NUMERO 6 - AVRIL 2014
LA JEUNE SCENE ROCK FRANCAISE
TWIN TWIN OH YEAH
CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK!
MOFO PARTY PLAN
BALINGER
HOME MOST DAYS
Y Z Z VOX FU
MERGE DEPUTIES NINE O’ NINE
THOMAS ALBERT FRANCISCO
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S CONCOUR ANA PIX
© Eric Dessons
SOMMAIRE
3 : News
10/11 : Chroniques : - Home Most Days - Thomas Albert Francisco - Deputies - Nine O Nine
4 : Mofo Party Plan à Clermont 5/7 : (Couverture) Le coup de chapeau de Fuzzy Vox
11 : Concours
8/9 : Chunk! No, Captain Chunk! supportent Merge pour la sortie d’« Elysion »
12 : Lumière Sur... Balinger
Rockin’ Dreams Magazine Numéro 6 - Avril 2014
Rédacteur en chef : Nicolas Raulin Rédacteurs : Cécile Parise, Sandra Lefetz, Romain Harel Chroniqueurs : Gaelle Le Pemp Photographes : Louise de Rodenas, Romain Harel, Kathleen Bousiquier Graphistes : Kathy Barbier, Melodie Archambault © Photo couverture : Kathleen Bousiquier
Web : http://www.rockindreams.com/
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Contact : rockindreams@hotmail.com
© DR
NEWS
Représentent la France à l’Eurovision 2014 OH YEAH ! Les TWIN TWIN ont été sélectionnés pour représenter la France à l’Eurovision 2014. Le single « Moustache » a remporté les pré-sélections face à la chanteuse Joanna et au boys-
band Destan dimanche 2 mars. Le groupe parisien participera aux demi-finales le 6 mai, pour espérer représenter la France en direct de Copenhague le samedi 10 mai 2014. Romain Harel
Kizym, la musique « sans intermédiaire » Kizym est une plateforme musicale gratuite pensée par Lionel Montillaud, auteur compositeur. Ouverte depuis le 1er février, elle met l’artiste et ses créations au cœur de l’équation. Aujourd’hui, « plus de 80 % des artistes sont indépendants ou liés à un label indé. Partager sa musique n’est pas tellement un problème. » La réelle difficulté réside dans la visibilité à grande échelle. Le site a donc pour but de dévoiler les talents indépendants et a déjà recensé, depuis son ouverture, 60 inscriptions d’artistes qui trouvent enfin la plateforme qui leur correspond. Se pose la question de la vente et du droit d’auteur. Le fondateur de Kizym explique la simplicité du système : « Lors de la mise en ligne d’un album, l’artiste choisit d’appliquer un copyright ou une des six licences creative commons qui fixent les degrés de droits de partage ». L’artiste fixe également le prix de vente et a le contrôle total de ses contenus. Pas de
présélection, tout musicien peut s’inscrire, tant que le titre est soumis au format CD. L’auditeur peut quant à lui acheter, soutenir ou partager la musique. Pour l’instant, 100% du prix de vente va directement sur le compte paypal du musicien. « L’idée n’est pas de pointer du doigt les Majors, simplement d’avoir conscience qu’elles ne produiront pas tout le monde ». La découverte est donc favorisée, le soutien de la création prend le pas sur l’industrie, le tout dans un contexte de vente et de partage facilité. « Quand le système change, doucement les habitudes changent », et Kizym espère jouer ce rôle d’initiateur du changement, dans un contexte où les rapports artistes-public sont de plus en plus difficiles. Cécile Parise
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PHOTO-REPORTAGE
Mofo Party Plan sous les tropiques
© Photos : Romain Harel
Les nîmois de Mofo Party Plan ont enflammé le Baraka de ClermontFerrand le 15 Mars dernier, avec leur tropical rock rappelant Two Doors Cinema Club, Foals ou encore LCD Soundsystem. Délivrant des sonorités 80’s remises au goût du jour, Mofo Party Plan est assurément un groupe à suivre.
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DOSSIER
© Louise de Rodenas
FUZZY VOX
Great Boule Noire on fire ! Vendredi 28 février, le groupe du 94 Fuzzy Vox faisait la release party de son premier album « On Heat » devant une Boule Noire affichant complet.
« It’s time for action ! » Après les groupes powerpop Departure Kids et rockabilly Howlin’ Jaws en premières parties, le powertrio du 94 investit la scène avec son supertube « 1789 », sélectionné par Hollywood Chewing Gum pour sa nouvelle campagne publicitaire. Fuzzy Vox a décidé de faire les choses en grand pour la release party de son premier album « On Heat ». Devant une Boule Noire totalement remplie, le groupe enchaîne des tubes rock ‘n’ roll et powerpop taillés pour le live comme « Man of Solution » ou « Dying Town ». La ballade pop « She’s On Her Period (again) » ne manque pas de faire sourire, tandis que le probable futur single « Vibrator » fait l’unanmité, « I wanna be, I wanna be your vibrator » scandé par tout le public. Les fans de la première heure peuvent également appré-
cier quelques titres issus du précédent EP « Technicolor », comme « Hurricane », « I’ll Be Gone » ou même le titre éponyme « Technicolor ». Après une superbe performance de près d’une heure, le trio revient sur scène sans la vraiment la quitter pour un rappel. Fuzzy Vox lance alors sa reprise powerpop de Jerry Lee Lewis avec sa version de « Great Balls of Fire » sans piano et tellement énergique. On retient également le slam du chanteur Hugo, chantant en surfant sur le public, et la reprise endiablée de « You Can’t Judge A Book By The Cover » du pionnier rock ‘n’ roll Bo Diddley avec les Howlin’ Jaws. Fuzzy Vox prouve encore une fois son talent en live et se hisse toujours plus haut au sein des espoirs rock français. Rendez-vous dans 10 ans, à Bercy. Nicolas Raulin
DOSSIER
Fuzzy Vox, les « Rois de la débrouille » ! Totalement autoproduit, le groupe de Joinville Fuzzy Vox sort son premier album «On Heat », mixé par Pelle Gunnerfeldt (The Hives, Refused...). Rencontre.
© Louise de Rodenas
Comment avez-vous décroché ce contrat avec Pelle Gunnerfeldt ? Ça s’est passé de façon très simple. On était en train de réfléchir pour la production du nouvel album et on voulait monter d’un cran, rentrer un peu plus dans le milieu professionnel, et on voulait quelqu’un de réputé aux commandes. On en avait plusieurs en tête, on les a tous contactés et Pelle Gunnerfeldt a été un des premiers à répondre. Il était super emballé il avait écouté les chansons qu’on venait d’enregistrer et il avait trouvé ça vraiment cool. On a enregistré toutes les chansons dans le studio d’un pote à nous à Romainville, dans le 93, comme avec « Technicolor », pendant l’été 2013. On a chacun des boulots à côté donc on pouvait pas se permettre de bosser pendant deux mois sur l’album, ça s’est fait un peu de façon urgente. On a toujours bossé un peu comme ça dans l’urgence et c’est ce qui fait qu’il y a une cer-
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taine spontanéité dans l’album. On a jamais le temps, on a jamais tout, donc on fait tout très vite. Mais ça se passe bien et au final les chansons sont ce qu’elles sont donc ça va. L’album sonne vraiment très pro grâce au mixage et au mastering de Gunnerfeldt. On a aussi passé beaucoup de temps sur les prises en pré-prod, on a même enregistré certains titres qui ne se sont pas retrouvés au final sur l’album.
personne, alors pourquoi signer sur un label alors qu’on est déjà presque un label à nous tous seuls ? On a notre propre truc de booking, on presse nousmême nos albums, on les produit, on a un studio où les enregistrer, on a liberté totale sur la direction artistique et production, on a notre camion, notre avocat… On a pas besoin de label finalement. Après la question c’est « qu’est-ce que vous nous apportez de plus ? » Moi je suis pas contre dans l’absolu, mais faut que ce soit vraiment intéressant pour nous. Et puis au-delà de ça y a aussi l’humain. C’est primordial que les gens avec qui on travaille soient exactement sur la même longueur d’onde que nous.
En totale auto production, comment avezvous financé le mixage avec Gunnerfeldt ? Avec tous les concerts qu’on a accumulés après « Technicolor », on a passé plus ou moins un an à tourner, on a amassé un peu d’argent donc on avait un budget pour le mixage. Evidemment ça a coûté un prix, il n’a pas fait ça gratuitement. Par contre, c’est pour ça qu’il y a pas énormément de chansons sur l’album. Mine de rien chaque chanson coûtait un certain prix. On aurait bien voulu en mettre un peu plus mais on n’avait tout simplement pas le budget. Mais on est vraiment très fiers et les chansons sonnent super bien.
Pourquoi avez-vous choisi « 1789 » en ouverture de l’album ? C’est vraiment pour foutre une grosse claque dès le départ. C’est une chanson très courte et elle est vraiment rentre dedans, y a un riff qui est ultra fort dès le début, et moi j’aime bien quand j’écoute un album que la première chanson soit vraiment énorme. Et c’est LE titre « Hivesien » de l’album. C’est ce qui nous a permis d’avoir cette synchro avec Hollywood Chewing Gum, parce que ça sonne Hives. C’est aussi une manière d’assumer, on a beaucoup misé notre comm sur le mixage par le mec des Hives donc voilà quand tu lances ton vinyle la première chanson on assume.
Et comment gérez-vous de si grosses tournées sans label ? C’est notre manager. C’est vraiment du boulot de fourmi. Tu commences par trouver un concert dans un tout petit club, là un mec te remarque et te dis la prochaine fois je vous fais jouer à tel endroit. Ensuite salle deux fois plus grande, deux fois plus de monde, et ainsi de suite. Et comme ça partout. C’est marrant parce que la première tournée y a deux ans dans le sud on avait fait 4 dates on avait perdu 300€, là on a fait 15 dates européennes et on est revenu avec à peu près 700€. On s’est rôdés, on a nos habitudes, on a notre camion. Faut être les rois de la débrouille. Depuis le début on a toujours fonctionné en indépendants, on a jamais eu besoin de
Justement, comment avez-vous décroché la pub Hollywood ? En fait ça a été fait par le biais de la Wam, c’est la branche son de Publicis, c’est ceux qui s’occupent de l’illustration sonore des publicités. Il y a des fans du groupe là-bas et ils nous ont fait savoir qu’Hollywood voulaient les Hives pour leur nouvelle pub mais pas le budget. Du coup ils ont proposé Fuzzy Vox, et un jour en branchant Youtube on a vu un making-of de la pub et derrière on a entendu notre titre.
Hugo Fabbri, chanteur et guitariste.
Vous êtes-vous inspirés de sujets particuliers dans l’écriture de cet album ? Oui. « Vibrator » par exemple. Un jour j’ai dormi chez une amie que j’aimais pas mal et je me disais qu’il pourrait peut-être se passer quelque chose. On commence à parler de cul concrètement et là d’un coup elle me montre son vibromasseur et me dit « voilà moi c’est ça que j’utilise je couche pas avec des mec… » Donc j’ai trouvé ça marrant et je me suis dit que je pourrais écrire une chanson là-dessus. « She’s On Her Period
Chapeau bas ! (again) » c’est le contraire. On est des potes de Moodoïd (NDLR : groupe pop parisien), et un jour y avait une soirée chez le chanteur, et il y avait le chanteur de Kill The Young. Il était complètement déchiré, et sa meuf est partie en disant « t’es trop bourré je me casse ». Le mec il nous regarde et il dit « Whatever, she’s on her period ». On a tous éclaté de rire, et moi j’avais ma gratte dans les mains et deux trois accords alors pour faire marrer les gens j’ai commencé à jouer « She’s on her period… » et c’est venu de là. « Let Me Ride » est la dernière chanson à avoir été enregistrée et c’était assez festif. On entend une grosse voix à la fin, c’est notre manager qui dit « That sounds great, guys ! » Mais je pense qu’on peut dire que « Crumb of my Heart » est notre morceau préféré. C’est vraiment la chanson qui a le plus de personnalité. Et donc, ça nous paraissait normal de la mettre en dernière. Est-ce que ça serait pas la transition vers le prochain ? Peut-être… Pour l’instant on a un rythme d’enregistrement, tous les étés on enregistre, parce que je suis en vacances, qu’on a du temps. Et moi cet été je suis assez chaud pour enregistrer un nouvel album, voire quatre albums… Toujours dans cette démarche de franchir une nouvelle étape !
Nicolas Raulin
Le trio powerpop et garage Fuzzy Vox dévoile son premier album « On Heat » mixé par Pelle Gunnerfeldt (The Hives, Refused...). Quelle claque ! On est loin du précédent EP « Technicolor » sorti fin 2012. Fuzzy Vox a franchi une étape, et ça se sent. « 1789 » lance cet album sur les chapeaux de roues. Avec ce son si « Hivesien », le titre est aujourd’hui devenu l’hymne du groupe et la bande son de la pub Hollywood Chewing Gum. S’ensuit le titre plus rock ‘n’ roll « Man of Solution » et son solo déjanté. Ultra efficace en live ! « Dying Town » apporte un peu de fraîcheur avec un son powerpop survolté, à l’instar de « Vibrator », qui surprend avec de fortes sonorités « Strokesiennes » très bienvenues. Mais Fuzzy Vox a plus d’une corde à sa guitare, et décoche avec brillo sa ballade « She’s On Her Period (again) ». La très nerveuse « Let Me Ride » ou l’entraînante « Ruby Heart Stealer » témoignent encore, si besoin l’en est, de l’aptitude de Fuzzy Vox à faire sonner ses guitares. « Crumb of my Heart » conclue cet album avec une touche powerpop plus nuancée,
et apporte une vraie touche personnelle au disque. « On Heat », album huit titres définitivement trop court, est une réussite totale. Fuzzy Vox se hisse par un coup de génie entre The Hives et Téléphone. Chapeau bas ! Nicolas Raulin
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© Louise de Rodenas
DOSSIER
REPORTAGE
Merge fait un carton avec « Elysion » Vendredi 21 février, les adeptes de la jeune scène française s’étaient donné rendez-vous à la Flèche d’Or. L’occasion pour Merge de présenter leur album « Elysion » et de convaincre les personnes qui découvraient la formation parisienne. 19h30. La salle de concert se remplit doucement, tandis que certains préfèrent profiter de la nuit parisienne en fumant une cigarette. Le groupe qui ouvre les festivités est The Earl Grey. Faire l’ouverture d’un concert n’est jamais une tâche aisée, mais c’est sans compter sur l’énergie et les ondes positives qu’envoient Alexandre, le chanteur, et ses musiciens. Malgré les problèmes de micros, récurrents dans la soirée, et un set très court, la formation n’a plus à faire ses preuves. On sait que leur passage sera réussi. On quitte la France pour arriver en Espagne. Dawn Of The Maya vient pour la première fois en France. Avec des breakdowns omniprésents, le groupe dénote avec le reste de la soirée. Un désavantage certes, mais la formation espagnole ne s’est pas laissée impressionner et a livré un set carré et efficace. Malgré des guitares un peu trop fortes, Dawn Of The Maya a trouvé de nouveaux adeptes au sein du public parisien et semble ravi de ce premier contact avec la France. Une voix digne d’un Disney C’est au tour du groupe anglais Violet de faire son entrée sur scène. La brutalité du groupe Dawn Of The Maya laisse la place au son progressif et beaucoup plus posé de la formation anglaise. On note que la voix du chanteur, Jordan Samuel, ressemble plus à celle d’un prince de Disney qu’à celle d’un chanteur de groupe de rock. Cependant, c’est cette excentricité qui fait la particularité de ce groupe. Si la formation a déroulé un set bien maitrisé et a convaincu le public par sa bonne humeur et ses titres comme « Perspectives » ou « The Brightside », certaines per-
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sonnes présentes dans la salle ont manqué de respect au chanteur. Un comportement que l’on retrouve encore trop souvent lors de concerts comme celui-ci, malheureusement. Osmose parfaite S’ils ne sont pas la tête d’affiche de ce concert, ce sont tout de même eux les stars de la soirée. Organisateurs de l’Icarus Festival, les Merge viennent confirmer leur statut de groupe pilier de la jeune scène française et défendre leur nouveau bébé « Elysion ». Si on gardait déjà un très bon souvenir de leur dernière prestation, le niveau de leur set de ce soir n’a rien à lui envier. Si le public était resté assez discret jusqu’alors, les fans se réveillent subitement lors de l’apparition de la formation sur scène. Dès les premières notes, les mosheurs prennent leurs quartiers et le public se rassemble devant la scène. On sent la détermination du groupe et l’envie de partager leur joie avec les spectateurs tout au long de leur prestation. Le set est bien rodé, et l’expérience du groupe commence à s’imposer sur scène. Il faut toutefois attribuer une mention spéciale au chanteur, Anthony, pour son énergie et son envie de convaincre. Humanité, modestie et reconnaissance. Trois qualités rares que possède le jeune homme. Il remercie à de nombreuses reprises les fans et leur rappelle que, sans eux, l’histoire du groupe ne pourrait pas s’écrire. En réponse à cela, le public ne manque de lui rendre la pareille et fait au mieux pour être à la hauteur de la presta-
tion de la formation parisienne. L’osmose est parfaite. Chunk s’essouffle C’est sur la chanson « If It Means A Lot To You » du groupe A Day To Remember que les Chunk!, No Captain Chunk! ont décidé d’entrer sur scène. Mais si la formation a livré un set musicalement irréprochable avec une maîtrise indiscutable, leur prestation a de quoi laisser le public sur sa faim. Déjà palpable lors de leur concert à l’Icarus Festival, le malaise du groupe est cette fois clairement visible. Malgré les efforts du chanteur pour communiquer avec les fans (il les a notamment fait monter sur scène lors de « In Friends We Trust »), on sent que l’envie n’y est pas franchement. Pression de jouer à domicile ? On ne sait pas, mais le groupe ne devrait pas oublier que c’est d’abord grâce à son public français qu’il en est là aujourd’hui. On l’attend de pied ferme lors du prochain concert en compagnie de Bury Tomorrow le 17 avril.
Sandra Lefetz
© Kathleen Bousiquier
REPORTAGE
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CHRONIQUES
L’album qui sortait de son reclus Le 5 mars, les Parisiens d’Home Most Days faisaient la première partie d’All Time Low au Cabaret Sauvage. Ils en ont d’ailleurs profité pour sortir leur premier album ce même jour, intitulé « Hermit ». Retour sur ce premier opus. « Hermit » aborde des thèmes comme les sentiments amoureux à travers des déclarations et des déceptions, sans pour autant tomber dans le piège de la chanson démoralisante. Aucune réelle balade ne se fait d’ailleurs entendre sur cet album. Home Most Days est très inspiré du son pop rock américain et on le reconnaît dans des morceaux comme « Back To Me », au tempo rapide et énergique, qui rappelle les années lycée tout comme « Between The Stars ». Mais le mélange pop rock / electro influence aussi ce
groupe comme on peut l’entendre durant « Want You To », qui fait penser au son des canadiens de Faber Drive. Des airs électro sont aussi présents sur « Forever » ou encore dans l’énergique « On The Line ». Malgré des paroles souvent très fleur bleue, Home Most Days ont su nuancer leurs morceaux. En effet, on retrouve un genre à la Panic! At The Disco dans « Sand In My Head » dont on apprécie le rythme saccadé et l’énergie. « Take The Fall » marque également les esprits. Ce morceau est un peu plus doux que les autres sans pour autant perdre son rythme soutenu. On apprécie l’acoustique qui y est mis en avant. Enfin, « Hermit », titre éponyme à l’album, sait sortir du lot avec son instrumentation très pop. Si les styles sont variés, certaines chansons se distinguent aussi un peu grâce à leur thème comme « Fall In The Blanks », qui parle de l’absence d’un proche et du manque ressentit. Un sujet parfois difficile mais abordé ici sans prise de tête. « Last Night » est composé d’un
air sympa, qui rentre facilement dans les esprits. En revanche, il est dommage que les paroles soient si répétitives car la chanson aurait pu être bien meilleure. En somme, « Hermit » est un album plutôt mitigé. On y trouve des morceaux agréables à écouter et très bien rythmés, mais un manque de diversité trop pesant.
G.L.P.
Never back down ou la philosophie d’un bad guy TAF. Thomas Albert Francisco. Trois mots, trois lettres à retenir. Ce jeune nordiste de 21 ans sort son premier EP intitulé « I’m Not A Bad Guy » le 22 avril 2014, enregistré avec Lionel Gaillardin. Cher lecteur, ce franco-belge-espagnol, que vous le vouliez ou non, vous allez en entendre parler. Il gère la guitare acoustique avec beaucoup de talent, propose des textes personnels et des mélodies folk inédites qui accrochent. Son chant saccadé, son grain si particulier et ses mélodies, tant mélancoliques que rythmées, nous obligent à entrer dans son univers. Les thèmes abordés dans « I’m Not A Bad Guy » peuvent permettre au public de se reconnaître, notamment à travers celui de l’étudiant et de ses soirées arrosées. « Student Party » honore à merveille ce sujet puisque ce morceau nous plonge dans l’ambiance des soirées étudiantes, avec une
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impression de sonorités électro. À travers un tempo rapide, Thomas partage des notions telles que la tentation, l’amour non partagé, le mal-être... A travers ce morceau, on boit pour oublier, en surfant entre la langue de Molière et celle de Shakespeare. On pourrait aussi classer « Bad Guy », la première chanson de l’EP presque éponyme, dans cette catégorie. « Help me, I loose myself control ». Le titre résume parfaitement le sujet et on se régale avec cette voix si atypique et ces sonorités folks au caractère bien trempé. Dans un autre registre pas si éloigné que ça, on se délecte de la balade mélancolique « Love After Love » qui nous fait partir dans nos songes. Une chanson apparemment très importante pour Thomas. « Lors de l’enregistrement de ce morceau, Lionel Gaillardin a décidé de garder la première prise, parce que c’était la plus spontanée et la plus sincère. » Mélancolique, mais pas déprimante pour autant, puisque l’instrumentation apporte une certaine fraîcheur très appréciable. Le morceau suivant, intitulé « Paradise », continue à nous faire partir dans des réflexions sur divers sujets avec « I’m lost in my mind », la phrase phare de cette chanson. Parfaite à
écouter posé, cigarette aux lèvres et café à la main. On apprécie également « Never Back Down » qui conclue cet EP avec une mélodie qui pourrait faire penser à Kansas et une façon de chanter à la Renaud. « I’m a looser but I never back down » résume plutôt bien cet EP et confirme, ou non, l’intriguant « I’m Not A Bad Guy ». G.L.P.
CHRONIQUES
Deputies passent la seconde Les Deputies font la loi. Un an après la sortie de leur premier EP « First Date » déjà très remarqué, les quatre parisiens remettent le couvert avec « Honeymoon », leur nouvel EP deux titres. Cette fois-ci, la priorité, c’est le son ! Et en effet, dès les premières notes si dansantes de « Rosa », on peut apprécier la production très largement supérieure au précédent effort. Mixant à merveille mélodies pop et énergie garage, le groupe se fend d’un style très particulier et très entraînant. On peut ne pas aimer l’accent à la française du chanteur Sharif, il est pourtant très diffi-
cile de rester indifférent au son Deputies. Au contraire, beaucoup sont plutôt d’avis que cela contribue au charme et à l’identité sonore du groupe. Chaque avis est défendable. Musicalement, « Honeymoon » reste sans conteste un excellent EP. Le second titre, « Tiger Tiger », apporte la touche de fraîcheur qui manquait sur « Rosa », avec une ligne mélodique épurée et une voix plus posée, ainsi qu’un pont très surprenant marquant une rupture qu’on ne peut qu’apprécier. Avec « Honeymoon », les Deputies ne devraient pas tarder à faire le tour des ondes... N.R.
Les sixities au goût du jour Retour aux racines ! Pour un premier EP, les Nine o’ Nine tapent fort. A cheval entre rock et garage, le groupe de Limoges nous fait voyager, et offre un retour dans les années soixantes dès le premier morceau de « Back To Basics ». La guitare électrique est remise au goût du jour, notamment sur « Make Desire More Accepable », et gérée à merveille sur l’ensemble de l’effort. « 5 3 1 9 0 0 9 » attire aussi le public avec son rock énergique et saccadé. Les cinq chansons de cet EP très prometteur peuvent sembler trop courtes,
mais le garage n’est pas connu pour s’encombrer de fioritures et de morceau à rallonge inutiles. Et les Nine o’ Nine ont bien compris le concept. Mais on veut se défouler en écoutant ces compos vives, et on en redemande. C’est une véritable addiction. La voix du chanteur ne laisse pas non plus de marbre, car elle possède un timbre propre qui n’a rien à envier aux chanteurs de groupes de garage. « Back To Basics » met donc tout le monde d’accord, sur la réussite d’un groupe à suivre. G.L.P.
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LUMIERE SUR...
© Mauro Melis
BALINGER
Depuis la sortie de son premier EP éponyme en 2013, Balinger s’impose dans le paysage musical. Entre pop folk et post rock, le groupe délivre le compromis parfait entre puissance et émotion. Depuis sa formation en 2012, ce groupe de quatre mecs accumule les grosses scènes (Solidays, Printemps de Bourges, Rock en Seine...) et a su tracer sa route et se construire une notoriété montante. En avril 2013, avec la sortie du 1er EP co-produit par Julien Parent et le studio Contrepoint, Balinger devient pour beaucoup LA découverte rock française de l’année. L’engouement est compréhensible. Influencé par Jeff Buckley, Radiohead ou encore Sonic Youth, le groupe est pour beaucoup une révélation. La voix du chanteur est bien particulière, parfois
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douloureuse et nostalgique mais toujours lumineuse et extrêmement entraînante, elle offre une balade mélancolique au travers de morceaux sensoriels. Les titres peuvent être dansants ou planants, et souvent même les deux à la fois. Les guitares électriques aériennes et ronronnantes, la batterie percutante et la basse travaillée construisent des envolées poussant à l’abandon. Les mélodies mystérieuses se mêlent à un rythme effréné, tourbillonnant. En atteste le morceau « Voices », aux airs d’incantations qui vous prend dès les premières notes et appelle les émotions.
Ou bien « Fire Burning » qui, quant à lui, a quelque chose de plus pêchu, moins mélancolique, et pourtant l’effet est identique. On retrouve leurs racines folks dans des titres comme « Reborn Again ». Douceur et force musicale brute sont alternées, et toujours dans l’intensité, ce quatuor maîtrise ses compositions entre rock et pop-folk. Leurs morceaux vous accrochent et ne vous lâchent qu’avec les dernières notes. Et encore... Un groupe à suivre, assurément, pour leur diversité et leur sincérité musicale.
Cécile Parise