en guise d’introduction. Uniquement instrumental, il est mené par un rythme plutôt lent avant d’accélérer. On sent passer le temps à cause d’un air à première vue répétitif mais les choses évoluent et la fin est marquée comme il se
doit grâce à un très bon riff. On enchaîne rapidement avec la seconde chanson intitulée I’m Burning qui saura effacer les inquiétudes premières. Après une transition subtile, c’est la batterie qui lance le morceau, rejoint rapidement par la basse et la guitare électrique qui servira de guide. On entend pour la première fois la voix de la chanteuse qui s’allie très bien avec le style du groupe. Les choeurs ne sont peutêtre pas nécessaires à chaque fois, dans cette chanson mais les rythmes variés et la bonne guitare leader nous font apprécier ce morceau et battre la mesure. On poursuit avec In Da Place, plus rythmique. Il serait difficile de passer à côté d’un très bon trio batterie, guitare électroacoustique, voix et de ses choeurs qui s’accordent parfaitement. La voix est également plus poussée que dans les chansons précédentes et c’est une chose qu’on apprécie. Les deux derniers morceaux de cet EP se rapprochent un peu plus du métal alternatif. One night long et Superhero, plus énergiques que les précédentes, comportent toujours de très bons riff, même si on reprochera une légère déception à l’entente d’une voix qui
se montre un peu trop effacée. Pour ce premier EP, No Sign, Nothing a su nous livrer un bon ensemble avec des chansons assez diversifiées qui pourront satisfaire un grand nombre d’amateurs de rock, peu importe leur préférence. On saluera également la voix de la chanteuse qui a su se faire une place au travers de cette musique et qui en surprendra plus d’un. G.L.P.
Les bouchers passent à table Après un premier EP en 2011 qui leur a donné l’occasion de partager la scène avec Liferuiner ou encore Protest The Hero, The Butcher’s Rodeo reviennent avec un second effort. À travers ‘Ghosts In The Weirdest Places’, les Butcher confirment leur identité dite ‘hobocore’ et offrent sept titres sincères et énergiques. The Butcher’s Rodeo ne manquent pas de faire parler d’eux depuis leur formation en 2010. Composé d’anciens membres d’AqME (Vincent, chant), de Vera Cruz (Thomas, batterie) ou encore de Seed From The Geisha (Tonio, guitare), le groupe délivre un son brut et sec dans la veine d’Every Time I Die ou Cancer Bats. Sous l’aile d’Etienne Sarthou à l’enregistre-
ment et au mixage, le groupe envoie un son massif et brut. Le groupe a donc sorti fin 2013 son deuxième EP « Ghosts In The Weirdest Places » offrant 7 titres solides captant l’énergie live qui a fait la notoriété de bête de scène qu’est The Butcher’s Rodeo. The Curse rappelle les racines southern rock du groupe façon Black Stone Cherry tandis que le single Eye Of The Storm met en évidence des influences plus hardcore. La boucherie continue avec The Mutiny et son refrain presque mélodique. Loin des batteries programmées, des guitares épurées et des mélodies pop, les bouchers s’assument comme groupe ‘raw’ de la scène ‘-core’ actuelle. La production « underground » de cet EP marque une différence avec l’essentiel des sorties actuelles, lisses et aseptisées. Comme ils nous l’expliquaient dans l’interview de notre numéro d’octobre 2013, leurs morceaux sont taillés pour la scène et le résultat est évident et efficace. Spoiler et ses 2’22 exprime l’efficacité punk qui déteint
sur le hardcore. Blind Army et Repent & Honor confirment l’ambiance sauvage qui règne sur ce disque. Les guitares hurlent et Vincent rugit. Hold The Morning clôt avec soin ce second EP d’un groupe déjà prometteur. À découvrir sur scène pour du grand show rock’n’roll.
M.S.
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Lumière sur...
R ODyL
© François Loock
Over Dose Your Life ! Un leitmotiv accrocheur pour cette artiste basée à Paris. Le message est donc clair, il n’y a pas de place pour la demimesure. Cette jeune femme, Virginie, est l’ancienne front(wo)man du groupe iLis, qui a décidé de voler de ses propres ailes. Elle qui se dit timide dans la vie de tous les jours, se transforme aisément pour endosser son rôle d’artiste qui n’a peur de rien : épais trait d’eye-liner, fleur dans les cheveux, rouge à lèvre flamboyant et tranchant. Tranchant, tout comme le sont ses textes, qui sont crus et durs, mettent des mots vrais sur la vraie vie. Elle a cette allure assurée et combative de l’artiste femme, résolument rock et indépendante. Une voix suave mais qui n’a pas peur de dire des vérités, des mélodies accrocheuses, des textes un peu caustiques, elle
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exprime la rage avec un large sourire. On l’aura compris, OdyL c’est surtout chanter la vie, et la vivre pleinement. Elle sait faire s’entrechoquer les sentiments et la révolte, faire se percuter les mots et les émotions. Le romantisme niais n’est pas au programme. C’est une artiste d’autant plus méritante
qu’elle possède son propre label, 25h43 Production, qui a permis la sortie de deux EP, et très bientôt un album, « Petite », prévu pour le premier trimestre 2014. A la fois mélancolique et révoltée, mais surtout très énergique, OdyL reste ellemême. Rock. Ni plus, ni moins.
Cécile Parise
Dossier Spécial N°1 - Janvier 2014
La jeune scène rock française
ROCKIN’DREAMS MAGAZINE ENQUÊTE :
© Maxime Pillet
Faut-il avoir peur du hardcore ?
DOSSIER : LA MUSIQUE HARDCORE EN FRANCE
Sommaire
The Sto SOMMAIRE cale du Reportage : The Story So Far au Batofar Pages 20/21 :
Interview : See You In The Pit, le hardcore à Paris Page 22/23 :
Enquête : Faut-il avoir peur du hardcore ? Pages 24 :
Lumière sur : Chunk! No, Captain Chunk! Page 25:
Le hardcore français, un succès alternatif Page 26 :
Portrait : Marty Degenne 18
Lundi 7 octobre, le groupe pop punk hardcore américain The Story So Far est venu jouer au Batofar à Paris. Seahaven et les français de We Fall As One étaient également présents en première partie.
Retour au lycée ! Ce soir au Batofar, c’est bières, baskets et casquettes. La salle est quasiment vide tandis que le jeune quintette français We Fall As One prend place sur scène. Les quatre parisiens ont fait sensation cette année, se hissant au rang de découverte de l’année. Pourtant ce soir, ils déçoivent. Leur style pop punk hardcore ne fait pas l’unanimité, et ils seront plutôt qualifiés de groupe easycore par le public. La salle déjà peu remplie se vide progressivement, le public préférant aller attendre la suite à l’extérieur. Néanmoins, il faut reconnaître au groupe une superbe énergie sur scène et une bonne humeur communicative qui fait plaisir à voir. Si le public n’est pas au rendez-vous, We Fall As One se sent bien sur scène et le montre. Le groupe ne connaîtra donc pas le succès attendu mais, formé il y a moins d’un an, on lui laissera le bénéfice du doute et la chance de montrer ce qu’il vaut lors d’un prochain concert. © Apolline Mariotti
Pages 18/19 :
Reportage
ory So Far enflamme la Batofar
© Apolline Mariotti
The Story So Far
Seahaven détient le blues Place au son californien. L’invité spécial de la soirée est le groupe Seahaven, qui suit The Story So Far sur toutes les dates de cette tournée européenne. Et quel invité... Le groupe originaire de Torrance, en Californie, est sans aucun doute la claque de la soirée. Mêlant post-rock et hardcore, Seahaven intègre merveilleusement bien le blues à son son. Formé en 2009, le quatuor brille par une très grande maturité scénique. Seahaven Ne ressantant pas le
besoin d’en faire trop, le frontman Kyle Chadwick n’a besoin que d’un micro et d’une guitare pour faire vibrer son public. Sa voix hypnotique ne laisse pas indifférente et l’on reste accroché à sa musique pendant toute la durée du set.
The Story So Far impose sa loi Pas de fioritures pour The Story So Far. Le groupe pop punk hardcore est là pour en découdre et se dispense de paroles inutiles. Débarquant torse nu sur scène, le chanteur Parker Cannon lance son set avec « Right Here » et poursuit avec le combo connu et reconnu « States And Minds » / « Roam ». Le groupe s’installe et impose sa loi. Plutôt jeune globalement, le public n’en reste pas moins très réceptif et dévoué au groupe. Dès les premiers titres, la fosse explose en pogos incessants et le Batofar semble tan-
guer sous la pression. Les morceaux s’enchaînent rapidement. The Story So Far jouera autant de titres de son dernier album « What Don’t You See » (2013) que de son prédécesseur indétrônable « Under Soil & Dirt » (2011). Il fait chaud. Le groupe californien a cette aptitude à transformer chacun de ses titres en véritable pépite live et à les enchaîner les uns après les autres, entraînant un festival du stagediving (NDLR : se jeter dans la fosse depuis la scène). Sueur. Le concert arrive à son apogée lorsque le groupe entame son grand succès « Empty Space », qui fera trembler la cale du bateau (parce que oui, on est quand même sur la Seine), avant de conclure avec « Quicksand ». Le groupe reviendra tout de même pour un rappel avec le titre « Mt Diablo », à la demande du public. Un concert satisfaisant donc, malgré la petite scène du Batofar.
Nicolas Raulin
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Interview
See You In The Pit : « Act « core » qui marche le m See You In The Pit est une association parisienne fondée en janvier 2013 et destinée à la production de concerts metal et hardcore. Interview avec le fondateur du projet, Léo Martinez. Qu’est-ce que See You In The Pit exactement ? See You In The Pit est une association loi 1901 dont le but est de promouvoir les genres musicaux metal, hardcore et dérivés par tous les moyens utiles. Voilà ce que disent les statuts, pour rester large et ne pas se mettre soimême des chaînes aux pieds. Plus concrètement, l’association organise des concerts en région parisienne et est donc principalement promoteur local. Mais je cherche à développer également le booking pour organiser des tournées et je viens de lancer un webzine dont l’activité devrait démarrer sous peu. Comment le projet est-il né ? Pour commencer, l’envie m’est venue de produire des concerts. Ҫa remonte à 2006, quand mon père m’a emmené aux Eurockéennes de Belfort. On a vu Deftones jouer devant des dizaines de milliers de personnes sur la main stage. C’était super impressionnant pour mon tout premier gros concert. Je me suis dit « plus tard j’aurais mon festival avec que du metal ! ». Mais l’association en elle-même est née plus tard. C’est en janvier 2013, pendant une formation professionnelle en management/production à l’IC’COM de Paris, que j’ai décidé de sauter le pas. Au départ je voulais créer un festival dédié au metal progressif, technique, ce qu’on appelle aussi « Djent ». C’est un genre en pleine expansion mais encore trop peu représenté. Bien sûr, comme je ne peux pas mener un tel projet tout seul, j’ai préféré revoir ma stratégie et commencer par organiser de nombreux « petits » concerts, pour me présenter au public et aux autres acteurs du milieu, m’implanter petit à petit dans le paysage musical parisien.
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Comment sélectionnez-vous les groupes pour vos concerts ? La première sélection se fait à l’écoute. Si je n’accroche vraiment pas, je refuse poliment et j’essaye de rediriger le groupe vers des collègues. (rires) Si le groupe me plaît, je regarde les conditions et la notoriété. Il m’arrive de refuser des groupes que j’adore, parce que je suis en fait le seul à les connaître, ce qui n’a aucun intérêt et serait même dangereux. Ou au contraire, je peux programmer des groupes que je viens tout juste de découvrir, parce qu’en tâtant le terrain autour de moi, je m’aperçois que le public est intéressé. Avez-vous des sous-genres de prédilection ? Quels sont ceux qui marchent le mieux en général ? Bien sûr. Je suis particulièrement attiré par la sphère progressive, d’où le projet de festival. Après je suis ouvert à toutes les variétés du metal (power, folk, black…), mais c’est principalement avec le metal symphonique et le death metal que j’ai découvert ce monde. Actuellement, c’est quand même la scène « core » qui marche le mieux et qui est la plus représentée. Metalcore, deathcore, posthardcore… des groupes se forment tous les jours, pas mal se séparent également. Il y a un turn over incessant des jeunes formations, c’est très intéressant. Dans cette scène, il est extrêmement facile de dénicher des groupes locaux pour une première partie de concert, par contre si on parle de folk metal ou power metal, ça devient tout de suite beaucoup plus compliqué. Avez-vous des difficultés particulières dues aux styles « extrêmes » que vous produisez ? Avec les salles principalement oui. Il y a finalement très peu de lieux qui acceptent d’accueillir du metal. On me sort souvent l’excuse « pour ne pas gêner le voisinage ». Sinon je m’adresse en général aux médias spécialisés, donc je ne rencontre pas de difficultés particulières avec eux, même chose pour le public, l’association étant encore très jeune, je ne m’adresse qu’aux connaisseurs. Mais bien sûr j’espère évoluer et conquérir d’autres publics, on verra le moment venu si les styles
extrêmes posent réellement problème. Quels ont été vos plus gros concerts ? Ou vont être ? Les plus gros concerts que l’on n’ait jamais organisé sont clairement les deux release party à venir. Déjà celle de Kadinja le 22 décembre au Batofar, avec The Algorithm, Uneven Structure et Cycles, et surtout celle de Deep In Hate le 22 février à la Boule Noire, avec Karma Zero, This Deafening Whisper et Defeat The Earth. Et bien sûr, le projet initial de festival qui suit son court et dont vous aurez des nouvelles bientôt normalement. Vos concerts ont-ils déjà engendré des vagues de violences particulières ? Ahahah oui je comprends tout à fait cette question. Et la réponse sera la même que la plupart des organisateurs : aucune violence n’est à déplorer. Et pour avoir discuté avec des vigiles, eux-mêmes disent que les concerts de metal sont les plus reposants et les moins risqués.
Interview
tuellement, c’est la scène mieux ! » Le jour du concert, j’ai beaucoup moins de travail, si tout a bien été organisé en amont. Les groupes passent l’après-midi avec les ingénieurs du son pour s’installer et faire leurs balances, c’est-à-dire les réglages son. De mon côté je vais faire les courses pour le catering, les repas des groupes, et je prépare la billetterie dont je m’occupe toute la soirée.
Racontez-nous comment se déroule l’organisation d’un concert, avant et pendant ? Le plus gros du travail se passe avant les concerts, pour moi. Quand je reçois une proposition de plateau qui m’intéresse, je vérifie avant toute chose que la date proposée n’entre pas en concurrence avec un autre concert déjà prévu. S’il n’y a pas d’obstacles, je fais une offre au tourneur, ou alors je négocie dans le cas où les conditions sont déjà posées. Une fois nos violons accordés, je réserve la salle pour pouvoir confirmer le concert. L’étape suivante est de contacter différents groupes locaux pour leur proposer d’ouvrir la soirée, de trouver des premières parties. Quand tout est confirmé, il reste plus qu’à répartir entre les groupes le matériel à amener, rassembler les fiches techniques et les communiquer au régisseur du lieu qui accueillera le concert, rédiger la conduite horaire de la journée et bien sûr, créer un flyer pour lancer la communication le plus largement possible. Parce que le concert peut être excellent, sans comm la salle restera vide ou presque.
Comment vous placez-vous dans votre contexte concurrentiel ? Pour une association comme See You In The Pit, ce sont les autres petits promoteurs locaux. Je ne parlerai pas des « gros » comme Only Talent Productions ou Garance Productions, Base Productions etc… Pour eux je ne suis pas (encore) un concurrent. Donc à notre niveau, on essaye surtout de ne pas se marcher dessus, mais plutôt de nous entraider un maximum, joindre nos forces, échanger des contacts… Parfait exemple pour illustrer ça : je me suis associé avec One Heartbeat Productions pour coproduire des concerts et surtout lancer un projet commun de communication. L’heure n’est plus à la concurrence en ce qui concerne la partie la plus « underground » de l’industrie du live. Nous devons nous unir pour reconquérir le public et développer un maximum notre communication. Dans le contexte économique actuel, comment arrivez-vous à vous en sortir ? C’est très difficile ! Pour le moment, les recettes de billetterie permettent de payer seulement une partie des concerts, et je complète de ma poche. C’est ce qui permet de faire quelques concerts assez importants dès le début, pour gagner en notoriété et ensuite pouvoir fonctionner normalement, c’est-àdire investir dans un concert et rentrer dans ses frais grâce à la vente des billets. Mais actuellement on est en déficit oui… Le public se déplace de moins en moins, et comme les artistes ne vendent plus de disques, les cachets sont élevés. C’est plutôt de la survie en fait. Le but n’est absolument pas de gagner de l’argent, mais quand même de pas en perdre, du moins pour le moment. Recevez-vous des subventions ou tout autre type d’aides ? Pas du tout. En débutant, en plus sans
contacts, c’est impossible d’intéresser des collectivités ou des sponsors. J’espère en obtenir à l’avenir, mais pour le moment, on peut dire que je « subventionne » de ma poche. Et bien sûr, le fait de produire des concerts de metal n’aide absolument pas dans ce domaine. Même le Hellfest reçoit dix fois moins de subventions que les autres grands festivals… Quel est à votre avis l’état du hardcore français ? Le hardcore français va bien et s’exporte de plus en plus ! De plus en plus de groupes se démarquent et percent à l’étranger. On peut citer les plus médiatisés comme Chunk! No, Captain Chunk! Chez Fearless Records, As They Burn signés sur le label Victory Records ou Shoot The Girl First qui font maintenant partie de la grande famille Artery avec Early Seasons. Mais il y en a aussi de plus discrets, par exemple Atlantis Chronicles et In Arkadia qui vont tourner au Japon, ou The Great Divide qui rentre de Chine. Et il y a aussi de plus en plus de jeunes groupes, comme Novelists ou Merge, qui attirent vraiment l’attention. La scène commence à prendre son envol et je ne pense pas que ce soit près de s’arrêter. Après au niveau de l’industrie du live, c’est sombre, comme partout. Mais il y a de plus en plus d’acteurs du milieu qui essaient de prendre le taureau par les cornes pour faire bouger les choses. L’avenir proche est encore difficile à deviner, mais il y a un réel mouvement qui se met en marche. Je n’ai qu’un conseil, restez attentifs ! Quels sont vos projets pour 2014 ? Arrêter de perdre de l’argent ! (rires) Plus concrètement, les plus gros projets sont le webzine, orienté journalisme de terrain avec live reports, compte-rendu de festivals et interviews, le festival bien sûr, dont la première édition aura lieu fin mars, on prévoit du très lourd ! Et la collaboration avec One Heartbeat Productions aussi. On compte développer une street team pour nous aider dans la promotion des concerts, et lancer une grande campagne de communication/sensibilisation du public, aussi bien dans la rue que sur les réseaux sociaux.
Propos recueillis par Nicolas Raulin
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Enquête
Faut-il avoir peur Dérivé de la musique punk, le hardcore est un style agressif qui fait peur. Méconnue du grand public, cette musique dite « extrême » souffre de nombreux à priori, fondés ou non. Faut-il avoir peur du hardcore ? « J’ai peur d’aller voir des groupes trop violents parce que c’est souvent la guerre dans la fosse. » témoigne Sophie, amatrice de rock âgée de 19 ans. « Je me souviens du Damage Festival (NDLR : organisé en novembre 2012 par OnlyTalentProductions) par exemple avec Architects, While She Sleeps et les français de Betraying The Martyrs. Les gens devenaient tellement violents qu’il était impossible d’écouter les groupes. » Mais le hardcore n’est pas le style le plus violent que l’on puisse trouver. Thomas, fan de grindcore et de deathmetal, explique que « le concert de Brutal Truth au Nouveau Casino était d’un tout autre niveau. Le groupe a demandé des wall of death (NDLR : mur de la mort, pratique qui consiste à séparer la foule en deux groupes qui doivent ensuite se charger) et le chanteur venait se battre dans le public, par pur plaisir. » Les concerts de hardcore et de ses dérivés sont réputés pour être assez violents et rendent donc cette question légitime : faut-il avoir peur du hardcore ?
Wall of Death durant le concert de This Defeaning Whisper à Issy-les-Moulineaux
« Le hardcore, c’est la famille » « Il ne faut pas voir que la violence dans le hardcore » affirme Vincent, chanteur de deathcore. « Le hardcore, c’est avant tout le partage, le sens de la com-
Qu’est-ce que le hardcore ? Le hardcore, ou punk hardcore, est un courant dérivé du mouvement punk des années 70 qui s’est développé en Angleterre et aux États-Unis au début des années 80 avec des groupes comme les Dead Kennedys, Bad Brains, Black Flag... De nombreux sous-genres sont apparus au fil des années comme le thrashcore (1980) avec Cryptic Slaughter ou Septic Death, le post-hardcore (1983) avec Saccharine Trust, l’emocore (1984) avec Rites of Spring, le grindcore (1985) porté par Napalm Death et Brutal Truth (1990), le metalcore (1985) avec Corrosion of Conformity ou Dirty Rotten Imbeciles, le hardcore mélodique (1990) avec Adolescents ou Bad Religion, le deathcore (2000) avec Antagony et Despised Icon, l’easycore (2004) avec Four Year Strong ou Set Your Goals…
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munauté, de la famille, de l’amitié. On est en colère, on a la haine, mais on est ensemble, on se soutient. » Comme le mouvement punk dont il est issu, le hardcore permet de défier l’ordre établi, quelle que soit la forme qui l’incarne. Il s’agit en réalité surtout d’une quête de liberté, d’autonomie et de reconnaissance. Le public de ces genres musicaux est assez jeune, ne dépassant que très rarement la quarantaine, ce qui peut expliquer un certain désarroi. Le grindcore et le deathcore, deux des formes les plus brutales et poussées de la musique hardcore, possèdent d’ailleurs la plupart du temps une vocation politique très tranchée. « Le hardcore est clairement contestataire oui. On déplore cette société de merde dans laquelle on vit. On critique le système qui est pourri jusqu’à la moelle. On crache sur les politiciens, qui sont tous pareils.»
Enquête
© Maxime Pillet
r du hardcore ?
La violence de plus en plus jeune Ce qui fait peur aujourd’hui, c’est l’impact que de tels mouvements peuvent avoir sur la société, et principalement sur les plus jeunes. « Ma fille est devenue très violente, verbalement et physiquement. » déplore Sandrine, mère de la jeune Chloé, 16 ans, qui écoute du hardcore depuis peu. « Depuis qu’elle s’est mise à écouter sa musique violente, elle n’écoute plus personne et s’est totalement renfermée. Tout dialogue est impossible. » Si la crise d’adolescence d’une jeune fille de 16 ans ne choque personne, le fait que ce phénomène se propage de plus en plus est lui plutôt alarmant. Michèle, Jean, Sylvie, Guilaine, Valérie, Isabelle, Laura, Camille, Bruno, Marc… Ces personnes n’ont aucun point commun, à part le fait d’avoir un enfant ayant entre 14 et 20 ans, devenu violent en commençant à écouter
de la musique hardcore. « Mon fils de 19 ans s’est battu avec mon mari avant de quitter la maison. Je ne l’ai pas vu depuis cinq mois. » déplore Michèle, mère de Mathias. « Ma fille de 15 ans ne va plus au lycée et fugue presque toutes les semaines. Je ne sais plus quoi faire pour lui faire entendre raison. » explique Bruno, 45 ans et père de deux enfants. « Mon fils de 14 ans va à des concerts toutes les semaines et rentre couvert de bleus et parfois blessé. J’ai peur à chaque fois qu’il sort, je reste toute la soirée à côté du téléphone… » témoigne Isabelle, mère de Quentin.
Le hardcore est « un exutoire » « Il ne faut pas confondre les causes et les conséquences » prévient le psychologue et musicologue français Philippe Barraqué. « La musique a une influence directe sur le comportement, c’est vrai. Mais l’humeur
et la psychologie de chacun dictent également nos choix. Si vous êtes triste, vous vous dirigerez plus naturellement vers de la musique douce. Si vous êtes en colère au contraire, vous écouterez des styles plus violents. » Selon lui, les gens écoutent du hardcore parce qu’ils sont violents et/ou en colère, et non l’inverse. « Comme tout courant artistique, le hardcore est d’abord un mode d’expression. S’il est si agressif, c’est parce que ceux qui l’ont fondé étaient en colère et que beaucoup de gens se retrouvent dedans. » « C’est un exutoire. Ça permet aux fans, et notamment aux plus jeunes, d’extérioriser leur colère et la violence qui sommeille en eux. De se sentir moins seuls durant une période de la vie qui est plutôt difficile, l’adolescence. » « La musique, c’est toute ma vie ! » affirme Anthony, 22 ans. « Grâce au hardcore, j’arrive à extérioriser la violence que j’accumule au quotidien. Il y a tellement de sources de mécontentement aujourd’hui que sans ça ça deviendrait vraiment difficile. » Alexandre, guitariste au sein d’un jeune groupe de hardcore, trouve également refuge dans la musique. Et d’après lui, ce n’est pas plus mal que le mouvement fasse peur et soit mis à l’écart. « Le fait d’être considérés comme marginaux nous rassemble. Nous nous épaulons et formons une vraie famille. D’ailleurs on le voit, le hardcore et le metal sont les styles qui soutiennent le mieux leurs jeunes groupes. » Virgile, directeur d’une société de production de concerts hardcore, ajoute même que ces concerts sont une bonne chose pour contenir la violence chez les jeunes. « On observe toujours que le public, et particulièrement les jeunes c’est vrai, sont plus calmes après un concert qu’avant. Il reste l’excitation du concert, bien évidemment, mais on sent bien qu’il y a moins de colère en eux. » Alors, finalement, faut-il avoir peur du hardcore ? « Je ne recommanderais pas un concert de hardcore à une femme enceinte, répond Philippe Barraqué, mais ce n’est pas vraiment la bonne question à poser. Demandons-nous plutôt comment on en est arrivé à une société qui oblige nos jeunes à trouver un exutoire ? »
Nicolas Raulin
* Certains noms ont été modifiés pour garantir l’anonymat des personnes concernées.
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Lumière sur...
© DR
Chunk! No, Captain Chunk! en 5 dates :
Chunk! No, Captain Chunk! est un groupe pop punk hardcore français. Formé à Paris en 2007, il signe chez Fearless Records en 2011. Lumière sur l’ambassadeur du hardcore français à l’international. Ce sont nos héros ! Sur la scène alternative internationale, la fierté française s’appelle Chunk! No, Captain Chunk!. Le groupe envoie un easycore made in Paris, mouvance moderne et fruit d’un mélange de pop punk et de hardcore, dans la veine de groupes tels que A Day To
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2007: Formation
Remember ou Four Year Strong. 2009: “Something For Nothing” Mené par les frères Poncet 2011: Fearless Records (Bertrand au chant et Éric à la 2012: Vans Warped Tour guitare), le groupe s’est forgé une solide réputation. Précur 2013: “Pardon My French” seurs d’un genre désormais au cœur de la mode, les CNCC se sont formés dont la première partie de A Day To Rememen 2007 et ont connu le succès dès fin 2008 ber ou l’incontournable Vans Warped Tour en avec leur single « In Friends We Trust ». En 2012. Ils retournent en studio début 2013 pour novembre 2009, le groupe sort son premier al- enregistrer leur second album, « Pardon My bum auto-produit, « Something For Nothing ». French », qui sort le 30 avril 2013. Cette sortie Celui-ci mène au succès international avec une est suivie d’un passage très remarqué à Paris à signature chez Fearless Records en 2011, atti- l’occasion de l’Icarus Festival. rant l’attention du monde vers le potentiel fran- Après plusieurs mois de silence, le groupe çais. Fin 2011, le groupe fait une apparition sur sera de retour à Paris le 22 février 2014 à la la célèbre compilation « Punk Goes... ». Flèche d’Or, en tête d’affiche de la release Habitués des scènes américaines, les CNCC party de Merge. embarquent pour plusieurs tournées en 2012, Margaux Sachsé
Analyse
Le hardcore français, un succès alternatif « Le hardcore français va bien et s’exporte de plus en plus ! » Léo Martinez, fondateur de l’association See You In The Pit, se réjouit. « De plus en plus de groupes se démarquent et percent à l’étranger. On peut citer les plus médiatisés comme Chunk! No, Captain Chunk! chez Fearless Records, As They Burn signés sur Victory Records ou Shoot The Girl First qui font maintenant partie de la grande famille Artery avec Early Seasons. » Issu du mouvement punk des années 70, le hardcore est un style musical en plein essor en France aujourd’hui. De plus en plus de jeunes groupes tentent leur chance, tandis que les plus grands obtiennent une reconnaissance internationale de plus en plus importante. A l’heure où il devient très difficile – surtout en France – pour un groupe de percer, de nombreux groupes de hardcore parviennent pourtant à se démarquer. Pourquoi ? « Aujourd’hui, pour marcher, il faut voir grand. Le hardcore marche mal en France, à part à Paris où il y a un bon public. C’est vers l’étranger qu’il faut se tourner si on veut vraiment se démarquer. » explique le groupe Atlantis Chronicles, qui revient d’une tournée au Japon. C’est également le cas de This Deafeaning Whisper, qui s’est fait connaître grâce à sa dernière tournée européenne. « Grâce aux buzzs générés par nos clips, on a pu jouer à Groezrock. C’est vraiment à partir de là que notre notoriété a explosé. » témoignent les musiciens du groupe de post-hardcore Merge.
Les « grands » du hardcore français
Le patron du hardcore français reste Chunk! No, Captain Chunk! Signé chez Fearless depuis 2011, le groupe ne compte plus ses dates outre-Atlantique. « Tout est une question de chance, c’est clair. Mais on peut lui filer un coup de main. Le secret est d’abolir les frontières et de rendre sa musique universelle. » explique le groupe. « Il faut que les gens soient convaincus et partagent leur découverte. Y a que comme ça que ça marche… » Le groupe deathcore Betraying The Martyrs,
HARDCORE PUNK
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Le hardcore français, en plein essor depuis le début des années 2000, possède aujourd’hui une reconnaissance internationale de plus en plus importante. Analyse d’un succès alternatif.
signé chez Sumerian Records, est également un grand nom. « On a eu la chance d’être soutenus dès le début par Stéphane Buriez (NDLR : chanteur de Loudblast), c’est ce qui nous a permis d’être rapidement suivi par plusieurs gros labels. » affirme Baptiste, guitariste du groupe. La grande famille Artery, société de management américaine, a signé deux jeunes groupes ces deux dernières années. Les principaux labels américains du genre signent de plus en plus de groupes français, leur permettant de s’exporter à l’étranger. Et de plus en plus de jeunes groupes obtiennent une reconnaissance internationale à plus ou moins grande échelle.
Le côté obscur du hardcore
Le hardcore est également marqué par des
sous-genres plus extrêmes, tels que le grindcore lancé par Napalm Death et Brutal Truth dans les années 80. Le grindcore s’implante en France au milieu des années 90 avec Inhumate, Blockheads, Desecrator… suivis dans les années 2000 par des groupes volontairement débiles comme Gronibard ou Ultra Vomit. Ces groupes comptent parmi les plus « extrêmes » et violents en France aujourd’hui, et jouissent d’une grande reconnaissance internationale. « Il y a un réel mouvement qui se met en marche. » souligne Léo. Le hardcore français s’impose, mais cela reste un succès alternatif. Les groupes sont quasiment tous autoproduits et progressent en marge de l’industrie musicale. Vu son état, on peut les comprendre... Nicolas Raulin
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Portrait
Marty Degenne, le « rêveur »
« Je suis un rêveur donc j’ai toujours voulu y arriver. » S’il est une qualité que l’on doit reconnaître à Marty Degenne, c’est bien la détermination. Le jeune artiste tatoueur âgé de 23 ans se consacre depuis de nombreuses années à ses passions. « En primaire je vendais des dessins à la récrée. » avoue-t-il de bon cœur. Il s’est attelé à parfaire son art au fil des ans, parfois même au dépend de sa scolarité. « J’ai toujours voulu faire ça, même à l’école je me faisais virer de cours parce que je dessinais sur mes potes. » Il se souvient de ses débuts : « Il y a tes premiers trucs où tu tiens la machine, tu trembles tu fais n’importe quoi, des essais sur des potes. J’ai vraiment commencé à tatouer dans un shop à 20 ans. » Aujourd’hui, c’est d’un tout autre niveau. Il travaille dans son studio situé au soussol de la boutique de vêtements Landscape Rockshop, dans le 11ème arrondissement de Paris, et possède déjà une clientèle fidèle. Tout cela s’est fait très simplement. « On est potes avec Landscape depuis un bon bout de temps, et on s’est dit pourquoi pas ouvrir un bon petit studio tatoo ici. » Pari gagnant, puisque le studio fonctionne très bien depuis près d’un an. Marty en profite également pour se tatouer luimême. « J’en ai fait quelques-uns. Mais c’est pas un bon conseil. Faut avoir vraiment du cran parce que ça fait mal et y a beaucoup de pièces qui ne sont pas finies. » Marty est également chanteur. « J’ai un groupe de metalcore, Early Seasons. On est de Paris, et on est gentils, on mange personne. » Son groupe connait un grand succès en France, avec une grande renommée au sein de la scène hardcore, mais aussi à l’international. « On a signé chez The Artery Foundation, c’est une super grosse boite de management américaine, et chez Avodado Booking récemment aussi qui est une très grosse agence de booking. » Passionné, Marty Degenne est prêt à tout pour réussir. Mais il garde un « côté réaliste qui sait que ça peut ne pas arriver, qu’il y a de grandes chances que ça n’arrive pas. » Malgré son talent, « rien n’est jamais sûr à 100%. » La musique est présente dans sa vie depuis toujours. « Mes parent ont toujours été des fans des Rolling Stones, des Beatles, Led Zeppelin etc… du coup j’ai toujours tout écouté, jusqu’à
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Marty Degenne est un jeune artiste tatoueur et chanteur de metalcore parisien. Agé de 23 ans, il se consacre à ses deux passions : le tatoo et la musique.
ce que je découvre le nu metal. » Il s’est ensuite tourné vers des musiques plus « extrêmes », qui lui correspondaient mieux. « Linkin Park a été une révélation pour moi, et depuis je me suis naturellement orienté vers du plus hardcore. » Cela reste avant tout une passion pour lui, et il tient à le rappeler : « On préfère faire ce qu’on aime, et tant que ça marche c’est que du bonheur, que du positif, on prend un max de ce qu’on peut avoir. On profite ! » Et Marty sait ce qu’il veut ! S’il en a l’occasion, il compte bien garder pour ses deux passions une place centrale dans sa vie. « Le truc ultime ça serait vraiment de pouvoir, si mon groupe
marche, utiliser sa notoriété pour ouvrir moimême des shops de tatoos aux states ou des trucs comme ça. » Projet ambitieux, mais pas tant que ça. « J’en parlais avec le guitariste de Bring Me The Horizon. Il est pas tatoueur mais il manage un shop de tatoo aux states, et entretemps il est musicien pro. Ça serait génial entre deux tournées de revenir tatouer. » Avenir difficile, mais tant recherché. « J’ai pas l’espoir que ça ne se fasse pas donc j’ai pas le choix ! » Marty Degenne a son idée de l’avenir dont il rêve, et il s’y accroche. « Ma vie c’est tatoo et musique. Je ne veux rien faire d’autre ! »
Nicolas Raulin
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Concours
GAGNE LE 1ER EP D’EYES OF VERONA, « THE FIGHT » ! En attendant la sortie de son album, Eyes Of Verona te fait gagner son premier EP, « The Fight ». Trois exemplaires sont en jeu.
FIN DU CONCOURS :
Dimanche 16 MARS
Pour participer, envoie ton nom à :
ROCKINDREAMS@HOTMAIL.COM
Rockin’ Dreams Magazine Numéro 5 - Février 2014 Rédacteur en chef : Nicolas Raulin Rédacteurs : Lola Frichet-Perrignon, Cécile Parise, Léa Pfeiffer, Sandra Lefetz, Paty Alberq Chroniqueurs : Margaux Sachsé, Gaelle Le Pemp Photographes : Louise de Rodenas, Romain Harel, Guy Lissens, Manon Sarda Graphistes : Kathy Barbier, Melodie Archambault
Web : http://www.rockindreams.com/
Contact : rockindreams@hotmail.com
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