Revivification urbaine et architecturale de l'ancien quartier juif, DJERBA - TUNISIE

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DEDICACE À la lumière de mes jours, Ma chère mère, Sophia, qui a attendu avec patience les fruits de sa bonne éducation, en vous je vois la maman parfaite, toujours prête à se sacrifier pour le bonheur de ses enfants. Et Mon cher père, Houcine, le trésor de ma vie, l’épaule solide et la personne la plus digne de mon estime et mon respect. C’est vous qui m’a indiqué la bonne voie, en vous je vois un père dévoué à sa famille. À mon frère Wicem pour les souvenirs d’une enfance agréable et unique.. À ma petite beauté Yasmine si douce et si fragile, je vous aime tant... À Bibi ; mon ami, mon frère et mon tout, merci d’être toujours à mes côtés, merci pour ton amour, ton soutien et ta patience... À vous qui ne pourriez jamais lire ce livre, Baba lhaj, Omi lhaja À mes grands-parents maternels ; papa Hamadi et maman Martine, à tata Hajer et khali Mounir, à Max et à Nouri. À ma deuxième sœur Nada avec qui j’ai passé toute cette dernière période de préparation de nos deux mémoires, je me souviendrai toujours de toi. À toutes les personnes qui embellissent mes journées par leurs présences et qui rendent mes nuits plus étoilées, je vous suis reconnaissante.

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Remerciement Je commence par louange à « Dieu » le miséricordieux, pour la patience, la compétence et le courage qu’il m’a inspiré pour réaliser ce travail. Au terme de ce modeste travail, j’ai l’honneur d’exprimer mes sincères sentiments de reconnaissance avec ma grande gratitude au directeur de mémoire : Monsieur « Adnène BEN NEJMA», qui a dirigé ce travail avec bienveillance, pour sa disponibilité, pour son aide et pour ses conseils précieux qu’il m’a prodigué au cours de l’élaboration de ce travail. Je tiens à remercier, également Mr « Mouldi CHAABANI », pour la richesse de ses conseils tout le long de la réalisation de cette mémoire. Tous mes remerciements vont à l’ensemble des enseignants de l’ENAU, pour les efforts qu’ils ont déployés durant ces cinq dernières années dans le but de nous assurer une formation de qualité. Merci également à l’équipe technique de l’atelier d’inscription (Asma, Ghada et Amal), L’ASSIDJE, Monsieur Anouar BEN MAIZ de m’avoir fournis les informations nécessaires à l’élaboration de cette étude, Monsieur Khoddhir (un Rabbin) et aux Architecte de la municipalité de Houmt souk Mr Chérif, Mr Boussoffara, Mr Daghfas. Mes vifs remerciements vont enfin aux membres du jury pour l’intérêt qu’ils ont porté à ce rapport en acceptant d’évaluer ce travail et de l’enrichir par leurs remarques, propositions et leurs critiques.

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SOMMAIRE Introduction Problématique Méthodologie PARTIE I : Cadre général I. Aspect Historique et Social......................................................................16 II. Influence de l’Ibadisme sur l’Architecture et le mode d’occupation de l’espace à Djerba..................................................................................17 III. Situation et environnement....................................................................18 IV. Djerba une puissante personnalité : Le mode d’occupation du sol singulier ........................................................................................................22 IV.1. Mode rural .................................................................................24 IV.2. Mode urbain..............................................................................27 IV.3. Conclusion.................................................................................32 V. Présentation du Dossier d’inscription ...................................................33 PARTIE II : Approche théorique : Chapitre I : La valeur des anciens quartiers I.Introduction.....................................................................................35 I.1. Anciens quartiers avant : un lieu de vie...................................36 I.2.Anciens quartiers d’aujourd’hui : support de mémoire collective...........................................................................................37 II.1. La mémoire................................................................................. 37 II.2. Dynamisme perdu...................................................................... 38 Chapitre II : La restructuration urbaine : I. L’espace recréé........................................................................................41 II. La restructuration comme acte de recréation.....................................42 III. Enjeux et objectifs....................................................................................42 IV. Principes d’interventions........................................................................44 IV.1. Les requêtes des espaces publics...........................................45 IV.2. La revitalisation par l’architecture...........................................46 IV.3. La revitalisation par l’évènementiel .......................................47 PARTIE III : Approche Analytique : Chapitre I : Etude du Cas « Hara sghira » I. La symbolique de la « Hara sghira » ; Dighet c’est plus qu’un simple lieu !............................................................................................................... 49 II. Centre ancien de la « Hara Sghira » Hier.............................................. 53 II.1. Naissance, origine et identité ................................................... 53

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II.2. Morphogenèse du quartier « Hara sghira »......................................54 II.3. Analyse du quartier ............................................................................56 A. Composantes urbaines............................................................. 56 A.1. Tissu...........................................................................................57 A.2. Rue/Ruelle............................................................................... 57 A.3. Place/Placette........................................................................59 B. Analyse Urbaine..........................................................................59 B.1. Limites........................................................................................59 B.2. Voies et accessibilités..............................................................60 B.3. Repères.....................................................................................61 C. Analyse fonctionnelle................................................................62 D. Analyse séquentielle..................................................................64 E. Expression architecturale...........................................................66 Synthèse ..........................................................................................69 III. « Hara Sghira » Aujourd’hui..................................................................70 III.1. Du peuple majoritaire au peuple minoritaire ................................70 III.2. Evolution du quartier .........................................................................70 i. Dégradation du tissu dans le domaine privé...........................70 ii. Dégradation du tissu dans le domaine public ........................71 III.3. Enquête socio-économique ............................................................74 Chapitre II : Tentatives de valorisation ..................................................80 3.1. Projets privés ............................................................................81 3.2. Valorisation à travers l’Art ......................................................82 3.3. Limites des tentatives de valorisation ...................................86 3.4. Valorisation participative ......................................................87 Synthèse ..........................................................................................92 Chapitre III : Projets de Référence...........................................................94 I. The Forks Market Food Hall .........................................................95 II. Réhabilitation de la place « Lalla Yeddouna » à Fès au Maroc III. Fil de la ville............................................................................... 104 IV. Synthèse ...................................................................................111 PARTIE IV : Approche Conceptuelle I. Emergence II. Revivification urbaine III. Revivification architecturale 1. Relevé du Marché Municipal................................................. 125 2. Epannelage fonctionnel du Marché Municipal(Existant)....126 3. Le projet dans son contexte....................................................127 4. Essai de dispatching.................................................................133 5. Quelques esquisses de recherche..........................................134 6. Le projet.....................................................................................135

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Introduction

Le développement d’un pays ne peut pas se mesurer seulement en termes de produit national brut. Il se pourrait que l’insuffisance de développement soit due à une mauvaise conception, trop étroitement économique. Ceci explique les recherches d’une «nouvelle croissance», d’un nouveau système de développement qui privilégie une vision introspective1 et à considérer le développement comme un processus devant être amorcé et entretenu de l’intérieur du territoire en tenant compte, bien sûr, du potentiel de ses ressources naturelles et humaines. D’où l’apparition des nouvelles approches conceptuelles du développement (endogène, global, intégré, centré sur l’homme, autosuffisant…local). L’une des actions qui peuvent composer une assise à l’essor socioéconomique intégré est la valorisation du patrimoine qui favorise par ailleurs une diffusion spatiale plus équilibrée du développement. Ce patrimoine n’existe qu’au travers de sa valorisation, et tout territoire à un patrimoine à valoriser, même si ce qui est à valoriser n’a pas la même importance d’un territoire à l’autre. Le patrimoine ne comprend pas seulement les éléments physiques (paysages, biens mobiliers et immobiliers, sites archéologiques..), mais aussi des éléments immatériels (savoir-faire artisanaux, traditions locales, la mémoire collective..). En Tunisie on commence à prendre conscience de l’impact de la valorisation du patrimoine sur le développement du pays. En effet, valoriser un patrimoine ce n’est pas le figer, bien au contraire, c’est l’intégrer dans le dynamisme local afin d’accroitre la valeur ajoutée dans la zone, de créer des emplois et de favoriser le maintien sur place de la population. « La valorisation du patrimoine n’est pas uniquement le support de création de richesse au travers d’activités économiques comme le tourisme. Elle est aussi un moyen pour les territoires de s’identifier et de s’afficher dans le mouvement de concurrence qui les opposent pour attirer et retenir des activités » (Rallet, 2001). L’exemple d’inscription de l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO s’inscrit parfaitement dans cette logique de développement qui considère que la valorisation d’un patrimoine est un levier de croissance pour la région ainsi que pour le pays. Dans le cadre de ce mémoire on va s’intéresser à l’étude d’un bien en cours de classement : le centre ancien de Hara sghira. Et qui devrait être doté d’un plan de gestion.

(1)L'introspection

(du latin « introspectus ») désigne l'activité mentale que l'on peut décrire métaphoriquement comme l'acte de « regarder à l'intérieur » de soi, Wikipédia

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Problématique L’île de Djerba, qui a évolué durant des siècles en équilibre et en harmonie, constitue une entité territoriale dotée d’un particularisme socio-spatial, culturel et cultuel. De part la succession de plusieurs civilisations et l’influence de cultures différentes, une grande richesse patrimoniale s’est constituée et son territoire s’est configuré en se forgeant une forte identité. « ..Au-delà des mythes et des fantasmes Djerba nous livre, à travers l'organisation de son paysage et l'expression de son architecture vernaculaire, un modèle d'intégration phénoménologique d'une grande cohérence. » On parle ainsi d’une singularité territoriale, le type d'occupation du sol dont le caractère essentiel est la dispersion, comme le souligne professeur Ali Djerbi « nul besoin d’un centre aggloméré en rapport à une périphérie dont il exploiterait les ressources, chaque noyau familial ou clanique, occupera une entité spatiale qui comportera à la fois son centre et sa propre périphérie ». D’où on peut bien constater que le mode d’occupation du sol à Djerba et bel et bien diffèrent et unique par rapport à la vielle tradition urbaine. Ce modèle rural, adopté par le Djerbien, est défini par le Professeur Tlatli « c’est une sorte de banlieue urbaine verdoyante, avec ses vergers fleuris, ces maisons blanches et ses chemins poudreux bordés de cactus et d’aloés ». En dehors du modèle rural on retrouve le premier modèle résidentiel urbain de la ‘’Hara Sghira’’ qui fut choisi par la communauté juive pour des raisons de sécurité, en contraste avec le modèle existant (dispersion) cette communauté s’est organisée sous forme d’un prototype de quartier résidentiel compact. C’est une agglomération dense qui ne se limite pas à reproduire l’image des tissus traditionnels qu'on rencontre autour de la Méditerranée, mais bien plus que cela car elle a su créer cette particularité qui la distingue de ces derniers et qui a qualifié ce noyau purement résidentiel ‘d’unique’. C’est entre ouverture et fermeture, conservatisme et intégration que cette population a pu affirmer une identité spatiale qui relève plus du registre du rural que de l’urbain. Une situation qu’elle a su et du conserver jusqu’aux années soixante, avec l’arrivée du nouveau vecteur économique Le tourisme de masse ; l’île s’ouvrait à l’international ce qui donnait forme à son désenclavement physique et économique mais s’était aussi le début d’une dissolution de la spécificité du territoire Djerbien et de ses pratiques accompagnées par une dynamique territoriale synonyme d’une grande atteinte au patrimoine insulaire dans sa double dimension matérielle et immatérielle ce qui a engendré une dynamique identitaire importante. On assiste à la naissance de ces deux phénomènes :

1. La mise en place de centres conventionnels, en opposition au modèle vernaculaire, est également un reflet de la dynamique territoriale et identitaire. (Du rural à l’urbain)

(2)Ali

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Jerbi, « thèse l'architecture de l'île de djerba principes du langage de l'architecture vernaculaire » (2004) , p56


2. L’appauvrissement et la dégradation des noyaux anciens, exemple de la « Hara sghira », dû essentiellement au mouvement migratoire des juifs et du regard des populations sur l’ancien. En effet le cœur de la « hara sghira » est passé d’un lieu de vie dans le quartier d’hier, à un lieu de mémoire noyé dans la cité d’aujourd’hui. Comment réussir à réactualiser ce lieu tant marginalisé et à l’intégrer dans l’ambiance urbaine actuelle ? « La vie humaine renferme à parts égales tradition et création nouvelle. Il est injuste de jeter la tradition à la poubelle en disant que les vieux est obsolète et qu’il convient de le remplacer par du neuf. La continuité est un élément indispensable dans la vie de l’homme. Les villes anciennes peuvent être en parfaite harmonie avec une planification moderne et son interaction avec la nature »3 Comment la réutilisation du patrimoine peut être un espoir de vie de ce lieu et un acte d’adaptation aux besoins de la société d’aujourd’hui ? Les politiques de valorisation des centres anciens sont-elles toujours efficaces ? Ou doit-on penser à tracer de nouvelles stratégies de sauvegarde et de valorisation durable et plus efficace ?

(3).

Alvar Aalto de palabra y por escrito (Alvar Aalto : de l’œuvre aux écrits). El croquis éditorial,2000), p363

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Méthodologie Dans le cadre de ce travail de mémoire d’architecture, nous proposons une réflexion autour du cœur des villes, voire les anciens quartiers qui présentent des richesses à la fois historiques, spatiales, socio-culturelles et économiques. Une telle réflexion nous permet de penser à la revitalisation de ces lieux qui se trouvent aujourd’hui totalement abandonnés. Afin de répondre à cette problématique et pour aboutir à une conception cohérente du projet, nous optons pour la démarche suivante : En premier lieu on aura à présenter le cadre général de l’intervention, l’île de Djerba ; un contexte assez riche et particulier qui se trouve aujourd’hui sérieusement menacé. On exposera la volonté de son classement sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO où la ‘’Hara sghira’’compte parmi les composantes du bien en série concerné par l’inscription mondiale. On aura aussi à interpréter la force des anciens quartiers qui ont perdu leurs dynamismes mais qui continuent d’être un support de mémoire collective. Une telle conscience nous envoie vers la nécessité de revitaliser ces lieux à travers un projet de restructuration visant à les réintégrer dans la ville d’aujourd’hui. On aura à analyser le contexte du centre ancien de la ‘’Hara sghira’’ en s’appuyant sur une enquête socioéconomique et spatiale qui va nous permettre d’orienter notre intervention. Une troisième partie concernera l’étude de quelques projets similaires, à partir des quels on aura à dégager un ensemble de concepts, en étroite relation avec notre problématique, dans l’objectif de cadrer la conception et l'élaboration du projet. La dernière partie du rapport sera consacrée au projet et qui comportera l’ensemble des intentions et un essai d’émergence qui tracera les premières lignes du projet de requalification de ce centre ancien.

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PARTIE I : Cadre général I. Aspect Historique et Social II. Influence de l’Ibadisme sur l’Architecture et le mode d’occupation de l’espace à Djerba III. Situation et environnement IV. Djerba une puissante personnalité : Le mode d’occupation du sol singulier IV.1. Mode rural IV.2. Mode urbain IV.3. Conclusion V. Présentation du Dossier d’inscription

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I.

A

spect Historique et Social

Djerba était le long de son histoire le lieu de passage et d’implantation de plusieurs civilisations. L’île a connu des temps de paix et de prospérité ainsi que des moments de crise et d’instabilité. Les Djerbiens se sont retrouvés obligés de cohabiter avec plusieurs conquérants : des phéniciens depuis l’âge antique jusqu’à la colonisation française il y’a plus d’un demi-siècle. Durant ces siècles, la population Djerbienne, soumise à de profondes mutations. A toujours essayé de préserver son authenticité.

Figure 1 : Echelle chronologique de Djerba, source Foued RAIS Historien

L’ibadisme fut l’un des principaux cultes musulmans du début de l’ère musulmane. Il a connu un succès au sein des milieux berbères. Ce rite essentiellement puritain a contribué à isoler Djerba au cours des siècles plus encore que son insularité. Mais, il a participé également à renforcer le caractère indocile de ces habitants. En effet, la présence des ibadites de l’île de Djerba est ancienne. Ils vivaient en symbiose avec les musulmans des deux cultes Ibadhites et Malikites. C’est de cette mosaïque identitaire que découla la diversité du paysage urbain et la richesse du patrimoine insulaire.

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I

II. nfluence de l’Ibadisme sur l’Architecture et le mode d’occupation de l’espace à Djerba Le degré d’intimité et le rapport avec le milieu naturel est explicite dans l’architecture vernaculaire des ibadites quel que soit son emplacement ; à Djerba, à M’Zab ou à Jbel Neffousa. Elle est à l’image de ce culte conservateur. La simplicité, la pureté et le minimalisme de l’architecture Ibadite, sont des témoins de l’influence du rite ibadite. Cette période correspond à l’arrivé à maturité de l’architecture djerbienne. Si elle a été retenue jusqu’à l’époque moderne, c’est essentiellement :  Pour avoir été suffisamment opérationnelle.  Pour s’être parfaitement intégrée au milieu naturel, écologique et économique.  Pour avoir su, si bien, observer les normes sociales et comportementales.

Figure 2 : Mosquée à Bouslimen Sedghienne, Source ASSIDJE

On Parle ainsi d’une devise djerbienne : sobriété, efficacité, commodité. Cette trilogie est à la base des règles de conduite fixées par le rite ibadite. Toute tendance à l’exhibitionnisme, l’arrogance ou la prodigalité serait préjudiciable aux valeurs sociales et susciterait des clivages de classe. Ce crédo a induit un style de construction empreint de simplicité, Ledépourvu degré de motifs onéreux et parfaitement intégré au paysage. d’intimité est explicite dans l’architecture vernaculaire des ibadites 17 quelque soit son


III.

S

ituation et environnement

Situation

TUNIS

DJERBA

Djerba est une île baignée dans la Méditerranée, elle se situe au Sud-Est dans la partie méridionale de la Tunisie littorale, plus précisément dans le golf de Gabes. Elle est très proche du continent, Ajim n’est qu’à 2.5 km du Jorf où elle est reliée par bac. La chaussé romaine de 7km de long complète la liaison à la terre. Sa superficie est de 514 km². Elle constitue un territoire insulaire unique et exceptionnel et un écosystème particulier et fragile

MEDENINE

HOUMT SOUK

AJIM

MIDOUNE

Figure 3 : Emplacement de l’île de Djerba, Source auteur

Divisée en trois communes : Houmt Souk – Midoune – Ajim, l’île est connue pour son artisanat (laine, filage, tissage, orfèvrerie, poterie …), son agriculture dont deux tiers de ses terres sont encore agricoles (production typique pommes, oliviers, dattes …), ses activités touristiques et son paysage architectural et urbain unique.

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Climat Par son insularité et sa proximité au Sahara, son climat résulte d’une double influence maritime et saharienne qui donne toute son originalité à son climat. En effet, celui-ci est de type méditerranéen avec une tendance semiaride qui fera d’elle ‘une terre si différente de toute autre terre africaine’ 3 Son climat est d’une douceur exceptionnelle mais subit également les contraintes de l’aridité et de l’irrégularité pluviométrique et les risques de désertification et de salinisation dus à sa position géométrique, Ainsi Djerba peut être scindée en cinq catégories d’écosystèmes : Zones dunaires littorales sebkha et Zones marécageuses, palmerais oliveraies et enfin régions steppiques et région pierreuse. Ces écosystèmes offrent des espèces diversifiées.

Précipitations Les pluies sont peu abondantes et tombent irrégulièrement durant la saison hivernale. Le total pluviométrique atteint en moyenne 250 mm par an. Avec une faible pluviométrie et sans sources, ni rivières, Djerba aura toute son histoire imprégnée par le manque d’eau.

Température Djerba connaît des températures modérées. L’été y est moins chaud et l’hiver est plus doux que les régions intérieures de même latitude. Cette particularité a permis une grande diversité de cultures.

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4. La faune et la flore Les conditions climatiques et la position géographique de l’île de Djerba ont conditionné la présence d’une faune et d’une flore particulière issue d’un écosystème formé entre le monde marin et le monde terrestre. Créant ainsi un environnement naturel harmonieux sur la globalité de son territoire. La faune : A Djerba elle est répartie en deux catégories ; Les espèces sauvages et les espèces domestiquées. La flore : Il y’a trois types de végétations sur l’île : La flore cultivée qui comprend principalement les palmeraies, les oliveraies, les pommiers, les figuiers et les céréales. La flore spontanée qui joue un rôle essentiel pour la vie économique et quotidienne : le tronc servait pour la construction, les palmes servaient pour la pêcherie fixe etc. Et enfin La flore introduite comprenant des espèces forestières telles que les arbres d’alignement : l’eucalyptus, l’acacia, le tamarix et le ficus et celles ornementales comme les rosiers, le jasmin etc. On retrouve aussi les aloès, cactus et les agaves qui constituent une barrière végétale naturelle comme le montre la photo si dessous, qui viennent fixer et ornementer les limites foncières ou ‘’Tabia’’.

Figure 4 : Photo explicative d’une Tabia, source auteur

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S

YNTHESE

La proximité de Djerba avec le désert lui a conféré un climat semiaride, et l’a soumise à un stress hydrique endémique, aggravé par l’absence d’oueds permanents et de plans d’eau douce. Son insularité et sa position stratégique en Méditerranée, sa topographie plutôt plate, la facilité d’accès ont largement contribué à façonner son paysage. Tous ces facteurs historiques et naturels réunis ont constitué un défi pour la survie des habitants qui ont dû faire preuve de créativité et d’ingéniosité dans la conception de leur mode de vie, de gestion et d’occupation de l’espace produit par un découpage original et ingénieux et une gestion rationnelle des ressources qui ont suffi pour apporter des réponses fonctionnelles à leur mode de vie, aux besoins de subsistance et d’adaptation à ce milieu hostile ainsi qu’à l’impératif de défense.

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IV.

D

jerba une puissante personnalité :

Le mode d’occupation du sol singulier

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I

NTRODUCTION

Depuis de longs siècles, sur cette petite île à l’origine démunie, car lésée par la nature, les hommes qui l’avaient peuplé se sont ingéniés avec succès à tirer le meilleur parti de cet environnement naturel peu accueillant qu’ils ont su habilement dompter et mettre en valeur sans pour autant l’appauvrir, ni en épuiser les ressources. Au fils des siècles, un établissement humain particulier et un certain mode d’utilisation de l’intérieur des terres, du littoral et de la mer a dessiné peu à peu le système urbain exceptionnel qui a assuré un équilibre harmonieux entre le milieu naturel et les activités humaines, ayant fini par conférer à Djerba une identité propre traduite par un paysage culturel exceptionnel d’une richesse esthétique unique constituée d’une suite de lieux que les habitants ont façonné selon leurs convenances.

MODE D’OCCUPATION DU TERRITOIRE DE L’ILE DE DJERBA

Cette carte est inspirée d’un inventaire établi par une équipe d’experts de l’association pour la sauvegarde de l’ile de Djerba. Elle démontre les deux modes principaux d’occupation du sol.  Modèle rural  Modèle urbain

Figure 5 : Catre du mode d’occupation du sol de l’île, Source ASSIDJE

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IV.1.

L

E MODELE RURAL

Ce mode d’occupation du sol, où le bâti sciemment et tactiquement dispersé s’efface au profit du végétal, s’organise en une subdivision de « hwoum », quartiers.

Figure 6 : Exemple d’une zone rurale ‘’Temlel’’, source dossier d’inscription

-La Houma Elle constituait à la fois une unité territoriale aux confins prédéfinis, une unité sociologique aux liens de parenté de voisinage solides, une unité administrative et un espace économique cherchant à garantir l’autosuffisance surtout alimentaire. Elle est en conséquence, l’incarnation de la dimension autonomiste à l’échelle d’un microcosme de société. Figure 7 : Les réseaux de voies dans une Houma, dossier d’inscription

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-Composante d’une Houma Composantes Mosquée H O U M A

Makhzen dhiaf Atelier de tissage Huilerie

-Le Menzel Les « Menzels » qui occupent des parcelles de 2 à 4 hectares, arborées et cultivées, forment une unité de base de la « Houma » et sont constitués du « Houche », qui est un type d’habitat qu’on ne peut rencontrer nulle part ailleurs qu’à Djerba. « De nombreux points d'une éclatante blancheur, qui sont des Koubbas où des habitations dispersées, se détachent gaiement du rideau de verdure, aux nuances diverses, qui constitue le fond du paysage, et mettent en relief les divers plans de la perspective un peu uniforme de l'ensemble ». Jerbi.A Composantes M E N Z E L

Houche Puit Ecurie

Figure 8 : croquis explicatif des composantes d’un Menzel, source dossier d’inscription

Errayah

 Ces composantes sont variables selon l’activité de chaque Menzel.

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-El Houche

HOUCHE BA-YAHIA, KHAZROUN

Comme le reste des équipements présents dans le ‘menzel’ le ‘houche’ semble apporter de par son organisation spatiale et les configurations des entités qui le composent, des réponses fonctionnelles, techniques et spirituelles à ses habitants. Une fois admises et inscrites dans le registre des traditions. B

Coupe B-B

Composantes Dar Bortal Séjour Squifa Wost el houche (la cour)

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Le ‘houche’ commence tout d’abord par une unité de vie basique qui est le ‘bit’ constitué par un espace qui enveloppe, isole et protège dans tous les sens du terme, les activités du noyau social encore restreint au couple marié avec l’enfant en bas âge. El ‘Dar’ n’est cependant pas isolé de son contexte qui est l’ensemble du ‘houche’. elle constitue la base à partir de laquelle le reste des entités spatiales nécessaires à la vie de toute la famille vont se conformer à leurs tours. El ‘Dar’ va se positionner relativement à la cour, se multiplier en d’autres El ‘Dar’ pour les besoins des autres couples de la famille élargie et s’organiser spatialement vis-à-vis des autres lieux spécifiques. Mais toute la distribution des composantes du ‘houche’ se fait selon le système d’orientation préférentiel.


IV.2.

L

E MODELE URBAIN

Centre ancien ‘’Houmet souk’’

Djerba présente deux typologies d’urbanisation : • La principale étant à vocation commerciale ‘’Houmt Souk’’ qui était un centre d’échange important de l'Afrique du nord.

Centre ancien ‘’Hara sghira’’

La deuxième typologie, La ‘’Hara Sghira’’, présente une agglomération urbaine dotée d’un petit centre commercial et d’habitations juxtaposées d’une minorité juive locale. Pareil pour la ‘’Hara kbira’’ sauf qu’elle ne possède pas un centre commercial vu sa proximité de houmet souk.

Figure 9 : Implantation des Haras et de Houmet souk dans l’île, source dossier d’inscription

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H

oumt souk

Le centre ancien de Houmt Souk s’organise autour de deux artères principales et plusieurs petites places reliées entre elles par des passages voûtés et des arcades (bortals) ainsi que des souks couverts de voûtes à arcades. Il s’agit de galeries très adaptées au climat local par sa toiture en voute, constituées de rangées de boutiques et d’ateliers où les artisans confectionnent, exposent et vendent leurs marchandises. Les couleurs dominantes restent en revanche le blanc vif pour la maçonnerie et le bleu ciel pour les portes et fenêtres.

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Figure 10 : Carte du centre ancien de Houmt souk, source dossier d’inscription


Figure 11 : Photo du fondok ben ghorbel, source Wicem OUERIEMI.

À Houmt Souk, les constructions sont généralement harmonieuses et gardent un certain charme. Le centre est aussi connu pour ses multiples mosquées aux styles variés : plusieurs d'entre elles ont été construites dans un style particulier à l'île et trois mosquées sont classées monuments historiques… Il faut noter aussi qu’il y’a une absence d’habitations au sein de ce centre ancien d’où le caractère purement commercial.

Commerces

Figure 12 : Carte représentative des équipements du centre ancien de Houmt souk, source dossier d’inscription

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H

ara Kbira

La « Hara Kbira » est un quartier juif récent associé aux activités commerciales du nord de l’île, et notamment le marché de HoumtSouk. Ses habitants se proclament originaires d’une migration de l’Europe de l’Ouest. L’ensemble du quartier est bordé de petites ruelles et impasses privatisées ou semi collective, dans une continuité urbaine qui subit plusieurs mutations.

Figure 13 : Carte de la Hara Kbira, source ASSIDJE

Figure 14 : Carte de Hara Kbira, source google earth 2019

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H

ara Sghira

La « Hara Sghira » est un quartier juif qui s’est construit non loin de la synagogue « El Ghriba ». Le tissu urbain de ce quartier est composé par des rues différentes, étroites et sinueuses. Le caractère dense accentué par des cheminements parfois très étroits est représentatif d’un mode de vie communautaire qui cherche avant tout la sécurité. Figure 15 : Carte de Hara Sghira, source google earth 2019

Les musulmans et les juifs partageaient une assise naturelle et culturelle assez riche et un mode de vie conservateur. L’occupation exceptionnelle du territoire de l’ensemble de l’île témoigne d’une adaptation créative qui semble aujourd’hui être menacée de disparition ou d’atteinte grave à son authenticité et à son intégrité.

Figure 9 : Carte du centre ancien de la Hara Sghira et sa nouvelle périphérie, source dossier d’inscription

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IV.3.

C

onclusion

Ayant prévalu durant des siècles, ce mode traditionnel exceptionnel d’utilisation du territoire insulaire garde aujourd’hui une valeur d’exemple et d’enseignement.

Cette particularité est le résultat de leurs adaptations à un besoin purement fonctionnel : Activité agricole + Habitation : La grande échelle du Menzel Centre commercial : Houmet souk Ghetto* : Hara sghira

L’empreinte de cette puissante personnalité de Djerba, partout présente, est aujourd’hui sérieusement menacée ; l’équilibre millénaire sur lequel elle se fondait s’est trouvé brutalement rompu : l’harmonieuse adaptation du Djerbien à son milieu naturel s’est vue fragilisée et menacée. L’exemple de la ‘’Hara kbira’’ illustre bien cette menace vu que

sa typologie architecturale a connu diverses mutations avec des extensions hétérogènes et de nouvelles constructions parfois démesurées. Raisons pour lesquelles elle n’a pas été intégrée dans le bien en série proposé pour inscription sur la liste4 du patrimoine mondial de l’UNESCO et on a cherché à éviter à la « Hara sghira » un scénario semblable en la dotant d’un ‘’statut particulier’’ qui la qualifie d’ensemble historique et culturel important et qui devrait être dotée d’un plan de gestion approprié.

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P

résentation du dossier d’inscription d’un bien en série

de l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO L’ATELIER TECHNIQUE - Adnène ben Nejma, Architecte en chef, Directeur de département, Coordinateur du projet - Ghada Ayari, Architecte ENAU - Amal Cortoba, Architecte ENAU - Asma Haddouk, Architecte ENAU Un travail scientifique est entamé en parallèle dans l’objectif de définir avec précision les biens en série éligible pour une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Figure 17 : Carte de Biens à classer du dossier d’inscription , source dossier d’inscription

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PARTIE II : Approche théorique Chapitre I : La valeur des anciens quartiers I. Introduction. I.1 Anciens quartiers avant : un lieu de vie I.2 Anciens quartiers aujourd’hui : support de mémoire collective II.1. La mémoire II.2. Dynamisme perdu

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I

ntroduction

Parler des cœurs des quartiers, c’est parler à la fois d’un contenant et d’un contenu, d’un lieu et d’un lien, d’un milieu et d’une action, voire d’un territoire et d’une identité. En effet, ces lieux constituent la partie fondamentale, voire élémentaire, de l’organisation urbaine, celle qui préserve l’âme, la vie et l’activité de ses occupants. Faisant partie des cœurs des quartiers, les centres anciens ont souvent été considérés comme une vitrine de la ville, un cadre de référence et un espace de socialisation. En effet, ces lieux constituent « l’espace de rencontre du fait urbain et des valeurs humaines » (Metton, 1974)

35


I.1. Anciens quartiers dans la ville d’hier : un lieu de vie Ils se définissent non seulement comme morceau de la composition urbaine mais aussi comme l’œuvre d’art accomplie par le travail des siècles, la partie la plus ancienne est le noyau originel de la ville.

Schéma 1 : Le centre ancien par rapport à sa nouvelle périphérie/ extension

Les centres anciens apparaissent comme un ensemble architectural remarquablement homogène et riche. Un tel lieu semble être, donc, un support qui permet la transmission d’un héritage et l’identification d’une communauté. Porteurs de messages et des valeurs du passé, les centres anciens constituent le témoignage vivant des traditions séculaires et l’héritage d’une vie ancestrale, voire l’expression de plusieurs civilisations de la ville. Ainsi, ces lieux ne sont plus « Une simple image extérieure, ils sont inséparable de notre histoire et s’y trouve incorporé » 4 Par ailleurs, ces lieux, ces unités précieuses aussi importantes que le langage pour la diffusion d’une culture, ont bien du mal à retrouver spontanément une nouvelle vie et un nouveau dynamisme aujourd’hui.

(4) Authier Jean-Yves. (2007). « Les quartiers qui font l’actualité ». Espace et sociétés. P239-249

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I.2. Les anciens quartiers d’aujourd’hui : support de mémoire collective

I.2.1. La mémoire : La mémoire est la faculté de se souvenir. C’est « le processus par lequel le cerveau stocke les informations et s’en souvient plus tard » La mémoire se matérialise par le support de la commémoration, lien étroit entre l’organisation des mémoires et la construction identitaire d’une société par le repérage dans le temps. Telle qu’elle est définie par Maurice Halbwachs La mémoire se décline en effet en deux natures différentes : la mémoire individuelle et la mémoire collective ; l’une personnelle, l’autre sociale.

Schéma 2 : Carte mentale de l’ancien quartier juif, source mémoire d’architecture Aymen Gharbi

La mémoire collective donne du sens au temps qui passe, aux lieux qu’on a habité et à la société à laquelle on a participé. Cette mémoire est souvent alimentée par des contes et des légendes transmises de génération en génération. Ainsi, retrouver l’image des anciens quartiers, c’est aller chercher dans les archives des mémoires collectives des habitants qui peut prendre des formes architecturales (monuments, mode de construction…), artistique (peintures, musiques…), orales (mythes et légendes…) ou à travers diverses formes de représentations symboliques

37


Toutefois, contrairement à l’histoire qui tend à établir des ruptures, la mémoire cherche à instituer une certaine continuité dans notre rapport avec passé, avec monde et avec nous-mêmes. La relation entre espace et mémoire devient alors primordiale, les lieux nous disent quelque chose du passé individuel et collectif, ils suscitent des souvenirs, sous forme d’impressions, d’affects, d’images et de symboles.

I.2.2. Dynamisme perdu : Les anciens quartiers, le lieu de vie de la ville d’hier, ont bien du mal à retrouver spontanément leur vie et leur dynamisme dans la ville d’aujourd’hui. On se trouve, ainsi, face à des lieux qui oscillent entre rejet et attachement, des lieux qui finissent par retrouver leur vie dans la mémoire collective de leurs occupants. En effet, la ville d’autrefois, organisée et structurée à partir de son noyau unique légitimé par son ancienneté, a tendance à s’étaler et se fragmenter ; induisant ainsi la dévitalisation des anciens quartiers. Ceci a impliqué un déficit d’attractivité de ces lieux tout en menaçant non seulement un cadre physique mais aussi une valeur historique et symbolique d’un vécu qui est devenu proie à la délinquance.

Conclusion Les anciens quartiers forment un patrimoine de la ville, ils jouent un rôle non seulement historique mais aussi symbolique et culturel comme un lieu d’échange et d’activités sociales. Cependant, ces quartiers ont été souvent présentés comme le foyer de la vie de société malgré les difficultés qu’ils ont vécu au cours de leur évolution lors des siècles derniers.

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Chapitre II : La restructuration urbaine I. L’espace recréé II. La restructuration comme acte de recréation III. Enjeux et objectifs IV. Principes d’interventions IV.1. Les requêtes des espaces publics IV.2. La revitalisation par l’architecture IV.3. La revitalisation par l’évènementiel

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I

ntroduction Les anciens quartiers demeurent, aujourd’hui, présents dans la mémoire collective des habitants, cette mémoire ne peut dévoiler qu’une volonté et une recherche de réactualisation voire de revivification de ces lieux. Dans ce contexte, les acteurs de la ville sont invités à trouver les stratégies, les plus adéquates et les plus innovantes, capables d’assurer une revitalisation et une remise en valeur de ces centres villes anciens. Or, la réutilisation peut se présenter comme espoir de vie pour les anciens quartiers qui font peine à voir suite à leur marginalisation. C’est le seul moyen qui permet de sauver ces lieux du déclin. C’est à ce niveau qu’on peut parler de la réutilisation du patrimoine comme un acte qui permet l’adaptation de ces lieux délaissés aux besoins de la société d’aujourd’hui ainsi que son intégration dans son ambiance urbaine actuelle

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I. L’espace recréé

Le fait de dire et de redire, de créer et de recréer, de convertir et de reconvertir, d’utiliser et de réutiliser nous met face à deux actions similaires. Moyennant une profonde réflexion, on trouve qu’à chaque répétition d’une action on apporte une nouvelle vision et une nouvelle vie à la précédente. Ceci s’adapte tout à fait à l’itinéraire suivi par l’architecture recréée, qui redonne une seconde vie à un patrimoine délaissé ou désaffecté, une façon de « superposer la ville sur la ville » (Claude Chaline-1999). En effet, la pratique de recréation et de reconversion est désormais reconnue comme une procédure évidente et nécessaire pour assurer l’évolution des villes. Le fait d’intervenir dans ce qui est né d’une époque révolue considérée comme porteuse d’un message, la mission des responsables requiert un sens aigu et poursuit l’œuvre créative des époques précédentes tout en maintenant leur activité et leur vie. C’est ainsi que le phénomène de transformation et de réutilisation de l’existant devient aujourd’hui l’un des enjeux les plus importants du monde de la construction. C’est cette relation entre passé, présent et futur qui « a inspiré tant d’architectes et qui aujourd’hui apparait à nouveau comme un champ d’intervention particulièrement riche » Rénover, restaurer, réhabiliter, requalifier, restructurer…Telles sont les perspectives, les pistes que l’on peut proposer pour réfléchir à ce qu’est le patrimoine et pour savoir comment on peut lier l’hier et l’aujourd’hui.

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II. La restructuration comme acte de recréation « Si les anciens quartiers ont été délaissés, c’est parce qu’ils ne s’adaptent plus aux besoins et aux réalités sociales d’aujourd’hui. C’est ainsi que ces lieux font l’objet d’une profonde réflexion qui vise une transition entre un état d’abandon et de dévitalisation vers un état vivant et dynamique. »5

III. Enjeux et objectifs Le dynamisme et l’animation constituent l’enjeu majeur sur lesquels devrait se baser l’action de la restructuration des anciens quartiers. Ainsi ces derniers doivent subir les actions nécessaires afin de renvoyer et refléter une image de marque, voire une image positive de l’espace. Une telle action permet d’insuffler une vie dynamique et animée au sein de ces lieux délaissés et abandonnés. La restructuration des anciens quartiers se présente comme un acte de revivification de ces espaces avec comme objectifs :

(5)

42

Favoriser la diversité des fonctions au sein du quartier pour répondre à la pluralité des besoins de ses occupants (habitat, loisirs, sports, convivialité…)

Promouvoir la créativité et valoriser la vie socio-culturelle au sein des anciens quartiers.

Concevoir les espaces comme vecteur de mixité, de connexion des réseaux urbains et de liens sociaux.

Annoncer une identité actuelle dynamique du quartier.

Philippe Robert (1989). Reconversions, adaptations. Paris : éditions du moniteur


La restructuration constitue l’ensemble d’interventions (urbaine, architecturale, socio-culturelle…) qui produisent du sens, des manières de vivre et des valeurs partagées au sein de la collectivité urbaine. Toutefois, il faut «façonner leurs maisons au rythme de leurs chants, tisser la trame du village sur ses activités… Il ne doit y avoir ni fausse tradition, ni modernisme fictive, mais une architecture qui sera l’expression permanente et visible du caractère de la communauté. Mais ceci n’est pas autre chose qu’une architecture entièrement nouvelle » (FATHY, 1970) afin de retrouver le dynamisme perdu au sein des lieux de vie. Pour conclure, ci-dessous les cinq points qui résument les moyens avec lesquels on peut valoriser un centre ancien :

1

REMISE EN VALEUR DE L’ESPACE DELAISSE

2

REVITALISER L’ANCIEN

3

S’ADAPTER AUX NOUVEAUX BESOINS

4

VALORISER LA VIE SOCIO-CULTURELLE

5

RETROUVER LE DYNAMISME PERDU

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IV. Principes d’interventions La restructuration en tant qu’acte de revitalisation des anciens quartiers, intègre à la fois des processus d’intervention spatiale (architecturale et urbaine) et des processus socio-culturels dont le but est la revitalisation des activités sociales qui y ont lieu. Les stratégies de la restructuration urbaine peuvent se reposer sur :   

LA RECONQUETE DES ESPACES PUBLICS REVITALISATION PAR L'ARCHITECTURE REVITALISATION PAR L'EVENEMENTIEL

IV.1. La reconquête des espaces publics Tout projet de revivification des anciens quartiers, nécessite un travail sur les espaces publics, voire une reconquête des places publiques porteuses de toutes les relations et les activités sociales. Cependant, « restaurer des espaces publics pour les rendre accessibles, agréables et psychologiquement accueillants peut s’avérer une mesure efficace pour revitaliser un quartier ou un centre ancien »5 En effet tout espace public au sein du quartier doit permettre l’accueil des activités, cet espace devrait constituer le moteur de toute revitalisation et revivification. Le réaménagement des espaces publics permet, à l’habitant et au visiteur, d’avoir une ville active et en mouvement. Dans ce qui suit on présentera quelques manières d’intervention dans l’espace public.

( 6) Eiji Torisu.(2006). Comment renforcer l’attrait des villes : réalisations et nouveaux défis ». « villes, compétitivité et mondialisation ». France, 2016.

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REDONNER UNE PLACE A CHAQUE USAGER

Figure 18 : Etat de la rue du collège avant le réaménagement, source google image

Figure 19 : Projet de réaménagement de la rue du collège, source google image

Lorsque la voiture est trop prégnante dans l’espace public, celui-ci perd de son attractivité. Il est possible de réaménager ces lieux afin de redonner une priorité au piéton. Ces différents aménagements tendent à améliorer et embellir le cadre de vie. Ils ont également un impact direct sur le commerce, le tourisme et l’habitat en redonnant une nouvelle visibilité aux façades et aux éléments patrimoniaux et en favorisant la découverte d’ambiances variées, notamment le patrimoine urbain et paysager de ces centres-bourgs.

L’ESPACE PUBLIC, UN LIEU DE RENCONTRE

Figure 20 : Etat de la place publique à Bourg du Nay France avant restructuration, source google image

La restructuration, de la place publique à Bourg du Nay en France de l’ancien centre de la ville dans le but de retrouver le passé avec une vie active reflétant une identité actuelle de l’ensemble. Ainsi, pour présenter son projet, l’atelier de la cité architecture a mentionné que cette restructuration constitue une manière d’Organisation de l’espace pour ré-habiter le cœur de la bastide.6 6 www.citearchitecture.fr-Nay

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IV.2. La revitalisation par l’architecture Mise à part la reconquête des places publiques, l’intervention architecturale constitue à son tour un point de départ décisif d’une remise en valeur d’un ancien quartier délaissé. Cependant, intervenir sur un bâtiment existant, c’est composer avec lui, c’est jouer avec les contraintes existantes qui, à leur tour, incitent et permettent de développer des solutions architecturales qui n’auraient pas été inventées.

Figure 21 : La requalification de la Filature de Ronchamp : "Pas de mémoire sans avenir", source google image

Tel est le cas du projet de requalification de la « Filature » de Ronchamp à l’haute Saône en France sous le titre « Pas de mémoire sans avenir »,il ne s’agit pas tant de reconstruire que de s’appuyer sur ce qui existe pour l’ajuster et en déduire de nouveaux usages Cependant la reconversion de la friche de la Filature se présente comme le moyen qui va permettre le développement de l’activité culturelle, sociale et économique. En effet « Il s’agit encore une fois d’agir avec simplicité et de rechercher des usages compatibles avec les espaces à réaffecter » 7

(7)

46

Figure 22 : Organisation spatiale et fonctionnelle des bâtiments, source google image

Figure 23 : L’intervention par soustraction, source google image.

www.citearchitecture.fr-Filature de ronchamp


IV.3. Revitalisation par l'évènementiel Les festivals, les manifestations diverses (musicales, artistique, expositions), les fêtes… voire les évènements semblent devenir un outil nécessaire dans la réinvention de l’espace en utilisant leur pouvoir d’incarner la société et provoquer la rencontre. Cependant, l’évènement affiche une réalité de la vie sociale au sein des espaces abandonnés. En effet, toute intervention doit intégrer une revitalisation à travers l’évènementiel, voire une mise à jour des évènements vécus, qui cible plusieurs objectifs : révélation culturelle et identitaire, retrouver le dynamisme de ces espaces délaissés. De plus, une telle réflexion cherche à véhiculer une image positive, dans le but de retrouver l’attractivité et la dynamique de cet espace. C’est en ce sens que « la culture et l’évènement deviennent un véritable levier pour les politiques de revitalisation des centres anciens. » 8 Tel est le cas du Village au Pied-du-Courant à Montréal. « L’organisme « Pépinière & Co » a pour objectif de revitaliser des quartiers avec l’aide de ses habitants, en créant à partir d’un site délaissé un lieu de vie agréable et dynamique. Auparavant cet espace était délaissé et mal fréquenté, le site a laissé place à un village éphémère en 2014. Il est donc indéniable que l’évènementiel, associé à la culture, jouent un rôle déterminant dans la transformation de l’image des noyaux de villes.

(8)17

Figure 24 : Première Intervention dans le village au Pied-du-Courant à Montréal, source google image.

Figure 25 : Deuxième intervention dans le village au Pied-du-Courant à Montréal, source google image.

Bruno Lusso. (2010). « Culture et régénération urbaine ». Métropoles

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Figure 25 : Synagogue El « GHRIBA », source auteur

PARTIE III : Approche Analytique Chapitre I : Etude du Cas « Hara sghira »

48


I.

L

a symbolique de la Hara sghira, Dighet c’est plus qu’un simple lieu !

Parcours du centre ancien vers la synagogue

Figure 26 : Croquis personnel

Parler des juifs de Djerba, c’est aussi parler de vivre ensemble. L’île constitue une terre de paix et de coexistence. En effet, le PROBLEME de la présence JUIVE, comme plusieurs pensent croire qu’il existe, n’a jamais été posé/abordé. Au contraire, les juifs avaient une légitimité dans l’espace vécu et par moment des faveurs que les autres juifs dans le monde n’en ont pas. Effectivement, Berbères, Chrétiens, Musulmans et Juifs vivaient tous ensemble au cœur de l’île. Cette minorité juive alors qu’elle se trouvait ailleurs face au mépris racial et aux rivalités religieuses, vivait en en parfaite harmonie et se côtoyait dans le même espace résidentiel pas trop loin de la Ghriba qui est la plus ancienne synagogue de l’Afrique du Nord. « La Ghriba et son pèlerinage relèvent à la fois du patrimoine insulaire matériel et immatériel. Elle met en valeur de l’ordre du savoir, voire de l’art de faire des juifs. C’est aussi, sans doute, une œuvre de symbiose judéo-musulmane dans son expression la plus éloquente. » Article Mohamed MERIMI, juifs de djerba p18

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Figure 27 : Ambiance à l’intérieur du temple, source google image.

Figure 28 : lors du pèlerinage à la ghriba en 2019, source google image.

Figure 29 : Les femmes musulmanes aussi viennent fêter l’évènement, source goole image.

« C’est cela la force de la Ghriba, de permettre aux uns et aux autres, de se poser, de prier, de penser, d’aimer, de s’aimer. Et ces prières, se font en un Lieu unique. »

Figure 30 : Iftar collectif dans le parking de la Ghriba, source google image.

Figure 31 : La fête de la Ghriba à l’intérieur de la cour de la partie hébergement du temple, source google image.

Le pèlerinage sera cette année, exceptionnel comme le confirme M. René TRABELSI le Ministre du tourisme et d’artisanat « Je suis très content que le pèlerinage de la Ghriba coïncide avec le mois de ramadan. Nous essayons toujours d’envoyer des messages de paix et de tolérance lors de cette fête religieuse juive. Ce sera une occasion pour les chrétiens, les musulmans et les juifs de rompre ensemble le jeûne », Article 26/03/2019 Conclusion L’ancien quartier juif est considéré comme un lieu unique, porteur de sens et de valeurs, qui envoie au monde entier un message de coexistence culturelle et cultuelle qu’il faut préserver et valoriser.

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Nul ne peut nier la richesse du patrimoine que détient la ‘’Hara sghira’’, d’ailleurs le choix de classement de son centre ancien et sa synagogue dans la liste du patrimoine mondial n’été pas dû au hasard. Dans le cadre de ce mémoire on va s’intéresser à ce centre ancien ; son étude détaillée va nous aider à identifier ses potentialités qu’il faut renforcer et sauvegarder d’avantage afin de garder l’âme de ce lieu unique..

Figure 31 : Une ruelle près de la synagogue, source auteur .

51


II. Centre ancien de la « Hara Sghira » Hier

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II.1. Naissance, origine et identité

« Dighet », « Hara sghira » ou encore « Quartier juif »

Il existe deux versions sur la date d’arrivée des juifs. La première d’après la tradition locale, soutenue par les rabbins de Djerba encore aujourd’hui, les juifs seraient arrivés dans l’île des Lotophages lors de la captivité de Babylone au Vème siècle av. J-C, et se sont installés en fuyant de la ruine du Temple les manuscrites des tables de la Loi que le sanctuaire de la Ghriba aurait abrité. Lorsque Cyrus permis aux Juifs de regagner Jérusalem, un envoyé, venu de Palestine, pour explorer les émigré au retour, aurait eu du succès partout dans le Nord de l’Afrique sauf auprès des Juifs de Djerba. Quant à la deuxième « Ils seraient, des Cohanim, venus de Jérusalem, fuyant avec les philistins, la colère de Nabuchodonosor, roi Néo Babylonien pendant le 26ème siècle av. J-C. qui les a chassés et brulé le premier temple de Salomon. Ils auraient selon la légende, ramenée avec eux, des débris de pierres du temple et une porte, actuellement enfouis aux fonds de la Ghriba. » Pour les juifs, eux-mêmes, ce qui compte ce n’est pas d’établir avec exactitude, la date de leur installation. La signification de ces divers récits- et d’autres n’est pas d’ordre chronologique mais symbolique. Ce que les légendes veulent dire c’est que les juifs de Djerba font partie d’un plus vaste ensemble, le peuple juif. Dans ce large cercle d’identité, elles leur assignent une position éminente des descendants des habitants de la terre sainte et leur donne ainsi un brevet d’authenticité et en même temps d’ancienneté.

Lucette Valensi, Juifs en Terre d’Islam les communautés de Djerba, édition des archives contemporaines,97p.

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II.2. Morphogenèse du quartier ‘’Hara sghira’’ Evolution urbaine La ‘’Hara Sghira’’ anciennement appelée « Dighet » fondée au VIII siècle, est à l’origine du quartier juif qui s’est construit non loin de la synagogue « El Ghriba » qui est un lieu de culte sacré pour tous les juifs du monde. « Hara Sghira est entourée de la ghâba, mot qui signifie la forêt mais par quoi on désigne ici une campagne parfaitement domestiquée. Elle compte cinq synagogues, mais aucune d’elles ne peut renfermer de rouleaux de la Torah. Trois fois par semaine les lundis, jeudis et samedis, et lors des grandes célébrations, tous les hommes et les garçons de hara sghira empruntent le chemin bordé d’oliviers qui les conduit à la Ghriba. Ainsi Dighet vit en symbiose avec la synagogue solitaire. »

Pendant le VIIIème siècle, la ‘’Hara Sghira’’ comptait uniquement une vingtaine de maisons, non loin de la synagogue, le tout entouré de plaines et de champs.

Cimetière juif

L’urbanisation à Dighet s’est faite dans les 3 sens quant aux 4eme sens il été bloqué par le cimetière qui délimite le coté Nord-Est du quartier.

Figure 33 : Essai 3D sur l’ancien quartier montrant les deux périodes, source auteur.

54


Les Première bâtiments du noyau commercial. Houches.

Figure 34 : Le centre ancien de la ‘’Hara sghira’’ années 50, source ASSIDJE.

Le centre ancien continue d’évoluer par rapport au premier noyau.

On remarque que la vitesse du phénomène de l’urbanisation a augmenté ; La naissance des nouvelles constructions à la périphérie du centre ancien. Figure 35 : Carte de la ‘’Hara sghira’’ montrant le centre ancien par rapport aux nouvelles constructions, source ASSIDJE.

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II.3. Analyse du quartier A. Composantes urbaines

1. Tissu La ‘’Hara sghira’’ compte parmi les premiers modèles résidentiels urbains, un prototype de quartier compact. C’est une agglomération dense qui ressemble au tissu organique des médinas.

Figure 36 : le plein par rapport au vide, source auteur

Figure 37 : le vide par rapport au plein, source auteur.

2. Rue/Ruelle

L’ensemble du quartier est tissé de petites ruelles et impasses qui mènent toutes vers la placette centrale ; centre du quartier. En traversant ces petits passages, nous découvrons des coins cachés tantôt investis par les femmes pour les activités domestiques, tantôt basculés dans l’oubli.

Figure 38 : Photo d’une ruelle dans le quartier juif , source auteur

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3. Place/Placette PLACETTE

PLACE

PLACETTE Figure 39 : Planche qui montre quelques séquences dans le quartier, source auteur

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B. Analyse Urbaine de la « Hara Sghira » B.1. Limites B.2. Voies et accessibilité B.3. Repères I

58


B.1

.L

imites

Les limites sont des éléments urbains aux caractéristiques linéaires par définition, une limite vient marquer de manière visuelle et/ou physique le bord d'un volume ou une surface. La limite c’est ce qui arête l’évolution urbaine. A la « Hara sghira » on retrouve :

Cimetière juif

• Limite urbaine : Rue Imem Ghazali Rue Habib Bourguiba

Rue Habib Bourguiba

Limite symbolique : Le cimetière juif •

B.2

.V

Rue Imem Ghazali

Schéma 3 : Limites du quartier

oiries et accessibilité

La « Hara sghira » est en connexion avec Barkouk par la rue Imem ghazi quant aux Houmet souk, Magmag et el May y sont accessibles par la rue principale Habib Bourguiba. 59


Figure 40 : Carte de flux, source auteur.

LES DIMANCHES : MARCHE HEBDOMADAIRE

Tous les dimanches la rue de Habib Bourguiba devient inaccessible pour les voitures d’où le flux des piétonnier devient beaucoup plus important.

FLUX VEHICULAIRE PRINCIPAL FLUX VEHICULAIRE SECONDAIRE FLUX PIETIONNERS

60


Le marché hebdomadaire constitue un élément d’animation urbaine, il n’est pas propre à la « Hara sghira » mais plutôt ouvert à une population externe ce qui fait de lui une destination appréciée. On propose donc, une réflexion autour des accès et des axes piétonniers et véhiculaires qui le desservent.

B.3

Figure 41 : Les marchands s’étalent dans les places publiques, il n’y a que le désordre qui règne, source auteur.

.R

epères

337 Repère Historique : 

Ghriba

Repère Culturel : 

L’école hébraïque

Le cimetière juif

La mosquée

Repère Urbain : 

La place de l’Independence

Repère d’Usage : 

L’ancien marché

Les anciens artisans

61


C.

Analyse Fonctionnelle Avant

Noyau attractif commercial : Boutique + marché hebdomadaire

Création du marché municipal  Centre plus attractif

Schéma 4 : explicatifs de l’évolution fonctionnelle du centre ancien « Hara sghira », source auteur.

Figure 42 : Carte des fonctions « Hara sghira » aujourd’hui qui montre la domination des services à la périphérie, source dossier d’inscription.

62

L’activité commerciale et les services se concentraient dans le centre du quartier là où il y a le plus de mouvement. Le Centre constituait un lieu de rencontre et d’échange contrairement au reste du quartier, qui a un caractère résidentiel, Si on se promenait dans les ruelles, on sentait la stagnation.

Vers les années 70, la construction d’un nouveau marché a transféré la fonction commerciale de la placette mais les petits commerces continuent à exister.


Aujourd’hui

Figure 43 : Photos de l’état de l’ancien marché municipal, source auteur.

Vers les années 80 l’ancien quartier juif connait une mutation architecturale sociale et économique. Il s’est vidé de sa fonction économique primordiale qui s’est déplacée tout au long du nouvel axe principal de la ville

Schéma 5 : Migration du noyau vers la périphérie, source auteur.

Cette mutation a engendré * Des lieux abandonnés * Une forte urbanisation dans la périphérie en dehors du centre ancien accentuée par la genèse du nouvel axe commercial.

63


Perspective des parcours choisi

D.

Analyse séquentielle Séquence a

D.1. Fonctions bâtiments voisins :

des

Equipements culturels Equipements commerciaux Equipements habitation Equipements et services

64

rues

du


Relevés, éléments graphiques et photos

B

C

D A

D A

B

C

Figure 40 : Photo panoramique sur la place de l’indépendance

65


E.

Expression architecturale

Figure 45 : Exemple d’une façade commerciale à la ‘’Hara sghira’’.

Figure 46 : Rapport plein/vide d’une façade commerciale.

 Le vide est beaucoup plus important que le plein

Figure 47 : Exemple d’une façade résidentielle à la ‘’Hara sghira’’

Figure 48 : Rapport plein/vide d’une façade résidentielle.

 Le plein est beaucoup plus important que le vide ; maisons introverties.

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Voûte

Coupole

UTILISATION DES PATIOS

Les éléments architectoniques o

Les couvertures varient entre la coupole, la voûte croisée et la voûte en berceau.

o Les ouvertures : Portes et fenêtres Figure 49 : Carectéristiques énergétiques d’ensoleillement selon le type de voûtain, source Workshop djerba patrimoine mondial.

Figure 50 : Catalogue des éléments architechtoniques, source auteur

Figure 51 : Exemple de mise en oeuvre des coupoles (toiture Doukana), source Workshop Djerba patrimoine mondial.

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AMENAGEMENT URBAIN La dokkana comme moyen d’appropriation de l’espace exterieur.  Support d’échange entre les voisins dans un espace semi-collectif.

Figure 52 : Photo d’un espace semi-collectif, source auteur.

On retrouve une longue dokkana devant la boutique Houta là où les activités culturelles pour les enfants se font  Support d’apprentissage et d’activités ludiques.

Figure 53 : Appropriation de l’espace public devant une boutique, source auteur.

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Synthèse L’architecture à Djerba a été longtemps une action communautaire, et l’architecture de la « Hara sghira » en est un parfait exemple. C’est ce qui constitue l’aura du quartier. En se promenant dans le quartier, une âme se révèle à travers ses habitants qui ont su parvenir à transformer certains espaces en lieux communs. Ils investissent les rues de la manière la plus prosaïque : - Les hommes (des commerçants essentiellement) ont conquis la placette, les ruelles, et ont en fait des espaces de rencontre, d’attente… ; - Les enfants ont fait des rues leurs terrains de jeux ; - Les femmes ont réussi à se familiariser avec l’espace urbain en s’appropriant les coins de rues pour en faire leurs territoires de commérage.  Prolonger cet acte communautaire pour mette en valeur cette aura et continuer l’élaboration de son champs d’esthétique.

69


III. La « Hara Sghira » Aujourd’hui III.1. Du peuple majoritaire au peuple minoritaire Après 67, la « Hara Sghira » a progressivement vu le départ de plusieurs communautés juives au cours des années cinquante, certains vendaient leurs biens à des musulmans ou autres juifs, d’autres abandonnaient leurs maisons.

III.2. Evolution du quartier Au fil des années, la Hara s’est dégradée par l’abandon des constructions anciennes et l’indépendance de la nouvelle génération dans de nouveaux logements sur la périphérie de la ville. Désertés par leurs usagers, ces bâtiments ont connu un terrible sort. Et pendant une trentaine d’années on a assisté à la dégradation d’un patrimoine très riche qui a bien du mal à retrouver spontanément une nouvelle vie et un nouveau dynamisme avec sa périphérie. i. Dégradation du tissu dans le domaine privé : Etat de délabrement avancé des habitations vu l’absence des propriétaires

Figure 54 : Exemples de Houches en ruine, source auteur.

70


ii. Dégradation du tissu dans le domaine public : Comme dans chaque quartier, L’espace public à la « Hara sghira » fait partie du quotidien de son usager. Il est bien plus que cela car il reflète toute une culture de la population djerbienne juive. Cette désertification a aussi touché cet espace public dans le quartier juif qui été auparavant leur lieu de vie :

ii.1.La placette centrale : lieu de vie et de sociabilité

La placette avant La placette centrale constituait un lieu de vie intégral pour ses habitants : elle jouait le rôle d’un espace important de commerce permanent (Vital pour les habitants) et éphémère (le marché hebdomadaire).

Placette dynamique

Figure 55 : le marché hebdomadaire à la ‘’Hara sghira’’ Source ASSIDJE.

Les commerçants étaient généralement des juifs, mais même si les musulmans n’habitaient pas le quartier, ils considéraient la placette centrale du quartier comme un centre commercial pour eux aussi. C’était un lieu partagé par les deux communautés religieuses.

71


Le soir Désertée, pas d’activité, on ne retrouve plus l’âme de cette placette

La placette aujourd’hui La place de l’indépendance constitue aujourd’hui un repère aussi bien pour les habitants que pour les visiteurs

Figure 56 : Croquis de la placette encombrée

La journée La place se transforme en un lieu de stationnement, encombré engendrant une perturbation visuelle sur le paysage architectural et urbain. L’identité et la singularité du lieu n’y est plus !

L’activité commerciale y est encore, on retrouve les petits artisans et quelques commerçants, mais le marché hebdomadaire s’est déplacé vers la périphérie.

Figure 57 : Photo du restaurant Allani, source dossier d’inscription

Appropriation de la placette L’espace initial réservé pour la placette se retrouve de plus en plus envahit par l’appropriation inégale des occupants des commerces et du restaurant donnant sur la placette.

72


ii.2. La rue pour les juifs un support d’activités

Qu’est ce qu’ils faisaient les juifs de la ‘’Hara sghira’’ dans la rue ? Quelle vie sociale menaient-ils ? Ils se baladaient Ils se rencontraient Les enfants Jouaient Ils se reposaient Ils mangeaient Ils passaient d’une placette vers une autre La rue était pour cette communauté support d’évènement : ils sortaient pour célébrer de la puberté du garçon, ils sortaient aussi pendant le fameux Sabbat après le coucher de soleil tous les juifs se réunissent dans la rue.

Figure 58 : Dans la rue on retrouvait les grands et les petits et même les animaux, source ASSIDJE

Figure 59 : Croquis d’une séquence dans une ruelle à ‘’Hara sghira’’, la rue est un lieu de vie, source auteur

Pendant les mariages, les juifs décoraient la maison du marié avec des mains, des dessins des yeux, des poissons et des étoiles de David. Ces derniers sont des symboles protecteurs. Figure 60 : Exemples de murs décoré, source dossier d’inscription

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III.3. Enquête socio-économique Pendant quelques journées successives on s’est rendu au village pour collecter des données (photos, interview…) … Au cours des promenades effectuées on a été amené à discuter avec quelques villageois. Ceci résume en quelque sorte nos discussions : Notre premier contact a concerné un fonctionnaire de l’état à la retraite, qui a toujours vécu dans la Hara Sghira Oncle Ayed. -Oncle Ayed, pourriez-vous nous parler de la vie dans le centre ancien ? -Le quartier n’a pas toujours été ce que vous voyez en lui maintenant…Autrefois, il était très animé, on se réunissait juifs et musulmans dans cette placette sous les arbres, après le travail pour papoter et jouer (la ‘’chkobba’’, la ‘’kharbga’’, le ‘’domino’’, etc). Nous étions bien contents autrefois, aujourd’hui le quartier est mort, et les boutiques sont fermées en majorité, leurs propriétaires sont partis chercher les vivres ailleurs, il n y’a plus que des vieux par ici. -Qu’aimeriez-vous voir dans votre quartier ? -C’est pourtant évident ! On veut avoir la paix, de quoi occuper nos esprits ! Une maison de retraite avec une télé et les news, jeu d’échec, domino…etc.

-

Figure 61 : Une photo récente des vieux du quartier qui reprennent leurs petites habitudes grâce à la réouverture de quelques commerces, Source dossier d’inscription.

Recommandations retenues : Prendre en considération cette tranche d’âge des habitants lors de l’intervention sur la placette et sur l’ancien marché.

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Notre deuxième rencontre a été avec une famille juive : Monsieur Khodhhir et sa femme Saida. Monsieur khodhhir nous a fait visiter les deux synagogues qui se trouvent au cœur du centre ancien et les écoles juives. Il a approuvé le sentiment d’inquiétude et de tristesse envers ces lieux qui se dégradent à vue d’oeil.

Figure 62 : Espace intérieur délaissé, source ASSIDJE

Figure 63 : Etat actuel de la salle d’enseignement, source ASSIDJE.

Figure 64 : Etat actuel de la salle d’enseignement et le patio, source ASSIDJE

Figure 66 : Galerie de l’école hébraïque, source ASSIDJE

Figure 65 : la cour intérieure de l’école hébraïque, source ASSIDJE

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Quant à sa femme Saida, elle nous a parlé de la cuisine juive qui représente un héritage dont les origines remontent à trois millénaires d’histoire. Cette cuisine est connue pour les plats traditionnels préparés lors des fêtes religieuses juives et pour certaines coutumes alimentaires essentiellement de manger cacher.19 « ..les fêtes juives influencent la cuisine, avec la préparation de plats traditionnels lors des fêtes, comme divers types de khallot pour chabbat et les fêtes, les soufganiyot pour Hanoucca, les pâtisseries hamantaschen (oznei haman) pour Pourim, Kharoset, un type de pâte de fruit, pour la pâque juive, et des produits laitiers pour Chavouot.. »20 Ce qu’on a remarqué lors de cette enquête à la ‘’Hara sghira’’ spécifiquement, il n’y a que les habitué des lieux qui jouissent de ces bons plats gastronomiques dont l’information passe de bouche à l’oreille.

Figure 67 : Dégustation des plats typiques qui se fait dans la rue, source auteur

Figure 68 : Quelques plats typiques chez Ishak,source auteur.

« Cacher » signifie littéralement « apte ». Les lois de la Casherout définissent les aliments aptes à être consommés par un juif. Certaines espèces animales sont par exemple interdite et la viande et le lait ne sont jamais mélangés (Chabad.org) (20) Wikipedia depuis Overview, Israel Food. (19)

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Recommandations retenues : 1. Penser à valoriser l’héritage matériel juif (Ecole hébraïque, Ancien Houche Juif, Vieux commerces..), l’intégrer dans le circuit touristique en lui affectant de nouvelles fonctions qui vont lui redonner vie et sens et éviter sa dégradation. 2. La cuisine juive dans l’ancien quartier juif est presque absente ou elle se fait en cachette ; livraison à domicile spécifiquement adressée aux maisons d’hôtes (Exemple : Dar Bibine). Pourquoi ne pas penser à valoriser cet héritage ?

On a eu aussi à rencontrer Monsieur DAGHARI Mongi président de l’association « Les amis de la médina » et monsieur BEN AYED Mohsen chef d’arrondissement municipal d’Erriadh.

Figure 59 : Photo prise lors de l’interview fait avec Mr le chef de l’arrondissement d’Erriadh et le président de l’association les amis de la médina, source auteur.

Ils nous ont exprimé leur grand soutient à tout projet qui aurait pour but le maintien et la sauvegarde de ce quartier. Parmi les projets l’action d’embellissement de quelques zones de ce quartier. La raison étant la volonté d’installer dans le marché un « souk artisanal», comme le dit Mr Ben AYED, et l’intégrer dans un circuit touristique qui comportera des salons de thé, des boutiques de bijouteries ….etc. D’ailleurs c’est dans ce cadre que le projet : Valorisation et embellissement de la ville d’Erriadh 2010 a été lancé

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Nom du projet : Valorisation et embellissement de la ville d’Erriadh 2010 a été lancé Architectes : Chérif sallem & Mezdari Kamel Il s’agit d’une intervention entièrement financée par des fonds publics. Elle aura pour but de donner un élan à l’opération de réhabilitation et d’embellissement de l’ensemble du noyau ancien, notamment par les interventions privées qu’il faudra encadrer minutieusement de façon à préserver le patrimoine architectural. Elle consiste en : - La remise en état des façades, la reprise de l’enduit et le badigeonnage, avec la restitution et la restauration des détails originaux. - La mise en cohérence de style et la remise en état des diverses interventions architecturales inadaptées. - La reprise du dallage des rues, ruelles et placettes par un choix approprié. - La reprise de l’éclairage public par des luminaires de style adéquat et le remplacement du réseau aérien par un réseau enterré. - L’installation de quelques mobiliers urbains et de petits espaces plantés.

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Figure 60 : Proposition d’aménagement planche 8, source commune Djerba houmet souk.


Figure 62 : Budgétisation sommaire part 1, planche 7, source commune Djerba houmet souk.

Monsieur Daghari nous a aussi parlé de l’importance de l’impact de l’activité évènementielle et le dynamisme qu’elle crée au sein du vieux quartier. Et qu’il compte, à travers son association, renforcer cette activité, d’après lui cette activité attire aussi bien les grands que les petits. Exemple de festivals : Festival Djerba dream, Festival de la médina d’Erriadh, Festival de la fibre végétale, DjerbaHOOD... Recommandations retenues : 1. Penser à réanimer le centre ancien par la création de l’évènement. 2. L’ancien marché abandonné est une future friche urbaine, quelles activités peut-on avoir dans ce lieu qui se trouve juste à côté de la placette centrale ?

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Chapitre II : Tentatives de valorisation 3.1. Projets privés 3.2. Valorisation à travers l’Art 3.3. Limites des tentatives valorisation 3.4. Valorisation participative Synthèse

80

de


Après cette période creuse on assistait enfin à une prise de conscience de la valeur patrimoniale de ce centre ancien. D’où l’apparition de plusieurs tentatives de valorisation :

3.1. Projets privés ; La grande tendance des maisons d’hôtes !

Figure 64 : Schéma de pourcentage des maisons d’hôtes par rapport à l’ensemble du quartier, source auteur.

La première opération été celle de Dar Dhiafa en 1999-2000, l’unique hôtel de charme à la hara sghira, et c’est à partir de ce dernier qu’on commençait à prendre conscience de la splendeur et la beauté de notre richesse délaissée. C’est ainsi qu’une vingtaine d’autres hôtels de charme, maisons d’hôtes et restaurants ont vu le jour dans l’ancien tissu.

35% 50% 55% 15% 10% 10%

Les maisons d’hôtes représentent 35% du quartier quant aux hébergements ils sont de l’ordre 60% quant au reste il est dédié aux activités commerciales et tertiaires.

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3.2. Valorisation par l’Art :

3.2.1. DJERBAHOOD : Le musée à ciel ouvert l’Art a pris sa place dans la participation à cette stratégie de valorisation de l’héritage matériel ; ‘DjerbaHood’ le Musée à ciel ouvert là où les artistes venant de tous les coins du monde se sont portés bénévole afin d’appuyer cette importante initiative de mise en valeur de la Hara qui a débuté en 2014 et continue jusqu’à aujourd’hui. DjerbaHood a redonné vie aux ruelles étroites et insalubres et a fait d’elles tout un parcours mystérieux qui favorise l’immersion et la découverte du quartier. Les sols, les murs ont été peint, le Street Art a envahi certaines constructions rénovées (Façade Dar Bibine, Façade Dar Nour etc…) et d’autres abandonnées (Façade anciens Makhzen, Clôture et Murs de l’ancien Marché Municipal etc...) Ainsi qu’on peut dire que l’Art peut bien être un moyen de valorisation du patrimoine.

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Quelques Œuvres de STREET-ART Situées sur la carte de la ‘’Hara sghira’’

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3.2.2. SEE Djerba

SEE DJERBA était un événement médiatique international qui s'est déroulé du 29 août au 1er septembre 2019 à Houmet Souk / Djerba. Environ 5.100 visiteurs ont assisté au programme d’exposition de quatre nuits. Le projet est une initiative de l’association collective créative faisant suite à la réussite de l’évènement interférence (International Light Art Project Tunis) lancé en 2016 à la Médina de Tunis Le programme des expositions décentralisées a accueilli 36 postes artistiques. ‘’Après le succès de sa première édition en 2017 où se sont mobilisées artistes étudiants et communauté locale, SEE Djerba reprend l’aventure deux ans après, toujours dans l’optique de valorisation du patrimoine culturel local. Sous le thème « L’art et son contexte » les espaces publics de l’île des rêves seront illuminés. « SEE Djerba se veut une initiative participative dans l’engagement socioculturel et le dialogue intergénérationnel autour du développement durable »9

Figure 65 : Borj ghazi mustapha sous les lumières de l’interférence, Août 2019, source site officiel see Djerba.

Fawz Ben Ali, article « Quand l’Art contemporain illumine Houmt souk », Kapitalis le 16 juillet 2019. (9)

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Quelques Œuvres de l’Interférence Situées sur la carte du centre ancien ‘’Houmet souk’’.

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3.3. Limites des tentatives de valorisation Projet

Maisons d’hôtes

Avantages

  

Une nouvelle forme de tourisme Valorisation de l’héritage matériel Amélioration ponctuelle de l’infrastructure

Inconvénients

Gentrification (exemple Marrakech)

Mutation urbaine accélérée et non cadrée (absence d’un PAU ou SDA spécifique pour cette zone)  Mauvaise gestion du territoire : les maisons d’hôtes domineront le quartier (déséquilibre fonctionnel un quartier momifié) Les espaces communs publics perdent leurs dynamismes (désertés, sans âme) Absence de la valorisation du patrimoine immatériel

Djerbahood

  

Mettre en valeur le patrimoine matériel Animer l’espace public

Intervention éphémère, chaque 2ans il faut refaire les graffitis.

La remise en état des façades cohérence de style

l’intervention est superficielle on agit que sur l’enveloppe extérieure  valorisation pas très efficace.

Le projet étatique

Tableau 1 : Limite des tentatives de valorisation à la « Hara sghira »

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3.4

.L

a valorisation participative

A Djerba plus que nulle part, on ressent directement l’appartenance et l’attachement de la population à leur île. En effet, ici, on accorde à l’héritage, aux traditions et à l’histoire une valeur très particulière certes, mais cela reste toujours limité/timide lorsqu’il s’agit de faire reconnaitre/dialoguer cette identité. C’est pour cela que les autorités locales tout comme l’état tunisien encourage en premier lieu les associations, comme Ijou_Gdena et Djerba insolite, qui ont pour but de promouvoir le tourisme alternatif à Djerba mais aussi d’impliquer les jeunes locaux dans l’organisation des évènements qui mettent en valeur la richesse de leur culture à travers la production culturelle locale. Voici deux exemples concrets d’une tentative de valorisation participative au sein de la Hara sghira :  

Expérience du Tour guidé avec l’association IJOU_GDENA Le projet de Maya LASREM

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Expérience 1

Dans la même perspective de la promotion du tourisme alternatif, on a représenté l’association Ijou_Gdena, en tant que guide local, dans la dernière expérience de tour guidé avec l’AISEC. Le but était de faire découvrir aux visiteurs Djerba mais autrement. En effet, l’association propose un circuit qui dépasse la simple offre de produit et de service à l’offre d’expériences authentiques et d’émotions.

Figure 66 : Façade Ecole hébraïque.

Notre visite a débuté par le temple ‘Ghriba’ qui se trouve à quelques kilométres du village juif. Puis on s‘est rendu à pieds à l’ancien centre tout en leurs racontant comment les hommes, femmes et les garçons de hara sghira empruntaient pendant les jours du pèlerinage, ce chemin bordé d’oliviers qui les conduisait à la Ghriba. C’est tout un parcours sensoriel et un passage essentiel pour revivre la mémoire de la hara.

Figure 67 : Photo collective avec le groupe AISEC, source auteur

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Au centre ancien, la visite était fluide on déambulait entre les ruelles étroites animées parfois par des impasses et d’autre par des placettes. Les visiteurs étaient fascinés par le mariage entre l’architecture et l’urbain qui a donné naissance à un tel contexte homogène malgré la diversité culturelle.

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Expérience 2 2

Maya LASREM une jeune djerbienne qui vivait à l’étranger et qui a décidé de retourner à Hara sghira pour monter son projet qui lui tient à cœur. L’HOUTA 100% tunisian handmade items qui encourage la créativité et l’éco responsabilité. Maya mène des actions bénévoles telles que :  les cours d’accompagnement gratuitement  Des cours de musique pour enfants  Des cours de dessin  Des cours de peinture  Des cours d’art plastique

Figure 68 : Appropriation de la rue lors des activités musicales Source auteur.

Figure 69 : L’utilisation d’une partie du marché pour l’activité artistique, source auteur.

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Figure 70 : La sensibilisation des enfants aux activités des Arts plastiques.

C’est l’un des exemples de développement par la culture les plus organiques, les plus authentiques, et qui concordent davantage avec les principes de développement durable. Autrement dit, pour que la culture agisse comme un vecteur de développement territorial durable, il faudrait qu’elle soit intégrée au milieu, et que le milieu s’intègre à la culture, surtout lorsque les citoyens d’une ville se sentent interpellés et mobilisés par une activité culturelle qui serait ancrée dans le territoire.

91


s

ynthèse

La valorisation participative ne peut être que bénéfique pour la Hara ainsi que pour toute la région. En effet, dès qu’on encourage et on appuis ce type de mouvements qui émanent principalement des jeunes locaux, qui pétillent de créativités et d’idées de développement, on ne peut avoir qu’une grande interaction avec la population locale mais aussi l’appréciation et l’attirance des visiteurs de ce quartier (qui est considéré parmi les quartiers le plus visité de l’île). Les projets étatiques et les investisseurs privés n’en manque pas. Ce vieux quartier juif est devenu un centre d’intérêt comme on a déjà annoncé au début, son opportunité de classement sur la liste du patrimoine mondial de l’ UNESCO affirme encore plus les potentialités de ce site déjà traités au niveau des analyses .

Qu’est-ce qu’on a ?   

 

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Hara sghira l’un des contextes le plus riche et le plus visité mais qui manque d’animation et d’activités polyvalentes continu. Classement du centre ancien de Hara dans la liste du Patrimoine mondial L’impact social et économique de l’expérience du tourisme alternatif ; les associations tel que, Ijou_Gdena dont je suis membre, travaillent d’arrache pieds pour promouvoir le tourisme de l’île. 2014 : 150 Streat-Artists venus d'une trentaine de pays, 250 œuvres 2018 : 50 Artistes, 20 nationalités, plus que 100 œuvres. Une expérience réussite du Marché Bio/Ecolo mais qui n’a pas pu continuer en raison de quelques problèmes d’organisations. (les responsables sont prêts à le relancer avec une nouvelle stratégie et les consommateurs attendent avec impatience son retour)  l’offre et la demande y est !


Qu’est-ce qu’on peut faire ?  

Profiter des expériences déjà réalisées et de leurs Buzz et trouver des activités qui les appuient pour redonner vie à ce quartier. Faire de Hara un milieu de vie agréable et prospère, conscient de ses héritages ainsi que préoccupé par leur transmission et tourné vers l’avenir. Penser à une intégration au développement durable viable : Culture et patrimoine jouent un rôle fondamental en contribuant à la conservation de la mémoire, au développement du sentiment d’appartenance et au renforcement de l’identité et de l’image de marque d’une localité ou d’une région, tout en étant des facteurs d’attractivité indéniables. Mais au-delà de ces constats, il est aussi reconnu que la culture, en général, et la protection du patrimoine, en particulier, constituent désormais des facteurs non négligeables de développement durable viable des communautés.

La Hara doit redevenir un lieu pour vivre, travailler, étudier, se divertir et investir.

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Chapitre III : Projets de Référence I. The Forks Market Food Hall II. Réhabilitation de la place « Lalla Yeddouna » à Fès au Maroc III. Fil de la ville. IV. Synthèse

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Figure 71 : Photo du marché dans son contexte, google image

Contexte physique Winnipeg est la capitale de la province canadienne du Manitoba. Elle comporte des entrepôts reconvertis en boutiques et en restaurants ainsi qu'un vaste espace vert qui accueille des festivals, des concerts et des expositions. À proximité, l'Exchange District est connu pour son architecture du début du XXe siècle bien conservée et pour ses nombreuses galeries d'art.

Valeur patrimoniale THE FORK a été désignée lieu historique national du Canada en 1974 parce qu'elle est située stratégiquement au confluent des rivières Rouge et Assiniboine, si bien qu'elle a été témoin de nombreux événements clés de l'histoire de l'Ouest canadien. La valeur patrimoniale de La Fourche est liée au millénaire d'activité humaine dont son paysage culturel a été le témoin. Elle a également trait à sa situation géographique, aux signes de l'activité passée et de sa commémoration, ainsi qu'à son impact stratégique sur l'environnement avoisinant. Des peuples se sont servis de La Fourche comme lieu de rassemblement, camp de pêche, lieu de commerce et colonie, pendant au moins six mille ans.

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“THE FORKS SHALL BE DEVELOPED AS A ‘MEETING PLACE,’ A SPECIAL AND DISTINCT, ALL-SEASON GATHERING AND RECREATIONAL PLACE AT THE JUNCTION OF THE RED AND ASSINIBOINE RIVERS, THROUGH A MIXED-USE APPROACH INCLUDING RECREATIONAL, HISTORICAL CULTURAL, RESIDENTIAL, INSTITUTIONAL AND SUPPORTIVE COMMERCIAL USES.”

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1. Présentation du projet

Architectes Architectural

:

Numéro

Emplacement : Winnipeg, Canada Catégorie : Marché Surface : 975,0 m² Année du projet : 2016

TEN MB,

Figure 72 : Photo prise de la place de Canopy devant le marché

2. Historique :

À partir de la fin du XIXe siècle, le site servit de gare de triage. Les deux structures en briques qui constituent aujourd’hui le marché étaient autrefois des ateliers d'usinage pour la réparation de wagons et d'autocars, et plus tard des écuries pour les compagnies de chemin de fer.

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Revitaliser le marché de The Forks en créant un espace central ‘l'atrium’ qui servira d’une grande salle de restauration. Le concept de cette salle permet aux visiteurs de découvrir une cuisine locale variée dans un environnement décontracté. Les éléments de menu peuvent être sélectionnés parmi une variété de kiosques et associés à de la bière et du vin. « Sachant à quel point les habitants de Winnipeg étaient attachés à La Fourche, réimaginer le marché était un défi de taille pour Number TEN. Tout le Manitoba est devenue notre client et nous ne voulions pas décevoir. » a dit erin riediger architecte du groupe TEN. Le projet insuffle ainsi, une nouvelle vie à l’un des espaces publics les plus importants et les plus appréciés de Winnipeg. « Le marché est le salon de la ville, un lieu de rassemblement et de détente pour les amis et les proches. Lors du développement de la conception, nous avons jugé important de soutenir à la fois les fonctions évolutives de l'espace public et la riche histoire du site. » Affirmé michelle de jesus deuxième architecte du groupe TEN.

3. Accessibilité, Circulation horizontale et verticale

On remarque qu’il existe trois grands axes de circulation dont l’un est le plus travaillé ; celui de la cours centrale.

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4. Analyse des ambiances intérieures de la cour centrale : A. Aménagement

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B. Ambiances recherchées L’effet de la perspective ressenti dans cet espace est dû essentiellement à: 

La disposition des meubles qui s’étalent tout le long de l’axe central.

L’absence de la rupture visuelle qui se traduit par l’effet ‘open space’ (pas de cloisons) qui donne à l’espace cette profondeur recherchée.

Les deux architectes Erin et Michelle voulaient retrouver dans la nouvelle construction d’une part, l’effet originel de l’ancienne gare ; un espace élancé et gigantesque. Pour se faire elles ont choisi de créer des vides sur le RDC et pour lier les parties de l’étage, elles ont incrusté des passerelles de part et d’autre de l’espace.  étage communicant avec RDC

 les 2 anciens corps du marché sont en connexion avec la cour centrale. Et pour accentué l’effet élancé, une partie de la toiture a été transparente.  les 2 anciens corps du marché sont en connexion avec la D’autre part, elles cherchaient aussi à reproduire le style industriel de la cour centrale. région. Alors elles ont décidé d’introduire une structure apparente. Et pour accentué l’effet élancé, une partie de la toiture a été 100 transparente.


 les 2 anciens corps du marché sont en connexion avec la cour centrale. Pour accentuer l’effet élancé, une partie de la toiture a été choisie transparente. D’autre part, les architectes cherchaient aussi à reproduire le style industriel de la région : A Ce qui explique l’utilisation d’une structure apparente.

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5. Analyse fonctionnelle LEGENDES

Plan RDC

Plan ETAGE

La Tour

Pour avoir encore plus attraction au niveau du marché, les architectes ont créé une tour dans la nouvelle partie ajoutée. Cette tour exposera le paysage pittoresque du quartier historique avec toutes ces composantes.

La Tour

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6. Impact de la valorisation du marché son contexte : Les modifications apportées au niveau de l’ancienne gare ont engendré une valorisation de la place de Canopy, qui été au paravent un espace délaissé comme on peut le voir dans la figure si dessous.

Figure 73 : Photo de l’évolution de la place de Canopy de 1970 jusqu’à 2018

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Projet II : Réhabilitation de la place « Lalla Yeddouna » à Fès au Maroc

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1. Présentation Architectes : Michel Mossessian (Londres, Royaume-Uni) avec Yassir Khalil (Casablanca, Maroc) Emplacement : Fès, Maroc Surface : 7400 m² Année projet : 2011

 les 2 anciens corps du marché sont en connexion avec la cour centrale. Et pour accentué l’effet élancé, une partie de la toiture a été transparente. D’autre part, elles cherchaient aussi à reproduire le style industriel de la région. Alors elles ont décidé d’introduire une structure apparente.

Figure 71 : Projet de réhabilitation de la place Yeddouna à Fès

Dans le but de redonner vie au site historique de la place Yeddouna à Fès au Maroc, un concours international a été quitransparente consiste à la réhabilitation et le travail de la structure apparente et lancé la toiture du tout en prenant en considération le développement du secteur  + site hauteur artisanal et social dans la médina de Fès. Il s’agit donc d’une revitalisation de la place Yeddouna et ses alentours à travers la restauration des anciennes constructions tout en « adoptant une architecture moderne dans un espace empreint de tradition, de dynamisme et de diversité fonctionnelle »(10)

Extrait de l’article « Fès : aménagement de la place Yeddouna » publié au journal marocain « Aujourd’hui » par « MAP » (10)

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2. Contexte physique

Le site du concours (7.400 m²) se trouve dans la médina de Fès, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981. La place Lalla Yeddouna constitue un lieu stratégique au cœur du quartier le plus ancien de la ville qui a été fondée sur les deux rives de la rivière principale à Fès « Oued Al Jawahir ». Cette dernière désigne l’un des maillons essentiels entre les deux côtés de la vieille ville. (Figure 31 et 32) Périmètre d’étude Rivière « Oued Al jawahir »

Figure 72 : Situation du projet

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Figure 73: Situation de la place par rapport à l’ensemble du quartier

Ces derniers temps la ville a tourné le dos au bord du fleuve, suite à la création de nouveaux centres urbains, ayant, donc, comme résultat : un quartier abandonné et une place délaissée.

Figure 74 : Site abandonné et délaissé

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3. Logique de la composition spatiale

Mossession et ses partenaires ont eu l’idée d’exploiter cette discontinuité que vit la ville pour renouer de nouveau la place « Lalla Yeddouna » à la rivière tout en créant une série d’espaces continus et connecté. Ainsi, l’intervention consiste à assurer une connexion entre la place, le contexte urbain et la rivière. Cependant, partant du prototype de la maison traditionnelle, les concepteurs ont créé un nouveau modèle permettant d’assurer la communication de l’ensemble avec le milieu urbain.

AVANT

APRES

Figure : Site

abandonné et délaissé

ue de composition spatiale

Figure : Site

abandonné et délaissé

ue de composition spatiale

abandonné et délaissé Communication ville-placeFigure : Site abandonné et délaissé

Figure : Site

Accessibilité et circulation La place « Lalla Yeddouna »

Figure 75 : Logique de composition spatiale

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Figure : Site

abandonné et délaissé

Figure : Site

abandonné et délaissé


4. Hiérarchie des espaces

La Place « Lalla Yeddouna » deviendra un espace dynamique à usage mixte qui en profitera les résidents et les visiteurs de la médina. Ainsi, le nouveau projet offrira des programmes éducatifs, des résidences, des ateliers d'artisanat, des boutiques, des cafés et d'autres installations de loisirs communiquant entre elles à travers des ruelles étroites (anciennes et nouvelles) qui communiquent, à leurs tour, avec la place « Lalla Yeddouna ». Cependant la connexion crée entre place et contexte urbain a permis une hiérarchie des espaces plus flexible et unifiée.

Figure 75 : Hiérarchie des espaces

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5. Synthèse et concepts

La Place « Lalla Yeddouna », inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, est appelée à devenir le moteur de la communauté́ et un haut lieu touristique de la médina. Une telle restructuration de l’ensemble du quartier a permis de retrouver la dynamique du site : les espaces publics et les placettes.

Figure 76 : Plan d’aménagement

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Projet III : Interventions urbaines : Fil de la ville

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1. Présentation

Architectes : DES SPOETS Emplacement : Chattanooga, Tennessee, Rtats-Unis Catégorie : Installations et structures Année projet : 2018 City Thread est le lauréat du concours international de design passageways 2.0 pour transformer une ruelle négligée de 6200 pieds carrés de la 7éme rue du centre-ville de Chattanooga en un lieu public animé.

2. Accessibilités

 les 2 anciens corps du marché sont en connexion avec la cour centrale. Et pour accentué l’effet élancé, une partie deLe laprojet a été développé par River City toiture a été transparente.Company dans le cadre de son investissement continu dans la revitalisation du centre-ville de D’autre part, elles Chattanooga. et le travail de la cherchaient aussi à reproduire structure le style industriel de la région. apparente et la Alors elles ont décidé toiture d’introduire une structure transparente  + apparente. hauteur

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3. Plan

4. Scénarios

Un revêtement du sol : un élément d’appel.

La forme du ruban crée une dynamique et peut servir pour s’assoir dessus.

Il peut également servir à un support d’activités Artistiques.

Ou encore, un support d’activités culturelles. Projection des films en plein air

Ce fil divise la ruelle qui est un espace ouvert sans limite ; en des petites unités à thème.

La hauteur du Fil a été choisie par rapport aux engins.

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5. Concept à retenir L’idée est de fonctionner en tant qu’élément d’infrastructure sociale. Le projet sert de lien social où les différents acteurs de la ville peuvent se réunir pour une programmation publique unique et un lieu de rencontre informel. Constitué d’un tube d’acier linéaire continu de 500 pieds et de surfaces graphiques peintes, le projet connecte physiquement les visiteurs et les locataires locaux d’un seul geste tout en prenant en charge de nombreuses activités et possibilités de programmation. En outre, la structure en zigzag implique une variété d’espaces plus petits dans l’allée, décomposant l’espace global en une série d’espaces plus intimes.

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Figure 77 : Perspective de la ruelle.


SYNTHESE

Références

Référence 1 : The Forks Market Food Hall

Concepts à retenir

La revitalisation du marché peut être une manière de création d’une nouvelle vie dans un espace public. Valorisation culturel local

du

l’héritage

Seconde vie au quartier

Référence 2 : Réhabilitation de la place « Lalla Yeddouna » à Fès au Maroc

Référence 3: Interventions urbaines : Fil de la ville

Restructuration du quartier (connexion : place et quartier) dans le but de retrouver la dynamique de la place considérée comme moteur de la vie de la communauté

La décomposition de l’espace public en une série d’espaces plus intimes à thèmes différents.

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‘’ Habile, éclairé et conscient de l’importance de la portée de l’histoire, l’architecte n’est pas uniquement un constructeur de l’avenir mais conservateur du passé, un gardien de la mémoire collective et pourquoi pas un poète de l’espace. ’’

Aldo Rossi

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PARTIE IV : Approche Conceptuelle I : Emergence II. Revivification urbaine III. Revivification architecturale

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I. Emergence Nous cherchons à travers ce projet de fin d’étude, de proposer une tentative de valorisation du centre ancien par son intégration dans une dynamique socio-économique. Grace aux analyses et aux enquêtes déjà effectués on a pu tirer les recommandations et les besoins des habitants en premier lieu puis ceux des visiteurs en deuxième lieu. Nous proposons ainsi la création d’un circuit qui anime l’espace public (ruelles et placettes) et qui donne une seconde vie aux espaces abandonnés tel que l’ancien marché municipal (1), l’école hébraïque(2), l’ancienne maison juive(3) et la synagogue(4). Dans le cadre de ce mémoire on va se concentrer que sur la restructuration de l’ancien marché ainsi que le réaménagement de la grande placette et des ruelles.

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II. Revivification urbaine

Figure 78 : Plan masse de la zone d’intervention

Marquage ponctué tout au long du parcours + revêtement au sol + mobilier urbain

La grande placette réaménagée

L’intervention sur l’ancien marché municipal

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Figure 79 : La grande placette après réaménagement vue aérienne.

Comme on a déjà évoqué dans notre analyse, la placette constituait un lieu de vie et le centre névralgique du quartier se transforme aujourd’hui en un lieu de stationnement pour les visiteurs ainsi que pour les habitants. Avec une infrastructure pauvre et un mobilier urbain presque absent le cœur du noyau ancien a perdu son âme et son charme. Notre idée été de rendre tout d’abord le circuit (en bleu) en une zone piétonne pour pouvoir ensuite réaménager les ruelles et les placettes selon une logique de rendre ces espaces publics apte pour abriter des activités du quotidiens (d’attractions et d’échanges) afin de peupler l’espace et de prolonger cette durée, mais aussi elles peuvent être un support des activités festives (temporaires).

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Notre circuit commence bien évidement par les ruelles, leurs traitement s’est fait au niveau des quatre parois : - le revêtement au sol : Pierres locales taillées. - le revêtement des murs : Peinture à chaux et quelques Street-art. - La quatrième paroi (le plancher ou la toiture) est ponctuée par des éléments de moucharabié dans le but de créer le jeu l’ombre et la lumière et de marquer le parcours du circuit proposé. - On a aussi pensé à intégrer l’élément végétal dans notre intervention.

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Des prises sur la grande placette après réaménagement

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Le réaménagement de la placette est basé sur l’idée que les usagers peuvent s’approprier l’espace pour se détendre et profiter de la fraicheur que les grands arbres apportent. Petit et grand, simple passant ou visiteur, résident ou étranger tout le monde passent par cette placette pourquoi ne pas en faire un lieu de pause, de méditation là où l’architecture et la végétation s’épousent parfaitement. On a pensé aussi - A un espace de stationnement des vélos qui est encastré dans banquettes publiques. - A dégager l’espace central tout en travaillant l’ensemble avec une trame régulière dans le but de créer des scénarios pour les différents statuts des usagers. - A animer le parcours qui traverse la placette avec l’utilisation de la lumière comme traitement au sol.

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III. Revivification architecturale 1. Relevé du Marché Municipal 2. Epannelage fonctionnel du Municipal(Existant 3. Le projet dans son contexte 4. Essai de dispatching 5. Quelques esquisses de recherche 6. Le projet

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Marché


1. Relevé du marché

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2. Epannelage fonctionnel du marché existant

LEGENDE Préau de l’entrée Café Boucheries Epicerie Préau de l’entrée Volaillers Préaux

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Fruits et légumes Circulation Toilette Poissonniers Administration Espace de stockage


Etât du Bâti Matériaux de construction o o o

Moyen état de conservation Pierre La chaux Le plâtre

Quelques photos du marché :

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3. Le projet dans son contexte

Concept et intentions A. Existant

Concept et intentions

B. Accessibilité

Concept et intentions

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Ruelle qui mène de la zone résidentielle vers le marché

De la placette vers le projet

Rue principale qui mène de la périphérie vers le cœur du quartier

Ruelle secondaire

C. Intentions

Concept et Notre souci intentions principal concerne

Axe à créer

la communication du projet avec l’ensemble du quartier. Comment créer une continuité urbaine ?

Accès de services

Traitement de l’angle qui donne sur la grande placette. Axe existant

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Travailler la perspective et le marquage de l’entrée pour drainer les gens de la zone résidentielle vers le projet.

3

3 1

Placette continuité d’attraction

Axe à renforcer Atelier de menuiserie existant à conserver

2

Possibilités d’extensions

4

L’aboutissement de l’axe est une grande cour centrale ; lieu d’échange.

Accès de services Nous a dicté l’emplacement

 S’ouvrir beaucoup plus sur le quartier  Créer une continuité urbaine ; Prolongement des rues dans le projet  Le projet est un micro quartier dans le quartier

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1

Traitement d’angle Peintre Le Marché

Kiosque à journaux

Grande placette

Limites du projet

Grande placette

Petite placette

Le projet

o Créer une continuité entre la grande placette, la petite placette et le projet. o Réinsérer le bâtiment à vocation artistique dans le projet o Kiosque à journaux ; Agir partiellement par soustraction afin de libérer de l’espace pour l’activité artistique

Possibilité d’extension en Etage

RDC : Activités qui attirent le public

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2

Possibilité d’extension verticale L’étage communique avec le RDC

Retravailler les espaces et leurs façades, repenser leurs fonctions afin d’animer le parcours couvert et rythmé.

Les galeries (existantes) de part et d’autre bordent l’axe principal du marché, on peut imaginer le parcours qu’on peut avoir avec le rythme créé par la succession des arcades. Dans cette partie du marché on aura qu’à injecter de nouvelle fonction dans les galeries. 132


3. Essai de dispatching

On a voulu créer une connexion avec la placette par l’injection d’une activité artistique qui va éventuellement attirer le public. On a aussi choisi de consacré la partie sud-ouest du projet pour les accès de services du marché et de la partie restauration. Quant à la cour centrale on l’a créé afin d’avoir un espace de rassemblement qui anime le marché et la partie restauration et qui pourra contenir des ateliers d’art culinaire juif et des stands de dégustation etc.

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4. Quelques esquisses de recherche

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5. Le projet Plan RDC

Existant qu’on a conservé Existant qu’on a démoli

Notre intervention par rapport à l’existant

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Bloc pour artiste RDC Exposition+ Ateliers Etage hébergement

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Souk RDC Boutiques Etage ateliers d’artisan + Espace de vente

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Marché - Bloc vente d’épices -Bloc vente de fruits et légumes -Bloc vente de volailles et de viandes

Bar

Bloc poisson RDC : Vente à la criée + restaurant

Restaurant participatif Espace d’apprentissage Espace intérieur Espace extérieur

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BIBLIOGRAPHIE

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140

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Article : •

Bielawski.M, Deux représentations contradictoires d’un mode de vie insulaire. Patrimoine ou habitat sur l’île de Djerba en Tunisie, Patrimoine, environnement et développement : sens et contresens pour l’espace rural en Afrique,2018

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TABLE DES FIGURES

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ANNEXES

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