Littoral corse, une flore emblématique

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Littoral corse Une flore emblématique

Plages, chaos rocheux, falaises, maquis, mares éphémères… En Corse, ce sont autant de milieux riches botaniquement parlant que nous vous proposons de découvrir dans ces pages.

En Corse on retrouve 6 principaux étages de végétation. C’est la flore particulièrement riche de deux d’entre eux qui nous intéresse ici : l’étage méso-méditerranéen recouvrant les deux tiers de l’île et l’étage thermoméditerranéen, présent sur une grande partie de la

côte ouest. Ce dernier, au regard de sa superficie est de loin le plus riche. Les étages supérieurs (alpin, subalpin, montagnard et supra-méditerranéen) sont plus pauvres, même si le taux d’endémisme peut y atteindre les 43 %. Ils pourront faire l’objet d’un article dans un prochain numéro.

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Par Flavien Saboureau, botaniste. Toutes les photos sont de l’auteur. Flavien Saboureau

Le front de mer et les plages

Les plages de Corse subissent d’énormes pressions anthropiques, que ce soit par les activités de loisirs ou l’introduction d’espèces envahissantes (Carpobrotus edulis par exemple). Malgré tout, une flore psammophile* très riche s’y développe.

Matthiola tricuspidata

Plante de la famille de la bourrache, protégée nationalement, elle se reconnait grâce à ses fruits à 3 pointes. Elle est très souvent accompagnée de Medicago marina, Silene sericea, Sporobolus pungens, Glaucium flavum, Pancratium maritimum, Eryngium maritimum, Elytrigia juncea ou encore de Rumex bucephalophorus subsp. gallicus

De par sa rareté et les actions de conservation mises en place, est l’espèce emblématique des plages corses. Elle est représentée par 2 sous-espèces sur l’île. La sous-espèce valinchoana, est une endémique Corse localisée au sud-ouest de l’île, la sous-espèce crispa quant à elle, endémique cyrno-sarde (voir encadré), est exclusivement connue de 2 plages du Sud-Est.

Les protections misent en place pour Anchusa crispa sont positives pour d’autres plantes patrimoniales tel que le cumin couché (Hypecoum procumbens), une étonnante Papavéracée aux fleurs dimorphes qui est en forte régression, Malcomia ramosissima, Polygonum maritimum, Achillea maritima, Euphorbia peplis, Pseudorlaya pumila, Linaria flava subsp. sardoa (cyrno-sarde) ou encore Cyperus capitatus

Sur les plages du sud de l’île, il n’est pas rare de croiser quelques espèces comme Senecio transiens (cyrno-sarde), Galium verrucosum subsp. halophilum, qui se reconnait grâce à ses fruits de grande taille, Polycarpon tetraphyllum subsp. alsinifolium, Daucus carota subsp. commutatus ou encore l’astérocarpe à feuilles spatulées (Sesamoides spathulifolia), une très belle Résédacée dont les fruits étoilés expliquent le nom vernaculaire.

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Anchusa crispa Malcomia ramosissima Matthiola tricuspidata Cyperus capitatus Polygonum maritimum Pseudorlaya pumila Anchusa crispa subsp. valinchoana Senecio transiens Galium verrucosum subsp. halophilum Hypecoum procumbens

Nananthea perpusilla

Bien qu’elle ne soit pas la plus impressionnante, elle est l’espèce emblématique de ce milieu. Cette petite Astéracée protégée, endémique cyrno-sarde, a la particularité de ne presque jamais arborer de ligule chez certaines populations corses. Elle fait partie de ces espèces paléo-endémiques, par son isolement taxonomique (genre monospécifique) et géographique ainsi que par son origine très ancienne (tertiaire).

Helicodiceros muscivorus

C’est là également, entre les chaos, que l’on peut espérer trouver et photographier l’impressionnant arum mange-mouches. Cette Aracée protégée, également présente en Sardaigne et aux Baléares, dévoile dès le printemps une énorme fleur au spathe pourpre et à l’odeur répugnante. Elle s’apparente à la plus connue serpentaire commune (Dracunculus vulgaris) Elle est parfois accompagnée d’une plante assez ubiquiste mais bien présente dans ce type de milieu, Aristolochia rotunda subsp. insularis, endémique de Corse.

Chaos rocheux

Sous les chaos rocheux de front de mer, on peut trouver une flore très particulière, adulée par de nombreux botanistes. Les plantes sont souvent à l’ombre des rochers, parfois à la mi-ombre, et l’hygrométrie y est plus élevée.

Pancratium illyricum

Dans les chaos rocheux du littoral, mais aussi plus haut en altitude, on observe régulièrement l’emblématique lys d’Illyrie. Il se distingue de son cousin des sables (Pancratium maritimum), plus connu, par sa paracorolle* nettement moins évasée et ses larges feuilles non tordues en spirale.

Asplenium marinum

Habituellement très rare dans le bassin méditerranéen, cette doradille est ici bien présente en compagnie de Cymbalaria aequitriloba, une linaire partagée avec l’île voisine de la Sardaigne, que l’on peut aussi trouver dans les terres.

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Nananthea perpusilla Cymbalaria aequitriloba Asplenium marinum Aristolochia rotunda subsp. insularis Pancratium illyricum Helicodiceros muscivorus

De la plage au maquis

A la transition entre le maquis et la plage, lorsque l’on s’éloigne du front de mer, apparaissent d’autres taxons. Cette zone de transition, très sableuse et érodée, est plus stable que la plage. La mer ne montant pas jusqu’ici, les ligneux peuvent commencer à s’installer.

A proximité du maquis, la ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius), le genêt de Corse (Genista corsica) et la lavande papillon (Lavandula stoechas) sont bien représentés. Majoritairement ubiquistes, sont souvent présentes dans ce milieu Glebionis coronaria, Linum strictum, Allium roseum, Paronychia argentea, une Caryophyllacée aux grandes bractées scarieuses*, P. echinulata, Silene gallica, Bellium bellidioides, Anthemis maritima, Trifolium stellatum, Valantia muralis, une étonnante Rubiacée aux fruits cornus, Linum trigynum, Moraea sisyrinchium, un petit iris qui s’ouvre seulement lorsque le soleil est à son zénith - je n’ai malheureusement pas eu la chance de le voir s’épanouir -, Pallenis maritima ou encore 2 belles Orobanchacées hémiparasites des Poacées, Bartsia trixago et Parentucellia latifolia Parfois on peut rencontrer une passerine ligneuse typique de par son port pleureur, Thymelaea hirsuta.

Au sud, l’évax de Corse en est sans aucun doute l’un des plus emblématiques taxons. Cette magnifique Astéracée cyrno-sarde est des plus géométriques. Ses capitules sont fortement serrés au milieu des feuilles rondes, lui donnant un aspect de coussinet. Il se rapproche de F. pygmaea qui est bien moins dense et dispersé sur tout le pourtour méditerranéen. Ces 2 espèces forment un groupe bien différent des autres Filago de la flore française, qui était auparavant connu sous le nom d’Evax

Serapias

Orchidées dont font partie la classique Serapias lingua, et la plus rare S. cordigera, abondante dans certains coins de l’île. S. parviflora, rare sur le continent, mais parfois commune sur l’île, se trouve plus souvent dans les pelouses humides ou les clairières des maquis.

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Bellium bellidioides Allium roseum Paronychia argentea Bartsia trixago Filago tyrrhenica Filago tyrrhenica Serapias parviflora Serapias cordigera

Dans les zones humides d’arrière-plage, bien souvent saumâtres, on peut observer le troscart de Barrelier, Triglochin barrelieri. Il fait partie de la famille méconnue des Juncaginacées (à ne pas confondre avec les Juncacées !). Elle est exclusivement connue, en France, par 4 espèces du genre Triglochin. C’est, entre autre, dans ces milieux que l’on peut malheureusement observer la cotule pied-de-corbeau, Cotula coronopifolia, une plante sud-africaine, introduite, en pleine expansion et qui commence à faire des ravages dans certains coins de l’hexagone.

Le maquis, qui, à l’inverse de la garrigue, se développe sur sol silicieux est un biotope, difficilement pénétrable typique de la méditerranée. Les cistes dominent le paysage. Plusieurs espèces y sont présentes. Cistus salviifolius et Cistus monspeliensis, à la floraison blanche, sont parfois parasités par Cytinus hypocistis, aux racines suçoirs, alors que C. creticus et C. albidus, à la floraison violette, sont plutôt parasités par Cytinus ruber, plus rare. Ces plantes parasites qui faisaient autrefois partie de la famille des Rafflesia, celle des Rafflésiacées, font aujourd’hui partie de leur propre famille, celle des Cytinacées. On y observe également :

Dans le sud de l’île, sous le couvert du maquis, Gennaria diphylla, une orchidée bien connue des orchidophiles, peut-être débusquée malgré sa discrétion. Les dalles siliceuses affleurantes les plus exposées sont généralement dominées par une strate lichenique et bryophytique, mais certaines d’entre elles peuvent aussi héberger le fameux sedum d’Angers, Sedum andegavense, qui principalement méditerranéen est connu aussi dans quelques stations du Massif Armoricain, où il a été décrit (environs Angers). Non loin, on observe parfois le magnifique orpin bleuâtre, Sedum caeruleum, localement abondant en Corse, seul endroit où il peut être observé en France.

Bonifacio, l’originale

Tout au sud de la Corse, Bonifacio fait exception d’un point de vue géologique et floristique. A elle seule, la ville et ses entourages renferme 90 % des zones calcaires corses, la région de Saint-Florent au Nord en héberge le reste. Ainsi certaines espèces ne se trouvent qu’ici en Corse :

• Astragalus terracianoi, vicariante* cyrno-sarde de l’emblématique astragale de Marseille (Astragalus tragacantha),

• Limonium bonifaciense et L. obtusifolium

La salsepareille, ou herbe aux schtroumpfs, car bien que certaines parties ne soient pas comestibles pour nous c’est le met favori des petits bonhommes bleus.

Osyris alba

Une Santalacée (famille du gui) hémiparasite à fleurs dioïques,

• Ophrys corsica, l’ophrys de Corse, espèce discutée qui diffère, entre autre, de la plus commune Ophrys lutea par sa plus petite taille.

et Melomphis arabica, on peut observer la rare et impressionnante férule d’Arrigoni (Ferula arrigonii), une cyrno-sarde classée vulnérable sur la liste rouge de l’Union Internationale de Conservation de la Nature.

Stachys glutinosa, cette cyrno-sarde donne, entre autres, son odeur si particulière au maquis. Et bien d’autres : Simethis mattiazii au filet d’étamines poilu typique, Genista corsica (cyrno-sarde), Arbutus unedo, Phyllirea angustifolia, Erica arborea, Myrtus communis, Pistacia lentiscus, Tuberaria guttata, Lavandula stoechas, Teucrium marum...

C’est aussi sur ce calcaire que l’on peut trouver l’une des plantes cyrno-sardes les plus emblématiques, une autre paléo-endémique au genre monospécifique, la morisie enfouissante (Morisia monanthos, syn. M. hypogaea). Sur la liste rouge, elle est protégée à l’échelle nationale. A la manière de l’arachide (Arachis hypogaea), cette très belle crucifère a la particularité d’enterrer ses fruits après avoir réalisé sa floraison à l’air libre. Elle fait donc un type de géocarpie appelée hystérocarpie. Lathyrus amphicarpos, rare méditerranéenne exclusivement connue à Bonifacio sur l’île, est quant à elle dite amphicarpe car seule une partie de ses fruits murissent dans le sol. Dans la vieille ville, en compagnie de 2 exotiques, Artemisia arborescens

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Triglochin barrelieri Smilax aspera Smilax aspera Osyris alba Cytinus hypocystis Sedum andegavense Sedum caeruleum Ophrys corsica Morisia monanthos Limonium obtusifolium Astragalus terracianoi

Les mares temporaires

Au milieu de ces maquis, on tombe parfois sur un biotope très particulier, typique de la région méditerranéenne : les mares temporaires, dont le cycle d’exondation est de plus en plus précoce compte-tenu des chaleurs de plus en plus fortes. Ces milieux de grand intérêt patrimonial abritent des espèces rares, très discrètes, en voie de régression pour la plupart. On peut y observer plusieurs espèces d’isoètes. Ces fougères (sensu lato) ancestrales, toutes protégées dans notre pays, ont une allure de jonc. A la base de leurs frondes, appelées « sporophylles », on observe des mégaspores, des spores visibles à l’œil nu. L’ornementation de ces spores permet d’identifier les différentes espèces, mais comptetenu de leur protection (interdiction de prélever une sporophylle), on en reste désormais au genre lorsque l’on a pas les autorisations nécessaires.

Ces mares temporaires, temple du minuscule, hébergent d’autres espèces très rares, qui ne dépassent pas le centimètre : Pilularia minuta, Elatine brochonii Moins discrète, on peut y observer la magnifique romulée de Requien, Romulea requienii, cyrno-sarde.

Illecebrum verticillatum, une des plus étonnantes Caryophyllacées qu’il m’ait été donné de voir, à cause de ses sépales spongieux, peut y être abondante. Plus que jamais d’actualité, le minuscule pourpier d’eau du Dniepr (fleuve se jetant dans la mer Noire après avoir traversé l’Ukraine), Lythrum borysthenicum, y prospère aussi en compagnie de Sesamoides spathulifolia, Baldellia ranunculoides, Eudianthe laeta, Bellis annua, Oenanthe globulosa, Helosciadium crassipes, Radiola linoides, Juncus pygmaeus, quelques Gentianacées comme Cicendia filiformis et Centaurium maritimum ou encore la renoncule de Revelière, Ranunculus revellierii, endémique dans l’hexagone (Var et Corse). Les bryophytes ne sont pas en reste dans ces milieux car c’est l’habitat préférentiel des Riccia, ces minuscules hépatiques à thalles qui ne font que quelques millimètres.

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Cicendia filiformis Romulea requienii Elatine brochonii Bellis annua Isoetes sp. Ranunculus revelieri Eudianthe laeta

Les falaises et les talwegs

Les falaises qui surplombent le front de mer sont colonisées par des espèces typiques.

Cyrno-sarde, le magnifique bec-de-grue de Corse, Erodium corsicum, en est le plus emblématique représentant. Il est parfois accompagné de Frankenia laevis, une petite plante qui a sa propre famille, celle de la famille monogénérique des Frankeniacées. En Corse, ces milieux sont souvent colonisés par des statices, des saladelles (Limonium spp.), ces plantes de la famille des arméries (Armeria spp.) ou des dentelaires (Plumbago spp.), à la floraison tardive, sont représentés par 16 taxons dont 11 espèces sont strictement endémiques de l’île.

Les anciens talwegs au nordouest de l’île, qui se jettent en mer, sont colonisés par des plantes endémiques ou sub-endémiques de grand intérêt patrimonial : Acis longifolia, la nivéole à longues feuilles, Amaryllidacée à l’unique fleur en clochette, Aristolochia tyrrhena, aristoloche cyrno-sarde quasi exclusivement présente en Corse. Sortis des talwegs, les falaises de l’étage thermo-méditerranéen, très sèches, sont colonisées par plusieurs fougères comme la chélanthès de Madère, Allosorus pteridioides, dont les sores sont protégés par une pseudo-indusie (limbe de la fronde replié vers l’intérieur), ou encore Anogramma leptophylla, la seule fougère annuelle de la flore française. En dessous, les surplombs sont peuplés de l’euphorbe en arbre, Euphorbia dendroides, qui fait son cycle reproductif en hiver et perd ses feuilles en été pour contrer les effets de la sécheresse. C’est dans ces milieux que l’on peut trouver une magnifique graminée, Lamarckia aurea, parfois en compagnie de Phedimus stellatus, un ancien Sedum

La flore corse en quelques chiffres

• 2 238 taxons (dont 1 987 espèces) indigènes,

• 132 taxons strictement endémiques à l’île de beauté

• 5,9 % c’est le taux d’endémisme en

Compte-tenu de leur reproduction bien souvent apomictique*, de nombreuses espèces comme Limonium lambinonii (endémique des îles Lavezzi) ou L. portovecchiense (endémique de Porto-Vecchio), sont des micro-endémiques. D’autres, comme L. articulatum ou L. contortirameum, sont plus dispersées. D’autres espèces comme Crithmum maritimum, Spergula macrorhiza, Helichrysum italicum subsp. microphyllum, Camphorosma monspeliaca, Mesembryanthemum crystallinum ou Halimione portulacoides peuvent être trouvées en leur compagnie.

Corse (majorité des espèces endémiques de métropole)

• 78 taxons exclusivement présents en Corse et en Sardaigne (espèces cyrno-sardes)

Quelques définitions utiles

Apomictique : désigne une plante qui produit des graines sans fécondation. Paracorolle : ensemble des stipules des pièces du périanthe, soudées entre elles, formant une seconde corolle à la base des tépales chez les Amaryllidacées.

Psammophile : qualifie une plante vivant

naturellement sur un substrat sableux. Scarieux : se dit d’un organe écailleux, coriace, sec et semi-transparent. Souvent utilisé pour décrire les bractées / involucres de certaines espèces. Vicariant : qualifie 2 taxons se substituant l’un à l’autre dans des aires géographiques distinctes.

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Limonium lambinonii Erodium corsicum Euphorbia dendroides Aristolochia tyrrhena Acis longifolia Allosorus pteridioides

Quelques botanistes corses du XXème et XXIème siècle

1957), un poitevin, était également fin connaisseur de la flore de l’île. Il emmagasina 25 000 à 30 000 échantillons d’herbier qui ont été légués au conservatoire botanique de Genève en 1996. J. Gamisans, encore une fois, lui a dédié un taxon endémique de l’île, Herniaria latifolia subsp. litardierei, après que J. I. Briquet lui ai dédié Aquilegia litardierei quelques décennies plus tôt.

Plus récemment ce sont Daniel Jeanmonod, Alain Delage (qui a récemment décrit Echium montenielluense), Guilhan Paradis (qui a récemment décrit Anchusa crispa subsp. valincoana et Lamium cyrneum), Laetitia Hugot, et bien d’autres, qui contribuent activement à l’amélioration des connaissances taxonomiques de la flore de Corse.

Jacques Gamisans (1944-2015) était reconnu comme l’un des meilleurs connaisseurs de la botanique corse, avec plus de 162 publications liées à la flore de l’île. Il a pu décrire 32 taxons, dont 9 espèces et le fameux érigeron de Paoli (Erigeron paolii), dédié au célèbre libérateur corse.

Par ses descriptions, il a aussi su mettre en lumière des personnalités mythiques de l’île de Beauté. Par exemple, il a dédié Hippocrepis conradiae à Mme Marcelle Conrad. Cette éminente botaniste corse (1897-1990) avait découvert cette plante quelques années plus tôt. Elle a su vulgariser la flore corse à la fin du XXéme siècle. De la même manière, Georges Rouy (1851-1924) a dédié en 1903 un œillet endémique du littoral nord-ouest corse, Dianthus gyspergae, à Madame Gysperger, qui l’avait découvert quelques temps plus tôt. Il a beaucoup collaboré avec le jardin botanique de Genève où il a légué son herbier de 11 000 planches en 2002. Pour finir, il a co-écrit, avec Daniel Jeanmonod, « Flora Corsica » (1), aujourd’hui la flore de référence en Corse.

Avant lui, le grand maitre de la flore de Corse était John Isaac Briquet (1870-1931), un suisse, ancien directeur du Jardin botanique de Genève. Certaines endémiques corses lui ont été dédiées comme celle décrite par J. Gamisans, l’adénostyle de Briquet (Adenostyles alpina subsp. briquetii). C’est lui qui initia le prodrome (2) de la Flore de Corse (1910-1913), poursuivit par R. Verriet de Litardière, puis J. Gamisans et D. Jeanmonod.

A la même période, René Verriet de Litardière (1888-

(1) « Flora Corsica » 2ème édition (première édition : 2007), Daniel Jeanmonod et Jacques Gamisans, 1074 p., 2013, SBCO.

(2) exposé préliminaire à l’étude d’une science, en particulier l’introduction à un traité d’histoire naturelle.

En mémoire des anciens botanistes

Le troscart de Barrelier (Triglochin barrelieri) a été nommé, par Jean-LouisAuguste Loiseleur- Deslongchamps (1774-1849), cicontre en l’honneur de Jacques Barrelier (16061673), un médecin qui s’est consacré à la botanique. Il a découvert plus d’une centaine d’espèces nouvelles sur le pourtour méditerranéen. Par ailleurs, une plante orophyte endémique de Corse, Draba loiseleurii, rend hommage à Jean-Louis-Auguste Loiseleur-Deslongchamps luimême. Romulea requienii fut dédiée à Ernest Requien (1788-1851). Ce naturaliste avignonnais, éminent botaniste, paléontologue et malacologue, constitua un herbier, contenant beaucoup de plantes corses, qui est, aujourd’hui, l’un des plus importants de l’hexagone. Elatine brochonii rend hommage à Henri Brochon (18331896), avocat de formation. Il l’avait découvert dans une mare temporaire de Gironde. La renoncule de Revelière, Ranunculus revellierii a été dédiée à Eugène Revelière (1822-1892), botaniste et entomologiste Saumurois. Il a herborisé sur l’île au milieu

du XIXième siècle avant de sortir un catalogue des plantes vasculaires corses en 1872. Limonium lambinonii a été nommée ainsi en l’honneur de Jacques Lambinon (1936-2015), botaniste belge, principal auteur de la « Nouvelle flore de la Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg, du nord de la France et des régions voisines ».

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Triglochin barrelieri Anchusa crispa subsp. valincoana

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