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« Le volontariat a augmenté

« LE VOLONTARIAT A AUGMENTÉ MA CONFIANCE EN MOI » Fatou revient sur ses expériences avec le SCI

Peux-tu te présenter ?

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Je viens de la République de Djibouti. J’ai grandi dans une famille de 11 enfants. J’ai fait un bachelier de commerce international, et puis j’ai été assistante administrative pendant 12 ans. Je faisais aussi partie d’une association de sauvegarde du patrimoine. Il faut savoir qu’à Djibouti, il n’existe pas de musée, il y a peu de choses qui nous permettent de conserver notre culture et notre patrimoine. Le but était de partager cette culture. Je parle beaucoup de langues car j’adore apprendre : je parle français, somalien et afar mais aussi anglais, arabe et un peu chinois.

Qu’est-ce qui t’a amenée à devenir volontaire avec le SCI ?

Après avoir immigré, j’étais très mal dans ma tête, j’étais perdue. Je viens d’une culture dans laquelle on n’a pas l’habitude de parler de nos sentiments, d’être ouvert·es à partager là-dessus. On ne parle pas de santé mentale. On parle juste à nos ami·es proches, des petits ragots, mais pas plus. Quand je suis arrivée à Ulysse1, j’ai appris à parler, à m’ouvrir, et que ça faisait du bien de partager ce que je ressentais. C’est là que j’ai connu le SCI. J’étais déjà très active dans mon pays, je faisais beaucoup de choses, j’aimais aider autour de moi. Le fait d’aider les autres me permet de sortir de mon quotidien et de ne plus penser à tous mes problèmes.

1 Ulysse ssm, service de santé mentale spécialisé dans l'accompagnement de personnes exilées

Quelle a été ta meilleure expérience de volontariat ?

C’était avec le projet « Les amis du Village », un projet de permaculture de deux semaines à Beauvechain. J’ai choisi ce projet car c’était l’opportunité de vivre proche de la nature, quelque chose dont je n’avais pas l’habitude du tout : c’était donc un gros premier pas. En plus, j’avais extrêmement peur des animaux et de tous les insectes, donc c’était un peu un drôle de choix ! Au début j’avais un peu peur, la personne en charge m’a paru très intense et directive. Mais au fur et à mesure, j’ai appris à la connaitre, j’ai compris que ce n’était pas du tout le cas. Tout était nouveau mais je me suis vite adaptée. On a dormi en tente, quelque chose que je n’avais jamais fait avant, et j’ai dû demander de l’aide aux autres qui m’ont aidée avec plaisir. C’était vraiment un bon groupe, iels étaient toustes plus jeunes et je me sentais un peu comme leur marraine. Nous prenions toustes soin les un·es des autres. Le groupe était aussi très multiculturel : il y avait des Mexicains, des Belges, une Espagnole. C’était une très belle première expérience !

As-tu eu d’autres expériences de volontariat avec le SCI ?

Oui, j’ai été volontaire au centre Le Merisier, un centre d’accueil pour demandeur·euses de protection internationale de la Croix-Rouge. Il y a eu un manque de communication et donc d’unité dans le groupe de volontaires, qui s’est divisé en deux. Le but était de créer des activités pour les résident·es du centre mais chaque groupe faisait un peu ses activités sur le côté sans se concerter avec le reste des volontaires. Personnellement, je me suis bien entendue avec tout le monde, j’essayais de comprendre ce qui n’allait pas et je me suis retrouvée un peu au milieu. Il n’y a pas eu de dispute directe, c’était juste une tension que l’on ressentait, un conflit interne uniquement, et tout le reste s’est bien passé. On a organisé des activités sportives avec les femmes et elles ont adoré.

J’ai pu aider un jeune et sa petite sœur avec le français, et les femmes et les hommes arabophones me faisaient confiance car j’étais la seule qui leur parlait en arabe. Iels s’ouvraient à moi pendant qu’on cuisinait ou pendant d’autres activités et je les écoutais. C’était dur émotionnellement car leurs histoires sont très intenses, mais ça me faisait plaisir de pouvoir être l’oreille dont ils et elles avaient besoin pour parler de ça, comme d’autres l’ont été pour moi à mon arrivée à Ulysse. Certain·es m’ont donné leur numéro de téléphone mais je n’ose pas les appeler car je ne peux pas les aider plus, quand moi-même j’ai besoin d’aide.

© SCI Projets Internationaux

« J’ai pu aider un jeune et sa petite sœur avec le français, et les femmes et les hommes arabophones me faisaient confiance car j’étais la seule qui leur parlait en arabe. Iels s’ouvraient à moi pendant qu’on cuisinait ou pendant d’autres activités et je les écoutais. »

J’ai aussi eu une expérience de volontariat d’un jour avec le SCI, où on a fait du travail physique de rénovation pour une plaine de jeux pour enfants. On y a passé un très chouette moment. L’activité a eu lieu dans un jardin d’un village à Stoumont avec l’asbl Le Fagotin et tout s’est super bien déroulé !

Qu’est-ce que tu as appris de tes différentes expériences de volontariat ?

La première expérience m’a appris à sauter vers l’inconnu et essayer de nouvelles choses, même si j’avais peur. La deuxième expérience m’a rappelé l’importance énorme de la communication. Les non-dits et le manque de partage des ressentis créent des conflits. Afin de construire de la confiance, il faut de l’empathie et du partage honnête. Ça m’a rappelé comment fonctionne un groupe et quelle est la base pour vivre ou travailler ensemble : la communication ! Ces valeurs sont apprises lors de la FDI, la Formation Développement et Interculturalité du SCI, et ces expériences ont montré à nouveau l’importance de faire des formations afin de se préparer à la coopération nécessaire lors d’un volontariat, quelle que soit la destination ou le projet.

Tu as aussi participé au weekend de rentrée du SCI cette année, qu’est-ce que tu en as pensé ?

C’était vraiment génial ! Il y avait des personnes de tellement d’endroits différents, une telle multiculturalité. Tout le monde était dans le partage, l’ouverture aux autres. C’était un espace unique de parole, de communication basée sur l’écoute active et le respect. Il y avait quelques personnes que je connaissais déjà (seulement deux ou trois), mais j’ai fait beaucoup de nouvelles rencontres. Pour moi qui adore rencontrer de nouvelles personnes, c’était vraiment parfait. J’ai aussi adoré apprendre une nouvelle danse folklorique qui a motivé tout le monde, ça s’appelle la gigue.

Qu’est-ce que tu aimerais dire aux gens à propos du volontariat avec le SCI ?

J’adore ce que le SCI fait, je veux leur dire de continuer sur cette voie. Je conseille sincèrement le volontariat, ça nous permet d’avoir des moments de partage uniques. Évidemment, il faut garder en tête qu’il y a des hauts et des bas, comme dans la vie, mais il y a toujours des choses à apprendre et des choses à donner ou à partager. J’aime partager et aider, et le SCI me permet de faire cela. Si je le pouvais, j’aimerais apprendre toutes les langues. J’écris beaucoup et un jour j’aimerais écrire un livre. Le SCI m’a permis de me sentir bien avec moi-même et avec les autres, a augmenté ma confiance en moi. Le volontariat est bon pour l’esprit et pour le corps, et permet de nourrir notre sentiment d’utilité sociale, d’avoir une place dans la société, un rôle à jouer. J’essaye de me rendre utile dans ce monde et présenter mon aide dès que l’occasion se présente.

Propos recueillis par Caroline Franzen

Stagiaire en animation au SCI

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