Cultures vivantes : une boîte à outils pour développer l’empathie

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CULTURES VIVANTES Une boîte à outils pour développer l’empathie


CULTURES VIVANTES

TABLE DES MATIÈRES Nous tenons à remercier tout particulièrement les artistes suivants qui ont contribué à ce projet : Tim Alfred Kevin Cranmer Rupert Jeffrey Sarah Jim Lynette La Fontaine Doug LaFortune Carolyn Memnook Fran Memnook Travis Peal Virgil Sampson Teresa Vander Meer-Chassé Joslyn Williams

Introduction

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Section s’adressant aux animateurs culturels

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Planification Lancement d’appels de projets Terminologie Diversité des nations autochtones Diversité des formes d’art Sensibilité linguistique Activités permettant d’évaluer la compréhension durant l’expérience du visiteur Bilan du programme

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Pour commencer : avant votre placement Communiquer avec l’organisation Établir des limites Exposer ses œuvres Interagir avec les visiteurs Gérer les conversations difficiles

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Pensées finales

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Section s’adressant aux artistes autochtones

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INTRODUCTION L’art est une forme d’expression qui facilite parfois la création de liens entre les gens et les cultures. Si votre organisation publique envisage de travailler en collaboration avec des artistes autochtones, cette ressource vous aidera à créer, ensemble, un espace favorisant le respect mutuel et la compréhension. Cette boîte à outils est une ressource destinée aux animateurs culturels et aux artistes autochtones (Premières Nations, Métis et Inuits) qui travailleront de concert pour créer des expériences du visiteur uniques. Exemples d’animateurs culturels qui pourraient profiter de cette ressource :

Personnel de musée chargé des formations et de l’éducation Employés des sites du patrimoine Employés des sites culturels Enseignants Autres travailleurs du domaine public

Message aux animateurs culturels : Cette ressource contient des idées pour planifier la création et mettre sur pied un espace respectueux et sûr pour les artistes autochtones au sein de votre établissement. Elle contient également des ressources et des liens vers des sites qui vous fourniront de l’information et des suggestions d’activités favorisant les interactions avec le public.

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Message aux artistes autochtones : Que vous soyez un artiste de la relève ou établi, nous espérons que cette ressource vous sera utile, alors que vous vous apprêtez à vous lancer dans la sphère publique. Vous y trouverez des anecdotes et des conseils d’artistes établis et émergents sur la façon d’interagir avec le public. Bien que les interactions avec le public soient parfois difficiles, elles contribuent également à créer des liens et à favoriser la compréhension.

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SECTION S’ADRESSANT AUX ANIMATEURS CULTURELS PLANIF ICATION

Alors que vous vous préparez à créer un espace et un programme destinés aux artistes autochtones, considérer les éléments suivants :

Planifiez à l’avance Commencez votre planification trois mois à un an avant le début du programme.

Déterminez un point de contact au sein de la nation du territoire où vous êtes Adressez-vous aux bureaux locaux de la bande ou de la nation ; ou à un centre culturel ou patrimonial.

Protocoles

Une rencontre avec le chef et le conseil de la nation de votre région pourrait être utile pour obtenir des conseils et des renseignements sur les protocoles observés. Ne vous découragez pas si le chef et le conseil ne vous répondent pas en raison de leur emploi du temps chargé ; continuez à chercher des membres de la communauté susceptibles de vous conseiller. Lorsque vous aurez bien assimilé les protocoles de la nation locale, réfléchissez à la façon de les adapter à votre programme, sans pour autant vous les approprier. Vous souhaiterez peut-être inaugurer la saison en organisant une cérémonie de bienvenue ; celle-ci devra être menée par des membres de la communauté locale.

Raison d’être

Qu’il s’agisse de combattre le racisme, de multiplier les échanges culturels, etc., les visées de votre programme doivent être claires.

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Désignez une personne-ressource, sur place, chargée d’assister et de soutenir les artistes et d’entretenir de bonnes relations avec les nations locales.

Prévoyez d’offrir une forme de rétribution ou un cadeau aux artistes et aux membres de la communauté ayant contribué à la planification et à la mise en œuvre de votre programme. Votre organisation dispose-t-elle d’un consultant responsable des questions autochtones susceptible de vous conseiller sur la question de la reconnaissance territoriale et sur la manière d’entrer en contact avec les artistes de la communauté ? Menez vos propres recherches afin de démontrer aux artistes votre volonté de connaître leurs pratiques et leurs protocoles, tout en puisant dans leur expertise dans le cadre d’un processus collaboratif.

Lorsque vous réfléchissez à la raison d’être de votre programme, considérez les éléments suivants :

Quelle est la nature du programme ? Qui est le public cible ? Quels sont les résultats attendus ? Comment mesurer ou évaluer les résultats visés ou attendus ?

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LANCEMENT D’APPELS DE PROJETS

Si votre organisation publique compte créer un espace ou un atelier interactif en collaboration avec des artistes autochtones, vous devrez lancer un appel aux artistes. Vous pouvez le faire par votre site web, vos réseaux sociaux, ou en plaçant des annonces au bureau de la Première Nation ou des centres culturels de votre localité. Lors de la mise en place de votre processus de recrutement, rappelez-vous que les artistes susceptibles d’y répondre seront issus de milieux divers et complexes. Éléments à considérer : Le formulaire doit prévoir un champ ou le candidat spécifiera son nom d’artiste et les pronoms qui le définissent. Tous les candidats n’ont peut-être pas accès à un ordinateur. Offrez aux candidats un service d’aide téléphonique avec la procédure. Optez pour un document PDF ou Word dans sa forme la plus simple. Assurez-vous que le processus de recrutement est bref et concis. Si peu de candidats répondent à l’appel, ne vous découragez pas, il sera probablement nécessaire de répéter les affichages. Plutôt que de lancer un appel à tous, vous pourriez plutôt inviter un à trois artistes à participer au programme.

Orientation

Une fois que les artistes auront rejoint le programme, vous voudrez organiser une séance d’orientation à leur intention. Cette séance leur permettra de faire connaissance, de se familiariser avec l’espace, de remplir les formulaires requis (p. ex., les autorisations pour les photos) et de rencontrer les animateurs et les autres membres du personnel auxquels ils auront affaire pendant la durée du programme. Ce sera aussi l’occasion de leur présenter la personne sur place qui veillera à répondre à leurs questions ou à tout autre besoin. Si vous êtes un musée, ce pourrait être une excellente occasion de faire découvrir aux artistes vos collections et vos expositions.

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TERMINOLOGIE

Lors de vos interactions avec le public, vous constaterez rapidement que les expériences de chacun vis-à-vis des peuples autochtones sont différentes : certains connaissent l’histoire complexe de ces peuples, d’autres en connaissent très peu. Compte tenu de ces différences, la terminologie utilisée par les visiteurs pour désigner les populations autochtones peut varier. Ce lien vous fournira une liste exhaustive de la terminologie couramment utilisée : https://indigenousfoundations.arts.ubc.ca/terminology/ (en anglais seulement)

Dans le cadre de votre travail avec le public, vous constaterez que certaines personnes s’adresseront aux artistes et aux employés en usant de termes désuets. Profitez de telles situations pour expliquer aux visiteurs que ces termes ne sont plus en usage au Canada et qu’ils sont offensants pour les peuples autochtones, compte tenu du lourd bagage discriminatoire qui leur est associé. Poursuivez en présentant les termes, tels qu’« autochtone », qui font maintenant partie de l’usage courant. Assurez-vous que votre organisation fait preuve de cohérence terminologie. Les termes acceptés devraient être clairement définis, et les textes des panneaux et le langage des employés devraient refléter ces choix.

Activités pour établir des liens Associer chaque terme à sa définition Fournissez aux visiteurs des journaux ou des documents, historiques et récents, où figurent les différents termes utilisés au cours de l’histoire pour désigner les autochtones. Utilisez ces exemples pour montrer aux visiteurs de quelle façon la terminologie a évolué au fil du temps ; expliquez le contexte historique entourant le choix d’un terme plutôt qu’un autre, et comment certains de ces termes étaient utilisés pour décrire les peuples autochtones.

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Demandez aux visiteurs de classer les journaux et les documents en ordre chronologique de parution en fonction des termes utilisés.

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DIVERSITÉ DES NATIONS AUTOCHTONES

Premières Nations

Les visiteurs vous questionneront peut-être sur les différentes Premières Nations de la Colombie-Britannique. À cet effet, le First Peoples’ Cultural Council [FPCC] a créé une carte qui permet au public de se familiariser avec les langues et les territoires traditionnels des différentes nations et communautés autochtones de la C.-B. Il est essentiel que vous connaissiez les nations du territoire où se trouve votre organisation ou votre ville. Carte du First Peoples Cultural Council : maps.fpcc.ca (en anglais seulement)

Inuits

Apprenez à connaître la culture et les perspectives uniques des communautés inuites. Ressources relatives aux Inuits : www.itk.ca (en anglais seulement)

Métis

Vous devriez également connaître le peuple et les cultures Métis. De nombreuses régions comptent des Métis, notamment les communautés à charte, qui sont des organisations politiques offrant des services à leurs citoyens et aidant leurs membres à trouver une communauté. Ressources relatives aux Métis : www.mnbc.ca (en anglais seulement) indigenousfoundations.arts.ubc.ca/metis (en anglais seulement)

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DIVERSITÉ DES NATIONS AUTOCHTONES (a continué)

Bispirituel

Le terme « bispirituel », en usage dans certaines communautés autochtones, englobe l’identité culturelle, spirituelle, sexuelle et de genre. Il témoigne de la compréhension complexe des rôles sexuels et de la spiritualité, ainsi que de la longue histoire de la diversité sexuelle et de genre dans les cultures autochtones. La mission et les rôles spécifiques attribués aux personnes bispirituelles sont propres à chaque nation.1 Ressources relatives aux personnes bispirituelles : www.phsa.ca/transcarebc/gender-basics-education/terms-concepts/two-spirit

(en anglais seulement)

Activités pour établir des liens

Associez les styles et les techniques à la nation dont ils émanent Devinez combien la Colombie-Britannique compte de nations ou de langues autochtones Créez un casse-tête à partir de la carte de la Colombie-Britannique où chaque pièce représente une nation différente

« Two-Spirit. » Provincial Health Services Authority - Province-Wide Solutions. Better Health., www.phsa.ca/transcarebc/gender-basics-education/terms-concepts/two-spirit.

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DIVERSITÉ DES FORMES D’ART

Chaque nation travaille des matériaux différents, utilise des techniques différentes et possède des styles traditionnels uniques. Il arrive cependant que ces éléments se recoupent d’une nation à une autre ; et, de nombreux artistes modifient ces éléments traditionnels afin de mieux se les approprier. Pour en savoir plus sur les différentes nations et leurs formes d’art traditionnel et contemporain, effectuez des recherches à l’aide de mot-clé, à partir des principaux moteurs de recherche, tels que Google ou Yahoo. NATION/COMMUNAUTÉ + AUTOCHTONE + FORMES D’ART

Exemples :

Salish de la côte + autochtone + formes d’art Déné + autochtone + perlage

Le site des Archives de la Colombie-Britannique offre également de nombreux exemples des différentes formes d’art de la Colombie-Britannique. Visitez leur site web au : search-bcarchives.royalbcmuseum.bc.ca/?_ga=2.246164420.1985333535.15850750 20768167763.1562714594 (en anglais seulement)

Conseils pour effectuer une recherche dans le site des archives de la Colombie-Britannique : royalbcmuseum.bc.ca/help/atom/atom-manual-2.4.pdf?_ga=2.246164420.198533353 5.1585075020-768167763.1562714594 (en anglais seulement)

Le First Peoples’ Cultural Council a également créé une ressource dynamique pour vous aider à trouver des artistes, des organisations et les événements autochtones dans votre région. Carte du First Peoples’ Cultural Council Art : maps.fpcc.ca/art (en anglais seulement)

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SENSIBILITÉ LINGUISTIQUE

Certains visiteurs vous questionneront peut-être sur les langues autochtones. Ils pourraient également questionner les artistes sur les langues de leur nation et présumer qu’ils peuvent les parler, ou prétendre qu’ils devraient en être capables. Il est important de souligner aux visiteurs que la langue peut être un sujet délicat pour les membres des peuples autochtones. La perte de leur langue maternelle qui leur a été infligée par le colonialisme et les séjours dans les pensionnats autochtones a encore aujourd’hui des répercussions profondes sur ces peuples. Cependant, il est tout aussi important de préciser que ces langues n’ont pas pour autant disparu, et que de nombreux efforts sont mis de l’avant pour les revitaliser. Les visiteurs voudront peut-être en savoir plus sur les efforts de revitalisation linguistique déployés aujourd’hui, particulièrement dans votre région. Voici quelques ressources relatives à la revitalisation des langues : www.fpcc.ca/language (en anglais seulement) www.ictinc.ca/blog/what-you-need-to-know-about-indigenous-language-revitalization

(en anglais seulement) www.firstvoices.com (en anglais seulement)

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SENSIBILITÉ LINGUISTIQUE (a continué)

Activités pour établir des liens

Invitez des locuteurs et des apprenants de la langue locale qui pourront renseigner les visiteurs sur place.

Affichez des panneaux contenant des phrases simples ou des mots (p. ex., bonjour, merci, au revoir) dans la langue autochtone parlée par les peuples locaux, ou par les nations d’origine des artistes. Voyez si la nation locale dispose d’enregistrements en ligne, accessibles au moyen de codes QR, sur la façon de prononcer les mots des panneaux. Vous pourriez aussi écrire la transcription phonétique des mots directement sur le panneau (pour ce faire, consultez des locuteurs de la langue). Intégrez à l’exposition des images et des noms d’animaux ou de plantes (p. ex., corbeau, orque, aigle, etc.) susceptibles de figurer dans les œuvres des artistes dans la langue autochtone locale. Jeu de Scrabble en continu : fabriquez ou utilisez un tableau de jeu de Scrabble et invitez les visiteurs à former des mots dans la langue autochtone locale. Prévoyez un dictionnaire ou une liste de mots dans la langue locale que les visiteurs pourront utiliser. Préparez des tuiles où figurent les lettres de l’alphabet et les accents spécifiques aux langues autochtones locales.

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ACTIVITÉS PERMETTANT D’ÉVALUER LA COMPRÉHENSION DURANT L’EXPÉRIENCE DU VISITEUR

Les liens qui se tissent entre les visiteurs et les artistes autochtones sont puissants. Pensez à mettre en place des activités qui vous permettront d’évaluer la progression de la compréhension des visiteurs au fil de leur expérience. Voici quelques idées et exemples de telles activités :

Activité de recherche d’objets

Placez un objet à l’extérieur de l’atelier, que les visiteurs découvriront avant même de commencer la visite et de rencontrer les artistes. Demandez-leur d’observer l’objet et de deviner à quoi il sert (vous pourriez écrire les réponses reçues sur des notes autocollantes).

Invitez ensuite les visiteurs à entrer dans l’atelier, où ils en apprendront plus sur les différents objets, outils et formes d’art. Au moment de quitter les lieux, les visiteurs revisiteront l’objet observé au départ et l’animateur leur demandera s’ils sont maintenant en mesure de l’identifier et de dire à quoi il sert.

Activité de recherche

Créez un « mur des merveilles » sur lequel les visiteurs pourront écrire leurs questions. Vous pourriez également écrire une question sur le mur (p. ex. : « Pourquoi les peuples autochtones ont-ils choisi d’orner les objets ordinaires ? ») Invitez les visiteurs à écrire leurs idées de réponse sur le mur et encouragez-les à parler avec les artistes, à poser des questions et à découvrir la réponse à la question par eux-mêmes.

Activité de comparaison d’outils

Dans le cadre d’une animation, comparez les outils traditionnels aux outils modernes servant à accomplir une même tâche. Demandez aux visiteurs d’associer les outils du passé à leurs équivalents modernes.

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BILAN DU PROGRAMME

À la fin du programme, les animateurs, les organisateurs et les artistes voudront se réunir pour discuter du programme et l’évaluer. Ce sera l’occasion pour les organisateurs de recueillir les précieux commentaires des artistes autochtones — cette rétroaction pourrait être utile, non seulement au programme, mais à votre établissement dans son ensemble. Éléments que vous voudrez aborder : Réaffirmez les résultats attendus définis en début de programme. Évaluez le programme par rapport à sa raison d’être et aux résultats obtenus. Vos objectifs ont-ils changé au fil du programme ? Avez-vous atteint vos objectifs ? Comment pourriez-vous améliorer votre programme afin d’atteindre vos objectifs ? Recueillez les commentaires des artistes. Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré pour la prochaine fois ? Quels ont été les points forts ? Discutez de la logistique du programme : les points positifs et ceux qui pourraient être améliorés, en ce qui a trait notamment à l’entreposage, aux horaires, etc. Les artistes peuvent hésiter à vous faire part des difficultés qu’ils ont rencontrées ; assurez-vous qu’ils se sentent suffisamment à l’aise pour le faire. » Vous pourriez les questionner sur leurs attentes à l’égard des futurs artistes. Comment créer un environnement propice à un dialogue ouvert : Fixez un moment qui convient aux deux parties et convenez mutuellement des thèmes abordés lors de la discussion. Les organisateurs devraient faire connaître à l’avance aux artistes les questions qu’ils leur poseront. Cela leur permettra de réfléchir au contenu de leurs réponses, et à se sentir prêts à partager leurs impressions. Accordez d’abord la parole aux artistes — ceci incitera les organisateurs à écouter, avant de proposer d’éventuelles solutions pour les séances à venir. Les organisateurs doivent être réceptifs à la critique et veiller à ne pas user d’un langage défensif.

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SECTION S’ADRESSANT AUX ARTISTES AUTOCHTONES POUR COMMENCER : AVANT VOTRE PLACEMENT

Processus de recrutement

Au moment de planifier leur programmation, chaque organisation aura sa façon bien à elle de solliciter les artistes. Pour en savoir plus sur les occasions et les programmes offerts par les organisations publiques, consultez leurs sites web et leurs médias sociaux. Vous pouvez également vous adresser au bureau local de la nation, puisque les organisations sont encouragées à y faire de la publicité. Certaines organisations pourraient vous demander de soumettre des photos de vos œuvres, ou un portfolio. Pensez à joindre quatre ou cinq photos de vos œuvres à votre demande, afin que l’organisation puisse se faire une idée de votre style, de vos techniques et des matériaux que vous travaillez.

Biographie

L’organisation avec laquelle vous collaborerez vous demandera probablement de rédiger votre biographie, qu’elle partagera avec les visiteurs au moyen de panneaux ou de dépliants publicitaires. Conseils pour la rédaction de votre biographie : Votre biographie devrait compter entre 100 et 150 mots. Précisez votre nation d’appartenance ou votre héritage culturel. Précisez depuis quand vous œuvrez en tant qu’artiste. Précisez le style et les techniques qui vous caractérisent. Expliquez pourquoi et comment vous vous êtes lancé dans cette carrière. Mentionnez toutes les distinctions reçues ou les projets spéciaux auxquels vous avez participé. Vous pourriez également vouloir inclure une photo de vous à votre biographie.

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COMMUNIQUER AVEC L’ORGANISATION

Que vous soyez un artiste de la relève ou plus expérimenté, il se peut que ce soit la première fois que vous collaborez avec une organisation publique. Bien que l’organisation vous ait peut-être initialement contacté par courriel, il est essentiel de lui indiquer le meilleur moyen de communiquer avec vous. Points que vous voudrez aborder avec les organisateurs avant votre placement : Obtenir les coordonnées de la personne-ressource au sein de l’organisation Modalités de paiement Accès au stationnement Accessibilité — avant votre placement, vous voudrez informer les organisateurs de tout accommodement ou aide supplémentaire dont vous pourriez avoir besoin (p. ex., rampe d’accès, toilettes adaptées, etc.) Disponibilité de certaines installations nécessaires à votre travail, notamment un évier, une pièce d’équipement spécialisé, une prise électrique Horaire des pauses et des repas ; où se procurer de la nourriture Entreposage des matériaux et des fournitures Emplacement des toilettes, y compris des toilettes non genrées Ce que vous devez apporter et ce que l’organisation fournit (nappe, chaises, etc.) Allocation quotidienne pour la nourriture et le stationnement Si vous souhaitez être accompagné d’une autre personne pour vous soutenir Afin de créer un environnement de travail positif pour tous, il est essentiel d’entretenir une communication ouverte avec la personne-ressource sur place.

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ÉTABLIR SES LIMITES

Comme vous le feriez dans tout autre milieu de travail, il est essentiel que vous établissiez des limites à respecter durant votre participation au programme. Il peut arriver que l’organisation qui vous embauche vous en demande plus que ce qui avait été convenu au départ ; par moment, vous pourriez même vous sentir « tokénisé ». Bien que de nombreux programmateurs soient conscients des problèmes liés au tokénisme, et que des recherches sur cette pratique sont en cours, il peut arriver que vous y soyez tout de même confronté.

Établir ses limites

Les limites établies par chaque artiste du programme découlent d’un choix personnel. Le niveau de confort de chacun est différent : si vous voyez un artiste participer au programme d’une façon qui vous rendrait mal à l’aise, cela ne veut pas dire que vous ayez à le faire. D’entrée de jeu, précisez ce que vous êtes à l’aise de faire, afin d’établir clairement les attentes et les résultats escomptés. Par ailleurs, sachez que vous pouvez modifier vos limites en tout temps, à mesure que vous comprendrez et que vous vous familiariserez avec le programme. Conseils des artistes : « Fixer des limites est beaucoup plus facile quand vous « Souvenez-vous que vous connaissez l’histoire de la culture dont notre forme d’art pouvez dire “non, c’est trop émane, c’est le fondement ou l’ancrage à mon avis... Tout ça de travail” ou “je ne suis vous apprend à valoriser votre travail, qui est une discipline pas intéressé”. Ce n’est pas de pointe qui doit être reconnue comme telle. Lorsque toujours facile, car vous vous travaillez au sein d’autres organisations, vous fixez ne voulez offenser personne, des limites en fonction de l’appréciation que vous avez de mais vos limites sont vous-même et de vos créations. » importantes. » —Kevin Cranmer —Joslyn Williams « Si vous sentez que quelque chose cloche, prenez du recul et réfléchissez à ce que le problème pourrait être. » —Joslyn WIlliams

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EXPOSER SES ŒUVRES

Vous voulez créer une exposition accrocheuse et pertinente qui attirera le public vers votre espace de travail. Conseils pour la conception de votre espace d’exposition : Incluez une plaque où figure votre nom ou celui de votre entreprise. Ayez des cartes de visite à portée de la main. Si vous publiez vos œuvres en ligne, installez un panneau où figure le pseudonyme que vous utilisez sur les médias sociaux ou l’adresse de votre site web. Affichez des panneaux précisant s’il est permis ou non de prendre des photos. Exposez des pièces complètes. Vous voudrez exposer des pièces plus volumineuses qui sauront attirer l’attention des visiteurs. Pensez à exposer des pièces que le public pourra toucher. Remarque : si certaines pièces ne doivent pas être touchées, accompagnez-les d’un panneau « Veuillez ne pas toucher. » Donnez du relief à votre espace en superposant vos œuvres. Placez certaines pièces plus en hauteur sur des boîtes, de façon à ce que les objets ne soient pas tous posés à plat sur la table. Évitez de placer des objets au bord de la table, puisque les gens qui passent devant votre table risquent de les heurter. Conseils des artistes : « Si vous exposez des estampes, rendez-les plus visibles en les plaçant sur des supports. » —Virgil Sampson

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« Préparez un album photo de vos œuvres que les visiteurs pourront feuilleter. Cela vous permettra de retenir les visiteurs à votre table et d’entamer plus facilement une conversation avec eux. » —Sarah Jim

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« Faites de votre mieux pour apporter des touches soignées à votre espace d’exposition, mais assurez-vous de ne pas le surcharger ni l’encombrer. » —Sarah Jim


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EXPOSER SES ŒUVRES (suite)

(à droite) Les œuvres de Sarah Jim (W̱SÁNEĆ) s’inspirent des plantes indigènes. Pour mieux l’expliquer aux visiteurs, elle intègre à son espace d’exposition des fiches sur les plantes indigènes. (en dessous) Naomi White (Tsimshian) agrémente son espace d’exposition de mannequins, de vases et de panneaux.

Leslie McGarry (Kwagiulth) suspend une couverture à boutons achevée, pour mieux partager son travail avec le public.

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INTERAGIR AVEC LE PUBLIC

Travailler avec le public implique que la majeure partie de votre temps sera consacrée à interagir avec les habitants et les touristes. Plusieurs d’entre eux seront ravis d’admirer vos œuvres et d’en apprendre davantage à propos de vous et de votre art. Conseils pour vos interactions avec le public : Apportez des pièces complètes dont vous pourrez discuter et utiliser comme exemples de votre travail. Plusieurs visiteurs vous interrogeront sur votre processus créatif, vous pourriez avoir à répondre aux mêmes questions plusieurs fois par jour. Si vos créations sont destinées à être commercialisées, certains visiteurs pourraient vous demander s’ils ont le droit de les porter. Expliquez-leur que vos oeuvres sont destinées aux marchés commerciaux et que tout un chacun a le droit de les porter. Les visiteurs, tout particulièrement les enfants, aiment toucher ce qu’ils voient. Prévoyez d’exposer une ou deux pièces qu’ils pourront toucher. Les visiteurs adorent se faire raconter des histoires. Préparez quelques anecdotes à propos de vous ou du projet sur lequel vous travaillez. Le cas échéant, essayez de parler de votre histoire et de votre culture. Conseils des artistes : « Raconter des histoires à « Durant ma participation à l’atelier estival des arts propos de vos œuvres incite autochtones du Musée royal de la C.-B., j’ai animé un atelier le public à s’y attacher de fabrication de tambours. Cette activité m’a permis de émotionnellement. Raconter partager avec le public et les touristes des informations des histoires mène à sur nos traditions et nos philosophies — ce qui constituait d’autres discussions et une part importante du programme. C’était vraiment favorise l’établissement de bien de voir que le fait d’apprendre directement des artistes liens avec les visiteurs. » suscitait un réel intérêt chez les gens. » —Sarah Jim —Virgil Sampson

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INTERAGIR AVEC LE PUBLIC (suite)

Conseils des artistes : « J’aime partager des histoires à propos de mes mentors et de la façon dont les enseignements se sont transmis de génération en génération. Cela permet au public de constater à quel point ces enseignements remontent à loin dans le temps. » —Virgil Sampson « Bien souvent, les artistes se concentrent uniquement sur leur travail ; veillez à amorcer des conversations avec les visiteurs. » —Doug LaFortune

« Lorsque vous êtes en contact avec les gens, ces derniers se chargeront de votre publicité par le bouche-àoreille — commentant la façon dont vous les faites se sentir, si vous leur avez parlé de vous-même, de votre « J’aurais aimé apprendre à parler plus ouvertement et culture et de la signification de vos œuvres. Beaucoup de à ne pas être aussi nerveux gens reviennent me voir parce à propos des sujets que que j’aime instruire. » j’abordais plus tôt dans —Virgil Sampson ma carrière. Il suffit d’être soi-même et les gens seront intéressés. » —Doug LaFortune

« Apprenez tout ce qui a trait à votre lignée « Certains visiteurs peuvent parcourir un et à votre histoire. Une grande partie de musée et ne voir que des exemples d’objets mes œuvres est directement liée à qui je suis. archaïques ; ils ne verront pas la personne Un travail puissant est un travail auquel qui les a créés. Vous êtes en mesure de leur vous êtes intimement lié. » montrer que ce qu’ils voient est un art qui —Kevin Cranmer vit et qui respire. » —Kevin Cranmer

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INTERAGIR AVEC LE PUBLIC (suite) Virgil Sampson (Tsarlip et Nez Percé) anime un atelier de fabrication de tambours et discute avec de jeunes spectateurs.

Doug LaFortune (Tsawout) explique comment il utilise ses outils de sculpture.

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GÉRER LES CONVERSATIONS DIFFICILES

« Nous sommes tous descendants de peuples prospères et exceptionnels. Ne laissez personne affirmer le contraire. » —Kevin Cranmer Travailler avec le public est gratifiant, mais peut aussi mener à des discussions portant sur des sujets difficiles. Vous rencontrerez des gens du monde entier, issus de cultures différentes et dotés de niveaux de compréhension variés. Conseils pour gérer les conversations difficiles : Invitez vos interlocuteurs à en apprendre davantage en visitant le site culturel où vous vous trouvez (p. ex., les galeries du musée ou les salles d’exposition). Vous pourriez leur dire : « C’est peut-être ainsi que vous l’avez compris, mais cela ne correspond en rien à mon expérience », ce qui pourrait vous amener à partager votre point de vue. Beaucoup chercheront à provoquer une réaction ; faites de votre mieux pour ne pas tomber dans le panneau et déclencher la polémique escomptée. Si la situation dégénère, contactez le coordinateur de programme, un employé ou la sécurité. Conseils des artistes : « Soyez le mieux informé possible — sachez qui vous êtes et d’où vous venez. » —Sarah Jim

« Très souvent, pour moi, cela se résume à des expériences de vie. J’ai vécu le racisme depuis l’âge de 5 ans. Dès que nous avons appris à distinguer le bien du mal, nous avons dû faire face au racisme. On le rencontre suffisamment souvent pour savoir le reconnaître presque immédiatement. Par exemple, lorsque les gens adoptent « Si vous vous sentez en une attitude passive agressive, ou font semblant d’être danger, prévenez les artistes ignorants. Vous pouvez alors amorcer une conversation, autour de vous. Sachez que ou, si vous sentez qu’elle risque de prendre une tournure vous êtes entouré d’alliés. » négative, vous pouvez les ignorer ou simplement vous —Sarah Jim éloigner. Retirez-vous de la situation afin d’éviter de dire des choses que vous pourriez regretter. » —Virgil Sampson

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GÉRER LES CONVERSATIONS DIFFICILES (suite)

Conseils des artistes : « Côtoyez les aînés et apprenez qui vous êtes. Se connaître soi-même, connaître son histoire et d’où l’on vient est toujours d’un énorme secours. » —Kevin Cranmer

« J’étais à un marché aux puces un jour et cet homme plus âgé était grossier avec un vendeur à qui il proposait un prix dérisoire pour sa marchandise. Cela m’a énervé, mais je me contentais de regarder. Le vendeur, lui, ne s’est pas énervé, il a simplement dit : “Non merci, mais merci pour la proposition”. Cela m’a vraiment fait comprendre que, quoi qu’il arrive, il est toujours préférable de demeurer poli que de réagir avec colère. » —Doug LaFortune

« Il n’est pas rare de voir ressurgir les vieilles idées reçues. Les gens vous regardent de haut et pensent qu’intellectuellement vous serez incapables de leur répondre. Si vous vous connaissez et connaissez l’histoire de ce pays, vous n’avez rien à craindre, car tout ce que vous avez appris est vrai. » —Kevin Cranmer

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« En tant qu’artiste et en tant qu’autochtone, vous avez le droit de ne pas répondre aux visiteurs qui vous posent des questions trop personnelles. » —Teresa Vander Meer-Chassé


CULTURES VIVANTES

PENSÉES FINALES

(au-dessus) Jesse Campbell (Métis et Cri) partageant ses estampes tout en dessinant. (à droite) Jesse Campbell (Métis et Cri) s’affairant à peindre un motif.

En encourageant le dialogue et en nourrissant la curiosité et la compréhension du public à travers de belles et de puissantes œuvres, l’art peut paver la voie à la réconciliation. Pour que ces expériences enrichissantes puissent avoir lieu, elles doivent se dérouler de manière à resserrer les liens, plutôt qu’en répétant les anciennes pratiques coloniales susceptibles de dépouiller les artistes autochtones de leurs pouvoirs et de leurs droits. Le but de ce guide est de vous fournir les outils et les informations nécessaires à la réussite de votre programme. Que vous soyez organisateur, programmateur ou artiste, nous espérons que cette boîte à outils vous a aidé, alors que vous prenez part à un important programme d’échanges culturels. Nous espérons également que tout au long de la planification, de l’organisation et de votre participation au programme, vous êtes parvenu à créer des relations équitables, puissantes et durables qui vous aideront dans tous les aspects de votre travail. Huy steep q’u (Merci)

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Cultures vivantes : Une boîte à outils pour développer l’empathie


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